Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 26 juin 2014

Ukraine : Entre guerre civile et guerre du gaz

Pierre-Alexandre Bouclay / Ukraine : Entre guerre civile et guerre du gaz

Après l’explosion d’un gazoduc dans le nord de l’Ukraine, Pierre-Alexandre Bouclay revient sur l’état de guerre civile dans le pays.

lundi, 23 juin 2014

Entretien avec Vincent Vauclin

Entretien avec Vincent Vauclin

par le "Cercle Non Conforme"

( http://cerclenonconforme.hautetfort.com )

Vincent Vauclin est le fondateur et le coordinateur national de la Dissidence Française, mouvement   fort intéressant avec qui nous partageons nombres d'analyses. Cette entrevue permettra au lecteur de mieux connaître la Dissidence Française ainsi que Vincent Vauclin, qui a déjà publié deux livres ("Cendres" et "Putsch") que nous avions recensés il y a quelques mois.  

unnamed.png

1. Le C.N.C.: Qu’est-ce qui, dans votre parcours personnel, vous a amené vers vos positions actuelles et vous a poussé à vous engager sur un plan politique ?

V.V.: A l'instar de nombre de camarades issus de l'extrême-gauche, mon cheminement suit plusieurs étapes : la base, c'est la prise de conscience de classe. C'est-à-dire la prise en compte des facteurs socio-économiques et des convergences d'intérêts qui impliquent un rapport de force constant entre exploiteurs et exploités. 

La suite logique, c'est l'analyse du système de domination, de la superstructure du capitalisme contemporain, et des rouages du processus d'aliénation qui permettent son hégémonie : à ce stade, l'influence de certains anarchistes fut pour moi assez déterminante, et la lecture du pamphlet L’insurrection qui vient marqua véritablement un tournant. 

Dès lors, je me situais dans une démarche militante qui impliquait déjà la formation d'une avant-garde révolutionnaire destinée à créer les conditions du « grand soir » insurrectionnel durant lequel les masses inverseraient le rapport de force.

C'est à cette époque que la contestation contre la réforme des retraites de Sarkozy prenait de l'ampleur : les premiers blocages de dépôts de carburant s'amorçaient et je voyais là une occasion à saisir. Avec enthousiasme, j'ai participé à cette mobilisation qui, au bout de deux semaines, donnait déjà des résultats encourageants : pénurie générale de carburant, manifestations, files d'attente aux stations d'essence, ambiance tendue, gouvernement discrédité etc... La gauche radicale était en effervescence, on sentait qu'une brèche s'était ouverte. Et puis rien. Les syndicats majoritaires (la CGT en tête) lâchèrent les travailleurs aux moments précis où la situation pouvaient enfin basculer. Les raffineries reprirent progressivement leurs activités, les derniers foyers de contestation furent balayés par les CRS, et le gouvernement Sarkozy sortit renforcé de cet épisode en bénéficiant in extremis du soutien officieux des centrales syndicales majoritaires. 

Ces événements catalysèrent ma compréhension de la réalité des rapports de forces et, surtout, de leur complexité. Dès lors, j'abandonnais la lecture simpliste et inefficiente de l'orthodoxie marxiste. Je comprenais le leurre que constituais « le mythe du grand soir », et celui de la bienpensance cosmopolite véhiculée par l'internationalisme gauchiste, caution morale de la politique immigrationiste du Capital. Les partis et syndicats d'extrême-gauche, des mouvements révolutionnaires ? Non, des rouages, parmi d’autres, de la machinerie capitaliste, intégralement sous contrôle, endoctrinant, noyautant et neutralisant tout élan contestataire. L'oligarchie, un simple ensemble d'intérêts économiques interdépendants ? Non, une caste communautaire qui travaille activement à la dissolution de la France, non seulement sur le plan économique, mais également et surtout sur le plan social, moral, culturel, et ethnique. La gauche libérale et la droite financière sont les deux mâchoires d'une même tenaille qui se referme sur notre civilisation. La subversion morale précède la domination du Capital. L'anéantissement des structures traditionnelles de notre pays fait le lit de sa dissolution ethnique. C'est la lutte finale, camarades ? Certes, mais certainement pas celle que vous croyez...

2. Le C.N.C.: Vous êtes le fondateur de la Dissidence Française. Pouvez-vous présenter votre mouvement à nos lecteurs et en dégager les objectifs fondamentaux ?

V.V.: La Dissidence Française est le mouvement de riposte radicale à l’idéologie libérale et cosmopolite. C’est une force qui se construit depuis plus de trois ans maintenant, et qui poursuit une action à la fois militante et métapolitique en ouvrant des fronts nouveaux. Notre organisation formule une synthèse des différents courants de ce que l’on pourrait appeler la mouvance « dissidente » ou « non-conforme », rassemblant ainsi des centaines de militants issus d’horizons divers, qui partagent une même vision du monde, une même intransigeance, et une même énergie qui s’exprime dans un activisme soutenu, tout particulièrement contre ce que nous appelons « le Régime », c’est-à-dire la république des partis, des loges et des lobbies. 

Concrètement, nous avons déjà mené des centaines d’actions dans près de 40 départements : tractages, collages d’affiches, déploiements de banderoles, actions « coup de poing », manifestations, maraudes solidaires pour les SDF et précaires etc… Et tout ça, de façon autonome : la Dissidence Française n’a pas de compte bancaire, et n’a donc jamais réclamé un seul euro de don ou de cotisation à ses militants et sympathisants.

Parallèlement, nous développons une communication hyperactive sur internet et notamment sur les réseaux sociaux, nous adaptons notre communication aux exigences d’aujourd’hui, nous formulons continuellement une critique positive de la mouvance dissidente et des tendances régressives qui s’y manifestent, nous tissons des liens avec la plupart des organisations non-conformes et participons aux dynamiques de convergence contre le mariage gay, l’idéologie du genre, la pression fiscale et migratoire, le traité transatlantique et la mainmise des lobbies communautaires sur les institutions françaises et européennes. 

3.  Le C.N.C.: Quelles sont les formes de militantisme les plus adaptées à notre époque selon vous ? L’importance accordée aux visuels, et à l’image en général, que l’on retrouve dans votre mouvement est-elle une composante de votre manière de militer ?

V.V.: Le monde Spectaculaire-Marchand dépense chaque année des dizaines de milliards d’euros en publicités et autres campagnes marketing. Ce n’est pas pour rien. Au-delà de l’impact immédiat de ces campagnes sur les consommateurs, qui sont ainsi quotidiennement incités à se tourner vers telle ou telle marque, tel ou tel produit, il est évident qu’un tel conditionnement remplit une fonction politique et « culturelle », inoculant insidieusement l’idéologie dominante au corps social, façonnant jour après jour cet homme-masse, éternel esclave de toutes les tyrannies, sur le consentement tacite duquel repose l’ensemble du totalitarisme moderne. On notera d’ailleurs la teinte systématiquement « politiquement correcte » des campagnes publicitaires, surtout lorsque celles-ci se drapent d’un caractère subversif pour cibler, par exemple, la jeunesse : il s’agit toujours de faire l’apologie de la transgression morale, du métissage, du mondialisme, de l’antifascisme, de la « tolérance » et de je ne sais quelle autre connerie gauchisante. 

Nous ne pouvons donc tout simplement pas faire l’impasse sur la communication. La forme importe autant que le fond, et c’est la raison pour laquelle nous consacrons effectivement beaucoup d’énergie pour forger une communication à notre image : virale, jeune, efficace, avant-gardiste, dotée de ses propres codes, etc. L’idée étant de renverser, en notre faveur, « l’asymétrie communicationnelle » qui prévaut aujourd’hui. Plus clairement, le message que nous devons faire passer est le suivant : contrairement à ce qu’ils prétendent, les ringards, les moralistes, les conformistes, ce sont eux. L’avenir, la jeunesse, le changement véritable, c’est nous. Et c’est par le militantisme que nous entendons incarner et donc « vitaliser » ces principes.

4.  Le C.N.C.: La Dissidence Française prône l’abstention, pourquoi ? Le vote FN n’est-il cependant pas un bon indicateur – certes imparfait – pour appréhender le ras-le-bol du Français de base face au Système ? 

V.V.: Nous refusons tout simplement d’apporter notre onction démocratique à des institutions qui ne disposent d’aucune légitimité. Prenons un exemple récent : le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen qui fut organisé en 2005. Les Français ont voté à 55% « Non ». Moins de 3 ans plus tard, le traité identique est pourtant ratifié par les parlementaires UMPS. Est-ce normal ? Est-ce acceptable ? Peut-on faire comme si cette forfaiture n’avait pas eu lieu ? Non. Quand on connait les implications considérables de la ratification de ce Traité pour notre pays, c’est tout simplement scandaleux et inadmissible. Par principe donc, nous refusons de participer à cette mascarade. Puisque le match est truqué d’avance, nous n’irons pas sur le terrain. Et considérons donc que les institutions « représentatives » ne représentent pas le peuple Français, et qu’en conséquence les scrutins qu’elles convoquent sont illégaux. L’abstention, c’est donc une façon de priver de priver le Système de son carburant électoral, de tarir la seule source de légitimité sur laquelle il peut compter. Si, comme nous, l’on considère que la « république française » n’est ni une république (puisqu’elle ne sert pas le bien commun, la res publica), ni Française (puisqu’elle est inféodée à des intérêts étrangers à ceux du peuple Français), il n’y a qu’un seul choix possible : celui de l’entrée en dissidence, de la rupture. En clair : l’abstention est un choix politique, sans doute le plus radical qui soit.

Pour répondre à la seconde partie de votre question, je dirais que le Front National est effectivement le thermomètre d’un ras-le-bol général, et que ses scores reflètent d’abord le rejet du « politiquement correct » véhiculé par les médias de masses et l’ensemble des partis parlementaires. Pour autant, je ne crois pas une seconde à un changement par les urnes, ni à une victoire décisive du Front National dans les années qui viennent. 

 

drapeau_personnalisc3a9_dissidence.jpg

 

5. Le C.N.C.: Dans le monde moderne, l’ennemi est partout autour de nous, sur un plan institutionnel, culturel, politique, social, national et international. Cela amène de nombreux résistants à ne pas savoir où réellement frapper, perdus face à une entité aux innombrables facettes. Que leur conseilleriez-vous d’attaquer en priorité ? 

V.V.: Notre narration collective nous échappe. La barbarie moderne s’appuie d’abord sur une vision du monde innervée des illusions qui sont quotidiennement inoculées au corps social et plongent la société dans un état de stase psychotique propice à son délitement. C’est un phénomène « kaléidoscopique » qui altère la perception de la réalité par nos contemporains et conditionne l’ensemble de leurs attitudes et comportements, introduisant des représentations éphémères qui se succèdent l’une après l’autre sans cohérence apparente. Le regard affûté y distinguera cependant des constantes qui ne relèvent pas du hasard mais bien d’un projet totalitaire. Cet état d’hébétude relève en effet d’une stratégie élaborée, socio-psychologique, de manipulation et de neutralisation (on parle « d’ingénierie sociale », de « Tittytainment »). L’avancée souterraine et métastatique de la subversion résulte de cette stratégie systémique d’immunosuppresion, et c’est la raison pour laquelle rien ne pourra être accompli en l’absence d’une décontamination identitaire préalable et d’une désintoxication idéologique radicale. C’est donc sur le front de la catharsis que nous devons d’abord nous mobiliser, c’est sur le champ de bataille de l’expiation collective que nous devons combattre, contre les propagandes de tous bords, contre l’ensemble des déviations modernes, contre ce que Philippe Muray appelait « l’Empire du Bien ». Qu’ils nous qualifient de racistes, de misogynes, de fascistes, d’antisémites, de réactionnaires, d’homophobes, d’intolérants, de tout ce qu’ils veulent : cela ne présente absolument aucun intérêt, car ils ne nous jugent qu’à l’aune de leurs néo-principes frelatés qui, tôt ou tard, seront purement et simplement démentis par le réel. 

6. Le C.N.C.: Quelle est votre position sur l’immigration et les populations d’origine extra-européenne présentes sur notre sol ? 

V.V.: Avant la fin de ce siècle, si rien ne change, les Européens seront pour la première fois minoritaires sur leur propre territoire. Céder sur le terrain de la sémantique ou du politiquement correct, c’est déjà capituler, alors soyons clairs : nos sociétés se sont vues imposer un modèle multiculturel qui, in fine, conduira vraisemblablement à la marginalisation puis à l’extinction de la race blanche. Il ne s’agit pas d’un « délire d’extrême-droite », mais des projections officielles de l’ONU. C’est d’une logique implacable : d’un côté, les oligarques encouragent des politiques de dénatalité ciblant les Européens de souche (apologie de l’avortement, des déviances homosexuelles et « transsexuelles », idéologie du genre, propagande antifamiliale etc.), de l’autre, ils font entrer chaque année des dizaines de millions d’allogènes en Europe et encouragent le métissage au nom du « vivre-ensemble ». Concrètement, on appelle ça un génocide. Nous ne l’accepterons pas. Nous sommes clairement opposés à l’immigration de masse, et défendons l’idée d’une politique concertée, mais urgente, de remigration des populations extra-européennes, condition sine qua non de la préservation de notre identité ethno-culturelle. D’une manière ou d’une autre, nous redeviendrons maîtres chez nous, car il n’est pas envisageable que nous laissions la France et l’Europe, matrices des formes les plus supérieures de civilisation, sombrer dans le chaos du cosmopolitisme niveleur, du métissage global et du mondialisme uniformisant. 

7. Le C.N.C.: Votre dernier livre « Putsch » a beaucoup fait parler de lui et nous ne reviendrons pas sur sa thèse (voir pour cela notre chronique et cette entrevue vidéo). Il a suscité un certain nombre d’objections, en particulier dans le texte « Il n’y aura pas de putsch ». Qu’avez-vous à répondre aux objections qui vous ont été faites ?

V.V.: Paru en septembre 2013, mon livre a anticipé la révolte de l’Armée Française avec 8 mois d’avance. Et je remarque que la plupart de mes détracteurs se font désormais beaucoup plus discrets, car plus le temps le passe et plus l’actualité semble me donner raison. Mon postulat de départ est le suivant : tôt ou tard, l’Armée Française sera amenée à jouer un rôle déterminant dans le dénouement de la crise profonde dans laquelle s’enfonce notre pays. En publiant Putsch, j’ai lancé un défi aux forces armées en prenant ouvertement position pour un coup d’état militaire, c’est-à-dire pour l’option la plus radicale qui soit. Car il faut distinguer le putsch au sens strict, c’est-à-dire le renversement complet et brutal du Régime, par la destitution de François Hollande, la suspension de la constitution, l’instauration de la loi martiale et la mise en place d’un gouvernement provisoire de salut public, et le putsch au sens large, qui englobe différentes formes de révoltes martiales, aux portées et aux implications plus limitées, et qui peuvent constituer plusieurs paliers vers un putsch intégral. 

En mars 2013, l’Armée fit sauter Jérôme Cahuzac (qui, alors ministre du budget, entendait réduire drastiquement le budget de la Défense Nationale) : c’est un exemple de ce que j’appellerai un « putsch partiel », par lequel les militaires ont mené une opération de neutralisation d’une cible menaçante. Avec le succès que l’on sait. Pourtant, le gouvernement Hollande poursuit son entreprise de démantèlement de l’Etat, et pour cause : Hollande est totalement bloqué, à sa gauche par les lobbies communautaires, libertaires et maçonniques qui entendent faire passer en force leur projet d’une société individualiste, multiculturelle et déracinée, et à sa droite par les lobbies de la finance mondialiste qui comptent sur ce gouvernement antinational pour maintenir coûte que coûte le système de racket fiscal organisé au profit des banques. Mais la situation n’est plus tenable.

L’Armée ne lâche pas, les militaires n’acceptent plus d’être la variable budgétaire d’un gouvernement inféodé aux intérêts de la finance, et non à ceux de la France. Le mois dernier, le chef d’état-major des armées, les chefs d’état-major des trois armes, et une vingtaine de généraux ont fait savoir qu’ils démissionneraient en bloc si Hollande persistait dans son projet. Un message réaffirmé par le Général Vincent Desportes sur Europe 1 qui, et c’est une première, lança clairement et publiquement un ultimatum à François Hollande. C’est du jamais vu. Cette grogne est générale, et ne se limite pas à l’Armée : j’ai également reçu nombre de soutiens de la part de gendarmes et de policiers (des soutiens émanant par exemple de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, des groupements parisiens de gendarmes mobiles, ou de CRS avec qui j’ai pu discuter directement). Les objections formulées par mes détracteurs me semblent donc tout simplement dépassées. Tous ces faits témoignent de la crise profonde d’un Régime en phase terminale, crise qui va bien au-delà de simples considérations budgétaires.

8. Le C.N.C.: Dominique Venner pensait qu’il fallait, préalablement à toute action politique de grande ampleur, faire changer la mentalité du peuple. Qu’en pensez-vous ?

V.V.: Le « peuple »… Existe-t-il, déjà ? Ou existe-t-il encore, plutôt ? C’est là toute la question: que reste-t-il de notre peuple aujourd’hui, après des décennies, voire des siècles, de subversion libérale et cosmopolite ? Je pense que « le peuple », en tant que communauté de destin et réalité identitaire, n’existe plus. L’atomisation de la société française par des forces dissolvantes, de droite comme de gauche, a scellé la tombe du « peuple », en tant qu’entité politique et culturelle homogène. 

Mais je rejoins Dominique Venner lorsqu’il nous dit que « les racines des civilisations ne disparaissent pas tant que n’a pas disparu le peuple qui en était la matrice », ce qui signifie que si le « peuple » n’existe plus, le Volk, lui, existe encore. Le pays réel, celui de la terre et du sang, conserve encore jalousement les secrets de sa grandeur passée et de sa renaissance future. 

A l’heure de la convergence des catastrophes et face au péril que constitue le Grand Remplacement, il ne s’agit pas simplement de « changer les mentalités », mais de puiser dans les archétypes et les mythes les plus anciens, de réactiver les atavismes les plus profonds, et de réveiller ainsi les forces immémoriales qui affranchiront nos patries du destin cataleptique que leur avait promis les tenants de la « fin de l’histoire ».  Jusqu’ici, il manquait quelque chose de fort, au-delà des formules convenues et des mots d’ordres rabâchés. Il manquait un acte héroïque, un symbole de fondation, une figure polarisante. Il manquait un signal. Ce signal nous fut donné, le 21 Mai 2013, peu après 16 heures… Il nous appartient, ici et maintenant, d’en tirer les conséquences.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

samedi, 21 juin 2014

RBN: Intervista a Claudio Mutti

vendredi, 20 juin 2014

A la rencontre de Jean Raspail

A la rencontre de Jean Raspail

Propos recueillis par Alain Sanders

— Jean Raspail, quand vous avez lancé ce « jeu du roi », cette aventure patagonne donc, pensiez-vous que le « phénomène » prendrait une telle ampleur ?

— C’est en 1976 que j’ai écrit Le Jeu du Roi. Dans ce roman, un roi, légitiment roi, mais roi de Patagonie, vivait seul dans un fort quasiment en ruines de la côte du Ponant. En attendant « l’héritier » qui recueillerait son rêve avec sa royauté. Il va en trouver un en la personne d’un petit garçon qui rêvait d’un royaume. Je vivais alors en Provence, dans le village de Sablet, et un jour – pourquoi ? Je serais incapable de le dire – j’ai hissé le drapeau patagon sur un mât. Et je me suis « bombardé » consul de Patagonie. Comme l’a écrit Roger Caillois, bien oublié aujourd’hui, hélas ! « le rêve est un facteur de légitimité ».

— Et cela aurait pu en rester là…

— Effectivement. Mais il y eut ce jour où je décidais d’organiser une petite réception à la maison, c’est-à-dire au « consulat de Patagonie ». Il faut dire que ce drapeau claquant au vent m’avait déjà valu bien des questions. Bref, il y avait beaucoup de monde, des gens de toutes origines sociales et culturelles. Parmi ces invités, mon voisin (on voisinait tous dans ce coin de Provence) l’amiral britannique Templeton (qui par la suite deviendra le premier attaché militaire du royaume de Patagonie). Cette première réception patagonne ayant eu beaucoup de succès, j’en organisais une seconde l’année suivante. Avec un même succès, encore plus de gens, dont le préfet et le maire d’Orange à l’époque. Notez qu’à ce moment-là de l’histoire, je n’avais pas encore écrit Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, livre qui ne paraîtra qu’en 1981.

— Mais quelque chose se mettait déjà en place…

— A vrai dire, ces réceptions avaient été prétexte à réunir des amis. Mais, lors de la seconde, j’avais prononcé un petit laïus « patagon » du haut du balcon de la maison, une sorte de discours sur l’état du royaume. Ce qui, à mon étonnement, marqua mes invités plus que je n’aurais pu le penser. Une sorte d’adhésion patagonne… A la fin du discours, l’amiral Templeton me prit à l’écart et me dit : « Ce que vous faites est very British. »

— Et puis paraît Moi, Antoine de Tounens

— Oui. Dans ce livre, j’avais d’ailleurs cité le Céline du Voyage au bout de la nuit : « Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C’est de l’autre côté de la vie… » Moi, Antoine de Tounens va recevoir le Grand Prix du Roman de l’Académie française. Ce qui va contribuer à le faire connaître, bien sûr. J’avais écrit dans l’épilogue : « Par les temps qui courent et par les temps qui viennent, je tiens désormais pour honneur de me déclarer patagon. Du cimetière de Tourtoirac, en Dordogne, où Antoine de Tounens a transporté son gouvernement et son siège jusqu’à la fin des temps, j’ai reçu lettres de créance, moi, Jean Raspail, consul général de Patagonie. » Le reste appartient déjà à l’histoire du royaume…

— Justement ! Les demandes de naturalisation patagonne – et de personnalités prestigieuses parfois – vont affluer au consulat général. C’était en marche…

— En effet et, je peux le dire, à mon grand étonnement ! Certes, à l’époque, Mitterrand venait d’être élu président de la République, mais ce « phénomène », comme vous dites, transcendait le paysage politique, social, culturel. Les demandes étaient si nombreuses que je fus quelque peu dépassé. Je publiais alors quelques petits bulletins, de simples feuilles ronéotypées, pour répondre aux questions posées et essayer de canaliser un tel engouement.

— Mais cela restait – cela reste – un jeu ?

— Et même un jeu d’enfant ! Parce qu’un jeu d’enfant, c’est sérieux. Il faut jouer sérieusement sans se prendre au sérieux. Celui qui n’a pas gardé son âme d’enfant ne sait pas jouer au jeu du roi. Et il est du même coup hors jeu. J’ai eu à refuser la naturalisation à des gens qui ne l’avaient pas compris. Pour la suite de l’histoire, mes livres seront dès lors, comment dire, fédérateurs. Avec des effets qui m’épatent toujours. Pensez qu’en Afghanistan, pour prendre cet exemple, des officiers généraux ont porté sur leur treillis l’écusson du 1er Régiment étranger de Patagonie. Un jour que j’embarquais sur La Foudre, on annonça que le consul général de Patagonie montait à bord dans le même temps que l’on hissait, à la drisse de courtoisie, le pavillon patagon ! Des anecdotes de cet ordre, je pourrais vous en raconter des dizaines, toutes plus étonnantes – et épatantes – les unes que les autres. John Cowper Powys a écrit : « Toute culture réelle, belle et noble, est fondée sur le rêve. » Il avait tout compris.

— Depuis sa parution en 1973, Le Camps des Saints n’a cessé d’être réédité (et encore récemment avec une préface qui a fait quelque bruit…). Quel effet cela fait-il d’avoir été bon « prophète » ?

— Prophète, le mot est fort… Mais je vais vous confier qu’Henri Amouroux m’a dit un jour, très sérieusement : « Au moins, j’aurai connu un prophète dans ma vie ! »Le Camp des Saints est un livre inspiré. Ne me demandez pas comment ou par qui, mais c’est comme ça. J’ai travaillé dessus quasiment un an. En y pensant nuit et jour. Aidé et porté par les circonstances, par ce que je sentais, ressentais, pressentais. Ce livre, c’est une parabole. Un roman qui fait le bilan de la décadence française et occidentale, un livre sur les idées altruistes, sur le détournement de l’esprit de charité chrétien.

— Un 1984 pour notre temps ?

— Je suis content que vous évoquiez George Orwell et son Big Brother. Je ne veux évidemment pas me comparer à Orwell, mais ce n’est pas un hasard si la préface de la dernière réédition en date du Camp des Saints est intitulée « Big Other ». Je ne suis pas un « voyant ». Mais j’ai vu venir ce que je raconte dans ce livre. Quand je l’ai écrit, je séjournais à Boulouris. Avec une vue à cent-quatre vingts degrés sur la mer et le grand large. Un matin, je me suis dit : « Et s’ils arrivaient ? » C’est ainsi que tout a commencé. Oui, si un livre fut un jour inspiré, c’est bien celui-là…

Ex: http://www.zentropaville.tumblr.com

La línea de división es entre tradicionalistas y liberales, no entre naciones o culturas

martongy.jpgEn esta entrevista, el diputado y experto en relaciones internacionales del partido nacionalista húngaro, Márton Gyöngyösi, no sólo nos habla de la campaña electoral que organizan, lanza fuertes declaraciones contra partidos como el Frente Nacional, el FPO de Austria o el PVV de Wilders por las ‘peculiaridades’ de sus plataformas políticas y define cual es la diferencia de movimientos como Jobbik y los partidos antes mencionados.

¿Cuál es su estrategia de campaña para las elecciones al Parlamento Europeo?

Como usted probablemente sabe, tenemos tres elecciones este año: elecciones nacionales parlamentarias, elecciones al Parlamento Europeo y después elecciones locales. Por supuesto, nuestra relación con la Unión Europea es un tema muy importante, incluso a nivel nacional, pero actualmente no es nuestro principal objetivo. Después de las elecciones nacionales, realizaremos en mes y medio la campaña para las elecciones al Parlamento Europeo. En el 2009, cuando participamos primera vez, llegamos a un resultado muy bueno de 15 % y sacamos tres diputados. Esperamos llegar al menos a dicho porcentaje. Nuestro programa para Parlamento Europeo ya está en camino. Por desgracia, de alguna manera estamos condenados al ostracismo en los medios de comunicación y nuestros mensajes no se difunden. Así que realizamos una campaña muy directa, con mucho más énfasis en el Internet y en los foros públicos.

¿Qué tipo de asuntos son los que esperas plantear en relación con la Unión Europea, tanto en las elecciones nacionales como las elecciones al Parlamento Europeo?

Al igual que en muchos otros países hay una gran cantidad de euroescepticismo barriendo a través de Hungría. En estos tiempos de crisis económica y financiera, mucho de la culpa se ha puesto a la Unión Europea y creo que con razón dada la forma en que esta crisis se ha gestionado y la forma en que la UE se está transformando. Creo que hay mucha resistencia a la continua centralización que la UE ha estado experimentado desde el Tratado de Lisboa, incluso desde el Tratado de Maastricht si quieres.

Creo que la mayoría del pueblo húngaro rechaza esto y creo que estas elecciones van a tratar mayormente sobre el futuro de la UE. Estoy esperando un resultado muy euroescéptico en este país – y en general también. Esto no es sólo Jobbik. Creo que el euroescepticismo está más allá de Jobbik y los partidarios de Jobbik. Ya el señor Orbán está haciendo alusión a un enfoque muy euroescéptico. Él por supuesto está a favor de la UE y ha hecho mucho por la adhesión de Hungría, pero por el momento retóricamente es crítico de la UE. Obviamente son tácticas políticas. Creo que los partidarios incondicionales de Fidesz están hartos de la UE y creo que Jobbik puede esperar votos de ellos. Creo que esa fue una de las razones por las que Fidesz no quería poner las elecciones nacionales y las elecciones al Parlamento Europeo en la misma fecha, a pesar de que hubiera sido lógico. Habría habido una gran participación en las elecciones al Parlamento Europeo, y mucha gente habría realizado un voto de protesta del lado de Jobbik. Pero ellos no quieren un alto rechazo de la UE. Eso habría sido un mensaje terrible hacia Bruselas. Un mensaje positivo desde mi punto de vista.

¿Cuáles cree que son los principales peligros de la creciente integración a la UE?

Sólo veo peligros. En 1991 obtuvimos la candidatura. Si queremos emitir un juicio sobre la UE tenemos que mirar no sólo a nuestros miembros, sino que todo el proceso de adhesión. Se le da a la nación que negocia su adhesión a la UE con Bruselas directrices y es forzada a moverse dentro de ciertos límites. Esto ha tenido un impacto muy negativo en el proceso de transición de Hungría. Se nos dijo liberalizar y privatizar la economía, lo que significó que en unos diez años Hungría vendió la totalidad de su riqueza nacional. Se nos dijo que el capital privado, la inversión privada y la iniciativa empresarial extranjera nos llevarían muy pronto al paraíso. Pero lo que se puede ver es que los países de Europa Occidental necesitan a Hungría más que Hungría necesita de la UE. Ganaron un mercado de diez millones en este país, y cientos de millones si nos fijamos en toda la región. Económicamente, es un paso muy importante para la UE. Geoestratégicamente también. Ellos abrieron las fronteras del euroatlantismo hacia el este por cientos de kilómetros. Esto también se ve en Ucrania. Pero no sólo hay que culpar a la UE y los asquerosos capitalistas de Occidente. Tenemos una élite política en este país – el Sr. Orbán, políticos socialistas como Gyula Horn – que fueron seleccionados para este tipo de política de transición. Ninguno de ellos cuestionó la integración europea o este tipo de transición económica. Sobre de ellos se les puede hacer mucha crítica por la gestión de la transición de un modo por el cual este país ha sufrido más en 25 años que en las dos guerras mundiales. Básicamente hemos perdido toda nuestra riqueza y patrimonio nacional. Básicamente no tenemos nada en manos húngaras en estos momentos. Todo está en las manos de los empresarios e inversionistas extranjeros que compraron fábricas y en algunos casos las destruían.

¿Cuáles son algunos ejemplos de esto?

Nuestra industria alimenticia fue completamente destruida. Solíamos ser capaces de autosuficiencia en la producción agrícola. Sólo para dar un ejemplo, solíamos tener 12 fábricas de azúcar. Eramos completamente autosuficientes y exportabamos el 75% de nuestra producción azucarera. Hoy importamos casi todo el azúcar, porque la producción ha dejado de existir. Sólo hay una fábrica de azúcar en Hungría y es de propiedad de Austria. La UE dice que no se puede producir porque hay cuotas y la cuota es aproximadamente la mitad del nivel de autosuficiencia… ¿Qué pasó con las fábricas? Fueron compradas por empresas extranjeras – empresas francesas y alemanas – y destruidas. Ahora compramos azúcar a partir de las empresas que los han comprado. Así compraron un mercado.

¿Crees que Hungría debe tratar de renegociar los tratados de la UE?

Exactamente. Esa es nuestra propuesta. Queremos un referéndum sobre el ingreso en la UE y queremos renegociar, a partir de nuestro tratado de adhesión.

¿Si se renegocia con éxito será todavía necesario el referéndum?

Depende del resultado. Pero es casi seguro que sí. Yo no creo que sea posible renegociar los tratados de tal manera que nos pareciera bueno y beneficioso para la nación húngara. Se necesitaría una remodelación completa del acuerdo. Teniendo en cuenta la forma de la UE y Hungría en este momento, yo no creo que sea factible o posible.

¿Así que usted piensa en términos prácticos necesario un retiro?

Sí, a través de un referéndum. Nosotros apoyaremos un retiro. Esa es la misma posición que tuvimos en el 2004. Hemos estado haciendo campaña por un modelo de Europa de las Naciones, donde la soberanía nacional es mucho más fuerte y donde la centralización es menos. En 2004 también tuvimos un enfoque muy crítico e trabajamos por la no integración. Lo que hemos visto desde entonces nos ha hecho fortalecido aún más en nuestra creencia.

¿Pero no ha visto efectos positivos de la pertenencia a la UE? ¿No ha habido inversiones extranjeras o relaciones comerciales que hayan beneficiado a la economía húngara?

Es el balance donde necesitamos mirar. Tenemos más de 1000 años de relaciones con Europa. Eso no es una cuestión de adhesión a la UE. Usted no necesita ser parte de la UE para tener buenas relaciones bilaterales. La UE podría haber mejorado las relaciones. Hubo un tiempo en que la UE pueda haber sido una organización basada en la confianza mutua y el beneficio mutuo, allá en los años 1960 o 1970. Pero hoy no es así. Hoy en día funciona más como un imperio que tiene un interés centralista, el interés de los más grandes y más viejos estados-nación en la UE. Ellos están buscando sus propios intereses industriales y subordinan los intereses de todas las demás naciones a eso. Creo que eso es lo que construye gran parte de la frustración dentro de la UE. Y, por supuesto, se han cometido errores. Creo que el euro fue un completo desastre y un completo error. Eso es un análisis económico, no un juicio político. Creo que fue completamente prematuro tener una moneda única en un entorno económico tan divergente. Cometieron un error y la solución que buscaron era aún más desastrosa. Deberían haber ido en una dirección completamente diferente. Ahora están tratando de imponer aún más de esta toma centralista de decisiones.

¿Te refieres a las medidas de la unión bancaria?

Exactamente. La disciplina fiscal y la supervisión de Bruselas. Si un Estado nacional soberano quiere elaborar su presupuesto ese es una cuestión de soberanía. Después de haber aprendido de los errores de Grecia, Bruselas quiere el derecho de anular la política presupuestaria nacional. Eso es una completa tontería. ¿Dónde nos va llevará eso? ¿Aquellos burócratas de Bruselas que no tienen idea de la situación real de la economía en Hungría y lo que el pueblo húngaro necesita o desea van a anular el presupuesto de un gobierno? La política monetaria está centralizada. Ahora la política fiscal va a ser centralizada en Bruselas también. La soberanía nacional ha sufrido mucho en el último par de años. No es de extrañar que en cada país exista algún tipo de oposición con esta dirección.

El político holandés Geert Wilders y Marine Le Pen en Francia han llamado a una alianza pan-europea de partidos euroescépticos. Según informes de prensa, han declarado que Jobbik será excluido por ser demasiado extremista. ¿Cuál es su reacción a esto?

En Europa occidental, los partidos de este tipo tienen un programa que no podemos identificarnos completamente. Su opinión sobre la UE coincide con la nuestra. Creo que tienen la misma idea sobre Bruselas que nosotros. Pero hay una gran diferencia entre ellos y nosotros. Un terreno común entre Wilders, Vlaams Belang de Bélgica, el FPÖ en Austria y Le Pen en Francia – los movimientos radicales de Europa occidental, si quiero generalizar- es la inmigración. Ellos son antiinmigración, y ya que la mayoría de los inmigrantes provienen de países musulmanes tienen una muy fuerte islamofobia y una muy fuerte retórica anti-islámica. En Jobbik, por el contrario, Gábor Vona siempre ha propuesto un diálogo pacífico entre religiones. Él ha estado llamando al Islam una civilización tradicionalista y señalando que todos los tradicionalistas en el mundo – ya sean cristianos, musulmanes, budistas o hindúes – deben unir sus fuerzas y levantarse en contra del liberalismo, que es básicamente un enemigo del tradicionalismo. A través de la propagación del multiculturalismo y el nihilismo absoluto y la ausencia de valores, básicamente está debilitando el tradicionalismo.

En este sentido Jobbik es un partido tradicionalista. Nuestro enemigo principal no es la gente que tiene una cultura o una religión diferentes. El enemigo común de los tradicionalistas, independientemente de su procedencia, es el liberalismo, que quiere barrer con todos los tipos de tradición y cultura. Está propagando un ambiente muy colorido, multiétnico y multicultural. Creo que la línea de división es entre tradicionalistas y liberales, no entre naciones o culturas. Esta es uno de nuestros mayores argumentos con Le Pen y Wilders.

¿Usted no los ve como en el mismo campo tradicionalista que el de ustedes?

No. Yo creo que son totalmente liberales. Absolutamente liberales. Ellos no ven el punto. Lo que temen es que los valores liberales de Europa y de la civilización occidental desde la Ilustración estén en peligro por la inmigración masiva. Así que ellos están protegiendo fundamentalmente los valores liberales de Europa. En este sentido no podemos encontrar la misma plataforma con estos partidos porque vemos el problema completamente diferente. Creo que son parte del problema. Son rebeldes políticos. Como una idea política, es estupendo encontrar un enemigo, dispararle y conseguir seguidores que les apoyen, pero creo que están en el punto equivocado. Es una muy mala señal que los instintos de Europa ya no estén trabajando.

¿Así que piensa que ellos se han negado a trabajar con ustedes y les llamaron extremistas debido a su crítica de los valores liberales?

Esa es la raíz del problema. Pero podemos ir más lejos. Para esta campaña anti-islámica han obtenido el apoyo sionista de Israel. Todos y cada uno de ellos. Puesto que el Islam e Israel, o el sionismo, son enemigos, básicamente han formado un solo frente. Usted puede ver que Strache del FPÖ ha hecho una serie de declaraciones pro-israelíes y recibió el apoyo sionista. Vlaams Belang incluso es financiada por determinadas comunidades sionistas. Wilders también. Ellos ven a la inmigración y el Islam como el mayor peligro, así que fueron con uno de los mayores enemigos del Islam, el sionismo. Es un enfoque completamente lógico. En Hungría tenemos un problema completamente diferente. Si se fija en nuestras declaraciones y lo que representan, hemos estado criticando la política israelí. Hemos criticado el sionismo como un fenómeno global y la forma en que funciona actualmente en el mundo.

¿Ve un riesgo de que esta posición se transforme en discriminación si usted señala a los judíos como agentes potenciales de Israel? Usted hizo una declaración hace unos años de que debe haber una investigación de los miembros del gobierno que cuentan con ciudadanía israelí- húngara.

La doble nacionalidad es un riesgo. Es un riesgo para la seguridad nacional. Quiero estar seguro de que el parlamentario húngaro, algún miembro del gobierno o un funcionario público sea 100% leal y 100% comprometido con mi nación cuando estén haciendo leyes o los lleven a cabo. Todo el mundo piensa lo mismo. En Israel los ciudadanos dobles están excluidos de la Knesset. Si Israel hace eso, entonces ¿por qué se ofenden si exijo lo mismo para Hungría? En Estados Unidos, se tiene que ser totalmente transparente. Cada miembro del Congreso tiene que mostrar a que raza, origen étnico y religión pertenece y qué ciudadanía que tienen. Todo lo que quiero es el mismo tipo de transparencia en Hungría.

¿Haría la misma demanda con otras nacionalidades?

Por supuesto. Si alguien tiene la doble ciudadanía de Zimbabwe-húngara también sería una curiosidad.

¿Lo vería como un riesgo potencial para la seguridad nacional?

Podría ser. Si alguien tiene la ciudadanía significa que juraron a un país en particular. Si juramentas a dos países ¿entonces cuál es la garantía de que pueda excluir su lealtad o su identidad cuando esté haciendo legislación o ejecutando las leyes de otra nación? Hay un conflicto de intereses. Creemos que la doble nacionalidad israelí-húngara es un riesgo aún mayor que con la doble ciudadanía Zimbabwe-húngara, porque hemos oído hablar de las intenciones maliciosas de Sr. Shimon Perez, cuando habló sobre la colonización de Hungría por medios financieros y económicos.

Me gustaría volver a la cuestión de la alianza. ¿Hay otros partidos que tienen una mentalidad similar a la suya y con quien usted puede ser capaz de formar una alianza en el Parlamento Europeo?

La cuestión de la búsqueda de la alianza viene después de la elección. Por supuesto que puedes hacer alianzas si se tiene un programa con puntos en común. Parece que Wilders, Le Pen y Strache tienen este programa común. No lo tenemos con ellos. Pero conseguimos algo hace unos dos años. Nuestro diputado Béla Kovács formó un partido europeo llamado Alianza de Movimientos Nacionales Europeos. Desde el Tratado de Lisboa, es posible que diputados individuales formen un partido internacional –basado en la afiliación individual, en lugar de entre partidos. Esto es todo un logro. Esto demuestra que tenemos algún tipo de poder de negociación. Somos el partido más fuerte en el movimiento radical, por lo que obtenemos una gran cantidad de atención en este campo.

Pero, ¿hay oportunidades concretas de cooperación en la próxima legislatura?

Incluso obtener una fracción es muy difícil porque se necesita muchos países y muchos miembros. Pero yo creo que no es tema de importancia. Es una organización tan inútil, para ser totalmente honesto con usted. Yo no creo que tenga un gran significado si se está en una fracción o sólo ser un miembro no inscrito. No vamos a renunciar a parte de nuestro programa o comprometer nuestros principios sólo para ganar más dinero o para hablar dos veces sobre uno de estos absurdos temas que el Parlamento Europeo está discutiendo, como la curva del pepino.

Pero, para responder a su pregunta, creo que va a ser una elección muy interesante, sobre todo por el creciente euroescepticismo en la UE. La mayoría de los analistas esperan un gran incremento en la influencia de los partidos euroescépticos en el Parlamento. Creo que esto va a ampliar las oportunidades para algún tipo de alianza. En Polonia hay un nuevo partido llamado Ruch Narodowy (Movimiento Nacional). Tenemos una cooperación muy estrecha con ellos. Firmamos comunicados de prensa comunes y ellos vienen a nuestros días y manifestaciones nacionales. También estamos buscando la cooperación en Croacia, donde los distintos partidos están formando un bloque para las elecciones al Parlamento Europeo. Tenemos contactos y relaciones con ellos. Estamos construyendo continuamente estas alianzas. Es esta parte de Europa – Europa Central y Oriental – donde tal construcción de alianzas es razonable y apropiada. En cuanto a los radicales franceses o británicos, tenemos una perspectiva muy diferente y con diferentes problemas.

Dos nombres que rondan entre los medios de comunicación como socios potenciales, que son el Partido Nacional Británico (BNP) y Amanecer Dorado en Grecia.

De acuerdo con los medios de comunicación, somos financiados por Al-Qaeda o por Rusia e Irán. Hay un montón de tonterías en los medios. Con Amanecer Dorado nunca hemos algún contacto. Cuando Gábor Vona fue a Londres dijeron que iba allí para reunirse con Amanecer Dorado. Esto es una locura. En época de elecciones Gábor Vona quiere conocer al electorado. Hay decenas de miles de húngaros que viven en Londres. Fue a reunirse con ellos y hablar de nuestro programa. ¿Por qué él viajará a Londres para reunirse con Amanecer Dorado? Él viajaría a Atenas entonces. Eso son los medios de comunicación para usted. No tenemos esa cooperación. Por otra parte, el líder del BNP, Nick Griffin, se unió a la Alianza de Movimientos Nacionales Europeos con nuestros eurodiputados. Él ya no es un miembro, pero formó parte de este partido.

¿Ve usted una buena posibilidad de una mayor cooperación con el BNP?

Nuestro juicio sobre la UE está convergiendo. Pero una vez más, creo que su posición anti- islámico es algo muy difícil de igualar con nuestra visión del mundo. Estamos buscando una alianza de tradicionalismo en todo el mundo contra el liberalismo. Creo que Europa está sufriendo por el liberalismo. Eso es lo que deberíamos deshacernos en primer lugar ante todo y luego encontrar nuestras propias raíces, nuestros propios valores y nuestras propias tradiciones y construir sobre eso. En lugar de odio y la búsqueda de un enemigo común. Eso no va a llevar a ninguna parte. No nos deshacernos de una de las principales causas de nuestra crisis: el liberalismo, que básicamente ha provocado falta de valores y un destacamento completo de nuestras tradiciones culturales y religiosas.

(Traducido del inglés por Manuel Ortiz)

Fuente: Disidencia

mercredi, 18 juin 2014

S.A.R. Don Sixto Enrique de Borbón: La voluntad rusa de independencia nos ayudará a reencontrar la nuestra

 

Sixto+Enrique+de+Borbon.jpgS.A.R. Don Sixto Enrique de Borbón, heredero legítimo del trono español, es hombre de convicciones profundas. Firme defensor de la tradición católica, es por completo ajeno a la imagen que esta época desarraigada quiere dar de la nobleza en general y de los príncipes en particular. Ligado a las principales dinastías de Europa, viajero infatigable, enrolado primero en la legión española y luego en el ejército portugués en Angola, S.A.R. Don Sixto Enrique conoce de cerca la política, es un conferenciante de reconocido prestigio y un consejero escuchado que se ha encargado muchas misiones de mediación en numerosos países.

Señor ¿qué os une a Rusia? ¿Por qué os interesa?

¡Miguel Strogoff! Desde que de pequeño leí Miguel Strogoff, amo a Rusia – y eso que Julio Verne nunca estuvo en Rusia. A partir de esa lectura, he intentado hacer más profunda mi simpatía. Hoy tengo muchas razones para amar a ese gran país: por su extensión, su espacio inmenso (con Siberia, por supuesto); por la cualidad intrínseca de una población, que tras 70 años de comunismo ha vuelto a su espiritualidad de otro tiempo; por las reservas minerales, que son riquezas importantes todavía no verdaderamente utilizadas, pero que le garantizan una independencia verdadera; por sus tradiciones nacionales: la iglesia, el recuerdo de la familia imperial. En su población subsiste un instinto natural de resistencia que nosotros hemos perdido.

Es interesante observar cómo las reflexiones, los comentarios, los análisis de la prensa y de los medios occidentales, que eran muy amistosos con el régimen soviético, han dejado de serlo por completo, ahora que la libertad ha vuelto a Rusia; y se han vuelto, por el contrario, humorísticos, sarcásticos, calumniosos… Incluso se nos vuelve a hacer la broma de mal gusto de la supuesta guerra fría, que fue de una invención no menos artificial que la primavera árabe de hoy en día: en realidad, el capitalismo occidental se beneficiaba de la presencia del régimen soviético, que le evitaba tener que competir con una Rusia reencontrada y reconstituida.

Es una vieja historia que se remonta a antes de la Primera Guerra mundial: hacía 1900, Inglaterra observó que había dos países que desarrollaban una dinámica industrial muy importante: la Alemania de Guillermo II y la Rusia de Nicolás II con su notable primer ministro, Stolypine. Si dejaba que esta dinámica industrial siguiera adelante en estos países, sus nuevas industrias exportarían sus productos por todas partes del mundo, haciendo la competencia al comercio inglés, y se verían empujados a desarrollar una marina comercial competente, que también competiría con la marina comercial británica. Inglaterra no quería en modo alguno esta competencia, y por ello deseó la guerra y hasta la provocó en cierto sentido – incluso si el elemento desencadenante de este conflicto, urdido mucho antes, fue, como es sabido, el asesinato del archiduque austriaco Francisco-Fernando. La estrategia inglesa consistió en crear una tensión cada vez más fuerte entre Alemania y Rusia para empujarles a la guerra. Conocida es la monstruosa matanza que resultó de ello, un genocidio dictado por intereses menos estratégicos que económicos. En Rusia, la revolución, resultado de la guerra, tomó el poder en 1917, con el apoyo de las finanzas y de los grandes bancos occidentales, y se impuso el régimen soviético que produjo los horrores de todos conocidos. Rusia también ha sido martirizada en beneficio de una estrategia internacional, financiera y totalmente inhumana.

Casi un cuarto de siglo después del fin de la unión soviética ¿qué cambios se han producido?

Yo no esperaba que el régimen soviético hiciera implosión tan pronto como lo hizo, fue una buena sorpresa. Pero después de 70 años de aplastamiento psicológico sufrido por tres generaciones, Rusia ha encontrado milagrosamente un renacimiento espiritual impresionante. En el ejército, ningún regimiento emprende la marcha hacia el Caúcaso sin que le acompañe un capellán. En todas partes las iglesias se reconstruyen y en su interior se juntan todas las generaciones sin distinción. Amo esa iglesia ortodoxa, magnífica, con los coros más bellos que quepa encontrar y ¡ese fervor! El país reencuentra sus virtudes iniciales y su poder internacional, no solamente político y estratégico, sino también económico y comercial.

Esta Rusia, que conocí en la época soviética, hoy la he vuelto a encontrar, pero liberada, y la miro con una simpatía tanto más grande cuanto su voluntad de mantener su independencia nos ayudará a nosotros mismos a reencontrar nuestra propia independencia amenazada por la penetración anglosajona. Por eso, cuando voy a Rusia intento hacer ver a los rusos que no respondemos a la idea que la estrategia de nuestros gobiernos podría dar de nosotros.

CARTEL REAL MODIFICADO.jpg

A Vladimir Putin se le señala hoy con el dedo como al lobo feroz de Europa. Procedente en su origen del KGB, y más tarde consejero de Boris Eltsine, ha dirigido la Seguridad Pública antes de presidir el gobierno de Rusia y luego la Federación Rusa. Ha devuelto a su país el rango de gran potencia ¿Ha restaurado Rusia?

Al menos la está restaurando. En cuanto a su recorrido vital, el KGB era el equivalente de la ENA en Francia; la élite del país tenía que pasar por él. Putin pasó, pues, por el KGB, y después recibió el apoyo del alcalde de San Petersburgo, Sotchak, que lo descubrió, con mucha penetración y psicología, y le ayudó mucho en su promoción primero en San Petersburgo y después en Rusia. Es el único que, en razón de su carácter, y de la importancia de su país puede poner en jaque, gracias a la firmeza de su postura, la comunicación y la complicidad americana y europea, mezcla de liberalismo y de socialismo.

Mi único temor se centra en el perfil de su primer ministro, cuando veo el papel menos positivo que juega. En la época de la guerra de Libia, Medrvedev, que por entonces era Presidente, se mostró abierto a las sugerencias de los diferentes grupos internacionales, como la comisión trilateral, Paneuropa, el Bilderberger, etc.

¿No se debe esto a un reparto de papeles con Putin?

Oficialmente, sí.

¿Qué incita a los europeos desear la picota para Putin?

La Unión Europea es un engendro completamente artificial; ha hecho creer a cada una de las naciones adheridas a ella, que, por su virtud, los europeos serían más competitivos en comparación a los Estados Unidos. Lo que se ha producido ha sido exactamente lo contrario. Al introducir a Inglaterra hemos instalado el caballo de Troya americano en Europa. Es evidente que el mundo anglosajón, Inglaterra o Estados Unidos, no puede aceptar de ninguna manera que el mundo tal como lo concibe no obedezca a sus normas, a sus reglas. Y Rusia es el único país que actualmente puede permitirse esta excepción, esta reacción -quizá con Hungría, cuyo primer ministro me resulta muy simpático.

Tras la vuelta de Crimea al seno de Rusia, el discurso occidental da a entender que Vladímir Putin no va a pararse ahí. ¿Creéis que tenemos que vérnoslas con una Rusia “imperialista”?¿Qué otra política podría hacerse por relación a ese país, fuera de la que actualmente se lleva a cabo?

¡Simplemente, reconocer a Rusia sus fronteras históricas! Hay que redefinir geográficamente Ucrania, que carece de unidad: su parte oeste, desde el Dniéper, ha estado bajo el control austriaco durante mucho tiempo y se llamaba la Galicia. Su población era uniata, convertida al catolicismo, y siempre han existido tensiones entre los uniatas y los ortodoxos tradicionales. Por el contrario, la Ucrania oriental siempre ha sido rusa. Es incluso la matriz de Rusia: el gran príncipe Vladimir partió de Kiev para fundar Moscovia. Entre Rusia y esta Ucrania oriental hay una unión completa bajo todo punto de vista. Crimea, incorporada por Catalina II y Potemkin en el siglo XVIII, sigue siendo el principal pulmón de Rusia en el mar negro.

Cuando a Kruschtchev, que era ucraniano, se le ocurrió dar una autonomía a Ucrania, pretendía obtener dos representantes de la Unión Soviética en la ONU: Rusia y Ucrania. Era un pretexto evidentemente artificial, pero que interesaba a los soviéticos en aquella época. Ahora eso se ha vuelto contra Rusia. Las protestas de los países, que aparentan revestirse de virtud ultrajada porque Rusia recupera sus posiciones históricas y naturales, son inaceptables y en particular la de los Estados Unidos que, en otro tiempo, ¡invadieron Nuevo Méjico, Arizona y California, y atacaron a España en 1890 para hacerse con Cuba y Filipinas!

También se puede evocar el problema en Moldavia y Transnistria, territorio cuya población actual está casi únicamente compuesta de rusos que fueron deportados allí por Stalin, según creo, y que quieren ser reconocidos como rusos. No hay que olvidar, en todo caso, que en la capital ucraniana de Kiev se encuentra el “vaticano ortodoxo”: un soberbio conjunto de catedrales e iglesias donde se recoge verdaderamente toda la historia de la ortodoxia rusa.

Entrevista realizada por Eric Letty

Monde & vie. 9 de abril de 2014

Fuente: Carlismo

lundi, 16 juin 2014

Imperium statt Nationalstaat

Imperium statt Nationalstaat

Interview mit David Engels

von Johannes Schüller

Ex: http://www.blauenarzisse.de

David Engels, Deutschbelgier und Brüsseler Professor für Römische Geschichte, hat 2013 in Frankreich einen vieldiskutierten Bestseller zur Zukunft Europas veröffentlicht. Ein Gespräch über historische Parallelen.

 

Blaue​Narzisse​.de: Ihre These vom Niedergang des Westens und seinen Analogien zum Niedergang Roms erinnert stark an Oswald Spenglers Untergang des Abendlandes. Doch der große Kollaps blieb aus. Warum sollte er ausgerechnet jetzt, in einer doch recht stabilen Phase des Friedens, eintreten?

David Engels: Spengler zählt tatsächlich, neben Friedrich Nietzsche, Thomas Mann und C. G. Jung, zu den Denkern, denen ich am meisten verdanke. Seine Geschichtsmorphologie halte ich jedoch auch in vielen Punkten für korrekturbedürftig und ausbaufähig. Wenn wir vom Niedergang oder gar Untergang reden, sollten wir uns allerdings daran erinnern, dass Spengler einmal ausdrücklich erklärt hat: „Es gibt Menschen, welche den Untergang der Antike mit dem Untergang eines Ozeandampfers verwechseln. Der Begriff einer Katastrophe ist in dem Worte nicht enthalten. Sagt man statt Untergang ‚Vollendung’ (…), so ist die ‚pessimistische’ Seite einstweilen ausgeschaltet, ohne dass der eigentliche Sinn des Begriffs verändert worden wäre.”

Es geht also nicht um einen spektakulären „Kollaps”, der sich auf Jahr und Tag berechnen ließe. Stattdessen bleibt die Annahme entscheidend, dass auch Europa, wie jede andere Kultur, den morphologischen Vorgaben einer etwa tausendjährigen Kulturentwicklung unterliegt. An deren Ende stehen unweigerlich Verflachung, Entgeistigung, Niedergang und Rückfall in frühzeitlichen Atavismus.

Übrigens: Von „Frieden“ würde ich nicht wirklich sprechen wollen. Bedenken Sie, dass es gerade einmal 20 Jahren her ist, dass der Kalte Krieg beendet wurde, der uns nur im Rückblick fälschlicherweise als langer „Frieden“ erscheint. Und wenn ich an die schrecklichen Kriege zwischen den jugoslawischen Teilstaaten und an den momentan sich in der Ukraine abzeichnenden Bürgerkrieg denke, kann unser Kontinent kaum als wirklich befriedet gelten. Freilich führen die wichtigsten Staaten, die heute die EU ausmachen, seit 1945 keine Kriege mehr gegeneinander. Dass sie dies jedoch fast jeden Tag erneut als einzige Legitimation ihrer Existenz feiern, und das bis zum Abwinken, halte ich für geradezu grotesk. Auch die USA haben den nordamerikanischen Kontinent seit 1865 „befriedet” ohne hierin ihre historische Aufgabe als erschöpft zu betrachten.

Wie könnte sich der Untergang der EU real gestalten?

Zum Glück sind wir ja noch nicht so weit, dass schon vom „Untergang” die Rede sein muss. Es handelt sich vielmehr, in Analogie zu den Ereignissen des 1. Jahrhunderts v. Chr., um den „Übergang” einer demokratisch verbrämten, scheinhumanistisch unterfütterten und ultraliberalen Oligarchie in eine imperiale Staatsform. Erstere erweist sich als immer unbeweglicher, instabiler und unbeliebter; letztere dagegen stellt einen vielversprechenden Kompromiss zwischen den scheinbar unvereinbaren Extremen technokratischen Managements und plebiszitärer Radikaldemokratie dar.

Und wenn wir ehrlich sind, hat dieser Prozess ja schon lange begonnen, bedenkt man, wie überall in der EU die demokratische Maske fällt: Volksabstimmungen werden entweder ignoriert oder wiederholt, wenn das Resultat politisch unerwünscht ist, denken Sie nur an die Skandale um die europäische Verfassung, defizitäre Staaten werden, wie Griechenland, unter Provinzialverwaltung gestellt, und die EU-​Verträge sehen noch nicht einmal ein klares demokratisches Prozedere für die Ernennung des Präsidenten der Kommission vor.

Was noch fehlt, um die Analogie zu Rom perfekt zu machen, ist lediglich die konservative Wertewende und die Rückkehr eines in der Geschichte gründenden europäischen Sendungsbewusstseins. Und schon werden wir erneut in einem quasi augusteischen Staatswesen leben. Ob sich diese Wende, die sich ja schon überall im Bedeutungsanstieg traditionalistischer Parteien abzeichnet, nun freilich von innen heraus vollziehen wird, oder es erst einer jahrzehntelangen schweren Krise bedarf, ist offen. Um unseren Kontinent steht es jedenfalls äußert schlecht, denken wir etwa an Deindustrialisierung, Arbeitslosigkeit, Überalterung, Bevölkerungsschwund, Masseneinwanderung, Kapitalflucht, explodierenden Sozialbudgets und die chronische Unfähigkeit unseres politischen Systems, über eine einzige Legislaturperiode hinaus wirklich langfristig und umfassend angelegte Reformplänen zu realisieren. Deshalb tippe ich eher auf eine jahrzehntelange, schwere Krise – leider.

Spengler prognostiziert, ja fordert im Untergang des Abendlandes die Herrschaft neuer Caesaren, der Diktatoren auf Zeit. Diese Hoffnung ist in Rom und in der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts fatal gescheitert. Wer könnte uns jetzt noch demokratisch retten?

Diktatur, Caesarismus und Kaiserreich sind für Spengler untrennbar verbunden. Und in Rom ist der Caesarismus ja nicht gerade gescheitert. Er etablierte sich vielmehr nach den verschiedensten kurzlebigen Versuchen der Konstruktion autoritärer Herrschaft durch die Gracchen, Marius, Sulla, Pompeius und Caesar dauerhaft seit der Machtergreifung des Augustus. Letzter errichtete dann eine neue Regierungsform, welche im Westen 500 Jahre, im Osten 1.500 Jahre Bestand haben sollte. Keine schlechte Erfolgsbilanz, wie ich finde.

Heute ist es kaum eine Generation her, dass die letzten autoritären Regime in Europa verdrängt wurden. Ich denke dabei nicht nur an den Ostblock, sondern auch an Griechenland oder Spanien. Die Forderung nach dem „starken Mann“, der uns aus der Krise führt, bleibt trotzdem aktueller denn je. Einer Umfrage der Le Monde Diplomatique zufolge erklärten sich 2013 32,3 Prozent der Deutschen, 38,2 der Italiener, 41,8 der Engländer, 43,2 der Franzosen, 56,6 der Ungarn, 60,8 der Polen und 62,4 der Portugiesen mit der Aussage einverstanden: „Was mein Land am meisten braucht, ist ein starker Mann an der Spitze, der sich weder um das Parlament noch um die Wahlen schert”. Wer will also heute überhaupt noch „demokratisch” gerettet werden? Die Demokratie – oder das, was wir heute unter ihr verstehen, und dem ein Athener des 5. Jahrhunderts v. Chr. nur mit Kopfschütteln begegnet wäre – ist weitgehend gescheitert. Sie lässt das Abendland von Tag zu Tag tiefer in die Krise sinken.

Blaue Narzisse​.de: Prof. Engels, ist unsere moderne Demokratie einfach nur ein historisches Missverständnis im Vergleich zur Antike?

David Engels: Nun, im Gegensatz zu dem, was heute überall verbreitet wird, lassen sich Ideale und Staatsformen nicht einfach per Dekret exportieren. Alles hängt auch von der dazugehörigen Mentalität ab. Von daher ist es ohnehin fast unmöglich, einen Begriff wie „Demokratie” in Antike und Abendland zu vergleichen. Insgesamt allerdings lässt sich beobachten, dass unsere Demokratie eine starke Tendenz aufweist, das klassische athenische, schon im 4. Jahrhundert v. Chr. gescheiterte Prinzip regelmäßiger Volksabstimmungen wie auch einer maximalen Einbindung jeden Bürgers in die Staatsverwaltung hinter sich zu lassen. Stattdessen werden vielmehr immer zahlreichere Kontroll– und Mittlerinstanzen zwischengeschaltet.

Das mochte bei außenpolitischer Flaute und wirtschaftlichem Wachstum, wie in der zweiten Hälfte des 20. Jahrhunderts, noch weitgehend folgenlos bleiben, offenbart sich aber heute angesichts der zahlreichen Krisen als fatale Schwäche. Denn die tatsächliche Macht muss sich angesichts der entstehenden Lähmung der Entscheidungsfindung notwendigerweise in andere Bereiche verlagern, um die Gesellschaft handlungsfähig zu halten.

Sie machen auch den Mangel an Ungleichheit und Autoritäten für den Untergang verantwortlich. Wie lässt sich eine Wiedergeburt dieser Werte mit einer demokratischen Gesellschaft verbinden?

Alles hängt davon ab, wie wir „Demokratie” definieren. Heute versucht die Gleichmacherei der „political correctness” jede gesellschaftliche Ausnahme in schon fast pathologischem, vorauseilendem Gehorsam zur gleichberechtigten Regel neben die mehrheitliche Norm zu stellen. Daher wird auch der Volkswille, wenn er sich denn einmal äußert und mit der herrschenden Ideologie nicht vereinbar ist, umgedeutet, korrigiert, zensiert oder glatt ignoriert. Gleichzeitig befindet sich die tatsächliche politische Macht in demokratisch unzugänglichen Zirkel einiger mächtiger Wirtschaftsmanager, Druckgruppen und internationaler Institutionen, welche von der Machtlosigkeit der Demokratie profitieren und das System daher um jeden Preis konservieren wollen. Betrachtet man diese Gegenwart, dann dürfte es tatsächlich schwer werden, eine solche Staatsform mit der Wiedergeburt traditioneller Werte zu verbinden.

Wenn wir uns aber daran erinnern, dass Demokratie im ursprünglichen Sinne einfach nur eine Staatsform bezeichnet, in der der Volkswille in jedem Augenblick so ungeteilt und ungefiltert wie möglich in politisches Handeln umgesetzt wird, sehe ich keinerlei Unvereinbarkeit. Denn die Zahl jener, die sich zu den historischen Werten unserer abendländischen Kultur bekennen bzw. in ungebrochener Kontinuität mit ihnen leben, macht ja immer noch die Mehrzahl der Bevölkerung aus. Unter diesem Blickwinkel wäre also die Rückkehr zu einer wahrhaft demokratischen Gesellschaft in Europa sogar untrennbar verbunden mit einer vergrößerten Loyalität und Solidarität unserer historischen Identität gegenüber. Und eine solche Kombination war ja gerade das ideologische Aushängeschild der „res publica restituta”, der „wiederhergestellten Republik” des Augustus.

Sie schreiben, ähnlich wie Spengler, Optimismus sei Feigheit. Bleiben uns jetzt nur der Untergang und der resignierte Rückzug ins Private?

Was als „Optimismus” und „Pessimismus” gilt, hängt weitgehend von unserer eigenen Perspektive auf die Geschichte ab. Ich gestehe, dass ich als überzeugter Abendländer wie auch als Historiker das Heraufkommen einer geschichtsverbundeneren Regierungsform und Weltanschauung mit einer gewissen Sympathie begrüße. Als Historiker ist man ja in irgendeiner Weise, offen oder verdeckt, immer Traditionalist.

Eine augusteische Wende für die EU würde aber, trotz aller republikanischen Ummantelung und Popularität der neuen Regierung, doch wesentlich nur die in den letzten Jahrzehnten vollzogene Vereinfachung und Konzentration von Macht in den Händen einiger Weniger definitiv verankern. Der Rückzug ins Private hat sich schon seit nunmehr zwei Generationen weit verbreitet, wie fast mathematisch an der Wahlbeteiligung überall in Europa abzulesen ist. Daran ändert auch die Aufsicht einer plebiszitär akklamierten obersten Instanz nichts. Diese Tatsache kann ich nur bedauern, ohne allerdings die geringste Hoffnung zu haben, dass dieser Prozess umkehrbar wäre.

Auch haben wir ja gar nicht die Wahl, denn ein Rückfall Europas in die Nationalstaaterei 28 kleiner Länder ist keine sinnvolle Alternative. Gegen machtpolitische Giganten wie die USA oder China hätte Europa nicht die geringsten Chancen, auch Deutschland mit seiner schwindenden Bevölkerung und seiner wirtschaftlichen Abhängigkeit von seinen Nachbarn stellt hier keine Ausnahme dar. Wir würden nur Brüssel gegen Washington oder Peking eintauschen, während sich gleichzeitig unsere Nationalstaaten gegenseitig zerfleischen, obwohl sie alle unter denselben Problemen leiden. Die imperiale Lösung ist deshalb vielleicht sogar das geringere Übel für den Kontinent. Das klingt möglicherweise hart. Aber wir sollten uns früh mit diesen Aussichten vertraut machen. Umso eher können wir unsere Zukunft so gut wie möglich gestalten.

Prof. Engels, vielen Dank für das Gespräch!

Anm. der Red: Die französische Originalausgabe (Le Déclin. La crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine. Analogies historiques, Paris 2013) erschien dieses Jahr in einer vom Autor erstellten, wesentlich erweiterten deutschen Fassung im Berliner Europaverlag unter dem Titel Auf dem Weg ins Imperium. Die Krise der Europäischen Union und der Untergang der Römischen Republik. Historische Parallelen. Hier gibt es mehr Informationen dazu. Und hier geht es zum ersten Teil des Interviews.

dimanche, 15 juin 2014

Pourquoi le peuple fait secession?...

maffesoli-michel-sorbonne-sarkologies-307350-jpg_189882.JPG

Pourquoi le peuple fait secession?...

Entretien avec Michel Maffesoli

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

 

bienpensants.gifVous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec le sociologue Michel Maffesoli, cueilli sur le site du Figaro et consacré aux résultats des élections européennes...

 

Michel Maffesoli vient de publier, avec Hélène Strohl, un essai intitulé Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014).

Abstention, vote FN : pourquoi le peuple fait sécession

Vous parlez dans votre livre Les nouveaux bien-pensants de «la secessio plebis, cette séparation politique d'un peuple ne se reconnaissant plus dans l'erratique discours d'une élite on ne peut plus déphasée.». A-t-on assisté dimanche 25 mai à l'éclatante manifestation de cette secessio plebis, tant par le score du Fn que par celui de l'abstention? Est-ce inquiétant?

Le résultat des élections de dimanche dernier traduit, d'une manière paroxystique, le décalage grandissant existant entre les élites et le peuple que celles-ci sont censées représenter. Élites? Intelligentsia? tous ceux qui ont le pouvoir de dire et celui de faire: politiques, journalistes, divers experts et autres hauts fonctionnaires.

Ce n'est pas la première fois, pour reprendre une expression classique de la pensée politique qu'une telle secessio plebis se manifeste.

C'est à partir d' une telle mise en perspective que l'on peut comprendre, à la fois, le vote du Front national, mais plus encore celui de l'abstention. (26,8 millions d'abstentions, 4,7 millions de votes FN). On a pu, à cet égard, remarquer que celle-ci était particulièrement forte chez les jeunes générations (73% d'abstentions pour les 18-35 ans). Tout cela, bien entendu ne manque pas d'être inquiétant. En tout cas nous force à penser, en profondeur, la nouvelle époque qui s'amorce. Puis-je, à cet égard, rappeler que ce mot tout à fait anodin: «époque», signifie en grec parenthèse . Et n'oublions pas qu'une parenthèse s'ouvre et une parenthèse se ferme. La parenthèse moderne est en train de se fermer et l'incapacité des élites à voir celle qui s'ouvre conduit aux conséquences que l'on vient d'énoncer. D'où la méfiance qu'elle suscitent, en particulier chez les jeunes générations qui, blogs, forums de discussion et autres sites communautaires aidant, ne s'en laissent plus conter!

Quels sont les ressorts profonds de cette rupture entre les élites et le peuple que vous décrivez? Est-ce un phénomène typiquement français?

Les racines d'une telle rupture, dans le sens fort du terme d'un tel désaccord, se trouvent, certainement, dans le fait que cette intelligentsia reste figée sur les certitudes théoriques qui lui paraissent comme autant d'assurances, mais qui en fait l'empêchent, tout simplement, d'accompagner les mutations dont il est vain de nier l'importance. On peut pourtant, quand on regarde sur la longue durée les histoires humaines, observer que le déclin d'un vivre-ensemble s'accompagne toujours de l'émergence d'une autre forme de socialité. Ce processus, je l'appelle saturation .C'est-à-dire qu'une nouvelle construction va s'élaborer à partir des éléments tombés en décadence.

Par exemple, à l'individualisme qui avait prévalu, succède un idéal communautaire qu'il est abusif et surtout dangereux de nommer communautarisme. En effet, dans tous les domaines, le «Nous» prévaut sur le «Je». C'est en comprenant un tel glissement que l'on peut saisir les nouvelles formes de solidarité, de générosité qui sont en train de s'élaborer sous nos yeux. De même, le rationalisme (c'est-à-dire une systématisation de la raison dans la vie sociale) est en train de laisser la place à une conception plus ouverte de la rationalité: pour user d'un oxymore, je dirais que ce qui est en jeu est le désir d'une raison sensible où l'imaginaire occupe une place de choix. Cela s'observe dans l'émergence des passions, des émotions collectives. C'est ainsi que les affects ne sont plus cantonnés derrière le mur de la vie privée, mais tendent à se capillariser dans l'ensemble du corps social. Et il est très réducteur de réduire, comme le font la plupart des politiques, les valeurs populaires au pouvoir d'achat et à la recherche de la sécurité économique. Enfin, le simple progressisme, la recherche de la société parfaite dans le futur, la tension vers les «lendemains qui chantent», tout cela est en train de laisser la place à une accentuation sur le présent, un vivre ici et maintenant et ce à partir des racines, à partir des traditions. Tout cela peut se résumer au travers du terme de progressivité qui insiste sur ce qu'on peut appeler l'enracinement dynamique. Le lieu fait lien!

La dilution des valeurs qui firent la modernité (individualisme, rationalisme, progressisme) serait la cause du rejet de l'Europe de Bruxelles?

Oui, l'accentuation d'une Europe purement institutionnelle au détriment d'un sentiment européen et d'une expression de la culture et de la tradition européennes vivantes ont certainement détourné nombre d'électeurs du vote.

Les élites ne comprennent pas un tel glissement. Elles méconnaissent l'importance de la communauté (le «Temps des tribus» est bien arrivé!), de l'émotionnel, d'un présent partagé . Elles sont, ainsi, éloignées de la vie de tous les jours, ce qui ne manque pas d'entraîner la rupture avec les conséquences que l'on voit. C'est en se contentant de répéter, mécaniquement, des mots incantatoires que, d'une manière inexorable, l'on se coupe de ce que Auguste Comte nommait le «pays réel». Quand ceux qui sont censés le faire ne savent plus dire ce qu'est la conscience collective il n'est plus étonnant que celle-ci n'ait plus confiance!

Vous avez dénoncé dans votre livre «les nouveaux bien-pensants», un entre-soi politico-médiatique en rupture totale avec la réalité. Qu'est-ce que cette bien-pensance que vous dénoncez? N'est-ce pas un mot galvaudé?

Certes la «Bienpensance» est un mot qui, utilisé sans distinction, peut devenir une formule vide de sens. Pour ma part, c'est en me souvenant des vigoureuses analyses de Georges Bernanos qui, dans ses écrits de combat, s'élevait contre les facilités de pensée et les divers conformismes du moment, que je reprends, à mon tour, ce terme. Et ce en rappelant que le conformisme logique, les «éléments de langage» et autre «langue de bois» favorisent un «entre-soi» . Une véritable endogamie engendrant une rupture totale entre le peuple et ceux qui sont censés le représenter.

Vilfredo Pareto, avec justesse et acuité, soulignait d'ailleurs que quand une époque s'achève, on voit s'amorcer une «circulation des élites». C'est quelque chose de cet ordre qu'il faut avoir à l'esprit, alors que les générations vieillissantes, et surtout figées sur leurs certitudes, s'accrochent à leur pouvoir, politique, économique, intellectuel, social. La pensée «établie» fonctionne à partir d'une conception moraliste du monde, c'est-à-dire, pour reprendre une expression de Max Weber, envisageant le monde comme «il devrait être» et non pas «comme il est». Ce faisant, ce dernier reprenait l'ironique remarque de Nietzsche parlant de la «moraline» suintant d'un corps moribond . C'est cette sécrétion nauséabonde qui fait fuir ceux qui ont envie de respirer un air pur. Peut-être est-ce en ayant cela à l'esprit que l'on peut comprendre le dégoût qui se manifeste vis-à-vis des diverses élites contemporaines.

Une conception morale de la politique qui propose de «changer l'homme..

On peut penser que les derniers débats dits sociétaux, c'est-à-dire ceux proposant une dénaturation de la structure anthropologique qu'est l'altérité sexuelle, la manie du niveau dans le rapport entre les sexes, obsession de l'asepsie sociale dans le domaine de santé et de prévention , tout cela tient moins du détournement: ne pas parler du chômage, que de cette volonté paranoïaque de plier la société à un modèle unique, considéré comme le meilleur.

En ce sens l'Europe, considérée par de nombreux Français comme responsables des multiples règlements régissant notre vie quotidienne, ( règlements souvent impulsés par nos bureaucrates nationaux) a payé ce refus d'une intrusion étatique dans l'intimité.

La montée du Front National traduit-elle un sentiment d'exaspération, de saturation par rapport à la politique politicienne des partis établis, ou bien une véritable adhésion aux thèses de Marine Le Pen? En d'autres termes: assiste-t-on à une «droitisation de la société» ou à un simple désir de changement?

Je ne suis pas certain que les exacerbations s'exprimant dans les diverses élections que l'on vient de vivre traduisent une adhésion aux thèses du Front national. Il est également trop facile, et cela s'inscrit bien dans la bienpensance, c'est-à-dire dans la routine philosophique, de croire que l'on assiste en France ou dans d'autres pays européens à «une droitisation de la société». De la même manière il est peut-être trop rapide de voir là un simple désir de changement. En fait, tout simplement, comme la représentation philosophique ( c'est-à-dire les systèmes de pensée hérités du 18ème et du 19ème siècles) ne parait plus pertinente, les peuples n'ont plus envie de se reconnaître dans une représentation politique restant figée sur un mode de pensée quelque peu obsolète. Il est fréquent de dénoncer, ou à tout le moins de moquer le bon sens populaire. Or celui-ci d'une manière plus ou moins souterraine est au cœur même du vivre-ensemble. On retrouve chez des auteurs aussi différents que Descartes ou Joseph de Maistre des analyses insistant sur la nécessité de s'accorder «à la droite raison et au bon sens réunis».

Pour ma part je considère que c'est cette conjonction qui s'exprime dans les diverses «humeurs» sociales dont on n'a pas fini de mesurer les effets. En bref, on ne supporte plus l'aspect péremptoire, intolérant de ce que Tacite nommait , «tristis arrogantia», l'arrogance triste de ces moralistes ayant, pour tous les problèmes, une réponse universelle . Solution, de surcroît, inefficace! Tout est bon pour leur rappeler leur impuissance.

Pour le dire en d'autres termes, la verticalité du pouvoir (politique, médiatique, universitaire, administratif) ne fait plus recette et il va falloir s'ajuster à une horizontalité de plus en plus importante dans nos sociétés. C'est cela la mutation de fond, et la rabattre sur une soit-disant adhésion aux thèses de Marine Le Pen est une pensée à courte vue. Élargissons le débat, sachons ,véritablement, penser de ce qui est en jeu . En son temps, Jean Baudrillard avait attiré l'attention sur le «ventre mou du social» ou sur les «majorités silencieuses». Voilà que ce silence devient assourdissant! Le lepénisme n'est qu'un pré-texte parmi d'autres ; il faut savoir repérer et lire le vrai «texte».

N'y a-t-il pas un danger à dire que le peuple a toujours raison, parce qu'il est peuple? Quand le FN se réclame systématiquement du «peuple», ne risque-t-il pas de basculer dans la démagogie pure?

Le FN sait être sensible au fait que c'est le peuple et ses valeurs qui sont au fondement même de tout vivre ensemble.

Les classiques de la pensée politique rappellent qu'il n'existe de Nation qu'à partir d'une «affectio societatis». Ce désir d'être et de vivre ensemble. C'est cela le peuple. Il est frappant d'observer que ces mots, en soi si riche de peuple ou de populaire, sont, la plupart du temps, interprétés par les élites en termes de populisme . Avec , bien sûr, la connotation péjorative que ne manque pas d'avoir un tel mot . C'est quand justement, l'élite ne sait plus dire ce qui est vécu que l'on peut voir le succès des diverses formes de démagogie. Je ne sais pas si le Front national dit que le peuple a toujours raison, mais ce qui est certain, c'est qu'il ne sert à rien de le diaboliser lorsque il rappelle que l'on ne peut penser et agir qu'en référence aux racines populaires.

Pour ma part, je considère que c'est si , et uniquement si, on sait s'accorder à de telles assises, que l'on pourra penser, avec justesse, le nouveau vivre-ensemble postmoderne en gestation. En rappelant que , lorsqu'on observe sur la longue durée les histoires humaines le pouvoir n'est légitime que lorsqu'il reste enraciné dans la puissance populaire . C'est cette constatation de bon sens que l'intelligentsia française tend à oublier ou qu'elle ne sait pas dire . Souvenons, ici, d'Albert Camus: «mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde». Aussi convient-il de trouver les mots pertinents qui, dés lors, deviendront paroles fondatrices.

Michel Maffesoli (FigaroVox, 30 mai 2014)

samedi, 07 juin 2014

Taguieff et l'antifascisme...

Taguieff et l'antifascisme...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Pierre-André Taguieff, cueilli sur le site du Figaro et consacré au Front national et à l'antifascisme... Pierre-André Taguieff vien de publier Du diable en politique - Réflexions sur l'antilepénisme ordinaire.

Taguieff.jpg

FigaroVox: Votre livre décrit la mécanique diabolisatrice à l'œuvre dans le paysage politique français depuis trente ans, qui renvoie systématiquement le Front national aux «heures les plus sombres» et à la «bête immonde». Pouvez-vous nous décrire ce processus de diabolisation?

Pierre-André TAGUIEFF: La diabolisation implique de réduire un individu ou un groupe à une manifestation du Mal ou à une incarnation du diable, et d'en tirer les conséquences pratiques, à savoir l'élimination de l'entité diabolisée. Dans les systèmes totalitaires, la diabolisation des opposants se traduit par leur extermination physique. Dans les démocraties pluralistes, les adversaires diabolisés sont en principe exclus du jeu démocratique, mis à l'écart du système politique. La diabolisation constitue ainsi une méthode d'illégitimation d'un adversaire, d'un concurrent, d'un contradicteur, qui sont ainsi transformés en ennemis redoutables et haïssables. En outre, diaboliser l'autre (l'opposant ou le différent), c'est se classer soi-même dans la catégorie des représentants ou des combattants du Bien. C'est donc se donner une légitimité, voire une respectabilité à bon compte.

Lorsqu'elle prend pour cible le Front national, la diabolisation consiste à retourner contre ce parti ses propres méthodes de combat idéologique. Comme la plupart des mouvements nationalistes, le FN diabolise ses ennemis en les désignant, d'une part, en tant que responsables du désordre à l'intérieur de la nation, un désordre facteur d'affaiblissement ou de déclin, et, d'autre part, en tant qu'incarnant une menace pour la survie de la nation. Disons, pour préciser, que le désordre intérieur est attribué à une immigration jugée non intégrable, et que la mondialisation et la construction européenne sont dénoncées comme des menaces pesant sur l'indépendance et l'identité nationales. Mais si les nationalistes diabolisent les ennemis du peuple, à l'intérieur, ou ceux de la nation, à l'extérieur, ils sont eux-mêmes fortement diabolisés en retour, étant accusés notamment d'être partisans de la fermeture sur soi de la nation, de se montrer xénophobes ou racistes, et surtout d'être des fauteurs de guerre, en alimentant les peurs et les haines entre groupes, ou en diffusant la vision d'un conflit «naturel» entre les nations définies comme rivales. En France, l'antinationalisme est devenu idéologiquement hégémonique à la faveur de la construction européenne. Les nations étant perçues comme des obstacles à cette dernière, le sentiment national lui-même a été réduit par les élites dirigeantes et discutantes à une survivance nuisible d'un passé heureusement révolu, à un archaïsme détestable. Le problème, c'est que le sentiment de l'appartenance nationale, qui revient à celui de posséder une identité nationale, n'a nullement disparu de l'opinion, et, plus profondément, des mentalités ou des croyances culturelles. À partir de 1983-1984, le mouvement lepéniste a incarné tout ce rejetaient et méprisaient les élites antinationalistes ainsi que les héritiers de gauche du vieil antifascisme. D'où la dénonciation du FN comme «fasciste», stigmatisation qui l'a isolé dans le système des alliances politiques. Mais, en même temps, le FN a pu s'efforcer, non sans succès, de monopoliser le sentiment national dans tous ses aspects. Ainsi, à la diabolisation par le FN a répondu celle du FN, faisant surgir un cercle polémique vicieux qui ne cesse de compliquer l'interaction entre le FN et ses ennemis, et d'engendrer des effets pervers.

La «reductio ad Hitlerum» avait déjà été dénoncé par Leo Strauss en son temps. Qu'apporte votre livre de nouveau?

En 1953, au début de son grand livre intitulé Droit naturel et histoire, Leo Strauss, agacé par les clichés d'une rhétorique antifasciste fonctionnant à vide et devenue l'instrument privilégié du terrorisme intellectuel, avait pointé le problème en donnant une dénomination suggestive à ce qui lui paraissait être un raisonnement fallacieux: «reductio ad Hitlerum». Dans un contexte où l'antifascisme consensuel était devenu une forme de conformisme idéologique justifiant tous les amalgames polémiques, le philosophe juif émigré aux Etats-Unis faisait cette mise en garde d'ordre méthodologique: «Il n'est malheureusement pas inutile d'ajouter qu'au cours de notre examen nous devrons éviter l'erreur, si souvent commise ces dernières années, de substituer à la reductio ad absurdum la reductio ad Hitlerum. Qu'Hitler ait partagé une opinion ne suffit pas à la réfuter.» L'accent est mis sur la valeur de vérité d'un énoncé quelconque. Disons, pour simplifier la question à des fins pédagogiques, que la reductio ad Hitlerum consiste pour Strauss à juger fausse toute assertion, comme «La Grande-Bretagne est une île», que le Führer croyait vraie. Inférence illustrant à quel point l'endoctrinement idéologique peut rendre stupides ceux qu'il aveugle. Il s'agissait d'ailleurs pour Strauss d'une remarque marginale dans un livre de philosophie politique consacré notamment à la discussion des thèses de Max Weber, ce qui explique qu'il n'ait pas développé l'analyse du type d'amalgame polémique qu'il avait brièvement caractérisé, à savoir la diabolisation de type antifasciste. Car aujourd'hui, lorsqu'on dénonce à juste titre la reductio ad Hitlerum, on vise un sophisme beaucoup plus pernicieux, qu'on peut illustrer par ce syllogisme défectueux: «Hitler aimait les chiens (ou Wagner) ; X aime aussi les chiens (ou Wagner) ; donc X est un disciple d'Hitler». Je soulignerai au passage le fait que diaboliser un individu ou un mouvement politique quelconque en l'assimilant à Hitler ou au nazisme, c'est banaliser le nazisme.

C'est à Léon Poliakov qu'on doit l'analyse pionnière de la diabolisation, mode de fabrication d'ennemis absolus. Mais, dans ses travaux des années 1970 et 1980 sur la «causalité diabolique», l'historien de l'antisémitisme avait surtout étudié la diabolisation des Juifs, des jésuites et des francs-maçons, à travers les «théories du complot» qui les prenaient pour cibles. Dans l'après-1945, ce sont principalement les nationalistes, eux-mêmes grands diabolisateurs de leurs adversaires, qui ont été diabolisés par leurs ennemis, qui les percevaient comme des héritiers des fascistes ou des nazis.

L'assimilation abusive d'un quelconque adversaire à Hitler, pris comme incarnation du diable, en vue de le disqualifier, reste une opération rhétorique banale, qu'on peut observer aujourd'hui dans les affrontements politiques, voire dans les débats intellectuels en Europe et ailleurs. Le discours antifasciste continue de fonctionner en l'absence de fascismes réels, ce qui pousse les diabolisateurs à inventer sans cesse de nouveaux fascismes imaginaires. Cette bataille contre des néo-fascismes fictifs relève de ce que j'ai appelé le néo-antifascisme, dont l'antilepénisme ordinaire est, en France, la principale figure. Dans mes analyses des amalgames polémiques en politique, je distingue quatre principes de réduction de l'adversaire qu'il s'agit de transformer en ennemi répulsif, méprisable ou haïssable, à exclure ou à neutraliser: le diabolique (ou le démoniaque), le bestial, le criminel et le pathologique. D'où autant de manières de dénoncer les figures du Mal politique: diabolisation, bestialisation, criminalisation et pathologisation. Dans le discours antilepéniste «classique», on retrouve, diversement combinées, ces quatre stratégies de délégitimation. Mais ce discours, adapté à la personnalité de Jean-Marie Le Pen dont il caricature certains traits de caractère ou de comportement, s'est avéré moins crédible face à celle de Marine Le Pen. C'est ce qui explique en partie la relative et récente normalisation du FN. Celle-ci illustre la perte d'efficacité symbolique de la rhétorique néo-antifasciste en France, en même temps qu'elle nous rappelle l'importance de la personnalité des leaders politiques imaginée à travers leur visibilité médiatique.

L' «antilepénisme ordinaire» a-t-il fonctionné contre le Front national comme l'espéraient ses initiateurs?

Fondé sur la diabolisation et l'appel au front républicain, conformément à la tradition antifasciste, l'antilepénisme standard, s'il a pu contenir provisoirement le FN en l'empêchant de conclure des alliances avec les partis de droite, a engendré nombre d'effets pervers dont témoigne son actuel dynamisme. C'est par la diabolisation de Jean-Marie Le Pen que ce dernier est devenu célèbre et que le FN est sorti de la marginalité. Ce maître de la provocation qu'est Le Pen a su prendre la posture du diabolisé, la mettre en scène comme une injustice ou une forme de persécution, attirer ainsi la compassion ou la sympathie, et finir par retourner l'attaque en composante de son charisme. Les antilepénistes n'avaient pas prévu que leur cible principale pourrait se présenter glorieusement comme une victime injustement accusée et comme un héros, un «résistant», voire comme un héritier de la «Résistance», face aux nouveaux ennemis supposés de la France. En outre, l'antilepénisme diabolisateur a eu pour effet d'installer le FN au centre de la vie politique française, de fixer l'attention inquiète de tous les acteurs politiques sur son évolution à travers les élections et les sondages. Depuis la fin des années 1980, la France politique a semblé vivre à l'heure du FN.

Répéter un slogan aussi dérisoire que «F comme fasciste, N comme nazi», totalement décalé par rapport à la réalité du mouvement lepéniste, c'était courir à l'échec: un tel excès dans l'accusation a rendu celle-ci insignifiante. Et ce, d'autant plus que l'image de Marine Le Pen s'est montrée imperméable à ces attaques hyperboliques. Le FN a fini par retourner à son profit la stigmatisation: la victime présumée du «Système» s'est posée en alternative globale à ce dernier, et ce, d'une façon crédible pour une importante partie de l'opinion. Bref, la propagande antilepéniste, qui se proposait de faire disparaître le FN de l'espace politique français ou de le marginaliser fortement, aura globalement joué le rôle d'un puissant facteur de la montée du FN. Paradoxe comique pour les uns, tragique pour les autres.

 

Votre livre n'arrive-t-il pas trop tard, après que la stratégie de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen après 2002 a porté ses fruits? (34% des Français déclarent adhérer aux valeurs du Front national). L'antifascisme que vous décrivez n'est-il pas une attitude médiatique résiduelle?

Je ne le crois pas. D'une part, la normalisation du FN est loin d'être achevée: la figure de Marine Le Pen reste fortement rejetée, dès lors qu'elle ne symbolise plus seulement une opposition radicale au pouvoir socialiste. D'autre part, faute d'imagination, la gauche et l'extrême gauche sont vouées à répéter pieusement, d'une façon commémorative, les rites de conjuration du Mal politique. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, un discours de propagande ne disparaît pas pour la seule raison qu'il est devenu inefficace. Car il peut faire tradition, comme c'est le cas pour le discours antifasciste, dont les versions successives constituent autant de recyclages. La tradition, c'est ce qui se répète, en rassemblant et rassurant une communauté de croyants ou de militants. En outre, la relative normalisation du FN n'est pas le simple effet de la décision prise par Marine Le Pen, reprenant sur ce point le projet défini par Bruno Mégret dans les années 1990, de «dédiaboliser» le FN. On ne se «dédiabolise» pas à volonté: de multiples facteurs sont en jeu dans l'affaire, qui ne dépendent pas seulement des désirs de tel ou tel leader, aussi bon stratège idéologique soit-il. Le retrait progressif de Jean-Marie Le Pen est simplement dû à l'âge avancé du personnage provocateur. Il a provoqué un appel d'air pour le parti qu'il plombait. Le renouvellement et le rajeunissement des cadres, des adhérents et des sympathisants du FN, à l'image de Marine, ont joué un rôle majeur. Quant au contexte des années 2000, de la prise de conscience de la menace islamiste à la perte de confiance dans les élites nationales européistes, en passant par l'expérience inquiétante de la crise financière de 2008, qui a favorisé le retour de l'anticapitalisme et la diffusion des idées protectionnistes, il a globalement profité au nouveau FN. Dos au mur, les ennemis du FN continuent de lancer leurs anathèmes et de proférer leurs injures ou leurs imprécations rituelles (le FN «fasciste», «d'extrême droite», «raciste», etc.), rêvant toujours de faire interdire le parti qu'ils prétendent, depuis trente ans, éliminer de l'espace politique. Ils ne veulent pas discuter, critiquer, argumenter, ils rêvent de brûler les nouveaux hérétiques. À la force du préjugé s'ajoute celle de l'habitude, qui, chez les âmes mortes, est l'unique principe d'action. Une âme morte, disait Péguy, est une «âme extrêmement habituée».

N'y a t-il pas derrière ce discours angélique de l'antilepénisme primaire une stratégie plus cynique consistant faire monter le FN pour diviser la droite et affaiblir la droite traditionnelle?

C'est en effet l'une des hypothèses que je retiens. Contrairement aux apparences, le néo-antifascisme ne se réduit pas à une posture morale inefficace censée être honorable, il constitue une stratégie politique. L'un des objectifs du néo-antifascisme instrumentalisé par la gauche, c'est de restructurer l'espace politique autour d'un affrontement entre le PS et le FN, ce qui suppose un FN fort et une UMP affaiblie. Il s'agit donc de favoriser par divers moyens le dynamisme du FN tout en provoquant l'explosion de l'UMP, minée par ses divisions idéologiques et la rivalité de ses dirigeants. L'objectif est de faire disparaître la droite libérale comme force politique concurrente du PS. Il avait été formulé à la fin des années 1980 par les antiracistes mitterrandiens: faire qu'il n'y ait «rien entre le FN et nous». Ce qui supposait un double processus: le ralliement d'une grande partie de la droite (une fois en miettes) à l'extrême droite, et la redéfinition de l'extrême droite forte comme représentant la (nouvelle) droite. C'est la raison pour laquelle les stratèges machiavéliens du PS, formés à l'école mitterrandienne, ne s'émeuvent guère de la «montée du FN», ni de l'échec de la diabolisation qu'ils ont privilégiée en tant que stratégie anti-FN, et qui a contribué à ladite «montée». Ils savent que le seul moyen de gagner l'élection présidentielle de 2017, malgré l'impopularité de la gauche au pouvoir, c'est de faire précisément «monter» le FN pour provoquer l'élimination au premier tour du principal candidat de droite libérale, avant de l'emporter face à une Marine Le Pen jugée incapable de rassembler suffisamment, et rejouant ainsi malgré elle, mutatis mutandis, le rôle de son père en avril 2002. Le «front républicain», en tant que front du refus coalisant toutes les forces rejetant absolument le FN, ne peut vraiment fonctionner qu'au deuxième tour d'une élection présidentielle.

Les machiavéliens de gauche, lucides et cyniques, qui misent sur le renforcement du FN, savent qu'il suffit pour cela de le combattre d'une façon magique en suivant la stratégie diabolisatrice qui l'a rendu attractif. À cet égard, on notera que le PS et le FN ont des objectifs convergents, à commencer par l'éclatement de l'UMP, suivi par le ralliement d'une partie des cadres et des adhérents à gauche ou au centre, et d'une autre partie au FN. Le nouveau bipartisme opposerait une droite nationale à une gauche européiste.

«Totalement dédiabolisé, le FN perdrait une grande partie de son attractivité», écrivez-vous. Pourquoi le «diable» attire-t-il tant en politique?

Dans le charisme politique, il y a nécessairement une dimension démoniaque, perçue autant par les admirateurs du chef charismatique que par ses ennemis. Les grands démagogues et les pires dictateurs sont dotés d'un fort charisme. Ils sont porteurs d'une promesse de rupture salvatrice et de changement bénéfique. Ils sont perçus dans l'ambivalence: on attend d'eux de grandes choses, car ils promettent que l'impossible est désormais possible, et la déception qu'ils finissent par provoquer est d'autant plus profonde. L'admiration amoureuse se retourne souvent en haine et en ressentiment. Or, le propre du FN comme entreprise politique familiale, c'est qu'il existe en raison du charisme de ses dirigeants, Le Pen père ou Le Pen fille. Ils ne sont pas jugés sur leur action politique ou leur gestion des affaires publiques, mais sur leur discours de combat, leurs intentions affichées, leurs promesses alléchantes et tranchantes. Qui ne reconnaît les multiples menaces pesant sur la société française? Qui n'est pas d'accord avec le projet de «sauver la France»? Mais, pour séduire, il faut présenter un visage qui se distingue fortement de la masse grégaire des acteurs politiques formatés. La mal-pensance affichée des leaders du FN fait partie de leur prestige ou de leur capital symbolique, elle les distingue des autres leaders politiques. Sans écart socialement visible et régulièrement affirmé par rapport à la norme idéologique et politique, sans sa dimension «luciférienne», le FN ne pourrait exercer la moindre séduction. Il lui faut faire peur à certains pour attirer les autres. Donc alimenter en permanence une réputation de non-conformisme. Il y a là une stratégie d'auto-stigmatisation ou d'auto-diabolisation plus ou moins contrôlée (d'où ce qu'il est convenu d'appeler les «dérapages», inévitables). Les démagogues à l'eau de rose, ou couleur rose bonbon, sont dénués d'attrait. Ils ne produisent ni amour, ni haine. Après leur petite heure de célébrité médiatique, ils disparaissent rapidement dans le trou noir de leur affligeante normalité.

Vous dénoncez dans votre livre la dissymétrie entre une «extrême droite» diabolisée et une extrême gauche pardonnée de ses excès. D'où vient ce «deux poids deux mesures»?

C'est là un héritage de l'antifascisme soviétique, dont les idéologues et propagandistes, depuis les années 1950, n'ont cessé de marginaliser ou de calomnier en France la position antitotalitaire ou anti-extrémiste pour camoufler la criminalité du communisme, et permettre à la gauche de se «ressourcer» régulièrement en revenant à Marx ou à tel ou tel théoricien révolutionnaire et anticapitaliste (Lénine, Trotski, Gramsci, etc.). Il importe à une partie de la gauche de laisser ouverte la voie d'un retour éventuel à l'idée communiste, donc de ne pas diaboliser le communisme, en dépit de ses crimes, comme elle diabolise le fascisme, et plus particulièrement le nazisme. Cette gauche nostalgique suppose que l'idée ou l'utopie communiste est bonne en elle-même, et que seules ses réalisations historiques ont échoué. Alors qu'elle postule que le nazisme est en lui-même un mal, qu'il incarne même le Mal absolu. Ce traitement asymétrique est caractéristique de l'antifascisme dans toutes ses variantes, et nous rappelle que, comme l'avait bien vu George Orwell, la gauche est antifasciste mais non antitotalitaire. J'ajouterai qu'elle voit le «fascisme» là où il n'est pas (Raymond Aron et le général de Gaulle ont été traités de «fascistes»), et que, simultanément, elle ne voit pas le fascisme où il est, par exemple dans le chavisme tant admiré par Jean-Luc Mélenchon. Une admiration partagée par le polémiste Alain Soral qui se définit lui-même, pas seulement par provocation, comme «national-socialiste».

«Nous vivons dans un univers de spectres, où aux fascismes imaginaires font écho des antifascismes imaginaires d'aujourd'hui», écrivez-vous. Pourquoi l'antifascisme idéologique a-t-il survécu à la mort du fascisme politique alors que l'anticommunisme a, lui, disparu suite à l'effondrement du bloc soviétique?

L'antifascisme imaginaire, ou si l'on préfère l'imaginaire antifasciste, dont la diabolisation du fait national est aujourd'hui la principale illustration, c'est ce qui reste du communisme dans les esprits. L'antinationalisme est progressivement devenu la principale reformulation du vieil antifascisme. Mais les antinationalistes en sont venus à diaboliser la nation comme telle. C'est ce que j'ai appelé naguère, au début des années 1990, l'«antinationisme», qui s'est transformé en idéologie dominante dans les milieux européistes. La projection sur la nation de tous les traits répulsifs du «fascisme» en est le principe moteur. Dans la rhétorique de combat centrée sur la dénonciation des «eurosceptiques» ou des «europhobes», c'est bien le sentiment national qui est incriminé, au point d'être criminalisé. De la même manière, la reformulation antiraciste de l'antifascisme, qui se traduit principalement par la célébration de l'immigration comme méthode de salut, est centrée sur la diabolisation de la nation comme identité collective et souveraineté. Comme l'existence même des frontières nationales, la distinction simple entre nationaux et étrangers est considérée par les «antinationistes» comme un scandale. Pour ces nouveaux utopistes, il faut que disparaissent les États-nations pour que l'humanité s'unifie à travers la multiplication des processus migratoires sans contrôles ni limites. Leur rêve est d'instaurer une démocratie cosmopolite, dans un espace post-national qu'ils s'efforcent de construire en délégitimant le sentiment national tout en érigeant l'immigration de masse en fatalité et en phénomène intrinsèquement bon ou bénéfique.

Il faut relever ce grand paradoxe: alors que jamais, depuis 1945, le nationalisme ne s'est mieux porté en Europe, la diabolisation du nationalisme et du sentiment national est devenue la posture idéologique dominante dans le monde des élites. Si un fait observable prouve la coupure entre les peuples et les élites, entre les «localisés» d'en bas et les «mondialisés» d'en haut, entre les «enracinés» et les «nomades», c'est bien celui-là. La diabolisation néo-antifasciste de la nation est contre-productive à l'heure où l'Union européenne ne fait plus rêver la majorité des Français, qui doutent majoritairement des vertus de l'euro.

Un autre paradoxe saute aux yeux, et fait sourire. Chassé par la porte au nom de la morale, le nationalisme revient par la fenêtre au nom du réalisme politique. Dans leurs attaques contre le FN, les antinationalistes déclarés prétendent monopoliser l'attachement patriotique et incarner les «valeurs de la France». Ils retournent ainsi la chimère de «l'anti-France» contre les nationalistes français qui l'avaient beaucoup utilisée. Le sentiment national supposé honteux quand il est attribué au FN se transforme soudainement en une légitime fierté d'être français, claironnée par les dénonciateurs occasionnels de «l'anti-France» nouvelle à visage lepéniste. On ne compte plus les leaders politiques et les intellectuels s'indignant publiquement de l'existence d'une «extrême droite» qui, selon eux, véhicule des idées qui «ne sont pas les valeurs de la France». Et qui ne craignent pas de dénoncer avec vigueur le «Front anti-national». Bref, on rejoue l'opposition mythique entre les deux France, la bonne (ici l'anti-lepéniste) et la mauvaise (ici la «lepénisée»). À travers ce retour du réprimé national après transvaluation intéressée, le nationalisme se venge. Non sans ironie objective.

Vous dites que le FN n'est plus d'extrême droite. Doit-on se débarrasser définitivement de la catégorie «extrême droite» dans l'analyse politique?

Je suis plus nuancé. Et aussi trop peu naïf pour croire qu'on puisse se passer, selon notre bon plaisir d'intellectuels critiques, des idées reçues, des habitudes de pensée et des stéréotypes sans lesquels la communication politique serait impossible. Je montre d'abord que l'expression «extrême droite» fonctionne comme une étiquette polémique, destinée à disqualifier un adversaire, et qu'elle enveloppe une notion confuse. Elle n'est pas le produit de la conceptualisation rigoureuse d'un phénomène politique bien identifié, mais une expression douteuse reçue en héritage et reprise sans examen critique. À l'analyse, on se rend vite compte qu'elle fonctionne comme un quasi-synonyme de «fascisme», avec la suggestion trompeuse que le fascisme serait intrinsèquement de droite ou essentiellement situé à droite, ou, selon le cliché actuellement en vogue, «à droite de la droite». La pensée paresseuse consiste à qualifier de «fascistes» ceux qu'on perçoit comme des ennemis: les nationalistes pour les antinationalistes, les islamistes pour les anti-islamistes, etc. Le mot est mis à toutes les sauces, et il n'éclaire en rien les phénomènes qu'on veut avant tout stigmatiser. C'est là faire l'économie d'un travail intellectuel difficile sur les catégorisations historiques et politiques, impliquant de se passer des outils ordinaires du discours polémique. Car il n'est pas question de jeter aux orties le mot «fascisme», en raison de ses mauvais usages. Il s'agit de le définir de la façon la plus rigoureuse, en sachant qu'on ne peut satisfaire tous les spécialistes, ni bien sûr les «antifascistes» (qui, eux, croient tout savoir sur la question). Disons, pour aller vite, et en privilégiant les critères doctrinaux, qu'il s'agit d'un nationalisme d'orientation révolutionnaire, anti-libéral, autoritaire et étatiste (ou dirigiste), prônant un socialisme dans les limites de la nation, à tendance totalitaire, et susceptible de prendre des formes historiques diverses. Le situer «à droite» ne permet pas de mieux identifier ou expliquer le phénomène fasciste, bien au contraire. Ce dernier apparaît plutôt comme un produit pathologique dérivé de la gauche révolutionnaire, lorsqu'elle épouse les passions nationalistes. C'est en tout cas ce que suggère la trajectoire intellectuelle et politique de Mussolini. Ce qui est sûr, c'est que, dans l'expression «extrême droite», le qualificatif «extrême» est dénué d'une signification claire et invariable. Il s'agit d'une image interprétable de diverses manières. Cela suffit à rendre son emploi douteux, source d'équivoques. L'appartenance supposée de «l'extrême droite» à la droite est à la fois une idée reçue et une idée fausse.

Comment qualifier désormais le parti de Marine Le Pen?

Il s'agit toujours d'un parti nationaliste, à la fois souverainiste et identitaire, donc anti-européiste, «antimondialiste» et anti-immigration, dont le leader se caractérise par son style populiste, jumelant l'appel au peuple, le culte du peuple et le rejet des élites en place. En 1984, j'ai proposé de le catégoriser comme «national-populiste», et je pense que cette catégorisation est toujours la moins mauvaise. Mais il faut tenir compte de la grande transformation du programme de ce parti, dont le contenu idéologique a été modifié par intégration de thèmes ou d'orientations empruntés à la gauche républicaine (la laïcité par exemple) ou à l'extrême gauche anticapitaliste (la dénonciation du «néo-libéralisme»). Dans ces conditions, il faut reposer les questions simples, certes avec une feinte naïveté: pourquoi continuer à situer le FN «à droite»? En quoi peut-il être dit extrémiste? Qu'est-ce que l'extrémisme? Et qu'est-ce que «l'extrême droite»? Dans Du diable en politique, je m'efforce de répondre à ces questions que les leaders politiques et les commentateurs de la vie politique se gardent de poser. Ils savent obscurément qu'ils ne peuvent y répondre clairement et d'une seule voix.

Vous parlez d'un «parti de la peur». Mais à vous lire, jouer sur les peurs n'est pas le monopole du Front National...

La politique de la peur est la norme implicite régissant les affrontements politiques. Les peurs les plus contradictoires dominent le paysage politique, tandis qu'un sentiment polymorphe d'insécurité colore le champ de l'imaginaire social. C'est ainsi qu'à la peur d'une immigration de masse répond celle d'une xénophobie de masse. Mais c'est la peur de perdre quelque chose qui donne le ton. De l'identité nationale aux acquis sociaux. Par peur de sortir du jeu, les acteurs politiques font un usage démagogique des peurs plutôt que des rêves. Les uns jouent sur la peur de l'effondrement de l'euro, les autres sur la peur d'une sortie de l'euro, d'autres encore sur la peur des effets négatifs de l'euro. Comme la peur du «terrorisme» ou de la «finance», la peur de «l'extrême droite» ou de «l'extrémisme» est une passion alimentée, entretenue ou réveillée par ceux qui ont intérêt à l'exploiter. C'est ainsi que les Français apeurés sont traités par les nouveaux démagogues comme une masse de petits vieux jouisseurs, sans convictions ni projets, vulnérables, sans courage, tiraillés par des peurs contradictoires, oscillant entre une crédulité infantile et un scepticisme incapacitant. Le mépris du citoyen est l'effet immédiat de la corruption de la démocratie par des élites dirigeantes élues grâce à leurs talents démagogiques avant de gouverner en orchestrant un mélange de craintes et d'espoirs.

La diabolisation ne semble pas toucher uniquement le FN, mais quiconque «dérape» sur le chemin du politiquement correct. L'information continue semble accélérer la mécanique diabolisatrice et nous offrir chaque semaine un nouveau diable médiatique: un jour Zemmour, l'autre Finkielkraut, ou encore récemment le député Thierry Mariani… Selon vous, ce phénomène va-t-il s'amplifier?

Des années 1990 aux années 2010, le discours néo-antifasciste est passé de la dénonciation de la «lepénisation des esprits» à celle de la «droitisation» des élites intellectuelles et politiques, accusation vague permettant de discréditer n'importe quel adversaire ou rival. Le terrorisme intellectuel reste cependant l'apanage de la gauche et de l'extrême gauche, qui peuvent compter sur l'appui des «modérés» du centre et de la droite opportuniste. Plus l'espace des débats est dominé par le culte du consensus minimal sur le bon fonctionnement des institutions démocratiques et les bienfaits de l'Union européenne, et plus s'exacerbe le besoin de créer des distinctions, des oppositions, des alternatives. L'uniformisation idéologique est le bruit de fond sur lequel se détache la petite musique des mouvements souverainistes et identitaires, qui restent minoritaires. Mais les réactions des défenseurs de la Voie unique sont vives. La moindre réserve sur les positions politiquement correctes concernant l'Europe, l'immigration ou les minorités est perçue comme une opinion abjecte, voire un délit, qui suscite une indignation hyperbolique et, de plus ou plus souvent, des poursuites devant les tribunaux. Dans une France sous l'emprise des minorités sectaires et tyranniques qui imposent leurs valeurs et leurs normes, l'espace public s'empoisonne lentement. Les débats s'enlisent dans les échanges de clichés et de platitudes. L'auto-censure est de rigueur dans une société de surveillance réciproque. Les esprits libres se gardent de participer aux débats publics, abandonnant le terrain médiatique à de grotesques personnages incultes ou à demi cultivés, histrions littéraires, amuseurs engagés ou commissaires politiques qui n'existent que par l'insulte, l'indignation feinte, l'imprécation ou la provocation. J'oubliais les donneurs de leçons de tous âges. Quand des esprits libres prennent le risque de descendre dans l'arène, ils sont immanquablement voués à être dénoncés, calomniés, diffamés. La menace de diabolisation produit une intimidation telle qu'elle garantit la promotion de la médiocrité. Seuls des «experts» sans couleur ni odeur prolifèrent dans le paysage. C'est ainsi que s'accélère le déclin de la France intellectuelle.

À vous lire, on a parfois l'impression que vous voyez la vie politique comme un spectacle où des comédiens plus ou moins doués font carrière à coup de mensonges et de promesses intenables. Les leaders politiques ne sont-ils que des démagogues sans scrupules?

Si les démagogues sont nombreux, les médiocres sont encore plus nombreux, qu'ils soient démagogues ou non. Dans les démocraties modernes, les démagogues prennent souvent le visage de faux prophètes, annonçant de grands «changements» porteurs de promesses alléchantes. Comment peut-on ne pas se soucier de plaire lorsqu'on s'engage dans une compétition électorale? Il y a là une contrainte fonctionnelle: l'obligation de séduire pousse à trop promettre, à beaucoup mentir et à calomnier ses adversaires. Aujourd'hui, se nourrissant du désarroi et de l'anxiété suscités par la crise multidimensionnelle, de dérisoires prophètes de bonheur ou de malheur prolifèrent, dans tous les domaines, mais surtout en politique. La sagesse pratique consiste à se garder de les prendre au sérieux. Les plus dangereux sont les prophètes de bonheur, ces camelots qui, au nom du dieu «Progrès», vantent et vendent un quelconque avenir meilleur, alors que le piteux état du présent porte l'empreinte de leur impuissance ou de leur incompétence. Face aux marchands de mondes meilleurs («Demain, tout ira bien»), c'est avec l'ironie requise qu'il faut suivre l'injonction de l'évangéliste Matthieu (7.15-16), d'une éternelle actualité: «Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons?» Il faut donc juger les dirigeants sur les résultats de leur action politique, et non pas sur leur charme personnel, leurs intentions bonnes ou leurs projets séduisants.

Pierre-André Taguieff (FigaroVox, 23 mai 2014)

Der Jargon der Demokratie

Der Jargon der Demokratie

Ein Gespräch mit Frank Böckelmann

Ex: http://www.sezession.de

Die Bestenliste der deutschen Buchhandelsvereinigung führt Frank Böckelmanns Buch Jargon der Weltoffenheit derzeit auf Platz 4 (hier bestellen [2]). Böckelmann, Herausgeber der Zeitschrift Tumult, warnt darin vor der auszehrenden Monotonie des westlichen Diskurses. Das nachfolgende Gespräch, das Ellen Kositza und Götz Kubitschek mit Böckelmann führten, ist in der soeben erschienenen, 60. Ausgabe der [3]Sezession [3] in gekürzter Fassung abgedruckt.

a8dabb3eed.jpgSEZESSION: Herr Böckelmann, hat die Demokratie als Regierungsform eine eigene Sprache ausgebildet?

BÖCKELMANN: Die repräsentative Demokratie hat sich ihre eigene selektive Sprachregelung zugelegt. Bestimmte Formeln sind willkommen, vor allem jene, die großzügig klingen, bestimmte Ausdrücke sind verpönt, vor allem solche, die Festlegung vermuten lassen. Das ist eine eigene Sprachregelung im wörtlichen Sinn: Die Demokratie will immerzu von sich selbst sprechen. Sie beschwört sich selbst. Nicht nur Politiker, Lehrer und Journalisten, alle Bürger werden dazu angehalten, ja zur Demokratie zu sagen (obwohl doch niemand nein sagt), und dabei sofort das stärkste Geschütz aufzufahren, den Vergleich mit der Diktatur. Dieses ständige Mobilisieren und Vergleichen gehört zum Wesen der Demokratie. Sie präsentiert sich nämlich als Daueraufgabe, einerseits als Errungenschaft, die gefährdet ist und verteidigt werden muß, andererseits als Fernziel, dem wir uns in Sisyphusarbeit zu nähern haben. Gut demokratisch ist nur die unaufhörliche Demokratisierung. Als die besten Demokraten gelten diejenigen, die Legitimationsdefizite geißeln, die Korruptheit des Führungspersonals entlarven und Verstöße gegen Bürgerrechte aufdecken.

Es ist also durchaus korrekt, abfällig von „unserer sogenannten Demokratie“ zu sprechen oder in Berlin und Brüssel gar eine „Postdemokratie“ zu erkennen. Letzte Warnung, gelbe Karte. Doch nicht der Schatten eines Zweifels darf die Gewißheit trüben, daß die Kombination von nomineller Volkssouveränität, Mehrheitsprinzip, geregeltem Regierungswechsel und bemühter Rechtsstaatlichkeit eine historisch unüberbietbare Daseinsordnung darstellt. Auch wenn klar ist, daß die „Herrschaft des Volkes“ eine Utopie bleiben wird.

Das Demokratie-Projekt gesteht bereitwillig Mängel und Verfehlungen ein. Auf diese Weise geraten seine Geburtsfehler und seine bleibenden Übel aus dem Blickfeld.

SEZESSION: Über diese Geburtsfehler und bleibenden Übel der Demokratie würden wir gerne ein bißchen mehr erfahren …

BÖCKELMANN:  Vor gut einhundertachtzig Jahren hat der französische Staatsdiener Alexis de Tocqueville die Vereinigten Staaten bereist. Er wollte die segensreichen Folgen des „Verlangens nach Gleichheit“ kennenlernen und mit ihnen seine reaktionären Landsleute bekehren. Es war eine Reise in die Ernüchterung. Sein zweibändiges Werk De la démocratie en Amérique (1835 und 1840) verblüfft den heutigen Leser aufs höchste: Das sollen Beobachtungen vor hundertachtzig Jahren gewesen sein? Sie erscheinen wie neueste Befunde, manche wie Wahrnehmungen eines kalten postmodernen Blicks. De Tocqueville erlebt ein „Schauspiel universeller Einförmigkeit“ und ahnt, daß „die Art der Unterdrückung, die den demokratischen Völkern droht, mit nichts, was ihr in der Welt vorausging, zu vergleichen sein“ wird.

De Tocquevilles Fazit: In Amerika fehle das „gemeinsame Interesse“. An dessen Stelle trete die Gleichförmigkeit als Gebot der öffentlichen Meinung. Je weiter sie fortschreite, desto anstößiger erschienen „die kleinste Verschiedenheit“ und „die geringsten Vorrechte“. Die „öffentliche Gunst“ werde dann „ebenso nötig wie die Luft, die man atmet“. Schlimmer noch, alle Parteiungen verwandelten ihre Gesinnung in Taktik und passten sie laufend dem Lockruf der Mehrheitsfähigkeit an. Auf diese Weise falle auch und insbesondere die Mehrheitsmeinung der „Tyrannei der Mehrheit über das Denken“ zum Opfer. Der Konformismus nähre sich am Freiheitsgefühl. Eine unpersönliche „Vormundschaftsgewalt“ bedecke „die Oberfläche der Gesellschaft mit einem Netz kleiner, verwickelter, enger und einheitlicher Regeln“ – fast glauben wir, Michel Foucault zu lesen.

SEZESSION: Wir müssen hier wohl zwei Ebenen auseinanderhalten. Der Niveauverlust durch die Tyrannei der Mehrheit ist das eine. Das andere ist das gute Recht jeder Regierungsform, den eigenen Bestand zu sichern und zu verteidigen. Interessant an der Demokratie ist in diesem Zusammenhang doch vor allem, daß sie den Abweichlern sozusagen als „unsichtbarer Gegner“ entgegentritt – oder eben gerade nicht „tritt“, sondern in Form einer permanenten Selbstkontrolle „anwest“.

BÖCKELMANN: Die stürmische Einforderung des Rechts auf Meinungsfreiheit hat eine Kehrseite.  Gewiß, die Demokratie schüttelt den Absolutismus ab. Kämpfer für Freiheit und Gleichheit bieten Alleinherrschern die Stirn. Aber sobald die Meinungsfreiheit sich verabsolutiert und zur Doktrin wird, dient sie als Alibi für Willkür. Politische und wirtschaftliche Interessengruppen wetteifern darin, der Mehrheit  von heute und der mutmaßlichen Mehrheit von morgen gefällig zu sein – im Namen der Meinungsfreiheit. In allen bürgerlichen Milieus herrscht der „Höflingsgeist der großen Menge“. Die gewählten Machthaber bestimmen, von wem und wovon sie die Demokratie bedroht sehen. Mit Vorliebe entlarven sie ihre Rivalen als Freiheitsfeinde, somit als absolute Feinde. Wer möchte schon in Verdacht geraten, einer dieser Feinde zu sein? Die meisten Abweichler geben klein bei und machen ihre Gedanken verträglich. Sonst würde ihnen als vorgeführten Menschenfeinden ein Leben drohen, das „schlimmer als der Tod“ ist. Auch davon berichtet Alexis de Tocqueville:  „Der Machthaber sagt hier (zum Schriftsteller) nicht mehr: ‚Du denkst wie ich, oder du stirbst‘. Er sagt: ‚Du hast die Freiheit, nicht zu denken wie ich; Leben, Vermögen und alles bleibt dir erhalten; aber von dem Tag an bist du ein Fremder unter uns.“

SEZESSION: Dies bedeutet mit anderen Worten doch nichts anderes, als dem Abweichler die Zurechnungsfähigkeit abzusprechen, oder besser so etwas wie die guten Umgangsformen, aber eben auf der Ebene des Meinbaren: Wer wirklich ein Demokrat ist, ahnt, wo die Abweichung begänne. Wer es nicht ahnt und sich nicht selbst kontrolliert, muß zurechtgewiesen werden, aber man hat doch mittlerweile den Eindruck, daß es nicht mehr um Erziehung, sondern um Verstoßung gehe.

BÖCKELMANN: Das ist Verstoßung, öffentlicher Rufmord. Aber nicht mehr aus Gründen tief eingewurzelter Gesinnung – so wie einst der Katholik den Hugenotten totschlug –, sondern im Eifer der Reaktionsbildung. Man wütet gegen die Ahnung, die Orientierung verloren zu haben. Die Selbstgerechten vollziehen ein hypermoralisches Ausschlußritual. Sie bauen einen Popanz auf, der an das Böse von früher erinnert, und dreschen auf ihn ein. Großes Entrüstungstheater ersetzt Gesinnung und Haltung.

boeckelmann_sw_klein.jpgWas de Tocqueville 1830/40 mit angewiderter Faszination betrachtet, ist die Demokratie als Herrschaftsform des kämpfenden Bürgertums. Dieses Bürgertum triumphiert über das Feudalsystem und verteidigt seine Hegemonie gegenüber den Ansprüchen der nachdrängenden unteren Klassen. Es gibt ein Grundmuster demokratischer Rhetorik, Konsenshörigkeit und Vormundschaft, das gleichgeblieben ist bis auf den heutigen Tag. Dennoch – auch ein de Tocqueville konnte nicht ahnen, wohin die Standardisierung der öffentlichen Sprache und Weltanschauung in der spät- und nachbürgerlichen Ära führen würde. Im 19. Jahrhundert konkurrierten noch die Ordnungsideen des Liberalismus, des Konservatismus und des Sozialismus. Noch wurde ein Gemeinwille des Volkes und seiner Repräsentanten beschworen. Heute klingt schon die Übersetzung von demos verdächtig.

SEZESSION: Ja, das Volk! Teilen Sie die Überzeugung, daß seine schiere Masse und seine mittlerweile mit Händen zu greifende Heterogenität die Meinungsfindung mittels Dialog und Differenzierung verzerrt hat in eine Meinungs-PR mittels Parole und Emotion? Oder war die demokratische Meinungsbildung schon immer eine Sache der Wenigen, also ein sprachliche Elitenangelegenheit?

BÖCKELMANN: Die öffentliche Meinung war und ist vor allem der Tummelplatz einflußreicher Kräfte, die wortgewandte Sprecher gewähren lassen – heute ist daraus allerdings eine Insider-Farce geworden. Demokratisch waren die Demokratien noch nie. Elitäre Volksvertreter vertraten ihresgleichen. Und nannten es Volk. Aber wenn ich so rede, übe ich eben jene stimulierende Kritik, auf die das Repräsentativsystem aus Gründen der Selbstrechtfertigung so scharf ist. Dürfen heute nicht alle mitmachen? Rührt euch , tretet bei, beteiligt euch, nehmt Einfluß!

Doch der Wirbel um das Fetischwort „Demokratie“ kaschiert heute einen weit größeren Mangel als den an Legitimation. Wo steckt er denn, der Souverän? Bei Wahlen bewähren sich die „Berechtigten“ wie ein Publikum, das probeweise abstimmt und zeigt, wie man politische Verantwortung trägt. Ebenso bei Umfragen. Eine große Menge von Vereinzelten wird zu einer nachdrücklich empfohlenen Übung einberufen. Konsenswähler oder Protestwähler, man unterzieht sich der Prüfung und genießt den Lernerfolg: die verschiedenen Angebote zugeordnet und eines von ihnen angenommen zu haben. Nach der Befragung läuft das Wahlvolk auseinander. Für andere Bekundungen fehlen ihm die Worte und die Ermächtigung. Die entscheidenden Weichenstellungen – Westbindung, EU, Grenzen der EU, Euro, Finanzmärkte, Zuwanderung – stehen sowieso nicht zur Wahl.

Doch das beklage ich nicht. Denn die vollendete Demokratie wäre die vollendete Schreckensherrschaft.

Was eint das Wahlvolk? Ständig wird dem Publikum vor Augen geführt, wie schäbig es sei, sich irgendwie ein- und auszugrenzen, leibhaftig, sprachlich, in kollektiver Erinnerung, territorial, charakterlich. Wie rassistisch es doch sei, noch Volk sein zu wollen. Aber ist denn eine Ansammlung Vereinzelter in der Lage, einen Gemeinwillen auszubilden und Mandatsträgern und Institutionen Aufträge zu erteilen? Und dann auch noch gemeinsam die Konsequenzen zu tragen?Zusammenkommen und abordnen können nur Landsleute, die wissen, daß sie etwas Besonderes, etwas Eigentümliches sind.

Man kann einwenden, „das Volk“ sei immer nur ein Konstrukt des Wunschs nach Gemeinsamkeit zwischen sehr Verschiedenen gewesen. Aber dann blendet man die Entwicklung von der frühen Demokratie zur Massendemokratie aus. Bis tief ins 20. Jahrhundert hinein wurzelt die Willensbildung nicht im Problemverständnis von Individuen, sondern in der gemeinsamen Erfahrung von Angehörigen. Sie festigt sich unter Verwandten, Nachbarn, Ansässigen, Nachkommen, Schicksalsgenossen, Kollegen, Kameraden, Überlebenden, Gläubigen, Anrainern, Biederen und Abweichlern. Unabhängig davon, ob sie in Parteien und Parlamenten vertreten waren. Zur Herausbildung eines eigenen Willens bedurfte und bedarf es der Anderen. Der politische Wille bahnt sich an im Geflecht von Erinnerungen und Erwartungen in einer gemeinsamen Nahwelt. Momentpersönlichkeiten finden zu keiner gemeinsamen Haltung.

Da liegt der demokratische Hund begraben. Aus den Nahwelten sind Transiträume geworden. Kleinfamilien und Singles orientieren sich an digitalen Beachtungsbörsen. Zu denen gehört auch das tägliche Politspektakel. Rapide schwindet der Rückhalt für gegenseitige Anerkennung nach regional- und klassenspezifischem Gemeinsinn. An die Stelle der ortsgebundenen Autoritäten und Einrichtungen treten die Experten, Berater, Charismatiker und Gurus der globalen Populärkultur. Die Einzelnen beziehen ihre Urteile nebenbei aus dem hastigen Schlagabtausch von Parolen in geschlossenen Kreisläufen. Das hergebrachte Milieu war der Humus von Willensbildung. Das soziale Netzwerk ist diskursive Endstation, Party, Palaver. In öffentlichen Debatten pflegt man heute den „Jargon der Weltoffenheit“ – ich habe mich ausgiebig mit ihm befaßt.

SEZESSION: Jene Parolen, die sich beispielsweise in gebräuchlichen Schlagworten wie „Emanzipation”, „Selbstbestimmung”, „Toleranz”, „Vielfalt” manifestieren oder – auf Alltagsniveau abgesenkt – zum „locker bleiben”, „sich ausprobieren” mahnen: Jener Weltoffenheitsjargon ist doch ein genuin linker Diskursstil. Oder doch nicht? Täuscht der Eindruck, und all jene Universalmaximen sind (durch die Stimme derer, die sie im Munde führen) in Wahrheit von jeder politischen Richtungszuweisung befreit?

BÖCKELMANN:  Ich ersticke jede Gegenrede, wenn ich „Selbstbestimmung“ fordere, oder „Chancengleichheit“ oder „Toleranz“ oder „Vielfalt“ oder „Weltoffenheit“, oder mein Verhalten mit ihnen rechtfertige. Ich werde unangreifbar. Die Berufung auf „Demokratie“ ist ebenfalls unangreifbar, aber sie hat etwas Offiziöses und paßt am besten in Leitartikel und Parlamentsreden. Die Begriffe „Selbstbestimmung“, „Toleranz“ usw. hingegen werden inflationär gebraucht, ohne daß dies ihre Geltung und ihre Wirkung beeinträchtigt.

Was sind das für Postulate? Im Anschluß an Panajotis Kondylis und Peter Furth nenne ich sie die Imperative der Massendemokratie. „Selbstverwirklichung“, „Authentizität“, „Chancengleichheit“, „Pluralismus“ und „Hedonismus“ (= Entgrenzung)  sind die Leitmotive der gleichschaltenden Individualisierung auf den Massenmärkten des 20. Jahrhunderts. Sie verheißen Befreiung und Fortschritt für alle, die ihre traditionellen Bindungen verlieren und die Appartements bevölkern. In den Vereinigten Staaten gaben sie schon in der Zwischenkriegszeit den Ton an, in Westeuropa seit den fünfziger Jahren. Sie klingen irgendwie links und irgendwie marktliberal und irgendwie universell. Vor allem klingen sie selbstverständlich, wie Anforderungen, die völlig außer Streit stehen.

Eben darin besteht ihre Funktion, und diese Funktion können sie nur erfüllen, weil sie jede Bedeutung verloren haben außer der einen: keine Haltung auszuschließen, die nicht ihrerseits andere ausschließt. Sie sind völlig sinnleer, suggerieren aber einen Gehalt. Jeder, der die Leitmotive im Mund führt, gewinnt einen großen strategischen Vorteil: Er präsentiert die Beliebigkeit als entschiedene Position. Das ist geradezu eine Definition des Westens.

Wer will, kann den Jargon von „Selbstbestimmung“, „Vielfalt“, „Weltoffenheit“ usw. auch als linke Sprechweise bezeichnen. Ich halte eine solche Etikettierung für unsinnig und mißverständlich. Besser wäre es, den Jargon als eine Art von Begriffskapital zu verstehen, gegen alles konvertierbar.  

SEZESSION: Sie schreiben, das Logo „links” mit seinen assoziierten Attributen „gleich”, „frei”, „offen” werde heute als Gütesiegel verramscht. Die aktuelle Gefälligkeit dieser Etiketten besiegle den Untergang der Linken. Wer heute dezidiert gegen den Weltoffenheitsjargon, also gegen die Postulate der Gleichheit, der Pädagogisierbarkeit und der Entgrenzung argumentiert, wird als „rechts” gebrandmarkt, falls er sich selbst nicht als Eigenbezeichnung rechts verortet. Sie bezeichnen solchen gegenläufigen, also rechten Aktivismus als „fatalen Irrtum”.  Warum? Etwa aus marketingtechnischen Erwägungen?

BÖCKELMANN: Argumentation ist noch kein Aktivismus. Unter diesem verstehe ich Aktionen um der Aktion willen, „um überhaupt etwas zu tun“, verzweifelte Umsturzversuche unter Mißachtung des Grundsatzes „Erkenne die Lage!“ Niemand kann sich dem „Jargon der Weltoffenheit“ völlig entziehen. Er speichert eine mindestens hundert Jahre lang erbrachte Kompensationsleistung (Selbstverfügbarkeit gegen Tradition). Er gehört zu unserem epochalen Geschick. Auf die eine oder andere Weise spricht ihn jeder von uns. Wer nur auf die Kraft individueller Entscheidung setzt, beansprucht eben „jene Wahlfreiheit, für welche die Demokratie der Chancenträger Reklame macht“ (Jargon der Weltoffenheit, S. 72). Statt dessen müssen wir auf Ereignisse lauern, die uns zeigen, wie sich unser epochales Geschick bereits ändert – siehe das letzte Kapitel meines Buches. Das ist Erkundungsarbeit, die nur der neugierige Einzelne verrichten kann. Nur ein Abenteurer, der imstande ist, sich überraschen zu lassen. Wir können von solchen Erschütterungen und Brüchen berichten – und sie tätig vertiefen.

Ich warne davor, das Gespenst der Linken zu bekämpfen und dieses Gespenst noch aufzublasen, indem man der Linken „die bessergestellten bürgerlichen Schichten“ einschließlich der Superreichen zurechnet (weil sie sich „kulturmarxistisch“ gebärden), sowie alle Großunternehmen, die den Kulturmarxismus und die Political Correctness fördern, und schließlich auch noch die Triebkräfte der kapitalistischen Modernisierung – wie es jüngst Martin Lichtmesz getan hat (Sezession vom April 2014), den ich ansonsten außerordentlich schätze. Dann wäre die Regierung der Vereinigten Staaten links, stünden Microsoft, Google und Amazon links, wären Daimler Benz, Nestlé und Bertelsmann linke Agenturen. Von einer „Linken“ läßt sich sinnvollerweise nur im Hinblick auf sozialrevolutionäre Ziele sprechen, im Hinblick auf die Umwälzung der Produktionsverhältnisse. Das ist ein ganz anderes Thema. Die Nenn-Linken von heute tun sich demonstrativ hervor durch die Besetzung von Häusern, die Verteidigung von Kulturzentren und den Kampf gegen Gentrifizierung und „rassistische“ Polizeikontrollen sowie für das Bleiberecht von Flüchtlingen aus Lampedusa. Aber das ist nichts Besonderes.

SEZESSION: Dies alles zusammengenommen legt welchen Schluß nahe? Die Lage zu akzeptieren und gegen den betonierten Jargon nicht anzurennen, wäre also keine Mimikry, sondern ein vernünftiges sich Dreinschicken in die Machtverhältnisse?

BÖCKELMANN: Darüber entscheidet eben nicht der Einzelne. Wir müssen beides sehen, den im Brustton der Selbstverständlichkeit hergebeteten Schwulst und die Risse im Sprachbeton. Wir hören nicht enden wollende Appelle, uns zu öffnen und dabei ganz wir selbst zu sein. Dieser Jargon bleibt vorerst unanfechtbar, aber die Welterfahrung – wie soll ich sagen? – verdünnt sich. Im Verständigungsbetrieb verblassen die Dinge. Das Einzigartige wird lästig. Zu viel. Wir versuchen, es abzuspeichern und aufzuschieben. Die Ereignisse sortieren wir nach Plus und Minus, Hilfreich und Hinderlich, je nachdem, ob sie unsere Selbstverfügbarkeit steigern. An die Stelle der Außenwelt tritt eine Wahrnehmungs-Buchhaltung. Die hat System, sogar ein ganz spezielles. Der genetische Code des Internets wurde in den Vereinigten Staaten entwickelt – wie schon die Massendemokratie zuvor. Unsere Globalität steht unter der strengen und zugleich anarchischen Aufsicht des Netzwerkimperiums USA.

Und trotzdem ist das, was Sie „Machtverhältnisse“ nennen, die reinste Utopie. Banale Angelegenheiten bereden wir nach Maßgabe utopischer Forderungen. Aber nichts, was geschieht, läßt sich mittels der Hypermoral von „Selbstbestimmung“, „Gleichstellung“, „Toleranz“, „Vielfalt“ und „Weltoffenheit“ erfassen. Ins Programm gepreßt, verschwinden die Gegenstände und die Mitmenschen wie hinter einer Mattscheibe. Die Frage ist, wie das Leiden am Weltverlust Sprache und politische Schlagkraft gewinnt.

SEZESSION: Was ist denn Ihre eigene Antwort? Welchen Sitz im Leben der Bundesdeutschen Demokratie hat eigentlich die von Ihnen verantwortete Zeitschrift Tumult? Sie agiert ja sprachlich auf hohem, teils kryptischem Niveau. Gibt es einen Subtext?

BÖCKELMANN: Der Subtext ist die Suche nach Erkenntnis ohne das Richtmaß utopischer Leerformeln. Ein hartnäckiges intellektuelles Strampeln – die Spontanität spricht nämlich Jargon. Kryptisch? Da müssen Sie langsamer lesen. Tumult hat sich einer nüchternen Welterfahrung verschrieben. Das Organ hat übrigens einen Untertitel: Vierteljahresschrift für Konsensstörung. Bei der Auswahl von Autoren und Beiträgen unterscheiden wir – Horst Ebner in Wien und ich in Dresden – nicht unerbittlich zwischen Passend und Unpassend, denn wir haben die Wahrheit nicht gepachtet. Wir akzeptieren verschiedene Vorgehensweisen, wenn sie versprechen, hypermoralisch angeleitete Erkenntnis aufzubrechen. Und wenn mal wieder ein Professor am Ende seines Artikels der Demokratie Reverenz erweist – sei’s drum.

Utopiefreie Sicht auf Ereignisse macht staunen. Man reibt sich die Augen. Überraschung: Entgegen der Einheitsmeinung in den tonangebenden Medien expandiert die Sympathie mit der russischen Sicht auf die Vorgänge in der Ukraine, das heißt, mit der Alternative eines eurasischen Nichtwestens. Wir wollen nicht in Rußland leben, aber auch nicht mehr in der Pax americana, und zerren am Wattepanzer von Disneyland. Überraschung: Die Entwicklung vielerorts (Indien, Japan, Afghanistan, Brasilien, Mexiko, Südafrika, Nigeria, Syrien, Maghreb) läuft aus dem westlichen Ruder. Überraschung: Im Zeichen von Sauberkeit, Natürlichkeit und Sicherheit durch sanfte erneuerbare Energien verwandeln wir die Landschaft in einen Industriepark, das Gegenteil des Erstrebten. Überraschung: Die Spiele auf den Finanzmärkten finden ohne Subjekte, ohne Drahtzieher und ohne letzte Profiteure statt. Diagnose: letztlich unregulierbar. Überraschung: Künstlich erzeugte und Patchwork-Kinder graben nach ihrer biologischen Herkunft. Überraschung: Die Regulierung der Geschlechtlichkeit nach Gleichheitsmaßen macht der Leidenschaft den Garaus. Überraschung: Der Hunger nach Anwesenheit und Zugehörigkeit schwillt an.

Alles in allem bedeutet dies: Jargon und Jargonwelt beginnen zu erodieren. Diese Erosion zu unterstützen, vielleicht gar, sie zu beschleunigen, ist alles andere als aktionistisch. Es setzt auf Übermächtiges und Unabsehbares. Darauf setzten Revolutionäre, Gläubige und Liebende seit jeher. Kühnheit in Demut.

Böckelmanns Jargon der Weltoffenheit hier bestellen [2].


Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

URL to article: http://www.sezession.de/45316/der-jargon-der-demokratie-ein-gespraech-mit-frank-boeckelmann.html

URLs in this post:

[1] Image: http://www.sezession.de/wp-content/uploads/2014/02/boeckelmann.jpg

[2] hier bestellen: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/1468/jargon-der-weltoffenheit

[3] 60. Ausgabe der : http://antaios.de/zeitschrift-sezession/2359/sezession-60-demokratie

00:05 Publié dans Entretiens, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frank böckelmann, allemagne, philosophie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 02 juin 2014

Histoire de la Belgique par Robert Steuckers

Histoire de la Belgique, par Robert Steuckers | 1/4 |

Antiquité et Moyen-Âge 

Histoire de la Belgique, par Robert Steuckers 2/4

Le contexte de 1830

Histoire de la Belgique par Robert Steuckers 3/4

Le 20ème siècle

Histoire de la Belgique par Robert Steuckers 4/4

La situation actuelle

 

Emission réalisée

par Parrhésia-Belgique & le "Cercle des Volontaires"

(février 2014)

dimanche, 01 juin 2014

Eclairages de Bruno Drweski sur la situation en Ukraine

Eclairages de Bruno Drweski sur la situation en Ukraine

Ex: http://www.cercledesvolontaires.fr

Le Cercle des Volontaires a sollicité les éclairages de Bruno Drweski sur la situation ukrainienne. Maître de conférence à l’Institut National des Langues et Civilisation Orientales, ce spécialiste de l’Europe de l’Est nous éclaire sur les événements des dernières semaines, du coup de force du 22 février au massacre d’Odessa du 2 mai.

C’est également l’occasion de revenir avec lui sur le traitement de l’information par les grands médias. Son analyse est sans appel : en une vingtaine d’années, l’objectivité a changé de camp ! Loin d’être totalement impartiale, l’information russe est aujourd’hui plus crédible que la presse occidentale.

 

Et selon lui,  cette dernière n’est pas la seule victime de la mainmise des néoconservateurs sur le monde occidental, la crise ukrainienne marquant une étape dans le processus de déconstruction du droit international.

 

Propos recueillis par Jérôme Pasdelou et Baptiste

samedi, 31 mai 2014

Tradizione e rivoluzione: intervista con Renato Del Ponte

Tradizione e rivoluzione: intervista con Renato Del Ponte

In occasione della scorsa festa nazionale di CasaPound Italia, il professor Renato del Ponte ci ha gentilmente concesso la presente intervita. Presente alla festa di CPI per presentare in anteprima un libro da lui curato su Adriano Romualdi e il periodo della contestazione negli anni '70: "Lettere ad un amico" Ed. Arya.
 
Il Professore è tornato per noi sul suo percorso universitario, metapolitico e culturale. Ha trattato del suo rapporto con Julius Evola, della sua visione del mondo, delle vie che l'uomo differenziato può ancora percorrere nella presente epoca di fine ciclo.
 
Un'intervista introduttiva per chi vuole conoscere il lavoro di chi ha dedicato le proprie energie a vivificare e trasmettere quella fiamma mai assopita nella nostra identità: la Tradizione Romana.
 
Questo è il nostro primo video in italiano.
 
Un ringraziamento alle sezioni di CasaPound Liguria e Cuneo per aver reso possibile il presente incontro.
 
I Non Allineati.
 
Inizio :
Dalla Tradizione allo studio delle religioni.
4 min 30 : 
L'incontro con Julius Evola. 
7 min 15 :
L'influenza e il ruolo di Evola.
15 min 59 :
Tradizione e politica

 

Nos élites n’ont pas de stratégie

Nos élites n’ont pas de stratégie

Philippe Baumard : "Le vide stratégique"

Pourrait-on imaginer titre plus explicite que celui de « vide stratégique » ? Assurément non. On doit donc être reconnaissant à Philippe Baumard, professeur à Polytechnique, figure emblématique de la discipline de l’intelligence économique d’avoir aussi clairement mis les mots sur nos maux actuels.

Ce serait donc l’incompétence des élites qui serait l’un des facteurs explicatifs déterminants de la crise que nous vivons depuis bientôt 7 ans… si ce n’est plus.

 

* * *

Christian Harbulot : "Le sabordage de la puissance française"

Xerfi Canal a reçu Christian Harbulot, directeur de l’École de Guerre Économique et directeur associé du cabinet Spin Partners, pour nous parler de son dernier ouvrage “Sabordage – Comment la France détruit sa puissance” (Éditions François Bourin).

Via le blog de Boreas

vendredi, 30 mai 2014

La bioéconomie, c’est le stade ultime du capitalisme

La bioéconomie, c’est le stade ultime du capitalisme

Ex: http://fortune.fdesouche.com

claf.pngDans son livre “Le Corps-Marché”, la sociologue canadienne Céline Lafontaine, professeure à l’université de Montréal, dénonce la “bioéconomie”, une économie fondée sur la marchandisation du corps.

S’attachant en particulier à l’industrie biomédicale, Céline Lafontaine délivre une  enquête documentée et pragmatique sur les enjeux de la bioéconomie. Elle éclaire les règles d’un marché mondialisé du corps humain, dont les éléments (sang, ovules, cellules, tissus…) sont de plus en plus marchandisés, comme dans l’industrie de la procréation. Par-delà les clivages éthiques que tous ces débats suscitent entre les citoyens – par exemple au sujet de la gestation pour autrui –, elle consigne précisément les enjeux réels de cette bioéconomie souveraine. Un éclairage à partir duquel les positions éthiques de chacun peuvent s’ajuster en fonction de plusieurs conceptions possibles de la liberté et de l’égalité…

 

Le monde vivant est devenu aujourd’hui, selon vous, “une mine à exploiter”. Une mine qui définit ce que vous appelez la “bioéconomie” ? Qu’est-ce qui la caractérise ?

Céline Lafontaine – La bioéconomie, c’est le nouveau modèle de développement économique, promulgué par l’OCDE. La bioéconomie est au cœur du processus de globalisation. L’origine du concept se rattache à l’écologie et au modèle de la décroissance. Face à l’épuisement des ressources naturelles, la bioéconomie, dans sa première version, devait tenir compte des limites imposées par la planète, des limites du vivant.

Historiquement, la bioéconomie est directement liée à la crise du pétrole du début des années 70, à l’abandon de l’étalon-or, au moment où le rapport du Club de Rome annonçait l’épuisement de l’énergie fossile.

Les Etats-Unis ont alors réagi en développant un nouveau modèle de l’économie qui place les processus vivants au centre de tout. Dès le début des années 80, le pays a investi massivement dans les biotechnologies. La bioéconomie, c’est donc un mode de production qui touche tous les secteurs économiques (agriculture, industrie, santé…), qui prend les processus vitaux, au niveau de l’ADN et des cellules, pour les transformer et leur conférer une nouvelle productivité.

Ces processus biologiques sont à la source d’une nouvelle productivité. Plutôt que d’utiliser la force de travail des ouvriers, la bioéconomie est fondée sur l’exploitation du vivant, la manipulation des gènes, des processus cellulaires et des processus vitaux. La vie elle-même est devenue la source de la productivité économique.

La bioéconomie est-elle consubstantiellement liée à l’économie financiarisée ?

Oui, c’est très clair ; il y a un lien entre le corps des femmes et la monnaie. L’abandon de l’étalon-or au début des années 70 – la dématérialisation de la monnaie, donc –, c’est la dématérialisation du rapport à la nature, au corps. L’économie informationnelle transforme le rapport au corps avec une vision décomposée du corps. On a l’impression, dans cette économie dématérialisée, que les ovules poussent dans les arbres. Il faut, je pense, revenir aux bases matérielles, biologiques, de ces corps.

Existe-t-il un marché constitué autour du corps humain ?

Le marché du corps humain existe de fait depuis les débuts de la médecine occidentale. Mais, le marché de la bioéconomie s’est internationalisé, avec notamment le développement des recherches sur les cellules souches embryonnaires. La bioéconomie, centrée sur le corps féminin se nourrit en fait de l’industrie de la procréation in vitro. Ce premier modèle d’industrialisation permet de comprendre la logique de la globalisation. Cette industrie a créé une demande, la fécondation in vitro, avec des banques d’ovules et des banques de sperme, apparues dès les années 80 aux Etats-Unis. Le phénomène s’est démocratisé de par le monde. Le travail reproductif des corps s’est exporté.

Les ovules des femmes américaines se vendent et s’exportent. Les mères porteuses se trouvent surtout en Inde : les femmes indiennes coûtent moins cher que les mères porteuses américaines. Mais on ne prend pas les ovules des femmes indiennes, car on ne veut pas du matériel génétique “racialisé” ; on en est là.

Comment comprendre le développement de ce marché du corps ? A quoi imputez-vous ce développement : aux progrès scientifiques, à la demande sociale qui évolue, aux intérêts marchands… ?

Il y a d’abord une volonté des Etats de développer la recherche biomédicale. Après la Seconde Guerre mondiale, la santé est devenue le fondement de la citoyenneté en s’inscrivant dans le corps de la nation à travers la mise en place des systèmes de santé publique ou le système du don du sang. Un système que le scandale du sang contaminé a effrité, en France comme au Canada dans les années 80.

Le modèle du don a été transposé aux ovules. Mais dans les faits, il n’y a pas de don d’ovules sans rémunération, sauf en France et au Canada où les banques sont vides. C’est une technologie invasive qui a des effets importants sur la santé, malgré la banalisation de l’in vitro, la stimulation ovarienne, la mise en production du corps… Ce sont des traitements pénibles. Pour donner, il faut qu’il y ait de l’argent en retour. Des femmes, dans le besoin, vendent leurs ovules, avec des effets catastrophiques pour leur santé, souvent. Même si c’est un échange financier, on le camoufle dans la rhétorique du don : le don de vie.

Le don vous semble donc un faux-semblant ?

Cette rhétorique du don de sang est à la base des Etats-nations. Or, j’insiste, le don camoufle aujourd’hui des logiques d’appropriation. On parle de compensation financière aux Etats-Unis, pour masquer la réalité d’une relation marchande. Les défenseurs des mères porteuses parlent du don de vie ; les femmes seraient censées se valoriser à travers ce don.

Pour moi, il faut questionner ce don qui est plus proche d’un sacrifice. Dans une société très capitaliste, la valorisation du don des femmes est problématique. Les bio-banques qui se développent dans le monde symbolisent ce travestissement du don, sous couvert du consentement éclairé. Les gens donnent pour faire avancer la recherche, mais les mécanismes de recherche mis en place font en sorte que les retombées de ces recherches sont privatisées et reviennent dans le corps social sous forme d’une médecine privatisée, tellement chère qu’elle met en péril le système de santé publique. On naturalise le don des femmes aujourd’hui ; or, l’économie du don se nourrit du corps de la population et privatise les retombées.

Tous les éléments du corps humain, qui font l’objet d’un trafic marchand – les organes, le sperme, le sang, les cellules… doivent-ils être mis sur le même plan, d’un point de vue moral?

Avec les organes, on est aux limites de l’illicite. On est là dans une forme de “cannibalisme”, dans une forme d’appropriation de l’autre. Le don d’organes a donné lieu à une rhétorique de la pénurie qui a nourri ainsi le “tourisme médical”. Les femmes donnent par exemple leur rein, plus que les hommes. Il y a une survalorisation du don des femmes dans une société qui proclame l’autonomie.

Je ne me situe pas sur un plan moral s’agissant des mères lesbiennes désirant un enfant. Mais le sperme n’est pas l’équivalent biologique de l’ovule ; il y en a un qu’on doit récolter, c’est une ressource renouvelable ; l’autre est une ressource rare, puisque le nombre d’ovocytes est limité à la naissance. Donner du sperme ou des ovules, ce n’est pas pareil ; cela n’a pas les mêmes répercussions ; il y a une intrusion dans le corps qui n’est pas du même ordre.

Comment définissez-vous votre approche sociologique dans le cadre de ces questions complexes, où les positions morales et éthiques s’opposent souvent violemment?

Ma perspective est celle d’un féminisme matérialiste, qui consiste à prendre au sérieux la matière du corps. L’un des problèmes des “gender studies” est selon moi d’avoir oublié la matérialité des corps. Faire croire à un équivalent du masculin et du féminin nous fait oublier que dans les faits, un ovule, ce n’est pas du sperme. L’enjeu de la bioéconomie, c’est précisément la valeur de ces produits reproductifs.

Vous parlez d’un renversement entre le “zoe” et le “bios”; c’est-à-dire?

Selon la thèse du philosophe Giorgio Agamben, il y a une distinction entre la vie nue, purement biologique, zoe, et bios, la vie sociale, politique. Dans l’époque contemporaine, il y a ce renversement car les processus biologiques deviennent la valeur politique. Le projet du politique devient le projet du bios, du prolongement de la vie. L’individu investit maintenant dans son capital biologique, porté par une vision “biologisante” du rapport à soi. C’est cette distinction que je fais entre le corps-objet et le corps-sujet.

L’idée du post-humain, l’idée de faire de son corps un projet de vie se sont imposées : plus on subjectivise le corps, plus on l’objectivise à travers ses différents produits. On reprend les mêmes logiques d’exploitation que l’industrie manufacturière.

C’est pire encore car on s’appuie sur des logiques de domination des femmes.

Vous parlez même d’un “cannibalisme technoscientifique”.

Oui, dans le sens où le corps des plus pauvres nourrit le corps des plus riches. Le corps des femmes les plus jeunes et pauvres nourrit le corps des femmes ménopausées. La médecine régénératrice vise à contourner la pénurie d’organes à partir de traitements à base de cellules. La cellule ne sert plus exclusivement d’expérimentation : elle devient un produit thérapeutique. Avec les cellules souches embryonnaires, issues de l’industrie de la procréation in vitro, on est dans une économie de la promesse, de spéculation.

L’idée de régénérer le corps est née avec l’annonce de la Banque mondiale d’un rapport sur le lien entre la décroissance et le vieillissement de la population. On a alors investi dans cette médecine régénératrice, avec cette idée de vaincre le vieillissement en tant que tel. Les logiques de marché sont liées à des politiques gouvernementales. On investit donc publiquement dans une médecine qui ne concerne que les riches.

Même en France ?

Il n’y a pas d’exception française sur ce point. Certes, il y a en France une bioéthique développée, mais les biobanques et le modèle de recherche et la médecine régénératrice se développent tout autant, c’est le même modèle que dans les pays anglo-saxons. On observe la même logique de privatisation ; on présuppose que les prélèvements sont opérés pour le corps de la nation ; or, ce n’est pas le cas ; le modèle du don, très politique, n’est qu’apparent. On est passé d’un don de corps à corps, comme dans le cas de la greffe d’organes, au corps pour la recherche, comme si c’était la même logique, comme si le corps politique faisait corps avec la recherche biomédicale. Je ne veux pas critiquer la recherche en tant que telle, mais discuter de la place qu’a prise la médecine dans nos vies. La bioéconomie, c’est le stade ultime du capitalisme ; on est dans la promesse d’une régénération infinie des processus vitaux.

Où placez-vous l’éthique dans votre travail ? L’argument de la marchandisation ne vous semble-t-il pas parfois détourné par tous ceux qui, au nom de normes morales conservatrices contestent, le droit pour ceux qui le désirent à la procréation médicale assistée ou à la gestation pour autrui ?

Il n’y a pas, selon moi, d’ambiguïté, on est vraiment dans une marchandisation au sens de mise en marché. Là où il y a un glissement possible, c’est quand le débat dérive vers un point de vue moral ou religieux. Mais mon point de vue est celui d’une sociologue attentive aux inégalités que cela engendre. La distinction faite entre conservateurs de droite et libéraux de gauche me semble erronée. Pour moi, être de gauche, ce n’est pas militer pour le in vitro, qui reste une industrie. C’est du libéralisme pur. Ceux qui manifestent pour le droit à la PMA ne questionnent pas la pression faite sur les femmes, le modèle de la maternité…

L’accès aux nouvelles technologies, c’est réclamer l’accès à d’autres corps. Qu’on le veuille ou non, cela repose sur un marché. Est-ce conservateur de rappeler qu’il existe du masculin et du féminin ? Les mères porteuses, c’est une pratique d’exploitation. C’est du même ordre que le travail des enfants en Chine. Les mères porteuses sont toujours des femmes dominées, pauvres, qui le font toujours en échange d’argent. Le don de soi se rapproche d’un sacrifice.

Ma perspective, c’est de réfléchir au maintien des systèmes de santé publique, à la réduction des inégalités. Et surtout, je pense que les corps sont reliés les uns aux autres. Il y a un corps social, il faut réfléchir à une nouvelle politique de la vie  et penser le corps social dans sa finitude.

________________________________________________

Céline Lafontaine, Le corps-marché. La marchandisation de la vie humaine à l’ère de la bioéconomie (Seuil, 288 p, 21,50 €)

mardi, 27 mai 2014

Un monde d'idées: Hervé Juvin


Un monde d'idées

Hervé Juvin

par FranceInfo

samedi, 24 mai 2014

Raus aus der Ukraine!

Raus aus der Ukraine!

von Johannes Schüller

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Raus aus der Ukraine!

Patrick „Pat“ J. Buchanan ist der einflussreichste rechte Publizist der USA. In Sendern wie Fox News” verteidigt er Putin.

Ein Gespräch über die ukrainische Krise.

Blaue​Narzisse​.de: Die deutsche Bild–Zeitung behauptet, 400 Söldner von einer US-​amerikanischen Sicherheitsfirma wären bereits in der Ukraine. Was halten Sie davon?

Pat Buchanan: Ich habe diese Nachrichten gelesen, weiß aber nicht, ob sie wahr oder falsch sind. Ich habe keine Kenntnisse von US-​Soldaten in den ostukrainischen Städten Luhansk oder Donezk.

Der Konflikt in der Ukraine erscheint wie ein großes geopolitisches Schlachtfeld. Aber es gibt auch eine Frontlinie zwischen einem konservativen Russland und einer liberalistischen USA. Was sind die eigentlichen Motive hinter dem Konflikt?

Der tiefe Graben zwischen den USA und Russland hat viele Gründe. In erster Linie nehmen die Russen wahr, dass die USA Vorteile ausnutzen. Diese haben sich besonders aus dem Rückzug der russischen Armee aus Mittel– und Osteuropa sowie dem Zusammenbruch der Sowjetunion ergeben. Die Vereinigten Staaten, so die russische Perspektive, brachten dadurch ein halbes Dutzend ehemaliger Staaten des Warschauer Pakts und drei Sowjetrepubliken in die Nato. Wir haben unser Bündnis aus dem Kalten Krieg in den russischen Raum und vor Russlands Zentrum ausgedehnt. Viele US-​Amerikaner lehnten diese Expansion der Nato nach Osteuropa und ins Baltikum ab. Sie erschien ihnen damals als provokative Torheit.

In kultureller und sozialer Hinsicht sehen viele Russen Amerika weniger als Führungsnation christlicher Werte, die sie einst war. Sie erscheint ihnen vielmehr als weltweite Inkarnation dessen, was man „Hollywood-​Werte” nennen könnte. Die Traditionalisten in den USA befinden sich in einem erbitterten Kampf gegen diese, an Antonio Gramsci orientierte Kulturrevolution. Ebenso scheint eine wachsende Zahl von Russen ihnen ebenso zu widerstreben.

Was wäre eine angemessene Außenpolitik für die USA und für die EU in der Ukraine?

Das Ziel beider Mächte sollte eine unabhängige, freie und neutrale Ukraine außerhalb jedes Militärbündnisses sein. Darüber hinaus müsste sie ein dezentral geordnetes Land werden. Die USA und die EU sollten sich als Ziel setzen, dass die ukrainischen Regionen, ebenso wie die US-​Bundesstaaten, ein maximales Maß an Selbstbestimmung zugesichert bekommen. Diese Regionen könnten zugleich in Einklang mit der nationalstaatlichen Union stehen. Denn wir wollen weder einen Bürgerkrieg in der Ukraine noch einen zweiten Kalten Krieg mit Russland.

Die Ukraine erscheint in diesem Konflikt aber nur als Spielball fremder Mächte. Ist denn so etwas wie eine eigene und unabhängige Politik für diese Nation überhaupt denkbar?

Das ukrainische Volk hat schreckliches in seiner Geschichte ertragen müssen. Das fängt bei der von Stalin initiierten Hungersnot, dem Holodomor, an, setzt sich über Hitlers Eroberungsfeldzug fort und reicht bis zur Teilung im Zweiten Weltkrieg sowie im Kalten Krieg. Deshalb mag, auch wegen der ethnischen Unterschiede zwischen den Ukrainern, nationale Einheit ein utopisches Ideal bleiben. In meiner letzten Analyse dazu habe ich deshalb betont, dass eine Teilung dem Bürgerkrieg vorzuziehen wäre. Aber das müssen die Ukrainer selbst entscheiden.

Wie ist das gesellschaftliche Klima dazu in den USA? Existiert so etwas wie eine neue Friedensbewegung, die sich gegen Interventionen in der Ukraine und Syrien wendet?

Eine Friedensbewegung? Nein, niemand denkt hierzulande noch, dass die USA einen Krieg beginnen werden. Die meisten US-​Amerikaner wollen, dass sich die Vereinigten Staaten aus einem ethnischen Konflikt in einem Land, das sie nicht mal auf der Karte finden, heraushalten.

Als es im August 2013 möglich schien, dass Präsident Barack Obama Luftangriffe gegen Syrien beginnen könnte, stand die Nation auf, um „Nein!” zu sagen. Nach dem Irak und Afghanistan wollen die Amerikaner, dass ihr Land auf Kriege verzichtet, die keine unserer lebensnotwendigen Interessen berühren.

Trotzdem: Diese Situation kann sich ändern. Die Dämonisierung von Präsident Putin steigert sich schnell und die Neigung der politischen und medialen Eliten zur Intervention, etwa mittels dem Entsenden von Verteidigungswaffen, wächst. Wenn die Ukraine in einem langen Bürgerkrieg versinkt, wird sich die Aufmerksamkeit der USA noch stärker auf sie richten. Dann wird das gewichtige Argument folgen, die Vereinigten Staaten müssten unbedingt etwas unternehmen.

Aber momentan wiederholen selbst die erbittertsten neokonservativen „Falken” bzw. Interventionisten eher diesen Refrain: „Keine amerikanischen Stiefel auf diesen Boden!” Sie kennen eben die Stimmung in den USA. Ein Land, das einen Kampf sucht, sieht anders aus.

Welche Position sollten Konservative auf dem großen Schlachtfeld Ukraine wählen?

Die Ukraine ist nicht unser Schlachtfeld! Es ist ein Konflikt zwischen Ukrainern sowie zwischen Russland und der Ukraine. Wir haben dabei keine andere Rolle als Zar Alexander II. während des US-​amerikanischen Bürgerkrieges. Und wir sollten weder Truppen noch Waffen in die Ukraine senden, noch Kiew irreführen und davon überzeugen, dass wir es wollen.

Konservative sollten sich gegen eine militärische Invention und gegen die Spaltung der Ukraine wenden. Ebenso müssen sie aber erkennen, dass das Schicksal der Ukraine nicht unseres ist. Wir können darüber weder bestimmen noch entscheiden.

Mr. Buchanan, thank you very much!

Hier geht es zum ersten und zum zweiten Teil des Buchanan-​Porträts aus der Feder seines Weggefährten Paul Gottfried.

vendredi, 23 mai 2014

Pillage numérique et liberté...

Pillage numérique et liberté...

Vous pouvez découvrir ci-dessous sur Xerfi Canal un entretien avec Pierre Bellanger, auteur d'un remarquable essai intitulé La souveraineté numérique (Stock, 2014), dont nous vous recommandons la lecture.

mercredi, 21 mai 2014

Les Chinois sont effarés par le laxisme des autorités françaises!

180934870_0.jpg

Entretien avec Xavier Raufer
 
Les Chinois sont effarés par le laxisme des autorités françaises!
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Pékin va envoyer des agents patrouiller avec leurs homologues français pour assurer la protection des touristes chinois cet été. Un abandon de souveraineté ?

Là n’est pas vraiment le problème. Mais comprenons d’abord la disposition d’esprit des Chinois envers la France. Pour maintes raisons : Dès le XVIIe siècle, dialogue riche et profond entre Louis XIV et le 2e empereur Qing (Mandchou), Kangxi, deux souverains qui règneront longtemps (Louis XIV, 54 ans ; Kangxi, 62 ans) et s’écriront souvent. Vive admiration des élites chinoises pour la civilisation française, seule jugée égale de la culture chinoise. Cette année, 50e anniversaire de la reconnaissance de la Chine populaire par le général De Gaulle… les Chinois idéalisent la France et s’y rendre est pour eux, un vrai rêve.

D’où un réel et sérieux traumatisme quand ils s’y font dépouiller par des racailles ou des bandes criminelles nomades. Bien entendu, la présence de ces policiers chinois est purement symbolique ; elle vise surtout à rassurer et apaiser des touristes qui, vu leurs moyens, viennent d’usage une seule fois en France, et tiennent à ce que cela demeure pour eux un superbe souvenir.

Certains comparent cette initiative avec les policiers roumains venus épauler la police française pour lutter contre la délinquance nomade en France : ce n’est pourtant pas la même chose ! Ici, il s’agit de coopérer pour mieux cerner les délinquants. Là, c’est pour protéger des touristes étrangers… La France n’est plus capable de protéger toute seule la population présente sur son territoire ?

En France, la police, la gendarmerie, sont très capables de tout cela. Mais bien sûr, depuis deux ans, la justice française est en roue libre et, sous l’impulsion de la sinistre Mme Taubira et de sa cour, a pratiquement cessé d’agir. Pour les voyous autochtones ou allogènes, la justice française est devenue une bouffonnerie, voire une sorte de bon génie familier et tutélaire, peu menaçant ou dangereux, sauf parfois, très temporairement.

Là est le problème. Et comme en même temps, les polices des pays voisins font preuve de plus de fermeté – exigence, bien sûr, de populations qui se lassent d’être pillées – cela crée un appel d’air et les voyous de la zone Schengen affluent en France, du fait de la seule loi criminelle absolument irréfutable : l’effet de déplacement.

La police française semble avoir une réputation de laxisme en Chine… Justifiée selon vous ?

Pas du tout. Là dessus, je parle en connaissance de cause, ayant une longue pratique du dialogue avec les autorités chinoises concernées par la sécurité. Celles-ci, qui se méfient plutôt des polices des pays anglo-saxons, ont un grand respect pour le professionnalisme des policiers et gendarmes français, avec lesquels elles coopèrent volontiers ; elles demandent toujours plus d’échanges, de formations, etc.

Les Chinois sont en revanche effarés – et pas seuls – par le laxisme et l’aboulie des autorités françaises, devant les émeutes qui secouent fréquemment notre pays, les milliers de voitures incendiées, etc. En privé, entre « vieux amis », ils nous bombardent de questions : pourquoi laisser s’accomplir toutes ces exactions sans réagir ? Pourquoi avoir des forces de sécurité d’une telle qualité, si c’est pour les laisser bras ballants, interdites devant des incendiaires et des bandits qui leur tirent dessus ? Ainsi, c’est plutôt la classe politique française qu’ils ont du mal à comprendre, que nos forces de sécurité qui, une fois encore, sont très appréciées en Chine.

mardi, 20 mai 2014

Les mythes d'argile

Les mythes d'argile

« Avec ses 440 000 sites identifiés environs,
le Japon est une des nations
à avoir accumulé le plus de matériaux
et de renseignements sur son passé
et investi considérablement dans ce domaine.
Comme le souligne Pierre Vial, dans la préface du livre,
c’est une “vraie volonté politique identitaire ”!
»

Entretien avec Rémy Valat, auteur de Les Mythes d’argile (éditions Dualpha)

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

Pourquoi un livre sur la religion des peuples mésolithiques du Japon ?

Couv-Mythes-Argile-e.jpgC’est un coup de foudre et peut-être une « nostalgie des origines ». De parents breton et aveyronnais, grande a été ma surprise de découvrir au Japon des mégalithes et autres tumuli de l’Âge du Bronze, la période kofun  (300 av JC-645 ap. JC). J’ai cependant choisi d’aborder une période plus ancienne, le Mésolithique ou période Jômon. Le Mésolithique est une étape essentielle de l’aventure humaine, car c’est la période durant laquelle les hommes se sont sédentarisés pour exploiter les ressources alimentaires, favorisant le contrôle et le stockage des moyens de subsistance. Surtout d’un point de vue religieux, l’angle choisi pour mieux connaître ces populations de chasseurs-cueilleurs inventeurs de la poterie, le Jômon paraît être le moment où le Mythe de la Création nippon serait apparu. Les traces matérielles, et en particuliers les artefacts religieux, statuettes d’argile et autres pierres phalliformes, sont les indicateurs probants de rites, véhiculant des croyances, exprimées par ce mythe. La culture Jômon a une parenté spirituelle avec les autres traditions des populations pratiquant la domestication des plantes, dont les mythologies associent plantes alimentaires et mise en scène du sacrifice d’un être divin (les primo-populations du Pacifique et, plus proche du Japon, de Chine).

Comment saisir alors l’âme et l’identité de ses peuples disparus ?

Grâce à Mircéa Eliade, bien sûr ! La somme eladienne est un décryptage des grands principes du fait religieux : de portée universelle, elle contient les données utiles à la compréhension du phénomène dans sa globalité. Mircea Eliade avait compris la vanité d’expliquer la propension humaine (souvent inconsciente) pour le Sacré, dont les manifestations et le mode d’être n’existent que sur leur propre plan de référence. Pour révéler la fractale, la structure et la logique de la mosaïque religieuse, l’herméneutique multidisciplinaire eladienne reste un outil à mon avis encore inégalé, bien que critiqué à des fins partisanes. Une méthode reposant sur des sources exceptionnelles : l’investissement du gouvernement japonais est exemplaire. Avec ses 440 000 sites identifiés environs, le Japon est une des nations à avoir accumulé le plus de matériaux et de renseignements sur son passé et investi considérablement dans ce domaine. Comme le souligne Pierre Vial, dans la préface du livre, c’est une « vraie volonté politique identitaire » ! Si les interprétations historiques sont scientifiquement plurielles, les Japonais ont fait le choix de s’approprier Leur histoire ; c’est un choix métapolitique. Un choix qui assure la stabilité d’un pays qui mêle à la fois ultramodernité et tradition. Une réalité porteuse d’espoir, pour nous identitaires français et européens : le rêve est possible. Les « rêveurs de jour sont des hommes dangereux » disait Lawrence d’Arabie.

Les Mythes d’argile, Rémy Valat, préface de Pierre Vial, L’Æncre, collection « Patrimoine des religions » dirigée par Philippe Randa, 248 pages, 31 euros.

BON DE COMMANDE

à renvoyer à : Francephi diffusion - Boite 37 - 16 bis rue d’Odessa - 75014 Paris - Tél. 09 52 95 13 34 - Fax. 09 57 95 13 34 – Mél. diffusion@francephi.com

Commande par internet (paiement 100 % sécurisé par paypal ou carte bancaire) sur notre site www.francephi.com.

 

lundi, 19 mai 2014

Marion Sigaut - les Lumières: un antihumanisme...


Marion Sigaut - les lumières: un antihumanisme...

par ERTV

00:07 Publié dans Entretiens, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lumières, histoire, marion sigaut, france, entretien | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Interview de Pascal Marchand, spécialiste de la géopolitique de l'Europe et de la Russie

Interview de Pascal Marchand, spécialiste de la géopolitique de l'Europe et de la Russie

dimanche, 18 mai 2014

Entretien exclusif et inédit avec Dominique Venner


 

Découvrez un entretien exclusif et inédit

avec Dominique Venner

L’émission Itinéraire retrace le parcours d’hommes hors du commun lors de longs entretiens.

Le premier volet est consacré à l’historien Dominique Venner au travers d’une douzaine d’émissions d’une durée de 30 minutes chacune réalisées les 27 et 28 février 2013 et diffusées en ce moment sur TV Libertés pendant deux semaines .
Pour obtenir le coffret 4 DVD exclusif de l'ensemble des entretiens, commandez-le en exclusivité et en souscription avant dimanche 18 mai au prix exceptionnel de 29€ (+ 6€ de frais de port et d'emballage) contre 39€ prix public.

Pour se faire, cliquez-sur le bouton commander ci-dessous et régler de façon totalement sécurisée par Carte Bleue ou par Chèque.

Découvrez en exclusivité en cliquant sur l'image ci-contre les 30 premières minutes de ces instants uniques accordés par Dominique Venner quelques mois seulement avant sa disparition. Une disparition survenue il y a une année déjà et pour laquelle un colloque en son hommage est organisé, samedi 17 mai, à Paris.

jeudi, 15 mai 2014

Dominique Venner: un fabuleux professeur d’énergie…

dominique-venner-lijepa-slika-u-kuc487i.jpg

Entretien avec Jean-Yves Le Gallou

Dominique Venner: un fabuleux professeur d’énergie…

Ex: http://www.voxnr.com

   

Jean-Yves Le Gallou, vous allez assister, samedi 17 mai à 14 h 30, au colloque consacré à Dominique Venner, à la Maison de la chimie à Paris à l’invitation de l’Association pour l’histoire. Expliquez-nous pourquoi…


Il y a un an, j’ai eu l’honneur, avec Bernard Lugan, Philippe Conrad et Fabrice Lesade, de partager avec Dominique Venner son dernier déjeuner. Je n’oublie pas l’accolade – l’abrazo – qu’il nous a donnée lorsqu’il est parti vers son destin. Ce sont des moments qui marquent un homme pour le restant de sa vie.

Que retenez-vous de Dominique Venner ?

Un grand écrivain. Un historien méditatif. Un professeur d’énergie.

Un grand écrivain ?

Dominique Venner était un merveilleux conteur. Son Dictionnaire amoureux de la chasse, notamment, est admirable. Je le dis avec d’autant plus de force que je ne suis pas moi-même chasseur. Mais on y trouve une formidable leçon sur les relations de l’homme à la nature, à l’animal et aux traditions.

Un historien méditatif ?

Dominique Venner a apporté un regard lumineux sur 30.000 ans d’histoire européenne dans Histoire et tradition des Européens. Avec lui, nous savons d’où nous venons. Et pourquoi nous devons refuser le grand effacement et le Grand Remplacement. « Les racines des civilisations ne disparaissent pas tant que n’a pas disparu le peuple qui en était la matrice. » Pour Dominique Venner, « l’historien méditatif […] [est] créateur de sens, éveilleur de rêves ».
Nous devons aussi à Dominique Venner Le Siècle de 1914, un livre, là aussi, d’une lumineuse clarté. En 1914, l’Europe est une société traditionnelle avec ses monarques et ses aristocrates, ses paysans et ses soldats, tous attachés à leur lignée et aux valeurs d’effort, de courage et d’honneur. Les combats de 1914 industrialisent la mort (80 % de tués par éclats d’obus) et la figure du héros cède la place à celle de la chair à canon. Les grands empires s’effondrent et le chaos s’installe au cœur de l’Europe.


Sur les ruines du monde ancien, quatre idéologies naissent et s’opposent. Le fascisme (que Dominique Venner distingue avec finesse du nazisme), le national–socialisme, le communisme et le wilsonisme, c’est-à-dire le mondialisme anglo-saxon, surgissent de ses décombres et s’affrontent. Les trois premières ont disparu. La quatrième est à bout de souffle. L’empire américain ne sera pas éternel et l’Europe sortira de sa « dormition ».

Reste le professeur d’énergie…

Ce sera le thème du colloque (1) qui se tiendra samedi 17 mai à 14 h 30 sur le thème « Dominique Venner, écrivain et historien au cœur rebelle ». Cela correspond à la réédition de son très beau livre Le Cœur rebelle.

Voici quelques maximes extraites de l’œuvre de Dominique Venner, d’Un samouraï d’Occident, en particulier : « Exister, c’est combattre ce qui me nie », « Une action politique n’est pas concevable sans le préalable d’une mystique », « Être un insoumis : préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre », « Être un insoumis : être à soi-même sa propre norme par rapport à une norme supérieure », « Être un insoumis : veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse », « L’opposant radical doit puiser en lui-même ses justifications, affronter la réprobation générale, l’aversion du grand nombre et une répression sans éclat ». De belles leçons d’énergie, assurément !


Comment interpréter son geste sacrificiel ?

Dominique Venner s’en est expliqué lorsqu’il a déclaré (dans une vidéo aujourd’hui disponible), quelques semaines avant le 21 mai 2013 : « Il est parfois nécessaire que des hommes se sacrifient […], sacrifier sa vie, mettre sa vie en jeu, la sienne, pas celle des autres, sacrifier sa vie pour authentifier ses paroles, créer aussi peut-être un choc. » Ce propos du samouraï d’Occident éclaire aussi son geste : « Si l’emblème des samouraïs est la fleur de cerisier qui tombe avant d’être fanée, ce n’est pas un hasard. »

Vous comprenez cela ?

Oui, lorsque j’étais étudiant, j’ai eu deux « professeurs d’énergie » : Nietzsche et Barrès. Mais avec toujours un peu de gêne pour Barrès. Voilà un homme qui a chanté les valeurs héroïques et qui, à l’aube de la guerre de 1914, s’est engagé à… publier un éditorial par jour. Ce qui lui valut le méchant surnom de « rossignol des cimetières ». Certes, Barrès avait dépassé 50 ans et rien ne l’obligeait à partir sur le front. Mais Émile Driant, député, avait 59 ans en 1914. Il s’est néanmoins engagé et est mort en héros à la tête de ses chasseurs, au bois des Caures, en retardant de manière décisive l’avance allemande sur Verdun.

Je crois que Dominique Venner avait le souci de l’exemplarité, le souci de montrer que ses écrits n’étaient pas des paroles en l’air. C’est aussi pour cela qu’il a choisi de mourir en combattant, à 78 ans.


Un geste qui a pu choquer les catholiques…

Bien sûr. Je le comprends parfaitement. Mais j’ai été frappé par l’empathie qu’ont montrée beaucoup de mes amis catholiques en la circonstance. La difficulté et la force du geste n’ont échappé à personne. Elles ont souligné l’adéquation entre l’homme et l’œuvre. Le cœur rebelle est mort en insoumis. On lit désormais Dominique Venner avec plus de conviction encore : on a la certitude absolue de la vérité de l’homme.

 

notes

 

(1) http://www.dominiquevenner.fr/2014/04/colloque-dominique-venner-ecrivain-et-historien-au-coeur-rebelle-le-17-mai-2014-a-paris/

 

source

Boulevard Voltaire :: lien

vendredi, 09 mai 2014

Le mur de Bruxelles, tentative de L’OTAN de séparer la Russie de l’Europe

Crédit photo : Xavier Moreau

Crédit photo : Xavier Moreau

Le mur de Bruxelles, tentative de L’OTAN de séparer la Russie de l’Europe

Par La Voix de la Russie - http://french.ruvr.ru

Alors que les évènements en Ukraine semblent traduire une dégradation de la situation globale du pays, la Voix de la Russie a souhaité recueillir l’opinion de Xavier Moreau, qui suit de très près les évènements en Ukraine.

La Voix de la Russie : Xavier Moreau bonjour, pourriez-vous vous présenter ?

Xavier Moreau : Je suis un homme d’affaires français, installé en Russie depuis 14 ans, je dirige un cabinet de conseil.

LVdlR : Vous suivez de très près l’évolution de la situation en Ukraine et avez écrit15 articles à ce sujet depuis le début de l’année 2014, quel regard portez-vous sur l’involution forte de la situation sur les 3 derniers mois ?

Xavier Moreau : Nous assistons à la tentative par les Etats-Unis de transformer sa défaite humiliante en Ukraine en une victoire géopolitique globale en Europe. Il s’agit pour l’OTAN de soutenir une guerre civile durable en Ukraine et de séparer la Russie du reste de l’Europe, au moins économiquement. C’est ce que le géopoliticien Aymeric Chauprade appelle l’édification du mur de Bruxelles.

LVdlR : On parle beaucoup de sanctions ces temps-ci. Certains Etats y sont plutôt favorables et certains plutôt défavorables. Vous avez écrit que concernant la France, le complexe militaro-industriel avait beaucoup à perdre et que de toute façon la Russie se préparait à la guerre économique. En tant qu’entrepreneur français en Russie mais également analyste, quels conseils donneriez-vous à la diplomatie française sur le dossier ukrainien ?

Xavier Moreau : La diplomatie française doit remplacer les lobbies idéologiques qui dominent actuellement dans sa diplomatie, par un lobby industriel, bancaire et commercial. Le lobby atlantiste qui domine sacrifiera sans aucun scrupule les intérêts de la France à ceux des Etats-Unis.

LVdlR : La France semble parler de deux voix différentes, selon que l’on écoute la fréquence Fabius ou la fréquence Chevènement. Dans le même temps une certaine cacophonie a régné autour des Mistral et on voit bien qu’au sein des partis, à droite comme à gauche, des lignes de fractures existent. Comment expliquez-vous cette totale absence d’unité politique et diplomatique française ?

Xavier Moreau : Je pense que la classe politique française est majoritairement favorable à une politique d’entente réaliste avec la Russie et n’est pas dupe du jeu de Washington. La voix à suivre est celle de Jean-Pierre Chevènement. Concernant Laurent Fabius, je serai plus nuancé. Son fameux message sur les Mistral était avant tout dirigé vers Londres. En conditionnant la suspension de la livraison des Mistral au gel des avoirs russes en Angleterre, il rendait la chose tout simplement impossible. La presse française a consciemment manipulé ses propos et malheureusement, la presse russe l’a recopiée.

Il ne faut pas non plus sous-estimer la peur que suscitent désormais les Etats-Unis pour les pays européens, qui faute de soutenir Washington dans ses aventures militaires, risquent de voir le Département d’Etat américain soutenir les groupuscules radicaux islamistes ou fascistes sur leur propre territoire. Ce doit être d’ailleurs une préoccupation majeure dans la perspective d’une sortie de l’UE ou de l’OTAN. Les Etats-Unis ont prouvé en Syrie ou en Ukraine, qu’ils étaient prêts à s’allier avec le diable, plutôt que de renoncer.

LVdlR : Vous semblez penser qu’une rupture s’établirait entre une Europe réticente aux sanctions et une Amérique plus belliqueuse. Les raisons économiques sont-elles d’après vous les uniques raisons de cette différenciation ?

Xavier Moreau : Les Etats-Unis ont tout à gagner d’une rupture économique entre la Russie et le reste de l’Europe, alors qu’une intégration de la Russie dans une nouvelle structure économique européenne diminuera considérablement son influence.

L’aspect civilisationnel est également très important mais ne concerne pas toute l’Europe. L’Europe du Nord de tradition protestante a accueilli le modèle sociétal américain comme le sien et sans heurts, tandis que l’Europe de tradition orthodoxe ou catholique le rejette farouchement. Dans un pays laïc comme la France, le gouvernement actuel a dû faire marche arrière sur la GPA/PMA sous la pression populaire. La politique familiale de l’Espagne, de la Croatie ou de la Hongrie est bien plus proche de celle de Moscou que de Washington.

LVdlR : Peut-on imaginer que la crise ukrainienne contribue à l’affaiblissement de l’UE puisque celle-ci n’arrive pas à parler d’une voix unie ou qu’au contraire l’UE ne sorte renforcée malgré elle de par justement son refus d’obéir aux injonctions américaines ?

Xavier Moreau : L’UE est prête à suivre les Etats-Unis sur toute leur ligne antirusse. Ce sont les nations qui résistent, car les gouvernements européens auront des comptes à rendre aux milliers de chômeurs provoqués par les sanctions contre la Russie. Les élections au Parlement européen auront une importance cruciale. Si les souverainistes l’emportent, l’alignement de l’UE sur les Etats-Unis sera contesté. Si les députés pro-américains sont mis en minorité, une paix à court terme en Ukraine est tout à fait envisageable.

LVdlR : Vous pointez du doigt l’utilisation active des radicaux proches de Pravy Sektor et Svoboda par des puissances étrangères, notamment l’Amérique. Vous comparez du reste ces radicaux avec les islamistes de Syrie qui y jouent le même rôle d’agents déstabilisateurs. Pourquoi pensez-vous que l’Amérique souhaite à ce point déstabiliser l’Ukraine ?

Xavier Moreau : Les Etats-Unis avaient besoin de faire rentrer l’Ukraine dans l’OTAN, pour liquider le « problème européen » et concentrer leurs forces vers l’Asie, contre la Chine essentiellement. La réunification de la Crimée à la Russie est une véritable catastrophe pour Washington. Les Etats-Unis ont besoin d’une Ukraine unifiée sous la botte de Svoboda, car ils sont conscients que l’Ukraine ne peut survivre sans le poumon industriel de l’Est. Ils savent que le suffrage universel aboutira à la défaite de Svoboda, aussi préfèrent-ils un scénario de guerre civile qui justifie un état d’urgence et donc le maintien de leurs alliés néonazis au pouvoir. Washington tente de faire subir à l’Ukraine le même sort qu’à la Yougoslavie, sans se rendre compte que les situations intérieure et extérieure sont très différentes et que le contrôle total des opinions publiques européennes est devenu impossible à cause d’internet.

LVdlR : Le terrible massacre d’Odessa a vu la mort de 42 personnes. Dans votre dernier article, vous relevez les déclarations incroyables de ministre de Svoboda se félicitant de ces évènements, des membres de Pravy Sektor se filmant goguenards sur les cadavres calcinés ou ce radical ouvrant le feu sur les civils tentant d’échapper aux flammes. On sait aussi désormais que ceux qui ont pu échapper à l’incendie meurtrier se sont fait molester violemment par ces mêmes radicaux. Pourquoi d’après vous les médias français se sont-ils totalement abstenus de mentionner des éléments aussi graves ? Pensez-vous que la couverture médiatique occidentale et française des évènements en Ukraine soit objective ?

Xavier Moreau : La couverture par les médias français de la crise ukrainienne est aussi mensongère que le fut celle de la crise yougoslave. C’est internet qui change totalement la donne et qui finit par mettre la pression sur les médias traditionnels. Au bout d’un mois et demi, BFMTV et Marianne ont fini par reprendre les informations sur les snipers de Maïdan. Jusque-là, seuls les sites internet d’analyse et d’information en avaient parlé. C’est finalement la publication sur le site lescrises.fr d’une émission allemande sur la question qui a forcé une petite partie des médias français à en parler. Les journalistes français sont coincés entre la pression de leur rédaction et celle d’internet. Mentir ne leur a jamais posé de problème du point de vue moral, mais internet a étalé leur malhonnêteté sur la place publique. Cela sied mal à une corporation convaincue de sa prééminence morale.

LVdlR : Dans votre épisode 1 vous concluez de façon extrêmement pessimiste sur l’avenir de l’Ukraine. Pensez-vous que l’Ukraine continuera à exister comme nation ?

Xavier Moreau : Au risque de vous choquer, je pense que le moyen de maintenir une Ukraine viable est de la protéger de la Galicie, qui historiquement n’en a jamais vraiment fait partie. La population de Galicie hait profondément tout ce qui n’est pas elle, non seulement les Russes, mais les Ukrainiens russophones et même les Polonais. Les Etats-Unis se sont appuyés sur la Galicie car ils avaient besoin de cette haine pour transformer l’Ukraine, terre russe par excellence, en un pays ennemi de la Russie. L’Ukraine ne peut survivre que dans le cadre d’une fédéralisation très poussée où la Galicie ne pourra plus exporter sa haine vers le reste de l’Ukraine.

LVdlR : Depuis quelques jours, les populations de l’Est de l’Ukraine se révoltent contre le nouveau pouvoir central et des combats ont lieu autour de certaines villes. Quelle devrait être selon vous la prochaine étape ?

Xavier Moreau : La junte de Kiev est limitée dans ses moyens, comme nous venons de le voir à Kramatorsk. C’est une chose de faire rentrer de BTR dans la ville, de tirer plus ou moins au hasard. C’en est une autre que de tenir une ville totalement hostile, surtout une fois la nuit tombée. Les blindés sont d’ailleurs repartis avant la tombée de la nuit. Les milices d’auto-défense connaissent les règles de base de la guérilla et ne vont pas s’opposer aux blindés dans un combat frontal.

Il est en revanche probable que la junte s’attaque à de petits villages de quelques centaines d’habitants, en y menant une campagne de terreur et de terre brûlée pour faire intervenir la Russie. N’oublions pas que c’est Washington qui dirige les opérations et que c’est aujourd’hui son objectif principal.

LVdlR : comment expliquez-vous le positionnement politique des partis français vis-à-vis des forces néonazies partageant le pouvoir en Ukraine ?

Xavier Moreau : Je pense que le positionnement des politiques français vis-à-vis du fascisme est le même qu’en 1940. Une partie de la gauche le combat au nom de valeurs humanistes à la Malraux, c’est le cas notamment de Jean-Luc Mélenchon ou de Jean-Pierre Chevènement. Une partie de la droite, Front National en tête, y voit une métastase de l’envahisseur nazi et le rejette dans un patriotisme sans compromission à la d’Estienne d’Orves, c’est le cas notamment d’Aymeric Chauprade.

Enfin, on trouve une majorité d’attentistes qui se répartissent à la fois à droite et à gauche, qui pour différentes raisons, par lâcheté ou par idéologie « souhaitent la victoire de l’OTAN et de l’UE », comme Laval souhaitait la victoire de l’Allemagne. Ils refusent de voir la réalité de la junte ukrainienne et partagent l’acharnement de Washington contre la Russie. Bruno Lemaire est sans doute celui qui incarne le mieux cet aveuglement idéologique. Il ne s’agit pas bien entendu, de faire un parallèle, même lointain, entre les idéologies nazie et atlantiste, mais de donner des clés de compréhension de cette étrange bienveillance de la majorité de la classe politique envers un mouvement néonazi.

LVdlR : merci Xavier Moreau, les lecteurs souhaitant en savoir plus peuvent consulter vos articles sur le site de Realpolitik-TV.


Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2014_05_05/Le-mur-de-Bruxelles-tentative-de-L-OTAN-de-separer-la-Russie-de-l-Europe-8190/