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lundi, 16 février 2009

La guerre oubliée de l'Amérique contre les banques centrales

La guerre oubliée de l’Amérique contre les banques centrales

Par Mike Hewitt, traduit par Régis Mex pour Mecanopolis / http://www.mecanopolis.org


« Laissez moi décider et contrôler la régulation de la masse monétaire d’une nation, et je me fiche de ce qui fait les lois. »

Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la dynastie de banquiers du même nom

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Beaucoup de personnalités notables américaines telles que Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, et Andrew Jackson se sont élevés contre le système des banques centrales utilisé à travers l’Europe et l’ont combattu.

Un billet issu d’une banque centrale, connu sous le nom de Billet de la Réserve Fédérale, est monnaie courante. Ces billets sont donnés au gouvernement en échange d’intérêts que ce même gouvernement devra rembourser sur la somme empruntée. La première chose qu’il advient généralement est que, pour rembourser ces mêmes intérêts, l’emprunteur demande davantage de créances, ce qui crée un cercle vicieux qui se termine finalement par la destruction totale de la valeur monétaire et la banqueroute de la nation. L’histoire se répète à de nombreuses reprises.

Ceci amène la question de savoir pourquoi un système si pervers existerait ? La raison est que pendant la procédure d’arrangement, qui peut durer des siècles, les banquiers centraux qui créent la monnaie amassent d’impressionnantes fortunes sur la large somme des intérêts collectés. Ce principe est, en essence, un transfert des biens de la majorité à une élite de quelques-uns. Les chefs de gouvernements préfèrent un tel système parce qu’il ne nécessite pas de budgets pour être équilibré. Il est bien plus politiquement pratique d’emprunter, pour ensuite taxer directement les citoyens.

Les effets d’une dévalorisation de la monnaie courante et de l’accumulation de la dette ne sont pas flagrantes, et d’après les mots attribués à Vladimir Lénine par John Maynard Keynes :

“Par un processus contenu d’inflation, les gouvernements peuvent confisquer, secrètement et de manière inobservée, une importante part des biens de leurs citoyens… Il n’y a pas de plus subtil, de plus sûrs moyens de détourner les bases existantes d’une société que la débauche de la stabilité monétaire. Le processus engage toutes les forces cachées des lois économiques du côté de la destruction, et le fait d’une manière que pas un homme sur un million n’est capable de diagnostiquer.” (John Maynard Keynes)

A travers l’histoire des États-Unis, il y a eu une bataille entre les banques centrales et leurs intérêts sur l’emprunt et ceux qui s’y sont opposés. Les États-Unis sont nés du résultat direct de ce combat. Lire la suite de La guerre oubliée de l’Amérique  contre les banques centrales

Par Mike Hewitt, Financial Sense University, traduit de l’anglais par Régis Mex pour Mecanopolis

 

Protectionnisme ou "Déglobalisation"?

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Protectionnisme ou « Déglobalisation » ?

Trouvé sur: http://www.polemia.com 

Que deviennent donc les grandes résolutions prises par le G20 réuni à Washington, le 15 novembre dernier, où les dirigeants des vingt principales puissances mondiales s’étaient engagés à s’abstenir « d’élever de nouvelles barrières aux investissements et au commerce des biens et des services » ? Ayant repris tous en chœur le mot d’ordre du moment, « Le protectionnisme : voilà l’ennemi » (1), où en sont-ils aujourd’hui ?

Au sein de l’Union européenne, la solidarité et la concertation résistent mal à l’ampleur des difficultés économiques que l’on ne mesurait pas dans les premières semaines de la crise et on s’achemine doucement mais sûrement vers le « chacun pour soi : « Chaque Etat est tenté d’agir en fonction de ses spécificités nationales », relève le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.

Sur le plan mondial, on constate le même repli sur soi.

Les Etats-Unis – A tout seigneur tout honneur – envisagent, par exemple, de réexaminer une disposition d'un vaste plan de relance économique protégeant les sidérurgistes nationaux contre les importations d'acier étranger. L'article, perdu dans un projet de près de 650 pages, interdit l'achat de fer ou d'acier étranger pour les projets d'infrastructures que financerait le plan. Par ailleurs, la nouvelle administration Obama s’interroge sur l’opportunité d’une nationalisation des banques.

En Chine, on a déjà assisté, durant les deux dernières années, à plusieurs conflits entre partenaires étrangers et chinois, comme ce fut le cas entre Danone et Wahaha. Récemment, c’est Alstom Transport qui a perdu le marché de la ligne à grande vitesse Pékin-Shanghaï au bénéfice exclusif de fournisseurs chinois. Il en est de même pour les télécommunications ou Coca-Cola ; ce dernier voit suspendre sa négociation engagée avec Huiyan Juice pour le rachat de la firme chinoise. Question : « La Chine va-t-elle favoriser ses champions nationaux en période de crise ? »

Alors, à l’épreuve de la crise, le libre-échange et la globalisation seraient-ils sur la sellette ? De Davos, où régnait un désarroi général, nous vient peut-être une réponse transmise par Frédéric Lemaître, rédacteur en chef du « Monde » (03/02/09) : « La mondialisation est devenue un handicap pour la reprise, et donc la croissance. » Est-ce un hasard si la presse anglo-saxonne parle déjà de « déglobalisation » ? Qu’en est-il ?
Polémia

 Le dilemme de la « déglobalisation »

Le terme est utilisé par Sean O’Grady dans « The Independent » de ce 31 janvier 2009 : « Deglobalisation: What is it ? And why Britain should be scared » (De quoi s’agit-il ? Et pourquoi la Grande-Bretagne devrait-elle avoir peur ?). Le terme désigne évidemment le mouvement inverse de la globalisation, actuellement en cours pour des raisons de protection, de prudence, de protection devant la violence de la crise. Cette situation peut être caractérisée également par la montée du protectionnisme. Mais l’emploi du mot, forgé pour l’occasion, de  « déglobalisation » implique de considérer ce renouveau de protectionnisme comme une mesure qui n’est pas seulement d’occasion, ni de simple réflexe, mais qui suggère un mouvement de mise en cause de la structure et de la philosophie de l’économie du monde, la crise elle-même suggérant cette attitude. Les Britanniques sont particulièrement concernés, et également préoccupés tant leur économie est fondamentalement orientée dans le sens de cette philosophie ainsi mise en péril, au niveau de sa structure même, dans tous les domaines de la vie  nationale.

« La Cité de Londres est un exemple flagrant de main-d’œuvre étrangère et de capitaux circulant librement et, jusqu’à récemment, elle était capable de générer une immense richesse. Mais d’autres services financiers et d’affaires, depuis l’assurance jusqu’à l’expertise, dépendent aussi de ces flux internationaux circulant librement.

« La quasi-totalité de notre fourniture en électricité et de nos services des eaux appartient à des entités allemandes, françaises ou à d’autres d’essence étrangère, un grand nombre de nos banques de la High Street sont entre les mains du groupe espagnol Santander et nos principaux constructeurs automobiles sont japonais, allemands, indiens et américains – et ils exportent 80 pour cent de leur production. Même la poste appartiendra pour moitié aux Hollandais. Il y a aussi Heathrow, un centre de transit international. Le tourisme et les industries créatrices, qui sont le secret de notre prospérité, sont les uns et les autres des affaires mondiales. Regardez aussi les maçons polonais et lituaniens, les arracheurs de pommes de terre, les chauffeurs de taxi nigériens et les infirmières sud-africaines, tous ont fourni un net profit à l’économie britannique. Leur contribution à la baisse du coût de la vie et au maintien de la Sécurité sociale est à peine remarquée et encore moins louée. Sans parler de l’apparition du poulet tikka masala devenu notre plat national. »

Si l’on en revient au protectionnisme, qui est le signe le plus apparent, le plus spectaculaire de la « déglobalisation », il faut savoir qu’il a d’ores et déjà une dimension politique et qu’il interfère d’ores et déjà sur les relations entre l’Europe et les USA de Barack Obama. A cause de cela, on commence déjà à s’interroger sur la réalité de cette énième « lune de miel » entre l’Europe et les USA (…), annoncée bruyamment avec le nouveau président, une grosse semaine après que ce président eut pris ses fonctions. La crise brouille toutes les cartes, et à son rythme, qui est étourdissant.

Les Britanniques, les plus proches des USA, les « cousins » anglo-saxons, sont à nouveau sur le front, cette fois dans l’attaque contre les USA, sur le point précis de la réintroduction d’une forme de « Buy American Act » dans la loi sur le plan de relance (ou stimulus plan) en train d’être discuté à Washington. Le « Business Secretary » (nous laissons le titre dans sa langue originale tant la  traduction en « ministre des Affaires » rend un son étrange) du gouvernement Brown, Lord Peter Mandelson, lance de Davos une critique violente contre Washington et les USA, rapportée par le « Times » de ce même 31 janvier.

« Se livrant à une attaque cinglante contre le plan, Lord Mandelson a déclaré que les projets nationaux consistant dans certains pays à inciter les consommateurs à acheter des produits fabriqués chez eux risquaient sérieusement de déclencher des affrontements dus au commerce protectionniste. “Je comprends pourquoi les gens désirent faire leur propre choix. C’est pourquoi, si on commence ces campagnes “Achetez américain”, ou “Achetez ceci”, ou “Achetez cela”, on court le risque que cela se traduise en de réels obstacles au commerce, ce qui est la dernière chose dont nous avons besoin en économie mondiale”, a-t-il ajouté. » (…)

« Lord Mandelson a condamné ce qu’il a qualifié de démarches protectionnistes naissantes engagées par certains gouvernements au sein de l’Union européenne des 27 nations. “Nous avons créé le marché unique pour soutenir une croissance économique et non pas pour commencer à s’en prendre les uns aux autres.” Toutefois, à Davos, lors d’un important déjeuner des chefs d’entreprise britanniques, il a souligné que la tendance était évidente, non pas seulement en Europe mais dans le monde entier : “Le commerce mondial s’engage cette année vers la régression pour la première fois depuis 1982. Je pense qu’il y a un risque réel que les gouvernements et les affaires voient dans le protectionnisme le remède nécessaire dans ces conditions-là mais pour ce qui concerne la guérison c’est aussi un poison”, a-t-il ajouté. “C’est la leçon que nous devons tirer des années 1930 – des erreurs que nous ne  devons pas réitérer au XXIe siècle”. »

« Lord Mandelson conforte l’avertissement déjà formulé par Gordon Brown au sujet de ce qu’il a appelé le “mercantilisme financier” – une nouvelle tendance des banques à retirer des marchés étrangers des milliards pour les injecter dans leurs bases nationales. »

Il est vrai qu’à Bruxelles, dans les différents milieux européens, la question de la renaissance du protectionnisme est désormais centrale. « A la Commission européenne, nous dit une source européenne, la perception de la crise continue à être étrangement cloisonnée, tant est grande la lourdeur de cette bureaucratie et développée son irresponsabilité politique. Mais la question du protectionnisme est celle par laquelle la grandeur de la crise est en train de pénétrer les esprits. Il y a une crainte immense, presque de la panique, de constater tous les signes de résurgence du protectionnisme, d’abord, bien sûr, aux USA… »

Cette préoccupation a un écho officiel, tel que le rapporte le « EUObserver » le 30 janvier, et cette préoccupation concerne effectivement l’attitude US, le « plan de stimulation » :

« L’Union européenne attend avec beaucoup d’attention de voir si une clause « Achetez américain », relative à l’acier, figurera dans la version finale du Plan de relance américain qui va être signée par Barack Obama, redoutant qu’elle n’affecte les exportations européennes. La clause, obligeant les entrepreneurs à utiliser uniquement de l’acier produit aux Etats-Unis pour leurs programmes de développement financés par le plan de relance de 825 milliards de dollars (630 milliards d’euros) proposé, est incluse dans une version qui a été approuvée par la Chambre des représentants le mercredi 28 janvier. Le Sénat débat du projet de loi en ce moment.

« Lors d’un point de presse de jeudi, le porte-parole, Peter Powel, a déclaré que le commissaire au commerce, Catherine Ashton, suivait de près l’évolution de la situation. “Nous sommes en train d’examiner la situation. … Avant d’avoir un texte définitif … il serait prématuré de prendre position”, a-t-il déclaré. “Mais la seule chose dont nous pouvons être absolument certains, c’est que si un projet de loi est voté qui interdirait la vente ou l’achat de marchandises européennes sur le territoire américain, nous ne resterons pas là à ne rien faire et nous n’en tiendrons aucun compte”, a-t-il pousuivi. »

« Selon la proposition actuelle, l’acier étranger ne pourra être utilisé pour les projets d’infrastructure financés par le plan de relance que dans le cas où le chef du département fédéral décide que l’emploi du seul acier américain augmenterait les coûts de plus de 25%. »

Enfin, et pour compléter notre choix de références, le site « WSWS.org » publiait hier une analyse générale de la situation du domaine, selon  l’appréciation d’une montée générale du « nationalisme économique ». Comme toujours sur ce site, l’analyse bien informée, exposée d’une façon  didactique, comporte également, au niveau du jugement général, les engagements idéologiques qui, dans de telles situations, se rapprochent de l’enfermement du jugement. Il s’agit de condamner aussi bien cette sorte de « nationalisme », évidemment interprété comme une action des classes dominantes nationales, que la structure de libre-échange mise en cause, qui renvoie à la globalisation hyper-capitalistique. Contentons-nous du passage sur l’évolution de la situation US qui est, en l’occurrence, le point central de la question.

La nouvelle administration Obama a encouragé la marée montante du protectionnisme avec les commentaires, la semaine dernière, du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, qui accusait la Chine de jouer avec ses devises pour développer ses exportations. Traiter Pékin de « manipulateur de monnaie » permettrait à la Maison Blanche de faire appel contre la Chine à une large gamme de taxes douanières dissuasives et autres pénalités économiques selon la législation commerciale américaine. »

Les démocrates de la Chambre des représentants sont allés plu loin en incluant mercredi une clause « Achetez américain » dans le plan d’ensemble de relance d’Obama et de ses 825 milliards de dollars approuvé mercredi. La clause, qui exige que les projets d’infrastructure financés par le paquet  n’utilisent que du fer et de l’acier fabriqués aux Etats-Unis, a provoqué des protestations de la part des sidérurgistes européens. Le sénateur démocrate Byron Dorgan propose une plus large mesure visant à exclure le plus grand nombre de produits manufacturés fabriqués à l’étranger au moment où le plan parviendra au sénat (2). »

« De telles mesures menacent de provoquer une escalade de représailles et une guerre du commerce à grande échelle. Dans la revue américaine “Foreign Policy”, un commentateur mettait en garde contre le fait que le “langage explicitement protectionniste” exprimé dans le plan serait “certainement ressenti  comme un mauvais signe par le reste du monde”. Le monde peut traiter avec une Inde ou une Indonésie protectionnistes. Les échanges commerciaux rencontreront  beaucoup plus de problèmes si les Etats-Unis se mettent à renoncer à leur rôle traditionnel de leadership.” »

Les deux mots pour le dire

Il y a un faux affrontement intéressant de mots par ailleurs presque synonymes. S’agit-il de « protectionnisme » ou s’agit-il de « déglobalisation »? C’est une question qui mérite qu’on s’y arrête pour ce qu’elle recouvre – c’est même, en l’occurrence, la seule question qui vaille qu’on s’y arrête.

En général, le procès du protectionnisme est vite fait, d’autant qu’on retrouve dans le rôle du procureur aussi bien les hyper-libéraux à-la-Mandelson que les internationalistes trotskystes. Tout juste se demanderait-on si les jugements ne sont pas de circonstance ; le Royaume-Uni (où se recrutent ces chevaliers du libre-échangisme) ne se priva jamais d’être protectionniste, y compris avec un « grand marché » étendu au Commonwealth, lorsqu’il avait quelque chose à « protéger » ; aujourd’hui, on connaît sa situation… Par conséquent, on réservera une certaine méfiance vis-à-vis des sorties antiprotectionnistes de Mandelson et de Brown – dont, par ailleurs, l’intégrisme capitaliste n’est pas en cause, et pour le plus convaincant des propos (pour rappel, Brown, et non Blair, est désigné parmi les 25 coupables de la crise actuelle par le « Guardian »).

On notera également qu’on ferait bien de relire quelques classiques, pour rappeler, comme l’avait déterminé l’historien Lucien Romier en 1925 (« Qui sera le maître, Europe ou Amérique? »), que le protectionnisme n’est pas un concept qui s’expédie par quelques vitupérations. Romier distinguait le protectionnisme autarcique, établi par une nation pour développer d’une façon jugée en général déloyale sa puissance et prospérer sans interférences, ses caractéristiques la faisant se suffire à elle-même. L’exemple historique est celui des USA durant le « Gilded Age » (1865 jusqu’à la fin du XIXe siècle), époque paradoxalement du capitalisme le plus sauvage de l’histoire  économique, des grandes fortunes, d’un développement industriel tonitruant faisant accéder les USA au rang de grande puissance au début du XXe siècle. L’autre protectionnisme est le « protectionnisme défensif », établi pour protéger l’économie et la nation affaiblies pour telle ou telle cause (crise, défaite militaire, etc.), parce que l’urgence ne laisse souvent guère de choix. C’est le cas aujourd’hui, et c’est un cas bien plus difficile à trancher qu’il n’y paraît, dans les circonstances actuelles. Le problème est en effet que le protectionnisme est vigoureusement condamné au nom de la survivance – ne parlons pas de « renaissance » – d’un système dont il est avéré par ailleurs qu’il a provoqué la crise où nous nous trouvons, par conséquent cause indirecte mais avérée de cette poussée protectionniste…

C’est à ce point où nous passons à la problématique des « deux mots ». S’agit-il aujourd’hui de « protectionnisme » ou de « déglobalisation » ? « Les deux, mon colonel », répond l’expert, finaud. Ce n’est pas faux, on l’a vu, et c’est un dilemme, qui se reflète d’ailleurs dans l’embarras de certains critiques du protectionnisme qui admettent par ailleurs « comprendre » le mouvement de déglobalisation. C’est le cas lorsque Pascal Lamy, qui dirige l’OMC, dit à Davos : « Il est naturel qu’il y ait dans une telle crise une grande demande de protection. Mais cela ne signifie pas qu’il devrait y avoir du protectionnisme » (« It is natural in such a crisis that there is a big call for protection. But that does not mean there should be protectionism »). Traduisons, mais traduisons vraiment, en fonction de la tournure un peu alambiquée, c’est-à-dire gênée aux entournures, des deux phrases : « Un peu de protection c’est naturel, le protectionnisme ce n’est pas bien. ». On se demande qui fera la différence entre « protection » et « protectionnisme », à part le « isme » qui  permet aux éditoriaux du « Financial Times » de paraître vertueux.

Il est vrai que la globalisation est ce mouvement déstructurant, prédateur des identités et des souverainetés, qui a très largement contribué à massacrer les particularismes économiques, les équilibres des nations et des régions, l’équilibre universel de l’environnement ; qui a très largement contribué à massacrer les cultures (dans les deux sens, après tout), les sociétés, etc. ; et ainsi de suite. De ce point de vue, qui est fondamental pour définir la crise, la déglobalisation, dans tous les cas, un peu ou pas mal de déglobalisation, se justifie sinon s’impose, notamment pour lutter contre la crise. Mais la globalisation ne « marche » qu’appuyée sur le libre-échange avec le moins de restriction possible, et pas de restriction si possible, et, par conséquent, le protectionnisme est son grand ennemi ; dito, le  protectionnisme, c’est par conséquent aussi la déglobalisation, – et le tout, si l’on accepte aussi que le protectionnisme est effectivement une menace d’aggravation de la crise, forme un dilemme entre deux appréciations et deux politiques éventuelles, entre lesquelles il est bien difficile de trancher puisqu'il se pourrait bien qu'elles soient semblables.

Au reste, personne ne tranchera. Les directions politiques sont aujourd’hui trop faibles, trop pressées par des menaces terribles, dont celle de troubles politiques devant la catastrophe sociale, pour pouvoir réagir comme il convient aux consignes du système. Le protectionnisme, dans cette atmosphère générale de déglobalisation, est quelque chose dont on voit mal comment il pourra ne pas se  développer, d’une façon ou l’autre, notamment sous le nom de déglobalisation. Les USA mènent la charge, eux qui sont spécialisés dans le domaine de la tromperie à cet égard, grands donneurs de leçons et dénonciateurs du protectionnisme, et mainteneur du protectionnisme chez eux par des moyens variés ; mais, cette fois, bien peu préoccupés du qu’en-dira-t-on, ne dissimulant pas leurs intentions, parce que la maison brûle. Dira-t-on (les puristes de la logique) qu’ils se tirent une balle dans le pied, eux qui ont lancé la globalisation, faux-nez pour l’américanisation ? Qui a dit que la cohérence intellectuelle était la caractéristique du monde civilisé dans les heures que nous  traversons, alors que ce ne fut même pas le cas lorsque tout allait bien ?

Encore une fois, la grande force des choses parlera pour nos élites, empêtrées dans leurs belles idées ornées de fortes pensées conformistes, leurs vanités diverses et leur inclination à prendre leurs intérêts pour le bien public. Nous dépendons d’une mécanique historique qui, elle, ne dépend pas de nous. Il est possible que cette mécanique, qui en a plus qu’assez de nos balourdises, ait choisi la déglobalisation, quitte à passer pour protectionniste.

Le dilemme de la « déglobalisation »

Faits et commentaires
31/01/09
www.dedefensa.org

Correspondance Polémia
05/02/09
(Trad. des citations de presse par RS pour Polémia)

Notes de la rédaction :

(1)   Voir http://www.polemia.com/article.php?id=1817

(2)   Selon une dépêche de l’AFP du 05/02/09 : « Le Sénat américain a assoupli une clause controversée “Buy American” (Achetez américain) du plan de relance économique, un plan dont l'adoption est par ailleurs retardée par l'opposition républicaine alors qu'il est attendu impatiemment par le reste du monde.

Les sénateurs ont voté à main levée pour changer la formulation du texte et stipuler que le plan de relance devra être conforme aux lois et traités commerciaux existants, c'est-à-dire les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). »

Correspondance Polémia

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Over barbarisme en beschaving

Over barbarisme en beschaving

http://www.n-sa.be/

Over barbarisme en beschavingDe Roemeense schrijver Cioran schreef in zijn Syllogismes de l’amertume dat Hitler gepoogd heeft de beschaving te redden door de barbarij. Een barbaarse poging, maar niettemin de laatste poging in het Westen volgens Cioran. Dat is allicht de reden waarom westerse beschaving en westerse waarden nu het ordewoord zijn van barbaren, die zich ervan bedienen voor politiek en ander gewin. Voor hen geldt: zij verkrachten de beschaving om de barbarij te redden. Nationalisten die zich dit beschavingsdenken eigengemaakt hebben, slaan de bal volledig mis. In de volgende tekst leggen we uit waarom.

Nationaliteit

Het beschavingsdenken herinnert niet meer aan grote namen als Evola, Huizinga, Leontiev of Spengler. De light-versie die nu in Europa opgeld maakt, is zelfs niet eens meer afkomstig uit Europa. Ze dient juist om Europa uit het geheugen van de Europese mensheid te wissen. Sinds de Tweede Wereldoorlog is er een zogenaamde Atlantische of Westerse waardegemeenschap tot stand gekomen. Het Amerikaanse leiderschap is evident, zoals een bekende collaborateur uit de Belgische politieke klasse het zou verwoorden. Dat Amerikaanse leiderschap heeft echter steeds nood aan een vijandbeeld om de heerschappij over “zijn” Westen te bewaren. Door dit vijandbeeld over te nemen trappen vele nationalisten in de val. Ze gaan lijnrecht in tegen wat de kern zou moeten zijn van hun politieke denken en handelen: het begrip nationaliteit. Dat wil zeggen: het behoren tot een (staats)volk. Zo had elke nationalist toch moeten beseffen tijdens de Koude Oorlog dat een “internationaal communisme” een mythe was? De nationaliteit maakte een Russische communist als vanzelf verschillend van een Chinese communist. Albanese, Joegoslavische en Roemeense communisten hebben zich met succes ontworsteld aan het pan-Russische nationalisme dat schuilging achter de officiële ideologie van de USSR. Cambodjaanse en Vietnamese communisten – buurvolkeren! – hebben zelfs de wapens tegen elkaar opgenomen. Het vijandbeeld van een internationaal communisme – het “rode gevaar” – diende vooral het Amerikaanse leiderschap. Want zoals socioloog James Burnham het stelde: “Wie kan na het beluisteren van een Amerikaans radioprogramma een rilling onderdrukken als hij bedenkt dat de enige manier om aan het communisme te ontsnappen is door Amerikaans te worden?”

Traditie

Hetzelfde geldt vandaag ook met betrekking tot de universalistische aspiraties van de meeste wereldreligies. Opnieuw bewijst het onvervalste nationalisme hier de gedegenheid van zijn analyse. We willen religie niet herleiden tot nationaliteit, want dat zou getuigen van een reductionisme en simplisme dat we precies onze tegenstanders verwijten. Dus kunnen we stellen dat de nationaliteit maakt dat een Marokkaanse moslim altijd zal verschillen van een Turkse moslim, dat een Afrikaanse katholiek altijd zal verschillen van een Europese katholiek, enz. Naast nationaliteit kunnen we een tweede element aan onze analyse toevoegen: traditie. Dat wil zeggen: de voorouderlijke overlevering. We moeten daarbij een onderscheid maken tussen moderne en traditionele religies. Traditionele religies erkennen – zoals de naam het aangeeft – naast de (geopenbaarde) heilige boeken ook de traditie als bron van het geloof. Moderne religies verwerpen die traditie, omdat ze die “heidens” vinden. Het protestantse christendom is in die zin dus net zo “modern” als de wahabitische islam. Ook deze moderne belijdenissen moeten echter weer contextueel – in plaats van tekstueel – worden benaderd. Wie deze twee uitgangspunten – nationaliteit en traditie – verloochent, kan niet als nationalist over beschaving of religie of gewoon de wereld spreken.

Strategie

“Beschaving” is de nieuwe sirenenzang van de Amerikaanse strategen. Het is een containerbegrip geworden waarmee de meest uiteenlopende politieke strekkingen kunnen worden gemobiliseerd voor Amerikaanse oorlogen. Voor elke politieke kapel zijn wel redenen te bedenken: oorlog voor de vrede, oorlog voor de vrijheid, oorlog voor de mensenrechten, oorlog voor de democratie, enz. Sinds het einde van de Koude Oorlog hebben de Amerikaanse strategen een nieuwe grondslag gezocht om orde uit de chaos te scheppen. Voor de Amerikaanse strategen moet het Westen de tanende wereldmacht van de VS compenseren. Het Amerikaanse imperium heeft steeds een vijandbeeld nodig. De psychologische oorlogsvoering komt daarbij altijd op hetzelfde neer: de VS zijn de enige verdediging tegen een wereldwijd gevaar. De meest diverse tegenstanders of afvalligen van het imperium worden gebrandmerkt als een “nieuwe Hitler”. Door tegenstanders tot het absolute kwaad te herleiden is ook bij voorbaat elk diplomatiek vergelijk met hen uitgesloten. Ze moeten dus vernietigd worden en liefst zo grondig mogelijk. Denk aan de houding van Israël ten opzichte van Hamas. Deze kruisvaarderretoriek beperkt zich zeker niet tot rechtse pantoffelhelden. Na het wegebben van het oppervlakkige antiamerikanisme onder Bush zullen de linkse haviken ongetwijfeld terugkeren. Vergezocht? Met Obama is ene Brzezinski terug van weggeweest en die laatste heeft Poetin al als “nieuwe Hitler” gebrandmerkt. Het valt dus te verwachten dat het idealisme van de neocons zal moeten wedijveren met het realisme van Brzezinski. Wie zal een “Democratische” oorlog tegen een “Nieuwe Hitler” stoppen? Toch niet de antifascisten? Het doel en het gevolg van al deze kruisvaarderretoriek is dat Europa zal vervreemden van Azië en van alle bondgenoten die het nodig kan hebben om zich van het imperium te bevrijden. Als het de VS zelf goed uitkomt, nemen ze echter een loopje met hun zelfbedachte vijandbeeld van het “groene gevaar”. Denk aan hun steun aan het Kosovaarse en Tsjetsjeense separatisme als pasmunt voor hun eigen steun aan Israël en als pro-Amerikaans bolwerk op strategische punten. Niets nieuws onder de zon. Het farizeïsme van de Amerikaanse strategen heeft hen nooit belet zaken te doen met hun ergste vijanden. Tijdens de Tweede Wereldoorlog noch tijdens de Koude Oorlog en nu evenmin. Want Napoleon wist het al: “Voor Engeland is alles handel. Dus waarom ook niet de vrijheid?”  

Besluit: bevrijdingsnationalisme

De vijandbeelden die de Amerikaanse strategen ons voorhouden, bestendigen onze onderworpenheid aan het Westen en dus aan het Amerikaanse imperium. De vijanden van het Westen zijn niet noodzakelijk onze vijanden, want het Westen is een ideologisch en strategisch concept van vreemde heren. Vereenzelviging met het Westen is vergelijkbaar met het Stockholm-syndroom, waarbij de gegijzelde zich vereenzelvigt met de gijzelaar. Het druist in tegen ons bevrijdingsnationalisme. Het Westen staat niet voor een beschaving, maar voor een groepshegemonie van volksvreemde, volksvijandige liberaalkapitalistische regimes. Het Westen – niet zijn vijanden – is uit op de wereldheerschappij. Verwestersing is globalisering en veramerikanisering. Die wereldheerschappij is al werkelijkheid, zoals de omvang van de financiële crisis nogmaals bewijst. De hele naoorlogse internationale financiële architectuur is immers zo uitgedacht dat de lusten ervan steevast voor de VS zijn en de lasten voor de rest van de wereld. Revolutionaire bevrijdingsnationalisten hebben altijd gestreefd naar internationale bondgenootschappen tegen het Westen. Westersgezinde burgerlijke nationalisten verraden het revolutionaire potentieel dat onze ordewoorden, nationaliteit en traditie, overal ter wereld bieden. Voor de barbaren die in het kosmopolitische, liberaalkapitalistische Westen de beschaving voor het eigen volk ontwaren en die van deze tekst allicht toch alleen maar het begin en het einde gelezen hebben, herhalen wij de beroemde woorden van Clémenceau: “Amerika is het enige land dat op miraculeuze wijze de stap van barbarij naar decadentie heeft gezet, zonder het gebruikelijke intermezzo van beschaving”.


Dakar

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Spengler e la Russia

Spengler e la Russia

ex: http://augustomovimento.blogspot.com



Tra le pagine più interessanti di Spengler (sopra in foto), vi sono proprio quelle dedicate alla Russia, in virtù della sue previsioni, inaspettatamente (all’epoca) confermate dai fatti attuali.

Egli ne parla diffusamente in Prussianesimo e socialismo (cap. 23), ne Il tramonto dell’Occidente (II.iii.2 e 16) e nel saggio Il doppio volto della Russia e i problemi della Germania a Est (in Forme della Politica Mondiale, Ar, 1994). Su Spengler in Russia è pesata l’opinione negativa di Lenin che l’ha cancellato dalla riflessione filosofica sovietica, ma già allora vi furono i primi attenti interpreti: dal sociologo Georges Gurvitch al mistico Nikolai Berdiaev, per non parlare delle opere dei filosofi ottocenteschi Nikolai Danilevsky e Konstantin Leontiev che ne anticipavano il modello ciclico di storia. Negli ultimi vent’anni la riflessione su Spengler è ripresa, anche grazie all’interesse riscosso presso i movimenti eurasiatico e nazionalbolscevico.

La Russia è considerata come una civiltà ancora in gestazione («La natura dei russi è la promessa di una Kultur a venire, mentre le ombre della sera si fanno sempre più lunghe sull’Occidente»), radicalmente diversa dall’Occidente, ed erede piuttosto, attraverso Bisanzio della civiltà araba, ‘magica’, per il suo innato misticismo che unisce a un certo senso dell’infinito, analogo a quello faustiano eppure più tellurico: un’anima da “uomo delle pianure” insomma, un’anima che un occidentale non può capire. Sempre per analogia, Spengler fa il paragone tra il rapporto fra Zivilisation classica e Kultur araba, e il rapporto tra Zivilisation occidentale e Kultur russa. In entrambi i casi, si verifica una “pseudomorfosi”: la Zivilisation decadente impone le proprie forme avanzate e senescenti alla giovane Kultur in fieri, soffocandone in parte lo sviluppo e imprimendole un aspetto non suo. Era stato il caso dell’Impero Romano d’Oriente apparentemente erede di Roma e della Grecia classica, ma in realtà strettamente affine ad arabi, ebrei, siriani, armeni, nestoriani, ecc.

Così è anche il caso della Russia odierna (intendendo con questa formula l’intero Impero Zarista, estendendosi fino ai Balcani e alla Turchia, con Bisanzio come nuova Gerusalemme), che ha subìto due tentativi di occidentalizzazione, dapprima con Pietro il Grande (petrinismo) e poi con Lenin (bolscevismo). Questi tentativi però toccano solo la superficie dell’anima russa, e, anzi, aumentano l’odio dei Russi nei confronti dell’Occidente, un odio simile a quello degli zeloti per Roma. Il suo destino sarebbe quello di collidere con l’Occidente, come era già successo con le guerre tra la Russia e la Francia (Guerre Napoleoniche), l’Austria-Ungheria (Prima Guerra Mondiale), e avverrà contro la Germania (Seconda Guerra Mondiale).

Lo stesso bolscevismo avrebbe il ruolo di spazzare via il petrinismo e poi consumarsi da solo per lasciare spazio alla genuina anima russa. «Premuto dagli istinti della Russia sotterranea contro l’Occidente, il bolscevismo, che aveva assunto inizialmente i tratti del petrinismo, verrà a sua volta cancellato come ultimo prodotto di questo stesso petrinismo, per completare la liberazione interna dall’ “Europa”». Si annuncia così la nascita della Kultur russa, contraddistinta da un terzo cristianesimo (dopo il cristianesimo magico delle origini e il cattolicesimo-protestantesimo faustiano), da un dominio spirituale delle campagne sulla città e da un grande afflato religioso; di tutto questo, categorie occidentali come il panslavismo sono solo la punta di un iceberg.

Questo fu scritto 80 anni prima del crollo dell’Unione Sovietica (e del bolscevismo). Adesso le previsioni di Spengler si sono avverate: la Russia riemerge dal caos della caduta dell’URSS, con una sua nuova forza e un più forte carattere nazionale, autenticamente slavo, riscoprendo la fede ortodossa, riaffermandosi come potenza e muovendo i primi passi verso un impero eurasiatico, guarda a caso proprio nei Balcani (verso la Serbia e il Kosovo) e nel Caucaso (verso l’Abcasia e l’Ossezia), scontrandosi con la potenza occidentale egemone (gli Stati Uniti). Per questo motivo, non siano frettolosi gli esegeti di Spengler nel riconoscere Putin (in foto) come uno dei Cesari dell’Occidente al tramonto: potrebbe essere un Barbarossa o un Giustiniano della nuova Russia che avanza.

Le théâtre futuriste

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

 

Le théâtre futuriste


Es gibt keinen Hund. Das futuristische Theater. 61 theatralische Synthesen von F.T. Marinetti und Cangiullo, Soggetti, Settimelli, Carli, Boccioni, Buzzi, Balla, Depero, Dessy, Rognoni, Vasari, Nanetti, Janelli, Folgore, Corra, Ginna, Chiti, Calderone, Govoni, Aschieri, Pratella, Fillia und 4 Manifeste, aus dem Italienischen übersetzt und herausgegeben von Brigitte LANDES, München, edition text + kritik, 1989, 223 S., DM 42, ISBN 3-88377-304-2.


Tenant compte du regain d'intérêt pour les futurismes, pour leur revendication d'une «fusion de l'art et de la vie», c'est-à-dire pour l'inclusion dans la sphère artis­tique de la technique, de la vitesse, des bruits de mo­teur, de la dynamique, une romaniste allemande, Bri­gitte Landes, a cru bon d'explorer le lieu par excel­lence des provocations futuristes, le théâtre. Ce théâtre de scènes courtes, de variété, qui finissait toujours en bagarres, avec l'arrivée de la police pour vider les lieux. La couleur, Marinetti l'avait déjà annoncée dès son manifeste du 11 janvier 1911: il faut mépriser le public des premières, ces bourgeois coincés qui arri­vent comme un troupeau pour exhiber leurs femelles coiffées de nouveaux chapeaux. Pour échapper à la banalité, les acteurs doivent être animés du désir de se faire siffler: injures, sifflets, tomates indiquent claire­ment que la pièce n'est pas du rabâchage (B. Landes, pp. 7 à 9). En 1913, Marinetti, dans un nouveau mani­feste, fait l'apologie du théâtre de Variété (cf. B. Landes, pp. 153 à 161) parce que la Variété est sans traditions ni dogmes, purement actuelle. Elle est anti-académique, primitive et naïve. Elle détruit la fausseté festive, le pseudo-sacré, le sérieux ampoulé et le su­blime de carton-pâte. Une nouvelle phase du théâtre futuriste commence en janvier 1915, par un nouveau manifeste co-signé par Marinetti, Corra et Settimelli: c'est le théâtre futuriste et synthétique. Ce manifeste commence par un constat: le théâtre est le mode d'expression culturelle le plus prisé des Italiens. Pour neuf Italiens qui vont au théâtre, un seul lit des bou­quins: il faut donc que le futurisme s'infiltre dans la société par le biais du théâtre. Ce théâtre subversif doit être synthétique, soit excessivement court. D'une du­rée de quelques minutes à peine. Ce que ne compren­nent pas les innovateurs de l'art dramatique de l'époque tels Ibsen, Maeterlinck, Andreïev, Claudel, Shaw. Ce théâtre, ensuite, doit être a-technique, c'est-à-dire rejeter les techniques traditionnelles qui ont conduit l'art dramatique dans la fange du pédantisme et de l'abêtissement. Ce théâtre doit être dynamique et simultané, naître de l'improvisation, de l'intuition qui jaillit comme l'éclair, de l'actualité riche en décou­vertes. Ce théâtre doit être autonome, a-logique et ir­réel, ne rien avoir de commun avec la photographie. En conclusion, ce manifeste de janvier 1915, demande qu'un lien s'établisse enfin entre les acteurs et les spectateurs, inaugurant ainsi les modes d'expression théâtrale contemporains.


En 1921, nouveau manifeste du théâtre futuriste de Rodolfo De Angelis avec la collaboration de Marinetti, Cangiullo, Corra, Carli, Settimelli, Prampolini, De­pero, Tato, Casavola, Mix, Bragaglia, Scrivo, Bella­nova. C'est le théâtre futuriste de la surprise, pré­voyant la farce provocatrice dans la salle: vente d'une même place à plusieurs personnes pour provoquer al­garades, injures, gifles et bagarres; badigeonnage de sièges avec de la glu pour ajouter à la pièce proprement dite le spectacle de la fureur d'un bourgeois; les mauvaises places coûtent cher, les bonnes places sont bradées pour presque rien. La provocation et l'in­ter­pellation des spectacteurs y atteignent leur comble.


Brigitte Landes complète ces quatre manifestes d'une anthologie de pièces futuristes.


Robert Steuckers.

 

dimanche, 15 février 2009

Pourquoi N. Sarközy veut que la France réintègre le commandement de l'OTAN

Pourquoi Nicolas Sarkozy veut que la France réintègre le commandement de l’OTAN

Le Général de Gaulle se retourne dans sa tombe. 43 ans après sa décision de retirer Paris du commandement militaire intégré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN, créée en 1949, 22.000 employés et 60.000 militaires permanents), son dangereux successeur à l’Elysée multiplie les déclarations (1) pour que la France y reprenne désormais “toute sa place”.

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“Toute sa place” est une formule qui, dans l’approche de Nicolas Sarkozy, signifie clairement un engagement sans réserve aux côtés des Etats-Unis. Fidèle à sa méthode autocratique du “J’écoute mais je ne tiens pas compte”, il fait fi des voix de plus en plus nombreuses qui s’opposent à sa décision (2) et fait dire qu’il n’y aura ni référendum ni même de vote au Parlement sur la question. Il entend bien concrétiser seul son choix stratégique et balayer d’un coup d’un seul un demi-siècle de politique étrangère et d’indépendance française dès les 3 et 4 avril prochain, lors des cérémonies du 60e anniversaire de l’OTAN à Strasbourg et Kehl.

Histoire de confirmer sa volonté d’intégrer la France dans les hautes sphères politico-militaires de l’OTAN, Nicolas Sarkozy a d’ores et déjà pris l’année dernière deux initiatives très applaudies par son ami George W. Bush. Un, il a doublé la présence militaire française en Afghanistan en envoyant un millier de soldats combattre avec les américains contre les Taliban, alors que chacun sait que cette guerre est déjà perdue et que l’enlisement des troupes y est assuré (le nombre de soldats français morts sur le terrain depuis est déjà suffisamment éloquent). Deux, il a soutenu activement le projet de déployer un bouclier antimissile américain en Europe centrale, quitte à braquer sérieusement la Russie (Heureusement Barack Obama semble être en train de déminer cette énième provocation bushiste aux relents de Guerre froide). La récente volonté affichée de rapprocher Paris et Londres, principal allié des Etats-Unis dans ses guerres en Irak et en Afghanistan, est également un signe plus discret, mais tout aussi fort, d’allégeance à Washington. Seule contrariété pour le néo-conservateur de l’Elysée, ce n’est plus son ami fauteur de guerres George W. Bush qui est au pouvoir, mais Barack Obama, à l’évidence moins enclin à semer la terreur partout dans le monde au nom de la lutte anti-terroriste.

Cette rupture dans la politique d’indépendance de la France se drape bien entendu d’arguments à usage médiatique du type “Amis, alliés, mais non inconditionnels”, ou “nécessaire rénovation car nous ne sommes plus en 1966″, ou encore “La France ne perdra rien de sa souveraineté” (3). Nicolas Sarkozy dit vouloir développer avec l’OTAN une “Europe de la Défense efficace”. Depuis son élection, il ne cesse de répéter qu’une Europe de la Défense indépendante et l’ancrage atlantique sont les deux volets d’une même politique de sécurité. Mais quelle OTAN, pour quelle mission de défense européenne ? et la France a-t-elle quelque chose à gagner à réintégrer le commandement militaire de l’organisation, avec lequel elle coopère déjà très bien ? Elle fournit déjà 2.800 soldats pour l’occupation de l’Afghanistan, et maintient actuellement 36.000 soldats dans divers autres pays (Kosovo, Côte d’Ivoire, etc.).

Il est bien illusoire d’imaginer que les Etats-Unis donneront plus de place aux Européens et aux Français dans la nouvelle Alliance. Jaap De Hoop Scheffer a d’ailleurs bien précisé le 12 février 2009 à Paris que, si la France réintégrait le Commandement militaire intégré de l’Alliance atlantique, ce serait de toutes façons toujours à lui qu’il revenait “de gérer les choses au sein de l’OTAN, comme la position française au sein des structures de commandement, les généraux, etc”. Tout au plus les Etats-Unis accorderont-ils quelques commandements militaires sans importance à un ou deux généraux français — on parle vaguement d’un poste à Norfolk (Virginie, USA) ou à Lisbonne (Portugal) — sans que cela puisse réellement permettre à la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) de s’affirmer et de de peser significativement sur les décisions de l’OTAN. Dans tous les conflits (Afghanistan, Serbie, Kosovo, etc) où la France s’est retrouvée engagée aux côtés des militaires américains, ce sont systématiquement ces derniers qui décident et contrôlent de façon unilatérale toutes les opérations, en particulier les frappes, reléguant la France et les autres pays alliés au rang de simples exécutants. On ne les imagine guère se plier aux décisions des français dans l’avenir. Il n’est d’ailleurs pas inutile de rappeler que si de Gaulle est sorti de l’OTAN, c’est notamment parce qu’il demandait un directoire partagé de l’Organisation, ce que les Américains lui ont refusé. Et la suite a montré que la France, puissance moyenne disposant de l’arme nucléaire et d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, existait finalement plus à l’échelle mondiale en s’affirmant de façon autonome qu’en s’effaçant dans ce qu’il appelait le “machin” atlantiste.

Autre risque, la réintégration de Paris dans une OTAN qui sert de plus en plus de caution et de bras armé à l’impérialisme américain, sera sans nul doute perçu dans les grandes capitales du monde non-occidental comme un affaiblissement et un alignement sur les Etats-Unis, ce qui lui fera perdre le peu d’influence qui lui reste encore.

Quant à la “Voix de la France”, qui selon Nicolas Sarkozy deviendrait plus forte dans le concert des Nations si elle réintègre l’OTAN, elle semble jusqu’à présent avoir moins souffert des discours et des choix du Général de Gaulle — ou même de ceux de Jacques Chirac et Dominique de Villepin, par exemple en 2003 à l’ONU lors du refus de la France de suivre les Etats-Unis dans l’invasion de l’Irak — que ceux des “caniches” européens de George W. Bush (Tony Blair, José Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy, José-Maria Aznar,…).
Mais l’essentiel n’est pas là. Le projet de Nicolas Sarkozy, cet anti de Gaulle, ne consiste pas en un renforcement de la défense européenne, ou du moins pas pour lui donner plus de pouvoir et d’indépendance comme il le prétend. A travers ses choix diplomatiques et stratégiques il est à l’évidence tout à sa “vision” purement occidentaliste de la France et de l’Europe. Pour lui, la France doit s’affirmer “dans sa famille occidentale” et dans “les valeurs occidentales qui sont pour elle essentielles” (Discours de janvier 2008 devant le corps diplomatique français). Il partage avec son mentor George W. Bush une idéologie qui se fonde avant tout sur la défense d’une civilisation occidentale qui serait aujourd’hui attaquée par le monde islamiste. Lorsqu’il déclare faire en sorte que “Paris et l’ensemble des capitales occidentales parlent désormais toutes d’une seule voix”, c’est surtout pour défendre les causes occidentales que les discours et les aventures guerrières de Bush “contre l’Axe du Mal et la Barbarie” ont totalement galvaudées: la Démocratie, la Liberté, l’universalisme des Droits de l’Homme, la lutte contre le terrorisme. Comme George W. Bush et comme tous les néo-conservateurs islamophobes, Nicolas Sarkozy est dans une logique de guerre contre tout ce qui ne relève pas des “valeurs occidentales” judéo-chrétiennes, tant en matière d’économie que de politique et de religion. Il exècre et ne cesse de diaboliser les partis islamistes qualifiés de terroristes comme le Hezbollah ou le Hamas, n’imaginant pas que son propre occidentalisme est à l’Occident ce que le fondamentalisme islamiste est à l’Islam. Il est au plus près des cercles israélo-américains d’extrême-droite qui, afin de “garantir la paix et la sécurité”, prônent une domination occidentale du monde, quitte pour cela à passer à l’offensive et à se lancer dans une guerre de civilisation “globale”. Pour Nicolas Sarkozy il s’agit de défendre mais aussi désormais d’imposer par tous les moyens, et notamment par la guerre, un nouvel ordre occidental soi-disant “moral” (comprendre surtout “néo-libéral”) qui doit régner sur l’ensemble de la planète.

Cette idéologie d’autodéfense agressive se nourrissant du conflit avec l’islamisme autorise ainsi l’OTAN — qui à l’origine n’a qu’une mission de défense limitée aus territoires occidentaux — à aller porter la guerre aux confins de la planète pour défendre des intérêts géostratégiques essentiellement américains, quand ce n’est pas parfois purement israéliens, à titre d’une soi-disant “légitime défense” contre le terrorisme islamiste. De hauts stratèges et chefs d’état-major de l’OTAN planchent même actuellement sur de réjouissantes nouvelles options militaires. Ces docteurs Folamour réclament en effet le droit d’effectuer des frappes préventives, y compris avec l’arme nucléaire, sans autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU. Lorsque l’on connaît le désir insensé des Israéliens et de leurs amis américains — Même avec Barack Obama, il y a peu de chances que les Etats-Unis modifient leur politique de soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël — d’aller bombarder l’Iran, on imagine aisément à quoi la sainte alliance transatlantique risque bientôt de servir.

C’est avec cette “vision” guerrière et occidentaliste du monde, ruineuse et extrêmement dangereuse pour la France, que Nicolas Sarkozy entend jouer un rôle international. En infléchissant la doctrine militaire française pour mieux s’aligner sur la politique étrangère américaine, dont on connaît pourtant les errements et l’agressivité aussi inefficace que désastreuse, il commet une erreur diplomatique et stratégique majeure.

Noël Blandin, pour la République des Lettres

Notes
1) Annoncé dès la campagne électorale de 2007, ce projet sarkozyste n’a cessé d’être remis sur la table, tant par Nicolas Sarkozy que par Bernard Kouchner (Ministre des Addaires étrangères) et Hervé Morin (Ministre de la Défense) afin d’y “préparer l’opinion”, notamment pour le Président de la République à travers le Discours de janvier 2008 devant le corps diplomatique français, lors du Sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008 et la semaine dernière encore lors d’une conférence sur la sécurité à Munich.
2) Parmi les responsables politiques qui s’opposent à la décision autocratique de Nicolas Sarkozy, on note celles de François Bayrou pour qui la réintégration dans le commandement militaire de l’OTAN serait “une défaite pour la France” et un “un aller sans retour” [...] “En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité, une part de notre héritage, et nous l’abandonnons pour rien”. Il demande que le choix fait par le Général de Gaulle en 1966 “ne soit pas bradé et jeté aux orties”, ajoutant qu’un tel choix ne peut aujourd’hui être modifié “que par un référendum du peuple français”. Dans un entretien au Nouvel Observateur, François Bayrou précise sa pensée. Pour lui, en réintégrant l’OTAN, la France se range “aux yeux du monde” dans un “bloc occidental” [...] “euro-américain d’un côté, le reste du monde de l’autre. Ceci, pour la France et son histoire, son universalité, est un renoncement”. Il affirme que “ce que nous sommes en train de brader, ce n’est pas seulement notre passé mais aussi notre avenir, une partie du destin de la France et de l’Europe”. Pour le Parti Socialiste, qui demande un débat et un vote parlementaire sur la question, “Aucune explication recevable n’est apportée sur l’intérêt pour la France de ce retour” et les “conditions et contreparties de cette réintégration ne sont pas connues”. Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, estime que “La France doit garder son autonomie de décision” et que celle-ci “ne peut pas être prise par le président seul”. Les anciens ministres socialistes de la Défense Paul Quilès et Jean-Pierre Chevènement ont également publié des tribunes dans la presse pour exprimer leur rejet de cette décision “très dangereuse pour la sécurité de la France”. [...] “Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans des guerres qui ne sont pas les nôtres”, affirment-ils. “Si la France entre dans l’OTAN, il n’y a plus d’espoir de politique étrangère et de sécurité commune, plus d’Europe de la défense”, affirme également le socialiste Jean-Michel Boucheron. La réintégration “limiterait notre souveraineté et serait le signe d’un alignement sur l’administration américaine qui banaliserait la singularité de la France”, estiment pour sa part le Parti Communiste. Du côté de l’UMP, une partie des députés exprime aussi son opposition: Jacques Myard proteste contre ce “retour qui va lier les mains de la France et l’arrimer à un bloc monolithique occidental dirigé par les Etats-Unis” tandis que Lionnel Luca explique que “Pour un grand nombre de pays arabes, le fait que la France soit dans l’OTAN est un mauvais signal”. Jean-Pierre Grand regrette cet “arrimage plein et entier aux Etats-Unis”. “Il y a dans le monde entier des pays qui attendent de la France qu’elle demeure une transition, une passerelle, et qu’elle ne s’aligne pas sur les Etats-Unis”, renchérit Georges Tron. Le gaulliste ex-UMP Nicolas Dupont-Aignan s’engage lui dans une quasi campagne contre le projet et exige un débat parlementaire. Daniel Garrigue, député ex-UMP de la Dordogne, s’est de son côté fendu d’une tribune intitulé “Bonjour, messieurs les traîtres !”. Pour lui, “Rien ne justifie le retour de la France dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord et la remise en cause de l’un des rares consensus forts de notre pays — voulu en l’occurrence par le général de Gaulle avec la sortie de l’Otan en 1966 et confirmé par ses successeurs, y compris par le socialiste François Mitterrand. Nous y perdrons la considération que nous avions sur la scène internationale et particulièrement notre capacité à être entendus dans un certain nombre de conflits, notamment au Proche et au Moyen-Orient. [...] “Pour tous ceux qui croient en la France et en la construction de l’Europe, cette décision de rejoindre l’Otan qui n’a été ni concertée, ni discutée, ni approuvée par les Français ou par le Parlement, constitue bien une véritable trahison”. Alain Juppé, ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, renouvelle lui aussi ses critiques en demandant si la France n’était pas en train de “faire un marché de dupes en rentrant sans conditions” dans le commandement de l’OTAN. Mais le plus farouche opposant à Droite est l’ancien Premier Ministre Dominique de Villepin. Pour lui, la France “va se trouver rétrécie sur le plan diplomatique” et sera plus vulnérable au terrorisme. “Alors que le Sud est en train de s’affirmer, dans un monde qui est en train de basculer, faut-il donner le sentiment de se crisper sur une famille occidentale ?”, s’interroge-t-il. Comme François Bayrou, il estime que si la France avait été intégrée aux structures de commandement de l’OTAN en 2003, elle aurait été obligé de suivre les Etats-Unis de Geoorge W. Bush dans la guerre contre l’Irak.
3) Discours de Jaap De Hoop Scheffer, Secrétaire général de l’OTAN, devant les parlementaires français le 12 février 2009.

Réflexions sur l'idéal "perséide", sur les politiques de la dynastie Pahlavi, sur la révolution islamiste et la notion de "djallihiyya"

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Réflexions sur l'idéal "persédie", sur les politiques de la dynastie Pahlavi, sur la révolution islamiste et la notion de "djallihiyya"

Paris, Invalides, "Mémorial des Rois", 7 février 2009

Intervention de Robert Steuckers

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Monsieur le Président,

 

Nous ne nous connaissions pas et nous allons faire connaissance aujourd’hui. C’est par l’intermédiaire d’un texte que vous avez appris l’existence de nos travaux d’histoire et de géopolitique. Ce texte sur l’histoire et le destin de l’Iran a toutefois une genèse. Une genèse qu’il me paraît plus impérative de vous expliciter, avant de passer au vif du sujet, plutôt que de vous rappeller les grands moments d’une histoire iranienne que, somme toute, vous connaissez bien mieux  que moi.

 

Ce texte s’inscrit dans un itinéraire personnel et l’élément premier, certes le plus modeste, relève peut-être tout simplement d’une piété filiale, car mon père, homme simple, vouait une admiration à l’endroit de SMIR Mohammed Reza Pahlavi et de son oeuvre sociale, économique et politique.

 

Mais la raison qui poussera le jeune adulte que j’étais à respecter et à explorer le passé iranien me vient du peintre, poète et érudit Marc. Eemans, issu des milieux surréalistes bruxellois des années 20 et 30.

 

A cette époque, la Belgique connaissait un “Renouveau bourguignon”, avec les historiens Paul Colin, Luc Hommel et bien d’autres, qui entendaient renouer avec les “fastes de la Cour de Bourgogne” et avec l’âge d’or artistique, musical et chorégraphique (Elsa Darciel) du XV° siècle des Pays-Bas et du Luxembourg.

 

Cette volonté de retrouver l’âge d’or des Ducs de Bourgogne n’avait pas qu’une vocation artistique: elle posait également des objectifs politiques, dont:

1)       Le rappel, dans l’imaginaire des élites et des étudiants, des étapes de l’unification territoriale du “Cercle de Bourgogne” pour tenter de contrer, de manière anamorphique, toutes les forces centrifuges, qu’elles émanent du calvinisme hollandais, de l’imitation du républicanisme français dans les provinces romanes ou du nationalisme flamand plus récent.

 

2)       Le rappel de la vocation impériale et européenne (Drion du Chapois) des terres du “Cercle de Bourgogne”, à cette époque où les héritages bourguignon-bavarois de Philippe le Bon et Charles le Hardi, habsbourgeois de l’Empereur Maximilien I et aragonais-castillan de Ferdinand et Isabelle fusionneront par la politique dynastique des Ducs, Empereurs et Rois. C’est dans ce cadre grand-européen, sans limites territoriales trop exigües, que devait s’épanouir le génie des comtés et duchés du Cercle de Bourgogne.

 

3)       Cette fidélité au triple héritage bourguignon, habsbourgeois et aragonais-castillan a des implications géopolitiques bien évidentes: il faut ramener le Danube de ses sources à son embouchure dans le giron impérial romain, en dépit des défaites  de Nicopolis (1396; avec Jean sans Peur) et de Varna (1444); la maîtrise du bassin danubien dans sa totalité implique de déboucher dans la Mer Noire, dans cet espace pontique qui avait généré  le mythe des Argonautes et de la Toison d’Or, symbole de la chevalerie fondée par Philippe le Bon, une chevalerie qui doit tant, dans ses principes, aux traditions immémoriales de la Perse et de la religion de Zoroastre, dont on situait l’origine, à l’époque, au-delà de la Terre de Colchide.

Le retour à la Mer Noire, à la Terre de Colchide et à l’Orient sarmate ou perse avait pour corollaire stratégique de contrôler l’ensemble de la Méditerranée et surtout son bassin oriental, ce qui nous mènera, plus tard, à la demi-victoire de Lépante en 1571.

 

Dans le cadre de ce renouveau bourguignon, essentiellement artistique et esthétique pour le grand public, examinons le rôle de Marc. Eemans, né en 1905 à Termonde et féru, dès son adolescence, de toutes les avant-gardes provocatrices des trois premières décennies du XX° siècle. Marc. Eemans a vécu, intensément, comme tous les jeunes audacieux de son temps, les avènements successifs du futurisme, du dadaïsme, du surréalisme, du vorticisme anglo-saxon, avec leur cortège de provocations, pour arriver, jeune adulte, à davantage de discernement: on ne construit rien sur les sables mouvants de la provocation et de la polissonnerie; toute critique de l’établissement culturel dominant de l’Occident rationaliste et positiviste passe par un retour aux mythes et aux traditions. Ce fut l’option de quelques figures importantes du post-surréalisme. Quelques exemples: Henry Corbin, Roger Caillois, Jules Monnerot.

 

Marc. Eemans fonde, dans ce contexte, la revue “Hermès” qui paraîtra de 1933 à 1939, plus exactement jusqu’à la mobilisation générale des armées de septembre 1939, où 620.000 hommes revêteront l’uniforme. A l’époque secrétaire national au tourisme, il s’était penché sur l’étude des dimensions spirituelles se profilant derrière l’art religieux de nos pays; dans le cadre de ces activités, il découvre la tradition mystique médiévale de Flandre, de Brabant et de Rhénanie, dont “Hermès” explorera l’univers.

 

Le parallèle était évident entre ces traditions de l’Extrême Occident européen et l’oeuvre de votre grand mystique Sohrawardi, avec son culte de la Lumière que l’on retrouve tout autant dans l’architecture iranienne que dans l’architecture gothique. L’élan vers le Ciel, vers Ouranos et la Lumière divine, techniquement concrétisé dans les vitraux de nos cathédrales est une dimension commune, à l’Iran et à l’Europe, où jaillit et rejaillit la tradition persane et zoroastrienne.

 

Pendant la seconde guerre mondiale, Marc. Eemans participe, comme Félicien Marceau, à des émissions radiophoniques de nature culturelle, ce qui lui vaut d’être épuré dès 1944, en dépit de sa participation à des cercles ésotériques hostiles à la politique culturelle et artistique du III° Reich, cercles qui s’appelaient les “Perséides”: leur démarche s’inspirait directement de la mystique de Sohrawardi et du culte vieux-persan de la Lumière aurorale, seul capable de rendre à l’Europe une spiritualité originale et fidèle à ses plus lointaines racines indo-européennes.

 

Après la guerre, Marc. Eemans deviendra l’historien encyclopédiste des mouvements artistiques belges. Je ne pouvais omettre de parler devant vous de cette dette à l’endroit du Perséide Marc. Eemans.

 

J’ai connu Marc. Eemans en 1978, à l’époque où l’Iran connaissait les bouleversements qui le conduiront à devenir une “république islamique”. Nous étions dubitatifs devant ces événements que nous ne comprenions guère, n’étant pas du tout au fait des subtilités de la théologie islamique. Seuls les militants un peu hallucinés du “Parti Ouvrier Européen” ou “Europäische ArbeiterPartei”, téléguidé par Lyndon LaRouche depuis les Etats-Unis, dénonçaient les circuits de Khomeiny comme des réseaux au service de l’Intelligence Service et inscrivaient les bouleversements subis par l’Iran dans la stratégie asiatique de Zbignew Brzezinski. Personne ne les prenait au sérieux, et pourtant...

 

Pour nous, plus simplement, quelque chose de beau et de cohérent était en train de s’effriter, d’être brisé, réduit à néant et dispersé sous les vents cruels de l’histoire. Plus prosaïquement, nous lisions, médusés, les slogans idiots bombés par les alliés gauchistes de la révolution islamiste, sur les murailles sinistres de la Gare du Midi et ailleurs dans Bruxelles (“Chat’Iran – Chat-tyran”, etc.). D’autres prévoyaient, furieux, le ressac de l’industrie métallurgique wallonne, privée de ses débouchés iraniens. Ce que le boycot ordonné par Washington allait amplement confirmer.

 

Le Moyen Orient venait donc d’être plongé dans le chaos. Et les cercles politiques, toutes tendances et orientations confondues, s’enlisaient dans deux erreurs d’analyse majeures:

 

1)       Bon nombre d’observateurs, surtout à droite de l’échiquier politique, se mirent à croire, parce que le Toudeh communiste était partie prenante dans la “révolution”, que l’Iran tout entier allait basculer dans l’orbite de l’URSS qui avançait aussi ses pions en Afghanistan. La révolution, en dépit de son discours islamiste, ne camouflait, pensaient-ils, que l’ancienne volonté tsariste et stalinienne d’avoir accès, via l’Iran, aux mers chaudes et à l’Océan Indien.

 

2)       D’autres, viscéralement hostiles à la tutelle qu’exerçaient les Etats-Unis sur l’Europe et sur le reste du monde, se félicitaient que le nouveau pouvoir en place à Téhéran, était anti-américain, du moins en apparence. Leur raisonnement s’articulait comme suit: “Si les Etats-Unis occupent l’Europe et si nous manifestons contre le déploiement de missiles américains de type Pershing en Europe et, enfin, si nous applaudissons au renouveau du neutralisme en Allemagne Fédérale, alors nous devons nous réjouir de voir Washington confronté à un nouvel ennemi en Iran”. Le nouveau pouvoir à Téhéran est devenu ainsi le nouveau joujou idéologique  —pour paraphraser Rémy de Gourmont—  de toute une fraction intellectualiste intransigeante et aussi d’une bruyante “lunatic fringe” qui va des gauchismes de tous poils aux petits cénacles nationaux-révolutionnaires et à la “nouvelle droite” parisienne. Le “chiisme” dans ses variantes extrémistes et militantes, déduites de la révolution khomeyniste, fut ainsi perçu comme un levier capable de soulever l’ensemble du Moyen et du Proche Orient pour le libérer de la tutelle américaine. Résultat de cette hyper-simplification: un dualisme caricatural qui ne peut en aucun cas servir de mesure pour jauger correctement les relations internationales et les conflictualités locales ni même pour rendre compte d’un phénomène dans toutes ses complexités et nuances.

 

Ces deux modes de penser de travers, ces deux batteries de prises de position ont appelé de notre part des correctifs, au fil de nos interrogations et de nos lectures.

 

L’erreur qui consistait à percevoir la “révolution khomeyniste” comme une entreprise machiavélique et camouflée des Soviétiques, désireux de se tailler une fenêtre sur l’Océan Indien, était infirmée par les bons rapports que la diplomatie impériale iranienne entretenait avec l’URSS, sans aucun lien de vassalité et sans aucune concession à l’idéologie communiste. Par ailleurs, cette diplomatie impériale était inspirée par l’excellente notion stratégique de diversification, ce qui impliquait, concrètement, une diversification des rapports de dépendance et d’interdépendance, à l’instar de la politique gaullienne de Maurice Couve de Murville.

 

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S.M. le Shah avait développé une vision cohérente, harmonieuse et pacifique de la géopolitique de l’Océan Indien (cf. les travaux du géopolitologue Mohammed Reza Djalili), si bien qu’une diagonale eurasienne de paix aurait été possible, à terme, de l’Europe à l’Australie, avec le territoire iranien pour segment central, avec deux verrous seulement, que l’on pouvait aisément neutraliser par une diplomatie habile: la Turquie, pro-américaine, et l’Indonésie. Dans cet immense espace pacifié,centré autour du bloc avestique-védique, de l’Iran à l’Inde, la “Grande Civilisation”, rêvée par S.M. le Shah, aurait pu rayonner de ses mille feux.

 

Au regard de cette vision impériale, la géopolitique du chiisme (selon l’expression de François Thual) ne peut jouer le même rôle dans tout l’environnement géographique de l’Iran en tant que territoire, c’est-à-dire tout l’environnement centre-asiatique, indien, sunnite, arabe et turcophone du pays. Toutes les composantes de cet environnement peuvent admettre un apport authentiquement iranien dans leur héritage, mais pas nécessairement un apport chiite, comme le prouvent les inimitiés solides à l’endroit du chiisme qui subsistent au sein de l’univers religieux et politique sunnite et surtout wahhabitique.

 

La notion de “civilisation iranienne”, si clairement explicitée dans la “Réponse à l’histoire” de S.M. le Shah, s’avère finalement plus écouménique et fructueuse sur le long terme que le khomeynisme à coloration chiite. Plus récemment, la politologue française Laurence Louër a démontré, dans ses quelques ouvrages sur les réseaux chiites transnationaux, que ceux-ci, hors de l’Iran, obéissaient à des logiques fortes, le plus souvent locales, et, de ce fait, difficilement instrumentalisables dans une perspective impériale ou post-impériale irano-centrée. C’est partiellement le cas du Hezbollah et surtout du chiisme irakien, où la fraction Al-Dawa et les sadristes demeurent, ou du moins demeuraient jusqu’il y a peu, indépendants de toute influence iranienne déterminante.

 

En Irak, l’ASRII est demeurée pro-iranienne jusqu’en 2007, année où elle a opéré un virage vers des options plus nationales et plus autonomes par rapport à l’autorité religieuse d’Ali Khamenei.

 

L’élimination du pouvoir baathiste de Saddam Hussein, explique Laurence Louër, a certes été une aubaine pour l’Iran post-khomeyniste, qui voyait disparaître son ennemi mésopotamien: sans Saddam Hussein, le  pouvoir post-khomeyniste, que ce soit celui de Khatami, dit “modéré”, ou celui d’Ahmadinedjad, pouvait, en théorie, exercer une influence plus directe sur les communautés chiites extra-iraniennes mais, en dépit de quelques succès francs et évidents, cette influence demeure finalement plus fluctuante, moins assurée, qu’on aurait pu se l’imaginer.

 

Les inimitiés au sein du monde musulman lui-même pèsent très souvent plus lourd que les solidarités potentielles dont rêvaient les pan-islamistes anti-américains qui, en Occident, par tradition contestatrice, énonçaient leurs prophéties apocalyptiques en chambre ou en salon, à défaut d’avoir un impact sur le terrain.

 

La notion de “civilisation iranienne” et le grand dessein de S.M. le Shah pour tout l’espace riverain de l’Océan Indien, appuyé par une diplomatie classique, avait plus de chance de réussir à terme. Et d’ouvrir une ère de paix en Afghanistan, où l’Iran impérial s’apprêtait à offrir une aide au développement;

sur la frontière irako-iranienne où les accords d’Alger de 1975, portant sur le Chatt’El-Arab, avaient aplani bien des différends;

sur la frontière nord avec l’URSS grâce à des accords diplomatiques et économiques bilatéraux bien étayés;

avec la Turquie dans le cadre du CENTO et en souvenir de l’amitié entre S.M. impériale Reza Pahlavi et Mustafa Kemal Atatürk;

avec l’Egypte sunnite, liée à l’Iran par une amitié solide;

avec l’Arabie Saoudite du Roi Fayçal dans le cadre de l’OPEP.

 

La notion de “civilisation iranienne”, et celle de “Grande Civilisation”, induisaient une meilleure stratégie sur l’échiquier international, plus réaliste au sens de la Realpolitik traditionnelle, sans aucun ballast idéologique particulier, plutôt particulariste et donc inexportable. Les services américains et britanniques, qui se profilaient derrière la “révolution khomeyniste”, ont justement voulu éliminer ce facteur de paix et décapiter une armée et une marine qui auraient garanti un ordre régional et plus tard supra-régional dans le Golfe et au moins dans la partie occidentale de l’Océan Indien.

 

L’éradication de l’armée, et plus particulièrement de l’armée de l’air impériale iranienne, avait connu un précédent, en 1941, quand l’aviation britannique avait détruit la marine de S.M. Reza Pahlavi.

 

Washington a donc cherché à établir, entre la Méditerranée orientale et son allié pakistanais, un ordre géopolitique sans assises territoriales réelles, en tablant sur des affinités idéologiques entre le sionisme israélien et le biblisme protestant et puritain qui sous-tend la théologie politique américaine. Washington a donc privilégié une alliance idéologique plutôt que géopolitique, explique le politologue irano-américain Trita Parsi.

 

Israël constituait, pour les Etats-Unis, après 1956, un atout stratégique majeur: celui de disposer d’une armée efficace, structurée sur le binôme char d’assaut/chasseur bombardier (Centurion/MirageIII), à proximité du Canal de Suez pour dégager celui-ci au cas où Nasser, ou tout nouveau Nasser, le fermerait à la circulation maritime. L’Egypte est devenue, avec Sadate et Moubarak, une alliée des Etats-Unis mais le lien de Washington avec Israël est resté puissant, inébranlable. La concurrence majeure au Proche et au Moyen Orient est celle qui sévit entre Téhéran et Tel Aviv, selon Trita Parsi.

 

Dès le développement de la marine impériale iranienne et des capacités spécifiques de ses aéroglisseurs d’assaut, deux pôles de puissance se juxtaposaient dans l’espace du Proche et du Moyen Orient, et se concurrençaient pour obtenir le titre d’allié privilégié des Etats-Unis. Ce sont ces considérations-là qui prévalent aujourd’hui, en dépit des vicissitudes politiques et indépendamment des discours idéologiques ou religieux, des propagandes médiatiques. Il faut tout de même noter une différence de taille: au temps de la Guerre Froide et de l’existence de l’URSS et du Pacte de Varsovie, la concurrence entre Téhéran et Tel Aviv était moins virulente. Une fois que le grand croquemitaine soviétique s’est retrouvé, dès la fin des années 70, sur la pente du déclin économique et technologique, la concurrence est devenue plus vive, plus âpre. Avec, en filigrane, cette question lancinante: “Laquelle des deux  puissances aura la faveur des Etats-Unis dans un avenir plus ou moins proche?”.

 

Israël est demeuré le favori, vu les affinités idéologiques entre le puritanisme bibliste et un certain sionisme. Mais l’insignifiance, l’exigüité et la fragilité territoriales d’Israël permettent aisément de dire qu’un ordre régional reposant sur une base territoriale et démographique aussi ténue n’est guère tenable à long terme, surtout s’il n’y a plus d’ennemi égyptien ou irakien et si l’ennemi syrien peut être considéré comme quantité négligeable.

 

Pour consolider le projet américain de “Greater Middle East”, il faut un noyau territorial plus vaste et une masse démographique suffisante. Qui plus est, ce territoire et cette population doivent occuper une position centrale, au beau milieu de l’espace que l’on entend organiser et pacifier. Au beau milieu de ce “Greater Middle East”, il n’y a que l’Iran qui puisse tenir ce rôle. C’est exactement ce que disait S.M. le Shah quand elle parlait de l’espace de la “civilisation iranienne”. Le “Greater Middle East” dont rêvent les Américains, afin qu’il leur serve de débouché pour relancer leur économie, n’est rien d’autre qu’un espace qui, en toutes ses parties, à un moment ou à un autre de l’histoire de ces cinq ou six derniers millénaires, a reçu une empreinte, une détermination ou une influence iranienne.

 

Cependant, créer un “Greater Middle East” reviendrait à redonner à l’espace territorial iranien sa centralité impériale pluriséculaire, même après avoir écrasé un Iran islamiste comme le voudraient les faucons du Pentagone. Ensuite à restaurer l’aire de la “civilisation iranienne” qui ne peut accepter que des déterminations issues de sa propre matrice spirituelle, historique, linguistique et géographique.

 

La gestion d’une telle aire civilisationnelle implique justement une diplomatie différenciée, non idéologisée, axée sur le divers du réel proche et moyen-oriental, sur la diversification nécessaire, comme l’avaient préconisé les deux Shahs de la dynastie Pahlavi.

 

Richard Nixon était prêt à laisser l’Iran impérial jouer ce rôle de puissance régionale. Les démocrates qui lui ont succédé, après le Watergate, n’ont pas voulu cette solution et ont soutenu directement tous les adversaires idéologiques ou religieux du régime impérial, y compris les plus farfelus. Washington ne veut pas d’adjudant efficace: ni en Europe ni au Moyen Orient ni en Asie orientale. En dépit des propositions d’alliance irano-américaine, que formule aujourd’hui Robert Baer, dans l’espoir de dégager le contribuable américain de la charge très lourde que constitue le double budget de guerre pour l’Irak et pour l’Afghanistan. D’autant plus que le chaos persiste et s’amplifie dans les deux pays voisins de l’Iran, occupés par les Etats-Unis, l’OTAN et leurs alliés et supplétifs. Robert Baer rêve de voir une armée iranienne prendre le relais des Américains et de l’OTAN en Afghanistan et en Irak. Pour étoffer son plaidoyer, il n’évoque ni un impérialisme iranien dangereux à terme pour l’ensemble de la planète, comme l’ont décrit dans les médias et les faucons israéliens et les porte-paroles des cénacles néo-conservateurs. Ni un Iran devenu puissance nucléaire. Le ton est doux, suave et rationnel. Diamétralement différent du discours néo-conservateur d’Outre-Atlantique ou du discours des anciens mousquetaires de la “nouvelle philosophie”, ici, sur la place de Paris.

 

Mais n’est-ce pas pour enliser l’Iran dans une guerre qu’il n’a pas voulu? Une guerre que son dernier Empereur avait justement voulu éviter en signant les accords d’Alger avec l’Irak et en offrant au Roi Zaher Shah d’Afghanistan une aide fraternelle, ce qui a fait hurler les tenants sourcilleux de la vieille géopolitique anglo-saxonne d’Homer Lea qui ne veulent pas, n’ont jamais voulu, d’une présence iranienne en Afghanistan, ni en 1837 ni en 1857 ni dans les années 70 du XX°siècle. Le malheureux pays des Hazaras et des Pachtounes n’aurait alors connu ni la révolution communiste ni l’occupation soviétique ni le “low intensity warfare” des talibans ni l’invasion occidentale.

 

Les Etats-Unis ont voulu éliminer la politique régionale et la stratégie de diversification de S.M. le Shah. Dans la foulée, ils ont voulu bloquer sa politique d’indépendance énergétique par le développement du nucléaire et par sa participation à EURODIF, qui impliquait un tandem euro-iranien; de même, ils ont voulu briser la coopération entre l’Allemagne, la France, d’autres puissances européennes et l’Iran en tous domaines. Pour cela, ils ont créé les conditions qui ont mené à trente ans de gâchis, d’isolement, de boycot, de guerre, de ruine et de désolation.

 

Pour voir in fine ressurgir un Iran, certes affaibli, en deçà des potentialités que lui réservait la politique impériale, mais un Iran, qui, par le poids de l’histoire et de la géographie, reste, en dépit de toutes les avanies qu’il a subies, la puissance principale de la région; que l’on a le culot, aujourd’hui à Washington, de solliciter à nouveau comme allié, alors que l’on avait repoussé les timides ouvertures de Khatami et de son “dialogue des civilisations”, afin de couler sa politique et de faire accéder au pouvoir Ahmadinedjad, que l’on pouvait facilement diaboliser dans les médias afin de poursuivre la politique d’ostracisme à l’endroit de l’Iran, désormais encerclé par les armées américaines campées en Irak et en Afghanistan, sans compter les bases de l’Ouzbékistan et du Kirghizistan, à l’avenir mal assuré, il est vrai.

 

Une partie de l’établissement américain cherche désormais à renouer avec l’Iran pour éviter que son potentiel ne favorise les stratégies russes, tandis que l’Europe ne joue plus aucune politique “pro-active” dans la région la plus hautement stratégique de la planète.

 

La politique impériale de l’Iran avait le mérite, l’immense mérite, de la profondeur temporelle. Le recours à l’histoire pluri-millénaire de la région, depuis l’arrivée des Proto-Iraniens en Asie centrale puis sur les hauts plateaux de l’Iran actuel, était un atout politique extraordinaire, celui que procure en toutes choses la longue mémoire. Elle confère à l’intelligence politique les vertus de la stabilité, de la tempérance, selon le principe zoroastrien qu’il faut avoir de bonnes pensées, dire de bonnes paroles et mener de bonnes actions, exactement comme tout catholique se marque le front, les lèvres et la poitrine d’une croix avant d’écouter l’Evangile dominical. Un rite hérité de la tradition perse!

 

Délibérément, ce pari pour la plus longue mémoire se heurtait à la notion de “jahilliya” chez les islamistes et les wahhabites, pour laquelle toute l’histoire pré-islamique relève d’un “âge d’ignorance”, indigne de l’attention du croyant. L’islamisme n’est certes pas la seule force politique en ce monde à considérer le passé comme obscur et dépourvu de valeur ou d’intérêt. Le républicanisme français ou l’idéologie américaine ont la nette tendance à juger inférieur tout ce qui a précédé 1789 ou 1776. Et à agir en zélote contre tous les vestiges politiques, juridiques ou institutionnels hérités des Anciens, avec cette acribie du converti qu’observe Naipaul, Prix Nobel de littérature, dans tous ses ouvrages sur la civilisation indienne et sa périphérie, notamment indonésienne, contrecarrée dans son élan par l’islamisation qui provoque une cassure et un malaise, qui ne guérit jamais.

 

L’histoire iranienne et l’oeuvre de la dynastie Pahlavi nous rappellent que tout passé, de gloire ou de misère, de splendeur ou de désespoir, que tout passé aussi éloigné fût-il, oblige le souverain comme le soldat, le clerc comme le plus humble des sujets. Que cette notion d’obligation politique et historique descende sur nos têtes et en nos têtes, comme une Pentecôte qui nous donnerait la Kwarnah, le feu de gloire et de victoire.

 

Et c’est là la grande leçon à méditer, si nous voulons être et demeurer des Perséides.

 

Je vous remercie.

 

(écrit à Forest-Flotzenberg, 4 & 5 février 2009).

 

Ont participé à ce Colloque sur l’Iran du “Mémorial des Rois” à Paris, le 7 février 2009, aux Invalides à Paris, sous la présidence de Monsoieur Chahpour Sadler: 

-          Prof. Jean Haudry, sur “la royauté indo-européenne dans la tradition avestique”;

-          Prof. Charles-Henry de Fouchecour, sur “Ferdoussi et le Chahanmeh, le “Livre des Rois””;

-          André Pertuzio, sur “l’Iran et le problème pétrolier”;

-          Joseph-Antoine Santa-Croce, sur “les splendeurs de Persépolis”;

-          Laurent-Arthur du Pléssis, sur “l’Iran et la prochaine guerre mondiale”;

-          Robert Steuckers (intervention in extenso ci-dessus).

-          Le général Pierre-Marie Gallois est intervenu par le truchement d’un entretien filmé, sur “Carter, Giscard d’Estaing et la révolution islamiste”.

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Comment peut-on être polonais?

Trouvé sur: http://ettuttiquanti.blogspot.com/

Comment peut-on être polonais?

Books Magazine, Février 2009 : "À 25 ans, Dorota Maslowska brosse le portrait au vitriol d'une société en quête d'identité, en apesanteur entre passé communiste et désillusion européenne.

En 2000 - elle a 17 ans -, un mensuel féminin publie son journal intime. À 19 ans, elle écrit Polococktail Party (paru en France aux éditions Noir sur Blanc en 2004). La critique, dithyrambique, la compare à Céline et à Gombrowicz. En quelques mois, près de cinquante mille exemplaires sont vendus : une première en Pologne. Aujourd'hui, Dorota Maslowska a 25 ans et quatre romans à son actif - quatre bestsellers! Une oeuvre en forme de peinture réaliste et désenchantée de la société polonaise actuelle, en particulier de sa jeunesse, paumée et désabusée. Avec Miedzy nami dobrze jest, paru en octobre dernier, l'enfant terrible des lettres polonaises s'attaque cette fois à une Pologne en mal d'identité, perdue entre le souvenir du système communiste et l'espoir déçu de l'adhésion à l'Union européenne. « Cette pièce de théâtre est mon manifeste pour une "polonité" affirmée », a déclaré l'auteur dans une interview au quotidien en ligne Polska Times. Inspirée par son propre modèle familial, traditionnel et provincial, elle explore le quotidien de trois générations de femmes vivant sous le même toit : « La grand-mère vit hantée par ses souvenirs de la guerre ; la mère cherche le réconfort dont elle a besoin pour pallier le vide de son existence dans les publicités pour Karefour et Zant [Carrefour et Géant] ; la fille tente de se construire au milieu du néant qui caractérise le nouveau mode de vie. »

Chronique d'une société en mal d'être, où la consommation devient « l'étiquette à travers laquelle on construit son identité, où posséder et avoir deviennent synonymes d'exister, où les objets symbolisent les briques avec lesquelles on tente de recomposer un monde tombé en morceaux », explique la jeune femme. « Les trois héroïnes passent leur temps à dire ce qu'elles ne feront pas, à parler des lieux où elle: n'iront pas. Leur monde est un immense manque : elles ne partent pas en vacances, ne téléphonent pas, n'ont pas chacune leur chambre... Et elles veulent pas être polonaises. Elles obsédées par ceux qu'elles appellent "les gens normaux", ces "Européens' qu'elles ne seront jamais et qui ne sont concrètement personne. Les Polonais ne veulent plus être personne, analyse la romancière rebelle. Perdus entre passé et présent, doutant de l'avenir, assommés par le matraquage télévisuel et les grands discours des intellectuels nationaux déconnectés de la réalité, pris en étau entre la grisaille de leur vie et le monde virtuel des publicités multicolores, les personnages de Dorota Maslowska voient le simple fait d'être polonais comme un défaut, presqu'une tare.

Six ans après avoir dynamité le monde des lettres polonaises par sa verve enragée, sa langue amère, orale mais imagée, celle que l'on surnomme la Françoise Sagan de Gdansk a décidé de remettre au cœur du débat public une question fondamentale : que signifie être polonais aujourd'hui? Dorota Maslowska avoue ne trouver l'inspiration que dans la colère : « Sans colère, je ne sais pas écrire. Il y a quelques mois, j'étais invitée à un anniversaire. La fête était orgiaque, les décorations démesurées, la nourriture presque trop raffinée. Là, en regardant autour de moi, j'ai vu le vide terrible dans les yeux des invités, les cadavres des crevettes flambées à la vodka et les mégots de cigarettes. Je suis rentrée chez moi emplie d'une colère hors norme

La littérature de l'Est a trouvé sa nouvelle voix : c'est celle de la révolte. Et selon la critique polonaise, elle devrait continuer à faire parler d'elle."

Menno van Coehoorn en de vesting van Namen

Menno van Coehoorn en de vesting van Namen

Militaire eenheid tussen Noord-Nederland (Nederland) en Zuid-Nederland (België)


 Door drs Ruud Bruyns - http://roepstem.net/


Menno

Menno van Coehoorn

 

In de geschiedenis van de Europese vestingbouw komen verschillende Nederlandse namen naar voren. De bekendste is uiteraard de Zuid-Nederlander Simon Stevin (°1548-†1620), maar de minder bekende Noord-Nederlander Menno van Coehoorn (°1641-†1704) is heel belangrijk geweest voor het verijdelen van de opmars van de Franse zonnekoning Lodewijk XIV in tijdens de 17de eeuw. In dit artikel wil ik in vogelvlucht het leven van Menno van Coehoorn behandelen en nader ingaan op zijn rol in de verdediging en herovering van Namen, de vesting aan de Maas die aan het einde van de 17de eeuw een sleutelrol innam in de verdediging van de Zuidelijke Nederlanden.

Jeugd en militaire loopbaan

Menno van Coehoorn werd begin 1641 in Friesland geboren als de oudste zoon uit het tweede huwelijk van vader Gosewijn van Coehoorn. Gosewijn was geen geboren Fries of zelfs maar van Friese afstamming – zijn ouders woonden in het Groningse Appingedam en zijn grootouders kwamen uit Oost-Friesland. Daar was de grootvader van Menno terechtgekomen als soldaat in het leger van Willem van Oranje. Oorspronkelijk komt het geslacht Coehoorn  uit de buurt van Frankfort aan de Main, alwaar zij als boeren de kost verdienden. Het is niet onwaarschijnlijk dat de naam oorspronkelijk ‘Kuhhorn’ luidde.

De Van Coehoorns hadden al generaties de Oranjes in voor- en tegenspoed als officieren gediend en Menno trad als vanzelfsprekend in de voetsporen van zijn voorvaderen, toen hij in 1657 in dienst trad van het leger van de Friese stadhouder Willem Frederik van Nassau-Dietz. De lange staat van dienst van het geslacht Van Coehoorn zorgde ervoor dat zij in een goed blaadje stonden van de stadhouder. Zodoende kon Menno in dienst treden, ondanks de forse bezuinigingen op het leger sinds de Vrede van Munster in 1648. Tussen 1650 en 1661 werd een kwart van de troepen afgedankt. Menno kon niet alleen in dienst treden in het leger, maar door de gunst van de Friese stadhouder ook dienen in de compagnie van zijn vader en onder diens vleugels snel promotie maken.

Op 4 oktober 1660 bereikte Menno van Coehoorn de rang van kapitein en nam hij de compagnie van zijn vader over. Het daarop volgende jaar nam de Franse koning Lodewijk XIV de regering van het land op zich, wat grote gevolgen zou hebben voor de Nederlanden. In de Republiek voelde men zich niet op zijn gemak door de expansiepolitiek van de zonnekoning en er werd besloten haar meest zuidelijke vesting Maastricht in 1672 te versterken, waardoor Menno’s Friese compagnie in Maastricht werd gelegerd. Dit was juist op tijd om de Franse verrassingsaanval op de Republiek in 1672 op te vangen. Maastricht kon echter geen weerstand bieden aan de Franse geniale vestingbouwer en –veroveraar Sébastien le Prestre (°1633-†1707), seigneur de Vauban.

Er is weinig bekend over concrete wapenfeiten van Menno van Coehoorn in deze dagen. Het enige dat bekend is, is dat hij gewond raakte tijdens het beleg van Maastricht in 1673 en zich onderscheidde tijdens de Slag bij Seneffe in 1674. Datzelfde jaar werd hij namelijk voor betoonde moed gepromoveerd tot majoor en aan het einde van de oorlog was hij opgeklommen tot de rang van kolonel van het Regiment Nassau-Friesland. Inmiddels was Menno van Coehoorn een ervaren officier, die zich niet alleen had bewezen op het slagveld, maar eveneens eigen ideeën begon te ontwikkelen over militaire kwesties.

Het einde van de oorlog luidde voor de Republiek een nieuwe periode in van investeringen in de vestingwerken, die noodzakelijk waren om de opmars vanaf de landzijde vanuit alle kanten te beletten, zoals zich dat in 1672 had voorgedaan. Men had besloten de vestingen om te vormen naar het Franse model, dat op naam stond van Vauban. Menno van Coehoorn raakte betrokken bij de modernisering van de vestingen, maar hij was niet tevreden over de gang van zaken, met name de neiging van zijn collega’s om de Franse methode vlekkeloos te kopiëren. Hij verwoordde zijn bedenkingen in 1682 in ‘Versterckinge des vyfhoecks’  en werkte zijn eigen ideeën verder uit in ‘Nieuwe vestingbouw op een natte of lage horisont’ (1684). Hij betoogde onder andere dat de zogenaamde ‘Franse methode’ al in 1589 door de Duitser Speckle was verwoord en sindsdien niet meer was verbeterd.[1]

Franse inval van de Zuidelijke Nederlanden

Toen Frankrijk in 1688 de Republiek de oorlog verklaarde werd het steeds duidelijker dat het lot van de Noordelijke Nederlanden innig was verbonden met dat van de Zuidelijke Nederlanden. Aangezien de Franse opmars naar de Republiek altijd via de Maas liep was het voor de Fransen zaak om eerst de vestingen in Henegouwen en Namen te veroveren. Vandaar dat de strijd zich in 1690 verplaatste naar de Zuidelijke Nederlanden.

Op 1 juli 1690 was het Regiment Nassau-Friesland van Menno van Coehoorn aanwezig op het slagveld van Fleurus om de opmars van de Franse maarschalk Luxembourg door Henegouwen tegen te houden. Het Staatse leger onder leiding van Waldeck leed er echter een zware nederlaag, waardoor stadhouder Willem III zich genoodzaakt zag om terug te keren uit Engeland, alwaar hij koning-gemaal was van Mary Stuart. Hij droeg Menno van Coehoorn, die inmiddels zijn eigen regiment had, op om de vesting Namen, gelegen aan de belangrijke samenvloeiing van de Maas en de Samber, te versterken. Nu kreeg Van Coehoorn de vrije hand om zijn eigen ideeën in de praktijk te brengen.

De stad en de vesting van Namen vormden een cruciale pijler in de verdediging van de Zuidelijke Nederlanden. De plaats ligt namelijk op de samenvloeiing van de Maas en de Samber en de verovering ervan zou de weg vrijmaken naar Brabant, het hartland van de Zuidelijke Nederlanden, en de Maasvallei naar het noorden. De stad Namen lag in het laagland en was dehalve vrij eenvoudig te benaderen. De ware verdedigingskracht lag echter in de vesting, die was gelegen op een hoge rots aan de andere zijde van de Samber. De rots ligt ingeklemd tussen de twee rivierarmen van de respectievelijk de Maas en de Samber. Hierdoor was de vesting feitelijk slechts van één kant te benaderen.

De versterking en verovering van de vesting Namen

In de vroege Middeleeuwen was de vesting Namen al van strategisch belang en in de loop der eeuwen zijn er verschillende uitbreidingen gedaan. Toen Menno van Coehoorn in 1691 de vestingwerken van Namen inspecteerde trof hij het resultaat aan van de Spaanse uitbreiding van de vesting uit 1640 aan, de zogenoemde Terra Nova. Deze uitbreiding was in de ogen van Coehoorn niet voldoende om de vijand af te schrikken en daarom besloot hij in juli 1691 op het plateau vóór de Terra Nova een modern fort op te werpen, dat hij naar Stadhouder Willem III vernoemde: Fort William.

De Fransen zagen ook het strategisch belang in van de vesting Namen, dat na de Slag bij Fleurus in 1690 de enige hinderpaal was voor de opmars door de Zuidelijke Nederlanden. In verschenen de Fransen in mei 1692 aan de poorten van Namen met een enorm leger onder de aanvoering van de Franse koning Lodewijk XIV in eigen persoon. Daarnaast was er het leger onder bevel van de Franse maarschalk de Luxembourg, dat het leger van Stadhouder Willem III op afstand diende te houden, zodat deze niet in staat zou zijn om een ontzettingspoging te ondernemen. Het bevel over het beleg lag uiteraard bij de legendarische Vauban.

De stad Namen kon vrij eenvoudig worden veroverd, omdat het gemakkelijk was te benaderen van de landzijde. De commandant besloot het garnizoen uit de stad te trekken om de verdediging te concentreren op de vesting. Daarna richtte Vauban zich op Fort William, dat onder persoonlijk bevel van Menno van Coehoorn stond. Het fort was grotendeels af, maar miste nog bomvrije onderkomens voor de manschappen, waardoor granaten vrij spel hadden binnen de muren. Het beleg begon dus erg ongunstig. De vestingartillerie was op 15 juni, reeds enkele dagen na het begin van de beschieting, uitgeschakeld en een Franse bestorming op 22 juni was bijna succesvol. Inmiddels was Menno van Coehoorn zelf zwaar gewond en hij gaf zich in de wetenschap dat verder verzet zinloos was de volgende dag over.

Vauban kwam de zwaargewonde Menno van Coehoorn opzoeken om hem te prijzen voor zijn dappere verzet. Volgens de Franse toneelschrijver Racine, die in het gevolg van Lodewijk XIV verkeerde, vroeg Vauban hem hoe hij zijn aanval beter had kunnen uitvoeren. Dat Vauban werkelijk onder de indruk was van Coehoorn bleek uit het feit dat hij Fort William na de verovering liet omdopen in Fort Coehoorn.[2] Ook van de Stadhouder Willem III kreeg hij veel lof toegezwaaid en hij werd op zijn voorspraak in juli 1692 door de Staten-Generaal bevorderd tot generaal-majoor.

De herovering van Namen

Door de verovering van Namen in 1692 lag de Maasvallei open voor de Franse opmars en in 1693 namen zij het stadje Hoei in, waardoor de bisschopstad Luik werd bedreigd. Van de Staten-Generaal kreeg Menno van Coehoorn in 1693 de opdracht om de vesting van Luik ingrijpend te versterken. Hierdoor zagen de Fransen in 1694 af van hun veroveringsplannen. Toen de stad Hoei in datzelfde jaar onder de supervisie van Coehoorn werd heroverd kwam Namen in het vizier als het volgende doel. Dit was geen overbodige luxe, want op het moment dat Coehoorn naar Namen trok, toog de Franse maarschalk Villeroi naar Brussel, dat door de Franse kanonnen vruchteloos werd beschoten en waarvan het stadshart in de as werd gelegd.[3]

In 1695 kwam onder bevel van Stadhouder Willem III een leger van 80.000 manschappen samen bij Namen om de stad te heroveren. Aanvankelijk stond de feitelijke supervisie van de belegering onder de hoogste genieofficier in het Staatse leger, Charles du Puy de l’Espinasse. Deze sneuvelde echter op 27 juli, waarna de Stadhouder het beleg toevertrouwde aan Menno van Coehoorn. Toen vorderde het beleg in een rap tempo: reeds op 2 augustus gaf de stadscommandant zich over, waarna de vesting aan de beurt was. Vanaf 21 augustus werden de vesting, inclusief Fort Coehoorn, onophoudelijk met alle beschikbare artillerie beschoten.

Op 28 augustus waren er enkele bressen geschoten in zowel de Terra Nova als Fort Coehoorn, waarna Menno van Coehoorn besloot om de Fransen een laatste kans te geven zich over te geven. Toen er geen antwoord kwam op zijn verzoek om overgave werd de vesting bestormd. De bestorming was een ware slachting, die aan Staatse kant leidde dit tot duizenden doden en gewonden. Bovendien werden de vestingen - of zelfs maar een deel ervan - niet veroverd. De vestingcommandant zag toch in dat verder verzet zinloos was en gaf zich twee dagen erna over. Naderhand sprak zelfs Vauban schande van de grote slachting bij de bestorming van de vesting Namen. Toch kan worden gesteld dat de bestorming op korte termijn veel doden kostte, maar dat een langdurige belegering een soortgelijke tol eistte.

De verovering van Namen was van grote betekenis voor de verdediging van de Zuidelijke Nederlanden en dat belang werd onderstreept door de eerbewijzen die Menno van Coehoorn ten deel vielen na de herovering ervan. Hij werd bevorderd tot luitenant-generaal en hij volgde Charles du Puy de l’Espinasse op als ingenieur-generaal van de fortificatiën. Bovendien ontving hij van de Spaanse koning Charles II, de landsheer van de Zuidelijke Nederlanden, de titel ‘baron’.[4] Een saillant detail is dat de Henegouwse vestingstad Charleroi -stroomopwaarts langs de rivier de Samber - in 1666 door dezelfde Charles II was gesticht om de Zuidelijke Nederlanden te beschermen tegen de Franse agressie van de zonnekoning. Met de herovering van Namen beleefde Menno van Coehoorn zonder het te weten het hoogtepunt in de loopbaan.

Epiloog

In 1697 werd de Vrede van Rijswijk beklonken tussen Frankrijk en haar tegenstanders. Het was de laatste vrede waarin de Republiek een prominente plaats zou innemen en  vredesvoorwaarden kon bedingen. In deze vrede werd een clausule opgenomen over de verdediging van de Zuidelijke Nederland. De Republiek zou in een aantal vestingen in de Zuidelijke Nederlanden, waaronder Namen, garnizoenen legeren tegen de Franse dreiging. In 1698 zou Menno van Coehoorn in opdracht van de Staten-Generaal een aantal van deze vestingen in Vlaanderen, te weten Nieuwpoort en Kortrijk, bezoeken voor inspectie.

Aan het begin van de 18de eeuw waren de naam en faam van Menno van Coehoorn niet alleen binnen de Nederlanden gevestigd, maar ook ver daarbuiten. Met name zijn boek Nieuwe vestingbouw uit 1684 werd vertaald in verscheidene talen, waaronder het Frans, Duits en het Engels.[5] De Russische tsaar Peter de Grote, een groot bewonderaar van de Nederlandse cultuur, liet beide werken van Coehoorn vertalen in het Russisch om zijn leger te doen aansluiten bij de Europese manier van oorlogvoeren.

Menno van Coehoorn heeft zich niet alleen een plaats verworven in de galerij van grote fortenbouwers uit de geschiedenis, maar tevens verdient hij de eer van groot bevelhebber inde strijd om de Zuidelijke Nederlanden uit de handen van de Fransen te houden. Hij heeft zowel in de vestingbouw als in de strijd om de vestingplaatsen zich onderscheiden, met name wat betreft de strategische vestingstad Namen, waar hij letterlijk oog in oog heeft gestaan met de grote Franse vestingbouwer Vauban.

Geraadpleegde bronnen

- J. van Hooff, Menno van Coehoorn 1641-1704 (’s-Gravenhage 2004).

- J.G.W. Merkes, Memorie behelzende eenige der belangrijkste krijgsgebeurtenissen gedurende het leven van Menno baron van Coehoorn (’s-Gravenhage 1825).

- J.W. van Sypesteyn, Het leven van Menno baron van Coehoorn, beschreven door zijn zoon Gosewijn Theodoor baron van Coehoorn (Leeuwarden 1860).

- N. Ypey, Gedenkschrift der uitgevoerde daaden van den grooten Menno baron van Coehoorn (Franeker 1772).



[1] J. van Hooff, Menno van Coehoorn 1641-1704 (’s-Gravenhage 2004) bladzijde 34.

[2]  J. van Hooff, Menno van Coehoorn 1641-1704 (’s-Gravenhage 2004) bladzijde 50-51.

[3]  J.G.W. Merkes, Memorie behelzende eenige der belangrijkste krijgsgebeurtenissen gedurende het leven van Menno baron van Coehoorn (’s-Gravenhage 1825) bladzijde 80.

[4] J. van Hooff, Menno van Coehoorn 1641-1704 (’s-Gravenhage 2004) bladzijde 60.

Ruud Bruyns

Januari 2008




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De la théologie politique américaine

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Nikolaj-Klaus von Kreitor:

De la théologie politique américaine


«C’est un paradoxe flagrant de l’histoire de voir comment un nationalisme précis (et particulièrement puissant) se déclare non seulement “prophétique” mais aussi universel, tout en se matérialisant dans de nombreux actes d’expension ou d’interventionnisme».

Anders Stephenson*


L’éminent juriste allemand Carl Schmitt a ca­rac­térisé l’idéologie de l’expan­sion­nisme et de l’im­périalisme américains comme une théolo­gie politique, qui est en même temps totali­tai­re, dogmatique et pseudo universaliste, et qui s'in­gé­nie à faire l'équation —avec le zèle et la fer­veur d’un Torquemada— entre l’in­térêt in­ter­national particulier des Etats-Unis et l’in­té­rêt du genre humain.


Hans Morgenthau remarque que l’universa­lis­me est une idéologie qui répond aux besoins de l’impéria­lis­me et de l’expansionnisme. L’ex­pansionnisme est sans cesse en opposition avec l’ordre international dominant et le statu quo existant. L’expansionnisme doit prouver que le statu quo qu’il cherche à vaincre mérite d’être vaincu et que la légitimité morale qui, dans l’esprit de beaucoup, est attachée aux cho­ses telles qu'elles sont, sera finalement ob­ligée de céder face à un principe de plus gran­de moralité, tout en faisant appel à une nou­velle distribution de pouvoir (1). «Jusqu’à pré­sent, vu que les idéologies typiques de l’impé­ria­lisme utilisent des concepts de droit, elles ne peuvent faire référence de manière correcte au droit international positif, c’est-à-dire au droit in­ternational tel qu’il existe aujourd’hui. Dans le do­mai­ne du droit, c’est la doctrine du droit naturel, c’est-à-dire du droit comme il de­vrait être [et non pas tel qu'il est, ndt], qui répond aux besoins idéo­lo­giques de l’im­péria­lisme… Lorsque la politique impé­rialiste expan­sionniste n’est pas dirigée contre un sta­tu quo en particulier, fruit d’une guerre perdue, mais tend à s'accroître à l'appel d'un vide de pou­voir qui invite à la conquête, elle avance tout un arsenal d’idéologies morales / moralisantes qui ont évidem­ment pour corollaire de rem­pla­cer le simple appel à un “droit naturel juste” contre “un droit positif in­juste” par le devoir, inévitable, de conquérir le pays récalcitrant (2).


La doctrine de la “destinée manifeste”


L’objectif principal de l’idéologie impérialiste est de faire l'équation entre les aspirations po­litiques d’une nation précise, d'une part, et les lois morales qui gou­vernent l’univers, d'autre part; nous avons là une idéologie spécifique­ment anglo-saxonne pour habiller les aspi­ra­tions particulières et les actions impérialistes d'un objectif moral, qui correspondrait aux lois de l’univers. Cette idéologie a d'abord été ty­pi­quement britannique, mais elle a été perfec­tion­née et absoluisé par les Etats-Unis. «Le fait que savoir que les nations soient soumises à la loi mo­rale est une chose, mais prétendre sa­voir avec as­surance ce qui est bon et mauvais dans les relations entre les nations, est d’un au­tre ressort. Il y a un mon­de de différence en­tre la croyance que toutes les nations sont sous le couvert du jugement de Dieu, impéné­trable au genre humain, et la conviction blas­phé­matrice que Dieu est toujours de son côté et que ce que cette puissance alliée à Dieu veut pour elle-même ne peut pas connaître l'é­chec, parce que cette volonté est aussi celle de Dieu» (3).


L'exemple d'école d’un tel blasphème se re­trou­ve dans l’assertion du Président McKinley qui affirmait que l’annexion des Philippines (et la série de mas­sacres de civils qui s'ensuivit) était un signe de la providence divine. Cette con­quête et ces massacres avaient été entre­pris après que le président ait reçu un signe de la Providence. L’Amiral Dewey reven­di­quait le fait que la conquête des Philippines était un ga­ge d’approbation divine. «Je devrais dire que la main de Dieu y était pour quelque cho­se» (4).


Les arguments avancés pour justifier la con­quê­te des Philippines se concentraient sur des thèmes re­ligieux. «Ces thèmes s'exprimaient par les mots de­voir et destinée. Selon le pre­mier terme, refuser l’annexion des Philippines au­rait signifié omettre d'ac­complir une obliga­tion divine et solennelle. Selon le second ter­me, l’annexion des Philippines en parti­culier et l’expansion en général étaient inévitables et ir­ré­sistibles» (5); dans cette optique, l’expan­sion­nis­me impérial américain était une “desti­née manifeste” sous le signe de la Providence.


Une doctrine calviniste


La doctrine calviniste devient ainsi une arme idéo­lo­gique pour la guerre d’agression et l’ex­pansion­nis­me. «Les victoires rapides gagnées par les forces américaines ont renforcé les po­si­tions psycholo­gi­ques des impérialistes. L’im­pres­sion de commettre un acte répréhensible ne se renforce que si l’action contestable est suivie de revers. Inversement, la mauvaise cons­cience diminue ipso facto si le projet est exécuté avec brio. L'échec s'interprète comme une punition de la Providence; mais la réus­si­te, telle que la décrit le schéma calviniste, se perçoit comme le signe extérieur d’un état de grâce intérieur… Le «devoir», disait le Pré­si­dent McKinley, «détermine la destinée». Tandis que le devoir signifie que nous avons une obli­gation morale, la destinée signifie que nous al­lons certainement remplir cette obligation, que la capacité à le faire nous est inhérente. Notre histoire a toujours été une histoire ininterrom­pue d'expansion; notre pays était toujours par­­venu autrefois à s'étendre, ainsi il était cer­tain qu'il réus­sirait de la même façon dans le fu­tur. La force d’ex­pansion est un héritage na­tio­nal et “racial”, un be­soin intérieur, irrésis­ti­ble et profond… La Providence a été vraiment in­dulgente envers nous en nous pro­curant des réussites si fructueuses que nous com­met­­trions un péché si nous n’acceptions pas les res­ponsabilités que l’on nous a demandé d’as­sumer» (6).


L’impérialisme américain a développé une puis­­­sante théologie de l'élection. L’idée améri­caine d'élection historique ou providentielle, in­hérente à la doctrine de la Destinée Mani­fes­te, a fait en sorte que Dieu et la géopolitique fu­sionnent en un tout parfaitement instrumen­ta­lisable; la doctrine procure ainsi la «légi­ti­mi­té» à la conquête et l’expansionnisme.


Un charabia moraliste et religieux


Le charabia moral et religieux de la doctrine de la Destinée Manifeste, tellement américain dans son sens primitif profond, est facile à éva­cuer car elle n'est qu'un bric-à-brac idéo­logique. Malgré sa nature de bric-à-brac, cet abominable bricolage est devenu l'assise de la théologie politique et de la politique étrangère américaines. L’expansionnisme impéria­lis­te se voyait élevé au rang d’obligation positive, au rang de devoir. Plus l’expansionnisme était im­pi­toyable, plus on le justifiait par une appro­ba­tion divine. La volonté des impérialistes amé­ricains était d’égaler la volonté de Dieu. L’im­pé­rialisme est de­venu «une vertu dérivée de l’ap­pel de Dieu». Rester en deçà équivalait à «re­jeter la guidance divine». Le Sénateur Al­bert J. Beveridge déclara un jour que «Dieu n’a pas passé son temps pour rien durant un millier d’années à préparer les peuples anglo­pho­nes pour qu'ils ne se livrent à rien d'autre qu'une vaine et ridicule auto-contemplation et au­to-admiration. Non! Il a fait de nous les maî­tres-organisateurs du monde pour établir des systèmes ordonnés là où régnait le chaos. Il a fait de nous des virtuoses de la bonne gou­vernance pour que nous puissions, le cas é­chéant, gérer la politique chez les peuples sau­vages et les peuples séniles» (7).


Pris dans la spirale du destin

Le thème de la destinée était un corollaire du thè­me du devoir. A maintes reprises, on a dé­cla­ré que l’ex­pansion était le résultat d’une «tendance cosmique», que «c’était le destin», que c’était «la logique ine­xorable des événe­ments», etc. La doctrine qui affir­me que l’ex­pan­sion est inévitable a bien sûr été long­temps familière aux Américains; nous savons ô com­bien la Destinée Manifeste a été invoquée au cours du 19ième siècle. Albert Weinberg souli­gne, toutefois, que cette expression prend un nouveau sens dans les années 90. Auparavant, destinée si­gnifiait, dans son sens premier, que l’ex­pansion a­mé­ricaine, quand on le voulait, pou­vait être con­tre­carrée par d'autres qui pou­vaient se mettre en tra­vers de notre chemin. Au cours des années 90, le sens de cette no­tion de “Destinée Manifeste” a lé­gèrement é­vo­lué; elle finit pas vouloir signifier que “les A­méricains ne pouvaient pas, par leur propre volonté, refuser cette expansion”, car ils é­taient pris, qu'ils le veuillent ou non, dans la spi­rale du destin. Nous faisions montre d'une cer­taine réti­cence. Ce n’était pas tout à fait ce que nous voulions faire; c’était ce que nous de­vions faire. Notre politique agressive se vo­yait implicitement définie comme obligatoire, com­me le fruit, non pas de nos propres envies, mais d’un besoin objectif (ou de la volonté de Dieu) (8). La destinée a toujours eu une desti­na­tion, et la destination correspondait à l’ex­pan­sion­nisme géopolitique; ainsi la source de l’impé­ria­lisme américain était le désir de Dieu don­né aux élus pour destinée.


La mythologie politique de la Doctrine de Monroe


Kenneth M. Coleman définit le corollaire politi­que (et géopolitique) de la doctrine de la Des­tinée Manifes­te, soit la doctrine Monroe, com­me une mythologie po­litique : «Une mytholo­gie politique a émergé par­mi les Nord-Amé­ri­cains pour justifier la réalité de leur hégémonie dans les Amériques. La doctrine Mon­roe con­sti­tue un exemple quasi paradigmatique de la création d'un mythe politique accompagnant la création de l’empire américain. Il apparaissait néces­saire, à l'époque, de trouver une sorte de vé­hicule rhétorique par lequel on puisse sug­gé­rer non pas une intention expansionniste, mais une auto-abné­gation… Dès ses débuts, la doctrine Monroe a été un artifice rhétorique con­çu pour réconcilier les valeurs affirmées, c'est-à-dire celles qui évoquent le désin­té­res­se­ment et l'abnégation des Américains, avec leurs intentions expansionnistes réelles qui vi­sent à réaliser leurs intérêts stratégiques et éco­nomiques majeurs. Ainsi la première carac­té­ri­stique dans la définition d'une mythologie po­litique est son actua­lité… L’hégémonie, tout comme l’Empire, postule la création d’une my­tho­logie légitimante… Dans le cas d'un Empire, la mythologie doit faire raisonner les Améri­cains comme suit : «Nous vous dirigeons parce qu’il est dans votre intérêt que ce soit nous qui le fassions»… Dans le cas d'une hégémonie, la my­thologie doit générer la croyance que les re­lations existantes sont bénéfiques aux parte­nai­res et que ceux qui ne les perçoivent pas comme telles sont malavisés ou intrinsèque­ment mauvais...» (9).


Le message normatif de la Doctrine de Monroe


La mythologie politique, qui sous-tend les di­ver­ses formes d'hégémonie, se distingue des au­tres mytho­lo­gies, dans le sens où elle nie l’existence de la do­mination politique et éco­no­mique. Elle est similaire à la mythologie de l’im­périalisme parce qu'elle affirme que les re­la­tions existantes sont justes, appropriées, i­né­vitables, ou défendables de manière sur le plan des normes… La doctrine Monroe ren­fer­me un mes­sa­ge normatif… qui dit que les cau­ses actuelles, dé­fendues par l'Amérique, sont ju­stes, moralement dé­fendables, et en accord avec les plus grands prin­cipes d’un ordre poli­ti­que supérieur à d’autres ordres politiques (10) et que l’impérialisme américain sert un but moral plus élevé, celui de la Destinée Ma­ni­feste laquelle a été préalablement fixée par Dieu lui-même. Kenneth M. Coleman cite Sal­va­dor de Ma­da­riaga qui décrit la nature de la doctrine Monroe selon les termes suivants: «Je sais seulement deux choses à propos de la doc­trine Monroe: l’une est qu’aucun Américain que j’ai rencontré ne sait ce que c’est; l’au­tre est qu’aucun Américain que j’ai rencontré ne consentirait à ce que l'on tergiverse à son pro­pos… J’en conclus que la doctrine Monroe n’est pas une doctrine mais un dogme… pas un seul dogme, mais bien deux, à savoir: le dogme de l’in­faillibilité du Pré­sident américain et le dog­me de l’immaculée con­ception de la politique étrangère américaine» (11).


Les intérêts des Etats-Unis sont les intérêts de l'humanité toute entière


Croire que les Américains sont un peuple choisi par Dieu, pour amorcer une expansion sans fin, était in­hérent tant à la doctrine de la Des­ti­née Manifeste qu'à la doctrine de Monroe. «Le terme qui a servi à prendre ce sens de moral, du moins sur le plan de l’expansion géo­graphique, est celui de “Destinée Ma­ni­fes­te”; il révèle la certitude calviniste avérée : Dieu révélera au monde ceux qui assureront Sa grâ­ce et les rendra prospères». Si les Etats-Unis re­pré­sentent la Terre Promise du Peuple Choisi, alors « il est absolument impossible de concevoir une si­tua­tion dans laquelle les in­té­rêts du genre humain ne sont pas tout à fait iden­tiques à ceux des Etats-Unis. En faisant mon­tre d'une telle présomption, l’oppo­si­tion à la Destinée Manifeste (des Etats-Unis) n’était pas une simple opposition politique —elle ne re­pré­sentait pas une quelconque différence d’o­pinion et se posait plutôt comme une hé­ré­sie, en révolte contre les gens choisis par Dieu lui-même… Si les autorités des Etats-Unis —les autorités choisies par les gens favorisés par Dieu lui-même— étaient en faveur d'u­ne politi­que donnée, alors critiquer la justice ou la mo­­ra­lité de cette politique s'avérait moralement im­possible» (12).


Dans cette optique, il faut se souvenir de la con­clu­sion de Werner Sombart qui disait que «le calvi­nis­me est la victoire du judaïsme sur la chrétienté» et que «l’Amérique est la quin­tessence du judaïsme». L’immoralité politique de la doctrine de la “Destinée Manifeste”, l’ex­pansionnisme géopolitique, sous la for­me d'u­ne conquête de territoires, telle que la re­ven­­dique la doctrine de Monroe, et l’impérialisme économique, tel qu'il se manifeste sous la for­me de la politique des “portes ouvertes” (Open Doors Po­licy), deux options qui ont été fusion­nées par la suite sous la dénomination de “wil­so­nisme” (Doctrine de Wilson), sont en fait des traductions simplistes et mal­veillantes de la vieil­le immoralité talmudique, re­pérable dans l'his­toire.


Carl Schmitt a souligné que la transformation de la doctrine de Monroe, à partir d’un Gross­raum ("grand espace") concret, en un principe universel, c’est-à-dire la “théologisation” d’un im­périalisme américain spécifique et particu­lier, en une doctrine mondialiste universelle, qui doit inéluctablement déboucher sur une puis­sance-monde unique et absolument domi­nante, une “Capital Power”, laquelle “servirait” les intérêts du genre humain. Cette trans­for­ma­tion d'un impérialisme particulier en un mon­­dialisme sans al­ter­native est aussi le com­men­cement de la “théo­lo­gisation” des objectifs politiques étrangers améri­cains (13). Ce pro­ces­sus de “théologisation” a débu­té au cours de la présidence de Théodore Roosevelt, mais le Président Woodrow Wilson fut le premier à élever la doctrine de Monroe au rang d'un prin­cipe mon­dial, à véritablement “mondialiser” une doctrine qui, auparavant, était censée se li­miter au seul hé­misphère occidental, pana­mé­ricain. Dans la moralité calviniste, talmudi­que et axée sur la Prédestination de Woodrow Wilson, l'idée-projet de la domination mondiale de l'Amérique devient la substance même de son plaidoyer pour une doctrine de Monroe à ap­pliquer au monde entier.


L'immoralité foncière de Wilson le “moraliste”


Un cas à mentionner : le slogan américain de la «De­s­tinée Manifeste» a servi à accroître l'ai­re d'ap­pli­cation de la doctrine de Monroe par le biais du prin­cipe de l'autodétermination des peuples qu’a uti­lisé le Président Wilson lors de la Conférence de Paix de Paris (Versailles), pour accroître de fait —et sub­tilement— les sphè­res d'influence anglo-saxonne et pour créer un Cordon Sanitaire autour de l’Alle­ma­gne et de la Russie Soviétique en Europe, un Cordon Sanitaire composé d’Etats tampons. Évi­demment, le Président Wilson, dans son em­pressement à faire va­loir en Europe le droit à l’autodétermination, n’a jamais dénoncé la doc­trine de Monroe qui incarnait, à son épo­que, dans l'hémisphère américain, la né­ga­tion absolue de ce droit qu’il proclamait au bénéfice des petits peuples des anciens môles impé­riaux d'Eu­­rope centrale et orientale. En fait, ce qu’il a vou­lu dire en parlant du droit à l'auto­dé­termination était clairement démontré en 1914 déjà, lorsque l’Améri­que, renversant le gou­vernement élu au Mexique, a bombardé la vil­le mexicaine de Vera Cruz, tuant ain­si des cen­taines de civils. Après le bombardement qui, par la suite, a conduit à la chute du gou­ver­ne­ment mexicain et à l’installation d’un fan­toche à la solde des Etats-Unis, le Président Wil­son, en mettant l’accent sur la soi-disant iden­tité entre la politique américaine et la jus­tice universelle, a convaincu le mon­de que «les Etats-Unis ont renversé le pouvoir mexicain pour rendre service à l'humanité» (14) (sic!). Le Président Wilson croyait sincèrement au rô­­le providentiel, désigné par Dieu, des Etats-U­nis pour diriger le monde.


Aujourd’hui, si l’on regarde la situation de la You­go­slavie, on peut constater qu’une fois en­co­re le prin­cipe pseudo-universel du droit à l’au­todétermination a été utilisé comme un mo­yen idéologique pour ren­verser un statu quo existant, via un règlement fron­talier en Europe, alors que les frontières euro­péennes a­vaient été définitivement reconnues et ac­ceptées comme telles par les Accords d’Hel­sin­ki. De même, ce fameux droit à l'autodéter­mi­nation, in­ven­té jadis par Wilson, a servi à lé­gi­timer les atrocités musulmanes lors de la guer­re en Bosnie d’abord, puis celles, innom­ma­bles, des bandes armées isla­mistes, ter­roristes et mafieuses des Albanais du Ko­sovo; en fait, ces bandes d'irréguliers musulmans sont l’équivalent européen des “Contras” du Ni­cara­gua, armés, entraînés et subsidiés par les Etats-U­nis. L'Europe est désormais traitée de la même ma­nière que les anciennes ré­pu­bliques latino-amé­ri­cai­nes.[ndt : Pire, dans le cas de la Bosnie et du Ko­sovo, les dirigeants des principales puissances euro­péennes ont ap­plaudi et participé à ces horreurs, en po­sant, via les relais médiatiques, les assassins bos­niaques et albanais comme des héros de la li­berté ou des défenseurs des droits de l'hom­me].


Quand l'Allemagne hitlérienne reprenait à son compte les concepts forgés par Wilson


Ironie historique : l’Allemagne nazie avait em­prun­té, en son temps, de nombreux concepts idéo­logiques venus d'Amérique. Ainsi, l’Allema­gne nazie fondait ses requêtes pour réviser le statu quo du Traité de Versailles, d'abord sur le principe d’égalité que le Traité de Versailles avait violé. Les juristes alle­mands ont pris cons­­cience que le droit international en place n’était rien d’autre que l’universalisation de l’hé­gémonie anglo-saxonne, et, partant, la “théo­lo­gi­sation” de l’intérêt national américain en par­ticulier. Ces juristes allemands se sont donc mis à parler d’un nouveau droit interna­tio­nal qui servirait l’intérêt national allemand, comme le droit en place servait les intérêts na­tio­naux américains. Ce nouveau droit, favo­ra­ble aux intérêts allemands, utiliserait égale­ment le concept d'un “nouvel ordre mondial juste” destiné à justifier l’expansionnisme ger­ma­nique et à préparer le renversement du sta­tu quo international, qui s'était établi après la guerre de 14-18.


Les principes de bases de la théologie politique a­mé­ricaine peuvent se résumer comme suit:

◊ a) L’intérêt national des Etats-Unis s'univer­sa­lise dans le but de devenir l’intérêt universel du genre humain ou de la communauté inter­na­tio­nale. Par conséquent, l’expansionnisme im­périaliste américain est alors vu comme un avancement de la race hu­maine, une promo­tion de la démocratie, luttant con­tre le totalita­ris­me, etc. Les intérêts américains, le droit in­ter­national, et la moralité internationale de­vien­nent équivalents. Ce qui sert les intérêts a­mé­ri­cains est posé, avec une incroyable ef­fron­terie, com­me des actes visant ou poursui­vant les desseins de la morale et du droit, dans tous les cas de figure (15).


Délégitimer les intérêts nationaux des autres pays


b) Par conséquent, l’universalisation de l’inté­rêt na­tio­nal américain, sa légitimation transna­tio­nale —u­ne façade allant au-delà de toutes les légitimités concrètes— conduit à délégiti­mer les intérêts natio­naux des autres pays. A travers la doctrine de Mon­roe, les pays latino-américains se voyaient refuser l'ex­pression de leurs intérêts nationaux, du moins ceux qui dif­féraient de ou s'opposaient à l’intérêt na­tio­nal américain. Quoi qu'il en soit, une analyse his­torique objective montre clairement que l’intérêt na­tio­nal authentique des pays latino-a­méricains s'op­po­sent, en règle générale et par nécessité, à l’intérêt national des Etats-Unis. L’effet de la doctrine de Mon­roe était que les pays latino-américains cessent d’exister po­li­tiquement, en devenant des protecto­rats et des nations captives au sens propre du ter­me.


c) Avec le Pacte Briand-Kellog, les Etats-Unis amor­cèrent l'étape suivante dans la globalisa­tion de leur théologie politique. Les guerres me­nées au départ d’intérêts nationaux diffé­rents de ceux des Etats-Unis se voyaient éti­que­tées comme des “guerres d'agression”, tan­dis que les guerres agressives me­nées par les Etats-Unis étaient considérées comme des “guerres justes”. Les réserves émises par les E­tats-Unis quant au Pacte de Kellog revêtent une im­portance particulière : les Etats-Unis se ré­servent le droit d’être seuls juges de ce qui constitue une guer­re d’agression. La doctrine américaine de reconnais­sance et de non-re­con­naissance des Etats est éga­le­ment signifi­ca­tive : les Etats-Unis se réservent le droit d’ê­tre les seuls juges pour décider quel Etat doit être reconnu ou non et quels sont les motifs qui les amènent à reconnaître un Etat ou non. Ces mo­tifs équivalent à l’intérêt national des Etats-Unis. Pour voir à quels dangers et quelle absurdité grotes­que, cette équivalence peut me­ner s'observe dans l’exemple historique de la non-reconnaissance par les Etats-Unis de la Chine après 1949, alors qu'ils re­connaissaient le régime fantoche de Tchang Kai Tchek, qu'ils avaient installé et qu'ils contribuaient à main­te­nir. Les Etats-Unis ont utilisé leur doctrine de non-reconnaissance, bloquant l’admission de la Chi­ne aux Nations Unies, dans le but précis de sa­boter les Nations Unies et aussi pour s’assu­rer, par cet ar­tifice, deux sièges au Conseil de Sé­curité des Na­tions Unies, la Chine de Tchang Kai Tchek leur étant dévotement inféodée.


d) L’utilisation idéologique du concept de guer­re —et les principes de reconnaissance et de non-recon­naissance— mène également à la dés­hu­manisation médiatique des adversaires de l'Amérique : l'ennemi n'est plus un ennemi qui défend à égalité ses inté­rêts nationaux, mais un paria international.


e) La conséquence finale du développement de la théo­logie politique américaine est l’identifi­ca­tion du droit international —le Droit des Na­tions— avec le sy­stème de l’impérialisme amé­ri­cain. La source de ce droit international n'é­tant, dans un tel contexte de "nouvel ordre mondial", plus rien d'autre que la volonté géo­politique et stratégique des Etats-Unis. Un tel "droit international" (?) n’est vraiment plus le Droit des Nations, au sens classique et habi­tuel du terme, mais bien le droit du pays le plus fort, l’in­car­nation de l’hégémonie et de l’ex­pansionnisme amé­ricains. L’intérêt national des Etats-Unis reçoit un sta­tut d'universalité dans le "nouvel ordre mondial" et passe pour re­présenter l’intérêt de la commu­nau­té inter­na­tionale. En outre, les Etats-Unis eux-mê­mes de­viennent un sujet omnipotent et transna­tio­nal, s'universalisent, sans cesser d'être eux-mê­mes et rien qu'eux-mêmes, représentant sans médiation la communauté mondiale tout entière.


Les autres Etats n'existent plus que comme entités non politiques


La théologie politique américaine est incom­pa­tible en soi, non seulement avec le principe de l’égalité des Etats et avec celui de leur souve­rai­neté individuelle, mais aussi avec toute or­ganisation qui se prétend ê­tre une orga­nisa­tion internationale réelle comme les Nations U­nies. Dans le "nouvel ordre mondial", les E­tats ne peuvent exister que comme entités non-po­li­tiques; les prérogatives de toute instance po­li­tique et territoriale concrète et réelle, telle que nous les trouvons énumérées et définies dans et par la ter­mi­nologie de Carl Schmitt, sont réservées uniquement aux Etats-Unis, de même que le droit y afférent, de les exercer. Et une organisation internationale ne peut exister que si elle n'est plus rien d'autre qu'un équivalent fonctionnel de l'Organisation des E­tats A­méricains (OAS), c’est-à-dire qu'une telle organisa­tion internationale ne peut plus être au­tre chose qu'une façade multilatérale pour lé­gitimer le désir hé­gémonique américain. L’hi­sto­rien britannique Ed­ward Hallet Carr re­mar­que, dans son livre, The Twen­ty Years' Crisis - 1919-1939, publié à l’origine en 1939, que, ju­ste un peu avant l’entrée des Etats-Unis dans la première guerre mondiale, dans un dis­cours au Sénat sur les objectifs de la guerre, le Pré­sident Wilson expliquait que les Etats-Unis, ja­dis, a­vaient été «fondés pour le bien de l’hu­ma­nité» (16) (sic!). Wilson affirmait catégori­que­ment: «Ce sont des principes américains, ce sont des politiques amé­ricaines… Ce sont les principes du genre humain et ils doivent pré­dominer» (17). Carr souligne que «les dé­cla­rations de ce personnage viennent es­sen­tiel­lement d’hommes d’Etat anglo-saxons et d'é­cri­vains. Il est vrai, ajoute Carr, que lors­qu’un natio­nal-socialiste important certifiait que «tout ce qui est profitable au peuple al­lemand est juste, tout ce qui fait du mal au peu­ple allemand est mauvais», il pro­posait qua­siment la même équation entre l’intérêt na­tional et le droit universel, équation qui a­vait déjà été établie par Wilson pour les pays de langue an­glaise».


Les deux explications de Carr


Carr a donné deux explications alternatives à ce pro­ces­sus d'universalisation de l’intérêt na­tional particu­lier. La première explication se re­trouve fréquem­ment dans la littérature poli­ti­que des pays continen­taux : elle avance que les peuples de langue anglai­se sont de vieux maîtres dans l’art de concevoir leurs intérêts na­tionaux égoïstes comme l'expression pure et sim­ple du bien général, et que ce genre d’hy­­po­crisie est une particularité spéciale et carac­té­ristique de la façon de penser des Anglo-Sa­xons. La seconde explication était plus sociolo­gi­que : les théo­ries sur la moralité sociale sont tou­jours le pro­duit d’un groupe dominant, qui s’i­dentifie d'emblée à la communauté prise dans son ensemble et qui pos­sède des moyens que ne possèdent pas les groupes ou individus subordonnés pour imposer leur point de vue sur la vie dans la communauté. Les théories de la moralité internationale sont, pour les mê­mes rai­sons et en vertu du même processus, le produit des nations hégémoniques et/ou des groupes de nations dominantes. Durant les cent dernières années, et plus particulièrement de­puis 1918, les nations de lan­gue anglaise ont formé le groupe dominant dans le monde; les théories actuelles de la moralité inter­na­tio­na­le ont été choisies par eux pour perpétuer leur suprématie et se sont généralement d'a­bord ex­primées dans l’idiome qui leur est pro­pre (18).


Le vocabulaire de l'émancipation


Autre aspect important de la théologie politi­que : la pratique de mythifier et d'idéaliser l’ex­pansionnisme américain pour en faire une mo­ralité internationale u­ni­verselle. Quelles sont les caractéristiques de la my­thologie uni­ver­saliste? C’est de transformer la si­gni­fication de la réalité politique classique (ndt : ari­sto­té­li­cienne et nationale-étatique) pour n'en faire qu'une illusion chimérique, de facture répres­sive, et, en conséquence, de neutraliser et de dé­lé­gitimer le langage politico-étatique (natio­nal) ou tout acte de ré­sistance contre l'uni­ver­salisme américain. En d’au­tres termes, la my­tho­logie politique de facture uni­ver­saliste con­siste toujours à confisquer le réel, à l'é­liminer et l'évacuer. Dans ce contexte, le langage ar­­ticulé de l'ère étatique nationale, ou les actes de ré­sistance, affirmés par ceux qui refusent cette logi­que universaliste, offrent peu de ré­sistance, car leur contenu se voit neutralisé par la théologie politique universaliste. Pour pa­raphraser Roland Barthes (19), la théologie politique est expansive; elle s’invente el­le-mê­me sans cesse. Elle tient compte de tout; de tous les aspects des relations internationales, de la di­plomatie, du droit international. Les pays opprimés ne sont rien : ils ne produisent qu'un langage, le cas échéant, celui de leur é­mancipation, or cette éman­cipation a déjà été dé­légitimée à l'avance. L’oppres­seur, en l'oc­cur­rence les Etats-Unis, sont tout, leur langage politico-théologique a été élevé au rang de dog­me. En d’autres termes, dans le cadre de la théo­logie politique, les Etats-Unis ont le droit exclu­sif de produire le méta-langage qui vi­se à pérenniser l’hégémonie américaine. La théo­logie politique, en tant que mythe, nie le caractère empirique de la réa­lité politique; ain­si la résistance à cette théologie hégémonique doit viser à recréer et à émanciper la réalité em­pirique.


Un méta-langage qui accepte pour argent comptant les slogans de la propagande


Durant la marche en avant de l’expansion­nis­me a­mé­ricain, déjà tout entière contenue dans la doctrine de Monroe et dans ses nombreuses extensions, en particulier durant la Guerre Froi­de avec sa justifi­ca­tion idéologique, on pou­vait lire dans des documents tels le NSC-68, qu'une destruction et une idéolo­gi­sation du langage politique devaient s'accomplir et l'ont été. L’histoire de la Guerre Froide a débouché sur le fait que les Américains anglophones sont tom­bés dans le jargon propagandiste de l'ancienne idéo­logie et pratique panaméri­cai­nes, avec sa propen­sion à accepter pour ar­gent comptant les slogans, les simplifications, les mensonges et les clichés pom­peux tels que le "totalitarisme", la "défense de la dé­mo­cra­tie", le "péril rouge", etc.


L’expansionnisme américain et les machina­tions co­lo­niales d’une Amérique perfide ont pré­cisément in­clus de force des sémantèmes nou­veaux dans le lan­gage, des sémantèmes dont Washington avait be­soin pour exprimer ou camoufler vaille que vaille sa sauvagerie, déguisée en universalisme au service du genre humain; l'objectif préventif est de délégitimer toute résistance potentielle et légitimer à l'a­van­ce la conquête et l’hégémonie. Les Etats-Unis ont imposé une subversion planétaire du lan­gage et c'est sur la base de cette gigan­tes­que falsification que l’Améri­que contemporaine a été éduquée.


Un gigantesque mur de mythes


Pour paraphraser George Steiner, les diri­geants de l’Amérique construisent entre l’es­prit américain et la réalité empirique un gigan­tesque "mur de mythes". Au fur et à mesure, les mots ont perdu leur sens ori­ginel et ont acquis les contenus sémantiques propres de la théologie politique universaliste, manipulée par Washington. Le langage est devenu une falsi­fi­cation générale, à tel point qu'il n’est plus ca­pable de saisir ou d’exprimer la vérité. Les mots sont devenus des instruments de men­son­ge et de désinformation, des convoyeurs de fausseté, servant à bétonner l’hégé­monie. «Le langage n’était pas seulement infecté par ces colossales bêtises, il était sommé d'imposer les in­nombrables mensonges [de la propagande]» (20), d’endoctriner et de persuader les Amé­ricains que les nombreux actes visant à mettre des nations entières hors jeu, ainsi que le droit international, que les a­gressions militaires et les crimes de guerre en Co­rée, au Vietnam et, plus récemment, au Panama et en Irak, ont ser­vi la cause des grands principes "hu­manitai­res". La subversion du langage par la théo­logie politique américaine fait en sorte que la vérité empirique ne puisse plus être dite, et érige un mur de silence et de mensonge, qui a pour résultat inat­tendu l’effondrement de la langue anglaise, héritée de l'histoire, au profit du jar­gon panaméricain, pure fabrication récente. Et lorsque la langue « a été pi­quée de menson­ges, seule la vérité la plus crue peut la puri­fier» (21).


Des torrents de parlottes moralisantes


Il est un phénomène américain très étrange que l’on ne retrouve pas en Europe : un Hom­me de Dieu —d’ordinaire un prêtre— qui s’a­vère charlatan. Eh bien, dans l’arène politique, après la fin de la pre­mière guerre mondiale, le Président Wilson était un de ces "Hommes de Dieu" qui voilait l’expansionnis­me américain par des torrents de parlottes morali­santes. Pour Wilson, les Etats-Unis détenaient un rôle, que leur avait dévolu la Providence, celui de di­riger le monde. Le wilsonisme était l’origine et la per­sonnification du totalitarisme améri­cain universa­liste. A présent, dans l’après-Guer­re Froide et l’a­près-Yalta, nous avons af­faire à un nouveau Wilson, un petit Wilson, soit le Président Clinton, qui, à son tour, ré­veil­le le torrent de parlottes moralisantes de son prédécesseur; lui aussi se pose comme "Hom­me de Dieu", et a pris sa place dans la cour­se à l’ex­pan­sionnisme universaliste, de fac­ture néo-wilsonienne, en utilisant la même vieille notion de Destinée Ma­nifeste et la mê­me théologie politique, cette fois sous les ori­peaux du "nouvel ordre mondial". Mais une fois de plus, les concepts de la théologie poli­ti­que universaliste américaine se dévoilent pour ce qu'ils sont : l’opium de la communauté in­ter­na­tio­nale.


Nikolaj-Klaus von KREITOR.

(http://mid.diplomat.ru/wwwb/main/messages/1220.html... ; trad. fr. : LA).


notes :

*Anders Stephenson Manifest Destiny. American expansion and the Empire of Right (Hill and Wang, New-York, 1995).

(1) Hans J. Morgenthau, Politics Among Nations (Alfred A. Knopf, New-York, 1948) p. 64.

(2) Hans J. Morgenthau, Politics Among Nations, ibid., p. 65.

(3) Hans J. Morgenthau, Politics Among Nations, aux édi­tions Stanley Hoffman; Contemporary Theory in Inter­natio­nal Relations (Prentice Hall, Inc, Englewood Cliffs, 1960) p. 61.

(4) Louis A. Coolidge, An Old Fashioned Senator: Orville H. Platt (New-York, 1910) p. 302.

(5) Richard Hofstadter, The Paranoid Style in American Poli­tics (The University of Chicago Press, Chicago, 1965) p. 174.

(6) Richard Hofstadter, ibid. pp. 175, 176, 177.

(7) Claude G. Bowers, Beveridge and the Progressive Era (New-York, 1932)

p. 121.

(8) Richard Hofstadter, ibid. p. 177.

(9) Kenneth M. Coleman, The Political Mythology of the Monroe Doctrine:Reflection on the Social Psychology of Domination, pp. 99, 100, 110

(10) M. Coleman, ibid. pp. 97, 103.

(11) M. Coleman, ibid. p. 102. Coleman quotes after Salvado de Madariaga Latin America Between the Eagle and th eBear (Praeger, New-York, 1962) p. 74

(12) Coleman, ibid. pp. 105, 109.

(13) Carl Schmitt, Grossraum gegen Universalismus in Position und Begriffe im Kampf mit Weimar-Genf-Versailles 1923-1939 (Duncker & Humblot, Berlin, 1988) pp. 295-303.

(14) Edward Hallet Carr, The Twenty Year’s Crisis 1919-1939 (Harper Torchbooks, New-York, 1964) p. 78; aussi R.S. Baker Public Papers of Woodrow Wilson: The New Democracy.

(15) Voir sur ce sujet: Kenneth W. Thompson, Toynbee and the Theory of International Poitics, aux editions Hoffman, Contemporary Theory in International Relations, ibid., p. 97.

(16) Editions R. S. Baker, Public Papers of Woodrow Wilson: The New Democracy pp. 318-319.

(17) Edward Hallet Carr, The Twenty Year Crisis, ibid. p. 79; aussi Toynbee, Survey of International Affairs, 1936, p. 319.

(18) Edward Hallet Carr, ibid., pp. 79, 80.

(19) Roland Barthes, Mythologies (Hill and Wang, New-York, 1987) pp. 131, 148, 149.

(20) Georg Steiner, A Reader, (Oxford University Press, New-York, 1984), p. 212.

(21) Georg Steiner, ibid. p. 219.



 

samedi, 14 février 2009

USA-Russie: la guerre des bases

USA-RUSSIE : La guerre des bases…

SOURCE : THEATRUM BELLI

 

U69CAGF92KOCANVTG9ICACMY83FCAEBG8FSCADQ466YCASFPNCVCA51890QCAD2BA9CCASF0W7RCA3N1YWTCAKJCH1CCAQOHBA5CADK6HHKCAQTR1P1CAVC1MKMCAO9ZUQCCAACWKKYCAH0I9OUCAFC9PFJ.jpgRusses et Américains se livrent en ce moment à un gigantesque Monopoly stratégique en Asie centrale. A la clé, le contrôle de bases militaires.

 

« En Asie centrale, j’achète Manas… ». L’acheteur est russe, le vendeur kirghize et le perdant américain. « Dans les ex-territoires géorgiens, j’achète Otchamtchira… ». L’acheteur est russe, le vendeur abkhaze et le perdant géorgien.

 

Une gigantesque partie de Monopoly est en cours en Asie centrale, avec les Russes dans le rôle de l’investisseur acharné et les Américains dans celui du propriétaire qui voit ses biens lui échapper.

 

Le dernier revers américain a eu lieu en Kirghizstan. Les autorités de Bichkek ont définitivement décidé de fermer la base américaine de Manas après avoir reçu de Moscou un chèque de 450 millions de dollars et une annulation de dette de 180 millions de dollars.

 

Manas, créée en 2001, sert de plate-forme logistique aux troupes de la coalition internationale déployée en Afghanistan. 1 200 soldats US y sont basés, ainsi que des avions de transport et de ravitaillement en vol. La décision kirghize est jugée « regrettable » à Washington où le Pentagone étudie, de toute urgence, une solution tadjike. Le Tadjikistan serait, en effet, prêt à autoriser le transit vers l’Afghanistan de marchandises destinées à la coalition internationale, à l’exception des fournitures militaires.

 

La « guerre des bases » affecte aussi les territoires géorgiens. Les Russes vont ouvrir une base navale en Abkhazie, à un jet de grenade de la Géorgie. Ils projettent aussi d’en créer d’autres en Syrie, en Libye ou au Vietnam.

D. Venner : L'Europe et l'européanité

L'Europe et l'Européanité par Dominique Venner

Qu'est-ce que l'Europe ? Qu'est-ce qu'un Européen ?
D'un point de vue géopolitique et historique, l'Europe se définit d'abord par ses limites. Au centre, l'Europe noyau, formée par les nations qui ont vécu depuis le Haut Moyen Age une histoire solidaire bien que souvent conflictuelle. Pour l'essentiel, il s'agit des nations issues de l'Empire carolingien et de ses marges, celles qui constituèrent au traité de Rome (1957) l'Europe dite des Six. Au-delà, on voit se dessiner un deuxième cercle incluant les nations atlantiques et septentrionales, ainsi que celles de l'Europe orientale et balkanique. Enfin, un troisième cercle d'alliances privilégiées s'élargit jusqu'à la Russie. On ne plaide ici nullement pour un projet politique. C'est seulement l'historien qui parle et rappelle une série de réalités. On pourrait en invoquer d'autres. L'empire danubien des Habsbourg fut une réalité. L'Europe de la Baltique en fut une également, ce qui n'est plus vrai de la Méditerranée qui a cessé d'être un facteur d'unité à partir de la conquête arabo-musulmane du vue siècle. Mais l'Europe est bien autre chose que le cadre géographique de son existence.

La conscience d'une appartenance européenne, donc d'une européanité, est très antérieure au concept moderne d'Europe. Elle s'est manifestée sous les noms successifs de l'hellénisme, de la celtitude, de la romanité, de l'empire franc ou de la chrétienté. Conçue comme une tradition immémoriale, l'Europe est issue d'une communauté de culture multimillénaire tirant sa spécificité et son unicité de ses peuples constitutifs, d'un héritage spirituel qui trouve son expression primordiale dans les poèmes homériques.

Comme les autres grandes civilisations, Chine, Japon, Inde ou Orient sémitique, la nôtre plongeait loin dans la Préhistoire. Elle reposait sur une tradition spécifique qui traverse le temps sous des apparences changeantes. Elle était faite de valeurs spirituelles qui structurent nos comportements et nourrissent nos représentations même quand nous les avons oubliées. Si, par exemple, la simple sexualité est universelle au même titre que l'action de se nourrir, l'amour, lui, est différent dans chaque civilisation, comme est différente la représentation de la féminité, l'art pictural, la gastronomie ou la musique. Ce sont les reflets d'une certaine morphologie spirituelle, mystérieusement transmise par atavisme, structure du langage et mémoire diffuse de la communauté. Ces spécificités nous font ce que nous sommes, à nul autre pareils, même quand la conscience en a été perdue. Comprise dans ce sens, la tradition est ce qui façonne et prolonge l'individualité, fondant l'identité, donnant sa signification à la vie. Ce n'est pas une transcendance extérieure à soi. La tradition est un « moi » qui traverse le temps, une expression vivante du particulier au sein de l'universel.

Le nom d'Europe apparut voici 2 500 ans chez Hérodote et dans la Description de la terre d'Hécatée de Milet. Et ce n'est pas un hasard si ce géographe grec classait les Celtes et les Scythes parmi les peuples de l'Europe et non parmi les Barbares. Cette époque était celle d'une première conscience de soi, surgie de la menace des guerres médiques. C'est une constante historique : l'identité naît des menaces de l'altérité.

Une vingtaine de siècles après Salamine, la chute de Constantinople, le 29 mai 1453, fut ressentie comme un séisme pire encore. Tout le front oriental de l'Europe se trouvait offert à la conquête ottomane. L'Autriche des Habsbourg devenait l'ultime rempart. Cet instant critique favorisa l'éclosion d'une conscience européenne, au sens moderne du mot. En 1452, le philosophe Georges de Trébizonde avait déjà publié Pro defenda Europa, manifeste où le nom d'Europe remplaçait celui de Chrétienté. Après la chute de la capitale byzantine, la cardinal Piccolomini, futur pape Pie II, écrivit : "On arrache à l'Europe sa part orientale." Et pour faire sentir toute la portée de l'événement, il invoquait, non les pères de l'Église, mais, plus haut dans la mémoire européenne, les poètes et les tragiques de la Grèce antique. Cette catastrophe, disait-il, signifie « la seconde mort d'Homère, de Sophocle et d'Euripide ». Ce pape lucide mourut en 1464 dans le désespoir de n'avoir pu réunir une armée et une flotte pour délivrer Constantinople.

Que l'Europe fût une très ancienne communauté de civilisation, toute l'histoire en témoigne. Sans remonter aux peintures rupestres et à la culture mégalithique, il n'y a pas un seul grand phénomène historique vécu par l'un des pays de l'espace franc qui n'ait été commun à tous les autres. La chevalerie médiévale, la poésie épique, l'amour courtois, le monachisme, les libertés féodales, les croisades, l'émergence des villes, la révolution du gothique, la Renaissance, la Réforme et son contraire, l'expansion au-delà des mers, la naissance des Etats-nations, le baroque profane et religieux, la polyphonie musicale, les Lumières, le romantisme, l'univers prométhéen de la technique ou l'éveil des nationalités... Oui, tout cela est commun à l'Europe et à elle seule. Au cours de l'histoire, tout grand mouvement lié dans un pays d'Europe a trouvé immédiatement son équivalent chez les peuples frères et nulle part ailleurs. Quant à nos conflits qui ont longtemps contribué à notre dynamisme, ils furent dictés par la compétition des princes ou des États, nullement par des oppositions de culture et de civilisation.

Contrairement à d'autres peuples moins favorisés, les Européens avaient rarement eu à se poser la question de leur identité. Il leur suffisait d'exister, nombreux, forts et souvent conquérants. Voilà qui est fini. Le terrible « siècle de 1914 » a mis fin au règne des Européens que taraudent désormais tous les démons des interrogations sur eux-mêmes et de la culpabilité, tempérés il est vrai par une abondance matérielle provisoire. Les artisans de l'unification évacuent même avec effroi la question de l'identité. Celle-ci commande pourtant la nécessaire perception d'une communauté autant que la question vitale des frontières ethniques et territoriales.

Dominique Venner, Le Siècle de 1914, 2006.

A lire:
>>> Dominique Venner,
Histoire et Tradition des Européens : 30000 ans d'identité, Ed. du Rocher, 2004.

Wat maakt een leger onoverwinnelijk?

Wat maakt een leger 'onoverwinnelijk'?

Algemeen wordt aangenomen dat het leger van de Verenigde Staten van Amerika het sterkste leger ter wereld is. De VS is “de” leidende macht inzake de ontwikkeling en toepassing van de nieuwste en modernste bewapening, tactieken en opleiding. Toch slaagt het sterkste leger ter wereld er niet in om een “boeren”-leger als dat van de Taliban in Afghanistan te verslaan. Integendeel zelfs, de Taliban is na al die jaren er enkel nog sterker uit gekomen. Toch beschikt de Taliban naar schatting over gevoelig minder troepen dan de coalitiestrijdkrachten die toch meer dan superieur bewapend zijn. Hoe is het mogelijk dat het meest technologische leger van de wereld hier niet kan zegevieren?

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Defensa del antiamericanismo

Defensa del antiamericanismo

Augusto Klappenbach

Público

En estos tiempos políticamente correctos suele decirse que las críticas a Estados Unidos no hay que interpretarlas como antiamericanismo sino como cuestionamientos a la política de algunos de sus gobernantes, como sucedió especialmente durante el mandato de Bush. Así, el pueblo español –y muchos otros pueblos– no sería antiamericano sino enemigo de una política concreta, de la cual la guerra de Irak sería el mejor ejemplo. Con la llegada al poder de Barack Obama este prejuicio habría desaparecido y se iniciaría una época de entendimiento entre culturas que comparten los mismos valores.

Creo, sin embargo, que esta concesión a la corrección política es excesiva: las reservas antiamericanas de muchos –entre los cuales me incluyo– no se limitan a rechazar determinadas decisiones políticas del gobierno de Estados Unidos, sino que incluyen el rechazo a una forma de vida, a una determinada jerarquía de valores en muchos sentidos opuesta a nuestra manera de concebir la vida social.

Es conocida la tesis, desarrollada hace tiempo por Max Weber, acerca de la ética protestante y el capitalismo. La riqueza es señal de predestinación: la prosperidad material indica que Dios ve con buenos ojos a quien triunfa en este mundo, triunfo que preludia la bienaventuranza eterna. Probablemente ningún país ha tomado más en serio esta tesis: dos de los rasgos característicos del american way of life son precisamente la religión y el éxito económico. No es casual la inscripción del lema In God we trust en los billetes de dólar. Y este éxito económico, que conlleva la correspondiente superioridad científica, tecnológica y militar, trae consigo otra característica cultural que se sigue de las anteriores: su conciencia de pueblo elegido.

De este modo, tres notas distintivas de su cultura se articulan entre sí y se refuerzan recíprocamente: la riqueza, la religión y el patriotismo. Tres valores muy discutibles tomados por separado, pero sumamente peligrosos cuando se juntan y que explican buena parte de las actitudes antiamericanas. La prepotencia en su gestión de las relaciones internacionales, sustentada en el formidable poder nacido de sus posibilidades económicas y militares, resulta sacralizada por la creencia de que han recibido una misión de la que sólo a Dios –o, en su versión secularizada, a la Historia– deben rendir cuentas. Todo lo cual es compatible con una moral privada que en ocasiones roza el puritanismo: una moral sexual que ayuda a mantener actitudes de autocontrol y culpabilidad sumamente útiles para el control social, así como la pena de muerte vigente en varios Estados, que cumple la función ideológica de limitar la responsabilidad al ámbito individual y su eliminación definitiva por la desaparición del sujeto culpable.
La prosperidad económica que hace posible esta prepotencia se sustenta a su vez en una concepción
darwinista de la historia, compatible con la interpretación protestante de la prosperidad material. La historia humana debe imitar el modelo de la selección natural si quiere seguir avanzando, lo cual constituye una manera de adecuar la estructura social a los signos de la predilección divina: los triunfadores son los elegidos. La sociedad se concibe así como una continua competencia entre individuos que, como toda competencia, produce vencedores y perdedores, estableciendo un principio según el cual los individuos más fuertes y hábiles tienen más derecho que los débiles incluso a la satisfacción de sus necesidades básicas. De tal modo que, por ejemplo, un individuo de escasos recursos económicos no puede permitirse un tratamiento médico de alto coste o una buena educación. Por supuesto que en Europa no somos ajenos a estas desigualdades, pero lo que aún queda del estado de bienestar permite matizar ese darwinismo social, al menos en lo que se refiere a las necesidades básicas.

Esta exaltación de la competencia entre individuos genera una ideología que desconfía sistemáticamente de lo público y deposita su confianza en la iniciativa privada. Es decir, que pone las decisiones que atañen a la sociedad en manos anónimas que concentran el poder económico, hurtándolas a la posibilidad de publicidad y crítica que ofrece, si bien limitadamente, la gestión pública. Esa desconfianza hacia lo público desvía a la iniciativa privada a actividades que en el modelo social europeo son competencia de los Estados, como muchas tareas asistenciales y de seguridad.
Aun cuando se advierten en Europa muchas tendencias afines al modelo americano, el europeo medio tiene una concepción de la vida pública mucho más laica y menos mesiánica: no se le ocurre vincular el destino de su nación a valores religiosos o a misiones históricas. Si prescindimos de los brotes nacionalistas, que requieren un tratamiento aparte, su tipo de patriotismo, cuando lo tiene, es mucho más secular y abierto a la crítica de su propio país. Por otra parte exige una presencia mucho mayor del Estado en la vida social: la sanidad, la educación, las pensiones de jubilación, la atención a los mayores son temas que el europeo incluye en la esfera de los deberes públicos y resultan decisivos en la elección de sus gobernantes, aun cuando individualmente prefiera en ocasiones la oferta privada de esos servicios.

La llegada de Obama a la presidencia abre la posibilidad de que algunas de estas cuestiones se revisen y se acorte la distancia cultural entre Estados Unidos y el resto del mundo. Sin embargo, habría que evitar las excesivas ilusiones que conducen a desilusiones tan excesivas como aquellas. La manera de “estar en el mundo” de una nación no se cambia radicalmente por un proceso electoral.

Augusto Klappenbach es Filósofo y escritor

http://blogs.publico.es/dominiopublico/1070/defensa-del-antiamericanismo/

Sixty-Eighters

 

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Sixty-Eighters

Tomislav Sunic

From Italy to France, from Germany to England, the post-World War II generation is now running the show. They have traded in their jeans and sneakers for political power. Thirty years ago, they rocked the boat at Berkeley, in Paris, and in Berlin; they marched against American imperialism in Vietnam, and supported the Yugoslav dictator, Josip Broz Tito, and his "socialism with a human face." They made pilgrimages to Hanoi, Havana, and Belgrade, and many of them dressed in the Vietcong's garb, or Mao's clothes. A certain Bimbo named Jane Fonda even paid a courtesy visit to North Vietnam and posed for a photo-op with her rear on a communist howitzer. This generation protested against their wealthy parents, yet they used their fathers' money to destroy their own welfare state. A burning joint passed from hand to hand, as Bob Dylan croaked the words that defined a generation: "Everybody must get stoned."

This was a time which the youth in communist countries experienced quite differently. Prison camps were still alive, deportations were the order of the day from the Baltics to the Balkans, and the communist secret police--the Yugoslav UDBA, the Romanian Securitate, the East German Stasi, and the Soviet KGB--had their hands full. European 68ers did not know anything about their plight, and they simply ignored the communist topography of horror.

Back then, the 68ers had cultural power in their hands, controlling the best universities and spreading their permissive sensibility. Students were obliged to bow down to the unholy trinity of Marx, Freud, and Sartre, and the humanities curriculum showed the first signs of anti-Europeanism. Conservatives concentrated all of their attention on economic growth, naively believing that eliminating poverty and strengthening the middle class would bring about the renaissance of the conservative gospel.

Today, the 68ers (or "neo-liberals" or social democrats") have grown up, and they have changed not only their name, but also their habitat and their discourse. Their time has come: Now they hold both cultural and political power. From Buenos Aires to Quai d'Orsay, from 1600 Pennsylvania Avenue to 10 Downing Street, they sit in air-conditioned executive offices or in ministerial cabinets, and they behave as if nothing has changed. Perfectly recycled in stylish Gucci suits, wearing expensive Bally shoes, sporting fine mascara, the 68ers pontificate about the global free market. They have embraced their former foe, capitalist entrepreneurship, and have added to it the fake humanistic facade of socialist philanthropy.

They have drawn up a hit list, filled with the names of senile individuals from distant countries who have been accused of "war crimes" and must be extradited to the 68ers' kangaroo courts. Seldom, if ever, do they acknowledge the millions of victims of communism, documented recently by Stephane Courtois in Le livre noire du communisme. Nor do they wish to face their own role in communist genocide. And why should they? Their decades-long civil disobedience resulted in the downplaying of communist horror and legitimized the Gulag. While the 68ers did not play a direct role in Beria's, Yagoda's, or Tito's ethnic cleansing, they were useful idiots. If today's caviar left were to open the Pandora's box of the Gulag, Augusto Pinochet would look like a naughty little scout from boot camp. The best way to cover up their own murderous past is to sing the hymns of human rights and to lecture on the metaphysics of permanent economic progress.

The 68ers and their well-clad cronies are the financial insiders now, speculating on stocks, never hesitating to transfer megabucks to Luxembourg via the Cayman Islands or, better yet, to do some hidden wheeling and dealing on Wall Street. They no longer spout nonsense about equality and social justice for the Vietcong, Congolese, or Tibetans, nor do they indulge in academic rantings about socialist utopia. And why should they? Today, the time is ripe for their gross corruption, veiled, of course, in the incessant rhetoric of multiculturalism. The 68ers have won: The world belongs to them.

But for how long? The 68ers have inherited a massive financial burden, much of it the result of government spending on the various programs that they once took to the streets to demand. At the same time, their work ethic pales next to the rugged individualism of their hard-working predecessors. From Germany to France, from Italy to England, they may excel in a liberal mimicry of capitalism, which in practice translates into the rise of a handful of the very rich and an ever-larger mass of the working poor. But who will foot the tab? No country can be run by humanitarian decrees. When push comes to shove, good leftist intentions mean nothing: The voters can kick the 68ers out of office just as quickly as they brought them in.

Many conservatives in Europe misunderstand the true nature of the modern left and its socialist offshoots. These conservatives naively assume that the cultural war will be won through political elections. They believe that political power (that is, the army, police, and diplomacy) will keep the country together and circumvent or circumscribe leftist influence. This is a dangerous and possibly fatal mistake, not just for the conservative cause, but for European civilization. The political power held today by the former 68ers is being institutionalized through legal restrictions on freedom of speech, of thought, and of research. Germany, Belgium, France, and other European countries have already passed strict laws forbidding young scholars to pursue open and honest research in certain touchy areas of modem history. Passages from the German Criminal Code bring to mind the Soviet comrade Vishinsky: They are not what we expect of a free and democratic country.

Many conservatives have failed to realize that political power must always be preceded by cultural power, and afterwards strengthened by an incessant media war. In our age of video, of hologram Hitlers, of sound-bite political lingo, the one who adapts the fastest to the changing world is bound to win. The 68ers realized long ago that one needs to infiltrate universities, publishing houses, and schools before storming the White House. For three decades, leftist scholars have diligently dished out their marxophille dogma to gullible students in Europe. Their progeny have grown up and are well positioned to follow suit.

If conservatives ever wish to surface again, they must resolutely commit themselves to fighting the cultural revolution by grooming highly sophisticated, highly intelligent journalists and scholars, and by coaching young people to defend the heritage of Europe. Conservative political leaders must realize that the culture is the only battleground on which cultural and political hegemony can be snatched away from the hydra of 68ers. Consider this: Conservatives can still boast of some prominent political leaders, yet the universities, schools, and the media are totally controlled by the left.

Conservative intellectuals in Europe are too differentiated, and they often suffer from pathological vanity and obsessive   individualism. Although they are sometimes wrongly accused of being populists, conservatives are incapable of whipping the young masses into a frenzy, or of creating militants ready to storm street barricades. Most conservatives don't understand how to articulate their own message. It is impossible to get three conservatives to work together: Each will immediately wish to prove that he is the best. Cultural conservatives still don't recognize their true enemy, much less know how to beat him. Frequently, they quarrel among themselves about their own nationalist victimology, or push their tribal dogmas to the extreme--always, of course, to the benefit of the international left. To be a conservative should not merely mean being frightened by postmodernity, or savoring one's provincial "rootedness," or wearing thick horn-rimmed glasses, or attending Sunday school lessons. Some great conservatives were agnostics, or pagans, or modernists, or revolutionary thinkers. By contrast, today's conservatives have failed to address the social question of workers, and therefore, their turf has been stolen by the former 68ers, who are more versed in promising a glorious future.

What is to be done? Young conservatives, especially those with a solid background in the humanities, must start demystifying the leftist-liberal mythology. They must not gullibly imitate their teachers in the corrupt academy. After all, many self-proclaimed scholars are often half-wits with little knowledge of the drama of life, and they can easily be beaten on their own ground. In order to unseat the leftist-liberal political class and its pseudo-intellectual acolytes, young conservatives must resort to the same strategy that the left has pursued: Take to the cultural barricades, but to defend European civilization, rather than to tear it down.

And conservatives should not forget the ancient wisdom: Beat your leftist neighbor with his own weapon. Where it hurts the most.

[Chronicles, March 1999]

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vendredi, 13 février 2009

Ayméric Chauprade contre-attaque...

Aymeric Chauprade contre-attaque...

SOURCE : LE SALON BEIGE

 

salvador-dali-04.jpgInterrogé dans le Libre Journal d’Emmanuel Ratier sur Radio Courtoisie, le professeur de géopolitique des officiers supérieurs de l'Armée française a déclaré qu'il n'adhérait pas aux théories alternatives sur le 11 septembre. Néanmoins, dans le cadre de son ouvrage sur le choc des civilisations, il avait estimé que ces théories, scientifiquement intéressantes, avaient leur place. De plus, en tant qu'analyste, il se permet librement de douter du rapport officiel américain sur les attentats, doute qui ne le fait toutefois pas adhérer aux théories pour lesquelles il a été brutalement exclu. Il fait remarquer que les Américains sont capables de mentir pour arriver à leurs fins, comme l'a montré la fausse accusation à l'égard de l'Irak de Saddam Hussein concernant les armes de destructions massives. En outre, il rappelle qu'aux Etats-Unis, ce débat est ouvert et libre. Et de constater, mais on le savait, que la liberté d'expression n'existe plus en France.

 

Convaincu d'avoir été écarté en raison de ses idées, il poursuivra le ministre de la Défense en justice pour discrimination. Il a en outre accusé un lobby de type "néo-conservateur" français, proche des intérêts américains, d'avoir voulu lui nuire en raison de ses critiques à l’égard de l’hégémonie américaine..

Michel Janva

Manifestation à Nagasaki contre la venue d'un navire de guerre américain

Japon: manifestation à Nagasaki contre la venue d'un navire de guerre US

AFP 5/2/2009 : "Des centaines de Japonais ont manifesté jeudi contre la venue d'un navire de guerre américain dans la ville martyre de Nagasaki, ravagée par une bombe atomique larguée par les Etats-Unis en 1945.

L'USS Blue Ridge, le navire-amiral de la 7e Flotte américaine basé dans le port de Yokosuka (région de Tokyo), est venu accoster à Nagasaki officiellement pour promouvoir l'amitié nippo-américaine. Mais des centaines d'habitants de la ville, y compris des survivants du bombardement atomique, ont accueilli le navire de 19.600 tonnes en criant leur hostilité à cette escale. "Nous ne voulons pas voir de drapeau américain dans ce port tant que les Etats-Unis n'auront pas décidé d'abandonner les armes nucléaires", a déclaré à l'AFP un responsable de la ville de Nagasaki, Osamu Yoshitomi. Le maire de Nagasaki et le gouverneur de la préfecture ont refusé de participer à une cérémonie de bienvenue, après avoir demandé, en vain, aux autorités japonaises et américaines d'annuler la visite. Le navire doit repartir lundi.

Les Etats-Unis ont de nombreuses bases et plus de 40.000 hommes stationnés dans l'archipel, au nom de l'alliance conclue au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Un accord bilatéral de 1960 stipule que les autorités municipales n'ont pas le droit de refuser l'accostage d'un navire de guerre américain dans leur port. Le maire, Tomohisa Taue, a affirmé que cet accostage refroidissait l'enthousiasme de nombreux survivants de la bombe atomique, qui espèrent un geste du président Barack Obama en faveur de l'abandon des armes nucléaires. "Nagasaki ne peut accepter une escale qui réveille l'anxiété dans une ville frappée par une bombe atomique", a-t-il souligné dans un communiqué.

Quelque 70.000 personnes sont mortes lors du bombardement atomique américain de Nagasaki le 9 août 1945, trois jours après qu'une première bombe A ait été lâchée sur Hiroshima (ouest), faisant 140.000 morts. Le Japon a capitulé une semaine après, mettant fin à la Seconde guerre mondiale, mais la nécessité d'utiliser la bombe atomique pour faire plier l'archipel reste très controversée, a fortiori pour le second bombardement sur Nagasaki, jugé complètement inutile par de nombreux historiens."

Mondialisme contre ethnonationalisme

Mondialisme contre ethnonationalisme

Trouvé sur: http://qc.novopress.info/

Image Hosted by ImageShack.usDebout devant le Siegessaule, le monument commémorant les victoires de la Prusse sur le Danemark, l’Autriche et la France durant les guerres qui ont vu naître le second Reich, Barack Obama s’est déclaré lui même, « citoyen du monde » et a parlé d’un « monde debout comme un seul homme ».

Les mondialistes ont applaudi. Et l’élection de ce fils d’une adolescente blanche venue du Kansas et d’un diplomate kenyan est considérée comme l’évènement qui nous a fait entrer dans un nouvel âge « post-racial ».

Nous trompons-nous ? À travers le monde, la plus puissante force du XXème siècle, l’ethnonationalisme - ce créateur et destructeur de nations et d’empires ; cet effort constant des peuples pour créer un Etat-nation où leur foi et leur culture sont dominantes et où leur race ou leur tribu occupent la première place - semble plus manifeste que jamais.

« Le vote reflète les divisions raciales » titrait le Washington Times à propos d’un fait se situant à Santa Cruz en Bolivie. L’article commençait ainsi :

« Le référendum bolivien pour approuver une nouvelle Constitution soutenue par le président de gauche Evo Morales reflète les division raciales entre les descendants des Indiens d’Amérique et ceux des Européens ».

Les provinces où les métis et les Européens sont majoritaires ont voté contre la Constitution. Mais il apparait que les tribus indiennes des montagnes occidentales du pays ont voté massivement pour elle, car celle-ci traite des droits des groupes ethniques.

En 2005 Morales a accédé au pouvoir en étant résolu à redistribuer à sa propre tribu, les Aymara ainsi qu’à d’autres « peuples indigènes » un pouvoir et une richesse qu’il estime avoir été volés par les Européens à leur arrivée, il y a 500 ans à l’époque de Christophe Colomb.

La victoire de Pizzaro sur l’empire Inca est sur le point d’être renversée.

Selon l’article 190 de la nouvelle Constitution, les 36 zones majoritairement indiennes de la Bolivie sont autorisées à « exercer leurs fonctions juridictionnelles selon leurs propres principes, valeurs, culture, normes et procédures ».

La loi tribale est en passe de devenir la loi provinciale et même la loi nationale.

Le gouverneur Mario Cossio de Tarija, qui a voté « non », assure que cette Constitution va créer un « régime totalitaire », contrôlé par une « bureaucratie ethnique ». Ce à quoi Morales réplique : « les Boliviens de souche qui habitent sur ces terres depuis des milliers d’années sont nombreux mais pauvres. Les Boliviens arrivés récemment sont peu nombreux mais riches ».

La Bolivie est en train de se balkaniser, se divisant et étant partagée selon des critères de tribu, de race et de classe. Salué par Hugo Chavez, la Bolivie de Morales n’est pas la seule région où les revendications ethniques, tribales ou raciales partent en guerre contre l’universalisme et le mondialisme.

Après une élection disputée au Kenya, les Kikyu (1) ont subi un nettoyage ethnique de la part des Luo. Au Zimbabwe, les fermiers blancs sont dépossédés de leurs terres à cause de leur lignage. Au Sri Lanka, la rébellion tamoule contre les dirigeants Sinhalese - afin de créer une nation tamoule, une guerre qui a fait des dizaines de milliers de victimes - paraît perdue, pour l’instant.

A l’époque de Vladimir Poutine, les Russes ont écrasé les Tchétchènes, se sont affrontés aux Estoniens au sujet des monuments militaires russes datant de l’époque soviétique, ont eu des différends avec l’Ukraine concernant la Crimée et ont saigné la Géorgie.

Pékin écrase les Ouïghours qui veulent créer leur propre Turkestan oriental et les Tibétains qui cherchent l’autonomie, en envoyant dans ces deux régions des flots de Chinois Hans. (1)

En Europe, les partis populistes anti-immigration, alarmés par la perte des identités nationales, gagnent en respectabilité et en pouvoir. Le Vlaams Belang, parti indépendantiste flamand est le plus grand parti au Parlement belge. Le Parti populaire (3) et le Parti de la liberté sont maintenant les deuxième et troisième formation politique d’Autriche. Le Parti populaire suisse (4) de Christoph Blocher est le plus fort à Berne. En France, le Front National a récemment humilié le gouvernement en récoltant la moitié des votes dans une banlieue de Marseille (5).

Tous sont des ethnonationalistes convaincus. Le diplomate anglais Sir Christopher Meyer a écrit : « Il est inutile de dire que le nationalisme et le tribalisme ethnique n’ont aucune place dans les relations internationales au XXIème siècle ».

Dans le même temps, des institutions internationales, comme les Nations-Unies, le FMI et l’Union Européenne ont perdu de leur prestige. Les Tchèques - dont le président Vaclav Klaus, considère l’U.E. comme une prison des nations - exercent actuellement la présidence de l’U.E. Quand la crise financière a frappé, les Irlandais, Anglais et Allemands se sont précipités pour renflouer leurs banques, tout comme les Américains qui ont sauvé Ford, Chrysler et General Motors laissant Hyundai, Honda et Toyota dans la tourmente.

Cela s’appelle du nationalisme économique.

L’étoile montante du cabinet d’Ehud Olmert, est Avigdor Lieberman. Ce que défend Lieberman, écrit l’American Prospect, c’est « un nettoyage ethnique : comme ce nom effrayant le suggère, le parti Yisrael Beiteinu (qui signifie : “Israël est notre maison”) pense que le million d’Arabes citoyens israéliens doit être expulsé ».

Barack Obama a gagné le vote Afro-américain avec un ratio de 97 % contre 3 % seulement pour John McCain et un ratio de 90 % contre 10 % pour Hillary Clinton durant les primaires démocrates. McCain n’a fait mieux que son prédécesseur George W. Bush uniquement dans les Appalaches, le berceau des descendants des Écossais et des Irlandais.

Dans son article paru dans Foreign Affairs et intitulé Eux et Nous : le pouvoir durable du nationalisme ethnique, Jerry Z. Muller résume ainsi sa thèse :

« Les Américains sous-estiment généralement le rôle du nationalisme ethnique en politique. Mais (…) cela correspond à de tenaces propensions de l’esprit humain. Ce nationalisme ethnique est galvanisé par la modernisation et de lui dépendront les politiques mondiales des générations à venir. Une fois que le nationalisme ethnique a capturé l’imagination des communutés dans une société multiethnique, la désagrégation ethnique ou la séparation est parfois la moins mauvais réponse possible ».

La désagrégation ou la séparation, dit-il.

Sommes-nous vraiment en présence dans une Amérique post-raciale, ou est-ce que notre Amérique multiculturelle et multiethnique est, elle aussi, destinée à se balkaniser et à exploser ?

Par Patrick J. Buchanan
Traduit de l’américain et annoté par G.W. Blakkheim pour Novopress France

(1) L’auteur veut sans doute parler des Kikuyu.
(2) Ethnie majoritaire en Chine.
(3) L’auteur veut sans doute parler du BZÖ ou « Alliance pour le futur (ou l’avenir) de l’Autriche ».
(4) En fait, l’Union démocratique du centre.
(5) Information non confirmée…

Het vergeten conservatisme

Het Vergeten Conservatisme

Vriend en vijand als politiek criterium

Vriend en vijand als politiek criterium

De Duitse politieke filosoof en rechtsgeleerde Carl Schmitt (1888 - 1985) is een van de meest briljante critici van het liberalisme. Ten tijde van de Weimarrepubliek (1918-1932) was hij een vurig verdediger van een versterking van de grondwet én van een verbod op Verfassungsfeindliche politieke partijen; in die dagen de communisten van Ernst Thaelmann (KPD) en de nationaal-socialisten van Adolf Hitler (NSDAP). Schmitt is tevens de auteur van een omvangrijk oeuvre dat zich niet eenduidig laat beoordelen: zijn eerste boek verscheen in 1910, zijn laatste artikel in 1978.

De betekenis van Carl Schmitt

cs.jpgSchmitt's meest invloedrijke werk en één van de belangrijkste werken van de politieke theorie van de twintigste eeuw is Der Begriff des Politischen1. Hierin ontwikkelde hij zijn vriend-vijand theorie. Typerend voor het complexe denken van Schmitt is dat het decisionistische karakter aanwezig in zijn denken drie onderscheidende subcategorieën bevat: soeverein decisionisme2, antagonistisch decisionisme en constitutioneel decisionisme3. Decisionisme is algemeen beschouwd een term die aanduidt dat de contextuele beslissing van het individuele subject een centrale positie inneemt als de bron van politieke/existentiële waarmerking en bekrachtiging m.a.w. het is de concrete beslissing die van belang is. Ten onrechte wordt het antagonistisch decisionisme in Der Begriff des Politischen als representatief beschouwd voor zijn volledige oeuvre. Schmitt's werk wordt vooral gekenmerkt door een gefundeerde kritiek op de liberale (parlementaire) democratie. Parlementaire democratie is, volgens Schmitt, een contradictio in terminis. De wil van het volk kan niet vertegenwoordigd worden door een technische orde van parlementair debat en compromissen. Voor Schmitt heeft het parlement de waarde van een verzekeringshuis voor de economische kapitalistische machthebbers. De vorming van het algemeen belang is in een moderne democratie niet waarachtig democratisch want door belangen gefragmenteerd alvorens deze nog maar gevormd kan worden. Liberale democratie, argumenteert Schmitt, kan aldus nooit een waarachtige democratie zijn aangezien het slechts een instrument is die de private belangen van machtige kapitalistische groepen inbrengt in de uitvoerende macht. Daardoor kan een liberale democratie nooit een werkelijk legitieme regering voortbrengen. Het kan in het beste geval overheidsinstellingen voortbrengen die zichzelf rechtvaardigen door de inferieure criteria van legaliteit.

Tezamen met Oswald Spengler, Ernst & Friedrich Georg J�nger, Hans Bl�her en de vroege Thomas Mann behoort Carl Schmitt tot die figuren uit de conservatieve revolutie die de categorie�n Nationalrevolution�r, V�lkisch, Jungkonservativ & B�ndische4 overstijgen5. Ten onrechte wordt vaak gewezen op deze heterogene stroming als een wegbereider voor de nationaal-socialistische dictatuur. De verdiensten van Carl Schmitt op het vlak van de politieke theorie overstijgen echter al deze verdachtmakingen. Zelfs niemand minder dan J�rgen Habermas (o.a. van de postmarxistische Frankfurter Schule) heeft zijn invloed erkend en meer bepaald zijn kritiek op de technische aard van de parlementaire vertegenwoordiging overgenomen.

Der Begriff des Politischen

Vooraf dient men er rekening mee te houden dat Der Begriff des Politischen6 verschillende versies heeft gekend7. Enige betrachting van deze bijdrage is Schmitt's gedachtegang getrouw weer te geven en hier en daar enkele bijzonderheden aan te stippen. In het bestek van dit artikel dienen we ons te beperken tot de essentie voor een goed begrip van het vriend-vijand criterium en laten we de beschouwingen van Schmitt over de antropologische basis van politieke theorie�n (iedere werkelijke politieke theorie vooronderstelt dat de mens in geen geval onproblematisch maar een "gevaarlijk" en dynamisch wezen is), de pluralistische staatstheorie�n (als invraagstelling van de politieke eenheid van de staat) en de depolitisering door de polariteit van ethiek en economie (door de invloed van het liberalisme) achterwege. Voorts dient nog verduidelijkt dat Schmitt het niet heeft over de politiek (functie, bestel) maar over het politieke (handeling)8.

Politiek en staat

"Der Begriff des Staates setzt den Begriff des Politischen voraus". Het politieke gaat de staat vooraf, zo begint Schmitt zijn werk. Hij ziet de staat als de politieke status van een in een gesloten territorium georganiseerd volk. De staat is in het beslissende geval de ultieme autoriteit. Het politieke wordt vaak willekeurig gelijkgesteld met de staat of tenminste ermee in verband gebracht. De staat verschijnt dan als iets dat politiek is, het politieke als iets dat betrekking heeft op de staat, ongetwijfeld een onbevredigende vicieuze cirkel. De vergelijking staat = politiek wordt onjuist en bedrieglijk op het ogenblik dat staat en maatschappij zich wederzijds doordringen zoals dat zich noodzakelijkerwijze in een democratisch georganiseerde gemeenschap voordoet. "Neutrale" domeinen zoals cultuur, religie, onderwijs, economie, houden dan op "neutraal" te zijn. "Neutraal" in die zin dat ze geen verband hebben met de staat en het politieke.

Als polemisch concept tegen zulke neutraliseringen en depolitiseringen van belangrijke domeinen verschijnt de - potentieel elk domein omvattende - totale staat9. Dit resulteert in de identificering van de staat met de maatschappij. In de totale staat is alles - ten minste potentieel - politiek en in verwijzing naar de staat is het niet meer mogelijk een specifiek onderscheidingskenmerk met het politieke te handhaven. Schmitt bemerkt verder dat democratie zich moet ontdoen van alle typische onderscheidingen en depolitiseringen van de liberale negentiende eeuw. De totale staat kent niets meer dat absoluut niet-politiek is. In het bijzonder moet een einde gesteld worden aan de apolitieke (staatsvrije) economie en de economievrije staat.

Vriend en vijand

Een begrip van het politieke rust op het ultieme onderscheid tot dewelke alle politieke handelingen zich laten herleiden. Laat ons aannemen, argumenteert Schmitt, dat in het domein van de moraal het ultieme onderscheid goed en kwaad is, in de esthetica mooi en lelijk, in de economie nuttig en schadelijk of rendabel en niet-rendabel. De vraag is dan of er ook voor het politieke een specifiek onderscheid is dat kan dienen als eenvoudig criterium. Het specifieke politieke onderscheid tot dewelke politieke handelingen en motieven zich laten reduceren, stelt Schmitt, is het onderscheid tussen vriend en vijand. Schmitt beklemtoont dat het om een criterium gaat en niet om een inhoudelijke definitie. Het heeft dus dezelfde waarde als de andere criteria. De antithesis vriend-vijand is onafhankelijk, niet in de zin van een onderscheiden nieuw domein maar in die wijze dat ze niet kan gebaseerd of afgeleid worden van ��n van de andere antitheses of enige combinatie van andere antitheses. Het onderscheid tussen vriend en vijand duidt de uiterste intensiteitsgraad aan van een verbinding of scheiding, van een associatie of dissociatie. Concreet betekent dit dat de politieke vijand niet noodzakelijkerwijze moreel gezien slecht of esthetisch gezien lelijk moet zijn. Deze hoeft niet als een economische concurrent te verschijnen en het mag zelfs voordelig zijn met hem zakelijke relaties aan te gaan. Maar hij is, desondanks, de andere, de vreemde. In een concrete conflictsituatie is het aan de betrokkene om te oordelen of het anders zijn van de vreemde de negatie van de eigen levenswijze betekent en bijgevolg afgeweerd of bevochten dient te worden.

Publieke en private vijand

De begrippen vriend en vijand moeten verstaan worden in hun concrete en existenti�le zin, niet als metaforen of symbolen en niet vermengd of afgezwakt met morele, economische e.a. voorstellingen, allerminst als uitdrukking van persoonlijke gevoelens en tendensen. Het maakt tevens niet uit of men het nu verwerpelijk vindt of beschouwt als een atavistisch overblijfsel van barbaarse tijden dat naties zich blijven groeperen volgens vriend en vijand of hoopt dat dit onderscheid op een dag zal verdwijnen. Het gaat hier niet om abstracties of normatieve idealen maar om de inherente werkelijkheid en de re�le mogelijkheid tot dit onderscheid. De vijand is dus niet een concurrent of een tegenstander in algemene zin. De vijand is ook niet de private vijand die men haat. De vijand bestaat alleen wanneer de re�le mogelijkheid van een vechtende (k�mpfende) collectiviteit van mensen een gelijkaardige collectiviteit confronteert. De vijand is enkel de publieke vijand, omdat alles wat verband houdt met zo'n collectiviteit van mensen, in het bijzonder een volk, daardoor publiek wordt.

Schmitt neemt het voorbeeld van het gekende Bijbelcitaat "Bemint uw vijanden" (Mat. 5:44, Luc. 6:27) aangezien de Duitse en andere talen geen onderscheid kennen tussen publieke en private vijand. In het Latijn heet het "diligite inimicos vestros" en niet "diligite hostes vestros". De vijand is in het Latijn hostis (publieke vijand) en niet inimicus (private vijand) in bredere zin. Van politieke vijand is geen sprake. Nooit is het bij de modale christen tijdens de duizendjarige strijd tussen islam en christendom opgekomen om uit liefde voor de Saracenen of Turken, Europa uit te leveren aan de islam i.p.v. het te verdedigen. Het Bijbelcitaat betekent dus zeker niet dat men de vijanden van zijn eigen volk zou moeten liefhebben of ondersteunen.

Oorlog als manifestatievorm van vijandschap

Oorlog is gewapende strijd tussen georganiseerde politieke eenheden, burgeroorlog is gewapende strijd binnenin een, en daardoor ook problematisch wordende, georganiseerde eenheid. De begrippen vriend, vijand en strijd verkrijgen hun zin precies omdat ze verwijzen naar de werkelijke mogelijkheid tot fysische doding. Oorlog volgt uit de vijandschap, zij is de existenti�le negatie van de andere: de vijand. Oorlog is slechts de uiterste realisering van vijandschap. Het is niet zo dat het politieke enkel bloedige oorlog inhoudt en elke politieke handeling een militaire actie. Deze begripsbepaling van het politieke is oorlogszuchtig noch militaristisch, imperialistisch noch pacifistisch. Het is ook geen poging de zegerijke oorlog of de succesvolle revolutie als "sociaal ideaal" voorop te stellen aangezien oorlog noch revolutie iets sociaal of ideaal zijn. De militaire strijd is op zich niet de "voortzetting van politiek met andere middelen" zoals het beroemde citaat van Clausewitz meestal verkeerd geciteerd wordt10. Oorlog heeft zijn eigen strategische, tactische en andere regels en zienswijzen, maar zij vooronderstellen dat de politieke beslissing, nl. wie de vijand is, reeds genomen is. Oorlog is niet doelbestemming en doeleinde of tevens niet de eigenlijke inhoud van het politieke maar als een altijd aanwezige mogelijkheid is het de immer voorhanden zijnde vooronderstelling (Voraussetzung) die het menselijke handelen en denken op karakteristieke wijze determineert en daardoor een specifiek politiek gedrag cre�ert.

Het criterium van het vriend-vijand onderscheid betekent helemaal niet dat een bepaald volk voor eeuwig de vriend of vijand moet zijn van een ander specifiek volk of dat neutraliteit niet mogelijk of politiek niet zinvol kan zijn. Het gaat hier om een dynamisch criterium. Belangrijk is de mogelijkheid van het extreme geval, de werkelijke strijd, en de beslissing of deze situatie er is of niet. Dat dit extreem geval eerder uitzondering (Ausnahmefall) is, heft zijn beslissend karakter niet op doch bevestigt het des te meer. Een wereld waarin deze mogelijkheid tot strijd ge�limineerd en verdwenen is - ultieme wereldvrede - is een wereld zonder onderscheid van vriend of vijand en bijgevolg een wereld zonder politiek.

Niets kan de logische conclusie van het politieke ontsnappen. Indien de wil tot verhindering van de oorlog zo sterk is dat het de oorlog niet meer schuwt, dan is het een politiek motief geworden, m.a.w. het bevestigt de extreme mogelijkheid tot oorlog en de zin tot oorlog. De oorlog wordt dan beschouwd als de ultieme laatste oorlog van de mensheid. Zulke oorlogen zijn noodzakelijkerwijze bijzonder intens en onmenselijk aangezien ze het politieke overstijgen en de vijand tegelijkertijd tot morele en andere categorie�n degraderen en er een onmenselijk monster van maken die niet alleen verslaan maar ook definitief vernietigd moet worden. De mogelijkheid van zulke oorlogen maakt duidelijk dat oorlog als re�le mogelijkheid vandaag nog steeds voorhanden is en cruciaal is voor het vriend-vijand onderscheid en de betekenis van het politieke.

De beslissing over oorlog en vijand

Aan de staat als politieke eenheid komt het jus belli toe, het recht tot oorlogvoeren. Dat betekent de werkelijke mogelijkheid om in een concrete situatie te beslissen de vijand te bepalen en te bestrijden. Aldus heeft de staat als politieke eenheid een enorme macht: de mogelijkheid oorlog te voeren en daarmee te beschikken over de levens van mensen. Het jus belli impliceert de dubbele mogelijkheid: het recht om van de leden van zijn eigen volk de bereidheid tot sterven en doden (Todesbereitschaft und T�tungsbereitschaft) te verlangen. Maar de taak van een normale staat bestaat echter daarin binnenin de staat en zijn territorium de volledige vrede te garanderen. Rust, veiligheid en orde cre�ren en daardoor de normale toestand bewerkstelligen is de vereiste om rechtsnormen te doen gelden. Elke norm vooronderstelt een normale situatie en geen enkele norm kan geldig zijn in een voor deze volledig abnormale situatie.

Indien een volk niet meer de kracht of de wil heeft zich te handhaven in de politieke sfeer, dan zal het politieke niet verdwijnen uit de wereld. Enkel een zwak volk zal verdwijnen.

De wereld is geen politieke eenheid doch een politiek pluriversum

Uit het begripskenmerk van het politieke volgt het pluralisme van de statenwereld. De politieke eenheid vooronderstelt het re�le bestaan van een vijand en daardoor co�xistentie met een andere politieke eenheid. Zolang een staat bestaat zal er in de wereld dus meer dan ��n staat zijn. Een wereldstaat die de volledige aarde en de volledige mensheid zou omvatten kan niet bestaan. De politieke wereld is een pluriversum, geen universum. De mensheid kan aldus geen oorlog voeren want het heeft geen vijand, tenminste niet op deze planeet. Het begrip mensheid sluit het begrip vijand uit aangezien de vijand ook een mens is en daarin geen specifiek onderscheid ligt. Dat er oorlogen gevoerd worden in de naam van de mensheid doet niets af van deze eenvoudige waarheid. Integendeel, het heeft een bijzondere intensieve politieke betekenis. Wanneer een staat in naam van de mensheid een politieke vijand bestrijdt, is dit geen oorlog voor de mensheid maar een oorlog waarin een staat een universeel begrip gebruikt tegen zijn militaire tegenstander om zich, ten koste van de tegenstander, te identificeren met de mensheid op dezelfde wijze waarmee ook vrede, gerechtigheid, vooruitgang, beschaving misbruikt kunnen worden en door deze zich eigen te maken, ze ontzegt aan de vijand.

Het begrip mensheid is een bijzonder bruikbaar ideologisch instrument van imperialistische expansie en in zijn ethisch-humanitaire vorm is het een specifiek instrument van economisch imperialisme. Schmitt herinnert aan het woord van Proudhon: wie mensheid zegt, wil bedriegen. Het monopoliseren van het begrip "mensheid" heeft bepaalde consequenties zoals het de vijand ontzeggen een mens te zijn en hem hors-la-loi en hors l'humanit� te verklaren en daardoor de oorlog tot de extreemste onmenselijkheid te voeren. Afgezien van deze hoogst politieke bruikbaarheid van het niet-politieke begrip mensheid zijn er op zich geen oorlogen om de mensheid.

Gevaarlijkste boek

Uit een enqu�te die
Filosofie Magazine (december 2004) hield onder hoogleraren, schrijvers en journalisten bleek dat "Het begrip politiek" van Carl Schmitt is gekozen tot het gevaarlijkste werk uit de wijsbegeerte. Er werd gevraagd een top-drie van gevaarlijke boeken samen te stellen en te motiveren. Boeken die de schaduwzijde van het menselijk bestaan of van de moderne samenleving openbaren of de censuur van de goede smaak aanvallen. Boeken waarvan het gevaarlijker zou kunnen zijn ze te negeren dan ze te bestuderen.

Een van de ondervraagden, de filosoof Theo de Wit, die doctoreerde op de soevereine vijand in de politieke filosofie van Carl Schmitt (De onontkoombaarheid van de politiek), doorprikt in zijn motivering de liberale illusie van een conflictvrije samenleving: "Het verschijnen van een vijand maakt spoedig een einde aan de liberale droom waarin er wereldwijd alleen maar economische concurrenten of dialoogpartners bestaan. Een droom die alleen via een langdurig, mondiaal exces van geweld gerealiseerd kan worden."

Carl Schmitt - Het Begrip Politiek

Inleiding: Theo de Witt
Vertaling:George Kwaad/ Bert Kerkhof

Boom/ Parr�sia, Amsterdam, 2001.

ISBN 90 5352 725 7.
160 blz.
17.95 euro.
jan.lievens@vbj.org


Herwerkte versie (december 2004) van een artikel uit Breuklijn - november 2001.

Le déclin et la chute du droit international

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2002

Nikolaj-Klaus von KREITOR : 

Le déclin et la chute du droit international


Les partitions de la Yougoslavie étaient en fait des vols de territoires, dissimulés et justifiés par le droit international. Les Etats-Unis, dans ce processus d'ap­pro­priation du territoire de ce pays souverain qu'était la Yougoslavie, ont com­mis, et commettent encore et toujours, un «délit d'ordre territorial».


Les références au droit international, noyau du dis­cours habituel de Washington, ne sont rien d’au­tre que l’idéologie justifiant une expansion impérialiste. Le fait de justifier ces actes d'ac­crois­sement impé­rialiste flagrant par le droit in­ter­national, fait du droit la servante prosti­tuée de la politique. Carl Schmitt avait —ô com­bien— raison lorsqu’il écrivait: «Der­rière la façade des normes générales du droit in­ter­national, se cache, en réalité, le système de l’im­périalisme anglo-saxon». Plus que jamais dans le passé, dans le “Nouvel Ordre Mondial”, derrière la façade du droit international, se ca­che, en réalité, le système de l’impérialisme a­mé­ricain.


Les Américains font de leur droit interne un droit international à leur dévotion


En fait, la doctrine américaine traditionnelle, com­me on le voit dans le comportement inter­na­tional des Etats-Unis, montre que le droit in­ter­national n’existe pas, que le fond du pré­ten­du droit international est à peine un droit éta­tique externe, sujet à la puissance souveraine de l’Etat. Le droit interne de l’Etat a une prio­rité sans limite sur le droit international. Ce der­nier est valable seulement dans la mesure où il fait partie du système légal interne, et c’est l’Etat seul qui détermine cette validité. La doctrine est bien explicitée par Dean Acheson qui dit : «La plupart des éléments juridiques dans ce que l’on appelle “droit international” est un corpus véhiculant une éthique, et il faut faire attention de ne pas confondre cette éthi­que avec le droit». Et Dean Acheson continue: «Tout simplement, le droit ne traite pas de ces questions concernant le pouvoir ultime —c'est-à-dire le pouvoir venant des sources de la sou­veraineté». [Dean Acheson (1963 Proceedings of the American Society of International Law 13, réimprimé chez Noyes E. Leech, Covey T. Oli­ver et Joseph Modeste Sweeney “The Inter­na­tional Legal System” (The Foundation Press, Mineola, New-York, 1973) p. 105].


Les traités n'ont qu'un but : promouvoir les intérêts des Etats-Unis


La circulaire du département d’Etat, n°175, du 13 décembre 1955, réimprimée dans “50 Am. J. Intl. L. 784 (1956)”, citée comme élément de politique concrète, constate : «Les traités de­vraient être desti­nés à promouvoir les inté­rêts des Etats-Unis par le biais d’une action sé­cu­risante entreprise par les gouvernements é­trangers dans une optique jugée avantageuse pour les Etats-Unis. Les traités ne sont pas cen­sés être utilisés comme moyen pour effec­tuer les changements sociaux internes ou pour essayer de contourner les procédures constitu­tion­nelles établies en relation avec ce qui con­cerne principalement les affaires intérieures». Les traités ne devraient pas imposer d’obli­ga­tions interna­tio­nales aux Etats-Unis ou en au­cun cas ne devraient interférer avec la législa­tion interne des Etats-Unis. Et les Etats-Unis se définissent eux-mêmes comme étant les seuls juges à légiférer «en matière d’af­faires in­térieures». Ainsi, pour chacun des traités aux­quels les Etats-Unis ont adhéré, le but était de contraindre les autres Etats à agir en faveur de la politique étrangère des Etats-Unis (Wil­liam W. Bi­shop, Jr., International Law, Little, Brown and Com­pany, Boston and Toronto, 1953, 1971, p. 101).


La Cour Suprême des Etats-Unis est arrivée à une conclusion semblable lors du cas précé­dent de la «Banque Nationale de Cuba vs. Sab­batino (1964)»: «La loi adoptée par la doc­trine de l’Etat est ap­plicable, même si le droit international a été violé».


Seule domine la volonté des Etats-Unis


Depuis les “corollaires” d'Olney (1895) et de Roo­se­velt (1904) à propos de la Doctrine Mon­roe, il n’existe pas de droit international en vi­gueur dans l’hémisphère occidental, mais seule domine la volon­té des Etats-Unis, en tant que seul et omniprésent sou­verain dans l’hé­mi­sphère occidental. Les Etats-Unis ont décidé qu’ils sont les seuls créateurs de leur propre droit international pour leur propre espace im­pé­rial, défini dans l’espace par le périmètre de la Doctrine Monroe. Et ainsi le “Nouvel Ordre Mon­dial” est la base des prémisses du corol­laire de Roosevelt, appliqué au monde dans son ensemble —c’est-à-dire la doctrine Al­bright, prononcée juste avant le début de la guerre d’agression contre la Yougoslavie, qui doit être perçue comme étant l'équivalent du co­rol­laire de Roosevelt, cette fois pour le mon­de entier.


Dans cette conjoncture, il faut se rappeler la for­mu­lation de l’Amiral Stansfield Turner, alors di­recteur de la CIA, qui a défini la vraie finalité de la Guerre du Golfe; il est même allé plus loin en déclarant lors d’un programme de la chaî­ne CNN en juillet 1991: «Nous avons un ob­jectif bien plus grand. Nous devons voir plus loin dès à présent. Voici un exemple : la situa­tion entre les Nations Unies et l’Irak, où les Na­tions Unies s’imposent délibérément dans la sou­veraineté d’une nation souveraine… C’est mainte­nant un formidable précédent à utiliser dans tous les pays du monde…».

(cf. http://www.srpska-mreza.com/lirary/facts/kent.html)....


Le traité instituant l'OTAN est sans substance normative


Il a été souligné, à juste titre, dans le débat al­­le­mand, que l’OTAN est un «traité à rou­let­tes»; il n’a aucune substance normative dans le droit inter­na­tional mais sert simplement les convenances de l’ex­pansionnisme américain. Ain­si l’agression menée par les forces de l’O­TAN contre la Yougoslavie était clairement une violation de la charte même de l’OTAN. Le con­cept de la «jurisprudence ambula­toi­re» ou des « lois sur roulettes» (ou traité omnibus) a été in­troduit par l’éminent juriste allemand Carl Schmitt pour qui cela signifiait la forme de l’ap­pro­che décisionniste et volontariste des nor­mes légales par le souverain. Et à l'évi­den­ce, la majeure partie de l'ancien droit interna­tio­nal a été transformée par les Etats-Unis en «normes à roulettes», pour être complétée par une nouvelle substance selon les con­ve­nances de la volonté américaine d’expan­sion­nis­me. Ain­si, la substance normative même du droit in­ter­national a disparu.


Par respect pour le droit international, il est im­por­tant de se rappeler les quelques mots qu’a eus Lassa Oppenheim: «Un Droit des Na­tions peut exister à la seule condition qu’il y ait une stabilité, un équilibre des pouvoirs, entre les membres de la famille des Na­tions. Si les Puissances ne peuvent pas se sur­veil­ler mu­tuel­lement, aucune loi n’aura de force, vu qu’un Etat superpuissant tentera naturelle­ment d’en­freindre la loi. Etant donné qu’il n’y a pas et qu’il ne peut jamais y avoir une autorité politique centrale au-dessus des Etats sou­ve­rains, qui pourrait faire respecter la loi in­hé­ren­te au Droit des Nations? Un équilibre du pou­voir doit empêcher tout membre de la fa­mille des Nations de devenir omnipotent» (Las­sa Oppenheim International Law. A Trea­tise, Long­mans, Green, 1905-06, l, pp. 73-74).


Apparemment, dans le paysage unipolaire du “Nou­vel Ordre Mondial”, aucune loi et norme du droit international ne fait force hormis ces nor­mes et lois qui émanent de la volonté hé­gémonique des Etats-Unis. Par conséquent, le droit interne américain a effectivement rem­pla­cé les normes du droit inter­na­tional et ce qui est prétendument le droit interna­tional n'est plus rien d'autre qu'un éventail d'appa­ren­ces qui dissimule, tant bien que mal, la vo­lon­té de l’impérialisme américain. Le droit in­ter­national est devenu un déguisement de l’im­périalisme amé­ricain.


Les Etats-Unis entendent modeler le monde à leur image


Bien que les Etats-Unis prétendent utiliser leur statut de superpuissance pour favoriser la sta­bilité géné­rale et les droits universels, beau­coup d’observa­teurs internationaux n’y voient là qu’une vulgaire intention d’autosatisfaction en modelant le monde à leur propre image —et piétinant tout ce qui se met en travers de leur chemin, écrit Atman Trivedi dans le Fo­reign Policy Journal, révisant l’article du Pro­fes­seur Etaju Thomas, publié dans la revue World Affairs (n°1, 1999): «Le Professeur Eta­ju Thomas, professeur de sciences politiques à l’Université de Marquette, montre tout particu­liè­re­ment Washington du doigt parce que les E­tats-Unis mènent une politique étrangère de «bom­bardements, de sanc­tions et de destruc­tion d’Etat». Il soutient que la soi-disant doc­tri­ne Albright a donné aux Etats-Unis l’au­tori­sa­tion de se livrer à des «saccages expan­sion­nistes» dans l’ex-Yougoslavie, en Irak et ail­leurs, en commettant des agressions sans pro­vo­cation. Selon Thomas, l’armée américaine pour­rait, soutenue par la puissance des sanc­tions économiques ou des récompenses, trans­former les Nations Unies en un appendice doci­le des Etats-Unis; les sanctions ont déjà donné la possibilité à Washington de tourner le droit international en farce. Les Serbes, par exem­ple, «ont plus de droit moral, politique et in­ter­national sur le Kosovo que les Etats-Unis sur la Ca­lifornie et le Texas». En outre, il note qu'un million à 1,7 million d’Irakiens innocents sont morts à la suite des sanctions «sponsorisées par l’Amérique», y compris plus d’un demi mil­lion d’enfants.


Que dire de plus? Dans le passé, le Ministre des Af­faires étrangères allemand avait déclaré à l’égard de la doctrine américaine de Monroe que «par principe, aucune ingérence de la part des Etats européens dans les affaires du con­tinent américain ne reste injustifiée à moins que les Etats d’Amérique, pour leur part, s’ab­stiennent également d’intervenir dans les affai­res du continent européen». C’est un bon point de départ: une doctrine Monroe pour l’Europe comme réponse au “Nouvel Ordre Mondial” et aux ambitions totalitaires américaines d'exer­cer la Welt­herrschaft. Ou comme l’avait un jour dit le Général De Gaulle: «Une Europe vrai­ment libre est une Europe libre de l’hégé­mo­nie américaine».


Les USA ne sont pas les gouverneurs du mon­de! Et jamais ils ne le seront!


Nikolaj-Klaus von KREITOR.

(http://disc.server.com/discussion.cgi?id=57779&articl... ; trad. franç. : LA).

 

jeudi, 12 février 2009

Encore un mauvais coup contre la liberté de recherche et la liberté d'expression

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Encore un mauvais coup contre la liberté de recherche et la liberté d'expression

Trouvé sur: http://www.polemia.com/ 

Aymeric Chauprade, chargé du cours de géopolitique au Collège interarmées de défense (CID, l'ancienne Ecole de guerre) a été brutalement congédié ce matin par le ministre de la Défense Hervé Morin, à la suite d'un article paru dans « Le Point ». Hervé Morin lui reproche d'être l'auteur d'un « texte au travers duquel passent des relents inacceptables » consacré aux attentats du 11 septembre, présentés comme le fruit d'un complot israélo-américain. Aymeric Chauprade vient de publier une « Chronique du choc des civilisations » aux éditions Chronique-Dargau, dont « Le Point » cite quelques expressions choc :

« L'attaque des tours jumelles du World Trade Center de New York et du 
Pentagone par des terroristes préparés par al-Qaïda ? »

« Le nouveau  dogme du terrorisme mondial »,

« Une « version officielle ».

Au World Trade Center, « l'incendie n'a pas été si violent que le prétend la commission d'enquête ».

« L'onde de choc n'a pas pu provoquer l'effondrement. (...) Seule une démolition contrôlée par des  explosifs permet d'obtenir un effondrement aussi rapide et parfait. »

Rien que du politiquement incorrect !

Quelques heures après la parution de cet article, le professeur est débarqué par le ministre de la Défense qui l'explique  :

« J'ai découvert un texte au travers duquel passent des relents inacceptables. Sur onze pages, on nous parle d'un complot israélo-américain imaginaire visant à la conquête du monde. Quand j'ai appris cela mardi soir, j'ai donné pour consigne au général Desportes, le directeur du Collège interarmées de défense [le supérieur de M. Chauprade], de ne pas conserver ce monsieur Chauprade dans son corps enseignant. Il n'a absolument rien à faire à l'École militaire ».

Interrogé par Libération/Secret défense, Aymeric Chauprade, 40 ans, se déclare « stupéfait »:

« On me coupe la tête. Je n'ai eu aucun contact avec le cabinet du ministre, qui n'a pas cherché à m'entendre avant de prendre cette décision à la suite de la parution d'un seul article ». « Très fâché », Chauprade entend se défendre.

Sur le fond de ce qui lui est reproché, il s’explique à son tour :

« Je présente la thèse [du complot américano-israélien], certes de manière avantageuse, mais sans la faire mienne. Je souhaitais mettre en opposition deux façons de voir le monde, sachant que la moitié de l'humanité pense que les attentats du 11 septembre sont le fruit d'un tel complot » et non l'oeuvre des islamistes d'Al Qaïda. »

Dès ce jeudi après-midi, des élèves du CID s'élevaient contre ce qui s'apparente, à leurs yeux, à une « chasse aux sorcières » au nom de « la pensée unique ».

Aymeric Chauprade, qui enseignait cette semaine aux officiers de l'armée marocaine, à Kenitra, sera reçu demain matin par le directeur du CID, le général Vincent Desportes. Il lui a été demandé de cesser immédiatement ces activités et n'assurera donc pas le séminaire « Energie et développement durable » qu'il devait animer ce vendredi. Aymeric Chauprade enseigne au CID depuis 1999 et dirige le cours de géopolitique depuis 2002. (…). [Il est] officier de réserve de la marine. Outre son séminaire, son cours porte sur les méthodes d'analyse géopolitique, destiné à des officiers d'environ 35 ans. Ses activités au CID représente environ un tiers de ses activités et donc de ses revenus. Il est par ailleurs éditeur et auteur de plusieurs ouvrages, dont une « Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire » aux éditions Ellipses.

« Il n'a jamais fait de prosélytisme dans ces cours, n'a jamais exprimé sa vision du monde, mais en faisant état de ses fonctions au CID dans ces livres, il engage l'institution militaire avec des thèses qui ne sont pas les nôtres » assure le général Vincent Desportes, qui commande le CID.

Le général Desportes, qui est l'une des têtes pensantes des armées et l'auteur de nombreux livres, s'affirme « intellectuellement en opposition avec les thèses défendues par Chauprade, qui sont assez peu recevables ».

Dans ces livres et ses articles, Chauprade défend une théorie du choc des civilisations, au travers notamment d'une opposition entre l'Europe (incluant la Russie) et l'Islam.

Et « Le Point » de présenter Aymeric Chauprade dans l’introduction de l’article :

« Aymeric Chauprade est un géopoliticien qui ne cache pas ses convictions. Directeur de campagne de Philippe de Villiers aux européennes de 2004, en charge de la Revue française de géopolitique, il est très réservé sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.(…). Il s'est montré critique sur le récent « Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale », ce qui ne manque pas de courage pour un enseignant censé se trouver en phase avec la politique de défense nationale »..

Sources :
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense
et
http://lesalonbeige.blogs.com/
5/02/09

Correspondance Polémia
05/02/09

« Chronique du choc des civilisations »
http://www.amazon.fr/s/ref=nb_ss_w?__mk_fr_FR=%C5M%C5Z%D5%D1&url=search-alias%3Daps&fieldkeywords=Chronique+du+choc+des+civilisations&x=14&y=19

« Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire »
http://www.amazon.fr/Géopolitique-Constantes-changements-dans-lhistoire/dp/2729811222/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1233938778&sr=8-2

Correspondance Polémia

De demoligarchie

De demoligarchie

Geplaatst door yvespernet op 7 februari 2009

Opmerking

Eergisteren had ik geen bericht geplaatst en het kan goed zijn dat er op 8 februari 2009 er ook geen zal zijn. Daarom dit langere bericht om te compenseren. Uiteraard is dit geen diepgaande analyserende tekst en kunnen er nog fouten in staan (zowel spellingsfouten als inhoudelijke). Ook is ze niet volledig aangezien ik bv de rol van dingen als godsdienst in het behoud van het systeem niet noem. Dit misschien in een latere tekst.

Constructieve kritiek is dan ook altijd meer dan welkom.

De demoligarchie

Over het ontstaan van de democratie zijn ondertussen al halve bibliotheken volgeschreven. Sommige beweringen, vooral uit Amerikaanse hoek, hebben vaak een emotionele kijk op de geschiedenis. En dan zeker wanneer het neerkomt op het ontstaan van de democratie. Zo heb ik het genoegen gehad om in een documentaire van History Channel te mogen vernemen dat Sparta een geboorteplek was van de democratische en vrije samenleving. Heel het bestaan van de helotenklasse, de pseudo-eugenetische keuring van kinderen, het barakkenbestaan, etc… wordt compleet genegeerd. Laten we dan ook met wat minder emotie naar het ontstaan van de democratie kijken.

De democratie is in mijn ogen, maar wie ben ik natuurlijk, een staatsvorm die zijn wortels heeft in de nood aan een legitimatie van private belangen door de brede bevolking. Het is vanuit dat standpunt om het huidige systeem geen democratie, maar een demoligarchie te noemen. Wanneer de brede bevolking zich keert tegen de private belangen van een persoon of een groep kunnen die immers verloren gaan. Om direct te gaan roepen en tieren dat dit slecht is en dat zulke systemen in het verleden kwaadaardig waren, is echter ook te ver gaan. We mogen nooit dingen als het cultureel en historisch kader vergeten. Waarom werden er vroeger geen vraagtekens gesteld bij het nastreven van de belangen van oligarchen? Heel simpel, omdat mensen niets anders gewoon waren en omdat de democratie van toen net een verbetering was tegenover het systeem ervoor.

Voorbeelden van oligarchische belangen vinden we genoeg in de klassieke republieken. De Romeinse republiek waarbij de macht in handen was van enkele machtige families en waarbij private economische belangen werden nagestreefd vanuit de Senaat. Of “recenter” denken we maar aan het kolonialisme waarbij de staat moest ingrijpen om private belangen in Afrika na te streven. Vanuit dat opzicht is het duidelijk dat de economische onderbouw de politieke bovenbouw bepaalt. Dit is in het verleden zo geweest, het is in het heden ook zo en zal dat ook in de toekomst zo zijn. Ook de stabiliserende factor van de staat is nooit verdwenen geweest. Zo was het beschermen van handelaren in de Romeinse republiek (met als achterliggend doel het beschermen van handelsbelangen) een zaak van nationaal belang voor simpele redenen. Private belangen gingen verloren, er werd verlies gemaakt en dus werd dit voorgesteld als een nationaal belang om zo de massa te mobiliseren. Als men immers ronduit ging zeggen dat een familie verlies begon te maken en dat daardoor oorlog moest worden gevoerd, met alle gevolgen van dien (platgebrande akkers, doden, plunderingen, etc…), zou het niet lang duren of de verantwoordelijken zouden worden afgezet.

Maar ook de huidige verzogings- en subsidiestaat dient momenteel als stabiliserende factor. De staat koopt hiermee sociale onrust af. Als West-Europeaan krijgen wij vele sociale voorzieningen, die ik trouwens niet in twijfel trek, maar ik wens de achterliggende redenering van sommige politici te geven, die ervoor zorgen dat de meerderheid zwijgt. Op hetzelfde moment zorgt de staat ervoor dat de belangen van een kleine economische elite worden gediend aangezien die belangen nauw verweven zijn met de staat. Het gebruik van gemeenschapsgeld om banken te redden, die o.a. door dwaze avonturen in problemen zijn geraakt en dreigen de halve economie mee te sleuren. Ook vele huidige oorlogen moet men zien als conflicten tussen economische elites. Het conflict in Noord-Kivu kan men bv bekijken als het eeuwige geweld in Afrika, of men kan het ook eens economische bekijken. De Congolese staat had besloten om een Chinees bedrijf te grondstoffen te laten ontginnen i.p.v. bedrijven met Rwandese verbindingen. Handig toch dat direct daarna een Rwandees-gezinde krijgsheer opstaat in die regio en die gebieden inpalmt. Nkunda werd echter wat hebberig met zijn dreigement om heel Kongo over te nemen en hij zit nu in een Rwandese cel. Of laten we gewoon maar kijken naar de miljoenenwinst die bedrijven als Blackwater, die recent zijn buitengesmeten, in Irak hebben gemaakt.

Verzet tegen de demoligarchie?

Men zou denken dat de massa zich zou verzetten tegen dit nastreven van belangen. Specifiek doel ik daarmee op de werkende massa; de arbeiders en bedienden. Het probleem is echter dat hun belangenorganisaties (ABVV, ACV en ACLVB, al blijf ik heel het principe van een liberale vakbond enorm raar vinden) mee deel uit maken van deze demoligarchie. Ze klagen wel over de uitwassen van het systeem en zullen ageren tegen enkel gevolgen ervan, maar op geen enkel moment zullen zij de oorzaken aanpakken. Het beleid van de vakbonden tegenover vreemdelingen en migratie is er bv één dat neerkomt op dweilen met de kraan open. Op geen enkel moment durven zij te stellen dat de meeste vreemdelingen naar hier worden gehaald door werkgevers om prijzen te drukken en om in een economische slavernij gestoken te worden. Dat hun cultuur hier voor conflicten zorgt, zorgt er op zich dan weer voor dat de brede massa te verdeeld zal zijn om zich tegen de hogere klasses af te zetten. Door het open-armen-beleid dat sommige vakbondsmensen menen uit te dragen, werken zij echter volop de heersende klasse in de hand.

Maar is dit niet bewust? Vakbondsleiders zullen strijdvaardig zijn als militanten, zodra zij echter de top bereiken is het al een gans ander verhaal. Antoon Roossens, die we niet direct kunnen verdenken van zeer rechtse sympathiëen, stelde het reeds in 1981: “[...] zij (de vakbonden) voert die strijd strikt binnen het kader van de wetten van de kapitalistische economie en van de burgerlijke staat, die geen van beide in vraag worden gesteld. [...] De organisaties die spreken en handelen in naam van de arbeidersklasse, streven niet op een bewuste, systematische en coherente wijze naar de verovering van de politieke macht. [...] Zij beperken hun streven tot die objectieven die haalbaar zijn binnen het bestaande economische en politieke bestel. Niet alleen ondergaan zij de hegemonie van de heersende klasse, zij streven er zelfs niet naar deze te betwisten of in vraag te stellen.” (uit “De Vlaamse Kwestie; ‘pamflet’ over een onbegrepen probleem“, uitgegeven bij Kritak in 1981, p.73).

Radikaal-links probeert soms wel eens, maar zit al snel vast in hun typische gefocus op het Vlaams Belang en daaraan gekoppeld beginnen ze ook al te vaak over migratie. Ook gaan zij uit van een idealistische wereldbeeld waarbij dé arbeider bestaat en culturele verschillen er amper toe doen. Zij pleiten wel voor multicultuur, maar weigeren op die manier ook de eigenheid van elke cultuur te erkennen. Zolang de linkerkant niet stopt met “antifascistisch” en “progressief” als belangrijkste punten uit te dragen, zullen zij op geen enkel moment een alternatief kunnen bieden. Zij stellen immers slechts zelden het systeem an sich in vraag en verkiezen platte retoriek, over zaken die slechts gevolgen zijn van een systeem, boven kritiek op en actie tegen het systeem zelf. Het zal dus van de rechterkant moeten komen, en om exact te zijn van de volksnationalistische solidaristische kant.

Uitgangspunten van een rechtse kritiek

De volksnationalistische solidaristen zijn uiteraard geen marxisten en nog minder zijn we liberalen. We worden door socialisten graag als rechts beschouwd, de liberalen noemen ons dan weer links. Laten we het dan maar houden op het radikale centrum, al gebruik ik hierboven voor het gemak even de term rechts. Als we in opstand wensen te komen tegen het systeem, dienen we eerst dit systeem te analyseren vanuit een paar standpunten;

  1. het huidige systeem dient om een kleine economische elite aan de macht te houden;
  2. de taalgrens is in de Brusselse salons ook een sociale taalgrens;
  3. de kapitalistische samenleving beschouwt identiteit als een manipuleerbaar en verkoopbaar iets;
  4. de gemiddelde mens wenst enkele steunpunten van stabiliteit in zijn of haar leven, wij moeten dan ook zorgen voor een maatschappelijke stabiliteit. De huidige economie is echter een achtbaan die enorme hoogtes kent, maar ook zorgt voor enorme duiken;
  5. waar volkeren elkaar raken en gedwongen worden om samen te leven in een staat waar ze zich cultureel en historisch niet meer kunnen verbinden, ontstaan conflicten. Daarom is het nodig om staatsgrenzen en volksgrenzen te doen samenvallen.

Willen wij dus werkelijk iets veranderen, dienen wij een beweging te zijn die niet enkel vecht tegen de gevolgen van het systeem, maar ook tegen de kern ervan. Het ontbinden van de Belgische staat, het buitensmijten van de Belgische kapitalistische elite zonder die gewoon in te ruilen voor een “Vlaamse”, het omvormen van de economie naar een vraageconomie i.p.v. een aanbod economie met als doel het afbouwen van de overproductiementaliteit van bedrijven, het zijn maar enkele dingen die dienen te gebeuren. Het is dus tijd voor een nieuw soort beleid, een Vlaams, sociaal en nationaal beleid. En er is meer dan ooit nood aan een beweging om de politici die het moeten waarmaken te controleren en waar nodig actie te voeren om onze eisen door te drukken.

We moeten ons immers hoeden om België niet in te ruilen voor een mini-België dat toevallig de naam Vlaanderen zou dragen.

Bulletin célinien n°305

Le Bulletin célinien

Le Bulletin célinien, n° 305, février 2009:

Au sommaire:
Marc Laudelout : Hommage à quatre céliniens
Dossier sur Lucien Combelle (1913-1995) : textes de Pierre Assouline, Lucien Combelle, François Gibault, Marc Laudelout, Dominique Venner.
J.-L. Aubrun : "Un grand poète épique" [1936]
Jean-Paul Louis : L'Année Céline 2007
Marc Laudelout : Censure et diffamation


Le Bulletin célinien
B. P. 70
B 1000 Bruxelles 22
http://louisferdinandceline.free.fr




Un numéro de 24 pages, 6 euros franco.
celinebc@skynet.be

L. F. Céline: le cadavre bouge encore...

Trouvé sur: http://ettuttiquanti.blogspot.com/

Louis-Ferdinand Céline : le cadavre bouge encore

Le Figaro, 5/2/2009 : "Paul Yonnet - Un essai passionnant sur ce grand écrivain qui scandalisait parce qu'il renvoyait une peinture atroce de l'homme.

Écrire sur l'astre noir de la littérature française du XXe siècle à propos duquel tout semble avoir été déjà mille fois dit et imprimé, c'est l'audacieuse intention du
Testament de Céline. Le pedigree de son auteur mérite que l'on s'y arrête. Après des livres sur le travail et le loisir, le sport, la famille et l'enfant, Paul ­Yonnet accéda à une certaine notoriété en 1993 lors de la parution de Voyage au centre du malaise français. Cet essai visionnaire paru chez Gallimard (collection « Le Débat ») lui valut un procès en sorcellerie (accusation de « lepénisation des esprits ») et au mieux de sévères critiques, notamment de Luc Ferry - ce qui n'empêcha pas ce dernier de se retrouver plus tard en compagnie de ­Yonnet dans la charrette des « nouveaux réactionnaires » (Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq, Philippe Muray, Maurice G. Dantec, Alain Badiou, Renaud Camus…), rassemblant des auteurs peu soucieux de plaire aux bonnes mœurs de la pensée correcte et soumise à la vindicte publique par Daniel Lindenberg en 2002.

Décidément familier des sujets qui fâchent, Yonnet consacre donc un livre très personnel - qui tient du journal intime, de la réflexion politique et historique aussi bien que de l'étude littéraire - à cet écrivain honni et encensé, abonné à la fois aux listes noires de l'infamie collaborationniste et aux manuels sco­laires.

Une indéfectible volonté d'offenser. Il confronte Céline à d'autres infréquentables aujourd'hui maudits (Maurras) ou oubliés (Bernanos). Ce dernier rendait d'ailleurs hommage au Voyage dans Le Figaro en prévenant les âmes sensibles face à « un livre dont aucun homme sensé ne recommandera la lecture à sa femme, et moins encore à sa fille ». Surtout, il soulignait la vocation de l'écrivain : «M. Céline scandalise. À ceci, rien à dire, puisque Dieu semble l'avoir fait pour ça.»

Le scandale Céline, c'est d'abord d'avoir renvoyé une peinture atroce mais vraie de la condition humaine. C'est ensuite sa fureur antisémite exacerbée dans les pamphlets et qui s'étendra même dans la presse collaborationniste à « ces antisémites de mots (…) pires que des juifs » dont « le Maurras ». ­Céline outrage, vomit certains racistes qu'il juge trop ­tièdes, se soucie peu du vitriol qu'il dispense. « Nous ne parlerions pas des pamphlets s'il n'y avait eu ­Voyage, mais parlerions-nous autant de Céline, et alors d'un air entendu du Voyage, supposé connu de tous, une affaire réglée, s'il n'y avait pas eu les pamphlets ? », interroge Paul Yonnet.

Au-delà du génie littéraire et de la haine antisémite, la paradoxale postérité de Céline réside dans son indéfectible volonté d'offenser, de revendiquer sa part maudite et d'offrir le visage vociférant d'un écrivain qui, dès le Voyage, a voulu dépouiller les hommes « du moindre prestige qu'on a encore tendance à leur prêter ». Mission accomplie."