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lundi, 10 mars 2025

Le cirque s’en va en guerre et boum, et boum, badaboum…

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Le cirque s’en va en guerre et boum, et boum, badaboum…

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-circo-va-alla-guerra/

Alors… pendant que Trump négocie avec Poutine, l'Europe, ou plutôt cette étrange fiction qu'on appelle l'Union européenne, va à la guerre.

Ou plutôt, au réarmement. Pour faire la guerre à la Russie.

Cela ferait déjà rire, comme une blague dépourvue de sens. Et pourtant, peut-être, nous devrions vraiment nous inquiéter. Et pleurer.

Parce que les soi-disant vents de guerre semblent souffler avec force dans les voiles de Bruxelles. Et trouver autant d'enthousiasme du côté de l'Élysée.

Ursula von der Leyen veut réarmer l'Europe. Pour faire face à Moscou. Elle demande 800 milliards d'euros à investir dans l'armement.

Vous avez bien compris… Huit cents, 800 milliards d'euros. Qui devraient bien sûr être tirés des pays membres. Donc des citoyens. Au détriment des dépenses sociales, des retraites, des salaires…

Des Européens, ou plutôt des Allemands, des Français, des Italiens, des Espagnols et d'autres seront de plus en plus appauvris. Plongés dans la misère. Réduits à une vie de plus en plus précarisée et difficile. Pour financer la guerre. Contre la Russie.

Parce que Lady Ursula et ses acolytes veulent la guerre. En paroles d'abord. Mais pour la mener, et en assumer les conséquences dans tous les sens, ce seront d'autres qui devront le faire. Vous, je suppose. Ou vos enfants et petits-enfants.

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De plus, Ursula ne doit pratiquement rendre de comptes à personne. Elle n'a pas été élue par les peuples européens. Elle a été placée là par des intrigues de palais. Si elle se présentait à un vote réel, elle ne remporterait peut-être que les voix de ses proches.

Et sa Commission n'est pas un gouvernement. Elle n'a, ou plutôt ne devrait avoir, aucun pouvoir. Surtout en matière militaire. Et en ce qui concerne les guerres.

Mais l'incompétence des gouvernements nationaux lui permet d'assumer, en fait de s'approprier, ce rôle.

Et elle joue bien ce rôle, au service de ces pouvoirs financiers qui n'ont rien à voir avec l'Europe. Et avec les peuples qui devraient la composer. Et qui paient déjà les conséquences de ces politiques.

Puis il y a Macron. Pas la peine de parler de Merz, le nouveau chancelier allemand. C'est un homme de BlackRock. Et cela devrait suffire à nous faire comprendre. De plus, il n'a pas de majorité. L'Allemagne se prépare à une période, vraisemblablement longue, d'incertitude. Même, peut-être surtout, dans les rangs de la CDU-CSU.

Mais Macron semble très engagé. Un héraut de la guerre. Du réarmement. Lui qui a marqué, par son insouciance, la fin définitive de la domination française en Afrique. Qui gouverne sans majorité. Qui risque une révolte généralisée dans son propre pays.

Pourtant, il veut, en mots, la guerre. Avec la Russie.

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Les autres Européens s'exercent dans l'art de la pêche en baril. Ils font semblant d'être prêts. Mais ils comptent comme le classique deux de cœur quand l'atout est carreau ou trèfle.

Les Pays-Bas continuent à faire leurs affaires. Sous le radar. Les autres se taisent plus ou moins. La Hongrie, la Slovaquie, la Croatie, bientôt la Bulgarie et la Roumanie, se désengagent.

Il reste la Pologne. Mais, je le rappelle, le militarisme chronique des Polonais n'a jamais porté chance à personne. Surtout à eux. Et à ceux qui les ont suivis.

Un Cirque, donc, avec des figurants et des clowns. Qui crient: Guerre! Guerre!

Mais il n'a pas les forces nécessaire pour la soutenir, cette guerre.

Un Cirque qui sert, probablement, à masquer tout autre chose. Un jeu d'intérêts économiques. Ou, pour simplifier, le énième vol colossal qui se perpétra à nos dépens.

La Ligue de Salvini s'y est clairement opposée à cette guerre. Meloni semble encore incertaine.

Espérons… il ne nous reste plus rien d'autre à faire.

dimanche, 09 mars 2025

1965: Simon du désert et la fin du catholicisme

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1965: Simon du désert et la fin du catholicisme

Nicolas Bonnal

1965 : on est dans la décennie qui a tout brisé, celle des Beatles et de BB, du gaullisme et de mai 68, de la télé et de la libération sexuelle, de l’Europe et des Trente Glorieuses, du gauchisme outrancier et du krach chrétien et familial. La société devient enfin surréaliste et refuse les « tiroirs du cerveau » du vieux Breton ou de Marcuse, tout en préparant à long terme un totalitarisme néo, plus informaticien et vicieux que l’ancien.

Debord (cité par mon ami Christophe Bourseiller dans sa bio plantureuse) parle « du processus de formation d’une société totalitaire cybernétisée à l’échelle planétaire ». Le fait est que quand on commence à interdire d’interdire on commence par une interdiction, et on va interdire tout ce qui interdisait peu ou prou comme on dit quelque chose : la famille, le sexe, la religion, l’Etat, la nation, tout sauf l’interdiction. On entre dans la société du numéro deux Keir Starmer et du Prisonnier de McGoohan. Ce dernier illustre le propos situ : l’insatisfaction devient une marchandise – et sera traitée comme telle, et la révolte ne peut être que formelle, entre deux enjeux dérisoires (IE les élections). Ergo à chaque évasion on revient avec notre numéro six bien-aimé et têtu au point de départ dans le quartier de Westminster : ici l’ombre !

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Les années soixante c’est aussi le progressif triomphe israélien, l’idiotisme voyageur, le déclin terminal du christianisme, notamment romain. Alors que les Palestiniens vont être chassés après avoir été plus ou moins exterminés dans une totale indifférence (ou même bienveillance) occidentale, on se demande à quoi finalement aura pu servir ce christianisme déchu ou manipulé depuis le début. A partir en croisade pour Jérusalem ? Quelle farce.

Après tout, comme le Christ le dit lui-même, le salut vient des Juifs, donc pas des Palestiniens. Tant pis donc pour Gaza. Les cathos, qui en ont vu d’autres, se soumettront un peu plus. Sur les cathos je ne sais rien de plus rafraîchissant que cet extrait du journal de Léon Bloy vers 1910…: « Le curé nous dit que ses paroissiens sont à un tel degré d’abrutissement qu’ils crèvent comme des bestiaux, sans agonie, ayant détruit en eux tout ce qui pourrait être l’occasion d’un litige d’Ame, à leur dernière heure. »

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J’en viens brièvement à mon géant Luis Buñuel (voyez mon texte sur ses incroyables Mémoires) qui est selon moi le seul cinéaste chrétien avec l’oublié Bresson. Grâce à Dieu, je suis athée, a-t-il dit génialement un jour, en enchantant mon grand-oncle Georges Sadoul, communiste et critique de cinéma. Buñuel s’est acharné gentiment et savamment (la voie lactée…) sur le christianisme en évoquant l’embourgeoisement éternel de cette religion, sa vocation carcérale, son progressif abandon des pauvres et son déclin humain et sociologique, lié aux temps qui passent et à la civilisation industrielle agonisante muée en société du spectacle. McLuhan écrit quelque part que sans télévision on n’aurait pas eu Vatican 2.

...Et Céline que la vérité de ce monde c’est la mort.

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C’est là qu’intervient son Simon du désert. C’est  un court-métrage avec l’impeccable Claudio Brook, acteur de la Grande Vadrouille et surtout de l’âge d’or mexicain, qui a accompagné Buñuel dans une nuée de chefs-d’œuvre. En une demi-heure la caméra explore le temps, liquide la furibarde vocation du saint (il se tient sur un pied sur sa colonne), découvre enfin la malignité des pauvres.

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C’est un des traits de génie de Buñuel: le pauvre n’est ni bon ni chrétien, voyez Viridiana, en fait un bon pauvre, c’est un rêve de richard, cf. les migrants. Buñuel emmène avec le diable tentateur (géniale Silvia Pinal) notre saint aux enfers c’est-à-dire à New York. Cet enfer est d’abord signalé par un énième et satanique boucan d’aéroport (cf. l’interview de Parvulesco dans A bout de souffle), et c’est un espace dans lequel on s’acclimate et s’ennuie instantanément. C’est ce qui explique le succès de l’américanisation ou de la mondialisation : on s’y habitue instantanément. Richard Bandler, un des fondateurs de la PNL me raconta un jour qu’en Afrique on avait recours au psychiatre une fois qu’on y avait installé l’eau courante. L’eau des fontaines et des riantes conversations ne coulerait plus. Pensez au destin de Farrebique ou du village de Manon des sources, tournée dans une banlieue de Marseille…

La date choisie par Buñuel pour nous régaler de cet opus magique et définitif fait rêver.

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Je me souviens que dans ses provocantes (et bizarrement tolérées, plus que les films suivants) Invasions barbares, notre français du Canada Denys Arcand fait intervenir un prêtre québécois qui explique à une agente de Sotheby (ou de Christie’s) que la religion a disparu (et la pratique religieuse donc) EN QUELQUE MOIS vers 1966-67. Tout cela sent bon son 666 et son Québec libre.

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J’étais enfant, je peux en témoigner: tout disparaissait en quelques mois ou en quelques années (depuis il n’y a plus rien à détruire) ; on est passé, pour rester en bons termes avec le cinéma, de la civilisation de la Renaissance à la civilisation du cul (début de Pierrot le fou) et de la France de Jean Gabin à celle de Jean Yanne. Tout cela sous la houlette du gendarme hystérique Louis de Funès (voyez mon livre sur la destruction de la France au cinéma) et de celui qui voulait faire une France great again. On sait comment ça se termine.

Sources:

https://www.dedefensa.org/article/bunuel-et-le-grand-nean...

https://www.amazon.fr/DESTRUCTION-FRANCE-AU-CINEMA/dp/B0C...

 

17:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : déclin, nicolas bonnal, luis bunuel, cinéma, christianisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les enseignements des législatives allemandes

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Les enseignements des législatives allemandes

par Georges Feltin-Tracol

Le 23 février dernier, soixante millions et demi d’Allemands votaient pour désigner leur nouveau Bundestag, suite à la dissolution de la vingtième législature prononcée le 27 décembre 2024 par le président de la République fédérale.

L’élection se déroule selon un mode de scrutin mixte original. Chaque électeur détient deux voix. Sur le même bulletin de vote se présentent deux colonnes. La première concerne le mandat direct: 276 circonscriptions au scrutin majoritaire uninominal à un seul tour. La seconde porte sur une liste présente au niveau du Land, soit 354 sièges répartis à la proportionnelle selon la méthode de Sainte-Laguë qui favorise les minorités. L’électeur coche donc à deux reprises sans forcément choisir la même formation politique. L’accès au Bundestag suppose d’obtenir 5% au niveau fédéral ou bien de gagner trois mandats directs qui annulent ce seuil. Il est enfin possible pour une personne d’être à la fois candidate à un mandat direct et de figurer sur une liste régionale.

Une participation de 82,54%, soit près de six points et demi de hausse, marque ces élections anticipées. Il faut remonter aux législatives de 1987 pour observer un si fort engouement civique. La brièveté de la campagne électorale n’a pas empêché un réel intérêt accru par les attentats islamistes allogènes à la voiture et au couteau. La tendance finale confirme une fragilisation partielle du consensus outre-Rhin.

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Résultats des élections de 2021 (à gauche) et de 2025 (à droite).

Les listes de la coalition CDU – CSU arrivent en tête avec 28,52%. Certes, elles remportent l’élection, mais leur résultat se trouve en dessous des 30% prévus par les sondages. Pressenti pour devenir le prochain chancelier fédéral, Friedrich Merz est dès à présent vulnérable, car ses 208 députés n’arrivent pas à la majorité absolue de 316 sièges.

Le chancelier sortant, le social-démocrate Olaf Scholz, perd son pari de conserver son poste. Avec 16,41%, le SPD réalise la plus mauvaise contre-performance électorale de son histoire. Perdant 86 sièges, les 120 heureux élus vont sûrement exiger quelques comptes à Scholz qui, tel un Biden obstiné et têtu, n’a pas voulu renoncer au profit de l’actuel ministre de la Défense, Boris Pistorius, plus populaire que lui d’après les enquêtes d’opinion.

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Les libéraux-démocrates du FDP sortent du Bundestag avec 4,33 %. Dès l’annonce des premières tendances désastreuses, leur chef de file, Christian Lindner (photo), a démissionné de la présidence du parti et quitté la vie politique active. Ce vote confirme le déclin du FDP qui n’est plus représenté que dans neuf Länder sur seize. Bien que perdant 33 sièges, les Verts restent relativement stables (11,61% et 85 députés). Leur programme belliciste en politique étrangère et liberticide en politique intérieure ne gêne pas leurs électeurs nantis désormais, bien souvent retraités. Certains responsables Verts seraient néanmoins favorables à une entente gouvernementale avec Friedrich Merz. Mais cette hypothétique alliance noire – verte impliquerait un gouvernement minoritaire. 

Toute la médiacratie occidentale bien-pensante s’indigne des 20,80% de l’AfD. Fondée en 2013, elle avait fait cette année-là 4,70% et aucun élu, puis 12,60% en 2017 (94 sièges) et 10,30% (83 sièges) en 2021. Dorénavant principale force d’opposition, l’AfD consolide sa domination dans l’ancienne RDA où elle rafle la quasi-totalité des mandats directs.

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Son co-président Tino Chrupalla (photo) récolte par exemple 48,90% dans sa circonscription de Görlitz en Saxe. Exclu du groupe Europe des nations souveraines au Parlement de Strasbourg – Bruxelles pour un simple point de vue historique non conforme, Maximilian Krah remporte lui aussi un mandat direct (44,20%) à Chemnitz toujours en Saxe. Il appartient bien au groupe AfD. Toutefois, certains sondages pronostiquaient l’AfD à 22%. Fondée par des conservateurs – libéraux hostiles à l’euro et à l’intervention des États pour sauver le système financier en 2008 et la Grèce au début des années 2010, l’AfD reste plus que jamais ambivalente. La structure fédérale allemande influence l’organisation des partis politiques eux aussi fédéraux. Ainsi, dans l’AfD coexistent-ils la libertarienne Alice Weidel, le catholique de tradition Maximilian Krah, et Björn Höcke à la sensibilité identitaire plus affirmée. Ces deux derniers n’apprécient guère le tropisme trumpien de la direction plutôt nationale-libérale...

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Maximilian Krah (en haut) et Björn Höcke (en bas).

Les nationaux-conservateurs de l’Alliance Allemagne n’obtiennent que 0,20% et ceux de l’Union des valeurs, une scission nationale-libérale de la CDU, 0%. Elle ne se présentait qu’en Rhénanie du Nord – Westphalie. Quant à Heimat, le nouveau nom du NPD (Parti national-démocrate d’Allemagne), il n’a pas pu participer au scrutin. Déjà privé pour cinq ans de tout financement public, ce mouvement national radical subit l’hostilité permanente du Régime et de ses sbires médiatiques. En outre, les conditions pour se présenter sont problématiques. Tout candidat aux législatives doit recueillir au préalable un nombre précis de parrainages de citoyens. Vu le climat de haine anti-nationale actuel, rares sont les Allemands prêts à signer pour les valeureux militants de Heimat. La liberté de candidature est donc biaisée et restreinte sans que cette infamie ne suscite la préoccupation du Conseil de l’Europe et de l’Organisation de sécurité et de coopération en Europe qui préfèrent dénoncer Tbilissi ou Budapest. En revanche, l’AfD ne risque plus l’interdiction, d’autant qu’elle bénéficie désormais du soutien tacite de l’administration Trump. La rencontre entre Alice Weidel et le vice-président JD Vance en fait foi.

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La véritable surprise de ces élections revient cependant à Die Linke (8,77 % et 64 sièges). Les sondages la plaçaient en dessous des 5% fatidiques. Cette formation de gauche radicale qui prône l’immigration à outrance, a su tirer partie dans les dernières semaines de campagne de l’aura médiatique acquise par sa co-tête de liste Heidi Reichinnek (photo, ci-dessous) à travers des discours délirants d’antifascisme.

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Plus inquiétant encore, maints primo-votants de 18 à 25 ans ont préféré Die Linke. Cinq – six ans auparavant, ces jeunes adultes manifestaient tous les vendredis à l’appel de « Sacrée Greta Thunberg » pour le climat, la planète et l’école buissonnière. Ce vote puéril en faveur des héritiers du communisme est-allemand provient en outre du bourrage incessant des crânes dans un système éducatif allemand largement déficient.

La remontée surprenante de Die Linke efface l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) qui frôle les 5% avec 4,90%. Il aurait été exceptionnel qu’un parti lancé en janvier 2024 accède si tôt au Bundestag. Par ailleurs, BSW paie ses compromissions dans les Länder du Brandebourg et de Thuringe. Un mouvement estampillé anti-Système peut-il collaborer au sein des gouvernements régionaux avec la CDU et le SPD? Cet échec ne marque pourtant pas sa fin. BSW pourrait bientôt s’appeler l’Alliance pour la Sécurité et la Prospérité.

Pendant la campagne électorale, Friedrich Merz a vivement critiqué le SPD avec qui il devrait maintenant négocier un partenariat de gouvernement. En dépit de leur claque cinglante, les sociaux-démocrates deviennent des faiseurs de roi. Or bien peu d’entre-eux apprécient le président de la CDU. Ses prises de position jugées « droitières », son passé d’homme d’affaire millionnaire, son avion privé qu’il pilote le rendent antipathiques auprès des électeurs du SPD, des Verts et de Die Linke. Former une éventuelle coalition ne sera pas simple à moins que Merz renonce à son programme en matière d’immigration, de sécurité publique et de budget. Conscient de ces difficultés, il souhaiterait que l’actuel Bundestag qui, bien que dissout, n’en poursuit pas moins ses travaux, adopte avant l’entrée en fonction du nouveau un fonds spécial consacré à la défense et à l’armement. Il craint qu’avec la configuration politique à venir, ce fonds soit retoqué par la minorité de blocage exercée par l’AfD et Die Linke.

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Plutôt que de rechercher une nouvelle « grande coalition » avec un SPD déchu, Friedrich Merz devrait solliciter l’AfD qui partage un libre-échangisme (l’AfD soutient l’accord de commerce avec le MERCOSUR) et un anti-merkelisme carabiné. Grand rival d’Angela Merkel au début des années 2000, Friedrich Merz renonça à la politique en 2009 avant d’y replonger en 2018 sur des thèmes libéraux et conservateurs. En brisant le « cordon sanitaire », il donnerait l’occasion aux membres de l’AfD de prouver leur valeur, leur sérieux et leur compétence à la tête de ministères majeurs. À diverses reprises, les conservateurs autrichiens l’ont fait avec le FPÖ qui perdit très vite et pour de courtes périodes sa dynamique auprès des électeurs. Mais il est exact qu’une pesante tyrannie mémorielle empêche toute transgression politique audacieuse en Allemagne. Le changement attendra.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 146, mise en ligne le 5 mars 2025 sur Radio Méridien Zéro.

samedi, 08 mars 2025

La guerre secrète de Biden: saper la Syrie et Trump

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La guerre secrète de Biden: saper la Syrie et Trump

Le coup d'État anti-Assad en Syrie a été orchestré par l'administration Biden avec l'implication active d'Erdoğan par le truchement des mandataires globalistes d'Al-Qaïda.

Alexander Douguine

Le coup d'État anti-Assad en Syrie a été orchestré par l'administration Biden avec l'implication active d'Erdoğan par le truchement des mandataires globalistes d'Al-Qaïda. L'objectif principal était de montrer la faiblesse de la Russie et de désinformer Trump à ce sujet. C'était un piège pour Trump.

La Syrie sous al-Sharaa n'a aucune chance de survie. Ce n'est pas un gouvernement, mais un spectacle globaliste qui ne durera que très peu de temps. Après le premier choc encaissé suit au départ d'Assad, viennent les conséquences inévitables. Les intérêts turcs, israéliens, sunnites, alaouites, chiites et kurdes en Syrie sont très différents les uns des autres.

En fait, c'est tout le contraire et le contraire de tout. La rupture, que provoquera la guerre civile, révèlera que personne ne pouvait éviter. Encore moins al-Sharaa.

Pam Bondi adopte une position antipopuliste en commentant l'affaire Epstein. Première déviation par rapport aux promesses électorales. Je ne sous-estimerais pas le peuple américain. Il veut connaître la vérité. Quoi qu'il en soit.

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L'implication d'Erdoğan dans le coup d'État syrien a été une erreur stratégique. Cela ouvre la boîte de Pandore pour la Turquie. Pas seulement dans leur confrontation avec les Kurdes, mais aussi celles qui les opposent aux Arabes sunnites, aux salafistes, aux chiites, enfin à la Russie qui est durement touchée par ce mouvement. Israël ne travaille que pour ses propres intérêts.

Israël n'aidera pas la Turquie lorsque le moment difficile viendra, or il viendra.

Le mouvement trumpiste MAGA se forme de plus en plus comme un sujet politique et idéologique consolidé. Il acquiert de nouvelles caractéristiques. De nouveaux débats au sein du mouvement MAGA sont inévitables. L'un d'eux sera: sionisme inconditionnel ou non ?

Trump lui-même, Bannon, Hegseth sont plutôt des sionistes chrétiens, mais des figures comme Jeffrey Sachs, Mearsheimer, Alex Jones, Candace Owens et bien d'autres ont une opinion totalement différente. Il est intéressant de se demander: que pense Peter Thiel de cette question ?

L'hésitation à dévoiler la liste complète d'Epstein peut être liée au même choix : soutien total et inconditionnel à Israël (son implication probable dans l'opération "Île" pose certains problèmes) ou une attitude plus équilibrée et objective.

13:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syrue, turquie, états-unis, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La "menace de guerre", le RN et LFI

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La "menace de guerre", le RN et LFI

Claude Bourrinet

Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100002364487528 

Après avoir encouragé la guerre contre l’« agresseur » russe et le « dictateur » Poutine, après avoir consenti à un armement massif des Ukrainiens, et avoir de ce fait conforté un pouvoir clairement dictatorial à Kiev à teinture nettement néonazie, après avoir en grande partie repris la propagande déclamatoire de l’Otan et de Bruxelles, voire de Macron, à propos de cette guerre, le RN, par la voix de son vice-président, Sébastien Chenu (photo), semble changer d’appui, comme un dribbleur footeux qui esquive un adversaire, ou plutôt, tel il a toujours été, c’est-à-dire un parti électoraliste qui tire des bords à vue, selon les vents et les récifs, le principal étant d’atteindre enfin le port bénit du pouvoir.

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Non que ce cynique ne dise vrai, mais l’on sait que la « vérité », enchâssée dans un écrin de mensonges, n’est là que pour servir d’alibi. En effet, son analyse ne manque pas de pertinence. Il déclare ne pas croire « du tout » au « scénario » des Russes aux portes de la capitale française, et à l’invasion de la Moldavie et de la Roumanie. Il est certain que Macron remue des peurs historiques, la mémoire de nos défaites humiliantes, apocalyptiques, telles qu’on les a connues en Juin 40, avec les Allemands dans les murs de Paris, ou en 1814, avec ces mêmes Russes, qui, selon Macron, nous « touchent ». Il a bien identifié le véritable dessein du Machiavel au petits pieds qui se moque de la France, et qui sait qu’on renforce son pouvoir quand on angoisse le peuple.

Chenu aurait pu de surcroît rappeler les épisodes du COVID, du confinement, du couvre-feu, les contrôles de papiers dans la rue, à chaque instant, qui nous faisaient revivre les heures sombres de notre histoire, comme on a l’habitude d’ânonner. Il se garde bien aussi de préciser que cette terreur a été plusieurs fois instillée sciemment, par exemple en prévoyant la fin du monde du fait d’un réchauffement climatique épouvantable, et aussi par l’agitation itérative du danger terroriste, de l’islamisme, menace sur laquelle nous reviendrons. Il aurait pu ajouter que cette stratégie de la tension ne vise pas seulement à faire accepter le fédéralisme européen, et l’abandon de notre souveraineté militaire, mais à organiser méthodiquement, depuis une dizaine d’années, un savant maillage policier de surveillance, de contrôles, d’encadrement de la population, qu’accompagnent une propagande de plus en plus pressante et une censure, voire une répression, de plus en plus féroces.

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Mais de cela, nul mot. Le RN n’a jamais dénoncé la dictature qui est en train de se mettre en place, aussi bien dans notre pays que dans l’Union européenne, en Roumanie, par exemple, où les élections ont été annulées, où les opposants anti-Bruxelles et anti-Otan sont soumis à des mesures policières. C’est le cas en Allemagne, et on sent bien que la France est sur le point de basculer dans une politique plus qu’autoritaire.

Il est évident aussi, et il a raison sur ce point, qu’une telle montée d’adrénaline guerrière, pour autant qu’elle corresponde à quelque chose de sérieux (l’Europe a-t-elle les moyens de faire la guerre à la Russie?) vise à cacher les problèmes qui fâchent. Et là, Chenu ratisse dans sa clientèle : l’insécurité, l’immigration, les finances publiques, le Mercosur « qui tue nos agriculteurs ». Histoire de nous rappeler que ce parti bourgeois, qui aspire au gouvernement de la France avec les mêmes moyens autoritaires (et peut-être les mêmes ruses) que Macron, n’est pas avare de démagogie. On voit bien que des partis anti-immigrationnistes comme ceux de Meloni et d’Orban, on consenti à l’importation massive d’immigrés, ou à leur régularisation, dans le cas de l’Italie, tout simplement parce que l’Europe ne fait plus d’enfants, et qu’elle manque de main-d’œuvre. Il n’est qu’à écouter Orban : pour cette fois, ce n’est pas von der Leyen qui s’exprime.

En ce qui concerne le conflit en Ukraine, Chenu rappelle à bon escient les principes gaullistes : "Le budget de la défense française doit être financé par de l'argent français au bénéfice des Français", et "les Français doivent disposer d'une défense nationale propre pour défendre leurs intérêts ». En outre, "la France doit avoir une position indépendante et équidistante", et doit constituer l'un des "moteurs" dans un processus de paix entre l'Ukraine et la Russie.

On peut lui rétorquer que ce beau programme est maintenant obsolète, que la France, grâce à Macron, mais aussi à des séries d’assentiments médiatiques ou parlementaires visant à créditer l’appui à l’Ukraine de l’approbation de la quasi totalité des partis, ont convaincu les Russes que la France était finie comme puissance et comme interlocutrice légitime. Il est impossible dans les années qui viennent de recouvrer notre autorité, notre prestige, c’est-à-dire notre voix.

Il n’en demeure pas moins qu’au-delà de l’hypocrisie de Chenu et du RN, qui ont ouvertement appelé à combattre ce grand méchant de Poutine, sans compter les élans d’amour à l’égard des Américains, ce pseudo-parti soi-disant d’opposition a vu juste: les Français, si les choses deviennent concrètes, et qu’une mobilisation s’esquisse pour aller, la fleur au fusil, jusqu’à Moscou, regimberont. Sans doute faut-il faire la part, dans cette réticence, à l’amollissement d’une population vieillissante rongée par l’hédonisme consumériste et la peur de mourir, mais il faut accorder tout de même au peuple le sentiment plus ou moins conscient que cette guerre n’est pas la sienne.

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Toujours est-il que LFI a encore perdu une occasion d’emprunter un boulevard qui lui était ouvert. Il semble évident que l’hostilité à la guerre va devenir « payante » électoralement. Or, on notera la surprenante discrétion de l’organisation de Jean-Luc Mélenchon, pourtant si hâbleur d’habitude. Et pour cause. D’abord, le parti est partagé, et si quelques-uns, dont peut-être le leader maximo, voient assez clair sur ce qui s’est passé à l’Est, à savoir que la Russie n’avait pas tout à fait tort d’intervenir, d’autres se sont abstenus prudemment de prendre position, et enfin une frange a appuyé l’Otan, en croyant bêtement au narratif propagandiste et manichéen des médias du système.

C’est bien là une des tares de la gauche contemporaine, bien plus niaise que ne le fut la gauche communiste, qui avait au moins un instrument d’analyse assez réaliste dans le marxisme et le concept de lutte des classes, et ne tombait pas – sinon pour s’en servir cyniquement - dans le moralisme plat et imbécile. Mais il semblerait que la dichotomie entre le Bien et le Mal fût devenue maintenant la science suprême de l’analyse politique à gauche, surtout dans le domaine des affaires étrangères.

Ajoutons à cela que LFI n’a pas intérêt à s’en prendre réellement à Bruxelles et à l’UE, qui défendent une politique immigrationniste massive, sans compter l’appui institutionnel, financier, et propagandiste au lobby lbgt. On ne scie pas une branche qu’on a enfourchée.

Revenons à Chenu. On notera qu’il n’a pas évoqué l’Amérique, qui est quand même le principal metteur en scène de ce qui s’est passé en Ukraine depuis une vingtaine d’années, et surtout depuis douze ans, depuis le putsch de Maidan. Il n’a pas non plus rappelé que l’achat volumineux d’armes se fera au profit du complexe militaro-industriel yankee, et que la guerre contre la Russie a correspondu au projet américain de ruiner l’Europe.

D’autre part, il n’a pas manqué d’entonner l’antienne obsessionnelle du RN qui, il faut bien le dire, a été rejoint sur ce terrain par un personnel politique de plus en plus tenté par la rhétorique d’extrême droite. Chenu dit bien que Poutine n’est pas le « danger principal » pour la France, ce qui laisse sous-entendre qu’il est quand même une menace, et qu’il s’agit encore de le combattre (on se garde bien, quand même, de quitter le rail qui conduit au pouvoir – atlantiste -. Courage n’est pas témérité !). Il aurait été bien plus judicieux d'insister sur ce que l'on aurait à gagner si la Russie redevenait une partenaire privilégiée. Mais, pour lui, le « danger principal", évidemment, est le « terrorisme » et l’« islamisme ».

Le problème, avec des mensonges simplistes et démagogiques tirés comme des pistolets de western, c’est qu’il faut des pages pour les désarmer, et qu’ils produisent tellement de réactions épidermiques, conditionnés, confits d’adrénaline, qui est fort difficile de faire entendre raison (la raison, en politique ? Vous plaisantez!), et de ne pas susciter des conclusions réductrices. Si l’on dit que le « terrorisme » est finalement assez rare, et que, par exemple, dans les pays occidentaux, les massacres occasionnés par des créatures qui pètent les plombs, et qui sont souvent « blanches » de souche « caucasienne » comme on dit aux États-Unis, on vous dit que c’est faux, ou que vous être complice. Si vous faites remarquer que le terrorisme de masse qui, probablement, est à l’origine des répliques dont l’on a souffert, ici, a été perpétré, par exemple, en Irak, où des centaines de milliers de civils ont été bombardés ou affamé par la libre « démocratie » occidentale, et que la non moins « morale » armée israélienne a exécuté froidement des dizaines de milliers de femmes et d’enfants, on vous fera un procès de collusion avec l’ennemi de notre civilisation judéo-chrétienne. Il est évident qu’en reprenant cette terminologie violemment connotée, un Chenu, qui soutient énergiquement le Likoud, et a pour l’Amérique les yeux de Chimène, fait d’une pierre deux coups : il s’assure d’un appui pour parvenir au pouvoir (il est toujours profitable, dans ce cas, d’être dans le camp des puissants), et il flatte un public électoral qui raffole de ce verbiage simpliste et bas, et qui, de toute façon, ne pense pas (ce qu’au RN on sait pertinemment).

La menace principale, il faudrait enfin le reconnaître, n’existe plus. On ne peut « menacer » un corps mort. La France non seulement n’est plus chrétienne, et donc qu’elle ne court pas le risque de voir une « civilisation » - qui n’existe plus – voler en éclats sous les coups de boutoir d’un islamisme fantasmatique, mais elle est décédée depuis des lustres, tuée, empoisonnée, achevée par l’américanisation. Le vrai « Grand Remplacement », c’est ça. Le « peuple » a consenti à son euthanasie pour un paradis artificiel, celui de la marchandise toxique, du spectacle abrutissant, de l’existence ramollie des esclaves volontaires. Les Français ont accepté que leur nation sorte de l’histoire, car cette dernière, si l’on veut être à son niveau, exige lucidité, courage, sacrifices, abnégation, virilité. Et ces qualités, les Russes les ont encore.

vendredi, 07 mars 2025

Les grèves ont toujours existé...

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Les grèves ont toujours existé...

Jan Huijbrechts

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Les prochains jours, semaines et peut-être même mois seront largement marqués par l’agitation sociale, avec des manifestations et des grèves contre les projets du gouvernement De Wever. Cela pourrait vous surprendre, mais les grèves ont existé de tout temps. La plus ancienne grève documentée de l’histoire a eu lieu pendant la construction des pyramides de Khéops, quelque part entre 2551 et 2472 avant notre ère. Lorsque les ouvriers de cet immense chantier ont constaté que leurs rations contenaient de moins en moins d’ail – l’assaisonnement local par excellence – ils ont spontanément cessé le travail. Mille ans plus tard, leurs descendants, qui bâtissaient plusieurs monuments pour le pharaon Ramsès III dans la Vallée des Rois, se mirent en grève après de graves retards dans l’approvisionnement alimentaire. Ils ne reprirent leurs marteaux et leurs burins qu’après la résolution définitive de ces problèmes.

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Dans la Rome antique existait la secessio plebis, une forme d’action informelle exercée par les plébéiens – citoyens ordinaires, souvent agriculteurs ou artisans propriétaires de terres – dans leurs conflits avec les patriciens, la classe dirigeante. Les plébéiens cessaient le travail et quittaient massivement la ville avec leurs familles. Une tactique qui mettait les patriciens, dépendants de la plèbe, dans une position difficile et qui porta ses fruits pour la première fois en 495 avant notre ère. Cette grève visait le sévère homme d’État aristocratique Appius Claudius Sabinus Irregillensis et un droit réglementant les dettes, que l'on jugeait injuste. Ce n’est qu’après l’annulation de leurs dettes et l’octroi d’une partie du pouvoir patricien à un tribun du peuple représentant la plèbe que les grévistes revinrent à Rome et reprirent le travail. La secessio plebis, utilisée avec succès en 449 et 287 avant notre ère, s’imposa comme un puissant moyen de pression permettant aux plébéiens d’obtenir davantage de droits et de lois en faveur du peuple.

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Durant le Moyen Âge tumultueux, l’Europe fut le théâtre de tensions socio-économiques récurrentes. Le comté de Flandre et le duché de Brabant se distinguèrent particulièrement par une agitation sociale qui, dans certains cas, déboucha sur de véritables révoltes. Jusqu’à la fin du 14ème siècle, lorsque les comtes de Flandre et les ducs de Brabant commencèrent à accorder des privilèges à leurs villes, les tensions politiques et sociales s’intensifièrent. La concentration de population, de pouvoir et de capitaux entraîna des conflits fréquents. Associé à une prise de conscience politique croissante, ce contexte donna naissance à une tradition quasi révolutionnaire dans les villes flamandes et brabançonnes, où la grève devint une arme redoutable. Dès 1240, on observe, notamment dans les grandes villes, les premières grèves. Les travailleurs – en particulier les fileurs, foulons, tisserands et teinturiers – mirent en place des bussen, sortes de caisses de solidarité destinées à venir en aide aux familles de compagnons décédés. Les autorités, craignant qu’elles ne servent aussi de caisses de grève, interdirent ces fonds. Cette crainte était fondée: après 1302, les guildes et corporations gagnèrent non seulement en autonomie, mais aussi en pouvoir politique. Elles soumirent des pétitions ou des lettres de doléances aux autorités et organisèrent des manifestations. Ces actions étaient souvent suivies de grèves ou de takehans, des confrontations directes avec les pouvoirs en place. Lorsqu’un arrêt de travail se produisait, on parlait de ledichganck. Parfois, les travailleurs organisaient une uutganck, une « sortie » massive vers une autre ville, comme les plébéiens romains lors de la secessio plebis. Pour éviter l’anarchie et le chaos, les villes conclurent des accords interdisant l’accueil d’ouvriers en grève venus d’ailleurs.

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Sous l’Ancien Régime, la grève demeura un instrument de lutte sociale. L’exemple le plus célèbre est celui des grèves du printemps 1717 à Gand, Anvers, Malines et Bruxelles contre les nouvelles taxes exorbitantes imposées par les autorités de Vienne à nos provinces. À Bruxelles, les doyens des nations et des guildes invoquèrent les anciens privilèges urbains pour rejeter catégoriquement ces impôts. Lorsque cette vague de grèves menaça de se transformer en révolte ouverte, la ville fut occupée par les troupes impériales et une répression brutale s’ensuivit. Cela n’empêcha pas une nouvelle grève en 1719, accompagnée d’émeutes. Pour rétablir l’ordre, cinq doyens des corporations bruxelloises furent emprisonnés pendant six mois, et l’un d’eux, Frans Anneessens, âgé de 60 ans, fut décapité sur la Grand-Place le 19 septembre 1719 pour son rôle de leader dans les troubles.

Les grèves furent totalement interdites par Napoléon Bonaparte, qui exécrait l’agitation sociale. Peu après la Révolution française, le 14 juin 1791, la loi Le Chapelier fut adoptée en France, supprimant les guildes et autres organisations professionnelles, interdisant les syndicats et criminalisant les grèves. Après l’occupation française de nos territoires, cette loi fut intégrée dans le Code Napoléon et appliquée ici aussi.

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Dans la jeune Belgique, la loi Le Chapelier fut largement considérée – à juste titre – comme une atteinte au droit constitutionnel d’association et fut abrogée le 25 mai 1867. Cela ne signifiait cependant pas que les grèves étaient tolérées: l’article 310 du code pénal, qui remplaça la loi Le Chapelier, rendait toujours les grèves illégales. Cela n’empêcha pas la première vague de grèves, entre 1868 et 1880, souvent réprimée avec violence par la gendarmerie, l’armée et la garde civique. Ces confrontations sanglantes firent de nombreux morts.

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Avec la fondation du Parti Ouvrier Belge (POB) en 1885, la véritable organisation du mouvement ouvrier commença. Cette structuration exerça sans doute une pression supplémentaire, mais n’apporta pas immédiatement d’amélioration des conditions de travail ni des salaires, parmi les plus bas d’Europe.

Au fil des décennies suivantes, les syndicats eurent de plus en plus recours aux grèves générales ou massives, qui devinrent une composante essentielle de l’histoire sociale du pays. Les grèves générales de 1886, 1893, 1902, 1913, 1936, 1941, 1950, 1960-61 et 1993 mobilisèrent de larges pans de la population active. Ces actions débouchèrent souvent, mais pas toujours, sur des avancées sociales significatives.

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Deux réflexions sur l'oeuvre de Henry Corbin

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Deux réflexions sur l'oeuvre de Henry Corbin

Henry Corbin et les racines ésotériques de l'histoire

Troy Southgate

Source: https://troysouthgate.substack.com/p/henry-corbin-and-the...

Le philosophe français Henry Corbin (1903-1978) a été profondément influencé par L'Être et le Temps de Heidegger et s’est attaché à démontrer que la conscience ne peut être réduite à des forces physiques, sociales ou historiques. Il a ainsi développé une interprétation fascinante à la fois de l’espace et du temps. Concernant le premier, il affirme que nous n’existons pas dans l’espace tel que le suggèrent les positivistes newtoniens, mais que nous spatialisation le monde en accord avec la distinction faite par Heidegger entre l'existential (ce que signifie être) et l'existentiell (la vie dans une perspective profane). Comme l’explique Corbin :

    "L’orientation est un phénomène primordial de notre présence au monde. Une présence humaine possède la propriété de spatialiser un monde autour d’elle, et ce phénomène implique une certaine relation de l’homme avec le monde, son monde, cette relation étant déterminée par le mode même de sa présence au monde. Les quatre points cardinaux, est et ouest, nord et sud, ne sont pas des choses rencontrées par cette présence, mais des directions qui expriment son sens, l’acclimatation de l’homme au monde, sa familiarité avec lui. Avoir ce sens, c’est s’orienter dans le monde."

Ainsi, notre manière d’interpréter l’espace n’est pas prédéterminée, en ce sens que nous devons nous adapter au monde et en tirer le meilleur parti, mais elle dépend plutôt de la façon dont nous nous concentrons sur l’acte de présence.

En ce qui concerne l’analyse du temps par Corbin, le penseur français s'inscrit dans la continuité de la philosophie de son homologue allemand en employant la notion heideggérienne d’historicité. Celle-ci constitue la structure ontologique cachée qui rend l’Histoire – et donc une temporalité plus fondamentale – possible. Si cela n’apparaît pas immédiatement, selon Heidegger, c’est en raison de la prédominance du monde profane. Même la culture, selon Corbin, renforce notre incapacité à percevoir ce qui se cache sous la surface du temps dans sa forme la plus basique et profane. Corbin rend hommage à la philosophie de Heidegger en ces termes :

    "Je dois dire que le cours de mon travail a pris naissance dans l’analyse incomparable que nous devons à Heidegger, mettant en évidence les racines ontologiques de la science historique et prouvant qu’il existe une historicité plus originelle, plus primordiale que celle que nous appelons Histoire Universelle, l’histoire des événements extérieurs, la Weltgeschichte, l’Histoire au sens ordinaire du terme […] Il y a le même rapport entre historicité et historicité qu’entre l’existentiel et l’existentiell. Ce fut un moment décisif."

Plus intéressant encore, l’inspiration que Corbin a puisée dans cette interprétation phénoménologique unique du temps l’a conduit à conclure qu’une structure ontologique cachée ne nous rend pas totalement impuissants et que tout repose sur deux possibilités : "se jeter dans le courant ou lutter contre lui". Ironiquement, Corbin rejette ces deux options, car se soumettre ou combattre revient à accepter les limitations de l’espace quantitatif. Il nous rappelle donc que les objets du monde sont à notre merci, et non l’inverse.

En refusant de reconnaître "l’historicité de l’Histoire", comme Corbin la décrit, nous validons ainsi une historicité impliquant "les racines secrètes, ésotériques, existentielles de l’Histoire et de l’historique". Autrement dit, c’est la seule méthode véritablement efficace pour mener une guerre spirituelle contre le passage linéaire du temps.

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Henry Corbin et «l’Être-vers-l’Autre-Côté-de-la-Mort»

Troy Southgate

Source: https://troysouthgate.substack.com/p/henry-corbin-and-bei...

J’ai récemment mentionné que Henry Corbin avait été profondément inspiré par l’approche phénoménologique dans L'Être et le Temps (1927) de Martin Heidegger, mais pour Corbin, ce dernier n'était qu'une clé philosophique ouvrant la voie à une potentialité bien plus grande.

Bien que Heidegger ait évoqué l’idée selon laquelle le Da du Dasein renvoie à la présence effective de l’individu dans le monde, Corbin estime que la focalisation du penseur allemand sur la notion d’« être-pour-la-mort » est trop ancrée dans la finitude humaine et qu’elle enferme inévitablement la pensée heideggérienne dans une historicité incapable d’appréhender une question bien plus essentielle : celle de « l’être-vers-l’autre-côté-de-la-mort ».

Le fait que Heidegger ait consacré bien moins de temps à la question de l’éthique humaine, selon Corbin, l’empêche de réaliser que sa propre analyse du Dasein contient en réalité le secret fondamental qui permet de s’éloigner d’une interprétation purement séculière de l’histoire. Une fois les limites de « l’être-pour-la-mort » dépassées, la réunification de l’éthique et de l’ontologie aboutira à un sens plus profond de la présence, permettant ainsi à l’humanité de dépasser l’horizon de la finitude et de poser la question essentielle : « À quoi la présence humaine est-elle présente ? »

Warnig, un proche de Poutine, prévoit-il de relancer Nord Stream 2?

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Warnig, un proche de Poutine, prévoit-il de relancer Nord Stream 2?

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/plant-putin-vertrauter-wa...

Selon un rapport du Financial Times, le manager allemand et ancien patron de Nord Stream 2 AG, Matthias Warnig, serait à l'origine d'une relance du projet de gazoduc Nord Stream 2.

Un rapport publié dimanche par le Financial Times suscite le débat : Des plans pour relancer Nord Stream 2 sont à l'étude - avec la participation des Etats-Unis et d'un proche de Vladimir Poutine (voir: https://www.firstpost.com/world/putin-ally-backed-by-us-investors-pushes-plan-to-restart-nord-stream-2-pipeline-13867961.html). Matthias Warnig, ancien officier de la Stasi et directeur de Nord Stream 2 AG sous Gazprom jusqu'en 2023, est dans la ligne de mire (voir: https://www.n-tv.de/politik/Bericht-Putin-Vertrauter-will-Nord-Stream-2-wiederbeleben-article25599222.html). L'objectif serait d'entrer en contact avec l'équipe de Donald Trump via des hommes d'affaires américains afin de mettre fin à la guerre en Ukraine et de relancer les livraisons d'énergie en Europe. On en est encore au stade des discussions, mais les dimensions géopolitiques ne sont pas à négliger.

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Warnig (photo), qui a des racines en RDA et des liens étroits avec le Kremlin, est cité comme principale force motrice de ce projet. Le Financial Times fait état de négociations officieuses avec l'entourage de Trump: la paix en Ukraine contre des livraisons de gaz - avec des avantages pour les Etats-Unis. Warnig nie tout rôle et renvoie à sa situation de personne sous sanction. Son passé d'acteur à l'intersection de l'Est et de l'Ouest fait toutefois de lui un candidat plausible pour de telles discussions, qui pourraient tout autant attiser les tensions que créer des opportunités.

Trump et les États-Unis : l'énergie comme outil stratégique

Dans l'équipe de Trump, Nord Stream 2 est considéré comme un levier potentiel - non seulement pour le gaz, mais aussi pour l'influence sur l'Europe et la Russie. Des investisseurs comme Stephen Lynch se montrent intéressés et un fonctionnaire américain parle d'une opportunité de « restaurer la confiance avec la Russie ». Le Financial Times interprète cela comme le signe d'un rapprochement avec Moscou et stylise presque Trump comme un traître aux valeurs occidentales - un récit qui rappelle la polarisation de l'élection de 2024. Mais il s'agit moins de trahison que de pragmatisme: les sanctions pourraient être assouplies afin de garantir des avantages géopolitiques.

En mars 2025, la CDU et le SPD allemands explorent la possibilité d'une coalition, après l'effondrement du gouvernement dit "feu tricolore". Friedrich Merz, chancelier potentiel, est confronté à des défis peu clairs - il n'est pas certain qu'il soit au courant des discussions relatives à Nord Stream 2. Sa ligne met l'accent sur la force économique et la distance à prendre vis-à-vis de la Russie, mais la SPD pourrait avoir d'autres priorités. En l'absence d'informations claires, Berlin reste réactif plutôt que créateur d'opportunités réelles - une situation qui affaiblit la position allemande, alors que de grandes puissances comme les Etats-Unis et la Russie pourraient tirer les ficelles du jeu.

L'Europe : entre dépendance et autonomie

L'UE suit ces développements avec inquiétude. Après s'être détournée du gaz russe depuis 2022, une nouvelle dynamique menace désormais - non pas par le seul jeu de Washington, mais par l'interaction de grandes puissances. Un diplomate de l'UE met en garde anonymement: « Nous pourrions être broyés entre les intérêts des Etats-Unis et de la Russie ». L'Allemagne, très marquée par le sabotage de Nord Stream 1, est confrontée à un numéro d'équilibriste: la coopération énergétique pourrait apporter de la stabilité, mais le prix à payer serait une érosion de sa propre capacité d'action.

Les discussions sur Nord Stream 2 reflètent un monde en pleine mutation. Trump poursuit des objectifs pragmatiques, Poutine utilise des réseaux éprouvés et l'Europe cherche sa place. Le Financial Times peut présenter Trump comme un déviant, mais le véritable drame réside dans la lutte entre les grandes puissances. Si les plans prennent forme, l'Ukraine pourrait devenir un enjeu de négociation, tandis que l'UE perdrait de son poids. Pour l'Allemagne, ce serait une épreuve de force entre coopération et autonomie - sans que Berlin ne prenne pour l'instant l'initiative.

Perspectives d'avenir : Un terrain de jeu ouvert

Nord Stream 2 n'est pas encore un fait, mais les discussions dessinent les contours d'un nouvel ordre. Il s'agit d'énergie, d'influence et de savoir qui fixe les règles du jeu. Trump et Poutine pourraient forger un axe, tandis que l'Allemagne et l'UE hésitent entre adaptation et résistance.

Cette évolution le montre : la géopolitique est un jeu de pouvoir dans lequel les valeurs ne sont souvent que des décors - et les prochaines étapes pourraient marquer le monde de manière durable.

Les politiques de Donald Trump et les analogies historiques

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Les politiques de Donald Trump et les analogies historiques

Leonid Savin

Après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, de nombreuses comparaisons avec les précédents présidents américains ont commencé à être énoncées. Pour la plupart, les commentateurs ont souligné que c'était la deuxième fois qu'un candidat ayant fait une pause entre deux mandats présidentiels devenait président pour un second mandat. La première fois, c'était avec Stephen Grover Cleveland (1885-89 et 1893-97, qui fut respectivement le 22ème et 24ème président). La comparaison avec Cleveland s'arrête là. Il s'agissait d'ailleurs d'un représentant du parti démocrate.

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Le sociologue argentin Atilio Boron a attiré l'attention sur un autre personnage: William McKinley (tableau, ci-dessus), président des États-Unis de 1897 à 1901, qui a succédé à Cleveland. Et les comparaisons ne manquent pas. McKinley était un républicain et, sous sa présidence, les États-Unis ont considérablement accru leur puissance régionale. Les îles Hawaï ont été annexées, une guerre avec l'Espagne s'en est suivie et Washington a pris le contrôle de Porto Rico, de Guam, des Philippines et de Cuba. L'histoire de Cuba, qui menait à l'époque une guerre d'indépendance contre l'Espagne, est particulièrement intéressante. Les patriotes cubains n'ont pas demandé l'aide des États-Unis, car ils savaient comment cela pourrait tourner (Jose Marti, qui est mort au début de la troisième guerre d'indépendance, avait également mis en garde contre cette éventualité). En février 1898, les États-Unis ont introduit le cuirassé Maine dans la baie de La Havane, qui a étonnamment explosé quelques jours plus tard. Bien entendu, l'Espagne a été blâmée, même si elle a pris une part active à l'enquête.

La bravade similaire de Trump concernant la possibilité de prendre le contrôle du canal de Panama, d'acquérir le Groenland et d'incorporer le Canada aux États-Unis offre certains parallèles avec les activités de McKinley.

Dans l'ensemble, pour les pays d'Amérique latine dans le cadre de la stratégie de la Doctrine Monroe 2.0, cette comparaison entre Trump et McKinley a du sens.

Bien qu'il existe un autre personnage plus proche de Trump, à la fois dans l'esprit et dans le temps. Et du côté de la Russie, à la lumière des expériences négatives, il suscite également une certaine méfiance. Il s'agit de Ronald Reagan. D'ailleurs, Trump a connu Reagan personnellement et le considérait comme son idole politique. Quelles sont les comparaisons entre ces dirigeants?

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Tout d'abord, tous deux étaient des outsiders politiques mais ont réussi à gagner les votes de la majorité des Américains. Tous deux ont fait l'objet de tentatives d'assassinat (Reagan a été plus gravement blessé que Trump, qui s'en est tiré avec une égratignure à l'oreille).

Et le slogan « Make America Great Again » nous vient de Ronald Reagan.

En outre, dans le domaine des guerres tarifaires, Reagan a imposé des droits de douane de 100% sur les produits électroniques japonais, restreignant ainsi efficacement le flux de marchandises en provenance de son satellite. Trump a fait la même chose, mais à plus grande échelle.

En outre, la déclaration de Donald Trump sur la nécessité de créer un « Dôme de fer pour l'Amérique » basé sur la révision du système de défense antimissile et l'implication de l'US Space Force (créée pendant le premier mandat présidentiel de Donald Trump) fait clairement écho à l'Initiative de défense stratégique de Ronald Reagan. Bien que datant des années 1980, cette initiative s'est soldée par un échec, les entreprises de défense en ayant profité. La détente avec l'Union soviétique a conduit à la réduction des armements, puis à l'effondrement de l'URSS. La défense contre les missiles nucléaires soviétiques n'était plus nécessaire, et les États-Unis ont directement contrôlé leur destruction, ainsi que le retrait des porteurs et des ogives existants de l'Ukraine, du Belarus et du Kazakhstan indépendants.

Les négociations actuelles entre les États-Unis et la Russie soulèvent également la question suivante: un scénario similaire pourrait-il se reproduire, lorsque Washington, animé de bonnes intentions, commence à recevoir des technologies russes (par exemple, des vecteurs hypersoniques) que les États-Unis ne possèdent pas? Ce n'est pas un hasard si, après les premiers pourparlers de Riyad, il a été question de coopération dans le domaine de l'espace. Les ressources constituent un autre intérêt possible pour les États-Unis et, là encore, les déclarations sur la coopération dans l'Arctique peuvent s'appuyer sur la position initiale de Washington.

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Il existe un autre point commun, non explicite mais très important dans la prise de décision. Il s'agit de la religion. Ronald Reagan et Donald Trump sont tous deux des presbytériens protestants, et gravitent dans des cénacles assez étranges. Par exemple, Reagan était exalté par une secte de dispensationalistes qui interprétaient la confrontation de la guerre froide entre les États-Unis et l'URSS d'une manière particulière et liaient l'apocalypse à la guerre nucléaire. Selon ces croyances, les Américains élus par Dieu et certains Israéliens seraient miraculeusement sauvés après l'Armageddon, après quoi il y aurait une prospérité universelle. En général, le dispensationalisme dans ses diverses interprétations est devenu une sorte de religion civile aux États-Unis, où ses adeptes justifient toutes les actions de Washington en matière de politique étrangère, y compris les interventions militaires, parce que tout est fait « pour le bien de toute l'humanité ». Donald Trump a des opinions similaires, et son « confesseur » personnel est la télé-évangéliste Paula White. Cette pasteure en jupe dirige aujourd'hui le Bureau de la foi de la Maison Blanche.

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À en juger par ses déclarations, ainsi que par les remarques faites lors d'une rencontre début février avec le Premier ministre Benjamin Natanyahu, elle appartient à un groupe de sionistes chrétiens. Et le soutien de Donald Trump aux actions d'Israël à l'égard des Palestiniens renforce le fait que les opinions religieuses sont à l'origine de certaines décisions politiques.

La différence la plus importante entre les politiques de Reagan et de Trump est peut-être la question des migrations. Le 6 novembre 1986, Ronald Reagan a promulgué la loi sur la réforme et le contrôle de l'immigration. L'effet le plus important de cette loi est qu'elle a permis aux immigrants entrés illégalement aux États-Unis avant le 1er janvier 1982 de demander un statut légal, à condition de payer les amendes et les impôts impayés. Cette disposition, que Reagan lui-même a qualifiée d'amnistie, a permis à environ 3 millions d'immigrants d'obtenir un statut légal en payant 185 dollars, en faisant preuve de « bonne moralité » et en apprenant à parler anglais.

Entre 1980 et 1990, période qui comprend les huit années de l'administration Reagan, la population américaine née à l'étranger est passée de 14,1 millions à 19,8 millions. Cette évolution s'est accompagnée d'une augmentation de 4 millions en provenance d'Amérique latine et de 2,4 millions en provenance d'Asie, et d'une baisse de près de 800.000 âmes venues d'Europe.

Donald Trump fait exactement le contraire. Dès les premiers jours de son second mandat présidentiel, des milliers de migrants illégaux ont commencé à être expulsés des États-Unis.

Il faut cependant noter que le contexte géopolitique était différent et que les objectifs, eux aussi, étaient différents. Sous Reagan, la naturalisation a eu lieu et les États-Unis ont accepté les migrants originaires de pays aux idéologies hostiles parce qu'ils étaient perçus comme des victimes du régime de leur pays. Aujourd'hui, la situation est différente et il semble y avoir un ensemble complexe de raisons derrière la décision de Trump. L'une d'entre elles est le coup porté à la base électorale des démocrates qui ont utilisé les sans-papiers pour étendre leur influence. Un thème connexe est également la corruption des dirigeants, une question qu'Elon Musk étudie activement en tant que chef du nouveau "département de l'efficacité".

Quoi qu'il en soit, ni sous McKinley ni sous Reagan, le monde n'était en paix, et les États-Unis ont pris des mesures sévères à l'encontre de leurs ennemis comme de leurs alliés. Il faut se préparer à un scénario similaire sous Donald Trump.

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jeudi, 06 mars 2025

Le cinéma et la prostration européenne

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Le cinéma et la prostration européenne

Nicolas Bonnal

La vieille dame transie européenne rêve donc d’écraser, comme en 1941, et l’Amérique et la Russie et se suicide une nouvelle fois (voyez encore le livre de Laurent Guyénot sur la malédiction papale pour comprendre) en se pendant au premier joueur de bite venu, le nommé Zelenski. On ne sent aucune opposition autre que minoritaire poindre dans le vieil incontinent et on se demande si on rêve. Non, on fait on vit dans un continent zombi depuis longtemps, fils de Kafka, de Kubin et de Céline (autre auteur fantastique), et on ne fait qu’attendre la fin de la pièce. La société mortifère décrite par Chateaubriand après 1815 finira bien par crever et on laisse de vraies grandes puissances, l’Amérique ou la Russie, le soin de remodeler le monde, même si le résultat n’est ni brillant ni ragoutant.

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Une nouvelle fois le cinéma permet de bien saisir les choses. L’Europe est depuis longtemps, depuis très longtemps même, la terre de la prostration en matière de cinéma. On aime l’ennui, l’existentialisme, le sexe cheap, la bonne déprime, la pleurnicherie humanitaire, bref on se plonge dans le « qu’est-ce qu’on peut faire ? » du Pierrot le fou de Godard quand la gourde Karina arrive au bord de l’amer et commence à casser les pieds à son Jules.

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Dans les années soixante Raymond Aron, toujours aussi peu inspiré, avait publié un pensum universitaire de plus (les livres universitaires sont ceux qui vieillissent le plus vite dans l’Histoire, n’en ayant jamais fait partie) intitulé Plaidoyer pour l’Europe décadente. Mais ayant matériellement récupéré de la guerre, l’Europe était déjà moribonde sur le plan humain, culturel, philosophique : on relira avec intérêt Chevaucher le Tigre et l’Arc et la Massue de Julius Evola pour s’en rendre compte.

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A cette époque, on a le cinéma d’Antonioni qui en inspira beaucoup d’autres. Prenons Blow up qui montre un Londres décadent, gauchiste, drogué, hagard, vide, politiquement correct, débauché, rocker et ennuyé. Une histoire encore plus ennuyeuse nous retient pendant une heure et demie. C’est l’époque où la cinéphilie qui était un émerveillement durant l’âge d’or hollywoodien (voyez mes livres !) devient une corvée : j’ai donné dans ma jeunesse.

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Antonioni a commis un navet avec Wenders qui lui-même avant, sans le vouloir, avait  montré notre dépendance aux USA. On a eu l’Ami américain (très bons Blain et Hopper) puis l’Etat des choses qui montre une équipe de cinoche s’emmerder au Portugal, car elle n’a plus le pognon US pour continuer son navet apocalyptique (pour une fois qu’on sort de l’existentialisme !). Le réalisateur (excellent Patrick Bauchau, jadis acteur de Rohmer et copain de… Parvulesco) s’en va donc à Los Angeles, pendant que son équipe baise et fume à l’hôtel, pour se retrouver canardé dans un trailer avec son petit producteur victime de sa générosité. Métaphoriquement ce film était parfait : l’Europe attend toujours le pognon et le projet des USA. Le navet suivant de Wenders était Paris Texas, ce qui montrait le devenir ricain de l’Europe. Mais c’est un devenir volontaire, pas une conséquence de l’impérialisme américain. J’ai rappelé Trotski qui explique le devenir domestique de la social-démocratie européenne ou Dostoïevski qui dans ses Possédés montrent la fascination involontaire que les USA, alors puissance secondaire, exercent déjà sur l’Europe et ses bataillons de progressistes.

Ce n’est pas l’Amérique qui a conquis l’Europe. C’est l’Europe qui se vend en putain éternelle et qui voulait être bonne fille à Biden et aux présidents démocrates type Wilson-Obama-Roosevelt (voir mon texte sur l’Europe et les présidents démocrates). La révolte actuelle qui mènera à une implosion de l'UE ou à une guerre mortifère contre la Russie est celle d’un cadavre.

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Mais j’en reviens brièvement au cinéma : on a d’un côté les maîtres du cinéma non subventionné (jusqu’à Joe Biden !), du cinéma d’action, au grand air, pour grand public, familial, aventurier ou policier, mais qui toujours veut dire quelque chose : et puis on a le cinéma qui ne veut rien dire, le cinéma du néant, que personne ne va voir, le cinéphile comme moi préférant encore le nihiliste ricain pour découvrir un monde sans sens : voyez Jim Jarmusch, qui s’est moqué de Trump et de son électorat dans son navet cannois (la France finance tous les films qui perdent du fric, c’est une obsession chez elle), sur les zombis. Voyez la fille Coppola qui dans Lost in translation avait très bien filmé l’effondrement ontologique du Japon, bien confirmé depuis par la diplomatie et par l’économie nippones.

Dans sa découverte de l’archipel, ouvrage qui m’avait fasciné jeune, Elie Faure (pote à Céline tout de même, érudit et médecin, adorateur de la psychologie des peuples – quand il y en avait une) avait excellemment écrit qu’il ne fallait pas parler de ploutocratie (la France en est une) mais de dynamocratie pour évoquer l’Amérique : Trump, Musk, Vance, avec « tous leurs défauts » le montrent nuit et jour à la face du vieux continent perdu qui ne rêve que de s’enfoncer dans la nuit à la suite de Zelenski et de ses légions nationalistes. Certes, il faut du fric en Amérique : eh bien, tu n’as qu’à en gagner, et c’est facile là-bas (Daniélou).

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De la même manière que le cinéma américain est un pléonasme (comme disait Orson Welles, traité de fasciste par la critique gauchiste en France), la mondialisation est un phénomène moins américain que français (les idéaux de la révolution) ou britannique (l’Empire, les Huxley, les institutions) ; l’Amérique avait justement rejeté à l’époque du grand et méconnu président Harding la SDN (tableau, ci-dessus). Son instinct toujours isolationniste et non-interventionniste lui disait de ne pas s’en mêler, et il avait fallu la création de la Fed par des banquiers allemands pour la précipiter dans la catastrophe de 1914-1918 qui allait susciter d’autres catastrophes durant tout le vingtième siècle et après.

On verra s’il y a une justice et si l’Europe sera vraiment, justement punie cette fois, pour sa mauvaise politique et son cinéma désastreux. En dépit de rodomontades de certains, la soumission des droites et les dernières désastreuses élections allemandes montrent que l’Europe désire à nouveau être CORRIGEE.

 

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La vitesse de Trump, l'immobilisme de Bruxelles

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La vitesse de Trump, l'immobilisme de Bruxelles

Giuliano Lengo

Source: https://electomagazine.it/la-velocita-di-trump-limmobilis...

Il y a une centaine de décrets que Donald Trump a signés ou est en train de signer.

Certains d'entre eux sont déjà connus, tous cependant avec un grand impact et une grande discontinuité par rapport à l'ère Biden.

Maintenant, et c'est normal, ce sont les différents commentaires émis sur ces décisions rapides, qui comptent, dont certains avec lesquels nous sommes d'accord sur le timing, les mérites et les motions, mais posons-nous surtout une question.

Serons-nous un jour capables, en Europe, de décider de mesures urgentes susceptibles de contribuer sérieusement aux besoins des citoyens et de contrecarrer un déclin qui se manifeste désormais également dans le domaine industriel ?

Un exemple pour tous serait de revoir immédiatement les règles d'engagement pour la transition écologique..... même après ce qu'a décidé Trump !

A mon avis, l'articulation actuelle du Parlement européen (même avec un double siège et avec des déchets que nous ne pouvons plus nous payer) ne le permettrait pas, je pense, d'ailleurs une seule voix suffit à invalider toute délibération.

Une telle synthèse et action est trop fulgurante pour une bureaucratie aussi empêtrée et bloquée par l'unanimité du vote entre des états qui ont 1000 intérêts différents.

Si les Etats-Unis poursuivent ce qu'ils ont promis et que les autres grandes puissances y répondent, l'Europe, si elle ne change pas ses règles et son rythme, se dirige vers l'extinction politique et économique, en s'évaporant par elle-même !

Il est urgent de revoir en profondeur les concepts qui ont conduit à l'Union européenne, qui a été créée davantage pour élargir la zone de chalandise que pour mettre en place un système fonctionnel.

J'évite, en faisant semblant d'oublier, de m'attarder sur ce que M. Prodi et le gouvernement de l'époque ont fait en bradant notre lire (1936,27 pour 1 euro), ce qui, contrairement à ce qu'il a déclaré à l'époque, a conduit les Italiens à s'appauvrir.

Je me souviens que dans la « Charte », nous avons également renoncé à nos origines chrétiennes.., mais cela en valait-il la peine, même si la réflexion est faite avec le « recul » ?

Les dirigeants européens craignent la paix

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Les dirigeants européens craignent la paix

Wolfgang Hübner

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/europas-machthaber-fuerch...

Rien ne donne une meilleure impression de la misère européenne que la photo de groupe de la conférence de crise anti-Trump de dimanche à Londres. Scholz a donc bien fait de se placer au dernier rang, afin de moins se faire remarquer lors de cette scène grotesque.

Rien ne donne une meilleure impression de la misère européenne que la photo de groupe de la conférence de crise anti-Trump de dimanche à Londres. Autour du « héros » de l'aveuglement occidental, toujours en fuite devant sa patrie exsangue, se sont rassemblés le Français Macron et le Britannique Starmer, la sélection politique négative d'un continent à la dérive dans presque tous les sens du terme, dont la splendeur est depuis longtemps révolue et dont la puissance n'est plus qu'une illusion. Le chancelier désormais déchu, celui qui se disait du « changement d'époque », a donc bien fait de se ranger discrètement au dernier rang, afin de moins se faire remarquer lors du grotesque spectacle londonien.

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Après l'esclandre de Washington entre Trump et Selenskyj, de nombreux présidents et chefs d'Etat européens s'étaient rendus dans la capitale de la Petite-Bretagne, pris de panique, afin de contrebalancer les événements de l'autre côté de l'Atlantique. Même s'ils ont ostensiblement placé le buveur de sang ukrainien parmi eux, ils n'ont qu'un seul souci: la peur de la paix et donc de l'aveu de l'échec total de leur politique ukrainienne, qui, pour résumer, se limitait à vouloir la victoire pour Kiev et la défaite pour Moscou.

Depuis peu, leur haine ne s'adresse pas en premier lieu au président russe Poutine, mais au président américain Trump. Ses premiers pas vers des négociations de paix ont mis les dirigeants européens sur le mauvais pied, c'est-à-dire sur le pied de guerre. Ils voulaient (et veulent toujours) poursuivre la guerre aux dépens des Ukrainiens sous la protection de la puissance américaine. Certes, ils n'ont pas réussi à renverser Poutine et à faire passer le pays le plus riche en matières premières du monde sous contrôle occidental. Mais, néanmoins, les Russes doivent être affaiblis le plus longtemps possible.

Le nouveau shérif de Washington a toutefois d'autres projets, il veut faire des affaires avec Moscou dans un cadre pacifié. Jusqu'à présent, les participants à la conférence de Londres ne se sont vraiment pas efforcés d'obtenir cette paix. S'ils prétendent maintenant vouloir élaborer un plan de paix, ils auront fait le calcul sans la Russie. Car pourquoi Poutine et Lavrov devraient-ils faire confiance à des gens qui ont déjà si souvent menti et veulent désormais contraindre leurs peuples à des dépenses d'armement gigantesques pour être armés contre le prétendu «danger russe»?

Ce qui motive en réalité les politiques comme l'inénarrable belliciste de l'UE Ursula von der Leyen, le dépoussiéreur français ou les éternels impérialistes de l'île de la Pluie, bien plus que la paix, c'est qu'ils veulent encore s'emparer rapidement d'une partie des trésors de l'Ukraine moribonde, afin que Trump ne puisse pas tout avoir. Le comique de Kiev ne le comprend pas parce qu'il a déjà mis son gros butin à l'abri depuis longtemps. Les plus stupides dans ce jeu de pouvoir cynique sont une fois de plus les Allemands, qui font la morale sans conséquence, mais vont payer sans fin.

Trump a désormais le choix entre s'opposer à l'insolence européenne ou s'en accommoder d'une manière ou d'une autre. Quoi qu'il en soit, jusqu'à nouvel ordre, les soldats ukrainiens et russes continueront de mourir ou d'être blessés sur les fronts. La responsabilité principale en incombe au plus tard à partir de maintenant à ceux qui, à Londres, ont une fois de plus soutenu le dictateur Zelensky. Olaf Scholz aurait pu profiter de l'occasion pour s'opposer au courant de folie qui traverse l'Europe. Mais lui non plus n'a pas peur d'avoir du sang sur les mains.

L'accord du siècle entre l'UE et l'Inde ouvre la voie au pétrole russe vers l'Europe

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L'accord du siècle entre l'UE et l'Inde ouvre la voie au pétrole russe vers l'Europe

Leonid Savin

Ursula von der Leyen, cheffe de la Commission européenne, a déclaré lors de sa visite à New Delhi le 28 février qu'un accord de libre-échange sans précédent entre l'UE et l'Inde pourrait être conclu d'ici la fin de l'année 2025.

Ursula von der Leyen a ajouté de manière pathétique que « cette visite marque le début d'une nouvelle ère » et « qu'il est temps de faire passer le partenariat stratégique entre l'UE et l'Inde au niveau supérieur ». Elle a également annoncé que l'Union européenne étudiait activement la possibilité d'un nouveau « partenariat de sécurité et de défense » avec l'Inde, similaire aux accords existants de l'UE avec des partenaires clés tels que le Japon et la Corée du Sud.

Un partenariat de longue date

Les relations entre l'Inde et l'Union européenne ne datent pas d'hier. L'Inde a été l'un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec la Communauté économique européenne en 1962.

Dans le cadre de l'accord de coopération UE-Inde de 1994, les deux parties ont mis en place un système complet de coopération et ont finalement transformé leurs relations en partenariat stratégique en 2004. En 2007, les deux parties ont entamé des négociations en vue d'un accord bilatéral de grande envergure sur le commerce et l'investissement. Toutefois, après 15 cycles de négociations en 2013, elles se sont retrouvées dans l'impasse. La faute incombe aux ambitions des parties.

Le 8 mai 2021, les dirigeants de l'UE et de l'Inde ont décidé de reprendre les négociations sur un accord commercial « équilibré, ambitieux, complet et mutuellement bénéfique » et de lancer des « branches » distinctes sur un accord de protection des investissements et un accord sur les indications géographiques. En avril 2022, il a été décidé de créer un Conseil du commerce et de la technologie UE-Inde.

Selon des documents officiels, l'Union européenne est le premier partenaire commercial de l'Inde. Elle représentait 12,2% du commerce total de l'Inde en 2023, avec un chiffre d'affaires de 124 milliards d'euros.

L'Inde est le neuvième partenaire commercial de l'UE, avec 2,2% du total des échanges de biens de l'UE en 2023. Le commerce des services entre l'UE et l'Inde atteindra 59,7 milliards d'euros en 2023, contre 30,4 milliards d'euros en 2020.

Les principaux thèmes des négociations commerciales sont: la suppression des obstacles et l'aide aux entreprises de l'UE; l'ouverture des marchés de services et des marchés publics; la garantie de la protection des indications géographiques; et les engagements en matière de commerce et de développement durable.

Le dernier cycle de négociations entre l'Inde et l'UE s'est tenu en novembre 2024 et portait sur les droits de douane applicables à un groupe de marchandises liées aux technologies de l'information et de la communication. Conformément au plan, les parties étaient censées présenter leur vision pour le 10 février. Apparemment, l'échange de données a été fructueux, ce qui explique pourquoi les fonctionnaires de l'UE ont déclaré que l'accord pourrait être signé dès cette année.

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Circonstances géopolitiques

Au-delà des nuances purement techniques et de la protection des intérêts de l'UE et de l'Inde, les circonstances géopolitiques actuelles, qui laissent peu de marge de manœuvre, poussent Bruxelles à conclure l'accord.

Les nouveaux dirigeants américains ont promis d'imposer des droits de douane de 25% sur les produits européens à partir du mois d'avril en réponse aux mesures protectionnistes de Bruxelles. D'autre part, au sein de l'UE, on craint l'influence croissante de la Chine sur le marché européen, notamment dans le domaine des métaux rares et des produits de télécommunications.

L'UE peut également tirer parti de la confrontation stratégique entre l'Inde et la Chine, raison pour laquelle le chef de la Commission européenne a parlé de coopération en matière de défense. L'Inde essayant de diversifier ses approvisionnements en armes et de développer son propre complexe militaro-industriel, les propositions de l'UE en la matière pourraient s'avérer utiles pour New Delhi.

Il convient d'ajouter que l'Inde a déjà signé un certain nombre d'accords avec les États-Unis dans le domaine des technologies avancées et de la science, et que les relations personnelles entre le Premier ministre Narendra Modi et le président Donald Trump se développent plutôt bien. De plus, compte tenu des critiques de la Maison Blanche à l'égard de l'UE et de leurs désaccords persistants, l'Inde se trouve dans une position gagnante.

À cela s'ajoute la coopération en cours avec la Russie, qui aide l'Inde à développer sa propre économie.

Il est probable que la décision de l'UE d'instaurer le libre-échange avec l'Inde ait un double fondement: alors que certains produits pétroliers en provenance de Russie ont jusqu'à présent pénétré dans l'UE par l'intermédiaire de pays tiers, l'Inde pourrait déployer beaucoup plus d'activités dans ce domaine dans le cadre du nouvel accord.

Les produits pétroliers sont l'un des principaux produits de base que l'Inde fournit à l'UE. Et surtout, elle ne craint aucune sanction, car il est peu probable que les États-Unis et l'UE lui imposent des restrictions, ce que confirment les précédentes dérogations au régime des sanctions à l'encontre de New Delhi.

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Agents de consommation

Parmi les autres produits indiens exportés vers l'UE figurent les vêtements prêts à porter, l'acier, les machines électriques et les produits pharmaceutiques. Les exportations de services tels que les télécommunications et les transports pourraient également augmenter de manière significative après la signature de l'accord.

L'UE devrait bénéficier de l'augmentation des exportations de biens tels que les avions et leurs pièces détachées, les équipements électriques, les produits chimiques et les diamants. Le secteur des services bénéficiera également de l'augmentation des échanges dans les domaines de la propriété intellectuelle, des télécommunications et des services informatiques.

Étant donné que deux millions et demi d'Indiens vivent dans les pays de l'UE, et que ce chiffre est clairement appelé à augmenter dans un avenir proche, l'Inde a en fait ses agents de consommation sur le terrain qui feront pression pour son entrée sur le marché européen.

Selon des rapports récents, l'UE cherche à supprimer les droits de douane sur plus de 95% de ses exportations, y compris les produits agricoles sensibles et les automobiles. L'Inde, quant à elle, ne souhaite ouvrir qu'environ 90% de son marché à l'UE, hésitant à réduire les droits de douane uniquement sur les produits agricoles.

En ce qui concerne la route directe pour les approvisionnements dans les deux sens, l'UE mise désormais sur le corridor du Moyen-Orient. L'itinéraire classique passant par le canal de Suez peut être utilisé, de même que des options alternatives via la Turquie, l'Irak et l'Iran.

Toutefois, à l'avenir, après la levée des sanctions, nous ne pouvons pas exclure l'itinéraire via la Russie. En outre, les produits de nos co-entreprises fabriqués en Inde peuvent également être livrés à l'UE.

BlackRock achète les deux ports du canal de Panama

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BlackRock achète les deux ports du canal de Panama

Source: https://dissident.one/blackrock-koopt-beide-havens-van-he...

La société américaine BlackRock a annoncé mardi qu'un consortium dirigé par elle allait acheter 90% des actions des deux ports du canal de Panama. Grâce à cet achat, BlackRock contrôle désormais l'une des voies commerciales les plus importantes au monde.

Un consortium d'investisseurs dirigé par la société américaine BlackRock souhaite acquérir la majorité des parts des deux ports du canal de Panama. BlackRock l'a annoncé mardi et plusieurs médias en ont fait état. Le consortium d'acheteurs comprend la division infrastructure de la société, Global Infrastructure Partners, et Terminal Investment Limited, basée à Genève, rapporte RT.de.

Le géant de l'investissement va acquérir 90% de Panama Ports Company, l'ancien propriétaire et exploitant des deux ports, pour un montant de 22,8 milliards de dollars. Panama Ports appartient à son tour à CK Hutchison, un groupe technologique multinational basé à Hong Kong. La société basée à Hong Kong a également confirmé qu'elle vendrait les deux ports à un consortium américain. Les négociations se dérouleront sur une période de 145 jours, selon le rapport. En achetant les deux ports, BlackRock prendra désormais le contrôle de l'une des routes commerciales les plus importantes et les plus utilisées au monde, dont le canal de Panama fait partie.

Le président américain Donald Trump avait déjà déclaré pendant la campagne électorale que le canal de Panama devrait « revenir entre les mains des Américains ». L'influence chinoise au Panama étant une épine dans le pied de Trump, les États-Unis ont exercé une forte pression sur les résidents de Hong Kong.

Alors que les médias se sont concentrés sur les menaces de Trump, l'administration Trump s'est concentrée sur Hutchison Ports, le consortium basé à Hong Kong qui gère les principaux ports aux deux extrémités du canal. Ces dernières semaines, des rumeurs ont circulé selon lesquelles une entreprise américaine étroitement liée à la Maison Blanche était mentionnée comme candidat au rachat.

Mon idéal d'organisation politique

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Mon idéal d'organisation politique

Claude Bourrinet

Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100002364487528 

« Le temps qui uniformise tout, et qui, en uniformisant, détruit, n'a plus laissé subsister grand'chose de ces petites villes de résidence allemandes qui, au début de l'ère industrielle et à l'aube de l'autoritarisme forcené de Bismarck, conservaient encore tous leurs particularismes charmants. De petits souverains qui supportaient allègrement le souci d'administrer un minuscule État et les frais qu'entraînait l'entretien de quelques centaines  de soldats, avaient tout le loisir de consacrer leur temps et leur argent à de nobles œuvres de culture. Ils rivalisaient à qui aurait les plus beaux théâtres, les meilleurs orchestres. Parfois leur capitale n'était qu'une toute petite cité posée sur la frange du grand parc princier. Dans ces Cours, l'étiquette était peu formaliste, les artistes et les poètes s'y trouvaient chez eux, et l'on y cultivait volontiers le talent, l'originalité, en attendant le jour où la poigne du Chancelier de Fer versera dans un moule commun, pour en tirer des modèles banals et tous semblables, les bizarres et délicieuses singularités de ces infimes principautés. » (Marcel Brion ; Goethe).

L'Occident, le monde, auraient pu être autrement.

La doxa politique, de droite (le royalisme, par exemple), comme de gauche (le républicanisme ou le marxisme) nous assène volontiers une téléologie historiciste, qui nous persuade que l'évolution du Regnum Francorum ne pouvait qu'aboutir à ce que nous sommes devenus, par la grâce de la Providence, ou du développement des moyens de production.

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Si l'on met à part l'action de Dieu sur les sociétés humaines, pilotage auquel croyait aussi un Hegel, qui n'était pas chrétien, il faut accorder quelque crédit à la thèse matérialiste, qu'elle soit positiviste, comtienne, ou communiste, marxienne. L'uniformisation engendrée par l'économie et le triomphe quasi sans partage de l’État provient bien du triomphe de la machine, de l'industrie (par exemple, actuellement, tout ce qui concerne l’énergie, coeur du système), de l'accélération des communications, de la concentration de l'argent, via la dette, de la prolifération d'un appareil administratif autoritaire, et d'idéologies universalisantes, soucieux de contrôler les esprits.

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Pour ce qui est de la liberté de l'esprit, de la tolérance, d'un certain affranchissement des mœurs, le 18ème siècle a été un âge d'or. De nombreux écrivains ou personnages considérables, comme Stendhal ou Talleyrand, ont loué son bonheur de vivre, gâté par le « sérieux » militant de l'ère révolutionnaire, qui versa les singularités individuelle dans la soupe populaire de la presse, qui nous convainquit de ce qu'il fallait penser.

La candide certitude de l'existence d'un mécanisme historique « allant de soi » et menant à l'emprise de l’État, concomitant de l’arasement des véritables et profondes différences d'existence des hommes, empêche de penser une autre hypothèse civilisationnelle, qui eût pu, peut-être, advenir, si l'on avait mis des garde-fous, qui ne pouvaient qu'être métaphysiques (l'Antiquité, comme les sociétés dites « primitives », ont bloqué, par leur Weltanschauung, l'une le développement technique et productif, les autres l'instauration de l’État). Le monde moderne, finalement très récent, ne s'amorce qu'au tournant des 12ème-13ème siècles. 

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L'éclosion des Universités et de la scolastique en fut l'un des symptômes. Jusqu'à l’État royal assumé comme un « empire » (ce terme désigne d'abord l'autorité absolue d'un pouvoir sur un territoire), à partir de Philippe Le Bel (illustration, ci-dessus), au début du 14ème siècle, la configuration politique et culturelle de l'Europe, pour ne pas parler des mondes musulman, chinois, japonais, indien, était complexe et diversifié. Les identités étaient enchâssées dans des « appartenances » graduelle, au-dessous d'une autorité qui n'avait guère de pouvoir que dans son pré carré, ou de manière formelle, comme la royauté française, ou l'Empire dit romano-germanique (on disait alors seulement « l'Empire »).

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On pouvait se sentir français, parce qu'on parlait ou écrivait le français, et il y en avait plusieurs en même temps être sujet d'un roi qui ne l'était pas. Le premier poète que notre histoire littéraire a récupéré, qui est en vérité une poétesse, Marie de France (illustration, ci-dessus), qui était complètement anglaise. L'auteur de la Chanson de Roland, notre première grande œuvre, de génie, qui semble si accordée à notre âme, était très probablement anglais (Turold?). Saint Bernard n'était pas sujet du roi de France : il l'était des comtes de Champagne, de Troyes, et se sentait bien plus proche de l'Empire, de la Bourgogne, que de l'Île de France. Il entra en conflit avec Suger, le conseiller de Louis VI et de Louis VII, le bâtisseur de la basilique royale de Saint-Denis, le fondateur du « gothique », le promoteur de « l'art de France », et l'idéologue de la royauté française. Pourtant, qui pourrait nier que Saint Bernard fût un saint profondément français ?

Si l'on observe les mœurs, les particularités, les différents aspects de la société médiévale, on sera émerveillé par la bigarrure, la diversité, la richesse des coutumes, des modes de vie, des langages usités, qu'une telle civilisation générait. Les voyages de cette époque étaient une véritable aventure, pourvoyeuse de surprises et de savoirs fascinants. En outre, chaque communauté, qu'elle fût communale, princière, seigneuriale, avait ses coutumes, ses lois, des habitudes, ses liens entre les sujets et les pouvoirs. La bourgeoisie y a vu un intolérable obstacle à la raison organisatrice. Moyennant quoi, elle a tout arasé, fait table rase du passé si riche de différences, et emprunté l'uniforme gris-noir du gouvernement épicier.

mercredi, 05 mars 2025

Jünger dans les orages d’acier

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Jünger dans les orages d’acier

Un recueil documentaire et photographique de Nils Fabiansson pour Italia Storica

par Giovanni Sessa

Source: https://www.barbadillo.it/119340-junger-nelle-tempeste-da...

Ernst Jünger est, au-delà des jugements politiques portés sur son œuvre, l’un des grands noms de la littérature européenne du 20ème siècle. Un illustre « fils du 20ème siècle », période de contradictions et de tragédies, riche d’élans idéaux. Dans la vaste production jüngerienne, le livre qui l’a rendu célèbre auprès du grand public occupe une place centrale: Orages d’acier. Cet ouvrage est consacré à la narration, en prise directe, de la participation de l’écrivain à la Première Guerre mondiale sur le front occidental. Un nouveau volume de Nils Fabiansson, Ernst Jünger dans les tempêtes d’acier de la Grande Guerre, vient d’être mis à disposition du lecteur italien. Il est publié dans le catalogue d’Italia Storica Edizioni, et son titre explicite son contenu: un recueil documentaire et photographique sur l’expérience de guerre du lieutenant Ernst Jünger durant le premier conflit mondial (184 pages, 25,00 euros). L’ouvrage a été patronné par Andrea Lombardi et traduit par Vincenzo Valentini. Son auteur, un historien et archéologue suédois, a notamment écrit un guide de voyage sur le front occidental de la guerre qui inaugura le « siècle bref ».Fabiansson.jpg

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Pour comprendre les intentions du chercheur suédois, il est pertinent de partir des réflexions de Christopher Tilley, professeur d’histoire matérielle, qui a souligné que « les lieux ont toujours été bien plus que de simples points de localisation, car ils portent des significations et des valeurs distinctives pour les individus » (p.7). Jünger lui-même a affirmé à plusieurs reprises être magnétiquement attiré par certains « lieux ». C’est pour cette raison que Fabiansson emmène le lecteur sur les champs de bataille décrits par Jünger dans Orages d’acier, non seulement en analysant les multiples révisions que l’auteur a apportées à son œuvre, mais aussi en s’appuyant sur un riche appareil iconographique. Celui-ci comprend des photographies issues d’archives publiques et privées (notamment des images en noir et blanc particulièrement évocatrices de « l’atmosphère » et du « climat spirituel » qui régnait alors dans les tranchées), des pages des journaux de l’écrivain allemand, des cartes dessinées par lui dans ses carnets et des images des lieux de bataille tels qu’ils apparaissent aujourd’hui. Il convient de noter que Fabiansson ne cherche pas à faire du « tourisme bellico-littéraire », ce que Jünger lui-même aurait désapprouvé, mais reste fidèle au regard stéréoscopique et glacial de l’écrivain. Les textes de Jünger sur la guerre reposent sur ce qu’il appelait ses « pouvoirs perceptifs spéciaux », qui lui permettaient d’observer la douleur et la mort avec un regard exempt « de sentimentalismes, avec sécheresse et froide précision » (p. 9).

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Le récit se structure en cinq chapitres analysant les différentes phases du conflit, depuis août 1914 jusqu’aux événements tragiques de novembre 1918. Au cœur de ce récit se dresse la figure de l’homme Jünger. Le livre se conclut par un épilogue où l’auteur recense les nombreuses traductions étrangères d'Orages d’acier. Trop souvent, on a présenté ce livre comme un simple témoignage de l’héroïsme de l’auteur au combat. Or, la lecture de Fabiansson nous dévoile un Jünger complexe, profondément humain, qui raconte à plusieurs reprises dans son livre que « à diverses occasions, il avait abandonné ses camarades à la merci de l’ennemi » (p. 9). Le fait qu’il mentionne ces échecs personnels est un élément significatif. Comme le montre cette étude, l’écrivain allemand a affronté la mort avec bravoure à de nombreuses reprises, subissant des blessures aux jambes et à la tête (il conserva d’ailleurs son casque transpercé par une balle), ce qui lui valut les plus hautes distinctions militaires. Pourtant, en 1972, il déclara que « ses souvenirs d’écolier étaient plus vivaces que ceux du combattant de guerre » (p. 10). Il se plaignait en effet que, malgré sa nouvelle vision de la vie, bien analysée par Evola, les lecteurs s’attardent encore, des décennies après leur publication, sur ses écrits de guerre, qu’il considérait désormais comme un « Ancien Testament » (p. 10).

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Ce ne fut pas seulement son « cœur aventureux » qui poussa Jünger à s’engager volontairement, mais aussi une volonté précise de s’émerveiller et de comprendre en profondeur le sens de la guerre. Il se demanda si, au-delà des massacres imposés par la « guerre des matériaux », elle pouvait encore offrir, pour ceux qui la vivaient, une possibilité de réalisation personnelle. Sa réponse fut positive. Le combat permettait de dépasser la routine bourgeoise et plaçait l’homme face à la potestas qui l’anime et qui imprègne toute la nature. La guerre destructrice semble tout engloutir. Mais les descriptions des champs de bataille de Jünger nous plongent dans la réalité brute du paysage de guerre et nous confrontent à sa transformation cyclique et éternelle. Comme l’a relevé le philosophe Karl Löwith, Jünger comprenait que seul le dépassement de soi dans la nature conférait une permanence à l’existence humaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il nota que la Picardie, avec « ses douces ondulations, ses villages enchâssés dans les vergers, ses pâturages bordés de peupliers élancés […] » (p. 22), lui procurait une joie intense. Ce n’est pas un hasard si, durant son séjour à Monchy et à Douchy, comme il le raconte dans Jardins et routes, il se consacra à la « chasse subtile » des insectes dans les tranchées. Ainsi, même dans les circonstances dramatiques de la guerre, sa passion pour l’entomologie ne l’abandonna pas, convaincu que dans le « particulier » réside le principe universel. Il répertoria pas moins de 143 espèces d’insectes.

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Le pouvoir d’Éros ne fut pas non plus effacé par l’omniprésence de la mort, car, dans une perspective grecque, Éros et Thanatos ne font qu’un. Ainsi, le 5 juin 1916, il nota laconiquement : « Jeanne à Cambrai » (p. 25), évoquant un amour fugace en temps de guerre. De même, il n’oublia jamais ses proches. Fabiansson relate avec émotion les rencontres de Jünger avec son frère Friedrich Georg, où les deux hommes savouraient les effets apaisants du vin de Bourgogne et fumaient du tabac Navycut anglais dans leurs pipes en écume de mer (durant la guerre, Jünger expérimenta également l’éther et d’autres substances psychotropes pour soulager ses blessures). L’écrivain nous a aussi laissé des souvenirs poignants de ses compagnons d’armes, officiers ou simples soldats, qui sacrifièrent leur vie pour lui.

L’ouvrage de l’historien suédois n’est donc pas un simple « recueil » pour lire Orages d’acier, mais un livre essentiel pour comprendre l’ensemble de l’œuvre d’Ernst Jünger.

Jean Muno, Bruxelles et les peintres naïfs

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Jean Muno, Bruxelles et les peintres naïfs

par Daniel COLOGNE

(texte paru sur le site Europe Maxima, s.d.)

Jean Muno alias Robert Burniaux est né le 3 janvier 1924 à Molenbeek – Saint-Jean (1). Il passe son enfance au 32 de l’avenue Jean-Dubruck (2). Il est le fils de Constant Burniaux (1892 – 1975), instituteur et écrivain, dont il faut surtout souligner la poésie imprégnée d’une émouvante nostalgie de l’enfance. Sa maman Jeanne Taillieu est aussi institutrice. Le pseudonyme choisi par Robert Burniaux est le nom d’un village ardennais où il passe plusieurs fois d’heureuses vacances de jeunesse.

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Photo ancienne du village de Muno.

Sa parentèle le destine tout simplement à l’enseignement et, après des études de philologie romane à l’Université libre de Bruxelles, il devient professeur de français et le reste jusqu’en 1974. Pouvant alors vivre de sa plume, il abandonne le professorat. Il a déjà à son actif le roman appelé Le Joker (Éditions Louis Musin, 1972) et plusieurs récits auréolés de prix littéraires et d’adaptations radiophoniques. Deux séjours en Hongrie (1974 et 1978) lui font découvrir Istvan Örkény et ses « mini-mythes » qu’il adapte en français. Il s’oriente alors vers la rédaction d’histoires très brèves, que nos amis anglais appelleraient des very short stories.

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À l’époque, Jean Muno fait partie du « Groupe du Roman » aux côtés de Robert Montal (alias Robert Frickx), de Charles Pairon et de David Scheinert. Dans mon souvenir des quelques conversations que j’ai échangées avec Scheinert entre 1972 et 1974, un des deux voyages à Budapest (peut-être les deux) a été effectué par tous les membres du « Groupe du Roman ». J’encourage vivement l’un(e) ou l’autre étudiant(e) en philologie romane à faire une recherche (pour un mémoire ou une thèse) sur le « Groupe du Roman » et sur les Cahiers du Groupe, dont les rédacteurs ont projeté un éclairage positif sur les écrivains belges. Ils ont notamment contribué à tirer de l’oubli André Baillon (1875 – 1932), aujourd’hui reconnu comme un écrivain important, publié dans la collection « Espace Nord » (Éditions Luc Pire, ex-Éditions Labor).

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Pour ma part, j’ai rencontré David Scheinert (1916 – 1996) (photo, ci-dessus) en 1972 à Genève où était créée sa pièce de théâtre L’Homme qui allait à Götterwald. Je lui dois une bonne part de mon intérêt pour la belgitude littéraire tenue en haute estime par ce Polonais d’origine juive arrivé en Belgique à l’âge de huit ans. Après avoir été, sous le pseudonyme de Vinytres, le critique littéraire du journal communiste Le Drapeau Rouge, Scheinert admettait sans hésiter la valeur de certains écrivains de la Collaboration, comme René Verboor ou Constant Malva, ce dernier étant descendu dans la mine pour écrire Ma nuit au jour le jour.

En 1979, Bruxelles fête son millénaire et le bourgmestre Van Halteren lance l’idée d’un livre réunissant trente-cinq peintures naïves de sites bruxellois (comme le Château Malou ou les Étangs Mellaerts, rendez-vous des promeneurs du dimanche et des passionnés de canotage). Il demande à trois écrivains de commenter ces tableaux et, tandis que Carlo Bronne et Berthe Delepine se répandent en commentaires historiques, Jean Muno choisit d’intégrer une douzaine de toiles à des « mini-mythes » conçus selon son modèle hongrois. Jean Muno atteint le sommet de son art de conteur bref dans les textes inspirés par des sites qui lui sont familiers, car liés à ses souvenirs d’enfant : la Basilique nationale du Sacré-Cœur de Koekelberg et le château du Karreveld situé à Molenbeek.

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Karreveld en bâtarde penchée met en scène une fillette née avant 1900. La narratrice d’un âge non précisé se rappelle ses exercices calligraphiques des années 1908 – 1910. La « bâtarde » doit son nom à son statut d’écriture intermédiaire entre la ronde et l’anglaise. « En ce temps-là, on nous apprenait quelque chose à l’école. » Ainsi commence ce « conte naïf » qui s’inspire d’un tableau dans le style du Douanier Rousseau et qui ressuscite le Bruxelles d’autrefois, lorsque la bien-nommée « Avenue de la Liberté », qui relie aujourd’hui « le Karreveld, le Parc Élisabeth et la Basilique, se perdait tout de suite dans la campagne », parmi « des arbres, des lisières, des talus et des fossés ».

« Des prairies qu’un ruisseau rendait ici ou là marécageuses » fournissaient aux écoliers « de quoi trouver à garnir amplement » les herbiers dont ils s’occupaient les jours de congé, alors situés le jeudi et le dimanche.

« Dans le fond, qui était boisé et humide, se cachait un vieux château-ferme, joliment situé derrière une mare. Une poterne surmontée d’une tour carrée donnait accès à une cour intérieure. Pour nous, c’était un endroit romanesque, un lieu d’intrigues; on y dansait au son de l’accordéon, les nuits d’été… Dieu sait pourquoi, je revois distinctement l’enseigne, en lettres noires sur la façade chaulée : Café – restaurant du château du Karreveld – Grande laiterie du Vélodrome. » Un champion cycliste s’est tué en 1908 sur le vélodrome du Karreveld, qui jouxte également, un peu plus tard, le premier studio belge de cinéma.

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« À cette époque, avant la Basilique (3), ce n’était qu’avenues désertes autour du Parc Élisabeth, villas en retrait et hautes grilles fermées. » La foire annuelle de la place Simonis (4) toute proche apporte une touche de gaieté contrastant avec la mélancolie que distillent « les ifs et les cyprès du cimetière de Molenbeek ». À la fin du récit, un exhibitionniste vient troubler la fillette dans ses exercices d’écriture. Ce genre de passage à connotation sexuelle n’est pas rare dans les textes de Jean Muno. Citons par exemple cet extrait d’une autre nouvelle : « Clarisse sentait monter en elle, irrépressible comme un orgasme, le vertige oublié des grandes terreurs infantiles. »

L’hispaniste Isabelle Mareels établit un lien entre un récit de Jean Muno et une scène du film d’Almodovar (Hable con ella). Un homme devenu minuscule à la suite d’une expérience scientifique pénètre dans le vagin de son amante endormie, tandis que, dans Entre les lignes, autre recueil de brèves histoires munoliennes, un mari rapetisse au prorata du grossissement de sa femme, entreprend une excursion sur le corps assoupi de celle-ci et est finalement englouti dans le maquis pubien.

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Loin de se confiner dans le domaine du sexe, Isabelle Mareels rapproche aussi Jean Muno du poète nicaraguayen Ernesto Cardinal, ministre de la Culture de son pays favorisant la production de peintures naïves. Elle montre comment Jean Muno infléchit la naïveté des tableaux qui l’inspirent, tantôt dans le sens de l’érotisme, tantôt dans la direction du fantastique, ou encore en ressenti d’un humour fondé sur les jeux de mots. Ce n’est pas par hasard que Jean Muno s’intéresse à Raymond Devos. Les peintures naïves de Fernande Crabbé, Francine Leuridan, Nadia Becker, ou Monique Schaar, qui nourrissent les Contes naïfs de Jean Muno, nous proposent un tour de Bruxelles, du château Ter Rivieren (Ganshoren) au parc ucclois de Wolvendael en passant par le Rouge-Cloître d’Auderghem, l’abbaye de Forest, une cité-jardin de Boitsfort ou des sites plus centraux comme le Jardin Botanique et l’église Saint-Nicolas.

Les Contes naïfs de Jean Muno paraissent de façon autonome en 1980 aux Éditions Cyclope – Dem. Deux ans plus tard, les Éditions Jacques-Antoine publient l’Histoire exécrable d’un héros brabançon. Jean Muno s’éteint le 6 avril 1988 des suites d’un cancer du nerf optique. Créateur du concept d’« école belge de l’étrange », lui-même auteur de récits fantastiques (Les Papillons noirs), Jean-Baptiste Baronian considère Jean Muno comme l’écrivain belge de langue française le plus important de la période 1970 – 1990. Son personnage récurrent du petit homme seul est peut-être la métaphore d’un belgitude en crise, d’un pays qui s’émiette en diverses communautés et régions, tandis que s’affirme le mouvement identitaire flamand et que Bruxelles devient une « ville-monde » sous le règne finissant du roi Baudoin.

Daniel COLOGNE

Notes:

1 : C’est aussi ma commune natale située dans l’Ouest de la périphérie bruxelloise.

2 : Jean Dubrucq est un riche industriel de l’Ouest bruxellois dont l’obsession fut de doter Bruxelles d’installations portuaires (XIXe siècle). Avec son savoureux mélange de patois flamand et de français, le petit peuple de la capitale belge l’a surnommé Jan-Port-de-Mer. 

3 : L’auteur veut dire « avant que la construction de la Basilique ne soit achevée ».

4 : Enfant, j’ai fréquenté cette foire au début des années 1950. Eugène Simonis est un artiste bruxellois.

Boris Pasternak et son Jivago: un hymne à la vie et à l’amour

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Boris Pasternak et son Jivago: un hymne à la vie et à l’amour

L’auteur insiste sur l’irréductibilité de l’âme à la « prison du temps ». Le Christ libère le monde de la « lettre morte » de la loi.

Par Gianfranco Andorno

Source: https://www.barbadillo.it/119438-boris-pasternak-e-il-suo...

"J’écris en pleurant, je pleure de bonheur pour l’harmonie que Dieu a insufflée dans la vie de chacun, en créant chaque homme comme son temple".

En 1958, Boris Pasternak reçoit le prix Nobel de littérature. Il le refuse pour éviter d’être expulsé d’URSS. Il remercie néanmoins l’Académie suédoise et, pour cela, il est traité de traître dans son pays, de "brebis galeuse", et radié du syndicat des écrivains. Pour Italo Calvino, cette récompense résulte d’une manœuvre politique.

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Sergio d’Angelo, employé à Radio Moscou, reçoit en mai 1956 le manuscrit directement des mains de Pasternak, accompagné de ces mots: « Voici Le Docteur Jivago, qu’il fasse le tour du monde. » Et il le fera ! D’Angelo le fait parvenir à Giangiacomo Feltrinelli, qui en fera un immense succès éditorial. Le Parti communiste italien s’oppose à la publication de ce livre et exclut le jeune éditeur.

Le contexte de l’époque est impressionnant. C’est le temps du massacre des poètes. Alexandre Blok, persécuté par la Tchéka, meurt d’"asphyxie". Vladimir Maïakovski se tire une balle dans le cœur pour son amante, la jeune actrice Veronica, mais on dit que son véritable amour était la révolution qui l’avait trahi. Sergueï Essénine s’étrangle avec la sangle d’une valise après avoir écrit un poème de son propre sang.

Les écrivains de la revue Novaja Žizn (La Vie Nouvelle) disparaissent dans l’abîme sans même le prétexte d’un procès. Son directeur, Maxime Gorki, et son fils Peskov sont empoisonnés et meurent.

On l’a dit et répété: la révolution russe est une Médée qui tue ses propres enfants. Avec les procès truqués de Joseph Staline, disparaissent Radek, Boukharine, Rykov, Zinoviev, Kamenev, Iejov… tous compagnons de Lénine. Trotski, assassiné à coups de piolet au Mexique, est le dernier héritier éliminé. Il y a eu un assaut vers le ciel, mais les anges guerriers en ont bien gardé les portes.

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La Grande Terreur, une nouvelle apocalypse, enveloppe la Russie et Pasternak écrit une histoire d’amour. Un amour qui se manifeste aussi dans sa conversion du judaïsme au christianisme, où, bien que de manière confuse, il est dispensé en abondance, jusqu’à déborder. Cette époque a un besoin désespéré d’amour.

Son écriture est une protestation contre son temps, une quête au plus profond des âmes pour en extirper l’essence. Il fait de sa vie un combat contre les entraves sociales et idéologiques, pour redonner la liberté. Jivago affirme: « Le salut n’est pas dans la fidélité aux formes, mais dans la libération de celles-ci. » L’auteur insiste sur l’irréductibilité de l’âme à la « prison du temps ». Le Christ libère le monde de la « lettre morte » de la loi. Parmi ses inspirations, Saint François d’Assise occupe une place de choix.

C’est ce qui lui donne la force d’écrire que « l’érable perd ses feuilles » tandis que des milliers de ses semblables croupissent dans les goulags.

Jivago est entouré d’un gynécée composé de sa femme Tonia, de son amante Lara et de la poésie. Elles sont les alliées qui l’aident à lutter contre un matérialisme stérile et envahissant. Le mari de Lara ne lui fait pas obstacle : il rejoint une école militaire, abandonne femme et enfant, et finit par incarner une caricature de Trotski à bord d’un train blindé.

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La poésie de Pasternak transforme la nature en complice : « Le cerisier sauvage ! Par-ci, par-là, les bouleaux se dressaient comme des martyrs transpercés par les flèches de leurs petites feuilles pointues. Sous les rayons du midi, la neige jaunissait, et, dans sa blondeur de miel, elle se déposait en une couche douce… La neige tombait vite, cherchant le temps perdu. » La nature, frêle et réticente, « s’étire ».

Que ceux qui espèrent des détails croustillants soient prévenus : l’intimité des personnages est seulement suggérée. Lorsque Lara, à seize ans, cède à l’amant de sa mère, le mûr Komarovski, on l’apprend seulement par ces mots : « Elle était désormais une femme. » Et encore : « Si sa mère l’avait su, elle l’aurait tuée. » Rien de plus. Jivago et Lara ont-ils consommé leur amour? L’auteur se contente de dire que le docteur n’est pas rentré chez lui.

Jivago est confronté au dilemme moral que représente Lara, et Pasternak le traite parce qu’il s’agit aussi d’un nœud non résolu de sa propre vie. Jivago vénère Tonia, avec qui il partage une compréhension silencieuse. Pourtant, il se sent criminel.

Il murmure que Lara est le symbole de la Russie, de la mère patrie et de ses enfants qui jouent. « Qu’il est doux d’être au monde et d’aimer la vie ! ». D’abord, il compare les branches d’un sorbier aux bras de Lara qui l’enlacent. Puis, pour alléger le poids de la faute, il envoie Tonia et ses enfants en exil en France. Ainsi, le péché s’atténue. Enfin, il se permet une justification : « Leur amour était grand. Dans leur existence humaine condamnée, la passion venait les secouer. »

Pasternak est boycotté par les autorités soviétiques et contraint de faire circuler ses œuvres en samizdat. Paradoxalement, quiconque est surpris en train de diffuser ses poèmes risque d’être arrêté.

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Un auteur comparable à lui est Boulgakov, qui consacre des années à l’écriture de son roman Le Maître et Marguerite, mais n’aura pas la même chance. Il meurt sans voir Woland, Yéchoua et Ponce Pilate s’animer sur les pages de son roman.

Dans ses librairies, Giangiacomo Feltrinelli vend Le Docteur Jivago aux côtés de balalaïkas et d’autres objets du folklore russe. Une grande foire du kitsch, mais commercialement rentable.

Boris Pasternak a eu deux épouses. Sans jamais divorcer de Zinaïda, la seconde, il entame une liaison avec Olga Ivinskaïa. Elle sera sa Lara pendant les dix années d’écriture de Jivago, et elle paiera cet amour par des années de goulag. Leur histoire s’achève avec la mort de Pasternak en 1960. Plus tard, Ivinskaïa racontera leur relation dans Otage de l'éternité.

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Aux funérailles de Pasternak, il y avait beaucoup de monde, mais peut-être encore plus d’arbres. « La foule des troncs de pin… et tels des fantômes, ils se déversent… »

Le cercueil ouvert, son visage sculpté et sévère: un trophée pour ceux qui l’aimaient. Leur fierté. Leur viatique.

Ils murmurent son ultime adieu à la vie: « Ma sœur, la vie. »

Un avertissement qui devient une supplique poignante: « Histoire, laisse-nous vivre ! »

mardi, 04 mars 2025

L'Europe entre deux blocs: sortie de l'OTAN, pacte avec la Russie ou parapluie de la Chine?

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L'Europe entre deux blocs: sortie de l'OTAN, pacte avec la Russie ou parapluie de la Chine?

Par Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/02/europa-zwischen-den-bloec...

L'Europe ressemble à un vieux manoir: magnifique à regarder, mais dont les fondations s'effritent, tandis que les concierges de Bruxelles se disputent sur la couleur des rideaux. Le monde transatlantique qui portait le continent après 1945 est en train de s'effondrer - non pas parce que Donald Trump brandit le boulet de la démolition, mais parce que les Etats-Unis voient depuis longtemps l'Europe comme le décor de leurs propres jeux de grande puissance. L'analyse de Foreign Policy du 18 février (v. https://foreignpolicy.com/2025/02/18/europe-eu-nato-us-russia-ukraine/) met les cartes sur la table: le continent doit se repositionner. Mais comment? Trois options se dégagent du brouillard, toutes radicales, toutes fascinantes. L'une d'entre elles en particulier a le potentiel de réveiller la force enfouie de l'Europe. Un coup d'œil sur les possibilités montre qu'il s'agit de plus que de simple stratégie - il s'agit d'identité.

Option 1: Sortir de l'OTAN - un acte de libération risqué

L'OTAN est une relique qui a vécu. D'une alliance défensive, elle est devenue un instrument administratif transatlantique - l'Europe fournit les moyens, Washington la feuille de route. Foreign Policy parle de « dépendance asymétrique », mais c'est une formule polie: il s'agit d'une relation dans laquelle Bruxelles fait les comptes et les Etats-Unis encaissent les bénéfices. Que se passerait-il si l'Europe brisait ces chaînes ?

Avec plus d'un billion de dollars - cinq pour cent du PIB européen - le continent pourrait mettre sur pied sa propre force militaire, qui ne ferait pas seulement impression, mais apporterait une véritable liberté. La menace d'une sortie pourrait à elle seule forcer Washington à traiter l'Europe comme son égale - une ironie qui sauverait peut-être l'alliance en rendant sa nature visible. Mais Bruxelles manque de courage. Les élites chantent dans les chœurs du transatlantisme alors que les caisses restent vides et que la souveraineté s'effrite. Une idée audacieuse - mais peut-être pas la plus intelligente.

Option 2 : un pacte avec la Russie - une chance historique pour l'Europe

La Russie comme partenaire? A Bruxelles, on trésaille comme si quelqu'un avait versé de la vodka dans l'eau bénite. Mais la sagesse géopolitique ne connaît pas de théâtralité morale. Foreign Policy effleure l'idée que l'Europe et la Russie ont plus en commun que ne l'admettent les prédicateurs qui réclament sans cesse plus de sanctions - et c'est précisément là que réside une vision qui va au-delà du simple pragmatisme. Il ne s'agit pas d'une ostalgie (une nostalgie de l'Est - Ost) sentimentale, mais d'une logique historique qui va de Richelieu à de Gaulle: l'Europe gagne à s'équilibrer avec l'Est plutôt que de le diaboliser.

Les opportunités sont évidentes: la Russie offre de l'énergie, un marché de 140 millions de personnes et une profondeur stratégique qui pourrait protéger l'Europe des caprices des crises mondiales. L'Ukraine - stylisée par Washington comme un sujet de préoccupation permanent - pourrait devenir un pont: un espace neutre favorisant le commerce et la stabilité, plutôt que d'attirer les missiles et de cultiver le ressentiment. Cela ne présuppose pas un amour aveugle pour le Kremlin, mais une froide raison: la Russie n'est pas un ennemi juré idéologique, mais un voisin dont les intérêts pourraient être en harmonie avec ceux de l'Europe - si on les prend au sérieux.

Mais l'UE trébuche, se prend les pieds. Les sanctions contre Moscou - un diktat transatlantique - ont coûté des milliards à l'économie européenne, tandis que les Etats-Unis envoient allègrement des méthaniers à Hambourg. C'est un spectacle absurde: le continent se fait du tort à lui-même pour acheter les faveurs de Washington, qui sont depuis longtemps révolues. Un pacte avec la Russie serait plus qu'un simple accord commercial - ce serait un acte d'affirmation de soi. Historiquement, ce n'est pas une vue de l'esprit: Bismarck savait qu'on n'isolait pas la Russie, mais qu'on l'intégrait; Adenauer a cherché le contact avec l'Est malgré la guerre froide. Alors pourquoi cette hostilité dogmatique aujourd'hui?

La réponse se trouve dans l'incapacité de Bruxelles à voir plus loin que le bout de son nez (américain). Une alliance avec la Russie pourrait libérer l'Europe de son rôle d'éternel junior, lui donner une voix propre - non pas comme appendice de l'Occident, mais comme force autonome entre les blocs. Ce serait la redécouverte d'un art ancien: la diplomatie, qui place les intérêts au-dessus des idéologies.

Mais pour cela, il faut des têtes qui pensent au lieu de déclamateurs - et elles sont rares à Bruxelles.

Option 3 : le parapluie protecteur de la Chine - un dangereux tango

Pourquoi se laisser imposer la haine de la Chine par Washington ? Foreign Policy se demande pourquoi l'Europe fait d'une superpuissance un adversaire qu'elle pourrait soutenir économiquement. Un arrangement avec Pékin - non pas une course aux accolades, mais une froide opportunité - pourrait libérer le continent de sa dépendance vis-à-vis d'une Amérique qui poursuit depuis longtemps ses propres plans. La Route de la soie chinoise est une offre que Bruxelles ignore - par pur entêtement.

Mais le prix à payer est élevé: moins de blabla sur les valeurs, plus de sagesse commerciale - et un partenaire qui dicte ses règles. L'UE sacrifie son industrie pour un « ordre basé sur des règles » qui ne sert que l'Oncle Sam, tandis que la Chine fait signe en tant que sauveur. Une option séduisante - mais danser avec le dragon reste risqué, car Pékin ne joue pas par amour du prochain.

Conclusion : le destin de l'Europe - entre découverte de soi et perte de soi

Les trois voies - sortie de l'OTAN, pacte russe, alliance avec la Chine - ne sont pas des issues faciles, mais des pierres de touche pour la volonté de l'Europe. Foreign Policy en montre les symptômes, mais le diagnostic est évident : le continent a perdu sa souveraineté. Les Etats-Unis veulent son marché, la Russie est sa proximité, la Chine offre sa capacité d'innovation - et l'Europe ? Elle se contente de fournir ce qu'on lui demande.

La réponse la plus intelligente pourrait se trouver à l'Est: un pacte avec la Russie ne recèle pas seulement des opportunités économiques, mais aussi une profondeur historique qui pourrait redonner à l'Europe son rôle d'acteur. Il faut une Europe des nations - sûre d'elle, non dissoute dans la bouillie bruxelloise - qui protège ses frontières, renforce son économie et ne brade pas son identité pour le bénéfice de puissances étrangères. Les grandes puissances avancent leurs pions - quand l'Europe comprendra-t-elle que sa place est sur l'échiquier ?

Le pétage de plomb «spontané» de Zelensky - un drame en trois actes

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Le pétage de plomb «spontané» de Zelensky - un drame en trois actes

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/selenskyjs-spontaner-ausr...

Le scandale commis par Zelensky à la Maison Blanche n'était pas un pétage de plombs spontané - c'était la finale d'un plan dont les racines se trouvent à Londres et dont les élites européennes tirent les ficelles.

Vendredi soir, la Maison Blanche est entrée en effervescence - pas littéralement, mais politiquement (PI-NEWS a rapporté les faits, v. https://www.pi-news.net/2025/02/trump-und-jd-vance-schlagen-frechen-selenskyj-in-washington-k-o/ ): Volodymyr Zelensky a quitté Washington prématurément après une dispute fracassante avec Donald Trump. Un coup d'éclat qui a rompu les fils transatlantiques. Mais il ne s'agissait pas d'un pétage de plomb spontané - c'était l'épilogue d'un plan dont les racines se trouvent à Londres et dont les élites européennes tirent les ficelles. L'Allemagne, elle, est au beau milieu de tout cela. Un drame en trois actes.

Acte 1 : l'étincelle britannique en janvier

Revenons à janvier 2025: Keir Starmer visite Kiev, signe un « contrat de partenariat » avec Zelensky (voir: https://www.reuters.com/world/europe/ukraine-uk-sign-100-year-partnership-agreement-2025-01-16/). Ports, gaz, terres rares - tout passe sous contrôle britannique. Une manœuvre qui prend les Etats-Unis au dépourvu. Londres s'assure une large zone d'influence alors que Trump est encore occupé par son investiture. De la spéculation? Bien sûr que oui. Mais le gouvernement britannique a un motif: faire de l'Ukraine un levier contre un Trump imprévisible qui menace l'Europe de se retrouver sous la pluie. Le traité est le signal de départ - et l'Allemagne acquiesce, Scholz et Baerbock se taisent.

Acte 2 : l'Irlande comme fusible

Coupe du 27 février : Zelensky rencontre des représentants britanniques en Irlande (voir: https://www.irishexaminer.com/news/politics/arid-41583055.html), la veille de son départ pour Washington. Une coïncidence? Sans doute pas. Les canaux Telegram ukrainiens le murmurent: Zelensky a reçu ici son ordre de marche. Il s'agit de saboter Trump, de tenir les Etats-Unis à l'écart, de protéger les intérêts britanniques. Pourquoi l'Irlande? C'est un sol neutre, discret - parfait pour la direction de Londres. Les élites européennes - von der Leyen, Baerbock, Macron - sont au courant ou du moins s'en doutent. L'Allemagne se positionne: «L'Ukraine n'est pas seule», affirme Baerbock sur Instagram. Von der Leyen exprime sa solidarité absolue sur X en ukrainien: «Votre dignité honore le courage du peuple ukrainien. Soyez fort, soyez courageux, soyez sans peur. Vous ne serez jamais seul, cher président Zelensky. Nous continuerons à travailler avec vous pour une paix juste et durable» (voir: https://x.com/vonderleyen/status/1895566103222632732). Scholz et Merz approuvent. Un chœur de solidarité - ou une couverture pour le jeu britannique ?

Acte 3: A Washington, ça explose

Fin février, bureau ovale: Zelensky devait signer un accord sur les matières premières avec Trump - au lieu de cela, les apostrophes et les répliques volent. Trump hurle: «Vous risquez la troisième guerre mondiale! Zelensky contre-attaque: «Pas de deals avec des assassins! Le président ukrainien sort en trombe, Trump se déchaîne sur Truth Social: «Il a humilié les Etats-Unis». Un désastre ? Non, un triomphe - pour les élites européennes. Zelensky a placé Trump exactement là où elles le voulaient: provoqué, isolé, affaibli. La Grande-Bretagne se frotte les mains - son influence demeure, les Etats-Unis restent hors du jeu. Et l'Allemagne? Scholz marmonne: «Nous sommes avec l'Ukraine». Merz met en garde: «Ne pas confondre agresseur et victime». Une action concertée qui défie Trump.

Spéculons: Les élites européennes, menées par les Britanniques, utilisent Zelensky comme une arme. Objectif ? Forcer Trump à laisser tomber l'Ukraine ou à réagir durement - les deux positions divisent l'Occident. Londres veut assurer son rôle d'acteur, l'UE veut montrer son unité. Mais le risque est élevé. Trump pourrait répliquer - arrêter les fournitures d'armes, sanctionner l'Europe. Ou bien il négocierait avec Poutine et laisserait l'UE de côté. Les Britanniques misent sur le chaos, l'Allemagne sur la solidarité - c'est une danse sur le fil du rasoir.

Conclusion: qui tient les ficelles?

L'esclandre n'est pas le fruit du hasard, mais d'un scénario britannique mis en scène par Zelensky. Les élites européennes - Allemagne comprise - jouent le jeu pour humilier Trump. Mais qui contrôle qui? Zelensky est-il une marionnette ou un acteur? Une chose est sûre: la scène mondiale tremble et c'est la Grande-Bretagne qui dirige - tandis que l'Allemagne applaudit à tout rompre. Trump va répondre. Le prochain tour commence.

Le trumpisme en action - La déstabilisation américaine de «l'Occident collectif des valeurs»

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Le trumpisme en action

La déstabilisation américaine de «l'Occident collectif des valeurs»

Werner Olles

Ceux qui voulaient comprendre l'ont compris. Le 28 février 2025, le président américain Donald Trump et le vice-président Jack D. Vance ont non seulement mis fin au culte aussi ridicule que nauséabond et servile de Volodymir Zelenski, criminel de guerre corrompu, dictateur et ami des nazillons, mais ils ont également précisé, en le chassant de la Maison Blanche, que l'expansion géopolitique de la Russie en Ukraine était de nature défensive depuis le début. Dès 1995, l'objectif du président Clinton était d'affaiblir considérablement la Russie et de la soumettre aux intérêts occidentaux. Le point culminant de cette évolution belliqueuse a été, après l'élargissement de l'OTAN vers l'Est, le soi-disant « coup d'État de Maïdan » de 2014 contre le gouvernement ukrainien légitime, qui a porté au pouvoir, avec le généreux soutien financier, logistique et politique du gouvernement américain de l'époque, de l'OTAN et de l'UE, un régime qui considérait la Russie et la majorité russe vivant à Donetsk et Lougansk comme des ennemis à abattre, promis au même destin que la Serbie, l'Irak et la Libye.

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C'est Vladimir Poutine, le président de la Fédération de Russie, qui a déjoué les plans des mondialistes en envahissant l'Ukraine en 2022, déclarant qu'il s'agissait d'une « opération spéciale », d'une part en stoppant l'élargissement progressif et prévu de l'OTAN vers l'Est, et, d'autre part, en tant que puissance protectrice des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, devenues entre-temps indépendantes, et de leur population majoritairement d'origine russe et russophone, qui souffrait de la terreur meurtrière exercée depuis huit ans contre les civils dans les deux républiques indépendantes, elle y mettait enfin un terme. En réalité, la Russie n'a jamais eu l'intention de conquérir des territoires non russes, comme l'ont prétendu les médias mensongers de l'Occident et les dirigeants mondialistes de l'Occident collectif. L'« opération spéciale » n'a jamais été une guerre contre l'Ukraine et les Ukrainiens, mais une guerre contre l'Occident collectif, contre les médias pro-OTAN qui, jusqu'à aujourd'hui, sont tombés dans le terrorisme pur et dur, et ce de la manière la plus cruelle et la plus insupportable. Joe Biden et son impérialisme génocidaire ont recruté des mercenaires britanniques, polonais, américains et djihadistes qui, avec les néo-nazis des bataillons Azov et Kraken, ont commis des centaines de crimes de guerre contre des prisonniers et des civils russes.

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Avec le changement de pouvoir à la Maison Blanche, la victoire écrasante de Trump sur sa rivale ridicule Kamala Harris, une mondialiste russophobe sans aucune connaissance géopolitique, et la totalitarisation des sociétés d'Europe occidentale en particulier dans le sens d'un système woke, antidémocratique et néolibéral qui ne reconnaît les élections que si des politiciens complaisants et dociles les remportent, un « changement d'époque » a en effet commencé. Les Etats-Unis qui, depuis la victoire de l'équipe Trump, adoptent une ligne de plus en plus illibérale et dure à l'encontre de leurs anciens alliés libéraux-mondialistes woke en Europe et au Canada - à commencer par le discours du vice-président Vance lors de la réunion du WEF, qui a suscité l'horreur à Davos, lorsqu'il a accusé, à juste titre, les élites politico-médiatiques qui s'y étaient réunies de persécuter les dissidents, les populistes de droite et de restreindre de manière rigide la liberté d'expression -, il est fort probable qu'ils ne feront plus preuve de la même tolérance à l'égard des provocations libérales-gauchistes et mondialistes et de l'arrogance de leurs ex-partenaires. Suivant les principes de John Bannon, qui a réuni dans sa « War-Room » les théories de la révolution conservatrice et d'un traditionalisme américain - ce que le philosophe russe Alexandr Dugin appelle le « trumpisme » - et qui a ainsi largement contribué à la victoire de Trump, il s'agit également d'une guerre de l'information. Dans cette dernière, les mensonges des élites occidentales, leurs fake news, doivent être démasqués, mais il faut également séparer le bon grain de l'ivraie. Certes, l'équipe Trump a déjà réussi à démanteler une grande partie de l'État profond, mais la victoire totale sur le monstre satanique n'est pas encore acquise. Nous constatons également que même chez nous, dans la RFA politiquement détraquée, une foire d'empoigne composée de la CDU/CSU déchristianisée, des traîtres à la classe ouvrière que sont les « sociaux-démocrates », des dégénérés verts tournés bellicistes et de la populace de gauche, symboles de la mondialisation néolibérale, s'apprête à réduire au silence l'opposition populiste de droite à l'aide de projets financés par l'État, soit par des interdictions, soit par la violence de leurs bandes terroristes nazies, mais peintes en rouge et en vert pour faire illusion. L'« Etat profond » est déstabilisé, mais il est loin de s'avouer vaincu.

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Pourtant, ce qui se passe actuellement est bel et bien un « événement » ou une « apparition » : la manifestation de l'essence de la Révolution conservatrice dans l'histoire, à partir de ces camarades actifs aux États-Unis, les Trumpistes, les « Proud Boys », les gens ordinaires, qui ont une dimension traditionaliste et une dimension métaphysique que nous n'avons malheureusement qu'effleurée et totalement sous-estimée jusqu'à présent. Ceux qui échouent une fois de plus dans ce combat culturel, ce sont les soi-disant conservateurs axiologiques ou libéraux, qui ne comprennent pas l'ensemble du compendium que représente le traditionalisme, qui parlent d'« impérialisme grand-russe », mais qui ne sont même pas capables, mentalement, d'embrasser du regard le champ de bataille entre la vision mondialiste et la vision antimondialiste du monde et qui ne reconnaissent pas qu'il y a deux blocs, dont l'un représente le peuple et l'autre les élites transnationales. Le second échec est celui d'une partie de la soi-disant « nouvelle droite » qui, par l'intermédiaire de certains de ses pathétiques « théoriciens », n'a pas hésité à considérer John Bannon comme un « prétentieux » et le choix entre Trump et Biden comme « totalement inintéressant et insignifiant ». Peut-on se ridiculiser davantage et se démasquer soi-même comme des ignorants arrogants ? L'aveuglement et la surestimation de soi ont toujours été des travers humains de dimension très primaire.

La Russie et les États-Unis sont actuellement les principaux acteurs du « choc des civilisations », tandis que les élites de l'UE poursuivent une politique belliciste cohérente: celle de détruire tout ce qui s'est développé de manière organique en Europe et dans le monde. Une telle politique n'est pas seulement une menace pour la diversité des peuples européens et pour leurs identités, elle est également antipopulaire au plus haut point, car elle nivelle toutes les différences entre les cultures, les traditions, les civilisations et les peuples. Certes, la situation est désormais en quelque sorte prérévolutionnaire, car le développement de ces nouveautés est la loi en vigueur actuellement dans le monde, mais l'idéologie du mondialisme néolibéral, étroitement liée au conflit militaire en Ukraine, au régime ukrainien-nazi de Kiev, tout en étant assaisonnée de néo-paganisme et de satanisme, est toujours un ennemi mortel qu'il ne faut pas sous-estimer. Il sera intéressant d'observer comment se comportera par exemple la « post-fasciste » Georgia Meloni, Premier ministre italien. Suivra-t-elle le bon exemple de Viktor Orban et Roberto Fico et rejoindra-t-elle les trumpistes, ou s'en tiendra-t-elle à la Commission européenne corrompue et aux va-t-en-guerre qui s'y trouvent autour de von der Leyen et Kallas. Historiquement, la droite italienne a toujours misé sur la carte atlantiste, prouvant ainsi que les Italiens, qui soi-disant des gens « au sang chaud », savent calculer froidement et savent exactement où trouver les bataillons les plus forts, tandis que le destin des Allemands semble être que les aveugles se laissent mener à leur propre perte par d'autres aveugles.

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Pour la droite allemande, il devrait être parfaitement clair qu'au vu des manifestations grotesques de solidarité de l'élite corrompue et corruptrice de l'UE et du soi-disant « centre démocratique », surtout en RFA, envers le comédien mégalomane ukrainien Zelenski à l'occasion de son expulsion bien méritée à Washington, la classe politique dirigeante ne voit pas en nous des adversaires politiques, mais des ennemis à abattre. C'est pourquoi notre hostilité à leur égard doit être irréconciliable et implacable. Nous devons comprendre qu'ils veulent nous détruire politiquement, psychologiquement et - si nécessaire - physiquement, et qu'en contrepartie nous n'avons pas l'intention de nous laisser détruire, mais que nous leur demanderons des comptes en temps voulu. « Je veux entendre le clic des menottes ! » (Peter Hahne).

Les illusions métapolitiques seules ne nous aideront pas à changer le désordre existant, il faut aussi une action pratique. Il ne s'agit nullement d'un appel à la violence, mais d'une réflexion sur la manière dont le système qui nous domine, nous opprime et nous insulte quotidiennement peut être contraint, par des manifestations de masse, par la désobéissance civile, par des grèves générales et des actions similaires, à laisser tomber définitivement son masque pseudo-démocratique et à se présenter comme un totalitarisme ouvert. Karl Marx, qui était certainement tout sauf un révolutionnaire conservateur, l'a néanmoins bien compris: « L'arme de la critique ne peut pas remplacer la critique des armes. La violence matérielle doit être renversée par la violence matérielle, seule la théorie devient une violence matérielle lorsqu'elle s'empare des masses ! Elle devient une violence matérielle lorsqu'elle devient une conscience et une orientation pour l'action des masses ». (Karl Marx : Introduction à la critique de la philosophie du droit de Hegel 1843-1844).

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Après tout, les trumpistes ont déjà accompli une partie importante de leur révolution conservatrice : le soi-disant « Occident collectif » est en train de s'effondrer sous nos yeux, ce qui signifie que les jours du régime de terreur à Kiev sont également comptés. Un nouveau monde est en train de naître, qui ne fait plus peu de cas de la tradition, de l'autorité et de l'identité culturelle et nationale. Ecoutons le grand diplomate, philosophe et réactionnaire espagnol Juan Donoso Cortés (1809-1853) : « Je représente quelque chose de plus grand ; je représente la tradition par laquelle les nations sont ce qu'elles sont dans tous les siècles. Si ma voix a quelque autorité, ce n'est pas, Messieurs, parce qu'elle est ma voix, mais parce qu'elle est la voix de vos pères. Vos voix me sont indifférentes, je ne me suis pas proposé de m'adresser à votre volonté qui vote, mais à votre conscience qui juge ! »

Quand Victor Hugo entrevoit l’horreur architecturale

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Quand Victor Hugo entrevoit l’horreur architecturale

Nicolas Bonnal

L’horreur architecturale s’est reproduite partout sur notre pauvre terre, la recouvrant de tours de Babel. Plus aucune ville n’est reconnaissable, toutes se flattant de reproduire le squelette du business cosmopolite. On attend que Tom Cruise en fasse l’escalade dans ses missions pas possibles, et puis on est content à Dubaï ou à Shanghai pendant qu’au pied du débris minéral se serrent les cohortes des fourmis motorisées qui rêvent de retrouver leur télé ou leur caisse de supermarché.

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En relisant Notre-Dame de Paris je me suis toutefois consolé : la catastrophe avait eu lieu bien avant Manhattan ! On se souvient que Hugo se lance dans une de ses digressions philosophiques dont il a le secret, et qui nous ouvre un pan de pensée sur l’infini. Dans le chapitre Deux du livre Cinquième il explique que l’architecture était jusqu’à la fin du moyen âge le grand livre de l’humanité. Et que c’est pour cela aussi que l’on construisit autant d’églises au moyen âge : elles étaient des lieux d’expression, voire de contestation !

« La pensée alors n’était libre que de cette façon, aussi ne s’écrivait-elle tout entière que sur ces livres qu’on appelait édifices….

Aussi n’ayant que cette voie, la maçonnerie, pour se faire jour, elle s’y précipitait de toutes parts. De là l’immense quantité de cathédrales qui ont couvert l’Europe, nombre si prodigieux qu’on y croit à peine, même après l’avoir vérifié…

De cette manière, sous prétexte de bâtir des églises à Dieu, l’art se développait dans des proportions magnifiques. »

Il est vrai que l’on peut passer des heures dans une église médiévale, dans une cathédrale, même s’il faut se munir des guides savants ou des livres d’alchimie…

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Mais vient l’imprimerie. Et c’est le chant du signe, si j’ose dire. Et ici Hugo que l’on présente toujours comme le grand progressiste de service se fait pessimiste, comme tant d’écrivains catholiques de haute époque (Bloy, Bonald, Bernanos…). On est en 1830, avant le verbiage humanitaire. Mais savourez ces tours et pensez à nos châteaux Louis XIII-Louis XIV etc. si tristes finalement :

« Aussi voyez comme à partir de la découverte de l’imprimerie l’architecture se dessèche peu à peu, s’atrophie et se dénude. Comme on sent que l’eau baisse, que la sève s’en va, que la pensée des temps et des peuples se retire d’elle ! »

La fin du moyen âge suppose ici pour Hugo une fin du génie national et un début de la mondialisation de l’horreur architecturale. C’est le retour au préjugé classique, comme disait Guénon, celui de l’empire niveleur romain ou alexandrin. Ici il rejoint Burckhardt, Schuon et même Spengler qui tape si fort sur la renaissance.

« Mais, dès le seizième siècle, la maladie de l’architecture est visible ; elle n’exprime déjà plus essentiellement la société ; elle se fait misérablement art classique ; de gauloise, d’européenne, d’indigène, elle devient grecque et romaine, de vraie et de moderne, pseudo-antique. C’est cette décadence qu’on appelle renaissance. »

Oublié le génie du moyen âge. Et le jeune auteur des géniales Orientales va encore plus loin :

« L’architecture se dépouille, elle s’effeuille, elle maigrit à vue d’œil. Elle est mesquine, elle est pauvre, elle est nulle… Elle appelle des manœuvres à défaut d’artistes. La vitre remplace le vitrail. Adieu toute sève, toute originalité, toute vie, toute intelligence. »

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Le génie national et médiéval disparu (Hugo préfère le gothique au roman, à la fois pour des raisons politiques et esthétiques, il ne reste à l’artiste qu’à constater la montée de la géométrie qui enchantait les Grecs (Nerval dénoncera notre préjugé classique et notre oubli celtique).

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« À partir de François II, la forme architecturale de l’édifice s’efface de plus en plus et laisse saillir la forme géométrique, comme la charpente osseuse d’un malade amaigri. Les belles lignes de l’art font place aux froides et inexorables lignes du géomètre. Un édifice n’est plus un édifice, c’est un polyèdre. L’architecture cependant se tourmente pour cacher cette nudité. »

La transformation de l’édifice en polyèdre, c’est aussi – et le pauvre Hugo n’est pas là pour le voir – la transformation de l’Europe en bric-à-brac d’infrastructures et règlements, et aussi la transformation progressive de la France en hexagone. Le squelette mathématique pétrifie le monde depuis les ingénieurs de la Renaissance et l’horreur de leur architecture. Et le peuple des cités ou des condominiums a remplacé celui des bâtisseurs de cathédrales. On comprend l’hommage romantique au Moyen Age.

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lundi, 03 mars 2025

Victor Hugo et le mouvement de l’Histoire

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Victor Hugo et le mouvement de l’Histoire

Lecture d’un chapitre de Notre-Dame de Paris

par Daniel COLOGNE

(paru initialement sur le site Europe Maxima, le 27 octobre 2020)

Les réflexions qui suivent sont inspirées par le chapitre II du livre cinquième du célèbre roman hugolien. Victor Hugo (1802 – 1885) parsème son récit de quelques chapitres qui relèvent de la philosophie de l’Histoire, de la conception architecturale ou de la vision imaginaire du Paris médiéval (voir notamment le livre troisième). Car le roman se passe en 1482, date faisant partie intégrante du titre, millésime ravalé au rang de sous-titre ou carrément occulté au fil des innombrables éditions, adaptations cinématographiques ou conversions en comédies musicales.

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Adrien Goetz, préfacier de l’édition 2009 chez Gallimard (coll. « Folio classique »), a le mérite de réhabiliter cette année 1482 sans insister sur sa proximité avec 1476 – 1477: défaites de Charles le Téméraire à Grandson et Morat, sa mort à Nancy, extinction des derniers feux de ce que Julius Evola appelle « l’âme de la chevalerie », tandis que pointe comme une improbable aurore le pragmatisme calculateur de Louis XI. Nonobstant une importante réserve que je formulerai en conclusion, je trouve la préface d’Adrien Goetz remarquable et je m’incline devant l’étonnante érudition des 180 pages de notes de Benedikte Andersson.

Le volume contient aussi d’intéressantes annexes où l’on découvre sans surprise un Victor Hugo admirateur de Walter Scott, en face duquel Restif de la Bretonne fait piètre figure en apportant « sa hottée de plâtres » au grand édifice de la littérature européenne. Pourtant, Victor Hugo cite rarement ceux qu’il juge responsable du déclin des lettres françaises. Il ne fait qu’égratigner Voltaire, vitupère globalement les récits trop classiques dans des pages critiques où peuvent se reconnaître pour cibles l’Abbé Prévost, Madame de La Fayette, voire le Diderot de Jacques le Fataliste. Pour qui sait lire entre les lignes et connaît quelque peu la production littéraire du siècle des prétendues « Lumières », les considérations désabusées sur le roman épistolaire ne peuvent viser que Choderlos de Laclos et ses Liaisons dangereuses. Mais le chapitre II du livre cinquième vaut surtout par sa profondeur historique et une véritable théorie des trois âges de l’humanité que Victor Hugo nous invite à méditer avec une maîtrise stylistique et une organisation du savoir assez époustouflantes chez un jeune homme de 29 ans (Notre-Dame de Paris 1482 paraît en 1831).

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« Quand la mémoire des premières races se sentit surchargée, quand le bagage des souvenirs du genre humain devint si lourd et si confus que la parole, nue et volante, risqua d’en perdre en chemin, on les transcrivit sur le sol de la façon la plus visible, la plus durable et la plus naturelle à la fois. On scella chaque tradition sous un monument. » Ainsi Victor Hugo évoque-t-il le premier passage d’une ère d’oralité à un âge où l’architecture devient « le grand livre de l’humanité ». Souvenons-nous cependant de la parole biblique concernant la pierre que les bâtisseurs ont écartée et qui est justement la pierre d’angle. Le risque de « perdre en chemin » un élément essentiel deviendrait-il réalité dès que s’élèvent les premiers menhirs celtiques que l’on retrouve « dans la Sibérie d’Asie » ou « les pampas d’Amérique » ?

Toute tradition devant contenir une part de trahison (le latin tradition a donné le français traître), l’âge architectural serait alors le monde de la Tradition proprement dite, déjà synonyme de déclin par rapport aux temps originels et primordiaux, illuminés par la prodigieuse mémoire des « premières races ». Depuis « l’immense entassement de Karnac […] jusqu’au XVe siècle de l’ère chrétienne inclusivement », l’architecture est le mode d’expression dominant. Il ne faut pas pour autant tenir pour négligeable les autres fleurons artistiques et littéraires qui s’échelonnent tout au long de cette période plurimillénaire : les épopées et tragédies, l’Odyssée, l’Énéide et la Divine Comédie, dont on a pu écrire dans Éléments (n° 179, p. 68), qu’elles sont les trois piliers de la culture européenne. À plus forte raison, Victor Hugo mentionne les vénérables textes sacrés, et notamment le Mahabharata, dont l’auteur légendaire Vyasa « est touffu, étrange, impénétrable comme une pagode ».

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Dans la Chrétienté médiévale, le style des édifices religieux romans est analogue à celui de l’architecture hindoue. La « mystérieuse architecture romane » est « sœur des maçonneries théocratiques de l’Égypte et de l’Inde », écrit Hugo. C’est une architecture de caste, où l’on ne voit que le détenteur de l’autorité sacerdotale. « On y sent partout l’autorité, l’unité, l’impénétrable, l’absolu, Grégoire VII; partout le prêtre, jamais l’homme; partout la caste, jamais le peuple. » « Qu’il s’appelle brahmane, mage ou pape, dans les maçonneries hindoue, égyptienne ou romane, on sent toujours le prêtre, rien que le prêtre. Il n’en est pas de même dans les architectures de peuple. »

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Le style gothique est, selon Hugo, une « architecture de peuple ». Il assure la transition entre le Moyen Âge et les Temps modernes. Ceux-ci débutent avec l’invention de l’imprimerie. Avant de revenir en détail sur la vision hugolienne de la période gothique – passage du chapitre qui me semble le plus contestable -, brossons rapidement le tableau d’une modernité où la littérature devient l’art dominant, mais où les autres arts s’émancipent de la tutelle architecturale. « La sculpture devient statutaire, l’imagerie devient peinture, le canon devient musique. » L’architecture « se dessèche peu à peu, s’atrophie et se dénude ». Mais la littérature l’accompagne rapidement dans son déclin, hormis « la fête d’un grand siècle littéraire », qui est celui de Louis XIV et qui éclipse injustement Montaigne, Rabelais et la Pléiade.

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L’objectif du romantisme est la résurrection simultanée de l’architecture et des lettres, ainsi qu’en témoigne l’engagement de Victor Hugo depuis la Bataille d’Hernani jusqu’à la mobilisation de son ami Viollet–le-Duc pour restaurer la cathédrale parisienne et l’Hôtel de Ville de Bruxelles. Achevé en 1445 sous le duc de Bourgogne Philippe le Bon, père de Charles le Téméraire, l’Hôtel de ville de Bruxelles est encore de style gothique et Victor Hugo saisit très bien le mouvement créatif qui s’étend de l’architecture religieuse à l’architecture civile en traversant les trois ordres dont Georges Duby démontre magistralement qu’ils constituent les fondements de l’imaginaire médiéval. « L’hiéroglyphe déserte la cathédrale et s’en va blasonner le donjon pour faire un prestige à la féodalité. » Mais il s’en va également orner les édifices qui font la fierté de la commune qui perce sous la seigneurie tout comme « la seigneurie perce sous le sacerdoce ».

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Dans l’acception hugolienne du terme, le peuple apparaît comme l’opposition solidaire de toutes les couches sociales dominées contre la caste dominante, en l’occurrence le sacerdoce. Ce type d’antagonisme peut approximativement s’observer au cours de l’histoire des Pays-Bas espagnols. Plus encore que l’Église catholique, l’oppresseur est alors une forme de durcissement politico-religieux incarné par Philippe II et ses gouverneurs au premier rang desquels le sinistre duc d’Albe. La toile de Breughel intitulée Les Mendiants symbolise la solidarité de toutes les strates de la population des Pays-Bas contre la tyrannie hispano-chrétienne. Ce sont deux aristocrates, les comtes d’Egmont et de Hornes, qui prennent l’initiative de l’insurrection et qui sont décapités juste en face de l’Hôtel de Ville, devant le bâtiment qui abrite aujourd’hui le musée vestimentaire de Manneken-Pis !

Aux voyageurs désireux de découvrir ce patrimoine européen septentrional au rythme du flâneur dont Ghelderode fait l’éloge, et non dans la précipitation propre au tourisme de masse, je conseille de s’attarder au square du petit-Sablon, dont l’entrée est gardée par l’imposante statue d’Egmont et de Hornes, « populistes » ante litteram. Dans la lutte actuelle entre « populistes » et « mondialistes », les premiers peuvent-ils encore compter sur le Gotha et sur l’Église ? Car la caste dominante n’est plus le sacerdoce, mais une « hyper-classe mondialiste (Pierre Le Vigan) », une coterie de capitalistes revenus à leurs fondamentaux, à l’individualisme hors-sol et au déplacement massif de populations coupées de leurs origines, depuis la traite des Noirs jusqu’aux migrants d’aujourd’hui en passant par le regroupement familial des années 1970 transformant une immigration de travail en immigration de peuplement. Les déclarations pontificales et l’attitude des dernières monarchies européennes dévoilent plutôt une position favorable au mondialisme. Tout ceci ne nous éloigne de Victor Hugo qu’en apparence. Hugo est aussi « populiste » avant l’heure en attribuant au « peuple » une créativité, un peu comme Barrès l’accorde au « visiteur de la prairie », à la différence près que le rôle de la « Chapelle » barrésienne est d’orienter les élans et les rêves vers des fins spirituelles supérieures.

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Chez Hugo, la créativité populaire, dont témoigne le foisonnement du style gothique, est magnifiée comme une sorte de préfiguration de la libre pensée. Hugo relève à juste titre que l’architecture gothique incorpore des éléments parfois « hostiles à l’Église ». Ce n’est pas à l’astrologie qu’il pense alors qu’il semble bien connaître la cathédrale de Strasbourg à laquelle on a consacré un livre entier décrivant ses innombrables figurations zodiacales.

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L’hostilité à l’Église dans certains thèmes gothiques n’est pas une offensive anti-cléricale par le bas (catagogique, dirait Julius Evola), comparable à la critique pré-moderne qui va culminer chez un Voltaire dans ses imprécations contre « l’Infâme », mais l’affirmation d’un imperium supérieur à l’Église (dépassement anagogique, par le haut, de la théocratie pontificale). Julius Evola associe cette idée impériale gibeline au mystère du Graal dont Victor Hugo ne souffle mot et qui est pourtant contemporain de la naissance du style gothique. En effet, c’est entre le dernier quart du XIIe siècle et le premier quart du XIIIe siècle que prolifèrent les récits du cycle du Graal, comme s’ils obéissaient à une sorte de directive occulte, à un mot d’ordre destiné à la caste guerrière visant à la sublimer en une chevalerie en quête d’un élément essentiel perdu.

Le thème du Graal est l’équivalent païen, au sens noble du terme, de la pierre d’angle biblique rejetée par les bâtisseurs. Énigmatique demeure à mes yeux cette phrase de René Guénon: « Le Graal ne peut être qu’un zodiaque. » Mais je suis convaincu que, pour déchirer le voile qui recouvre le mystère des origines, pour retrouver ce « grain d’or » dont parle l’astronome Kepler (1571 – 1630), il faut emprunter la voie de l’astrologie, domaine impensé de notre mouvance intellectuelle (du moins à ma connaissance), art antique vénérable raillé par La Fontaine et Voltaire, discipline dévoyée depuis quatre siècles, hormis quelques soubresauts: le marquis de Boulainvilliers (1658 – 1722), une école française aux alentours de 1900 (Caslant, Choisnard, Boudineau), une école belge (avec Gustave-Lambert Brahy comme figure de proue), les travaux plus récents de Gauquelin et Barbault (tous deux nés en 1920). Si le Graal est un vase, ce n’est pas exclusivement parce que Joseph d’Arimathie y a recueilli le sang de Jésus crucifié, mais c’est, par-delà sa dérivation chrétienne, par son identification plus générale à un récipient recueillant la pluie des influences cosmiques. Cet élargissement de la signification du Graal s’inscrit, soit dans la « Préhistoire partagée (Raphaël Nicolle) » des peuples indo-européens, soit dans une proto-histoire plus ample, ainsi qu’en témoigne le rapprochement d’Hugo entre les pierres levées d’Europe occidentale et celle de l’Asie sibérienne et de l’Argentine.

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Que Victor Hugo soit passé à côté de cette importante thématique n'ôte rien à la qualité de son chapitre que j’ai relu avec un intérêt admiratif et donc je vais conclure la recension en prenant mes distance par rapport à Adrien Goetz, excellent préfacier par ailleurs. Trois âges se succèdent donc dans la vision hugolienne du mouvement de l’Histoire. Le premier âge est celui de la transmission orale. Le deuxième est celui de la parole écrite et construite, où l’architecture est l’art dominant. Le troisième est celui de la parole imprimée, de la domination du livre, de la « galaxie Gutenberg » qui inspire en 1962 à McLuhan son ouvrage majeur.

Né à Besançon comme les frères Lumière, Victor Hugo assiste au balbutiement d’un quatrième âge que le préfacier Adrien Goetz nous convie à nommer l’âge des « révolutions médiologiques ». Cette nouvelle ère présente aujourd’hui le visage d’un « magma », le spectacle d’un « boueux flux d’images » avec pour fond sonore « le bruissement des images virtuelles et des communications immédiates ». Ses lucides observations n’empêchent pas le préfacier de rêver que « l’œuvre d’art total du XXIe siècle » puisse surgir bientôt de la toile d’araignée réticulaire en offrant aux générations futures un éblouissement comparable à celui que génère la lecture d’Hugo ou de Proust. Adrien Goetz va plus loin : « Les multimédias […] sont les nouvelles données de l’écriture peut-être, bientôt, de la pensée. » Il appelle de ses vœux « une sorte de cyber-utopie ». Mais qu’elle soit « œuvre-réseau », livre imprimé, monument de pierre ou litanie psalmodiée des premiers temps d’avant l’écriture, l’utopie ne peut s’appuyer que sur les invariants anthropologiques qui, précisément, se désagrègent au fil de « la généralisation de la webcam ».

Ces invariants sont l’espérance d’un au-delà transfigurant, la certitude d’un en-deçà déterminant, la nécessité d’une Gemeinschaft hiérarchique ne faisant toutefois pas l’économie de la justice. Ils sont certes remis en question depuis plusieurs siècles, mais c’est l’individualisme post-moderne qui en constitue le contre-pied parfait. En même temps que les « liens hypertextes », qu’Adrien Goetz destine à une transmutation comparable à celle des alchimistes, s’affirme un type humain dominant dénué d’élan spirituel, oublieux de ses atavismes et fiévreusement lancé dans une course au plaisir qu’il s’imagine régie par l’« égalité des chances ».

Daniel COLOGNE

Le nouveau « Nouveau monde » de Trump

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Le nouveau « Nouveau monde » de Trump

Pierre-Emile Blairon

Environ tous les deux ans, je fais éditer un recueil de textes qui réunit tous mes articles parus durant ce laps de temps (sans compter les éventuels ouvrages sur un sujet bien déterminé) ; j’appelle ces recueils des chroniques, bien qu’ils ne soient pas toujours rassemblés chronologiquement, comme l’exigerait la définition de ce type de littérature.

Cette fois, ce recueil comprenait 26 articles rédigés entre le 8 novembre 2023 et le 8 février 2025 en 290 pages. Cet ouvrage devait paraître en mars 2025 et avait reçu pour titre : Haute trahison et, pour sous-titre : Quand les élites rejettent leurs peuples.

Il devait être divisé en deux parties : Satanisation et titanisation du monde et, en seconde partie, Les dirigeants contre leurs peuples.

Il s’est passé entretemps un événement extraordinaire qui a reporté ce projet éditorial à une date ultérieure : l’accession au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier 2025, qui a profondément modifié tous les paramètres en cours qui devaient assurer logiquement cette parution.

Changement de paradigme

Il s’est en effet produit en quelques semaines aux USA un changement de paradigme qui a bouleversé toutes les données acquises depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Un changement de paradigme – modification profonde de la façon de penser et d’agir - est souvent associé à une connaissance scientifique qui, vue sous un autre prisme, peut se révéler être de nature purement spirituelle même si les acteurs et spectateurs de ce bouleversement n’ont, en règle générale, pas conscience de son caractère révolutionnaire car les uns et les autres agissent et réagissent en fonction d’une logique qui, en apparence, reste contenue dans des normes ordinaires.

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Les primordialistes [1], dont la principale qualité reste la capacité de voir plus haut et plus loin, ont déjà pu analyser, à la lueur des récits traditionnels, ce phénomène de retournement brutal qui s’apparente au renversement d’un glaçon dans un verre « comme pourrait le faire un iceberg qui peut opérer un Grand Retournement, selon le principe même du cycle, Grand Retournement qui se fait instantanément, sans glissement progressif d’un état à l’autre [2] ». Je faisais remarquer, dans cet extrait qui présentait mon recueil d’articles paru en 2021 [3], que « la science profane rejoint quelquefois la science sacrée : les scientifiques appellent ʺretournementʺ ou ʺbasculementʺ un iceberg qui inverse son sommet et sa base. »

Le terme « révolution » convient parfaitement à ce brusque retournement à 180° qui abolit la plupart des certitudes sur lesquelles s’était fondée la croyance en un certain type de société qui s’est avérée n’être qu’une illusion, en l’occurrence dévastatrice.

Ce qui a abasourdi les observateurs, c’est la rapidité et la facilité avec lesquelles cette Révolution s’est produite, comme si c’était un jeu d’enfant, comme s’il suffisait de décréter la mise en place d’une nouvelle base de valeurs pour la voir se réaliser sous nos yeux, simplement en brandissant une baguette magique.

Nous avons en effet peine à imaginer l’énorme charivari – sans doute non encore bien maîtrisé - que ce Grand Retournement représente d’organisation et de décisions au niveau de la plus grande puissance du monde, même si cette dernière en était à vivre des moments difficiles au moment où le basculement paradigmatique s’est produit et à effectuer des concessions douloureuses au nom de l’avènement d’un monde multipolaire qui étend inexorablement ses tentacules sur l’ensemble de la planète. Et c’est peut-être parce que l’Amérique était acculée, contrainte à cet effort de changement, que la magie a pu opérer.

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On ne peut s’empêcher d’établir le parallèle entre ces événements et la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 qui symbolisait la fin du communisme en URSS et, par contrecoup, l’occidentalisation hasardeuse et maléfique du monde avec la disparition des repères traditionnels qui fondaient les antiques civilisations.

Il n’est pas anodin de préciser, pour rappeler ce que je disais plus haut, que ce moment historique qui a marqué la fin du XXe siècle – la chute du mur de Berlin - a été judicieusement appelé « Le tournant ».

Eh bien, nous pouvons constater que le monde procède naturellement d’une manière cyclique par tournants et retournements, que le chemin heureux d’un progrès lisse et sans fin n’existe pas, qu’il suffit parfois de quelques pitreries bien calculées d’un Donald ou d’un Elon pour renverser la table que certains pensaient taillée dans le granit rose le plus solide et ancrée dans les délires du wokisme le plus effréné.

Covid 19 : l’horreur programmée

Soyons clairs au risque de choquer la raison de bien de gens naïfs et trop frêles pour admettre ce qui dépasse l’entendement : la secte pédo-sataniste qui a pris le pouvoir sur le monde à l’orée de 2020 préparait son coup depuis des siècles, si ce n’est des millénaires.

Cette secte est le produit de la décomposition de forces épuisées, « entités maléfiques qui appartiennent au cycle noir qui s’achève et seront emportées avec lui en phase ultime, comme une écume qui s’envole au vent, ʺcomme volatiliséesʺ, a dit Guénon, car elles ne sont que les résidus de mondes disparus, sans lien profond avec le monde et la vie, même si elles se présentent sous les oripeaux rutilants de la plus extrême modernité, la « modernité » étant l’un des aspects majeurs de la décadence [4]. »

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Le 21 décembre 2020, dans un article intitulé Le monde, un malade en phase terminale [5], j’écrivais ceci qui devrait plaire à Donald Trump qui ne manquera certainement pas de lire cet article : « les derniers soubresauts de ce monde agonisant ne s’achèveront que dans l’horreur et la terreur à moins d’un retournement de la situation politique aux Etats-Unis qui verrait le président Trump reprendre ses fonctions. Cela pourrait alors signifier au moins une halte dans le processus de décomposition. »

Je me suis trompé, Trump, en ces derniers jours de février 2025, est allé beaucoup plus loin que ce que nous n’aurions pu l’espérer en 2020.

Il faut dire que les perspectives d’alors n’étaient guère réjouissantes car les plus lucides d’entre nous commençaient à entrevoir l’ampleur de la manipulation puisque j’écrivais en aout 2020 un article titré : Objectif Covid : soumission et robotisation de la population planétaire [6].

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Donald Trump, Elon Musk, J. D. Vance, Robert Kennedy jr, Tulsi Gabbard et l’équipe admirable qu’ils ont mise en place ont pu heureusement faire échouer ce sinistre projet.

Comment expliquer la réussite totale de l’épisode pédo-sataniste (2020-2024) avant son interruption décisive ordonnée par l’administration Trump ?

J’ai indiqué dans nombre de mes articles précédents la probable genèse de ce culte à Satan qui trouverait, paradoxalement, ses origines dans les trois religions du Livre et qui a fait florès, par dévoiement ou réaction, au sein de la société américaine et de ses élites depuis l’arrivée des premiers pionniers anglo-saxons, les « pilgrims », rejetés d’Angleterre justement à cause de leur fanatisme biblique axé essentiellement sur l’étude de l’Ancien testament, ce qui explique l’identification de certaines sectes américaines actuelles aux coutumes religieuses du peuple juif.

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C’est au nom du retour à une normalité religieuse que Trump et Musk se sont attaqués au satanisme et sont prêts à le faire entièrement disparaître, englouti, en même temps que toute la clique du satano-showbiz, dans les miasmes nauséabonds des derniers relents de l’affaire Epstein.

Comme il semble qu’ils vont réussir à arrêter cette guerre déclarée à la Russie par l’Otan sous faux drapeau ukrainien et à écarter définitivement de la scène politique ce voyou cocaïnomane qu’est Zelinsky et toute la bande des mondialistes décadents qui le soutiennent en Europe (de Bruxelles).

Comme ils vont, nous le souhaitons vivement, mettre sous les barreaux - voire plus si besoin est - les responsables de cette fausse pandémie et de ces faux vaccins qui ont tué, et qui vont encore tuer des millions de personnes sur la planète.

Nous avons beaucoup souffert en France des méfaits du wokisme et du gauchisme, de la propagation, avec l’assentiment de l’Education nationale, des théories du genre, notamment dans les petites classes de nos écoles transformées en laboratoires d’initiation aux pratiques sexuelles ; nous avons beaucoup souffert en France, de la satanisation des spectacles proposés aux foules lobotomisées ; aucun d’entre nous n’oubliera la honte qui s’est abattue sur les Français quand ils ont découvert - la même année !- les spectacles répugnants des Jeux Olympiques [7], de l’Eurovision, de Toulouse [8]. Mais qui ne sont pas plus abjects que les folies LGBT que le deep state a alimentées en permanence aux Etats-Unis avec l’aide d’une classe politique dépravée (Biden, Clinton, Obama…)

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Nous continuerons à souffrir de l’invasion migratoire et nous continuerons à voir nos enfants tués « pour un regard » malgré les appels à la raison d’un Vance ou d’un Trump pour stopper cette folie.

Malheureusement, toutes ces dispositions salvatrices et tous ces vœux pieux ne concernent que les Etats-Unis. Ni Trump, ni Vance, ni Musk, ni aucun américain n’a l’intention de sauver le soldat Macron, et ils ont bien raison ; personne n’interviendra en faveur de cette Europe à la dérive que les Européens n’ont pas voulue, que l’on songe aux magouilles de « l’Américain » Sarkozy après le non au référendum sur l’Europe en 2005 [9].

L’Europe décadente de Bruxelles n’intéresse plus les Américains

L’ancien dissident soviétique, Vladimir Boukovsky, avait écrit en 2005 un livre décapant, L’Union européenne, une nouvelle URSS (éditions du Rocher) qu’il avait résumé dans un discours prononcé à Bruxelles en février 2006. « Il va y avoir un effondrement de l’Union européenne tout comme l’Union soviétique s’est effondrée. Mais n’oubliez pas que, quand ces choses s’effondrent, elles laissent entrer une telle dévastation qu’il faut une génération pour s’en remettre. Pensez seulement à ce qui se passera s’il arrive une crise économique. Les récriminations entre nations seront immenses. Ça pourrait mener à une explosion. Regardez l’immense nombre d’immigrants du tiers-monde vivant maintenant en Europe […] C’est pourquoi, et je suis très franc là-dessus, plus tôt nous en finirons avec l’UE, mieux cela vaudra. Plus tôt elle s’effondrera, moins il y aura de dégâts pour nous et pour les autres pays. Mais nous devons faire vite parce que les eurocrates agissent très rapidement. Il sera difficile de les vaincre. »

20 ans bientôt et ce discours n’a pas pris une ride !

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Comme je l’ai évoqué, la secte pédo-sataniste, par ses attaches bien fragiles qui la relient au monde des paillettes – celui du « showbiz » - mais aussi, et surtout, au monde des ténèbres, la composition de ses éléments comparables à des filaments éphémères comme les fils des ampoules électriques, ne peut avoir prise que sur une société artificielle et superficielle. C’est justement ce monde que les globalistes ont tenté de créer, laborieusement, pièce à pièce, depuis des lustres, avant qu’il ne s’effondre d’une chiquenaude comme cela vient d’être fait par ces deux esprits facétieux que sont Elon Musk et Donald Trump.

Cet effondrement se fait autour d’un pôle inattendu : l’Union européenne, création elle aussi artificielle, qui n’a aucune légitimité sur aucun plan, et surtout pas sur le plan démocratique.

L’Union européenne, à l’heure même où j’écris, est en train de constituer la base arrière de toute la sphère woke mondialiste, un camp retranché qui sera régi par des lois liberticides, une dictature d’opérette gérée par des bouffons qui se donneront l’illusion d’exister dans leur monde peuplé de forcenés et de zombies, des va-t-en guerre grotesques armés, comme chez Guignol, d’épées de bois, déchets pathétiques et obsolètes dont la survie est d’ores et déjà comptée.

Avant le séisme Trump, tous ces gens qui se ridiculisent maintenant dans une fuite en avant belliciste sur un champ de bataille ukrainien qui n’existe plus, fuite en avant qui s’apparente à un suicide collectif, avaient un statut éminemment privilégié puisqu’ils étaient censés devenir l’élite du pays (la France).

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La seule condition requise était de prêter allégeance à l’Etat profond américain, je veux parler des « Young leaders », ces étudiants inscrits à cette école de formation franco-américaine « de haut niveau », pour la plupart diplômés de l’Ecole Nationale d’Administration, auxquels l’administration américaine, le deep state, demandait seulement de se conformer à ses directives.

Ces jeunes gens donnaient même l’illusion d’avoir un solide bagage intellectuel avant qu’on ne se rende compte que la plupart étaient de fieffés abrutis, leurs formateurs ne leur ayant jamais demandé d’être intelligents, mais d’être soumis [10].

Nous pouvons même nous poser la question de savoir si certaines de ces créatures n’ont pas été entièrement, voire artificiellement, fabriquées par la CIA, comme pourrait l’être un Macron ; nous avons bien remarqué que cet individu se comportait quelquefois comme Biden qui serrait la main de quelqu’un qui n’existait pas, ou qui continuait à passer des troupes en revue alors que ses comparses étaient déjà en train de boire le champagne ; un ravi de la crèche comme on dit en Provence avec bonhomie, ce qui peut amuser Trump.

Une caste de marchands

Je l’ai dit, Trump et son administration feront ce qu’il faut dans l’intérêt exclusif des Etats-Unis ; les marchands comme Trump ne se préoccupent ni de morale ni de culture. Les premières mesures de l’administration Trump adoptées, avec la brutalité qui sied au Nouveau monde, à l’encontre des pays européens – taxation à 25% de leurs produits - ne laissent aucun doute sur ses intentions.

Sans rien préjuger de ce qui sera éventuellement corrigé, il convient cependant de constater que Trump s’inscrit, avec cette mesure peu compatible avec une quelconque volonté d’apaisement, dans la filiation de ceux qui ont fait en sorte que l’Europe devienne, puis reste, un satellite vassalisé des Etats-Unis et cette filiation remonte à la première guerre mondiale qui a vu la paysannerie française décapitée avec 50% des pertes militaires.

Pour évaluer cette catastrophe, il suffit de laisser parler les chiffres. Les sources et les commentaires proviennent des services gouvernementaux français [11].

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Pour un conflit qui a fait 9 millions de morts dont 1,4 million pour la France, voici les pertes humaines (rapportées au nombre d’hommes actifs) ; c’est moi qui ai souligné en gras certaines données.

  • France : 10,5%
  • Allemagne : 9,8%
  • Autriche-Hongrie : 9,5%
  • Italie : 6,2%
  • Royaume-Uni : 5,1%
  • Russie : 5%
  • Belgique : 1,9%
  • États-Unis : 0,2%

« L’appauvrissement du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne fut compensé par l’enrichissement des pays qui avaient profité de la guerre, le Japon et surtout les États-Unis. Ces derniers ont largement renforcé leur place de première puissance économique et sont devenus la première puissance financière : débiteurs de l’Europe avant la guerre, ils en étaient maintenant les créanciers. »

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Pour ce qui est de la seconde guerre mondiale, je dois juste rappeler que Hitler n’a pu accéder au pouvoir que grâce à l’appui de certaines banques et entreprises américaines telles que Morgan, Chase Manhattan (Rockfeller), Ford, General Motors, Standard Oil, etc. et que « cette Amérique sera tout aussi présente après la guerre pour créer un organisme à sa botte qui s’appellera l’Union Européenne. L’un des fondateurs de cette structure sera Jean Monnet, agent de la CIA (selon Marie-France Garaud, Philippe de Villiers, François Asselineau et bien d’autres), tandis que d’autres fondateurs de cette institution comme Robert Schuman et le belge Paul-Henri Spaak (ancien secrétaire général de l’Otan) tiendront le rôle de simples exécutants au service des États-Unis [12] ».

Je passe sur les innombrables conflits fomentés par la CIA et mis en œuvre par son bras armé, l’Otan, qui ont semé la terreur, la haine, la misère et la mort sur la planète pendant des dizaines d’années juste pour entretenir « le commerce », à savoir le complexe militaro-industriel des Etats-Unis.

Nous pouvons espérer que, grâce aux nouvelles bonnes intentions américaines, ce chaos orchestré fait désormais partie du passé.

L’Europe des peuples n’est pas l’Europe de Bruxelles

Cependant, en prenant des mesures contre l’Europe de Bruxelles, l’Amérique de Trump s’en prend aux peuples européens qui n’ont, eux, aucune affinité avec ce monstre administratif, idéologique et dictatorial qui a pris le pouvoir chez eux ; lequel monstre, nous l’avons vu, a été créé par l’Amérique ; les vrais Européens ne demandent qu’à vivre de leur labeur dans un monde apaisé et juste et selon leurs anciennes coutumes. Ce ne sont pas les Européens qui ont programmé l’invasion migratoire dont ils sont victimes. Ce ne sont pas les Européens qui ont demandé à recevoir de faux vaccins au nom d’une fausse pandémie aux débuts des années 2020 ; ils n’ont pas non plus demandé à être conditionnés, voire, pour certains, lobotomisés, par l’ingénierie sociale qui a régné sur tous les actes de la vie sociale sur la quasi-totalité de la planète ; le peuple américain, tout autant que les autres peuples, en a aussi été victime. Mais les Européens ne vont pas accuser les Américains de les avoir placés sous le joug des satano-globalistes, même si la majorité de ces crapules a sévi – et continue à sévir – principalement aux Etats-Unis. De la même façon, les Européens de souche n’ont pas à être accusés de maux dont ils ont été les victimes.

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L’Europe des Indo-Européens existe depuis des dizaines de milliers d’années ; plus précisément, selon nos traditions ancestrales, 64.800 ans ; il faut que les Américains comprennent que les Européens conservent encore, pour certains d’entre eux, cet atavisme des origines et la mémoire des temps glorieux que leurs ancêtres ont vécus. On dira que, de ce point de vue, les Indo-Européens sont des peuples natifs, tout comme les Amérindiens.

En vérité, il est quasiment impossible que les habitants de ce que l’on appelle le « Nouveau monde » d’une part, et, d’autre part, ceux, de moins en moins nombreux, dont la longue filiation indo-européenne est encore vivace, ceux qu’on qualifie d’habitants de la « vieille Europe », puissent se comprendre.

Ne serait-ce que parce que les concepts liés à cette définition même de « Nouveau monde » et « d’Ancien monde » sont totalement inversés. Le monde de notre fin de cycle est pris dans le tourbillon de la « Modernité », c’est-à-dire dans une vision progressiste et enchanteresse de l’Humanité qui se trouve aux antipodes de la réalité puisque nous constatons que tout ce qui est d’essence naturelle est au contraire régi par les lois de l’involution qui font que ce qui était juvénile, beau et plein de vitalité, est appelé à se flétrir et à disparaître pour renaître à la nouvelle saison, dans une nouvelle jeunesse, selon le principe cyclique.

Pour le monde de la Tradition, le progrès linéaire d’un univers qui ne cesse de s’améliorer n’existe pas, le principe de l’évolution darwiniste est une illusion bien pratique qui ne vise qu’à remplacer le monde des croyances et des religions à bout de souffle en Occident par celui de la science et de la technoscience, qui est une autre illusion née de la révolution industrielle de la fin du 19e siècle.

Toute manifestation d’ordre physique peut être abolie en un clin d’œil, et toute civilisation qui se fonde sur une conception matérialiste et/ou rationaliste de la vie est appelée à disparaître très rapidement ; ce qui veut dire, à l’échelle d’une civilisation, quelques centaines d’années.

Comprenons bien qu’une arrogance basée sur ce principe de domination est grotesque.

La sagesse d’un peuple se façonne et acquiert quelques éléments de stabilité au bout d’un apprentissage de plusieurs siècles, voire de plusieurs millénaires.

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Dans l’Arc et la Massue [13], Julius Evola écrivait qu’il est une bêtise que « l’on entend souvent répéter, à savoir que les Américains seraient une ʺrace jeuneʺ, avec pour corollaire tacite que c’est à eux qu’appartient l’avenir. Car un regard myope peut confondre les traits d’une jeunesse effective avec ceux d’un infantilisme régressif. Du reste, il suffit de reprendre la conception traditionnelle pour que la perspective soit renversée. En dépit des apparences, les peuples récemment formés doivent être considérés comme les peuples les plus vieux et, éventuellement comme des peuples crépusculaires, parce qu’ils sont venus en dernier justement, parce qu’ils sont encore plus éloignés des origines. »

La Tradition primordiale peut se concevoir, en effet, comme la source d’un savoir qui coule sans interruption ; plus une civilisation est éloignée de la source originelle, et moins elle a de chances de s’y abreuver et de s’ancrer dans le monde spirituel parce qu’elle aura perdu les connaissances qui lui auraient permis de se raccrocher aux principes d’origine.

 « Les civilisations traditionnelles donnent le vertige par leur stabilité, leur identité, leur fermeté intangible et immuable au milieu du courant du temps et de l’histoire. », rajoute Evola.

Quelle nouvelle Amérique pour quel Nouveau monde ?

Il serait facile de répondre : Nihil sub sole, il n’y a rien de nouveau sous le soleil ; les Américains feront ce qu’ils savent faire déjà. Le problème, c’est que ce qu’ils savent faire, c’est la guerre par procuration, ou sous faux drapeau, si l’on préfère.

Mais nous avons cru comprendre que les Américains allaient désormais suivre une voie vertueuse, se donner des règles de morale et, peut-être, de cohabitation heureuse avec ses voisins dans un monde multipolaire où personne ne tirera à soi la couverture. Vous pouvez y croire si vous croyez au Père Noël. Comme je l’ai dit, je pense plutôt que Trump et sa nouvelle administration ont évalué les changements intervenus ces dernières années dans les rapports de forces internationaux et en ont conclu qu’il était urgent de changer son fusil d’épaule et même de le mettre au râtelier le temps de s’organiser, même si les rodomontades de Trump peuvent faire croire temporairement à une agressivité débridée.

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La civilisation américaine est une civilisation moderne, donc éloignée de la source régénérative, elle est fragile, un colosse aux pieds d’argile dont les représentants patentés tentent de se constituer une apparence de dur à cuire, de bagarreur balafré qui n’hésite jamais à brandir son colt pour affirmer sa virilité. Ils évoluent dans un décor hollywoodien tout en bois, une façade de saloons, d’enseignes de coiffeurs et de croque-morts, où déambulent de faux chercheurs d’or, de faux Indiens et de vrais escrocs.

Le transhumanisme, avatar du prométhéisme, s’inscrit dans ce décor de cinéma, professant le culte de l’apparence et de l’éternité (ou de l’apparence éternelle) au même titre que ce que les modernistes évolutionnistes appellent l’Intelligence Artificielle. L’idée des transhumanistes, c’est de remplacer Dieu ; ils n’ont envisagé aucune autre perspective que celle de la mort de la mort ; comme ils ne croient en rien, ils espèrent que la technoscience va leur permettre de devenir éternels. Cela suppose cependant qu’ils devront se débarrasser de plusieurs milliards d’individus qui n’auront pas accès à l’immortalité puisque les transhumanistes l’auront interdite (pour les autres).

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Quant à l’Intelligence Artificielle, c’est la croyance aveugle au progrès technologique et en la supériorité de la technoscience qui va permettre à l’Homme d’être déchargé de ses tâches par le robot. Ou, du moins, c’est ce que croient les naïfs car il est clair comme l’eau de roche que le scénario le plus probable sera le même que pour celui du transhumanisme : l’humain sera transformé en robot, sauf une petite élite qui aura réussi à préserver son pré carré.

Bon, je plaisantais : je viens de vous donner-là deux scenarii imaginés par des technocrates qui sont, comme chacun sait, de parfaits crétins.

Voici ce que je pense : C'est d'une grande folie (ou d'une consternante stupidité) de penser que les lois de la nature pourraient être abolies par une "intelligence artificielle". La nature reprend toujours ses droits.

L’I.A. ne pourra jamais remplacer cette petite flamme qui brille en chaque être humain depuis la nuit des temps et qui le relie, comme un héritage précieux et permanent, aux origines de la vie, aux origines de l’Homme, aux origines du monde, mais aussi aux origines de lui-même, cette petite flamme transmise, concrètement et symboliquement, de génération en génération pendant plus d’un millier d’années par les vestales romaines.

Pierre-Emile Blairon

Notes: 

[1] Les primordialistes sont les représentants actuels de la Tradition primordiale, concept d’ordre spirituel qui tire ses connaissances des traditions des anciens peuples indo-européens Grecs, Indous, Iraniens, Celtes, Latins, Germains, Slaves, Nordiques … La signification de l’expression Tradition primordiale a été largement expliquée par René Guénon et Julius Evola qui considèrent qu’il s’agit d’un principe originel permanent et immuable qui a fondé toutes les traditions et civilisations du monde sur toute la surface de la Terre, auxquelles ces dernières se réfèrent et en sont une émanation. Les religions, qui constituent actuellement a minima une stabilisation - cohérente et si possible harmonieuse - des mœurs d’une civilisation, un garde-fou, sont elles-mêmes subordonnées à la Tradition primordiale puisqu’il existe des primordialistes chrétiens, païens, spiritualistes, indouistes… Ces traditions originelles savent que le temps est cyclique, à l’image de la nature, que ce temps est divisé en quatre Âges, qui se dégradent suivant une involution du meilleur au pire, de la spiritualité à la matérialité, de l’Âge d’or à l’Âge de fer (le Kali-Yuga) avant qu’un retournement n’intervienne et qu’un nouveau cycle se mette en place. Nous sommes placés à la fin de la phase finale du dernier âge, comme l’extrême décadence en cours nous l’indique.

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[2] L’Iceberg, la Tradition primordiale contre le titanisme, Editions du Lore, 2021.

[3] Ibid.

[4] ibid

[5] https://nice-provence.info/2020/12/21/monde-planete-malade-phase-terminale/

[6] http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2020/08/01/objectif-covid-soumission-et-robotisation-de-la-population-planetaire.html

[7] https://nice-provence.info/2024/08/02/jo-paris-2024-frankenstein-echappe/

[8] https://nice-provence.info/2024/10/29/porte-tenebres-grand-ouverte-toulouse/

[9] http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/01/18/sarkozy-l-americain-6531523.html

[10] http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/01/30/l-extreme-droite-en-europe-tout-va-changer-pour-que-rien-ne-change.html

[11] https://www.vie-publique.fr/eclairage/19334-premiere-guerre-mondiale-1914-1918-un-lourd-bilan

[12] https://nice-provence.info/2023/03/04/ukraine-berceau-tombeau-europeens/

[13] Julius Evola, L’Arc et la massue, éditions Trédaniel-Pardès

Comment la CIA est à l'origine du commerce moderne de la drogue en Amérique

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Comment la CIA est à l'origine du commerce moderne de la drogue en Amérique

Source: https://dissident.one/hoe-de-cia-de-moderne-drugshandel-i...

Cette semaine, des responsables anonymes ont informé les principaux médias américains du nouveau rôle « bienveillant » de la CIA: faire voler des drones MQ-9 Reaper au-dessus du Mexique pour espionner les cartels de la drogue. Qu'est-ce qui cloche avec ce narratif?

Ces rapports soigneusement rédigés, publiés à 24 heures d'intervalle, interviennent après que le département d'État a désigné huit grands réseaux de trafiquants de drogue latino-américains comme « organisations terroristes mondiales », rapporte Sputnik.

Malheureusement pour la CIA, toute personne un tant soit peu familiarisée avec ses activités sait que l'agence est un allié plutôt qu'un ennemi des trafiquants de drogue qui sèment la violence et la mort dans les communautés américaines.

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En 1985, le scandale Iran-Contra a éclaté au grand jour. Il a révélé que l'administration Reagan avait facilité des ventes secrètes d'armes à l'Iran pour financer les rebelles au Nicaragua. En outre, la CIA a été impliquée dans le trafic de cocaïne de la Contra vers les États-Unis.

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En 1996, le journaliste d'investigation Gary Webb a confirmé, après avoir travaillé de manière indépendante et fourni une étude détaillée, les allégations selon lesquelles l'épidémie de crack dans les quartiers défavorisés des États-Unis était liée à des trafiquants de drogue bénéficiant de la protection de la CIA.

Le gouvernement fédéral et les principaux médias américains ont enquêté sur le reportage de Gary Webb, mais toute information sur l'implication de la CIA a été balayée. Webb a été retrouvé mort à son domicile en 2004, tué de deux balles dans la tête. Sa mort a été considérée comme un suicide.

L'affaire Iran-Contra n'était qu'une petite partie de l'empire mondial de la CIA en matière de trafic de drogue. Examinons d'autres faits avérés:

Paul Helliwell, avocat, banquier, officier de l'OSS et de la CIA, a été qualifié de « pionnier du trafic de drogue de la CIA ».

En 1962, Paul Helliwell a fondé la Castle Bank & Trust aux Bahamas pour soutenir les opérations de la CIA contre le Cuba de Castro et d'autres forces anti-américaines en Amérique latine. Auparavant, il avait dirigé Overseas Supply, une société écran de la CIA qui faisait passer en contrebande de l'opium de Birmanie pour financer une sale guerre contre la Chine.

Le scandale des Bahamas a éclaté en 1973 lors d'une enquête de l'IRS sur des fraudes fiscales, au cours de laquelle Richard Nixon a tenté de couper les ailes de la CIA en créant la Drug Enforcement Agency (DEA). Certains pensent que cette initiative, combinée à l'obsession de Nixon pour l'assassinat de JFK, est à l'origine du Watergate et de la démission ignominieuse du président en 1974 (Nixon savait pour les Juifs, il est plus probable que ce soit la raison - Dissident).

Barry Seal, célèbre trafiquant américain de drogue et d'armes, a passé de la drogue en contrebande pour le compte du cartel de Medellin et a été recruté comme agent double, selon les autorités américaines. Mais le journaliste d'investigation Alexander Cockburn et d'autres ont affirmé que Seal était un agent de la CIA depuis la Baie des Cochons et la guerre du Vietnam, et qu'il était impliqué dans la collaboration avec les Contras.

En 2017, Juan Pablo Escobar, fils du tristement célèbre fondateur du cartel de Medellin, a confirmé que son père « travaillait pour la CIA » et a affirmé que de la drogue était passée en contrebande, par Seal et d'autres, directement vers une base militaire américaine en Floride.

Le journaliste indépendant Manuel Hernandez Borbolla a documenté la formation de grands cartels mexicains sous l'égide de la Direction fédérale de la sécurité, que le journaliste a décrite comme étant « pratiquement des employés de la CIA, ainsi que certains anciens présidents mexicains ».

Les liens étaient si complexes, rappelle Hernandez Borbolla, que le célèbre agent de la CIA Felix Ismael Rodriguez était présent lorsque des membres du cartel de Guadalajara ont torturé et tué l'agent de la DEA Kiki Camarena en 1985, après avoir découvert des activités de contrebande de drogue et d'armes liées aux Contras.

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La CIA aurait également été impliquée dans le meurtre, en 1984, du journaliste mexicain Manuel Buendia, qui enquêtait sur le trafic de drogue de la CIA et l'implication de fonctionnaires corrompus.

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En 2012, le journaliste chilien Patricio Mery a découvert un complot de la CIA visant à faire passer de la cocaïne de la Bolivie vers le Chili, l'Europe et les États-Unis. Il voulait ainsi récolter des fonds pour financer des opérations de déstabilisation du gouvernement du président équatorien Correa.

La CIA n'est d'ailleurs pas la seule agence américaine à trois lettres impliquée dans le trafic de drogue et la coopération avec les cartels de la drogue.

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En 2010, le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (communément appelé ATF) a été accusé d'avoir « délibérément permis à des marchands d'armes agréés de vendre des armes à des acheteurs de paille illégaux, dans l'espoir de remonter jusqu'à des chefs de cartels mexicains et de les arrêter », sans qu'aucune arrestation n'ait jamais eu lieu. L'affaire, communément appelée « Opération Fast and Furious », a été qualifiée par Forbes d'être un « Watergate » potentiel pour l'administration Obama.

Quelques années plus tard, El Universal a publié des documents judiciaires montrant que la DEA a coopéré avec le cartel de Sinaloa, dirigé par Joaquin « El Chapo » Guzman, entre 2000 et 2012. La DEA a ainsi fermé les yeux sur l'introduction clandestine de drogues aux États-Unis en échange d'informations sur les cartels rivaux.

14:57 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, cia, états-unis, narcotrafic | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook