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vendredi, 23 octobre 2020

Le Grand jeu : l’art de dompter les éléments

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Le Grand jeu : l’art de dompter les éléments

Mais comment diable fait-il ? Pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours, la MSN ne pouvait cacher sa joie, poussant des cris de victoire. Caucase, Biélorussie, Kirghizstan : les nuages s’amoncelaient sur le pourtour russe et Poutine était en grosse difficulté. Brzezinski était même prêt à sortir de sa tombe pour danser la polka, son Grand échiquier à la main. Sans compter l’affaire Navalny qui allait, cette fois c’était sûr ma bonne dame, stopper définitivement le démoniaque Nord Stream !

Et puis patatras…

L’Allemagne veut son gazoduc russe

La mascarade Navalny a accouché de sanctionnettes pour la forme tandis que le ministère des Affaires étrangère allemand, par la voix du pourtant peu russophile Heiko Maas, vient de déclarer que le gazoduc sera terminé, un point c’est tout. Le ton est même assez cinglant pour un euronouille : « Nous prenons nos décisions sur notre politique énergétique ici, en Europe. » Certes, ceux qui connaissent les aléas du South Stream ne pourront que sourire à cette affirmation péremptoire, mais ne gâchons pas le moment de gloire du vassal qui se lève enfin.

Si tous les doutes allemands ont été ainsi balayés, c’est aussi que Berlin pourrait bien avoir tourné casaque vis-à-vis d’Ankara. Frau Milka a eu, on le sait, les yeux de Chimène pour Erdogan pendant de longues années. Mais il semble que la Bundeskanzlerin et toute son équipe aient fini par en avoir assez de ses multiples provocations.

Le sultan joue là un jeu d’ailleurs bien maladroit. Son rêve de faire de la Turquie une plaque tournante énergétique au carrefour du Moyen-Orient, de la Caspienne et de l’Europe entre en collision avec son autre rêve, néo-ottoman celui-là. Les nuisances turques se multiplient et s’étendent, notamment dans des contrées qui fleurent bon le gaz et le pétrole en transit (pipelines azéris). Toute la zone qui entoure la Turquie commence à sentir dangereusement le souffre et le message a peut-être été compris du côté de Berlin : Ankara fait n’importe quoi et n’est pas fiable, tournons-nous définitivement vers les Russes.

La cote de la Russie monte en Arménie

Caucase, justement. Sur le terrain, les Turco-Azéris ont enfin réussi à progresser dans le sud du Haut-Karabagh, plaine propice à leur supériorité aérienne ; il n’en sera pas de même dans les montagnes. Quant aux autorités de l’enclave, elles ont intelligemment pris la Russie et l’Iran par les sentiments en proposant d’établir un centre de contre-terrorisme avec en vue, évidemment, les modérément modérés transférés par Ankara. S’il y a peu de chance de voir acceptée cette proposition venant d’un gouvernement non reconnu internationalement, Moscou et Téhéran n’ont en revanche aucune intention de voir un barbuland s’établir à leurs frontières. L’armée russe a d’ailleurs envoyé un petit message il y a quelques jours, bombardant à Idlib un camp d’entraînement de volontaires en partance pour l’Azerbaïdjan. Histoire d’établir une ligne rouge à ne pas franchir…

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Malgré les pertes considérables de part et d’autre, la portée du conflit est ailleurs. Eurasianet vient de publier un article extrêmement intéressant et, une fois n’est pas coutume pour cette officine proche du Washingtonistan, très objectif. La cote de Moscou est en train de monter en flèche en Arménie et des voix de plus en plus nombreuses regrettent que la “Révolution de velours”, ayant mené Nikol Pachinian au pouvoir, ait créé de la friture sur la ligne avec le grand frère russe.

Le bonhomme lui-même a toujours été assez ambigu. D’un côté, son gouvernement compte plusieurs personnalités ouvertement pro-occidentales issues du petit monde des ONG impériales et certains gestes (enquêtes criminelles ouvertes contre des compagnies russes et même contre le patron de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective) ont été fort mal perçus du côté du Kremlin.

Dans le même temps, il n’a jamais vraiment voulu rompre avec la Russie et a même apporté sa petite pierre à l’édifice de la dédollarisation comme nous le rapportions il y a six mois :

Dernier exemple en date, le premier ministre arménien Nikol Pachinian vient de proposer à Poutine de payer le gaz russe en roubles et non plus en dollars. Certes, rien n’étant gratuit en ce bas monde, l’initiative est sans doute la contrepartie à une demande de réduction du prix du gaz. Certes encore, ce n’est pas la petite Arménie qui bouleversera le marché financier international et les flux d’or bleu entre Moscou et Erevan sont anecdotiques si on les compare à d’autres.

Toutefois, la proposition, qui s’ajoute à des dizaines d’autres exemples de dédollarisation de par le monde, est symbolique, particulièrement de la part d’un leader que l’on soupçonnait vaguement d’être arrivé au pouvoir en 2018 par le biais d’une révolution qui fleurait bon son Soros.

En son temps, Pachinian voulait ni plus ni moins sortir de l’Union économique eurasienne si chère au Kremlin, accréditant l’idée qu’il était un pion de l’empire dans le petit pays caucasien. Aujourd’hui, il justifie sa proposition en des termes qui comblent d’aise l’ours : « On parle sans arrêt de la dédollarisation au sein de l’UEE mais nous payons toujours le gaz russe en dollars. Il serait plus logique de payer notre gaz en roubles au sein de cette organisation. »

Ambiguïté, donc, à laquelle le Kremlin répond par une égale ambiguïté. Les télés russes, très regardées en Arménie, prennent plutôt partie contre l’Azerbaïdjan, accusé d’avoir déclenché la guerre, tout en critiquant en creux Pachinian. La population du petit pays caucasien semble penser la même chose, que l’on pourrait résumer un peu vulgairement par un : en voulant prendre ses distances avec Moscou, Pachinian nous a mis dans la m…..

Les personnalités pro-occidentales semblent elles aussi revenir de leur mirage. L’exemple d’Edmon Marukian est frappant. Ancien partisan de la sortie de l’Union économique eurasienne, rien que ça, il ne jure aujourd’hui plus que par l’alliance russe : « J’ai parlé à plusieurs ambassadeurs occidentaux. L’un d’eux m’a dit « à la fin, c’est la géographie qui gagne » et a conseillé de demander l’aide russe. Ils pensent que seule la Russie peut nous aider (…) Si l’ambassadeur d’un pays qui a de mauvaises relations avec Moscou dit que seule la Russie peut nous aider, comment un Arménien (Pachinian, ndlr) vivant sur Terre ne peut le comprendre ? »

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Nous sommes en train d’assister à un virage à 180° parmi certaines franges dégrisées de l’élite arménienne. Un premier geste a eu lieu fin septembre, avec le limogeage du tout nouveau chef du Bureau de la Sécurité nationale, considéré comme anti-russe. Quant à la population, elle semble clairement en faveur d’un rapprochement avec Moscou ; d’après un sondage, le seul pays qui a vu sa cote de popularité augmenter après le début de la guerre est précisément la Russie.

Ainsi, avec ce numéro d’équilibriste consistant à soutenir Erevan en sous-main sans aller au-delà, à montrer par le biais de déclarations où son cœur penche (voir la mise au point un peu sèche de Lavrov « Nous n’avons jamais considéré la Turquie comme un allié stratégique ») tout en laissant Pachinian se rendre compte de l’impasse où il s’est engagé, l’ours est en train de récupérer doucement mais sûrement l’Arménie. Il faudra cependant qu’il siffle bientôt la fin de la récré afin de ne pas perdre ce crédit joliment acquis et ne pas, une nouvelle fois serait-on tenté de dire, se laisser rouler par le marchand de loukoums comme cela a été le cas à Idlib…

En Biélorussie, les sanctions européennes poussent un peu plus Minsk dans les bras de Moscou

En Biélorussie, le Kremlin contrôle jusqu’à présent la situation, comme nous l’avons montré dans plusieurs billets dont le dernier. Ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier, il joue à la fois Loukachenko et, quoique plus discrètement, la carte d’une partie de l’opposition. Avec, en vue, une transition pacifique du pouvoir entre le moustachu et, au hasard, un certain Babariko par exemple.

Là comme ailleurs, tout est dans le dosage. Un soutien trop marqué à l’autocrate aliénerait clairement une partie de la population ; un soutien trop distant permettrait à l’empire de s’infiltrer dans les interstices.

En attendant, les sanctions européennes (sur les personnes seulement, précision importante) ont poussé Minsk un peu plus dans les bras de Moscou, notamment dans le domaine énergétique. On se rappelle les chantages homériques de Loukachenko réclamant, avec force frémissements de moustache, toujours plus de ristournes. Le bon temps semble bel et bien fini pour la partie biélorusse qui n’a plus trop le courage de négocier…

L’entregent de l’ours au Kirghizistan

Envolons-nous pour finir vers l’Asie centrale, région capitale du Grand jeu mais qui ne vient pourtant que par intermittence sur le devant de la scène. La dégringolade américaine n’y est sans doute pas pour rien :

Les années 90 ou l’âge d’or de l’empire. La Russie eltsinienne est alors au fond du gouffre, la Chine n’est pas encore ce qu’elle est devenue et la thalassocratie américaine peut rêver les yeux ouverts de s’implanter durablement au cœur même du continent-monde.

Elle soutient dès 1994 le séparatisme tchétchène menaçant de désagréger le Heartland russe tandis que fleurissent les projets de captation des richesses énergétiques de la Caspienne afin d’isoler Moscou. Le fameux BTC est conçu, véritable bébé de Brzezinski qui publie en 1997 son non moins fameux Grand échiquier :

Il est impératif qu’aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique. La mise au point d’un plan géostratégique relatif à l’Eurasie est donc le sujet de ce livre.

Tout est dit. Ce plan n’est rien moins que monumental :

En mars 1999, au moment même où les premières bombes s’abattaient sur la Serbie et quelques jours avant que la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ne deviennent membres de l’OTAN, le Congrès américain approuva le Silk Road Strategy Act, ciblant ni plus ni moins huit ex-républiques de l’URSS – les trois du Caucase et les cinq -stan d’Asie centrale. Derrière la novlangue de rigueur, le but était de créer un axe énergétique est-ouest et d’arrimer fermement ces pays à la communauté euro-atlantique. Dans le collimateur, même si cela n’était pas dit explicitement : Moscou et Pékin.

Mars 1999 ou la folie des grandeurs américaine… Europe de l’est, Balkans, Caucase, Asie centrale : la Russie serait isolée sur tout son flanc sud et l’Eurasie divisée pour toujours.

Un quart de siècle plus tard, Lisa Curtis, directrice du département Asie centrale et méridionale au Conseil de Sécurité Nationale, ne peut que constater les dégâts : « L’influence chinoise augmente sans cesse dans la région tandis que le poids de la Russie y est toujours aussi fort, ce dans toutes les sphères, politique, économique et militaire. » Puis vient la confidence, terrible pour les petits génies des années 90 : « Nous ne nous attendons pas à ce que la situation change et nous ne cherchons pas (plus ?) à rivaliser avec l’influence russe. » Dr Zbig doit se retourner dans sa tombe…

Pour Washington, c’est game over en Asie centrale et dame Curtis ne fait qu’entériner un état de fait. Qu’elles sont loin, les prodigieuses velléités impériales de l’âge d’or. Et ce n’est pas le sympathique voyage de Pompée au Kazakhstan et en Ouzbékistan qui changera quoi que ce soit, comme le reconnaît, désabusé, un autre think tank.

Si les -stan utilisent souvent ces rares visites américaines pour faire monter un peu les enchères vis-à-vis de Moscou et Pékin dans leurs négociations bilatérales, cela ne trompe personne et surtout pas les Etats-Unis. D’ailleurs, deux semaines après le départ du secrétaire d’Etat US, le nouveau président kazakh, Tokaïev, a remis les points sur les i à la conférence de Munich :

    • le Kazakhstan restera une « locomotive de l’intégration de l’Eurasie »
    • il faut accélérer le développement de l’Union Economique Eurasienne [d’obédience russe]
    • les nouvelles routes de la Soie chinoises sont une bénédiction pour l’Asie centrale.

Pompeo a dû entendre ses oreilles siffler mais, pour le fidèle lecteur de nos Chroniques, c’est tout sauf une surprise. Nous prévenions l’année dernière que la démission du liderissimo Nazarbaïev et l’arrivée au pouvoir de Tokaïev ne changeraient rien aux liens étroits d’Astana avec l’ours et le dragon et pourraient même les renforcer.

Bingo ! Et le nouveau président kazakh de conclure en énumérant quelques-unes des réalisations liées aux routes de la Soie ou aux financements chinois, dont la voie ferroviaire Kazakhstan-Ouzbékistan-Iran qui connecte les steppes d’Asie centrale au Golfe persique sous le bienveillant patronage de Pékin et de Moscou. Alors que l’empire a plié bagage, le maillage du continent-monde se met en place…

Le Pompée du Potomac a-t-il totalement jeté l’éponge ? Pas tout à fait si l’on en croit le judicieux Bhadrakumar, qui voit dans les événements kirghizes la main de tonton Sam tentant une énième “révolution colorée” dans les steppes. Vous l’avouerais-je ? votre serviteur est pour sa part beaucoup plus circonspect sur ce qui s’est vraiment passé. La conclusion, par contre, est la même : game over pour le Washingtonistan.

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D’après l’ex-diplomate indien, les élections contestées du 4 octobre, ont provoqué une insurrection alimentée par les déclarations de l’ambassade US et des habituelles officines type Radio Liberté. C’est là que je diverge : j’ai du mal à y voir autre chose qu’un simple suivisme des événements, teinté de bienveillance certes, mais qui ne va guère au-delà, d’autant que l’influence américaine s’est largement érodée et n’est plus l’ombre de ce qu’elle était au temps des Tulipes révolutionnaires de 2005…

Toujours est-il que, les voyages de l’envoyé du Kremlin aidant, un nouveau personnage a été propulsé en avant et a mis tout le monde d’accord, remplaçant au pied levé le président qui, à la surprise générale, a démissionné après avoir assuré qu’il ne le ferait jamais. Le nouvel homme fort, Sadyr Japarov de son doux nom, n’était pas du tout attendu par l’ambassade états-unienne qui se lamente de la prise du pouvoir par “un gang criminel”. Et Bhadrakumar de conclure que la Russie a court-circuité comme à la parade la tentative de putsch de Washington.

Que cette tentative soit réelle ou non, une chose est sûre : l’ours a un entregent certain dans la région, contre lequel les Américains ne peuvent tout simplement pas lutter. Chose intéressante, il se pourrait que Pékin, dont le fort intérêt pour le Kirghizistan (routes de la Soie) n’est plus à démontrer, ait laissé à son allié le soin de régler la situation. Ce serait un nouvel exemple accompli de partage des tâches qui ne ferait que confirmer la symbiose sino-russe dont nous parlons depuis longtemps.

Biélorussie, Caucase, Kirghizistan, Nord Stream II : en une dizaine de jours, Moscou a, par petites touches subtiles, retourné la situation de façon magistrale. Les stratèges impériaux, qui pensaient enfin marquer des points, doivent se demander ce qui a bien pu se passer…

=> Source : Le Grand jeu

Soros, Gates, Covid-19 : la répression commence ! Entretien avec Pierre-Antoine Plaquevent

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Soros, Gates, Covid-19 : la répression commence !

Entretien avec Pierre-Antoine Plaquevent

 
Pierre Antoine Plaquevent était invité à présenter son travail à l'occasion de la rencontre locale du pays réel organisée par Civitas en région parisienne le 3 octobre 2020 : "Covid, Big Pharma, Bill Gates, Soros, de la tyrannie sous prétexte sanitaire au nouvel ordre mondial". Il reprend ici pour nous son intervention.
 
 
 

Chers amis, 

Voici un entretien d'environ 45 min réalisé avec Média Presse Info. Cet entretien brosse un tableau d'ensemble de la séquence en cours.

Parmi les thématiques abordées :

-          L'enrichissement colossal des milliardaires globalistes pendant le confinement

 

-          La répartition des domaines d'influence métapolitique au sein de la gouvernance mondiale entre milliardaires (Soros, Gates, Buffet etc)

 

-          L’affrontement global entre paléo-capitalisme (personnifié par Trump) et néo-capitalisme (Gates, Soros, Buffet, Bézos etc)

 

-          Les objectifs et les buts de l'opération Covid : vaccination de masse, reset économique, passage à la digitalisation totale, télé-travail généralisé, robotisation, salaire universel, décroissance démographique etc.

 

-          Répression des nationalistes-révolutionnaires à la faveur de l'état d'urgence sanitaire : Ryssen, Soral, Aube dorée etc

 

-          Contours du paysage politique de l’avenir après répression des nationalistes-révolutionnaires : globalistes vs néo-conservateurs

 

-          Récupération et utilisation du Covid par les différents léviathans nationaux

 

-          France : l’état d'exception permanent depuis 2015. Utilisation des menaces terroriste et sanitaire pour soumettre la population majoritaire malgré la déréliction de l'État que génère la soumission de nos politiques à l’agenda globaliste. Le séparatisme vient d'abord d'en-haut. Passage du politique à la cybernétique et à l'ingénierie sociale pure 

 

-          République actuelle = GOG – Gouvernement d'Occupation Globaliste

 

-       Cause réelle de la crise globale actuelle : USA de Trump se découplent de la gouvernance globale  

 

-          L’affrontement interne au sein de la gouvernance globale entre judéo-protestantisme pro-vie et globalitarisme trans / post-humaniste

 

-       USA vs gouvernance globale + Chine

 

-          USA : les démocrates accepteraient-ils de perdre les élections ? Le “Transition Integrity Project” démontre que non

 

-          Gouvernance globale et guerre civile planétaire

 

Bien amicalement, 

Pierre-Antoine Plaquevent

jeudi, 22 octobre 2020

Géopolitique des élections américaines

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Géopolitique des élections américaines

 
 
Auteur : Alexandre Douguine
Ex: http://www.zejournal.mobi

Un consensus centenaire des élites américaines

L’expression même de « géopolitique des élections américaines » semble assez inhabituelle et inattendue. Depuis les années 1930, la confrontation entre deux grands partis américains – le Great Old Party (GOP) et les Blue Democrats – est devenue une compétition basée sur l’accord avec les principes de base de la politique, de l’idéologie et de la géopolitique acceptés par les deux parties. L’élite politique des États-Unis était fondée sur un consensus profond et complet – tout d’abord, sur la dévotion au capitalisme, au libéralisme et à l’affirmation des États-Unis comme principale puissance du monde occidental. Qu’il s’agisse des « républicains » ou des « démocrates », il était possible de s’assurer que leur vision de l’ordre mondial était presque identique – mondialiste,

  • libérale,
  • unipolaire,
  • atlantique et
  • americano-centrique.

Cette unité a été institutionnalisée au sein du Council on Foreign Relations (CFR), créé au moment de l’accord de Versailles après la Première Guerre mondiale et réunissant des représentants des deux partis. Le rôle du CFR ne cesse de croître et, après la Seconde Guerre mondiale, il devient le principal siège du mondialisme montant. Pendant les premières étapes de la guerre froide, le CFR a permis la convergence des deux systèmes, avec l’URSS, sur la base des valeurs communes des Lumières. Mais en raison du net affaiblissement du camp socialiste et de la trahison de Gorbatchev, la « convergence » n’était plus nécessaire, et la construction de la paix mondiale était entre les mains d’un seul pôle – celui qui a gagné la guerre froide.

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Le début des années 90 du XXe siècle a été la minute de gloire des mondialistes et du CFR lui-même. À partir de ce moment, le consensus des élites américaines, quelle que soit leur affiliation politique, s’est renforcé et les politiques de Bill Clinton, George W. Bush ou Barack Obama – du moins en ce qui concerne les grandes questions de politique étrangère et l’attachement à l’agenda mondialiste – ont été pratiquement identiques. Du côté des républicains – analogue à la « droite » des mondialistes (représentés principalement par les démocrates) – se trouvent les néoconservateurs qui ont évincé les paléoconservateurs à partir des années 1980, c’est-à-dire ces républicains qui maintenaient la tradition isolationniste et qui restaient fidèles aux valeurs conservatrices, ce qui était caractéristique du parti républicain au début du XXe siècle et aux premiers stades de l’histoire américaine.

Oui, les Démocrates et les Républicains divergeaient en matière de politique fiscale, de médecine et d’assurance (ici, les Démocrates étaient économiquement de gauche et les Républicains de droite), mais c’était une dispute au sein du même modèle, qui n’avait que peu ou pas d’incidence sur les principaux vecteurs de la politique intérieure, et encore moins sur les vecteurs étrangers. En d’autres termes, les élections américaines n’avaient pas de signification géopolitique, et donc une combinaison telle que « géopolitique des élections américaines » n’avait pas cours, en raison de son absurdité et de sa vacuité.

Trump est en train de détruire le consensus

Tout a changé en 2016, lorsque l’actuel président américain Donald Trump est arrivé au pouvoir de manière inattendue. En Amérique même, son arrivée a été quelque chose d’assez exceptionnel. Tout le programme électoral de Trump était basé sur la critique du mondialisme et des élites américaines au pouvoir. En d’autres termes, M. Trump a directement contesté le consensus des deux partis, y compris l’aile néoconservatrice de son parti républicain, et ….il a gagné. Bien sûr, les 4 années de présidence de Trump ont montré qu’il était tout simplement impossible de restructurer complètement la politique américaine d’une manière aussi inattendue, et Trump a dû faire de nombreux compromis, y compris jusqu’à la nomination du néoconservateur John Bolton comme son conseiller à la sécurité nationale. Mais quoi qu’il en soit, il a essayé de suivre sa ligne, au moins en partie, ce qui a rendu les mondialistes furieux. Trump a ainsi brusquement modifié la structure même des relations entre les deux grands partis américains. Sous sa direction, les républicains sont partiellement revenus à la position nationaliste américaine inhérente aux premiers GOP – d’où les slogans « America first ! » ou « Let’s make America great again ! ». Cela a provoqué la radicalisation des démocrates qui, à partir de l’affrontement entre Trump et Hillary Clinton, ont en fait déclaré la guerre à Trump et à tous ceux qui soutiennent sa guerre à lui en matière politique, idéologique, médiatique, économique, etc.

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Pendant 4 ans, cette guerre n’a pas cessé un seul instant, et aujourd’hui – à la veille de nouvelles élections – elle a atteint son apogée. Elle s’est manifestée

  • dans la déstabilisation généralisée du système social,
  • dans le soulèvement des éléments extrémistes dans les grandes villes américaines (avec un soutien presque ouvert du Parti démocrate aux forces anti-Trump),
  • dans la diabolisation directe de Trump et de ses partisans, qui, si Biden gagne, sont menacés d’une véritable épuration, quel que soit le poste qu’ils aient occupé,
  • en accusant Trump et tous les patriotes et nationalistes américains de fascisme,
  • dans des tentatives de présenter Trump comme un agent des forces extérieures – principalement Vladimir Poutine – etc.

L’aigreur de la confrontation entre les partis dans laquelle certains républicains eux-mêmes, principalement des néoconservateurs (comme Bill Kristol, l’idéologue en chef des néoconservateurs) se sont opposés à Trump, a conduit à une forte polarisation de la société américaine dans son ensemble. Et aujourd’hui, à l’automne 2020, sur fond d’épidémie persistante de Covid-19 et de ses conséquences sociales et économiques, la course électorale représente quelque chose de complètement différent de ce qu’elle avait été au cours des 100 dernières années de l’histoire américaine – à partir du traité de Versailles, les 14 points mondialistes de Woodrow Wilson et la création du CFR.

Les années 90 : une minute de gloire mondialiste

Bien sûr, ce n’est pas Donald Trump qui a personnellement brisé le consensus mondialiste des élites américaines, mettant les États-Unis pratiquement au bord d’une guerre civile à part entière. Trump était un symptôme des profonds processus géopolitiques qui se sont déroulés depuis le début des années 2000.

Dans les années 90, le mondialisme a atteint son apogée, le camp soviétique était en ruines, la Russie était dirigée par des agents américains directs et la Chine commençait tout juste à copier docilement le système capitaliste, ce qui a créé l’illusion de la « fin de l’histoire » (F. Fukuyama). Ainsi, la mondialisation n’a été ouvertement contrée que par les structures extraterritoriales du fondamentalisme islamique, à leur tour contrôlées par la CIA et les alliés des États-Unis, d’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe, et par certains « États voyous » – comme l’Iran chiite et la Corée du Nord encore communiste, qui ne représentaient pas en eux-mêmes le grand danger. Il semblait que la domination du mondialisme était totale, que le libéralisme restait la seule idéologie capable de subjuguer toutes les sociétés et que le capitalisme était le seul système économique. On est allé jusqu’à la proclamation du gouvernement mondial (c’est l’objectif des mondialistes, et en particulier, le point culminant de la stratégie du CFR).

Les premiers signes de la multipolarité

Mais quelque chose a mal tourné depuis le début des années 2000. La désintégration et la dégradation de la Russie se sont arrêtées avec Poutine, cette Russie dont la disparition définitive de l’arène mondiale était une condition préalable au triomphe des mondialistes. S’engageant sur la voie de la restauration de sa souveraineté, la Russie a parcouru en 20 ans un long chemin, devenant l’un des pôles les plus importants de la politique mondiale, bien sûr, encore bien souvent inférieure à la puissance de l’URSS et du camp socialiste, mais cessant d’être l’esclave soumise à l’Occident, comme elle l’était dans les années 90.

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Dans le même temps, la Chine, en entreprenant la libéralisation de l’économie, a gardé le pouvoir politique entre les mains du parti communiste, échappant au sort de l’URSS, à l’effondrement, au chaos, à la « démocratisation » selon les normes libérales, et devenant progressivement la plus grande puissance économique, comparable aux États-Unis.

En d’autres termes, il y avait les conditions préalables à un ordre mondial multipolaire, qui, avec l’Occident lui-même (les États-Unis et les pays de l’OTAN), avait au moins deux autres pôles assez importants et significatifs – la Russie et la Chine de Poutine. Et plus on s’éloignait, plus cette image alternative du monde apparaissait clairement, dans laquelle, à côté de l’Occident libéral mondialiste, d’autres types de civilisations basées sur les pôles de pouvoir croissants – la Chine communiste et la Russie conservatrice – faisaient entendre leur voix de plus en plus fort. Des éléments du capitalisme et du libéralisme sont présents à la fois ici et là. Ce n’est pas encore une véritable alternative idéologique, ni une contre-hégémonie (selon Gramsci), mais c’est autre chose. Sans devenir multipolaire au sens plein du terme, le monde a cessé d’être unipolaire sans ambiguïté dans les années 2000. La mondialisation a commencé à s’étouffer, à perdre son cap. Cela s’est accompagné d’une scission imminente entre les États-Unis et l’Europe occidentale. En outre, le populisme de droite et de gauche a commencé à se développer dans les pays occidentaux, ce qui a rendu visible un mécontentement croissant de l’opinion publique face à l’hégémonie des élites libérales mondialistes. Le monde islamique a également poursuivi sa lutte pour les valeurs islamiques, qui ont toutefois cessé d’être strictement identifiées au fondamentalisme (contrôlé d’une manière ou d’une autre par les mondialistes) et ont commencé à prendre des formes géopolitiques plus claires :

  • la montée du chiisme au Moyen-Orient (Iran, Irak, Liban, en partie Syrie),
  • l’indépendance croissante – jusqu’aux conflits avec les États-Unis et l’OTAN – de la Turquie sunnite de Erdogan,
  • les oscillations des pays du Golfe entre l’Occident et d’autres centres de pouvoir (Russie, Chine), etc.

L’élan de Trump : un grand coup de théâtre

Les élections américaines de 2016, qui ont été remportées par Donald Trump, se sont déroulées dans ce contexte – à une époque de grave crise du mondialisme et des élites mondialistes au pouvoir.

C’est alors que la façade du consensus libéral a conduit à l’émergence d’une nouvelle force – cette partie de la société américaine qui ne voulait pas s’identifier avec les élites mondialistes au pouvoir. Le soutien de Trump est devenu un vote de défiance à l’égard de la stratégie du mondialisme – non seulement démocratique, mais aussi républicain. Ainsi, le schisme s’est installé dans la citadelle même du monde unipolaire, dans le siège de la mondialisation. Sous le poids du mépris, ils devenaient les « déplorables », une majorité silencieuse, une majorité dépossédée (V. Robertson). Trump est devenu un symbole du réveil du populisme américain.

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Ainsi, aux États-Unis, la vraie politique est revenue, les disputes idéologiques ont repris et la destruction de monuments de l’histoire américaine est devenue l’expression d’une profonde division de la société américaine sur les questions les plus fondamentales.

Le consensus américain s’est effondré

Désormais, élites et masses, mondialistes et patriotes, démocrates et républicains, progressistes et conservateurs sont devenus des pôles à part entière et indépendants – avec leurs stratégies, programmes, points de vue, évaluations et systèmes de valeurs changeants. Trump a fait sauter l’Amérique, a brisé le consensus des élites et a fait dérailler la mondialisation.

Bien sûr, il ne l’a pas fait seul. Mais il a eu l’audace – peut-être sous l’influence idéologique du conservateur atypique et antimondialiste Steve Bannon (un cas rare d’intellectuel américain familier du conservatisme européen, et même du traditionalisme de René Guénon et de Julius Evola) – de dépasser le discours libéral dominant, ouvrant ainsi une nouvelle page de l’histoire politique américaine. Sur cette page, cette fois, on lit clairement la formule « géopolitique des élections américaines ».

L’élection américaine de 2020 : tout est remis en jeu

En fonction du résultat des élections de novembre 2020, les éléments suivants seront redessinés :

  • l’architecture de l’ordre mondial (transition vers le nationalisme et la multipolarité réelle dans le cas de Trump, poursuite de l’agonie de la mondialisation dans le cas de Biden),
  • la stratégie géopolitique globale des États-Unis (l’Amérique d’abord dans le cas de Trump, un saut désespéré vers le gouvernement mondial dans le cas de Biden),
  • Le sort de l’OTAN (sa dissolution en faveur d’une structure qui reflète plus strictement les intérêts nationaux des États-Unis – cette fois-ci en tant qu’État, et non comme un rempart de la mondialisation dans son ensemble (dans le cas de Trump) ou la préservation du bloc atlantique en tant qu’instrument des élites libérales supranationales (dans le cas de Biden),
  • l’idéologie dominante (le conservatisme de droite, le nationalisme américain dans le cas de Trump, le mondialisme de gauche, l’élimination définitive de l’identité américaine dans le cas de Biden),
  • la polarisation des démocrates et des républicains (poursuite de la croissance de l’influence des paléo-conservateurs au sein du gouvernement en cas de victoire de Trump) ou retour au consensus bipartite (dans le cas de Biden avec une nouvelle croissance de l’influence des néoconférences au sein du gouvernement),
  • et même le sort du deuxième amendement constitutionnel (son maintien dans le cas de Trump, et son éventuelle abrogation dans le cas de Biden).

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Ce sont des moments si importants que le sort de Trump, les murs de Trump, et même les relations avec la Russie, la Chine et l’Iran s’avèrent être quelque chose de secondaire. Les États-Unis sont si profondément et si complètement divisés que la question est maintenant de savoir si le pays survivra à des élections aussi inédites. Cette fois, la lutte entre les démocrates et les républicains, Biden et Trump, est une lutte entre deux sociétés disposées agressivement l’une contre l’autre, et non un spectacle insensé dont rien ne dépend fondamentalement. L’Amérique a atteint un clivage fatal. Quel que soit le résultat de cette élection, les États-Unis ne seront plus jamais les mêmes. Quelque chose a changé de manière irréversible.

C’est pourquoi nous parlons de la « géopolitique de l’élection américaine », et c’est pourquoi elle est si importante. Le sort des États-Unis est, à bien des égards, le sort du monde moderne tout entier.

Le phénomène du « Heartland »

La notion de géopolitique la plus importante depuis l’époque de Mackinder, le fondateur de cette discipline, est celle de « Heartland ». Cela signifie le noyau de la « civilisation terrestre » (Land Power), s’opposant à la « civilisation de la puissance maritime ».

Mackinder lui-même, et surtout Carl Schmitt, qui a développé son idée et son intuition, parle de la confrontation entre deux types de civilisations, et pas seulement de la disposition stratégique des forces dans un contexte géographique.

La « Civilisation de la mer » incarne l’expansion, le commerce, la colonisation, mais aussi le « progrès », la « technologie », les changements constants de la société et de ses structures, à l’image de l’élément très liquide de l’océan – la société liquide de Z. Bauman.

C’est une civilisation sans racines, mobile, mouvante, « nomade ».

La « civilisation de la terre », au contraire, est liée au conservatisme, à la constance, à l’identité, à la durabilité, à la méritocratie et aux valeurs immuables ; c’est une culture qui a des racines, qui est sédentaire.

Ainsi, le « Heartland » acquiert lui aussi une signification civilisationnelle – il n’est pas seulement une zone territoriale aussi éloignée que possible des côtes et des espaces maritimes, mais aussi une matrice d’identité conservatrice, une zone de fortes racines, une zone de concentration maximale d’identité.

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En appliquant la géopolitique à la structure moderne des États-Unis, on obtient une image étonnante par sa clarté. La particularité du territoire américain est que le pays est situé entre deux espaces océaniques – entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique. Contrairement à la Russie, il n’y a pas aux États-Unis de tendance nette au déplacement du centre vers l’un des pôles – bien que l’histoire des États-Unis ait commencé sur la côte Est et se soit progressivement déplacée vers l’Ouest; aujourd’hui, dans une certaine mesure, les deux zones côtières sont plutôt développées et représentent deux segments de la « civilisation de la mer » distincte.

Les États-Unis et la géopolitique électorale

Et c’est là que le plaisir commence. Si nous prenons la carte politique des États-Unis et que nous la colorions avec les couleurs des deux principaux partis en fonction du principe de savoir quels gouverneurs et quels partis dominent dans chacun d’eux, nous obtenons trois bandes :

  • La côte Est sera bleue, avec de grandes zones métropolitaines concentrées ici, et donc dominées par les démocrates ;
  • la partie centrale des États-Unis – zone de survol, zones industrielles et agraires (y compris « l’Amérique à un étage »), c’est-à-dire le Heartland proprement dit – est presque entièrement en rouge (zone d’influence républicaine) ;
  • La côte ouest concentre à nouveau des mégalopoles, des centres de haute technologie, et par conséquent la couleur bleue des démocrates.

Bienvenue dans la géopolitique classique, c’est-à-dire en première ligne de la « Grande Guerre des Continents ».

Ainsi, US-2020 ne se compose pas seulement d’échantillons variés de population, mais exactement de deux zones de civilisation – le Heartland central et deux territoires côtiers, qui représentent plus ou moins le même système social et politique, radicalement différent du Heartland. Les zones côtières sont la zone des démocrates. C’est là que se trouvent les foyers de la contestation la plus active du BLM, des LGBT+, du féminisme et de l’extrémisme de gauche (groupes terroristes « anti-fa »), qui ont été impliqués dans la campagne électorale des démocrates pour Biden et contre Trump.

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Avant Trump, il semblait que les États-Unis n’étaient qu’une zone côtière. Trump a donné sa voix au cœur de l’Amérique. Ainsi, le centre rouge des États-Unis a été activé et activé. Trump est le président de cette « deuxième Amérique », qui n’a presque aucune représentation dans les élites politiques et n’a presque rien à voir avec l’agenda des mondialistes. C’est l’Amérique des petites villes, des communautés et des sectes chrétiennes, des fermes ou même des grands centres industriels, dévastée et dévastée à répétition par la délocalisation de l’industrie et le déplacement de l’attention vers des zones où la main-d’œuvre est moins chère. C’est une Amérique qui est déserte, loyale, oubliée et humiliée. C’est la patrie des vrais Amérindiens – des Américains avec des racines, qu’ils soient blancs ou non, protestants ou catholiques. Et cette Amérique centrale est en train de disparaître rapidement, à l’étroit entre  les zones côtières.

L’idéologie du cœur de l’Amérique : la vieille démocratie…

Il est révélateur que les Américains eux-mêmes aient récemment découvert cette dimension géopolitique des États-Unis. En ce sens, l’initiative de créer un Institut de développement économique complet, axé sur des plans de relance des micro-villes, des petites villes et des centres industriels situés au centre des États-Unis, est typique. Le nom de l’Institut parle de lui-même: « Heartland forward », « Heartland forward ! ». En fait, il s’agit d’un décryptage géopolitique et géoéconomique du slogan de Trump « Let’s make America great again ! »

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Dans un article récent du dernier numéro du magazine conservateur American Affairs (Automne 2020. V IV, ? 3), l’analyste politique Joel Kotkin publie des documents du programme « The Heartland’s Revival » sur le même sujet – « La renaissance de Heartland ». Et bien que Joel Kotkin ne soit pas encore parvenu à la conclusion que les « États rouges » sont, en fait, une civilisation différente des zones côtières, de par sa position pragmatique et plus économique, il s’en rapproche.

La partie centrale des États-Unis est une zone très spéciale avec une population, où prévalent les paradigmes de la « vieille Amérique » avec sa « vieille démocratie », son « vieil individualisme » et sa « vieille » idée de la liberté. Ce système de valeurs n’a rien à voir avec la xénophobie, le racisme, la ségrégation ou tout autre substantif péjoratif que les Américains moyens des États intermédiaires se voient généralement attribuer par les intellectuels et les journalistes arrogants des mégalopoles et des chaînes nationales. C’est l’Amérique, avec toutes ses caractéristiques, la vieille Amérique traditionnelle, quelque peu figée dans sa volonté initiale de liberté individuelle depuis l’époque des pères fondateurs. Elle est surtout représentée par la secte amish, encore habillée dans le style du XVIIIe siècle, ou par les mormons de l’Utah, qui professent un culte grotesque mais purement américain, rappelant très vaguement le « christianisme ». Dans cette vieille Amérique, une personne peut avoir toutes sortes de croyances, dire et penser ce qu’elle veut. C’est la racine du pragmatisme américain : rien ne peut limiter ni le sujet ni l’objet, et les relations entre ceux-ci ne se révèlent que dans le feu de l’action. Encore une fois, cette action a un seul critère : ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas. Et c’est tout. Personne ne peut prescrire un éventuel « vieux libéralisme » selon lequel chacun devrait penser, parler ou écrire. Le politiquement correct n’a aucun sens ici.

Il est seulement souhaitable d’exprimer clairement sa propre pensée, qui peut être, théoriquement, tout ce que l’on veut. Dans une telle liberté de tout, tout est l’essence du « rêve américain ».

Deuxième amendement à la Constitution : protection armée de la liberté et de la dignité …

Le cœur de l’Amérique ne se résume pas à l’économie et à la sociologie. Elle a sa propre idéologie. C’est une idéologie amérindienne – plutôt républicaine – en partie anti-européenne (surtout anti-britannique), reconnaissant l’égalité des droits et l’inviolabilité des libertés. Et cet individualisme législatif s’incarne dans le libre droit de posséder et de porter des armes. Le deuxième amendement à la Constitution est un résumé de toute l’idéologie d’une telle Amérique « rouge » (au sens de la couleur GOP). « Je ne prends pas ce qui est à toi, mais tu ne touches pas non plus à ce qui m’appartient. » C’est le résumé de ce que véhicule un couteau, un pistolet, une arme à feu, mais aussi une mitrailleuse ou un pistolet mitrailleur. Il ne s’agit pas seulement de choses matérielles, mais aussi de croyances, de modes de pensée, de choix politiques libres et d’estime de soi.

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Mais les zones côtières, les territoires américains de la « Civilisation de la mer », les États bleus, voilà ce qui est attaqué. Cette « vieille démocratie », cet « individualisme », cette « liberté » n’ont rien à voir avec les normes du politiquement correct, avec une culture de plus en plus intolérante et agressive, avec la démolition des monuments aux héros de la guerre de Sécession ou avec le fait de baiser les pieds des Afro-Américains, des transsexuels et des monstres à corps positif. La « civilisation de la mer » considère la « vieille Amérique » comme un ensemble de « déplorables » (selon les termes d’Hillary Clinton), comme une masse de « fascistophiles » et de « dissidents ». À New York, Seattle, Los Angeles et San Francisco, nous avons déjà affaire à une autre Amérique – une Amérique bleue de libéraux, de mondialistes, de professeurs postmodernes, de partisans de la perversion et d’un athéisme prescriptif offensif, qui chasse de la zone de tolérance tout ce qui ressemble à la religion, à la famille, à la tradition.

La Grande Guerre des Continents aux Etats-Unis : Proximité de l’issue

Ces deux Amériques – Earth America et Sea America – rassemblent leurs forces aujourd’hui dans une lutte acharnée pour leur président. Et tant les démocrates que les républicains n’ont sciemment aucune intention de reconnaître un gagnant s’il vient du camp opposé. Biden est convaincu que Trump « a déjà truqué les résultats des élections », et que son « ami » Poutine « s’en est déjà mêlé » avec l’aide des services secrets, la GRU, du « nouveau venu », des trolls Holguin et d’autres écosystèmes multipolaires de la « propagande russe ». Par conséquent, les démocrates n’ont pas l’intention de reconnaître la victoire de Trump. Ce ne sera pas une victoire, mais une « fake news ».

Les républicains les plus conséquents le considèreraient également comme une falsification. Les démocrates utilisent des méthodes illégales dans la campagne électorale – en fait, les États-Unis eux-mêmes ont une « révolution des couleurs » dirigée contre Trump et son administration. Et les traces de ses organisateurs, parmi les principaux mondialistes et opposants de Trump George Soros, Bill Gates et autres fanatiques de la « nouvelle démocratie », les représentants les plus brillants et les plus conséquents de la « civilisation de la mer » américaine, sont absolument transparentes derrière cette révolution. C’est pourquoi les républicains sont prêts à aller jusqu’au bout, d’autant plus que le ressentiment des démocrates contre Trump et les personnes nommées par ce dernier au cours des 4 dernières années est telle que si Biden se retrouve à la Maison Blanche, la répression politique contre une partie de l’establishment américain – du moins contre toutes les personnes nommées par Trump – aura une ampleur sans précédent.

C’est ainsi que la tablette de chocolat américain se brise sous nos yeux – les lignes de fracture possibles deviennent les fronts de la véritable guerre elle-même.

Ce n’est plus seulement une campagne électorale, c’est la première étape d’une véritable guerre civile.

Dans cette guerre, deux Américains – deux idéologies, deux démocraties, deux libertés, deux identités, deux systèmes de valeurs s’excluant mutuellement, deux politiciens, deux économies et deux géopolitiques – se font face.

Si nous comprenions l’importance actuelle de la « géopolitique de l’élection américaine », le monde retiendrait son souffle et ne penserait à rien d’autre – ni même à la pandémie de Covid-19 ou aux guerres, conflits et catastrophes locales. Au centre de l’histoire du monde, au centre de la détermination du destin de l’avenir de l’humanité se trouve la « géopolitique des élections américaines » – la scène américaine de la « grande guerre des continents », la terre américaine contre la mer américaine.

Source : http://dugin.ru et https://izborsk-club.ru/20027 

Traduit du russe par « Le rouge et le blanc », sur : http://pocombelles.over-blog.com/2020/10

Traduction revue par Maria Poumier

L'auteur, Alexandre Guelievitch Douguine né en 1962 est un éminent philosophe, écrivain, éditeur, personnalité publique et politique russe. Docteur en sciences politiques. Professeur de l'Université d'État de Moscou. Leader du Mouvement international eurasien. Membre permanent du Club d’Izborsk.

mercredi, 21 octobre 2020

Andreï Fursov: le chaos est nécessaire pour le changement

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Andreï Fursov: le chaos est nécessaire pour le changement

Vidéo d’origine en russe, sous-titrée en anglais :

https://www.youtube.com/watch?v=Dfdyf3pUyWk

Traduction française :

Andreï Fursov : Aucun système nouveau ne se coule en douceur dans un autre système. Pour créer un nouveau système, il faut d’abord créer le chaos. De plus, le chaos est nécessaire pour une autre raison très importante. Durant le chaos, la formation d’un nouveau sujet historique se produit. C’est parce que les nouveaux systèmes sociaux n’apparaissent pas automatiquement. D’abord un nouveau sujet historique apparaît et il crée un nouveau système. Puis le système l’écrase [= l’ancien système]. Maintenant nous allons voir comment, dans les 50-60 années à venir, la formation et le conflit de ces sujets va se produire. Pae exemple, si nous parlons d’histoire, que signifia le XVIe siècle pour l’Angleterre ? La formation d’un sujet historique essentiellement nouveau se produisit. La noblesse privée anglaise, le capital lombard, quelques templiers et les Vénitiens le formèrent avec succès dans des circonstances historiques favorables. Elizabeth 1ère d’Angleterre ne fut pas tuée. A la place de l’Empire catholique anglo-espagnol, nous eûmes l’Empire britannique complètement différent. Aujourd’hui est en cours la formation d’un sujet essentiellement nouveau. Quel est le bon coté de cette situation ? J’ai l’impression que cette situation est en train d’échapper au contrôle des concepteurs. Cela ne veut pas dire que les planificateurs soient mauvais. Cela signifie que la situation est tellement complexe que les planificateurs, qui sont habitués à certaines règles, connaissent leur but et ont un plan mais ne sont pas encore habitués aux circonstances rapidement changeantes. Ils sont habitués à jouer aux échecs normaux et non aux échecs clignotants. C’est là que se trouve notre chance. 

Intervieweur : Si je vous comprends correctement, dans le chaos et l’incertitude, nous pouvons proposer notre propre projet avec une chance de réalisation.

Andreï Fursov : Oui, le chaos est une situation à double tranchant. C’est une situation qu’on peut tenter de dominer. Qu’est-ce que le chaos ? On peut le caractériser comme un point de bifurcation. C’est un point où le système a un choix maximal. Bien sûr il y a une certaine trajectoire, mais il est spectaculairement en expansion. Dans les points de bifurcation, une grande poussée n’est pas nécessaire. Une [petite] poussée dans la bonne direction suffit. Cette poussée peut être effectuée par un groupe qui n’est pas grand par le nombre. Si nous prenons l’histoire russe, c’est le nouveau type de parti de Vladimir Lénine. Il n’était pas grand par le nombre. Maintenant nous ne dirions pas que la Finintern [= l’Internationale financière] était derrière eux. Ils agirent dans certaines circonstances. Ce petit groupe arriva et poussa l’histoire dans la direction voulue.

[C’est ce qu’on peut appeler le moment propice, le moment du « renversement », du kaïros,  de la svolta, de l’Umbruch, le moment où on peut « chevaucher le tigre ». NDT.]

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Kaukasus-Konflikt

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Kaukasus-Konflikt

Willy Wimmer

Ex: https://www.world-economy.eu

Im Kaukasus sterben Menschen und sie sterben, weil ein regionaler Krieg zwischen zwei Kaukasus-Staaten wieder aufgeflammt ist. Die Kriegsparteien sind bekannt. Es handelt sich um Armenien und Aserbeidschan. Sich diese beiden Staaten alleine anzusehen, reicht nicht. Beide Staaten stehen für Konfliktfelder, die eine globale Dimension haben. Es überschneiden sich Rivalitäten, die weit in die Geschichte von zwei Jahrhunderten zurückreichen und Staaten wie Russland und Amerika, die Türkei und Frankreich ebenso betreffen wie heute Iran und Israel.

Es reicht völlig, sich die Staaten in ihrer jeweiligen Kooperation anzusehen. Der internationale Akteur, der jedenfalls die Lage vor Ort kannte, wurde vor Ausbruch der Kämpfe politisch aus dem Verkehr gezogen: die OSZE. Derzeit kann keine internationale Struktur den Konflikt auffangen. Die Bemühungen Russlands um einen Waffenstillstand machen deutlich, wie hoch das Gefährdungspotential über den Kaukasus hinaus eingeschätzt wird. Jetzt hat der Vorsitzende armenischer Kirchengemeinden in Deutschland die Bundesregierung aufgefordert, sich in dem Konflikt zu engagieren und gleich die Geschichte ins Feld geführt. Hier zeigt sich bereits im Ansatz, was das Führungschaos bei der OSZE bewirkt hat. Niemand kann heute sagen, wer den ersten Schuss in dem bislang fast eingefrorenen Konflikt abgefeuert hatte? Feststellen kann jeder, wie die Ausgangslage für diesen Krieg aussieht. Es gibt mehrere Grundtatbestände. Das sind zunächst die international anerkannten Grenzen. Danach liegt der Zankapfel namens „Berg-Karabach“ eindeutig auf dem Staatsgebiet von Aserbeidschan. Ebenso unbestritten sind zwei weitere Umstände. Berg-Karabach wird mehrheitlich von Armeniern besiedelt. Über das Gebiet von Berg-Karabach hinaus haben armenische Streitkräfte als Ergebnis des Konfliktes von 1991-1994 um das Gebiet von Berg-Karabach Teile des Staatsgebietes von Aserbeidschan besetzt. Hunderttausende Flüchtlinge sind nach den Feststellungen der UN Binnenflüchtlinge in Aserbeidschan.

Welchen Zielen soll eine deutsche Initiative gelten? Nach dem jetzigen Stand der Dinge muss das Sterben beendet werden. Dafür besitzen andere die Durchschlagskraft, dies jedenfalls zu versuchen. Wenn es gilt, internationale Standards wieder zu respektieren, kann niemand von Deutschland erwarten, dass unser Land sich dafür einsetzen sollte, territoriale Kriegsgewinne aus dem Konflikt 1991-1994 anerkannt zu sehen. In der Zeit von Helmut Kohl haben die Kriegsparteien Realismus genug gezeigt, eine allseits anerkannte und respektierte Regelung zu treffen. Der Vater des heutigen Präsidenten von Aserbeidschan war pragmatisch genug und in Jerewan war man das auch. Man kann nicht einfach anknüpfen, denn das lassen die Hintermänner nicht zu.

Die Meinung des Autors/Ansprechpartners kann von der Meinung der Redaktion abweichen. Grundgesetz Artikel 5 Absatz 1 und 3 (1) „Jeder hat das Recht, seine Meinung in Wort, Schrift und Bild frei zu äußern und zu verbreiten und sich aus allgemein zugänglichen Quellen ungehindert zu unterrichten. Die Pressefreiheit und die Freiheit der Berichterstattung durch Rundfunk und Film werden gewährleistet. Eine Zensur findet nicht statt.“

 

Le piège de la postmodernité se referme contre la liberté des peuples

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Pierre Le Vigan:

Le piège de la postmodernité se referme contre la liberté des peuples

pierre-levigan.jpgToute une sociologie se réjouit du développement de liens horizontaux, du co-voiturage, des co-locations (imposées par les loyers exorbitants), de la vitalité des tribus vestimentaires, sexuelles, comportementales qui irriguent la société française. C’est la France archipel qu’analyse fort bien Jérôme Fourquet. Certes, ces tribus se retirent totalement du politique - c’est le « retrait sur l’Aventin » dont parle Michel Maffesoli - mais elles seraient le lieu d’une éclosion de nouveaux liens, voire d’un nouveau lieu du sacré. Tout cela marquerait la revanche de l’émotion sur la raison, ou le basculement vers une raison sensible, à vrai dire plus sensible, comme les quartiers du même nom, que rationnelle, puisque – on l’oublie trop – la raison suppose une culture, alors que ces tribus postmodernes sont sans culture, autre que le présentisme.

   410tApvWIeL.jpgCette vision, qui se veut un constat, n’est pas neutre. Ces théoriciens de la postmodernité heureuse, tels Michel Maffesoli, ne déplorent pas l’inexistence d’une spiritualité commune aux Français, d’un sacré unificateur ancré dans notre histoire, mais regrettent qu’une place plus grande ne soit pas faite aux autres spiritualités, et il n’y en a qu’une présente en masse, c’est l’islam, à qui une place plus grande devrait être faite (Maffesoli, Atlantico, 18 février 2015). Les djihadistes seraient en somme victimes du laïcisme français.

   Cette vision n’a pas seulement la naïveté de croire que les terroristes tuent parce qu’ils recherchent le sacré et n’arrivent pas à trouver assez vite les poèmes soufis en librairie, alors qu’ils tuent par ressentiment et parce qu’ils se nourrissent de la haine de nous, Européens. Cette vision agit dans le sens de la pérennité de la domination des élites oligarchiques. En effet, si le peuple n‘est qu’une addition de tribus, il n’y a plus de peuple. En second lieu, si le peuple, c’est l’émotion, on ne fera croire à personne, et pas au peuple lui-même, que la raison ne devrait pas avoir la primauté. A force de répéter Châteaubriand : « On prend pour des conspirations ce qui n’est que le malaise de tous », on oublie Julien Freund, à mesure même que l’on se réclame de lui. On oublie que les dominants ont des stratégies, ce qui est bien normal, que manœuvres et mêmes complots existent. On tombe dans la naïveté et on voudrait que tout le monde y tombe. Bien entendu, que les oligarchies ne soient pas totalement maitresses d’elles-mêmes, ni sans contradictions, c’est une évidence. Mais qu’elles n’aient pas de conscience historique du sens de leur domination, qui est de maintenir et accroitre le pouvoir de l’argent sur toute la société,  c’est une croyance bien irénique. Macron, non plus, outre Atlantique, que Joe Biden, n’a pas été coopté par hasard, l’un pour faire oublier le calamiteux Hollande, l’autre pour battre Trump.

   p1.jpgEn vérité, il y a aussi de l’émotion du côté des élites, notamment l’émotion homogénéisatrice de l’interchangeabilité de tous les hommes, et l’immigrationnisme de principe, et il y a de la rationalité – les pieds sur terre, c’est rationnel – du côté du peuple. Les élites oligarchiques mettent de l’émotion dans la raison, le peuple, lui, met de l’émotion dans sa révolte rationnelle face à un pouvoir qui nie son droit à l’existence, à la fois matérielle, et c’est la question de la destruction des classes moyennes, et culturelle, et c’est la question de l’identité, et plus largement de la pérennité de soi comme Français. La lutte des classes, qui n’a été inventée par Marx, est toujours aussi une lutte pour déterminer quelles sont les valeurs qui dominent dans une société : l’argent ou la coopération, l’économie ou la pérennité des peuples, le court terme ou le long terme. Le peuple a besoin de la sécurité culturelle, du long terme et de ce qui n’a pas de prix : la patrie et donc la solidarité à l’intérieur de la patrie. Ce qui suppose une juste et nécessaire discrimination excluant tout devoir de solidarité avec les étrangers.

PLV

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mardi, 20 octobre 2020

Où va la ville ? Entretien avec Pierre Le Vigan

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Où va la ville ?

Entretien avec Pierre Le Vigan

Archives: Entretien du 6 juin 2010 paru dans Europe Maxima, site numérique, novembre 2010.

De l'après-guerre aux années 60, la France a été dans l'obligation de développer son parc de logements pour répondre aux besoins de la reconstruction, au baby-boom et  aux flux migratoires (retour des Pieds-Noirs et immigration du Maghreb notamment), comment a été gérée la crise du logement et comment a-t-on décidé des nouvelles politiques d'urbanisme à mener ?            

        La France a été très lente à mettre en place une politique du logement d’autant plus nécessaire après 1945 qu’aux destructions de la guerre 39-45 s’ajoutaient les effets du retard pris dans l’entre-deux-guerres, malgré les lois Loucheur, les constructions de pavillons et de quelques cités-jardins. L’essor réel de la construction après-guerre date du Plan Courant de 1953, du nom de Pierre Courant, ministre de la Construction. La construction s’est accélérée à partir des ZUP (zones à urbaniser en priorité). Comme dans beaucoup de domaines, c’est la IVe République qui a initié les choses mais c’est la Ve qui en a récolté les fruits, du moins à l’époque du général de Gaulle.    A cette époque, en effet, on a vu les bénéfices de la politique de construction de masse de logements mais on n’en a pas vu les conséquences à long terme. Les bénéfices, c’est loger plus de familles – suite au baby boom qui démarre  en 1942 – et dans plus de confort. Les conséquences à long terme c’est un urbanisme sans âme, sans enracinement, des quartiers sans repères, souvent éloignés des moyens de transports, isolés des vieux centres-villes, et c’est la création de quartiers anonymes et dévalorisés.

            Comment en est-on arrivé là ?

             indexPDO.jpgC’est la politique de Paul Delouvrier, grand commis à l’urbanisme nommé par de Gaulle, qu’il faut incriminer. Les zones à urbaniser étaient choisies en « sautant » par-dessus les banlieues existantes. Donc en lointaine périphérie. On a préféré faire du neuf dans des endroits vierges plutôt que d’améliorer les territoires de vieilles banlieues. Il est vrai que celles-ci étaient communistes pour une bonne part et que le régime gaulliste voulait les contourner.  En outre, l’idéologie urbaine « fonctionnaliste » plus ou moins proche de Le Corbusier se prêtait plus à des constructions dans de l’espace vide plutôt qu’à des « retricotages » subtils de la ville dans des territoires déjà urbanisés.

            Des erreurs ont-elles été commises dans les années 50-60 à 70 ? Si oui,  lesquelles ? Ont-elles concerné d’abord le domaine architectural, ou urbanistique, ou les deux?

            Parmi les graves erreurs, il y a le manque de transports en commun : peu de gares, pas de tramway, pas assez de bus. Il y a l’isolement par rapport aux centres-villes, il y a des constructions de cités de logements à cheval sur plusieurs villes, qui favorisent l’irresponsabilité des élus. Il y a l’interven­tion­nisme d’Etat hors de toute concertation avec les élus locaux. Force est de constater que de Gaulle ne connaissait rien et ne comprenait rien aux questions de la ville et qu’il était surtout inspiré par la politique extérieure. Ce qui plaide, entre parenthèses, contre le pouvoir personnel et contre une présidence omnipotente. L’architecture des grands ensembles est contestable par sa monotonie, par l’équivalence du devant et du derrière des immeubles, par sa dimension souvent excessive. Je ne crois pas souhaitable de construire des immeubles au-delà de 7 ou 8 étages qui ne permettent guère de loger plus de gens, à moins de réduire les règles de prospects, donc de rapprocher les immeubles d’une manière pathologique, qui obligent à avoir plusieurs ascenseurs, et qui rendent plus complexes les règles de sécurité (incendie et autre).  Toutefois, dire cela, c’est déjà être plutôt dans la volu­métrie et le rapport entre les volumes, donc dans l’urbanisme  que dans l’archi­tecture stricto sensu. Des voies trop larges sont aussi à incriminer, des espaces non appropriés, trop d’espaces verts qui ressemblent à des terrains vagues.

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 « Pas assez de densité » : c’est à mon avis le reproche principal à faire aux politiques des dernières décennies. Les banlieues lointaines, les villes nouvelles sont 5 à 10 fois moins denses voire encore moins (en nombre de logements à l’hectare) que les centres-villes haussmanniennes. Exemple : Paris 20.000 habitants/km2, Sarcelles (Val d’Oise) 7.000 habitants/km2, Villiers le bel (Val d’Oise) 3.700 habitants/km2, Bièvre, en Essonne 500 habitants/km2. La faible densité rend difficile l’anonymat et donne au groupe une pression communautaires excessives (l’impossibilité des femmes de se promener en jupe), donne aux bandes une forte visibilité, rend trop couteuse la création de transports collectifs, favorise donc la voiture comme mode de déplacement, avec ses nuisances y compris en terme de paysage urbain (immenses parkings au pied des HLM). Les erreurs sont donc avant tout urbanistiques.

            Si des erreurs ont-été commises à ce moment-là, les politiques en ont-ils tenus compte lors des politiques ultérieures d'urbanisation ?

        A  partir de 1975, la réponse est oui. Bien entendu, tout n’est pas parfait à partir de cette époque, mais il se trouve que le très net ralentissement de la construction à partir de 1975, absurde à certains égards alors que le gouvernement encourageait l’immigration familiale qui amenait donc des familles nombreuses en France, ce ralentissement a mené à faire des opérations plus petites, mieux concertées, surtout à partir de la décentralisation de 1982-83, et mieux intégrées dans l’existant.  Cela a par contre amené les grands ensembles qui, sans immigration, auraient été peu à peu déserté et détruit, a devenir un réservoir de logements pour immigrés.

Autre changement, depuis les années 1970, un véritable corps professionnel des urbanistes a fini par exister et la culture des architectes a changé elle aussi, avec la fin (partielle) de la domination des idéaux modernistes et fonctionnalistes.  Ce qui ne veut pas dire que tout ce que l’on appelle post-moderne forme un ensemble cohérent (ce n’est pas le cas) ou convaincant (Ricardo Bofill est parfois assommant de mauvais goût). Un exemple de réurbanisation assez réussi est le centre-ville de Saint-Denis, dans le 93, avec des rues étroites, le tramway, le métro, à une erreur près, importante : avoir installé un grand supermarché dans le centre au lieu d’une multitude de boutiques. Malheureusement, le meilleur des urbanismes ne peut pas grand-chose face à des vagues d’immigrations non maitrisée et face à l’absence d’assimilation.

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            Quelles ont été les politiques de rénovation et de réhabilitation urbaine  menées en France à partir de la fin des années 1970 et sur la base du constat d’une certaine crise des grands ensembles ? Quel bilan peut-on en tirer ? Quelle a été la concertation avec les habitants et les acteurs locaux (municipalités et habitants notamment) ?  Que pensez-vous de la politique de la ville en général ? Et comment voyez-vous  l’évolution de la situation sur le plan du « vivre ensemble » et de la délinquance ?

             Le début des politiques de la ville, en fait la politique des quartiers « à problèmes » est Habitat et Vie Sociale (HVS). Nous sommes en 1977 et c’est surtout une idée de la « deuxième gauche » social-démocrate (par opposition à la première gauche « montagnarde »). Il se trouve que c’est aussi à ce même moment que la politique de l’aide à la pierre est remplacée par l’aide à la personne. A ce moment, les loyers des logements sociaux deviennent trop chers (puisqu’elles n’ont pas d’aide) pour les classes moyennes, qui sont poussés à quitter les HLM, ce qui nuit bien sûr à la mixité sociale. L’aide à la personne (les APL) rend solvables des gens qui ont de faibles revenus, ou des revenus de transferts sociaux, ou travaillent au noir. Cela amène à changer la composition des HLM : les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses, ainsi que les familles issues de l’immigration. En 30 ans, elles sont devenues majoritaires dans beaucoup de quartiers de banlieues ou en tout cas de quartiers HLM. Les réhabilitations qui ont été menés l’ont généralement été sérieusement. Le gain en confort est souvent réel même si, esthétiquement, l’aspect hybride des interventions n’est pas toujours très heureux. Mais les habitants vivent dans les immeubles avant de les regarder.

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Le problème est l’ampleur des dégradations et atteintes aux biens et personnes commises par une petite minorité d’habitants, qui instaure un climat de peur et de complaisance vis-à-vis des trafics, vols, dégradations dont les autres habitants, eux-mêmes en bonne part issus de l’immigration sont les premières victimes. Après HVS, le gouvernement Mauroy, en 1981, a mis en place la politique de DSQ (développement social des quartiers). Il s’agit alors avant tout de faire un travail éducatif et de prévention de la délinquance. Les études d’évaluation se sont succédées et les nouvelles mesures de politique de la ville aussi, en fonction des gouvernements. Elles se ressemblent toutes, étant définies par les mêmes hauts fonctionnaires, souvent assez autistes et munis d’une culture de type « fonction publique », respectable mais parfois bien naïve, culture associée à une formation sociologique de base amenant bien souvent à la « culture de l’excuse ». A cela s’ajoute le souci de ne pas « faire de vagues », souci partagé par les politiques. Le clientélisme communautaire s’ajoute ensuite à cela. 

      D’une manière générale, la situation ne s’est pas améliorée, sauf dans certaines villes de province car l’échelle plus petite de l’urbain et l’implication de certains élus locaux a permis des réussites. Le « mal vivre ensemble » gagne. Chômage, dévalorisation du travail, relations conflictuelles entre jeunes et police se sont installés dans la durée, avec une violence croissante. Les contrôles au faciès sont une réalité, mais dans le même temps, l’agressivité de certaines bandes de jeunes vis-à-vis de tout ce qui est public, des pompiers aux médecins, et en somme vis-à-vis de tout ce qui extérieur au quartier est réelle.  Cette logique du ghetto est dramatique et n’a été cassée par aucune loi, même bien intentionnée, comme la Loi d’Orientation sur la Ville (LOV) de 1991.

            Comment les autres pays européens ont-ils géré la reconstruction d'après-guerre et l'augmentation des populations urbaines? Ont-ils menés des politiques similaires à la France en la matière ?

             En Allemagne, il y a eu beaucoup de reconstructions qui respectaient l’usage des parcelles avant les destructions (peu à Berlin, par contre) et peu ou prou la volumétrie des immeubles détruits, très nombreux (il y avait des millions de sans-abris qui s’étaient ajoutés aux centaines de milliers de morts). L’influence de Le Corbusier est venue plus tard. En Grande-Bretagne la reconstruction a été plus rapide qu’en France. Dans tous les cas, l’arrivée en ville de populations rurales, puis immigrés a été l’occasion de production de logements de masse comparables (grandes cités-dortoirs) mais le phénomène a été plus marqué en France parce que l’urbanisation était plus tardive que dans beaucoup d’autres pays européens.

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Dresden: la reconstruction de la ville après la fin de la RDA.

            Qu’est-ce qu’un quartier de relégation en France? En quoi et comment se fait ce processus de relégation ? Sur le plan de la géographie, de la sociologie et des transports notamment ?

            Un quartier de relégation est un quartier qui donne une mauvaise image sur les curriculum vitae mais c’est aussi et surtout un quartier où on rencontre surtout des gens « paumés », sans repères, sans projet. Dans un quartier de relégation, il n’y a pas une dynamique sociale positive, ascendante. C’est un quartier ghetto, un ghetto de pauvres mais aussi un ghetto d’immigrés. Il manque une culture commune à laquelle s’agréger. Parfois, cette culture, c’est l’islam. Mais ce n’est pas ce qui aide le plus à l’intégration, notre pays n’ayant pas vocation à devenir musulman, pas plus qu’arabe, turc ou africain. Souvent, l’adoption de l’islam correspond à une réaction identitaire. « Puisque vous me rejetez, moi aussi je rejette votre Occident consumériste. » (sans négliger le fait que l’adhésion à l’islam ne s’accompagne pas forcément du rejet du consumérisme). On peut comprendre cette recherche identitaire de substitution, mais ce n’est pas très constructif quand on continue de « zoner » au pied de la cité, et c’est souvent très artificiel.  C’est un islam du ressentiment plus que de l’affirmation. Il nous faut dire : « La République française n’admet que l’on dissimule son visage dans l’espace public » (qu’il s’agisse de burqa, casque de motard, bonnet, déguisement, etc.) ». La polygamie est plus complexe – sans doute beaucoup plus massive aussi que le port de la burqa – et pose des problèmes plus graves.  Y compris la question du déséquilibre démographique entre Français « de souche » et immigrés, qu’ils soient Français ou non au plan de l’Etat civil.

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Mosquée de Montreuil, banlieue parisienne.

            Les services publics au sens large et les autres acteurs indispensables (médecins par exemple) sont-ils suffisamment présents dans ces quartiers ?

        Ils ne sont pas assez nombreux. Regardez par exemple le taux de médecins, qui est faible. Les conditions de séjour ne sont certes pas incitatives, pas plus en banlieue que dans la France périphérique. Tant que la sécurité n’est pas rétablie, ces sous-effectifs sont inévitables. Les professions libérales, à quelques remarquables exceptions près, vont là où il y a de l’argent, et de la tranquillité publique.  Quant aux policiers, ils sont beaucoup moins nombreux à la fois par habitant et par hectare de territoire à surveiller en banlieue qu’à Paris. Il faut plus de policiers mais aussi et surtout plus de police de proximité. Il faut certainement moins d’opérations coups de poing, qui sont faites pour être médiatisées, mais ne résolvent pas grand-chose, mais plus de travail policier en profondeur. Il faut par contre instaurer une insécurité quotidienne pour les dealers et les bruleurs de voitures. Actuellement, c’est plutôt l’insécurité quotidienne pour les honnêtes gens qui, rappelons-le, sont la grande majorité des habitants des banlieues. 

            Les diverses classifications opérées par la politique de la ville (ZUS, ZEP,...) ont-elles contribué, selon-vous, à stigmatiser ces quartiers ?

            Zones urbaines sensibles, zones d’éducation prioritaire, zones de redynamisation urbaine, zone franches urbaines : tous ces sigles visent à désigner des politiques publiques prioritaires et sur des territoires qui ne se recoupent pas tous. C’est une machinerie complexe et parfois utile. L’état de la banlieue ne serait-il pas pire sans un certain nombre de ces mesures sur lesquelles il est trop facile de ricaner ? Possible. Ceci dit, elles ne sont pas à la hauteur des problèmes. Déléguer la gestion des quartiers aux « associations », cela a ses limites. Cela aussi des effets de clientélisme et de communautarisation. 

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La vraie question est que beaucoup de quartiers ne sont plus des quartiers de travailleurs et quand il y a des travailleurs, ils n‘ont qu’une idée en tête : en sortir le plus vite possible pour échapper à un climat malsain pour eux, pour leur femme, leurs enfants. Les ZEP donnent plus de moyens, et c’est plutôt un atout d’être en ZEP de ce point de vue mais, ensuite, si la norme sociale et culturelle de la jeunesse de tel quartier en ZEP est de ne rien faire à l’école, au collège, au lycée et au contraire de vivre de petites magouilles (ou grandes magouilles et vraie délinquance), qui empoisonnent la vie du quartier, alors cela ne suffit pas.   Les gens d’origine immigrés sont les premiers à dire, bien souvent, « pas question pour moi de m’installer dans le "neuf-trois" » (la Seine Saint Denis). Ils ajoutent souvent, n’ayant pas l’habitude de la langue de bois : « Il y a trop de racaille ».  Je crois que ces quartiers se sont « stigmatisés » tout seul, du fait d’une partie de leur jeunesse et de la faiblesse du civisme en général en France. De même, on se stigmatise en s’habillant d’une certaine façon (‘‘survêtement à capuche’’…), en s’exprimant d’une certaine façon, etc. On ne peut vouloir être considéré comme un Français comme un autre si tout dans son comportement manifeste que l’on ne se sent pas de culture et de mœurs françaises. Quant à dire qu’ « il n’y a pas de culture française » (Emmanuel Macron), c’est là une réponse tout aussi stupide que de dire qu’il n’y a pas de culture turque, marocaine, iranienne, etc.

            Quelles sont les grandes orientations données par l’actuel ministère de la Ville pour les quartiers sensibles ? Existe-t-il des points critiquables ou qui ont fait débat ? Comment la politique de la ville entend-elle lutter, présentement et à l’avenir contre la délinquance ?

            Le logement, de 2007 à 2010, a été rattaché au vaste ministère de l’Ecologie de Jean-Louis Borloo. Fadela Amara a été secrétaire d’Etat à la ville (2007-2010). Cette dernière a eu de bonnes idées, mélange de volontarisme, de connaissance du terrain et de réalisme (elle ne se fait pas trop d’illusions). Elle est bien inspirée mais a été marginalisée. Le gouvernement a cherché en la nommant un effet d’affichage avant l’efficacité. En fait, pour comprendre, au-delà des mots et des discours quasi-interchangeables d’un ministre à l’autre, la vraie politique du gouvernement pour les banlieues, il faut regarder le projet du Grand Paris de Christian Blanc, sans même parler des extrapolations de Jacques Attali sur « Paris prolongé jusqu’au Havre », Jacques Attali jouant, comme Alain Minc, le rôle de ballon d’essai de Sarkozy (et plus généralement du libéralisme mondialiste – note de 2017).

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Or, c’est un projet du même ordre que celui de de Gaulle et Delouvrier  dans les années 1960 que ce projet gouvernemental du Grand Paris. A savoir un très mauvais projet. Non qu’il n’y ait pas matière à créer une instance fédérative entre Paris et les trois départements de la proche couronne. Cela, c’était le projet de Philippe Dalier à « droite », et de Georges Sarre à « gauche ».  Mais le Grand Paris de Christian Blanc (repris par les équipes de Hollande – note de 2017) se résume au super métro, le « grand huit » de 130 km, qui ne répond aucunement aux besoins des habitants. Là encore, on saute par-dessus la banlieue existante pour aller créer des problèmes ailleurs en développant plus encore l’urbanisation en très grande banlieue, une urbanisation en tâche d’huile. Une nouvelle catastrophe urbaine se prépare.

***

            Est-ce que démolir des tours pour faire des banlieues pavillonnaires améliore automatiquement la vie collective et fait reculer la délinquance ?

           Il est sidérant de voir que l’on va détruire des tours porte de Clignancourt (tours qui ne sont pas plus horribles que d’autres, ni en mauvais état du reste, même si je n’ai aucun goût pour les tours) au moment où on parle d’en construire porte de la Chapelle, soit à deux pas, et à un endroit où il y en a déjà dont on peut faire le bilan : elles fonctionnent très mal sauf quand elles sont hyper-sécurisées (donc très couteuses) et donc destinés à des classes moyennes ou supérieures, celles qui n’ont pas la moindre envie d’habiter la Porte de la Chapelle. D’où une contradiction sans solution.

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On marche sur la tête. Une nouvelle fois – et c’est le mal contemporain – ce qui compte pour les politiques, c’est l’image, l’image, l’image. Alors que l’efficace, l’utile pour les habitants, souvent, ce n’est pas le spectaculaire. C’est du terre à terre dont on a besoin. Et dans tous les sens du terme. Démolir des tours, dans certains cas, pourquoi pas ? Mais ce n’est pas la panacée. Trop souvent, on ajoute du traumatisme à du traumatisme, la destruction est vécue comme une dévalorisation rétroactive. Bien souvent, il vaut mieux densifier, construire autour des barres, ou modifier les barres.  Quant aux tours, de quoi parle-t-on ? 10 étages ? 15 étages ? Quand ce sont des tours résidentielles, cela ne pose pas toujours de problèmes particuliers, chacun respecte les espaces communs.  Quoique… les incivilités existent aussi chez les bourgeois. Pour ce qui est des tours de logements sociaux, elles sont tout à fait inadaptées mais il y a en fait peu de tours de logements sociaux en banlieues, en tout cas assez peu de tours de logements de plus de 10 étages.  Quand il y en a, comme à Bagnolet, il vaut sans doute mieux faire de l’urbanisme reconstructeur, restructurant plutôt que destructeur, améliorer les transports, amener des emplois, décloisonner plutôt que détruire. Dire que l’on détruit des tours pour faire des quartiers pavillonnaires n’est, par ailleurs, pas souvent exact. En général, on détruit des tours pour reconstruire des petits immeubles, qui ont souvent l’inconvénient d’être tous identiques.

            Quelles solutions d’urbanisme et d’architecture pourraient-elles être mises en œuvre pour améliorer la situation de ces quartiers en difficultés ?

            On ne peut évacuer la question de la crise de civilisation : le manque de motivation pour le travail, et pour la création. La France, qui était une nation d’artistes, est devenue une nation de téléphages et de consommateurs d’internet, et pour ce qu’internet a de moins intéressant. La France, l’Occident en général et toute la planète tendent à entrer dans cette post-civilisation qui rétrécit les horizons et atrophie les sensibilités. Seule une minorité échappe à cela. Une minorité privilégiée par la culture, l’éducation et le niveau économique. Il est heureux, en un sens, que cette minorité existe, mais pourra-t–elle résister à la montée de la barbarie ?  Les quartiers en difficulté, habités par des gens eux-mêmes souvent déshérités, moins du reste au plan strictement financier qu’au plan culturel souffrent au premier chef de cette crise de civilisation.

    Les quartiers de grands ensembles, ceux ciblés par la « politique de la ville » – terme ambitieux, il vaudrait mieux dire modestement « l’infirmerie des banlieues » – nécessitent à mon sens de la modestie, continuer de travailler avec certaines associations, même s’il ne faut pas en attendre des miracles, et de l’ambition notamment dans le domaine des transports. Il faut absolument que les gens puissent sortir de ces quartiers, n’en soient pas prisonniers, puissent aller « voir ailleurs ». Donc, il faut des transports, y compris le soir et même la nuit. Il faut renforcer les effectifs permanents de police, mais aussi d’éducateurs.

           indexvict.png Il faut aussi refuser la victimisation. Bien des maghrébins qui « s’en sortent », bien des « noirs » – et non pas des « blacks » – Africains ou Antillais qui eux aussi s’en sortent socialement, c’est-à-dire travaillent, montrent que des jeunes, avec de l’énergie, peuvent trouver une formation, un travail, une voie, un avenir, une espérance, une place dans la société. La République française est généreuse, l’éducation gratuite, les soins gratuits, ce n’est pas rien, il faut le dire et le rappeler. En contrepartie, il faut être sévère avec ceux qui pourrissent la vie de ces quartiers, et qui sont tout simplement des canailles qui vivent de trafics de drogue, de vols, d’escroqueries, de harcèlements, etc.

            Arrive-t-on à faire de la mixité sociale dans les quartiers sensibles ? Sinon, comment expliquer qu'en dépit de la politique de la ville, les habitants fuient ces quartiers ?

      On arrive plus facilement à mettre quelques pauvres dans des quartiers riches que quelques riches dans des quartiers pauvres. La mixité sociale a reculé. Il y avait des bourgeois dans beaucoup de quartiers de banlieue nord il y a 100 ans. Combien en reste-il ? Par ailleurs, le caractère multiethnique des banlieues fait fuir beaucoup de classes moyennes et a fortiori supérieures. Tout le monde est pour l’immigration, les « bobos » en tête, mais chacun préfère habiter un quartier où il n’y a « pas trop » d’immigrés. Il y a beaucoup d’hypocrisie là-dedans. Il n’y avait que les élus communistes, jusque dans les années 1980, à habiter dans des HLM, et encore, pas tous !

            Le problème d’anomie (au sens de désagrégation des règles de vie en collectivité et du lien social) des quartiers sensibles, s’il existe,  est-il résoluble uniquement dans des politiques étatiques ? Où est-ce un problème qui va bien au-delà ? Un problème culturel, de civilisation ?

            L’anomie ou encore la perte de la décence commune dont parlait George Orwell est une réalité. Elle concerne surtout les jeunes de ces quartiers. C’est la conséquence du déracinement dû à l’immigration de masse. C’est la conséquence d’une perte d’identité, ou d’une impossibilité de construction identitaire dans la tolérance, le respect des autres, qu’ils soient issus d’autres communautés immigrées, ou qu’ils soient Français de souche. La société multiraciale est devenue multiraciste. Les injures sont très souvent raciales (et racistes) dans les quartiers que l’on appelait populaires, qui sont encore populaires mais sont aussi maintenant massivement multiethniques et multiraciaux.  Mais, en outre, l’américanisation des mœurs – pour faire court, la fascination par le fric – joue un rôle très déstructurant. L’intégration par les valeurs de l’effort, du travail, de la République qui ne reconnait aucune communauté ne marche plus. Il n’y a pourtant pas d‘autre voie que l’assimilation et le retour à ces valeurs qui n’ont, faut-il le rappeler, jamais impliqué de renier ses ancêtres et ses traditions. Mais est-ce que cela peut marcher avec une immigration de masse ? En tout cas, si cela ne marche pas, rien d’autre ne marchera, car il n’y a pas de communautés en France, de cadres communautaires réellement capables de prendre le relais et on ne peut les créer artificiellement dans les populations d’Afrique noire ou celles originaires du Maghreb. C’est d’ailleurs précisément parce que, dans leurs pays d’origine, le lien social était en crise que ces gens sont venus en France, alors comment peut-on imaginer que, une fois venus en France, leurs attaches d’origine fonctionnent de manière communautaire, ce qu’elles ne faisaient pas toujours dans leur pays ?

           41vZadgoLKL._SX334_BO1,204,203,200_.jpg Pour revenir à la question centrale, qui est celle des jeunes des quartiers, ce qui doit être géré est, ajouté au problème de l’identité, un problème « hormonal ». C’est ce qu’a bien vu Luc Bronner dans La loi du Ghetto. Les jeunes garçons ont pris le pouvoir.  Le culte de l’enfant-roi de nos sociétés n’a rien arrangé. Quand un parent donne une fessée à son gosse, les services sociaux le réprimandent. Les immigrés ne comprennent pas cela. Ils ont l’impression qu’on leur casse leur travail de parent éducateur. Mais surtout, il y a l’absence fréquente du père ou la dévalorisation de la figure du père. C’est souvent un chômeur. Nombre d’immigrés ont été licenciés de leur travail à 45 ans : cela n’aide pas à donner une image forte. Quant aux familles monoparentales, le garçon seul face à sa mère est roi dans certaines cultures. Il y a une asymétrie de la délinquance entre garçons et filles. Difficile donc de dissocier les questions de la banlieue de ces  questions culturelles liées à l’immigration, liées aux cultures des immigrés. Ce qui, bien sûr, ne veut pas dire que, sans problème de l’immigration, il n’y aurait plus de problème de la banlieue. Il resterait le problème de la laideur, et ce n’est pas une petite affaire, car l’homme a besoin de beauté. Il a besoin du ciel étoilé. Il a besoin des nuages. Il a besoin d’une poésie de la vie, et pas seulement de promotions sur les pâtes à tartiner. Il faut à cet égard revoir entièrement la forme et le contenu des centres commerciaux, véritables « rois anonymes » de notre temps, pour reprendre une expression de Georg Simmel à propos de la fonction marchande.

            Quels rapports ont les habitants des quartiers sensibles avec leurs lieux de vie ? Quel est l'état du lien social dans les quartiers sensibles ? Comment évolue-t-il ces dernières années ? S'il y a eu une dégradation de celui-ci à quoi peut-on l'imputer ?

            La question est-elle : aiment-ils leurs lieux de vie ? Je crois qu’ils ne les détestent pas dans bien des cas, mais qu’ils regrettent les problèmes de transport, la délinquance excessive, l’irrespect des lieux, les gens qui urinent dans les ascenseurs, etc. Les gens aimeraient aimer leurs quartiers. Ils n’y arrivent pas bien souvent. Ceci dit, il me parait difficile de généraliser : Vitry n’est pas Bagnolet, qui n’est pas Bondy, qui n’est pas la banlieue de Saint-Etienne ou de Rouen, etc.  On constate un mauvais état du lien social. Je n’ai pas suffisamment d’expérience de terrain pour en dire plus bien qu’ayant longtemps vécu en banlieues y compris dans des quartiers dits « sensibles ». Restaurer la valeur du travail et de l’effort, rendre possible l’accès concret au travail, mais aussi développer l’idée que le travail n’est pas la lutte de tous contre tous, que c’est aussi la solidarité et la coopération.  Il faut redécouvrir l’ « altruisme créatif » (Pitirim Sorokin). Et aussi développer un autre imaginaire que la consommation, voilà ce qu’il faudrait sans doute faire. Programme vaste et complexe.

            Quelles furent les grandes évolutions sociologiques dans les quartiers sensibles ces 30 dernières années? Y-a-t-il eu une ethnicisation de ces quartiers, un appauvrissement ? Une fuite des classes moyennes vers le périurbain ou le centre-ville pour les classes moyennes supérieures ? 

        633676_f.gifDepuis plus de 30 ans, il y a clairement une ghettoisation des quartiers, une pauvreté endémique, un désoeuvrement, une défrancisation qui touche notamment les mœurs, un développement des trafics de drogue et de toutes les délinquances.  Il y a bien sûr un départ de ceux qui peuvent partir notamment les Français « de souche » des classes moyennes, mais aussi les immigrés qui accèdent à la classe moyenne. Quant aux classes supérieures, elles n’ont jamais habité les quartiers sensibles et n’ont donc pas besoin de les fuir. En d’autres termes, la lutte de classes s’accompagne toujours d’une lutte pour s’approprier les lieux, d’une « lutte des places », comme écrit Michel Lussault[1].

            Le rôle des « créateurs de lien social » (animateurs sociaux, gardiens d'immeubles...) dans ces quartiers a-t-il évolué ? Ont-ils plus de difficultés à remplir ce rôle ? Si oui pourquoi ?

         On a renforcé le rôle des gardiens, et souvent leur nombre, et on a eu raison. Ceci dit, beaucoup de gardiens ne veulent plus travailler dans les quartiers difficiles (on les comprend) – ce qui rend ces quartiers encore plus abandonnés. Il faut aussi plus de police, plus de justice, plus de mise hors d’état de nuire de délinquants : mise en prison, interdiction du territoire national, double peine, déchéance de nationalité, les moyens de manquent pas, à condition de se débarrasser de la tutelle de la Cour européenne des droits de l’homme.

            Comment expliquer le fort taux de délinquance dans ces quartiers sensibles ? D’où vient l’origine du malaise et des conduites déviantes ? 

          C’est une question de civilisation. Ce qui joue, c’est la séduction de l’argent facile (les sportifs dont on parle à la télé…), le goût des objets technologiques sophistiqués, la fin du respect de la culture, mais aussi de toutes les institutions pourtant au service des gens  (maintenant, on brule les écoles, les MJC, les bibliothèques, les gymnases…). On vole dans les magasins de fringues, de chaussures de marque… Mais il y a aussi, comme je l’ai déjà souligné, la crise hormonale de ces jeunes garçons qui n’ont pas de défouloir, qui ne font plus leur service militaire, qui ne peuvent plus canaliser leur énergie. C’est le problème principal. Ce n’est pas l’immigré de 40 ans qui brule des voitures, en général. Ce n’est pas celui qui bosse sur les chantiers dans le bâtiment et qui part tôt le matin. C’est le jeune parasite de 12–18 ans qui, en plus de détruire son quartier et d’y bruler les voitures des honnêtes gens, pourrit la vie de son école. Cette jeunesse des émeutiers explique la peur des bavures qu’a la police.

            Comment les pouvoirs publics répondent-ils, dans le cadre de la politique de la ville, à ces difficultés sociales ? Les dispositifs en place soulagent-ils les habitants de ces quartiers en difficulté sociale ? Pourrait-on optimiser les réponses apportées ?

          On connaît les actions de la politique de la ville, avec notamment le soutien aux « associations » -– ce qui recouvrent toutes sortes de réalités. Cela joue sans doute dans le bon sens mais à la marge. L’isolement des quartiers arrange tout le monde : ils « mettent le bordel » chez eux et pas ailleurs. On ne met pas le paquet en éducation, prévention, répression, encadrement. La République ne croit plus en elle. Elle croyait plus en elle-même à l’époque de la Guerre d’Algérie, avec les SAS (sections administratives spécialisées) et, pourtant, cela n’avait pas suffi à l’intégration. La comparaison pourra choquer mais, pourtant, dans certains quartiers, il ne reste pas plus de Français de souche qu’il n’y avait de Pieds-Noirs en Algérie (1 million sur 10). Respecter les gens, c’est s’occuper d’eux, mais la vérité est peut-être que la République préfère abandonner les banlieues. J’espère me tromper. Il ne manque pourtant pas d’élus qui ont assez bien compris les choses, comme Claude Dilain (PS), qui fut maire de Clichy sous bois, ou Catherine Arenou (UMP), à Chanteloup les vignes.

            D’une manière plus générale, est-ce les habitants qui font le lieu de vie ou le lieu de vie qui fait les habitants ou est-ce un peu des deux ?

               C’est une question que l’on rencontre souvent. La misère a trouvé son décor. Mais c’est moins une misère matérielle – les gens ne meurent pas de faim, ni de manque de vêtements – qu’une misère morale. La délinquance des jeunes s’ajoute à cette misère morale. Elle en est aussi le fruit. Je crois que l’urbanisme pourrait changer beaucoup de choses. Des petites rues interdisant la vitesse, des immeubles dont on puisse plus difficilement jeter des choses des toits, des immeubles suffisamment petits pour permettre des relations de proximité. A terme, il faudrait envisager la création d’une garde civique – sorte de nouvelle « garde nationale » – en liaison avec la police nationale.

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Quartier "Orme seul", La Courneuve. Architecture de Catherine Furet.

Il faut refaire un urbanisme de proximité, d’immeubles de taille moyenne, de 4 à 6 étages, avec des rues adaptées, c'est-à-dire de gabarit modeste (exemple : le quartier de « l’Orme Seul » de Catherine Furet à la Courneuve) et des axes plus grands, mais jamais disproportionnés avec des bus, des tramways, des métros…. Il faut arriver à une densité beaucoup plus forte que dans les banlieues actuelles tout en évitant les tours. C’est parfaitement possible : regardez le 10e, ou le 11e arrondissement de Paris. Il y a une forte densité, et pas de tours.  Il faut penser l’urbanisme pour le lien social et aussi – ne soyons pas naïfs – pour la sécurité (on le fait déjà, mais dans la perspective d’interventions ponctuelles plus que dans le registre d’une  sécurité quotidienne). Cela coûtera très cher, mais pas plus que des milliers de voitures brûlées chaque année.

Note:

[1] De la lutte des classes à la lutte des places, Grasset, 2009.

Carl Schmitt and the Development of Conservative State Theory in China

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Carl Schmitt and the Development of Conservative State Theory in China

Seminar Series: Greater China Legal History
Organized by: CUHK LAW
 
Speaker: Prof. Ryan Mitchell
Date: 9 October 2020
 
 
Over the last decade or so, China’s Supreme People’s Court and the country’s political leaders have consistently rejected the idea of a “judicialized” Constitution, allowing individual litigation.
 
At the same time, the government has also been more vocal and emphatic than ever before in endorsing the national Constitution’s practical and symbolic importance. Is it really possible to endorse “constitutionalism” without endorsing judicial review? If so, how? Arguably, both Anglo-American liberalism and Marxism fail to provide a model for such an approach to constitutionalism—but other traditions, including German conservative state theory, have helped to fill the gap.
 
In discussing the reception of this body of thought in China, this lecture will focus specifically on the role of Carl Schmitt, the controversial but still influential jurist who argued for Executive “dictatorship” after World War I, was a leading critic of liberalism, and later was disgraced after choosing to collaborate with the Nazi regime.
 
Although Schmitt’s political choices have made him an uncomfortable source of guidance in China as elsewhere, his unique and thorough arguments about public law and politics continue to provide him with global influence. From issues of territorial sovereignty to the balance between different institutions of government, Schmitt’s version of constitutionalism can help to explain various developments in modern China’s legal order, and even some similar trends worldwide.

Terrorisme islamique et terreur sanitaire: le monde pris dans l’étau de Big Brother

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Terrorisme islamique et terreur sanitaire: le monde pris dans l’étau de Big Brother

par Pierre-Emile Blairon

Après la décapitation d'un professeur hier, 16 octobre 2020 (qui est aussi le triste anniversaire de la décapitation de la reine Marie-Antoinette – mais ce n’est qu’une coïncidence), je vois croître une indignation fort légitime anti-islam pendant que le gouvernement français (qui n'est que le représentant en France de la secte mondiale pédo-sataniste en place) ne cesse d'accélérer le processus en "marche" vers la dictature ; une dictature qui va s’avérer la plus impitoyable de tous les temps, ce dont les citoyens n’ont pas la moindre idée. Le pouvoir va instaurer, pour parvenir à l’imposer, une peur totalement irraisonnée d'une pseudo deuxième vague d'une pseudo-pandémie dans les esprits troublés d’une population lobotomisée par une propagande effrénée.

Il n'y a pas à distinguer les deux phénomènes : dictature sanitaire et terreur islamiste ; ils sont tous les deux et "en même temps" produits et manipulés par l'Ordre mondial qui tente de vous faire croire que ces deux phénomènes ne sont pas le fruit d’une même machination.

Extrait de mon article Objectif Covid : soumission et robotisation le la population planétaire paru en mai 2020 :

"La manipulation « Covid » s’inscrit dans un processus global de domination planétaire et n’est que l’un des aspects du dispositif mis en place; entre autres exemples possibles, la population désinformée ne voit pas le lien entre la fulgurante ascension de l’islam dans les pays de tradition chrétienne et le Covid; ce sont justement les mêmes manipulateurs, les « élites » mondialistes, qui ont favorisé l’expansion de l’islam notamment en Europe parce qu’il sert ses intérêts du moment, quitte ensuite à l’éradiquer lorsqu’il aura fini son œuvre destructrice; les islamistes sont les hommes de main du gouvernement mondial qui lui permettent d’accélérer le processus de destruction des valeurs européennes traditionnelles. Il faut juste rappeler à ce sujet que le mot « islam » signifie « soumission » et que le port du masque pour les populations sur l’ensemble du globe qui va devenir une obligation ad vitam æternam n’est que l’extension aux populations non musulmanes des contraintes archaïques et obscurantistes subies depuis des siècles par les femmes musulmanes."

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En 2015, dans mon livre La Roue et le sablier, j’avais défini le cadre dans lequel allait se manifester cette collusion ; j’appelais alors « Occidentistes » (selon l’expression employée par le dissident russe Zinoviev) ce qui allait devenir l’exacte réplique du Big Brother du fameux roman visionnaire de George Orwell, 1984. On peut l’appeler aussi « Le Système » ou « l’Ordre mondial » dont nous connaissons désormais, à l’occasion du déclenchement de cette offensive sanitaire, le nom des meneurs et les gouvernements fantoches qui leur obéissent sans état d’âme partout dans le monde, le gouvernement français se situant parmi les plus zélés serviteurs de la pègre pédo-sataniste. Maîtres et serviteurs tellement sûrs d’eux-mêmes qu’ils ne cachent plus rien des modalités de réalisation de leur projet transhumaniste à une population totalement zombifiée. Voici donc ce que j’écrivais :

« Sans entrer dans des considérations géostratégiques, les derniers conflits internationaux concernant notamment les pays arabes à majorité musulmane : Tunisie, Egypte, Libye, Irak, Syrie, ou des régions européennes elles aussi à majorité musulmane comme le Kosovo[1], sont la démonstration évidente de cette collusion d’intérêt des Occidentistes avec les pays musulmans qui financent les islamistes : l’Arabie saoudite et le Qatar principalement, où la connivence entre l’argent et le fanatisme, entre les « démocraties occidentales » et le terrorisme, est ici flagrante.

Les Occidentistes et leurs alliés objectifs islamistes ont pour but principal de déstabiliser les nations traditionnelles, de faire éclater tous les éléments qui les maintiennent en cohésion (langue, terroir, famille, sécurité, religion traditionnelle, etc.) pour mieux installer leur tandem infernal. Quitte ensuite à se combattre dans le monde entier jusqu’à extinction de l’une des deux parties.

Tous les pays musulmans non fondamentalistes (ou plus ou moins attachés à des valeurs laïques) où les Occidentistes sont intervenus (voir la liste précédente), sans qu’on ne leur demande rien, ont vu l’arrivée au pouvoir des islamistes. Qui pense que c’est un hasard ?

La pression qui est faite par les Occidentistes pour que les Européens accueillent de plus en plus de populations étrangères africaines, et musulmanes de préférence, prend alors tout son sens. Les mondialistes gagnent sur plusieurs tableaux en détruisant les spécificités ethnoculturelles à la fois des citoyens qui accueillent, contraints et forcés, des populations étrangères sur leur sol, et ces mêmes populations affamées obligées de quitter leurs pays d’origine : salaires dévalués, individus déboussolés, déracinés, insécurité permanente, groupes ethniques en conflit perpétuel, fondements patrimoniaux, religieux, familiaux détruits, etc. afin de permettre aux Occidentistes de se présenter comme seuls recours et d’obtenir si besoin est par la force (brimades permanentes, arrestations arbitraires, dénigrement de tous opposants par les medias aux ordres, pressions fiscales…) une espèce d’homme interchangeable et corvéable à merci, une sous-classe d’esclaves innombrables, ou de dhimmis (citoyens non musulmans assignés à un statut de second ordre en pays musulman) qui ne pourra plus jamais protester.

Le panem et circenses, tel qu’on l’entendait pendant la période décadente romaine, du pain et des jeux (les jeux du cirque), le « Mac Do et football » - la survie minimaliste que nous offre la modernité, qui est en vigueur de nos jours - sera considérée dans quelques années comme un moindre mal, si ce n’est même comme un paradis perdu. Tout est relatif. »

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Au jour et à l’heure où nous écrivons, ce samedi 17 octobre, (il convient de le préciser car les événements vont se précipiter vers une fin terrifiante à une vitesse fulgurante), une infime minorité d’esprits lucides, à l’instar des quelques grands visionnaires qui nous ont alerté dans les siècles précédents, tente d’informer une population qui semble réticente à toute forme d’esprit critique, heureuse, semble-t-il, de s’enfoncer lentement dans une sorte de torpeur confortable qui conduit insensiblement les individus vers une mort spirituelle qu’ils semblent appeler de leurs vœux.

C’est cette même résignation qui a conduit à la mort physique les explorateurs perdus dans un désert de sable ou de glace qui refusaient de lutter encore pour leur survie quand l’un de leurs coéquipiers tentait de les réveiller – de leur sauver la vie - en les secouant rudement pour qu’ils gardent les yeux ouverts.

Dans la liste des destructions et des brimades qui allaient s’abattre sur nous « dans quelques années », je n’avais pas mentionné en 2015 l’éradication pure et simple qui est en train de se perpétrer contre tous les travailleurs indépendants (à commencer par tout ce qui touche aux loisirs, au bien-être, à la culture, à la qualité de vie, donc, à la vraie vie : restaurants, discothèques, salles de sport, après la disparition des paysans qui continuent à se suicider, des commerces indépendants et des artisans croulant sous les charges, etc.) On discerne bien désormais quel type de totalitarisme notre Big Brother national a l’intention de mettre en place ; il se définit exactement dans les termes de ce slogan qui sonnait comme une plaisanterie dans les années 60 : métro, boulot, dodo, cette fois appliqué avec toute la rigueur des 12 000 policiers fanatisés destinés à faire respecter le couvre-feu et toutes les mesures sanitaires mis en place « pour votre sécurité ».

Et, pour ceux qui pensent que toutes ces mesures sont dues à l’incompétence ou à la naïveté de nos dirigeants, pour ceux qui n’ont toujours pas compris, et ne comprendront jamais, que rien n’est laissé au hasard, que toutes ces décisions qui nous paraissent absurdes sont volontairement contradictoires, que chacun, au gouvernement, joue le rôle qui lui est assigné et prononce les mots qu’il doit prononcer, même s’ils sont en totale opposition avec ce qu’ils ont dit la veille, rappelons la phrase terrible de « notre » président lors de sa dernière intervention : « On s’était habitué à être une société d’individus libres ». Quelle mauvaise habitude ! Ne vous en faites pas, tout ça va changer, « pour votre sécurité », vous ne serez plus que des esclaves, ou des robots.

Note:

[1] Dans notre pays même, il se trouve aussi désormais des départements entiers à majorité musulmane. Bien imprudents seraient ceux qui estimeraient que le même processus séparatiste ne pourrait pas être déclenché - et entériné - en France. L’exemple de cette décapitation du 16 octobre 2020 est ici flagrant : l’auteur du crime est un Tchétchène.

Les États-Unis ne trouvent pas d’alliés pour lancer une guerre contre la Chine

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Les États-Unis ne trouvent pas d’alliés pour lancer une guerre contre la Chine

Par Moon of Alabama

Les États-Unis veulent contrer la position économique et politique croissante de la Chine dans le monde.


L’administration Obama a tenté un « pivot vers l’Asie » en construisant une zone économique à bas tarif via le Partenariat Trans Pacifique (TPP) qui aurait exclu la Chine.

L’administration Trump a rejeté le TPP et s’en est retirée. Elle a lancé une guerre économique contre la Chine en augmentant les droits de douane sur les produits chinois, en interdisant les fournitures de haute technologie aux fabricants chinois et en refusant aux entreprises chinoises l’accès à son marché.

Elle a également tenté de construire une coalition militaire qui l’aiderait à menacer la Chine. Elle a relancé le dialogue quadrilatéral de sécurité 2007-2008 et l’a rebaptisé « Quad de consultations États-Unis-Australie-Inde-Japon ». L’objectif était d’en faire une OTAN asiatique sous commandement américain :

Le diplomate n°2 du Département d'Etat américain a déclaré lundi que Washington visait 
à "formaliser" des liens stratégiques croissants avec l'Inde, le Japon et l'Australie
dans un forum connu sous le nom de "Quad", une initiative qui, selon les experts, est
implicitement destinée à contrer la Chine dans la région indo-pacifique. "C'est une réalité que la région indo-pacifique manque de structures multilatérales
fortes. Ils n'ont rien d'équivalent à la force de l'OTAN ou de l'Union européenne",

a déclaré le secrétaire d'État adjoint américain Stephen Biegun lors d'un séminaire
en ligne en marge du forum annuel sur le partenariat stratégique entre les États-Unis
et l'Inde. "Il y a certainement une possibilité, à un moment donné, de formaliser une structure
comme celle-ci"
, a-t-il ajouté.

Mais il s’avère que ni l’Australie, ni le Japon, ni l’Inde n’ont d’intérêt à adopter une position ferme vis-à-vis de la Chine. Tous considèrent la Chine comme un partenaire commercial important. Ils savent que tout conflit avec elle leur coûterait très cher.

Le 6 octobre, le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est envolé vers Tokyo pour une réunion avec les autres ministres des affaires étrangères du Quad. Il s’est vite rendu compte que personne ne se joindrait à son discours militant :

Lors d'une réunion avec les ministres des affaires étrangères du Japon, de l'Inde et 
de l'Australie à Tokyo, le secrétaire d'État Mike Pompeo a insisté mardi pour qu'ils
renforcent leur quatuor de démocraties afin de résister à une Chine de plus en plus
affirmée. ... Si, comme il le semble, Pompeo cherchait à pousser les autres membres du Quad à prendre
le parti des États-Unis dans une confrontation avec la Chine, il n'a pas obtenu de
soutien public retentissant, et ses propos se sont heurtés à ceux de son hôte. Pompeo a visé directement le Parti communiste chinois dans ses remarques avant

que les diplomates de haut niveau des quatre nations ne s'assoient pour discuter. "En tant que partenaires de ce Quad, il est plus que jamais essentiel que nous
collaborions pour protéger nos peuples et nos partenaires de l'exploitation, de
la corruption et de la coercition du PCC"
, a-t-il déclaré. Mais le principal porte-parole du gouvernement japonais, Katsunobu Kato, a insisté

lors d'un point de presse mardi: "Cette réunion du Quad ne s’est pas faite en ayant
un pays particulier à l’esprit."

L’Australie et l’Inde étaient également réticentes à dire quoi que ce soit qui pourrait potentiellement offenser la Chine.

L’initiative de Pompeo a échoué. L’ancien ambassadeur indien M. K. Bhadrakumar explique pourquoi le Quad ne fonctionnera pas :

La Chine ne peut être battue car, contrairement à l'URSS, elle fait partie de la même 
société mondiale que les États-Unis. Regardez l'étendue des champs de bataille entre
les États-Unis et la Chine : gouvernance mondiale, géoéconomie, commerce, investissements,
finances, utilisation des devises, gestion de la chaîne d'approvisionnement, normes et
systèmes technologiques, collaboration scientifique, etc. Cela témoigne de la vaste
portée mondiale de la Chine. Ce n'était pas le cas de l'URSS. Surtout, la Chine n'a pas d'idéologie messianique à exporter et préfère donner l'exemple
par ses performances. Elle ne cherche pas à provoquer un changement de régime dans d'autres
pays, et s'entend en fait plutôt bien avec les démocraties. ... Les États-Unis ont créé l'ASEAN, mais aujourd'hui, aucun partenaire asiatique en matière

de sécurité ne veut choisir entre l'Amérique et la Chine. L'ASEAN ne peut pas être
réorientée pour former une coalition afin de contrer la Chine. Ainsi, aucun des opposants
à la Chine au sujet de la mer de Chine méridionale n'est prêt à rejoindre les États-Unis
dans leurs provocations navales contre la Chine. La Chine a des ressources, y compris de l'argent, à offrir à ses partenaires, alors que
le budget américain est en déficit chronique et que même les opérations courantes du
gouvernement doivent maintenant être financées par la dette. Les États-Unis doivent

trouver les ressources nécessaires pour maintenir leurs infrastructures humaines et
physiques à des niveaux compétitifs par rapport à ceux de la Chine et d'autres grandes
puissances économiques. Pourquoi diable l'Inde devrait-elle se mêler à cette affaire chaotique dont le point
culminant est acquis d'avance ? ... La Chine n'a pas besoin de faire la guerre parce qu'elle est déjà en train de gagner.

Les États-Unis ont également tenté d’inciter leurs alliés européens de l’OTAN à prendre position contre la Chine :

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a averti, samedi, que l'influence 
croissante de la Chine avait créé un "changement fondamental dans l'équilibre mondial
des pouvoirs"
qui ne devait pas être négligé. Dans une interview au journal allemand Welt am Sonntag, publiée à l'avance, le responsable

norvégien y déclarait que Pékin disposait du deuxième budget de défense au monde après
les États-Unis et qu'il investissait massivement dans des armes nucléaires et des missiles
à longue portée qui pourraient atteindre l'Europe. "Une chose est claire : la Chine se rapproche de plus en plus des portes de l'Europe",
a-t-il déclaré. "Les alliés de l'OTAN doivent relever ce défi ensemble."

Cette initiative coulera en Europe aussi vite que l’initiative du Quad a coulé en Asie et pour les mêmes raisons. La Chine n’est pas un danger idéologique ou militaire pour l’Europe. C’est un mastodonte économique et les relations avec elle doivent être gérées avec soin. Elles exigent du respect et des discussions, et non des roulements de tambour.

La Chine a dépassé les États-Unis en tant que premier partenaire commercial de l’UE :

Au cours des sept premiers mois de 2020, la Chine a dépassé les États-Unis pour devenir 
le plus grand partenaire commercial de l'Union européenne (UE), a déclaré Eurostat,
l'organisme statistique de l'UE. ... Les importations de l'UE en provenance de Chine ont augmenté de 4,9 % en glissement
annuel au cours de la période janvier-juillet, a noté Eurostat. Selon l'Office fédéral des statistiques d'Allemagne, la plus grande économie de l'UE,
la Chine, premier partenaire commercial de l'Allemagne depuis 2016, a dépassé les
États-Unis pour la première fois au deuxième trimestre de cette année pour devenir
le plus grand marché d'exportation de l'Allemagne, et les exportations allemandes
vers la Chine en juillet ont presque retrouvé leur niveau de l'année dernière.

Il est temps pour les États-Unis de se regarder dans un miroir et de s’éveiller à la réalité. C’est un pays très endetté avec une armée bien trop chère et, de plus, inefficace. Au cours des dernières décennies, son rôle économique dans le monde n’a cessé de décliner. Ses constantes prises de positions militantes et son attitude « faites comme on vous le dit » ont aliéné ses alliés. Sans alliés, les États-Unis n’ont aucune chance de vaincre la Chine dans un conflit potentiel.

Ce que les États-Unis pourraient encore faire, c’est rivaliser honnêtement avec la Chine. Mais cela nécessiterait de l’humilité, une politique industrielle forte et une main-d’œuvre bien payée et compétitive.

Aucune de ces conditions n’est en vue.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

lundi, 19 octobre 2020

Christian Westbrook: Food Wars…the Engineered Destruction of Our Food Supply

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Christian Westbrook: Food Wars…the Engineered Destruction of Our Food Supply

Posted by in Podcast

Christian “The Ice Age Farmer” Westbrook discusses the engineered and deliberate destruction of our food supply. Pretexts cited to shut down farms and cull livestock include the spread of “coronavirus” between humans on farms, transmission from animals to humans, as well as outright sabotage of food storehouses. He describes the move to tax and eliminate meat and replace it with fake, synthetic, lab-grown foodstuffs. Power elites seeks to track and trace all food through artificial intelligence and the blockchain. He suggests everyone begin to grow their own food.

*Support/Donate to Geopolitics & Empire:

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Bitcoin http://geopoliticsandempire.com/bitcoin-donate

Show Notes

Perfect storm hits Kazakhstan egg industry https://www.poultryworld.net/Eggs/Articles/2020/8/Perfect...

43% of small businesses say they’ll be forced to close permanently https://www.marketwatch.com/story/43-of-small-businesses-...

Lord Birkenhead’s 1929 Predictions for 2029 https://www.scribd.com/document/36111515/Save-This-for-Yo...

Fauci Warns That Earth Has Entered a “Pandemic Era” https://futurism.com/neoscope/fauci-warns-earth-entered-p...

Food Chain Reaction crisis simulation ends with global carbon tax https://www.cargill.com/story/food-chain-reaction-simulat...

Websites

Ice Age Farmer http://www.iceagefarmer.com

About Christian “Ice Age Farmer” Westbrook

Christian produces videos, interviews, tools (Growing Degree DaysCrop Loss MapWiki and Maps) in order to shed light on the myriad risks to our food system and how they must inspire us to grow our own food.

*Podcast intro music is from the song “The Queens Jig” by “Musicke & Mirth” from their album “Music for Two Lyra Viols”: http://musicke-mirth.de/en/recordings.html (available on iTunes or Amazon)

dimanche, 18 octobre 2020

Daniel Estulin et le virus des Bilderbergs

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Daniel Estulin et le virus des Bilderbergs

Ex: https://reseauinternational.net

Ce qui nous arrive est prévu et monté depuis longtemps. Une grande partie fut révélée par l’écrivain d’origine soviétique Daniel Estulin en 2005.

Voici une interview de Daniel Estulin (auteur de nombreux ouvrages sur le globalisme, sur le Club Bilderberg, l’institut Tavistock etc) par Goyo G. Maestro pour le site espagnol larazon.es

*

S’il y a un sujet favorable pour les complots, c’est bien le coronavirus, et s’il y a quelqu’un de compétent en la matière, c’est Daniel Estulin, auteur de plusieurs livres sur le club Bilderberg et analyste du renseignement russe. Estulin ne sait pas quelle est l’origine de la « pandémie » , mais il n’exclut pas la version suggérée par les responsables chinois selon laquelle l’armée américaine aurait introduit le virus en Chine . Ce qui est clair, c’est que cette crise sanitaire – « qui est secondaire » – va accélérer la fin du cycle que, ajoute-t-il, nous vivons, avec l’effondrement des marchés et la fin de l’ère entamée avec les accords de Bretton Woods en 1944. « L’Espagne ne peut pas sortir vivante de cette crise », prédit-il dans cet entretien avec LA RAZÓN.

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Comment le monde va-t-il changer après le coronavirus ?

Ce qui nous attend, c’est une crise d’une ampleur que nous n’avons connue que deux fois au cours des deux derniers millénaires. La première a eu lieu entre les 4e et 6e siècles, lorsque la féodalité est apparue. Et le deuxième moment est venu avec la naissance du capitalisme à partir du XVIe siècle. Ce que nous vivons actuellement, c’est la fin du capitalisme, une crise systémique planétaire. Le capitalisme a besoin d’une expansion continue pour ouvrir de nouveaux marchés, car sans de nouveaux marchés, le capitalisme meurt. Cela a été dit par Karl Marx et Adam Smith. Le coronavirus est une excuse pour chercher une explication de la faillite des marchés planétaires, alors que c’est quelque chose qui a commencé bien avant. La situation italienne est également facile à expliquer. 114 banques en Italie sont en faillite. Avoir des coronavirus est génial car ils peuvent arrêter de payer et blâmer le virus pour le défaut.

f2cbb7b629f31608dafeed057d6325e3.jpgLe monde est-il prêt à affronter une crise de cette ampleur?

Le modèle économique a pris fin. En 1991, les deux modèles existants, le communiste et le capitaliste, ont été réunis en un seul qui a duré jusqu’en 2008, lorsque le début de la fin a commencé. En 2008, il y avait encore des moyens de sauver le système, de nettoyer les éléments parasites, mais maintenant il y a des bulles créées par les banques, qui ont augmenté la dette de 70%, qui ne peut pas être éliminée si ce n’est par une guerre thermonucléaire ou bactériologique ou avec un coronavirus, un cas de force majeure qui dans la plupart des contrats permet de ne pas payer la dette. Le modèle négocié à Bretton Woods en 1944 ne fonctionne qu’avec une expansion illimitée du capitalisme. Mais nous sommes arrivés à la fin et ce que nous voyons maintenant sont les conséquences de la faillite.

Y aura-t-il des mouvements géopolitiques majeurs ? Des Gagnants et perdants après cette « pandémie » ?

Les États-Unis et la Chine ont conclu un premier accord commercial, qui donne aux Américains les gagnants. Mais la Chine et les États-Unis sont les deux faces de la même pièce, ils sont le même système économique. Alors que Trump remporte cet accord commercial, nous voyons maintenant la réponse de la Chine. Xi Jinping , qui est empereur et non président, joue de manière asymétrique et prend les cartes après que les États-Unis aient gagné la guerre commerciale et que l’Europe a fermé les portes de la Chine avec des droits de douane. Il existe de nombreux coronavirus en Chine. Et la conséquence de cela est la fermeture des marchés et des entreprises. Aucun navire chinois n’est arrivé dans les ports américains en un mois. C’est pourquoi il y a une telle pénurie, car la plupart des choses sont fabriquées en Chine.

L’Europe semble être prise en tenaille entre les États-Unis et la Chine. Peut-elle être renforcée par cette crise ou, au contraire, va-t-elle s’affaiblir ?

41-erwbtrbL._SX321_BO1,204,203,200_.jpgDepuis 1991 et jusqu’à récemment, nous avions un monde unipolaire, dominé par le monde libéral des banquiers financiers, où la croissance se fait aux dépens des autres. À la mort de l’Union Soviétique et pendant que l’Occident était en mesure de s’étendre, le système unipolaire a continué à fonctionner jusqu’en 2008. Nous assistons maintenant à la mort d’un système et à la naissance d’un nouveau dont personne ne sait rien. C’est pourquoi Poutine, Trump et Xi Jinping parlent de s’asseoir après les élections américaines et de décider des nouvelles règles du jeu pour ce monde d’après-crise et d’après Bretton Woods. Depuis 1991, la lutte a lieu au sein du capitalisme, une lutte entre financiers, banquiers et parasites de Wall Street contre les chefs d’entreprise nationalistes. Donald Trump est le visage visible de ce groupe alternatif anti-banquier et anti-libéral. S’il remporte les élections de novembre, on peut dire que le libéralisme touche à sa fin, mais je ne parle pas du libéralisme pensé par Voltaire, mais du libéralisme financier parasite qui ne produit rien et vit de la spéculation. L’Union Européenne est le premier exemple de ce libéralisme planétaire effréné, et est donc vouée à mourir. Dans une génération, il ne restera plus que très peu de ce qui est aujourd’hui l’Europe. Il y a de fortes chances qu’il y ait une tonne de nouveaux pays.

Pensez-vous que cette « pandémie » pourrait nuire aux aspirations de Trump à gagner sa réélection en novembre?

Joe Biden, atteint de démence, représente le visage des financiers libéraux. Trump n’est même pas le représentant du Parti républicain, mais le visage visible de l’aile industrielle nationaliste. Mais le combat n’est pas entre Trump et Biden. Le seul pays au monde capable d’expliquer ce qui se passe est la Russie parce que nous sommes les descendants de l’URSS, qui était un modèle alternatif et réussi qui a fait faillite pour des raisons que je ne vais pas expliquer maintenant faute de place. Si Trump gagne, il va continuer le combat contre le libéralisme, représenté par les agences de renseignement, la bureaucratie de Washington, les médias, la Silicon Valley, Hollywood, etc.

Les responsables chinois ont laissé entendre que l’armée américaine avait introduit le virus en Chine. Que pensez-vous de la théorie ?

51RSIhvtxXL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgJe ne suis pas virologue et je ne vais pas lancer des théories du complot. Je ne sais pas quelle est l’origine de la « pandémie ». Mais je ne douterais pas non plus de cette théorie, d’autant plus que les États-Unis sont un pays qui a pu larguer une bombe atomique et se lancer dans d’innombrables guerres. Le combat est maintenant de définir le modèle post-crise. Le coronavirus est secondaire. Il y a une hystérie planétaire avec ce virus, mais ce n’est que le prélude au premier acte, qui débutera en septembre ou mars de l’année prochaine au plus tard. Ensuite, les gens descendront dans la rue, car un jour ils se rendront compte que les banques seront fermées. C’est ce qui s’est passé en Union Soviétique en 1991, lorsque 40% de la population a perdu le moindre sou de ce qu’elle avait en banque. Cela va se produire à l’échelle planétaire. Ce qui s’en vient, c’est une crise systémique deux ou trois fois pire que celle de 1929.

La classe moyenne avait déjà commencé à décliner dans de nombreux pays depuis 2008. Pensez-vous que ce processus va maintenant s’accélérer ?

Oui, nous sommes confrontés à la fin de la classe moyenne, qui a fortement émergé en Espagne dans les années 60 et 70 et s’est renforcée aux États-Unis sous l’ère Reagan. Maintenant que nous approchons de la fin du modèle, la classe moyenne va mourir. Les gens sortiront et seront criblés de balles. Toutes les mesures martiales et de type couvre-feu actuellement testées sont des méthodes pour affiner le plan de sécurité de fer qui viendra dans six mois ou un an au plus. Les forces de sécurité nationales font une répétition générale de ce qui est à venir. Tout ce qui se passe maintenant, je l’explique depuis 15 ans.

Les gouvernements de nombreux pays ont annoncé des plans de sauvetage ambitieux. Dans quelle mesure ces mesures seront-elles efficaces pour sortir avant la récession à venir ?

Lorsque les entreprises ouvriront dans un, deux ou trois mois, elles seront en faillite et les autres ne pourront pas payer les salaires. Et s’ils ne paient pas, les travailleurs ne peuvent pas acheter. Il y aura un effet domino. L’Espagne n’a pas d’industrie lourde et son agriculture, comme vous faites partie de l’Union Européenne, s’est envolée vers d’autres pays. Vous n’avez pas non plus votre propre politique monétaire car tout est décidé en Europe. Vous n’êtes pas un pays, comme les autres pays européens. L’Espagne ne peut pas sortir vivante de cette crise. L’aide est bonne mais elle ne servira à rien car la crise n’est pas un secteur, elle est systémique. En Allemagne, Deutsche Bank est en faillite depuis des années. Et Commerzbank aussi. Ces deux banques ont perdu 90% de leur valeur en Bourse. Boeing est sur le point de faire faillite, General Electric pareil. Je peux vous donner une énorme liste d’entreprises dans cette situation. Mais il ne s’agit pas d’un certain nombre d’entreprises, mais d’un modèle. Aucun des douze lauréats du prix Nobel d’économie depuis 2008 n’a expliqué la crise systémique qui s’abat sur nous.

Que pensez-vous lorsque vous êtes qualifié d’alarmiste et friand de théories du complot ?

Il y a des années, quand j’ai commencé à publier des livres comme ceux du club Bilderberg, les gens disaient que j’étais un théoricien du complot. Ce n’est pas la vérité. Je suis docteur en intelligence conceptuelle et je suis colonel du contre-espionnage militaire russe, avec 24 ans de service . Je travaille avec les présidents, les premiers ministres et les banques centrales de différents pays, aujourd’hui plus que jamais. Avec ce qui arrive aujourd’hui et ce que j’ai expliqué dans mes livres, le sourire narquois a été effacé de plus d’un visage. La faillite est partout autour de nous et tout le monde l’a remarqué. Mes prévisions au niveau économique, politique et social sont là.

source : larazon.es via nicolasbonnal.wordpress.com

Trahison ! La Normandie en danger !

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Trahison ! La Normandie en danger !

​​Communiqué du Mouvement Normand - n°278 - 1er octobre 2020

L’éternel serpent de mer du port de Paris est de nouveau d’actualité ! Et de quelle façon ! La pire que nous puissions imaginer !

Une fois encore, des déclarations sans aucune consultation avec les élus locaux et régionaux, politiques ou consulaires, nous frappent de plein fouet par leur violence. En effet, lors d’une table ronde à l’occasion des dix ans du Grand Paris, le 29 septembre, Anne Hidalgo, maire de Paris, et Édouard Philippe, maire du Havre, ont déclaré en chœur qu’ils souhaitaient relancer le projet du Grand Paris.

L’impérissable projet de Grand Paris, pardon Seine Métropole, d’Antoine Grumbach, sorti en 2008 à l’époque du président Nicolas Sarkozy. Ce projet a été depuis relancé habilement dans la presse en 2018 puis en 2019. Mais il reste toujours le même dans sa substance : Paris veut et décide, et surtout pense n’avoir besoin que de la Seine et du Havre. Quid du reste de la Normandie ? Et bien il n’existe pas ! En fait, soyons clairs, c’est la Normandie qui n’existe pas dans ce grand ensemble pensé et prévu pour Paris, et pour Paris uniquement.

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Et pour quel résultat final : la Normandie, coupée ainsi en deux par un couloir Paris – Le Havre, devenu le Grand Paris, n’existera plus ! Ce sera la fin de notre région. Son arrêt de mort définitif !

L’erreur du maire du Havre est grande s’il croit être de taille avec sa ville de 172 000 habitants face au léviathan parisien de 2 148 000 habitants et sa puissance économique.
Une telle décision, une telle déclaration, ne peut se faire avant une concertation, une réflexion, une stratégie réelle au niveau de la région normande.

Cette vision parisienne, et parisianocentrée est mauvaise pour la Normandie mais aussi pour la France. La Normandie est une des portes maritimes de la France, et pas uniquement de Paris. L’histoire, la géographie, l’économie, la culture, la géopolitique normandes nous tournent vers la mer. Notre région est un immense port de Granville jusqu’au Tréport. Voilà la réalité, le concret !


Et ce n’est pas au Havre, seul, de proposer d’être un débouché sur la mer pour la capitale française, c’est un projet, une ambition normande que d’être une région maritime de première importance pour la France, et pas seulement Paris. Et de l’être à travers son réseau de villes.

À nouveau, la nécessité de la mise en place d’un solide réseau des villes normandes, une Hanse comme il en existait une dans la Baltique, une association économique, politique, culturelle des villes normandes est de première importance. C’est une nécessité et une évidence, mais dans le contexte d’un projet Grand Paris renaissant, cela devient une urgence absolue !


Monsieur Hervé Morin a réagi vivement aux déclarations de Mme Hidalgo et de M. Philippe. Mais où sont les autres élus ? Qu’en pensent les maires normands ? Les présidents de départements normands ?

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Il est grand temps que les élus normands agissent ensemble, comme les élus d’une grande région avec un potentiel incroyable et non comme des roitelets locaux. Une vision d’ensemble pour la région est nécessaire pour tous les élus.

En pleines grandes déclarations sur la décentralisation voulue apparemment par le gouvernement du président Macron, après le tour de vis centralisateur et jacobin qui a été la règle depuis son accession au pouvoir, voici une volonté parisienne qui paraît bien contre-productive.

Ce scénario, le Mouvement normand n’a eu de cesse de le rappeler dans ses communications depuis la réunification de la Normandie : les dangers, les écueils sont encore nombreux avant d’avoir une région normande radieuse et rayonnante.


Enfin, sortirons-nous de la tentation phagocytaire de Paris et surtout, sortirons-nous un jour de cette morbide et délétère opposition permanente entre Paris et la province ? Le jacobinisme parisien n’est pas mort, il est au contraire bien vivant. La décentralisation et la subsidiarité, si elles s’imposent à la raison, ne sont pas encore acquises dans les faits.
Les Normands doivent réagir habilement, l’union fait la force !

La commission exécutive du Mouvement normand

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samedi, 17 octobre 2020

Qui a peur de l’ours russe?

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Archives: article de 2007

RUSSIE. Poutine taxé d’antidémocrate à cause de sa bataille contre les oligarques

Qui a peur de l’ours russe?

Ex: http://www.30giorni.it

Interview de Maurizio Blonde, auteur de Stare con Putin? «Le processus d’intégration entre Europe et Russie est dans les faits. Il s’agit simplement de l’accompagner en évitant que d’autres ne le détruisent, agissant pour leurs propres intérêts»

Interview de Maurizio Blondet par Davide Malacaria

«Russie et Europe ne peuvent que s’intégrer de plus en plus, en une sorte de destin manifeste». Celui qui prononce ces mots est Maurizio Blondet, qui a été longtemps l’une des signatures les plus en vue d’Avvenire, le quotidien des évêques italiens pour lequel il a signé de nombreux éditoriaux. Blondet a abandonné depuis longtemps les défis du quotidien catholique pour se dédier à un quotidien en ligne, Effedieffe.com, une publication aux teintes plutôt fortes, mais toujours intéressante et bien documentée. Il a récemment publié Stare con Putin? [ Soutenir Poutine? ndr], l’ouvrage qui sera l’objet de notre interview. Nous l’avons rencontré avant le sommet informel entre le président des États-Unis, George Bush, et le président de la Fédération russe, Vladimir Poutine, qui s’est tenu au début de juillet dans le Maine, dans la résidence de Bush senior. Une rencontre qui a fait naître des espérances. Mais celles-ci restent à vérifier.
Pourquoi être du côté de Poutine?
 
 
 
 
MAURIZIO BLONDET: Je crois que le président russe, après le 11 septembre et le début de ce que l’on a appelé la guerre contre le terrorisme, a représenté un point de stabilité, d’équilibre dans le monde. Et puis, l’Europe ne peut trouver que des bénéfices à s’intégrer avec la Russie. Malheureusement, les bureaucrates de Bruxelles s’y opposent: les Barroso, les Solana, des personnes qui sont à la tête de l’Europe sans aucune investiture populaire et qui ne font que compliquer cette intégration. Peut-être parce qu’ils doivent obéir à d’autres, à des gens qui n’ont aucun intérêt à ce processus.

À savoir?

BLONDET: Avant tout, les États-Unis. Il y a des gens qui voudraient marginaliser la Russie et en faire une petite puissance asiatique.

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Une thèse vaguement conspirationniste...

BLONDET: Pas du tout. Je vous lis un passage d’un essai écrit en 1997 par Zbigniew Brzezinski, ancien secrétaire d’État avec Carter: «L’Ukraine, nouveau et important espace sur l’échiquier euroasiatique, est un pilier géopolitique parce que son existence même comme pays indépendant permet de transformer la Russie. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire euroasiatique. La Russie sans l’Ukraine peut encore se battre pour sa situation impériale, mais elle deviendra un empire substantiellement asiatique, probablement entraîné dans des conflits éreintants avec les nations de l’Asie centrale, qui seraient soutenues par les États islamiques, leurs amis du sud [...]. Les États qui méritent le plus fort soutien géopolitique américain sont l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan et (en dehors de cette région) l’Ukraine, dans la mesure où ils sont tous les trois des piliers géopolitiques. Ou plutôt, c’est l’Ukraine qui est l’État essentiel, dans la mesure où elle pèsera sur l’évolution future de la Russie». Cette lecture est utile pour comprendre ce qui est arrivé dans ces dernières années. Ce texte a été écrit bien avant que n’éclatent les “révolutions colorées”.

Des révolutions colorées...

BLONDET: La révolution orange en Ukraine, la plus importante du point de vue géopolitique, la révolution rose en Géorgie, et puis celles des Pays baltes et des pays asiatiques comme l’Ouzbékistan et le Kirghizstan, toutes financées par les États-Unis à travers une myriade d’organisations non gouvernementales qui ont poussé comme des champignons à l’intérieur de ces États, en dépit du fait qu’il y ait aux États-Unis des lois qui interdisent de manipuler les sociétés civiles des autres pays. J’ai aussi parlé, dans mon livre, de l’homme le plus important de la révolution kirghize, l’Américain Mike Stone qui, en plein milieu des troubles, crée un journal dans lequel on apprend les gens à faire la grève de la faim, à organiser une manifestation, à faire de la résistance passive... et quand les autorités lui coupent l’électricité, il réussit quand même à imprimer grâce à des générateurs que l’ambassade américaine au Kirghizstan met gentiment à sa disposition. Une autre figure singulière est celle de Kateryna Chumachenko, la femme de Viktor Yushenko, leader de la révolution orange et l’actuel président de l’Ukraine. Née à Chicago, elle était fonctionnaire de la Maison Blanche sous Ronald Reagan et ensuite au Ministère du Trésor. À la Maison Blanche, elle était membre du Public Liaison Office et elle avait pour spécialité de gagner des sympathies pour les politiques reaganiennes auprès des groupes anticommunistes de l’Est européens, en particulier les dissidents ukrainiens. Ce ne sont que quelques exemples.

Vous parliez des révolutions qui ont eu lieu dans les pays de la Russie asiatique...

BLONDET: Il s’agit de pays caucasiens et de ceux qui, s’étendant de la mer Caspienne à la Chine, séparent au sud la Russie de l’Iran, de l’Afghanistan et du Pakistan. Des États fondamentaux d’un point de vue géopolitique, dans la mesure où ils mettent la Russie en communication avec la mer Caspienne, riche, entre autre, de pétrole et de gaz naturel, mais surtout parce qu’ils constituent les voies de transit des oléoducs russes. Actuellement, l’armée américaine enrôle des marines en Géorgie; elle n’a plus de volontaires américains, parce que ces derniers offrent leurs services à des entreprises privées qui paient mieux, alors les États-Unis sont obligés d’aller chercher des renforts pour leur armée dans des pays de ce genre... Mais les choses n’ont pas marché exactement comme le voulaient les stratèges néocons: Après une période de subordination aux nouveaux patrons occidentaux, les politiciens locaux de certains de ces pays ont commencé à tisser de nouveaux liens avec Moscou. D’ailleurs, la Russie est beaucoup plus proche d’eux que les États-Unis, et il est impossible de ne pas en tenir compte.

Et pourtant, après le 11 septembre, les États-Unis et la Russie apparaissaient unis contre la menace terroriste.

BLONDET: À l’époque, les États-Unis croyaient pouvoir manœuvrer la Russie. Or tout est devenu plus compliqué lorsqu’au contraire, Poutine a commencé à faire une politique qui a petit à petit sorti la Russie du chaos organisé dans lequel elle était tombée avec Eltsine. Il y a réussi aussi grâce aux revenus du gaz et du pétrole. La guerre contre l’Irak, qui représentait dans l’esprit des stratèges américains un pas vers l’hégémonie mondiale, en causant une hausse du prix du pétrole, a eu pour eux un effet qu’ils ne souhaitaient pas en aidant le redressement économique de la Russie... Et Poutine a utilisé le pétrole pour assainir la nation, au lieu de remplir les poches des quelques oligarques comme cela se passait sous Eltsine, quand un petit groupe de magnats sans scrupules se sont accaparés pour quelques sous et grâce à leurs accointances avec l’ancien président russe, les énormes richesses du pays.

Les oligarques... il y a entre eux et Poutine une guerre souterraine.

BLONDET: Et c’est la raison pour laquelle le président russe a été l’objet de si nombreuses attaques du côté occidental. Jusqu’à l’arrestation du magnat Mikhaïl Khodorkovski en octobre 2003, les relations avec l’Occident étaient bonnes. Après, elles n’ont fait que se détériorer: depuis, Poutine a été accusé d’attenter à la démocratie et que sais-je encore... En effet, l’arrestation de Khodorkovski a été le signal de l’inversion de tendance, le signal que les temps des vaches grasses était fini pour les oligarques, que le nouvel habitant du Kremlin n’aurait pas toléré les exactions de ces personnages qui bénéficiaient de l’appui de la finance internationale. Khodorkovski était devenu le patron de Youkos, le plus grand groupe pétrolier russe, en déboursant 309 millions de dollars pour acquérir 78% des actions... le lendemain, à la bourse russe, le groupe montrait sa vraie valeur: 6 milliards de dollars. Évidemment, l’argent n’appartenait pas à Khodorkovski, mais il lui avait été prêté par des financiers internationaux connus auxquels il s’apprêtait à revendre le groupe avant d’être arrêté.


Vladimir Poutine pendant le sommet informel avec le président des États-Unis George W. Bush dans le Maine, dans la résidence de Bush senior, le 2 juillet 2007

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Vous faites allusion, dans votre livre, aux rapports entre les oligarques et les terroristes tchétchènes.

BLONDET: Ce n’est pas un mystère que Chamil Bassaev, le terroriste qui a revendiqué le massacre de Beslan dans lequel ont péri 394 personnes dont 156 enfants, était le chef des gardes du corps de Boris Abramovich Berezovsky, le plus puissant de ces oligarques, actuellement “exilé” à Londres. Aslan Maskhadov, un autre chef de la guérilla tchétchène, lui aussi impliqué, entre autre, dans le massacre de Beslan, était l’un des gardes du corps de Berezovsky... mais il y aurait bien des choses à dire sur la guérilla tchétchène. Quand, au cours d’une fusillade, les troupes russes tuent Rizvan Chitigov, alors numéro trois de la guérilla, ils trouvent sur lui la plaque caractéristique des marines, sur laquelle est gravée son identité, et la carte verte, à savoir le permis de séjour permanent aux États-Unis. Juste pour dire que les États-Unis, eux aussi, ont intérêt à maintenir la plaie de la guerre tchétchène ouverte, comme un fer au flanc de la Russie...

Désormais, presque tous les oligarques russes se sont réfugiés à l’étranger...

BLONDET: Mais ils ont encore des accointances à l’intérieur de la Russie. N’oublions pas qu’ils ne sont pas nés d’hier. Ce sont des hommes qui viennent de la nomenclature soviétique, avec des liens solides dans la police et dans les services secrets, au point que Poutine, qui leur fait en partie obstacle, est en partie obligé de pactiser avec eux. Poutine a placé ses hommes dans les postes qui comptent, mais il ne peut pas contrôler tout ce qui se passe en Russie.

Anna Politkovskaïa, une journaliste qui ne lésinait pas ses critiques envers Poutine, a été assassinée en octobre dernier. Cet homicide a jeté une ombre sur le président russe.

BLONDET: Je crois que c’était justement cela l’objectif des assassins. Il est évident que le seul qui n’avait aucun intérêt à cet assassinat était justement Poutine. Personnellement, je suis convaincu que cette journaliste a été la victime sacrificielle immolée sur l’autel de l’anti-impérialisme russe. Certains milieux ont pensé qu’elle était plus utile morte que vive. Je tiens néanmoins à souligner que le vacarme médiatique de cet homicide a été excessif. Un autre crime édifiant a connu un tout autre sort médiatique: peu avant la journaliste, a été tué Andreï Kozlov, vice-président de la Banque centrale russe, un homme de premier plan de la Fédération russe. Kozlov était en train de mener une enquête sur le recyclage et il s’apprêtait à retirer des licences bancaires, un geste ruineux pour certains milieux financiers. Bien évidemment, Kozlov n’agissait pas en opposition à Poutine, et c’est pour cela que ce crime est passé presque inaperçu en Occident.

Un autre assassinat édifiant, celui d’Alexandre Litvinenko, décédé en novembre 2006. Encore des accusations contre Poutine...

BLONDET: On a beaucoup parlé du polonium, la substance radioactive avec laquelle il a été empoisonné... mais peut-on vraiment croire que Poutine ait donné l’ordre de tuer quelqu’un en utilisant une substance qui laisse des traces partout, au point que pour trouver le coupable, il suffit d’en suivre le sillage radioactif? À mon avis, comme la Politkovskaïa, Litvinenko a été, lui aussi, une victime sacrificielle pour discréditer le président russe, même si dans ce cas, il y a une variante. Le pauvre Litvinenko n’est pas mort tout de suite, mais il a beaucoup parlé au cours de sa longue agonie en donnant une quantité prodigieuse d’interviews dans lesquelles il a lancé des accusations contre les dirigeants russes (et là aussi, il y a de quoi sourire en pensant à un mandant qui laisse à sa victime le temps de parler si longtemps... il y a des méthodes beaucoup plus rapides pour tuer). Ce qui est curieux, c’est qu’étant donnée la situation, personne ne pouvait accéder à son chevet. Toutes ses déclarations ont été recueillies par la seule personne autorisée à rencontrer le moribond, un certain Alex Goldfarb, qui agit comme une sorte de porte-parole du moribond. C’est lui qui rapporte les paroles de Litvinenko à l’extérieur, qui explique et qui accuse... Dans mon livre, je fais remarquer que des traces de polonium ont été retrouvées aussi dans les bureaux de Berezovsky. Je crois que ce détail devrait être approfondi.

La Maison Blanche a récemment annoncé qu’elle installera un nouveau système antimissile en Pologne pour faire obstacle, disent les Américains, à une éventuelle menace iranienne. Cette démarche a suscité des réactions négatives à Moscou.

BLONDET: C’est évident, car cette initiative est perçue par les Russes, à juste titre, comme une menace envers eux. L’ouverture que Poutine a faite en réponse, lorsqu’il a proposé de créer une collaboration entre États-Unis et Russie pour déployer ce bouclier antimissiles dans un État asiatique, a dérouté les néocons. Ils ne peuvent pas dire non, parce que cette proposition est plus que raisonnable – d’ailleurs on ne voit pas ce que la Pologne a à voir avec l’Iran – mais ils chercheront à la faire capoter par tous les moyens. Nous verrons ce qui va se passer.

Poutine avec Benoît XVI, le 13 mars 2007

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Pensez-vous, vous aussi, que l’Iran soit une grave menace internationale?

BLONDET: Lorsque Bush s’est rendu en Inde il y a quelque temps, il a offert à cette nation une collaboration pour développer une technologie nucléaire; or c’est exactement ce qu’il ne veut pas qu’ait l’Iran. En réalité, pour les néocons, l’attaque contre l’Iran est devenue une véritable obsession. Il y a quelque temps, Brzezinski a dit, en s’adressant au Congrès américain, que l’actuelle administration américaine serait capable de faire un attentat en territoire américain en l’attribuant aux islamistes, pourvu que cela leur donne un prétexte pour attaquer l’Iran...

Paradoxal... mais n’aviez-vous pas dit que Brzezinski était partisan d’une politique agressive de la part des États-Unis?

BLONDET: Brzezinski, comme Kissinger, est un stratège politique qui, à juste titre, s’inquiète du destin de sa propre nation et en recherche la prospérité, même si c’est parfois par des méthodes discutables. Mais il s’agit de personnes qui connaissent les voies de la politique et de la diplomatie, ce qui n’a rien à voir avec la folie des néocons, partisans de la guerre préventive, de l’exportation de la démocratie à coups de canons, du réaménagement du Moyen-Orient sur la base des directives de la droite israélienne... une folie qui s’est greffée sur la vieille politique américaine en la dénaturant. Il y a une différence entre les uns et les autres, une différence qui a débouché sur un conflit ouvert.

Revenons à Poutine. Vous disiez que l’intégration entre Russie et Europe...

BLONDET: ... n’apporterait que des bénéfices. En réalité, cette intégration est déjà en train de se construire, jour après jour. Il y a une ligne ferroviaire à grande vitesse en cours de construction entre l’Allemagne et la Russie, et celle-ci sera reliée à une ligne entre Russie et Chine. De cette manière les marchandises chinoises, celles d’une certaines valeur évidemment, pourraient arriver en Europe par voie terrestre, en évitant des routes plus longues et plus coûteuses. C’est dans cette même perspective que se situe la construction d’un gazoduc sous la mer Baltique qui, contournant la Pologne, fournira l’Europe en évitant que cette précieuse ressource ne passe à travers les territoires des démocraties de l’Est, asservies aux États-Unis. En somme l’intégration est dans les faits. Il s’agit seulement d’accompagner ce processus, en évitant que d’autres ne le détruisent, agissant pour leurs propres intérêts.

Dans ces dernières années, de nombreux analystes ont noté un rapprochement entre la Russie et la Chine.

BLONDET: Il y toujours eu de la méfiance entre les deux géants asiatiques. La politique agressive menée par les États-Unis a eu pour effet de rapprocher ce qui a toujours été éloigné. Des synergies militaires, économiques et commerciales sont nées entre la Chine et la Russie, mais il n’est pas dit que ce processus soit destiné à se développer ultérieurement. La Chine a un destin asiatique, la Russie a un destin européen. Il est bon de le souligner.
 

Dix professeurs de droit contre "la police de la pensée" à l'université

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Dix professeurs de droit contre « la police de la pensée » à l'université

 
 
Auteur : Le Point
Ex: http://www.zejournal.mobi

Ils dénoncent, dans une tribune, le « lynchage » dont serait victime l'un de leurs collègues de Paris-1, après un cours controversé sur le mariage pour tous.

Une dizaine de professeurs de droit (*), parmi lesquels le constitutionnaliste Olivier Beaud (Paris 2-Panthéon-Assas) et le civiliste Rémy Libchaber (Paris-1-Panthéon-Sorbonne) dénoncent, dans une tribune transmise au Point, le « lynchage médiatique » et la mise « au pilori » de leur collègue Aram Mardirossian. Cet historien du droit de Paris-1 a suscité une vive polémique après son cours d'histoire du droit de la famille, le 29 septembre, dans lequel il revendiquait haut et fort son hostilité au mariage pour tous, avant de se lancer dans une improbable comparaison chevaline : « Donc, il va y avoir forcément quelqu'un, un jour, qui va aller devant un tribunal et qui va dire : “Voilà, je suis discriminé, j'ai une jument, je l'adore, je ne peux pas l'épouser, c'est un scandale. C'est une discrimination !” » avait-il lancé à ses étudiants de L2. Le cours avait été filmé par l'un d'eux et aussitôt mis en ligne sur les réseaux sociaux, déclenchant une avalanche de réactions hostiles, sur Internet, de nombreux militants LGBT, dénonçant notamment « une comparaison scandaleuse entre homosexualité et zoophilie ».

Depuis, la boîte mail de cet enseignant-chercheur, spécialiste de l'histoire du droit arménien, agrégé des facultés de droit et directeur d'études à l'École pratique des hautes études, est saturée de messages d'insultes. Il n'a pas remis les pieds à la fac et assure ses cours en visioconférence, certains étudiants l'ayant menacé de venir « bordéliser son amphi », s'il s'aventurait à y remettre les pieds. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour examiner la possibilité d'éventuelles poursuites pour « injures homophobes » ; l'administrateur provisoire de l'université Paris-1, Thomas Clay, a « condamné » ses propos par voie de communiqué ; certains de ses collègues réclament à présent sa suspension et un renvoi en conseil de discipline.

« Une chasse à l'homme », dénoncent ses soutiens. « Nous ne sommes pas dans une défense corporatiste, pas non plus dans un débat politique pour ou contre le mariage pour tous. Ce que nous défendons, c'est la liberté académique, la liberté d'expression de l'enseignant-chercheur », confie le Pr Libchaber, l'un des coauteurs de la tribune.

« Lynchage »

Celle-ci revient d'abord sur l'affaire : « La scène médiatique s'est récemment emballée à propos de la diffusion d'extraits d'un cours donné à l'université de Paris-1, où un professeur d'histoire du droit exprimait d'une manière incisive son analyse de l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe et sur l'évolution contemporaine du droit de la famille. Il fut aussitôt lynché publiquement, les médias relayant ad nauseam qu'il aurait comparé l'homosexualité à la zoophilie. Les autorités suivirent l'opinion publique, comme toujours dans ce genre de circonstances, et l'université de Paris-1 – en pleine campagne électorale – ne manqua pas de stigmatiser son enseignant avec la complicité de quelques collègues zélés. Le parquet est désormais saisi des propos litigieux », rappellent les signataires.

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« La messe est-elle dite ? À présent que l'émoi médiatique se dissipe, il est temps d'analyser objectivement les faits, de les évaluer et d'essayer de comprendre ce qui se joue devant nos yeux », suggèrent-ils. « Dans son cours, l'enseignant a évoqué le « mariage homosexuel » auquel il n'est pas favorable, tout en admettant qu'on puisse l'être. Il a relevé que l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe a été consacrée par le jeu du principe de non-discrimination, ce qui n'est guère contestable. Or, ce principe lui paraît dangereux en ce qu'il peut mener à tout : d'où un développement, a priori surprenant, sur l'éventualité d'un mariage entre un homme et un animal, qui, selon lui, pourrait être une conséquence lointaine de la combinaison entre l'usage fait de l'interdiction des discriminations et la reconnaissance hypothétique d'une personnalité de l'animal », analysent-ils.

« Café du commerce »

Les auteurs de la tribune n'approuvent pas vraiment les développements hasardeux de leur collègue et ils le disent : « En réalité, l'enseignant s'est laissé aller à une improvisation fort peu brillante, car entachée de nombreuses approximations. Son propos, par certains côtés, fait penser à une discussion de café du commerce. On pourrait en effet s'attendre à ce qu'un professeur s'exprime plus rigoureusement lorsqu'il avoue lui-même aux étudiants : “Là, je vais être un peu polémique” et que, par exemple, il ne se lance pas dans l'évocation d'un mariage entre un homme et un animal en évacuant totalement la question centrale du consentement », admettent-ils. « Sur le fond, son discours est seulement discutable, comme toujours lorsqu'on envisage l'aboutissement lointain d'une évolution que l'on s'efforce de décrypter. C'est ce qui a incité quelques personnes, qui ne sont pas forcément d'accord avec ces propos, voire qui contestent l'analyse même qui les fonde, à défendre, à travers l'enseignant critiqué, l'atteinte grave à la liberté académique résultant de la mise en cause dont il fait l'objet depuis que ses propos ont été diffusés dans des conditions d'ailleurs illégales, car les étudiants n'ont pas le droit de diffuser un cours sans l'autorisation de son auteur », dénoncent-ils.

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« Dans cette affaire, ce qui est en jeu, ce n'est rien moins que la liberté d'expression du professeur face à ses étudiants (in the classroom, disent les Américains). En réalité, le professeur cloué au pilori a seulement exprimé son opinion sur l'évolution de la législation en matière de famille et de filiation. Il a ironisé sur les effets potentiels du principe de non-discrimination, conjugué à la reconnaissance demandée par certains de la personnalité juridique des animaux, en adoptant un raisonnement par l'absurde. Dire qu'il a comparé l'homosexualité à la zoophilie, c'est n'avoir pas compris ses développements, ou les déformer volontairement. Que les médias ou les réseaux sociaux reprennent en boucle cette présentation erronée n'étonnera personne puisqu'ils ne sont, pour ceux-ci, et ne sont plus guère, pour ceux-là, que des chambres d'écho », plaident les signataires.

Droit de critique

« Cette affaire pose donc dans toute sa gravité la faculté qui doit être reconnue à un professeur de critiquer l'évolution du droit positif et d'user de provocation pour faire réfléchir les étudiants. C'est cette liberté que le lynchage médiatique dont a été l'objet cet enseignant remet en cause frontalement. Or, l'enseignant en question a déclaré à ses étudiants de façon liminaire la nature « polémique » de ses propos. Il a donc pris la précaution de distinguer soigneusement son opinion personnelle de l'exposé du droit positif et de son histoire. C'est ce qui arrive tous les jours dans les cours de droit où l'enseignant peut être amené à livrer aux étudiants son opinion sur la règle, légale ou jurisprudentielle. La liberté de l'universitaire doit lui permettre de déranger son auditoire, si sa compréhension d'un phénomène, d'une réglementation, d'un procédé, d'une technique le conduit à identifier en son sein des faiblesses, des contradictions, des dangers. Voudrait-on limiter l'office des professeurs de droit à la seule présentation, sans commentaire, du droit positif ? Ne sont-ils pas là d'abord pour stimuler la réflexion de leurs étudiants ? Par ailleurs, que deviendrait un enseignement universitaire s'il devait ménager constamment la « sensibilité » d'un auditoire d'étudiants forcément divers ? », s'interrogent pour finir les « avocats » du Pr Mardirossian.

Improvisation

« Ce qui est en jeu dans la présente mise en cause du professeur d'histoire du droit à partir d'un extrait de son enseignement, c'est ce qui doit constituer le cœur même de l'enseignement supérieur : la liberté, dans la déconstruction des mécanismes, d'en présenter la critique, même radicale, sans que l'on ait à juger de sa pertinence. Remettre en cause cette liberté, c'est succomber à une police de la pensée dont certains s'érigent en vigilants gardiens. Ajoutons que le caractère oral des enseignements, si menacé actuellement du fait de la crise sanitaire, suppose une part d'improvisation, au risque d'imperfections. Veut-on que l'enseignement supérieur se ramène à une récitation de textes écrits, soigneusement relus d'avance par un avocat spécialiste du droit de la presse, se bornant à décrire le droit en vigueur ? L'intérêt des étudiants et celui de la nation n'y trouveraient pas plus leur compte que celui des enseignants », concluent-ils.

* Signataires :

Olivier Beaud (université Paris-2),

Jean-Marie Denquin (émérite, Paris-10),

Yann-Arzel Durelle-Marc (Paris-13),

Rémy Libchaber (Paris-1),

François-Xavier Lucas (Paris-1),

Thierry Revet (Paris-1),

François-Xavier Testu (université de Tours),

Patrick Wachsmann (Strasbourg).


- Source : Le Point

RAND et l'encerclement malveillant de la Russie

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RAND et l’encerclement malveillant de la Russie

par F. William Engdahl

Ex: http://www.zejournal.mobi

Au cours des dernières semaines, une série d’événements a éclaté dans les États entourant la Fédération de Russie qui ne sont certainement pas accueillis avec joie au Kremlin. Chaque centre de crise n’est pas en soi un facteur décisif de changement pour la sécurité future de la Russie. Pris ensemble, ils suggèrent que quelque chose de bien plus inquiétant se prépare contre Moscou. Une récente étude de la RAND préparée pour l’armée américaine suggère avec une précision remarquable qui pourrait être derrière ce qui deviendra sans aucun doute une menace majeure pour la sécurité russe dans les mois à venir.

Les attaques de l’Azerbaïdjan contre le Nagorno-Karabakh, soutenues par la Turquie, qui ont embrasé un territoire après près de trois décennies de relative impasse et de cessez-le-feu, la déstabilisation en cours de Loukachenko en Biélorussie, le comportement bizarre de l’UE et du Royaume-Uni concernant l’empoisonnement présumé du dissident russe Navalny et, plus récemment, les protestations de masse au Kirghizstan, une ancienne partie de l’Union Soviétique en Asie Centrale, portent les empreintes du MI6 britannique, de la CIA et d’une série d’ONG privées spécialisées dans le changement de régime.

Haut-Karabakh

Le 27 septembre, les forces militaires d’Azerbaïdjan ont rompu le cessez-le-feu de 1994 avec l’Arménie concernant le conflit dans le Haut-Karabakh, à prédominance ethnique arménienne. Les combats les plus intenses depuis des années ont eu lieu des deux côtés, alors que la confrontation s’intensifiait. Erdogan, de Turquie, a ouvertement soutenu Bakou contre l’Arménie et le Nagorno-Karabakh peuplé d’Arméniens, ce qui a conduit Nikol Pashinyan, le Premier Ministre arménien, à accuser la Turquie de « poursuivre une politique génocidaire comme une tâche pragmatique ». Il s’agissait d’une référence claire à l’accusation arménienne de génocide de 1915-23 de plus d’un million de Chrétiens arméniens par l’Empire Ottoman. Aujourd’hui encore, la Turquie refuse de reconnaître sa responsabilité.

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Alors que l’Arménie reproche à Erdogan de soutenir l’Azerbaïdjan dans le conflit actuel du Caucase, l’oligarque russe Evgeny Prigozhin, parfois appelé « le chef de Poutine » pour son empire de la restauration ainsi que ses liens étroits avec le Président russe, a déclaré dans une interview à un journal turc que le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a été provoqué par « les Américains » et que le régime de Pashinyan est essentiellement au service des États-Unis. C’est là que cela devient intéressant.

En 2018, Pashinyan est arrivé au pouvoir grâce à des manifestations de masse appelées « Révolution de velours ». Il a été ouvertement et fortement soutenu par la Fondation Open Society de Soros – Arménie qui, depuis 1997, finance activement de nombreuses ONG pour la « démocratie » dans le pays. En tant que Premier Ministre, Pashinyan a nommé les bénéficiaires de l’argent de Soros à la plupart des postes clés du cabinet, notamment à la sécurité et à la défense de l’État.

En même temps, il est impensable que la Turquie de Erdogan, toujours membre de l’OTAN, soutienne aussi ouvertement l’Azerbaïdjan dans un conflit qui pourrait potentiellement conduire à une confrontation entre la Turquie et la Russie, sans le soutien préalable d’une forme quelconque de Washington. L’Arménie est membre de l’Union Économique Eurasiatique, association économique et de défense, avec la Russie. Cela rend les commentaires de Prigozhin particulièrement intéressants.

Il est également intéressant de noter que la chef de la CIA, Gina Haspel, et le chef récemment nommé du MI-6 britannique, Richard Moore, sont tous deux des experts de la Turquie. Moore a été Ambassadeur du Royaume-Uni à Ankara jusqu’en 2017. Haspel était la chef de la station de la CIA en Azerbaïdjan à la fin des années 1990. Avant cela, en 1990, Haspel était officier de la CIA en Turquie, parlant couramment le turc. Notamment, bien que sa biographie officielle de la CIA ait été supprimée, elle a également été chef de la station de la CIA à Londres juste avant d’être nommée chef de la CIA de l’administration Trump. Elle s’est également spécialisée dans les opérations contre la Russie lorsqu’elle était à Langley à la Direction des Opérations de la CIA.

Cela soulève la question de savoir si une opération de renseignement anglo-américaine est à l’origine du conflit actuel entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans le Haut-Karabakh. Ajoutant de la poudre aux troubles dans le Caucase, le 5 octobre, le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg a déclaré que les intérêts de sécurité de l’OTAN sont synonymes de ceux de la Turquie, malgré l’achat par la Turquie de systèmes de défense aérienne avancés russes. Jusqu’à présent, Washington est resté remarquablement silencieux sur le conflit du Caucase ou sur le rôle présumé de la Turquie.

Et la Biélorussie…

L’éruption du conflit du Haut-Karabakh qui couve près de la frontière sud de la Russie n’est pas le seul État où Washington encourage activement la déstabilisation de voisins russes vitaux ces jours-ci. Depuis les élections du mois d’août, la Biélorussie est sujette à des protestations orchestrées accusant le Président Loukachenko de fraude électorale. L’opposition a été active en exil depuis les pays baltes voisins de l’OTAN.

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En 2019, le National Endowment for Democracy (NED), financé par le gouvernement américain, a répertorié sur son site web quelque 34 subventions de projets du NED en Biélorussie. Tous ces projets visaient à soutenir et à former une série de groupes d’opposition anti-Loukachenko et à créer des ONG nationales. Les subventions ont été accordées pour des projets tels que le « Renforcement des ONG : Accroître l’engagement civique local et régional… identifier les problèmes locaux et développer des stratégies de plaidoyer ». Un autre projet consistait à « développer un dépôt en ligne de publications qui ne sont pas facilement accessibles dans le pays, notamment des ouvrages sur la politique, la société civile, l’histoire, les droits de l’homme et la culture indépendante ». Puis une autre subvention du NED a été accordée pour « défendre et soutenir les journalistes et les médias indépendants ». Et une autre, « Renforcement des ONG : Encourager l’engagement civique des jeunes ». Une autre subvention importante du NED a été attribuée à la « formation des partis et mouvements démocratiques à des campagnes de sensibilisation efficaces ». Derrière les projets du NED, qui semblent innocents, se cache un modèle de création d’une opposition spécialement formée sur le modèle du NED de la CIA « Les Révolutions de Couleur ».

Comme si les troubles dans le Caucase et en Biélorussie n’étaient pas suffisants pour donner des migraines à Moscou, le 29 septembre à Bruxelles, le Premier Ministre géorgien Giorgi Gakharia a rencontré le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg. Stoltenberg lui a déclaré que « l’OTAN soutient l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Nous appelons la Russie à mettre fin à sa reconnaissance des régions [géorgiennes séparatistes] d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et à retirer ses forces ». Stoltenberg a ensuite déclaré à Gakharia : « Et je vous encourage à continuer à utiliser pleinement toutes les possibilités de vous rapprocher de l’OTAN. Et à vous préparer à l’adhésion« . Bien sûr, l’adhésion à l’OTAN de la Géorgie, voisine de la Russie, constituerait un défi stratégique pour la Russie, tout comme celle de l’Ukraine. Les commentaires de l’OTAN ajoutent aux tensions auxquelles le Kremlin a été confronté récemment.

La troisième Révolution de Couleur au Kirghizstan ?

Le Kirghizistan, république d’ex-Union Soviétique en Asie Centrale, vient également d’éclater dans des manifestations de masse qui ont fait tomber le gouvernement pour la troisième fois depuis 2005, suite aux allégations de l’opposition de fraude électorale. L’USAID, une couverture connue pour les opérations de la CIA, est active dans le pays, tout comme la Fondation Soros qui a créé une université à Bichkek et finance l’éventail habituel de projets, « pour promouvoir la justice, la gouvernance démocratique et les droits de l’homme ». Il convient de noter que le Kirghizstan est également membre de l’Union Économique Eurasiatique dirigée par la Russie, aux côtés de l’Arménie et de la Biélorussie.

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Ensuite, pour augmenter la pression sur la Russie, les services de renseignement allemands de la Bundeswehr et maintenant l’OIAC accusent la Russie d’avoir empoisonné le dissident russe Alexei Navalny en Russie en utilisant « un agent neurotoxique de l’ère soviétique », que les Allemands appellent Novitchok. Alors que Navalny est manifestement sorti de l’hôpital vivant, les responsables allemands et britanniques ne se donnent pas la peine d’expliquer une telle guérison miraculeuse de ce qui est réputé être l’agent neurotoxique le plus mortel qui ait jamais existé. Suite à la déclaration de l’OIAC selon laquelle il s’agissait de Novitchok, le Ministre des Affaires Étrangères allemand menace de sanctions sévères contre la Russie. Beaucoup demandent à l’Allemagne d’annuler le projet de gazoduc russe Nord Stream 2 en guise de réponse, un coup qui frapperait la Russie à un moment de grave faiblesse économique due à la faiblesse des prix du pétrole et aux effets du verrouillage dû à la Covid.

L’Allemagne ne prend pas non plus la peine d’enquêter sur la mystérieuse compagne russe de Navalny, Maria Pevchikh, qui prétend avoir récupéré la bouteille d’eau vide « empoisonnée par le Novichok » dans la chambre d’hôtel de Navalny à Tomsk, en Russie, avant qu’il ne soit transporté par avion à Berlin sur l’invitation personnelle d’Angela Merkel. Après avoir livré la bouteille empoisonnée à Berlin en personne, elle s’est apparemment envolée rapidement pour Londres où elle vit, et aucune autorité allemande ou autre n’a apparemment essayé de l’interroger en tant que témoin matériel potentiel.

Pevchikh a une longue association avec Londres où elle travaille avec la fondation Navalny et serait en contact étroit avec l’ami de Jacob Rothschild, Mikhail Khodorkovsky, le fraudeur condamné et ennemi de Poutine. Khodorkovsky est également l’un des principaux bailleurs de fonds de la Fondation Anti-Corruption de Navalny (FBK en russe). Il existe des rapports crédibles selon lesquels la mystérieuse Pevchikh serait une agent du MI-6, le même MI-6 qui a dirigé un autre drame ridicule de Novitchok en 2018, affirmant que le transfuge russe Sergei Skripal et sa fille Yulia Skripal ont été empoisonnés en Angleterre par les services secrets russes en utilisant le Novitchok mortel. Là encore, les deux Skripal se sont miraculeusement remis de l’agent neurotoxique le plus mortel et ont officiellement reçu leur congé de l’hôpital, après quoi ils ont « disparu ».

Un plan de RAND ?

Si des recherches plus approfondies permettront sans doute de trouver davantage de preuves, le schéma des mesures actives de l’OTAN ou des Anglo-Américains contre les principaux pays de la périphérie russe ou contre les intérêts économiques stratégiques de la Russie, toutes dans la même période, suggère une sorte d’attaque coordonnée.

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Et il se trouve que les cibles des attaques correspondent précisément aux grandes lignes du rapport d’un important groupe de réflexion militaire américain. Dans un rapport de recherche de 2019 destiné à l’armée américaine, la société RAND a publié une série de recommandations politiques sous le titre « Étendre la Russie : Concurrencer à partir d’un Terrain Favorable ». Ils notent que par étendre la Russie, ils entendent « mesures non violentes qui pourraient faire pression sur l’armée ou l’économie de la Russie ou la position politique du régime à l’intérieur et à l’étranger ». Tous les points de tension développés ci-dessus correspondent certainement à cette description.

Le rapport aborde spécifiquement ce qu’ils appellent les « mesures géopolitiques » pour surcharger la Russie. Il s’agit notamment de fournir une aide létale à l’Ukraine, de promouvoir un changement de régime en Biélorussie, d’exploiter les tensions dans le Caucase du Sud, de réduire l’influence russe en Asie Centrale. Il comprend également des propositions visant à affaiblir l’économie russe en remettant en cause ses secteurs gazier et pétrolier.

Il s’agit notamment des mêmes zones de turbulences géopolitiques qui se trouvent aujourd’hui dans la sphère d’influence stratégique de la Russie. Plus précisément, sur le Caucase, RAND déclare : « La Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie faisaient partie de l’Union Soviétique, et la Russie maintient encore aujourd’hui une influence significative sur la région… » Ils notent que « Aujourd’hui, la Russie reconnaît l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie comme des pays séparés (un des rares gouvernements à le faire) et s’engage à les défendre…. Les États-Unis pourraient également renouveler leurs efforts pour faire entrer la Géorgie dans l’OTAN. La Géorgie cherche depuis longtemps à adhérer à l’OTAN… » Rappelons les remarques citées par Stoltenberg de l’OTAN pour encourager la Géorgie à rejoindre l’OTAN et exiger de la Russie qu’elle renonce à reconnaître l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.

Le rapport RAND souligne également les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : « La Russie joue également un rôle clé avec l’Azerbaïdjan et l’Arménie, en particulier sur le territoire contesté du Haut-Karabakh… les États-Unis pourraient faire pression pour une relation plus étroite de l’OTAN avec la Géorgie et l’Azerbaïdjan, ce qui conduirait probablement la Russie à renforcer sa présence militaire en Ossétie du Sud, en Abkhazie, en Arménie et dans le sud de la Russie. Sinon, les États-Unis pourraient essayer d’inciter l’Arménie à rompre avec la Russie ».

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En ce qui concerne les protestations massives actuelles au Kirghizstan en Asie Centrale, RAND note que « la Russie fait partie de deux entreprises économiques liées à l’Asie Centrale : l’UEE et l’Initiative Ceinture et Route ». Un changement de régime pro-OTAN pourrait ériger une barrière importante entre la Russie et la Chine ainsi qu’au sein de son UEE. En ce qui concerne les pressions économiques, le rapport RAND cite la possibilité de faire pression sur l’UE pour qu’elle abandonne le projet de gazoduc Nord Stream 2 qui relie directement la Russie à l’Allemagne. Le récent incident de Navalny crée une pression croissante au sein de l’UE et même en Allemagne pour arrêter le Nord Stream 2 comme sanction de l’affaire Navalny. RAND note : « En termes d’extension économique de la Russie, le principal avantage de créer des alternatives d’approvisionnement au gaz russe est que cela réduirait les revenus des exportations russes. Le budget fédéral russe est déjà sous pression, ce qui entraîne des réductions prévues des dépenses de défense, et la baisse des revenus du gaz mettrait encore plus le budget sous pression ».

Si l’on examine les pressions croissantes sur la Russie à partir des exemples cités ici et si l’on compare avec le langage du rapport RAND de 2019, il est clair que nombre des problèmes stratégiques actuels de la Russie sont délibérément conçus et orchestrés depuis l’Occident, en particulier depuis Washington et Londres. La manière dont la Russie gère cette situation ainsi que certaines pressions futures de l’OTAN représentent clairement un défi géopolitique majeur.

Traduit par Réseau International

vendredi, 16 octobre 2020

Les fans de J.K Rowling se transforment en mangemorts

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Les fans de J.K Rowling se transforment en mangemorts

Qui aurait pu croire un jour que les fans d’Harry Potter auraient lancé le sort « Avada Kedavra » sur J.K Rowling ? Sans s’en rendre compte, ils se comportent en mangemorts envers celle qui leur a offert cet univers de magie qu’ils chérissent tant. En effet, beaucoup de fans ont lancé une pétition demandant le boycott des produits dérivés de la saga, car selon eux l’auteure aurait eu des propos transphobes.

Ces accusations viennent d’un tweet de J.K Rowling qui dit « que seules les femmes pouvaient avoir leurs règles », et parce qu’elle a soutenu une chercheuse britannique qui affirme l’importance du sexe biologique. Comment peut-on accuser Rowling de transphobie ? Elle respecte le droit de tous les LGBT, et de toute personne victime de discrimination. Elle affirme simplement une vérité biologique qui date depuis Adam et Eve. Elle-même étant une femme, sa vie a été façonnée de cette façon, il n’y a rien d’odieux dans ses propos. Elle incarne tellement le mal selon ses fans, qu’ils oublient que Dumbledore le plus grand mage de la saga est homosexuel.  

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Mais le tourment envers l’auteure ne s’arrête pas à ses fans. Daniel Radcliffe ne la défend pas, et ose enfoncer davantage le couteau dans la plaie en soutenant les propos de ceux qui la persécutent comme des détraqueurs. L’acteur manque de reconnaissance envers la femme qui lui a permis d’être célèbre.

D’ailleurs, J.K Rowling a sauvé l’une de ses fans de l’anorexie avant qu’elle obtienne le rôle de Luna Lovegood. En effet, Evanna Lynch a été victime de cette maladie pendant deux ans, et elle échangeait régulièrement des lettres pendant sa convalescence avec l’auteure qui l’a soutenu dans son combat. La jeune fille lui disait qu’elle rêvait de jouer le rôle de Luna. Rowling lui a répondu que l’anorexie est destructrice, pas créative et que la chose courageuse à faire est d’essayer de ne pas succomber à cette maladie pour réaliser son rêve. Et le rêve d’Evanna s’est réalisé grâce à son auteure préférée.

En tant que féministes, les filles de Némésis la remercient pour ce qu’elle a fait. Beaucoup de femmes souffrent de cette maladie, et Rowling a sauvé la vie de l’une d’elles. Nous lui remercions également la création de l’univers d’Harry Potter qui a bercé notre enfance. Nous espérons que J.K Rowling puisse recevoir notre message de soutien : « Expecto Patronum »

Sources :

L’ombra di Brzezinski sul Nagorno-Karabakh

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L’ombra di Brzezinski sul Nagorno-Karabakh

di Vladimir Malyshev

Fonte: SakerItalia & https://www.ariannaeditrice.it

Commentando l’attuale sanguinoso scontro militare tra Armenia e Azerbaijan sul Nagorno-Karabakh, molti lo vedono come un conflitto puramente interno tra i due Paesi, nonché come conseguenza dell’intervento di una Turchia sempre più ambiziosa. Tuttavia, ci sono anche voci di coloro che credono che questo sia in realtà un gioco geopolitico molto più ampio, in cui sono coinvolti gli Stati Uniti.

“L’ombra di Brzezinski sul Nagorno-Karabakh” – sotto questo titolo il quotidiano italiano “Il Giornale” ha pubblicato un articolo in cui la guerra per il Karabakh richiama parte del grande gioco geopolitico, iniziato a tempo debito dalla Gran Bretagna e ora proseguito da Washington.

“È impossibile comprendere appieno cosa sta succedendo in Nagorno-Karabakh senza tener conto del contesto più ampio, che non è il contesto di una semplice disputa azero-armena, ma è il contesto delle nuove guerre russo-turche e ancor di più della partita a scacchi per il controllo dell’Heartland”. , scrive il giornale. Allo stesso tempo, Heartlandomon chiama “il nucleo dell’Eurasia, che si estende dall’Asia centrale alle steppe siberiane, e il destino voleva che la Russia lo governasse”.

L’obiettivo finale di Washington nell’era moderna è lo stesso che guidò Londra tra la fine del XVIII e l’inizio del XX secolo: impedire a qualsiasi potenza eurasiatica di assumere il pieno controllo del cosiddetto Heartland, osserva il giornale. Per questo gli anglosassoni erano bravi. Per avere una conferma, basta ricordare almeno l’omicidio a Teheran nel 1832 dell’ambasciatore russo e notevole poeta e diplomatico Alexander Griboyedov. L’attacco all’ambasciata russa a Teheran fu poi appoggiato dall’Inghilterra, che cercò a tutti i costi di impedire l’espansione dell’influenza dell’Impero russo nella regione.

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Parlando nel 2016 alla Duma di Stato, il regista Nikita Mikhalkov ha detto che mentre lavorava alla sceneggiatura del film La vita e la morte di Alexander Griboedov, ha lavorato con fonti, incluso l’archivio del ministero degli Esteri, e ha trovato documenti che indicano che “l’omicidio di Griboedov – non è dovuto ad una “marmaglia musulmana arrabbiata”, è un assassinio politico pianificato e freddo, creato, inventato e portato a termine dagli inglesi “. C’erano anche “documenti assolutamente incredibili, dai quali è chiaro che il conte Nesselrode, il cancelliere dell’Impero russo, ma tedesco di nascita, era un agente dell’intelligence britannica”, ha detto Mikhalkov.

Oggi, gli Stati Uniti continuano la politica insidiosa dell’Inghilterra volta a cacciare la Russia dalla regione e minare la sua influenza.

“L’egemonia sul Caucaso meridionale, una regione dalla quale la Russia è stata quasi completamente estromessa negli anni a causa dell’opportunità unica offerta dal crollo dell’URSS, è un passo necessario in questo contesto per il suo ruolo chiave nell’unire il Mar Nero e il Mar Caspio, collegare l’Europa con l’Asia centrale: ecco perché gli Stati Uniti hanno sponsorizzato la rivoluzione colorata in Georgia, poi in Armenia e ora appoggiano l’Azerbaigian “, osserva Il Giornale.

Sir Halford Mackinder, che in Occidente è considerato il padre fondatore della moderna geopolitica, ne ha scritto nel suo libro “The Geographical Pivot of History”. Ha sostenuto che se il Regno Unito vuole mantenere la sua egemonia globale, deve spostare la sua attenzione dalla supremazia marittima alla dimensione terrestre, in particolare l’Eurasia. Mackinder era spaventato da tre forze: Germania, Russia e Cina. Di conseguenza, ha definito i principi guida per una grande strategia volta ad evitare l’asse russo-tedesco, e portare l’Heartland fuori dal controllo di qualsiasi grande potenza eurasiatica. Secondo Mackinder, “chi governa l’Europa orientale, governa l’Heartland; colui che governa l’Heartland governa l’Isola del mondo; chi governa L’isola del mondo governa il mondo. “

Lo stesso punto di vista è stato espresso da Zbigniew Brzezinski sulle pagine del libro “The Great Chessboard” [la Grande Scacchiera]. A suo parere, il moderno Azerbaigian, come aveva previsto, è diventato un fornitore di energia vitale per l’Occidente. Ma Baku, con le sue condutture, doveva rientrare nella sfera di influenza di Ankara per essere veramente utile e pienamente utilizzabile in una partita a scacchi. La Turchia impedirebbe alla Russia di esercitare il monopolio sull’accesso alla regione, e quindi priverebbe anche la Russia della sua decisiva influenza politica sulle politiche delle nuove repubbliche dell’Asia centrale.

Quindi, ciò che sta accadendo ora in Nagorno-Karabakh è una conseguenza del tentativo dell’Occidente di attuare questa strategia di dominio predetta da Brzezinski, che la Gran Bretagna iniziò a perseguire molti anni fa, e che poi fu adottata dagli Stati Uniti.

È curioso che gli Stati Uniti abbiano precedentemente fornito assistenza finanziaria al Nagorno-Karabakh sulla base della decisione della commissione per gli stanziamenti esteri. Secondo il direttore esecutivo di questo comitato, Aram Hambaryan, l’assistenza finanziaria statunitense contribuisce a “promuovere gli interessi degli Stati nella regione strategica”. Per che cosa? Non si tratta solo di piani per l’egemonia globale nella regione, ma anche di risolvere un problema specifico. Come ha avvertito Vladimir Zakharov, direttore dell’Istituto per la ricerca sociale e politica della regione del Mar Nero-Caspio, nel 2014, gli americani desideravano da tempo utilizzare il territorio della repubblica non riconosciuta in un attacco all’Iran.

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“Gli Stati Uniti non stanno abbandonando l’idea di iniziare le ostilità con l’Iran. E per questo, gli americani hanno bisogno di avere tali posti nelle immediate vicinanze dell’Iran da cui possano decollare gli aerei americani “, ha osservato Zakharov.

L’Azerbaigian, secondo Zakharov, non è adatto al ruolo di testa di ponte per l’aviazione americana, poiché Teheran ha messo in guardia sulla possibilità di un attacco di ritorsione contro questa repubblica se fornirà assistenza militare attiva agli Stati Uniti. “Gli americani devono lasciare intatto il loro satellite. E il Karabakh è una posizione eccellente per l’inizio delle ostilità “, ha sottolineato Zakharov.

Il dispiegamento di forze di pace statunitensi nel Nagorno-Karabakh è parte integrante del piano per invadere l’Iran. Le truppe americane ritirate dall’Afghanistan saranno dispiegate in Azerbaigian.

La guerra degli Stati Uniti con l’Iran potrebbe iniziare con operazioni su larga scala delle truppe azere nel Nagorno-Karabakh. Dopodiché, le truppe americane entreranno nel Nagorno-Karabakh con lo scopo di mantenere la pace. E poi questi “peacekeepers” prenderanno parte alla campagna militare contro l’Iran.

Una tale previsione è stata fatta una volta da un esperto russo, e quindi è possibile che questa sia proprio la ragione principale della guerra inaspettata tra Azerbaigian e Armenia oggi. Il conflitto tra loro è causato, ovviamente, sia da ragioni interne sia dal fatto che gli armeni non possono dimenticare il genocidio turco del 1914. Tuttavia, come parte dell’URSS, vivevano pacificamente, ma ora, essendo repubbliche indipendenti, sono diventate vittime di istigatori dietro le quinte e conduttori inconsapevoli di interessi globali stranieri.

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 Articolo di Vladimir Malyshev pubblicato sul sito di Nikolay Starikov il 10.10.2020

Interview: le collectif Némésis, féminisme anti-conformiste

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Interview: le collectif Némésis, féminisme anti-conformiste

 
 
Pour cet entretien placé sous le signe du féminisme, nous recevons le collectif Némésis. Jeune projet de parisiennes qui décident de se regrouper après avoir partagé plusieurs expériences d'agressions dans les rues de la capitale et d'autres grandes villes. En plus de leur vision du féminisme, ces dernières abordent sans détour le lien de causalité entre violences faites aux femmes et immigration. Bonne écoute !
 
 
 
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Pour entrer en contact avec le collectif Némésis, c'est par ici: https://collectif-nemesis.com/
 
 
Également disponible sur Soundcloud: https://soundcloud.com/user-640188530...
 
 
Réalisation: François-Xavier Consoli
 

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jeudi, 15 octobre 2020

Gauchistes de tous les pays, vive le fric-Système !

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Gauchistes de tous les pays, vive le fric-Système !

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Si nos ‘amis’-trotskistes (du site WSWS.org, pour ne pas le nommer mais tout le monde aura reconnu les siens) étaient, disons assez habiles sans parler un instant d’honnêteté pour se libérer de quelques liens idéologiques qui les tiennent drôlement serrés, un article comme celui-ci devrait donner un peu de grain à moudre à leur pensée linéaire et impeccablement révolutionnaire-permanente. Car ce sont de drôle d’‘amis’, et leur ‘révolution permanente’ c’est devant leur porte qu’elle devrait être faite ; c’est-à-dire, certes, s’ils croient en leur mantra concernant le capitalisme, son impérialisme et tout le toutim d’anathèmes et de fureurs énormes dont leurs articles résonnent.

auQqsDOW_400x400.jpgMichael Rectenwald, universitaire côté, plutôt de tendance libertarienne s’il fallait l’étiqueter, auteur d’une liste impressionnante de livres dont le plus récent sur et au-delà de la ‘woke ideology’ qui ravage les USA et le bloc-BAO en général, nous explique dans ce long texte pourquoi les gauchistes qui massacrent les rues des grandes villes américanistes et les grands groupes transnationaux (très souvent d’origine US mais pas seulement) du capitalisme globalisé avec leurs patrons hyper-riches du club-des 0,0099% ont totalement, organiquement, ontologiquement partie liée, – sous l’égide, notamment du ‘Corporate Socialism’.

(Nous préférons garder l’anglais de l’expression si frappante, dans la mesure où ‘Corporate’ est un terme typiquement capitaliste aux USA, dans le langage des Maîtres du monde’. En français, nous le trouvons trop proche de sa racine, – ‘corporation’, – qui garde une forte connotation passéiste, du temps du Moyen-Âge notamment. Ne parlons pas, enfin, du sujet qui fâche et enflamme les petites âmes, le corporatisme en fait d’outil ou de référence du fascisme.)

Les deux clans sont les deux frères-siamois nés comme la dernière monstruosité en date, – la dernière tout court, espérons-nous, mais particulièrement monstrueuse, – accouchée par le Système déstructurant et entropique qui opérationnalise le ‘déchaînement de la Matière’.” Ce qui se passe aux USA est par conséquent catastrophique devrait-on dire; à moins, poursuivrait-on avec alacrité et une ardeur tranquille, que cette lie fangeuse ait enfin et victorieusement franchi le sommet ultime de son ‘principe de Peter’ et soit en train de se lancer dans l’ouvrage tant attendu de son autodestruction, – ce qui est de plus en plus notre intime conviction (maintes fois répétée) tant la méthode rend ceux qui l’appliquent, – à la fois fous complètement et de plus en plus stupides.

L’article de Rectenwald montre à la perfection comment le ‘Corporate Socialism’ et les gauchistes de BM-Antifa ont complètement et absolument partie liée ; ce qui explique que les $uper-riche$ du premier financent à fond et à mort les seconds. (Outre l’inévitable Soros, l’éternelle prostate de l’hypocondriaque du cancer, divers noms d’oiseau sont lancés et nous retenons pour ce cas un excellent article sur Warren Buffet, du 6 octobre, sur TabletMag.com, sous le titre : « Warren Buffet est-il le compte en banque derrière les Black Lives Matter ? ») C’est une explication fort acceptable du rôle, de la fonction, de l’organisation, de la résilience et nous en passons, des BLM avec leurs petites mains (fort-blanches) des Antifas, sans oublier la nébuleuse absolument abracadabrantesque-surréaliste des mille chemins de la révolution genriste-genrisé, LGTBQ, etc., tout cela acclamé et sponsoré par tout ce que le système peut avoir de simulacres-communication, de la presseSystème, de l’édition, de l’entertainment, de l’ex-Haute Couture, de la parfumerie et produits de luxe, de l’hollywoodisme, du porno, etc.

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Rectenwald ne s’aventure pas trop vers les thèses d’un arrangement de A jusqu’à Z, du complotisme parfait, jusqu’à l’arrangement planifié de l’affaire Civid19. Il laisse le terrain dans le vague et il n’a pas tort, car il n’est pas temps de chasser des sorcières qui s’avèreraient des chimères, ni des chimères qui pourraient vous ensorceler. Il reste que l’affaire de la Covid est tombée à pic pour le ‘Corporate Socialism’ et qu’il a sauté dessus... Mais, comme l’on sait, car on n’arrête pas de disséquer l’affaire et de découvrir que l’affaire n’est pas finie et loin d’être faite, le Covid19 n’a pas que des vertus pour ces gens-là.

En fait, avec le texte de Rectenwald le champ de la bataille est parfaitement identifié et fait surgir quelques questions qu’il serait, non qu’il sera intéressant de poursuivre. Par exemple, comment un homme de l’intelligence et de l’honnêteté d’un Mélenchon peut-il concilier son soutien absolument résolu à l’ouverte massive à l’immigration qui est objectivement un des buts principaux du ‘Corporate Socialism’ pour le but que mentionne Rectenwald, et son amitié et son estime ardentes pour Chavez qui fut ce populiste, adversaire redoutable et souvent victorieux de la chose ? C’est une question qui en fera naître d’autres, et franchement l’argument électoraliste ne peut en aucun cas nous satisfaire.

Mais laissons là le commentaire du texte de Rectenwald qui a bien assez en lui-même pour faire sa propre promotion. Ce qui nous importe est de mettre en cause certaines des plus probables conclusions que certains seraient tentés de tirer de ce texte.

Nous revenons sur une remarque faite plus haut dans notre propre texte : “Les deux clans [du gauchisme et du ‘Corporate Socialism’] sont les deux frères-siamois nés comme la dernière monstruosité en date, – la dernière tout court, espérons-nous, mais particulièrement monstrueuse, – accouchée par le Système déstructurant et entropique qui opérationnalise le ‘déchaînement de la Matière’.” Il y a deux points dans cette remarque :

  • “la dernière monstruosité en date”, ce qui implique qu’il y en a eu d’autres auparavant ;
  • “... mais particulièrement monstrueuse”, ce qui implique qu’elle fait du bruit, qu’elle est très visible, en même temps qu’elle profite à d’étranges alliances et entretient des crises non moins étranges, dans une époque dont nous ne disons pas assez qu’elle est, elle aussi, particulièrement étrange ;
  • d’où (point annexe) la possibilité de réactions inattendues, imprévisibles, peut-être incontrôlables, du côté de chez l’un ou l’autre Swann de la postmodernité.

Thought_Criminal.jpegLe tableau que nous dresse Rectenwald est effectivement saisissant, sinon catastrophique, mais c’est pour cela que c’est bien intéressant... Nous voulons dire par là qu’il y a déjà eu des monstres accouchés par le Système, qui pour s’emparer d’une région, qui d’un pays, qui d’un continent (rappelez-vous les bananières de l’Amérique centrale, de United Fruit et de la CIA), qui d’une époque et de l’histoire elle-même. Il était souvent difficile de faire une certaine unité contre lui, par exemple quand Washington D.C. expliquait au ‘Monde Libre’ ébloui, qu’il fallait bien défendre la démocratie et la liberté contre la super-monstruosité communiste, en liquidant tout ce qui dépassait, du Castro de Cuba à l’Allende du Chili. L’‘avantage’ paradoxal de la situation actuelle est que l’ennemi s’est mis à découvert, parce qu’il doit se mettre à découvert pour accomplir son forfait et continuer à crever sous le poids du fric ; et l’on sait que, dans toute grande stratégie, l’identification de l’ennemi (de l’“ennemi principal”, disait Ho Chi-minh) est un acte fondamental sur le chemin, au moins de la bataille, sinon de la victoire.

Tout cela se fait alors que la nervosité est extraordinaire et ne cesse de grandir ; parce que, comme nous l’écrivions et nous sommes de plus en plus dans ce sentiment, les circonstances de contrainte et de confusion des autorités diverses vis-à-vis de la lutte contre Covid19 qui doit absolument se poursuivre pour favoriser le ‘Corporate Socialism’, « mettent en évidence autant qu’ils le favorisent ce fait qu’on ne s’habitue pas aux contraintes de Covid, que ni la durée ni la répétition ne parviennent à les banaliser ». En d’autres termes, rien ne vient nous distraire de la grognerie, de la mauvaise humeur, de l’insupportabilité, de l’emportement et de la fureur, de l’angoisse et de la haine, par rapport à tout ce qui a à voir avec les événements et plus précisément cet événement; alors que l’évidence ne cesse de nous montrer le rôle qu’y jouent les monstres du ‘Corporate Socialism’.

Nous insistons là-dessus : même le soutien opérationnel et lourdement friqué du ‘Corporate Socialism’ apporté à toutes les poussées LGTBQ est en marche depuis des années, comme nous le notions à partir de remarques de Justin Raimondo et de Glenn Greenwald (tous deux homosexuels) en avril 2013. Aujourd’hui, il est visible, criant et puant, très souvent grotesque, aussi souvent d’une stupidité obscène parce que d’un conformisme extraordinaire, et enfin il est cause directe et souvent identifiée de toutes les instabilités psychologiques, révoltes, fureurs & Cie. C’est-à-dire qu’il mobilise les gens contre lui alors qu’hier nul ne s’en avisait vraiment, parmi les ‘braves gens’ qui ne font pas trop de politique et bien sûr parmi les autres qui étaient payés pour.

John D. Rockefeller pour à peu près tout, J.P. Morgan de Wall Street organisant l’aide financière US à l’Angleterre pendant la Grande Guerre, quelques grands trusts US, de Standard Oil à ITT, travaillant avec Hitler jusqu’en 1945, – nous en étions les dupes consentant, consommateurs et admirateurs, adeptes de l’American Dream qui avait les traits de JJSS vendant à un million d’exemplaires son Défi américain de 1966...

Aujourd’hui ?

Les dupes, aujourd’hui, on les retrouve à l’extrême-gauche. Certes, il y a certaines choses qui les rapprochent, comme l’internationalisme, la haine des frontières, celle des identités lorsqu’elle est blanche ou Caucasienne-Américaine, leur commune croyance que le chaos est le détonateur du ‘Meilleur des Mondes’... Mais qui et quoi, et de quel ‘Meilleur des Mondes’ parle-t-on ? Il faut tout de même bien croire qu’il y en a quelques-uns à dire le vrai de leur sentiments et à détester en vérité le capitalisme, dans les cohortes BLM/Antifa & Consorts, et aussi chez nos ‘amis’ de WSWS.org qui continuent à voir dans le cirque BLM/Antifa un sous-jacent immensément trotskiste, et peut-être même chez Mélenchon, tout au fond du Pied-Noir de Staouéli... Ceux-là, ils seront bien obligés un jour de faire leurs comptes, sur insistance de leurs consciences.

Et aussi, et ainsi, que se passera-t-il le jour où ils n’auront plus Trump pour attirer, susciter, embraser, remettre en feu leur brasier d’une haine commune... ?

Le texte ci-dessous, adapté en français, est mis en ligne sur RT.com le 12 octobre 2020. Le titre original est : « Qui finance la gauche américaine émeutière et pourquoi ? La classe milliardaire
dedefensa.org

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Gauchisme & capitalisme : leur grande passion

par Michael Rectenwald

Pourquoi les entreprises géantes et les milliardaires financent-ils Black Lives Matter et Antifa, deux groupes socialistes avoués ? Et pourquoi les gauchistes acceptent-ils leur aide ? Ils veulent tous deux une sorte de socialisme, mais un seul d'entre eux pourrait obtenir ce qu'il veut.

Si vous connaissez les sources de financement des entreprises et les milliardaires qui financent Black Lives Matter (BLM) et Antifa, ainsi que les engagements socialistes de ces groupes et de leurs dirigeants, vous vous êtes probablement demandé pourquoi la "classe capitaliste" soutiendrait un mouvement dont la doctrine est apparemment contraire à ses propres intérêts. Ces bailleurs de fonds ne sont-ils pas des capitalistes après tout, et les capitalistes ne s'opposent-ils pas naturellement au socialisme ?

Et pourquoi les gauchistes américains dansent-ils comme des marionnettes attachées à des ficelles tirées par des milliardaires globalistes ? Ne comprennent-ils pas qu'ils servent en fait les maîtres auxquels ils prétendent s’opposer ?

La réponse n’est pas aussi simple que le suggère le site World Socialist Web Site : « Les objectifs du mouvement Black Lives Matter se sont alignés sur ceux de Wall Street et du gouvernement américain ». La réponse n'est pas non plus que BLM/Antifa se soit simplement “vendu” aux capitalistes. La classe des donateurs ne commet pas non plus d’erreur et ne s’intéresse pas spécialement à l'égalité raciale. La réponse est que les élites des entreprises et des milliardaires préfèrent une sorte de socialisme, à savoir le ‘Corporate Socialism’.

Le ‘Corporate Socialism’, késako ?

Et qu’est-ce que le ‘Corporate Socialism’ ? Le ‘Corporate Socialism’ n'est pas seulement un renflouement des entreprises par les gouvernements. Il s'agit d'un système à deux niveaux de ‘socialisme réel’ sur le terrain, parallèle à un ensemble de monopoles d'entreprises au sommet (‘socialisme réel’ est un terme péjoratif utilisé principalement par les dissidents dans les pays socialistes pour désigner ce qu'était réellement la vie sous le socialisme, plutôt que dans les livres trompeurs de Marx et ses épigones).

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Richesse pour quelques-uns, ‘égalité économique’ dans des conditions réduites pour le plus grand nombre, – le ‘Corporate Socialism’ est une forme de néo-féodalisme.

Dans Wall Street and FDR, l’historien Anthony C. Sutton a décrit le ‘Corporate Socialism’, tel qu’il s’est développé au XIXe siècle, et l'a distingué du socialisme d’État, comme suit :

« [Le] schéma de l’oligarque parasite et pilleur suit aussi, sous d’autres étiquettes, la même démarche que le plan socialiste. La différence entre un monopole d’État corporatif et un monopole d’État socialiste ne concerne que l’identité des groupe contrôlant la structure du pouvoir. L'essence du socialisme est le contrôle monopolistique de l’économie par l’État à l'aide de planificateurs appointés et d’agents d’influence du monde académique. D’un autre côté, Rockefeller, Morgan et leurs amis du Corporate Power visaient à acquérir et à contrôler leur monopole et à maximiser leurs profits par leur influence dans l'appareil politique de l'État; cela, bien que planificateurs appointés et les agents d’influence du monde académique soient toujours nécessaires, est un processus discret et bien plus subtil que la propriété de l’État socialiste... Nous donnons à ce phénomène de monopole légal du Corporate Power, – le contrôle du marché acquis par le moyen de l’influence politique, – le nom de ‘Corporate Socialism’. »

Ce que Sutton appelle le ‘Corporate Socialism’ pourrait autrement être nommé ‘socialisme d’entreprise’ ou ‘capitalisme socialiste’.

Pour les socialistes d'État comme pour les socialistes d’entreprise, le marché libre est l’ennemi. Ils cherchent tous deux à l’éliminer. Le marché libre menace le système de contrôle de l’État dans le cas du socialisme d’État. Dans le cas du socialisme d’entreprise, le marché libre représente un obstacle à l’accumulation de la richesse. Les socialistes d’entreprise ne cherchent pas à éliminer le profit. Bien au contraire, ils veulent l’augmenter à leur seul avantage.

Pour garantir et apprécier les profits au maximum, les socialistes d’entreprise cherchent à éliminer la concurrence et le libre marché. Comme l'a écrit Sutton, pour les socialistes d'entreprise du XIXe siècle : « La seule voie sûre vers l’acquisition de richesses massives était le monopole : chassez vos concurrents, réduisez la concurrence, éliminez le laissez-faire et, surtout, obtenez la protection de l’État pour votre industrie grâce à des politiciens corrompus et des réglementations gouvernementales conformes. »

La différence entre le socialisme d'État et le socialisme d'entreprise est donc simplement qu’un autre groupe de monopolistes est aux commandes. Dans le socialisme d’État, le monopole est détenu par l’État. Dans le socialisme d’entreprise, les monopolistes sont des groupes et des conglomérats géantes. Mais les deux économies politiques sont caractérisées par le monopole.

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Et les deux systèmes utilisent l’idéologie communiste-socialiste, – ou ses incarnations récentes, la “justice sociale” ou l’idéologie de l’“éveil” (‘woke ideology’) – pour faire avancer leurs programmes. Pour le ‘Corporate Socialism’, le monopole des entreprises est la fin souhaitée et l’idéologie socialiste est l’un des moyens.

L’idéologie socialiste profite aux socialistes d’entreprise parce qu'elle diabolise la concurrence et le marché libre dans le but de les éliminer. Cela explique pourquoi des entreprises capitalistes comme Amazon et des donateurs capitalistes méga-riches comme George Soros et Tom Steyer financent en fait des organisations ayant des programmes explicitement socialistes, comme Black Lives Matter, et pourquoi Google, YouTube, Facebook, Twitter et d’autres géants de l’Internet favorisent apparemment les contenus et les utilisateurs de gauche, voire socialistes, plutôt que de droite.

Codiv19 et émeutes : le verrouillage

Nous pouvons voir le plan socialiste des entreprises en action avec les confinements de Covid-19 et les émeutes Black Lives Matter/Antifa. Les mesures de verrouillage draconiennes employées par les gouverneurs et les maires démocrates et les destructions perpétrées par les émeutiers font le travail que les entreprises socialistes veulent voir faire. Faut-il s'étonner que les élites des entreprises favorisent la politique de gauche ? En plus de déstabiliser l'État-nation, les politiques de gauche contribuent à détruire les petites entreprises, éliminant ainsi les concurrents.

Comme le souligne la Fondation pour l'éducation économique (FEE), les fermetures et les émeutes se sont combinées pour donner un coup de poing à des millions de petites entreprises, – “l’épine dorsale de l'économie américaine”, – dans toute l’Amérique. La FEE a indiqué que « ...7,5 millions de petites entreprises américaines risquent de fermer leurs portes pour de bon. Une enquête plus récente a montré que même avec des prêts fédéraux, près de la moitié des propriétaires de petites entreprises disent qu'ils devront fermer pour de bon. Le bilan est déjà lourd. Rien qu'à New York, les commandes de produits à domicile ont forcé la fermeture définitive de plus de 100 000 petites entreprises ».

En outre, les entreprises appartenant à des minorités sont les plus à risque. Même le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, est d'accord : « Elles représentent 90 % des entreprises new-yorkaises et sont confrontées aux défis les plus difficiles. »

En attendant, comme le fait également remarquer la FEE, rien ne prouve que les mesures de verrouillage aient fait quoi que ce soit pour ralentir la propagation du virus. De même, rien ne prouve que Black Lives Matter ait fait quoi que ce soit pour aider les vies noires. Au contraire, la campagne émeutière et meurtrière de BLM et d’Antifa a prouvé que les vies noires n’ont pas d'importance pour BLM. En plus d'avoir assassiné des Noirs, les émeutes de protestation de BLM et d’Antifa ont causé d'énormes dommages aux commerces et aux quartiers noirs, et donc, elles ont couté des vies noires.

Alors que les petites entreprises ont été écrasées par la combinaison de fermetures draconiennes et de folies émeutières, des géants de l'entreprise comme Amazon ont prospéré comme jamais auparavant. Ces deux évolutions ont eu lieu “par hasard” pour nous rapprocher du socialisme d'entreprise.

Comme l'a fait remarquer BBC News, au moins trois des géants de la technologie, – Amazon, Apple et Facebook, – ont bénéficié de gains massifs pendant les mesures de verrouillage, gains qui ont sans doute été favorisés par des émeutes qui ont coûté entre un et deux milliards de dollars en dommages matériels. Au cours des trois mois qui se sont terminés en juin, Amazon a réalisé « un bénéfice trimestriel de 5,2 milliards de dollars (4 milliards de livres sterling), le plus important depuis la création de la société en 1994, et ce malgré les dépenses importantes en équipements de protection et autres mesures dues au virus ».

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Les ventes d'Amazon ont augmenté de 40 % au cours des trois mois qui se sont terminés en juin. Comme le rapporte TechCrunch, Facebook et ses plateformes WhatsApp et Instagram ont vu le nombre d'utilisateurs augmenter de 15 %, ce qui a porté les revenus à un grand total de 17,74 milliards de dollars au premier trimestre.

Le nombre total d'utilisateurs de Facebook a atteint trois milliards d'internautes en mars, soit les deux tiers des internautes du monde entier, un record. Les revenus d'Apple ont grimpé en flèche au cours de la même période, les bénéfices trimestriels ayant augmenté de 11 % en glissement annuel pour atteindre 59,7 milliards de dollars. « Walmart, la plus grande chaîne alimentaire du pays, a déclaré que les bénéfices ont augmenté de quatre pour cent, à 3,99 milliards de dollars », au cours du premier trimestre de 2020, comme l’a rapporté le Washington Post.

Ces mêmes entreprises sont également des partisans majeurs de BLM et des groupes affiliés. Comme l'a rapporté CNET, « Google s'est engagé à verser 12 millions de dollars, tandis que Facebook et Amazon donnent tous deux 10 millions de dollars à divers groupes qui luttent contre "l'injustice raciale". Apple s'est engagé à verser 100 millions de dollars pour une nouvelle initiative en faveur de l'équité et de la justice raciales qui ‘remettra en question les obstacles systémiques aux opportunités et à la dignité qui existent pour les communautés de couleur, et en particulier pour la communauté noire’, selon le PDG d’Apple, Tim Cook. »

Est-ce juste une coïncidence que le nombre de petites entreprises ait été presque réduit de moitié par les fermetures de Covid-19 et les émeutes BLM/Antifa, alors que les géants de l'entreprise ont consolidé leur emprise sur l'économie, ainsi que leur pouvoir sur l'expression individuelle sur Internet et au-delà ? Ou alors, les fermetures et les émeutes prouvent-elles que le socialisme d'entreprise est en marche ? Et le “woke capitalism” (‘capitalisme [r]éveillé’) n'est-il qu'une campagne de relations publiques concertée visant à apaiser les militants et les Noirs afin de s'attirer des faveurs et d’éviter de mettre en cause la culture (‘cancel culture’) ? Ou bien le ‘capitalisme [r]éveillé’ exprime-t-il réellement des intérêts socialistes corporatifs et globalistes ? À quoi ressemblerait une politique qui servirait de tels intérêts

Le ‘Corporate Socialism’ et son gauchisme

Pour renforcer le programme globaliste du ‘Corporate Socialism’, leurs monopoles ou quasi-monopoles, un credo politique serait probablement de promouvoir la libre circulation des travailleurs au-delà des frontières nationales et serait donc internationaliste plutôt que nationaliste.

Les monopoles ou monopoles en devenir des entreprises globalisées géantes bénéficieraient probablement de la création de types d'identité totalement nouveaux pour de nouveaux marchés spécialisés. Ils accueillent donc et encouragent le pluralisme des sexes, le transsexualisme et d’autres morphismes sexuellement identitaires. Le bouleversement des catégories d’identité de genre stables érode et contribue au démantèlement de la famille, le dernier bastion d'influence protégeant les masses contre le pouvoir des entreprises.

En fin de compte, le ‘Corporate Socialism’ mondial bénéficierait d'un monopole gouvernemental unique globalisé avec un seul ensemble de lois, et promouvrait ainsi un internationalisme sans frontières sous un gouvernement mondial, de préférence sous leur contrôle total, autrement dit le globalisme [mondialisme pour les Français]. Tout cela bénéficierait plantureusement de l’élimination des petites entreprises.

Comment cela s’inscrit-il dans le cadre du gauchisme contemporain ? Il a les mêmes objectifs. Le gauchisme encourage une immigration sans entraves. Il encourage le pluralisme des sexes et le transgenrisme et appelle ouvertement à la dissolution de la famille. Il cherche à détruire la mémoire historique, la culture traditionnelle, le christianisme et l’État-nation. Il vise à créer un monopole mondial du gouvernement. Il méprise les petites entreprises et la libre entreprise.

Ainsi, la politique de gauche s’aligne parfaitement avec les intérêts globalistes des entreprises monopolistiques. Le ‘Corporate Socialism’ est le bénéficiaire de leur ‘activisme’.

Michael Rectenwald

Source

 

 

« Police ! Vos fringues ! » - De la tyrannie vestimentaire

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« Police ! Vos fringues ! »

De la tyrannie vestimentaire

par Georges FELTIN-TRACOL

Après l’oppression sanitaire qui impose le masque partout à l’extérieur et le despotisme intellectuel qui pourchasse les militants identitaires, condamne l’humoriste Dieudonné et l’essayiste Alain Soral et emprisonne le chercheur en ethno-psychologie dissident Hervé Ryssen, voici maintenant surgir la tyrannie vestimentaire.

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Le 21 septembre dernier, Jean-Michel Blanquer, énième déplorable détenteur d’un ministère sinistré, réagit au port par des collégiennes et des lycéennes de tenues jugées incorrectes par des personnels de direction puritains. Ce n’est pas la première fois que le monde dit « éducatif » joue à la police des habits. Depuis plus de trente ans, les jeunes musulmanes sont exclues de leurs établissements scolaires parce qu’elles portent le voile ou le foulard. Ces mahométanes entendent vivre leur foi pleinement. Ainsi reconnaissent-elles implicitement leur profonde inadéquation aux vertus fondatrices de la civilisation européenne d’expression française dont les racines spirituelles sont à la fois païennes et chrétiennes. Ces musulmanes pieuses aptes à la « remigration » démontrent par leur présence l’inutilité du vivre ensemble mortifère hexagonal.

Plus récemment, pendant la crise des Gilets jaunes, policiers et gendarmes verbalisèrent pour des manifestations non autorisées tous les porteurs de vêtements de couleur jaune les samedis. Au moment de la « Manif pour Tous », des pères de famille furent envoyés en garde à vue pour avoir arboré un maillot de corps hostile à la loi Taubira. Faudra-t-il bientôt demander à la préfecture de police de Paris comment s’habiller ? Dans le même temps, une étudiante strasbourgeoise de 22 ans, Élisabeth, se fait insulter et frapper parce que sa jupe bien trop courte choque ses agresseurs. Les harpies féministes se contentent de crier à un nouvel « harcèlement de rue » masculin généralisé sans mentionner l’origine ethnique des agresseurs… Les gauchistes culturels devront choisir sous peu entre un féminisme nullissime et le délire multiculturaliste.

Revenons à l’école. Confronté à des shorts et à des maillots qui ne couvrent pas le nombril des adolescentes, Jean-Michel Blanquer évoque une « tenue républicaine ». Le politiquement le plus correct prostitue l’adjectif républicain ». Emmanuel Macron vante un « patriotisme républicain », version hexagonale du piteux « patriotisme constitutionnel » théorisé par Jürgen Habermas. Ce « patriotisme républicain » avec toutes les valeurs funestes qu’il charrie ne peut qu’inciter les dernières personnes sensées qui souhaiteraient s’engager dans les structures de force (police, gendarmerie, douanes, etc.) à ne pas s’y risquer à moins d’attendre le moment idoine pour déserter.

La République hexagonale est le cache-sexe incantatoire de tout ce qui dysfonctionne en France. Un puissant dégoût franchement républicain pour le coup submerge tout honnête homme las de ce prêchi-prêcha infantilisant. Dorénavant, il importe de consommer républicain, de conduire de manière républicaine et, pourquoi pas ?, de satisfaire une miction républicaine, voire une défécation républicaine. En hommage aux mânes du très républicain marquis de Sade, on arrive même à infliger les ultimes outrages, forcément républicains, à Marianne. Bref, les injonctions de cette république hexagonale ne suscitent qu’un légitime vomissement… pour sûr républicain.

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Au fait, qu’appelle-t-on une tenue républicaine ? Porter l’uniforme occidental décadent, un blue jean’s troué et déchiré ? N’est-il pas temps d’exiger des écoles, des collèges et des lycées, voire des universités, le port d’un uniforme très différent de celui du minable service national universel prévu ? Il y a plus de quatre-vingts ans comme d’ailleurs aujourd’hui, au-delà des Alpes, du Rhin, au bord de la Moscova ou au Nord de la péninsule coréenne, jeunes filles et garçons portent une tenue impeccable qui leur donne une fière allure…

Plutôt que de se focaliser sur un problème accessoire compréhensible en cette rentrée scolaire marquée par de chaudes températures, le ministère de la pseudo-Éducation dite « nationale » devrait s’émouvoir de l’emprise démentielle des marques publicitaires, des chanteurs de variétés et des influenceurs de réseaux sociaux auprès des enfants. Ceux-ci ne veulent-ils pas être « stylés » ? La réaction stupide du locataire de la rue de Grenelle relance en outre l’agitation féministe. Les plus revendicatives soulignent une inégalité de traitement dans les cours de récréation entre des demoiselles légèrement vêtues et des garçons en pantacourt et autres bermudas. Encore une polémique bien vaine !

On peut regretter que la France métropolitaine bénéficie d’un climat tempéré avec, parfois, des hivers rigoureux ou des autonomes pluvieux. Sinon, le gouvernement devrait sur le champ remplacer La Marseillaise par un nouvel hymne national écrit par le défunt philosophe Carlos, Tout nu et tout bronzé.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 185 mise en ligne sur TVLibertés, le 6 octobre 2020.

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mercredi, 14 octobre 2020

Contre le nouvel ordre sanitaire

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Contre le nouvel ordre sanitaire

par Daniel COLOGNE

Dans l’ensemble, notre famille de pensée a bien réagi au « confinement » du printemps 2020, qui était une quarantaine n’osant pas dire son nom (voir Éléments, n° 184, encadré de la page 37). Dans le même numéro, Hervé Juvin se demande si tout principe poussé à son extrême ne finit pas par s’inverser. Cela expliquerait comment, après un demi-siècle entonnant l’hymne à la grande déesse Mobilité, on est passé du jour au lendemain à l’arrêt de la quasi-totalité de la planète.

Toujours dans la même livraison, ainsi que dans la suivante (Éléments, N° 185), je recommande la lecture des articles de Slobodan Despot, tout comme dans Synthèse nationale (n° 54), je conseille de lire les contributions de Pieter Kerstens, Bernard Plouvier et Charles-Henri d’Elloy. De tous ces très bons textes se dégage l’idée que les mesures de sécurité prônées par les conseillers scientifiques et relayées par les dirigeants politiques sont disproportionnées par rapport au risque sanitaire réel.

BHL-Virus.jpegJ’ai toutefois choisi de m’attarder sur le livre que Bernard-Henri Lévy a consacré à ce nouvel ordre sanitaire, alors que la France et la Belgique rivalisaient d’incohérence pour amorcer le « déconfinement ». D’aucuns vont s’étonner que je fasse une recension plutôt favorable de cet ouvrage. Elle ne change rien au fossé idéologique qui me sépare de cet auteur, mais je ne suis pas un lanceur de tartes à la crème et, lorsque paraît Ce virus qui rend fou, je ne me sens pas tenu d’ironiser : « le Lévy nouveau est arrivé ».

Bien sûr, si « le moi est haïssable » et si cette sentence pascalienne peut servir d’ingrédient à une critique de l’individualisme, les singularités collectives que sont les peuples ne doivent pas pour autant être absorbées par le grand mélange, surtout qu’en l’occurrence c’est l’homme albo-européen qu’on invite à devenir « l’otage » du Big Other. Pourquoi les peuples ne pourraient-ils pas vivre côte à côte, dans le respect réciproque de leur « étymon spirituel » (Léo Spitzer) ? Je suis pour une fédération de grands ensembles impériaux dont les relations pacifiques dépendent précisément, non d’une mixture mondiale selon la doxa dominante actuelle, mais de cette persévérance ontologique évoquée par Heidegger et reformulée par Alexandre Douguine.

C’est peut-être sur une idée de ce type que travaille René Guénon peu avant 1930 et son installation en terre musulmane d’Égypte. Une des rares fois où j’ai entendu prononcer le nom de Guénon à la télévision, c’est dans la bouche de BHL au cours de son émission « Les Aventures de la Liberté » (vers le milieu des années 1990, me semble-t-il). Guénon « tiers-mondiste » ? Oui, mais pas au sens de Franz Fanon et Jean Ziegler. « L’autre tiers-mondisme » de Guénon implique une critique impitoyable de l’égalitarisme moderne.

Il m’empêche que j’ai apprécié certaines pages du petit livre de BHL et que je partage quelques-unes de ses réactions face à la quarantaine du printemps 2020, qui est aussi une parodie de la fonction prophétique à travers les courbes exponentielles et anxiogènes des fameux modélisateurs. À propos de Roselyne Bachelot, dont il discerne la « feinte humilité », BHL écrit : « On la consulte comme un oracle (p. 20). » il compare à une « Pythie triste » le chef du conseil scientifique qui annonce chaque soir « le nombre des morts de la journée (p. 19) ».

En me remémorant les opinions contradictoires des « experts » conviés par les diverses chaînes de télévision, je crois aussi « qu’écouter ceux qui savent, si c’est bien des scientifiques que l’on parle, c’est écouter une pétarade perpétuelle et, quand on est un État, inviter la foire à la table du roi ! (p. 24, c’est BHL qui souligne) » Et si le virus était « un dérèglement dans la combinatoire d’organes et de pathologies qui fait un sujet singulier ? » Alors, « les metteurs en scène du grand spectacle de la guerre au virus (p. 51) » perdraient tout crédit et mériteraient le ton quelque peu moqueur des responsables suisses, bien meilleurs gestionnaires de la crise sanitaire que leurs homologues belges et français.

Je conçois le « malaise » que l’on peut éprouver devant « notre ahurissante docilité à l’ordre sanitaire en marche et à sa mise en demeure des corps (p. 73) ». Une sorte d’apartheid générationnel peut être décrypté dans les propos d’une « cheffe de service à l’hôpital Saint-Antoine » ou de « bio-éthiciens américains » exhortant « ceux du grand âge » à ne pas encombrer les salles de réanimation, « à céder leur place aux plus jeunes pour les tests et les vaccins », bref « à crever sans faire d’histoire (p. 77) ». Il est légitime de s’interroger sur « le peu de débats que suscitèrent, finalement, les projets de traçage numérique présentés, dans tout l’Occident, comme le moyen le plus sûr de vivre un déconfinement heureux (p. 78) ».

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Qu’un reportage au Bangladesh, réalisé avant la mise en quarantaine, mais paru après en raison des « délais d’écriture et d’impression », puisse être tenu pour un « exemple de relâchement » : voilà qui illustre bien « l’empire du procès » épinglé par Régis Debray parmi les « coûts de la sujétion numérique ». Voilà de quoi faire planer la plus grande méfiance « sur les réseaux dits sociaux, c’est-à-dire, de plus en plus souvent, asociaux (p. 88) ».

Pour se convaincre que la vie doit aspirer à une dimension qui la dépasse, on peut faire appel à « toutes les sagesses du monde, la juive mais pas seulement (p. 81, c’est moi qui souligne) ». Se référer à sa propre tradition ancestrale ne doit postuler aucun exclusivisme. BHL convoque aussi un dialogue platonicien pour conjurer le péril d’un nouvelle « montée du pouvoir médical (p. 17) », déjà incarné, dès l’Antiquité romaine, par Galien, « quasi-directeur de conscience » de trois empereurs, et à l’époque de la Révolution française, par le magistrat-médecin Cabanis qui échappe à la Terreur.

Enfin, est-on bien certain que la crise sanitaire du printemps 2020 n’a pas accentué « une tendance lourde de nos sociétés (p. 85) » qui existait déjà auparavant ? Certes, le « préfet » qui donne ses directives par microphone dans la dystopie d’Hermann Kasack (La Ville au-delà du fleuve) cède la place aux images de Jérôme Salomon et Emmanuel André, spécialiste du dénombrement quotidien et macabre des personnes infectées, hospitalisées, réanimées et décédées.

Mais prenons garde. Demain, c’est peut-être tout notre patrimoine civilisationnel (« opéras, philharmonies, les plus grands musées du monde ») qui nous sera « servi, en mode virtuel, sur le plateau d’un petit déjeuner au lit à perpétuité (p. 84) ». Un astrologue prédit que les années 2001 – 2100 seront « le siècle des virus ». Vers quel monde irions-nous au fil des pandémies futures ? « Un monde où règnent les techniciens de la ventilation, les surveillants généraux de l’état d’urgence, les délégués à l’agonie. Un monde où, à la place du monde qui fait trop mal, on a des gels hydro-alcooliques, des balcons où l’on s’auto-complimente, des chiens à promener deux fois par jour muni de son attestation covid et des villes expurgées de la foule humaine comme une salle d’opération de ces infections nosocomiales (p. 103). »

Allons-nous docilement accepter une société qui bannit la poignée de mains et où les masques-barrières ostracisent l’échange de sourires conviviaux ?Allons-nous tolérer que des « applications numériques » deviennent pourvoyeuses « de télétravail, télé-enseignement, téléconsultation, télétransport (p. 77) », sans oublier les jeux vidéos garantissant aux plus jeunes un apprentissage ludique dans la ligne des pédagogies progressistes ?

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Comme Pieter Kerstens, je précise que j’appartiens à la génération « à risques ». Mais il faut savoir vivre avec un virus comme avec le péril d’un déraillement de train, le danger quotidien d’une agression dans un monde qui s’ensauvage, la certitude, deux ou trois fois par été, de canicules et de vagues de chaleur appelées à s’intensifier dans un futur proche. En un mot, comme l’écrit le collaborateur de Synthèse nationale, il faut aborder le problème en adulte, alors que les conférences de presse de Sophie Wilmès cherchent à nous infantiliser et que les médias, la chaîne française LCI et sa pâle copie belge LN24, nous inoculent les poisons de l’incertitude et de la peur.

Je respecte le personnel hospitalier, qui a besoin d’un statut humain et financier revalorisé, et non de cette parodie de fonction guerrière offerte par Macron, Philippe et Véran, leur « front » de soignants, leur « première ligne » d’infirmières et leurs « brigades » de traceurs numériques. Je suis conscient de pouvoir être affecté ou emporté par le covid-19, comme le journaliste Mazerolles et l’ancien arbitre de football Javaux, comme le politicien Devekian et le chanteur Christophe.

J’apporte néanmoins mon soutien à des groupes comme « Folie virale » et à leurs manifestations dont j’espère qu’elles se multiplieront en réunissant des milliers de personnes, comme en Allemagne ou aux États-Unis, et non quelques centaines, comme le 16 août à Bruxelles, parmi des Belges bien timorés. C’est pourtant la Belgique qui a le triste record du plus mauvais ratio décès/nombre d’habitants, malgré des mesures tantôt drastiques, tantôt incohérentes, parfois ridicules (comme la « bulle » de cinq personnes), souvent injustes (je pense par exemple au sort réservé aux forains).

La « crise » du coronavirus est loin d’être close. La rentrée scolaire et estudiantine peut réserver une mauvaise surprise. Certaines populations européennes (Belgique, France, Italie, Espagne) semblent ne plus avoir la maturité de leurs aînés qui sont passés à travers les épidémies grippales de 1957 et 1969 sans céder à la panique. C’était aussi un temps où les gens n’étaient pas encore lobotomisés par les media et où les gouvernants ne s’aplatissaient pas devant « un savoir approximatif qui se donne pour une science ». Régis Debray parle ici de l’économie qui a dicté sa loi durant le cycle 1970 – 2020. Mais qu’en est-il de la virologie, parodie de fonction souveraine en ce pénible millésime qui touchera bientôt à sa fin ?

Daniel Cologne

• Bernard-Henri Lévy, Ce virus qui rend fou, Grasset, Paris, 2020, 112 p., 8 €.

dimanche, 11 octobre 2020

Le résultat des élections étasuniennes n’aura aucun impact sur la politique étrangère de ce pays

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Le résultat des élections étasuniennes n’aura aucun impact sur la politique étrangère de ce pays

Par Moon of Alabama

John Kiriakou, qui a dénoncé la torture pratiquée par la CIA sous le régime de Bush, met en garde contre la politique étrangère que l’administration de Joe Biden mènerait :

Littéralement, la dernière chose que je ferais serait d'exhorter quiconque à voter pour 
Donald Trump. Le président a été un désastre dans tous les sens du terme, en politique
étrangère comme en politique intérieure. Le pays ne peut pas supporter quatre années
supplémentaires de présidence Trump. Mais Biden n'est pas la panacée. C'est un
remplaçant de centre-droit. [..] Si vous pensez que les choses vont changer en politique étrangère sous la présidence
de Biden, détrompez-vous. Ce sera la même vieille politique expansionniste et
militariste que nous avions sous Bill Clinton et Barack Obama. Alors rentrez dans
l'isoloir avec les yeux ouverts.

À mon avis, Biden est plus à droite qu’au centre. Même son slogan de campagne est partagé avec les conservateurs britanniques.

Une administration Biden amplifierait les politiques hostiles envers la Russie et à la Chine et continuerait à faire pression pour un changement de régime au Venezuela, en Syrie, en Iran et au Belarus. Et ce, alors même que l’organe de l’orthodoxie de la politique étrangère américaine, le magazine Foreign Affairs, affirme que les changements de régime induits par les États-Unis n’atteignent jamais leurs objectifs :

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L'affirmation répétée de la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, à l'époque 
de la guerre en Irak, selon laquelle la poursuite par Washington de la "stabilité aux
dépens de la démocratie"
au Moyen-Orient n'avait produit aucun des deux était globalement

vraie. Mais il s'est avéré qu'elle avait un corollaire, à savoir que la poursuite de
la démocratie aux dépens de la stabilité pouvait également ne produire ni l'un ni l'autre,
mais que cela coûtait plus cher. ...
Les changements de régime tenteront toujours Washington. [...] La longue, diverse et

tragique histoire des changements de régime soutenus par les États-Unis au Moyen-Orient
suggère cependant qu'il faut résister à de telles tentations, comme à la plupart des
solutions rapides qui surgissent dans la vie et en politique. La prochaine fois que
les dirigeants américains proposeront d'intervenir dans la région pour renverser un
régime hostile, on peut supposer sans risque qu'une telle entreprise aura moins de
chance de réussite, sera plus coûteuse et plus lourde en conséquences involontaires
que ses partisans ne le réalisent ou ne veuillent bien l'admettre. Jusqu'à présent il
n’en a jamais été autrement.

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De présidence en présidence, la politique étrangère américaine ne change jamais. Dans une récente interview, le président syrien Bachar al-Assad expliquait pourquoi il en est ainsi :

Question 9 : Vous suivez sans aucun doute la campagne présidentielle aux États-Unis. 
Espérez-vous que le nouveau président américain, quel que soit le nom du vainqueur,
révisera sa politique de sanctions à l'égard de la Syrie ? Président Assad : Nous ne nous attendons généralement pas à des présidents lors des
élections américaines, nous nous attendons à des PDG ; parce que vous avez un conseil
d'administration, ce conseil est composé de lobbies et de grandes entreprises comme
les banques, les fabricants d’armes et les producteurs de pétrole, etc. Donc, vous
avez un PDG, et ce PDG n'a pas le droit ni l'autorité de faire des changements ;
il doit juste exécuter. C'est ce qui est arrivé à Trump lorsqu'il est devenu président
après les élections - Journaliste : Il a été PDG pendant de nombreuses années auparavant. Président Assad : Exactement ! Il reste un PDG de toute façon. Il voulait suivre ou
poursuivre sa propre politique, et il était sur le point d'en payer le prix - vous
vous souvenez du problème de sa mise en accusation. Il a dû ravaler chaque promesse
faite avant les élections. C'est pourquoi je dis qu’il ne faut pas s’attendre à un
président, mais seulement à un PDG. Si vous voulez parler de changer la politique,
vous avez un conseil d'administration - ce conseil ne changera pas sa politique.
Le PDG changera, mais le conseil d'administration reste le même, alors n'attendez rien. Question 10 : Qui est ce conseil d'administration ? Qui sont ces personnes ? Président Assad : Comme je l'ai dit, ce conseil est composé des lobbies, donc ils
mettent en œuvre ce qu'ils veulent, et ils contrôlent le Congrès et les autres, et
les médias, etc. Aux États-Unis, Il y a donc une alliance entre ces différentes sociétés
qui ne pensent qu’à leurs intérêts particuliers.

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Caitlin Johnstone serait probablement d’accord avec ce point de vue. Elle affirme que les deux camps politiques aux États-Unis ne diffèrent guère :

Lorsque vous regardez la politique américaine, il semble qu'il y ait deux factions 
politiques principales qui sont en très fort désaccord l'une avec l'autre. "Divisé"
est un mot qui revient souvent. "Polarisé" en est un autre. ... Mais au delà des insultes et des débats passionnés, ces deux factions sont en fait
furieusement en accord l'une avec l'autre. Elles sont d'accord tout le temps. Elles sont d'accord pour que le gouvernement américain reste le centre d'un empire
mondial ; elles se contentent d'ergoter avec colère sur quelques détails concernant
la manière dont cet empire devrait être dirigé [...]. ... Sur toutes les questions qui affectent le plus gravement les personnes réelles à
grande échelle, ces deux factions politiques sont en accord total. Elles ne font
que déverser beaucoup de bruit et de fureur sur le minuscule 1% du spectre sur
lequel elles sont en désaccord. Ils ne permettent aucune discussion générale sur la question de savoir si l'empire
oligarchique doit continuer à exister ; toutes leurs questions, arguments et histoires
tournent autour de la façon dont il devrait exister. C'est ce qu'ils sont conçus pour faire. ...
La politique n'est pas réelle en Amérique. C'est un spectacle. Un spectacle de
arionnettes à deux mains pour distraire le public pendant que des pickpockets
le volent totalement. Si vous voulez voir les choses clairement, ignorez complètement le faux drame

du spectacle de marionnettes et concentrez-vous sur l'avancement du vrai débat :
que l'empire oligarchique centralisé aux États-Unis est corrompu au-delà de toute
rédemption et devrait être complètement démantelé.

Comment ne pas être d’accord avec ces points de vue ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

Can and Should Russia Stop the War in the Caucasus?

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Can and Should Russia Stop the War in the Caucasus?

This war is officially a war between Azerbaijan and the (unrecognized) Republic of Nagorno Karabakh (RNK) aka “Republic of Artsakh” (ROA) which I shall refer to simply as Nagorno Karabakh or “NK”. As is often the case, the reality is much more complicated. For one thing, Erdogan’s Turkey has been deeply involved since Day 1 (and, really, even much before that) while Armenia has been backing NK to the hilt since the breakup of the Soviet Union. It is even worse: Turkey is a member of NATO while Armenia is a member of the CSTO. Thus a war started over a relatively small and remote area could, in theory, trigger an international nuclear war. The good news here is that nobody in NATO or the CSTO wants such a war, especially since technically speaking the NK is not part of Armenia (Armenia has not even recognized this republic so far!) and, therefore, not under the protection of the CSTO. And since there have been no attacks on Turkey proper, at least so far, NATO also has no reason to get involved.

I should mention here that in terms of international law, NK is an integral part of Azerbaijan. Still, almost everybody agrees that there is a difference between NK proper and the kind of security zone the army of NK created around NK (see map)

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(note: the Nakhichevan Autonomous Republic is part of Azerbaijan)

The reality on the ground, however, is very different, so let’s look at the position of each actor in turn, beginning with the party which started the war: Azerbaijan.

Azerbaijan has been reforming and rearming its military since the Azeri forces got comprehensively defeated in the 1988-1994 war. Furthermore, for President Aliev this war represents what might well be the best and last chance to defeat the NK and Armenian forces. Most observers agree that should Aliev fail to achieve at least an appearance of victory he will lose power.

Armenia would have been quite happy to keep the status quo and continue to form one country with the NK de facto while remaining two countries de jure. Still, living in the tough and even dangerous “neighborhood” of the Caucasus, the Armenians never forgot that they are surrounded by more or less hostile countries just like they also remained acutely aware of Erdogan’s neo-Ottoman ideology which, sooner or later, would make war inevitable.

Iran, which is often forgotten, is not directly involved in the conflict, at least so far, but has been generally sympathetic to Armenia, primarily because Erdogan’s neo-Ottoman ideology represents a danger for the entire region, including Iran.

Turkey has played a crucial behind the scenes role in the rearmament and reorganization of Azeri forces. Just as was the case in Libya, Turkish attack drones have been used with formidable effectiveness against NK forces, in spite of the fact that the Armenians have some very decent air defenses. As for Erdogan himself, this war is his latest attempt to paint himself as some kind of neo-Ottoman sultan which will reunite all the Turkic people under his rule.

One of the major misconceptions about this conflict is the assumption that Russia has always been, and will always be, on the side of Armenia and the NK, but while this was definitely true for pre-1917 Russia, this is not the case today at all. Why?

Let’s examine the Russian position in this conflict.

First, let’s get the obvious out of the way: Armenia (proper, as opposed to NK) is a member of the CSTO and should anybody (including Azerbaijan and/or Turkey) attack Armenia, Russia would most definitely intervene and stop the attack, either by political or even by military means. Considering what Turkey has done to the Armenian people during the infamous Armenian Genocide of 1914-1923 this makes perfectly good sense: at least now the Armenian people know that Russia will never allow another genocide to take place. And the Turks know that too.

And yet, things are not quite that simple either.

For example, Russia did sell a lot of advanced weapon systems to Azerbaijan (see here for one good example). In fact, relations between Vladimir Putin and Ilham Aliyev are famously very warm. And while it is true that Azerbaijan left the CSTO in 1999, Russia and Azerbaijan have retained a very good relationship which some even characterize as a partnership or even an alliance.

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Furthermore, Azerbaijan has been a much better partner to Russia than Armenia, especially since the Soros-financed “color revolution” of 2018 which put Nikol Pashinian in power. Ever since Pashinian got to power, Armenia has been following the same kind of “multi-vector” policy which saw Belarus’ Lukashenko try to ditch Russia and integrate into the EU/NATO/US area of dominance. The two biggest differences between Belarus and Armenia are a) Belarusians and Russians are the same people and b) Russia cannot afford to lose Belarus whereas Russia has really zero need for Armenia.

On the negative side, not only has Azerbaijan left the CSTO in 1999, but Azerbaijan has also joined the openly anti-Russian GUAM Organization (which is headquartered in Kiev).

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Next, there is the Turkey-Erdogan factor as seen from Russia. Simply put, the Russians will never trust any Turk who shares Erdogan’s neo-Ottoman worldview and ideology. Russia has already fought twelve full-scale wars against the Ottomans and she has no desire to let the Turks trigger another one (which they almost did when they shot down a Russian Su-24M over northern Syria). Of course, Russia is much more powerful than Turkey, at least in military terms, but in political terms an open war against Turkey could be disastrous for Russian foreign and internal policy objectives. And, of course, the best way for Russia to avoid such a war in the future is to make absolutely sure that the Turks realize that should they attack they will be suffering a crushing defeat in a very short time. So far, this has worked pretty well, especially after Russia saved Erdogan from the US-backed coup against him.

Some observers have suggested that Russia and Armenia being Christian, the former has some kind of moral obligation towards the latter. I categorically disagree. My main reason to disagree here is that Russians now are acutely aware of the disgusting lack of gratitude of our (supposed) “brothers” and (supposed) “fellow Christians” have shown as soon as Russia was in need.

Most Armenians are not Orthodox Christians, but members of the Armenian Apostolic Church, which are miaphysites/monophysites. They are also not Slavs.

The ONLY slavic or Orthodox people who did show real gratitude for Russia have been the Serbs. All the rest of them have immediately rushed to prostitute themselves before Uncle Shmuel and have competed with each other for the “honor” of deploying US weapons systems targeted at Russia. The truth is that like every superpower, Russia is too big and too powerful to have real “friends” (Serbia being a quite beautiful exception to this rule). The Russian Czar Alexander III famously said that “Russia only has two true allies: her army and her navy”. Well, today the list is longer (now we could add the Aerospace forces, the FSB, etc.), but in terms of external allies or friends, the Serbian people (as opposed to some of the Serbian leaders) are the only ones out there which are true friends of Russia (and that, in spite of the fact that under Elstin and his “democratic oligarchs” Russia shamefully betrayed a long list of countries and political leaders, including Serbia).

Then there is the religious factor which, while crucial in the past, really plays no role whatsoever in this conflict. Oh sure, political leaders on both sides like to portray themselves as religious, but this is just PR. The reality is that both the Azeris and the Armenians place ethnic considerations far above any religious ones, if only because, courtesy of the militant atheism of the former USSR, many, if not most, people in Armenia, Azerbaijan and even Russia nowadays are agnostic secularists with no more than a passing interest for the “spiritual values which shaped their national identity” (or something along these lines).

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One major concern for Russia is the movement of Turkish-run Takfiris from Syria to Azerbaijan. The Russians have already confirmed that this has taken place (the French also reported this) and, if true, that would give Russia the right to strike these Takfiris on Azeri soil. So far, this threat is minor, but if it becomes real, we can expect Russian cruise missiles to enter the scene.

Finally, there are major Azeri and Armenian communities in Russia, which means two things: first, Russia cannot allow this conflict to sneak across the borders and infect Russia and, second, there are millions of Russians who will have ties, often strong ones, to both of these countries.

Though they are not currently officially involved, we still need to look, at least superficially, at the Empire’s view of this conflict. To summarize it I would say that the Empire is absolutely delighted with this crisis which is the third one blowing up on Russia’s doorstep (the other two being the Ukraine and Belarus). There is really very little the Empire can do against Russia: the economic blockade and sanctions totally failed, and in purely military terms Russia is far more powerful than the Empire. Simply put: the Empire simply does not have what it takes to take on Russia directly, but setting off conflicts around the Russia periphery is really easy.

For one thing, the internal administrative borders of the USSR bear absolutely no resemblance to the places of residence of the various ethnicities of the former Soviet Union. Looking at them one would be excused for thinking that they were drawn precisely to generate the maximal amount of tension between the many ethnic groups that were cut into separate pieces. There is also no logic in accepting the right of the former Soviet Republics to secede from the Soviet Union, but then denying the same right to those local administrative entities which now would want to separate from a newly created republic which they don’t want to be part of.

Second, many, if not most, of the so-called “countries” and “nations” which suddenly appeared following the collapse of the Soviet Union have no historical reality whatsoever. As a direct result, these newborn “nations” had no historical basis to root themselves in, and no idea what independence really means. Some nations, like the Armenians, have deep roots as far back as antiquity, but their current borders are truly based on nothing at all. Whatever may be the case, it has been extremely easy for Uncle Shmuel to move into these newly independent states, especially since many (or even most) of these states saw Russia as the enemy (courtesy of the predominant ideology of the Empire which was imposed upon the mostly clueless people of the ex-Soviet periphery). The result? Violence, or even war, all around that periphery (which the Russians think of as their “near abroad”).

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I think that most Russian people are aware that while there has been a major price to pay for this, the cutting away of the ex-Soviet periphery from Russia has been a blessing in disguise. This is confirmed by innumerable polls which show that the Russian people are generally very suspicious of any plans involving the use of the Russian Armed Forces outside Russia (for example, it took all of Putin’s “street cred” to convince the Russian people that the Russian military intervention in Syria was a good idea).

There is also one more thing which we must always remember: for all the stupid US and western propaganda about Russia and, later, the USSR being the “prison of the people” (small nations survived way better in this “prison” than they did under the “democratic” rule of European colonists worldwide!), the truth is that because of the rabidly russophobic views of Soviet Communists (at least until Stalin – he reversed this trend) the Soviet “peripheral” Republics all lived much better than the “leftover Russia” which the Soviets called the RSFSR. In fact, the Soviet period was a blessing in many ways for all the non-Russian republics of the Soviet Union and only now, under Putin, has this trend finally been reversed. Today Russia is much richer than the countries around her periphery and she has no desire to squander that wealth on a hostile and always ungrateful periphery. The bottom line is this: Russia owes countries such as Armenia or Azerbaijan absolutely nothing and they have no right whatsoever to expect Russia to come to their aid: this won’t happen, at least not unless Russia achieves a measurable positive result from this intervention.

Still, let’s now look at the reasons why Russia might want to intervene.

First, this is, yet again, a case of Erdogan’s megalomania and malevolence resulting in a very dangerous situation for Russia. After all, all the Azeris need to do to secure an overt Turkish intervention is to either attack Armenia proper, which might force a Russian intervention or, alternatively, be so severely beaten by the Armenians that Turkey might have to intervene to avoid a historical loss of face for both Aliev and Erdogan.

Second, it is crucial for Russia to prove that the CSTO matters and is effective in protecting CSTO member states. In other words, if Russia lets Turkey attack Armenia directly the CSTO would lose all credibility, something which Russia cannot allow.

Third, it is crucial for Russia to prove to both Azerbaijan and Armenia that the US is long on hot air and empty promises, but can’t get anything done in the Caucasus. In other words, the solution to this war has to be a Russian one, not a US/NATO/EU one. Once it becomes clear in the Caucasus that, like in the Middle-East, Russia has now become the next “kingmaker” then the entire region will finally return to peace and a slow return to prosperity.

So far the Russians have been extremely careful in their statements. They mostly said that Russian peacekeepers could only be deployed after all the parties to this conflict agree to their deployment. Right now, we are still very far away from this.

Here is what happened so far: the Azeris clearly hoped for a short and triumphant war, but in spite of very real advances in training, equipment, etc the Azeri Blitzkrieg has clearly failed in spite of the fact that the Azeri military is more powerful than the NK+Armenian one. True, the Azeris did have some initial successes, but they all happened in small towns mostly located in the plain. But take a look at this topographic map of the area of operations and see for yourself what the biggest problem for the Azeris is:

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Almost all of NK is located in the mountains (hence the prefix “nagorno” which means “mountainous”) and offensive military operations in the mountains are truly a nightmare, even for very well prepared and equipped forces (especially in the winter season, which is fast approaching). There are very few countries out there who could successfully conduct offensive operations in mountains, Russia is one of them, and Azerbaijan clearly is not.

Right now both sides agree on one thing only: only total victory can stop this war. While politically that kind of language makes sense, everybody knows that this war will not end up in some kind of total victory for one side and total defeat of the other side. The simple fact is that the Azeris can’t overrun all of NK while the Armenians (in Armenia proper and in the NK) cannot counter-attack and defeat the Azeri military in the plains.

Right now, and for as long as the Azeris and the Armenians agree that they won’t stop at anything short of a total victory, Russia simply cannot intervene. While she has the military power to force both sides to a total standstill, she has no legal right to do so and please remember that, unlike the US, Russia does respect international law (if only because she has no plans to become the “next US” or some kind of world hegemon in charge of maintaining the peace worldwide). So there are only two possible options for a Russian military intervention:

  1. A direct (and confirmed by hard evidence) attack on the territory of Armenia
  2. Both the Azeris and the Armenians agree that Russia ought to intervene.

I strongly believe that Erdogan and Aliev will do whatever it takes to prevent option one from happening (while they will do everything in their power short of an overt attack on Armenia to prevail). Accidents, however, do happen, so the risk of a quick and dramatic escalation of the conflict will remain until both sides agree to stop.

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Right now, neither side has a clear victory and, as sad as I am to write these words, both sides have enough reserves (not only military, but also political and economic) to keep at it for a while longer. However, neither side has what it would take to wage a long and bloody positional war of attrition, especially in the mountain ranges. Thus both sides probably already realize that this one will have to stop, sooner rather than later (according to some Russian experts, we are only talking weeks here).

Furthermore, there are a lot of very dangerous escalations taking place, including artillery and missile strikes on cities and infrastructure objects. If the Armenians are really pushed against a wall, they could both recognize NK and hit the Azeri energy and oil/gas infrastructure with their formidable Iskander tactical ballistic missiles. Should that happen, then we can be almost certain that both the Azeris and the Turks will try to attack Armenia, with dramatic and most dangerous consequences.

This conflict can get much, much more bloody and much more dangerous. It is thus in the interests of the entire region (but not the US) to stop it. Will the Armenian lobby be powerful enough to pressure the US into a more helpful stance? So far, the US is, at least officially, calling all sides for a ceasefire (along with France and Russia), but we all know how much Uncle Shmuel’s word can be trusted. At least there is no public evidence that the US is pushing for war behind the scenes (the absence of such evidence does, of course, not imply the evidence of the absence of such actions!).

At the time of writing this (Oct. 9th) Russia has to wait for the parties to come back to reality and accept a negotiated solution. If and when that happens, there are options out there, including making NK a special region of Azerbaijan which would be placed under the direct protection of Russia and/or the CSTO with Russian forces deployed inside the NK region. It would even be possible to have a Turkish military presence all around the NK (and even some monitors inside!) to reassure the Azeris that Armenian forces have left the region and are staying out. The Azeris already know that they cannot defeat Armenia proper without risking a Russian response and they are probably going to realize that they cannot overrun NK. As for the Armenians, it is all nice and fun to play the “multi-vector” card, but Russia won’t play by these rules anymore. Her message here is simple: if you are Uncle Shmuels’s bitch, then let Uncle Shmuel save you; if you want us to help, then give us a really good reason why: we are listening”.

This seems to me an eminently reasonable position to take and I hope and believe that Russia will stick to it.

PS: the latest news is that Putin invited the Foreign Ministers of Azerbaijan and Armenia to Moscow for “consultations” (not “negotiations”, at least not yet) with Sergei Lavrov as a mediator. Good. Maybe this can save lives since a bad peace will always be better than a good war.

PPS: the latest news (Oct 9th 0110 UTC) is that the Russians have forced Armenia and Azerbaijan to negotiate for over thirteen hours, but at the end of the day, both sides agreed to an immediate ceasefire and for substantive negotiations to begin. Frankly, considering the extreme hostility of the parties towards each other, I consider this outcome almost miraculous. Lavrov truly earned his keep today! Still, we now have to see if Russia can convince both sides to actually abide by this agreement. Here is a machine translation of the first Russian report about this outcome:

Statement by the Ministers of Foreign Affairs of the Russian Federation, the Republic of Azerbaijan and the Republic of Armenia

In response to the appeal of the President of the Russian Federation V.V. Putin and in accordance with the agreements of the President of the Russian Federation V.V. Putin, President of the Republic of Azerbaijan I.G. Aliyev and Prime Minister of the Republic of Armenia N.V. Pashinyan, the parties agreed on the following steps :

1. A ceasefire is declared from 12:00 pm on October 10, 2020 for humanitarian purposes for the exchange of prisoners of war and other detained persons and bodies of the dead, mediated and in accordance with the criteria of the International Committee of the Red Cross.

2. The specific parameters of the ceasefire regime will be agreed upon additionally.

3. The Republic of Azerbaijan and the Republic of Armenia, with the mediation of the OSCE Minsk Group co-chairs, on the basis of the basic principles of the settlement, begin substantive negotiations with the aim of reaching a peaceful settlement as soon as possible.

4. The parties confirm the invariability of the format of the negotiation process.

samedi, 10 octobre 2020

L’Europe doit s’inscrire dans la défense de l’espace

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L’Europe doit s’inscrire dans la défense de l’espace

Par Euro Libertes

par Michel Grimard, Président du ROUE

Face à la militarisation accélérée de l’espace par les super puissances, ce qui ne peut manquer d’inquiéter par l’aspect négatif généré sur l’équilibre des forces en présence, l’Europe ne peut rester passive. La domination de l’espace intègre désormais le volet confrontation. De récentes initiatives illustrent cette volonté de conquête et de puissance. En juillet, la Chine a procédé au lancement d’une sonde vers mars, dont les performances n’ont rien à envier à celles qui l’ont précédée. Pékin marque ainsi le degré technologique atteint, qui le hisse quasiment au même niveau que les États-Unis.

En juillet également, par l’intermédiaire des Émirats-Arabe-Unis, le monde Arabe est entré dans la compétition en lançant une sonde d’exploration de Mars. Même si une aide américano-japonaise les a confortés, l’exploit demeure. L’appareil, appelé « Al-Amel » (l’espoir), est de création émiratie. Le départ de deux astronautes vers la Station Spatiale Internationale, réalisé en mai par SpaceX, est un nouveau défi à l’Europe, via Ariane. Parfaitement abouti, il porte une double réussite, en s’affirmant comme un sérieux concurrent d’Ariane et en libérant les États-Unis de leur dépendance à la Russie. L’aspect pacifique, trompeur, de ces initiatives abrite un germe belliqueux.

Scruter le cosmos n’est plus la seule préoccupation des terriens. Ils ont malgré le traité de 1967 sur l’espace, qui bannit le déploiement d’armes de destructions massives, notamment nucléaires, commencé à le militariser. Si Washington a marqué sa volonté d’occuper une place prééminente dans l’espace, la Chine a montré qu’elle n’entendait pas être absente. Déjà, en janvier 2007, en procédant à un tir antisatellite et actuellement, avec le décollage de sa sonde pour explorer Mars. Garder leur totale liberté d’action dans l’espace est conforme à la politique spatiale des États-Unis, définie le 31 août 2006.

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Aussi parler de simple surveillance de l’Univers, comme le font les Européens, est périmé. La course qui conduit à la militarisation de l’espace, y compris sous l’aspect d’armes antisatellites, semble désormais difficile à contenir, surtout si cette présence spatiale apparaît comme un élément de défense absolument vital. Dépasser l’exploration est devenu la règle. En mars 2019, par un tir de missiles capable d’abattre un satellite dans l’espace, l’Inde a pris sa place parmi les pays détenteurs de ce record.

Récemment, la Russie s’est vue accusée par le commandement spatial américain d’avoir « conduit un test non-destructeur d’une arme antisatellite depuis l’espace ». Moscou a aussitôt rétorqué que le test n’était ni menaçant, ni contraire au droit international. Au-delà des polémiques, la militarisation de l’espace ne fait aucun doute.

Actuellement, les yeux des Européens, plus particulièrement de la France, se sont dessillés. Des déclarations ainsi que des actes, montrent que le danger et la nécessité d’y parer sont devenus une évidence. Après une longue période d’observation, teintée de naïveté, notre pays prend la mesure de l’importance que revêt le sujet.

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La ministre des armées, Florence Parly, semble avoir saisi tout l’enjeu de cette présence dans l’espace où s’accélère la volonté de domination. Elle a livré son sentiment en déclarant « Les menaces sont tangibles. Face à ce nouvel ordre des choses, nous devons être prêts ». Même constat, un an plus tôt en 2019, du Général Michel Friedling, commandant interarmées de l’espace « L’espace étant à la fois, un enjeu économique majeur et un milieu essentiel à la supériorité militaire, la coopération sera demain un champ de confrontation ». L’état-major de l’armée de l’air, désormais état-major de l’armée de l’air et de l’espace, a fait de cette dernière attribution, un domaine stratégique. La ministre des Armées, qui entend mettre en place les moyens de le sécuriser, a énoncé plusieurs dispositions en matière de surveillance et de défense. Développement du grand commandement de l’espace, basé à Toulouse, augmentation des investissements du secteur, dotation de caméras à 360 degrés, de satellites patrouilleurs, de lasers de puissance, notamment.

Malgré ses louables efforts, les investissements de la France dans le spatial militaire et civil sont bien en deçà des principales puissances championnes de l’espace. Ils représentent 12 fois moins que les États-Unis, 3 fois moins que la Chine et moins que la Russie. Les Américains qui demeurent dominants, entendent bien conserver leur position. Ils disposent encore de tous les moyens qui assurent cette suprématie, l’écoute, l’observation, la détection, la communication, le positionnement et l’alerte.

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L’Europe peut relever le défi en adoptant, notamment, deux dispositions. Premièrement, en dotant le spatial militaire d’investissements conséquents, à l’image du civil qu’elle a pourvu d’un budget de 14,4 milliards d’euros. Bien sûr, l’Agence Spatiale Européenne peut indirectement servir le côté militaire, mais elle est avant tout civile. Deuxièmement, en intégrant les différents systèmes des pays européens, relatifs à l’espace. L’importance de la mise en place de cette défense spatiale, pour l’indépendance de l’Europe, appelle à œuvrer selon l’esprit qui a prévalu pour l’ESA, à travers Ariane et Galileo. Toutefois la cohérence voudrait qu’à la défense éclatée de l’Union, se substitue une défense européenne unie et indépendante.

Particulièrement cruciale pour l’équilibre de la paix, l’espace ne peut échapper à une vigilance accrue de l’Europe.