samedi, 22 juin 2024
Bruits de guerre et logique géopolitique
Bruits de guerre et logique géopolitique
Srdja Trifkovic
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/rumori-di-guerra-e-logica-geopolitica
Le monde est confronté au danger d'une grande guerre. Pour comprendre l'ampleur de cette menace, il faut aller au-delà des nouvelles en provenance d'Ukraine. Il faut aussi, d'une part, essayer d'apprécier de manière équilibrée le facteur variable de la volonté humaine dans la gestion des crises internationales et, d'autre part, les facteurs immuables de la réalité géographique.
La décision de Washington d'élargir l'OTAN et d'armer l'Ukraine contre la Russie était un acte de volonté humaine, tout comme la décision de Moscou de répondre à ce défi par la force militaire. La permanence de la position géographique de l'Ukraine, en revanche, fait de ce défi une question existentielle pour la Russie, tout comme le contrôle de la vallée du Jourdain et des hauteurs du Golan est une question existentielle pour Israël et le contrôle de ses mers côtières est une question existentielle pour la Chine. Un État qui aspire à la sécurité peut modifier des segments de son espace en construisant des grandes murailles et des lignes Maginot, mais il est inextricablement lié au cadre physique de son existence: à l'emplacement de son territoire, à sa position, à sa forme et à sa taille, à ses ressources et à ses frontières.
Toutefois, contrairement aux chaînes de montagnes et aux fleuves, les frontières ne sont pas des réalités fixes séparant la souveraineté et les autorités juridiques. Ce sont des arrangements politico-militaires susceptibles d'être modifiés en fonction des rapports de force. Elles n'ont rien de sacré ni de permanent. Pendant des siècles, elles ont évolué en faveur des plus forts et au détriment des plus faibles, indépendamment des revendications juridiques ou morales. La future frontière entre l'Ukraine et la Russie, ou entre Israël et ses voisins arabes, sans parler de la frontière maritime de la Chine, ne sera pas décidée à une table de conférence. Elles seront décidées par les réalités créées sur le terrain par la force et la menace de la force.
Bien entendu, les nouvelles frontières seront également remises en question au fil du temps. Leur durabilité dépendra principalement de la force des vainqueurs et du consensus de leurs décideurs pour défendre le nouveau statu quo. Dans le drame de la politique internationale, le pouvoir a toujours été fondé sur la force et la volonté. Le territoire et l'espace physique ont toujours été la monnaie d'échange dans cette affaire cruelle et dangereuse.
La plupart des Russes, des Juifs et des Chinois ont enfin compris qu'il n'y a pas de "bon" ou de "mauvais" côté de l'histoire. Au 20ème siècle, tous trois ont payé cher ce sophisme progressiste: la croyance que l'histoire est un agent indépendant qui conduira l'humanité vers un monde meilleur. Cette croyance engendre des visions mégalomanes et conduit aux horreurs du Goulag, de l'Holocauste et de la Grande Marche en avant. Cette idée fausse et fatale est pourtant bien vivante à Washington.
L'idée fausse que l'histoire a des "côtés" explique également pourquoi une guerre avec la Russie dans un avenir proche, ou avec la Chine plus tard au cours de ce siècle, est une possibilité prévisible. Elle repose sur l'affirmation narcissique de l'exceptionnalisme américain, selon laquelle "nos valeurs" sont universelles (y compris le transgendérisme). L'affirmation, comme celle de Madeleine Albright, selon laquelle "si nous devons recourir à la force, c'est parce que nous sommes l'Amérique, la nation indispensable; nous nous tenons debout, nous voyons plus loin dans l'avenir que d'autres" est étroitement liée à cette affirmation. Cette folie facilite la déshumanisation et le meurtre d'ennemis désignés: en Serbie en 1999, en Irak en 2003, en Libye et en Syrie peu après.
Le corollaire de cette "vision" est qu'un monde qui n'accepte pas l'exceptionnalisme, l'indispensabilité et la prévoyance de l'Amérique ne mérite pas d'exister. Il est donc non seulement possible mais obligatoire de continuer à faire monter les enchères: la modération est une faiblesse et la retenue une lâcheté. Une telle approche de la politique entre les nations considère que le facteur spatial n'est pas pertinent, l'Amérique étant guidée par un concept abstrait d'intérêt national. En d'autres termes, "nos valeurs" continueront à définir "qui nous sommes" dans le contexte d'un "ordre international fondé sur des règles".
Contrairement à cette psychose collective, la plupart des autres États pensent en termes traditionnels et basent leurs calculs sur des espaces réels, visibles et tangibles. Plus un pays est grand, plus il est résistant, comme le montre l'expérience historique de la Russie. Au lieu que le conquérant engloutisse le territoire et en tire sa force, c'est le territoire qui, à plusieurs reprises, a englouti le conquérant et épuisé sa force.
Cela n'a pas changé, même à l'ère nucléaire. C'est précisément à l'ère nucléaire - comme l'ont compris les Russes et les Chinois - qu'une grande puissance a besoin d'un vaste territoire pour déployer son potentiel de production et son efficacité militaire sur un espace aussi vaste que possible. La grande stratégie des deux puissances est basée sur la survie, la sécurité et le renforcement économique. Elle peut évoluer en fonction des circonstances spécifiques, mais elle découle toujours d'un ensemble d'hypothèses de base reconnues par les grands hommes d'État du passé, de César à Churchill.
À Washington, en revanche, les 30 dernières années ont été marquées par une déviation continue des expériences accumulées par les générations précédentes. Comme le montrent les exemples des rois Philippe II et Louis XIV, de Napoléon et d'Hitler, faire passer l'idéologie avant la géopolitique dans la formulation d'une grande stratégie - ou simplement permettre à la mégalomanie personnelle de l'emporter sur la raison - est un chemin sûr vers l'échec.
Les États-Unis semblent déterminés à suivre cette voie. L'isolement diplomatique presque total des États-Unis face aux actions d'Israël à Gaza est sans précédent et n'est qu'un exemple d'un malaise plus profond. La poursuite de la guerre par procuration en Ukraine, quels que soient les coûts et les risques, et malgré la situation militaire catastrophique sur le terrain, rappelle les puissances défaillantes d'antan qui comptaient sur la volonté pour vaincre la réalité.
Il ne s'agit pas seulement de l'Ukraine aujourd'hui ou de Taïwan demain. Le rejet de la réalité géopolitique est omniprésent dans l'administration actuelle, qui refuse de voir l'aspiration spontanée du système international à la polycentricité. Cette tendance est présente depuis le début du déclin de l'Empire romain jusqu'à aujourd'hui. L'Europe de l'ère classique de l'équilibre des pouvoirs - de la fin de la guerre de Trente Ans au déclenchement de la Grande Guerre - a fonctionné selon la matrice tissée dans l'Italie de la Renaissance. Elle s'est avérée efficace pour réprimer les contestataires qui aspiraient à un ordre hégémonique, de Louis XIV à Hitler.
Le système s'est effondré avec le suicide en deux temps de l'Occident entre 1914 et 1945, le bipolarisme de la guerre froide et le "moment unipolaire" de l'Amérique après l'implosion de l'URSS. L'unipolarité s'est révélée être un moment historique atypique et contre nature. Malgré la rhétorique hégémonique, chargée de platitudes idéologiques, il est impossible d'ignorer la dimension spatiale des rivalités dans des lieux géographiques spécifiques. L'Ukraine, le Moyen-Orient et Taïwan appartiennent tous au Rimland qui entoure le Heartland. La carte géopolitique a changé plus rapidement au cours des cent dernières années qu'au cours de toute autre période antérieure, mais la dynamique des conflits spatiaux entre les principaux acteurs est constante.
Pendant près d'un demi-siècle après la Seconde Guerre mondiale, le monde a été régi par un modèle bipolaire relativement stable. Les deux superpuissances acceptaient tacitement l'existence de sphères d'intérêt rivales, comme en témoigne la retenue marquée des États-Unis lors des interventions soviétiques en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968.
Le jeu géopolitique se jouait alors dans les zones contestées du tiers-monde (Moyen-Orient, Indochine, Afrique, Amérique centrale), mais les règles du jeu reposaient sur un calcul relativement rationnel des coûts et des bénéfices des politiques étrangères. Les guerres clientélistes sont restées localisées. La rationalité implicite des deux camps a permis la désescalade de crises ponctuelles (Berlin 1949, Corée 1950, Cuba 1962) qui menaçaient de se transformer en désastre.
Le monde redevient multipolaire, mais les États-Unis ne sont pas encore prêts à l'accepter. Cette situation n'a pas de précédent historique: une puissance hégémonique a temporairement réussi à dominer le système de manière monopolaire et s'oppose maintenant à son retour à l'état normal de multipolarité. Du Congrès de Vienne à 1914, les relations internationales ont été dominées par un modèle stable de multipolarité équilibrée. Ce modèle a garanti à l'Europe et au monde 99 années de paix et de prospérité relatives. Les hégémons potentiels étaient confrontés à des coalitions prêtes à tous les sacrifices pour les vaincre, quelles que soient leurs différences idéologiques.
Aujourd'hui, la Russie et la Chine ont également des motifs potentiels de conflit entre elles, mais leurs différences sont mineures par rapport au défi que représente la suppression d'un hégémon qui ne connaît pas sa mesure. Nous avons assisté à une étrange inversion des rôles. L'Union soviétique était une force révolutionnaire, un perturbateur au nom d'objectifs utopiques idéologiquement définis. Pendant la guerre froide, elle a été combattue par une Amérique qui pratiquait l'endiguement pour défendre le statu quo.
Aujourd'hui, cependant, les États-Unis sont devenus les porteurs d'un dynamisme révolutionnaire aux ambitions mondiales, au nom de normes idéologiques postmodernes. Ils se heurtent à une coalition informelle mais de plus en plus affirmée de forces plus faibles, telles que les pays BRICS en pleine expansion, qui s'efforcent de réaffirmer les principes essentiellement conservateurs de l'intérêt national, de l'identité et de la souveraineté de l'État. Ils s'opposent à la variante américaine de l'ancienne doctrine soviétique de la souveraineté limitée, qui porte aujourd'hui le nom d'"ordre international fondé sur des règles".
La nouvelle émanation américaine de ce concept juridiquement et moralement intenable n'a pas de domaine géographiquement limité, contrairement au modèle soviétique qui ne s'appliquait qu'aux pays du camp socialiste. Tôt ou tard, elle conduira à la création d'une contre-coalition comme celles qui se sont opposées avec succès à d'autres hégémons en puissance, de Xerxès à Hitler. La grande question reste de savoir si le duopole néoconservateur-néolibéral de Washington le comprendra, et à quel prix pour lui-même et pour le reste du monde.
Les puissances en déclin ont tendance à prendre des risques et à se déstabiliser, comme le montre l'exemple de Philippe II envoyant l'Armada contre l'Angleterre en 1588, ou de l'Autriche-Hongrie annexant la Bosnie en 1908. L'Amérique semble prête à faire de même à plus grande échelle en ce qui concerne l'Ukraine. Une grande partie de l'Europe, culturellement et moralement décrépite, semble prête à suivre docilement. L'histoire ne peut pas se terminer bien sans un sursaut tardif de raison dans l'Occident collectif.
Les relations internationales d'aujourd'hui sont conditionnées par des considérations géopolitiques qui priment sur l'idéologie. Aucun système de valeurs - et surtout pas la monstruosité de la liberté d'expression prônée par les États-Unis - ne peut modifier l'aspiration des grandes puissances (Russie, Chine) ou des puissances régionales (Israël) à accroître leur sécurité en étendant leur contrôle sur l'espace, les ressources et les voies d'accès.
L'essence de la compétition spatiale ne change pas, seuls les points de pression essentiels changent. L'élite politique américaine a intérêt à comprendre qu'il en sera ainsi jusqu'à la fin de l'histoire, ce qui ne se produira que lorsque le monde passera du temps à l'éternité.
20:32 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, polycentrisme, unipolarité, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 21 juin 2024
La magie noire des dystopies
La magie noire des dystopies
Ayhan Sönmez
Une prophétie auto-réalisatrice est une prophétie qui se réalise en tant que cause et effet direct de l'apprentissage de la prophétie en premier lieu. Un joueur à qui un diseur de bonne aventure a dit qu'il allait gagner un match se sent soudain beaucoup plus détendu par rapport à l'issue du match et joue donc mieux et gagne. L'effet placebo d'un médicament, c'est-à-dire l'effet du médicament résultant de la croyance psychologique du patient en son efficacité, est un autre exemple de prophétie autoréalisatrice. Ces prophéties ne sont pas des preuves de magie, mais plutôt de l'influence puissante de l'esprit sur les événements extérieurs ; croire en quelque chose est un pas vers sa réalisation.
De même que les événements d'une vie sont liés à la psyché, les événements d'une société, d'une civilisation dans son ensemble, sont liés à une psyché collective ou, comme l'a écrit Carl Jung, à l'inconscient collectif. Il ne s'agit pas d'un phénomène philosophique compliqué ; tout cela montre que nous sommes tous influencés les uns par les autres, et les influences collectives qui en résultent sont appelées forces sociales, qui orientent les tendances de la mode, de l'art, de la philosophie et des modèles de gouvernement. Ce qu'un membre de la société considère comme une "idée normale" à un moment donné est en fait sa connexion avec l'inconscient collectif, avec les forces sociales invisibles qui lui disent que c'est normal. Il ne sait pas consciemment comment il est arrivé à cette idée, mais il en est inévitablement convaincu, à moins qu'il ne se distancie de la société d'une manière suffisamment significative pour s'extraire de l'inconscient collectif. Mais on pourrait aussi dire que cet isolement est une condition préalable pour tous les philosophes sérieux.
L'inconscient collectif est un système vivant qui relie les gens dans son réseau. La forme de transmission la plus importante dans ce système est, et a toujours été, l'histoire. Les histoires racontées au coin du feu, écrites dans des romans, des chansons, des poèmes, entendues à la radio et, plus récemment, vues dans des séries Netflix, sont les méthodes par lesquelles les idées importantes sont transmises d'une personne à l'autre et, partant, "normalisées". Lorsque vous voyez un couple gay élever un bébé asiatique en vue de son adoption dans Modern Family, vous commencez à penser qu'il est normal que deux hommes se marient et fondent une famille. Ainsi, au lieu d'être inclus dans ce système de pensée, vous devez choisir d'en rester à l'écart. Oui, oui, il est nécessaire de rappeler les mécanismes de base de la propagande et d'en expliquer les fondements. Commençons par Black Mirror, par exemple.
L'utopie n'existe pas et, tout au long de l'histoire, de nombreuses personnes ont tenté d'imaginer un monde parfait. C'est un excellent exercice pour un esprit imaginatif et profond, car il vous oblige à cesser de vous plaindre et à commencer à imaginer, aussi minutieusement que possible, à quoi ressemblerait un monde meilleur. Cet exercice est puissant car l'esprit trouve involontairement des solutions à de nombreux problèmes fondamentaux auxquels la société est confrontée. La dystopie est une version de l'utopie. Le but de l'écriture d'une dystopie est de décrire un monde terrible. Il s'agit fondamentalement d'une entreprise nihiliste, car elle commence par poser la question suivante : "À quoi ressemblerait le monde si tout allait mal ?".
En termes de dystopie, le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley est célèbre. Il s'agit de l'histoire d'un monde futur caractérisé par une dégénérescence sexuelle totale et l'effondrement de la structure familiale. Chaque individu naît d'un utérus artificiel et est assigné à une classe en fonction du niveau d'alcool auquel il a été exposé in utero. La devise est "tout le monde appartient à tout le monde". Le sexe est l'assouvissement de la luxure, rien d'autre. L'amour, l'engagement, l'art, l'émotion n'existent pas. Chaque individu de la société doit prendre du "Soma", une drogue qui empêche les émotions de devenir un problème. Un autre livre, 1984 de George Owell... Une société dans laquelle l'histoire est constamment modifiée pour s'adapter aux tendances politiques modernes. Quiconque se souvient de la vérité et ne se conforme pas à la nouvelle réalité est sévèrement puni par l'État. Si cela vous semble étrangement proche du monde moderne, vous n'avez pas tort. Les éléments de ces histoires sont si semblables au monde moderne que c'est comme s'ils avaient eu l'idée de ces choses directement à partir de ces romans. C'est comme si les méchants utilisaient ces romans comme des manuels d'instruction.
Aldous Huxley et George Orwell étaient-ils des génies brillants dont la clairvoyance les a conduits à écrire de grandes œuvres littéraires ? C'est possible. Mais le génie n'est pas une garantie de sagesse ou de moralité. Toute personne ordinaire lisant ces histoires conclura que les mondes qu'elles dépeignent ne sont pas des mondes dans lesquels on voudrait vivre. Mais en décrivant et en articulant ces horreurs avec tant de détails, les auteurs, aussi bien intentionnés soient-ils, ont déjà ouvert la boîte de Pandore. Il est fort probable qu'ils aient contribué à créer ces mondes en écrivant ces histoires.
L'énergie humaine est une ressource extrêmement précieuse. Les agences de publicité l'ont déjà compris et convertissent chaque jour l'attention humaine, la colère, etc. en argent réel et en profit. L'énergie humaine est ce qui donne à un artiste sur scène l'immense frisson que de nombreux acteurs ressentent à la fin d'une représentation. L'énergie humaine est une force puissante, et lorsqu'elle est dirigée, même par la peur, pour se concentrer intensément sur des choses très spécifiques, elle peut les faire naître. Il ne s'agit pas nécessairement d'une discussion purement surnaturelle. Penser à quelque chose de spécifique signifie que vous en parlez avec des gens ; les idées affluent dans vos exemples, vos références, vos allusions et finalement dans vos idées originales sur la façon d'organiser le monde. Il ne s'agit pas de décisions conscientes. On dit que ces idées font partie de l'inconscient et qu'elles opèrent à ce niveau, tant au niveau individuel que culturel. La popularité des livres de Huxley et d'Orwell a eu l'effet inverse de celui d'empêcher l'avenir qu'ils annonçaient ; en fait, ils l'ont fait naître.
La prière est également puissante parce qu'elle concentre l'énergie et l'attention de l'homme sur quelque chose de vrai, d'important et de bon. Par un mécanisme similaire à celui décrit ci-dessus, la prière régulière fait également passer des idées importantes dans l'inconscient et les y solidifie, alimentant ainsi le reste de nos pensées, actions et motivations inconscientes tout au long de la journée. La répétition et la poésie constituent un élément important de la prière, car c'est ainsi que les idées pénètrent le plus efficacement dans l'inconscient. C'est pourquoi il est très dangereux que la dystopie prenne la forme d'œuvres d'art et de littérature : Il s'agit d'utiliser la méthode puissante de la modélisation de l'inconscient, mais de le faire dans un but néfaste.
On peut en dire autant des programmes télévisés actuels tels que Black Mirror, qui montrent des choses horribles comme la façon dont nous pouvons torturer les gens en les plaçant dans des simulations qui leur donnent l'impression d'être en isolement dans leur cerveau pendant des décennies en une minute. On y voit des gens dont le cerveau est équipé de puces informatiques qui enregistrent tous les événements de la vie humaine et qui sont ensuite obligés de montrer toutes les "séquences" de leur vie avant d'être autorisés à faire des choses comme contracter un prêt ou monter à bord d'un avion. Même le célèbre film Matrix est une histoire dystopique de personnes qui vivent dans des capsules et passent toute leur vie dans une simulation de la réalité, tandis que leurs corps réels sont pétrifiés dans un purgatoire vivant. Étant donné que les humains sont utilisés comme des batteries vivantes pour les extraterrestres, même les auteurs de Matrix ont compris, à un certain niveau, le pouvoir de l'énergie humaine.
Beaucoup de gens aiment Matrix, Black Mirror, Huxley et Orwell. Ils pensent que ces dystopies nous "mettent en garde" contre les dangers de l'abandon de la morale, de la nature, de la religion et de l'humanité. Mais que s'est-il passé depuis que ces œuvres ont été introduites dans la société ? Elles n'ont pas seulement agi comme des prophéties, elles ont en fait réalisé leurs explications, puisqu'elles nous enseignent comment créer ces réalités cauchemardesques. Elles nous ont fourni le vocabulaire et le matériel linguistique nécessaires pour décrire ces cauchemars, ce qui constitue la première étape de leur construction. Dieu a utilisé la parole pour faire naître le monde. À l'instar de Dieu, les auteurs de dystopies utilisent leurs mots pour faire naître des dystopies.
De même que le toucher d'une plaie peut provoquer un plaisir masochiste pervers, ou qu'un dépressif en proie à une douleur intense peut ressentir l'extase de se couper la jambe avec un couteau, les dystopies sont une forme d'automutilation d'un inconscient collectif de plus en plus nihiliste. Quand on n'a plus d'espoir pour l'avenir, s'appuyer sur la peur et la douleur en imaginant les pires tortures imaginables pour l'humanité peut être une délicieuse extase, peut-être comme une façon de se détruire, de se punir. Il est toujours plus facile de se punir que de chercher à améliorer la situation de quelque manière que ce soit. L'apitoiement sur soi est toujours plus approprié que l'amélioration de soi.
Rejetez les dystopies. Comme vous l'avez toujours su, vous savez au fond de vous-même qu'il s'agit de magie noire et que vous donnez vie à vos pires cauchemars parce que vous ne voulez pas faire le travail d'un héros. Vous ne voulez pas risquer l'échec, vous essayez d'espérer et vous vous battez pour cet espoir. Mais au lieu de cela, encourageons les parties les plus nobles de nous-mêmes. Rêvons d'utopies. Osons être des héros et réaliser un avenir meilleur. Au lieu de nous allonger dans une capsule et de nous lier à la dystopie, prenons l'épée et battons-nous, en nous libérant de la condamnation de l'échec.
Source : https://adimlardergisi.com/2024/05/17/distopyalarin-kara-buyusu/
14:56 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dystopie, littérature, lettres, georges orwell, aldous huxley, black mirror, matrix | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La Suède, esclave de l'unipolarité
La Suède, esclave de l'unipolarité
Constantin von Hoffmeister
Source: https://www.eurosiberia.net/p/sweden-slave-to-unipolarity?utm_source=post-email-title&publication_id=1305515&post_id=145869782&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=jgt70&triedRedirect=true&utm_medium=email
Pourquoi la Suède a-t-elle décidé d'abandonner sa souveraineté et de devenir volontairement un État vassal des États-Unis ?
Dans une démonstration décourageante de soumission à l'hégémonie américaine, le parlement suédois a approuvé à une écrasante majorité un accord de coopération en matière de défense (Defence Cooperation Agreement ou DCA) avec les États-Unis, initialement scellé en décembre. Avec 266 voix pour et seulement 37 contre, cet accord permet aux forces américaines de circuler librement sur le territoire suédois et leur donne accès à 17 installations militaires suédoises. Celles-ci comprennent des bases pour l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air, ainsi que des terrains d'entraînement.
Par conséquent, les États-Unis pourront stationner des troupes, des équipements, des armes et des munitions, et mener des manœuvres sur le sol suédois, tout en échappant à la justice suédoise puisque le personnel américain reste sous juridiction américaine. Cette soumission volontaire et masochiste de la part de la Suède va jusqu'à accorder aux forces américaines l'autorité sur les citoyens suédois se trouvant sur ou à proximité de ces installations, révélant ainsi la véritable nature de l'impérialisme américain dissimulé sous l'apparence de la "défense mutuelle". La présence américaine menace de disperser la souveraineté des nations, les forçant à adhérer à l'ancien ordre mondial en décomposition.
L'importance stratégique de ce DCA, en particulier avec la Suède qui est maintenant un pion zélé dans le jeu de l'OTAN, est soulignée par son inclusion dans une série d'accords avec le Danemark, la Finlande et la Norvège. Ces accords transforment l'Europe du Nord en une zone de transit pour les opérations militaires américaines contre la Russie, confirmant ainsi les ambitions coloniales de l'ordre mondial unipolaire moribond. La Russie, en revanche, est devenue une forteresse de la multipolarité, prônant un monde où une multitude de civilisations coexistent en équilibre.
Le véritable objectif de ces accords nordiques est de renforcer la domination américaine, en maintenant un ordre mondial ancré dans l'impérialisme occidental au détriment de la souveraineté nationale et d'une véritable diversité mondiale. "Voici qu'ils s'assemblent, mais ce n'est pas par moi ; quiconque s'assemblera contre toi tombera à cause de toi" (Isaïe 54:15). Le rassemblement des forces contre la Russie symbolise le désespoir du monde unipolaire de maintenir son empire qui tombe en ruine.
Les critiques mettent en garde contre deux menaces majeures : tout d'abord, la possibilité d'établir des bases militaires américaines permanentes sur les installations suédoises auxquelles les forces américaines auront accès. Cet empiétement de l'influence américaine signifie un enracinement plus profond de l'unipolarité, où une seule puissance dicte la dynamique militaire et politique de la région. Deuxièmement, l'absence de position sur les armes nucléaires dans l'accord de coopération au développement suscite l'inquiétude. Bien que le Premier ministre suédois Ulf Kristersson ait affirmé à plusieurs reprises qu'il existait un consensus contre le déploiement d'armes nucléaires en temps de paix, les déclarations qu'il a faites à la mi-mai en faveur d'un éventuel déploiement en temps de guerre révèlent une dure réalité : la Suède est sur le point de devenir un avant-poste nucléaire pour les intérêts américains. Cela ne met pas seulement en danger la stabilité régionale, mais perpétue également l'héritage de l'intimidation nucléaire occidentale.
"Car l'amour de l'argent est la racine de tous les maux : certains l'ont convoité, mais ils se sont écartés de la foi et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de souffrances" (1, Timothée 6:10). La recherche d'un avantage stratégique et d'un gain économique, sous couvert de sécurité, égare les nations et les éloigne d'un avenir multipolaire.
"Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde de ne pas vous consumer les uns les autres" (Galates 5:15). La voie de l'unipolarité, mue par des conflits internes, menace de se consumer elle-même, tandis que la multipolarité offre une promesse de respect mutuel et de coexistence.
13:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, suède, scandinavie, europe, affaires européennes, otan, atlantisme, unipolarité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 20 juin 2024
La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden
La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden
Par M. K. Bhadrakumar
Source: https://jornalpurosangue.net/2024/06/15/a-morte-do-petrodolar-e-um-legado-de-biden/
L'État profond aurait dû être en alerte, il y a cinq ans, lorsque le candidat Joe Biden a annoncé que, s'il était élu président, il serait déterminé à faire en sorte que les dirigeants saoudiens "paient le prix et deviennent, en fait, les parias qu'ils sont".
Joe Biden a été direct, au point d'être brutal à l'égard de la famille royale saoudienne, affirmant qu'il y avait "très peu de valeur de rédemption sociale dans le gouvernement actuel de l'Arabie saoudite" sous la direction du roi Salman.
Mais au lieu de cela, l'État profond était ravi que Biden soit l'homme idéal pour succéder à Donald Trump et inverser la pratique de l'ère Trump consistant à tolérer les violations des droits de l'homme en Arabie saoudite afin de préserver les emplois dans l'industrie de guerre américaine.
Biden savait probablement déjà ce que les services de renseignement américains avaient conclu au sujet du rôle de Mohammed bin Salman, prince héritier saoudien et dirigeant de facto du pays, dans le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi, qu'il était un "atout stratégique" de la CIA pour mener la prochaine succession saoudienne et le changement de régime qui s'ensuivrait à une fin heureuse. La décapitation de Khashoggi a mis en péril la stratégie de Washington visant à installer un dirigeant souple à Riyad.
Aujourd'hui, tout cela appartient à l'histoire. Mais contrairement aux Bourbons, la royauté saoudienne n'oublie ni ne pardonne jamais. Ils ont aussi une patience infinie et leur propre conception du temps et de l'espace. Et dimanche dernier, le 9 juin, elle a frappé.
Dans un style royal grandiose, Riyad a tout simplement laissé expirer l'accord de 50 ans sur les pétrodollars conclu entre les États-Unis et l'Arabie saoudite.
Pour rappel, le terme "pétrodollar" fait référence au rôle central du dollar américain en tant que monnaie utilisée pour les transactions de pétrole brut sur le marché mondial, conformément à l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, qui remonte à 1974, peu après que les États-Unis ont quitté l'étalon-or.
Dans l'histoire de la finance mondiale, peu d'accords ont apporté autant d'avantages à l'économie américaine que le pacte du pétrodollar. En substance, il était stipulé que l'Arabie saoudite fixerait le prix de ses exportations de pétrole exclusivement en dollars américains et investirait ses excédents de recettes pétrolières dans des bons du Trésor américain - et qu'en retour, les États-Unis fourniraient un soutien militaire et une protection au royaume.
Grâce à cet accord "gagnant-gagnant", les États-Unis obtenaient une source stable de pétrole et un marché captif pour leur dette, tandis que l'Arabie saoudite assurait sa sécurité économique et générale. En retour, le fait de libeller le pétrole en dollars a renforcé le statut du dollar en tant que "monnaie de réserve" mondiale.
Depuis lors, la demande mondiale de dollars pour acheter du pétrole a contribué à maintenir la force de la monnaie, non seulement en rendant les importations relativement bon marché pour les consommateurs américains, mais, en termes systémiques, l'afflux de capitaux étrangers dans les bons du Trésor américain a maintenu des taux d'intérêt bas et un marché obligataire robuste.
Il suffit de dire que l'expiration de l'accord "pétrole contre sécurité" entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, signé en 1974, a des implications considérables. Au niveau le plus évident, elle met en évidence l'évolution de la dynamique du pouvoir sur le marché pétrolier, avec l'émergence de sources d'énergie alternatives (par exemple, les énergies renouvelables et le gaz naturel) et de nouveaux pays producteurs de pétrole (par exemple, le Brésil et le Canada) qui remettent en cause la domination traditionnelle de l'Asie de l'Ouest. En apparence seulement.
En fait, l'expiration du pétrodollar pourrait affaiblir le dollar américain et, par extension, les marchés financiers américains. Si le pétrole était coté dans une devise autre que le dollar, cela pourrait entraîner une baisse de la demande mondiale de dollars, ce qui, par la suite, pourrait entraîner une hausse de l'inflation, des taux d'intérêt et un affaiblissement du marché obligataire aux États-Unis.
Il suffit de dire qu'à l'avenir, nous pouvons nous attendre à un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial avec l'influence croissante des économies émergentes, l'évolution du paysage énergétique et un changement tectonique dans l'ordre financier mondial qui entre dans une ère "post-américaine". En définitive, la domination du dollar américain n'est plus garantie.
Il ne fait aucun doute que l'Arabie saoudite a prévu une feuille de route. Quatre jours avant l'expiration de l'accord pétrole contre sécurité, Reuters a rapporté que l'Arabie saoudite avait rejoint un test transnational de monnaie numérique de banque centrale contrôlé par la Chine, "dans ce qui pourrait être une nouvelle étape vers une diminution du commerce mondial du pétrole en dollars américains".
L'annonce a été faite le 4 juin par la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution financière internationale basée en Suisse qui relie les différentes banques centrales du monde. Cela signifie que la banque centrale saoudienne est devenue un "participant à part entière" du projet mBridge, une collaboration lancée en 2021 entre les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande et des Émirats arabes unis.
Le communiqué de la BRI note que mBridge a atteint le stade de "produit minimum viable", c'est-à-dire qu'il est prêt à dépasser la phase de prototype. Par ailleurs, 135 pays et unions monétaires, représentant 98% du PIB mondial, étudient actuellement la possibilité de créer des monnaies numériques de banque centrale (CBDC).
L'entrée de l'Arabie saoudite, une économie majeure du G20 et le plus grand exportateur de pétrole au monde, signale une augmentation du règlement des matières premières sur une plateforme autre que le dollar dans un scénario à court terme, avec une nouvelle technologie à l'appui. Il est intéressant de noter que les transactions mBridge peuvent utiliser le code dans lequel l'e-yuan chinois a été créé !
L'objectif est de moderniser les paiements grâce à de nouvelles fonctionnalités et d'offrir une alternative à l'argent liquide, qui semble de toute façon en voie de disparition. La Chine a piloté le projet mBridge et réalise le plus grand projet pilote national de CBDC au monde, qui touche aujourd'hui 260 millions de personnes et couvre 200 scénarios, du commerce électronique aux paiements de relance du gouvernement.
En fait, d'autres grandes économies émergentes, dont l'Inde, le Brésil et la Russie, prévoient également de lancer des monnaies numériques au cours des deux prochaines années, tandis que la Banque centrale européenne a commencé à travailler sur un projet pilote d'euro numérique en prévision d'un lancement possible en 2028.
Ajoutez à cela le plan stratégique de la Russie visant à créer un nouveau système de paiement des BRICS, sans passer par le dollar. La bourse de Moscou a annoncé mercredi qu'elle cesserait d'échanger des dollars et des euros à partir du jeudi 13 juin.
Ainsi, l'expiration de l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite le week-end dernier est emblématique d'une remise en question en cascade de la prééminence du dollar en tant que "monnaie de réserve" par différents secteurs. En particulier, la liberté illimitée dont jouissaient les États-Unis pour imprimer des dollars à volonté et vivre bien au-dessus de leurs moyens, imposant l'hégémonie mondiale des États-Unis, touche à sa fin.
Les élites américaines craignent de plus en plus que la belle vie ne touche à sa fin, car le poids écrasant de la dette fait sombrer l'économie américaine. Dans une interview accordée hier à CNBC, Janet Yellen, secrétaire au Trésor, a averti que les taux d'intérêt élevés alourdissaient également le fardeau de la gestion de la dette massive des États-Unis, qui s'élève à 34.700 milliards de dollars.
Bien sûr, il n'existe pas encore d'alternative claire au dollar américain en tant que principale monnaie de réserve mondiale, mais il est évident que les tensions commerciales mondiales et le recours accru aux tarifs douaniers ou aux sanctions pourraient saper son rôle tôt ou tard, alors que les investisseurs étrangers s'inquiètent de plus en plus de la viabilité de la dette publique américaine.
FitchRatings a noté hier que "les importants déficits primaires et les coûts plus élevés du service des intérêts continueront d'alourdir le fardeau de la dette souveraine américaine après les élections de novembre, quel que soit le vainqueur".
Bref, ce qui semblait jusqu'alors être une rivalité géopolitique autour de l'expansion de l'OTAN et de Taïwan - ou de la définition des normes commerciales/technologiques dans la quatrième révolution industrielle - prend une dimension existentielle pour Washington, puisque c'est l'avenir du dollar qui est en jeu. De nombreux indices témoignent des actions coordonnées de Moscou et de Pékin pour accélérer le processus de "dédollarisation".
D'une part, la Russie met tout en œuvre pour présenter au monde un système de paiement sans dollar pour régler le commerce international lors du prochain sommet des BRICS en octobre, tandis que, d'autre part, la Chine se débarrasse systématiquement de ses bons du Trésor américain, ce qui lui donnera plus de liberté en cas de turbulences.
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Maupassant et la politique moderne
Maupassant et la politique moderne
Nicolas Bonnal
C’est dans Les Dimanches d’un Bourgeois, bref roman au ton Audiard. Déjà, nous dit le maître, il faut être fou pour aller voter (cf. Mirbeau à la même époque ou Bloy) :
« En effet, livrer des millions d’hommes, des intelligences d’élite, des savants, des génies même, au caprice, au bon vouloir d’un être qui, dans un moment de gaieté, de folie, d’ivresse ou d’amour, n’hésitera pas à tout sacrifier pour sa fantaisie exaltée, dépensera l’opulence du pays péniblement amassée par tous, fera hacher des milliers d’hommes sur les champs de bataille, etc., etc., me paraît être, à moi, simple raisonneur, une monstrueuse aberration. Mais en admettant que le pays doive se gouverner lui-même, exclure sous un prétexte toujours discutable une partie des citoyens de l’administration des affaires est une injustice si flagrante, qu’il me semble inutile de la discuter davantage. »
Un des personnages (ce sont tous des fonctionnaires) de Maupassant se déclare anarchiste :
« Autrefois, quand on ne pouvait exercer aucune profession, on se faisait photographe ; aujourd’hui on se fait député. Un pouvoir ainsi composé sera toujours lamentablement incapable ; mais incapable de faire du mal autant qu’incapable de faire du bien. Un tyran, au contraire, s’il est bête, peut faire beaucoup de mal et, s’il se rencontre intelligent (ce qui est infiniment rare), beaucoup de bien.
Entre ces formes de gouvernement, je ne me prononce pas ; et je me déclare anarchiste, c’est-à-dire partisan du pouvoir le plus effacé, le plus insensible, le plus libéral au grand sens du mot, et révolutionnaire en même temps, c’est-à-dire l’ennemi éternel de ce même pouvoir, qui ne peut-être, de toute façon, qu’absolument défectueux. »
Puis Maupassant se moque de nos gauchistes immortels (son bourgeois assiste à une réunion politique) :
« Le bureau était au complet. La citoyenne Zoé Lamour, une jolie brune replète, portant des fleurs rouges dans ses cheveux noirs, partageait la présidence avec une petite blonde maigre, la citoyenne nihiliste russe Eva Schourine.
Juste au-dessous d’elles, l’illustre citoyenne Césarine Brau, surnommée le « Tombeur des hommes », belle fille aussi, était assise à côté du citoyen Sapience Cornut, de retour d’exil. Celui-là, un vieux solide à tous crins, d’aspect féroce, regardait la salle comme un chat regarde une volière d’oiseaux, et ses poings fermés reposaient sur ses genoux. »
Ce monde progressiste crée des vieilles filles :
« À droite, une délégation d’antiques citoyennes sevrées d’époux, séchées dans le célibat, et exaspérées dans l’attente, faisait vis-à-vis à un groupe de citoyens réformateurs de l’humanité, qui n’avaient jamais coupé ni leur barbe ni leurs cheveux, pour indiquer sans doute l’infini de leurs aspirations. »
Les grands discours sur la servitude féminine commencent :
« La citoyenne Zoé Lamour ouvrit la séance par un petit discours. Elle rappela la servitude de la femme depuis les origines du monde ; son rôle obscur, toujours héroïque, son dévouement constant à toutes les grandes idées. Elle la compara au peuple d’autrefois, au peuple des rois et de l’aristocratie, l’appelant : « l’éternelle martyre » pour qui tout homme est un maître ; et, dans un grand mouvement lyrique, elle s’écria : « Le peuple a eu son 89, ayons le nôtre ; l’homme opprimé a fait sa Révolution ; le captif a brisé sa chaîne ; l’esclave indigné s’est révolté. Femmes, imitons nos despotes. Révoltons-nous ; brisons l’antique chaîne du mariage et de la servitude ; marchons à la conquête de nos droits ; faisons aussi notre révolution. […] »
Chose marrante, dans ce bataclan du verbe et des idées, tout le monde se croit déjà capable de réparer la France, même ceux qui ne sont pas capables de réparer leur montre :
« Pardon, Monsieur, je suis un libéral, moi. Voici seulement ce que je veux dire : Vous avez une montre, n’est-ce pas ? Eh bien, cassez un ressort, et allez la porter à ce citoyen Cornut en le priant de la raccommoder. Il vous répondra, en jurant, qu’il n’est pas horloger. Mais, si quelque chose se trouve détraqué dans cette machine infiniment compliquée qui s’appelle la France, il se croit le plus capable des hommes pour la réparer séance tenante. Et quarante mille braillards de son espèce en pensent autant et le proclament sans cesse. Je dis, Monsieur, que nous manquons jusqu’ici de classes dirigeantes nouvelles, c’est-à-dire d’hommes nés de pères ayant manié le pouvoir, élevés dans cette idée, instruits spécialement pour cela comme on instruit spécialement les jeunes gens qui se destinent à Polytechnique. »
Les classes dirigeantes nouvelles, énarques ou autres, on a donné depuis, merci !
Cerise sur le gâteau, le problème est dans la populace, pas dans les élites qu’elle élit – pis encore, dans la populace déformée par l’école et l’université:
« Des « chut ! » nombreux l’interrompirent encore une fois. Un jeune homme à l’air mélancolique occupait la tribune. Il commença :
Le vieux monsieur répondit :
– Non, Monsieur ; ils sont des millions comme ça. C’est un effet de l’instruction.
Patissot ne comprenait pas.
– De l’instruction ?
– Oui ; maintenant qu’ils savent lire et écrire, la bêtise latente se dégage. »
Il ne les avait pas entendus à la télé ou à la radio ! Dans les réseaux sociaux!
19:36 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guy de maupassant, lettres, lettres françaises, littérature, littérature française | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le G7 renforce les Brics. La Turquie demande à en faire partie
Le G7 renforce les Brics. La Turquie demande à en faire partie
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/al-g7-si-rafforzano-i-brics-la-turchia-chiede-di-aderire/
On ne peut pas dire que l'élargissement des BRICS à d'autres pays n'ait pas été fructueux. En effet, ce fut l'occasion pour Erdogan et Lula d'avoir un tête-à-tête au cours duquel le "dictateur d'Ankara", comme l'avait qualifié le fin diplomate Draghi, a demandé au président brésilien de soutenir l'entrée de la Turquie dans les Brics. Lesquels, entre-temps, se sont réunis en Russie pour la première fois après l'élargissement à de nouveaux membres. Des représentants de certains des autres pays qui souhaiteraient les rejoindre étaient également présents.
Une liste de plus en plus longue, du Vietnam à la Mauritanie, de Cuba à Bahreïn, du Bangladesh au Venezuela. Mais c'est surtout la demande de la Turquie qui est pertinente car elle serait le premier pays de l'OTAN à rejoindre le groupe qui comprend, entre autres, la Russie et la Chine, c'est-à-dire les pays détestés par Stoltenberg et ses porte-voix européens.
Les Brics ne sont évidemment pas une alliance militaire ni même politique au sens strict. Il n'y a donc aucun obstacle formel ou pratique à l'adhésion d'Ankara. Cela constituerait toutefois un signal clair du mécontentement du Sud mondial à l'égard des composantes de l'Occident collectif. À commencer par l'utilisation politique des sanctions, des droits de douane et, désormais, du vol des ressources des pays qui n'acceptent pas les ordres de Washington.
Entre autres, les images embarrassantes de Biden, accompagné d'un soignant italien, montrent clairement que les décisions ne sont pas prises par un président désormais complètement sénile, mais par un entourage qui répond à des intérêts qui n'ont rien à voir avec un vote démocratique, avec une majorité populaire. Et les larbins européens mènent le monde à la destruction pour satisfaire un groupe de pouvoir qui fait passer ses intérêts pour l'exportation de la démocratie.
19:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, politique internationale, turquie, brics, g7 | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La terreur woke
La terreur woke
par Sietze Bosman
Source: https://www.arktosjournal.com/p/the-terror-of-woke
Sietze Bosman affirme que les normes traditionnelles de l'Europe sont attaquées sans relâche par le mouvement Woke, et appelle passionnément l'Europe à se lever et à résister farouchement pour défendre ses valeurs fondamentales.
Dans la guérilla idéologique en cours, les normes traditionnelles sont encore et toujours victimes de la soif nihiliste et sanguinaire de l'idéologie Woke. Les normes, dit le mantra, sont oppressives. "Les normes ne sont pas atteignables pour beaucoup de gens", scande la tribu Woke dans une parfaite harmonie grégorienne, et c'est pourquoi les normes doivent être ajustées à la baisse ou carrément abolies. Les normes sont exclusives et contredisent la religion d'une minorité bruyante, convaincue d'être la seule à posséder un sens moral pur et puissant - une morale qui déifie l'individu, aussi grotesque qu'il/elle/iel/iels/ielles/wolfkin puisse être dans l'expression de son individualité.
Des penseurs naturalistes et romantiques tels que Jean-Jacques Rousseau partent du principe que l'homme est intrinsèquement bon et que les institutions de la société occidentale moderne ne peuvent que le corrompre. Les églises, les écoles et même la structure familiale traditionnelle sont des institutions qui ne peuvent qu'éloigner les gens de leur nature naturellement bonne, selon Rousseau. Ainsi, toutes les normes issues des institutions occidentales traditionnelles sont par définition répressives et éloignent l'homme de sa bonté naturelle.
Des penseurs comme Foucault et Derrida, penseurs déconstructionnistes postmodernes, ont également eu une forte influence sur la substance de l'idéologie Woke. Avec eux, nous trouvons l'origine des idées sur l'absence de véritable vérité objective et sur le fait que les institutions décrites par des penseurs comme Rousseau ne sont que des constructions sociales. Plus rien n'a de sens profond et même la morale qui ne concerne que l'individu disparaît dans la poubelle idéologique Woke.
La pensée postmoderniste affirme que la réalité peut être interprétée d'un nombre infini de façons. C'est vrai, mais cela ne tient pas compte du fait que nous vivons dans une réalité partagée dans laquelle les lois de la nature s'appliquent à tous et qu'une vérité objective émerge de ces lois. La manière dont chacun interprète cette réalité objective façonnée par les lois est certes sujette à de grandes différences, mais la réalité objective traverse néanmoins les différentes interprétations individuelles de la réalité comme un fil conducteur contraignant.
Les normes sont, selon l'idéologie Woke, des constructions parce que chacun a une interprétation différente de la réalité. Les normes sont donc imposées à un individu déjà bon par nature. Ce qui est un homme pour l'un est une femme pour l'autre. Ce qui est une vertu pour moi est un péché pour d'autres. Même les réalités biologiques telles que la dichotomie des sexes sont rejetées en tant qu'oppression "blanche, masculine et cisgenre". En fait, le langage lui-même est considéré comme une norme oppressive qui doit être transcendée et surmontée, ou détruite. Ainsi, le moyen même par lequel chacun peut s'exprimer sera tellement défiguré qu'il ne pourra plus servir de moyen de communication, ce qui nous ramènera à l'âge de pierre.
Tout ce qui fait de la société occidentale la plus prospère de l'histoire connue repose sur des sables mouvants. La tradition, le lien avec la terre natale, la fierté nationale et le fait de laisser quelque chose derrière soi pour la postérité sont autant d'idées répréhensibles qui ne sont que des fantômes idéologiques de la pensée occidentale chrétienne, laquelle est toxique, selon le "pensée" Woke. En particulier, le fondement chrétien des sociétés occidentales est considéré comme un mal absolu. Tout ce qui découle de la doctrine chrétienne est digne d'être arrosé d'excréments verbaux et de vitriol violent.
Dieu en tant qu'être transcendant, ou l'idée même de Dieu, est l'ennemi absolu de l'idéologie woke. Dieu est la norme ultime, le standard ultime. Dieu a créé Adam et Eve à partir de sa côte - l'homme et la femme, une division objective des sexes. En tant qu'idéologie, Woke a déclaré la guerre à toutes les normes, et le créateur des normes doit donc être détruit. Lorsque l'on tue l'idée de Dieu, l'homme doit devenir comme Dieu et établir ses propres normes, selon Nietzsche. L'éthique devient alors une approche purement personnelle du bien et du mal. La morale, de facto, cesse d'exister parce qu'elle n'apparaît que dans le contexte des groupes sociaux.
L'idée que tout doit être fluide et catégorisé uniquement sur la base d'un sentiment que l'on éprouve fait que l'on échange le beau contre le laid, que l'on qualifie les faits de détestables, que l'on veut appauvrir le langage et l'utiliser comme un instrument militant d'encadrement. Le résultat de cette fluidité, ce sont des magasins avec des mannequins obèses dans les vitrines, des publicités Calvin Klein avec des femmes rongées par la cellulite et des hommes grassouillets vêtus de soutiens-gorge de sport, des promotions de bières transgenres et beaucoup de cheveux colorés au néon. De nombreux adeptes du wokisme semblent faire un effort conscient pour se rendre aussi laids que possible. Tels des adolescents récalcitrants qui se rebellent contre leurs parents, ils se détournent de tout idéal de beauté. Après tout, une norme n'est qu'une question de perception, pas d'aspiration - ainsi chantent les hordes woke.
De nombreux Européens ont le sentiment inné que nous ne devrions pas accepter les absurdités woke - qu'il est, en quelque sorte, anti-européen d'aller dans le sens du wokisme.
Woke semble être un phénomène relativement nouveau, mais le déclin des idéaux est perceptible et visible depuis longtemps. L'architecture occidentale moderne est un exemple clair de ce déclin des idéaux.
L'architecture traditionnelle, avec son sens sublime des proportions et sa capacité à impressionner le spectateur, a été remplacée par des constructions d'acier et de verre froides et sans âme, qui n'impressionnent ni n'inspirent. Les villes occidentales modernes sont devenues des lieux stériles, où l'architecture moderne est soigneusement incisée dans et parmi les perles classiques sporadiques qui existent encore. Lorsque Notre Dame a perdu son toit à la suite d'un incendie, un concours d'architectes a été organisé pour trouver une solution de remplacement. Parmi les idées soumises figurait une véritable piscine au sommet de l'église, je ne vous le fais pas dire (photo, ci-dessous). Le fait qu'un lieu d'une telle importance historique et culturelle puisse être violé par des architectes modernes, fétichistes et laids, est clairement révélateur de la folie moderne.
Un autre bon exemple est le Forum de Groningue, aux Pays-Bas (photo, ci-dessus). Le visage du magnifique centre historique de la ville a été défiguré au point d'être méconnaissable par un bâtiment qui se caractérise par une laideur qui ne peut être exprimée par des mots. C'est un exploit en soi que de concevoir un bâtiment avec autant d'angles qui ne peuvent être appréciés pour quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à de la beauté, quel que soit l'angle.
La beauté en tant qu'idéal semble avoir été expressément désignée comme un élément à exclure de la mission de l'architecte. Le bâtiment a été dépouillé de tout ce qui peut plaire à l'œil, et ses façades nues et lisses ne peuvent que le tourmenter par leur échec architectural flagrant.
L'art moderne est aussi depuis longtemps le théâtre du déclin des idéaux. L'art n'est aussi que ce que le spectateur en fait, dit-on. L'art ne s'interprète donc qu'à travers une histoire. C'est ainsi que nous avons aujourd'hui des musées qui exposent des tampons usagés et des nouilles peintes en or en tant qu'œuvres d'art.
L'artiste vous expliquera l'art avec une histoire creuse sur "la recherche nerveuse des limites", "la rupture des tabous", ou "Il représente une concentration herméneutique sur l'interprétation psychosociale de l'entrelacement de la souffrance subconsciente et de la glorification de l'éphémère, combinée à un reflet plastique-graphique du paradigme du pouvoir cisgenre". En d'autres termes, l'art ne peut être expliqué que par une salade de mots relativiste - zum kotzen.
La croisade dévorante vers l'égalitarisme absolu a pour conséquence directe que, pour n'exclure personne, toutes les normes doivent être ajustées au plus petit dénominateur commun, voire complètement détruites. Il ne peut y avoir de norme de beauté physique, car une personne ayant une composition génétique malheureuse et les attributs physiques répulsifs qui en découlent se sentira exclue à cause de cela. Les examens d'entrée à l'école sont assouplis pour permettre une plus grande diversité dans les écoles, et les entreprises recrutent en fonction des caractéristiques de la diversité et non d'une norme d'aptitude. La recherche aveugle de toujours plus d'inclusivité est le moteur du wokisme. Le wokisme est prêt à sacrifier tout ce qu'il considère comme répressif, même si cela signifie détruire l'économie et, par conséquent, sa propre capacité à prospérer.
Le wokisme n'est pas une tendance, c'est l'aboutissement d'une intrusion ignoble d'un poison idéologique mondialiste dont le but n'est rien d'autre que de vaincre l'Occident idéologiquement puisqu'il est très difficile de le faire militairement. Et parce que nous avons résolument fermé la porte au christianisme, l'Occident ne peut opposer aucune résistance. Nous n'avons pas remplacé Dieu par quelque chose qui offre suffisamment de substance pour unir les peuples d'Europe.
L'écho du marteau qui a forgé la culture européenne sur l'enclume de l'histoire résonne encore dans le cœur des Européens. De nombreux Européens ont le sentiment inné que nous ne devrions pas accepter les absurdités du wokisme - qu'il est, d'une certaine manière, anti-européen de suivre la mode woke. Mais c'est la tactique de la honte, si astucieusement déployée par le wokisme, qui maintient les gens dans le silence. De peur d'être stigmatisés et étiquetés, les gens se taisent, sans se rendre compte que l'utilisation compétente de cette même langue a constitué le fondement de la culture européenne. La liberté d'expression est l'épine dorsale de la culture européenne et doit être défendue. Heureusement, en raison de l'utilisation abondante de termes péjoratifs et de l'application gauchiste des étiquettes, celles-ci semblent perdre de leur force. Le fait d'être traité de nazi n'est pas très grave si de nombreuses personnes sont appelées ainsi. Cela offre une perspective.
L'heure est venue de ne plus se préoccuper de l'étiquetage et de la stigmatisation. Il est temps d'assumer notre devoir naturel de défendre notre peuple, de revendiquer notre avenir et d'expulser l'ennemi de nos vies et de nos territoires. Une grande opportunité s'offre aux peuples d'Europe qui voient le projet mondialiste se déployer sous leurs yeux. Le terrain est prêt à être labouré et ensemencé avec les idées du traditionalisme, d'un retour aux normes et aux règles qui garantissent la sortie de notre peuple du désert idéologique qu'est devenu notre continent.
Debout, l'Europe ! Lève-toi ! Débarrassez-vous de vos chaînes et arrachez votre muselière. Parlez avec feu et vertu, et ne laissez jamais l'esprit européen qui est en vous être diminué par des forces spirituelles inférieures. Respirez profondément l'air européen imprégné de l'esprit glorieux de nos nobles et intrépides ancêtres. Ouvrez votre esprit à l'héritage inestimable que nous avons reçu et laissez vos cœurs se gonfler de l'amour de nos idéaux. Laissez les forces de marée de l'histoire, du sang et de l'honneur déferler dans votre corps jusqu'à ce que tout ce que vous puissiez sortir de votre bouche dans une dévotion extatique soit : Europe ! L'Europe ! Debout, l'Europe !
Qui est Sietze Bosman?
Sietze Bosman, 42 ans, réside aux Pays-Bas. Après avoir servi dans l'armée pendant quatre ans, il s'est reconverti dans la construction et occupe actuellement un poste au sein d'une organisation spécialisée dans le logement abordable. Parallèlement à ses activités professionnelles, Sietze écrit volontiers des récits et des poèmes dans sa langue maternelle, le frison, plutôt qu'en néerlandais, ce qui témoigne de son profond attachement à son héritage frison. Il se consacre à la formulation d'un cadre philosophique qui unit la communauté frisonne dans la résistance à la modernité. Sietze se définit comme un philosophe, un père de famille et un adorateur de la création, sa philosophie étant centrée sur l'ordre naturel et la responsabilité qu'il implique. Motivé par ce devoir, il s'efforce de rassembler son peuple, même face à l'adversité.
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mercredi, 19 juin 2024
Pourquoi l'Angleterre a-t-elle réussi ?
Pourquoi l'Angleterre a-t-elle réussi?
Mikhail Deliaghine
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/perche-linghilterra-ha-avuto-successo
L'accession de la Grande-Bretagne au leadership mondial (en surmontant tous les concurrents et obstacles - des Pays-Bas, de l'Espagne et de la France à la Chine et à l'Inde), son maintien à long terme de son leadership et son maintien d'un rôle mondial malgré l'effondrement de son empire (signalé par le tristement célèbre Brexit) est une leçon d'une importance historique mondiale.
Ce pays (contrairement à la Russie, aux États-Unis, à la Chine et à l'Inde) n'a jamais disposé de ressources exceptionnelles. Le charbon était important, mais pas tant que cela. Même au début du XVIIIe siècle, l'Angleterre n'avait pas la puissance coloniale de l'Espagne, ni la puissance militaire de la France, ni la puissance économique des Pays-Bas. Minée par une succession de révolutions et de guerres, politiquement instable et déchirée par des conflits religieux, elle était pauvre.
Pourquoi, en moins d'un siècle, a-t-elle acquis une puissance destructrice et est-elle devenue non seulement le "maître des mers", mais aussi "l'atelier du monde", le pionnier de la révolution industrielle, la locomotive du développement technologique et social mondial ?
Le facteur clé de la supériorité stratégique britannique est la capacité de l'élite britannique à utiliser les structures de réseau existantes (ou créées par elle), qu'il s'agisse de banques, de pirates des mers, de francs-maçons ou de sociétés marchandes. Leurs fondements ont été transformés en un sujet d'action stratégique : un groupe stable au sein de l'élite, uni par des intérêts à long terme et capable de reproduire son influence.
Mais le chemin pour parvenir à cette capacité a été semé d'embûches.
La première étape a été l'auto-extinction de l'élite féodale lors de la guerre des Roses blanche et rouge (1455-1487). Le déficit de l'élite a créé un mécanisme social unique : la noblesse anglaise, contrairement à la noblesse continentale, était un espace patrimonial ouvert désormais aux riches marchands et paysans. Les marchands, les plus avantagés par la guerre, ne rejoignent pas la noblesse de manière exceptionnelle et moyennant paiement, mais rejoignent ses rangs légalement et en masse. En s'appuyant sur cette nouvelle noblesse, l'absolutisme s'est appuyé à la fois sur les marchands et sur les riches paysans, élargissant ainsi sa base sociale à une échelle inimaginable à l'époque. Cette noblesse s'est développée à partir du marché, au lieu d'y être hostile (comme la noblesse continentale).
Le développement du capitalisme en l'absence de résistance féodale a détruit la paysannerie en tant que classe sociale (comme elle a été éliminée près d'un demi-millénaire plus tard lors de l'"annulation" de la Grande Dépression aux États-Unis, contrairement à la collectivisation soviétique), plaçant le village sur une base capitaliste.
La répression prolongée et impitoyable des pauvres et leur extermination, l'encouragement et la défense totale de la richesse ont façonné le caractère national anglais - respectueux des lois, obstiné, fier de son pouvoir en tant que tel, respectueux des droits de ses compatriotes et refusant tous les autres. La richesse est devenue un facteur de compétitivité du pays, bien illustré par la parabole de la pelouse anglaise qu'il faut tondre tous les jours pendant 300 années consécutives.
Le développement du capitalisme, sans se heurter à la résistance des seigneurs féodaux, crée une communauté d'intérêts fondamentale entre des forces politiques opposées, leur permettant d'éviter les affrontements frontaux au nom d'un objectif commun : le profit. À la fin du XVIIe siècle, un État civil s'est ainsi constitué, non pas affaibli mais renforcé par les luttes politiques internes.
L'unité patriotique de l'élite managériale et commerciale s'est faite autour d'un intérêt stratégique commun : l'utilisation commune de l'État comme outil de la concurrence extérieure. La réalisation même de cette unité a facilité le compromis systématique et la résolution des conflits internes par le biais d'un mécanisme politique universel : l'expansion extérieure commune.
La collaboration entre les factions belligérantes a permis la création d'un mécanisme financier unique : une banque centrale privée. Son paradoxe et son importance résident dans le fait que n'importe lequel de ses engagements (billets de banque), à partir du moment où il est émis, est en fin de compte une dette de l'État envers son détenteur, mais peut être émis sans le consentement de l'État.
La création de la Banque d'Angleterre est une fraude vertigineuse (le capital est versé à un faible taux, ce qui permet aux fondateurs de réaliser un bénéfice immédiat de 140 %), justifiée par un changement qualitatif du caractère de l'État : implicitement, le roi est inclus dans les fondateurs avec une part importante.
Par conséquent, son abandon du pouvoir politique absolu (suite à la Glorieuse Révolution) s'est accompagné de sa prise de possession (avec la fondation de la Banque d'Angleterre) par un certain pouvoir économique. De cette manière, le fameux "système d'équilibre des pouvoirs" en politique a reçu un complément harmonieux, quoique secret, en économie.
La noblesse, ayant cédé une partie du pouvoir politique au capital commercial et financier, a repris en retour une partie du pouvoir économique et, au lieu de lutter contre le capital, a fusionné avec lui dans un mécanisme unique de pouvoir économique ("combinaison politique", comme l'académicien Andrei Fursov a appelé l'union des princes et des boyards de la principauté de Moscou).
Cela a rendu possible la création de la dette publique en tant qu'instrument de développement. Alors que dans les monarchies ordinaires, le crédit de l'État plaçait le monarque devant un choix douloureux : rembourser la dette ou mettre le créancier en prison, en Angleterre, l'État, en la personne du Parlement, était crédité par le monarque lui-même, en la personne de la Banque d'Angleterre. En conséquence, la dette était parfaitement remboursée et accumulait tous les capitaux libres de l'époque (comme, jusqu'à récemment, la dette des États-Unis), garantissant le pouvoir de l'État et le réarmement technique rapide de l'Angleterre au cours de la révolution industrielle. Tout le monde pouvait construire des machines à vapeur, mais seule l'Angleterre avait les moyens d'en équiper de nombreuses usines.
La création d'une banque centrale privée était la privatisation d'un nouveau type d'État : l'État de Machiavel (formalisé par la paix de Westphalie plus d'un siècle après que le génie florentin l'ait conçu), séparé du monarque en tant qu'institution publique plutôt que privée. En Angleterre, cette privatisation a eu lieu presque au moment de sa création et est devenue un facteur de pouvoir futur, car les privatiseurs se sont perçus comme faisant partie intégrante de l'Angleterre, sans autre identité que celle de l'Angleterre (en dépit de leur composition ethnique et même confessionnelle variée).
Le rôle exceptionnel de la science est tout aussi important. Au cours des longs et terribles cataclysmes sociaux du Moyen Âge, toutes les institutions sociales ont été irrémédiablement discréditées. Le roi, les églises, l'aristocratie, les tribunaux, le parlement, les marchands ont tous commis des crimes impensables et leurs représentants étaient inaptes à jouer le rôle d'arbitre dans les conflits d'intérêts à l'intérieur du pays : personne ne les croyait.
Et comme l'accomplissement de cette fonction était nécessaire à la société, l'arbitre devint l'homme de lettres, classe alliant l'intelligence à l'indépendance due au détachement des litiges quotidiens. L'appel du pouvoir à l'autorité des savants est devenu un facteur de formation de la morale publique, en tant que reconnaissance par le pouvoir de la vérité indépendante de lui. C'est aussi la reconnaissance de la valeur indépendante du savoir, même s'il n'est pas appliqué.
L'autorité des scientifiques a rendu les autorités réceptives à l'application des réalisations scientifiques, y compris dans le domaine de l'ingénierie sociale, qui a permis aux Britanniques de régner sur des colonies colossales dans le passé et leur permet d'influencer le monde dans le présent.
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Tacite et le mauvais pullulement des lois
Tacite et le mauvais pullulement des lois
Nicolas Bonnal
On connaît tous le taoïsme et la fameuse sentence du maître chinois : plus se développent les règlements, plus pullulent les voleurs. Et on connaît aussi Tacite – qui écrit la même chose. Ce n’est pas la première fois que la science traditionnelle chinoise rejoint la romaine : on a le Feng Shui tout entier chez Vitruve, qui consacre un de ses livres à l’astrologie, et au positionnement des planètes et des bâtisses ; et on a aussi le cousin de Sun Tsu, un auteur romain donc jamais lu, celui des Stratagèmes (je vous conseille de le lire, car les romains ont à leur actif plus de victoires que le reste du monde réuni, chinois compris) : j’ai nommé Frontin.
Mais lisons Tacite (voyez notre texte sur Calgacus contre l’impérialisme), auteur incroyable et réactionnaire impénitent (Histoires, III), marqueur absolu de notre présent permanent :
« XXV. On parla ensuite d'adoucir la loi Papia Poppea qu'Auguste, déjà vieux, avait ajoutée aux lois Juliennes, pour assurer la punition du célibat et accroître les revenus du trésor public. Cette loi ne faisait pas contracter plus de mariages ni élever plus d'enfants (on gagnait trop à être sans héritiers); mais elle multipliait les périls autour des citoyens, et, interprétée par les délateurs, il n'était pas de maison qu'elle ne bouleversât : alors les lois étaient devenues un fléau, comme autrefois les vices. Cette réflexion me conduit à remonter aux sources de la législation, et aux causes qui ont amené cette multitude infinie de lois différentes. »
Puis rappelons cette magnifique digression de Tacite sur les lois :
« XXVI. Les premiers hommes, encore exempts de passions désordonnées, menaient une vie pure, innocente, et libre par là même de châtiments et de contrainte. Les récompenses non plus n'étaient pas nécessaires, puisqu'on pratiquait la vertu par instinct ; et comme on ne désirait rien de contraire au bon ordre, rien n'était interdit par la crainte. »
On se rapproche du début des Métamorphoses et de l’imparable description de l’âge d’or :
« Quand l'égalité disparut, et qu'à la place de la modération et de l’honneur régnèrent l'ambition et la force, des monarchies s'établirent, et chez beaucoup de peuples elles se sont perpétuées. D'autres dès l'origine ou après s'être lassés de la royauté, préférèrent des lois. Elles furent simples d'abord et conformes à l'esprit de ces siècles grossiers. La renommée a célébré surtout celles que Minos donna aux Crétois, Lycurgue aux Spartiates, et plus tard Solon aux Athéniens : celles-ci sont déjà plus raffinées et en plus grand nombre. Chez nous, Romulus n'eut de règle que sa volonté. Numa, qui vint après, imposa au peuple le frein de la religion et des lois divines : quelques principes furent trouvés par Tullus et par Ancus; mais le premier de nos législateurs fut Servius Tullius, aux institutions duquel les rois même devaient obéissance. »
Quand la société devient folle, la romaine notamment, elle devient folle de lois. On rappelle Tocqueville : « il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »
Tocqueville avait bien expliqué à l’un de ses cousins que l’on quittait aux temps modernes la liberté médiévale pour retourner au despotisme antique. Mais restons sur Tacite :
« XXVII. Après l'expulsion de Tarquin, le peuple, en vue d'assurer sa liberté et d'affermir la concorde, se donna, contre les entreprises des patriciens, de nombreuses garanties. Des décemvirs furent créés, qui, empruntant aux législations étrangères ce qu'elles avaient de meilleur, en formèrent les Douze Tables, dernières lois dont l'équité soit le fondement, car si celles qui suivirent eurent quelquefois pour but de réprimer les crimes, plus souvent aussi, nées de la division entre les ordres, d'une ambition illicite, de l'envie de bannir d'illustres citoyens ou de quelque motif également condamnable, elles furent l'ouvrage de la violence. »
Les lois pullulent et sont contradictoires :
« De là les Gracques et Saturninus semant le trouble dans la multitude ; et Drusus non moins prodigue de concessions au nom du sénat ; et les alliés gâtés par les promesses, frustrés par les désaveux. Ni la guerre italique, ni la guerre civile, qui la suivit de près n'empêchèrent d'éclore une foule de lois, souvent contradictoires; jusqu'à ce que L. Sylla, dictateur, après en avoir aboli, changé, ajouté un grand nombre, fît trêve aux nouveautés, mais non pour longtemps, car les séditieuses propositions de Lépidus (1) éclatèrent aussitôt, et la licence ne tarda pas à être rendue aux tribuns d'agiter le peuple au gré de leur caprice.
Et arrive la formule célèbre :
« Alors on ne se borna plus à ordonner pour tous ; on statua même contre un seul, et jamais les lois ne furent plus multipliées que quand l'État fut le plus corrompu. »
A transmettre à Bruxelles-Paris-Washington-ONU…
Allez, un peu de latin (sans faire du Goscinny) :
... et corruptissima re publica plurimae leges…
Sources principales :
https://remacle.org/bloodwolf/historiens/tacite/annales3....
https://www.thelatinlibrary.com/tacitus/tac.ann3.shtml#27
https://lesakerfrancophone.fr/comment-lempire-us-plagie-l...
https://www.amazon.fr/Petits-%C3%A9crits-libertariens-Con...
http://www.bouquineux.com/index.php?telecharger=1985&...
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Le G7 autoréférentiel ne freine pas la croissance des Brics
Le G7 autoréférentiel ne freine pas la croissance des Brics
Luca Bagatin
Source: https://electomagazine.it/il-g7-autoreferenziale-non-frena-la-crescita-dei-brics/
Pendant que le G7 des perdants des élections européennes (Macron et Scholz in primis) ou de ceux qui ont gagné avec un abstentionnisme record et restent minoritaires en termes absolus (Meloni) passait à l'antenne, les BRICS cherchaient la coopération et un monde multipolaire.
Les BRICS dont le dernier sommet s'est tenu le 10 juin dans la ville russe de Nijni Novgorod, auquel ont également participé pas moins de douze pays en développement, à savoir le Laos, le Vietnam, la Thaïlande, le Bangladesh, le Sri Lanka, le Kazakhstan, la Turquie, la Mauritanie, Cuba, le Venezuela et le Barhain.
Des BRICS qui se sont récemment élargis à l'Éthiopie, l'Égypte, l'Iran, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et que la Turquie, qui a demandé son soutien au président brésilien Lula, regarde avec intérêt.
Les BRICS ouvrent un nouveau chapitre pour le Sud global, comme l'a déclaré le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi: "Au cours de l'année écoulée, la coopération entre les BRICS a progressé de manière remarquable, rapide et forte. Nous avons fait des efforts pionniers et élargi le mécanisme des BRICS, ouvrant un nouveau chapitre pour le Sud global en recherchant la force par l'unité. Depuis l'élargissement, les pays des BRICS représentent près de la moitié de la population mondiale et un cinquième du commerce mondial, et leur production économique totale a dépassé celle du G7.
Mais ce n'est pas tout. Ils accélèrent le processus de construction d'un monde multipolaire et d'un ordre international plus juste et plus équitable, comme l'ont souligné les intervenants lors de la récente conférence présentant le dernier essai du professeur Giancarlo Elia Valori intitulé "Scenari Geopolitici Globali" (publié par Rubbettino).
Améliorer la gouvernance mondiale, donner une voix aux pays en développement, promouvoir la résolution des conflits internationaux, lutter contre le terrorisme international et promouvoir la cybersécurité, régir les processus liés à l'intelligence artificielle et le faire de manière partagée, afin d'éviter qu'elle ne tombe entre de mauvaises mains ou qu'elle ne se retourne contre l'humanité elle-même.
C'est dans ce sens qu'il faut travailler. Pas en imposant des sanctions qui nuisent à l'économie de chacun (l'Allemagne commence peut-être à s'en rendre compte ?). Non pas en appuyant sur l'accélérateur des guerres ou en les fomentant, mais en saisissant toutes les occasions de dialogue.
Car c'est en comprenant les raisons des uns et des autres que l'on peut parvenir à la paix, qui est toujours la bonne chose à faire. Et en surmontant cette mentalité de guerre froide qui, d'une manière assez stupide, irresponsable et puérile, contamine les États-Unis et l'Union européenne.
Donner une chance à la paix, comme l'a chanté à juste titre l'excellent John Lennon, signifie aujourd'hui donner une chance au bon sens et à la logique.
Construire un monde plus juste et plus équitable passe par là.
Ceux qui ne comprennent pas cela sont malheureusement très myopes et déconnectés de l'histoire.
12:50 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, brics, g7 | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le G7 des nains et des guerres sans fin
Le G7 des nains et des guerres sans fin
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28319-piccole-note-il-g7-dei-nani-e-delle-guerre-infinite.html
Le déficit d'autorité des dirigeants présents au G7 se lit dans les guerres sans fin que ce sommet a décidé de perpétuer
Le rituel usé du G7, récemment mis en scène dans les Pouilles, a abouti à la prolongation ad libitum du massacre du peuple ukrainien, pour la poursuite duquel 50 milliards seront investis annuellement pendant les dix prochaines années, sous forme de prêts garantis par le bénéfice tiré des avoirs russes gelés par les banques occidentales au début des hostilités.
Non pas une décision collective, née du consensus des dirigeants des nations libres, mais une banale adhésion des colonies aux diktats de l'Empire, les pays européens s'étant longtemps crispés sur le sujet en raison des risques encourus (redoutés d'ailleurs par les banques, voir Reuters).
Un diktat condensé dans l'article de la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen publié dans le New York Times à la veille du sommet sous le titre: "Une nouvelle façon pour les ressources de la Russie de payer la défense et la reconstruction de l'Ukraine". Les dirigeants réunis au G7 n'avaient plus qu'à ratifier et ils l'ont fait avec l'enthousiasme de serviteurs obséquieux.
Reste à comprendre comment les avoirs russes peuvent offrir aux États qui doivent ouvrir les cordons de la bourse des garanties de 50 milliards de dollars par an, alors qu'en 2023 les avoirs gelés dans l'Union européenne n'ont rapporté que 4,4 milliards d'euros, comme on peut le lire dans le Financial Times, et que c'est précisément l'UE qui détient la quasi-totalité de ces ressources, puisque seuls 6 des 300 milliards de dollars saisis sont bloqués dans les banques des États-Unis (Nbc news).
Des prodiges de la finance créative, qui pourtant parfois, comme cela s'est produit dans le passé, sont durement payés a posteriori. Mais comme on le sait, les créateurs ne paient jamais.
G7 : le sommet des nains
Le Wall Street Journal (WSJ) brosse un tableau amusant du sommet des Pouilles, en notant que tous les dirigeants présents ne représentent guère plus qu'eux-mêmes.
Le Britannique Rishi Sunak est en effet sur le point de perdre les prochaines élections ; Scholz et Macron sortent tout juste de l'échec des élections européennes, ce dernier étant contraint de convoquer des élections anticipées ; le Canadien Trudeau est désormais "complètement impopulaire", comme le dit le WSJ, tout comme le Premier ministre japonais Kishida, qui jouit d'un "taux d'approbation de 16 %" et pourrait même réussir l'exploit "difficile" de faire perdre les prochaines élections au Parti libéral-démocrate.
Un tableau auquel la sénescence évidente de l'empereur-pour-rire convient comme couronnement et qui n'est certainement pas revigoré par le seul leader victorieux, la Giorgia nationale, parce que l'Italie ne compte pour rien dans l'UE et dans l'arène internationale.
Le WSJ se souvient avec une certaine nostalgie de l'époque où ces sommets réunissaient des dirigeants de bien plus grande envergure, qui savaient comment le monde tourne et donc comment y faire face. Aujourd'hui, cette poignée de "nains", copyright WSJ, est confrontée à des antagonistes bien mieux entraînés comme Poutine et Xi Jinping, d'où les craintes qui en découlent.
Mais nous arrivons ici au véritable nœud du problème, que le WSJ n'aborde pas, ne peut pas aborder et/ou n'abordera pas. En effet, selon le rapport, il semble que ce déclin politique rampant soit en quelque sorte une coïncidence.
Chacune des nations représentées au G7, en raison de dynamiques strictement endogènes, a produit des dirigeants tragiquement déficients (l'exception Meloni est purement électorale, sa victoire reste incluse dans le déficit tragique de l'Italie en matière d'insignifiance internationale).
Les nains des guerres sans fin
En réalité, ce ne sont pas les dirigeants actuels qui souffrent de ce déficit. Il n'est en fait que le produit du déclin de la politique en Occident, où le pouvoir politique a été attaqué et érodé d'abord par la finance, puis par les Big Tech - il suffit de penser au rôle de Bill Gates pendant la pandémie - et enfin par l'appareil militaro-industriel américain et ses multiples ramifications.
Des centres de pouvoir alternatifs à la politique - dans le sens où ils la contrôlent, ne lui laissant qu'un espace théâtral - et qui maintenant, surtout dans l'ère post-11 septembre, agissent conjointement, remodelant à leur guise les soi-disant démocraties occidentales et les démocraties asiatiques qui se réfèrent à l'Occident.
C'est ce Pouvoir, autre que la Politique, qui dicte les directives essentielles à l'Empire. Et, en premier lieu, le régime des guerres sans fin, qui non seulement étendent l'influence de ces centres de pouvoir à l'échelle mondiale, mais visent également à accroître leur influence au sein de l'Empire lui-même.
Si dans le premier cas l'objectif n'a pas été atteint, comme le montre la rupture irrémédiable de la mondialisation et l'émergence de puissances et d'États non subordonnés à cette puissance, les guerres sans fin ont en revanche permis de saisir les clés de l'Empire, reléguant la politique au théâtre et les politiciens à des numéros spéciaux (au cinéma, ils seraient des figurants à qui l'on permet de faire quelques blagues).
Certes, la dialectique interne entre le Pouvoir Royal et la Politique a encore une vivacité résiduelle, avec Trump en Amérique notamment, mais nous sommes aujourd'hui dans la promotion des figurants, qui sont tenus de poursuivre dans la veine des directives obligatoires.
Le paradoxe du WSJ
Remarquez comme il apparaît tout à fait contradictoire, dans la note du WSJ, de se lamenter sur le déficit politique du G7 et, en même temps, de souhaiter l'avènement de leaders plus forts qui sauront mieux contrer la Chine et la Russie. Un paradoxe qui rejoint la jubilation des autres médias mainstream car, lors de ce sommet, un pas de plus a été franchi pour contrer la Russie et faire de la guerre ukrainienne une guerre sans fin.
Des dirigeants plus forts devraient, au contraire, contrer les impulsions destructrices et autodestructrices des guerres sans fin, qui ont dévasté des peuples et des destins, et remodeler un ordre mondial véritablement fondé sur des règles, comme cela s'est produit à Yalta où les règles du nouvel ordre sont nées d'une convergence et d'un ostracisme total de la folie nazie et non d'une imposition par une seule puissance qui, en outre, a maintenant relativisé - pour utiliser un euphémisme - le rejet du nazisme.
D'ailleurs, par inadvertance, le scénario d'une coexistence entre puissances est évoqué par le WSJ lui-même, lorsque parmi les dirigeants dont il se dit nostalgique, il nomme Ronald Reagan, qui s'est mis d'accord avec Michail Gorbatchev, faisant naître une saison d'espoir, bien qu'éphémère.
La volonté de triomphe mondial de la puissance précitée l'a en effet emporté sur la perspective d'une coexistence des puissances. D'où 89 et les révolutions colorées dans les anciens pays soviétiques, terreau et genèse des guerres sans fin qui ont suivi, comme l'illustre de manière exemplaire le cas ukrainien, avec la révolution colorée de Maïdan qui a ouvert la voie à la guerre sans fin actuelle.
En ce qui concerne le sentiment de guerre sans fin du G7, le conflit de Gaza, qui a pris la forme d'une guerre perpétuelle (dans le sillage de la première guerre sans fin moderne, à savoir le conflit israélo-palestinien de longue date), n'est traité que comme un exercice rhétorique dans le cadre du sommet. Aucune mesure réelle n'est prise pour mettre fin au massacre en cours. Pour le confirmer.
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mardi, 18 juin 2024
Le lien entre le dollar et le pétrole est-il sur le point de se dissoudre ?
Le lien entre le dollar et le pétrole est-il sur le point de se dissoudre?
par Giacomo Gabellini
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28313-giacomo-gabellini-il-legame-tra-dollaro-e-petrolio-e-destinato-a-sciogliersi.html
En 2019, Pékin et Caracas ont jeté les bases de l'exportation du pétrole vénézuélien à prix réduit vers la Chine en échange de yuan-renminbi, car il fait l'objet de sanctions américaines. Quelques mois plus tôt, le gouvernement bolivarien avait inclus le rouble dans le panier des monnaies acceptables dans le pays et engagé des négociations avec la Russie visant à réglementer le commerce bilatéral en roubles et en petro, la monnaie numérique créée par les autorités vénézuéliennes.
En janvier 2021, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi et son homologue iranien Javad Zarif ont signé un accord engageant Pékin à investir 400 milliards de dollars dans l'économie perse au cours des vingt-cinq prochaines années, en échange d'importantes livraisons de pétrole à un prix subventionné. Une grande partie des livraisons de pétrole brut, ainsi que les exportations non pétrolières, ont été payées en yuan-renminbi, comme l'a déclaré plus tard le ministre iranien de l'économie Ehsan Khandouzi. L'accord prévoit d'orienter les flux de capitaux chinois principalement vers les secteurs cruciaux des transports, du crédit, des télécommunications et des soins de santé, mais aussi d'approfondir nettement la coopération militaire, qui sera étendue aux domaines sensibles de la recherche et du renseignement.
Les implications stratégiques relatives n'ont pas échappé au New York Times, qui n'a pas manqué de souligner que "l'accord pourrait saper les efforts des États-Unis pour maintenir l'Iran dans un état d'isolement international et renforcer l'influence de la Chine au Moyen-Orient". D'autre part, parce que le partenariat stratégique global sino-iranien n'est pas un épisode isolé, mais une composante essentielle de la "diplomatie des partenariats" développée par Pékin avec la chaîne d'accords bilatéraux conclus avec divers pays du Proche-Orient et du golfe Persique, grâce à laquelle la Chine entend se tailler une place stratégique dans une zone géographique où l'influence des États-Unis est forte.
On l'a vu en décembre 2022, lorsque Xi Jinping a effectué une visite d'État dans plusieurs pays du Moyen-Orient dans le cadre du sommet Chine-Conseil de coopération du Golfe (CCG). Alors que la tournée diplomatique battait son plein, le dirigeant chinois a ouvertement déclaré que : "Au cours des trois à cinq prochaines années, la Chine travaillera de concert avec les pays du CCG pour créer un nouveau paradigme de coopération énergétique multidimensionnelle, dans le cadre duquel la République populaire de Chine continuera d'importer de grandes quantités de pétrole à long terme des membres du CCG et s'engagera à acheter des volumes plus importants de GNL. Le renforcement de notre coopération concernera l'ensemble de la chaîne énergétique, des services d'ingénierie au stockage, du transport au raffinage. La plateforme de la bourse du pétrole et du gaz naturel de Shanghai deviendra la référence pour la régulation du commerce du pétrole et du gaz en yuan-renminbi".
Les rencontres entre le dirigeant de Pékin et ses homologues du CCG sont passées relativement inaperçues, malgré la portée potentiellement révolutionnaire de leur contenu. D'abord, parce qu'elles ont ouvertement préparé le terrain à l'annulation de l'accord signé le 14 février 1945 (quatre jours seulement après la conclusion de la conférence de Jalta), à bord du croiseur USS Quincy naviguant dans le Grand Lac Amer du canal de Suez, entre Franklin D. Roosevelt et le roi Abdulaziz. Roosevelt et le roi Abdulaziz 'Ibn' al-Saud qui donnait aux compagnies énergétiques américaines gravitant autour de l'orbite de la Standard Oil - qui contrôlait déjà tous les puits du Venezuela - des droits exclusifs d'exploitation des ressources pétrolières saoudiennes en échange d'une protection militaire du royaume et d'un soutien politique à la famille al-Saud de la part des États-Unis.
William Engdahl écrit : "Roosevelt a vécu assez longtemps pour assurer aux Rockefeller un avantage inestimable : des droits exclusifs sur l'ensemble du pétrole saoudien pour leurs partenaires d'Aramco. Cette décision allait fortement conditionner la politique étrangère des États-Unis pour les décennies à venir [...]. La décision d'intégrer officiellement les richesses pétrolières saoudiennes dans le spectre des intérêts nationaux américains semble d'autant plus étonnante que le pays était autosuffisant sur le plan énergétique dans les années 1940. Lorsque le plus grand gisement de pétrole du monde a été découvert sur le site saoudien de Ghawar en 1948, les États-Unis ont pu consolider leur suprématie pétrolière et l'exercer pour contrôler l'économie mondiale. En effet, le pétrole devenait la ressource énergétique essentielle à la croissance économique, et les compagnies énergétiques américaines détenues par Rockefeller allaient ainsi renforcer leur emprise sur le nouvel "ordre d'après-guerre".
En juin 1974, à la suite du choc pétrolier déclenché par la guerre du Kippour, Richard Nixon a imposé au roi Faysal une modification de l'accord initial, liant les garanties de défense américaines à un engagement saoudien de commercialiser son pétrole exclusivement en dollars américains et de blanchir une partie substantielle des recettes dans des investissements en armes et en bons du Trésor.
Pour les États-Unis, il s'agissait de la véritable quadrature du cercle ; en rattachant le marché mondial du pétrole au dollar, l'accord redonnait à la monnaie américaine sa dimension mondiale, mise en péril par la répudiation par Nixon des accords de Bretton Woods - impliquant le découplage du dollar par rapport à l'or - le 15 août 1971. Il en est résulté une augmentation frénétique de la demande internationale de dollars, stimulée par la réévaluation drastique du pétrole (environ 400 %) pendant la guerre du Kippour, qui a renforcé la monnaie américaine et augmenté le pouvoir d'achat des salaires nationaux par rapport aux importations. L'autre effet, tout aussi important, a été la canalisation des capitaux étrangers vers le marché obligataire américain, ce qui a permis à la Réserve fédérale de maintenir les taux d'intérêt à un niveau relativement bas.
Au fil des décennies, la dépendance des États-Unis à l'égard du pétrole du Moyen-Orient a progressivement diminué, jusqu'à être radicalement réduite lorsque les gisements de schiste sont devenus pleinement opérationnels. Simultanément, la Chine est devenue le plus grand importateur de pétrole au monde, s'imposant comme le principal partenaire commercial de l'Arabie saoudite en 2021, avec des échanges bilatéraux s'élevant à plus de 81 milliards d'USD. L'année suivante, le royaume est devenu le premier fournisseur de pétrole brut de la Chine, avec 1,76 million de barils par jour. Les exportations saoudiennes vers les États-Unis, en revanche, se sont arrêtées à 435.000 barils par jour. D'autre part, l'essor des sources d'énergie alternatives, telles que les énergies renouvelables et le gaz naturel, a réduit la dépendance mondiale à l'égard du pétrole, et l'émergence de nouveaux pays producteurs de pétrole - tels que le Brésil, le Canada et les États-Unis eux-mêmes - a réduit la position hégémonique traditionnellement occupée par le Moyen-Orient.
Le 9 juin dernier, d'ailleurs, l'accord conclu entre Nixon et Faysal cinquante ans plus tôt a officiellement expiré et la famille régnante d'Arabie saoudite a annoncé que son renouvellement ne faisait pas partie des plans. De manière significative, on peut lire sur le site du Nasdaq une analyse sur le sujet qui souligne que "l'expiration de l'accord sur les pétrodollars représente un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial. Elle met en évidence l'influence croissante des économies émergentes et l'évolution du paysage énergétique. Bien que les implications de ce changement ne se soient pas encore manifestées, les investisseurs devraient au moins être conscients que, dans l'ensemble, l'ordre financier mondial entre dans une nouvelle ère. La domination du dollar américain n'est plus garantie".
20:52 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, arabie saoudite, états-unis, chine, iran, pétrole, hydrocarbures, dollar, yuan | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Sommet raté du Bürgenstock : les conseillers de Biden face à un dilemme
Sommet raté du Bürgenstock : les conseillers de Biden face à un dilemme
Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/06/fehlgeschlagener-buergenstock-gipfel-biden-berater-im-dilemma/
Le sommet du Bürgenstock, en Suisse, s'est soldé par un fiasco pour Jake Sullivan (à droite), conseiller de Biden. De nombreux pays se sont absentés et des participants importants ont refusé de signer le communiqué final.
Jake Sullivan est au bord du gouffre. Le principal conseiller du président Biden en matière de sécurité nationale vit une année extrêmement difficile. Au cours de l'été 2023, Sullivan a lancé l'idée d'organiser régulièrement des "sommets de la paix" sur l'Ukraine afin de rallier les pays du Sud à sa cause. Mais ce plan a échoué.
Le sommet en Suisse s'est soldé par un fiasco total pour Sullivan. De nombreux pays se sont absentés et des participants importants, comme l'Inde, ont refusé de signer le communiqué final. Ces derniers demandent désormais que le prochain sommet d'automne se tienne avec la participation de la Russie.
Après le retrait de l'Inde, Sullivan s'est immédiatement précipité à New Delhi. Il doit trouver d'urgence un accord avec l'Inde, car ce pays est très important pour les États-Unis dans le cadre des conflits commerciaux avec la Chine, et des sites de production y sont délocalisés. Mais les négociations s'avèrent difficiles. Les Indiens manœuvrent habilement entre les États-Unis, la Russie et la Chine pour tirer profit de la situation géopolitique actuelle et des problèmes de l'Occident.
Les tentatives de négociation avec l'Iran en Oman sur la situation créée par les Houthis ont également échoué. De même, les discussions avec l'Arabie saoudite sur un nouvel accord de sécurité en échange d'une désescalade dans les relations avec Israël ont jusqu'à présent été infructueuses.
Pour Biden, qui est désormais un "canard boiteux", il devient de plus en plus difficile d'influencer les crises internationales qui font encore baisser sa cote de popularité. Dans ce contexte, l'entourage de Biden cherche déjà des options alternatives. Kamala Harris pourrait être nommée gouverneur de Californie. Sullivan et Blinken, en revanche, devraient se retrouver dans des universités où ils tenteront d'oublier rapidement leur disgrâce actuelle.
Qui est Elena Fritz?
L'auteur de PI-NEWS Elena Fritz, née le 3 octobre 1986, est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et a obtenu un diplôme avec succès. Elle s'est engagée dans l'AfD en 2018, a fait partie du comité directeur du parti dans l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez ici pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz: https://t.me/global_affairs_byelena.
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La Russie, les dirigeants globaux et les temps difficiles
La Russie, les dirigeants globaux et les temps difficiles
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/06/12/venaja-vallanpitajat-ja-vaikea-aika/
Comme le dit l'historien russe Andrei Fursov, "l'ordre mondial est à un tournant et traverse actuellement une période difficile". Le capitalisme est à l'agonie et cessera bientôt d'exister. Non pas parce qu'il s'effondrera comme l'avait prédit Karl Marx, mais parce qu'il a fait son travail ; il est devenu un outil inutile pour le pouvoir de l'argent.
Des tentatives sont faites pour construire quelque chose d'autre pour remplacer le capitalisme, "mais ce processus échappe constamment à tout contrôle", déclare M. Fursov. Nous vivons une période de crise à l'échelle mondiale. "Comme ces crises ne se déroulent pas étape par étape, une situation confuse et complexe est en train d'émerger", explique le penseur russe.
Le véritable pouvoir d'influencer le cours des événements n'est pas entre les mains des hommes politiques. Il s'agit d'un pouvoir secret, celui des véritables dirigeants du monde, les maîtres du monde bancaire et des affaires. On peut parler des Rockefeller et des Rothschild, mais ces familles ont derrière elles leurs propres clusters, auxquels les différents pays obéissent d'une manière ou d'une autre.
Fursov (photo), qui connaît bien l'histoire russe, sait que les dynasties d'argent ont été "très actives dans l'établissement d'un certain segment de l'élite soviétique en tant que partie intégrante de leur ordre mondial". Les Rockefeller ont travaillé en Union soviétique, tout comme les Rothschild.
"Nous ne connaîtrons peut-être jamais toute la vérité", soupçonne M. Fursov. Andreï Gromyko, ministre soviétique des affaires étrangères et président du Soviet suprême, a déclaré un jour que "si le monde connaissait toute la vérité sur les relations internationales, il exploserait". Le régime soviétique et les mondialistes occidentaux ont entretenu des contacts constants par le biais de divers canaux.
"Les dirigeants soviétiques n'étaient pas toujours prêts à entrer en conflit avec les Rockefeller et les Rothschild, mais souhaitaient négocier avec eux", révèle M. Fursov. "Sur des questions fondamentales, comme le prix des diamants, par exemple, il y avait un accord. Il était préférable de parvenir à un accord, car c'est ainsi que le monde fonctionne."
Dans la seconde moitié des années 1940, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un nouveau groupe prédateur bourgeois est apparu en Occident : la corporatocratie. "Contrairement au capital monopolistique d'État, qui était prêt à vivre aux côtés de l'Union soviétique, ce pouvoir corporatif, de nature mondiale, pénétrait partout", rappelle M. Fursov.
Après que l'Union soviétique a considérablement augmenté ses ventes de pétrole à la fin des années 1950, une nomenclature orientée vers le marché mondial a également vu le jour dans la société soviétique. Il ne s'agissait pas seulement du pétrole, mais d'un processus plus large d'intégration avec l'Occident. En d'autres termes, il s'agissait de la "partie soviétique de la corporatocratie mondiale".
Les étapes importantes de cette période ont été la déclaration de Nikita Khrouchtchev (photo) sur la "doctrine de la coexistence pacifique" en 1956 et le programme renouvelé du parti communiste en 1961. "C'est ce segment qui s'est allié au capital occidental et qui a provoqué la chute de l'Union soviétique", affirme M. Fursov.
Aujourd'hui, l'élite dirigeante occidentale entend surmonter la crise mondiale en "partageant le gâteau russe", c'est-à-dire en "pillant les ressources de la Russie et, plus important encore, de l'espace russe", prévient M. Fursov.
Dans un contexte de crises multiples, la Russie - c'est-à-dire la masse continentale du nord de l'Eurasie - serait certainement un morceau savoureux pour les géants occidentaux, qui sont toujours à la recherche de plus d'espace vital et de matières premières. Madeleine Albright, la défunte secrétaire d'État américaine, aurait déclaré que "la Russie a trop d'espace et de ressources naturelles pour un seul pays".
La cinquième colonne russe, qui sert de caisse de résonance à l'Occident, a également suggéré avec grandiloquence que la Russie n'avait pas besoin du territoire situé à l'est de l'Oural, mais qu'elle pouvait le céder, en faire don à la "communauté mondiale". Cela ne peut se faire pour Fursov, car cela signifierait la fin de la Russie.
Or, la "communauté mondiale" n'est qu'un "groupe de sociétés transnationales qui ont déjà détruit et pollué la moitié de la planète". Aujourd'hui, elles veulent ajouter la Russie à leurs possessions. Le conflit ukrainien s'inscrit donc dans la continuité d'un siècle de complot des banquiers occidentaux et de guerre hybride, bien qu'il ait également été suggéré que Poutine soit d'une manière ou d'une autre dans le coup.
Dans un monde globalisé, tout le monde est plongé dans la crise, y compris les États-Unis, l'Europe et la Chine. Paradoxalement, M. Fursov considère cette période comme une "énorme opportunité pour la Russie" : pendant la Seconde Guerre mondiale, "l'équipe de Staline" a sorti le pays de la situation difficile dans laquelle il se trouvait. Selon l'historien, la Russie a "l'expérience de la manière de sortir des pièges historiques dans une situation de crise".
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Syndrome du Titanic et radeau de la méduse
Syndrome du Titanic et radeau de la méduse
Nicolas Bonnal
Nous sommes dirigés par des fous motivés et (aussi) d’efficaces incapables qui nous mènent au désastre. Ils organisent la faillite, détruisent, gaspillent, remplacent et dépeuplent, désirant enfin une guerre nucléaire, tout à leur rage messianique. Sinon c’est le totalitarisme au code QR et le camp de concentration numérique. Mais attention : il y a une élite autoproclamée (les 1% les plus riches et les hauts fonctionnaires) et elle veut se préserver. Stéphane Mallarmé pour mémoire :
« Cette foule hagarde ! elle annonce : Nous sommes
La triste opacité de nos spectres futurs ! »
Ces poètes, quels voyants tout de même…
J’avais écrit un texte sur Ernst Jünger et le syndrome du Titanic (http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/09/16/syndrome-du-titanic-ernst-junger-et-la-culture-de-la-panique.html ), qui m’avait été inspiré par le fameux mais oublié Traité du rebelle, suite de notes contre le monde totalitaire, étatique et automatisé à venir (et déjà présent…).
Et je repensais à un blog de lecteur qui a modifié ma réflexion pour expliquer ce que deviennent la France et l’Amérique sous leurs présidents respectifs: si nous nous dirigions vers le modèle du radeau de la méduse (revoyez l’émission d’Alain Decaux…) plutôt que de celui du Titanic ? Le Titanic ce n’était qu'un accident malchanceux couronné du respect de la morale chrétienne: les femmes et les enfants d’abord, et des milliardaires comme Guggenheim qui y passèrent héroïquement. Le radeau de la méduse c’était bien pire, et c’est le modèle des dernières guerres et du Grand Reset actuel. On sacrifie les plus pauvres, les sans-grades.
Mais citons Jünger et les extraits de son inépuisable Traité du rebelle écrit après la « guerre de quarante » quand le grand homme comprend que nous allons vers un monde simultanément automatisé et apocalyptique.
Le système automatisé génère une culture et une psychologie de la panique (voir et revoir les films-catastrophe et ceux de Kubrick…) :
« La panique va s’appesantir, là où l’automatisme gagne sans cesse du terrain et touche à ses formes parfaites, comme en Amérique. Elle y trouve son terrain d’élection ; elle se répand à travers des réseaux dont la promptitude rivalise avec celle de l’éclair. Le seul besoin de prendre les nouvelles plusieurs fois par jour est un signe d’angoisse ; l’imagination s’échauffe, et se paralyse de son accélération même. »
On poursuit :
« Il est certain que l’Est n’échappe pas à la règle. L’Occident vit dans la peur de l’Est, et l’Est dans la peur de l’Occident. En tous les points du globe, on passe son existence dans l’attente d’horribles agressions. Nombreux sont ceux où la crainte de la guerre civile l’aggrave encore. »
On cherche vainement des sauveurs :
« La machine politique, dans ses rouages élémentaires, n’est pas le seul objet de cette crainte. Il s’y joint d’innombrables angoisses. Elles provoquent cette incertitude qui met toute son espérance en la personne des médecins, des sauveurs, des thaumaturges. Signe avant-coureur du naufrage, plus lisible que tout danger matériel. »
Enfin la catastrophe sera universelle :
« Car nous ne sommes pas impliqués dans notre seule débâcle nationale ; nous sommes entraînés dans une catastrophe universelle, où l’on ne peut guère dire, et moins encore prophétiser, quels sont les vrais vainqueurs, et quels sont les vaincus. »
Jünger a raison sur tout naturellement : il décrit l’aboutissement catastrophique du progrès matériel et technique (voyez ces robots que l’on dresse à tuer tout le monde maintenant sous les acclamations des esclaves de You Tube).
Mais je maintiens que le radeau de la méduse explique mieux que le Titanic ce qui se passe en ce moment : les petits sur le radeau, les élites incompétentes dans les chaloupes. Et un jugement qui pardonne à tout le monde (il n’aurait plus manqué que ça !).
Jünger évoque justement le Titanic ; on se souvient du succès effarant de ce film répugnant. Il écrit donc :
« Comment ce passage s’est-il produit ? Si l’on voulait nommer l’instant fatal, aucun, sans doute, ne conviendrait mieux que celui où sombra le Titanic. La lumière et l’ombre s’y heurtent brutalement : l’hybris du progrès y rencontre la panique, le suprême confort se brise contre le néant, l’automatisme contre la catastrophe, qui prend l’aspect d’un accident de circulation. »
Donc en réfléchissant et surtout en lisant le blog d’un lecteur (le blog c’est « guerre civile et yaourt allégé » ; le lecteur c’est « Philippe de nulle part »…), je suis arrivé à la conclusion que nous allons au radeau de la méduse. En effet :
- Nous sommes dirigés par des imbéciles/sagouins qui vont/aiment nous échouer.
- Ces imbéciles vont nous sacrifier, des plus pauvres ou plus moyens.
- Et rappel : les pauvres ne sont descendus sur le radeau que sous la menace des armes.
Mais même sur le radeau de la méduse les choses ne se passaient que d’une certaine manière.
Extrait du yaourt allégé donc :
« Sur le radeau de La Méduse les officiers et des notables s’étaient réservé l’endroit le moins exposé aux vagues et avaient pris soin d’enlever leurs armes aux soldats et de garder les leurs. Très rapidement devant le manque de nourriture et les risques de naufrage ils réduisirent par plusieurs tueries la population du radeau afin de « réprimer des mutineries ». Les rares rescapés à être finalement secourus furent bien évidemment des officiers et des notables. Il ne reste plus qu’à transposer cette sinistre histoire à l’échelle planétaire. »
On n’y mangea pas d’insectes mais des hommes.
De la Méduse à Macron-Davos-Gates, toute leur apocalypse postmoderne est expliquée là. On écrabouille la classe moyenne pauvre et on maintient l’illusion en désignant des soi-disant privilégiés (retraités repus, journalistes, farces de l’ordre, armée, etc.).
Et je rappellerai la phrase de l’idole télé de mon enfance :
« Les puissants ont été mis sur des canots, la piétaille (menacée au fusil) sur le radeau (l’Immortel Alain Decaux). »
NDLR : renseignements pris, sur le Titanic aussi ce furent les riches qui survécurent massivement. CQFD… Le lien littéraire (médiocre) est mis sur le récit/témoignage de ce désastre.
Sources :
https://www.dedefensa.org/article/ernst-juenger-et-le-syn...
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9duse_(navire)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k850111v#
http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive...
20:04 Publié dans Actualité, Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ernst jünger, nicolas bonnal, réflexions personnelles | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 17 juin 2024
Un ordre fondé sur des règles sans règles
Un ordre fondé sur des règles sans règles
par Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/06/05/saantopohjainen-jarjestys-vailla-saantoja/
La Chambre des représentants des États-Unis a approuvé un projet de loi qui imposerait des sanctions, ayant force de loi, à la CPI, la Cour pénale internationale, qui a osé demander des mandats d'arrêt contre des criminels de guerre émanant du régime israélien.
Dans le passé, le procureur de la CPI, Karim Khan (photo), a reçu des menaces de mort alors qu'il poursuivait Israël. Un "haut dirigeant" lui a même expliqué que le tribunal de La Haye était "conçu pour l'Afrique et les voyous comme Poutine" et qu'il n'avait jamais été censé juger "l'Occident et ses alliés".
Cette attitude révèle que le "droit international" n'existe pas pour tous, mais qu'il a toujours été un ensemble arbitraire de belles phrases conçues pour soutenir le pouvoir des États et des entreprises occidentaux dans le système de l'après-Seconde Guerre mondiale.
Comme le dit l'historien Adam McConnell (photo), "les autorités américaines contestent aujourd'hui ouvertement et publiquement la légitimité de l'ordre international qu'elles ont elles-mêmes créé". L'Amérique de Biden a perdu la confiance du reste du monde et Israël sera un État paria malgré ses menaces.
"Malheureusement, les responsables américains ont oublié depuis longtemps que les intérêts et la sécurité des États-Unis nécessitent non seulement une armée forte, mais aussi la capacité de faire des compromis avec d'autres pour garantir la sécurité et la prospérité mondiales", observe M. McConnell.
Le "nouvel ordre mondial" que l'ancien président George H. W. Bush a proclamé en 1990 signifiait simplement que les États-Unis cherchaient à renforcer leur domination au détriment d'un ordre mondial plus équitable, en exploitant les institutions internationales à leurs propres fins.
Alors que les partisans du système atlantiste - comme Sauli Niinistö en Finlande - scandaient l'expression "ordre international fondé sur des règles", les actions des Américains eux-mêmes montraient clairement qu'"ils se considéraient comme la nouvelle Rome, le nouveau Léviathan [hobbésien], auquel aucune autre loi ne s'appliquait".
Les conséquences de cette attitude et de ce comportement ont été pour le moins désastreuses. Malgré leur jargon sur les règles et les valeurs, "les États-Unis ne se contentent pas de hausser les épaules devant la communauté internationale, ils fournissent les armes qui ont déjà tué plus de 35.000 civils à Gaza".
"Il appartient donc au reste du monde de réformer le régime actuel ou de construire un régime alternatif plus viable qui puisse apporter la paix et la prospérité à la plus grande partie possible de l'humanité", déclare l'universitaire McConnell, qui évalue l'état de dégradation de l'ordre dirigé par l'Occident.
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Guerre en Ukraine: quatre niveaux de compréhension
Guerre en Ukraine: quatre niveaux de compréhension
par Marco Della Luna
Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/guerra-in-ucraina-i-livelli-di-comprensione
Le conflit en cours peut être compris à différents niveaux, chacun de ces niveaux étant chaque fois plus profonds et réalistes.
À un premier niveau, celui de l'homme de la rue, on dit que la Russie, sans justification et donc illégitimement, en violation des lois internationales, a attaqué et envahi l'Ukraine, un pays souverain, libéral et démocratique, et qu'il est donc légitime de soutenir ce pays en lui apportant une aide sous toutes ses formes, ainsi qu'en confisquant les intérêts des actifs russes placés en Occident. Il y a un agresseur et un agressé, un bon et un mauvais, un devoir clair de soutenir le bon contre le mauvais.
À un deuxième niveau, plus profond, les États-Unis ont grossièrement violé l'accord conclu lorsque l'Union soviétique a autorisé la réunification de l'Allemagne, de ne pas étendre leur sphère de contrôle, par le biais de l'OTAN, vers l'est. En fait, les États-Unis ont inclus presque tous les pays d'Europe de l'Est dans l'OTAN, ont perpétré un coup d'État en Ukraine pour avancer leurs pions jusqu'aux frontières russes, ont fomenté des hostilités anti-russes en Ukraine, l'ont incitée à persécuter les minorités russes dans le Donbass, à Odessa et ailleurs, et ont ensuite violé les accords de Minsk. Il est donc clair qu'ils se préparaient à assiéger directement la Russie afin d'en prendre le contrôle. La Russie a donc été à la fois forcée et légitimée à occuper l'Ukraine pour défendre son indépendance menacée. Tactiquement, la Russie est l'agresseur de l'Ukraine, mais stratégiquement, les États-Unis et l'OTAN sont les agresseurs illégitimes de la Russie. De plus, l'Ukraine de Zelensky n'est pas du tout un pays libéral ou démocratique, mais un pays autoritaire et illibéral, qui étouffe la dissidence et dont la population est mécontente de son régime. Et Zelensky, cocaïnomane notoire, ainsi que ses acolytes, s'enrichissent sur le sang de leurs propres concitoyens.
À un troisième niveau, le véritable agent de la partie occidentale est son système monétaire et financier, ce que l'on appelle l'Empire du dollar, qui, pour se maintenir, c'est-à-dire pour maintenir l'énorme masse de dettes insolvables et la maxi-bulle de titres financiers sous-jacents et sans valeur qu'il a mis sur le marché, a un besoin objectif d'émettre des masses toujours nouvelles de ces titres et de cette monnaie, ce qu'il ne peut faire que s'il étend son contrôle à des zones et à des ressources minérales, agricoles et industrielles toujours plus vastes. À cette fin, ce système a utilisé les États-Unis et l'OTAN pour englober d'abord toute une série de pays ; il a ensuite ciblé l'Ukraine, dont les ressources naturelles sont estimées à 14.000 milliards de dollars, en particulier dans le Donbass, et qui pourrait donc alimenter la machine financière de la spéculation pendant de nombreuses années ; mais à ce moment-là, la Russie est intervenue pour stopper l'avancée et s'approprier ces ressources.
L'empire du dollar a réagi en s'engageant dans une guerre par procuration, dans laquelle il tire déjà profit des dépenses publiques considérables en matière d'achats militaires, parce qu'il s'approprie toutes les ressources de la partie "libre" de l'Ukraine et qu'il s'endette à perpétuité ; il gagne également de l'argent parce que, par le biais de sanctions, il oblige l'Europe à acheter du gaz américain en le payant bien plus cher que le gaz russe ; il gagne de l'argent parce qu'il supprime de nombreuses industries en Europe qui se délocalisent aux États-Unis pour économiser de l'énergie ; il gagne de l'argent parce qu'il dresse la Russie et l'Europe l'une contre l'autre, empêchant ainsi une union économique et politique. Il se bat non pas pour gagner, mais pour tirer profit de la guerre. Peu importe que ces gains se fassent au détriment de la vie de centaines de milliers de combattants. La Russie, dans cette lecture, n'est pas l'ennemi, mais le carburant de la machine financière.
A un quatrième niveau, on constate que malgré une population d'environ un neuvième et une économie représentant un vingtième du PIB des pays de l'OTAN et frappée par de très lourdes sanctions ainsi que par l'effort de guerre, la Russie se développe considérablement et même plus que les pays occidentaux, qui plus est sans s'endetter, et tient son rang dans la confrontation militaire et industrielle avec le front adverse, tout en construisant un bloc BRICS qui se désengage du dollar comme monnaie d'échange international, l'affaiblissant ainsi que les Etats-Unis. Ces faits montrent que la théorie économique générale enseignée en Occident est fallacieuse, notamment dans son adoption du PIB comme paramètre central. Et qu'une économie dont 90% du PIB est constitué de transactions financières improductives et parasitaires est une économie faible et malade, destinée à succomber face à une économie plus petite mais réelle.
Cela ouvre la possibilité que ce qui précède conduise non seulement à une révision de la théorie économique générale, mais que si les pouvoirs de l'empire du dollar sont vaincus, l'empire lui-même s'effondrera, que le système du capitalisme financier spéculatif s'effondrera et sera remplacé par un système centré sur l'économie réelle productive. Qu'il y ait un retour du capitalisme spéculatif au capitalisme productif.
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dimanche, 16 juin 2024
L'Entente, croquemitaine géopolitique
L'Entente, croquemitaine géopolitique
Alexander Shirokorad
Source: https://geoestrategia.es/noticia/42768/historia/la-entente-no-es-el-primer-monstruo-geopolitico.html
Voilà que, 120 ans plus tard, un article paraît dans le Telegraph, signé par les ministres des affaires étrangères britannique et français, David Cameron et Stéphane Sejourné.
"Il n'est pas moins important pour nous aujourd'hui que pour nos prédécesseurs de mettre de côté les vieilles différences et d'établir une longue amitié, que nous célébrons aujourd'hui non seulement comme un rappel de l'"entente cordiale", mais aussi comme "un aperçu de la future Entente", déclarent les ministres à l'unanimité.
Soldats français et nord-africains à Odessa, mars 1919.
Je voudrais rappeler que l'année dernière, lors d'une visite officielle à Paris, le roi d'Angleterre Charles III a commenté le "consentement cordial" en prononçant un discours au château de Versailles : "Les liens qui unissent nos peuples sont innombrables. Ils représentent la force vitale de notre accord sincère, inspiré par mon arrière-arrière-grand-père, le roi Édouard VII. Nous avons tous la responsabilité de renforcer nos amitiés afin qu'elles soient prêtes à relever les défis du 21ème siècle".
Comme on le voit, la tendance à recréer l'Entente est assez sérieuse, malgré la réputation ternie de cette structure géopolitique. Rappelons que pendant un certain temps, la Russie a également rejoint l'Entente, ce qui n'a pas empêché l'Angleterre et la France de soutenir les groupes d'opposition des grands-ducs et des députés de la Douma depuis 1915. Ce n'est pas un hasard si c'est l'officier de renseignement britannique, le lieutenant Oswald Rayner, qui a abattu Grigori Raspoutine.
Dans un article du Daily Telegraph, les ministres des affaires étrangères britannique et français, David Cameron et Stéphane Sejourné, appellent donc à la formation d'une "Entente renouvelée" pour lutter contre la Russie.
Le 23 décembre 1917, un accord franco-britannique sur la division de la Russie en sphères d'influence est conclu à Paris. Depuis 70 ans, les historiens soviétiques répètent à la population que l'Entente n'a envoyé ses troupes en Russie que pour ramener l'ancien régime, remettre les usines aux capitalistes et leurs biens aux propriétaires terriens.
Mais le ministre britannique de la guerre, Winston Churchill, a été très franc : "Ce serait une erreur de croire que, pendant la guerre civile en Russie, nous avons combattu pour une cause blanche. Au contraire, les Blancs se sont battus pour nos intérêts".
Soldats géorgiens à Sotchi (1918).
Notons qu'en 1918-1920, la Grande-Bretagne et la France ont aidé les Blancs, puis ont maintenu leur neutralité ou leur ont joué de mauvais tours. Mais il n'y a pas eu un seul cas où les troupes de l'Entente se sont battues contre les séparatistes. La situation de l'été 1918 en est un exemple. Les nationalistes géorgiens s'emparent de Sotchi et de Touapse. Anton Denikin, qui commandait alors l'armée des volontaires, se mit en colère et expulsa les Géorgiens de Sotchi. Cependant, l'Angleterre menace l'armée des volontaires d'une guerre si elle continue à avancer vers le sud.
Octobre 1919. L'armée occidentale du lieutenant général Prince Avalov (photo) avance vers Riga. Les Anglo-Français transfèrent d'urgence des armes aux États baltes. L'escadre anglo-française ouvre le feu sur les troupes d'Avalov qui avancent. Une batterie d'artillerie hippomobile se précipite alors au bord de l'eau et tire à bout portant sur les croiseurs de l'Entente.....
Aujourd'hui, un monument a été inauguré sur la base navale lettone, avec une longue liste de "héros de l'Entente" tombés au combat, "victimes de la terreur blanche". N'est-il pas vrai qu'il n'y a rien à ajouter ?
En effet, l'Angleterre et la France n'ont pas eu besoin de la Russie tsariste, dénikinienne, soviétique ou autre. En 1918-1920, l'objectif de l'Entente était de désintégrer la Russie en autant d'États "indépendants" que possible. Je ne peux pas deviner comment, mais l'histoire des États baltes aurait pris un chemin complètement différent si l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie étaient devenues des républiques soviétiques non pas en 1940, mais en 1922.
Naturellement, l'objectif de l'Entente était une banale rapine. Personnellement, je considère que la campagne britannique "pour les zipuns" en Russie a été dans l'ensemble un succès. Ainsi, l'intervention britannique s'est amortie au moins une fois et demie grâce à l'exportation massive de pétrole, de minerais, d'or, de fourrures, au détournement de navires à vapeur, etc.
Mais surtout, l'Entente a donné naissance au prédateur traité de Versailles.
Immédiatement après la conférence de Versailles, le maréchal français Ferdinand Foch a déclaré : "Versailles n'est pas la paix, mais un armistice de 20 ans". Et lors de la conférence elle-même, le Premier ministre britannique Lloyd George a dit au Premier ministre français Georges Clemenceau, qui voulait inclure les terres habitées par les Allemands en Pologne : "Ne créez pas une nouvelle Alsace-Lorraine". Ainsi, le maréchal français et le Premier ministre britannique ont prédit avec précision le moment (1939) et la raison (Pologne) du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Dans le même temps, l'Angleterre et la France reprochaient exclusivement à leurs adversaires le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Mais au début de la conférence de Versailles, dans les quatre empires, à la fin de 1919, les dirigeants responsables du déclenchement de la guerre ont été exécutés ou ont fui le pays. Des personnes qui s'étaient opposées à la guerre à l'automne 1914 sont arrivées au pouvoir.
Alors pourquoi l'Entente n'accepterait-elle pas le plan de paix proposé par Lénine en novembre 1917 "sans annexions ni indemnités" ? Comment le caporal retraité Adolf Hitler aurait-il fini ses jours dans ce cas ? Artiste moyen ? Chef d'un parti d'une centaine ou de deux marginaux ?
Supposons que le 9 novembre 1923 à Munich, lors de la fusillade lors d'une manifestation nazie, Hitler n'aurait pas été légèrement blessé, mais tué. Il existe d'ailleurs une version selon laquelle le garde blanc Scheubner-Richter (photo) aurait recouvert le Führer de son corps. Et alors ? Il n'y aurait donc pas eu de Seconde Guerre mondiale ? Bien sûr qu'il y en aurait eu une, mais avec un autre Führer : Ernst Röhm, Joseph Goebbels ou quelqu'un d'autre.
Et s'il y avait eu une unification des socialistes et des communistes aux élections de 1932, ils auraient obtenu 37,3 % des voix, alors que les nazis n'en auraient obtenu que 33 %. Ernst Thälmann serait peut-être devenu chancelier du Reich et les Juifs n'auraient pas été dans des camps de concentration, mais au Reichstag et au gouvernement. Mais la Seconde Guerre mondiale aurait quand même eu lieu.
Ainsi, jusqu'en 1934, les sociaux-démocrates autrichiens considèrent l'Anschluss comme leur principal objectif. À la fin des années 1920, Thälmann affirme que Hitler ne s'oppose que verbalement à l'Angleterre et à la France, mais qu'il est en réalité leur protégé.
Ernst Thälmann (photo) déclare officiellement : "L'Allemagne soviétique ne paiera pas un pfennig de réparations.... Nous, communistes, ne reconnaissons aucune annexion forcée d'un peuple ou d'une partie d'un peuple à un autre État-nation, nous ne reconnaissons aucune frontière tracée sans le consentement de la majorité réelle de la population..... Nous, les communistes, sommes contre le démembrement territorial et le pillage de l'Allemagne effectués sur la base du traité de Versailles qui nous a été imposé par la force".
Ainsi, même si les communistes et les socialistes avaient gagné en Allemagne, la Seconde Guerre mondiale aurait quand même eu lieu. Mais dans ce cas, l'issue aurait certainement été différente.
Avec le traité de Versailles, les États de l'Entente ont jeté les bases d'une nouvelle Grande Guerre. C'était une conséquence inévitable des processus historiques. Mais toutes sortes de Hitler, Pilsudski, Mussolini, Thälmann, von Papen, Antonescu et autres ont été des accidents historiques. Ils ne pouvaient que modifier légèrement l'élan de la guerre et le cours des hostilités. Mais personne n'a pu les empêcher.
Et aujourd'hui, pour faire revivre l'Entente, il est nécessaire de porter un puissant coup de propagande aux mythes occidentaux. Il n'est pas nécessaire d'inventer quoi que ce soit. L'Entente a commis un crime monstrueux contre l'Allemagne, la Russie, la Chine, l'Indochine et d'autres pays d'Asie et d'Afrique.
La vérité sur les atrocités commises par l'Entente au 20ème siècle peut, sinon arrêter, du moins compliquer sa renaissance en 2024.
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Les « Algériens » exigent de la France repentance et compensations [1]. Ah bon ? Et de quel droit ?
Les « Algériens » exigent de la France repentance et compensations [1]. Ah bon ? Et de quel droit ?
Pierre-Emile Blairon
FLN : la haine de la France
Le FLN (Front de Libération Nationale) est arrivé au pouvoir en Algérie et s’y est maintenu jusqu’à aujourd’hui, non pas par ses actions en faveur du peuple « algérien » qui tente de survivre dans une misère noire (contrairement à ses élites corrompues qui, elles, vivent dans l’opulence) mais grâce à un seul mot d’ordre : la haine de « l’infidèle », qu’il soit païen (qu’il faut abattre sur-le-champ suivant les préceptes du Coran), ou qu’il soit chrétien ou juif (qui sont, comme l’islam, des religions du Livre, et bénéficiant de ce fait d’une certaine tolérance mais que l’islam peut - et doit - soumettre à la condition inférieure de dhimmi). Cette haine religieuse va s’exercer encore plus radicalement à l’encontre du Français [2], que le pouvoir FLN a présenté comme un colonisateur cruel et sanguinaire, ressentiment méthodiquement instillé dans les cerveaux des « Algériens » sur la base du slogan initial : « La Révolution algérienne, un peuple au combat contre la barbarie colonialiste » et soigneusement entretenu depuis le départ des Pieds-Noirs il y a 62 ans ; autant dire que les jeunes « Algériens » n’ont aucune connaissance du passé du lieu où ils vivent [3], n’ont qu’une vision entièrement négative de la présence française en Algérie et ne disposent que d’un narratif étriqué de l’histoire de l’Algérie fondé sur la glorification des moudjahidin, les membres du FLN, parti unique et totalitaire au pouvoir depuis « l’indépendance » en 1962.
Précisons qu’un moudjahid est un combattant pour la foi, islamique bien sûr, qui s’engage dans le djihad, la guerre sainte, ce qui nous donne une indication précise sur les réelles intentions des rebelles brusquement et férocement apparus sur le territoire de l’Algérie française en 1954 : c’était des islamistes, probablement manipulés par des puissances étrangères, jalouses de la vitalité de l’Empire français [4], qui se présentaient sous faux drapeau « nationaliste », prétexte d’autant plus invraisemblable que l’Algérie n’a jamais existé comme « nation » depuis le début des temps. Ce qui explique les guillemets dont ont été également entourés dans le présent article les termes « Algériens » et « indépendance ».
« Les Algériens considèrent Abd el Kader comme le père de la nation algérienne. Or, la nation algérienne n'existait pas plus du temps d'Abd el Kader, que la nation libyenne n'existe aujourd'hui... Il y avait dans la Régence d'Alger un grand nombre de tribus berbères et arabes (autour de 950), placées sous la domination des Turcs, nullement organisées en État, soumises à l'anarchie et aux dissensions permanentes. Elles n'avaient comme point commun que la religion musulmane. C'est la France qui "inventa" l'Algérie, créant le terme même d'Algérie qui n'existait pas avant 1830. C'est une décision du Ministre de la Guerre, le Général Schneider, qui fixa, le 14 octobre 1839 le nom d'Algérie, qui remplaça officiellement l'appellation « possessions françaises dans le nord de l'Afrique [5] ».
Je vais, à ce stade de cet article, juste rappeler que la France est intervenue en Algérie en 1830, à la demande des puissances européennes, pour mettre fin à la piraterie qui avait ses bases le long des côtes barbaresques, le nom même de l’Algérie n’existant pas encore ; pirates arabes qui écumaient la mer Méditerranée en attaquant les bateaux de commerce pour les piller et réduire les équipages et les passagers en esclavage ou pour les libérer contre rançon ; les historiens ont compté jusqu’à 1.250.000 marins et passagers ainsi soumis et faits prisonniers dans ces comptoirs côtiers.
Les premiers terroristes islamistes : le FLN
Arnaud Folch principalement, Eric Letty et Bruno Larebière ont effectué un remarquable travail de rétablissement de la vérité et de réinformation dans l’édition du hors-série n°21 de Valeurs actuelles du 23 octobre 2019 intitulé : Algérie française, les vérités interdites. Les sanglantes exactions de cette secte de fanatiques islamistes rassemblés sous la dénomination de FLN n’ont pas été édulcorées et encore moins cachées comme l’ont fait la quasi-totalité des médias français sur cette peu glorieuse page de l’histoire française dont la responsabilité incombe essentiellement au général De Gaulle.
A côté du FLN, les Talibans afghans, les coupeurs de tête Saoudiens ou les Ayatollahs iraniens apparaissent comme de doux agneaux.
Sous le titre Le vrai visage des "libérateurs", Arnaud Folch nous dépeint certains aspects de la barbarie de ceux qui sont toujours au pouvoir en Algérie : « C’est à une guerre de terreur que s’est livrée le FLN ; à son actif, entre 1954 et 1963: 200.500 morts, le FLN va multiplier les massacres. Ignorés par les "bien-pensants", mais confirmés par des notes et rapports "confidentiels".
Et Arnaud Folch relate quelques épisodes épouvantables de ce terrorisme hallucinant qui va d’abord s’exercer contre la population musulmane pour la soumettre contre son gré, puisqu’elle était majoritairement pro-française, puis contre la population européenne d’Algérie : « Les musulmans constituent l’immense majorité des victimes du FLN » ; ce sont des villages entiers qui seront rayés de la carte et leurs populations exterminées sauvagement, comme ce village de Melouza, le 28 mai 1957 : « Les rebelles les font sortir des gourbis par groupes de cinq, qu’ils abattent aussitôt à la mitraillette, puis ils pénètrent dans les maisons et, à la hache, à la pioche, au couteau, ils exécutent et mutilent tous les hommes et adolescents de plus de 15 ans. On dénombrera 301 cadavres et 150 blessés. Un villageois qui avait fait le mort au milieu d’un monceau de cadavres a dit que les assaillants criaient, avant d’ouvrir le feu : "fils de chiens, Vous avez aidé les Français, vous allez mourir !" (Newsweek) "Le sol était noir de sang et de cervelle, dont ceux du garde-champêtre Aïssa Dadou, auquel les hommes du commando "ont coupé les mains, fait sauter les yeux, puis l’ont tué ainsi que ses cinq enfants" ( Time magazine). »
Le FLN maintenait la stricte discipline de la loi islamique, la charia : les hommes qui ne la respectaient pas, par exemple ceux qui fumaient ou buvaient de l’alcool, avaient le nez, les lèvres et les oreilles coupées. Difficile, dans ces conditions, de continuer à proclamer sa foi en la valeur civilisatrice de la France et en ses bienfaits, n’est-ce pas ? Les « indigènes » seront pourtant nombreux à le faire.
La valise ou le cercueil
Côté européen, les égorgeurs ne sont pas en reste: 2300 hommes, femmes et enfants Pieds-Noirs enlevés et jamais retrouvés [6] (Ceci n’est pas tout à fait exact : certaines femmes enlevées ont pu être sauvées, tirées des griffes de leurs tortionnaires, mais devenues folles après avoir été réduites en esclavage et livrées à la prostitution dans des « centres de repos » – repos du guerrier – du FLN).
D’autre part, concernant les Pieds-Noirs qui ont été tués par les membres du FLN, en bien plus grand nombre que les disparus, 154 pages de photos ont été éditées dans un document officiel de 1957 appelé Aspects véritables de la rébellion algérienne concernant des centaines de meurtres horribles, hommes, femmes, enfants, décapités, écorchés vifs, mutilés, égorgés…
Les harkis, ces soldats fidèles à la France qu’elle a lâchement abandonnés sur ordre de De Gaulle - en rejetant même à terre ceux qui avaient pu prendre place sur un bateau à destination de la France pour les livrer à leurs bourreaux - ont été volontairement sacrifiés ainsi que leurs familles: 150.000 personnes « ont été massacrées après le « cessez-le-feu » du 19 mars 1962 dans des conditions atroces : « Certains furent crucifiés sur des portes, les yeux crevés, le nez et les oreilles coupés, la langue arrachée, systématiquement émasculés », d’autres furent ébouillantés vivants, dépecés à la tenaille...
Et la France accueille actuellement, tous les jours, par milliers, les enfants et petits-enfants de ces barbares qui ont perpétré ces horreurs. Des individus élevés dès leur plus jeune âge dans la détestation de la France et des Français mais qui ne voient pas d’inconvénient à profiter de l’aide du peuple honni sur son propre sol, qui vont, pour beaucoup d’entre eux, coûter très cher à la CAF, aux services de santé, aux services de justice, à la "politique de la ville", aux services pénitentiaires, etc. S’il s’agit de restitution, la France doit, au plus vite, renvoyer en Algérie ses milliers de ressortissants délinquants, fichés S et ceux qui se sont vus signifier une obligation de quitter le territoire mais qui sont toujours présents sur notre sol. L’Algérie n’en veut pas ? Lorsque le FLN a expulsé un million de Pieds-Noirs en 1962, il ne leur a pas demandé s’ils voulaient bien partir : il leur a laissé le choix entre la valise et le cercueil. Le choix fut donc vite fait : en trois mois, il n’y avait plus de Pieds-Noirs en Algérie. La Méditerranée peut se traverser dans l’autre sens et pour les mêmes raisons.
Il faudra aussi que la France cesse d’accueillir dans ses hôpitaux les représentants de la nombreuse nomenklatura du FLN et leurs familles qui viennent se faire soigner aux frais de la princesse, incapables qu’ils ont été de mettre en place, ou simplement de conserver, un service de santé digne de ce nom en Algérie.
« Au titre de l’accord bilatéral du 27 décembre 1968, les Algériens bénéficient d’un régime dérogatoire plus favorable à leur immigration en France. Exemple d’avantage : la délivrance d’une carte de séjour de 10 ans leur est facilitée dans de nombreux cas » (Causeur, 17 mars 2021).
En France, sur le territoire métropolitain, les habituelles bonnes âmes de gauche – intellectuels, artistes, politiques, hommes d’église - ont servi, pour certaines, de porteuses de valises (remplies de billets) aux rebelles, les autres, plus nombreuses, cautionnant toutes ces horreurs par simple idéologie. Quelques noms ? Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, François Truffaut, Pierre Boulez, Alain Resnais, Simone Signoret, Françoise Sagan, Danièle Delorme, Clara et Florence Malraux (femme et fille du ministre), Lionel Jospin, Mgr Duval…
L’œuvre de la France en Algérie
L’historien africaniste Bernard Lugan a, dans son livre L’Algérie, l’histoire à l’endroit, remarquablement décrit les diverses facettes de l’œuvre que la France a accomplie en 130 ans en Algérie ; il répondait déjà, en 2019, à une première tentative du gouvernement algérien visant à réclamer des indemnités à la France.
« Le 15 juillet dernier, montrant en cela qu’il n’est pas encore mentalement décolonisé, Mohand Ouamar Bennelhadj, membre essentiel du "Système" algérien puisqu’il est le secrétaire général par intérim de l’ Organisation nationale des moudjahidines, les "anciens combattants", a ainsi appelé le parlement algérien à voter une loi criminalisant la colonisation française. Il a en outre demandé que cette loi ouvre la voie à des "compensations", osant écrire que les Français ont "génocidé" les Algériens et que, après avoir pillé le pays, ils "n’ont laissé ici que des broutilles, des choses sans valeur".
« En 1962, la France a légué à l’Algérie un héritage exceptionnel et non des "broutilles" et des "choses sans valeur", à savoir 54.000 kilomètres de routes et pistes (80.000 avec les pistes sahariennes), 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres étaient goudronnés, 4300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots), 34 phares maritimes, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800.000 enfants scolarisés dans 17.000 classes (soit autant d’instituteurs, dont deux-tiers de Français [7]), un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer du concentré de tomates, des pois chiches et de la semoule pour le couscous… Tout ce que la France légua à l’Algérie avait été construit à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé et dont même son nom lui fut donné par la France. Tout avait été payé par les impôts des Français. Daniel Lefeuvre a montré qu’en 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! »
Comment Macron a-t-il réagi à ces demandes arrogantes provenant des caciques « algériens » ? Eh bien, il n’a pas réagi. Pourquoi ? Je vais vous donner un petit indice.
Dans un article bien tourné paru sur Boulevard Voltaire [8], le 20 mars 2022, Frédéric Sirgant a évoqué la thèse de deux journalistes de gauche, Emmanuel Rivoire et Yanis Mhamdi, selon laquelle « Emmanuel Macron, lors d'une visite à Alger pour sa campagne en février 2017, où il est reçu tel un chef d'État alors qu'il n'est même plus ministre, a rencontré des oligarques algériens, en même temps soutiens du régime, pour obtenir des financements pour sa campagne, qui lui faisaient alors cruellement défaut, en échange de son soutien au régime et à l'idéologie FLN. »
Mémoires d’Empire [9]
Les Européens ont conquis le monde par terre et par mer, sans autre justification que le goût de l’aventure, de la découverte et de la conquête ; ils avaient dans la bouche le goût âcre de ces nouvelles terres qui vibraient sous le pas de leurs chevaux, si différentes de celle qui les avait adoptés, ou qu’ils avaient choisie, mus par ce que Spengler appelait le tact racique, ce tact, cette intuition spirituelle, qui a entièrement disparu chez nos contemporains ; croyez-vous qu’Alexandre, lors de son périple immense, avait en vue de soumettre les peuples des régions qu’il traversait pour des raisons d’ordre économique, qu’il s’adonnait à des petits calculs de petit bourgeois ?
Que les petits esprits souffreteux de notre fin de cycle qui hurlent à la mort dès qu’on leur parle d’Empire prennent la mesure de leur insignifiance et ferment le seul organe qu’ils ont de grand: leur bouche. De la même façon qu’ils méprisent la geste des grands explorateurs dont le récit a enchanté mon enfance, comme, pour ne citer que de grands Français, en vrac: Samuel de Champlain, Jean-François de Lapérouse, Jean-Baptiste Charcot, Bertrand François Mahé de la Bourdonnais, Louis-Antoine de Bougainville, Jacques Cartier, René-Robert Cavelier de La Salle, René Caillié, Pierre Savorgnan de Brazza, Louis Faidherbe, Jean du Plessis d'Ossonville, Pierre Belain d'Esnambuc, Charles de Foucauld…
« Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à quitter l’Algérie », avait proclamé en 1841 Tocqueville, de retour d’un voyage in situ. « L’abandon qu’elle en ferait serait aux yeux du monde l’annonce certaine de sa décadence. (…) Tout peuple qui lâche aisément ce qu’il a pris et se retire paisiblement de lui-même dans ses anciennes limites proclame que les beaux temps de son histoire sont passés [10].»
Cette belle envolée concerne aussi les événements en cours en Nouvelle-Calédonie mais nous en parlerons dans un prochain article.
Pierre-Emile Blairon.
Notes:
[1] La partie française est ainsi invitée « à transmettre ses préoccupations en matière de restitution de biens culturels, archivistiques et autres ». Les historiens français ont répondu que la liste allait être transmise à Emmanuel Macron pour que « les biens qui peuvent retrouver leur terre d’origine puissent l’être le plus rapidement possible ». V.A du 29 mai 2024
[2] Jean-Pierre Lledo, Causeur du 1er novembre 2018 : « L’égorgement n’est pas un acte sauvage pour le combattant puisque sanctifié par l’islam : je suis venu à vous par l’égorgement, a dit Allah (Abu Ya’la , hadith n° 7285.) »
[3] Ils pensent même que les immeubles haussmaniens qu’ont construits les Européens, encore debout, mais progressivement dégradés puisqu’ils ne bénéficient d’aucune restauration, ont été construits par les « Algériens » ; les mêmes doivent être persuadés que les bâtiments de style mauresque sont là depuis des siècles, alors qu’ils ont été édifiés par les Français à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, inaugurant ainsi un style bien adapté au pays. Voir les photos accompagnant le présent article.
[4] Et pour cause : la société CREPS découvrait en mars 1954, à 80 km au sud-ouest d'In Salah, à 1450 m de profondeur, le premier gisement d'hydrocarbures du Sahara : le champ de méthane du Djebel Berga.
[5] Jean-Pierre Simon, CDHA (Centre de Documentation Historique sur l’Algérie, Aix-en-Provence)
[6] J’ai moi-même failli être enlevé à l’âge de 10 ans ; Voir mon article sur ce même site sur la fin de l’Algérie française et le terrible massacre des Oranais pour « fêter l’indépendance » : Oran, 5 juillet 1962 : la fin d’un monde (7 juillet 2023). Source: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/07/05/o...
[7] Et il faut ici rappeler l’œuvre admirable effectuée par l’armée et les appelés pour instruire les populations dans des zones éloignées de tous services publics par l’intermédiaire des S.A.S. (Les Sections Administratives Spécialisées).
[8] https://www.bvoltaire.fr/macron-a-t-il-ete-finance-par-de...
[9] Ce titre pour rendre hommage à mon ami Michel Castillon, colonel de la Légion étrangère, qui a collaboré à l’ouvrage qui porte ce titre.
[10] Michel De Jaeghere, directeur du Figaro Histoire
12:54 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, france, algérie, afrique du nord | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les vanités du gaullisme et du souverainisme
Les vanités du gaullisme et du souverainisme
Nicolas Bonnal
Il y a un mantra souverainiste en France en ce moment, lié au désespoir d’une petite partie de l’opinion (la majorité reste hypnotisée ou anesthésiée). Evidemment il est platonicien et ne risque pas d’accoucher dans la réalité.
On nous répète donc qu’en sortant de l’Europe on résoudrait tous nos problèmes. Or il me semble que cette Europe techno-jacobine dirigée par les Delors, les Breton et les Lagarde elle a été bien francisée. C’est Varoufakis qui me le fit comprendre dans son livre sur le minotaure (européen). Il écrivait même que la surclasse de hauts fonctionnaires français désirait entrer dans l’euro pour profiter du boom immobilier (celui des résidences secondaires notamment) qui s’ensuivrait.
Je ne vois pas en plus en quoi les énarques, Asselineau, Florian, Dupont-Aignan, etc., qui totalisent 1% à chaque élection (je sais, elles sont truquées…) et désirent le Frexit (on ne pouvait pas trouver un mot plus sexy et franchouillard que celui calqué sur le raté Brexit – voir Todd – des Britanniques, qui n’a profité qu’à la City, à l’inflation et aux migrants, comme annoncé par Valérie Bugault ?) dirigeraient la France mieux que les confrères énarques qui veulent rester européens. Tous énarques, tous souverainistes !
La France c’est depuis des centaines d'années un coq hérétique, un pays centralisé, autoritaire, avec une armée de fonctionnaires, un administration qui marche plus ou moins bien, et depuis peu une dette et une immigration qui sont incontrôlables. Sur le reste on relira mon Coq hérétique (qui fut référencé par le Figaro, VA et par mon ami Laughland) et mes textes sur Marx (et son armée de fonctionnaires) ou Gobineau. Tiens, redonnons cet extrait, de Gobineau dans sa lettre à Tocqueville :
« Vous avez admirablement montré que la révolution française n’avait rien inventé et que ses amis comme ses ennemis ont également tort de lui attribuer le retour à la loi romaine, la centralisation, le gouvernement des comités, l’absorption des droits privés dans le droit unique de l’État, que sais-je encore ? L’omnipotence du pouvoir individuel ou multiple, et ce qui est pire, la conviction générale que tout cela est bien et qu’il n’y a rien de mieux. Vous avez très bien dit que la notion de l’utilité publique qui peut du jour au lendemain mettre chacun hors de sa maison, parce que l’ingénieur le veut, tout le monde trouvant cela très naturel, et considérant, républicain ou monarchique, cette monstruosité comme de droit social, vous avez très bien dit qu’elle était de beaucoup antérieure à 89 et, de plus, vous l’avez si solidement prouvé, qu’il est impossible aujourd’hui, après vous, de refaire les histoires de la révolution comme on les a faites jusqu’à présent. Bref, on finira par convenir que le père des révolutionnaires et des destructeurs fut Philippe le Bel. »
Et il résume, assez génialement je dois dire, le présent perpétuel des Français (Lettre de Téhéran, le 29 novembre 1856) :
"Un peuple qui, avec la République, le gouvernement représentatif ou l’Empire, conservera toujours pieusement un amour immodéré pour l’intervention de l’Etat en toutes ses affaires, pour la gendarmerie, pour l’obéissance passive au collecteur, à l’ingénieur, qui ne comprend plus l’administration municipale, et pour qui la centralisation absolue et sans réplique est le dernier mot du bien, ce peuple-là, non seulement n’aura jamais d’institutions libres, mais ne comprendra même jamais ce que c’est. Au fond, il aura toujours le même gouvernement sous différents noms… ".
La sortie de l’Europe ? Je lui souhaite du plaisir à la France avec ses casseroles de retraités, de branchés, de bobos, d’immigrés, de fonctionnaires, de chômeurs, de dettes, de DOM-TOM, de règlements, et de sous-culture étatisée ad vitam…
Mais voyons pour le gaullisme. Le problème c’est déjà que tous s’en réclament : les huns et les autres si j’ose dire. Et la Marine à la peine (qui se rapproche de Leyen maintenant, via Meloni, féminisme oblige), et le macaron, et les républicains, et les gauchistes, qui oublient que cette référence un peu usée tout de même a créé le parti (UDR, RPR qu’importe) qui a cautionné toutes les gabegies européennes, migratoires et socialistes. L’accélération de la chute française date moins de Mitterrand que de Chirac et son néo-gaullisme d’opérette (Chirac ridiculisa le pauvre Todd et sa fracture sociale) qui visait la Russie (réécoutez-le, bon Dieu) lors de la pitoyable reprise des essais nucléaires en 1996.
Mais allons au fond et succinctement, quitte à choquer les ânes sensibles :
La surestimation du gaullisme certes ne frappe pas assez les bons esprits qui sont surtout des esprits distraits. Car De Gaulle, c’est la Libération et la Grandeur de la France, De Gaulle, c’est la prospérité et la voix de la France libre (bis), De Gaulle, c’est une époque bénie… Or dans les années soixante toute l’Europe en voie de destruction se développait. Elle était vraiment décadente cette Europe, quoiqu’en pense le poireau Aron. La vraie révolution culturelle avait lieu en Occident et pas en Chine : c’est le marxiste Eric Hobsbawn qui nous l’a démontré dans son âge des extrêmes. Sur les ratages du gaullisme pendant la guerre, lire et méditer l’indispensable Kerillis, lui-même héros de guerre, journaliste et expert militaire.
En fait le gaullisme repose sur une hypnose collective proche de celle de 1789, de Napoléon ou de la République dont le Général se réclama toujours. Le Français adore être hypnotisé (comme l’Anglo-Saxon sa parèdre) et Macluhan le décrit très bien (la Galaxie Gutenberg, Edition Biblis, p. 399-408) dans ses chapitres sur le nationalisme, basés sur l’extraordinaire historien US Carleton Hayes.
Je n’ai aucune envie de m’étendre sur cette question qui mériterait un bon livre – un de plus… Mais au moins rappelons les faits principaux :
– De Gaulle, c’est une Résistance et une Libération bâclées : voyez par exemple le livre de Kerillis, De Gaulle dictateur (mal titré hélas). De Gaulle c’est une malédiction portée sur l’extrême-droite collabo et une sanctuarisation de la Résistance dont se réclament tous les escrocs qui nous gouvernent. Ses Mémoires de guerre sont le livre de chevet jamais lu de chaque président. De Gaulle c’est aussi l’oubli de la trahison et de la désertion des communistes qui se sont chargés ensuite de l’épuration qui ne cessera jamais. J’aime la courageuse expression d’Audiard : « je suis un antigaulliste du 18 juin ». On brûle ses films ?
– De Gaulle, c’est aussi la trahison des pieds noirs et la perte brutale, sanglante et bâclée de l’Algérie (voyez les livres publiés par mon éditeur Dualpha notamment celui de Manuel Gomez). Le gâchis a été total, et on en paiera toujours le prix.
– De Gaulle, c’est les Trente Glorieuses (disparition des paysans et mauvais traitements des ouvriers) et la destruction de la France rurale traditionnelle, la transformation et l’américanisation d’un Hexagone mué en France défigurée pour reprendre le titre d’une émission célèbre de Michel Péricard (photo), lui-même gaulliste. Comparez Farrebique et Biquefarre. Voyez mon livre sur la destruction de la France au cinéma.
– De Gaulle, c’est aussi le début de l’interminable immigration africaine qui suit la décolonisation ratée – Audiard s’en moque dans son libertaire et jubilatoire Vive la France. Les cinéastes ont bien vu les maléfices en œuvre sous de Gaulle : voyez Weekend ou Deux ou trois choses de Godard sans oublier Alphaville ; voyez Play Time de Jacques Tati, le début de Mélodie en sous-sol…
– Sur le plan des Français, on voit une détérioration du matériel humain: société de consommateurs, d’assistés, de téléphages et d’automobilistes. L’enlaidissement du pays modernisé entraîne l’enlaidissement des gens, la fin de l’élégance parisienne et le déclin de la culture française. Voyez Debord qui rejoint Pierre Etaix ou Jacques Tati. Et ne parlons pas de mai 68, de l’explosion de la pornographie et de la destruction finale de Paris sous Pompidou, ancien laquais de Rothschild (pour ceux qui se plaindraient de l’autre). De Gaulle nous laissa aussi Chirac et Giscard…
– Déclin de la culture? Lisez mon livre sur la comédie musicale. Paris enlaidi cesse d’influencer ou d’inspirer les créateurs américains. Eric Zemmour – et j’y reviendrai – en parle très bien dans son livre sur la Mélancolie française: Malraux a tourné le dos à la France traditionnelle (Chirac aussi avec ses arts premiers) et africanisé notre culture. Sinistre politique de l’Etat culturel livré au gauchisme (dixit Debré lui-même) via les MJC.
– Enfin sur le plan de la vie politique, on souffre de cette catastrophique constitution et des éternels effets du scrutin majoritaire. On a Macron et on le garde. On a créé la constitution la plus dangereuse du monde et on continue de la défendre…
– Politique étrangère ? On a gardé l’Otan, l’Europe : quant à la politique arabe… Le Québec libre aussi aura fait long feu. Le tiers-mondisme diplomatique héritier pathétique de la décolonisation ne mena nulle part. Mais il énervait les Américains…
– On relira avec intérêt notre texte sur Michel Debré qui voyait l’effondrement français arriver avec cette Cinquième. De Gaulle œuvra en destructeur ET en fantôme.
Mais De Gaulle comprit le piège ; et j’ai décrit cette prise de conscience du premier concerné, le général lui-même. Je me cite alors :
De Gaulle échoue – mais il en ressort qu’on ne pouvait qu’échouer. Sur le referendum – sa porte de sortie comme on sait – nous sommes clairement informés (citation déjà reprise par Philippe Grasset) :
«J’expose au Général que le but de ma visite est de préciser les conditions qui peuvent permettre le succès, du référendum. Interruption du Général : « Je ne souhaite pas que le référendum réussisse. La France et le monde sont dans une situation où il n’y a plus rien à faire et en face des appétits, des aspirations, en face du fait que toutes les sociétés se contestent elles-mêmes, rien ne peut être fait, pas plus qu’on ne pouvait faire quelque chose contre la rupture du barrage de Fréjus. Il n’y aura bientôt plus de gouvernement anglais; le gouvernement allemand est impuissant ; le gouvernement italien sera difficile à faire; même le président des Etats-Unis ne sera bientôt plus qu’un personnage pour la parade.
Le monde entier est comme un fleuve qui ne veut pas rencontrer d’obstacle ni même se tenir entre des môles. Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge lui-même de son destin (p.112). »
On répète parce que c’est merveilleux :
« Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge lui-même de son destin. »
Allez, on se rassure : l’héritier Debré fit 1% des voix aux présidentielles de 1981.
C’est Douglas Reed, l’auteur de la Controverse de Sion qui avait dit une très bonne chose sur la France après l’opération tragi-comique de Suez en 56 : c’est la terre du fiasco récurrent.
« La France n’avait pas plus à perdre, malheureusement, que la dame dans la chanson de soldat qui « avait encore oublié son nom » : par sa révolution, la France restait la terre du fiasco récurrent, à jamais incapable de se relever de l’abattement spirituel où elle se trouvait. Pendant 160 ans, elle essaya toutes les formes de gouvernement humainement imaginables et ne trouva de revigoration et de nouvelle assurance dans aucune. »
Et en route pour un énième front républicain des gauchistes au service du pouvoir financier…
Sources principales :
https://www.dedefensa.org/article/tocqueville-et-gobineau...
https://www.dedefensa.org/article/debre-et-le-general-fac...
Cliquer pour accéder à Douglas%20Reed%20-%20La%20Controverse%20de%20Sion.pdf
https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/europeenn...
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De la limitation du nombre des candidatures
De la limitation du nombre des candidatures
par Georges FELTIN-TRACOL
Les élections européennes du 9 juin sont maintenant derrière nous. Il est cependant prématuré d’en tirer des conclusions tant en France qu’à l’échelle continentale. Avant la fin de la présente saison, votre chronique préférée y reviendra sûrement. Intéressons-nous plutôt aujourd’hui à un élément de langage lié à ce scrutin passé inaperçu qui indique un nouvel infléchissement vers un despotisme bien-pensant.
Pour ces élections, l’électeur français pouvait choisir entre trente-huit listes. Cette profusion a suscité des reportages partiaux sur un point de détail qui a pris une importance himalayenne. Des journalistes ont volontiers répercuté l’ire des maires à propos de l’affichage légal. Le code électoral exige en effet un nombre de panneaux équivalent au nombre de listes en lice posés près de chaque bureau de vote. Ces panneaux, souvent métalliques, sont aussi en bois.
Les édiles constatent à l’antenne que bien des panneaux installés restent vierges d’affiche, car de nombreuses listes n’ont pas les moyens financiers pour en imprimer et les coller. Les élus locaux hurlent alors au gaspillage des finances publiques. La médiacratie répercute et accentue leur indignation sélective.
Des chroniqueurs suggèrent de mettre en œuvre la vieille proposition d’Emmanuel Macron en faveur des listes européennes. Faut-il comprendre que les Français et les Allemands occuperaient les cent premières places ? Pour qu’il soit effectif, ce projet pourrait s’inspirer des élections régionales françaises avec des collèges départementaux et le nom du candidat à la présidence du conseil régional écrit en gras. À partir de cet exemple, on peut imaginer un bulletin de 720 noms répartis en vingt-sept ensembles nationaux, soit 81 sièges pour la France et 6 pour Malte, et, en prime, le nom du candidat à la présidence de la Commission de Bruxelles. Cette procédure risque toutefois de bouleverser les habitudes électorales de l’Italie ou de l’Espagne.
Il s’esquisse dans l’Hexagone une autre solution assez effarante. Le sénateur de l’Aisne, Pierre-Jean Verzelen (photo), a déposé le 3 mai dernier une proposition de loi qui entend restreindre le nombre de listes aux élections européennes de 2029. Si ce texte était adopté, ce qui n’est pas encore le cas, une liste ne pourrait se présenter aux suffrages des électeurs que si elle a recueilli au moins dix mille signatures de citoyens inscrits sur les listes électorales dans un seuil minimal de cinquante départements et collectivités d’outre-mer, soit une moyenne de deux cents signatures par département. Il reviendrait ensuite au Conseil constitutionnel de certifier la validité des signatures et de publier la liste officielle des listes aptes à concourir.
On sait déjà que les élus, les maires en particulier, rechignent en général à parrainer un « petit » candidat à l’élection présidentielle, surtout depuis que l’anonymat a été levé. Or, par son arrêt de 2021, le Conseil d’État a autorisé les autorités à ficher toute personne d’après ses opinions politiques et syndicales, ses convictions religieuses et philosophiques ainsi que ses données médicales. La récolte des signatures favoriserait-elle finalement le fichage par la place Beauvau ? « Forteresse Europe » de Pierre-Marie Bonneau, « France libre » de Francis Lalanne et Dieudonné et « L’Europe, ça suffit ! » de Florian Philippot auraient-elles pu se présenter si ce filtrage s’était appliqué ?
Outre le risque de fichage, les potentielles signatures de soutien populaire risqueraient de subir des campagnes de « harcèlement démocratique » ou de « dénigrement républicain » théorisées dans les années 1980 par le socialiste Jean-Christophe Cambadélis à l’encontre des militants du Front national. Un individu signataire d’une listes non conforme verrait son compte bancaire fermé sans aucun motif valable, recevrait un blâme de son employeur, voire pâtirait d’une mort professionnelle et/ou sociale. Ce qui se déroule actuellement en Allemagne et en Belgique francophone avec des restrictions draconiennes à la liberté de penser politiquement la dissidence parviendra tôt ou tard dans l’Hexagone. Pierre-Jean Verzelen appartient au groupe Les Indépendants – République et Territoires, une formation charnière liée à l’alliance majoritaire centriste – Les Républicains qui compte en son sein des élus d’Horizons, le parti de l’ancien premier ministre macroniste Édouard Philippe.
Le sénateur Verzelen tente de se justifier. Son texte empêcherait de « laisser se présenter des personnes qui n’auront même pas les moyens d’imprimer leurs bulletins de vote ». Il oublie (ou semble oublier) qu’il est désormais possible d’imprimer chez soi le bulletin souhaité. Quand le Sénat sortira-t-il enfin de l’ère préhistorique ? Il explique par ailleurs que cette dispersion de listes favorise l’abstention. Contre-vérité flagrante ! En 2019, la participation en France était de 50,12 %, soit une hausse de... 7,7 points.
Le concours aux solutions farfelues ne s’arrête pas là. Le sénateur centriste du Tarn, Philippe Folliot (photo), veut lui aussi soumettre à ses collègues la possibilité d’élire les députés européens dans quatre-vingt-une circonscriptions au scrutin majoritaire. L’élection s’opérerait dans chaque département ou dans des regroupements de départements faiblement peuplés. Ce sénateur a dû renoncer à monter une liste en connivence avec le maire divers-droite de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromentin. Sa proposition, gage d’une frustration certaine, contrevient aux traités européens qui obligent l’usage du scrutin proportionnel pour garnir le Parlement européen.
Le scandale des européennes de 2024 n’est pas le très grand nombre de listes. Le vrai scandale concerne les conditions audio-visuelles de la campagne électorale. Dans le cadre de la campagne officielle de deux semaines sur les chaînes de la télévision publique d’État, maintes listes ne bénéficient que d’une minute trente. Quant aux débats sur les plateaux TV, sauf cas exceptionnel, pourquoi le communiste Léon Deffontaines est-il invité et non pas la candidate animaliste Hélène Thouy ? On peut rétorquer que les communistes disposent de deux groupes à l’Assemblée nationale et au Sénat. Ne faudrait-il pas imposer un temps d’antenne proportionnel inversé pour les listes qualifiées de « marginales » ?
L’autre honte porte sur le financement des affiches et des bulletins de vote. Au lieu de financer chaque année les principaux partis politiques représentatifs, l’État ferait des économies substantielles en prenant à sa charge le matériel électoral et de propagande. Cette simple mesure d’égalité ne mobilise pas les sempiternels zélotes de l’égalitarisme. Ces derniers rêvent encore d’un bipartisme délétère autour du social-libéralisme de centre-gauche mondialiste et du libéralisme social de centre-droit atlantiste à l’instar des États-Unis d’Amérique où les candidats non affiliés aux deux grands partis officiels (républicain et démocrate) ont d’énormes difficultés pour se présenter.
La diversité tant célébrée dans la vie quotidienne et même jusque que dans la dimension privée n’existe pas en politique qui devrait être pluraliste et hétérogène. Les détracteurs de la multiplicité des listes aux élections européennes ne se rendent pas compte qu’ils alimentent ainsi une abstention massive et préparent à terme un inéluctable séparatisme.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 119, mise en ligne le 14 juin 2024 sur Radio Méridien Zéro.
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samedi, 15 juin 2024
Élections européennes: les prémices de la dissolution de l'UE
Élections européennes: les prémices de la dissolution de l'UE
par Luigi Tedeschi
Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/elezioni-europee-l-incipit-della-dissoluzione-della-ue
L'Europe, ou plutôt l'UE, n'est pas notre destin inéluctable. La victoire de la droite ne conduira pas, pour l'instant, à la déstabilisation de la classe dirigeante oligarchique-technocratique de l'UE, mais elle est néanmoins un symptôme clair de l'aversion des peuples envers une institution supranationale par laquelle ils ont été marginalisés, opprimés et appauvris.
Malgré la débâcle des socialistes et des verts, la majorité actuelle au Parlement européen, emmenée par les "populaires" (PPE), dispose des voix nécessaires à sa reconduction. Les Populaires pourraient également entamer des négociations pour inclure les conservateurs dirigés par Meloni dans la majorité. Cependant, une probable re-proposition d'une majorité qui poursuit ses politiques centrées sur la révolution numérique, la transition écologique et l'austérité économique, comme si de rien n'était, conduirait à l'exaspération du conflit en cours entre les peuples et les élites, rendant ces clivages irrémédiables.
Le renforcement des forces souverainistes rendra cependant moins probable la réélection de von der Leyen (par ailleurs impliquée dans le scandale des négociations obscures entre l'UE et les grandes firmes pharmaceutiques pour la fourniture de vaccins, sans jamais avoir été poursuivie). Même avec la majorité actuelle, la Commission devra alors faire face à un nouveau Conseil européen. Des bouleversements politiques internes aux Etats membres engendrés par les élections européennes, émergeront de nouveaux gouvernements avec des orientations très différentes et peu compatibles avec la majorité au Parlement européen et à la Commission européenne. Ces élections ont en tout cas exprimé un rejet populaire très clair du réformisme technocratique et dirigiste qui a gouverné l'UE jusqu'à présent. Les contrastes et les conflits qui surgiront au sein des institutions européennes pourraient conduire à l'ingouvernabilité de l'UE elle-même.
L'orientation politique européenne consolidée depuis des décennies est complètement bouleversée et surtout, ces élections consacrent le déclin définitif de l'axe Paris-Berlin, expression des puissances dominantes en Europe. Scholz et Macron, les dirigeants vaincus, sont les victimes d'eux-mêmes, en tant qu'architectes d'une politique qui a conduit l'Europe à un asservissement total à l'OTAN, avec pour corollaire le déclin économique et social de l'ensemble du continent européen. Les puissances européennes que sont la France et l'Allemagne sont également déclassées dans le contexte mondial.
Ces élections représentent le point de départ d'un processus de désintégration graduelle mais progressive de l'UE. L'immobilisme, la bureaucratie, l'absence d'une ligne de politique étrangère définie, le dogmatisme économique néolibéral, les maux qui ont toujours frappé l'UE, seront accentués, dans une phase de stagnation politique étendue à l'ensemble de l'Europe, dans laquelle les tensions sociales et les conflits entre États seront exacerbés. Ceci met en évidence l'échec de l'UE, organisme technocratique et financier qui a conduit au déclin de la démocratie, à la fin de la souveraineté des Etats et à la disparition des cultures identitaires des peuples européens.
La crise irréversible du modèle européen apparaît aujourd'hui dans toute sa dramaturgie. Un modèle d'inspiration idéologique cosmopolite, mondialiste, élitiste, culturellement soumis à l'influence des courants libéraux américains, qui a assimilé l'idéologie, le genre et la culture woke. L'UE n'est pas un État, c'est un organisme supranational sans subjectivité autonome dans la géopolitique mondiale. Aujourd'hui, l'Europe n'est qu'une plateforme politico-stratégique de l'OTAN. L'UE a été décrite comme un éco-monstre juridique, construit sur la base d'un projet d'ingénierie sociale, dont le programme réformiste est l'incarnation réelle du modèle de la Grande Réinitialisation, avec la révolution numérique et la transition environnementale préfigurées par Klaus Schwab au Forum économique mondial.
Cette même dimension post-historique dans laquelle se trouve l'AmEurope actuelle a subi un coup dur. Les bouleversements géopolitiques actuels issus de la Grande Guerre et de l'émergence des Etats-Civilisations, ont probablement influencé les consciences des peuples européens. C'est du moins ce que nous nous plaisons à espérer.
Il faut cependant noter que lors de ces élections européennes, ce sont les compétitions entre les forces politiques au sein des États qui ont prévalu. Les projets et les idées sur les réformes structurelles de l'Europe n'ont pas émergé. Nous saluons chaleureusement la débâcle des bellicistes à la Macron, mais l'orientation des forces souverainistes elles-mêmes est largement turbo-atlantiste et pro-sioniste. Mais être souverainiste chez soi et américaniste en Europe est une contradiction évidente et irréconciliable.
Les structures économiques défaillantes de l'UE n'ont pas été remises en cause. La récente mesure démagogique mise en œuvre par la BCE, avec la baisse des taux de 0,25 %, en conjonction avec les élections, n'efface certainement pas les attentes négatives de l'économie européenne. La hausse des taux ne peut pas vaincre l'inflation causée par des facteurs externes, comme la hausse des coûts de l'énergie, mais seulement générer la récession. La crise structurelle du modèle européen est d'ailleurs démontrée par le fait que le PIB européen est actuellement inférieur de 35 % à celui des États-Unis. La primauté allemande et son modèle économique basé sur les exportations sont en train de se dissoudre en raison de la fin de l'approvisionnement en énergie russe bon marché. Mais dans l'UE, le pacte de stabilité et ses politiques d'austérité économique continuent d'exister. Les mêmes partis souverainistes d'Europe du Nord sont les adeptes les plus fanatiques de l'austérité financière aux dépens de l'Europe méditerranéenne.
Le déclin du modèle allemand, fondé sur le monothéisme du marché, ne s'accompagne d'aucun projet de réforme de l'économie européenne.
La décomposition du système européen reflète celle de la mondialisation néolibérale en cours dans le contexte géopolitique mondial. La primauté de l'Occident dans le monde est en voie de dissolution. Mais l'idée nouvelle d'une Europe des peuples est totalement absente.
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Les Tintin de la Fin des Temps
Les Tintin de la Fin des Temps
Nicolas Bonnal
On était en 1976. J’avais quinze ans et plus trop d’illusions en politique (Chirac ? Cochin ? La liste Weil ! Le PS ! Les Européennes !). On avait beaucoup attendu l’album, après l’étrange et drolatique Vol 714 pour Sydney qui recyclait le Matin des magiciens de Pauwels et Bergier : et l’on fut servi.
Les Picaros furent insultés ou incompris. C’était un album ingrat et exigeant, l’équivalent du cinéma d’auteur…
On voyait bien qu’Hergé avait renoncé à sa mythologie jugée réac par l’Ennemi ; comme si l’on pouvait encore pratiquer le voyage absolu dans les années 70 marquées par le tourisme de masse, les vols charter, les tropiques à l’encan et l’abominable Guide du routard. Le vacancier occidental, bien reproduit depuis en Asie, fut le yéti, l’abominable homme des plages. Revoyez-les, ces Bronzés, ce qu’ils ont fait à l’Afrique et à la montagne. En revoyant l’Eternel retour avec Madeleine Sologne et Jean Marais, je la trouve sublime, cette montagne enneigée : elle ne l’est plus. Elle a été déniaisée et, comme dit Pagnol, l’honneur ça ne sert qu’une fois. Stations de ski… Et vous avez vu dans Rt.com à quoi ressemble l’Everest ? A un WC géant.
C’est qu’avec la société de consommation (la mort, en vieux latin) la télé était passée par là avec le couillon tout-terrain Séraphin Lampion : bagnole, télé, Pastis, rigolade. Sans oublier la profanation du voyage que l’on nomme tourisme. 1.5 milliard de touristes maintenant… Pauvre Tintin, pauvre voyage initiatique. On pense à Céline (toujours) :
« Je voudrais voir un peu Louis XIV face à un "assuré social"... Il verrait si l'Etat c'est lui ! »
Le touriste a remplacé Ulysse comme l’assuré social vacciné son Roi-Soleil. C’est la vie.
Tintin et les picaros fonctionne comme une fiction aventurière à rebours. On voyage, mais c’est pour se faire enfermer (cf. la cabine spatiale...), se faire observer par un tyran et ses caméras. Tintin prend le relais de Patrick McGoohan dans Le Prisonnier. Il est dans une luxueuse villa où plus rien ne se passe, puisqu’il faut s’y terrer. On est dans la société de surveillance, de Foucault (bof…) ou autre. On est devant des miroirs (coucou la Bête…) puis on seconde un général pataud humilié par sa « grosse américaine » ; car courageusement Hergé a assumé sa misogynie jusqu’au bout, et il aura eu raison de le faire : voyez Ursula, Hillary, voyez Sandrine ou la folle écologiste teutonne. La guerre est femme. Relire Molière...
Pour ce qui est de la surveillance, Hergé nous avait prévenus dans On a marché sur la lune et la cauchemardesque Affaire Tournesol. La belle aventure sous les Tropiques ou dans les déserts était terminée, on allait vers un Grand Enfermement, car on est devenus du « coke en stock ». Tout cela au cours des années soixante, quand Debord écrit sa Société du Spectacle. Ce même Debord (cité par mon ami Bourseiller) écrit alors qu’on assiste « à un processus de formation d’une société totalitaire cybernétisée à l’échelle planétaire ».
Quand on y pense bien c’est aussi le sujet de Vol 714 pour Sydney qui sonne même le glas d’une humanité hypnotisée et téléguidée par des extraterrestres. L’aventure tropicale mène à une caverne d’épouvante. La même entropie claustrophobe est à l’œuvre dans les Bijoux de la Castafiore (chaste fleur ou casse ta fiole ?) : Haddock est coincé, handicapé, blessé, paralysé, engueulé et sevré. La Castafiore qui le castre matin midi et soir en fait une « âme de grand enfant un peu naïf » victime de paparazzi et de l’air du temps. Il ne leur manque plus que les pédopsychiatres à nos deux héros qui ont défié le Tibet, les déserts et les glaces. Mais déjà Saint-Exupéry nous mettait en garde :
« Ces voyages, le plus souvent, étaient sans histoire. Nous descendions en paix, comme des plongeurs de métier, dans les profondeurs de notre domaine. Il est aujourd’hui bien exploré. Le pilote, le mécanicien et le radio ne tentent plus une aventure, mais s’enferment dans un laboratoire. Ils obéissent à des jeux d’aiguilles, et non plus au déroulement de paysages. Au-dehors, les montagnes sont immergées dans les ténèbres, mais ce ne sont plus des montagnes. Ce sont d’invisibles puissances dont il faut calculer l’approche. Le radio, sagement, sous la lampe, note des chiffres, le mécanicien pointe la carte, et le pilote corrige sa route si les montagnes ont dérivé, si les sommets qu’il désirait doubler à gauche se sont déployés en face de lui dans le silence et le secret de préparatifs militaires. »
C’est dans Terre des hommes. On relira avec profit ici cette lettre à un général. C’est vrai que Tintin c’est un petit prince qui aurait grandi – mais pas trop. Un ado héroïque, jeune héros d’une Europe encore éprise de sport et d’aventures, de voyages et d’initiation. Après la guerre, Hergé, qui a été arrêté, insulté et persécuté (mais pas fusillé !) comprend quel camp (celui de Bohlwinkel, vous vous souvenez…) a gagné, et vers quoi on se dirige. Alors on s’adapte, comme dit Céline. La grande épopée arthurienne et hyperboréenne de l’Etoile mystérieuse, récit qui balaie les trouilles apocalyptiques venues de cette Bible-blob (excellent petit film avec Steve McQueen) qui n’en finit pas de nous aliéner, sont laissées derrière et les savants partent vers le Grand Nord à la découvertes des îles fortunées des mythologies grecques et celtes. Quel enchantement ces BD tout de même. Elles furent mon dernier trampoline.
Revenons-en à Tintin et à nos picaros puisque c’est le dernier.
Quand notre héros sans progéniture (prolétaire au sens strict il n’a jamais rien possédé) passe dans la jungle, la même impression d’irréalité le poursuit. Le général Alcazar bouffonne au milieu d’ivrognes, il est soumis à son ogresse américaine qui prend le relais de la Castafiore, et il rêve de cruauté dont il serait cette fois l’auteur et non plus la victime. La même banalité des changements dictatoriaux reproduit celle des élections démocratiques, lesquelles laissent le consommateur électeur éternellement insatisfait (voir Obama, Sarkozy, Blair, Berlusconi et le reste). Debord toujours :
« Ainsi se recompose l’interminable série des affrontements dérisoires mobilisant un intérêt sous-ludique, du sport de compétition aux élections. »
La dernière bulle de l’album montre d’ailleurs que l’éternel pays du tiers-monde restera misérable avec le changement de pouvoir. Hergé ne se fait pas d’illusions sur nos sociétés, et il le donne à lire. Voilà pourquoi aussi Tintin ne joue plus au matamore : il joue soft, comme on dit, prend un tour politiquement correct, non-violent, et il prépare sa révolution…orange.
Car le grand intérêt pour moi de l’album réside dans l’apparition du commando de touristes. Tintin au pays des touristes? Mais oui, et cela montre l’entropie accélérée des décennies de la société de consommation, qui ont davantage changé la planète que des milliers d’années d’histoire, et qui ont définitivement altéré l’humanité et son rapport au réel. Tintin, l’homme de l’Amazonie et de l’Himalaya, de l’Hyperborée et des tombeaux égyptiens, se retrouve dépassé, rattrapé, humilié par un quarteron de salariés en retraite venus faire la fête sous les tropiques, avec un masque de carnaval. John Huston a très bien tapé aussi sur les touristes dans la Nuit de l’iguane, film flamboyant avec un Richard Burton tordant comme jamais.
Et il va les utiliser, ses figurants, en faire des acteurs malgré eux de son jeu politique dérisoire (changer de président). Tintin crée, dis-je, une révolution orange, de celles qu’on avait vues dans les pays de l’ex-bloc soviétique, quand la CIA lançait des manifestations contre un pouvoir ilote et pas très roublard qui devait aussitôt se démettre sous les applaudissements de la presse et des médias de l’ouest. De ce point de vue, et encore génialement, Hergé se fait le prophète du monde sans Histoire où nous vivons ; et qui est fondamentalement un monde de jouisseurs lassés qui ne veut plus d’histoires – il ne veut même plus qu’on lui en raconte. C’est pourquoi il utilise son nouveau héros, depuis plusieurs épisodes, depuis L’affaire Tournesol ou depuis Coke en stock, qui inaugure la série des albums crépusculaires du grand maître, et qui est là pour se moquer de ses personnages, j’ai nommé Séraphin Lampion, qui exerce l’honorable profession d’assureur. C’est d’ailleurs quand elle lui claque la porte au nez que la Castafiore se fait dérober son émeraude par la pie voleuse. Revoyez aussi cet épisode où la télé du décidément nuisible Tournesol-Folamour rend ivres et tremblotants ces spectateurs...
Les Picaros liquident donc l’univers de Tintin. En Amérique du sud, le mot picaro désigne aussi l’escroc, l’agioteur, maître des sociétés modernes, c’est-à-dire baroques. La crise immobilière, le boom touristique, « les détritus urbains qui recouvrent tout (Lewis Mumford, plus grand esprit américain du dernier des siècles) », c’est la faute au picaro. Il n’y a plus d’histoire, il n’y a plus non plus de géographie, la technologie l’a décimée. Il n’y a plus d’exotisme, les carnavals, les festivals et les voyages en groupe l’ont décimé, ainsi que la culture. Il n’y a plus de spiritualité non plus, au sens de Malraux, non plus, ce qui signifie que ce siècle lamentable NE SERA PAS AU FINAL.
On comprend que l’album ait déchaîné l’ire de certains aficionados, notamment de droite (ils veulent toujours du rab, du grain à moudre ceux-là), pour reprendre un terme latino. Ici Hergé a repris une vieille ficelle du métier, comme lorsque Conan Doyle avait voulu mettre fin aux aventures de Sherlock Holmes, fatigué qu’il était d’être dépendant ad vitam de sa création. Mais il l’a fait en gardant son personnage en vie, en le normalisant, en le glissant dans un monde d’ombres médiocres. C’est plus dur à supporter, quand on s’est voulu l’héritier d’Homère ou de Virgile, de Rabelais (quart et cinquième livre) ou de Jules Verne. On découvrira notre texte sur le cosmonaute comme machine à conditionner (fr.sputniknews.africa).
On peut remercier Hergé d’avoir décrit l’enfer américano-tiers-mondiste où nous survivons patibulaires. Il était moins fatigué qu’il en avait l’air. Avant de mourir, alors que nous évoquions les dernières élections présidentielles, Jean Parvulesco (qui était un acteur né et figura dans A bout de souffle) me disait : « la race humaine est fatiguée ».
Il nous reste les bêtes et certains paysages.
Sources :
https://www.dedefensa.org/article/lettre-de-saint-ex-pour...
https://www.dedefensa.org/article/saint-exupery-contre-la...
https://fr.sputniknews.africa/20170317/nasa-farce-vraie-m...
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Les valeurs occidentales de la "société de consommation" face à l'hystérie guerrière
Les valeurs occidentales de la "société de consommation" face à l'hystérie guerrière
Peter Dmitriev
Source: https://geoestrategia.es/noticia/42913/politica/valores-occidentales-de-la-sociedad-de-consumo-contra-la-histeria-belica.html
Les États du fameux Occident collectif entretiennent depuis longtemps et délibérément une "société de consommation". Les impératifs axiologiques, les tendances de la mode et les "leaders d'opinion" ont été créés et formés à cette fin. Aujourd'hui, les élites occidentales démontrent une fois de plus leur incapacité à mobiliser dans leur intérêt ceux qui, semble-t-il, devraient être facilement contrôlés.
La guerre contre la Russie dans l'espace ukrainien a ouvert une boîte de Pandore. La menace d'une guerre nucléaire ne semble pas inquiéter les gouvernements occidentaux autant que la perspective d'un reformatage global vers un monde multipolaire. De nombreux penseurs et hommes politiques occidentaux parlent déjà de la fin de l'hégémonie occidentale et de l'instauration d'un nouvel ordre mondial multipolaire. Parmi eux, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui fait des déclarations similaires tous les mois.
"L'hégémonie occidentale est terminée, personne ne le conteste aujourd'hui, les données le confirment clairement. Un nouvel ordre mondial est en train de se former, la situation doit être constamment évaluée et analysée", a déclaré le dirigeant hongrois en mars.
En avril et en mai, il a continué à parler dans cet esprit. Les dirigeants de la Slovaquie et d'autres États que les États-Unis et la vieille Europe avaient récemment considérés comme des vassaux obéissants ont fait écho à ses propos.
Dans le même temps, l'Occident tente de surmonter l'aliénation politique de la population, que l'on appelle encore officiellement "citoyens". Dans le même temps, les élites occidentales ne veulent pas mettre fin à leur irresponsabilité et au confort qu'offre la "société de consommation".
En théorie, la guerre contre la Russie était censée unir le citoyen moyen de l'Occident collectif et l'encourager à s'engager dans diverses activités militaires. En fait, la guerre n'intéresse personne, sauf les élites et les entrepreneurs du complexe militaro-industriel qui les ont corrompues. Cela explique l'absence d'un afflux massif de personnes prêtes à se battre personnellement en Ukraine ou à donner des sommes importantes de leur revenu personnel à cette fin, ou encore à soutenir une telle orientation de leurs dirigeants, au moins en votant. C'est pourquoi, par exemple, aux États-Unis, depuis l'année dernière, Donald Trump est considéré comme le prochain président.
L'ancien nouveau président américain est connu pour sa promesse de mettre fin au conflit ukrainien en 24 heures et de se concentrer sur les problèmes intérieurs. L'afflux d'immigrants illégaux à la frontière mexicaine est l'un d'entre eux, et ce n'est pas le seul.
Biden préfère jeter de l'argent par les fenêtres. En outre, la dette nationale américaine astronomique est considérablement amplifiée par de nouveaux prêts destinés à aider le régime criminel de Zelensky, le régime à peine meilleur de Netanyahu et les vassaux taïwanais qui comptent sérieusement sur l'implication des États-Unis dans la guerre qu'ils entendent peut-être mener contre la République populaire de Chine.
Les citoyens américains et de nombreux intellectuels considèrent les échecs de l'administration Biden comme un mal nécessaire. Les États-Unis sont toujours officiellement leur pays, mais ils n'y décident de rien. Mais la question de savoir s'ils veulent vraiment décider est également controversée.
Les valeurs modernes de la société de consommation occidentale ont été inculquées avec succès depuis longtemps. Elles déterminent les priorités et les pratiques quotidiennes de l'Occidental moyen. Il se sent mal à l'aise d'en être séparé par une "guerre en Ukraine", une "menace chinoise" ou autre.
Cependant, des élites dirigeantes irresponsables exigent que le citoyen moyen abandonne ces mêmes valeurs. Par exemple, celle du bien-être matériel avec abondance d'objets de prestige et une consommation incontrôlée, atteignant des volumes gigantesques (selon les normes du reste du monde), d'un large éventail de biens et de services. Il est actuellement proposé aux masses de minimiser leur confort avec de nombreux services, de faire progresser l'individualisme habituel, de reconsidérer les points de vue sur la diversité et la tolérance envers presque tout (sauf l'antisémitisme et la russophilie), d'accepter la "discrimination positive" et la perspective de se détendre non pas dans des centres commerciaux et de divertissement ou dans des stations thermales paradisiaques, mais dans des endroits plus modestes et même plus dangereux. Mais pour quoi faire ?
L'économiste américain Thorstein Veblen, dans son célèbre ouvrage "The Theory of the Leisure Class : An Economic Study of Institutions" (en franç.: Théorie de la classe de loisir), est arrivé à la conclusion à la fin du siècle dernier: il n'y a pas de besoin. Au contraire, la "consommation ostentatoire" est exactement ce dont les grandes masses de la "société de consommation" ont besoin, et les élites sont obligées de créer les conditions nécessaires et de multiplier les opportunités.
Herbert Marcuse, dans son célèbre livre L'homme unidimensionnel (1964), a attiré l'attention sur les fausses valeurs de la "société de consommation", auxquelles sont sacrifiés l'esprit critique, les droits civiques et les libertés durement acquises. L'aliénation politique et le conformisme sont des phénomènes qui accompagnent l'hédonisme hypocrite.
Jean Baudrillard, Pierre Bourdieu et bien d'autres, qui n'étaient pas du tout des penseurs marxistes, ont travaillé dans ce même domaine problématique. Des marxistes (par exemple David Harvey) ont également contribué à la compréhension de ces problèmes naturels, différents chemins menant au même précipice. Chacun d'entre eux, d'une manière originale mais très claire, a mis en évidence la relation entre la "société de consommation" et la transformation des structures sociales, de la culture, des relations politiques et, en général, de tout ce qui fait la vie d'un Occidental ordinaire.
L'irresponsabilité de l'actuelle classe politique dans les sociétés occidentales est une conséquence directe du triomphe des valeurs de la "société de consommation". Bien sûr, les lobbyistes sont à blâmer. Mais ils ne font que leur travail, comme tout le monde, depuis longtemps et en toute légalité. Il est bien connu que les lobbyistes représentent les intérêts des grandes entreprises, nationales et transnationales.
Les grandes entreprises contrôlent les médias, grâce auxquels elles façonnent l'opinion publique et inculquent des goûts, principalement pour leurs produits, y compris les nouveaux. Par le biais des médias et des réseaux sociaux, elles exercent des pressions sur les hommes politiques, les concurrents et ceux qui interfèrent simplement dans la vente de biens et de services. Le citoyen moyen est captivé par les scandales, les intrigues et les enquêtes inspirées, ce qui l'oblige à détourner son attention des questions réellement sérieuses et urgentes.
Il semble que l'homme de la rue occidental n'ait pas grand-chose à redire à cette forme d'autogestion. Il ne s'attarde pas sur les pouvoirs réels d'une personne prétendument élue, sur les pouvoirs des services de renseignement, sur les questions de l'indépendance judiciaire et de l'élaboration des lois, sur l'érosion de la démocratie et son remplacement par le simulacre d'un nouveau totalitarisme. Tout cela est souvent interprété comme les termes d'un mythique "contrat social" dont le point clé est un niveau élevé de consommation.
Faut-il s'étonner qu'en Ukraine, où les valeurs occidentales se sont répandues bien avant Yanoukovytch, il y ait aujourd'hui peu de gens prêts à mourir pour Zelensky et le régime qu'il incarnait ? L'engouement pour les réfractaires n'est en aucun cas une spécificité ukrainienne. La Finlande et la Suède, l'Allemagne et d'autres pays de l'Occident collectif éprouvent également de grandes difficultés à pourvoir les postes vacants dans l'armée et au-delà.
La jeunesse occidentale moderne a des intérêts complètement différents, une vision différente d'elle-même dans le monde moderne et dans le monde de l'avenir en tant que tel. Les jeunes occidentaux modernes ont des intérêts complètement différents, une vision différente d'eux-mêmes dans le monde moderne et dans le monde de l'avenir en tant que tel.
La Russie aidera l'Occident à décliner un jour ou l'autre. Ce déclin ne sera peut-être pas aussi inconfortable que dans le cas de l'Empire romain, dont les citoyens étaient quelque peu fatigués d'assurer l'hédonisme de leurs élites avilies, qui avaient perdu ne serait-ce qu'un semblant de leur grandeur d'antan.
La troisième Rome paie aujourd'hui le prix fort dans une bataille mortelle pour un monde nouveau, juste et diversifié, dans lequel la Russie a sa place. L'Occident ne veut pas s'élever, il ne veut pas payer en renonçant aux valeurs de la "société de consommation". La fin est donc évidente, la seule question est celle du temps.
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Elections anticipées au Royaume-Uni: tous les gains pour les travaillistes ou...?
Elections anticipées au Royaume-Uni: tous les gains pour les travaillistes ou...?
Peter W. Logghe
Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94
Le Premier ministre conservateur britannique, Rishi Sunak, a annoncé la tenue d'élections générales anticipées. Normalement, les résidents ne devaient voter qu'en novembre, mais désormais, ce sera le 4 juillet. La raison pour laquelle le Premier ministre britannique a déjà dissous le parlement reste un mystère, car les sondages montrent que les conservateurs se dirigent vers une énorme défaite, avec sans doute seulement 20 à 25 % des voix. Les gains pourraient aller en grande partie au Labour qui, avec Keit Starmer (photo), semble suivre une voie centriste. Lors des dernières élections locales, les conservateurs avaient déjà perdu des centaines de sièges.
Mais il ne s'agit pas seulement d'un changement de pouvoir ou d'un changement de gouvernement, de passer des conservateurs aux travaillistes. Les dernières élections locales l'ont déjà montré. Dans la ville de Leeds, au nord de l'Angleterre, par exemple, le nouveau conseiller municipal vert, Mothin Ali, s'est montré particulièrement satisfait de son élection et s'est exclamé: "Allah Akbar". Avec sa barbe fournie, sa longue robe blanche, son châle de prière et son kufiyaduk, il ne laisse guère de doute sur ses convictions.
L'islamo-gauchisme dans sa version britannique ?
Il ne s'agit pas d'un cas isolé, comme le prouve aussi le nouveau conseiller municipal de Bristol, Abdul Malik. Lui aussi a qualifié les Juifs de "cancer". Et lui aussi siège au conseil municipal pour les Verts. En raison du système électoral britannique, les médias dominants se concentrent parfois trop sur le duel entre les travaillistes et les conservateurs, mais les Verts (de gauche), par exemple, ont fait une percée lors des élections locales. Dans les 107 conseils locaux anglais et gallois où ils ont été élus, ils ont remporté 181 sièges. Aux élections locales de Londres, ils ont à nouveau obtenu environ 13 % des voix et sont devenus le troisième parti politique.
La percée des Verts est un casse-tête pour les travaillistes, qui espéraient obtenir des voix de l'opposition. L'ancien ministre britannique Peter Mandelson (travailliste et ancien haut conseiller de Tony Blair) l'a décrite comme suit : "Les Verts sont en train de dégénérer, à devenir une poubelle, un bassin de collecte non seulement pour les activistes climatiques, mais aussi pour les radicaux de gauche frustrés". Les travaillistes ont remporté de nombreux sièges au sein des conseils municipaux, mais ont perdu les voix des musulmans. Le Royaume-Uni compte environ 4 millions de musulmans, soit 7 % de la population. Ils votent de plus en plus pour des petits partis ou pour les Verts. L'aile pro-palestinienne du parti travailliste, qui s'est regroupée dans un ensemble de propositions intitulé "Le vote musulman", souhaite un changement de cap au sein du parti. Elle veut se débarrasser de "l'argent sioniste" au sein du Labour, souhaite que les écoliers puissent prier partout dans les écoles et que les personnes prénommées Mohamed "n'aient plus à payer de primes d'assurance à l'avenir".
Enfin, ceci : selon les derniers sondages, les travaillistes pourraient obtenir entre 37 et 43% des voix pour leurs listes, les conservateurs entre 19 et 21%, le parti réformateur (Farage) entre 16 et 19%, les libéraux-démocrates entre 11 et 14% et les verts entre 5 et 7%. Ce ne sont que des sondages, mais ils vont tous dans le même sens: un résultat historiquement mauvais pour les conservateurs et un résultat fort pour les travaillistes (suffisant pour gouverner seuls ?).
13:13 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, politique, politique internationale, grande-bretagne, royaume-uni | | del.icio.us | | Digg | Facebook