Il y a plus de cinquante ans, le 27 avril 1969, dès la victoire du non connue, le Général De Gaulle cessait ses fonctions de président de la République. Il retournait à La Boisserie avant de séjourner le temps de la campagne présidentielle en Irlande. Bien des observateurs ont vu ce référendum portant sur la réforme du Sénat et la régionalisation comme un suicide politique.
Déjà biographe de Louis-Philippe d’Orléans et de Philippe Séguin, véritable faux héros porté au pinacle par d’indécrottables droitards qui fit perdre en 1992 le non à Maastricht parce qu’il ne voulait pas heurté un François Mitterrand au sommet de sa ruse florentine, Arnaud Teyssier ne partage pas l’analyse convenue de la lassitude politique. Il insiste au contraire sur les dernières années d’un second mandat marqué par des coups d’éclat retentissants (retrait de l’OTAN en 1966, discours d’autodétermination à Phnom Penh en 1967, condamnation la même année de l’État d’Israël après la guerre-éclair des Six Jours, reconnaissance du combat canadien-français à Montréal). De Gaulle prend « la défense des identités nationales et des cultures face au grand nivellement qui s’annonce (p. 66) ». Son interprétation rejoint celle d’Anne et de Pierre Rouannet qui dans Les trois derniers chagrins du Général de Gaulle (Grasset, 1980) et dans L’inquiétude outre-mort du Général de Gaulle (Grasset, 1985) traitaient déjà de ces thèmes d’un point de vue original et pertinent.
Participation malentendue
Loin d’être un acte insensé, le référendum perdu de 1969 a été une occasion ratée d’accompagner la France dans une ère socio-économique et culturelle nouvelle que pressent Charles De Gaulle. « Depuis 1940, la France était engagée dans une révolution profonde qui se poursuivait et qu’il fallait approfondir inlassablement pour ne pas subir l’aliénation promise par la nouvelle civilisation technicienne et comptable qu’il sentait venir depuis sa jeunesse. Une révolution permanente, en quelque sorte, qu’avait en partie devinée, sans la comprendre tout à fait et tout en l’abhorrant, François Mitterrand dans Le Coup d’État permanent (1964), et dont l’objet était de maintenir dans son essence, face au monde chargé de dangers qui venait, la France, l’État, la République. Se préparer, anticiper, transformer – parfois de manière radicale, lorsque la nécessité l’imposait, oui. Arranger, s’arranger, jamais (p. 10). »
En soumettant aux Français deux réformes hardies et complémentaires (l’officialisation de la région, la fusion du Sénat et de l’inutile Conseil économique et social et leur transformation en assemblée des territoires, des producteurs et de la famille), De Gaulle entendait s’attaquer aux fractures révélées par Mai 68. Comment ? Par la voie audacieuse et singulière d’une autre révolution appelée la participation.
Charles De Gaulle considère la participation comme l’élément décisif pour lier durablement le travail et le capital, association déjà revendiquée à l’époque « populiste » du RPF (Rassemblement du peuple français). Par participation, il entend « une forme de révolution dans l’exercice des décisions au sein des universités, au sein de l’entreprise, dans les régions. Il reconnaît implicitement que les mécanismes traditionnels de la démocratie représentative ne sont plus suffisants pour faire face au monde nouveau qui se profile (p. 85) ». En effet, « au-delà de son caractère singulier et déroutant, [Charles De Gaulle] représente à la perfection le modèle de l’homme d’État français qui dépasse, sans l’abolir, l’opposition traditionnelle entre droite et gauche et met au rebut le faux débat de la pensée contemporaine qui s’est développé en France autour du “ libéralisme ” et de l’« élitisme », ou du jacobinisme et de l’esprit girondin. Sa conception sacerdotale du gouvernement et de la chose publique défie toute idée préconçue (p. 20) ». Les années 1960 marquent l’apothéose du « libéralisme gaullien ». « Il s’agit d’un libéralisme “ national ”, ou d’un libéralisme d’État, car il s’inscrit dans une gestion de l’économie très largement dirigée, où la planification est l’élément stratégique pour les politiques industrielles (p. 81). » On est donc très loin de la participation imaginée comme une manière biaisée d’implanter des soviets dans toute la société.
Arnaud Teyssier souligne qu’en 1969, « c’est encore une fois un projet de modernisation par le haut, avec mobilisation du local, et non une entreprise de décentralisation (p. 139) ». La participation aurait dû par conséquent concerner autant les entreprises et les régions que les universités en pleine agitation post-soixante-huitarde, sous la supervision attentive de « l’État, porteur de l’intérêt général, et émanation de la nation française dans toute sa densité temporelle (p. 114) ». Pour l’auteur, Charles De Gaulle agit toujours selon le prisme déterministe de l’État souverain (qu’on ne saurait confondre avec le misérable « État de droit »). Il cite par exemple Richard Cleary qui s’interroge sur la vision gaullienne de la construction européenne dans un article paru en mars 1971 dans la revue Four Quarters, intitulé « The American Press vs. De Gaulle. No Hits, No Runs, Too Many Errors » : « De Gaulle ne s’est pas opposé à l’Europe politique, il a voulu, au contraire, en créer les conditions d’existence et de développement réaliste en proposant, par le plan Fouchet, la création par étapes d’une confédération viable – sachant que, historiquement, dit Cleary, les fédérations ont toujours été précédées d’une structure confédérale (p. 73). »
Un autre aménagement territorial
Charles De Gaulle n’a jamais été fédéraliste, ni même un régionaliste au sens courant du terme. Par la participation et la régionalisation, il tient à rendre à ses compatriotes le sens de la responsabilité politico-civique. Force est d’observer que le prise en compte du citoyen adulte a disparu à l’avantage d’un indécent infantilisme politique. « Après le départ de De Gaulle, les institutions ne se sont pas adaptées : elles ont, en réalité, progressivement et profondément dévié de leur trajectoire – pour l’essentiel à partir du milieu des années 1980, au point d’avoir perdu tout lien substantiel avec leur esprit originel. Avec les cohabitations, l’adoption du quinquennat, le renoncement partiel à sa souveraineté, la France a réussi à fabriquer sa quinzième constitution, mais de manière subreptice et en escamotant le suffrage universel (p. 28). » Biographe de Philippe Séguin qui en vieux républicain n’accordait sa confiance que dans la commune et à la nation dans son acception contractuelle – assimilationniste dépassée, Arnaud Teyssier dénonce à son tour « la décentralisation en forme de décomposition, un fédéralisme dévoyé, le retour des fiefs et des féodalités, les stratégies de repli des notables, l’installation grasse et durable des partis politiques sur de nouvelles assises (p. 110) ». La décentralisation française pêche par un manque réel de compétences et de ressources propres accordées aux collectivités territoriales, d’un chevauchement volontaire des attributions entre les communes, les intercommunalités, les départements, les métropoles, les pôles métropolitains et les régions, ce qui favorise l’opacité des réalisations, et une excessive bureaucratisation partitocratique.
L’auteur réactive une vieille distinction qui a fait le bonheur des étudiants en droit public et en droit constitutionnel : la centralisation politique commencée par les rois Louis XI et François Premier, poursuivie par le Cardinal Richelieu et amplifiée sous Louis XIV ne coïncide pas avec la centralisation administrative décidée par Napoléon Bonaparte et renforcée par-delà tous les régimes des XIXe et XXe siècles. Tocqueville confond dans ses écrits les deux phénomènes, même si le premier porte en lui les germes du second.
Le Général De Gaulle soutient une véritable décentralisation économique et culturelle en même temps qu’une déconcentration administrative réelle, soit tout le contraire de près de quatre décennies de décentralisation politico-administrative opérée par François Mitterrand, Pierre Mauroy, Gaston Defferre, Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin. Tous ont instillé depuis 1982 « une décentralisation tous azimuts, où le pouvoir n’est pas transféré mais plutôt atomisé ou disséminé, d’une manière propre à affaiblir l’unité de l’État et à créer de fortes inégalités entre les régions suivant leur degré de développement (pp. 132 – 133) ». La réforme territoriale de 2014 réduisant le nombre des régions en métropole et la loi sur les intercommunalités décidées par le calamiteux François « Flamby » Hollande et son très incompétent Premier ministre Manuel Valls n’ont fait qu’accroître les disparités territoriales. Si la France avait été une fédération, ces mesures n’auraient suscité qu’un « fédéralisme anarchique (p. 133) ».
Vision nationale de la région
Cette incurie politique se comprend aussi par le désaveu de toute politique publique d’aménagement du territoire et de politique concertée des transports en commun (d’où la faillite préparée de la SNCF). Sous l’égide du ministre Olivier Guichard, le principat gaullien se caractérise au contraire par un indéniable volontarisme dans l’aménagement du territoire. Arnaud Teyssier y voit l’influence considérable du géographe non-conformiste Jean-François Gravier, auteur du célèbre Paris et le désert français (1947). Favorable à la déconcentration administrative, le régionalisme gaullien estime que les élites sociales et économiques locales « doivent être des relais et des soutiens pour une action décidée en haut – et non en elles-mêmes des acteurs de plein exercice (p. 122) ».
Les gaulliens estiment avec raison que la région « est une structure pleinement compatible avec la politique d’aménagement du territoire (p. 119) ». Arnaud Teyssier ajoute que « De Gaulle, lui, voulait des régions puissantes, contrôlées par l’État mais dans le cadre d’un dialogue permanent avec la société – société dont les élus n’auraient été que des protagonistes parmi d’autres (p. 151) ». Cette conception suppose qu’« il existe […] bien deux conceptions de la Région : l’une contre-révolutionnaire et décentralisatrice, l’autre républicaine – autoritaire et centralisatrice (p. 116) ». Cette dernière s’inscrit dans l’impérieuse obligation de toute communauté politique, à savoir que « le devoir d’un État et de son chef est d’abord d’assurer la survie et l’avenir de la nation (pp. 279 – 280) ».
Dans cette perspective de téléologie politique, l’auteur met fort intelligemment en relation l’action de Charles De Gaulle et l’œuvre, en particulier théâtrale, de Henry de Montherlant. Il aurait pu aussi citer une anecdote donnée par Philippe de Saint-Robert. En attendant un essai nucléaire au large de Mururoa vers 1967 – 1968, le Général lisait dans sa cabine Le Chaos et la Nuit ! Cependant, personnalité « montherlaine », « peut-on dire que de Gaulle était une figure “ schmittienne ” ? (p. 271) » Arnaud Teyssier s’avance ici un peu trop vite quand il souligne que le gaulliste de gauche et professeur de droit constitutionnel, un temps enseignant à l’Université de Strasbourg, « René Capitant, qui fut l’une des personnalités les plus proches de De Gaulle, était un admirateur et un ami de Carl Schmitt (p. 272) ».
Dans les années 1930, le jeune Capitant avait établi avec Carl Schmitt une brève correspondance épistolaire. Il n’en garda pas moins la notion-clé d’état d’exception qu’on retrouve dans l’article 16 de la Constitution de 1958. Toutefois, René Capitant n’est pas un des rédacteurs du texte constitutionnel puisqu’il se trouvait au Japon. Agacé par l’anglomanie de Michel Debré, il a vite reconnu que cette constitution avait été fort mal rédigée et qu’elle éteignait toute portée vraiment plébiscitaire.
En revanche, Carl Schmitt, en penseur averti du politique, ne pouvait qu’apprécier le style de gouvernement, très décisionniste, du fondateur de la Ve République. L’auteur cite une lettre de Carl Schmitt écrite en français adressée à Julien Freund en date du 1er mai 1969 : « La démission du général de Gaulle m’a touché comme un coup du sort jeté à un parent prochain (p. 273). » Témoin quotidien d’une Allemagne de l’Ouest à la souveraineté rognée et sous tutelle des vainqueurs de 1945, Carl Schmitt ne peut qu’approuver la pratique gaullienne. Outre ses nombreuses lectures, ce francophone rejoint facilement l’opinion de son ami Julien Freund, ouvertement gaullien (et non gaulliste !), et de son ancien secrétaire, Armin Mohler, correspondant de plusieurs titres germanophones à Paris dans les années 1950 et 1960, qui se qualifiera plus tard volontiers de « gaulliste de droite critique » quand il tentera d’influencer dans un sens européen la CSU (Union sociale-chrétienne bavaroise) de Franz Josef Strauss.
Le régionalisme gaullien qui puise chez les non-conformistes des années 1930 (le personnalisme, L’Ordre nouveau, voire la Jeune Droite) confirme une idée certaine de la France, marqueterie bio-culturelle d’origine européenne entérinée par l’histoire et le politique. « Le destin français devait continuer à s’inscrire dans une exigence de grandeur, note encore Arnaud Teyssier, tout en cherchant les voies d’une adaptation au monde nouveau (p. 265). »
Ultimes voyages testamentaires
Arnaud Teyssier ne se contente pas de revenir sur les derniers mois de cette présidence épique. Il commente les deux derniers voyages de l’ancien président français. En République d’Irlande, De Gaulle discute avec un autre grand résistant, le président Éamon de Valera, et porte un toast « à l’Irlande tout entière ». Il s’attarde surtout sur un autre périple qui va contrarier bien des gaullistes : le séjour en Espagne au printemps 1970. Admirateur méconnu de Charles Quint au point que certains ont pu se demander si l’échec référendaire ne serait pas une forme d’abdication, Charles De Gaulle accepte l’invitation du général Franco dont il loue l’œuvre. « Les bons sentiments importent peu lorsque l’unité et le salut des nations forment le but ultime. Le Caudillo n’est pas un dictateur classique, porteur d’une idéologie appelée à durer. De Gaulle avait noté un jour dans ses carnets cette phrase de Joseph de Maistre : “ Un acte politique ne se juge pas aux victimes qu’il fait, mais aux maux qu’il évite. ” (p. 252) » Arnaud Teyssier explique cet avis aujourd’hui dérangeant. « Une des raisons qui justifiaient l’admiration de De Gaulle pour le général Franco, c’est précisément qu’il s’était toujours considéré comme le dirigeant temporaire de l’Espagne, préparant de longue haleine le retour de la monarchie (pp. 190 – 191). » Il est dommage que Franco ait finalement choisi la branche isabéliste et libérale des Bourbons d’Espagne aux dépens de la branche légitime, carliste, des Bourbons-Parme.

De Gaulle et le Président irlandais de Valera
Il est évident que pour Charles De Gaulle, « Franco est l’homme qui a maintenu l’intégrité nationale espagnole dans la tourmente de la guerre. C’est une figure majeure du siècle, l’un des derniers survivants de la guerre civile européenne (pp. 200 – 201) ». Pas certain que l’ineffable charognard Pedro Sanchez, dirigeant socialiste d’un gouvernement minoritaire responsable de l’exhumation – profanation de la Valle de los Caidos, se recueille un jour à Colombey-les-Deux-Églises devant la tombe d’un si « affreux fâchiste »…
Arnaud Teyssier s’agace enfin d’une certaine idéalisation – instrumentalisation de Charles De Gaulle. « Il faut avouer que la gaullolâtrie le tue parfois à petit feu, plus sûrement que toutes les haines qui se sont peu à peu effacées avec le temps. On l’invoque à chaque détour, on cite à l’envi ses bons mots, on en fait même des livres entiers, nécessairement agréables à lire. Mais en fait, on n’en finit pas de l’enterrer depuis ce départ shakespearien, en avril 1969, provoqué par la volonté du peuple français qu’il avait lui-même suscité… (p. 14). » Il ose même rappeler dans ce livre remarquable que l’action politique se moque du moralisme. Ainsi revient-il sur le parcours étonnant du dernier Premier ministre du Général, Maurice Couve de Murville (1907 – 1999) qui fut de 1958 à 1968 un grand ministre des Affaires étrangères. Ce « haut fonctionnaire froid et impassible dont la carrière exceptionnellement brillant avait débuté à la fin de la IIIe République et sous le régime de Vichy. Inspecteur des finances, Couve de Murville avait été jusqu’en 1943 l’un des plus hauts fonctionnaires de l’État français. Titulaire du poste clé de directeur des finances extérieures et des changes, il avait été l’un des acteurs déterminants de la négociation quotidienne entre Vichy et les autorités allemandes à Wiesbaden. Il avait d’ailleurs, dans ces fonctions, défendu avec une réelle obstination et un patriotisme sans faille les intérêts français (p. 55) ». Verra-t-on bientôt les descendants de quelques « résistants » de la énième heure outrager sa mémoire pour ce passé « vichysto-résistant » ?
Les temps conflictuels du gaullisme béat et de l’anti-gaullisme viscéral sont dorénavant révolus. Par leur vote épidermique et émotionnel plein de lassitude envers les efforts constants demandés de grandeur nationale et européenne, les Français ont clos avec une rare brutalité un moment majeur de leur histoire. Faute d’avoir institué une souveraineté sociale grâce à la participation et à la régionalisation, ils ont dilapidé leur souveraineté politique. Ils se plaisent depuis à patauger dans une suffisante nullité…
Georges Feltin-Tracol
• Arnaud Teyssier, De Gaulle, 1969. L’autre révolution, Perrin, 2019, 301 p., 22 €.




del.icio.us
Digg


Pouget, un des pères de l'anarcho-syndicalisme la définissait ainsi :
C'est pourquoi nous laisserons la conclusion à un extrait des Justes de Camus :

L’Europe reste toutefois l’engagement de sa vie. Il conçoit un ensemble européen, ordonné par le principe de subsidiarité, nommé la « Communauté politique européenne » (CPE). Cette CPE doit fonder à terme la « Nation européenne ». Ainsi écrit-il dans Combats pour l’Europe 1992 – 1994 (Clément Juglar, 1994) que « les Européens d’aujourd’hui veulent vivre ensemble. C’est là une réalité fondamentale qui se superpose aux liens très puissants qui se sont tissés au cours des siècles à l’intérieur de chaque Communauté nationale. […] Autant toute tentative tendant à dissoudre aujourd’hui les Nations européennes dans je ne sais quel ensemble de nature totalitaire est fondamentalement inacceptable, autant l’émergence progressive, dans les décennies qui s’approchent, d’une Nation européenne au sens d’Ernest Renan rassemblant dans une organisation décentralisée les Nations européennes et préservant leur identité ne saurait être obstinément refusée. En fait, il n’est pas du tout impossible qu’à la fin du XXIe siècle apparaisse une Nation européenne, démocratique et décentralisée, d’autant plus forte qu’elle aurait réussi à maintenir les différentes Nations qui la constituent dans leur propre identité et leur propre culture. Mais ce ne peut être là qu’un objectif éloigné. Il ne suffit pas de vouloir vivre ensemble. Il faut encore s’en donner les moyens (p. 89) ».







« Quand la mémoire des premières races se sentit surchargée, quand le bagage des souvenirs du genre humain devint si lourd et si confus que la parole, nue et volante, risqua d’en perdre en chemin, on les transcrivit sur le sol de la façon la plus visible, la plus durable et la plus naturelle à la fois. On scella chaque tradition sous un monument. » Ainsi Victor Hugo évoque-t-il le premier passage d’une ère d’oralité à un âge où l’architecture devient « le grand livre de l’humanité ». Souvenons-nous cependant de la parole biblique concernant la pierre que les bâtisseurs ont écartée et qui est justement la pierre d’angle. Le risque de « perdre en chemin » un élément essentiel deviendrait-il réalité dès que s’élèvent les premiers menhirs celtiques que l’on retrouve « dans la Sibérie d’Asie » ou « les pampas d’Amérique » ?
Le thème du Graal est l’équivalent païen, au sens noble du terme, de la pierre d’angle biblique rejetée par les bâtisseurs. Énigmatique demeure à mes yeux cette phrase de René Guénon : « Le Graal ne peut être qu’un zodiaque. » Mais je suis convaincu que, pour déchirer le voile qui recouvre le mystère des origines, pour retrouver ce « grain d’or » dont parle l’astronome Kepler (1571 – 1630), il faut emprunter la voie de l’astrologie, domaine impensé de notre mouvance intellectuelle (du moins à ma connaissance), art antique vénérable raillé par La Fontaine et Voltaire, discipline dévoyée depuis quatre siècles, hormis quelques soubresauts : le marquis de Boulainvilliers (1658 – 1722), une école française aux alentours de 1900 (Caslant, Choisnard, Boudineau), une école belge (avec Gustave-Lambert Brahy comme figure de proue), les travaux plus récents de Gauquelin et Barbault (tous deux nés en 1920). Si le Graal est un vase, ce n’est pas exclusivement parce que Joseph d’Arimathie y a recueilli le sang de Jésus crucifié, mais c’est, par-delà sa dérivation chrétienne, par son identification plus générale à un récipient recueillant la pluie des influences cosmiques. Cet élargissement de la signification du Graal s’inscrit, soit dans la « Préhistoire partagée (Raphaël Nicolle) » des peuples indo-européens, soit dans une proto-histoire plus ample, ainsi qu’en témoigne le rapprochement d’Hugo entre les pierres levées d’Europe occidentale et celle de l’Asie sibérienne et de l’Argentine.


L’ancien secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand (1991 – 1995) et ministre des Affaires étrangères lors de la troisième cohabitation entre 1997 et 2002, Hubert Védrine, co-signe avec son fils Laurent une « biographie non autorisée » sur Olrik.
Des interprétations divergent une nouvelle fois sur l’identité réelle du colonel Sponsz. S’agit-il d’un faux nom du colonel Olrik ou bien d’un de ses élèves doués ? Les Védrine font d’ailleurs l’impasse complète sur la période bordure d’Olrik qui suit la fin de l’Empire Jaune mondial et l’échec de plusieurs actions politico-criminelles en Europe de l’Ouest. L’homme fort de la Bordurie, le Maréchal Plekszy-Gladz, ne pouvait pas ne pas accueillir un homme aussi réputé dans son art qu’Olrik.








Avant que l’on commence à se lamenter sur les décadences décrites par nos ancêtres romains et jusque par nos auteurs contemporains, et quelle que soit l’appellation qui leur fut attribuée par les critiques modernes, « nationalistes », « identitaires », « traditionalistes de la droite alternative, » « de la droite extrême » et j’en passe, il est essentiel de mentionner deux écrivains modernes qui signalèrent l’arrivée de la décadence bien que leur approche respective de son contenu et de ses causes fut très divergente. Ce sont l’Allemand Oswald Spengler avec son Déclin de l’Occident, écrit au début du XXème siècle, et le Français Arthur de Gobineau avec son gros ouvrage Essai sur l’inégalité des races humaines, écrit soixante ans plut tôt. Tous deux étaient des écrivains d’une grande culture, tous deux partageaient la même vision apocalyptique de l’Europe à venir, tous deux peuvent être appelés des pessimistes culturels avec un sens du tragique fort raffiné. Or pour le premier de ces auteurs, Spengler, la décadence est le résultat du vieillissement biologique naturel de chaque peuple sur terre, vieillissement qui l’amène à un moment historique à sa mort inévitable. Pour le second, Gobineau, la décadence est due à l’affaiblissement de la conscience raciale qui fait qu’un peuple adopte le faux altruisme tout en ouvrant les portes de la cité aux anciens ennemis, c’est-à-dire aux Autres d’une d’autre race, ce qui le conduit peu à peu à s’adonner au métissage et finalement à accepter sa propre mort. À l’instar de Gobineau, des observations à peu près similaires seront faites par des savants allemands entre les deux guerres. On doit pourtant faire ici une nette distinction entre les causes et les effets de la décadence. Le tedium vitae (fatigue de vivre), la corruption des mœurs, la débauche, l’avarice, ne sont que les effets de la disparition de la conscience raciale et non sa cause. Le mélange des races et le métissage, termes mal vus aujourd’hui par le Système et ses serviteurs, étaient désignés par Gobineau par le terme de « dégénérescence ». Selon lui, celle-ci fonctionne dorénavant, comme une machine à broyer le patrimoine génétique des peuples européens. Voici une courte citation de son livre : « Je pense donc que le mot dégénéré, s’appliquant à un peuple, doit signifier et signifie que ce peuple n’a plus la valeur intrinsèque qu’autrefois il possédait, parce qu’il n’a plus dans ses veines le même sang, dont des alliages successifs ont graduellement modifié la valeur ; autrement dit, qu’avec le même nom, il n’a pas conservé la même race que ses fondateurs ; enfin, que l’homme de la décadence, celui qu’on appelle l’homme dégénéré, est un produit différent, au point de vue ethnique, du héros des grandes époques. »
L’écrivain Salluste est important à plusieurs titres. Primo, il fut le contemporain de la conjuration de Catilina, un noble romain ambitieux qui avec nombre de ses consorts de la noblesse décadente de Rome faillit renverser la république romaine et imposer la dictature. Salluste fut partisan de Jules César qui était devenu le dictateur auto-proclamé de Rome suite aux interminables guerres civiles qui avaient appauvri le fonds génétique de nombreux patriciens romains à Rome.
Nul doute que la crainte de l’Autre, qu’elle soit réelle ou factice, resserre les rangs d’un peuple, tout en fortifiant son homogénéité raciale et son identité culturelle. En revanche, il y a un effet négatif de la crainte des autres que l’on pouvait observer dans la Rome impériale et qu’on lit dans les écrits de Juvénal. Le sommet de l’amour des autres, ( l’ amor hostilis) ne se verra que vers la fin du XXème siècle en Europe multiculturelle. Suite à l’opulence matérielle et à la dictature du bien-être, accompagnées par la croyance à la fin de l’histoire véhiculée par les dogmes égalitaristes, on commence en Europe, peu à peu, à s’adapter aux mœurs et aux habitudes des Autres. Autrefois c’étaient Phéniciens, Juifs, Berbères, Numides, Parthes et Maghrébins et autres, combattus à l’époque romaine comme des ennemis héréditaires. Aujourd’hui, face aux nouveaux migrants non-européens, l’ancienne peur de l’Autre se manifeste chez les Blancs européens dans le mimétisme de l’altérité négative qui aboutit en règle générale à l’apprentissage du « déni de soi ». Ce déni de soi, on l’observe aujourd’hui dans la classe politique européenne et américaine à la recherche d’un ersatz pour son identité raciale blanche qui est aujourd’hui mal vue. A titre d’exemple cette nouvelle identité négative qu’on observe chez les gouvernants occidentaux modernes se manifeste par un dédoublement imitatif des mœurs des immigrés afro-asiatiques. On est également témoin de l’apprentissage de l’identité négative chez beaucoup de jeunes Blancs en train de mimer différents cultes non-européens. De plus, le renversement de la notion de « metus hostilis » en « amor hostilis » par les gouvernants européens actuels aboutit fatalement à la culture de la pénitence politique. Cette manie nationale-masochiste est surtout visible chez les actuels dirigeants allemands qui se lancent dans de grandes embrassades névrotiques avec des ressortissants afro-asiatiques et musulmans contre lesquels ils avaient mené des guerres meurtrières du VIIIe siècle dans l’Ouest européen et jusqu’au XVIIIe siècle dans l’Est européen.
Les lignes de Juvénal sont écrites en hexamètres dactyliques ce qui veut dire en gros un usage d’échanges rythmiques entre syllabes brèves ou longues qui fournissent à chacune de ses satires une tonalité dramatique et théâtrale qui était très à la mode chez les Anciens y compris chez Homère dans ses épopées. À l’hexamètre latin, le traducteur français a substitué les mètres syllabiques rimés qui ont fort bien capturé le sarcasme désabusé de l’original de Juvénal. On est tenté de qualifier Juvénal de Louis Ferdinand Céline de l‘Antiquité. Dans sa fameuse VIème satire, qui s’intitule Les Femmes, Juvénal décrit la prolifération de charlatans venus à Rome d’Asie et d’Orient et qui introduisent dans les mœurs romaines la mode de la zoophilie et de la pédophilie et d’autres vices. Le langage de Juvénal décrivant les perversions sexuelles importées à Rome par des nouveaux venues asiatiques et africains ferait même honte aux producteurs d’Hollywood aujourd’hui. Voici quelques-uns de ses vers traduits en français, de manière soignés car destinés aujourd’hui au grand public :

The book has given me a breakthrough in understanding why so many people who grew up under communism are unnerved by what’s going on in the West today, even if they can’t all articulate it beyond expressing intense but inchoate anxiety about political correctness. Reading 






1969 promovierte Sander bei Hans-Joachim Schoeps in Erlangen zum Dr. phil. Der Titel seiner Promotionsschrift lautete „Marxistische Ideologie und allgemeine Kunsttheorie“; Sander setzte sich hier insbesondere mit der Kunstkonzeption von Marx und Engels auseinander. Es war wohl insbesondere der Einfluß des Staatsrechtlers Carl Schmitt, mit dem er bis 1981 brieflich in Kontakt stand, der ihn in dieser Zeit mehr und mehr zu rechtskonservativen Auffassungen tendieren ließ. Von 1964–1974 arbeitete er für das Deutschland-Archiv. In dieser Zeit gestaltete er gelegentlich auch Rundfunkfeuilletons für öffentlich-rechtliche Sender. Sanders „Geschichte der Schönen Literatur in der DDR“ (1972) löste eine heftige Kampagne aus, in deren Folge der Verlag das Buch aus dem Vertrieb zog. Sander verlor nun zunehmend an publizistischem Spielraum. Alternativen fand er unter anderem bei Caspar von Schrenck-Notzings Zeitschrift Criticón.
Sander hat nie einen Hehl daraus gemacht, daß er die Bundesrepublik für nicht reformierbar hielt. Beide deutsche Staaten seien unter Kuratel der Besatzer entstanden, was unter anderem für eine Negativauslese im Hinblick auf die Eliten gesorgt habe. Dennoch sei nichts verloren: Die Deutschen bräuchten „sich nur innerlich aufzuraffen“, so Sander im „Nationalen Imperativ“, „um sich der brüchigen alten Zustände der Innen- und Außenpolitik zu entledigen, wieder auf die überlieferten, immer noch wirkenden Tugenden zu setzen und neue Formen und Ziele zu wagen, die in Richtung auf einen neuen Machtstaat, eine neue Großmacht drängen, die den Nachbarn durchaus zuzumuten wäre, weil durch nichts sonst das schutzbedürftige Europa noch gerettet werden kann.“ Diese Sätze können, in einer Zeit, in der Europa durch die Auswirkungen der „Flüchtlingskrise“ schutzbedürftiger denn je ist, durchaus als Vermächtnis Sanders nicht nur an die Deutschen gelesen werden. 


Influence ? Aujourd’hui, la notion est dans l'air du temps : opérations d'influence, communication d'influence, e-influence ou stratégie d'influence...
Au fil du temps, l'influence se pense dans divers contextes :
Ainsi, suivant les époques, il peut :