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Zarathustra par Nicolas Roerich (1931)
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00:05 Publié dans Philosophie, Révolution conservatrice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nietzsche, zarathustra, zoroastre, philosophie, révolution conservatrice, allemagne |
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Si l’Europe veut survivre, elle doit réviser de fond en comble son humanisme. L’humanisme tel que nous le connaissons est une promesse impossible lancée vers l’avenir et les peuples qui la poursuivent laisseront leurs dernières forces au bord du chemin.
En 1704, à Constantinople, un diplomate et voyageur serbe au service de Russie, Savva Vladislavitch, rachète au sultan un otage noir, le fils d’un prince africain capturé aux alentours du Lac Tchad et l’expédie à la cour du Tsar. Pierre le Grand entendait réaliser, avec ce jeune Africain, une expérience inédite : prouver que les Noirs ne sont en rien moins doués pour les arts et les sciences que les Blancs européens.
Le pari réussira au-delà de toute espérance. Baptisé Abram Pétrovitch en 1705, avec Pierre pour parrain, le jeune homme suivra les meilleures écoles. Loin de servir d’ornement exotique comme dans les cours européennes — car il était fashionable, au XVIIIe, d’avoir « son Nègre » —, il deviendra secrétaire du Tsar, polyglotte, ingénieur, officier au service du roi de France et portera dès lors le surnom d’Hanibal. Il sera anobli, accèdera par la suite au grade de major-général, deviendra gouverneur de Tallinn et favorisera, paraît-il, la vocation militaire de celui qui sera le plus grand chef de guerre russe, le général Souvorov.
Sa première femme, une Grecque, le rejette, le trompe, lui donne une fille toute blanche qu’Hanibal reconnaît quand même, et tente avec son amant de l’empoisonner. Il la fait jeter en prison et épouse la fille d’un capitaine suédois, Christina Sjöberg. Parce qu’il n’a pas attendu le divorce et qu’il s’est mis temporairement en bigamie, Hanibal sera mis à l’amende et châtié.
Le prince africain racheté au Turc par un aventurier serbe et devenu filleul du tsar russe fera dix enfants à la Scandinave tirant ses origines de la noblesse suédoise, norvégienne et danoise. Leur fils aîné Ivan, né hors mariage, fondera la ville de Kherson et accédera en 1898 au titre de général en chef, le deuxième grade le plus élevé de la hiérarchie impériale russe. Leur petite-fille Nadejda fera encore mieux : elle donnera naissance à Alexandre Pouchkine, l’un des plus grands génies littéraires de tous les temps… Pouchkine, dont le huitième de sang africain sera encore bien présent, tant dans sa physionomie que dans son tempérament.
Pourquoi vous raconter cette prodigieuse histoire ? Parce que, très vraisemblablement, personne ne vous l’a jamais racontée et que l’omission est significative. Si vous êtes d’éducation francophone, toute votre instruction repose sur le socle humaniste développé, justement, au cours du XVIIIe siècle européen. Cet héritage universaliste et droitdelhommier imprègne jusqu’au dernier ouvrage scolaire. Il influence même, souvent comme « antimodèle », ceux des écoles libres de tradition catholique.
L’épopée d’Alexandre Pouchkine et de ses ancêtres maternels aurait pu — aurait dû — servir de parabole et de preuve éclatante pour les postulats essentiels de l’humanisme européen. Elle illustre, entre autres choses, l’audace et l’ouverture d’esprit de celui qui fut, avant Gorbatchev, le plus occidental des empereurs de Russie. Or elle a été complètement oubliée à l’ouest, malgré l’amitié du chef de lignée avec les philosophes français: selon son biographe, Voltaire appelait Abram l’« étoile noire des Lumières ». De cette saga familiale qui préfigure le melting pot du XXIe siècle, le public européen n’aura retenu qu’une chose : que le fougueux poète russe Pouchkine fut tué en duel par un officier français, d’Anthès, pour une affaire d’adultère. Qu’il soit l’arrière-petit fils d’un esclave noir devenu noble, général et gouverneur dans l’empire russe à une époque où les Noirs, en Europe, étaient considérés comme des animaux, est un fait qui déborde trop du cadre pour pouvoir être expliqué, et a fortiori assimilé, en Occident.
La France connaît, il est vrai, un exemple comparable : celui du général Thomas Alexandre Dumas (1762–1806), père d’Alexandre Dumas (à croire que les militaires ont la littérature… dans le sang !). Exemple comparable, mais de loin seulement. Le général Dumas arrive deux générations plus tard, d’une colonie française. Il est, déjà, un métis antillais, fils de noble créole. Et, surtout, il doit son ascension à la Révolution, c’est-à-dire à un chamboulement fondamental, et voulu, de l’ordre établi et des valeurs de la société française. L’ascension d’Abram Pétrovitch, Noir de père et de mère et originaire d’un pays totalement inconnu, a pour cadre la société considérée — malgré les innovations superficielles de Pierre le Grand — comme la plus traditionnelle, la plus conservatrice et la moins « humaniste » d’Europe. Si sa carrière a connu des obstacles, ceux-ci n’étaient en tout cas pas, prioritairement, d’ordre « raciste ».
C’est probablement la raison pour laquelle son « cas » n’a pas été retenu par la philosophie des Lumières qui nous a éduqués. Il est arrivé bien trop tôt. Son exemple illumine, par contrecoup, l’arriération de la société européenne de son temps — y compris des élites dites « éclairées ». Les intellectuels du XVIIIe siècle ont-ils jamais réellement, concrètement envisagé l’égalité des races ? Voltaire appréciait sans doute beaucoup l’« étoile noire des Lumières » : il ne s’est pas départi pour autant de ses actions dans la traite des Noirs. Le passage de l’étoile noire dans le ciel des Lumières fut donc recouvert d’un épais voile de pudeur. Un voile que la décolonisation elle-même n’a pas permis de lever.
Cette belle anecdote nous en dit long sur toute une série de certitudes et de valeurs que la société « progressiste » occidentale s’attribue comme des vertus déterminantes. Elle rappelle, en premier lieu, que le racisme en tant qu’idéologie est une invention du scientisme moderne. Elle illustre également le degré d’ignorance dans laquelle est tenue la société occidentale sur la nature et le fonctionnement des sociétés qui lui sont extérieures. Et cette ignorance à son tour fait surgir le grand paradoxe de l’universalisme occidental.
L’Occident est universel ou il n’est pas. Il a pour vocation programmatique d’« ouvrir » les yeux du monde entier sur la « vraie » condition de notre vie sur terre, car il pense en détenir les clefs grâce à son avance scientifique, à sa connaissance des lois objectives de la nature, valables partout et pour tous. Sa mission est d’élever la conscience de l’humanité entière à l’âge adulte. Comme l’a noté le socialiste gnostique Raymond Abellio, l’Occident n’est pas l’Europe, il n’est pas même une géographie : « L’Occident est partout où la conscience devient majeure ». L’Occident est dès l’origine de ses idées, au début de la Renaissance, une civilisation globale. Sa philosophie, l’humanisme, pose en dogme l’égalité (voire l’inexistence) des races et la dignité de tous les êtres humains, quelle que soit leur origine et leur condition. Elle condamne les systèmes de caste et les discriminations de rang, de fortune et de naissance. Elle affirme l’autonomie de l’être humain et de sa destinée vis-à-vis de tout créateur transcendant. Elle est le fondement de la première civilisation scientiste et athée de l’histoire, celle justement où nous avons été élevés.
Mais là est aussi sa limite. La promesse que l’humanisme occidental fait à l’Homme (un homme abstrait, idéal, à venir) est trop grande. Elle est intenable : « tu remplaceras Dieu ». « Nous remplacerons Dieu » est la formule la plus juste, car l’expansion de l’humanisme a toujours impliqué l’existence d’élites « éclairées » dispensant à des masses ignares une vérité qu’elles ne peuvent ni éprouver empiriquement, ni découvrir toutes seules — car les masses ont, hélas, l’amour de Dieu chevillé à l’âme. L’humanisme est dès l’origine un « dressage » de la majorité par une minorité initiée. Comme ce « dressage » n’a jamais marché, la marche vers l’idéal humaniste est jonchée de ratages qui sont autant de démentis. Au lieu de la concorde des peuples, la guerre élevée au rang d’industrie. Au lieu de l’égalité des races, un racisme fantasmatique (l’Allemagne de Hitler fut aussi la nation scientifiquement la plus avancée), devenu aujourd’hui un pilier central — sous son expression à rebours, l’antiracisme — de l’idéologie occidentale.
Sous l’étiquette d’humanisme, l’Occident a avant tout développé un discours sur l’idéal humain, plutôt qu’il n’a instauré cet idéal. L’extension de ce discours idéologique à toutes les sphères de la vie sociale et privée a réprimé et finalement asséché l’enseignement de la morale atavique et naturelle de l’humanité civilisée, dont la bienveillance à l’égard de l’étranger et l’équité faisaient partie. Bien plus : afin de préserver la crédibilité de son idéal non réalisé, il lui fallait couper la population des modèles qui le démentaient. C’est pourquoi, pour une bonne partie, l’éducation « universaliste » reçue par des générations d’élèves européens était en réalité une éducation étroitement provincialiste impliquant le mépris et la méconnaissance profonde des civilisations et des cultures extérieures au dominium occidental. Pour un esprit conditionné par cette éducation, l’aventure d’Abram Hanibal et de sa lignée est tout simplement impossible hors d’une civilisation parfaitement humaniste qui n’est même pas encore réalisée sur Terre. Et simplement impensable dans le cadre d’un empire théocratique, barbu et autoritaire !
Ce provincialisme des Européens dits cultivés est l’une des premières choses qui frappent le voyageur « persan » — ou russe, ou indien — qui découvre l’Europe de l’intérieur. En même temps, du fait du manque de repères et de recul que lui confère son orgueil d’être supérieur (matériellement et moralement), l’Européen dit cultivé demeure incapable d’identifier cet « angle mort » de son éducation. Le juriste et historien Pierre Legendre en a évoqué certains aspects dans ses conférences au Japon (Ce que l’Occident ne voit pas de l’Occident). Et le grand philosophe Wittgenstein a totalement renversé ce rapport civilisation-barbarie dans sa prodigieuse déconstruction de l’ethnologie coloniale (Remarques sur le Rameau d’Or de Fraser).
La civilisation russe, avec tous ses excès, et malgré les ravages apocalyptiques de la Révolution de 1917, tend aujourd’hui à l’Europe un miroir de ce qu’elle serait peut-être sans son humanisme tyrannique. Un monde injuste, inique, barbare, inepte souvent, mais un monde qui veut vivre. « Cela ressemble tellement à l’Europe. Et c’en est tellement loin ! », notais-je dans Le Syndrôme Tolstoïevsky. Le point qui nous sépare le plus, de l’Atlantique à Vladivostok, est exactement celui-là : le refus, par les Russes (et la plupart des Slaves) d’adopter cet humanisme intégral, abstrait et paradoxal, qui est en train d’ôter à l’Europe ses raisons de vivre. Cet humanisme-rhétorique où l’aventure du « nègre » Pouchkine et de ses ancêtres constituerait une fable idéale, mais jamais une réalité.
Par Slobodan Despot | 28.8.2016
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par Pierre Le Vigan,
auteur , essayiste
Ex: http://metamag.fr
♦ Pierre Le Vigan, est architecte, urbaniste, diplômé en psychopathologie et en histoire ; il est l’auteur de plusieurs livres et a participé à plusieurs ouvrages collectifs dont le Liber amicorum Alain de Benoist (2003 et 2014). Il a notamment publié «L’Effacement du politique / La philosophie politique et la genèse de l’impuissance de l’Europe».
Il n’y a qu’une chose qui ne soit pas très pertinente dans le livre d’entretien du professeur Rémi Brague avec Giulio Brotti, c’est le titre. Il ne s’agit pas de savoir « où va l’histoire ». Car l’histoire n’est pas un véhicule, c’est le réseau même des routes possibles. C’est la carte. Il s’agit de savoir, non où va l’histoire, mais où va l’homme.
Il s’agit de savoir où nous allons, juchés sur le véhicule que nous avons-nous même construit, et sur lequel nous avons décidé de nous arrimer, et qui est la modernité. Une modernité « tardive », comme disait Friedrich Schiller, mais qui tarde en tout cas à se terminer. Elle se retourne sur elle-même pour mieux reprendre de l’élan, et ne cesse de détruire ses propres fondements : la croyance en l’homme, au progrès, en l’universalisme. La modernité, tardive ou hyper, est une machine en apparence folle. Mais est-elle si folle ? Elle a sa logique. Elle est en fait autophage.
Dans les lignes qui suivent, nous serons moins dans la digestion, c’est-à- dire la paraphrase, que dans l’inclusion, c’est à dire le commentaire, que Rémi Brague qualifie comme « le modèle européen de l’appropriation culturelle ».
L’entretien avec Rémi Brague porte sur l’esprit de notre temps. Il déroule la question : pouvons-nous continuer l’homme si nous ne croyons plus en l’homme ? En d’autres termes, si nous ne savons plus quelle est la place que nous avons à tenir sur terre, si nous ne croyons plus à notre part de responsabilité, si notre présence au monde ne relève plus que du ludique, à quoi bon poursuivre l’homme ? On objectera que, justement, les hommes sont de plus en plus nombreux. Mais l’humanité est par là même de plus en plus fragile, et de plus en plus menacée de perdre son humanité.
Il y a de plus en plus d’hommes ? Mais ne seront-ils pas de moins en moins humains ? On peut appeler cela « oubli de l’être ». Il ne s’agit pas d’un énième « c’était mieux avant » ou de quelque chose comme « l’oubli de son parapluie », comme dit plaisamment R. Brague. Il s’agit de l’oubli de ce que l’être peut manifester. De ce qu’il peut dévoiler. D’abord lui-même. La question est : qu’est-ce que nous avons oublié ? Et nous pouvons déjà avancer quelques éléments de réponse. Que l’historicité de l’homme n’est pas seulement le « tout passe ». Qu’il y a des permanences, celles que les religions et les philosophies explorent, chacune à leur façon.
Pour comprendre la place de l’homme dans le monde, il faut tenter de comprendre le sens de l’histoire humaine. « Le sens de l’histoire » est le titre d’un livre de Nicolas Berdiaev. Cela ne veut pas dire que l’histoire n’a qu’une direction mais cela signifie qu’elle n’est pas absurde, insensée. Il nous arrive ce qui nous ressemble. Comprendre le sens de l’histoire nécessite de comprendre l’histoire de la pensée. Rémi Brague souligne que nous avons longtemps sous-estimé intellectuellement le Moyen Age. Nous sommes passés des Antiques aux Renaissants, directement. Or, comprendre la pensée nécessite de comprendre le moment central du Moyen Age. Au moins dix siècles. Car, comme le remarquait Etienne Gilson, la Renaissance est toute entière dans la continuité du Moyen Age. C’est « le Moyen Age sans Dieu », disait encore Gilson. Ce qui, à la manière de Hegel, doit, du reste, être compris non comme un manque mais comme l’intégration d’une négativité.
Justement, sans Dieu, comment fonder la morale ? « Que dois-je faire ? » s’interroge Rémi Brague à la suite de Kant. L’idée du « bien faisable », idée d’Aristote, suffit pour cela. Mais comment hisser les hommes au niveau nécessaire pour que l’humanité ait un sens ? En d’autres termes, la morale n’est pas qu’une question de pratique. Il est besoin de ce que Kant appelait une raison pure pratique. Sa forme moderne pourrait sans doute être définie comme une esthétique de la morale, telle qu’on la trouva chez Nietzsche, ou encore, très récemment, avec Dominique Venner.
Pour cela, c’est l’idée platonicienne du Bien (difficile ici d’éviter la majuscule) qui est nécessaire. Cette idée du Bien rejoint celle du Vrai, du Beau et celle de l’Un : c’est la convertibilité des transcendances, expliquée par Philippe Le Chancelier et d’autres théologiens du Moyen Age. C’est leur équivalence, qui n’est pas leur identité mais est leur correspondance (l’analogie avec les correspondances de métro serait ici à la fois triviale et parfaitement adaptée). Le Bien, le Beau, le Vrai sont différentes formes d’une même hypostase, telle est l’idée néo-platonicienne que l’on trouve chez Flavius Saloustios, un des « intellectuels d’État » de Julien l’Apostat, le rénovateur du paganisme. N’ayant précisément pas eu lieu durablement, la restauration du paganisme laisse dissociés le beau, le vrai, le bien (ou encore le bon). D’où un malaise dans l’homme.
On rencontre parfois l’idée que la genèse de la modernité vient, avec Copernic, de la fin de la position centrale de l’homme. Ce n’est pourtant pas la même chose que la fin du géocentrisme et la fin de l’anthropocentrisme. Mais Brague soutient qu’il n’y a pas eu de fin de l’anthropocentrisme car il n’y avait pas d’anthropocentrisme. L’homme antique ne se voyait pas dans une position centrale, mais au sein d’un système du vivant. Voilà la thèse de Brague.
Est-ce si sûr ? « Mais que l’homme soit un animal politique à un plus haut degré qu’une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l’état grégaire, cela est évident. La nature en effet, selon nous, ne fait rien en vain, et l’homme de tous les animaux possède la parole. Or tandis que la voix sert à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce motif aux autres animaux également (car leur nature va jusqu’à éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours sert à exprimer l’utile et le nuisible et, par suite aussi le juste et l’injuste. Car c’est le caractère propre de l’homme par rapport aux autres animaux, d’être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, et des autres notions morales, et c’est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité » (Politiques I, 2).
A partir d’Aristote, n’y a-t- il pas anthropocentrisme même si l’homme n’est pas en surplomb, même s’il ne lui est pas demandé d’agir « comme maître et possesseur de la nature », comme régisseur du vivant, mais bien plutôt de le ménager, d’en prendre soin ? (le christianisme de François d’Assise ne sera d’ailleurs pas loin de cette vision). L’anthropocentrisme n’est pas la dévoration du monde par l’homme, tant que la modernité ne se déchaîne pas. Tant qu’elle reste « modérément moderne ».
Le contraire de l’anthropocentrisme, c’est l’homme dans le flux du vivant. Nous sommes d’ailleurs revenus à cela avec Michel Foucault et la fin de la sacralisation de l’homme et de sa centralité. Le paradoxe est que nous sommes dans une société du contrat au moment où notre sociologie et le structuralisme tardif nous expliquent que le sujet n’en est pas vraiment un et que, somme toute, l’homme n’existe pas mais est « agi » par des forces et structures qui le dépassent. Dès lors, nous quittons la modernité classique pour autre chose. Ce que met à mal la culture post-moderne (ne faudrait-il pas plutôt parler d’idéologie, terme nullement dépréciateur dureste ?) c’est, nous dit Rémi Brague, trois choses : l’historicité, la subjectivité de l’homme, la vérité.
Nous avons aboli le monde vrai et la distinction entre vrai et faux, nous avons aboli le sujet et nous avons aboli le propre de l’homme qui est d’être un être historique. En d’autres termes, « l’homme est mort » – et pas seulement « Dieu est mort » (ce que Nietzsche constatait avec déploration, craignant que nous ne soyons pas à la hauteur du défi)). Dieu est mort et l’homme est mort. Et l’un est peut-être la conséquence de l’autre, suggèreRémi Brague. La sociobiologie a pris la place de l’histoire, la sociologie a pris la place du sujet (« les sciences humaines naturalisent l’histoire » explique Brague), la sophistique postmoderne a pris la place de la vérité, ou tout du moins de sa recherche. Les Anciens (on est Anciens jusqu’à la Révolution française, hantée elle-même par l’Antiquité) voulaient améliorer l’homme. Nous voulons maintenant le changer. Nous oscillons entre le rêve transhumaniste, qui n’est autre qu’un posthumanisme, et une postmodernité liquide qui relève d’un pur vitalisme dont l’une des formes fut, disons-le sans tomber dans le point Godwin ou reductio ad hitlerum, le national-socialisme. ( comme le montre très bien la confrontation des textes de Werner Best, doctrinaire nazi du droit, et de Carl Schmitt, in Carl Schmitt, Guerre discriminatoire et logique des grands espaces, éditions Krisis, 2011, préface de Danilo Zolo, notes et commentaires de Günter Maschke, traduction de François Poncet. On y voit que Best critique Schmitt au nom d’un vitalisme que Schmitt refuse d’adopter. Dont acte. Face à ce double risque de liquéfaction ou de fuite en avant transhumaniste, Rémi Brague rappelle le besoin de fondements qui nomme métaphysiques mais qui ne viennent pas forcément « après » la physique, dans la mesure où ils donnent sens àl’horizon même du monde physique. Rémi Brague appelle cela des « ancres dans le ciel » (titre d’un de ses précédents ouvrages).
L’image est belle. Elle contient par la même une vérité. Elle va au-delà de la révélation chrétienne, qui peut sans doute en être une des formes. Mais certainement pas la seule. Heidegger parlait de « marcher à l’étoile ». Une autre façon d’avoir une ancre dans le ciel.
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Le problème d’une société qui prône la transparence n’est pas seulement qu’elle bannit toute vie privée, mais qu’elle encourage le bourgeois à dévoiler impudiquement sa transparente existence intérieure.
[Cet article est paru initialement dans le troisième numéro de la revue Limite]
Nous savons, depuis la publication de La France contre les robots en 1947, que la civilisation moderne est une « conspiration contre toute espèce de vie intérieure ». Mais ce que Georges Bernanos n’a pas eu le temps d’observer, c’est l’inversion, le retournement – qu’il n’aurait pas hésité à qualifier de satanique – de la vie intérieure en exhibition. Car il y a une haine du moderne pour le secret. À raison : l’immatériel est son contraire et le spirituel son ennemi héréditaire. Comment dès lors avoir prise sur ce qui, par définition, lui échappe ? La réponse est toute trouvée : externaliser, si l’on peut dire, la vie intérieure, la retourner comme un gant pour la rendre perméable aux injonctions de la société technicienne.
Aujourd’hui, la vie intérieure, pour assurer son salut, ne doit plus seulement faire face à la forme primitive de la civilisation des machines – c’est-à-dire sa négation même – mais à sa forme raffinée. L’ultime ruse du monde moderne consiste à singer le sentiment, à faire croire qu’il existe toujours là où il a disparu depuis bien longtemps. Faux émois sur les réseaux sociaux, mises en scène compassionnelles dans les médias, disparition progressive du surmoi chez les individus… Le nouvel impératif est le suivant : « Exprimez vos sentiments ! » Les exprimer à défaut de les éprouver bien entendu. La vie intérieure n’est plus valorisée que sous une forme paradoxale. Alors que la beauté du sentiment résidait précisément dans le secret – soustrait au regard d’autrui, il renvoyait à la vie de l’âme et au mystère de l’esprit – il est désormais livré en pâture. La tromperie moderne consiste à faire croire que le sentiment a plus de valeur parce qu’il est livré. Pire, le seul sentiment valable – réel – serait le sentiment partagé.
Or, éprouver un sentiment n’implique pas qu’il faille l’exprimer et exprimer un sentiment n’implique pas qu’on l’éprouve. Les Anciens avaient bien compris que l’être véritable était voilé. Leur ontologie fonctionnait sur le mode du dévoilement. Par conséquent, le voilé était condition de possibilité du dévoilé, l’inconnu était condition de possibilité du connu. Appliquons ce schéma à la vie intérieure et faisons l’apologie du secret ! Pas de sentiment véritable qui ne soit au préalable caché, pas de sentiment véritable s’il est d’abord exprimé. Les pleureuses qui sévissent sur les réseaux sociaux s’apitoient sur la toile avant de se demander si cela vaut la peine de verser de vraies larmes. Les indignés sur commande le sont-ils toujours quand les caméras de télévision disparaissent ? Le subterfuge des machines fonctionne à la perfection : les robots sont devenus le réceptacle de nos sentiments qu’ils vident de leur teneur en même temps qu’ils les laissent se déverser.
La noblesse de la dissimulation
Cela ne veut pas dire que l’expression des sentiments conduise nécessairement à l’inauthenticité. Il est, par exemple, possible d’exprimer un sentiment malgré soi. En effet, le corps peut trahir la vie intérieure quand la joie ou la tristesse produisent des larmes. Cette faille n’est pas en soi un danger, elle ne fait que rappeler l’union intime de l’âme et du corps. Autre cas : lorsque la personne en question fait le choix de se confier. La confidence implique une extension du secret et non sa négation. Dans la confidence, je livre mon secret en tant que tel dans le cadre d’une relation de confiance. Dès lors, j’entends bien que mon secret en reste un. À l’inverse, le sentiment qui s’exhibe sur la place publique est suspect. Plus précisément, c’est sa sincérité qui devient, à juste titre, suspecte. Qu’est-ce qu’un sentiment qui se montre à la vue de tous ? Un sentiment qui est confié sans confident ? La vie intérieure, malgré les exceptions évoquées ci-dessus, implique qu’elle ne soit accessible qu’à celui qui l’éprouve.
Face à la hideur morale de l’exhibition, il est urgent de revaloriser la noblesse de la dissimulation. La souffrance intérieure est la plus belle car elle implique un courage. Il y a une lâcheté dans l’exhibition, une volonté de se délester d’un poids. Mais surtout un mensonge : volonté de montrer qu’on éprouve des sentiments alors qu’ils sont marqués du sceau de l’inauthenticité. Ne pas confondre la faiblesse de celui qui flanche et la laideur de celui qui se répand. La civilisation des machines encourage la transparence et en fait une vertu morale, elle confond à dessein le sentiment et le sentimentalisme – une manière détournée de poursuivre son sinistre objectif. Car, dans la société technicienne, ce qui est exhibé est aussitôt détruit.
Un autre écrivain, Léon Bloy, critiquait le stéréotype bourgeois de l’honnêteté. Qu’est-ce qu’un honnête homme ? Un hypocrite qui prétend n’avoir rien à cacher. Or nous avons tenté de montrer que le secret était la condition de possibilité de la vie intérieure, car les vivants ont tous quelque chose à cacher. En cela, le bourgeois est déjà mort au-dedans. Et la mort de la vie intérieure équivaut à la mort physique, la surpasse même. Voici venu le temps des zombies, des robots, dirait Bernanos.
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von Holger Schnepf
Ex: http://younggerman.de
Wenn etwas in der eigenen Zivilisation so richtig schief läuft, wie bei uns in der Westlichen Kultur, dann lohnt ein Blick aus einer höheren Warte, dass man einmal inne hält und versucht, einen neuen Blickwinkel zu finden. Zu leicht verliert man sich im Kleinen, in den Niederungen der politischen Programme, im Gefeilsche um 3% mehr dort oder 2% weniger hier. Die Westliche Welt ist in einer grundlegenden Krise, und die Zeichen sind in den USA ähnlich zu sehen, wie in den westeuropäischen Staaten. Daher Westliche Welt: schon Osteuropa tickt in vielem ganz anders.
Manch einen mag die Vorstellung, historische Wurzeln und philosophische Ansätze heranzuziehen, um die gegenwärtige Krise zu verstehen, erst einmal irritieren. Die Realität aber ist, dass unser ganzes Denken auf eine sehr grundlegende Weise nicht Zufall ist, sondern in der Tat das Resultat von Jahrtausenden der Zivilisations-Geschichte. Geschichte ist unsere zweite Haut, unser zweites Ich. Es durchdringt unser Fühlen, aber wir sind uns dessen nicht bewusst. Und darin ist jedes Volk ebenso eigen wie jeder Kulturkreis. Es ist eben ein Irrtum der Linksgrünen zu glauben, es seien „nur“ kulturelle Unterschiede, welche in Europa oder in der Migrationskrise zu bewältigen seien; als sei Kultur etwas, das man leicht hinter sich lässt.
Die meisten haben so leider nur eine vage Vorstellung davon, wie stark uns historische Entwicklungen und bestimmte Philosophien beeinflussen. Zwei Beispiele.
Die Deutschen sind schon immer ein Volk in der Mitte Europas, eingekreist von anderen Völkern und Nationen. Die lange, verheerende Invasion deutscher Staaten im 30jährigen Krieg (1618 – 1648), bei der in manchen Gegenden bis zu 90% der Menschen getötet wurden und eine ungeheure gewaltsame Verrohung herrschte, hinterließ ein tiefes Trauma, dass die Deutschen kollektiv bis ins 20. Jahrhundert beherrschte, es prägte das politische Handeln und Tiefenempfinden der Deutschen: nie wieder so schwach, so zerstritten und isoliert sein, dass sich dieses Trauma der Invasion von allen Seiten, die totale Verwüstung, wiederholt. Der ganze deutsche Militarismus entstand als Folge dieses Traumas, und dominierte 400 Jahre deutscher Geschichte.
Unser philosophisches Erbe aber ist der Individualismus. Wie stark uns das von allen anderen Kulturen der Welt unterscheidet, ist den meisten Europäern kaum bewusst. Dass wir Dinge vom Individuum her denken, scheint uns ganz normal, ganz selbstverständlich. Wenn man Menschen in außer-europäischen Kulturen fragt, was uns Europäer kennzeichnet, wird man dies unisono hören: euer Individualismus. Und meist ist der Tonfall dabei nicht, als würde das beneidet. Für die Asiatischen Kulturen ist der westliche Individualismus ein Irrweg, eine Art Marotte, wie sie trotzige kleine Kinder haben. Der Grund für diesen zunächst etwas überheblich klingenden Blick ist wiederum die Geschichte.
Europas zersplitterte Geschichte
Europa kannte nur eine Zivilisation in seiner Geschichte, das Römische Reich, und dieses Projekt ein geeintes Europa zu schaffen, ging komplett unter. Was danach folgte, waren über 1000 Jahre Finsternis, das Mittelalter; eine Zeit deren Herrscher nüchtern betrachtet kaum mehr als Raubritter waren, bar aller Gelehrsamkeit und ewig im Krieg mit sich selbst. Eine stagnierende Epoche. In Asien verlief die Geschichte komplett anders. Wenn man sich die Weltkarte ansieht, wird man bemerken, dass China den Löwenanteil der Landmasse ausmacht. Dabei ist es ein Irrtum, China als einen Nationalstaat wie Deutschland oder Frankreich, nur in groß zu sehen. China war von Anfang an ein Vielvölkerstaat, ähnlich wie später Russland, mit einer dominierenden Ethnie: den Han-Chinesen. Auf diese Weise kann ein großes Reich funktionieren, wenn es eine Leit-Kultur und Leit-Ethnie gibt. In Russland sind das die Russen, in China die Han-Chinesen. Der Versuch, mit einer Römischen Leitkultur Europa zu einen, ging dagegen in die Binsen. So stehen wir heute als gespaltene Völkergruppen da, mit 1500 Jahren getrennter Geschichte.
Neben dem historischen Aspekt möchte ich aber hier vor allem den Philosophischen betrachten. Für uns Westler ist die westliche Philosophie, welche die politischen Ideale des Westens prägte, der Mittelpunkt der Welt, quasi das einzig Gültige. Mit Sokrates, Plato und Aristoteles fing das an, die beiden großen, prägenden Gedanken: Von Plato kam der Universalismus, von Aristoteles die Logik.
Universalismus das ist, dass wir dauernd all-gültige abstrakte Werte suchen. Etwas muss an sich richtig sein. Wir kennen das von Kants Kategorischem Imperativ: Handle stets so, dass dein Handeln Maxime für alle sein kann. Das ist Platonische Ideenlehre in modernere Begriffe gekleidet. Es ist die typische westliche Vorstellung, es müsse abstrakte Ideen und Gedankengebilde geben, die an sich, a priori richtig und wahr sind. Wir können uns kein relatives Gutes vorstellen. Schon das ist schwer zu begreifen. Ich will ein Beispiel geben. Das Gegenteil von Universalismus ist Partikularismus, also ein Gutes für eine begrenzte Gruppe. Zum Beispiel Tribalismus, eine Stammes-Moral. Ein Mensch, der statt einem Universalismus einem Tribalismus anhängt, für den würde nur das Wohl des eigenen Stammes gelten. Regeln, Gesetze, Gut und Böse, das gibt es im Tribalismus nur innerhalb des eigenen Stammes. Nur die eigenen Leute muss man recht und gut behandeln. Weite Teile Afrikas und Arabiens werden noch immer im Wesentlichen durch eine Stammesmoral beherrscht. Für sie gibt es kein abstraktes Gutes. Der Gedanke scheint uns so selbstverständlich, dass das Gute etwas universelles sein sollte, dass immer und allen gegenüber auf gleiche Weise gilt. Menschenrechte zum Beispiel. Die hat jeder Mensch. Das ist aber ein typisch westliches Denken.
Von Aristoteles kommt die Logik, und daraus erwuchs der Individualismus. Der Einzelne entscheidet was richtig ist, nur aufgrund von Rationalität, also von der Frage ist es für mich richtig. Das hat sich erheblich ausgewirkt. Richtig in Fahrt kam das mit Martin Luther. Er wollte sich nicht mit biblischen Deutungen der Obrigkeit zufrieden geben, er wollte sich seine eigene Meinung bilden, er wollte, dass die Bibel alle in ihrer eigenen Sprache lesen können, so dass jeder durch eigene Überlegung entscheidet, wie er die Bibel deutet. Für uns scheint das heute ganz normal, auch in Fragen jenseits der Bibel. Für die Zeit des späten Mittelalters war dies ein Affront, eine Ungeheuerlichkeit, dass ein Einzelner sich anmaßte aufgrund seines eigenen Verstandes zu urteilen. Damit ist die ganze Entwicklung zur Individualität in Europa losgetreten.
Ich musste hier so weit ausholen, damit man versteht, dass unser Denken, politisch und philosophisch, eben uns ganz eigen ist. Das Problem ist, wenn ich so sagen darf, dass uns heute diese Vergötterung des Individuums, das Genick bricht. Man hat eine an sich gute Idee, die Freiheit des Einzelnen, so weit ins Extrem getrieben, dass es heute keinen Zusammenhalt mehr gibt, jeder ist ein Einzelkämpfer, die Zahl der Singles und Alleinerziehenden explodiert, damit einhergehend fallen die Geburtenraten. Auch der Sozialstaat ist überfordert, als eine Folge: früher gab es Großfamilien, die einen Großteil der sozialen Aufgaben übernahmen. Man musste weder Kindergärten finanzieren, weil Mütter die Kinder aufzogen, noch Seniorenheime, da die Familie die Eltern pflegte. Je vereinzelter die Menschen sind, desto teurer wird es für den Staat. Man sehe sich zum Unterschied eine türkische oder arabische Familie an: hier wird keiner, der arbeitslos wird, hängen gelassen: man findet eine kleine Arbeit im Laden eines Familienangehörigen oder Bekannten. Man hat Netzwerke, in die man sich einfügt und die einen auffangen. Was wiederum ein Hemmnis der Integration ist – man hat Sicherheit in der Sippe, kaum einer, der diese Sicherheit im Familienclan und der eigenen Ethnie hat, will als Araber oder Türke in die Hyper-Individualisierte Vereinzelung und Einsamkeit der westlichen Menschen fallen.
Die Lehre von Konfuzius
Wenn man Menschen heute von chinesischer Philosophie erzählt und was wir davon lernen können, so muss man oft erst dumme Klischees beseitigen. Der witzige Chinese, der dümmlich lispelt, der Zwang zum immer Lächeln und das Gesicht wahren, die Idee lächerlicher Kalender-Sprüche. Das ist ein Zerrbild wie das vom Deutschen in Lederhose. Keiner bestimmte das Denken ganz Asiens so sehr, wie Konfuzius. Seine Ideen und Vorstellungen haben den ganzen kulturellen Raum Asiens tief geprägt. Es gibt im Westen gar keine einzelne Person, die unser westliches Denken so im Alleingang geprägt hat, wie Konfuzius das Denken Asiens.
Konfuzius lebte zwischen 551 und 479 v. Chr. In einer Zeit, da China gespalten und tief zerstritten war, da allgemein ein Verfall von Sitten und eine starke Verrohung der Menschen herrschte. Er versuchte die Frage zu beantworten, wie dies kommen konnte, und wie man dem abhelfen konnte. Dabei standen für ihn keine hochtrabenden politischen Programme im Vordergrund, sondern ethische und philosophische Grundlagen. Für Konfuzius waren dies fünf Punkte, die alle aus einer Grunderkenntnis heraus entstanden.
Die Grunderkenntnis von Konfuzius war, dass nur in einer richtigen gesellschaftlichen Ordnung ein gutes Leben in Ethik und sinnhaften Handeln möglich ist. Das ist quasi eine auf den Kopf Stellung gegenüber dem westlichen Denken: für uns scheint das Gute immer aus dem Einzelnen zu kommen. Für Konfuzius dagegen entspringt Freiheit nur aus einer rechten Ordnung. „In einer gerechten Gesellschaft, ist es eine Schande arm zu sein; in einer ungerechten Gesellschaft, ist es eine Schande, reich zu sein.“ Das ist ein Ausspruch, der sein Denken kennzeichnet. Das Gerechte, das Gute und die Entfaltung hängen von der ganzen Ordnung ab, die die Menschen umgibt. Für Konfuzius aber waren die Regeln, die Ordnung, kein Selbstzweck, und schon gar kein Zwang, der einem von der Obrigkeit erteilt wurde, sondern etwas wie Spielregeln: alle einigen sich darauf, weil nur so ein sinnvolles Handeln möglich wird. Es ist ein gemeinschaftlicher Akt der Einsicht.
Fünf Lehren
Die fünf Pfeiler auf denen sich diese Ordnung gründet sind Menschlichkeit, Gerechtigkeit, Pietät, Sitten und Bildung. Für Konfuzius ist der Kern aller menschlichen Ordnung die Familie. Sie ist die Keimzelle der Gesellschaft, innerhalb der Familie lernt der Mensch alle notwendigen sittlichen und emotionalen Fähigkeiten. Sie, und nicht das Individuum, machen den Kern der konfuzianischen Lehre aus. Daher haben bis heute in Asien die Familienclans und familiäre Gemeinschaften die überragende Bedeutung; das Individuum entfaltet sich nur im Einklang mit dieser.
Das Li Gi, ein konfuzianisches Grundlagenwerk, beschreibt diesen Gedanken so:
„Die Familienordnung als Grundlage der Menschheitsordnung: Die Liebe leitet sich von den Eltern her und stuft sich ab nach oben hin bis zum Urahn des Geschlechts. Die Pflicht leitet sich von den Urahnen her und steigert sich nach unten hin bis zum heimgegangenen Vater. So ist der Weg des Menschen die Liebe zu den Nächsten.
Die Liebe zu den Nächsten führt zur Verehrung der Ahnen; die Verehrung der Ahnen führt zur Achtung vor den näheren Vorfahren; die Achtung vor den Vorfahren führt zum Zusammenhalt des Stammes; der Zusammenhalt des Stammes führt zur Heilighaltung des Ahnentempels; die Heilighaltung des Ahnentempels führt zum Wichtignehmen der Landessitten; das Wichtignehmen der Landessitten führt zur Liebe zum Volk.
Die Liebe zum Volk führt dazu, dass die Strafen gerecht werden; sind die Strafen gerecht, so leben die Leute in Sicherheit; leben die Leute in Sicherheit, so sind genügend Güter da; sind genügend Güter da, so kann man alle seine Absichten verwirklichen; kann man seine Absichten verwirklichen, so nehmen die Traditionen und Sitten feste Formen an. Haben Traditionen und Sitten feste Formen, so folgt die Freude.“
Der Einzelne lernt die moralischen Qualitäten in der Familie. Die Liebe und Leitung der Eltern ist das Vorbild für eine gerechte Staatsführung: der ideale Herrscher leitet das Volk wie Eltern ihre Kinder: mit Liebe, Gerechtigkeit und klaren Regeln. Die Liebe zu anderen lernen Menschen hier überhaupt nur als Ableitung aus der familiären Erfahrung. Dies ist verwurzelt in einer festen ethnischen und regionalen Bindung. Ein Mensch sieht sich nicht als eine zufällige einzelne Erscheinung, sondern als Erbe seiner Ahnen, die die Region, das Land und die Kultur aufbauten. Diesen schuldet er alles, was er hat, wie er selbst ein Ahne wird, und das weitergibt, was er empfing. Es ist höchste Verpflichtung für ihn, die Bewahrung und Weiterentwicklung.
Im Kern steht, anders als der Konfuzianismus im Westen manchmal wahrgenommen wird, keine autoritäre Härte, sondern die Menschlichkeit. Sie macht den Kern der Lehre aus. Ohne dieses Verlangen nach Menschlichkeit wäre die Philosophie in der Tat nur eine hohle Sittenlehre. Und gerade das war nicht die Absicht. Wie sich diese definiert, zeigt wiederum das Li Gi auf:
„Die Sittsamkeit verlangt, dass man zu den Vornehmen ehrerbietig ist, zu den Alten ehrfürchtig, zu den Kleinen liebevoll, zu den Jugendlichen freundschaftlich, zu den Geringen gnädig ist; das ist Sittsamkeit. Heute aber sind die Menschen gegen die Oberen aufsässig, die Unteren werden in Not gebracht, das Rechte wird missachtet und man setzt sich mit Gewalt durch.“
Konfuzius waren Gewalt und Unterdrückung zutiefst zuwider, und ein klares Kennzeichen einer Gesellschaft, die im Ganzen den Weg verloren hat. Konfuzius wollte Menschen sanft auf den richtigen Weg führen, durch Vorbild und Bildung. Er betont dies immer wieder. „Der Edle kennt keinen Streit.“ Und: „Irrlehren angreifen, das schadet nur.“
Damit überall Menschlichkeit walten kann, muss Gerechtigkeit bestehen, d.h. eine unparteiische Ordnung, in welcher die Guten hoch kommen und die Ungerechten nieder gehalten werden, also in dem nicht Gauner und Betrüger nach Oben kommen. Wenn oben die Sitten verfallen, so verfallen sie am Ende auch unten. Das ist für uns im Westen eine seltsame Sicht. Nur wenige kämen auf den Gedanken, die private Lebensführung unserer Politiker zu hinterfragen. Dass viele sich mehrfach scheiden lassen, im Privaten unleidliche und niedere Typen sind, das interessiert uns wenig; wir schauen nur nach den politischen Programmen. Damit aber setzt der Verfall ein, weil Menschen immer die ihnen oberen imitieren. Das Beispiel von oben, eben auch das Schlechte, setzt sich im Volk fort.
Konfuzius geht es nicht um eine abstrakt definierte Moral, sondern um eine individuelle, durch persönliches Beispiel gelebte Sittlichkeit. Er lehrte nicht durch logische Erklärungen, sondern Umschreibungen. „Als der Stall niederbrannte und Konfuzius zurück kehrte, fragte er: ‚Wurde jemand verletzt?‘ Er fragte nicht nach den Pferden.“ Dieses berühmte Zitat beleuchtet die Lehrweise Konfuzius und wie er Menschlichkeit definiert. Er sorgt sich nicht um den Besitz – die Pferde. Aber er sagt es nicht direkt, das Gleichnis umschreibt es nur. Es ist eben kein Kantianischer Imperativ, sondern eine Ermutigung zum persönlichen Vorbild. Von ihm stammt die berühmte Goldene Regel: „Füge anderen nicht zu, was du nicht willst, dass dir zugefügt wird.“ Dabei steht der Konfuzianismus zwischen den Extremen des Universalismus und Tribalismus. Es gibt eine Moral, eben die Menschlichkeit, die man allen Menschen gegenüber walten lässt; dennoch ist das Verhältnis der Einzelnen zueinander wichtig. Man verhält sich den Obigen gegenüber mit Respekt, den Unteren gegenüber mit Milde. Die Eltern leiten die Kinder mit Strenge und Güte, die Kinder achten die Eltern mit Respekt. Dies setzt sich in allen Bereichen fort: es gibt eben keine Gleichheit, aus der die Moral entspringt, sondern was sittlich ist, bestimmt das Verhältnis der Menschen, wie sie zueinander stehen. Damit wird die gesellschaftliche Ordnung aufrecht erhalten. Die Rollen der Menschen sind eben unterschiedlich, und das Urbild dazu ist die Familie. Der Vater als Beschützer und Leiter, die Mutter als nährend und umsorgend, die Kinder folgsam und respektvoll. Auch die Rollen von Mann und Frau können nicht die gleichen sein, sie sind Abbilder von Yin und Yang, dem männlichen Himmelsprinzip und dem weiblichen der Erde: der Himmel beleuchtet und überwölbt, die Erde trägt und nährt. Es ist keine Unfreiheit, keine Ungleichheit der Würde, aber es sind sich ergänzende Rollen, wie eben im Yin-Yang Symbol: zwei Teile deren gegensätzliche Rollen einander zu einem Ganzen ergänzen, da sie sich ihren natürlichen Anlagen entsprechend einbringen. Ethik von der Familie als Kern aus zu denken, ist die Balance zwischen Universalismus und Tribalismus. Die Familie steht einem näher als alle anderen, ihr ist man zuhöchst verpflichtet, danach kommt die eigene Region, und dann die Nation, der Staat, und erst danach die Menschheit als Ganzes. Es ist aber auch kein Tribalismus, in dem nur dem eigenen Stamm moralische Pflicht gilt. Die Menschlichkeit und Gerechtigkeit gelten gegen alle, aber die moralische Pflicht ist vom inneren Kreise, von der Familie ausgehend, abgestuft. Dem Eigenen gilt die höhere Pflicht als dem Fremden.
Im Kern muss aber die Sanftheit, die Menschlichkeit stehen, sie darf kein Zwang, keine Gewalt sein. Als Konfuzius Richter war und ein Vater seinen Sohn verklagt, weil dieser ihm ungehorsam war, sperrte er einige Zeit beide ein, da er sagte, durch seine Härte habe auch der Vater seine Pflicht, seinen Sohn weise und gerecht zu leiten, missachtet. Bei Menzius, dem Schüler Konfuzius wird dies auch auf die Politik ausgedehnt: eine Regierung verliert ihr „Mandat des Himmels“, wenn sie gegen das Wohl des Volkes handelt. Es ist bei aller Betonung von Respekt und Sittlichkeit kein einseitiges Vorrecht der Oberen, sondern eine auf Gegenseitigkeit beruhende Ordnung. Die Pflicht der Oberen ist Vorbild zu sein auch in der privaten Lebensführung, sonst hört sie auf wahre Obrigkeit zu sein und wird Tyrann.
Pietät, Sitte und Bildung
Das dritte Standbein der Philosophie macht die Pietät aus. Das meint durchaus eine religiöse Komponente. Auch wenn China keine Religion im Sinne fest stehender Dogmen kennt und eine eher sanfte Religiosität übt, war für Konfuzius die Religion wichtig. „Ein Mensch ohne Glauben ist wie ein Wagen ohne Joch und Deichsel: wie soll der voran kommen?“ Die religiöse Pietät wurzelt im Chinesischen wie in allen heidnischen Religionen, in der Verehrung der Ahnen. In jedem Haushalt ist ein Ahnenschrein, vor ihm finden die täglichen Andachten statt. Man ist mit den eigenen Ahnen verbunden, eine in fast allen vor-Christlichen Religionen verbreitete Vorstellung. Ahnen und Götter sind etwas in der Küche, im Haushalt, etwas Persönliches und kein ferner, abstrakter Gott auf einem Thron. Das ist eine nahe, weltliche und persönliche Religiosität. Wohl gibt es auch Hohe Gottheiten, den Himmel und die Erde, der wichtige Bezug aber sind die eigenen Ahnen, die aufgestiegen sind, in deren Reihe man sich verpflichtet fühlt. Das Gefühl der Verbundenheit umfasst so die Lebenden in der Familie, ebenso wie die Verstorbenen. Man verliert das Band der eigenen Geschichte nicht, weil es jeden Tag in der pietätvollen Andacht ins Gedächtnis gerufen wird.
Pietät ist ein sich zurück nehmen, man sieht sich als Teil eines größeren Ganzen, eines Erbes, das einen verpflichtet, und das man würdig weiter gibt. Das ist ein ganz anderes Bewusstsein, als der Individualismus des Westens, in dem jeder Einzelne als „seines Glückes Schmied“ angesehen wird, und die Einzelleistung gegenüber der Sippe, der Gemeinschaft, den Vorrang hat. So nehmen wir immer die Geschichte als eine Aneinanderreihung einzelner „Genies“ war, als ob diese quasi aus dem Nichts sich selbst erschaffen hätten und ihren Status niemand anders, keinem Vorangegangenen schulden würden. Mit entsprechendem Leichtsinn wird denn auch heute das Alte zerschlagen. Es gibt keinen Respekt für das Gewachsene. Konfuzius betont die Bedeutung des Gewachsenen immer wieder. Geduld und Selbstbeherrschung, seine Zeit abwarten, nichts Erzwingen, sich im Einklang mit dem natürlichen Wandel bewegen, das sind in ganz Asien herausragende Vorstellungen.
In Japan gibt es das Sprichwort, der Nagel der herausragt, wird eingeschlagen. Was für uns Individualisten erst einmal grausam klingt, kann man auch ganz anders sehen. Ich hatte die Gelegenheit, zweimal nach Japan zu reisen. Meine Erwartungen waren ähnlich wie die vieler Westler: eine Kultur erzwungener, falscher Höflichkeit, die nur Maske sei. Die Doppelstadt Tokio – Yokohama ist ein gigantisches Menschengewusel, von einem Ausmaß, das man sich als Deutscher nicht vorstellen kann. Dennoch herrscht eine sehr große Ruhe in der Öffentlichkeit. Nie habe ich schreiende, tobende oder laute Kinder erlebt, nie zankende Menschen. Das Spannende ist: man fühlt sich durch diese allseits geltende Höflichkeit schnell extrem entspannt. Man wird selbst höflich und sanft, weil man weiß: niemand macht mir den Platz streitig, niemand motzt mich an, ich laufe nicht durch die Großstadt wie durch ein Kriegsgebiet. Die Wirkung ist enorm. Innerhalb kurzer Zeit verliert man die Abwehrhaltung, die gespannte Aufmerksamkeit, die man als Großstädter ansonsten erworben hat. Und nicht umsonst: Japan zählt zu den sichersten Ländern der Welt. Obwohl es Japan ist, dient es als Beispiel gut, weil man in Japan, mehr als im durch die kommunistische Revolution verdorbenen China, besser den Geist konfuzianischer Werte im Alltag erleben kann; sie prägen und dominieren ganz Asien.
Das ist was Sittlichkeit meint: ein sich zurücknehmen, aber keine Kriecherei. Konfuzius betont immer wieder, die Form wahren. Was uns als Zwang scheint, ist eigentlich ein Sicherungsmechanismus gegen ein Übermaß.
„Ehrerbietung ohne Einhaltung der Form wird zu Kriecherei. Vorsicht ohne Einhaltung der Form wird zu Ängstlichkeit. Mut ohne Einhaltung der Form wird zu Auflehnung. Aufrichtigkeit ohne Einhaltung der Form wird zu Grobheit.“
Dieses Konzept der Sittlichkeit ist eine Selbstbeherrschung, durch die man sich voreinander schützt, aber auch, durch das man sich selbst schützt, vor einem sinnlosen Übermaß, vor geistloser Kriecherei und Unterwürfigkeit, die Konfuzius Lehre eben gerade nicht ist. Der „Edle“ in der konfuzianischen Lehre ist kein Superkapitalist, der das Maximum an Profit für sich sucht, wie es das individualistische Ideal der westlichen Moderne darstellt, sondern er ist Teil seines Bezugsrahmens: der Familie, der Nachbarschaft und dem Staat. Diese verfällt von oben, wird aber von unten her erneuert. „Wenn du den Staat verbessern willst, musst du erst die Regionen verbessern. Wenn du die Regionen verbessern willst, musst du erst die Städte verbessern. Wenn du die Städte verbessern willst, musst du erst die Nachbarschaften verbessern. Wenn du die Nachbarschaften verbessern willst, musst du erst die Familie verbessern. Wenn du die Familie verbessern willst, verbessere erst dich selbst.“ Die Ethik geht in immer größeren Kreisen vom Kleinen aufwärts. Sie ist keine Schulmeisterei eines Obrigkeitsstaates.
Den fünften Grundpfeiler macht die Bildung, sie ist für Konfuzius Mittel und Selbstzweck zugleich. Unbildung war für ihn ein großer Fluch. „Ein Volk ohne Bildung in den Krieg führen, das heißt, es dem Untergang weihen.“ Hier kommen zwei Übel zusammen: ein ungebildetes Volk und eine Führung in Krieg und Gewalt: das kann nur schlecht ausgehen. Nur Bildung ermöglicht Verstehen, ermöglicht, seinen Platz und seinen Weg in der Gemeinschaft finden. Aber für Konfuzius, der sein Leben lang nicht den Erfolg seiner Lehre erlebte, war Bildung auch ein Trost, etwas um das man sich immer bemüht, um sein Wissen und seinen Charakter immer zu bessern. Für Konfuzius bezeichnet der Weg des Edlen Fleiß, Hingabe und immer wieder Selbstverbesserung, Lernen und Bildung erlangen. „Wer sich nie schämt, wie kann der sich bessern?“ Es ist diese Scham, die den Menschen heute abhanden gekommen ist im Westen. Man will sich nicht bessern, ja man kann sich gar nicht mehr bessern, weil keiner mehr ein rechtes Gefühl für die eigenen Unzulänglichkeiten hat. Jeder ist ein kleiner König, von Kindesbeinen an werden Menschen ermutigt, sich nicht zu ändern, dass alles was sie tun recht und billig sei. Wir wurden überschwemmt mit Ratgebern, die uns sagen, wir sind ok, egal wie wir sind, wir müssen alles akzeptieren und eine kritische Selbst-Befragung, die Notwendigkeit sich zu bessern, haben wir damit verloren. Es wurde den Menschen aberzogen sich zu schämen. Dumme, rohe, derbe Menschen werden uns überall vorgeführt, im Fernsehen, in der Politik ebenso. Es sind oben wie unten Menschen unfähig der Scham, eine schamlose Gesellschaft, die keinen Sinn für die eigenen Charakterschwächen mehr hat, die eigene Unbildung und Primitivität. „Die Alten hielten mit ihren Worten zurück, denn sie schämten sich, mit ihren Taten hinter ihren Worten zurück zu bleiben.“ Heute agieren die Leute im Westen genau umgekehrt: wer am lautesten Schreit und am größten angibt, der bekommt. Damit kommen die Dummen und die Primitiven nach oben.
Was uns die Perspektive Asiens und Konfuzius sagen könnte, damit ließe sich viel sagen. Mich erfüllt in der Betrachtung klar das Gefühl, dass wir auf eine ganz grundlegende Weise in die Irre gegangen sind, und dass es hier keine schnellen Lösungen gibt, sondern nur ein sehr geduldiges Aufbauen, oder erst einmal ein Bewahren für die Zeit des erneuten Aufbaus. Konfuzius glaubte in seiner Lebensaufgabe gescheitert zu sein; er erlebte das Ende der Zeit des Chaos nicht mehr, noch erlebte er, welch überragenden Einfluss seine Lehre in ganz Asien erreichen würde. Dennoch ließ er sich nicht verdrießen, sondern lehrte gelassen und heiter bis an sein Ende.
„Nicht, dass ich kein Amt erhalte, sollte mich betrüben, sondern dass ich nicht würdig sei, ein Amt zu erhalten.“
Einige gesammelte Aphorismen
Der Weise hat in seiner Einstellung zur Welt weder Vorlieben noch Vorurteile. Er ist auf der Seite des Rechts.
Dem Menschen, der der Menschlichkeit entbehrt, helfen keine frommen Gesten.
Geschickte Reden und eine zurechtgemachte Erscheinung sind selten Zeichen von Mitmenschlichkeit.
Der Weise ist friedliebend, aber er kennt keine Kompromisse. Der gewöhnliche Mensch macht Kompromisse, aber ist nie friedliebend.
Der Edle ist kein Gerät.
Gute Menschen machen die Schönheit eines Platzes aus. Wer die Wahl hat, und nicht unter guten Menschen wohnt, wie kann der weise genannt werden?
Der Gebildete richtet sein Streben auf die Wahrheit; aber wenn einer sich schlechter Kleidung und schlechter Nahrung schämt, der ist noch nicht reif, um mitzureden.
Wer sich selbst regiert, was sollte der Schwierigkeiten haben zu regieren? Wer sich nicht selbst regieren kann, was geht den die Regierung von anderen an?
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Conférence de Pierre-Yves Rougeyron pour la sortie de Perspectives Libres n°17 :
"Stasis - Penser le chaos"
00:05 Publié dans Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, philosophie politique, théorie politique, stasis, staséologie, chaos, chaos social, sciences politiques, politologie, pierre yves rougeyron, cercle aristote |
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Conférence de Baptiste Rapin au Cercle Aristote le 30 mai 2016
00:05 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-françois mattéi, philosophie |
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Les Vivants et les Dieux :
Relire Plotin avec Luc Brisson & Jean-François Pradeau
Depuis quelques années, entouré d’une équipe de spécialistes, Luc Brisson dirige en édition de poche une retraduction systématique et raisonnée de l’ensemble de l’œuvre de Plotin.Or, la pensée de Plotin est réputée pour son extrême subtilité et pour la façon dont il a su reprendre en les dialectisant les thèmes majeurs de la philosophie de Platon, d’Aristote et du stoïcisme. Créateur de ce fait d’un système parfaitement original qui allie la plus grande rigueur rationnelle à l’expérience extatique, Plotin a évidemment besoin d’être largement « débroussaillé » avant que l’on n’aille à sa rencontre.
Invité(s) : Luc Brisson. directeur de recherche en philosophie au CNRS - Jean-François Pradeau. maître de conférences à l’université de Paris-X Nanterre
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Par Johan Rivalland
Ex: http://www.contrepoints.org
À travers ce court essai, Mazarine Pingeot (fille de François Mitterrand, pour ceux qui l’ignoreraient), qui tire parti de sa propre expérience en la matière, sans toutefois se placer au centre du sujet, mais ne cherchant pas à l’éluder, aborde la question plus contemporaine que jamais de la transparence au sein de notre société.
Véritable mise en cause de l’idée de « transparence », cet essai est l’occasion pour elle de s’interroger sur « l’injonction de transparence » qui semble être émise de la part de tous ceux qui érigent cette requête en gage de progrès démocratique face à l’opacité des dictatures. Là où, par ses excès, elle y voit au contraire une attaque contre la démocratie.
Le problème central est ici la dérive moralisatrice à laquelle une idée qui pouvait apparaître saine a mené, là où la loi existe et pouvait ou devrait suffire, sans que la morale soit en définitive utilisée comme une arme, menant de manière insidieuse à une forme de dictature dont elle s’attache à montrer les ressorts.
La question posée est celle de la protection de l’intimité et de ses libertés au sein d’une société dans laquelle il devient de plus en plus difficile d’établir les limites entre sphère publique et sphère privée, la première ayant tendance à grignoter de plus en plus la seconde.
Dans cette frontière de plus en plus ténue entre l’être et le paraître, s’enclenche le règne de l’émotion, au détriment de la raison et de la pensée.
C’est ainsi que l’information laisse place à la rumeur, et au scandale.
Et tout le monde participe, à sa manière, à cet état de fait. En effet, si Mazarine Pingeot critique les travers de la télé-réalité et, de manière plus générale, de la société du spectacle, ce sont aussi les mises en scènes de soi sur les réseaux sociaux, la diffusion de plus en plus répandue d’images intimes, jusqu’à l’obscène, qui amènent à s’interroger sur l’espèce d’hystérie collective dans laquelle nous semblons de plus en plus être plongés.
Avec la crainte que les écrans ne deviennent plus réels que la réalité elle-même dans l’esprit de beaucoup de gens, notamment les plus jeunes, qui pratiquent la « fausse transparence » par les mises en scène qu’ils font d’eux-mêmes.
Au-delà des dangers représentés par les réseaux sociaux et l’étalage d’impudeur de la société du spectacle, Mazarine Pingeot aborde aussi la question de l’obsession de la transparence en politique, instrumentalisée en réalité par la communication et les médias.
De même qu’elle montre les dangers du conspirationnisme, vice de la démocratie qui a fait de plus en plus d’émules avec l’avènement de l’internet.
Mais avant de devenir une sorte d’idéal vertueux, la transparence a déjà revêtu dans le passé les habits de l’idéologie, menant à « l’Inquisition en Espagne au XVe siècle, 1793 et la Terreur, mais aussi d’une certaine manière [aux] lois raciales et antijuives du IIIe Reich (…) ».
Or, il existe des tas de bonnes raisons de ne pas tout dire : « (…) cacher pour ne pas blesser, omettre parce que ce n’est pas le moment, dissimuler car ça n’appartient qu’à l’intimité, garder pour soi par pudeur… la liste est longue ».
Mazarine Pingeot aborde aussi le débat qui confronte, depuis les attentats terroristes de 2001 et le Patriot Act aux États-Unis, l’arbitrage entre sécurité et liberté, avec tout ce que cela implique.
Il convient, à ce stade, de préciser que cet essai est avant tout de nature très philosophique. Les auteurs de référence de Mazarine Pingeot (Barthes, Foucault, Lacan, Deleuze, Sartre, Baudrillard, Platon, Rousseau, Descartes, mais aussi Montaigne ou Kant), appartiennent probablement à son univers intellectuel (ce que je ne saurais lui reprocher) et peu au mien, mais qu’importe ; le questionnement d’ensemble n’est pas inintéressant et est tout à fait actuel, même si les réponses ne me semblent, quant à elles, pas très tranchées ou abouties. J’espérais, de fait, trouver dans cet essai beaucoup plus de réflexion concrète et actuelle. Mais je respecte l’orientation plus philosophique de l’auteur.
Si Mazarine Pingeot n’en néglige pas pour autant les côtés positifs de la transparence, via en particulier l’accès libre à la connaissance, à l’image de Wikipédia, qu’elle qualifie « d’idéal des Lumières réalisé », elle s’interroge ensuite sur la force des images et l’invasion de celles-ci dans les médias.
Sont-elles toujours un gage de transparence ou ne frisent-elles pas parfois, là aussi, l’obscène ? Le voyeurisme ne tend-il pas parfois à primer la connaissance ? La recherche du sensationnel a ainsi trop souvent tendance à remplacer les mots par l’image et substituer des représentations à la réalité (par exemple la terrible photo du cadavre du petit Aylan échoué sur une plage), empêchant la compréhension globale d’un phénomène. « Une image se consomme, mais ne se lit plus », regrette Mazarine Pingeot.
Quand la presse ne dépasse pas carrément les bornes, comme dans le cas Dominique Baudis (elle cite aussi celui de Laurent Fabius). Or, elle déplore le manque de synchronicité entre la temporalité des journaux, celle de la justice et celle de la vraie vie.
Et que dire de l’infotainment, ce concept télévisuel d’émissions mélangeant information et divertissement ? L’information y devient spectacle ou divertissement à part entière.. De même que l’internet évolue de plus en plus vers un format où images et vidéos remplacent le texte ( sauf sur Contrepoints, bien sûr !).
Ces simples « fragments du réel », diffusés par millions jusqu’à saturation et souvent sans véritable distinction, montrent sans contextualiser, empêchant en réalité de penser, là même où elle se voudrait transparence.
Le dernier chapitre, qui a pour sujet l’autofiction, l’art contemporain et le cinéma, n’est pas inintéressant en soi. Il vise, entre autres, à montrer « que l’art est paradoxalement seul à même de dénoncer la dangerosité des images ». Mais, là encore, on retombe il me semble dans l’écueil que je soulevais plus haut, à savoir une approche un peu trop « intellectuelle » ou abstraite, du moins à mon goût, d’un thème qui me semblait très concret et actuel.
En conclusion, un livre au thème intéressant, traité avec un certain talent, mais qui m’a laissé sur ma faim, même si je porte sans doute la responsabilité d’avoir probablement attendu autre chose que ce que l’auteur voulait traiter.
00:05 Publié dans Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : transparence, mazarine pingeot, livre, philosophie, médias, médiologie, sociologie |
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Ex: https://ordrerevolution.com
La civilisation contemporaine est marquée par deux phénomènes sociaux connexes : l’individualisme d’une part, le collectivisme d’autre part. Tantôt les uns récusent le premier : trop d’individualisme ! Assez de l’individualisme ! Tantôt les autres récusent le second : trop de collectivisme ! Trop d’Etat ! Mais plus rares sont les plaintes contre les deux phénomènes à la fois, et pour cause, l’homme moderne ne conçoit pas qu’il existe une alternative entre l’individu et l’Etat dans la constitution sociale. Soit il faut se reposer sur l’égoïsme rationnel de l’homme parce que chacun en poursuivant son bien propre fait le bien d’autrui, à l’instar du boulanger qui pour gagner sa vie doit faire le pain apprécié de ses potentiels clients. Soit il faut sacrifier l’égoïsme de l’homme pour soumettre pleinement l’individu aux intérêts supérieurs et généraux de la collectivité. Qui des individus ou de la collectivité qui se les sacrifie font la vraie société et son bien ?
Ce dualisme entre individualisme et collectivisme ne reste pas cantonné au débat d’idées. Ce dernier est plutôt la manifestation d’un dualisme vécu et structurant profondément la civilisation moderne : celle-ci est à la fois individualiste et collectiviste. Aussitôt que l’individualisme a pris chair, durant la Révolution notamment avec l’œuvre des Droits de l’Homme, l’Etat moderne s’est constitué et s’est fondé sur une vaste politisation du social. La Révolution fut à la fois l’ère nouvelle de l’individualisme et l’ère nouvelle du collectivisme. A-t-elle accouché de deux sociétés parallèles ? Non. Elle a accouché d’une civilisation unique qui s’est trouvée être à la fois individualiste et collectiviste, parce qu’individualisme et collectivisme constituent les deux faces d’une même médaille. Mais il ne convient pas de parler de deux pôles attractifs opposés selon lesquels la civilisation moderne serait tantôt plus individualiste, tantôt plus collectiviste. Ce serait confondre l’essence de notre civilisation avec ses effets. Notre civilisation est essentiellement individualiste et collectiviste.
Abstraits au niveau de l’idée, on peut pourtant constater une opposition a priori radicale entre individualisme et collectivisme. C’est l’avantage de l’idée abstraite : elle est pure de toute chair et de toute vie. Nous concédons que l’individualisme abstrait s’oppose parfaitement au collectivisme abstrait : ce n’est pas la même chose de dire d’un côté que l’individu est l’unité du social, et de l’autre que c’est la collectivité qui est l’unité du social. Mais dans le monde de chair, l’individualisation bien réelle du social, à travers les appareils juridiques, politiques, économiques, etc. s’est faite conjointement à la collectivisation à travers les mêmes appareils. C’est la même dynamique qui va de la Loi Le Chapelier à la grande industrie, de la démocratie individualiste à l’Etat tutélaire, du Code civil à l’Education Nationale, de l’individu libéré de la tradition à l’avènement des masses. C’est le même homme qui va de l’un à l’autre, sans subir aucun changement radical.
Si l’on cesse d’opposer individualisme et collectivisme, si l’on retire son masque au libéral qui se fond avec délectation dans la culture de masse, si l’on retire son masque au collectiviste qui hurle à grand cri la valeur du sacrifice à la collectivité, tandis qu’il espère en diriger les profits vers lui, nous verrons mieux que l’homme-masse, car c’est toujours de lui qu’il s’agit, s’oppose toujours, verbalement, mais aussi et surtout dans sa vie même, à la tradition, aux valeurs objectives transcendantes, à la Nécessité, auxquelles se sont pourtant soumis ses pères depuis l’aube de l’humanité.
Le philosophe catholique belge Marcel de Corte (1905-1994) fut sans doute le meilleur interprète de la tradition, et à ce titre, un des meilleurs critiques de la modernité. Les traditions et les mœurs de nos ancêtres nous paraissent aujourd’hui parfaitement incompréhensibles. L’homme contemporain a en général une très basse idée de ses pères, bornés, stupides, inhumains, plongés dans la nuit de nombreux obscurantismes. Il faut bien ça pour expliquer que ces mœurs incompréhensibles aient pu fonctionner aussi longtemps (pensez donc, pratiquement toute l’histoire des civilisations, exception faite des deux derniers siècles !). Puis est venue la lumière de la Raison qui a conquis l’Occident et le monde, et l’homme, enfin guéri de sa stupidité, a repris en main son destin par la réorganisation sociale, l’arrachant à Dieu déchu, et s’établissant dans la civilisation que nous connaissons aujourd’hui. Belle histoire, dont le mérite est de rendre saisissante la rupture radicale qui nous sépare de l’ancienne civilisation. Elle contient cependant une grande vérité dont on a parfois du mal à mesurer la portée : l’homme moderne s’est arraché des mœurs vivantes de ses pères pour s’établir dans la Raison abstraite, le masque nouveau sous lequel coule, littéralement, sa destinée.
Marcel de Corte, nourri par une solide philosophie réaliste de l’être, tirée d’Aristote et de Saint Thomas d’Aquin, a analysé avec une grande profondeur, à travers une anthropologie et une psychologie originales, ce trait caractéristique de l’homme moderne qu’il a appelé le rationalisme pratique. L’homme en effet vit désormais massivement son rationalisme.
Sans entrer trop dans les détails, l’anthropologie de Marcel de Corte consiste à reconnaître qu’il existe deux types d’hommes : un type platonicien, homo platonicus, et un autre type aristotélicien, homo aristotelicus. Le premier type se fonde sur un dualisme entre l’âme et le corps qui se traduit dans un dualisme entre l’esprit et la vie. Dans cette perspective, l’homo platonicus est un homme dont l’esprit se sépare de la vie. Il ne cherche plus à reconnaître et connaître dans la nature, à laquelle l’homme appartient pleinement, les objets concrets et réels qui, de fait, le transcendent, ni les règles et les lois que lui impose la nature (et sa nature) ; l’esprit n’a plus vocation à diriger et intégrer l’homme dans la nature qui le transcende. L’esprit se sépare de la vie, au profit de sa propre immanence, de son autosatisfaction : il se tourne vers les Idées platoniciennes, ou se satisfait de sa méthode cartésienne, ou de sa Raison pure. La logique compose de plus en plus pour lui la totalité du réel, l’abstrait le flatte plus que le concret, l’être de raison remplace l’être réel, tandis que la nature, la vie, la matière, ne sont plus qu’une surface plastique soumise à ses idées et à sa domination, sans plus de profondeur ontologique. L’esprit opère un renversement : c’est désormais lui, du moins le croit-il, qui transcende la nature qui n’a rien à offrir à l’intellect et aucun mystère à conserver pour lui. L’homo platonicus naît de la dévitalisation, propre au cycle de la vie, et se traduit en une désincarnation. A l’inverse, l’homo aristotelicus ne connaît pas cette scission entre l’esprit et la vie. Comme le dit Marcel de Corte, il est fait d’une seule couture. L’âme est la forme du corps : elle ne peut pas être sans le corps qu’elle anime. L’esprit reconnaît la transcendance de la nature, et la nature le mène, du fait de son insuffisance ontologique, à l’Absolu transcendant, et c’est pourquoi l’homo aristotelicus est un homme religieux. Solidement ancré dans le réel, profondément habité par un sens de l’être qui n’est rien d’autre que l’autre nom de l’amour (précisons : de l’amour véritable), complètement incarné, l’homo aristotelicus déborde de vie. Ce débordement de vie se canalise dans des mœurs concrètes polarisées par les valeurs objectives auxquelles tout homme est soumis lorsqu’il est jeté dans l’existence : la famille, le métier, la patrie et Dieu, avec lesquels il communie et reçoit d’eux sa personnalité.
Le rationalisme pratique est la traduction dans les mœurs de l’homo platonicus. Les mœurs contemporaines sont en effet pénétrées par le rationalisme et sa scission entre l’esprit et la vie. Qu’il s’agisse, pêle-mêle, de la démocratie politique, de l’égalitarisme, de l’humanitarisme, des mass media, de l’urbanisme, de la technique, de l’activisme, de l’athéisme, de la négation du péché, du sentimentalisme, du freudisme, du divorce, de l’économie de marché, du planisme, de la statistique, de la recherche de la performance, du racisme, du nationalisme, du pacifisme, de l’internationalisme, du contrôle de la natalité, ou encore de l’instruction de masse (on pourrait donner une liste bien plus longue : voir la Philosophie des mœurs contemporaines de Marcel de Corte), on observe ce même processus de dévitalisation, de retrait de l’esprit sur lui-même, d’effusion d’idées verbales et abstraites qui, parce qu’elles sont ontologiquement vides, laissent se déchaîner les instincts qui ne sont plus régulés par l’esprit qui a déserté la vie. Marcel de Corte a analysé les lois psychologiques et leurs répercussions à l’œuvre dans l’homo platonicus dans son livre Incarnation de l’Homme, Psychologie des mœurs contemporaines. J’y renvoie le lecteur, en attendant de développer plus longuement cette anthropologie et cette psychologie dans des billets futurs.
Contre une idée répandue, Marcel de Corte refuse de penser que c’est la technique qui a produit la civilisation contemporaine : c’est d’abord et avant tout une forte dévitalisation de la civilisation ancienne, particulièrement sensible au XVIIIe siècle, mais naturelle au cycle de la vie auquel est régie toute civilisation, qui s’est traduite dans une diffusion du rationalisme renforcée par la technique que le rationalisme a produit. En un sens, la civilisation contemporaine, traversée par la révolution permanente et les multiples « crises de croissance » (mythe du progrès oblige), n’est qu’une longue agonie que l’esprit désincarné cherche à compenser mais prolonge dans une forte mécanisation de ses mœurs, celle-ci n’étant que le mime de la vie dont il manque.
Revenons à notre sujet : que signifient fondamentalement l’individualisme et le collectivisme qui fondent (ou creusent) notre civilisation ? Si l’on reconnaît l’homme moderne comme un homme dévitalisé, dont tous les efforts consistent à vivre un rationalisme pratique nihiliste, parce que l’esprit s’y est désincarné et s’est retiré de la vie mais veut vivre son impossible immanence (ontologiquement, l’esprit ne se suffit pas), si l’on reconnaît que l’homme moderne a défait les mœurs anciennes fondées sur l’amour, c’est-à-dire sur le sens de l’être, de la transcendance, de l’incarnation, et qu’à ce titre, l’homme moderne ne connaît plus les valeurs objectives que constituaient la famille, le métier, la patrie et Dieu, que ses pères n’avaient pas choisi, mais aimaient par reconnaissance de la Nécessité (Amor Fati), si l’on reconnaît tout ça, ne doit-on pas dire que l’individualisme et le collectivisme, qui ne sont que des idées abstraites (l’homme n’est plus capable que de ça, seuls ses instincts désorganisés sont encore concrets), ne sont que des tentatives de combler sa misère sociale en faisant de l’ordre social un fruit de la raison ?
On connaît l’orgueil sidérant de l’homme contemporain. Mais on connaît aussi son esprit de revendication, son éternelle insatisfaction, ses désordres, ses crises continues. L’homme moderne est essentiellement un misérable, et il ne l’ignore pas totalement. Il use de tous les masques pour se détourner de sa misère, et ceux-ci ne manquent pas, mais il sent bien, au fond de lui, là où surgit l’angoisse et le sentiment de l’absurde que seul l’homme moderne a été capable de vivre aussi continuellement, que son destin lui échappe et que la mort est son seul horizon.
En même temps qu’il détruisait l’ordre social véritable fondé sur les mœurs solides de nos pères, parce qu’il se dévitalisait, l’homme moderne a essayé de combler ce manque par l’œuvre de la raison. L’homme est naturellement un animal social (ou politique, pour peu qu’on prenne ce mot dans son sens antique), et l’homme dont l’esprit s’est détaché de la vie accomplit tous ses efforts, depuis un peu plus de deux siècles, pour reconstruire l’ordre social qu’il ne pouvait plus vivre parce que cet ordre réclamait l’incarnation de l’esprit dans la vie. Plein de cet espoir de pouvoir un jour revivre dans un tel ordre, l’homme contemporain est pris d’une crédulité extraordinaire : il croit à toutes les promesses de sociétés fraternelles ou coopératives, il est prêt à faire confiance à n’importe quoi et n’importe qui qui puissent lui vendre cette société de demain où l’homme connaîtra à nouveau enfin son prochain, être de chair et d’os.
C’est sur ce plan que doit être reçu le débat entre l’individualisme et le collectivisme : ils sont deux types d’espérance de rétablissement de l’ordre social fondées sur la même désincarnation, le même goût pour l’abstraction, la même incapacité à vivre l’amour, qui est sens de l’être, en particulier l’amour du prochain concret que l’être scindé en deux de l’homme moderne ne peut plus supporter. Au fond, c’est la même espérance, projetant des utopies dans un avenir toujours promis proche, et ontologiquement irréalisables, qui le déçoivent perpétuellement. Mais c’est aussi la même incapacité à saisir la civilisation contemporaine comme la réalisation déjà effective et vécue de l’individualisme et du collectivisme qui, passés de l’abstrait au concret, qui lui seul compte, sont fondus nécessairement dans la même civilisation, à savoir la nôtre : la civilisation de l’homme-masse, l’homme poussière soumis à la tutelle d’un Etat tyrannique.
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Le christianisme a dérobé le «logos» philosophique grec
Par Christian Ruby
Ecrivain et enseignant
Ex: http://www.slate.fr
Recension:
Les enfants d'Héraclite. Une brève histoire politique de la philosophie des Européens, par Gérard Mairet
Ne s’agissant pas d’une étude nouvelle sur la philosophie d’Héraclite, il convient d’attirer l’attention du lecteur sur le titre et sous-titre complets de l’ouvrage. C’est toute la philosophie politique, appliquée à la question de l’Europe, qui y est en jeu, centrée sur une grande affaire qui regarde, justement, les Européennes et les Européens. En effet, Gérard Mairet, philosophe et professeur émérite des universités, s’attaque à la notion d’Europe chrétienne et de racines chrétiennes de l’Europe (on présuppose même toujours qu’il y en a!).
C’est l’illusion complaisante d’une «philosophie chrétienne» (de la soumission de la raison et de la nature à la foi) qui a permis la fabrication de cette légende des «racines» chrétiennes de l’Europe. Le fait de faire remonter «ce qu’on appelle Europe» aux doctrines de l’Église, c’est faire comme si les conciles avaient fondé l’Europe –d’où les racines!
La question, il est vrai, concerne non le christianisme, à l’évidence un des éléments constitutifs de la culture européenne, mais ce qu’on entend par Europe. Car, insiste Mairet, l’Europe a son origine dans le Logos et non dans la religion, mais on veut l’oublier. Cette idéologie des racines de l’Europe a son fondement dans un vol, celle du Logos philosophique (grec) par le christianisme, vol qui aboutit à de nombreux drames contemporains, et à l’injonction qui nous est encore faite par beaucoup: on ne badine pas avec les dieux!
- Le temps grec: de Héraclite, conçu comme un héros de la pensée humaine, Mairet dit qu’il fut le premier philosophe et surtout qu’il le fut parce qu’il a posé le Logos: le discours à l’écoute de la raison des choses, le discours qui pose l’unité des opposés. Avec Héraclite, le raisonnement (logos) s’émancipe du divin et des poètes. C’est la raison qui ordonne la pensée du monde, non les récits héroïques, non les allégories poétiques. C’est là une attitude théorique radicale. D’autant plus que ce Logos est associé à la démocratie. Il passe de la nature à l’homme, c’est-à-dire à la polis. Passer à l’homme veut dire se mettre à l’écoute de l’homme dans la cité. Le Logos passe au citoyen et à la démocratie:
«En effet, si elle est bien le pouvoir du peuple, la force du grand nombre, c’est parce que la démocratie est le régime politique où la multitude prend la parole. D’où la meilleure et la plus simple définition de la démocratie; elle est le régime où la parole politique appartient au peuple, le peuple y prend la parole.»Délibérer, cela suppose une technique de l’argumentation, une capacité démonstrative visant à faire valoir la justesse de son opinion, et à refuser les dogmes.
Le corpus philosophique des Grecs est relégué sous la catégorie de doxa (opinion païenne)
- Le temps chrétien: donc le Moyen Âge, et la subtile déstructuration du Logos Grec au profit de Dieu, du Christ et de l’empereur, donc l’invention du théologicopolitique. Dès lors que le logos-raison (répétons-le: inventé par les Grecs et notamment Héraclite) passe au logos-foi, la philosophie change de figure, ou plutôt elle est disqualifiée en faveur de la «théologie du Logos». Ainsi les chrétiens ont-ils opéré un vaste larcin sur le dos d’Héraclite et de quelques autres. Désormais, le logos-foi ne tolère pas le logos-raison. Ce n’est que lorsque les philosophes s’emploieront à faire resurgir le logos-raison du fonds théologique du logos-foi, que la philosophie renaîtra au détriment de la théologie.
Voici le larcin chrétien (vers 150 de notre ère):
«Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu.»
(Évangiles)
On sait que le mot «parole» ou le mot «Verbe» traduisent logos; dans l’original grec, logos et theos (dieu) sont sans majuscule. Grâce aux majuscules, l’énoncé «le Verbe était Dieu» induit l’idée que le texte dit autre chose que «la parole était dieu». Originairement, c’est l’auteur de l’évangile (ou plutôt de son prologue), Jean, qui opère l’identification du Logos à Jésus en faisant de celui-ci le Christ. La révolution en question consiste en effet à faire passer le logos, de la philosophie à ce qui sera quelques décennies plus tard une «religion».
C’est la révolution par la fin: Jésus achève la philosophie car il l’accomplit en atteignant le but que celle-ci s’était donné (la Vérité), d’Héraclite au logos spermatikos des stoïciens. Du coup, Jésus-Christ-Logos l’achève en y mettant aussi un terme définitif. Si vous dites que le Logos est le Messie (Christos), vous sortez de la philosophie pour entrer dans la mystique et le religieux.
Tel est le tour de force –surtout le coup de génie– de Justin qui, probablement, ne pouvait pas savoir la portée de ce qu’il venait de faire! Il sous-entend que la vérité ne pouvant être qu’une, ce n’est pas dans la philosophie des Grecs qu’on la trouve. Justin se sent fondé à reléguer le corpus philosophique des Grecs sous la catégorie de doxa (opinion païenne). Lui qui cherchait la vérité, dès lors qu’il la trouve, ne peut faire autrement que d’en décréter l’avènement définitif et absolu. Définitif et absolu, c’est bien de cela qu’il s’agit car, contrairement au logos philosophique du paganisme, le logos philosophique des chrétiens n’émane pas des hommes ni des meilleurs d’entre eux, mais de Dieu même. Il y a un logos humain qui s’efface devant le Logos divin. Le montage du larcin chrétien est défini par Justin qui ouvre l’ère d’une police de la pensée. La philosophie chrétienne opère la mutation de la philosophie tout court en théologie et se met en situation de faire de celle-là la servante de celle-ci.
- L’époque moderne: elle est rendue possible par la transmission arabe de la science grecque (entre 650 et 750, les Arabes recueillent le legs scientifique et philosophique de l’Antiquité grecque qui leur est transmis notamment par les écoles d’Alexandrie, et d’Antioche). Ce retour du logos philosophique allait produire le retrait du logos chrétien. Un retrait qui ne s’est pas fait dans la bonne humeur mais dans le rapport de force, dans et par la guerre (jusqu’aux Saints-Barthélémy(s)). L’Europe se substitue à la chrétienté. On enterre le Moyen Âge. On découvre d’autres mondes (entrent en scène les Indiens et le cortège colonial)... Défilent alors La Boétie, Machiavel, Spinoza, Descartes (heureusement défendu contre les mauvais lecteurs), Hegel...
Mairet poursuit alors en se demandant si nous n’avons pas gardé de la religion une forme de pensée de l’altérité dommageable. On le voit à notre rapport aux Indiens: leur extermination ou, dans le meilleur des cas, leur totale marginalisation vient de ce que les nations indiennes possèdent, par définition et par nature, l’identité américaine que sont venus chercher les Européens.
Ce qui revient exactement au raisonnement tenu sur les Indiens par les chrétiens. La preuve? Le raisonnement déployé par les chrétiens à l’égard des Indiens, et réutilisé récemment par le pape Benoît XVI: ceux qui n’adhèrent pas à la foi sont simplement en puissance d’y adhérer sans le savoir encore. À l’évidence (de la papauté), les Indiens n’ont pas été massacrés par les occidentaux, mais finalement heureusement convertis d’autant plus qu’ils attendaient le christianisme sans le savoir! Si l’âme est naturellement chrétienne, qui peut échapper au Christ?
Ne peut-on renverser le propos, en forme de reprise laïque: si les Indiens sont reconnus comme étant les Américains, alors les immigrants n’ont pas d’identité. En d’autres termes, ou bien ce sont les Indiens qui sont les Américains, ou bien les Européens ont l’espoir de devenir des Américains. Ceux-ci en quittant l’Europe cessent d’être européens et veulent être américains. C’est d’ailleurs ce que nous racontent les westerns: le western raconte l’introduction de la loi et de l’ordre dans l’étendue sauvage, par l’extermination des Indiens et de la canaille (essentiellement bandits, tueurs à gage et grands propriétaires terriens faisant régner leur loi privée) pour laisser place au fermier, cet individu moral entrepreneur, et bientôt à l’ingénieur (télégraphe, chemin de fer, etc.).
Que reste-t-il de l'Europe si elle n'est pas capable de se défaire des raisonnements qui conduisent indéfiniment à la guerre?Alors que reste-t-il de l’Europe si elle n’est pas capable de se défaire des raisonnements qui conduisent indéfiniment à la guerre?
Mairet écrit :
«Les multiples transfigurations et translations du logos n’ont heureusement pas toujours pris la tournure sinistre du génocide.»
Elles ont cependant toujours accompagné les soubresauts de l’histoire, à commencer par l’histoire de l’Europe et, par extension, celle de la planète. Si l’antienne rebattue des «racines chrétiennes de l’Europe» est à inscrire au registre mièvre de l’apologétique, il n’en reste pas moins que la pensée et les traditions chrétiennes sont évidemment constitutives de la culture européenne, comme le sont le judaïsme et l’islam, qui ne peuvent en être séparés. Or, ces piliers constitutifs de ce que nous sommes, nous autres Européens, ne seraient ni reconnaissables, ni compréhensibles en leur état sans l’élément intellectuel qui les pense, la philosophie.
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Source : Grand Entretien du FigaroVox avec Jean-Louis Harouel à propos de son dernier livre : « Les droits de l’homme contre le peuple ».
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - À l'occasion de la sortie de son livre Les droits de l'homme contre le peuple, Jean-Louis Harouel a répondu au FigaroVox. Il dénonce une nouvelle religion séculière centrée sur l'obsession de la non-discrimination qui paralyse la politique des pays occidentaux.
Jean-Louis Harouel est professeur agrégé de droit à Paris II et auteur de «La grande falsification. L'art contemporain», «Le vrai génie du christianisme» et «Revenir à la nation» (Editions Jean-Cyrille Godefroy). Son dernier ouvrageLes droits de l'homme contre le peuple est paru aux éditions desclée de Brouwer.
FIGAROVOX. - Après le massacre d'Orlando, les commentaires et les mises en accusation se sont succédé. On s'est focalisé sur l'aspect homophobe du crime, on a pointé du doigt les mouvements conservateurs et les religions monothéistes. L'islamisme est passé au second plan. Les démocraties occidentales sont-elles de nouveau tombées dans le piège de ce que vous appelez «la religion des droits l'homme»?
Jean-Louis HAROUEL. - Autant il est aisé de condamner au nom de l'Évangile les violences provoquées ou cautionnées par la religion chrétienne, autant il n'est guère possible de condamner la violence musulmane au nom des textes saints de l'islam, dès lors que l'invitation à la violence y est expressément et abondamment inscrite. Concernant l'homosexualité masculine - la seule ayant été prise en compte -, les sociétés chrétiennes l'ont certes longtemps réprouvée et punie sévèrement au motif que la Bible (Genèse, 19) rapporte que Yahvé a lancé le feu du ciel sur Sodome et Gomorrhe. Mais, déjà dans la France de Louis XV, ainsi que l'a constaté l'historien Maurice Lever dans son livre Les bûchers de Sodome (1985) où il notait l'absence des bûchers à cette époque, la royauté de droit divin faisait preuve d'une grande modération. Au contraire, les textes saints de l'islam sont féroces. Il y a en particulier un hadith terrible du Prophète qui invite les croyants à tuer les homosexuels: «L'envoyé d'Allah - Bénédiction d'Allah et Salut sur Lui - a dit: Qui que vous trouviez qui agit à la manière des gens de Loth, tuez l'actif et le passif». Ce texte figure dans la Sunna (rassemblant les actes, dires et approbations de Mahomet: les hadiths) dont la réunion avec le Coran constitue la Charia. Or celle-ci est le guide de ceux qui veulent revenir au respect de la loi divine. Le lien avec le massacre d'Orlando est plus qu'évident.
C'est un déni de réalité que de mettre systématiquement sur le même plan les religions monothéistes afin de ne pas avoir à prononcer de critique envers l'islam.
C'est un déni de réalité que de mettre systématiquement sur le même plan les religions monothéistes afin de ne pas avoir à prononcer de critique envers l'islam. Ce déni de réalité est pratiqué par les démocraties occidentales au nom d'un «politiquement correct» qui n'est qu'un aspect d'une religion séculière que l'on peut appeler religion des droits de l'homme.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, cette religion a très largement occupé le vide creusé en Europe occidentale à la fois par l'effondrement de la pratique religieuse chrétienne et par l'implosion du communisme soviétique.
Avatar de la religion de l'humanité, le culte des droits de l'homme a remplacé depuis quelques décennies le communisme - dont il partage la nature de religion séculière - dans son rôle d'utopie censée instaurer le règne du bien sur la terre. Dans cette nouvelle religion séculière, les droits de l'homme sont en charge de la promesse du royaume de Dieu sur la terre, en charge du projet d'une humanité réconciliée grâce à l'instauration d'une société parfaite, au moyen de la mutation du monde ancien en un monde nouveau entièrement cosmopolite et fondé exclusivement sur les droits des individus.
À la suite de François Furet, l'historien américain Samuel Moyn a confirmé en 2010 dans The last Utopia que l'hégémonie de l'idéologie des droits de l'homme depuis les dernières décennies du XXe siècle s'est édifiée sur les ruines des idéologies révolutionnaires. C'est de l'implosion des utopies antérieures qu'est née la «dernière utopie» que sont les droits de l'homme comme norme suprême censée faire advenir un monde meilleur.
En quoi les islamistes se servent-ils des droits de l'homme pour accroître leur influence?
Dans la mesure où ils favorisent le succès des revendications musulmanes, les droits de l'homme contribuent à la montée en puissance de l'islam en France et dans les autres pays occidentaux. Lorsque, au nom du principe de non-discrimination, des droits individuels sont reconnus (par la loi, le juge ou l'administration) à des membres d'un groupe identitaire au titre de leur appartenance à ce groupe, ces droits deviennent des droits du groupe, et donc des droits collectifs. La sacralisation des droits individuels par la religion séculière des droits de l'homme aboutit finalement à la mise en place de droits identitaires, ce dont l'islam a su tirer un grand profit.
L'islam ne manque jamais d'utiliser l'arme des droits de l'homme pour contraindre les pays européens à adopter un profil bas face à la population musulmane qui y vit. Sous couvert de non-discrimination et de respect de la liberté religieuse, c'est une civilisation antagoniste de la civilisation européenne qui poursuit son entreprise de conquête et de domination.
En Europe occidentale, l'islam a profité à plein des droits de l'homme. C'est sur eux que se fondent les revendications vestimentaires, alimentaires et autres des musulmans.
En Europe occidentale, l'islam a profité à plein des droits de l'homme. C'est sur eux que se fondent les revendications vestimentaires, alimentaires et autres des musulmans, lesquelles relèvent en réalité d'une prise de pouvoir de nature politique, d'une appropriation de territoires, d'une domination de secteurs de la société. L'islam combinant en lui le politique, le juridique et le religieux, toute concession faite à l'islam comme religion est aussi une concession faite à l'islam politique et juridique, avec pour effet de transformer peu à peu les pays européens concernés en terres musulmanes.
Selon vous, les droits de l'homme sont mis au service d'une «immigration colonisatrice». Beaucoup d'immigrés viennent en Europe et en France pour mieux vivre ou par attrait pour le modèle occidental et non pour nous coloniser ….
Je suis bien d'accord avec vous: beaucoup d'immigrants s'introduisent et s'incrustent en Europe occidentale simplement pour des raisons d'intérêt personnel, pour jouir d'un niveau de vie et de conditions d'existence infiniment meilleurs que dans leur pays. Ils n'ont pas d'arrière-pensées colonisatrices ou conquérantes. Mais les Wisigoths, les Burgondes et les Francs jadis autorisés par le pouvoir impérial à trouver refuge et à s'installer sur le territoire de l'Empire romain d'Occident n'avaient pas non plus d'intentions conquérantes. Simplement, deux générations plus tard, ils avaient pris le pouvoir et s'étaient taillé des royaumes sur le territoire de l'Empire anéanti. L'histoire montre par de nombreux exemples qu'une immigration numériquement minoritaire mais vigoureuse peut s'emparer durablement du pouvoir et dominer la population autochtone.
Aussi bien certaines personnalités musulmanes ne cachent-elles pas leurs intentions conquérantes en Europe. Tel le cheikh Youssouf al Quaradawi, l'un des principaux de l'UOIE (Union des organisations islamiques européennes, dont la branche française est l'UOIF), qui déclarait en 2002: «Avec vos lois démocratiques nous vous coloniserons. Avec nos lois coraniques nous vous dominerons.»

Que faites-vous des réfugiés?
On ne peut pas ne pas secourir les réfugiés. Pour autant, nous n'avons pas les moyens de les accueillir sur la base des niveaux de vie et modes de vie occidentaux. Ils ne peuvent raisonnablement attendre de nous que des conditions de logement ainsi que des prestations sociales et médicales minimales. De plus, il ne faut pas leur laisser penser qu'ils vont s'installer durablement chez nous. Il faut leur faire savoir que, dès que la situation sera rétablie dans leur pays, ils seront invités à y repartir. D'ailleurs, autant l'accueil s'impose moralement pour les enfants, les mères et les vieillards, autant la place normale des hommes jeunes et adultes n'est pas ici mais dans leur pays, sur le sort duquel ils semblent avoir bien vite tiré un trait. Dans bien des cas, la qualité même réelle de réfugié dissimule plus ou moins une immigration motivée par la recherche d'une vie plus facile, c'est-à-dire une immigration économique.
Étant donné l'énorme accroissement démographique au sud de la Méditerranée, l'Europe doit s'attendre à voir prochainement déferler une immigration économique d'une ampleur encore jamais vue.
Or, étant donné l'énorme accroissement démographique au sud de la Méditerranée, l'Europe doit s'attendre à voir prochainement déferler une immigration économique d'une ampleur encore jamais vue, se comptant en dizaines de millions d'individus s'invitant dans nos pays dans l'espoir d'y améliorer leurs conditions de vie. Mais l'Europe occidentale sera incapable d'absorber une telle masse d'immigrés. Elle périra à moins que les immigrants économiques ne soient systématiquement reconduits dans leur pays. Cependant, pour que les États concernés acceptent de favoriser la reconduite de leurs ressortissants, il est évident qu'il sera indispensable de rétribuer leur bonne volonté par une énorme augmentation de l'aide au développement. Spécialiste reconnu des questions de développement, Claude Sicard, dans un article de la Revue politique et parlementaire (n° 1076, décembre 2015), préconise la création par les pays européens d'une taxe de 50% sur les dépenses publicitaires, destinée à financer le retour le retour dans leurs pays respectifs des immigrants économiques reconduits chez eux.
En quoi les droits de l'homme nous condamnent-ils à l'impuissance collective?
Pour mettre fin à l'appel d'air permanent qui attire par millions les immigrants d'origine extra-européenne, il faut restaurer la discrimination fondatrice de l'idée de cité: celle qui traite différemment le citoyen et le non-citoyen, le national et l'étranger. Il faudrait idéalement qu'il n'y ait plus d'intérêt matériel à s'incruster illégalement sur le sol français. Or cela va à l'encontre de la religion séculière des droits de l'homme.
Dès l'aube des années 1980, Marcel Gauchet avait bien vu que, si les démocraties européennes faisaient des droits de l'homme leur politique, elles se condamneraient à l'impuissance collective. La religion des droits de l'homme handicape très dangereusement la France face au déferlement de l'immigration et à la présence sur son sol d'un islam de masse. Instaurant une morale d'État vertueusement suicidaire, la religion des droits de l'homme interdit à nos dirigeants d'envisager ces problèmes et d'y répondre d'un point de vue politique.
La religion des droits de l'homme est la négation des droits collectifs des nations européennes. Elle refuse à la collectivité nationale le droit de vivre comme elle le souhaite. La souveraineté démocratique consiste dans la propriété d'un groupe humain sur lui-même, son destin, son identité, son sol, son patrimoine matériel et immatériel. Refusant cette souveraineté, la religion des droits de l'homme détruit l'idée de patrimoine d'un groupe humain, elle prétend le contraindre à le partager, le mettre en commun. Bref, c'est une nouvelle forme de communisme.
Pour combattre la menace islamiste, faut-il renoncer à ce que nous sommes, nous trahir? Les droits de l'homme ne font-ils pas partie des fondamentaux de l'Occident au même titre que les racines chrétiennes?
La religion séculière des droits de l'homme n'est pas, malgré les apparences, d'origine chrétienne, car elle découle de deux grandes hérésies: la gnose et le millénarisme. Les droits de l'homme comme religion ne sont pas un prolongement du christianisme: c'est un système de croyances post-chrétien.
La religion (ou utopie) des droits de l'homme qui règne aujourd'hui ne relève pas des «fondamentaux de l'Occident» au même titre que ses racines chrétiennes. Inspirée par une compassion cosmique indifférente aux États et aux nations, sa conception des droits individuels est profondément différente de la conception classique, celle des déclarations américaines et française de la fin du XVIIIe siècles, lesquelles ont établi avant tout les libertés publiques des citoyens au sein des États-nations démocratiques. D'ailleurs, ces deux réalités très différentes sont désignées dans la langue anglaise par des appellations distinctes: pour les droits de l'homme actuels, human rights, terme apparu seulement au milieu du XXe siècle ; tandis que, pour les droits individuels reconnus aux citoyens en 1776 et 1789, on parlait de rights of man. À cela répond en France la distinction entre d'une part les «libertés publiques», centrées sur les seuls nationaux, et d'autre part les «droits fondamentaux» - terme introduit dans les années 1970 - dont les grands bénéficiaires sont les étrangers, systématiquement admis à tous les acquis et avantages des peuples européens.

Nous sommes confrontés à deux impératifs vitaux : bloquer d'urgence les flux migratoires et arrêter le processus de la conquête musulmane.
La fidélité aux «fondamentaux de l'Occident» passe par le rejet du délire anti-discriminatoire suicidaire de la religion séculière des droits de l'homme et le retour aux droits de l'homme conçus comme protecteurs des citoyens contre le pouvoir, c'est-à-dire aux libertés publiques - centrées sur les seuls nationaux - qui sont notre patrimoine juridique.
Pour «résister» aux droits de l'homme, vous allez jusqu'à prôner des mesures dérogatoires ou discriminatoires. Le risque n'est-il pas tout simplement de renoncer à la démocratie pour aller vers des régimes autoritaires, voire totalitaires?
Nous sommes confrontés à deux impératifs vitaux: bloquer d'urgence les flux migratoires et arrêter le processus de la conquête musulmane. Pour cela, il nous faut résister à la religion séculière des droits de l'homme qui favorise notre submersion par une immigration extra européenne sans limite et la domination d'une civilisation musulmane conquérante qui veut imposer ses mœurs et son droit. Pour tenter de survivre comme peuple, nous n'avons pas le choix: nous sommes dans l'obligation de rétablir ou de créer des discriminations, lesquelles ne contredisent d'ailleurs nullement la démocratie, bien au contraire.
Les fanatiques d'une immigration érigée en droit de l'homme prétendent mener en faveur des étrangers entrés clandestinement un combat citoyen. C'est une imposture: leur combat est un combat contre la cité et la citoyenneté, un combat anti-citoyen et anti-démocratique.
La démocratie repose sur l'idée de discrimination. En son article 3, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 énonce que «le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation». Il n'y a pas de démocratie possible en l'absence d'un cadre territorial et humain bien précis. Ainsi que l'écrit Rousseau au début de l'Émile, «où il n'y a pas de patrie, il ne peut plus y avoir de citoyens». Patrie, démocratie: dans les deux cas, il s'agit du peuple, d'un peuple particulier. L'existence d'une démocratie suppose une discrimination entre citoyens et non-citoyens, entre nationaux et étrangers.
Quant à une discrimination à l'égard de l'islam, elle n'est pas davantage contraire à la démocratie. D'ailleurs, c'est la démocratie la plus ancienne et la plus exemplaire du monde, la démocratie helvétique, qui nous en donne l'exemple et nous montre la voie. En interdisant la construction de minarets, le peuple suisse n'a aucunement restreint la liberté religieuse, il a instauré une discrimination d'ordre symbolique destinée à faire comprendre aux musulmans vivant dans le pays que la Suisse n'était pas une terre d'islam, que la civilisation arabo-musulmane n'y était pas chez elle et ne devait pas chercher à y imposer ses mœurs et ses règles de droit prétendument divines. Dans le même esprit, il est vital d'adopter en France et dans les autres pays européens des mesures discriminatoires l'égard de l'islam. C'est une discrimination amplement justifiée par le fait que l'islam est avant tout un système politique et juridique, qui fonctionne en France et dans les autres pays européens comme une machine de guerre dirigée contre la civilisation européenne dans le but de lui substituer la civilisation arabo-musulmane.
De toute manière, si nous laissons se poursuivre la conquête musulmane, nous sortirons purement et simplement des droits de l'homme, car les textes fondateurs de l'islam sont porteurs d'un système structurellement ultra-discriminatoire (à l'encontre des non-musulmans, des femmes, des esclaves) et négateur de la liberté d'expression. La Déclaration sur les droits de l'homme en islam de 1990 interdit d'exprimer toute opinion «en contradiction avec les principes de la Charia».
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Trabajo, educación y cultura
Alberto Buela (*)
Trabajo
Suele recomendarse en filosofía, así lo han hecho, entre otros, Heidegger, Zubiri, Bollnow y nuestro Wagner de Reyna, que la primera aproximación al objeto de estudio sea a través de un acercamiento etimológico. Porque, como afirma Heidegger: “el lenguaje empieza y termina por hacernos señas de la esencia de una cosa”[1]. Así comprobamos que trabajo proviene del verbo latino tripaliare que a su vez proviene de tripalium= tres palos, que era un cepo o yugo hecho con tres palos donde se ataban los bueyes y también a los esclavos para azotar. Vemos como la aproximación etimológica a término trabajo nos revela su vinculación al sufrir, a cualquier actividad que produce dolor en el cuerpo. De ahí que el verbo tripaliare significa en latín atormentar, causar dolor, torturar.

Aclarado el término pasemos ahora a su descripción fenomenológica. El trabajo, que puede ser definido como la ejecución de tareas que implican un esfuerzo físico o mental para la producción de algún tipo de bienes o servicios para atender las necesidades de los hombres, tiene dos manifestaciones: como opus= obra y como labor=labor. En tanto que obra expresa el producto o bien objetivo que produce, mientras que como labor expresa el producto subjetivo que logra.
Sobre la obra no hay discusión, la obra está ahí, al alcance de la mano y de la vista, a lo sumo puede discutirse si ésta está bien o mal hecha. El asunto se complica en el trabajo como labor, pues implica una subjetividad, la del trabajador. Pues en la labor está implicada la expresión del propio trabajador. Hasta no hace mucho se reservaba el término de “labores” a una materia en los colegios de señoritas. Creo que la materia se denominaba “manualidades y labores”, donde hilado, el bordado, el tejido y la costura constituían su temática. Es que el trabajo como labor implica la formación profunda del hombre que trabaja. No es necesario aclarar que el término hombre comprende tanto a la mujer como al varón, pues ambos forman parte del género hombre. La lengua alemana posee también dos términos para designar las manifestaciones del trabajo: Arbeit para obra y Bildung para labor. Y este último tiene el sentido de formación.
Y acá es donde encontramos nosotros la vinculación entre el trabajo y la escuela: en la búsqueda no tanto de la información, de conocimientos sino en la búsqueda de la formación del educando.
Y a esto sobre todo ayuda el trabajo en una época tan desacralizada como la que hoy nos toca vivir, pues lo sagrado desapareció de nuestra conciencia habitual. Y la educación en los valores morales se ha hecho muy difícil, teniendo en cuenta que lo que el niño ve a diario es corrupción, crímenes, asesinatos, robos, golpizas, droga, desorden, anomia, etc.
Así el trabajo es el único medio que tenemos a mano para crear virtud[2], al menos por la repetición de actos, de levantarnos todos los días temprano aunque no nos guste. De lavarnos la cara y peinarnos. A cumplir un horario. De tener que escuchar al compañero de trabajo con sus diferencias y acostumbrarnos a convivir con el otro, aunque más no sea por ocho o seis horas diarias. El trabajo limita y morigera el capricho subjetivo, de donde nacen todas nuestras arbitrariedades y nuestros males.
Y como la virtud se funda en la repetición habitual de actos buenos, el trabajo nos permite el paso inicial a la virtud, que es hacer las cosas bien, correctamente, evitando el daño al otro y al medio ambiente.
En nuestro país hemos tenido el privilegio de proclamar que existe una sola clase de hombre: el que trabaja. U otro: gobernar es crear trabajo. Incluso la máxima obra teórico-política que con rasgos propios y originales se realizó en Argentina durante el siglo XX fue la Constitución del Chaco de 1951, donde en su preámbulo afirma: Nosotros el pueblo trabajador….y no como las Constituciones de1853, incluso la de 1949 y la actual de 1994: Nosotros el pueblo…al típico estilo liberal, hijo de los juristas de la Revolución Francesa.
Hoy, por el contrario, el no trabajo y el subsidio han venido a reemplazar el ideal de la liberación por el trabajo. Esperemos que no sea para siempre y podamos retomar tan loable ideal.

Educación
Como hicimos con el término trabajo, observamos que educación viene del latín ducere que significa guiar, conducir. De modo que educar consiste en poder guiar conducir al educando al logro de su formación de hombre como tal.
Este ideal educativo nos viene desde los griegos con su famosa paidéia, que significó la formación del hombre de acuerdo con su auténtico ser; el de la humanitas romana de Varrón y Cicerón, de educar al hombre de acuerdo con su verdadera forma humana; el del mundo cristiano con su idea de ejemplaridad en todos los tratados De Magistro de los pensadores medievales que tienen a Cristo como maestro de los maestros y el del mundo moderno con Johann Pestalozzi y su método.
Todo este ideal educativo se plasmó en nuestro país a partir de la ley 1420 por la cual la educación primaria tiene como objeto la eliminación del analfabetismo y la formación en el niño de los valores morales. (Se enseñan modos, maneras, costumbres. En una palabra, se enseñan hábitos prácticos etc.)
De igual manera la educación media tiene por objeto fortalecer la conciencia de pertenencia histórico-política a la Nación a que se pertenece. (Se enseñan valores ciudadanos y patrios. En una palabra hábitos socio-políticos)
Y finalmente la educación superior que tiene por objeto entregar un método de estudio sistemático y reconocido, en donde los logros de los niveles previos se puedan expresar y se detecten las carencias.
Todo este ideal educativo se cuestionó a partir del último cuarto del siglo XX cuando masivamente la escuela dejó sus ideales de formación para limitarse, en el mejor de los caso, ha ser una simple transmisora de conocimientos.
La escuela, y hay que recordarlo una vez más, como su nombre lo indica es y debe ser antes que nada el lugar del ocio. El término viene del latino schola, el que a su vez viene del griego scolh(scholé) que significa ocio. Antes que cualquier otra cosa, la escuela es el lugar del ocio. Si se quiere, el lugar donde no se hace nada. Nada de útil, nada que no tenga su fin en sí mismo. Nada en vista a otra cosa que no sea la formación del propio educando. El carácter de útil, la utilidad, viene después de la escuela y es en general una preocupación de los padres. Una vez que se terminó la escuela se verá si sus enseñanzas son útiles. Pero la escuela no es otra cosa que el lugar para aprender en el ocio. Es el disfrutar jugando en el aprendizaje, un aprendizaje que vale por sí mismo y no en vista a otra cosa. Este aprender es por nada. Tiene un fin en sí mismo que es el acceso al saber y la sabiduría.
Hace 2500 años Platón en la Carta VII nos legó una enseñanza perdurable de cómo aproximarnos al saber y la sabiduría: primero a través del nombre, luego buscando la definición, en tercer lugar la imagen representada para llegar por último al conocimiento mismo. Y para que se entienda pone el ejemplo del círculo. En primer lugar tenemos un nombre llamado círculo, luego buscamos la definición compuesta de nombres y predicados: aquello cuyos extremos distan todos igual del centro. En tercer lugar la imagen como representación sensible, copia imperfecta y no permanente ejemplificada por círculos y ruedas. Para llegar finalmente al conocimiento mismo, todo ello “después de una larga convivencia con el problema y después de haber intimado con él, de repente, como la luz que salta de la chispa, surge la verdad en el alma[3]

Cultura
Cada vez que escuchamos hablar de cultura o de gente culta, asociamos la idea con la gente que sabe mucho, que tiene títulos, que es léida, como decían nuestros padres, allá lejos y hace tiempo. Es por eso que ha hecho fama, a pesar de su demonización política, la frase de Goebbels: Cada vez que me hablan de cultura llevo la mano a mi revólver. Porque sintetiza mejor que nadie, en un brevísimo juicio, el rechazo del hombre común, del hombre del pueblo llano, al monopolio de la cultura que desde la época del Iluminismo para acá poseen y ejercen los ilustrados y sus academias.
Cultivo
En cambio para nosotros cultura es el hombre manifestándose. Es todo aquello que él hace sobre la naturaleza para que ésta le otorgue lo que de suyo y espontáneamente no le da. Es por ello que el fundamento último de lo que es cultura, como su nombre lo indica, es el cultivo.
Cultura es tanto la obra del escultor sobre la piedra amorfa, como la obra del tornero sobre el hierro bruto o como la de la madre sobre la manualidad del niño, cuando le enseña a tomar el cubierto.
Vemos de entrada nomás, como esta concepción es diametralmente opuesta a esa noción libresca y académica que mencionamos al comienzo.
El término cultura proviene del verbo latino colo/cultum que significa cultivar.
Para el padre de los poetas latinos, Virgilio, la cultura está vinculada al genius loci (lo nacido de la tierra en un lugar determinado) y él le otorgaba tres rasgos fundamentales: clima, suelo y paisaje.
Caracterizado así el genius loci de un pueblo, éste podía compartir con otros el clima y el paisaje pero no el suelo. Así como nosotros los argentinos compartimos el clima y paisaje con nuestros vecinos pero no compartimos el suelo. Y ello no sólo porque sea éste último donde se asienta el Estado-Nación sino, desde la perspectiva de Virgilio el suelo es para ser cultivado por el pueblo sobre el se asienta para conservar su propia vida y producir su propia cultura.
Enraizamiento
Pero para que un cultivo fructifique, éste debe echar buenas raíces, profundas y vigorosas que den savia a lo plantado. Toda cultura genuina exige un arraigo como lo exige toda planta para crecer lozana y fuerte, y en este sentido recordemos aquí a Simone Weil, la más original filósofa del siglo XX, cuando en su libro L´Enracinement nos dice: el reconocimiento de la humanidad del otro, este compromiso con el otro, sólo se hace efectivo si se tienen “raíces”, sentimiento de cohesión que arraiga a las personas a una comunidad”[4]. La filósofa ha dado un paso más, pues, pasó del mero echar raíces al arraigo que siempre indica una pertenencia a una comunidad en un lugar determinado.
El arraigo, a diferencia del terruño que es el trozo de tierra natal, abarca la totalidad de las referencias a la vida que nos son familiares y habituales. El arraigo genuino se expresa en un ethos nacional.
Fruto
Luego de haber arado, rastreado, sembrado, regado y esperado el madurar, aparece lo mejor que da el suelo: el fruto, que cuando es acabado, cuando está maduro, es decir perfecto, decimos que el fruto expresa plenamente la labor y entonces, nos gusta.
Sabor
Y aquí aparece una de esas paradojas del lenguaje que nos dejan pensando acerca del intrincado maridaje entre las palabras y las cosas. Nosotros aun usamos para expresar el gusto o el placer que nos produce un fruto o una comida una vieja expresión en castellano: el fruto nos “sabe bien”. Y saber proviene del latín sapio, y sapio significa sabor. De modo tal que podemos concluir que hombre culto no es aquel que sabe muchas cosas sino el que saborea las cosas de la vida.

Sapiente
Existe para expresar este saber un término que es el de sapiente, que nos indica, no sólo al hombre sabio, sino a aquel que une en sí mismo sabiduría más experiencia por el conocimiento de sus raíces y la pertenencia a su medio[5]. Los antiguos griegos tenían una palabra para expresar este concepto: jronhsiV (phrónesis)
Vemos, entonces, como la cultura no es algo exterior sino que es un hacerse y un manifestarse uno mismo. Por otra parte la cultura, para nosotros argentinos, tiene que americanizarse, pero esto no se entiende si se concibe la cultura como algo exterior. Como una simple imitación de lo que viene de afuera, del extranjero.
No hay que olvidar que detrás de toda cultura auténtica está siempre el suelo. Que como decía nuestro maestro y amigo el filósofo Rodolfo Kusch: “El simboliza el margen de arraigo que toda cultura debe tener. Es por eso que uno pertenece a una cultura y recurre a ella en los momentos críticos para arraigarse y sentir que está con una parte de su ser prendido al suelo”[6]
Es sabido desde Hegel para acá, que el concepto es “lo que existe haciéndose”, que para él, encuentra su expresión acabada en la dialéctica, que tiene tres momentos: el suprimir, el conservar y el superar. Y no la vulgar versión de tesis, antítesis y síntesis a que no tienen acostumbrados los manuales. Hemos visto hasta ahora como la cultura pone fin, hace cesar la insondable oquedad de la naturaleza prístina con el cultivo, la piedra o el campo bruto, por ejemplo, y en un segundo momento conserva y retiene para sí el sabor y el saber de sus frutos, vgr.: las obras de arte. Falta aún describir el tercero de los momentos de esta Aufhebung o dialéctica.[7]
Si bien podemos, en una versión sociológica, entender la cultura como el hombre manifestándose, “la cultura, afirmamos en un viejo trabajo, no es sólo la expresión del hombre manifestándose, sino que también involucra la transformación del hombre a través de su propia manifestación”[8].
El hombre no sólo se expresa a través de sus obras sino que sus obras, finalmente, lo transforman a él mismo. Así en la medida que pasa el tiempo el campesino se mimetiza con su medio, el obrero con su trabajo, el artista con su obra.
Esta es la razón última, en nuestra opinión, por la cual el trabajo debe ser expresión de la persona humana, porque de lo contrario el trabajador pierde su ser en la cosas. El trabajo deviene trabajo enajenado. Y es por esto, por un problema eminentemente cultural, que los gobiernos deben privilegiar y defender como primera meta y objetivo: el trabajo digno.
Esta imbricación entre el hombre y sus productos en donde en un primer momento aquél quita lo que sobra de la piedra dura o el hierro amorfo para darle la forma preconcebida o si se quiere, para desocultar la forma, y, en un segundo momento se goza en su producto, para, finalmente, ser transformado, él mismo, como consecuencia de esa delectación, de ese sabor que es, como hemos visto, un saber. Ese saber gozado, experimentado, es el que crea la cultura genuina.
Así la secuencia cultura, cultivo, enraizamiento, fruto, sabor, sapiencia y cultura describe ese círculo hermenéutico de la idea de cultura.
Círculo que se alimenta dialécticamente en este hacerse permanente que es la vida, en donde comprendemos lo más evidente cuando llegamos a barruntar lo más profundo: que el ser es lo que es, más lo que puede ser.
Resumiendo, hemos visto como el trabajo genera virtud, al menos mundana o no trascendente, que se relaciona con la educación en tanto ambas actividades buscan la formación del hombre en su ser, para que éste pueda plasmar en su vida una cultura genuina, esto es, vinculada a su arraigo.
(*) arkegueta, aprendiz constante
[1] Heidegger, Martín: Poéticamente habita el hombre, Rosario, Ed. E.L.V., 1980, p. 20.-
[2] Otro gran iniciador laico, en algunas virtudes, es el deporte.
[3] Platón: Carta VII, 341 c 4. También en Banquete 210 e
[4] Weil, Simone: Echar Raíces, Barcelona, Trotta, 1996, p. 123.-
[5] Buela, Alberto: Traducción y comentario del Protréptico de Aristóteles, Bs.As., Ed. Cultura et labor, 1984, pp. 9 y 21. “Hemos optado por traducir phronimós por sapiente y phrónesis por sapiencia, por dos motivos. Primero porque nuestra menospreciada lengua castellana es la única de las lenguas modernas que, sin forzarla, así lo permite. Y, segundo, porque dado que la noción de phrónesis implica la identidad entre el conocimiento teórico y la conducta práctica, el traducirla por “sabiduría” a secas, tal como se ha hecho habitualmente, es mutilar parte de la noción, teniendo en cuenta que la sabiduría implica antes que nada un conocimiento teórico”.
[6] Kusch, Rodolfo: Geocultura del hombre americano, Bs.As. Ed. F.G.C., 1976, p.74.
[7] Buela, Alberto: Hegel: Derecho, moral y Estado, Bs.As. Ed. Cultura et Labor- Depalma, 1985, p. 61 “En una suscinta aproximación podemos decir que Hegel expresa el conceto de dialéctica a través del término alemán Aufhebung o Aufheben sein que significa tanto suprimir, conservar como superar. La palabra tiene en alemán un doble sentido: significa tanto la idea de conservar, mantener como al mismo tiempo la de hacer cesar, poner fin. Claro está, que estos dos sentidos implican un tercero que es el resultado de la interacción de ambos, cual es el de superar o elevar. De ahí que la fórmula común y escolástica para explicar la dialéctica sea la de: negación de la negación”.
[8] Buela, Alberto: Aportes al pensamiento nacional, Bs.As., Ed. Cultura et labor, 1987, p.44.-
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L’horreur absolue, autrefois, c’était aller en enfer. Aujourd’hui, c’est mourir. Comme tout ce qui nous reste, dit-on, est une vie mortelle, la perdre est une chute finale.
L’ennui est que cette chute est inévitable et que nous le savons... sans le savoir, ou plutôt faisons tout pour ne pas le savoir. Nous vivons tous les jours dans l’ombre de cette horreur absolue, tout en prétendant que nous marchons sous un soleil au zénith. Il reste que, malgré ce déni, nous sommes inconsciemment terrifiés par l’ombre de cette mort qui nous attend.
Des individus terrifiés, ça plaît aux gouvernants. Des citoyens qui tremblent, c’est pas comme Spartacus, prêt à mourir pour la liberté. Comment pourrions-nous être prêts à mourir pour quoi que ce soit si la mort est une horreur absolue, une catastrophe finale ? De citoyens qui marchent dans l’ombre d’une mort que, par ailleurs, ils ne veulent pas voir, sont très dociles. Ils vont tout faire pour rester en vie. Raison pour laquelle, après le crash d’un Airbus A 320 à cause d’un pilote suicidaire, Merkel et Hollande se sont recueillis devant les restes de l’avion. Il faut rappeler au bon peuple ce qu’est l’horreur absolue pour qu’il tremble bien.
Si la mort est l’horreur absolue, il s’ensuit que vivre est le bonheur absolu. Peut-être même qu’en vivant pleinement, à cent à l’heure, on en oubliera qu’on va mourir. Et ça, c’est très efficace pour la promotion du consumérisme. S’acheter une voiture pour vivre à cent à l’heure, « vivre plus fort » comme dit une publicité Renault, puis s’acheter chips et chocolat pour gonfler jusqu’à un sentiment de plénitude existentielle et d’obésité, autant de gestes qui permettent d’oublier la mort. La présenter comme horreur absolue fait enfler les foules au seuil des supermarchés. Achetons vite des choses pour jouir de la vie et faire un mur qui nous empêchera de voir ce que nous ne voulons pas voir ! Marx a eu raison de parler du fétichisme de la marchandise, mais il n’a pas vu qu’il sert masquer la mort.
Aujourd’hui, il n’y a plus ni enfer, ni paradis, ni purgatoire. Ou plutôt, ces trois étapes dans le cheminement des âmes, n’ont plus lieu après la mort mais avant. Le purgatoire, c’est le jogging quotidien qui fait souffrir mais qui promet le paradis d’une santé mentale et physique parfaite. L’enfer, c’est être rejeté dans les ténèbres extérieures d’une vie pleine par la cigarette qui tue et pas seulement elle : addictions, chômage, handicaps, exclusion, autant de choses qui empêchent de participer au pur bonheur de la vie. L’autre jour, je vois dans la rue un jeune homme qui tentait de récolter des fonds pour les trisomiques. Je lui parle et m’énerve un peu. Je venais de passer par la Place des Nations avec une immense affiche vantant les mérites de Handicap International. Je m’énerve un peu car je me sens assailli de partout par des pratiques et des politiques visant à me convaincre quels que soient nos handicaps ou exclusions, nous faisons partie de la grande famille humaine et que c’est Noël tous les jours. Je suis accablé par un discours qui me dit que, dans le fond, il n’y a pas de différence entre moi et un cul de jatte, entre moi et les exclus, fussent-ils morts ! Parce que la mort, finalement, c’est l’ultime exclusion. Comme nous sommes censés lutter contre toutes les exclusions, notre combat est finalement contre la mort avec, au bout, la promesse d’une vie immortelle mais ici-bas. On accuse souvent la religion d’absurdité, mais la nôtre, dite laïque, l’est encore plus.
Dans mes cauchemars, je vois une main se tendre vers moi pour m’entraîner dans une grande sarabande aux couleurs arc-en-ciel. N’allons-nous pas fusionner dans cette sarabande ? C’est possible, à moins que nous ne prenions soudainement conscience qu’elle est une danse macabre puisque nos virevoltes sur la scène du monde doivent inclure les morts.
N’empêche, si je refuse l’invitation à danser dans cette sarabande de squelettes, je passe pour un affreux. Or j’ai toujours envie de refuser. Déjà qu’on m’a expliqué, avec la théorie du genre, que je ne suis pas vraiment distinct d’une femme ! Et maintenant, on me balance tous les exclus dans les pattes ! Hystérique recherche de l’indifférenciation au terme de laquelle il n’y aura plus de frontières entre moi et les homosexuels, les bisexuels, les transgenres, voire les morts et les monstres comme le suggèrent de nombreux films ! Certains affirment que nous sommes des animaux - d’autres que l’homme est une saleté à la surface de la terre et qu’on pourrait aussi bien l’exterminer pour laisser vivre les baleines, les phoques et les tortues. L’heure de la fusion finale est proche. Le salut par sacrifice de soi coïncidant avec une immersion dans des concerts, macabres eux aussi, avec gigantesques écrans reproduisant les gesticulations d’un chanteur halluciné !
Je n’ai aucune animosité contre les exclus, j’éprouve même de la compassion, mais je n’ai pas vraiment envie de danser avec eux. Cela dit, je comprends pourquoi l’on veut nous faire danser tous ensemble. Si l’on déclare que notre vie mortelle est le seul moyen d’accéder au bonheur, il est inévitable que certains et même beaucoup se sentent exclus de ce bonheur. Il faut donc organiser de plus en plus de concerts. Non seulement avec des handicapés, mais aussi avec des dépressifs, des derniers de classe, des criminels qu’on aura réintégrés pour les faire danser ! Avec nos nouvelles messes célébrant l’immersion dans la vie, nous sommes sur le point d’être entraînés dans une extatique fusion universelle aux prémices de laquelle nous pouvons déjà goûter dans ce qu’on appelle maintenant les « fan zones ». Drogue, alcool et bras qui s’agitent en cadence au-dessus de la tête. Tout le monde est invité et tout le monde est content ou supposé l’être.
Dans la peinture occidentale, les danses macabres apparaissent vers la fin du Moyen Âge, à une époque où la mort est partout à cause des guerres et des épidémies. Qui se serait douté qu’elles apparaîtraient aussi lorsque la célébration de la vie serait partout ? Normal dans le fond, si le monde contient des horreurs absolues, il faut s’agiter autant qu’on peut avant qu’elles ne se produisent.

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Entretien avec Lucien Cerise
Propos recueillis par Monika Berchvok
Venant de l’extrême gauche de l’échiquier politique, Lucien Cerise vote « Non » en 2005 au référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, comme 55 % des votants. Quand il voit au cours des années 2006 et 2007 ce que le Pouvoir fait du scrutin, cela le décide à s’engager dans les mouvements anti-Union européenne et antimondialistes, donc nationalistes et localistes. Au fil du temps et des rencontres, il s’est rendu compte que le clivage politique Droite / Gauche est en fait complètement bidon et que la seule différence à considérer est entre la vie et la mort. Dans son dernier livre, il revient sur les concepts les plus importants de son travail : l’ingénierie sociale et les neuro-pirates. Les propos de Lucien Cerise sont parfois polémiques, mais doivent être pris comme une ouverture au débat.
Rivarol : En quoi consiste l’ingénierie sociale ?
Lucien Cerise : L’ingénierie sociale est la méthode scientifique de transformation des groupes sociaux. Toutes les échelles peuvent être visées : famille, tribu, communauté, religion, peuple, civilisation, association, entreprise, etc. Ce travail de transformation et de reformatage est généralement non déclaré, furtif, subliminal parce que les groupes ciblés le refuseraient, ou du moins l’amenderaient fortement s’ils étaient consultés. En outre, cette transformation est définitive, ce qui la distingue d’un acte de manipulation ponctuelle, qui reste réversible. L’idée d’une ingénierie sociale, ou social engineering, apparaît au XXe siècle sous la plume de chercheurs tels que l’épistémologue Karl Popper et est aussi synonyme de « planification sociale » et de « conduite du changement ». Plus récemment, le monde du piratage informatique l’a également adoptée en insistant sur la furtivité. Aujourd’hui, les deux concepts clés de l’ingénierie sociale sont 1) l’hameçonnage (phishing), c’est-à-dire l’accroche séduisante, la carotte, la récompense promise pour nous faire avancer dans le sens voulu par l’ingénieur social, et 2) le conflit triangulé, c’est-à-dire le conflit orchestré entre des groupes, ou entre les membres d’un groupe, pour les affaiblir, voire les détruire en usant d’une stratégie indirecte qui les fait s’affronter au bénéfice de celui qui organise le conflit sans y apparaître directement.
Qui sont les « neuro-pirates » qui veulent faire de nous des « néo-esclaves » ?
Les neuro-pirates sont mieux connus sous le terme anglais de spin doctors, qui désigne les professionnels du « retournement » psychologique. Un conseiller de Barack Obama, l’universitaire Cass Sunstein, parle d’infiltration cognitive pour qualifier cette manière d’entrer dans l’esprit d’autrui pour le faire changer sans qu’il en soit totalement conscient. On en rencontre des praticiens essentiellement dans les milieux de la communication, du marketing, du management, de la sécurité des systèmes, du renseignement et de la politique. Quand le pouvoir veut fabriquer notre consentement à quelque chose d’intolérable, il est contraint d’avancer masqué sachant que notre « consentement éclairé » ne sera jamais accordé. Quand il s’agit de nous faire accepter de recevoir une puce électronique dans le corps comme si nous étions du bétail, il faut nécessairement ruser et présenter les choses sous un jour dédramatisé, inoffensif, et même ludique et attractif si possible. C’est le rôle du piratage des cerveaux, au sens où le neuro-pirate va pénétrer ni vu, ni connu dans l’esprit de quelqu’un pour modifier son logiciel mental et comportemental sans qu’il ne s’en rende compte. Nous baignons là-dedans en Occident, où le pouvoir essaye de transformer définitivement la nature des peuples dans le sens d’une artificialisation et d’une robotisation croissante, mais sans provoquer de réactions de refus trop violentes, ce qui le conduit à procéder sous couvert des droits de l’Homme ou de la lutte contre la « menace terroriste ».
Comment concrètement le système manipule les foules sur un sujet aussi important que le sionisme ?
Dans la phase préliminaire d’hameçonnage, autrement dit de séduction, l’ingénierie sociale repose sur l’usurpation d’identité et l’abus de confiance. L’usurpation d’identité fait un usage intensif du « triangle de Karpman », notion issue de l’Analyse transactionnelle. En résumé, trois places sont à occuper dans les relations humaines : le sauveur, le bourreau et la victime. Pour agir furtivement et discrètement, le bourreau peut produire les signes extérieurs de la victime, de sorte à occuper frauduleusement cette place dans notre perception, ce qui lui permettra d’inhiber toute méfiance et tout esprit critique envers lui et d’abuser de notre confiance. En usurpant l’identité de la victime, le bourreau détourne notre attention de ses agissements et il peut commencer à nous détruire presque à notre insu, voire même avec notre participation, dans la mesure où nous le percevons désormais non plus comme le bourreau, mais comme la victime, ou le sauveur. Nous tenons là l’explication de la promotion que le système fait de l’idéologie victimaire pour empêcher toute analyse sérieuse de la question du sionisme.
L’immigration de masse semble être une arme de déstabilisation des nations européennes ?
C’est plus qu’une déstabilisation, c’est une destruction définitive des nations européennes qui est en cours, un vrai génocide. Le projet d’en finir totalement avec l’Europe chrétienne apparaît dans le Talmud, livre du Sanhédrin, dans la parabole du « Messie aux portes de Rome ». Rome est la métonymie de l’Europe chrétienne, également nommée Edom dans cette tradition. Les commentaires de la parabole disent que le Messie des Juifs reviendra à mesure que l’Europe chrétienne disparaîtra. Dès lors, on comprend mieux les motivations de certaines personnes et organisations à accélérer et amplifier toujours davantage l’immigration de masse extra-européenne et musulmane en Europe. Les immigrés, de préférence non chrétiens, sont utilisés ici comme des munitions et à des fins balistiques pour détruire les nations européennes ; bien sûr, certains d’entre eux se frottent les mains d’avoir ainsi la permission d’envahir l’Europe, mais ils doivent comprendre qu’ils seront perdants eux aussi à la fin. En effet, après avoir utilisé les musulmans pour déchristianiser l’Europe, le pouvoir provoquera des conflits triangulés parmi les musulmans pour les pousser à s’entretuer, car eux-mêmes seront de trop à ce moment-là.
Le but final visé à travers toutes ces confrontations identitaires reste le Grand remplacement de l’ensemble des communautés humaines par le transhumanisme. Le défi des Européens est de faire comprendre aux immigrés extra-européens à quoi ils servent et ce qui les attend aussi, c’est-à-dire leur génocide après le nôtre. C’est ainsi que nous pourrons établir avec eux une communauté de « galère » et de destin, qui permettra de poser un modus vivendi pacifique, condition nécessaire pour commencer à inverser tranquillement la tendance, ce qui peut aboutir à la ré-émigration de certains d’entre eux, de sorte que chacun chez soi nous soyons plus forts pour lutter ensemble contre l’ennemi commun.
Vous évoquez les liens entre les oligarques mondialistes et la mouvance antifasciste. Pouvez-vous évoquer vos découvertes sur le financement des « antifas » ?
Quand on cherche un peu qui soutient, parraine et chapeaute l’extrême-gauche « antifasciste », anti-spéciste, LGBT, No Border, Black-Blocks, Occupy, les Indignés, etc., on trouve des organisations qui sont au sommet du capitalisme : Open Society de George Soros, Fondations Rockefeller et Rothschild, Commission européenne, diverses ONG et entreprises multinationales, et même certains ministères de l’Intérieur, autrement dit la police. On savait déjà que les libéraux et les libertaires convergeaient intellectuellement dans l’abolition des frontières, des nations et des identités, et plus largement dans la déconstruction de toute forme de limite.
On sait maintenant que ce n’est pas seulement théorique mais aussi pratique et économique. Une bonne partie de l’extrême-gauche, celle apparue autour de Mai 68 en France, relève de ce que les anglo-saxons appellent la New Left. Il s’agit en fait d’une gauche libertaire prônant l’ouverture sans limites, totalement inoffensive car elle a été créée par la droite libérale dans les années de chasse aux sorcières anti-communiste pour concurrencer et affaiblir la gauche non-libertaire, communiste et fermée, donc structurée et vraiment dangereuse pour le système américaniste et capitaliste.
Cette extrême-gauche du capital a été conçue pour critiquer les effets sans jamais remonter aux causes. Par exemple, les causes de la loi El-Khomri, ou loi Travail, sont à chercher à Bruxelles car c’est la transposition d’une directive européenne. Quand le mouvement Nuit Debout demandera la sortie de l’Union européenne, il deviendra vraiment dangereux et se fera dégager manu militari de la Place de la République. Pour l’instant, il est inoffensif et le Pouvoir en a même besoin pour détourner l’attention des vrais problèmes et de leurs vraies causes. En plein état d’urgence et plan Vigipirate « rouge écarlate », la préfecture de police et la mairie n’ont guère fait de difficultés pour autoriser l’occupation permanente d’une grande place de Paris – ce qui pose d’ailleurs la question de la réalité de la « menace terroriste ». Il semble que François Ruffin et son journal Fakir qui ont lancé le mouvement soient indépendants à l’origine, mais ils ont été rapidement piratés et récupérés, notamment par des professionnels de la communication tels que Noémie Toledano et Baki Youssoufou, dont les parcours les rattachent aux organisateurs de « révolutions colorées », donc aux réseaux d’influence capitalistes cités plus haut.
Vous démasquez les mensonges véhiculés sur la Russie de Poutine à l’occasion du conflit ukrainien. Quels sont les mécanismes et le but des manœuvres contre la Russie ?
Comme l’avait bien vu Halford Mackinder (1861-1947), l’un des pères fondateurs de la géopolitique, contrôler l’Eurasie permet de dominer le monde. Nicolaï Troubetzkoï (1890-1938), créateur de l’eurasisme, écrivait en 1922 que la guerre mondiale ne cesserait pas tant que les grands espaces russes ne seraient pas conquis. De fait, il existe un projet géopolitique de conquête de toute l’Eurasie, nourri par des intérêts capitalistes occidentaux, ceux-là mêmes qui contrôlent déjà l’Europe et l’Amérique du Nord, mais qui ne contrôlent ni la Russie, ni la Chine, ni l’Iran. Ce projet de domination mondiale est exposé clairement par Zbigniew Brzezinski dans diverses publications. Auparavant, un autre Polonais, l’homme d’État Josef Pilsudski (1867-1935), réfléchissait vers 1920 à la meilleure méthode pour prendre la Russie, étape obligée de cette conquête de l’Est, et avait élaboré une stratégie en deux temps :
1) l’Intermarium, soit l’unification des pays allant de la Baltique à la Mer noire pour couper géopolitiquement Moscou de l’Europe,
2) le Prométhéisme, soit le morcellement de la Russie en petits États faibles par le soutien apporté aux revendications identitaires locales.

Les deux guerres mondiales, la guerre froide et la guerre hybride actuelle ont été lancées pour ça. La nature du régime en place en Russie et ce qu’il fait n’a aucune importance. Tsarisme avant 1917, communisme jusqu’en 1991, ultralibéralisme sous Eltsine, étatisme libéral sous Poutine, c’est indifférent : du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, ce pays reste la cible inchangée des attaques occidentales. Le conflit ukrainien et le conflit syrien ne sont que des étapes de ce « Drang nach Osten » qui vise également la Chine et l’Iran. Évidemment, dans les cercles dirigeants à Moscou, Téhéran et Pékin, tout le monde est parfaitement au courant de ce programme de domination mondiale nourri par l’axe du chaos Washington / Bruxelles / Tel-Aviv. Sur le théâtre européen, la conquête de Kiev par Washington et l’OTAN est une belle prise qui permet de consolider l’Intermarium et d’élaborer un front unifié pour attaquer la Russie directement sur ses frontières, ce qui devrait se faire aux alentours de 2021 et nous entraîner probablement dans un conflit nucléaire dont l’Europe sera la principale victime. Pourquoi 2021 ? Parce que le président ukrainien Porochenko a signé un document engageant l’Ukraine à assurer l’interopérabilité complète de ses forces armées avec celles de l’OTAN en 2020 – or on ne prend pas ce type de décision sans une idée derrière la tête – et Hillary Clinton devrait être dans la première année de son deuxième mandat, ce qui lui donnera les mains libres pour faire n’importe quoi. Pour couronner le tout, rappelons qu’en France, l’Assemblée nationale a voté le 7 avril 2016 la ré-adhésion au Protocole de Paris qui autorise le stationnement de troupes de l’OTAN sur le territoire national, autant dire l’implantation de bases militaires, comme en Allemagne ou en Italie.
Qu’est-ce que le Mind Control ?
Le Mind Control est une méthode de contrôle comportemental qui procède en infligeant des chocs et des traumatismes. Quand cela s’applique aux masses, on peut parler d’ingénierie sociale. Il s’agit de rendre l’esprit d’autrui totalement flexible et malléable après l’avoir disloqué, décomposé et morcelé. Le trait typique de cette méthode est de produire un psychisme compartimenté, ce qui retire toute cohérence logique et organique au fonctionnement intellectuel de l’individu, et le rend capable de tenir sans problème des raisonnements parfaitement illogiques, de dire une chose et son contraire dans la même phrase, ou encore de dire quelque chose et de faire exactement le contraire en même temps.
Pouvez-vous nous expliquer votre conception du « conflit triangulé généralisé » ?
L’ingénierie sociale consiste à prendre le contrôle des rapports de confiance et de méfiance dans un groupe donné. Le conflit triangulé résulte d’une augmentation méthodique du sentiment de méfiance au sein du groupe cible. L’ingénieur produit de la confiance à son égard, ou au moins de l’absence de méfiance, en occupant la place de la victime ou du sauveur, puis il fait monter la méfiance entre les parties du groupe cible en les décrivant comme des bourreaux mutuels, pour aller si possible jusqu’à la haine, entre les sexes, les générations, les religions, les races, etc. Un conflit triangulé est toujours orchestré entre deux acteurs par un troisième acteur inapparent à première vue, mais qui peut apparaître au bout d’un moment si l’on cherche un peu.
Derrière la guerre de tous contre tous qui définit la toile de fond de nos vies, on trouve les promoteurs de l’idéologie libérale de l’égoïsme concurrentiel ainsi que diverses techniques de gouvernance par le chaos telles que le conflit par procuration (proxy warfare). Un exemple tiré de la géopolitique : toutes les preuves ont été données que les terroristes qui agressent la Syrie depuis des années sont sous tutelle des services secrets occidentaux. Ces groupes paramilitaires islamistes sont les fameuses forces de procuration (Israeli proxy forces) du rapport A Clean Breakremis en 1996 à Benjamin Netanyahou. Il n’est donc pas étonnant que ce dernier vienne soutenir quelques vingt ans plus tard ses troupes de djihadistes blessés en Syrie et soignés dans des hôpitaux militaires israéliens, comme l’ont noté divers médias, ce qui lui a valu les remerciements de Mohammed Badie, le chef suprême des Frères musulmans, ainsi que de paramilitaires islamistes.
Des officiels israéliens ont dit également préférer l’État islamique (Daech) à l’Iran. Évidemment, le terrorisme islamiste supervisé par les services spéciaux israéliens, anglo-saxons, français, ne s’arrête pas aux frontières du Proche-Orient : le suivi des filières est assuré jusqu’en Europe et en Amérique, où ces services spéciaux sont carrément chez eux, dans une perspective de stratégie de la tension, en référence au réseau Gladio de l’OTAN. À la fin, pour des raisons d’efficacité, les attentats en Occident sont réalisés par les services occidentaux eux-mêmes, mais attribués dans la narration officielle médiatique aux individus qui ont effectivement fréquenté des groupes activistes et possèdent donc le bon parcours biographique, ce qui en fait des coupables idéaux. Un principe de l’attentat sous faux drapeau : pour écrire une « légende », c’est-à-dire un faux CV dans le jargon du renseignement, il faut un minimum de vraisemblance. Le terrorisme d’État est aujourd’hui le principal bras armé de ce conflit triangulé généralisé.
Dans un article pour la revue Rébellion, vous affirmez que sortir du capitalisme est la condition d’un enracinement identitaire authentique. Quelles formes pourraient prendre cette démarche national-révolutionnaire ?
Cette démarche nationale-révolutionnaire pourrait prendre la forme d’un protectionnisme conservateur, seul moyen d’assurer un enracinement identitaire authentique. Il faut surtout s’extraire du libéralisme conservateur, qui est contradictoire dans les termes, un véritable oxymore, et qui devient toujours à la fin un libéralisme libertaire, sans frontières et sans entraves, que ce soit du point de vue économique ou identitaire. L’économie et les mœurs ont besoin d’être régulées. Sans régulation, l’économie et la vie en société tombent dans le désordre, l’anarchie, le « gauchisme », ce qui fait toujours le lit du capitalisme, qui prospère dans le chaos, la violence et l’injustice, mais s’éloigne à mesure que l’ordre et l’équilibre reviennent dans le corps social.
C’est le capitalisme qui est à l’origine du « mariage homo » ainsi que des flux migratoires délirants auxquels nous sommes exposés depuis des années. Henry de Lesquen disait un jour sur Radio Courtoisie : « Je suis national libéral ; national car il faut mettre les immigrés dehors, et libéral car il faut brûler le code du travail ». Le problème, c’est que brûler le code du travail fera revenir les immigrés. La thèse libérale conservatrice est donc incohérente : elle déplore les effets dont elle chérit les causes.
Quiconque s’imagine que l’enracinement identitaire est possible au sein de l’Union européenne, par exemple, n’a rien compris et doit reprendre l’examen de la question depuis le début. La sortie de l’euro et le retour aux monnaies nationales est également indispensable, car la souveraineté économique conditionne la souveraineté politique. Le programme minimum de ce protectionnisme conservateur garantissant un enracinement authentique est donc simple : sortir de l’euro, de l’Union européenne, de Schengen et de l’OTAN, et ne pas entrer dans le Traité transatlantique. La vraie révolution nationale anticapitaliste est dans ce programme, qui n’est ni de droite, ni de gauche – nous ne sommes pas à l’auto-école – mais qui est simplement raisonnable, rationnel et orienté vers la vie. Que dis-je, la survie ! Or, pour soutenir ce programme survivaliste à l’échelle de la nation, je n’ai à ma disposition que le bulletin dans l’urne. Il faut donc placer à la tête de l’État un parti politique soutenant ce programme, ou s’en écartant le moins possible, et réunissant le potentiel électoral suffisant. La nouvelle direction du Front national depuis 2011 prend la bonne voie de ce grand rassemblement protectionniste et conservateur par-delà droite et gauche, ce qui explique sa progression électorale constante depuis plusieurs années. Évidemment, ça ne plaît pas à tout le monde, d’où une désinformation croissante sur ce parti, basée sur des attaques en dessous de la ceinture et des citations tronquées.
Vous évoquez une ingénierie sociale positive. Comment des forces nationalistes pourraient utiliser cette technique ?
Je préconise d’appuyer cette ingénierie sociale positive (IS+) sur la théorie du « prendre soin », le Care en anglais. Le fait de « prendre soin » du territoire où l’on vit doit devenir l’idée directrice de notre action politique. L’avantage de cette approche purement pragmatique est de focaliser l’attention sur l’avenir et l’action concrète de proximité. Cela simplifie les choses. Il est plus facile de fédérer les bonnes volontés ainsi, compte tenu de la complexité identitaire dans laquelle nous sommes immergés dès que l’on regarde vers le passé, l’histoire et les origines. Cette IS+ aurait l’allure d’un travail social humble et d’échelle locale, œuvrant à la résilience nationale et visant à réparer ce qui a été endommagé par l’ingénierie sociale négative du turbo-capitalisme mondialisé et cosmopolite.
Propos recueillis par Monika Berchvok
À lire :
Neuro-pirates - Reflexion sur l’ingénierie sociale, de Lucien Cerise, éditions Kontre Kulture, 2016, 450 pages – 22 euros.
Le numéro 66 de la revue Rébellion comporte un important dossier de Lucien Cerise sur l’ingénierie sociale (5 euros – Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 Toulouse cedex 02).
00:05 Publié dans Actualité, Entretiens, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, lucien cerise, entretien, sociologie, neuro-pirates, théorie politique, géopolitique, sciences politiques, politologie, ingénierie sociale |
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À mi-chemin entre le métaphysicien et le samouraï, Julius Evola a élaboré une vision de la politique et de la Tradition qui l’éloigne de la plupart des théoriciens politiques et des tenants du traditionalisme. Son approche repose sur un principe intangible : se détacher du monde tel qu’il est.
À l’âge de vingt-trois ans, alors qu’il est décidé à mettre fin « librement » à ses jours, à la façon des philosophes Otto Weininger et Carlo Michelstaedter, Julius Evola a une illumination en lisant un texte du Majjhima Nikaya : « Celui qui prend l’extinction comme extinction, qui pense l’extinction, qui pense à l’extinction, qui pense ‘L’extinction est mienne’ et se réjouit de l’extinction, celui-là, je le dis, ne connaît pas l’extinction. » Evola comprend que la liberté par laquelle il désire en finir est encore un lien, une ignorance opposée à la vraie liberté. Dès lors, il sent naître en lui une « fermeté capable de résister à toute crise » existentielle et, plus largement, à la crise du monde moderne.
Julius Evola soumettra ainsi ses connaissances et expériences, si diverses, à cette seule discipline : le détachement ferme. Lorsqu’il sera victime d’un bombardement à Vienne, qui lui causera une lésion partielle et une paralysie des membres inférieurs, il ne se sentira pas particulièrement touché par cette incapacité physique, son activité spirituelle et intellectuelle n’en étant en aucune façon compromise. Il manifestera également très tôt une insensibilité, voire une certaine froideur d’âme, envers la manière de vivre de ses contemporains. Son souci de considérer les arts, la philosophie, la politique, le sacré, malgré son détachement intérieur, s’expliquent par ce qu’il appelle son « équation personnelle » : une impulsion, dès sa prime jeunesse, vers la transcendance ; et une disposition de kshatriya, terme hindou désignant un type humain « guerrier », enclin à l’action et à l’affirmation, par opposition au brahmâna, type sacerdotal ou contemplatif. Ces deux tendances détermineront entièrement Evola dans son rapport au monde.
De l’Individu absolu à la Tradition
On retrouve nettement dans ses écrits l’influence de trois philosophes : Carlo Michelstaedter, sur la question de l’autonomie de l’être (Phénoménologie de l’Individu Absolu) ; Otto Weininger, sur sa lecture de la déviation matriarcale de la spiritualité (Révolte contre le monde moderne) ; et enfin Friedrich Nietzsche, dans sa vision antibourgeoise de l’homme différencié (Chevaucher le tigre).
Si Evola naît dans une famille catholique et bourgeoise, il en rejette rapidement ces deux aspects. Le catholicisme, moral et sentimental, lui semble étranger à une véritable sacralité et une haute ascèse, loin de l’idéal « viril et aristocratique » du bouddhisme aryen. Son mépris de la vie bourgeoise lui fait refuser une chaire universitaire.
En marge de l’existentialisme, Evola développe une phénoménologie complexe de l’Individu absolu. Introduction philosophique à un monde non philosophique, il s’agit d’un retour à l’être transpersonnel, « sous le signe de la liberté réelle et de la puissance ». Selon Evola, la philosophie, qui culmine dans l’idéalisme transcendantal, fait inévitablement banqueroute dans l’idéalisme magique. Son idée consiste donc à penser à un développement qui, sans retomber dans la philosophie, fait franchir un pas, le dernier pas, à la spéculation occidentale. La théorie de l’Individu absolu est une sorte d’existentialisme positif. L’homme n’y est pas brisé par sa situation métaphysique.
Après un intérêt vif pour le tantrisme et le paganisme, Julius Evola découvre l’œuvre de René Guénon. Si son équation personnelle l’éloigne de l’orientation essentiellement intellectuelle de Guénon, il comprend néanmoins l’intérêt d’une critique cartésienne du monde moderne, le monde anormal, et la contre-partie positive de cette critique : le monde normal au sens supérieur, celui de la Tradition. Le monde de la Tradition, dont les différentes traditions particulières pré-modernes sont des émanations, des reflets ou des adaptations, désigne la civilisation organique, hiérarchisée, où toutes les activités humaines sont orientées vers le haut, avec à sa tête une élite qui incarne l’autorité légitime et impersonnelle. Dès lors, Evola cherche non seulement à concilier l’idée de l’Individu absolu, « sans lois, destructeur de tout lien », avec l’idée de Tradition, qui lui semble opposée ; mais aussi à recourir davantage dans son œuvre à l’idée de mythologie, à travers l’origine nordique, hyperboréenne, de la Tradition primordiale.
Evola emprunte à Johann Jakob Bachofen sa lecture de la morphologie des civilisations, en rejetant l’aspect évolutionniste, y préférant la thèse involutive de Guénon. Tout au long de l’histoire connue, on a assisté à une altération du monde de la Tradition, avec notamment la dissociation entre autorité spirituelle et pouvoir temporel, inséparables aux origines. La civilisation, à l’origine, est patriarcale, héroïque, solaire, olympienne, virile ; elle se détériore sous les influences altératrices de la civilisation matriarcale, lunaire, tellurique, chtonienne, et aboutit à l’âge sombre, au kali-yuga.
De la révolte à l’apoliteia
Pour Evola, l’idée de Tradition est, surtout au sein du monde moderne, proprement révolutionnaire. S’il a d’abord vu dans le fascisme et le national-socialisme de possibles moyens d’expression des valeurs de la Tradition hyperboréenne, il ne ménage guère ses critiques envers les deux tendances. Dans un ouvrage au titre amusant, Le fascisme vu de droite, il ira même jusqu’à leur reprocher, outre leur nationalisme étriqué et leur racisme biologique, leur culte typiquement plébéien du travail. Après un procès dans lequel on l’accuse d’être le maître à penser de mouvements activistes néo-fascistes, Evola, relaxé, rédige un ouvrage dans lequel il transpose politiquement les idées de la Tradition. Son objectif est de promouvoir la formation d’un rassemblement de Droite authentique (au sens spirituel, pas uniquement politique), par rattachement aux principes contre-révolutionnaires. Cependant, malgré la bonne réception de l’ouvrage au sein de la droite radicale, Evola ne croit plus en la solution politique.
Son ouvrage Chevaucher le tigre est un bilan de ses expériences, et un constat de réalisme ferme : rien ne peut être fait, ni artistiquement, ni religieusement, ni politiquement, pour provoquer un bouleversement positif au sein du monde moderne. Le seul horizon, c’est le chaos. Ce livre s’adresse aux hommes différenciés, ceux qui n’appartiennent pas intérieurement au monde moderne, qui sont de l’autre civilisation. Selon une image extrême-orientale, « si l’on réussit à chevaucher un tigre, on l’empêche de se jeter sur vous et, […] en outre, si l’on ne descend pas, si l’on maintient la prise, il se peut que l’on ait, à la fin, raison de lui. » Evola s’adresse aux « convives de pierre », aux Individus absolus, ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se détacher du monde actuel, et qui sont prêts à y vivre « sous les formes les plus paroxystiques ». Evola y examine, sous formes d’orientations existentielles, les possibilités d’émancipation totale de l’être par la mise en confrontation avec les processus destructeurs du monde moderne.
Mais surtout, on retrouve là, comme magnifiée, la constante du cheminement spirituel et intellectuel de Julius Evola, le détachement, expression parfaite de son équation personnelle : inclination à l’action, détachement affectif. Pour Evola, l’homme différencié doit faire ce qui doit être fait, de façon impersonnelle, sans égard pour la victoire ou la défaite d’une action, sans le souci d’être approuvé ou désapprouvé. Une « action sans désir ». Dans Chevaucher le tigre, Evola recourt au principe d’apoliteia, « l’irrévocable distance intérieure à l’égard de la société moderne et de ses valeurs ». Le refus du « moindre lien spirituel ou moral » avec elle. Avant d’être un penseur de la Tradition et un théoricien politique, Julius Evola est avant tout un apôtre de la mystique du détachement.
00:05 Publié dans Philosophie, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, ascèse, tradition, traditionalisme, julius evola |
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par Juan Asensio
Ex: http://www.juanasensio.com
Prenons un récent exemple, que nous développerons sans doute dans une prochaine note : qui aurait pu croire que le lion d'Espagne, Georges Bernanos, deviendrait ainsi, non point à peine mort mais enterré depuis des lustres, l'objet de toutes les attentions philologiques, méritantes quoique si peu profondes, d'une Monique Gosselin-Noat, picorant l'intraitable écrivain en y déposant au passage quelques larves de fausse érudition ?
Je commencerai par la critique la plus féroce, capable sans doute de porter un coup fatal à l'exercice biographique auquel Stéphane Giocanti s'est livré, puisque Pierre Boutang, comme il ne cesse d'ailleurs de nous le répéter, non seulement était un homme du secret, mais, une fois pour toute, a dit tout ce qu'il pouvait dire sur lui-même dans son monstrueux Purgatoire. Ce roman difficile, le dernier que Boutang a fait paraître, couronne sa carrière d'écrivain hermétique, et Giocanti a raison de le qualifier comme étant «l'odyssée poétique de son âme» (p. 289) et tort, du moins dans l'absolu, d'écrire sur Boutang, puisque, une fois pour toute, ce dernier a dit tout ce qu'il pouvait dire, s'exposant sans fard (ou presque) à la corne de taureau dont parlait Michel Leiris, seule capable de garantir la sincérité de l'écrivain : «Ce n'est donc pas la surface peccamineuse que l'écrivain développe en racontant ou en projetant sa vie (lui qui abhorre ces miroirs que l'on promène le long d'une route, et que l'on appelle romans modernes), mais ce qui du péché témoigne du voyage du salut : le regard sur soi est un détour poétique et ironique à l'intérieur duquel l'écrivain veut avant tout parler de Dieu, du Christ et des anges, ou encore décrire la pente ascensionnelle du désir» (p. 290). C'est la raison pour laquelle Le Purgatoire, «roman héroï-comique et pénitentiel» (p. 292), non seulement montre à l'évidence que «la morale de Boutang (celle qu'il s'efforce de vivre, et de laquelle il parle peu) ne trouve pas en elle-même ses fondements ultimes, et qu'elle possède une analogie fondatrice avec des réalités différentes, qui rejoignent le mystère chrétien» (p. 293), mais réduit à néant les introspections giocantiennes, quelque précaution que prenne notre biographe. Je ne suis ainsi pas du tout certain que Stéphane Giocanti respecte à la lettre le précepte boutangien consistant à exclure «tout élément autobiographique qui ne correspondrait pas à un ancrage dans la pensée» (p. 58). En fait, Giocanti, mais c'est une part de son fardeau de biographe, est bien obligé, à la différence de celui sur lequel il écrit, de ne pas contourner «le moi, l'aveu» (p. 60).
Cette pesante insistance de Stéphane Giocanti sur la sexualité débridée de Pierre Boutang, considéré comme «une espèce d'ogre du lit, des soupentes et des porches» (p. 245), taraudé selon son biographe par le «démon qui va le distraire du regard intérieur de la mort et de la mélancolie de la pensée» (p. 66), est finalement la petite lorgnette commode par laquelle le secret fondamental de l'auteur n'est qu'à peine entrevu. Ce secret est peut-être bien réel après tout, mais, prudemment, Stéphane Giocanti, ne fait que l'évoquer dans les pages denses, parfois quelque peu confuses ou anecdotiques (4), qu'il consacre au rôle et à l'action politique de Boutang, surtout pendant la Guerre d'Algérie. Quel a été le rôle exact de Pierre Boutang dans la volonté de s'allier aux gaullistes pour favoriser le retour d'un Roi au pouvoir et, aussi, dans l'assassinat de Darlan, aux abords du trouble personnage qu'était Henri d'Astier de La Vigerie ? : «Un secret qui, sous le soleil d'une épopée paternelle, ne saurait être connu que de lui-même» (p. 111). Stéphane Giocanti se tait (a raison de se taire) et conclut sobrement : «En tout et pour tout, Boutang aura été chef d'un cabinet ministériel pendant deux mois et demi. L'aventure auprès de Jean Rigault, d'Astier, du comte de Paris, d'Alfred Pose et d'autres conspirateurs laissera des traces durables dans sa vie et sa pensée», notamment l'idée, commune à un Dominique de Roux qu'appréciera Boutang (cf. p. 272), selon laquelle «des minorités agissantes peuvent faire pencher la balance de l'histoire, et réintroduire l'idée monarchique dans le jeu des forces politiques» (p. 117). En tout cas, les pages évoquant l'évolution politique de Pierre Boutang (cf. p. 199) sont peut-être les plus intéressantes de la biographie de Stéphane Giocanti, qui s'efforce, non sans mal, d'expliquer la relation qu'entretint le penseur et bretteur avec le général de Gaulle.
Il y a plus, mais nous nous aventurons là dans un territoire que Pierre Boutang, plutôt qu'il ne l'a vraiment arpenté, n'a fait qu'entrevoir au loin, contrée où seul il peut s'aventurer, sous le regard de Dieu dont il se pressent ou se sait l'espion (6) : «Je sens en moi», écrit-il ainsi, «l'épreuve d'une «élection» divine aussi inexplicable que celle du peuple juif» (p. 287, Cahier 10, 3 septembre 1973, p. 15). C'est peut-être supposer, au-delà même d'un secret et de l'obliquité, de «la part d'ombre», corollaire indispensable d'une sorte de «tenue du langage qui comporte la tension de la recherche métaphysique, avec la volonté de ne pas trop céder au dévoilement» (p. 48), un rôle que nul ne peut sonder, puisqu'il entre dans les seules raisons, impénétrables, de Dieu. Ce serait aussi postuler l'existence de plus d'un point commun entre Pierre Boutang et Léon Bloy (cf. p. 391), dont Stéphane Giocanti nous assure qu'il a été proche, par la pensée bien sûr, durant ses dernières années de vie. Ce ne serait donc pas simplement Pierre Boutang qui pourrait rêver «d'une parole qui serait l'instrument de la colère de Dieu», ce ne seraient pas seulement ses propres colères qui serviraient les «causes, les vérités ou les valeurs auxquelles il tient par-dessus tout» et que Giocanti rappelle («la France, l'honneur, la foi chrétienne», la «liberté intérieure, le roi, l'exigence de la plus haute culture», p. 345), c'est son âme tout entière qu'il faudrait rêver de pouvoir placer sous la lumière d'une enquête métaphysique qui parviendrait à rattacher ce fabuleux et héroïque destin à celui d'Adam (7), qui fascina durant presque toute sa vie Pierre Boutang.
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James Burnham was an American political theorist who was a somewhat influential figure within the circles of American post-war conservatism. Like some others who joined the conservative movement during that time, Burnham was an ex-Trotskyite who had lost his faith in Communism and come over to the conservative side of politics. Among others, Burnham influenced the late Sam Francis, who was a journalist within the conservative movement, but who was later purged because of his heretical views on race and other topics. It was through some of Francis’ excellent articles published at Radix that I was introduced to Burnham to begin with.
One of the most important and engaging topics for the Alt-Right is the relation between culture and politics: so-called metapolitics. In this context, the Marxist theorist Antonio Gramsci is often put forward as an important thinker because of his thoughts about hegemony, the prerequisites for political change, and the necessity for intellectuals. My personal view, which I have argued for elsewhere, is that Gramsci is best understood as a form of constructivist, meaning someone who believes that reality is not a given but that it can be shaped and changed by ideas. As I read Gramsci, the Marxist trajectory is not as much revealed as it is created by convincing people of its truth. Borrowing a term from Simon Hix, Gramsci could be called a ‘strategic constructivist’, meaning someone who uses ideas strategically to reach a political goal.
There are, however, several weaknesses in Gramsci as a thinker. His first fault is, of course, that he was a Marxist, and was attempting to save a failing theory. Furthermore, he wrote down his thoughts under anything but ideal circumstances, having been jailed by the Italian state. As a result of this, his writing is often unsystematic, and the good points have to be singled out from a vast number of lesser points. I think that Gramsci touched on important topics, but much of his claim to fame was established by others after his death. Roger Scruton writes in his Thinkers of the New Left that the Left wanted a hero, after all the others had been defamed, and that they found a heroic figure in Gramsci as the martyr of their cause.
Gramsci touched upon important topics, and he was, to a degree, an original thinker. But there is much lacking in his analysis, and this is unfortunate. Gramsci’s analysis needs to be complemented by a more thorough one. Toward this end, I would like to discuss some of the ideas which were advocated by Burnham. It is my opinion that Burnham touched upon topics which, as with Gramsci, deal with the prospect of political change and how to bring a new political elite to power. The difference, as I see it, is that Burnham does a better job than Gramsci.
His books of greatst interest are The Machiavellians and The Managerial Revolution. The first one is mainly about the political theories of a number of thinkers who Burnham considered to be a part of what he called the Machiavellian tradition. The main argument of the book is that politics, defined as a struggle for power, can never be removed from human existence. In every society, there must be one group of people who rule, and one group who is the subject of that rule. In the second book, Burnham makes the case that a revolution is well under way, but not the type of revolution which is often advocated by the Left. The managerial revolution is taking place within the bureaucracy of the modern state, and is the revolution of the managers, at the expense of other forms of leadership.
In the first chapter of The Machiavellians, Burnham discusses the poet Dante Alighieri as an example of someone who promoted ideas which in practice had a different purpose than that which was stated by their author. The point of the chapter is to introduce a type of thinking which Burnham calls ‘anti-formalism’, and which is divided into two different meanings: the formal and the real. The formal meaning is the intention as it is explicitly stated by the author, and the real meaning is what this intention actually implies. Using Dante as an example, Burnham points to the fact that Dante advocated a number of normative principles which he believed should be defining characteristics of a good government. Dante also advanced the idea that the Emperor of the Holy Roman Empire should be sovereign in relation to the Pope.
Burnham further explores the meaning of anti-formalist thinking in the second chapter of The Machiavellians, which is about Machiavelli himself. In this chapter, Burnham elaborates on the Machiavellian tradition and its prospects for a political science. Burnham’s position is that politics should be studied in a scientific way, freed from various normative concepts, ethical systems, and the demands that they can make on a science. The Machiavellian way of thinking should not, says Burnham, be condemned because of its lack of adherence to some ethical system. It should only be judged in terms of how well its conclusions match the facts, as with all forms of science. Moreover, a political science should not pretend that politics is anything other than what it is: a struggle for power.
When it comes to Dante, Burnham goes on to place his seemingly independent normative principles in their proper context. He shows that Dante had been involved in an extensive and lengthy conflict between the Ghibelline and the Guelph factions. Dante and the faction to which he belonged lost to their rivals, and he went to the Holy Roman Emperor to ask for his support. When these facts were presented, it became quite clear that Dante had put forward his principles with the hope of winning the good graces of the Emperor, and thus attempted to justify his rule. That is the true meaning of De Monarchia, as Burnham sees it.
Using Dante as an example can seem rather difficult to relate to, since he is virtually unknown as a political theorist, and is more or less exclusively regarded as a great poet. I think it’s more useful to apply the same analysis to schools of thought more relevant to our day instead. For illustrative purposes, we can say something about feminism. When feminism becomes involved in politics, it is often or always the case that its proponents advocate their suggested policies from the standpoint of normative principles; chiefly, equality between the sexes. From this standpoint, they often point out problems such as the idea that there are more men than women on executive boards, that male cultural symbols dominate the public sphere, that women in general have a more difficult time on the labour market because of motherhood, male discrimination, and so on. Or, in the case of Sweden, they claim that mothers in general make greater use of paid parental leave than do their husbands.
The suggested solution to perceived problems such as these are often to advocate various measures to be taken by the government. Agencies within the government should be allowed to dictate corporate policy and tell them who to hire and who not. Measures should be taken to do away with male symbols from public spaces. Parents should be forced to share parental leave equally, regardless of the wishes and needs of the individual family. Some feminist theorists, such as Nancy Fraser, propose openly that the government should assume control over corporate life in order to make sure that they hire equally, and that extensive and costly social strategies aimed at women can be paid for through taxation. The assumption made by people such as Fraser and her colleagues is that increased state powers are necessary in order to come to terms with inequality.
We could take Fraser and other feminists at face value and debate whether equality and their other proposed political measures are good or bad. But if we are to apply anti-formalism, we would instead draw the conclusion that these values are less important than the measures of power that they justify. And these particular principles justify encroachment by the state – and more specifically, certain groups within the state – at the expense of the business community and civil society. This is not really about which policies are good or bad, but about which groups are to decide on these things at the expense of other groups. As Burnham eloquently puts it:
We think we are debating universal peace, salvation, a unified world government, and the relation between state and church, when what really is at issue is whether the Florentine Republic is to be run by its own citizens or submitted to the exploitation of a reactionary foreign monarch. We think, with the delegates at the council at Nicea, that the discussion is concerned with the definition of God’s essence, when the real problem is whether the Mediterranean is to be politically centralized under Rome, or divided. We believe we are disputing the merits of a balanced budget and a sound currency when the real conflict is deciding what group shall regulate the distribution of the currency. We imagine we are arguing over the moral and legal status of the principle of the freedom of the seas when the real question is who is to control the seas. (Burnham, The Machiavellians, p. 16)
It shouldn’t be a surprise that Burnham had a cynical view of the role of some intellectuals and scientists. He held the view that those who contend for power will always find someone who is willing to be their spokesman and justify their rule through a philosophical or scientific system. Burnham elaborated his view on ideology further in The Managerial Revolution. The important thing here is that ideologies should be viewed as an expression of group interests. If an ideology happens to be dominant in a society, then it is connected to the group currently in power. This is the important thing for our purpose; not whether an ideology is true or false, good or bad, but rather that it expresses the will to power of a particular group.
Ideologies are often frowned upon as unscientific, or even mythic in essence. Burnham would agree completely with this view. But that doesn’t mean that ideologies are not important and useful. Ideologies can convert people to a cause that they would not otherwise support. Ideologies can make people forget their own interests and instead pursue the interests of another group. If a group cannot produce a coherent ideology, can it be said to have any will to power? My answer is no. The Left has done a very good job during the course of the twentieth century in producing powerful and attractive ideological systems: Marxism, socialism, feminism, post-colonialism, and psychoanalysis. We also have ideologies emerging from what can be seen as a form of Right: neo-liberalism, Americanism, and individualism. Moreover, we have endless combinations of these ideologies.
It is important not to overlook the importance of the managerial state, and the importance of the state in general. It is not enough to merely philosophise; there needs to be a political elite and a physical structure which underpins this elite. We can take Sweden as an example. Sweden took a turn toward the Left during the 1960s and never really recuperated. This was not achieved solely through the work of intellectuals and Leftist philosophical theories. What happened in addition to this was that a large number of people were recruited to work as functionaries and civil servants in the ever-growing state machinery. Social workers, teachers, and administrators were recruited and formed a bureaucracy the like of which Sweden had never experienced before. They became the new class of managers. Regardless of what kind of government gets elected, this establishment stays more or less the same.
Burnham deals with the question of the elites in Chapter Three, in which he discusses the theorist Gaetano Mosca. In this chapter, he stresses the importance of the ruling class:
From the point of view of the theory of the ruling class, a society is the society of its ruling class. A nation’s strength or weakness, its culture, its prosperity, its decadence, depend in the first instance upon the nature of its ruling class. (Ibid., p.67)
The ruling class is the group of people who can be successful in the struggle for power, namely politics. Typically, it is made up of people who can break through in the struggle and face its challenges. These people are usually not the wise and self-reflecting types. More successful traits include ambition, ruthlessness, and the capacity for hard work. Everyone who has ever been involved in politics knows that hens and peacocks seldom, or never, live long in a world dominated by wolves, vultures, and centipedes – in a word, predators. But taken at face value, no elite is so raw and unrefined. Usually, as Burnham emphasises, it expresses itself through some form of political formula or myth. As I stated above, the meaning of ideology is to express and direct the will to power of a particular group.
I draw the following conclusions from this discussion:
I: To begin with, it is not enough to view intellectuals as the makers of political change through their transmutation of culture. It is also necessary to consider the state and the elite who will rule it. Politics becomes impossible to conduct without the type of hardworking, ruthless, and ambitious people who generally make up the political class. Oswald Spengler described Caesarism as no one else could, but he could never have been a Caesar himself. Gramsci assigned the so-called ‘organic intellectuals’ an important role as the makers of political change, but they are not enough in themselves.
II: Nevertheless, the intellectuals are important. A group which contends for power needs a political myth or ideology to express its will to power and to justify their struggle and coming ascension to the position of the ruling class. It would seem that a group lacking such a formula will achieve no success in its endeavors. The political agents need to work together with the intellectuals: one group to formulate the ideas, and one group to express them. The present political elite justifies their actions through the framework of Cultural Marxism; it would have been impossible for them to act without this framework.
III: From a scientific point of view, Burnham is superior to Gramsci because he tells the truth about all politics, and not just about the politics of his adversaries. If we are to take Gramsci at face value, his theory describes how the Marxists are hindered in their struggle to express the true interests of the working class because they are under the spell of the bourgeois hegemony. The real meaning of Gramsci’s theory was, however, not to describe facts about political life but rather to create a myth strong enough to motivate the working class into changing their preferences, and throw in with the Left as it was. These Machiavellian insights can be applied to all political ideas – and not just from the perspective of one particular position.
To conclude, I think that the success of the Alt-Right will come when ambitious and somewhat ruthless people pick up its ideas and use them to serve their ambition. Such a person is Donald Trump, who represents the ideas of nationalism and populism. But this could never have happened without intellectuals who ‘memed into existence’, to use a clever and true phrase. Trump would still only be a successful businessman and TV celebrity without the nationalist ideas which he advocates, and which in turn justifies his struggle for power. The success of the ideas of the Alt-Right will mean the success of a new elite, and the success of this elite will mean the success of the Alt-Right.
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PDF der Druckfassung aus Sezession 67 / August 2015
von Siegfried Gerlich
So beschränkt sich seine Anhängerschaft mittlerweile auf jenen verlorenen Haufen kompromißloser Nationalrevolutionäre, die dem »Deutschen Kolleg« verbunden geblieben sind, welches 1994 gegründet und 1998 von Mahler und Oberlercher als »Schulungseinrichtung der nationalen Befreiungsbewegung der Deutschen« zu neuem Leben erweckt wurde.
Oberlerchers einsame Stellung verdankt sich jedoch nicht nur seinem politischen Extremismus, sondern zumal seinem philosophischen Rigorismus. Denn bei allen didaktischen Ambitionen, die Oberlercher notorisch wie einen Oberlehrer dozieren lassen, bewegt er sich durchweg auf einem zu hohen Theorieniveau, um noch mit volkspädagogischer Breitenwirkung rechnen zu können. Und die wenigen ihm geistig gewachsenen Intellektuellen scheuen jede Auseinandersetzung, so als würde unweigerlich zum politischen Gefolgsmann, wer sich mit Gewinn an seinen theoretischen Schriften abarbeitet.
Dabei lebt in Oberlerchers doktrinärer Unduldsamkeit noch immer der revolutionäre Habitus des einstmaligen Agitators des Hamburger SDS fort, und gewiß hätte er es ohne seine marxistischen Lehrjahre kaum zu jener dialektischen Meisterschaft gebracht, mit der er noch Adolf Hitler als legitimen Erben von Karl Marx auszuweisen versteht.
Jedenfalls besticht Oberlerchers Werk durch eine so strenge Systematik und stupende Sachkompetenz in nahezu allen Wissensbereichen, daß nicht nur Rechte, sondern auch Liberale und Linke ihren politischen Verstand daran schulen könnten – und sei es mit dem Ziel, den fatalen Strategien seines überspitzten Intellektualismus auf die Schliche zu kommen anstatt sich mit begriffsstutzigem Kopfschütteln zu begnügen.
Am 17. Juni 1943 in Dresden geboren und später in Leipzig aufgewachsen, wurde Oberlercher bereits 1959 »republikflüchtig« und siedelte nach Hamburg über, wo er seit 1965 Philosophie, Pädagogik und Soziologie studierte und die »Wortergreifung« von 1968 intellektuell munitionierte.
Während des »roten Jahrzehnts«, als die revoltierenden Pragmatiker ihren kommoden Marsch durch die Institutionen antraten, arbeitete der revolutionäre Theoretiker dagegen an einer Formalisierung des Marxschen Kapital und gab die Zeitschrift Theorie und Klasse heraus.
Oberlerchers philosophischer Totalitätsanspruch sollte indessen erst in den folgenden Dekaden ganz hervortreten: Das 1986 vollendete enzyklopädische System der Sozialwissenschaften wurde 1994 in eine sozialphilosophische Lehre vom Gemeinwesen überführt und 2014 von einem holistischen System der Philosophie [2] überwölbt.
Auf seinem nicht weniger totalisierenden politischen Denkweg wiederum durchlief Oberlercher nach marxistischen Anfängen erst noch eine sozialdemokratische sowie eine anarchistische Phase, bevor sich schließlich eine nationalrevolutionäre Position herauskristallisierte, welche die frühe »dutschkistische« Programmatik geläutert in sich aufnahm.
Als Hegelianer war Oberlercher davon überzeugt, daß die Philosophie weder rechts noch links stehen dürfe, da sie das »Ganze« als das »Wahre« zu denken habe. Und weil der mittlere, der liberale Weg als einziger nicht nach Rom führt, ließ er die Extreme so überhitzt aufeinanderprallen, daß es dabei gleichsam zu einer »nationalmarxistischen« Kernfusion kam.
Einen »Nationalmarxisten« darf Oberlercher sich ohne Koketterie nennen, hat er doch die Marxsche Klassenanalyse, mit der Das Kapital unvollendet abbrach, konsequent weitergeführt [3] und aus den ökonomischen Produktionsfaktoren die ihnen entsprechenden politischen Parteiungen abgeleitet:
Wie der »Liberalismus« das »Kapital« repräsentiert, so der »Konservatismus« den »Grundbesitz« und der »Sozialismus« die »Arbeitskraft«.
Um eine angemessene Repräsentation dieser Eigentumsklassen zu gewährleisten, müßten die Parteien daher wieder als reine, kämpferische »Klassenparteien« auftreten, nachdem die sogenannten »Volksparteien«, die eben nicht das ganze Volk vertreten, sich den Staat zur Beute gemacht und die öffentlichen Kassen geplündert haben.
Nur durch die Abschaffung der kapitalistischen Klassenherrschaft wie der parlamentarischen Parteienherrschaft läßt sich nach Oberlercher das Staatsvolk in seine politischen Rechte einsetzen; denn nicht nur eine despotische Monopolpartei bolschewistischen Typs, auch ein pluralistisches Parteiensystem kapitalistischen Typs usurpiert die verfassungsgebende Gewalt des Volkes, welches allein in einem souveränen Nationalstaat zu historischem Dasein findet.
Der wesensgemäße Lebensraum des Staates ist mithin nicht die bürgerliche Gesellschaft, die ihn ökonomisch zu vereinnahmen trachtet, sondern die durchaus unbürgerliche Staatengesellschaft, in der er sich politisch zu behaupten hat. Aber freilich unterscheidet sich der historisch gewachsene »Nationalstaat« kontinentalgermanischer Prägung charakteristisch von der politisch gewollten »Staatsnation« angloamerikanischer Provenienz, welche kein kulturell homogenes »Volk« versammelt, sondern lediglich eine multikulturell heterogene »Bevölkerung« zusammenhält.
Insofern taugen gerade klassische Einwanderungsländer, die von »staatsgeborenen Pseudovölkern« besiedelt werden, keinesfalls als Modell für »volksgeborene Staaten« wie Deutschland, das traditionell ein die osteuropäischen Länder kulturell bereicherndes Auswanderungsland gewesen war.
In diesem modernen Gegensatz von bodenständigen Nationalstaaten und wurzellosen Staatsnationen aber sieht Oberlercher noch immer den alten Widerstreit zwischen »seßhaft-produktiven« und »nomadisch-extraktiven« Lebens- und Wirtschaftsformen fortwirken:
Hatten einst indogermanische Bauernvölker dank der kulturstiftenden Erfindung des Ackerbaus die »neolithische Revolution« getragen, welche dem prähistorischen Jäger- und Sammlerdasein des Menschen ein Ende setzte, so rüsteten sich dagegen orientalische Nomadenvölker zu einer »anti-neolithischen Gegenrevolution«, indem sie mit ihrer primitiven Raub- und Viehwirtschaft eine Politik der verwüsteten und abgeweideten Erde betrieben.
Viele Jahrtausende später wiederum, als die von Europa ausgegangene industrielle Revolution sich als Fortsetzung der neolithischen Revolution mit technisch fortgeschrittenen Mitteln entfaltet hatte, waren es »kosmopolitische Kapitalnomaden« vornehmlich aus den Vereinigten Staaten, die »parasitäre Abweidungsfeldzüge« gegen produktive Volkswirtschaften und gehegte Kulturlandschaften unternahmen.
Schon die extrem-calvinistischen Pilgrims, die mit ihrer alttestamentlichen Verschärfung der katholischen Werkheiligkeit zur kapitalistischen Erfolgsheiligkeit zugleich die lutheranische Gnadenheiligkeit zurückwiesen und so das germanische Reformationswerk insgesamt verrieten, wähnten sich als auserwähltes Gottesvolk und beschworen damit jenes »Unheilige Reich« herauf, welches sich nachmals durch »frömmelnden Imperialismus und globalen Interventionismus« auszeichnen sollte.
Einstweilen hat der US-amerikanische Globalkapitalismus sein Militär als freihändlerische Eingreiftruppe in einen missionarischen Dauereinsatz versetzt, um mit frei flottierendem Spekulationskapital alles standortgebundene Produktionskapital ungehemmt in den Ruin treiben zu können.
Vollends seit die Deregulierung von Finanzmärkten und Warenströmen auch immer mobilere Informationsfluten und Migrationsströme freisetzt, erweist sich die »Nomadologie« als Schicksalsgesetz einer im Posthistoire versandenden Moderne.
Gleichwohl sind nach Oberlercher seßhafte germanisch-europäische Kulturstaaten gegen mobile orientalische wie angloamerikanische Migrationsgesellschaften, die noch dem nomadischen Gesetz der Wüste gehorchen oder bereits hochtechnisierte Wüstenstürme entfesseln, allemal im Recht, da nur sie beglaubigtes »Recht« und beständiges »Eigentum« von bloßem »Gesetz« und beweglichem »Besitz« überhaupt unterscheiden können.
In Opposition zu einer gesetzes- und vertragsförmig normierten Weltgesellschaft aus entwurzelten Individuen fordert Oberlercher folgerichtig die rechts- und ordnungsgemäße Wiedereinwurzelung von souveränen Volksgemeinschaften, wie sie nur eine »völkische Weltrevolution« durchsetzen könnte.
Und für diese am Selbstbestimmungsrecht der Völker ausgerichtete Totalrevolution weist er, kaum überraschend, den Deutschen als dem »reichsbildenden Volk Europas« die Führungsrolle zu: War der Deutschen Nation schon vom Heiligen Römischen Reich das Amt des »Katechonten« übertragen worden, so hätte sich ein erneuertes Deutsches Reich als stabilisierende Ordnungsmacht der künftigen europäischen Geschichte und zumal als »antiimperialistischer Aufhalter« einer »judäo-amerikanischen Endzeitherrschaft« zu bewähren.
Als letzter Fluchtpunkt von Oberlerchers unzeitgemäßen Betrachtungen aber firmiert stets das Dritte Reich, und allein aus dessen hegelmarxistischer Umdeutung erklärt sich die Entschiedenheit, mit der er Rudi Dutschke zur neuen deutschen Führergestalt und die RAF zum »Waffen-SDS« als vorauseilender »Reichs-Armee-Fraktion« eines »Viertes Reiches« stilisiert hat.
Als Schüler Hegels, der die Deutschen aufgrund ihrer geglückten Reformation zum neuzeitlichen Träger des Weltgeistes berufen hatte, aber auch Marxens, der keine proletarische Klassenherrschaft errichten, sondern das Proletariat als Klasse vernichten und im Volk aufgehen lassen wollte, vertritt Oberlercher die tollkühne Auffassung, die von beiden Denkern avisierte National- und Sozialrevolution sei in der nationalsozialistischen Revolution zumindest ansatzweise zur Wirklichkeit geworden.
Indem Oberlercher den Nationalsozialismus allerdings scharf gegen den Faschismus abgrenzt, bezieht er eine buchstäblich »antifaschistische« Position, die gegen Max Horkheimers bekanntes Diktum, wer vom Kapitalismus nicht reden wolle, solle auch vom Faschismus schweigen, keinerlei Einwände erhebt.
Denn gemessen an Hitler, der eine »antikapitalistische Volksrevolution« vollzogen habe und damit dem Ideal der von Hegel gefeierten germanischen Volksdemokratie treu geblieben sei, muß Mussolini nachgerade als ein konterrevolutionärer Etatist erscheinen, der weit mehr Affinitäten zu Lenin aufweist:
Wie der russische Bolschewismus eine »asiatische Konterrevolution« war, die sich am orientalischen Despotismus und zumal der pharaonischen Zwangswirtschaft orientierte, so stellt entsprechend der italienische Faschismus eine »antike Konterrevolution« dar, sofern er sich an der römischen Diktatur ausrichtete und das Volk unter der Herrschaft eines zum Imperium überhöhten Staates begrub.
Deutschland hingegen habe gerade aufgrund seines nationalromantischen Antikapitalismus und seiner antirömischen Affekte einen echten »völkischen Sozialismus« hervorgebracht.
Immerhin räumt Oberlercher ein, daß das Dritte Reich zum Scheitern verurteilt war, da es durch seine faschistischen Bündnisse korrumpiert worden und in seinen imperialistischen Herrschaftsanmaßungen auf faschistisches Niveau herabgesunken sei. Zudem habe Hitler das deutsche Volk, anstatt es als »Rechtssubjekt« zu konstituieren und zum Souverän des politischen Gemeinwesens zu erheben, nach jüdischem Vorbild zur »Rasse« naturalisiert und für eine altisraelische Lebensraumpolitik instrumentalisiert.
Aber auch in der nationalsozialistischen Judenverfolgung kann Oberlercher nur eine »tätige Beihilfe zur jüdischen Religionspropaganda« sehen, die sich nicht ohne Grund gegen deren Urheber selbst gewendet habe – denn als »radikal böse« gilt ihm bezeichnenderweise nicht der reale Völkermord, sondern vielmehr das religiöse »Völkermordgebot«.
Daß Oberlercher aus einschlägigen Stellen des 5. Buches Mose, unbekümmert um tatsächliche jüdische Lehrmeinungen, einen solchen kategorischen Vernichtungsimperativ glaubt extrahieren zu dürfen, ist indessen nicht nur seinem unversöhnlichen Antijudaismus geschuldet, zu dem er sich forsch und freimütig bekennt, sondern ebensowohl seinem unerschütterlichen Hegelianismus.
Auch für Oberlercher nämlich ist die Weltgeschichte das Weltgericht, und schon darum durften all jene Zeitgenossen, welche die Deutschen nach der Judenvernichtung für ein »von der Geschichte widerlegtes Volk« (Otto Westphal) hielten, keinesfalls Recht behalten.
Und gegen jene Geisteshistoriker, die lange zuvor schon den »Zusammenbruch des Hegelschen Systems« vermeldet hatten, suchte Oberlercher mit einem wahrhaft kindlichen Urvertrauen in den deutschen Idealismus dieses »Allerheiligste des deutschen Geistes« wieder in Kraft zu setzen. Die größte Herausforderung der Hegelschen Geschichtsphilosophie aber war die Theodizee: die Rechtfertigung Gottes, wodurch »das Übel in der Welt begriffen, der denkende Geist mit dem Bösen versöhnt werden« sollte.
Und weil dieses Böse, als welches die Epoche der Aufklärung noch das Erdbeben von Lissabon erlebt hatte, nach der Epoche des Faschismus sich in Auschwitz zu inkarnieren schien, mußte Oberlercher alles daran setzen, eine philosophische Versöhnung noch und gerade mit dieser entsetzlichsten Untat der deutschen Geschichte zustande zu bringen.
Mit sicherem Gespür für den würdigen Feind attackierte er den »kafkaesken Professor« Theodor W. Adorno, der in seinen philosophischen Fragmenten einen Angriff auf das deutsche Systemdenken geführt und das »Ganze« zum »Unwahren« erklärt hatte.
Insbesondere Adornos Negative Dialektik [4], die er als »jüdische Rache« für Auschwitz beargwöhnte, suchte Oberlercher durch eine »positive Dialektik« von deutscher Gründlichkeit zu parieren. Unerschrocken zitierte er Paul Celans berüchtigtes Verdikt vom Tod als »Meister aus Deutschland«, um diesem eine ungeheuerliche affirmative Wendung zu geben: »Nur der Tod aus Deutschland ist ein Meisterwerk, jede der vielen schlechten Auschwitz-Kopien seit dem zweiten Weltkrieg zeigt das.«
Doch selbst mit solchem wahnwitzigen Bekennermut, der freilich die notorischen Auschwitz-Revisionisten ihrer Gesinnungsschwäche überführte, blieb Oberlercher am Ende nur Hegel treu.
Denn nicht obwohl, sondern weil Oberlercher sich stets als der konsequenteste aller Hegelianer verstand, mußte er in letzter Konsequenz auch zum Hitlerianer werden und ungerührt darüber hinwegsehen, daß gerade Hitlers Vernichtungspolitik aus Hegels bekanntem Bild von der Geschichte als »Schlachtbank«, auf welcher »das Glück der Völker, die Weisheit der Staaten und die Tugend der Individuen zum Opfer gebracht werden«, eine geradezu monströse Wahrheit freigesetzt hat.
Insofern zeugt Oberlerchers bis zur Manie gesteigerte Apologie des Dritten Reiches immer auch von einer verzweifelten Abwehr jener Depression, die den deutschen Geist nach dessen Untergang befiel und bis zur Selbstverleugnung trieb.
Aber wenn er mit einer intellektuellen Stringenz und einem militanten Ethos ohnegleichen auch nach den Katastrophen des 20. Jahrhunderts noch einmal versucht hat, »die Vernunft in der Geschichte« zu erweisen und selbst Auschwitz in den Dienst des Wahren, Guten und Schönen zu zwingen, so konnte daraus nur eine sich selbst kompromittierende, schwarze Theodizee resultieren.
Der tragische Umstand, daß gerade Oberlerchers messerscharfer Verstand ihn zu diesem Wahnsinn mit Methode verführte, ist dabei so wenig zu verkennen wie der terroristische Grundzug eines Denksystems, in dessen perfektionistischer Hermetik schlechthin alles aufgeht – das konservative Wissen um die problematische Mängelnatur des Menschen aber ausgelöscht ist.
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Ex: http://www.erkenbrand.nl
De geschiedenisfilosoof Oswald Spengler voorspelde in zijn beroemde boek 'Der Untergang des Abendlandes' de onvermijdelijke ondergang van de Europese beschaving. Wie was hij en hoe kwam hij tot deze conclusie?
Afgelopen week bezochten drie leden van Erkenbrand een lezing van de NSV! Gent. De NSV! is een Vlaamse nationalistische studentenvereniging met afdelingen in de universiteitssteden Gent, Antwerpen, Brussel en Leuven. Voor de lezing maakten we een mooie stadswandeling door het middeleeuwse Gent. Daarbij ontbraken natuurlijk het heerlijke Vlaamse bier en de Vlaamse frieten niet.
Aldus gesterkt richtten we onze schreden naar de lezing, die gegeven zou worden door Peter Logghe, redacteur van de uitgeverij TeKoS. Deze uitgeverij brengt boeken uit van bijvoorbeeld Alain de Benoist en Koenraad Elst. Dit jaar verschijnt bij hen ook een nieuwe Nederlandse vertaling van "Der Untergang des Abendlandes" van Oswald Spengler. Over deze beroemde filosoof en geschiedkundige zou de lezing gaan. Wat nu volgt is geen weergave van de lezing, maar een kort essay waar ik onder andere deze lezing voor heb gebruikt.
Oswald Spengler wordt gerekend tot zogenaamde 'Conservatieve Revolutie'. Dit was een intellectuele stroming die antwoorden zocht op de maatschappelijke chaos na de ineenstorting van het Duitse keizerrijk in de Eerste Wereldoorlog. Overal waren opstanden en revoluties door de communisten. De hele samenleving dreigde af te glijden naar links en dus naar de heerschappij van de meute.
De Conservatieve Revolutie wilde de laffe toegeeflijkheid van het doorsnee conservatisme vervangen door een radicaal doordacht maatschappelijk en cultureel model. Daarin stonden hiërarchie, kwaliteit en onderscheid centraal. Een rechtvaardige samenleving leek volgens hen eerder op een leger dan op een markt. Kwaliteit moest doorslaggevend zijn, niet kwantiteit, de massa. Het is typerend voor de Conservatieve Revolutie dat de meeste leden ook Hitler afwezen omdat ze hem een proleet vonden.
Wat is nu de centrale stelling van Spengler? Spengler onderzocht culturen van over de hele wereld. Hij probeerde patronen te ontdekken in hun geschiedenis. Hij wilde tot een morfologie te komen die zowel de geschiedenis van culturen zou kunnen verklaren als hun toekomst zou kunnen voorspellen. Spengler kwam tot de conclusie dat alle culturen een onontkoombare levenscyclus doormaken, net als een bloem, of de wisseling der seizoenen. Na een periode van groei en bloei komt verval en dood, en daar is niets tegen te doen. Ook niet bij onze cultuur, die nu in haar laatste fase zou zitten.
Onze cultuur, de cultuur van het Avondland, ziet Spengler als 'Faustisch', naar het toneelstuk 'Faust' van Goethe. Het idee is dat de mens van onze cultuur streeft naar onbeperkte kennis, zelfs als hij daarvoor – net als Faust – een pact met de duivel moet sluiten. Als poëtisch beeld voor deze cultuur geeft Spengler “de oneindige ruimte”. Het ruimtevaartprogramma zou hij als een typerende cultuuruiting van het Avondland zien.
Het begin van onze cultuur legt Spengler rond 900, bij de opkomst van een sterk Germaans beïnvloed Katholicisme. Hierna volgde de eerste fase, die Spengler 'Kultur' noemt, en die zijn hoogtepunt bereikt rond 1500, op het snijpunt van de Gotiek en de Barok. De tweede fase, die van het verval, noemt Spengler 'Zivilisation'. Deze begint met de Verlichting, en de Amerikaanse- en Franse Revolutie. 'Zivilisation' betekent een toenemende vormloosheid, een overwinning van de stad op het platteland, van de massa op de elite, van de kwantiteit op de kwaliteit, van het geld op de politiek. De kosmopolitische, ontwortelde, vormeloze massa grijpt de macht. De cultuur kent geen innerlijke morele beleving meer, heeft geen binding meer met het land, en wordt intolerant en oorlogszuchtig.
Op grond van zijn historische voorbeelden, met name van het Romeinse rijk, voorziet Spengler drie fasen in de 'Zivilisation' van het Avondland. Van 1800 tot 2000 de fase van de democratie, wat in feite de heerschappij van het geld betekent. Dan tot 2200 de heerschappij van steeds primitievere volksmenners en despoten in de lijn van Caesar. In de laatste fase volgt dan volledige verstarring en onmacht door nepotisme en corruptie van de machthebbers, een krimpen van de bevolking en totale weerloosheid tegen het binnendringen van andere culturen en volken.
De houding die Spengler aanbeveelt tegenover deze onvermijdelijke loop van de geschiedenis is een 'heroïsch realisme': acceptatie van het einde en het dapper dragen van het noodlot. Alain de Benoist vult hierbij aan dat het einde ook een voltooiing is. Optimisme is volgens Spengler ongegrond en laf. Geïnspireerd door Nietzsche spreekt hij zelfs over een "amor fati", een liefhebben en omarmen van het lot. Wat telt is karakter en moed, naar het voorbeeld van de Romeinse soldaat van Herculaneum. Deze werd opgegraven uit de lava, nog steeds op zijn post staande. Hij had zijn plaats niet verlaten tijdens de uitbarsting van de vulkaan Vesuvius, omdat hij niet was afgelost.
De invloed van Spenglers ideeën was enorm en reikt tot in onze tijd. We zien zijn ideeën bijvoorbeeld terug bij Patrick Buchanan en bij Samuel Huntington. Deze laatste ziet de verschillende culturen als een soort acteurs op het wereldtoneel in zijn boek "The Clash of Civilizations". We kunnen de invloed van Spengler ook terugzien bij Tolkien. De opeenvolgende tijdperken in diens Midden-aarde kennen allemaal opbloeiende- en afstervende culturen. Zelfs in de overwinning op de Zwarte Heerser Sauron ligt een zekere melancholie, omdat daarmee "het tijdperk van de Elfen" ten einde gaat.
In hoeverre kunnen wij nu Spengler volgen in zijn analyse?
Wetenschap houdt zich bezig met het ontdekken van patronen in de werkelijkheid, maar de kans is aanwezig dat de onderzoeker patronen ziet die er niet zijn. De enorme feitenkennis van Spengler is geen garantie. Het is natuurlijk vrij opvallend dat de door hem geponeerde neergangsfase van onze cultuur precies die kenmerken vertoont die Spengler als persoon afkeurde. Bovendien is een absoluut determinisme van de historische ontwikkeling bij Spengler net zo min gerechtvaardigd als bij Marx of Hegel. De toekomst is per definitie onvoorspelbaar.
We zouden Spengler misschien wel kunnen gebruiken voor het ontdekken en inschatten van globale trends. Wat kan de geschiedenis van andere culturen ons leren over de toestand in onze huidige cultuur? Spengler heeft wellicht de menselijke neigingen in groepsprocessen goed in kaart gebracht.
Zo zouden we in het Duitsland en Italië van de jaren twintig tot vijfenveertig een periode van 'Caesarisme' kunnen zien, de tweede fase van de 'Zivilisation'. Onze huidige tijd zou een combinatie kunnen zijn van de eerste en derde fase: de heerschappij van democratie en het geld, gecombineerd met verstarde despoten op de achtergrond die heersen door geld en "soft power" ( dat wil zeggen: indoctrinatie via de media en het schoolsysteem ).
Zeker is dat de door Spengler beschreven kenmerken van verval in onze cultuur ruimschoots aanwezig zijn, zoals wijdverbreide gevoelens van leegte, verlies, decadentie en ontworteling, een laag geboortecijfer en een binnendringen van vreemde culturen en volken. Het is een grote verdienste van Spengler dat hij de aandacht vestigt op deze kwetsbaarheid van onze cultuur. Dit staat haaks op het gevaarlijk naïeve idee van de Verlichting en de Amerikaanse- en Franse Revolutie dat er alleen maar lineaire vooruitgang mogelijk is in de geschiedenis. Tegenover dit aan het Christendom ontleende lineaire denken stelt hij het heidense, cyclische denken, dat juist ook rekening houdt met neergang in plaats van alleen maar vooruitgang.
Misschien heeft Spengler gelijk, en maken wij nu de onafwendbare ondergang van het Avondland mee. Volgens zijn theorie zal echter ook uit de vergane glorie een nieuwe cultuur verrijzen. Daar kunnen wij wellicht toch al een bijdrage aan leveren, ook al zullen wij haar opbloei niet meer meemaken. Hoe het ook zij, voor onze instelling zou het niet mogen uitmaken. Er zijn nooit garanties. Zoals Tolkien schrijft:
'Ik wou dat het niet in mijn tijd hoefde te gebeuren,' zei Frodo.
'Ik ook,' zei Gandalf, 'en dat geldt voor allen die in een dergelijke tijd leven. Maar die beslissing is niet aan hen. Het enige dat wij moeten beslissen, is wat we zullen doen met de tijd die ons gegeven is.'
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Editor’s Note:
This is the transcript by V. S. of Richard Spencer’s Vanguard Podcast interview of Jonathan Bowden about the Frankfurt School and Cultural Marxism, released on February 16, 2012. You can listen to the podcast here [2].
Richard Spencer: Hello, everyone, and welcome back to Vanguard! And welcome back, Jonathan Bowden, as well, my partner in thought crime! How are you, Jonathan?
Jonathan Bowden: Yes, pleased to be here!
RS: Well, I mentioned thought crime. That’s quite an apt term for the subject of discussion this week and that is cultural Marxism, critical theory, and the Frankfurt School. Those are, of course, three distinct things, but they’re obviously interrelated as well and I think they can be discussed as one.
Jonathan, to get the discussion started I think it’d be a good idea to look at cultural Marxism historically and ask where it’s coming from and, in particular, what was the milieu like in interwar Germany where so many of these figures like Adorno and Benjamin and Horkheimer arose.
JB: Yes, I think you’ve got waves of feminism, as we discussed in a previous podcast, and now you’ve got waves of Marxism or waves within waves. Marxism, when it started out of course, had a lot of cultural theory attached to it, and Marx was heavily influenced by utopian socialist theory early on in the so-called Paris Manuscripts and that sort of thing. That was all junked, and Marxism became a heavily economically-concentric discourse, very reductive economically. An alleged science, now regarded 150 years on from those events as a sort of pseudo-science. This remained in play into the early stages of the 20th century, and Marxist parties tended to replicate that at a lower sort of political level.
But in and around the First World War with Gramsci’s ideas, which he wrote down in The Prison Notebooks when he was interned, a type of cultural discourse began to emerge whereby Gramsci had the idea that the superstructure and the base of society were disconnected so that things could exist at a cultural level which were not totally economically determined and couldn’t be held completely to be economically managed. Also, in order to discuss them you needed a wide field of reference.
Partly this was the desire of frustrated intellectuals who wanted to use Marxism. They also wanted to discuss culture, which was their abiding source of interest, but it was also an attempt to broaden the appeal of Marxian ideas. In the ’20s and ’30s in Germany, schools of writers began to emerge that were only concerned with man and society, in John Plamenatz’s term, and were not concerned really with econometrics or economic determinism at all and were only Marxian in this newfangled way and had a heavily theoretical take on life.
I remember a Marxian deconstructionist lecturer once telling me 30 years ago that the bourgeois goes to life with common sense but the Marxist with his theory. This theoretical overload whereby everything in life has to be theorized and every text that one comes across has to be subjected to critical analysis or critical theory gave rise to this school that was concerned with the examination of literary texts, with cultural anthropology, with sociology, with social psychology, with adaptations of most of the social sciences to life and were only vaguely concerned with economics.
For instance, Franz Neumann’s large book, Behemoth, which is a Marxian analysis of the economics of National Socialist Germany, was one of the few works of economics that was ever written that came out of the Frankfurt School. Most of it was concerned with cultural critique and critical cultural theory involving very outlandish areas such as sociology of music, which was a particular area of Adorno’s concern.
RS: Let me jump in here and mention a few things. It’s worth pointing out that the Marxist project had failed on its own terms by the 1930s in the sense that Gramsci – and I think that some of his writings weren’t really known until much later in the ’50s – was put in prison by Fascists. In Italy, the Fascists had won, and they had defeated a lot of the Marxist parties. They had some proletarian support, I’m sure, and things like this. The whole Marxian project and economic determinism of capitalism creating these contradictions that create some sort of apocalyptic scenario and the proletariat rises up, that really hadn’t happened.
And also with Frankfurt School members, at least ostensibly they were highly critical of what the Soviet Union had become. The Soviet Union wasn’t really it. It wasn’t the utopia. It was maybe something they deemed a perversion.
So, those were certainly important factors, and also it’s worth pointing out that if we’re talking about the Frankfurt School milieu of Adorno and Benjamin you had people that probably weren’t that interested in economics. Benjamin, some of his great writings are on 19th-century culture in one book, but aphoristic writings about life in the modern age, and certainly Adorno was sort of a classical music snob. He was very interested in Beethoven and something like that.
Anyway, it’s a very interesting milieu that all of this came out of. But anyway, Jonathan, maybe you can talk about two things. Where was it going and what was really the essence of their cultural project?
JB: I think the essence of their cultural project was to revolutionarily change the way in which Western culture was thought about and received. So, it was a grandstanding ambition, at any rate. It was to totally change the way in which Western culture was perceived by those who had created it and by those who were the receptors of its creation. I think this involved, basically, an attempt to go back to the theory that pre-existed the French Revolution, because the big book by Horkheimer and Adorno, Dialectic of Enlightenment, is really about the pre-revolutionary theories and is a critique of the Enlightenment from the Left, not the Right.
But they begin by going back, as radical theorists always do, to first principles and criticize the Enlightenment. Their criticism of the Enlightenment is essentially that it is an attempt by scientific man or would-be scientific man to place himself at the heart of the universe to dominate nature and in so doing enact an enormous revenge. The great theory about Fascism in Dialectic of Enlightenment by Adorno and Horkheimer is that Fascism represents the revenge of a violated nature and is the revenge of a sociobiological current that would not exist if there weren’t attempts to entrap nature within the nexus of progress.
So, already you’re getting a strange idea here. You’re getting a sort of anti-progressive Leftism. You’re getting Leftism which is critical of capitalism and modernity whereas classical Marxism is extraordinarily in favor of capitalism and modernity but just wished to succeed it with another state: socialism and late modernity.
RS: Right. Or hypermodernity.
JB: Hypermodernity, yes.
RS: Well, let’s talk a little bit about this because, as we were talking about off-air when we were first thinking about doing a podcast on this, the mainstream conservative movement, at least in America, is actually somewhat familiar with the Frankfurt School. At least, its intellectuals are and they think they know it as the source of the 1960s and political correctness and so on and so forth. But I always feel that I don’t recognize Cultural Marxism in the way that it’s often depicted by movement ideologues.
So, let’s talk a little about this, put a little pressure on the idea of Enlightenment and dialectic of enlightenment. One of the key scenes, if you will, in that book, which I guess is worth reading but it’s an extremely difficult text to read . . . Just as an aside, I met this German when I was in graduate school and he mentioned that he only read Adorno in English translation because even in the original German language it’s extremely dense.
But anyway, Adorno and Horkheimer aren’t just seeing that Fascism is some reaction of capitalist forces against the Communist wave or something like that. They’re seeing Fascism as coming out of a bourgeois world, and they’re seeing something really wrong at the heart of bourgeois modernity, and I think they picture this in the form of Odysseus who wants to be bound at the mast and is going to renounce man’s more natural being and instead embrace a stern, hard modern man. There’s a world to be made, and we’ve got to go build it.
So, maybe talk a little more about this concept of enlightenment on the part of Horkheimer and Adorno and how this led to a kind of New Left. One that might even have some conservative tendencies in the sense of the abuses against nature.
JB: Yes, it’s an odd one actually, because it’s a sort of would-be foundational Leftism strongly influenced by Hegel, strongly influenced by the early Marx, strongly influenced by Plekhanov who taught Lenin a lot of his Marxism and was a Menshevik, technically, strongly influenced by Gramsci, whose texts would have been known to Marxian intellectuals at that time, and strongly influenced by the “culture of critique,” you could say.
Instead of seeing the Enlightenment as progressive, they see the Enlightenment as an Endarkenment, as a period that’s propriety to bourgeois revolutions which may not be entirely progressive and were afflicted with terror. So, they have a differentiated appreciation of these things. They also have to find the enemy somewhere else, because if the enemy is not really as classical Marxism depicted it and its alleged revolution led to Leninism and Stalinism they have to find their enemy somewhere else, and the enemy for the New Left influenced by the Frankfurt School is alienation. Alienation from modernity, alienation from culture which is capitalist in its predicates, alienation from what they call the culture industry, whereby modern man is totally trapped within the cultural space created by the economy and where there is no room at all for, in conservative terms, folk-based authenticity.
They would never use those sorts of terms, of course, and they would consider them to be reactionary, hubristic terms, but because there is a cultural pessimism, particularly about the cultural life of the masses under capitalist economics and even under socialist economics in the Eastern Bloc to a lesser extent, there is an opening out to vistas of cultural conservatism. This is the Frankfurt School’s inner secret.
I remember professor Roger Scruton, the conservative intellectual, about 25 years ago now included conservative features of the Frankfurt School under one of the headings of cultural conservatism in his dictionary of political philosophy and this caused a little bit of a stir.
But when you look at the fact that, although they sort of found Wagner rather loathsome in relation to what they regarded it as leading to, the classical sort of Schumann, Schubert, Mozart, Beethoven, Bruckner, sort of icons of Germanic, Middle European culture are exactly the icons that in particular they are the most in favor of. Just as classical Marxism is in favor of bourgeois politics and revolutionism over and against the mercantilism and semi-feudalism that preceded it as it looked to the socialism that it thought was going to replace it, they are in favor of radical bourgeois subjectivity epitomized by Beethoven, in their view, and his symphonies, which proclaims the sort of seniority of the bourgeois subject at a moment when the bourgeois subject feels itself to be empowered and all-conquering and the fleeting identification of the meta-subjectivity of the subject that Beethoven accords Napoleon Bonaparte, as he sees him to be an embodiment of the will of bourgeois man.
All of these ideas are there in Adorno’s sociology of music, which is in some ways a sort of Marxian cultural appreciation of great Western icons which could be considered as slightly rueful and slightly conservative with a small “c.” It’s as if he arrives at certain tentative cultural conclusions which are themselves outside of the nature of the theory which he’s allegedly espousing. He’s certainly not alienated by these sorts of musicologists at all.
The point, of course, is that they are the springboard for the modernist experiments of Schoenberg, Webern, and Berg, but that was a radical thing to say when they said it. That’s now regarded as an old hat statement in classical musical criticism. But that’s what they were with Mahler as an intermediary. Mahler between Bruckner and Schoenberg. That sort of thinking and a rejection of Sibelius, who was insulted quite severely by Adorno and the adoration of early to late Schoenberg as the future of music. This became the standard repertoire. The irony is it’s in culture that that theory had its most direct impact. Politically, they’ve had very little impact. It’s in the politics of culture that they’ve not conquered the board but they entered the fabric of what now exists at university level.
RS: Yes, I agree. Even in the fact of criticizing Wagner, the fact that you treat him as this major figure that must be confronted is way reactionary and has conservative tendencies. I mean, I don’t see anyone in the contemporary conservative movement to have much interest in these Romantic titans at all in that sense.
Let’s talk a little bit about the Frankfurt School’s journey to America. It’s quite an interesting one. The Frankfurt School was almost entirely Jewish. I don’t know if there were actually any exceptions to that. There might be.

JB: No, there aren’t. It’s unique in that sense. It’s almost stereotypical. Adorno was half Jewish, and a few of the others were this and that, but basically yes they were almost in toto.
RS: Right. And not only were they Jews but they were Marxists, so needless to say they weren’t accepted in the Third Reich, although they weren’t really directly . . . I guess the Frankfurt School was shut down. I don’t think any of them were, at least personally, persecuted. I know Adorno was even traveling back to Germany on occasion at that time. But anyway, they did move and they went to America and there was actually a kind of exile community in which I believe Schoenberg and Thomas Mann and Theodor Adorno were all living together in a Los Angeles suburb or something like that. It’s quite interesting!
But they also were received, ironically, by the elite. A lot of the Frankfurt School members actually worked for the OSS, which would eventually become the CIA during the Second World War, and they were also getting grants. I believe Adorno got a Rockefeller grant working at Columbia University. They definitely had a reception by the more elite American opinions.
Was it the Rockefeller grant that actually sponsored The Authoritarian Personality?
JB: Yes, that’s right.
RS: Yeah. So, let’s talk a little about this, the next stage of their journey when they became Americans.
JB: Yes, the American stage was interesting because in many ways it contradicts the pure theorizing that they were into, because, although they were given grants and cultural access by these people and seen as sort of honorific rebels against Fascism who had to be supported in the war of ideas, they had to change and water down their theory. They also had to adopt a lot more empirical studies, which was anathema to people like Adorno who hated empiricism. But, of course, empiricism is the Anglo-American way of looking at things. They had to adapt or die, basically. They had to adapt and they had to come up with theoretically-based nostrums that could lead to epidemiological testing and criminological types of testing and almost tick-box forms which ended in the slightly reductive program known as the pursuit of an authoritarian personality with this notorious F-Scale. F for Fascism.
Many of these tests are regarded as slightly embarrassing now and are quite redundant and also not very much used, because although certain people do have more authoritarian casts of personality than others it’s not really a predicate for political positioning because there’s all sorts of hard social democratic positions and authoritarian far Left positions, for example.
RS: Right.
JB: Which go with more authoritarian character structure and don’t align into the F-Scale which these people would like to make out.
However, they were very influential in the rebuilding of Germany after the Second World War, and this is where their theory enters into the mainstream in many ways, because one of their great points is, “What do you do in a democratic society with all the institutions of control, with all the valences of state and other forms of oppressiveness?” as they would see it: the military-industrial complex, the people who work in the security services, the people who work analyzing information on behalf of those services, the people who work in the large prisons and psychiatric environments that exist in all societies, particularly in Western societies?
They always had the view that these people needed to be watched in a way and needed to be prevented from having some of the natural affinities that they would otherwise have if you let them outside of the remit of your theory. This idea that you almost watched the authoritarian gatekeepers in society for signs of “incorrectness” has entered into the mainstream. Very much so.
RS: Yes, I agree that the conservative movement, the mainstream view of the Frankfurt School, that view is really one of Adorno and The Authoritarian Personality. That’s where their criticism really fits, but of course there’s so much more. But that’s certainly a way where you see critical theorists most directly attacking normal bourgeois people. If you have some, what we might call, healthy patriotic opinions that’s high up on the F-Scale.
JB: That’s right, yes.
RS: So, I think in some ways The Authoritarian Personality is probably Adorno and the rest of them at their most cartoonish or something, and it’s not really the most interesting.
JB: That’s right, and there’s a sort of theory by explicators of that school, like Martin Jay and others, that what they’re well known for, such as the F-Scale and so on which was really a concession to their friends and to the people that were giving them grants because what really interested them was this extraordinarily elaborate theory whereby everything in life, particularly in cultural life, was theorized in books like Negative Dialectics by Adorno and Aesthetic Theory, which was unfinished at his death and dedicated to Samuel Beckett, and his support for elements of the avant-garde in the counter-culture during the 1960s, which is a perverse Marxian support because it’s not based on the fact that it’s radical and that it’s coming from the age and that it’s countering that which exists formally, although there’s a little bit of that.
The reason he supports these things is that he believes that the cultural industry is so monolithic, the culture of entertainment and the degradation of the masses is so absolute that only in these little fissures and these tiny, little spaces which are opened up by the critical avant-garde, who often deny easy understanding and deny mediation and deny the audience the collateral of a closure at the end of a piece so that people go away happy or satisfied and that sort of thing, what they are doing is opening a space for genuine culture to exist. That’s why he dedicated it to Beckett, you see.
So, underneath a lot of this theorizing there is a pessimistic despair, a sort of morphology of despair, and that’s very unusual for a Leftist position. It’s usually associated with a Spenglerian, conservative cultural disdain and pessimism for the degradation of the masses under all forms of life and that wish the life of culture could extend and be deeper and be more transvaluated than it is.

RS: Right. You know, this is all quite interesting and at the risk of pushing this Adorno as conservative idea too far, actually recently there was a book of his music criticism. I guess not too recent. It was a book of translations and probably published in 2004 or so. I remember reading it, and he had an interesting essay where he in some ways rethought Wagner and had many positive things to say about Wagner. Believe it or not, he actually had positive things to say about Houston Stewart Chamberlain in the sense that Houston Stewart Chamberlain was a racialist thinker, a god of the far Right, racialist Right, and he said that he saw that one of his reactions against the culture of England and his Romantic embrace of Germany was a kind of reaction against the tyranny of industrialization and that he imagined a more unalienated, authentic world in Germany and that almost these Right-wing strivings were that reaction against capitalism or something. So, again, there is a lot of complexity to all these people and they’re not easily pigeon-holed.
I do want to talk about the 1960s, but before that let’s just put a little more pressure on the culture industry because I think that’s a very useful term for us. I think that’s a term we should be using and maybe even using it in a lot of the same ways that Adorno did. But maybe just talk a little bit more about that idea of the culture industry, what it is, and what Adorno was seeing in mid-20th century America.
JB: Yes, he basically had the idea that the masses were totally degraded by a capitalist and market-driven culture whereby from advertising through to popular cinema to the popular television that was beginning and that would replace cinema and add to it and was an extension of it you have a totally seamless environment in which the masses live which today would be characterized by the popular internet, by the big TV channels, by MTV, by pop music videos, by pop music in all of its various forms.
Don’t forget, Adorno was extraordinarily scathing about jazz, which is regarded as deeply unprogressive and his disgust and distaste for jazz is almost visceral.
RS: Racist!
JB: Yes, almost. In contemporary terms and the terms of the New Left, there is this sort of despairing mid-20th century Viennese intellectual who despises the culture of the masses and that comes very close to an elitist position. It may be a Left-wing elitist position, but it’s an elitist position nonetheless, and once you admit elitism in any area, even if it’s only the cultural one, cultural selectivity, you begin to adopt ramifications elsewhere that are unstoppable.
Although he could never be seen as a neo-conservative figure — these are people who believe that the family is a gun in the hands of the bourgeoisie and that criminality is directly proportionate to its punishment — in other words, you get more criminality because you punish people who are only victims anyway — so don’t forget, these are the sorts of conceits that the Frankfurt School believes in, but the very complexity of their analysis alienates them from populist Left-wing politics and alienates them from easy sloganeering, which is why they’ve been taken up by intellectuals and yet not by mainstream Leftist political movements because their work is just too difficult, it’s too abstruse, it’s too obsessed with fine art and high culture, particularly musical but also in the cinema.
Going back to an analyst called Kracauer in the 1920s, the intellectual analysis of Weimar cinema and expressionist cinema at that was very important to them and they saw that time of cinema’s use of the unconscious, as people would begin to call it later in the century after Freud’s cultural influence, led them into slightly interesting and creative cultural vistas that are not simple and are not reducible to political slogans, but they do ultimately tend to a type of rather pessimistic ultra-Leftist postmodernism.

RS: Yes. Well, let’s talk about the 1960s and the New Left and the hippies and the ’68 violent protests and so on and so forth.
What do you think the connections are between the two of them? I know that supposedly — I wasn’t there, of course — in Berkeley in 1968, they were chanting, “Marx, Mao, Marcuse!” Herbert Marcuse was, of course, from the same milieu as Adorno. He was a Hegelian professor and had an upper bourgeois Jewish background. He remained in America. Adorno would return to Central Europe, but he remained, and he is writing books like Eros and Civilization that were a kind of Marxian-Freudian liberation philosophy kind of thing that the future was about polymorphous perversity. These kinds of things. And certainly very different from Adorno’s more kind of fastidious bourgeois nature.
So, what are the connections between the youth movement of the 1960s and the Frankfurt School? Because in some ways it’s strange bedfellows. It’s different generations. The hippies and anti-war protestors probably couldn’t spell Hegel. A very wide gulf between the people like Adorno and these new kids. So, what are the connections? Do you think as the conservative movement would like to believe that the Frankfurt School were kind of the prophets of sick 1968 or is it a little more difficult?
JB: They are and they aren’t. I think that what happened is intermediate theorists emerged who are not as complicated and whose work could be assimilated to political struggle and sloganeering.
Marcuse is that example. Marcuse wrote several books, the most prominent of which is One-Dimensional Man and Eros and Civilization. One of which is a full-on Left-American attack on modern corporate America, where he anathematizes what will come to be known as the military-industrial complex and what was called the welfare-warfare state whereby welfare is paid in order to keep the masses bedded down and at the same time the perfect society is always engineered out of existence by endless wars in the Second and Third World which are always for the prospect of peace, but the peace never arrives, and there’s always just another war just around the corner, and, of course, the wars are to make profits for the military-industrial complex which is increasingly considered to be the most advanced capitalist part of America in which the political class is totally embedded.
RS: Right. So, what you’re saying is that they were absolutely correct.
JB: Of course, there are many similarities on the other side politically, because Harry Elmer Barnes edited a very large volume called Perpetual War for Perpetual Peace, which is very similar from a revisionist sort of school whether isolationist or American nationalist or American libertarian. The people who contributed to that book had a very similar analysis to the one that Marcuse would have of American foreign policy.
Of course, this was occurring in the era of the Cold War when the threat was seen to be the Soviet Union and, to a lesser extent, Maoist China and by arguing for pacifism and isolation you’re arguing for Communist victory elsewhere in the world by the logic of power politics. That’s how Cold War warriors and anti-Communists would have responded to the Marcuse front.
But Marcuse enabled Frankfurt School-related ideas to be politically assimilated by the growing forces of the student New Left, and that’s why they used him as the theorist of choice, because he’s exportable in student terms. He also put himself forward as a student leader, at least theoretically, something which the other Frankfurters were too fey and too theoretical and too abstract and abstruse ever to do. They never would have thought students would listen to their lectures even if they were talking Marxian analysis. Adorno, of course, died as a result of a student action in Germany in the late 1960s when the podium was stormed by some action front hippies or yippies who embraced Adorno — whether they had flowers in their hair, metaphorically, I’m not too sure — and they chanted that as an institution “Adorno is dead,” and Adorno collapsed and had a heart attack relatively soon afterwards and died.
RS: Oh gosh.
JB: This is taken as a sort metaphorization in a way that despite his sort of would-be leadership role of the theorist in relation to these people they were two different universes and the Frankfurt School intellectuals were deeply shocked actually that the West German popular press, particularly the center Right press, held them responsible morally for the emergence of terrorist organizations in West Germany, such as the Baader-Meinhof which later morphed into the Red Army Faction or RAF.
It’s only, of course, come out retrospectively during the latter stages of the Cold War and after the wall came down that the Stasi when the traditional sources of power in East Germany were heavily behind the RAF gave them military expertise and explosives and told them which sites to attack and so on, so that they were as much an extension of the oldest parts of the old Left as they were of the newest parts of the New Left.
Nevertheless, theorists are not always insightful about how the world will use their theory and the Frankfurt School is a classic example of ivory tower intellectuals who partly get a little bit broken up and mangled on the wheel of history.
But Marcuse is an intermediate speaker who the student Left are able to make use of because they can understand what he’s saying. Adorno and Horkheimer and Löwenthal are too abstract, basically. They’re on their own as theorists.

RS: Yeah. Jonathan, to bring the discussion to a close, what do you think is the legacy of these thinkers? In some ways, this is a very big question, because I’m also kind of asking what is the legacy of the New Left and all of this and what is political correctness today. What does it mean and how is it connected with these 20th-century Marxisms?
JB: Yes, this is a difficult one because it’s so diffuse. Yet what I think has happened is they’ve changed the entire temperature which existed, particularly at the university level and amorphously the general media level that feeds out of that at the higher end. What’s happened is that once they lost the hard Left accretions of sympathy for the Soviet Union — witness a text like Marcuse’s Soviet Marxism, which although very short is extremely critical and he’d had been sent to a psychiatric unit or put in a camp for a text like that if he had produced that inside one of those societies, as Marcuse well knew.
You’ve got this great sort of uniformity and diffuseness of the contemporary Left which has collapsed into liberalism, seamlessly taken parts of its agenda over, is no longer associated with apologetic statements about Stalinism, distances itself from all Left-wing atrocities and has critiques of those as well, is part of the seamless liberal-Leftist course that straddles the center and goes right out to the softer reaches of the far Left, bifurcated from the hard Left beyond it.
In all of these institutions, Frankfurt School views play a role. They play a role in defeating the culture of conservatism in all areas: racial and ethnic, criminological and social, areas such as police studies, PhDs written about the prison service, modern theories about cinema. In all of these areas, in cultural studies is a discourse which has only emerged from art colleges in the last 20 years, which is heavily saturated with Frankfurt School-ish types of ideas.
You see the deconstruction and the breaking down of the prior cultural conservatism. They are the intellectual tip of the liberal society which has stepped away from the conservative societies of the 1950s and 1960s.
Up until the ’60s in the West, you had largely a stereotypical center Right to Rightish conservative society, polity, academy, media, and culture, and after that you have a step change to a liberal instead of a conservative society, media, culture, and cultural disseminating strata. This has continued throughout the decades since the 1960s. You’ve had about 50 years now. So, you have a situation where over this 50 year period throughout all of the institutions that matter soft Left theory, theory without hard edges and without endorsement of anti-humanist crimes committed by the ultra-Left all over the world, has become the default position for many people in the arts, in psychology, in medical practice, in psychiatric practice, in nearly all institutions of the state. With the exception of the military and the raw force-based criterion, the areas of state power that rely on the use of force, almost all other areas have been infected by these types of theory. Psychiatric institutions have been and, although it’s a bit of a stretch, the anti-psychiatric movement through R. D. Laing, through Fromm, and through Marcuse, is heavily influenced by at least a proportion of these sorts of ideas.
In the theory of Lyotard and in the theory of Deleuze, is the bourgeois really insane? Are schizophrenics the sane who walk amongst us? Deleuze and Guattari’s text Anti-Oedipus in which the schizophrenic is seen as the last redoubt of sanity in a mad capitalist world, which is by any rational credence insane. Therefore, you have to look to the insane to find the redoubt of sanity.
These sorts of ideas, post-Foucault in the late 20th century, are no longer that eccentric. They were once the most eccentric ideas you could have which conservatives essentially just laughed at. Now, they’ve taken over the institutions. But it’s been in a gradualist and would-be well-meaning and soft-minded sort of way, because this theory has taken over and cultural conservatives have retreated before it to such a degree that there’s hardly any of them left.
RS: I agree. You know, I might disagree with you slightly. I think Cultural Marxism has infected the military in the United States. It’s kind of incredible, but yet we have a major Army general claiming that diversity is the great strength of America’s armed forces as they go overseas to bring women into undergraduate colleges. So, it’s been quite a triumph!
One thing I would just mention, picking up on all these ideas you’ve put forward. I’ve always thought about this; there’s this staying power of let’s call it the postmodern New Left or Cultural Marxism. It’s had this long, decades-long staying power, and if you think about major avant-garde, modernist movements, they were a candle that burned really quickly. They almost burned themselves out.
If you just look at — just to pick one at random — the Blue Rider group or something like that. This is something that lasted maybe 4 years. Dadaism would kind of make a splash and then dissipate and go off into other movements and things like this.

If you look at the art galleries — conceptual art, postmodern art — they’ve been doing the same stuff for maybe 40 or 50 years now! If you look at women’s studies, African-American studies, critical race theory, all this kind of stuff, Foucault . . . I mean, it’s obviously changing, but it’s had this staying power that it’s almost become conservative, and I think this is a great irony.
I don’t know where avant-garde art can go. I don’t know how many times you need to, proverbially speaking, put a crucifix in piss. It’s one attempt to shock the bourgeoisie after another to the point that it becomes old and stale and certainly institutionalized in the sense that many people will go to get masters in fine arts in all these institutions and learn from the great masters of conceptual shock. So, this is a very strange thing about our culture where we have this conservatism amongst postmodern Cultural Marxism.
Do you think this is going to break down, or do you think, Jonathan, that because political correctness has become so obvious or because it’s become something easily ridiculed that it’s going to be overturned or at least come to an end? Do you see that or is that being a little too optimistic?
JB: It might be a bit too optimistic in the short run. I think it’s become institutionalized in a way which those art movements you categorized earlier on have not been for several reasons.
1) It’s a non-fictional area. It’s an academic area, and academics have tenure in mind, and these art movements are sudden, instantaneous, bohemian, and largely outsider movements. They usually row intensely with the major figures who sort of break from each other over a finite period. Surrealism almost came to an end when Breton insisted that they all join the Communist Party in France, but many of them didn’t want to do that. They joined it for discussion and alcoholic treats and to meet women and that sort of thing and to have a chance to exhibit. That’s why most people join art movements.
It’s also not particularly concerned with creation either. It’s concerned with reflexive creativity academically. So, somebody will go through the process of a first degree or second degree, they’ll get the PhD, which is influenced by one of these theoretical figures, and then they’ll become a tenured lecturer over time, and they provide a paradigm or a model for their students as they come up. So, the thing becomes replicating over a career path.
What you’ve had is you’ve had a couple of generations who’ve now done this within the academy, and they’ve also worked for a situation where there’s very little kick against them because there’s very little Right-wing left in the academy. It’s almost totally gone now. It almost can’t survive the pressure valves that have been put on it to such a degree that it’s almost impossible for it to survive. This has meant the rather desert-like, arid terrain of the new left, small “n,” small “l,” really, now dominates the tertiary sector of education, which is why the Left is so strong.
In a mass capitalist world where they feel that people are degraded by the cultural industry, nevertheless what you might call the PBS culture, the national endowments for the arts culture, is completely saturated with this sort of material, and there’s little way to shake it at the present time unless they’re radically disfunded or unless a way can be worked for forces of counter-culture to enter the university space again. Probably only on the internet is the space that they can now adopt and that, of course, is what’s happened for all of these ideas, such as this podcast we’re having today. They’ve gravitated towards the internet, because this is the only space left.
RS: Well, Jonathan, we are the counter-culture. I think that’s one thing that’s been clear to me for some time. But thank you once again for being on the podcast. This was a brilliant discussion, and I look forward to another one next week.
JB: Thanks very much! All the best!rticle printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com
00:05 Publié dans Actualité, Nouvelle Droite, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jonathan bowden, cultural marxism, école de francfort, sociologie, philosophie, philosophie politique, histoire des idées, théorie politique, politologie, sciences politiques, theodor adorno, jürgen habermas, max horkheimer, nouvelle droite, nouvelle droite britannique |
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Nous reproduisons ci-dessous un texte de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site et consacré à l'idéologie. Spécialiste de la communication et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe est l'auteur de nombreux essais et a publié dernièrement La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2016).
Idéologie : l'idée comme force
par François-Bernard Huyghe
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
Comment parler de façon non idéologique de l'idéologie (dont on sait bien que c'est l'idée de l'Autre) ? La définir, c'est se poser en maître de vérité, dévoilant aux égarés les leurres dont ils sont dupe : ceci est la vérité (ou de la science, ou la réponse technique, ou voici une vision pragmatique du monde tel qu'il est) cela est l'idéologie !
La plupart des définitions de l'idéologie insistent sur son côté :
- irréel (irréfutables, parce qu'insensibles au démenti). L'idéologie (souvent assimilée à une maladie de l'idéalisme qui prendrait ses rêves pour des réalités) est alors une machine à décoller du concret et du vérifiable, à imaginer de fausses espérances, des explications fallacieuses, une pseudo logique dans les événements, à balayer toutes les critiques ou les objections de la raison, à réinterpréter les faits dans le sens qui arrange « Une idéologie est précisément ce que son nom indique : elle est la logique d’une idée….L’émancipation de la pensée à l’égard de l’expérience. » disait Hananh Arendt. L'idéologie est donc surtout non-vraie dans cette perspective.
- "bricolé" : l'idéologie n'est pas totalement délirante. Simplement mêlant des discours pseudo-rationnels, présentant une cohérence et une logique relative, elle trouve des explications et forge une apparente cohérence explicative ou prospective. Elle imite la science mais n'est qu'un système de représentations qui donne réponse à tout, et qui est symptomatique des préconceptions de celui qui le formule et qui s'auto-illusionne plutôt qu'une démarche pour approcher de la réalité. L'idéologie, c'est du vrai, plus du faux, plus du spéculatif, plus de l'indécidable, plus du douteux formant un tout. L'idéologie est inconsistante.
- son caractère de "fausse conscience", ou vision "inversée" de la réalité. Cest ici la définition marxiste classique. Les hommes qui ont des positions de classe formulent des systèmes intellectuels pour s'expliquer le monde tel qu'il leur apparaît (donc avec toute la subjectivité due à leur position historique). Ces systèmes, qui reflètent en réalité leurs intérêts, ils les prennent pour des vérités universelles et souvent même les dominés, à rebours de leurs intérêts réels adoptent l'idéologie que leur imposent les dominants. C'est par exemple une idéologie qui décrit comme naturel, juste et conforme à la raison un monde où les dominants dominent et où les dominés ne se révoltent pas. Mais les marxistes ajoutent que l'on peut échapper à la malédiction de la fausse conscience et produire de la science. Certes, par un effort intellectuel (la production théorique) mais aussi et surtout en adoptant le point de vue de la classe "universelle", le prolétariat, appelé à réaliser les potentialités universelles de l'homme et de la raison humaine. Bien sûr, les malins remarquent que les raisonnement est un peu circulaire : tandis que vous, vous faites de l'idéologie (ce qui démontre combien vous êtes égaré par vos intérêts de classe, comme je peux le montrer scientifiquement) ; moi, je dis la vérité parce que le marxisme est scientifique, il est scientifique parce qu'il correspond au mouvement historique de la réalité, il y correspond parce que je dis la vérité. Vous ignorez cette vérité parce que vous êtes dans l'idéologie. Dans cette optique, l'idéologie est un aveuglement symptomatique.
- "légitimant". L'idéologie n'est pas une méthode pour résoudre des questions et pour juger, par exemple, si quelque chose est souhaitable (ainsi : un certain type de régime politique), elle le présuppose au départ. Elle est une réponse déguisée en question ou une valeur qui cherche réalisation mais se prend pour une rationalité. Elle part de ce qu'elle devrait prouver à la fin (ce qui est juste, ce qu'il faut faire ou au contraire, ce qu'il faut supprimer, la cause des malheurs du monde) et conclut forcément là où elle voulait mener. L'idéologie est un moyen au service d'une fin.
Les quatre visions ne sont, du reste, pas incompatibles (l'on peut, par exemple, penser que les hommes bricolent des pseudo-explications avec des faits pour légitimer des valeurs, parce qu'ils sont victimes d'une fausse conscience...). Il est permis de penser qu'elles ont toutes leur part de vérité, dans la mesure où elles décrivent le rôle des idéologies. Une idéologie, ce n'est pas seulement une idée à laquelle on peut adhérer ou pas, ce n'est même pas un corpus, un ensemble de notions et affirmations ayant une relation de cohérence entre elles, c'est un code : une machine à produire de nouvelles interprétations conformes aux finalités du modèle. Une idéologie permet tout à la fois de rêver, de croire que l'on possède une explication du monde, de s'imaginer que l'on échappe à l'idéologie (c'est une différence avec la foi : chacun dit "je le crois parce que c'est ma religion", personne ne dit "je le crois parce que c'est mon idéologie"). Enfin l'idéologie sert à rentrer dans une communauté (avec tous ceux qui partagent la même vérité que vous) et, ce n'est peut-être pas le moins important, à se faire des ennemis. Où au moins à désigner le mal : l'idéologie adverse. Toute idéologie est en effet une "pensée contre" qui s'oppose aux idées mauvaises ou fausses (ce qu'elle nomme justement "idéologies"), ne vit que dans le conflit avec elle et avec une autre communauté de croyants et se condamne par là même à convaincre sans cesse, à augmenter les nombre de ses adhérents (au détriment de l'erreur et du mal). Du reste on reconnaît assez bien un discours idéologique à ceci qu'il explique qu'il faut se battre pour libérer l'humanité du poison des idéologies perverses : néolibéralisme, nationalisme archaïque, islamisme, tiers-mondisme anti-américain, utopisme altermondialisme, populisme sécuritaire fascisant suivant le cas..
En fait l'idéologie pose une question
- philosophique : qu'est-ce que la vérité ? la doxa (l'opinion communément admise) ? l'erreur ?
- épistémologique : comment se fait-il que l'on arrive à des conclusions ou bien vraies ou bien fausses ou bien fallacieuses (parfois à partir des mêmes éléments d'information) ? comment accéder à la connaissance vraie en évitant le piège de l'idéologie ?
- historique et politique : est-ce l'idéologie qui gouverne l'action des hommes ? n'y a-t-il rien à faire pour leur faire adopter une conduite raisonnable ? l'idéologie est-elle secondaire par rapport à d'autres facteurs déterminants comme les intérêts géopolitiques ou l'économie ?
- psychologique ou sociologique : comment se fait-il que tel individu ou tel groupe se rattache à telle idéologie ? et qu'il puisse en changer ?
L'auteur de ces lignes n'a aucune prétention à les résoudre. En revanche, il serait se permet de préconiser une approche médiologique.
En l'occurrence, il ne s'agirait plus de poser la question de l'idéologie dans son rapport à la connaissance vraie, ni aux valeurs justes, mais dans sa relation avec l'action. L'idéologie n'est pas faite (uniquement) pour expliquer le monde, mais pour le changer : son adoption, le nombre et la qualité de ses adeptes est censé produire un changement politique, à se traduire en un nouveau rapport de pouvoir ici et maintenant.
C'est une idée qui veut devenir une force. On nous objectera qu'il existe des idéologies conservatrices, dont la fonction est précisément de nous convaincre qu'il ne faut rien changer d'essentiel dans le réel tel qu'il est, et que nous devons continuer à croire et à faire ce que nous avons toujours cru et fait.
Mais, si ce sont vraiment des idéologies qui se défendent et se propagent (et non des cultures dans lesquelles on baigne et qui se transmettent), elles sont obligées d'appeler à un combat contre la subversion, l'erreur, la menace... Elle créent par là même un certain dynamisme : il leur faut sans cesse produire des contre-arguments, des projets, des enjeux..
Une idéologie, c’est une force en marche, une idée de tête en tête. Elle a besoin de vecteurs et relais. Toute idéologie veut changer le monde sous couleur de l’interpréter. Son succès dépend de configurations stratégiques et techniques qui lui confèrent plus ou moins d’impact. On l'adapte et on l'adopte : elle s'intériorise.

Pour cela, il faut des médias pour transmettre le message (et, si possible, étouffer le message contraire), Il faut s'adapter à un milieu à conquérir et il faut enfin et surtout une stratégie et des gens. Une stratégie pour propager l'idéologie, par exemple une technique de prosélytisme ou de propagande. Il faut des gens pour commenter, illustrer et faire passer l'idéologie. Selon les lieux et les époques, ces gens là se nomment des missionnaires, des militants, des journalistes, des intellectuels, des minorités actives...
La propagation d'une idéologie requiert donc :
- le bon message. Le bon message est certes "persuasif" donc capable d'entraîner la conviction de celui qui le reçoit par une démonstration (administration de preuves dont éventuellement des preuves par l'image, mais aussi raisonnement amenant le destinataire aux mêmes conclusions que vous), mais il est aussi émotif. Au-delà de la question de la démonstration rationnelle ou pseudo-rationnelle, il s'agit aussi de toucher la corde affective, de provoquer des sentiments d'admiration, de répulsion, d'indignation, d'enthousiasme, etc.
Mais aussi d'amener le destinataire à croire que les conclusions qu'il retire coïncident avec des valeurs fondamentales de liberté, de justice, etc.
Nous retrouvons là une vieille recette de la rhétorique antique : logos plus pathos plus ethos. Avec cette différence que l'idéologie ne doit pas seulement persuader d'un fait passé ou futur (Untel est innocent, telle loi contribuera à la prospérité du pays), elle ne doit pas seulement amener à certaines généralisations intellectuelles (le capitalisme a provoqué la crise, donc il faut imaginer un autre système,ce régime islamiste viole les droits de l'homme donc il faut établir une démocratie laïque partout dans le monde), elle doit inciter à s'engager ou à agir (au minimum : voter, soutenir), du moins à adopter un ensemble de cadres de pensée. Ils permettent à l'idéologie de s'auto-reproduire. Nous entendons qu'elle amènera le néophyte à choisir à l'avenir la réponse conforme à l'idéologie (la crise semble s'atténuer, donc les rares mécanismes étatiques subsistant pour contrôler l'économie sont indispensables face au excès de l'ultra-libéralisme, ce régime islamiste organise des élections, donc elles sont truquées). Précisons que le fait que le message se révèle ou bien faux ou bien vrai (au sens de : confirmé par les faits) ne change rien à son efficacité.
- le bon média. Pour remplir les cerveaux, il faut pouvoir les atteindre. Ne serait-ce que pour les immuniser contre les messages adverses. D'où la nécessité suivant les époques d'avoir une collection chez un grand éditeur toute dévouée à votre chapelle intellectuelle, de lancer un journal militant reflétant les thèses de votre parti, de financer une télévision internationale d'information favorisant l'influence de votre pays ou d'établir un réseau de vos partisans présents sur les forums et les sites.
- le bon milieu. Ce qui s'entend dans les deux sens : il faut envoyer le message par des vecteurs et avec le soutien de relais efficaces dans des termes qui correspondent à la culture au sens large de leurs destinataires. Il faut que l'interprétation qu'il fera de l'idéologie coïncide avec ce qu'il sait, ce qu'il croit, ce qu'il respecte et ce qu'il refuse. Mais la règle du milieu vaut dans l'autre sens : l'idéologie ne prospère qu'autant que ses partisans peuvent se rencontrer, se renforcer mutuellement, que si elle est cohérente avec leurs valeurs ou leur expérience quotidienne. Nous serions tentés d'ajouter cyniquement : que s'ils ont intérêt à la produire ou à la diffuser (par exemple pour leur carrière, pour être bien vus dans leur milieu social...). Le problème commence quand deux milieux se rencontrent, par exemple quand le milieu des think tanks, de la haute administration ou de l'armée US veulent convertir à leur idéologie un montagnard parlant pachtou et membre d'une tribu aux traditions guerrières et patriarcales. "Les filles doivent voter et aller à l'école car cela renforce le sentiment d'égalité autant que les libertés démocratiques et leur contribution à l'économie augment la prospérité, surtout dans le cadre du développement durable." est un exemple de contenu idéologique à réadapter dans le cas évoqué.
- les bonnes médiations. Nous entendons par là les groupes et institutions qui formeront le biotope intellectuel de l'idéologie et lui permettront de croître et de prospérer. et de trouver de nouveaux repreneurs.
Dans toute société, on peut considérer que toute institution - comme une église, une école, l'armée - remplit, comme de surcroît, une fonction idéologique qui consiste à inculquer des valeurs et des croyances. Elles le font de haut en bas, de l'aîné ou du supérieur vers le plus jeune et l'inférieur et ceci sans aucune hypocrisie : il s'agit d'inculquer, de former...
Mais d'autres organisations répandent l'idéologie de manière plus horizontale ou plus indirecte. Celles que nous avons nommé Organisations Matérialisées d'Influence. Une société de pensée, une ONG, un think tank, ou à plus forte raison un parti (qui en fait une de ses ambitions avouées) répandent une idéologie : ces groupes passent leur temps à faire entrer "des idées dans la tête des gens", car leur existence dépend du nombre et de l'importance de ceux qui partagent leurs visions ou leurs valeurs. Un médecin qui soigne des enfants à l'autre bout du monde répondra peut-être que son dévouement au service d'une ONG n'a rien à voir avec l'idéologie : il répond à une urgence humanitaire. Il suit une morale naturelle de la compassion qui pousse un être humain à aider un être humain. Du point de vue moral, notre médecin a parfaitement raison et il n'y a aucune raison de le soupçonner d'avoir des desseins politiques cachés (répandre la civilisation occidentale auprès de peuples "inférieurs", ou compenser par un peu de charité ce que le capitalisme a de sauvage aux yeux des gens du Sud, par exemple). En revanche, en amont, si nous regardons toute la machinerie qui a permis audit docteur d'arriver sur place, nous rencontrons une association qui a pignon sur rue, reçoit des fonds du public, fait parfois de la publicité à la télévision et dont le succès dépend largement d'une image de marque. Or, pour bien faire tout cela, l'ONG doit s'appuyer sur une idéologie, noble et juste peut-être, mais idéologie quand même, qui est celle des droits de l'homme, des "french doctors" et de l'urgence humanitaire dans un monde sans frontière.

D'une certaine manière, même un lobby est "idéologique". Non pas que ses membres aient des convictions sincères : le plus souvent ils agissent parce qu'ils sont payés par un client. Par ailleurs, ils sont censés défendre des intérêts et absolument pas des idéaux ou des idées. Mais dans leur "plaidoirie", car leur rôle est, après tout, de plaider pour une cause comme des avocats, ils doivent s'adapter à l'idéologie dominante. Ils doivent, par exemple (voir la rubrique "milieu" plus haut) convaincre leur interlocuteur membre d'une Organisation Internationale Gouvernementale que la proposition qu'ils avancent va parfaitement dans le sens du développement durable, de la bonne gouvernance, de la société de l'information... et autres notions qui sont inculquées à tout fonctionnaire international (y compris l'auteur de ces lignes qui l'a été en son jeune temps).En ce sens, même si nous croyons baigner dans les évidences morales (l'urgence, les droits de l'homme, la démocratie, la société civile) ou dans les évidences scientifiques et techniques (le réchauffement planétaire, la croissance verte, le rôle indispensable du marché), nous vivons dans un monde où croît le rôle de l'idéologie (dont on a trop tôt claironné la mort dans les années 90, comme on l'avait déjà fait dans les années 60 avec l'avènement de la "société post-industrielle").
Comme le dit Régis Debray « L’idéologie n’est pas l’antithèse d’un savoir ou d’une réalité, comme illusion, méconnaissance ou fausse conscience, mais la forme et le moyen d’une organisation collective. Ce n’est pas une modalité du voir, mais une contrainte du faire.»
François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 4 juin 2016)
00:05 Publié dans Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : idée, idéologie, définition, philosophie, philosophie politique, théorie politique, politologie, sciences politiques |
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Quand je vois des vaches enfermées dans une « ferme à mille vaches », j’aimerais qu’elles puissent organiser un attentat terroriste contre cette horreur, symbole de la mécanisation de la vie. Hélas les animaux, contrairement à l’homme, ne peuvent pas dire non à leurs conditions d’existence.
Mes contemporains ne cessent de me surprendre. Ils semblent être incapables de comprendre ce qui nous distingue des animaux, à savoir la faculté de dire non à l’ordre du monde. Certes, les animaux peuvent s’enfuir lorsque leur environnement leur est devenu hostile. Mais s’enfuir, ce n’est pas dire non au monde. Lorsque les juifs ou les chrétiens disaient non à l’empire romain, ils ne s’enfuyaient pas. Les premiers lui résistèrent militairement avant la diaspora – les seconds allèrent au martyre jusqu’à Constantin. Avec le djihad aujourd’hui, nous avons affaire à quelque chose de semblable comme le montre Gilles Kepel dans son dernier livre, Terreur dans l’Hexagone. Daech appelle parfois ses ennemis des Romains.
Les djihadistes disent non à l’ordre occidental du monde et ils sont loin d’être les premiers à le faire. Le Manifeste du parti communiste était un formidable « non » à l’ordre capitaliste, un « non » qui inspira des milliers de terroristes avant de conduire à la « Révolution » de 1917, laquelle mit en place un État exterminateur. Aujourd’hui, Daech est une divine surprise pour certains marxistes qui découvrent dans l’Etat islamique le relais d’un mouvement révolutionnaire qui s’est essoufflé. Gilles Kepel écrit que la bannière verte de Mahomet a pris le relais du drapeau rouge (communiste). Cette bannière verte peut aussi séduire ceux qui veulent purifier le monde avec des Panama Papers ou des « Kalachs ». Rien de nouveau sous le soleil. Les Gnostiques des premiers siècles, les Cathares du 13ème siècle le voulaient aussi. Le refus de l’ordre du monde glisse facilement dans la haine du monde.
Devant la menace terroriste, il ne sert à rien de pousser des couinements d’effroi, tout simplement parce que cette menace n’est pas nouvelle et qu’il faut d’abord comprendre sa nature avant de lui répondre. Rien ne montre mieux la déculturation de l’Occident que ces couinements. Nous ne savons plus ce qu’est un homme. Nous ne savons plus que sa dignité réside non pas dans une jolie intégration dans le monde, mais en une ascension au-dessus de ce monde. Le terrorisme consiste en un refus de l’ordre du monde, non point par ascension mais par descente dans le sang des massacres. Mais refus il y a et ce refus est le propre de l’homme.
Sans un « non » au monde, il n’y aurait pas une humanité mais des vaches, peut-être malheureuses dans leurs fermes, mais des vaches. C’est parce qu’ils rejettent l’ordre des choses que les hommes renversent des empires, se lancent dans des conquêtes, résistent à un occupant. Peut-on inscrire les djihadistes dans cette logique ? Bien sûr ! Il suffit pour s’en convaincre de lire le livre de Kepel. Ceux qui partent pour la Syrie ou l’Irak ont le sentiment de vivre dans un « pays de malheur » (la France). Pourrons-nous, grâce à nos analyses sociologiques, renverser cette logique et intégrer les jeunes perdus des banlieues ?
Évidemment non ! Surtout en un âge qui prétend expliquer les comportements humains par l’économie, la sociologie ou des circuits de neurones. J’entendais samedi dernier, dans l’émission « Répliques », Pascal Bruckner déclarer que toute crise économique est une crise spirituelle. Comme j’aimerais qu’on l’entende ! On ne l’entendra pas parce que nous vivons dans un climat culturel qui a éliminé la spiritualité. Quand on a fait cette élimination, on ne peut plus comprendre une révolte, quelle qu’elle soit. Le djihad est une révolte. Qu’elle puisse conduire à une catastrophe, d’accord, mais c’est une révolte.
Il y a des révoltes qui veulent l’apocalypse, une extermination de tout et de tous comme les sectes anabaptistes ou adamites du Moyen-Âge. Il y en a d’autres qui n’excluent pas la possibilité d’un monde nouveau. Mais lorsqu’il y a des révoltés, on ne peut pas les considérer comme une bande de fous. Ou alors, si on le fait, il faut s’attendre à des déboires. Le régime tsariste a considéré que les terroristes étaient une bande de fous. Il est tombé, laissant la place à un régime pire encore. Est-ce ce qui nous attend avec Daech ? Personne n’en sait rien, mais ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas des experts qui vont nous éclairer, parce qu’ils partent de l’ordre des choses. De quoi donc faut-il partir ?
Du délitement spirituel de l’Occident. Certes, le sacré, ou le religieux, ou le spirituel, on le tolère avec ce sourire suprêmement hypocrite qui invite chacun à être et faire ce qu’il veut au nom des droits humains. Révérez votre Dieu dans la salle à manger avant d’avaler votre hamburger, mais pas question de faire votre révérence dans l’espace public et laïque. Ce n’est pas à partir de là qu’on peut commencer à comprendre un peu le terrorisme. Alors, à partir de quoi ?
Le rêve d’une nouvelle communauté a toujours hanté l’humanité. Qui n’en rêve pas ? Enfin une vraie patrie avec des ancêtres respectés et des mères qui ne sont pas des mères porteuses ! Ce rêve peut faire basculer dans la violence lorsqu’on sent qu’on s’en éloigne trop. Aussi bien des révolutionnaires que des réactionnaires ont connu ce basculement, soit parce qu’ils voulaient, respectivement, revenir en arrière ou aller de l’avant. Les communistes voulaient aller de l’avant vers une société sans classe, nouvelle communauté qu’ils entendaient promouvoir sur la terre entière avec meurtres et attaques terroristes, tout comme les musulmans, aujourd’hui, rêvent d’établir l’oumma sur toute la planète. Les réactionnaires ont généralement eu des buts plus limités, mais ont eux aussi eu recours à la violence, comme Pinochet. Je veux bien qu’on dénonce ce général, mais ses crimes pâlissent comparés à ceux de Mao.
Il convient, pour prendre la mesure de ce qui se passe, de voir le lien entre les révoltes de mai 68, l’humanitaire et le djihadisme, comme nous y invite d’ailleurs Kepel qui rapporte une anecdote incroyable. Un vieux trotskiste, issu de la mouvance soixante-huitarde, Didier François, inventeur du slogan fétiche « Touche pas à mon pote » est fait prisonnier puis otage par un groupe islamiste. Et là, il est maltraité par ses geôliers dont l’un, Mehdi Nemmouche, auteur de l’attentat contre le musée juif de Bruxelles, était à l’origine un de ces potes. Le gentil était devenu un méchant. De mai 68 à l’humanitaire puis au djihadisme, le chemin est beaucoup plus court qu’on l’imagine. A force de sourire à tout le monde, on peut finir par vouloir tuer tout le monde.
Les vaches, comme tous les animaux, m’émeuvent profondément, mais les hommes m’émeuvent encore plus, surtout lorsqu’ils se révoltent. Lorsque, dans la critique du terrorisme, je ne sens pas cette émotion, je décroche. Qu’est-ce qu’un homme incapable de dire non ? Comme moi, Albert Camus se le demandait et comme moi, il ne trouvait pas de réponse.
Jan Marejko,2 juin 2016
00:05 Publié dans Philosophie, Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, réflexions personnelles, terrorisme |
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