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lundi, 16 mars 2020

Four French Collaborationists: Châteaubriant, Céline, Drieu, Brasillach

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Counter-Currents Radio Podcast No. 264
Four French Collaborationists:
Châteaubriant, Céline, Drieu, Brasillach

 

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This is a lost London Forum talk by Michael Walker on four French artists of the Right: Alphonse de Châteaubriant, Louis-Ferdinand Céline, Pierre Drieu La Rochelle, and Robert Brasillach. If anyone has details about when this talk was given, please post a comment below.

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“Homage to Robert Brassilach”
Michael Walker

Comme le temps passe
Robert Brasillach

My homage is for the way you lived to die
That I a coward cannot emulate
You knew and wrote
Reason turns malevolent
after childhood disperses
And slumps into mature consideration
You could not have lived with yourself after failing.
So the leaden sentence was a gift
Better to die as you died
In the fluency and grace of certainty and light
Like poor Pucelle
Than grapple with compromise and penance
To win years in retirement and shame
Dying defiant
Sin pañuelo
The Castilian way.
Happiness a bagatelle
To a fascist
Dying well essential
Dying well redeems
The quintessence
Not delaying
Nor complaining
Nor dreading
Unbitter witness
The theatrical end
Many shrink and strive to safety
Delay complain and dread
And run away and hide
And sacrifice their pride for a
Doubtful grace
Not you a thief or cheat
Perhaps a busy undertaker
Coffins lined in neatly ordered rows
“The Bubonic East has
Broken out” –the facts
Every issue packed and bracketed
Childhood spoilt and spilled
Venom packed away in lofts or cellars
Then taken out and filmed
Nothing like that within you
So they held their tryst with you
Many shrink and strive to safety
They show their heads
Where they fear no censure
The dumb speak no treason
The illiterate pen no error
They called you traitor and acolyte to murder
But no betrayal was within you
Those
Who mattered to you
Will wait and wait
Carlists on horseback
Ragamuffin Spain
The islands of childhood
You walk to them
Punctual formal and correct
In the fields of your Great Faith
Le paradis terrestre
Martyr’s etiquette at the shore
Running and returning
Your last breath faithful
Hear the sea roar

Comme le temps passe
Robert Brasillach

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dimanche, 15 mars 2020

Coronavirus : 12 réflexions face à la propagande alarmiste

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Coronavirus : 12 réflexions face à la propagande alarmiste

Ex: https://johanlivernette.wordpress.com

Voici quelques pistes de réflexions au sujet du coronavirus.

– Que sait-on de ce virus qui a pour effet de paralyser des nations entières ? Pas grand-chose. Qui l’a fabriqué ? Est-il vraiment mortel ? Quel est son niveau de dangerosité ? Quel est le taux de mortalité du coronavirus ? Avons-nous à faire à une importante pandémie [1], à une simple épidémie ou à une arme biologique ? Il est, pour l’instant, difficile de répondre avec certitude à toutes ces interrogations. Une chose est en revanche certaine : ce que nous vivons actuellement est en aucun cas le fruit du hasard.

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– Le coronavirus provient officiellement de Wuhan en Chine. Mais qui est à l’origine de cette épidémie ? Qui est le responsable de sa propagation en Occident ? Voici quelques éléments de réponse dans cet article qui contrebalance la propagande sioniste visant à accuser la Chine et l’Iran de tous les maux : D’où vient le coronavirus ? De Chine, des États-Unis ou d’Israël ?

– Le déclenchement de cette « grippe chinoise » entre-t-il dans le cadre de la guerre économique menée par les États-Unis contre la Chine ? Ceci est tout à fait plausible, comme l’a analysé le professeur Michel Chossudovsky : Coronavirus COVID-19 : Une fausse pandémie ? Qui est derrière cela ?

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– Compétitions sportives stoppées, fermeture d’écoles, d’associations, rassemblements populaires interdits… Les épidémies mortelles de grippe provoquent-elles, chaque année, les mêmes mesures étatiques ? Non, alors pourquoi une telle psychose avec ce coronavirus dont la gravité reste à prouver ? Pour mieux justifier un nouveau vaccin ? Rendre la vaccination obligatoire ?

– La propagande alarmiste des médias dominants sert-elle à légitimer un nouveau vaccin (comparable à celui contre la grippe) [2] ? C’est fort probable. En tout cas, Big Pharma qui a toujours un coup d’avance a déjà tout prévu : Pourquoi Sanofi se lance dans la course au vaccin contre le coronavirus

– À qui profite cette épidémie ? Nous savons que, pour Big Pharma, la santé publique et les vies humaines ne valent rien face aux enjeux économiques. Va-t-on avoir droit à un énième coup du pompier-pyromane ? Déclencher une (fausse ?) pandémie pour apporter ensuite le remède vaccinal ? Là encore, c’est fort probable.

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– Tedros Adhanom Ghebreyesus ment certainement sur le taux de mortalité concernant les personnes atteintes du coronavirus. En effet, selon le directeur général de l’OMS, ce nouveau et méconnu virus serait plus dangereux et mortel que la grippe saisonnière. Or pour l’instant, le nombre de morts de la grippe est nettement supérieur aux rares décès dus au coronavirus. Tedros Adhanom Ghebreyesus sèmerait-il volontairement ce vent de panique sur ordre de ses mentors mondialistes ?

– Pour le gouvernement Macron, cette crise du coronavirus tombe à pic : elle est un très bon prétexte pour interdire les manifestations de rue et autres rassemblements contestataires. Au début, cela visait les plus de 5000 personnes. Puis le gouvernement est descendu à 1000, aujourd’hui à 100 et dans certains départements à 50 personnes ! Quid des transports en commun où la population est entassée en très peu de m² ?
Remarquons que certaines manifestations sont tolérées et même encouragées par l’État républicain : la marche pour le climat et les réunions relatives aux élections municipales qui sont, elles, maintenues. Ainsi va la sacro-sainte démocratie…

– Selon Emmanuel Macron, « nous ne sommes qu’au début de cette épidémie. » D’après la marionnette du CRIF et des banques centrales, le coronavirus est « la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle. » Le président de la république affirme cela alors qu’il n’en sait rien. Hier soir, l’acteur Macron a aussi appelé à « éviter le repli nationaliste » car « ce virus n’a pas de passeport ». Son inquiétant discours a pour effet d’alimenter cette psychose qui a semble-t-il déjà gagné les masses et fait oublier la réforme des retraites adoptée grâce au recours à l’article 49.3.

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– La peur est mauvaise conseillère. Elle n’engendre ni la raison et encore moins la vérité. Elle sert les intérêts des puissants de ce bas monde et, dans le cas présent, de l’industrie pharmaceutique qui se soucie très peu de la santé des peuples. Instaurer un climat de terreur permet à l’oligarchie de mieux régner, de soumettre les nations et d’imposer une dictature… sous couvert de démocratie !

– En terme de solution au coronavirus, outre les précautions d’hygiène élémentaires, voici quelques conseils utiles à tout un chacun : Coronavirus : le protocole naturel à diffuser d’urgence

– Cette période de quarantaine où presque tout sera fermé va créer un vide chez nombre d’entre nous. Ce manque peut s’avérer paradoxalement bénéfique pour se recentrer sur l’essentiel : Dieu, la famille, les amis, la prière, l’école à la maison, la lecture de bons livres… des choses saines et non polluantes.

Johan Livernette le 13 mars 2020

[1] Pour la très peu fiable OMS, il s’agit d’une pandémie.
[2] Les effets positifs du vaccin contre la grippe restent toujours à prouver. En revanche, la nocivité de certains vaccins n’est plus à démontrer.

13:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, coronavirus, pandémie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Dernières analyses publiées sur strategika.fr :

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Dernières analyses publiées sur strategika.fr :

Soros, Erdogan et les armes d’immigration massive contre l’Europe et la Russie - Rédaction Strategika

 
Amicalement, 
 
Pierre-Antoine Plaquevent

L’économie globale et la priorité donnée aux négociants sur les financiers

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L’économie globale et la priorité donnée aux négociants sur les financiers

Bernard Plouvier

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

De 1830 aux débuts de l’économie globale et de la mondialisation de l’american way of life, les maitres du jeu furent les financiers, d’où des taux d’intérêts jouant au yo-yo (et divers slogans vantant la merveilleuse « inflation »), un endettement pharaonique des États et des particuliers, enfin quelques crises de spéculation (1873, 1929, 1937, 2007-2009 et on en oublie) pour pimenter la vie de dizaines de millions de pauvres diables réduits à la misère parce que de gros financiers, souvent cosmopolites, se comportaient en flambeurs.

Vers 1980-90, a débuté la nouvelle ère, qui n’est plus l’ère chrétienne et n’est fort heureusement pas (du moins jusqu’à présent) l’ère de la régression mahométane. Nous sommes entrés dans l’ère du gouvernement planétaire (presque) unique et de l’économie globale. Et c’est là que tous les « complotistes » se trompent : l’on n’assiste pas au triomphe des Financiers, mais à celui des Producteurs et surtout à celui des Négociants internationaux.

3e9afd6b35e9c0383384f339e6970e1c.jpgLe grand projet rooseveltien était d’américaniser la production agricole et industrielle et de faire de la planète un grand marché – l’URSS étant exclue, qui devait servir de repoussoir, de contre-exemple, au moins pour les premiers temps de l’ère du « One World–One Government ». Qu’il ait ou non développé le projet d’une fusion des races et des peuples en une « moyenne humaine », on ne le saura jamais, car Roosevelt ne s’est guère exprimé sur ce point... là encore, les complotistes vont un peu vite en besogne.

FDR n’était pas au service « des trusts » (et n’était pas plus dévoué à celui des Rockefeller qu’à d’autres) ; il n’était nullement au service « des Juifs » : les « complotistes » errent totalement. FDR s’est servi de tous ceux et de toutes celles qui pouvaient faire démarrer puis avancer son projet, qui, pour d’évidentes raisons historiques, n’a pu commencer que 40 années après sa mort, une fois disparue l’hydre communiste qui avait dominé bien plus d’États qu’il ne l’avait prévu dans son plan machiavélique.

Vers 1990, après l’implosion des ridicules économies marxistes, les USA croyaient se retrouver en position de monopole, ayant vassalisé l’Occident, les pays d’islam et l’Asie non maoïste.

Les gouvernants chinois viennent chambouler la donne par leur suprême intelligence : ils multiplient l’efficacité de l’économie occidentale par la discipline d’un régime dictatorial et poursuivent la politique d’imitation des produits issus du génie européen et nord-américain, ainsi que l’irrespect des conventions internationales sur les brevets de fabrication.

Qu’elle soit l’effet d’un hyper-capitalisme ultra-libéral ou d’un capitalisme hautement surveillé par l’État, l’économie actuelle n’est pas dominée par les financiers, mais par l’entente des grands entrepreneurs et des grands négociants, qui ont domestiqué les clowns de la politique et des media, succédant aux financiers dans ce rôle de manipulateurs d’opinions publiques et de marionnettes.

Par l’effet du triomphe de la production et de la distribution de masse – étendues à presque toute la planète -, les banques centrales ont reçu l’ordre d’anéantir (ou presque) l’intérêt de l’argent. C’est le reniement de 3 à 4 milliers d’années d’agiotage et de manipulations monétaires, au profit de la consommation massive, générant de superbénéfices inégalement répartis entre producteurs et négociants, gros et petits.

Donald Trump poursuit la grande politique rêvée par FDR. Il le fait avec le punch et l’absence d’hypocrisie qui le caractérisent : c’est-à-dire en parfait Yankee. Il dicte sa loi, parce qu’il dispose de la plus grande armée, du plus gros complexe militaro-industriel et des entreprises multinationales les plus puissantes, les plus innovantes et les plus impitoyables.

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La minorité agissante de l’humanité actuelle est placée devant une alternative très simple. Ou bien, elle accepte un monde dominé par l’American way of life, ce qui implique à terme l’éclosion d’une humanité métissée, d’un Homo Consumans standard, gentil hédoniste, le tout dans une ambiance de féminisme hystérique, soit une formidable régression culturelle... en attendant une formidable régression de polarité inverse, apportée par les mâles djihadistes.

Ou bien, l’on organise, continent par continent, des empires ou des fédérations d’États populistes. Pour l’heure, les nations d’Amérique latine tentent des expériences malhabiles et non coordonnées. En l’Europe, l’Axe Berlin – Moscou pourrait servir de point de départ à un Empire fédératif, à l’unique condition que l’Allemagne réexpédie dans leurs pays d’origine les millions d’Extra-Européens qui sont venus la squatter. Ce sera la condition sine qua non pour réunir dans cet Empire les peuples d’Europe centrale, occidentale et scandinave.

L’Europe aux Européens est un slogan tellement évident et naturel que les princes du négoce en font un corpus delicti : énoncer cette banalité (qui est le slogan jumeau de « l’Afrique aux Africains » ou de la célèbre Doctrine de Monroë) mène droit en correctionnelle et, bientôt, non plus au lynchage médiatique, mais à l’égorgement rituel. 

Le monde dominé par le négoce ne peut être que cosmopolite. Un monde populiste ne peut se faire qu’en fédérant des nations homogènes.    

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Routes de la soie : à qui va le profit, la Chine ou les pays au bord de la route ?

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Routes de la soie: à qui va le profit, la Chine ou les pays au bord de la route?

par Michel Carmona & Minh Pham

Ex: http://www.geopolintel.fr

Nombreux sont déjà les pays débiteurs piégés par les « Nouvelles routes de la soie ». Le projet pharaonique de la Chine profite à ses intérêts et à ses entreprises. En face, l’Occident n’a rien à proposer d’autre que l’austérité et la rigueur budgétaire. C’est ce que déplorent dans cette tribune Yves Carmona, ancien ambassadeur de France au Laos et au Népal, et Minh Pham, ancien représentant du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) au Laos et aux Maldives.

Dans moins d’une génération, l’ordre économique mondial sera manifestement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. La Chine, après avoir doublé le Japon en 2011, sera passée en tête d’ici 2050, suivie par l’Inde. A contrario, les États-Unis seront distancés à la troisième place avec une taille économique d’à peine plus de la moitié du pays de Xi Jinping. De fait, l’entrée de la Chine dans le club des poids lourds économiques ponctue son itinéraire contrasté depuis la Révolution maoïste et la création de la République populaire en 1949, effaçant un siècle d’humiliations aux mains des puissances occidentales.

Conséquence de cette marche vers le développement, beaucoup a été dit ces dernières années sur la possibilité d’un « piège de Thucydide » qui dresse une puissance montante, en l’occurrence la Chine, contre une puissance établie, actuellement les États-Unis, ce qui conduirait inévitablement à la guerre comme dans l’Antiquité entre Athènes et Sparte. Et de fait, la réalité est que la Chine comme les États-Unis effacent de plus en plus la ligne de démarcation entre économie et sécurité nationale, si bien qu’une déclaration formelle de guerre n’est plus nécessaire. Cela fait déjà des décennies que les deux puissances s’opposent sur trois fronts.


Le premier front est bien visible, en termes de vitesse, d’échelle et d’intensité, en Mer de Chine du Sud, lieu de passage d’un tiers du trafic maritime mondial. Pékin y appuie ses prétentions maritimes et souveraines sur une stratégie d’exclusion de zone qui réduit les marges de manœuvre pour les États-Unis et leurs alliés. Cette stratégie inclut des travaux massifs de remblai qui ont commencé en 2014, conduisant à la création d’une série d’îlots à la place de hauts-fonds submersibles et leur équipement en pistes d’atterrissage, facilités portuaires et capacités militaires défensives et offensives. Le différend au sujet des « formations maritimes » des îles Spratleys qui oppose de longue date la Chine, la Malaisie, Taïwan, l’Indonésie et le Vietnam, constitue un exemple sans équivoque de démonstration de force et d’affirmation de sa souveraineté.

Le second front, bien que moins visible, concerne le cyberespace, les cyberarmes et la maîtrise des hautes technologies, des semi-conducteurs et de l’informatique quantique à l’intelligence artificielle. Tandis que cette bataille se déroule sans éclats, la Chine, de même que la Russie, a montré sa volonté d’investir massivement dans ce secteur à travers sa politique industrielle du « made in China 2025 » ou d’acquérir les nouvelles technologies par des investissements en capital-risque dans la Silicon Valley.

Mais c’est le troisième front que nous allons analyser ici plus en détail, car il est en passe de devenir aussi visible que le premier. Il porte même un nom officiel : les « Nouvelles routes de la soie » (en anglais BRI ou Belt and Road Initiative). Qu’est ce que la BRI ? Fondamentalement, c’est un programme de prêts dépassant 1 000 milliards de dollars pour l’infrastructure, financés par la Chine et mis en œuvre principalement par des constructeurs chinois. Il permet à des pays pauvres ou manquant de capitaux de puiser dans un fonds pour construire et agrandir autoroutes, chemins de fer, ponts, ports, oléoducs et centrales électriques. Le réseau d’infrastructures relie ces pays à la Chine et entre eux dans un vaste réseau de marchés, le tout censé bénéficier aux acheteurs aussi bien qu’aux vendeurs.

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La BRI consiste en deux routes internationales : l’une retrace la route historique de la soie accédant à la Chine à travers l’Asie centrale et l’autre conduit les routes maritimes de la Chine à l’Asie du Sud-Est et l’Asie du Sud, l’Afrique et l’Europe. En Asie, le portefeuille de la BRI est soutenu par un organisme de prêt dédié, la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) fondée en 2012 et dont le siège est à Pékin. L’AIIB se joint à une foule d’entreprises d’Etat qui investissent, prêtent et construisent en-dehors des frontières chinoises comme la China Development Bank, l’EXIM Bank et la New Development Bank.


Six ans après son lancement, la BRI a amassé un portefeuille impressionnant. Cependant, cet édifice va-t-il apporter un progrès global aux pays signataires ? C’est, bien sûr, ainsi que le président Xi Jinping en fait la promotion, mais cela soulève des interrogations sur ses motivations.

Est-ce une grande démonstration d’amour fraternel ?

Rien qu’en Asie en développement, où la demande en infrastructures jusqu’à 2030 est estimée à 1700 milliards de dollars par an, la BRI et les prêteurs qui la soutiennent comblent une grande partie du besoin financier. Au Laos, le chemin de fer Laos-Chine, conclu en 2016, a été cette année-là le plus gros investissement étranger, équivalant à 35% du PIB. Au Cambodge, l’investissement chinois a déclenché un boom de la construction à hauteur de 18 milliards de dollars dans un pays dont le PIB dépasse à peine 22 milliards de dollars. En Birmanie, le gouvernement vient de signer un contrat d’1,3 milliards de dollars pour la construction d’un port en eau profonde dans l’État de Rakhine qui la reliera à la Chine et au couloir économique Est-Ouest de l’ASEAN. Au Pakistan, la Chine a finalisé un prêt de 2 milliards de dollars quelques jours après la victoire électorale du Premier ministre Imram Khan en août 2018. Et la liste des pays bénéficiaires, tous partenaires minoritaires de ces accords, ne cesse de s’allonger. Elle comprend aussi un grand nombre de pays d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Europe centrale et orientale, particulièrement dans les Balkans. L’argumentaire à l’appui de ces emprunts reste simple : pour beaucoup de ces pays, l’accès aux marchés de capitaux internationaux est difficile et la Chine constitue une source « fraternelle » de capitaux – omniprésente et gardant le contrôle.

NINJA ou cheval de Troie ?

L’Union européenne, les États-Unis et l’Inde, ainsi que le FMI et la BAD, ont émis de sérieuses mises en garde contre les prêts à la BRI. Semblables aux financements NINJAs* qu’obtenaient les ménages américains au plus fort de la crise des « subprimes »**, la vision sans complaisance qu’en ont les Occidentaux est que ces prêts conduisent les pays vulnérables mal gouvernés dans le piège d’un endettement non maîtrisé dont ils ne pourraient sortir qu’en remboursant en nature. De fait, nombreux sont déjà les exemples de pays débiteurs pris au piège.

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Le Sri Lanka est la tête d’affiche de la route qui a mal tourné. De 2010 à 2015, le président en exercice Mahinda Rajapaksa a penché de manière décisive en faveur de la Chine en échange de grands projets d’infrastructure, dont beaucoup portent son nom. Faute d’avoir pu faire face à ses obligations, le gouvernement suivant a dû fournir à Pékin le port en eau profonde de Hambantota ainsi que 6000 hectares de terrain adjacent, loués pour 99 ans en échange d’un effacement de dette de 1,1 milliards de dollars. Cela a permis au Chinois de prendre pied dans l’océan Indien, à quelques centaines de milles de l’Inde, son adversaire historique. De même, dans les Maldives, le gouvernement récemment élu est en train d’évaluer la dette envers la Chine héritée de l’administration précédente. Enfin, et ce n’est pas le moindre, la Malaisie, endettée de 250 milliards de dollars, a renoncé fin 2018 à 20 milliards de dollars de projets soutenus par Pékin, un chemin de fer et deux oléoducs.

En Europe, pendant ce temps, l’investissement chinois dans la BRI met les bouchées doubles. Depuis la crise de la dette de 2008 dans la zone euro, la Chine a conclu en 2016 un accord avec la Grèce lui confiant la gestion de 2 des 3 terminaux du Pirée, le port historique et le plus grand du pays, pour 1,7 milliards de dollars. Depuis cet accord, les Chinois ont visé des installations similaires en Italie, en Espagne, au Portugal, à Malte et à Chypre, créant ainsi une chaîne de valeur maritime qui lui ouvre une position de force en Méditerranée.

Si cette connectivité nautique sert ses intérêts, elle creuse une faille au sein de l’UE. Elle dresse les États-membres de l’Ouest et du Nord, qui voient dans la BRI un cheval de Troie – dangereux sous ses dehors inoffensifs – contre ceux du Sud, du Centre et de l’Est qui accueillent favorablement l’initiative. Ainsi, en 2017, cette fracture a conduit la Grèce à bloquer une déclaration de l’UE aux Nations Unies critiquant la politique chinoise en matière de droits humains.

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Une évolution similaire se manifeste au sein de l’ASEAN. Le gouvernement philippin, deux ans après une victoire historique à la Cour internationale de la Haye face aux prétentions territoriales de la Chine en Mer de Chine du Sud, a récemment choisi de reculer, à rebours de son opinion publique. Au contraire, il a pris fait et cause pour la Chine, en échange d’accords économiques substantiels. De manière critique, son recul porte un coup fatal à la plainte introduite par un grand nombre d’autres membres de l’ASEAN, en particulier l’Indonésie, Singapour, la Thaïlande, la Malaisie et le Vietnam. Toujours au sein de l’ASEAN, le Cambodge a édulcoré le communiqué de l’organisation en 2016 et évité toute référence au jugement rendu plus tôt cette année-là par la cour de La Haye.

Pour la Chine, tout cela pourrait devenir une arme de choix pour infléchir l’ordre monétaire actuel, accéder à de nouveaux marchés et obtenir l’influence qu’elle a vainement convoitée sur l’architecture multilatérale d’après-guerre. A cet effet, un « club de Pékin » appuyé sur sa clientèle croissante pourrait venir faire l’écart. Il pourrait profondément changer la donne dans la restructuration de la dette, non seulement au détriment de la suprématie du Club de Paris, mais aussi en forçant le FMI – habituellement prêteur en dernier ressort – à se montrer plus accommodant envers la puissance financière chinoise. Pour être plus précis, les pays débiteurs pourraient accorder à la Chine des garanties financières prioritaires par rapport aux créditeurs du club de Paris en matière de remboursement de la dette.


S’agissant du commerce international, bien que la productivité des entreprises chinoises ait connu récemment une amélioration, elles continuent de s’appuyer dans une large mesure sur le soutien gouvernemental, en particulier en matière de recherche, et bénéficient d’un vaste marché intérieur protégé. De ce fait, la BRI risque de favoriser les entreprises chinoises par rapport aux autres. Le commerce est déjà fortement déséquilibré, ce qui a suscité l’application par le président Trump de sanctions unilatérales contre les produits chinois. Sur un mode moins brutal, Emmanuel Macron, à l’occasion de sa rencontre au sommet avec Xi Jinping en janvier 2018, a déclaré que les Nouvelles routes de la soie « ne peuvent être les routes d’une nouvelle hégémonie qui viendrait mettre en état de vassalité les pays qu’elles traversent. »

En fait, la question centrale pour l’Occident est maintenant de savoir comment arrêter les « victimes consentantes » tout en évitant les réactions impulsives qui pourraient se retourner contre lui à long terme. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exprimé en 2018 cette frustration collective en déclarant qu’il n’y avait pas de raison pour le FMI, en utilisant les dollars des contribuables américains, de renflouer le Pakistan ou d’autres pays qui ont obtenu des prêts de la Chine, mais sont dans l’incapacité de les rembourser. Cependant, M. Pompeo n’a proposé aucune alternative crédible.

Somme toute, la réalité est que l’Occident dans son entier est incapable de trouver une stratégie efficace, à la mesure du défi global que lance la Chine. A part dénoncer l’initiative BRI comme un piège de l’endettement en vantant les vertus de l’austérité et de la rigueur budgétaire, la réponse des États-Unis, de l’UE et des autres a simplement été trop peu, trop tard et trop inefficace. Dans cette guerre non déclarée, ils doivent faire face à la Chine en l’absence de lignes de front marquées, de politique ou budget d’agression clairement définis, et de cible visible sur laquelle tirer. Pour le moment, l’Occident est plongé dans l’embarras.

Par Yves Carmona et Minh Pham

 

Haine russo-saoudienne : Fracking the Fracking

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Haine russo-saoudienne : Fracking the Fracking

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Cette nouvelle, à partir d’extraits d’une élision de RT.com, permet d’avoir une bonne idée du climat actuel d’effondrement général, de la façon dont les masques tombent et volent dans tous les sens, de la rapidité avec laquelle les simulacres se vident de toute leur fausse substance... Ici, il s’agit du Professeur Richard D. Wolff, fameux professeur dans toutes les grandes universités US, auteur, économiste, de tendance marxiste, voire Rethinking Marxism, fameux également pour son émission télévisée hebdomadaire Economic Update.

Wolff donne une version qui est de plus en plus favorisée sur la crise pétrolière, qui appréhende l’explication d’une complicité dissimulée entre les Russes et les Saoudiens, dans :le but de la destruction de l’industrie du pétrole de schiste US, – l’industrie dite du Fracking, pour son avidité à fracturer les sous-sols à la chasse au schiste. « Ils[les Russes et les Saoudiens] ont haï cette industrie dès le premier jour »

La description de la situation par Wolff est catastrophique, sinon apocalyptique, mais certes sans grande originalité car qui ne flirte pas avec cette perspective aujourd’hui ? La crise Covit-19 et la crise de la “guerre du pétrole” « sont comme un droite-gauche [asséné par un boxeur] », directement sur le pif de Wall Street, avec suffisamment de force pour dissiper tous les mirages des narrative et faire comprendre que la toute-puissance proclamée “première du monde” de l’économie US n’est rien de moins qu’un simulacre entretenu par les politiciens corrompus et grassement subventionnés pour cette tâche, – simulacre qui n’a pas la moindre base sérieuse, la moindre assise, la moindre fondation.

Le spectacle est donc horrible, de l’effondrement d’une civilisation qui a accepté de devenir la serveuse obéissante du Système, – horrible mais également sublime c’est selon. Ainsi en est-il de la colère des dieux, nous suggère le professeur Wolff, qui nous conduit comme tout expert qui se respecte aujourd’hui sur la terra incognita de l’Effondrement du Système.

... Sur RT.com le 12 mars 2020 : « [L’émission] ‘Boom Bust’ reçoit le professeur Richard Wolff, de Economic Update, pour discuter de la crise pétrolière en cours. Wolff explique que les États-Unis, qui voulaient “l’indépendance énergétique”, ont décidé il y a 10-20 ans de se lancer dans l’industrie de fracturation simplement parce que cela était jugé comme étant rentable.
» “Certes, l’industrie de la fracturation est très coûteuse... mais tout était basé sur l’idée que le prix du pétrole resterait très élevé”, explique Wolff. “Les Saoudiens et les Russes ont été touchés par l'émergence de l'industrie américaine de la fracturation ; ils ont haï cette industrie dès le premier jour parce que c’était un concurrent[jugé déloyal].”
» “L’idée qu'ils se battent entre eux est une illusion“, précise Wolff. “En fait, les Russes et les Saoudiens se battent contre les États-Unis parce qu’en faisant baisser le prix du pétrole, toutes ces compagnies pétrolières américaines de fracturation vont faire faillite. Elles sont finies”.
» Il ajoute que les compagnies pétrolières de la fracturation “ne peuvent pas rembourser leurs dettes et cela plonge le marché du crédit et les banques dans une nouvelle crise que nous commençons à peine à comprendre et qui en fait menace l’ensemble du système financier”.
» “Vous mettez le coronavirus avec le pétrole et vous avez un droite-gauche directement enchaîné qui fait réaliser à la plupart des gens de Wall Street que la description élogieuse de l'économie américaine comme la plus grande du monde était une illusion des politiciens et n'a aucun fondement... »

«Pacte Vert» préparé par la Commission : 11 millions d’emplois directs menacés

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«Pacte Vert» préparé par la Commission : 11 millions d’emplois directs menacés

https://echelledejacob.blogspot.com
 
Un haut dirigeant syndical européen, pourtant favorable à l’UE, estime que la stratégie climatique de Bruxelles pourrait «mettre le secteur industriel à genoux», relève Pierre Lévy, du mensuel Ruptures.

L’entretien ne fera pas la Une des grands médias. Il n’est même pas sûr qu’il trouve beaucoup d’écho au sein des différentes centrales syndicales, en France pas plus qu’ailleurs.

Et pourtant, la personnalité interviewée – en l’occurrence par le site spécialisé et favorable à l’UE, Euractiv – n’a pas de minces responsabilités : Luc Triangle est le Secrétaire général d’IndustriAll, la structure qui regroupe les fédérations syndicales des industries des pays du Vieux continent. Pour la France, en sont par exemple membres la Fédération CGT de la Métallurgie, celle des Mines-énergie, celle des industries chimiques, et cela vaut pour les autres centrales, ainsi que pour les autres pays. IndustiAll est membre de la Confédération européenne des syndicats (CES).

Luc Triangle n’est nullement «eurosceptique» ni «climato-sceptique» – sans quoi il n’occuperait pas une telle responsabilité. Et pourtant, quand il est interrogé sur le « Pacte vert » européen – le projet phare de la Commission européenne pour les cinq ans à venir, censé sauver la planète – les informations qu’il donne et les prévisions qu’il évoque font froid dans le dos.

A commencer par ce chiffre : 11 millions d’emplois seront affectés par la politique climatique projetée par Bruxelles. Encore s’agit-il là d’emplois directs, précise bien le syndicaliste. C’est donc plusieurs dizaines de millions d’emplois qui pourraient disparaître, notamment «dans les industries extractives» (mines), dans celles «à haute intensité énergétique» (typiquement : la sidérurgie), ainsi que «dans l’automobile». La métallurgie en général, la chimie, l’industrie pétrolière et bien d’autres ne seront pas épargnées. Et ce, note-t-il, «sans l’assurance d’une perspective d’avenir pour les travailleurs des industries touchées».

En cause : la chasse au CO2, et donc aux activités qui en produisent des quantités importantes. Mais pour la Commission européenne – et tous les idéologues nationaux qui l’inspirent – il convient de ne point s’affoler. D’abord parce qu’elle promet que des activités nouvelles viendront supplanter les cadavres du vieux monde, moyennant le refrain : la sidérurgie (par exemple) est morte (sous-entendu : en Europe, car on n’imagine pas un déclin mondial de celle-ci), vive les industries «faibles en carbone», vertes, digitales, connectées…

Euractiv cite ainsi une étude de la Commission selon laquelle le PIB de l’UE devrait augmenter de 2% d’ici 2050 dans le cadre de la neutralisation des émissions de CO2. Faut-il préciser que personne n’a jamais vu le détail du «calcul» prévisionnel ?

Quand on en est à vous promettre des soins palliatifs, ça n’est pas un excellent signe sur l’issue

Surtout, la Commission concède que certaines régions seront particulièrement affectées, et a déjà prévu 7,5 milliards au titre du «Fonds de transition juste». Le vice-président de la Commission chargé du «Pacte Vert», le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans, s’est ainsi engagé à ne «délaisser personne». Une précision angoissante : quand on en est à vous promettre des soins palliatifs, ça n’est pas un excellent signe sur l’issue.

Le dirigeant syndical interviewé pointe en outre le danger d’un fossé croissant entre l’est de l’UE, et les pays de l’ouest et du nord. Les premiers seront touchés de plein fouet, tant certaines de leurs régions dépendent d’une mono-industrie. C’est par exemple le cas de la Pologne, qui continue à produire l’essentiel de son électricité à partir du charbon. Et les mineurs forment encore l’épine dorsale économique et sociale des régions productrices, telle la Silésie.

Pourtant, si la déflagration risque d’y être particulièrement violente, il est peu probable que «la transition écologique sera plus facile dans les pays nordiques ou d’Europe de l’ouest» comme l’affirme le syndicaliste belge. Certes l’extraction charbonnière en France a déjà été éradiquée il y a quelques décennies (pour des raisons de rentabilité, le prétexte climatique n’était pas encore inventé), ce qui n’est pas le cas de l’Allemagne. Mais croit-on vraiment qu’on va reconvertir les travailleurs de l’automobile, de la sidérurgie (il en reste), de la chimie ou des raffineries en «web-designers» ? A moins qu’on ne les réinsère dans l’«aide à la personne» ? Dans l’animation des parcs d’attraction ?

Pire : le tsunami sur l’emploi à l’est «pourrait bien avoir un impact majeur sur la migration au sein de l’UE», note Luc Triangle qui rappelle que «près de 22 millions de personnes ont déjà quitté» les pays de l’est. Autrement dit, une nouvelle vague migratoire intra-européenne en direction de l’ouest déjà industriellement sinistré (cette fois hors Royaume-Uni, grâce au Brexit) est à prévoir.

Angoisses bruxelloises

Cité par Euractiv, le dirigeant syndical estime que «le Green Deal risque bel et bien de mettre le secteur industriel tout entier à genoux». Rien de moins. Et cela pourrait, en conséquence, «décrédibiliser la politique climatique européenne aux yeux des citoyens». Pour qui aurait un doute sur l’angoisse sous-jacente qui assaille les syndicalistes bruxellois, M. Triangle alerte : «les politiques climatiques ne fonctionnent que si elles peuvent être vendues au grand public».

Selon l'ancien président roumain, de tels facteurs « pourraient pousser certains pays à envisager de quitter l’Union, purement et simplement »

Et Euractiv opine, en rappelant les propos de l’ancien président roumain Traian Basescu. Celui-ci estimait récemment que de tels facteurs «pourraient pousser certains pays à envisager de quitter l’Union, purement et simplement».

Si l’hystérie «pro-climat» avait pour conséquence d’accélérer le démembrement de l’UE amorcé par les Anglais, au moins aurait-elle servi à quelque chose – un peu à la manière de la taxe sur les carburants qui avait été l’étincelle du mouvement des Gilets jaunes.

En attendant, chacun peut prendre la mesure des conséquences de la «lutte anti-réchauffement», conséquences du reste volontiers admises par les militants les plus radicaux de cette cause, partisans de la «décroissance».

Peut-être peut-on rappeler un exemple : le démantèlement qui avait touché une partie de l’industrie automobile d’Ile de France, dans le dernier quart du vingtième siècle, et les saignées massives dans l’emploi qui en furent issues avaient constitué un facteur déterminant de ce qu’il est convenu d’appeler, par euphémisme, l’actuelle «crise des banlieues». On n’ose imaginer l’état de la société française si le séisme «vert» était mené à bien, moyennant la disparition de millions d’emplois manufacturiers sur le sol national.

Bienvenue, alors, dans la France des Misérables.
 

samedi, 14 mars 2020

Le nouveau cycle de la mondialisation

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Le nouveau cycle de la mondialisation

Par Laurence Daziano*

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

L’épidémie de coronavirus, partie d’un marché de Wuhan, entraîne l’économie mondiale dans un choc d’offre et de demande, aussi majeur que celui du choc pétrolier de 1973. Mais, au- delà de l’effet conjoncturel sur la croissance de l’année 2020, le coronavirus s’inscrit dans une profonde transformation des échanges mondiaux qui ouvre une nouvelle page de la mondialisation dans la prochaine décennie.

Le coronavirus a démontré l’extraordinaire dépendance des économies occidentales à la Chine. Depuis vingt ans, la production industrielle et manufacturière a été délocalisée en Chine, à un niveau extrême pour certains produits industriels stratégiques, à l’instar des médicaments ou des équipements télécoms. Pékin est désormais la « plaque tournante » de l’assemblage industriel mondial, que ce soit pour un smartphone, une voiture ou une batterie électrique. Le coronavirus a montré la grande faiblesse des chaînes mondiales de valeur, disséminées dans le monde entre plusieurs pays producteurs.

La mondialisation n’est pas en recul, mais plutôt en transformation, sous l’effet du protectionnisme de Donald Trump, du Brexit ou des débats autour de la guerre commerciale et technologique entre Washington et Pékin. Le néoprotectionnisme américain et le conflit latent avec la Chine font consensus dans les cercles de pouvoir à Washington. Les pays émergents conserveront l’avantage d’une main-d’œuvre formée et peu chère, mais les chaînes de valeur ainsi que les relations économiques et commerciales vont être transformées.

Les Européens eux-mêmes ont commencé à modifier leur posture en déployant des protections sur leurs actifs stratégiques et en réfléchissant à leur autonomie technologique. L’aggiornamento en cours à la Commission européenne sur la réciprocité commerciale en est un exemple, tout comme la régionalisation des chaînes de production illustrée par l’ouverture d’une usine par LVMH au Texas ou la construction d’une usine de Huawei en France, afin de contourner les obstacles non tarifaires et le souhait des Etats de protéger leurs intérêts strtégiques.

actualité,mondialisation,globalisationLa transformation de la mondialisation pourrait même être analysée, non pas à la lumière du mouvement de globalisation entamée après la chute du mur de Berlin, mais plutôt à travers une histoire continue qui débuterait à l’époque des grandes découvertes et de la Compagnie des Indes orientales. Fernand Braudel l’a magistralement analysé dans « La Dynamique du capitalisme », en décrivant l’économie-monde avec son centre, dont découlent tous les échanges : « Le soleil de l’histoire fait briller les plus vives couleurs, là que se manifestent les hauts prix, les hauts salaires, la banque, les marchandises royales, les industries profitables, les agricultures capitalistes ; là que se situent le point de départ et le point d’arrivée des longs trafics, l’afflux des métaux précieux, des monnaies fortes et des titres de crédit. »

La mondialisation n’a jamais cessé de se développer et de se transformer depuis le 21ème siècle. New York n’est plus le centre unique de la mondialisation dont le cœur bat également à Shanghai, Bombay, Moscou ou Istanbul. Le cycle de la mondialisation « heureuse », apparu après la chute du mur de Berlin et prôné par Bill Clinton, prend fin. Un nouveau cycle apparaît, à l’issue incertaine.

(*) Maître de conférence à Sciences-Po

Source : les Echos 10/03/2020

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Le projet de nouvelle constitution russe et l'avenir de Poutine

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Le projet de nouvelle constitution russe et l'avenir de Poutine

par le Général Dominique Delawarde

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Sous le titre : Le Parlement russe autorise Vladimir Poutine à se représenter en 2024, le journal le Monde vient de publier une "fake news" de plus qui sera abondamment commentée par la presse mainstream occidentale.(voir le lien ci après)

Cet article est de Dominique Delawarde, membre de notre comité de rédaction

https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/10/le-parlement-russe-autorise-vladimir-poutine-a-se-representer-en-2024_6032499_3210.html

C'est une Fake news, au moins pour le titre, car le parlement russe n'était actuellement qu'en phase finale d'approbation d'un "PROJET" de constitution. Ce "PROJET" devra être approuvé ou rejeté par référendum par l'ensemble du peuple russe qui, seul, autorisera ou refusera les changements constitutionnels proposés. On fait encore des référendums dans ce pays et le parlement n'y a pas tous les pouvoirs.La Russie n'est pas la France .....

Que s'est-il passé à la Douma ?

La députée Valentina Terechkova, ancienne cosmonaute et première femme à avoir effectué un vol dans l'espace en 1963, est la dernière intervenante au débat sur le projet de constitution. Elle propose un amendement au projet de Constitution avant le vote final. Elle dit ceci : « Pourquoi tourner autour du pot ? pourquoi imaginer des constructions artificielles ? Regardons les choses honnêtement : si les gens le veulent et si la situation l'exige, il faut permettre au président en exercice de se présenter à nouveau à ce poste. ».

 Transformé en amendement, la proposition de Valentina Terechkova est adopté à une écrasante majorité. Le référendum aura lieu dans 6 semaines, le 22 avril prochain. Il projet sera très probablement voté, ce qui me réjouit pour deux raisons:

 1 - Poutine représente aujourd'hui le seul contre pouvoir solide à l'OTAN dont on connaît la propension à générer le chaos et la mort sur la planète depuis 1995.
(Au cours du dernier quart de siècle, 1 million de bombes ont été larguées par des pays membres de l'OTAN, agissant en coalition de circonstance, sur des pays qui n'avaient agressé aucun des membres de l'Organisation).
https://www.breizh-info.com/2019/11/19/130735/lotan-artisane-de-paix-ou-fautrice-de-troubles-et-de-chaos-general-2s-dominique-delawarde-le-13-novembre-2019

Garder Poutine jusqu'à 2036 sera probablement un bien pour son pays qu'il a remis sur pied entre 2000 et 2020 et surtout un bien pour le maintien de la paix sur la planète entière, par le retour à "l' équilibre de la terreur". Il serait bon que les fous furieux "néoconservateurs" des Etats Unis, de l'UE et de l'OTAN qui entendent régenter le monde en fonction de leurs seuls intérêts trouvent quelques "garde-fous" sur leur chemin.

 2 - Poutine a manoeuvré merveilleusement, comme à son habitude. Il n'a pas proposé lui même cet amendement, il a laissé une députée mondialement connue le faire et le parlement voter. Mais Poutine a proposé lui même des amendements à la Constitution qui vont droit au coeur d'une partie importante de l'électorat russe et de l'homme que je suis, citoyen d'un pays en déliquescence économique, politique, sociale, morale et sociétale. Ces amendements correspondent aux valeurs qui sont les miennes : Ainsi du respect de la « foi en Dieu », de l'interdiction du mariage homosexuel ou de la protection par l'Etat d'une «vérité historique », souvent mise à mal par les occidentaux qui ne cessent de la ré-écrire à leur avantage (notamment sur la 2ème guerre mondiale).

En conclusion, si le projet de nouvelle constitution est voté par référendum et si Poutine décide de rester jusqu'à 2036, il pourrait dépasser la longévité au pouvoir de la grande Catherine II, impératrice de Russie. Avec son expérience et celle de son ministre des affaires étrangères Lavrov, avec la complicité active de Xi Jingping, président à vie de son pays, il pourrait s'opposer avec succès aux velléités guerrières des "gouvernements de passage inexpérimentés" de chacun des grands pays d'une coalition occidentale en déclin. Notons au passage que les tenants du pouvoir des grands pays de l'OTAN sont de plus en plus mal élus, que leur opinion publique est profondément divisée et que ces états membres de l'OTAN sont, eux même, divisés entre eux.

Dominique Delawarde.

It’s Population, Stupid: Gunnar Heinsohn’s Söhne & Weltmacht

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It’s Population, Stupid:
Gunnar Heinsohn’s Söhne & Weltmacht

Gunnar Heinsohn
Söhne und Weltmacht: Terror im Aufstieg und Fall der Nationen
Zürich, Switzerland: Orell Füssli Verlag, 2020 (2003)

41v2Fuirz6L.jpgRobert Malthus’s essay on population growth is widely known and widely refuted, mostly by commentators who have not read it. In his Essay on the Principle of Population, Malthus argued that population growth undermined the achievements which technology had brought and was bringing to human society and ironically had first made that population growth possible. Populations, he wrote, increased faster than the rate of increase in food production necessary to keep pace with the demand for more food. According to Malthus, this discrepancy between supply and demand would lead inevitably to a decline in living standards and to famine. That Malthus’s prediction proved (broadly) not to be the case in the nineteenth and twentieth centuries is largely due to the fact that human societies have vastly improved agricultural efficiency and available agricultural land far in excess of the slow growth in food production which Malthus had projected. This improvement in food production to meet the demands of growing populations could only be achieved, and was only achieved, by improved logistics, improved science, and exploiting nature — not only more efficiently, but also more extensively. The fear of famine and outbreaks of famine have continued down to the present day, however, and although Malthus is officially repudiated, his ghost has not been lain to rest. The burden put upon nature incurred by meeting the challenge of the appetites of the human population increase continues to this day. Has Malthus been proved entirely wrong, and is his thesis applicable in relation to challenges other than that of famine?

Söhne und Weltmacht by Gunnar Heinsohn, professor at the University of Bremen, is written in the Malthusian tradition of seeking in demographics the key to understanding social and political challenges. It is the principal argument of Söhne und Weltmacht that it is neither a struggle for resources, nor of religion, nor a conspiracy, that is the principal driving force of terror and war, but rather a surplus of young men who, by virtue of a demographic spike, are too many competing for too few positions in their own communities.

More exactly, according to Heinsohn, it is a diminished opportunity to obtain “property benefit” (Eigentumsprämie), a key term in Heinsohn’s argument. This book is Walt Whitman’s cry of “Go West, young man!” with a vengeance. A society whose population increase, or more exactly, increase in young men, cannot be met by a commensurate increase in opportunities for those young men to thrive by obtaining property benefits and social standing, is the major trigger of terrorism, war, colonialism, and mass emigration. This is a startling thesis, but it is argued cogently and with abundant recourse to evidence. Indeed, Heinsohn’s work abounds with references, citations, and graphs and tables to support the main thesis.

Here is one historical case which Heinsohn examines: Nepal. How could it be, he asks, that Nepal changed almost overnight from a happy hippy Mecca, where the stardust children of the West sought enlightenment and inspiration in the 1960s and 1970s, into a land racked by civil war, strife and terrorism in the 1990s? What was the cause of the Maoist rebellion? Standards of living? The oppression and solidification of the proletariat, in accordance with Marxist theory? The desperation of famine, in accordance with Malthusian theory? None of that. The people were not starving and living standards were in fact rising. The population was not desperate or threatened from outside. Journalists speculated on Chinese influence undermining the small land by infiltrating it with Maoist revolutionary theory. Heinsohn comments on the theory of Maoist subversion laconically:

If Bakunin’s work had been widely read in Nepal instead of Mao’s, the media might be reporting about anarchists against the police instead of Maoists against the police. Young people will always find something. Irony to one side, the killers took great chunks out of their differentiated convictions. They not only attacked feudalists and fascists but the national Marxist-Leninist movement as well as the united Marxist-Leninists and finally, the Indian army. (p. 105)

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The real reason for the upsurge in conflict is clear to Heinsohn:

Rising from 8.5 to 26 million, the population tripled from 1950 to 2005. In 1995 and 2000 the children bulge was at 41%. With over 4000 deaths between November 2001 and January 2003 talks over a ceasefire between the authorities and the insurgents began. Were the talks to collapse, so the Minister of Culture Kuber Prasad Scharma at the end of May 2003, the country would be facing “Cambodian relations” viz. genocide. Peace was finally concluded on November 21st, 2006. The conflict had cost near to 18,000 lives.

Then Heinsohn throws in his final comment, the fact which for him is decisive and not brought into calculations of war and peace: namely, the falling birth rate. “From 6 children per woman between 1950 and 1985, the birth rate had fallen to under two by 2020.” (pp 105-106).

What is the “children bulge” referred to here? Heinsohn has much to say about what he calls demographic “bulges”: youth bulge, baby bulge, children bulge. A bulge refers simply to a disproportionate dominance by one age group in a nation’s or group’s demographic structure. A youth bulge is defined by this writer as follows:

The existence of a youth bulge results from the places which are becoming available to the number of places which sons who are becoming adults demand.” (p. 55) It is the existence of a baby bulge becoming a youth bulge (a baby bulge does not necessarily become a youth bulge if there is a high infant mortality rate) which is the prime course, Heinsohn argues, of “migration, crime, mass flight, prostitution, forced labor, murder, gang crime, terror, putsches, revolutions, civil war, expulsions of groups, genocide. . . As a rule of thumb: nations with 30 to 50% of their populations under 15 years of age will be experiencing one or more of these. (p. 115)

The Biblical tale of Cain and Able is, for Heinsohn, a fable that tells the story of a fundamental truth. Two brothers competing for one position, one recognition, one property benefit, must emigrate, colonize or kill one another.

Heinsohn also refers to what he calls the Kriegsindex (war index). This is the yardstick he has devised to measure the military potential of a group in terms of its manpower by comparing the number of 55 to 59 year-olds to the number of youths between 15 and 19 in the studied group. If the number of 15-19 year-olds is higher than the number of 55-59 year-olds, the war index is positive, and negative in the reverse case. So if there are 1000 old people to 2000 youths, the war index is 2+. The US-Vietnam conflict cost nearly a million lives, of which an astonishing 95% were North Vietnamese, but the Vietnamese war index was 4 to the American 2. The North Vietnamese could afford their losses better than the Americans.

An objection can certainly be made that Heinsohn ignores the factor of technical superiority — possession of the atomic bomb, for example — to counteract or even nullify the war index factor. However, in the great majority of conflicts that have taken place since the Second World War, the superiority of military hardware does not seem to have played the decisive role which might be expected of it. As for atomic confrontation, the wars since the Second World War have been wars of proxy insofar as the nuclear powers were involved. Arguably, Israel is the one country that keeps numerically superior forces at bay by its possession of the technology to destroy entire nations, but it also has a high war index.

The objection can be made that in terms of conflicts between major powers, the war index factor may play a less considerable role. My impression is that Heinsohn indeed tends to gloss over facts and factors such as firepower superiority which might weigh against his principle theory of youth bulges and war. However, it is questionable how far even a nuclear deterrent can stop a human tidal wave which has reached a vastly disproportionate superiority in numbers. Was it not Mao Tse Tung who once callously remarked that in the event of nuclear war, China would win simply by virtue of its huge population? One of Heinsohn’s many statistics, extrapolated from data provided by the World Bank for 2020, is that the proportion of children under 15 years old from nations with a children bulge (30-50% of the population) in relation to children in the United States is 1.3 billion to 61 million.

We should, of course, be aware of statistics. Heinsohn offers his readers an abundance of them, but are they conclusive? It may be that hikes in the population are not the direct cause of the factors he describes, but bring about developments which trigger them. Yet even to admit that populations hikes are the indirect rather than direct cause of war and famine is still to admit that they play a decisive role, and to argue that the effect is indirect would be to qualify Heinsohn’s thesis without in any way refuting it.

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A further controversial argument of this book is that dictatorship and children bulges tend to accompany one another. Heinsohn notes that the Algerian military overruled unwelcome election results in 1991 at a time when the population had more than doubled, rising between 1960 and 1990 from 10 to 25 million. More people were killed in the course of internal conflict in Algeria between 1992 and 2002 (180,000) than in Arab-Israeli wars over the same period. (p. 116) Algeria used to record a birth rate of 6 to 8 children per mother; the birth rate has fallen in recent years to 3 children per mother. Heinsohn feels it unnecessary to point out that conflict has subsided in Algeria since the beginning of this century. The reader gets the point.

The core argument of the book is, therefore, that problems of war and famine are demographic — not climatic or economic in the traditional sense of rich and poor. It is certainly the case that the role of population is rarely treated earnestly by political and economic writers, professors, and journalists. This reviewer shares Heinsohn’s belief that exponential population growth lies behind many major global challenges, if not all of them, and the current system of ignoring population and seeking solutions to problems such as pollution in tackling secondary causes (e.g. global warming) is to evade the real challenge.

Heinsohn’s message about war can be summed up thus: “It’s population, stupid.”

A table on pages 120-127 highlights a remarkably regular congruence between nations where armed conflict dominates and/or the murder rate is higher than the global average, and nations with an above-average youth/children bulge. In fact, Heinsohn can find very few conflicts, widespread acts of terrorism, high crime rates, or acts of genocide which do not find their origin one way or another in the struggle of a youth bulge cohort to obtain their Eigentumsprämie.

This leads to the deeply pessimistic conclusion that populations without youth bulges — those either with declining birth rates or which achieve an equilibrium of births to deaths, a picture of stability — will be considerably more pacifistic than societies with a youth bulge, but such societies are victims waiting to be discovered. History would seem to bear this out: Societies with stable populations do seem to be more pacifistic than those with growing populations, and therefore more likely to fall victim to them. The Indians of the Caribbean falling victim to the Europeans or the Bushmen falling victim to the Bantu are obvious cases that come to mind. It seems to be that all human societies are condemned to take part in a sort of cradle race to outbreed and thereby dominate one another. Irish nationalists have long been aware of the population factor in overcoming Protestant and British rule and uniting Ireland, although they remain willfully ignorant of the cradle challenge Ireland is itself now facing from Black immigrants.

Söhne und Weltmacht may be criticized for being less than systematic in the development of its argument. The argument is based not so much on theory or a model of society as evidence. Historical cases accompanied by tables are presented to the reader and thereafter evidence is cited to show the validity of the argument, but the theory is not examined in depth, nor are contrary interpretations of the cause of war and terrorism examined at all. Heinsohn is saying in effect that the “coincidence” of correlation between youth bulge and war is so overwhelming that it would be the onus of a skeptic to provide an alternative interpretation.

The evidence of what Heinsohn is claiming is plentiful and strong. The reader may be forgiven for wondering why the argument has not been put forward previously, or even debated previously, if it is all so obvious. Heinsohn says (and here we are with Malthus again) that in societies or countries with soaring birth rates, there will be too few prestigious positions (defined in terms of property right) to content aspiring male youth, too little opportunity to devote energy to worthwhile enterprises, there will be diminishing resources available to rising numbers of young men, and that will lead to internal conflict over the scarce resources or emigration or both. It is not that favorite explanation offered by NGO charities, a “poverty trap,” which triggers mass emigration.

Against the belief that low living standards are the prime force prompting conflict, Heinsohn notes that the standard of living of the Ivory Coast, for example, was rising before it entered into its main period of conflict — in fact, the standard of living actually declined as a result of civil war. Conflicts negatively affect standards of living, and it is not poverty alone which causes conflict, so Heinsohn. Conflict, he argues, is caused by rising expectations that cannot be met fast enough.

Heinsohn also looks at the expansion and global dominance of Europe from the fifteenth to the nineteenth century. When Europe’s expansion began at the very end of the fifteenth century, the population was, as a result of widespread pestilence, actually lower than it had been previously (60 million in 1500 compared to 90 million in 1340). What took place was not a simple increase in total population compared to the past, but a dramatic change in the median age of European populations. Large numbers of children were growing up without prospects. It was not only or even principally acres which were not available, but prestige and ownership (Eigentumsprämie). Heinsohn is at pains to argue that this is not simply a matter of “Lebensraum“. He also ignores those cases where expansion or migration will be more convincingly interpreted as just that: diminishing living space under the pressure of rising population. Ireland and Germany in the nineteenth century would be obvious cases, and after the Great Famine, the Irish emigrated out of economic compulsion. Even here, however, it is certainly the case that the plight of the Irish was more perilous because of their high fertility at the time of the Great Famine.

35987323z.jpgAnother highly interesting factor highlighted in this book is the notion of the sanctity of life. From the end of the Roman Empire to the sixteenth century, Europe did not experience a dramatic increase in population nor did it experience a birth rate anything like as high as that which began suddenly at the end of the fifteenth century and continued down to the twentieth century. What had happened? According to Heinsohn, the notion of the “sanctity of life” and hostility towards contraception, infanticide, and abortion of an intensity not seen since the days of Rome (but highly characteristic of Islamic society) began at the end of the fifteenth century — and it is at the end of the fifteenth century that Europe set out on a course of world conquest. The writer refers to well-documented evidence from several English counties. On the basis of this evidence, between 1441 and 1465, 100 fathers were leaving 110 surviving sons. Between 1491 and 1505 a dramatic change had taken place: 100 fathers were leaving behind them 202 surviving sons. By the nineteenth century, between 5 and 6.5 children per mother were being raised in Europe, a rate only reached in the last century by twenty-four states in Sub-Saharan Africa and Afghanistan.

At exactly the same time as the hike in the European birth rate, the great witch hunts and trials began, which were to cost the lives of up to 100,000 women. Experts are at a loss to explain the ferocity, extent, and above all, suddenness of the persecution of witches. Heinsohn offers a fascinating and persuasive interpretation. Many observers have pointed out the connection between fear and hatred of witches and rumors of infanticide and other “ungodly” practices by midwives. In Heinsohn’s interpretation, the target of the persecution of witches was in large part an assault on the medical knowledge which midwives possessed and utilized, including knowledge relating to contraception and birth control. The witch trials, in Heinsohn’s thought-provoking interpretation, were first and foremost an assault on nature-based science by a Church and state whose new piety sought to extirpate all activity which could prevent human reproduction. It may be that neither Church nor State were consciously promoting a population surge, but that is the effective result of their measures. Consciously induced or unconsciously, the fact remains, cited by Heinsohn, that between 1000 and 1500 two to three women were being born per woman and after 1500 that figure rose abruptly to 5-7 children (p. 14).

In 1484, Innocent VIII issued his famous Bull against contraception, and a condemnation of contraception has been characteristic of the Roman Catholic faith ever since. Contraception and abortion were subject to capital laws. “Witches” were closely associated with those who sought to provide women with the means to exercise birth control. The persecution of witches, by Protestant and Catholic alike, was the assertion of the will to “go forth and multiply.” All sexual pleasure which was not conducted under the bonds of holy matrimony and for the purposes of reproduction was condemned as sinful and often punishable by death.

Heinsohn does not state but strongly implies that were it not for the opportunities offered in the nineteenth century for expansion and relief of the youth bulge by means of colonial expansion and deportation, the nineteenth century would not have been the relatively peaceful century for Europe that it became. The colonies were a release valve. By 1914, there were no more lands to colonize. In the twentieth century, European countries including Russia had cannon fodder at home to spend. Heinsohn’s system and message are emphatic and coldly cynical:

It was the strictly enforced penalties for birth control which can explain the fact that regardless of all emigration, wars, epidemics and high infant mortality, the European population explosion in this time did not once let up, reaching (with Russia) nearly 500 million by 1915 and it could afford the cannon fodder of 8 million in the Great War. After the Second World War, the Western powers continued to build the most deadly weapons but could no longer raise enough sons. This, along with the threat of assured mutual destruction through nuclear war, and not any supposed process of increased sensitivity and scrupulousness, is the not very noble reason why the numbers of Europeans dead in battle has fallen so low. (p. 150)

Hans Grimm’s Volk ohne Raum, a novel written in 1926 which portrayed Germany as a country suffering from overpopulation and therefore a lack of living space (Lebensraum) accords entirely with Heinsohn’s thesis. Once it was Europe’s turn. Now it is the turn of non-European peoples with great youth bulges, warring against one another and seeking their fortunes in other lands, especially when in those lands, the indigenous population cannot challenge them with expendable sons of its own. The bitter truth, argues Heinsohn, is that societies with high youth bulges can — in terms of human material — literally afford to go to war. Islamic martyrs nearly always possess siblings to mourn their passing and to swear revenge. If there were a white resistance movement with the same resolution and determination to die for its cause in martyrdom, there would nevertheless be no brothers to mourn and swear revenge for the fallen. In numbers is strength. Heinsohn is serving up an old socialist truism here, but it is one that needs to be restated. Many people have lost sight of it in efforts to obfuscate the challenge of the ambitious millions of the world with humanist hand ringing about the calamity of war. The success of the white race in conquering the world was not, according to Heinsohn, due to racial superiority, as Gobineau among many other racial supremacy theorists have argued. European world domination was maintained and caused by its youth bulge. (p. 153)

Heinsohn does not pretend that a youth bulge alone explains the expansionist or imperialist development of any people, but he claims that a youth bulge is a precondition for such a development. If his argument is correct, then the white race can offer no effective policy for its own survival in the face of expansionist challenges without a reproductive riposte commensurate to that of Islamic or African migrants. This is not only for the obvious reason of numbers and proportional weight of influence, but also by virtue of the fact that according to Heinsohn, no group of people is sociologically and perhaps not biologically triggered to expand or even seek conflict without the assurance that there are sufficient sons to take the place of those who fall in war.

28055.jpgIt is worth noting the paradox that only does the white race have far fewer children per capita than other races, but those who are most conscious of the demographic decline and most readily deplore it themselves usually have few or no children at all.

Heinsohn’s book belongs to a long tradition of culturally pessimistic “realist” writings, which include Hobbes, Malthus, Spengler, and more recently Huntingdon and Rolf Peter Sieferle, whose Epochenwechsel I have reviewed for Counter-Currents. The core of Heinsohn’s argument is very simple and very persuasive. Towards the end of his book, which consists largely of cases of conflict which can be explained by his theory and tables to illustrate those cases, he notes: “If Germany had increased its population between 1950 and 2020 at the same rate as The Gaza strip, (0.2-2 million), it would not have a population of 83 million today, but 700 million, and 90 million of those would be between 15 and 29 years old.” (p. 231)

There is nothing original in stating that wars can be won through the cradle, but Heinsohn goes further. He argues that all wars are caused by the cradle. He posits no conspiracy (the book is without so much as a hint of a conspiracy). However, politicians do blatantly, as in the case of President Erdogan of Turkey, call for the mothers of the homeland to be fruitful and have many children as a duty to the nation. Ho Chi Minh (quoted by Heinsohn) famously boasted that he would defeat the French because Vietnam had more sons ready for sacrifice than France had. France’s war index at the end of the Second World War was 1.6, meaning that for 1000 men between 55 and 59 there were 1600 young men between 15 and 19, but on the Vietnamese side there were 3000, twice as many. With a war index of 3, Vietnam enjoyed the advantage of being able to draw on a far larger supply of human beings to sacrifice (p. 28).

Heinsohn does not make clear the extent to which youth bulges are created intentionally and I would have appreciated an examination of this point. Was, for example, the Church with its edicts against homosexuality,

infanticide, and contraception, consciously seeking to boost the population, or was this the incidental consequence of measures which had other motivations? Heinsohn would probably say that it is not important to know. He certainly implies with his description of the anti-contraceptive mores and laws of Europe (surprisingly and disappointingly, he spends comparatively little time in discussing similar edicts and laws in Islamic countries) that higher fertility is increased through the express design of religious and political leaders, but he also notes several times the role played by medical discovery and improved hygiene in lowering infant mortality.

Europeans have played the major, if not exclusive, role in boosting Africa’s population, first by medical and prophylactic intervention and care and second by the import of religious strictures and penalties against non-reproductive sexual activity — strictures which, in the meantime, have been widely rejected by more liberal and religiously skeptical European populations. There are measures which undoubtedly have nothing to do with the express wish for any increase in population, but which will nevertheless have exactly that effect; another example is the legalization of abortion in Japan in 1949. (Heinsohn refers to abortion in this book, somewhat misleadingly and presumably for reasons of his own belief, as “infanticide”.)

While Heinsohn writes about various triggers that cause youth bulges, he has little to say about what prevents them or reduces them. It seems that they slow down when the demands of youth are satisfied and where having children is an impediment to career advancement instead of an investment in the future. What, exactly, is it that the superfluous sons of a youth bulge desperately seek and go to war in order to obtain? Here our writer becomes — at least to this reviewer’s thinking — a trifle obscure and difficult to follow. What the superfluous sons of the youth bulge seek, already mentioned in this review, is what Heinsohn calls Eigentumsprämie. This word is not easy to translate into English, all the more as it is a word of Heinsohn’s own invention! It may be translated as “ownership (or title-holding) preference” or  “ownership benefit.” Keynes’ “Liquidity Preference” comes to mind, a term which is commonly rendered in German as Liquiditätsprämie. For Heinsohn, the difference between ownership of property (Eigentum) and possession (Besitz) is crucial to an understanding of the motivation of the young men who fight in wars. He relies on a thesis expounded in another of his works: Eigentum, Zins, und Geld (Ownership, Interest, and Money) which holds that a concept of ownership precedes trade and is a precondition of trade and of the need for a token to denote ownership, namely money. Whatever they may formally possess, young men in any society seek ownership in order to establish themselves.

6801886_9783928852340_xl.jpgIt is fourteen years since the renowned philosopher Peter Sloterdijk opined enthusiastically in the pages of the Kölner Stadt Anzeiger that Söhne und Weltmacht would become required reading for politicians and journalists. His prediction has not been fulfilled, and this new and updated edition has been published by a small Swiss imprint. The fact is that books like Söhne und Weltmacht cannot expect to receive much attention from journalists or politicians. They point to truths which the presently-dominating ideology is loathe to review or discuss.

Gunnar Heinsohn focuses on population increase as a key to understanding the world and believes that it is in population hikes that we will find an explanation for many of the woes of the modern world. The title of one chapter of this book, “Africa’s banner of victory: reproduction,” is worth a score of soul-searching mainstream talk shows. Millions without perspective are ready to die to obtain respect and standing in the world. If they cannot do so, they readily grasp violence, not out of need, religious piety, or political orthodoxy, but out of deep internal compulsion. The project of this book is to show the reader what that means and has always meant for human beings in real terms.

It is a pity that Peter Sloterdijk was wrong.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[2] here: https://www.counter-currents.com/new-right-vs-old-right-order/

[3] here: https://www.counter-currents.com/sexual-utopia-in-power-order/

 

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France : le retour de la guerre idéologique ?

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France : le retour de la guerre idéologique ?

 
On croyait les luttes idéologiques disparues avec les « grands systèmes » du XXe siècle. Non, nous dit François-Bernard Huyghe: Gilets jaunes, bras de fer autour des retraites ou cérémonie des césars, les nouvelles fractures en disent long sur un conflit de valeurs d’un nouveau genre. Peut-on l’apaiser ?
 
Le « bloc élitaire », dont Emmanuel Macron est le leader, a marié gestion économique de droite et références morales de gauche. L’équation devait garantir un consensus, mais suscite en fin de compte des troubles au sein de la population. Les convictions des élites dirigeantes ne séduisent plus les masses: François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l’Institut de Recherche Internationales et Stratégiques (IRIS), lance l’alerte dans son essai L’art de la guerre idéologique (Le Cerf, 2019).
 
A ses yeux, les tensions multiples qui traversent la société française reflètent le durcissement de la société libérale fondée sur la séduction. Les bras de fer dans la rue, dans les médias ou dans les milieux culturels en disent long : les idéologies sont de retour. La France pourra-t-elle en sortir ?
 
 
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vendredi, 13 mars 2020

Origine américaine du COVID-19?

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Origine américaine du COVID-19?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le CDC, Center for Desease Control and Prevention CDC (/www.cdc.gov/) est un organisme américain ayant pour mission de combattre les risques sanitaires et de santé.

Il rassemble des professionnels de santé se voulant indépendants des Pouvoirs Publics. Il est donc possible de prendre très au sérieux ses décisions.

Or l'on vient d'apprendre que le CDC avait précédemment demandé - sans succès - la fermeture du laboratoire américain pour la guerre biologique de Fort Detrick parce qu'il avait appris qu'entre 2005 et 2012 les Etats-Unis y avaient expérimenté plus de 1.000 souches de pathogènes dérobées ou s'étant échappé de divers laboratoires américains se consacrant aux recherches biologiques.

De plus en plus de biologistes américain estiment que la souche mère du coronavirus faussement attribué à des animaux vivants se trouvant sur le marché de Wu Hang, en Chine provient en réalité de Fort Detrick. Le coronavirus COVID-19 infectant aujourd'hui la planète ne serait qu'un des variants de cette souche-mère. 

Il n'existe aucune possibilité de prouver que celui-ci a été introduit en Chine par des agents du Pentagone afin de la paralyser dans le cadre d'une guerre biologique. Ceci d'autant plus que ce type de guerre se retourne nécessairement contre ceux qui la déclenchent. Par contre il paraît très vraisemblable que le COVID-10 provienne de Fort Detrick.

Pour en savoir plus:

https://www.globalresearch.ca/china-coronavirus-shocking-update/5705196

https://www.globalresearch.ca/covid-19-further-evidence-v...

Rappelons que Globaleresearch est un organisme canadien rassemblant de nombreux chercheurs de tous pays, dans le but de faciliter la communication scientifique au plan international

 

Réquisitions dans l’affaire Fillon : parfaire le coup d’Etat

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FRANCE

Réquisitions dans l’affaire Fillon : parfaire le coup d’Etat

Cinq ans d’emprisonnement dont deux ferme et dix ans d’inéligibilité ont été requis contre François Fillon ainsi que trois ans avec sursis contre son épouse Penelope dans le cadre du procès Fillon, pour des soupçons d’emplois fictifs de sa compagne et pour « détournement de fonds publics ».

Atlantico.fr : Le procureur de la République a requis à l’encontre de François Fillon une peine de 5 ans d’emprisonnement dont 3 avec sursis, assortie d’une amende de 375 000 euros et de 10 ans d’inéligibilité. Une peine de trois ans de prison avec sursis a été requise à l’encontre de Pénélope Fillon. À vous yeux, ce réquisitoire est-il cohérent avec les chefs d’accusation ?

Régis de Castelnau : Les réquisitions soutenues par Aurélien Letocart au nom du Parquet National Financier sont à la fois incohérentes et très cohérentes…

L’incohérence réside dans le fait qu’au regard du droit qui devrait trouver à s’appliquer dans ce dossier, il est clair que les demandes de cette autorité de poursuite entretiennent avec lui des rapports très lointains. Tant en ce qui concerne le support juridique de l’accusation que le quantum des peines réclamées. Pour attraire l’ancien Premier ministre devant le tribunal correctionnel, il a fallu brutaliser la loi et les principes. Le principe de la séparation des pouvoirs qui fait que le législatif doit être à l’abri des empiétements et des pressions de l’exécutif dont dépend le parquet, aurait dû prévaloir et le PNF n’aurait pas dû être suivi dans la conduite de la procédure comme il a été par les juges du siège qu’étaient les magistrats instructeurs, la chambre d’instruction de la cour de Paris et la Cour de cassation. Les chefs de poursuite utilisée n’auraient pas dû être cela et pour plusieurs raisons. En effet si l’on respecte les principes d’interprétation restrictive en matière pénale qui sont fondamentaux, le détournement de fonds publics reproché à François Fillon ne tient pas. Il y a ensuite le principe de liberté politique et d’immunité des parlementaires qui leur permet d’organiser librement leur mandat. Cela ne veut pas dire qu’ils peuvent faire n’importent quoi, mais le contrôle est alors effectué et les manquements sanctionnés par l’institution parlementaire elle-même. Relever ces caractéristiques, ne rend pas pour autant François Fillon moralement séduisant, mais l’aversion que l’on peut avoir pour ce médiocre personnage ne justifie pas que l’on prenne des libertés avec le droit et que l’on bascule dans l’arbitraire.

Et quand bien même, on considérerait les poursuites juridiquement fondées, le quantum des peines réclamées est sans commune mesure avec la jurisprudence habituelle. Et l’on rappellera également que les poursuites du PNF, institution sur-mesure créée par François Hollande sont singulièrement à géométrie variable. Que sont devenus le socialiste Bruno Le Roux, ou l’ancien ministre socialiste Kader Arif par exemple ? Quid du cas de Bruno Lemaire LR rallié qui employait son épouse artiste peintre (!) comme assistante parlementaire … ? Quid également d’un véritable travail juridique relatif à cette question des fonctions d’assistants parlementaires puisque les trois quarts des parlementaires ont opéré de la même façon que François Fillon, employant pour des missions obscures conjoints, enfants, cousins et petits cousins et bien sûrs maîtresses. Tout ceci est d’une hypocrisie noire.

La cohérence quant à elle réside dans le fait que ces réquisitions sont un acte de plus dans l’opération judiciaire enclenchée par Le PNF au début 2017 pour disqualifier la candidature de François Fillon à l’élection présidentielle et favoriser ainsi l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Il est aujourd’hui impossible de nier qu’il y a bien eu un raid judiciaire avec cet objectif. Deux des protagonistes de la partie médiatique de l’affaire, les journalistes du Monde Davet et Lhomme le reconnaissent explicitement dans un livre récent. Ces réquisitions sont une pièce de plus visant à légitimer l’opération du printemps 2017. Si elles avaient été autres, respectueuses du droit et modérées dans leur quantum, elles auraient judiciairement disqualifié le coup d’État judiciaire. Il est à craindre que le tribunal ne soit pas lui aussi coincé dans cette problématique. Respecter le droit et la jurisprudence prononcée soit une relaxe, soit une peine modérée, établirait sans conteste la dimension antidémocratique de l’opération visant à favoriser Emmanuel Macron. Et contribuerait à fragiliser encore un peu plus une légitimité déjà brinquebalante, tout en disqualifiant encore cette partie de la justice qui s’est mis au service du nouveau chef de l’État.

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La notion de détachatabilité a été évoquée à plusieurs reprises par l’accusation. Que signifie cette notion ? En quoi est-t-elle utile à l’accusation ?

Régis de Castelnau : Dans l’affaire Fillon, cette notion de « détachabilité » n’a pas grand sens. La Cour de cassation qui a pris la très mauvaise habitude d’ajouter à la loi dès lors que cela facilite les poursuites contre les élus a adopté plusieurs jurisprudences que je considère, et mon avis de juriste praticien et universitaire en vaut largement d’autres, comme inconstitutionnelles. L’une d’entre elles a permis les poursuites contre François Fillon. Mais pour faire bonne mesure l’autorité de poursuite d’exception qu’est le PNF a jugé bon d’injecter une notion qui relève du droit administratif. Le conseil d’État a consacré une notion particulière à l’action des agents publics. Lorsque ceux-ci commettent des fautes, si celles-ci sont ce que l’on appelle « rattachables au service » c’est-à-dire en lien avec l’exécution de leur mission publique, l’administration leur doit protection. Mais afin de bien faire la part des choses le juge administratif utilise la notion de « faute détachable du service ». Qui parce qu’elle ne concerne pas la mission publique relèvera du droit commun. Prenons un exemple extrême, le policier qui tuera sa femme avec son arme de service commettra « une faute détachable ». Donc pour poursuivre Fillon tout en utilisant la jurisprudence anormale de la Cour de cassation, on a rajouté pour faire bon poids le raisonnement selon lequel les fautes reprochées à François Fillon n’étaient pas rattachables à sa mission de parlementaire et que par conséquent il était possible de le poursuivre sans porter atteinte à son immunité. Tout cela n’est pas très intéressant.

L’initiative du Parquet National Financier, créé en décembre 2013 sous le quinquennat de François Hollande, d’initier une procédure judiciaire à l’encontre de François Fillon est-elle en accord avec le droit ? 

Régis de Castelnau : Le problème n’est pas de savoir s’il était en accord avec le droit mais bien de rappeler que c’était une opération à visée politique. Dans laquelle le PNF a joué un rôle particulier, et a ensuite passé le relais aux juges du siège qu’étaient les juges d’instruction du pôle financier, la chambre d’instruction et la Cour de cassation. Les questions juridiques posées tout au long de cette procédure peuvent nourrir des débats entre spécialistes et permettent de noircir du papier, mais cela ferait oublier l’enjeu de toute cette affaire. Et malheureusement il est à craindre comme je l’ai dit que le tribunal soit coincé dans une alternative délétère. Soit traiter loyalement ce dossier en appliquant le droit, et dans ce cas ce serait reconnaître qu’on le veuille ou non l’ingérence de l’institution judiciaire altérant la sincérité du scrutin dans la principale élection de la république française, en altérant la sincérité du scrutin. Soit poursuivre dans la mauvaise voie empruntée au début de 2017. Et de ce point de vue, le refus de transmission au Conseil constitutionnel des deux Questions Prioritaires de Constitutionnalité (QPC) pourtant évidente et de très mauvais augure. Compte tenu du fait de la situation politique pour le moins tumultueuse que connaît notre pays avec à sa tête un président considéré par l’opinion publique comme illégitime, la justice risque de traîner longtemps l’accusation d’avoir été à l’origine de son avènement

Quel impact une condamnation de François Fillon peut-il avoir sur la classe politique française ?

Régis de Castelnau : C’est très simple, tous ceux qui s’opposent à Emmanuel ont tout à craindre de la Justice. De Marine Le Pen aux gilets jaunes en passant par Jean-Luc Mélenchon et tout ceux à qui viendrait l’idée de faire un tour de piste à la présidentielles 2022, je ne saurais conseiller que la plus extrême prudence. Une petite garde à vue, une perquisition, des mises en examen et autres joyeusetés sont si vite arrivées… 

En revanche les amis d’Emmanuel Macron n’ont rien à craindre, Richard Ferrand, Alexandre Benalla, Muriel Pénicaud, François Bayrou, Sylvie Goulard, Bruno Le Roux, Bruno Lemaire, Ismaël Emelien, etc. etc. vont pouvoir continuer à vivre paisiblement.

La révolution nationale de Georges Valois

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La révolution nationale de Georges Valois

par Juan ASENSIO

Finalement, le ton pamphlétaire en moins propre à l’auteur des Décombres, Georges Valois adressera à Charles Maurras, après l’avoir admiré de manière un peu trop grandiloquente (1), les mêmes reproches que Lucien Rebatet : «Maurras et ses commanditaires avaient toléré ma politique ouvrière, tant qu’ils avaient pu la mener sur le plan de la littérature, mais du jour où je déclarais que nous passions à l’action politique, on voulait m’arrêter net» écrit ainsi l’auteur dans son Basile ou la politique de la calomnie (2), décrivant Charles Maurras comme tant d’autres l’ont fait, à savoir un homme qui est avant tout un esprit plutôt que des muscles et des mains. Maurras dut ainsi être «extrêmement embarrassé par mes questions», continue Georges Valois, qui poursuit sa charge en enfonçant le clou d’une ironie point complètement débarrassée de regrets, du moins à cette date : «Il nous fit un discours d’une demi-heure pour me démontrer que, nécessairement, il avait toujours pensé à faire ce qu’il disait. Je lui demandai des ordres, il n’en donna aucun» (3).


Ce n’est pourtant pas tant l’action qui a souri à Georges Valois, Paul Sérant rappelant en quelques pages synthétiques l’échec que fut sa tentative de créer un fascisme à la française, que la réflexion, dont ce texte heureusement réédité par La Nouvelle Librairie dirigée par François Bousquet (qui reprend l’héritage de Valois, créateur de la Nouvelle Librairie nationale) nous donne un témoignage plus qu’intéressant. La Préface à cet ouvrage évoque l’intérêt principal de ce livre de Georges Valois, l’un de ces auteurs qui heureusement ne fait pas partie de ces «penseurs simples, binaires, facilement classables [qui] ne sont plus d’un grand secours» (p. 8) : «une tentative de dépasser les clivages sociaux, dans une vision organique et corporatiste de la nation» (p. 20), ou, pour l’écrire avec l’intéressé lui-même, une tentative de refonder voire, plus désespérément, fonder un État national, autrement dit «nous-mêmes avec nous-mêmes, avec nos femmes et nos enfants, avec ceux de nos métiers, avec nos propres chefs, pour la France régénérée par la victoire, pour la grandeur française que nous aurons servie et que nous voulons servir !» (p. 41).

De cet État national, Georges Valois donne une définition qui synthétise l’opposition courant au travers de tout son livre entre les vertus du combattant, héroïques et nobles, et celles du bourgeois, aussi peu héroïques que nobles, corrosives à vrai dire : «c’est l’État qui repose sur les valeurs héroïques par lesquelles toute cité est fondée, défendue, conduite à la grandeur; c’est l’État qui repose sur la philosophie même du combattant; c’est l’État qui veille sur la propriété nationale, qui veille sur le patrimoine spirituel de la nation, qui n’accorde aucune licence aux tentatives faites contre les valeurs fondamentales de la Cité; pour qui la propriété individuelle et familiale n’est qu’un moyen de prospérité et non le but de son activité; qui est au-dessus des partis et des classes et qui recrute ses états-majors aussi bien dans une classe que dans l’autre» (pp. 67-8). L’État national est donc l’inverse même de l’État libéral, dans lequel la nation n’est qu’une «juxtaposition de citoyens dont la règle individuelle est la loi de l’argent», alors que, pour l’autre, «la nation est une organisation de familles, qui font corps avec les régions et les métiers» (p. 69).

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Seul cet État national est capable de provoquer un patriotisme charnel, antithèse même du «patriotisme verbal» (p. 31) qui a fait des ravages durant la Grande Guerre dont Georges Valois exalte l’esprit véritable, seul à même d’insuffler sa vitalité à la nouvelle organisation sociopolitique qu’il appelle de ses vœux : «La philosophie du combattant, qui défend les valeurs héroïques, s’oppose à la philosophie du financier, pour qui il n’y a dans le monde que des valeurs de bourse, des commissions sur les emprunts, qu’ils soient français ou allemands» (p. 49). Il s’agit de retrouver un horizon spirituel et une dimension complétant la Politique par une mystique, s’il est vrai qu’un peuple ne pourra «supporter longtemps la pensée que son effort n’a d’autre expression que les plaisirs de Deauville et de la Côte d’Azur» (p. 72) et, puisqu’il faut «recréer les conditions de la grandeur», la première d’entre elles, juge Georges Valois, sera de faire rentrer dans la vie publique les «valeurs héroïques retrouvées dans la guerre» (p. 73). Il ne sera pas le seul à avoir exigé, une fois sorti vivant de l’hécatombe monstrueuse que fut la Première Guerre mondiale, une refondation ou même une régénération du pays profondément blessé. Il ne sera pas le seul à vite déchanter, les vertus de l’Arrière ayant pris, si j’ose dire, le devant de la scène politique française, les grands appels et belles déclarations s’étant vite transformés en petites médiocrités et compromissions.


Comme nous comprenons que Georges Valois ait fini par se séparer de Charles Maurras, pourtant qualifié de «grand libérateur de la pensée » (147), lui qui écrivait, assez crânement : «Notre objet, c’est la grandeur. On atteint la grandeur par l’action» (p. 75) même s’il n’a pas vraiment su la concrétiser sous ses propres entraînement et panache, alors qu’il n’aura eu de cesse, du moins dans ce petit livre, d’évoquer une «comptabilité des impondérables» (p. 95) à opposer systématiquement à la basse comptabilité des bourgeois qui ne sont en fin de compte rien d’autre que les propagateurs d’une «conception mercantile ou économique de la vie nationale et sociale» (p. 99), comme si le bourgeois avait finalement diffusé son poison matérialiste jusqu’à la tête, aux plus hauts sommets de la nation mais aussi dans l’ensemble de l’organisme social qui ne tardera pas à devenir fiévreux : «Quand le bourgeois veut être le premier dans l’État, c’est un destructeur, ou un chef qui s’abandonne, c’est Étienne Marcel, c’est Guizot, c’est M. Thiers, c’est M. Raymond Poincaré» alors que, s’il restait fidèle à sa place qui ne devrait jamais être la première, il serait bien évidemment capable de servir, puisque c’est alors «un grand serviteur du Prince et du Peuple, c’est Colbert» (p. 93). L’opposition au bourgeois n’est donc pas complète, le propos de Valois concernant bien davantage le fait que ce dernier n’occupe que la place qui lui revient, subalterne. C’est au contraire au Combattant d’être au premier rang, car c’est sur la force que l’on fonde la paix, et que «l’on organise le commerce dans les limites que trace sur le sol l’épée du combattant» (p. 104) puisque, en effet, c’est «la sécurité qui est la condition de l’abondance» (p. 109) et certainement pas l’inverse, sur quoi repose la prétention et la tromperie du régime que le Bourgeois cherche à favoriser, toutes les fois que l’une de ses déclinaisons historiques cherche à mettre en place un pouvoir qui lui soit favorable, donc qui le laisse en paix faire ce qu’il sait faire le mieux : acheter et vendre, autrement dit faire des affaires. Ainsi, «le bourgeois libéral représentait l’Argent, mais recouvert d’un voile pieux; le bourgeois national représentait l’Argent, mais avec un petit morceau du drapeau tricolore; le bourgeois radical représente l’Argent nu et obscène» (p. 132).

GVage.jpgL’Argent, puisqu’il est parlé du bourgeois que Valois substantifie en quelque sorte en lui accordant, comme au métal précieux d’ailleurs, une majuscule, est le thème sous-jacent de notre livre et on peut sans trop craindre de se tromper affirmer qu’il est, comme la Machine chez Georges Bernanos, l’un des surgeons du règne de la quantité, du chiffre, alors que, pour Valois, c’est «l’épée, et non le bidon de pétrole, qui est au premier rang» car la «paix, ce n’est pas une entente entre financiers et producteurs des deux mondes, c’est l’équilibre entre les forces des combattants» (p. 150). D’ailleurs, toutes les fois qu’un empire s’est laissé envahir par le Chiffre n’ayant d’autre but que son accroissement, il a péri, comme lorsque «Rome devenue trop riche, l’Argent l’emporta sur le glaive», comme «lorsque l’esprit combattant de Rome héroïque céda devant l’esprit bourgeois de Rome riche et jouisseuse» (p. 152).
Le Combattant, le premier, a été floué par la paix honteuse qui a été signée après la Grande Guerre, tout bonnement parce que cette paix est «la paix bourgeoise, la paix des financiers, qui rejette l’Europe tout entière dans la corruption de l’argent » (p. 157), Georges Valois allant même, et c’est sans doute la page la plus saisissante de son ouvrage, que je me permets donc de citer in extenso, jusqu’à décrire fascisme et communisme comme «une même réaction contre l’esprit bourgeois et ploutocratique» : «Au financier, au pétrolier, à l’éleveur de porcs qui se croient les maîtres du monde et veulent l’organiser selon la loi de l’argent, selon les besoins de l’automobile, selon la philosophie des cochons, et plier les peuples à la politique du dividende, le bolcheviste et le fasciste répondent en levant l’épée. L’un et l’autre proclament la loi du combattant. Mais le bolcheviste slave arme son bras pour s’élancer à la conquête des richesses accumulées dans le monde romain. Le fasciste latin dresse la hache pour fonder la paix et protéger le laboureur contre l’usurier. Ce n’est point par hasard que la réaction contre le régime bourgeois produit le bolchevisme en Russie et le fascisme en Italie. Le bolcheviste slave, c’est le guerrier du Nord, qui se place à la tête des hordes asiatiques et scythiques et à qui sa doctrine fournit une justification pour partir au pillage du monde romain, qu’il nomme le monde capitaliste. Le fasciste latin, c’est le combattant du Midi, qui veut arracher l’État aux mains débiles de l’administrateur bourgeois, protéger le travail contre l’argentier, et redresser les défenses de la civilisation abandonnées par les mercantis et les juristes incapables de porter les armes» (p. 158).

Je me demande si nous ne pourrions pas transposer assez facilement cette excellente analyse, comme le suggère d’ailleurs la première de couverture de notre réédition, au cas actuel de la France ployant sous la Macronie qui, après tout, peut à bon droit être considérée comme la prise de pouvoir d’une petite oligarchie méprisante et arriviste, dénuée de tout scrupule, ayant pour politique dévastatrice d’allier les différentes bourgeoisies françaises, puisqu’elle considère que c’est un climat propice au développement des affaires, un monde libéré de toute forme de régulation et dans lequel l’Argent, le Chiffre, seraient donc roi, qu’il faut instituer pour libérer l’homme de ses vieilles attaches, ne pariant donc, pour parvenir à son désir le plus cher, que sur les valeurs pondérables, échangeables, reléguant les valeurs impondérables au musée des horreurs réactionnaires et si affreusement passéistes.


Si c’était le cas, il nous faudrait alors faire nôtre ce rappel de Georges Valois affirmant que ce n’est pas un Gouvernement bourgeois, instauré par le bourgeois et n’ayant d’autre but que de favoriser la prospérité de ce dernier, qui décidera de notre sort, mais l’esprit des combattants qui «fera la révolution nécessaire» (p. 161). Reste à savoir si nous sommes encore capables de dresser des combattants, même éborgnés, face à ce qu’incarne le pouvoir macronien, l’empire du chiffre, ce qui sera un avenir peut-être moins sombre, à tout prendre, que celui que Georges Valois appelle de ses vœux, une révolution nationale établissant impitoyablement une «Dictature nationale, afin d’accomplir son œuvre» (p. 174).

Notes
(1) Georges Valois, La Révolution nationale (1924) (La Nouvelle Librairie, préface de Guillaume Travers, 2019, p. 148) : «Le XIXe siècle portera le nom bourgeois. Le XXe, s’il est nommé, portera celui de Maurras».
(2) Cité par Paul Sérant, Les dissidents de l’Action française (Éditions Pierre-Guillaume de Roux, préface d’Olivier Dard, 2016), p. 49.
(3) Paul Sérant, op. cit., pp. 45-6.

Source : http://www.juanasensio.com/archive/2020/02/26/la-revoluti...

https://www.lanouvellelibrairie.fr/

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Stanisław Przybyszewski

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Stanisław Przybyszewski

Halina Floryńska-Lalewicz

Author: Culture.pl

Writer, poet, dramatist and essayist. Born on 7 May 1868 in Łojewo near Kruszwica, died 23 November 1927 in Jaronty– Inowrocław county.

Upon graduation from a German gymnasium in Toruń (Thorn), Przybyszewski went to Berlin to study architecture and medicine from 1889. In 1892 he edited "Gazeta Robotnicza", the Polish socialist weekly appearing in Berlin. The following year he married the Norwegian writer Dagny Juel and in 1894-98 lived mostly in Norway. While in Germany and Norway, he stayed in close touch with the circles of international Bohemia; he was friends with Edvard Munch, Richard Dehmel, August Strindberg and others.

In 1898 he arrived in Kraków and was appointed editor of "Życie". The following year the magazine went bust for censorhip and financial reasons. In 1901-05 Przybyszewski lived in Warsaw, devoting himself to literary work.

From 1906 to 1918 he stayed in Munich. In 1917-18 he contributed to the Expressionist magazine "Zdrój" which was published in Poznan.

In 1919 he returned to Poland to take civil service posts in Poznan and Gdansk. He also got involved in social responsibility projects - he was the champion and organizer of the construction of a Polish gymnasium and the Polish House in Gdansk. In 1924 he got employed at the Civil Office of the President of the Republic. He was awarded the Officer Cross and the Commander Cross of the Polonia Restituta Order. An active man of letters till his last days, he was the author of a great many publications and gave tremendously popular public lectures.

Przybyszewski's role in the Young Poland period goes beyond the facts contained in his curriculum vitae and, indeed, beyond what he wrote. In the late 19th and early 20th centuries he was a major figure, if not a prophet, of literary life. Writers of more intellectually mature works used to start their discourse from comments on his views. A large percentage of his generation spoke his language. One of the reasons for it was his eccentric personality and his scandalizing legend which included erotic excesses, drinking and the notorious divorce of Jadwiga and Jan Kasprowicz which he had caused. More than that, he was the one to formulate the main philosophical ideas of his generation in a most extreme and dramatic way, and did it through literary provocation.

spybook.jpgHe earned fame in Berlin, where he became a hero of the international artistic community. It was in Berlin that he published his resonant essay "Zur Psychologie des Individuums. I - Chopin und Nietzsche. II - Ola Hansson" 1892 as well as poems Totenmesse, 1895 (Polish version: Requiem aeternam, 1904), Vigilien, 1895 (Polish version: Z cyklu wigilii, 1899), De profundis, 1895 (Polish version 1900), Androgyne, 1900. They introduced themes which would be central to all of his work: individualism, the metaphysical and social status of creative individuals, fate of geniuses, the sense of such attributes of genius as "degeneration" and "illness". He continued to present his philosophical views in essays published in a number of magazines and later collected in the volumes "Auf den Wegen der Seele" 1897 ("Na drogach duszy" [On the Paths of the Soul], 1900), "Szlakiem duszy polskiej" [On the Paths of the Polish Soul], 1917, "Ekspresjonizm, Słowacki i Genesis z ducha" [Expressionism, Slowacki and Genesis from the Spirit], 1918.

Initially open to various views, Krakow's "Życie", coming out in 1897-1900, was transformed into a magazine of the young generation when Artur Górski was appointed editor-in-chief in early 1898, to become the organ of Young Poland. In no. 1 of 1899 Przybyszewski published Confiteor, the manifesto of the new art and one of its key writings. Its main slogan, "art for art's sake", was not just an appeal for the autonomy of artistic activities. It was born out of Przybyszewski's conviction, shared with other artists, that art reveals important truths about existence, reaching the Absolute. The artist's "naked soul", stripped of conventions and freed from social constraints and intellectual stereotypes, is able to transcend the seeming biological and spiritual dualism of the human being. Indeed, this dualism is one of cognitive powers, and conceals the basic unity of being. According to Przybyszewski, the opposition of soul and brain is the opposition of intuitive and discursive cognition; the former, analytical and communicable, belongs to the unified order of social phenomena; the latter is a way in which the individual communicates with absolute reality.

Przybyszewski's manifesto, affirmative of creative individuals as bearers of metaphysical insight, was targeted against the positivist program of socially involved art and the positivist concept of progressive natural and social evolution. It juxtaposed two types of cognition, two moral models and two development ideas: the social one and the individual one. Przybyszewski invoked the anti-positivist trends of contemporary philosophy, represented by Friedrich Nietzsche, Arthur Schopenhauer, Eduard Hartmann, as well as Polish romantic tradition (mainly Słowacki's philosophy of Genesis), theosophy and occultism. His views were also influenced by the heritage of naturalism. The sphere of the Absolute, in which the "naked soul", freed from social constraints, belongs, initially had strongly marked features of the sphere of biology and drive, believed to determine the conscious life of man and to cause permanent moral conflict. Przybyszewski based on it his concepts of "blameless guilt", doom and evil, the latter perceived as the inseparable element of being. Gradually, however, the "naked soul" evolved to become increasingly spiritual, its destructive and self-destructive energy proving the evolution's driving force towards individual perfection. Przybyszewski combined Slowacki's concept of King Spirit who destroys the existing forms of being to create finer ones, with Nietzsche's idea of the Overman. To legitimize these ideas, he finally accepted the concept of re-incarnation.

spybook2.jpgPrzybyszewski translated the philosophical issues raised in his essays and narrative poems into the language of literary prose and drama. A very prolific writer, he published many novels, all of them trilogies, in German and Polish, notably Homo Sapiens, German edition 1895-96, Polish edition. 1901; Satans Kinder, 1897; Synowie ziemi [Sons of the Earth], 1904-11; Dzieci nędzy [Children of Poverty], 1913-14; Krzyk [The Cry], 1917; Il Regno Doloroso, 1924. All of his novels had basically the same type of protagonists, i.e. outstanding individuals destroyed by the social world and by their internal demons. These doomed characters were presented in extreme, frequently pathological, emotional states of alcoholism, jealousy, destructive love. The plots were weak and served as a pretext to analyze the characters' internal states. This new type of the protagonist required appropriate narration techniques that were different from those used in realistic novels. Przybyszewski made innovative use of (seemingly) indirect speech and of internal monologue.

As they violated taboos of social behaviour and were - intentionally - morally provocative, all of his books aroused intense public response. Translated into English, Italian, Czech, Bulgarian, Serbo-Croatian, Yiddish and many other languages, his novels and essays had a major influence on the period's literature, particularly in Scandinavia and Central Europe.

He also wrote a number of dramas, including Das grosse Gluck, 1897; Złote Runo [Golden Fleece], 1901; Śnieg [The Snow], 1903; Matka [Mother], 1903; Odwieczna Baśń [Perennial Fairytale], 1906; Śluby [The Oaths], 1906; Gody życia [The Nuptials of Life], 1910; Topiel [Deep Water], 1912; Miasto [The Town], 1914; Mściciel [The Avenger], 1927. Their themes and characters were similar to those of the novels. Likewise, the plots were flimsy, and were compensated for by numerous monologues and discussions revealing the inner life of the characters.

Przybyszewski's dramas were put on stage in many Polish and European theatres; in a number of cases the staging preceded the coming out in print. In 1921, marking Przybyszewski's thirtieth anniversary as a writer, his dramas appeared in the repertoires of the theatres of Krakow, Warsaw and Lvov. All the premieres were accompanied by heated debates on their literary and moral aspects.

Both the work and the legend of Przybyszewski lost some of its popularity in the twenty years separating the two world wars, other literary events eclipsing them. Przybyszewski's other side came to the forefront, however. This enemy of involvement of art and of any social ties gave himself in to the tide of patriotic feeling, publishing a bilingual pamphlet "Polen und der heilige Krieg; Polska and the Holy War" (1916), an apotheosis of the struggle for national liberation. After World War I his support for the freshly regained statehood was not limited to words; he championed and master-minded pro-Polish public actions and became a valued civil servant. Once a poet maudit, he had a funeral worthy of a dignitary, writes his biographer, Stanisław Helsztyński. Przybyszewski was buried in Góra in the Kujawy region. His coffin was placed in a four-horse carriage decorated with state insignia. The funeral procession was a three-quarter mile long and included state and Church dignitaries, chancellors of colleges and universities, writers and journalists. An honorary salute was fired over his grave. A public collection of money which lasted for four years paid for the stately tomb that has survived to the present day.

Przybyszewski played a major role in Polish cultural life as an artist, thinker and taboo-breaking provocateur. Writing in Polish as well as German, he was among the best-known Polish writers in Europe. Today he is of interest mostly to historians of literature and culture as well as to lovers of the period of Young Poland. Of the few stagings of his dramas, the most interesting performance was that of Matka directed by Krystian Lupa in Jelenia Góra in 1979.

Major publications: "Wybór pism" [Selected Writings], Wroclaw 1966; "Listy" [Letters] vol. 1-2, Wroclaw 1954.

Author: Halina Floryńska-Lalewicz, January 2004
 

¿El coronavirus es un armabiológica de guerra? Asumiendo que no es “conspiracionismo”.

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¿El coronavirus es un armabiológica de guerra? Asumiendo que no es “conspiracionismo”.

Diego Fusaro

Ex: https://nacionalismuasturianu.blogspot.com

Traducción: Carlos x. Blanco

Roma, 5 de marzo - La situación se está saliendo de control. Junto con el pánico y la psicosis, que son el elemento subjetivo, también existe, sin embargo, el elemento objetivo de un contagio que, si no se detiene rápidamente, podría dar lugar a unos escenarios que –sin exageración- podríamos llamarlos apocalípticos. Y son estos los que deben ser tratados en primer lugar. Giorgio Agamben, entre otros, se detuvo en el primero, proponiendo de nuevo el paradigma biopolítico habitual: el terror como método de gobierno. Que también existe este componente resulta evidente.

La marca de la "conspiración"

Por nuestra parte, partimos de un punto que no se les habrá escapado: quien se atreva a poner en duda la versión oficial -la del virus como evolución "natural" a partir del murciélago- es inmediatamente silenciado como conspirador y, como tal, condenado al ostracismo y privado del derecho al debate público. Es curioso, de hecho, que aquellos que socráticamente plantean dudas son calumniados como idiotas, mientras que los que viven con certezas graníticas son aclamados como agudos e inteligentes ¡Prodigios de pensamiento único! Y sin embargo, si se produce un incendio, no es ciertamente un conspirador el que plantea la hipótesis de dolo. Por el contrario, si invoca motivos e hipótesis de trabajo, su posición es aceptada o al menos escuchada seriamente.

Utiliza el tratamiento para los países no alineados...

El mismo Tucídides, en la Guerra del Peloponeso, tiene la hipótesis de que la plaga se extendió en Atenas por obra de los espartanos, que envenenaron los pozos. ¿Por qué, entonces, no es lícito formular la hipótesis - con dudas y no con certezas - de que también en este caso nos encontramos en presencia de una epidemia "dolosa", desatada por alguien con intenciones precisas? El motivo no es, entonces, difícil de resaltar. Estamos en la Cuarta Guerra Mundial: la que la civilización del dólar, después de haber ganado la tercera (Guerra Fría), ha declarado desde 1989 a todos los Estados no alineados con el consenso de Washington (desde Iraq a Libia, desde Serbia a Afganistán). Ahora, ¿es China un país que no está alineado con el consenso de Washington? Sí, lo es. ¿Es China un país altamente invulnerable a la talasocracia de las hamburguesas? Sí, lo es. ¿Había, antes del estallido de la epidemia, una fuerte tensión entre los dos países? Claro que sí. Si digo 5G y el caso Huawey, ¿significa eso algo para Vd.? China, es innegable, ha dado el salto adelante: y quizás, en muchos sentidos, ya ha superado a la civilización de las estrellas y las rayas en poder técnico y comercial. Hipótesis de explicación y motivo, entonces, hay.

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Wuhan, el Silicon Valley del Este

Wuhan - no lo olvide - es una especie de Silicon Valley del Este. Un punto estratégico al más alto nivel, un golpe que, como es evidente, pone de rodillas a toda China. Obviamente, nuestro imaginario, moldeado por un pensamiento único y un transbordo ideológico inadvertido, se niega de manera irreflexiva a pensar que esto es posible: con un movimiento casi inconsciente, rechaza esta hipótesis hermenéutica, sin siquiera aventurarse a tomarla en serio. ¡La civilización del dólar no puede hacer tales cosas! ¡Es el bonum maximum del planeta Tierra, el siempre vigilante garante de la paz y la democracia! Sin embargo, como sabemos, las armas biológicas y bacteriológicas no son ciencia ficción.

La guerra biológica no es ciencia ficción

Sin embargo, todo es oficial y ante los ojos de todos, como en el conocido cuento de Poe "La carta robada": la carta está ahí, a plena vista, y somos nosotros los que no podemos verla. Tomemos el documento oficial del año 2000, Rebuilding America's Defenses, publicado por el  conservador Project for a new american century: en primer lugar, planteamos la hipótesis de la necesidad de un "nuevo Pearl Harbour", que permita a los EE.UU. utilizar su poder como una respuesta legítima a una agresión. Irónicamente, con increíble coincidencia, la monarquía del dólar tendrá su nuevo Pearl Harbour al año siguiente, el 11 de septiembre de 2001. Y siempre en ese documento leemos textualmente: "Las formas avanzadas de guerra biológica, que pueden apuntar a ciertos genotipos, pueden transformar la guerra biológica, de un reino de terror, en una herramienta política útil". ¡Sic! Entonces, ¿cómo interpretar lo que le pasó a Wuhan? No es difícil.

Fuente: https://www.ilprimatonazionale.it/cultura/coronavirus-arma-guerra-biologica-complottismo-148349/

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jeudi, 12 mars 2020

Conflit gréco-turc: l'Otan plus que jamais un tigre de papier

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Conflit gréco-turc: l'Otan plus que jamais un tigre de papier

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé à l'Otan, dont il est membre, son «soutien concret» dans le conflit en Syrie, lors d'une visite à Bruxelles le 9 mars.

Nous attendons un soutien concret de la part de tous nos alliés», a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg. «L'Otan est dans un processus critique dans lequel elle doit clairement montrer sa solidarité d'alliance» avec la Turquie » .

Comme on le sait l'Otan est restée muette à cet appel. Manifestement Jens Stoltenberg et derrière lui Washington ne veulent pas se confronter avec la Russie, alliée de la Syrie, dans le conflit actuel au Moyen-Orient. Nul n'ignore que Erdogan est entrée en Syrie du Nord pour s'approprier une partie importante de ce pays, non seulement dans la poche d'Iblid, mais tout au long de la frontière turco-syrienne. Aucun des membres de l'Otan ne veut, en soutenant la Turquie, très proche de certains mouvements terroristes, paraître cautionner les efforts de l'Etat islamique pour s'y maintenir.

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Aujourd'hui, un conflit quasiment militaire s'est ouvert entre la Grèce, elle-même membre de l'Otan, et la Turquie. Erdogan a ouvert sa frontière avec la Grèce à des milliers de « migrants » provenant du Moyen-Orient, parmi lesquels probablement un certain nombre de djihadistes. La Grèce a fini par se résoudre à employer son armée pour défendre sa frontière. Ce faisant, elle risquera à se confronter militairement avec les troupes turcs qui protègent les efforts des migrants pour détruire les barbelés matérialisant cette frontière.

Dans le même temps, Erdogan redouble d'efforts pour s'approprier les îles grecques de Lesbos et Chios, en attendant sans doute d'en revendiquer d'autres. La encore la Grèce, après avoir hésité, a décidé de défendre militairement les Grecs vivant dans ces îles face à l'invasion des migrants constamment aidés et ravitaillés par les Turcs.

Dans tous ces cas, l'Otan n'a fait aucun effort pour apaiser les conflits entre Erdogan, qui se veut le nouveau sultan de l'Empire Ottoman, et la Grèce. Mais comment aurait-elle pu le faire, ne disposant pas d'armée en propre et incapable de rassembler une majorité suffisante de ses membres pour imposer la paix entre Turquie et Grèce.

Manifestement le temps n'est plus où Washington avait mis en place l'Otan pour mobiliser les pays européens dans la perspective éventuelle d'une guerre avec la Russie. Embourbés dans leurs diverses difficultés, les Etats-Unis se désintéressent de plus en plus de l'Otan, dont ils ne veulent plus d'ailleurs supporter les dépenses militaires. Si Vladimir Poutine avait l'esprit à rire, il devrait bien rire en ce moment. 

Il est donc vraisemblable que l'Otan ne répondra pas à l'appel à l'aide de Erdogan. Par ailleurs celui-ci, qui s'affirme agressivement musulman, ne bénéficie pas de la sympathie de la majorité des Européens, même en Allemagne où le lobby turc est électoralement important. 

RSF dévoile la liste 20/2020 des Prédateurs numériques de la liberté de la presse

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RSF dévoile la liste 20/2020 des Prédateurs numériques de la liberté de la presse

Ex: https://rsf.org

 
 
 
A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la cybercensure, le 12 mars, Reporters sans frontières (RSF) dévoile une liste de 20 Prédateurs numériques de la liberté de la presse en 2020. En traquant les journalistes, ces entreprises, organismes et administrations mettent en péril notre capacité à nous informer.

La liste n’est pas exhaustive, mais ces 20 Prédateurs numériques de la liberté de la presse TELECHARGER LA LISTE ICIreprésentent en 2020 un danger évident pour la liberté d’opinion et d’expression, garantie par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la cybercensure, créée à l’initiative de Reporters sans frontières (RSF), l’organisation publie pour la première fois une liste des entités dont l’activité est assimilable à une prédation envers le travail journalistique. 

Dans cette liste 20/2020, constituée des 20 principaux prédateurs numériques en 2020, quatre catégories sont distinguées, selon que les entités utilisent des procédés relevant du harcèlement, de la censure d’Etat, de la désinformation ou de l’espionnage et de la surveillance. Infra-étatiques, privées voire informelles, ces entités démontrent une réalité du pouvoir à la fin de la première décennie du 21ème siècle : les journalistes d’investigation, et tous ceux qui déplaisent, peuvent être la proie d’acteurs parfois occultes.

Certains Prédateurs numériques opèrent désormais dans les pays despotiques, à la tête desquels règnent des Prédateurs de la liberté de la presse déjà répertoriés par RSF. Mais certaines sociétés privées spécialisées dans le cyber-espionnage ciblé sont basées dans des pays occidentaux comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et Israël.

Le pouvoir de ces ennemis de l’information libre sur Internet est multiforme. Ils repèrent, identifient et surveillent les journalistes qui dérangent les pouvoirs en place. Ils les intimident en orchestrant leur harcèlement en ligne. Ils les réduisent au silence en les censurant de différentes façons. Ils tentent même de déstabiliser les pays démocratiques en diffusant volontairement des fausses informations.

Les hommes forts autoritaires, qui organisent la prédation de la liberté de la presse, étendent leur emprise dans le monde digital grâce à des troupes de complices, de subordonnés, de supplétifs qui sont autant de prédateurs numériques déterminés et organisés, explique Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Nous avons décidé de publier une liste de 20 prédateurs numériques pour dévoiler une autre réalité des violations de la liberté de la presse, mais aussi pour attirer l’attention sur le fait que ces supplétifs agissent parfois depuis les pays démocratiques ou en leur sein. S’opposer aux régimes despotiques suppose aussi que les armes de la répression du journalisme ne leur soient livrées depuis l’étranger”.

LA LISTE DES 20 PRÉDATEURS NUMÉRIQUES

HARCÈLEMENTCENSURE D’ÉTAT - DÉSINFORMATIONESPIONNAGE ET SURVEILLANCE

 

HARCÈLEMENT

NOM : Les Yoddhas de Modi INDE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Insultes, appels au viol et menaces de mort sur les réseaux sociaux

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Auteure des Gujarat Files, un livre-enquête sur l'ascension au pouvoir de l’actuel Premier ministre indien Narendra Modi, la journaliste Rana Ayyub est l’une des cibles privilégiées des millions de “Yoddhas” - des trolls volontaires ou des employés rémunérés, au service du parti nationaliste hindou au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP). Swati Chaturvedi, journaliste et auteure de I Am a Troll: Inside the Secret World of the BJP’s Digital Army, une enquête sur l’armée digitale au service de la droite nationaliste hindoue, est également fréquemment ciblée.

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NOM : Les armées de trolls du Kremlin
RUSSIE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Propagation de fausses informations et vidéos, publication d’informations personnelles (“doxxing”), diffamation.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Depuis qu’elle enquête sur les trolls du Kremlin, la journaliste d’investigation finlandaise Jessikka Aro est devenue l’une de leurs cibles. Dans un récent livre-enquête, Putin’s Troll Army, elle révèle les activités de propagande de ces trolls à l’encontre de ceux qui dénoncent leurs agissements. Les professionnels de l’information font partie de leurs cibles privilégiées. Par exemple, le journaliste russe Igor Yakovenko et les journalistes étrangers basés à Moscou, Isabelle Mandraud, ancienne correspondante du Monde, et Shaun Walker, correspondant du Guardian ont révélé être fréquemment la cible de cette armée de trolls.

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NOM : Le “cabinet de la haine” de Bolsonaro
BRÉSIL

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Campagne d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

La députée Joice Hasselmann, ancienne alliée du président Bolsonaro, a révélé l’existence d’un “cabinet de la haine”, qui publie à grande échelle des attaques contre des journalistes. Ce groupe, composé de conseillers très proches du président et coordonné par son fils Carlos, ont notamment dans leur ligne de mire les journalistes Patricia Campos Mello, Constança Rezende et Glenn Greenwald. Leurs révélations sur le gouvernement brésilien leur valent d’être fréquemment victimes de campagnes de haine sur les réseaux sociaux.

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NOM : Les mouches électroniques du pouvoir algérien
ALGÉRIE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Signalements abusifs de pages et de profils contestataires sur les réseaux sociaux, pour inciter la plateforme à les fermer. Publication d’informations personnelles, dilution d’informations, commentaires virulents, attaques personnelles, chantage, stigmatisation

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

L’objectif de cette armée de trolls payés par le gouvernement est de discréditer tous les journalistes critiques du pouvoir en place. Depuis qu’ils couvrent le mouvement de contestation populaire en Algérie, le journaliste indépendant et correspondant de RSF, Khaled Drareni, et deux journalistes qui eux aussi ont couvert le mouvement de protestation du Hirak,  Lamine Maghnine et Redouane Boussag, sont ciblés quotidiennement. Ces deux derniers n’ont aujourd’hui plus accès à leur compte Facebook.

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NOM : Gangs de trolls mexicains
MEXIQUE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Dénigrement, menaces et insultes sur les réseaux sociaux

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Pour avoir questionné le président Andrés Manuel López Obrador sur sa décision de relâcher le fils du baron de la drogue El Chapo, plusieurs journalistes dont notamment Irving Pineda, reporter pour Tv Azteca, ont été attaqués pendant plusieurs jours par des trolls. Ces attaques sont de plus en plus fréquentes et souvent dirigées contre les femmes. En novembre 2019, Silvia Chocarro, qui représentait une coalition d'ONG de défense de la liberté d’expression incluant RSF, en a été également victime. Les trolls se ralliaient en utilisant notamment les hashtags #PrensaCorrupta, #PrensaSicaria et #PrensaProstituida signifiant respectivement “presse corrompue”, “presse tueur à gage” et “presse prostituée”.

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CENSURE D’ETAT

NOM : Roskomnadzor, Autorité fédérale 
de contrôle des communications et
des médias russes RUSSIE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Blocage de sites internet et d’applications

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Le Roskomnadzor, autorité officielle de contrôle des médias de Russie, a bloqué plus de 490.000 sites internet , sans respecter la procédure légale ni envoyer d’avertissement préalable. Il tient une liste noire, secrète, de sites à proscrire. Ses cibles sont des agences de presse comme Ferghana, des sites d’investigation comme Listok et Grani.ru et des magazines politiques tels ej.ru ou mbk.news. Il bloque également les sites et applications qui refusent de stocker leurs données sur des serveurs en Russie ou de livrer aux autorités leurs clés de déchiffrement des messages. C’est le cas de la messagerie cryptée ProtonMail qui a été partiellement bloquée en janvier 2020.

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NOM : Conseil suprême du cyberespace iranien
IRAN

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Accès sélectif et contrôle d’Internet, blocage de sites d'information et d'applications comme Telegram, Signal, Whatsapp, Facebook et Twitter

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Créé en mars 2012, cet organisme, composé de hautes personnalités militaires et politiques, est l’architecte de “l’Internet halal”, réseau national iranien séparé du reste du monde. Il construit un mur numérique en utilisant des techniques de filtrage de l'Internet. Ils ont de plus en plus recours aux coupures internet pour contenir et réprimer les mouvements de contestation dans le pays, et limiter la transmission et la diffusion d'informations indépendantes, considérées comme des tentatives "contre-révolutionnaires subversives".

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NOM : Ministère indien des Affaires intérieures
INDE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Coupure des télécommunications

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Le le 5 août 2019, le ministère de l’Intérieur indien a coupé totalement les communications téléphoniques et Internet dans la province de Jammu-et-Cachemire. Cette mesure extrême empêche les journalistes cachemiris de travailler librement et prive l’ensemble des citoyens de la région d’un accès à une information indépendante. Six mois plus tard, le gouvernement a partiellement rétabli les connexions haut débit, mais l’accès à de nombreux sites reste largement aléatoire. L’Inde est le pays ayant le plus recours aux coupures internet, 121 en 2019.

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NOM : Commission nationale des 
télécommunications (Conatel) VENEZUELA

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Blocages de sites internet et d’applications

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Contrôlée en sous-main par le gouvernement, la Conatel peut ordonner le blocage de sites Internet dérangeants pour le pouvoir en place. De nombreux sites d’information dont infobae.com, elpitazo.com, dolartoday.com et armando.info ont ainsi été fermés définitivement, sans aucun recours. La Conatel organise aussi le blocage temporaire des réseaux sociaux, notamment Facebook, en particulier lorsque le dirigeant de l’opposition Juan Guaido y transmet des discours en direct. 

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NOM : L’Administration du Cyberespace 
chinois (CAC) CHINE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) : 

Censure de l’internet et supervision des plateformes privées comme Baidu, WeChat, Weibo et TikTok; blocage et suppression des contenus et d’applications.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Depuis le déclenchement de l’épidémie de coronavirus, l’organisme de contrôle de l’internet chinois a encore renforcé sa lutte contre la propagation de rumeurs. Des comptes de médias et de blogueurs ont été supprimés des réseaux sociaux et plusieurs médias ont été censurés dont Caijing, magazine basé à Pékin, qui avait publié un rapport sur des cas d’infection non répertoriés.

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NOM : Conseil suprême de régulation 
des médias égyptiens ÉGYPTE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Blocage de sites d’informations et des applications de messagerie instantanée  

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Afin de museler la presse, cet organisme étatique bloque des sites de médias pour publication de fausses informations. A ce jour, plus de 500 sites internet sont inaccessibles, dont ceux de RSF, de la BBC et de la chaîne américaine en arabe Al-Hurra. Fin septembre 2019, le Conseil bloquait 11 messageries instantanées, notamment Wicker et Signal. Il a aussi tenté de bloquer l'accès aux messageries de Wire et de Facebook.

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DÉSINFORMATION

NOM : Force 47 vietnamienne
VIETNAM

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Campagnes de “réinformation” sur les réseaux sociaux 

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Cette armée de 10 000 cyber militaires, dirigée par le ministère de la Sécurité publique, traque “les abus” et les “forces réactionnaires” c’est-à-dire opposées au gouvernement vietnamien. Le 9 janvier dernier, suite à un incident meurtrier à Dong Tam dont la gestion par les autorités a été vivement critiquée, la Force 47 a diffusé sur les réseaux sociaux des confessions forcées de citoyens avouant avoir fabriqué des bombes à essence et d’autres armes pour attaquer la police.

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NOM : Les “Call center hubs” des Philippines
PHILIPPINES

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Diffusion de fausses informations et de mèmes fallacieux, campagnes de harcèlement ciblées, informations fausses ou tronquées

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Aux Philippines, les partisans du président Duterte ont lancé une campagne de dénigrement et de boycott de la chaîne de télévision ABS-CBN visant  la révocation de sa licence d’exploitation. Ils sont allés jusqu’à dénoncer un complot imaginaire, censé réunir en secret divers médias indépendants, dont l’objectif serait de renverser le président. Depuis sa campagne en 2016, les armées de cyber-trolls sont devenues une industrie prospère. Elles soutiennent et amplifient les messages des membres du gouvernement dans l’objectif de dénigrer les médias et de manipuler l’opinion publique. 


NOM : Brigade électronique saoudienne
ARABIE SAOUDITE

sauditroll.jpgMOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Propagation de fausses informations et de discours de haine

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Ce réseau de trolls pro-régime et de robots créé par Saud Al-Qahtani, alors qu’il était conseiller du prince héritier d’Arabie Saoudite,  produit actuellement plus de 2 500 tweets par jour. Il fait surtout la promotion des contenus de la chaîne d’information par satellite conservatrice Saudi 24. Il est notamment responsable de la propagation de discours de haine sectaire, d’antisémitisme et de théories du complot visant le journaliste assassiné Jamal Khashoggi, dont Saud Al-Qahtani a manifestement été l’un des instigateurs.


NOM : Cyber jihadist unit soudanaise
SOUDAN

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Espionnage sur les réseaux sociaux, fabrication et propagation de fausses informations

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Créée peu après le déclenchement des printemps arabes, cette armée de trolls sous les ordres des services de renseignement soudanais a espionné des activistes, des leaders politiques et des journalistes sur les réseaux sociaux. Des messages ou articles comportant de fausses informations visant à discréditer les autorités de transition ou à défendre les caciques de l'ancien régime sont également diffusés par cette unité.

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ESPIONNAGE-SURVEILLANCE

NOM : NSO Group (Q Cyber Technologies) 
ISRAËL

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Logiciels de surveillance utilisant une faille de la messagerie Whatsapp pour installer un virus sur les appareils visés, en leur envoyant des fichier infectés qui s’ouvrent automatiquement.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  : 

D’après des experts des Nations Unies, un logiciel de NSO a probablement été utilisé par le royaume d’Arabie Saoudite pour surveiller le journaliste Jamal Khashoggi quelques mois avant son assassinat, en infiltrant les téléphones de trois de ses associés. De nombreux journalistes ont été ciblés par ce logiciel espion, notamment Ben Hubbard du New York Times, ou encore Griselda Triana, épouse du journaliste mexicain assassiné Javier Valdez Cárdenas, ainsi que plusieurs de ses collègues. Récemment, 1400 appareils ont été infectés via Whatsapp dont  ceux de journalistes indiens, parmi lesquels le correspondant de RSF en Inde.

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NOM : Memento Labs (ex Hacking team)
SUISSE, ITALIE, ARABIE SAOUDITE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Outils de surveillance capables d’extraire des fichiers d’un appareil ciblé, d’intercepter des courriels et messages instantanés, ou d’activer à distance la webcam ou le microphone d’un appareil.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Parmi les deux logiciels probablement utilisés pour infecter le téléphone du propriétaire du Washington Post, Jeff Bezos, celui développé par cette entreprise. Plutôt discrète ces dernières années, elle avait déjà été pointée du doigt il y a quelques années lorsqu’un de ses produits, vendu exclusivement aux gouvernements, avait permis de cibler des journalistes marocains de Mamfakinch et des journalistes éthiopiens de la Ethiopian Satellite Television Service (ESAT).

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NOM : Zerodium (ex-Vupen)
ÉTATS-UNIS

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Recherche des failles de sécurité dans les logiciels et services internet, puis revente à des tiers intéressés.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Pour repérer des failles inédites dans des logiciels grand public, Zerodium rémunère des hackers du monde entier pour leurs découvertes. Une fois les vulnérabilités identifiées et exploitées, les informations sont revendues, selon l’entreprise, à “des organismes gouvernementaux principalement européens et nord-américains”. L’une de ces failles a permis la mise sous surveillance d’un blogueur émirati critique du gouvernement, Ahmed Mansoor, qui travaillait sur les violations des droits humains dans son pays. Il est aujourd’hui emprisonné aux Emirats Arabes Unis, accusé notamment d’avoir publié de fausses informations dans le but de nuire à la réputation du pays.

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NOM : Mollitiam Industries
ESPAGNE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Outils d’interception des conversations téléphoniques et des e-mails.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Ces logiciels de surveillance ont notamment été achetés par l’armée colombienne, qui s’en est servie pour surveiller illégalement des magistrats de la Cour suprême, des élus de différents partis, ainsi que des journalistes et leurs sources. Parmi eux, des journalistes du magazine Semana, notamment leur directeur Alejandro Santos, après la publication d’enquêtes sur des crimes et délits commis par des militaires.

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NOM : Gamma 
ALLEMAGNE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Outils de surveillance et d'intrusion permettant d’accéder aux applications et aux données personnelles stockées dans les téléphones - conversations, photos, données GPS...

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

L’entreprise est soupçonnée d’avoir vendu illégalement le logiciel espion Finspy à la Turquie, qui l’a utilisé pour espionner des activistes et des journalistes. Il a été retrouvé sur une fausse version du site d’opposition turc Adalet, créée pour aider les activistes à se coordonner pendant les protestations  contre le président turc Recep Erdogan durant l’été 2017. RSF Allemagne, et plusieurs organisations de la société civile, ont déposé plainte contre l'entreprise. L’enquête est en cours.

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INAPTOCRATIE OU INEPTOCRATIE

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INAPTOCRATIE OU INEPTOCRATIE

par Bernard PLOUVIER

En 2006, lorsque l’État fédéral tarda à venir au secours des sinistrés US de l’ouragan Katrina, un journaliste accola le néologisme d’Ineptocracy au gouvernement de George W. Bush – qui, en comparaison de son lamentable successeur Obama, est ensuite passé pour un gestionnaire rigoureux des Finances américaines, même si sa politique étrangère, orientée par les néo-conservateurs judéo-US, fut désastreuse, moins toutefois que celle du crypto-islamiste Barack-Hussein Obama, durant le règne duquel le terrorisme djihadiste fut très mal combattu par les innombrables services secrets des USA.

David Remer, journaliste et sujet de Sa Gracieuse Majesté britannique, a repris le terme, en 2012, pour qualifier le spectacle pitoyable de la vie politique et administrative française. Depuis lors, rien n’a changé. Et l’on pourrait affirmer, sans encourir le risque d’être taxé de méchanceté, qu’il en va ainsi depuis 1981, c’est-à-dire lorsque la France – Mitterrand régnant ou faisant semblant de régner – a été intégrée aux fééries de l’économie globale et de la mondialisation des vies politique et pseudo-culturelle.

Le néologisme Ineptocracy est une chimère grammaticale (l’adjectif anglais « Inept » étant accolé au verbe grec antique utilisé pour signifier l’art de commander : « kratein »). Au plan sémantique, sont interchangeables, en langue française, les adjectifs « inapte » et « inepte », pour l’excellente raison que nos « chefs » sont à la fois l’un et l’autre… et ceci est fort logique.

Que nos élus et nos agents de la haute administration (en France, nos merveilleux Énarques) se révèlent parfaitement inexperts à diriger la répression de la délinquance et de la criminalité n’étonnera personne, puisqu’ils ont ordre d’accepter une immigration islamique de masse, brutale, inculte, pratiquant avec virtuosité trafics de drogues et d’armes, vols et rackets, assassinats pour cause religieuse et règlement de comptes entre bandes rivales, enfin viols, coups et blessures, prostitution organisée, en plus de l’expression la plus ordurière d’un racisme quotidiennement exprimé.

Si l’on en doute, il suffit d’étudier ce qui se passe à Nantes ou Brest, de Roubaix ou de Saint-Étienne, dans les banlieues de Rouen, Toulouse, Lyon, Marseille et, bien sûr, les zones situées au Nord et à l’Est de Paris. 2 000 cités ou quartiers de « non-droit », c’est le triste bilan de nos inaptes-ineptes nationaux.

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Qu’élus, économistes, experts ès n’importe quelle spécialité, s’avèrent incapables de gérer l’économie du pays au mieux des intérêts de la Nation, ne peut surprendre que les niais. Ils ne dirigent rien, recevant leurs ordres par des circuits complexes, de telle façon que le chef théorique de l’État ignore parfois jusqu’à l’identité des véritables décideurs.

Élus et hauts-fonctionnaires ne sont guère utiles aux intérêts des Nations. Cela n’est que trop vérifié : corruption omniprésente ; influence des sectes maçonniques, des lobbies opposés islamique et juif ; détournement d’argent public en faveur de sociétés privées et d’organisations non-gouvernementales aux finances opaques ; quasi impunité (sauf règlement de comptes personnels ou politiques) des Banksters et des chefs d’entreprises malhonnêtes, des élus et des hauts-fonctionnaires peu délicats dans leur gestion ; lâche complicité de l’immigration-invasion musulmane… le tout par absolue soumission – admirablement rétribuée, cela va sans dire – au seul vrai Pouvoir de notre époque : l’Économique.

À quoi sert de ruminer la définition des dictionnaires anglo-américains du mot Ineptocracy, soit : le gouvernement des moins capables, des incompétents notoires, élus par une majorité de minables, puisque le système mis en place dans les années 1980 et suivantes exige en tous pays d’économie globale la simple obéissance des pseudo-chefs d’États et de gouvernements aux ukases des patrons de l’hyper-big business.

La conclusion s’impose d’elle-même. Les nations du bloc globalo-mondialiste ne peuvent rien attendre du résultat d’élections, systématiquement faussées par le matraquage médiatique et par les énormes quantités d’unités de compte octroyées pour le financement de tous les partis dits de gouvernement… nos bons maîtres laissent à l’électorat la joie de mettre aux apparences du Pouvoir le pantin à la mode du jour. Et la loi du nombre – démocratie oblige – fait le reste : 75% de non- et de peu doués ne peuvent qu’élire les plus beaux démagogues, ceux qui promettent la lune – résorption du chômage, réduction des impôts, croissance économique, sécurité, égalité etc. – sans effort !

En conséquence, si les nations exploitées par le système globalo-mondialiste veulent se sortir de l’ineptie ambiante et de l’inaptitude des « chefs », elles doivent ou s’insurger (ce qui ne va jamais sans tueries ni destructions effarantes de biens) ou mettre en place, par la mobilisation d’une grande majorité d’électeurs, de véritables régimes populistes. L’étude de l’histoire offre des exemples que chacun est libre de méditer.

Julien Freund e la Talassopolitica

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Julien Freund e la Talassopolitica

Sul numero 02/2018 di Rivista di Politica possiamo leggere un’interessante coppia di articoli: Ernesto C. Sferrazza Papa, Topolitiche del Conflitto. A partire dalla traduzione italiana di La thalassopolitique di Julien Freund e appunto La talassopolitica. Spazio e tempo della politica nell’era tecnologica. Il perché questi saggi siano oggi importanti è presto detto: la politica del XXI secolo è dominata da un mainstream mediatico e accademico in cui dominano temi quali cooperazione, organismi sovranazionali oltre che concetti, come diritti umani e interventi umanitari, che in linea teorica dovrebbero appartenere a tutta l’umanità senza distinzione; la realtà però è che la politica internazionale non può prescindere da due elementi centrali, ovvero il Tempo (la Storia) e lo Spazio (la Geografia). La riflessione di Freund va appunto nella direzione di analizzare il nuovo (il testo è del 1985) spazio politico in connessione con la tecnologia.

Il breve lavoro di Freund nasce come postfazione della traduzione francese di Land und Meer di Carl Schmitt e quindi si inserisce in un dibattito politico e filosofico ben preciso che ruota intorno al concetto di geopolitica. Freund condivide con l’autore tedesco sia la natura conflittuale della politica identificabile nel nesso amico-nemico, sia l’idea che la storia umana possa essere interpretata come una lotta tra due diverse tipologie di potenze: continentali e quindi telluriche i cui elementi centrali sono lo Stato e la sovranità; marittime che sono mobili e più fluide. In questa interpretazione spaziale della politica internazionale Freund pone poi l’accento su due considerazioni centrali: il ruolo degli Oceani e in particolare dell’Oceano Pacifico è centrale; l’emisfero Sud sta aumentando il suo peso relativo. Ne consegue che il ruolo dell’Europa è destinato a declinare sempre più visto che è l’unico dei continenti a non avere uno sbocco sul Pacifico. In questo contesto acquisisce quindi un ruolo centrale la talassopolitica, ovvero il pensare le forme della politica partendo dalle loro manifestazioni su uno spazio oceanico (il che esclude quei casi storici di potenze marittime legate però a mari interni come il Mediterraneo).

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Vi è un altro elemento della riflessione di Freund da prendere in considerazione, ovvero il ruolo della tecnologia. Infatti, se sulla terraferma è possibile muoversi e spostarsi senza l’uso della tecnologia, negli oceani ciò diviene semplicemente impossibile e dunque è il progredire della tecnologia che ha portato l’Oceano ad acquisire il ruolo centrale che Freund gli riconosce. L’autore francese fa però un ulteriore passo in questa direzione, poiché afferma che con il sottomarino nucleare si è rovesciato il tradizionale rapporto tra terra e mare, ovvero ora è la terra alla mercé del mare perché con il sottomarino nucleare, in grado di operare in modo indipendente senza bisogno, quasi, di rifornimenti, viene meno anche la centralità delle basi terresti per il controllo dei mari e soprattutto minaccia direttamente la terra con i suoi missili e con l’elemento sorpresa che è innato nell’arma.


È dunque la talassopolitica, insieme alla tecnologia, a dover essere presa come elemento centrale per lo studio della politica internazionale. La geopolitica rimarrà importante, ma per i rapporti interni alle singole regioni, mentre a livello globale serve ragionare in termini appunto di talassopolitica.

Freund è un autore relativamente poco noto in Italia, anche se sono disponibili in italiano varie opere (qui un interessante trittico scritto da Campi per inquadrare l’autore e il suo pensiero sulla guerra), ma questa sua riflessione seppur appartenente ancora al periodo della Guerra Fredda ci appare molto utile per almeno due ragioni principali. Primo, pone al centro della riflessione politica il problema degli spazi e quindi della geografia. Troppo spesso nella politologia contemporanea e negli studi sulla politica internazionale si concede spazio a statistiche, dati e riflessioni etico-morali senza prendere minimamente in considerazione gli spazi politici e geografici dove le azioni si svolgono. In realtà lo Spazio influenza profondamente la Politica ed è un elemento da prendere sempre in considerazione, specie se, come oggi, quegli spazi politici stanno mutando radicalmente. Secondo, riflette sui grandi mutamenti politici e tecnologici che influenzano il nostro mondo e offre interessanti spunti sul tema dell’irregolare, ovvero il partigiano, rispetto agli oceani e quindi emerge come il terrorista di oggi sia come la figura del pirata più che del corsaro, il quale seguiva direttive di uno Stato.


Una lettura interessante che aiuta a comprendere meglio gli Spazi della politica internazionale del XXI secolo.

 

Le Raspoutine d’Himmler

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Le Raspoutine d’Himmler

par Julien DARVANT

Sur le fameux « Ordre noir » de la SS, de nombreuses choses furent dites et écrites. La légende entourant ce corps d’élite se nourrit des spéculations des historiens qui font souvent appel aux mythes, plutôt qu’aux faits pour expliquer ses symboliques. Chevalerie moderne, ordre occultiste, secte néo-païenne… plusieurs interprétations ont été données pour expliquer cet ordre qui revêtait un caractère spiritualiste le distinguant des autres formations militaires de son époque. Une des théories en vogue fut que la SS possédait une religion qui lui était propre. Celle-ci aurait été inspirée par Karl Maria Wiligut, véritable Raspoutine du Reichsführer Heinrich Himmler.

Mais il s’agit de fiction. Dans une récente monographie dédiée à Wiligut, Christian Bouchet remet les pendules à l’heure. Oui, Wiligut fut bien impliqué dans la SS et oui, il développa des thèses spiritualistes qui le conduisirent à l’hôpital psychiatrique, mais il n’eut pas l’influence que certains lui prêtent. Wiligut en tant qu’éminence grise d’Himmler n’est qu’un mythe.

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Bouchet nous présente ainsi l’histoire pour le moins inusitée de ce personnage atypique qui fait partie de de ces hommes singuliers qui rêvent de faire l’histoire ou d’y laisser leur trace de façon indélébile, mais qui de par leur originalité restent en marge, ne parvenant pas à s’imposer ou à transmettre ce qu’ils auraient aimé pouvoir laisser comme héritage.

C’est après avoir servi durant la Première Guerre mondiale que cet ancien officier se tourna vers l’ésotérisme. Wiligut entama une quête spirituelle qui le mena de la franc-maçonnerie à diverses organisations ésotériques qui pullulaient alors, comme la Société Guido von List, l’Ordre du Nouveau Temple et la Société de l’Edda. Puisant dans les textes anciens, il analysa les mythes du passé pour leur donner une nouvelle interprétation, parfois déconcertante.

Pour cet homme qui croyait que la Bible était en fait un texte allemand et que le monde avait connu des âges divers durant lesquels les forces telluriques s’étaient affrontées, « le monde est animé par une circulation cosmique d’esprit, d’énergie et de matière auquel les runes participent ». Ses croyances étaient donc un amalgame entre diverses croyances auxquelles il donnait une interprétation germaniste.

Wiligut serait resté confiné dans les cercles ésotériques qui foisonnaient à cette époque de grande instabilité, s’il n’avait pas rencontré Heinrich Himmler à une réunion de la Nordische Gesellschaft en 1933. Il rejoignit alors la SS sous un pseudonyme et devint général.

Il servit alors de conseiller à Himmler, produisant pour ce dernier plusieurs rapports sur la cosmogonie, la théologie, l’histoire et évidemment sur le paganisme, dont il se revendiquait, lui qui proposait la confiscation des biens de l’Église en vue d’une redistribution auprès des néo-païens. On lui attribue une certaine influence sur certains rites de la SS, mais Bouchet est formel, Wiligut ne fut pas le maître à penser d’Himmler. Son influence fut limitée, surtout qu’il dut démissionner de la SS en 1939, lorsque fut rendu public son internement passé.

Après la guerre, Wiligut sombra dans un certain oubli, ses thèses continuant pourtant d’être étudiées et transmises par un cercle d’initiés relativement discret. C’est l’ancien SS Rudolf Mund qui le remit à l’avant-scène en publiant une première biographie le présentant comme un penseur majeur de l’aventure SS.

Son paganisme n’était pas folklorique, comme celui des Odinistes, et se basait sur l’esprit plutôt que sur la lettre. Bouchet en nous présentant cet homme ainsi que quelques textes choisis nous permet de nous replonger dans l’effervescence spiritualiste de l’Entre-deux-guerres, mais aussi de déboulonner le mythe de la religion SS et de son mage noir Karl Maria Wiligut.

Julien Darvant

Christian Bouchet, Karl Maria Wiligut, le Raspoutine d’Himmler, Ars Magna, coll. « Sonnenwende », 2019, 87 p., 26 €.

mercredi, 11 mars 2020

Cyber-guerre/Souveraineté nationale : Arrogance, trahisons et résistance…

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Cyber-guerre/Souveraineté nationale: Arrogance, trahisons et résistance…

 
 
par Richard Labévière 
Ex: http://www.zejournal.mobi

A en croire certains journalistes pressés et analystes aux idées tranchées, la Russie serait aujourd’hui notre principale menace numérique. Ses « hackeurs1 » seraient en capacité de cibler – quotidiennement – nos entreprises les plus performantes, nos administrations les plus sensibles, nos secrets les mieux gardés, alors que nous serions pratiquement désarmés, incapables de nous protéger, sinon de riposter. Récurrentes, depuis que Vladimir Poutine a remis son pays sur les rails d’une politique de puissance, ces assertions réactivent toutes les raisons de détester la Russie2.

Ressurgissent les poncifs de la Guerre froide, mâtinés de cet anticommunisme qui s’enracine dans la Révolution d’octobre de 1917 ; du Communisme de guerre à la crise des missiles de Cuba (1962)3 jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 19894 et après…

Récurrente, cette figure de l’idéologie dominante marche sur trois jambes : 1) une appartenance au « monde libre », qui aurait définitivement affirmé sa supériorité avec l’effondrement du Bloc de l’Est ; 2) une suprématie économique, qui repose sur les mécanismes du libéralisme, néo-libéralisme et ultra-libéralisme imposés par les Etats-Unis et la Grande Bretagne ; 3) enfin, un racisme profond, dont on retrouve quelques racines, notamment dans Mein Kampf, qui assimilait les peuples slaves à des « sous-races incultes descendant des Tatar-Mongols, acquis à la juiverie bolchevique… ».

Ce type de figure « essentialiste » vide la réalité de toute dimension historique pour la transformer en une « essence », autrement dit une « nature » quasiment géologique, résultant davantage du « bon sens populaire » et de ses « mythes » que de toute espèce d’approche scientifique : « la privation d’histoire : le mythe prive l’objet dont il parle de toute Histoire. En lui, l’histoire s’évapore. C’est une sorte de domestique idéal : il apprête, apporte, dispose, le maître arrive, disparaît silencieusement. Il n’y a plus qu’à jouir sans se demander d’où vient ce bel objet »5. Il est plus simple de se réfugier dans quelque bouc-émissaire, et dans une vérité arbitraire…

Pour en revenir à la transformation numérique de notre monde, il s’agit justement de remonter le courant idéologique par l’Histoire, ses filiations, ses péripéties et ses acteurs, en posant quelques questions : pourquoi la France se trouve-t-elle aujourd’hui si démunie et vulnérable, si dépendante sur les fronts de la cyber-guerre ? Trop méconnue, cette histoire est pourtant instructive. Ensuite, il s’agit de bien prendre la mesure des rapports de force et de rappeler que les Etats-Unis et Israël disposent – aujourd’hui – de l’arsenal numérique le plus puissant du monde6. Enfin, dans ce rapport de force proprement asymétrique, comment réagissent la Russie et la Chine, voire l’Inde ? Sont-ils vraiment nos seuls et principaux ennemis ?

TRAGEDIE EN TROIS ACTES

Selon le pionnier du Web français Tariq Krim7, le fiasco du numérique français est une tragédie en trois actes : « il y eut d’abord les ‘30 honteuses du numérique’, où une petite élite arrogante et dénuée de vision stratégique a démantelé notre industrie informatique et électronique. Elle a débranché les travaux de recherches les plus intéressants et laissé nos meilleurs développeurs partir à l’étranger, faute de les associer à des projets ambitieux. Vient ensuite la capitulation vis-à-vis des grands acteurs américains. Ainsi, de nombreux politiques et hauts fonctionnaires français leur ont permis d’intégrer leurs technologies au cœur des prérogatives régaliennes de l’État : défense, renseignement, éducation, sécurité, mais aussi culture. Plusieurs d’entre eux quitteront leurs fonctions pour aller rejoindre ces sociétés. Le troisième acte se joue en ce moment. Alors que nos dirigeants se préparent à une vente à la découpe, il reste cependant un mince espoir d’inventer une autre manière d’utiliser le réseau plus en phase avec nos principes et nos valeurs »8.

La tragédie commence au CERN9, dans les années 1990, lorsque le chercheur Tim Berners-Lee invente le WorldWideWeb – premier navigateur web et premier éditeur HTML. Mais ces recherches ne sont pas encouragées par le CERN, ce qui pousse Tim Berners-Lee à proposer ses services au MIT10. En 1993, les États-Unis lancent le projet des « Autoroutes de l’information », faisant de l’Internet et du numérique le fer de lance de leur nouvelle stratégie de croissance. L’Europe et la France continuent de miser sur les industries traditionnelles. Vingt-cinq ans plus tard, les GAFAM11 dominent le monde.

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Tariq Krim : « la France ne voit pas les choses de la même manière, notre élite méprise ce qui est marginal, différent ou simplement trop petit. Le scénario de « dénumérisation » de la France suivra toujours le même schéma. Nous vendrons à la casse nos sociétés, ou les dilapiderons alors qu’elles possédaient en interne les technologies qui, si elles avaient été mieux valorisées, nous auraient permis d’influencer la direction prise par l’Internet ». Tout commence dans les années 70, avec l’abandon du réseau Cyclades de Louis Pouzin au profit du Minitel. Louis Pouzin en est le concepteur. Il est aussi l’inventeur de la segmentation des données en « Datagramme ». Il sera récompensé (avec Tim Berners-Lee et Vinton Cerf) par la reine d’Angleterre pour ses contributions essentielles à la création de l’Internet. En France – à ce jour encore – il reste un parfait inconnu du grand public.

Tout juste nommé Premier ministre en 1995, Alain Juppé explique – au journal de 20 heures – sa volonté de vendre Thomson Multimédia au coréen Daewoo : «  Thomson, ça ne vaut rien, juste un franc symbolique. » Obsédé par les revendications sociales de l’entreprise, il ignore que Thomson multimédia dispose d’une grande partie des brevets sur la musique (le fameux MP3) et la vidéo en ligne, qui seront utilisés quelques années plus tard dans tous les smartphones. Sa branche grand public sera démantelée et vendue au chinois TCL. Ses meilleurs ingénieurs partiront chez Google. Le champion européen du GSM – Nokia -, sera lui aussi vendu à Microsoft, ce qui s’est révélé à l’époque désastreux.

LE DESASTRE WANADOO 

En 1980, les équipes de recherche du CNET (Centre national d’études des télécommunications) lancent le Minitel qui hisse la France au premier rang de la télématique mondiale, grâce à ce premier service au monde de fourniture payante d’information. Grand succès : la petite boîte Minitel s’installe dans la plupart des foyers et concurrencera par la suite l’extension d’Internet.

En 1995, France Telecom lance Wanadoo pour développer les accès français à l’Internet, déjà très en retard par rapport aux Etats-Unis et à d’autres pays européens. Dans la même filiation, par manque de clairvoyance, après Juppé, Lionel Jospin déclare : « le Minitel, réseau numérique national, risque de constituer progressivement un frein au développement des applications nouvelles et prometteuses des technologies de l’information. Je souhaite donc que France Telecom provoque des solutions incitatives afin de favoriser la migration progressive du vaste patrimoine du Minitel vers l’Internet ». On aurait très bien pu jouer conjointement le Minitel et Internet. Simple question : qui conseille ces décideurs ?

En 1997, Wanadoo lance un moteur de recherche sous la marque Voilà.fr –destiné à faire face à l’Américain Yahoo – avantl’arrivée de Google en version française (septembre 2000). Les développements techniques de ce moteur étaient réalisés à Sophia Antipolis par Echo, une start-up française qui a coûté fort cher en investissements.En 1999, la France se lance dans l’accès gratuit à Internet. Sous la direction de Nicolas Dufourcq qui considère qu’Internet est un média à part entière – Wanadoo étant appelé à être le TF1 de l’Internet, disait-il – les métiers du contenu sont considérés comme les plus nobles, au détriment de ceux du réseau, concepteurs de tuyaux et de commodités. Dans le même état d’esprit, Wanadoo acquiert des sites éditoriaux et commerciaux comme GOA (plateforme de jeux en réseau) et Alapage, le concurrent français d’Amazon, qui sera aussi sacrifié.

En 2000 Wanadoo est côté en bourse. Cette cotation et ses actionnaires deviennent une véritable obsession. Mais en 2001, la bulle explose. La tendance est de revenir à l’accès, aux « métiers de tuyaux ». Trop tard ! C’est l’effondrement des valeurs boursières d’Internet alors que son usage se généralise mondialement.

En septembre 2006, France Telecom vend pour 3,3 milliards d’euros le groupe PagesJaunes aux fonds d’investissement américain KKR et Goldman Sachs basés à New York. En février 2009, selon France Telecom, le réseau de Minitel enregistrait encore 10 millions de connexions mensuelles sur 4 000 codes de services Vidéotex, dont un million sur le 3611 (annuaire électronique). En 2010, 2 millions de personnes utilisaient encore le Minitel-36, dégageant 200 000 euros de chiffre d’affaires.

Face à la concurrence d’Internet, France Telecom/Orange ferme le service Minitel le 30 juin 2012. En fait, Wanadoo n’a pas su utiliser la Recherche et Développement (R&D) de France Telecom. Nicolas Dufourcq se concentre exclusivement sur une « stratégie médias », au détriment de la recherche et de l’innovation technologique. Tout s’est joué durant la période 1998/2006 : Wanadoo se laisse distancer par Google, Amazon et les autres concurrents américains.

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Le désastre de Wanadoo et du numérique français continue après la réintégration de la filiale de l’Internet dans la maison-mère. A la tête de France Telecom dès 2002, Thierry Breton – ancien ministre de Nicolas Sarkozy et actuellement commissaire européen – est l’un des responsables de cette casse industrielle. Il a privilégié une stratégie de partenariats au détriment de celles du R&D interne aux industries françaises. En 2006, son successeur Didier Lombard signe avec Microsoft un partenariat en vue de développer produits et services communs dans le domaine du multimédia. Les centres de recherche ont été fermés et nos meilleurs ingénieurs ont été poussés au suicide ou à vendre leurs savoirs à l’étranger12. Ce polytechnicien – en principe au service des intérêts de la France- vient d’être jugé pour l’épidémie de suicides à Orange. Le virage du numérique a été complètement loupé : le CNET est devenu un musée…

« PALANTIR » : CHEVAL DE TROIE ET SERVITUDE VOLONTAIRE

Lancé par Jacques Chirac, le projet Quaero – qui devait servir de plateforme pour une réponse franco-européenne à Google, Amazon et Microsoft – sera revendu… au chinois Huawei ! Au final, c’est une génération entière d’ingénieurs, de chercheurs et d’entrepreneurs qui aura été délibérément sacrifiée.

Tariq Krim : « l’acte deux commence avec le quinquennat Hollande. Un changement d’attitude va s’opérer vis-à-vis des grandes plateformes. La défaite est désormais entérinée en coulisses. Il ne s’agit plus d’exister au niveau mondial, mais de négocier avec les GAFAM tout en faisant mine de s’indigner publiquement de leurs abus de position dominante. Place à la stratégie « Ferrero Rocher » : tapis rouge, petits fours, quasi-visites d’État et quasi-sommets diplomatiques avec les GAFAM. L’exigence de souveraineté numérique n’est plus un rempart. Un partenariat entre Cisco13 et l’Éducation nationale est mis en place par Manuel Valls. Ceci alors que cette société est au cœur du complexe militaro-industriel américain. Son patron sera d’ailleurs nommé par Emmanuel Macron ambassadeur mondial de la French Tech ».

Microsoft est devenue le partenaire de l’Éducation nationale et Google le parrain de la Grande École du numérique. Les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et leurs homologues de la sécurité extérieure (DGSE) ont établi que quelque 4000 cadres et employés de la fonction publique, collaborateurs d’entreprises stratégiques et acteurs de cercles d’influence ont été ainsi ‘approchés’ via les réseaux numériques professionnels, en particulier LinkedIn14. Et comme ce sont toujours les cordonniers qui sont les plus mal chaussés, la DGSI, faute de pouvoir recourir à un système français ou européen, s’est adressée en 2016 à la société américaine Palantir-Technologies pour le traitement de ses données, un contrat s’élevant à plus de 10 millions d’euros.

Dès 2004, Palantir – société créée par Peter Thiel, Alex Karp et Nathan Gettings, proches du président Donald Trump, bénéficie de fonds importants de la CIA et multiplie différentes collaborations avec le renseignement, les forces armées et les services de police américains. Palantir a été associée à Cambridge-Analytica afin de collecter et d’exploiter, à leur insu, les données de millions d’abonnés au réseau numérique Facebook lors de la campagne présidentielle américaine de 2016. Pour une fois, la justice américaine via son régulateur de la concurrence est intervenue avec célérité, condamnant Facebook à une amende de 5 milliards de dollars.

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Et lorsqu’on questionne cet abandon flagrant de souveraineté directement auprès du représentant « français » de Palantir, – un certain Alexandre Papaemmanuel (ça ne s’invente pas !) -, celui-ci brandit aussitôt l’épouvantail du « souverainisme » (gros mot qui n’appelle pas de réponse), vitupérant qu’« on ne pouvait tout de même pas rester seuls à pianoter sur nos Minitel dans le massif central… »15. Même pas drôle, mais tellement français ! Si l’on ne se vend pas aux Américains, l’on est condamné, soit à demeurer de pauvres gaulois arriérés, soit suspecté de faire le jeu des Russes ou des Chinois. Malheureusement, cette mentalité de « servitude volontaire » est partagée par nombre de spécimens de nos élites économiques, politiques et administratives.

Directeur de l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), Guillaume Poupart a multiplié les mises en garde à l’encontre des logiciels de Palantir, appelant de ses vœux une alternative française. Le 16 octobre 2018, le GICAT (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) annonce enfin que le ‘Cluster Data Intelligence’, un groupement réunissant 22 entreprises spécialisées, peut proposer une offre « cohérente, souveraine, modulaire, compétitive, répondant concrètement aux besoins, avec un coût de possession transparent, à disposition des services de renseignement et entreprises ayant des problématiques liées au Big Data ». Le communiqué conclut : « Cette offre souveraine peut répondre aux besoins et contraintes des administrations et entreprises françaises, mais elle peut également bénéficier à d’autres pays pour la recherche de solutions ‘indépendantes’, représentant ainsi une véritable opportunité à l’export pour les industriels français ».

Parallèlement, la DGA (Direction générale de l’armement) poursuit un autre programme visant à permettre le traitement massif de données. « Appelé Artemis, il est confié en novembre 2017 aux sociétés Capgemini et Athos-Bull, ainsi qu’au groupement Thales/Sopra-Steria. Il devrait être testé durant le premier semestre de cette année. Des déploiements pilotes devraient suivre courant 2020 à Brest, Rennes et en région parisienne, puis sur l’ensemble des réseaux du ministère des Armées », précise encore la DGA. A voir…

LA COLLABORATION HONTEUSE D’ORANGE

Aujourd’hui, rares sont ceux qui remettent en cause le monopole des GAFAM, même si l’affaire Snowden a ébranlé quelques certitudes. En février 2019, parait une petite brochure – « Israël, le 6ème GAFAM ? » – éditée avec l’aide de l’Ecole de guerre économique. Sur la quatrième de couverture, on peut lire : « Israël est un pays singulier par sa géographie, sa culture et son histoire. La culture israélienne s’est construite au rythme de conflits récurrents et autour de l’émergence d’un Etat démocratique et prospère dans le morceau de désert qu’est la Terre Promise ». Cocasse pied de nez de l’histoire que de voir ainsi le directeur de l’Ecole de guerre économique – ancien terroriste notoire – relayer la propagande de Tel-Aviv !16

Publiée avec l’aide de l’ambassade d’Israël à Paris, cette brochure de pure propagande a au moins un mérite : celui d’énumérer et de décrire (partiellement) les connexions organiques entre Israël-Valley et la Silicon Valley, les deux poumons planétaires des GAFAM. Le brûlot évoque plus discrètement la collaboration d’Orange avec plusieurs sociétés directement arrimées à la communauté israélienne du renseignement.

Créée par des anciens du Mossad en 2014 et basée à Beer-Sheva – dans le sud d’Israël – la start-up MORPHISEC ouvre un bureau à Boston en 2016. Page 42 de la brochure : « en outre, sa croissance a été accélérée et financée notamment par le fonds JVP à Jérusalem, GE Capital, Deutsche Telekom. Depuis le 20 février 2018, ORANGE Digital Ventures a annoncé sa participation au financement de MORPHISEC ». Avec La Maison et Kodem Growth Partners, Orange rejoint ainsi les investisseurs historiques de la start-up et prend part à son développement.

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Morphisec.com (PRNewsFoto/Morphisec)

Page 43 : « l’investissement d’ORANGE Digital Ventures va permettre à MORPHISEC d’accélérer ses réductions de coûts et, en France, d’acquérir un positionnement dans le haut de gamme dans le mobile et l’Internet haut débit (40% du marché français) ». Question : comment MORPHISEC va-t-elle pouvoir suivre l’évolution potentielle de sa valeur, notamment au sein du groupe ORANGE dont il est dit de sa stratégie que « l’Etat français y exerce une forte intervention » ?

Réponse : « l’évolution des tensions avec TF1 à propos de la poursuite de la diffusion des chaînes du groupe TF1 sur les box Orange est un véritable enjeu ; la poursuite des acquisitions dans le secteur de la sécurité, après l’achat du français Lexsi ; le lancement de la banque mobile Orange Bank, avec pour objectifs deux millions de clients et 400 millions d’euros de produit net bancaire à fin 2018 ».

Chaque année à Tel-Aviv, dans la plus grande discrétion, le groupe ORANGE participe à une semaine de colloque consacré à la cybersécurité et au renseignement numérique, touchant évidemment à des secteurs sensibles de la défense nationale. Au sein du groupe ORANGE, cette politique est animée notamment par un certain Luc Bretones17 et Roseline Kalifa dont le profil LinkedIn indique qu’elle consacre principalement sa vie à des partenariats d’ORANGE en Israël. Interrogé par prochetmoyen-orient.ch sur ses activités en Israël, ORANGE n’a pas jugé utile de nous répondre, nous renvoyant aux bons soins de l’ambassade d’Israël à Paris ! Vive la téléphonie et la communication numérique…

RESISTER DANS UN « MONDE RVVD »

Il est vrai que le dos vous glace lorsqu’on peut voir des drones filocher des passants qui ont omis de dissimuler leur visage sous un masque anti-virus, le même drone s’adressant au « mauvais citoyen » en l’avertissant qu’il sera poursuivi jusqu’à son domicile ! Le « Crédit social » chinois délivre une note à chaque Chinois, qui détermine sa capacité à se déplacer ou à obtenir un crédit. C’est aussi ce qui se prépare dans certains cabinets ministériels lorsqu’il est question d’État plateforme et d’« applis » pour remplacer les fonctionnaires humains au guichet.

Les compagnies d’assurance aussi sont sur le coup pour moduler nos cotisations en fonction du nombre de nos pas effectués quotidiennement ou de celui des cigarettes ou cigares fumés dans la journée. La société Casino vient d’annoncer qu’elle allait supprimer les caissières de ses supermarchés, pour les remplacer par des machines, surveillées par des vigiles. Magnifique ! Après le monde VUCA (Vulnérable, incertain, complexe et ambigu), nous voici entrés de plein pied dans un monde encore bien plus merveilleux : le RVVD (Robots, vigils, virus, drones).

Dans ce nouveau monde et dans cette nouvelle géopolitique du Cyber, la Chine a – très tôt – construit sa muraille pour garantir et défendre son indépendance. Moins bien dotée, la Russie – comme d’autres pays – pratique les ruses de la guerre asymétrique, disposant de très bons ingénieurs et n’hésitant pas à recourir aux services rémunérés de certains des meilleurs hackeurs du monde. Comme les pays occidentaux n’ont cessé de le faire durant la Guerre froide, Moscou riposte sur le champ du soft-power et de l’information. Washington et Tel-Aviv ne sont pas en reste pour défendre leur quasi-monopole. France et Europe sont toujours très en retard…

On ne va pas rigoler tous les jours ! Mais tout n’est jamais complètement perdu, tant qu’il y a toujours du pouvoir qui échappe aux puissants. Antonio Gramsci nous a enseigné le pessimisme de l’intelligence, allié à l’optimisme de la volonté pour faire émerger de nouvelles formes de résistance technologique. Espérons que la France et ses élites – encore lucides et animées d’un patriotisme minimal – reprennent le dessus sur ces questions touchant directement à notre souveraineté, à notre indépendance nationale, donc à notre liberté !

Saluons au passage, et diffusons les travaux du penseur Bernard Stiegler. Fondateur et président d’un groupe de recherche – Ars industrialis, créé en 2005 -, il dirige également l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) qu’il a créé en 2006 au centre Georges-Pompidou.

Ses travaux concernent justement les alternatives technologiques, des pratiques et usages – tout aussi alternatifs – de l’Internet et des outils numériques. Les ouvrages18 de Bernard Stiegler et les travaux de ses équipes transdisciplinaires ouvrent des perspectives réelles de résistance…

Notes:

1 En sécurité informatique, un hacker (francisé : hackeur ou hackeuse – « mercenaire numérique »), est un spécialiste en technologies informatiques, qui recherche les moyens de contourner les protections logicielles et matérielles afin de pirater les données. Il agit par curiosité, défi technique, motivation politique, en quête de notoriété ou/et de rémunération.

2 Guy Mettan : Russie-Occident, une guerre de mille ans : La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne – Pourquoi nous aimons tant détester la Russie. Editions des Syrtes, 2015.
3 La crise des missiles de Cuba se déroule du 16 octobre au 28 octobre 1962. Elle oppose les États-Unis et l’Union soviétique au sujet des missiles nucléaires russes pointés en direction du territoire des États-Unis depuis l’île de Cuba.
4 La chute du mur de Berlin a lieu dans la nuit du 9 novembre 1989 lorsque des Berlinois de l’Est, avertis par les médias ouest-allemands de la décision des autorités est-allemandes de ne plus soumettre le passage en Allemagne de l’Ouest (RFA) à autorisation préalable, forcent l’ouverture des points de passage aménagés entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. 
5 Roland Barthes : Mythologies. Editions du seuil, 1957.
6 « Quand l’Ecole de guerre économique relaie la propagande israélienne » – prochetmoyen-orient.ch, 25 mars 2019.
7 Pionnier du Web français, Tariq Krim fondateur de Netvibes, Jolicloud et de la plateforme de Slow Web dissident.ai.
8 Le Point, 5 janvier 2019.
9 CERN : Conseil européen pour la recherche nucléaire, créé en 1952. Le CERN est le plus grand centre de physique des particules du monde.
10 MIT : le Massachusetts Institute of Technology (Institut de technologie du Massachusetts) est un centre de recherche américain et une université, spécialisé dans les domaines de la science et de la technologie. 
11 GAFAM est l’acronyme des géants du Web : GoogleAppleFacebookAmazon et Microsoft, qui sont les cinq grandes firmes américaines, dominant le marché du numérique, parfois également nommées les Big Five, ou encore « The Five ».
12 Sur le sujet, on peut lire l’excellent livre de Johann Chapoutot : Libres d’obéir – Le management, du nazisme à aujourd’hui. Editions Gallimard, janvier 2020.
13 Cisco Systems est une entreprise informatique américaine spécialisée dans le matériel réseau, et depuis 2009 dans les serveurs. Elle est dirigée par Chuck Robbins depuis juillet 2015.
14 575 millions de personnes sont inscrites sur Linkedin dans le monde.
15 Echange avec l’auteur durant le colloque de la SONU sur « les mythes du renseignement » – 12 janvier 2020, Paris-Panthéon-Sorbonne.
16 « Quand l’Ecole de guerre économique relaie la propagande israélienne » – prochetmoyen-orient.ch, 25 mars 2019.
17 Luc Bretones a travaillé pour le groupe Orange depuis 1997. En juillet 2013, il prend la direction du Technocentre du groupe, puis en octobre 2013 d’Orange-Vallée. Il est administrateur des sociétés SoftAtHome et La cité de l’objet connecté d’Angers. Il est également président de l’association de bénévoles Orange/solidarité. Spécialisé dans le business des nouvelles technologies, Luc Bretones est administrateur de divers think tanks, comme l’institut G9+ ou encore Renaissance numérique. Il a quitté Orange en 2019.
18 Notamment, Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ? Editions Les liens qui libèrent, 2016.

Le Pentagone veut déployer des micro-réacteurs nucléaires sur ses bases à l’étranger

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Le Pentagone veut déployer des micro-réacteurs nucléaires sur ses bases à l’étranger

09:52 Publié dans Actualité, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, défense, armes nucléaires | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Quelle cible après la Syrie ?

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Quelle cible après la Syrie ?

par Thierry Meyssan

Ex: http://www.zejournal.mobi

 
 

Les événements qui se sont produits au « Moyen-Orient élargi » depuis 2001 suivent une logique implacable. La question actuelle est de savoir si le moment est arrivé d’une nouvelle guerre en Turquie ou en Arabie saoudite. La réponse dépend notamment de la relance des hostilités en Libye. C’est dans ce contexte que doit être interprété le Protocole additionnel négocié par les présidents Erdogan et Poutine pour résoudre la crise d’Idleb.

19 ans de « guerre sans fin »

Le président George W. Bush décida de transformer radicalement les missions du Pentagone, ainsi que l’expliqua, le 13 septembre 2001, le colonel Ralph Peters dans la revue de l’Armée de Terre, Parameters. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, nomma l’amiral Arthur Cebrowski pour qu’il forme les futurs officiers. Celui-ci passa trois ans à faire le tour des universités militaires de sorte qu’aujourd’hui, la totalité des officiers généraux ont suivi ses cours. Sa pensée a été vulgarisée pour le grand public par son adjoint, Thomas Barnett.

Les zones touchées par la guerre US seront livrées au « chaos ». Ce concept doit être compris au sens du philosophe anglais Thomas Hobbes, c’est-à-dire comme l’absence de structures politiques capables de protéger les citoyens de leur propre violence (« L’homme est un loup pour l’homme »). Et non pas au sens biblique de faire table rase avant la création d’un ordre nouveau.

Cette guerre est une adaptation des Forces armées US à l’ère de la mondialisation, au passage du capitalisme productif au capitalisme financier. « La guerre est un racket » (War is a racket), disait avant la Seconde Guerre mondiale le général le plus décoré des États-Unis, Smedley Butler [1]. Désormais, les amis et les ennemis ne compteront plus, la guerre permettra une simple gestion des ressources naturelles.

Cette forme de guerre suppose de nombreux crimes contre l’humanité (notamment des nettoyages ethniques) que les Forces armées US ne peuvent pas commettre. Le secrétaire Donald Rumsfeld engagea donc des armées privées (dont Blackwater) et développa des organisations terroristes tout en prétendant les combattre.

Les administrations Bush et Obama ont suivi cette stratégie : détruire les structures étatiques de régions entières du monde. La guerre US n’a plus pour objectif de vaincre, mais de durer (la « guerre sans fin »). Le président Donald Trump et son premier conseiller de Sécurité nationale, le général Michael Flynn, ont remis en cause cette évolution sans parvenir à la changer. Aujourd’hui, les tenants de la pensée Rumsfeld/Cebrowski poursuivent ses objectifs non pas tant au travers du secrétariat à la Défense que de l’Otan.

Après que le président Bush a lancé la « guerre sans fin » en Afghanistan (2001) et en Iraq (2003), une forte contestation surgit au sein des élites politiques de Washington à propos des arguments qui avaient justifié l’invasion de l’Iraq et du désordre qui y régnait. Ce fut la Commission Baker-Hamilton (2006). Jamais, la guerre ne cessa ni en Afghanistan ni en Iraq, mais il fallu attendre cinq ans pour que le président Obama ouvre de nouveaux théâtres d’opération : la Libye (2011), la Syrie (2012) et le Yémen (2015).

Deux acteurs extérieurs ont interféré avec ce plan.
- En 2010-11, le Royaume-Uni a lancé le « Printemps arabe », une opération calquée sur la « Révolte arabe » de 1915 qui permit à Lawrence d’Arabie de placer les wahhabites au pouvoir dans la péninsule arabique. Il s’agissait cette fois de placer les Frères musulmans au pouvoir avec l’aide non pas du Pentagone, mais du département d’État US et de l’Otan.
- En 2014, la Russie est intervenue en Syrie, dont l’État ne s’était pas effondré et qu’elle a aidé à résister. Depuis lors, les Britanniques —qui y avaient tenté d’en changer le régime durant le « Printemps arabe » (2011-début 2012),— puis les États-Uniens —qui cherchaient à y renverser non pas le régime, mais l’État (mi-2012 à aujourd’hui)— ont dû s’en retirer. La Russie, qui poursuit le rêve de la Tsarine Catherine, se bat aujourd’hui contre le chaos, pour la stabilité —c’est-à-dire pour la défense des structures étatiques et le respect des frontières—.

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Le colonel Ralph Peters, qui avait révélé en 2001 la nouvelle stratégie du Pentagone, publia en 2006 la carte des objectifs de l’amiral Cebrowski. Elle montrait que seuls Israël et la Jordanie ne seraient pas atteints. Tous les autres pays du « Moyen-Orient élargi » (c’est-à-dire du Maroc au Pakistan) seraient progressivement privés d’État et tous les grands pays (dont l’Arabie saoudite et la Turquie) disparaîtraient.

Constatant que son meilleur allié, les États-Unis, prévoyait de couper son territoire en deux afin de créer un « Kurdistan libre », la Turquie tenta vainement de se rapprocher de la Chine, puis adopta la théorie du professeur Ahmet Davutoglu : « Zéro problème avec ses voisins ». Elle se distancia d’Israël et commença à négocier la paix avec Chypre, la Grèce, l’Arménie, l’Iraq, etc. Malgré le différend territorial sur le Hatay, elle créa un marché commun avec la Syrie. Cependant, en 2011, alors que la Libye était déjà isolée, la France convainquit la Turquie qu’elle pourrait échapper à la partition si elle se joignait aux ambitions de l’Otan. Le président Recep Tayyip Erdogan, un islamiste politique de la Milli Görus, adhéra à la Confrérie des Frères musulmans dont il ne faisait pas partie, en espérant récupérer à son profit les fruits du « Printemps arabe ». La Turquie se retourna contre l’un de ses principaux clients, la Libye, puis l’un de ses principaux partenaires, la Syrie.

En 2013, le Pentagone adapta la « guerre sans fin » aux réalités rencontrées sur le terrain. Robin Wright publia deux cartes rectificatives dans le New York Times. La première portait sur la division de la Libye, la seconde sur la création d’un « Kurdistan » ne touchant que la Syrie et l’Iraq et épargnant la moitié orientale de la Turquie et l’Iran. Elle annonçait aussi la création d’un « Sunnistan » à cheval sur l’Iraq et la Syrie, la partition de l’Arabie saoudite en cinq et du Yémen en deux. Cette dernière opération débuta en 2015.

Très heureux de ce rectificatif, l’état-major turc se prépara aux événements. Il conclut des accords avec le Qatar (2017), Koweït (2018) et le Soudan (2017) pour y installer des bases militaires et encercler le royaume saoudien. Lequel finança en 2019 une campagne de presse internationale contre le « Sultan » et un coup d’État au Soudan. Simultanément, la Turquie soutint le nouveau projet de « Kurdistan » épargnant son territoire et participa à la création du « Sunnistan » par Daesh sous le nom de « Califat ». Cependant, les interventions russe en Syrie et iranienne en Iraq firent échouer ce projet.

En 2017, le président régional Massoud Barzani organisa un référendum d’indépendance au Kurdistan iraquien. Immédiatement, l’Iraq, la Syrie, la Turquie et l’Iran comprirent que le Pentagone, revenant à son plan initial, s’apprêtait à créer un « Kurdistan libre » en charcutant leurs territoires respectifs. Ils se coalisèrent pour y faire échec. En 2019, le PKK/PYG annonça qu’il préparait l’indépendance du « Rojava » syrien. Sans attendre, l’Iraq, la Syrie, la Turquie et l’Iran se concertèrent à nouveau. La Turquie envahit le « Rojava », pourchassant le PKK/YPG, sans grande réaction des armées syrienne et russe.

En 2019, l’état-major turc acquit la conviction que le Pentagone, ayant renoncé provisoirement à détruire la Syrie, du fait de la présence russe, s’apprêtait désormais à détruire l’État turc. Pour repousser l’échéance, il tenta de réactiver la « guerre sans fin » en Libye, puis de menacer les membres de l’Otan des pires calamités : l’Union européenne de subversion migratoire et les États-Unis d’une guerre avec la Russie. Pour ce faire, il ouvrit aux migrants sa frontière avec la Grèce et attaqua les armées russe et syrienne à Idleb où elles bombardaient les jihadistes d’Al-Qaïda et de Daesh. qui s’y étaient réfugiés. C’est cet épisode que nous vivons aujourd’hui.

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La carte rectificative du projet de « remodelage du Moyen-Orient élargi », publiée par Robin Wright.

Le Protocole additionnel de Moscou

L’armée turque a occasionné des pertes russes et syriennes en février 2020, tandis que le président Erdo?an multipliait les coups de téléphone à son homologue russe, Poutine, pour faire baisser d’une main la tension qu’il provoquait de l’autre.

Le secrétaire d’État US, Mike Pompeo, s’est engagé à contenir les appétits du Pentagone si la Turquie aidait ce dernier à relancer la « guerre sans fin » en Libye. Ce pays est divisé en un millier de tribus qui s’affrontent autour de deux leaders principaux, agents patentés de la CIA, le président du Conseil présidentiel, Fayez el-Sarraj, et le commandant de l’Armée nationale, Khalifa Haftar.

La semaine dernière, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour la Libye, le professeur Ghassan Salamé, a été prié de démissionner pour « raison de santé ». Il a obtempéré, non sans avoir exprimé sa mauvaise humeur lors d’une conférence de presse. Un axe a été constitué pour soutenir al-Sarraj par la Confrérie des Frères musulmans autour du Qatar et de la Turquie. Une seconde coalition est née autour d’Haftar avec l’Égypte et les Émirats arabes unis, mais aussi l’Arabie saoudite et la Syrie.

C’est le grand retour de cette dernière sur la scène internationale. La Syrie est auréolée de ses neuf années de Résistance victorieuse à la Confrérie et aux États-Unis. Deux ambassades libyenne et syrienne ont été ouvertes en grande pompe, le 4 mars, à Damas et à Benghazi.

Par ailleurs, l’Union européenne, après avoir solennellement condamné le « chantage turc aux réfugiés », envoya la présidente de la Commission observer le flux de réfugiés à la frontière gréco-turque et le président du Conseil sonder le président Erdogan à Ankara. Celui-ci confirma qu’un arrangement était possible si l’Union s’engageait à défendre l’« intégrité territoriale » de la Turquie.

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Avec un malin plaisir, le Kremlin a mis en scène la reddition de la Turquie : la délégation turque se tient debout, contrairement à l’habitude où l’on fournit des chaises aux invités ; dans son dos, une statue de l’impératrice Catherine la Grande rappelle que la Russie était déjà présente en Syrie au XVIIIème siècle. Enfin, les présidents Erdo?an et Poutine sont assis devant une pendule commémorative de la victoire russe sur l’Empire ottoman.

C’est donc sur cette base que le président Vladimir Poutine a reçu au Kremlin, le président Recep Tayyip Erdogan, le 5 mars. Une première réunion, restreinte, de trois heures a été consacrée aux relations avec les États-Unis. La Russie se serait engagée à protéger la Turquie d’une possible partition à la condition qu’elle signe et applique un Protocole additionnel sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Idleb [2]. Une seconde réunion, également de trois heures mais ouverte aux ministres et conseillers, a été consacrée à la rédaction de ce texte. Il prévoit la création d’un corridor de sécurité de 12 kilomètres de large autour de l’autoroute M4, surveillé conjointement par les deux parties. En clair : la Turquie recule au Nord de l’autoroute qui est rouverte et perd la ville de Jisr-el-Chogour, bastion des jihadistes. Surtout, elle doit appliquer enfin le mémorandum de Sotchi qui prévoit de ne soutenir que l’opposition armée syrienne, censée être démocratique et non pas islamiste, et de combattre les jihadistes. Or, cette « opposition armée démocratique » n’est qu’une chimère imaginée par la propagande britannique. De fait la Turquie devra soit tuer elle-même les jihadistes, soit poursuivre et terminer leur transfert d’Idleb (Syrie), vers Djerba (Tunisie), puis Tripoli (Libye) comme elle avait commencé de le faire en janvier.

En outre, le 7 mars, le président Poutine a contacté l’ancien président Nazerbayev pour étudier avec lui la possibilité de déployer sous les auspice de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) des « chapkas bleues » kazakhs en Syrie. Cette option avait déjà été envisagée en 2012. Les soldats kazakhs ont la particularité d’être musulmans et non pas orthodoxes.

L’option de s’en prendre désormais à l’Arabie saoudite plutôt qu’à la Turquie a été activée par le Pentagone, croit-on savoir à Riyad, bien que le président Trump lui impose de délirantes commandes d’armement en échange de sa protection. La dissection de l’Arabie saoudite avait été envisagée par le Pentagone dès 2002 [3].

Des missiles ont été tirés cette semaine contre le palais royal à Riyad. Le prince Mohamed ben Salmane (dit « MBS », 34 ans) a fait arrêter son oncle, le prince Ahmed (70 ans), et son ancien concurrent et ex-prince héritier, le prince Mohamed ben Nayef (60 ans), ainsi que divers autres princes et des généraux. La province chiite de Qatif, où plusieurs villes ont déjà été rasées, a été isolée. Le prix du baril de pétrole a chuté à 31 dollars, menaçant la viabilité de l’industrie du pétrole de schiste aux USA. Les explications officielles sur les querelles de succession et le coronavirus ne suffisent pas [4].

Notes:

[1] « J’ai effectué 33 ans et 4 mois de service actif, et durant cette période, j’ai passé la plupart de mon temps en tant que gros bras pour le monde des affaires, pour Wall Street, et pour les banquiers. En bref, j’étais un racketteur, un gangster au service du capitalisme. J’ai aidé à sécuriser le Mexique, plus particulièrement la ville de Tampico, au profit des groupes pétroliers américains en 1914. J’ai aidé à faire de Haïti et de Cuba un endroit convenable pour que les hommes de la National City Bank puissent y faire des profits. J’ai aidé au viol d’une demi-douzaine de républiques d’Amérique centrale au bénéfice de Wall Street. J’ai aidé à purifier le Nicaragua au profit de la banque américaine Brown Brothers de 1902 à 1912. J’ai apporté la lumière en République dominicaine au profit des entreprises sucrières américaines en 1916. J’ai livré le Honduras aux entreprises fruitières américaines en 1903. En Chine, en 1927, j’ai aidé à ce que l’entreprise Standard Oil fasse ses affaires en paix. » in War Is a Racket, Smedley Butler, Feral House (1935)

[2] “Additional Protocol to the Memorandum on Stabilization of the Situation in the Idlib De-Escalation Area”, Voltaire Network, 5 March 2020.

[3] "Taking Saudi out of Arabia", Powerpoint de Laurent Murawiec pour une réunion du Défense Policy Board (July 10, 2002).

[4] “Two Saudi Royal Princes Held, Accused of Plotting a Coup”, Bradley Hope, Wall Street Journal ; “Detaining Relatives, Saudi Prince Clamps Down”, David Kirkpatrick & Ben Hubbard, The New Yok Times, March 7, 2020.


- Source : Réseau Voltaire

Apocalypse Cochet

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Apocalypse Cochet

par Georges FELTIN-TRACOL

Ancien député Vert du Val-d’Oise, puis de Paris entre 1997 et 2011, Yves Cochet fut ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement dans le gouvernement de cohabitation du socialiste Lionel Jospin de 2001 à 2002. Il s’est maintenant retiré de la vie politicienne. Il continue néanmoins à participer au débat public.

51NruVuNQeL._SX327_BO1,204,203,200_.jpgSon nouvel ouvrage, Devant l’effondrement, ne peut que déplaire aux hiérarques d’Europe Écologie – Les Verts (EE-LV) et à leurs potentiels électeurs bo-bo prêt à tout pour sombrer une nouvelle fois dans l’hédonisme « éthique ». Avec cet « essai de collapsologie », Yves Cochet « avoue avoir rédigé cet ouvrage d’une main tremblante (p. 120) ». Son propos sciemment pessimiste contrarie les desseins merveilleux d’EE – LV au moment où leurs homologues autrichiens et bientôt allemands gouvernent et vont gouverner en partenariat avec les conservateurs chrétiens-démocrates. Il s’agace du réformisme radieux qui émane de son parti. « Collés à l’actualité, obsédés par la rivalité pour les places – comme dans les autres partis, en somme -, la quasi-totalité des animateurs Verts se bornent à décliner les clichés rassurants du développement durable, aujourd’hui renommé “ Green New Deal ” ou “ transition écologique ” (p. 221). »

Catastrophiste assumé

En effet, à la différence de la nouvelle pasionaria de la « Planète » et du « Climat », Greta Thunberg, l’auteur qui avait déjà publié en 2005 un Apocalypse Pétrole n’est pas alarmiste. Bien qu’il ne croit pas au scénario du film de Richard Fleischer, Soleil vert (1974), Yves Cochet présente son catastrophisme. « Au contraire de mes camarades de parti, j’aspire depuis une quinzaine d’années à une refondation idéologique catastrophiste de l’écologie politique dans le cadre de l’Anthropocène (p. 222). »

Il s’en prend à « une partie des activistes écologistes [qui] considèrent encore que le combat principal se nomme anticapitalisme et que, conséquemment, la disparition espérée de ce système-là suffirait à résoudre la plupart des problèmes sociaux et environnementaux (p. 9) ». Il trouve ce combat d’arrière-garde et même vaine. Il écrit, provocateur : « Quand bien même les 450 réacteurs nucléaires en service dans le monde seraient tous autogérés par des coopératives ouvrières à but non lucratif, cela n’enlèverait strictement rien à l’aberration politique et environnementale que constituent de tels outils de production massive d’électricité (pp. 9 – 10). » Rejetant la « croissance verte », le « développement durable » et l’embourgeoisement de l’écologie, Yves Cochet veut « décoloniser l’imaginaire contemporain sur toutes ses formes et construire une rationalité et une imagination nouvelles afin de penser l’impensable (p. 14) ». Ainsi prône-t-il implicitement le retour du Mythos aux dépens du Logos. Bien qu’il ne le cite pas, on devine l’influence prégnante du « pape » français de la décroissance, Serge Latouche.

L’auteur s’élève contre le modèle productiviste et « les mythologies populaires du progrès (p. 44) ». Ce tenant de l’alliance entre les Verts et le PS apporte une analyse sur le productivisme que ne renieraient pas ses frères ennemis, les écologistes indépendants. « Le productivisme n’est pas spécifiquement libéral. L’URSS d’hier était aussi productiviste que les États-Unis. La Chine communiste d’aujourd’hui l’est autant que le Japon. La soumission du politique à l’économique est inhérente aux doctrines libérale et marxiste (p. 49). » Il y inclut le transhumanisme et « la volonté de refabrication du monde (p. 51) ». Il assume volontiers contester les projets spatiaux vers Mars ainsi que l’ambition prométhéenne de terraformer la planète rouge. Par productivisme, il entend « toute structure sociale recherchant la production et la productivité maximales sans égard pour leur contenu ou leur environnement social, culturel ou environnemental (p. 50) ».

Il veut faire comprendre au lecteur l’urgente nécessité de s’extraire du système productiviste s’il veut avoir une (modeste) chance de survivre. Il condamne par conséquent toutes les démarches de repeindre en vert ce même productivisme. Yves Cochet ne croit pas possible que l’actuelle société moderne puisse se dégager de l’emprise socio-économique du pétrole et des énergies fossiles. « Le remplacement éventuel de la filière pétrolière par une autre de même puissance et de même volume exigerait plusieurs décennies d’investissements considérables dans les infrastructures, alors que le peak oil est imminent (pp. 82 – 83). » Il dénonce la construction de nouvelles infrastructures routières et voit dans l’hydrogène, le carburant de déplacement de demain, un leurre. « Les constructeurs prétendent pouvoir y parvenir grâce à l’arrivée des moteurs électriques, hybrides ou à hydrogène. Selon nous, cet objectif est irrationnel (p. 141). » Sans citer Guillaume Pitron et son excellent ouvrage sur La guerre des métaux rares paru en 2018 chez le même éditeur, Yves Cochet voit la « transition écologique » comme une belle escroquerie intellectuelle. « En 2050, zéro énergie fossile, et même zéro nucléaire pour les plus radicaux, mais nous roulerons électrique, renouvelable et “ smart ” – avec l’intelligence artificielle et le monde numérique qui croissent. En voiture électrique, en bus, en tramway, en train et en vélo. Autrement dit, il y aura de l’électricité en 2050 (pp. 200 – 201). »

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Le défi des naissances

L’auteur soutient une décroissance globale. Il revient sur l’épineuse question démographique. Il y a plus d’un an, dans un entretien accordé à L’Obs (du 3 janvier 2019), il proposait « de renverser notre politique d’incitation à la natalité, en inversant la logique des allocations familiales. Plus vous avez d’enfants, plus vos allocations diminuent jusqu’à disparaître à partir de la troisième naissance ». Relevons que si cette proposition avait été acceptée, l’ancienne dirigeante Verte et ministre de l’Égalité des territoires et du Logement entre 2012 et 2014, Cécile Duflot, aurait été pénalisée en tant que mère de quatre enfants. Yves Cochet estime que « faire des enfants n’est plus simplement une question personnelle. C’est devenu un choix politique ». Ainsi faut-il comprendre l’« inversion de l’échelle des allocations familiales (p. 61) ». Il va même plus loin en souhaitant la « grève du troisième ventre européen (p. 61) ». Il se justifie dans L’Obs : « Je ne vise pas les pays les plus pauvres, qui font plus d’enfants que les autres. Au contraire. Les pays riches sont les premiers à devoir décroître démographiquement. » Pour ce néo-malthusien assumé, « la question de la surpopulation ne se réduisait donc pas au nombre de personnes, mais à la multiplication de ce nombre par l’empreinte moyenne de la population sur le territoire considéré (p. 61) ». « Par ailleurs, poursuit-il dans cet entretien, limiter nos naissances nous permettrait de mieux accueillir les migrants qui frappent à nos portes. » De pareils arguments auraient horrifié le professeur Pierre Chaunu…

Son raisonnement ne s’exempte pas de quelques contradictions. L’ancien ministre envisage « la possibilité précaire de diminuer le flux de migrants vers l’Europe par une politique de décroissance matérielle ici, tout en encourageant l’évolution endogène là-bas (p. 64) ». Doit-on comprendre qu’il se montre hostile à la thèse développementaliste en faveur de l’ex-Tiers Monde et qu’il rejoint les conclusions de l’économiste hétérodoxe François Partant (1926 – 1987) ? Il pose mal les termes du débat. Ce n’est pas la quantité qui prime, mais la qualité. Si l’Afrique doit se plier à une politique anti-nataliste contraignante et draconienne, l’Europe, elle, doit appliquer une véritable politique d’eugénisme aussi bien positif que négatif. La PMA, voire l’usage de mères porteuses, peut être un moyen parmi d’autres comme les permis de procréation et/ou de parentalité délivrés ou non aux jeunes couples par un État qui adopterait les valeurs du Dr. Alexis Carrel, ce grand précurseur de l’écologie.

On sent ici l’enfant des Lumières, l’homme de gauche et le docteur en mathématiques tiraillé. « Si l’on respecte le principe d’égalité entre tous les humains, règle d’or de la morale politique, et si l’on estime que le mode de vie occidental est le plus désirable de tous – ce qui est contestable, mais qui le conteste ? -, on en déduit que nos sœurs et frères chinois, indiens, africains et sud-américains devraient eux aussi pouvoir vivre à l’occidentale en bénéficiant des joies du consumérisme de masse (p. 62). » Si l’on peut s’accorder sur la non-inéluctabilité de l’« occidentalisation » du monde, on doit cependant lui rétorquer que des militants écologistes, situationnistes, traditionalistes ou identitaires œuvrent depuis longtemps contre cette pesante inclination. Mentionnons aussi une certaine naïveté quand il évoque la « moralité politique ». L’essence du politique ne saurait se confondre avec celle de la morale. Quant à l’égalité entre tous les humains, elle est sujette à caution. L’« égalité » en soi n’existe pas. Elle correspond à des critères subjectifs, politiques par exemple. La sortie concomitante du productivisme et de l’occidentalisation passera par l’instauration impérative de la préférence régionale, nationale et continentale, soit des discriminations salutaires.

L’approche économique biophysique

41M-tZ4LOnL._SX306_BO1,204,203,200_.jpgSi Yves Cochet oppose trois modèles : le productiviste, l’augustinien et le modèle discontinuiste qui « pourrait être compatible avec l’un et l’autre, puisqu’il se focalise surtout sur la forme de l’évolution du monde, et non sur sa substance (p. 55) », on remarque qu’il se réfère à un sermon de Saint-Augustin de décembre 410 qui aurait inspiré Oswald Spengler et le vitalisme civilisationnel… Suite aux travaux précurseurs de Nicholas Georgescu-Roegen et à la prise en compte de la non-linéarité des systèmes complexes, il distingue l’économie biophysique de l’économie écologique qui « tente d’évaluer le prix des services des écosystèmes en intégrant la finitude des ressources et la pollution dans le cadre de l’économie néo-classique (p. 73) ». À l’économie néo-classique, il propose l’« économie biophysique [qui] se concentre explicitement sur les relations de puissance, à la fois dans le sens physique d’énergie par unité de temps et dans le sens social de contrôle sur les autres (p. 71) ». À la jonction des sciences exactes et des sciences humaines, l’économie biophysique se base « sur les stocks et les flux de matière et d’énergie plutôt que sur les comportements individuels (les “ préférences des consommateurs ”). L’accent est mis sur la qualité de l’énergie, ainsi que sur la quantité d’énergie disponible (p. 71) ». Il parie que « l’économie biophysique, qui envisage un monde au climat déréglé et à l’énergie rare, est une meilleure base d’orientation pour la construction d’une société soutenable que les formes individualiste et croissanciste de la théorie économique néo-classique (p. 91) » parce que « plutôt que de prendre la rareté relative comme point de départ, [elle] se concentre sur le surplus économique et la pénurie absolue (p. 86) ».

Soulignant que « notre démarche est holistique et systémique (p. 145) », Yves Cochet pense que la crise économique sera d’abord d’ordre énergétique à partir des années 2020 – 2030 ! Il assure en outre que « l’économie biophysique est une économie pour l’ère de la décroissance (p. 76) ». Il imagine d’une manière impressionniste et sans s’y attarder, un monde post-catastrophique qui rappelle l’avenir décrit dans La Route (2008) de Cormac McCarthy ou, moins pessimiste, dans Malevil (1972) de Robert Merle. Yves Cochet prévient toutefois ses contemporains qu’ils connaîtront dans les prochaines années un choc violent comparable aux désastres de la grande peste noire en Europe en 1348 – 1349 ! « Appelons “ effondrement ” de la société mondialisée contemporaine le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité) ne seont plus satisfaits pour une majorité de la population par des services encadrés par la loi (pp. 29 – 30). » Il ajoute que « par effondrement, j’entends un phénomène qui, en matière démographique, verrait environ la moitié de la population mondiale disparaître en moins de dix ans (p. 12) ». L’auteur prévoit trois milliards de survivants sur Terre dont environ une trentaine de millions en France, un monde à mi-chemin entre Mad Max I (1979) et II (1982) et l’utopie libertaire chère aux anarchistes. Il tient des propos très proches de La convergence des catastrophes (2007) de Guillaume Corvus alias Guillaume Faye. En revanche, il ignore tout des écrits du philosophe suisse en stratégie Bernard Wicht ! C’est regrettable, car les ouvrages de ce Suisse pourraient lui apporter des solutions capables de supporter la période immédiate qui suivra l’effondrement.

L’ère des biorégions

En bon écologiste anti-étatiste et peut-être en lecteur de l’éco-communaliste Murray Bookchin, le président de l’Institut Momentum parie sur le dépérissement de l’État. Or, comme « les populations les moins “ développées ”, les plus habituées à une certaine rusticité dans leur vie courante, seront moins touchées par la chute de la civilisation thermo-industrielle, parce qu’elles dépendent moins, pour leur survie, de la mondialisation contemporaine et de toute sa quincaillerie technologique (p. 13) », il est probable que certains États actuellement soumis à des embargos internationaux s’en sortent mieux que les États occidentaux, car ils ont l’habitude de résister à la dureté du temps. Dans ces circonstances tragiques, il serait possible que ces États survivants – pensons à la Corée du Nord – deviennent les nouvelles puissances mondiales.

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La vision de l’État chez Yves Cochet reste trop formaliste. L’État porte en lui une acception polysémique. Polis grecque, civitas romaine, féodalités médiévales, tous ces termes politiques désignent dans l’histoire européenne des communautés politiques inscrites dans un territoire déterminé après coup par l’histoire. Une tribu, voire un clan, est un État en devenir ou l’embryon d’une future structure étatique complexe, c’est néanmoins un ensemble communautaire politique. Il le devine sans vouloir vraiment l’admettre, lui qui dénonce la « topologie isotropique » du territoire républicain français, soit la centralisation excessive propice à l’homogénéisation des populations et à l’éradication des cultures vernaculaires.

Une fois l’effondrement survenu et les États modernes (les États-nations ?) disparus, « on assistera à la naissance d’une mosaïque de petites biorégions politiques, à l’image, peut-être, de ce qu’étaient les cités-États germaniques ou italiennes au XVIIIe siècle (p. 127) ». Yves Cochet intègre dans sa réflexion le concept bien méconnu en France de « biorégions ». La fin violente des États actuels favorisera en réaction la constitution d’entités bio-régionales, capables d’organiser auprès des populations survivantes l’apport essentiel d’énergie et de nourriture. Il y voit même une chance pour une certaine concorde sociale, car ces entités bio-régionales seraient plus égalitaires, plus homogènes d’un point de vue social, moins touchées par la lutte des classes. Moins spécialisées dans leurs tâches quotidiennes et a fortiori moins difficiles à diriger, elles pratiqueront selon l’auteur une différenciation géographique et non pas ethno-culturelle, ce qui reste à prouver. En Seine – Saint-Denis « ensauvagée » apparaîtront ici des émirats islamistes, là des caïdats afro-européens et des Gaylands ailleurs.

Ces biorégions développeraient un sens plus grand du partage au sein de leurs communautés respectives, mot qu’évite Yves Cochet alors que le communautarisme est bien une solution d’avenir. Il cite Marcel Mauss, Georges Bataille, le potlach et la dépense festive.

Violence et « spécularité »

Malgré des allusions à La notion de politique et au Nomos de la Terre de Carl Schmitt, l’auteur valorise surtout la coopération et sous-estime le conflit inhérent à tout groupe humain. Il s’appuie sur les travaux de Jean-Louis Vullierme sur l’« interaction spéculaire ». Ce concept « émerge nécessairement lorsque des individus se rencontrent et qui constitue simultanément leur être-au-monde par une boucle incessante entre l’individu et son environnement. L’être humain est tout à la fois modelé par le monde qui lui préexiste et modélisateur du monde par les actions qu’il entreprend. […] La spécularité concerne les entrecroisements des représentations du monde que chacun élabore progressivement dans l’intersubjectivité avec autrui. L’enfant (et l’adulte !), doté de cette faculté de modéliser le monde, apprend aussi bien à imiter les autres qu’à s’en distinguer. Il possède ainsi un ensemble de représentations du monde, et notamment une représentation de lui-même aux yeux des autres (les autres sont nos miroirs, ce qu’indique le qualificatif “ spéculaire ”) (p. 25) ».

51DmeGJbqVL._SX344_BO1,204,203,200_.jpgYves Cochet évacue bien trop rapidement la violence humaine. La grève contre la réforme des retraites déclenchée le 5 décembre 2019 a déjà démontré la sauvagerie sous-jacente des Franciliens et des Parisiens qui essayaient de monter dans le seul train de banlieue ou dans l’unique rame de métro. Certains n’hésitèrent pas à se battre. Et ne parlons pas des rapports conflictuels en ville entre piétons, automobilistes, cyclistes, patineurs à roulettes et « trottinettistes ». Cette agressivité propre à la nature humaine, accentuée par la modernité tardive pourrait atteindre rapidement son paroxysme au moment de l’effondrement social. La vie en zone urbaine après la « Grande Déflagration » sera certainement plus difficile que dans la France périphérique déjà habituée aux privations. « Il faudra réapprendre à maîtriser une agro-écologie alimentaire, énergétique et productrice de fibres pour les vêtements, cordes et papiers, la production de matériaux de construction indigènes, voire la fabrication de quelques substances secondaires, mais utiles, telles que l’alcool, l’ammoniac, la soude, la chaux… Tous ces domaines étant équipés en outils low tech aptes à êtres fabriqués, entretenus et réparés par des ouvriers locaux (p. 118). » En pratique, on utilisera le bois de chauffage, le charbon de bois et les biogaz dont le méthane.

Terminés Facebook, Twitter et ces saloperies de réseaux sociaux. Faute d’électricité et/ou de câbles entretenus, plus d’Internet. La nouvelle de George R. R. Martin, «… Pour revivre un instant » (1972), dans Des astres et des ombres (1977) anticipe le monde d’après vu par Yves Cochet. Quant aux déplacements, « les moyens de mobilité du futur sont plutôt à envisager du côté de la marche à pied, de la bicyclette et de la traction animale, de la voile et des embarcations à rames (p. 143) ». En lisant cet essai, le lecteur devrait avoir la curiosité de s’intéresser à la vie quotidienne des Français sous l’Occupation ainsi qu’à la Corée du Nord. L’auteur espère que « les habitants de France expérimenteront bientôt sous la forme d’une alimentation plus végétale, plus locale, plus saisonnière, grâce à la multiplication des jardins en permaculture et des paysages comestibles (p. 138) ».

Dans un contexte chaotique, « au milieu du [XXIe] siècle, mille formes d’organisations politiques locales nouvelles et différentes émergeront de la barbarie, révolue dans la plupart des sous-continents. En France, chaque bio-région sera munie d’un micro-État simple. Nous entendons par là qu’une communauté humaine autonome, c’est-à-dire un niveau d’organisation territoriale qui ne sera subordonné à aucun autre qui lui soit supérieur, se sera formée autour des trois valeurs républicaines précitées – en fait, surtout la fraternité – et aura institué une “ assemblée ” et un “ gouvernement ”, lequel détiendra le monopole de la violence physique légitime (p. 127, souligné par l’auteur) ». Yves Cochet invite à la rotation civique de la police et de l’armée : chacun occuperait à tour de rôle pour un temps précis des fonctions policières et militaires, d’où l’importance de connaître l’œuvre de Bernard Wicht. Cette proposition rejoint en partie certaines thèses libertariennes.

Yves Cochet a vu ses prévisions contredites par les faits. Le peak oil n’arrive pas. On peut penser que son catastrophisme est exagéré. Devant l’effondrement insiste pourtant sur la réalisation de bases autonomes durables (BAD) tout en gardant à l’esprit que l’éclatement territorial envisagé des États modernes signifiera aussi un regain de puissance chez des voisins moins sévèrement frappés. Dans les ruines du monde moderne rejailliront alors les enjeux tragiques du politique et de l’histoire.

Georges Feltin-Tracol

• Yves Cochet, Devant l’effondrement. Essai de collapsologie, Les Liens qui Libèrent, 2019, 252 p., 18,50 €.