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T. Hobbes, de "l'état de nature" ou de l'insociabilité de l'homme
La "Loi contre le Séparatisme" en France et la "Guerre Civile" menaçante
Hobbes, la société sans maître et la dictature consulaire
L'impérialité mutipolaire et ses guerres
Diplomatie et guerre. Sur les grandes rivalités hégémoniques
Le "Mémorandum Crowe" et la rivalité anglo-allemande
La "Déclaration Stoltenberg" et la rivalité sino-américaine
La prise de conscience historique et la subordination de la démocratie à l'hégémonie
La dés-occidentalisation du monde et l'asymétrie des volontés
L'amplification des dangers et la guerre de demain
Hétérogénéité du système et multipolarité
Fin de la stabilité hégémonique et monde post-occidental
"Conflits en chaîne" ou "révolution systémique"?
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Paix et guerre, une coexistence historique
Scruter les signes c'est maîtriser l'avenir, car tout est signe et indice dans les plus hautes combinaisons stratégiques! Dans le domaine de la menace et du défi de la mort imminente, toute mutation exige déchiffrement et interprétation, car le réel est instable et s'habille de configurations transitoires en mutation permanente. Agir c'est non seulement prévoir, mais interpréter les formes, à partir de manifestations infimes. En effet on peut passer soudainement de la prééminence stabilisatrice d'une politique sans combat, la dissuasion réciproque, à une stratégie de frappe en premier. Ce qui est constant dans l'affrontement belliqueux, c'est la destruction sanglante et la mort à grande échelle. Les pays faibles ou affaiblis deviennent des proies pour leurs rivaux prédateurs, car dans la guerre la violence est originelle et comporte, comme idée maîtresse, le principe d'anéantissement. En tant qu'action guerrière elle conjugue stratégie et politique et oppose l'affrontement à l'évitement du combat. Elle doit porter un préjudice à l'ennemi et pas seulement le tromper par la ruse. Pour les réalistes, une fois déchaînée, la guerre s'érige en sujet et refuse tout modèle et toute maîtrise à son encontre,car elle se commue en royaume de l'incertitude et en brouillard. Elle devient un pari, pris sur la décision et une affaire aventureuse et aléatoire. Puisque la guerre, en tant que conflit de grands intérêts reglé par le sang, est un acte de violence poussé à ses limites extrêmes et destiné à contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté, quelle est sa nouvelle nature et quel sont les signes avant coureurs de la guerre de demain? Une ambition, une nécessité politique, une rupture? Si le centre de gravité de la guerre repose sur la psychologie des duellistes et sur leurs volontés de se battre, le fondement de leur nature est dans l'homme lui même. La concrète historicité du conflit repose sur les moyens, les modalités et les techniques, mais le principe de la guerre est an-historique. Ce principe est ancré dans l'inimitié et l'hostilité radicales, constamment renouvelés par la politique. Il est enraciné dans la nature imparfaite de l'homme et de la société, ainsi que dans le prix du sang à payer pour la course improbable vers le principe de coopération et la métaphysique de la paix. La guerre n'est pas une arène de la raison, même si l'histoire mondiale est un tribunal qui a pour mission de gouverner le monde. L'aphorisme d’Héraclite selon lequel "Polemos, pater panton" (la guerre est le père de toutes choses), exprime l'idée selon laquelle la loi plus générale, inexorable et immuable de la nature exige un gouvernement par l'homme des instincts fondamentaux et primaires, la bellicosité et la "jealous emulation", qui mènent irréversiblement à la guerre. Celle-ci cependant a un but constant, de créer de nouvelles relations de coopération, bref une paix plus sûre et meilleure. Gouverner au même temps la paix et la guerre est la tâche suprême de la politique mondiale, car la paix et la guerre, qui coexistent dans le monde, constituent les deux revers d'une même médaille, l'expression de l'autonomie de l'hommes des conditionnements de la vie sur terre, naturels et sociaux, surnaturels et physiques, coercitifs et libres.
Gouverner la guerre?
Gouverner la guerre! C'était l'ambition de la grandeur, de César à Napoléon, à Hitler! Gouverner le conflit c'est l'ambition du politique; bref de la politique et de l’État, ou de l'ubiquité du culturel et du social, par la contrainte du stratégique et du militaire. Les théories de la guerre et les philosophies de l'histoire constituent les deux revers de l'être et du devoir être, comme contradiction du réel et de l'idéal, sous la législation de l'intention hostile et de l'Histoire turbulente, autrement dit, d'une idée pessimiste de l'homme, gouverné par la chute, par le Mal et par la nature insociable de l'homme (Hobbes). L'homme gouverné par le fanatisme du Bien ne peut être conduit que par l'idée d'une croisade ou par une inspiration faible, celle de la paix, de la seule coopération et d'un multilatéralisme de groupe, bref, par une "gouvernance civile" et a-stratégique (Union européenne) ou par une "défense collective" (OTAN), menées sous la houlette d'un tutorat brutal (américain).
Le prix de la mort et de la destruction inhérent à la guerre exige une qualité civique, la citoyenneté et une légitimité incontestable, celle d'un pouvoir souverain, maître de la décision d'exception, l'ouverture des hostilités, du commandement politique, l'ordre de mourir, et de l'insatiable volonté de nuire et de détruire, plier la volonté de l'autre ou des autres.
La guerre commence, s’affirme et se termine par la destruction de tout système dogmatique de pensée. Elle résulte à chaque fois et d'abord d’une percée intellectuelle. Or, le système dogmatique de nous jours, en Europe, consiste à émousser par le droit, l’économie, le scientisme et l’humanitaire, l’effet brutal de l’épée, du sang, de la destruction et de la mort. En effet c’est l’élément culturel qui constitue le concept d’ennemi et avec lui tout concept de guerre.
T. Hobbes, l'état de nature ou l'insociabilité de l'homme
Thomas Hobbes, lorsqu’il s'exprime sur la guerre avait été précédé par Machiavel, Grotius et Pufendorf et ces deux derniers par la prééminence philosophique d'Aristote et de Cicéron. Leurs postulats implicites vont commander aux spéculations sur la guerre de demain, en distinguant ce qui est variable, l'historicité des moyens et des modes de combat, soient-ils stratégiques ou tactiques, de leurs traits invariants et marquants, le caractère politique de la guerre et l'occurrence an-historique de l'affrontement belliqueux. Les occasions infiniment renouvelées d'hostilités entre les hommes et entre les États imposent la distinction sur les différents usages de la violence brute, puisque la guerre implique la mise un œuvre planifiée et à long terme d'une politique de défense et de sécurité, à caractère proprement géopolitique et stratégique. La politique de défense est fondée sur la taille de l'ennemi, la passionalité du peuple, l'espérance politico-stratégique de gain, les prévisions des buts, le calcul des moyens, les renseignements disponibles, l'état de la société et l'univers de la parole et des images, qui sont des pouvoirs puissants et inséparables de la pratique de la guerre. Il s'agit des aspects tactiques et opérationnels, ceux de la bataille, des duels et de la conquête des cœurs. Tout autre est par contre l'importance, pour la transformation du champ diplomatique et par les acteurs aux prises, de la constitution de coalitions et d'alliances, afin d'équilibrer ou déstabiliser le jeu adverse et maintenir ou consolider la cohésion entre les alliés, autour de principes communs. Le débat actuel sur la guerre de demain, robotisée, numérisée, atomique et spatiale appartient au domaine du combat et du terrain, tandis que l'état d'insécurité appartient à l'ordre dominant des États, à la condition hiérarchique et au même temps chaotique des unités politiques, à leurs équilibres et rapports de forces, ou en d'autres termes, à l'état de nature perpétuelle "des monstres froids". Cependant l'expérience de la guerre entre les États, qui a été lourdement oubliée par les européens, n'ajoute rien à la guerre civile entre citoyens et non citoyens, à l'intérieur des différents pays-membres (entre croyants en la valeur de l'autorité établie et opposants de toute nature au principe d'autorité et de leadership, principalement étrangers). La guerre entre puissances souveraines est en effet de même nature que celle entre races, ethnies et peuples, décolonisés, insurgés, anarchistes, LGBT, wokistes et black-matters, qui vivent dans les entrailles des sociétés et pullulent dans le désordre de ses ruines. Il s'agit d'assemblages chaotiques de masses sans "surmoi", encore endormies dans l'esclavage intellectuelle de l'humanité, qui n'a jamais cessé d'exister et qui perdure dans l'illusoire robotisation des esprits, sous le vernis hideux de l'égalité et de la civilité apparente.
La "Loi contre le Séparatisme" en France et la "Guerre Civile" menaçante
Tout vaux mieux, pour Hobbes, que la guerre civile. La France voudrait l'éviter, tardivement, par la "loi contre le séparatisme" et pour le "Respect des principes de la République", votée à l'Assemblée Nationale le 23 juillet 2021. A propos de la guerre civile,dont le risque est cachée sous le terme de "séparatisme", une analogie s'impose. En situant "l'état de nature" qui caractérise las rapports inter-étatiques au même niveau que celui des rapports internes, Hobbes donne tout son sens aux relations d'hostilités qui assimilent en profondeur les deux types de guerre, la crainte permanente de la mort violente, ou encore la désagrégation des États. Ainsi "l'état de société" ressemble à "l'état de nature", et celui-ci est déjà la guerre de demain, mais de l'intérieur. Or, puisque "l'état de nature" est identifié à l'hostilité et au chaos, l'état d'insécurité qui en résulte est une condition de déchirement, où le pouvoir commun cesse d'assurer l'ordre et la sécurité et chacun reprend en main son droit de se défendre par lui même (Jus gladii privati). Cette condition de dissolution et de calamité, si semblable aux "zones de non droit" des banlieues françaises, soumises à une loi incompatible avec celle de l’État en place, la Charia, fait naître le besoin d'un maître, car n'importe quel régime ou quelle tyrannie vaux mieux, dit Hobbes, qu'une société sans maître et sans lois. Sans un gouvernement "d'arbitrage", au sens de l'équilibrage des forces et de gouvernement des affaires courantes, les hommes et les groupes vivraient dans un état de "guerre civile permanente".
Hobbes, la société sans maître et la dictature consulaire
Là où les regroupements sociaux ont de surcroît des appartenances culturelles et civilisations antagonistes et étrangères, comme en beaucoup de pays occidentaux, la fonction d'arbitrage du pouvoir doit s'imposer comme autorité inconditionnelle et, si nécessaire, comme "dictature consulaire" ou dictature transitoire, appuyée sur les légions, plutôt que sur le Sénat, sur la décision plutôt que sur la délibération sans fin. La dictature consulaire n'est guère à confondre avec la tyrannie, qui est l'abus de pouvoir de gouvernants qui se placent eux mêmes en état de guerre contre le consensus des dominés, suscitant une "rébellion". Un tel recours à l'arbitraire de la part des gouvernants, typique de l'état de nature et de l'absence de lois qui le caractérise, provoquerait, chez les individus, d'après Locke, le droit naturel de se défendre. Le but d'éviter une rechute dans le chaos et d'éviter la dissolution de la société, qu'elle puisse s'appeler, France, Allemagne ou Europe, rend plausible, suivant les classiques, un recours à un gouvernement, qui embrasse à la fois les deux concepts, de paix et de guerre,afin de préserver la cohésion sociale De paix, puisque la paix n'existe pas en nature et elle est l’œuvre de la politique et de l’État et de guerre, sanglante et brutale, car la guerre, en vue de la paix civile est un moyen en vue de sa fin,autrement dit, la pacification durable des hommes. En réalité, si la paix a pour cadre général et artificiel la société civile, elle s'accomplit dans la cité et dans la nation. En Europe, selon le modèle augustinien de la séparation des deux cités, de Dieu et de César, en Islam, selon la loi divine, supérieure et unique du Coran. Guerre de religions et guerre des dieux ? C'est l’enjeu de la guerre de demain sur le plan intérieur. La guerre, comme gouvernement de la coexistence entre les États, implique une coexistence complexe de la paix et de la guerre et donc un difficile gouvernement du système-monde. Le désordre chaotique des États et de leurs regroupements géopolitiques doivent en somme cohabiter avec "l'insociable sociabilité" des sociétés civiles de Hobbes. Dans ce cas, l'idée de paix fait figure d'ultime rationalité de l'espoir humain.
L'impérialité mutipolaire et ses guerres
La guerre inter-étatique de demain sera dictée, comme toujours, par un cumul de crises sans issues. La recherche d'un espace de liberté de la part des unités politiques majeures sera portée par la logique de prééminence ou de suprématie, qui ne coïncidera pas toujours avec le concept d'impérialité hégémonique et sa vision. La naissance de celle-ci a précédé la naissance de l'Europe et a comporté une série séculaire d'affrontements sanglants. Quant à l'Europe d'aujourd'hui, structurellement allergique à tout projet de prise de souveraineté et à toute culture agonistique, ses guerres seront dictées et presque imposées par son avenir eurasien et euro-atlantique, une posture inconfortable qui la lie, par l'histoire à son passé civilisationnel et par la géopolitique à sa dimension euro-continentale. Les formes politiques de ces enchevêtrement de conflits ne serons plus celles menées par les démocraties parlementaires des États nationaux, mais celles autocratiques ou présidentialistes des empires continentaux de jadis.
L'Europe des nations, issue du reflux de la mondialisation (2015-2021), n'est plus celle des nationalismes offensifs et rivaux des entre deux guerres, mais celle de la sauvegarde de leurs identités menacées. Le contenu de l'idée nationale est autre aujourd'hui que par le passé. La politique de dissociation nationale (Brexit) et d'intégration impériale (atlantisme), répugne à la France, isolée et déclinante, mais séduit l'Allemagne montante, dépourvue de la vieille conscience historique et passée de la doctrine du "peuple-maître" à celle du "peuple-partenaire", mal cousue dans les habits d'un fédéralisme administratif et d'un européanisme exsangue. La France, minée de l'intérieur par l'effondrement de l'autorité est à l'aube d'une "surprise stratégique" venant de l'intérieur, par la remise en cause, qui lui sera fatale, de son unité constitutive, le peuple-nation.
Quelle que soit la part de l'Europe dans les batailles pour la suprématie du système, la victoire militaire, au plan historique, sera t-elle encore, celle des puissances maritimes, auxquelles elle appartient? Dans une conjoncture totalement inédite, les guerres majeures de demain seront des guerres d'une impérialité multipolaire, à échiquier systémique, à projection planétaire et au choc violent et rapide, dévalorisant le principe de l'équilibre des forces. Les acteurs mineurs, européens et asiatiques, joueront leur partition robo-numérique, en vassales de chaque pôle, sous la coordination autoritaire des trois maîtres dominants de bloc (États-Unis, Chine et Russie), et les buts de guerre assignés, excluront toute paix de compromis.
Il s'agira de guerres d'anéantissement ou de soumission, car la violence paroxystique de leurs concepts stratégiques excluront toute coexistence civilisationnelle. L'enjeu sera, dès le début, une impérialité sans partage et celle-ci aura une dominance, scientifique, cognitive et intellectuelle, qui soumettra l'affrontement global, aux ambitions et aux projets de leurs maîtres.
Le monde des Impérialités établies sera soumis à une sorte de "soft balancing" de la part des puissances régionales existantes, réagissant, en contre-tendance, à toute politique de primauté. Cette évolution n’infirme pas la considération de fond que la solution des problèmes majeurs exigera toujours une intervention ou un soutien de la part des puissances majeures. L’avenir du multilatéralisme, asservi à la logique des grandes puissances sera un multilatéralisme de groupe, qui pourra jouer un rôle influent, à la condition qu'il y soient inclus les grands acteurs du système.
Quoi donc de la future distribution des pouvoirs intermédiaires, ou encore de la démographie et des ressources? Quoi de la justification et de la légitimité des nouvelles hiérarchies et des nouveaux souverains-gouverneurs? Dans ce nouveau Moyen-Age post-moderne de l'affrontement, nous assisterons à l'émergence d'une nouvelle sacralité du pouvoir,ritualisé avec des liturgies modernisés, à la manière des anciens royaumes, légitimant, aux jeux des opinions, la victoire de la robotique guerrière et de la puissance numérique. Entre l’Égypte des Pharaons et la ruche des abeilles, l'architecture des souverainetés impériales choisira les formes de soumission du travail planétaire et le nouveau servage des continents, où des lutte pour la liberté, marginales et rebelles, rappellerons l'ancien mythe de Sisyphe.
Les masses dépolitisées des ingénieurs, scientifiques, business-man et financiers, apporterons leurs savoirs et compétences aux plate-formes systémiques des États majeurs, jusqu'à la surveillance semi-permanente des données sensibles. La géopolitique des données constituera le reflet et la substance de cette rupture culturelle et scientifique .
In fine, dans ce tournant décisif du procès historique, l'opprobre impérial tombera sur la démocratie, l'égalité et l'histoire sociale du progrès et la nouvelle ère sera inégalitaire, positiviste, post-humaniste et post-hégélienne, dessinée par la force de transformation des rivalités de la triade (Chine, États-Unis et Russie) et par la montée des périphéries du monde.
A partir d'ici, l'histoire du futur engendrera une nouvelle guerre contre la renaissance de la dialectique de la raison, philosophiquement iconoclaste et l'Impérialité s'en défendra avec acharnement. Le rêve même de la grande Harmonie se désagrégera alors de l'intérieur et tombera en ruine, enfermé par la grande muraille de l'oubli et des utopies.
Un débat se fait jour dans l'immédiat sur la guerre inter-étatique de demain, s'interrogeant sur la forme que prendra le conflit, de haute intensité, de "guerre sans limites", ou encore de "guerre invisible", secrète et souterraine? La conjoncture que nous vivons, par sa réticence dans l'emploi de la force militaire de la part des acteurs majeurs de la scène internationale et de de l'extension visible des domaines de l'affrontement, impliquera "un changement de la grammaire stratégique, mais pas de la logique de la guerre" (Clausewitz). Il en résultera un nouveau visage de la guerre, profondément modelé par la révolution technétronique et par le complexe militaro-numérique, qui affecte la stratégie des moyens et le champ de bataille, provoquant une inversion de l'innovation qui va désormais du civil au militaire et du stratégique au politique.
L'impérialité, comme tendance à la suprématie et à l'empire découle d'une vision moniste de l'histoire, à la différence de la multipolarité, fondée sur l'hétérogénéité et le pluralisme des États, unifiés par l'unicité du système et distincts par la race, par la culture et l'histoire.
Diplomatie et guerre. Sur les grandes rivalités Hégémoniques
Le "Mémorandum Crowe" et la rivalité anglo-allemande
Dans le contexte des théories sur la "montée pacifique" de la Chine et sur l'avènement d'un "monde harmonieux", le niveau d'assurance de ces déclarations dépend du niveau de crédibilité de la diplomatie et du degré de confiance, induit par la stabilité régionale. Ces deux référents peuvent être compromis par le développement de la technologie et des systèmes d'armes, conçus en vue d'acquérir une avancée stratégique significative et cet impact amène en retour à une course aux armements et à des risques de conflits. C'est au sujet d'une analyse comparée des équilibres internationaux du concert européen du XIXème et des perturbations dans le calcul des rapports de force, successifs à l'unification de l'Empire allemand en 1871, que le débat sur le destin national de la Chine (2007-2010), a suscité une quête sur les sources de la confiance d'un pays millénaire, la tradition, l'idéologie et l'esprit national. L'analyse historique semble avoir démontré que les causes du conflit de la première guerre mondiale en Europe furent moins les structure des rapports de forces issus de l'unification allemande, que les enjeux et les ambitions des élites de l'Empire et, parmi d'autres importants facteurs, le plus influents de tous, le nationalisme et les irrédentismes diffus. La rivalité anglo-allemande, qui se greffait sur cette tension permanente, domina la politique européenne de la fin du XIXème, lorsque le monde se résumait à l'Europe et fut caractérisée par les difficultés d"une diplomatie rigide et sans flexibilité, limitant le champ d'action des principaux pays du concert européen. En effet, compte tenu de l'unification de l'Allemagne montante, qui se sentait entourée d'hostilité et de limites à son influence, poussa le Foreign Office britannique à s'interroger sur la menace objective de l'Empire allemand, pour sa survie et pour la compatibilité de la montée en puissance, surtout navale, d'un pays continental, avec l'existence même de l'Empire britannique.
Aujourd'hui comme hier la compétition est devenue stratégique et la limitation des espaces de manœuvre consentis, a provoqué la lente création de deux blocs d'alliances rivales, auxquelles le nationalisme ou le souverainisme renaissants fournissent l'aliment idéologique pour les futurs belligérants. En ce qui concerne l'analogie historique, toujours imprécise, entre la situation européenne du XIXème et celle eurasienne du XXIème, la question de fond,qui préoccupait la Grande Bretagne de l'époque et les États-Unis d'aujourd'hui, était de savoir si la crise d'hégémonie et le problème de l'alternance qui iraient se manifester, étaient dus à la structure générale de la configuration du système ou à une politique spécifique de l'un ou de l'autre des deux "compétitors" et si, in fine, l'existence même de l'empire américain serait menacée et avec elle, celle de l'Occident et de la civilisation occidentale, jusqu'à sa variante russo-orthodoxe. Le "Mémorandum Crowe", dans le cas de l'Allemagne montante et dans le cadre d'une analyse de la structure de la puissance, concluait pour l'incompatibilité entre les deux pouvoirs, britannique et allemand, et excluait la confiance et la coopération de la part de la Grande Bretagne. Ainsi l'importance des enjeux, interdisait à celle-ci d'assumer des risques et l'obligeait à prévoir le pire. Ce qui arrivera avec la première et deuxième guerre mondiales.
La "déclaration Stoltenberg" et la rivalité sino-américaine
Y t-il quelque chose d'équivalent du "Mémorandum Crowe" dans la crise d'hégémonie des États-Unis et dans la montée en puissance de la Chine, comparable à celle des deux pouvoirs anglo-allemand du XIX /XXème siècle et, dans notre cas à l'existence même de l'Occident?
Partie et juge de ce "Grand-Jeu" d'alternance historique, l'Alliance Atlantique, devenue une alliance de sécurité à perspective globale, par la voix de son Secrétaire Général, Jens Stoltenberg, a souligné l'importance du "moment charnière" de l'OTAN, dans le but de relever la gravité de l' inversion de prééminence entre États-Unis et Chine et l'exigence, pour les puissances occidentales, d'en relever le défi.
L'hégémonie chinoise paraît inacceptable à l'Amérique impériale, comme l'allemande à la Grande Bretagne du XIXème siècle et, par l'intermédiaire de l'OTAN en Europe et de l'Anzus en Extrême Orient, elle doit apparaître comme telle, à une grande partie de ces pays.
Ainsi le Sommet du 15 juin 2021 à Bruxelles pourra-t-il avoir la même signification et portée pour les États-Unis que le "Mémorandum Crowe" pour l'empire britannique du XIXème? L’ambiguïté des interprétations n'exclut pas le risque du pire. Donner la priorité à l'isolement de la Chine et à la désescalade avec la Russie, en a été la lecture plus optimiste pour le destin de l'Occident L'idée de créer une alliance mondiale des démocraties à deux pôles, l'OTAN, pour le théâtre européen et le Quad (Usa, Japon Australie et Inde) pour l'Asie-Pacifique, a justifié, en arrière fond, deux projets concordants, une indépendance politique et une autonomie stratégique de l'Europe vis à vis des États-Unis et simultanément la recherche d'un apaisement vis à vis de la Russie. Face à la résilience de l'Alliance atlantique et à l'influence grandissante de la Chine, la menace immédiate est apparue cependant celle de la Russie (Ukraine, Bélarus et Pays Baltes), restaurant la confiance contradictoire des élites asservies à l'Amérique déclinante.
La prise de conscience historique et la subordination de la démocratie à l'hégémonie
Ainsi, sommes nous étonnés qu'une alliance politique et militaire (l'OTAN), à un "moment charnière" de son histoire, fonde, par une déclaration de son Secrétaire général, sa prise de conscience historique sur un tournant décisif dans l'évolution du monde comme géopolitique accomplie et qu'elle présente ce moment comme une leçon pour l'avenir et comme une liaison du présent et du passé? Moment éclairant ou paradoxe sans précédents? Que signifie-t-elle cette conscience, si non l'inscription de notre futur proche dans les déterminismes des grandes forces historiques, autrement dit dans les traits originaux d'une conjoncture planétaire, où une seule question est essentielle: "Le "Grand Jeu" du XXIème siècle se passera-t-il à l'intérieur du système ou sera-t-il une remise en cause de ce dernier, remettant en question la structure et la hiérarchie de celui-ci et renversant la civilisation de l'Occident?" Dans cette perspective le dilemme de la paix et de la guerre n'est plus une pure hypothèse, mais un alignement nécessaire à Hégémon, dont la portée transcende le conjoncture et concerne l'histoire de l'humanité toute entière. Avoir l'idée d'être engagés dans l'histoire suppose, pour une collectivité donnée,d'avoir une vision plus large de la simple connaissance, incluant un choix d'action, comme un engagement "libre" et à haut risque.
Concrètement et stratégiquement l'antagonisme sino-américain au Sommet de Bruxelles, a pris le dessus sur le rapprochement russo-chinois, de telle sorte que la logique de la contingence transforme la nature traditionnelle des concepts et que la démocratie devient un instrument de l'hégémonie (et pas le contraire); une modalité pour garder ou pour atteindre le pouvoir global, puisque la protection et la sécurité sont conditionnées par l'obéissance (Hobbes).
Dès lors le débat sur le "destin national" (Liu Mingfu), qui s'est tenu en Chine dans les années 2010, a quitté le terrain du politique pour devenir le mode de penser d'une civilisation en marche et d'un puissant univers qui ré-émerge et s'affirme (Chine) à l'échelle mondiale.
La menace régionale est devenue systémique et elle n'est plus seulement d'ordre militaire mais repose sur l'unité organique d'un "sens", qui mobilise les esprits et les forces de toute une époque et trouve sa forme accomplie non pas dans un régime politique précaire et abstrait (la démocratie et l'universalisme politique régnant et contingent), mais dans l'empire, la forme "perfectissima" du gouvernement des hommes, transcendant la politique et les changements séculaires des équilibres des pouvoirs.
Pouvons nous dire avec certitude qu'une hégémonie politico-culturelle sur l'Eurasie, plus encore qu'une supériorité politico-stratégique menace l'indépendance des autres États du monde et l'existence même de leur souveraineté?
La logique du doute est de méthode, car le critère de l'ami et de l'ennemi reste latent dans la politique intérieure et sert à briser toute opposition (Navalny, Hong-Kong, Taïwan, Xinjiang), remettant en cause la distinction traditionnelle de légalité et de légitimité, poussée à son extrême dans la politique internationale. L'ennemi devient une puissance objective et hostile et c'est là, dans les "moments charnière" de Stoltenberg, que la tension latente devient active et maintient l'histoire du monde en mouvement
La confiance stratégique et la coopération authentique d'un Sommet de l'OTAN pourront elles interdire, freiner ou retarder la confrontation ou le "duel du siècle"? De la part de qui et sous quelle forme viendra-t-elle la décision? Sera-t-elle individuelle ou collective, proche ou à long terme, vue l'énormité des enjeux et la rupture de la digue, fissurée par l'antagonisme des mondes, qui retient l’Himalaya et le Tibet de leur glissement tectonique vers les deux Océans, Indien et Pacifique, eux mêmes périclitants.
La désoccidentalisation du monde et l'asymétrie des volontés
Les formes de antagonisme dans les différentes régions de la planète est l'un des thèmes majeurs du "Rapport de la CIA sur l’État du monde en 2020", publié en 2005, au titre significatif: "La désoccidentalisation du monde". Celle-ci peut être résumée à une augmentation des dépenses militaires, bien supérieures à celles de l'Europe et donc à une inversion de l'asymétrie des moyens, comme preuve d'une asymétrie des volontés.
Dilemme global, dans un cadre géopolitique planétaire et contraignant, celui d'un système international en pleine transformation, dont les principes constitutifs, la hiérarchie et les interdépendances, sont contestés et remises en cause politiquement.
Le concept-clé de cette remise en discussion est celui de monde multipolaire et le cadre dominant celui de sa triade, États-Unis, Russie et Chine. L'Europe en revanche est entrée à nouveau dans un processus d'instabilité et de désagrégation (Brexit, fissuration est-ouest, tensions euro-turques, crises migratoires etc). Le terme extrême et radical de cette transformation s'appelle "guerre" et celle ci concerne la configuration système lui même, sa hiérarchie et sa philosophie, bref, son pouvoir et son impérialité historique.
L'amplification des dangers et la guerre de demain
Scruter les signes de cette évolution c'est maîtriser l'avenir, car tout est signe et indice dans les plus hautes combinaisons stratégiques! En effet on ne combat pas les accidents mais les vagues montantes et irrésistibles. Or, la guerre de demain c'est la menace d'aujourd'hui, qui grandit sous un nouveau visage et au cœur des défis les plus grands. La guerre de demain n'est pas seulement limitée à la modification du visage apparent de la guerre ou à sa "grammaire", mais, et encore plus, à l'extension de sa "logique" profonde, politique et systémique.
Cette logique s'appelle direction de l'histoire, ou, en d'autres termes, inversion d'une hégémonie montante, que nous appelons une 'impérialité, élevée à la sommité des événements par le sentiment métaphysique de l’homme. Or dans les guerres s'affrontent les peuples qui partagent les mêmes métaphysiques ou les mêmes dieux et toutes les divinités de la lutte, même endormies, sont réveillés par les passionalités des peuples en situation de danger.
Ainsi nous pouvons dire, par une sorte d'analogie hasardeuse, que la perte de l'unité stratégique de l'Occident, la crise des démocraties, l'émergence des régimes autoritaires et l'ère de la démondialisation actuelle, coïncident avec une période d'amplification des dangers, représentés par des ruptures de la rationalité dissuasive et, au niveau conventionnel, par des combats déréglés, hybrides et hors limites.
Hétérogénéité du système et multipolarité
Enfin, compte tenu de l'hétérogénéité du système, cette situation engendre une stratégie défensive de la part d'Hégémon, consistant à anticiper la dissidence de membres importants de la communauté d'appartenance (sortie de la Grande Bretagne de l'UE et l'éloignement de l'UE des États-Unis), en maintenant au même temps la cohésion des alliances (OTAN/ANZUS).
Au niveau des nouvelles incertitudes et des nouveaux défis, l'Europe aura des difficultés à établir une connexion entre la diplomatie multilatéraliste, pratiquée jusqu'ici et la diplomatie multipolariste dominante dans la scène planétaire. Le multipolarisme s'affirme comme tendance à la régularité classique des regroupements politiques dans l'organisation des relations internationales et la compréhension de cette évolution exige, aux vues de la puissance dominante du système (les États-Unis), de faire recours à deux grandes interrogations :
- Quelle stratégie adopter vis à vis d'une grande coalition eurasienne et anti-hégémonique, Russie-Chine-Iran ?
- Quelles hypothèses de conflits ouverts entre pôles et quels scénarios de belligérance entre pôles continentaux et pôles insulaires.
Fin de la stabilité hégémonique et monde post-ioccidental
La question qui émerge du débat sur le rôle des États-Unis, dans la conjoncture actuelle, en Europe et dans le monde, est de savoir si la "stabilité hégémonique" (R. Gilpin), qui a été assurée pendant soixante dix ans par l'Amérique, est en train de disparaître, entraînant le déclin d'Hégémon et de la civilisation occidentale, ou si nous sommes confrontés à une alternance hégémonique et à un monde post-occidental. La transition de la fin de la guerre froide au système unipolaire à intégration hiérarchique incomplète s'est précisé comme une évolution vers un pouvoir partagé et un leadership relatif.
La transition nouvelle (celle de la nouvelle guerre froide), s'est manifestée comme :
- l'incapacité d'Hégémon d'imposer un ordre planétaire contraignant et comme lente décomposition du moment américain (déclin progressif de l'unipolarisme capacitaire et de l'unilatéralisme décisionnel).
Cela s'est traduit:
- par le passage de la "global dominance" de la période unipolaire au "global leadership", qui définit une série d'équilibres de réseaux et une fonction d'arbitrage que la puissance dominante (USA) exerce au sein de ses équilibres de réseaux.
En ce sens, le "leadership global" des États-Unis, face a la Russie et à la Chine, dispose d'un large éventail d'options, lui permettant de faire recours à une panoplie des moyens politiques plus différenciés :
*un réseau mondial inégalé d’alliances militaires; des partenariats stratégiques de choix, à l’extrémité ouest du Heartland (Europe), ou dans la jonction intercontinentale du plateau turc et sur la façade littorale de Moyen Orient (Israël), ainsi qu'une constellation insulaire et péninsulaire des "pays pivots", tout au long du Rimland (Japon, Inde, Golfe)
* in fine, un multilatéralisme institutionnel et informel, alternatif et de convenance.
Au passif des États-Unis, ces atouts ne peuvent cacher les déconvenues et les échecs, dont le plus retentissant a été l'Afghanistan. Ici les leçons apparaissent en toute lumière: la reconquête du pouvoir par les taliban, la poursuite et l'extension de l’instabilité en Asie centrale au détriment de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Pakistan, et, indirectement de la Russie, mais à l'avantage de la Chine. La poursuite du conflit n'a d'autre but que de déstabiliser l'Iran.
En termes plus imaginatifs on pourrait traduire cette situation comme celle des souverains des trois empires qui, dans la "Grande salle du Millenium", enfouie au cœur du Karakorum, se disputent le monde, le billiard à côté du cercueil, le Groenland contre la Terre du feu et l’Arctique contre l'Antarctique aux confins des Océans, et sous le regard perçant de la Force, de la Justice et de la Morale.
Conflits en chaîne ou "révolution systémique"?
L'interrogation qui s'accompagne à ce déclin et à la transition vers un système multipolaire articulé, est également centrale et peut être formulée ainsi: "Quelle forme prendra-t-elle cette transition?"
La forme, déjà connue, d'une série de conflits en chaîne, selon le modèle de Raymond Aron calqué sur le XXème siècle, ou la forme plus profonde, d'un changement bouleversant de la civilisation, de l'idée de société et de la figure de l'homme, selon le modèle des "révolutions systémiques", de Stausz-Hupé, embrassant l'univers des relations socio-politiques du monde occidental et couvrant les grandes aires de civilisations connues? Dans ce cas, il apparaît évident que cette transition ne marquera pas un accord sur des principes de légitimité, pouvant assurer la stabilité du monde, comme aux temps du Congrès de Vienne de 1815, mais la concordance fatale d'un condominium sur le monde entre les États-Unis et la Chine, ou une guerre générale et totale pour la prééminence impériale, comme dans la guerre du Péloponnèse. Concordance inexorable, inhérente à la dimension contingente de l'histoire humaine et à la fatalité des destins politiques, selon l'interprétation globale du devenir et selon les modèles stylisés de "rupture", qui n'ont épargné aucune grande civilisation. Hier, comme aujourd'hui, la réflexion sur la guerre est à la base de toute philosophie de la paix, car la ruine d'un système est aussi la naissance d'un autre, lié à une autre idée constitutive, ou à une autre civilisation.
Bruxelles, le 11 Août 2021
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VIDEOS
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Les vidéos ci jointes ébauchent une réflexion sur une pédagogie européenne et internationale alternative et préludent à cinq réalisations thématiques, produites il y a cinq ans (2017).
Les meilleurs analystes politiques ont déjà compris que la distinction droite/gauche est obsolète. Dans la pratique, il s'est toujours agi d'une simplification artificielle, mais aujourd'hui encore, cette simplification ne permet plus de penser la politique contemporaine. Nous vivons à l'ère du populisme, dans laquelle des leaders patriotes (ou du moins ceux qui ont un discours patriotique) dotés d'une relation personnelle avec les masses affrontent des institutions politiques alignées sur la promotion du mondialisme.
La droite et la gauche sont des catégories construites artificiellement par convention sociale pour désigner des communautés politiques aux traits convergents ou analogues sur une idée névralgique référentielle minimale qui permet d'identifier des personnes, des systèmes de pensée et des mouvements dans un espace politique. Définir l'espace politique comme "la zone de conflit politique qui sous-tend la relation entre les électeurs et les partis dans un système politique donné à un certain moment historique. Tout système politique est caractérisé par un certain nombre de conflits : conflits sur la répartition des revenus, sur l'intervention de l'État dans l'économie, sur les relations entre l'État et l'Église, ou encore conflits de nature linguistique, ethnique, etc." (Bobbio, 1998:530).
En général, la dynamique de la dyade gauche-droite, en tant que simplification uninominale, a généralement été considérée comme étant caractérisée par une ambivalence inhérente, c'est-à-dire qu'elle varie en fonction de l'accord mutuel (exprimé ou tacite) du moment sociopolitique, comme la raison principale pour soutenir - à un niveau familier - sa nature dépassée en ce qui concerne la tentative de refléter, de manière fiable, les phénomènes politiques contemporains. Dans ce sens :
"Des doctrines très différentes les unes des autres sont couvertes par les bannières respectives de la gauche et de la droite. Du moins, s'il existait entre ces doctrines un élément commun fixe et permanent, qui permettrait de les opposer sous des appellations différentes, nous pourrions encore parler avec convenance et dire qu'elles représentent des concepts différents. Rien de fixe et de permanent, cependant, ne caractérise la droite et la gauche. Le christianisme primitif d'aujourd'hui pourrait être qualifié de gauche par rapport à l'ordre hégémonique de l'antiquité païenne ; le même christianisme serait de droite face à la rébellion de la Réforme et à l'humanisme qui a surgi au début de l'histoire moderne. Le libéralisme révolutionnaire et de gauche de 89 est aujourd'hui une attitude bourgeoise et de droite si on le confronte aux mouvements épileptiques du communisme bolchevique" (Pico, 1928 : 103).
Il est vrai que cette ambiguïté dénotée est évidente, cependant, ce n'est pas la raison pour laquelle l'allusion est caduque ou non dans son plein sens, comme nous le verrons plus loin, car indépendamment de cette apparente entropie incohérente avec laquelle la dyade nous est montrée dans différents scénarios, il est possible d'identifier cette idée névralgique référentielle minimale, qui nous permet, jusqu'à aujourd'hui, de continuer à parler de gauche et de droite.
Cette idée découle de la praxis historique des acteurs dont l'action politique a donné un sens aux secteurs respectifs dans l'espace politique, et qui s'est projetée (avec les nuances du cas) dans le temps et dans la forme au cours des deux derniers siècles. De la droite comme la communauté politique qui se caractérise par la défense du maintien d'un statu quo ou d'un ordre des choses (un système sociopolitique, économique ou moral) avec des changements minimes ; et de la gauche comme le changement profond des structures qui sous-tendent cet ordre des choses. Dans la même veine :
" La gauche représente une réaction contre toute tentative de stabilité ou de fixité ; un renouvellement des formes qui cherchent à s'opposer au courant destructeur du temps. En revanche, nous devons comprendre le sens du mot droit (...) de l'homme de droite et celui de l'homme de gauche. Le premier est attaché au présent ou au passé proche dans la mesure où il est présent ou passé proche ; le second juge le futur comme bon pour la simple raison qu'il est nouveau. Une attitude instinctive ou sentimentale, simple expression d'un tempérament primaire, est ensuite décorée par l'apparition de doctrines raisonnées qui scellent la différenciation doctrinale de l'instinct" (Pico, 1928:104).
Ce sont les approches qui, pour certains, soutiennent que la dyade, bien que non dénuée de problèmes inhérents à sa nature ductile, reste utile pour la représentation graphique, en termes généraux, des dynamiques politiques actuelles. C'est la position de Norberto Bobbio (1998) et de Giovanni Sartori (2005).
Mais que se passe-t-il lorsque la population mondiale (et le Pérou n'y est pas étranger) se sent de plus en plus éloignée des politiciens et des partis, et plus proche de sa famille, de ses amis, de ses collègues de travail et de ses clients comme moyen de construire des opinions politiques, s'éloignant ainsi des partis de gauche et de droite. C'est la véritable raison pour laquelle nous avons actuellement des positions contradictoires sur la question de savoir si cette dyade reste fiable pour la catégorisation des programmes et propositions politiques, ainsi que sur la position de penseurs tels qu'Alberto Buela, Diego Fusaro et Aleksander Dugin. Il s'agit d'un fait symptomatique, lorsque la population exige des politiciens de gauche la justice sociale et la défense des droits des travailleurs, mais obtient la défense des droits des LGBT, du féminisme radical, de l'avortement et de l'euthanasie sans restriction ; ou exige des politiciens de droite l'ordre et la stabilité, mais obtient la corruption, le marchandage et des politiques économiques au bénéfice exclusif des grandes entreprises. En d'autres termes, il existe une rupture entre ce que l'électorat attend des hommes politiques en fonction de leur position dans l'espace politique, et la réalité politique où il semble que (malgré des fractions dissidentes) la gauche et la droite se soient libéralisées. À cet égard, le penseur russe Alexandre Douguine (14.12. 2019) identifie la situation comme la décomposition structurelle des gauches et des droits, dans le sens où il y a eu une dissociation entre la droite et la gauche en ce qui concerne leurs récits économiques et politiques, l'aspect économique primant à droite (au détriment de la défense des valeurs et traditions populaires comme principes politiques), et l'aspect politique à gauche (au détriment de l'aspect économique de classe en faveur des travailleurs), et c'est précisément cette perturbation qui crée le sentiment d'identité ou de similitude entre la gauche et la droite.
C'est cette situation qui a jeté les bases de l'émergence de ce que l'on appelle le phénomène du populisme contemporain en tant que distanciation progressive des masses populaires par rapport à la dyade gauche-droite et leur rapprochement avec des alternatives considérées comme périphériques à cette dyade (ce qui explique la validité et la montée des options messianiques (a), nationalistes (b) et conservatrices (c) dans la politique péruvienne, comme l'ethnocacerismo a.1 (photo, ci-desous), le FREPAP a.2, l'Unión por el Perú b.1, le RUNA b.2, le Perú Libre b.3 et la Renovación Popular c.1, pour ne citer que quelques exemples concrets). À cet égard :
"Le populisme se situe dans l'espace idéologique où se rencontrent la lutte des travailleurs contre les capitalistes, oubliée par la gauche libérale, et la défense et la lutte pour les valeurs traditionnelles, oubliée par la droite libérale. (...)
...George Bernanos a dit que si la bourgeoisie est de gauche et de droite, le peuple ne l'est pas. Le peuple est entièrement le peuple, ils sont inséparables. Le peuple veut la justice sociale et les valeurs traditionnelles. Le peuple ne se soucie pas de savoir si cela est cohérent ou correspond aux idéologies dominantes de la gauche ou de la droite. Le peuple veut une société fondée sur les principes de la justice et il veut préserver son identité et ses traditions, ses institutions..." (Dugin, 14.12.2001).
Cependant, Douguine lui-même affirme l'existence de populismes de droite et de gauche (ce qui nous amène à affirmer que nous sommes dans une phase de transition et que la dyade est encore utile, bien que de manière contingente), mais que par leur nature populaire même, ils sont capables d'atteindre des points de convergence communs pour les mêmes raisons qu'il nous semble aujourd'hui que la gauche et la droite sont des similitudes politiques. Cela entérine le fait que la métaphysique inhérente au populisme, c'est-à-dire que la cause première de ce phénomène réside dans le fait "...que derrière la lutte de la réaction populiste se cache une idéologie du populisme intégral qui unit la justice sociale et la défense des valeurs traditionnelles" (Dugin, 14.12.2019).
Source : Giorgio Agamben & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-vera-posta-in-gioco
Ce qui est frappant dans les discussions sur le passeport vert et le vaccin, c'est que, comme cela se produit lorsqu'un pays glisse sans s'en apercevoir vers la peur et l'intolérance - et c'est sans doute ce qui se passe en Italie aujourd'hui - c'est que les raisons perçues comme contraires non seulement ne sont aucunement prises au sérieux, mais sont hâtivement rejetées, quand elles ne deviennent pas purement et simplement l'objet de sarcasmes et d'insultes. On pourrait dire que le vaccin est devenu un symbole religieux, qui, comme toute croyance, agit comme une division entre les amis et les ennemis, les sauvés et les damnés. Comment une thèse qui s'abstient d'examiner les thèses divergentes peut-elle être considérée comme scientifique et non religieuse ?
C'est pourquoi il est important de préciser tout d'abord que le problème pour moi n'est pas le vaccin, tout comme dans mes interventions précédentes ce n'était pas la pandémie, mais l'utilisation politique qui en est faite, c'est-à-dire la manière dont elle a été gouvernée depuis le début.
Aux craintes qui apparaissaient dans le document que j'ai signé avec Massimo Cacciari, quelqu'un a sagement objecté qu'il ne fallait pas s'inquiéter, "parce que nous sommes en démocratie". Comment est-il possible que nous ne nous rendions pas compte qu'un pays qui est en état d'exception depuis près de deux ans et dans lequel les décisions qui restreignent fortement les libertés individuelles sont prises par décret (il est significatif que les médias parlent même d'un "décret Draghi", comme s'il émanait d'un seul homme) n'est en fait plus une démocratie ? Comment est-il possible que la concentration exclusive de nos attentions sur les contagions et la santé empêche de percevoir la Grande Transformation qui est en train de se produire dans la sphère politique, dans laquelle, comme cela s'est produit avec le fascisme, un changement radical peut effectivement avoir lieu sans qu'il soit nécessaire de modifier le texte de la Constitution ?
Et ne faut-il pas réfléchir au fait que les mesures exceptionnelles et les mesures ponctuelles ne sont pas dotées d'une échéance définitive, mais sont sans cesse renouvelées, comme pour confirmer que, comme les gouvernements ne se lassent pas de le répéter, rien ne sera plus jamais comme avant et que certaines libertés et certaines structures fondamentales de la vie sociale auxquelles nous étions habitués sont annulées sine die ? S'il est vrai que cette transformation - et la dépolitisation croissante de la société qui en résulte - est en cours depuis un certain temps, n'est-il pas d'autant plus urgent de faire une pause pour évaluer ses résultats extrêmes pendant qu'il est encore temps ? Il a été observé que le modèle qui nous gouverne n'est plus la société de discipline, mais la société de contrôle - mais jusqu'où pouvons-nous accepter ce contrôle ?
C'est dans ce contexte que le problème politique du passeport vert doit être posé, sans le confondre avec le problème médical du vaccin, auquel il n'est pas forcément lié (on a fait toutes sortes de vaccins dans le passé, sans que cela ne soit jamais discriminatoire pour deux catégories de citoyens). Le problème n'est pas, en effet, seulement celui, certes grave, de la discrimination d'une classe de citoyens de seconde zone: c'est aussi celui, qui tient certainement plus à cœur aux autres gouvernements, du contrôle généralisé et illimité qu'il permet sur les titulaires bêtement fiers de leur "carte verte".
Comment est-il possible - demandons-nous encore une fois - qu'ils ne se rendent pas compte que, obligés de montrer leur passeport même pour aller au cinéma ou au restaurant, ils seront contrôlés dans chacun de leurs mouvements ?
Dans notre document, nous avons établi une analogie avec la "propiska", c'est-à-dire le passeport que les citoyens de l'Union soviétique devaient présenter lorsqu'ils voyageaient d'un endroit à l'autre. C'est l'occasion de préciser, comme cela semble malheureusement nécessaire, ce qu'est une analogie juridico-politique. Nous avons été accusés, de manière injustifiée, d'établir une comparaison entre la discrimination résultant du passeport vert et la persécution des Juifs. Il devrait être clair une fois pour toutes que seul un imbécile mettrait sur un pied d'égalité ces deux phénomènes, qui sont évidemment très différents. Mais il ne serait pas moins stupide s'il refusait d'examiner l'analogie purement juridique - je suis un juriste de formation - entre deux lois, comme la législation fasciste sur les Juifs et celle sur l'institution du laissez-passer vert. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que les deux dispositions ont été adoptées par décret-loi et que toutes deux, pour ceux qui n'ont pas une conception purement positiviste du droit, sont inacceptables, car - quelles que soient les raisons invoquées - elles produisent nécessairement cette discrimination d'une catégorie d'êtres humains à laquelle un Juif devrait être particulièrement sensible.
Encore une fois, toutes ces mesures, pour ceux qui ont un minimum d'imagination politique, doivent être placées dans le contexte de la Grande Transformation que les gouvernements des sociétés semblent avoir à l'esprit - en supposant qu'il ne s'agisse pas plutôt, comme c'est possible, de l'avancée aveugle d'une machine technologique qui a désormais échappé à tout contrôle. Il y a de nombreuses années, une commission du gouvernement français m'a convoqué pour donner mon avis sur la création d'un nouveau document d'identité européen, qui contenait une puce avec toutes les données biologiques de la personne et toute autre information possible la concernant. Il me semble évident que la carte verte est la première étape vers ce document dont l'introduction a été retardée pour une raison quelconque.
Il y a une dernière chose que je voudrais porter à l'attention de ceux qui sont prêts à dialoguer sans insulter. L'être humain ne peut pas vivre s'il ne se donne pas des raisons et des justifications pour sa vie, qui, de tout temps, ont pris la forme de religions, de mythes, de croyances politiques, de philosophies et d'idéaux de toutes sortes. Ces justifications semblent aujourd'hui - du moins dans la partie la plus riche et la plus technologisée de l'humanité - avoir disparu, et les hommes sont peut-être pour la première fois confrontés à leur pure survie biologique, qu'ils semblent incapables d'accepter.
Cela seul peut expliquer pourquoi, au lieu d'assumer le simple et aimable fait de vivre côte à côte, on a ressenti le besoin d'établir une implacable terreur sanitaire, où la vie sans justification plus idéale est menacée et punie à chaque instant par la maladie et la mort. De même qu'il est insensé de sacrifier la liberté au nom de la liberté, il n'est pas possible de renoncer, au nom de la vie nue, à ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue.
Pour la réussite économique, on le sait, il ne suffit pas de produire des biens. Il faut aussi les livrer à l’acheteur. C’est pourquoi les voies de transport deviennent chaque jour plus critiques. Et c’est pourquoi, parallèlement à l’utilisation de voies de transport déjà connues, la Chine, par exemple, crée sa propre Nouvelle route de la soie, construit, au Nicaragua, une alternative au canal de Panama, tandis que la Turquie construit un canal d’Istanbul parallèlement à son traditionnel Bosphore. Ces efforts ont été stimulés par l’incident du 28 mai bloquant le canal de Suez, qui a conduit de nombreux pays à chercher des alternatives à cette artère de transport égyptienne. Le PDG du géant danois du transport maritime Moller-Maersk, Soren Skou, a parlé au Financial Times de cette accélération inconditionnelle des changements dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des marchandises, après le blocage du canal de Suez .
Étant donné l’importance particulière, dans ces conditions, de la création d’une voie de transport durable et rentable pour les participants au commerce international entre l’Europe et l’Asie du Sud-Est, la Russie a participé activement à la recherche d’alternatives.
Comme indiqué dans un précédent article, l’une des plus grandes entreprises de logistique de la planète, le groupe danois Moller-Maersk, spécialisé dans le transport de conteneurs, a déjà pris le parti d’augmenter son trafic de marchandises à travers la Russie en envoyant des conteneurs d’Asie, par voie maritime jusqu’au port de Vostochny (Primorsky Krai), puis par voie ferroviaire en traversant la Russie. Les conteneurs seront livrés via les voies de transport russes au port de Novorossiysk (Krasnodar Krai), d’où ils seront transportés par bateau vers la Méditerranée orientale. Cette nouvelle activité transcontinentale, admettent les Danois, permettra de réduire de moitié le temps de transport. En 2019, la compagnie danoise a lancé une autre route similaire entre les ports russes de Vostochny et Saint-Pétersbourg, transportant environ 2000 conteneurs depuis le début de 2021.
Russian Railways a déclaré qu’ils voient un afflux constant de nouveaux clients avec des commandes de transport de conteneurs, et pas seulement dans le contexte du blocage du canal de Suez. Depuis avril 2020, début de la pandémie, Russian Railways a enregistré une augmentation considérable du volume de conteneurs en transit sur l’axe Chine-Europe-Chine. La vitesse moyenne d’expédition des conteneurs sur les principaux itinéraires est en moyenne de 1100 à 1200 kilomètres par jour, en tenant compte des frontières douanières. Selon Russian Railways, cette vitesse est beaucoup plus élevée que celle du transport maritime, plus élevée que celle du transport routier, et comparable à celle de l’aviation – en tenant compte des premiers et derniers kilomètres et de toutes les opérations de manutention des conteneurs dans les terminaux. En outre, Russian Railways note la mise à disposition d’une politique tarifaire stable : les tarifs de transit des conteneurs par le réseau de Russian Railways n’ont pas augmenté depuis 2011. La société a déclaré qu’elle était prête à faire face à la croissance des volumes et qu’elle développerait les services nécessaires à cet effet.
Comme l’a déclaré à plusieurs reprises l’entrepreneur russe Oleg Deripaska, son idée de reconstruire les principales voies ferrées de la « route du cèdre de Sibérie », pourrait devenir une alternative compétitive à la Nouvelle route de la soie chinoise, offrant ainsi à la Russie la possibilité de devenir une plaque tournante essentielle, un lien à part entière entre l’Europe et l’Asie. Selon lui, il est nécessaire de faire de cette initiative un projet national.
Un autre projet est l’autoroute Europe occidentale-Chine occidentale (WE-WC). Ses points clés : Saint-Pétersbourg, Moscou avec des tronçons de la M11 et du périphérique central, Samara et Orenbourg, accès au Kazakhstan puis à la Chine. L’avantage significatif du projet réside dans les unions douanières de l’EAEU et de l’Union européenne – les transporteurs n’ont à passer que deux dédouanements sur l’ensemble du parcours – à la frontière avec la Chine et avec l’Union européenne. Un mémorandum sur le projet a été signé en 2008, et la construction a commencé au même moment. En 2021, la Chine et le Kazakhstan ont déjà lancé leurs sections, tandis que la Russie ne s’est occupée que de l’autoroute M11.
En plus de ces options, la route maritime du Nord (NSR) a récemment été de plus en plus désignée comme l’une des alternatives de transport russe. Fin mai, le ministère de l’industrie et du commerce de la Fédération de Russie a proposé de transporter du pétrole et du gaz le long de la route maritime du Nord à l’aide de navires de construction russe qui seraient capables de transporter du charbon et des hydrocarbures, ainsi que de faire du cabotage, du dégelage et du pilotage. Les autorités russes ont proposé que la NSR soit considérée comme une alternative à la route passant par la mer Rouge pour aller de l’Asie à l’Europe, en cherchant à rendre le trafic le long de la route maritime du Nord praticable toute l’année grâce à une flotte de brise-glace, que la Russie construit activement.
L’autre jour, les plans d’ouverture d’une nouvelle alternative de transport russe, le corridor international fluvial de transport nord-sud, ont été connus. Alexei Rakhmanov, directeur général de l’United Shipbuilding Corporation (USC) russe, en a fait part au président Vladimir Poutine le 22 juillet, ainsi que la conception d’un porte-conteneurs capable de livrer des marchandises de la Caspienne à la mer Baltique.
Il a notamment été proposé de faire passer la cargaison par le nord de l’Iran ou l’ouest de la Chine et, par conséquent, par le port d’Olya, dans la région d’Astrakhan, pour la livrer à Helsinki dans un délai de sept à huit jours. Selon le directeur général de l’USC, les porte-conteneurs peuvent livrer des cargaisons le long de la Volga, puis par la voie navigable Volga-Baltique, et plus au nord jusqu’à Saint-Pétersbourg. Si nécessaire, il est également possible de livrer des cargaisons jusqu’à la mer Blanche. Le corridor international de transport Nord-Sud est destiné principalement à l’Iran, à l’Inde et à d’autres pays qui bordent l’océan Indien. Il est supposé que le flux principal de marchandises passera par le port de Mumbai, puis par la mer jusqu’au port de Chabahar en Iran, après quoi il sera livré par voiture ou par rail à travers l’Iran jusqu’à la mer Caspienne, puis par voie d’eau jusqu’à Olya. Le reste du chemin, à travers le territoire russe, sera une question de faisabilité économique. Rappelons que des lancements tests de cette route ont eu lieu de 2014 à 2017.
Pour les marchandises en provenance de l’Empire céleste, la Russie construit le corridor de transport Est-Ouest et le corridor de transport Europe occidentale-Chine occidentale. Ce dernier, en particulier, est prévu sous la forme d’un réseau d’autoroutes, dont une partie essentielle sera la M-12. Dans ce cas, les marchandises s’accumuleront dans le port kazakh d’Aktau, sur la mer Caspienne.
Ainsi, la route Astrakhan-Helsinki prendra une partie du fret en transit du canal de Suez. Pour l’Europe du Nord, une telle route est plus rapide que de passer par l’Égypte. Bien entendu, il est encore trop tôt pour se prononcer sur le coût de cette route et sur l’argent qu’elle rapportera à la Russie. Toutefois, il est d’ores et déjà clair que ce projet est essentiel pour ce pays, dans la mesure où il assurera des commandes de construction navale russes.
Valery Kulikov
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
La folie interventionniste des "néo-con" - des ex-trotskystes pour la plupart - sous l'administration de George Bush a provoqué un irréalisme belliciste qui a eu pour point d'orgue les invasions de l'Irak et de l'Afghanistan.
En réalité, la présence américaine en Afghanistan remonte à bien plus loin, avant même l'intervention soviétique, comme le reconnaît lui-même Zbigniew Brzezinski : "C'est le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants au régime pro-soviétique de Kaboul. Et j'ai écrit une note au Président expliquant qu'à mon avis, une telle assistance provoquerait une intervention militaire soviétique" (1).
Après 20 ans de présence militaire et, selon un récent rapport du Watson Institute de l'Université Brown (Providence, Rhode Island), une dépense économique estimée à 2261 milliards de dollars et un bilan humain de 238.000 morts, tués dans des opérations anti-talibans tant en Afghanistan qu'au Pakistan, le président américain Joe Biden a déclaré le 8 juillet: "Nous avons mis fin à la plus longue guerre de l'histoire" (2). Si l'objectif de la guerre était de mettre fin au règne des talibans, et que Biden annonce le retrait tout en reconnaissant le contrôle des talibans sur l'Afghanistan, il est clair que le bilan de la guerre est la défaite des États-Unis, qui après de nombreuses années de présence militaire n'ont pas atteint leur objectif, bien au contraire.
Les interventions américaines en Irak et en Afghanistan, qui ont toutes deux échoué, ont conduit les États-Unis à une impasse géostratégique pendant deux décennies clés. Son erreur lui a permis de passer du stade où ils étaient la seule puissance mondiale hégémonique à celui de l'ascension imparable de la Chine et de la réémergence de la Russie en tant que puissance mondiale - après l'effondrement de l'URSS -, notamment après la deuxième guerre de Tchétchénie, un tournant dans l'ascension militaire de Moscou.
Ayant accepté leur défaite militaire, les États-Unis ont convenu avec les talibans de se retirer d'Afghanistan. Washington est conscient que dans quelques mois, les talibans renverseront le gouvernement actuel et domineront l'ensemble du territoire afghan, et pas seulement celui de la majorité pachtoune - à laquelle ils appartiennent. Les talibans ont tiré les leçons des erreurs du passé et ont désormais pris le contrôle militaire de toutes les frontières du pays, laissant les seigneurs de guerre non pachtounes totalement isolés de tout contact extérieur et rendant leur position militaire aussi ridicule qu'intenable.
Les négociations de l'administration Biden avec les talibans se concentrent sur les deux points que la Maison Blanche entend continuer à contrôler après son retrait militaire.
- Contrôle du commerce de l'opium. Comme l'administration américaine l'a répété à plusieurs reprises, "nous ne sommes pas venus en Afghanistan pour lutter contre le commerce de l'opium", non seulement ils l'ont toléré, mais, de surcroit, ils ont collaboré avec ce commerce de l'opium tout au long du processus interventionniste. L'opium afghan représente 80 % de l'opium mondial et est principalement contrôlé par les talibans et accessoirement par le gouvernement actuel, en phase terminale, de Kaboul.
Washington y a toujours été impliqué, prenant une part importante en échange de la non-intervention. L'argent de la drogue est utilisé pour payer les services de renseignement et les opérations spéciales "secrètes". Le contrôle de l'opium présente un second intérêt dans la mesure où l'opium atteint, entre autres, la Russie, où la consommation d'opium chez les jeunes Russes constitue un problème majeur de santé publique. Une autre branche de la route de l'opium atteint l'Europe occidentale via la Turquie, mais la consommation de ces opiacés en Europe occidentale est assez faible.
- L'Afghanistan, sous le contrôle des talibans, est un centre d'expansion du djihadisme islamique, en particulier dans deux directions : dans la province chinoise du Xianjang, ce qui pose des problèmes à Pékin, et en Asie centrale et dans les républiques musulmanes de Russie, ce qui pose des problèmes à Moscou. En fait, les Talibans ont soutenu le Mouvement islamique d'Ouzbékistan, qui a attaqué l'ancienne république soviétique depuis ses bases afghanes. Cette attaque a été la seule occasion où il a été nécessaire de mobiliser l'Organisation du traité de sécurité collective (une alliance militaire défensive dont la Russie est le noyau) pour repousser une agression extérieure contre l'un de ses États membres.
La Chine et la Russie ont défini leurs stratégies.
Ni la Russie ni la Chine n'ont la moindre intention de laisser les talibans faire de l'Afghanistan le déstabilisateur islamiste de l'Asie centrale, ce que la Maison Blanche souhaite en revanche. Moscou et Pékin ont leur propre stratégie et les deux gouvernements ont organisé des rencontres avec les chefs talibans, qu'ils reconnaissent déjà comme des interlocuteurs valables, en ignorant l'actuel gouvernement terminal de Kaboul.
Du côté russe, le 9 juillet à Moscou, un entretien a eu lieu avec une délégation de talibans dirigée par Abadul Latif Mansur (3). La Russie s'intéresse à l'Asie centrale pour étendre la Communauté économique eurasienne et contrôler l'islamisme dans la région. Elle n'est pas disposée à laisser le nouveau gouvernement taliban faire dérailler ses plans, ni à permettre aux talibans de s'allier à la Turquie pour renforcer la présence de cette dernière dans cette région clé de l'Asie centrale. La Russie a clairement fait savoir qu'elle n'était pas disposée à répéter des situations telles que l'attaque naguère lancée par le Mouvement islamique d'Ouzbékistan. Moscou, qui a fait plusieurs démonstrations récentes de son énorme puissance militaire, a clairement exprimé sa position.
Le géopolitologue russe Alexandre Douguine a écrit dans un article (4) que "la Russie doit agir activement pour empêcher la situation en Asie centrale de dégénérer en chaos et en instabilité, et à cette fin, Moscou doit agir en coopération avec l'Iran, le Pakistan, mais aussi avec la Chine, l'Inde et les États du Golfe, en accordant un rôle crucial dans la stabilité de la région à la coopération avec la Turquie". Douguine poursuit en affirmant que "l'Occident", c'est-à-dire les États-Unis et l'Union européenne, devrait être exclu du théâtre de l'Asie centrale. La vérité est que l'UE n'a aucune chance d'agir sur cette scène clé pour la stabilité mondiale, et - comme dans le cas de la Syrie - son seul rôle sera celui d'une victime de l'instabilité créée dans cette région. Le retrait chaotique des États-Unis provoquera une nouvelle crise des réfugiés en Europe occidentale. En d'autres termes, l'erreur stratégique de la Maison Blanche sera payée de cette manière par l'Europe (5).
Du côté chinois, la rencontre entre la délégation des talibans, conduite par le mollah Abul Ghani, et le ministre des affaires étrangères de Pékin, Wang Yi, a eu lieu le 28 juillet dans la ville chinoise de Tianjin. Pékin a pu imposer aux Afghans l'engagement que Kaboul ne soutiendrait pas le Mouvement islamique du Turkestan oriental, un groupe musulman ouïghour actif dans la région chinoise du Xinjiang, peuplée de musulmans. D'autre part, le départ des États-Unis et une nouvelle situation politique en Afghanistan permettront d'importants investissements économiques chinois, principalement dans les infrastructures, qui seront très bien accueillis par le futur gouvernement taliban (6). Car, comme le rappelle la journaliste italo-suisse Chantal Fantuzzi, il est clair pour la Chine que le retrait de ses troupes est une défaite pour les Etats-Unis, et Pékin va profiter de cette défaite (7).
Intellectuels et Race: un livre percutant de Thomas Sowell
par Francis Richard
Ex: https://lesobservateurs.ch/2021/08/10/intellectuels-et-race/ & Francis Richard
Thomas Sowell définit les deux termes du titre de son livre, qui, comme le dit Laurent Obertone dans sa préface, sent bon la mort sociale:
- La race [...] constitue un concept social avec une base biologique.
- Les intellectuels sont des gens exerçant une profession particulière: à savoir, des gens dont le travail débute et prend fin avec des idées.
Une des caractéristiques des intellectuels est qu'ils ne paient aucun prix pour avoir tort, quel qu'il soit et quelles que soient les conséquences catastrophiques pour des millions d'autres gens.
(les hommes politiques partagent ce privilège...)
Dans ce livre, donc, l'auteur parle des idées qu'ont émises les intellectuels, l'intelligentsia, au cours du XXe siècle, au sujet de la race, plus précisément aux États-Unis où il est né.
L'ÈRE PROGRESSISTE
Au début du siècle passé, ces intellectuels, qui n'étaient ni des incultes, ni des excentriques, promouvaient le déterminisme génétique pour expliquer les disparités entre les groupes raciaux et étaient adeptes de l'eugénisme.
Pour affirmer une telle chose, ces progressistes se basaient sur des données empiriques telles que taux de criminalité, taux de maladies, résultats aux tests d'intelligence et performances scolaires.
Seulement ces intellectuels eurent tendance à ignorer le vieil avertissement venu des statisticiens que corrélation n'est pas causalité.
Seulement ces intellectuels ne tinrent pas compte des nombreuses raisons historiques, géographiques et démographiques, qui font que des groupes diffèrent les uns des autres dans leurs compétences, expériences, cultures et valeurs.
Thomas Sowell a donc beau jeu, par exemple, de montrer, faits à l'appui, que ce que nous savons, concernant race et intelligence, est un petit îlot de savoir dans un vaste océan d'inconnu.
L'ÈRE "LIBERAL1"
Si l'hérédité était l'orthodoxie régnante de l'ère progressiste, l'environnement devint l'orthodoxie régnante de l'ère "liberal".
Cette ère commence surtout au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Par environnement, il faut entendre l'environnement extérieur contemporain plutôt que l'environnement culturel interne des minorités elles-mêmes:
Si les minorités étaient considérées comme le problème avant, la majorité était considérée comme le problème désormais.
Aux États-Unis, la discrimination que la majorité blanche exercerait sur les minorités, notamment la minorité noire, expliquerait les résultats économiques et autres de celles-ci.
Ces idéologies de la doléance et de la victimisation proviennent des médias, des institutions éducatives et d'autres institutions imprégnées de la vision de l'intelligentsia.
Seulement l'intelligentsia ne voit pas que les résultats économiques et autres de la minorité noire n'ont pas de rapport avec l'évolution du degré de racisme dans la société américaine.
Ces résultats ont, au contraire, par exemple, un rapport avec l'évolution dans le temps du salaire minimum, institué pas le Fair Labor Standards Act2, qui a un impact vérifiable sur le taux de participation et de chômage de la force de travail noire.
L'ÈRE MULTICULTURELLE
Thomas Sowell voit dans cette nouvelle ère de la fin du siècle précédent une extension de la précédente, parce que l'adoption des lois et politiques des droits civiques n'a pas permis les avancées économiques et sociales escomptées.
L'intelligentsia réfute sans arguments, sinon d'autorité, que les cultures particulières des minorités puissent être accusées des disparités de revenus, d'éducation, de taux de criminalité ni de désintégration familiale.
Ce faisant, elle incite les gens qui composent celles-ci, plutôt que de changer, c'est-à-dire de chercher à s'améliorer, à se figer là où le hasard de la naissance les a mis et à mettre en cause le système externe plutôt que leur culture interne.
Ce n'est pas propre à la minorité noire des États-Unis. Thomas Sowell donne l'exemple des Blancs de classes inférieures en Grande-Bretagne qui sont poussés par l'intelligentsia à cultiver l'envie et le ressentiment:
Lorsqu'une race de gens ayant produit Shakespeare et Sir Isaac Newton produit désormais un grand nombre de jeunes gens qui sont fonctionnellement analphabètes et incapables d'arithmétique simple, est-il besoin d'invoquer les gènes ou la discrimination pour expliquer cette dégénérescence?
L'ÉTAT-PROVIDENCE ET L'INDUSTRIE RACIALE
Ce qui a intensifié ces types de comportement, c'est l'État-providence:
Une fois mis en place, l'État-providence peut subventionner des comportements contre-productifs, que l'État-providence excuse ou encourage, mais qui seraient impossibles à voir perdurer sans l'argent des contribuables.
Ce qui n'a rien arrangé, c'est l'industrie raciale, avec sa justice sociale (et l'excuse préconçue), sa discrimination positive (et ses effets négatifs) et son dogme de l'effet disparate de certaines normes (sur le taux de réussite de différents groupes):
La question des races est plus qu'une catégorie biologique ou une catégorie sociale. Elle est devenue une industrie, avec sa propre infrastructure, ses secteurs, ses incitations et ses ambitions.
L'ÉGALITÉ
Parmi les idées en vogue chez l'intelligentsia, il y a enfin le concept d'égalité, avec ses multiples significations, qui peut être une source fertile de danger pour les individus, les races et les sociétés entières:
L'égalité de traitement par la loi, par exemple, est très différente de l'égalité des résultats économiques, et l'égalité des potentialités est très différente de l'égalité des capacités développées.
Or ce ne sont pas les moyens préconisés par l'intelligentsia qui ont permis, permettent et permettront l'ascension de groupes, de l'extrême pauvreté à la richesse, mais des moyens banals et souvent ardus:
Les réalisations méritées, qu'elles soient modestes ou spectaculaires, apportent un respect de soi, ainsi que le respect des autres, que l'on peut rarement obtenir en jouant même avec succès un rôle de parasite au nom d'une "égalité" factice.
Francis Richard
NB
Thomas Sowell, économiste né en 1930 en Caroline du Nord, est noir. Ou Afro-américain, comme on dit au pays de Malcolm X. Il dispose ainsi d'une sorte de pass sanitaire, pour aller au fond d'un sujet dont nul académicien blanc ne pourrait même esquisser les contours de manière honnête, sans y perdre carrière et réputation.
(Préface de Laurent Obertone)
Notes:
1- Au sens américain
2- Par Franklin Roosevelt en 1938.
Intellectuels et Race, Thomas Sowell, 184 pages, Éditions Résurgence (traduit de l'anglais par Stéphane Geyres, Daivy Merlijs et Pascal Boutingorry)
Le petit caporal Macron a pris en 2017, le pouvoir à la hussarde. Une affaire réglée en quelques mois et à la surprise des vieilles badernes du PS, et de LR. Devenu Président, nous dirons « général », il a engagé une nouvelle campagne pour se maintenir au pouvoir. Comme pour la précédente, il prend des risques et surprend.
LE PAYS DIVISÉ EN DEUX
Les commentateurs et les conseillers s'affolent : une partie de la population s'est mobilisée, dans la rue, en plein été, contre les mesures « Passe-Sanitaire ». Du jamais vu… Tout au moins à notre époque. On se souvient que les « évènements » de mai 68 ont été enterrés par les vacances... Aujourd'hui, c'est l'inverse qui se produit. Les manifestations grossissent, pendant les vacances. Les échéances successives qui imposent à la population la vaccination, poussent dans la rue de plus en plus de Français. L'action du Gouvernement est en train de créer, de toute pièce, une opposition irréductible. Macron divise les Français en deux camps, un camp important, ceux qui bénéficient du « passe-sanitaire », les vaccinés (deux fois pour le moment) et les autres. Ces deux camps sont de taille inégale, les Kollabos sont une large majorité, mais les manifestants sont certainement les plus déterminés. Ils sont à la limite de la révolte, face à l'agression qu'ils subissent. Ils ont conscience d'être pris dans un piège. Ils le vivent très mal. Ils sentent bien qu'ils sont pris dans une nasse, et pris pour des cons.
Macron veut qu'ils se soumettent. Et pour les faire céder, Macron va jusqu'à leur faire perdre leur emploi (et sans droit au chômage, un scandale pur, pour des gens qui ont cotisé !), ne plus pouvoir se faire soigner, ne plus pouvoir se déplacer, ne plus pouvoir s'approvisionner dans les grands centres commerciaux. Ils se retrouvent, par la volonté du Prince, privés de services pour lesquels ils payé impôts et cotisations... Volés, comme dans un bois !
BOUTE FEU
Il est clair que Macron veut mettre le feu au pays. La manœuvre est évidente, grossière. Et personne, parmi les leaders, ne proteste. Aucune dénonciation (à part Philippot). Les syndicats sont couchés -à part Force Ouvrière- et quelques syndicats catégoriels. Comment les Centrales syndicales peuvent-elles accepter une agression pareille contre les salariés ? L'absence de réaction en dit long sur l'état du mouvement syndical en France. Les syndicats vivent des subventions de l'Etat. Ils ne sont plus une arme de défense des salariés. Ils sont un instrument aux mains du pouvoir.
Même silence, incroyable, du monde politique. Macron ne semble pas avoir d'opposant. La classe politique s'est compromise depuis des mois dans la glu des mesures « politiques » de lutte contre l'épidémie : pas de masques, masques obligatoires ; enfermement, libération, enfermement, libération... ; Remdesivir, puis plus de Remdesivir ; vaccins libérateurs, puis vaccins obligatoires... Elle semble sidérée comme la majorité de la population... Les politiques ont peur. Ils attendent ! Macron est seul sur scène, et il fait le spectacle tout seul. Il mène la danse, les journalistes battent la mesure et font la claque. Les mesures qu'il prend et qui risquent de mettre le pays à feu et à sang, semblent même approuvées par l'opposition. Il va pouvoir les justifier par « l'épidémie », et jouer le « sauveur ». Quand la rue sera en feu, le boutefeu deviendra pompier. Comme De Gaulle en 68, il recueillera les suffrages de la peur...
Tout au moins, voilà sa manœuvre. N'oublions pas qu'il y a eu un premier acte à cette méthode, l'affaire des gilets jaunes. La répression (sanglante) et sans pitié a permis à Macron de remonter dans les sondages. Parce que, même avec presque rien à perdre, l'électeur veut de l'ordre... Un climat social tendu, ce serait pour Macron l'assurance d'une réélection... Il a vérifié, avec les gilets jaunes, que ça marche.
L'INCONNUE DE LA JEUNESSE
C'est une constante de l'histoire, qu'une population jeune est propice à la guerre ou aux mouvements sociaux violents. C'est ce que nous avons vu, récemment, avec les « Printemps Arabes ». Aujourd'hui, la mobilisation estivale touche une population peu politisée, qui se situe à droite ou à gauche...des actifs, ou des retraités, des femmes autant que des hommes. Les jeunes, lycéens et étudiants ne sont pas présents.
Mais que se passera-t-il à la rentrée ? Même si la population française est relativement âgée, la jeunesse qui est rassemblée pendant la période scolaire dans les centres-villes des Métropoles, peut entrer dans les manifestations de protestation. Ce qui ne s'était pas passé au moment du mouvement des gilets jaunes. Les motifs de mobilisation touchent directement les préoccupations des jeunes et des adolescents : la possibilité de voyager, de sortir en boite, d'aller aux concerts, aux spectacles, de trouver des jobs d'étudiant...
Le thème de la liberté, et de l'avenir est très sensible. Et que dire de l'inconnue des effets à long terme des vaccins qui ne sont que des produits expérimentaux ? Difficile que cette crainte ne touche pas les plus jeunes.
Même s'il a eu la prudence d'exonérer les forces de l'ordre des obligations vaccinale, même s'il a désamorcé la bombe que constitue le transport routier en permettant aux chauffeurs de continuer à travailler sans être vaccinés, Macron prend un risque politique. Il reste l'inconnue de l'ampleur de la réaction du monde étudiant. Macron compte certainement sur ses supplétifs que sont les black-blocks pour diviser le mouvement de protestation. Pour monter les manifestants de droite contre les manifestants de gauche... Mais cette méthode qui a si bien réussi contre les gilets jaunes, fonctionnera-t-elle cette fois encore ?
"Vous êtes invité à une série de sessions en ligne de "Social Dreaming" qui se dérouleront chez Zoom de 12 à 13h15 (GMT / BST) tous les jeudis du 18 mars au 24 juin 2021, y compris un bilan post-matrice."
"Les participants partagent leurs rêves de la nuit et s'associent librement aux rêves proposés dans la matrice pour trouver des liens, établir des connexions et révéler un nouveau sens et une nouvelle compréhension du contexte social et de l'environnement sociopolitique actuels, en particulier, la pandémie de COVID-19, un an après."
Il y a quelques mois, un de mes amis chercheurs, très au fait du fonctionnement des mécanismes de contrôle du pouvoir sur le monde, m'avait parlé des derniers développements et des bizarreries de la recherche dans laquelle était plongé le célèbre Institut Tavistock pour les relations humaines. "Il faut que tu voies ça", m'a-t-il prévenu. Mais je ne me suis pas immédiatement lancé. Je l'ai laissé reposer jusqu'à un moment qui me paraissait plus opportun.
La visite du directeur de la CIA en Colombie a déclenché une série d'événements qui, avec l'opération médiatique coûteuse et bien planifiée contre Cuba, ont déclenché une série de messages sur les médias sociaux qui m'ont ramené à Tavistock.
"J'ai fait un rêve, et ce rêve, hier 11 juillet 2021, a commencé à se réaliser. J'ai rêvé d'un Cuba libéré de la dictature, libéré de la répression, libre de s'exprimer et sans conditions. Ensemble nous pouvons, frères, luttons pour notre rêve de voir Cuba libre #SOSCuba #CubaLibre".
Le message du bot a déclenché quelque chose dans mon esprit. L'éternelle question du fonctionnement de ces mécanismes qui permettent à des millions d'êtres humains de laisser de grandes inégalités et des injustices sociales passer inaperçues. Ce n'est pas du cynisme ou de la naïveté, c'est un grand rêve collectif auquel nous avons été conduits.
Un mécanisme artificiel où la science et la technologie convergent pour mettre un filtre sur les faits du monde, un code qui introduit (input) la réalité et produit des émotions et des actions (outputs) à l'image et à la ressemblance de ceux qui ont suffisamment de pouvoir pour tisser l'enchevêtrement de messages, de contenus et d'idées qui voyagent à travers l'immensité des réseaux sociaux numériques et qui atteignent nos esprits à travers des dispositifs de consommation dont l'interface reconnaissable est un écran.
L'état de semi-conscience collective
Au Tavistock, ils ont une préoccupation en ce moment. Quels types de rêves partagés ont été générés dans le contexte de la pandémie. Comme l'explique Mannie Sher, l'un de leurs consultants et principaux chercheurs :
"Le but du rêve social est d'explorer les couches profondes de la signification des phénomènes sociaux et culturels par le biais des rêves et des associations de rêves. Le rêve social est une méthode de recherche visant à identifier les connaissances sociales et culturelles par l'application d'une analyse scientifique des rêves", affirme-t-il.
Les événements qui ont un impact sur la population constituent un contexte idéal à cet effet. Du 11 septembre 2001 à la conjoncture imposée par le coronavirus, en passant par les incidents de protestation sociale à Tel Aviv en 2011 et le mouvement Occupy London, le Tavistock Institute s'apprête à s'attaquer à l'inconscient collectif (ou, dans le jargon scientifique, à surveiller les groupes de contrôle et les groupes expérimentaux) afin d'obtenir une image claire de la manière dont se construit le sens collectif de ces temps.
Ce n'est pas une mince affaire. Tavistock fournit des études et des recherches qui sont utilisées par un nombre important d'entreprises et de groupes de réflexion dans le monde entier. Les clients dont les analyses décident des armes et/ou des politiques financières. En bref, ils servent à redessiner ou à ajuster les engrenages de la planète.
A ce stade, il convient de se demander où se situe ce projet de matrice de rêves sociaux et les événements qui explosent dans la région. Eh bien, voici l'hypothèse de travail.
La pandémie de COVID-19 et les mesures de restriction de la mobilité humaine ont transformé le monde en une grande scène. Assis sur leur canapé, des millions d'êtres humains ont soudain constaté que l'accès à la réalité était conditionné par des plates-formes technologiques de diffusion de contenus audiovisuels offrant bien plus qu'un simple divertissement.
Ce n'est pas sans précédent. Melinda Davies a prévenu, il y a quelque temps, que l'espèce humaine était confrontée à un "exode massif de l'univers physique", et que la réalité commençait à devenir entièrement mentale.
L'exposition à l'écran offrait aux humains non plus un univers alternatif, mais l'univers lui-même. Le fait est, comme le propose Davies, que "les valeurs, les images, les processus et les modèles de l'écran primaire façonnent même ce qui se passe en dehors de celui-ci. L'écran primaire est la nouvelle vie réelle, le macro-cadre dans lequel nous vivons".
Quelle coïncidence que moins d'un mois après le début des manifestations à Cuba, Netflix nous offre un baptême du feu avec la série Comment ils sont devenus des tyrans, avec une sélection de tyrannies taillées tout droit dans la planche à dessin de l'OTAN. Vous voyez généralement Saddam Hussein, Staline, les Kims et Mouammar Kadhafi. Bien sûr, il n'y a toujours rien dans votre programme sur Pinochet, Stroessner ou Franco. Peut-être pour la deuxième saison ?
Dans un monde où, comme le démontre Manuel Castells, les intérêts financiers, politiques et militaires finissent par converger vers les mêmes nœuds de contrôle qui gèrent ce que nous voyons, comment nous le voyons et quand nous le faisons, l'augmentation de l'exposition aux écrans et aux contenus pilotés par les algorithmes des sociétés de production technologique et audiovisuelle a plongé la planète entière dans un état de semi-conscience collective qui produit les mêmes effets que le cinéma ou la télévision.
Christian Metz (photo), critique et spécialiste français du cinéma, a expliqué que l'effet de l'expérience cinématographique s'apparentait à une "hallucination". Le cinéma implique en quelque sorte la réduction des "défenses du moi".
" Pour que cela se produise, il faut une " instance voyante " (qui constitue le film lui-même comme un discours, comme une instance qui expose l'histoire et la fait voir). En outre, l'état de submotricité renvoie à l'état de passivité des spectateurs qui absorbent tout par les yeux, rien par le corps", a expliqué M. Metz.
Lorsque nous constatons, non plus depuis la toile des bots, mais à travers des êtres humains en chair et en os, que la balance de l'indignation ne bouge que dans les cadres imposés par les images, les idées, les concepts que leur dictent les algorithmes des plateformes de streaming et des applications numériques, nous reconnaissons que nous sommes absolument dépassés par une guerre imaginative franchement asymétrique. Ce n'est pas qu'ils omettent délibérément les outrages commis contre les Palestiniens ou contre la ligne de front des citoyens colombiens, ou contre les centaines d'êtres humains plongés dans l'obscurité par les carabiniers chiliens. Ils ne peuvent tout simplement pas les voir.
Comme l'explique l'anthropologue Marc Augé (photo), la bataille clé de notre époque est celle de "l'abstraction du regard", ou plus directement du détournement de notre attention.
Un regard qui est en soi le seul qui nous appartient et où entre en jeu ce que nous sommes. Il ne s'agit pas du kidnapping de nos yeux dix heures par jour à travers un écran. Il s'agit de la monopolisation de nos référents, symboles, attentes, souvenirs et utopies.
Pour tous ceux qui ont pu apprécier le film Inception, dont l'intrigue tourne autour de la possibilité d'installer une idée dans le subconscient, il est beaucoup plus facile de relier les processus et les acteurs qui servent à faire bouger et à maintenir les rouages du contrôle social.
"Le processus d'initiation fonctionne, nous dit-on, en plaçant la forme la plus simple d'une idée au plus profond du subconscient d'un personnage pendant qu'il rêve, par le biais d'une série de suggestions qui amènent effectivement le personnage à se donner l'idée (selon les mots du maître faussaire de Tom Hardy, Eames). Et le subconscient, nous dit-on, est motivé par l'émotion, pas par la raison, et qu'une émotion positive l'emporte sur une émotion négative. Le niveau le plus profond du subconscient est représenté par un coffre-fort ou une chambre forte, à l'intérieur duquel l'esprit stocke ses pensées et/ou ses souvenirs les plus privés".
Alors, quel est le fond de l'idée qu'ils essaient de planter ? C'est simple. Que tout projet politique et social différent de l'ordre hégémonique est un échec et n'est pas viable. Un éternel retour à la fin de l'histoire, déguisé par des algorithmes et des interfaces graphiques prétentieux.
Il ne s'agit pas seulement de défendre des intérêts économiques, il ne s'agit pas seulement des produits pharmaceutiques, ou des banques et de leur avancée contre les crypto-monnaies, il s'agit de maintenir intouchables les piliers idéologiques et spirituels qui soutiennent l'ordre lui-même.
Le vaccin Spoutnik V, sans parler de l'Abdala, a déclenché des signaux d'alarme dans la matrice. Le système est terrifié par les capsules rouges.
Il ne peut y avoir de contre-exemples réussis, surtout s'ils parviennent à sauver la vie de millions d'êtres humains. C'est pourquoi toute expérience alternative est boycottée par des sanctions, des coups d'état, des blocus, des séditions internes, l'assassinat des leaders émergents. Si ceux qui tissent les fils du pouvoir mondial permettent l'insertion dans le système de messages qui contredisent leur récit symbolique par des faits, il y a un risque d'effondrement. Un réveil collectif, comme ils l'appellent.
Le discours de Xi Jinping à l'occasion du 100e anniversaire du Parti communiste chinois a été analysé dans le monde entier, et il ne pouvait en être autrement compte tenu du rôle désormais mondial de Pékin.
Le choix de Xi de jouer Mao Zedong a été noté. Un choix, en effet, et non une obligation, qui doit être considéré comme tel dans sa référence à la révolution chinoise, qui a ensuite été détournée avec la révolution culturelle de la "bande des quatre", causant du tort à l'Empire du Milieu.
Une telle référence n'est pas le fruit du hasard, étant donné que Xi Jinping a combattu les continuateurs de ce moment sombre de la Chine et a été élu président précisément après avoir battu ceux qui, au sein du parti communiste, dirigé par Bo Xilai, rêvaient d'un retour à ces gloires.
La "bande des quatre" lors de son procès.
Bo Xilai écoutant le verdict qui le condamne à la perpétuité.
Le discours de Xi était évidemment un péan aux "fortunes et progressions magnifiques" de son pays, et il ne pouvait en être autrement. On a voulu voir dans ses propos un défi au monde, notamment au moment où il a souligné que ceux qui tentent de s'opposer à la Chine "finiront la tête cassée et en sang".
En fait, le clin d'œil du président chinois était autre chose : non pas une menace pour le monde, mais une mise en garde contre une éventuelle agression. "Nous n'avons jamais maltraité, opprimé ou assujetti le peuple d'aucun autre pays", a-t-il déclaré, "et nous ne le ferons jamais", comme l'histoire le confirme.
Mais il a prévenu: "Le peuple chinois ne permettra jamais à des forces étrangères de nous dominer, de nous opprimer ou de nous asservir. Quiconque se fait des illusions à cet égard se cassera la tête et versera du sang sur la Grande Muraille d'acier faite de la chair et du sang de 1,4 milliard de Chinois.
Et à propos de la campagne anti-chinoise, il a ajouté: "Nous n'accepterons pas les prédications hypocrites de ceux qui se sentent autorisés à nous faire la morale", une référence pas du tout voilée aux États-Unis et à la Grande-Bretagne.
Il ne pouvait pas non plus manquer de mentionner Taïwan: "Résoudre la question de Taïwan et réaliser la réunification complète de la Chine est une mission historique et un engagement inébranlable du Parti communiste chinois".
"Nous tous, compatriotes des deux côtés du détroit de Taïwan, devons nous unir et avancer à l'unisson. Nous devons prendre des mesures résolues pour faire échec à toute tentative d'indépendance de Taïwan."
D'autre part, l'idée de l'indépendance de Taïwan est très récente et va de pair avec la recherche d'un ébranlement du géant asiatique, brisant la doctrine de la Chine unique, pivot de la géopolitique asiatique globale.
En fin de compte, ce fut un discours tissé d'évidences factuelles, rehaussé simplement par l'habit de type maoïste que portait Xi et accentué par l'agitation géopolitique du jour. Bien sûr, l'attitude décisive du président chinois peut être frappante, mais elle découle de la politique intérieure, qui est moins monolithique qu'il n'y paraît.
Et cela découle d'une initiative rapportée par l'influent magazine américain Politico au début du mois de juin: "Dans un discours prononcé lors d'une session d'étude du Politburo cette semaine, Xi a stupéfié les observateurs les plus chevronnés par certains commentaires qui semblaient signaler un adoucissement spectaculaire de la rhétorique dure que Pékin tenait ces dernières années en référence aux États-Unis, à l'Europe et à d'autres nations".
En fait, il a demandé aux dirigeants du pays de se concentrer sur la diffusion d'une image "fiable, aimable et respectable" de la Chine. Et Xinhua, le média officiel de Pékin, a même suggéré que le pays pourrait adopter une approche "humble" dans ses relations avec le monde extérieur".
Il est probable que, comme dans d'autres circonstances, Xi Jinping a été accusé d'être trop mou par la faction nationaliste, d'où la nécessité pour lui de s'affirmer dans son discours du centenaire.
Policiers et manifestants à Hong Kong.
Ce n'est pas une nouvelle controverse au sein de la Chine: également sur la question de Hong Kong, lors du soulèvement indépendantiste, Xi avait fait preuve de patience, s'opposant aux siens qui auraient voulu une intervention à somme nulle, avec un compromis ultérieur (fin des libertés dont jouit la ville, mais pas de bain de sang).
Il n'est pas non plus concevable que la Chine renonce à Taïwan, dont la déclaration d'indépendance sonnerait comme une déclaration de guerre, un peu comme le Texas se séparant des États-Unis (un thème qui a d'ailleurs retrouvé une actualité floue).
Bien sûr, Xi n'a pas épargné le monde des avertissements, mais le sujet n'est pas la troisième guerre mondiale, ni une poussée de Pékin pour conquérir le monde, mais pour accroître son influence mondiale.
Cela ne conduirait pas à la domination chinoise du globe, puisque, comme Pékin le reconnaît lui-même, la primauté américaine est destinée à durer, mais cela donnerait naissance à ce multilatéralisme que les partisans de l'unilatéralisme américain considèrent comme une menace existentielle.
Il est dommage que ces tétragones de la reductio ad unum soient associés à divers cercles qui, tout en rejetant cette vision obscure, sont incapables de renoncer à l'idée de l'exceptionnalisme américain, qui, au-delà des nobles intentions de ceux qui l'idéalisent, est une "pensée magique" - comme le définit Ishaan Tharoor dans le Washington Post - qui apporte de l'eau à cet obscurantisme.
Le discours de Xi devrait donc être réduit à la chronique géopolitique du moment, n'ajoutant rien et ne retirant rien à la situation critique actuelle. Des critiques qui sont malheureusement vouées à durer, alors qu'il serait urgent de parvenir à une convergence, que la propagande adverse rend impossible.
Un article intéressant de Jon Schwarz dans The Intercept retrace l'histoire de l'OTAN et réfléchit à sa pertinence aujourd'hui. Il rappelle que l'OTAN est née dans l'urgence après la Seconde Guerre mondiale, en 1949, à une époque où l'Europe était détruite et où "la puissance des États-Unis était si prépondérante qu'elle pouvait simplement dicter leur conduite à ses alliés".
Les interlocuteurs de Washington étaient si impuissants que l'Alliance a été discutée "en secret pendant quinze jours au Pentagone". D'où le rôle prépondérant des États-Unis, auxquels les alliés sont de facto attelés.
Bien sûr, il y avait un risque que l'Union soviétique et le communisme s'étendent au Vieux Continent, notamment en raison de la force des partis communistes occidentaux. Mais Schwarz rappelle que les victimes russes de la guerre étaient au nombre de 27 millions, soit un Russe sur six. Un tribut de sang pour lequel "même Staline aurait eu du mal à motiver son propre pays à se lancer immédiatement dans une autre aventure similaire".
L'OTAN, le Pacte de Varsovie et la guerre froide
De plus, les partisans de l'OTAN considèrent l'Alliance comme une réponse indispensable à la guerre froide imposée par les Russes. Mais l'histoire nous dit le contraire, puisque le Pacte de Varsovie est né six ans plus tard. Ainsi, "une lecture plus fidèle de l'histoire suggère que la formation de l'OTAN a contribué à intensifier et à institutionnaliser la guerre froide" plutôt qu'à l'endiguer.
Le Pacte de Varsovie reflète le modèle antagoniste de l'OTAN, ne différant que par le numéro de l'article engageant les pays membres à la défense mutuelle : non pas l'article 5, mais l'article 4.
L'objectif déclaré de l'OTAN était de se défendre contre la menace de l'Union soviétique et du communisme en général, y compris les partis communistes de l'Ouest, que l'organisme militaire devait empêcher d'accéder au pouvoir, en prodiguant "confiance et énergie" aux forces démocratiques, avec des déclinaisons encore à découvrir dans les méandres obscurs de l'histoire de l'Italie (stratégie de la tension, etc.) et de celles des autres pays.
Mais l'objectif implicite de l'OTAN, et du Pacte, était de faire des pays adhérents des satellites de leurs dominateurs respectifs, les États-Unis et l'Union soviétique. D'autre part, depuis l'époque de la Ligue Delio-Atlantique, "accorder une protection est le moyen essentiel par lequel les pays puissants lient à eux les pays moins puissants". En d'autres termes, il s'agissait de structurer et de garantir l'irrévocabilité de la "sphère d'influence" des deux puissances.
L'OTAN ne s'arrête pas, elle se transforme
Une fois l'Union soviétique dissoute, l'ennemi qui rendait l'OTAN nécessaire a disparu et elle aurait dès lors dû se dissoudre. Au contraire, ses objectifs ont changé, la rendant indispensable pour faire face aux nouvelles menaces, qui auraient certainement pu être traitées par des moyens différents qui, tout en préservant la convergence du plus grand nombre, auraient été moins contraignants pour les États subordonnés.
"Le temps a donné raison aux critiques les plus virulents de l'OTAN, qui affirmaient qu'elle était surtout un instrument agressif de la puissance américaine". La nouvelle doctrine a en effet permis à l'OTAN de s'engager dans des guerres d'une nature différente de celle envisagée par ses premiers impulseurs : il ne s'agit plus de la défense d'un État membre, mais de guerres agressives, légitimées de diverses manières sous l'égide de l'ONU, comme la guerre en ex-Yougoslavie et en Libye.
La subordination de l'OTAN à la doctrine des guerres sans fin a donc généré de nouvelles critiques dans le monde, tandis que d'autres ont été produites par des événements moins conflictuels, mais non moins déstabilisants, comme l'élargissement de l'alliance militaire en Europe de l'Est.
L'élargissement en Europe de l'Est
Une expansion qui a d'ailleurs rompu le pacte passé avec l'ancien ennemi, comme le note The Intercept, rappelant la promesse solennelle faite par James Baker, le secrétaire d'État de George H. W. Bush, à Gorbatchev, qui lui avait fait une promesse de paix. Bush, en effet, avait émis cette promesse à Gorbatchev, qui avait demandé d'éviter l'élargissement de l'OTAN dans l'ancien espace soviétique, que Moscou aurait perçu comme une menace existentielle.
James Baker a rassuré son interlocuteur "non pas une mais trois fois que cela ne se produirait pas". Pas un pouce de la juridiction militaire actuelle de l'OTAN ne s'étendra en direction de l'Est", avait-t-il promis. Depuis lors, la quasi-totalité de l'Europe de l'Est a été absorbée par l'Alliance.
"La Russie, note The Intercept, a accueilli de tels événements avec le même enthousiasme que celui qu'auraient les États-Unis si le Mexique, le Canada et un Texas nouvellement indépendant se joignaient à une alliance militaire dirigée par la Russie.....
Aujourd'hui, "l'OTAN regarde plus loin, son horizon est la planète entière", à tel point qu'elle a mis la Chine, qui se trouve sur les rives du Pacifique, dans sa ligne de mire. Et comme par le passé, elle poussera d'autres pays à la rejoindre en les convainquant de diverses manières. Et "tout comme l'OTAN a contribué à créer la guerre froide à l'époque, elle est en train d'en créer une autre aujourd'hui".
La religion otaniste
La remarque finale de Schwarz est très pertinente: "Tragiquement, il n'y a pas de débat à ce sujet, ni aux États-Unis ni en Europe. Comme l'a dit Biden, le petit nombre d'élites impliquées dans ces débats considère l'OTAN comme une instance 'sacrée'."
"De même, lorsqu'il a préconisé la création de l'OTAN, le ministre britannique des Affaires étrangères de l'époque, Ernest Bevin, a déclaré qu'elle était nécessaire pour 'le salut de l'Occident'."
"Aussi étrange que cela puisse paraître aux gens normaux, pour les élites occidentales, l'Otan est devenue une institution de nature religieuse et ne peut donc être remise en question, pas plus que le pape n'est ouvert au débat sur la Sainte Trinité. Et nous savons tous comment les religions peuvent mener à la guerre".
Les nouveaux chiens de garde et le passe sanitaire
par Nicolas Bonnal
La presse française, qui appartient à quelques oligarques (dont Bernard LVMH, qui pèse aujourd’hui MILLE milliards…de francs) et est subventionnée à hauteur de 500 millions d’euros, dégoûte les Français, tant elle aura été crasse et ignoble depuis le début de cette histoire : affolement, confinements, masques, vaccins, meurtres de masse, passes sanitaires, chantage et menaces, elle nous aura tout imposé. Malheureusement il n’y a rien de nouveau sous le soleil: depuis les années Mitterrand et le passage du col Mao au Rotary (Hocquenghem) nous sommes dans un présent permanent d’omerta (Coignard), d’abjection et de désinformation. Nous sommes là pour enrichir les riches et pour empoisonner les Français, disent les gardiens de camp médiatique et électronique.
C’est que les gens dont nous parlons sont des chiens de garde. Et quels dobermans ! Et quels roquets ! Revenons-en alors au maître-livre de Serge Halimi, trublion du Mondediplomatique, qui rappelait dans son très documenté pamphlet que le journaliste est avant tout un enthousiaste :
« La censure est cependant plus efficace quand elle n’a pas besoin de se dire, quand les intérêts du patron miraculeusement coïncident avec ceux de « l’information ». Le journaliste est alors prodigieusement libre. Et il est heureux. On lui octroie en prime le droit de se croire puissant. Fêtard sur la brèche d’un mur de Berlin qui s’ouvre à la liberté et au marché, petit soldat ébloui par l’armada de l’OTAN héliportant au Kosovo la guerre « chirurgicale » et les croisés de l’Occident, avocat quotidien de l’Europe libérale au moment du référendum constitutionnel : reporters et commentateurs eurent alors carte blanche pour exprimer leur enthousiasme. Le monde avait basculé dans la « société de l’information », avec ses hiérarchies « en réseau », ses blogs et ses nouveaux seigneurs. »
La presse fut chargée d’encenser Davos :
« Le capitalisme a ses charités, ses philanthropes dont la mission est d’enjoliver un système peu amène envers ceux qu’il ne comble pas de ses bienfaits. La presse trône au premier plan de ces campagnes de blanchiment. Ainsi, Davos, autrefois conclave des « global leaders » soucieux de « créer de la valeur » pour leurs actionnaires, serait presque devenu un lieu de virée pour patrons copains et citoyens. »
Halimi tacle au passage l’effarant Joffrin :
« N’accablons pas Laurent Joffrin. Lui qui, pendant les années Reagan, célébra les États- Unis et le libéralisme (l’émission « Vive la crise ! » fut en partie son œuvre) n’a fait que traduire à sa modeste échelle ce que, sous la double pression de la concentration capitaliste et d’une concurrence commerciale favorisant le conformisme et la bêtise, le journalisme est devenu presque partout : creux et révérencieux. »
La géographie ça sert d’abord à faire la guerre, disait Yves Lacoste. La presse encore plus, surtout dans une puissance belligène et coloniale :
« Pendant les guerres, la presse se soucie moins de consensus, de pédagogie, de complexité, et davantage de réchauffer l’ardeur des combattants. Presque tout a été dit sur l’effondrement de l’esprit critique lors de la guerre du Golfe où, mis à part L’Humanité et La Croix (par intermittence), chacun des directeurs de quotidien se plaça au service de nos soldats. Quasiment unanimes, les hebdos, radios et télévisions firent chorus, se transformant en classe de recyclage pour officier au rancart vaincu en Algérie trente ans plus tôt et soucieux de prendre, dans les médias, sa revanche sur les Arabes. »
Halimi souligne cette haine pathologique du peuple. On la sentit venir en 1992 au moment de Maastricht. Juste là confinée au nationaliste pauvre (raciste, fasciste, nazi, antisémite, etc.), cette haine se communiqua à tout le peuple de gauche, du centre ou d’ailleurs :
« En 1992, la campagne du référendum sur le traité de Maastricht répéta les « dérives » observées pendant la guerre du Golfe. Là encore, beaucoup de choses se conjuguèrent : la volonté d’encourager l’élite éclairée qui construit l’avenir (« l’Europe») alors que le peuple ne sait qu’exhaler ses nostalgies, sa « xénophobie » et ses « peurs » ; la préférence instinctive pour les options du centre, surtout lorsqu’elles s’opposent aux extrêmes « populiste » et « nationaliste » ; enfin la place accordée aux avis des experts et des intellectuels, eux aussi particulièrement sensibles aux ressorts précédents. Intelligence contre irrationalité, ouverture contre repli, avenir contre passé, ordre contre meute : tous ces fragments d’un discours méprisant de caste et de classe resurgirent au moment du référendum de mai 2005 sur le traité constitutionnel européen. »
Et comme on continue de chercher la petite bête immonde ici et ailleurs, Halimi rappelle :
« Il a fallu attendre la fin du second septennat de François Mitterrand pour découvrir que l’ancien président de la République avait, sciemment et longtemps après la guerre, continué à fréquenter un haut dignitaire de Vichy impliqué dans les basses œuvres de ce régime, qu’il avait envoyé à la guillotine des militants de l’indépendance algérienne…Tant d’enquêteurs et tant de journaux se prétendant concurrents pour arriver à ce résultat-là!»
Ce qui est juif, disait Goebbels à Fritz Lang, nous en décidons. Ce qui est antisémite aussi.
Concluons philosophiquement comme l’andouille Ferry. La presse française est crevée depuis longtemps. Comme l’Eglise ou les partis, elle survit en hystérésis, grâce à nos subventions.
L'interview de Sergio Romano à Libero, qui décrit le changement qui s'est produit aux États-Unis, passant d'un président isolationniste, et donc non hostile à l'intégration européenne, à un empereur qui entend restaurer l'hégémonie américaine dans le monde, mérite d'être lue.
L'interview de Romano
Mais la réaffirmation de l'unicité (incontestable) de la puissance américaine dans le monde se fait évidemment au détriment des pays européens, puisque "le leadership mondial signifie toujours enlever du pouvoir à d'autres sujets", à qui l'on demande de revenir au rôle d'États clients du maître d'outre-mer.
Relancer l'alliance atlantique", explique M. Romano, "n'a qu'une seule signification: nous, les États-Unis, nous nous occupons de la politique de sécurité mondiale, nous avons le monopole de la force et nous prenons seuls les décisions. Aussi : nous protégeons nos alliés. Mais tout cela constitue une entrave à l'intégration européenne".
En ce qui concerne les relations avec la Russie, M. Romano a réitéré ce qu'il a toujours expliqué, à savoir que Moscou considère l'élargissement et le renforcement de l'OTAN dans les pays baltes et en Europe orientale, notamment à ses frontières, avec une "hostilité objective". Si Biden est capable de comprendre ces préoccupations, dit Romano, ce sera bon pour le monde.
Il est inutile de brandir l'affaire de la Crimée dans une perspective anti-russe, puisqu'elle est désormais russe et le restera. Sur ce point, un exemple intéressant : "Rappelons que Khrouchtchev a concédé la péninsule à Kiev en 1954 comme lorsqu'un riche industriel donne les clés de sa Ferrari à un employé pour aller faire un tour"...
Enfin, M. Romano fait part de sa perplexité face à l'idée de M. Biden de lancer une "ligue des démocraties", en déclarant : "Nous n'en avons pas besoin. Quel est l'intérêt ? Dire que Xi Jinping n'est pas démocratique ? Objectivement, cela me semble être un geste anti-chinois".
"Nous, Européens, avons-nous intérêt à donner des leçons de démocratie aux Chinois ? - Non. Biden n'est pas Trump, et j'ajouterais heureusement. Mais il n'admettra jamais que les États-Unis ont besoin de la Chine comme adversaire. Nous, Européens, en revanche, n'en avons pas du tout besoin [...]. Et attaquer Pékin sur la question de la contagion me semble être la pire des choses.
Le scoop australien et le défi de la Chine
Sur ce dernier point, nous avons un autre scoop qui voudrait renforcer la thèse selon laquelle le coronavirus a été créé dans le laboratoire de Wuhan et a échappé à tout contrôle. Sky News Australia, qui dispose de preuves de la présence de chauves-souris dans le biolab de Wuhan sur lequel les chercheurs ont mené des expériences risquées, a avancé cette affirmation.
Un scoop bizarre, puisque le fait qu'il y ait eu des chauves-souris ou non ne change rien, puisque les chercheurs du laboratoire ont déclaré qu'ils menaient des études sur les virus provenant des chauves-souris, notamment sur le Sras, qui avait sévi en Chine en 2002 (il est évident qu'un bio-lab l'étudie, comme il est évident que le biolab de Fort Detrick étudie les "pathogènes les plus dangereux du monde").
Nous n'entrerons pas dans les détails, qui ne nous intéressent pas pour le moment, mais nous nous limiterons à observer l'origine du nouveau scoop, l'Australie, et à prendre note d'une coïncidence chronologique.
Cette nouvelle intervient alors que le plus grand État australien (qui est une fédération), l'Australie occidentale, a appelé à une politique moins hostile à la Chine, expliquant qu'il ne s'agit pas de "s'incliner" devant Pékin, mais d'initier une politique plus "rationnelle" à l'égard du géant asiatique. Après le scoop de Sky News Australia, nous pensons que la demande aura été soumises à des critiques.
La compétition avec Pékin sera longue et il faudra malheureusement s'habituer à cette alternance de haute et de basse tension, à ce courant de nervosité qui traverse le monde, fonctionnel et nécessaire à la relance du leadership global des Etats-Unis.
Il y a de l'ironie dans tout cela. La présidence Biden voudrait tourner la page de la folie néocon qui a produit tant de désastres aux États-Unis et surtout dans le monde, et revenir aux gloires des présidences démocratiques à la Kennedy (c'est du moins l'image qui est passée dans les narratifs officiels, la réalité étant bien différente).
Revenir, c'est-à-dire, à l'époque où l'Empire n'avait besoin que de déployer sa puissance douce et sa persuasion morale pour subordonner l'Occident à lui et tenir à distance les menaces extérieures, la guerre étant reléguée à unrecoursextrême.
Mais malheureusement, la concurrence avec la Chine est très éloignée de ce modèle idéal. La nervosité dont il est imprégné et la propagande enflammée qui l'accompagne vibrent encore de toute la folie néocon que cette présidence voudrait reléguer au registre des mauvais souvenirs.
La pandémie de Covid-19 a affecté la vie quotidienne des gens, l'économie et, bien sûr, la politique. Les gouvernements, afin de contenir les contagions, ont mis en place une série de mesures pour empêcher la propagation incontrôlée du Sars-CoV-2. Le problème principal - qui est aussi la critique que de nombreux leaders d'opinion et intellectuels n'ont cessé de formuler - est que la lutte contre le coronavirus risque de produire des effets irréversibles au sein de la société et, plus particulièrement, dans ces mécanismes délicats qui régulent les relations interpersonnelles.
Si, pour enrayer les infections, il est nécessaire de limiter les possibilités de contact avec les autres, de réduire les sorties inutiles, de mettre fin aux activités "non essentielles", de fréquenter les écoles à distance, etc., si tout cela se produit, alors non seulement la vie quotidienne des personnes, mais aussi leur façon de vivre dans la communauté humaine seront complètement bouleversées. Aux premiers stades de l'urgence sanitaire, alors que personne ne savait ce qu'était ce virus et comment il agissait, les citoyens du monde entier - à l'exception de cas sporadiques - ont accueilli favorablement les confinements et les mesures restrictives. À long terme, un an et demi après le déclenchement de la pandémie, le récit paternaliste de la protection de la santé a commencé à s'estomper.
Avec une économie dans le marasme - si personne ne peut sortir et si les activités "non essentielles" sont arrêtées, une bonne partie de l'économie cesse de fonctionner - nous avons commencé à voir des protestations contre les mesures restrictives colportées par les différents gouvernements. Dans un tel scénario, quel rôle ont joué les partis populistes ? Ou plutôt, l'avènement de la variable Covid-19 a-t-il affaibli leur champ d'action ou a-t-il donné une nouvelle vigueur à des formations politiques qui avaient stagné après des années de polémiques contre les élites ?
La pandémie et le phénomène populiste en Europe
En observant la scène européenne, nous avons constaté que dans pratiquement tous les pays, il existe un phénomène populiste qui se respecte. De l'Espagne à la France, de l'Italie à l'Allemagne, en passant par le Royaume-Uni et la Suède, les situations à prendre en compte sont multiples. Pour donner un aperçu général, nous avons fait appel à Marco Tarchi, politologue, l'un des principaux experts du populisme, professeur de sciences politiques à l'université de Florence et auteur de Italia Populista. Dal qualunquismo a Beppe Grillo (Il Mulino).
"D'une certaine manière, la pandémie a affaibli le populisme. Lorsqu'un pays est confronté à une menace qu'il ressent comme sérieuse, et de surcroît inattendue, il a tendance à se rassembler en majorité autour de ceux qui le gouvernent. En d'autres termes, elle ressent le besoin paternel, et donc celui qui gouverne devient en quelque sorte un phare et un point de référence pour la communauté", a expliqué M. Tarchi.
Si l'on exclut le cas controversé d'Orban, des Polonais et d'autres gouvernements d'Europe de l'Est, dans les pays où le phénomène populiste était en progression, la crise sanitaire a fortement réduit sa capacité à s'implanter et à s'étendre. À quel avenir faut-il s'attendre ? Il est difficile de donner une réponse définitive, car l'avenir du populisme, a ajouté M. Tarchi, dépend avant tout d'une variable, à savoir "les proportions des conséquences négatives de la crise de Covid sur le système économique et social".
L'importance de l'économie
En Europe, des mesures ont été prises pour éviter le risque d'une débâcle économique. "Nous savons que, par l'injection de capitaux virtuels, les politiques de la BCE, l'UE, etc., nous avons essayé et essayons de contenir, ou plutôt de pousser le plus loin possible dans le temps, un éventuel effondrement du système économique productif", a souligné M. Tarchi. Cette manœuvre va-t-elle réussir ? " Le succès ou l'échec des populistes en dépend. Comme certains l'ont admis, tôt ou tard, la "facture" devra être payée", a ajouté le professeur.
En bref, beaucoup dépendra de la manière dont les gouvernements pourront se prémunir contre d'hypothétiques crises économiques qui pourraient frapper leurs pays respectifs. Il n'est pas certain que cela se produise, mais il est plausible de s'attendre à ce que certaines catégories de citoyens, parmi les classes les moins aisées, se retrouvent dans la situation désagréable de devoir "payer la facture" des fermetures.
Il est clair que, à mon avis, il y aura un renouveau du populisme", a déclaré Tarchi, "également en raison d'une autre conviction, que je ne suis pas le seul à avoir, mais que j'ai exprimée de manière particulièrement forte depuis plus de vingt ans. Le populisme est un phénomène cyclique". Dans quel sens cyclique ? " Comme l'a écrit Loris Zanatta, le populisme est une rivière karstique : il disparaît puis réapparaît. Nous n'avons jamais vu de populisme avec une tendance linéaire. Par conséquent, nous devions nous attendre à ce que, après des années et des années de croissance, nous ayons un reflux de ce phénomène".
La (grande) limite du populisme
Le populisme a, entre autres, une énorme, énorme limite. Qu'est-ce que c'est ? "Il ne peut pas se donner de solidité car cela est en dehors de sa nature. Les mouvements qui se donnent une solidité - ajoute Tarchi - sont ceux qui sont structurés, organisés et institutionnalisés. De par leur nature, les mouvements populistes ne vivent pas bien l'institutionnalisation. Ils le subissent ou deviennent autre chose. Nous verrons ce qui se passera mais, comme je l'ai écrit il y a des années, le populisme est "l'invité inconfortable des démocraties"".
Et qu'est-ce que cela signifie ? "Le phénomène populiste reste toujours présent au sein des démocraties et ne peut jamais en être chassé. Par moments, il sera manifestement présent, puis il disparaîtra et reviendra. Pour l'instant, nous n'avons guère vu de populisme réellement ancré dans un réseau gouvernemental, du moins en Europe. Si cela se produit, ce sera quelque chose de nouveau. Mais comment se porte le populisme, à la lumière de la pandémie de Covid ?
"Pas bien, bien qu'il ne soit nullement dans le coma. Il a un problème de santé passager, et comme toujours ses chances ou ses malheurs dépendent de l'état de santé de ses adversaires. Le populisme se lève, en fait, lorsque les institutions de la démocratie libérale commencent à grincer, lorsque les partis traditionnels ne peuvent plus bénéficier de la confiance de la population, etc." En tout état de cause, le populisme ne peut être considéré, comme certains le prétendent, comme la cause des crises, mais plutôt comme la "conséquence des crises dont il se nourrit"". De ce point de vue, "les crises étant une constante périodique de la politique, le populisme ne disparaîtra jamais. Il aura cependant des moments de splendeur et des moments négatifs".
Le populisme et la souveraineté sont deux concepts politiques complètement différents. Bien que les médias fassent souvent l'erreur de superposer les deux termes comme s'ils étaient synonymes, il existe en fait des différences significatives qui séparent les phénomènes populistes et souverainistes.
Les premiers ne suivent pas de dogmes, ils incarnent une lutte générique du peuple contre les élites, accusées d'être des usurpatrices de richesses, ils proposent des solutions simples à des problèmes complexes et poussent à une réforme de la démocratie, afin qu'elle soit la plus directe possible. Ils proposent des solutions simples à des problèmes complexes et poussent à une réforme de la démocratie de la manière la plus directe possible. Les populismes se nourrissent également des crises économiques et démocratiques, au point qu'ils peuvent être considérés comme d'excellents thermomètres pour mesurer la santé d'un système politique donné.
Ce n'est pas le cas des souverainismes, dont les expériences, tout en partageant des points de contact avec les phénomènes populistes, voire en faisant usage du même populisme dans la communication politique, ou dans d'autres domaines, visent à protéger l'identité d'un État-nation par rapport à la communauté internationale, aux frontières et, plus généralement, aux prérogatives de la nation.
Ces dernières années, des leaders politiques hybrides sont apparus dans le monde entier, difficiles à étiqueter dans un sens ou dans l'autre. La situation est encore compliquée par le contexte des pays qu'ils représentent, qui ne sont parfois même plus considérés comme démocratiques mais comme "autocratiques", pour ne pas dire autoritaires. Prenons le cas de Viktor Orban, premier ministre de Hongrie, chef du parti Fidesz, un politicien chevronné qui a été légitimement élu par le peuple à l'issue de compétitions électorales régulières. Orban est accusé - en termes péjoratifs - d'être un populiste, un souverainiste et un démagogue. Au-delà des considérations évaluatives des journalistes et des experts, quelle est la place de personnes comme Viktor Orban sur la scène politique actuelle ? Et quel est leur objectif politique ?
Orban : populiste ou souverainiste ?
La figure politique d'Orban est assez énigmatique. Le leader hongrois peut-il être qualifié de populiste ? Selon Marco Tarchi, politologue, expert du populisme et professeur de sciences politiques à l'université de Florence, nous sommes confrontés à un malentendu non résolu. "Conceptuellement, le problème est que nous n'avons pas encore fait une distinction claire entre le populisme et la souveraineté. Il y a cependant une distinction claire et, de ce point de vue, Orban joue la carte d'un souverainisme fortement conservateur et traditionaliste, qui n'a pas nécessairement trop de points communs avec le populisme", a immédiatement précisé M. Tarchi.
Après tout, le populisme est également capable, par définition, d'adopter des positions conservatrices dans certaines circonstances. En Hollande, nous pouvons prendre l'exemple de Geert Wilders et de son Parti pour la liberté ; Wilders représente une formation populiste qui peut compter sur un fond idéologique très peu conservateur. Orban, quant à lui, "joue la carte du conservatisme", mais son patriotisme national-religieux est compliqué par le fait que, malgré une nette majorité catholique, la Hongrie possède également un protestantisme vivant. En bref, nous avons affaire à un leader politique qui utiliserait le populisme comme un outil pour obtenir du soutien, tout en s'appuyant sur un conservatisme sous-jacent bien évident dans la société hongroise.
Mais quel est l'avenir de Viktor Orban ? "Orban peut devenir, s'il réussit et s'il le veut, le leader d'un nouveau conservatisme réactif, qui ne se résignerait plus seulement à diminuer la vitesse du changement imposé par les progressistes, mais qui est prêt à combattre le progressisme sur son propre terrain", a expliqué M. Tarchi. Toutefois, Orban doit faire face à une importante épée de Damoclès, la même épée qui plane au-dessus de la tête des gouvernements polonais, tchèque et slovaque.
"Le boulet pour Orban, et dans une certaine mesure aussi pour les autres membres du groupe de Visegrad, est le fait qu'il n'est pas en mesure de quitter l'Union européenne, car d'un point de vue économique, un tel mouvement provoquerait un énorme bouleversement pour la Hongrie", a ajouté M. Tarchi. Le Premier ministre hongrois devra donc constamment faire face aux sanctions, au dénigrement et aux attaques plus ou moins directes de Bruxelles, du moins tant que l'UE conservera le leadership qu'elle a actuellement. "Le rôle d'Orban, en dehors des frontières magyares, est très difficile à interpréter", conclut Tarchi.
Les dirigeants du groupe de Visegrad
Orban n'est que la partie émergée de l'iceberg d'un phénomène complexe. Il est le prototype des récents leaders apparus en Europe de l'Est, quelque part défini contradictoirement et simultanément comme populiste, souverainiste et conservateur. Souvent, ces hommes politiques combinent ces trois concepts, retravaillant de nouvelles formes de communication. Il y a cependant des différences à prendre en compte, dictées par l'importance que les pays respectifs gouvernés par ces personnalités jouent sur l'échiquier géopolitique international. En effet, le rôle de la Hongrie d'Orban est une chose, celui de la Pologne, de la République tchèque ou, mieux encore, de la Russie, en est une autre.
"La logique de conduite du pouvoir de Vladimir Poutine prend en compte la dimension mondiale de son pays. Celle d'Orban, celle des Tchèques, ou même celle des Slovaques et des Polonais, ne peut que tenir compte d'une interdépendance beaucoup plus grande", a répété M. Tarchi. Il est vrai, a-t-il ajouté, que "le groupe de Visegrad existe" et qu'il y a "une coordination entre ces pays pour intervenir sur certains points, notamment celui du blocage de l'immigration". Cependant, la menace de l'UE d'Ursula von der Leyen reste vivante, celle d'agir par le biais de sanctions et de plans nationaux individuels liés à l'UE nouvelle génération. Cela peut mettre plusieurs "bâtons dans la roue".
Quoi qu'il en soit, conclut M. Tarchi, malgré les rencontres entre les dirigeants du groupe de Visegrad et les diverses proclamations, "je ne vois pas encore se former de manière organique ou très coordonnée un front souverainiste conservateur capable d'agir de manière similaire dans tous les pays et de constituer un contre-pouvoir - bien que limité pour l'instant - à celui de l'UE".
Cet été chaud et tragiquement pluvieux a été un peu égayé par une histoire d'espionnage made in Israël, dont le protagoniste est la NSO, une société de cybersécurité qui a vendu à la moitié du monde son système d'espionnage avancé, Pegasus, capable d'infiltrer les systèmes de communication avec une facilité toute nouvelle, sans aucune interaction de la part de l'utilisateur.
Il suffit de connaître le numéro de téléphone de la personne concernée, selon la démonstration publique de l'entreprise aux autorités saoudiennes, qui ont été invitées, pendant la représentation, à acheter un smartphone dans le supermarché voisin, puis à ne leur communiquer que le numéro de l'appareil. La démonstration a été un succès total, les Saoudiens étant en extase et prêts à signer les contrats obligatoires.
Une anecdote racontée par Haaretz explique comment Netanyahu était le principal sponsor de l'entreprise. L'article illustre en effet la corrélation ponctuelle entre les voyages de l'ancien premier ministre israélien dans le monde et l'achat de Pegasus par les pays intéressés.
Une ponctualité surprenante, pour laquelle nous nous référons au journal israélien. Bien sûr, c'est le jeu de tout le monde, car NSO n'est pas la seule société à vendre de tels produits (elle est en bonne compagnie avec les Américains, les Russes et bien d'autres), mais le fait que le Pegasus ait été vendu à des régimes autoritaires et utilisé pour espionner des journalistes et des personnalités de l'opposition a jeté une ombre sur ces opérations.
Opération commerciale et géopolitique
Ces opérations, explique encore Haaretz, n'avaient pas seulement un but commercial, mais avaient aussi une valeur "géopolitique". A tel point que l'article mentionne également la Défense israélienne, qui est appelée à donner les autorisations nécessaires pour la vente de logiciels sophistiqués à des pays tiers.
Le journal israélien cite un certain nombre d'exemples où des interventions supérieures ont dicté la ligne à l'entreprise en question, ainsi qu'à d'autres rivaux (également israéliens). Des exemples comme celui-ci : "Le fondateur et PDG de NSO, Shalev Hulio (photo)" a déclaré à Haaretz que "après que la société ait décidé d'appuyer sur le fameux kill switch de son logiciel, coupant les vivres à ceux qui abusaient de son système Pegasus, elle a reçu une demande pour le réactiver pour des raisons diplomatiques et de défense".
En particulier, le logiciel semble avoir servi à accompagner l'accord d'Abraham avec les pays du Golfe, mais aussi à encourager une "surchauffe" des relations entre Riyad et Téhéran, une évolution qui va dans le sens des intérêts d'Israël.
En bref, bien qu'ils aient été créés et gérés par des personnes privées, la NSO et ses organisations sœurs ont agi en coordination avec l'appareil étatique israélien. Cette hypothèse a également été avancée par le Washington Post, qui a titré : "Les responsables de la sécurité des États-Unis et de l'UE se méfient des liens entre la NSO et les services de renseignement israéliens". Et donc dans le sous-titre : "Des fonctionnaires et des analystes affirment que la société israélienne de technologie de surveillance a créé un produit de classe mondiale, mais certains soupçonnent une relation avec le gouvernement israélien".
Les guerres du cyberespace
NSO nie les allégations et affirme être victime d'une campagne orchestrée, ce qui est évident dans un premier temps et plus que plausible dans un second, puisqu'il s'agit d'un secret de polichinelle, partagé par de nombreuses entreprises du secteur, qui a émergé pour créer un scandale à retardement.
Cela dit, il est probablement bon que, au moins pour une fois, le monde puisse s'interroger sur certaines opérations et sur certains mélanges ; et plus généralement, sur les multiples sens du terme cybersécurité.
Quand la majorité silencieuse des vaccinés commence à persécuter les hérétiques…
par Nicolas Bonnal
Le pouvoir y certes est allé fort. Alors on rassemble facilement un million de personnes dans les rues alors on se dit qu’on a gagné. Mais ce n’est pas si simple. On aura bientôt cinquante millions de vaccinés et ces vaccinés ne seront pas commodes. Samedi je n’ai pas eu l’impression d’une manif de vainqueurs, mais de perdants, de minoritaires et d’isolés. L’écrasante majorité des beaufs de ce pays sont pour le passe comme ils ont été pour la guerre contre l’Irak, la Syrie, la Libye, les confinements, les masques, la mondialisation, Macron, la russophobie viscérale, le Reset, l’écologie, le reste. On retrouve les chiffres de Stanley Milgram, alors pourquoi s’étonner ? 60% gobent tout, 30% doutent, 10% résistent. Je sais que les sondages sont truqués, mais voyez la réalité du terrain. Ceux de mes lecteurs qui travaillent me le disent, qu’on les persécute au boulot. Et on n’est qu’un début. Macron a la majorité et les médias derrière lui, plus les milliers de milliards de ses oligarques. Il peut voir venir.
Un rappel : on fascise les non-vaccinés parce qu’ils parlent d’étoile jaune. Mais on en parle en Israël. Et Stefan Zweig (suicidé en 1941) ne disait pas que les juifs étaient gazés par Hitler en 1938 à Vienne ; il disait que les Juifs n’avaient plus le droit de s’asseoir sur un banc, d’aller au restaurant ou au cinéma. Zweig aussi explique que la masse anesthésiée finit par s’en foutre du sort du juif – comme aujourd’hui le vacciné du non-vacciné. Au-dessus plane donc une élite surhumaine ou transhumaine qui LUI VEUT VRAIMENT DU MAL. Regardez une brève et belle émission du Journal L’Humanité: une petite mignonne explique à partir de 1’23 qu’elle n’a plus de droits et qu’elle est harcelée au boulot par ses gentils collègues (« ils sont tous pour le vaccin, ils disent que je suis un danger pour la nation »). Je répète, c’est ce que me confirment MES LECTEURS QUI TRAVAILLENT. Une bonne dame confirme que les vaccinés accusent et persécutent. Plus il y aura de vaccinés, plus il aura de persécutions.
Le vacciné a tout pour se sentir bien dans sa peau. Dans ses mémoires Maurice Bardèche en effet explique que les Français cherchaient à survivre (ô marché noir…) et que le sort des Juifs leur était indifférent. Bardèche : « le public ne me sembla montrer aucune sensibilité particulière à l'égard de l'avenir qu'on pouvait craindre pour les Juifs résidant en France. La partie de la population dont je pouvais connaître les sentiments avait cru, à tort ou raison, je n'en sais rien, que la plupart des Juifs avaient souhaité cette guerre, combattu ceux qui voulaient l'éviter. »
Les minorités non vaccinées seront accusées de ne pas tenir compte des braves gens qui risquent d’être contaminés à cause d’elles. On verra la suite. Il est facile de parler de révolte de rue alors qu’ils ont encore la loi martiale et l’OTAN dans leur pochette-surprise. Vive notre âge obscur.
Burkina Faso : En 10 ans, le gouvernement américain a anéanti le pays
Si le gouvernement américain cherchait à anéantir le Burkina Faso, il ne pourrait guère faire mieux. Mais ce pays d’Afrique de l’Ouest, déjà très appauvri et enclavé, est tout bonnement emblématique de l’exercice qui n’est qu’absurdité auquel se livre la Françafrique à l’échelle du Sahel.
Peuls et groupes armés terroristes en Afrique de l’Ouest
Peuple majeur de l’Afrique de l’Ouest, comptant près de 35 millions de personnes réparties sur 15 pays, les Peuls sont soumis aux pressions de l’islam politique et aux tentations d’adhésion aux groupements terroristes armés. L’instrumentalisation et le recrutement de certains groupes renforcent la vulnérabilité de cet espace.
Bruits de bottes dans l’Himalaya : « risque de dérapage » entre la Chine et l’Inde
La Chine et l’Inde auraient renforcé de façon significative leurs contingents dans l’Himalaya, tout au long de leur frontière commune. Pour le général Alain Lamballe, ancien attaché militaire à New Delhi, ce déploiement militaire correspond à la stratégie défensive indienne qui se confronte à l’expansionnisme chinois.
Comparer l’ampleur des réactions des gouvernements au choc économique de la crise sanitaire en 2020
Les conséquences de l’épidémie de la COVID-19 ont constitué un choc majeur pour l’ensemble des économies développées et des économies en développement. Ce choc, qui est survenu dans un laps de temps relativement court, aboutit même à relativiser l’effondrement de 2008-2010, dans ce qui fut qualifié de « crises des subprimes ». Par jacques Sapir.
Aux États-Unis, depuis 2004, la ville de Grafton, dans le New Hampshire est investie par des libertariens. Ces adeptes d’une doctrine hostile à toute forme de gouvernement et de services publics ont imposé leur modèle de société hyper-individualiste. Le résultat ? Une certaine idée du chaos et des ours aux portes de la ville.
Afghanistan : l’échec cuisant de la tentation impériale américaine
Après presque 20 ans de conflits qui ont laissé l’Afghanistan plus instable que jamais, les Alliés plient bagage, laissant un pays assiégé par des Talibans en pleine dynamique de reconquête. L’armée américaine devrait avoir totalement quitté le sol Afghan le 11 septembre prochain. L’échec de la coalition menée par Washington n’est pas seulement une catastrophe humanitaire, économique et stratégique.
Pourquoi l’Occident ignore toujours les terroristes au sein de ses alliés?
Le terme « terroriste » est souvent utilisé comme une épithète à usage général destinée à condamner un État ou un groupe honni à être à tout jamais isolé et puni. Utilisée de cette manière, l’étiquette de « terroriste » devient un substitut à une analyse rigoureuse de la politique à l’égard de l’État ou du groupe en question. En général, l’objet de cette qualification a effectivement eu recours au terrorisme, mais il en est de même pour beaucoup d’autres qui ne sont pas catalogués de la même manière et qui peuvent même être considérés comme des amis et des alliés. Si la doctrine est « terroriste un jour, terroriste toujours », alors il existe de nombreuses histoires louches qui méritent d’être scrutées.
Le FBI utilise la même tactique que lors de la première guerre contre le terrorisme : orchestrer ses propres complots terroristes.
Pour les médias grand public, seuls les détraqués remettent en question le rôle du FBI dans l’assaut du Capitole. Est-ce par ignorance des méthodes du FBI ou par désir de tromper le public ?
Dix ans que ça dure. A Nantes, la cour d’appel administrative vient d’annuler les autorisations d’un parc éolien dans les Côtes d’Armor, en raison de son impact négatif sur le paysage. Les travaux avaient déjà démarré et la société responsable a annoncé se tourner vers le Conseil d’État. Près de Saint-Brieuc, malgré la colère croissante des pêcheurs, L’érection de soixante-deux mâts de 207 mètres de haut a été validée le long de côtes labellisées Grand Site de France. Dans le Nord, la Belgique saisit la justice pour tenter de faire annuler un vaste projet offshore du côté de Dunkerque... Quel gâchis ! De temps, d’argent, d’énergie.
Macron, le passe sanitaire ou l’illusion du contrôle
Un soir de juillet, deux jours avant la fête nationale, Emmanuel Macron prit l’une des décisions les plus lourdes de son quinquennat, dans une saillie jupitérienne dont il a le secret : la mise en place d’un système ouvertement discriminatoire, qui, pour fonctionner, suppose la surveillance généralisée de la population française. La discrimination était assumée, notamment avec cette phrase aussi hallucinante que révélatrice : « Partout, nous aurons la même démarche : reconnaître le civisme et faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous. » Le premier mot est ici le plus important, tant la volonté est de repérer et exclure les non-vaccinés effectivement partout : non seulement dans les restaurants et les cafés, mais aussi les trains, les centres commerciaux et même les hôpitaux. Par Vincent Laborderie (politologue)
Conseil constitutionnel : la recette du pâté d’alouette. Oui, le droit peut être manipulé
Éric Dupond Moretti, qui décidément n’en rate pas une, a répondu à ceux qui critiquaient la décision du conseil constitutionnel « validant » pour l’essentiel la loi concernant l’instauration du pass sanitaire : « Contrairement à leurs convictions le droit, lui, ne peut être manipulé. » C’est simplement risible. Un étudiant de première année le sait, le droit a plusieurs sources dont une des principales est précisément la jurisprudence. C’est-à-dire l’interprétation et l’application de la Loi par le juge Et dans ce domaine, depuis une trentaine d’années celui-ci s’en est donné à cœur joie. En particulier le Conseil constitutionnel qui n’a plus rien à voir avec celui prévu
initialement par la constitution du 4 octobre 1958. Initiant une évolution qui a complètement déséquilibré le système législatif institutionnel dans notre pays
Le Conseil constitutionnel a validé partiellement le projet de loi sanitaire prévu pour entrer en vigueur le 9 août. Outre quelques censures à la marge, le tour de force réside dans l’approbation de l’extension du passe sanitaire. Une décision aussi prévisible que scandaleuse pour l’essayiste Anne Sophie Chazaud.
Les conditions géopolitiques du terrorisme dans la zone des trois frontières
La zone des trois frontières, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, concentre aujourd’hui toutes les inquiétudes. Ce vaste plateau latéritique de savane ouest-africaine est traversé par la vallée du Niger, qui s’écoule du nord-ouest vers le sud-est. Il forme un quadrilatère de plus de 500 000 km2 compris entre Tombouctou et Kidal, au nord, Ouagadougou et Niamey, au sud. Enclavé et soumis à l’épreuve de l’aridité, qui s’accentue avec la désertification du Sahel, cette région transfrontalière, d’agriculture et d’élevage, abrite environ 10 millions de personnes. Le Liptako-Gourma – puisque c’est ainsi qu’on désigne traditionnellement cet espace – forme désormais, de l’avis de nombreux observateurs, l’épicentre du « dijhadisme sahélien », greffé à la prolifération des groupes armés et aux affrontements ethniques.
La crise mondiale du transport maritime est bien plus grave qu’on ne l’imagine
Selon le département de recherche de Statista, basé en Allemagne, environ 80 % de toutes les marchandises sont transportées par voie maritime, notamment le pétrole, le charbon et les céréales. Sur ce total, en termes de valeur, le commerce maritime mondial de conteneurs représente quelque 60 % de l’ensemble du commerce maritime, évalué à environ 14 000 milliards de dollars US en 2019. Ce transport maritime est devenu le pivot de l’économie mondiale, pour le meilleur et pour le pire.
Liban : situation un an après l’explosion dans le port de Beyrouth
4 août 2020 : deux explosions frappent le port et une partie de la ville de Beyrouth, fragilisant un pays déjà durement touché par de nombreuses crises. Un an après, un colloque réunissant de nombreux experts a dressé un état des lieux du Liban.
PfizerLeak : les contrats Pfizer et leurs clauses surprenantes
Bien que les documents qui ont fuité soient en réalité des "drafts" du laboratoire, soit un brouillon, une version non finale, il y a fort à parier que les contrats y ressemblent comme deux gouttes d'eau. Pfizer s'est montré plutôt agressif en essayant de protéger les détails de leurs accords internationaux sur le vaccin COVID-19. Mais en voici une copie. Le document qui est ici épluché a été rendu public par l'Albanie en janvier 2021.
Fit for 55. Le Green Deal européen et l’effondrement industriel de l’Europe
L’une des rares déclarations honnêtes de Bill Gates a été sa remarque, faite début 2021, disant que si vous pensez que les mesures dues à la Covid sont mauvaises, attendez de voir les mesures prises contre le réchauffement climatique. L’Union européenne est en train d’imposer, du haut vers le bas, les mesures les plus draconiennes à ce jour, qui détruiront effectivement l’industrie moderne dans les 27 États de l’Union européenne. Sous de jolis noms tels que « Fit for 55 » et European Green Deal, des technocrates non élus finalisent à Bruxelles des mesures qui provoqueront le pire chômage industriel et le pire effondrement économique depuis la crise des années 30. Des industries telles que l’automobile ou le transport, la production d’électricité et l’acier sont sur la sellette, tout cela pour une hypothèse non prouvée appelée réchauffement climatique d’origine humaine.
Peut-on parler de souverainisme breton afin d’assurer l’épanouissement de l’identité bretonne?
par Padrig Montauzier
En Bretagne nous sommes, depuis longtemps, familiarisés avec les termes autonomistes, indépendantistes, voire séparatistes. Une nouvelle dénomination semble voir le jour depuis quelque temps, celle de souverainisme breton ! Comment peut-on définir succinctement ce nouveau concept ?
Toute nation qui ne s’administre pas elle-même connaît une rapide décadence. La Bretagne depuis la perte de son indépendance, de l’union de 1532 et plus depuis son annexion totale de 1790, en donne un exemple frappant. La Bretagne, enserrée dans l’un des États les plus centralisé d’Europe, n’a pas la possibilité de « s’auto-déterminer ». Elle n’a pas non plus la possibilité de « s’auto-organiser » ni de « s’auto-gérer ».
L'idée de la souveraineté de la Bretagne est fondée sur une vision et une interprétation nationalistesdes faits historiques et des réalités sociologiques de la Bretagne. L’argument clé consiste à soutenir que la population bretonne forme un peuple distinct qui, dans le cadre du système politique français, ne peut exister qu’à titre de minorité ethnique, ce qui implique que le peuple breton ne peut se diriger lui-même et que son destin dépend totalement de l’État français et de ses gouvernements. Accepter un tel statut de minorité signifierait que les Bretons donnent leur accord à une totale subordination impliquant qu’ils renoncent à leur identité propre.
Cette souveraineté ne se fera pas contre la France, mais pour la Bretagne !
On peut imaginer que, dans un premier temps, dans une première étape, la Bretagne dispose d’un statut de large autonomie administrative et politique comme cela est mis en pratique aujourd’hui tout près de nous en Europe: en Catalogne, en Écosse, au Pays Basque, en Flandre… etc.
Ce positionnement est une rupture totale avec le centralisme et le jacobinisme français qui tuent les peuples et avec le dogme de « l’une et indivisible » contre nos libertés. On peut alors parler de souveraineté-association, combinaison de deux concepts : l'obtention de la souveraineté de l'État breton et la création d'une association politique et économique entre le nouvel État souverain et la France. On peut définir ce statut de souveraineté partagée ou co-souveraineté comme étant les pouvoirs d'une Bretagne de faire ses lois, de prélever ses impôts et d'établir ses relations extérieures. Une démarche loin d’être utopique, elle est même au contraire parfaitement rationnelle et le peuple breton a toutes les aptitudes nécessaires pour l’assumer. Cette souveraineté souhaitée rendra donc aux représentants du peuple breton le droit de gérer les affaires bretonnes et permettra ainsi à la Bretagne de protéger ses intérêts matériels, d’assurer son développement économique, de défendre ses libertés culturelles spécifiques et ses intérêts spirituels.
Ainsi, les Bretons pourront bâtir une Bretagne authentiquement bretonne tout en s’intégrant au monde moderne par l’enrichissement de ses propres valeurs et le refus d’un repli ou d’une autarcie mortelle. La Bretagne sera une terre de libertés, non pas formelles mais réelles sur tous les plans.
La situation actuelle de peuple colonisé n’a rien de stimulant, rien qui invite au dépassement de soi ou qui pousse à l’audace créatrice. À ce destin, courbé sous les vents de l’histoire, le souverainiste préfère les risques de vie qu’offre l’indépendance. C’est le sens de l’appartenance, la définition de l’identité, qui est l’enjeu majeur de la souveraineté. Les Bretons ont à choisir entre le statut de minorité et le statut de peuple à part entière.
Cette émancipation politique, économique, sociale et culturelle du peuple breton, ainsi que l’édification d’une Bretagne enfin maîtresse de ses destinées personnelles dans le respect d’une interdépendance qui l’unira à ses voisins européens… peut parfaitement convenir à une définition du souverainisme breton.
Les Bretons doivent être en première ligne pour revendiquer cette souveraineté de la Bretagne avec la tranquille assurance de disposer des atouts économiques suffisants pour afficher cette ambition.
Mais les Bretons sauront-ils se doter d’un tel projet de société ?
Padrig MONTAUZIER
Sommaire War Raok n° 61
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3. Padrig Montauzier
Buan ha Buan page 4
Société
Le tatouage traditionnel celtique page 9. Ronan Danic
Politique
Kofi Yamgnane, ses mémoires d’outre-haine page 10. Erwan Houardon
Culture bretonne
La destruction de la langue bretonne page 14. Louis Melennec
Tradition
Le symbolisme de la sirène page 16. Riec Cado
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton page 19. Donwal Gwenvenez
Histoire de Celtie
Highland titles page 23. Jérôme Le Bouter
Tribune libre
Les origines de la culpabilité blanche page 24. Tomislav Sunic
Histoire de Bretagne
Enfants de la Chouannerie, sublimes cœurs de héros page 28. Youenn Caouissin
Environnement
L’éolienne, nouveau symbole de la Bretagne ? Page 30. Erwan Houardon
Civilisations celtiques
Littératures écrites et orales des civilisations celtiques page 32. Fulup Perc’hirin
Nature
Les petits réverbères de la nature page 36. Youenn Caouissin
Lip-e-bav
Un repas breton page 37. Youenn ar C’heginer
Keleier ar Vro
L’État français contre les langues “régionales” page 38. Meriadeg de Keranflec’h
Samedi 5 juillet 2021, Recep Tayyip Erdogan a officiellement inauguré les travaux du Kanal Istanbul, une voie navigable de 45 kilomètres de long, 150 mètres de large et 25 mètres de profondeur qui reliera la mer Noire à la mer de Marmara. Aussi grand, sinon plus, que Suez et Panama, l'ouvrage contournera le détroit du Bosphore, décongestionnant le passage maritime encombré (48.000 transits par an en moyenne) et transformant la partie européenne de la métropole turque en une véritable cité insulaire.
L'ouverture des chantiers, aussi symbolique soit-elle, couronne l'ancien rêve de Soliman le Magnifique : une idée visionnaire et ambitieuse que, cinq siècles après le départ du sultan, le président à la main de fer a reprise et relancée avec obstination. La première annonce de l'ouverture du "quatrième détroit" turc remonte à 2011 - "voici mon projet fou", a-t-il proclamé devant les ministres ébahis - ; maintes fois reporté, modifié et discuté, le plan a finalement été approuvé par le Parlement en mars dernier. L'excavation sera achevée, du moins selon des sources gouvernementales optimistes, en seulement six ans et coûtera au total environ 15 milliards de dollars.
Apparemment, rien de nouveau, du moins pour les dirigeants de l'AKP, le parti au pouvoir depuis 2002. Depuis lors, son leader indéboulonnable, Erdogan - d'abord en tant que premier ministre et, depuis 2014, en tant que président de la république - a promu de grands projets d'infrastructure visant à moderniser le visage du pays, à promouvoir la croissance économique et, surtout, à renforcer le consensus interne, base de sa longévité au pouvoir. Un mécanisme qui s'est toutefois grippé puisque l'économie turque est en grande difficulté et que la dévaluation catastrophique de la livre turque (une perte de plus de 400% par rapport au dollar en une décennie) continue de pénaliser un cadre économique aggravé par les coûts de la pandémie, le ralentissement des activités de production et le recul très net du tourisme. En bref, des caisses à moitié vides, de nombreuses dettes et une question cruciale : qui va payer les coûts de "Kanal Istanbul"? Certainement pas les six principales banques d'affaires turques qui, comme le confirme Reuters, se sont montrées très réticentes à financer un projet coûteux et, en même temps, extrêmement conflictuel.
En attendant d'hypothétiques bailleurs de fonds étrangers - le ministre des transports Adil Karaismailoglu a évoqué des investisseurs chinois, qataris ou peut-être néerlandais - la contestation s'amplifie. En première ligne, le maire de la ville, Ekrem Imamoglu, membre du Parti républicain populaire, principale force d'opposition, ennemi juré d'Erdogan et probable adversaire aux élections présidentielles de 2023. Fort du soutien des scientifiques et des écologistes et des craintes de centaines de milliers d'habitants, M. Karaismailoglu n'a pas hésité à dénoncer les risques sismiques (le tracé longe la redoutable ligne de faille sismique anatolienne), les désastres écologiques imminents (pour Greenpeace, il s'agit d'une "catastrophe aux conséquences imprévisibles" et les océanographes craignent la mort de la mer de Marmara déjà languissante) et, surtout, la certitude que le projet représente une gigantesque spéculation immobilière. Ce soupçon est amplement confirmé par la hausse prodigieuse des prix des logements (de 25 dollars le mètre carré à 800), face aux maigres compensations des expropriations depuis 2013.
La question déjà complexe est encore compliquée par l'aspect géopolitique, un facteur central. Depuis 1936, les passages du Bosphore sont régis par la Convention de Montreux, chef-d'œuvre diplomatique de Kemal Ataturk, qui garantit le trafic des navires marchands de tous pavillons et limite l'accès à la mer Noire des navires militaires de pays tiers. Jusqu'à présent, la Turquie a joué son rôle de garant avec équilibre, mais l'ouverture de la voie navigable (avec la taxe de transit attenante) pourrait être l'occasion tant attendue par Erdogan de classer les anciens accords et d'ouvrir une nouvelle phase, tout cela devant être compris et analysé.
Comme le note Lorenzo Vita dans son excellent livre L'onda turca (Historica-Giubilei Regnani, 2021), consacré à l'expansion navale d'Ankara: "La Russie n'aime pas du tout l'idée que la Turquie abandonne les clauses de Montreux. Poutine a appelé Erdogan pour exprimer le point de vue russe sur le détroit. Le président turc a répondu que pour l'instant l'abandon du Traité de Montreux n'est pas mis en question, mais l'attention du Kremlin est un signe de ce qui pourrait arriver. Car si Moscou a tout intérêt à empêcher que l'équilibre de la mer Noire ne soit rompu, la curiosité est grande à Washington: surtout dans une phase d'escalade impliquant l'Ukraine et la "Crimée". Les États-Unis seraient en fait "très intéressés par une voie maritime exclue de cette convention". Si la Turquie décidait de renégocier le traité ou d'exclure la nouvelle voie navigable de l'accord, Washington aurait l'occasion de se débarrasser d'un goulot d'étranglement fondamental, donnant libre cours à la liberté de navigation et à l'idée d'armer la "mer Noire".
Des préoccupations également partagées par de nombreux amiraux à la retraite, dont Cem Gurdeniz, le théoricien du "Mavi Vatan" (la patrie bleue), le pilier doctrinal de la nouvelle marine turque. En avril, 104 officiers ont signé une déclaration critiquant l'idée du "Kanal" et considérant la sortie de Montreux comme un suicide politique. En réponse, Erdogan a accusé les marins de préparer un coup d'État et les a jetés en prison ou assignés à résidence. Pour Lorenzo Vita, il s'agit d'un signal fort: "Au bloc nationaliste et laïc qui conteste 'Kanal Istanbul', à la Russie et aux États-Unis. Elle montre que la possibilité d'exclure le canal de la Convention est une hypothèse réelle. Tellement réelle que ceux qui condamnent l'hypothèse sont considérés comme dangereux, même si cela conduit à arrêter un homme qui a façonné la stratégie navale turque actuelle".
Il y a une semaine, j’ai écrit sur l’échec de la politique étrangère de Biden. En ce qui concerne l’accord nucléaire (JCPOA) avec l’Iran, j’ai fait cette remarque :
Pendant sa campagne, Biden avait promis de rejoindre l'accord nucléaire avec l'Iran. Mais aucune action n'a suivi. Les pourparlers avec Téhéran ont commencé trop tard et ont été remplis de nouvelles exigences que l'Iran ne peut accepter sans diminuer ses défenses militaires.
L'arrogance de l'administration Biden est à son comble lorsqu'elle croit pouvoir dicter ses conditions à Téhéran : ...
Ce n'est pas l'Iran qui a quitté l'accord JCPOA approuvé par l'ONU. Ce sont les États-Unis qui ont quitté cet accord et ont réintroduit une campagne de sanctions "pression maximale" contre l'Iran. L'Iran a déclaré qu'il était prêt à réduire à nouveau son programme nucléaire dans les limites de l'accord JCPOA si les États-Unis supprimaient toutes les sanctions. C'est l'administration Biden qui refuse de le faire tout en formulant de nouvelles exigences. Il est évident que cela ne fonctionnera pas. ...
Si les États-Unis ne reviennent pas dans l'accord JCPOA, sans autres conditions, l'Iran finira par quitter l'accord et poursuivra son programme nucléaire comme il l'entend. Ce serait l’échec total de la tactique dure choisie par Biden. On peut se demander ce que l'administration Biden a prévu de faire lorsque cela se produira.
L’administration Biden pense pouvoir renforcer les sanctions contre le commerce pétrolier entre l’Iran et la Chine :
La secrétaire d'État adjointe Wendy Sherman devait évoquer la perspective d'un durcissement des sanctions américaines contre les entités chinoises qui importent du pétrole iranien lors de sa rencontre avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et d'autres responsables à Tianjin, en Chine, lundi 26 juillet, si un accord sur le retour au pacte nucléaire ne pouvait être trouvé.
"Nous avons espéré pouvoir lever les sanctions" sur les secteurs énergétique et bancaire iraniens, y compris sur les entités chinoises achetant du pétrole iranien, si les États-Unis et l'Iran pouvaient se mettre d'accord sur un retour mutuel au pacte nucléaire, a déclaré le diplomate américain. Mais "s'il n'y a pas de retour au JCPOA... et si nous nous installons dans une longue période de non-retour au JCPOA", nous examinerons d'abord notre politique d'application des sanctions, a-t-il ajouté.
Mais nous ne sommes plus en 2012. À l’époque, la Chine et la Russie avaient convenu avec les États-Unis de faire pression sur l’Iran. Cette pression a conduit à l’accord nucléaire. Mais aujourd’hui, la situation est bien différente. Ce sont les États-Unis qui ont quitté l’accord. L’Iran, la Chine et la Russie sont tous dans une position plus forte qu’il y a dix ans. Pourquoi ces deux derniers accepteraient-ils de soutenir la politique étrangère malveillante de Biden et les sanctions unilatérales des États-Unis contre l’Iran ?
L’ancien ambassadeur indien M. K. Bhadrakumar dresse un tableau similaire :
Les négociateurs américains ont négocié avec intransigeance à Vienne. Ils ont sous-estimé la volonté de l'Iran de protéger ses intérêts fondamentaux. Ils ont supposé qu'étant donné les difficultés économiques de l'Iran, ce dernier se plierait en quatre pour obtenir la levée des sanctions. Et ils ont commencé à dicter leurs termes et leurs conditions. ...
Khamenei, qui a le dernier mot sur les questions d'État en Iran, a déclaré mercredi dernier que Téhéran n'accepterait pas les demandes "obstinées" de Washington dans les négociations nucléaires et a de nouveau rejeté catégoriquement l'insertion de toute autre question dans l'accord. ...
Après avoir résisté à la "pression maximale" de Trump, Téhéran est aujourd'hui dans une meilleure situation. La situation internationale joue également en sa faveur. L'Iran a gagné en profondeur stratégique grâce à l'approfondissement de son partenariat avec la Russie et la Chine. Il n'est désormais ni possible d'"isoler" l'Iran ni prudent d'exercer l'option militaire à son encontre.
L’ancien diplomate britannique Alastair Crooke partage cet avis :
La récente liste d'obstacles sur la voie des négociations dressée par l'envoyé de l'Iran auprès de l'AIEA ressemble en effet à un catalogue décourageant d'objectifs versatiles des États-Unis et de l'UE : De la doctrine initiale de "non-enrichissement de l'uranium" à une "sortie" moins d'un an plus tard, et maintenant à cette même demande de seuil, plus la demande d’assurances que l'Iran entrera immédiatement dans des discussions régionales et avec les États-Unis sur ses missiles, avant tout retour au JCPOA.
Une analyse post-mortem complète des erreurs qui ont conduit jusque-là se fera plus tard. Pour l'instant, les responsables américains insistent sur le fait que c'est l'Iran qui interprète mal la situation ; mais on peut également affirmer que les États-Unis ont mal interprété l'évolution de la situation stratégique dans la région - et même dans le monde - et la mesure dans laquelle l'humeur du peuple iranien a évolué vers le point de vue des principalistes, au cours des quatre dernières années. ...
Dès lors, la menace américaine d'un consensus international contre l'Iran - semblable à celui de 2012 - est-elle plausible ? Consensus ... ? ...
Washington n'a-t-il pas remarqué qu'il n'y en a pas : pas même pour l'aspiration de Washington à empêcher la Russie d'amener son gaz en Europe, via Nordstream 2 ? N'ont-ils pas remarqué la fracture dans la politique mondiale ? Oui, l'Europe est veule et suivra les États-Unis, quoi qu'il arrive, mais cela ne constitue pas un consensus mondial.
La tentative des États-Unis de faire pression sur l’Iran pour qu’il signe un accord plus strict que l’accord nucléaire que l’Iran avait accepté et que les États-Unis ont abandonné a échoué.
Si l’administration Biden ne revient pas sur ses exigences, l’accord nucléaire avec l’Iran sera mort. La pression intérieure pour « faire quelque chose » au sujet de la technologie nucléaire croissante de l’Iran augmentera alors.
Mais il n’existe pas de consensus mondial pour sanctionner l’Iran. La Russie et la Chine résisteront à toute pression visant à soutenir ces sanctions et l’Iran n’aura aucune raison de changer ses habitudes. Il n’existe pas non plus d’option militaire. L’Iran dispose d’armes sérieuses qui peuvent atteindre n’importe quel coin du Moyen-Orient.
L’administration Biden a conduit sa politique iranienne dans une impasse. Le mur devant lequel elle se trouve est solide. Comment fera-t-elle pour reculer ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Chine: l'ordre dirigé par les États-Unis est régi par la loi de la jungle
par Markku Siira
Ex: https://markkusiira.blogspot.com/
La secrétaire d'État adjointe américaine Wendy Sherman s'est rendue à Tianjin, en Chine, où elle a été reçue par le ministre des affaires étrangères Wang Yi et le vice-ministre des affaires étrangères Xei Feng.
Un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a qualifié les entretiens de "profonds, francs et bénéfiques pour les relations entre les deux pays".
Toutefois, lors du briefing, le vice-ministre des affaires étrangères Xie Feng a vivement critiqué la "rhétorique américaine de la concurrence, de la coopération et de la confrontation", qui "met réellement l'accent sur la confrontation, car la coopération est un objectif et la concurrence un piège narratif". Xie a également qualifié les États-Unis d'"inventeur et détenteur du brevet de la diplomatie coercitive".
Wendy Sherman et Xie Feng.
La Chine considère à juste titre que l'ensemble de l'"ordre international fondé sur des règles" n'est qu'un déguisement qui enveloppe les règles établies par quelques pays occidentaux pour les autres. Il s'agit d'une "version américaine de la loi de la jungle", où Washington "rejette le droit international largement accepté et piétine le système pour en tirer profit et intimider les autres", a déclaré Xie.
Commentant les questions relatives aux droits de l'homme, M. Xie a déclaré que les États-Unis "devraient d'abord s'occuper de leurs propres problèmes avant de pointer du doigt les autres". Les États-Unis prétendent être les champions de la démocratie et des droits de l'homme, alors qu'ils ont commis des génocides contre des peuples indigènes et mené des guerres dans le monde entier sous le couvert de mensonges inventés.
Par le passé, la Chine a souligné l'importance de créer une bonne atmosphère pour les négociations avec les États-Unis. Même si les deux parties étaient engagées dans des discussions animées, la Chine ne les rendrait pas nécessairement publiques. Cette fois, la Chine s'est empressée de rendre publique la déclaration sévère de Xie concernant la réunion de Tianjin. Il s'agit d'une répétition du changement d'attitude de la Chine à l'égard des États-Unis qui a commencé avec les récents pourparlers d'Anchorage.
Ces changements reposent sur le fait que Pékin en a assez d'un Washington autoritaire et que les politiciens chinois ne s'imaginent plus que les relations entre les deux pays vont s'améliorer sensiblement dans un avenir proche.
Le message de la Chine est clair : la politique vicieuse et conflictuelle des dernières administrations américaines a conduit le peuple chinois à être prêt à former un front uni contre l'intimidation occidentale. Comme l'indique le journal chinois Global Times, l'arrogance américaine doit faire l'objet d'une réponse plus franche.
Les faucons de guerre américains croient toujours qu'il est possible de contenir le développement de la Chine et d'amener la République populaire au même type de chaos interne et d'effondrement que celui qu'a connu le précédent partenaire de combat des États-Unis, l'Union soviétique.
De cette manière, les États-Unis ne feront que bouleverser l'ordre mondial et exacerber les relations entre les grandes puissances. Le régime chinois veillera à avoir une plus grande tolérance à l'instabilité que les États-Unis eux-mêmes.
La Chine doit accélérer le renforcement de sa puissance globale et se préparer au pire scénario d'une confrontation avec les États-Unis et leurs principaux alliés qui dégénérerait en affrontement militaire.
Entre-temps, les États-Unis tentent d'utiliser l'endiguement stratégique pour vaincre la Chine, tandis que cette dernière, par son développement continu, tente de montrer que les fantasmes américains de suprématie ne comptent plus dans le monde réel.
L'objectif de Pékin est de faire comprendre aux Américains que leur administration ne doit pas faire de la Chine un "ennemi fabriqué". Les États-Unis devraient abandonner leur politique de sanctions et de conflits et apprendre à vivre pacifiquement avec une Chine forte et souveraine.
Afghanistan et Iran, la stratégie du chaos des États-Unis
par Alberto Negri
Ex : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/afghanistan-e-iran-la-strategia-del-caos-degli-stati-uniti
Après-guerre au Proche- et au Moyen-Orient? Pas vraiment. En substance, il s'agit d'économiser la présence militaire directe, comme ce fut le cas en Afghanistan ou en Irak, et de laisser se consumer les foyers de guerre ou de résistance: ce sont alors des guerres dites "par procuration", menées avec la vie d'autres acteurs sur le terrain. Voilà à quoi ressemblait déjà l'Irak, ainsi que la Syrie, sans oublier la Libye et maintenant le nouveau chapitre de l'histoire des "guerres par procuration" s'ouvre en Afghanistan.
À qui profite le chaos en Afghanistan, causé par le retrait des États-Unis, retrait qui était aussi tout à fait prévisible, étant donné que les talibans sont à l'offensive depuis au moins trois mois ? Certainement pas aux Afghans et pas même à l'Iran, où l'ultraconservateur Ebrahim Raisi vient de prendre ses fonctions de président, négociant avec les États-Unis sur les sanctions, à la tête d'un pays écrasé par l'embargo et la pandémie, qui a toujours été un adversaire des talibans.
Avant le retrait américain, les Iraniens pouvaient accepter, voire encourager, les talibans à déstabiliser Kaboul, mais ils ne peuvent tolérer leur retour au pouvoir comme cela s'annonce aujourd'hui. Même si une délégation de Talibans a été reçue à Téhéran - ainsi qu'à Moscou et à Pékin - tout le monde se souvient qu'en 1998, ils ont massacré onze diplomates iraniens à Mazar el Sharif et qu'ils font maintenant subir le même sort à la population chiite afghane et aux Hazaras.
En Afghanistan, il y a le risque d'une guerre civile sanglante qui pourrait se transformer en un autre conflit entre chiites et sunnites, comme ce fut le cas en Irak, d'abord avec Al-Qaïda, puis avec la montée du califat. C'est dans un moment pareil que les bureaux stratégiques de la République islamique ont dû pleurer la mort au combat du général Qassem Soleimani, éliminé par les États-Unis en 2020 à Bagdad.
La guerre américano-israélo-iranienne se poursuit par tous les moyens disponibles, des provocations aux attentats contre les scientifiques iraniens, en passant par les raids aériens américains et israéliens en Syrie et en Irak contre les milices pro-chiites et les Pasdarans: on en parle peu, sauf lorsque les tensions explosent dans le Golfe d'où vient le pétrole, comme ce fut le cas avec le navire israélien touché par un drone à Oman (deux morts). L'Iran va bientôt se retrouver sous pression sur trois fronts, dans le Golfe, à l'Est et à l'Ouest, et cette fois, il n'y aura plus de Soleimani pour diriger le tourbillon sanglant qui ravagera le Moyen-Orient.
Tout cela se produit en raison d'un choix américain bien précis: créer le chaos et l'exploiter à son avantage et à celui des alliés de Washington, d'Israël aux monarchies du Golfe qui font partie ou gravitent autour du pacte d'Abraham, voulu naguère par Trump. C'est la "stratégie du chaos" qui est mise en œuvre, de l'Afghanistan à la Libye, par diverses administrations républicaines et démocrates, y compris, jadis, par le vice-président d'Obama, Joe Biden. En substance, il s'agit d'économiser la présence militaire américaine directe, comme ce fut le cas en Afghanistan ou en Irak, et d'entretenir sciemment les foyers de guerre ou de résistance: ce sont les guerres dites "par procuration", menées avec la vie d'autres acteurs que les Marines ou l'infanterie US. L'Irak a été le théâtre d'une telle guerre, tout comme la Syrie, la Libye et maintenant le nouveau chapitre de ce type précis de conflit va s'amorcer en Afghanistan.
Biden est un type contradictoire. D'une part, il reprend les négociations avec Téhéran sur l'accord nucléaire de 2015 voulu par Obama et annulé par Trump en 2018, mais en même temps il bombarde les alliés de l'Iran en Irak et en Syrie. Même en Irak, l'administration américaine se retire en apparence du jeu en laissant la présence militaire principale à une mission de l'OTAN qui sera placée sous le commandement de l'Italie. En bref, les États-Unis créent des problèmes, comme ils l'ont fait avec la guerre de 2003 contre Saddam, et nous paierons les pots cassés pendant des décennies, tout comme cela s'est produit en Libye en 2011, lorsque, avec les Français et les Britanniques, les Etats-Unis ont attaqué Kadhafi.
Certains se souviendront de la réaction de la secrétaire d'État Hillary Clinton au lynchage et à l'assassinat de Kadhafi, une phrase rappelée par l'analyste américaine Diana Johnstone dans sa biographie judicieusement intitulée "Hillary Clinton, reine du chaos" : "Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort", une devise qu'elle a prononcée suivie d'un grand rire. Tony Blinken, l'actuel secrétaire d'État, était alors le partisan le plus acharné de l'attaque contre la Libye. Oui, la Libye même dont le ministre des Affaires étrangères Di Maio vient de revenir, dans les rangs de ceux qui n'abandonnent pas même face à l'évidence et continuent de remercier les États-Unis pour je ne sais quelle faveur.
Il faut noter qu'en 2019, alors que Khalifa Haftar assiégeait Tripoli et le gouvernement Sarraj - légitimement reconnu par l'ONU - les États-Unis se sont abstenus de bombarder le général en Cyrénaïque, laissant Erdogan occuper la Tripolitaine, avec tous les déboires que cela a entraîné pour l'Italie. Pourquoi les États-Unis, toujours prêts à bombarder n'importe qui, n'ont-ils rien fait ? C'est simple: parce que le général Haftar est soutenu par l'Egypte et les Emirats, deux pays clients des armes américaines, et les Emirats ont également conclu le fameux pacte d'Abraham avec Israël.
La guerre en Afghanistan était condamnée dès le départ, affirme à juste titre l'essayiste indien Pankaj Mishra. Pourtant, les fausses nouvelles ont alimenté une initiative qui a coûté un nombre considérable de vies et des centaines de milliards de dollars, laissant l'Afghanistan dans un état pire qu'avant. Il n'est pas non plus nécessaire d'invoquer le cliché de l'Afghanistan comme "cimetière d'empires" pour se rendre compte que les Talibans étaient une force résiliente et potentiellement changeante. Mais ce qui nous apparaît comme un échec - comme l'Irak, la Libye ou la Syrie - ne l'est pas si l'on applique la stratégie américaine du chaos. Il y a toujours une Dame Clinton ou un de ses héritiers prêt à rire.
Lorsque l'État s'arroge un nouveau pouvoir, il le fait presque toujours pour faire face à une "urgence". Puis l'urgence disparaît mais le nouveau pouvoir demeure.
C'est ainsi que s'est construit l'État moderne en Europe (l'urgence à l'époque était principalement celle d'entretenir de grandes armées permanentes : une fois les guerres terminées, les armées restaient avec tout l'appareil fiscal, administratif et logistique pour les entretenir). Pour prendre un exemple plus proche de chez vous : vous souvenez-vous comment les gens voyageaient en avion avant le 11 septembre 2001 ? Vingt ans ont passé mais les mesures de sécurité supplémentaires pour les voyages en avion sont restées et sont maintenant acceptées par tous comme la norme.
Voilà. Ce covid créera une "nouvelle normalité", nous ont-ils dit immédiatement et en toute franchise. Si j'ai prêché en mars 2020 qu'il fallait s'opposer au confinement, c'est parce que je savais que les "deux semaines pour abaisser la courbe" auraient un impact bien plus important que cette simple parenthèse de 14 jours.
En l'absence d'une forte réaction de la société (qui a d'ailleurs dans une large mesure salué les initiatives du gouvernement), l'État a consolidé entre ses mains de nouvelles compétences et de nouveaux pouvoirs qui lui resteront acquis, quel que soit les avatars du virus.
Ne vous attendez donc pas à ce que le Draghi de demain dise: "C'est le retour à la normale de 2019". Dorénavant, l'État pourra imposer des confinements ou d'autres mesures restrictives/coercitives en fonction des pics de maladies infectieuses (ne serait-ce que la grippe). Le principe restera que si vous avez des symptômes de la grippe (toux, éternuements), vous ne pouvez pas quitter la maison. Un passeport interne sera appliqué à chaque citoyen. Il est probable que le modèle sera également appliqué à d'autres domaines, en premier lieu l'écologie (pourquoi pas des confinements pour sauver l'environnement ?). Et comme je l'ai déjà écrit, le laissez-passer vert dissimule l'introduction en Europe d'un système de crédit social à la mode chinoise.
Tout ce qui nous restera de l'"ancienne normalité" sera le souvenir, et avec lui le regret de l'avoir perdue et de ne pas l'avoir léguée à nos enfants.
Pass sanitaire, biopolitique et apartheid social: quelles perspectives?
Réponses de Nicolas Bonnal
Nicolas Bonnal répond aux questions de strategika.frau sujet du pass sanitaire et des évolutions possibles de la situation actuelle.
Strategika – Le professeur Neil Ferguson a récemment expliqué que l’épidémie de Coronavirus pourrait être jugulée d’ici octobre. D’autres sources semblent indiquer la possible arrivée de nouveaux protocoles de traitements anti-covid en Octobre. Rappelons que Neil Ferguson – que les anglais appelle « Professor Lockdown » – est à l’origine du célèbre modèle de l’Imperial College de Londres. C’est lui qui avait averti Boris Johnson que, sans un confinement immédiat, le coronavirus causerait 500 000 décès et submergerait le National Health Service. Ses projections amèneront la plupart des gouvernements occidentaux à suivre la même politique. Il préconisait aussi dès le départ un confinement de 18 mois en six étapes. Confinement qu’il avait d’ailleurs lui-même enfreint dès mars 2020. Les récentes déclarations de Neil Ferguson ont amené Boris Johnson à mettre en garde la population contre des conclusions « prématurées ».
Dans la foulée de ces déclarations en Grande-Bretagne, on commence aussi à parler de la chute des contaminations pour d’autres pays comme les Pays-Bas ou la Tunisie, deux pays qui connaissent de grands soulèvements populaires. Selon vous, pourquoi Ferguson fait-il ces déclarations en ce moment ? Est-ce pour tenter de juguler la colère populaire qui monte dans le monde entier ? Allons-nous vers un changement dans la narration covidienne ?
Les propos de ce dangereux imbécile à la solde de Bill Gates sont une bonne nouvelle, mais vous avez raison d’y déceler un piège. Je rappelle mon texte de Zweig sur le manège nazi ; une dose, une pause ; une dose, une pause. Zweig rappelle aussi que le troupeau laisse tomber les victimes expiatoires, les boucs émissaires (penser au sort des futurs non-vaccinés). On ferme les yeux et on pense à autre chose pendant que les fervents et les bourreaux volontaires s’agitent. Ceci dit les mondialistes sont allés trop vite : ils nous ont vomi dessus et ont en fait alerté l’opinion éclairée (la « complotiste ») en délivrant bêtement leur programme monstrueux. Les gouvernements sont tous ou presque allés trop loin dans cette histoire. Sont-ils achetés par Gates et les labos, sont-ils idiots ou sont-ils simplement soucieux d’exercer leur droit de contrôle sur les populations, c’est toute la question. Proudhon et Tocqueville en ont déjà parlé il y a plus d’un siècle et demi, de ce pouvoir moderne inquiétant et omniprésent. Les guerres et les épidémies renforcent les pouvoirs, et Foucault (la référence la plus usitée dans le monde des travaux universitaires, et ce n’est pas fortuit) a bien décrit les effarantes mesures contre la peste de Marseille en 1720. Mais il y a aussi un plus : le virus ne tue plus, le vaccin oui, et seule l’effarante pression médiatique, la plus folle étant en France, maintient la fiction. Donc la pause est possible (mais pas en France) ou même l’oubli du Covid, en attendant un nouveau storytelling de terreur déjà dans les dossiers atlantistes : terrorisme, climat, guerre contre la Russie. Il faut bien s’occuper.
Strategika – Pourquoi le gouvernement accélère-t-il la marche en France et tente-t-il de faire passer en force le pass-sanitaire au risque de déclencher un soulèvement populaire plus massif encore que celui des gilets jaunes ? Est-ce justement parce qu’il sait que la fenêtre de tir covidienne va bientôt se refermer ?
Revenons sur cette exception française. Le pouvoir pour l’instant en France ne veut pas changer de narration. Ailleurs il est plus prudent, sauf en Italie, création napoléonienne, et qui en a repris toutes les tares. Ce refus peut causer sa perte ici. On a un mélange de jacobinisme psychopathe, de bonapartisme aigu, et aussi de morgue caractéristique de de notre gauche caviar néo-mitterrandienne. C’est Saint-Germain de Prés qui veut tout vacciner avec la presse subventionnée. On en revient au dix-neuvième siècle de Napoléon III et de la République, qui à l’époque chassait les catholiques au lieu des non-vaccinés. J’ai parlé de tout cela dans mon Coq hérétique il y a vingt-cinq ans : la France est un pays autoritaire, hiérarchisé (Victor Hugo parle même de la « prodigieuse pyramide » au début des Misérables). Si nous nous en sortons, il faudra épurer ce pays, sa presse, son administration, liquider enfin Paris et son élite vulcanisée, comme disait Balzac. Car la dictature de la gauche libérale que prévoyais dans mon Macron publié en 2017 est arrivée. Et on ne s’en sortira pas avec trois manifs. Il faudra refaire des institutions dans un esprit libertarien. L’administration et l’Etat français qui tue et remplace sa population, qui la vaccine et la terrifie en reproduisant les méthodes du nazisme (simple mutation de la démocratie libérale) et de l’apartheid, doivent être radicalement transformés. Ne pas comprendre cela c’est se donner au prochain dictateur, qui sera de centre-droit ou de centre-gauche. Et pour lui comme pour sa presse la fenêtre covidienne n’est que médiatique, donc cela peut durer tant que les gens y croient, comme la peur de l’enfer. J’ajoute que cela ne marcherait pas sans la crétinisation et la préparation d’une grande partie de l’opinion. Certains me trouvent pessimiste mais Victor Hugo a dû attendre la défaite de Sedan pour rentrer à Paris. Et ce n’est pas Jean Moulin qui a libéré la France, mais le débarquement et l’Armée rouge.
Strategika –Sur quoi la colère populaire et les manifestations peuvent-elles déboucher selon vous ?
On bouge, mais attention, le pouvoir est féroce. Il l’était déjà sous Hollande. Il peut fermer nos sites, coffrer Boutry ou Philippot, utiliser comme il l’a fait attentats et risques de guerre pour se renforcer. Ce n’est pas Ursula qui le contredira. Ce pouvoir est du centre catho-bobo, donc il peut s’appuyer sur toutes les âmes damnées et Dieu sait que ce pays en compte. Il a aussi l’appui absolu de la presse et des télés (voyez la presse aux cent bras dans Maurice Joly). Mais soyons optimistes. C’est un énorme mouvement de masse. On peut espérer une suspension du passe avec des arrangements sinon ; ou, si la gendarmerie, la police et les militaires se réveillent enfin, à une transformation radicale à un putsch à l’envers, et à un départ des monstres. Ne rêvons pas trop, mais sincèrement on peut y arriver. Il y aura un déclic, me disait Lucien il y a peu. Il a lieu et il peut aller loin car c’est la première qu’un gouvernement est suffisamment stupide et criminel pour marginaliser et priver de droit un tiers de sa population dans un pays moderne. Avant on avait l’alibi du racisme, là on n’a même pas d’alibi, sauf celui d’un vaccin qui ne marche pas, qui tue, et qui commence à être connu en ce sens. Ce pouvoir tyrannique irréel fournirait une bon sujet de nouvelle pour Philip K. Dick (voyez le livre de ma femme) ou même pour Buzzati ou pour Marcel Aymé, pour rester plus près de chez nous. Mais comme je le disais, il faudra un conseil national de la résistance en France pour empêcher notre administration pléthorique et notre Etat de nuire aux humains (je ne dis même pas citoyens, j’en ai marre du mot) de vivre tranquillement. J’étais à Biarritz à la plage il y a deux ans : la militarisation de cet espace beatnik par le surf industrialisé, les CRS, les sifflets, le troupeau résigné, m’a donné la nausée. On me reproche mon défaitisme et ma francophobie, il faut voir où sont tombés les Français avec leur politiciens mondialisés. Et discutez avec les gens, ils vous ricanent tout de suite au nez en lançant le mot d’ordre complotiste. Vaincus par les rhinocéros, les antisystèmes se réfugient dans le clic, ce qui n’est d’ailleurs bon ni pour eux ni pour le pays.
Strategika – Est-il imaginable qu’on en finisse réellement avec le Covid ? Si oui le scénario covidien va-t-il être remplacé par autre chose ?
Ce Covid est un jeu pour nous exterminer à terme. Mais c’est un jeu ; rappelons Roger Caillois alors, qui dans son livre sur les Jeux parle de la Mimicry : on adore se faire peur ; on adore jouer au bourreau ou à l’expert ; on adore jouer au trouillards, et on adore jouer au dénonciateur. Cette dimension ludique de notre apocalypse pour débiles légers est ignorée, et c’est dommage. Tout le monde fait son théâtre comme pendant la Révolution (voyez Furet, Cochin, ou même Tocqueville et la révolution imbécile de 1848). On est dans une réalité bien française. Le Grand Reset c’est la pénurie et internet, a dit mon ami Alexandre. L’occupation c’était la pénurie et la radio. Et quelques résistants…
Le jeu éculé du Covid, ils peuvent le remplacer par autre chose ; le climat, une autre épidémie, le musulman gauchiste, le russe aux missiles entre les dents. On n’a pas cité chez les antisystèmes le très bon livre de Zylberman intitulé Tempêtes microbiennes. Ce chercheur officiel a franchi un Rubicon en expliquant comment on avait lancé médiatiquement tout un tas d’épidémies, et comment on les gérait militairement en accord avec l’OTAN. Il fallait donc que cela nous tombe dessus. C’est fait. Comme disait Guy Debord, le destin du spectacle (de la démocratie occidentale) n’est pas de finir en despotisme éclairé. On connaît les épouvantables décisions en matière de désindustrialisation et de famine, décisions bénies par les médias et les bobos. Le fait d’ailleurs que l’occident veuille se désindustrialiser tout en menaçant le reste de la planète du feu nucléaire montre qu’il est entre les mains de sociopathes dûment sélectionnées par les Bilderbergs, Trilatérale et autre OTAN depuis soixante ans. Ces types-là doivent dégager : si on contente de trois manifs contre le passe, ils reviendront à la charge comme un moustique affamé. Enfin, n’oublions pas que les chefs de la Résistance ont vite été écartés du pouvoir après la Guerre.
Strategika – Tout comme Bill Gates, l’épidémiologiste Bruce Aylward, conseiller du directeur de OMS et responsable du programme international Covaxexpliquait « qu’il faut vacciner autour de 60 % de la population mondiale pour stopper l’épidémie de Covid-19 ». Peut-on penser qu’une fois atteint ce taux de vaccinations dans la plupart des pays, les autorités lâcheront prise ? Que feront-elles alors des non-vaccinés ? Vont-elles tenter de réduire ce bloc d’irréductibles sur le temps long afin d’atteindre une couverture vaccinale totale ou accepteront-elles qu’une partie de la population (30, 20 % ?) continue de vivre normalement sans être vaccinée ? Comment devront alors vivre les humains non-vaccinés ? Seront-ils réellement des citoyens de seconde zone voire pire ? Un contrôle biopolitique global de type chinois est-il envisageable pour l’ensemble de l’humanité ou le réel est-il encore trop conservateur ?
Le contrôle biopolitique peut aussi être festif, ludique, humanitaire (pensons à Philippe Muray), décalé, cool (pensons à Lipovetsky). Une émission sur You tube et Mr Président remonte dans les sondages. Beaucoup de gens sont vaccinés, beaucoup de gens sont bêtes, beaucoup de gens sont prêts à jouer le rôle (cf. supra) du bourreau volontaire. On a cent ans de radio, télé, propagande, abrutissement, écologie, humanitarisme, autoritarisme de marché et de gauchisme sociétal. Pensons à la jeune fille, alors, livre admirable par son contenu et même par sa forme. Sur l’affaire de Perpignan (rue piétonne pour vaccinés seulement) une jeune fille a répondu à Philippot (rendons-lui hommage, c’est une révélation, et remarquons que les politiciens courageux auront encore été les gaullistes : lui, avec Asselineau et Dupont-Aignan) qu’il se foutait du monde pour tout un tas de raisons. Cette folle ne veut plus d’un non-vacciné dans sa cour de récré. En effet le rêve du bobo techno écolo et bio c’est d’être le seul dans la rue avec une trottinette électrique, son masque, sa puce sous-cutanée et son smartphone. Pour lui le reste est de la viande sale et doit disparaître, être incinéré si possible. Ces types et ces filles sont mûrs pour l’asile.
Mais encore une fois, ce programme psychotique est-il réalisable ? Il semble que non : il ne faut pas trop toucher à la vie ordinaire des gens, surtout dans un occident où n’a pas connu de famine ou de misère crasse depuis des siècles. On le peut, mais en guerre… Mais on sent que l’intention est forte, que le soutien est fort et que si la victime ne se défend pas, elle finira à l’abattoir filmé par Franju dans le Sang des bêtes. Pour le contrôle biopolitique, il faut en revenir à ce que nous disions plus haut : il faut une remise à plat des institutions en France, il faut remettre l’informatique à sa place. Comme je le disais dans ma conclusion (Internet nouvelle voie initiatique), l’informatique et le web sont la meilleure et la pire des choses, comme la langue d’Esope. Il va falloir enfin apprendre à les maitriser. Sinon d’animal politique peu glorieux qu’il était depuis Aristote, l’homme deviendra un animal cyber-politique. La déshumanisation du monde moderne, sa fervente déchristianisation, y compris dans le troupeau catho et dans la hiérarchie ecclésiastique, nous y ont goulûment préparé, à cette techno-servitude dans le camp de concentration électronique.
Réalisme vs libéralisme: surmonter la démence politique
Alexandre Douguine
J'ai remarqué que l'analyse politique en Russie a récemment commencé à se dégrader rapidement. L'émotion et l'hystérie ont complètement remplacé la rationalité. Avec la prolifération contagieuse des blogs vidéo et des stratégies de morpion, quels que soient les sujets abordés - élections ou vaccination, gay pride ou école supérieure d'économie, forum de Saint-Pétersbourg ou exercices de l'OTAN - tout se résume au dilemme des jeux Simple Dimple ou Pop It... Pauvre conscience, qu'es-tu devenue...
Malgré le fait que la démence soit en augmentation et touche de plus en plus les milieux politiques et ceux des experts, il convient de garder une certaine sobriété et rationalité. Et pour y parvenir, il est nécessaire de considérer la Russie et sa politique dans son ensemble - avec une certaine distance. Nous l'oublions constamment, nous le prenons pour acquis... Mais peu à peu, cette évidence est perdue de vue, oubliée et plus personne ne s'en souvient, ne le sait ou ne veut le savoir.
La clé pour comprendre tous les processus politiques qui se déroulent dans la Russie contemporaine est la confrontation globale entre deux modèles de l'ordre mondial futur. C'est le différend fondamental qui oppose le globalisme à la multipolarité. La théorie des relations internationales le décrit comme le grand débat entre les réalistes et les libéraux. Poutine est un réaliste classique en matière de relations internationales. Il perçoit la souveraineté nationale de la Russie comme quelque chose d'absolu. Non pas comme une simple convention, mais précisément comme une réalité parfaite, ou du moins un mouvement décisif pour la faire advenir à la réalité. Tout le reste en découle.
La Russie devrait être un centre autonome de prise de décision au niveau mondial, et la politique intérieure devrait être totalement libre de toute influence extérieure. Soit la Russie est souveraine, soit il n'y aura plus de Russie, ou peut-être même plus d'humanité du tout. C'est exactement ce que Poutine exprime en toute clarté. Et rien que pour ça, certains l'admirent, d'autres le détestent.
Mais il existe un point de vue opposé. Elle est représentée par le libéralisme dans les relations internationales. C'est la position de Joe Biden et de son administration. Il s'agit du mondialisme habituel qui voit l'histoire du monde comme une progression linéaire, qui nous conduit inexorablement de l'ère des États-nations, qui se termine maintenant, à un gouvernement mondial supranational. Tout expert en relations internationales qui a lu au moins quelques manuels dans cette discipline sait que le gouvernement mondial n'est pas le produit de théories de conspiration délirantes, mais l'objectif clairement énoncé et ouvertement proclamé du libéralisme quand il aborde les relations internationales. Dans ce cas, la souveraineté - et encore moins la souveraineté authentique, sur laquelle insiste Poutine, est en contradiction directe avec le mondialisme et l'ordre mondial libéral.
Nous pourrions être surpris de voir à quel point les Américains réagissent douloureusement à toute ingérence - le plus souvent imaginaire - dans leur politique intérieure, et à quel point, en revanche, ils s'immiscent de manière flagrante et cavalière dans la politique de la Russie, de la Biélorussie, de la Hongrie, de la Turquie ou de l'Iran, soutenant tout élément extrémiste marginal - pour autant qu'il contribue à affaiblir la souveraineté et à faire basculer le pays dans le marasme.
Il ne s'agit pas seulement d'un double standard et d'un mensonge éhonté de l'Occident. Les libéraux croient sincèrement que leur intervention est un progrès, puisqu'elle mène à l'abolition des États-nations et à un gouvernement mondial, et que toute réponse symétrique de la part des réalistes est quelque chose d'outrageant et de scandaleux, voire de criminel. Il ne s'agit pas seulement d'une démarche logique de la part de ceux qui sont attaqués sur leur propre territoire, car pour les libéraux, tout territoire est sciemment le leur. D'où une pression aussi forte sur la Russie et un soutien ouvert aux cinquième et sixième colonnes - agents directs du mondialisme libéral.
C'est l'algorithme de base de ce qui se passe dans la réalité politique russe. Ce n'est pas Simple Dimple contre Pop It, mais le réalisme et la souveraineté contre le libéralisme et le mondialisme - voilà le problème.
Et les élections, et les processus économiques, et les problèmes de pandémie et de vaccination, et les remaniements de personnel, et la succession même du pouvoir qui deviendra tôt ou tard inévitable, malgré des reports temporaires - tout cela se résume finalement à la confrontation de deux modèles d'ordre mondial.
D'une part, il y a la multipolarité et une Russie souveraine et tout ce qui mène à cet objectif et contribue à sa réalisation.
De l'autre, l'effondrement de ce cours, l'effondrement des vecteurs patriotiques et l'effondrement dans le libéralisme. Nous savons ce qu'il en est depuis les années 1990 et en partie depuis le bref règne, Dieu merci, du libéral modéré Medvedev.
C'est le sens de ce qui se passe dans la politique intérieure russe, sans parler de la politique étrangère. Et c'est un processus ouvert - comme toujours dans l'histoire, cela dépend de chacun. Et si nous n'avons pas complètement perdu la capacité de raisonner, c'est de cette question fondamentale, de ce dilemme, que doit partir toute analyse, tout raisonnement, toute argumentation et tout pronostic.