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mardi, 21 octobre 2014

"Fondements et perspectives du royaume Eurasien" par Laurent James

 

"Fondements et perspectives du royaume Eurasien"

par Laurent James 

00:05 Publié dans Eurasisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laurent james, eurasie, eurasisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 20 octobre 2014

Ankara et la hantise kurde

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Ankara et la hantise kurde

 
par Marie Bethanie
 
Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com
 
Un point de vue intéressant sur les mobiles de la Turquie :
(Erratum: sur la carte ci-dessus, le territoire marqué "Israël" n'est pas l'Etat d'Israël mais le Liban)
"Pour certains et il n’y a pas si longtemps, la Turquie était une sorte de pays européen comme les autres. Surtout pour ceux, pour qui l’Europe sans frontières ni civilisation identifiée, n’était pas plus chrétienne et gréco-romaine qu’autre chose… il fallait simplement partager son  idéal mercantile et ses valeurs idéologiques du moment. Alors pourquoi pas la Turquie avant le Zimbabwe? Eh oui, ce serait formidable, l’Europe aurait maintenant une frontière commune avec l’Etat islamique du Levant.  
Comment réagiraient les démocrates impeccables qui, pour sauver des populations civiles à Benghazi, ont détruit un pays et assassiné son chef d'Etat? Jugeraient-ils les populations civiles de Kobané aussi dignes d’intérêts et méritant une vraie guerre plutôt que quelques bombardements de bonne conscience?
Le moins qu’on puisse dire tout de même, c’est que leur sort indiffère les islamistes présentés comme conservateurs et démocrates au pouvoir à Ankara. Des islamistes qui ont financés ceux de l’EIIL par haine du régime laïc de Bagdad et qui laissent massacrer des Kurdes qui représentent tout de même 25 % de leur propre population. Plutôt que de bombarder les islamistes arabes, les Turcs bombardent les Kurdes turcs qui veulent porter secours à leurs frères de sang.
Cela se comprend. Les Turcs ne craignent pas les djihadistes mais redoutent la création d’un Kurdistan indépendant. Ils veulent bien maintenant voir frapper des islamistes qui égorgent un peu trop mais pas au profit des Kurdes, surtout pas au profit des Kurdes.
Ce positionnement racial (les kurdes sont des indo-européens) et religieux- les mouvements kurdes ne sont pas islamistes- serait-il jugé compatible avec les merveilleuses valeurs de l’Europe de Bruxelles et de son maître américain ? On en arriverait à regretter que les Turcs ne soient pas membres de l'Union européenne pour en juger sur pièce.
Voilà tout de même qui devrait faire réfléchir les idiots utiles du mondialisme qui pensent que l’Europe peut être un espace sans épine dorsale, sans identité et sans références à l'histoire, aux ethnies et aux religions.
Ce qui se passe aux frontières de la Turquie qui seraient celles de l’Europe si on avait écouté les belles âmes en apporte la preuve. Les Turcs sont dans une logique d’un autre monde, fidèle eux à leur peuple et leur vision d’une histoire nationale et de mémoire ottomane. Ils ne crachent pas sur leurs racines musulmanes et leurs origines asiatiques. Ils savent que les Européens peuvent prendre les Turcs pour des européens mais les Turcs ne considéreront jamais les Kurdes comme un peuple à part entière ayant le droit à un territoire sur le sol de cette Anatolie qui ne fut pas toujours turque, loin s'en faut,et qui fut de civilisation européenne. Mais qui s'en souvient ou plutôt qui veut s’en souvenir ?"

Jean Parvulesco, les aventuriers de l'Esprit

Jean Parvulesco, les aventuriers de l'Esprit

En souvenir de Jean Mabire

Robert Steuckers:

En souvenir de Jean Mabire

jm2.jpgPour autant que je m’en souvienne, j’ai dû lire Jean Mabire pour la première fois en 1972, dans un numéro spécial d’“Historia”, sans trop bien me souvenir si l’article était signé Henri Landemer ou de son nom propre. C’était la belle époque de nos adolescences, que je narre très superficiellement dans mon hommage à Yves Debay, camarade d’école, futur directeur des revues “Raids” et “L’Assaut” et bien entendu, fervent lecteur précoce, lui aussi, de Jean Mabire. Finalement, par le biais des premiers numéros d’“Eléments”, au début des années 70, l’image de Jean Mabire, écrivain, se précise pour moi: non seulement, il est celui qui narre, avec simplicité et puissance, la geste des soldats de tous horizons mais il est aussi celui qui s’intéresse aux réalités charnelles et vernaculaires, au vécu des gens, disciple qu’il est, à ce niveau-là, d’Olier Mordrel, l’ancien directeur de la revue nationaliste bretonne “Stur”, pour qui l’engagement devait être dicté par les lois du vécu et non par des abstractions et des élucubrations intellectuelles. Mordrel et Mabire sont en ce sens nos “Péguy” païens, ceux qui nous demandent d’honorer les petites et honnêtes gens de chez nous, nos proches, nos prochains, et d’honorer aussi le brave soldat qui, avec l’humilité de sa condition, accomplit son devoir sans récriminer.

C’est en 1981 d’ailleurs que je rencontre pour la première fois Jean Mabire, en chair et en os, lors de la présentation du livre d’Olier Mordrel, “Le Mythe de l’Hexagone”, à Paris, dans une salle au pied de la Tour Montparnasse. Quand Jean Mabire est entré et s’est tout de go dirigé vers la table où Mordrel signait ses livres, c’est un véritable bulldozer de joie de vivre, de ferveur, d’énergie qui a fait irruption dans cette salle surchauffée et enfumée. Nous nous sommes simplement salué sans entamer la moindre conversation. Il faudra attendre quelques années, je crois, pour que nous nous retrouvions face à face, au “Dauphin”, à Paris, avec Pierre Vial et pour que nous entamions une conversation plus approfondie sur des sujets divers, tournant tous bien sûr autour des deux thèmes de fond qui nous sont chers: l’enracinement et l’aventure. J’y reviens. Depuis ce déjeuner au “Dauphin”, Mabire m’adressera chacun de ses livres, assortis d’une gentille dédicace. Nous nous reverrons dans le Beaujolais, milieu des années 80, où le G.R.E.C.E. avait organisé une “Fête de la Communauté” et où Jean Mabire, ainsi que Robert Dun, tenaient des stands pour vendre et dédicacer leurs ouvrages. Guibert de Villenfagne de Sorinnes m’avait accompagné, avec son épouse et sa fille, et y a acheté le livre de Jean Mabire sur les “Chasseurs alpins” pour l’offrir à son père Jacques, un des organisateurs du régiment des Chasseurs ardennais, dès les années 20 avec le Colonel Chardome, puis combattant du front de la Lys pendant les “Dix-Huit” jours de mai 1940 et animateur du maquis de la Semois pendant la deuxième guerre mondiale.

Quand Jean Mabire débarque à Bruxelles, fin des années 80, pour venir présenter ses ouvrages sur les “Bourguignons”, il me demande de lui servir de guide pour trouver la salle à Sterrebeek, qui doit le recevoir. Nous y apprenons la mort, sur l’autoroute Liège-Bruxelles, d’un ancien (très jeune) officier, venu chercher son exemplaire et sa dédicace particulière, lui, le défenseur des quais de Stettin à l’âge de dix-huit ans... J’avais connu son fils en 1983, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, à l’Hôpital militaire de Neder-over-Hembeek, affligé qu’il était d’une maladie infectieuse, émacié sur son lit mais gardant, héritage paternel, un regard de feu et la fibre énergique que nous aimons voir vibrer chez nos interlocuteurs. La transmission avait été faite, aussi par l’apport d’Alexis Curvers et de Marcel Decorte, mais la Parque, méchante, avait tranché le fil qui reliait le Lieutenant Régibeau, valeureux Liégeois, à la vie.

jm3.gifJean Mabire m’invite ensuite, près de dix ans plus tard, à l’Université d’été des “Oiseaux Migrateurs”, un mouvement de jeunesse qui lui tenait fort à coeur. Au programme de la journée que j’ai animée avec d’autres: le long processus d’unification de l’Hexagone à partir du bassin de la Seine et de l’axe Paris-Orléans, soit la distance la plus courte entre la Seine et la Loire. Belle leçon de géopolitique, sur le modèle d’un cours prodigué à l’Ecole de guerre et évoqué, sous Weimar, par deux éminents géopolitologues allemands, aujourd’hui oubliés et pillés, Henning et Körholz! Personnellement, je devais parler de l’époque de la christianisation de l’Europe, entre l’effondrement mérovingien, le renouveau pippinide et la renaissance carolingienne. Mais une fois de plus, ce furent nos longues conversations vespérales puis à la terrasse d’une taverne de village qui furent les plus passionnantes: sur la Normandie, sur la métapolitique, sur l’histoire en général et surtout, ces jours-là, sur l’oeuvre de Marc. Eemans, qui venait tout juste de décéder à Bruxelles. Mabire était fort ému: il avait appris le décès du peintre surréaliste, poète et historien de l’art quelques jours auparavant. Deux jours après l’annonce de cette triste nouvelle, Mabire avait reçu une dernière lettre du peintre, prouvant que celui-ci avait bien l’intention de demeurer actif, au-delà de ses 91 ans. Mabire avait déjà été victime de la maladie qui devait l’emporter un peu moins de huit ans plus tard: il avait gagné la première bataille. Il était heureux. Actif. Nous partagions le même dortoir, sur un matelas, à même le sol, comme en bivouac. Mabire était septuagénaire et ne craignait pas les nuits à la spartiate, sur une paillasse à même le carrelage. Je me suis promis de faire pareil, au moins jusqu’à 75 ans. Jusqu’ici, j’ai tenu ma promesse.

Je reverrai ensuite Mabire près de Lille, où il était venu prononcer une conférence sur Drieu la Rochelle dans le cadre des activités de “Terre & Peuple”, magistralement gérées par le camarade Pierre Loubry à l’époque. Mais, la plus poignante de nos rencontres fut incontestablement la dernière, début décembre 2005. C’était dans le cadre du “Cercle de Bruxelles” de l’époque, qui se réunissait le plus souvent rue des Renards, près du “Vieux Marché” (cher à Hergé qui l’a croqué dans “Le Secret de la Licorne”). Les membres et animateurs du “Cercle de Bruxelles” —dont le regretté Ivan de Duve, mort en mars 2014—  avaient décidé de dîner avec Jean Mabire dans un restaurant animé par la Comtesse de Broqueville, la “Flûte enchantée”, également situé dans les Marolles. Ce restaurant était un resto du coeur de haute tenue: on y jouait du Mozart, forcément, mais aussi les meilleurs morceaux de jazz, on y avait organisé une bibliothèque et les démunis pouvaient manger chaque jour à leur faim un repas complet, en trois suites, pour 3,50 euro, servi par des garçons en veste blanche, avec boutons argentés et belles épaulettes. Ceux-ci étaient généralement des musiciens ou des chanteurs d’opéra venus d’Europe orientale ou de l’ex-URSS, qui logeaient aux étages supérieurs pour un loyer plus que modeste et, en échange, servaient en semaine les démunis du quartier. Les samedis et les dimanches, le restaurant était ouvert au public: on y servait le même repas qu’aux démunis mais on le facturait 20 euro. Les bénéfices étaient affectés à la cuisine et permettaient, sans déficit, de nourrir les déclassés pendant une semaine. Le “Cercle de Bruxelles” avait décidé de participer avec Jean Mabire, à une conférence organisée à la “Flûte enchantée” par les “Patagons”, les amis de Jean Raspail. Un couple qui avait vécu au fin fond de la Patagonie et y avait rencontré Raspail dans la gargotte au milieu de nulle part, qu’il avait construit de ses mains, nous a évoqué ces voyages de l’auteur du “Camp des Saints” dans un pays dont la nature est pleine de contrastes: où un glacier coule le long d’une forêt tropicale ou d’un désert aride. Les orateurs commentaient un vaste diaporama, illustrant cette luxuriance ou cette aridité, ces paysages si diversifiés. On comprenait dès lors la fascination de Raspail pour cette région du monde.

jm4.pngAprès la conférence et le diaporama, les conversations sont allés bon train. Mabire était certes marqué par le mal sournois qui le rongeait. La présence de la maladie était palpable mais Maît’Jean, superbe, l’ignorait délibérément, faisait comme si elle n’était pas là. Il parlait comme il avait toujours parlé: Ana, Hupin, de Duve, moi-même, nous l’écoutions, muets, car il exprimait sans détours tous les enthousiasmes qui animaient sa carcasse d’enraciné normand, de combattant des Aurès, d’écrivain prolixe. Son érudition, dépourvue de toute sécheresse, relèvait indubitablement de ce “gai savoir” que préconisait Nietzsche. Mabire, effectivement, avait franchi les caps que Nietzsche nous a invités à franchir: il n’était plus —et depuis longtemps!— le chameau de la fable du Zarathoustra de Nietzsche qui traînait un savoir lourd et sans joie ni le lion qui se révoltait contre les pesanteurs des prêtrailles de tous poils et cassait tout autour de lui: il était devenu un compagnon de l’enfant joyeux et insouciant qui joue aux billes, qui ne voit malice nulle part, qui n’est pas affecté par les pesanteurs et les ressentiments des “derniers hommes”. La faconde de Jean Mabire, en ce 9 décembre 2005, a été une formidable leçon de virilité romaine, de stoïcisme joyeux. Le flot ininterrompu des joies et des aventures, des pieds-de-nez aux sots qui nous gouvernent ou, pire, veulent gouverner nos âmes, ne doit pas s’interrompre, même si l’on doit mourir demain. En écrivant ces lignes, je nous revois sur le trottoir, en face de la “Flûte enchantée”, et je revois les yeux perçants de Mabire qui se braquent sur moi et m’intiment l’ordre de continuer le combat auquel il ne pourra bientôt plus participer. Et puis il me serre longuement la pince, la secoue doucement: je sens l’adieu du chef. Je ne pourrai plus jamais me dérober. Je me disais souvent: “J’y suis, j’y reste!”. Après l’ultime poignée de main de Mabire, je dis: “J’y suis et j’y resterai!”.

ete-rouge-de-pekin.jpgTelle fut donc ma dernière rencontre avec Mabire. La plupart de nos conversations passaient toutefois par le téléphone. Comment exprimer l’essentiel de ce qui est passé entre lui et moi, entre l’écrivain et le lecteur, entre l’ancien qui évoque ses idées et ses sentiments et le jeune homme qui écoute? Mabire, c’est avant tout un charisme, sûrement inégalé dans l’espace politico-idéologique qui est le nôtre. Mabire a traité des sujets brûlants, controversés, sans jamais blâmer les hommes dont il décrivait les aventures et les sentiments, fussent-ils totalement contraires aux principes figés de la “rectitude politique”. Mabire était capable de balayer les objections par le simple ton de sa voix, toujours enjouée et chaleureuse. Et de fait, Mabire n’a jamais été vraiment attaqué par les petits organes de presse, chargés par le système et ses polices de traquer les non-conformistes et de leur tailler “un beau costume”, pour qu’ils soient honnis par la postérité, houspillés hors des cercles où l’on cause, hors des médias, couverts d’opprobre. Souverain et parfaitement maître de sa propre parole, Mabire a largement échappé, grâce à son charisme si particulier, aux chasses aux socières, dont il n’aurait, de toutes les façons, pas eu cure.

Le fond philosophique de la vision du monde de Mabire est un existentialisme, le seul vrai. Né dans la seconde moitié des années 20, Mabire vit son adolescence pendant la seconde guerre mondiale et arrive à l’âge adulte en 1945, quand sa Normandie a été totalement ravagée par les bombardements alliés et les combats, quand s’amorcent des années de déchéance et de misère pour la vieille Europe, une ère noire que les historiens ne commencent qu’à décrire aujourd’hui, notamment dans les pays anglo-saxons: je pense à Ian Buruma et à Keith Lowe, auteurs de livres à grand succès sur la déréliction de l’Europe entre 1945 et 1952. L’engouement littéraire de cette époque est l’existentialisme, dont on ne retient que les figures de Sartre et de Camus, avec leur cynisme ou leurs interrogations morales biscornues et alambiquées. Cependant le primat de l’existence sur l’essence —ou plutôt le primat de l’existence sur les fabrications purement intellectuelles ou les morales désincarnées— peut s’interpréter en un tout autre langage: l’aventure, la projection de soi vers un monde souvent dangereux, vers un monde non conforme, sont des formes d’engagement, politique ou non, plus pétulantes, plus enthousiastes, plus fortes que l’immersion facile dans les glauques caves “existentialistes” des quartiers branchés de Paris dans les années 50 où l’on protestait en abandonnant toute tenue, toute forme et surtout toute éthique. L’oeuvre toute entière de Mabire, y compris son oeuvre militaire, est l’affirmation haute et claire du primat des existences fortes, des volontés tranchées mais cette fois trempées dans une beauté, une luminosité, une éthique naturelle et non affichée, que le sinistre sartrisme, ponctué de sa jactance politicienne et communisante, ne possédait évidemment pas.

jm5.gifBernard Garcet, qui avait animé les écoles de cadre du mouvement “Jeune Europe” de Jean Thiriart, au moment où Mabire, avec Venner, côtoyait “Europe-Action”, le MNP et le REL, nous a un jour rappelé un cours qu’il avait donné et où était esquissée l’humanité idéale que devait incarner le militant de “Jeune Europe”: une humanité enracinée et désinstallée. Quant à l’humanité en déchéance qui avait promu la société triviale du “coca-cola et du frigidaire de Tokyo à San Francisco”, elle était, aux yeux des cadres formateurs de “Jeune Europe”, déracinée et installée. Mabire recourait aux racines, —normandes pour lui— et prônait le grand large, l’aventure, le désinstallement. Le bourgeois frileux, fustigé par tous les existentialistes, y compris les sartriens, n’avait plus le souci de ses racines et s’installait dans un confort matériel post bellum que secoueront pendant un bref moment les plus pugnaces des soixante-huitards. Mabire a donc été un homme de son temps. Mais il a clairement dépassé l’existentialisme mainstream de la place de Paris, qui n’est qu’une sinistre caricature, expression de la trivialité d’une époque de déclin, d’endormissement des énergies.

La désinstallation, pour Mabire, était éveil et aventure. La notion d’éveil, chez lui, est un éveil permanent au message subtil des racines, à leur chant intérieur qui doit nous saisir et nous mobiliser entièrement. C’est dans cet esprit que Maît’Jean a voulu entamer une longue enquête sur les “éveilleurs de peuple”, dont, hélas, un seul volume seulement paraîtra chez Fayard, vu le désintérêt du public français pour ces figures d’Irlande, de Hongrie ou de Danemark. La notion d’éveilleur est la marque la plus patente du “Jungkonservativismus” de Mabire. Il entend conserver les valeurs innées du peuple, avec ses éveilleurs, mais les mettre au service d’un bouleversement régénérateur qui va culbuter les notables moisis de l’univers de Mauriac, les modérés d’Abel Bonnard, ceux qui se délectent dans les compromis. Mais l’élément “jung”, l’élément de jeunesse, est précisément ce qui doit redonner en permanence un élan nouveau, un “Schwung”, à une entité politique ou à un groupe ethnique marginalisé et persécuté. Cela amène notre Maît’Jean tout droit dans l’optique de la philosophie sphérique de l’histoire, mise en exergue par Armin Mohler dans son célèbre ouvrage sur la “révolution conservatrice” allemande des années 1918-1932. Pour la “révolution conservatrice”, tributaire de la nietzschéanisation de la pensée allemande, le temps historique n’est ni linéaire ni cyclique, c’est-à-dire ni messianique/déterminé ni répétitif/déterminé mais sphérique, c’est-à-dire qu’il reçoit à intervalle régulier —quand les âmes cessent soudain de subir le processus d’endormissement— l’impulsion d’élites, de peuples vivants, de personnalités énergiques, donc d’éveilleurs, qui le poussent dans le sens voulu par leurs volontés. Il n’y a pas d’existentialisme possible sans ces coeurs rebelles, sans ces cerveaux hardis, sans ces peuples enracinés, sans ces éveilleurs aventureux.

Jean Mabire est aussi notre encyclopédiste. Sa série “Que lire?”, issue d’une chronique dans “National-Hebdo”, nous indique la voie à suivre pour saisir justement, dans les patrimoines littéraires européens, toutes les facettes possibles de cet existentialisme profond et impassable qui fera, un jour encore, bouger les choses, culbutera les institutions vermoulues, impulsera à la sphère du temps une direction nouvelle. Les “Que lire?” sont donc des bréviaires, qui attendent, d’une génération nouvelle, de recevoir suite. Où sont les volontaires pour constituer l’équipe?

Robert Steuckers.

Forest-Flotzenberg, 25 mai 2014.

Sennacherib’s Return

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Sennacherib’s Return

Advance to Barbarism, FJP Veale

The exclusion of non-combatants from the scope of hostilities is the fundamental distinction between civilized and barbarous warfare.

FJP Veale

Sennacherib, the great king,

And their small cities, which were beyond numbering I destroyed, I devastated, and I turned into ruins. The houses of the steppe, (namely) the tents, in which they lived, I set on fire and turned them into flames.

Over the whole of his wide land I swept like a hurricane. The cities Marubishti and Akkuddu, his royal residence-cities, together with small towns of their area, I besieged, I captured, I destroyed, I devastated, I burned with fire.

In the course of my campaign, Beth-Dagon, Joppa, Banaibarka, Asuru, cities of Sidka, who had not speedily bowed in submission at my feet, I besieged, I conquered, I carried off their spoil.

As for Hezekiah the Judahite, who did not submit to my yoke: forty-six of his strong, walled cities, as well as the small towns in their area, which were without number, by levelling with battering-rams and by bringing up seige-engines, and by attacking and storming on foot, by mines, tunnels, and breeches, I besieged and took them.

I captured their cities and carried off their spoil, I destroyed, I devastated, I burned with fire.

Furthermore, 33 cities within the bounds of his province I captured. People, asses, cattle and sheep, I carried away from them as spoil. I destroyed, I devastated, and I burned with fire.

The cities which were in those provinces I destroyed, I devastated, I burned with fire. Into tells and ruins I turned them.

…strong cities, together with the small cities in their areas, which were countless, I besieged, I conquered, I despoiled, I destroyed, I devastated, I burned with fire, with the smoke of their conflagration I covered the wide heavens like a hurricane.

Veale continues his examination of the Advance to Barbarism, focusing first on the World War II bombing of areas outside of the battlefield and culminating in the carpet bombing of German cities.  This bombing marked the complete repudiation of one of the cornerstones of the concept of civilized warfare: warfare should be the concern only of the armed combatants engaged; non-combatants should be left outside of the scope of military operations.  It marked the return, or advance as Veale puts it, to a form of warfare for which Sennacherib the Assyrian was well known.

May 11, 1940

churchill.jpgVeale introduces J. M. Spaight and his book “Bombing Vindicated.” Spaight describes the awesomeness of this day, the “splendid decision” to bomb German targets well outside of the area of military operations.  The next day, newspapers announced that “eighteen Whitley bombers attacked railway installations in Western Germany.”

Looked at from today’s eyes, there is nothing shocking in this statement; however, compared to what came before in European wars, this was news:

Western Germany in May 1940 was, of course, as much outside the area of military operations as Patagonia.

At the time the battle for France was in high gear, yet the pilots flew over these battlefields to reach their objective:

To the crews of these bombers it must have seemed strange to fly over a battlefield where a life and death struggle was taking place and then over a country crowded with columns of enemy troops pouring forward to the attack…Their flight marked the end of an epoch which had lasted for two and one-half centuries.

…against a background of prosaic twentieth railway installations we can imagine the grim forms of Asshurnazirpal and Sennacherib stroking their square-cut, curled and scented beards with dignified approval….

This was only the beginning, with the culmination to come in Dresden some five years later, but this is to get too far ahead in the narrative.

The entire reason for the development of Britain’s bomber command “was to bomb Germany should she be our enemy,” according to Spaight.  Philosophically, this concept was offered as early as 1923, by Air Marshal Sir Hugh Trenchard: “The Army policy is to defeat the enemy army; our policy is to defeat the enemy nation.”  Not very European.

Spaight points out that this was also obvious to Hitler, which is one reason Hitler was anxious to reach an agreement with Britain to confine “the action of aircraft to the battle zones.”  Spaight agrees that Hitler undertook civilian bombing only three months after the RAF began bombing the German civilian population.

Germany did not design its bombers for such use, instead designed to support ground troops:

“For Germany,” Mr. Spaight continues, “the bomber was artillery for stationary troops dug fast into the Maginot Line; for Britain, it was an offensive weapon designed to attack the economic resources of the enemy deep within his country.”

In order to establish the groundwork for this shift, in May, 1940 Churchill and his advisors extended the definition of military objectives to include…

…factories, oil plants, public buildings and any structure which contributed or was of use, if only indirectly, to the war effort of the enemy.

Railway installations, industrial zones, etc.  The British Cabinet argued that these are used to support the military, therefore are fair targets.  Of course, by this reasoning – and by including the word “indirectly” – virtually every resident of a warring nation could be a legitimate target.

However, even via this logic, bombing accuracy must be taken into account.  There is no such thing as “collateral damage” when bombing an actual war zone – there is no collateral to damage.  Even with modern accuracy, collateral damage is a given (and intended) – and with the technology of World War Two, collateral damage was more likely than damage of the purposeful sort.

May 14, 1940

…a date on which Hitler’s triumphal progress which, thanks to the outcome of events on that day he was able to continue for the following two years, came so near to being brought to an abrupt and final halt.

On May 10, the Germans invaded the West, in an offensive that stretched from the North Sea to Switzerland.  On May 12, German General von Kleist occupied Sedan in the Ardennes, and the next day established a beachhead on the other side of the Meuse River – four miles deep and four miles wide.

Meanwhile, British bombers were flying overhead, on their way to targets far from the battlefield.

While this great conflict was raging along the Meuse, another conflict of a different kind was raging between the French and British High Commands.

The breakthrough by the Germans had been so swift that no heavy artillery was moved into place – artillery that might have cut-off the bridgehead established by the Germans. The French, believing that the purpose of heavy bombers was for long-rage artillery (just as the Germans designed)…

…clamoured for an immediate concentration of bombers for a mass attack on the crossings of the Meuse.  They found however the chiefs of the R.A.F were reluctant to cancel the plans which they had made for large scale air attacks on German industrial centres in accordance with Air Marshal Trenchard’s conception of the role of the heavy bomber in warfare.

Whatever the merits of bombing German industrial centers, the French did not believe that the time to begin doing so was during the opening of a great land battle.

 

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On the night of the 13th, German troops frantically repaired the Gaulier Bridge over the Meuse; on the 14th, the heavy tanks of the 1st Panzer Division under General Guderian crossed the river and raced along a route toward the English Channel.

“Upon the destruction of the Gaulier Bridge depends victory or defeat,” declared General d’Astiere de la Vigerie imploring that every available bomber should be assigned this vital task.

About 170 British and French bombers were sent; German anti-aircraft proved quite accurate – about 85 were shot down.  Yet only one bomber needed to be successful; might the likelihood have improved with more thrown into the attack?

We now know that 96 heavy bombers were at this vital moment available to join the attack.  While this supreme effort was being made to cut the communications of the German tank spearhead advancing toward the English Channel, these 96 heavy bombers were waiting passively on nearby airfields in preparation for a mass attack on the factories and oil plants in the Ruhr which had been planned to take place on the evening of the following day.

This attack, far from the front line, took place as planned.  Ninety-six bombers took off, of which 78 were directed at oil plants.  Of these, only 24 crews claim to have found them.

One extra load of bombs on the crossing over the Meuse by Sedan – let alone ninety-six loads – might have made all the difference between victory and defeat as General Billote pointed out at the time.  Had the supplies of Guderian’s Panzers been cut off, he would soon have been brought to a halt from lack of petrol and then forced to surrender when his ammunition was exhausted.

Veale speculates that this might have brought the battle in the West to a rapid end: the German generals, hesitant to invade France in the first place, might have compelled Hitler’s retirement; the National Socialist party would have collapsed; Britain and France could have been in a position to dictate the terms of peace.

I cannot say if any of this would have happened – beyond the understanding that the German generals did not support this invasion.  One thing I suspect is true: if the British were successful in blowing the bridge, the war in the west would have been much different.

From the “Splendid Decision” to Terror Bombing

On December 16, 1940, 134 planes took off for a nighttime raid on the town of Mannheim, with the object of the attack – according to Air Chief Marshal Pierse – “to concentrate the maximum amount of damage in the centre of the town.”  So much for any semblance of military objectives.

From The Bansusan-Butt Report dated August 18, 1941:

The British Cabinet were horrified to learn that aerial photographs taken of the targets described as having been completely demolished disclosed that most of them showed no signs of damage; of all the aircraft credited with having bombed their targets, only one-third had, in fact, bombed within five miles of them.

Within five miles – a rather generous standard.  Only one-third – a rather criminal rate. Even this loose definition of “military objectives” was not enough:

…early in 1942 – the exact date, it now appears, was March 30th, 1942 – Professor Lindemann submitted a Minute to the War Cabinet in which he urged that bombing  henceforth should be directed against German working-class houses in preference to military objectives.

He estimated that 50% of the houses in German towns of 50,000 and more would be destroyed.

The first application of this plan was executed on March 28, 1942 (this presents some conflict in the dates), with the attack of Lilibeck by 234 aircraft.

The focus of the attack was the Altstadt composed of medieval houses with narrow, tortuous streets; some 30,000 people lived in an area of two square kilometres.

The climax, of course, was Dresden.

The climax of the offensive was reached on the night of February 13th, 1945 when a mass raid by several thousand heavy bombers was directed against Dresden.

The Associated Press at the time had no difficulty in calling it, according to Veale, a deliberate terror bombing…as a ruthless expedient to hasten Hitler’s doom.

From The Times, immediately after the bombings:

“Dresden, which had been pounded on Tuesday night by 800 of the 1,400 heavies sent out by the R.A.F. and was the main object of 1,350 Fortresses and Liberators on the following day, yesterday received its third heavy attack in thirty-six hours.  It was the principal target for more than 1,100 United States 8th Army Air Force bombers.”

The focus of the attack was the Altstadt – the beautiful center of the city so well-known to western travelers – palaces, art galleries, museums and churches.  No military objectives nearby.

With fires raging from the first wave, a second wave descended on the city.  No air raid shelters; the public buildings swollen with refugees stood between the falling bombs and the ground.  The city was covered with black smoke – making it difficult, I imagine, for the pilots to see even what they were bombing.  It mattered little, as the point wasn’t military.

The city burned for days.

The city was swollen by hundreds of thousands of women and children, escaping the horrors of Stalin’s armies from the east – escaping the murder, rape and arson.  Western reconnaissance planes certainly saw the dense crowds moving westward.

So enormous were the number of bodies that nothing could be done but to pile them on timber collected from the ruins and there to burn them.  In the Altmarkt one funeral pyre after another disposed of five hundred bodies or parts of bodies at a time.  The gruesome work went on for weeks.

Estimates of the dead range from 100,000 to 250,000.

The war, by now, had already been won.  The only military question left was where the line between east and west would be drawn.  Apparently it was desirous to aid Russia in the placement of the line.

I hope someday, through my work in my Timeline to War, to have a comprehensive picture of events leading up to the Second World War – I imagine this will be a never-ending task.  One of the puzzles to piece together as relates to German and British bombing of the other will be…who started it?  Not that it matters to me greatly, as two immoral wrongs cannot make a moral right.

Veale addresses this question:

In passing it may be observed that the question which air offensive was a reprisal for which has now long ceased to be a subject for dispute.

From the book “The Royal Air Force, 1939 – 1945,” Veale finds:

…the destruction of oil plants and factories was only a secondary purpose of the British air attacks on Germany which began in May 1940.  The primary purpose of these raids was to goad the Germans into undertaking reprisal raids of a similar character on Britain.  Such raids would arouse intense indignation in Britain against Germany and so create a war psychosis without which it is impossible to carry on a modern war.

Conclusion

Probably future historians will agree with the learned authors of the official history of the British strategic air offensive that the Second World War was not won by British terror bombing.  On the other hand, terror bombing, officially adopted in March 1942, was the only logical outcome of Churchill’s “Splendid Decision” of May 1940.

Future historians might also conclude that the “Splendid Decision” prolonged the war in the West by five years.

The lesson that could have been drawn from the Battle of Britain was that long range terror bombing offers a low likelihood of military advantage.  In this regard, General JFC Fuller wrote:

“This lesson was lost on the British Air Force which continued to hold that ‘strategic bombing’ was the be all and end all of air power.  This fallacy not only prolonged the war, but went far to render the ‘peace’ which followed it unprofitable to Britain and disastrous to the world in general.”

This lesson remains lost on those who choose air power over a distance of thousands of miles as the weapon of choice.

Reprinted with permission from Bionic Mosquito.

 

 

Copyright © 2014 Bionic Mosquito

Quand Chardonne enjoignait à Morand de répondre à Céline

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Quand Chardonne enjoignait à Morand de répondre à Céline

 

par Marc Laudelout

 

Attendue depuis plusieurs décennies, le premier tome de la correspondance échangée entre Paul Morand et Jacques Chardonne  vient  enfin de paraître. Un pavé d’un millier de pages édité par Gallimard avec le concours du Centre National des Lettres.

 

Autant le dire d’emblée : cette correspondance fait l’unanimité. « Du grand art » (Le Nouvel Observateur), « Le meilleur de la prose française se déploie ici » (Le Point), « Un monument de talent » (L’Express), pour ne citer que ces hebdomadaires ¹. Certes,  les mauvais sentiments des épistoliers n’ont pas manqué d’être tancés. Ils se résument en quatre mots : anticommunisme, antisémitisme, antigaullisme et homophobie, comme on ne disait pas alors. Hormis le premier, ce sont péchés irrémissibles aujourd’hui. Imagine-t-on que dans un entretien radiophonique accordé à Pierre Lhoste (autre rescapé de l’épuration), Morand énumérait placidement les personnalités qui l’avaient le plus marqué : Giraudoux, Armand Charpentier, Philippe Berthelot et… Pierre Laval, « une espèce de gitan prodigieux qui m’a beaucoup influencé » [sic] ². Le croirez-vous ? Ces propos ne furent pas censurés par la radio française. Il est vrai que cela se passait en 1967, autant dire avant le déluge.

 

Chardonne et Morand avaient, comme on le sait, ce point commun d’être tous deux, après la guerre, au ban de la littérature française pour leurs prises de position collaborationnistes. Encore faut-il préciser que Chardonne deviendra, sur certains sujets, plus modéré que son cadet : « Vous parlez des juifs comme jadis Céline ; ils ont l’honneur d’être un mythe. Pour Céline, nous étions tous des juifs, sauf lui. Chez Céline, on excuse tout. Chez un homme aussi intelligent que vous, mystère. ». Et bien plus tard, Chardonne enverra l’un de ses livres, respectueusement dédicacé, au Général de Gaulle, président de la République. La réponse courtoise et flatteuse de ce dernier annihila toutes les réserves de celui qui fit (deux fois) le voyage à Weimar.

 

Heureusement, il y a le style. Celui de Morand surtout. « Rapide, enlevé, percutant, éblouissant » note à juste titre Pierre Assouline ³. Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire littéraire des années cinquante, ce recueil est truffé de commentaires sur les talents prometteurs qu’étaient alors Michel  Déon Jacques Laurent, Antoine Blondin, Bernard Frank et bien entendu Roger Nimier dont il est beaucoup question ici tant les liens d’estime et d’amitié entre eux étaient forts. L’hebdomadaire Arts y tient aussi une grande place. Temps hélas révolu où régnait en France une presse littéraire qui ne réduisait pas les critiques à la portion congrue.

 

CHARDONNE_Jac.jpgGrâce à la campagne de presse orchestrée de main de maître par Nimier, c’est aussi, avec D’un château l’autre, le temps de la résurrection littéraire de Céline. Morand est désarçonné par les entretiens que Céline accorde à la presse, notamment à L’Express,  et qui lui valurent la vindicte de ceux qui, quelques années auparavant, le considéraient comme l’un des leurs : « Je comprends mal la position de Céline d’après ses diverses récentes déclarations : “Je suis un pauvre type qui s’est trompé et a perdu la partie” : “J’avais tout prévu”. La logique voudrait qu’il dise : “J’ai souffert pour avoir vu trop loin, mais tout se passe comme je l’ai dit.“ ». C’est que Morand avait une vision partielle des propos que tenait Céline aux journalistes. Ainsi n’avait-il pas connaissance de l’entretien accordé à Radio-Lausanne : « Je ne renie rien du tout… je ne change pas d’opinion du tout… je mets simplement un doute, mais il faudrait qu’on me prouve que je me suis trompé, et pas moi que j’ai raison. »  Problème : Céline lui ayant envoyé son livre dédicacé, Paul Morand s’interroge : « Que dois-je faire avec Céline ?   Si  je le remercie de son livre, j’ai l’air d’en approuver les réserves et déclarations de repentance ; si je n’écris pas, je fais figure de lâcheur.  Répondre sur la forme ? ».  Chardonne le conseille sans barguigner : « Céline n’est pas si renégat. Et puis c’est dans sa ligne d’être un peu renégat (a-t-il jamais pensé quelque chose qui se tienne ?). Il mérite une chaleureuse lettre de vous. Il a souffert. »  Morand se décide alors à écrire à Céline. Et recopie sa lettre à l’intention de Chardonne :

« Je vous ai lu, pendant ce début de vacances, avec une  émotion que vous imaginez mal. J’en étais resté aux Entretiens avec le professeur Y, qui m’avaient déchiré l’âme et l’oreille ; c’était le livre d’un fauve enragé, fou de douleur : bouleversant, illisible pour moi, un cri de mort imprécatoire. Et puis, aujourd’hui, la surprise, la joie de retrouver le talent d’il y a 20 ans, aussi jeune, aussi fort, enrichi de l’appauvrissement de l’homme. Je suis loin de partager vos idées sur Sigmaringen et autres, mais vous me répondriez : “Du haut de votre Sirius helvétique cela se voyait autrement ; comme vous me diriez, en juin 44, vous autres diplomates, vous faites toujours votre plein d’essence à temps, vous en souvient-il ?” Il faudra en reparler. J’ai mille questions, sans réponse jusqu’à présent, à vous poser. Sachez que je ne vous ai pas négligé. Ici, aux heures noires, vous faisiez partie de notre légende ; très près de vous, même pendant l’épreuve danoise. Le sinistre Charbonnière (le renégat de Vichy, ambassadeur à Copenhague),  ce  lapin à grisettes 4 que j’ai pratiqué en 1939 à Londres, et dont la tête Vélasquez (il n’a que cela du XVIIe) m’exaspérait déjà, nous faisait vomir. Jusqu’au jour où Marie Bell me donna enfin de meilleures nouvelles. Votre succès est prodigieux. Les jeunes vous vénèrent. Votre message est attendu, reçu, compris. La génération qui vient est comme les autres : elle déteste ses pères mais elle aime ses grands-pères dont nous sommes. Cela nous aidera à passer le pas. »

 

Cette lettre du 29 juillet 1957 nous était déjà connue par la biographie de François Gibault qui la cite en plusieurs extraits. Y compris la fin (que ne recopie pas Morand à l’intention de Chardonne) :

« Je reviendrai plus souvent en France à la fin de l’année. Un petit coin au haut de l’avenue Floquet (plus bas, que vous connûtes). J’aimerais vous y voir souvent. Yours, ever. »

Quelle fut la réaction de Céline ? « Il en a été très content et m’a longuement répondu », révèle Morand. S’il n’a pas été détruit, cette réponse dort encore dans les archives de feu l’académicien. Chardonne, lui, n’appréciait guère les romans de Céline tout en étant tout de même épaté par sa verve. Lorsque Madeleine Chapsal réunit en volume les entretiens qu’elle réalisa pour L’Express avec divers écrivains  (dont lui-même) 5, il note ceci : « Tout ce que je pense est ramassé là, malheureusement Céline me précède et m’écrase ; écrasant ce bagout sublime. ». « Bagout de génie » écrit-il même dans une autre lettre, même si, à tout prendre, il lui préfère Miller.

 

Comme on le voit, Céline n’est pas absent de cette foisonnante correspondance. Quant aux deux épistoliers, leur destin est bien différent : l’un occupe trois volumes de la Pléiade ; l’autre, pour reprendre la formule du préfacier, connaît un humiliant purgatoire. Céline, lui, n’aura connu ce purgatoire que durant quelques années de son vivant. Tel Morand qui, avec Barbusse et Ramuz, était l’un des rares écrivains contemporains que Céline estimait pour ce qu’ils avaient apporté de neuf.

 

Marc LAUDELOUT

 

Paul MORAND, Jacques CHARDONNE, Correspondance. Tome I : 1949-1960, Gallimard, coll. « Blanche », 2013, 1168 p., édition établie et annotée par Philippe Delpuech ; préface de Michel Déon (46,50 €).

 

Notes

1. Jérôme Garcin, « Les collabos écrivent aux collabos », Le Nouvel Observateur, 15 décembre 2013 ; Jérôme Dupuis, « Paul Morand et Jacques Chardonne, gentlemen flingueurs », L’Express, 1er décembre 2013 ; Sébastien Le Fol, « Chardonne et Morand : affreux, propres et méchants », Le Point, 21 novembre 2013. Le dossier de presse comprend de nombreux autres articles, dont l’article de Jean d’Ormesson, qui a bien connu Paul Morand (Le Figaro, 20 novembre 2013).

Extrait : « Dans une préface brillante et vive, Michel Déon marque bien une certaine opposition entre les deux hommes. L’un, Chardonne, s’installe sans trop bouger dans sa maison de La Frette sur les bords de la Seine ; l’autre, Morand, n’en finit jamais de courir à travers le monde en train, en avion ou au volant de sa Bugatti. (…) Sans doute expurgées de leurs passages les plus raides, le ton de ces pages dont on pouvait craindre le pire est moins agressif et moins provocateur que celles du fameux Journal inutile de Paul Morand, qui avait fait scandale il y a quelques années et qui avait déchaîné les réactions de la presse. (…) Ce qui les unit, c'est une constante intelligence et un vrai sens et un amour de la littérature. Le lecteur d’aujourd’hui n'a pas besoin de partager toutes les aberrations des deux correspondants ni leurs prévisions controuvées – “L’Europe sera cosaque…” – pour prendre plaisir à leurs lectures, à leur agilité intellectuelle et à leur style. On peut aimer des écrivains sans adopter leurs opinions. Ce que j’admire dans la correspondance Morand-Chardonne, ce ne sont pas les idées souvent inacceptables, c'est l’écriture. Assez vite, la supériorité littéraire de l’un des deux complices s’impose. Chardonne écrit bien, mais Morand lance des flammes et règne en majesté. Chardonne s’adresse d’ailleurs à Morand comme à un maître incontesté. Il écrit de lui-même : “Si l'on veut me définir d’un mot, je crois qu’il faut dire : un homme du climat modéré et du temps variable.” Les portraits, les jugements, les raccourcis pressés de Morand tombent comme des rafales de fusil-mitrailleur. Peut-être suis-je injuste envers Chardonne ? Je ne me suis jamais compté parmi ses fanatiques. “Vous aimez Chardonne ? ” me demandait François Mitterrand. “Pas tellement, lui répondais-je. Je préfère Aragon.” “Tiens ! me disait-il d’un ton rêveur, vous préférez Aragon…” François Mitterrand et Chardonne avaient en commun leur Charente natale et un fond de culture de droite – affiché chez Chardonne, camouflé chez Mitterrand. »

Cette correspondance est passée au crible de la critique le 19 janvier dans l’émission « Le Masque et la Plume » (France Inter). Elle a aussi été commentée, le 19 décembre, par François Angelier et Pascal Ory dans l’émission « La Grande Table [“Morand et Chardonne, la correspondance enfin publiée”] » (France Culture) et, le 14 janvier 2014, dans l’émission « Le Libre Journal des Enjeux actuels [“Rebatet, Morand, Chardonne ont-ils mis de l’eau dans leur vin après-guerre ?”] » (Radio Courtoisie). Ces émissions peuvent actuellement être écoutées sur les sites internet respectifs de ces stations.

2. Émission « Une heure avec... » de Pierre Lhoste, France Culture, 18 janvier 1967. Cet entretien est disponible sur les sites internet « youtube » ou « dailymotion ». Lhoste est connu des céliniens pour avoir réalisé en mars 1944 un entretien avec Céline pour le quotidien Paris-Midi (Cahiers Céline 7 [« Céline et l’actualité, 1933-1961 »], pp. 200-202).

3. Pierre Assouline, « Pour aller de Chardonne à Morand, prendre la correspondance », La République des livres, 23 décembre 2013 [http://larepubliquedeslivres.com]

4. François Gibault, qui se base sur la lettre originale de Morand à Céline, lit « lapin à guêtres ».

5. Madeleine Chapsal, Les écrivains en personne, Julliard, 1960.

dimanche, 19 octobre 2014

Justifications for U.S. imperialism

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Justifications for U.S. imperialism

There are numerous arguments offered in support of U.S. imperialistic policy. It is not for nothing that America has about 1000 military bases in some 160 foreign countries.  These justifications, although all of them specious, must have at least some significant power.

Democracy

One case in favor of foreign interventionism is that the North American colossus must “export democracy” to the backward nations of the world. The difficulty with this is that soldiers are stationed in many nations that are fully democratic. Another awkwardness is U.S. policy toward Egypt. The Al Sisi regime overthrew democratically elected Mohamed Morsi. Did the U.S. sever all relations with Egypt; at least stop all foreign aid to it in protest? To ask this is to answer it. Of course not. So, democracy is merely a veneer for U.S. action. And, a good thing too, since Hitler (the real one, not any near eastern pretender) rose to power not through a coup de etat, but via a thoroughly democratic process. Also putting the kibosh on this argument is Hans Hoppe’s magnificent book, Democracy – The God That Failed: The Economics and Politics of Monarchy, Democracy, and Natural Order. Read that and weep, all those of you who support the U.S. military prancing all over the globe to bring democracy to the heathen.

Remember the hanging chads in the Florida? How would people in the U.S. like it if battalions from Albania, Argentina or Australia invaded our country in order to repair our pitifully low level of democracy? Not too well, but the powers that be in this country do not cotton to us placing ourselves in the moccasins of others, particularly those of foreigners.

World’s policeman

Another defense of U.S. imperialism is that this country must be the policeman of the world. If it could be a good cop, then, perhaps, just maybe, there might be some reason to support this (at least for non-libertarians who do not oppose such busy-body behavior on principle). But, a tiny peek at the record would show this country instead taking on the role of Inspector Clouseau.  Consider: the moderate Arab forces, the ones the U.S. is supporting, based on credible claims sold a person to ISIS for beheading for $50,000. ISIS is surging in its war with the pesh merga based on U.S. weapons it stole, bought, commandeered from, these self same “moderates.” The U.S. is the bitter enemy of Iran and Bashar Assad of Syria, and yet, who is fighting ISIS, the “Hitler du jour?” Yes, Iran and Syria. The U.S. drug policy has also undermined countries from Mexico all the way down to South America. There, drug gangs fight government military forces (ok, ok, also gangs) on almost even terms. And then there is the U.S. “protection” of nations such as Afghanistan, Libya and Iraq that have seen tens of thousands of innocents perish. With “protection” like this, the client states of the U.S. would almost be better off with its enmity.

Self-defense

Does anyone remember 9/11? Or the numerous occasions when the Drug Enforcement Agency invaded the wrong home and killed innocent children?  How would people in the U.S. like it if regiments from Brazil, Burundi or Botswana invaded our country in order to protect us from this sort of abuse? Not too well, but the powers that be in this country do not cotton to us placing ourselves in the moccasins of others, particularly those of foreigners.

The U.S. military pokes its snout into hornets’ nests all around the planet. And then our chattering classes are shocked, shocked, when some of those insects come here to bite us. Ron Paul spoke truly to Rudy Giuliani when he called this “blowback.” They are here because we were there, spoke Congressman Paul to a befuddled ex Mayor of New York City. No truer words were ever said.

U.S. interests

Then there is the claim that U.S. must place “boots on the ground” all around the world based on American “interests.” What does this mean? If domestic businessmen locate in foreign countries, and are mistreated, then the government of this country must step in to “protect our vital foreign interests” abroad.

Sometimes, this is couched in terms of oil. We need oil do we not? Of course we do. Therefore, when our oil companies go to foreign lands, U.S. armies must follow them, lest they come to any harm.

BushVObamaEras-small.jpgOne problem with this is that there is no earthly reason to send troops abroad merely to ensure imports. Switzerland also imports oil. It does no such thing. Rather, it depends upon the self-interest of the oil exporters. Even apart from developing domestic oil, or importing it from a country such as Canada there is no case whatsoever to meddle in the affairs of other nations just to ensure oil availability. How many free market economists does it take to change a light-bulb? None, they leave it to market forces. How many soldiers does it take to ensure imports? None. This, too, can safely be left to market forces.

Another difficulty is that this argument in behalf of imperialism is  impossible to generalize. If it is justified for U.S. troops to follow American businessmen to foreign lands lest they be mistreated, why does not the same apply the other way around? That is, suppose an entrepreneur from Cuba, or China or Chad set up a company in one of our 50 states, and armies from those nations entered our country on the ground that our judicial system might be unfair to them.  How would public opinion in this country react to such goings on? Not too well, but the powers that be in this country do not cotton to us placing ourselves in the moccasins of others, particularly those of foreigners.

The problem here is one of overlapping sovereignties. National governments, not to put too fine a point on the matter, are like scorpions. Leave each of them alone on its own patch, and relative peace prevails. But put two of them in a bottle and shake it up, and what do you get? Mayhem, that is what. Similarly, if each scorpion-government tended to its own garden, and contented itself with exploiting its own citizens, then, at least, there would be a vast reduction in international war. But, let one of these scorpion-governments (I’m growing fond of this phrase) claim sovereign power in the territory of the other and the result is pandemonium.

No, the only sane policy is for each nation, up to and including the “home of the free, land of the brave” to tell its nationals something along the following lines: “Lookit, the world is a dangerous place. We, the government of the U.S. have sovereignty only over our own country. If you go elsewhere, say, to Denmark, or Dubai, or Dominican Republic, whether as a tourist or an investor or a businessman, you go at your own risk. We can only protect you on our own soil. Once you go abroad, you throw yourself at the mercy of whatever rules and regulations they have over there, and however they administer their legal system. Similarly, when people from other nations come over here, they place themselves under our rule, for better or worse.

Would be that every country followed such policies. If so, there would certainly be far less strife in the world.

P.S. Memo to the U.S. government: Suppose a tourist from Ecuador, El Salvador or Ethiopia took a vacation in the U.S. or a businessman set up a grocery here. If they were to follow policy blazed by the U.S., the armies from these countries would follow. How would we like them apples? Not too well, but the powers that be in this country do not cotton to us placing ourselves in the moccasins of others, particularly those of foreigners.

 

Le modèle français de laïcité n’existe pas, ou les six laïcités françaises

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Le modèle français de laïcité n’existe pas, ou les six laïcités françaises
 

par Jean Baubérot

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Jean Baubérot est Professeur émérite de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, Paris

Dans le débat actuel au Québec sur le projet d’une « Charte de la laïcité », on se réfère souvent à un « modèle français de laïcité », soit pour le louer, soit pour le critiquer. En décembre dernier, il en a été question lors de la rencontre au sommet entre Pauline Marois et François Hollande. Mais, le propos est resté très vague. Et dans les études qui précisent un peu ce que serait ce fameux « modèle français », seuls certains aspects de la laïcité française sont pris en compte. D’autres aspects fort importants de la réalité historique et actuelle de la laïcité en France sont ignorés. Ma thèse est donc qu’il n’existe pas un modèle français de laïcité, mais plusieurs modèles divergents ou, plus exactement, plusieurs représentations présentes chez les différents acteurs sociaux, individus et groupes. Les conflits et les tractations entre acteurs se nouent en référence à ces représentations politico-idéologiques qui constituent autant de «sociétés idéales» au sens d’Emile Durkheim. Le dispositif idéologique, juridique et politique de la laïcité française est marqué par les rapports de force entre les partisans de ces représentations.

Ces différentes représentations ont émergé dans un processus de laïcisation qui s’est effectué dans un conflit frontal avec le catholicisme, religion d’État sous l’Ancien Régime, et régi au XIXe siècle par un Concordat entre le Saint-Siège et l’État français. Il existe alors un régime semi-officiel de « cultes reconnus » où le catholicisme, mais aussi le protestantisme et le judaïsme, voient leur clergé payé par l’État, et doivent se conformer à un certain contrôle de celui-ci. Ce système pluraliste est, cependant, surdéterminé par un conflit politico-religieux, le conflit des « deux France » qui oppose les tenants de la France nouvelle issue de la Révolution, et fondée sur les « valeurs de 1789 », à ceux de la France traditionnelle, qualifiée de « fille aînée de l’Église (catholique) ». Ce conflit est une source d’instabilité politique de la France de cette époque. Sous le Second Empire (1852-1870), il met aux prises certains catholiques, refusant les idéaux de la modernité, suivant en cela le Syllabus, et les adeptes de la libre-pensée, celle-ci pouvant se définir par le refus de toute religion organisée.

Ce refus a un coût social élevé. Être libre penseur peut, alors, conduire à la perte de son emploi, à une mise en quarantaine si l’on est un commerçant, à des conflits familiaux, à une perturbation des relations sociales. Bref, quand les libres-penseurs combattent pour la liberté de conscience, c’est avant tout une lutte contre les atteintes à leur liberté de conscience. Mais la République devient stable, en France, à partir des années 1880, et prend des mesures « anticléricales » pour combattre la domination politique et sociale du catholicisme. La question de la liberté de conscience des catholiques se pose alors. Diverses représentations s’affrontent lors du processus qui conduit à la « loi de séparation des Églises et de l’État » en 1905. Cette loi ne représente pas la totalité de la laïcité française, mais elle se trouve, encore maintenant, au cœur de cette laïcité.

Il a existé, à l’époque, quatre façons différentes de relier la liberté de conscience, objectif premier de la laïcité, et la séparation de la religion et de l’État, qui en est le moyen principal. Chaque position peut être symbolisée par un parlementaire républicain (qui étaient tous, par ailleurs, des adeptes de la libre-pensée). Aujourd’hui, adaptées à un nouveau contexte, ces quatre représentations ont persisté et se situent dans la filiation de celles qui se sont affrontées en 1905. S’y ajoutent deux autres représentations différentes. Je propose donc de classer en six représentations-type ce que l’on appelle « la laïcité » en France. Pour les quatre premières, j’indiquerai d’abord la position adoptée lors de la discussion de la loi de « séparation des Églises et de l’État » et, ensuite, celle qui prédomine aujourd’hui. Pour les deux dernières, naturellement, je procèderai un peu autrement.

La laïcité antireligieuse

La première représentation type de la laïcité, en 1905, est celle de Maurice Allard. Pour ce socialiste révolutionnaire, la liberté de conscience n’inclut pas la liberté de religion, car la religion serait, par essence, « l’oppression des consciences ». La religion représente un principe d’autorité contraire au libre-examen, élément clef de la liberté de conscience. La séparation doit donc permettre la fin de l’influence « malfaisante » des religions. Allard défend sa position au début des débats parlementaires. Aristide Briand, le Rapporteur de la Commission qui a élaboré la proposition de loi de séparation, lui répond que sa perspective est, en fait, non celle de la séparation, mais celle de la « suppression des Églises par l’État ». La proposition d’Allard est repoussée par les députés, par 494 voix contre 68, avant même l’examen du texte de la loi. Et tous les amendements proposés par Allard seront ensuite refusés avec des scores équivalents, à tel point qu’au bout d’un moment, ce parlementaire, déprimé, retire tous les amendements qu’il comptait encore déposer. Cette perspective s’inscrit dans un type de laïcité que l’on peut qualifier de laïcité antireligieuse.

Cette représentation de la laïcité a donc été nettement battue en 1905 et l’Article I de la loi affirme que « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes ». Mais ce point de vue n’est pas disparu même s’il a dû s’adapter à la loi votée et, en conséquence, n’est pas exprimé aujourd’hui de façon aussi claire qu’en 1905. Il a d’ailleurs trouvé une nouvelle légitimité socio-politique avec ce que l’on a appelé, de façon très approximative « le retour du religieux » à l’échelle mondiale (droite chrétienne aux USA, islam politique…) et qui est apparu à certains comme une « régression ». En fait, tous les propos actuels, politiques ou médiatiques, qui supposent, au moins implicitement, une opposition entre « laïcité » et « religion » vont dans ce sens. La laïcité est alors comprise comme une complète sécularisation : moins on est « croyant », plus on est laïque.

Cette représentation tend à faire coïncider combat contre les religions et combat pour la laïcité. Vu la législation française, la liberté de conscience ne peut plus être explicitement mise en cause, mais il est clair, dans cette optique, qu’elle s’acquiert par « l’émancipation » à l’égard du religieux. Faute de pouvoir demander la disparition de la religion, cette position considère négativement toute espèce de visibilité religieuse, notamment vestimentaire ou alimentaire, et toute participation des religions au débat public. A l’extrême gauche, cela est réclamé pour toutes les religions (mais l’impact social d’une telle demande s’avère très différent suivant qu’il s’agisse du catholicisme ou de l’islam) et à l’extrême droite seulement pour l’islam. Ainsi Marine Le Pen, leader du Front National, a proposé d’interdire le port du foulard dans l’ensemble de l’espace public. Par ailleurs, l’écart entre la position idéologique (toute expression ou engagement religieux est antilaïque) et ce qui est proposé sur le plan politico-pratique (mettre la religion – ou du moins l’islam – uniquement dans la sphère privée) conduit les partisans de cette première représentation à penser, et à proclamer publiquement, que la laïcité est continuellement « menacée ».

La laïcité gallicane et autoritaire

LAICITE-copie-1.jpgLa seconde représentation est celle d’Emile Combes, du parti radical, chef du gouvernement entre 1902 et le début de 1905, auteur d’un projet de loi de séparation déposé à l’automne 1904. Combes relie la liberté de conscience et le gallicanisme, cette doctrine traditionnelle des rois de France depuis le XIVe siècle qui fait du pouvoir politique le chef « temporel » de l’Église. De plus, depuis Louis XIV et Bossuet, le gallicanisme prétend représenter une manière éclairée d’être catholique. Combes veut contrôler la religion et supprimer les congrégations religieuses qui sont liées directement au pape. Elles représentent, selon lui, une manière particulièrement obscurantiste d’être chrétien qui ne relève pas de la liberté de conscience. Pour lui, l’État rend service à la religion en l’épurant. Dans la tradition gallicane de recherche d’un catholicisme français éclairé, la séparation est avant tout, alors, la séparation du catholicisme en France et de la papauté romaine. Les religions gardent, en effet, des liens de subordination avec l’État. Il s’agit d’une laïcité autoritaire, comportant des éléments de ce que Jean-Jacques Rousseau appelle, dans son livre Le contrat social, la « religion civile », ensemble de valeurs devant organiquement unir les citoyens d’un pays. Combes cite d’ailleurs ce passage concernant la religion civile quand la princesse Jeanne Bibesco, prieure du carmel d’Alger, dont il est amoureux, lui demande quel est le cœur de ses convictions.

Combes doit quitter le pouvoir en janvier 1905 et, progressivement, la proposition de la Commission parlementaire supplante son projet de loi. Pendant la discussion de la loi de 1905, on retrouve sa perspective dans des amendements déposés par des membres de son parti. Par exemple, un amendement visant à interdire aux prêtres le port de leur habit spécifique, la soutane, dans l’espace public, cela avec des arguments très analogues à ceux que l’on retrouve aujourd’hui invoqués contre ce que l’on appelle maintenant « les signes religieux ostensibles », c’est-à-dire le foulard islamique et la kippa juive (de l’atteinte à la dignité à la suspicion de prosélytisme). En 1905, l’amendement contre le port de la soutane a été repoussé par 391 voix contre 184. Briand avait précisé qu’en régime de séparation, l’État laïque ne peut se soucier de la nature religieuse d’un vêtement, sinon il pourra encourir le reproche « d’intolérance ».

Assez largement battue en 1905, cette représentation autoritaire de la laïcité n’est pas disparue pour autant. Pendant la première moitié du XXe siècle, elle a imprégné la vision laïque dominante des rapports femmes-hommes. « La femme » était perçue comme étant un être de « nature religieuse » (contrairement à « l’homme… rationnel »). Le schéma mental dominant était celui de la femme catholique qui se soumet au prêtre. Cette femme n’était pas assez sécularisée, aux yeux de ces laïques, pour pouvoir obtenir des droits égaux à ceux de l’homme. C’est pourquoi l’instauration du suffrage universel n’a eu lieu qu’en 1944-1945. Contrairement à d’autres pays démocratiques, les femmes ont voté, en France, seulement un siècle après les hommes.

Ce second type de laïcité accepte la liberté de conscience, mais tend à la percevoir comme un principe qui ne serait seulement légitime que dans la mesure où la religion serait acculturée à la société moderne. Et pour cela, la religion doit faire partie de « l’intime », la liberté de conscience s’applique donc essentiellement à la « sphère privée ». On peut se demander si cette représentation ne possède pas une certaine filiation avec les théories politiques d’Hobbes.

L’idéal serait d’acculturer la religion dans un grand ensemble organique, tout en la protégeant dans le « privé » (au double sens de choix privé et espace privé), en luttant contre « les intégrismes » (terme non défini, qui peut être interprété de manière très large). Au nom du principe de laïcité, l’État peut limiter la liberté de conscience. Les limitations légitimes, dans la pratique, ne concernent pas l’ensemble de l’espace public (sauf pour des pratiques radicales comme le port de la burqa ou du niqab), mais le « service public » qui, dans cette optique, n’est pas seulement le service délivré par la puissance publique, mais devient tout service d’intérêt général offert au public. D’où la revendication d’une « extension du principe de laïcité », forte pendant le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy, et de l’instauration de la neutralité religieuse dans les entreprises privées, à l’Université, etc. Là encore, il existe un certain écart entre la position idéologique et les propositions pratiques, ce qui crée l’idée récurrente d’une laïcité perpétuellement attaquée et que l’on ne saurait jamais assez « défendre ».

Cette représentation est prônée notamment par certains philosophes dits « républicains », qui opposent République et démocratie, et par le Grand Orient de France, principale obédience des francs-maçons en France. La loi de 2010 interdisant le voile intégral dans l’ensemble de l’espace public se situe aussi dans cette perspective, mais (significativement, d’un point de vue juridique) elle n’invoque pas la laïcité et se présente uniquement comme une loi d’ « ordre public ». Cependant, elle a été qualifiée de « loi de défense de la laïcité » par ses promoteurs – Jean-François Copé, président du parti de droite UMP ou, à gauche, Manuel Vals, actuel ministre de l’Intérieur, qui fut parmi la minorité de députés socialistes à l’avoir votée. La laïcité va de pair, dans cette perspective, avec une sécularisation relative : un laïque peut être croyant, mais il ne manifeste pas sa religion dans la vie de tous les jours.

La laïcité séparatiste stricte

La troisième représentation, présente en 1905, est la laïcité libérale, mais stricte, de Ferdinand Buisson, député radical, président de la Commission parlementaire. Pour Buisson, la séparation doit assurer la liberté de conscience des individus. Ceux-ci peuvent, s’ils se veulent, librement s’associer, sans que cela concerne l’État, qui doit ignorer les organisations religieuses. « Avec la séparation, déclare-t-il lors des débats, l’État ne connait plus l’Église en tant qu’entité ou que hiérarchie officielle […] Mais l’État connaît des citoyens français catholiques ». Ceux-ci peuvent exercer leur liberté « sur la seule base admise en démocratie, celle de l’association libre et volontaire ». L’organisation collective de la religion s’inscrit alors seulement dans le prolongement de la liberté de conscience individuelle. Cette perspective est refusée par 374 voix contre 200 lors du débat capital concernant l’Article IV de la loi, débat dont je parlerai quand j’aborderai la quatrième représentation.

Ce troisième point de vue se situe toujours, aujourd’hui, dans une perspective à dominante individualiste. Il reconnait et défend la liberté de conscience pour tout ce qui ne concerne pas les activités effectuées par la puissance publique, l’État. La puissance publique doit être neutre et séparée des religions, mais pour les individus, la laïcité signifie avant tout la liberté de conscience et la pleine citoyenneté. Cependant, aucun subventionnement ne doit être accordé aux organisations religieuses, par application stricte du début de l’Article II de la loi de 1905 qui affirme que la République « ne reconnait, ne salarie et ne subventionne aucun culte » (adopté en 1905 par 337 voix contre 233). Le début de cet Article est considéré comme donnant la signification principale de la séparation.

C’est la position actuelle de la Fédération nationale de la Libre pensée, qui s’est prononcée contre la loi de 2010 interdisant le voile intégral, et qui récuse l’interdiction de signes religieux dans les entreprises privées, même d’intérêt général. Elle combat depuis toujours tout financement et subventionnement public des religions, même indirect. Parfois elle obtient gain de cause devant les tribunaux, parfois elle se trouve déboutée. Mais, en général, la Fédération nationale de la Libre pensée ne fait pas la confusion entre son combat pour l’athéisme et contre la religion, en tant que groupement convictionnel, et son combat pour la défense de la laïcité en tant que règle générale (cela, contrairement à la première représentation). Cette troisième représentation effectue donc déjà une nette distinction entre la sécularisation (socio-culturelle) et la laïcité (comme régulation socio-politique).

La laïcité séparatiste accommodante

La quatrième représentation est celle du Rapporteur de la Commission parlementaire, le socialiste Aristide Briand, qui prône une laïcité accommodante envers les organisations religieuses. L’enjeu principal est le débat décisif sur l’Article IV de la loi, article qui dévolue les édifices religieux, qui sont une propriété publique depuis 1789, aux associations cultuelles « se conformant aux règles générales du culte dont elles se proposent d’assurer l’exercice » : en clair aux catholiques qui se soumettent à leurs évêques et au pape. Les catholiques qui voudraient faire dissidence devront trouver leurs propres lieux de culte. Briand défend une autre optique que Buisson : les organisations religieuses existent et l’Etat doit tenir compte de leurs structures propres, même si elles n’ont plus de caractère officiel. La liberté de conscience comporte donc aussi une dimension collective, liée au fait que les individus ne sont pas juxtaposés, mais existent toujours en interrelation.

La culture anarcho-syndicaliste de Briand, son option socialiste le conduit à penser autrement le niveau collectif que les radicaux, comme Buisson. La nouveauté de 1905 est l’application de cette conception aux rapports de la religion et de l’État. Elle est exprimée par Briand de façon assez générale, comme un plaidoyer en faveur d’une « loi de liberté ». Le Conseil d’État, aujourd’hui, la situe dans la filiation de John Locke.

En 1905, nous l’avons vu, cette quatrième position l’a emportée sur la troisième, après un débat animé, par 374 voix contre 200. Mais l’Assemblée allait déjà vers une telle perspective avec l’inclusion, votée de justesse (287 voix contre 281), à la fin de l’Article II, d’une phrase donnant à la puissance publique la possibilité de rémunérer des aumôniers, dans les lieux clos (hôpitaux, prison, armée…) afin d’assurer la « liberté des cultes » : la loi de 1905, et son application ultérieure, ont donc fait que, dans certains cas précis, limités, l’exercice de la liberté de conscience comme « liberté des cultes », garantie dès 1905, l’emporte sur le non-subventionnement des cultes. De même, elle élargira la possibilité de « manifestations religieuses sur la voie publique » (votée par 294 voix contre 255) en supprimant les restrictions du régime antérieur des « cultes reconnus », faites au nom de « l’ordre public ». Dans ce type de laïcité, il existe une visibilité légitime de la religion dans l’espace public (vêtement, processions), et donc une disjonction complète entre laïcité et sécularisation. Il n’existe pas, non plus, de « religion civile » laïque.

Avec la victoire de la quatrième représentation, le raisonnement de la jurisprudence inverse le rapport antérieur entre l’ordre public et la liberté de religion. Avant 1905 celle-ci n’existait, même pour le catholicisme, qu’à la condition « de se conformer aux règlements de police » (Article 1 du Concordat) et le Conseil d’État avalisait, en général, les limitations portées à la liberté des cultes. Après la séparation, au contraire, la liberté des cultes, y compris dans ses « manifestations extérieures », constitue une limite au pouvoir de police du maire ou de l’État. Dans l’écrasante majorité des cas, les arrêts litigieux de l’autorité publique seront annulés. Dès la fin des années 1920, les juristes catholiques eux-mêmes, constatant les décisions prises, se félicitent de la jurisprudence établie, suite à la loi de 1905.

Des mesures récentes se situent également dans la filiation de la quatrième représentation. Ainsi la création récente d’une « aumônerie musulmane » s’inscrit dans cette perspective et la construction de mosquées, ces dernières décennies, a représenté un enjeu conflictuel entre la troisième et la quatrième représentation. Cette dernière constitue la position adoptée ces derniers temps par le Conseil d’État (arrêt de 2011). Dans une large mesure, la Ligue des droits de l’homme et la Ligue de l’enseignement, organisation laïques historiques, se situent dans la même optique.

laicité.jpgJuridiquement donc, cette quatrième représentation l’a largement emporté, dans le long terme, et elle fonctionne toujours aujourd’hui constituant, avec la troisième représentation, une laïcité silencieuse, celle qui contribue au calme et donc qui ne fait pas « l’actualité ». Cependant, les quatre types de laïcité continuent d’être en tension et d’exercer un impact politique et social, plus ou moins important suivant les situations et les religions en cause. Et, aujourd’hui, fonctionnent également deux autres modèles qui ne relèvent que peu, ou même pas du tout, de la loi de 1905, et qui font pourtant partie des représentations laïques actuelles existant en France.

La laïcité identitaire

Une cinquième représentation peut être qualifiée de laïcité identitaire. Cette perspective est très présente dans la mise en avant d’une « laïcité positive » par l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. En décembre 2007, lors d’une visite officielle auprès du pape, il a insisté sur les « racines chrétiennes » de la France et a célébré la morale du curé, considérée par lui comme supérieure à celle de l’instituteur. Mais on peut déjà trouver les prémisses d’une laïcité identitaire dans un Rapport officiel (dit Rapport Baroin) « Pour une nouvelle laïcité », rédigé en 2003, soit peu après le 11 septembre 2001. Le parti de droite, l’UMP, est globalement sur cette position. Mais ses adeptes débordent ses rangs, car elle peut attirer tous ceux qui estiment que, face à « l’islam qui est aujourd’hui au centre des préoccupations » et « au défi du communautarisme » (Baroin), la France doit valoriser un catholicisme culturel comme son identité transhistorique. En revanche, face à la religion musulmane, des mesures répressives pourraient être prises, car (écrit Baroin) « à un certain point la laïcité et les droits de l’homme sont incompatibles ». Au contraire, Ferdinand Buisson estimait que l’instauration de la laïcité en France correspondait à la publication de la Déclaration des droits de 1789.

La laïcité identitaire se rapproche donc de la deuxième représentation, du moins quand il est question de poser des limites aux manifestations religieuses de l’islam. Ces deux visions de la laïcité ont eu un grand rôle dans l’adoption des lois de 2004 (sur l’interdiction des signes religieux « ostensibles » à l’école publique) et de 2010 (sur l’interdiction du « voile intégral » dans l’espace public). L’ensemble constitue ce que j’appelle la laïcité bruyante, conflictuelle, que beaucoup, en France et hors de France, ont tendance à confondre avec la laïcité tout court, car c’est essentiellement elle dont il est question dans les médias.

Cette laïcité identitaire est, en général, plus conservatrice que la seconde représentation. Ainsi, elle considèrera très négativement la loi de 2013 autorisant le mariage entre personnes de même sexe (et demain la possibilité, dans certaines limites, de l’euthanasie). Ces lois peuvent, pourtant, être comprises comme résultant de la séparation entre la loi civile et les normes religieuses. Selon la laïcité identitaire, le catholicisme constitue un système de références culturelles stables, élément essentiel du patrimoine de la nation est utile au politique pour donner des « repères ». D’une certaine manière on retrouve, de façon différente que le second type, une perspective marquée par le modèle hobbesien de l’incorporation. Elle tend implicitement à une « religion civile » plus marquée confessionnellement que la seconde représentation. Elle tend d’ailleurs à être hégémonique par rapport à la seconde représentation, étant plus populiste.

La laïcité « concordataire »

La sixième représentation peut être qualifiée de laïcité « concordataire ». Située dans l’est de la France, l’Alsace-Moselle avait été annexée par l’Allemagne en 1871, à la suite de la guerre de 1870. Ce territoire n’est redevenu français qu’en 1919, après la Première Guerre mondiale, donc après l’adoption de la loi de séparation. Pour faciliter ce « retour », le système dit « concordataire » c’est-à-dire le système antérieur à 1905, qui comprend le Concordat et le régime des cultes reconnus, a été maintenu à titre « temporaire » en Alsace-Moselle. Le clergé des cultes reconnu est rétribué par l’Etat et l’école publique comporte des cours confessionnels de religion. Cette situation, censée au départ être provisoire, dure encore et, en février 2013, le Conseil Constitutionnel a rendu une décision qui accepte le régime juridique propre à l’Alsace-Moselle. C’est reconnaitre officiellement qu’il peut exister, en France, une laïcité où les Églises et l’État ne sont pas complètement séparés. Jusqu’alors c’est essentiellement par le silence que cette différence de législation (dans une « République indivisible ») se légitimait. Si les lois civiles sont, comme pour le reste de la France, indépendantes des normes religieuses, des liens institutionnels sont maintenus entre l’Etat et certaines religions. Géographiquement limitée, cette laïcité attire néanmoins certains membres de diverses religions qui souhaiteraient, sinon l’adoption de la situation d’Alsace-Moselle, du moins une reconnaissance par l’État de « l’utilité sociale » des religions, et l’instauration de liens officieux.

Le fonctionnement social des diverses laïcités

Examinons brièvement deux faits, reliés à l’actualité récente, pour montrer comment ces diverses représentations fonctionnent dans la réalité française d’aujourd’hui. D’abord l’affaire dite de la crèche Baby-Loup ; ensuite le cas plus général du changement, en 2013, d’organisme officiel pour donner des Avis en matière de laïcité.

L’affaire de la crèche Baby-Loup :

L’affaire de la crèche Baby-Loup, établissement d’accueil de petits-enfants au cœur d’une cité pauvre de la région parisienne (Chanteloup-les-Vignes, dans le département des Yvelines), présente des caractéristiques propres. Elle est, cependant, très significative de la manière dont un incident local peut prendre une ampleur nationale, quand on invoque la laïcité à son propos et qu’elle devient l’enjeu d’un conflit qui oppose les partisans de la laïcité antireligieuse, la laïcité autoritaire gallicane et la laïcité identitaire aux partisans d’une laïcité séparatiste qu’elle soit stricte ou libérale.

L’affaire, qui n’est pas encore finie !, remonte à 2008. Cette année-là, une employée de cette crèche, organisme privé mais fonctionnant essentiellement grâce à des subventions publiques, Fatima Afif, se met à porter un foulard, contrairement au Règlement intérieur qui impose la neutralité religieuse aux employées. Elle est licenciée pour « faute grave », sans indemnité. Elle réclame d’être indemnisée et soumet son cas à la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité), organisme créé par le président Chirac, qui lui donne raison en mars 2010. Peu de temps après, la direction de la HALDE est changée par le Président Sarzozy, puis la HALDE est supprimée en tant qu’autorité indépendante.

Mme Afif attaque la directrice, Natalia Baleato, devant la justice. Elisabeth Badinter, philosophe médiatique, qui est une ardente et influente militante de la deuxième représentation de la laïcité, devient « marraine » de la crèche. La directrice gagne en première instance puis en appel. Les tribunaux invoquent le fait que les usagers sont de très jeunes enfants (donc influençables), ainsi que la « nature de l’activité » qui est « d’intérêt général ». On a bien, là une extension de l’exigence de neutralité. En mars 2013, la Cour de Cassation casse ces jugements : Le règlement intérieur en émettant une règle générale de neutralité, n’est pas légal : la liberté religieuse doit être la règle et une restriction à cette liberté ne peut être prise sans être justifiée et proportionnée au motif qui a induit la restriction.

La Ligue de l’enseignement, la Ligue des droits de l’homme et la Libre pensée (donc des partisans des quatrième et troisième représentations) soutiennent la décision de la Cour de cassation. Cependant, la décision est vivement attaquée, comme « contraire à la laïcité » par les médias dominants, par des personnalités politiques de droite (mais aussi parfois de gauche), et surtout par le ministre de l’Intérieur, Manuel Vals, qui la désavoue, ce qui est peu commun (car tout à fait contraire à la règle de la séparation des pouvoirs). La directrice de la crèche déclare : « Ce n’est pas mon échec, c’est une défaite pour la République ». D’autres commentaires vont dans le même sens, montrant la volonté d’identifier la compréhension de la laïcité des partisans de la directrice avec la laïcité elle-même, d’évacuer tout débat, démarche typique de la religion-civile.

Après une intense campagne d’opinion, une seconde Cour d’appel donne, de nouveau, raison à la directrice (novembre 2013), en mettant en avant un nouvel argument : cette crèche serait une « entreprise de tendance ». En droit français, l’entreprise de tendance est au service d’un parti politique ou d’une organisation religieuse, ce qui lui permet de choisir ses employés selon d’autres règles que celles du Code du travail : on comprend facilement que l’UMP, parti de droite, ne va pas embaucher des socialistes à son service, et réciproquement. De même, l’Église catholique étant une entreprise de tendance, elle a le droit de licencier des professeurs divorcés qui enseigneraient dans des établissements privés (pourtant sous contrat avec l’État). L’argument de l’entreprise de tendance est, pourtant, dans ce cas précis, extrêmement étonnant, car la laïcité est inscrite dans la Constitution de la République française. « Paradoxalement, cet arrêt ne vient-il pas affaiblir et relativiser le principe -pourtant constitutionnel- de laïcité qui paraît réduit à une simple conviction [particulière] ou tendance ? » se demande, Frédéric Dieu, Maître des requêtes et spécialiste de cette question au Conseil d’État. Cependant la plupart des mass-médias ne répercutent pas cette information et ne critiquent pas ce jugement. La Cour de Cassation va devoir trancher en dernière instance et la prise de position de Manuel Vals montre qu’elle sera soumise à de très fortes pressions politiques. Il sera très intéressant, pour le sociologue, de savoir si elle résistera à ces pressions.

Le changement d’organisme donnant des Avis officiels sur la laïcité :

Voyons maintenant un cas plus général. En 2007, le Haut Conseil à l’Intégration, organisme officiel auprès du Premier ministre, s’était autosaisi du dossier « laïcité » et avait publié une Charte de la laïcité dans les services publics. Conformément à la composition majoritaire du HCI, le contenu de cette Charte allait plutôt dans le sens de la deuxième et/ou de la cinquième représentation (laïcité gallicane ou identitaire). Mais la HALDE, de son côté rendait des Avis, dans la lignée de la quatrième représentation, celle d’une séparation accommodante. Cela n’a pas été pour rien dans sa normalisation puis sa suppression.

Trois ans plus tard, le HCI obtenait d’être officiellement chargé d’émettre des Avis sur la laïcité. Cette décision se situe implicitement dans l’optique d’une laïcité identitaire, car elle effectue, de fait, une identification entre les « problèmes de l’immigration » et la « question de la laïcité ». Par son titre même, le HCI n’est pas qualifié pour traiter du mariage de personnes de même sexe ou de l’Alsace-Moselle. De plus, l’immigration et l’islam sont souvent confondus dans les représentations sociales dominantes. Enfin, partiellement renouvelée, la composition du HCI de 2010 se confondait pratiquement avec la deuxième et, surtout, cinquième représentation et s’avérait significative de leur rapprochement. Le HCI proposa alors une « extension du principe de laïcité », qui privilégie la neutralité par rapport à la liberté de conscience, et vise essentiellement l’islam. Il énonce des affirmations fausses, prétendant notamment que la loi de 1905 ne s’est pas intéressée à l’espace public.

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Fin décembre 2012, la gauche revenue au pouvoir annonce discrètement aux membres du HCI qu’ils sont dessaisis du dossier au profit d’un Observatoire de la laïcité, officiellement créé en avril 2013. Cela n’empêchera pas le HCI de publier, bien que dessaisi, en août, un Avis demandant l’extension de l’interdiction de port de signes religieux à l’Université et d’obtenir que le quotidien le Monde le publie en première page ! La création de l’Observatoire de la laïcité redonne de la généralité à la laïcité : elle concerne tous les Français et non pas seulement les immigrés ! Sa composition comprend une majorité de membres plutôt partisans des deux représentations de la laïcité séparatiste, une minorité non négligeable (et qui a l’oreille des médias) d’adeptes de la laïcité autoritaire gallicane et un membre qui représente la laïcité identitaire. Son président, Jean-Louis Bianco, nommé par le Président de la République, se situe plutôt dans la lignée de la quatrième représentation, celle qui a triomphé en 1905. Il écrit : « La laïcité apparaît trop souvent, depuis une vingtaine d’années, comme un principe d’interdits et de restrictions aux libertés. Ce qu’elle n’est pas. […] la laïcité doit s’appuyer sur la lutte contre toutes les discriminations ». Là encore, il sera intéressant d’observer l’évolution du rapport de force au sein de cet Observatoire de la laïcité, qui est pluraliste.

Conclusion

Il n’existe donc pas un modèle français de laïcité, mais plusieurs. Diverses représentations interagissent, de façon conflictuelle ou transactionnelle, et l’évolution de leurs rapports constitue la dynamique de ce que l’on appelle la « laïcité française ». La mise en lumière de leurs différentes caractéristiques permet d’analyser, sur le moyen et long terme, les variations d’une actualité changeante, ses fluctuations. Elle permet aussi de ne pas laisser dans l’impensé tous les cas de figure non pris en compte par les médias, notamment ceux où la laïcité s’effectue sans conflit, ou même est ce qui permet d’éviter les conflits. Pour un sociologue, le non-événement est une construction sociale importante, tout comme ce qui fait événement. Ce texte voulait être, entre autres, un rappel de ce fait social, trop souvent minimisé et nécessaire à mettre en lumière aujourd’hui face aux aspects spectaculaires, privilégiés par la communication de masse.
 

notes

 

Pour en savoir plus

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Amédro Jean-François, 2011, Le juge administratif et la Séparation des Eglises et de l’Etat sous la Troisième République. Thèse soutenue à Paris II.

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- 2006, L’intégrisme républicain contre la laïcité, l’Aube, La Tour d’Aigues.

- 2007 (1ere édition en 2005), Emile Combes et la princesse carmélite, improbable amour, L’Aube, L’Aube-Poche, La Tour d’Aigues.

- 2012, La laïcité falsifiée, La Découverte, Paris.

- 2013, « Morale et laïcité », L’OURS, recherche socialiste, n° 64-65, juillet-déc., p. 53-63.

Baubérot Jean, Milot Micheline 2011, Laïcités sans frontières, Seuil, Paris.

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Poulat Emile, en collaboration de Maurice Gelbard, 2010, Scruter la loi de 1905, Fayard, Paris.

source

La battaglia sull’Istmo di Perekop

La battaglia sull’Istmo di Perekop

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300px-Isthmus_of_Perekop_map.pngNell’autunno del 1920 la guerra civile russa era ormai avviata verso la sua inevitabile conclusione, con le armate bianche che cedevano, una dopo l’altra, davanti alla pressione dell’Armata rossa forgiata da Trotzkij e da lui diretta con spietata energia.

A parte le prime formazioni di Cosacchi antibolscevichi, come quella del generale Krasnov, che si appoggiava sull’aiuto dei Tedeschi (prima che la Germania uscisse sconfitta dalla prima guerra mondiale) e a parte l’esercito dei volontari cecoslovacchi, i quali, nell’estate del 1918, si erano impadroniti quasi senza colpo ferire di gran parte della ferrovia transiberiana e della regione degli Urali, tre furono le principali armate bianche che, nel corso del 1919, avevano costituito un serio pericolo per il potere bolscevico:

a) l’esercito siberiano dell’ammiraglio Kolčiak, autoproclamatosi “supremo reggitore” dello Stato russo e riconosciuto quale capo nominale di tutte le armate bianche, il quale, nei primi mesi dell’anno, si era spinto in direzione di Kazan’ e di Mosca. L’Armata rossa lo aveva però contrattaccato il 28 aprile e, in maggio, aveva sfondato le sue linee, dapprima respingendolo al di là degli Urali; poi, in agosto, dopo aver preso Celjabinsk ed Ekaterinburg, lanciando una nuova offensiva sul fronte Tobolsk-Kurgan e procedendo assai velocemente lungo la transiberiana, tanto da occupare Omsk già il 14 novembre. Kolčak venne consegnato, il 15 gennaio, dai Cecoslovacchi a un governo provvisorio filo-sovietico formatosi a Irkutsk e da questo processato e fucilato il 7 febbraio; il suo corpo venne buttato in un buco scavato nel ghiaccio del fiume Angara.

b) L’esercito bianco del generale Denikin, che nell’estate del 1919 aveva riportato successi spettacolari e, dalla regione del Kuban, aveva invaso l’Ucraina, spingendosi fino a Orel, sulla via adducente a Mosca da sud. Esso era stato a sua volta contrattaccato dall’Armata rossa a partire dal 10 ottobre e costretto a una precipitosa e drammatica ritirata. Alla fine dell’anno, i suoi resti erano tornati, assai mal ridotti, sulle posizioni di partenza della primavera, fra Kursk ed Ekaterinoslav; Denikin, sfiduciato, aveva passato le consegne al generale Wrangel, il quale aveva dedicato i mesi invernali a riorganizzare le truppe e i servizi logistici.

c) Il terzo attacco ai centri vitali del potere bolscevico era stato sferrato nell’autunno del 1919 dal generale Judenič il quale, con il sostegno della flotta inglese, era sbarcato nel Golfo di Finlandia e aveva marciato direttamente sulla vecchia capitale imperiale, Pietrogrado. La minaccia era stata seria, perché si era profilata contemporaneamente all’avanzata di Denikin dall’Ucraina, (mentre le forze di Kolčiak erano già in piena dissoluzione); ma anch’essa era stata affrontata e sventata con la massima energia dall’Armata rossa, che era passata decisamente al contrattacco, il 22 ottobre, e aveva costretto le forze di Judenič a interrompere la marcia su Pietrogrado e a reimbarcarsi in tutta fretta.

Così, all’inizio del 1920, a parte le bande degli atamani Semënov e Kalmykov, rispettivamente a Čita e Khabarovsk, al di là del lago Bajkal – ove era sorta, a fare da cuscinetto fra i Rossi e un corpo di spedizione di 70.000 soldati giapponesi, una effimera Repubblica dell’Estremo Oriente -; il piccolo esercito del barone Ungern-Sternberg nella Mongolia Interna; alcune forze cosacche nell’Asia centrale e nella regione del Caucaso; e alcune bande ucraine operanti nella zona di Kiev, restavano ora due soli avversari cospicui per l’Armata rossa: l’esercito polacco del maresciallo Pilsudski, pronto ad attaccare nella primavera del 1920, e quello dei Russi “bianchi” del generale Wrangel, attestato nell’Ucraina meridionale.

In Estremo Oriente, la guerriglia contro le ultime forze “bianche” e contro gli stessi Giapponesi venne condotta da bande di partigiani, sia bolscevichi che anarchici; mentre l’offensiva scatenata da Pilsudski nel maggio venne respinta e l’Armata rossa, passata a sua volta all’attacco, venne battuta in maniera decisiva sotto le mura di Varsavia, in agosto: sicché, il 18 marzo 1921, si giunse alla pace di Riga fra Polonia e Unione Sovietica. Abbiamo già narrato questi avvenimenti in due lavori precedenti: Trjapicyn in Siberia orientale: breve la vita felice di un “bandito” anarchico; e Chi ha voluto la guerra sovietico-polacca del 1920? Una questione storiografica ancora aperta.

Pertanto, nell’autunno del 1920, Trotzkij era ormai libero di concentrare le forze maggiori dell’Armata rossa contro l’ultimo esercito “bianco” ancora attestato in territorio russo e dotato di una buona capacità combattiva: quello del barone Wrangel. Anche le bande anarchiche di Machno, fino ad allora ostili ai bolscevichi, siglarono una tregua e accettarono anzi di passare sotto il comando del generale Frunze, in vista di una offensiva finale contro i Bianchi. Un ambasciatore inviato a Machno da Wrangel, per esplorare le possibilità di una alleanza tattica in funzione antibolscevica, era stato impiccato; il capo anarchico non sapeva, allora, che subito dopo la liquidazione dell’ultima armata “bianca” sarebbe venuta anche la sua ora.

wrangel

 

 

Pyotr Nikolayevich Wrangel (27 agosto 1878 – 25 aprile 1928)

Wrangel non godeva dell’appoggio delle popolazioni ucraine, per le stesse ragioni che avevano provocato la sconfitta di Kolčak, Denikin e Judenič: la diffidenza dei contadini e l’esiguità delle classi medie che, sole, avrebbero potuto costituire una base sociale determinante; e ciò nonostante che Wrangel, ammaestrato dalla disfatta degli altri generali “bianchi”, avesse promesso ai contadini una riforma agraria radicale, a spese della grande proprietà terriera.

I bolscevichi, con i loro metodi brutali di requisizioni forzate e con l’esercizio di una spietata dittatura, mascherata sotto l’apparenza di autonomia dei Soviet, avevano destato anch’essi notevoli diffidenze da parte dei contadini e suscitato malumori perfino tra i marinai e nella classe operaia (come si sarebbe visto nella rivolta di Kronstadt, repressa da Tuchacevskij nel marzo 1921). Essi erano però più abili a livello propagandistico, sfruttando slogan come «tutto il potere ai Soviet» e «la terra a chi la lavora»; e dipingendo tutti i Bianchi, senza alcuna sfumatura, come gli strumenti della restaurazione monarchica e aristocratica.

Una valutazione imparziale di quegli avvenimenti esige che si riconoscano a Wrangel delle capacità militari e organizzative veramente eccezionali: possedeva più costanza di Denikin e più senso politico di Kolčak; e, pur non facendosi illusioni sull’esito finale di una lotta così ineguale, era capace di infondere coraggio e determinazione ai suoi uomini, demoralizzati da tante sconfitte e ridotti a lottare con una crescente penuria di materiali da guerra ed equipaggiamenti; cui si aggiunsero – alla metà di ottobre – delle condizioni climatiche precocemente ed eccezionalmente rigide, che aumentarono le loro sofferenze.

Riteniamo si possa sostanzialmente concordare con il giudizio che di Wrangel ha dato lo storico inglese W. H. Chamberlin nella sua ormai classica Storia della Rivoluzione russa, 1917-1921 (titolo originale: The Russian Revolution, 1917-1921, 1935; traduzione italiana di Mario Vinciguerra, Torino, Einaudi, 1966, pp. 728, 740-42):

«Wrangel contribuì a infondere nuova energia nelle file dei Bianchi. Lavorando giorno e notte riorganizzò totalmente l’amministrazione militare e civile nella piccola zona sotto la sua autorità, e trasformò quelle truppe dalla massa informe di profughi cui s’erano ridotti a un’efficiente forza combattiva. Alcune delle misure prese a quello scopo dai suoi luogotenenti furono estremamente brutali. Ad esempio, il generale Kutepov fece impiccare in pubblico ufficiali e soldati colti in stato di avanzata ubriachezza nelle strade di Simferopol'; ma nel complesso questi provvedimenti raggiunsero il loro scopo. Lo spiriti bellicoso delle truppe, che era quasi svanito durante la lunga e tremenda ritirata da Orel a Novorossijsk, fu restaurato. Uno scrittore sovietico esprime il seguente apprezzamento sullo stato dell’esercito di Wrangel nella primavera e nell’estate del 1920: “Qualitativamente era la migliore forza combattente d cui avesse mai disposto la controrivoluzione russa e internazionale nella sua lotta contro le Repubbliche sovietiche”.

Questo giudizio è confermato dal corso delle operazioni militari. Le truppe di Wrangel non solo tennero a bada ma respinsero forze sovietiche considerevolmente superiori, e soccombettero solo quando, per effetto della pace conclusa con la Polonia, esse furono letteralmente schiacciate dal numero delle forze sovietiche […].

Wrangel fu l’ultimo capo del movimento bianco organizzato in Russia. Trovandosi fin da principio di fronte a una forte disparità di forze, la sua disfatta era quasi inevitabile. Pochi degli uomini di stato antibolscevichi più autorevoli ebbero voglia di entrare nel suo governo. Egli non fece miracoli. Con un piccolo esercito e una base di operazioni inadeguata, non poteva tener testa indefinitamente all’enorme esercito rosso, che attingeva i propri soldati da quasi tutta la Russia. Coi suoi precedenti di ufficiale aristocratico, non poteva superare il grande abisso di sospetto e di ostilità che sempre sussistettero tra il movimento e le masse dei contadini, e fu la causa fondamentale della sua disfatta.

Ma, tenuto conto di questi inevitabili fattori negativi, Wrangel si batté valorosamente. Aveva ereditato un relitto di esercito e seppe rifoggiarlo in forza combattente che inferse ai Rossi alcuni fieri colpi. Wrangel non poteva salvare quella vecchia Russia di cui s’era fatto campione e rappresentante, ma la sua attività militare, che tenne una quantità di truppe rosse impegnate in Ucraina e nel Kuban, non fu certo l’ultima ragione per cui l’esercito rosso mancò davanti a Varsavia di quella estrema riserva d’energia che avrebbe creato una Polonia sovietica ed esteso il bolscevismo molto oltre le frontiere russe. Visto da questo lato, l’epilogo del movimento bianco, impersonato da Wrangel, fu una fortuna per la Polonia e forse per altri stati di nuova formazione dell’Europa orientale come fu funesto per il governo sovietico e per l’Internazionale comunista».

Una prima offensiva contro le forze di Wrangel, lanciata l’8 gennaio 1920, aveva portato i reparti dell’Armata rossa fino a ridosso della Crimea, centro nevralgico dei Bianchi, con i suoi porti affollati di navi russe e delle potenze dell’Intesa. Sarebbe errato, tuttavia, vedere Wrangel come una semplice creazione degli Alleati; in realtà, dopo la sconfitta di Denikin, i governi di Londra e Parigi avevano rinunciato alla speranza di assistere a una caduta del regime sovietico in tempi brevi e, di fatto, avevano ritirato il loro appoggio militare e finanziario ai Bianchi, limitandosi solo a vaghe promesse e ad un certo sostegno logistico.

I Francesi, in particolare – che avevano investito grossi capitali in Russia prima e durante la prima guerra mondiale, avevano puntato quasi tutte le loro carte sulla Polonia di Pilsudski; e, dopo la vittoria di quest’ultimo davanti a Varsavia, si disinteressarono sostanzialmente del destino di Wrangel. Come se non bastasse, la loro flotta, stanziata a Odessa, era stata scossa dagli ammutinamenti degli equipaggi nel 1919, per cui il governo francese non si illudeva di poter prolungare la propria influenza politico-militare nell’area del Mar Nero.

Ci furono invece delle trattative interalleate che sembrarono sfociare in una spedizione militare italiana in Georgia, all’inizio dell’estate 1919; ma poi non se ne fece più nulla, specialmente a causa dell’instabilità dei governi italiani tra la fine della prima guerra mondiale e l’ascesa del fascismo. Nel caso specifico, fu l’opposizione di Nitti al progetto che lo fece cadere, e con esso cadde il ministero Orlando, che lo aveva preparato e si accingeva a porlo in atto.

Quanto agli Inglesi, essi avevano puntato su Kolčak, cui avevano fornito non solo abbondante materiale da guerra e ingenti risorse finanziarie, ma anche consiglieri militari; e, dopo la sua sconfitta, avevano rinunciato all’idea di poter rovesciare il regime sovietico mediante l’azione degli eserciti “bianchi”.

Sapendo di non poter più vincere la guerra civile sul campo, Wrangel – che era un uomo intelligente e che possedeva uno spiccato senso realistico – studiò il modo di ritardare l’investimento della sua cittadella crimeana e di intavolare eventualmente trattative coi bolscevichi, attraverso i buoni uffici delle potenze occidentali; ma, per poterlo fare, desiderava raggiungere una posizione strategica migliore, che rendesse più forte anche la sua posizione politica.

Pertanto, nell’estate, egli effettuò alcuni sbarchi sulla costa orientale del Mar d’Azov, investendo il territorio del Kuban e minacciando di congiungersi con il cosiddetto Esercito della rigenerazione russa, che si era stabilito nella regione settentrionale del Caucaso. Il collegamento non riuscì, nonostante le forze bianche riportassero, nel mese di agosto, una serie di successi inaspettati; per cui, in settembre, le truppe di Wrangel dovettero reimbarcarsi.

Aspettandosi ora una nuova, grande offensiva dell’Armata rossa, Wrangel attestò il suo esercito nella Tauride settentrionale e, intanto, provvide a fortificare potentemente l’istmo di Perekop, un vero e proprio “collo di bottiglia”, mediante il quale si accede, da nord-ovest a sud-est, alla penisola di Crimea.

In effetti, l’offensiva sovietica scattò il 28 ottobre, contemporaneamente alla fine delle grandi operazioni sul teatro polacco; e, dopo una lotta accanita, terminò com’era inevitabile: con l’irruzione dei Rossi fino agli accessi dell’istmo. In questa battaglia Wrangel aveva potuto mettere in linea non più di 35 uomini, contro circa 137.000 dell’Armata rossa.

Ai primi di novembre, dunque, le due armate si fronteggiavano sull’istmo, davanti a Perekop, dove i Bianchi era asserragliati dietro il cosiddetto Vallo Turco, una triplice linea di difesa munita di trincee, filo spinato, nidi di mitragliatrici e postazioni d’artiglieria. Molti consideravano le difese dell’istmo semplicemente imprendibili; ma, come vedremo, le forze della natura diedero ai Sovietici, che già godevano di una schiacciante superiorità numerica, anche un inatteso vantaggio strategico, allorché il vento rese transitabile il passaggio di terra dalla Penisola Čongar alla Penisola Lituana, respingendo le acque basse del mare; mentre le gelide temperature permisero al fondo fangoso di solidificarsi in una solida crosta di ghiaccio.

Scrive lo storico americano W. Bruce Lincoln nel suo libro I Bianchi e i Rossi. Storia della guerra civile russa (titolo originario: Red Victory, 1989; traduzione italiana di Francesco Saba Sardi, Milano, Mondadori, 1991, 1994, pp. 396-401):

Mikhail Frunze (2 febbraio 1885 – 31 ottobre1925)

Mikhail Frunze (2 febbraio 1885 – 31 ottobre1925)

«Solo lentamente i soldati di Wrangel cedettero terreno sotto l’enorme pressione dell’Armata Rossa durante la prima settimana di aspri combattimenti, e l’assalto finale di Frunze non fu coronato dal trionfo che si era atteso. Le forze di Bljücher e di Budënnyi erano avanzate di oltre 120 chilometri in tre giorni nel deciso tentativo di raggiungere la ferrovia in modo da tagliare la strada alla ritirata di Wrangel in Crimea, ma le unità rosse più a est dovettero disputare al nemico ogni pollice di terra e avanzarono assai più lentamente. “Sono stupefatto dell’enorme energia con cui il nemico resiste – comunicò Frunze a Mosca. – è indubbio che il nemico ha combattuto più validamente e tenacemente di quanto avrebbe fatto ogni altro esercito”. Fu così che i reparti di Wrangel in ritirata vinsero la corsa per la Crimea, e i disperati sforzi di allievi ufficiali e unità di seconda linea impedirono ai fucilieri di Bljücher di impadronirsi del Passo di Salkovo e di fare sfondare la prima linea di difesa a Perekop. Ma i Bianchi pagarono assai cari i loro momentanei successi. Aprendosi la strada nella Tauride settentrionale, le forze di Frunze catturarono quasi 20.000 prigionieri, un centinaio di pezzi da campo, un gran numero di mitragliatrici, decine di migliaia di granate e milioni di cartucce. “L’esercito rimase intatto – commentò in seguito Wrangel -, ma le sue capacità combattive non furono più quelle di prima”, né d’altra parte era riuscito a conservare quelle fonti alimentari per le quali aveva rischiato tanto: oltre 36.000 tonnellate di cereali del raccolto autunnale accantonate dalla sua sussistenza nei magazzini ferroviari di Melitopol e di Geničesk caddero nelle mani di Frunze.

Quesri aveva perduto l’occasione di riportare una vittoria decisiva non essendo riuscito ad accerchiare l’esercito di Wrangel prima che raggiungesse la Crimea; costretto pertanto a dare l’assalto alla fortezza peninsulare, aumentò le proprie forze e inviò i ricognitori che si erano di recente aggiunti ai suoi rafforzati reparti aerei a fotografare le linee nemiche. Alla fine della prima settimana di novembre, aveva ammassato 180.771 uomini appoggiati da quasi 3.000 mitragliatrici, oltre 600 pezzi d’artiglieria e 23 treni corazzati con cui affrontare i 26.000 regolari bianchi e le 16.000 male armate riserve che guarnivano le difese della Crimea.

Frunze decise di sferrare l’attacco principale contro il Vallo Turco, una barriera ottomana del XVIII secolo lungo la quale Wrangel aveva creato nidi ben protetti di mitragliatrici e piazzole di artiglieria, in modo da assicurare fuoco incrociato a complemento delle fitte barriere di filo spinato che costituivano la prima linea di Perekop, dietro la quale i residui treni corazzati dei Bianchi erano in grado di muoverei avanti e indietro lungo la recente diramazione ferroviaria Sebastopoli-Jušun-Amjansk, coprendo con i loro pezzi gli approcci del vallo. La 51a Divsione di Bljücher ebbe l’ordine di guidare l’attacco, e il suo comandante ne concentrò i fucilieri in ordine talmente serrato, che in certi punti aveva un uomo ogni metro e una mitragliatrice a sostegno di ogni 17 uomini. Alla sinistra di Bljücher, di fronte alle paludi salmastre di Sivaš e al ponte di Čongar un po’ più a est, Frunze schierò la Kornarmija di Budënnyi, la IV Armata Rossa e i partigiani di Machno, tenendo di riserva la maggior parte di tre armate. Stando ai resoconti sovietici, erano tutti reparti animati da alto spirito combattivo, decisi a celebrare il 7 novembre il terzo anniversario della rivoluzione bolscevica infliggendo una disfatta all’ultima cospicua forza bianca sul suolo russo.

Nonostante gli uomini e le armi che Frunze aveva radunato in vista della battaglia, i difensori della Crimea non si erano lasciati infettare dal sentimento di sconfitta che alla fine del 1919 aveva minato Denikin e i Bianchi a Novorossijsk. Wrangel aveva cominciato i preparativi per un’evacuazione in massa, ma così silenziosamente e in tempi così lunghi da mascherare l’intento. “Le misure da noi prese avevano placato le ansie che si erano qua e là manifestate”, commentò in seguito. “Dietro le linee, tutto restava tranquillo perché ciascuno credeva nell’imprendibilità delle fortificazioni di Perekop”, ed era una convinzione tutt’altro che infondata. I giornali di Crimea parlavano ancora in tono fiducioso delle difese dell’istmo di Perekop, del ponte di Čongar e della costiera intermedia. “Le fortificazioni di Sivaš e di Perekop sono talmente solide, che il Comando supremo rosso non dispone né degli uomini né delle macchine per sfondarle, assicurava il 4 novembre il foglio “Vremja” (“Tempi”). Tutte le forze armate del Sovdepja messe assieme non bastano a intimidire la Crimea”. Wrangel, forse ancora speranzoso di riuscire a bloccare Frunze, ma intento soprattutto a guadagnare il tempo necessario per portare a termine un’evacuazione ordinata, unificò la I e la II Armata sotto gli ordini del generale Kutepov, il migliore e il più tenace dei reparti combattenti che gli restassero. Universalmente noto per la feroce crudeltà nei confronti di bolscevichi e loro simpatizzanti, e ampiamente sospettato di di aver intascato colossali bustarelle in cambio di permessi di esportazione e importazione quando aveva comandato la guarnigione di Novoriossijsk, Kutepov continuava ciò nonostante a godere della piena fiducia di Wrangel quale ufficiale “in grado di affrontare qualsiasi situazione, un uomo dal grande valore militare e di eccezionale tenacia nella realizzazione dei compiti affidatigli.” Kutepov avrebbe difeso il Vallo Turco come nessun altro avrebbe potuto fare; e se non ci fosse riuscito, Wrangel avrebbe saputo senz’ombra di dubbio che la fine era giunta.

La mattina del 7 novembre, dopo aver impartito gli ultimi ordini per l’attacco, Frunze si recò al quartier generale di Budënnyi dove con questi e Vorošilov compilò un telegramma di congratulazioni a Lenin nel terzo anniversario della rivoluzione bolscevica, promettendogli la vittoria conclusiva a celebrazione della stessa. “In nome degli eserciti del fronte meridionale, ormai pronti a sferrare il colpo finale contro la tana della belva mortalmente ferita, e in nome delle rinnovate aquile delle grandi armate di cavalleria, salute – esordiva il testo. – La nostra ferrea fanteria, la nostra audace cavalleria, la nostra invincibile artiglieria e i nostri rapidi aviatori dalla vista acuta… libereranno quest’ultimo lembo di terra sovietica da ogni nemico”, si prometteva a Lenin. Forse più di ogni altra unità in azione nella Russia meridionale, la 51a Divisione di Bljücher meritava tutti quei superlativi, ed era sul suo assalto frontale contro il Vallo Turco che Frunze, Vorošilov e Budënnyi contavano per irrompere nel bastione crimeano di Wrangel. Ma ad aiutare la loro causa più di quanto avrebbe potuto fare ogni atto di valore, per quanto grande, furono l’imprevedibile e l’inaspettato. La natura, le cui forze avevano inflitto tanti tormenti al popolo della Russia bolscevica durante i due aspri inverni precedenti, questa volta si schierò dalla parte dei Rossi, aprendo loro nuove, insospettate vie d’attacco.

Forse solo due o tre volte nel corso di una generazione, un forte vento investe da nordovest la Crimea, spingendo verso est le basse acque che coprono i bassifondi salini del Sivaš e lasciando allo scoperto la sottostante, putrida fanghiglia. Il 7 novembre 1920, imperversò un vento talmente furioso, accompagnato da temperature così basse che la notte del 7-8 novembre il fondo melmoso del Sivaš, così di rado scoperto, si gelò formando una superficie tanto solida da reggere uomini e cavalli. Alle 22, mentre gran parte della 51a Divisione di Bljücher si apprestava ad assalire le posizioni di Kutepov lungo il Vallo Turco, la 15a e la 52a Divisione di fucilieri, in una con la 153a Brigata di fucilieri e di cavalleria della 51a Divisione, approfittando dell’insperato vantaggio. Una pesante nebbia grava sulla zona, impedendo alle sentinelle di Wrangel sulla Penisola Lituana di avvistare i reparti rossi impegnati nell’attraversamento dei sei chilometri del Sivaš. Ben presto, i piedi e gli zoccoli di uomini e cavalli trasformarono in gelida fanghiglia il fondo marino indurito, obbligando i reparti successivi a rallentare l’avanzata, in pari tempo aumentando le probabilità di scoperta; ciò nonostante, tutti i reparti raggiunsero la terraferma senza essere avvistati proprio mentre il vento cambiava direzione e l’acqua cominciava a crescere.

All’alba dell’8 novembre, gli infangati soldati di Frunze assalirono le deboli forze che Wrangel aveva lasciato sulla Penisola Lituana a difesa da un eventuale quanto improbabile attacco anfibio. Quello che i comandanti di entrambe le parti avevano immaginato essere un angolino dimenticato nella battaglia per la Crimea, ne divenne la chiave di volta allorché Kutepov ordinò contrattacchi a sostegno dei difensori della Penisola Lituana proprio mentre la 51a muoveva all’assalto del Vallo Turco. Per tutta la giornata, le sorti della battaglia rimasero incerte, e il destino dei Rossi e dei Bianchi parve ugualmente in bilico. Se l’assalto di Bljücher fosse fallito sarebbe stato facilissimo, per Kutepov, volgersi contro i ridotti reparti rossi che lo minacciavano alle spalle della Penisola Lituana e liquidarli, ora che le acque marine avevano rioccupato il Sivaš e Frunze non poteva né inviar loro rinforzi né richiamarli. D’altro parte, se l’attacco di Bljücher fosse stato coronato da successo, e i Rossi fossero avanzati oltre la Penisola Lituana, il grosso di Kutepov rischiava l’accerchiamento ad opera di un nemico assai più forte. Le sorti della battaglia dipendevano dallo sfondamento del Vallo Turco e dalla capacità delle truppe rosse sulla Penisola Lituana di resistere finché Bljücher ci fosse riuscito.

Dopo aver differito l’assalto per parecchie ore a causa della fitta nebbia, Bljücher aprì il bombardamento d’artiglieria contro il Vallo Turco proprio mentre le unità che avevano superato il Sivaš raggiungevano la Penisola Lituana. Quattro ore più tardi, le sue fanterie vennero avanti. In un primo momento il fuoco d’appoggio, per quanto pesante, non parve sufficiente a ridurre la tempesta di proiettili che artiglierie e mitragliatrici di Kutepov scagliarono addosso agli attaccanti: in alcuni reggimenti di Bljücher, le perdite ammontarono al sessanta per cento degli effettivi, e tre successive ondate di fanteria furono respinte dal fuoco nemico. Solo alle tre e mezza del mattino del 9 novembre, il quarto assalto condotto dalla 51a Divisione ebbe ragione del Vallo. “Fu come se una montagna mi cadesse dalle spalle – confessò poi Frunze. – Con la presa di Perekop scomparve il pericolo che le due divisioni tagliate fuori dalle acque refluenti del Sivaš venissero annientate.”

Il sollievo di Frunze accompagnò l’inizio delle più buie ore di Wrangel, il quale la sera del 9 novembre, alla notizia che il Vallo Turco era caduto, scrisse: “Il generale Kutepov mi riferì che, alla luce degli ultimi sviluppi, vale a dire la penetrazione del nemico nelle nostre posizioni di Perekop e il pericolo di un accerchiamento, aveva impartito l’ordine di ripiegamento sulla seconda linea fortificata… Eravamo sull’orlo del disastro… Erano già stati superati i limiti della capacità dell’esercito di resistere e le fortificazioni non potevano più bloccare il nemico. Erano necessarie urgenti misure per salvare l’esercito e la popolazione civile.” In netto contrasto con la ritirata di Denikin da Novorossijsk dell’anno prima, così malamente condotta, Wrangel, pur sperando nella vittoria, aveva elaborato precisi piani di evacuazione e disponeva pertanto di sufficienti riserve di carbone e nafta per tutte le navi in mano ai Bianchi. A questo punto diede fondo a tutte le sue risorse. “La minima esitazione, il più piccolo errore, potrebbe rovinare tutto”, ammonì. L’11 novembre ordinò che tutte le navi dei Bianchi accostassero alle zone di imbarco precedentemente scelte, vale a dire Evpatorija, Sebastopoli e Jalta, e altre ancora a Feodosija e a Kerč. Poi, mentre Kutepov conduceva azioni di retroguardia per rallentare l’avanzata rossa, Wrangel portò a termine i preparativi. Innanzitutto i malati e i feriti, poi i funzionari governativi, i civili e le forze armate, dovevano essere evacuati prima dell’arrivo dei Rossi. Il giorno dopo Wrangel impartì gli ultimi ordini. Le truppe dovevano rompere il contatto con il nemico e raggiungere i più vicini porti d’imbarco, lasciandosi alle spalle armamenti e materiali pesanti, mentre “tutti coloro che hanno partecipato con l’esercito a questa salita al Calvario – vale a dire i familiari dei soldati e quelli dei funzionari civili, nonché – chiunque altro possa correre pericolo se catturato dal nemico”, doveva avviarsi ai punti d’imbarco con i militari.

L’abilità di cui Wrangel diede prova nel mantenere il controllo di truppe e civili, fu brillantemente comprovata dal fatto che l’evacuazione ebbe luogo con panico e disordine minimi. Nel tardo pomeriggio del 14 novembre, Sebastopoli era ormai vuota e Wrangel, avuta notizia che anche l’evacuazione di Evpatorija era stata portata a termine, salì a bordo dell’incrociatore “Generale Kornilov” che l’avrebbe portato in esilio. A Jalta, la stessa scena si ripeté alle nove del mattino successivo e quello seguente ebbe luogo anche a Feodosija e, di lì a poche ore, a Kerč. Alle sedici del 16 novembre 1920, gli ultimi Bianchi, 145.693 uomini, donne e bambini erano a bordo di 126 navi in rotta verso Costantinopoli.»

Con l’evacuazione della Crimea e la scomparsa dell’ultimo consistente esercito antibolscevico, la sorte della guerra civile era definitivamente segnata. Uno dopo l’altro, l’Armata rossa spense gli ultimi focolai di resistenza nell’immenso territorio russo.

Le bande di Machno vennero spazzate via dall’Ucraina meridionale; l’ataman Petljura, che si era alleato coi Polacchi, vide infranto il suo sogno di una Ucraina occidentale indipendente; Ungern-Sternberg venne sconfitto e fucilato in Mongolia; le Repubbliche caucasiche furono riconquistate (Batum fu presa il 19 marzo 1921); i Giapponesi, preceduti dagli Americani, sgombrarono la Siberia e, nel 1922, la Repubblica dell’Estremo Oriente si sciolse e fu riassorbita dall’Unione delle Repubbliche Socialiste Sovietiche (che assunse tale denominazione nel dicembre 1922, in occasione del X Congresso panrusso dei Soviet).

Prima ancora della sconfitta finale di Wrangel, anche la regione russa settentrionale di Arcangelo e Murmansk era stata evacuata dagli Inglesi che avevano puntato sul generale Miller, ma la cui posizione era divenuta insostenibile dopo la sconfitta di Kolčak. Infine, nell’Asia centrale, venne infranto il sogno di Enver pascià, ex membro del triumvirato dei “Giovani Turchi” che aveva governato l’Impero ottomano durante la prima guerra mondiale (e che aveva personalmente deciso il genocidio degli Armeni nel 1915-16), di creare un vasto dominio delle genti turaniche e turche fra il Turkestan cinese e il bacino del Mar Caspio.

Così, con la sola eccezione della Finlandia e delle tre piccole Repubbliche baltiche (Estonia, Lettonia e Lituania), destinate a una effimera indipendenza sino allo scoppio della seconda guerra mondiale; e con la perdita, altrettanto temporanea, di alcune regioni di confine a favore della Polonia e della Romania, l’Unione Sovietica ritornò in possesso, entro la fine del 1922, di tutti i territori che avevano fatto parte del vecchio Impero zarista. Del quale ereditò automaticamente anche la politica espansionista, sia verso l’Europa che verso l’Asia; ma, questa volta, non sotto l’influsso della ideologia panslavista, bensì all’ombra della bandiera rossa e del credo internazionalista di Marx e Lenin.

50 preguntas y respuestas sobre el Tratado de Libre Comercio entre EEUU y Europa

por Alberto Garzón Espinosa y Desiderio Cansino Pozo

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

El debate público sobre el Tratado de Libre Comercio (TLC) que se está negociando entre la Unión Europea y Estados Unidos es casi inexistente. Y eso a pesar, o quizás debido a, su importancia.  Se trata de una serie de 50 preguntas y respuestas que de forma pedagógica intentan desvelar la importancia de un Tratado negociado de espaldas a la ciudadanía y que apoyan los principales grupos de poder económico y político. Esperamos que sea útil.

1. ¿Qué es un tratado de libre comercio?

Un tratado de libre comercio es un acuerdo que se firma entre dos o más países y que tiene como objetivo ampliar el mercado de bienes y servicios entre los países firmantes. Para ello se busca la reducción o eliminación de las barreras arancelarias y no arancelarias que existen en un determinado momento entre espacios económicos. Es decir, busca la reducción o eliminación de los impuestos a la importación y de la regulación relativa a la comercialización internacional de bienes y servicios. Cuando el acuerdo se firma entre dos países es conocido como acuerdo bilateral mientras que cuando se firma entre más de dos países se denomina acuerdo multilateral. En el mundo hay más de 3.000 acuerdos internacionales de inversión, la mayoría de ellos bilaterales.

2. ¿Cuándo se ha empezado a negociar el tratado entre EEUU y la UE?

El 28 de noviembre de 2011 durante encuentro entre líderes europeos y estadounidenses se creó el Grupo de Trabajo de Alto Nivel sobre Empleo y Crecimiento (HLWG, por sus siglas en inglés). Este grupo tenía como objetivo estudiar las políticas necesarias para incrementar el comercio y la inversión entre EEUU y la UE, haciendo recomendaciones a los diferentes gobiernos. En junio de 2013 la Unión Europea y los Estados Unidos anunciaron el inicio de negociaciones para llegar efectivamente a un Acuerdo Transatlántico de Comercio e Inversión (TTIP, por sus siglas en inglés), también conocido simplemente como Tratado de Libre Comercio (TLC). Las conversaciones comenzaron finalmente durante el mes de julio de 2013, y se prevé que se pueda aprobar finalmente durante 2014.

3. ¿Por qué no me he enterado antes?

Aunque la Comisión Europea ha insistido en que la negociación es transparente, lo cierto es que el proceso de negociación es prácticamente secreto. No se conocen detalles concretos de las negociaciones y sólo algunos documentos filtrados desde las propias instancias europeas han permitido ir desgranando los pilares del futuro acuerdo. El negociador principal de la parte europea reconoció en una carta pública que todos los documentos relacionados con las negociaciones estarían cerrados al público durante al menos treinta años. Concretamente aseguró que esta negociación sería una excepción a la Regla 1049/2001 que establece que todos los documentos de las instituciones europeas han de ser públicos[1]. Asimismo, el comisario De Gucht aseguró en el Parlamento Europeo que la negociación del TLC debía tener grado de confidencialidad y negó la función de negociación al Parlamento[2]. Lo que supone un ataque más a la ya escasa democracia en el seno de la Unión Europea.

4. ¿Entonces qué principio guía la redacción del documento?

Son los intereses económicos de las multinacionales los que están dictando las negociaciones. De hecho, la Comisión Europea se embarcó en más de 100 encuentros cerrados con lobistas y multinacionales para negociar los contenidos del tratado. La Comisión Europea tuvo que reconocer esos encuentros a posteriori, y más del 90% de los participantes resultaron ser grandes empresas[3].

5. ¿Quién apoya este TLC en España?

Dado que no hay debate público, es muy difícil conocer la opinión de la ciudadanía o de las organizaciones civiles. Sin embargo, la mayoría de los partidos del Congreso de los Diputados sí se han posicionado ya. El acuerdo firmado en junio de 2013 entre el Partido Popular y el Partido Socialista en el Congreso recogía una petición expresa al Gobierno para «apoyar un rápido comienzo de las negociaciones de un acuerdo de libre comercio entre los Estados Unidos de América y la Unión Europea ambicioso y naturalmente beneficioso»[4].

6. Al menos podremos votar los ciudadanos…

No, dado que la aprobación final del TLC corresponde al Parlamento Europeo. Sólo en caso de que las autoridades nacionales quisieran consultar a sus ciudadanos podríamos participar de forma directa en la decisión. Sin embargo, el 6 de mayo de 2014 el Congreso de los Diputados rechazó la convocatoria de un referéndum sobre el TLC, como proponía Izquierda Unida, con los votos en contra de PP, PSOE, CIU, PNV y UPyD.

7. ¿Son muy altas las barreras arancelarias entre EEUU y la UE?

No. La propia Comisión Europea ha reconocido que «las relaciones económicas entre los Estados Unidos y la Unión Europea pueden ser consideradas entre las más abiertas del mundo»[5]. Asimismo, la Organización Mundial del Comercio ha estimado que las tarifas promedio rondan el 3,5% en Estados Unidos y el 5,2% en la Unión Europea. Estamos hablando de niveles extraordinariamente reducidos.

8. ¿Entonces qué se busca con el TLC?

La Comisión Europea considera que «las medidas regulatorias constituyen el mayor obstáculo para incrementar el comercio y la inversión entre Estados Unidos y la Unión Europea»[6]. Así, el propósito no es la reducción de los ya bajos niveles arancelarios sino la modificación de la regulación existente en las relaciones comerciales entre ambos espacios económicos, favoreciendo únicamente a las grandes empresas transnacionales que son las únicas interesadas.

9. ¿De qué tipo de regulación estamos hablando?

Se trata de la regulación relacionada con el control sanitario de determinados productos, con los estándares medioambientales, con los convenios laborales, con la propiedad intelectual e incluso con la privatización de servicios públicos. Se argumenta que estas normas suponen costes adicionales para las empresas, todo lo cual sería una pérdida de potencial económico para las distintas economías.

10. ¿Y cómo afectaría un TLC al crecimiento económico y el empleo?

Según informes económicos favorables al acuerdo, el TLC crearía en EEUU y UE hasta dos millones de nuevos puestos de trabajo y estimularía el crecimiento económico incluso un 1% anual. Sin embargo, el propio informe de la Comisión Europea apunta a un posible crecimiento económico del 0,1% anual en uno de las mejores escenarios posibles. Por otro lado, la Comisión Europea también señala entre los beneficios de este Tratado la bajada de precios.

11. Menos es nada. ¿Son creíbles esas predicciones?

En absoluto, dado que se han extraído de modelos econométricos que dependen de unas hipótesis poco realistas. Siempre es posible torturar los modelos estadísticos y los propios indicadores para que nos digan lo que queremos. Es mucho más riguroso basarse en la experiencia pasada de tratados similares que en esbozar milagros sobre el papel.

12. ¿Hay experiencias pasadas que sean equiparables?

Sí, por ejemplo el conocido como Acuerdo de Libre Comercio de Norte América (NAFTA, por sus siglas en inglés). Cuando se firmó por Canadá, Estados Unidos y México en 1993 se anunció que crearía un total de 20 millones de empleos. Pasado el tiempo la propia Cámara de Comercio de EEUU ha reconocido que tal promesa no se materializó[7]. De hecho, las estimaciones independientes más razonables apuntan a que finalmente hubo una pérdida neta de empleos cercana al millón de personas debido a las deslocalizaciones[8].

13. ¿Es posible que el TLC destruya puestos de trabajo?

Por supuesto, y de hecho incluso la Comisión Europea asume que va a ocurrir. Lo que sucede es que la Comisión considera que será un efecto parcial circunscrito a algunos sectores económicos y zonas geográficas y que será compensado por efectos positivos en otros sectores económicos y regiones. También algunos pensadores liberales sostienen que los efectos perjudiciales sobre el empleo serán compensados por el desplazamiento productivo hacia líneas de actividad más eficientes[9].

14. Entonces… ¿aumentar la oferta de bienes y servicios va a crear empleo en España?

No. Nuestro problema no es la oferta sino la demanda. Si nuestros ingresos y rentas disponibles son menores, lógicamente compramos menos. Es decir, cada vez somos más pobres y no se incrementan las ventas. Por lo tanto, lo que se va a producir es un trasvase de ventas desde las empresas locales hacia las grandes empresas que son las pueden mantener estructuras de costes y precios reducidos a lo largo del tiempo hasta que hayan logrado eliminar a la competencia local.

15. ¿Quiere decir eso que se destruirán empresas y sectores?

Efectivamente. Cuando se amplían los mercados la competencia se incrementa y las empresas nacionales se ven obligadas a competir con las extranjeras. Y en esa pugna acaban victoriosas las empresas más competitivas. Todas las que no puedan competir y ofrecer precios más bajos tendrán que desaparecer junto con todos sus puestos de trabajo. De hecho, la Comisión Europea ha reconocido que la ventaja competitiva de algunas industrias estadounidenses generarán un notable impacto negativo en sus homólogas en la Unión Europea, pero asume que los gobiernos tendrán fondos suficientes para mitigar los costes que ello genere[10].

16. ¿Cómo se verá afectada la agricultura europea?

El modelo agrario europeo es muy diferente al estadounidense, tanto en su organización como sobre todo en su tamaño. En EEUU hay 2 millones de granjas, mientras que en la Unión Europea hay 13 millones. En promedio una granja estadounidense es 13 veces más grande que una europea, lo que permite a las empresas estadounidenses competir en mejores condiciones. Por eso los agricultores europeos están tan preocupados: la amenaza de una concentración de poder y riqueza en el sector es muy alta.

17. ¿Mayor concentración?

Sí, el efecto final de un proceso como el descrito es siempre un aumento de la concentración y centralización de las empresas. Dicho de otra forma: el pez grande se come al pez chico. El TLC implicará un duro golpe a la mayoría social del tejido empresarial europeo, que está constituido en su 99% por pequeñas y medianas empresas. Hasta ahora, los desarrollos normativos en los distintos países de la Unión Europea buscaban equilibrar las condiciones en el juego de la economía de mercado defendiendo a las pequeñas empresas para que tuvieran la oportunidad de competir en igualdad de condiciones con las grandes. Con el TLC este equilibrio se rompe para inclinarse la balanza a favor de las grandes corporaciones.

18. ¿Y ello conducirá a una UE más homogénea?

No, lo que es más probable es que se produzca una ampliación de la brecha centro-periferia que ya existe en la Unión Europea. La estructura productiva de los países de la periferia (Portugal, Grecia, España…) está mucho menos desarrollada y es mucho menos competitiva, de modo que una mayor competencia proveniente de las empresas estadounidenses será un golpe mortal a las frágiles industrias de la periferia europea. Además, no sólo se conducirá hacia una UE menos homogénea, sino que la brecha entre economías ricas y pobres, entre el norte y el sur, a escala mundial no haría más que aumentar. Dicho de otro modo, el norte se alía con el norte.

19. ¿Supone eso el fin de las posibilidades de reindustrialización?

Sí, porque se establece una camisa de fuerza que limita enormemente la capacidad de desarrollar una industria propia y competitiva para los gobiernos de las economías menos desarrolladas. Al fin y al cabo, los países que primero se industrializaron lo hicieron a través de medidas totalmente contrarias a las apuntadas por los tratados de libre comercio.

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20. ¿Es eso cierto? ¿Es posible el desarrollo sin libre comercio?

Por supuesto. Como afirma el trabajo del reputado economista Ha-Joon Chang, «los consejos dados a los países en desarrollo durante las dos últimas décadas no sólo han sido básicamente erróneos sino que también ignoran la experiencia histórica de los propios países industrializados cuando se esforzaban por alcanzar el desarrollo»[11]. Concretamente, los países que primero se desarrollaron lo lograron a través de políticas de protección a la industria naciente y subsidios a la exportación, hoy prácticas consideradas muy negativas por los organismos internacionales.

21. ¿Significa eso estar en contra del comercio?

En absoluto. El comercio es muy positivo para las relaciones económicas y sociales, pero debe enmarcarse en un conjunto de reglas que impidan la concentración de poder y riqueza o la vulneración de los derechos humanos. El propio Adam Smith, a menudo símbolo del capitalismo industrial, fue partidario de establecer topes al libre comercio al percibir que un mercado desenfrenado y carente de la acción del Estado podía atacar la esencia humana.

22. ¿Entonces por qué se nos recomienda medidas erróneas?

El economista alemán Friedrich List lo resumió con una metáfora. Según él, «un ardid muy común e inteligente que practica quien ha alcanzado la cumbre de la grandeza es retirar la escalera por la que ha trepado para impedir a otros trepar tras él»[12]. Ello quiere decir que los países más desarrollados, que tienen industrias de alto valor añadido muy competitivas recomiendan al resto la apertura de fronteras comerciales porque saben que la victoria de sus empresas está asegurada. El propio List ya apoyó la idea según la cual «en presencia de países más desarrollados, los países [económicamente] atrasados no pueden desarrollar nuevas industrias sin contar con la intervención estatal, especialmente con protección arancelaria». Dicho de otra forma, en ese terreno de juego será imposible para España encontrar otro modelo productivo sostenible y equilibrado.

23. ¿Y qué pasará durante la lucha competitiva entre las empresas?

Cuando varios países abren sus fronteras para crear un mercado común de bienes y servicios se da un fenómeno de competencia hacia la baja o carrera hacia el fondo en el que se desploman los estándares laborales, los medioambientales e incluso los democráticos. Eso es lo que supondrá la aprobación del TLC. Aunque la retórica oficial de la Comisión Europea habla de «armonización de la regulación», se trata en realidad de un proceso en el que la igualación viene dada a la baja. Así, se habla de un proceso de mínimo denominador común en el que el resultado de la armonización será la igualación al nivel de la regulación más laxa.

24. Entonces, ¿pueden verse afectados los derechos laborales?

Sí. EEUU se ha negado a ratificar convenios de la Organización Internacional del Trabajo (OIT), incluyendo aquellos que se refieren a la libertad de asociación y a las prácticas sindicales. Su legislación -irónicamente llamada derecho al trabajo- es en realidad una legislación contra la negociación colectiva y el sindicalismo, y ha modelado en EEUU un sistema de competencia a la baja en materia laboral entre los Estados. Todos pugnan por atraer inversiones internacionales y nacionales por la vía de reducir aún más las condiciones laborales. Una igualación de la regulación hacia el sistema estadounidense es compatible con la cruzada que la Comisión Europea ha iniciado contra los salarios y el peso salarial en la renta. El TLC podría servir de catalizador del acercamiento de las normas laborales europeas a los estándares estadounidenses. Una generalización de la carrera hacia el fondo.

25. ¿Y a qué tipo de trabajo conducen estas normas?

En un escenario de incremento de la competencia, y en el que opera una tendencia de carrera hacia el fondo, el trabajo se va precarizando cada vez más y se disipan las posibilidades de un trabajo indefinido o estable. Las empresas siempre estarán dispuestas a deslocalizarse hacia las regiones donde se den menos salarios y costes laborales –entre los cuales cabe incluir los derechos laborales-, de tal forma que la amenaza es permanente. Esa amenaza, junto con la del desempleo, presiona a la baja todos los estándares. Incluido el del salario, cuestión que ya teorizaron los economistas clásicos (Marx, Ricardo, Smith) al hablar de una tendencia hacia el salario de subsistencia, esto es, hacia un nivel verdaderamente ínfimo.

26. ¿Significa eso que habrá nuevas reformas laborales?

Efectivamente. Una vez aprobado el TLC todos los Gobiernos tendrán que adaptar sus normativas nacionales a los nuevos acuerdos internacionales, lo cual implicará una nueva ola de reformas laborales, financieras, fiscales, etc. que sirva a esa armonización regulatoria propuesta en el tratado.

27. ¿Van a pagar las empresas menos impuestos?

Las grandes empresas ya tienen mecanismos para eludir el mayor pago de impuestos posibles. Los aranceles se repercuten al consumidor final de los bienes o servicios. La eliminación de los mismos suponen una merma en los ingresos públicos de los Estados, que podrían destinarse para compensar el impacto ecológico de la actividad económica o los costes sociales de las deslocalizaciones empresariales.

28. ¿El tratado también regulará el sector sanitario?

Toda la regulación está sujeta a ser modificada por el tratado, pero los negociadores de Estados Unidos han señalado particularmente a la regulación sobre sanidad y productos fitosanitarios como principales objetivos a armonizar[13]. Y es que la regulación de la Unión Europea en esta materia está mucho más desarrollada y es más rígida que la de Estados Unidos, razón por la cual una armonización a la baja será especialmente lesiva para los ciudadanos europeos.

29. ¿Eso quiere decir que estará en riesgo mi salud?

Muy probablemente. La Unión Europea utiliza actualmente un principio de precaución que impide que determinados productos puedan comercializarse a pesar de que no haya suficiente investigación científica que revele su peligrosidad. El sistema funciona porque son las empresas las que tienen que demostrar que sus productos no representan un problema para la salud del consumidor. Y ese proceso es largo, lo que los empresarios estadounidenses consideran que es un coste que hay que evitar.

30. ¿Y si finalmente se produce esa armonización?

Pues entre otras cosas los supermercados europeos se inundarán de productos que son habituales en Estados Unidos y que sin embargo a día de hoy están prohibidos en la Unión Europea por motivos sanitarios o ecológicos. Por ejemplo, el 70% de toda la comida vendida en Estados Unidos contiene ingredientes modificados genéticamente, algo impensable actualmente en la Unión Europea.

31. ¿Y por qué a día de hoy están prohibidos tantos productos?

En las décadas de los ochenta y noventa la Unión Europea introdujo restricciones a la importación de muchos productos estadounidenses por motivos de salud. Por ejemplo, las granjas estadounidenses suelen incrementar su productividad a través de la implantación a los animales de hormonas que les hacen engordar y crecer más rápido. Dichas hormonas, aplicadas sobre las reses o los pollos, están bajo sospecha tras vincularse con la proliferación del cáncer en humanos. Por eso la Unión Europea ha bloqueado sistemáticamente tantas importaciones, a pesar de las duras críticas de la industria estadounidense.

32. ¿También el medio ambiente se verá afectado?

Sí, y no sólo porque la regulación medioambiental será modificada sino también porque el incremento del volumen de intercambio de bienes y servicios afectará al medio ambiente. La propia Comisión Europea prevé un incremento de hasta 11 millones de toneladas métricas de dióxido de carbono emitidas a la atmósfera, lo que obviamente contraviene todos los protocolos internacionales de medio ambiente. Si finalmente se incrementa el comercio, se incrementarán también los recursos materiales, hídricos y energéticos necesarios para su producción, así como residuos, emisiones y desechos. Eso sí, en un alarde de hipocresía y economicismo, la Comisión Europea espera que «las ganancias asociadas con el incremento del comercio sean en principio suficientemente grandes como para pagar los costes necesarios para la disminución de la polución»[14]. Pero cabe advertir que la lógica monetarista y de mercado son ineficaces para dar solución a los problemas ecosistémicos, ya que éstos se rigen bajo otros principios.

33. Y la armonización de la regulación medioambiental, ¿cómo afectará?

De la misma forma que ocurría en el aspecto sanitario, con una armonización a la baja y la ruptura del principio regulatorio de precaución que actualmente usa la Unión Europea. Por ejemplo, hoy en día la Unión Europea bloquea más de 1.200 sustancias que se utilizarían en cosméticos, mientras que Estados Unidos sólo bloquea poco más de diez. Además, la armonización de la regulación sobre prácticas que dañan al medio ambiente podría abrir la puerta al fracking en Europa.

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34. ¿Qué es el fracking?

Esta práctica permite extraer gas o petróleo del subsuelo pero dejándolo prácticamente inutilizable y plagado de sustancias tóxicas, alergénicas y cancerígenas. Además, es un proceso vinculado a la generación de terremotos de diferente magnitud. De ahí que esta práctica esté siendo frenada legislativamente en la Unión Europea, algo criticado duramente por las grandes empresas y por sus partidarios. Y es que las grandes empresas estadounidenses de exportación de gas y petróleo están buscando formas de superar la normativa europea respecto a la fracturación hidráulica (fracking) para poder incrementar sus beneficios. El primer ministro del Reino Unido, sin ir más lejos, denunció que la legislación europea permitía que «nuestros competidores vayan por delante de nosotros en la explotación de estos recursos»[15].

35. ¿Qué ocurrirá con la propiedad intelectual?

El Tratado incluirá disposiciones para promover los llamados derechos digitales, es decir, supuestamente para proteger a las empresas de la piratería digital. Pero en realidad esto puede suponer la restricción del acceso al conocimiento y la puesta de obstáculos a la innovación.

36. Eso me suena… ¿no se debatió ya en el Parlamento Europeo?

Efectivamente, el TLC busca recuperar el espíritu del Acuerdo Comercial Antifalsificación (ACTA, por sus siglas en inglés). Aquel acuerdo fue debatido y felizmente rechazado en el Parlamento Europeo en el año 2012, pero las grandes empresas y sus lobbies no se han rendido y buscan ahora incluir los aspectos fundamentales dentro del TLC.

37. ¿Y cómo afectará a los ciudadanos esa inclusión?

Hay que recordar que en Estados Unidos las grandes empresas pueden acceder sin límites a toda la información privada de sus clientes. Así, empresas como Facebook, Google o Microsoft tienen capacidad de utilizar esa información como deseen. Sin embargo, en la Unión Europea hay límites que protegen ese espacio personal. ACTA y ahora el TLC buscan romper esa regulación europea para armonizarla con la falta de límites de Estados Unidos. Y ello incluye la posibilidad de que los proveedores de internet puedan dar toda la información -incluido el historial de navegación- a los gobiernos y grandes empresas. En definitiva, con la excusa de querer proteger los derechos de propiedad intelectual de las grandes empresas se vulneran claramente los derechos individuales de los ciudadanos.

38. ¿Y eso afecta a las medicinas?

Exacto, pues el TLC busca reforzar los derechos de propiedad intelectual. Y ello incluye el fortalecimiento de las patentes de las empresas farmacéuticas. Esta política supone un mayor coste para los presupuestos públicos en sanidad, retraso en la incorporación de genéricos y mayor coste de los medicamentos para los hogares. Hay que recordar que cuando un medicamento con patente compite con un medicamento genérico se produce una disminución del precio de los medicamentos en cuestión, todo lo cual beneficia no sólo a los hogares sino también a la administración pública.

39. ¿Y a los servicios públicos?

El Tratado alcanza a todos los sectores de la economía, incluido el sector público. Muchos de los sectores públicos en Europa son fundamentalmente privados en Estados Unidos, y existe la amenaza real de que las grandes empresas estadounidenses vean Europa como un gran mercado para su expansión. Al coincidir esto con las políticas de austeridad promovidas por la Comisión Europea, hay un riesgo más que evidente de que el deterioro de la calidad de los servicios públicos sea la excusa de una futura ola de privatizaciones en numerosos sectores públicos. Ello apunta a una reducción del Estado y su capacidad de intervenir en la economía.

40. Eso interpela a la democracia…

Sí. La democracia en su definición procedimental implica una serie de reglas que permiten a los ciudadanos elegir a los representantes que tomarán las decisiones políticas. Pero entre los requisitos previos se encuentra asimismo la igualdad ante la ley de todos los ciudadanos, que es en quienes reside la soberanía nacional. Sin embargo, este tratado de libre comercio atenta directamente contra este requisito al conceder una mayor protección legal a las grandes empresas que a los propios ciudadanos o a los Estados.

41. ¿Quiere decir que las grandes empresas se sitúan por encima de los Estados?

Desgraciadamente así es, dado que el TLC incluirá una cláusula de protección de los inversores extranjeros (conocida como Investor-State dispute settlement, ISDS) que permitirá a las multinacionales demandar a los Estados cuyos gobiernos aprueben leyes que afecten a sus beneficios económicos presentes o futuros.

42. ¿Entonces el TLC estará por encima de la Constitución de cada país?

Sí, será como una supraconstitución. Y los tribunales internacionales de arbitraje, que no están constituidos por jueces independientes, tendrán un nivel judicial más alto que los tribunales nacionales. Así, un Estado puede ser condenado por un tribunal internacional por haber vulnerado los posibles beneficios de una multinacional. Pero además las grandes empresas pueden obviar los tribunales locales y directamente demandar a los Estados a través de tribunales internacionales, algo que ningún ciudadano puede hacer.

43. ¡Eso ni en la ciencia ficción!

Ojalá sólo fuera parte de una novela distópica. Pero la realidad es que estas cláusulas y los tribunales internacionales de arbitraje ya existen en el mundo desde hace mucho tiempo, pues han llegado de la mano de muchos otros tratados de libre comercio. Lo que sucede es que esta vez llegan a la Unión Europea de una forma mucho más clara.

44. ¿Y ya hay empresas que hayan demandado a los Estados?

Sí, por ejemplo la multinacional estadounidense Phillip-Morris ha demandado a Uruguay por 2.000 millones de dólares por haber puesto alertas sanitarias en las cajetillas de tabaco. Otra multinacional como Vattenfall ha demandado a Alemania por 3.700 millones de dólares por haber apagado sus centrales nucleares. Otra como Lone Pina ha demandado a Canadá por 250 millones de dólares canadienses por la moratoria de fracking que aprobó el Gobierno de Quebec.

45. ¿Se han dado sentencias condenatorias contra los Estados?

Hay muchos ejemplos. Ecuador fue sentenciado a pagar 2.300 millones de dólares a la petrolera Occidental Petroleum por abandonar la construcción de un pozo de petróleo en el Amazonas. E incluso Libia tuvo que pagar 900 millones de dólares de ”beneficios perdidos” por un proyecto turístico en el que sólo se habían invertido 5 millones de dólares.

46. ¿Cuál es la base de esas denuncias que ganaron las multinacionales?

Fundamentalmente argumentan que las decisiones de los gobiernos les han quitado la expectativa de beneficios futuros. Es decir, se trata de un concepto que se extiende hasta las supuestas ganancias perdidas a causa de determinadas políticas.

47. Eso quiere decir que los gobiernos están en indefensión…

Claro, porque el comportamiento de los Gobiernos cambia en la medida que existe una amenaza permanente de demandas multimillonarias por parte de las multinacionales. Por ejemplo, el ministro de Salud de Nueva Zelanda anunció el retraso de la aprobación de un pack sanitario hasta que se conociese la sentencia de Phillip Morris contra Australia.

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48. Si un gobierno cambia y quiere aplicar otra política, ¿qué ocurre?

Pues que es carne de cañón para todas las multinacionales que crean que ese cambio afecta a sus beneficios presentes y futuros. El caso paradigmático es Argentina, que tras la crisis de 2001 cambió radicalemente de política económica para intentar proteger a sus ciudadanos y desde entonces ha recibido más de 40 denuncias por parte de multinacionales…

49. Bueno, los Estados siempre pueden ganar en un juicio

Difícilmente en muchos casos. Hay que pensar que las multinacionales cuentan además con gabinetes de abogados especializados en la materia que generalmente están mucho más preparados que los abogados de los propios Estados. Pocos Estados se pueden permitir pagar la alta remuneración que reciben los abogados de las grandes multinacionales, y mucho menos mantener un equipo entero especializado en el tema.

50. ¿Podríamos decir que es un negocio económico en crecimiento?

Sí, a finales de 2013 había un mínimo de 268 demandas pendientes contra 98 países (UNCTAD). En los noventa sólo había una docena. Se trata de un nuevo negocio en sí mismo, lo que ha hecho que muchas empresas de abogados se hayan especializado y estén dispuestas a litigar por cualquier evento que crean puede servir para sacarle dinero a los Estados, desviándose como consecuencia grandes cantidades de recursos y fondos públicos hacia las grandes empresas, en lugar de dedicarse a los servicios públicos fundamentales que garanticen la vida digna de las personas.

[1] Carta de I. García Bercero a L. Daniel Mullany con fecha 5 de julio de 2013 y titulada “arrangements on TTIP negotiating documents”. http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2013/july/tradoc_151621.pdf

[2] Intervención durante el debate en el Parlamento Europeo de 22 de mayo de 2013: “EU trade and investment agreement negotiations with the US”.

[3] http://corporateeurope.org/trade/2013/09/european-commission-preparing-eu-us-trade-talks-119-meetings-industry-lobbyists

[4] http://www.pp.es/sites/default/files/documentos/8030-20130613142939.pdf

[5] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[6] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[7] U.S. Chamber of Commerce (2012): “NAFTA Triumphant. Assesing two decades of gains in Trade, Growth and Jobs”. Disponible en https://www.uschamber.com/sites/default/files/legacy/reports/1112_INTL_NAFTA_20Years.pdf

[8] Economic Policy Institute (2003): “NAFTA-related job losses have piled up since 1993”. Disponible en http://www.epi.org/publication/webfeatures_snapshots_archive_12102003/

[9] Schwartz, P. (2013): “El deseado acuerdo transatlántico sobre comercio e inversión: un buen proyecto difícil de llevar”, en Revista de Economía ICE, nº 875, noviembre-diciembre 2013.

[10] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[11] Chang, H-J. (2002): Retirar la escalera. La estrategia del desarrollo en perspectiva histórica. Catarata, Madrid.

[12] Ibidem.

[13] Executive Office of the President. The United States trade representative (2013). Carta a John Boehner, portavoz.

[14] Comisión Europea (2013): “Impact Assesment Report on the future of EU-US trade relations”.

[15] ElMundo.es (16/04/2014): “Cameron acusa a la Unión Europea de frenar el fracking”. Disponible en http://www.elmundo.es/ciencia/2013/12/17/52b0419761fd3d1e328b4575.html

Fuente: ATTAC

Extraído de: Círculo Viriato

samedi, 18 octobre 2014

Julius Evola: The World’s Most Right-Wing Thinker

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Julius Evola:
The World’s Most Right-Wing Thinker

By Jonathan Bowden 

Editor’s Note:

This text is the transcript by V. S. of Jonathan Bowden’s lecture on Evola delivered to the 27th meeting of the New Right in London on June 5, 2010. As usual, I have deleted a few false starts and introduced punctuation and paragraph breaks for maximum clarity. You can listen to it at YouTube here [2]. Three passages are marked unintelligible. If you can make out the words, please post a comment below or contact me at editor@counter-currents.com [3]. 

This is the 27th meeting of the New Right, and we’ve waited quite a long time to discuss one of the most important thinkers of the radical Right and of a Traditional perspective upon mankind and reality, and that is Baron Julius Evola.

Now, Evola is in some respects to the Right of everybody that we’ve ever considered in nearly any of these talks and not in a sort of unprofound or sententious manner. Julius Evola was somebody who rejected purposefully and metaphysically the modern world. Now, what does that mean? It basically means that at the beginning of the last century, Baron Evola, who is a Sicilian baron, decided that there are about four alternatives in relation to modern life for those of heroic spirit.

One was suicide and to make off with one’s self by opening one’s veins in the warm bath like Sicilian Mafiosi and Italian cardinals and Sicilian brigands and ancient Romans.

Another was to become a Nietzschean, which for many people in tradition is a modern version of some, but by no means all, of their ideas, and it’s a way of riding the tiger of modernity and dealing with that which exists around us now. Later, people like Evola and other perennial Traditionalists as we may well call them became increasingly critical of Nietzsche and regard him as a sort of decadent modern and an active nihilist with a bit of spirit and vigor but doesn’t really have the real position.

I make things quite clear. I would be regarded by most people as a Nietzschean, and philosophically that’s the motivation I’ve always had since my beginning. That’s why parties don’t really mean that much to me, because ideas are eternal and ideas and values come back, but movements and the ways and forms that they take and expressions that they have come and go.

evola.jpgNow, moving from the Nietzschean perspective, which of course relates to the great German thinker at the end of the 19th century and his active and quasi-existential and volitional view of man, is the idea of foundational religiosity or primary religious and spiritual purpose. In high philosophy, there are views which dominate everyone around us and modern media and everyone who goes to a tertiary educational college, such as a university, in the Western world. These are modern ideas, which are materialistic and anti-spiritual and aspiritual and anti-religious or antagonistic to prior religious belief so much so that it’s taken as a given that those are the views that one holds. All of the views that convulsed the Western intelligentsia since the Second European Civil War which ended in 1945, ideas like existentialism and behaviorism and structuralism and so on, are all atheistic and material views. They’ve been discussed in other meetings. As one goes back slightly, one has various currents of opinion such as Marxism and Freudianism and behaviorism beginning in the late 19th century and convulsing much of the 20th century.

But these are views that an advanced Evolian type of perspective rejects. These views are anti-metaphysical and often counter the idea that metaphysics doesn’t exist, that it’s the school returning of the late Medieval period, what was called the Medieval schoolmen. In some of his books, Evola talks about Heidegger, Martin Heidegger, of course, who got in trouble in the 1930s for his alleged academic positioning in relation to the most controversial regime of modernity. Heidegger, in my opinion, and I’ve talked about Heidegger before, was a quasi-essentialist to an essentialist thinker. Evola believes he’s an existentialist, but that’s largely by the by.

These anti-metaphysical views are that which surrounds us. All liberalism, all feminism, all quasi-Marxism, all bourgeois Marxism, all cultural Marxism, the extreme Left moderated a bit into the Center, high capitalist economics and the return of old liberalism against the Keynesianism which was the soft Marxism that replaced it earlier in the 20th century . . . All of these ideas are materialistic and atheistic and aspiritual and anti-metaphysical.

You could argue that the heroic Nietzschean dilemma in relation to what is called modernity is a quasi-metaphysical and metaphysically subjectivist view that there are values outside man and outside history that human beings commune with by virtue of the intensity with which they live their own lives. But there is a question mark over (1) the supernatural and (2) whether there is anything beyond, outside man within which those values could be anchored.

So, the idea of permanence, the idea of a metaphysical realm which most prior civilizations are based on—indeed Evola and the Traditionalists would say all prior civilizations are based on—is questioned by the Nietzschean compact. It is ultimately, maybe, the beginnings of a very Right-wing modern view, but it is a modernist view. Take it or leave it.

The sort of viewpoint that Evola moved towards, and there was a progression in his early life and spiritual career and intellectual and writing career, is what we might call metaphysical objectivism. This is called in present day language foundationalism or fundamentalism in relation to religiosity. Fundamentalism, like the far Right, are the two areas of culture that can’t be assimilated in what exists out there in [unintelligible] Street. They’re the two things that are outside and that’s why they can never entirely be drawn in.

Now, metaphysical objectivism is the absolute belief in the supernatural, the absolute belief in other states of reality, the absolute belief in gods and goddesses, the absolute belief in one supreme power (monotheism as against polytheism, for example), the absolute belief that certain iterizations, certain forms of language and spiritual  culture exist outside man: truth, justice, the meaning of law, purposive or teleological information about how a life should be lived. Most people in Western societies now are so dumbed down and so degraded by almost every aspect of life that nearly any philosophical speculation about life is indeterminate and almost completely meaningless. It’s a channel which they never turn on.

 

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Now, the type of metaphysical objectivism that Evola postulates as being an anchor for meaning in modern life can take many different forms. One of the great problems many Right-wing or re-foundational or primal movements or tribal movements or nationalistic movements of whatever character have is if there is a religion somewhere behind it–as there often is for many but not all of the key people involved in such movements and struggles–what form should that be? Everyone knows that culturally, and this is true of a formulation like GRECE or the New Right in France, as soon as you begin to get people of like-mind together they will split on whether they’re atheist or not, secularist or not, but they are also, on a deeper cultural level, split on whether they’re pagan influenced or Christian. Such divisions always bedevil Right-wing cultural and metapolitical groups.

The way that the Evolian Tradition looks at this is to engage in what is called perennialism. This is the inherent intellectual and ideological and theological idea that there are certain key truths in all of the major faiths. All of those faiths that have survived, that are recorded, that have come down to us, even their pale antecedents, even those dissident, deviant and would-be heretical elements of them that have been removed, in all of them can be seen a shard of the perspectival truth that these particular traditions could be said to manifest. Beneath this, of course, is the ethnic and racial idea that people in different groups within mankind as a body perceive reality differently, experience it differently, have different intellectual and linguistic responses to it, and form different cults, different myths, different religions because they are physically constituted in a manner that leads to such differentiation.

This can lead among certain perennialists to a sort of universalism at times, almost a neo-liberalism occasionally, where all cultures are of value, where all are “interesting,” where all are slightly interchangeable. But given that danger, the advantage for a deeply religious mind of the perennial tradition is to avoid the sectarianism and negative Puritanism which is inevitably part and parcel of building up large religious structures.

As always, a thinker like Evola proceeds from the individual and goes to the individual. This can give thinking of this sort a slightly unreal aspect for many people. Where are the masses? Where is the democratic majority? Where is the BBC vote that decides? The truth is Evola is not concerned with the BBC vote. He’s not concerned with the masses. He regards the masses, and the sort of theorists who go along with him regard the masses, as sacks of potatoes to be moved about. His thinking is completely anti-democratic, Machiavellian to a degree, and even manipulative of the masses as long as it’s down within an order of Tradition within which all have a part.

Evola dates the decline of modernity from, in a sense, the end of the Middle Ages and the beginning of the Renaissance. But many thinkers of a similar sort date the slide at other times. Evola’s a Catholic and once asked about his religious particularism he said, “I’m a Catholic pagan,” which is a deeply truthful remark, dialectically. I am not a Christian, but if you look at it from the outside the core or ur part of Christianity is obviously Roman Catholicism, even though I was technically brought up in the Protestant sort of forcing house of Anglicanism. A wet sheet religion if ever there was one. But Anglicanism, of course, is a syncretic religion. It’s a politically created religion. A bit Catholic, a bit Protestant, but not too much, and with a liberal clerisy at the top that’s partly Protestant-oriented within it and exists to manage the thing.

One of the truthful, although this is en passant, asides that can be made about Anglicanism and the reason why it’s been supported even today through state establishmentarianism when virtually no one attends these churches at all except the odd old lady and immigrants from the Third World, is that it’s a way of damming up some of the extremism that does lurk in religion. Religion is a very dangerous formulation as the modern world is beginning to understand.

evola_card10.jpgI remember Robin Cook, who was a minister who opposed the Iraq War and so on and died on a Scottish mountain, all that obsessive walking when one’s thin and redheaded can lead to undue coronaries, but Cook once said, and he’s a son of the manse like most of these Scottish politicians are, in other words, he comes from a Calvinist background to a degree, he said that in his early life he thought with the general Marxist and Freudian conundrum that religion was over. And now towards the end of his life, this is just before he died, he said, “the dark, clammy, icy hand of religiosity,” in all sorts of systems, “is rising again, and secular Leftists like us,” he’s speaking of himself and those who believe in his viewpoint, “are feeling the winds of this force coming from the side and from behind.” It’s a force that they don’t like.

I personally believe, as with Evola, that people are hardwired for faith. Maybe 1 in 10 have no need for it at all. But for most people it’s a requirement. The depth of the belief, the knowledge that goes into the belief, the system they come out of, is slightly incidental. But man needs emotional truths. George Bernard Shaw once said, “The one man with belief is worth 50 men who don’t have any” and it’s quite true that all of the leaders of great movements and those that imposed their will upon [unintelligible] inside and outside of particular countries have considerable and transcendent beliefs, philosophical, quasi-philosophical, religious, semi-religious, philosophical melded into religious and vice versa. Without the belief that there’s something above you and before you and beyond you and behind you that leads to that which is above you, we seem as a species content to slough down into the lowest common denominator, the lowest possible level.

Evola and those who think like him believe that this is the lowest age that mankind has ever experienced, despite its technological abundance, despite its extraordinary array of technological devices that even in an upper pub room in central west London you can see around you. It is also true, and this is one of the complications with these sorts of beliefs, that some of the methodologies that have led to this plasma screen behind me would actually be denied by elements of some of the religiosity that people like him would put forward, but that’s one of the conundrums about epistemology, about what you mean by meaning, which lurks in these types of theories.

The interesting thing about these beliefs is that they are primal. Turn on the television, turn on the radio, the World Cup is just about to begin. Everywhere there is trivia. Everywhere there is celebration of the majority. Everywhere there is celebration of the desire for us all to embrace and become one world, one world together. As someone recently said, “I don’t want to be English. I don’t want to be British. England’s a puddle,” he said. “I want to step out. I want to be a citizen of the world! I don’t want to have a race. I don’t want to have a kind. I don’t want to have a group . . . even a class! I don’t want to come from anywhere. I want to be on this planet! This planet is my home!” Well, my view is that sort of fake universality . . .  Maybe you should get him one of these dinky rockets and fire himself off into some other firmament, because this is the home that we have and know. And the only reason that we can define it as such is by virtue of the diversity of what exists upon it. But the number of people who wish to maintain that level of diversity and the pregnant meanings within it seem to get smaller and smaller with each generation.

The politicians that we have now are managers of a social system. It’s quite clear that we do not have three ruling parties, but one party with three wings, the nature of which are interchangeable in relation to gender, where you come from in the country, class, background, how you were educated, and whether you arrived in the country as a newcomer in the last 40 to 50 years or not.

Now, Evola’s step back from what has made the modern world leads to certain radical conclusions about it which are spiritually and politically aristocratic. Most people are only aware of the Left-Right split as it relates to a pre-immigration, slightly organic society where social class was the basis for political alignment. Bourgeois center Right: conservatism of some sort. Center Left: Labour, social-democratic, trade unionist, and so on. Now we have a racial intermingling which complicates even that division. The distinction between the aristocratic and upper class attitude and the bourgeois attitude, which is as pronounced as any Left-Right split between the proletariat and the bourgeoisie, is that which Evola advocates.

Evola believes, in some respects, in masters and slaves, or certainly serfs. He believes that the merchant and those who deal purely with economics have to be subordinated to politics, to higher politics, to metapolitics, to military struggle. He believes that the warrior and the religious leader and the farmer and the intellectual/scholar/craftsman/artist are uniquely superior to those that make money, and nearly all of Evola’s views are in some way a form of aristocraticism.

If you look at all of the sports that he favors–fencing, mountaineering–they all involve lone individuals who prepare themselves for a task which is usually dangerous and which can usually result–mountaineering for example and his book Meditations on the Peaks–in annihilation, if you go wrong, but creates an extraordinary and ecstatic sense of self-overbecoming if you conquer K2, the Peruvian mountains, the Eiger, Mount Everest and so on. Even in the more populist forms of mountaineering, the sort of beard and upper middle class Chris Bonington cheery mountaineering as you might call it, there is a streak of aristocratic, devil may care and Byronic license. The bourgeois view is, “Why do that!? It’s dangerous. It’s pitiless. You could be hurt and injured! There’s no profit. It serves no higher reason than itself.” For Evola, the reason and the purpose is the reason to do it. It is the stages that you go through and the mental states you get into as you prepare and you execute a task which is dangerous and the same analogy can be extended to martial combat, the same analogy can be extended to sports like ancient wrestling.

Modern wrestling is a circus, of course, where the outcome is largely decided by the middlemen who negotiate the bouts between clowns, who can still damage each other very severely. But ancient wrestling was a bout that ended very quickly and was essentially religious, which is why the area that they wrestled in was purified with salt in most of the major traditions.

Fencing: Take away the protective gloves and gear and you have gladiatorial combat between people who are virtually on the brink of life and death. It’s only one step removed from Olympic fencing. Notice that in the contemporary Olympics, a movement that was founded in modernity on the Grecian ideal, nearly always founded by aristocrats, all of the early victors in shooting and fencing and all these early sports are aristocrats. Of course, the early Olympics have their funny side. Many of the female athletes that won the early Olympics were transsexuals. Of course, medical checks were instituted to prevent hermaphrodites and people of diverse genders and that sort of thing from competing in these competitions. But the individualistic sports in a mass age have been disprivileged and are largely regarded as strange wonderland sports that the masses only flip channels over in relation to the Olympics.

For a man like Evola and for the sensibility which he represents, things like sport are not a diversion. They are targets for initiation in relation to processes of understanding about self, the other, and life that transcend the moment. So, one bout leads to another, leads to another moment of skill. It is as if these moments, which most people always try to avoid rather than engage upon, are in slow motion. The whole point of Evola’s attitude toward these and other matters is to go beyond that which exists in a manner which is upwards and transcendent in its portending direction.

This is a society which always looks downwards. “What will other people think? What will one’s neighbors think? What will people out there think? What will all this BBC audience think? What do the masses, Left, Right, Center, pressing their buttons on panels and consoles think?” The sort of Evolian response is what they think is of no importance and they ought to think what the aristocrats of the world, in accordance with the traditions, which are largely religious, out of which their social order comes, think. You can understand that this is an attitude which is not endeared, this type of thinking, to contemporary pundits and to the world as it now is.

The_Yoga_of_Power_Cover.jpgIt’s also inevitable that when Evola’s books were published they would enter the English-speaking world via the occult, via mysticism, via various types of initiated and individualistic religiosity. The whole point about the Western occult, whether one believes in the literal formulation that these people spout or whether one believes in it metaphorically and quasi-subjectively, is that it’s an individualistic form of religiosity. In simple terms, mass religion involves a small clerisy or priesthood in the old Catholic sense up there and the laity are down there and it’s in Medieval Latin, it’s slightly mysterious, you partly understand it if you’re grammar school educated, otherwise you don’t, it’s mysterious and semi-initiated, but you don’t really know, the mystery is part of the wonder of the thing, you look up at them and they’ve got their backs to you, and they’re looking up further beyond them towards the divine as they perceive it. Now, that’s a traditional form of mass religiosity, if you like.

But the type of religiosity with which he was concerned was individualistic and voltaic. It was essentially the idea that everyone in a small group is a priest. Sometimes there’s a priest and a warrior combined. One of the many scandals that we have in modernity is crimes that are committed by members of various religious groups and organizations. Many Traditionalist minded people believe that the reporting of these crimes in the mass media is deliberately exaggerated in order to demonize any retrospectively traditional elements of a prior and metaphysically conservative type in the society.

But if one looks at it another way–and one of the things about Evola is the creativeness of the aristocratic mind that looks at essentially Centrist and bourgeois problems in a completely different perspective–he would say about those sorts of scandals, which I won’t belabor people with because everyone knows about them, that it’s the absence of the dialectic between the priest, somebody who believes in something, somebody who believes in a philosophy that isn’t just theirs and therefore relates to a society and relates to a continuing generic tradition out of which they come . . . Most contemporary philosophers are “just my view.” “Just my view as a tiny little atom.” Rather than my view as something that’s concentric and links me to something larger and that therefore can be socially efficacious. But from an Evolian perspective, the absence of the warrior or the martial and soldierly traditions and its interconnection with belief and the individual who believes is the reason for decadence or deconstruction or devilment or decay in these religious organizations. In his way of looking at things, there’s a seamlessness between the poet-artist, the warrior, and the religious believer. They are different formulations of the same sort of thing, because they are always looking upwards and, in a way, are deeply individualistic and egotistical but transcend that, because the concentration on one’s self or one’s own thinking, one’s own feeling, one’s own concerns, one’s own attitude towards this mountain, this woman, this fight, this text is conditioned by that which you come out of and move towards.

Evola doesn’t believe in progress nor does the Tradition that he comes out of. They don’t believe in scientific progress. They don’t believe in evolution. But his anti-evolutionism is strange and interesting. It’s got nothing to do with creationism and, if you like, the Evangelical politics of certain parts of what you might call the Puritan American Right, for example. His attitude is a reverse attitude, which in a strange way is an involuntary and inegalitarian way of looking at the same issue. His view is that the apes are descended from us as we go upwards rather than we are descended from them as we leave them in their simian animalism. So, in a way, it’s actually a reformulation of the same idea but looking upwards and always seeing, if you like, the snobbish, the aristocratic, the prevailing, the over-arching view rather than viewing the thing from a mass, generic, and middling perspective which includes people.

Tony Blair says the worst vice anyone can have is to be intolerant. It’s to be exclusive. It’s to exclude people. “The nature of Britishness is inclusion,” when, of course, the nature of any group identity is exclusion, and who is on the boundary and who can be allowed in and the subtleties and grains of difference that exist between one excluded group and another, where one tendency of man ends and another begins. Evola believes, in a very controversial way, that decline is morphic and spiritual combined. In other words, races of man have a spiritual dimension, have a higher emotional dimension, have a psychological dimension, but never forget that Evola is not a Nietzschean. He is not somebody who believes that it’s all at this level. He believes that the gods speak to man directly and indirectly and the civilizations that we come out of are based essentially on religious premises.

Moderns who sneer at these sorts of attitudes, of course, forget that virtually every civilization that mankind has ever had until relatively recently, and in every civilization there are documents and artifacts which are included in the storehouse of the British Museum just over there in central London, was religiously and theologically based. It’s only really in a post-Enlightenment, Scottish Enlightenment, English Enlightenment, French Enlightenment, 18th century plus sort of a way that the secularization of Western Europe rivals the rest of the planet. Further east in Europe, less of it. Further south in Europe, a bit less of it. Religiosity on most of the other continents of the Earth is still a primary force, but Evola would despise the sort of religiosity that prevails there because he would see in it broken down thinking, syncretism, the people who would say he would be in favor of contemporary Saudi Arabia, for example, would probably be sorely disappointed. He would see under the religious police, under the strict observance of this or that rule, American satellite dishes and modern devices and that which is external, in relation to modernity, and which is being internally accepted. So, Evola was always the critic, if you like, and always on the outside.

Now, his career is quite complicated because when he was a very young man he fought in the First World War on the Italian side. They, of course, fought on the “Western” or Allied side in that war as is often forgotten. There are some extraordinary photos of him on the internet in these goggles and these helmets looking like extraordinarily fascistic, and that movement hadn’t even really been created then. He looks like that in a D’Annunzian-type way, stylistically, even before the gesture itself.

Evola, of course, partly disapproved of Fascism and National Socialism even though he became very heavily implicated and/or involved in both of them, because in his view they weren’t Right-wing enough! They weren’t traditional enough. They weren’t organic enough. They weren’t extreme enough. Evola is probably the only thinker in the 20th century whose written a slim volume criticizing National Socialism from the Right not from any point to the Left. He only aligned with these movements because they forced modernity to question itself and because they were anti-democratic and because they were ferocious and desired morally and semi-theologically–because few, including liberal critics, would deny that there was a semi-theological insistence to most of the radical European movements, even of the Left but certainly of the Right, in the first half of the last century. Evola saw in these movements a chance but no more, which is why he flirted with them, why he wrote a fascist magazine in Italy, why he went to colleges run by Himmler’s SS in Germany, why he was disapproved of by them, why he had sympathizers in the Ernst Jünger-like in the party who protected him, why he was allowed to write with a degree of freedom whilst giving a degree of loyalist obeisance to these structures and yet, at the same time, to remain outside them. The question has to be raised whether Evola’s philosophy is consonant with the creation of a society or whether it will become, if you like, a spirited individualism.

Evola was also involved in the beginning of his career in one of the most radical modernist movements of the 20th century: Dadaism in Italy. He produced Dadaist paintings. Now, this, superficially, looks quite extraordinary. But of course there was a strong interconnection between certain early modernisms and fascistic ideologies. The reason that he became involved in Dadaism is quite interesting, and, of all things, there is a talk on YouTube that lasts four-and-a-half minutes in which Evola is an old man explicating why he was involved. He says the reason we got involved in these movements was to attack the bourgeoisie, was to attack the middle class, and was to attack middle class sensibility and sentimentality. The extraordinary radical anti-system nature of many radical Right ideas, which is hidden in more moderate and populist variants, comes out staring at you full in the face in people like Evola. Many fascistic and radical movements of the Right, of course, were peopled by adventurers and outsiders and quasi-artists and demi-criminals and religious mystics and madmen and people who were outside of the grain of mainstream life, particularly people who were socialized by the Great War, which many of them experienced as a revolution.

Wyndham Lewis who was strongly drawn aesthetically to modernism and politically to various forms of fascism and was a personal friend of Sir Oswald Moseley once said that for us, the First War was a revolution, wasn’t a war. We saw killing on a truly industrial scale. We saw the industrialization of slaughter.

One of the interesting ironies of the Evolian, and in some ways Ernst Jünger’s, position about war is that, although thinkers like them are regarded by pacifists and liberal humanists and feminists, as warmongers, there is a distaste for mass war in Jünger and Evola and the others, because it’s the war of the ants, the war of the masses in blood and dung and soil and gore. There is nothing chivalric about a man being torn to pieces by a helicopter gunship when he doesn’t even have a chance to get his Armalite into the air.

Evola would prefer the doctrine of the champion. You know, when two Medieval armies meet, and one enormous, hulking man comes out of one army, in full regalia trained in martial splendor and arts as a previous speaker discussed in relation to the Norse tradition, and another champion emerges and they fight for a limited objective that leaves civilization intact on either side. But the one that is defeated will obviously pay dues to the other.

Now, this shows the extremely Byronic, individualistic, and aristocratic spirit that lurks in Evola’s formulations. The way that his works have come down to us, of course, is the way that he lived his life and the books that he wrote. It’s interesting that the Anglo-Saxon world has received his literature through translations by mystic and occultistic publishers in the United States: about tantra, about Buddhism, about Japanese warrior castes and traditions, about the Holy Grail, about Greco-Roman, High Christian, pagan, and post-pagan Europeanist and other traditions.

Another radicalism about Evola is his total unstuffiness and absence of prudery in dealings with sex. Evola wrote a book called Metaphysics of Sex. He regards sexuality as a primal biological instantiation through which the races of man are renewed and replaced. But at the same time he regarded it as one of the primary human acts of great energy and force that has to be channeled, has to be made use of, has to be transcended in and of itself. You have this odd commitment to tantra, which is a sort of erotic extremism of occultic sex, and a total opposition to pornography. Why? Because the one involves commercialization of sex, the one involves money interrelated with sexuality. From this purely primal perspective, unless a marriage is arranged between dynastic states or groups for particular statal purposes, which is fine, money has almost nothing to do with these areas of life.

 

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The disprivileging of money as the basis of everything and the belief that the society that we have now is the result of the fact that every politician in all of the parties represented in the major assemblies, including radical Right parties essentially of a populist hue actually, believe in Homo economicus. They believe that man is an economic integer and nothing else matters. Immigration? It’s good for the economy, don’t you know? Mass movements of capital around the world at the flick of a button on a screen in exchanges all around the globe, particularly in the Far East now but also ubiquitously? It’s good for the economy! Everything is based upon the freeing of people from prior forms of alleged servitude due to economic enhancement. The sort of doctrines Evola holds are not neo-Medieval, nor are they a desire for a return to the ancient world with certain modern technologies. In some ways, they are a return to the verities that existed before the modern world was created.

One of the most substantial critiques of this type of thinking is the belief that the modern world is inevitable, that all cultures and races will modernize and are doing so at a great rate of knots, that skyscrapers and enormous megalopolic cities are being thrust up in the Andes and the Far East and even client Chinese-built ones will emerge in Africa and elsewhere and that it would be onwards and upwards forever in relation to what we have now. There are grotesque problems with that, of course, because to give every human on this planet irrespective of race, kinship, clime, and culture a middle American lifestyle you will need 3 planets, 8 planets, 10 planets, or you may need them, in order to give them that middle American feeling. The three satellite dishes, the condominium, the three Chelsea tractors outside in the driveway, the multiple channel TV, and so on. To give every African that we will need many, many planets and many, many times the economic wherewithal that we have even at the moment.

The interesting thing about Evola is that many issues that convulse people today–famine in the Third World, war in the Congo, HIV/AIDS–he would say they’re interesting, of course, because they’re things that are going on, and everything has a meaning even beyond itself. But ultimately they’re unimportant. The number of humans on the Earth doesn’t matter to his type of thinking. Pain and suffering do not matter in accordance with his type of thinking. Indeed, he welcomes them as part of the plenitude of life, because life begins in pain and ends in pain and most people live their entire lives in denial of the fact that life is circular as his philosophical tradition believes the world is and meaning is. There is progression around the circle, but there is decline, and decline and death are part of an endless process of will and becoming.

It is essentially and in a very cardinal way a religious view of life, but also a metaphysically pessimistic and conservative view of life in a profound way that the conservatism of contemporary liberal Tories like Cameron would not even begin to understand. To a man like him, theories of Evola’s sort are lunacy, quite literally, the return to the Dark Ages, the return to the Middle Ages, quasi-justifications of slavery, quasi-justifications of the Waffen SS. This is what Cameron or his colleagues on the front bench and his even more liberal colleagues on the same front bench would say about these sorts of ideas.

1907166939.jpgBut the irony is that 300 to 400 years ago, most civilized structures on Earth were based on these ideas. Even the modern ones that replaced them are based upon the contravention of these sorts of ideas, which means that they realized they were real enough to rebel against in the first instance. It’s also true that even in the high point of modernity, post-modernity, hypermodern reality, all the phrases that are used, when a war occurs, when the planes go into the towers in New York, when the helicopter gunships stream over Arabian sands, you suddenly see a slippage in the liberal verities and in the materialism and in some of the ideas which are used to justify these sorts of things. Not much of a slippage, but you suddenly see a slippage, what occultists and mystics call a “rending of the veil,” a ripping of the veil of illusion between life and death.

What is life really about? Is life really about shopping? Is life really about making more and more money? Is life really about bourgeois status when one already has enough to live on? Is life really about eating yourself to death? These are the sorts of things that Evola’s viewpoint pushes before people, which is why the majority will always push it away.

His political texts are essentially Revolt Against the Modern World, Men Among the Ruins, and Ride the Tiger, which explore the nature of a man who is born now when most of the prior traditions of his culture and his civilization have collapsed.  The decivilization of man, the fact that Western cities have turned into Third World zones, the fact that semi-criminality is endemic, the fact that when you go into a street graffiti is there, rap music blares from a passing car, 20%, 40% of the street has no relationship to you aesthetically or ethnically or racially or culturally. Evola would see this as part of the inevitable climate of decline and spiraling downwards towards matter, which is intentional and volitional.

The most controversial area of Evola is when he begins to unpick and reformulate many classic propositionalisms of what might be called the “Old Right” to determine what has occurred and why. Evola is essentially, although he began in a more subjectivist and changeable mood, a deeply religious and aristocratic man. This means there is always a reason. Liberals believe that everything is a confusion and everything is contingent upon itself and everything is an accident waiting to happen. But like Christ in the New Testament, who believes that when two birds fall to the ground the father is aware, Evola believes that there is always a purpose and a reason. Evola believes that civilizations are collapsing in on themselves and tearing themselves apart internally for reasons that are pushed by elites and by forces which are manifest within them that will that desire. The endless atoms and causal moments in the chains may not know of that which is coming, that which is non-volitional, that which is partly pre-programmed. He believes that these tendencies of mass servitude, mass death, mass proletarianization spiritually, mass plebeianism, mass social welfare, mass social democracy are willed, that the destructivity of prior cultural orders is willed and definite, and certain racial groups are used to facilitate that destruction, and that other groups use them in order to achieve it.

He believes in an aristocracy of man, because he believes everything is hierarchical. There was an interesting moment in a by-election in East London or eastern London just recently when the chairman of the party that I used to be in a while ago was asked by a woman of Afro-Caribbean ancestry, “Are we equal with you?” The media’s there, you know. Twenty cameras are upon this individual, and, therefore, given the logic and the paradigm that he is in he said, “Yes.” He would probably want to say, “Yes, but . . . ,” but the media has gone on because it’s got the required answer. Indeed, lots of media investigation now is asking a politician to affirm their correctness before a prior methodological statement, and woe betide any of them if they show the slightest backsliding on any issue about which they should be progressive.

Who can put words in the mouth of somebody who died a while back, but Evola’s answer, the answer of his type of thinking, would be that that woman is unequal in relation to a black writer like Wole Soyinka, who is a Nigerian from the Yoruba tribe and won the Nobel Prize. Is he worthy of winning the Nobel Prize? Was he given the prize in the 1990s because it was fashionable to do? Rabindranath Tagore, the great Indian writer and Brahmin and higher caste type, won it in 1913. Probably wasn’t too much political correctness then, but there was probably a bit even then. The Evolian answer is that she is not equal in relation Soyinka, and Soyinka is not equal in relation to Chaucer or Defoe or Shakespeare or Voltaire or Dante or Tolstoy or Dostoevsky or Wagner, that everything is unequal and that everything is hierarchical and that there is a hierarchy within an individual and between individuals and between groups of individuals, because everything is looking upwards and everything has a different purpose in life.

This means that those who are at the middle and the bottom of an ethnicity, of a social order, of a gender, of a prior historical dispensation should not be lonely, in his way of looking at things, or afraid or rebellious or full of alienation and fear. Because everyone has a role within a hierarchy and people can move to a degree although his viewpoint is essentially aristocratic and not meritocratic. A man like Nietzsche, who Bertrand Russell once condemned as advocating an aristocracy when he was not born in it or anywhere near it, would be accepted, but never completely accepted by an aristocratic caste. Things that are regarded as hopelessly naïve and snobbish now, Evola regards as just due form.

locandina.jpgWhat is the worst thing in the world at the present time according to Sky News? Probably discrimination. Discrimination of one sort or another. Evola would believe that discrimination is the taxonomy of an aristocratic sensibility. One reaches for a piece of cake, one discriminates. One has an arranged marriage with another member of the Sicilian nobility, one discriminates. One reaches for a sword to do down a bounder that one wishes to beat with the flat of the blade, one discriminates between the weapon and the object of the rage, which is itself indifferent because it sees something beyond even itself. These are views, of course, that the majority of people will find cold, chilling, brutal, [unintelligible] beyond their conception. Almost forms of insanity in actual fact in relation to what is today regarded as normal or moral or even human. They are partly inhuman ideas, in some ways, but they are ideas that most aristocracies and most warrior castes have had for most forms of human history.

Evola’s books are now widely available to those who wish to read them. The great conundrum of his work is, does it portend to an asceticism? In other words, if the era of destruction, which is the Kali Yuga on the ideology which he puts forward, which is the Hindu age of destruction where everything is broken and everything is melded together prior to decomposition which will feed a universal rebirth at a future time, because mankind is seasonal in relation to Spengler’s view of the world where his view of history is compared to plants and botany to give it some sort of methodology, some sort of structure.

Don’t forget, these are 19th century and early 20th century ideas. No history don, or hardly any history don, today believes history has a meaning. Carlyle believed that the sort of deistic nature of history impinged upon the decadence of the French royalist elite and it led to the revolution because they didn’t superintend France properly. He sort of believed in his Protestant, thundering way from the pulpit of his study in the mid-19th century that the French Revolution was an outcome that was partly deserved by a failing aristocracy. In other words, history had a meaning.

It had a purpose. Nobody believes history has a meaning or a purpose. Certain anti-fascists would say Stalingrad had a purpose, but they forget that the Red Army shot 16-18,000 of their own men, and the Commissars stood 18 feet behind the lines. They shot an army of their own men in order to win that battle, just as secret police in the Third World cut off the ears and cut out the tongues of any who retreat in battle before they send them back to their villages.

Would Evola approve of that? He would probably say that if it was done individualistically or as a matter of revenge or of rage it’s dependent upon the circumstances, but to do it in a mass-oriented way–mass camps, mass sirens, the totalitarian response particularly of communism, the reduction of everything to the lowest common denominator so all can be free in a sort of pig-like uniformity–he would consider that really to be death and to be fought against.

Evola is extraordinarily controversial because there is an area in his thinking, particularly in relation to the Islamic world, that leads almost to the justification, as certain liberal critics say, of forms of religious terrorism. He never quite advocates that, but it’s quite clear that his loathing of the modern world is so much and his nuanced appreciation of the Islamic concept of Jihad–where you fight within yourself against doubt and fight externally in a quasi-pagan and masculine way against the enemy that is without you–has a resonance that chimes with certain extremist religious people who basically want to blow the modern world up.

So, Evola is, as I say in my title, one of the world’s most Right-wing, certainly most elitist, thinkers. The interesting thing about him is that everything always looks upwards, even his doctrine of race.

You find in many racialistic movements a sort of socialism. That if you are of my ethnicity you are “all right,” as if possession of a certain melanin skin content or absence of same is all that the thing was about. When Norman Tebbit says that the British National Party is old Labour plus allied racialism, there is always a streak of truth to such viewpoints. Evola doesn’t believe in that.

Evola believes that race is spiritual as well as physical. If a man comes to you and says, “Oh, I’m White! You should be looking after me, mate!” he would say what is your intellect, what is your quality, what is your moral sense, what do you know about your civilization, how far are you prepared to fight for it, what pain can you endure, have you had understanding of death in your family and in life, are you a mature and profound human being or are you part of the limitless universality although you were born in a particular group which I respect and come from myself.? That’s the sort of principle that he would have.

Now, that is an attitude of revolutionary snobbery in a way, but it’s snobbery based upon ideas of character. And in the end as we know, politically, character is a fundamentally important thing. And the absence of it, particularly in quasi-authoritarian movements is poisonous because people once in place cannot be removed except by the most radical of means. So, there is a degree to which leadership is all important.

Look at an army. An army is not a gang of thugs. But it can easily become one. An army can easily become a rabble, but armies are controlled by hierarchies of force, the nature of which is partly impalpable. Each squad has a natural leader. Each squad has its non-commissioned officer. Each squad has an officer above them. In real armies, German, British armies of the past, if one officer goes down somebody replaces them from lower down, assumes immediately the responsibility that goes with that role. Even if all the officers are gone and all non-commissioned officers, the natural leader, one of the 5%–most behavioral anthropologists believe that 1 in 20 of all people have leadership critera–can step forward in a moment of crisis and are looked to by the others, because they provide meaning and order and hierarchy in a moment of stress.

Have you ever noticed that when people undergo disaster or when they’re in difficulties they look for help, but they also look for people to lead them out of it? Leaders are never liked, because it’s sort of lonely at the top, but leadership is probably like the desire to believe in something beyond yourself. It’s inborn. And while the principle of leadership remains, where in even democratic societies leaders are required in order to energize the democratic masses . . .

Don’t forget, most of the Caesarisms of modernity are Red forms of Caesarism, forms of extreme authoritarianism and even pitilessness all in the name of the people. All raised in the name of the masses and their glory and their freedom, their liberty and their equality. When Forbes magazine says that the Castro family’s wealth in communist Cuba is $70 million US dollars, when it calls them communist princes . . . Don’t forget, an ordinary man in Cuba could be in prison for owning his own plumbing business. When you realize that these people are princelings of reversal, you sense that some of the hierarchies, although they wear different names and different forms, are occurring in an entropic phase or in a culture of decay do relate to many of Evola’s ideas even in reversal. He would say this is because these ideas are eternal and are perennial and will out in the end.

The traditional political Right-wing criticism of these sorts of ideas is that they are purely philosophical, they relate to individuals and their lives, they tend to Hermeticism and the ascetic view that a learned spiritual man, a man of some substance, can go off and live by himself and the rest can rot down to nothing and who cares. They say that they feed a sort of post-aristocratic misanthropy.

Look at our own aristocracy. They probably lost power in about 1912. They were never shot like in the Soviet Union, they were never beheaded like in revolutionary France of 200 years before. But they have lost everything in a way because their function has been taken from them, hasn’t it? The reason for those schools, the reason they were bred in the first place, the reason for all their privileges and so on has been taken away. The fascination with the Lord Lucan case in the ’70s, the sort of decline of that class. He listens to Hitler’s speeches at Oxford, beats the nanny to death, not even get the right woman in the basement. This sort of thing. Can’t even get that right! Couldn’t even get the crime right! It’s the decline of a class, isn’t it? Going down, and knowing they’ve gone down as well. It’s sort of Oswald Moseley’s son enjoys being dressed up as a woman and spanked and his son has just died of a heroin overdose. And yet Oswald Moseley is in that family chain. You don’t really need to think that there is a sort of efflorescence there. It’s a bit unfair on that family and so on.

But don’t forget, this was a class that was born to pitilessness and rule. This was a class that identified with eagles. That’s why they put them on their shields and on their ties and on their schools. And now look at them.

 

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But, of course, they have in a sense joined the rest, haven’t they? They’ve joined the mass. And what they once were no longer matters. Cameron sums it up in a strange sort of way. Traditionally, since the 1960s, the Tories have always elected pushy middle class people with which the mass of their electoral support can identify.

It was always said Douglas-Home would be the last of the old breed. He was premier when I was born. He would be the last of the old breed that would survive and thrive. When asked about unemployment in 1961, Douglas-Home said, “There’s room for a second gamekeeper on my estate.” And people said he was out of touch. Out of touch! And he was out of touch! Let’s face it. But he thought that was a quite commodious and moral answer, you see.

Cameron is strange because all of the ease–the ease before the camera, the ease before people, no notes, look at me, not a trembling lip–all of that ease is part of the genetics of what he partly comes out of. And yet all of his values are bourgeois. All of his values are middling and mercantile. All of his values are this society’s as it now is.

Would Douglas-Home have joined or even given money to United Against Fascism, who he would have regarded as smelly little people on the margins of society who were a Left-wing rabble who probably needed to be beating the grass somewhere? Or in my regiment. You see what I mean? The idea that he would identify with these people because the real enemy represents the seeds of the aristocracy from which one has fled, that wouldn’t occur to him. He was too much what he was, basically, as a form to really consider these lies and this legerdemain and this flight of fancy.

One comes to the most controversial area of Evola’s entire prognosis, and this is the belief that Jewishness is responsible for decline and that they are a distant and another race that pushes upon things and causes things to fall and be destroyed. These are the views, of course, the belief that there is a morphic element in the nature of the decline, that has made him so untouchable and controversial. The interesting thing is that when he was approached about the Protocols of the Elders of Zion, which is believed by all liberal humanist scholars to be a forgery of the Okhrana secret police based upon an alleged French novel, I think in the 19th century, Evola said, I’m not concerned whether it’s a forgery or not, which is a very interesting response.

Because in Evola’s occultistic and Hermetic view of the world you can indicate something through its reversal, you can indicate something through metaphorization, something can be emotionally true and not completely factually true, a text can be used to exemplify truths deeper than its own surface. This is a religious view of the text, of course, that the text does not end with itself. It’s a Medieval view and is based upon a science of linguistic study called hermeneutics where you would look at every word, you would look at every paragraph, you would look at every piece of syntax to deconstruct for essence rather than deconstruct to find the absence of essence.

In the Western world, if you go to university now and you do any humanities, any arts, any liberal arts, or any social science course you will come across an ideology called deconstruction. Even vaguely, the semi-educated have heard of it. This is a viewpoint that says that any essentialisms (race, class isn’t an essentialism, but it begins to become one in the minds of man, belief in God, gender and so on) lead to the gates of Auschwitz. This is what deconstruction is based on as a theory. Therefore you look at every text, you look at every film, because they’re obsessed with mass culture, you see, looking at what the masses look at and what they’re fed by the capitalist cultural machine. They look at this and say, oh look, dangerous essentialism there. Did you see in that John Wayne film? Did you see the way he spoke to the Red Indian? Sorry, Native American. You see that sort of thing. You look at these things and you break them down and you break them down again and you break down the element of sort of “David Duke” logic that could be said to lie in that particular phrasing and so on.

But the sort of analysis that Evola maintains is what you might call constructionism rather than deconstructionism. And that’s building upon the essences of things and bringing out their discriminatory differences. So, to him the fact that that text may have been put into circulation by the Okhrana, the czarist secret police, as a profound Hermetic, metaphoricization for courses of history which may or may not be occurring, is worthy of study. He again returns to the idea that everything has meaning.

If you want war with the Islamic world, the towers will fall. If you a pacifist and isolationist America to enter the Great War, a particular boat with civilians onboard but weapons underneath, will be torpedoed by the Germans. If you want to get the isolationist boobs of middle America into a global struggle in the early 1940s you allow the prospect of an attack that you know is going to happen to it there and you make sure your aircraft carriers are not there and you blame the middling officers who were there for their incompetence retrospectively because it is the moment to kick start democratic engagement with heroic and Spartan activities.

Who can doubt that there is a streak of the Spartan? When an American Marine goes up a beach on Iwo Jima or when he fights in Fallujah? Some of the modern world has certainly fallen away for that man as he faces oblivion in warriorship against the other, even within the modern. People like Evola and Jünger would realize that. There’s even at times, in the extremity of modern warfare, a return to the individual. What about these American pilots and these other pilots, these Russian pilots, who fly in these planes, and the warrior is part of the plane. You know, they have a computer in their visor and they have all sorts of statistics coming up before them. It’s like a man who is an army fighting on his own, isn’t it? He’s got an amount of force under his wings which is equivalent to an army of centuries ago. So, you have a return to elite individuals trained only for killing and warriorship at the top tier of present Western advanced military metaphysics.

The interesting thing about Evola’s way of thinking is it’s creative. Most Right-wing people are pessimistic introverts who don’t like the world they were born into, but Evola seems to be to me in some ways an extravagant, optimistic aristocrat who always sees, not the best side of everything, but the most heroic side of everything that goes beyond even itself. Even if the Protocols of the Elders of Zion, in accordance with his diction, was a lie and can be proved to be such, the fact that millions were motivated to believe in it, millions to reject its causation, that people fought out the consequences and the consequences of the consequences in relation to even some of those ideas, means that it is of great specificity and import.

 

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Nietzsche has the idea that a man stands on the edge of a pond, and he skims a pebble into the pond, and it skips across the water. You know when you get it skimming right and it goes and it goes and it goes and wave upon wave moves upon the surface, and you can’t predict the formulation of the wave and the current that it leads into. And that History has unknown consequences.

The Maoist general who was asked by an American sympathizer after the Maoist Long March, itself partly mythological, “What’s your view of the French Revolution?” And he memorably replied, “It’s too early to tell.” Because it’s only two 200 years back. That is the sort of perspective that Evola has.

Although there will be crushing defeats, and men of his sort, aristocrats, for whom the modern world has no time, play polo, waste your money, go to brothels, gamble all the time. There’s no role for you. The world is ruled by machines and money and committees and Barack Obama.

You know, American Rightists call Obama “Obamination” instead of abomination. Is he the signification for everything that is declining in America and isn’t all of these middle class tax revolt type movements which are 100% grassroots American really within the allowed channels of opposition? “He’s a socialist!” “It’s all about tax. It’s not about anything else.” “It’s all within the remit of health care budgetary constraints and views on same.” Etc, etc. “What about the deficit?” Aren’t all of these movements and the rage that they contain elements and spectrums of what he would call anti-modernity or semi-anti-modernity within modernity?

None of us know what the future will hold, but it is quite clear that unless people of advanced type in our group believe in some of the traditions that they come out of again, they will disappear. And in Evola’s view they will have deserved to disappear. So, my view is that whatever one’s view, whatever one’s system of faith . . . and don’t forget that in the Greek world you could disbelieve in the gods and think they were metaphors, you could kneel before a statue of them or you could have a philosophical belief in between the two and all were part of the same culture, all were part of the same city-state, and if called upon as a free citizens to defend it, even Socrates would stand in line with his shield and his spear.

All of Evola’s books are now available on the internet. The most controversial passages about morphology and ethnicity are all available on the internet. Read Julius Evola. Read an aristocrat for the past and the future, and look back to the perennial Traditions that are part and parcel of Western civilization and can fuel the imagination and fire even in those who don’t entirely believe in them.

Thank you very much!

 

 


 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

 

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/10/julius-evolathe-worlds-most-right-wing-thinker/

 

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/10/evola_la_genitrice_painting.jpg

[2] here: https://www.youtube.com/watch?v=4YqKf3v2aPs

[3] editor@counter-currents.com: mailto:editor@counter-currents.com

 

Russian Foreign Minister Lavrov’s Speech at the UN

“Pardon Us For Our Country’s Existence in the Middle of Your Military Bases” – Russian Foreign Minister Lavrov’s Speech at the UN

sergei-lavrov-russie-syrie-300x224.jpgIn a courageous and brilliant speech to the United Nations General Assembly on September 27, 2014, Russian Foreign Minister Sergei Lavrov pierced the veil of obfuscation that characterizes too many speeches at the United Nations, and delivered a scathing denunciation of Western imperialism, imperialism that can only be accurately described as global theft.  Lavrov, on behalf of the Russian Federation implicitly warned that US/NATO is risking global war in embarking on its campaign to seize and dominate huge territories, while inexorably and ruthlessly determined to conquer and subjugate Russia, having learned nothing from the historic reality that Napolean’s effort to dominate Russia led to the collapse of Napoleonic France, and Hitler’s attempt to subjugate Russia led to the obliteration of his Third Reich. 

Perhaps this third attempt to conquer and subjugate Russia may lead not only to war encompassing huge territories of the globe, but, dialectically, may be the catalyst leading to the ultimate decline of capitalism, an economic system which thrives almost entirely on imperialism, and is undergoing a possibly terminal crisis, as described by the French economist, Thomas Piketty in his best-selling work “Capital in the 21 Century.”  In desperation, dysfunctional Western capitalism is lashing out recklessly and irrationally, unwilling and unable to preclude the disastrous consequences of its myopic policies.  And one possible consequence of current US/NATO policies is thermonuclear war.

Lavrov stated:  “The U.S.-led Western alliance that portrays itself as a champion of democracy, rule of law and human rights within individual countries, acts from directly opposite positions in the international arena, rejecting the democratic principle of sovereign equality of states enshrined in the UN Charter and trying to decide for everyone what is good or evil.”

“Washington has openly declared its right to unilateral use of force anywhere to uphold its own interests.  Military interference has become a norm – even despite the dismal outcome of all power operations that the U.S. has carried out over the recent years.”

“The sustainability of the international system has been severely shaken by NATO bombardment of Yugoslavia, intervention in Iraq, attack against Libya and the failure of operation in Afghanistan.  Only due to intensive diplomatic efforts the aggression against Syria was prevented in 2013.  There is an involuntary impression that the goal of various ‘color revolutions’ and other projects to change unsuitable regimes is to provoke chaos and instability.”

“Today Ukraine has fallen victim to such an arrogant policy.  The situation there has revealed the remaining deep-rooted systemic flaws of the existing architecture in the Euro-Atlantic area.  The West has embarked upon the course towards ‘vertical structuring of humanity’ tailored to its own hardly inoffensive standards.  After they declared victory in the Cold War and the ‘end of history,’ the U.S. and EU have opted for expanding the geopolitical area under their control without taking into account the balance of legitimate interests of all peoples of Europe […] NATO enlargement to the East continued in spite of the promises to the contrary given earlier.  The instant switch of NATO to hostile rhetoric and to the drawdown of its cooperation with Russia even to the detriment of the West’s own interests, and additional build up of military infrastructure at the Russian borders – made obvious the inability of the alliance to change the genetic code it embedded during the Cold War era.”

“The U.S. and EU supported the coup d’etat in Ukraine and reverted to outright justification of any acts by the self-proclaimed Kiev authorities that opted for suppression by force of the part of the Ukranian people that had rejected the attempts to impose the anti-constitutional way of life to the  entire country and wanted to defend its rights to the native language, culture and history.  It is precisely the aggressive assault on these rights that compelled the population of Crimea to take the destiny in its own hands and make a choice in favor of self-determination.  This was an absolutely free choice no matter what was invented by those who are responsible in the first place for the internal conflict in Ukraine.”

“The attempts to distort the truth and to hide the facts behind blanket accusations have been undertaken at all stages of the Ukranian crisis.  Nothing has been done to track down and prosecute those responsible for February bloody events at Maidan and massive loss of human lives in Odessa, Mariupol and other regions of Ukraine.  The scale of appalling humanitarian disaster provoked by the acts of the Ukrainian army in the South-Eastern Ukraine has been deliberately understated.  Recently, new horrible facts have been brought to light when mass graves were discovered in the suburbs of Donetsk.  Despite UNSG Resolution 2166 a thorough and independent investigation of the circumstances of the loss of Malaysian airliner over the territory of Ukraine has been protracted.  The culprits of all these crimes must be identified and brought to justice.  Otherwise the national reconciliation in Ukraine can hardly be expected.”

In total contempt for truth and international law, Kiev’s escalation of the Ukranian crisis is being relentlessly prepared, in an ultimate act of deceit, as Ukranian President Poroshenko assumes military regalia, threatening Russia’s survival, and, indeed the survival of his own bankrupt country, and is now speaking of all-out war with Russia.

Last month Washington pledged and delivered 53 million dollars of US taxpayer’s money to provide military aid to the Kiev regime, which is using the ceasefire arranged by Russian President Putin and the OSCE as an opportunity to acquire more sophisticated and deadly weapons and prepare for another barbarous onslaught against civilians in east and southeastern Ukraine, where the massacre of almost 4,000 citizens of East Ukraine and the desperate plight of more than one million refugees  followed the “secret” visit to Kiev, (under a false name) of CIA Director John Brennan last April.

But perhaps the most brazen announcement of US/NATO intent to inflict further carnage upon the citizens of East Ukraine , whose rejection of the Nazi infested and Western controlled regime in Kiev has resulted in Kiev’s campaign of extermination of its dissident Ukrainian citizens, is the return to Kiev this month of the US Assistant Secretary of State for European and Eurasian affairs, Victoria Nuland.  Ms. Nuland was made world famous (or world infamous) by her February declaration “Fuck the EU” while, on behalf of her neocon sponsors in Washington, she engineered the destabilization and overthrow of Ukraine’s democratically elected President Viktor Yanukovich, plunging Ukraine into the civil war that holds the potential of engulfing the world in a conflagration which will be known as World War III.

In her October 7, 2014 speech to the Taras Shevchenko National University of Kiev, Ms. Nuland boasted:  “Ukraine this year has received $290 million in U.S. financial support plus a billion dollar loan guarantee.  And now you have what so many of you stood on the Maidan for, you have an association agreement with Europe and a Deep and Comprehensive Free Trade Agreement.”  That “Association Agreement” holds Ukraine virtual hostage to NATO and the IMF, whose imposition of “austerity measures” will further degrade the living standards of the already impoverished Ukranians.  Ms. Nuland brings a Trojan Horse into Ukraine, unctuously flattering gullible Ukranian students, who will ultimately provide cannon fodder for the war which US/NATO is inciting.

Further on in his September 27 address to the UN General Assembly, Russian Foreign Minister Lavrov states:

“Let me recall a history of not so far ago.  As a condition for establishing diplomatic relations with the Soviet Union in 1933 the U.S. government demanded of Moscow the guarantees of non-interference into domestic affairs of the U.S. and obligations not to take any actions with a view to changing political or social order in America.  At that time Washington feared a revolutionary virus and the above guarantees were put on record on the basis of reciprocity.  Perhaps, it makes sense to return to this topic and reproduce that demand of the U.S. government on a universal scale.  Shouldn’t the General Assembly adopt a declaration on the inadmissibility of interference into domestic affairs of sovereign states and non-recognition of coup d’etat as a method of the change of power?  The time has come to totally exclude from the international interaction the attempts of illegitimate pressure of some states on others.  The meaningless and counterproductive nature of unilateral sanctions is obvious if we took an example of the U.S. blockade of Cuba.”

“The policy of ultimatums and philosophy of supremacy and domination do not meet the requirements of the 21 century and run counter to the objective process of development of a polycentric and democratic world order.”

Reprinted with permission from GlobalResearch.ca.

Présentation du phénomène Casa Pound

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Emmanuel Todd: les libéraux occidentaux doivent applaudir les Russes

Emmanuel Todd: les libéraux occidentaux doivent applaudir les Russes

Auteur : Ria Novosti
 

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L'historien et sociologue français Emmanuel Todd il n'a jamais été prisonnier des idéologies, bien qu'il les ait minutieusement étudiées du point de vue scientifique. Auteur de nombreux livres et monographies, il a accepté de répondre aux questions de Rossiïskaïa gazeta.

Le monde occidental est parti en guerre contre la Russie, l'accusant de tous les péchés capitaux et de mauvaises intentions. Qu'en pensez-vous?

Emmanuel Todd: Avant les événements ukrainiens déjà, j'avais attiré l'attention sur cette tendance antirusse, manifestement planifiée, dans les médias occidentaux. Les premières attaques régulières contre Moscou ont porté sur le "rejet" des minorités sexuelles. Ensuite, de nombreux articles ont avancé que la politique de Poutine était "impossible à comprendre" et qu'il était "imprévisible". Pour être franc, cela m'a beaucoup amusé. Car à mon avis, la ligne politique du gouvernement russe est au contraire très rationnelle et réfléchie. Les Russes sont fiers d'être Russes et s'ils disposent des moyens nécessaires, ils font tout pour éviter la cabale. Ainsi, le soutien affiché à la population russophone dans le sud-est de l'Ukraine s'inscrit parfaitement dans cette logique.

En ce qui concerne les préoccupations des Baltes ou des Polonais, persuadés que demain Moscou compte les engloutir, elles sont complètement infondées. Cela n'a absolument aucun sens. La Russie a déjà suffisamment de soucis pour aménager son vaste territoire.

Cela fait longtemps que vous vous intéressez à la Russie - essentiellement comme anthropologue et sociologue. En 1976 déjà, à l'âge de 25 ans, vous avez écrit un livre intitulé La Chute finale où vous évoquiez les causes susceptibles de désintégrer l'URSS. Ce livre, qui a fait beaucoup de bruit, n'a pas été pris au sérieux à l'époque. Quelle est votre vision de la Russie contemporaine?

Emmanuel Todd: Si vous vous penchez sur l'histoire de la Russie, vous comprenez que son rôle dans les affaires mondiales - et en particulier européennes - a toujours été positif. La Russie a subi une humiliation dans les années 1990, juste après l'effondrement de l'URSS. L'attitude de l'Ouest fut alors insupportable et injuste mais en dépit de cela, la transition a pu se faire dans une certaine dignité. Aujourd'hui, ce pays a retrouvé sa place dans les affaires mondiales et a atteint un équilibre interne. Il a atteint une stabilité démographique et enregistre même une croissance de sa population plus élevée que dans le reste de l'Europe. L'espérance de vie augmente. A terme, le taux de mortalité infantile sera inférieur à celui des États-Unis selon les statistiques. Le fait que la Russie attire un flux d'immigrés en provenance des pays voisins montre qu'elle revêt pour eux un intérêt économique.

À mon avis, la Russie joue un rôle particulier dans les affaires internationales, dont elle a hérité de la Guerre froide, qui est d'assurer l'équilibre mondial. Grâce à son arsenal nucléaire, la Russie est aujourd'hui le seul pays capable de contenir les Américains. Sans elle, le monde aurait connu un sort catastrophique. Tous les libéraux occidentaux devraient l'applaudir: contrairement aux démocraties européennes, elle a accordé l'asile à Edward Snowden. Quel symbole explicite: la Russie, bastion des libertés dont les pays européens se veulent les porte-drapeaux.

En 2002 sortait votre livre Après l'Empire, où vous évoquez les causes de l'affaiblissement, lent mais sûr, des USA. Qu'en est-il aujourd'hui?

Emmanuel Todd: En effet, j'ai écrit à l'époque que l'agressivité de l'Amérique n'était absolument pas une manifestation de sa puissance. Au contraire, elle cachait la faiblesse et la perte de son statut dans le monde. Ce qui s'est passé depuis a confirmé mes conclusions de l'époque. Et cela reste exact aujourd'hui également. Ne croyez pas que j'ai été motivé par un anti-américanisme quelconque. Pas du tout. Néanmoins, je constate que l'"empire" américain est en phase de déclin. Et cela peut être vu particulièrement dans la manière dont les États-Unis, à chaque fois qu'ils perdent l'un de leurs alliés, prétendent que rien de significatif ne s'est produit. Prenez l'exemple de l'évolution des relations de Washington avec l'Arabie saoudite. Les échecs permanents des Etats-Unis au Moyen-Orient sont flagrants pour tout le monde, notamment à travers les derniers conflits en Irak et en Syrie. Et Riyad, qui était autrefois leur plus proche allié dans la région, est en fait sorti du contrôle américain, même si bien sûr personne ne l'admet. Même chose pour la Corée du Sud, qui s'éloigne des États-Unis pour coopérer de plus en plus activement avec la Chine. Le seul véritable allié loyal des Américains en Asie reste le Japon. Mais à cause de sa confrontation avec Pékin, ce pays ne sait plus où se mettre.

Et l'Europe?

Emmanuel Todd: Le processus est similaire en Europe. La principale évolution que le Vieux continent ait connue ces dernières années est la montée en puissance de l'Allemagne. Avant, je pensais que l'Europe allait continuer à se développer, tirée par la locomotive d'intégration Berlin-Paris. Mais les choses se sont passées autrement. Tout d'abord, l'Union européenne ne s'est pas transformée en union des nations "libres et égales", comme le rêvaient ses fondateurs. Elle a pris la forme d'une structure hiérarchique sous l'égide de l'Allemagne, qui a largement dépassé sur le plan économique tous les autres pays de l'UE. Par nature, les Allemands ne peuvent pas percevoir le monde autrement qu'à travers un prisme hiérarchique. Cette ascension de Berlin s'est accélérée notamment après la crise financière de 2008. Aujourd'hui, l'Europe est contrôlée par l'Allemagne. Les premiers signes d'une perte de contrôle sur Berlin par les Américains sont apparus au début de la guerre en Irak quand Paris, Moscou et Berlin, qui marchaient jusque-là dans le sillage des USA, s'y sont opposés. Ce fut une étape fondamentale.

Depuis, dans un domaine aussi crucial que l'économie internationale, l'Allemagne mène sa propre ligne pour défendre ses intérêts nationaux. Elle ne cède pas à la pression des Américains, qui croient que tout le monde devrait jouer selon leurs règles et insistent pour que les Allemands renoncent, par exemple, à leur politique d'austérité budgétaire. Cette ligne est imposée sous la pression de Berlin à l'ensemble de l'Union européenne, et les Etats-Unis ne peuvent rien y faire. Dans ce domaine, les Allemands n'accordent pas d'importance à l'avis des Américains. Nous pouvons aussi rappeler les récents scandales impliquant les écoutes téléphoniques, quand les Allemands – un cas sans précédent – ont expulsé le chef de la CIA à Berlin. Mais l'économie reste le plus important. Les Américains n'adoptent pas, dans ces circonstances, une attitude menaçante. Pas parce qu'ils ne veulent pas, mais parce qu'ils ne peuvent pas. En l'admettant tacitement, ils reconnaissent en quelque sorte que leur pouvoir touche à sa fin. Cela ne saute probablement pas aux yeux, mais c'est la réalité.

Néanmoins, certains pensent que les USA restent une puissance dirigeant les affaires mondiales, notamment européennes.

Emmanuel Todd: Il y a l'ancien monde et le nouveau monde. L'ancien monde, c'est la vision héritée de l'époque de la Guerre froide. Elle reste bien ancrée dans la conscience des faucons américains, dans les pays baltes et en Pologne. Il est clair que l'expansion de l'OTAN vers l'Est après la chute du mur de Berlin est un exemple typique de l'inertie de la pensée dans l'esprit de la Guerre froide, peu importe les termes employés. Dans l'ancien monde, l'Allemagne jouait plutôt un rôle de modérateur, d'élément rationnel préconisant une solution pacifique aux problèmes et favorable au partenariat économique. Mais un nouveau monde est apparu et il n'est plus contrôlé par les Américains.

Après le mur de Berlin, le mur des sanctions

L'Europe a aujourd'hui sa propre dynamique. Elle n'a pas d'armée, mais elle est dirigée par l'Allemagne. Et tout se complique, car cette dernière est forte, mais elle est instable dans ses concepts géopolitiques. A travers l'histoire, le pendule géopolitique allemand a oscillé entre une approche raisonnable et des élans mégalomanes qui ont conduit, rappelons-le, à la Première Guerre mondiale. C'est la "dualité" de l'Allemagne. Par exemple, Bismarck cherchait la paix universelle et l'harmonie avec la Russie, alors que Guillaume II, dans l'esprit "l'Allemagne est au-dessus de tous", s'est brouillé avec tout le monde, à commencer par la Russie. Je crains que nous retrouvions aujourd'hui cette dualité. D'une part, l'ancien chancelier Schröder a prôné l'expansion des relations avec Moscou et il a maintenant beaucoup de partisans. D'autre part, on constate une position étonnamment ferme de Merkel dans les affaires ukrainiennes. L'agressivité du monde occidental envers la Russie ne s'explique donc pas uniquement par la pression des Etats-Unis.

En effet, tout le monde s'attendait à une médiation active de Berlin dans la crise ukrainienne, mais ce n'a pas été le cas.

Emmanuel Todd: Il me semble que l'Allemagne s'engage de plus en plus dans une politique de force et d'expansion voilée. La réalité de l'Allemagne après la réunification est qu'elle a miné les structures étatiques fragiles en Europe. Rappelez-vous la défunte Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, et aujourd'hui il semble que ce soit le tour de l'Ukraine. Pour la plupart des Européens, l'Ukraine n'a aucun intérêt particulier. Pas pour les Allemands. Depuis l'époque de la réunification, l'Allemagne a mis la main sur la quasi-totalité de l'ancien espace de domination soviétique et l'utilise à ses propres fins économiques et industrielles. En c'est, je pense, l'un des secrets de la réussite de l'économie allemande. Face à un grave problème démographique et un taux de fécondité faible, elle a besoin d'une main-d'œuvre qualifiée et bon marché. Donc, si vous restez dans cette logique, obtenir par exemple les deux tiers des travailleurs ukrainiens est une opération très bénéfique pour Berlin.

D'ailleurs, le 23 août, Angela Merkel a été la seule des chefs d'Etats de l'UE à se rendre en visite à Kiev à l'occasion de la célébration de l'indépendance de l'Ukraine.

Emmanuel Todd: D'après moi, c'était un événement marquant. Et je pense que Moscou l'a également remarqué.

Pourquoi, d'après vous, les États-Unis montrent-ils un tel zèle dans les affaires ukrainiennes?

Emmanuel Todd: Parce que leur stratégie vise à affaiblir la Russie. En l'occurrence par la crise ukrainienne. Mais n'oublions pas qui l'a provoquée. Après tout, le point de départ était la proposition de l'UE de conclure un accord d'association avec Kiev. Puis l'Union européenne a soutenu le Maïdan conduisant au coup d'Etat, qui s'est déroulé avec le consentement silencieux des capitales européennes. Quand les événements en Crimée se sont produits, les Américains ne pouvaient pas rester à l'écart, au risque de "perdre la face". Les "faucons", partisans des idées de la Guerre froide, sont alors passés au premier plan pour définir la politique américaine vis-à-vis de la Russie. Je ne pense pas que les Américains souhaitent l'exacerbation de ces conflits, mais nous devons suivre de près jusqu'où pourrait aller leur désir de "sauver la face".


- Source : Ria Novosti

Les États des peuples et l'empire de la nation

Archives - 2000
 
Les États des peuples et l'empire de la nation
 
par Frédéric KISTERS
 
Armee_arcConstantinSud.jpgIl existe une confusion permanente entre le mot « nation » qui désigne une association contractuelle de personnes liées à une constitution et la notion de « peuple » qui renvoie à une identité, c’est-à-dire un fait donné, une appréhension de soi résultant de l’histoire. Le peuple est donc le produit du déterminisme — nous ne décidons pas de notre appartenance —, tandis que la nation est le résultat volontaire d’un choix — nous élisons notre citoyenneté.
 
Peuples et Nation
 
Le peuple est un produit de l’histoire dont les membres ont le sentiment de partager un passé et des valeurs communes. Pour le définir, on utilise généralement 4 critères principaux : la langue, la culture, le territoire, les relations économiques. Isolé, aucun de ces critères ne semble suffisant. Si l’on octroyait le rôle principal à la langue, il faudrait en conséquence accepter que les Français, les Suisses romans, les Québécois ainsi que les francophones de Belgique et d’Afrique forment un peuple. Pareillement, les Flamands et les Néerlandais ne se sentent-ils pas de culture différente ? Dans la culture, nous intégrons la religion qui en est un des aspects. De plus, la culture influe sur la manière de vivre la religion : les Albanais et les Arabes saoudites ont des visions très différentes de la foi musulmane. La plupart des peuples occupent un territoire plus ou moins cohérent ; il est en effet difficile de maintenir des liens sans proximité. Il faut toutefois noter quelques exceptions telles que les Juifs avant la création d’Israël ou les tribus nomade. De même, les populations immigrées maintiennent un communauté et conservent des liens étroits avec leur patrie d’origine. Enfin, l’existence d’un peuple suppose des relations économiques privilégiées entre ses membres. L’ensemble de ces traits devrait permettre d’esquisser les linéaments de l’idiosyncrasie d’un peuple ; pourtant, son image apparaît souvent floue, parce que critères utilisés pour en préciser les contours ne sont pas assez formels. En réalité, un sujet qui a une histoire ne peut se définir, puisqu’il se modifie sans cesse.
 
Quant à la nation, selon la définition de Sieyès (1), elle est une communauté légale qui possède la souveraineté. Si l’expression « la nation est une et indivisible » signifie que l’ensemble de ses membres détient la souveraineté et que chacun se soumet aux mêmes lois, elle n’implique toutefois pas nécessairement que les citoyens habitent dans un territoire circonscrit ou aient des relations économiques. Les étrangers qui n’adoptent pas la citoyenneté de leurs pays d’accueil ne sont pas des citoyens à part entière, même s’ils jouissent d’une partie des droits civiques. Une communauté de langue et de culture n’induit pas non plus une citoyenneté partagée. Enfin, la nation a conscience de son existence et puise dans son histoire les éléments symboliques qui renforcent sa cohésion, expliquent ses avatars et justifient l’intégration d’individus ou de peuples étrangers.
 
Deux conceptions du nationalisme
 
Par conséquent, le terme nationalisme possède deux acceptions contradictoires selon qu’il se réfère à l’idée de peuple ou à la notion de nation. Dans le premier cas, il fait appel au sang, au sol, aux ancêtres, au passé, c’est un nationalisme de l’héritage qui se réduit souvent à un fallacieux sentiment de supériorité sur les autres et qui, de plus, porte sur un objet de taille limitée. Par ailleurs, peu de choses distinguent le nationalisme du régionalisme qui désigne un sentiment semblable projeté sur un objet plus restreint. Dans le second cas, il transcende l’individu et l’arrache au déterminisme de son milieu. On adhère de manière volontariste à la nation pour réaliser un projet en commun, mais on appartient au peuple de ses parents. Au contraire, la nation possède une faculté d’extension illimitée, car elle peut toujours accueillir de nouveaux membres en dehors des considérations de naissance. Notons enfin que ces deux formes de nationalisme peuvent plus ou moins se recouper et se renforcer au sein d’un même État.
 
État et Empire
 
Pour accéder à la souveraineté, le(s) peuple(s) doive(nt) constituer une nation et se donner une structure : l’État qui arbitre les intérêts contradictoires des citoyens, assure leur sécurité et rationalise le devenir de la société. Dans l’histoire, nous rencontrons deux grands types d’États ; d’une part, ceux issus d’un peuple qui avait une conscience subjective de sa réalité et qui se sont dotés d’une structure objective — l’État français par ex. ; d’autre part, les nations forgées au départ de peuples épars, tel que l’Autriche-Hongrie, qui portent souvent le nom d’Empire. Dans les deux situations, il faut à l’origine une volonté agrégative qui peut être incarnée par un monarque, une institution ou un peuple fédérateur.
 
En réalité, jamais l’État-nation n’a coïncidé dès son origine avec une exacte communauté de langue et de culture. Le préalable n’est pas l’unité culturelle ; au contraire, c’est la nation qui unit le(s) peuple(s) et non l’inverse. L’État, par l’action de son administration centralisée et de son enseignement, harmonise les idiomes et les comportements sociaux. L’existence d’un territoire unifié sous une même autorité facilite aussi les déplacements et donc les mélanges de populations hétérogènes. Des affinités culturelles peuvent inciter les hommes à se regrouper au sein d’une nation, mais cette dernière entreprend à son tour l’élaboration d’une nouvelle « identité nationale ». Surtout, l’histoire n’a jamais vu une nation se former sur base d’intérêts économiques, c’est pourquoi nous pensons que l’Union européenne emprunte un mauvais chemin.
 
aquilifer_16894_lg.gifL’État-nation, dont la France est l’archétype, désire l’égalité, l’uniformité, la centralisation ; il établit une loi unique sur l’ensemble de son territoire. Il ne reconnaît pas la diversité des coutumes et tend à la suppression des différences locales. Il suppose que tous les peuples sous son empire adoptent les mêmes mœurs et s’expriment dans sa langue administrative.
 
Au contraire, l’Empire doit compter avec les différents peuples qui le compose et tolère une relative diversité législative en son sein. De même, il ne jouira pas nécessairement d’une autorité égale sur chacune de ses provinces. Certaines d’entre-elles peuvent être presque indépendantes (comme par exemple les principautés tributaires de l’Empire ottoman), tandis que d’autres sont totalement soumises au gouvernement central. Parfois, l’on vit même des peuples érigés en nations cohabiter dans le même Empire (vers sa fin, l’Empire austro-hongrois comprenaient une nation « hongroise », une nation  « allemande » et divers peuples slaves). Notons enfin que, de notre point de vue, il n’existe pas actuellement de souverain européen, mais bien des institutions européennes qui agissent avec le consentement de plusieurs nations.
 
Droit de vote ou citoyenneté
 
Par ailleurs, se pose aujourd’hui la question du droit de vote des étrangers. Nos dirigeants disputent pour savoir si nous octroierons le droit de vote aux seuls Européens, et sous quelles conditions, ou si nous l’étendrons aux ressortissants non-européens. À notre avis, le problème est mal posé. En effet, le droit de vote, réduit aux communales qui plus est, n’est jamais qu’une part de l’indivisible citoyenneté, qu’on la dissèque ainsi en créant des sous-catégories dans la société nous semble malsain, car cela nuit à l’unité de la nation en dégradant le principe d’égalité des citoyens devant la Loi. De plus, la citoyenneté implique aussi des devoirs dont le respect garantit nos droits. Dans le débat, d’aucuns proposent d’accorder la citoyenneté belge plutôt que le droit de vote. Sans hésiter, nous allons plus loin en soutenant un projet de citoyenneté européenne. Dans cette entreprise, nous nous appuyons ; d’une part, sur l’œuvre majeure (2) d’un grand penseur politique, Otto Bauer, le chef de file de l’école austro-marxiste ; d’autre part, sur un précédent historique : le concept de double citoyenneté dans l’Empire romain.
 
Otto Bauer articulait sa thèse autour du concept de « communauté de destin » grâce auquel il donna une nouvelle définition de la Nation. Selon lui, la culture et la psychologie permettent de distinguer un peuple d’un autre, mais ces caractères sont eux-mêmes déterminés par l’Histoire. Suivant ses vues, le peuple ne se définit plus par une appartenance ethnique, une communauté de langue, l’occupation d’un territoire ou en termes de liens économiques, mais bien comme un groupe d’hommes historiquement liés par le sort. Dès lors, dans cet esprit, les habitants d’une cité cosmopolite, issus d’origines diverses mais vivant ensemble, peuvent fort bien, dans certaines circonstances historiques, former une nation. Évidemment, il existe une interaction permanente entre le « caractère » et le destin d’un peuple, puisque le premier conditionne la manière de réagir aux événements extérieurs, aussi la nation est-elle en perpétuel devenir.
 
Ainsi, Bauer justifiait le maintien d’un État austro-hongrois par la communauté de destin qui liait ses peuples depuis des siècles. Une législation fédérale aurait protégé les différentes minorités et garanti l’égalité absolue des citoyens devant la Loi qu’il considérait comme la condition sine qua non de la bonne intelligence des peuples au sein de l’État.
 
Dans cette perspective, la conscience du passé partagé n’exclut pas le désir d’un avenir commun. Pour notre part, nous aspirons à une nation européenne dans laquelle fusionneraient les peuples européens.
 
Dans l’Empire romain, il existait un principe de double citoyenneté. Jusqu’à l’édit de Caracalla (212 ap. JC), la citoyenneté romaine se surimposait à l’origo, l’appartenance à son peuple. Évidemment la première conservait l’éminence sur la seconde. Néanmoins, le Romain pouvait recourir, selon les circonstances, soit au droit romain soit aux lois locales. Lorsque l’empereur Caracalla donna la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire, ceux-ci conservèrent néanmoins leur origo (3). Aussi pensons-nous, qu’il serait possible de créer une citoyenneté européenne qui, durant une période transitoire, coexisterait avec les citoyennetés des États membres. En effet, l’homme n’appartient qu’à un seul peuple, mais il peut élire deux nations, du moins dans la mesure où leurs lois ne se contredisent point et à la condition qu’on établît une hiérarchie entre ses deux citoyennetés et que l’on donnât la prééminence à l’européenne.
 
► Frédéric Kisters, Devenir n°15, 2000.
 
◘ Notes :
  • [1] Sur l’abbé Sieyès, cf. BREDIN (Jean-Denis), Sieyès, La clé de la révolution française, éd. de Fallois, 1988.
  • [2] BAUER (Otto), Die Nationalitätfrage und die Sozialdemokratie, Vienne, 1924, (1er éd. 1907), XXX-576 p. (Marx Studien, IV). Edition française : ID. , La question des nationalités et la social-démocratie, Paris-Montréal, 1987, 2 tomes, 594 p.
  • [3] JACQUES (François) et SCHEID (John), Rome et l’intégration de l’empire (44 av. J.C. - 260 ap. J.C.), tome 1 Les structures de l’empire romain, Paris, 2e éd. 1992 (1er : 1990), p. 209-219 et 272-289 (Nouvelle Clio. L’Histoire et ses problèmes).
 

vendredi, 17 octobre 2014

Les quatre missions des nations pilotant l'EI

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Ingérence impérialiste au Moyen-Orient: les quatre missions des nations pilotant l'EI

Auteur : Al Manar
 

Daesh : l’Iran, à deux pas d’entrer en guerre? 

L’Iran pourrait très bien mener une action militaire contre la milice takfiriste Daesh, a averti Amir Moussaoui, le président du Centre d’études stratégiques et internationales (CESI), rapporte l’agence iranienne Irib.

«La donne a changé au Moyen-Orient, et il est possible que l’Iran mène une action militaire, pour se défendre face au danger du terrorisme», a-t-il souligné dans un entretien avec l'agence.

Selon lui, la coalition internationale créée et dirigée par les Etats-Unis ne cherche pas réellement à éradiquer cette organisation terroriste, mais convoite d’autres objectifs au Moyen-Orient.

« Plusieurs pays membres de cette coalition, comme les Etats-Unis, les Emirats arabes unis, le Qatar, l’Arabie saoudite, etc. avaient eux-mêmes soutenu ces groupes terroristes, afin de renverser le gouvernement du Président Bachar al-Assad en Syrie, et le gouvernement à Bagdad », soutient-il.

Objectifs dictés

Ces pays ont fixés quatre missions principales pour ces groupes terroristes.

Moussaoui les énumère:

1) ternir l’image de l’Islam et du monde musulman, par des actions inhumaines et des crimes odieux
2) éclipser l’importance de la question de la Palestine
3) diviser les Musulmans, via une guerre entre Sunnites et Chiites
4) détruire les infrastructures des pays, frontaliers de la Palestine occupée, comme l’Irak, la Syrie, le Liban et la Jordanie.

Combattre les Kurdes

Le président du CESI perçoit d’autres missions pour les terroristes de Daesh.  Dont entre autre la demande de la Turquie de s’en prendre aux Kurdes en Syrie, car Ankara ne pouvait pas supporter l’autonomie des Kurdes syriens.
Moussaoui explique que les dirigeants turcs considèrent l’autorité autonome des Kurdes, dans le Nord de la Syrie, comme un danger pour leur sécurité nationale, d’autant plus que le gouvernement d’Ankara entretient des relations fragiles avec sa population kurde.

Pour le pétrole volé

En outre, les Kurdes de Kobané constituent un obstacle devant le transfert facile du pétrole volé de la région syrienne de Raqqa vers la Turquie, par les terroristes de Daesh.

Moussavi précise : «ces derniers mois, les Kurdes de Kobané exigeaient de Daesh un droit de transit, pour le transfert du pétrole volé de la Syrie vers les villes turques. Le prix que les Turcs devaient payer pour ce pétrole volé avait doublé. Daesh percevait entre 10 et 15 dollars le baril, tandis que les Kurdes de Kobané réclamaient pour eux entre 10 et 15 dollars de droit de transit !»

Combattre le Hezbollah

Selon le président du Centre d’études stratégiques et internationales, une autre mission a été également définie : combattre le Hezbollah.
Ankara l’a confiée aussi bien à Daesh qu’a son frère ennemi, la branche armée d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra.
Alors que ces deux milices étaient à couteaux tirés dans plusieurs régions syriennes, la Turquie leur a demandé de s’unir ensemble contre le Hezbollah libanais.

La semaine dernière, ces deux groupes terroristes ont mené une opération conjointe, à Baalbek (Liban) et à Qalamoun (Syrie), pour s’emparer des bases du Hezbollah libanais. Mais les combattants de ce dernier  ont vite réagi, et ont déjoué le plan des terroristes.

Irak : venger les USA

En Irak, estime Moussaoui, les terroristes de Daesh ont une autre mission : venger les Etats Unis qui n’ont pas pu créer de base militaire sur le territoire irakien, après le retrait de ses forces de ce pays.

« Pour se venger du gouvernement de l’ancien Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, les Etats-Unis ont préparé le terrain à ce que Daesh s’unisse avec les résidus du parti Baath en Irak. Les négociations entre les deux parties sont actuellement en cours au Qatar », révèle-t-il.

De nouveaux signaux

Le président du Centre d’études iranien a ajouté que les autorités militaires et diplomatiques de Téhéran ont bien compris le changement conjoncturel régional, et émettent de nouveaux signaux portant sur l’éventualité d’une action militaire iranienne contre l’organisation terroriste de Daesh.

« Jusqu’à présent, les responsables iraniens se concentraient sur l’offre de conseils aux forces militaires syriennes ou irakiennes. Mais ils sont à présent en train d’examiner la possibilité et la nécessité de l’envoi de troupes, pour combattre les terroristes », ajoute Moussaoui.

« Les terroristes de Daesh ont développé leurs activités, près de Bagdad, notamment à Ramadi. Ils veulent occuper cette ville pour pouvoir créer un axe, qui renforcerait leur position de Ramadi, jusqu’à la frontière avec la Jordanie. Dans ce cas, la République islamique d’Iran ne pourra plus rester dans l’inaction et devrait prendre des mesures concrètes, pour se défendre, face aux menaces des terroristes extrémistes de Daesh », a-t-il averti.

Cependant, Mir Moussavi a émis l’espoir que la résistance du peuple et du gouvernement irakiens puisse déjouer ce complot des ennemis de l’Irak.


- Source : Al Manar

Alger se tourne vers le BRICS

Poutine-Bouteflika-1609.jpgAlger se tourne vers le BRICS, ...sans craindre l'Occident!

par Meziane Rabhi

Ex: http://french.irib.ir  

 
IRIB- “Dans un contexte de ralentissement de la demande d’exportations, en provenance des marchés européens,... l’Algérie multiplie ses relations commerciales avec un certain nombre d’économies émergentes, notamment le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (Bric).” C’est du moins ce que relève Oxford Business Group (OBG) dans un papier intitulé “Algérie : diversification des relations économiques”. OBG note que l’Algérie, qui s’engage de plus en plus sur la voie d’une diversification de son économie, aussi bien en termes de production que de commerce, affiche des perspectives d’augmentation de ses recettes commerciales encourageantes, grâce à une demande — en particulier en matières premières — toujours forte de la part des marchés émergents malgré des prévisions de croissance revues à la baisse. Selon le cabinet londonien, citant le ministère des Finances, les exportations vers l’Asie ont atteint 2,03 milliards de dollars au premier trimestre 2012, un chiffre quasiment multiplié par deux par rapport à la même période l’année précédente. Début 2012, un dixième des exportations algériennes était à destination de l’Asie, faisant de la région le troisième marché d’exportation de l’Algérie. “Par exemple, le volume des échanges commerciaux de l’Algérie avec l’Inde, s’il ne représente toujours qu’un faible pourcentage de l’ensemble des échanges commerciaux du pays, a connu ces dernières années une rapide expansion”, indique OBG.

L’Inde est le 11e partenaire commercial de l’Algérie ; les deux pays se sont exprimés en faveur d’une augmentation du volume de ces échanges à l’avenir. “Dans un récent rapport de l’ambassade d’Inde en Algérie, on pouvait lire que le commerce bilatéral entre l’Algérie et l’Inde avait atteint un chiffre total de 2,7 milliards d’euros en 2011, contre 1,9 milliards d’euros en 2010, hausse qui s’explique en grande partie par la hausse du prix des produits pétroliers”, rapporte le cabinet londonien. Selon ce dernier, les exportations algériennes, qui se composent surtout de pétrole et de gaz, ont enregistré une hausse de près de 50% entre 2010 et 2011 et représentent les deux tiers de l’ensemble des échanges bilatéraux. Les exportations indiennes vers l’Algérie comportent des produits industriels variés, comme des véhicules à moteur et des tuyaux pour le transport de pétrole et de gaz, ainsi que de la viande et d’autres produits agricoles.

La Chine a connu la plus fulgurante ascension


Les relations commerciales entre l’Algérie et le Brésil ont également connu une croissance exponentielle au cours de ces dernières années. Mais comme partout ailleurs en Afrique, c’est la Chine qui a connu la plus fulgurante ascension.

Le géant asiatique a joué un rôle clé dans le soutien des exportations algériennes ces dernières années. Les statistiques du ministère des Finances concernant le commerce extérieur du pays en 2011 placent la Chine en deuxième position dans la liste des sources d’importation pour l’année 2011.
L’Algérie a également pris des mesures pour optimiser le potentiel de sa relation avec la Russie, elle aussi exportatrice d’hydrocarbures estime OBG. “Si les relations commerciales entre l’Algérie et la Russie sont limitées, les deux pays producteurs d’énergie se sont par le passé alliés dans le cadre de projets stratégiques communs afin de mettre en commun les bonnes pratiques établies dans les domaines de l’extraction et du transport des produits pétroliers”, rappelle le cabinet. Le dernier accord de partenariat entre Sonatrach et Gazprom, l’entreprise gazière monopolistique russe, a expiré en 2007 et n’a pas été renouvelé par la suite, faute de projets communs à l’horizon. “Il se pourrait bien que cette situation change, comme l’a montré l’annonce en juin 2012 d’un accord de principe entre Sonatrach et Gazprom pour procéder à des échanges de swap, un système d’échange de flux financiers qui permet à chaque pays d’optimiser ses ventes dans les marchés clés du pays partenaire”, prévoit OBG.

Renverser des gouvernements : une pratique étasunienne bien rodée

 

Renverser des gouvernements: une pratique étasunienne bien rodée

Auteur : Washington's Blog & http://zejournal.mobi 

Énoncer l’ensemble des pays victimes de la politique étasunienne serait difficile en un seul article, cela serait plutôt sujet à écrire un livre, mais un résumé est toujours possible quand à quelques événements ayant eut lieu, car dans le domaine, ils sont très prolifiques, en France avec De Gaulle en Mai 68, c’était eux, en Ukraine avec les néo-nazis qui ont accédé au pouvoir, idem, en Tunisie, pareil, etc… Les Etats-Unis ont l’entrainement, les moyens financiers et les outils, et vous en avez quelques exemples ici:

Les USA ont déjà renversé les gouvernements de Syrie (1949), d’Iran (1953), d’Irak (par deux fois), d’Afghanistan (par deux fois), de Turquie, de Lybie et de bien d’autres pays riches en pétrole.

Syrie

Chacun sait que les USA et leurs alliés ont fortement soutenu les terroristes islamiques de Syrie, dans leur tentative de renverser le régime en place dans le pays.

Mais saviez-vous que les USA ont déjà exécuté un changement de régime en Syrie par le passé ?

La CIA a soutenu un coup d’état d’extrême droite en Syrie en 1949. Douglas Little, professeur au Département d’Histoire de la Clark University a écrit :

« Déjà, en 1949, cette nouvelle république arabe indépendante fut un important champ d’expérimentation pour les premières tentatives d’actions clandestines de la CIA. La CIA y a encouragé en secret un coup d’état d’extrême droite en 1949. »

La raison pour laquelle les USA ont initié ce coup d’état ? Little explique :

« Fin 1945, la Arabian American Oil Company (ARAMCO) a présenté ses plans pour la construction du Trans-Arabian Pipe Line (TAPLINE) qui devait relier l’Arabie Saoudite à la Méditerranée. Grâce à l’aide US, ARAMCO put obtenir des permis de passage de la part du Liban, de la Jordanie, et de l’Arabie Saoudite. Mais le permis pour faire passer le pipeline par la Syrie fut refusé par le parlement [syrien]. »

En d’autres termes, la Syrie était le seul obstacle à la construction d’un pipeline lucratif. (En fait, la CIA a mis conduit des actions de ce type depuis sa création.)

En 1957, le président américain et le premier ministre britanniques se mirent d’accord pour déclencher à nouveau un changement de régime en Syrie. Little, en bon historien, indique que le complot en vue de la réalisation du coup d’état fut découvert et stoppé :

« Le 12 aout 1957, l’armée syrienne encercla l’ambassade des USA à Damas. Après avoir annoncé qu’il avait découvert un complot de la CIA pour renverser le président Shukri Quwatly, de tendance neutre, et installer un régime pro-occidental, le chef des services de contre-espionnage syriens Abdul Hamid Sarraj expulsa trois diplomates US du pays…

C’est ainsi que le chef des services de contre-espionnage syriens, Sarraj, réagit avec rapidité le 12 aout, en expulsant Stone et d’autres agents de la CIA, en arrêtant leurs complices, et en plaçant l’ambassade des USA sous surveillance. »

Les néoconservateurs établirent à nouveau des plans en vue d’un changement de régime en Syrie en 1991.

Et comme le note Nafeez Ahmed :

« D’après l’ancien ministre des affaires étrangères français Roland Dumas, la Grande-Bretagne avait préparé des actions clandestines en Syrie dès 2009 : « J’étais en Angleterre pour tout autre chose deux ans avant que les hostilités ne commencent en Syrie » a-t-il confié à la télévision française, « j’ai rencontré des responsables anglais de premier plan [...] qui m’ont avoué qu’ils préparaient quelque chose en Syrie. C’était en Angleterre, et pas en Amérique. L’Angleterre préparait une invasion de rebelles en Syrie. »

Des courriels de la société privée d’investigation Stratfor qui avaient fuité et qui comprenaient des notes d’un meeting avec des représentants du Pentagone ont confirmé que, dès 2011, l’entrainement des forces de l’opposition syriennes par des éléments des forces spéciales américaines et britanniques était en cours. Le but était de provoquer « l’effondrement » du régime d’Assad « de l’intérieur ».

Irak

Chacun sait que les USA ont renversé Saddam Hussein lors de la guerre d’Irak.

Mais saviez-vous que les USA avaient déjà réalisé un changement de régime en Irak par le passé ?

Plus spécifiquement, la CIA a tenté d’empoisonner le dirigeant irakien en 1960. En 1963, les USA ont soutenu le coup d’état qui est parvenu à assassiner le chef du gouvernement irakien.

Récemment, l’Irak a commencé à se fracturer en tant que nation. USA Today note que « l’Irak est déjà séparé en trois états ». De nombreuses personnes affirment que les événements ont été forcés… qu’en tout cas, c’est une forme de changement de régime.

Iran

Chacun sait qu’un changement de régime en Iran est l’un des objectifs à long terme des faucons de Washington.

Mais saviez-vous que les USA avaient déjà réalisé un changement de régime en Iran en 1953… qui est directement responsable de la radicalisation du pays ?

Pour être précis, la CIA a admis que les USA ont renversé le premier ministre iranien en 1953, un homme modéré, portant costume et cravate, et démocratiquement élu (il a été renversé car il avait nationalisé les compagnies pétrolières iraniennes, qui étaient auparavant contrôlées par BP et d’autres compagnies pétrolières occidentales. La CIA a admis que pour parvenir à ses fins, elle avait engagé des iraniens pour qu’ils jouent le rôle de communistes et préparent des attentats en Iran, dans le but de retourner le pays contre son premier ministre.

Si les USA n’avaient pas renversé le gouvernement iranien modéré, les mollahs fondamentalistes n’auraient jamais pris le pouvoir dans le pays. L’Iran était connu depuis des milliers d’années comme un pays tolérant envers ses chrétiens et ses autres minorités religieuses.

Les faucons du gouvernement des USA cherchent à entrainer un nouveau changement de régime en Iran depuis des dizaines d’années.

Turquie

La CIA a reconnu avoir organisé le coup d’état de 1980 en Turquie.

Afghanistan

Il est évident que les USA ont, par leurs bombardements, contraint les talibans à se soumettre, durant la guerre d’Afghanistan.

Mais le conseiller à la sécurité nationale d’Hillary Clinton et celui du président d’alors, Jimmy Carter,ont admis en public que les USA avaient auparavant conduit un changement de régime en Afghanistan durant les années 1970, en soutenant Ben Laden et les moudjahidines… les précurseurs d’Al Qaida.

Libye

Non seulement les USA ont engagé une intervention militaire directe contre Kadhafi, mais, d’après un groupe d’officiers de la CIA, les USA ont également armé des combattant d’Al Qaida, afin qu’ils aident à renverser Kadhafi.

En réalité, les USA ont organisé des coups d’états et des campagnes de déstabilisations dans le monde entier… ne créant partout que le chaos.


- Source : Washington's Blog

Il filosofo Diego Fusaro: “Sto con Putin perché ho letto Kant”

Il filosofo Diego Fusaro: “Sto con Putin perché ho letto Kant”

A cura di Alfonso Piscitelli
Ex: http://www.barbadillo.it

OLYMPUS DIGITAL CAMERAIl più interessante dei nuovi filosofi italiani legge Marx & Schmitt e appoggia Putin perché riavvicina l’Europa alle radici della sua cultura giuridica e politica.

Diego Fusaro (Torino, 1983) è il più interessante tra i filosofi italiani di giovane generazione. Sua è una rilettura del pensiero di Marx  al di là di ogni vecchia scolastica o tentativo di “rottamazione” (Bentornato Marx! il titolo del suo libro). Tra le sue opere ricordiamo anche “Minima Mercatalia. Filosofia e capitalismo” e il recente “Idealismo e Prassi. Fichte, Marx, Gentile”. Fusaro è stato allievo del grande (e misconosciuto) Costanzo Preve e proprio Preve gli ha trasmesso l’interesse per la Russia.  Costanzo Preve – ci dice Fusaro – scrisse un saggio intitolato “Russia, non deluderci!”.

In che senso?

Preve si aspettava che la Russia potesse opporsi allo strapotere del capitalismo americano e alle sue pulsioni imperialiste, e dunque garantire l’esistenza di un mondo multipolare. Se la Russia non delude in questa sua missione naturale, essa svolge una funzione fondamentale anzitutto per noi Europei.

La Russia di Putin a differenza della vecchia URSS non esprime una radicale alternativa “di sistema” al mondo liberalcapitalista.

Vero, ma dal punto di vista geopolitico la Russia rappresenta pur sempre un freno all’agire di una super-potenza che ormai tende a sconfinare nella pre-potenza. Il mondo post-1989 è esattamente questo, la tendenza americana a dominare il mondo in forma unipolare.

Nel parlare del necessario “multipolarismo” lei fa riferimento a Kant.

Sì, in un mio scritto: Minima Mercatalia. Filosofia e capitalismo. Kant diceva, nel 1795, che per garantire una stabile pace è meglio che vi sia una pluralità di Stati (diremmo noi: meglio più blocchi, anche contrapposti) che una Monarchia Universale. Oggi la “monarchia universale” è quella dello “one way”, del pensiero unico americano che mira ad annullare ogni diritto alla differenza e ogni modo alternativo di abitare il mondo che non sia quello americano.

Oggi la Russia tende a scontrarsi con l’Occidente sul tema dei valori e dei cosiddetti diritti individuali.

Quella dei diritti individuali è una vera e propria ideologia, nel senso deteriore del termine. Tale ideologia afferma i diritti di un individuo astratto, mentre i veri diritti sono quelli dell’individuo all’interno della comunità. Individuo e comunità esistono reciprocamente mediati, non ha senso pensarli astrattamente, come fa l’ideologia dei diritti civili, la quale è poi un alibi per non parlare dei diritti sociali.

Diritti individuali magari bilanciati anche con i doveri, come diceva Mazzini.

Certamente. Mi rifiuto poi di pensare che matrimoni gay, adozioni gay e eutanasia rappresentino i simboli della massima emancipazione possibile. È una presa in giro, anzitutto per i precari e per i disoccupati. I diritti devono essere anzitutto diritti sociali: quelli che garantiscono una sopravvivenza dignitosa dell’individuo all’interno della sua comunità, permettendogli di potersi pienamente esprimere in tutte le sue potenzialità.

Putin si appella a quel diritto naturale che affonda le sue radici nel grande pensiero europeo: lo stoicismo, i padri della chiesa.

In tempi più recenti possiamo ricordare Grozio e Pudendorf come alfieri di questa concezione. Se Mosca oggi ci aiuta a riavvicinarci a questi temi, allora è davvero auspicabile che essa sia forte e ci sia vicina. Infatti, appare evidente come la Russia, anche per via della sua straordinaria cultura, rappresenti una realtà molto più affine allo spirito europeo di quanto non sia l’America, che è invece il regno della tecnica (Heiddeger) e del capitale smisurato (Marx).

E dunque…?

Dunque l’Europa dovrebbe staccarsi dall’America, e dovrebbe schierarsi nel blocco euroasiatico. Impresa utopica… se pensiamo alla presenza delle basi militari USA in Italia, a ben sessant’anni dalla fine dei nazifascismi e a vent’anni dalla fine del comunismo. L’Italia è oggi una colonia statunitense, anche se nessuno lo dice.

In campo economico e sociale sembra che l’“utopia si stia realizzando: flussi di studenti, di merci, di turisti. Interscambio energetico e tecnologico. Anche per questo forse si producono “crisi” … per suscitare un nuovo clima da guerra fredda e impedire la piena integrazione.

Gli Americani devono necessariamente dividere gli Europei per conservare il lorodominio unipolare. Dividere per comandare meglio. Le basi americane che costellano vergognosamente il territorio europeo servono esattamente a mantenere in uno stato di perenne subalternità militare, geopolitica e culturale gli Europei.

C’è anche un ritardo della cultura europea o perlomeno di quella italiana nel capire i cambiamenti epocali in atto.

Dopo il 1989 si è verificata una ondata penosa di riflussi e pentimenti. In questo scenario si inserisce la vicenda tragicomica della sinistra italiana e di quello che, con Preve, chiamo l’orrido serpentone metamorfico PCI-PDS-DS-PD: dal grande Antonio Gramsci a Matteo Renzi. Ormai da venti anni, senza alcun infingimento, la sinistra sta dalla parte del capitalismo, delle grandi banche e dei bombardamenti “umanitari”. Per questo io non sono di sinistra: se la sinistra smette di interessarsi a Marx e Gramsci, occorre smettere di interessarsi alla sinistra.

Se la sinistra ha assunto questa posizione è stato appunto in nome della nuova Ideologia dei Diritti umani

Affermava Carl Schmitt : l’ ideologia diritti umani è utile per creare un fronte unito contro chi viene individuato come “non umano”. Contro un nemico che viene dipinto come un mostro, ogni strumento di annientamento è lecito: si pensi agli strumenti utilizzati contro Saddam Hussein, contro Gheddafi. Si deve sempre inventare un nuovo Hitler in modo da legittimare la nuova Hiroshima: dove c’è il dittatore sanguinario, lì deve esserci il bombardamento etico. È il canovaccio della commedia che, sempre uguale, viene impiegato per dare conto di quanto accade sullo scacchiere geopolitico dopo il 1989: il popolo compattamente unito contro il dittatore sanguinario (nuovo Hitler!), il silenzio colpevole dell’Occidente, i dissidenti “buoni”, cui è riservato il diritto di parola, e, dulcis in fundo, l’intervento armato delle forze occidentali che donano la libertà al popolo e abbattono il dittatore mostrando con orgoglio al mondo intero il suo cadavere (Saddam Hussein nel 2006, Gheddafi nel 2011, ecc.). Farebbero lo stesso contro Putin…

… se Giuseppe Stalin non avesse innalzato attorno alla Russia una palizzata di bombe atomiche.

Esatto, proprio per questo è opportuno che Putin conservi il primato militare come arma di dissuasione: per poter svolgere una civile funzione di freno alla super-potenza americana. Per questo, l’immagine simbolo di questi anni è quella che vede contrapposti Obama che dice: “Yes, we can” e Putin che idealmente gli risponde: “no, you can’t!”. Frenare gli Americani significa frenare la loro convinzione di essere degli eletti, di avere una special mission, che consisterebbe nell’esportare la democrazia, come si esportano merci, a colpi di embarghi o di bombardamenti. Sulla scia di questa convinzione è stata dichiarata una guerra mondiale a tutto il mondo che non si piega ai diktat e la guerra è stata portata di volta in volta in Irak, in Serbia, in Afghanistan, in Libia, attraverso la guerriglia in Siria. Solo la Russia resiste. È questa la “quarta guerra mondiale”. Essa, successiva alla terza (la “Guerra fredda”), è di ordine geopolitico e culturale ed è condotta dalla civiltà del dollaro contro the rest of the world, contro tutti i popoli e le nazioni che non siano disposti a sottomettersi al suo dominio, forma politica della conquista del mondo da parte della forma merce e della logica della reductio ad unum del globalitarismo,

Putin stesso viene definito come una sorta di despota asiatico antidemocratico… anche se le percentuali del consenso di cui gode, espresso in regolari elezioni, sono eclatanti.

Come dice Alain de Benoist, l’ideologia liberale occidentale è una “ideologie du meme”: riconosce e legittima solo ciò che percepisce come uniforme a sé stessa. E in nome di questo unilateralismo si glorificano anche fenomeni ridicoli come quello delle Pussy Riot, come espressioni di “dissidenza” e di “lotta per i diritti”! Il capitale odia tutto ciò che capitale non è, mira ad abbattere ogni limite, in modo da vedere ovunque sempre e solo la stessa cosa, cioè se stesso. Con le parole di Marx, “ogni limite è per il capitale un ostacolo che deve essere superato”.

Come considera la proposta formulata da Vladimir Putin di una “Europa unita da Lisbona a Vladivostok”?

È un concetto interessante. E’ necessario che l’asse dell’Europa si orienti altrove rispetto all’Occidente americanizzato. Ed è necessario immaginare una Europa più ampia dei confini imposti dalla UE: quella UE che rappresenta il trionfo dei principi di capitalismo speculativo di stampo occidentale. La UE è oggi la quintessenza dell’americanismo, del neoliberismo americano e della vergognosa rimozione dei diritti sociali. È, direbbe Gramsci, la “rivoluzione passiva” con cui, dopo il 1989, i dominanti hanno imposto il neoliberismo.

E come si definirebbe Diego Fusaro oggi?

Sono uno allievo indipendente di Hegel e Marx, Gentile e Gramsci, ma mi considero abbastanza isolato nel panorama culturale italiano, perché la sinistra in Italia è passata dalla lotta al capitale alla lotta per il capitale. I suoi nomi di spicco sono Fabio Fazio e la signora Dandini, Zagrebelsky e Rodotà. In questo senso, non ne faccio mistero, mi sento un dissidente e un ribelle, e propongo un pensiero in rivolta contro l’esistente. La sinistra oggi è contro la borghesia ma non contro il capitalismo globale: ma dal 1968 è il capitalismo stesso che lotta contro la borghesia, cioè contro quel mondo di valori (etica, religione, Stato, valori borghesi, ecc.) per loro stessa natura incompatibili con la mercificazione universale capitalistica. Per ciò, lottando contro la borghesia, dal 1968 ad oggi la sinistra lotta per il capitalismo. Io ritengo che si debba invece lottare contro il capitalismo e che sia ancora valido un ideale di emancipazione del genere umano inteso come un soggetto unitario (la razza umana), che esiste solo nella pluralità delle culture e delle lingue, delle tradizioni e dei costumi, ossia in quella pluralità che – diceva il filosofo Herder – è il modo di manifestarsi di Dio nella storia.

All’atto della sua prima elezione Obama veniva accolto – e non solo dalla sinistra – come una sorta di Messia. Vi è chi lo definì come “il Presidente di tutto il mondo libero”.

Quello fu un tipico caso di provincialismo italiano ed europeo: la festa per l’incoronazione dell’Imperatore Buono. Oggi i tempi sono cambiati, c’è piùdisincanto non solo verso Obama, ma anche verso la costruzione verticistica dell’Unione Europea. Mi pare che la Francia si sia rivelata “l’anello debole” della catena eurocratica. O meglio: il punto in cui la catena si può spezzare. Chi è contro il capitale, nel senso di Gramsci e di Marx, non può oggi non essere contro l’imperialismo americano, ma poi anche contro l’Europa dell’euro e della finanza, del precariato e del neoliberismo.

@barbadilloit

A cura di Alfonso Piscitelli

François Gibault, notable hors norme

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François Gibault, notable hors norme

par Marc Laudelout

 

Né, comme Céline, sous le signe des Gémeaux, François Gibault est, par définition, un être paradoxal : réfractaire aux idées convenues, il rêve de consécration académique et se targue d’être Commandeur de la Légion d’honneur. Alerte octogénaire, il met en pratique les préceptes du docteur Destouches : une saine hygiène de vie  gouvernée  par la condamnation absolue de l’alcool et du tabac. S’il partage avec lui l’amour des voyages et de la danse, il n’apprécie pas, en revanche, la compagnie des chats et des chiens « qui ne savent dire que miaou et wouah wouah ».

 

gibault-L-x.jpgSous le titre Libera me, il signe un livre testamentaire sous la forme d’un dictionnaire émaillé de remarques acides et spirituelles.  Il y passe en revue les personnages appréciés (ils sont légion) et détestés (une poignée), mais aussi les lieux et les choses immatérielles qui comptent pour lui (justice, liberté, tolérance, vérité, volupté,...).

 

La fin des années 70 vit la naissance du célinisme. Essentiellement dû à des universitaires de gauche, il permit la consécration, au sein des facultés de lettres, d’un écrivain réprouvé. Dans ce milieu partagé entre une vive admiration pour le styliste et une franche détestation de l’individu, Gibault, libéral assumé, se singularisa. Lors d’une émission télévisée consacrée à Sartre et Céline, ne fut-il pas le seul à rappeler les complaisances de l’auteur des Chemins de la liberté envers le communisme moscoutaire ?  Lequel  aboutit  au goulag,  asséna-t-il  face  à une sartrienne pithiatique. L’hommage rendu au cimetière de Meudon, le 1er juillet 2011, défrisa certains esprits obtus. De même que cette préface où il affirme que Céline n’a jamais voulu le massacre des juifs. Le président de la SEC n’en a cure. Ce bourgeois ordinaire a du caractère. D’un bout à l’autre de cet ouvrage plane la présence du contemporain capital. Éditeur de Rigodon, biographe de l’écrivain, conseil de Lucette et président de la Société d’Études céliniennes,  François Gibault est  tout sauf un inconnu pour les lecteurs du BC. On ne s’étonnera pas que l’univers célinien se retrouve dans de nombreuses entrées de ce dictionnaire. Celle consacrée à Lucette Destouches bien entendu (« l’intelligence du cœur, le refus de toutes les fatalités, de la bêtise et de la méchanceté »), mais aussi à Marie Bell (« amoureuse de Céline, amour qu’il ne lui a sans doute jamais rendu »), Arno Breker (et son « buste raté » de Céline, réalisé post mortem), Lucien Combelle (« qui jetait sur son passé un regard critique très rare chez les anciens collaborateurs »), Robert Debré (disant de Céline que « c’était un médecin qui avait le feu sacré »), Gen Paul (« rapin alcoolique, Iago, un peu Vidocq »), Guy de Girard de Charbonnières (qu’il vit « vêtu d’une pelisse ornée d’un col de fourrure à poil long »), Karen Marie Jensen (« intelligente et de bonne éducation »),  André Lwoff, deuxième président de la SEC (« un Nobel à notre tête, membre de l’Académie des sciences et de la Française, grand-croix de la Légion d’honneur, nous avions de quoi clouer quelques becs »), Lucien Rebatet (qui « éprouvait pour Céline une admiration teintée de jalousie »), etc. Le portrait de Jeanne Loviton est le plus pittoresque. Introduit dans sa bonbonnière de l’avenue Montaigne par un maître d’hôtel en livrée, Gibault observera que « Madame était de bonne humeur, convaincue de [l’] avoir roulé dans la farine, embobiné comme elle avait embobiné tant d’autres, mis dans sa poche, anesthésié. ».

 

Marc LAUDELOUT

 

François GIBAULT, Libera me, Gallimard, 2014, 421 p. (23,90 €). Voir aussi son livre précédent, Singe (Éditions Léo Scheer, 2011), autobiographie débridée, dont la presse a salué « la prose altière, émue et rigolarde à la fois » (J. Garcin) et « une leçon de littérature dont l’auteur maîtrise tous les registres » (É. Naulleau).

 

 

 

 

jeudi, 16 octobre 2014

Julius Evola e la donna crudele

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Julius Evola e la donna crudele

Ex: http://romeocastiglione.wordpress.com

Si annida il mistero tra le impalcature dell’imponente opera evoliana Metafisica del sesso. Nei capitoli ammalianti è celato un particolare erotismo evocativo; le tematiche affrontate nel volume brillano di un’immortale e remota luce. L’archetipo femminile è denso di sacralità e spiritualità arcana. La donna è inquadrata in un’ottica tradizionale, ancestrale: è sospesa nella perenne immutabilità ed è legata in modo preponderante alla terra, alla luna, ai ritmi ciclici del mondo. È un libro spiazzante, intrigante, coinvolgente. Le righe si sovrappongono nell’immaginario. Julius Evola esalta l’aspetto segreto della femmina, il lato nero, demoniaco. Secondo l’autore la donna riesce a far coesistere dentro di sé la disposizione alla pietà e quella alla crudeltà. In virtù di ciò egli rielabora alcune convinzioni di Lombroso e Ferreno. Particolarmente pone all’attenzione un prototipo di femmina violenta e spietata; tale modello si esalta nelle rivoluzioni e nei linciaggi. L’autore argomenta le supposizioni e riporta i passaggi più improntati del volume lombrosiano La donna delinquente. Credo che sia di ausilio il lungometraggio Malena: le donne del paese si accaniscono con perfida violenza sulla bellissima protagonista del film. La sfigurano pubblicamente. È un atto di giustizia sommaria. Malena abbatte i tabù. Di conseguenza provoca un’invidia assurda. È l’altra faccia della medaglia; rappresenta l’evasione. E deve essere distrutta.

Le donne crudeli di Tornatore sono simili alla perfida Emma Smael del lungometraggio Johnny Guitar di Nicholas Ray. Come il fuoco Emma Smael avvampa la nuda pelle. Ella sprigiona nell’atmosfera un aroma tragico intriso di dolore; ha un carisma esasperato, uno charme lugubre e impersonale. Porta i segni della rabbia oscura e antisolare. È vestita di nero, non cura il suo corpo. All’apparenza è un essere insignificante e indesiderabile. Ma sotto la scorza alberga un’anima inquieta, crudele, mesta. Luccica di cattiva luce quest’antieroina lunare. Emma fomenta il popolo, aizza le masse. Combatte la crociato contro i diversi, i forestieri, i fuorilegge. È puritana: disprezza le tentazioni dei sensi. Nello stesso tempo desidera ardentemente il bandito Ballerino Kid. Nel suo corpo si affrontano gli istinti contrastanti. Questa donna vorrebbe addirittura uccidere la sua segreta passione per far allontanare i bollenti spiriti. «Desideri Kid, ti vergogni e vorresti vederlo impiccato». Ribecca così Vienna, la nemica acerrima, la rivale assoluta.

Evola tenta di mettere insieme come un puzzle i richiami evocativi. In modo particolare è dedicato alla crudeltà della donna un intero capitolo. Così denocciola una carrellata di aneddoti storici: si sovrappongono le saghe della Tradizione. I persiani intravidero nell’universo femminile una particolare dualità. Fuoco e neve, durezze e dolcezza formano la donna. Ebbene sorge un collegamento tra crudeltà e sessualità: il tipo della baccante e della mènade è un esempio lampante. Nelle pieghe affiora un prototipo femminile afroditico ambiguo. La Dolores di Swinburne, la cosiddetta Nostra signora dello Spasimo è il vessillo del peccato, del piacere, della perdizione, della crudeltà latente. E il filosofo coglie alcune sottili sfumature. Ridisegna l’eroina Mimi della Boheme di Murger in un modo diverso; in sostanza inquadra la ragazza in una dimensione perfino “brutale e selvaggia”.

Ebbene il fascino muliebre è associato alla magia e alla stregoneria. Circe, Calipso e Brunhilde rappresentano l’esasperazione, l’estremizzazione, l’attrazione malefica. Tale tipologia di donna attrae l’uomo come una calamita famelica; la fascinazione è gravida di richiami alla negromanzia, all’occultismo. È la lagnanza della terra, lo spirito del peccato, la rottura. Perfino Ulisse è incantato dalle sirene: ascolta l’eco d’estasi legato a un palo. È una lotta tra il bene e il male. Anche il valoroso Gerardo Satriano nel romanzo L’eredità della priora è sedotto dalle fattucchiere lucane. Smarrisce la concezione del tempo e annulla la sua individualità. Così come perde la cognizione del tempo il giudice salentino protagonista del film Galantuomini di Winspeare. L’uomo prova una strana attrazione nei confronti di una donna legata al mondo della malavita. Per tale ragione perde tutte le certezze e confonde il bene e il male.

La letteratura, la poesia e il cinema hanno esaltato diverse volte le donne crudeli, in altre parole quelle dotate di un fascino antisolare, demoniaco. Per alcune strane similitudini elogio Giulia Venere, la domestica del libro Cristo si è fermato a Eboli di Carlo Levi. Leggo, annoto i passi del racconto. Ed elaboro il pensiero. Penso che sia un accostamento intrigante; tramite poche righe il lettore è catapultato in un anfratto antimoderno. «Giulia era una donna alta e formosa – scrive Levi – doveva aver avuto, nella gioventù una specie di barbara e solenne bellezza. Il viso era ormai rugoso per gli anni e giallo per la malaria, ma restavano i segni dell’antica venusità nella sua struttura severa, come nei muri di un tempio classico, che ha perso i marmi che l’adornavano, ma conserva intatta la forma e le proporzioni. […] Questo viso aveva un fortissimo carattere arcaico, non nel senso del classico greco, né nel romano, ma di una antichità misteriosa e crudele, cresciuta sempre sulla stessa terra senza rapporti e mistioni con gli uomini, ma legata alla zolla e alle eterne divinità animali. Vi si vedevano una fredda sensualità, una oscura ironia, una crudeltà naturale, una protervia impenetrabile e una passività piena di potenza che si legavano in un’espressione insieme severa, intelligente, malvagia». Con molta probabilità anche Levi ha subìto il fascino distruttivo della maga lucana. Emerge un ritratto sensuale, erotico, spietato.

Tale donna è un archetipo, un modello evoliano. Il filosofo della tradizione nella sua Metafisica del sesso rimarca gli oscuri aspetti. E appare con prepotenza la “dimensione fredda” evocata perfino da uno scrittore progressista come Carlo Levi. «È questa la dimensione fredda della donna – scrive Evola – quale incarnazione terrestre della Vergine, di Durgâ e in quanto essere yin. […] Che la donna sia connessa più dell’uomo alla terra, all’elemento cosmico – naturale è cosa dimostrata. […] Ma nell’antichità questa connessione si riferiva piuttosto all’aspetto yin della natura, dal dominio sovrasensibile notturno e inconscio, irrazionale e abissale, delle forze vitali. Di qui, nella donna certe disposizioni veggenti e magiche in senso stretto».

Nella rappresentazione cinematografica del libro Irene Papas veste i panni di Giulia. Avvertiamo nelle pieghe delle scene un velato erotismo colmo di allusioni estatiche. La donna nasconde il suo copro con le vesti. Soltanto i piedi sono scoperti: pertanto codesta forma di pudore primordiale si differenzia da quello delle donne orientali. Le cinesi considerano i piedi l’elemento primitivo da nascondere; le arabe, invece, coprono la bocca. E Giulia cammina scalza fra le macerie derelitte. In uno spezzone lascia intravedere una gamba nuda; la copre subito con un’aria sensuale. Magnetizza così l’uomo. Quest’ultimo è attratto dal gesto insolito della megera, dai movimenti furtivi, dal sensualismo impersonale. Proprio Evola dedica al pudore taluni passaggi coinvolgenti. «Si sa fin troppo bene quanto spesso la donna usa le vesti per produrre un maggior effetto eccitante allusivo alle promesse della sua nudità. Montaigne ebbe a scrivere che ci sono cose che si nascondono per meglio mostrarle».  Giulia Venere si è cristallizzata nelle sembianze di Irene Papas ed è difficile scindere le due figure. Il gesto insolito dell’attrice greca è un frammento penetrante e ipnotico. Con pochissime e calde movenze è riuscita a descrivere i sentieri tracciati nel libro evoliano.

Syrie : le piège de la zone tampon

Syrie : le piège de la zone tampon

Auteur : François d'Alançon
Ex: http://zejournal.mobi

En conditionnant son engagement militaire contre l'Etat islamique à la création d'une zone tampon, la Turquie tente d'entraîner les Etats-Unis dans un affrontement direct avec le régime syrien. Paris et Ankara partagent la même obsession : un changement de régime à Damas.

Une demande des généraux turcs

La création d'une zone tampon en territoire syrien fait partie des conditions mises par la Turquie à sa participation aux opérations militaires de la coalition contre les djihadistes de Daech, acronyme arabe de l'organisation État islamique (EI), de même que la création d'une zone d'exclusion aérienne ainsi que l'instruction et l'entraînement de combattants de l'opposition en Syrie et en Irak.

Malgré le vote par le parlement turc, le 2 octobre dernier, d'une motion autorisant l'armée turque à intervenir « si nécessaire » en Syrie et en Irak pour lutter contre « les groupes terroristes », Ankara refuse d'aider les combattants kurdes syriens assiégés dans la ville de Kobané et redoute que les frappes de la coalition ne renforcent le régime du président syrien Bachar Al Assad.

Sur le site de la revue Foreign Affairs, Halil Karaveli, spécialiste de la Turquie, explique que la proposition du Président Recep Tayyip Erdogan répond à une demande explicite de Necdet Özel, chef d'état-major des armées turc, et des chefs des trois armées qui souhaitent « l'établissement rapide de zones tampons en quatre points sur le territoire syrien, – l'un d'entre eux incluant la ville kurde de Kobané –, dans le but de préserver les intérêts de sécurité turcs ».

Des objectifs très politiques

La création d'une « zone-tampon » a officiellement pour objectif l'accueil et la protection des réfugiés qui pèsent sur le budget turc, en particulier les 200 000 réfugiés kurdes syriens de la région de Kobané. Aux yeux d'Ankara, une telle zone, doublée d'une zone d'exclusion aérienne, aurait d'autres avantages  : éviter la création en Syrie d'une zone autonome kurde syrienne à sa frontière en contrôlant les territoires kurdes syriens  ; affaiblir durablement le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'organisation combattante des Kurdes de Turquie, et ses alliés syriens, – le Parti de l'union démocratique (PYD) et sa branche armée, les Unités de protection du peuple kurde (YPG) –  ; protéger les zones tenues par les « rebelles modérés » et y mettre en place une structure de gouvernement alternative.

« Les dirigeants turcs considèrent l'Etat islamique comme un moindre mal par rapport à Bachar Al Assad et au PKK » affirme Semih Idiz, chroniqueur au quotidien turc Hurriyet. « Aux yeux d'Ankara, les combattants kurdes syriens de Kobané sont essentiellement des alliés du régime syrien » ajoute Sinan Ulgen, ancien diplomate turc et président du Center for Economics and Foreign Policy Studies (E.D.A.M.) à Istanbul. Pas dupe, le PKK s'oppose à la création de cette zone qui mettrait fin à l'administration autonome, mise en place par les Kurdes syriens dans leurs zones, depuis le retrait des forces gouvernementales syriennes à la mi-2012, et menace de rompre les pourparlers de paix engagés avec le gouvernement turc depuis janvier 2013.

Kobane (Kobani) se trouve dans la tâche jaune situé au milieu de la carte, au sommet de la bosse, sur la frontière nord. L'objectif de EI est de relier la ville à la zone (en jaune) qu'il contrôle à l'est. Kobane (Kobani) se trouve dans la tâche jaune situé au milieu de la carte, au sommet de la bosse, sur la frontière nord. L'objectif de EI est de relier la ville à la zone (en jaune) qu'il contrôle à l'est.

Tension entre Washington et Ankara

Relancer l'idée, en apparence légitime et déjà agitée par les autorités turques au printemps 2012, d'une zone tampon et d'une zone d'exclusion aérienne, permet également à Ankara de résister à la pression de Washington. Depuis des semaines, l'administration américaine demande aux autorités turques de permettre l'utilisation de la base aérienne d'Incirlik et de l'espace aérien turc par les avions de la coalition. « Des mesures urgentes et rapides sont nécessaires pour stopper les capacités militaires de l'EI » affirmait, jeudi 9 octobre, Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat. « La Turquie est bien placée pour contribuer aux efforts de la coalition pour vaincre l'EI : coopération militaire, blocage des financements du terrorisme, juguler le flot de combattants étrangers, fournir une assistance humanitaire et délégitimer l'idéologie extrémiste de l'EI ». L'ensemble de ces questions figurait, jeudi 9 et vendredi 10 octobre, au menu des « consultations » du général John Allen, coordonnateur de la coalition, avec les autorités turques.

La question de la « zone-tampon » cristallise le désaccord stratégique entre la Turquie et les Etats-Unis. Les priorités d'Ankara – minimiser les gains politiques et territoriaux du PKK et des Kurdes en Syrie et promouvoir la cause sunnite dans la région en faisant tomber le régime de Bachar al Assad – divergent clairement de celles de Washington qui entend d'abord contenir et affaiblir la menace Daech en Irak et en Syrie.

En conditionnant son engagement militaire dans la lutte contre Daech à l'établissement d'une « zone tampon », Ankara tente d'entrainer Washington dans une confrontation directe avec Damas. La Maison Blanche comme le Pentagone ont manifestement peu d'appétit pour se lancer dans une opération coûteuse et compliquée, encore moins pour se retrouver partie prenante dans une guerre régionale. Washington doute, par ailleurs, de la capacité de « l'opposition modérée » à jouer un rôle dans un règlement politique durable de la crise syrienne.

Le soutien français

A défaut de Barack Obama et Joe Biden , le président turc a trouvé un appui en la personne de François Hollande. Le président français a apporté, mercredi 8 octobre, son soutien à « l'idée avancée par le président Erdogan de créer une zone tampon entre la Syrie et la Turquie pour accueillir et protéger les personnes déplacées ». Seul, jusque-là, à partager avec Ankara, Riad et Doha, l'obsession du « regime change ».

Joseph Biden, vice-président des Etats-Unis, le 3 octobre 2014, répond à la question d'un étudiant, devant le Forum de la Kennedy School of Government à Harvard. « Notre plus grand problème dans la région, c'était nos alliés, les Turcs… Les Saoudiens, les Emirats, etc… Que faisaient-ils ? Ils étaient tellement déterminés à faire tomber Assad et, essentiellement, à faire une guerre sunnite-chiite par procuration. Qu'ont-ils faits ? Ils ont déversé des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers de tonnes d'armes à tous ceux qui voulaient se battre contre Assad, sauf que les gens qui les ont reçu, c'était al-Nusra et Al-Qaeda et les éléments extrémistes des djihadistes venus d'autres parties du monde ».

Anarquismo de Derecha

Anarquismo de Derecha

Karlheinz Weißman 

Ex: http://www.counter-currents.com

English version here [2]

Traducido por Francisco Albanese

celine_s.jpgEl concepto de anarquismo derechista parece paradójico, de hecho, oximorónico, partiendo desde la suposición de que todos los puntos de vista políticos “derechistas” incluyen una evaluación particularmente alta del principio de orden… En efecto, el anarquismo de derecha ocurre sólo en circunstancias excepcionales, cuando la hasta ahora velada afinidad entre el anarquismo y el conservadurismo puede hacerse aparente. 

Ernst Jünger ha caracterizado esta peculiar conexión en su libro Der Weltstaat (1960):

Der Anarchist in seiner reinen Form ist derjenige, dessen Erinnerung am weitesten zurückreicht: in vorgeschichtliche, ja vormythische Zeiten, und der glaubt, daß der Mensch damals seine eigentliche Bestimmung erfüllt habe. (…)

In diesem Sinne ist der Anarchist der Urkonservative, der Radikale, der Heil und Unheil der Gesellschaft an der Wurzel sucht.

El anarquista en su forma pura es aquél, cuya memoria se remonta más en el pasado: a lo prehistórico, incluso a lo mítico, y que cree que el hombre cumplió en ese momento con su verdadero propósito. (…)

En este sentido, el anarquista es el ur-conservador, el radical, que busca la salud y la enfermedad de la sociedad en sus raíces.

Jünger más tarde llamó “Anarca” a este tipo de anarquista “conservador” o “prusiano, y refirió su propia “désinvolture” como de acuerdo con la misma: un retraimiento extremo, el cuál se nutre y se arriesga en las situaciones límites, pero sólo permanece en una relación observacional con el mundo, ya que todas la instancias del orden verdadero se disuelven y una “construcción orgánica” no es aún, o no será jamás, posible.

Aunque el mismo Jünger fue influenciado inmediatamente por la lectura de Max Stirner, la afinidad de tales pensamientos complejo con el dandismo es particularmente clara. En el dandy, la cultura de la decadencia a finales del siglo XIX personificada, que por un lado era nihilista y ennuyé, por el otro ofrecía el culto de lo heroico y el  vitalismo como alternativa a los ideales progresistas.

index.jpegEl rechazo de las jerarquías éticas actuales, la preparación para ser “no apto, en el sentido más profundo de la palabra, para vivir” (Flaubert), revelan puntos comunes de referencia del dandy con el anarquismo; su estudiada frialdad emocional, su orgullo y su aprecio por la sastrería fina y los modales, así como la pretensión de constituir “un nuevo tipo de aristocracia” (Charles Baudelaire), representan la proximidad del dandy a la derecha política. A esto se suma la tendencia de los dandies políticamente inclinados a declarar simpatía a la Revolución Conservadora o a sus precursores, como por ejemplo Maurice Barrès en Francia, Gabriele d’Annunzio en Italia, Stefan George o Arthur Möller van den Bruck en Alemania. El autor japonés Yukio Mishima pertenece a los seguidores tardíos de esta tendencia.

Además de esta tradición de anarquismo de derecha, ha existido otra tendencia, más antigua y en gran medida independiente, conectada con circunstancias específicamente francesas. Aquí, al final del siglo XVIII, en las etapas posteriores del ancien régime, se formó un anarchisme de droite, cuyos protagonistas reclamaron para sí una posición “más allá del bien y del mal,” una voluntad de vivir “como a los dioses”, y que no reconocieron valores morales más allá del honor personal y el coraje. La cosmovisión de estos libertinos se hallaba íntimamente unida con un ateísmo agresivo y una filosofía pesimista de la historia. Hombres como Brantôme, Montluc, Béroalde de Verville, y Vauquelin de La Fresnaye sostuvieron al absolutismo para ser una materia prima que lamentablemente se opuso a los principios del antiguo sistema feudal, y que sólo sirvió a deseo de bienestar económico de la gente. Actitudes, que en el siglo XIX volvieron a encontrarse con Arthur de Gobineau y Léon Bloy y también en el siglo XX con Georges Bernanos, Henry de Montherlant y Louis-Ferdinand Céline. Esta posición también apareció en una versión específicamente “tradicionalista” con Julius Evola, cuyo pensamiento giraba en torno al “individuo absoluto”.

En cualquier forma en que el anarquismo de derecha aparezca, siempre es conducido por un sentimiento de decadencia, por el desprecio a la era de las masas y por el conformismo intelectual. La relación con la política no es uniforme; sin embargo, no pocas veces el retraimiento se torna en activismo. Cualquier unidad más allá está ya negada por el individualismo altamente deseado de los anarquistas de derecha. Nota bene, el término es a veces adoptado por hombres –por ejemplo, George Orwell (anarquista Tory) o Philippe Ariès– que no exhiben signos relevantes de una ideología anarquista de derecha; mientras que otros, que exhiben objetivamente estos criterios –por ejemplo, Nicolás Gómez Dávila o Günter Maschke– no hacen uso del concepto.

Bibliography

Gruenter, Rainer. “Formen des Dandysmus: Eine problemgeschichtliche Studie über Ernst Jünger.” Euphorion 46 (1952) 3, pp. 170-201.
Kaltenbrunner, Gerd-Klaus, ed. Antichristliche Konservative: Religionskritik von rechts. Freiburg: Herder, 1982.
Kunnas, Tarmo. “Literatur und Faschismus.” Criticón 3 (1972) 14, pp. 269-74.
Mann, Otto. “Dandysmus als konservative Lebensform.” In Gerd-Klaus Kaltenbrunner, ed., Konservatismus international, Stuttgart, 1973, pp. 156-70.
Mohler, Armin. “Autorenporträt in memoriam: Henry de Montherlant und Lucien Rebatet.”Criticón 3 (1972) 14, pp. 240-42.
Richard, François. L’anarchisme de droite dans la littérature contemporaine. Paris: PUF, 1988.
______. Les anarchistes de droite. Paris: Presses universitaires de France, 1997.
Schwarz, Hans Peter. Der konservative Anarchist: Politik und Zeitkritik Ernst Jüngers. Freiburg im Breisgan, 1962.
Sydow, Eckart von. Die Kultur der Dekadenz. Dresden, 1921.

 


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Célébration des maudits

Célébration des maudits

 

 

Le trimestriel de la droite radicale, Réfléchir & agir, se présente comme une « revue autonome de désintoxication idéologique ». Pas moins. Cette publication militante offre à ses abonnés un « hors-série », bouquet d’hommages à une quinzaine d’écrivains ayant comme point commun d’avoir pris des risques conséquents pour leurs idées. Drieu La Rochelle, Brasillach, Saint-Loup, Bardèche, Venner, Evola, Rebatet et… Céline. Heureuse surprise : l’hommage rendu à celui-ci est signé par le professeur Jean Bastier, auteur du Cuirassier blessé (1999) que tout célinien se doit d’avoir dans sa bibliothèque. En consultant au Service historique de l’Armée de Terre  le Journal [manuscrit] des marches et opérations du 12e Cuirassiers, on se souvient que Jean Bastier avait reconstitué avec précision la guerre de Louis Destouches et l’avait comparé avec ce qu’il en dit dans Voyage au bout de la nuit. Somme malheureusement épuisée qu’il conviendrait de rééditer à l’occasion du centenaire, d’autant que c’est précisément en 1914 que Céline fut grièvement blessé.

Intitulé « Le rire de Céline », cet hommage célèbre la vis comica de l’écrivain. Texte d’autant plus attachant qu’il est très personnel : « Avec mon père, nous nous récitions de mémoire des paragraphes, et c’étaient de grands rires qui ponctuaient nos phrases  de  Céline.  Ma mère  survenait  pour  clamer  son  indignation : “ Comment ! Rire en citant du Céline ! Cet écrivain grossier, absolument illisible, qui parle dans ses livres de la merde et du vomi ! ” Cette indignation nous faisait redoubler de rire, et d’évoquer la chasse d’eau bouchée au château de Sigmaringen. ». Il ajoute : « J’étais devenu un célinien inconditionnel, un dévot, et je faisais du prosélytisme. L’on m’avait pourtant mis en garde : si j’avais l’ambition de devenir professeur des facultés de Droit, je devais plutôt me comporter en bien pensant et éviter de dire que je lisais Céline et Drieu La Rochelle, Ernst Jünger et autres auteurs maudits par la société française. »  Ayant vécu son enfance en Algérie auprès de familles juives traditionalistes, Jean Bastier confie, en revanche, n’avoir jamais compris l’antisémitisme de Céline tout en estimant qu’il ressemble à celui de Jouhandeau, ce qui peut paraître curieux car celui-ci s’apparente plutôt à l’antisémitisme d’État de l’Action Française dont l’auteur de Chaminadour était alors proche. Se référant à une réédition anastatique (et posthume) du Péril juif, Bastier ne précise pas que ce recueil parut en fait la même année que Bagatelles.  Ses digressions  sur  l’onomastique célinienne sont davantage pertinentes. Ainsi que celles sur l’argot et l’oralité. On estimera, en revanche, superfétatoires ses observations moralisantes sur la personnalité de Céline, d’autant qu’elles se fondent parfois sur des interprétations abusives ou erronées.  Il arrive qu’une morale confessionnelle fausse le jugement. Par ailleurs, s’il s’était moins fié à ses souvenirs de lecture, notre ami Bastier n’aurait pas confondu Yves et Yvon Morandat, Serge et Gilles Perrault, ou, ce qui est plus fâcheux, Doriot et Degrelle (à propos d’un discours prononcé à Sigmaringen). Vétilles. Son témoignage est précieux car il met l’accent, on l’a dit, sur le rire célinien, « au centre de la personnalité de Céline comme un noyau incandescent ».

 

Marc LAUDELOUT

 

Réfléchir & Agir, hors-série n° 1, 2014, 74 p. (textes de Éric Delcroix, Daniel Leskens, Philippe d’Hugues, Pierre Gillieth, Jean Bastier, Bruno Favrit, Georges Feltin-Tracol, Patrick Canet, Eugène Krampon, Pierre Vial). Ce numéro n’est pas vendu séparément. Il est offert aux abonnés. Abonnement simple : 26 € ; abonnement de soutien : plus de 35 € ; abonnement étranger : 40 €). Chèque à adresser à CREA, B.P. 80432, 31004 Toulouse Cedex 6.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ezra Pound on Endless Trial

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Ezra Pound on Endless Trial

By Alex Fontana casillo

Ex: http://www.counter-currents.com

Robert Casillo
The Genealogy of Demons: Anti-Semitism, Fascism, and the Myths of Ezra Pound [2]
Evanston, Ill: Northwestern University Press, 1988.

Robert Casillo’s The Genealogy of Demons is unique in Pound studies because the explicit purpose of it is to give critical insight into Pound’s anti-Semitism, and it accomplishes this by way of multiple techniques, which it must employ, because Pound’s anti-Semitism is prismatic. A great many games are played herein to discredit Pound’s views on the Jews, although this is sophistic liberal revisionism and intellectual masturbation at a very high level. For example: “One might view Pound’s anti-Semitism as in part a revolt against the punitive parental rival and superego, a conflict between the religion of the forbidding father Jehovah and that of the messianic son” (Casillo, p. 287).

Casillo often relies on Freudian psycho-babble. Advanced Frankfurt School techniques are not the limit of his probing deconstruction, but they are the preferred method. Nevertheless one can learn much from Casillo’s efforts — specifically his work on detailing the thought of French fellow travelers Charles Maurras and Maurice Bardèche. The earlier chapters are especially rewarding as they are the prologue to the trial, thus they are concerned with establishing the relevant background information, the intellectual anti-Semitic precedents and proto-fascistic streams of thought that foreshadowed and shaped Pound’s thinking. The later chapters then seek to wrap the a priori guilty verdict — of Pound’s insistent ‘demonological’ anti-Semitism — in a nice bow.

As a Ph.D. in literature, you might expect Casillo to shy away from social-historical analysis of the validity of anti-Semitism and instead rely upon highly creative abstract devices to explain away this “irrational phenomenon” — and you would be right. For that is exactly the type of analysis that Casillo employs. Never does Casillo ask it it is possible that Pound blamed usury first and those who monopolized the mechanism secondly, or if, by way of studying the Social Credit economic system of Major C. H. Douglas, Pound was led to what Jonathan Bowden delightfully called the opposite of philo-Semitism. For Casillo, as for those who refuse to awaken to the reality of Jewish subversion and usury, there is a missing link.

By way of illustration, take a brief snapshot of the current situation in Argentina, which I plan on detailing in a forthcoming essay for Counter-Currents. While Argentina defaulted on $81 billion in 2001, as a result of President Menem’s neoliberal (laissez-faire) reforms, which allowed for the IMF and World Bank to secure short-term investments with the accompanying liberalizing policies of privatizing state enterprises, and constriction of government monetary policy. All this really means is that by breaking down the autarky of the nationalist-socialist strain of Argentina — most fully expressed in Peronism — the IMF and the World Bank enabled the country to slide $155 billion dollars in debt through securing short-term loans which artificially inflated the value of the Peso and simultaneously disabled government control on how the loans could be withdrawn. Essentially, foreign investors poured their money into Argentina only to pull the rug out when the dividends reached a certain level of profitability. This left bonds on the market at heavily discounted prices, which the vulture capitalists (economic terrorists) then acquired.

When we observe the facts, that the debt holders came forward to claim their pound of prime triple A Argentinian flesh, it was none other than the usual suspects: Paul Elliott Singer, a real New York Jew and CEO of Elliott Management Corp, who is described by Argentinian President Cristina Fernandez as a “vulture capitalist” and whose “principal investment strategy is buying distressed debt cheaply and selling it at a profit or suing for full payment,”[1] and another tribesman Mark Brodsky of Aureilus Capital. Fellow tribesman George Soros has emerged as another of the bond buyers who is suing BNY Mellon for withholding funds from the initial settlement with Argentina. Of course calling the whole thing a criminal enterprise, which will negatively impact millions of Argentinians for generations and enrich a few investors like Soros and Singer, is beyond the pale. But not to worry, because the tribe has one of their own inside: Axel Kicillof, the economic minister of Argentina, overseeing the whole transaction of a nation’s wealth into the pockets of some Jewish hedge fund types. It is hard to avoid conclusion that the facts are anti-Semitic.

Unsurprisingly, israelnationalnews.com is quick to join a growing cacophony blaming the victim, Argentina, for the country’s woes.[2] This is not unlike the NSDAP’s post-WWI claim that Germany was stabbed in the back by Jewish financiers, who sought to gain economic leverage over the nation by plundering it into debt and destabilizing the Second Reich. But the Jewish-Bolshevik conspiracy is, according to the Frankfurt School analysis, the result of projection and scapegoating by the German people because of their loss in the war. Never mind that Bavaria fell to the Reds in 1919, first under a Jewish socialist in Kurt Eisner then into a bloody regime of Bolsheviks under the Jew Eugen Levine, with fellow tribesmen Ernst Toller and Gustav Landaver filling out the vanguard, murdering Countess Heila von Westarp [3] and Prince Gustav of Thurn and Taxis [4], among others. The strategy detailed in the Protocols of the Elders of Zion, which many commentators have suggested that despite being a “forgery” conforms to reality. But then the facts are anti-Semitic!

Now the Casillo types would point to these assertions of a Jewish strategy of domination as fanatical delusions, processes of psychological projection and scapegoating for failed artistic types (Pound and a certain Austrian corporal come to mind). Liberals (I use the term broadly) like to play the individualist card and don’t employ notions of groups or peoples or essences (stereotypes), which to them seems a highly barbaric and unenlightened form of thinking. Singer, Brodsky, and Soros are individuals who conform to negative stereotypes and not representatives of the Jewish people as a whole — while the Jews refuse to hold their own to the fire. Pound, however, understood the distinction between the “big Kikes” and the “little Yids” but still managed to see the forest as well as the trees.

Individualism vs. collectivism is the great divide between the Semitic Freud and the European Jung. Jung was able to image a collective unconscious that is a social-historical aspect of the psyche, while Freud could only imagine the isolated individual struggling with his neurosis. Jung was social, while Freud was anti-social. Pound sides with Jung, who, like Pound, would likely look upon individual Jewish usurers — Rothschilds, Soros, Kuhn, Warburgs, Sachs, etc. — and see not only individuals but archetypes or mythologized symbols of Jewish subversion of Western civilization as it has morphed into different forms through the centuries. The essence is the constant, or as Jung would write: “Because the behavior of a race takes on its specific character from its underlying images, we can speak of an archetype.”[3]

But Pound was not an individualist thinker. He did not see himself or others as isolated individuals concerned only with their own morality and conscience. Pound was a European thinker, whose thought worked in the poetic language of myth and tradition: “The Pound-Eliot ‘revolution’ was a return to the past in order to renew the links connecting past and present.”[4] Pound was a holistic thinker who entertained a certain amount of essentialism. He concerned himself with European civilization as a living, breathing entity entirely connected to the smallest of its parts, and thus objected to forces undermining its coherence. Thus, his identification of the Jews as bacillus and related imagery is a “natural” thought within the processes of racial and cultural consciousness. Correspondingly, Pound followed “Douglas’s idea that the basis of credit is social and not private.”[5]

The trick of the liberal education/indoctrination establishment today is to isolate the individual from these modes of thinking, to atomize him as a neurotic member of a diffused society – to put him on Freud’s chaise-lounge (or in a psychiatric ward in St. Elizabeths mental hospital) while the Schiffs, Warburgs, Soros, et al. plunder the public purse. Pound sought to bring the diffusion and subsequent confusion together under a fascism which Europe would be reborn (experience a renaissance) under a more unified and pagan directive.

Casillo classifies Pound’s anti-Semitism as a result of personal “pressures” and as a “poetic strategy.” This discards all of Pound’s factual, historical, social, cultural, and spiritual reasons. Pound’s anti-Semitism is thus divorced from any real manifestation of Jewish misconduct and instead grafted onto Pound’s deficient personality complex. Pound is engaged in projecting his own short-coming onto the Jews.

Pound’s anti-Semitism was multifaceted and not just limited to economic exploitation. Pound was a man of the West. He felt not just an identity with the West but a moral responsibility for its preservation. This is “totalitarianism” as viewed by a Confucian: “having a sense of responsibility” and “thinking of the whole social order” and “creating a balanced system” (Casillo, p. 128). He saw our civilization through a fascist lens as “a supra individual spiritual entity capable of infusing with heroism and purpose the lives of those who fight for it.”[6] It is essential to understand these traditional holistic foundations of Pound’s anti-Semitism.

As a general rule, whenever Casillo presents us with a “paradox” of Pound’s or fascist thinking it only appears paradoxical upon willful under-examination of their underlying principles. The Genealogy of Demons represents the most “rigorous” — i.e., niggling — attempt to deconstruct Ezra Pound’s fact-based political philosophy into “thoroughly arbitrary construct” and a psychological malfunction. But it has to be. Because the facts are anti-Semitic.

Notes

1. Michael Sheehan, “Vulture funds – the key players,” [5] The Guardian [6] (London).

2. Gil Ronen, “Argentina’s President Sees Jewish Conspiracy?”http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/185676 [7].

3. http://www.american-buddha.com/nazi.wotancarljung.htm [8]

4. Stock, Poet in Exile, p. 30. Quoted in Kerry Bolton’s Artists of the Right: Resisting Decadence (San Francisco: Counter-Currents Pub, 2012), p. 98.

5. Tim Redman, Ezra Pound and Italian Fascism (Cambridge: Cambridge University Press, 2009), p. 69.

6. Roger Griffin, Fascism (Oxford: Oxford University Press, 1995), p. 43.

 


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[3] Heila von Westarp: http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Heila_von_Westarp&action=edit&redlink=1

[4] Prince Gustav of Thurn and Taxis: http://en.wikipedia.org/wiki/Prince_Gustav_of_Thurn_and_Taxis

[5] “Vulture funds – the key players,”: http://www.guardian.co.uk/global-development/2011/nov/15/vulture-funds-key-players?intcmp=122

[6] The Guardian: http://en.wikipedia.org/wiki/The_Guardian

[7] http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/185676: http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/185676

[8] http://www.american-buddha.com/nazi.wotancarljung.htm: http://www.american-buddha.com/nazi.wotancarljung.htm