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jeudi, 27 juin 2024

La dictature de la gauche milliardaire au pied du mur

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La dictature de la gauche milliardaire au pied du mur

Nicolas Bonnal

La Fortune s’éclate ! Titrait l’Huma en 1984 déjà. Jamais la bourse n’a autant monté que sous les socialistes, et Macron digne rejeton de Mitterrand continue de défendre les marchés et d’enchanter les bourgeois du Figaro. Malheureusement le phénomène Macron n’est au final que le mélange du bonapartisme impérial-administratif et du gauchisme culturel. 1984 fut à maints égards une année orwellienne en France.

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Comme je l’avais noté deux grandes voix de gauche se sont élevées à cette époque : celle de Guy Hocquenghem (Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary) et celle de mon éditeur Thierry Pfister (Lettre ouverte à la génération Mitterrand qui marche à côté de ses pompes) ; en réalité la gauche comme au temps de l’affaire Dreyfus (voyez les analyses de mon ami Shamir) ou du New Deal de Roosevelt avait tourné casaque : aplatir le peuple et le lancer dans la guerre – tout en se réclamant de ces idéaux oligarques-humanitaires qui poussent à la guerre.

La création de la gauche caviar des milliardaires-humanitaires qui poussent à la guerre, jadis contre l’Allemagne ou le Japon, aujourd’hui contre la Chine ou la Russie est une vieille histoire occidentale. On y retrouve l’éternel protestantisme nourri au reset, le libéralisme juif obsédé de tikkun (sauf à Gaza), le progressisme des Lumières, le catholicisme de gauche remixé Vatican II, le libéralisme libertaire et le capitalisme artiste décrit jadis par Luc Boltanski. Tout cela a créé l’armature idéologique bobo qui nous mène on le sait au fascisme écolo, à la folie homo-féministe et à la catastrophe économique et même militaire. L’écologie elle ordonne la ruine et le dépeuplement.

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Le basculement de la gauche qui est passé du plan social au plan sociétal en trahissant son électorat  s’est approfondi et devient tyrannique-psychopathe à force de se revendiquer « démocrate » : fin des sexes, théorie du genre, ouverture lunatique-hallucinée des frontières, saccage des politiques sociales, sabotage nihiliste des Etats, des nations (ou de ce qu’il en reste) et culture belliciste et apocalyptique façon BHL, cet Ezéchiel de drugstore disait je ne sais plus qui il y a déjà quarante ans…

Comme je l’ai montré aussi cette dictature du libéralisme libertaire et de la gauche caviar s’est appuyée depuis les années soixante (les années Lyndon B. Johnson pour être précis) sur une crétinisation des populations (génération Johnny-Jerry Lewis-Beatles-Mel Brooks-fille du gendarme) via la musique, la télé, la sous-culture et la disparition de tout ce qui était traditionnel. C’est la fin de cette personnalité autoritaire du légendaire Adorno qui créa le fascisme médical, le nazisme humanitaire, l’imbécillité médiatique et la capilotade militaire face aux russes.

De Macron à Mitterrand les gauchistes-Soros de salon iront jusqu’au bout avec le Figaro pour les encourager. L’aveuglement de cette caste devenue ignare et teigneuse (voyez Blinken, Nuland ou BHL encore) nous mènera à une catastrophe à l’issue de laquelle Attali expliquera gravement comment tout reconstruire...

Nicolas Bonnal sur Amazon.fr

Le grand bazar hexagonal

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Le grand bazar hexagonal

par Georges FELTIN-TRACOL

La déflagration des législatives anticipées décidées au soir du 9 juin recompose un paysage politique hexagonal désormais électrisé. Se confirme aussi l’existence de trois ensembles électoraux antagonistes aux contours mouvants et inégaux.

La « coalition nationale » aimantée par le Rassemblement national (RN) accélère la décomposition des Républicains (LR), ce centre-droit progressiste chiraco-sarkozyste. LR sont depuis longtemps divisés en écuries présidentielles rivales : Nous France de Xavier Bertrand, le président du conseil régional des Hauts-de-France, Nouvelle Énergie du maire de Cannes, David Lisnard, Soyons libres ! de Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d’Île-de-France ou Du  courage ! du député du Lot Aurélien Pradié. L’alliance conclue entre Éric Ciotti, toujours président LR, et le RN a provoqué la colère de ces personnalités ainsi que celle de Gérard Larcher, le président du Sénat, de Laurent Wauquiez, le président du conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, et de Bruno Retailleau, le président du groupe des sénateurs LR. Tous ces critiques adoptent un comportement suicidaire digne de la secte de l’Ordre du Temple solaire.

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Ils se pensent toujours en quatrième force à la fois opposée au RN, à la gauche et au macronisme. En réalité, dans des départements (Hauts-de-Seine, Yvelines, etc.), se nouent entre les caciques LR ou centristes et les cadres de la Macronie des accords électoraux favorables tantôt aux uns, tantôt aux autres. Marqués par un anti-lepénisme primaire et obsessionnel, les dirigeants LR anti-Ciotti s’illusionnent sur leur audience véritable. Certes, ils gardent une emprise notable sur les collectivités territoriales, mais ils n’intègrent pas que les élections européennes sont le troisième gadin consécutif après 2017 et 2022 sur quatre élections nationales.

Les temps changent. Le RN a acquis un poids électoral indéniable. En dépit de sa ligne sociale-populiste « ni gauche, ni droite », il bouleverse les équilibres politiques et entreprend la satellisation des « droites » conservatrice et identitaire. Il y aurait eu « union des droites » si ces forces s’équivalaient à peu près aux élections. Or, entre les 31,37 % de Jordan Bardella aux européennes, les 7,25 % du LR François-Xavier Bellamy et les 5,47 % de Marion Maréchal, le RN transforme son nouveau partenaire LR en aile gauche du marinisme, et Reconquête !, en aile droite, sans oublier la frange souverainiste.

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La période repoussoir est finie. Dans cette coalition nationale se présente dans la 2e circonscription du Territoire de Belfort l’ancien chroniqueur de CNews et ex-chevènementiste Guillaume Bigot. Sociétaire de l’émission « Bistrot Libertés » aux premiers temps de TVLibertés alors qu’il suivait des cours de droit à l’université, Pierre Gentillet, l’avocat qui défend Academia Christiana, est candidat dans la 3e circonscription du Cher. Rédacteur trentenaire à Éléments, auteur de quelques essais et invité régulier à Radio Méridien Zéro, Rodolphe Cart est candidat suppléant dans la 2e circonscription de Paris.

À terme, la formation LR éclatera vers trois directions différentes : une intransigeance programmatique dépassée qui croit encore à un avenir bien hypothéqué, le ralliement au RN et à ses partis-satellites (Les Localistes, la Droite populaire, le RPR reconstitué) et l’apparition des macronistes de la dernière heure. Le parti Horizons de l’ancien premier ministre Édouard Philippe se prépare à jouer le rôle de sas parfait dans l’accueil de ces derniers.

Cette perspective déséquilibre le groupe central qui entend regrouper la gauche sociale-démocrate, les écologistes de marché, les centristes, les progressistes sociétaux et la pseudo-droite républicaine dans l’extrême centre. Des dissensions la traversent toutefois. Présentant des candidats sous sa propre bannière, Édouard Philippe déclare en public que la dissolution a tué la majorité présidentielle. Les partis de centre-gauche associés à Renaissance (En Commun et Territoires de progrès) et le MoDem de François Bayrou s’irritent de cette droitisation en marche. Par ailleurs, maints candidats du président écartent le portrait d’Emmanuel Macron sur leurs affiches, preuve de son discrédit auprès de ses propres troupes prises en tenailles entre le nouveau bloc national et la NUPES ressuscitée.

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Elle s’appelle maintenant le Nouveau Front populaire (NFP). Cette alliance électorale s’étend bien au-delà de la bande des quatre (La France insoumise, les socialistes, les Verts et les communistes) puisqu’elle engage Génération.s de Benoît Hamon, Génération Écologie de Delphine Batho, Nouvelle Donne, Place publique, les trotskystes du Parti ouvrier indépendant et d’autres formations groupusculaires (le Parti pirate, le Mouvement républicain et citoyen, l’Union démocratique bretonne…) sans compter les associations subventionnées (Oxfam – France, Greenpeace – France, la Fondation Abbé-Pierre, etc.) et les syndicats dont la CGT, la FSU, la CFDT et SUD. En quelques heures et après bien de vives discussions, ce NPF a produit un programme gouvernemental maigrelet avec quelques beaux délires sur le gendérisme. D’autres propositions effarantes doivent s’élaborer plus tard. La « parité sociale » par exemple ? Après la parité obligatoire sur les listes de candidats entre les hommes et les femmes, la parité sociale impliquerait la présence sur chaque liste d’un certain pourcentage d’ouvriers et d’employés. À l’heure du harcèlement démocratique pour les anticonformistes, il sera difficile de monter des listes pertinentes.

Les quatre « Grands de gauche » se répartissent les circonscriptions tels des chefs mafieux réunis en Coupole (le conseil suprême de la pègre) qui se partagent espaces de chalandises illégales et activités lucratives illicites. Une fois les circonscriptions obtenues, chaque parti accorde son investiture à ses protégés et s’investit dans une lutte grotesque et délirante contre un fascisme fantasmatique. Le trotskyste Philippe Poutou du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) – courant L’Anticapitaliste – se retrouve candidat dans l’Aude. Dans les Yvelines, le NPF investit Aurélien Rousseau, ancien ministre macronien de la Santé. En Corrèze, François « Flamby » Hollande revient en politique. Dans la cité d’Avignon s’active pour un mandat législatif le tristement célèbre Lyonnais Raphaël Arnault, figure de proue de la Jeune Garde antifasciste que devraient étudier tous les psychiatres de France. Si cet assemblage hétéroclite est censé gouverner la France au 8 juillet prochain, l’incertitude demeure sur l’identité de leur futur premier ministre. En 1997, la domination socialiste faisait de son premier secrétaire, Lionel Jospin, le candidat naturel à Matignon. Aujourd’hui, le NFP se tait sur ce sujet crucial. Dans les coulisses émergent quelques noms : Philippe Poutou, Jean-Luc Mélanchon qui se tient en retrait et attend son heure, ou bien Flamby. Il se verrait bien chef du gouvernement d’union de la gauche dans une cohabitation avec son ancien secrétaire général – adjoint de l’Élysée. Il est fort plausible que la charge revienne à François Ruffin. Insoumis en rupture de ban avec le mélanchonisme, il se définit social-démocrate réformiste afin de convenir aux hiérarques socialistes. Ses propos et sa démarche plaisent aussi bien aux Verts qu’aux communistes. Installé à Matignon, le fondateur du journal Fakir proposerait certainement le Quai d’Orsay, les relations extérieures et les affaires européennes - avec le rang de ministre d’État ! - à François Hollande...

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Un gouvernement néo-Front dit populaire aurait à gérer dans l’urgence l’endettement faramineux de l’État, les sanctions à venir de la Commission de Bruxelles, le fiasco éventuel des Jeux olympiques de Paris 2024 et l’hostilité des marchés financiers planétaires. Dans un contexte d’appauvrissement bien réel, une multiplication des pénuries énergétiques, alimentaires, pharmaceutiques et sanitaires, des violences diverses croissantes et un désordre permanent, l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne constituerait dès lors une cible prioritaire pour le pouvoir néo-popu : persécutions policières fréquentes, lourdes condamnations judiciaires et ostracisme social frapperaient aussi bien les militants radicaux que les ciottistes, les librairies rebelles que les maisons d’éditions dissidentes, les auteurs que les revues accusées d’alimenter une « ultra-droite » la plus large possible.

La fin prématurée de la XVIe législature redistribue donc les cartes politiques. Le bouleversement ne s’arrêtera pas dans la nuit du 7 juillet. La nouvelle législature, la  XVIIe, effacera-t-elle la durée de la IIIe législature (1967 – 1968) qui fut en un an, un mois et vingt-sept jours la plus courte de la Ve République ? Elle risquera la dissolution dès la rentrée de septembre 2025 sauf si, entre-temps, le peuple se sera soulevé au nom des libertés concrètes et des identités natives. Par-delà le grand chambardement en cours, la France entre ainsi dans une phase révolutionnaire, révolutionnaire nationale et populaire bien entendu.      

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 121, mise en ligne le 25 juin 2024 sur Radio Méridien Zéro.

Parution du numéro 474 du Bulletin célinien

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Parution du numéro 474 du Bulletin célinien

2024-06-BC-Cover.jpgSommaire:

Un Céline méconnu

Pour saluer Bernard Pivot

Écrire contre Céline

Montaigne dans Voyage au bout de la nuit.

Sollers / Céline

Le monde littéraire est féroce. Le perspicace Jérôme Dupuis a rappelé que pendant des années Philippe Sollers (1936-2023) s’est targué d’avoir été l’un des grands artisans de la réhabilitation de l’auteur de Voyage au bout de la nuit ¹. Voire… Il y a quinze ans est sorti un recueil de tous les textes qu’il a consacrés à Céline depuis le début de sa carrière. Après un bref texte paru en 1963 dans le légendaire Cahier de l’Herne, il faut attendre… 1991 pour lire un nouveau texte de lui sur le sujet. Or, précise malignement Dupuis, la grande période de traversée du désert, ce furent les années 60, 70 et 80, où Sollers jugeait plus urgent de célébrer Lacan, Mao ou Casanova. Semblant devancer cette critique, Sollers concède, dans ce recueil, que « [sa] lecture de Céline aura été permanente, avec des hauts et des bas, en fonction de ce vers quoi [l’]entraînaient [sa] curiosité et [ses] passions du moment. »² Si Sollers n’a effectivement rien écrit sur le sujet durant ces années, il ne manqua pas de défendre l’écrivain à chaque fois qu’il fut sollicité. Ce fut notamment le cas en 1965 lorsque Le Nouvel Observateur lança une enquête sur Céline.

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Sollers s’y exprimait aux côtés d’Aragon, Vailland, Nadeau, Barthes, Butor et d’autres : « Les livres qui m’intéressent sont les derniers qu’il ait écrits. Les plus importants sur le plan de la technique (…). Les points de suspension, cette confluence permanente entre la parole et l’écriture, tout cela est très moderne. » Ou en 1976 dans l’émission “Une légende, une vie” diffusée sur la deuxième chaîne de la télévision française. Je me souviens aussi de sa défense de l’écrivain, plus tardive, face à un hâbleur qui avait commis un consternant factum contre Céline. Souvenir moins plaisant :  dans sa revue Tel quel, au mitan des années soixante, il lâcha les chiens sur Dominique de Roux, pourtant auteur d’un livre inspiré sur le natif de Courbevoie³.

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Dix ans plus tard, Marc Hanrez, ami de l’un et de l’autre, fut sur le point de les réconcilier. La mort prématurée du fondateur de L’Herne empêcha cette rencontre. C’était l’époque où Sollers avait pris ses distances  avec ce  qu’il appelait ses « engagements extrémistes ». Comme on sait, ils trouvèrent leur acmé avec ce maoïsme aussi échevelé que fol. Sans doute serait-il malvenu à un admirateur de Céline de tancer ce genre de dérive. Lorsqu’on lui rappelait ses textes délirants sur Mao, il s’en sortait par une pirouette en disant qu’il s’agissait de « poèmes » (!).

Quant au racisme célinien, il le qualifiait de « biologisme » en totale contradiction avec le génie de l’écrivain. Et d’ajouter que, pour le maoïste qu’il était, « il y avait beaucoup de Chine dans Rigodon ». Si pendant trois décennies Sollers ne l’a guère défendu,  c’est sans doute parce qu’il ne voulait pas être associé à  cette droite qui défendait Céline mordicus alors même que lui s’activait à l’extrême gauche. Le temps où Libération lui consacrera un supplément d’une douzaine de pages n’était pas encore venu4. Aujourd’hui l’écrivain est indéboulonnable et il est incontestable que Sollers fut l’un de ses exégètes les plus sagaces.

• Ouvrage collectif, Hommage à Philippe Sollers, Gallimard, 2023 (12 €).

Signalons la création d’un groupe sur facebook, « La Closerie de Sollers », fondé par Yannick Gomez.

  1. (1) « Entretien avec Jérôme Dupuis », Histoires littéraires, vol. XII, n° 46, avril-mai-juin 2011, pp. [13]-25.
  2. (2) Philippe Sollers, Céline, Écriture, 2009.
  3. (3) Jean-Louis Baudry, « Céline, véhicule à de Roux », Tel quel, n° 28, hiver 1967, pp. 88-89.
  4. (4) Spécial Céline, supplément de Libération, n° 1379, 25 octobre 1985.

Ce tout autre qu'est l'art conceptuel - Réponses à Patrick Burandelo, artiste engagé

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Ce tout autre qu'est l'art conceptuel

Réponses à Patrick Burandelo, artiste engagé

par Frédéric Andreu

Il m'a fallu bien des lectures avant de comprendre, au sens plein du terme, ce que cache l'art conceptuel. Pour moi, l'histoire de l'art n'apporte qu'un faible éclairage sur l'art conceptuel. L'anthropologie permet d'entrevoir autrement la question de l'AC. L'art conceptuel s'inscrit en fait dans un sillon bien antérieur à Marcel Duchamp et son célèbre bidet. Il recycle en réalité le dispositif inscrit dans les religions monothéistes. La suprématie très française de « AC » par rapport aux autres courants d'art - seul art officiel - m'a donné la puce à l'oreille.

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Il est en effet révélateur que le Conceptual Art refuse les autres courants de l'art. Yahve rejette, par essence, les dieux multiples. C'est toute l'histoire de la Bible. Ce dispositif, et son appareil argumentatif, n'est donc pas nouveau. Nous n'en avons pas fini avec ce processus sous sa forme sécularisée. En fait, tout est contenu dans la formule de Marcel Gauchet : « A mesure que le christianisme recule comme religion instituée, il triomphe comme idéologie ». L'AC marquerait donc l'aire d'un triomphe idéologique, la Société du Spectacle et ses idoles cultuelles et médiatiques.

L'AC reflète un pouvoir oligarchique, financier et étatiste

Oui, tout cela a été montré avec précision notamment par Aude de Kerros. Notons que ce n'est peut-être un hasard si l'Art Conceptuel apparaît dans un contexte impérial : celui du néolibéralisme mondialisé. Ses liens avec les États-Unis ne sont plus à démontrer. Le sans-frontiérisme cherche à inventer de nouvelles normes comportementales et des valeurs dites « sociétales ». Le Wokisme. En fait, tout ce qui peut subvertir et remplacer les anciennes valeurs sous l'horizon du « monothéisme » du Marché.

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La religion chrétienne est apparue, elle aussi, dans un contexte impérial. L'Empire est une échelle politique hors norme, au delà des nations, des tribus, des clans. Il a besoin d'une religion politique pour s'imposer. Le but de l'empereur Constantin était politique, créer une unité religieuse dans l'Empire en proie à l'éclatement. En imposant notamment le Culte Impérial.

C'est pourquoi critiquer l'Art Conceptuel avec les catégories esthétiques traditionnelles n'est pas seulement vain, c'est aussi tomber dans un piège sémantique. Redoutable piège dans lequel le critique est toujours perdant.   

En fin de compte, l'art conceptuel serait-il d'essence monothéiste ?

Il s'agit plus exactement d'une « monolatrie », empreinte de messianisme. Un calque du judaïsme. La question simple que je pose est : le monothéisme est-il le meilleur moyen de lutter contre un autre monothéisme ? A mon sens, une réponse complexe, ne peut être positive. Le « polythéisme » contient davantage de profondeurs et de richesses. La plupart des opposants à l'AC le rejette au nom d'un autre monothéisme, d'un passéisme, d'autre clergé, alors qu'il existe une autre réponse dont les ressorts se trouve dans notre tradition. Précisons qu'il ne s'agit aucunement de dresser des temples à Zeus ou Vénus, mais de recourir à la conception antique du monde. La nature comme socle, la beauté comme horizon ! Est vrai et bon, ce qui est beau.

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En outre, le polythéisme célèbre la diversité, sceau du réel. Les dieux sont des puissances symboliques du dévoilement, du vrai par degrés, ce qui reflète au mieux le processus créateur de l'artiste. L’œuvre d'art, dit Heidegger, contient un reliquat de tradition archaïque.

L'idée que l'homme est créé en créant. Démarche que l'on retrouve au cœur de toutes créations véritables. Au rebours de cette antique sagesse, c'est la planification qui fabrique l'AC, pas la création. Cette planification est étrangère à l'alétheia grecque. L'AC est un produit hors-sol, un produit surgelé sans vie. Il appartient au même logiciel subliminal que les valeurs sociétales, le climat, la transition de genre, qui cherchent à s'imposer comme autant de vérités révélées.

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L'essence remplaciste de l'AC

Autre point commun avec le monothéisme, l'AC occupe bien souvent les lieux dévolus à l'art. La grande salle du château de Versailles occupée par un homard géant de Koons.  Cela indique l'essence hautement remplaciste de l'AC. Exactement comme la technique n'est technique qu'en remplaçant la nature, l'AC n'est AC que par remplacement.

L'AC est un double subliminal de l'art, le double de tous les doubles. Il est hors lieu mais aussi hors temps, tel que le monolithe insolite dans 2001 l'Odyssée de l'Espace.

Une parabole du futur de l'Humanité : des primates découvrent un monolithe. Dans ce temps, l'IA aura remplacé l'Humanité. Mais elle aura crée son artefact conceptuel. 

 

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mercredi, 26 juin 2024

Bons à rien et prêts à tout: voici les modérés (qui ne sont pas les conservateurs)

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Bons à rien et prêts à tout: voici les modérés (qui ne sont pas les conservateurs)

Gennaro Malgieri

Source: https://electomagazine.it/buoni-a-nulla-e-disposti-a-tutto-ecco-i-moderati-che-non-sono-i-conservatori/

Nous sommes assiégés par les "modérés". Réels ou supposés. Mais indéfinissables dans l'absolu. Chacun se définit à sa manière et décline cette catégorie intangible comme il l'entend. C'est aussi une façon d'être "modéré": ne pas avoir de caractère établi et reconnu. Et au final, il n'est pas irréaliste de penser que les "modérés" sont les femelles de la politique: ils souhaitent être soumis à une violence agréable. "L'idée d'être sauvées par un adversaire est toujours dans leur cœur".

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Ainsi s'exprimait Abel Bonnard (1883-1960), universitaire, poète, romancier, essayiste et homme politique français qui publia en 1936 Les modérés, livre publié en Italie en 1967 par l'éditeur Volpe et ensuite oublié. Pourtant, à sa sortie, il suscita curiosité et discussion: pour la première fois, il diagnostiquait un "symptôme" (pour ne pas dire un "mal") du siècle qui allait se répandre surtout dans l'après-guerre dans toute l'Europe et en particulier dans les pays les plus fragiles, comme l'Italie, où elle allait connaître les fastes du pouvoir incarné par des partis politiques qui, comme l'écrit Stenio Solinas dans la brillante préface de la nouvelle édition italienne des Modérés (Oaks editrice, pp.178, 14,00 €), se sont référés à la catégorie des "modérés" pour représenter "cette bourgeoisie moyenne qui espère la révolution parce qu'elle n'ose plus croire à la conservation".

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Abel Bonnard.

Telle est la donnée culturellement et anthropologiquement décisive qui caractérise le modérantisme: son aversion pour le conservatisme, auquel il a aussi été assimilé à tort par les habituels benêts qui manipulent les idées comme s'il s'agissait d'eau et de farine, sans même imaginer que pour faire fructifier des éléments essentiels et primaires, il faut les faire lever.

Et les conservateurs ont été et sont le levain des sociétés ordonnées: quand on croit pouvoir s'en passer, voici que le modérantisme se substitue à eux et devient l'avocat d'une sauvagerie politique qui n'a rien à voir avec la tendance naturelle à soutenir l'organicité communautaire et, par conséquent, une agrégation civile et cohésive. Solinas note d'ailleurs que le "conservatisme impossible" en Italie provient précisément de l'incompréhension du fait que les modérés ne s'identifient pas aux conservateurs. Pour en venir à aujourd'hui, Solinas observe que "les modérés de Berlusconi se définissent comme des réformateurs et accusent la gauche de conservatisme, et les modérés de l'Ulivo puis du PDD se définissent comme tels contre l'extrémisme de leurs adversaires... Et, en somme, les conservateurs sont toujours les autres".

Mais alors, qui sont les modérés? Abel Bonnard les voit constitués en parti, un parti imaginaire ou idéal si l'on veut, "semblable à une ampoule d'eau pure, dans laquelle le profane ne voit qu'un objet insignifiant, mais où le devin intentionné voit mille scènes du passé et de l'avenir".

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Lors des campagnes électorales, se souvient Bonnard, parmi les maisons fouettées des petites villes, les affiches des candidats modérés étaient celles qui entraient le moins en conflit avec l'environnement, la douceur du contexte : "Tous les mots ronflants y apparaissaient, mais comme des cadavres jetés sur une pierre tombale ; aucun ne conservait sa propre vertu. On y parlait d'ordre, sans jamais indiquer de principes ni de conditions ; de progrès, avec une volonté évidente de ne pas bouger ; de liberté, mais pour éviter toute discipline ; le seul mot de patrie impliquait des obligations acceptées avec sincérité et parfois même avec courage". Et au Parlement ? "Les modérés, se souvient Bonnard, apparaissaient comme un ramassis d'indécis, et leurs têtes tournaient au vent des discours, comme des girouettes au sommet des cheminées, obéissant à tous les zéphyrs. Ils semblaient toujours avides d'un malentendu qui leur permettrait de rattraper leurs adversaires. A la moindre phrase d'un ministre, qui ne les traitait pas trop dédaigneusement, ils l'applaudissaient avec enthousiasme. Si, par contre, l'un d'entre eux parlait en leur nom avec une certaine vigueur, ils se détournaient rapidement de lui, l'abandonnaient par leur silence, avant de l'abandonner à l'ennemi avec les "lignes de couloir".

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L'attitude des modérés n'a pas beaucoup changé depuis 1936. Il faut avoir siégé au parlement au cours des dernières décennies pour confirmer l'expérience de Bonnard. Le portrait semble sortir de la plume d'un chroniqueur contemporain. Sans parler de l'esquisse morale dont l'écrivain français n'imaginait même pas qu'elle aurait pu traverser les époques et s'adapter au nouveau siècle où le modérantisme, loin de ne représenter rien de politiquement pertinent, est en réalité l'absence de sentiment politique auquel certains se raccrochent pour justifier leur présence dans la vie.

Bons à rien mais prêts à tout, les modérés que l'on voit pulluler dans les palais du pouvoir ont toujours l'air d'être sur le point de dire quelque chose de fondamental, d'incontournable, d'inévitablement intelligent. Ils sont devenus, sans le vouloir probablement, la colonne vertébrale du système politique qui, dans ses différentes composantes, est désormais modéré par habitude.

Regardez-les bien, ce sont des extrémistes prêts à tout et qui n'ont rien à voir avec la modération: "elle, dit Bonnard, est aux antipodes de ce qu'ils sont... la vraie modération est l'attribut du pouvoir : il faut y reconnaître la plus haute vertu de la politique". Elle marque le moment solennel où la force devient capable de scrupules et se tempère selon la conception de l'ensemble dans lequel elle intervient". On peut dire que ces mots sont sortis de la bouche d'Edmund Burke dans l'un de ses célèbres discours au Parlement de Dublin. Ce sont celles d'un universitaire modéré qui ne pensait pas offrir, il y a quatre-vingts ans, avec son traité politico-moral, des conseils pour reconnaître un type humain qui, hélas, sévit dans la vie publique, inondant malheureusement jusqu'à nos vies privées.

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Pour tempérer ce malheur, il ne serait peut-être pas inutile de relire - puisque tout le monde est essentiellement "modéré" - l'essai en or de Simone Weil, Contro i partiti (Piano B edizioni, pp.125, €12.00), qui vient d'être réédité, dans lequel la grande essayiste française qui eut une vie brève (1909-1943) et à la pensée longue et intense, analyse impitoyablement l'inadéquation des partis et leur tendance intrinsèque au conformisme pour conclure que "le parti ne pense pas", mais crée des consensus et des passions collectives. Rédigé quelques mois avant sa mort, Weil aurait ajouté, si elle avait eu le temps de voir comment ils se réorganisaient après la guerre, que les partis sont aussi des vecteurs de corruption ; pas toujours et pas tous, bien sûr. Leur tendance à s'immiscer dans l'administration publique, cependant, n'oublions pas qu'elle a été prévue et dénoncée par Marco Minghetti dans la seconde moitié du XIXe siècle, alors que le processus du Risorgimento était en train de s'achever politiquement.

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Weil affirme que le problème politique le plus urgent auquel sont confrontés les partis est double: comment offrir au peuple la possibilité d'exprimer une opinion sur les grandes questions collectives d'une part, et d'autre part, comment éviter que ce même peuple, une fois interrogé, ne soit imprégné et donc conditionné par une quelconque passion collective. Une réflexion très actuelle. Il suffit de lire les considérations sur le besoin de démocratie directe soulevé en France par l'écrivain Michel Houllebecq. L'élimination de la médiation des partis pourrait-elle favoriser le besoin exprimé par Simone Weil (et plus tôt encore en Italie par Giuseppe Rensi, pour ne citer qu'un intellectuel qui a posé très tôt le problème de la démocratie, en notant toutes les apories liées à la production du consensus) ? La réponse n'est pas simple. Mais que les partis traversent (comme le supposait l'écrivain français) une phase de crise profonde est incontestable.

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Certes, un parti est une machine à fabriquer de la passion collective ; c'est une organisation construite de manière à exercer une pression sur la pensée de chacun ; son but exclusif est sa propre croissance, "sans aucune limite". Et alors ?

Weil n'indique pas d'issue. Mais elle offre une plate-forme sur laquelle articuler une nouvelle pensée politique qui dépasse la médiation des partis. Méfions-nous de ceux qui rejettent tout avec l'anathème du "populisme". Cette lecture autorise également les pages de Weil. Elle conclut, non sans raison, que presque partout "l'opération de prise de parti, de prise de position pour ou contre, a remplacé l'obligation de penser. Cette lèpre a pris racine dans les milieux politiques et s'est étendue à la quasi-totalité du pays".

Comment en finir avec cette lèpre ? Qui sait, peut-être en battant en brèche le tabou du "modérantisme" qui, comme une subtile tentation totalitaire, voudrait que tous les partis s'alignent sur la pensée unique. A bien y regarder, Abel Bonnard et Simone Weil n'étaient pas si éloignés que leurs histoires le laissent entendre.

Les négociations d'adhésion débutent aujourd'hui : l'Ukraine et la Moldavie doivent devenir membres de l'UE

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Les négociations d'adhésion débutent aujourd'hui: l'Ukraine et la Moldavie doivent devenir membres de l'UE

Source: https://unzensuriert.at/272005-beitrittsverhandlungen-starten-heute-ukraine-und-moldau-sollen-eu-mitglied-werden/?utm_source=Unzensuriert-Infobrief&utm_medium=E-Mail&utm_campaign=Infobrief&pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief

Aujourd'hui, mardi, les négociations d'adhésion à l'UE avec l'Ukraine et la Moldavie débutent à Luxembourg à la demande de la Commission européenne (non élue). L'Ukraine est déjà officiellement candidate à l'adhésion à l'UE depuis 2022.

Décidé par le Conseil des ministres de l'UE

Avant le week-end, le Conseil des ministres de l'UE a adopté ce que l'on appelle le cadre de négociation, comme l'a annoncé la présidence belge de l'UE encore en fonction. Celui-ci définit les lignes directrices et les principes des discussions d'adhésion.

Le principe de l'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie avait déjà été décidé lors du sommet européen de décembre. Des conditions de réforme telles que la lutte contre la corruption, la réduction de l'influence politique des oligarques et une meilleure protection des minorités nationales avaient alors été demandées.

Critique de la FPÖ

Outre l'entrée dans l'espace économique de l'UE, l'adhésion a également des conséquences politiques et militaires importantes.

Si l'Ukraine devient membre de l'UE, l'article 42, paragraphe 7, du traité de l'UE s'appliquera et stipulera qu'une assistance militaire pourra être demandée. L'UE serait alors partie à la guerre contre la Russie. Le chef de la FPÖ, Herbert Kickl, parlait déjà en décembre de "fantasmes d'adhésion de l'UE à l'Ukraine en guerre, coûteux et risqués en termes de politique de sécurité".

Une majorité contre l'adhésion de l'Ukraine à l'UE

Les Autrichiens sont majoritairement opposés à l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, d'autant plus qu'elle devrait coûter jusqu'à 190 milliards d'euros, soit près d'un cinquième du cadre financier pluriannuel. Kickl a déjà déclaré en décembre :

    - L'adhésion de l'Ukraine à l'UE non seulement aggraverait extrêmement la situation sécuritaire dans notre pays, mais plongerait une nouvelle fois l'Autriche dans une crise financière, d'autant plus que notre pays est, comme chacun sait, un contributeur net de l'UE et verse donc plus d'argent à l'UE qu'il n'en reçoit en retour sous forme de subventions.

Considérations géopolitiques

La majorité des Allemands de la République fédérale, le plus grand contributeur net, est également opposée à l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. Pendant ce temps, selon un sondage d'Euronews, 45% des électeurs de l'UE seraient favorables à l'adhésion de l'Ukraine à l'Union, en particulier dans les pays qui sont soit frontaliers de la Russie, soit très éloignés : Finlande, Espagne, Portugal, ces deux derniers étant bénéficiaires nets. La Finlande reçoit de l'UE autant qu'elle y contribue. Ces pays ne seraient donc pas concernés par le coût de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, leurs citoyens ne le paieraient pas. En revanche, les Autrichiens le seraient.

L'archipel du Spitzberg dans l'orbite des projets arctiques des États-Unis et de l'OTAN

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L'archipel du Spitzberg dans l'orbite des projets arctiques des États-Unis et de l'OTAN

Dmitry Nefedov

Source: https://geoestrategia.es/noticia/42985/geoestrategia/el-archipielago-de-spitsbergen-esta-en-la-orbita-de-los-planes-articos-de-ee.uu.-y-la-otan.html

Le dernier terrain privé sur la côte du Spitzberg (près de la capitale de cette partie du territoire norvégien dotée d'un statut juridique spécifique, Longyearbyen, dans le Sore-Fagerfjord) a récemment été mis en vente pour 300 millions d'euros (323 millions de dollars). Et, comme le note Bloomberg, cette "transaction aura des conséquences géopolitiques", notamment le déploiement possible (et apparemment déjà prévu) d'installations militaires de l'OTAN et du Pentagone dans l'archipel, sur des terrains achetés par le biais d'un intermédiaire ou d'une société écran, ce qui aurait à terme pour résultat de rendre plus difficile l'utilisation de la route maritime du Nord par la Russie.

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Selon l'agence, la décision de vendre le site a été prise en raison de la fonte des glaces dans la région du Spitzberg/Svalbard, qui, dans l'imagination enfiévrée des géostratèges occidentaux, serait "une aubaine pour la Russie, qui élargira les routes maritimes et augmentera les réserves d'énergie" (grandes réserves de pétrole et surtout de gaz). Par conséquent, la vente du terrain est "... la seule opportunité d'obtenir des terres dans les régions montagneuses de l'Arctique et d'y créer une tête de pont stratégique", selon l'agence qui cite l'avis de l'avocat norvégien Peter Killingstad, qui représente les intérêts du vendeur. L'avocat a confirmé qu'il s'agit du "dernier site privé dans un archipel composé de plusieurs îles: trois grandes, sept moyennes et plusieurs petites".

Il s'agit d'un terrain situé à près de 65 km à l'ouest de Longyearbyen. Pendant plus de 100 ans, il a appartenu à la société par holding norvégienne Aktieselskabet Kulspids pour l'exploitation de l'amiante, du mica, du graphite et des terres rares. Mais, comme on peut le constater, ils ont préféré ne pas exploiter ces ressources sur les îles susmentionnées et sur la côte adjacente du Spitzberg/Svalbard. À cet égard, Killingstad souligne que "la transaction est assez délicate en raison de considérations géopolitiques. En effet, les acheteurs pourront utiliser ces terres comme ils le souhaitent.

Toutefois, l'utilisation des terres de l'archipel est soumise à des restrictions, déplore Bloomberg : les acheteurs doivent respecter les termes du traité international de 1920 à durée indéterminée régissant le statut du Spitzberg/Svalbard. Reconnaissant la souveraineté de la Norvège sur l'archipel, un document adopté il y a plus d'un siècle à Paris l'a déclaré définitivement démilitarisé, interdisant l'utilisation du Svalbard "à des fins similaires à la guerre ou à la préparation de la guerre". L'accord a été signé par plus de 40 pays, dont la RSFSR (après 1922, l'URSS), la Chine, la Grande-Bretagne et les États-Unis.

Selon l'article 9, la Norvège s'engage à ne pas établir ou permettre l'établissement d'une base navale ou de fortifications dans la zone couverte par le traité, et toute utilisation de l'archipel à des fins militaires est interdite. En même temps, le document ne reflète pas l'impossibilité de créer ici, ainsi que sur les grandes îles Bear/Iles aux Ours et Nadezhda/Hopen adjacentes à l'archipel (sud et sud-est), des installations militaires qui ne peuvent pas toujours être considérées comme des préparatifs de guerre.

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En d'autres termes, le défaut politico-militaire du traité sur le Spitzberg contribue indirectement aux projets de l'Alliance de l'Atlantique Nord de militariser l'ensemble de la zone du Spitzberg (avec les îles adjacentes).

Il convient de rappeler que la Russie soviétique/URSS a initialement défendu la souveraineté norvégienne sur le Spitzberg et les îles susmentionnées, contre les projets de "mise sous tutelle temporaire" par la Grande-Bretagne. La position de Moscou sur cette question a été soutenue par tous les pays scandinaves, ainsi que par la Norvège elle-même. Ainsi, la Norvège fut l'un des premiers pays étrangers à établir des relations diplomatiques avec l'URSS en mars 1924 : au même moment, Moscou confirma la souveraineté d'Oslo sur les îles aux Ours, sur l'île de l'Espoir/Hopen/Nadezhda et, à la fin des années 1920, sur l'île Bouvet, dans l'Atlantique Sud. A noter que l'Empire russe a été le premier pays non scandinave à reconnaître l'indépendance du pays des fjords en 1905 quand il s'est émancipé de la Suède...

Les événements de la Grande Guerre patriotique ont clairement démontré aux dirigeants de l'URSS l'importance militaro-stratégique du Spitzberg et des îles norvégiennes adjacentes. Au début des années 1950, l'Union soviétique a proposé d'élaborer et de signer un traité international établissant une neutralité militaire permanente dans l'océan Arctique. Dans la péninsule scandinave, la Finlande et la Suède soutiennent l'idée, tandis que la Norvège, le Danemark et l'Islande évoquent l'adhésion à l'OTAN.

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En 1951, le Spitzberg est inclus dans le périmètre du commandement militaire de l'OTAN, ce à quoi l'URSS répond par une note diplomatique protestant contre la violation de l'article 9 du traité de Paris. En réponse, la Norvège assure Moscou qu'elle n'a pas l'intention de construire des bases militaires sur l'archipel ou de l'utiliser à des fins militaires et qu'elle n'autorisera pas d'autres pays à prendre des mesures similaires, ce qui marque le début de la pratique des interprétations contradictoires des dispositions de l'accord de Paris. Traité sur le statut démilitarisé de l'archipel. Par exemple, les Norvégiens considèrent qu'il est incorrect d'interpréter l'article 9 du traité de Paris comme consacrant la démilitarisation complète du Spitzberg, car cette disposition est censée n'interdire que des actions spécifiques. Par conséquent, tout ce qui n'est pas couvert par ces actions, y compris l'établissement d'installations militaires, devrait être autorisé.

Oslo se réserve le droit de mener des opérations défensives dans le cadre des accords des alliés de l'OTAN, y compris l'application des dispositions de l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord sur la défense collective en cas d'une hypothétique attaque armée sur l'archipel. En outre, les Norvégiens ne considèrent pas que les visites des navires de la marine et des garde-côtes norvégiens dans les ports du Spitzberg, ainsi que les visites du personnel militaire norvégien dans l'archipel, constituent une violation du traité de Paris (1).

Les îles norvégiennes et la stratégie arctique américaine, dont la mise à jour a été annoncée par le chef du Pentagone Lloyd Austin au printemps 2022 sous le prétexte de "l'expansion globale de l'OTAN et du réchauffement climatique", en tenant compte des "nouvelles réalités dans la région", sont d'une importance non négligeable. Bien qu'aucun détail des innovations proposées n'ait été présenté, certains médias étrangers ont mentionné l'emplacement prévu de grands dépôts militaires et de nouvelles installations de renseignement radio et télévisuel en Alaska (États-Unis), dans la région arctique du Canada et dans tous les pays scandinaves appartenant à l'OTAN (y compris le Groenland danois, dont le plateau nord, comme les plateaux arctiques de la Norvège, du Canada et le plateau occidental de l'Alaska, est adjacent au plateau arctique de la Fédération de Russie).

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La sous-secrétaire américaine à la défense pour les affaires arctiques, Iris Ferguson, a brièvement précisé que "le document a été élaboré en étroite collaboration avec les alliés, y compris les pays nordiques". En octobre 2022, le Congrès américain a admis que l'Arctique pourrait devenir un nouveau centre de conflit avec la Russie.

Le ministère russe des affaires étrangères a annoncé un durcissement significatif des conditions de travail des organisations russes dans l'archipel du Spitzberg et ses eaux, soulignant les tentatives des autorités d'Oslo de renforcer leur présence militaire dans l'archipel. Ils ont notamment évoqué l'escale de protestation d'une frégate de la marine norvégienne dans le port de Longyearbyen et l'activation des garde-côtes norvégiens dans les eaux au large de la ville houillère russe de Barentsburg. "Il est évident que, sous la devise "montrer le drapeau", Oslo s'efforce de sécuriser le Spitzberg dans le cadre de son activité militaire", a noté un communiqué du ministère russe des affaires étrangères en octobre 2022.

Le traité de Paris de 1920 sur le Spitzberg prévoit une utilisation purement pacifique de l'archipel, ne se lasse pas de rappeler le département diplomatique russe, mais le "vide juridique" susmentionné, qui permet, pour le moins, d'interpréter librement les questions de démilitarisation, permet de donner aux manipulations militaires de l'alliance dans la région du Spitzberg un certain fantôme de légitimité politique et juridique. (2)

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Alors que les acteurs occidentaux élaborent des plans d'expansion militaire, la Russie et ses partenaires du partenariat interétatique BRICS se concentrent sur la recherche scientifique commune. Ainsi, l'une des sessions de la deuxième conférence internationale POLAR Science and Business, qui s'est tenue à Saint-Pétersbourg, a été consacrée à l'étude des changements dans l'environnement naturel du Spitzberg, ce qui est important pour comprendre les mécanismes et prédire les changements futurs dans l'environnement naturel de l'Arctique. L'une des régions les plus septentrionales de l'Europe se réchauffe rapidement, reflétant la tendance générale à l'amincissement de la calotte glaciaire, qui risque de disparaître au cours des 100 prochaines années. Dès cet été, une délégation chinoise visitera le centre scientifique russe dans l'archipel, ce qui contribuera sans aucun doute à renforcer la coopération globale dans la région. Et début mai, les premiers participants de l'"Expédition arctique chinoise 2024" sont arrivés au Spitzberg : trois chercheurs ont commencé à travailler à la station de recherche Huanghe à Nyu-Ålesun, qui fonctionne depuis 2004. En 2024, la station devrait accueillir une cinquantaine de spécialistes chinois lors d'expéditions saisonnières dans divers domaines scientifiques. Dans le domaine de la recherche arctique, les scientifiques de l'Empire du Milieu utilisent deux brise-glaces et un observatoire commun avec l'Islande.

L'intérêt de la Chine pour la région s'est accru depuis la publication du Livre blanc sur l'Arctique en 2018, indiquant les projets ambitieux de Pékin. Se définissant comme un "quasi-État arctique", la Chine cherche à jouer un rôle important dans la géopolitique et le développement économique de la région, compte tenu de la valeur stratégique de la région à mesure que de nouvelles routes maritimes émergent avec la fonte de la glace de mer.

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La perspective d'une présence chinoise à Sore Fagerfjord à la suite d'un accord commercial a suscité des inquiétudes à Oslo, et les autorités sont rapidement intervenues. Les services de renseignement ont évoqué une "grave menace pour la sécurité" et le procureur général de Norvège a ordonné l'arrêt de la vente, rappelant que l'État réglemente strictement l'utilisation des terres dans l'archipel. On peut supposer que de telles déclarations visent à dissimuler l'intégration future du pays du Soleil de minuit dans l'orbite des plans à long terme des euro-atlantistes.

Notes :

(1) Todorov A., Spitsbergen in the context of military security in the Arctic // Arctic and North. 2020. N° 39.

(2) La Norvège a de facto séparé Nadezhdy/Hopen et Bear/Iles aux Ours du traité le 1er septembre 1939, et V. Quisling a prescrit (1941) que le traité de Nadezhdy/Hopen et Bear/Iles aux Ours devait être séparé du traité le 1er septembre 1939. Quisling prescrit (1941) une coopération militaire avec l'Allemagne sur ces îles, dans l'archipel lui-même (et sur l'île de Jan-Mayen, entre la Norvège et le Groenland). Quant aux îles aux Ours et Nadezhda/Hopen, le 12 novembre 1944, le ministère soviétique des Affaires étrangères propose de compléter le traité du Spitzberg par une démilitarisation plus claire. Et de transférer Medvezhiy/Les Iles aux Ours sous la souveraineté ou le bail à long terme de l'URSS, et les p. espèrent une gestion conjointe. La Norvège propose un compromis le 9 avril 1945 : un accord sur la responsabilité conjointe de la Norvège et de l'URSS pour la défense du Spitzberg et de ces îles norvégiennes. Les négociations sont interrompues par Moscou en avril 1953, bien que Moscou ait insisté jusqu'en avril 1953 sur un accord spécial concernant le statut de neutralité de ces mêmes territoires.

Le désastre de la dette - pourquoi le Sud mondial fuit le dollar

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Le désastre de la dette - pourquoi le Sud mondial fuit le dollar

Source: https://steigan.no/2024/06/gjeldskatastrofe-hvorfor-det-globale-sor-skyr-dollaren/

L'augmentation de la dette nationale américaine pourrait se transformer en véritable catastrophe si elle est alimentée par des luttes politiques internes ou par la dédollarisation des plus grandes économies émergentes, avertissent des observateurs américains.

Le Congressional Budget Office (CBO) estime que la dette nationale américaine atteindra 50.700 milliards de dollars d'ici 2034, mais le chiffre réel "sera certainement beaucoup plus élevé", a écrit William Pesek, journaliste et auteur primé, pour Asia Times.

Le 18 juin, le CBO a prévu que la dette américaine atteindrait 122% du produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2034, ce qui est bien supérieur au ratio record de 106% de la dette publique par rapport au PIB enregistré dans le sillage de la Seconde Guerre mondiale. L'organisme de surveillance s'attend également à ce que les coûts d'intérêt pour maintenir la dette atteignent 892 milliards de dollars en 2024 (contre 352 milliards de dollars en 2021).

Pesek a désigné le financement de la défense, les dépenses liées au filet de sécurité sociale et les réductions d'impôts sans précédent qui ne s'accompagnent pas d'une augmentation des recettes comme les principaux moteurs de la croissance de la dette, ajoutant qu'ils deviendraient encore plus coûteux à l'avenir.

Il cite également les économistes de Goldman Sachs qui prévoient que le ratio dette/PIB des États-Unis atteindra 130% d'ici 2034, soit 8 points de pourcentage de plus que les estimations du CBO. Compte tenu de la dynamique actuelle et de l'effondrement du pétrodollar, il pourrait être bien plus élevé que cela, selon le journaliste.

Gerald F. Seib, du Wall Street Journal (WSJ), semble partager les préoccupations de M. Pesek : "Au fil des siècles et à travers le monde, les nations et les empires qui se sont joyeusement endettés ont tôt ou tard connu des destins malheureux".

Jacob Bogage, du Washington Post, se fait l'écho de ses collègues en évoquant la frénésie dépensière des administrations Trump et Biden, qui s'est traduite par d'énormes réductions d'impôts, divers programmes sociaux et l'augmentation des dépenses de défense.

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WSJ : La dette nationale américaine atteindra 50.000 milliards de dollars d'ici 2034

"[Plus récemment], en plus des crédits annuels, les législateurs ont approuvé 95 milliards de dollars d'aide à l'étranger pour soutenir l'Ukraine, Israël et Taïwan et réaliser des investissements dans la base industrielle américaine, et Biden a annoncé des plans visant à renoncer à des milliards de dollars de prêts étudiants", a noté le correspondant.

L'empire s'effondre sous nos yeux et la guerre est une conséquence naturelle du désespoir. Il en va de même pour l'hédonisme extrême et la décadence qui suivent toujours un empire qui a renoncé à ses propres rêves et qui est en déclin moral et idéologique.

Personne ne devrait s'étonner que le Sud mondial veuille s'éloigner le plus possible du barrage avant qu'il n'éclate.

mardi, 25 juin 2024

Rien de nouveau sur le front de l'Est?

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Rien de nouveau sur le front de l'Est?

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/niente-di-nuovo-sul-fronte-orientale-2/

Que se passe-t-il sur le front russo-ukrainien ? Rien, aucune nouvelle, disent nos médias. Trop occupés à donner de l'espace à des choses d'une importance fondamentale, comme la chaleur record, 60° à Naples... dans le mois de juin le plus pluvieux de tous les temps...

Pourtant, une attaque de missiles ukrainiens a frappé Sébastopol. Tuant des civils.

Une attaque menée par un drone américain. Lancé, semble-t-il, depuis la base de Sigonella. Ce qui devrait susciter une réflexion sur notre implication croissante. Et sur ce que pourrait être, dans un avenir proche, la réaction russe.

L'attaque a touché une plage. Des baigneurs. Des enfants. Washington affirme qu'il s'agit d'une erreur, d'un missile dévié par les tirs antiaériens russes.

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Mais au-delà des accusations et contre-accusations symboliques, quel est le sens militaire d'une telle attaque ? Aucun. Rien ne change dans le scénario de la guerre. Les Russes continuent d'avancer. L'armée de Kiev est en déroute.

Cette attaque n'est qu'un signe de désespoir. Zelenski et ses hommes tentent de prouver qu'ils sont toujours en vie. Et actifs. Mais ce n'est que du terrorisme. Ni plus ni moins.

Cela correspondrait, bien sûr. Des coups de queue. S'il n'y avait pas eu ce drone américain pour mener l'attaque. Lancé, comme je l'ai dit, depuis "notre" Sigonella.

Washington, incroyablement, approuve et aide une stratégie purement terroriste. Sachant pertinemment qu'elle n'est pas concluante. Inutile.

Le seul but plausible est de blesser la Russie. Et pousser l'Ours à attaquer de front. A se saigner à blanc.

De ce point de vue, l'attaque par des terroristes djihadistes d'une église et d'une synagogue au Daghestan paraît forcément suspecte.

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Certes, au Daghestan comme dans l'Ingouchie voisine, des mouvements djihadistes plus ou moins liés à l'Etat islamique opèrent depuis longtemps. Mais leur activité devient de plus en plus frénétique précisément depuis que le conflit russo-ukrainien a pris une tournure résolument favorable à Moscou.

En tout état de cause, il s'agit d'une stratégie stupide. Il faut compter sur une réaction irrationnelle et inconsciente du Kremlin pour obtenir un résultat.

Et cela va à l'encontre de toute l'histoire, politique et militaire, de la Russie.

Poutine esquisse. Du moins en apparence. Mais ses armées avancent sur tout le front. Lentement. Elles consolident leurs positions. Pendant ce temps, elles détruisent systématiquement tout l'appareil logistique et infrastructurel de Kiev. La capitale elle-même a désormais du mal à s'approvisionner en électricité. De longues coupures se succèdent.

Les bases de ravitaillement de l'armée ukrainienne sont pilonnées. Et systématiquement détruites. Sur le front, l'armée de Zelenski perd entre 1500 et 2000 hommes par jour... Sans compter l'équipement et l'armement.

Même les soi-disant mercenaires - probablement des troupes de l'Otan sous faux drapeau - sont, pour la plupart, anéantis avant de parvenir à monter en ligne.

Terrible est la violence de l'offensive russe. Qui s'intensifie de jour en jour. Terrible, mais pas aveugle. Détruire des centrales électriques et des bases militaires est une chose. Massacrer des baigneurs sur une plage en est une autre.

Au-delà de toute évaluation morale, la première est une stratégie précise et ciblée. La seconde est une violence stupide. Une violence improductive.

Aux États-Unis, de plus en plus de voix, des voix autorisées, appellent à la fin de cette guerre par procuration. S'asseoir à une table avec Poutine et négocier, avant qu'il ne soit trop tard.

Négocier de manière réaliste. Ne pas poursuivre les illusions droguées de Zelenski qui, à Genève, a appelé à la capitulation de la Russie. Soutenu par Stoltenberg et certains dirigeants occidentaux. C'est à se demander ce qu'ils boivent ou fument ou sniffent dans ces symposiums....

Poutine est prêt à négocier. Il impose des conditions sévères. Très dures. Mais il s'agit d'une stratégie préventive. Il attend que les voix qui, à Washington, veulent l'accord l'emportent. Et ce, bien avant l'avènement de Trump.

Bien sûr. Continuer à avancer militairement. Lentement. Mais en essayant de gagner de plus en plus de positions. Et plus une négociation sérieuse s'ouvrira tard, plus les conditions qu'elle imposera seront dures.

Mais dans nos médias... Rien de nouveau sur le front de l'Est.

Soutien de la Norvège à l'Ukraine: "Une approche déséquilibrée de la sécurité et de l'utilisation des ressources"

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Soutien de la Norvège à l'Ukraine: "Une approche déséquilibrée de la sécurité et de l'utilisation des ressources"

Source: https://steigan.no/2024/06/norges-stotte-til-ukraina-en-ubalansert-tilnaerming-til-sikkerhet-og-ressursbruk/

"Nous devons donner la priorité à nos propres intérêts économiques et à notre sécurité avant de nous engager dans un soutien militaire étendu à l'Ukraine", écrit Daniel Chiyan, membre des Jeunes conservateurs de Drammen, sur le Forum norvégien de la défense.

Chiyan poursuit en écrivant, et nous le citons longuement pour bien mettre ses points de vue en évidence : 

    - "Au début du printemps, Mayhan Rostamkhel, membre des Jeunes Conservateurs, a écrit un billet appelant à un soutien accru à l'Ukraine. Cela pourrait non seulement exacerber la guerre et la situation pour la population ukrainienne, mais aussi accroître la menace pour la Norvège, étant donné que nous sommes un pays voisin de la Russie.

    - Un soutien militaire accru pourrait aggraver le conflit et entraîner la Norvège dans un risque géopolitique plus important, tout en mettant nos ressources à rude épreuve.

    - "Nous devons vraiment reconnaître la charge financière qu'un soutien accru à l'Ukraine fera peser sur la Norvège. Le Government Pension Fund Global, mieux connu sous le nom de Oil Fund, n'est pas une ressource infinie".

    - "Si des sommes importantes du fonds sont utilisées pour financer des armes et un soutien militaire à un autre pays, cela pourrait mettre en péril la stabilité économique future de la Norvège.

    - Ce n'est pas une utilisation responsable de nos ressources. Nous devons donner la priorité à nos propres intérêts économiques et à notre sécurité avant de nous engager dans un soutien militaire important à l'Ukraine. Il est essentiel que nous assurions la pérennité du fonds pour les générations futures.

    - En outre, les dépenses nationales ont augmenté de manière significative dans d'autres domaines. Selon le budget national pour 2023, la Norvège a prévu des investissements importants dans les domaines de la santé, de l'éducation et des infrastructures. Cela comprend 43 milliards de couronnes norvégiennes pour les universités et les collèges et un financement important pour les soins de santé, comme l'indique l'Association des infirmières norvégiennes."  

    - "Au lieu d'intensifier le conflit avec davantage d'armes, je pense que nous devrions nous concentrer sur la diplomatie. L'histoire montre que les solutions militaires conduisent souvent à des conflits prolongés. La Norvège a une forte tradition de médiation de la paix qui devrait être mise à profit. Il est grand temps de reconsidérer le droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, qui bloque souvent d'importants processus de paix.

    - Nous devons donner la priorité aux solutions diplomatiques à long terme plutôt qu'aux mesures militaires à court terme. Et non pas des approches qui mettent la Norvège et le reste de l'Europe en danger de destruction".

Tels auraient dû être les arguments de la gauche!

Il est remarquable qu'il faille un homme issu des ranges des Jeunes Conservateurs pour rappeler ces vérités évidentes. Tels auraient dû être les arguments phares de la gauche : en faveur des intérêts économiques du peuple norvégien, contre la guerre et pour la paix. C'est aussi simple que cela. Au lieu de cela, les deux anciens partis pacifistes et de gauche du parlement norvégien, SV et Rødt, se sont transformés en partis bellicistes qui ne peuvent pas dépenser suffisamment de la richesse nationale pour soutenir l'industrie de guerre américaine et le régime nazi de Kiev. Ils prétendent que cela peut être concilié avec la "lutte contre la différence norvégienne", mais il n'est pas nécessaire d'être membre des Jeunes conservateurs de Drammen pour se rendre compte que c'est de la poudre aux yeux. La "gauche" donne la priorité à la guerre, à l'industrie de l'armement et aux intérêts des milliardaires plutôt qu'aux conditions de vie des gens ordinaires et à l'avenir de nos enfants. Et la LO utilise les cotisations de ses membres pour soutenir les raids des services de renseignement militaire en Russie, alors qu'elle aurait dû donner la priorité à la lutte pour la paix et les droits des animaux.

C'est aussi simple et aussi triste que cela.

Camille Flammarion et la fin du Mont Saint-Michel

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Camille Flammarion et la fin du Mont Saint-Michel

Nicolas Bonnal

Camille Flammarion, astronome, poète et polymathe, est un être merveilleux que ma femme Tetyana m’a fait redécouvrir – et cela donne, sur la destruction du mont Saint-Michel par l’arraisonnement technique du monde (revoir Heidegger) :

"Cette merveille du moyen âge trônait, alors, entièrement entourée des flots de la mer. On ne pouvait l'aborder qu'à marée basse ou en barque. Aux heures de la pleine mer, c'était une île parfaite. Quelle splendeur ! Le chemin de fer n'arrivait même pas à Avranches – et encore moins à Pontorson. Depuis cette époque, une digue hideuse, construite en 1877, relie le Mont à la terre. C'est tout simplement un crime contre l'art, une infamie, un vandalisme de barbares. Le mercantilisme envahit tout. Histoire de gagner quelques centaines d'hectares de mauvaises terres. Que l'on ait endigué les grèves lointaines, passe encore mais que l'on cherche à créer des terrains de culture jusqu'aux remparts de la vieille cité, c'est, je le répète, un véritable crime. Il faudrait, au contraire, maintenant qu'elle est faite, couper la digue à cent mètres, au moins, des remparts, afin que, dans les grandes marées, la mer pût, de nouveau, faire le tour de la fantastique montagne..."

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Ce pacifiste invétéré (toujours aussi isolé où la masse ne rêve comme toujours en Occident que de l’extermination nucléaire et humanitaire) rappelle que l’on ferait mieux de se fier au télescope qu’à la baïonnette :

« Quel est l'être intelligent, quel est l'être, accessible aux émotions inspirées par la contemplation du beau, qui pourrait regarder, même dans une lunette de très faible puissance, les dentelures argentées du croissant lunaire frémissant dans l'azur, sans éprouver l'impression la plus vive et la plus agréable, sans se sentir transporté vers cette première étape des voyages célestes et détaché des choses vulgaires de la Terre? Quel est l'esprit réfléchi qui pourrait voir sans admiration le brillant Jupiter accompagné de ses satellites pénétrer dans le champ du télescope inondé de sa lumière, ou le splendide Saturne marchant entouré de son anneau mystérieux, ou un double soleil écarlate et saphir se révélant au milieu de la nuit infinie? »

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Et le vœu pieux arrive :

« Ah! si les hommes savaient, depuis le modeste cultivateur des champs, depuis le laborieux ouvrier des villes, jusqu'au professeur, jusqu'au rentier, jusqu'à l'homme élevé au rang le plus éminent de la fortune ou de la gloire, et jusqu'à la femme du monde en apparence la plus frivole, oui, si l'on savait quel plaisir intime et profond attend le contemplateur des deux, la France, l'Europe entière se couvrirait de lunettes au lieu de se couvrir de baïonnettes, au grand avantage de la paix et du bonheur universels. »

On a fait disparaître l’astronomie. J’avais rappelé dans mon livre sur internet cette phrase de Brian de Palma : - on ne regarde plus les étoiles, mais les cours de Yahoo sur ordinateur.

Flammarion rêve encore :

« On comprend difficilement, en effet, que, de toutes les écoles normales, de tous les collèges, de tous les lycées, de tous les séminaires, de tous les couvents, aucun de ces établissements ne jouisse d'un petit observatoire où l'on s'intéresse aux choses du ciel. Il y a pourtant là des professeurs qui devraient aimer les sciences en général et adorer l'astronomie en particulier. »

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Et notre humaniste et poète de rêver lyriquement encore :

« On comprend aussi diffusément que, parmi tant d’hommes fortunés qui ont souvent trop de loisirs, on en compte si peu (pour ainsi dire pas du tout) qui se donnent le plaisir d'observer les merveilles célestes, au lieu de faire tourner imperturbablement leur fortune dans le même cercle accroître inutilement des rentes déjà superflues, faire courir des chevaux ou entretenir des actrices. Il faut croire que personne ne se doute de l'intérêt si captivant qui s'attache à l'étude de la nature, ni des joies intimes que l'âme éprouve à se mettre en relation avec les divins mystères de la création… »

Camille Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome…

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k83470m.pdf

https://fr.wikipedia.org/wiki/Camille_Flammarion

 

 

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Dominique Venner: être soi-même jusqu’au dernier instant

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Pierre Le Vigan:

(Archives: 22 mai 2013)

Dominique Venner: être soi-même jusqu’au dernier instant

« Une mort peut agir sur l'avenir comme une irradiation. »

Yukio Mishima

Qui est légitime pour parler de Dominique Venner ? Peut-être personne car personne n’est revenu d’un suicide réussi et soigneusement programmé. Il n’est pourtant peut-être pas impossible de témoigner de son admiration. Elle est égale à celle que j’éprouve pour Honoré d’Estienne d’Orves ou Jean Prévost. L’acte de Dominique Venner, son sacrifice, est un acte de témoignage. Il y a eu bien des gens courageux, en France et en Europe, qui, condamnés à mort, ont affronté celle-ci avec un courage serein, bien des vaincus de l’histoire qui, ayant vu mourir leurs idéaux, en ont tiré les conséquences en se donnant la mort.  Mais l’acte de Dominique Venner est d’une netteté, d’une pureté, d’une rareté, d’une précision et d’une justesse existentielle précisément inouï.

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L’inouï c’est la pure incandescence, le saut, la révélation, la rupture de l’enchaînement discursif. L’inouï de Venner, c’est le recours à un geste homérique. Si Dominique Venner était bien entendu un opposant au « mariage homo » ce n’est évidemment pas la raison principale de son suicide. La raison principale de son geste, c’était de réveiller les consciences au sujet du Grand Remplacement c’est-à-dire de la substitution dans notre pays d’une population autochtone par une population d’origine étrangère.

Je n’étais sans doute pas entièrement d’accord avec les analyses de Dominique Venner – et je le dis pour une raison : il n’est peut-être pas totalement inutile que chacun sache d’où je parle. Sur la question du métissage, je suis d’avis que c’est un non problème. Il a toujours représenté une pratique très minoritaire pour des raisons qui tiennent à l’anthropologie humaine, aux habitus. On le voit avec les immigrés qui pour l’essentiel se marient dans leur race, voire dans leur ethnie. Il n’y aura jamais de métissage généralisé car la majorité des gens n’en veulent tout simplement pas. Le métissage ne poserait problème que s’il n’en existait qu’une seule forme aboutissant à un type humain unique. Or il existe une infinité de formes de métissages : entre un Vietnamien et un Biélorusse, entre un Tchétchène et un Camerounais, entre un Argentin et un Malgache, etc. Comme il existe des formes quasi-infinies de métissage, ceux qui craignent que le métissage ne réduisent la pluralité humaine – le bien le plus précieux – se trompent.

Le seul métissage qui poserait problème serait un « métissage » des sexes. Le remplacement de la catégorie homme-femme par un être mi-homme mi-femme. C’est d’ailleurs le fantasme de notre outre-modernité. Ceci étant dit, l’actuelle propagande pro-métissage est bien entendu insupportable. Elle fait partie de la propagande contre les racines : être tout sauf ce qui ressemble à ce que nous avons été. C’est une propagande malsaine et provocatrice.

Sur la question de l’immigration de masse, je partage tout à fait sa condamnation par Dominique Venner. J’attacherais sans doute moins d’importance à la race elle-même. Les Roms sont des Européens, et même des Indo-Européens, souvent très attachés du reste à sauvegarder leur « pureté «  raciale en évitant tout métissage. Est-ce une garantie de quoi que ce soit ? De même, les Afghans et Pakistanais ne sont-ils pas des Indo-européens ? Cela signifie-t-il que leur immigration massive en Europe soit une bonne chose ? J’attache plus d’importance aux facteurs culturels. Ainsi, un Africain francophone me parait la plupart du temps plus facile à intégrer qu’un Européen qui ne ferait pas l’effort ou ne pourrait apprendre le français (ce qui ne veut évidemment pas dire que tous les Africains francophones aient vocation à venir vivre en France).

*

Ces précisions faites, il n’en reste pas moins que les races existent, même si leur nomenclature n’est pas simple, a beaucoup évolué et est très loin de se résumer aux « Jaunes », « Blancs », « Noirs ». Ce sont des réalités aux frontières mouvantes mais des réalités quand même. Dominique Venner, qui défendait l’identité de tous les peuples, n’acceptait pas ce que nous voyons tous : des territoires entiers de notre pays peuplés de gens d’origine non européenne. Que ceux-ci soient en grande majorité des braves gens n’est pas en cause.

C’est l’atmosphère d’un pays qui change. C’est le climat auditif qui change : je suis très souvent dans le métro, on y entend toutes les langues et la plus rare ou la plus discrète est parfois le français. La France, l’Europe doivent-elle changer à ce point ? Je ne le crois pas. Venner ne le croyait pas. Ouverture à l’autre, oui, mais mesurée. Dissolution dans l’autre, non. Le pouvoir d’intégration ou d’assimilation (toute querelle de mot est ici vaine) de notre pays s’est épuisé. Pourquoi ? Parce qu’il supposait que sur tout le territoire, la culture de référence soit celle du peuple français, ce qui allait sans dire jusque dans les années mille neuf cent soixante.

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Aujourd’hui, l’Afrique est peuplée en quasi-totalité d’Africains, l’Asie d’Asiatiques, l’Europe est le seul continent qui tend à ne plus être peuplé majoritairement d’Européens. Dominique Venner n’a pas voulu que cette mort de la différence européenne, qui vaut bien les autres, et surtout qui est la nôtre se fasse dans le silence. « Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations. » Son coup de revolver le situe aux antipodes de Breivik qui ne méritait nul éloge même « littéraire ». Le sacrifice de Venner ne peut se comparer à rien d’aussi grand, car il n’y a rien d’aussi net. La seule grandeur qui nous reste c’est la netteté du regard sur les choses et la netteté de l’acte. Il y avait dans le sacrifice de Mishima une dimension d’esthétique personnelle, il y avait une réponse à la crainte de devenir aveugle chez Montherlant. Cela n’enlève rien à la force éthique de leur geste.

Mais Dominique Venner n’était pas un homme de lettres, il n’y avait pas chez lui cette dimension toujours un peu ’’dégueulasse’’ de l’ « homme-de-lettres ». C’est pourquoi Venner est encore au-dessus de ces exemples. « Il faudrait nous souvenir aussi, comme l’a génialement formulé Heidegger (Être et Temps) que l’essence de l’homme est dans son existence et non dans un ‘’autre monde’’. C’est ici et maintenant que se joue notre destin jusqu’à la dernière seconde. Et cette seconde ultime a autant d’importance que le reste d’une vie. C’est pourquoi il faut être soi-même jusqu’au dernier instant. C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l’on est vainqueur du néant. Et il n’y a pas d’échappatoire à cette exigence puisque nous n’avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d’être entièrement nous-mêmes ou de n’être rien. » J’avais cru qu’Ernst Jünger était mort en 1998. Ce n’est qu’hier qu’il vient de mourir. Il était à Paris, du côté de Notre-Dame. Cette fois, il est bien certain qu’il est mort.

                                                                                  PLV

Pierre Le Vigan vient de publier :

Nietzsche, un Européen face au nihilisme, La barque d’or, diffusion amazon.

Les démons de la déconstruction. Derrida, Lévinas, Sartre. Au-delà de la déconstruction avec Heidegger, La barque d’or, diffusion amazon.

Le coma français, Perspectives libres - Cercle Aristote

Clausewitz, père de la théorie de la guerre moderne, Perspectives Libres -  Cercle Aristote.

lundi, 24 juin 2024

La fin de la société ouverte

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La fin de la société ouverte

Source: https://philosophia-perennis.com/2022/10/01/das-ende-der-offenen-gesellschaft/

La société occidentale est tout sauf ouverte et elle est ouvertement antidémocratique, car les principaux médias n'autorisent que les points de vue qui ne contredisent pas les intérêts des élites qui tiennent le pouvoir en arrière-plan.

Le système politique occidental se considère comme libre, libéral et bien sûr démocratique. Les élites occidentales utilisent toujours ces attributs avec un certain succès auprès des personnes qui ne connaissent pas le système occidental de l'intérieur.

Karl Popper

Karl Popper a fourni une sorte de base philosophique au système occidental en le décrivant comme une "société ouverte". Selon Popper, cette société serait ouverte parce que le discours politique y serait ouvert et ne serait pas déterminé par des objectifs idéologiques, des prétendues lois historiques (historicisme) ou des traditions. Dans l'idéal social de la "société ouverte", il n'y a donc pas de vérité absolue :

Par exemple, selon Popper, on ne peut pas déduire de l'observation de cygnes blancs, aussi nombreux soient-ils, que tous les cygnes sont blancs. Un seul cygne noir réfute cette affirmation. Ce genre de sophisme est dangereux. De même, on peut maintenant affirmer que l'observation de milliards et de milliards d'êtres humains divisés en hommes et femmes ne permet pas de conclure qu'il n'y a que deux sexes. Tout fou qui prétend maintenant appartenir à n'importe quel autre sexe devrait donc réfuter la constatation qu'il y a deux sexes.

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La "société ouverte" a pour objectif de libérer les capacités critiques des individus. Dans ce contexte, le pouvoir de l'État doit être partagé autant que possible afin d'éviter les abus de pouvoir. Le discours politique dans la "société ouverte" est bien entendu démocratique, ce qu'il ne comprend toutefois pas comme le règne de la majorité, mais comme la possibilité de révoquer le gouvernement sans violence.

Les points faibles du concept de Popper

La "société ouverte" se distingue ainsi du fascisme, du communisme, du nationalisme et de tout État de droit.

Il ne fait aucun doute que ce concept politique présente des aspects attrayants, en particulier pour tous les types de libres penseurs qui ne veulent pas être enfermés dans un concept idéologique quelconque. D'un autre côté, ce concept a aussi des points faibles dangereux (comme le montre l'exemple ci-dessus), car d'une part, il n'offre aucune perspective à long terme pour une société et, d'autre part, il rejette la tradition. Or, la tradition recèle souvent des siècles, voire des millénaires d'expérience sur la vie et ses lois. Popper rejette explicitement ces lois comme étant de l'historicisme. Or, ignorer ces lois devient tôt ou tard un piège mortel pour une société.

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C'est la porte ouverte à toutes sortes d'absurdités, comme l'obsession du genre, la glorification de toutes les déviances sexuelles possibles ou de n'importe quel mode de vie alternatif, qui signifient en fin de compte le déclin et la mort certaine de la société en question. Popper a développé ses idées pendant la Seconde Guerre mondiale, à une époque où les priorités étaient naturellement différentes de celles d'aujourd'hui.

L'absence de toute ligne directrice pour l'organisation de la vie rend de nombreuses personnes désorientées et donc particulièrement réceptives à la propagande de l'esprit du temps par le biais des médias, qui sont contrôlés en arrière-plan par les élites au pouvoir. C'est la raison pour laquelle George Soros est un adepte de cette philosophie, comme il l'a exprimé en créant son Open Society Foundation.

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Les purs intérêts du pouvoir dominent

A ce stade, les idées de la "société ouverte" sont contrecarrées par la pratique :

Le débat sur les objectifs actuels de la société occidentale n'a plus lieu en public depuis longtemps, mais dans des cercles de pouvoir quelconques qui se coupent du public. Il s'agit uniquement des intérêts des acteurs représentés dans ces cercles de pouvoir. Les résultats de ce débat sont présentés au grand public sous forme de récits bien-pensants qui sont ensuite communiqués par les médias. Un débat ouvert est une chose bien différente.

La société occidentale est donc tout sauf ouverte et elle est ouvertement antidémocratique, car ces médias n'autorisent que les opinions qui ne contredisent pas les intérêts des élites qui tiennent le pouvoir en arrière-plan.

L'intolérance des médias à l'égard de ceux qui ne pensent pas comme eux est devenue de plus en plus insupportable au cours des dix ou quinze dernières années. Le contexte est simple : depuis la crise financière de 2008, le monde occidental est en mode de gestion de crise permanente.

L'arrière-plan profond de cette crise permanente réside dans des changements tectoniques du pouvoir à l'échelle mondiale, au détriment des élites occidentales.

La guerre en Ukraine, un séisme pour les élites occidentales

Comme le système occidental était préférable à tout autre système politique avant la chute du rideau de fer, les élites occidentales pouvaient aisément faire face aux critiques, même fondamentales. En ce sens, elles étaient "libérales" au sens de Popper. L'effondrement du Pacte de Varsovie a marqué le zénith de la puissance de l'Occident. La défaite de l'Union soviétique était perçue comme une sorte de fin de l'histoire. Les élites occidentales se sont imaginées être durablement les maîtres du monde. Après cela, la situation s'est lentement mais sûrement dégradée. Les citoyens ordinaires l'ont également ressenti dans leur porte-monnaie. Des mouvements "populistes" ont alors vu le jour, remettant en cause le pouvoir des élites. Dès lors, les médias de masse dirigés sont devenus de plus en plus illibéraux vis-à-vis de ceux qui ne pensent pas comme eux.

Pour les élites occidentales, la guerre en Ukraine est une sorte de séisme qui a suivi les changements tectoniques du pouvoir mentionnés ci-dessus. Leur hégémonie est désormais remise en question. Avec l'hégémonie sur cette planète, tous les avantages économiques qu'elles en tirent seront bientôt révolus. Il ne s'agit pas seulement de la possibilité d'obtenir des avantages en faisant tourner la planche à billets. Il est également important, par exemple, d'imposer les droits de brevet à l'échelle mondiale, ce que seul un hégémon peut faire en fin de compte.

Dans cette situation, les élites ne tolèrent aucune contradiction. A partir de maintenant, elles ont définitivement arraché le masque libéral de leur visage et tentent d'éradiquer les dissidents. L'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder ou l'ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères Karin Kneissl, par exemple, peuvent témoigner de ce qui peut arriver aux amis de Poutine.

Popper se retournerait dans sa tombe !

La guerre culturelle est le baume pour imposer la concentration des richesses

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La guerre culturelle est le baume pour imposer la concentration des richesses

Par Wellington Calasans

Source: https://jornalpurosangue.net/2024/06/19/a-guerra-cultural-e-a-vaselina-para-a-imposicao-da-concentracao-de-riqueza/

L'idée que la " culture woke " est une arme occidentale pour ouvrir la voie au chaos économique issu du néolibéralisme est une approche qui fait son chemin dans les milieux les plus attentifs aux mouvements géopolitiques planétaires. Cet argument, bien que complexe, est réaliste pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, la "culture éveillée/woke" est une arme qui vise une cible vague et incohérente. La cible est si large qu'elle tente d'englober une variété de mouvements sociaux, d'idéaux et de pratiques, de la fausse recherche de quelque chose autour de la justice sociale et de l'égalité à la défense des identités et des droits LGBTQIA+, un mélange de désordre psychologique et de cas perdu de maladie psychiatrique.

Généraliser cette diversité sous la bannière de la "liberté occidentale" est réducteur et ignore la complexité des mouvements sociaux et de leurs motivations, en donnant la priorité à l'imposition de subdivisions minoritaires comme norme à suivre par tous.

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Deuxièmement, les indications évidentes que la "culture woke" est instrumentalisée pour promouvoir le chaos économique. Le néolibéralisme, en tant que système économique, a ses propres défauts intrinsèques, qui engendrent des crises et des inégalités.

Par conséquent, lier la crise du néolibéralisme à une "arme de l'humour" met en évidence cette pseudo-culture comme une dispersion, explicitement gonflée pour détourner l'attention des causes réelles et empêcher l'analyse critique du système.

Troisièmement, la "culture woke" est souvent utilisée par le néolibéralisme lui-même pour stimuler les attaques contre les groupes minoritaires et les mouvements sociaux. En utilisant la "culture woke" comme manœuvre pour déstabiliser l'ordre social, les néolibéraux cherchent à délégitimer la lutte pour la justice sociale et les droits, en stigmatisant ceux qui se mobilisent réellement pour l'égalité pour tous, tandis que la "culture woke" renforce les subdivisions, empêchant ainsi l'unité sociale.

Au lieu de chercher à victimiser les minorités, il est essentiel d'analyser le néolibéralisme comme responsable des causes de la crise économique mondiale. La concentration des revenus, la financiarisation de l'économie, la déréglementation des marchés et l'exploitation d'une main-d'œuvre bon marché ne sont que quelques-uns des facteurs qui contribuent à la crise du néolibéralisme.

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La recherche de solutions à cette crise exige une analyse critique du système économique et une attitude de dialogue et de respect envers les mouvements sociaux légitimes qui cherchent à construire une société plus juste et plus durable, loin des malades mentaux qui adhèrent à la "culture woke" pour échapper à leurs propres fantômes.

DANS LA PRESSE ALTERNATIVE AUX ÉTATS-UNIS

J'ai récemment regardé une vidéo de certains commentateurs de films préférés du public, tout en se lamentant sur la mort de l'industrie cinématographique.

Ils ont tenté d'expliquer les raisons pour lesquelles de nombreux films à succès perdaient de l'argent, en mentionnant l'essor des services de streaming et le comportement de certains clients dans les cinémas.

Ils ont rejeté l'idée que la guerre culturelle faisait partie du problème, agissant comme s'il s'agissait d'une simple distraction.

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Pourtant, la guerre culturelle joue un rôle important dans la société d'aujourd'hui, et ceux qui l'ignorent ne comprennent pas ce qui se passe aux États-Unis et dans certaines parties de l'Europe.

Certaines personnes choisissent de rester à l'écart des questions politiques et sociales, préférant éviter les conflits. Cependant, la civilisation subit des changements rapides et intentionnels, et tout le monde en sera affecté, que l'on croie ou non à la guerre culturelle.

Le monde du cinéma est une fenêtre sur les conflits culturels et peut refléter les influences idéologiques derrière les productions. Les grandes entreprises se sont engagées dans des guerres de mots depuis 2016, en essayant d'imposer l'idéologie d'extrême gauche comme dominante.

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Des entreprises comme Disney ont essuyé des échecs en essayant de promouvoir des idéologies politiques dans leurs productions, comme dans le cas de Star Wars.

Certaines entreprises adoptent une approche autodestructrice en aliénant les consommateurs qui ne sont pas d'accord avec leurs messages politiques, en reprochant au public de ne pas aimer leurs produits et en essayant d'imposer un programme politique.

Les entreprises ont traité les consommateurs comme des serfs qui doivent accepter les produits et les messages politiques sans poser de questions. Cela suggère que les entreprises ne se soucient plus de plaire aux consommateurs, mais attendent d'eux qu'ils acceptent n'importe quel message politique qui leur est imposé.

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Il existe différentes théories pour expliquer ce comportement, notamment la possibilité d'un effondrement économique imminent qui amènerait les gouvernements à intervenir et à sauver les entreprises, laissant les dirigeants d'entreprise moins préoccupés par les profits immédiats.

L'économie de partage, promue par le Forum économique mondial, suggère un scénario où le gouvernement fournit tout et où les gens perdent leur liberté de choix. Ce modèle pourrait conduire à une mentalité d'esclave, où les gens sont forcés d'accepter ce qu'on leur donne sans poser de questions.

La guerre culturelle est une bataille entre ceux qui veulent adopter le système dystopique proposé et ceux qui résistent et luttent contre lui. Les sceptiques qui restent ignorants de la guerre culturelle risquent de se retrouver sans liberté de choix à l'avenir s'ils ne s'impliquent pas activement.

NOTE D'UN OBSERVATEUR DISTANT

L'idée que la "culture woke" est une arme occidentale pour préparer le chaos économique éclaire un débat plus sérieux sur l'utilisation de personnes mentalement fragiles comme bouclier pour cacher l'agenda néolibéral nuisible.

Cette "culture" sert à détourner l'attention des causes réelles de la crise du néolibéralisme, à stigmatiser les mouvements sociaux et à alimenter les attaques contre les groupes minoritaires qu'elle prétend défendre.

Il est essentiel de garder un œil critique sur ces bizarreries et de chercher de vraies solutions aux problèmes socio-économiques que le néolibéralisme engendre.

"Rien de nouveau à droite" : l'essai de Marco Iacona

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"Rien de nouveau à droite" : l'essai de Marco Iacona

Un ouvrage à lire comme une réflexion sans fard sur le monde non-conformiste entre culture et pouvoir

par Giovanni Sessa

Source: https://www.barbadillo.it/114721-a-destra-niente-di-nuovo-il-saggio-pungolo-di-iacona/

Iacona-333x500.jpgUn nouveau volume de l'essayiste Marco Iacona est dans les librairies, pour les éditions Youcanprint. Il s'agit du texte A destra niente di nuovo, quasi un diario di bordo (= "A droite rien de nouveau, quasi un journal de bord"; sur commande : info@youcanprint.it, pp. 133, euro 14.00). Il s'agit d'un pamphlet innervé d'une vision polémique stimulante et d'une verve ironique captivante. Les cibles auxquelles Iacona réserve son mépris sont le monde de la droite italienne, en particulier la droite culturelle, et surtout le sentiment commun et le modus vivendi propres à notre époque. Fabio Granata, auteur de la préface, note que le rapport de Iacona avec la droite est : "un rapport de haine/amour, comme celui d'un amant trahi et déçu" (p. 3). L'objectif de l'auteur est résumé dans la même préface : "nous devrions retrouver la capacité d'imaginer un monde "nouveau" [...] la capacité de saisir la grandeur et la fécondité du "sens" tragique de la vie"" (p. 5). Jugement que je partage pleinement.

L'incipit du livre photographie la situation de la droite dans la conjoncture historique actuelle, en notant la contradiction flagrante entre ses références idéales et sa praxis politique: "Une droite tolkienienne qui voudrait anéantir l'anneau du pouvoir, anti-occidentale, anti-américaine [...] qui fait sourire le démocrate Joe Biden" (p. 9). Une droite qui se déplace politiquement en se pliant exclusivement à ses propres raisons d'exister, ou plutôt de rester dans la salle de contrôle. Ce même parti politique, à partir de 1994, a renoncé à lui-même, à son histoire et à ses valeurs de référence. Même parmi ceux qui ont critiqué ce choix à l'époque, il y a des gens qui semblent avoir pleinement adhéré à l'aplatissement libéral-conservateur de la droite melonienne, au nom d'un "réalisme" politique qui, à long terme, s'avérera improductif. Inattentive (pour être généreuse !) au monde de la production intellectuelle, la droite a proposé, de l'après-guerre à aujourd'hui, une culture centrée sur la lecture scolaire des mêmes auteurs, incapable de saisir les transformations radicales de la société hyperindustrielle (définition du philosophe Stiegler). Pourtant, nombre de ses auteurs de référence pourraient jouer un rôle essentiel dans le débat intellectuel, étant devenus porteurs, à l'heure de la sécularisation, d'un possible retour du sacré. Malheureusement : "On commence par un divin, on finit par un divan" (p. 10).  Pour ces raisons, Iacona croit devoir chercher ailleurs.

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Il se tourne vers les maîtres du désenchantement et de la sprezzatura, il regarde Sgalambro, Svevo, Joyce et Campo, animé par une scepsis proactive, dans la conviction exprimée par Campo lui-même que : "La beauté, avant tout intérieure avant d'être visible, la grande âme qui en est la racine et l'humour heureux" (p. 12), peut induire le Nouveau Commencement. Il retrouve, en traversant synthétiquement leur pensée, l'élitisme de Pareto et Mosca, dans la conviction sgalambrienne que le Mundo pessimo (le pire des mondes), a toujours derrière lui la dimension polémologique, consubstantielle à la vie. D'ailleurs, rappelle l'auteur, Evola lui-même appréciait Le mythe vertuiste et la littérature immorale de Pareto, ce qui a permis au traditionaliste d'évoquer dans Chevaucher le tigre l'une des raisons de la "dissolution" du monde contemporain : le pansexualisme. Dans la société contemporaine, c'est le "type féminin" qui domine. Zolla l'a compris dans son roman Cecilia ou l'inattention. Dans ces pages, il préfigurait l'horizontalité de l'époque contemporaine, la réduction du monde à l'Un. Même les vacances sont "organisées" par l'Appareil. Un monde de paupérisme spirituel dont l'"antifasciste" Pavese était conscient dans sa nostalgie "païenne-padanienne" de la vie communautaire des paysans des Langhe, qu'il opposait, dans ses œuvres, à l'in-solitude (à la solitude de l'être-ensemble épidermique des citadins). Iacona, dans un excursus sur l'évolisme, définit le penseur comme un "philosophe-non-philosophe" (Evola était philosophe, et comment, peut-être malgré lui et les "évolomanes"), et le considère comme un tabou : "pour avoir parié sur la politique [...] pour avoir "mal" fait les calculs avec la philosophie pratique" (p. 25).

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Il juge négativement les expositions consacrées à ses tableaux, dont celle, récente, du Mart, due à Vittorio Sgarbi, qu'Evola aurait jugé comme un "Marinetti bruyant" (p. 31). Il reconnaît le trait phénoménologique à travers lequel Evola, dans Chevaucher le tigre, a reproposé la "Nouvelle Objectivité" qui ne pouvait pas conduire dans la modernité, exclusivement humaine, à une solution politique, mais plutôt individuelle et philosophique. Il s'ensuit qu'à droite : "Plus ou moins bien agrégés, les conservateurs s'agitent, les antimodernes vivent isolés, maîtres d'eux-mêmes" (p. 33).

Discutant de l'idée d'Empire chez Dante (et chez Evola), Iacona s'entretient avec Cardini, Volpi, Alliata di Villafranca, Principe. Il en arrive à cette conclusion : "Dante figure ... l'Italien parmi les non-Italiens, ou le non-Italien parmi les Italiens" (p. 59), un Italien inutile, comme Prezzolini. En fin de compte, Dante vise, comme Gentile, à refonder un esprit national digne de ce nom : "Une Italie, un peuple et une tradition qui peuvent être gardés (conservés) dans chaque individu et finalement un véritable État unique" (p. 61). Dans la figure du physicien Ettore Majorana, mystérieusement disparu, on saisit une propension proprement sicilienne qui vise : "la fuite de l'individu moderne de l'esprit de la modernité" (p. 67), vers l'ailleurs. Cette errance dans la culture nationale se poursuit dans le Trieste de Saba, pour arriver à Asti, dans la lutte de Vittorio Alfieri contre les distorsions de son époque et le cadre purement esthétique dans lequel vivait alors notre littérature. La liberté à laquelle aspirait le natif d'Asti est aujourd'hui offensée par la gouvernance expropriatrice de la souveraineté populaire. Le souverain n'est pas le peuple car, comme l'a écrit le philosophe Andrea Emo, la démocratie libérale est épidémique, elle se "superpose" au peuple.

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Svevo, dans l'apocalypse qui clôt la Conscience de Zéno, et le sceptique Montale l'avaient compris. La pensée critique est aujourd'hui réduite au silence par le système éducatif qui vise à former des producteurs et des consommateurs, en tout cas au service du Gestell. Les fantômes de l'antifascisme et de l'anticommunisme ambiants, évoqués sur le mode ectoplasmique, servent les besoins du pouvoir : "Mais la pensée est née comme pensée du possible" (p. 117), visant à retrouver la coïncidence supervisée du "vrai et du fait". Le possible induit l'Action, tout comme, note l'auteur, la concentration en soi, voire l'acte de prière, qui nous éloigne de la fausse communication sociale omniprésente.

Un livre, celui de Iacona, dont on peut ne pas partager les jugements ou les tonalités polémiques parfois exaspérantes, mais qui, néanmoins, renvoie aux chemins interrompus de la pensée. Même à droite. Ce n'est pas rien...   

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Plus qu'un simple vote de protestation, mais moins qu'un vote pour une réelle alternative

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Plus qu'un simple vote de protestation, mais moins qu'un vote pour une réelle alternative

par Andrea Zhok 

Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/qualcosa-di-piu-di-un-mero-voto-di-protesta-ma-qualcosa-di-meno-di-un-voto-per-un-alternativa

Parmi les diverses analyses biaisées du vote européen, il en est une, très répandue, qui lie la progression (relative) des partis de droite ou nationalistes dans le paysage politique à l'atmosphère belliqueuse, selon la logique qui associe la droite au tempérament belliciste.

Cette analyse, outre qu'elle exprime une inquiétante cécité face à la réalité, est particulièrement dommageable. En effet, elle fournit un alibi de plus aux nombreux bien-pensants qui continuent à lire la politique avec les catégories binaires d'il y a cent ans (gauche-droite, progrès-réaction, pacifisme-bellicisme, etc.)

Or, s'il y a une chose qui est claire, c'est que les forces politiques qui ont le plus alimenté le bellicisme sur la scène européenne sont les forces du centre (les "modérés pour la nucléarisation", comme von der Leyen) et les forces progressistes autoproclamées de gauche ou de centre-gauche (du SPD de Scholz, à Renaissance de Macron, en passant par les Verts d'Annalena Baerbock).

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Les forces de droite récompensées par les élections sont presque toutes (la seule exception significative est notre Meloni) opposées à la guerre, opposées à l'envoi d'armes en Ukraine, opposées aux sanctions contre la Russie (non par russophilie, mais parce qu'elles sont conscientes qu'elles nous font plus de mal qu'à la Russie).

Même lorsque la droite au pouvoir n'est pas récompensée, comme en Hongrie, elle est contestée sur des questions de corruption interne, et non sur la ligne politique. C'est ainsi qu'en Hongrie, les deux principaux partis sont le Fidesz, avec 46%, suivi de Tisza, dirigé par un dissident du Fidesz, avec 31%, et dont le programme de politique étrangère ne se distingue pas de celui d'Orban.

La menace de guerre et la lutte contre l'autodestruction économique de l'Europe sont les points sur lesquels la droite a gagné, là où elle a gagné.

Le fait que, sur ces questions, la gauche n'ait pas réussi à frapper un grand coup depuis un certain temps donne à réfléchir.

Chez les héritiers historiques des partis socialistes et populaires - ainsi que chez les Verts - prévaut aujourd'hui un atlantisme obtus, une vision manichéenne et fortement idéologisée de l'histoire et de la politique, une vision du monde d'une abstraction déconcertante, qui a perdu tout contact avec le bon sens avant même d'avoir perdu le contact avec les biens communs. C'est cette abstraction européenne qui met en place les chaises du Titanic (avec des batailles héroïques sur les droits LGBTQ, les voitures électriques et la certification thermique) tout en nous préparant à la guerre avec le sourire (le CO2 est très mauvais pour nous, mais pour les radiations ionisantes et l'uranium appauvri, tant pis).

Cependant, les forces de droite qui sortent victorieuses, comme l'AfD ou, avec un programme beaucoup plus édulcoré, le Rassemblement national de Le Pen, ne représentent pas des réponses réalistes à la désorientation actuelle de l'électorat.

Ils sont plus qu'un simple vote de protestation, mais moins qu'un vote pour une alternative.

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Malgré quelques signes intéressants, comme le succès de la Bündnis Sahra Wagenknecht en Allemagne, il n'y a toujours pas de signe d'une alternative solide sur le plan programmatique.

PS. Je prends toutefois le pari que la politique européenne ne changera pas d'un iota. Parce qu'elle n'est pas décidée en Europe.

 

Les États-Unis sont-ils en mesure de créer une nouvelle alliance contre la Russie et la Chine?

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Les États-Unis sont-ils en mesure de créer une nouvelle alliance contre la Russie et la Chine?

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/us-able-create-another-alliance-against-russia-and-china?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR23X6cIFL5xNxxLfp4O_O0er64a4Fqp3-MiIM8582C9NJs8r6tGDPlW7_c_aem_ARW74Dx8nwNLbNr2efIlyPRlCx-78W8o5GzcVymYbUtRlKHSkeMbUBwaa035r3RDni4zUEcWjRZMfIMEXgNpHmUk

Chan Mo Ku, ancien officier militaire à la direction de la planification stratégique du commandement des forces combinées de la République de Corée et des États-Unis, et Jinwan Park, futur Schwarzman Scholar à l'université de Tsinghua, en Chine, et chercheur de Washington spécialisé dans l'Asie de l'Est, ont publié fin mai 2024 un article commun dans la publication militaire américaine Breaking Defense sur la nécessité de créer un nouvel accord quadrilatéral. Cette fois, selon eux, la nouvelle alliance devrait inclure les États-Unis, le Canada, le Japon et la Corée du Sud, s'étendre aux régions de l'Arctique et du Pacifique et avoir pour objectif stratégique de contenir la Russie et la Chine réunies.

Une telle déclaration peut sembler trop ambitieuse, mais l'émergence d'une nouvelle structure est tout à fait réaliste, tout comme l'a été l'établissement d'un dialogue quadrilatéral sur la sécurité avec l'Inde, le Japon, l'Australie et les États-Unis, ainsi que l'accord trilatéral AUKUS. Ces deux formats ont été lancés explicitement contre la Chine. Il y a aussi le Quad-Plus, qui comprend en plus le Brésil, Israël, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et même le Viêt Nam (sa participation est devenue possible en raison du différend territorial maritime avec la Chine).

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Dans ce cas, l'incitation est basée sur la peur de la coopération plutôt réussie et croissante entre la Russie et la Chine et sur la propagande occidentale selon laquelle la Russie militarise l'Arctique. Les membres euro-atlantiques du Conseil de l'Arctique, bien qu'ils aient suspendu leur participation à cet organe, disposent encore de certaines capacités militaires. Mais cela pose problème aux États-Unis et au Canada, qui doivent donc d'une manière ou d'une autre couvrir leur flanc dans le Pacifique Nord. En ce qui concerne l'interaction entre Moscou et Pékin, il est dit que, de janvier 2022 à juin 202, 234 entités chinoises ont été enregistrées pour travailler dans la zone arctique russe. Il s'agit essentiellement de technologies dans le domaine de la production et du transport de gaz et de pétrole, dont la Chine a besoin. L'augmentation de l'activité militaire conjointe des deux pays est également notée. Les exercices navals dans la région du détroit de Béring, près de la côte de l'Alaska, en août 2023, sont notamment mentionnés.

Les auteurs s'inquiètent également de la coopération globale de la Russie avec la Corée du Nord, qui s'est aussi considérablement intensifiée récemment.

Les auteurs affirment que : "Pour contrer ces dangers croissants, les États-Unis et le Canada doivent se tourner vers le Japon et la Corée du Sud, deux alliés clés du traité qui ont des intérêts stratégiques et des capacités uniques susceptibles de renforcer la sécurité dans l'Arctique.

Dans le même temps, ils reconnaissent que "l'interaction des deux pays peut renforcer de manière significative la capacité de défense de l'Alliance". Tokyo joue un rôle de premier plan dans la promotion des normes de sécurité maritime et de la protection de l'environnement. En mettant à la disposition du Canada ses radars océaniques et ses technologies de télédétection de classe mondiale, qui ont été améliorés pendant des décennies en raison de la forte dépendance à l'égard de la pêche et des collisions régulières ainsi que des catastrophes naturelles, le Japon peut accroître de manière significative les capacités de surveillance du Canada. Récemment, les Canadiens ont annoncé leur intention d'investir 1,4 milliard de dollars sur 20 ans dans l'amélioration des capteurs marins de l'Arctique.

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La Corée du Sud, géant de la construction navale en concurrence avec la Chine, pourrait être la clé de l'accélération de la modernisation des flottes arctiques vieillissantes des alliés. En outre, comme le Canada a promis de dépenser 18,4 milliards de dollars sur 20 ans pour acquérir davantage d'hélicoptères tactiques modernisés destinés à être utilisés dans l'Arctique, la Corée du Sud, avec sa production d'armes de pointe, peut également apporter son aide dans ce domaine.

Cette coopération plus étroite dans la sphère militaro-industrielle renforcerait l'architecture de sécurité dans l'Arctique, tout en approfondissant la compatibilité militaire. En outre, la combinaison des efforts dans le cadre d'organes directeurs multilatéraux permettrait à la coalition démocratique dirigée par les États-Unis de façonner collectivement le Pacifique Nord. La coordination des positions dans des forums tels que le Conseil de l'Arctique et le sommet trilatéral entre le Japon, la Corée du Sud et la Chine protégerait leurs intérêts communs dans la détermination des futurs contours de l'Arctique".

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En d'autres termes, l'accent est clairement mis sur le rôle de l'OTAN, où les partenaires américains dans la région pourraient devenir des atouts supplémentaires et offrir des opportunités à leur complexe militaro-industriel. Dans le même temps, il est également dit que l'implication de la Chine dans l'Arctique russe sape la sécurité régionale du Japon, et avec le changement climatique qui rend les ressources de l'Arctique plus accessibles, dans le statu quo actuel, le Grand Nord sera sous le contrôle d'opposants aux États-Unis, que les auteurs appellent des "autocraties révisionnistes". Par conséquent, à long terme, l'Occident et ses satellites en Asie espèrent obtenir d'une manière ou d'une autre des ressources situées directement dans la zone économique souveraine de la Russie ou dans d'autres lieux contestés qu'ils ne peuvent actuellement pas revendiquer.

D'autres auteurs ont récemment évoqué la nécessité d'une intégration militaire et militaro-industrielle plus étroite entre les États-Unis et leurs partenaires asiatiques, en avançant leurs propres arguments.

En ce qui concerne la vision doctrinale de la géographie politique, il convient de rappeler que les États-Unis avaient auparavant, dans le cadre de leurs plans, réuni les océans Pacifique et Indien en un seul espace géostratégique. Le Pentagone, puis la Maison Blanche ont adopté le nouveau terme Indo-Pacifique, adaptant leurs initiatives à cet espace. Bien entendu, l'opposition à la Chine était implicite, et l'Inde a donc volontiers soutenu la nouvelle doctrine.

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En 2022, le concept de l'EuroArctique est apparu, avec pour mission similaire de consolider les partenaires américains déjà présents dans la région européenne. Ici, l'adversaire désigné était la Russie, contre laquelle l'alliance de l'OTAN pouvait agir sous la direction de Washington.

Dans ce cas, il s'agit de l'unification de deux adversaires géopolitiques des États-Unis, qu'ils considèrent comme leurs principaux concurrents stratégiques, conformément à leurs développements doctrinaux. Et comme la Chine n'a pas d'accès physique à la région arctique, il devient nécessaire d'ajuster la stratégie spéculative et d'y ajouter l'océan Pacifique.

Il est donc fort possible que nous assistions bientôt à l'apparition d'un nouveau terme - Arcto-Pacifique - qui sera d'abord utilisé dans un certain nombre de publications de centres d'analyse, avant que les décideurs des principaux départements de Washington ne l'introduisent dans la circulation permanente.

Pays-Bas: le cabinet Schoof prêt pour la guerre

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Pays-Bas: le cabinet Schoof prêt pour la guerre

Les ministères des affaires étrangères, de la défense, de la justice et de la sécurité aux mains des faucons du VVD et du NSC

Raisa Blommestijn

Source: https://deanderekrant.nl/nieuws/kabinet-schoof-klaar-voor-oorlog-2024-06-21

Tous les postes ministériels clés du nouveau cabinet seront aux mains des partisans du soutien à l'Ukraine dans la guerre contre la Russie. Le nouveau ministre de la justice et de la sécurité David van Weel (VVD) est actuellement le bras droit du chef de l'OTAN Jens Stoltenberg, le ministre de la défense est Ruben Brekelmans, faucon du VVD, et le ministre des affaires étrangères est Caspar Veldkamp (NSC, ex-CDA), "Européen au franc-parler", qui qualifie la guerre en Ukraine de "notre guerre". Le nouveau cabinet se prépare-t-il ainsi à une grande guerre européenne ?

La guerre en Ukraine a marqué les dernières années de la présidence du Premier ministre Mark Rutte, qui va devenir le grand patron de l'OTAN. "C'est aussi notre guerre", disait invariablement le premier ministre lorsqu'il apportait un soutien financier, avec livraison d'armes, de plus en plus important à l'Ukraine au nom des Pays-Bas.

En coulisses, notre pays semble également se préparer de plus en plus à une confrontation directe avec la Russie. Par exemple, on prépare les esprits à rappeler les jeunes Néerlandais au service militaire, on publie des enquêtes d'orientation sur la "préparation à la mort" et le ministère de la défense fait le tour du pays pour réclamer de l'espace pour des entrepôts de munitions et d'autres activités militaires.

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Dick Schoof, nouveau premier ministre des Pays-Bas

À l'origine, le PVV n'était pas favorable à l'escalade de la guerre en Ukraine. Wilders ne voulait pas fournir d'armes à ce pays, mais cette position a rapidement dû être abandonnée au cours du processus de formation du gouvernement. En effet, le soutien à l'Ukraine semblait être l'un des points de rupture de la formation. Rutte, entre autres, s'est immiscé dans la question : un refus de soutenir l'Ukraine signifierait, selon lui, la fin de toute participation du VVD à un nouveau gouvernement. Wilders, qui s'attendait à faire partie de la coalition pour la première fois après des années d'opposition, a changé de tactique, et de quelle manière! Tous les postes ministériels clés seront confiés à des partisans déclarés de la guerre.

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David van Weel

Ainsi, le ministère de la sécurité et de la justice sera dirigé par David van Weel (VVD), 48 ans, qui est actuellement le bras droit du chef de l'OTAN, Jens Stoltenberg, en tant que secrétaire général adjoint de l'OTAN. À l'OTAN, il s'occupe principalement de la guerre hybride, comme les cyberattaques, de la lutte contre la "désinformation" et des "menaces pour la sécurité", comme le changement climatique et la sécurité énergétique. Auparavant, il a travaillé au ministère de la défense et au ministère des affaires générales, où il a été le conseiller direct de M. Rutte en matière de défense et d'affaires étrangères entre 2016 et 2020.

Van Weel n'est pas avocat. Jusqu'à la nomination de l'actuel ministre de la sécurité et de la justice, Dilan Yesilgöz, avoir un diplôme de droit semblait être le moins que l'on puisse attendre d'un ministre de ce ministère. Ou bien la sécurité est-elle plus prioritaire que la justice pour ce cabinet ?

Lors de ses nombreuses apparitions à la radio, à la télévision et dans les journaux ces dernières années, au moins une chose ressort : le soutien franc de Van Weel à l'Ukraine. Il ne cesse de parler de "l'agression russe" et de l'importance de fournir à l'Ukraine un soutien financier et des armes supplémentaires "pour nous protéger". Il ne cesse également de souligner l'importance de l'alliance de l'OTAN. Depuis la guerre en Ukraine, a-t-il dit, l'importance de la défense collective est devenue plus qu'évidente. Sur le front de la politique intérieure également, il est clair que M. Van Weel estime que les Pays-Bas devraient faire davantage pour se préparer à la guerre. Le 11 mai dernier, il a déclaré dans une interview accordée à la BNR qu'il pensait que la nécessité de se préparer n'était pas encore suffisamment ressentie aux Pays-Bas. Il s'est prononcé en faveur d'une augmentation du budget de la défense et a fait valoir, de manière remarquable, que la lenteur du processus de réglementation et d'autorisation en Europe fait que nous sommes toujours à la traîne par rapport à la Russie : ce pays a déjà une économie qui repose entièrement sur la guerre.

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Ruben Brekelmans

Tout comme le ministère de la sécurité et de la justice, le ministère de la défense passe également entre les mains du VVD. Ruben Brekelmans, talent émergent du VVD, est le futur chef de ce département. Âgé de 37 ans, Brekelmans a étudié l'économie et l'administration publique (avec une spécialisation en "politique mondiale"). Il a occupé plusieurs postes de consultant avant d'entrer dans la fonction publique. Il a travaillé successivement aux ministères de la Justice et de la Sécurité, des Finances et de l'Asile. À partir de 2021, il siégera à la Chambre basse au nom du VVD. Brekelmans est l'un des députés qui s'est exprimé avec le plus de véhémence en faveur du maintien du soutien à l'Ukraine. En avril dernier, il s'est même rendu dans le pays. Sur le site web du VVD, on peut lire que le principal enseignement qu'il tire de cette visite est qu'une aide plus importante doit être apportée à l'Ukraine sur une base structurelle dans les plus brefs délais.

Sur le même site, on peut lire qu'en tant que futur ministre, M. Brekelmans souhaite se consacrer au "maintien de la liberté et de la sécurité aux Pays-Bas". Pour lui, comme pour son futur collègue Van Weel, cela ne semble pas se décider dans des négociations de paix avec Poutine, mais dans la fourniture de plus d'armes et d'aide financière à l'Ukraine et dans l'intégration du pays dans l'UE et l'OTAN. Au début de l'année, M. Brekelmans s'est exprimé sur la radio BNR en faveur de la proposition controversée de confisquer les avoirs que la Russie a déposés en Occident et qui ont été "gelés" après l'invasion de l'Ukraine. Le gouvernement russe est furieux de ce projet et menace de prendre des contre-mesures sévères s'il est mis en œuvre.

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Caspar Veldkamp

Brekelmans et Van Weel trouveront sans doute bientôt un allié de poids en la personne de leur collègue Caspar Veldkamp, le futur ministre des affaires étrangères au nom du CNS. Âgé de 60 ans, Veldkamp, numéro quatre sur la liste du parti d'Omtzigt lors des précédentes élections à la chambre basse, s'est imposé à la chambre basse, comme Brekelmans, en tant que partisan d'un soutien de grande envergure à l'Ukraine. Avant de se lancer dans la politique à La Haye, M. Veldkamp a fait carrière dans la diplomatie étrangère. Il est un ancien membre du CDA et un "Européen franc". Il a déclaré qu'il rêvait de devenir ambassadeur de l'UE au nom des Pays-Bas.

Ce rêve est encore loin, mais M. Veldkamp peut se consacrer à ses autres préférences en tant que ministre des affaires étrangères: l'Ukraine et Israël. M. Veldkamp a été ambassadeur dans ce dernier pays entre 2011 et 2015. Il s'oppose à la critique commune du colonialisme juif dans les territoires palestiniens. En effet, selon lui, ce ne sont pas les Palestiniens mais les Israéliens qui sont en réalité vulnérables au Moyen-Orient et qui méritent donc le soutien des Pays-Bas. Wilders en aura sans doute pris note avec joie. Le leader du PVV est connu pour ses penchants sionistes déclarés. Selon certaines rumeurs, le bras droit de Wilders lors des négociations de formation, Gidi Markuszower, né en Israël, aurait des liens avec les services secrets israéliens, le Mossad. Serait-ce la raison pour laquelle Markuszower n'a pas passé le contrôle de l'AIVD ?

Veldkamp soutient pleinement l'Ukraine. Il souligne à plusieurs reprises dans des interviews qu'il s'agit "aussi de notre guerre" et que "repousser les menaces russes" est important pour la sécurité des Pays-Bas. À la Chambre basse, il a même été l'un des premiers à s'engager en faveur d'un soutien à long terme à l'Ukraine, ce qui a été fait depuis. Mais ce n'est pas tout : selon M. Veldkamp, les PME néerlandaises devraient également avoir la possibilité de produire des armes et les Pays-Bas, comme d'autres États européens membres de l'OTAN, devraient investir massivement dans la défense.

Ce qui est clair, c'est que sous la houlette de ces ministres, une nouvelle escalade du conflit en Ukraine - et peut-être même une troisième guerre mondiale - se rapproche de plus en plus. Personne ne parle de négociations de paix avec Poutine. Le fait que les Pays-Bas pourraient devenir la cible d'une action militaire russe en raison de cette position n'est pas un sujet de discussion. Rien dans ce soi-disant "cabinet PVV" ne s'oppose à la poursuite de la ligne Rutte. En effet, le cabinet Schoof est à bien des égards un cabinet de guerre.

 

Olaf Scholz a tenté de sauver Nordstream 2 ....mais, devenu chancelier, il a bloqué le gazoduc !

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Olaf Scholz a tenté de sauver Nordstream 2 ....mais, devenu chancelier, il a bloqué le gazoduc !

Sjors Remmerswaal

Source: https://remmerswaal.substack.com/p/olaf-scholz-trachtte-nordstream-2?utm_source=post-email-title&publication_id=388903&post_id=145925789&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=jgt70&triedRedirect=true&utm_medium=email

Un certain nombre de politiciens sociaux-démocrates allemands de premier plan ont encore essayé de sauver le gazoduc Nordstream 2, fin 2021, dans le but de le mettre un jour en service pour permettre au gaz de circuler de la Russie vers l'Allemagne. Un gaz bon marché qui permet à l'industrie du pays de fonctionner. La construction et l'ouverture ont été entravées par la pression exercée par les États-Unis, notamment par le biais de sanctions. Cela s'est produit alors que Nordstream 1 était déjà en service depuis des années. Les deux pipelines sont aujourd'hui inutilisables en raison d'attaques terroristes, à la demande des États-Unis d'Amérique.

Le journal allemand Handelsblatt a rapporté cette semaine que l'actuel chancelier Olaf Scholz était impliqué dans les tentatives visant à briser les sanctions et les pressions politiques. Scholz voulait éviter les sanctions en négociant avec le président américain de l'époque, Donald Trump. Il a fait plusieurs tentatives auprès de Trump pour influencer ce processus. Une proposition était prête pour contrer cela, en échange de quoi les Allemands investiraient un milliard d'argent du contribuable dans des terminaux de gaz liquéfié.

Cette proposition n'a pas été acceptée par les Américains. Peu après, le département d'État américain a pris des sanctions contre Nordstream 2. Des entreprises ont alors cessé leurs activités. Les Allemands, par l'intermédiaire d'une fondation nouvellement créée, ont alors réussi à échapper aux sanctions et à poursuivre la construction du gazoduc, rapporte également l'article du Handelsblatt.

En parcourant les rapports internes, les lecteurs apprendront comment un certain nombre de politiciens de haut rang, probablement à l'instigation des grandes entreprises allemandes, ont fait le nécessaire pour que Nordstream 2 soit opérationnel, mais ont été systématiquement contrecarrés par les Américains. Car même lorsque le gazoduc était prêt à l'emploi, il n'a pas été ouvert, et l'invasion de l'Ukraine par la Russie a trouvé une raison de tout arrêter.

 

dimanche, 23 juin 2024

Être ou ne pas être: la vision de l'apocalypse de Daria Douguina

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Être ou ne pas être: la vision de l'apocalypse de Daria Douguina

Par Jafe Arnold

Source: https://www.newdawnmagazine.com/articles/to-be-or-not-to-be-daria-duginas-vision-of-the-apocalypse?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR3Q19LycPBTTRsAUhOGth2rR13QiH4GUZgF3nYGtVrbVAQBI9hMd3DA1ys_aem_ZmFrZWR1bW15MTZieXRlcw

Daria Aleksandrovna Dugina (15 décembre 1992 - 20 août 2022)             

Extrait du numéro spécial de New Dawn Vol 18 No 1 (février 2024)

Depuis un an et demi que Daria Dugina, 29 ans, a été tuée dans un attentat à la voiture piégée près de Moscou, la question "Qui est Daria Douguina ?" n'a pas disparu. Au contraire, lorsque la fumée s'est dissipée, cette question s'est intensifiée et élargie.

C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles, en octobre dernier [2023], le Washington Post a publié un "exposé" admettant ce que la plupart des gens sobres savaient déjà: la jeune vie de Douguina a été interrompue par un acte de terrorisme d'État mené par des forces spéciales ukrainiennes créées, entraînées, armées et financées par la CIA (1). Bien entendu, les fonctionnaires américains et ukrainiens qui ont confirmé cela au Washington Post "ont parlé sous couvert d'anonymat en citant des préoccupations de sécurité ainsi que la sensibilité du sujet", car Kiev et Washington refusent toujours officiellement de faire des commentaires. En d'autres termes, il s'agit de la "même vieille histoire" avec les mêmes vieux acteurs qui jouent maintenant avec leurs derniers "partenaires juniors".

Ces assassins se trouvent toujours à court de mots par "souci" de la "sensibilité" de ce qu'ils ont fait : tuer une jeune philosophe, écrivaine et activiste, dont la mort a ouvert une boîte de Pandore et révélé bien des choses sur la véritable Daria Douguina - sur ses pensées et ses écrits, et ce que son activisme et sa mort signifient pour de nombreuses personnes à travers le monde.

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À la suite de la publication de son livre posthume, Eschatological Optimism, Daria "Platonova" Douguina - la philosophe - est apparue sous les feux de la rampe (2). Les lecteurs du monde entier savent désormais ce que beaucoup savaient déjà dans sa Russie natale: Douguina n'était pas seulement la fille de l'éminent philosophe russe Alexandre Douguine, mais aussi une philosophe profonde et radicale à part entière.

À la veille de sa mort, Daria Douguina préparait un doctorat en philosophie politique ancienne et commençait à présenter des idées clés au public.

Elle a milité toute sa vie au sein du Mouvement international eurasien, dont la vision prône la (re)création d'un monde multipolaire dans lequel les diverses civilisations et cultures ne sont pas subordonnées au diktat du bloc impérialiste américain et de l'Occident moderne.

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Parallèlement à son activisme (géo)politique, la carrière de Douguina, à la fois jeune, lointaine et chevronnée, en tant que journaliste et analyste audacieuse, a été révélée. Daria était également une femme d'art: elle avait un projet musical (Dasein May Refuse), écrivait des poèmes, fréquentait les expositions d'art et le théâtre et en était parfois la commissaire (3). Elle envisageait de s'essayer au cinéma.

D'un point de vue plus personnel, ceux qui lisent le russe peuvent apprendre de ses journaux intimes récemment publiés que Daria était un être humain qui luttait constamment contre la mélancolie et l'épuisement. Elle s'est constamment efforcée de donner le meilleur d'elle-même pour les autres et dans un but noble.

Les mêmes médias occidentaux qui se sont empressés de célébrer sa mort comme un "message" fort et clair ont commencé à se plaindre de la montée d'un "culte de Daria Douguina" et à s'inquiéter du message réel que sa vie et sa mort signifient aujourd'hui.

Peut-être devraient-ils s'en inquiéter, car l'un des messages de Douguina résonne haut et fort de nos jours : nous sommes au bord du gouffre. Dans l'une de ses conférences publiques les plus importantes, prononcée quelques jours seulement avant le début des confinements à cause du COVID-19 en mars 2020, Daria Douguina a insisté sur le fait que "nous vivons probablement à l'ère de la mondialisation": "Nous vivons probablement l'ère de la fin du monde, comme en témoignent la pandémie, les diverses catastrophes naturelles qui se sont multipliées et les changements fondamentaux survenus dans les domaines de la politique, de la géopolitique et de la philosophie" (4).

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Lors d'une conférence donnée un an plus tard, Daria Douguina a parlé d'un "sentiment apocalyptique aigu, d'une fin proche" et a qualifié notre époque de Kali-Yuga, le dernier "âge sombre" du cycle hindou (5). Lorsqu'un membre de l'auditoire a demandé ce que les dissidents pouvaient tirer de la culture moderne, Douguina s'est montrée sceptique : "De la culture moderne? Laquelle? Par la culture de l'ontologie orientée objet, des cyborgs et des mutants?" (6).

Dans un autre exposé sur la philosophie post-féministe, Douguina a parlé de la nécessité de "sauver l'humanité de la mort qui la guette", puis a mis en garde contre les conséquences de l'avènement du transhumanisme en des termes très clairs: "Lorsque le féminin et le masculin seront définitivement abolis et remplacés par des cyborgs, ce sera la fin du monde... Avec la disparition de l'homme et de la femme, c'est l'être humain lui-même que nous perdrons" (7).

En d'autres termes, la jeune femme dont la vie a été odieusement enlevée alors qu'elle rentrait chez elle en voiture un soir, a vu sa vie - et la nôtre - confrontée à un crépuscule apocalyptique à la veille d'un minuit apocalyptique.

Selon Daria, la fin qui se précipite vers nous n'est autre que la fin de l'humanité, de l'homme en tant que tel. L'aspect le plus flagrant de cette fin est la montée en puissance d'une matrice technologique omnipotente dans laquelle, selon elle, "l'homme moderne se retrouve sous l'influence destructrice de la matière, sous les clichés de la société de consommation, sous la pression proliférante de la technologie qui le réprime et lui dicte la nécessité de suivre ses algorithmes intrusifs et aliénants" (8).

L'humain du 21ème siècle "high-tech" est une créature qui se trouve "jetée dans un espace où la technologie et la matière le détruisent essentiellement, où il perd son axe de rébellion et de souveraineté face à la matérialité et à l'illusoire" (9).

Bientôt - et Douguina n'a été ni la première ni la dernière à le prévoir - la technologie qui gouverne de plus en plus nos vies étouffera notre capacité à penser, à agir et même à exister. Tout ce que nous comprenons ou soupçonnons de définir l'être humain - la mortalité, la pensée, la liberté, la volonté, le cœur, l'âme, la capacité de relation avec les autres, ainsi que les relations avec le sacré et l'au-delà - est destiné à être contrôlé, simulé, remplacé ou déplacé par les forces technologiques que nous avons déclenchées et que nous pensons naïvement pouvoir contrôler de manière stable.

Daria Douguina a cherché à découvrir les racines de notre apocalypse technologique dans la philosophie moderne et postmoderne. Elle se considère comme un éclaireur dans la guerre cosmique de l'esprit ("Noomakhia"): l'une de ses missions consistait à étudier intensément et à exposer la pensée qui permet et préfigure cela, sur ce plan philosophique subtil auquel trop peu de gens prêtent attention.

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Le concept central de sa philosophie est l'optimisme eschatologique. La vision de l'apocalypse de Daria Dugina était révolutionnaire au sens premier du terme - un "retournement" ou une transformation de notre façon d'être dans le monde.

Douguina a insisté sur le fait que la philosophie postmoderne - que la plupart des gens rejettent comme de simples "salades de mots" ou des "théories" oiseuses confinées aux départements universitaires et aux soi-disant "politiques identitaires" - est la chambre d'incubation, le laboratoire et le talon d'Achille de la crise apocalyptique qui se profile.

Des décennies avant le transhumanisme, l'un des parrains de la philosophie postmoderne, Gilles Deleuze, soutenait que l'être humain étant un sujet trop hiérarchique, oppressif et problématique, il devait être transformé - ou déformé - en une toile gluante qui s'étend et se coagule de manière aléatoire comme un rhizome.

L'"ontologie orientée objet", l'une des dernières tendances "à la mode" en philosophie, prétend que l'existence doit être libérée de la pensée humaine afin que le véritable nœud de l'être puisse être "rendu" aux objets inanimés et aux machines qui nous entourent. Daria Douguina n'a pas mâché ses mots: "Bien entendu, le terme "philosophie" doit être compris au sens où l'entend Douguina : non pas comme des expériences de pensée superflues, mais comme une capacité radicale et essentielle de l'être humain, comme l'architecture spirituelle du "logiciel" derrière le "matériel" - et même, comme dans son cas, comme une question de vie ou de mort.

Deux anecdotes illustrent les incursions audacieuses de Daria dans les tendances sombres de notre époque.

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Lors du lancement de l'édition russe de Cyclonopedia du philosophe irano-américain Reza Negarestani (qui parle d'un démon au cœur de la Terre, de plus en plus puissant et libéré par l'extraction pétrolière), un membre du public a saisi l'occasion pour demander la main de Daria Douguina. Celle-ci a répondu qu'elle n'accepterait que s'il apprenait par cœur Cyclonopedia en anglais. En d'autres termes: "Connais ton ennemi".

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À une autre occasion, Douguina a assisté à une exposition du philosophe anglo-américain Timothy Morton, au cours de laquelle ce dernier a engueulé sa main parce qu'elle ne vivait pas sa propre vie et ne se soulevait pas contre son oppresseur humain.

Daria Douguina a passé son temps à réfléchir avec des personnalités comme Negarestani et Morton parce qu'elle croyait - ou plutôt savait - qu'elles représentaient la pensée et la manière d'être (ou de ne pas être) derrière la dystopie technologique, transhumaniste et "orientée objet" dans laquelle nous nous entraînons et nous nous (ou ne nous) pensons pas nous-mêmes. En sondant ce territoire et ce "no man's land" philosophique, en nommant des noms et en exposant certaines idées, l'activisme philosophique de Daria représentait une véritable menace (11).

Pourtant, cette philosophe montante de la fin des temps - fauchée avant l'heure - n'était pas seulement une penseuse et une observatrice profonde. Le concept central de sa philosophie est l'optimisme eschatologique. La vision de l'apocalypse de Daria Douguina était révolutionnaire au sens premier du terme - un "retournement" ou une transformation de notre façon d'être dans le monde. Se retourner et voir ce qui se passe autour de nous, se retourner et voir que d'autres dans le passé et le présent ont d'autres orientations à offrir, se retourner contre toutes les idées préconçues et les idéologies qui ont régné sur notre époque et qui nous mènent aujourd'hui à notre perte.

À une époque où nous sommes fixés sur des écrans, branchés sur ce qu'on appelle les "médias sociaux" et liés ("connectés") à des forces et à des signaux qui dépassent nos désirs et nos actes, Daria Douguina affirme qu'il n'y a qu'une seule issue pour l'être humain consciencieux, le dissident, le penseur authentique: accepter le défi - le destin - de vivre, de penser et de s'exprimer, ici et maintenant, à ce moment précis. Ce faisant, notre être reflète et s'accorde au même courant de dissidents et de pensée dans les sociétés, les systèmes et les situations d'avant et d'ailleurs; nous sommes profondément humains en ce dernier moment où les entités humaines émasculées, irréfléchies, qui cliquent et défilent, sont destinées à être "dépannées".

Douguina propose une vérité simple mais brutale comme point de départ : "Chacun a sa propre place dans le monde, sa patrie spirituelle... Ce qui est certain, c'est que, où que nous nous trouvions dans le monde moderne, nous sommes au centre de l'enfer. Il est difficile de voir l'authenticité quelque part. Nous sommes maudits. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas se précipiter vers le salut" (12).

Nous sommes mis au défi de saisir l'occasion d'être radicaux à l'ère des machines, des robots, des algorithmes et de la montée du non-humain et de l'inhumain.

Bien entendu, rien de ce qui précède ne figure dans le journalisme grand public ou dans les reportages assistés par l'IA sur la vie, les pensées et la mort de Daria Douguina. Tout ce qu'ils peuvent répéter, c'est que Douguina était une "propagandiste" russe dont la "rhétorique agressive" à l'égard de l'Ukraine justifiait l'assassinat d'un civil.

Douguina avait insisté sur le fait que l'"opération militaire spéciale" de la Russie en Ukraine était une manœuvre offensive-défensive audacieuse visant à empêcher le virus postmoderne et le déluge apocalyptique, qui dévorent déjà l'Occident, d'envahir l'une des régions historiques et culturelles de la Russie (ou l'une de ses régions frontalières). Quelle que soit l'interprétation que l'on donne à ce conflit, il s'inscrit néanmoins dans le concept d'optimisme eschatologique de Dugina: contre toute attente, quoi qu'il arrive, nous sommes obligés de mener une lutte finale contre la "fin de l'histoire", qui, comme nous pouvons désormais le prévoir, n'inclura plus les humains - sans parler des cultures et des peuples tels que les Russes, les Ukrainiens, les Américains, les Australiens, etc.

La citation préférée de Daria Douguina, souvent citée, est celle de René Guénon, auteur d'ouvrages eschatologiques prophétiques: "La fin d'un monde n'est jamais et ne peut jamais être que la fin d'une illusion" (13).

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Selon Douguina, les scénarios qui nous attendent sont l'aboutissement apocalyptique d'une illusion profonde et perfide. Notre tâche est de mettre fin à cette illusion par et en nous-mêmes, de reconquérir la réalité, et de le faire contre toute attente en tant qu'optimistes eschatologiques humbles, audacieux, inspirés et aspirants. C'est pour cette raison que cette jeune femme, porteuse d'un message d'éveil grandiose et saisissant, a été assassinée, et que sa mort et sa vie sont de la plus haute importance pour nous tous.

L'ouvrage de Daria Platonova Douguina, Eschatological Optimism, est disponible aux éditions Prav à l'adresse suivante : pravpublishing.com/product/eschatological-optimism.

Cet article a été publié dans le numéro spécial de New Dawn, vol. 18, n° 1.

Notes:

  1. (1) Greg Miller, Isabelle Khurshudyan, Shane Harris et Marya Ilushina, "Ukrainian spies with deep ties to CIA wage shadow war against Russia", The Washington Post, washingtonpost.com/world/2023/10/23/ukraine-cia-shadow-war-russia.
  2. (2) Daria Platonova Dugina, Eschatological Optimism, trans. Jafe Arnold, éd. John Stachelski (PRAV Publishing, 2023) ; Jafe Arnold, "Life in the End : The Message of Daria Dugina", Continental-Conscious, 19 décembre 2023, continentalconscious.com/2023/12/19/life-in the-end-the-message-of-daria-dugina.
  3. (3) Daria était proche d'Alexey Belyaev-Guintovt, sur lequel voir David Herbst, "Alexey Belyaev-Guintovt : Court Painter of the Eurasian Empire", New Dawn Special Issue Vol 15 No 3 (2021).
  4. (4) Dugina, Eschatological Optimism, 39
  5. (5) Ibid, 73-74
  6. (6) Ibid, 107-108
  7. (7) Ibid, 137-138
  8. (8) Ibid, 55
  9. (9) Ibid, 54
  10. (10) Ibid, 39
  11. (11) Voir : Askr Svarte, Tradition and Future Shock : Visions of a Future that Isn't Ours (PRAV Publishing, 2023).
  12. (12) Douguina, Optimisme eschatologique, 114.
  13. (13) René Guénon, Le règne de la quantité et les signes des temps, trad. Lord Northbourne (Hillsdale : Sophia Perennis, 2004), 279.

A propos de l'auteur

Jafe Arnold est traducteur, voyageur et rédacteur en chef fondateur de PRAV Publishing (pravpublishing.com). Il a étudié la culture européenne à l'université de Wrocław, les études religieuses et l'ésotérisme occidental à l'université d'Amsterdam, et la philosophie à l'université de Varsovie. Il est le conservateur fondateur de l'Eurasianist Internet Archive et du blog Continental-Conscious (continentalconscious.com).

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Le choix (forcé) de Kim

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Le choix (forcé) de Kim

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/la-scelta-obbligata-di-kim/

Kim Jong-un n'a pas eu le choix. L'administration Biden avait immédiatement fait sauter tous les accords conclus avec Trump. Des accords commerciaux et des perspectives de coopération d'autant plus importants qu'ils mettaient fin à un état de tension, de guerre larvée, qui durait depuis plus d'un demi-siècle.

Pendant cette période, le "dossier Corée" n'avait cessé d'être une préoccupation majeure de Washington et de Langley.

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La stratégie de Trump a été excentrique, mais extrêmement efficace. Il avait saisi un moment d'escalade des tensions entre les deux Corées, Pyongyang intensifiant ses essais nucléaires et ses tirs de missiles. Au lieu de jouer les pompiers, il a élevé le niveau de la confrontation avec des mots. Il est allé jusqu'à traiter le dirigeant nord-coréen de "patapouf belliciste". Ce dernier lui a d'ailleurs répondu en le traitant de "vieux con".

Sous le radar, cependant, il travaillait d'une manière très différente. Le monde, terrifié par la menace nucléaire, a été stupéfait par l'image de The Donald posant paternellement une main sur l'épaule du jeune Kim.

Viens avec moi, mon garçon. Nous ferons de bonnes affaires ensemble.

Un grand succès diplomatique. Car pour Washington, l'échiquier de prédilection est, et a toujours été, le Pacifique. Et Trump, dans sa logique mercantile, considérait la Chine comme son seul véritable "concurrent". Détendre les relations avec la Corée du Nord, c'était donc tisser une intrigue, économique et commerciale, visant à contenir l'expansion de l'influence de Pékin. Et lui arracher un allié historique.

Mais la stratégie de Trump n'a pas plu à de nombreuses "puissances" américaines. En premier lieu l'industrie de l'armement, qui profite bien sûr de l'escalade des tensions internationales. Certainement pas de leurs résolutions.

Et c'est ainsi que l'administration Biden, qui est certainement une projection et un instrument de l'État profond, a également ici, en Corée, inversé la politique de Trump. Elle a ramené la situation plus de cinquante ans en arrière. Et, dans une certaine mesure, elle a déplacé les alliés de Séoul, désormais engagés sur la voie du dialogue avec leurs cousins séparés du Nord.

Et c'est à ce moment-là que le tsar est arrivé.

Vladimir Poutine a été accueilli avec les honneurs d'un triomphe à Pyongyang. Et il a ramené un accord de partenariat stratégique avec la Corée du Nord. Le meilleur traité d'alliance, le plus étroit, dans l'histoire des relations bilatérales.

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Car Pyongyang n'a jamais été un allié proche de Moscou. Quoi qu'en disent les analystes italiens plus ou moins improvisés... même ceux qui, en raison de leur histoire personnelle et d'un militantisme communiste ancien, oublié et renié, devraient bien connaître ce fragment d'histoire.

Depuis toujours, le grand frère de la Corée du Nord a été Pékin. Moscou est toujours restée, toutes proportions gardées, distante. Et les mandarins rouges ont toujours empêché les seigneurs du Kremlin de mettre le pied aussi loin à l'est. La Corée fait partie du jardin de la Cité interdite.

Mais les choses ont radicalement changé.

Pékin a acquis la conviction que Washington vise un choc frontal. En perspective, même un conflit militaire.

Cela inquiète Xi Jinping qui, du moins pour l'instant, souhaite éviter un conflit direct. Le temps joue en faveur de Pékin. Et les Chinois sont réputés pour leur patience.

Xi a donc laissé le champ libre à son ami Vlad en Corée. Il a maintenant atteint la confrontation directe avec Washington. Et, bien qu'obtorto collo, il ne peut plus reculer.

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Et Poutine, qui connaît bien l'art de la diplomatie, tisse un réseau de relations dans toute l'Asie du Sud-Est. Pas seulement à Pyongyang, mais aussi au Vietnam. Et il a même des échos à Séoul. Il se propose comme pacificateur dans les relations difficiles entre les deux Corées. Ce qui semble de plus en plus plaire aux Sud-Coréens. Qui veulent tout sauf devenir l'instrument d'une nouvelle guerre civile dévastatrice pour les intérêts... d'autres.

Avec ce geste, Poutine crée un problème pour Washington dans le Pacifique. Ce n'était certainement pas ce que souhaitaient les "stratèges politiques" de Biden. Leur objectif est d'épuiser Moscou dans des conflits limités au théâtre européen. En faisant combattre d'autres... Ukrainiens, éventuellement Moldaves, Géorgiens, Bosniaques....

Sans toutefois réaliser que la Russie pourrait répondre en élargissant la zone de conflit.

Comme c'est le cas aujourd'hui à Pyongyang.

France: le séisme du 9 juin

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France: le séisme du 9 juin

par Georges FELTIN-TRACOL

Au soir du 9 juin marqué par un désaveu cinglant de la majorité présidentielle macronienne et la victoire pour la troisième fois consécutive du Rassemblement national (RN), les dixièmes élections au Parlement de Strasbourg – Bruxelles provoquent la sixième dissolution de l’Assemblée nationale sous la Ve République. Malgré l’existence de procédures parlementaires rationalisées comme le célèbre article 49 – 3 qui affranchissent sous certaines conditions l’exécutif de la tutelle des députés, il devenait difficile au gouvernement de Gabriel Attal d’aborder avec sérénité les débats budgétaires de l’automne.

Les élections européennes sont considérées comme secondaires. À tort ! Ce n’est pas la première fois qu’elles bousculent la vie politique française. En 1984, le Front national de Jean-Marie Le Pen surgit avec 10,95 % des suffrages. Cinq ans plus tard, les Verts d’Antoine Waechter, tenant d’une ligne écologiste « ni de gauche, ni de droite », obtiennent 10,59 %. Les européennes suivantes consacrent le courant souverainiste représenté tour à tour par Philippe de Villiers (12,34 % en 1994), puis en 1999 par Charles Pasqua (13,06 %) et les chasseurs (6,78 %). Leurs succès électoraux souverainistes restent cependant éphémères.

Décidée par Jacques Chirac et son premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, la réforme du mode de scrutin des européennes consacre de grandes circonscriptions interrégionales. Ce découpage en ensembles hétéroclites favorise la désaffection des électeurs. En 2004, l’abstention est de 57,24%. En 2009, elle atteint 59,37%. Enfin, en 2014, elle plafonne à 57,57% ! Le retour à une circonscription nationale unique facilite au contraire la lisibilité des enjeux, ce qui explique le léger regain de participation civique tant en 2019 (49,88% d’abstention) que cette année (48,51%).

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Estimant que la France était déjà en campagne électorale depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron a finalement choisi de renvoyer les députés et d’imposer un calendrier électoral très serré. Son pari téméraire se révèle aussi pervers. Le chef de l’État a enfin annoncé qu’il resterait à l’Élysée, quel que soit le vainqueur de ces élections anticipées. Cela ne l’empêche pas de superviser avec entrain la campagne de l’extrême centre et de fustiger ses oppositions.

La dissolution de l’Assemblée nationale suscite en tout cas de formidables cacophonies. Parce qu’il évoque un accord électoral avec le RN, Éric Ciotti, le président des Républicains (LR), se fait virer de son propre parti, mais il n’accepte pas cette exclusion invalidée par la justice. Le président des sénateurs LR au Sénat, Bruno Retailleau, parle de trahison. Oublie-t-il qu’il a lui-même trahi pour le sarkozysme triomphant son mentor Philippe de Villiers ? Vrai illusionniste de l’économie, Bruno Le Maire, et Gérald « Dissolutor » Darmanin s’indignent du rapprochement patriotique conservateur, fort de leur expérience d’abandon des LR pour le camp macronien en 2017.

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Président par intérim du parti, l’euro-député François-Xavier Bellamy déclare avant de se raviser tardivement qu’il voterait pour un candidat RN dans la cas de figure d’un duel avec la gauche au second tour. Dans le même temps, les caciques locaux dans les Yvelines, dans les Hauts-de-Seine et ailleurs, négocient avec les macronistes sans déclencher la colère des responsables nationaux anti-Ciotti. Quant à Reconquête !, Marion Maréchal et ses proches délaissent Éric Zemmour et son mauvais génie féminin pour une hypothétique entente nationale.

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À gauche se construit un « nouveau front populaire » (NFP) autour des socialistes, des Verts, des communistes et des « insoumis ». Ces quatre formations oublient (provisoirement ?) les mots très durs prononcés au cours de la campagne des européenne. Ce cartel des gauches se déchire aussitôt sur la candidature de l’« insoumis » Adrien Quatennens (photo) à la députation dans le département du Nord malgré sa condamnation pour violences conjugales. Les pétroleuses féministes désapprouvent  l’investiture d’un des protégés de Jean-Luc Mélenchon. D’autres psychodrames éclatent au sein de la France insoumise avec la mise à l’écart des « frondeurs » du mélenchonisme (Raquel Garrido et son mari Alexis Corbière).

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La dissolution accélère la tectonique des plaques politiques. Par exemple, hostile à la NUPES, la présidente socialiste du conseil régional d’Occitanie, Carole Delga (photo), incarnation selon la nouvelle euro-députée « insoumise » Rima Hassan de la « gauche coloniale », approuve ce regroupement. Le NFP se trouve dans une dynamique ascendante préparée par l’organisation, parfois non déclarée, de manifestations qui reproduisent le schéma de l’après-21 avril 2002. Ces manifestations anti-RN se concentrent dans les métropoles et bénéficient de l’appui des syndicats, des associations et des influenceurs sur les réseaux sociaux. Outre le précédent de 2002, ces manifestations rappellent celles des « Sardines » en 2019 - 2020 contre la Ligue de Matteo Salvini en Italie. Les « Sardines » gauchistes n’ont pas empêché l’accession au pouvoir de Giorgia Meloni.

Le NFP tait pour l’instant le nom de l’éventuel locataire de Matignon. Serait-ce l’ancien syndicaliste Laurent Berger, le député de la Somme François Ruffin, l’ancien président François Hollande ou bien Jean-Luc Mélenchon ? La question n’est pas anodine pour le lendemain du second tour.

S’échafaudent déjà quatre hypothèses plus ou moins réalistes. La première envisage la réussite d’Emmanuel Macron. Grâce à sa majorité absolue, il applique tout son programme libéral, progressiste, autoritaire et mondialiste. Il dispose d’une liberté complète pour intervenir militairement en Ukraine, voire pour modifier la Constitution et abolir la limite à deux mandats consécutifs de la présidence de la République. Mais cette éventualité reste quand même faible.

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Il est plus que probable que les élections des 30 juin et 7 juillet confirment et amplifient la fracturation de l’Hexagone en trois blocs antagonistes (l’extrême centre macronien, le NFP wokiste et cosmopolite, et la « coalition nationale »). Avec une majorité relative plus ou moins large et l’impossibilité de dissoudre l’Assemblée nationale pendant une année, la France s’englue dans une très grande instabilité politique que le parlementarisme rationalisé pourra en partie dépasser dans le cadre d’un gouvernement présidentiel avec, à sa tête, Gabriel Attal ou un autre proche d’Emmanuel Macron. Ce dernier conservera toujours l’initiative institutionnelle (référendum ou démission de son mandat). Il y aurait de la part des électeurs le désir ironique de ne rien changer.

Si la « coalition nationale » cristallisée par le RN remporte les législatives, la France entrerait dans une quatrième cohabitation pour une durée prévisible de trois ans. Jordan Bardella deviendrait le cinquième premier ministre d’Emmanuel Macron. Mais aurait-il les moyens de diriger le pays avec l’hostilité de l’Élysée, du Sénat, du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État, de la Cour de cassation, de la Cour de justice de l’Union dite européenne, de la Cour européenne des droits de l’homme, des hauts-fonctionnaires, des syndicats, du patronat, des associations, des cultes et du Système médiatique d’occupation mentale ?

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Il existe une quatrième possibilité qu’il faut prendre en compte : la victoire du NFP. Les projections tirées du scrutin européen prévoient de nombreux duels entre le RN et le NFP. Toutefois, si l’abstention régresse, la coalition nationale, le magma gauchiste et l’extrême centre macroniste s’affronteront en triangulaires. Par-delà le succès plausible des gauches et en l’absence de tout nom candidat à Matignon, motif à de vives discussions internes, les fractures réapparaîtront au premier désaccord venu.

L’une des clefs du scrutin concernera le taux d’abstention. Nonobstant la fin de l’année scolaire et le début des vacances d’été, il est peut-être possible que la participation à ces législatives anticipées soit plus forte qu’en 2022. Quelle France se mobilisera-t-elle le plus, celle des anti-Macron ou bien celle des métropoles mondialisées et des banlieues ?  

Peu importe qui sera le nouveau chef du gouvernement. Il s’occupera d’un pays en faillite. Il se profile une situation à la grecque au lendemain des Jeux olympiques de Paris. Les JO d’Athènes en 2004 cachèrent un bref instant l’état catastrophique de l’économie hellène. La « Troïka » (Fonds monétaire international, Commission de Bruxelles et Banque centrale européenne) imposa aux Grecs des politiques d’austérité draconienne.

imagchgfpes.jpgIl y a dix ans, le géographe Christophe Guilluy inaugurait sous les moqueries de l’intelligentsia le concept de « France périphérique ». Ses analyses démontrent leur pertinence. Les actuelles turbulences politiques résultent d’une prise de conscience partielle et d’une politisation incomplète de cette France qui travaille et souffre en silence. La révolte de ce peuple périphérique va-t-elle s’accroître les 30 juin et 7 juillet prochains ou bien ne sera-t-elle qu’une banale mutinerie électorale ? Un fait est toutefois certain. Nous entrons dans un moment de chaos, de radicalité et de sécession.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 120, mise en ligne le 18 juin 2024 sur Radio Méridien Zéro.

La gauche fuchsia. Ou de la métamorphose kafkaïenne

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La gauche fuchsia. Ou de la métamorphose kafkaïenne

Diego Fusaro

Source: https://posmodernia.com/la-izquierda-fucsia-o-de-la-metamorfosis-kafkiana/

Les lys qui pourrissent sentent bien plus mauvais que les mauvaises herbes [1] . Ces vers, tirés des Sonnets de William Shakespeare, pourraient à juste titre être considérés comme la description la plus réaliste du sort qui a impitoyablement englouti la gauche dans le quadrant occidental du monde après la chute du mur de Berlin.

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Pour évoquer une autre figure littéraire, les néo-gauchistes ont subi une Verwandlung, une "métamorphose" semblable à celle décrite par Kafka. Une métamorphose qui les a fait plonger dans l'abîme où ils se trouvent depuis 1989 et, plus encore, depuis l'arrivée du nouveau millénaire. La situation peut sembler parfois tragicomique, si l'on considère qu'aujourd'hui les slogans du Capital et les desiderata des classes dominantes (moins d'État et plus de marché, moins de liens et plus de fluidité, moins d'appartenance communautaire et plus de libéralisation individualiste) trouvent dans les programmes et le lexique de la néo-gauche arc-en-ciel une réponse ponctuelle, une défense énergique et une célébration ininterrompue. Sans hyperbole, l'ordre des dominants, dans le cadre de la mondialisation capitaliste, présente, dans la néo-gauche décaféinée, une apologie et une sanctification non moins radicales que celles qu'elle trouve dans la droite, siège traditionnel de la reproduction culturelle et politique du nexus hégémonique du pouvoir.

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La régression et la barbarie, qui n'ont pas cessé d'accompagner le Capital, ne sont plus contestées par la gauche en faisant appel au désir de plus grandes libertés et d'avenirs anoblissants ; au contraire, elles sont obstinément défendues et présentées par la gauche elle-même comme la quintessence du mouvement de ce progrès de claritate in claritatem qui - pour le dire avec Marx - n'a pas cessé de ressembler à "cette horrible idole païenne qui ne voulait boire le nectar que dans le crâne des sacrifiés" [2]. Non plus "socialisme ou barbarie", mais "capitalisme ou barbarie", tel semble être le nouveau et magnétique mot d'ordre d'une gauche qui, en se reniant elle-même et en reniant sa propre histoire, est devenue la plus fidèle gardienne du pouvoir néolibéral.

Nous appelons la Nouvelle Gauche post-moderne et néo-libérale, ennemie de Marx, de Gramsci et des classes laborieuses et, en même temps, amie du Capital, de la ploutocratie néo-libérale et du Nouvel Ordre turbo-capitaliste mondial, la New Left comme on dit en "anglais des marchés", cet anglais-là qui lui est si cher. Nous utilisons cette terminologie pour distinguer soigneusement la néo-gauche fuchsia de la vétéro-gauche rouge qui, à différents degrés et avec différentes intensités (du réformisme au maximalisme révolutionnaire, du socialisme au communisme), a tenté de différentes manières, au 19ème siècle et plus tard au cours du "siècle court", de "prendre d'assaut les cieux", de modifier l'équilibre des pouvoirs, de réaliser le "rêve d'une seule chose" et de mettre en pratique la "simplicité insaisissable".

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Plus la vieille gauche traditionnelle, socialiste et communiste semble noble, avec ses succès et ses réalisations, mais aussi avec ses échecs et ses défaites, plus elle suscite l'effet désagréable des "lys flétris" dont parlait Shakespeare, la Nouvelle gauche fuchsia réduite au statut de gardien de la cage de fer du Capital (avec le polythéisme des valeurs de consommation qui y est incorporé) ; une garde sui generis cependant, qui, pour préserver sa propre identité - en réalité perdue depuis longtemps - et l'ancien consensus de force du côté des droits et des faibles, et donc pour pouvoir conduire les masses à l'acceptation silencieuse du pouvoir du néo-capitalisme, doit en permanence se ressusciter à nouveau. Elle doit sans cesse ressusciter des ennemis définitivement éteints (l'éternel fascisme) ou inventer de nouvelles luttes annexes (les micro-luttes identitaires pour le genre et l'économie verte), qui lui permettent d'apparaître comme partie prenante de l'offensive contre les maux d'un existant auquel il a prêté allégeance sans l'avouer.

C'est là que réside l'élément vraiment trash de la gauche néolibérale. En particulier, l'élément le plus abject de la Nouvelle Gauche post-moderne arc-en-ciel consiste à se considérer, avec une fausse conscience nécessaire, comme le front avancé du développement et du progrès universels, sans réaliser que le développement et le progrès qu'elle promeut coïncident avec ceux du Capital et de ses classes ; un développement et un progrès qui, par conséquent, s'accompagnent de la déresponsabilisation, de l'appauvrissement et de la régression des classes nationales-populaires, c'est-à-dire celles que la gauche néolibérale "anti-populiste" considère aujourd'hui ouvertement comme ses principaux ennemis. Et que la vieille gauche rouge a assumé comme son propre sujet de référence social et politique, dans l'empressement de provoquer l'émancipation de la prose de l'aliénation capitaliste. Il n'y a pas de doute : pour la Nouvelle Gauche libérale-progressiste, l'ennemi principal n'est pas la mondialisation capitaliste, mais tout ce qui ne s'est pas encore incliné devant elle et lui résiste encore.

L'antifascisme en l'absence de fascisme et les micro-luttes identitaires pour les droits arc-en-ciel ou, en tout cas, pour des questions sidéralement éloignées de la contradiction capitaliste, permettent à la Nouvelle Gauche de bénéficier d'un triple avantage: (a) disposer d'un alibi pour justifier son adhésion désormais intégrale au programme de la civilisation néolibérale postmoderne ; (b) maintenir sa propre identité et son propre consensus, à travers la fiction de la lutte contre des ennemis morts et enterrés (le fascisme) ou contre des instances qui, de toute façon, ne remettent pas en cause la reproduction globale de la société techno-capitaliste ; (c) conduire les masses de militants - qu'il conviendrait souvent d'appeler "militants" - tout droit vers l'adhésion à l'anarchie efficace du néo-cannibalisme libéral, présenté précisément comme progressiste et "de gauche".

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Le consensus inertiel dont bénéficie encore la néo-gauche fuchsia, grâce à un passé glorieux du côté du travail et de l'émancipation, sert ainsi à exploiter et donc à légitimer ce que la vieille gauche rouge avait combattu. A l'appui de la thèse de ce processus de métamorphose, qui a commencé avec les soixante-huitards et s'est manifesté sous sa forme la plus radicale après l'annus horribilis de 1989, il suffit de rappeler que, depuis les années 90 du "petit siècle", chaque succès de la gauche en Occident tend à coïncider avec une défaite retentissante des classes laborieuses.

Au nom du Progrès, la gauche s'est faite, avec encore plus de zèle que la droite, le promoteur de la libéralisation et de la privatisation consuméristes, de la précarisation du travail et de l'exportation impérialiste des droits de l'homme ; en d'autres termes, elle a réalisé, avec une méthode scientifique et une rigueur admirable, le tableau de bord du bloc oligarchique néolibéral. Et elle l'a fait en soutenant toujours - et en ennoblissant comme un Progrès - l'extension de l'impitoyable logique marchande à toutes les sphères du monde de la vie, à tous les coins de la planète, à tous les recoins de la conscience, en délégitimant symétriquement (comme "régression", "fascisme", "totalitarisme", "populisme" et "souverainisme") tout ce qui pourrait encore contribuer, selon les mots de Walter Benjamin, à tirer le frein d'urgence, à arrêter la "fuite éperdue" vers le néant de la barbarie et du nihilisme.

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Dans le lexique politique postmoderne de la Nouvelle Gauche arc-en-ciel, il n'y a aucune trace des droits des travailleurs, des peuples et des opprimés: au contraire, le "populisme" est l'étiquette péjorative, de plus en plus en vogue, qui - en maîtres de la néo-langue brevetée par Orwell [3] - délégitime a priori toute revendication nationale-populaire des classes laborieuses et du peuple souffrant, tout écart par rapport au "Progrès", c'est-à-dire au programme de développement de la civilisation néolibérale. Il ne fait aucun doute que le discours du capitaliste, comme l'appelait Lacan, et la "nouvelle raison du monde" néolibérale [4] ont également saturé l'imaginaire d'une gauche désormais philo-atlantiste et orientée vers le marché, qui est passée cyniquement et sans complexe de la lutte contre le Capital à la lutte pour le Capital.

Cette intégration dans le capitalisme mondial est rarement admise ouvertement pour ce qu'elle est réellement: un alignement conscient sur le monde en opposition auquel les politiques de la gauche socialiste et communiste ont été légitimées pendant la majeure partie du 20ème siècle. De manière diamétralement opposée, la nouvelle gauche est presque toujours justifiée par le recours à la formule hypocrite, libératrice et déresponsabilisante de "il n'y a pas d'alternative" ou à sa variante - sur laquelle se fonde la nouvelle théologie économique - selon laquelle "c'est ce que le marché exige". Il n'est pas rare que cette formule soit louée par la gauche comme une adhésion au rythme du progrès, en oubliant de souligner que le progrès en cours coïncide avec celui du capital et de sa marche triomphale vers l'affirmation de soi.

Cette obscène adhésion apologétique à la prose réifiante de l'inégalité capitaliste parmi les hommes et à son augmentation vertigineuse est prétextée dans le quadrant gauche par le recours au théorème de l'identification du statu quo intrinsèquement antidémocratique avec la "démocratie" parfaitement complète qui doit être protégée des dangereuses tentatives de "subversion fasciste", qui à leur tour sont faites pour coïncider idéologiquement avec toute prétention à mettre en marche l'exode de la cage de fer néolibérale.

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La rhétorique antitotalitaire, comme l'ont montré Losurdo [5] et Preve [6], joue un rôle décisif dans la consolidation du consensus vers la civilisation néolibérale : elle permet de glorifier le mode de production capitaliste comme le royaume de la liberté, en liquidant comme " totalitaire " le communisme historique des 19ème et 20ème siècles et, en perspective, tout mouvement qui pourrait proposer des voies alternatives d'émancipation par rapport au capitalisme lui-même. D'une part, le seul totalitarisme réellement existant aujourd'hui - celui de la société totalement administrée du techno-capital - est vénéré comme la société ouverte de la liberté parfaitement mise en œuvre ; et, d'autre part, l'idée de socialisme est condamnée sans appel, induisant l'adaptation, euphorique ou résignée, à la " cage de fer " néolibérale.

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Achille Occhetto et Giorgio Napolitano.

L'adoption du paradigme antitotalitaire a contribué de manière décisive à la métamorphose de la Nouvelle Gauche en une force libérale-atlantiste complétant le rapport de force hégémonique. Il ne faut pas oublier que dès mai 1989, c'est-à-dire quelques mois avant la chute du mur, Achille Occhetto et Giorgio Napolitano - figures de proue du Parti communiste italien - se trouvaient à Washington (c'était d'ailleurs la première fois dans l'histoire qu'un secrétaire du PCI se voyait accorder un "visa"). Occhetto avait mis le PCI sur la voie d'une métamorphose kafkaïenne ("svolta della Bolognina") en Nouvelle Gauche, c'est-à-dire en un parti radical de masse. Napolitano, quant à lui, occupera deux fois de suite la fonction de président de la République (de 2006 à 2015), sans s'opposer ni à l'intervention impérialiste en Libye (2011) ni à l'avènement du " gouvernement technique " ultralibéral de Mario Monti (2011).

Dans ce même sillage métamorphique, sous le signe de la rhétorique antitotalitaire, il faut lire la déclaration du secrétaire du Parti de la refondation communiste, Paolo Ferrero, dans le journal Liberazione du 9 novembre 2009, à propos du "jugement politique sur la chute du mur de Berlin": "ce fut un événement positif et nécessaire, à célébrer". Les propos de Ferrero auraient pu être ceux de n'importe quel homme politique d'obédience libérale-atlantiste.

La métamorphose kafkaïenne de la Nouvelle Gauche apparaît d'autant plus clairement si l'on considère que, pour sa part, le communisme a été la promesse la plus séduisante d'un bonheur autre que celui disponible, mais aussi la critique la plus glaçante de la civilisation de la marchandise: il a été, au moins en théorie, la plus grande tentative jamais faite dans l'histoire des opprimés pour briser les chaînes, sans rien à perdre et avec seulement un monde à gagner.

C'est aussi pour cette raison que la gauche post-marxiste et néolibérale figure parmi les réalités les moins nobles qui soient: elle a déterminé opérationnellement ou, en tout cas, favorisé docilement le silence du "rêve d'une chose", sa triste conversion en "rêve des choses" et la réconciliation avec le monde de l'exploitation et de l'inégalité, de la réification et de l'aliénation.

Pour reprendre la formule bien connue de Benedetto Croce à propos du christianisme [7], il fut un temps où il était impossible de ne pas se déclarer "de gauche", tout comme aujourd'hui, pour les mêmes raisons, il est impossible de se dire "de gauche". Essayer de réformer ou de refonder la gauche est une opération intrinsèquement impossible et inutilement énergisante, puisque - comme nous essaierons de le montrer - son paradigme est contaminé dès le début par cette contradiction, qui explose complètement en deux phases: la première avec les soixante-huitards, et la seconde avec 1989. A partir de Marx, de Gramsci et de l'anticapitalisme, le chemin à la recherche de la communauté émancipée pourrait être repris, sous la bannière des relations démocratiques entre individus également libres.

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Mais pour ce faire, il faudra en même temps dire adieu au paradigme de la gauche, animé - comme nous l'ont appris les études de Boltanski et Chiapello, celles de Michéa et Preve - par une adhésion irréfléchie au mythe du Progrès et à la croyance erronée que l'approbation du monde bourgeois et de sa culture produit par elle-même l'émancipation. Il faudra "déconnecter" le paradigme de Marx de la gauche et de ses apories internes, repartir de Marx lui-même et s'aventurer vers un communautarisme anticapitaliste nouveau - et à imaginer - au-delà des colonnes d'Hercule de la droite et de la gauche.

Nous considérons donc qu'il est inutile et, de surcroît, contre-productif de s'obstiner à "hurler avec les loups", pour reprendre l'heureuse formule que Hegel utilisait à Francfort pour expliquer qu'il n'était pas possible de réformer quoi que ce soit chez les Francfortistes [8]. Nous vivons à l'époque de la "gauche impossible". Si, comme Preve aimait à le dire, "le message est irrecevable quand le destinataire est irréformable", il faut aller plus loin, sans se soucier du chœur vertueux des loups hurlants. Ces derniers, plongés dans l'agoraphobie intellectuelle, s'opposeront à toute innovation théorique et à toute éventuelle production théorico-pratique de nouveaux paradigmes ayant la capacité - pour reprendre les hendíadis explosifs mis en cause par Marx - de critiquer théoriquement et de changer pratiquement l'ordre des choses.

La néo-gauche glamour, en effet, semble définitivement figée dans son propre paradigme. Et, à la merci de son agoraphobie intellectuelle permanente, elle ne veut pas s'exposer à un dialogue sur les questions et les problèmes qui la concernent et qui concernent sa propre vision : son indisponibilité pour la discussion rationnelle et problématisante fait que celui qui ose la critiquer est, pour cette raison même, ostracisé comme un ennemi à expulser et comme un infiltré fasciste qui - nouvel hérétique - tente de pénétrer dans la citadelle "pure" pour la corrompre.

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Même ici, la Nouvelle Gauche joue une fonction apologétique non négligeable vis-à-vis de la globocratie néolibérale : plus précisément, une fonction apotropaïque.

En effet, dans le sillage de son passé, la gauche continue à se présenter perfidement comme le camp de l'émancipation, à l'heure où elle ne défend que les raisons du bloc oligarchique néolibéral : et par ce biais, en se prétendant monopolistiquement du côté de la défense des dominés (qu'en réalité elle contribue quotidiennement à déresponsabiliser), elle contribue à délégitimer toute tentative de critique et de dépassement du capitalisme, en la qualifiant immédiatement de "pas de gauche" et donc de réactionnaire par définition.

En bref, le paradoxe réside dans le fait que si la droite incarne pleinement le paradigme de ceux qui, de diverses manières, s'accommodent du statu quo, la nouvelle gauche prétend représenter exclusivement toute instance critique possible, dans l'acte même par lequel - pas moins que la droite - elle est organique à l'ordre des marchés. Ce faisant, elle garantit sa fonction de gardien de la meilleure façon possible.

Notes:

[1] William Shakespeare. Sonnets. Éd. Cliff, 2013

[2] Karl Marx. "Future Results of British Rule in India", 1853 http://www.marxist.org/espanol/m-e/1850s/1853-india.htm

[3] George Orwell. 1984. Signet Classic, 1961

[4] Pierre Dardot et Christian Laval. La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale. Ed. Gedisa, 2015

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[5] Domenico Losurdo. La gauche absente. Crise, société du spectacle, guerre. Ediciones de Intervención Cultural, 2015

[6] Costanzo Preve. Destra e Sinistra. La natura inservibile di due categorie tradizionali. Petite Plaisance, 2021.

[7] Benedetto Croce. Perché non possiamo non dirci <cristiani>. Ed. Laterza, 1959

[8] Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Enciclopedia delle scienze filosofiche in compendio. Ed. Laterza, 1963

Tambours de guerre en Europe, le conflit ukrainien s'étend à l'Afrique et l'adhésion de la Turquie aux BRICS

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Tambours de guerre en Europe, le conflit ukrainien s'étend à l'Afrique et l'adhésion de la Turquie aux BRICS

Mehmet Perinçek

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/tambores-de-guerra-en-europa-el-conflicto-de-ucrania-salpica-africa-y-el-ingreso-de-turquia

Suite aux déclarations du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, en faveur de l'utilisation par l'Ukraine d'armes fournies par les pays occidentaux pour attaquer des cibles militaires sur le territoire russe, les pays occidentaux, l'un après l'autre, ont commencé à accorder à Kiev l'autorisation de le faire.

Chaque jour qui passe, le front atlantique prend de nouvelles mesures pour augmenter l'intensité de la guerre et même étendre son ampleur et son aire géographique.

L'Europe se prépare à la guerre

Le président français Emmanuel Macron parle depuis longtemps d'envoyer des troupes en Ukraine.

    Le monde entier a appris, grâce à des fuites d'enregistrements audio, que des généraux allemands envisageaient de faire tomber le pont de Crimée.

Bien entendu, il faut supposer qu'il existe de nombreux autres plans secrets qui n'ont pas été divulgués.

Les pays européens multiplient par plusieurs fois leurs budgets de défense. En Allemagne, le service militaire obligatoire est de retour. Même le ministre de la santé souligne que le système de santé du pays n'est pas adapté à la guerre et doit être restructuré.

À cet égard, le Royaume-Uni est déjà le premier à jeter de l'huile sur le feu.

La tentative d'assassinat du premier ministre slovaque Robert Fico et les menaces similaires contre le président serbe Aleksandar Vucic, qui ont des politiques différentes de celles de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni sur la question ukrainienne, montrent que le processus est entré dans une nouvelle phase.

Sans multiplier les exemples, nous pouvons affirmer avec certitude que l'Europe se prépare à la guerre et connaît un processus rapide de militarisation.

L'ère atlantique touche à sa fin

Pour comprendre ce processus, il convient d'examiner plusieurs évolutions.

Commençons par les faits généraux...

L'hégémonie atlantique est en déclin.

Par ailleurs, le centre de l'économie mondiale se déplace de l'Atlantique vers le Pacifique.

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Avec la pandémie et la guerre en Ukraine, chacun peut constater que le système néolibéral est à l'arrêt. Le front atlantique présente des lacunes dans presque toutes les guerres qu'il mène.

L'agression israélienne a échoué face à la résistance palestinienne, même les politiques génocidaires n'ont pas pu briser la résistance du peuple palestinien.

L'Occident n'a pas pu renverser Assad. Les plans occidentaux dans le Caucase du Sud ont échoué.

    Des mouvements d'indépendance fondés sur l'État émergent en Afrique. L'Amérique latine n'est pas différente.

Les pays du Golfe, tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ne cèdent pas à la pression américaine. Ils agissent sur de nombreuses questions, telles que les questions militaires et les prix du pétrole, non pas en fonction des intérêts de Washington, mais de leurs propres intérêts.

En outre, les pays de toutes ces régions qui sont dans la ligne de mire de l'atlantisme se rassemblent.

Des partenariats tels que l'Organisation de coopération de Shanghai, les BRICS et l'Organisation des États turcs gagnent rapidement en puissance et façonnent un nouvel ordre mondial multipolaire.

Mauvaises nouvelles du front

Et le contexte de l'Ukraine...

Les sanctions économiques contre la Russie n'ont pas fonctionné. L'économie européenne a souffert, pas l'économie russe. Au contraire, la Russie a saisi l'occasion de rompre avec la dépendance à l'égard de l'Occident et de se concentrer sur sa production intérieure.

    La contre-offensive ukrainienne s'est révélée être un échec total. À un moment donné, pourtant, certains Occidentaux ont cru que l'armée ukrainienne allait défiler sur la place Rouge de Moscou.

Cet échec sur la ligne de front a également provoqué des fissures dans le régime de Kiev, entre factions qui se battaient pour occuper le trône, et l'Occident a commencé à chercher des alternatives à Zelensky. En outre, le mandat de Zelensky a expiré et il a perdu sa légitimité en ne convoquant pas d'élections.

Au cours de cette période, nous avons assisté à des accusations entre les bailleurs de fonds du régime de Kiev, principalement les États-Unis et le Royaume-Uni. Les désaccords entre Paris et Berlin sont également devenus visibles.

Nous verrons sans aucun doute des fissures plus profondes en Europe. Les gouvernements du vieux continent, qui ont adopté une politique de "l'Europe pour les États-Unis" au lieu de "l'Europe pour l'Europe", sont confrontés à des objections sociales chez eux.

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Il est inconcevable que les peuples d'Europe, qui paient déjà un prix économique, soient prêts à donner leur vie dans une guerre.

Tous ces développements créeraient inévitablement un sentiment de panique à l'Ouest. Ils feraient tout pour ne pas perdre la guerre.

La Russie semble se préparer à une offensive dans l'espoir de prendre un grand avantage sur le front. L'Occident entend dissuader la Russie de le faire. L'attentat terroriste contre le Mall Crocus avait pour but de distraire Moscou en déclenchant des perturbations internes et d'empêcher ainsi une éventuelle offensive. Toutes les déclarations de l'Occident, de l'envoi de troupes en Ukraine à l'autorisation d'utiliser ses armes sur le territoire russe, sont consacrées à la dissuasion.

Se préparer aux prochaines élections américaines

Les prochaines élections américaines doivent également être prises en compte.

Tout le monde a commencé à faire des projections basées sur le "retour de Trump". Qui remplira le vide lorsque Washington se retirera sur son propre continent, renonçant à la prétention de "commander le monde". Macron était très enthousiaste à ce sujet pendant la première ère Trump, mais les choses ne se sont pas déroulées comme il le souhaitait.

Lorsque Biden est arrivé au pouvoir, toutes les puissances européennes ont tranquillement accepté les directives de Washington. Après tout, elles partageaient le même état d'esprit que Biden. Aujourd'hui, une fois de plus, les centres européens se demandent s'ils doivent remplacer les États-Unis s'ils quittent la scène. Les forces prêtes pour une nouvelle aventure en Europe se préparent aux prochaines élections américaines.

L'Europe bluffe-t-elle ?

    Notre conclusion à partir de ce qui précède : il y a du bluff pour arrêter la Russie d'une part, et ceux qui veulent devenir le nouvel "Hitler" au sein de la grande bourgeoisie européenne, d'autre part.

Le conflit ukrainien s'étend à l'Afrique

Pour atteindre ces objectifs, le front atlantiste veut aussi étendre la géographie de la guerre.

En fait, ils ont déjà essayé à plusieurs reprises en Moldavie ou dans les pays baltes en utilisant la question de la Transnistrie. Mais cela n'a pas fonctionné.

Maintenant, il y a des mouvements dans une géographie encore plus lointaine : l'Afrique.

Il y a déjà une confrontation en Afrique. Les pays africains se rebellent contre les politiques néocolonialistes des États-Unis et de la France et les chassent progressivement du continent.

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La Russie, la Chine et la Turquie sont les piliers les plus importants pour les pays africains dans cette lutte. Ces trois pays font contrepoids au néocolonialisme sur les plans militaire, économique et politique.

Aujourd'hui, le front atlantiste a l'intention d'introduire un nouvel "acteur" en Afrique.

De nouvelles ambassades ukrainiennes ont récemment été ouvertes dans dix pays africains (Côte d'Ivoire, Ghana, Rwanda, Botswana, Mozambique, République démocratique du Congo, Soudan, Tanzanie, Mauritanie et Cameroun). Paris, en particulier, veut rattraper son échec sur le continent. Et pour l'Ukraine, c'est une façon de payer le prix de l'aide qu'elle reçoit de l'Occident.

Il a même été révélé que des forces militaires des services secrets ukrainiens combattaient au Soudan. L'objectif est de briser l'influence de la Russie en Afrique.

    Si Kiev envoie des troupes en Afrique pour la politique néocolonialiste de la France, elle tente également d'y recruter des soldats pour lutter contre la Russie en Ukraine.

Par exemple, après que l'Ukraine a ouvert une ambassade en Côte d'Ivoire, pays connu pour son soutien à la stratégie française, la presse a publié un document sur le recrutement de volontaires pour rejoindre l'armée ukrainienne. Au Sénégal, les autorités sénégalaises sont intervenues et les recruteurs ukrainiens ont été empêchés de rameuter des mercenaires pour le front contre la Russie.

Les ambassades ukrainiennes font également du lobbying pour la "paix" occidentale en Afrique en jouant la carte du "transport de céréales".

Comme il ne fait aucun doute que l'Ukraine poursuivra également la stratégie occidentale en Afrique, les activités de l'Ukraine viseront non seulement la Russie, mais aussi la lutte pour l'indépendance des peuples africains et donc la Turquie, qui est l'un des principaux soutiens de cette lutte sur le continent.

Adhésion aux BRICS : contribuer à la paix dans le monde

Les préparatifs de guerre en Occident et les plans visant à déplacer le conflit ukrainien vers l'Afrique révèlent clairement la menace qui pèse sur le monde.

Dans un tel contexte, l'annonce par la Turquie de sa volonté de rejoindre les BRICS revêt une importance particulière.

La consolidation du pouvoir par des organisations multipolaires telles que les BRICS est le moyen d'éviter la guerre. C'est l'unification du front eurasien qui peut dissuader les États-Unis et l'Europe de se lancer dans de dangereuses aventures.

Des BRICS forts et institutionnalisés, une Organisation de coopération de Shanghai forte, une Organisation des États turcs tout aussi forte obligeront Biden, Macron et Scholz à agir plus prudemment. Sinon, ils semblent prêts à recourir à toutes sortes de méthodes violentes dès qu'ils perçoivent la moindre faiblesse chez l'autre partie.

    En rejoignant les BRICS, la Turquie apporterait une contribution importante à la paix mondiale.

La Turquie ne doit pas chercher à faire de l'adhésion aux BRICS un levier pour négocier avec l'Occident, comme elle l'a fait par le passé sur différentes questions. Au contraire, la Turquie doit prendre des mesures concrètes dès que possible. 

Traduction anglaise pour Geopolitika.ru, par Dr. Enrique Refoyo, Source : https://unitedworldint.com/

samedi, 22 juin 2024

L'Occident collectif explique au Sud global comment faire de la politique étrangère. Sans succès

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L'Occident collectif explique au Sud global comment faire de la politique étrangère. Sans succès

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/loccidente-collettivo-ordina-al-sud-globale-come-fare-politica-estera-senza-successo/

On regarde l'équipe gouvernementale de Giorgia Meloni et on se dit, inévitablement, que Lady Garbatella (= G. Meloni) a été la dernière, mais vraiment la dernière, à choisir les familiers dont elle allait s'entourer. Puis les membres de la bande de Zelensky arrivent et nous sommes rassurés: il n'y aura pas de limite au pire, mais à Kiev, ils s'en approchent. Sauf que, par comparaison, Lollo est un homme d'État. Car, à l'occasion de la visite de Poutine en Corée du Nord, une invitation a été lancée par la clique ukrainienne à Kim Jong-un : arrêtez Poutine et, en échange, nous vous remettrons sur la liste des humains fréquentables.

Il est déjà risible qu'un politicien ordinaire, issu d'un État qui vit des largesses de l'Occident, ose s'adresser à un chef d'État comme s'ils étaient des copains de bowling. Et qu'ensuite, au nom de l'ONU et de la communauté internationale, il dicte les conditions de la réintégration ou non de Kim Jong-un dans la communauté mondiale. Il n'est d'ailleurs pas le seul génie à avoir tout compris. Carla del Ponte, l'ancienne procureure du tribunal de La Haye, connue pour ses accusations unilatérales, a assuré qu'il suffirait à Poutine de sortir de Russie pour se retrouver en prison aux Pays-Bas.

Le président russe s'est rendu en Corée, au Viêt Nam, en Chine et, dans les semaines à venir, il ira à Astana, au Kazakhstan, où il devrait rencontrer Erdogan pour discuter de questions économiques et politiques.

Bien entendu, Kim Jong-un n'a même pas répondu à l'idiotie de Kiev. Et personne n'a prêté attention aux menaces de Mme Del Ponte. Tout comme personne ne prête attention au Menzognero qui publie des titres sur le désastre russe, l'abandon de la Crimée, les succès militaires ukrainiens. Quelqu'un se souvient peut-être des merveilleux articles de journalistes italiens sur les soldats russes contraints de se battre avec des pelles parce qu'ils n'avaient plus de munitions. Ou sur l'épuisement des missiles qui auraient permis, il y a deux ans, trois jours seulement d'attaques russes.

De toute évidence, c'est ainsi qu'ils s'amusent dans les salles de rédaction. Comme lorsqu'ils ont rapporté que Giorgia Meloni avait ordonné à Haftar de chasser les Russes de Cyrénaïque. En échange de quelques colliers et de quelques miroirs. Ah, avait-elle vraiment dit cela ? C'est sans doute pour cela que des navires militaires russes sont arrivés en Cyrénaïque ces jours-ci. Pour que l'on comprenne bien qui compte vraiment en politique internationale.