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lundi, 30 mars 2020

Voir au-delà de l’épidémie. Lettre aux lecteurs et amis de l’Antipresse

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Voir au-delà de l’épidémie.

Lettre aux lecteurs et amis de l’Antipresse

par Slobodan Despot

Version vidéo sur YouTube.


Ramenons les choses à leur juste mesure. Un tremblement de terre d’où vous êtes sorti indemne restera moins profondément gravé dans votre souvenir qu’une mauvaise chute dans l’escalier qui vous a estropié. Nous pouvons nous faire contaminer par la fièvre collective en lisant les nouvelles de l’épidémie, c’est en définitive notre destin personnel, et celui de notre famille et de nos proches, qui nous préoccupe vraiment.

Cette épidémie, au jour où je parle, aurait contaminé un demi-million de personnes et fait 26’000 morts dans le monde, dont 200 en Suisse. Dans ce même pays, en 2017, une vague de grippe a causé, les six premières semaines de l’année, près de 1500 décès supplémentaires chez les personnes de plus de 65 ans par rapport aux chiffres normalement attendus à cette époque de l’année. Je cite des chiffres du gouvernement.

Ce n’est pas pour minimiser ce qui nous arrive, c’est pour le replacer dans un cadre rationnel et ne pas céder à l’envie de malheur. De toute façon, je l’ai dit, tout ce qui nous frappe dans notre propre vie et notre sécurité a la dimension d’un cataclysme, qu’il s’agisse d’une pandémie ou d’un drame familial. Des gens qui me sont proches ont été contaminés. Certains luttent avec leurs dernières énergies pour s’en sortir, pour d’autres c’est une grosse grippe.

Mais tout le monde est accroché aux nouvelles, alarmantes, approximatives, contradictoires. On essaie de deviner son propre sort dans des statistiques. Autant le chercher dans le marc de café.

Protégeons-nous comme il se doit, ne laissons aucune précaution de côté mais n’oublions pas que la meilleure armure n’a jamais empêché personne de mourir au combat. C’est la loi de la lutte et c’est la loi de la vie. Cette société s’effondre sous nos yeux pour avoir voulu l’oublier.

Ancrons-nous donc dans notre fragilité et essayons de garder les yeux grands ouverts. Nous sortirons de cette épidémie tôt ou tard. Si la mortalité du virus ne grimpe pas en flèche, l’immobilisation forcée des sociétés devra être levée avant la fin de l’alerte, parce que les dégâts du confinement, économiques, psychologiques, humains, dépasseront les risques de la contagion. Il va bien falloir sortir à l’air libre.

A ce moment-là, sans doute, nous remettrons en marche notre cerveau. Nous essaierons de comprendre ce qui s’est produit. Nous verrons un millier de choses qui dans la panique actuelle nous échappent — même des choses positives. Nous demanderons des comptes.

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Car pendant que nous guettons les chiffres et attendons les thérapies miracles, les affaires continuent, et bien plus fort qu’avant. Sous couvert d’état d’urgence, on adopte des mesures qui ne seront pas levées avec le confinement. Au contraire: qui vont définir le monde où nous vivrons demain.

En France et ailleurs, on adapte les lois sur le travail à la situation de crise… sans aucune intention de revenir en arrière. En Allemagne, on a fermé les frontières pour tout le monde, sauf pour les migrants. Pourquoi? Sont-ils moins contagieux? En Suisse, en Autriche, partout, on vous propose de troquer votre liberté contre de l’hygiène, on trouve formidable de recopier le système de contrôle social chinois, absolu et totalitaire, fait pour une civilisation qui n’a rien à voir avec la nôtre, qui ignore l’autonomie de l’individu. En Orient, le divorce entre les États-Unis et la Chine est devenu agressif et irréversible. En Europe, ces mêmes États-Unis profitent de manœuvres militaires qu’ils n’ont pas annulées à cause du virus pour renucléariser l’Europe avec des armes tactiques tournées vers la Russie. En Russie, justement, on officialise l’autocratie. Partout, c’est déjà très visible, le citoyen est en train de se faire déposséder de ses droits et de ses avoirs au profit de l’État tout puissant ou des multinationales. Ou plutôt, d’une alliance des deux.

A l’issue de cette crise, des millions de gens vont se trouver dans la rue, des entreprises seront par terre et d’autres, comme Amazon, auront prospéré comme jamais de leur vie. Pourquoi la pandémie ne serait-elle une opportunité que pour les puissants et pas pour nous, pas pour les gens ordinaires?

Si nous devons saisir cette opportunité, ou au moins défendre ce qui est à nous, ce n’est pas après la crise que nous pouvons le faire. C’est maintenant, tout de suite. C’est le moment de nous demander comment nous avons pu nous laisser gouverner par des gens d’une telle incompétence, d’une telle lâcheté, d’une telle indécision. C’est le moment de nous demander comment il se fait que les systèmes de santé les plus sophistiqués, les plus coûteux au monde se soient effondrés en quelques jours devant cette épidémie, alors que des pays bien moins riches ont pu réagir et au moins se procurer les moyens de base, pourquoi les courbes de contagion grimpent en flèche dans les pays les plus développés et les plus aseptisés. C’est le moment de comprendre pourquoi la malheureuse Italie a été secourue par la Chine, Cuba et la Russie alors que ses voisins de l’UE n’auront pas bougé le petit doigt. C’est le moment de s’interroger pourquoi les neuf dixièmes des morts du virus dans le monde se situent dans l’Occident ultralibéral. C’est le moment d’admettre que les sociétés contaminées par l’ultralibéralisme n’en réchapperont pas.

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A l’issue de cette crise, l’Union européenne n’existera plus sinon comme une survivance administrative d’un autre temps, à la fois oppressante et superflue. L’État de droit ne sera plus que du passé. C’est maintenant qu’il nous faut réfléchir comment nous allons protéger nos libertés et nos biens dans ce monde-là, non une fois qu’on nous aura dépouillés de tout.

Nous devons aujourd’hui, tout à la fois, nous ancrer dans le présent et nous projeter dans l’avenir, de toutes nos forces. Nous devons penser comme des auteurs de science-fiction. Les romanciers auront vu plus juste que tous les administrateurs et tous les analystes. Nous comprendrons très vite qu’il faut investir non seulement notre cerveau, mais encore notre cœur, notre âme et toute notre vie dans la compréhension de ce qui nous arrive. Parce que le prix de la survie, demain, risque d’être plus coûteux que la vie elle-même.

Vous voulez rester des individus libres, des citoyens, plutôt que de devenir une masse obéissante et manipulée? Nous aussi. Sortons de cette hypnose! Lisons ensemble, réfléchissons ensemble, restons critiques et mal élevés. Les masques qu’on nous fait porter ne doivent pas devenir des bâillons! Le grand poète Pouchkine, mis en quarantaine pendant trois mois à cause du choléra (qui était autrement plus meurtrier), n’a pas passé ses journées à feuilleter la chronique des décès ni à attendre le traitement qui sauve. Il en a profité pour produire des dizaines d’œuvres. Ce fut la période la plus fertile de sa courte vie. Et c’est le meilleur moyen de faire du miel avec la sueur de l’angoisse et de l’amertume.

L’Antipresse a été créée à cause de la crise des médias et pour les temps de crise. Ce n’est pas maintenant que nous allons bêler comme des moutons. A l’heure même où le système médiatique fondé sur la publicité s’effondre, la soif d’information et d’explication du public n’a jamais été aussi grande — et la confiance dans les médias transformés en porte-parole du pouvoir ne survivra pas à la peur qu’ils diffusent.

Nous invitons tous nos lecteurs à diffuser nos textes et nos dossiers, à faire connaître notre travail autour d’eux, à poster chaque article qui les a frappés sur les réseaux sociaux et à lever leur fronde contre tous les écrans de Big Brother. Nous sommes là pour leur servir les cailloux!

Slobodan Despot

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00:16 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, covid-19, pandémie, coronavirus, épidémie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 29 mars 2020

Géopolitique d'après... par Richard Labévière

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Géopolitique d'après...

par Richard Labévière

Ex: https://prochetmoyenorient.ch

L'envers des cartes

Inédite, cette pandémie n’est vraisemblablement pas la fin du monde, mais signe assurément la fin d’« un » monde : celui de la mondialisation libérale, néo-libérale et ultra-libérale ; en dernière instance, celui du village planétaire de Marshall McLuhan. En 1967, dans son ouvrage Le Médium est le message1, le sociologue canadien (1911 – 1980) affirmait que les médias de masse fonderaient l’ensemble des micro-sociétés en une seule et même « famille humaine », un « seul village » où « l’on vivrait dans un même temps, au même rythme et donc dans un même espace ».

On sait – au moins depuis le sommet de la terre de Rio de 1992 – qu’on va droit dans le mur si l’on continue à détruire la planète (exploitation exponentielle des ressources naturelles, rejets massifs des gaz à effet de serre et autres vecteurs de réchauffement climatique, extinction de la biodiversité), et on y va sûrement… mais à un rythme lent, étalé dans le temps. De la même inexorable manière, l’actuelle pandémie nous fait basculer dans l’inconnu, mais c’est tout de suite, brusquement, globalement – ici et maintenant -, sans que l’on sache très bien comment tout cela va se terminer et si cela va se terminer vraiment… dans la mesure où plus rien ne pourra être comme avant !

DARWINISME SOCIAL « COMPRESSE »

A Beyrouth, Walid Charara écrit dans le quotidien Al-Akhbar qu’on savait depuis longtemps que « les mécanismes du capitalisme libéral induisent un darwinisme social généralisé rendant les plus pauvres toujours plus pauvres, les plus faibles toujours plus faibles allant jusqu’à disparaître pour laisser place aux plus riches et aux plus forts. Cette implacable logique suivait le rythme lent des cycles économiques, alors qu’aujourd’hui la pandémie provoque un darwinisme social ‘compressé’, brutal et d’une violence décuplée ».

Le cas du prince Albert de Monaco ne doit pas cacher la forêt et il restera à dresser une sociologie précise des contaminés pour constater que le virus aura contribué à aggraver les inégalités sociales – les confinés sont tous égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres -, les confrontations et les crises internationales.

Derrière le réflexe immédiat de fermer les frontières, moult questions se posent et continueront à se poser à l’encontre de dirigeants redécouvrant subitement les bienfaits régaliens de l’Etat-nation, aux accents mélancoliques d’un Conseil national de la Résistance (CNR) dont il était de bon ton de proclamer – il n’y a pas si longtemps encore – que son programme n’était qu’une collection de vœux pieux à remiser au cabinet des curiosités historiques. On entendit même tout récemment Angela Merkel recommander la « nationalisation » – oui, la nationalisation ! – de plusieurs « secteurs sensibles » de l’économie allemande. Il se passe vraiment quelque chose d’inédit !

D’une soudaine grande sagesse, le président de notre République a remisé à plus tard sa grande réforme des retraites. Bravo ! Et l’on peut d’ores et déjà imaginer que son hypothétique remise en route ne pourra s’effectuer à l’identique de son dernier lancement… Transposée sur le plan international, cette soudaine clairvoyance devrait remettre aussi à plus tard toutes les expéditions militaires, les guerres asymétriques et toutes les sanctions économiques, quels que soient leurs fondements ! En effet, une trêve des confiseurs généralisée devrait être la règle sur l’ensemble de la planète.

Au lieu de cela, on assiste impuissant et dans l’incompréhension la plus totale à un durcissement, sinon à une accélération d’un darwinisme géopolitique aggravé.

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DES CRISES INTERNATIONALES AGGRAVEES

Dans son « Bulletin quotidien Covid-19 », l’excellent général Dominique Delawarde – dont la veille est l’une des meilleures qui soient – nous indique que s’agissant de l’Iran, « il faut rappeler que ce pays est sous sanctions des gouvernances occidentales qui se soumettent aux pressions des lobbies pro-israéliens (Etats-Unis, Union européenne, OTAN). Ces sanctions affectent l’approvisionnement en médicaments et matériel médical et contraint le pays à se tourner toujours plus vers la Chine et la Russie. Cette prise en otage de la population iranienne pour des raisons politiques ne peut être que contre-productive pour le quatuor « Etats-Unis/Israël, UE, OTAN» pour deux raisons principales : 1) elle ne grandit pas l’image de cette « coalition occidentale » dont les gouvernances se targuent en permanence d’humanité, de « droits de l’homme », de devoir « d’ingérence humanitaire » et qui, au nom de ces principes à géométrie variable, sèment le chaos sur la planète depuis un quart de siècle. Le cynisme des gouvernances EU-UE dans cette affaire d’épidémie (embargo sur les médicaments) restera dans la mémoire des peuples. 2) favoriser consciemment, pour des raisons de basse politique, le maintien d’un foyer épidémique dans le monde, n’est bon pour personne. D’ailleurs, par une triste ironie du sort, ce sont, entre autres, des soldats américains déployés sur l’ensemble de la planète pour y assurer l’hégémonie américaine, qui ont été y contracter ce virus pour le ramener chez eux. Au rythme où vont les choses, les Etats-Unis pourraient bien être classés, in fine, devant l’Iran et, peut-être même devant la Chine et l’Italie au palmarès du nombre des victimes ».

Ce même constat affligeant peut être dressé pour la bande de Gaza, confinée puis des décennies par la soldatesque israélienne qui renforce actuellement l’isolement de ce territoire palestinien en y aggravant sciemment les conditions d’approvisionnement et d’assistance sanitaire. Les partisans et soutiens de la prétendue unique « démocratie » du Proche-Orient devraient s’interroger aussi sur les conséquences de l’instauration de « l’Etat juif » de Benjamin Netanyahou, imposition d’un véritable apartheid qui n’a fait que s’accentuer depuis la généralisation de la pandémie. Là, plus qu’ailleurs, les confinés sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres…

Quant au Yémen, plusieurs sources militaires et diplomatiques de prochetmoyen-orient.ch confirment – qu’avec le développement de la pandémie – les autorités saoudiennes ont intensifié les bombardements des infrastructures civiles et sanitaires du sud de cette péninsule arabique, abritant les populations les plus pauvres de la planète. Hallucinant !

Plutôt que de réorienter ses capacités militaires contre l’extension du virus (comme cela se fait dans la plupart des pays), la dictature wahhabite – avec la bénédiction d’Allah et de la Maison Blanche – renforce, au contraire, ses offensives meurtrières à l’encontre des populations civiles du Yémen. Pionniers en la matière, les mêmes responsables s’étaient réjouis d’une pandémie de choléra qui ravage ce même pays depuis un an et demi, s’efforçant de « canaliser » le mal vers les « régions ennemies ».

On pourrait tout aussi bien insister sur les effets contaminants du maintien des sanctions et de l’embargo à destination de Cuba (qui ne menace plus personne depuis longtemps) et d’un Venezuela exsangue qu’il faudrait aider aussi, plutôt que punir pour faire main basse sur son pétrole!

GOUVERNANCE MONDIALE

OU COOPERATION INTERNATIONALE ?

Face à ces effets aggravants de la pandémie sur les crises internationales en cours, que faire ou plutôt comment imaginer l’après ? Vaste point d’interrogation… Une fois de plus l’Union européenne aura démontré son incapacité à peser sur le réel et ses défis les plus urgents. D’autres organisations régionales comme l’Union africaine ou la Ligue arabe n’ont guère été plus brillantes, restant aux abonnés absents.

Reste l’Organisation des nations unies, cette bonne vieille ONU et ses agences spécialisées (OMS, HCR, PNUD, etc.) sans lesquelles le monde actuel serait encore plus mal en point qu’il n’est aujourd’hui.

Sachant d’ores et déjà que plus rien ne sera comme avant, c’est-à-dire qu’une fois sorti de cette pandémie du Covid-19, pourraient survenir d’autres menaces de Covid-20, 21, 22, 23 jusqu’à l’infini – les spécialistes estimant qu’on doit s’attendre à une pandémie de type viral tous les cinq ans -comment envisager la défense, sinon la riposte, en tout cas l’organisation, voire la régulation du nouveau monde ?

Aujourd’hui on le sait, le multilatéralisme – ce luxe de temps de paix, pour reprendre les mots de Guillaume Berlat – est en crise profonde. Et il faut rappeler ici que cette crise ne tombe pas du ciel, mais qu’elle a, belle et bien, été consciemment provoquée et fabriquée par l’invasion anglo-américaine de l’Irak au printemps 2003, totalement illégale et illégitime, contournant sciemment l’avis du conseil de sécurité. Rappelons aussi qu’à l’époque, dans leur entreprise de démolition de l’ONU, Londres et Washington ont enchaîné les mensonges d’Etat grâce à la grande presse affirmant que les armes de destruction massive de Saddam Hussein pouvaient menacer la planète entière en moins de 45 minutes et que le dictateur de Bagdad était le meilleur copain d’Oussama Ben Laden… Quelle foutaise !

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Toujours est-il qu’aujourd’hui l’ONU est par terre… Par extension, après avoir déchiré l’accord sur le nucléaire iranien, le traité des missiles de portée intermédiaire et les avancées de la COP-21 sur le réchauffement climatique entre autres, Donald Trump et son clan ont fragilisé, sinon anéanti les acquis des multilatéralismes politique, économique et judiciaire patiemment tricottés depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Dans ces conditions, refonder l’ONU ou une nouvelle ONU ne va pas être simple.

Dimanche dernier (15 mars) sur France-Culture, une brève passe d’armes entre Bertrand Badie (éminent professeur de relations internationales) et l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, résume bien le dilemme : le premier estime que l’actuelle pandémie va fatalement amener les dirigeants de la planète à partager les grandes lignes directrices d’une « gouvernance mondiale » afin de faire face aux menaces globales : pandémies, réchauffement climatique, terrorisme, etc. Hubert Védrine réplique en soulignant que le premier réflexe des dirigeants des grandes puissances a été de fermer leurs frontières, et appelant chaque gouvernement à s’efforcer d’exercer ses responsabilités afin d’être à même de développer efficacement une « coopération internationale », visant à fixer des « normes communes » sur les grands dossiers d’intérêts globaux. Comme la communauté internationale qui n’existe pas , pour Védrine , la gouvernance mondiale est un mythe.

REFONDER L’ONU ?

L’évolution des différents traitements nationaux de la pandémie font plutôt pencher la balance en direction du réalisme d’Hubert Védrine. En l’occurrence, ce ne sont pas les G-7 ou G-20 successifs, qui servent surtout de « photo-opportunities », plutôt que d’expression d’une gouvernance mondiale en acte, qui vont régler nos problèmes… Et la nécessité de nouvelles formes de coopération internationale nous renvoie inévitablement à l’ONU, créée aux lendemains de la Seconde guerre mondiale pour remplacer la SDN (Société des Nations) qui n’avait pu empêcher le déclenchement d’un nouvel embrasement mondial.

De fait et même si elle fixe l’égalité des Etats souverains, la Charte de l’ONU n’a jamais pu être pleinement respectée et elle n’a pu empêcher la multiplication d’une multitude de guerres régionales – le plus souvent asymétriques – organiquement liées à la Guerre froide et encadrées par l’affirmation de la dissuasion nucléaire. Mais toujours est-il – pour reprendre les propres termes du regretté Stéphane Hessel -, que « le monde sans ONU serait bien pire »…

Nous vivons en fait une nouvelle rupture historique majeure comparable à celles de la fin de la Seconde guerre mondiale, de la fin de la Guerre froide et d’un terrorisme global. Cela dit, les conditions et les contraintes dans lesquelles a été adoptée la Charte de San Francisco2 furent très différentes de celles qui président maintenant aux jours d’aujourd’hui. L’interdépendance entre Etats membres est plus grande – infiniment plus grande – qu’en 1945 : réchauffement climatique, terrorisme, malnutrition, accès à l’eau, pauvreté, analphabétisme, pandémies, hyper-communication, réseaux a-sociaux, etc. Ajoutons à ces évolutions proprement rhizomatiques, une multiplication incontrôlable des acteurs, de leurs financements et de leurs agendas.

Gouvernance mondiale ou coopération internationale, les deux discours de la méthode ramènent l’un et l’autre à l’existant, ou plutôt à ce qui subsiste de l’Organisation des Nations unies et c’est sans doute, à partir de ses fondamentaux qu’il faudra remettre l’ouvrage sur le métier et inversement. Parce qu’il est parfaitement évident qu’une fois le Covid-19 jugulé, le monde ne pourra pas repartir comme s’il ne s’était rien passé. Gouvernance ou coopération, un minimum de nouvelles règles sanitaires, sécuritaires, politiques et économiques devront être adoptées. Comment celles-ci pourront-elles être appliquées et respectées avec un minimum d’efficience ? Quelles nouvelles instances pourront veiller au grain et ramener les moutons noirs dans les troupeaux de Camargue et d’ailleurs ? Quelles forces et quelles puissances pourront ramener les « salopards » à une raison minimale, garantie de sécurité collective ? C’est toute la question…

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UN SALOPARD !

Justement, à la rubrique des faits divers les plus aberrants, on apprend que Donald Trump a cherché à acquérir auprès d’un laboratoire allemand l’exclusivité d’un probable vaccin contre le coronavirus. Sursaut de dignité nationale, le laboratoire d’outre-Rhin l’a – heureusement – proprement éconduit. Et l’empressement du président américain ne s’explique pas, semble-t-il, par souci de venir au secours de la planète, mais bien pour que les Etats-Unis soient les premiers et les seuls à ainsi bénéficier d’une solution viable et immédiate de survie et à faire avec cela un maximum d’argent…

En dépit de ses foucades d’agent immobilier et au-delà de toutes considérations politiques, philosophiques ou autres, on sait désormais avec certitude que Donald Trump est un authentique salopard, qu’il peut exprimer et mettre en œuvre le pire dont est capable le genre humain… oui, un vrai salopard !

Au sortir de la crise, le confinement durable d’un tel individu et de son clan s’avèrera plus que nécessaire et salutaire. En effet, l’une des tâches prioritaires des systèmes multilatéraux de demain sera bien de se prémunir contre les malveillances des Etats-Unis et de leurs dirigeants, de trouver les mécanismes pour isoler ce pays dangereux du reste de l’humanité et surtout de traîner ses dirigeants devant une cour de justice internationale.

En attendant, la rédaction de prochetmoyen-orient.ch – elle-aussi confinée -n’en poursuivra pas moins ses livraisons hebdomadaires. Restant loin de Facebook et des autres réseaux numériques a-sociaux, elle ne s’abonnera pas non plus à Netflix pour attendre des jours meilleurs, préférant chaque semaine vous proposer une lecture ou relecture de choix.

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Cette semaine, nous avons opté pour Le Temps des cathédrales de Georges Duby3. Extrait : « Dans la pensée sauvage qui dominait toutes les consciences et celles des plus savants (au XIème siècle), l’univers se montre comme une sorte de forêt mystérieuse dont nul ne peut faire le tour. Pour le pénétrer, pour se défendre des dangers qu’il renferme, il convient de se comporter comme le font les chasseurs, de suivre des pistes sinueuses, de se fier à des traces et de se laisser guider par un jeu de coïncidences illogiques. L’ordre du monde repose sur un tissu de liens ténus, pénétré d’influx magiques. Tout ce que les sens perçoivent est signe : le mot, le bruit, le geste, l’éclair. Et c’est en débrouillant patiemment l’écheveau complexe de ces symboles que l’homme parvient à progresser peu à peu, à se mouvoir dans le taillis touffu où la nature l’emprisonne ».

On pourrait se croire revenu au XIème siècle, au temps des cathédrales. Bonne lecture et à la semaine prochaine. Prenez soin de vous et des autres.

Richard Labévière
23 mars 2020

1 Marshall McLuhan : The Medium is the Massage : An Inventory of Effects, Bantam Books, New York, 1967.
2 La Charte de San Francisco est le traité qui définit les buts et les principes de l’Organisation des Nations unies ainsi que la composition, la mission et les pouvoirs de ses organes exécutifs (le Conseil de sécurité), délibératifs (l’Assemblée générale), judiciaires (la Cour internationale de justice) et administratifs (le Conseil économique et social, le Conseil de tutelle et le Secrétariat général). Elle a été adoptée à la fin de la conférence de San Francisco, le 26 juin 1945.
3 Georges Duby : Le Temps des cathédrales – L’art et la société 980-1420. Editions Gallimard – Bibliothèque des histoire, mai 1980.

samedi, 28 mars 2020

Coronavirus, avènement et défaite du monde global

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Coronavirus, avènement et défaite du monde global

par Karine Bechet-Golovko

Ex: https://russiepolitics.blogspot.com

Coronavirus: avènement et défaite du monde global. Ce n'est pas paradoxal: les Etats se sont pliés aux exigences des organes globaux, mais cette gouvernance ne propose qu'un monde carcéral déshumanisé, répressif et chaotique. Fin du libéralisme.

A première vue paradoxalement, même si à la réflexion il n'y a pas forcément paradoxe, le coronavirus est à la fois l'avènement et la défaite du monde global. Avènement, parce que, que ce soit avec enthousiasme ou avec réticence, les puissances se sont soumises, la plupart des pays ont introduit des mesures liberticides, les Etats ont suivi des impératifs extérieurs et abdiqué leur souveraineté. Défaite, car le monde global se présente comme une société carcérale, faible, chaotique et barbare. Mais il n'y a pas forcément paradoxe, car l'idéologie néolibérale, qui porte le monde global, est une déconstruction, elle n'est pas porteuse d'une vision positive, ni de l'homme qu'elle a réduit à l'individu, ni de l'Etat qu'elle combat. Mais elle tente de modifier le système de valeurs et les comportements sociaux, de modifier donc l'homme de l'intérieur. Ce qui en fait un totalitarisme. Et pose la question de la fin du libéralisme.
 
A plusieurs points de vue, le coronavirus est le visage du monde global. 
 
Sa prolifération a été rendue possible par le culte du mouvement incessant, par cette manie des masses de passer le week-end à Venise, les vacances d'hiver pour les Chinois à Paris par exemple, quand les habitants des pays tempétés ou froids cherchent le soleil et la chaleur. S'étalant sur une plage, marchant sur des montagnes ou dans des rues, agglutinés derrière des guides. Pour des vacances culturelles ou extrêmes. Pour vivre quelques jours des rêves de Photoshop. Echangeant leurs appartements à travers le monde, car ce monde est Un, il est donc le Tout. Devenu indifférencié. La circulation intempestive des individus ... et des virus. En pleine spirale d'acculturation.
 
Son ancrage a été redu possible par le monopole du discours médiatique, qui est largement répercuté et amplifié par les réseaux sociaux, caisse de résonance de la globalisation, où la plupart des gens réagissent. C'est-à-dire se placent sur le plan de l'instinct et du sentiment, ces points faibles par lesquels ils sont magnifiquement manipulables. Et il faut reconnaître que la communication de masse a été élevée au niveau de l'art.
 
La capitulation des puissances et des Etats a, pour sa part, été rendue par les décennies d'affaiblissement et de démantèlement. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Etat, en tant que tel, est devenu l'incarnation du Mal et lui ont été accolés tous les qualificatifs à connotations négatives, tels que l'ordre, la règle, la force. Face à lui, le culte de l'individu, faisant passer la société du holisme à l'individualisme, s'est structuré autour de la société civile, sacralisée comme espace de réalisation des libertés. Les politiques publiques ont suivi le mouvement, sur la vague de la fausse rationalité du management, les services publics ont été déstructurés : car le privé fait a priori mieux que l'Etat, surtout lorsque des conditions défavorables sont mises en place pour les structures publiques. Après déstructuration, évidemment, l'Etat fonctionne mal, il perd donc de sa légitimité, il est affaibli et petit à petit intégré dans un maillage de structures supra-nationales - régionales et internationales, qui sans fondement démocratique, développent une supra-gouvernance. Ce mécanisme était parfaitement bien huilé et l'Etat même lui était nécessaire : ce qui était mal fait, était de la responsabilité de cet Etat encombrant, mais que l'on gardait par habitude, heureusement les organismes supra-nationaux étaient là pour compenser. L'image-type en Europe est la CEDH, présentée comme le seul lieu de justice indépendante, qui va apporter la Justice aux populations sous le joug de leur justice étatique. Ce mythe a été particulièrement développé dans l'espace post-soviétique, pour des raisons idéologiques évidentes. Le rapport récent démontrant les liens entre cette Cour "indépendante" et les ONG, principalement du réseau Soros, soulève de nombreuses questions (voir notre texte sur le dysfonctionnement des temples du monde globalisé).

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Et le coronavirus est une démonstration formidable de tout cela. Les Etats ont suivi, certains en traînant la patte, d'autres en premiers de cordée, mais ils l'on fait. Sans aucune, évidemment, réévaluation des réformes néolibérales ayant conduit, notamment, à la désorganisation du système de santé. Ponctuellement, on peut refinancer, mais aucune réflexion systémique n'est admise. Le point culminant est le confinement de la population. Qui de toute manière est limité par l'impossibilité de confiner les SDF, qui se heurte aux masses de migrants, aux quartiers où la loi républicaine n'est même plus un vieux souvenir. L'on en arrive à l'Afrique du Sud, premier Etat africain à décider du confinement. Et comme tout nouveau converti, veut être plus sain que le Pape. Même les chiens ne doivent pas être sortis. Pourtant, 20% de la population vie dans des bidonvilles. 
 
Sauf, que certaines structures surpra-étatiques sont inefficaces, comme l'UE. En revanche d'autres, comme l'OMS, ont pris du galon. L'on passe ici encore d'un cran : de la régionalisation à la globalisation. En ce sens, c'est la fin du rêve d'un monde multipolaire. Par manque de résistance politique.
 
Dans le même temps, le coronavirus est le signe de la défaite du monde global.

Certains des mythes globalistes viennent de tomber. Celui du citoyen du monde. Aux poubelles de l'histoire, il est rentré sur un territoire, restreint à son logis. Faisant chuter avec lui le culte du déplacement incessant, Je bouge donc je suis. Remplacé par Je me terre donc je vis. La liberté tant attendue, qui soi-disant n'était restreinte que parce que l'Etat était fort, vient d'être sacrifié sur l'autel du dieu global. Il n'est ni le premier, ni le dernier des dieux, et finalement est aussi exigeant que ses prédécesseurs. Et comme eux, sa jeunesse a besoin de beaucoup de sang et de chair fraîche. Et comme les temps ont changé, l'armée est utilisée non pas pour combattre un ennemi extérieur, mais pour que les populations se sacrifient elles-mêmes, sacrifient leur liberté. A ce nouveau dieu. Sans demander la restauration de l'Etat. Et comment les grands mouvements de migrants vont-ils se poursuivre? Où en sont-ils au fait? Plus personne ne coule? Il n'y a plus de conflit à fuir, de régime totalitaire et sanguinaire, qui pousse ces jeunes hommes forts sur les routes d'Europe? L'on a même vu des phénomènes de réimmigration à partir de la France.
 
Par ailleurs, les rares contenus de ce monde globaliste, par exemple la virtualisation, se heurtent aux difficultés de la vie réelle, même dans les pays où le numérique est un culte incontesté. Ainsi, en Russie, la tentative de numériser totalement l'enseignement et la recherche vient de s'écraser contre le mur de la réalité. L'enseignement à distance dans les facs s'est transformé par la mise en vacances des étudiants et des professeurs, qui après une première phase d'engoûement (pour ceux qui croyaient enfin avoir accès à la technologie du futur - tout est question de croyance) ils ont été fortement déçus et regrettaient un véritable enseignement. A l'école, la situation n'est pas meilleure. Au Conseil de la Fédération, l'on envisage le prolongement de la période scolaire après cette poussée globale, car, je cite :
"Il y a forcément un moment où une communication directe est indispensable. Il est impossible de tout enseigner à distance"
Pour autant, il n'est pas forcément paradoxal de considérer concomittantes l'avènement et la défaite du monde global avec le coronavirus. 

Tout d'abord, parce que ce virus n'est qu'une phase de transition. Si l'on sait d'où l'on vient, l'on ne sait pas où l'on va. D'autant plus que la peur a fait abandonner aux populations les rênes du contrôle de la gouvernance et les pouvoirs nationaux, rendus à leur inexistence, suivent aveuglément les recommandations globalistes. Ils ne sont plus des espaces de décision, mais d'exécution. Plus ils sont faibles, et plus ils sont radicaux, sur le fond et sur la forme.


Nous assistons à une transformation de certaines valeurs. Ainsi, la liberté est le crime; la réclusion est la responsabilité; etc. De la même manière, certains comportements sociaux doivent être modifiés. Dans nos  sociétés, traditionnellement, les jeunes générations doivent prendre soin des générations plus anciennes, ce qui garantit le cycle de la vie et la transmission intergénérationnelle. A Moscou, le maire a mis les personnes de plus de 65 ans à domicile, demandant aux membres de leur famille de ne pas aller les voir, car ils pourraient les contaminer. Il vaut mieux garder le contact à distance, par téléphone ou par internet. A la place du contact humain et rassurant de ses proches, des siens, un service de bénévoles est prévu, qui peut les aider pour leurs courses, les médicaments, etc. Car il est bien connu que les volontaires, eux, ne sont pas porteurs de maladies. Ce sont des volontaires. A la différence des enfants et petits-enfants, qui sont extrêmement dangereux. Pour le modèle idéologique.
 

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Mais surtout, parce que ce monde finalement n'a rien à proposer aux gens. La solitude pour une durée indéterminée. Des visites virtuelles de musées ? Regarder les spectacles à la maison ? Vous pensez réellement que des metteurs en scène vont créer des spectacles qui ne seront jamais joués devant des spectateurs? Que de véritables acteurs de théâtre vont transformer leur art en préparation de séries pour la télé ou le net ? Vous pensez vraiment que de véritables écrivains n'ont pas envie de tenir leur livre dans leurs mains? Comme toutes les idéologies, celle-ci est une négation de la nature humaine.
 
Finalement, combien de temps la police et l'armée vont-elles pouvoir contenir les populations ? La société globale n'est donc finalement qu'un rêve carcéral pour la majorité. Dès que la population va relever la tête, l'on pourra toujours trouver un virus pour la confiner. Reste la question économique. C'est aussi la fin du libéralisme économique et à côté de ce qui se profile, la vision communiste était un doux rêve. Au moins, il voulait créer un homme meilleur, dégager des contingences du matérialisme pour l'élever spirituellement et culturellement. C'est pourquoi il y a eu l'enseignement de masse, l'industrialisation massive, ce qui obligeait l'Europe. Ce mouvement, qui a fait des puissances, une période qui est marquée par une création littéraire, cinématographique, musicale, bref artistique que les fadaises actuelles ne peuvent faire oublier. C'est la fin du libéralisme, comme le communisme a pris fin. Mais si l'on savait dans les années 90 que les pays de l'Est étaient pris en main par l'Occident dit libéral, l'on ne sait pas très bien ce qui s'est emparé de nos sociétés. Ce n'est pas la fin des idéologies, plutôt la fin de ce que l'on connaît. 
 
Et l'avenir proche, avec ses crises sans fin, sa récession historique, ses crashs, son chaos, sa barbarie, est loin de l'image des lendemains qui chantent. C'est finalement à nous de décider si c'est la vision du monde que l'on soutient.

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La division de l’Occident une chance pour l’Europe puissance

Article de Caroline Galactéros* publié dans Courrier de Russie le 25/03/2020

Avec le Coronavirus, le monde traverse une crise inédite dont les conséquences politiques, économiques et sociales sont encore imprévisibles, tant sur le plan intérieur, pour chaque État, que dans les relations internationales. Nul doute que cette épidémie historique redessine la carte politique de la planète, les zones d’influence pouvant, par exemple, esquisser, demain, une géographie macabre où les gagnants seront ceux qui, démontrant leur cohésion et leur efficacité, auront su le mieux résister à la maladie. 

Le Courrier de Russie a donc décidé de lancer un débat vif, sans détours, en ouvrant ses pages à des personnalités de tous bords – russes et françaises notamment ‒ connues pour la qualité de leurs analyses géopolitiques et la force de leur engagement.  


L’Europe existe-elle en dehors de sa fonction économique ? Mérite-t-elle d’être défendue comme un ensemble cohérent ? Peut-elle, doit-elle produire de la puissance et de l’influence, devenir un acteur stratégique à part entière sur la scène du monde, faisant jeu égal avec les autres puissances majeures qui, aujourd’hui, la tiennent ouvertement pour quantité stratégique négligeable ? Ou bien la diversité des perceptions, des ambitions et des calculs des États membres et son pacifisme hors sol, plombé d’idéalisme moralisateur, rendent-ils à jamais cette ambition utopique ? Peut-elle seulement avoir une évaluation propre de ses risques sécuritaires et de défense, ou ne sera-t-elle toujours qu’un appendice de l’OTAN que, pour ne pas trop humilier, on nomme pompeusement « le pilier européen de l’Alliance » ?

Toutes ces questions vitales restent sans réponse à ce jour. Nous sommes toujours des enfants gâtés qui ne veulent pas grandir, des « Tanguy » indécrottables refusant de quitter le nid d’une vassalité qui pourtant nous met en danger. Si nous continuons à nier l’évidence ‒ le découplage grandissant entre nos intérêts économiques, sécuritaires et stratégiques, et ceux de Washington, la claire nécessité de comprendre notre avenir comme eurasien, ce qui suppose de nous rapprocher de Moscou, donc de régler la question ukrainienne ‒, nous sommes promis à l’engloutissement stratégique définitif et nos succès économiques ne nous protégeront pas longtemps d’un dépècement sino-américain qui a déjà commencé… Nous adorons manifestement être humiliés, chaque gifle nous fait du bien. Notre pleutrerie est telle qu’elle donne raison à ceux qui en profitent. Ils ont tout à gagner à nous faire rendre gorge au nom de nos grands principes, qui nous tuent, et de notre renoncement stupide au seul promoteur possible de survie : la souveraineté.

La crise du Coronavirus en donne une fois encore une belle illustration. Pour ne pas paraître discriminants et manquer de solidarité, ou renoncer à l’ouverture généreuse du bel espace européen, nous avons perdu de précieuses semaines à hésiter sur les mesures de confinement territorial. Finalement, chaque pays agit pour lui-même dans une éloquente cacophonie. Donald Trump a beau jeu de nous le reprocher désormais. Bref, nous mélangeons tout et avons complètement perdu la mesure de la gravité des questions sécuritaires européennes au sens le plus large.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site “Courrier de Russie” en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://www.lecourrierderussie.com/opinions/2020/03/coronavirus-et-geopolitique-la-division-de-loccident-une-chance-pour-leurope-puissance/

*Caroline Galactéros, Présidente de Geopragma

Alexandre Prokhanov : la mobilisation ou la mort

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Alexandre Prokhanov : la mobilisation ou la mort

(Club d'Izborsk, 26 mars 2020)

26 Mars 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

 

https://izborsk-club.ru/19009

 

 

Au cours des cinq premières années, en installant des usines géantes de défense en Ukraine, en Biélorussie, en Russie centrale, Staline avait un plan pour évacuer ces usines à l'est, au-delà de l'Oural, en cas d'attaque immédiate de l'ennemi. D'énormes terrains vagues ont été choisis pour ces usines, les premiers pieux ont été enfoncés, du matériel a été acheté à l'Ouest, les futurs travailleurs ont été formés dans des écoles professionnelles, et il y avait déjà un plan d'évacuation stratégique. Les voies ferrées sont posées, le nombre nécessaire de plates-formes et de wagons est préparé, des brigades sont sélectionnées pour démonter le matériel, le charger et l'envoyer vers l'est. Et là, à l'est, il y avait déjà des lieux équipés pour recevoir ces usines, qui n'avaient même pas encore été construites, réunir des équipes d'ouvriers, déterminer les sources de matières premières. L'évacuation de l'industrie la plus puissante vers l'est dans les premiers jours de la guerre a assuré la Victoire.

 

En 1941-1942, l'Armée rouge a perdu la moitié de ses effectifs, mais l'industrie de la défense a survécu et a fourni à l'armée des chars, des canons et des avions de combat. Le plan de mobilisation mis en œuvre dans l'industrie a fonctionné dans d'autres branches de la société soviétique. Des branches scientifiques ont également été prévues et des universités, des laboratoires ont été construits, des étudiants ont été recrutés pour de futures études. Les terres arables de Sibérie ont également été préparées en cas de perte des terres fertiles d'Ukraine, du Kouban, de Biélorussie. En outre, dans un pays pacifique, des groupes de combattants clandestins se sont formés dans les territoires menacés de saisie. Le compositeur Isaac Dunayevsky s'est également vu proposer d'écrire des chansons telles que "The wide country is my native". L'Union soviétique était un projet de mobilisation, était une organisation unique et énorme créée par un grand concepteur, une organisation qui était plus efficace et plus précise que celle d'Hitler.

 

Aujourd'hui, dans les conditions de la guerre bactériologique déclarée à toute l'humanité, la Chine fait preuve de merveilles de résilience. La population d'un milliard et demi d'habitants, toutes ses divisions - science, armée, médecine, organisations publiques - mènent de manière coordonnée et synchrone une tâche stratégique grandiose et mortelle qui sauve la Chine de la perdition. Pendant toutes ces décennies, la Chine a vécu dans les conditions d'un projet de mobilisation : un État puissant, un parti inébranlable qui est l'intellect de la nation, un régulateur de toutes les contradictions du pays. La planification stratégique, la capacité de mobilisation de l'immense population, la subordination des intérêts personnels, les caprices et les lubies d'un but et d'un objectif communs, et la confiance dans l'État permettent à la Chine de faire face à une terrible épidémie parmi d'autres nations non préparées à ce fléau, dominées par l'hédonisme, la consommation aveugle, la soif de plaisir, l'idée d'une liberté individuelle débridée et l'abandon de l'État.

 

La Russie a connu une épidémie de personnes démobilisées. La démobilisation est le mot qui peut décrire l'existence de la Russie post-soviétique. L'égoïsme individuel et collectif, les intérêts des citoyens individuels ou des groupes privilégiés qui sont placés au-dessus des intérêts de l'État et de la société dans son ensemble, la philosophie de la consommation, du plaisir, la recherche inlassable de nouveaux divertissements toujours plus nombreux, le rejet d'une culture mobilisatrice qui éveille chez l'homme la ténacité, le sacrifice pour la famille, pour la Patrie.

 

Pendant des décennies, la population russe a été délibérément malmenée par les principales chaînes de télévision, offrant au téléspectateur des images de délabrement, de chute et de destruction suprême. Brillants, incomparables, inimitables prêcheurs du nihilisme, de l'ironie, du ridicule et du renversement de tout ce qui était autrefois considéré comme précieux et inébranlable. Ksenia Sobchak ou Andrei Malakhov, qui ont créé une puissante industrie multicolore de décomposition et de désintégration, ont fait apparaître plusieurs générations de bourgeois démantelés, sales, nihilistes, pour qui l'État est, au mieux, une abstraction, mais plus souvent - l'ennemi, avec lequel il faut se battre et se battre constamment. La Russie a fait face à cette attaque universelle sans préparation, sans organisation. Nous pouvons voir comment cette organisation se construit sous nos yeux - en parties contradictoires, hâtives, séparées, et une partie nie l'autre, créant un mouvement absurde et turbulent de contradictions. Créer une organisation est un art supérieur, un type supérieur d'ingénierie sociale. Il est plus facile de construire des vaisseaux spatiaux pour aller sur Mars que de concevoir, concevoir une organisation capable de créer et de lancer de telles super-machines.

 

Poutine se réserve le droit de gouverner à vie, de ne pas remplir les comptes bancaires étrangers avec des pétrodollars. Ne pas poursuivre un jeu fascinant et sans égal sur la scène internationale, en équipant des joueurs habiles dans l'Ancien et le Nouveau Monde. Il consacrera son énergie à la création d'une organisation étatique dans laquelle il y aura un nouveau type de gestionnaire, différent des gouverneurs et ministres inutiles et inefficaces. La création de ces gestionnaires s'inscrit dans un nouveau projet de mobilisation.

 

Le projet de mobilisation n'est pas les fossés de tir de Butovo, ni les tibias qui nous ont été jetés par les opposants à la mobilisation, les partisans de l'hédonisme. La mobilisation est la création d'une telle organisation capable de répondre instantanément aux défis dans toutes ses parties : au centre et à la périphérie la plus éloignée. Synchroniser ces réactions, concentrer les ressources disponibles, toujours pauvres, sur les principales orientations du développement, planifier et opérer non seulement avec le pétrole, les systèmes bancaires ou le taux de change du rouble, mais aussi avec la culture, l'idéologie, où l'idée de l'État prend la première place. L'intelligence artificielle, pour la création de laquelle tant d'argent est permis, est impuissante s'il n'y a pas d'organisation. Seule une organisation équipée d'intelligence artificielle est capable d'obtenir de grands résultats en matière de développement. Cette même intelligence artificielle, lancée dans une société lâche remplie de chaos et de mauvaise énergie, conduira à une destruction catastrophique.

 

En entrant dans une bataille contre le coronavirus, des gens effrayés, non préparés, socialement disparates, nous sortirons de cette lutte, bien qu'avec de grandes pertes, mais un peuple qui a trouvé une organisation, créé un projet de mobilisation, sans lequel la Russie ne survivra pas parmi les défis historiques croissants, l'un plus sérieux que l'autre. Au cœur de l'organisation de la mobilisation de la Russie peut et doit se trouver l'idéologie du rêve russe.

 

La mobilisation ou la mort.

 

Alexander Prokhanov

 

Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc

 

 

Alexander Prokhanov

http://zavtra.ru

Alexander Andreevich Prokhanov (né en 1938) - éminent écrivain, publiciste, homme politique et personnalité publique soviétique russe. Il est membre du secrétariat de l'Union des écrivains russes, rédacteur en chef du journal Zavtra. Président et l'un des fondateurs du Club d'Izborsk.

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La politique industrielle après le Coronavirus

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La politique industrielle après le Coronavirus

par Nadine Levratto

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
La crise sanitaire nous aura appris quelque chose. Les chaînes globales de commodités (1), de valeur et autres réseaux de production globaux sont des colosses aux pieds d’argile dont la sensibilité aux chocs appelle un changement de modèle de production.

Dès les premiers signes de ralentissement économique en Chine au mois de janvier, la presse française a rendu compte des risques pour les entreprises des autres pays, tout en soulignant que les stocks devraient suffire pour traverser la crise. De fait, dès le début du pic de l’épidémie, 80 % des entreprises américaines implantées dans l’est de la Chine déclaraient ne plus avoir suffisamment d’ouvriers pour faire tourner normalement leurs lignes de production, mises à mal par le prolongement des congés du nouvel an chinois. La Harvard Business Review mentionnait qu’avec une diminution de 20 % du nombre de départs des ports chinois, le risque d’interruption d’activité des entreprises françaises serait une réalité dès la mi-mars. Le cabinet Euler Hermès a également attiré l’attention sur la mise à l’arrêt de certains sites, ainsi que sur l’apparition de goulots d’étranglement pour le transport de marchandises à l’entrée et à la sortie de la Chine, qui risquaient de pénaliser l’industrie européenne.

Ces prévisions se sont avérées exactes. A partir du 10 mars, les fermetures de sites de production font la une des journaux. La baisse de l’activité est également lisible dans la diminution de la consommation d’électricité, inférieure de 10 à 25 % aux niveaux habituels à la même période.

Trois révélations

La plus spectaculaire des révélations concerne le niveau – terrible – de dépendance des industriels et consommateurs européens à la production hors Europe, tout particulièrement la production chinoise. Cette forme d’organisation de l’économie repose sur des activités de production dispersées à l’échelle mondiale, stratégie guidée par une focalisation marquée sur les grandes entreprises et leur performance financière. Elle attise la concurrence entre les différents sites mondiaux à travers l’investissement direct, la sous-traitance et l’externalisation de l’approvisionnement.

La crise liée au Covid-19 met ensuite en relief les effets négatifs des délocalisations et de l’essor de la sous-traitance. Celles-ci, motivées par la recherche de gains d’efficacité, sont à l’origine de nombreuses pertes d’emplois industriels, non compensées par les créations d’emplois dans les services au cours des trente dernières années. Cette déstructuration du tissu économique a aggravé les pertes de compétences locales et accentué la fragilité de l’industrie européenne. On se retrouve au point où le Ministre de l’économie Bruno Le Maire se dit prêt à aller jusqu’à nationaliser des entreprises pour « protéger notre patrimoine industriel ». Ce revirement idéologique n’est pas spécifique à la France : le gouvernement italien envisage de débloquer 600 millions d’euros pour sauver le secteur aérien, en vertu d’une clause exceptionnelle de « calamité naturelle ».

L’industrie se révèle ainsi de plus en plus dépendante du transport et de la logistique, qui génèrent d’importants dommages environnementaux

Cette crise met enfin en lumière l’asservissement de l’industrie aux secteurs de la logistique et des transports de marchandises, générateurs de multiples dommages environnementaux. Le recul de l’industrie en France et plus généralement en Europe, combinée à la réduction des stocks résultant de la généralisation des techniques de lean management et de juste-à-temps ont intensifié les flux d’échanges entre les pays producteurs et les pays assembleurs ou utilisateurs. L’industrie se révèle ainsi de plus en plus dépendante du transport et de la logistique, qui ont été totalement intégrés aux chaînes d’approvisionnement et sont désormais générateurs de valeur ajoutée. Les cartes comparant les niveaux actuels de pollution (très faibles) à ceux de la même période l’an passé, mettent bien en évidence la contribution au changement climatique de ce mode d’organisation du système productif. 

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Le retour de l’État stratège ?

Cette combinaison de crise sanitaire et de crise économique remet au goût du jour un principe déjà esquissé à l’époque de l’épidémie du SRAS : celui de l’Etat stratège. Le moment est peut-être propice à la réactivation du décret dit Montebourg de 2014, jamais utilisé, qui avait élargi le champ d’application d’un décret de Dominique de Villepin de 2005 soumettant certains investissements étrangers en France à l’autorisation préalable de l’Etat. Les secteurs de la défense, de la santé, de l’eau, de l’énergie, des transports et des télécoms, sévèrement touchés par les difficultés actuelles, faisaient déjà partie de la liste. La loi Pacte en 2019 l’a étendue à la production de semi-conducteurs, au secteur spatial, aux drones et, s’ils sont en lien avec la sécurité nationale, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la robotique et le stockage de données. L’Etat doit encore définir ce qu’est une entreprise indispensable à notre économie, à en dresser la liste et à définir un cadre pour renforcer leurs fonds propres par le biais d’un organisme ou une agence nationale.

Le rêve d’une France sans usine a montré ses limites et ses dangers

La crise engage également à renouveler la réflexion sur l’organisation spatiale du secteur productif de manière à rapprocher les lieux de production des lieux de consommation, celle des individus (consommation finale) comme celle des entreprises (consommation intermédiaire). Avant la crise financière de 2008, les territoires dominés par l’économie résidentielle1 tiraient mieux leur épingle du jeu que les territoires industriels. Mais la dernière décennie a révélé que les territoires qui ont su préserver une activité industrielle étaient plus dynamiques et créateurs d’emplois que ceux qui se sont spécialisés dans les services, plus encore quand il s’agit de services aux ménages. Le rêve d’une France sans usine a montré ses limites et ses dangers.

Réhabiliter l’industrie

La réhabilitation de l’industrie est devenue un enjeu par le potentiel de création d’emplois directs et indirects qu’elle recèle, son rôle clé dans la compétitivité nationale et sa place centrale dans les dynamiques territoriales. Favoriser la relocalisation de la production et rapprocher lieux de production et de consommation des biens est nécessaire à la transition écologique.

Une réflexion doit s’engager sur les manières de réimplanter des activités productives dans les territoires urbains

Pour cela, il est essentiel de structurer la réflexion sur les conditions de la présence des activités de production dans les territoires urbains. Il faut également définir les formes industrielles – au sens large – compatibles avec cette réorganisation des espaces économiques2. Le concept de ville productive3, qui trouve son illustration dans certains quartiers de Bruxelles, les banlieues sud et est de Lyon, Flers en Normandie ou des territoires comme Grand-Orly Seine Bièvre, invite à regarder la manière dont des territoires s’y prennent pour réimplanter des activités de production en milieu urbain.

Les accidents tels que l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen ont montré que le retour d’activités industrielles concentrées correspondant au modèle de production de masse n’est plus envisageable. Cependant, les nouveaux modes d’organisation de la production rendent possible la présence d’activités de fabrication, de maintenance et de services liés à l’industrie dans les milieux urbains. Cela marquerait le retour du tissu productif en ville, un enjeu important pour tous les territoires urbains, notamment en termes d’emplois. 
 

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Pandémie : le jour d’après sera celui des comptes, radical et sans concession

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Pandémie : le jour d’après sera celui des comptes, radical et sans concession

Le dévoilement : tous les rois sont nus

Ainsi que nous l’avions pressenti, la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 est la révélatrice de toutes les autres. Très rapidement, chacun y est allé, à juste titre, de son domaine d’expertise pour considérer l’évidence qui allait promptement s’imposer : remise en question cette fois-ci rédhibitoire d’une Union européenne parfaitement inutile voire nuisible, incapable de protéger qui que ce soit et occupée, pendant que chacun tente de survivre, à intégrer en son sein déjà obèse l’Albanie et la Macédoine du Nord (on comprend vraiment l’urgence du dossier). Remise en question du modèle, une nouvelle fois en crise grave, d’une économie mondialisée, financiarisée et déshumanisée, irrespectueuse des peuples, de l’environnement mais aussi source d’insécurité profonde pour ceux-ci. Prise de conscience subite, comme d’autres découvrent la lune, des vertus de l’État providence –encore faudrait-il que celui-ci soit aux mains d’hommes d’Etat dignes de ce nom et non de valets de la finance, lesquels découvrent subitement que le pays tourne encore, malgré le confinement, grâce aux éboueurs, aux personnels soignants, aux caissières, aux livreurs, à tous ceux que l’enseigne Intermarché a récemment et fort justement qualifiés de « héros discrets », sur lesquels le pouvoir macronien n’aura pourtant eu de cesse de taper pendant des mois, depuis la crise des Gilets Jaunes jusqu’aux mobilisations contre la réforme des retraites, et qui continuent de faire tourner la boutique, enfin, pour ceux qui auront réussi à conserver leurs deux yeux.

La fulgurante débandade

On avait donc rapidement compris que tout allait s’écrouler, mais on n’avait pas imaginé que la débandade serait aussi rapide et fulgurante, quand bien même pour des raisons conjoncturelles évidentes, la machine tient encore debout, rafistolée avec du scotch, comme elle-même placée sous un respirateur artificiel de fortune: la France retient son souffle avant que des comptes soient demandés, rendus et que les responsables soient amenés à répondre de leurs nombreuses et coupables errances. Car l’heure viendra de rendre des comptes, quoi qu’en pensent ceux qui tentent, sous prétexte d’une Union nationale qu’ils n’ont cessé de déconstruire méthodiquement (le mot même de nation était devenu péjoratif) de faire taire les esprits libres et critiques et les personnes qui s’efforcent, en dépit des circonstances, de réfléchir.

Les improvisations n’ont cessé de succéder aux mensonges qui eux-mêmes ont fait place à d’autres improvisations, mises en scènes et choix coupables, dissimulations, manipulations. La pénurie de masques, de respirateurs, de protections, de tests est flagrante, quand bien même les habituels amuseurs publics d’un exécutif aux abois se succèdent pour déclarer que tout ceci ne sert à rien et que si les soignants tombent malades c’est certainement à cause des transports en commun. La somme des déclarations grotesques, ineptes et coupables est telle qu’on ne saurait ici la restituer dans sa totalité. Sans compter l’appréciation même de l’ampleur de la crise qui vire au grotesque puisque dans notre pays, pour être testé, il faut être soit élu soit quasi mort. Les chiffres qui sont donnés sont donc aussi fiables que ceux d’une République bananière, d’autant que, concernant les personnes décédées elles-mêmes, on ne comptabilise ni les membres des Ehpad dont on constate une nouvelle fois l’extrême dénuement, ni les personnes qui décèdent à domicile.

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L’Histoire avec sa grande hache

La désorganisation, l’impréparation, l’absence d’anticipation deviennent chaque jour plus manifestes, alors même que la France possédait l’un des systèmes de santé publique parmi les plus performants du monde. On découvre peu à peu l’ampleur des dégâts et l’on hésite, en raison du confinement, entre le rire nerveux et une colère immense qui, peu à peu, en chacun, en chaque foyer, dans chaque maison, est en train de monter et dont on se dit que lorsqu’elle va sortir et s’exprimer, elle risque de laisser quelques traces dans l’Histoire avec sa grande hache, comme disait Perec.

Ces dégâts étaient pourtant prévisibles et annoncés par les personnels soignants depuis des années, et particulièrement depuis des mois, à qui l’on préférait répondre à grands renforts de gaz lacrymogènes, tant il semblait plus judicieux à cet exécutif de prévoir des stocks de grenades de désencerclement et autres matériels répressifs plutôt que du matériel sanitaire qui, à présent, manque cruellement.

La bataille autour des travaux pourtant prometteurs et indispensables du Professeur Raoult est un des exemples les plus calamiteux de cette incurie coupable des pouvoirs publics. On déclare l’état de guerre mais on prend des précautions de jouvencelles pour tenter, sans attendre, d’administrer dans de bonnes conditions, de la chloroquine aux patients, si possible avant leur mise en bière  (selon le protocole mis au point au CHU de Marseille, et non pas en avalant du produit pour nettoyer les aquariums comme l’ont fait deux imbéciles aux Etats-Unis, ce dont se sont immédiatement et stupidement emparés les détracteurs macroniens de notre original druide marseillais aux allures de Panoramix), que l’on s’arrange dans le même temps pour rendre aussi rare et efficace que l’extrême onction. On s’aperçoit que la Nivaquine, distribuée à des milliards de doses depuis plus de 70 ans, a été classée subitement parmi les substances vénéneuses par Agnès Buzyn au début de l’année, au moment même où se déclenchait la crise du coronavirus (il faut croire que l’application du principe de précaution est à géométrie très variable selon les intérêts poursuivis) et sachant que les Chinois étaient sur la piste de plusieurs protocoles incluant cette molécule. On découvre par ailleurs que la seule usine française fabriquant ce médicament, FAMAR, près de Lyon, a été placée en redressement judiciaire suite à sa revente par le fonds d’investissement américain KKR, tandis que le seul site européen fabriquant des bouteilles d’oxygène médical, LUXFER, près de Clermont-Ferrand, a quant à lui fermé sur décision de son actionnaire britannique et malgré une activité parfaitement rentable (quand il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir). Il semble qu’on ait perdu l’intérêt général quelque part dans le vaste delta qui sépare la start-up nation de l’Etat-stratège…

Aujourd’hui, les membres d’un exécutif qui n’a eu de cesse de mépriser cette économie locale, territoriale, de vanter les mérites d’un néo-libéralisme sans âme, d’une financiarisation brutale de l’économie, de dogmes bruxellois irresponsables et hostiles à toute forme de souveraineté, y compris sanitaire, pharmaceutique, médicale, des États-nations, découvrent subitement les dégâts que causent leurs choix coupables, sans pour autant, du reste, s’en excuser le moins du monde.

Alors, mentir semble la seule solution. Tenter de décrédibiliser les travaux du professeur de Marseille qui ne goûte pas les joies vaines de la haute administration parisienne, mentir au sujet des protections, mentir sur l’anticipation qui n’a pas été faite, mentir sur les mesures qui n’ont pas été prises. Mentir, aussi, sur les raisons pour lesquelles ces mesures n’ont pas été prises, alors que, comme l’indique Agnès Buzyn elle-même, tout ce qui allait advenir était clair depuis deux mois.

Tous ceux qui sont responsables de ce délitement et de cette désorganisation demandent désormais, aux abois, de l’aide. Alors, bien sûr, chacun va retrousser ses manches et aider, à sa manière, aider les soignants, aider les agriculteurs, aider de toutes les façons possibles tous ceux qui en ont besoin, mais l’heure des comptes, ensuite, sera de mise. Elle sera radicale et sans concessions.

Parce qu’il faudra juger jusqu’au dernier tous ceux qui auront été responsables du fait qu’en 2020, en France, on ne puisse plus même enterrer dignement ses morts, à l’heure où Georges Steiner et ses Antigones nous ont adressé un dernier salut du monde civilisé.

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vendredi, 27 mars 2020

La vraie crise

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La vraie crise

Ex:

par Marc ROUSSET

Les Bourses européennes ont rebondi, ce vendredi, mais le Dow Jones a perdu 4,55 %, soit 17,3 % sur la semaine, pour finir à 19.173,98 points, c’est-à-dire sa pire semaine depuis la crise financière de 2008, les milliards de Trump et de la Fed, des gouvernements européens et de la BCE ne parvenant pas à éloigner les craintes d’une récession, tandis que le prix du baril de pétrole WTI continuait de dégringoler. L’indice VIX de la peur s’est élevé, le lundi 19 mars, jusqu’à 83, pour retomber à 74,8 mardi, soit un chiffre proche de 2008. Lundi, les bourses européennes dévissaient de nouveau entre 3 et 5%.

Emmanuel Macron a d’ores et déjà perdu la première bataille contre le coronavirus, alors que la Corée, Singapour et Taïwan ont endigué le virus sans mettre leur pays et leur population à l’arrêt. Il a stupidement envoyé 17 tonnes de matériel médical à Wuhan en février et perdu un temps précieux de deux mois avant de réagir, tout en se refusant, pour des raisons idéologiques, à fermer et contrôler sanitairement les frontières nationales. La France de Macron n’a pas en nombre suffisant un stock stratégique de masques pour le personnel soignant, et encore moins pour les Français, ni de tests, ce qui représente un gain budgétaire de seulement 15 millions d’euros. L’impréparation de l’État est évidente, le verbe de la Macronie abondant, l’action impuissante et les résultats catastrophiques !

Après avoir appelé massivement les entreprises à recourir au chômage partiel avec un coût inacceptable pour les finances publiques et qui risquait d’arrêter complètement l’économie du pays, le gouvernement a changé de stratégie en durcissant les conditions de validation du chômage partiel pour les entreprises. Il est anormal que les chantiers de BTP s’arrêtent ou que les artisans ne puissent pas faire des travaux s’ils le souhaitent, nonobstant le problème des masques et des tests qui sont en nombre insuffisant. Comme l’indiquent le MEDEF et la CFDT, sous peine d’accélérer la faillite de la France, il faut « trouver un juste milieu entre ceux qui appellent les entreprises à fermer par précaution et ceux qui veulent envoyer tout le monde bosser ».

L’inefficace Bruxelles s’affole et suspend sine die le pacte de stabilité qui limite les déficits des États à 3 % du PIB et la dette publique à 60 %. Malgré l’action de la BCE, les taux d’intérêt allemands, français et surtout italiens ont remonté. Il y a un risque potentiel de divergence des taux d’intérêt d’emprunts à long terme par pays et d’éclatement de la zone euro.

Le monde, y compris les États-Unis triomphants de Trump et la Chine, va plonger dans la récession et, selon l’OIT à Genève, 25 millions d’emplois sont menacés. Les politiques monétaires de liquidités de la Fed et de la BCE sont nécessaires pour éviter les faillites et l’explosion immédiate, mais impuissantes pour régler des problèmes d’insuffisance de l’offre et de la demande des économies réelles, tandis que l’indice manufacturier « Empire State » s’effondre en mars à -21,5, au plus bas depuis la crise financière de 2008. Goldman Sachs estime que le PIB de la Chine pourrait se contracter de 9 % au premier trimestre et celui des États-Unis de 5 % au deuxième trimestre.

Comme la France, l’Europe n’a d’autre solution que de continuer à travailler malgré le coronavirus car le bazooka illusoire des 750 milliards d’euros déversés par la BCE, d’ici 2020, ne représente que trois semaines de travail pour un PIB de 12.500 milliards de la zone euro, d’autant plus que va bientôt se poser le problème de la confiance dans une monnaie de singe. Mais en Italie aussi, l’accord pour maintenir l’activité des usines, suite aux risques sanitaires, montre des signes de fragilité, avec des grèves perlées.

Le grand point d’interrogation qui peut tout faire basculer est l’intensité et l’extension de la crise sanitaire aux États-Unis, la Californie dont la Silicon Valley et l’État de New York étant maintenant en confinement.

Le coronavirus ne fait que précipiter la crise, annoncée depuis longtemps, de la bulle des actions et de l’hyperendettement ; il l’aggrave, mais ne la cause pas. De 1980 à 2019, la capitalisation boursière mondiale des entreprises a augmenté de 113 % alors que le PIB mondial n’a augmenté que de 35 % ! Les marchés vont se préoccuper beaucoup plus des courbes des infections et des décès dans le monde, des déficits publics, de l’augmentation de l’hyperendettement des États, des entreprises et des particuliers, ainsi que de la perte de confiance dans la monnaie et dans le Système plutôt que des impuissants bazookas des dépenses publiques des États et de l’artillerie monétaire inefficace, à long terme, des banques centrales.

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Impensable virus

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Impensable virus

par François-Bernard Huyghe

Publié sur Marianne.net & http://www.huyghe.fr

« Nous sommes en guerre », répété six fois... Dans son discours « à la Clemenceau» du 16 mars, le Président de la République annonce le rétablissement des frontières (de Schengen), le confinement des citoyens, des réquisitions, la suspension des réformes, des ordonnances, bref la mobilisation... Registre dramatique après des semaines de rhétorique rassurante. C’était il y a si peu...

Les réseaux sociaux sont cruels ; il y circule des traces irréfutables ; les déclarations démenties par les faits reviennent en boucle quelques jours ou semaines après. Une ex-ministre expliquant que le risque de coronavirus restera confiné en Chine, une Secrétaire d’État que notre situation n’est en rien comparable à celle de la bordélique Italie, un président de la République allant au théâtre ou sur les Champs-Élysées pour démontrer qu’il ne faut avoir peur que de la peur, des experts ricanant sur la gripette, sur le dépistage systématique, sur les masques ou le confinement, des penseurs commentant l’absurdité du contrôle aux frontières, mesure digne des pays fascisants (les virus n’ont pas de passeport), des hauts dirigeants prédisant l’effondrement vers lequel allait la Chine (où notre devait envoyer des stocks stratégiques). Et tout le monde redisant sa confiance dans l’Europe salvatrice et le civisme des Français (nos valeurs...).

L'IMPOSSIBLE QUI ADVIENT, autre nom du réel

Depuis, les confidences de Mme Buzyn dans le Monde laissent planer le soupçon, sinon que tous nos dirigeants savaient depuis le début, du moins qu’il y a eu un déni du réel, qui n’est pas loins de ressembler à de la doublepensée que décrivait Orwell : penser simultanément que blanc est noir.

Il est toujours fascinant de se demander pourquoi les élites n’arrivent à comprendre à temps ni le retour du conflit (Gilets jaunes et luttes sociales), ni celui de l’accident (un tout petit virus qui secoue le monde). Quitte à constater comme le Président que « des choses que nous pensions impossibles adviennent ». L’inattendu comme d’habitude, cela s’appelle la réalité. Pourquoi ce déni ou ce délai ?

Pour une part, cela tient à des habitudes mentales. Ainsi, de confondre un risque (fréquence d’un danger connue plus ou moins par expérience, comme la grippe) et l’incertitude qu’apporte un danger nouveau obéissant à d’autres règles. En l’occurrence, il est facile de mal calculer entre taux de létalité du virus, taux de contagion, et capacité soutenable de traiter les symptômes graves. Le tout compliqué par le facteur temps (les fameuses courbes d’extension qu’il faudrait aplatir) et les effets des mesures qui ne se font sentir qu’après décalage. Sans oublier un second facteur bête comme chou : faute de dépistage systématique (seulement sur les cas les plus probables en France), nous sous-estimons probablement le nombre de porteurs, bombes à retardement.

Face à cette indéniable complexité, semblent se dessiner deux doctrines : une « orientale » (Chine, Taiwan, Corée) : on dépiste, on confine et on arrête vite. Et une «européenne » : ralentissons, laissons filer doucement pour ne pas détraquer l’économie et le système sanitaire et naviguons vers le cap d’une population progressivement immunisée.

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Globalement, nous avons été dressés à croire que des tendances se développaient de façon linéaire (le PIB augmenterait mais peu-être le taux de carbone aussi), mais sommes toujours surpris par les ruptures d’une trajectoire que l’on croyait uniforme: la guerre, le jihadisme, les révoltes populaires, comme les très archaïques épidémies font rupture dans un changement certes perpétuel (ce dont personne ne doute) mais univoque.

Par définition, un virus agit de façon surprenante (il mute) mais il est aussi opportuniste : il lui faut un hôte pour se répliquer et passer de Pierre à Paul. Il joue de nos faiblesses et de notre confiance, à commencer par notre confiance en nous ou en la sécurité de notre environnement familier. Plus vous êtes mobile, ouvert, désireux d’échanger, plus il en profite. Et il semblerait qu’une bonne vieille autorité territoriale qui oblige le citoyen à se préserver et à ne pas menacer les autres par individualisme puisse l’arrêter. Et ne parlons pas de frontières... Ce virus est réac.

La peur (nous a-t-on assez répété : ne pas céder aux peurs et aux fantasmes) pourrait bien être la meilleure conseillère. Le virus épargne plutôt les isolés, les paranos, les routiniers et les enracinés. Bref, il est l’agent le plus récent et le plus puissant de l’anti-modernité. Est-ce pour cela, et parce qu’il menace ce en quoi ils ont foi (l’Europe, l’ouverture, la communication) que les dirigeants sont les plus lents à comprendre ?

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jeudi, 26 mars 2020

Aïkido stratégique – Poutine ouvre les portes de l’enfer devant les États-Unis

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Aïkido stratégique – Poutine ouvre les portes de l’enfer devant les États-Unis


Par Tom Luongo

Source Strategic Culture

Je suis un grand joueur de jeux de société. Je ne suis pas trop pour les classiques comme les échecs ou le go, préférant les plus modernes. Mais, quoi qu’il en soit, en tant que personne qui apprécie le délicat équilibre entre stratégie et tactique, je dois dire que la maîtrise des horloges par le président russe Vladimir Poutine m’impressionne.

Car s’il y a jamais eu un moment où Poutine et la Russie pouvaient infliger un maximum de souffrance aux États-Unis via leur talon d’Achille, les marchés financiers et leur soif inextinguible de dette, c’est ce mois-ci, juste au moment où le coronavirus atteignait ses côtes.

Comme je l’ai dit, je suis un grand joueur de jeu de société et j’aime particulièrement les jeux où il y a un équilibre délicat entre la puissance des joueurs, qui doit être maintenue pendant que ce n’est pas leur tour. Les attaques doivent être contrecarrées, mais juste assez pour empêcher la personne d’avancer, et pas au point où vous ne pourriez plus vous défendre lors du tour du joueur suivant.

Tout cela au bénéfice de la survie du jeu jusqu’à ce que vous trouviez le moment idéal pour percer et remporter la victoire. Après avoir regardé Poutine jouer à ce jeu au cours des huit dernières années, je crois fermement qu’il n’y a personne, en position de pouvoir aujourd’hui, qui le comprenne mieux que lui.

Et je crois que cette décision de briser l’OPEP+ et ensuite de regarder Mohammed bin Salman briser l’OPEP était le grand mouvement de renversement du style judo de Poutine. Et ce faisant, en moins d’une semaine, il a complètement paralysé le système financier américain.

Le vendredi 6 mars, la Russie a dit niet à l’OPEP […pour une réduction de la production de pétrole pour maintenir les cours]. Le mercredi 11, la Réserve fédérale avait déjà doublé ses interventions quotidiennes sur le marché des REPO, le refinancement des banques au jour le jour, pour maintenir la liquidité bancaire à un niveau suffisant, car les banques ne voulaient plus prendre en pension les bons du Trésor US qui affichaient des taux d’intérêt trop élevés.

Le 12 à midi, la Fed a annoncé 1 500 milliards de dollars de nouvelles facilités de REPO, y compris des contrats à trois mois. À un moment donné pendant la négociation ce jour-là, l’ensemble du marché du Trésor américain s’est tari. Personne n’a fait d’offre pour les actifs financiers les plus liquides et recherchés au monde.

Pourquoi ? Les prix étaient si élevés que personne n’en voulait.

Non seulement nous avons eu une expansion massive des interventions sur le marché REPO par la Fed, mais en plus pour une durée plus longue. C’est un signe clair que le problème est presque sans issue. Les opérations sur le marché  REPO de plus de trois jours sont dans ce contexte une rareté.

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La Fed qui a besoin d’ajouter 1 500 milliards de dollars en pensions sur trois mois signifie clairement qu’elle envisage le prochain problème à la fin du trimestre, et même au-delà.

Cela signifie, en bref, que les marchés financiers mondiaux sont complètement paralysés.

Et pire que ça…. L’intervention de la Fed n’a pas marché.

Les actions ont continué à fléchir, l’or et d’autres actifs refuges ont été durement touchés par une inversion des flux de capitaux à partir des États-Unis. Dans la foulée immédiate de la décision de Poutine, le dollar a été chahuté alors que les investisseurs européens et japonais, qui avaient empilé les actions US comme refuge, ont liquidé leurs positions et ramené le capital à la maison.

Cela a duré quelques jours avant que Christine Lagarde n’organise son show, à la foire de la Banque centrale européenne, pour dire à tout le monde qu’elle n’avait pas de réponses autres que d’augmenter les achats d’actifs et de continuer à faire ce qui a échoué dans le passé.

Cela a déclenché la phase suivante de la crise, où le dollar commence à se renforcer. Et c’est là que nous en sommes maintenant.

Et Poutine comprend qu’un monde inondé de dettes est un monde qui ne peut plus se payer la devise nécessaire pour rembourser la dette, libellée dans cette devise, dont le coût est en forte augmentation.

Cela exerce une pression supplémentaire sur les rivaux géopolitiques de la Russie en les obligeant à se concentrer sur leurs préoccupations nationales plutôt que sur celles de l’étranger.

Pendant des années, Poutine a supplié l’Occident de mettre fin à sa folle belligérance au Moyen-Orient et en Asie. Il a fait valoir avec éloquence aux Nations Unies et dans des interviews que le moment unipolaire était révolu et que les États-Unis ne peuvent maintenir leur statut de seule superpuissance mondiale si longtemps. La dette finirait par saper sa force qui, au bon moment, se révélerait bien plus faible qu’elle ne le croyait.

Cela ne convient pas au président Trump, qui croit à l’exceptionnalisme américain. Il se battra pour sa version de « America First » jusqu’au bout, en utilisant toutes les armes à sa disposition. Le problème avec cette attitude de «ne jamais reculer» est que cela le rend très prévisible.

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L’utilisation par Trump de sanctions contre l’Europe pour arrêter le gazoduc Nord Stream 2 était stupide et à courte vue. Il s’est ainsi assuré que la Russie serait impitoyable dans sa réponse, et ne retarderait son projet que de quelques mois.

Trump était facile à contrer sur ce coup là. Signer un accord avec l’Ukraine, désespérément à court d’argent, pour faire transiter le pétrole, et rediriger le navire poseur de tuyaux vers la Baltique pour terminer le pipeline Nord Stream 2.

Et avec les prix du gaz naturel en Europe, déjà dans les chaussettes à cause d’une offre excédentaire et d’un hiver doux, il n’y a finalement pas beaucoup de temps ou d’argent perdu. Mieux vaut faire baisser le prix mondial du pétrole bien en dessous des coûts de production aux États-Unis, ce qui garantit que le précieux Gaz Naturel Liquéfié de Trump reste hors du marché européen, alors que le mythe de l’autosuffisance énergétique des États-Unis disparaît dans les cendres des produits financiers dérivés […de la dette astronomique accumulée pour financer la fracturation de l’huile de schiste non rentable.]

Maintenant, Trump fait face à un effondrement du marché bien au-delà de sa capacité à y répondre, et même à le sonder. Alors que la Russie est dans la position unique de réduire les coûts du pétrole pour un grand nombre de personnes, tout en surmontant le choc du système globalisé grâce à ses économies.

Parce que l’argent se déplace là où se trouvent les meilleurs rendements, les prix élevés du pétrole et du gaz étouffent le développement des autres industries. La baisse du prix du pétrole, non seulement dégonfle toutes les bulles financières gonflées par les États-Unis, mais elle dégonfle également une partie de la puissance de l’industrie pétrolière du pays. Cela donne à Poutine la possibilité de continuer à diriger l’économie russe selon des axes moins ciblés que l’énergie. Le pétrole et le gaz bon marché signifient une baisse du retour sur investissement dans les projets énergétiques, ce qui, à son tour, permet au capital disponible de se déployer dans d’autres domaines de l’économie.

Poutine vient de dire au monde qu’il n’exploite pas les ressources pétrolières et gazières de son pays comme une vache à lait, mais plutôt comme un élément important d’une stratégie économique différente pour le développement de la Russie.

C’est comme regarder quelqu’un jouer la première mi-temps d’un jeu avec une stratégie, et passer ensuite à une autre à mi-parcours, profitant de la négligence de son adversaire.

Cela se voit rarement, mais quand ça marche, les résultats peuvent être spectaculaires. Jeu, set, et match, Poutine.

Tom Luongo

Traduit par jj, relu par Kira pour le Saker Francophone

Corona-Krise: Wie ein Überwachungsstaat installiert wird

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Stefan Schubert:

Corona-Krise: Wie ein Überwachungsstaat installiert wird

Ex: https://kopp-report.de

Millionen Menschen sind vom Tode oder schwerster Erkrankung bedroht. Nichts Geringeres bricht seit Wochen auf allen Kanälen auf die Bevölkerung ein. Währenddessen wirkt Deutschland wie von einer Einheitspartei regiert. Eine politische Opposition findet nicht statt und die Medien unterlassen, trotz politisch verschuldeter Versorgungsengpässe (z.B. ärztliches Personal), jegliche Kritik an der Regierung. Die überwiegende Mehrheit im Volk bejaht durch diesen Umstand selbst schwerste Einschnitte in ihre Freiheitsrechte.

Um es klarzustellen, der Autor teilt die pessimistischen Auswirkungen durch Coronavirus/COVID-19, wie durch die Mehrzahl der Wissenschaftler vertreten wird. Doch, dies sollte nicht den Blick trüben über den beispiellosen Abbau von Bürgerrechten und der Installierung eines massiven Überwachungsstaates in Rekordzeit.

Was den Bayern ihre Ausgangssperre ist, auch das Saarland und Sachsen setzen das bayerische Modell um, wird im Rest der Republik als Kontaktsperre benannt. Die Unterschiede sind allenfalls marginal. Das öffentliche Leben wird zum Erliegen gebracht und der Staat bestimmt, wie der Bürger sich in seiner Freizeit zu verhalten hat.

Ansammlungen von mehr als zwei Personen sind seit dem 23.03.20 deutschlandweit verboten, ausgenommen sind lediglich Angehörige, die im eigenen Haushalt leben. Die verhängten Maßnahmen basieren auf einem Gesetz, dessen Existenz den wenigsten Menschen zuvor bekannt gewesen sein dürfte, dem Infektionsschutzgesetz (IfSG). Dort wird in 77 Paragrafen das staatliche Handeln geregelt. Es umfasst unter anderem die Überwachung des Gesundheitssystems, die Bekämpfung der übertragbaren Krankheiten, die Aufgaben der Bundeswehr und Straf- und Bußgeldvorschriften. Der dort vorgehaltene Sanktionsapparat des Staates reicht von Bußgeldern bis zu Freiheitsstrafen in Höhe von zwei Jahren. Darunter fallen Verstöße gegen eine Quarantäne-Anordnung oder gegen das berufliche Tätigkeitsverbot.

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Rechtsmittel gegen die Sanktionen, wie auf dem Klageweg beim Verwaltungsgericht, sind zwar möglich, aber »diese haben keine sogenannte aufschiebende Wirkung, so dass eine Anordnung erst einmal befolgt werden muss«, so der Gelsenkirchener Strafrechtler Arndt W. Kempgens.

Der NRW-Ministerpräsident Armin Laschet, der sich um den CDU-Vorsitz wie das Kanzleramt bewirbt, markiert in der Krisensituation nun plötzlich den Law-and-Order-Mann: »Null Toleranz gilt auch gegenüber Rechts-Brechern im Kampf gegen das Coronavirus«.

Wie ein Überwachungsstaat installiert wird

Die Weltwirtschaft wird kontrolliert heruntergefahren und im Grundgesetz garantierte Rechte wie Meinungs- und Versammlungsfreiheit und das Recht auf körperliche Unversehrtheit werden im Handstreich abgeschafft oder in Zweifel gestellt. Im Schatten der Pandemie wird gleichzeitig ein gigantischer Überwachungsstatt aufgebaut.

Auch wird durch staatliche Akteure unter dem Deckmantel der Corona-Bekämpfung offen eine Bargeldabschaffung gefordert. Dazu werden Schreckensszenarien verbreitet, die eine Übertragung des Virus über Geldnoten implizieren. Der so gezielt erzeugten Panik widersprechen jedoch renommierte Wissenschaftler.

Mark Witchi, einer der obersten Seuchenschützer der Schweiz warnt im Zuge der Corona-Krise öffentlich vor mit Krankheitserregern belasteten Banknoten.

Doch Christian Drosten, Virologe an der Berliner Charité und weitere Forscher widersprechen hier und stufen eine Ansteckung über Bargeld als unwahrscheinlich ein.

Doch das aufgestellte Schreckensszenario droht im Kopf vieler Menschen haften zu bleiben und das Image vom Bargeld wird durch Äußerungen wie von Mark Witchi so gezielt zerstört.

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Eine Bargeldabschaffung würde den vollkommen gläsernen Bürger erschaffen und einem repressiven Staat eine allmächtige Kontrolle ermöglichen: Wer kauft sich einen Gasrevolver zur Selbstverteidigung ohne einen kleinen Waffenschein zu beantragen? Wie viel Alkohol trinkt ein Arbeiter, ein Beamter abends, wie viel Gläser in der Mittagspause? Welche Online-Shops nutzt er, welche Zeitungen und politischen Magazine kauft er ein und welche Bücher von welchem Verlag liest der Bürger zurzeit? Ein Bargeldverbot unter dem Deckmantel der Corona-Krise würde unweigerlich zu einem repressiven Staat und dem ausgelieferten, gläsernen Bürger führen. So hat China in betroffenen Regionen Banknoten eingesammelt, desinfiziert und für bis zu 14 Tage eingelagert, vermeldet das China Securities Journal. Ob diese Maßnahme medizinisch erforderlich ist oder die Bargeldabschaffung vorbereitet, bleibt unklar.

China als Blaupause eines totalitären Staates

Das kommunistische China, das wie kein anderes Land bereits die lückenlose Kontrolle aller Bürger durch Smartphone, Überwachungskameras mit automatischer Gesichtserkennung und Big Data perfektioniert hat, argumentiert genauso wie die Bargeldabschaffer in Deutschland und könnte dadurch als Blaupause eines totalitären Staates in Europa dienen.

Und auch bei der Massenüberwachung durch Handydaten werden in Deutschland handstreichartig chinesische Verhältnisse eingeführt. Die Deutsche Telekom teilte mit, dass im Namen der Coronavirus-Eindämmung Standortdaten seiner Handynutzer an das Robert Koch Institut (RKI) übermittelt werden. Doch der Überwachungsstatt denkt längst in Kategorien, wie in Science-Fiction-Filmen. Der Unfallchirurg Dominik Pförringer fordert über Focus Online seit geraumer Zeit, dass Menschen ein RFID-Chip unter die Haut eingepflanzt werden soll. Damit soll dann die digitale Krankenakte gespeichert und bei Bedarf ausgelesen werden. Natürlich wäre, rein technisch gesehen, auf so einem RFID-Chip noch genügend Platz für das polizeiliche Führungszeugnis, die Schufa-Einschätzung des Trägers oder die Information über eine Parteizugehörigkeit.

Der weitreichende Eingriff wurde unter anderem mit folgendem Argument versucht zu begründen: »Das wäre sehr hilfreich, wenn wir bewusstlose Patienten in die Notaufnahme bekommen«, so Pförringer.

Nun gehören bewusstlose Menschen, die alleine auf Bürgersteigen liegen, ohne Angehörige, die im kurzen Arztgespräch die Vorerkrankungen mitteilen können, sicherlich zu den absoluten Ausnahmefällen im medizinischen Alltag. Doch kein Argument scheint hier zu abwegig. Wahrscheinlich kann man die angenommene Cartier-Uhr von Dr. Pförringer danach stellen, wann eine flächendeckende RFID-Einpflanzung mit dem Kampf gegen das Coronavirus gefordert wird.

Pförringer arbeitet unter anderem für Bain & Company, eine der weltweit größten Unternehmensberatungen mit Hauptsitz in Boston, USA, die 2019 rund 4,5 Milliarden US-Dollar umsetzte. Zurzeit sitzt Dr. med. Dominik Pförringer auch im Beirat der Investment-Firma cannonball capital.

In einem Werbetext heißt es dort über Pförringer:

»Im Rahmen dieser Tätigkeit (Bain & Company) beriet er Krankenhäuser, Pharma-Unternehmen, Versicherungen und Private Equity Teams im Gesundheitswesen. 2010 wurde Dr. Pförringer für das Young Leaders-Programm der Atlantikbrücke, eines transatlantischen Bündnisses zur Stärkung ökonomischer und politischer Beziehungen, ausgewählt.«

Inwieweit dieser offensichtliche Interessenskonflikt Pförringer als neutralen Ratgeber disqualifiziert, mag jeder Bürger für sich selbst beurteilen. Auch dass dieser bei Focus Online als unabhängiger Experte, ohne jegliche Einordnung, Dutzende Artikel verfasst oder in diesen zitiert wurde – all dies gleicht einem journalistischen Offenbarungseid des Focus.

51KC3YfKQiL._SX318_BO1,204,203,200_.jpgMilitär setzt Zwangsbehandlungen durch

Eine weitere Eskalation eines totalitär agierenden Staates in der Krise findet bei unserem nördlichen Nachbarn bereits statt. In Dänemark können Mithilfe des Militärs, der Polizei und privaten Sicherheitsdiensten seit dem 19.03.2020 Zwangstests, Zwangsimpfungen und Zwangsbehandlungen angeordnet und durchgesetzt werden.

Diese Notstands-Dekrete wurden selbst in linksliberalen Medien, wie im dänischen Blatt Politiken, nicht etwa kritisiert, sondern beklatscht. »Dänemark ist nicht im Krieg, aber kurz davor«, war ein Leitartikel betitelt.

In Deutschland wurde 2019 eine Zwangsimpfung gegen Masern eingeführt und es bedarf wenig Vorstellungskraft, welcher Druck aufgebaut würde, wenn die Pharmaindustrie in kürzester Zeit, ohne langwierige Studien auf Nebenwirkungen, einen Impfstoff gegen das Coronavirus auf dem Markt bringen würde. Eine bundesweite, wahrscheinlich sogar weltweite Impfpflicht, ohne kritische Debatte droht dann im Schnellverfahren beschlossen zu werden.

Im elitären Spiegel fürchtet man hingegen augenscheinlich eine breite Re-Globalisierungs-Bewegung, die im Zuge der Coronavirus-Pandemie entstehen könnte. Ganz offen wird dort in einem Meinungsbeitrag, der als »Analyse« bezeichnet wird, eine Weltregierung als Lösung der Corona-Krise gefordert: »Falls es der Klimawandel und die Migrationstragödien der letzten Jahre noch nicht bewiesen haben – Covid-19 beweist es uns jetzt von Tag zu Tag: Krisen wie diese bräuchten eine Art Weltregierung…«, so der Spiegel.

Die »Verschwörungstheorie«, wonach eine globale Elite den Abbau der Souveränität von Nationalstaaten betreibt, deren Zwischenstopp eine Verschmelzung in supranationalen Organisationen wie der EU ist, um diese am Ende in einer UN-Weltregierung zu vereinen – diese Theorie wird unter dem Deckmantel im Kampf gegen das Coronavirus nun ganz offen propagiert.

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Dienstag, 24.03.2020

De la prostate de Mitterrand au coronavirus sous Macron : vingt-huit ans d’enfermement idéologique

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De la prostate de Mitterrand au coronavirus sous Macron : vingt-huit ans d’enfermement idéologique

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

En septembre 1992, à quelques jours du référendum sur le traité de Maastricht, s’inquiétant de la dynamique favorable au « Non » et craignant que les Français rejettent l’œuvre de sa vie, François Mitterrand rendit public son cancer de la prostate. En 1996, son médecin personnel, le Dr. Claude Gubler, révéla dans son livre co-écrit avec le journaliste Michel Gonod, Le Grand Secret (très vite interdit par une justice aux ordres !) que le premier président socialiste de la Ve République souffrait de cette maladie depuis… 1980.

En redoutable tacticien politique, Mitterrand instrumentalisa son mal afin de culpabiliser les indécis. Le coup réussit puisque le traité de Maastricht fut adopté avec une courte avance de 539 410 voix. Des Français, bien incapables de comprendre un traité illisible, prirent pitié pour le locataire de l’Élysée et votèrent « Oui ». Avec l’épidémie de coronavirus, leurs descendants ne les remercient pas.

Lors de son allocution radio-télévisée du 16 mars dernier, Emmanuel Macron a répété à six reprises que la France était « en guerre » sanitaire. Il a même ordonné l’installation en Alsace d’un hôpital militaire de campagne. Or, mutatis mutandis, 2020 ressemble à 1914. Les premiers mois de la Grande Guerre sur le front occidental voient un nombre de pertes considérables dans l’armée française. Pourquoi ?

– L’affaire scandaleuse des fiches remontant à 1905, bien des officiers supérieurs, en particulier les ganaches étoilées, sont certes de bons républicains francs-maçons, mais ils se montrent de piètres commandants sur le terrain, guère soucieux de la vie de leurs hommes, souvent venus de ces campagnes profondes restées catholiques et traditionnelles qu’ils méprisent tant. Ils se focalisent sur la priorité accordée à l’offensive.

– Malgré le vote en 1913 du service militaire de trois ans, l’armée française est mal préparée. L’incessant bourrage des esprits autour de la « Revanche » et les guerres coloniales ininterrompues amoindrissent paradoxalement la combativité effective des troupes.

– Un équipement inapproprié favorise enfin des pertes françaises élevées. Le soldat français est visible de très loin avec son calot rouge, sa veste bleu foncé et son pantalon rouge garance pour le plus grand bonheur des tireurs d’élite allemands.

Rien n’a changé ! Les médecins, les infirmières, les aides-soignants, les pharmaciens ne disposent pas d’une réserve suffisante de masques sanitaires, de blouses de protection, de gants… En outre, le nombre d’appareils de réanimation et de lits est limité. L’hôpital pâtit de plein fouet de la réduction des coûts imposée par les critères de Maastricht. Ce n’est pas sans raison que le service des urgences a mené une grève de presque d’un an !

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Non contents de subventionner en vain la lutte fantasmatique contre toutes les discriminations, de financer sur fonds publics les partis politiques, les syndicats et certaines associations, et d’inciter au clientélisme, y compris migratoire, tous les gouvernements depuis 1992 ont imposé au secteur hospitalier, à l’Éducation nationale et aux forces armées et de police une cure d’austérité qui se traduit par la diminution draconienne des effectifs, des moyens et des coûts, d’où un sous-dimensionnement général chronique, criminel en temps de crise majeure.

Pourquoi l’Italie, la France, l’Espagne ou la Belgique se confinent-elles ? Non pas pour des motifs sanitaires immédiats : le coronavirus ne circule pas dans l’air; il se propage de personne à personne par la salive, les postillons et le contact physique. Le confinement est décidé afin de retarder au maximum la contagion de la population. Les autorités savent que leur système de santé rationné se révèle incapable de surmonter l’afflux des victimes virales. En Italie, en Espagne et en Belgique, la fédéralisation et la régionalisation de l’hôpital ont favorisé l’embauche massive partisane d’agents administratifs inutiles, des détournements de fonds et une corruption systémique. Une vision comptable étriquée a primé sur l’intérêt des patients et du personnel médical. Résultat : en Lombardie et en Alsace, les services de santé doivent maintenant trier les patients à sauver des autres souvent d’un âge avancé. Nos sociétés « ouvertes » qui dénoncent sans cesse toutes les ségrégations pratiquent dans le réel une féroce et terrible discrimination. Un « gériocide » s’annonce…

Par ailleurs, les frontières retrouvent leur pertinence (l’île d’Yeu est sur décision préfectorale séparée du continent !). L’Allemagne, la Suisse, l’Italie réactivent les douanes et les contrôles frontaliers. L’Espace Schengen se ferme pour trente jours renouvelables. Bien trop tardive, cette mesure reste timorée. Avant le début du confinement, le mardi 17 mars à Midi, des centaines de Franciliens ont fui la capitale pour se réfugier dans leurs résidences secondaires auprès des ploucs. Quelle sacrifice de la part des chantres du « vivre ensemble » ! Les bo-bo risquent ainsi d’infecter des zones jusque-là épargnées.

En 2000 – 2001, l’Union dite européenne a connu l’épizootie de la vache folle. À l’époque, les gouvernements réagirent avec vigueur peut-être parce que ce n’était que du bétail. En parallèle à l’élimination de tous les troupeaux (horrifiés, les Indiens s’horrifièrent de ce zoocide), les États rétablirent non seulement les frontières nationales, mais imposèrent un confinement régional, voire départemental. Pour quelle raison, l’actuel gouvernement français, un ramassis de pense-petits, n’a-t-il pas pris des dispositions similaires assorties d’autres mesures spécifiques telles un couvre-feu et l’instauration de strictes barrières cantonales, communales, voire entre les quartiers d’une même ville dès la mi-janvier ?

Darwiniste social, le gouvernement hexagonal n’entend pas tester toute la population. Les tests manquent en raison des réductions budgétaires exigées par la règle pseudo-scientifique des 3 % que la Commission européenne vient d’abandonner dans l’urgence. L’Allemagne semble au contraire miser sur le dépistage systématique de ses habitants. Pis, les médiats centraux qui répercutent et amplifient les mensonges gouvernementaux n’évoquent jamais le contre-exemple de la Corée du Sud. Malgré un effort militaire important qui grève son budget et sans se confiner, la République de Corée parvient à juguler la pandémie par des tests nombreux et fréquents. Le régime macronien trouve son intérêt à dramatiser la situation.

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Contesté par les Gilets jaunes et une forte opposition à la réforme des retraites, le régime veut éviter toute nouvelle réaction populaire. Il plonge le pays via un puissant « bobardement » médiatique dans une ambiance anxiogène. Il en profite pour placer tout l’Hexagone en résidence surveillée. Les militaires du plan Vigipirate deviennent des auxiliaires de la police. S’opère sous nos yeux la fusion sécuritaire des policiers, des gendarmes, des militaires, voire des vigiles privés. Si Internet ne se plante pas avant, le verrouillage des réseaux sociaux parachèvera l’avènement d’une tyrannie douceâtre aux forts relents cosmopolites.

Il ne faut pas croire les beaux discours de Macron et de ses sbires. La crise sanitaire donne à son gouvernement cynique l’occasion de revenir en catimini dans le cadre de l’« état d’urgence sanitaire » (en attendant l’« état de siège climatique » et la « loi martiale financière », c’est-à-dire la spoliation légale des comptes des particuliers et des entreprises par la pègre financiariste) sur les acquis sociaux. Le coronavirus constitue bien le stade ultime du traité de Maastricht. Nos amis de CasaPound – Italie ont raison d’afficher partout que « le patient zéro est la mondialisation ».

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 165.

mercredi, 25 mars 2020

Giorgio Agamben: coronavirus et état d'exception

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Coronavirus et état d'exception

Giorgio Agamben

Ex: https://acta.zone

Face aux mesures d’urgence frénétiques, irrationnelles et totalement injustifiées pour une supposée épidémie due au coronavirus, il faut partir des déclarations du CNR (Consiglio Nazionale delle Ricerche), selon lesquelles «  il n’y a pas d’épidémie de Sars-CoV2 en Italie » .

Et ce n’est pas tout : «  l’infection, d’après les données épidémiologiques disponibles aujourd’hui sur des dizaines de milliers de cas, provoque des symptômes légers/modérés (une sorte de grippe) dans 80 à 90 % des cas. Dans 10 à 15% des cas, une pneumonie peut se développer, mais l’évolution est bénigne dans la majorité absolue. On estime que seulement 4 % des patients doivent être hospitalisés en soins intensifs » .

Si telle est la situation réelle, pourquoi les médias et les autorités s’efforcent-ils de répandre un climat de panique, provoquant un véritable état d’exception, avec de graves limitations des mouvements et une suspension du fonctionnement normal des conditions de vie et de travail dans des régions entières ?

Deux facteurs peuvent contribuer à expliquer un tel comportement disproportionné.
Tout d’abord, on constate une fois de plus une tendance croissante à utiliser l’état d’exception comme paradigme normal de gouvernement. Le décret-loi immédiatement approuvé par le gouvernement «  pour des raisons de santé et de sécurité publiques » entraîne une véritable militarisation «  des municipalités et des zones où a été contrôlée positive au moins une personne dont la source de transmission est inconnue ou dont le cas n’est pas imputable à une personne provenant d’une zone déjà infectée par le virus » . Une formule aussi vague et indéterminée permettra d’étendre rapidement l’état d’exception dans toutes les régions, car il est presque impossible que d’autres cas ne se produisent pas ailleurs.

Considérez les graves restrictions à la liberté prévues par le décret : interdiction de sortir de la municipalité ou de la zone concernée pour toute personne présente dans la municipalité ou la zone ; interdiction d’accès à la municipalité ou à la zone concernée ; suspension des manifestations ou initiatives de toute nature, des événements et de toute forme de réunion dans un lieu public ou privé, y compris culturel, récréatif, sportif et religieux, même s’ils ont lieu dans des lieux fermés ouverts au public ; suspension des services éducatifs pour les enfants et des écoles de tous les niveaux, ainsi que de la fréquentation des activités scolaires et d’enseignement supérieur, à l’exception des activités d’enseignement à distance ; suspension des services pour l’ouverture au public des musées et autres institutions culturelles et des lieux visés à l’article 101 du code du patrimoine culturel et du paysage, conformément au décret législatif du 22 janvier 2004, n. 42, ainsi que l’efficience des dispositions réglementaires sur l’accès libre et gratuit à ces institutions et lieux ; suspension de tous les voyages éducatifs, tant dans le pays qu’à l’étranger ; suspension des procédures collectives et des activités des bureaux publics, sans préjudice de la prestation des services essentiels et d’utilité publique ; application de la mesure de quarantaine avec surveillance active des personnes ayant été en contact étroit avec des cas confirmés de maladie infectieuse généralisée.

La disproportion face à ce qui, selon le CNR, est une grippe normale, peu différente de celles qui se répètent chaque année, est évidente.
Il semblerait que, le terrorisme étant épuisé comme cause de mesures d’exception, l’invention d’une épidémie puisse offrir le prétexte idéal pour les étendre au-delà de toutes les limites.

L’autre facteur, non moins inquiétant, est l’état de peur qui s’est manifestement répandu ces dernières années dans les consciences des individus et qui se traduit par un réel besoin d’états de panique collective, auquel l’épidémie offre une fois de plus le prétexte idéal.
Ainsi, dans un cercle vicieux et pervers, la limitation de la liberté imposée par les gouvernements est acceptée au nom d’un désir de sécurité qui a été induit par ces mêmes gouvernements qui interviennent maintenant pour le satisfaire.

Giorgio Agamben

Cet article a initialement paru en italien sur le site du journal Il Manifesto.

Capitalisme et écologie …

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Capitalisme et écologie …


… L’écologiste, nouvel idiot utile du « grand capital » ? Comment et pourquoi le capitalisme a fait main basse sur l’écologie


Par Sébastien Leblet

Ex: https://lesakerfrancophone.fr

« Je te soutiens et je t’admire. Je suis de ton côté. »

Christine Lagarde, ancienne patronne du FMI et actuelle gouverneur de la BCE, à Greta Thunberg au Forum Économique Mondial de Davos / Janvier 2019

Que sera l'année sera 2020 ? 
Probablement l'une des plus mouvementées depuis longtemps…
Celle de la plus grande crise économique depuis 1945 ?
Celle du déclenchement d'une 3ème guerre mondiale ?
Celle d'une gigantesque pandémie mondiale de coronavirus ?
Analyses hebdomadaires d'un entrepreneur
et investisseur fin connaisseur des politiques.

Préambule

Le but de cet article n’est pas de débattre de la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique, ni du bien-fondé de l’écologie. Aux abus et aux excès des hommes, réels, doivent naturellement correspondre des réflexions et des actions visant à ce que l’Homme vive en harmonie avec son environnement.

Cet article décrit seulement ce que chaque personne honnête ne peut manquer de constater si elle s’éloigne un instant du bruit et qu’elle fait l’effort d’observer les faits.

Ces faits sont sourcés et publics. Il serait donc inopérant et ridicule d’évoquer un quelconque complotisme.

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Ceci étant écrit…

L’écologie est désormais tellement soutenue par les puissances d’argent, que même les journaux les plus aux ordres s’interrogent et trouvent cela suspect…

En 2019, la récupération de l’écologie par « la finance » n’est donc plus une thèse complotiste, puisque ceux dont la fonction est de nous informer « officiellement » s’étonnent de cet amour paradoxal des grands capitalistes pour Greta Thunberg et autres Extinction Rebellion.

Certains écologistes dénoncent aussi ce phénomène.

Mais, pourquoi ce soutien ne serait-il pas sincère ? Ne pourrions-nous pas, plutôt, parler « d’adhésion » ?

Pourquoi c’est bien une récupération…

Examinons quelques exemples trouvés récemment dans la presse du soutien manifeste du pouvoir et de l’argent à l’écologie politique :

Nous apprenons que Greta Thunberg est une icône marketing créée par l’organisation We don’t have time dont les deux familles actionnaires sont des financiers pur jus.

Un bug Facebook révèle en janvier 2020 que les véritables auteurs des posts de Greta Thunberg sont en fait son père et un ancien communicant de l’ONU.

L’organisation « révolutionnaire » Extinction Rebellion est notamment financée par l’omniprésente Open Society de Georges Soros – 22ème fortune mondiale en 2012 selon le magazine Forbes – et le milliardaire, lui aussi, Chris Hohn, gérant de fonds spéculatif à la City de Londres.

La lecture quotidienne des titres de presse du milliardaire Bernard Arnault ou de son gendre, autre milliardaire, Xavier Niel font désormais référence systématiquement à l’écologie, que le sujet traité soit économique, politique ou culturel.

Blackrock, le plus grand fonds d’investissement du monde, désormais célèbre en France depuis les polémiques autour de la réforme des retraites de Macron, Goldman Sachs, « la banque qui dirige le monde » selon le journaliste du Monde à Londres Marc Roche,  la Banque centrale européenne… Toutes les plus grandes institutions financières mondiales créent des produits financiers « verts » et investissent massivement dans le Green business qui convient à leurs objectifs.

Comme nous le voyons, les puissances d’argent ne se contentent pas d’endosser un mouvement extérieur à elles, par suivisme, opportunisme ou par vertu : elles l’organisent conformément à leurs intérêts – en opérant une sélection sélective des valeurs dans les porte-feuilles financiers – et elles en font la publicité. C’est tout à fait différent.

Cette récupération est-elle récente ? Non, absolument pas. Elle est simplement plus médiatisée car, au fil des années, ce sont chaque jour de plus en plus de puissances et de lobbys qui rejoignent cette récupération.

Rappelons-nous que ce ne sont pas quelques révolutionnaires illuminés qui ont poussé ou présidé à la création d’une organisation non gouvernementale de lutte contre le réchauffement climatique, mais bel et bien les chefs d’État Ronald Reagan et Margaret Tatcher qui ont confié cette mission, et l’exclusivité, à l’organisation supra-nationale de l’ONU lors de la réunion du G7 de novembre 1988 – le GIEC.

Ou que c’est encore Neva Goodwin Rockefeller, la 3ème fille de David Rockefeller – dont la fortune familiale est issue… du pétrole – qui a fondé, en accord avec sa famille le GDEA, organisme dont l’une des principales activités est l’étude du réchauffement climatique anthropique.

Qu’enfin, c’est par exemple Bernhard de Lippe-Biesterfeld, cofondateur du groupe Bilderberg qui réunit chaque année les personnes les plus puissantes de la planète issues du monde des affaires, de la politique ou de la diplomatie – et ancien nazi !  – qui est le président fondateur du Fonds mondial pour la nature (WWF) en 1962. ONG très subventionnée, notamment par les États-Unis, régulièrement accusée d’être plus utile aux entreprises qu’à l’environnement…

Soit, mais dans quel but ?

Pourquoi les capitalistes sont-ils devenus les plus fervents sponsors de l’écologie politique…

Les raisons sont nombreuses, évoluent et dépendent des acteurs en présence.

Greta-TIME-cover-Greta-ThunbergTwitter-375x400@2x.jpgA titre d’exemple, dans les années 1980, Margaret Thatcher a initié la création du GIEC afin de promouvoir l’énergie nucléaire – alors fortement développée en France mais peu en Grande-Bretagne – et contrer ainsi les syndicats très puissants du charbon qui s’opposaient à ses réformes libérales. Diminuer la dépendance de la Grande-Bretagne à l’égard des pays riches en hydrocarbures était un second objectif.

Ainsi, dès l’origine, lutter contre le réchauffement climatique n’a été qu’un prétexte à la création du GIEC par les sept pays les plus riches, donc les plus industrialisés du monde à l’époque …

Les différentes raisons de ce soutien sont encore très peu développées dans la presse aux ordres. Cela viendra probablement. Elles ne constituent pas pour autant des théories du complot. Il suffit par exemple de lire les articles hebdomadaires de Jacques Attali sur son blog ou par exemple aussi le rapport de Simon Linnett, Vice-Président de Rothschild Londres, pour en voir plusieurs exposées très clairement.

Les raisons …

D’un point de vue strictement économique, la raison la plus ancienne probablement…

But n°1 : Contrôler l’opposition au capitalisme

Augmenter les rendements de la terre agricole, déforester, forer des puits de pétrole, produire de l’électricité, refroidir des turbines, vendre des voitures à essence ou au gazole, etc. Mais aussi et surtout, acheter toujours plus de produits finis : vêtements, meubles, disques, téléphones, ordinateurs… Produire et consommer est nécessairement polluant et/ou émetteur de CO2. En réaction à l’essor technologique et à la consommation de masse, des mouvements écologistes spontanés ont émergé depuis le milieu du XIXème siècle. Contrôler cette opposition au capitalisme fut probablement la première raison pour les capitalistes de créer ou de financer des organisations environnementales.

A l’inverse, compte tenu du défaut structurel de croissance de l’Occident depuis une quinzaine d’années, la raison la plus récente …

But n°2 : Ouvrir de nouveaux marchés

La réglementation contraignante sur un fondement écologique permet incontestablement d’ouvrir de nouveaux débouchés à des entreprises dans tous les domaines de l’économie, financés essentiellement par la planche à billets, ces secteurs étant rendus économiquement viables par des participations fiscales de l’État ou des obligations de rachat par des opérateurs nationaux : isolation des bâtiments, construction de voitures électriques, de panneaux solaires, d’éoliennes, etc. On constate, et on déplore, que la révolution de l’internet est une révolution de moyens, et non de fins, c’est à dire qu’elle permet de faire pareil, mais autrement, par des simulacres d’innovations – disruption / uberisation – mais pas de faire autre chose – contrairement à la révolution agricole puis industrielle. Ainsi, à l’inverse de la révolution de l’internet qui est peu créatrice de croissance, la transition écologique permet, elle, d’offrir aux multinationales et aux PME des relais de croissance.

D’un point de vue plus politique, voire complètement idéologique, la raison qui a émergé quand l’élite mondiale a commencé à se désolidariser du destin des États-Unis d’Amérique, promis au déclin

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But n°3 : Mettre en place une gouvernance mondiale dominée par une élite mondialisée

Ce n’est pas un fantasme : dans beaucoup de pays, des membres de l’élite exècrent la démocratie car elle permet au crétin sans diplôme, sans culture et sans argent de voter au même titre que le génie, sur-diplômé, savant et riche.

De nombreux exemples montrent en effet que l’élite considère régulièrement que le peuple vote mal et que la démocratie actuelle lui donne trop de pouvoir : du referendum de 2005 sur la constitution européenne où l’élite a voté Oui et le peuple Non, à l’élection de Trump en passant par le Brexit.

Ces personnes souhaitent mettre en place des structures supra-nationales qui viendraient remplacer la démocratie parlementaire née en Angleterre au XVIIème siècle puis aux États-Unis et en France aux XVIIIème siècle par une post-démocratie technocratique légèrement autoritaire et multi-polaire où chaque pays siégerait à due proportion de son PIB, et qui serait gérée par une élite apatride.

La première ébauche de ce projet constructiviste est l’Union Européenne, qui fait figure de test pour les « mondialistes », dont les inspirateurs ou institutions les plus connues sont : Richard Coudenhove-Kalergila Commission Trilatérale ou encore la Fabian Society. Cette union conçue d’abord comme un simple espace économique libre-échangiste est dirigée par des commissaires européens très bien rémunérés et non élus par les peuples, qui décident seuls des sujets dont le Parlement européen peut débattre.

Pour ceux qu’il est désormais convenu d’appeler « mondialistes », expression utilisée par le président des États-unis lui-même, ce gouvernement mondial serait nécessairement plus efficient car non tributaire de l’incurie et de l’instabilité des peuples et de leurs élus, et nous éviterait « les pires heures de l’Histoire » où les nationalismes exacerbés auraient été la cause des drames du XXème siècle.

Dans ce but, tout problème qui ne peut se résoudre seul à l’échelle des nations est une opportunité pour justifier la mise en place d’un tel gouvernement mondial. L’écologie en est un, assurément. Pollutions et CO2 ne connaissant pas de frontières.

Enfin, la raison budgétaire ou technocratique, qui existe déjà dans une vingtaine de pays sous le nom de taxe carbone …

But n°4 : Créer un impôt mondial dont le bien fondé ne soit pas contestable

Qui est contre le sauvetage de la planète ? Qui souhaite la fin du monde ? Personne.

Dans les social-démocraties que nous connaissons en Occident, lever l’impôt s’avère de plus en plus délicat. Nos taux de prélèvements obligatoires approchent dangereusement des 50%, en particulier en France, et les dettes contractées par les États pour « pousser » jusqu’à presque 60% les dépenses publiques deviennent quasiment impossibles à rembourser. Sauf à créer une taxe carbone demain unifiée, comment financer la transition écologique ?

Les plus grandes organisations mondiales que sont la Banque Mondiale ou bien le Fonds Monétaire International (FMI) sont pour cette taxe carbone.

Mais enfin, pourquoi lever des impôts supplémentaires ?

Le déclin de l’Occident a déjà commencé, mais tout est fait pour que les peuples ne le voient pas

La crise de 2008 se prolonge sans solution jusqu’à maintenant, en 2020. Car, ce n’est pas une crise, en fait c’est un changement de paradigme.

Cette crise, ou plutôt ce changement de paradigme, c’est le déclin de l’Occident qui a déjà commencé du fait de sa démographie.

La seule catégorie de la population de nos pays qui s’accroît est celle des plus de 65 ans, du fait de l’augmentation du niveau de vie – alimentation, hygiène, médecine – et de la baisse de la natalité.

Or, la consommation représente la plus grande part du PIB des pays occidentaux, environ les deux tiers et les plus de 65 ans ne consomment pas autant que les générations plus jeunes.

Hors l’endettement, permis artificiellement par les taux d’intérêt quasi nuls pour que le système survive encore un peu, la croissance est déjà nulle voire négative en France, comme dans la plupart des pays d’Europe et du monde Occidental.

Or, si les inégalités sont acceptées par les peuples quand la croissance est là- voir la Chine où la dictature du Parti Communiste ne tient que par la persistance d’une croissance forte – elles deviennent intolérables quand la croissance stagne ou que les populations s’appauvrissent.

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Résumons…

Le réchauffement climatique actuel – qu’il soit d’origine anthropique ou non ! – est devenu avant tout un sujet politique, et non scientifique.

Éluder cette réalité serait stupide. Nul ne prétend ici « en complotiste » que « les grands capitalistes » ont fabriqué ce réchauffement (bien réel) pour servir leurs intérêts. Le sens de la causalité est inverse : ce réchauffement est simplement utilisé comme une opportunité de façonner un nouvel ordre mondial conforme à leurs objectifs.

Aujourd’hui, l’écologie politique est soutenue par la majorité des grands capitalistes et par la majorité des pouvoirs politiques qui n’en sont généralement qu’une émanation, dans l’espoir qu’elle leur permette de sauver – non pas la planète – mais le système qui leur profite : une vague démocratie parlementaire chapeautée par une technostructure supra-nationale qui organise le monde comme un immense marché libre-échangiste.

L’écologisme vise en effet à empêcher que l’inéluctable déclin de l’Occident débouche sur une véritable révolution qui mettra fin à ce système.

Quand l’écologisme succède à l’européisme …

D’une certaine manière, l’Histoire se répète.

Communisme, européisme, écologisme : en réalité, à chaque génération occidentale correspond son idéologie, son utopie. Là où ses adaptes s’imaginent en visionnaires, ils s’avèrent en fait n’être que des idiots utiles. Idiots utiles de l’URSS pour le communisme, puis du grand capital américain pour l’européisme et désormais du grand capital mondialisé avec l’écologisme. Au nom du progressisme, chaque fois, les gens qui se disent « de gauche » se retrouvent in fine à servir des intérêts qui ne sont pas ceux qu’ils imaginent.

Le communisme…

Le communisme a bercé pendant environ 70 ans, jusqu’à la chute de l’URSS, l’imaginaire révolutionnaire des parents des baby-boomers du monde Occidental. « Bien au chaud » du bon côté du rideau de fer, ils ont vomi sur l’imparfait capitalisme qui les nourrissait, et encensés jusqu’à son effondrement, un système totalitaire qui a fait près de 100 millions de morts [Merci aux démocraties occidentales qui ont aidé les bolcheviques et ensuite les nazis, NdSF].

L’européisme…

Contrairement au storytelling diffusé jusqu’à la nausée par l’Éducation nationale et les médias, pendant près de 70 ans aussi, la construction européenne est avant tout une construction initiée conjointement par des idéologues « mondialistes » et par les États-Unis – notamment au travers des fondations Rockefeller et Ford, faux-nez du Département d’État américain – pour créer un grand marché économique d’écoulement des produits américains et pour étendre la zone d’influence géopolitique des États-Unis d’Amérique, et non par et pour le bien des peuples européens.

Les baby-boomers ont crû que l’Union Européenne était née de leur souhait, pour leur assurer paix et prospérité, en les rendant plus forts face à l’empire américain. En réalité, l’Europe n’a jamais été menacée d’une guerre interne depuis 1945 puisque tous ces pays appartenaient à la même alliance dirigée par les Etats-Unis (OTAN), mais aussi que la France possédait la bombe nucléaire et que l’Allemagne était démilitarisée. L’Europe est au contraire devenue un marché sans frontières, ouvert à tous les vents de l’immigration, à la concurrence déloyale des autres puissances, etc., au bénéfice exclusif des multinationales et financiers, américains puis chinois à compter de 2001, et au détriment du niveau de vie des européens dont le PIB par habitant était le même en France qu’aux États-Unis encore jusqu’aux années 1970. Il est désormais inférieur de 20%.

Aujourd’hui, les enfants et surtout les petits-enfants des baby-boomers qui ont été communistes puis européistes embrassent la nouvelle utopie médiatisée à dessein : l’écologisme.

Pendant le temps que durera cette idéologie, de bonnes choses émergeront, et émergent déjà, c’est certain. Le communisme à l’Est a obligé les élites de l’Ouest à se soucier des conditions de vie du peuple. Les baby-boomers doivent aux miséreux de l’Est leurs congés payés, leur assurance maladie et leur assurance chômage [surtout, et bien avant,  grâce au Conseil national de la Résistance , NdSF]. Les élites occidentales avaient tellement peur que le monde entier tombe aux mains des communistes ! L’européisme, lui, nous a donné… ERASMUS…

Des choses moins bonnes nous attendent aussi avec l’écologisme. Nul ne sait si cela ressemblera davantage au Goulag des communistes ou à l’appauvrissement lent de l’européisme. Nul ne sait, non plus, combien de temps il faudra pour que cette nouvelle utopie disparaisse, elle aussi, sous le poids du réel ? 70 ans ? Combien d’extrémismes, d’atteintes aux libertés, voire aux personnes, faudra-t-il pour que les éternels utopistes de gauche comprennent qu’ils ont été une nouvelle fois les meilleurs amis du grand capital ?

Une nouvelle fois : l’écologisme ne rend pas service à l’écologie mais aux puissants et aux riches.

Sébastien Leblet, relu par Camille pour le Saker Francophone

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COVID 19, la guerra biológica y terrorista del liberal-capitalismo

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COVID 19, la guerra biológica y terrorista del liberal-capitalismo

Eduardo Núñez

La pandemia del Covid-19 declarada por la OMS ha mostrado durante su propagación una virulencia que, desgraciadamente, se ha cebado con los colectivos de población más vulnerables a todo tipo de infecciones víricas, pero ante la ausencia de registros de la totalidad real de contagios parece que, a la luz de las tasas de mortalidad resultantes, podría inferirse que estas ratios son asimilables e incluso muy inferiores a las que arrojan otras epidemias comunes y recurrentes. Se estima que solo en España, en la temporada 2017-2018, la epidemia de la gripe supuso el contagio de cerca de 800.000 personas, 52.000 ingresos hospitalarios y el fallecimiento de alrededor de 15.000. La vida de nuestros compatriotas es valiosa, independientemente de su edad y estado de salud y debe ser protegida y preservada siempre, recurriendo a las capacidades del sistema sanitario, haciendo prevalecer la salud pública. Pero el coronavirus no muestra ser especialmente letal per se. 


Lo que sí resulta deletéreo de esta pandemia es la gestión de la misma, más allá del ámbito del sistema sanitario. Se ha desarrollado una campaña de terror en el manejo de cifras y la cobertura mediática de la información respecto a la extensión del virus, así como mediante las medidas excepcionales y radicales adoptadas por los gobiernos frente a la emergencia sanitaria que, en España y otros países de nuestro entorno, como Italia y Francia, imponen el confinamiento masivo de sus poblaciones y paralizan la actividad de todo un país sumiéndolo en un clima apocalíptico de psicosis e histeria colectiva. Contrastan estas medidas con las adoptadas por otros gobiernos europeos como Alemania, prácticamente a la par en número de contagios que España hace unos días, y Reino Unido, que también podrían considerarse drásticas en algún supuesto pero, en cualquier caso, mucho más laxas por el momento y con otro enfoque de la situación. No obstante, independientemente del grado de severidad de las medidas y de dosificación del terror por parte de los gobiernos, de modo generalizado, se ha propalado un inusitado alarmismo, inoculado y contagiado por gobiernos, autoridades sanitarias y medios de comunicación a escala mundial. Asistimos a un imponente despliegue de ingeniería social y control de masas sin precedentes para el adocenamiento masivo de la población en el miedo ante una situación inédita.


El sistema liberal-capitalista “refundado” tras la Gran Recesión de 2008 parece haber reaccionado preventivamente al estallido incontrolado de una inevitable crisis económica, inminente, de proporciones colosales y efectos devastadores (que estaba por llegar antes de la propagación de la pandemia) en el marco de la reordenación multipolar del sistema de relaciones internacionales que esta cristalizando con potencias en pugna en la concurrencia por el dominio de los mercados a escala planetaria.

¿Crisis sanitaria o gran crisis económica?

Ante todo, lo que prima y va por delante bajo la coartada de paliar el impacto de la pandemia, es escudar tras el virus la propia incapacidad del sistema liberal-capitalista para atajar un nuevo crack y rescatar a todo coste la economía de las finanzas y los oligopolios. Así, no es de extrañar que con la extensión de los gritos de alarma por la expansión del Covid-19, cual si se tratara de la nueva peste del siglo XXI, ésta haya venido como anillo al dedo para que la FED norteamericana y el BCE de la U.E. hayan realizado actuaciones para preservar la liquidez del sistema financiero, por ejemplo, vía inyecciones directas y bajadas de tipos de interés como primeras actuaciones de emergencia.


El sistema económico ha colapsado, no a consecuencia del coronavirus, sino bajo el pretexto y a pesar del mismo. Algunos indicadores macroeconómicos o las previsiones de instituciones internacionales del capitalismo, como el FMI o la OCDE, pronosticaban para 2020 una más que probable desaceleración o ralentización de la economía mundial, forma eufemística para referirse a la que va a caer. Los gobiernos de las principales potencias económicas y las grandes sociedades y fondos inversores que operan bajo diferentes formas societarias en el capitalismo han demostrado en los últimos años su absoluta insolvencia para establecer un nuevo modelo de crecimiento ilimitado, a salvo del reparto de dividendos a espuertas y los regalos al sistema financiero.

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La última intentona del liberal-capitalismo para, si no dar un empujón, al menos mantener el tinglado ha estado basada en la creación de expectativas y panaceas en torno a recientes adelantos tecnológico-científicos como la revolución robótica, la Inteligencia Artificial y los cochecillos eléctricos sostenibles, todo ello en fase incipiente todavía, y han resultado un fiasco del todo insuficiente para el relanzamiento de una economía en permanente estado de recesión desde hace más de una década.

Guerra total al virus, guerra sin cuartel al pueblo.


Así que la guerra contra la pandemia lo justifica y santifica todo: un sistema sanitario de guerra que cual hospital de campaña en el frente, ante la saturación y escasez de recursos decidirá que pacientes o usuarios serán salvados de la muerte; medidas excepcionales de economía de guerra, limitación y suspensión de derechos de la ciudadanía, restricciones de movimiento y enclaustramiento forzoso de la población bajo toque de queda, propaganda de trinchera, consignas y arengas hacia la población de las autoridades al mando de la campaña… No es casual el deliberado recurso retórico al lenguaje bélico de algunos líderes políticos europeos. Pero si realmente estamos inmersos en alguna guerra es justo la que libra el liberal-capitalismo, principalmente, contra los pueblos europeos a través de sus propios gobiernos mediante una guerra ofensiva psicológica y de terror desencadenada para conmocionarlos, infundirles el pánico y amansar cualquier conato de resistencia que puedan oponer a la despiadada guerra económico-social que inexorablemente se va a desatar a continuación.

El eje de la Tierra


La pandemia ha permitido proclamar a algunos el fin de la era globlalizadora con el cierre de fronteras y la irrupción de un virus que retrotrae a oscuras épocas pretéritas. Deberíamos decir más bien que, quizá, lo que sí queda clausurado es el relato de la globalización, funcional a la pretensión de hegemonía norteamericana en un orden unipolar incontestable para todo lo que queda de centuria. El centro de gravedad planetario se está desplazando invariablemente del océano Atlántico al Pacífico ante el irremisible ascenso de China que, de ser concebida por EE.UU. y “Occidente” como un mercado-continente, ha pasado a su vez a concebir el mundo con sus continentes como su propio mercado, trazando nuevas rutas de la seda para colocar sus productos y aprovisionarse de materias primas.


La rivalidad comercial y geopolítica de USA y China es una realidad. No en vano, en medio del choque, las autoridades chinas, a través de su portavoz del Ministerio de Asuntos Exteriores, han denunciado abiertamente a los Estados Unidos de originar el coronavirus. Por su parte, el presidente norteamericano Trump, no ha dudado en referirse al Covid-19 como “virus chino”, que más que una expresión xenófoba sobre el foco del contagio que escandaliza a la progresía políticamente correcta de USA y Occidente, es una acusación velada dirigida a una supuesta autoría del gigante asiático en la difusión intencionada del virus.

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Sea cual sea el periodo en el que nos hallemos, con otros muchísimos más que ya lo han dicho y lo están diciendo, no será el mismo que ayer. Y además, estará presidido por la triada pánica del terrorismo global, el cambio climático y las pandemias para pavor de las masas, como entretenimiento y distracción de los verdaderos asuntos de fondo tras la debacle económica en curso. Algunos, por mor del Covid-19, prevén que propiciará el desenlace de una crisis sistémica que pondrá fin al mismísimo sistema capitalista en estado terminal. Quizá, al igual que en el relato de ciencia-ficción de H.G. Wells, “La guerra de los mundos”, algún optimista creerá que al final un virus será lo que salvará a la civilización humana de su fatal destino.

Eurolandia, la inanidad


Para estupor de los euroburócratas de Bruselas, su mayor preocupación ante la extensión de la pandemia en Europa era que el sacrosanto principio neoliberal de libre circulación de mercancías, bienes y personas no se viera afectado por medidas de protección de los Estados miembros con cierres de fronteras. A los pocos días, Alemania cerraba las suyas a sus vecinos y, en la práctica, uno de los pilares de la UE, el espacio Schengen, ha saltado por los aires.


Con el estallido de la crisis del coronavirus, que ha convertido, ni más ni menos, a la U.E. en el epicentro mundial de la pandemia, las soflamas europeístas, las invocaciones a la solidaridad y gobernanza europea se han evidenciado, una vez más, como pura verborrea hueca. No existe una entidad europea que aúne una respuesta en común a la calamidad, y brilla por su ausencia, la asistencia y apoyo siquiera entre Estados miembros. Antes bien, mientras Alemania prohíbe la salida de material de protección sanitario como mascarillas, éstas llegan a Italia y España mediante la ayuda de China. No son equipos médicos europeos los que asisten a los Estados miembros, sino chinos y cubanos y ya van de camino hacia las regiones italianas más golpeadas por el virus los vehículos militares especializados en desinfección, no procedentes de un euro-ejército fantasma, sino prestados por el ejército de la Federación Rusa.


La U.E. vuelve a mostrar su verdadera faz ante los efectos de la doble crisis, sanitaria y económica, y de la misma manera que con la crisis del Euro, pese a la imagen de solidez y fortaleza con el rápido anuncio del BCE para sostener momentáneamente las primas de riesgo de los Estados más endeudados de la UE, vuelven los mismos debates paralizantes y los posicionamientos inamovibles que entonces, arrecia y queda patente la división entre Estados prósperos del norte y pobres del sur y regresan las disputas respecto a la necesidad de mutualizar las deudas soberanas mediante eurobonos, denominados para la ocasión como “coronabonos”, el recurso a los bazucas financieros y al Fondo de Rescate Europeo (MEDE).

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Sin duda, tras la crisis del Euro y las políticas presupuestarias y fiscales criminales impuestas por Bruselas y Berlín a los socios más débiles, entre ellos España, después del Brexit y ahora como consecuencia de la pandemia y el inexorable crash económico, sería todo un motivo de júbilo y celebración el hundimiento de este irrelevante espacio liberal-capitalista de mercaderes llamado Unión Europea.
 

El “Reinito de Expaña” al borde del precipicio. La guerra de Sánchez


Desde el llamamiento a la ciudadanía del gobierno de Sánchez a secundar las movilizaciones en la calle del 8 de Marzo y transmitir el tranquilizador mensaje de que todo estaba controlado con el virus, al decreto de estado de alarma por emergencia sanitaria, apenas ha transcurrido una semana. Es obvio que con un Sistema Nacional de Salud conformado por 17 administraciones distintas el caos y el desbordamiento del sistema sanitario estaba servido de antemano y las medidas de coordinación del decreto que implican la subordinación de aquellas a la autoridad del Ministerio de Sanidad no pueden revertir la inoperancia de base para una situación de emergencia como la actual de un sistema sanitario que es reflejo del sistema competencial autonómico, una verdadera plaga que sufren los españoles bajo el régimen borbónico y partitocrático de las oligarquías del gran capital.


En una de sus recientes y ya habituales comparecencias, el presidente Sánchez, afirmaba que el gobierno había dictado el confinamiento generalizado, y alardeaba de estar en vanguardia en la radicalidad de medidas restrictivas para combatir el virus. Es un acierto por su parte señalar el “dictado”, porque en la práctica se ha impuesto una dictadura de facto prorrogable. La institución dictatorial surge en lo reciente del liberalismo parlamentario y conlleva la concentración excepcional del poder de forma transitoria. Por mucho que lo avalen algunos doctos constitucionalistas, las medidas de restricción de movimientos y confinamiento generalizado y forzoso de la ciudadanía tienen difícil encaje en la excepcionalidad de carácter limitado prevista en la Constitución para el estado de alarma e implican, además, una extralimitación que conlleva indirectamente la suspensión de derechos fundamentales como el de reunión.


Sánchez ha devenido así en dictador ocasional fáctico que exige cerrar filas en la lucha a la leal oposición, paladín de la guerra total y redentora contra el Covid-19, que causará muchas bajas pero no por la infección, y jinete apocalíptico a lomos de una pandemia que ha amedrantado a los españoles y que ha revelado que como sociedad, la española es una de las más blanditas de Europa y “Occidente”, presta a ser presa del pánico envuelto en papel higiénico y a seguir dócilmente las consignas de distanciamiento social del líder de quédate en casa para aplanar la curva porque este virus lo paramos todos, mientras de los ya 300.000 empleados afectados por Expedientes de Regulación Temporal de Empleo (ERTE) y los cientos de miles de empresas, negocios y comercios que han bajado la persiana como consecuencia del decreto, no se sabe cuántos volverán a reincorporarse a sus puestos de trabajo o reemprender la actividad y por cuánto tiempo sobrevivirán en un paisaje económico desolado tras casi 30 días de paralización forzosa. Porque los 200.000 millones de € prometidos para mitigar las consecuencias económico-sociales y reactivar la economía no forman más que parte de la propaganda de guerra de Sánchez y son insuficientes para conjurar una crisis que iba a estallar igualmente. Este ensayo de control social en aras de victoria final que promete el belicoso presidente del Gobierno, está siendo un éxito con el beneplácito de la población confinada, concitado a partes iguales por el miedo al contagio y la moralina buenista autorresponsable que, en última instancia, cuenta con los mecanismos de reprobación gregaria hacia potenciales conductas transgresoras de la cuarentena y la presencia disuasoria y represora en la calle de las Fuerzas y Cuerpos de Seguridad.


Si se airea en estos días aciagos el conocido oficio de conseguidor y chanchullero del emérito Rey que salpica a su sucesor y a la corona, posiblemente, no sea fortuito ya que serviría como as en la manga para que el mismo régimen de las oligarquías del gran capital vigente pueda continuar, si fuera menester, sin monarca en estos tiempos convulsos, para que todo cambie para que siga igual bajo la fórmula gatopardista. Y con el retorno del Leviatán se enzarzan en la arena los defensores de marras, unos de lo público y los otros de lo privado. Es decir, los liberales de tomo y lomo que defienden el Estado mínimo y claman su intervención cuando los negocios van mal y los socio-liberales que postulan el Estado de Bienestar como negocio clientelar y enajenan porciones del mismo en manos privadas con tanta fruición como los anteriores. Unos y otros, izquierda, derecha, sus extremos y centro del régimen del gran capital son los mismos que golpearán a los españoles a diestro y siniestro.

La reconstrucción de la que habla Sánchez tras la pandemia no es la que requieren los españoles. Llegan momentos muy difíciles.

Eduardo Núñez

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Le retour brutal du réel et un effondrement prévisible

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Le retour brutal du réel et un effondrement prévisible

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

C’était annoncé et personne ne voulait vraiment y croire. La grande réinitialisation de l’Economie globale ( Big Reset), la limitation de la croissance « infinie » pour des raisons écologiques, démographiques, l’éclatement de la domination mondiale des USA en un monde multipolaire, l’insoutenabilité de la dette, tous les signes étaient visibles. Personne ne voulait agir, freiner, s’adapter, relocaliser l’économie, renforcer la souveraineté citoyenne et nationale. On discutaillait sur les taxes de billet d’avion, on laissait pérorer les experts scientifiques sur le réchauffement et on diabolisait les critiques des solutions « globalistes/mondialistes ».Rien n’était possible en dehors du renoncement volontaire et des nouvelles start-ups de l’Economie verte (green business).

Brutalement tout se freine, tout s’arrête. Grâce à un nouvel ennemi invisible (comme le terrorisme autrefois), un redoutable virus responsable d’une pandémie, dont la propagation est rapide et globale, facilitée par les échanges et la libre circulation des marchandises, des personnes.

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La classe politique dominante qui avait tout fait pour éviter la limitation et le freinage de ce processus (libre circulation, libre-échange, abolition des frontières, minage de la démocratie de proximité « discriminatoire », immigrationnisme culpabilisateur) doit avaler son chapeau, sans vergogne. Tout d’un coup on contrôle les frontières, on se rend compte de la fragilité de l’économie à cause des délocalisations, du recours massif à la main-d’œuvre frontalière, à la pénurie de biens de première nécessité sanitaire ou économique. Le « vivre ensemble » impératif de la pensée unique bobo/libérale/gauche moraliste est tout d’un coup annulé et remplacé par le « restez chez vous pour sauver des vies, surtout celles des plus vulnérables âgés ». Un revirement à 180% avec toutes les incohérences politiques et doubles contraintes d’un modèle qui s’effondre. Restez chez vous ( sauf les migrants !) mais il faut que certains puissent sortir pour soigner les victimes, faire marcher l’économie indispensable, protégez-vous mais cela ne sert à rien, il ne faut pas contrôler les frontières  car l’économie pourrait aussi s’effondrer, les masques ne sont pas utiles ( ils auraient été exportés d’ailleurs et manqueraient). Les mesures collectives et préventives que l’Etat aurait pu anticiper sont directement et autoritairement imposées  (autoconfinement, décisions administratives arbitraires : distance sociale, nombre de personnes pouvant se rassembler sans risque, isolement social, spirituel) laissant chacun seul, culpabilisé comme vecteur potentiel du problème, à la merci de la propagande mouvante de l’Etat et les informations alternatives des réseaux sociaux. Plus grave, l’économie réelle de proximité, (les petits commerçants, indépendants, marchés) est bloquée et la dépendance aux grandes surfaces et aux entreprises qui utilisent commandes et ventes sur Internet se développe massivement.

Il est évident que le changement, dans une sorte d’urgence qui deviendra chronique, un état d’exception avec suspension des libertés politiques et individuelles est irréversible et qu’il faudra s’y adapter et surtout anticiper les dérives autoritaires et les moyens de contrôle social massifs amplifiés par la 5G. Il faudra plus d’autonomie, d’autarcie, de relocalisation des entreprises, de réindustrialisation, de freinage des migrations et du phénomène transfrontalier. Il faut s’y préparer et ne pas permettre à ceux qui en sont responsables, les globalistes de gauche et de droite, l’économie financiarisée d’imposer leur agenda autoritaire et leur gouvernance de plus en plus directive, unique et centralisée.

Les citoyens devront s’organiser, pour le moment encore à travers l’Etat national souverain, avoir leur mot à dire, bénéficier directement de l’hélicoptère financier de la BNS qui se prépare à être mis à contribution et ne pas permettre le captage des ressources qui devront obligatoirement être injectées. Pas de nouvel endettement supplémentaire, pas d’arrosage des multinationales. Et réactiver en priorité les réseaux de soutien locaux, familiaux, l’économie de proximité. Ne nous laissons pas culpabiliser ni accuser d’être responsables de la difficulté du freinage d’un virus. Ne nous laissons pas isoler. Préparons activement l’après effondrement, décidons de l’avenir librement et souverainement

Dominique Baettig  ancien conseiller national, militant souverainiste

mardi, 24 mars 2020

Dernières notes du site "Strategika"

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Dernières notes du site "Strategika"
 
Conflit d’intérêts autour du coronavirus:
Buzyn / Lévy vs Didier Raoult
Cet article éclaire la manière scandaleuse dont des conflits d’intérêts ont peut-être mis gravement en danger la santé publique en France et ainsi retardé la mise en place d’un dispositif cohérent pour endiguer l’avancée de la pandémie.
En ce moment sur Strategika :
 
Le point quotidien du Général Delawarde sur la pandémie virale 
 

Face à l’effondrement, revenir au réalisme national par Lucien Cerise

 
Pour la fin de quelle mondialisation ? Par Modeste Schwartz  

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Sur les berges de l’Évros

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Sur les berges de l’Évros

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Pendant que les médiats centraux se focalisent sur l’épidémie de covid-19 dont la dangerosité n’est avérée que pour les personnes âgées ou atteintes de pathologies chroniques, les berges de l’Évros deviennent un foyer ardent de tensions internationales.

Prenant sa source en Bulgarie où on l’appelle Maritza et se jetant dans la Mer Égée au terme d’un parcours de 480 km, le fleuve Évros sert depuis le traité de Lausanne de 1923 de frontière entre la Turquie et la Grèce. Ce cours d’eau est devenu un point de franchissement illégal pour des milliers d’immigrés poussés par les Turcs à s’installer en Europe. Plus au Sud, au large des côtes turques, les îles grecques de Samos, de Lesbos, de Chios, de Kos et de Leros connaissent la même pression migratoire.

Le président Erdogan souhaitait mettre la Syrie sous sa coupe et en faire un vassal islamiste. Grâce à l’intervention militaire russe et à l’aide décisive de l’Iran, du Hezbollah libanais et des milices chiites irakiennes, Damas récupère progressivement sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, y compris à Idlib. Malgré la présence d’une forte tendance eurasiste au sein de ses unités, Erdogan poursuit sa politique néo-ottomane, ce qui multiplie les frictions avec Moscou.

Outre la Syrie, Ankara soutient militairement en Libye le gouvernement de transition de Fayez el-Sarraj tandis que la Russie appuie le maréchal Khalifa Haftar. La Turquie maintient depuis les années 1990 un blocus draconien contre l’Arménie qui ne fait que défendre son peuple au Haut-Karabakh. Le Liban, la Syrie et Chypre n’apprécient pas que des navires turcs d’exploration pétrolière prospectent dans leurs eaux territoriales. Enfin, haut lieu de placement des capitaux russes, Chypre subit depuis 1974 dans sa partie septentrionale l’occupation militaire turque.

Mécontent de perdre sa carte syrienne, le Reis d’Ankara aurait aimer que les États de l’Union dite européenne le soutiennent et renforcent leurs sanctions contre Moscou. Le refus européen l’incita, au mépris des engagements passés et des millions d’euros déjà versés, à pousser les clandestins à franchir l’Évros et à se ruer sur les îles grecques.

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Saturées par une masse démographique incontrôlable qui rend le quotidien déjà difficile plus que pénible, les populations des îles elles-mêmes frappées par l’austérité financière, ne cachent plus leur exaspération. Elles se défendent non seulement contre des intrus qui saccagent églises et chapelles, mais aussi contre des policiers plus que jamais au service de la ploutocratie cosmopolite, de nombreux agents des forces d’occupation mentale que sont les journalistes de l’Établissement mondial et des ONG humanitaires ethno-masochistes.

Ce qui se passe au bord de la Maritza et sur les îles concernent tous les Européens. Le ministre turc de l’Intérieur vient de déployer un millier d’hommes des forces spéciales de la police avec la mission de favoriser le passage en Grèce, voire en Bulgarie, des « migrants ». Comment réagiront-ils face à la résistance des douaniers grecs et bulgares à moins de provoquer un casus belli ? Une guerre de moins en moins froide se prépare aux portes orientales de l’Europe. Courrier International (des 5 au 11 mars 2020) rapporte les propos révélateurs d’un éditorialiste du quotidien turc Star : « Il est temps de rendre la monnaie de sa pièce à l’Europe colonisatrice et à ces croisés démoniaques. » Venant d’un héritier des génocideurs arméniens et des pirates méditerranéens qui réduisaient en esclavage de nombreuses populations européennes, cette affirmation péremptoire ferait sourire si elle n’exprimait pas la conviction profonde de nombreux Turcs.

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Soldats autrichiens sur les rives de l'Evros en Grèce. Des unités des quatre pays du Groupe de Visegrad y sont désormais stationnées aussi.

L’attitude inacceptable d’Ankara mérite une correction. Le 4 mars dernier, Génération Identitaire a lancé sur France-pétitions.com une campagne de signatures demandant au gouvernement français d’habitude prompt à s’engager dans des aventures militaires inutiles d’envoyer des troupes sur l’Évros et en Mer Égée. La France et ses vingt-six partenaires du « Machin de Bruxelles – Strasbourg » s’honoreraient d’y dépêcher le porte-avions Charles-de-Gaulle, du matériel et des soldats. Cette intervention se compléterait par l’envoi supplémentaire de renforts sur l’île italienne de Lempedusa ainsi que dans les enclaves espagnoles en Afrique du Nord de Melilla, de Ceuta, de la presqu’île Velez de la Gomera, de l’archipel Al Hoceima, des treize îles Chaffanires et de l’îlot Persil.

Certes, l’Allemagne, la Belgique, la France et les Pays-Bas comptent désormais d’importantes communautés d’origine turque. Celles-ci pourraient devenir une redoutable cinquième colonne. Ankara les travaille d’ailleurs politiquement par l’intermédiaire, aux Pays-Bas, du parti Denk et, dans l’Hexagone, du Parti Égalité et Justice. Et alors ? En cas de protestations violentes de la part de certains éléments troubles, le recours massif aux LBD s’imposerait sans aucun état d’âme d’autant que l’avenir de l’Europe albo-boréenne se joue à ses confins. Emmanuel Macron a parlé de la « mort cérébrale de l’OTAN » et réclame régulièrement une armée européenne.

Le comportement menaçant de la Turquie constitue un excellent motif pour en jeter les bases opérationnelles. Des Champs Catalauniques en 451 au sacrifice héroïque de Lord Byron à Missolonghi en 1824, les Européens savent d’instinct que leur survie passe par l’union de leurs armes. Plus que le précédent bien connu de la victoire navale de Lépante du 7 octobre 1571 à laquelle le Royaume de France s’abstint pour cause d’alliance avec la Sublime Porte, il faut se souvenir de la bataille navale de Navarin du 20 octobre 1827. Ce jour-là, non loin d’ailleurs de Lépante, les marines britannique, française et russe écrasèrent les flottes ottomane, égyptienne et barbaresque. Cette victoire européenne aida les indépendantistes grecs et permit en août 1828 le débarquement en Morée, au Sud-Ouest du Péloponnèse, d’un corps expéditionnaire français commandé par le général Maison.

Les Européens ont l’impérieux devoir de retrouver l’esprit de Navarin. Ils doivent arrêter la submersion migratoire, mettre un terme à l’entité fantoche de la République turque de Chypre du Nord, reconnaître le caractère national arménien du Haut-Karabakh, imposer la levée du blocus contre l’Arménie, libérer la Thrace orientale, assurer aux Grecs et aux Russes la maîtrise des détroits du Bosphore et des Dardanelles et, surtout, reprendre un demi-millénaire plus tard notre deuxième Rome : Constantinople.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 164, mise en ligne sur TV Libertés, le 16 mars 2020.

Et si l’on défendait Julien Assange ?

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Et si l’on défendait Julien Assange ?

par Philippe JOUTIER

Le 27 février, la justice britannique a suspendu jusqu’à mi-mai l’examen de la demande d’extradition de Julian Assange, fondateur de WikiLeaks. Réclamé par la justice américaine, il risque jusqu’à 175 ans de prison pour 18 chefs d’inculpation, la plupart impliquant une violation de l’Espionage Act.

Assange a été accusé de trente et un chefs de piratage et de crimes connexes. Selon sa théorie, la vieille lutte des classes ou entre droite et gauche, libéraux et conservateurs, démocrates et républicains n’est plus pertinente aujourd’hui, sinon pour amuser la galerie. À l’heure actuelle la lutte est celle des individus contre l’idéologie technique, ce qu’il nomme les « réseaux de patronage » en fait des techno-systèmes savants. Économie, commerce ou écologie, ils sont conçus pour faire croire aux simples citoyens à coups de manipulations par médias, réseaux sociaux et influenceurs, qu’ils ne sont pas assez éduqués pour comprendre la complexité des enjeux.

Assange pense que l’éthique, qui peut se définir comme la mise en œuvre des valeurs morales dans la société est ainsi corrompue par ces réseaux de patronage adossés à des algorithmes de surveillances très intrusifs. Ils analysent les opinions et sous couvert de la complexité des enjeux les manipulent pour amener le peuple aux bonnes soumissions. Son idée est donc de tout révéler. Crypter les mails est ainsi le plus dérangeant pour ces réseaux de patronage. En devenant incompréhensibles pour les algorithmes de surveillance, ils garantissent l’anonymat des révélations

WikiLeaks est cloisonné pour protéger les sources, au cas où une partie serait craquée. L’ensemble est crypté et le trafic gardé anonyme grâce à une version modifiée du fameux réseau Tor du Dark Web. De plus les ordinateurs Wikileaks produisent en permanence des centaines de milliers de fausses informations qui noient ainsi les documents réels.

Les États-Unis décident le 23 mai 2019 d’inculper Assange pour espionnage. Crime passible de la peine de mort. Assange évoque son intention de solliciter l’asile politique en Suisse, mais les États-Unis menacent la Suisse de représailles si la demande était acceptée et obtiennent son interdiction bancaire.

Et pour plus de sécurité, en août 2010, la justice suédoise accuse Julian Assange de viols sur mineurs. Affaire classée sans suite, mais comme par hasard, apparue après que Wikileaks a publié 77 000 documents confidentiels de l’armée américaine sur la guerre en Afghanistan puis annoncé, le 15 août 2010, vouloir en publier 15 000 autres.

Le 7 décembre 2010, Assange est arrêté par la police britannique à la demande de la Suède. Bob Beckel un conseiller des Clinton et analyste politique expliquait finement en 2010 sur Fox News : « Il n’y a qu’une chose à faire, fumer ce fils de pute illégalement. »

Le 16 décembre 2010, avec l’aide d’un comité de soutien dont Michael Moore, Ken Loach ou Bianca Jagger, et le versement d’une caution de 282 000 €, Julian Assange est libéré. Il fait appel, mais qui est rejeté. Assange se réfugie le 19 juin 2012 à l’ambassade de l’Équateur à Londres où il obtient l’asile politique malgré l’opposition des Anglais poussés par les Américains.

L’ambassade équatorienne est mise sous surveillance constante par la CIA et la police pour lui sauter dessus s’il tente d’en sortir. En mai 2017, eu égard à la fragilité des accusations, le parquet suédois abandonne les poursuites pour viol. Mais restent celles de la justice britannique qui lui reproche de ne pas avoir respecté les termes de sa liberté sous caution en demandant l’asile à l’ambassade.

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Le 20 juillet 2018 le président équatorien Moreno cède aux pressions américaines et accepte de remettre Assange aux autorités britanniques. Le 11 avril 2019, Assange est arrêté dans l’enceinte de l’ambassade par la police britannique. Sa nationalité équatorienne lui est également retirée. Corrélativement, et pour faire bonne mesure, le 13 mai 2019, juste après son arrestation par la police britannique, la justice suédoise reprend l’inculpation de viol.

Son ordinateur et ses téléphones sont aimablement renvoyés aux États-Unis. Reste maintenant à l’extrader. L’accusation n’est alors rien d’autre que celle de piratage informatique. Mais le 23 mai 2019 elle est requalifiée en espionnage, crime passible de la peine capitale. Alan Duncan, ministre d’État britannique, avait bien sûr garanti aux autorités équatoriennes que Julian Assange ne serait pas extradé vers un pays où il pourrait risquer la peine de mort, ce qui avait provoqué l’éclat de rire du secrétaire d’État américain Mike Pompeo.

Bien davantage que les complotistes systématiques dont l’objectif est surtout de se mettre en valeur, Julien Assange et Edward Snowden en s’attachant à produire des faits cachés, mais vérifiables sont devenus les vrais ennemis de ce système techno-algorithmique généralisé, de surveillance et de manipulations, qui ambitionne au nom du bien de tous, le libre assujettissement de chacun.

Philippe Joutier.

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 3 mars 2017.

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lundi, 23 mars 2020

Arabie saoudite : le prince héritier frappe la monarchie en plein cœur

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Arabie saoudite : le prince héritier frappe la monarchie en plein cœur

(Jean-Pierre Perrin, Mediapart, 10 mars 2020).

Repris dans prochetmoyen-orient.ch, n° 274, 16/03/2020

Lorsqu’il avait fait arrêter des dizaines de princes, de gouverneurs et de richissimes hommes d’affaires en novembre 2017, un journaliste saoudien, sous couvert d’anonymat, avait comparé le prince héritier Mohammed ben Salmane, alias MBS, à « un nouveau Saddam Hussein ». Si le défunt raïs irakien purgeait sans cesse le parti Baas, en particulier au moment de son accession au pouvoir, le dauphin du roi Salmane procède de même au sein de la famille royale. Cette fois, il a frappé fort en faisant arrêter le propre frère cadet du souverain, le prince Ahmed ben Abdelaziz al-Saoud. Son neveu, Mohammed ben Nayef, alias MBN, qui fut à la fois un ancien prétendant au trône et un tout-puissant ministre de l’intérieur, a été également incarcéré. De même que le frère cadet de ce dernier, Nawaf ben Nayef, ainsi que l’un des fils du prince Ahmad, Nayef ben Ahmed, ancien chef des renseignements de l’armée. Ces arrestations, annoncées vendredi soir par le Wall Street Journal, puis par le New York Times, n’ont pas été démenties par les autorités de Riyad, qui observent un silence total. Une manière d’aveu. Un nombre inconnu d’autres notabilités ont été également appréhendées. Selon le Wall Street Journal, les quatre princes sont accusés de trahison et risquent la perpétuité, voire la peine de mort. Dans un pays où l’opacité est totale, il est difficile de savoir s’il y a eu effectivement complot, si un coup d’État était en cours ou si le jeune prince héritier – il est âgé de 34 ans –, que l’on dit paranoïaque, a simplement voulu éliminer toute opposition de la part de rivaux dans la perspective de la succession du vieux roi Salmane. Âgé de 84 ans, ce dernier est fatigué et malade, souffrant notamment d’Alzheimer. Pourtant, c’est encore lui qui doit signer les décrets d’arrestation quand il s’agit de membres de la famille royale. Mais était-il en capacité de le faire ? « On ne peut pas ne pas avoir d’interrogations à ce sujet, souligne David Rigoulet-Roze, spécialiste du Golfe et directeur de la revue Orients stratégiquesPour permettre au prince héritier de se protéger, on a pris soin de montrer qu’il n’avait pas pris cette décision tout seul, que le souverain était toujours en vie et disposait de toutes ses facultés intellectuelles. Il a ainsi reçu le ministre britannique des affaires étrangères, Dominic Raab, le 5 mars, soit juste avant la purge contre les princes royaux annoncée le lendemain. Et on l’a vu à la télévision d’État AlEkhbariya, deux jours après celle-ci, recevoir des ambassadeurs saoudiens lors d’une cérémonie d’assermentation. » 

Avec cette dernière purge, le vieux roi Salmane laisse son fils accaparer tout le pouvoir. Ahmed ben Abdelaziz et MBN, qui souhaitaient accéder au trône, étaient les deux derniers princes susceptibles de lui faire de l’ombre. Le premier avait été l’un des trois seuls membres du Conseil d’allégeance à refuser l’accession de MBS au titre de prince héritier lors d’une révolution de palais, en 2017. Ce qui surprend le plus, c’est que le souverain ait accepté l’arrestation de son frère germain, appréhendé alors qu’il revenait semble-t-il d’une chasse au faucon. Le prince Ahmed paraissait en effet intouchable. Avec le roi Salmane, il est l’un des deux derniers survivants du clan Soudayri, ce qui lui confère une auréole de prestige et des privilèges innombrables. Ce clan était formé des sept fils de Hassa bint Ahmed al-Soudayri, l’épouse préférée du roi Ibn Saoud, le fondateur, en 1932, de l’Arabie saoudite, qui a eu au total 34 fils. Le prince Ahmed, âgé de 76 ans, fut lui-même brièvement ministre de l’intérieur en 2012, avant d’être limogé et de quitter le royaume. « Il était revenu de Londres en octobre 2018 après l’éclatement du scandale Khashoggi [le journaliste tué et découpé à la scie le 2 octobre 2018 à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul – ndlr], à la suite de ce qui semble avoir été une transaction, laquelle comprenait des garanties sur sa sécurité personnelle. Notamment de la part des États-Unis et du Royaume-Uni. Ce retour aurait donc été paradoxalement favorisé par les conséquences, délétères en termes d’image pour le royaume, de l’assassinat du journaliste. La famille régnante donnait ainsi l’impression de serrer les rangs face à ce scandale sans précédent. Mais on voit à présent que MBS veut faire, le plus rapidement possible, un ultime grand ménage au sein de celle-ci. Il accélère le mouvement en vue d’une prochaine accession au trône », indique David Rigoulet-Roze.

Même si le prince Ahmed gardait un profil bas et ne cherchait sans doute pas à régner, il est probable qu’il a agrégé autour de sa personne les mécontentements au sein de la famille royale, ceux nés de l’assassinat de Jamal Khashoggi, de la mise au pas des princes, de l’accaparement de leur richesse, de l’échec de la guerre au Yémen et de son incapacité à réagir aux missiles iraniens contre les installations pétrolières d’Abqaiq et de Khurais, qui ont montré la vulnérabilité du royaume. Il est possible que MBS ait aussi anticipé une défaite de Donald Trump à la présidentielle américaine. Car, comme le souligne un expert, « MBS, c’est avant tout l’homme de Trump ». La mise en détention de Mohammed ben Nayef étonne également. Ministre de l’intérieur, il avait réussi à casser la branche saoudienne d’Al-Qaïda, obligée pour survivre de se fondre avec la branche yéménite pour devenir Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA). 

À ce titre, il était particulièrement apprécié à la fois par la famille régnante, la CIA et les autres services de renseignement occidentaux. Lui-même, en août 2009, avait survécu par miracle à un attentat et n’avait été que blessé. Cette « baraka », assimilée à un don de Dieu, avait encore renforcé son prestige. Pas auprès de MBS, qui, pour l’affaiblir, faisait courir le bruit qu’il était devenu dépendant aux drogues depuis sa blessure. Les diplomaties européennes auraient aussi préféré que MBN reste le dauphin en titre, ce qu’il a été jusqu’en juin 2017, date à laquelle il fut évincé par un décret du roi Salmane au profit de son fils MBS, et dépouillé de toutes ses fonctions – en plus de diriger le ministère de l’intérieur et la lutte antiterroriste, il était vice-premier ministre. 

Chassé du pouvoir, humilié, assigné à résidence, l’ancien dauphin est donc désormais emprisonné, semble-t-il dans une villa privée, comme les autres princes arrêtés. En fait, les purges dans le royaume ont commencé dès la nomination de MBS comme prince héritier. En avril 2017, elles visent les services de sécurité. Puis viendra celle du 26 février 2018, qui verra le commandement de la défense saoudienne totalement laminé : le chef d’état-major, le général Abdel Rahmane ben Saleh al-Bunyan, ainsi que les chefs de l’armée de l’air et de l’armée de terre sont limogés, probablement pour les échecs subis dans la guerre du Yémen, qui va s’enliser. Entre-temps, il y a eu la purge phénoménale du 4 novembre 2017, qui a vu quelque 200 personnes, dont onze princes, quatre ministres et plusieurs dizaines d’anciens ministres, être appréhendées, enfermées au Ritz-Carlton de Riyad, certaines pendant deux mois, et littéralement essorées d’une grande partie de leurs richesses. Parmi elles, le flamboyant prince al-Walid ben Talal, l’un des plus gros investisseurs dans des compagnies occidentales telles que Citigroup, Twitter, Apple, l’hôtel George-V ou Disneyland Paris, le prince Miteb ben Abdallah, qui était à la tête de la Garde nationale, et le prince Turki ben Abdallah, ancien gouverneur de la province de Riyad. « Avec l’arrestation du prince Nayef ben Ahmed, on voit que ce sont les renseignements militaires qui passent désormais sous le contrôle des hommes de MBS. C’était l’un des derniers secteurs qui n’avait pas été encore affecté par les purges, avec en arrière-plan la question très sensible de la guerre au Yémen. On sait que les principaux responsables saoudiens qui s’opposaient à ce conflit ont été marginalisés ou limogés. Il y a eu des dizaines d’arrestations parmi les officiers de l’armée et au ministère de l’intérieur. À l’évidence, le prince héritier ne veut voir aucune tête qui dépasse. 

À l’intérieur du royaume, beaucoup aujourd’hui sont terrorisés, comme tétanisés. Ils ne prennent même plus le risque de s’exprimer sur les réseaux sociaux, qu’ils savent étroitement surveillés », insiste le même chercheur. Cette ultime purge, brève et brutale, qui donne l’image d’un pays déstabilisé et risque d’effrayer les investisseurs étrangers dont le royaume a tant besoin, s’inscrit dans la stratégie suivie par MBS depuis qu’il est sur les marches du pouvoir. On la voit aussi à l’œuvre dans la nouvelle guerre du pétrole, née de l’échec de la réunion de l’Opep à Vienne, la semaine dernière, et dont l’issue reste incertaine. La stratégie pétrolière du prince héritier, à savoir tailler comme jamais depuis 30 ans dans les prix du brut et augmenter de façon substantielle sa production pour intimider Moscou est assez comparable à la purge entreprise contre les princes. L’expert Julian Lee soulignait lundi sur le site Bloomberg que c’était également la même stratégie que MBS avait développée en 2015 contre le Yémen, où l’opération militaire devait être « rapide et tranchante ». Mais, soulignait le même spécialiste, au Yémen, cette stratégie s’est enlisée et les chances qu’elle réussisse pour le pétrole sont « minces ». Qu’en sera-t-il au sein de la monarchie saoudienne, qui compte quelque 10 000 princes ? Depuis sa prise de facto du pouvoir, MBS semble avoir été visé par plusieurs attentats ou tentatives d’assassinats, qui n’ont jamais été reconnus par le régime et dont certains auraient été ourdis par certains de ces princes. Il y aurait eu une première tentative, en octobre 2017, dans son palais d’Al-Salam, à Djeddah. Puis, une seconde, plus sérieuse, en juillet 2018. Enfin, le 21 avril 2018, il y aurait eu une tentative de coup d’État et un drone aurait même été abattu au-dessus de son palais. Le 19 mars 2018, dans une longue interview dans l’émission « 60 minutes » de la chaîne américaine CBS, MBS avait eu ces mots : « Seule la mort peut m’empêcher de régner. » Une phrase étrange, ambiguë. À plusieurs sens. 

 

dimanche, 22 mars 2020

Facebook et la «harga», les réseaux sociaux alimentent le rêve européen des migrants

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Lu dans SLATE:

Facebook et la «harga», les réseaux sociaux alimentent le rêve européen des migrants

Killian Cogan et Roqiya Sabeg 

Influencés par les récits et photos idylliques de connaissances installées en Europe, des milliers de jeunes Maghrébins prennent chaque année le risque de l'émigration, parfois au péril de leur vie.

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Un trentenaire algérien à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine le 7 novembre 2018, l'une de ses étapes pour tenter de rejoindre les pays de l'UE. | Elvis Barukcic / AFP

 En ce jour pluvieux, Oussama, 31 ans, est attablé à un petit café d'Istanbul aux lumières blafardes. Originaire d'Annaba, ville côtière de l'est algérien, il s'est envolé pour la Turquie en 2017.

Oussama est un harraga, ou «brûleur» en arabe maghrébin, l'un de ces nombreux clandestins du Maroc, d'Algérie ou de Tunisie qui tentent de rejoindre l'Europe en traversant la Méditerranée ou les Balkans –un trajet qui s'avère fatal pour certains.

Eldorado

Le rêve d'Oussama, c'est Paris. Afin de s'y rendre, il a déjà effectué deux tentatives pour franchir la frontière gréco-turque et parcourir les Balkans. La première fois, à peine eût-il le temps d'entrer en Grèce que les chiens des gardes-frontières lui lacéraient les jambes. La deuxième fois, la police grecque l'a tellement battu qu'il n'a pas pu ouvrir un œil pendant des semaines. Il en garde les stigmates.

«Ils aussi ont pris toutes mes affaires, mes habits et m'ont jeté dans la rivière», raconte Oussama. Malgré cela, il n'en démord pas: il rentera le coup.

Comment est-il si certain que ce périlleux trajet en vaut la peine? Oussama voit l'expérience que relaient des connaissances en Europe sur Facebook: «C'est en voyant la meilleure vie que mènent mes amis en Europe que j'ai décidé de partir. L'Algérie n'a rien à offrir.»

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«Nous ne sommes pas assez bons, mais nous craignons Dieu et éprouvons un désir ardent d'immigrer.»

À titre d'exemple, il montre des photos tout juste envoyées de Paris par Mido, un harraga qui a fait le trajet depuis Istanbul il y a quelques mois. On y voit le jeune homme tout sourire, les ruelles pittoresques du VIIe arrondissement et une tour Eiffel étincelante.

Pour beaucoup de harragas, les réseaux sociaux contribuent à entretenir un mythe de l'eldorado européen. Comble de l'immigré, il est coutume pour le confrère arrivé à destination d'afficher sa réussite, réelle ou fictive.

Mises en scène

Vêtements de marque, liasses de billets et selfies aux côtés de filles blondes européennes, certains surjouent la success story.

Le phénomène semble particulièrement prégnant chez les jeunes, comme le notait en 2018 un rapport de l'association Trajectoires sur les migrants mineurs non accompagnés du Maroc en Espagne et en France.

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«Tout ça pour toi Maman, afin que tu puisses réaliser ton rêve et faire le voyage pour la Mecque.»

Ces mises en scène permettent de ne pas perdre la face vis-à-vis de la famille ou des amis restés au pays. «S'ils publient ce genre de contenu, c'est parce qu'ils ne pourraient pas supporter le regard qu'ils ont fait tout ça pour rien», affirme Kouceila Zerguine, avocat et militant des droits humains, défenseur des harragas.

D'autres pages Facebook et comptes Instagram administrés depuis le Maghreb ont vocation à faire rêver. Aux photos de trajectoires migratoires en bateau ou à pied se mêlent des clichés d'une Europe idyllique: des harragas posant dans les quartiers les plus cossus de Paris, de Milan et de Londres ou aux côtés de blondes sulfureuses.

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«Épouse une belle européenne pour tes enfants.»

«Cela relève de l'imaginaire migratoire et n'est en rien exclusif aux réseaux sociaux», prévient Farida Souiah, chercheuse à l'université Aix-Marseille et experte de la harga, ou migration clandestine du Maghreb vers l'Europe.

En 1975, bien avant l'avènement de Facebook ou d'Instagram, le sociologue Abdelmalek Sayad expliquait déjà la reproduction de l'émigration à travers une «méconnaissance de la vérité objective» de celle-ci entretenue par les immigrés de retour au pays.

Mais si l'imaginaire de la ghorba, ou terre d'asile, fut jadis façonné par des récits rapportés par les immigrés, aujourd'hui, c'est avant tout par la toile qu'il est véhiculé. «Des réalités qui se disaient déjà dans les années dans les années 1970 sont renouvelées par Facebook», observe Farida Souiah.

Responsabilité

Au-delà de relater une représentation fantasmée du Vieux Continent, les réseaux sociaux permettent également d'organiser la trajectoire migratoire.

C'est souvent sur Facebook ou Instagram que les passeurs proposent leurs services. Et sur ces mêmes pages qui idéalisent l'Europe, on partage ses expériences entre harragas et on échange des tuyaux pour éviter les gardes-côtes et mener son trajet à bien.

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«Voici la voie des vrais hommes, des hommes qui ne connaissent pas l'impossible.»

En tentant de se dédouaner de leur responsabilité dans l'émigration, les autorités algériennes ont même directement incriminé les réseaux sociaux.

En 2019, des poursuites judiciaires ont été entamées contre les administrateurs de cinquante-et-une pages Facebook «faisant l'apologie de la harga». «Les réseaux sociaux contribuent à l'amplification du phénomène migratoire», avait fait valoir le ministre de l'Intérieur Noureddine Bedoui, désormais destitué de ses fonctions.

En réalité, certaines pages Facebook préviennent aussi des dangers de la traversée et de la difficulté à vivre en Europe: nombreuses sont les publications au sujet d'embarcations qui ont chaviré, d'autres montrent des harragas dormant dans les rues de villes européennes.

Kouceila Zerguine note que si «l'on accuse les réseaux sociaux d'aggraver l'émigration», ce qui pousse les jeunes à fuir l'Algérie, c'est un «manque de liberté sociétale» et une «médiocrité généralisée» imputable au gouvernement.

Désillusion

En arrivant sur place, les harragas doivent toutefois composer avec le décalage entre ce que relaient les réseaux sociaux et la réalité.

Ce fut le cas de Mohammed*, Algérien de 33 ans travaillant comme serveur dans un café de Londres.

«Je savais que ça serait difficile, mais pas à ce point. La culture européenne est très individualiste.»

Mohammed, Algérien immigré en Grande-Bretagne

Originaire de la ville de Bouira, Mohammed est arrivé en Grande-Bretagne il y a dix ans. «Facebook m'a vendu un rêve», confie-t-il. Depuis son téléphone portable, il montre des clichés photoshoppés de Londres, sur lesquels il projetait ses aspirations avant de partir.

«Quand je suis arrivé à Londres, c'était la désillusion totale. Je savais que ça serait difficile, mais pas à ce point. La culture européenne est très individualiste», décrit celui qui est venu à l'aide d'un visa touriste dont il a «brûlé» la date de validité.

Selon Farida Souiah, si ces migrants sont souvent conscients des périls de la migration et de l'adversité qui les attend «là-bas», ils se laissent rêver. «Il suffit de quelques clichés pour maintenir le mythe», avance-t-elle.

Pour Oussama, ces clichés, c'est un objectif de vie: «Une fois arrivé en Europe, tout ira mieux. Et un jour, moi aussi je publierai un selfie en bas de la tour Eiffel.»

* Le prénom a été changé.

 

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samedi, 21 mars 2020

Un conflit sur les hydrocarbures se prépare en Méditerranée entre Israël et la Turquie

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Un conflit sur les hydrocarbures se prépare en Méditerranée entre Israël et la Turquie

Par Ramzy Baroud

Ex: http://www.france-irak-actualite.com

(revue de presse : Chronique de Palestine – 11/3/20)*

Les découvertes massives de gaz naturel au large de la côte d’Israël et de la Palestine devraient faire de Tel-Aviv un centre énergétique régional. Il reste à voir si Israël sera en mesure de transformer ce potentiel gazier largement inexploité en une véritable richesse économique et stratégique.

Une chose est certaine, c’est que le Moyen-Orient est déjà en proie à une guerre géostratégique majeure, qui pourrait dégénérer en une véritable confrontation militaire.

Sans surprise, Israël est au cœur de ce conflit grandissant.

« La semaine dernière, nous avons commencé à acheminer du gaz vers l’Égypte. Nous avons fait d’Israël une superpuissance énergétique », s’est vanté le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lors d’une réunion du cabinet le 19 janvier.

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Cette auto-congratulation de Netanyahu faisait suite à des informations excellentes pour le Premier ministre en difficulté, à savoir que la Jordanie et l’Égypte sont maintenant toutes deux des clientes de Tel-Aviv, et lui achètent des milliards de mètres cubes de gaz israélien.

Pour Netanyahu, vendre du gaz israélien à deux pays arabes voisins n’est pas seulement un progrès économique et politique, c’est un formidable coup de pouce personnel. Le leader israélien tente, en effet, de convaincre la population de voter pour lui aux élections de mars et l’élite politique israélienne de lui accorder l’immunité contre diverses accusations de corruption qui pourraient l’envoyer en prison.

Depuis des années, Israël exploite la découverte d’énormes gisements de gaz naturel provenant des champs Leviathan et Tamar – situés respectivement à 125 km et 80 km de Haïfa – pour reconstruire des alliances régionales et redéfinir sa centralité géopolitique vis-à-vis de l’Europe.

Cependant, la stratégie israélienne risque de provoquer des conflits dans une région déjà instable, du fait que cela fait entrer dans le jeu Chypre, la Grèce, la France, l’Italie et la Libye, ainsi que l’Égypte, la Turquie, le Liban et la Russie.

Le 2 janvier, Netanyahu était à Athènes pour signer un accord sur un gazoduc, aux côtés du Premier ministre grec, Kyriako Mitotakis, et du président chypriote, Nicos Anastasiades.

Le gazoduc EastMed devrait relier Israël à Chypre, à la Grèce et, à terme, à l’Italie, et transporter ainsi le gaz de la Méditerranée orientale directement vers le cœur de l’Europe.

Il y a quelques années, ce scénario paraissait impossible, car Israël achetait encore une grande partie de son gaz naturel à l’Égypte voisine.

Le gisement de Tamar a en partie corrigé la dépendance d’Israël au gaz importé lorsqu’il a commencé à produire en 2003. Peu de temps après, Israël a de nouveau trouvé du gaz, cette fois-ci avec des réserves bien plus importantes, dans l’énorme champ Leviathan. Le 31 décembre 2019, Leviathan a commencé à produire du gaz pour la première fois.

Leviathan est situé dans le bassin levantin de la mer Méditerranée, une région riche en hydrocarbures.

« On estime que Leviathan contient plus de 21 000 milliards de pieds cubes de gaz naturel, ce qui est suffisant pour répondre aux besoins de production d’énergie d’Israël pour les 40 prochaines années, tout en laissant une réserve suffisante pour l’exportation », selon Frank Musmar du Centre d’études stratégiques de la BESA.

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La part de l’Égypte dans le gaz israélien – 85 milliards de mètres cubes (bcm), pour un coût estimé à 19,5 milliards de dollars – est réglée par l’intermédiaire de l’entité privée égyptienne Dolphinus Holdings. L’accord jordanien a été signé entre la compagnie nationale d’électricité du pays, NEPCO, et la société américaine Noble Energy, qui détient 45 % des parts du projet israélien.

Les Jordaniens ont protesté en masse contre l’accord gazier israélien, car ils considèrent la coopération économique entre leur pays et Israël comme un acte de normalisation, alors que Tel-Aviv continue d’occuper et d’opprimer les Palestiniens.

Les échos de ces protestations populaires sont parvenus au Parlement jordanien qui, le 19 janvier, a voté à l’unanimité une loi visant à interdire les importations de gaz en provenance d’Israël.

Au-delà de sa domination économique régionale, Israël se diversifie et devient un acteur important sur la scène géopolitique internationale. Le projet de gazoduc EastMed, estimé à 6 milliards d’euros, devrait couvrir 10 % des besoins globaux de l’Europe en gaz naturel. C’est là que les choses deviennent encore plus intéressantes.

La Turquie estime que l’accord, qui implique ses propres rivaux régionaux, Chypre et la Grèce, est conçu spécifiquement pour la marginaliser économiquement en l’excluant du boom des hydrocarbures en Méditerranée.

Ankara est déjà un centre énergétique massif, puisqu’elle accueille le TurkStream qui alimente l’Europe qui recourt à la Russie pour couvrir environ 40 % de ses besoins en gaz naturel. Cela a fourni à Moscou et à Ankara non seulement des avantages économiques, mais aussi un levier géostratégique. Si le gazoduc EastMed devient une réalité, la Turquie et la Russie seront les grands perdants.

La Turquie a riposté par une série de mesures successives et surprenantes, dont la signature d’un accord de frontière maritime avec le gouvernement d’accord national (GNA) de Libye, reconnu au niveau international, et la promesse d’envoyer un soutien militaire à Tripoli dans sa lutte contre les forces loyales au général Khalifa Haftar.

« La Turquie ne permettra aucune activité qui soit contraire à ses propres intérêts dans la région », a déclaré Fuat Oktay, vice-président de la Turquie, à l’agence de presse Anadolu, ajoutant que « tout plan qui ne tient pas compte de la Turquie n’a absolument aucune chance de réussir ».

Bien que les pays européens aient rapidement condamné Ankara, cette dernière a réussi à changer les règles du jeu en revendiquant de vastes zones qui sont également revendiquées par la Grèce et Chypre dans le cadre de leurs zones économiques exclusives (ZEE).

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La Turquie va non seulement forer dans les eaux territoriales de la Libye pour trouver du gaz naturel, mais aussi dans les eaux contestées autour de Chypre. Ankara accuse Chypre de violer « l’égalité des droits sur les découvertes », un arrangement qui a suivi le conflit militaire entre les deux pays en 1974.

Si la question n’est pas résolue, le projet de gazoduc EastMed pourrait se transformer en chimère. Ce qui semblait être un accord lucratif, d’une immense importance géopolitique du point de vue israélien, apparaît maintenant comme une nouvelle extension du conflit au Moyen-Orient.

L’UE voudrait échapper au contrôle stratégique de la Russie sur le marché du gaz naturel, mais le gazoduc EastMed semble de plus en plus irréalisable, quelque soit l’angle par lequel on le prenne.

Quoiqu’il en soit, compte tenu des énormes gisements de gaz naturel en capacité d’alimenter les marchés européens, il est presque certain que le gaz naturel méditerranéen finira par devenir une source majeure de dissensions politiques, si ce n’est même de véritable guerre.

ob_34282c_baroud.jpgRamzy Baroud est journaliste, auteur et rédacteur en chef de Palestine Chronicle. Son dernier livre est «These Chains Will Be Broken: Palestinian Stories of Struggle and Defiance in Israeli Prisons”» (Clarity Press). Baroud a un doctorat en études de la Palestine de l’Université d’Exeter et est chercheur associé au Centre Orfalea d’études mondiales et internationales, Université de Californie. Visitez son site web: www.ramzybaroud.net.

30 janvier 2020 – RamzyBaroud.net – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

vendredi, 20 mars 2020

L'incompatibilité entre la médecine et le capitalisme

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L'incompatibilité entre la médecine et le capitalisme

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ceci avait été précédemment affirmé par quelques médecins généralistes ayant peine à survivre avec les revenus que leur impose la "réforme" du système de santé voulue par Emmanuel Macron

Les évènements actuels le démontrent amplement

Le gouvernement chinois avait été accusé dans le monde occidental de dissimuler les premiers épisodes de Covid-19 apparus à Wuhan. Cependant le 29 février 2020, la communauté scientifique mondiale était informée par les chercheurs et médecins chinois de la situation de l'épidémie en Chine ainsi que de premières analyses concernant le virus, sa propagation et de son degré de pathogénie. Ceci a été fait sans respecter les règles convenues en matière de communication scientifique, afin de gagner du temps vu l'urgence – ce qui leur a été immédiatement reproché par des « experts » auto-institués.

Le  communiqué de l'Élysée le 29 février a annoncé des mesures qui aujourd'hui apparaissent inappropriées, celle d'isoler sans la rigueur nécessaire les foyers déjà déclarés de l'Oise et de Haute-Savoie. Il n'a pas tenu compte du fait que les malades ne sont pris en charge que 6,5 à 8 jours après le début des symptômes et que pendant la période d'incubation de 4 jours en moyenne (2 à 7 jours), les porteurs asymptomatiques peuvent être transmetteurs. Il en résultera une rapide contamination de la majorité de la population française.

arton1928.jpgAgnes Buzin, médecin et alors ministre des Solidarités et de la Santé, avait alors voulu « rassurer », sans doute à la demande d'Emmanuel Macron, en affirmant que le pays avait les moyens de combattre l'infection. . Elle a envoyé la totalité des masques chirurgicaux disponibles aux Chinois qui ne les avaient pas demandés créant une pénurie nationale. Les commandes de nouveaux masques, qu'aucune entreprise française n'apparait capable de fabriquer, ne seront livrées qu'à la mi-avril.

La fermeture des cafés, des lieux d'enseignement et de culte, des commerces autres qu'alimentaires décidée alors n'était pas une véritable mesure de confinement. L'encouragement au travail à distance alors que la plupart des établissements scolaires et des petits commerces ne disposent ni des matériels ni du savoir-faire nécessaires n'est pas une réduction efficace de risque quand ne sont pas interdits ou sévèrement limités des transports en commun toujours ouverts. Aujourd'hui encore les médecins de ville qui sont en première ligne dans le diagnostic et les premiers soins n'ont pas de masque pour se protéger et protéger les patients qui les consultent, en dépit de la circulaire ministérielle qui impose aux pharmaciens de ville de leur en délivrer en priorité. La rupture des stocks est générale sur le territoire national.

Il en a été de même du maintien incompréhensible du premier tour des élections municipales. Toutes les observations ont montré que la plupart des électeurs ne respectaient pas les contraintes de distance et surtout qu'ils se retrouvaient en groupe, avant ou après le vote, pour discuter des enjeux politiques de ces élections. Au contraire, les élections locales et municipales au Royaume Uni, prévues pour le 7 mai, seront reportées d'un an en raison de l'épidémie.

Plus généralement, pourquoi la France n'a-t-elle pas formé suffisamment d'épidémiologistes et virologues. Les étudiants en médecine après 10 années d'études supérieures austères sont moins encouragés à choisir la médecine de ville que la chirurgie ou la médecine esthétique, très rémunératrices. Les disciplines qui ne conduisent pas à des travaux immédiatement convertibles en profit ne sont guère estimables et peu fréquentées par les étudiants.

Plus généralement les moyens alloués à la recherche fondamentale ne cessent de s'amoindrir. Plus du tiers des chercheurs sont des vacataires en situation précaire. Précédemment les manifestations des chercheurs demandant une augmentation des crédits de la recherche ont été traitées avec mépris et considérées comme un phénomène corporatiste. Bientôt, il n'y aura plus en France de recherche indépendante du privé et les travailleurs précaires constitueront la moitié des chercheurs. Comment encourager le travail de virologues auxquels on soustrait les moyens de faire fonctionner leurs laboratoires ? Aujourd'hui, beaucoup pensent que la recherche fondamentale qui aurait pu mettre en œuvre très rapidement des techniques fiables, rapides, non coûteuses et généralisables de diagnostic.

Il en est de même de la recherche d'un vaccin fiable. On annonce que ceci demandera plusieurs années. L'opinion a peine à y croire, vu ce que peut faire la science dans d'autres domaines. Chacun sait que les laboratoires privés hésitent à s'engager dans la recherche de vaccins efficaces craignant qu'en cas de succès le nombre prévisible de malades s'effondre, au détriment de la demande des vaccins qu'ils pourraient produire.

Il en est surtout de même du secteur hospitalier public dont l'on constate la saturation, obligeant de n'y accepter que les patients les plus atteints. C'est à ce même secteur hospitalier qu'il y a peu de temps encore Emmanuel Macron voulait imposer des milliards d' »économies »

Dans un article précédent, nous indiquions qu'Emmanuel Macron devra choisir entre le soutien à l'Etat-providence et la privatisation des systèmes de santé.Tout laisse craindre que malgré l'épidémie actuelle qui paralyse la France, il ne poursuivre la privatisation et la commercialisation des systèmes de santé, les réservant à la classe politique minoritaire qui l'a élu.

Quant au confinement généralisé qu'il se voit aujourd'hui obligé d'imposer, sauf aux commerces de première nécessité, on ne voit pas pourquoi un vendeur de produits alimentaires ou même un pharmacien accepterait de se faire contaminer. Le bon sens lui imposera de fermer boutique.

 

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Coronavirus-Pandemie: Die tödlichen Schattenseiten der Globalisierung

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Stefan Schubert:

Coronavirus-Pandemie: Die tödlichen Schattenseiten der Globalisierung

Ex: https://kopp-report.de

Die Globalisierung wird von den Eliten in Politik, Medien und Wirtschaft als alternativlos dargestellt – gar als Segen für die Gesellschaften gepriesen. Doch, die Unterordnung unter dem Shareholder Value von Großkonzernen hat im Westen zu einem massiven Arbeitsplatzabbau und gleichzeitig zu einer Auspressung von Ressourcen und Arbeitern in Billiglohnländern geführt. Hochansteckende Viren verbreiten sich zudem rasant weltweit, während supranationale Organisationen wie UN, WHO und EU außer Phrasen und Belehrungen nichts zustande bringen.

Die Verflechtung, um nicht zu Sagen die Durchmischung von Gesellschaften, Staaten und Institutionen wurde in allen Bereichen gezielt forciert. Die Noch-Kanzlerin Angela Merkel ist eine bekennende Globalisierungsbefürworterin. Die Globalisierung biete »Chancen für Wachstum, für Beschäftigung, Wohlstand, für die Freiheit, und zwar für alle Länder«. Es fehlt am Ende des Merkel-Zitats nur noch ein Halleluja, dann können Weltfrieden und Wohlstand für alle erblühen.

Was ein Segen darstellen soll, wird einmal beispielhaft im Bereich Textilwirtschaft hinterfragt. Die deutsche Textilindustrie besitzt eine lange Tradition, die bis ins 18. Jahrhundert zurückreicht. Die Industrie überlebte zwei Weltkriege, aber nicht die Globalisierung. Seit 1955 gingen rund eine Million Arbeitsplätze in Deutschland verloren. Der Großteil von ihnen wurde in Billiglohländer verlagert: Bangladesch, Indien, Indonesien und China. Meist Frauen und auch Kinder werden dort unter miserablen Bedingungen ausgenutzt.

Neben mangelnden Arbeitsschutz und gesundheitsgefährdeten Chemikalien zeigte sich dort die gesamte Bandbreite der Brutalisierung der Globalisierung, wie 2012 in Bangladesch.

Beim Brand in einer Textilfabrik, die auch für C&A Deutschland produzierte, verbrannten über 100 Näherinnen qualvoll.

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Norditalien ist Zentrum für chinesische Billigarbeiter

Wenig bekannt ist, dass Norditalien zu einem Zentrum der Billigmode geworden ist. Hier hat die Globalisierung zwar auch eine einheimische Industrie zerstört, der Verlauf  geschah dort aber in ungewohnter Form. Als in den 1980er Jahren dort in großen Mengen Billigkleidung hergestellt wurde, lockte dies zahlreiche Chinesen an. Nach und nach entwickelten sich dort sklavische Zustände, die die Chinesen aus ihrer Heimat gewohnt waren: 16-Stunden-Tage, erschöpfte Arbeiter, die anschließend nebeneinander auf dem Boden schlafen, kleine Essenrationen durch Chefs und selbst Babys ohne Hebammen sollen in diesen Sklavenfabriken geboren werden, wie die Kronen Zeitung berichtet.

Und diese Schilderungen beziehen sich auf die aktuellen Zustände im Jahr 2020. Der Globalisierung sei Dank. Die italienischen Arbeiter wurden so fast vollständig verdrängt. Allein in Prato, eine knapp 200 000 Einwohnerstadt nördlich von Florenz, ist eine chinesische Parallelwelt mit 60 000 Chinesen entstanden. In einer kleinen Fabrik mit 16 Angestellten sind vier Arbeiter über das Neujahrfest (25. Januar 2020) nach China geflogen. Alle vier brachten das Virus mit nach Italien. Das chinesische Neujahrsfest gilt als der wichtigste traditionelle chinesische Feiertag. Es ist zu befürchten, dass europaweit zehntausende Chinesen zum Feiertag ebenfalls in die Heimat zur Familie nach China geflogen sind und bei ihrer Rückkehr eine massive Ausbreitung des Coronavirus in Westeuropa verursacht haben.

»Ausländisches Virus« greift an

Selbst wenn man über das pathologische Trump-Bashing deutscher Mainstream-Journalisten nur noch ein spöttisches Gähnen aufbringen kann, hat der 45. Präsident der Vereinigten Staaten mit seiner Charakterisierung des Coronavirus recht. Es handelt sich um ein »ausländisches Virus«.

Es stammt aus China, wie schon zuvor das hochansteckende Sars-Virus 2003. Auf der ARD-Seite planet-wissen.de wird die Identifizierung vom damaligen Patient Zero und dessen Entstehung durch die WHO rekonstruiert. Professor Liu röchelt, er fühlt sich schlecht. Am 21. Februar 2003 besteigt er einen Fahrstuhl in seinem Hotel in Hongkong und trifft dort auf einen Geschäftsreisenden aus Amerika und eine Frau aus Toronto. Alle drei werden die nächsten 14 Tage nicht überleben. Im Flur trifft Professor Liu auf Stewardessen aus Singapur, die den Virus unwissentlich in der ganzen Welt verbreitet werden. Auch bei Sars handelt es sich um ein Corona-Virus. Zehn Jahre Später, im Jahr 2013, entdeckt ein internationales Forscherteam das Sars-Virus in einer Fledermausart in Südchina.

Die Vermutungen liegen nahe, dass zuerst Schleichkatzen mit dem Virus infiziert wurden, und dieser anschließend auf den Menschen übertragen wurde, denn Schleichkatzen gelten in China als Delikatesse.

Der springende Punkt ist, Sars und auch nicht das aktuelle Coronavirus/COVID-19 sind weder europäischen, noch deutschen Ursprungs. Auch die afrikanische Ebola-Epidemie 2014 bis 2016 mit über 11 000 Toten stellt ein vergleichbares Szenario dar. Engmaschige Hygienevorschriften in Deutschland nutzen in Zeiten einer vollkommenden Globalisierung wenig, wenn diese Bundesregierung nicht einmal in Krisenzeiten und einer unkontrollierten Pandemie bereit ist, Deutschlands Grenzen rechtzeitig zu sichern und zu schließen.

COVID-19 könnte laut Wissenschaftlern noch zwei Jahren in Europa wüten, bevor Medikamente oder ein Wirkstoff gefunden sind. Es ist zu befürchten, dass sich ähnliche Pandemien in naher Zukunft wiederholen und häufen werden: Massenmigration, Bevölkerungsexplosionen, katastrophale hygienische Zustände nicht nur in Dritte-Welt-Ländern sowie kulturelle Absonderheiten wie Fledermaussuppen und Katzen als Delikatesse – all dies befinden sich nur wenige Flugstunden von Deutschland entfernt.

In Zeiten der Globalisierung treffen diese tödlichen Gefahren auf eine nicht vorbereitete Bevölkerung und auf eine dekadente Elite, die die Ideologie der offenen Grenzen des Merkelismus bis zum bitteren Ende als unumstößliche Doktrin verteidigt. Während die gegenwärtige Normenkultura so einheimische Tote skrupellos miteinkalkuliert, vergewissert sie sich gegenseitig ihrer moralischen Überlegenheit und preist weiterhin die Globalisierung als Allheilmittel an. In höchster Not setzen immer mehr Länder von Amerika über Australien und selbst in Europa nationale Maßnahmen um, wie Einreiseverbote und Grenzschließungen, die Bundesregierung in ihrer Hilfslosigkeit ruft weiterhin nach »europäischen Lösungen«. Zum rationalen Denken und Problemlösungen in nationalen Kategorien ist diese Politikgeneration nicht mehr in der Lage.

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Montag, 16.03.2020

jeudi, 19 mars 2020

SRAS-CoV-2… Finie la teuf

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SRAS-CoV-2… Finie la teuf

Ex: http://geopolintel.fr

La fête est finie.
Jean de La Fontaine nous l’avait bien dit « Vous chantiez ? j’en suis fort aise. Eh bien ! dansez maintenant ».
Oui, nous devons déchanter. Retour au réel et chute lourde sur le plancher des vaches. Le confinement général est assurément pour bientôt. Tout cela n’est guère réjouissant mais nous devions bien nous y attendre, à force de trop tirer sur la corde celle-ci devait bien finir par se rompre. Nous attendions le Big One, le grand séisme financier. L’effondrement prévisible, non pas de Los Angeles se disloquant au-dessus de la faille de San Andreas à la jonction des plaques tectoniques pacifique et nord-américaine, mais l’éclatement de la bulle de dimension cosmique de la dette mondiale (192.000 milliards d’euros), que nous annonce avec constance l’économiste David Rousset… Une catastrophe qui pourrait néanmoins bien survenir à l’occasion de l’actuelle pandémie, laquelle est apparemment en train de gripper le moteur économique planétaire : les méga-flottes de porte-conteneurs n’ont-ils pas cessé leur affolante et ultra polluante circumnavigation pour déverser sur le Vieux Monde (l’Europe) et le Nouveau (l’Amérique) leur pacotille, leurs aliments frelatés, leurs cotonnades imbibées de pesticides et leur électronique à obsolescence programmée. Ainsi donc, tout comme les trains, une crise peut en cacher une autre, aussi ce que nous vivons et allons vivre dans les semaines – voire dans les mois – qui viennent sera peut-être, possiblement, une cascade d’épreuves plus rudes les unes que les autres.

En espérant que nous n’aurons pas, en sus, une nouvelle guerre à nos portes, comme par exemple entre la Turquie de l’islamo-kémaliste Erdogan et la Grèce plus ou moins abandonnée de ses partenaires européens face à l’ogre du Bosphore… lequel se venge de ces déconvenues sur le front Syrien – M. Poutine ayant mis le holà à ses velléités de conquête territoriale au nord du Pays de Cham – en faisant chanter l’Union de cette inepte Mme van der Leyen… Puisque, pour l’heure, le nouveau sultan fait monter les enchères et exige de se voir octroyer quelques milliards d’euros supplémentaires afin, soi-disant, de contenir les rebelles syriens ayant fui leur pays où, rappelons-le, ils ont allumé la guerre… certes il est vrai, avec l’aide assidue et perfide de la troïka américano-anglo-française (+ Israël).

En fait, dans le but de calmer ses ardeurs bellicistes et de garder par devers lui les Afghans, les Algériens, Tunisiens, Sénégalais, Camerounais qui se pressent à la frontière grecque avec l’appui de la police et de l’armée turques. Autre sujet d’inquiétude, les troupes américaines qui n’entendent pas décrocher d’Irak – malgré le vœu unanime de toutes forces politiques représentatives, chiites comme sunnites – et bombardent allégrement les bases des milices irakiennes pro-iraniennes1… mais également le nouvel aéroport civil de la ville sainte de Kerbela ! À Beyrouth, Hassan Nasrallah, chef charismatique du Parti de Dieu, le Hezbollah, fustigeait aussitôt le Grand Satan de Washington et appellait à de dures représailles dans un discours s’éloignant de plus en plus de l’habituel lyrisme déclamatoire propre au monde musulman. Là encore les choses sont très loin d’être revenues à la normale même si M. Netanyahou vient, ce 15 mars, tandis que son procès pour corruption a été reporté de deux mois et que le pays se calfeutre face à la menace coronavirale - d’être écarté par le président hébreu Reuven Rivlin qui a finalement demandé à son rival, le président du parti « Bleu-Blanc » Benny Gantz, de former le nouveau gouvernement d’union nationale dès lors qu’il a obtenu le soutien présomptif des quinze députés palestiniens de la Knesset.

L’effet d’aubaine

Reste que chez nous, la crise du covid-19, peut, à n’en pas douter représenter une sorte de jack pot pour la clique dirigeante en plein désarroi jusqu’au jour d’aujourd’hui… pataugeant dans sa réforme du système de retraite en dépit du recours au forceps du 49-3 (une privatisation à peine masquée et une aubaine pour les fonds dits de pension), tenaillé par l’inépuisable fronde des Gilets Jaunes, vidé par l’impressionnante hémorragie des cadres de La République En Marche (parlementaires, conseillers…) et le discrédit dans lequel s’enfonce un peu plus chaque jour un gouvernement inapte ( hostile plutôt qu’incapable) à gouverner le Pays dans le sens de des intérêts réels de sa population (à commencer par les aborigènes, les autochtones de souches), à long terme, et qui s’entoure d’un brouillard de mots uniquement susceptibles d’abuser ou d’enjôler ceux qui font un usage immodéré de l’œil de bœuf télévisuel. On l’a encore constaté avec les vingt-six minutes du blabla circulaire - une pénible et prétentieuse jactance - relatif à la crise sanitaire grâce, à propos de laquelle le père auto-proclamé de la Nation, prétendait apprendre à 67 millions de titulaires de la citoyenneté française, de quelle manière se laver les mains… Impressionnant !

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Bref, “à toute chose malheur pouvant être bon”, l’actuelle pandémie, est un formidable instrument permettant de mesurer la capacité d’obéissance (ce qui a peu à voir avec le civisme pro forma ou la discipline consentie) des populations indépendamment à des dispositifs aussi nécessaires qu’utiles à ralentir la diffusion du mal… le seul vrai problème n’étant pas la maladie elle-même - les Anglais pour leur part ayant fait le choix audacieux de la laisser se diffuser en attendant son extinction naturelle par auto-immunisation des populations - mais, en France, les capacités hospitalières insuffisantes (et déjà dépassées) destinées à faire face à ce type de situation : soit 5.500 lits en réanimation pour la totalité de la métropole. Et, pour le pouvoir, un moyen de sonder grandeur nature, à l’occasion du premier tour des élections municipales de tester la résilience (on le sait maintenant, quasi inexistante) du parti présidentiel. Ce qui, par voie de conséquence, devrait conduire à l’ajournement - si possible – d’un second tour appelé à consacrer cette débandade… Notons que toutes les astuces auront été bonnes pour masquer la faillite gouvernementale : ainsi la neutralisation des listes, c’est-à-dire la suppression des étiquettes politiques pour les villes de moins de 9000 habitants, autrement dit pour 96% des communes françaises qui ne seront plus comptabilisées dans les résultats nationaux. Un pouvoir réputé démocratique mais qui ne peut prétendre qu’à une indécente majorité à l’Assemblée nationale (alors qu’il ne représente, en réalité, que 12 ou 13% du corps électoral formés par les inscrits). On voit bien par le biais de quelle arithmétique délétère s’établissent nos gouvernements légitimés par un principe majoritaire vicié en son principe. Mais qui trouve à y redire ?

Le divin hasard

Le 24 janvier, Agnès Buzyn, ministre de la Santé (dont le mari, Yves Lévy, directeur de l’Inserm, a inauguré en février 2017 le laboratoire P4 de Wuhan, premier en son genre en Asie, dans une mégapole qui deviendra en décembre dernier l’épicentre du séisme pandémique… centre justement spécialisé dans la recherche sur les coronavirus. Quel hasard !) avant qu’elle ne déserte son poste en pleine bataille (on se souviendra par comparaison de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense en février 1991, hostile à l’engagement de la France contre l’Irak, qui attendra la fin des hostilité pour démissionner), ceci pour mieux aller se faire battre piteusement, en rase campagne électorale, par la transpyrénéenne Hidalgo… Mère de tous les surmulots de la capitale, des catacombes et des égouts de Paris réunis… Agnès Buzyn déclarait donc que le « risque d’importation depuis Wuhan est modéré. Il est maintenant pratiquement nul ». Déclaration qui donne la pleine mesure de la compétence avérée de nos élites dirigeantes !

Dans ces conditions et circonstances, comment ne pas voir que le discours présidentiel du 10 mars – relatif à la crise du Covid-19 – n’a été qu’une pathétique tentative de récupération politicienne d’une situation hélas véritablement dramatique, spécifiquement en tentant d’apparaître comme l’homme providentiel, celui qui tient fermement en main les rênes de l’État en situation (aurait pu dire Jean-Paul Sartre) de guerre… usant en cela, en vue d’obtenir l’adhésion sans réserve des foules, de la puissance cathartique de la peur (autrement dit, l’angoisse comme catalyseur émotionnel) ! Ceci en se parant (ou sous couvert) de la haute autorité d’un Comité scientifique à la composition brumeuse et auquel participerait parmi une flopée de « héros en blouses blanches » une sociologue (!) et une anthropologue (!!), dont ne voit pas quelle compétence ces deux augustes personnes pourraient avoir en matière d’épidémiologie ? Toutefois, on sait que de nos jours, la science, en certains et nombreux domaines – tels le réchauffement climatique, la transition énergétique, les origines de l’humanité, la diversité anthropologique, etc. - n’est qu’une annexe de l’idéologie progressiste/égalitariste/messianique, un efficace vecteur de propagande et un imparable moyen d’abrutissement des peuples… Aristoteles dixit ! Sauf que les Buzyn (celle-ci ayant été bru de Simone Veil) & Cie, n’ont pas grand-chose de commun avec l’une des sources majeures de la sapience occidentale et du thomisme en particulier !

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Nous devrions en fin de comptes, plutôt que les commissaires politiques abonnés aux plateaux de LCI ou de CNews, écouter davantage et entendre le professeur Philippe Ravaud, directeur du Centre de Recherche Épidémiologie et Statistique (CRESS-UMR1153) à l’Université Paris IV René Descartes, et du Centre d’épidémiologie clinique de l’Hôtel-Dieu… « Comme vous le savez, l’évolution de l’épidémie de COVID est particulièrement inquiétante. Les nouvelles données de modélisation sont très robustes et les projections sont parfaitement cohérentes et bien pires encore que nos scénarios les plus pessimistes. Il est devenu déraisonnable de prendre les transports publics et nos déplacements doivent être réduits au strict minimum. Le télétravail et l’annulation de toute réunion est obligatoire. Le confinement est donc la règle sauf pour ceux dont la présence physique au travail est indispensable. L’hypothèse actuelle est qu’en l’absence de confinement, 30 millions de personnes seront atteintes en France avec un pic dans 50 jours. Seule une mobilisation citoyenne massive (avec au moins 50 % de l’ensemble de la population française en confinement strict à très court terme) permettra de réduire le pic de l’épidémie. Les Chinois ont réussi ce confinement drastique mais leurs décisions ont été plus précoces et plus autoritaires. Il est de notre responsabilité d’acteurs de santé publique de :1) respecter ce confinement, 2) de faire prendre conscience à nos proches de cette impérieuse nécessité, 3) de porter ce message au quotidien (distance de sécurité, etc.) car nos compatriotes n’ont pas encore compris la gravité de la situation. Le système de santé sera bien sûr extrêmement sollicité et ne peut qu’être très largement débordé, ce qui est déjà le cas dans le grand Est. Les messages selon lesquels seules les personnes âgées et ou ayant des comorbidités sévères ont des syndromes de détresse respiratoire sont faux… Nous partons sur une durée de crise en mois et d’une gravité sans précédent. ». Eh oui ! La morbidité frappe toutes les classes d’âge et le risque de mortalité aussi. Pensons à nos jeunes – un 1,4 millions de consommateurs réguliers dont 700 000 quotidiens – dont les voies aériennes supérieures sont déjà plus ou moins gravement hypothéquées par un usage régulier du cannabis ?

À ce rythme, sans doute faudra-t-il bientôt, nous aussi, pays en voie de sous-développement accéléré, aux hôpitaux naufragés (portes fermées en zones rurales, personnels surmenés et sous-payés), imiter l’Italie qui maintenant reçoit des secours d’urgence et des matériels en provenance de Chine populaire… masques, respirateurs et tutti quanti ?

16 mars 202

10:38 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, coronavirus, pandémie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook