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dimanche, 10 novembre 2013

LE JAPON MEDIEVAL : LE MONDE A L'ENVERS...

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LE JAPON MEDIEVAL : LE MONDE A L'ENVERS...
 
Connaitre l’autre pour être soi-même

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

Le Japon médiéval est méconnu en France et grande est la tentation de le comparer à la période féodale européenne, tant il est vrai que nombreuses similitudes peuvent être constatées entre ces deux modèles de sociétés pourtant situées aux deux extrémités du continent eurasiatique. 


Ce rapprochement, plutôt cette interprétation, est notamment le produit de l'historiographie nippone : le terme de « Moyen-Âge » apparaît pour la première fois sous la plume de l'historien Hara Katsurô, auteur d'une Histoire du Moyen-Âge parue en 1906. Pour lui, cette période instable et transitoire se situe entre deux sociétés stabilisées : Heian (794-1185) et Edo (1603-1867). Ce néologisme s'imposa sur l'appellation originelle des contemporains (l'« âge des guerriers »). Il est vrai que l'émiettement de l'autorité, la captation du pouvoir politique par les hommes d'armes, l'apparition de liens de vassalité, la naissance de seigneuries foncières, le phénomène monastique, l'émergence d'oppositions pour les libertés communales, l'essor économique et démographique, le développement d'une bourgeoisie urbaine favorisent le rapprochement (en dépit d'un décalage chronologique dans le développement de ce type de société au Japon).

 

 

À l'heure de la montée en puissance du nationalisme et d'une politique coloniale dynamique, le livre Hara Katsurô écrit dans le contexte de la victorieuse guerre russo-japonaise souhaite interpréter le « Moyen-Âge » comme une période fondatrice, d'affirmation de l'identité nationale, similaire à la période féodale européenne et où auraient dominé les valeurs martiales : ce discours visait à démontrer une « supériorité intrinsèque » des industries et des armées japonaises et à légitimer l'expansion coloniale en Asie. Une idée similaire sous-tend le livre de Nitobe Inazo, Le Bushidô : l'âme du Japon, ouvrage paru en 1910 et très prisé des artistes martiaux ou amoureux de la chose militaire qui tombent dans le piège tendu par l'auteur... 

Le travail de Pierre-François Souyri a été de « remettre à l'endroit » l'histoire médiévale nippone et de corriger cette interprétation... L'histoire du Japon médiéval : le monde à l'envers, paru cette année au éditions Perrin-Tempus , paru en août 2013, est une réédition de l'ouvrage Monde à l'envers, la dynamique de la société médiévale, publié par la très regrettée maison d'éditions Maisonneuve et Larose en 1998. Le contenu de ce livre offre une forte similitude avec la 3ème partie (consacrée au Moyen-Âge) du même auteur de L'histoire du Japon des origines à nos jours, paru chez Hermann en 2009  avec cependant un intéressant chapitre additionnel comparant les sociétés médiévales européennes et nippones (chapitre 13. De la comparaison entre les sociétés médiévales d'Occident et du Japon). L'auteur, Pierre-François Souyri, professeur à l'université de Genève et ancien directeur la Maison Franco-japonaise de Tôkyô, est un spécialiste incontesté du sujet : on lui doit notamment la traduction du livre de Katsumata Shizuo relatif aux coalitions et ligues de la période médiévale (Ikki. Coalitions, ligues et révoltes dans le Japon d'autrefois, CNRS éditions, 2011). Enfin, le livre se fonde sur une abondante documentation et sources primaires japonaises, soigneusement confrontées et analysées. 


L'« âge des guerriers » est une période foisonnante, aussi violente que créatrice. Après la victoire du clan des Minamoto sur celui des Taira (1185), un premier pouvoir militaire central s'impose : le shôgunat de Kamakura (1185-1333). Minamoto Yoritomo obtient de l'empereur le titre de sei tai shôgun (征夷大将軍 ), c'est-à-dire de « général en chef chargé de la pacification des barbares ». Mais, à la mort de ce dernier en 1199, le pouvoir réel échappe au fils du défunt (Minamoto Yoriie) ; le pouvoir est confié à un conseil de vassaux que domine le clan des Hôjô, clan dont l'influence ne cesse de s'étendre et de s'affirmer. Le shôgunat de Kamakura est resté dans toutes les mémoires en raison du célèbre épisode des tentatives d'invasions mongoles, dispersées par un typhon, un « vent divin » (1274 et 1281)... Ce long XIIIe siècle est propice à une intense réflexion spirituelle et à la contestation religieuse : des réformes sont initiées par les prédicateurs Hônen, Shinran, Nichiren et les maîtres zen, Eisai et Dôgen. 


L'échec des invasions mongoles aussi est le prélude à la chute du clan Hôjô, incapable de récompenser les guerriers qui ont contribué aussi bien financièrement que par leur engagement personnel à la victoire. Une coalition de malcontents appuie l'empereur Go Daigo qui réalise une éphémère et autoritaire restauration impériale (restauration Kemmu, 1333-1336). L'empire se scinde ensuite en deux entités rivales (les cours du Nord et du Sud) ; la guerre civile fait rage, mais celle-ci profite au clan des Ashigaka, partisan de la cours kyôtoîte du Nord : en 1338, Ashikaga Takauji reprend la fonction de shôgun. Après la défaite de la « cour sudiste » en 1392 : les Ashikaga deviennent les maîtres du pays. La période Muromachi (1392-vers 1490) est entrecoupée de crises politiques et sociales sur fond d'essor économique (développement d'une économie commerciale avec échanges monétaires et premières tentatives d'accumulation de capital). C'est le « monde à l'envers » (gekokujô, 下剋上) : les mouvements civils ou religieux d'autonomie rurale et urbaine et l'irrésistible ascension de la classe des guerriers débouchent sur un affrontement général, dont l'enjeu devient l'unification du pays. Oda Nabunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu la réaliseront au prix d'une longue guerre contre les forces politiques centrifuges, conflit dont Ieyasu sort vainqueur en créant la dernière dynastie de shôgun en 1603.

 
Le monde à l'envers c'est surtout celui des petites gens avides d'autonomie et d'ascension sociales dans un contexte de mutation économique et sociale, mais aussi celui d'un monde flottant qui a influencé les modes de vie et la culture nippones (les parias, appelés notamment kawaramono, 河原者). Les guerriers, acteurs principaux de la période médiévale et en particulier ceux de l'est de l'île d'Honshû, s'organisent sur une base familiale et clanique et créent des liens de vassalité (bushidan, 武士団). Ils sont issus de lignées de déclassés de la cour (voire de princes de la famille impériale, c'est le cas du lignage des Taira et des Minamoto qui font s'affronter entre 1180 et 1185) venu tenter leur chance loin de la capitale ou bien proviennent du milieu des paysans aisés et de la petite notabilité rurale. Ces hommes sont très attachés à leur terroir et défendent les intérêts des travailleurs de la terre, desquels ils se désolidarisent progressivement pour les dominer. Ces militaires en quête d'ascension sociale et de récompenses sont loin de la représentation conventionnelle du serviteur fidèle et loyal façonnée à l'époque d'Edo. Leur engagement est conditionné par les revenus de leurs terres : la période des récoltes (et de la perception des redevances) venue, le souffle d'un vent politique ou militaire contraire, ces hommes s'évaporent ou changent de camp. Leurs prouesses militaires, relatées dans les « dits » servent autant à bâtir une réputation qu'à ouvrir droit à récompenses... Si la bravoure du guerrier japonais médiéval ne peut être remis en question, leur éthique et leurs motivations étaient cependant plus prosaïques... 


Histoire du Japon médiéval, le monde à l'envers, de Pierre-François Souyri, aux éditions Perrin-Tempus, août 2013, 522 p.
 

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Gramsci : ce que le socialisme moderne peut apprendre du penseur italien

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Gramsci : ce que le socialisme moderne peut apprendre du penseur italien

par Kévin Victoire

Ex: http://ragemag.fr

Si aujourd’hui encore les militants ou théoriciens anticapitalistes se battent pour revendiquer l’héritage de Lénine, Trotsky, Mao ou Rosa Luxemburg, trop ignorent encore le co-fondateur du Parti communiste italien : Antonio Gramsci. Théoricien socialiste de la première moitié du XXe siècle, Gramsci a produit une œuvre de grande envergure, qui plus est en pleine période de crise du socialisme. Le bloc soviétique chute, la conscience de classe s’affaiblit : Gramsci est un homme qui a usé de sa plume dans un contexte complexe pour un penseur de la gauche radicale, le tout derrière les barreaux d’une prison fasciste. Peut-être est-il alors nécessaire aujourd’hui plus que jamais de le redécouvrir ?

Alors que le Parti Socialiste a enfin réussi à reconquérir le pouvoir, il n’a paradoxalement jamais semblé recueillir aussi peu d’adhésion auprès des Français. Dans le même temps, commentateurs politiques et intellectuels s’inquiètent à raison d’une nouvelle et dangereuse lepénisation des esprits, permettant à l’extrême droite de gagner du terrain. Si, à notre époque, il paraît naturel d’essayer d’arriver au pouvoir en combattant sur le terrain des valeurs, cette idée a vu le jour avec le révolutionnaire Antonio Gramsci. Si l’on souhaite donner des clefs de lecture pour comprendre la situation politique actuelle, il peut être intéressant de se pencher sur la vie et la pensée du communiste italien.

Gramsci le révolutionnaire

Né en 1860, Antonio Gramsci publie dans des revues socialistes alors qu’il n’est encore qu’étudiant en philosophie à l’Université de Turin. Il tient par la suite une rubrique culturelle et politique dans une revue proche du Parti socialiste italien (PSI). A l’époque, il côtoie le jeune Benito Mussolini alors membre du Parti socialiste. Très rapidement, le futur révolutionnaire se lie au mouvement ouvrier et prend part aux insurrections ouvrières turinoises de 1915 et 1917. Il participe par la suite au mouvement « conseilliste », y défendant la création de conseils d’ouvriers dans les entreprises. Le 21 janvier 1921, le PSI connaît le même sort que la majorité des autres partis socialistes européenne, à savoir une scission avec son aile gauche et la création du Parti communiste italien (PCI). Antonio est de l’aventure et prend même la tête du Parti en 1925. Cependant, celle-ci tourne court, puisqu’il est arrêté en 1926 par le régime fasciste et condamné pour conspiration. Il décède quelques jours après sa sortie de prison en 1937. Si au moment de son incarcération le révolutionnaire a déjà beaucoup écrit, c’est dans sa cellule qu’il élabore ce qui deviendra par la suite le « gramscisme ». Il consigne, en effet, l’essentiel de sa théorie dans ses Cahiers de Prison- comprenant trente-trois fascicules- qui sont recueillis par sa belle-sœur. Ceux-ci connaissent par la suite un grand écho au sein du PCI, surtout à grâce Palmiro Togliatti, puis dans le reste de l’Europe et du monde.

Praxis contre matérialisme

Au départ, une question obsède le penseur : pourquoi la révolution ouvrière a pu fonctionner en Russie en 1917, alors qu’elle a échoué en Allemagne, à Turin et dans bon nombre de pays européens ? La réponse, l’Italien finit par l’obtenir en analysant les différences historiques et culturelles qui existent entre ces différentes sociétés.

« Au départ, une question obsède le penseur : pourquoi la révolution ouvrière a pu fonctionner en Russie en 1917, alors qu’elle a échoué en Allemagne, à Turin et dans bon nombre de pays européens ? »

Communiste, Gramsci s’intéresse naturellement à Marx et à la dialectique matérialiste. Italien, il est aussi très influencé par Croce, penseur le plus respecté en Italie à cette époque, et par Machiavel. Il retient l’historicisme du premier, tandis qu’il voit dans le second le fondateur de la science politique. C’est par la rencontre de ces trois pensées que Gramsci fonde une nouvelle forme de matérialisme, la « philosophie de la praxis ». Contrairement au matérialisme historique où les évènements historiques sont déterminés par les rapports sociaux (et la lutte des classes), dans la vision gramsciste, le contexte socio-historique détermine totalement les idées. En effet, celles-ci découlent de la relation entre l’activité humaine pratique (ou « praxis ») et les processus socio-historiques objectifs dont elle fait partie. Les relations sociales entre les individus remplacent ainsi les rapports sociaux, c’est-à-dire les modes de production.

La philosophie de la praxis est donc une relecture marxiste qui se situe au-delà de la confrontation entre le matérialisme marxiste et l’idéalisme hégélien, ce qui s’oppose à la vision marxiste orthodoxe, notamment de Boukharine, Plekhanov et Lénine, dont Gramsci est pourtant un admirateur. Selon lui, ces derniers ne s’éloignent pas du dogmatisme religieux critiqué par le philosophe allemand. Il les accuse de réduire la pensée de Marx à l’analyse d’une histoire naturelle coupée de l’histoire humaine. Utilisant l’exemple russe, où le capitalisme n’avait pas atteint une forme mature avant la révolution bolchévique, il en vient alors à rejeter toutes formes de déterminisme économique et à conclure que les changements culturels et économiques naissent d’un processus historique où il est impossible de dire quel élément précède l’autre. Finalement plus que les moyens de production ou les idées, c’est la volonté humaine qui prédomine toutes sociétés.

Cette liberté vis-à-vis du matérialisme permet au turinois d’adoption de se détacher de l’analyse en terme d’« infrastructure » (organisation économique de la société) et de « superstructure » (organisation juridique, politique et idéologique de la société). Chez Marx et ses disciples, l’infrastructure influence la superstructure qui à son tour définit toutes les formes de conscience existant à une époque donnée. Gramsci substitue ces deux notions par celles de « société politique », qui est le lieu où évoluent les institutions politiques et où elles exercent leur contrôle, et de « société civile » (terme repris à Hegel), où s’exercent les domaines culturels, intellectuels et religieux. Si le penseur admet que ces deux sphères se recoupent en pratique, selon lui leur compréhension est essentielle.

En analysant les sociétés, Gramsci comprend que si elles se maintiennent dans le temps, c’est autant par le contrôle par la force de l’État (ou de la société politique) que par le consentement de la population. Ce dernier est obtenu par l’adhésion à la société civile. Ainsi, pour qu’une révolution aboutisse, il faut contrôler à la fois la société politique et la société civile. Dans cette optique, si la Révolution russe de 1917 aboutit, c’est parce que, pour lui, la société civile y est très peu développée, si bien qu’une fois l’appareil étatique obtenu, le consentement de la population s’obtient aisément. Mais dans les sociétés occidentales où la société civile est plus dense, les choses sont plus compliquées. La Révolution française de 1789 passe d’abord par le consentement de la bourgeoisie et d’une partie de l’aristocratie, grâce à la diffusion de la philosophie des Lumières qui dominent culturellement par la « révolution des esprits » qu’elle a mené. C’est ainsi que né le concept essentiel d’ « hégémonie culturelle ».

Dans l’optique de prendre le contrôle de la société civile, gagner l’hégémonie culturelle devient primordial pour le penseur. Gramsci l’explique clairement quand il dit que « chaque révolution a été précédée par un travail intense de critique sociale, de pénétration et de diffusion culturelle ». Il développe ainsi une dialectique du consentement et de la coercition et théorise la « révolution par étapes » qui est une véritable « guerre de position ». La violence n’est donc pas nécessaire pour mener et gagner une révolution, le vrai enjeu étant de transformer les consciences en menant et remportant une bataille culturelle. En faisant cela, le révolutionnaire obtient un pouvoir symbolique précédent le vrai pouvoir politique. Gramsci écrit alors : « Un groupe social peut et même doit être dirigeant dès avant de conquérir le pouvoir gouvernemental : c’est une des conditions essentielles pour la conquête même du pouvoir ». En d’autres termes, pour mener à bien sa révolution, la classe prolétaire doit voir ses intérêts de classe devenir majoritaire au sein de la population.

Cependant, cette hégémonie ne née pas d’elle-même parce que la conscience de classe n’est pas forcément naturelle, ni les idées liées à celle-ci et leur diffusion. C’est pourquoi Gramsci fait émerger une classe sociale spécifique qui se distingue des travailleurs : l’intellectuel qui travaille au service du parti et organise l’unité de classe. Comme Machiavel, il assigne donc une tâche spécifique à l’intellectuel qui doit détruire les valeurs de la société capitaliste et traditionnelle. Dans le même temps, le parti joue le rôle du « prince moderne » et unifie ce qui a tendance à se disperser à l’état naturel tout en dotant la classe contestataire d’une « volonté collective ». Les intellectuels sont « organiques » et se séparent en deux catégories. D’une part, on a l’intellectuel théoricien — qu’il nomme « traditionnel » quand il appartient à la classe dominante en déclin — qui effectue une action générale sur la société civile. D’autre part, on a l’intellectuel spécialisé qui n’opère que sur un domaine précis. L’intellectuel traditionnel a un rôle essentiel dans la société, car il permet le maintien de l’ordre établi mais peut aussi le renverser s’il bascule du côté de la classe contestataire.

Gramsci distingue aussi le parti politique du parti idéologique dans lequel il s’inclut. L’intérêt du parti politique se situe dans sa structure hiérarchisée presque militaire où l’action va de haut en bas en s’alimentant d’abord par le bas. Le parti idéologique comprend en plus le cercle d’influence du parti politique et permet sa diffusion culturelle. Par sa structure et par le biais de ses intellectuels organiques, le Parti politique sert donc d’appareil devant aider la classe contestataire à s’ériger en classe dominante en menant une révolution culturelle.

Nous vivons une époque de crises : crise morale, économique, sociale ou encore intellectuelle — ce serait donc un climat idéal pour instaurer un vrai changement. Encore faudrait-il que ceux qui rêvent de transformer réellement la société soient capables de faire porter leurs voix. Dans ce contexte, redécouvrir Gramsci semble donc essentiel : ses apports théoriques ne servent, pour la plupart d’entre eux, que la pratique. Pour l’intellectuel enfermé, le jour où une structure révolutionnaire réussira à conquérir la société civile, le changement sera proche.

Pasolini sur la tombe de Gramsci.

La révolution par l’hégémonie culturelle

Pasolini & Gramsci

par Max Leroy

Rome. Quartier Testaccio, non loin de la Porte Saint Paul. Un mur entoure le cimetière protestant. Des cyprès s’élèvent effrontément ; la végétation met la main sur le porche. La tombe de Gramsci se situe non loin de la chapelle. Quelques pots de fleurs rouges près de l’urne funéraire…

On se souvient d’une photo en noir et blanc donnant à voir Pier Paolo Pasolini, élégamment vêtu d’un imperméable beige, debout face à la stèle. Le cinéaste, poète à ses heures, à moins que ce ne fut l’inverse, n’a jamais cessé de louer le penseur embastillé, italien comme lui, communiste comme lui, fils de la petite bourgeoisie provinciale comme lui, mort quand il n’avait pas même quinze ans. Une décennie à pourrir dans les prisons fascistes – Mussolini aurait ordonné : « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant vingt ans. » Prophétie manquée : jamais Gramsci ne fut plus productif qu’entre quatre murs… La tuberculose eut raison de lui mais non de son œuvre ; les têtes dures discutent toujours avec l’avenir : « Je n’ai jamais voulu compromettre mes convictions, pour lesquelles je suis prêt à donner ma vie et pas seulement être mis en prison ».

Pasolini fit connaissance des écrits de Gramsci en 1948. Il venait de prendre sa carte au Parti mais ne l’avait pas renouvelée à expiration : l’orthodoxie stalinienne et la poigne de ses dirigeants ne convenaient pas vraiment à ce cœur réfractaire. Gramsci lui permit alors, expliqua-t-il bien des années plus tard, « de faire le point sur sa situation personnelle ». Il comprit en le lisant que l’intellectuel avait vocation à être une « véritable cheville médiatrice des classes », à mi-chemin entre le Parti et la masse des travailleurs. Il put également encadrer théoriquement ce qui relevait jusqu’ici, chez lui, de l’instinct, de l’âme et du sensible : une révolution ne peut se passer de la paysannerie – cette paysannerie qu’il aimait tant et dont il pleurait la dissolution sous les acides de la modernité et du libéralisme marchand, cette paysannerie à qui Marx, dans son ouvrage Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, refusait, du fait de son mode de production, la possibilité de se constituer en classe.

Pasolini ne découvrit pas l’oppression économique et sociale dans les livres : « Ce qui m’a poussé à devenir communiste, c’est un soulèvement d’ouvriers agricoles contre les grands propriétaires du Frioul, au lendemain de la guerre. J’étais pour les braccianti. Je n’ai lu Marx et Gramsci qu’ensuite. » Si Pasolini était marxiste, il confia toutefois que le coauteur du Manifeste du Parti communiste s’avéra moins déterminant dans son parcours intellectuel que ne le fut Gramsci, à qui il rendit hommage en publiant, en 1957, le recueil de poésie Les Cendres de Gramsci. Le livre, composé de onze poèmes écrits entre 1951 et 1956, reçut le prix Viareggio à sa sortie. Budapest venait de se soulever contre la tutelle soviétique ; Pasolini décrivit son ouvrage, dans un entretien accordé à un journaliste français, comme « une crise idéologique ». Le poète s’adressa directement, dans ses vers, au révolutionnaire défunt : « à ton esprit qui est resté ici-bas parmi ces gens libres ». Pourquoi ce tutoiement ? Parlait-il à un camarade, un frère, un père ? Lui seul le sut, sans doute. Lisons encore : « Scandale de me contredire, d’être avec toi, contre toi ; avec toi dans mon cœur, au grand jour, contre toi dans la nuit des viscères ; reniant la condition de mon père ». De page en page, les hameaux, les foulards couleur sang aux cous des partisans, les rêves humiliants, les pantalons de travail, les ordures dans les ruelles, le marchand d’olives, les gosses qui gueulent… Et puis, tout au bout, le « rouge chiffon d’espérance ».


Entretien avec Jean-Marc Piotte sur Gramsci

Jean-Marc Piotte, sociologue, philosophe et politologue marxiste est enseignant à l’Université de Montréal. Il a réalisé une thèse sur la pensée d’Antonio Gramsci.

Comment expliquez-vous que Gramsci n’occupe aujourd’hui pas la même place que Lénine ou Rosa Luxemburg chez les marxistes ?

Pour Lénine la raison est très simple : il a participé à la Révolution soviétique d’octobre 1917. Pour Rosa Luxemburg, c’est un peu plus complexe. Elle a eu beaucoup d’influence grâce à son opposition avec Lénine à l’époque en développant une pensée plutôt proche de la pensée anarchiste. Gramsci, ses textes n’ont été connu que très tard après sa sortie de prison. Cependant, sa réflexion a été un éclairage sur le fonctionnement de la politique et son lien avec la culture pour beaucoup de gens. Il a aussi été un pionnier sur le rôle des intellectuels.

Gramsci est désormais cité par de nombreux courants de pensée : pourquoi ?

Ses Cahiers de Prison sont obtenus à partir de textes très disparates qu’il arrive à obtenir en prison, ce sont des réflexions consignées dans un journal intime intellectuel, ce n’est pas un texte avec une orientation très claire… De ce fait, divers auteurs peuvent s’aider de Gramsci. Mais finalement, sa grande force c’est d’avoir réfléchi au rôle de la culture dans l’action politique et ça va plus loin que la simple pensée marxiste. Son but était de comprendre comment par la culture, il était possible de rallier la classe ouvrière à la révolution.

En quoi Gramsci peut encore être utile à la gauche aujourd’hui ?

Tout simplement parce que Gramsci réfléchit au problème fondamental de l’adhésion des classes populaires à la révolution. Par exemple, quand on voit qu’en France une part importante de la classe ouvrière qui votait pour les communistes vote aujourd’hui pour le FN on voit en quoi Gramsci serait utile. Ses écrits permettraient une réflexion sur les moyens de briser cela en reprenant l’hégémonie culturelle. Cette réflexion est d’ailleurs essentielle à mon avis si la gauche veut un jour renverser la tendance et venir à bout du capitalisme.

Boîte noire

Un Nobel d’économie pour avoir créé une crise?

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Un Nobel d’économie pour avoir créé une crise?

par Michel Santi
Ex: http://www.zejournal.mobi

Le Nobel d’économie vient d’être décerné à Eugène Fama, né en 1939, un des pères du monétarisme et de l’idéologie néo-libérale. N’est-ce pas lui qui affirmait péremptoirement « que l’hypothèse des marchés efficients est une affirmation simple qui dit que les prix des titres et des actifs reflètent toutes les informations connues » ? C’est en effet suite aux travaux d’économistes comme Fama, comme Milton Friedman (1912-2006) – lui aussi Nobel en 1976 -, et comme Burton Malkiel, né en 1932, que les marchés financiers subirent dès le début des années 1980 une authentique transfiguration. Avec la participation active des plus hauts responsables politiques de l’époque comme Margaret Thatcher et comme Ronald Reagan qui devait même affirmer dans son discours d’investiture, le 20 janvier 1981 : « l’Etat n’est pas la solution à notre problème, l’Etat est notre problème » !

Dès cette période, le conservatisme économique et la régression sociale devaient régner en maîtres absolus. Le vide laissé par l’État fut tout naturellement comblé par le développement hyperbolique d’un secteur financier dès lors qualifié d’ »efficient », voire de « parfait ». Cette finance était en effet appelée à rendre tous les services à l’économie. Les marchés seraient une sorte de juge de paix qui remettrait de l’ordre dans les finances des entreprises et des ménages en imprimant tous les pans de l’économie de sa bienveillante efficience. Les adorateurs du marché financier étaient même persuadés que ses prix étaient la résultante d’un équilibre rationnel, et que l’emploi n’était en fait qu’une variable au service de l’optimisation des valorisations boursières. C’est en effet Burton Malkiel – qui, lui, n’est pas encore Nobel ! – qui assurait que « la vraie valeur des marchés triomphera en finalité car la bourse est un mécanisme de précision sur le long terme ».

La dérégulation de nos économies et de la finance nous vient donc évidemment en droite ligne de cette hypothèse du marché efficient. Plus besoin de réglementation ni de garde-fous si le marché est efficient, donc optimal. Inutile de brider une bête qui se régule elle-même par le prix, qui élimine les plus faibles – c’est-à-dire ceux qui ont pris les mauvaises décisions – et qui fait gagner les plus forts. C’est donc une authentique « sélection naturelle » qui s’opère par des marchés financiers omniscients et infaillibles. Comme cette autorégulation déroule ses effets bénéfiques sur l’économie, la tâche de l’État doit donc se réduire à sa plus simple expression. Hélas, ce rétrécissement du champ d’action de l’Etat – préalable incontournable à la dérégulation de la finance-, accouche depuis trente ans de crises bancaires et boursières à répétition. Ce laissez-faire ayant essaimé depuis le monde anglo-saxon jusqu’à l’Europe continentale pour ensuite toucher l’Amérique latine et l’Asie, c’est l’ensemble de la planète qui a progressivement été infectée par des bulles spéculatives dont l’implosion fait d’immenses ravages financiers, économiques et bien-sûr humains.

Aujourd’hui, c’est l’ensemble du spectre qui se retrouve contaminé par la financiarisation : l’énergie, l’immobilier, les denrées alimentaires, mais également l’éducation, voire la santé dans certains pays. Toutes les facettes de l’activité économique se retrouvent ainsi enchevêtrées dans une toile complexe tissée par la financiarisation. Voilà par exemple Goldman Sachs qui a investi il y a quelques mois 10 millions de dollars dans les prisons dans l’État de New York, avec les perspectives suivantes : récupérer sa mise si la récidive baisse de 10 %, la doubler si ce taux s’améliore, ou perdre la moitié de sa mise si la criminalité ne s’améliorait pas à New York ! Nos sociétés ont atteint aujourd’hui un tel degré de décadence qu’elles en viennent à déléguer au secteur financier de telles responsabilités, et leurs devoirs les plus élémentaires vis-à-vis de citoyens dans la détresse. Ces « obligations sociales », ou « social impact bonds », démontrent bien que l’obligation morale de la collectivité cède désormais la place aux institutions financières qui lèvent des fonds pour générer des profits, tout en se substituant à l’État.

Dans ce meilleur des mondes où le marché est censé être efficient, les malversations et les escroqueries sont réputées impossibles ! En effet, comme les marchés ne peuvent être efficients en présence de fraude, les actes malhonnêtes ne peuvent tout bonnement plus exister… précisément du fait de l’efficience des marchés ! Pourtant, qui sait que, aujourd’hui en 2013, – en pleine crise européenne et plus de six ans après les subprimes ! -, la nouvelle maxime de Wall Street et de la City est : « I’ll Be Gone, You’ll Be Gone”, soit en français : « je ne serai plus là, vous ne serez plus là » ? Qui signifie clairement que les cataclysmes de demain – inévitables comme conséquence des comportements d’aujourd’hui – ne sont pas le problème des financiers qui ne seront plus ici…et que d’autres devront gérer les problèmes. En réalité, les abus de la finance sont passés dans nos mœurs. Et en fait, les banquiers et les financiers honnêtes ne sont plus de taille à entrer en compétition avec leurs collègues fraudeurs. C’est simple : une banque qui ne chercherait pas à masquer des pertes, ou à vendre des actifs pourris, ou à blanchir de l’argent, ou à influencer le cours d’un produit dérivé… ne serait plus compétitive et serait vouée à terme à faire faillite, ou à sévèrement décrocher en bourse. Dans la nature, la sélection darwinienne nous apprend que les plus forts survivent aux plus faibles. Dans l’univers de la finance, ce sont les malhonnêtes qui restent, voire qui prospèrent, tandis que sont damnés ceux qui se conforment aux règles du jeu.

Ce rouleau compresseur des escroqueries et des malversations porte un nom, la dynamique de « Gresham », qui fut décrite par George Akerlof, né en 1940 et Nobel d’économie 2001 : « Les transactions malhonnêtes tendent à faire disparaître du marché les transactions honnêtes. Voilà pourquoi le coût lié à la malhonnêteté est supérieur au montant de la tricherie ». Cette dynamique de Gresham – devenue aujourd’hui une dominante dans les marchés financiers – a donc pour conséquence une volatilisation de l’éthique au profit de la fraude, qui devient dès lors endémique. Ceux qui respectent la loi et la morale sont donc appelés à disparaître alors que leurs rivaux peu scrupuleux se maintiennent grâce à des artifices et à des manipulations qui compriment leurs coûts, ou qui gonflent leurs bénéfices. En d’autres termes, aujourd’hui, il devient « trop cher » d’être honnête !

Aujourd’hui, et alors même que le comité Nobel vient de distinguer un personnage dont les travaux ont précisément consisté à sacraliser les marchés, nous devons collectivement prendre conscience que ceux-ci ne créent nulle valeur, qu’ils doivent être subordonnés et placés fermement sous la tutelle de l’économie productive. L’éthique doit faire son retour au sein de la banque et de la finance, car cette crise est d’abord une crise morale ! Le préalable étant de tenter de répondre à la question du Nobel d’économie de 1998, Amartya Sen, né en 1933 : “Comment est-il possible qu’une activité aussi utile, comme la finance, soit devenue si immorale »?

- Source : Michel Santi

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Syrie-Iran-Arabie : Nouvel ordre mondial

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Syrie-Iran-Arabie : Nouvel ordre mondial
 

Global Research, novembre 04, 2013

Les informations en provenance de mes contacts en Syrie et au Liban confirment mes analyses de géopolitique : le monde bascule dans un nouvel ordre, les pôles de puissance changent entraînant de nouveaux rapports de forces qui s’exercent  sur de nouveaux points d’appui.

Le « pivotement » américain vers l’Asie, s’il est exagéré par certains n’en est pas moins réel. Il implique l’apaisement des tensions au Proche et Moyen-Orient en réglant les crises syrienne et iranienne et en mettant un terme aux affrontements chiites-sunnites instrumentés à des fins stratégiques.

L’Iran retrouvera prochainement sa place géostratégique essentielle dans la région, avec la « modération » dans les relations internationales prônée par le Président Rohani dans son discours aux Nations Unies fin septembre. Plusieurs pays l’ont compris qui cherchent à se rapprocher de Téhéran, comme la Turquie et même le Qatar et l’Arabie.

L’islam politique vit son chant du cygne : ce sont des musulmans sincères qui ont renversé Morsi en Egypte le 30 juin dernier. Les Frères Musulmans, organisation longtemps souterraine dans les états arabes,qui a remporté toutes les élections car elle était la seule structurée depuis longtemps et a disposé de puissants moyens financiers des pays du Golfe,  est l’expression politique de cette idéologie qui proposait de gouverner au nom de la charia. Ils ont prouvé leur incompétence et leur incapacité à répondre aux aspirations des peuples et à gérer des états modernes: la Tunisie les rejette, de même que l’Egypte et le chaos libyen finira par en faire de même. Les musulmans veulent vivre selon leur foi mais entendent être en harmonie avec le « village mondial ». (Expression de René Girard)

Dans les bouleversements politiques et sociaux du monde arabe, les chrétiens qui étaient présents sur ces terres six siècles avant l’islam, ont un rôle essentiel à jouer pour la cohésion sociale des populations et seront un facteur important des réconciliations nationales partout où des drames ont eu lieu. Les rapprochements entre Patriarches orientaux et Imams dans les pays en crise montrent que les appels du Pape François à l’union des fidèles chrétiens et musulmans  répondent à un besoin vital et sont entendus par les populations comme par les dirigeants. Par leurs positions en dehors des rivalités internes aux musulmans, mais profondément patriotes et ancrés dans la vie des pays arabes, ils sont un catalyseur d’harmonie entre les différentes ethnies et confessions de ces pays souvent très composites, notamment la Syrie.

Les islamistes takfiristes restent nombreux, encore soutenus par l’Arabie Séoudite pour les détourner de menacer le royaume des Séoud désormais menacé dans son existence même. Ce sera la tâche la plus ardue d’en finir avec eux après la solution négociée de la crise syrienne. Avec le revirement du Qatar qui cherche à se rapprocher de la Syrie de Bachar el Assad, on assiste à l’isolement des positions séoudiennes et israéliennes. Les deux pays ont d’ailleurs compris qu’ils n’étaient plus les alliés indéfectibles des Etats-Unis qui attendent d’eux des changements de position.

La destruction du stock d’armes chimiques syriennes, constitué pour répondre aux armes de destructions massives israéliennes, notamment nucléaires, biologiques et chimiques, met Tel Aviv en position délicate face aux initiatives pour un PO débarrassé de ces menaces.
L’Arabie est menacée par des dissensions internes à la famille régnante et des irrédentismes qui déboucheraient en une partition possible en trois parties, le nord avec la Jordanie et les Palestiniens, le centre avec  le sud du Yémen de l’Hadramaout à la mer, et l’est chiite et pétrolier.


Le terrorisme islamiste international pourra être éradiqué quand il aura perdu ses commanditaires et soutiens, d’autant plus qu’il représente aux yeux des musulmans sincères un véritable blasphème de l’interprétation du Coran. Simultanément au changement de stratégie américaine dans la région, l’Arabie Séoudite va devoir mettre un terme à sa croisade sunnite contre un axe chiite centré sur l’Iran et appuyé sur l’Iraq, la Syrie et le Liban. Il semble d’ailleurs que la brouille avec les Etats-Unis sur la question syrienne amène la monarchie à revoir ses fondamentaux, comme en attestent des visites récentes en Iran. Son refus d’occuper le siège où elle avait été élue à l’AG de l’ONU est à la fois un signe de son irritation et de sa prise de conscience des nouveaux rapports de force dans la région.

En réalité les Etats-Unis ne font qu’accompagner l’évolution du monde comme Chuck Hagel l’avait annoncé avant même sa prise de fonction de Secrétaire d’état à la Défense (voir PJ).

L’Occident dirigé par l’Amérique a fait croire, grâce à un énorme budget de communication, qu’il représentait le bien et la justice et qu’il avait le soutien de la majorité des peuples pour ses aventures guerrières. Mais lors des menaces de frappes occidentales contre la Syrie fin août-début septembre derniers, qu’en réalité Obama n’avait proférées que pour lâcher du lest aux groupes de pression américains, alors qu’il y était hostile au fond de lui en raison des conséquences catastrophiques qu’elles auraient entraînées, et que son Etat-Major connaissait, cette coalition guerrière « occidentale » ne représentait que 800 millions d’habitants, non consultés d’ailleurs sauf les Britanniques qui s’y étaient opposés, contre les quelques 6 milliards du reste du monde soutenant la Russie et la Chine. On sait les artifices qu’il a utilisés pour retarder la décision et ensuite s’engouffrer dans la proposition russe de destruction du stock d’armes chimiques de la Syrie. Simultanément, cette proposition acceptée avec soulagement entérinait la reconnaissance de Bachar el Assad comme Président d’une Syrie chargée de la faire appliquer jusqu’à son terme.

La réunion de la conférence de Genève II pour régler la crise est désormais inéluctable, quelles que soient les manœuvres de ceux qui y sont hostiles comme l’Arabie, et le plus intelligent est de s’en accommoder.

Les organisations rebelles civiles qui s’y opposent ne représentent que quelques poignées de Syriens déracinés et les militaires, comme les brigades Liwad al Tawhidi, Ahrar al Cham, Souqour al Cham sont des organisations terroristes composées majoritairement d’étrangers qui combattent pour un état islamique mondial et n’ont aucune identité syrienne.  Les forces de l’Armée Syrienne Libre sont devenues insignifiantes ou ont fait allégeance aux djihadistes, quand elles n’ont pas déposé les armes ou rejoint les forces régulières syriennes.

Quant aux Kurdes, l’Armée syrienne leur a donné la responsabilité de tenir leurs régions et ils s’en acquittent au prix de pertes sévères contre les djihadistes mais ils prennent le dessus de plus en plus.

Simultanément le dossier iranien sera également bouclé, peut-être même avant le syrien qui demande du temps pour régler le sort des takfiristes fanatiques qui sévissent sur le terrain. La reconstruction de la Syrie demandera du temps et beaucoup d’argent, de nombreuses infrastructures ayant été détruites. Mais il n’y a pas de solution sans Bachar et les Américains le savent, même si John Kerry est obligé, lui aussi,  de lâcher du lest par des déclarations hostiles ou ambiguës.

Le Liban multiconfessionnel, fragilisé par son voisinage de la Syrie d’où il reçoit plus d’un million de réfugiés de toutes confessions n’a toujours pas de gouvernement pérenne du fait des désaccords attisés par les appuis étrangers des parties prenantes. Cependant les structures étatiques comme l’Armée et la police restent cohérentes et accomplissent leur tâche malgré les difficultés. L’alliance, sans doute majoritaire dans le pays, entre les chrétiens du CPL du général Aoun, le Hezbollah composé principalement de chiites mais pas exclusivement, et le parti Amal de Nabih Berri reste la force politique dominante qui a soutenu le régime en place à Damas Habitués des discussions de diwan pour trouver des compromis, les dirigeants des grandes familles analysent les situations au regard de leurs alliances extérieures et, fins observateurs, ils semblent avoir admis que le régime syrien sortirait vainqueur de la crise et en tirent les conséquences ; le chef druze Walid Joumblatt a récemment apporté son soutien à Nabih Berri pour la formation d’un gouvernement, signe qu’une issue pourrait s’ouvrir, d’autant plus que l’Arabie pourrait la souhaiter aussi et le faire savoir à ses alliés locaux, le chrétien Samir Geagea et le sunnite Saad Hariri.

En l’absence d’état  solide, la fragilité du Liban tient à la présence armée forte du Hezbollah, au nom de la résistance à Israël, simultanément avec celle des milices sunnites présentes officiellement pour certaines ou dans les camps palestiniens, qui en sortent pour combattre en Syrie voisine ou dans la région de Tripoli au Nord, faisant déjà plusieurs dizaines de morts, soldats et civils. Ce mélange est dangereux et pourrait exploser dramatiquement si les djihadistes venaient à quitter la Syrie pour attaquer le Hezbollahau Liban. Des menaces sérieuses sont d’ailleurs annoncées sur la FINUL au Sud contre les soldats occidentaux, dont les Français.

La France a tout intérêt à reprendre langue diplomatiquement avec un régime qui sortira vainqueur d’une crise tragique et à utiliser les liens d’amitié qui demeurent malgré tout entre Syriens et Français, ancrés dans des échanges culturels anciens, en dépit des affrontements qui les ont aussi émaillés.

Elle aurait aussi tout intérêt à se rapprocher de la Russie dont la diplomatie toute en finesse a montré son efficacité. La Russie va marquer des points dans le règlement de ce conflit parce qu’elle a su offrir une porte de sortie honorable à la grande Amérique dans une crise où elle s’était embourbée. Elle défend  ses intérêts stratégiques mais aussi tactiques car de nombreux djihadistes sont des combattants tchétchènes qui se retourneront contre elle s’ils le peuvent.

La Turquie, la Jordanie, l’Arabie Séoudite seront les perdants à divers égards du règlement de la crise, de même qu’Israël. Sans doute ces états sauront-ils trouver une nouvelle posture pour limiter les dégâts avec opportunisme et s’adapter aux nouveaux équilibres du monde. Il faut s’attendre que la Chine nouera ou développera des liens avec les pays de la région, elle qui propose des investissements en échange de la fourniture de l’énergie dont elle a besoin pour sa croissance toujours forte.

Alain Corvez

Le colonel Alain Corvez est Conseiller en stratégie internationale.

samedi, 09 novembre 2013

Révolte de « bonnets rouges » bretons : la vraie cause

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Révolte de « bonnets rouges » bretons : la vraie cause

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

La révolte des Bretons contre l’écotaxe (un impôt de plus parmi les milliers que comporte le Code le plus kafkaïen de la planète) est emblématique : toutes les professions réunies, agroalimentaires, pêche , agriculture ; les patrons et les employés, tous ligués contre l’État français spoliateur (on est loin du stupide schéma cégétiste et ”mélanchonien” de lutte des classes, des salauds de patrons capitalistes qui licencient pour maximiser leurs profits). La cause apparente, c’est la disparition progressive du tissu industriel des PME bretonnes, les difficultés des marins pêcheurs, la disparition des exploitations agricoles. Mais quelle est la vraie cause de ce naufrage, qui touche d’ailleurs toutes les autres régions de France ? 

Voyons voir…Les cyniques allemands qui font du dumping social, par exemple en refusant le salaire minimum et qui emploient à 5 € de l’heure  des travailleurs issus des pays de l’Est ?  Oui, mais comment se fait-il que seule la France soit victime de cette concurrence allemande ? C’est peut-être aussi la mondialisation et le libre-échangisme ? Ou les réglementations de la technocratie européenne ? Toutes ces raisons sont partiellement valables. Mais on oublie la cause principale des délocalisations, des fermetures d’usines et de PME, des licenciements, des absences d’embauches, en Bretagne notamment et ailleurs aussi : le fiscalisme délirant de l’État français bureaucratique.  Ce dernier, pourtant animé de bons sentiments ”socialistes” et redistributifs, voire écologistes, mène une politique objectivement anti-sociale dans ses résultats. Comment ? En étranglant les entreprises privées (des TPE aux filiales des groupes internationaux en passant par les PME) par les taxes et le harcèlement administratif. Ce qui tue leur compétitivité, les empêche de vendre, d’investir, d’innover et, évidemment, d’embaucher.

Le président de la FDSEA du Finistère, Thierry Merret, déclarait le 3  novembre, en marge de la révolte des « bonnets rouges » : « l’urgence, c’est de lever les contraintes fiscales, administratives, environnementales qui pèsent sur l’économie et empêchent les chefs d’entreprise, qu’ils soient agriculteurs, artisans ou dirigeants de PME  de travailler ou d’investir ». La cause première des faillites, des fermetures d’usine, des licenciements, ce n’est pas la ”crise”, ni la mondialisation, ni l’Europe ni la méchante Allemagne, c’est l’État-Providence français qui ponctionne, taxe, et qui, au lieu d’aider les entreprises créatrices d’emplois, est, en toute bonne conscience, leur pire ennemi. Bien pire que leurs concurrents.

Il ne s’agit pas d’être contre l’État ou de céder aux excès de l’idéologie libertarienne. Mais l’État français actuel a perdu son rôle d’initiateur, au sens gaullien ou…américain du terme : aider l’économie nationale et non pas la racketter. L’État français est aujourd’hui dirigé par une caste pléthorique de mandarins et de fonctionnaires qui n’ont jamais fait le lien mental entre leur salaire garanti à vie et la productivité de leur travail, imprégnés (même à droite, sans le savoir) par une vulgate socialiste qui enchante et fait rire tout le monde, même les ”communistes” chinois . Cette caste étatico-politique française (y compris chez les élus comme chez les apparatchiks des partis et des cabinets ministériels) ignore le fonctionnement d’une entreprise et n’a pas reçu de formation économique sérieuse. Elle n’est pas méchante, elle est ignorante et naïve.

La révolte des Bretons contre cet État français qui perd les pédales a puisé une certaine force dans l’identité bretonne (la vraie, pas celle des gauchistes), ce qui n’est pas le cas dans d’autres régions. Bien sûr, au départ, la rébellion est économique. Mais les Bretons doivent se poser la question suivante : à qui va l’argent que leur ponctionne l’État français ? 

Mile Budak : itinéraire d’un réprouvé

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Mile Budak : itinéraire d’un réprouvé

par Christophe Dolbeau

Lorsque la Seconde Guerre mondiale s’achève, au printemps de 1945, l’épuration « anti-fasciste » qui lui succède ne se montre pas tendre envers les intellectuels qui ont fait le « mauvais choix » : les écrivains français Georges Suarez, Robert Brasillach et Paul Chack finissent au poteau d’exécution, tout comme leur collègue belge José Streel, des dizaines d’autres s’en vont croupir dans d’obscurs cachots, le philosophe italien Giovanni Gentile est abattu au coin d’une rue, tandis que le Norvégien Knut Hamsun (prix Nobel 1920) et l’Américain Ezra Pound se retrouvent bouclés pour de longues années dans des asiles psychiatriques. En Croatie où, adossés à l’Armée Rouge, les Partisans de Tito ont finalement triomphé, cette épuration s’apparente carrément à un véritable carnage dans lequel disparaît la majeure partie de l’intelligentsia (1) : les communistes veulent faire place nette. Comme le dira cyniquement Simone de Beauvoir, « certains hommes n’avaient pas leur place dans le monde qu’on tentait de bâtir » (2)… Pris dans les tourbillons de cette époque où « les règles élémentaires du droit furent littéralement foulées aux pieds » (3), l’écrivain Mile Budak fait figure de victime emblématique : romancier, poète, mais aussi avocat, ministre, ambassadeur et surtout dignitaire oustachi, il polarise toutes les haines des vainqueurs. Jugé en quelques heures par un trio de reîtres mal dégrossis, exécuté à la va-vite la nuit suivante et enseveli en catimini, il sera ensuite effacé des anthologies et exclu de la littérature nationale au prétexte de turpitudes imaginaires sur lesquelles il n’est pas inutile de revenir aujourd’hui.

Premiers pas

Originaire de la province de Lika, c’est le 30 août 1889, six jours après la mort de son père, que Mile Budak vient au monde à Sveti Rok, au sein d’une famille qui compte déjà huit enfants. D’abord élève de l’école primaire du village, il intègre ensuite le lycée de Sarajevo où il obtient, au printemps de 1910, son baccalauréat. Issu d’un milieu très modeste, le jeune homme a pu effectuer sa scolarité grâce à une bourse de l’institut catholique Napredak ; il a également travaillé ici et là comme commis aux écritures. Bachelier, il rejoint dès lors Zagreb et s’inscrit à l’université en vue d’y poursuivre des études d’histoire et de géographie, une option qu’il abandonne toutefois assez rapidement pour s’orienter finalement vers le droit.

Dès ses années de lycée, Mile Budak milite au sein des jeunesses patriotiques croates et donne ses premiers articles aux revues Pobratim, Behar et Mlada Hrvatska. À Zagreb, cet engagement peut s’exprimer plus librement (4) et dès la rentrée de 1910, le jeune homme adhère officiellement à l’association des étudiants nationalistes. Élu secrétaire du groupe, il en compose l’hymne et collabore désormais assidûment au journal Mlada Hrvatska, ainsi qu’à diverses publications – Hrvatsko Pravo, Hrvatska Prosvjeta, Savremenik – proches du Parti du Droit. Si dans ses articles, Mile Budak réclame fermement la fin de la tutelle que Vienne et Budapest exercent sur sa patrie, il aborde aussi souvent la question serbe qui est au cœur de nombreux débats en Croatie ; en disciple d’Ante Starčević (5), il souligne notamment que beaucoup de ceux qui se disent serbes, en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, ne le sont pas vraiment, il distingue entre vrais Serbes et Zinzares (6), soutient que beaucoup de soi-disant Serbes sont en fait de souche croate (7) et affirme avec force qu’en Croatie, il ne peut y avoir de pouvoir légitime que celui qui émane du peuple croate. Déjà bien ancré dans sa personnalité, ce sourcilleux nationalisme le conduit à fréquenter les éléments les plus radicaux, ce qui lui vaudra quelques démêlés avec la police, au lendemain des attentats qui visent, en 1912, le Ban Slavko Cuvaj.

Parallèlement à ses études, au journalisme et au militantisme politique, la vie de Mile Budak est bien remplie puisque le jeune homme trouve encore le temps d’exercer un petit emploi de gratte-papier au Bureau Municipal des Statistiques et d’effectuer une préparation militaire. Au plan privé, sa situation évolue également puisqu’il se marie et que son épouse, Ivka, ne tarde pas à lui donner un premier enfant (20 juillet 1914).

De l’uniforme à la toge d’avocat

Les événements ne laissent que quelques jours à Mile Budak pour fêter la naissance de son fils Zvonimir (8) car la guerre éclate (4 août 1914) et le jeune aspirant est appelé à rejoindre son régiment. Engagé sur le front de Mačva, il s’y bat quelques semaines avant d’être sérieusement blessé et d’aboutir à l’hôpital militaire de Valjevo où les Serbes le font prisonnier (8 décembre 1914). Sa captivité va durer quasiment cinq ans. Elle l’amènera à traverser à pied la Macédoine et l’Albanie aux côtés de ses geôliers puis à séjourner dans les camps italiens de Muro Lucano et d’Asinara. Ce n’est que le 18 août 1919, huit mois après la cessation des hostilités qu’il débarque enfin à Gruž, dans un pays qui s’appelle désormais le « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes » : il témoignera plus tard de ses tribulations de prisonnier de guerre dans Ratno roblje (Otages de guerre), un livre qui paraîtra en 1941.

Sitôt de retour à Zagreb, Mile Budak entreprend de terminer ses études et le 31 juillet 1920, il soutient avec succès sa thèse de doctorat. À 31 ans, il peut désormais envisager d’avoir un emploi décent et en rapport avec ses ambitions. Avocat stagiaire au cabinet du Dr Ante Pavelić, il collabore également avec ce dernier au sein du Parti du Droit, collabore aux publications (Hrvatski Misao, Pravaš, Hrvatsko Pravo) qui soutiennent cette formation et participe aussi aux activités du Hrvatski Sokol (9). Au terme de sa période probatoire (1923), il accède au plein statut d’avocat, ouvre son propre cabinet et se fait vite connaître en plaidant quelques affaires politiques retentissantes : en mai 1925, il défend par exemple son ami de jeunesse Vladimir Ćopić (10), un activiste communiste, pour lequel il a déjà témoigné en 1922, et quatre ans plus tard, il plaide pour Josip Šunić, un militant du Parti Paysan que l’on accuse d’avoir occis le journaliste serbe Vlada Ristović. Élu au conseil municipal de la capitale (4 septembre 1927), Mile Budak y siège durant deux ans, jusqu’à l’instauration de la dictature – à compter de janvier 1929, les conseillers sont en effet nommés par le roi, ce que refusent Budak et ses collègues du Parti Paysan.

Avec l’instauration de la dictature (6 janvier 1929), l’action politique légale devient impossible. Ante Pavelić quitte donc le pays, non sans avoir auparavant fondé l’Oustacha, mouvement révolutionnaire et clandestin qui se propose de libérer la Croatie de l’oppression étrangère et de proclamer l’indépendance. Moins exposé que son confrère, Mile Budak reste à Zagreb où les patriotes se lancent, sous la houlette de Stipe Javor, dans l’action subversive et la résistance armée. En mars, le journaliste pro-serbe Tony Schlegel est abattu par de jeunes nationalistes, ce qui entraîne une vague d’arrestations et la fuite à l’étranger de plusieurs militants (11) ; le 29 et le 31 août, Mile Budak et Stipe Javor sont eux aussi arrêtés. Accusé d’être le cerveau de la subversion, Stipe Javor se verra bientôt condamné à 20 ans de détention (12). Pour sa part, Mile Budak, sur lequel ne pèse aucune charge précise, passe sept mois derrière les barreaux avant d’être remis en liberté sans qu’aucune procédure ne soit ouverte à son encontre !

N’étant pas poursuivi, Mile Budak peut prendre part à la défense des patriotes et lors du procès que l’État yougoslave intente à Stipe Javor, Matija  Soldin, Marko Hranilović (13) et une vingtaine de leurs camarades, il figure d’ailleurs parmi les avocats des inculpés, au côté du Dr Vladko Maček (14) avec lequel il se lie d’amitié. Faute d’avoir pu légalement le réduire au silence, le pouvoir royal décide alors de le faire taire définitivement et par des moyens plus expéditifs. Le 7 juin 1932, Mile Budak est assailli dans une rue par deux ou trois individus qui le blessent d’un coup de feu et l’assomment à coups de gourdin, l’expédiant pour trente-huit jours à l’hôpital ! L’intention était clairement de le tuer et il n’en réchappe que grâce à l’intervention rapide de quelques passants qui devront eux-mêmes faire face à mille tracasseries. Identifiés comme des agents de la police secrète, ses agresseurs n’écoperont que de trois ans de prison, ce qui soulève, à Zagreb, une tempête d’indignation : une pétition de soutien à Mile Budak réunit en quelques jours 209 signatures (dont celles des archevêques Bauer et Šarić et celles des communistes August Cesarec et Božidar Adžija), tandis que des parlementaires interpellent violemment le ministre de l’Intérieur.

Malgré ce climat délétère, Mile Budak participe, en novembre 1932, aux discussions qui préludent à la signature de ce que l’on appellera la « Déclaration de Zagreb » (Zagrebačka Punktacija), un document dans lequel les principales forces politiques croates (Parti Paysan, Parti du Droit, Parti Démocrate Serbe) dénoncent ensemble l’hégémonisme serbe et réclament l’instauration du fédéralisme. À peine remis de l’attentat qu’il a subi, Budak se sent encore menacé et il envisage désormais d’émigrer afin de mettre quelque distance entre sa famille, lui-même et les hommes de main du régime. L’arrestation de Vladko Maček (31 janvier 1933) achève de le convaincre et après avoir cédé les rênes de ce qu’il reste du Parti du Droit à son confrère Lovro Sušić (15), il quitte le royaume le 2 février 1933. Officiellement, il part en cure à Karlsbad (Karlovy Vary) avec son épouse et laisse ses filles (16) à Zagreb, aux bons soins de son ami Ivan Werner (17) ; elles rejoindront discrètement leurs parents quelques semaines plus tard.

L’émigration

Après une brève escale à Graz, Mile Budak et les siens gagnent ensuite Modène où ils sont hébergés par la famille Pavelić, puis Turin où ils vont demeurer jusqu’en décembre 1933. C’est à cette époque que Budak adhère formellement à l’Oustacha dont il prête le serment. C’est également durant ce court séjour qu’il rédige une petite brochure, Le peuple croate et son combat pour un État libre et indépendant (Hrvatski narod u borbi za samostalnu i nezavisnu hrvatsku državu), dont il confie le manuscrit au Père Stipanovic (18). Venu des Etats-Unis pour remettre un mémorandum à la Société des Nations, cet ecclésiastique invite Budak à l’accompagner au Vatican (24 octobre 1933) où ils rencontrent tous deux Sa Sainteté Pie XI lors d’une audience privée, avant d’être reçus à la Secrétairerie d’État.

Outre la brochure que nous avons mentionnée, Mile Budak commence également à collaborer à la presse oustachie : sa première contribution, signée Velebitski, est un poème à la gloire des combattants du mouvement qui paraît aux alentours de Pâques dans Grič et Ustaša. « L’ennemi piétine ta mère », s’écrie l’auteur, « Il crache sur les autels et souille les tombes des tiens » mais la Croatie attend impatiemment la venue de l’Oustacha (19). Associé à la rédaction de l’almanach « de l’État Indépendant Croate » qui réunit les signatures des intellectuels émigrés (20), il y publie ensuite « quelques réflexions » (21) qui lui permettent d’exprimer son attachement à la terre natale et aux paysans, et d’exposer sa vision essentiellement agrarienne du futur État croate. C’est à la même époque, enfin, qu’il compose pour les militants une marche belliqueuse où il chante « le héros Ante » qui s’élève comme un aigle sauvage des sommets du Velebit pour « chasser le diable au-delà de la Drina »… [Crûment intitulée « Bježte, psine ! » ou « Fichez-le-camp, chiens ! », cette marche serbophobe sera souvent reprochée à Mile Budak. Il faut toutefois la replacer dans le contexte d’extrême tension des années 1930. Au moment où Budak écrit ces paroles, il y a des attentats, des tortures, des pendaisons, une répression terrible et les passions sont exacerbées. Cette marche traduit peut-être de façon un peu radicale l’exaspération des patriotes croates mais elle reste néanmoins sensiblement moins acrimonieuse que La Marseillaise…].

À la fin de l’année 1933, Mile Budak et son épouse partent pour Berlin où l’écrivain doit superviser l’édition du bimensuel Nezavisna Hrvatska Država et de l’almanach du même nom, deux publications que dirige Branimir Jelić (22). À cette époque, le gouvernement allemand ne veut plus que ces titres soient imprimés à Berlin : ils le seront donc à Dantzig avant que l’imprimerie italienne de l’Oustacha n’en reprenne l’édition. La cohabitation à la tête d’une même entreprise éditoriale de deux personnalités aussi fortes que celles de Mile Budak et Branimir Jelić se révèle vite orageuse et une brouille profonde opposera durablement les deux hommes. Dans l’immédiat, ce différend est mis entre parenthèses car Jelić se rend en Amérique où Pavelić l’a chargé d’implanter l’Oustacha (23). De son côté, Budak ne reste pas non plus en Allemagne car au début du mois d’octobre 1934, le Poglavnik l’appelle d’urgence en Italie. Entre les deux hommes, Pavelić a, semble-t-il, fait son choix puisqu’en mai 1934, il a écarté Jelić des instances dirigeantes du mouvement et promu Budak au rang supérieur de conseiller (doglavnik).

Arrivé à Bologne le 8 octobre 1934, veille de l’attentat de Marseille [dans lequel il ne joue aucun rôle], Mile Budak se rend ensuite à Turin auprès des Pavelić. Pour les émigrés croates commence alors une période difficile car d’énormes pressions s’exercent maintenant sur leurs pays d’accueil et notamment sur l’Italie. Le 17 octobre, le chef de l’Oustacha et son bras droit, Eugen Dido Kvaternik (24), sont incarcérés par les autorités fascistes qui interceptent peu après (8 novembre) Branimir Jelić qui arrive des Etats-Unis. Les camps oustachis sont fermés et la plupart de leurs occupants (plus de 500 hommes) assignés à résidence sur l’île de Lipari. Placé par Pavelić à la tête de toutes les bases de l’organisation (10 janvier 1935), Mile Budak devient dès lors le principal interlocuteur du gouvernement fasciste et le responsable en chef des internés, une position qui s’avère vite inconfortable. Contesté par de nombreux militants qui lui reprochent de se montrer trop conciliant avec les Italiens et qui contreviennent ouvertement à ses ordres, Mile Budak peine à imposer son autorité. Ces conflits internes lui vaudront des rancunes tenaces et lui laisseront un souvenir amer.

À partir de 1936, son épouse Ivka s’établit à Messine où il la rejoint en février 1937, la direction du groupe de Lipari étant désormais assurée par Eugen Dido Kvaternik ; il ne s’agit cependant que d’une étape de plus puisque trois mois plus tard, le couple déménage encore, cette fois pour Salerne. Libéré des exténuantes chamailleries de Lipari, Mile Budak peut enfin se remettre à écrire. Ponctuée par la parution successive de Pod gorom (Au pied des montagnes – 1930), Raspeće (La mise en croix – 1931), Na ponorima (Au bord des abîmes – 1932) et Opanći dida Vidurine (Les mocassins de Pépé Vidurina – 1933), sa carrière littéraire s’est brutalement interrompue lorsqu’il a pris le chemin de l’exil, et ses nombreuses obligations ultérieures ne lui ont guère laissé le temps de renouer avec la littérature. À Messine puis à Salerne, c’est donc avec ferveur qu’il reprend la plume. Dans Na vulkanima (Au bord des volcans), qui ne paraîtra qu’en 1941, il raconte tout d’abord les péripéties de sa mission aux îles Éoliennes, puis il s’attelle à ce que beaucoup de critiques considèrent comme son œuvre majeure, le roman Ognjište (L’Âtre). Dans ce livre, dont il rédige les 850 pages en 43 jours, enfermé dans une chambre d’hôtel, Mile Budak – que certains tiennent pour un émule de Dostoïevski et d’autres pour un épigone de Wladislaw Reymont – trace un tableau fidèle et vivant de la vie des paysans de sa province natale de Lika. Avec cette œuvre, il prend place, aux côtés de Jean Giono, Stijn Streuvels, Dezsö Szabó et quelques autres, parmi les grands noms de la littérature du terroir et du courant que les Allemands nomment le Blut und Boden.

Le retour

Suite à l’accord intervenu entre l’Italie et la Yougoslavie (25 mars 1937), la branche italienne de l’Oustacha est dissoute (1er avril 1937) et les émigrés se voient fermement invités à rentrer au pays. Au cours des douze mois qui suivent, un premier contingent de 161 personnes regagne d’ailleurs la Yougoslavie (25). Dans ce contexte, Mile Budak, dont l’épouse supporte de plus en plus mal les rigueurs de l’exil, commence à envisager sérieusement l’hypothèse d’un retour. Il est difficile d’établir, aujourd’hui, s’il agit en accord avec Pavelić ou de son propre chef mais le fait est qu’il rencontre à deux reprises le célèbre policier yougoslave Vladeta Miličević afin d’évoquer les conditions de son retour, et qu’il s’entretient même, sur les bords du Lac de Côme, avec le Premier ministre yougoslave Milan Stojadinović. En tout état de cause, ces discrètes négociations finissent par aboutir puisqu’au bout de cinq mois, Mile et Ivka Budak quittent Salerne pour Zagreb où ils arrivent le 6 juillet 1938, quelques semaines seulement après la sortie en librairie de Ognjište

Pour l’homme de lettres, ces retrouvailles avec la Mère Patrie marquent un regain d’activité. Peu de temps après la publication de Ognjište paraît le roman Direktor Križanić, suivi en 1939 de Na Veliki Petak (Le Vendredi Saint) et de Rascvjetana trešnja (Le cerisier en fleurs), puis en 1940 de San o sreći (Songe de bonheur). Cette créativité littéraire n’empêche pas Mile Budak de redescendre dans l’arène politique en prenant tout d’abord la direction du nouvel hebdomadaire nationaliste Hrvatski Narod et en patronnant ensuite l’association Uzdanica. [Animé par des sympathisants de l’Oustacha, ce groupe a pour objectifs de fournir une assistance morale et financière aux victimes de la répression et de concurrencer dans toutes les communes l’appareil du Parti Paysan]. Alors que la Seconde Guerre mondiale vient d’éclater, les patriotes croates sont encore loin d’avoir gagné la partie : la Croatie a certes obtenu un semblant d’autonomie (24 août 1939) mais la répression anti-indépendantiste ne faiblit pas. Au cours de l’année 1940, le journal Hrvatski Narod est d’ailleurs suspendu, tandis que les dirigeants nationalistes sont arrêtés les uns après les autres et incarcérés au camp de Krušćica, en Bosnie centrale. Figure de proue de la contestation anti-yougoslave, Mile Budak n’est, bien sûr, pas épargné par la rafle : appréhendé le 27 février 1940, il ne sera élargi que cinq semaines plus tard, non sans avoir observé deux grèves de la faim. L’écrivain n’est pas épargné non plus par le destin puisque le 11 avril 1940, le jour même où s’achève sa détention, son épouse Ivka décède à leur domicile de Zagreb. Retrouvée noyée dans un bassin de jardin, on ne saura jamais si elle a mis fin à ses jours ou si elle a été victime d’un homicide…

Ministre de l’Instruction

Au moment où se déclenche l’offensive allemande contre la Yougoslavie (6 avril 1941), Mile Budak se trouve dans un hôpital de Zagreb où il se remet d’une opération de la vésicule biliaire (et où il échappe de peu à une nouvelle tentative d’attentat). C’est donc depuis son lit de douleur qu’il apprend, le 10 avril 1941, la proclamation par Slavko Kvaternik (26) de l’État Indépendant Croate. Même si ses problèmes de santé l’ont tenu à l’écart des événements du 10 avril et s’il n’appartient pas au noyau dur de l’Oustacha, l’écrivain demeure cependant l’un des personnages les plus en vue du mouvement et à ce titre, le Poglavnik lui offre bientôt d’entrer dans le premier gouvernement du nouvel État. Le 16 avril 1941, Mile Budak est donc nommé ministre des Cultes et de l’Instruction (27), un poste qu’il va occuper durant un peu plus de six mois.

La création du nouvel État implique la mise en place d’un nouveau système scolaire et universitaire, ce qui constitue la tâche prioritaire du nouveau ministre. Ce dernier procède à quelques promotions et mutations chez les enseignants et directeurs de lycée, il fait réaliser de nouveaux livres de lecture pour les écoles primaires et de nouveaux manuels pour les établissements secondaires. Dans le domaine universitaire, il installe une commission de réforme et supervise l’attribution des postes [contrairement aux clichés souvent répandus, le nouveau régime ne déclenche aucune chasse aux sorcières et seuls 14 ou 15 professeurs sont placés en situation de retraite]. Dans le même temps, Mile Budak ordonne (9 août 1941) la création de l’Institut d’Édition Bibliographique (HIBZ) qui aura pour mission de rédiger et de publier une encyclopédie croate ; son champ d’action dépassant le strict domaine scolaire pour s’étendre à celui de la culture en général, il s’intéresse également à la fondation (12 juillet 1941) de l’Académie Croate des Sciences et des Arts (HAZU) ainsi qu’aux travaux de l’Association des Écrivains et à l’avenir du Théâtre National. Parallèlement à ces activités qui relèvent de son ministère, il poursuit d’autre part l’édition de ses propres œuvres et notamment de Ratno roblje (Otages de guerre), Na vulkanima (Au bord des volcans) et Musinka qui paraissent durant l’année.

Globalement, ce semestre à la tête du ministère de l’Instruction est une période plutôt positive pour Mile Budak au crédit duquel il faut encore porter de discrètes interventions en faveur des écrivains Miroslav Krleža (28) et Ivo Andrić (29). La seule ombre au tableau mais elle est de taille, ce sont les quelques discours que Budak prononce au cours de l’été et dans lesquels il s’en prend maladroitement aux Serbes, ce que la propagande ennemie ne manquera pas de monter en épingle. Pour se faire une idée objective des propos du ministre, il faut bien les replacer dans le contexte de la libération du pays et bien comprendre aussi l’état d’esprit de Mile Budak. Il ne faut pas oublier que ce dernier a eu à subir deux attentats et un emprisonnement arbitraire du fait du pouvoir serbe, qu’il a dû passer cinq ans en exil et que son épouse a peu ou prou succombé à cette pression ; il faut aussi se souvenir que Mile Budak n’est pas un politicien de métier mais un écrivain et un artiste, qu’il ne possède pas la traditionnelle cautèle des hommes politiques confirmés et qu’il n’est pas rompu à ce langage convenu que les Russes nommaient autrefois la « langue de chêne ». Lorsqu’il lance, presque à son corps défendant (30), la fameuse formule « Srbe na vrbe » ou « Les Serbes dans les saules », il ne s’agit donc nullement, comme on l’a prétendu, d’un mot d’ordre invitant les Croates à pendre les orthodoxes haut et court. Il s’agit simplement, dans la liesse et la chaleur communicative d’un meeting fêtant l’indépendance, d’une allusion – plutôt inopportune, il est vrai – à un slogan d’avant la Première Guerre mondiale, et plus précisément à un poème composé en juillet 1914 par le Slovène Marko Natlačen. Notons au passage que les Serbes n’en tinrent pas vraiment rigueur au dit Natlačen puisque le roi de Yougoslavie le nomma plus tard gouverneur de la Banovine de la Drave… À l’occasion d’une autre réunion publique, Budak aurait également annoncé au sujet des Serbes qu’il fallait en chasser un tiers, en tuer un second tiers et en convertir le dernier tiers. Cette fois encore, tout sera fait pour accréditer la thèse que le ministre énonçait là le monstrueux programme génocidaire de l’État Croate. En réalité, cela ne correspond ni aux projets de l’État (31), ni à la pensée d’Ante Pavelić (32) et encore moins à celle de Budak lui-même (33). Il s’agit tout au plus et dans le feu d’un discours, du pastiche d’une vieille déclaration faite au siècle précédent et au sujet des musulmans par le général et ministre serbe Milivoje Blažnavac (34). On parlerait aujourd’hui, au pire, d’un dérapage verbal ou d’une incongruité, et il semble tout à fait exagéré d’y voir autre chose qu’une maladresse et un manque d’expérience. Outre que Budak n’aurait probablement pas fait de mal à une mouche, il n’était aucunement concerné par les questions raciales, ne possédait aucune influence en la matière et n’a d’ailleurs jamais signé le moindre document officiel y ayant trait.

Ambassadeur à Berlin

Le 2 novembre 1941, Mile Budak quitte le ministère de l’Instruction pour devenir ambassadeur de Croatie en Allemagne, une nomination qui ne s’est pas faite sans difficultés car la Wilhelmstrasse le soupçonne d’être favorable à l’Italie et même d’appartenir à la franc-maçonnerie. Aux yeux de beaucoup d’observateurs, cette affectation a tout d’un exil doré. Personnage un peu marginal et jugé parfois fantasque, il ne jouit peut-être pas de la totale confiance du Poglavnik et compte de féroces détracteurs parmi les hiérarques de l’Oustacha. À Berlin, il sera loin de la scène politique croate et ne fera de l’ombre à personne…

Arrivé le 8 décembre dans la capitale du Reich, Mile Budak présente ses lettres de créance à Hitler le 28 février 1942. Il dispose à Grunewald d’une belle ambassade et fait l’objet de quelques prévenances mais de toute évidence, son rôle politique est tout à fait minime car les affaires importantes se négocient directement à Zagreb, entre Pavelić, le plénipotentiaire Siegfried Kasche et le général Glaise von Horstenau. Le seul sujet de quelque relief dont il aura à s’occuper sera la création et l’équipement d’une gendarmerie croate. Faute d’être associé aux débats de fond, le nouvel ambassadeur se consacre donc aux travailleurs croates qui résident en Allemagne (environ 150 000), à l’établissement de relations cordiales avec le corps diplomatique et au renforcement de la coopération culturelle germano-croate. On sait, par exemple, qu’il établit de fructueux contacts avec les ambassadeurs de Turquie (Rizvanbegović) et du Japon (Hiroshi Ōshima)-(35), ainsi qu’avec le Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini (36), et l’influent général Gottlob Berger. Sur le plan culturel, il prépare la venue à Vienne de l’Opéra Croate et organise à Berlin une grande exposition où sont présentées, en janvier 1943, 460 œuvres d’artistes croates (76 peintres et 19 sculpteurs). Au bout d’un an et demi de séjour en Allemagne (où plusieurs de ses livres ont été traduits) et à l’heure où sa mission s’achève, on peut dire que Mile Budak a parfaitement tenu son rang et qu’il a sensiblement amélioré l’image de la Croatie auprès du grand public.

Ministre des Affaires Étrangères

Des difficultés ayant surgi avec l’Italie en raison du soutien de certains militaires fascistes aux Tchetniks de Dalmatie, Ante Pavelić se trouve contraint de procéder à un remaniement et le 23 avril 1943, Mile Budak se voit désigné pour prendre la succession de Mladen Lorković à la tête du ministère des Affaires Étrangères. Sur le papier, il s’agit d’une promotion mais dans les faits, l’écrivain ne dispose de guère plus de latitude qu’à Berlin car la politique étrangère demeure l’une des chasses gardées du chef de l’État. Concrètement, le rôle de Mile Budak se borne le plus souvent à accompagner le Poglavnik puis à répercuter les décisions prises ou les orientations choisies aux légations diplomatiques. Ainsi, le 27 avril 1943, le nouveau ministre est-il au château de Klessheim où il assiste aux entretiens entre Pavelić et Hitler, apparemment sans intervenir ; le 5 mai, il est également présent lors de la rencontre entre Himmler et le Poglavnik, et le 26 juillet, lors des entretiens au cours desquels Pavelić et Siegfried Kasche évoquent la chute de Mussolini. À aucun moment au cours de ces trois rendez-vous importants, Mile Budak n’intervient de façon notable. Ses premiers gestes, plus symboliques que vraiment significatifs – et qu’il n’effectue certainement pas sans un feu vert préalable du chef de l’État – consistent, au mois d’août 1943, à établir des relations diplomatiques avec la Birmanie puis, le 17 octobre, avec les Philippines… On ne peut pas dire qu’il s’agisse de décisions majeures.

Le 8 septembre 1943, l’Italie capitule et dès le lendemain, Ante Pavelić annonce que les Accords de Rome sont abrogés et que la Croatie va récupérer ses frontières historiques. Les choses sont néanmoins plus complexes qu’il n’y paraît et Mile Budak se retrouve au cœur des tractations qui s’engagent. Se posent, en effet, de nombreux problèmes car dès le 10 septembre, Hitler ordonne la création d’une « Zone d’opération du littoral adriatique » (OZAK) qui englobe Rijeka et les îles du Kvarner et où il désigne un haut commissaire ; d’autre part, la République Sociale Italienne (fondée par Mussolini, le 23 septembre 1943) revendique toujours la souveraineté sur cette région ainsi que sur Zadar. Au sud se pose aussi la question de Kotor que le Monténégro entend disputer à la Croatie. Très engagé dans la défense des intérêts territoriaux et militaires de la Croatie, Mile Budak se montre beaucoup plus actif que durant les mois précédents : il multiplie les interventions, tente de faire pression et n’hésite pas à critiquer ouvertement les choix de Berlin, ce qui finit par fragiliser sa position au sein du gouvernement. Devenu plus ou moins importun, l’écrivain se voit alors proposer le portefeuille de la Justice mais il décline cette offre et demande, le 5 novembre, à être déchargé de ses fonctions.

Un dénouement tragique

Rendu à la vie civile, Mile Budak peut à nouveau se consacrer pleinement à son œuvre littéraire. En 1943 paraît une sélection de ses nouvelles, Izabrane pripoviesti (Textes choisis), tandis que l’écrivain s’attelle désormais à la rédaction d’une grande saga en six volumes, Kresojića soj (Le sang des Kresojić), dont les trois premiers récits, Kresina, Gospodin Tome (Maître Thomas) et Hajduk (Le Haïdouk) paraîtront en 1944.

Ce travail d’écriture ne l’écarte cependant pas totalement de la vie politique puisqu’il conserve son rang de doglavnik et reste donc membre du Grand Conseil de l’Oustacha (37). En cette qualité, il prend d’ailleurs part à toutes les réunions du Conseil, certaines se déroulant même à son domicile. Cette participation, il faut le préciser, est assez symbolique car le Conseil ne possède qu’un rôle consultatif ; elle démontre en tout cas que Mile Budak demeure fidèle à ses engagements et qu’il n’abandonne pas le combat.

Au printemps de 1945, ce combat entre toutefois dans sa dernière phase car l’Armée Rouge et les Partisans progressent irrésistiblement en direction de Zagreb où l’on ne se fait plus beaucoup d’illusions sur l’avenir de l’État Indépendant Croate. Le 6 mai, les membres du gouvernement et les notables du régime quittent d’ailleurs la capitale et prennent la direction de Turracher Höhe, en Autriche : Mile Budak est du voyage, avec sa fille Grozdana et sa nièce Ana. Arrivés le 7 au soir, les fugitifs, qui sont sous l’autorité formelle du Premier ministre Nikola Mandić, prennent ensuite le chemin de Turrach, Predlitz et Tamsweg où Mandić prend contact avec l’armée britannique (14 mai 1945). Au bout de trois jours, le groupe – qui comprend 69 personnes, femmes et enfants compris – est transféré au camp de Spittal, puis à Rosenbach où il est remis aux Partisans qui emmènent les captifs à Škofia Loka. Là, Mandić, Budak, Ademaga Mešić et une douzaine d’autres dignitaires sont séparés de leurs compagnons pour être acheminés sur Zagreb où ils arrivent entre le 21 et le 25 mai. Des 54 prisonniers restés à Škofia Loka, seuls quelques jeunes enfants survivront : les autres, dont la fille et la nièce de Budak, ainsi que la fille aînée du ministre Ivica Frković et le frère du Poglavnik, sont tous exécutés le 25 mai, sans aucun jugement préalable.

Incarcéré à Zagreb, Mile Budak est interrogé le 26 mai et son « procès » s’ouvre le 6 juin devant le tribunal militaire de la IIe Armée. Il s’agit bien entendu d’un grossier simulacre de justice : les inculpés sont dix (38) et ils n’ont qu’un seul avocat que l’on a prévenu la veille… La pseudo cour se compose du colonel Hrnčević, du major Divjanović et du capitaine Ranogajec, et quant à l’accusation, elle a été confiée au Vychinski de Tito, le sinistre Jakov Blažević (39). Bien que la procédure vise dix personnes dont cinq anciens ministres, les débats sont vite expédiés et le verdict tombe dans la soirée : Mile Budak est condamné à mort par pendaison, pour haute trahison et crimes de guerre (40). Il sera exécuté dans la nuit, aux petites heures du 7 juin 1945, treize ans jour pour jour après l’attentat qui avait failli lui coûter la vie en 1932 !

Un homme d’honneur

Exécuté à la hâte parce que ses idées et son talent étaient insupportables aux nouveaux maîtres de la Yougoslavie reconstituée et parce qu’il fallait décapiter l’intelligentsia croate, Mile Budak n’a bien sûr perpétré aucun « crime de guerre » ni commis la moindre « trahison ». Homme de lettres, il a écrit et parlé en faveur de son peuple, de l’indépendance de sa patrie et du parti dont il était membre mais il n’a jamais attenté à la vie de quiconque ni ordonné à qui que ce soit de commettre un quelconque méfait (41). Ministre de l’Instruction et des Affaires Étrangères, ambassadeur et conseiller supérieur de l’Oustacha, il n’est jamais entré dans ses attributions de commander des troupes sur le terrain, ni de leur fixer une ligne de conduite et encore moins de leur assigner des objectifs. Eut-il même voulu commettre un crime de guerre qu’il n’eut pas vraiment été en situation de le faire. Par ailleurs, on ne voit pas comment on peut décemment l’accuser de trahison au vu des trente-cinq ans qu’il a consacrés à servir la Croatie, son pays. À l’égard de la Yougoslavie, entité artificielle, imposée de force et par l’étranger, il ne devait aucune allégeance et ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater que ce sont ceux-là mêmes qui ont tout fait pour étouffer l’indépendance de la Croatie et asservir son peuple qui ont osé le condamner au motif d’une pseudo trahison. L’honneur était de son côté, pas du leur.

Romancier, poète, militant, avocat, ministre et diplomate, Mile Budak fut à la fois un artiste et un homme d’action auquel il semble juste de reconnaître un certain panache. On peut, certes, ne pas apprécier son œuvre ou désapprouver son engagement mais ce n’était sûrement pas une raison pour l’expédier à la potence !

Christophe Dolbeau

Notes

(1) Voir C. Dolbeau, « Croatie 1945 : une nation décapitée », in Tabou, vol. 18 [version croate in Hrvatski list du 12 mai 2011, « Hrvatska 1945 : obezglavljeni narod (komunistički aristocid nad Hrvatima) »] et « Bleiburg, démocide yougoslave », in Tabou, vol. 17.

(2) Cf. La force des choses, Folio-Gallimard, Paris 1963, p. 36.

(3) Cf. Gabriel Marcel, Les hommes contre l’humain, La Colombe, Paris 1951, p. 185.

(4) En Bosnie-Herzégovine, les activités de Mlada Hrvatska étaient proscrites alors qu’elles ne l’étaient pas en Croatie.

(5) L’écrivain Ante Starčević (1823-1896), fondateur du Parti Croate du Droit, fut un partisan déclaré de l’indépendance croate ; il est considéré par les patriotes croates comme le Père de la Patrie.

(6) Les Zinzares ou Aroumains sont une peuplade romanophone des Balkans ; on les appelle également Morlaques, Valaques, Mauro-Valaques, Latini Negri, Blahoï, Kara-Martoloži, Eflakan, Aromounes, Olaks ou Čiči. Selon certains spécialistes dont le Père D. Mandić, 50 à 52% des Serbes de Bosnie-Herzégovine seraient de lointaine origine zinzare – voir D. Mandić, Hrvati i Srbi, dva stara različita naroda, KHR, Barcelone 1971, p. 212.

(7) Cf. D. Mandić, op. cit., p. 212.

(8) Né le 20 juillet 1914, Zvonimir Budak quitte la Croatie en 1933 pour les Etats-Unis où il deviendra citoyen américain sous le nom de Frank M. Berger. Vétéran de la Guerre de Corée, il est décédé à Memphis, le 13 novembre 1994.

(9) Le Hrvatski Sokol est une organisation patriotique (40 000 membres) qui promeut et encourage la pratique du sport. Mile Budak en sera le vice-président.

(10) Ancien cadre de Mlada Hrvatska (Jeune Croatie), Vladimir Ćopić (1891-1939) a rejoint les bolcheviks durant la Première Guerre mondiale. Fondateur du Parti Communiste Yougoslave, il sera délégué au Ve Congrès du Komintern avant de commander la XVe Brigade Internationale au cours de la Guerre d’Espagne (1937-38) ; rappelé à Moscou, il y a été liquidé lors de la Grande Purge.

(11) dont Mijo Babić, Zvonimir Pospišil et Mladen Lorković.

(12) Incarcéré à Lepoglava et Srijemska Mitrovica où il fait la grève de la faim, Stipe Javor (1877-1936) succombe le 27 mars 1936 des suites d’une pneumonie et des tortures qu’on lui a infligées.

(13) Matija Soldin et Marko Hranilović seront condamnés à mort et exécutés par pendaison le 25 septembre 1931. L’un et l’autre avaient été sévèrement torturés durant l’instruction de leur affaire.

(14) Vladko Maček (1879-1964), avocat, député, chef du Parti Paysan Croate.

(15) Lovro Sušić (1891-1972), avocat, député, futur ministre de l’État Indépendant Croate et secrétaire général (postrojnik) de l’Oustacha.

(16) Outre son fils Zvonimir, Mile Budak a eu deux filles : Neda, née le 4 février 1921, et Grozdana, née le 17 mars 1924. Épouse de Krešimir Puk (fils d’un célèbre dignitaire oustachi), Neda émigrera aux Etats-Unis où son mari prendra le nom de Peter Poock ; elle est décédée le 16 mars 1995 dans l’Iowa. Grozdana sera quant à elle assassinée par les Partisans, le 25 mai 1945.

(17) Industriel de la viande, Ivan Werner (1887-1944) sera nommé maire de Zagreb en 1941.

(18) Cette brochure sera éditée en mai 1934 par une association croate de l’Ohio. Une version espagnole paraîtra à Buenos Aires en 1937 mais en revanche, les traductions allemande et italienne seront jugées « inopportunes » par les gouvernements de Berlin et Rome.

(19) « Ustašo moj » – texte cité dans « Prilog životopisu dra Mile Budaka » par Jere Jareb, in Hrvatska Revija, N° 1 [157], mars 1990, p. 104.

(20) À savoir Ante Pavelić, Marko Došen, Joža Milković, Ivan Perčević, Stanko Hranilović, Ante Brkan, Ante Valenta, Stijepo Perić, Ante Bubalo, Mijo Bzik, etc.

(21) « Nekoliko misli o uređenju slobodne i nezavisne hrvatske države ».

(22) Branimir Jelić (1905-1972), médecin de profession, avait été le chef des jeunesses du Parti du Droit. Arrêté à Gibraltar en 1941, alors qu’il revenait des USA, il sera incarcéré durant quatre ans sur l’île de Man et ne jouera donc aucun rôle dans l’État Indépendant Croate.

(23) L’opération est un succès puisque selon J. Sadkovich, le Hrvatski Domobran des USA (fondé le 21 août 1933 par B. Jelić) regroupe, en 1935, 15 000 adhérents répartis en 30 sections – voir « La composizione degli ustascia : una valutazione preliminare », in Storia Contemporanea, N° 6 (décembre 1980).

(24) Principal organisateur de l’attentat de Marseille contre le roi Alexandre Ier, Eugen Dido Kvaternik (1910-1962) sera Commissaire à l’Ordre Public et à la Sécurité au début de l’État Indépendant Croate.

(25) En 1938-39, cent dix-sept autres sont renvoyés en Yougoslavie, et en 1939-40 quatre – voir P. Iuso, Il Fascismo e gli Ustascia 1929-1941, Gangemi Editore, Roma 1998, pp. 119-125.

(26) Ancien colonel de l’armée austro-hongroise, Slavko Kvaternik (1878-1947) sera le premier ministre de la Défense de l’État Indépendant Croate ; promu maréchal des armées et général oustachi, il s’exile en Slovaquie et prend quelque distance avec le régime à partir d’octobre 1942.

(27) Le 9 octobre 1942, le ministère changera de dénomination : de ministère de l’Instruction et des Cultes il deviendra ministère de l’Éducation Nationale.

(28) Proche du Parti Communiste, le romancier Miroslav Krleža (1893-1981) se voit proposer, à l’initiative de Mile Budak, un poste d’intendant du Théâtre National, puis une chaire à l’université et enfin une mission en Suisse, afin de le mettre à l’abri de la répression. Il déclinera ces offres.

(29) Ancien diplomate yougoslave, le futur prix Nobel Ivo Andrić (1892-1975) se verra proposer, à l’initiative de Mile Budak et avec l’assentiment de Pavelić, un poste dans la diplomatie croate. Il ne donnera pas suite à cette offre.

(30) Il confiera au Dr Mate Frković que l’expression « lui a spontanément échappé » – cité par Jere Jareb, « Prilog životopisu dra Mile Budaka ; drugi dio », in Hrvatska Revija, N° 2 [158], juin 1990, p. 315.

(31) Si l’État Croate est hostile à l’existence d’une cinquième colonne serbe, il est en revanche favorable à l’intégration des « orthodoxes croates ». À cette fin, Ante Pavelić fonde même une Église Orthodoxe Croate autocéphale (3 avril 1942) qu’il place sous l’autorité du métropolite russe Germogen. Par ailleurs, le gouvernement compte dans ses rangs un ministre orthodoxe (Savo Besarović) et le Sabor (Diète) quelques parlementaires de cette religion. Plusieurs généraux orthodoxes (Fedor Dragojlov, Milan Uzelac, Đuro Dragičević, Mihajlo Lukić, Đuro Gruić, Jovan Iskrić, Miroslav Opačić, Dušan Palčić, Milan Desović) exercent des commandements importants dans l’armée régulière ; quelques orthodoxes, comme le célèbre colonel Delko Bogdanić, servent également dans la milice oustachie.

(32) Si l’on en croit le général oustachi Ante Moškov, « Pavelić ne s’est jamais prononcé sur un quelconque anéantissement du peuple serbe » – voir Pavelićevo doba, Laus, Split 1999, pp. 204-206. Selon l’historien Stefan Sipić, « Pavelić affiche ouvertement son anti-yougoslavisme aussi bien idéologique que politique et son opposition au régime de Belgrade, mais cet antagonisme ne prend jamais un caractère racial qui pourrait se généraliser à l’ensemble du peuple serbe » – voir « L’idéologie du mouvement oustachi de 1930 à 1941 », in Cahiers balkaniques, 38-39/2011, 3-18.

(33) Si l’on en croit Luka Fertilio (cité par J. Jareb, op. cit., p. 316), Mile Budak apporte son aide à plusieurs orthodoxes et juifs croates lorsqu’il est en poste à Berlin. Si l’on s’en réfère à Marko Čović, il fait de même à Zagreb avec certains intellectuels serbes.

(34) Voir D. Pavličević, « Nije Budak nego Blažnavac », in Vijenac, 423, du 20 mai 2010.

(35) C’est notamment grâce aux bonnes relations de Budak avec l’ambassadeur Ōshima que le Japon nommera un chargé d’affaires (Kazuichi Miura) à Zagreb.

(36) En avril 1943, le Grand Mufti effectuera une visite officielle en Croatie.

(37) Ce Grand Conseil ou Doglavničko Vijeće compte douze membres. Mile Budak en a fait partie du 6 mai 1934 au 10 mai 1943 puis du 20 juillet 1943 au 6 mai 1945.

(38) À savoir Nikola Mandić, Mile Budak, Julije Makanec, Nikola Steinfel (Steinfl), Pavao Canki, Juraj (Jućo) Rukavina, Ivan Vidnjević, Ademaga Mešić, Lavoslav Milić et Bruno Nardelli.

(39) Le même qui requerra contre le Bienheureux Alojzije Stepinac, cardinal et archevêque de Zagreb.

(40) Des dix accusés, seuls trois échappent à la peine de mort : Ademaga Mešić est condamné à la réclusion à perpétuité, Lavoslav Milić et Bruno Nardelli à vingt ans d’emprisonnement.

(41) Mile Budak était catholique pratiquant et cela eut été en totale contradiction avec sa foi.

Bibliographie

        V. Nikolić, « Mile Budak : pjesnik i mučenik Hrvatske », Hrvatska Revija, N° 4 [156], décembre 1989, pp. 647-659.

        Jere Jareb, « Prilog životopisu dra Mile Budaka », Hrvatska Revija, N° 1 [157], mars 1990, pp. 92-122, N° 2 [158], juin 1990, pp. 311-355.

        P. Iuso, Il fascismo e gli Ustascia 1929-1941, Gangemi Editore, Roma 1998.

        Collectif, Tko je tko u NDH, Minerva, Zagreb 1998.

        T. Jonjić et S. Matković, « Novi prilozi za životopis Mile Budaka uoči Drugoga svjetskog rata », Časopis za suvremenu povijest, vol. 40, N° 2 (octobre 2008), pp. 425-452.

        D. Pavličević, « Nije Budak nego Blažnavac », Vijenac, N° 423, 20 mai 2010.

        S. Sipić, « L’idéologie du mouvement oustachi de 1930 à 1941 », Cahiers balkaniques, N° 38-39/2011, pp. 3-18.

        T. Jonjić et S. Matković, « Presuda protiv Mile Budaka i družine pronađena je i objavljena », Društvena istraživanja, vol. 22, N° 2, juillet 2013, pp. 369-375.        

Wall Street & the November 1917 Bolshevik Revolution

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Wall Street & the November 1917 Bolshevik Revolution

By Kerry Bolton 

Ex: http://www.counter-currents.com

My last article [2] documented the funding of the March 1917 Revolution in Russia.[1] The primary financier of the Russian revolutionary movement 1905–1917 was Jacob Schiff, of Kuhn Loeb and Co., New York. In particular Schiff had provided the money for the distribution of revolutionary propaganda among Russians prisoners-of-war in Japan in 1905 by the American journalist George Kennan who, more than any other individual, was responsible for turning American public and official opinion against Czarist Russia. Kennan subsequently related that it was thanks to Schiff that 50,000 Russian soldiers were revolutionized and formed the cadres that laid the basis for the March 1917 Revolution and, we might add–either directly or indirectly–the consequent Bolshevik coup of November. The reaction of bankers from Wall Street and The City towards the overthrow of the Czar was enthusiastic.

This article deals with the funding of the subsequent Bolshevik coup eight months later which, as paradoxical as it might seem to those who know nothing of history other than the orthodox version, was also greeted cordially by banking circles in Wall Street and elsewhere.

Apologists for the bankers and other highly-placed individuals who supported the Bolsheviks from the earliest stages of the communist takeover, either diplomatically or financially, justify the support for this mass application of psychopathology as being motivated by patriotic sentiment, in trying to thwart German influence over the Bolsheviks and to keep Russia in the war against Germany. Because Lenin and his entourage had been able to enter Russia courtesy of the German High Command on the basis that a Bolshevik regime would withdraw Russia from the war, Wall Street capitalists explained that their patronage of the Bolsheviks was motivated by the highest ideals of pro-Allied sentiment. Hence, William Boyce Thompson in particular stated that by funding Bolshevik propaganda for distribution in Germany and Austria this would undermine the war effort of those countries, while his assistance to the Bolsheviks in Russia was designed to swing them in favor of the Allies.

These protestations of patriotic motivations ring hollow. International banking is precisely what it is called–international, or globalist as such forms of capitalism are now called. Not only have these banking forms and other forms of big business had overlapping directorships and investments for generations, but they are often related through intermarriage. While Max Warburg of the Warburg banking house in Germany advised the Kaiser and while the German Government arranged for funding and safe passage of Lenin and his entourage from Switzerland across Germany to Russia;[2] his brother Paul,[3] a partner of Jacob Schiff’s at Wall Street, looked after the family interests in New York. The primary factor that was behind the bankers’ support for the Bolsheviks whether from London,[4] New York, Stockholm,[5] or Berlin, was to open up the underdeveloped resources of Russia to the world market, just as in our own day George Soros, the money speculator, funds the so-called “color revolutions” to bring about “regime change” that facilitates the opening up of resources to global exploitation. Hence there can no longer be any doubt that international capital a plays a major role in fomenting revolutions, because Soros plays the well-known modern-day equivalent of Jacob Schiff.

Recognition of Bolsheviks Pushed by Bankers

This aim of international finance, whether centered in Germany, England or the USA, to open up Russia to capitalist exploitation by supporting the Bolsheviks, was widely commented on at the time by a diversity of well-informed sources, including Allied intelligence agencies, and of particular interest by two very different individuals, Henry Wickham Steed, editor of The London Times, and Samuel Gompers, head of the American Federation of Labor.

On May 1, 1922 The New York Times reported that Gompers, reacting to negotiations at the international economic conference at Genoa, declared that a group of “predatory international financiers” were working for the recognition of the Bolshevik regime for the opening up of resources for exploitation. Despite the rhetoric by New York and London bankers during the war that a Russian revolution would serve the Allied cause, Gompers opined that this was an “Anglo-American-German banking group,” and that they were “international bankers” who did not adhere to any national allegiance. He also noted that prominent Americans who had a history of anti-labor attitudes were advocating recognition of the Bolshevik regime.[6]

What Gompers claimed, was similarly expressed by Henry Wickham Steed of The London Times, based on his observations. In a first-hand account of the Paris Peace Conference of 1919, Steed stated that proceedings were interrupted by the return from Moscow of William C. Bullitt and Lincoln Steffens, “who had been sent to Russia towards the middle of February by Colonel House and Mr. Lansing, for the purpose of studying conditions, political and economic, therein for the benefit of the American Commissioners plenipotentiary to negotiate peace.”[7] Steed also refers to British Prime Minister Lloyd George as being likely to have known of the Mission and its purpose. Steed stated that international finance was behind the move for recognition of the Bolshevik regime and other moves in favor of the Bolsheviks, and specifically identified Jacob Schiff of Kuhn, Loeb & Co., New York, as one of the principal bankers “eager to secure recognition”:

Potent international financial interests were at work in favor of the immediate recognition of the Bolshevists. Those influences had been largely responsible for the Anglo-American proposal in January to call Bolshevist representatives to Paris at the beginning of the Peace Conference—a proposal which had failed after having been transformed into a suggestion for a Conference with the Bolshevists at Prinkipo. . . . The well-known American Jewish banker, Mr. Jacob Schiff, was known to be anxious to secure recognition for the Bolshevists . . .[8]

In return for diplomatic recognition, Tchitcherin, the Bolshevist Commissary for Foreign Affairs, was offering “extensive commercial and economic concessions.”

Wickham Steed with the support of The Times’ proprietor, Lord Northcliffe, exposed the machinations of international finance to obtain the recognition of the Bolshevik regime, which still had a very uncertain future.

Steed related that he was called upon by US President Wilson’s primary adviser, Edward Mandel House, who was concerned at Steed’s exposé of the relationship between Bolshevists and international financers:

That day Colonel House asked me to call upon him. I found him worried both by my criticism of any recognition of the Bolshevists and by the certainty, which he had not previously realized, that if the President were to recognize the Bolshevists in return for commercial concessions his whole “idealism” would be hopelessly compromised as commercialism in disguise. I pointed out to him that not only would Wilson be utterly discredited but that the League of Nations would go by the board, because all the small peoples and many of the big peoples of Europe would be unable to resist the Bolshevism which Wilson would have accredited.[9]

Steed stated to House that it was Jacob Schiff, Warburg and other bankers who were behind the diplomatic moves in favor of the Bolsheviks:

I insisted that, unknown to him, the prime movers were Jacob Schiff, Warburg, and other international financiers, who wished above all to bolster up the Jewish Bolshevists in order to secure a field for German and Jewish exploitation of Russia.[10]

Steed here indicates an uncharacteristic naïveté in thinking that House would not have known of the plans of Schiff, Warburg, et al. House was throughout his career close to these bankers and was involved with them in setting up a war-time think tank called The Inquiry, and following the war the creation of the Council on Foreign Relations, in order to shape an internationalist post-war foreign policy. It was Schiff and Paul Warburg and other Wall Street bankers who called on House in 1913 to get House’s support for the creation of the Federal Reserve Bank.[11]

House in Machiavellian manner asked Steed to compromise; to support humanitarian aid supposedly for the benefit of all Russians. Steed agreed to consider this, but soon after talking with House found out that British Prime Minister Lloyd George and Wilson were to proceed with recognition the following day. Steed therefore wrote the leading article for the Paris Daily Mail of March 28th, exposing the maneuvers and asking how a pro-Bolshevik attitude was consistent with Pres. Wilson’s declared moral principles for the post-war world?

. . . Who are the tempters that would dare whisper into the ears of the Allied and Associated Governments? They are not far removed from the men who preached peace with profitable dishonour to the British people in July, 1914. They are akin to, if not identical with, the men who sent Trotsky and some scores of associate desperadoes to ruin the Russian Revolution as a democratic, anti-German force in the spring of 1917.[12]

Here Steed does not seem to have been aware that some of the same bankers who were supporting the Bolsheviks had also supported the March Revolution.

Charles Crane,[13] who had recently talked with President Wilson, told Steed that Wilson was about to recognize the Bolsheviks, which would result in a negative public opinion in the USA and destroy Wilson’s post-War internationalist aims. Significantly Crane also identified the pro-Bolshevik faction as being that of Big Business, stating to Steed: “Our people at home will certainly not stand for the recognition of the Bolshevists at the bidding of Wall Street.” Steed was again seen by House, who stated that Steed’s article in the Paris Daily Mail, “had got under the President’s hide.” House asked that Steed postpone further exposés in the press, and again raised the prospect of recognition based on humanitarian aid. Lloyd George was also greatly perturbed by Steed’s articles in the Daily Mail and complained that he could not undertake a “sensible” policy towards the Bolsheviks while the press had an anti-Bolshevik attitude.[14]

Thompson and the American Red Cross Mission

As mentioned, House attempted to persuade Steed on the idea of relations with Bolshevik Russia ostensibly for the purpose of humanitarian aid for the Russian people. This had already been undertaken just after the Bolshevik Revolution, when the regime was far from certain, under the guise of the American Red Cross Mission. Col. William Boyce Thompson, a director of the NY Federal Reserve Bank, organized and largely funded the Mission, with other funding coming from International Harvester, which gave $200,000. The so-called Red Cross Mission was largely comprised of business personnel, and was according to Thompson’s assistant, Cornelius Kelleher, “nothing but a mask” for business interests.[15] Of the 24 members, five were doctors and two were medical researchers. The rest were lawyers and businessmen associated with Wall Street. Dr. Billings nominally headed the Mission.[16] Prof. Antony Sutton of the Hoover Institute stated that the Mission provided assistance for revolutionaries:

We know from the files of the U.S. embassy in Petrograd that the U.S. Red Cross gave 4,000 rubles to Prince Lvoff, president of the Council of Ministers, for “relief of revolutionists” and 10,000 rubles in two payments to Kerensky for “relief of political refugees.”[17]

The original intention of the Mission, hastily organized by Thompson in light of revolutionary events, was ‘”nothing less than to shore up the Provisional regime,” according to the historian William Harlane Hale, formerly of the United States Foreign Service.[18] The support for the social revolutionaries indicates that the same bankers who backed the Kerensky regime and the March Revolution also supported the Bolsheviks, and it seems reasonable to opine that these financiers considered Kerensky a mere prelude for the Bolshevik coup, as the following indicates.

Thompson set himself up in royal manner in Petrograd reporting directly to Pres. Wilson and bypassing US Ambassador Francis. Thompson provided funds from his own money, first to the Social Revolutionaries, to whom he gave one million rubles,[19] and shortly after $1,000,000 to the Bolsheviks to spread their propaganda to Germany and Austria.[20] Thompson met Thomas Lamont of J. P. Morgan Co. in London to persuade the British War Cabinet to drop its anti-Bolshevik policy. On his return to the USA Thompson undertook a tour advocating US recognition of the Bolsheviks.[21] Thompson’s deputy Raymond Robbins had been pressing for recognition of the Bolsheviks, and Thompson agreed that the Kerensky regime was doomed and consequently “sped to Washington to try and swing the Administration onto a new policy track,” meeting resistance from Wilson, who was being pressure by Ambassador Francis.[22]

The “Bolshevik of Wall Street”

Such was Thompson’s enthusiasm for Bolshevism that he was nicknamed “the Bolshevik of Wall Street” by his fellow plutocrats. Thompson gave a lengthy interview with The New York Times just after his four month tour with the American Red Cross Mission, lauding the Bolsheviks and assuring the American public that the Bolsheviks were not about to make a separate peace with Germany.[23] The article is an interesting indication of how Wall Street viewed their supposedly “deadly enemies,” the Bolsheviks, at a time when their position was very precarious. Thompson stated that while the “reactionaries,” if they assumed power, might seek peace with Germany, the Bolsheviki would not. “His opinion is that Russia needs America, that America must stand by Russia,” stated the Times. Thompson is quoted: “The Bolsheviki peace aims are the same as those of the Untied States.” Thompson alluded to Wilson’s speech to the United States Congress on Russia as “a wonderful meeting of the situation,” but that the American public “know very little about the Bolsheviki.” The Times stated:

Colonel Thompson is a banker and a capitalist, and he has large manufacturing interests. He is not a sentimentalist nor a “radical.” But he has come back from his official visit to Russia in absolute sympathy with the Russian democracy as represented by the Bolsheviki at present.

Hence at this time Thompson was trying to sell the Bolsheviks as “democrats,” implying that they were part of the same movement as the Kerensky regime that they had overthrown. While Thompson did not consider Bolshevism the final form of government, he did see it as the most promising step towards a “representative government” and that it was the “duty” of the USA to “sympathize” with and “aid” Russia “through her days of crisis.” He stated that in reply to surprise at his pro-Bolshevik sentiments he did not mind being called “red” if that meant sympathy for 170,000,000 people “struggling for liberty and fair living.” Thompson also saw that while the Bolsheviki had entered a “truce” with Germany, they were also spreading Bolshevik doctrines among the German people, which Thompson called “their ideals of freedom” and their “propaganda of democracy.” Thompson lauded the Bolshevik Government as being the equivalent to America’s democracy, stating:

The present government in Russia is a government of workingmen. It is a Government by the majority, and, because our Government is a government of the majority, I don’t see how it can fail to support the Government of Russia.

Thompson saw the prospects of the Bolshevik Government being transformed as it incorporated a more Centrist position and included employers. If Bolshevism did not proceed thus, then “God help the world,” warned Thompson. Given that this was a time when Lenin and Trotsky held sway over the regime, subsequently to become the most enthusiastic advocates of opening Russia up to foreign capital (New Economic Policy) prospects seemed good for a joint Capitalist-Bolshevik venture with no indication that an upstart named Stalin would throw a spanner in the works.

The Times article ends: “At home in New York, the Colonel has received the good-natured title of ‘the Bolshevik of Wall Street.’”[24] It was against this background that it can now be understood why labor leader Samuel Gompers denounced Bolshevism as a tool of “predatory international finance,” while arch-capitalist Thompson lauded it as “a government of working men.”

The Council on Foreign Relations Report

The Council on Foreign Relations (CFR) had been established in 1921 by President Wilson’s chief adviser Edward Mandel House out of a previous think tank called The Inquiry, formed in 1917–1918 to advise President Wilson on the Paris Peace Conference of 1919. It was this conference about which Steed had detailed his observations when he stated that there were financial interests trying to secure the recognition of the Bolsheviks.[25]

Peter Grose in his semi-official history of the CFR writes of it as a think tank combining academe and big business that had emerged from The Inquiry group.[26] Therefore the CFR report on Soviet Russia at this early period is instructive as to the relationship that influential sections of the US Establishment wished to pursue in regard to the Bolshevik regime. Grosse writes of this period:

Awkward in the records of The Inquiry had been the absence of a single study or background paper on the subject of Bolshevism. Perhaps this was simply beyond the academic imagination of the times. Not until early 1923 could the Council summon the expertise to mobilize a systematic examination of the Bolshevik regime, finally entrenched after civil war in Russia. The impetus for this first study was Lenin’s New Economic Policy, which appeared to open the struggling Bolshevik economy to foreign investment. Half the Council’s study group were members drawn from firms that had done business in pre-revolutionary Russia, and the discussions about the Soviet future were intense. The concluding report dismissed “hysterical” fears that the revolution would spill outside Russia’s borders into central Europe or, worse, that the heady new revolutionaries would ally with nationalistic Muslims in the Middle East to evict European imperialism. The Bolsheviks were on their way to “sanity and sound business practices,” the Council study group concluded, but the welcome to foreign concessionaires would likely be short-lived. Thus, the Council experts recommended in March 1923 that American businessmen get into Russia while Lenin’s invitation held good, make money on their investments, and then get out as quickly as possible. A few heeded the advice; not for seven decades would a similar opportunity arise.[27]

However, financial interests had already moved into Soviet Russia from the beginning of the Bolshevik regime.

The Vanderlip Concession

H. G. Wells, historian, novelist, and Fabian-socialist, observed first-hand the relationship between Communism and big business when he had visited Bolshevik Russia. Travelling to Russia in 1920 where he interviewed Lenin and other Bolshevik leaders, Wells hoped that the Western Powers and in particular the USA would come to the Soviets’ aid. Wells also met there “Mr. Vanderlip” who was negotiating business contracts with the Soviets. Wells commented of the situation he would like to see developing, and as a self-described “collectivist” made a telling observation on the relationship between Communism and “Big Business”:

The only Power capable of playing this role of eleventh-hour helper to Russia single-handed is the United States of America. That is why I find the adventure of the enterprising and imaginative Mr. Vanderlip very significant. I doubt the conclusiveness of his negotiations; they are probably only the opening phase of a discussion of the Russian problem upon a new basis that may lead it at last to a comprehensive world treatment of this situation. Other Powers than the United States will, in the present phase of world-exhaustion, need to combine before they can be of any effective use to Russia. Big business is by no means antipathetic to Communism. The larger big business grows the more it approximates to Collectivism. It is the upper road of the few instead of the lower road of the masses to Collectivism.[28]

In addressing concerns that were being expressed among Bolshevik Party “activists” at a meeting of the Moscow Organization of the party, Lenin sought to reassure them that the Government was not selling out to foreign capitalism, but that, in view of what Lenin believed to be an inevitable war between the USA and Japan, a US interest in Kamchatka would be favorable to Soviet Russia as a defensive position against Japan. Such strategic considerations on the part of the US, it might be added, were also more relevant to US and other forms of so-called “intervention” during the Russian Civil War between the Red and the White Armies, than any desire to help the Whites overturn the Bolsheviks, let alone restore Czarism. Lenin said of Vanderlip to the Bolshevik cadres:

We must take advantage of the situation that has arisen. That is the whole purpose of the Kamchatka concessions. We have had a visit from Vanderlip, a distant relative of the well-known multimillionaire, if he is to he believed; but since our intelligence service, although splendidly organized, unfortunately does not yet extend to the United States of America, we have not yet established the exact kinship of these Vanderlips. Some even say there is no kinship at all. I do not presume to judge: my knowledge is confined to having read a book by Vanderlip, not the one that was in our country and is said to be such a very important person that he has been received with all the honors by kings and ministers—from which one must infer that his pocket is very well lined indeed. He spoke to them in the way people discuss matters at meetings such as ours, for instance, and told then in the calmest tones how Europe should be restored. If ministers spoke to him with so much respect, it must mean that Vanderlip is in touch with the multimillionaires.[29]

Of the meeting with Vanderlip, Lenin indicated that it was based on a secret diplomacy that was being denied by the US Administration, while Vandrelip returned to the USA, like other capitalists such as Thompson, praising the Bolsheviks. Lenin continued:

. . . I expressed the hope that friendly relations between the two states would be a basis not only for the granting of a concession, but also for the normal development of reciprocal economic assistance. It all went off in that kind of vein. Then telegrams came telling what Vanderlip had said on arriving home from abroad. Vanderlip had compared Lenin with Washington and Lincoln. Vanderlip had asked for my autographed portrait. I had declined, because when you present a portrait you write, “To Comrade So-and-so,” and I could not write, “To Comrade Vanderlip.” Neither was it possible to write: “To the Vanderlip we are signing a concession with” because that concession agreement would be concluded by the Administration when it took office. I did not know what to write. It would have been illogical to give my photograph to an out-and-out imperialist. Yet these were the kind of telegrams that arrived; this affair has clearly played a certain part in imperialist politics. When the news of the Vanderlip concessions came out, Harding—the man who has been elected President, but who will take office only next March—issued an official denial, declaring that he knew nothing about it, had no dealings with the Bolsheviks, and had heard nothing about any concessions. That was during the elections, and, for all we know, to confess, during elections, that you have dealings with the Bolsheviks may cost you votes. That was why he issued an official denial. He had this report sent to all the newspapers that are hostile to the Bolsheviks and are on the pay roll of the imperialist parties . . .[30]

This mysterious Vanderlip was in fact Washington Vanderlip who had, according to Armand Hammer, come to Russia in 1919, although even Hammer does not seem to have known much of the matter.[31] Lenin’s rationalizations in trying to justify concessions to foreign capitalists to the “Moscow activists” in 1920 seem disingenuous and less than forthcoming. Washington Vanderlip was an engineer whose negotiations with Russia drew considerable attention in the USA. The New York Times wrote that Vanderlip, speaking from Russia, denied reports of Lenin’s speech to “Moscow activists” that the concessions would serve Bolshevik geopolitical interests, with Vanderlip declaring that he had established a common frontier between the USA and Russia and that trade relations must be immediately restored.[32] The New York Times reporting in 1922: “The exploration of Kamchatka for oil as soon as trade relations between this country and Russia are established was assured today when the Standard Oil Company of California purchased one-quarter of the stock in the Vanderlip syndicate.” This gave Standard Oil exclusive leases on any syndicate lands on which oil was found. The Vanderlip syndicate comprised sixty-four units. The Standard Oil Company has just purchased sixteen units. However, the Vanderlip concessions could not come into effect until Soviet Russia was recognized by the USA.[33]

The Vanderlip syndicate holds concessions for the exploitation of coal, oil, and timber lands, fisheries, etc., east of the 160th parallel in Kamchatka. The Russian Government granted the syndicate alternate sections of land there and will draw royalties amounting to approximately 5 percent on all products developed and marketed by the syndicate.[34]

It is little wonder then that US capitalists were eager to see the recognition of the Soviet regime.

Bolshevik Bankers

In 1922 Soviet Russia’s first international bank was created, Ruskombank, headed by Olof Aschberg of the Nye Banken, Stockholm, Sweden. The predominant capital represented in the bank was British. The foreign director of Ruskombank was Max May, vice president of the Guaranty Trust Company.[35] Similarly to “the Bolshevik of Wall Street,” William Boyce Thompson, Aschberg was known as the “Bolshevik banker” for his close involvement with banking interests that had channeled funds to the Bolsheviks.

Guaranty Trust Company became intimately involved with Soviet economic transactions. A Scotland Yard Intelligence Report stated as early as 1919 the connection between Guaranty Trust and Ludwig C. A. K. Martens, head of the Soviet Bureau in New York when the bureau was established that year.[36] When representatives of the Lusk Committee investigating Bolshevik activities in the USA raided the Soviet Bureau offices on May 7, 1919, files of communications with almost a thousand firms were found. Basil H. Thompson of Scotland Yard in a special report stated that despite denials, there was evidence in the seized files that the Soviet Bureau was being funded by Guaranty Trust Company.[37] The significance of the Guaranty Trust Company was that it was part of the J. P. Morgan economic empire, which Dr. Sutton shows in his study to have been a major player in economic relations with Soviet Russia from its early days. It was also J. P. Morgan interests that predominated in the formation of a consortium, the American International Corporation (AIC), which was another source eager to secure the recognition of the still embryonic Soviet state. Interests represented in the directorship of the American International Corporation (AIC) included: National City Bank; General Electric; Du Pont; Kuhn, Loeb and Co.; Rockefeller; Federal Reserve Bank of New York; Ingersoll-Rand; Hanover National Bank, etc.[38]

The AIC’s representative in Russia at the time of the revolutionary tumult was its executive secretary William Franklin Sands, who was asked by US Secretary of State Robert Lansing for a report on the situation and what the US response should be. Sands’ attitude toward the Bolsheviks was, like that of Thompson, enthusiastic. Sands wrote a memorandum to Lansing in January 1918, at a time when the Bolshevik hold was still far from sure, that there had already been too much of a delay by the USA in recognizing the Bolshevik regime such as it existed. The USA had to make up for “lost time,” and like Thompson, Sands considered the Bolshevik Revolution to be analogous to the American Revolution.[39] In July 1918 Sands wrote to US Treasury Secretary McAdoo that a commission should be established by private interests with government backing, to provide “economic assistance to Russia.”[40]

Armand Hammer

One of those closely associated with Ludwig Martens and the Soviet Bureau was Dr. Julius Hammer, an emigrant from Russia who was a founder of the Communist Party USA. There is evidence that Julius Hammer was the host to Leon Trotsky when the latter with his family arrived in New York in 1917, and that it was Dr. Hammer’s chauffeured car that provided transport to Natalia and the Trotsky children. The Trotskys were met on disembarkation at the New York dock by Arthur Concors, a director of the Hebrew Sheltering and Immigrant Aid Society, whose advisory board included Jacob Schiff of Kuhn, Loeb and Co.[41] Dr. Hammer was the “primary owner of Allied Drug and Chemical Co.,” and “one of those not so rare creatures, a radical Marxist turned wealthy entrepreneur,” who lived an opulent lifestyle, according to Professor Spence.[42] Another financier linked to Trotsky was his own uncle, banker Abram Zhivotovskii, who was associated with numerous financial interests including those of Olof Aschberg.[43]

The intimate association of the Hammer family with Soviet Russia was to be maintained from start to finish, with an interlude of withdrawal during the Stalinist period. Julius’ son Armand, chairman of Occidental Petroleum Corporation, was the first foreigner to obtain commercial concessions from the Soviet Government. Armand was in Russia in 1921 to arrange for the reintroduction of capitalism according to the new economic course set by Lenin, the New Economic Policy. Lenin stated to Hammer that the economies of Russia and the USA were complementary, and in exchange for the exploitation of Russia’s raw materials he hoped for America’s technology.[44] This was precisely the attitude of significant business interests in the West. Lenin stated to Hammer that it was hoped the New Economic Policy would accelerate the economic process “by a system of industrial and commercial concessions to foreigners. It will give great opportunities to the United States.”[45]

Hammer met Trotsky, who asked him whether “financial circles” in the USA regard Russia as a desirable field of investment? Trotsky continued:

Inasmuch as Russia had its Revolution, capital was really safer there than anywhere else because, “whatever should happen abroad, the Soviet would adhere to any agreements it might make. Suppose one of your Americans invest money in Russia. When the Revolution comes to America, his property will of course be nationalized, but his agreement with us will hold good and he will thus be in a much more favorable position than the rest of his fellow capitalists.[46]

The manner by which Russia fundamentally changed direction, resulting eventually in the Cold War when Stalin refused to continue the wartime alliance for the purposes of establishing a World State via the United Nations Organization, traces its origins back to the divergence of opinion, among many other issues, between Trotsky and Stalin in regard to the role of foreign investment in the Soviet Union.[47] The CFR report had been prescient in warning big business to get into Russia immediately lest the situation changed radically.

Regimented Labor

But for the moment, with Trotsky entrenched as the warlord of Bolshevism, and Lenin favorable towards international capital investment, events in Russia seemed to be promising. A further major factor in the enthusiasm certain capitalist interests had for the Bolsheviks was the regimentation of labor under the so-called “dictatorship of the proletariat.” The workers’ state provided foreign capitalists with a controlled workforce. Trotsky had stated:

The militarization of labor is the indispensable basic method for the organization of our labor forces. . . . Is it true that compulsory labor is always unproductive? . . . This is the most wretched and miserable liberal prejudice: chattel slavery too was productive. . . . Compulsory slave labor was in its time a progressive phenomenon. Labor obligatory for the whole country, compulsory for every worker, is the basis of socialism. . . . Wages must not be viewed from the angle of securing the personal existence of the individual worker [but should] measure the conscientiousness, and efficiency of the work of every laborer.[48]

Hammer related of his experiences in the young Soviet state that although lengthy negotiations had to be undertaken with each of the trades unions involved in an enterprise, “the great power and influence of the trade unions was not without its advantages to the employer of labor in Russia. Once the employer had signed a collective agreement with the union branch there was little risk of strikes or similar trouble.”

Breaches of the codes as negotiated could result in dismissal, with recourse by the sacked worker to a labor court which, in Hammer’s experience, did not generally find in the worker’s favor, which would mean that there would be little chance of the sacked worker getting another job.[49]

However, Trotsky’s insane run in the Soviet Union was short-lived. As for Hammer, despite his greatly expanding and diverse businesses in the Soviet Union, after Stalin assumed power Hammer packed up and left, not returning until Stalin’s demise. Hammer opined decades later:

I never met Stalin—I never had any desire to do so—and I never had any dealings with him. However it was perfectly clear to me in 1930 that Stalin was not a man with whom you could do business. Stalin believed that the state was capable of running everything without the support of foreign concessionaires and private enterprise. That is the main reason I left Moscow. I could see that I would soon be unable to do business there and, since business was my sole reason to be there, my time was up.[50]

Foreign capital did nonetheless continue to do business with the USSR[51] as best as it was able, but the promising start that capitalists saw in the March and November revolutions for a new Russia that would replace the antiquated Czarist system with a modern economy from which they could reap the rewards was, as the 1923 CFR report warned, short-lived. Gorbachev and Yeltsin provided a brief interregnum of hope for foreign capital, to be disappointed again with the rise of Putin and a revival of nationalism and opposition to the oligarchs. The policy of continuing economic relations with the USSR even during the era of the Cold War was promoted as a strategy in the immediate aftermath of World War II when a CFR report by George S Franklin recommended attempting to work with the USSR as much as possible, “unless and until it becomes entirely evident that the U.S.S.R. is not interested in achieving cooperation . . .”

The United States must be powerful not only politically and economically, but also militarily. We cannot afford to dissipate our military strength unless Russia is willing concurrently to decrease hers. On this we lay great emphasis.

We must take every opportunity to work with the Soviets now, when their power is still far inferior to ours, and hope that we can establish our cooperation on a firmer basis for the not so distant future when they will have completed their reconstruction and greatly increased their strength. . . . The policy we advocate is one of firmness coupled with moderation and patience.[52]

Since Putin, the CFR again sees Russia as having taken a “wrong direction.” The current recommendation is for “selective cooperation” rather than “partnership, which is not now feasible.”[53]

The Revolutionary Nature of Capital

Should the fact that international capital viewed the March and even the November Revolutions with optimism be seen as an anomaly of history? Oswald Spengler was one of the first historians to expose the connections between capital and revolution. In The Decline of the West he called socialism “capitalistic” because it does not aim to replace money-based values, “but to possess them.” H. G. Wells, it will be recalled, said something similar. Spengler stated of socialism that it is “nothing but a trusty henchman of Big Capital, which knows perfectly well how to make use of it.” He elaborated in a footnote, seeing the connections going back to antiquity:

Herein lies the secret of why all radical (i.e. poor) parties necessarily become the tools of the money-powers, the Equites, the Bourse. Theoretically their enemy is capital, but practically they attack, not the Bourse, but Tradition on behalf of the Bourse. This is as true today as it was for the Gracchuan age, and in all countries . . .[54]

It was the Equites, the big-money party, which made Tiberius Gracchu’s popular movement possible at all; and as soon as that part of the reforms that was advantageous to themselves had been successfully legalized, they withdrew and the movement collapsed.[55]

From the Gracchuan Age to the Cromwellian and the French Revolutions, to Soros’ “color revolutions” of today, the Russian Revolutions were neither the first nor the last of political upheavals to serve the interests of Money Power in the name of “the people.”

 Notes

[1] K. R. Bolton, “March 1917: Wall Street & the March 1917 Russian Revolution,” Ab Aeterno, No. 2 (March 2010).

[2] Michael Pearson, The Sealed Train: Journey to Revolution: Lenin–1917 (London: Macmillan, 1975).

[3] Paul Warburg, prior to immigrating to the USA, had been decorated by the Kaiser in 1912.

[4] Col. William Wiseman, head of the British Secret Service, was the British equivalent to America’s key presidential adviser, Edward House, with whom he was in constant communication. Wiseman became a partner in Kuhn, Loeb & Co. From London on May 1, 1918 Wiseman cabled House that the Allies should intervene at the invitation of the Bolsheviks and help organize the Bolshevik army then fighting the White Armies in a bloody Civil War at a time when the Bolshevik hold on Russia was doubtful (Edward M. House, ed. Charles Seymour, The Intimate Papers of Col. House [New York: Houghton, Mifflin Co., 1926], Vol. III, p. 421).

[5] Olof Aschberg of the Nye Banken, Stockholm, the so-called “Bolshevik banker” who became head of the first Soviet international bank, Ruskombank, channeled funds to the Bolsheviks. On September 6, 1948 The London Evening Star commented on Aschberg’s visit to Swiss bankers that he had “advanced large sums to Lenin and Trotsky in 1917. At the time of the revolution Mr. Aschberg gave Trotsky money to form and equip the first unit of the Red Army.”

[6] Samuel Gompers, “Soviet Bribe fund Here Says Gompers, Has Proof That Offers Have Been Made, He Declares, Opposing Recognition. Propaganda Drive. Charges Strong Group of Bankers With Readiness to Accept Lenin’s Betrayal of Russia,” The New York Times, May 1, 1922. Online at Times’ archives: http://query.nytimes.com/gst/abstract.html?res=9E00E3D81739EF3ABC4953DFB3668389639EDE [3]

[7] Henry Wickham Steed, “Through Thirty Years 1892–1922 A personal narrative,” The Peace Conference, The Bullitt Mission, Vol. II.  (New York: Doubleday Page and Co., 1924), p. 301.

[8] Ibid.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Charles Seymour, 165–66. House was assigned by Wilson to draw up the constitution for the League of Nations, and in 1918 formed a think tank at Wilson’s request, called The Inquiry, to advise on post-war policy, which became the Council on Foreign Relations. House was the US chief negotiator at the Peace Conference in Paris, 1919–1920.

[12] Henry Wickham Steed, “Peace with Honor,” Paris Daily Mail, 28 March 1922; quoted in Steed (1924).

[13] Crane was a member of a 1917 Special Diplomatic Mission to Russia, and a member of the American Section of the Paris Peace Conference in 1919.

[14] H. W. Steed, 1924, op. cit.

[15] Antony Sutton, Wall Street and the Bolshevik Revolution (New York: Arlington House Publishers, 1974), p. 71.

[16] Ibid., p. 75.

[17] Ibid., p. 73.

[18] William Harlan Hale, “When the Red Storm Broke,” America and Russia: A Century and a Half of Dramatic Encounters, ed. Oliver Jensen (New York: Simon and Schuster, 1962), p. 150.

[19] Ibid., p.151.

[20] “Gives Bolsheviki a Million,” Washington Post, 2 February 1918, cited by Sutton, ibid., pp. 82–83.

[21] A. Sutton, op.cit., p. 8.

[22] W. Harlan Hale, op.cit., p. 151.

[23] Trotsky while still in the USA had made similar claims. “People War Weary. But Leo Trotsky Says They Do Not Want Separate Peace,” New York Times, March 16, 1917. This was why he became the focus of British intelligence efforts via R. H. Bruce Lockhart, special agent to the British War Cabinet in Russia.

[24] “Bolsheviki Will Not Make Separate Peace: Only Those Who Made Up Privileged Classes Under Czar Would Do So, Says Col. W. B. Thompson, Just Back From Red Cross Mission,” New York Times, January 27, 1918.

[25] Robert S. Rifkind, ‘”The Wasted Mission,” America and Russia, op. cit., p. 180.

[26] Peter Grose, Continuing The Inquiry: The Council on Foreign Relations from 1921 to 1996 (New York: Council on Foreign Relations, 2006). The entire book can be read online at: Council on Foreign Relations: http://www.cfr.org/about/history/cfr/index.html [4] (Accessed on February 27, 2010).

[27] Ibid. Chapter: “Basic Assumptions.”

[28] H. G. Wells, Russia in the Shadows, Chapter VII, “The Envoy.” Wells went to Russia in September 1920 at the invitation of Kamenev, of the Russian Trade Delegation in London, one of the leaders of the Bolshevik regime. Russia in the Shadows appeared as a series of articles in The Sunday Express. The whole book can be read online at: gutenberg.net.au/ebooks06/0602371h.html [5]

[29] V. I. Lenin, December 6, 1920, Collected Works, 4th English Edition (Moscow: Progress Publishers, 1965), Volume 31, 438–59 http://www.marxists.org/archive/lenin/works/1920/dec/06.htm [6] (Accessed on August 4, 2010).

[30] Ibid.

[31] A. Hammer, Witness to History (Reading, England: Hodder and Stoughton, 1988), pp.151-152.

[32] “Vanderlip’s Empire,” The New York Times, December 1, 1920, 14.

[33] “Standard Oil Joins Vanderlip Project,” The New York Times, January 11, 1922, p. 1.

[34] Ibid.

[35] Antony Sutton, Wall Street and the Bolshevik Revolution (New York: Arlington House Publishers, 1974), pp. 62–63.

[36] “Scotland Yard Intelligence Report,” London 1919, US State Dept. Decimal File, 316-22-656, cited by A. Sutton, ibid., p. 113.

[37] Basil H. Thompson, British Home Office Directorate of Intelligence, “Special Report No. 5 (Secret),” Scotland Yard, London, July 14, 1919; cited by Sutton, ibid., p. 115.

[38] A Sutton, op.cit., pp. 130–31.

[39] Sands’ memorandum to Lansing, p. 9; cited by Sutton, ibid., pp. 132, 134.

[40] A. Sutton, ibid., p. 135.

[41] Richard B Spence, “Hidden Agendas: Spies, Lies and Intrigue Surrounding Trotsky’s American Visit, January-April 1917,” Revolutionary Russia, Vol. 21, #1 (2008).

[42] Ibid.

[43] Ibid.

[44]  A. Hammer, Witness to History, op. cit., p. 143.

[45] Ibid.

[46] Ibid., p. 160.

[47] K. R. Bolton, “Origins of the Cold War: How Stalin Foiled a New World Order,” Foreign Policy Journal, May 31, 2010, http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/31/origins-of-the-cold-war-how-stalin-foild-a-new-world-order/all/1 [7]

[48] Leon Trotsky, Third All-Russian Congress of Trade Unions, April 6th, 1920. http://www.marxists.org/archive/brinton/1970/workers-control/05.htm [8] (Accessed on August 4, 2010).

[49] A. Hammer, op. cit., p. 217.

[50] Ibid., p. 221.

[51] Charles Levinson, Vodka-Cola (West Sussex: Biblias, 1980). Antony Sutton, National Suicide: Military Aid to the Soviet Union (New York: Arlington House, 1973).

[52] Peter Grose, op. it., “The First Transformation,” http://www.cfr.org/about/history/cfr/first_transformation.html [9]

[53] Jack Kemp, et al., Russia’s Wrong Direction: What the United States Can and Should do, Independent Task Force Report, no. 57 (New York: Council on Foreign Relations, 2006) xi. The entire publication can be downloaded at: http://www.cfr.org/publication/9997/ [10]

[54] Oswald Spengler, The Decline of The West (London: George Allen & Unwin, 1971), Vol. 2,  p. 464.

[55] Ibid., p. 402.

Source: Ab Aeterno, no. 5, Fall 2010

 


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[4] http://www.cfr.org/about/history/cfr/index.html: http://www.cfr.org/about/history/cfr/index.html

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[6] http://www.marxists.org/archive/lenin/works/1920/dec/06.htm: http://www.marxists.org/archive/lenin/works/1920/dec/06.htm

[7] http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/31/origins-of-the-cold-war-how-stalin-foild-a-new-world-order/all/1: http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/31/origins-of-the-cold-war-how-stalin-foild-a-new-world-order/all/1

[8] http://www.marxists.org/archive/brinton/1970/workers-control/05.htm: http://www.marxists.org/archive/brinton/1970/workers-control/05.htm

[9] http://www.cfr.org/about/history/cfr/first_transformation.html: http://www.cfr.org/about/history/cfr/first_transformation.html

[10] http://www.cfr.org/publication/9997/: http://www.cfr.org/publication/9997/

L’OCCIDENT MET LA MAIN SUR L’EAU

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L’OCCIDENT MET LA MAIN SUR L’EAU
Le grand enjeu du XXIème siècle


Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

Parmi les produits fondamentaux pour la vie humaine on trouve l’eau, bien collectif pour les groupes humains, mais les congrégations multinationales la commercialisent désormais. Cette privatisation de l’eau est susceptible de servir de détonateur à des conflits entre groupes multinationaux et populations autochtones, puisque l’eau de qualité est de plus en plus difficile à obtenir. La chaîne allemande de télévision DW a produit un reportage dans lequel est exposé comment trois entreprises commercialisent 70% de l’eau qui se vend sur la planète. Le groupe Nestlé - puis Coca Cola et Pepsi Cola - est propriétaire de 73 marques et il en résulte à la fois une destruction de la qualité des eaux thermales lorsque le groupe a pu s’approprier l’exploitation de celles-ci et une spoliation de la population chaque fois que des accords ont été passés avec les politiciens locaux pour que le groupe Nestlé utilise l’eau déjà traitée par le pays. 

Un débat sans fin

 
Deux positions prétendent synthétiser les attitudes possibles à l’égard des droits de consommation et d’usage de ce produit indispensable. Certains Etats et des ONG affirment qu’il s’agit d’un bien public auquel chacun doit accéder ; le secteur “privé” considère qu’un produit alimentaire comme l’eau n’a rien qui justifie une modalité d’administration publique. Si des individus ne peuvent la payer, il appartient à l’Etat dont ils dépendent de prendre les mesures nécessaires. 

De temps à autre, on arrive à entendre la voix de Maude BARLOW, la spécialiste mondialement reconnue du thème, auteur du livre “l’or bleu”. Elle explique que les quelques entreprises qui ont accaparé le marché de l’eau se retrouvent dans plus de cent pays et dominent 70 % du marché. Elles utilisent pour arriver à leurs fins une méthode bien huilée. D’abord, elles demandent une concession et, en échange, fournissent prébendes, gratifications et soultes aux décideurs qui ont donné cette autorisation. Puis les prix augmentent car chaque activité est soumise à une tarification spéciale : la distribution, la purification, etc., Tout processus est calculé et justifie une hausse. Comme il est fréquent que des pays n’aient pas la technologie dont disposent ces multinationales, le discours en faveur de la privatisation - et des prix de pillage - en est facilité.
 
Le fait que des zones entières manquent d’eau ou en nécessitent pour l’agriculture justifie des évolutions comme le transport par tankers, soit dans des cuves soit dans des sacs plastiques gigantesques. On envisage cette dernière solution pour déplacer par remorquage de grandes quantités d’eau depuis le lieu d’origine jusqu’au pays de destination. Il y a aussi les nouvelles constructions d’aqueducs  prévues par exemple à partir des Alpes pour l’Europe ou vers la Californie,aux Etats-Unis.

Il y a quelques années, à l’époque où le FMI avait à sa tête le français Camdessus, qui fut aussi un bon serviteur des néantologues mondialistes, il fut mis en avant le principe de la désalinisation de l’eau de mer. Mais le coût en limite la pratique à quelques pays aux revenus pétroliers plantureux. Les multinationales comme Nestlé, Coca-Cola, Pepsi-Cola, … préfèrent vider les nappes phréatiques que les techniques actuelles ont détectées. Un exemple très significatif se trouve en Amérique Latine avec la “quadruple frontière”.

Le cas de la quadruple frontière 

 
La nappe phréatique “Guaraní”, dans le sous-sol de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay est une justification à la présence de militaires étrangers qui disposent de bases, comme celle des USA au Paraguay, lieu où s’entraînent aussi des commandos aux fonctions douteuses. Il a déjà été évoqué, dans les années écoulées, la possibilité de transporter l’eau de cette réserve vers des pays demandeurs en utilisant les voies des fleuves Parana et Paraguay. Cela est susceptible de démarrer à n’importe quel moment car la corruption est aussi facile à mener à bien là-bas qu’ici.
 
L’été dernier, entre le 1 juillet et le 31 août, l’armée du Paraguay et les forces américaines ont mené de concert des exercices, dans la zone du “Chaco Paraguayo”, connue pour être un terrain très inhospitalier. Les trompettes de la propagande assurent que l’empathie et la camaraderie entre les militaires des Etats-Unis et du Paraguay est parfaite, aussi parfaite que l’était celle qui régnait en 1960 entre les pays bolchéviques et leur grand frère.  L’astuce, quoique grossière, continue à s’utiliser avec succès : nous sommes tous camarades et le pouvoir infâme aime tout le monde, à condition d’être son esclave obéissant. 

Depuis le 5 mai 2005, le Paraguay a autorisé le gang des néantologues à s’installer de manière permanente dans le pays. Les étatsuniens entrent et sortent sans contrôle, avec toutes les cochonneries qu’ils veulent, sous forme d’armes et autres...Ils ne sont responsables de rien vis à vis de la population ou du milieu ambiant. Leur base militaire est établie dans la province de Boqueronen à l’Ouest du Paraguay, soit à 250 Km de la Bolivie et proche de l’Argentine. Elle est dotée d’une piste d’atterrissage pour les avions B52 et autres Galaxie. De là, elle surveille les réserves de gaz et de pétrole de la Bolivie, puis la réserve d’eau douce, seconde en importance sur la planète, la nappe Guarani.

Les Israéliens aussi

Le Président Horacio Cartes est protégé par 5 gardes du corps israéliens, auxquels il conviendrait d’ajouter ceux qui veillent sur ses filles, sa femme, sa mère, etc., lesquels profitent de leur position pour inviter des coreligionnaires à arpenter le pays et ses frontières, afin de connaître et combattre l’Armée du Peuple Paraguayen. D’un bout à l’autre de l’Occident, les mensonges se ressemblent. Cette Armée du Peuple n’existe que dans l’imagination de ceux qui en ont besoin pour camoufler leurs infamies. Elle justifie une militarisation du pays et surtout la mise sous tutelle israélienne des ressources en eau. La nappe Guarani n’est pas une ressource pour les populations, mais un butin que les pillards de la planète veulent s’approprier.

Tout prendre, tout contrôler

 
La spécialiste de la question de l’eau en Argentine, Elsa Bruzzone, a rappelé qu’en 2004, le Pentagone avait adressé un rapport au gouvernement des Etats-Unis pour proposer de prendre le contrôle militaire des ressources en eau de la planète. Le rapport s’appuyait sur l’analyse des experts de l’ONU affirmant qu’entre 2020 et 2030, 90% de la population n’aura plus accès à une eau vraiment saine. Laissera-t-on piller l’eau de la réserve Guarani et organiser le contrôle de l’accès à l’eau un peu potable à travers quelques congrégations multinationales.
 
Comment tolérer cette infamie?

vendredi, 08 novembre 2013

La bioéconomie : Vicissitudes d’un concept d’avenir

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La bioéconomie : Vicissitudes d’un concept d’avenir

par Hugo Carton et Agnès Sinaï

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

De Nicholas Georgescu-Roegen à la commission européenne


.

«Difficulté ne signifie pas impossibilité(1)»

 

 

 

La bioéconomie est un concept qui fleurit aujourd’hui sur les scènes politique et économique internationales. En début d’année 2013, la Commission européenne a mis en place un “observatoire de la bioéconomie”. L’OCDE s’est également saisie du sujet, de même que le gouvernement américain qui a publié en avril 2012 un “blueprint” sur la bioéconomie nationale. Ces institutions prescriptrices du discours croissantiste dominant se seraient-elles converties à la thermodynamique ?

Ironiquement, le concept de bioéconomie est issu des travaux de l’économiste roumain Nicholas Georgescu-Roegen, considéré comme le premier penseur de la décroissance. Ses théories remettent radicalement en cause l’économie libérale prônée par les institutions internationales.  Ce détournement de sens mérite une attention particulière.

La science économique orthodoxe, qu’elle soit néoclassique et libérale ou marxiste, se figure la production et la consommation comme un cycle réversible ayant lieu dans un système complètement clos. Elle ne prend pas en compte les interactions entre le processus économique et l’environnement biosphérique limité de notre planète. L’économie, ainsi habituellement pensée comme un phénomène purement technique, s’inscrit en réalité dans un contexte physique et socioculturel qu’il est impossible d’ignorer sur le long terme.

Nicholas Georgescu-Roegen n’a jamais cessé d’interroger la notion de production et s’est vivement insurgé contre cette conceptualisation abstraite et mécaniste des activités matérielles de l’homme : «toute l’histoire économique de l’humanité prouve sans contredit que la nature elle aussi joue un rôle important dans le processus économique, ainsi que dans la formation de la valeur économique. Il est grand temps, me semble-t-il, d’accepter ce fait et de considérer ses conséquences pour la problématique économique de l’humanité(2)».

Il a insisté tout au long de sa carrière sur le fait que le processus économique intègre des ressources naturelles de valeur et rejette des déchets sans valeur. Du point de vue thermodynamique, l’énergie ou la matière absorbée par le processus économique l’est en état de basse entropie(3) et en sort dans un état de haute entropie.

En effet, la deuxième loi de la thermodynamique statue que l’entropie d’un système clos augmente continuellement vers un maximum. L’homme ne peut utiliser que l’énergie de basse entropie, c’est-à-dire l’énergie libre, qui est organisée. «L’énergie libre implique une certaine structure ordonnée comparable à celle d’un magasin où toutes les viandes se trouvent sur un comptoir, les légumes sur un autre, etc. L’énergie liée est de l’énergie dispersée en désordre, comme le même magasin après avoir été frappé par une tornade(4)». Nous pouvons brûler un morceau de charbon, mais nous ne pourrons pas récupérer la chaleur issue de sa combustion une fois que celle-ci se sera dissipée dans l’atmosphère. Ce processus transforme l’énergie du charbon, libre et utilisable par l’homme en une énergie liée, une chaleur irrécupérable et perdue.

De la même façon, les matériaux exploitables que nous extrayons des entrailles de la terre ont une durée de vie limitée. Ils sont voués à s’altérer et à se dégrader inévitablement sous une forme irrécupérable, et ce, malgré le recyclage. Cette différenciation anthropomorphique entre l’énergie et les matériaux exploitables et ceux qui ne le sont plus, implique une gestion raisonnée des sources de basse entropie non renouvelable.

L’impasse des externalités

Or la science économique orthodoxe rechigne à reconnaître que la loi de l’entropie est à la base de la rareté économique et elle a prouvé son incompétence dans l’exploitation mesurée des ressources limitées de la planète Terre. Ce que Georgescu-Roegen propose, ce n’est pas une simple réforme qui nous permettrait, par exemple, d’internaliser les externalités environnementales en créant des instruments économiques et financiers.

La théorie de l’internalisation est caractéristique de l’impasse dans laquelle se trouve la science économique orthodoxe.

Il y a externalité lorsque l’activité de consommation ou de production d’un agent a une influence sur le bien-être d’un autre sans que cette interaction fasse l’objet d’une transaction économique. Nous l’appelons externalité, positive ou négative d’ailleurs, parce qu’elle est hors du processus économique. Les tenants de l’économie écologique proposent de les internaliser, c’est-à-dire de les associer à une transaction, de les faire entrer dans la sphère de l’économie. Robert Costanza est un des pionniers de l’économie écologique. L’article qu’il publie dans la revue Nature, le 15 mai 1997, évalue à quelque 33 000 milliards de dollars par an (estimation minimale) la totalité des services rendus à l’humanité par les écosystèmes de la planète(5).

Cette estimation démontre que la valeur du capital naturel est supérieure au PIB mondial annuel, de l’ordre de 18000 milliards de dollars par an à l’époque. Divisés par six milliards d’individus, ces 33000 milliards offrent environ 5500 dollars par personne et par an de services vitaux «rendus» par les écosystèmes, comme la régulation de la composition de l’atmosphère, du climat, de l’eau, la capacité de résilience, l’offre de ressources en eau, le contrôle de l’érosion, la formation des sols, le recyclage des nutriments, le traitement des déchets, la pollinisation, le contrôle biologique, l’habitat des espèces, la production de nourriture, de matériaux bruts, de ressources génétiques, de divertissement et de support de culture.

Dans le sillage de cette étude pionnière, des économistes tels que Nicholas Stern et son étude sur le prix du climat et Pavan Sukhdev et son économie des écosystèmes et de la biodiversité ont déterminé les valeurs des «services» écosystémiques : valeurs d’usage directes, valeurs d’usage indirectes, taux d’actualisation, valeurs de non usage ou valeurs intrinsèques. En d’autres termes, renoncer à détruire revient-il plus cher que de sauvegarder un bien commun tel que le climat ou la biodiversité ? N’est-ce pas encore nager dans un économisme hors sol que de vouloir comptabiliser la nature ? L’effondrement du marché carbone européen illustre la précarité du mécanisme. Surtout, cette approche ne tient pas compte de l’érosion énergétique induite dans tout processus économique.

Nicholas Georgescu-Roegen propose un tout autre imaginaire. Sa refonte radicale du processus économique consiste à l’assujettir à a sphère écologique et non l’inverse : «[...] le domaine des phénomènes couverts par l’écologie est plus large que celui couvert par la science économique–[...] l’économie devra être absorbée par l’écologie, si jamais une telle fusion se produit(6).»

Le concept de bioéconomie s’impose alors comme la seule alternative économique opérant consciemment dans les limites planétaires imposées par la nature.

L’humanité est la seule espèce dont la survie dépend intrinsèquement de ses instruments exosomatiques c’est-à-dire des instruments produits par l’homme et dont il n’est pas doté à la naissance. L’épée qui prolonge le bras ou la voiture qui se substitue aux jambes par exemple, mais aussi la domestication, l’esclavage et la transplantation d’organes qui découlent directement de cette évolution exosomatique. En transcendant les limites biologiques naturelles qui lui étaient imposées, l’humanité a fait passer sa survie sur un plan totalement différent des autres espèces : elle n’est plus uniquement biologique, mais ne pouvant cependant pas se limiter au plan économique, elle est bioéconomique. L’approche bioéconomique de la survie de l’humanité découle donc directement de l’évolution exosomatique de notre espèce.

Or la fabrication et l’utilisation de nos outils est naturellement conditionnée par l’exploitation des sources de basse entropie disponibles, qu’il s’agisse d’énergie ou de matériaux. L’approche bioéconomique de Nicholas Georgescu-Roegen ne s’envisage et ne s’appréhende donc que dans le cadre défini par les «asymétries» qui conditionnent le rapport humain aux trois sources de basse entropie qu’il peut exploiter et qui constituent sa dot.

Ces trois sources de basse entropie sont constituées de :

-          L’énergie libre – c’est-à-dire disponible et utilisable par l’homme – rayonnée par le soleil et reçue par la terre.

-          L’énergie libre stockée depuis des millions d’années dans les entrailles de la terre sous forme par exemple de charbon, de pétrole et de gaz naturel.

-          Les structures matérielles ordonnées et exploitables comme les minerais.

Les asymétries suivantes constituent le cadre du problème bioéconomique qui est posé à l’humanité :

Première asymétrie : la part terrestre de cette dot est un stock, la part solaire est un flux. Nous pouvons surexploiter les ressources de la terre mais en aucun cas nous ne pourrons empiéter sur la part de rayonnement solaire reçue par nos descendants.

Deuxième asymétrie : Du fait de cette première asymétrie et parce qu’il est impossible de transformer de l’énergie en matière, l’élément le plus critique pour l’humanité d’un point de vue bioéconomique, est la matière disponible et utilisable dans la terre que ce soit du charbon ou du minerai de fer. Le flux d’énergie du soleil continuera à réchauffer notre planète et les forêts continueront de produire du bois bien après la disparition de l’humanité.

Troisième asymétrie : La part d’énergie provenant du flux solaire est infiniment supérieure à celle issue du stock d’énergie libre disponible sur Terre. L’ensemble des réserves des énergies fossiles ne représente qu’environ deux semaines du rayonnement solaire sur le globe(7).

Quatrième asymétrie : L’énergie solaire arrivant sur la Terre est très dispersée et son exploitation industrielle présente donc un immense désavantage par rapport aux réserves énergétiques extrêmement concentrées disponibles sur la planète. Utiliser directement l’énergie solaire reviendrait à utiliser l’énergie cinétique de chaque goutte d’eau de pluie avant qu’elle ne tombe au sol. Les rayons solaires ne forment ni fleuve ni lac qui faciliteraient leur exploitation à l’instar de l’énergie hydraulique(8).

Cinquième asymétrie : L’utilisation de l’énergie solaire est exempte de pollution : le rayonnement, qu’il soit utilisé ou non par l’homme finira, immanquablement sous la forme de chaleur contribuant à l’équilibre thermodynamique de la planète. L’exploitation de toutes les autres sources d’énergie produit inévitablement une pollution irréductible nuisible.

Sixième asymétrie : Tous les êtres vivants sur notre Terre dépendent de l’énergie solaire pour leur survie. La compétition pour cette énergie est la plus féroce dans la nature. L’Homme ne fait pas exception et il a su se rendre impitoyable par l’exploitation accrue de ses outils exosomatiques. Les fusils lui ont par exemple permis d’exterminer les loups qui volaient sa nourriture.

Reconvertir l’économie en énergie

arton60.jpgTout le problème bioéconomique découle de l’arbitrage que nous devons réaliser entre deux sources distinctes de basse entropie. L’une, terrestre, polluante, rare mais concentrée et facile d’accès, provient des entrailles de la terre. L’autre quasi illimitée(9), non polluante mais dispersée et difficilement exploitable, nous arrive tout droit du soleil.

Or depuis plusieurs siècles maintenant, il y a déplacement de la source solaire vers la source terrestre dans l’apport de la basse entropie. Le bœuf, dont la puissance mécanique provient du rayonnement solaire (captée par la photosynthèse), est remplacé par le tracteur, fabriqué et mû grâce à la basse entropie terrestre. Le fumier, disponible à la seule condition que le soleil brille, est remplacé par des engrais chimiques, extrait des mines de phosphates, qui sont déjà en voie d’épuisement(10).

L’agriculture mécaniste moderne, nous dit Georgescu, est peut-être inévitable dans la situation actuelle – surpopulation et exode rural –, mais elle est « antiéconomique » sur le long terme et nous conduira inévitablement à une impasse. L’exemple du secteur agricole est particulièrement parlant mais il en va de même dans tous les secteurs de l’activité humaine.

Parce qu’elle favorise l’exploitation des ressources planétaires finies – énergie et matière libre – et parce qu’elle engendre la pollution irréductible qui lui est associée, l’activité économique de l’homme conditionne celle des générations futures. L’enjeu majeur de l’humanité est alors celui de la répartition de la dot terrestre entre toutes les générations. Cette question se trouve de fait exclue de la science économique traditionnelle qui se limite à l’administration des ressources rares au présent ou dans un futur proche(11). Pour Georgescu-Roegen, la bioéconomie c’est d’abord la reconversion de l’économie de l’énergie. Il faut arrêter de rechercher des moyens toujours plus économiquement rentables d’extraire les énergies minérales et se concentrer sur la recherche et la diffusion de techniques d’utilisation directe de l’énergie solaire. Les techniques déjà maîtrisées, telles que l’agriculture organique qui s’apparente à la permaculture, doivent être communiquées à tous pour que chaque humain puisse les expérimenter lui-même. La bioéconomie de Georgescu-Roegen implique un retour à l’utilisation de l’énergie solaire dans le respect des cycles bio-géophysiques, car il s’agit du seul moyen de garantir aux générations suivantes un confort exosomatique satisfaisant.

Abandonner l’industrialisme

Nicholas Georgescu-Roegen n’est pas partisan du retour à une économie de cueillette(12) mais il exhorte les sociétés occidentales à abandonner l’industrialisme débridé et à adopter un programme bioéconomique minimal qui garantirait la survie de l’humanité sur le long terme :

  1. Interdire la guerre et toute production d’instruments de guerre. Du point de vue de l’exploitation des ressources naturelles, l’industrie militaire est une hérésie totale dont l’éradication permettrait de libérer des forces de production fantastiques tout en élevant moralement l’humanité.
  2. Aider les nations les plus pauvres à accéder à une existence valant la peine d’être vécue mais non point luxueuse.
  3. Diminuer progressivement la population mondiale jusqu’au point où une agriculture organique suffirait à la nourrir convenablement.
  4. Éviter consciencieusement tout gaspillage d’énergie. La sobriété énergétique est primordiale, tant en ce qui concerne le chauffage, la climatisation et l’éclairage que la vitesse.
  5. Nous guérir de notre soif morbide de gadgets extravagants tels que les grosses cylindrées.
  6. Nous débarrasser de la mode(13).
  7. Concevoir les marchandises les plus durables possibles et les concevoir afin qu’elles soient réparables(14).
  8. Se guérir du «cyclondrome du rasoir électrique» qui consiste à se raser plus vite pour avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase encore plus vite et ainsi de suite à l’infini. Il nous faut comprendre que toute existence digne d’être vécue doit comporter une part incompressible de temps libre oisif.

Il est aujourd’hui impensable de sacrifier notre confort exosomatique à un bénéficiaire non encore existant. L’approche bioéconomique de Georgescu, fondée sur le partage équitable et durable de notre dot en basse entropie entre les générations implique donc une éthique nouvelle et une véritable révolution culturelle. L’homme peut aussi faire le choix de vivre une vie, brève, fiévreuse et excitante dans la consommation débridée des ressources terrestres finies, mais dans ce cas il se doit d’être conscient qu’il abandonnera bientôt la biosphère, dont il est momentanément l’héritier, à des espèces moins avides qui bénéficieront encore de longues années des bienfaits de la lumière solaire.

La pensée bioéconomique de Nicholas Georgescu-Roegen est une pensée eschatologique, pénétrée de l’idée du déclin inéluctable des ressources disponibles d’énergie et de matière. La durée de vie de l’espèce humaine, nécessairement limitée, dépend principalement de sa gestion des sources de basse entropie. Nicholas Georgescu-Roegen a farouchement combattu toutes les théories économiques qui garantissaient à l’humanité une immortalité chimérique. La théorie de l’état stable compte parmi les plus fameuses de ces théories fantasques.

Le mythe de l’état stable

Herman Daly est un économiste américain qui fut élève de Georgescu-Roegen à l’Université Vanderbilt de Nashville dans les années 1960. Il est professeur à la School of Public Policy de l’Université du Maryland et a été économiste en chef du Département Environnement de la Banque mondiale. Il est le premier à avoir développé un concept macroéconomique de l’économie à croissance zéro ou, économie de l’état stable. Cela lui a valu une critique cinglante de la part de Georgescu-Roegen qui, au même titre que la croissance infinie, y voyait un mythe économique ni réalisable ni souhaitable.

La théorie de l’état stable, partagée en son temps par le Club de Rome, peut se résumer de la sorte : à population constante, en équilibrant notre pression sur l’environnement, nous serions à même de mettre fin au conflit écologique de l’humanité dans un état stationnaire se maintenant indéfiniment. Il serait alors possible, à stock de capital constant, de limiter le débit intrant de matières premières et donc la pollution, qui resterait alors dans les limites des capacités assimilative et régénérative de l’écosystème planétaire(15).

Herman Daly définit l’économie de l’Etat stable comme « une économie à population et stock de capital constant, maintenue par un faible flux qui reste dans les capacités régénératives et assimilatives de l’écosystème. Cela implique de faibles taux de naissances égaux aux taux de mortalité et de faibles taux de production égaux aux taux de déplétion(16)».

D’un point de vue thermodynamique, notre planète est un sous-système non pas ouvert mais clos, qui ne peut échanger que de l’énergie – l’énergie solaire – avec son environnement(17). Le stock de matière qui s’y trouve est constant.

La formule fondamentale de la thermodynamique classique établit que dans un système clos à l’état stable, la quantité de travail produit est égale à la quantité de chaleur reçue : n’importe quelle tâche peut être accomplie par une quantité correspondante d’énergie. Puisque le flux d’énergie solaire est quasi infini, nous serions en mesure de pouvoir le transformer intégralement et durablement en travail et ainsi maintenir une activité économique à niveau constant.

Ce raisonnement omet de dire que nulle conversion d’énergie en travail n’est possible sans support matériel. Par frottement, les machines thermiques, qui nous permettent par exemple de capter l’énergie solaire – celle qui nous arrive directement mais aussi l’énergie cinétique du vent et de l’eau –, dissipent non seulement de l’énergie sous forme de chaleur perdue mais aussi de la matière. Cette dégradation continue de la matière est imperceptible à court terme mais s’avère décisive à l’échelle de la survie de l’humanité. Comme le dit Georgescu-Roegen : « Autour de nous, toute chose s’oxyde, se casse, se disperse, s’efface, etc. Il n’y a pas de structures matérielles immuables, parce que la matière tout comme l’énergie se dissipe continuellement et irrévocablement(18).»

Un camion qui transporte des marchandises produit de la chaleur, mais ce n’est pas tout. Il s’use, ses pneus perdent du caoutchouc sur l’asphalte, son châssis rouille, etc. On change les composants usés pendant un temps puis on finit par changer de camion lorsque la matière s’est trop altérée. Une éolienne qui fonctionne dissipe elle aussi continuellement les matériaux dont elle est constituée, sous la forme de particules minuscules irrécupérables.

Irrécupérables ? Vraiment ? Puisqu’il est impossible de créer de la matière à partir de l’énergie seule, la théorie de l’état stable présuppose un recyclage total de la matière que nous dissipons. Moyennant une quantité d’énergie suffisante, serait-il alors possible de rassembler à nouveaux ces molécules éparpillées et ainsi mettre en échec la dispersion de la matière ?

De nombreux écologistes, observant que certaines substances chimiques vitales – oxygène, gaz, carbonique, azote etc. – sont recyclées par des processus naturels fonctionnant grâce à l’énergie solaire, sont convaincus que le recyclage total n’est pas un mirage. Il convient cependant de rappeler que ces cycles naturels ne se font pas sans pertes, mais simplement que les quantités sont tellement grandes que le déficit ne s’observe de manière flagrante que sur de très longues périodes de temps. Ainsi, une faible part du gaz carbonique prend la forme de carbonate de calcium dans les océans et le phosphore contenu dans certains squelettes de poissons se disperse au fond des océans. Ces deux substances sont elles pour autant irrécupérables ?

La réponse de Georgescu-Roegen est limpide : « Mais, pourrait-on soutenir, en pensant à l’interprétation statistique de la thermodynamique, il est assurément possible de rassembler les perles d’un collier cassé qui se sont éparpillées par terre. Or, le recyclage n’est-il pas précisément une opération de ce type ? Pour déceler l’erreur que constitue l’extrapolation d’une échelle à une autre, supposons que ces mêmes perles ont été préalablement dissoutes dans un acide quelconque et que la solution en a été épandue sur les océans – expérience qui retrace ce qui arrive effectivement aux différentes substances matérielles, les unes après le s autres. À supposer même que nous disposions d’autant d’énergie que nous en voulons, nous n’en aurions pas moins besoin d’un temps fantastiquement long et même pratiquement infini pour rassembler les perles en question(19)». Il est donc impossible de récupérer la matière dissipée. D’un autre côté, les activités économiques produisent aussi de la matière qui n’est pas réutilisable directement mais qui peut le devenir. Ce sont les vêtements usés, les bouteilles cassées, les vieux moteurs etc. Seuls ces rejets, ni matière dissipée ni déchets sont recyclables et doivent l’être au maximum. Il ainsi possible de ralentir drastiquement la déplétion des sources de matière mais aucunement d’annuler cette dépletion par un recyclage total. La théorie de l’état stable est contredite par la déperdition inéluctable d’énergie et de matière lors du processus économique.

Certains économistes voient en l’état stable la possibilité de mettre un terme à la lutte de l’homme contre l’homme pour l’énergie et la matière, si caractéristique de notre société de consommation. Nicholas Georgescu-Roegen reconnaît l’importance de cet objectif pour l’humanité, mais précise que la négation de la société de croissance ne peut pas déboucher sur l’état stable – dont les théoriciens échouent d’ailleurs à déterminer les niveaux soutenables de population et de niveaux de vie.

L’analyse thermodynamique nous montre que seule une bioéconomie de décroissance est souhaitable, au sens de soutenable sur le très long terme, et que la seule grandeur optimale qui peut nous guider est le niveau de population qu’il est possible de nourrir avec une agriculture entièrement organique.

Vivement critiqué par son maître au début de sa carrière, Daly a beaucoup fait pour propager la vision bioéconomique subversive de Georgescu et notamment l’idée qu’il ne faut pas confondre croissance et développement, et qu’il ne peut plus y avoir, à l’échelle écologique globale du “monde fini” de la Biosphère, de croissance mondiale durable(20).

La croissance, c’est produire plus ; le développement, c’est produire autrement. Cette distinction a d’abord été établie par Schumpeter, qui fut le professeur de Georgescu-Roegen. Dans la perspective bioéconomique de Georgescu-Roegen, à laquelle contribue grandement Herman Daly, les croissances économique et démographique mondiales doivent être stabilisées et inversées. C’est là le seul moyen de garantir à l’humanité une planète habitable durablement.

De quelques détournements récents

Le concept de bioéconomie semble aujourd’hui séduire certaines institutions politiques internationales. Ainsi, l’Union Européenne vient récemment de se doter d’un observatoire dédié à la bioéconomie. En annonçant sa création lors d’une conférence sur la bioéconomie à Dublin le 14 février dernier, Máire Geoghegan-Quinn, la commissaire européen pour la Recherche, a réaffirmé la volonté de l’Europe de poursuivre – ou plutôt d’entamer – son élan vers une économie basée sur l’utilisation intelligente des ressources de la terre et de la mer. L’observatoire mettra ses données et ses analyses à disposition du public par le biais d’un portail Web dédié – tachant ainsi de soutenir les stratégies régionales et nationales en cours d’élaboration dans les pays de l’UE.

Le 13 mars 2012, la Commission européenne avait déjà rendu publique une note stratégique sur la bioéconomie intitulée « L’innovation au service d’une croissance durable: une bioéconomie pour l’Europe ». Le titre univoque indique clairement que c’est en priorité la croissance qu’il faut rendre soutenable. La bioéconomie telle que l’entendent les instances européennes ne serait-elle alors qu’un avatar du fameux oxymore du développement durable, qui, comme l’a si bien dit Gilbert Rist, est, dans la bouche des dirigeants, synonyme de pérennisation du développement et de la croissance économique(21) ? C’est ce que pense Hervé Kempf qui demeure sceptique sur l’idée de la bioéconomie que se font les « technocrates de Bruxelles(22)». L’état des lieux que dresse la Commission européenne est des plus justes : une population en rapide augmentation, des pressions environnementales insoutenables, la déplétion rapide de très nombreuses ressources naturelles, dont les énergies fossiles, un changement climatique inéluctable, des dommages irréversibles à la biodiversité etc. Jusque là, rien de bien novateur, soulignons simplement le fait que le constat a le mérite d’être lucide quant à l’urgence et la criticité de la situation. Le développement de la bioéconomie à l’échelle européenne est alors présenté comme la clé de l’avenir qui nous permettra de passer à une société post-pétrole tout en maintenant une croissance économique soutenable.

Pas de définition claire et nette de la bioéconomie par la Commission, mais toute une série d’« orientations stratégiques » qui permettent de délimiter les contours flous de ce nouveau paradigme. Le document regorge de positions apparemment novatrices qu’il est rare de trouver dans la novlangue technocratique : freiner l’artificialisation des sols, rester vigilant à la compétition sur les terres arables entre les productions de nourriture et d’agro-carburant, populariser des régimes alimentaires plus sains et plus respectueux de l’environnement, gérer durablement les sols, limiter la taille des circuits alimentaires, développer des techniques agricoles alternatives, biologiques et à faible quantité d’intrants, etc.

Le texte affirme l’importance de prendre en compte les savoirs locaux et tacites, de lutter contre le gaspillage, de mettre l’accent sur la sobriété et de favoriser l’efficacité des chaînes alimentaires et énergétiques.

Toute une partie concerne même la science et son rapport avec la société civile. Il y est dit que la recherche scientifique et les considérations sociales ne peuvent plus être découplées et que la société civile doit être informée et systématiquement impliquée dans les choix technologiques sociétaux. L’orientation stratégique met l’accent sur la nécessité de prendre en compte la valeur non marchande de nombreux biens publics écologiques et sociaux tels que le paysage et la récréation, la pollinisation, la prévention du lessivage des nutriments du sol, etc.

Mais le document stratégique est aussi perclus d’orientations technologistes et de logiques prédatrices et compétitrices auxquelles les discours technocratiques nous ont habitués. Les biotechnologies, la biologie de synthèse et les nanobiotechnologies sont ainsi présentées comme les voies inéluctables de sortie de la crise écologique.

Par exemple, pour adapter la production de viande à la demande future, le document prévoit d’explorer et d’exploiter intensément les possibilités de la génétique afin de sélectionner et modifier les races de bétail les plus productives et les plus à même de s’adapter au changement climatique. La compétitivité de l’Europe semble être l’objectif principal de la Commission : le progrès technologique reste au centre de sa démarche bioéconomique.

Il apparaît probable que le dialogue entre la recherche scientifique et la société civile se limite à l’« acceptation par le consommateur des nouvelles technologies ». Le doute persiste quant à la manière dont les biens communs vont être pris en compte en bioéconomie mais il semblerait que la solution de facilité consistera à les intégrer tant bien que mal dans des les analyses coûts – bénéfices classiques.

La note stratégique européenne sur la bioéconomie contient donc des propositions véritablement novatrices mais elle demeure sclérosée par le scientisme et le technologisme ambiant. Faut-il se réjouir du fait que certaines recommandations vont dans le sens d’une société plus sobre, plus respectueuse de l’environnement et des hommes et ce malgré les allusions constantes à la croissance et à la compétitivité donc les technocrates n’arrivent pas à s’affranchir ? Ou, au contraire, faut-il y voir un signe que le paradigme de la croissance va reprendre à son compte et annihiler toutes les alternatives économiques émergentes ? En attendant d’avoir la réponse, il faudra que la société civile se saisisse du concept et participe à l’élaboration de la bioéconomie dont on ne saurait laisser le soin de la définition à la seule Commission européenne ni aux multinationales.

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Notes :

1 Nicholas Georgescu-Roegen, La décroissance, Entropie – Écologie – Économie (1979). Présentation et traduction de MM. Jacques Grinevald et Ivo Rens. Nouvelle édition, 1995. [Première édition, 979]. Paris, Éditions Sang de la terre, 1995, 254 p.

2 Nicholas Georgescu-Roegen, La décroissance, Entropie – Écologie – Économie (1979). Présentation et traduction de MM. Jacques Grinevald et Ivo Rens. Nouvelle édition, 1995. [Première édition, 979]. Paris, Éditions Sang de la terre, 1995, p.43.

3 L’entropie, dont les définitions varient, peut se définir comme un indice de la quantité d’énergie inutilisable contenue dans un système thermodynamique à un moment donné de son évolution.

4 Nicholas Georgescu-Roegen, La décroissance, Entropie – Écologie – Économie (1979). Présentation et traduction de MM. Jacques Grinevald et Ivo Rens. Nouvelle édition, 1995. [Première édition, 979]. Paris, Éditions Sang de la terre, 1995, p.46.

5 Robert Costanza et al., « The value of the World’s Ecosystem Services and natural capital », Nature, n°387, 1997.

6 Nicholas Georgescu-Roegen, La décroissance, Entropie – Écologie – Économie (1979). Présentation et traduction de MM. Jacques Grinevald et Ivo Rens. Nouvelle édition, 1995. [Première édition, 1979]. Paris, Éditions Sang de la terre, 1995, p.100.

7 Voir Nicholas Georgescu-Roegen, La décroissance, Entropie – Écologie – Économie (1979). Présentation et traduction de MM. Jacques Grinevald et Ivo Rens. Nouvelle édition, 1995. [Première édition, 1979]. Paris, Éditions Sang de la terre, 1995, p.93. pour le détail du calcul et pour une revue du potentiel des différentes sources énergétiques terrestres exploitables par l’homme. Il s’agit là d’estimations approximatives réalisées à partir des données disponibles à l’époque mais l’ordre de grandeur ne se trouverait pas significativement changé par une quelconque mise à jour du calcul.

8 Nous pouvons considérer que l’énergie chimique des plantes ainsi que les l’énergie cinétique du vent et des chutes d’eau sont directement dues au rayonnement solaire. Dans ces cas-là, l’exploitation énergétique est plus aisée.

9 Notons que si l’énergie de basse entropie d’origine solaire est quasi infinie pour l’homme, les moyens mécaniques dont nous disposons pour la transformer en travail consomment, eux, des sources de basse entropie terrestres et limitées.

10 Selon une étude conduite par Dana Cordell, de l’Université Linköpings, basée en Suède, les réserves de phosphates pourraient avoir passé leur pic avant 2040, pour décroître inexorablement au cours de la seconde moitié du XXIème siècle. De nombreux observateurs considèrent que cette estimation déjà très optimiste.

11 L’Homo œconomicus va parfois jusqu’à prendre en compte l’avenir de ses enfants et de ses petits enfants mais jamais plus.

12 Seule une économie de cueillette annule complètement notre pression sur les ressources naturelles limitées, sous réserve d’une régulation démographique.

13 Ce point rentre directement en écho avec le concept d’obsolescence programmée. Bien que Georgescu ne parle ici que de la mode ou obsolescence psychologique, nous devons y associer l’obsolescence programmée ou la fabrication délibérée d’objets conçus pour ne pas durer.

14 L’éco-conception permet par exemple de fabriquer des produits modulaires qui permettent de récupérer tous leurs composants qui en eux fonctionnent encore. Sur ce dernier point et le précédent voir l’interview de Serge Latouche réalisée par l’Institut Momentum : http://www.institutmomentum.org/2013/04/face-a-lobsolescence-programmee-la-decroissance-emerge-comme-un-horizon-de-sensentretien-avec-serge-latouche-2/

15 Herman E. Daly , A Steady-State Economy A failed growth economy and a steady-state economy are not the same thing; they are the very different alternatives we face, Sustainable Development Commission, UK (April 24, 2008), School of Public Policy University of Maryland College Park

16 Herman Daly, A Steady-State Economy, papier présenté au Comité Britannique du Développement Durable (UK Sustainable Development Commission) le 24 avril 2008. Consultable à l’adresse suivante : http://www.sd-commission.org.uk/data/files/publications/Herman_Daly_thinkpiece.pdf

17 La Terre reçoit une abondance d’énergie solaire c’est pourquoi il a souvent été reproché à Nicholas Georgescu-Roegen de considérer la Terre comme un système clos. La Terre est effectivement un système ouvert du point de vue de l’écologie et des cycles biogéochimiques. Mais l’économie n’est pas purement écologique. Du fait de la technologie, des instruments exosomatiques, l’activité économique de l’espèce humaine “modernisée” se base sur l’exploitation massive des ressources géologiques du sous-sol. L’économie sort donc des limites du cycle vital de la Biosphère qui inclut les sols, mais pas le sous-sol entièrement minéral. L’échelle d’observation et d’intelligibilité est importante pour bien définir le “sous-système” économique (ouvert) au sein du système environnemental global, à savoir le système Terre, lequel est clos, à l’échelle pratique de l’économie humaine.

18 Nicholas Georgescu-Roegen, La décroissance, Entropie-Écologie-Économie (1979). Présentation et traduction de MM. Jacques Grinevald et Ivo Rens. Nouvelle édition, 1995. [Première édition, 1979]. Paris, Éditions Sang de la terre, 1995, p. 123.

19 Georgescu-Roegen, Energy and Economic Myths, New York, Pergamon Press, 1976.

20 Jacques Grinevald, Georgescu-Roegen : Bioéconomie et biosphère, Institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenable, disponible à l’adresse suivante : http://www.decroissance.org/textes/grinevald.pdf

21 Gilbert Rist, Le développement, histoire d’une croyance occidentale, 3e édition revue et augmentée, Paris, Presses de Sciences Po, coll. « Références inédites », 1996, p. 30 – 31.

22 Hervé Kempf, « Cours de bioéconomie », Le Monde, 17 – 18 février 2013.

Texte écrit par Hugo Carton et Agnès Sinaï. via Momentum institut

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Die Annäherung zwischen den USA und Iran: die Entwicklung einer neuen geopolitischen Lage?

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Die Annäherung zwischen den USA und Iran: die Entwicklung einer neuen geopolitischen Lage?

von Prof. Dr. Albert A. Stahel, Institut für Strategische Studien, Wädenswil

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Vor wenigen Wochen haben kurz vor dem Rückflug des iranischen Präsidenten nach Teheran Rouhani und Obama miteinander telefoniert. Beinahe gleichzeitig fand auch ein Treffen zwischen dem amerikanischen und dem iranischen Aussenminister statt. Zum ersten Mal seit der Besetzung der US-Botschaft in Teheran 1979 hat damit wieder eine direkte Begegnung zwischen den beiden Staaten stattgefunden. Obwohl das Treffen wie auch das Telefongespräch nur ein erster Schritt zu einer Normalisierung der Beziehungen zwischen den USA und Iran sein kann, könnte sich daraus eine neue geopolitische Lage im Mittleren Osten entwickeln.


Die Annäherung ist für beide Staaten zum gegenwärtigen Zeitpunkt notwendig und sinnvoll. Während die Wirtschaft Irans unter den Sanktionen leidet, wollen die USA ihre Präsenz im Mittleren Osten aus zwei Gründen reduzieren. Erstens wollen sie ihre Alliierten mit ihren Machtmitteln und mit ihrer Seemacht im westlichen Pazifik vermehrt bei der Eindämmung von China unterstützen und damit ihren neuen Rivalen in Schach halten. Zweitens müssen sie aus Gründen ihrer wirtschaftlichen und finanziellen Schwäche die Überdehnung ihrer Machtmittel dringend reduzieren. Eine gleichzeitige Präsenz in zwei Regionen können sich die USA nicht mehr leisten. Die Annäherung an Iran erfolgt deshalb zur richtigen Zeit und ist auch von der Obama-Administration in der letzten Zeit gefördert worden. Auch die Ayatollahs in Teheran dürften die Kontakte von Rouhani unterstützen. Wenn Revolutionsführer Khamenei öffentlich vor einer überhasteten Annäherung an die USA warnt, so ist dies als Beruhigung der Konservativen in Teheran zu verstehen. Rouhani hat mit Sicherheit seine Aktion mit Khamenei abgesprochen.


Zu welchen Folgen und Auswirkungen könnte eine Annäherung zwischen Iran und den USA führen? Zunächst einmal werden die USA schrittweise die Sanktionen und das Embargo gegenüber der iranischen Volkswirtschaft reduzieren müssen. Mit dieser Reduzierung dürfte auch die Aufnahme direkter diplomatischer Beziehungen einhergehen. Mittelfristig wird Teheran sein nukleares Programm der engen Kontrolle der Internationalen Energieagentur unterwerfen müssen. Im Gegenzug werden die USA die zivile Nutzung der Kernenergie durch Iran akzeptieren. Langfristig werden die USA nur schon wegen der Reduzierung ihrer Verpflichtungen im Mittleren Osten auch die iranische Vorherrschaft im Persischen Golf akzeptieren. Dies bedeutet, dass die Vereinigten Staaten das neue geopolitische Einflussgebiet Teherans, das sich auf Grund der verfehlten Intervention der Bush-Administration im Irak entwickelt, anerkennen werden. Dieses Einflussgebiet könnte sich nach dem Abzug der USA aus Afghanistan 2014 von Afghanistan bis einschliesslich Libanon erstrecken. Die Partnerschaft mit Iran wäre für die USA auch eine willkommene Eindämmung und Bekämpfung der sunnitischen Salafisten in Afghanistan, Pakistan und Syrien. In Syrien werden die Iraner im Gegenzug dem Ersatz von Assad durch einen anderen Alawiten zustimmen müssen.


Das eigentliche Opfer dieser geopolitischen Neuorientierung wird Saudi-Arabien sein. Die Zukunft des Königreichs, das bis anhin sehr aktiv die sunnitischen Extremisten weltweit unterstützt hat, könnte in Frage gestellt sein. Was Israel betrifft, so werden die USA weiterhin die Sicherheit des jüdischen Staates garantieren, allerdings ohne sich den Launen der jeweiligen Regierungen in Jerusalem unterwerfen zu wollen. Die Zeiten, in denen die USA im Mittleren Osten geopolitisch in israelischer Geiselhaft waren, dürften vorbei sein.
Die ersten Schritte der Obama-Administration zur Annäherung an Iran sind zu begrüssen. Sie waren dringend notwendig. Die Perser sind nur schon auf Grund der geostrategischen Lage Irans der natürliche Verbündete der USA in der Region.    •

Wall Street & the March 1917 Russian Revolution

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Wall Street & the March 1917 Russian Revolution

By Kerry Bolton 

Ex: http://www.counter-currents.com

“There is no proletarian, not even a communist, movement that has not operated in the interests of money, in the directions indicated by money, and for the time permitted by money — and that without the idealists amongst its leaders having the slightest suspicion of the fact.” Oswald Spengler.[1]

The “Russian Revolution” (sic) is heralded in both the popular imagination and by academe as a triumph of the people against Czarist tyranny, even if most concede that the utopian vision turned sour, at least with the eventual dictatorship of Stalin. However a look behind the multiple facades of history shows that the “Russian Revolution” was one of many upheavals that have served those who provide the funding. Few–whether laymen or supposed “experts”–ever seem to question as to where the money comes to finance these revolutions, and we are expected to believe that they are “spontaneous uprisings of the people against oppression,” just as today we are still expected to believe that the so-called “colour revolutions” in the Ukraine, Georgia, Serbia, etc., are “spontaneous demonstrations.” This essay examines the funding of the March 1917 Russian Revolution, the so-called First Revolution that served as an opening scene for the Bolsheviks, and concludes that there are forces at work behind he scenes, whose goals are far removed from the welfare of the masses.

March 2010 marks the ninety-third anniversary of the (First) Russian Revolution, which served as the prelude for the Bolshevik coup the following November, known as the “Bolshevik Revolution.” A look beyond orthodoxy shows with ample documentation that socialism, from social democracy and fabianism[2] to communism, has generally “operated in the interests of money” as Spengler observed.

The Fabian historian and novelist H. G. Wells, when in Russia in 1920 observing the still precarious Bolshevik regime, commenting on how arch-capitalists were even then already going into the embryonic Soviet republic to negotiate commercial concessions[3], wrote:

. . . Big business is by no means antipathetic to Communism. The larger big business grows the more it approximates to Collectivism. It is the upper road of the few instead of the lower road of the masses to Collectivism.[4]

Big Business saw in socialism a means for both destroying the traditional foundations of nations and societies and as a control mechanism. In the case of Old Russia where a State based on monarchical and rural traditions was not amenable to being opened up for global business exploitation of its resources the scene was set for the upheavals of 1917 back in 1905 at the time of the Russo-Japanese War, which played a significant role in the formation of a Russian revolutionary cadre.[5] The funding for the formation of that cadre came from Jacob Schiff, senior partner of Kuhn, Loeb & Co., New York, who backed Japan in the war against Russia.[6]

The individual most responsible for turning American opinion, including government and diplomatic opinion, against Czarist Russia was the journalist George Kennan[7], who was sponsored by Schiff. In a collection of essays on American-Russian diplomacy, Cowley states that during the Russo-Japanese War of 1904-1905 Kennan was in Japan organising Russian POWs into ‘revolutionary cells’ and claimed to have converted “52,000 Russian soldiers into ‘revolutionists’”. Cowley also adds, significantly, “Certainly such activity, well-financed by groups in the United States, contributed little to Russian-American solidarity.”[8]

The source of the revolutionary funding “by groups in the United States” was explained by Kennan at a celebration of the March 1917 Russian Revolution, as reported as by the New York Times:

Mr. Kennan told of the work of the Friends of Russian Freedom in the revolution.

He said that during the Russian-Japanese war he was in Tokio, and that he was permitted to make visits among the 12,000 Russian prisoners in Japanese hands at the end of the first year of the war. He had conceived the idea of putting revolutionary propaganda into the hands of the Russian army.

The Japanese authorities favoured it and gave him permission. After which he sent to America for all the Russian revolutionary literature to be had . . .

“The movement was financed by a New York banker you all know and love,” he said, referring to Mr Schiff, “and soon we received a ton and a half of Russian revolutionary propaganda. At the end of the war 50,000 Russian officers and men went back to their country ardent revolutionists. The Friends of Russian Freedom had sowed 50,000 seeds of liberty in 100 Russian regiments. I do not know how many of these officers and men were in the Petrograd fortress last week, but we do know what part the army took in the revolution.”

Then was read a telegram from Jacob H. Schiff, part of which is as follows: “Will you say for me to those present at tonight’s meeting how deeply I regret my inability to celebrate with the Friends of Russian Freedom the actual reward of what we had hoped and striven for these long years.”[9]

The reaction to the Russian revolution by Schiff and indeed by bankers generally, in the USA and London, was one of jubilation. Schiff wrote enthusiastically to the New York Times:

May I through your columns give expression to my joy that the Russian nation, a great and good people, have at last effected their deliverance from centuries of autocratic oppression and through an almost bloodless revolution have now come into their own. Praised be God on high! Jacob H. Schiff.[10]

Writing to The Evening Post in response to a question about revolutionary Russia’s new status with world financial markets, Schiff replied as head of Kuhn, Loeb & Co.:

Replying to your request for my opinion of the effects of the revolution upon Russia’s finances, I am quite convinced that with the certainty of the development of the country’s enormous resources, which, with the shackles removed from a great people, will follow present events, Russia will before long take rank financially amongst the most favoured nations in the money markets of the world.[11]

Schiff’s reply reflected the general attitude of London and New York financial circles at the time of the revolution. John B. Young of the National City Bank, who had been in Russia in 1916 in regard to a US loan stated in 1917 of the revolution that it has been discussed widely when he had been in Russia the previous year. He regarded those involved as “solid, responsible and conservative.”[12] In the same issue, the New York Times reported that there had been a rise in Russian exchange transactions in London 24 hours preceding the revolution, and that London had known of the revolution prior to New York. The article reported that most prominent financial and business leaders in London and New York had a positive view of the revolution.[13] Another report states that while there had been some disquiet about the revolution, “this news was by no means unwelcome in more important banking circles.”[14]

These bankers and industrialists are cited in these articles as regarding the revolution as being able to eliminate pro-German influents in the Russian government and as likely to pursue a more vigorous course against Germany. Yet such seemingly “patriotic sentiments” cannot be considered the motivation behind the plutocratic support for the revolution. While Max Warburg of the Warburg banking house in Germany, advised the Kaiser and while the German Government arranged for funding and safe passage of Lenin and his entourage from Switzerland across Germany to Russia; his brother Paul,[15] as associate of Schiff’s,[16] looked after the family interests in New York. The factor that was behind this banking support for the revolution whether from London, New York, Stockholm,[17] or Berlin, was that of the tremendous largely untapped resources that would become available to the world financial markets, which had hitherto been denied control under the Czar. It must be kept in mind that these banking dynasties were–and are–not merely national or local banks but are international and do not owe loyalty to any particular nation, unless that nation happens to be acting in their interests at a particular time. [18]

The Bolshevik Revolution of eight months later, despite the violent anti-capitalist rhetoric, was to open Russia’s vast resources up to world capitalism, although with the advent of Stalin, not to the extent that the plutocrats had thought when the Lenin-Trotsky regime had held sway for several years.

Notes 

This essay is based on parts of chapters in my book Revolution From Above: Manufacturing “Dissent” in the New World Order (London: Arktos, 2011). I hope to submit a similar essay on the funding of the November 1917 Russian Bolshevik Revolution for the October-November-December issue of Ab Aeterno.

[1] Oswald Spengler, The Decline of The West, 1918, 1926 (London: G. Allen & Unwin, 1971), vol. 2, p. 402.

[2] The Fabian Society features on its coat-of-arms a wolf in sheep’s clothing. Prominent among the founding members were literati such as H. G. Wells and G. B. Shaw. The Fabians founded the London School of Economics and Political Science as a training academy for the future governing elite in a collectivist state. According to co-founder Beatrice Webb, funding for this came from Sir Ernest Cassel of Vickers armaments and Kuhn, Loeb & Co., New York; and the Rothschilds, et al. (K. R. Bolton, op.cit., “Revolution By Stealth”).

[3] Washington A. Vanderlip was in Russia at the same time as Wells, negotiating commercial concessions with the Soviet regime–successfully.

[4] H. G. Wells, Russia in the Shadows, Chapter VII, “The Envoy.”  Wells went to Russia in September 1920 at the invitation of Kamenev, of the Russian Trade Delegation in London, one of the leaders of the Bolshevik regime. Russia in the Shadows appeared as a series of articles in The Sunday Express. The whole book can be read online at: gutenberg.net.au/ebooks06/0602371h.html [2]

[5] The Russian monarchy and the Russian peasant were both considered historically passé by the Western financial establishment, in the same manner that in our own time the Afrikaner farming folk were considered passé and their system of apartheid hindered the globalisation of South Africa’s economy. Like the March and November 1917 Russian Revolutions, the ostensibly “Black” revolution in South Africa eliminated the Afrikaner anachronism and under “socialism” has privatised the parastatals (state-owned utility companies) and privatised the economy.

[6] “Jacob Schiff,” Dictionary of American Biography, Vol. XVI, p. 431. Schiff gave a loan of $200,000,000 to the Japanese aggressors, for which he was decorated by the Japanese Emperor.

[7] Robert Cowley, “A Year in Hell,” America and Russia: A Century and a Half of Dramatic Encounters, ed. Oliver Jensen (New York: Simon and Schuster, 1962), pp. 92-121. The introductory note to the chapter indicates the nature of Kennan’s influence: “An American journalist, George Kennan, became the first to reveal the full horrors of Siberian exile and the brutal, studied inhumanity of Czarist ‘justice’.” Cowley quotes historian Thomas A. Bailey as stating of Kennan: “No one person did more to cause the people of the United States to turn against their presumed benefactor of yesteryear.” (A reference to Czarist Russia’s support for the Union during the American Civil War). Cowley, ibid., p. 118.

[8] Ibid., p. 120.

[9] New York Times, 24 March, 1917, pp. 1-2.

[10] Jacob H. Schiff, “Jacob H. Schiff Rejoices, By Telegraph to the Editor of the New York Times,” New York Times, 18 March, 1917. This can be viewed in The New York Times online archives: http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9802E4DD163AE532A2575BC1A9659C946696D6CF [3] (accessed 12 January 2010).

[11] “Loans easier for Russia,” The New York Times, 20 March 1917. http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9B04EFDD143AE433A25753C2A9659C946696D6CF [4] (accessed 12 January 2010).

[12] “Is A People’s Revolution.” The New York Times, 16 March 1917.

[13] “Bankers here pleased with news of revolution,” ibid.

[14] “Stocks strong – Wall Street interpretation of Russian News,” ibid.

[15] Paul Warburg, prior to emigrating to the USA, had been decorated by the Kaiser in 1912.

[16] Paul Warburg was also Schiff’s brother-in-law.

[17] Olof Achberg of the Nye Banken, Stockholm was to serve as the conduit for funds between international banks and the Bolsheviks.

[18] For example, what national or prior imperial loyalties could a banking dynasty such as the Rothschilds owe, when they had family branches of the bank in London, Paris, Frankfurt, and Berlin? The same question applies to all such banks, and in our own time to the trans-national corporations.

Source: Ab Aeterno: Journal of the Academy of Social and Political Research, no. 2, March 2010


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[4] http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9B04EFDD143AE433A25753C2A9659C946696D6CF: http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9B04EFDD143AE433A25753C2A9659C946696D6CF

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jeudi, 07 novembre 2013

El control social sin fusiles

por Manuel Freytas

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Por su altísimo potencial formador y orientador de conducta social a escala masiva (conseguido a través de la manipulación informativa) los medios de comunicación se han convertido en la columna vertebral de las estrategias de dominio del sistema capitalista a escala global. En términos concretos (y disfrazados de servidores públicos de la comunicación social), los consorcios mediáticos que realizan el control político y social (en sustitución de los militares) son auxiliares complementarios de la “Justicia” (del sistema) en la tarea represiva, y el sujeto a reprimir ya no es el “subversivo comunista” sino el “violento social”. Se trata de una represión sin fusiles, donde la acción militar es sustituida por la manipulación mediática en alta escala orientada al direccionamiento pasivo de la conducta social hacia los objetivos de preservación del sistema capitalista.

Quien observe atentamente el mapa político y social tanto de los países centrales como de los periféricos, podrá comprobar que el uso de la represión policial y militar de los (hoy reducidos y escasos) conflictos sociales y sindicales es mínima y solo se la utiliza en casos extremos.

Y eso tiene una explicación: Los gobiernos del mundo (técnica y funcionalmente, gerencias de enclave de los bancos y corporaciones trasnacionales) no se mueven dentro de un esquema militar (el viejo sistema de dominación) sino dentro de un esquema político-democrático (el nuevo sistema de dominación).

Por lo tanto, si caen en la tentación de reprimir policialmente, la corporación mediática les arroja la sociedad en contra calificándolos de “represivos y violentos”.

Los gobiernos que cometen el error de reprimir militarmente son inmediatamente rechazados por la sociedad masivamente nivelada en la condena a ” toda forma de violencia”, más allá de sus contenidos.

De la misma manera que en la década del setenta, los medios de comunicación utilizaban la figura del “subversivo” (como expresión de demonización social justificatoria de la represión militar), hoy utilizan la figura del “violento social” para aislar, deslegitimar y condenar socialmente las luchas sindicales y sociales que atentan contra la “estabilidad económica”, la “gobernabilidad” y la “paz social” del sistema.

De esta manera, y a la luz del crecimiento desmesurado a nivel global de los activos empresariales y de las fortunas personales (con su contracara de pobreza y exclusión social masiva) se verifica aquel axioma que expresa que “la paz es el negocio del dominador”.

Y prueba la efectividad de las técnicas mediáticas para controlar las protestas sociales y sindicales con la lógica represiva de la “antiviolencia” predominando sobre las razones de los reclamos.

No importa que el que corte ruta sea un hambriento o un desocupado (en el mundo hay 1000 millones de hambrientos y más de 2000 personas que viven por debajo de las necesidades básicas), la opinión pública está masivamente “adoctrinada” (por los medios de comunicación y sus conductores) para rechazar (sin ningún análisis de las causas) las huelgas y los cortes de ruta que generan “violencia social”.

La nueva estrategia represiva tiene su matriz funcional en la nivelación masiva de una conciencia y opinión “antiviolencia” que se superpone a cualquier lógica de legitimidad o de justicia social expresada por los grupos que cortan calles, rutas o hacen huelgas para reclamar por sus derechos o por una mayor distribución de la riqueza.

Asi como durante las dictaduras militares se demonizaba al “subversivo” para descalificar su proyecto de cambio del sistema capitalista por otro más justo, a los que ahora hacen huelga y cortan rutas se los demoniza como “violentos” para deslegitimar las luchas sociales por un mejor reparto de la riqueza.

En términos concretos (y disfrazados de servidores públicos de la comunicación social), los consorcios mediáticos que realizan el control político y social (en sustitución de los militares) son auxiliares complementarios de la “Justicia” (del sistema) en la tarea represiva, y el sujeto a reprimir ya no es el “subversivo comunista” sino el “violento social”.

Se trata de una represión sin fusiles, donde la acción militar es sustituida por la manipulación mediática en alta escala orientada al direccionamiento pasivo de la conducta social hacia los objetivos de preservación del sistema capitalista.

En este escenario, las fuerzas policiales y militares tienen como función principal: disuadir antes que reprimir, para preservar a su vez, los acontecimientos que pudieran desbordar y alterar la “paz social” del sistema.

Es así que el gobierno que decide utilizar la fuerza policial o militar, también pierde inmediatamente legitimidad política y apoyo social, tarea de la que se encargan los propios medios de comunicación, cuya misión es preservar el “sistema democrático” (de dominación capitalista) en los parámetros establecidos de la “estabilidad económica, la “gobernabilidad política” y la “paz social”.

(*) Manuel Freytas es periodista, investigador, analista de estructuras del poder, especialista en inteligencia y comunicación estratégica. Es uno de los autores más difundidos y referenciados en la Web. Ver sus trabajos en Google y en IAR Noticias

Fuente: IAR Noticias

Presseschau November 2013

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Presseschau
November 2013

Wieder mal einige Links. Bei Interesse einfach anklicken...
 
AUßENPOLITISCHES
 
Die neuen Superreichen
Die globale Elite und die Revolution von oben
 
Goldman Sachs, das heimliche Imperium
 
IWF
Die große Enteignung: Zehn Prozent „Schulden-Steuer“ auf alle Spar-Guthaben
Die große weltweite Enteignung wird konkret: Der Internationale Währungsfonds verlangt eine allgemeine „Schulden-Steuer“ in Höhe von 10 Prozent für jeden Haushalt in der Euro-Zone, der auch nur über geringe Ersparnisse verfügt.
 
EU beginnt nun offiziell mit dem Verbot der Meinungsfreiheit
 
Europäische Union will »intolerante Bürger« überwachen
 
EU-Staubsaugerregulierung stößt auf Kritik
 
(EU reguliert nun auch WC-Spülungen)
Commission to regulate flushing of toilets and urinals
 
Schuldenkrise
Ökonomie-Nobelpreisträger Pissarides zweifelt am Euro
 
Haushaltskrise in den USA: Warten auf die Eine-Billion-Dollar-Münze
Noch kürzt der amerikanische Staat nur einen Teil seiner Ausgaben, doch die Haushaltskrise könnte sich dramatisch verschärfen: Wenn die USA ihre Schulden nicht mehr bedienen, droht der Crash des globalen Finanzsystems. Dann hilft womöglich nur noch ein Trick.
 
Warum wir die USA zum Krisengebiet erklären müssen
 
US-Haushaltsstreit
Bizarrer Auftritt einer Parlamentsstenotypistin
 
Enthüllungsjournalist Greenwald
Geld spielt keine Rolle
 
Collapse - Über den Zusammenbruch der Wirtschaft
 
Martin Schulz makes a fool of himself
 
Geheimdienste
„Wir sind die Helden“: NSA-Chef Alexander weist Europäer in die Schranken
 
Norwegen rückt nach Rechts
 
Front National gewinnt Kommunalwahl mit 40%
 
Wahl in Südtirol Aufstieg der deutschsprachigen Populisten
 
Ungarn: Regierung will keine Obdachlosen in Weltkulturerbe-Zonen
 
EU verbietet Mentholzigaretten
 
Niederlande
Rassismus-Vorwurf Andersweiß
 
Vereinte Nationen verurteilen Nikolausfest
 
(Vom August, aber kaum in den Medien gewesen)
Aufstand gegen Amerika: Italiener stürmen Militärbasis in Sizilien
 
Nach Mord an einem jungen Russen
Rechtsradikaler Mob hetzt Migranten in Moskau – hunderte Festnahmen
 
Katyn: Gerichtshof weist polnische Klage gegen Rußland zurück
 
Edinburgh: Lehrer fliegt nach Hitler-Äußerung von Schule
 
Radioaktives Wasser
Japan bittet um ausländische Hilfe für Fukushima
Japan bekommt seine Probleme mit radioaktiv belastetem Wasser in Fukushima nicht in den Griff. Ministerpräsident Abe hat nun internationale Experten um Hilfe gebeten.
 
Fukushima: „Die Wahrscheinlichkeit, dass die Rettung gelingt, geht gegen Null“
 
Syrien: Islamisten massakrierten hunderte Dorfbewohner
 
Unnötige Erregung über Online-Sexshop für Muslime
In der Türkei herrscht viel Aufruhr um den ersten Online-Sexshop für Muslime. Aber warum nur? Wahrscheinlich gibt es ein weit verbreitetes Vorurteil, wonach Muslime und Sex nicht zusammen passen.
 
Brunei
Sultanat will Dieben Hand abhacken und Ehebrecher steinigen
 
Brasilien: Polizei erschießt Jugendlichen, schwere Ausschreitungen
 
INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK
 
Umfrage Deutsche finanziell in Bestlaune
Der Begriff Geldsorgen hat für viele Bundesbürger eine ganz neue Bedeutung: Sie haben nicht etwa zu wenig. Es fehlt eher an guten Anlagemöglichkeiten. Also geben die Deutschen ihr Geld aus.
 
Umfrage zur finanziellen Lage
Zufriedenheit der Deutschen auf "extrem hohen Niveau"
 
Preise für Grundnahrungsmittel steigen stark an
 
IWF empfiehlt Deutschland Steuererhöhungen
 
Wann wird rebelliert?
von Michael Paulwitz
 
AfD verhängt Aufnahmestop für „Die Freiheit“-Mitglieder
 
(Der "Welt"-Artikel hat noch nicht vom Wahlkampf- zum Hofberichterstattungsmodus umgeschaltet…)
"Hart aber fair"
Lucke findet große Gemeinsamkeiten mit der Linken
 
AfD-Chef Lucke muss sich bei „Hart aber fair“ für den Ausdruck „entartet“ rechtfertigen
 
Schmerzhafter Schnitt
von Marcus Schmidt
 
Freiheitliche Neue Volkspartei oder FDP 2.0 ohne Euro?
Überlegungen zur politischen Ausrichtung der AfD
 
Strategie für Europa-Wahl: Liberale AfD-Politiker wollen FDP ersetzen
 
AfD verteidigt Aufnahmestopp für „Die Freiheit“-Mitglieder
 
Aufnahmestopp
AfD streitet über Rechtspopulisten
 
Damit die AfD nicht die falsche Alternative wird
Anmerkungen zu aktuellen Misstönen
 
("Antifa"-Experte Alexander Häusler holt mal wieder die Keule raus)
AfD „eindeutig rechtspopulistisch, aber nicht rechtsextrem“
 
AfD wirft Gauck „Entgleisung“ vor
 
Richard Sulik: Nur die AfD kann die „Euro-Retter“ stoppen
Beeindruckender Aufritt des slowakischen Euro-Kritikers in Ingolstadt
 
FDP-Politiker verortet AfD im „braunen Sumpf“
 
Warum die FDP auch abgewählt wurde
Die Partei missachtete kritische Stimmen zum Islamunterricht
 
Ex-SPD-Abgeordneter tritt Bürgern in Wut bei
 
Frankfurt
Razzia bei CDU-Geschäftsführer
Frankfurter Politiker soll Kinderpornos besitzen
 
Dringender Verdacht auf Kindesmissbrauch
Haftbefehl gegen Büroleiter von Top-Grünen
 
Büroleiter soll Kinder vergewaltigt haben
Grünen-Politiker Koenigs: „Ich bin völlig schockiert“
 
Claudia Roth ist Bundestagsvizepräsidentin
 
(Zu Roth)
Parlamentarischer Brauch
 
(Zu Roth)
Empörungsbereite Übermutti
von Michael Paulwitz
 
(NSA-Merkel-Abhöraffäre)
Die geheuchelte Empörung
 
Bundeswehr in Afghanistan
Rückzug ins Nirgendwo
 
(Gegen Bundeswehr…)
Offenbach
Aachener Friedenspreis für Kollwitz-Schule
Angefeindet und gelobt
 
Weitere Artikel zum "Aachener Friedenspreis"
 
Schlesische Landsmannschaft trennt sich von Rudi Pawelka
 
100 Mio. Euro sichern Auschwitz-Gedenkstätte
 
Danzig entfernt Skulptur von vergewaltigendem Rotarmisten
 
(dazu)
„Frau, komm!“
 
Ehemaliger SS-Offizier: NS-Kriegsverbrecher Priebke ist tot
 
Streit um Beerdigung von Erich Priebke
 
NS-Kriegsverbrecher
Es gibt noch 30 Erich Priebke
 
(zu Priebke)
Unbarmherzig
Von Thorsten Hinz
 
(Skandal! Sensation…)
Mitglied der Waffen-SS
Oetker-Sohn: Mein Vater war Nazi
 
(1. Weltkrieg)
Der dritte Streich des Christopher Clark
 
Gedenken an Völkerschlacht
Die Freien Wähler gedachten der Niederlage Napoleons vor 200 Jahren in Leipzig
 
LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE
 
(DKP-Aktivistin schaltet sich plötzlich ein…)
Angeklagte soll kurz vor einem Mord mit NSU-Komplizen in Dortmund gewesen sein
Zeugin will Zschäpe erkannt haben
 
Ehemaliges DKP-Mitglied: Die dubiose NSU-Zeugin aus Dortmund
 
Nach dem 2. „zwischentag“
 
Rechte Messe in "Zwischentag" Berlin
Die Neuen Rechten vernetzen sich
 
Armin Mohler und die Freuden des Rechtsseins
 
Metapolitische Unterweisung (I)
 
Gewissensfragen (Fundstücke 19)
 
Rudolf Burger über Moral und Politik (Fundstücke 20)
 
Frauen in der NPD
Weiblich, selbstbewusst, rechtsextrem
 
Verfassungsgericht verbietet Überwachung von Bodo Ramelow
 
Die Universität Wien als Plattform linksradikaler Ideologien
 
(diskriminierendes Lokalverbot)
Linke Lokalbesitzer hetzen gegen FPÖ-Wähler
 
Berlin: Evangelische Kirche schließt Rechtsextreme von Mitarbeit aus
 
Linksextremisten randalieren in Hamburg
 
Berlin
Linksextremisten beschädigen Polizeiautos
 
Hanau
„Bündnis für Vielfalt“ formiert sich
„Gemeinsam gewaltfrei gegen Nazis“
 
Hanau
CDU fordert veränderte Strategie
„Nazis besser ins Leere laufen lassen“
 
EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT
 
(Neues prä-totalitäres EU-Netzwerk für "Toleranz")
Wollt ihr die totale Toleranz?
 
Betrachtungen über die Revolution des Michael Wolffsohn
 
Knallharte Sprüche statt Visionen
Die rechte Gefahr: Droht Europa eine Nazi-Revolution?
 
Einen Flüchtling heiraten
 
"Der Vorwurf, Europa schottet sich ab, ist falsch"
Innenminister Hans-Peter Friedrich fordert nach dem Flüchtlingsdrama vor Lampedusa einen verstärkten Kampf gegen Schleusungskriminalität. Gleichzeitig verteidigt er die eigene Flüchtlingspolitik.
 
Flüchtlings-Notstand im Kreis
Kommentar: Hilfe ist eine Christenpflicht
 
Gauck: Flüchtlinge besser schützen
Tragödie von Lampedusa: Bundespräsident und Menschenrechtler mahnen Berlin – Das Flüchtlingsdrama vor Lampedusa schreckt auch die deutsche Politik auf.
 
Lampedusa und das Palais Lobkowitz
 
(Ein klarer Kommentar zu Lampedusa)
Das Heerlager der Heuchler
 
Vom Dilemma zum Desaster
Von Michael Paulwitz
 
Krisenfestigkeit und das humanitäre Ethos
 
Motive für die Öffnung von Grenzen: Selbsthaß und Senkung des Lohnniveaus
 
Jean Raspail: “Unsere Zivilisation ist dabei zu verschwinden”
 
Demographie: Japans erloschener Lebenswille
 
Zahl tschetschenischer Asylbewerber steigt um mehr als 500 Prozent
 
Großbritannien: “Feindliche Umgebung für illegale Einwanderer schaffen”
 
Flüchtlinge
Europas gefährliches Spiel mit den Afrikanern
Von Gunnar Heinsohn
 
(Wer konditioniert ist, kennt keine Zukunftsprobleme…)
Paris
Nach Abschiebung von Roma-Mädchen: Tausende Pariser Schüler blockieren Schulen
 
Nach Abschiebung von 15-Jähriger
Schüler gehen auf die Straße
Frankreichs Innenminister gerät im Streit um die Abschiebung von Jugendlichen immer mehr in Bedrängnis. Wieder demonstrieren französische Schüler.
 
Frankreich
Präsident Hollande hemmungslos vorgeführt
Der Fall eines Roma-Mädchens wird für François Hollande zum Albtraum. Die 15-Jährige stellt Forderungen, die eigene Partei fällt dem französischen Präsidenten in den Rücken, die Opposition frohlockt.
 
NSU: Opferanwälte fordern neue Ermittlungen gegen Ex-Verfassungsschützer
 
Anders Breivik und der Kampf gegen die Islamisierung Europas. Eine Streitschrift
 
("Hassprediger"-Vorwurf)
Linksparteichef beschimpft Innenminister
 
Berlin: Flüchtlingscamp versinkt im Dreck
 
Hungerstreik vor dem Brandenburger Tor Völker der Welt, schaut auf diesen Platz!
(Auf die im Bild gezeigte Losung achten)
 
Hungerstreikende Flüchtlinge Wowereit: Campieren ist keine Lösung
Mit einem Appell hat Berlins regierender Bürgermeister Wowereit die hungerstreikenden Asylbewerber aufgefordert, ihre Aktion zu beenden. Der Sprecher der Protestbewegung sprach von „seelischer Folter“, die in Deutschland verübt werde.
 
Hamburger CDU: Kirche mitverantwortlich für gewaltsame Flüchtlingsproteste
 
Hamburg: Afrikanische Flüchtlinge drohen weiter mit Gewalt
 
Siedler, nicht Flüchtlinge
 
(Comicclip)
How Whites Took Over America
 
Grüne fordern Einwanderung in die Sozialsysteme
 
Grüne: Wir brauchen Flüchtlinge für unsere Sozialsysteme
 
Kriminelle Asylbewerber bekommen volle Sozialbezüge
 
Türkische Gemeinde setzt SPD unter Druck
 
DLRG soll Vereinsheim für Asylbewerber räumen
 
Vereinte Nationen verurteilen Nikolausfest
 
Hannover streicht Zigeunerschnitzel von der Speisekarte
 
Angeblicher Rassismus: Klage gegen Münchner Diskotheken
 
Muslime missbrauchen Rassismusbegriff
Der menschliche Makel
 
Migrantische Kriminalität: Desinformation durch Behörden in Deutschland (aktualisiert)
 
Fall Jonny K.: Täter weiter auf freiem Fuß
 
(Asmir A.)
Berlin
Anklage gegen mutmaßlichen Münzhändler-Mörder
 
(Kujtim A.)
Dietzenbach
Erschütternde Bandaufnahme
Bewährung: Ehefrau im Wald gewürgt und verprügelt
 
Nachts knallt’s in Berliner Bankfilialen
 
Aachen
Großrazzia nach Hetzjagd auf Polizisten
 
Frankfurt: Polizei sucht südeuropäischen Sexualstrafttäter
 
KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES
 
Berlin
Die ersten Fensteröffnungen sind fertig
Erstes Stück Stadtschloss steht schon!
 
Porta Westfalica: Kaiser-Wilhelm-Denkmal wird für 2,8 Millionen Euro saniert
 
Bruckhausen-Blog dokumentiert die Zerstörung des gründerzeitlichen Ruhrgebietsstadtteils Duisburg-Bruckhausen durch die Stadt Duisburg
 
Limbach-Oberfrohna
Rittergut darf abgerissen werden
Die Denkmalschutzbehörde hat nach sechs Jahren die Erlaubnis für den Abriss des historischen Gebäudes erteilt. Dort soll eine Grünfläche entstehen.
 
Abriss wegen Garzweiler II
Des Teufels Werk
2017 soll Immerath weggebaggert werden. Das Dorf steht leer, die Kirche ist ausgesegnet. Was ist, wenn dem Braunkohleabbau nun doch das Ende droht?
 
(Tebartz-van Elst vs. Wowereit)
Die säkularisierte Inquisition
 
(Sprachschutz)
Ministerin für Verständlichkeit
 
ARD und ZDF könnten halbe Milliarde Euro sparen
Laut einer Studie des Deutschen Steuerzahlerbundes arbeiten ARD und ZDF extrem unproduktiv. Grundsätzliche Kritik wird an der "grenzenlosen Expansion" der Öffentlich-Rechtlichen geübt.
 
Die Besserer
 
Kinder nach Maß
Unternehmen sichert sich Patent auf „Designer-Babys“
 
Design Blond
 
(Auch mal wieder ein bezeichnender Moment der gedankenlosen Konsumgesellschaft...)
New York
Bei Victoria's Secret
Teenager ging mit Babyleiche Dessous shoppen
 
Kolumne Die gute Ausländerin
Türken lecken nicht, Ossis immer
Sagt die Bereitschaft zum Cunnilingus etwas über die ethnische Zugehörigkeit des Lovers aus? Und wenn ja, darf man das einfach so sagen?
 
(Frauenquote)
Quoten-Spielverderber
 
USA: Universal-Studios streichen nach Protest schwule Superman-Parodie
 
Französische Promis reichen Petition ein
Freier sollen 1500 Euro Strafe zahlen
Paris -Prominente um den französischen Erfolgsautor Frédéric Beigbeder machen mit einer Petition gegen Pläne mobil, Besuche von Prostituierten unter Strafe zu stellen.
 
Armin Mohler und die Freuden des Rechtsseins
 
Geist und Pampe oder Die Dämmwolle des Bösen (Fundstücke 18)
 
Peter Brandt über Willy Brandt
„Mein Vater hat sich nicht verstellt“
Der Historiker Peter Brandt ist der älteste Sohn von Willy Brandt. Ein Gespräch über den Kanzler zu Hause, Wutausbrüche, Liebe und Verrat.
 
(Coefficients)
Der Club der Selbstgerechten
 
Unsere Welt ist seit 1900 viel besser geworden
Die Zukunft der Erde wird immer düsterer? Von wegen: Die wichtigsten Indikatoren haben sich seit 1900 zum Positiven verändert. Und zur Lösung der Probleme haben wir heute mehr Ressourcen denn je.
 
Klimapolitik Wo bleiben die Zumutungen?
Einen Veggie-Tag pro Woche? Fünf wären besser.
 
Hostien-Burger sorgt in Chicago für Aufregung
 
High-Tech-Brille übersetzt japanische Speisekarten
 
Facebook lockert seine Privatsphäre-Einstellungen
Schützt unsere Kinder endlich vor Facebook!
 
Leben und Umwelt - Genforschung
Per Schnellzug in die Südsee
Das Volk der Polynesier stammt ursprünglich aus Taiwan und hat sich auf seiner Reise durch Ozeanien kaum mit den eingeborenen Melanesiern vermischt.
 
Nach dieser Karte müsste Amerika Deutsch sprechen
150 Jahre nach der Gettysburg Address gedenken die USA auch ihrer ethnischen Vielfalt. Nicht die Nachfahren von Engländern dominieren im Land, sondern Menschen mit deutschen Vorfahren.
 
Auch Schimpansen mögen Gleichgesinnte
 
Finsterworld von Frauke Finsterwalder und Christian Kracht
 
(ach hätte Napoleon doch gesiegt…)
Sahra Wagenknecht liest Safranski
Goethe sah die Gefahren einer durchkommerzialisierten Gesellschaft vor Marx
 
 
 
 
 

La désislamisation du terrorisme

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La désislamisation du terrorisme

Ex: http://www.dedefensa.org

Dans une contribution pour appuyer une campagne d’appel à donation du site CounterPunch, Noam Chomsky écrit :«It is, regrettably, no exaggeration to say that we are living in an era of irrationality, deception, confusion, anger, and unfocused fear — an ominous combination, with few precedents.» Plutôt que “few precedents”, nous avancerions droitement qu’il n’y a pas de précédent. Aujourd’hui, les actes et les paroles des courroies de transmission du Système, principalement les directions politiques du bloc BAO, semblent dépasser le stade de l’irrationalité pour explorer les rives de la simple folie. Tout cela peut éventuellement être habillé d’explications rationnelles, mais ces explications, justement à cause de leur rationalité, seront toujours trop courtes pour définir l’état de la chose. Par contre, la production de ces actes qui est complètement dans le cadre du Système, comme c'est le cas, rend justice de logique à ces actes, au simple constat d'évidence que le Système est folie pure dans son entreprise de déstructuration-dissolution-entropisation.

Le dernier exemple en date est à la fois symbolique, révélateur et stratégiquement fondamental. (Sur ce dernier point, on verra plus loin pourquoi.) Il s’agit d’une sorte de mémorandum (Ports Circulation Sheet) conjointement écrit par Scotland Yard et le MI5, adressé à la police des frontières britannique, pour exposer les facteurs qui doivent être pris en considération pour soupçonner, sinon identifier formellement une personne comme “terroriste”. Le document a été produit dans le dossier qui doit servir dans l’examen de la plainte (cette semaine) déposée par David Miranda contre les autorités britanniques, en vue de récupérer le matériel lui appartenant, qui fut saisi à l’aéroport de Heathrow le 19 août dernier (voir notre texte du 20 août 2013) durant les neuf heures de détention qu’il dut subir. Miranda est le compagnon, ou partner, de Glenn Greenwald, il venait de Berlin où il avait rencontré Laura Poitras, complice de Greenwald, et devait prendre une correspondance pour Rio. C’est Reuters qui a diffusé l’information concernant ce mémorandum et son contenu, et qui a obtenu les commentaires de Greenwald. (Reuters, le 2 novembre 2013.)

«At a London court hearing this week for Miranda's lawsuit, a document called a “Ports Circulation Sheet” was read into the record. [...] “Intelligence indicates that Miranda is likely to be involved in espionage activity which has the potential to act against the interests of UK national security,” according to the document. “We assess that Miranda is knowingly carrying material the release of which would endanger people's lives,” the document continued. “Additionally the disclosure, or threat of disclosure, is designed to influence a government and is made for the purpose of promoting a political or ideological cause. This therefore falls within the definition of terrorism...” [...]

»In an email to Reuters, Greenwald condemned the British government for labeling his partner's actions “terrorism.” “For all the lecturing it doles out to the world about press freedoms, the UK offers virtually none...They are absolutely and explicitly equating terrorism with journalism,” he said.»

Le cas de cette circulaire destinée à expliciter l’action lancée contre Miranda le 19 août a été largement commentée à Londres, tant elle expose très clairement une conception et un comportement extrêmement spécifiques dans le chef des autorités, allant jusqu’au bout de la logique d’une pathologie sécuritaire de la psychologie. Comme d’habitude, le Guardian fait une large place à la chose, ce 3 novembre 2013, et développe diverses réactions.

«The detention of the partner of a former Guardian journalist has triggered fresh concerns after it emerged that a key reason cited by police for holding him under terrorism powers was the belief that he was promoting a "political or ideological cause". The revelation has alarmed leading human rights groups and a Tory MP, who said the justification appeared to be without foundation and threatened to have damaging consequences for investigative journalism. [...]

»Shami Chakrabarti, director of Liberty, said the police assessment represented a “chilling” threat to democracy. “More and more we are shocked but not surprised,” she said. “Breathtakingly broad anti-terror powers passed under the last government continue to be abused under the coalition that once trumpeted civil liberties.” “The express admission that politics motivated the detention of David Miranda should shame police and legislators alike. It's not just the schedule 7 detention power that needs urgent overhaul, but a definition of terrorism that should chill the blood of any democrat.”

»Padraig Reidy of Index on Censorship, which campaigns for free speech, said that the police's justification for Miranda's detention was “very dangerous” for investigative journalism. “The whole point of such journalism is to find stuff the government doesn't want raised,” he said. “The message this gives off is 'don't find this sort of stuff, or you will be treated as a terrorist’.” [...] ... Conservative MP Dominic Raab said: “The assertion that national security has been undermined has been bandied around wildly and not explained in any cogent way.” And he questioned the police's handling of the Miranda affair. “If he was behaving in such a nefarious way why wasn't he arrested, charged and bailed?” Raab said. “If he was guilty of putting national security at risk, then why did they let him go?”

»Gwendolen Morgan of Bindmans, Miranda's solicitors, said this week's judicial review will focus on whether the use of schedule 7 was disproportionate and whether it was incompatible with the inalienable right to freedom of expression. “We will argue that draconian counter-terrorism powers were used in our client's case for an improper purpose,” Morgan said. “Not to determine whether our client could in any sense be considered a ‘terrorist’, but rather to retrieve potentially embarrassing journalistic material in his possession.”»

... Dans ce cas, on atteint à une définition quasi-parfaite dans le sens orwellien et ubuesque du “terrorisme”, dans le chef des autorités du Système. La logique à l’œuvre est que le terrorisme devient une évidence catastrophique et une menace universelle constitutives de tout ce qui n’est pas l’autorité-Système dans ceci que tout ce qui se conçoit, se pense et se fait qui ne soit pas strictement conforme aux consignes du gouvernement (dito, du Système) relève nécessairement du domaine de la “terreur”. La définition implicite est vertigineuse et dépasse largement dans son opérationnalité sophistiquée la raideur un peu abrupte et sommaire du cas orwellien, et on doit alors la qualifier également d’ubuesque par le ridicule dont elle témoigne dans le chef perturbé de ceux qui l’ont conçue. Dans ce cas, on ne touche plus seulement aux questions politiques, de pouvoir discrétionnaire, du totalitarisme dans la justification systématique par la surveillance intrusive et globale de la prévention répressive (tactique délicieusement en forme d’oxymore puisque mariant les deux termes de l’alternative d’habitude contradictoire, entre prévention et répression, ou la prévention pour éviter la répression, alors qu’il s’agit de la prévention devenue répression) ; dans ce cas, on touche à un comportement de pure pathologie, habillé d’une dialectique sécuritaire à la fois grossière et monstrueusement disproportionnée (indice de la pathologie) quant à l’objet considéré et aux conditions à la fois légales et sémantiques où on le considère.

La définition du “terrorisme” telle qu’elle est exposée montre crûment l’état de la pensée répressive du Système et l’état de la psychologie de ceux qui la définissent. Une telle dégénérescence des services de sécurité marque l’évolution elle-même dégénérative, à mesure, de la politique-Système et de la pensée politique dans les pays du bloc BAO, mais singulièrement au Royaume-Uni qui se détache de plus en plus, dans l’excès des symptômes, des autres pays européens à cet égard. (Les USA sont un objet remarquable d'originalité à part, de type pathologique accompli depuis l’origine dans son “exceptionnalisme” affirmé, et plutôt plongé dans le désordre politique et mental complet, dans une schizophrénie complète entre ses mesures ultra-répressives et le corpus libéral de la protection du droit d’expression de sa législation.)

C’est une chose importante qu’une telle confirmation de la pathologie générale du Système, mais le plus important est sans aucun doute au-delà ; où l’on verra que cette démarche pathologique répond néanmoins à une logique-Système impeccable, le diagnostic de la pathologie étant simplement étendu et fixé où il doit être. Le plus important se trouve dans ce que cette sorte de démarche conduit à une révision extraordinaire de la situation du terrorisme, qui est le soutien fondamental et le fond de commerce de toute la politique-Système depuis plus d’une décennie, et en plus l’aliment de la pathologie psychologique gloutonne des directions politiques du Système. C’est une démarche de banalisation sans aucune limite, puisque le concept de “terrorisme” devient lui-même sans limite ni restriction, qu’il s’applique de plus en plus à des porteurs et à des diffuseurs d’informations qui sont les constituants même du système de la communication formant aujourd’hui la substance même de la vie politique dans toute la sphère du Système. (C’est un signe de plus que le système de la communication se transmue de plus en plus en antiSystème.) Qui plus est, et plus important encore, cette banalisation du terrorisme s’effectue dans deux directions, qui définissent par conséquent un terrorisme en cours accéléré de transmutation.

• Il y a d’abord la direction du constat d’activités en plus en plus sophistiquées et d’activités de communication, et d’activités de communication extrêmement précises et ajustées. C’est une inversion complète du concept de “terrorisme” impliquant violence aveugle et brutalité pure. Il y a eu pourtant une sorte de transition dans cette transmutation : l’activité initiale de violence aveugle et de brutalité pure du terrorisme a évolué d’abord vers l’acte symbolique à signification politique, puis vers l’acte médiatisé, c’est-à-dire de communication, ouvrant ainsi la voie à cette évolution du “terrorisme” de communication, non violent, sophistiqué, etc., que l’on découvre aujourd’hui dans le chef de l’interprétation des autorités-Système. De ce premier point de vue, l’évolution du concept de “terrorisme“ tel que le voient le Yard et le MI5 n’est pas fondamentalement fausse même si la cause de leur propre évolution est évidemment pathologique. Si l’on considère le “terrorisme” comme antiSystème il est évident que Snowden-Greenwald, et Miranda pour le cas, sont bien plus des terroristes que les guerriers barbares d’al Qaïda & compagnie. L’avantage est effectivement que cette définition disons du “néo-terrorisme”, ou “terrorisme postmoderne”, exonère les “néo-terroriste” de tous les facteurs de violence et de brutalité directement condamnables et rencontrent la tactique naturelle de retourner la spécificité de l’ennemi contre lui-même en se coulant dans ses lois de protection de la liberté de parole.

• Il y a également la direction fondamentalement stratégique d’une désislamisation du terrorisme, effectivement événement stratégique fondamental par rapport à ce qui a été développé comme politique pathologique dans le cadre de la politique-Système depuis 9/11. Désormais, les terroristes sont de plus en plus, et très rapidement dans l’opérationnalisation de ce changement, des citoyens des pays du bloc BAO, particulièrement des USA, et souvent, effectivement des journalistes, des commentateurs, des observateurs antiSystème, etc. (“Nous sommes tous des ‘terroristes’” par conséquent, y compris à dedefensa.org bien entendu.). A côté des aspects barbares de leurs actes qui continuent à impressionner le système de la communication mais de façon de plus en plus trouble et ambiguë, les actions des terroristes du type-al Qaïda, de plus en plus productrices de désordre sans but et de criminalisation, vont se trouver de plus en plus dépassées et incertaines dans leur définition. Au reste, l’on sait bien que les gouvernements des pays du bloc BAO et leurs divers services de sécurité pris dans les nœuds effroyablement complexes de leurs manipulations dans tous les sens, jusqu’à leur propre manipulation d’eux-mêmes par eux-mêmes, se trouvent engagés dans des actions objectivement favorables aux terroristes dépassés (voir le chaos syrien). Cela montre de facto que cette transmutation du terrorisme, sa désislamisation et son occidentalisation, sont une réalité objective.

... Certes, l’on peut et l’on doit dénoncer cette “terrorisation” des métiers de la communication comme fait Greenwald, en jugeant que l’autorité-Système assimile le journalisme au terrorisme. Cette dénonciation fait d’ailleurs objectivement parlant de l’action antiSystème. Au reste, on doit admettre également que, du point de vue de l’autorité-Système aux abois, ce basculement complet de la définition du concept de “terrorisme” est justifié par la puissance extraordinaire des “néo-terroristes”. Simplement, il faut user contre le Système de cette dénonciation de la violation de ses propres règles du droit de l’expression par lui-même, mais reconnaître in fine comme fondée cette transmutation de la définition du concept de “terrorisme”. Il s’en conclut que ce terrorisme-là, ou “néo-terrorisme”, est l’arme antiSystème par excellence, qu’elle est donc vertueuse par nature, et le terrorisme ainsi transmuté avec elle ... D’ailleurs, mener une action terroriste contre ce Système qui ne produit que de la subversion, de la déstructuration et de la dissolution, en terrorisant les esprits pour leur faire prendre comme bénéfique cette action, est la définition de la vertu même. Quant au basculement stratégique avec la désislamisation du terrorisme, vers son occidentalisation, il s’agit d’un événement stratégique logique qui nous conduit au cœur du sujet, au cœur du monstre, au cœur de la bataille contre le Système.

On ne dira jamais assez tout le bien qu’il faut penser de ce “freluquet de 30 ans”, alias Edward Snowden.

Conférence de Renaud Camus

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Le « Cercle Bourguignon » organise une nouvelle conférence sur le thème « Le Grand Remplacement », par Renaud CAMUS (www.renaud-camus.net).

Renaud CAMUS est écrivain et Président de NON au Changement de Peuple et de Civilisation.

La conférence aura lieu le vendredi 22 novembre 2013 à 20h.

La conférence commencera à 20h précises.

Si vous souhaitez assister à la conférence, merci de régler la PAF de 6€ avant la conférence (ou de 7€ par Weezevent pour compenser les frais de commission).

Ce règlement en amont nous permet de ne pas perdre de temps à l'entrée pour l'encaissement et ainsi faciliter l'organisation et la bonne tenue de la conférence.

Pour cela plusieurs moyens de paiement ont été mis en place :

  1. envoyer un chèque de 6€ à l’ordre du Cercle Bourguignon à l’adresse suivante :

Le Cercle Bourguignon - BP 50428 - 59337 Tourcoing Cedex

  1. en passant par Paypal (6€) en indiquant notre adresse mail : cerclebourguignon@gmail.com
  1. par virement bancaire : Le Cercle Bourguignon

IBAN FR76 3007 6029 2431 7116 0020 012

BIC NORDFRPP

  1. par carte bancaire (7€). Pour cela, merci de vous rendre sur : http://www.weezevent.com/conference-de-renaud-camus-sur-le-grand-remplacement

Ensuite, suivez les instructions afin de pouvoir payer en Carte Bleue.

A réception, vous recevrez le carton d’invitation par mail, vous indiquant le lieu de la conférence et le plan pour y accéder, la veille de la conférence.

N’hésitez pas à en parler autour de vous et à ne pas venir seul !

Votre réponse est souhaitée le plus tôt possible.

Si vous ne pouvez pas venir, merci également de m’en informer, ce qui m’évitera de ne pas vous relancer inutilement.

Dans l’attente de vos nouvelles.

Courtoises salutations,

Nicolas pour « Le Cercle Bourguignon »

P.S : ci-joint et ci-dessous le flyer d’invitation

 

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Le Cercle Bourguignon

BP 50428

59337 Tourcoing Cedex

 

mercredi, 06 novembre 2013

Europa opta por South Stream

Ex: http://www.elespiadigital.com/

Continúa el tendido del gasoducto South Stream (Flujo Sur) en Europa. Bulgaria ha empezado a constuir el tramo que suministrará el gas ruso a Europa Central y del Sur. En lo que resta de año, se dará inicio a la construcción de la correspondiente infraestructura en Serbia, luego de lo cual le tocará el turno a Hungría. Además, los contratos sobre el tendido ya están suscritos con Grecia, Eslovenia, Croacia y Austria.

La extensión del tramo búlgaro supera 500 kilómetros. Las obras de construcción se iniciaron en la más económicamente deprimida parte noroccidental de Bulgaria, donde la tasa de desempleo supera el 20 %. Se pronostica que la ejecución del proyecto impulsará el crecimiento económico del país. Gracias a South Stream, Bulgaria recibirá inversiones por importe de tres mil quinientos millones de euro, casi tres mil millones de euro engrosarán sus arcas públicas, exenciones sobre el precio del gas y trabajo para los contratistas locales.

Además, al Holding energético de Bulgaria, socio del gigante gasístico ruso Gazprom, se le otrogará un crédito por el monto de seiscientos veinte millones de euro.

South Stream es un proyecto costoso, los gastos en su tendido ascienden a 16 mil millones de euro. Pero, desde la óptica de la seguridad energética, sus ventajas son evidentes, según ha expresado en Bulgaria el presidente de Gazprom, Alexéi Míller:

–Se trata de un importantísimo componente de la seguridad energética para todo el continente europeo, pues el gas se suministrará directamente desde Rusia a Bulgaria y a la Unión Europea, sin atravesar los países de tránsito.

Bajo el término "los países de tránsito" se sobrentiende a Ucrania que sistemáticamente genera problemas, icnumpliendo los compromisos de pago, bombeando ilíctamente este hidrocarburo en sus depósitos subterráneos. En un pasado, este país eslavo causó irregularidades en el suministro de gas a Europa. Al alcanzar South Stream la capacidad proyectada, estos problemas pasarán a la historia, se muestra seguro el director del departamento analítico en la entidad Alpari, Alexánder Razuváev:

–Después de que Gazprom adquiriera Beltransgaz (operadora del sistema de gasoductos de Bielorrusia) y se pusiera en marcha la tubería North Stream, estos riesgos disminuyeron considerablemente. Cuando comience a funcionar South Stream, los riesgos prácticamente dejarán de existir. Por lo que se refiere a Europa, tendrá los suministros garantizados. Se barajaba una variante optativa, el gasoducto Nabucco, que no resultó ser viable. Correspondientem ente, Europa optó por South Stream.

South Stream empezará a suministrar gas a la población de Europa ya a finales de 2015. La capacidad de su primera ramificación superará los quince mil millones de metros cúbicos anuales. En toral, a esta arteria gasera le corresponderá un 10 % del consumo continental de este hidrocarburo.

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Un texte du 19ème siècle sur la formation du Samouraï déchiffré

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Un texte du 19ème siècle sur la formation du Samouraï déchiffré

Auteur : Les Découvertes Archéologiques 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Un texte d'entraînement, utilisé par une école d'arts martiaux pour enseigner aux membres de la classe bushi (samurai ou samouraï), a été déchiffré. Il révèle les règles que les samouraïs étaient censés suivre et ce qu'il fallait faire pour devenir un véritable maître épéiste.

Le texte est appelé Bugei no jo, ce qui signifie "Introduction aux arts martiaux" et est daté de la 15e année de Tenpo (1844).

Écrit pour les étudiants samouraïs sur le point d'apprendre le Takenouchi-Ryu, un système d'arts martiaux , il devait les préparer pour les défis qui les attendaient.

Une partie du texte traduit donne ceci: "Ces techniques de l'épée, nées à l'âge des dieux, ont été prononcées par la transmission divine. Elles forment une tradition vénérée de par le monde, mais sa magnificence se manifeste seulement quand on a pris connaissance (...). Quand [la connaissance] est arrivée à maturité, l'esprit oublie la main, la main oublie l'épée," un niveau de compétence que peu obtiennent et qui requiert un esprit calme.

Le texte comprend des citations écrites par les anciens maîtres militaires chinois et est écrit dans un style Kanbun formel: un système qui combine des éléments de l'écriture japonaise et chinoise.

Le texte a été publié à l'origine par des chercheurs en 1982, dans sa langue originale, dans un volume de l'ouvrage "Nihon Budo Taikei." Récemment, il a été partiellement traduit en anglais et analysé par Balázs Szabó, du département d'études japonaises de l'Université Eötvös Loránd à Budapest, en Hongrie.

La traduction et l'analyse sont décrites dans la dernière édition de la revue Acta Orientalia Academiae Scientiarum Hungaricae.

Parmi ses nombreux enseignements, le texte dit aux élèves de montrer une grande discipline et de ne pas craindre le nombre d'ennemis. "(...) c'est comme franchir la porte d'où nous voyons l'ennemi, même nombreux, nous les voyons comme quelques uns, donc aucune crainte ne s'éveille, et nous triomphons alors que le combat vient à peine de commencer", citation d'un enseignement Sur les Sept Classiques Militaires de la Chine ancienne.

Le dernier siècle des samouraïs

En 1844, seuls les membres de la classe Samouraï étaient autorisés à recevoir une formation d'arts martiaux. Szabó explique que cette classe était strictement héréditaire et qu'il y avait peu de possibilités pour les non-samurai d'y adhérer.

Les étudiants Samurai, dans la plupart des cas, auraient participé à plusieurs écoles d'arts martiaux et, en outre, auraient appris "l'écriture chinoise, les classiques confucéens et la poésie dans les écoles du domaine ou des écoles privées", a expliqué Szabó.
Les étudiants qui commencent leur formation de Takenouchi-ryu en 1844 ne réalisaient pas qu'ils vivaient à une époque où le Japon était sur ??le point de subir d'énormes changements.

Pendant deux siècles, il y a eu des restrictions sévères sur les Occidentaux entrant au Japon. Cela a pris fin en 1853 quand le commodore américain Matthew Perry est entré dans la baie de Tokyo avec une flotte et a exigé que le Japon signe un traité avec les États-Unis.
Dans les deux décennies qui ont suivi, une série d'événements et de guerres ont éclaté qui on vu la chute du Japon Shogun, la montée d'un nouveau Japon moderne et, finalement, la fin de la classe des Samouraïs.

Les règles Samurai.

Le texte qui vient d'être traduit énonce 12 règles que les membres de l'école de Takenouchi-ryu étaient censés suivre.
Certaines d'entre elles, dont "Ne quittez pas le chemin de l'honneur !" et "Ne commettez pas de turpitude !" étaient des règles éthiques que les samouraïs étaient censés suivre.

 

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Une règle notable, "Ne laissez pas les enseignements de l'école s'échapper !" a été créé pour protéger les techniques secrètes d'arts martiaux de l'école et à aider les élèves s'ils devaient se trouver au milieu d'un combat.

"Pour une école d'arts martiaux ... afin d'être attrayante, il était nécessaire de disposer de techniques spéciales permettant au combattant d'être efficace même contre un adversaire beaucoup plus fort. Ces techniques sophistiquées faisaient la fierté de l'école et étaient gardées secrètes, car leur fuite aurait causé une perte aussi bien économique que de prestige", écrit Szabó.

Deux autres règles, peut-être plus surprenantes, précisent que les étudiants "ne se concurrencent pas !" et "Ne racontent pas de mauvaises choses sur d'autres écoles !".

Les occidentaux modernes ont une vision populaire des samouraïs s'affrontant régulièrement, mais en 1844, ils n'étaient pas autorisés à se battre entre eux.
Le shogun Tokugawa Tsunayoshi (1646-1709) avait placé une interdiction sur les duels d'arts martiaux et a même réécrit le code que le samouraï devait suivre, en l'adaptant pour une période de paix relative. "L'apprentissage et la compétence militaire, la loyauté et la piété filiale, doit être promue, et les règles de la bienséance doivent être exécutées correctement", expliquait le shogun (traduction du livre "Études sur l'histoire intellectuelle du Japon des Tokugawa," par Masao Maruyama, Princeton University Press, 1974).

Les compétences secrètes.

Le texte propose seulement un faible aperçu des techniques secrètes que les élèves auraient appris à cette école, en séparant les descriptions en deux parties appelées "secrets les plus profonds du combat" et "secrets les plus profonds de l'escrime."

Une partie des techniques secrètes de combat à mains nues est appelé Shinsei no daiji, ce qui se traduit par "techniques divines", indiquant que ces techniques étaient considérées comme les plus puissantes.

Curieusement, une section de techniques secrètes d'escrime est répertoriée comme ?ry?ken, également connu sous le nom IJU ichinin, ce qui signifie "ceux considérés être accordés à une personne" - dans ce cas, l'héritier du directeur.

Le manque de détails décrivant ces techniques dans des cas pratiques n'est pas surprenant pour Szabó. Les directeurs avaient des raisons pour utiliser un langage crypté et l'art du secret.


Non seulement ils protégeaient le prestige de l'école, et les chances des élèves dans un combat, mais ils contribuaient à "maintenir une atmosphère mystique autour de l'école," quelque chose d'important pour un peuple qui tenait l'étude des arts martiaux en haute estime.

 - Source : Les Découvertes Archéologique

La chute de Sfeira près d'Alep

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La chute de Sfeira près d'Alep, un changement stratégique majeur

Auteur : Ghaleb Gandy 
 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Les échanges d'accusations de trahison et de lâcheté sur les médias des groupes armés en Syrie suffisent à eux seuls à comprendre l'importance stratégique de la libération de la ville de Sfeira, au sud-est d'Alep, par l'Armée arabe syrienne et les unités de la défense nationale.

Ces derniers mois, les groupes armés avaient massé dans cette localité d'importantes troupes, les unités les mieux équipées et celles disposant des plus gros moyens financiers. On y trouvait le Front al-Nosra et l'Etat islamique d'Irak et du Levant, affiliés à Al-Qaïda, Liwaa al-Islam, dirigé par Zahran Allouche, l'homme de Bandar Ben Sultan en Syrie, Ahrar al-Cham, et un conseil militaire local rattaché à l'Armée syrienne libre. Ces groupes jouissaient de lignes de ravitaillement ouvertes vers la frontière avec la Turquie, d'où étaient acheminés armes, munitions, argents et renforts en combattants venus de l'étranger. Le soutien le plus importants provenait d'Arabie saoudite, selon les correspondants de la presse étrangère.

Ces groupes ont jeté toutes leurs forces dans la bataille pour tenter de garder Sfeira en raison de sa position stratégique. Il s'agit en effet d'un nœud important commandant l'accès à la campagne sud-est d'Alep ; elle est située non loin de l'aéroport international d'Alep et de l'aéroport militaire de Koueirès ; elle est proche de la région d'Al-Bab, qui commande l'accès à Alep.

Elle constitue un point d'équilibre décisif à l'intérieur d'Alep et de sa province, car elle est située non loin des industries de la défense et de la route d'approvisionnement, qui relie les provinces de Hama et d'Alep. De plus, elle se trouve sur l'axe de communication routier entre la province d'Alep et des régions de l'est, à Raqqa.

Pour toutes ces raisons, la libération de Sfeira aura des répercussions décisives sur les équilibres militaires dans le pays.

L'Armée arabe syrienne et les unités de la défense civile ont réussi à libérer Sfeira après la reprise de Khanasser et de ses environs, il y a quelques semaines, ce qui lui avait permis de rouvrir la voie approvisionnement Hama-Alep, appelée la "route du désert".

L'avancée rapide de l'armée syrienne est une preuve de ses hautes capacités et de sa solidité, qui surprennent les observateurs. Mais elle confirme, aussi, le changement de l'humeur populaire des Syriens, qui rejettent les exactions des groupes extrémistes, déchirés par des luttes intestines autour des butins. L'effondrement du camp hostile à la Syrie avec l'apparition de profondes divergences entre l'Arabie saoudite d'un côté, le Qatar et la Turquie de l'autre, est un signe supplémentaire de l'échec de la guerre universelle contre la Syrie.

Les groupes armés qui combattent l'Etat syrien, ne sont que des façades pour des puissances étrangères. Ils ont sombré dans une profonde dépression après que les Etats-Unis aient été contraints d'abandonner leur projet d'agression contre la Syrie. Leurs défaites sur le terrain s'accélèrent et la reprise de Sfeira sera suivie d'autres victoires dans les différentes régions du pays.

 - Source : Ghaleb Gandy

Du P.S.

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Du P.S.

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Le thème principal du n° 44 (été 2013) de la revue quadrimestrielle Réfléchir et Agir porte sur le socialisme identitaire. À côté de diverses contributions, on peut lire un bref débat sur le mot même de socialisme entre l’ami Eugène Krampon et l’auteur de ces lignes. Eugène soutient la nécessité d’en conserver le terme parce qu’il demeure compréhensible, en dépit de tous les dévoiements imaginables, alors que le solidarisme et le justicialisme restent obscurs pour les populations européennes.

 

La question sémantique garde toute son importance dans la guerre des idées. Si le socialisme devient identitaire ou « européen » comme l’écrivait régulièrement Jean Mabire, il importe néanmoins d’en redéfinir le concept et de lui redonner un sens révolutionnaire, novateur et rebelle, quitte éventuellement à le reformuler à l’aune de la quatrième théorie politique conceptualisée par Alexandre Douguine. Ce travail lexical exige en priorité une claire distinction du Parti socialiste (P.S.) de Flamby, de Jean-Marc (Z)Ayrault et d’Harlem Désir ainsi que de leurs pitoyables homologues sociaux-démocrates.

 

La tâche semble impossible. En réalité, elle est fort simple grâce du fait des reniements successifs des dirigeants du P.S. Lui-même ancien responsable de la formation de Léon Blum, de Guy Mollet et de François Mitterrand, le co-président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, assène de rudes coups à ses anciens camarades. Favorable à l’« éco-socialisme » dans une perspective développementaliste et industrialiste, Mélenchon s’estime seul véritable héritier de Jean Jaurès et des ténors du socialisme institutionnalisé. Avec la virulence qu’on lui connaît, il ose dénier au P.S. – aujourd’hui au pouvoir – de se qualifier de « socialiste » et préfère le nommer avec un mépris superbe de « solférinien », de la célèbre adresse parisienne de son siège national du P.S., rue de Solférino.

 

Pour une fois, le camarade Mélenchon a raison de contester à son ancien parti l’emploi du mot « socialiste ». Depuis le tournant de la rigueur en 1983, le P.S. s’est plié au Diktat des marchés mondiaux, de la finance planétaire et de l’Oligarchie transnationale. Sa soumission au mondialisme après avoir célébré pendant des décennies un internationalisme éthéré a été récompensée par la nomination à la direction générale de l’O.M.C. et du F.M.I. de Pascal Lamy et de Dominique Strauss-Kahn. Les « solfériniens » ont tué leur socialisme au nom du financiarisme le plus débridé.

 

Cette trahison, en germe dès la naissance de la S.F.I.O. en 1905 avec les possibilistes et les partisans de l’action parlementaire, s’accompagne d’un changement profond de l’électorat « socialiste ». Si les ouvriers, les employés et le gros des catégories populaires et moyennes l’ont délaissé, une compensation s’effectue avec de nouveaux électeurs issus des couches intermédiaires aisées, des catégories sociales à haut revenu et des effets d’une immigration de peuplement massive. Dompté et désormais laquais du fric sans frontières (pléonasme !), le P.S. détourne son désir de révolution en s’attaquant aux normes culturelles traditionnelles européennes.

 

Hantant les coulisses d’un pouvoir légal mais illégitime, les « solfériniens » propagent par différents canaux des thèmes homosexualistes (le mariage inverti), relativistes (réformes judiciaires qui livrent l’Hexagone à la délinquance), libertaires (dépénalisation du cannabis, voire de toutes les drogues) et extrême-féministes (pénalisation des clients de prostituées, interdiction de la fessée et de la gifle adressées aux enfants par leurs parents) qui ne répondent pas aux attentes de la population. Qu’il est loin le temps où les députés socialistes comptaient parmi eux Alfred Gérault-Richard (1860 – 1911) ! D’abord élu du XIIIe arrondissement de Paris entre 1895 et 1898, il sera ensuite le représentant de la Guadeloupe de 1902 jusqu’à sa mort. Cet ami de Jaurès et d’Aristide Briand conviendrait certainement à la fort prude Najat Vallaud-Belkacem, Pasionaria à la petite semaine du néo-puritanisme gauchard. Auteur d’une courte biographie, Bruno Fuligni le qualifie d’« ouvrier tapissier, maquereau, poète, spadassin, maître chanteur, industriel, séparatiste montmartrois… (1) ». Outre qu’on a l’impression qu’il décrit une formation politique particulière, Bruno Fuligni ne cache pas que Alfred Gérault-Richard vécut un temps grâce aux charmes de sa petite amie… On a enfin dénicher la figure tutélaire d’Osez le féminisme et des FemHaine ! Au moins, cet homme-là n’escroquait pas ses électeurs… La volonté effrénée des nouveaux « gardes roses » de sanctionner des comportements ataviques accompagne la mutation anthropologique hyper-individualiste à l’œuvre.

 

En acceptant le « bougisme », le P.S. a récusé le socialisme pour devenir un Parti sociétaliste. Qu’est-ce que le sociétalisme ? C’est une idéologie post-moderniste qui privilégie le sociétal. Expression venue d’outre-Atlantique, « sociétal » se distingue du « social ». Son « emploi correspond à un déplacement des idées au sein de la gauche », indique Chantal Delsol (2). Selon la philosophe libérale-conservatrice, « le social relève de l’organisation et de la distribution de la production. Il est clairement lié à l’économie, aux biens quantifiables et monnayables, et à leur répartition. Tandis que le terme sociétal est employé pour désigner ce qui a trait aux comportements de l’individu et à l’évolution des mœurs – il s’agit des normes et non plus de la redistribution des biens; cela concerne la famille, le couple, la liberté individuelle, la vie privée, le sens de la vie, et non plus le niveau de vie, le confort, la sécurité (3) ». Elle ne saisit toutefois pas que la perception sociétale convient parfaitement à l’essence liquide de l’ultra-modernité libérale.

 

Bénéficiaires de la mondialisation globale, les sociétalistes ont entamé la démolition des dernières résistances à l’indifférenciation mortifère de la vie et du monde. Après avoir rejeté le spirituel, occulté le politique, hypertrophié l’économique et perverti le culturel, les voilà en train de s’affranchir du social afin de privilégier un sociétal compris comme d’une morale universaliste dissolvante. La félonie est donc totale.

 

Face à cette tendance inquiétante, il est temps de redécouvrir le social, cette dimension réelle, concrète, tangible du politique. Contre les métastases du sociétalisme présentes tant chez les « solfériniens » qu’au sein de la fumeuse U.M.P., la nécessité impose de relever un socialisme véritable, de relancer le solidarisme et d’encourager le justicialisme. Les peuples ne vivent pas en société, mais constituent des ensembles complexes de communautés qui perdurent malgré tout sous les gravats individualistes et médiatiques du sociétal délétère.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : Bruno Fuligni, La Chambre ardente. Aventuriers, utopistes, excentriques du Palais-Bourbon, les Éditions de Paris – Max Chaleil, 2001, p. 213.

 

2 : Chantal Delsol, « La gauche préfère le “ sociétal ” au “ social ” », Le Figaro, 12 août 2013.

 

3 : art. cit.

 


 

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Al Qaeda in China, Islamic Insurgency in Uighur-Xinjiang, China and the US-Saudi-Israeli Plan for the Middle East

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Al Qaeda in China, Islamic Insurgency in Uighur-Xinjiang, China and the US-Saudi-Israeli Plan for the Middle East

 
Global Research, October 30, 2013

THE YINON PLAN LIVES ON

Named after Israel’s minister of foreign affairs at the time of the 1982 invasion of Lebanon and occupation of Beirut, with about 25 000 dead, this divide-and-rule geostrategy plan for the MENA (Middle East and North Africa) lives on.

Already victims of this strategy since 2011 – operated by Israel, the US and Saudi Arabia – we have the divided and weakened states of Iraq, Libya, Yemen and Syria. Egypt and even Tunisia can also possibly be added to the list. Others can be identified as likely short-term target victim countries.

In February 1982 the foreign minister Oded Yinon wrote and published ‘A Strategy for Israel in the Nineteen Eighties‘, which outlined strategies for Israel to become the major regional power in the Middle East. High up the list of his recommendations was to decapitate and dissolve surrounding Arab states into sub-nations, warring between themselves. Called the peace-in-the-feud or simply divide and rule, this was part of Yinon’s strategy for achieving the long-term Zionist goal of extending the borders of Israel, not saying where but potentially a vast region. His strategy was warmly and publicly supported by leading US policy makers with close ties to Israel, like Richard Perle, by the 1990s.

This regional balkanization plan is centred on the exploitation of ethnic, religious, tribal and national divisions within the Arab world. Yinon noted the regional landscape of the MENA was “carved up” mainly by the US, Britain and France after the defeat and collapse of the Ottoman empire in 1917. The hastily traced and arbitrary borders are not faithful to ethnic, religious, and tribal differences between the different peoples in the region – a problem exactly reproduced in Africa, when decolonization started in the 1950s and 1960s. Yinon went on to argue this makes the Arab world a house of cards ready to be pushed over and broken apart into tiny warring states or “chefferies” based on sectarian, ethnic, national, tribal or other divisions.

Central governments would be decapitated and disappear. Power would be held by the warlord chiefs in the new sub-nations or ‘mini-states’. To be sure, this would certainly remove any real opposition to Israel’s coming regional dominance. Yinon said little or nothing about economic “collateral damage”.

To be sure, US and Saudi strategy in the MENA region is claimed to be entirely different, or in the Saudi case similar concerning the means – decapitating central governments – but different concerning the Saudi goal of creating a huge new Caliphate similar to the Ottoman empire. Under the Ottomans nations did not exist, nor their national frontiers, and local governments were weak or very weak.

ISLAMIC INSURGENCY IS WELL KNOWN IN CHINA

China knows plenty about Islamic insurgency and its potential to destroy the nation state. Even in the 1980s and 1990s, some 25 years ago, China had an “Islamic insurgency” threat concentrated in its eastern resource-rich and low population Xinjiang region. Before that, since the early days of the Peoples’ Republic in the 1950s, China has addressed Islamic insurgency with mostly failed policies and strategies but more recently a double strategy of domestic or local repression, but aid and support to Islamic powers thought able to work against djihadi insurgents – outside China – has produced results.

The Chinese strategy runs completely against the drift of Western policy and favours Iran.

A report in ‘Asia Times’, 27 February 2007, said this: “Despite al-Qaeda’s efforts to support Muslim insurgents in China, Beijing has succeeded in limiting (its) popular support….. The latest evidence came when China raided a terrorist facility in the country’s Xinjiang region, near the borders with Pakistan, Afghanistan, Tajikistan and Kirgizstan. According to reports, 18 terrorists were killed and 17 were captured”.

Chinese reporting, even official white papers on defence against terror are notoriously imprecise or simply fabricated. The official line is there is no remaining Islamic insurgency and – if there are isolated incidents – China’s ability to kill or capture militants without social blowback demonstrates the State’s “hearts and minds” policy in Xinjiang, the hearth area for Chinese Muslims, is working.

Chinese official attitudes to Islamic insurgency are mired with veils of propaganda stretching back to the liberation war against anti-communist forces. These featured the Kuomintang which had a large Muslim contingent in its Kuomintang National Revolutionary Army. The Muslim contingent operated against Mao Zedong’s central government forces – and fought the USSR. Its military insurgency against the central government was focused on the provinces of Gansu, Qinghai, Ningxia and Xinjiang and continued for as long as 9 years after Mao took power in Beijing, in 1949.

Adding complexity however, the Muslim armed forces had been especially active against the Soviet Union in the north and west – and by 1959 the Sino-Soviet split was sealed. Armed hostilities by Mao’s PLA against the Red Army of the USSR broke out in several border regions, with PLA forces aided by former Muslim insurgents in some theatres. Outside China, and especially for Arab opinion, Mao was confirmed as a revolutionary nationalist similar to non-aligned Arab leaders of the period, like Colonel Husni al-Zaim of Syria and Colonel Nasser of Egypt.

CHINA’S THREAT TO WESTERN STRATEGY IN THE MENA

Especially today, some Western observers feign “surprise” at China’s total hostility towards UN Security Council approval for “surgical war” strikes against Syria. The reasons for this overlap with Russia’s adamant refusal to go along with US, Saudi Arabian, Turkish and French demands for a UNSC rubber stamp to trigger “regime change” in Syria but are not the same. For China the concept of “regime change” with no clear idea – officially – of what comes next is anathema.

As we know, when or if al Assad falls, only chaos can ensue as the country breaks apart, but this nightmare scenario for China is brushed aside by Western politicians as a subject for “later decision”.

China’s successful efforts to keep the global jihad from spreading into its territory is surely and certainly taken as a real challenge by Saudi-backed insurgents in western China. Various reports indicate the al-Qaeda organization trains about 1 000 mostly Xinjiang-origin Uighurs and other Chinese Muslims every year. Located in camps in Afghanistan, Pakistan, Kirgizstan and elsewhere, this terror training has continued since at least the mid-1990s, for a total of more than 15 years.

The focus on Xinjiang, formerly called Turkestan is no accident. The region’s Russian influence is still strong, reinforced by Muslim migration from Russia in the 19th century, accelerated by the Russian Civil War and 1917 revolution. During China’s warlord era preceding Mao’s rule, the USSR armed and supported the Muslim separatist East Turkestan Republic which only accepted Mao’s rule when the PRC under the Chinese communists was fully established in 1949. The longstanding East Turkestan jihadi movement (ETIM) is highly active today after being relaunched in the early 2000′s, especially since the Iraq war of 2003. It however mainly acts in “external theatres” such as Pakistan’s Baluchistan province. The Baluchi of Pakistan have long-term rebellious relations with the central government in Islamabad, and are allied with Kurd nationalists in Iraq, Syria, Lebanon and Turkey.

The US Council on Foreign Relations in a 29 May 2012 briefing on Xinjiang noted that since the Chinese Qing dynasty collapse of 1912, the region has experienced various types of semi-autonomy and on several occasions declared full independence from China. The Council for example notes that in 1944, factions within Xinjiang declared independence with full support from the USSR, but then cites US State Dept. documents claiming that Uighur-related terrorism has “declined considerably” since the end of the 1990s and China “overreacts to and exaggerates” Islamic insurgency in Xinjiang.

Notably, the US has declassified the ETIM Islamic movement – despite its terror attacks – as a terrorist organization. The ETIM was defined as such during the Bush administration years, but is no longer listed as a Foreign Terrorist Organization (FTO) in the State Dept. FTO list as from January 2012.

China has fully recognized the Islamic insurgency threat, with its potential for drawing in hostile foreign powers seeking to destroy national unity and break the national government. Its concern, shared by Indian strategists and policy makers is to “stop the rot” in the MENA.


THE CHINESE STRATEGY

Unofficially, China regards the US and Saudi strategy in the MENA and Central Asia as “devil’s work” sowing the seeds of long-term insurgency, the collapse of the nation state and with it the economy. The US link with and support to Israel is in no way ignored, notably Israel’s Yinon plan for weakening central governments and dissolving the nation state right across the MENA.

China’s main concern is that Central Asian states will be affected, or infected by radical Islamic jihadi fighters and insurgents drifting in from the West, from the Middle East and North Africa. These will back the existing Islamic insurgent and separatist movement in resource-rich Xinjiang. To keep Central Asian states from fomenting trouble in Xinjiang, China has cultivated close diplomatic ties with its neighbors, notably through the Shanghai Cooperation Organization which has a secretariat concerned with counter-insurgency issues.

US analysts however conclude, very hastily, that China “instinctively supports the status quo” and therefore does not have an active international strategy to combat djihadi violence and anarchy outside China. US analysts say, without any logic, that China will respond to and obediently follow initiatives from Washington and other Western powers – as it has starkly not done in the UN Security Council when it concerns the Western powers’ long drawn out attempt to repeat, for Syria, their success in 2011 for getting UNSC approval to the NATO war in Libya!

China was enraged, and regarded it as betrayal when its support for limited action by NATO in Libya – a rare instance of China compromising on nonintervention – turned into an all-out “turkey shoot” to destroy the Gaddafi clan. Libya was handed over to djihadi militants, who subsequently declared war against central government, an accelerating process resulting in Libya, today, having no central government with any real authority. That experience certainly hardened Beijing’s responses on Syria.

Post-Mao China has restored the concept of Chinese cultural continuity, with a blend of Confucian, Taoist and Buddhist strands which had been been weakened but not completely destroyed in the years of ideologically-driven Communism. For the Communists of Mao’s era “history was bunk”, not even a mixed bag but an unqualified evil that must be smashed. The Chinese attitude to radical Islam as embodied in the ideologies of Wahabism and Salafism is the same – they are treated as a denial of world history and its varied cultures, with immediate and real dangers for China. Its counter-insurgency strategy against Islamic radicals is the logical result.

This strategy ensures closer Tehran-Beijing relations, usually described by Western analysts as a “balancing act” between ties to Washington and growing relations with Iran. China and Iran have developed a broad and deep partnership centered on China’s oil needs, to be sure, but also including significant non-energy economic ties, arms sales, defense cooperation, and Asian and MENA geostrategic balancing as a counterweight to the policies and strategies of the United States and its local allies, Saudi Arabia and Israel. Chinese attention now focuses the Washington-Riyadh axis and its confused and dangerous MENA region geostrategy, resulting in a de facto proliferation of Islamic djihadi insurgents and the attack on the basic concept of the nation state across the region. The Chinese view is that Iran’s version of “Peoples’ Islam” is less violent and anarchic, than the Saudi version.

OPPOSING THE WASHINGTON-RIYADH AXIS

Both Chinese and Indian strategists’ perceptions of the US-Saudi strategy in the MENA, and other Muslim-majority regions and countries is that it is dangerous and irresponsible. Why the Western democracies led by the US would support or even tolerate the Saudi geostrategy and ignore Israel’s Yinon Plan – as presently shown in Syria – is treated by them as almost incomprehensible.

China is Tehran’s largest trading partner and customer for oil exports, taking about 20% of Iran’s total oil exports, but China’s co-operation is seen as critical to the Western, Israeli and Arab Gulf State plan to force Iran to stop uranium enrichment and disable the capacity of its nuclear program to produce nuclear weapons. Repeated high-level attempts to “persuade Beijing” to go along with this plan, such as then-US Treasury Secretary Timothy Geithner’s 2012 visit to Beijing, however result each time in Chinese hosts politely but firmly saying no. This is not only motivated by oil supply issues.

Flashpoints revealing the Chinese-US divide on Iran crop up in world news, for example the US unilateral decision in January 2012 to impose sanction on Chinese refiner Zhuhai Zenrong for refining Iranian oil and supplying refined products back to Iran. This US action was described by China’s Foreign Ministry spokesman as “totally unreasonable”. He went on to say that “China (has) expressed its strong dissatisfaction and adamant opposition”.

At the same time, China’s Xinhua Agency gave prominence to the statement made by Iran’s OPEC delegate Mohamed Ali Khatibi: “If the oil producing nations of the (Arab) Gulf decide to substitute Iran’s oil, then they will be held responsible for what happens”. Chinese analysts explained that China like India was irritated that Iranian oil sanctions opened the way for further de facto dominance of Saudi Arabia in world export supplies of oil, as well as higher prices.

Iran is however only the third-largest supplier of oil to China, after Angola and Saudi Arabia, with Russia its fourth-largest supplier, using EIA data. This makes it necessary for China to run sustainable relations with the Wahabite Kingdom, which are made sustainable by actions like China’s Sinopec in 2012 part-funding the $8.5 billion 400 000 barrels-per-day refinery under construction in the Saudi Red Sea port city of Yanbu.

The Saudi news and propaganda outlet Al Arabiya repeatedly criticises China and India for their purchase of Iranian oil and refusal to fully apply US-inspired sanctions. A typical broadside of February 2013 was titled “Why is China still dealing with Iran?”, and notably cited US analysts operating in Saudi-funded or aided policy institutes, such as Washington’s Institute for Near East Policy as saying: “It’s time we wised up to this dangerous game. From Beijing’s perspective, Iran serves as an important strategic partner and point of leverage against the United States”. US analysts favourable to the Saudi strategy in the MENA – described with approval by President Eisenhower in the 1950s as able to establish a Hollywood style Saudi royal “Islamic Pope” for Muslim lands from Spain to Indonesia – say that Iran is also seen by China as a geopolitical partner able to help China countering US-Saudi and Israeli strategic action in the Middle East.

A 2012 study by US think tank RAND put it bluntly: “Isolated Iran locked in conflict with the United States provides China with a unique opportunity to expand its influence in the Middle East and could pull down the US military in the Gulf.” The RAND study noted that in the past two decades, Chinese engineers have built housing, bridges, dams, tunnels, railroads, pipelines, steelworks and power plants throughout Iran. The Tehran metro system completed between 2000 and 2006 was a major Chinese engineering project.

THE BIG PICTURE

China’s Iran policy and strategy can be called “big picture”. Iranian aid and support to mostly but not exclusively Shia political movements, and insurgents stretches from SE Asia and South Asia, to West and Central Asia, Afghanistan, the Caspian region, and SE Europe to the MENA. It is however focused on the Arabian peninsula and is inevitably opposed to Saudi geostrategy. This is a known flashpoint and is able to literally trigger a third world war. Avoiding this is the big picture – for China.

Li Weijian, the director of the Research Center of Asian and African Studies at the Shanghai Institute for International Studies puts it so: “China’s stance on the Iranian nuclear issue is not subject to Beijing’s demand for Iranian oil imports, but based on judgment of the whole picture.” China is guided in foreign relations by two basic principles, both of them reflecting domestic priorities. First, China wants a stable international environment so it can pursue domestic economic development without external shocks. Second, China is very sensitive to international policies that ‘interfere in or hamper sovereign decisions”, ultimately tracing to its experience in the 19th and 20th centuries at the hands of Western powers, and the USSR, before and after the emergence of the PRC. It adamantly opposes foreign interference in Taiwan, Tibet, and Xinjiang.

This includes radical Islamist or djihadi interference, backed by any foreign power. While China has on occasions suspected Tehran of stirring Islamic insurgency inside its borders it sees the US-Saudi geostrategy of employing djihadists to do their dirty work as a critical danger, and as wanton interference. Indian attitudes although not yet so firm, are evolving in the same general direction. Both are nuclear weapons powers with massive land armies and more than able to defend themselves.

Claims by Western, mostly US analysts that China views Iran as exhibiting “unpredictable behaviour” in response to US-led sanctions and that Iran is “challenging China’s relations with its regional partners” can be dismissed. In particular and concerning oil, China is well aware that Iran will need many years of oil-sector development to return to anything like pre-Islamic revolution output of more than 5 million barrels a day. Unless oil sanctions are lifted, Iran’s oil output will go on declining, further increasing the power of the Gulf States led by Saudi Arabia, and Shia-governed but insurgency threatened Iraq to dictate export prices.

China dismisses the claim that its policies have hampered US and other Western political effort to dissuade Iran from developing nuclear weapons capability.

China’s distaste for toppling almost any central government, even those run by dictatorial strongmen springs from a deep sense of history – marked by insecurity about the uncertain political legitimacy of governments arising from civil war and revolution – like the PRC. At its extreme, this Chinese nightmare extends to fears that if the US-Saudi geostrategy can topple governments in the Middle East almost overnight, what will stop them from working to bring down China’s government one day? Unlike almost all MENA countries minus the oil exporters, China has scored impressive victories in the fight against poverty. Its economy although slowing creates abundant jobs and opportunity.

For China, this is the only way to progress.

HARDENING POLICIES AND POSITIONS

The emerging Chinese anti-Islamist strategy also underlines a menacing reality for the US and other Western powers. China rejects the belief there is still only one superpower in today’s world—the USA. The USA’s weakened economy and uncontrollable national debt, its confused and cowardly drone war, its slavish support to Israeli and Saudi whims do not impress China – or India.

To be sure China’s classic-conventional weapons development programs lag far behind the US. The Chinese military strategy for pushing back US dominance focuses global reach ballistic missiles, tactical nuclear weapons, drones, submarines, and military space and cyberwarfare capabilities.

With the PLA it possesses the biggest land army in the world. No US warmonger, at least saner versions would “take on China”.

China has invested heavily in Iraq, Saudi Arabia and other Gulf states, as well as Iran. It does not want to see its investment effort destroyed by deliberately promoted Islamic anarchy. Also, its Middle Eastern presence will continue due to the fact that while US dependence on oil imports is declining, China overtook the US as the world’s largest oil importer on a daily basis, this year, several years ahead of analysts’ consensus forecasts.

The likely result is that China is now poised and almost certain to strengthen relations with Iran. The intensifying Syrian crisis as well as the dangerously out of control US-Saudi-Israeli djihadi strategy, of fomenting sectarian conflict and destroying the nation state in the MENA, will likely prompt China to soon take major initiatives.

House of Saud May Throw Oily Spanner into US-Iran Talks Gambit

House of Saud May Throw Oily Spanner into US-Iran Talks Gambit

by Finian Cunningham

Ex: http://www.strategic-culture.org/

Obama-and-Hassan-Rohani.jpgThe Saudi spat with its historic Washington ally has several ways of playing out. Jilted over American «double standards» in the Middle East (how ironic is that?), senior members of the House of Saud, including intelligence chief Prince Bandar bin Sultan, have hinted that the oil-rich kingdom may shop elsewhere for its billion-dollar weapons toys that it traditionally sources from Washington. Given the parlous state of the US industrial economy, such a loss of exports in a key revenue sector, would be a nasty blow... 

Another line for a Saudi sting against the «feckless Americans» might be to throw an oily spanner into US-Iran talks over the long-running nuclear dispute. Specifically, Saudi Arabia – the main productive force in the OPEC oil cartel – could make sanctions relief for Iran a problematic order.

Not that Washington cares too much about affording sanctions relief per se, but the Saudi recalcitrance could damage what appears to be a cynical gambit by the US to engage with Iran diplomatically for geo-strategic reasons. 

For the Saudis, this opportunity for vandalism would be sweet revenge for their exasperation with perceived American flip-flopping on Syria and Iran. The Wahhabi Saudi kingdom is obsessed with the defeat of Shia Islam represented by Iran and its allies in Syria and the Hezbollah militia in Lebanon. That obsession is borne out of arcane sectarian religious animosity and also out of more mundane political rivalry. The prestige of the Iranian revolution across the Middle East and its trenchant anti-imperialism are dangerous inspirations to the Arab Street, from the House of Saud’s point of view. 

So, the apparent about-turn in US policy, first in baulking at the launch of an all-out military strike on Syria last month, and then secondly, the surprise US-led rapprochement towards Tehran over the decade-old nuclear dispute, has provoked Saudi ire to its very theocratic foundations. 

That explains the extraordinary huff expressed recently by Prince Bandar, the Saudi spymaster. Given his close contacts with the Washington establishment owing to his role as ambassador for 22 years (1983-2005), we can be sure that Bandar’s reported griping and threat-making to Western diplomats was designed to send a stern message from the House of Saud to senior US government figures. The Saudis are not merely disgruntled with their American patron; they are aggrieved by what they perceive as betrayal.

From the House of Saud’s precarious position as unelected rulers of the world’s biggest oil-exporting country – where elite wealth sits incongruously alongside massive poverty among the 20 million indigenous population – there stems an intense zero-sum mentality. Any perceived setback to the rulers or concession to rivals is intolerable to the despotic regime’s sense of its own insecure authority, both at home and regionally. That is why its reactions are so vehement, such as the furious rejection earlier this month of a non-permanent member seat on the UN Security Council – again, another action aimed at showing displeasure with Washington. 

Saudi animosity towards Iran, Syria and Hezbollah – the Shia Crescent – is of course nothing new. Such geopolitical envy can be traced back to the Islamic Revolution of 1979. For its own hegemonic reasons, Washington has cultivated the Saudi rivalry with Iran, viewing the Saudi-led Sunni monarchies of the Persian Gulf as a bulwark against Iranian-inspired popular uprisings. Bahrain is perhaps the best example, where the US and Saudi Arabia have colluded in crushing the pro-democracy movement in Bahrain that arose during the Arab Spring of 2011. The counter-insurgency propaganda of the Bahraini and Saudi regimes, with tacit approval from Washington, blames the uprising on the subversive agency of Iran and Hezbollah. Iran denies any such political interference in the internal affairs of the Sunni monarchies. Tehran maintains, with sound reasoning, that the unrest in Bahrain, Saudi Arabia and the other oil sheikhdoms is simply a reflection of the gross democratic deficit in these fascistic states. 

The Arab Spring also gave the House of Saud a golden opportunity to hit back against the Shia Crescent by joining in the Western-led covert war for regime change in Syria. By unseating the government of President Bashar al-Assad that would, so the logic went, deliver a powerful blow to Iran’s regional influence. 

But the military option against Syria and Iran has proven to be a blunt instrument that has yielded little result, as far as Western strategic objectives are concerned. Both Syrian and Iranian governments remain unbowed despite years of brutal aggression in the form of proxy mercenary armies against the former and a barrage of economic sanctions on the latter.   

This would explain why Washington and its Western allies, Britain and France, now seem prepared to exercise the political option through diplomatic negotiations. It’s not that Washington has given up on its strategic objectives of thwarting both Syria and Iran. It is just that the tactics are shifting, from military aggression to political wrestling. As Prussian military theorist Carl Von Clausewitz (1780-1831) aptly put it, war is but a continuation of politics by other means, and vice versa. 

From Washington’s point of view, this shift would kill two strategic birds with one stone. By engaging Iran and Syria into a political process, concessions might be traded one against another, with the all-important result of undermining both governments. A potential point of attack would be Iran’s urgent need for economic sanctions to be lifted.

The alacrity of Iran’s new diplomatic push over the nuclear deadlock shows that the Islamic Republic has an acute need to remove the Western embargo on its economy. It is reckoned that the combination of US and European Union sanctions imposed on Iran in mid-2012 alone has hit oil exports by more than half, resulting in a loss of revenues of $35 billion over the past year. That can only be described as devastating, to say nothing of criminal aggression.

The Iranian election of President Hassan Rouhani in mid-June and the appointment of Western-educated Mohammed Javad Zarif as foreign minister have brought a sea-change in Iran’s relations with Washington, the P5+1 group of UN Security Council members plus Germany, the EU and the UN’s atomic watchdog, the International Atomic Energy Agency. Talks with the IAEA this week in Vienna were described as «serious and earnest». All such talks have been reported as «constructive» and «progressive». This dramatic change can largely be seen as a manifestation of Iran’s pressing need to alleviate Western strictures on its economy.

But this diplomatic development can also be viewed as Washington and its Western allies wanting to engage Iran politically for their own pressing tactical reasons, with regards to realizing strategic objectives towards both Iran and Syria. 

Following the first round of negotiations between Iran and the P5+1 group in Geneva last month, there was dizzying high praise from Washington and European powers. But ahead of the second round of talks scheduled in Geneva next week, there have been assorted signals that Washington and the Europeans are reverting to playing hardball. 

The Obama administration is saying that there will no sanctions relief any time soon and that Iran will have to present concrete evidence that it is not pursuing nuclear weapons. The US Congress is also preparing to pass a bill that will ratchet up the sanctions regime even more, while the EU is reportedly stepping up enforcement of its embargoes on Iranian shipping and finance. 

The effect of this hardball will make Iran amenable to acceding to political concessions, especially as it gains the tantalizing whiff of sanctions relief. Here Iran has to tread carefully because of its own domestic population who are deeply suspicious of Western intentions. So far, the Rouhani presidency insists that the country’s right to enrich uranium at the 20 per cent level for civilian purposes is non-negotiable. It is inconceivable that the government in Tehran would survive politically if it were to give way on such a redline issue. That raises the question of what other concessions the West might demand from Iran for the latter’s much-needed sanctions relief?

Perhaps the Iranians might be asked to act as an interlocutor to enable the West to extract concessions from the government in Damascus regarding the imposition of a transitional government there.  

In pursuing its political machinations, the West has to proceed smartly and delicately too. For one thing, it has to appear to be giving the Iranians something, otherwise Iran will not engage, or the Iranian masses will demand complete withdrawal from a futile process. 

In that regard, it is significant that the White House is saying that it is considering the unfreezing of Iranian assets worth up to $50 billion. That amount would more than compensate for the loss in oil revenues for Iran over the past year. 

And it seems that Iran is anticipating a return to international oil markets because of the warmer diplomatic climate. The Reuters news agency reported last week: «Iran is reaching out to its old oil buyers and is ready to cut prices if Western sanctions against it are eased.»

The report added: «New Iranian President Hassan Rouhani's ‘charm offensive’ at the United Nations last month, coupled with a historic phone call with US President Barack Obama, revived market hopes that Iranian barrels could return with a vengeance if the diplomatic mood music translates into a breakthrough in the standoff over Tehran's disputed nuclear program.»

Reuters quoted a senior oil trader as saying: «The Iranians are calling around already saying ‘let's talk’ ... You have to be careful, of course, but there is no law against talking.»

Now, here is where the Saudis smarting over US «betrayal» could play havoc with Washington’s tactical engagement with Iran and Syria. 

Iran’s forced withdrawal from oil markets due to Western sanctions has been replaced by a spike in Saudi oil production, which has helped to maintain market prices at around $100 a barrel over the past year. Saudi oil output is said to be at an all-time high, towards its full capacity of 12 million barrels a day. 

For Washington to engage Iran in a political process, even for entirely cynical reasons, it will need to show a certain degree of flexibility in allowing Iran to resume at least a portion of vital oil exports. However, that overture is, as it turns out, the prerogative of Saudi Arabia, whose extra oil output has covered the global shortfall from sanctioned Iranian supplies. The Saudis are unlikely to facilitate any resumption of Iranian oil business. 

In that way, the Saudis have the power to throw a very oily spanner in the diplomatic wheels that Washington is trying to turn with Iran.




Republishing is welcomed with reference to Strategic Culture Foundation on-line journal www.strategic-culture.org.

mardi, 05 novembre 2013

Uylenspiegelfeesten, Gent

Moi aussi je soutiens les bonnets rouges bretons

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Moi aussi je soutiens les bonnets rouges bretons

Samedi 2 novembre, à l’appel du « collectif pour l’emploi en Bretagne » et du collectif « révolte bretonne », mais aussi de nombreuses organisations syndicales, associatives, politiques, ce sont des dizaines de milliers de Bretons qui vont défiler dans les rues de Quimper, pour dénoncer l’agonie économique et sociale dans laquelle est actuellement plongée la Bretagne.
Paysans, marins-pêcheurs, ouvriers, artisans, chefs d’entreprise seront tous réunis et soudés pour défendre le droit de vivre et de travailler au pays, ce droit que les dirigeants politiques au pouvoir refusent aux Bretons, comme ils le refuseront demain à tous ceux qui refusent les licenciements, la mondialisation forcenée, la fiscalité démesurée, le grand remplacement de population.
C’est en solidarité avec ces nouveaux chouans, avec ces nouveaux bonnets rouges, que je signe cette pétition, qui sera adressée au premier ministre Jean Marc Ayrault. C’est en solidarité avec ces révoltés que je diffuse la pétition tout autour de moi.
Les Bretons entrent en résistance, suivons-les, soutenons-les, aidons-les
Solidarité avec les Bonnets-Rouges
 
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La Turquie déjà en Europe grâce au Kosovo

La Turquie déjà en Europe grâce au Kosovo
 
Erdogan jette le masque

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr
1372453379-people-in-kosovo-protest-in-favor-of-turkish-pm-erdogan_2203285.jpgLes turcs ne se sentent certes pas européens mais ils sont en Europe physiquement déjà et de plus en plus. L’Europe s’est laissée entraîner par les Usa et l’Otan dans une guerre stupide contre la Serbie, contre le dictateur Milosevic pour les gentils kosovars.

C’était objectivement faire le jeu des musulmans contre les chrétiens dans une région d’affrontement historique entre la civilisation helléno- judéo-chrétienne et la civilisation arabo musulmane. Le perdre de vue était totalement stupide. La reconquête de la quasi-totalité des Balkans sur les turcs qui ont achevé contre l’empire romain d’orient ce que les arabes avaient commencé, est comparable à la reconquista espagnole.
 
Le Kosovo, patrie d’origine des Serbes, devenu un état musulman kosovar, c’est une chose terrible et parlante au niveau du poids de la démographie et des migrations de remplacement. La revendication de cette terre, au nom d’un passé commun, par la Turquie est plus terrifiante encore et rappellera, à certains démocrates sourcilleux, des thèses de l’époque la plus sombre de notre histoire.

En visite officielle au Kosovo à l’occasion de l’inauguration de l’aéroport de Pristina, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lâché une petite bombe en déclarant : « la Turquie, c’est le Kosovo, et le Kosovo, c’est la Turquie ». Le chef du gouvernement turc a déclaré que les citoyens du Kosovo et de Turquie faisaient toujours partie d’un même pays. « Chers frères et amis, nous partageons la même histoire culturelle et la même civilisation. N’oubliez pas que la Turquie, c’est le Kosovo et que le Kosovo, c’est la Turquie. Nous sommes à ce point proches que l’auteur de l’hymne turque, Mehmet Akif Ersoj, est originaire du Kosovo, de la ville d’Ipek-Peć-Peja », s’est exclamé Recep Tayyip Erdoğan. 

 
Hashim Thaçi, le Premier ministre du Kosovo, a remercié son homologue turc de la qualité de la coopération entre les deux pays et a rappelé que la Turquie était le premier pays à avoir reconnu l’indépendance du Kosovo. Le Premier ministre albanais, Edi Rama a, quant à lui, déclaré que les citoyens du Kosovo et de la Turquie, Albanais et Turques, étaient des peuples frères, qui devaient travailler ensemble à construire un avenir meilleur. Banques, autoroutes, aéroport de Pristina : la Turquie est le premier investisseur étranger au Kosovo. Cette présence économique massive alimente toutes les théories du complot. Le Kosovo serait-il, comme certains le prétendent, le « point d’ancrage » dans les Balkans d’une Turquie, qui aurait retrouvé ses ambitions impériales ?

Du côté de Belgrade, les propos de Recep Tayyip Erdoğan ont provoqué de très vives réactions. « Je considère ces déclarations scandaleuses  et j’attends des excuses rapides de la Turquie et de son Premier ministre. Ce comportement est inacceptable et incompatible avec de bonnes relations diplomatiques », a déclaré jeudi 24 octobre le vice-Premier ministre Aleksandar Vučić, avant d’ajouter que la Turquie savait très bien que le Kosovo n’était plus turc « depuis les Guerres balkaniques ».

Ce que semble oublier ce premier ministre très pro-occidental, c’est que les guerres balkaniques ont repris, menées par l’occident contre la Serbie et apparemment au profit de l’ottoman. Détruire la grande Serbie pour instaurera au cœur de l’Europe une nouvelle grande Turquie, ça c’est bien joué !

En de laatste Duitser is Ethiopisch

En de laatste Duitser is Ethiopisch

 
Asfa-Wossen AsserateEx: Nieuwsbrief / Deltastichting, Nr. 76, Oktober 2013

Een wat provocatieve titel? Allicht wel, maar dat zal allicht misschien zelfs de bedoeling zijn van Asfa-Wossen Asserate. Nog nooit van gehoord, zegt u? Dat zou kunnen, maar ik meen mij te herinneren dat ik in TeKoS een tijd geleden van deze auteur – tevens Ethiopische prins en volle neef van de voormalige keizer van Ethiopië Haile Selaissie – het boekje Manieren heb besproken, in Duitsland in elk geval een bestseller in 2003. Het boekje was niets meer maar ook niets minder dan een schatkist vol goede manieren, het laatste compendium van de nette, burgerlijke manieren, intussen helemaal losstaand van de multiculturele massamaatschappij waarin we met z’n allen leven.

Asserate verzamelde in dit eerste boekje een schat aan anekdotes en kritische bedenkingen, volgens bepaalde commentaren stond het bol van de cultuurkritiek. Hij schreef met veel liefde en genegenheid neer dat Duitse burgerlijkheid niets te maken had met ‘donkere kantjes van het bestaan’, met ‘lompheid’ of onderworpenheid, maar alles met fijnzinnigheid, oprechtheid en een zekere culturele erfenis. Eén van zijn boeken, Draussen nur Kännchen. Meine deutschen Fundstücke, is een échte liefdesverklaring , waarmee de prins wil bijdragen om de reserves van de Duitsers voor hun eigen geschiedenis en hun eigen identiteit af te bouwen. De Duitsers moeten begrijpen én erkennen “in welk fantastisch land zij leven en tot welk cultuurvolk zij eigenlijk behoren”, aldus de auteur. Ook zijn jongste boek, Deutsche Tugenden Von Anmut bis Weltschmerz (Uitgeverij C.H. Beck, München 2013, ISBN 978-3-406-64504-4), leest als een zeer interessante kijk van buitenaf op de ziel van de Duitser.

Asfa-Wossen Asserate werd in 1948 in Addis-Abeba geboren en kwam in 1968 naar Duitsland studeren. Hij werd er Corpsstudent in Tübingen en trad dus toe tot de Duitse Burschenschaften. De communistische omwenteling in zijn thuisland in 1974 zorgde ervoor dat hij in Duitsland zou blijven, waar hij intussen een gedreven bedrijfsconsulent werd. De keizersspruit met een familiestamboom van meer dan duizend jaar oud werd een Duits staatsburger, en ontpopte zich zelfs tot een enthousiast patriot en Avondlander.

Hij beseft maar al te goed dat hij een  ‘aangespoelde’ Duitser is, een nieuwe Duitser. Hij wil de Duitsers nochtans dringend aanzetten om hun eigen identiteit terug met warmte te omhelzen. Zijn boodschap is zeer duidelijk: zonder tradities geen waarden, en zonder manieren geen identiteit.  Zonder de beide is er geen zelfrespect.

Is de titel bovenaan dan zo misplaatst?
 
Peter Logghe