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samedi, 27 août 2022

Vers la grande mer : In Memoriam Darya Aleksandrovna Dugina

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Vers la grande mer : In Memoriam Darya Aleksandrovna Dugina

Prof. Dr. Alexander Wolfheze

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/great-sea

Depuis précisément six mois aujourd'hui, depuis le 24 février 2022, une mer de sang a coulé et coule encore, à travers les champs de la Petite Russie et, à mesure que la violence s'intensifie et s'étend vers l'extérieur, maintenant elle déborde aussi sur les autoroutes de la Grande Russie - et personne ne sait jusqu'où elle peut aller au-delà des Russies. Personne ne sera épargné, ni soldat ni civil, ni adulte ni enfant, ni homme ni femme, ni coupable ni innocent. Aucun mot ne suffit à exprimer le dégoût et l'indignation de millions de personnes contraintes d'assister à ce bain de sang, qui se poursuit au-delà de toutes les raisons et de toutes les frontières - alors que l'Empire du mensonge se nourrit du sang et de la douleur de ceux qu'il cherche à contraindre à la conformité, au silence et à l'oubli - ou à "annuler" l'existence. Aucun mot ne doit être gaspillé pour ceux qui dirigent maintenant cet Empire du Mal, assis avec arrogance sur les ruines de l'ancien Occident libre et maintenant déterminé à asservir le monde entier dans des réseaux d'usure, de tromperie et de terreur - ses dirigeants ne comprennent que les actes. Suffisamment de mots de sagesse ont été prononcés en Occident avant qu'il ne tombe dans le mal - ces quelques mots suffiront à exprimer la détermination de tous les hommes et femmes de bien à résister à ce mal :

Nous espérons ardemment - nous prions avec ferveur - que ce puissant fléau qu'est la guerre disparaisse rapidement. Cependant, si Dieu veut qu'elle continue jusqu'à ce que toutes les richesses amassées par les années de labeur sans contrepartie des esclaves soient englouties et jusqu'à ce que chaque goutte de sang versée par le fouet soit payée par une autre versée par l'épée, comme il a été dit il y a trois mille ans, il faut encore dire : "les jugements du Seigneur sont vrais et justes". - Abraham Lincoln, Deuxième discours inaugural, 4 mars 1865.

La mémoire de tous ceux qui se sont sacrifiés - quelques-uns, beaucoup, tous - dans la dernière guerre de l'île du monde en cours - leur nombre augmentant chaque jour - exige plus que de simples mots : elle exige de donner un sens à leur souffrance et à leur mort. La journaliste, écrivain et philosophe russe Darya Aleksandrovna Dugina, fille du chef de file du mouvement eurasien, l'a fait avec le cœur ardent d'une vraie patriote et l'esprit sans nuage d'une vraie croyante. Sa mort prématurée, le 20 août 2022, œuvre de mercenaires terroristes, oeuvre complotée par le mal envahissant qui gouverne désormais l'Occident, est pleurée par tous ceux qui partageaient avec elle cet espace de la Geopolitica. Sans le vouloir, cependant, les lâches assassins qui ont mis fin à sa vie sur Terre lui ont également donné l'immortalité. Sa mémoire survivra à la leur. Son nom, qui signifie "grand" et "mer", fait désormais partie de la plus grande mer de toutes. Sans le vouloir, ses assassins ont gravé son nom dans la pierre de l'histoire pour toujours. Par son sacrifice, elle est déjà entrée dans la Maison des Héros :

Fille intelligente, pour s'éclipser à temps

Des champs où la gloire ne reste pas

Et même si le laurier pousse tôt

Il se fane plus vite que la rose

Mais autour de cette tête de laurier précoce

Afflueront pour contempler les morts sans force

Et trouveront, non flétrie sur ses boucles

La guirlande qui est maintenant celle de cette fille.

- thème d'Alfred Edward Housman. À une athlète morte jeune

La jeune philosophe Darya Platonova prend maintenant sa place parmi ceux qu'elle a le plus admirés au cours de sa courte vie terrestre. Ceux qu'elle a laissés derrière elle devraient maintenant reprendre avec confiance sa cause là où elle est tombée, en faisant confiance à la justice de Celui vers qui elle est maintenant retournée : son Créateur, son Père céleste. Car très certainement, elle sera vengée :

A Moi appartiennent la vengeance et la rétribution

leur pied glissera en temps voulu

car le jour de leur calamité est proche

et les choses qui les atteindront se hâtent

- Deutéronome 32:35

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Marche de l’Indignation : fête et deuil sur les chemins de la liberté

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Marche de l’Indignation : fête et deuil sur les chemins de la liberté

Par Frédéric Andreu

Contact : fredericandreu@yahoo.fr 

Coïncidence tragique, la "Marche de l'Indignation" du mois d'août 2022, initiée par le Dr. Benoît Ochs et à laquelle je participais, s'achevait dans une ambiance festive alors même qu'une bombe explosait dans une automobile sur une route de Moscou, tuant sur le coup Daria Douguine. La jeune femme d'à peine 30 ans qui sortait d'une fête traditionnelle, laisse une famille effondrée et nombre d'amis en état de stupeur. En France, on connaissait un peu Daria, journaliste russe aux fortes convictions et au français admirable. Je n'ai pas parlé de cette tragédie sur la piste de danse ; à quoi bon ternir la joie du peuple de la marche ? Et puis les paroles de la chanteuse Chloé Sage semblaient écrites pour Daria : 

"Qui peut approuver cette violence ?

Où sont passés les Droits de l'Homme ?

Sûr, dans leurs bombes et leur démence" !

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Je quittais donc le groupe des marcheurs sans grand entrain pour cette fête musicale, mais y participais tout de même avec une amertume rentrée dans le coeur. Il faut dire que j'avais échangé quelques courriels avec Daria Douguine et que son père avait participé, par vidéo-conférence, au colloque eurasiste dont j'avais jadis pris part à Bruxelles.

Les éveillés (c'est ainsi qu'ils se nomment par opposition à la masse médiatiquement "endormie") venaient de parcourir quelques 200 km à travers champs et villages de Lorraine, Luxembourg, Belgique, Allemagne et Pays-Bas, manifestant une énergie et une entraide remarquable. Caracoler par monts et par vaux dans les campagnes bucoliques sans grande préparation mobilise des trésors de débrouillardise et d'improvisation que seul l'automouvement d'un groupe uni rend possible. Si nous voulions trouver une opposition à cet esprit technocratique qui assassine les peuples à coup de normes sanitaires prises par des intelligents-incultes, la voici : ces gens-là ont perdu le goût du pain, de l'eau, de la poésie ; ils gouvernent le monde derrière des écrans d'ordinateur à coup de décisions sans âme et funestes. Nous avons été exactement le contraire en gardant le sens des limites et de la terre ferme.

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Le motif de la Marche de l'Indignation, initiée par des médecins, était au départ sanitaire, mais il s'est étendu à une critique plus générale, s'érigeant en lutte anti-spéculative et dénonçant la guerre en Ukraine. Bref, même si le mot n'a pas été prononcé, j'imagine que "marche anti-libérale" n'est pas usurpée. Il est important de souligner que cette initiative regroupait des "anti-systèmes" de tous poils, anarchistes ou catholiques notamment, si bien qu'en échangeant avec mes compagnons de marche, la formule poétique de Louis Aragon - "la Rose et du Réséda" - m'est apparue spontanément à l'esprit. "Il y a ceux qui croyaient au ciel, et ceux qui n'y croyaient pas" résumait Aragon à une époque pas si lointaine où les idéologies régnaient encore en maître. On mesure aujourd'hui combien les temps ont changé, combien la "démocratie néo libérale", trou noir politique de notre époque, est parvenue à fédérer contre elle le "pays réel" dans toute sa diversité. Bien sûr, j'emploie ici le terme de "démocratie" par euphémisme. Le terme "processus" - allié à la brutalité policière - conviendrait assurément mieux. Cette idéologie ayant triomphé de toutes les autres (communiste et fasciste notamment), elle se retrouve désormais sans rival et s'érige même en étendard de la modernité, n'acceptant que des oppositions contrôlées. La grande force de l'idéologie libérale est d'être apparue sur le marché des idées après toutes les autres, comme une idée naturelle en reposant sur l'individu-roi et l'économie-reine, mais les sociétés ne sont pas que cela. Cette modeste marche l'a prouvé en secrétant une âme de groupe, des sentiments, des idées, des solutions pratiques même qui suffisent à comprendre combien nos sociétés en sont privées. Bref, le libéralisme est bien une atrophie qui emprunte aujourd'hui à la dictature son esprit et ses méthodes : surveillance généralisée, intimidation de masse, appel à la délation dans les entreprises  etc..

Il faut comprendre que la crise sanitaire est devenue politique dès lors qu'un climat de sidération et de stupeur l'a emporté sur la raison. Elle a été instrumentalisée afin de créer les conditions d'un contrôle global de la population mondiale. Une organisation comme l'OMS pourra décréter l'état d'urgence sanitaire dans n'importe quel pays, et envoyer l'armée contre les minorités récalcitrantes qualifiées de "complotistes". Son étendard est l'immense drapeau rouge frappé de la seringue et du flash-ball. C'est ce drapeau qu'un artiste devrait produire pour dénoncer ce qui apparaît comme la poursuite du communisme par d'autres moyens. On mesure combien ce néo-libéralisme autoritaire n'est pas un simple épisode historique, mais tout au contraire l'étape ultime d'un long processus historique.

La méthode terroriste par lequel Daria Douguine a été assassinée montre que ce Nouvel Ordre Mondial ne recule devant rien pour parvenir à ses fins, poser une bombe sous l'automobile d'une jeune femme d'à peine 30 ans ne l'effraie pas; tirer dans la tête de mères de famille avec des flash-ball dans les manifestations pacifiques ou à balles réelles sur un paysan néerlandais, non plus. Jadis, le poète Ezra Pound qui fustigeait le pouvoir financier des banques et la logique de dette, fut enfermé dans une cage en fer, puis jeté dans un asile psychiatrique. Tout cela relève de la même stratégie de sidération, bien qu'il faille voir dans ces méthodes de dictature, moins un "complot" organisé qu'un phénomène cybernétique de la logique marchande.

Cependant, face à ces dirigeants cyniques au pouvoir hors-sol poir lesquels les peuples sont à peine une variable d'ajustement, et à leurs suppôts médiatiques, les peuples se réveillent. Ces derniers savent - au-delà même des courants idéologiques ou religieuses qui les composent - que leur être historique est aujourd'hui en jeu. Ils ne veulent pas être néantisés, réduits à l'état de consommateurs-producteurs interchangeables. 

La marche de l'indignation est une initiative qui fera date car elle participe et anticipe sur les mouvements à venir. 

Une Université d'Été Résistante sera d'ailleurs organisée les 16, 17 et 18 septembre à Villeneuve du Gard. Assurément, un rendez-vous à ne pas manquer.

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jeudi, 25 août 2022

Le meurtre de Daria Douguina ou l'Holocauste de l'Europe

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Le meurtre de Daria Douguina ou l'Holocauste de l'Europe

Aladdin Yáñez-Valdés 

Source: http://adaraga.com/el-asesinato-de-daria-duguina-o-el-holocausto-de-europa/

Les peuples d'Europe assistent au spectacle macabre de leur auto-anéantissement. Ils ont payé, et paient encore, un siège confortable pour assister au processus d'extermination de leur propre patrie en mâchonnant du pop-corn.

Ils changeront bientôt de rôle : de leur fonction passive et consumériste de spectateurs (et il s'agit bien de la "société du spectacle"), ils passeront rapidement et inaperçus à d'autres espaces fonctionnels plus douloureux : esclaves et victimes d'un horrible holocauste. L'holocauste de l'Europe.

Des choses sérieuses sont en train de se produire. Au milieu du bombardement de bobards, de nouvelles insipides et de manipulations, le monde change et nous avons en fait déjà franchi le seuil d'une autre ère. L'Européen moyen, l'Espagnol moyen, ne le sait pas. Il s'assied et observe et tente de s'adapter à l'anti-moralité orwellienne: la vérité est un mensonge, le mensonge est la vérité. La guerre, c'est la paix... et ainsi de suite.

L'anti-moralité des médias et le jeu pervers du langage ne sont que trop familiers dans notre coin de monde. Les victimes brutalement et froidement assassinées par l'ETA "sont mortes". Comme ceux qui meurent d'un cancer ou d'un accident de la route. C'était le gros titre des journaux basques "patriotiques", les séparatistes. Le crime de sang était la "lutte armée". L'autre jour, de la même manière, les principaux journaux et chaînes du système mondialiste ont parlé de la "mort", et non du meurtre, d'une jeune femme d'à peine 30 ans, Daria, fille du philosophe Alexandre Douguine.

Cette fille, philosophe comme son père, militante convaincue de la cause eurasienne et altermondialiste, est morte pour ses idées. Personne en Occident ne pourra, sans être marqué du signe de l'opprobre, condamner ce crime. La ligne officielle, otaniste et yankee, est la suivante : les idées de son père, Alexandre (les mêmes que celles de sa fille) étaient intrinsèquement jugées criminelles. Amen. La ligne officielle veut nous faire admettre que le philosophe russe, le supposé "Raspoutine de Poutine", l'a bien cherché. Il l'a demandé en allant à l'encontre du seul empire qui soit "bon", les États-Unis ou, plus précisément, l'empire néolibéral turbo-capitaliste. Il le voulait pour avoir donné une couverture idéologique à l'invasion de l'Ukraine. Il était marqué pour avoir éduqué une fille de cette manière. Il la recherchait pour donner un fondement métaphysique et géopolitique à son impérialisme pan-russe, et ainsi de suite.

En bref. Il y a le terrorisme condamnable et le terrorisme non condamnable, semble-t-il. L'histoire semble bien trop familière. En Espagne (et au Pays basque en particulier), nous devrions être guéris de cela à présent. Combien de progressistes ont détourné le regard chaque fois que les corps d'innocents ont été réduits en miettes grâce aux actions "patriotiques" de gudaris en quête d'autodétermination... et combien de philistins ont accepté de rencontrer et de pactiser avec des gens qui ont échangé le mot "meurtre" contre le mot aseptisé et cynique de "mort" ou même "d'exécution".

L'Occident est essentiellement anti-moralité. Sur la manipulation de sa propre histoire et de ses souffrances, il a construit son mythe de maître de l'humanité. Ce mythe est tombé en disgrâce dans les trois quarts du monde. L'Occident, c'est-à-dire l'empire turbo-capitaliste et néo-libéral, tente de le soumettre, mais il devient déjà évident que son impuissance et sa dégradation sont imparables. Avec les dernières campagnes de russophobie et de sinophobie dans les médias, et avec le néocolonialisme dans le monde entier, y compris en Europe occidentale elle-même, nous ne pouvons manquer de remarquer, si nous gardons la tête froide, une chose qui est claire : l'époque est différente. Leurs jours sont comptés. Un monde multipolaire, comme l'est déjà le nôtre, ne peut pas résister à l'anti-moralité des États-Unis et de l'OTAN. Ôter la vie d'une jeune fille par une bombe ou tenter d'assassiner son père pour ses "crimes idéologiques" (penser "incorrectement" ou combattre ses idées pour sa patrie, la Russie) ne peut constituer la base d'un empire civilisé. Les médias otanistes ont sombré dans le terrorisme pur et dur, le plus grossier et le plus insupportable.

Maintenant, ils vont réactiver le djihad tchétchène, le "néonazisme" interne, les "oligarques" mécontents, les loges et les Sanhedrins, les opposants dûment oints. Ils vont maintenant continuer à fabriquer de nouveaux Hitler, et à en juger par leur apparence, Poutine et Douguine sont déjà sur la liste. L'empire turbo-capitaliste raisonne déjà de la même manière que les "antifas" victimes de leur acné d'adolescents : "le fascisme ne doit pas être discuté, il doit être exterminé". Biden, ainsi que son empire génocidaire (rappelez-vous en Espagne notre 1898) n'ont plus rien d'adolescents. Leur truc de traverser la vie en se faisant passer pour des "antifas", sachant comme nous tout de leurs révolutions colorées, de leurs coups d'état militaires, de leurs centres de torture, de leurs expériences sociales, de leurs bombes nucléaires et biochimiques... Ils n'ont pas l'air de bons enfants idéalistes et "antifas". C'est un empire déjà trop vieux et un ennemi de l'humanité.

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Il y a de bons éditeurs espagnols qui traduisent et publient Douguine : Fides, Letras Inquietas, EAS, Hipérbola Janus... Désolé si j'en oublie. Achetez leurs livres et lisez-les. Et découvrir qui était Daria. Comparez sa biographie à celle de nombreuses jeunes femmes espagnoles conçues, comme des produits de série, par l'empire du dollar. Regardez autour de vous et comparez. Recherchez ce degré d'engagement et ce désir d'exceller chez les femmes espagnoles et d'Europe occidentale de son âge. Ce n'est pas facile... Alors que tout pourrit autour de vous, défendez-vous en lisant. Et sauvez-vous en condamnant toujours la mort d'innocents. Et épargnez-vous des idées condamnables. Vous n'êtes pas obligé d'aimer la philosophie de Douguine, mais ne condamnez pas cet homme à mort pour cela. Avec des maximes aussi simples, nous sauvons l'Europe et nous nous débarrassons de l'Occident.

 

La Malaisie en guerre contre le cinéma occidental: les films à contenu Lgbt sont bloqués

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La Malaisie en guerre contre le cinéma occidental : les films à contenu Lgbt sont bloqués

Par Cristina Gauri

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/esteri/malesia-cinema-occidentale-film-contenuti-lgbt-241641/

Rome, 15 août - Encore des problèmes pour le film Thor : Amour et Tonnerre, produit par Marvel : après avoir encaissé les interdictions de la Chine, qui a bloqué sa projection en salle pour un contenu jugé trop Lgbt-friendly, c'est maintenant le tour de la Malaisie, qui a interdit sa distribution car il "alimente la culture gay". Thor est en bonne compagnie : Buzz Lightyear et son baiser saphique entre les deux femmes principales - qui n'avait déjà pas réussi à passer les contrôles stricts des Émirats arabes - n'a pas non plus réussi à franchir les frontières malaisiennes. Les deux films avaient été soumis après que les sociétés de production aient refusé de faire les coupes exigées par le gouvernement de Kuala Lumpur.

La Malaisie rejette Thor et Buzz l'Éclair : "contenu Lgbt"

Le refus de distribuer les deux films s'inscrit dans le cadre d'une campagne de répression annoncée par le vice-ministre malaisien des communications, Zahidi Zainul Abidin, qui a confirmé l'engagement du gouvernement à censurer autant de contenus LGBT que possible : "Actuellement, nous nous rendons compte que de nombreux films comportant des éléments homosexuels parviennent à passer la censure", a-t-il déclaré, faisant notamment référence aux séries et aux films diffusés sur les plates-formes de diffusion vidéo. "Nous avons toujours été stricts et engagés", a-t-il déclaré. Et ce, malgré le fait que la Malaisie dispose de lois qui promeuvent et défendent la tolérance raciale et religieuse : la majorité de la population malaisienne est en effet musulmane et donc peu tolérante vis-à-vis de l'homosexualité et de la propagande LGBT dont regorgent les productions occidentales actuelles.

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Mais les plateformes de streaming échappent à l'examen

Outre les deux films susmentionnés, le gouvernement malaisien a récemment empêché la projection d'autres films, dont Rocketman, sur la vie d'Elton John, et un livre intitulé Gay Is OK ! Une perspective chrétienne. Il est plus difficile d'intervenir dans le cas des plateformes de streaming, telles que Netflix, Disney+ et Amazon Prime Video, qui ne sont pas des diffusions publiques. C'est pourquoi le ministère des Communications a lancé une campagne de sensibilisation pour que les familles exercent un contrôle plus strict sur les contenus visionnés par leurs enfants, grâce à l'utilisation du contrôle parental.

Cristina Gauri

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Bill Gates et Jeff Bezos au Groenland, ces Scrooges à la recherche d'un trésor parmi les glaces

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Bill Gates et Jeff Bezos au Groenland, ces Scrooges à la recherche d'un trésor parmi les glaces

Par Eugenio Palazzini

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/esteri/bill-gates-e-jeff-bezos-in-groenlandia-quei-paperoni-a-caccia-del-tesoro-tra-i-ghiacci-241359/

Rome, 11 août - Il y a exactement un an, notre journal, Il Primato Nazionale,  rapportait une nouvelle apparemment singulière: Jeff Bezos, Bill Gates et Michael Bloomberg partaient à la recherche de minéraux au Groenland. Oui, c'était comme lire une bande dessinée, on aurait dit l'histoire de Scrooge McDuck, alias l'Onc'Piscou, à la recherche de pépites d'or dans le Klondike. Mais la fantaisie, du moins dans ce cas, ne s'est pas trop écartée de la réalité. Il était aussi question de milliardaires et d'exploration, la ruée vers l'or étant remplacée par la recherche de métaux tels que le nickel, le cuivre, le cobalt et le platine. Autant de matériaux précieux que la société d'exploration minière KoBold Metals, soutenue par une série de nababs - dont Bezos et Gates - avait annoncé dès 2021 vouloir trouver sur l'île de glace.

Pourquoi Bill Gates et Jeff Bezos se sont retrouvés au Groenland

Aujourd'hui, un an après l'annonce, la chasse au trésor a vraiment commencé. Les hommes les plus riches du monde misent tout sur le Groenland, qui devient de moins en moins glacé en raison du changement climatique, et commencent à exploiter les gisements débordants de minéraux rares. Parmi ces derniers, certains sont essentiels pour les voitures électriques, par exemple, et pour les batteries nécessaires au stockage des énergies renouvelables. Surtout le nickel et le cobalt, comme l'admet Kurt House, PDG de la société KoBold Metals mentionnée plus haut : "Nous recherchons un gisement qui sera le premier ou le deuxième plus important gisement de nickel et de cobalt au monde".

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La société californienne KoBold Metals utilise des systèmes basés sur l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique pour effectuer ses inspections. Elle a également signé un accord avec Bluejay Mining, soutenu par Breakthrough Energy Ventures, un fonds pour le climat et la technologie, lui-même soutenu par le cofondateur de Microsoft Bill Gates, Michael Bloomberg, le fondateur d'Amazon Jeff Bezos et Ray Dalio, fondateur de Bridgewater Associates, le plus grand fonds spéculatif du monde.

Pas de complot, nous parlons d'un club de milliardaires qui ont simplement flairé une nouvelle bonne affaire. Car les voitures électriques, qui sont appelées à gagner de plus en plus de terrain, nécessitent des matières premières largement différentes de celles utilisées pour les voitures traditionnelles. Les hommes les plus riches de la planète visent donc à être les premiers dans une région qui regorge potentiellement de ces ressources. Peut-être en exploitant les effets de ce même changement climatique dont on parle tant - souvent en vain -  face de terres pratiquement vierges.

Eugenio Palazzini

mercredi, 24 août 2022

Adieu à Daria Dugina à Ostankino - l'allocution de son père

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Adieu à Daria Dugina à Ostankino - l'allocution de son père

Le père de la journaliste et philosophe Daria Platonova (Dugina) a prononcé un discours d'adieu lors du service funèbre civil de sa fille, qui a été tragiquement tuée dans une attaque méprisable des services de sécurité ukrainiens.

Le texte intégral du discours difficile d'Alexandre Douguine pour nous tous est devenu disponible pour être partagé lors de la diffusion en direct organisée par la chaîne Tsargrad TV :

"Je voulais élever ma fille de la manière dont je vois l'idéal d'un homme. C'est avant tout la foi, elle a passé toute son enfance dans des camps orthodoxes, elle allait à l'église. Et c'est important, mais je voulais aussi qu'elle soit une personne orthodoxe intelligente. Sa mère et moi lui avons donc conseillé de devenir philosophe. Et elle l'est devenue.

Je ne peux pas dire si elle est profonde comme un philosophe.

Mais elle a essayé d'aller dans cette direction. Maintenant, peut-être que cela révélera des choses que nous n'avons pas vues, que nous n'avons pas remarquées.

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Et depuis son enfance, ses premiers mots, que nous ne lui avons bien sûr pas appris, étaient "Russie", "notre puissance", "notre peuple", "notre empire". Et c'est ce qui la rendait si parfaite. En traversant des épreuves difficiles, elle n'a fait que devenir une personne bien meilleure que nous.

Dans notre famille, c'était toujours, dès le début, gravé dans le marbre : tu dois devenir meilleur, tu dois devenir supérieur, tu dois devenir plus courageux, tu dois devenir plus intelligent, tu dois devenir plus parfait. Nous ne l'avons pas félicitée et elle en a manqué. Nous disions : c'est un défaut, soyez meilleur, plus haut. Et on en a peut-être trop fait.

Elle n'avait pas peur, vraiment. Et la dernière fois qu'elle et moi avons parlé au Festival de la Tradition, elle m'a dit :

"Papa, je me sens comme un guerrier, comme un héros, je veux être comme ça, je ne veux pas d'autre destin, je veux être avec mon peuple, avec mon pays, je veux être du côté des forces de la lumière, c'est le plus important".

Lors de ma dernière conférence avec elle, je lui ai dit que l'histoire est une bataille de la lumière et des ténèbres, de Dieu et de son adversaire. Et même notre situation politique, notre guerre en Ukraine, mais pas avec l'Ukraine, fait également partie de cette guerre. De la lumière et de l'obscurité. Pas plus, pas moins. Et lorsque nous sommes partis, une minute avant sa mort, la mort qui s'est produite sous mes yeux, la chanson d'Akim Apachev "At Azovstal they bury demons" était diffusée. Elle voulait l'entendre, mais nous sommes partis plus tôt. Cela n'aurait rien changé.

Le sens de sa vie - c'est ce qui est frappant, elle était significative, elle était difficile, malgré le fait qu'elle soit encore une jeune fille, elle n'a même pas vécu trente ans, elle est partie, mais elle a avancé sur la ligne de cette logique, qui est devenue sa logique. Et donc je suis très reconnaissant et touché - je ne pensais pas qu'elle était connue et traitée de cette façon.

Elle était ce qu'elle était. Combien de duplicité il y a dans nos vies, combien de lâcheté, et elle n'était pas comme ça, elle était entière, elle a été élevée de cette façon, et sa façon d'être est un argument incroyable, l'argument le plus effrayant, peut-être monstrueux, déchirant pour nous dire qu'elle avait raison. Que c'est la voie à suivre. C'est ainsi qu'elle n'aurait pas voulu d'un autre destin, d'une autre vie.

Elle aimait la célébrité qui lui manquait, elle était peu encensée. Et maintenant, lorsque le président lui a remis l'Ordre du courage, je peux directement sentir sa joie, car elle dit : "Tu vois, papa, comme je suis bonne, et tu l'as dit". Vous savez, aimer la célébrité pour son bon côté - qu'y a-t-il de mal à cela si tout est question de lumière. Pas pour l'autre côté. Si vous vous portez sur l'autel de votre pays, de votre foi, de votre vérité, qu'y a-t-il de mal à cela, si on vous en donne le crédit, c'est très bien.

Je suis désolé, je ne peux pas parler, je suis juste très reconnaissant envers vous, je suis reconnaissant envers tout le monde, tous nos gens, je ne savais pas que cela pouvait être comme ça, et envers tous ceux qui sont venus, et tous ceux qui ont répondu, tous ceux qui ont écrit. Il s'avère que je ne savais pas qui était ma personne la plus proche et mon ami le plus proche des autres.

Désolé, je pense que la dernière chose que je veux dire est que pour elle, la vie avait un sens, le sens était la chose la plus importante pour elle, elle vivait selon ce sens. Et si cela touchait quelqu'un, sa mort tragique, sa personnalité, son intégrité, elle n'aurait qu'un seul souhait : ne vous souvenez pas de moi, ne me glorifiez pas, battez-vous pour notre grand pays, défendez notre foi, notre sainte orthodoxie, aimez notre peuple russe, car elle est morte pour le peuple, elle est morte pour la Russie au front, et le front est ici. Pas seulement là-bas - ici, en chacun de nous.

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Et le prix le plus élevé que nous devons payer ne peut être justifié que par l'accomplissement ultime, par la victoire. Elle a vécu au temps de la victoire, et elle est morte au temps de la victoire. Notre victoire russe, notre vérité, notre orthodoxie, notre pays, notre puissance."

Les proches de Daria Dugina, ses collègues ainsi que des militants sont venus lui faire leurs adieux.

Les leaders des factions de la Douma, Russie Unie (Sergei Neverov), LDPR (Leonid Slutsky) et Russie Juste - Pour la Vérité (Sergei Mironov), ont également pris la parole lors de l'adieu. Dans leurs discours, les parlementaires ont souligné que la jeune fille serait vengée et que des rues et des places en Russie porteraient son nom.

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Les économistes voient un avenir sombre: "la récession pourrait être plus profonde et plus longue"

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Les économistes voient un avenir sombre: "la récession pourrait être plus profonde et plus longue"

Source: https://zuerst.de/2022/08/23/oekonomen-sehen-duestere-zukunft-rezession-koennte-tiefer-und-laenger-ausfallen/

Berlin. Les prévisions d'avenir pour la place économique allemande en Europe et dans le monde sont de plus en plus sombres. Désormais, les experts du secteur et les conjoncturistes mettent déjà en garde contre une récession plus longue qui menace l'Allemagne en raison de la guerre en Ukraine (mais aussi de la politique de sanctions faite maison !).

La récession pourrait être "plus profonde et plus longue que prévu", craint Markus Steilemann, président du directoire du groupe chimique Covestro, dans le podcast Chefgespräch avec le magazine Wirtschaftswoche. Une forte tendance à la baisse se dessine dans de nombreux secteurs.

Par exemple dans l'hôtellerie et la restauration. Selon les experts du marché, de plus en plus de signes indiquent que l'intersaison estivale prendra fin dès les prochaines semaines, lorsque les citoyens allemands recevront les factures de leurs fournisseurs d'électricité et de gaz. Statistiquement, les coûts supplémentaires par ménage devraient augmenter de plus de 1000 euros - de l'argent qui manquera pour aller au restaurant ou au cinéma.

Les économistes de la Commerzbank estiment que les seules augmentations régulières des prix du gaz devraient faire grimper l'inflation de 0,4%. En outre, le prélèvement sur le gaz prévu par le gouvernement fédéral devrait peser sur les ménages à hauteur de 300 et 1000 euros supplémentaires par an - ce qui représente 0,6 à 2,0 pour cent pour l'inflation. Fin août, la remise sur le carburant et le ticket à 9 euros expireront également, ce qui représente un pour cent d'inflation supplémentaire.

Au final, le taux d'inflation, qui était de 7,5 % en juillet, pourrait donc augmenter d'environ 3 % au cours des mois d'automne et atteindre des valeurs à deux chiffres.

Mais la consommation, qui avait encore empêché le produit intérieur brut de se contracter au deuxième trimestre, n'est pas la seule à être freinée par la vague des prix. Les entreprises souffrent elles aussi de la hausse vertigineuse des coûts. Qu'il s'agisse de matières premières, d'emballages, de produits intermédiaires ou d'énergie, tout est rare et cher. Selon une enquête de l'institut Ifo de Munich, trois entreprises sur quatre se plaignent déjà d'une pénurie de matériaux et de produits intermédiaires. Et cette pénurie maintient les prix à un niveau élevé. En juin, les prix à la production pour les produits industriels étaient supérieurs de 32,7 pour cent à leur niveau de l'année précédente.

Les économistes de la Deutsche Bank ne sont pas les seuls à envisager l'avenir avec scepticisme. Après la stagnation du deuxième trimestre, ils sont convaincus que l'économie allemande va glisser dans la récession au troisième trimestre. Mais ce pronostic est fondé. Les nombreuses pressions qui s'exercent sur l'économie nationale sont trop fortes.

La guerre en cours en Ukraine ne fait qu'aggraver la situation. Dans une étude conjointe, l'Institut de recherche sur le marché du travail et les professions (IAB), l'Institut fédéral de formation professionnelle et la Société de recherche économique structurelle sont arrivés à la conclusion que la guerre et ses conséquences pourraient coûter à l'économie allemande plus de 260 milliards d'euros en valeur ajoutée d'ici 2030.

Rien que l'année prochaine, la guerre devrait faire disparaître environ 240.000 emplois en Allemagne. En moyenne, de 2022 à 2028, les pertes d'emplois devraient s'élever à 150.000. Les chercheurs ont supposé que les sanctions contre la Russie resteraient en vigueur jusqu'en 2030, même si la guerre était terminée d'ici là. (se)

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Allemagne: l'ex-inspecteur général Harald Kujat exhorte le gouvernement fédéral à placer enfin les intérêts allemands au centre de ses préoccupations!

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Allemagne: l'ex-inspecteur général Harald Kujat exhorte le gouvernement fédéral à placer enfin les intérêts allemands au centre de ses préoccupations!

Source: https://zuerst.de/2022/08/23/ex-generalinspekteur-kujat-mahnt-bundesregierung-endlich-deutsche-interessen-in-den-mittelpunkt-stellen/

Berlin. L'ancien inspecteur général de l'armée allemande et président du comité militaire de l'OTAN, le général à la retraite Harald Kujat, a de nouveau critiqué avec force la politique ukrainienne du gouvernement allemand. Dans une tribune publiée par le journal allemand Preußische Allgemeine Zeitung, Kujat prédit que l'Allemagne sera la grande perdante du conflit.

En effet, "le gouvernement fédéral soutient l'Ukraine dans une mesure bien trop considérable en lui octroyant des aides financières, en lui livrant des armes et des équipements militaires ainsi qu'en imposant des sanctions à la Russie, qui entraînent pour les citoyens allemands des charges financières et économiques croissantes ainsi que des restrictions dans de nombreux domaines de la vie quotidienne. Les dommages à long terme pour l'économie allemande, en particulier les conséquences de l'état d'urgence énergétique prévu pour l'automne, et les effets sur sa compétitivité ne peuvent être évalués jusqu'à présent que de manière rudimentaire", constate Kujat. Dans le même temps, les livraisons d'armes excessives à l'Ukraine "continuent de 'piller' les capacités déjà extrêmement limitées de la Bundeswehr à remplir sa mission constitutionnelle de défense du territoire et de l'alliance".

Dans ce contexte, l'ex-général rappelle au gouvernement fédéral son "devoir le plus noble d'éviter tout dommage à l'Allemagne" et met en garde avec insistance contre une escalade de la guerre, qui pourrait également être provoquée par de nouvelles livraisons d'armes allemandes à Kiev.

Le tableau complet comprend également "le fait que le peuple ukrainien se bat pour les intérêts géostratégiques des Etats-Unis dans la rivalité avec les deux autres grandes puissances, la Russie et la Chine".

L'Ukraine ne peut pas gagner la bataille militairement, ce qui rend encore plus douteux le bien-fondé des livraisons d'armes allemandes. Le "tribut payé par les forces armées ukrainiennes est extrêmement élevé en raison de la conduite statique des opérations, qui ne fait que retarder les gains de terrain russes. Les combats de retardement sont menés dans les espaces urbains et les grandes villes, comme l'a récemment enquêté Amnesty International, sans tenir compte de la population civile".

En revanche, la Russie n'a jusqu'à présent "même pas été proche d'une défaite militaire", tandis que l'Ukraine "n'est pas en mesure de reconquérir la Crimée ou le Donbass".

Dans ce contexte, Kujat fait également référence aux voix de plus en plus fortes aux Etats-Unis qui indiquent un changement de cap de la politique américaine en Ukraine. Dans ce contexte, il est tout à fait irresponsable de la part du gouvernement allemand de s'engager sans alternative dans une politique de soutien aveugle à Kiev. Il est donc "temps que le gouvernement fédéral reconnaisse les signes du temps et place les intérêts sécuritaires, stratégiques et économiques de notre pays au centre de sa politique, donnant ainsi des signaux à toute l'Europe et s'affirmant de la sorte face aux grandes puissances". (st)

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En Suisse aussi: la peur des "soulèvements populaires" grandit

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En Suisse aussi: la peur des "soulèvements populaires" grandit

Source: https://zuerst.de/2022/08/24/auch-in-der-schweiz-die-angst-vor-volksaufstaenden-waechst/

Berne . La ministre allemande des Affaires étrangères Baerbock n'est pas seule à s'inquiéter de "soulèvements populaires" possible à l'automne. C'est justement en Suisse, pays solide, que l'on s'inquiète de la même manière. La perspective d'un hiver froid et plein de privations rend les organes de sécurité suisses nerveux.

Jan Flückiger, secrétaire général de la Conférence des directeurs cantonaux de l'énergie, prévient que "la sécurité intérieure deviendra alors un problème", car le gouvernement fédéral bernois n'a pas encore reconnu l'urgence de la situation. Fredy Fässler (photo), homme politique du canton de Saint-Gall, est d'accord avec cet avertissement.

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Dans le Blick, le chef de la police prévient sans ambages que des émeutes et des pillages pourraient avoir lieu si la Suisse était frappée par une grave crise énergétique en hiver. "Imaginez que vous ne puissiez plus retirer d'argent au distributeur, que vous ne puissiez plus payer par carte dans un magasin ou faire le plein à la station-service. Le chauffage ne fonctionne plus. Il fait froid. Les rues deviennent sombres. On peut imaginer que la population se rebelle ou qu'il y ait des pillages", explique M. Fässler, qui recommande vivement aux autorités du pays de prendre des mesures pour se préparer à de tels scénarios extrêmes.

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Fait explosif : lors d'exercices organisés en 2014 pour se préparer à un scénario de black-out, des lacunes importantes avaient été constatées, notamment l'absence de générateurs de secours pour la police, les hôpitaux et d'autres infrastructures et services essentiels, rappelle Fässler. Ces lacunes ont été comblées ces dernières années - les forces de sécurité sont désormais armées, a-t-il ajouté. Il y a de bonnes raisons à cette mesure de précaution : "Je ne veux pas peindre le diable sur la muraille, mais il est également apparu lors de catastrophes environnementales que certaines personnes ont abusé de la situation pour piller des objets non protégés. Cela pourrait également être le cas lorsque le réseau est coupé, par exemple dans les magasins où l'on peut acheter quelque chose". (mü)

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Autriche: la FPÖ veut un référendum contre les sanctions russes: "Arrêtons de nous tirer une balle dans le pied !"

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Autriche: la FPÖ veut un référendum contre les sanctions russes: "Arrêtons de nous tirer une balle dans le pied !"

Source: https://zuerst.de/2022/08/22/fpoe-will-volksbefragung-gegen-russland-sanktionen-schuss-ins-eigene-knie-beenden/

Vienne. Contrairement à l'Allemagne, de nombreux autres pays disposent d'un instrument de consultation populaire. En Autriche, le FPÖ veut désormais l'utiliser contre la politique de sanctions du gouvernement autrichien, qui menace d'entraîner des dommages économiques massifs dans la République alpine également.

Auparavant, le gouverneur de Haute-Autriche (équivalent d'un ministre-président de Land allemand) Thomas Stelzer (ÖVP) avait déjà remis en question les sanctions russes dans une interview. Le chef du FPÖ, Herbert Kickl, demande à présent un référendum sur la question. Il a déclaré qu'il saluait et soutenait les "voix de la raison économique" au sein du Parti populaire et a annoncé des propositions parlementaires en ce sens.

"Ces sanctions n'ont aucun effet sur la guerre, mais elles alimentent l'augmentation des prix et constituent un coup rude pour l'économie nationale. L'ÖVP chrétienne-démocrate semble maintenant s'en rendre compte", a déclaré Kickl. Selon le chef du FPÖ, les sondages d'opinion montrent que la majorité des Autrichiens sont déjà favorables à la fin des sanctions.

"Nous n'avons pas de temps à perdre. La saison où il faudra allumer le chauffage approche à grands pas. Un tel référendum doit être organisé le plus rapidement possible. Ici aussi, nous sommes un partenaire politique pour les forces raisonnables du pays pour lesquelles le maintien de la prospérité chez nous est prioritaire", a clairement indiqué Kickl dans un communiqué de presse samedi.

Le chef du groupe parlementaire du FPÖ au Conseil national de Vienne estime que la question des sanctions contre la Russie lui rappelle celle de la crise sanitaire : "Là aussi, le gouvernement a fait croire aux gens pendant deux ans des choses qui n'étaient pas vraies, avant de se ranger finalement sur la même ligne que le FPÖ. Mais dans le cas des sanctions, nous n'avons pas deux ans de plus, mais deux mois au maximum. Si les sanctions, cette balle que nous nous tirons dans le pied, ne sont pas arrêtées, l'hiver prochain risque d'être très inconfortable pour de très nombreuses personnes". (mü)

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lundi, 22 août 2022

L'interconnexion de la BRI et de l'INSTC complètera le puzzle eurasien

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L'interconnexion de la BRI et de l'INSTC complètera le puzzle eurasien

Pepe Escobar

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/un-puzzle-eurasiatico-linterconnettivita-bri-e-instc-completera-il-puzzle

Interconnecter l'Eurasie intérieure est un acte d'équilibre taoïste : ajouter une pièce à la fois, patiemment, à un puzzle géant. Cela demande du temps, des compétences, une vision et, bien sûr, de grandes découvertes.

Récemment, en Ouzbékistan, une pièce essentielle a été ajoutée au puzzle en renforçant les liens entre l'initiative "Belt and Road" (BRI) et le corridor international de transport Nord-Sud (INSTC).

Le gouvernement de Mirzoyev à Tachkent est profondément engagé à stimuler un autre corridor de transport d'Asie centrale : un chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan-Afghanistan.

Cette question était au centre d'une réunion entre le président du conseil d'administration de Temir Yullari - les chemins de fer nationaux ouzbeks - et ses homologues du Kirghizstan et d'Afghanistan, ainsi que des cadres de la société logistique chinoise Wakhan Corridor.

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En ce qui concerne l'intersection complexe du Xinjiang avec l'Asie centrale et du Sud, il s'agit d'une initiative révolutionnaire, qui fait partie de ce que j'appelle la guerre du corridor économique.

Les Ouzbeks ont présenté de manière pragmatique le nouveau corridor comme essentiel pour le transport de marchandises à des tarifs réduits - mais cela va bien au-delà de simples calculs commerciaux.

Imaginez, en pratique, des conteneurs de marchandises arrivant par train de Kashgar, dans le Xinjiang, à Osh, au Kirghizstan, puis à Hairatan, en Afghanistan. Le volume annuel devrait atteindre 60.000 conteneurs rien que la première année.

Cela serait crucial pour développer le commerce productif de l'Afghanistan, loin de l'obsession de l'"aide" comme au temps de l'occupation américaine. Les produits afghans pourraient enfin être facilement exportés vers les voisins d'Asie centrale et aussi vers la Chine, par exemple vers le marché dynamique de Kashgar.

Et ce facteur de stabilisation renforcerait les coffres des talibans, maintenant que les dirigeants de Kaboul sont très intéressés par l'achat de pétrole, de gaz et de blé russes à des prix très avantageux.

Comment faire revenir l'Afghanistan dans le jeu

Cette voie ferrée pourrait également donner lieu à un projet routier qui traverserait le corridor ultra-stratégique de Wakhan, ce que Pékin envisage depuis quelques années déjà.

Le Wakhan est partagé par le nord de l'Afghanistan et la région autonome de Gorno-Badakhshan au Tadjikistan: une longue bande géologique aride et spectaculaire qui s'étend jusqu'au Xinjiang.

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Il est désormais clair non seulement pour Kaboul, mais aussi pour les membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), que les Américains humiliés ne rendront pas les milliards de dollars "confisqués" des réserves de la Banque centrale afghane - ce qui permettrait au moins d'atténuer la crise économique actuelle et la famine de masse imminente en Afghanistan.

Le plan B consiste donc à renforcer les chaînes d'approvisionnement et de commerce de l'Afghanistan, actuellement dévastées. La Russie prendra en charge la sécurité de l'ensemble du carrefour de l'Asie du Sud et du Centre. La Chine fournira la majeure partie du financement. Et c'est là qu'intervient le chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan-Afghanistan.

La Chine voit la route à travers le Wakhan - une proposition très compliquée - comme un autre corridor BRI, se connectant au Pamir Highway au Tadjikistan, repavée par la Chine, et aux routes du Kirghizstan, reconstruites par la Chine.

L'Armée populaire de libération (APL) a déjà construit une route d'accès de 80 km depuis la section chinoise de la route du Karakoram - avant qu'elle n'atteigne la frontière avec le Pakistan - jusqu'à un col de montagne dans le Wakhan, actuellement accessible uniquement aux voitures et aux jeeps.

La prochaine étape pour les Chinois serait de continuer sur cette route pendant 450 km jusqu'à Fayzabad, la capitale provinciale du Badakhshan afghan. Cela constituerait le couloir routier de réserve pour le chemin de fer Chine-Asie centrale-Afghanistan.

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Le point essentiel est que les Chinois, ainsi que les Ouzbeks, comprennent parfaitement la position extrêmement stratégique de l'Afghanistan: non seulement en tant que carrefour entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud, relié aux principaux ports maritimes du Pakistan et de l'Iran (Karachi, Gwadar, Chabahar) et à la mer Caspienne via le Turkménistan, mais aussi en aidant l'Ouzbékistan enclavé à se connecter aux marchés d'Asie du Sud.

Tout ceci fait partie du labyrinthe des couloirs de la BRI; et en même temps, il se croise avec l'INSTC en raison du rôle clé de l'Iran (lui-même de plus en plus lié à la Russie).

Téhéran est déjà engagé dans la construction d'une voie ferrée vers Herat, dans l'ouest de l'Afghanistan (il a déjà reconstruit la route). De cette façon, l'Afghanistan sera inclus à la fois dans la BRI (dans le cadre du Corridor économique Chine-Pakistan, CPEC) et dans l'INSTC, ce qui donnera une impulsion à un autre projet: un chemin de fer Turkménistan-Afghanistan-Tadjikistan (TAT), qui sera relié à l'Iran et donc à l'INSTC.

Du Karakoram à Pakafuz

La route du Karakoram - dont la partie nord a été reconstruite par les Chinois - pourrait tôt ou tard avoir une consœur ferroviaire. Les Chinois y réfléchissent depuis 2014.

En 2016, une voie ferrée reliant la frontière Chine-Pakistan à Gilgit, dans les régions du nord, et descendant ensuite jusqu'à Peshawar, avait été incluse dans le projet de corridor économique Chine-Pakistan (CPEC). Mais rien ne s'est passé: le chemin de fer n'a pas été inclus dans le plan à long terme 2017-2030 du CPEC.

Cela pourrait se produire au cours de la prochaine décennie : l'ingénierie et la logistique constituent un énorme défi, comme ce fut le cas pour la construction de la route du Karakorum.

Et puis il y a l'aspect "suivre l'argent". Les deux principales banques chinoises qui financent les projets de l'IRB - et donc le CPEC - sont la China Development Bank et l'Export Import Bank. Même avant la crise sanitaire, ils réduisaient déjà leurs prêts. Et avec la crise sanitaire, ils doivent maintenant équilibrer les projets étrangers avec les prêts nationaux pour l'économie chinoise.

Au lieu de cela, la priorité en matière de connectivité s'est déplacée vers le chemin de fer Pakistan-Afghanistan-Ouzbékistan (Pakafuz).

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La section clé de Pakafuz relie Peshawar (la capitale des zones tribales) à Kaboul. Une fois achevé, nous verrons la ligne Pakafuz interagir directement avec le futur chemin de fer Chine-Asie centrale-Afghanistan : un nouveau labyrinthe BRI directement relié à l'INSTC.

Tous ces développements révèlent leur réelle complexité lorsque nous voyons qu'ils font simultanément partie de l'interaction entre la BRI et l'INSTC et de l'harmonisation entre la BRI et l'Union économique eurasienne (UEEA).

En substance, en termes géopolitiques et géoéconomiques, la relation entre les projets BRI et EAEU permet à la Russie et à la Chine de coopérer à travers l'Eurasie, tout en évitant une course à la domination dans le Heartland.

Par exemple, Pékin et Moscou sont tous deux d'accord sur la nécessité primordiale de stabiliser l'Afghanistan et de l'aider à gérer une économie durable.

Parallèlement, certains membres importants de la BRI - comme l'Ouzbékistan - ne font pas partie de l'EAEU, mais cela est compensé par leur adhésion à l'OCS. Dans le même temps, l'entente BRI-EEA facilite la coopération économique entre les membres de l'UEE tels que le Kirghizstan et la Chine.

Pékin a en effet obtenu l'approbation totale de Moscou pour investir en Biélorussie, au Kazakhstan, au Kirghizstan et en Arménie, tous membres de l'UEE. L'EAEU, dirigée par Sergei Glazyev, et la Chine discutent conjointement d'une future devise ou d'un panier de devises excluant le dollar américain.

La Chine se concentre sur l'Asie centrale et occidentale

Il ne fait aucun doute que la guerre par procuration qui se déroule en Ukraine entre les États-Unis et la Russie crée de sérieux problèmes pour l'expansion de la BRI. Après tout, la guerre des États-Unis contre la Russie est aussi une guerre contre le projet BRI.

Les trois principaux corridors de l'IRB du Xinjiang vers l'Europe sont le Nouveau pont terrestre eurasien, le Corridor économique Chine-Asie centrale-Asie occidentale et le Corridor économique Chine-Russie-Mongolie.

Le nouveau pont terrestre eurasien utilise le chemin de fer transsibérien et une deuxième liaison qui traverse le Xinjiang-Kazakhstan (via le port continental de Khorgos) puis la Russie. Le corridor qui traverse la Mongolie est en fait deux corridors : l'un va de Beijing-Tianjin-Hebei à la Mongolie intérieure puis à la Russie ; l'autre va de Dalian et Shenyang puis à Chita en Russie, près de la frontière chinoise.

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Actuellement, les Chinois n'utilisent pas le pont terrestre et le corridor mongol autant que par le passé, principalement en raison des sanctions occidentales contre la Russie. L'accent actuel de la BRI est mis sur l'Asie centrale et l'Asie occidentale, avec une branche bifurquant vers le golfe Persique et la Méditerranée.

Et c'est ici que nous voyons un autre niveau d'intersection très complexe se développer rapidement: la manière dont l'importance croissante de l'Asie centrale et de l'Asie occidentale pour la Chine se mêle à l'importance croissante de la CIST pour la Russie et l'Iran dans leur commerce avec l'Inde.

Appelons-le le vecteur amical de la guerre des couloirs de transport.

Le vecteur dur - la guerre réelle - a déjà été mis en place par les suspects habituels. Ils sont, comme on peut s'y attendre, déterminés à déstabiliser et/ou à détruire tout nœud d'intégration BRI/INSTC/EAEU/SCO en Eurasie, par tous les moyens nécessaires: en Ukraine, en Afghanistan, au Baloutchistan, dans les "stans" d'Asie centrale ou au Xinjiang.

En ce qui concerne les principaux acteurs eurasiens, il s'agit d'un train anglo-américain qui ne mène nulle part.

Publié dans The Craddle

dimanche, 21 août 2022

Hommage à Darya Douguine par Maurizio Murelli, éditeur italien d'Alexandre Douguine

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Hommage à Darya Douguine par Maurizio Murelli, éditeur italien d'Alexandre Douguine

Une grande partie de notre vie est marquée par la rencontre. Sur le chemin que nous parcourons depuis la matrice où nous étions en gestation jusqu'à l'instant de notre dernier souffle, le Destin, au fil des rencontres, façonne notre âme. Des rencontres tragiques, des rencontres porteuses de chagrins, des rencontres terrifiantes qui mettent nos démons en duel, mais aussi des rencontres avec des personnes solaires qui vous enrichissent, vous élèvent et éclairent votre chemin même lorsque tout devient sombre, tellement leur lumière nous illumine. Sur mon chemin, j'ai rencontré Daria, qui est la fille de celui que je considère comme l'un des plus grands penseurs de ce siècle, la réincarnation d'un philosophe antique, mais Daria était une femme qui ne vivait pas d'une lumière réfléchie. Philosophe elle-même, intellectuelle raffinée, journaliste et militante qui, pour cette seule raison, a été sanctionnée par les Anglo-Saxons, elle était dotée d'une grâce incomparable, d'un sourire désarmant. Une beauté intégrale, physique et spirituelle. Je suis donc reconnaissant à ma Destinée de me l'avoir fait connaître.

Sa mort m'a rappelé un beau poème cher à une autre personne que j'ai rencontrée il y a des années, une personne qui était ma compagne et qui, depuis plus de vingt ans, habite dans l'autre monde où j'aime à penser qu'elle attend constamment de recevoir, de "poétiser" et de "philosopher" des âmes comme celle de Daria. 

Voici cette poésie.

Vous aurez la transparence
de la lumière, votre voix aura de la place 
dans l'univers, votre visage sera clair.

Vous allez voler 
serein du paradis parmi les mortes 
choses, dans la mort 
qui nous a séparés.

Nous reviendrons parmi les rêves 
de nous rejoindre, parmi les lacs 
au coucher du soleil, parmi les lumières 
sépulcrales.

Nous allons percer
les nuages, nous violerons les horizons. 
Nous écouterons les mots,
les palpitations brisées; nous nous connaîtrons 
vivant dans la vie qui meurt.

La mort nous a séparés. 
Mais des mots silencieux nous ont unis. 

* * *

Quant à l'attentat lui-même, je pense que personne parmi les êtres humains n'est plus abject, plus répugnant et ne mérite aucune pitié que ceux qui attaquent la vie des poètes et des philosophes. Et je dis que si le démon de l'abandon prenait le dessus en moi, me poussant à m'isoler, à me retirer, à me mettre au repos, ce soir ce démon a été transpercé par l'arme la plus tranchante en ma possession. Mon sac à dos est rempli d'instruments recueillis en cours de route. Il y a tant de croix sur le bord de mon chemin que j'ai dû affronter, mais celle qui se dresse aujourd'hui sur le corps de Daria est la plus ardente. Ils ont attaqué la Grâce, la Beauté, et j'ai le devoir de l'honorer en assumant une part de son héritage. Je suis vieux, mais je suis toujours en armes... et le serai d'autant plus pour Daria que le destin m'a fait connaître.

******

 

Quand Darya Douguina se présentait elle-même...

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Quand Darya Douguina se présentait elle-même...

Merci à Pietro Missiaggia d'avoir mis ce texte sur les réseaux sociaux

"Je suis diplômée en histoire de la philosophie de la faculté de philosophie de l'université d'État de Moscou. Mes recherches ont porté sur la philosophie politique du néo-platonisme tardif, un sujet d'un intérêt infini. La principale ligne de pensée de la philosophie politique du néo-platonisme tardif est le développement de l'idée d'une homologie de l'âme et de l'État et de l'existence d'un ordre triple similaire dans les deux. De même que dans l'âme il y a trois bases, de même dans l'État (et les platoniciens décrivent le modèle indo-européen, plus tard parfaitement théorisé dans l'œuvre de Dumezil), il y a aussi trois domaines - ce modèle se manifeste dans l'Antiquité et au Moyen Âge. La compréhension existentielle et psychique de la politique est en fait perdue à bien des égards aujourd'hui, car nous sommes habitués à ne voir la politique que comme une technique; mais le platonisme révèle un lien profond entre les processus politiques et psychiques. Aujourd'hui, il est urgent de rétablir une vision globale des processus politiques, c'est-à-dire d'examiner la "politique existentielle".

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Je suis une observatrice politique du "Mouvement international eurasien" et une experte en relations internationales. Mon domaine d'activité est l'analyse de la politique et de la géopolitique européennes. À ce titre, j'apparais sur des chaînes de télévision russes, pakistanaises, turques, chinoises et indiennes, présentant une vision mondiale multipolaire des processus politiques. Mes centres d'intérêt sont à la fois l'espace de la civilisation européenne et le Moyen-Orient, où une sorte de révolution conservatrice est en train de se produire - de la confrontation constante de l'Iran avec l'hégémonie américaine ou de la lutte de la Syrie contre l'impérialisme occidental à la Turquie, qui montre maintenant des tendances intéressantes à s'éloigner de l'OTAN et du bloc géopolitique anglo-saxon et tente de construire sa politique étrangère sur une base multipolaire, en dialogue avec la civilisation eurasienne. Je pense qu'il est important de suivre les processus dans la région du Moyen-Orient, c'est l'une des étapes de la lutte contre l'impérialisme. D'autre part, je suis également très intéressée par les pays africains; ils représentent "l'autre" pour l'Europe et la Russie, dont l'analyse nous permet de mieux comprendre leur civilisation. L'Afrique a toujours été un élément de rêve pour les Européens et les Russes - rappelons-nous le Voyage en Abyssinie et à Harare d'Arthur Rimbaud, ou le poète russe Nikolaï Gumilev qui s'est inspiré de Rimbaud ("Journal africain") et d'une série de poèmes sur l'Afrique, dans lesquels il révèle en fait l'Afrique comme une civilisation inexplorée et pleine de sens que le colonialisme occidental a cruellement essayé de défaire et de détruire.

Aujourd'hui, des changements tectoniques ont lieu sur le continent africain, et la comparaison entre les civilisations, l'occidentale et l'authentiquement africaine (si différente et si unique) est extrêmement intéressante.

Pour moi, une question particulièrement importante est le développement de la théorie du monde multipolaire. Il est clair que le moment mondialiste est terminé, la fin du libéralisme est arrivée, la fin de l'histoire libérale. En même temps, il est extrêmement important de comprendre qu'une nouvelle phase pleine de défis, de provocations et de complexités a commencé. Le processus de création du multipolarisme, de structuration des blocs civils et de dialogue entre eux est la tâche principale de tous les intellectuels aujourd'hui. Samuel Huntington, en tant que réaliste des relations internationales, a mis en garde à juste titre contre les risques d'un choc des civilisations. Fabio Petito, spécialiste des relations internationales, a souligné que la construction d'un "dialogue des civilisations" est la tâche centrale et "la seule façon d'avancer". Par conséquent, pour consolider le monde multipolaire, les zones frontalières (intermédiaires) entre les civilisations doivent être traitées avec soin. Tous les conflits ont lieu aux frontières (dans les zones intermédiaires) des civilisations, là où les attitudes s'affrontent. Il est donc essentiel de développer une mentalité de "frontière" (d'entre-deux) si l'on veut que le monde multipolaire fonctionne pleinement et passe du "choc" au "dialogue" des civilisations. Sans cela, il y a un risque de "clash".

Les sanctions anti-russes commencent à affecter l'économie européenne. Marine Le Pen, dans son débat avec Macron, les a qualifiés à juste titre de "harakiri" pour l'économie française. Mais réfléchissons: qui a besoin d'une Europe affaiblie ? Plombée par les mesures de la pandémie, affaiblie par les sanctions anti-russes, l'Europe va devoir concentrer toutes ses forces pour sauver son économie; dans une telle situation, les bénéficiaires de tous ces revers sont les Etats-Unis, qui peuvent rétablir leur contrôle sur le continent. Un Rimland indépendant est inacceptable pour la civilisation anglo-saxonne, le sentiment anti-américain et anti-OTAN croissant (en France, il faut le noter, Mélanchon, Le Pen, Zemmour et de nombreux autres candidats ont activement critiqué l'adhésion de la France à l'OTAN et quasiment prôné la réédition du scénario gaulliste de 1966) est une menace pour la domination mondiale des États-Unis. Par conséquent, l'idée de sanctions anti-russes a été mise en œuvre dans le but égoïste d'affaiblir la région. Les élites de l'UE ont agi comme des intermédiaires, des mandataires des mondialistes dans cette entreprise, et ont porté un coup sévère au bien-être des peuples et des nations européennes.

Je demande instamment à tous les lecteurs de faire preuve d'esprit critique et de remettre en question les reportages des médias. Si les élites libérales occidentales insistent tant pour soutenir Kiev et diaboliser Moscou, c'est qu'il y a une logique de profit derrière tout cela. Tout doit être remis en question. Il s'agit d'un principe important qui nous permet de garder une vision sobre. Dans la société du spectacle, de la propagande et de la nature totalitaire des systèmes occidentaux, le doute est une étape essentielle pour sortir de la caverne..."

Que Darya Douguina repose en paix.

Nécrologie pour Darya Douguina

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Nécrologie pour Darya Douguina

Par Alexander Markovics

Source: https://alexandermarkovics.at/2022/08/21/nachruf-auf-darya-dugina/

Le soir du 20 août 2022, Darya Douguina est morte à l'âge de 29 ans dans un lâche attentat terroriste près de Moscou. Mais qui était-elle ? Darya était tout d'abord une philosophe qui s'engageait en paroles et en actes pour sa patrie, la Russie, et pour un monde meilleur. Adepte de la Quatrième Théorie Politique, elle s'est battue pour un monde plus juste et multipolaire et pour mettre fin à la domination infligée par l'Occident mondialiste.

Pour y parvenir, Darya a milité sans relâche pour le Mouvement eurasien, fondé par son père Alexandre Douguine - à travers de nombreuses conférences, interviews et événements qu'elle a largement contribué à organiser, elle s'est engagée non seulement pour la libération de la Russie et de l'Eurasie du joug mondialiste, mais aussi pour la liberté de l'Europe, dont elle a toujours su séparer les peuples et la culture traditionnelle de ses élites décadentes actuelles - qu'elle connaissait bien en tant que spécialiste de la France et de la culture française - elle parlait couramment le français et a interviewé, entre autres, des personnalités du monde entier. Alain de Benoist à Paris - lui tenait à cœur.

En tant qu'universitaire - Darya avait obtenu un doctorat sur le néoplatonisme dans l'Empire romain - elle s'est intéressée aux racines de la tradition indo-européenne et a donné d'excellentes conférences non seulement sur des sujets géopolitiques, mais aussi sur des représentants de la Révolution conservatrice comme Julius Evola, Ernst Jünger et Martin Heidegger. Son activité de journaliste a non seulement culminé avec de nombreuses apparitions à la télévision russe, où elle a notamment défié avec succès les mondialistes russes, mais elle est également toujours allée là où cela s'embrasait, que ce soit en Syrie ou dans le Donbass, où elle a récemment effectué un reportage à Marioupol, libérée des fascistes ukrainiens. Il était impressionnant de voir comment cette jeune femme, qui avait vu l'enfer déclenché par l'OTAN en Syrie, pouvait à la fois parler avec empathie de la souffrance de la population locale et avec confiance de la victoire dans la lutte contre le mondialisme.

Au cours des dernières années, j'ai eu l'occasion de rencontrer Darya personnellement, à plusieurs reprises, et j'ai toujours trouvé à Vienne, Moscou et Sotchi, ainsi qu'à Kichinev, une femme jeune et sage, mais aussi très humoristique et courageuse, dont l'attitude correspondait à l'idéal de la guerrière indo-européenne-touranienne, comme on en rencontre malheureusement trop peu aujourd'hui. Pour un observateur extérieur superficiel, elle a peut-être été éclipsée par son père, mais pour ceux qui l'ont connue, il est clair qu'elle fut également une femme exceptionnelle à elle seule. Le temps de Darya dans ce monde est peut-être terminé, que Dieu ait pitié de son âme, mais sa mémoire continue de vivre en nous tous !

Ses assassins ont voulu nous intimider, nous tous qui défendons une Europe et une Russie libres dans un monde multipolaire, par leur acte lâche. Mais les bombes ne peuvent tuer que des hommes, pas des idées ! Le mal ne peut que s'opposer à nous, mais jamais vaincre ! Par les actes de ses détracteurs, elle est devenue une martyre du monde multipolaire, de la quatrième théorie politique et de la lutte de tous ceux qui s'opposent aux forces des ténèbres. En restant fidèles aux idéaux de Darya et en poursuivant son combat, nous perpétuerons la mémoire de cette héroïne de l'Eurasie ! Son sacrifice est notre mission !

Mémoire éternelle !

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Une courte biographie de Darya

Darya Platonova Dugina, la fille du philosophe russe d'Eurasie Alexandre Douguine, tuée dans l'explosion de sa voiture près de Moscou, avait un engagement intellectuel intense dans le sillage de son père. Dans une récente interview accordée au journal en ligne geopolitika.ru en mai, elle s'était exprimée sur l'agression russe contre l'Ukraine. Sans surprise, elle a épousé les positions de son père et la ligne du Kremlin.

"La situation en Ukraine est vraiment un exemple de choc des civilisations ; elle peut être vue comme un choc entre les civilisations mondialiste et eurasienne", avait-il déclaré. "Après 'la grande catastrophe géopolitique' (comme le président russe a appelé l'effondrement de l'URSS), les territoires de l'ancien pays uni sont devenus des 'frontières' (des zones intermédiaires) - ces espaces sur lesquels l'attention des voisins s'est rapidement focalisée, l'OTAN et surtout les États-Unis étant intéressés à déstabiliser la situation aux frontières de la Russie."

Et Darya Dugina d'ajouter : "Si les élites libérales occidentales insistent autant pour soutenir Kiev et diaboliser Moscou, c'est qu'il y a une logique de profit derrière tout cela. Tout doit être remis en question. Il s'agit d'un principe important qui nous permet de garder l'œil ouvert. Dans la société du spectacle, de la propagande, et de la nature totalitaire des systèmes occidentaux, le doute est une étape essentielle pour sortir de la caverne...'.

La femme avait la trentaine, était diplômée en philosophie de l'université d'État de Moscou et avait étudié en profondeur le néo-platonisme, mais revendiquait également Antonio Gramsci, Martin Heidegger et le sociologue français Jean Baudrillard comme références culturelles. Le 4 juin, elle avait été incluse dans la liste des personnes sanctionnées par le gouvernement britannique (parmi lesquelles le magnat Roman Abramovic) pour avoir exprimé son soutien ou promu des politiques favorables à l'agression russe en Ukraine.

Elle figure au numéro 244 de la liste des 1331 personnes physiques sanctionnées, en tant qu'"fautrice très connue de désinformation à propos de l'Ukraine et l'invasion russe de l'Ukraine sur diverses plateformes en ligne", ainsi que responsable du soutien et de la promotion de politiques ou d'initiatives visant à déstabiliser l'Ukraine afin de porter atteinte ou de menacer son "intégrité territoriale, sa souveraineté et son indépendance".

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La revue de presse de CD - 21 août 2022

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La revue de presse de CD

21 août 2022

EN VEDETTE

Nucléaire : une énergie qui dérange (vidéo)

Remarquable analyse d’un scandale européen dont la France est la première victime à cause de ses dirigeants européistes. Alors que près d’un Français sur deux considère comme prioritaire le maintien de nos capacités nucléaires actuelles, l’atome fait un retour remarqué sur le devant de la scène – et ce après une longue période de disgrâce. A la faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, dans la recherche d’une indépendance énergétique réaffirmée, ou bien encore pour limiter l’envolée des prix de l’électricité, tous les politiques – ou presque – semblent recommander son remède Pour autant il est légitime de s’interroger sur cette source d’énergie et les fantasmes qu’elle véhicule. Qu’en est-il vraiment ? Professionnels et experts nous donnent les clefs pour mieux comprendre l’atome.

documentaire-et-verite.com

http://documentaire-et-verite.com/nucleaire/

ALLEMAGNE/FRANCE

La coopération franco-allemande... Divorce annoncé

Alain Juillet reçoit Caroline Galactéros, fondatrice et présidente du Think-tank Géopragma, pour parler de l'échec des différents projets franco-allemand dans le domaine de la Défense.

youtube.com

https://www.youtube.com/watch?v=2AyPRu139Hs

ASIE

La formation de l'Inde et du Pakistan

La phase post-coloniale de l'histoire de l'Inde commence le 15 août 1947, lorsque l'Inde a obtenu sa pleine indépendance de la domination britannique. Depuis lors, l'Inde est présente dans le monde en tant qu'État indépendant d'une manière qui, historiquement, n'avait jamais existé auparavant, ni en termes de forme politique, ni en termes de frontières, ni en termes de critère d'identité fondamentale. C'était une Inde entièrement nouvelle, qui clôturait l'ère de la modernisation coloniale et commençait celle de la modernisation nationale.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/08/17/i...

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ASIE

Les menaces sur Taïwan secouent les puces du monde

Le 2 août dernier, Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants américaine, s’est rendue en visite officielle à Taïwan. Une visite qui a suscité la colère des autorités chinoises, et d’impressionnantes manœuvres militaires simulant l’invasion de l’île. Mais le retour de Taïwan dans le giron chinois permettrait aussi, voire surtout, de mettre la main sur un marché très convoité : celui des semi-conducteurs. Des composants indispensables à la fabrication de produits chaque jour plus nombreux : ordinateurs, smartphones, mais aussi avions ou voitures.

laselectiondujour.com

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COMPLOTISME (?)

La géoingénierie est une arme qui incendierait les forêts assoiffées… Document US déclassifié

La planète est en grand danger et nous avec elle. Une des principales responsabilités incombe à la pratique intensive de la géoingénierie, dont le but avoué est de contrôler le climat. Pour le pire et le meilleur ? Non, uniquement pour le pire.

lilianeheldkhawam.com

https://lilianeheldkhawam.com/2022/08/14/la-geoingenierie...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

Vaccinolâtres et ukrainolâtres, la même technique de désinformation totalitaire

La désinformation a été au centre de la propagande en faveur de la « vaccination » Pfizer. Les faits resteront très têtus, mais le rapport remis à la FDA en date du 17 septembre 2021 démontrait à lui seul que ce produit avait une durée de protection limitée à quelques semaines. À la même époque, la situation en Israël apportait des preuves indubitables que la protection était éphémère. Or, beaucoup ont été manipulés par une désinformation qui a fonctionné selon deux principes très simples : affirmer sans preuve, mais affirmer toujours, et insulter tous les auteurs d’une information concrète exposant des faits contraires à la doxa.

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/vaccinolatres...

Ukraine : quand le journalisme s’égare

La liberté d’information dans un monde globalisé n’est pas en très grande forme. En Occident, le système médiatique représenté par la presse écrite et audiovisuelle est entièrement entre les mains de puissantes oligarchies qui entendent bien mettre leurs médias au service du maintien d’un ordre politique et social qui assure leur domination fructueuse. Internet comme espace de liberté pourrait être un formidable un outil de ré-information, mais parfaitement conscients du danger, les mêmes grands intérêts, s’efforcent d’y contrôler strictement l’expression.

vududroit.com

https://www.vududroit.com/2022/08/ukraine-quand-le-journa...

Revue de presse RT du 7 au 13 août 2022

Notre exercice intellectuel et hebdomadaire : la confrontation avec l’actualité côté russe. Cette semaine chez RT, l’Ukraine qui continue sa lente agonie, l’Europe aussi, mais sur le plan économique, la Russie qui continue à jouer le chaud et le froid, la Chine qui s’affirme face à l’agressivité des États-Unis.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-7-au-...

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Le télé-contrôle : la tyrannie de la « Boîte à Bêtises »

Afin d'approcher une compréhension adéquate de l'impact profond et décisif que la télévision exerce sur les sociétés de masse contemporaines, il est nécessaire de garder à l'esprit que ce système communicationnel présente les caractéristiques suivantes : 1.- L'unipolarité dans la conception et l'élaboration des messages télévisés ; 2.- L'unidirectionnalité dans la transmission des messages télévisés ; 3.- La concentration oligopolistique des sources télévisuelles (c'est-à-dire au niveau de l'émetteur de la relation de communication) ; 4.- Massivité et atomisation du public.

euro-synergies.hautetfort.com

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ÉCOLOGIE

Sécheresse : Émotion dans les villes, problème dans les champs

En pleine période de sécheresse, les bâches de réserves d’eau ont été sabotées le 8 août à Pouillé et à Nalliers, en Vendée. En Haute Marne, douze bovins sont morts après quatre sabotages d’abreuvoirs en juillet. Les auteurs de ces actes de vandalismes, poussés par leur sensibilité écologique, ont compris l’enjeu  : provoquer un réflexe de sidération psychique, mettant en panne nos capacités de d’analyse et de décisions.

laselectiondujour.com

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ÉCONOMIE

La guerre des semi-conducteurs sino-américaine : la messe est-elle dite ?

Les semi-conducteurs sont essentiels au fonctionnement de l’économie moderne. La plupart d’entre eux sont fabriqués à Taïwan, ce qui renforce l’intérêt stratégique de l’île. Dans le combat que se mènent Chine et États-Unis, les entreprises des semi-conducteurs jouent un rôle de premier plan.

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/la-guerre-des-semi-conducte...

ÉNERGIES

Énergie : tournant ou continuité ?

Parler d’énergie ne peut se faire sans en apprécier les principales dimensions. En résumé, la consommation d’énergie continue d’augmenter, quoique moins vite que l’économie. La dépendance des carburants fossiles n’est pas prête à se réduire rapidement. Il faut savoir les utiliser pour préparer une transition raisonnée vers une économie décarbonée. Ma lecture de la situation actuelle est donnée dans le document présenté ci-dessous. Une esquisse de stratégie énergétique y est proposée.

Le blog de Michel de Rougemont

https://blog.mr-int.ch/?p=8566&utm_source=mailpoet&am...

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ÉTATS-UNIS

LA CIA ET LES MÉDIAS (3/6) – Relations troubles avec des organes de presse

Comment les médias les plus puissants d’Amérique ont travaillé main dans la main avec la Central Intelligence Agency et pourquoi la Commission Church les a couverts.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/la-cia-et-les-medias-3-6-relati...

FRANCE

Une victoire pour la liberté d’enseigner à la maison

Une liberté fondamentale, celle d’instruire chez soi ses propres enfants, vient d’être défendue avec succès devant le tribunal administratif de Toulouse. Le 4 août dernier, ce tribunal, saisi par le cabinet La Norville partenaire de l’association Liberté éducation, a suspendu le refus d’autorisation opposé à une famille IEF (Instruction en famille) du Gers, et a enjoint au recteur de lui délivrer l’autorisation d’enseigner à domicile.

laselectiondujour.com

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GÉOPOLITIQUE

Amiral Pierre Vandier : « Ce réarmement massif fera demain de la mer un lieu d’affrontement »

Auditionné le 27 juillet par la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Pierre Vandier, a présenté la mer comme l’un des lieux des potentiels affrontements de demain. Le retour du feu à la mer étant de plus en plus probable, la marine française doit se moderniser pour se mettre au niveau des grandes puissances navales. 

revueconflits.com

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GRANDE-BRETAGNE

Quelle ligne géopolitique pour le Royaume-Uni ?

À l’heure où le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Liz Truss, va - peut-être - devenir, en septembre, Premier ministre du Royaume-Uni, il convient de s’interroger sur ses orientations géopolitiques dans ce contexte particulièrement tendu.

bvoltaire.fr

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ISLAM

Attentat contre Salman Rushdie : le silence retentissant des élites britanniques

Salman Rushdie se remet de l’attaque au couteau perpétrée contre lui, vendredi 12 août, lors d’une conférence dans l’État de New York, aux États-Unis. L’agresseur est un jeune homme d’origine libanaise, un musulman chiite, né après la « fatwa » prononcée en 1989 par l’ayatollah Khomeini. Cet appel à assassiner Salman Rushdie était motivé par la publication des « Versets sataniques ». Le romancier est depuis 33 ans sous protection policière : il est d’autant plus visé qu’il est tenu pour un apostat puisqu’il dénonce la religion de sa naissance (Rushdie est issu d’une famille indienne musulmane).

laselectiondujour.com

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LECTURE

Titre :

La Furia. Slogan : Fort comme une bête, libre comme un Dieu.

Auteurs :

Principaux : Laurent Obertone, Papacito, Marsault. Et pas mal d’autres : Élisabeth Lévy, Arnaud Florac, Julien Rochedy, Stéphane Édouard. L’ensemble étant sous le charme de la jolie directrice de publication, Laura Magné.

Présentation :

Avertissement en première page : « La Furia est une revue d’actualité satirique. […] L’esprit est le dernier bastion de nos libertés. Lui seul permet de supporter le présent, lui seul peut affranchir les âmes de leur servitude. Même et surtout s’il n’est pas gauche. ». La dose proposée, textes et dessins compris en grand format et dos carré, est un grand comprimé de 144 pages tous les trois mois. Avaler le tout avec un alcool fort.

Extraits :

« Hélas, devant l’exploit et le héros il y a maintenant la morale. Elle est bien bien habillée, salariée de France TV, et doit composer entre l’intérêt sportif primaire et la nécessité du message. Car enfin, le sport est fasciste… » Laurent Obertone.

« Même un Anglais vaut mieux qu’un mensonge. Et même le dernier des derniers anglais vaut plus que la racaille qu’on se tape en France. J’échange tout le 93 contre Henry VIII et Wellington. » Julien Rochedy.

« Benzema porte volontiers sa religion (et la détestation de la France qui va avec) en bandoulière – par exemple, quand il crache après La Marseillaise jouée en hommage aux victimes du 13 novembre 2015 ou s’affiche avec Booba qui, après Charlie, chantait ‘’T’as mal parlé, tu t’es fait plomber. C’est ça la rue, c’est ça les tranchées’’. » Élisabeth Lévy.

Quant aux dessins de Marsault, pour les découvrir, abonnez-vous ou achetez ce troisième numéro dans les kiosques qui existent encore !

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OTAN

L'Atlantic Council, le principal groupe de réflexion de l'OTAN

L'Atlantic Council est un think tank américain dans le domaine des relations internationales. Il a été fondé en 1961. Il gère dix centres régionaux et des programmes fonctionnels liés à la sécurité internationale et à la prospérité économique mondiale. C'est une organisation considérée comme indésirable en Russie.

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RÉFLEXIONS

Covid : le retour des sacrifices

Après cette petite pause estivale, reprenons nos esprits, pour compléter un précédent billet sur la vaccination des enfants et recentrer les choses sur l’humain. Au-delà des essais, des études, des publications, des chiffres, des statistiques, des projections, des simulations, n’oublions pas que derrière tout cela, il y a des êtres humains, ce que certains semblent oublier. Je ne vous sortirai donc aucune étude pour justifier ou critiquer cette vaccination.

covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2022/08/12/covid-le-retour-d...

La période de crise va-t-elle déclencher une révolte contre les personnes au pouvoir ?

Dans le journal britannique Daily Telegraph, Sherelle Jacobs avertit ses lecteurs que nous vivons un été « avant la tempête ». Qu'est-ce que le journaliste entend par là ? S'agit-il d'un autre canular de l'élite, préparant les gens aux temps instables à venir ?

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http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/08/10/l...

RUSSIE

La Russie à l’heure du Grand Reset : entre ambitions mondiales et effondrement intérieur

La Russie a des projets ambitieux pour le monde. Dans une récente (et passionnante) interview publiée par le site MR Online, l’ancien conseiller économique du président russe Sergueï Glaziev affichait son intention d’utiliser l’alliance de son pays avec les BRICS pour renverser l’ordre monétaire international. Sûr de sa force, cet influent économiste russe et actuel ministre de l’économie de l’Union économique eurasiatique y appelait notamment les pays du Tiers monde à répudier leurs dettes en euros et dollars. Et ce, tout en les incitant à nationaliser au passage leurs réserves de matières premières et à mettre celles-ci à la disposition des BRICS, en échange d’abondantes lignes de crédit.

Le blog de Liliane Held Khawam

https://lilianeheldkhawam.com/2022/08/18/la-russie-a-lheu...

SANTÉ

De la variole à la variole du singe

Au total, cinq poxvirus peuvent infecter l’homme : le virus de la variole (VARV) et le virus de la variole du singe = monkeypox virus (MXV = MPXV) + le cowpoxvirus (CXV = CPVX) ou variole de la vache et le virus de la vaccine (VACV) longtemps assimilé au précédent + le horse-pox virus récemment reconstruit de toutes pièces + le Molluscum contagiosum qui appartient au genre Molluscipox virus avec ses différentes formes cutanées. Seuls les virus de la variole et le molluscum contagiosum virus sont considérés à réservoir uniquement humain et à transmission interhumaine. Et la Covid dans tout ça…

Francesoir.fr

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UKRAINE

Ukraine : la communication remplace la diplomatie et la stratégie

Lors du conflit Ukraine-Russie, nous assistons à un remplacement de la diplomatie par la communication publique. Une tendance qui est problématique dans la bonne conduite stratégique.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/08/18/434582-ukraine-la...

 

samedi, 20 août 2022

Un politologue hongrois: l'Allemagne craint plus les Etats-Unis que la Russie

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Un politologue hongrois: l'Allemagne craint plus les Etats-Unis que la Russie

Source: https://contra24.online/2022/08/ungarischer-politologe-deutschland-fuerchtet-die-usa-mehr-als-russland/

Pour le politologue hongrois Zoltán Kiszelly, il est clair qu'à Berlin, on a plus peur de Washington que de Moscou. C'est pourquoi, selon lui, les Allemands ont cédé à la pression des Américains pour sanctionner Nord Stream 2.

Les Allemands font face à une crise énergétique de grande ampleur en raison de leur décision de céder à la pression américaine et de fermer le gazoduc Nord Stream 2 après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a déclaré Zoltán Kiszelly, un politologue et directeur de l'influent Centre d'analyse politique de la Fondation Századvég, basé en Hongrie.

M. Kiszelly a déclaré à la chaîne d'information hongroise Origo que le chancelier allemand Olaf Scholz, lorsqu'il était ministre des Finances, avait tout fait pour que Nord Stream 2 puisse être mis en service. Cependant, en tant que chancelier, Scholz a changé de cap. Selon M. Kiszelly, si les Allemands avaient agi intelligemment et maintenu Nord Stream 2 ouvert, ils ne seraient pas dans la situation où ils se trouvent aujourd'hui. Au lieu de cela, ils auraient eu une énergie bon marché et une grande partie de leurs problèmes auraient été résolus immédiatement.

L'Allemagne a actuellement un gouvernement majoritairement de gauche, composé des sociaux-démocrates, des libéraux du Parti libéral-démocrate et du Parti vert. Leur projet d'imposer une taxe sur le gaz, qui pèserait sur les ménages allemands et affecterait l'industrie, suscite de vives critiques. M. Kiszellly se demande pourquoi les coûts sont répercutés sur les consommateurs allemands et non sur les importateurs de gaz. Il a déclaré qu'il ne comprenait pas pourquoi le gouvernement allemand choisissait une telle voie. Non seulement cette surtaxe sur le gaz touchera durement les consommateurs, mais ils devront également payer la TVA sur cette taxe, selon la Commission européenne.

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Selon le politologue hongrois, le gouvernement allemand tente de faire payer aux citoyens du pays les pertes subies par les marchands de gaz, ce qui signifie que la famille moyenne allemande devra payer en moyenne 300 à 400 euros de plus cette année. Il s'agit clairement d'un transfert de charges sur la population allemande, et tout cela dans le cadre d'une politique encouragée par le gouvernement de gauche.

Les Allemands supplient désormais les Russes de leur fournir plus de gaz, avec un débit réduit à 20% de la moyenne. Si les Allemands rouvraient Nord Stream 2, le prix du gaz baisserait drastiquement, ce qui réduirait les revenus des Russes provenant d'une augmentation du prix du gaz. Selon M. Kiszelly, les Allemands cèdent à la pression des Américains pour fermer Nord Stream 2 parce qu'ils ont plus peur des Américains que des Russes.

Il a également fait référence au plan "Fit for 55" de la Commission européenne, qui vise à réduire les émissions de carbone de 55% d'ici 2030. Ce plan pourrait avoir un impact dramatique sur les entreprises européennes, et la situation actuelle concernant les combustibles fossiles comme le charbon illustre la situation difficile dans laquelle l'Europe s'est placée. Kiszelly souligne que les Polonais, les Tchèques et les Allemands tentent de remplacer le charbon russe par du charbon colombien, sud-américain et australien expédié depuis l'autre bout du monde, ce qui augmente les émissions de carbone en cours de route.

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En contrepartie, l'Afrique produit également de plus en plus de pétrole et de gaz, ce qui augmentera l'importance du continent pour la sécurité énergétique de l'Europe. Cela peut aider temporairement, mais étant donné que la Commission européenne prévoit d'éliminer complètement les énergies fossiles d'ici 2050 au plus tard, ce n'est pas un modèle durable et les Africains ne peuvent pas compter dessus à long terme. C'est aussi ce que disent les Qataris et les Norvégiens. Ainsi, Scholz s'est récemment rendu en Norvège pour discuter avec les Norvégiens de l'exploitation de nouveaux gisements de gaz en mer du Nord, mais la Norvège souhaite atteindre la neutralité climatique dès 2030, ce qui est donc une exigence irréaliste.

Les solutions proposées pour installer davantage de raffineries de pétrole et de terminaux GNL sont également problématiques. Avant de pouvoir rentabiliser les investissements dans de tels projets de construction gigantesques, les pays de l'UE doivent cesser d'importer de grandes quantités de pétrole et de gaz afin de réaliser la transition verte.

Néanmoins, les capacités sont déjà engagées et les Norvégiens ne peuvent pas produire plus, tandis que les Arabes et l'OPEP+ ne veulent augmenter la production que de manière minimale afin de maintenir les prix de l'énergie à un niveau élevé, sachant qu'ils ne pourront plus vendre autant d'ici 10 à 15 ans. Selon Kiszelly, il est même logique pour eux de maximiser leurs profits maintenant, alors que les Européens sont dans l'urgence.

Comparer la Chine et la Russie - Le pouvoir de l'idéologie ou le pouvoir du nihilisme?

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Comparer la Chine et la Russie - Le pouvoir de l'idéologie ou le pouvoir du nihilisme?

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/08/13/kiina-ja-venaja-vertailussa-ideologian-vai-nihilismin-valta/

Comme nous le rappelait Branko Milanović, économiste serbo-américain, en janvier 2013, Xi Jinping, secrétaire général du Parti communiste chinois, président de la République populaire de Chine et président de la Commission militaire centrale, a prononcé un discours intéressant devant les membres du Comité central du Parti (traduction anglaise ici: https://redsails.org/regarding-swcc-construction/).

Le discours a été évoqué en Occident pendant des années par la suite, notamment dans le contexte de la volonté d'épouvanter en permanence en évoquant l'autoritarisme du régime chinois et de la décision de Xi d'éradiquer de la Chine ce qu'il appelle le "nihilisme historique", un courant corrosif qui pourrait menacer la vitalité du Parti et les intérêts nationaux.

Dans son discours, Xi remet en question les doutes des commentateurs nationaux et étrangers quant à savoir si la voie de la Chine est encore socialiste. Certains ont appelé le modèle actuel de la Chine "capitalisme social", d'autres "capitalisme d'État" ou "capitalisme technocratique". Selon Xi, ce sont toutes des interprétations complètement erronées.

Le "socialisme aux caractéristiques chinoises" reste fidèle à l'idée, par laquelle Xi signifie que, malgré les réformes, le régime chinois s'en tient au socialisme, à sa théorie, à son système et aux objectifs fixés par le Congrès national du Parti.

Il s'agit notamment de "la construction d'une économie de marché socialiste, d'une politique socialiste-démocratique, d'une culture socialiste avancée, d'une harmonie civile et écologique socialiste, du développement humain, de la réalisation progressive d'une prospérité commune pour tous les peuples, d'un État moderne socialiste riche, fort, démocratique et harmonieux, sous la direction du Parti communiste".

Parmi les autres points notables du discours de Xi, citons son interprétation de la fin de l'Union soviétique et son insistance sur l'importance de l'idéologie. Sans une base idéologique solide, un gouvernement d'État instable commettra des erreurs désastreuses, qui pourraient même conduire à l'effondrement. C'est ce qui est arrivé à l'ancienne superpuissance du socialisme, l'Union soviétique, qui a officiellement cessé d'exister le 25 décembre 1991.

Pour Xi, la cause de l'effondrement de l'Union soviétique et de la disparition de son parti communiste est le "nihilisme idéologique": les classes dirigeantes ne croyaient plus aux avantages et à la valeur du système, mais n'avaient pas d'autres coordonnées idéologiques dans lesquelles inscrire leur pensée.

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Pourquoi l'Union soviétique et son parti communiste se sont-ils effondrés ? Le rejet complet de l'expérience historique soviétique, le rejet de l'histoire du parti et le rejet de Lénine et de Staline ont plongé l'idéologie soviétique dans le chaos et le nihilisme historique que Xi craint.

Elle a rendu les organisations du parti à tous les niveaux presque inopérantes. Elle a privé le parti de son leadership sur l'armée. Finalement, le parti communiste soviétique - aussi grand qu'il ait été - a éclaté, entraînant avec lui la fédération socialiste.

Le manque de confiance dans le système était dû à l'échec de l'Union soviétique dans la vie économique et à son incapacité à créer un système de prise de décision participatif qui aurait séduit ou aurait été acceptable pour la majorité de la population. Les racines de l'effondrement étaient donc à la fois économiques et idéologiques.

Le président chinois Xi affirme que lorsqu'un parti perd le contrôle idéologique et est incapable de fournir une explication satisfaisante de sa propre gouvernance, de ses objectifs et de ses buts, il s'effondre en un parti d'individus aux liens lâches, unis uniquement par des ambitions personnelles, des aspirations à la richesse et au pouvoir.

Le parti est alors dominé par le "nihilisme idéologique". Le pire résultat - que Xi crain pour la Chine - est que le pays soit pris en charge par des personnes qui n'ont aucune idéologie, mais un désir totalement cynique et égoïste de régner. C'est ce qui s'est passé en Russie dans les années 1990, où les "nihilistes idéologiques" du KGB ont pris le contrôle du pays, avec l'aide des Américains.

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Les nihilistes idéologiques du KGB étaient considérés à l'Ouest comme de meilleurs gouvernants que les communistes, qui avaient plus de principes. John Lewis Gaddis, le cynique historien américain de la guerre froide, dans The Cold War : A New History, considérait Lavrenti Beria comme "le seul dirigeant soviétique digne d'éloges avant Gorbatchev" parce que Beria était "totalement impartial sur le plan idéologique et prêt à servir n'importe quel régime tant qu'il restait lui-même en piste".

Dans les derniers jours de l'Union soviétique, les membres du KGB étaient considérés comme les seuls à pouvoir maintenir un certain ordre et faire tourner les roues de l'économie. C'est pourquoi le chef du KGB, Youri Andropov, a été élu secrétaire général du parti communiste - un renversement total de la soumission traditionnelle de l'appareil de renseignement au parti.

La dépendance à l'égard des services de renseignement s'est répétée dans les dernières années du gouvernement d'Eltsine, lorsque quatre de ses cinq premiers ministres avaient des liens avec le KGB (il s'agissait de Primakov, Stepashin, Kirienko et enfin Poutine). Le vide intellectuel a permis l'ascension au pouvoir de pragmatiques sans principes, que Xi décrit comme des "nihilistes idéologiques".

Sous Poutine, le vide idéologique a été comblé par le nationalisme et l'orthodoxie conservateurs - sans oublier l'islam domestique, le judaïsme et le bouddhisme. Poutine a également critiqué la culture politiquement extrémiste du déni du réel et du libéralisme débridé de l'Occident, mais la politique économique de la Russie contemporaine est toujours capitaliste, et non socialiste.

L'accent superficiel mis sur les caractéristiques externes du pouvoir de l'État conduit de nombreux commentateurs politiques occidentaux à parler de l'"autocratie" de Xi et de Poutine, comme s'ils étaient exactement de la même espèce. Le discours de Xi montre que les dirigeants de la Chine et de la Russie contemporaine ne sont pas si semblables.

La différence entre les administrations d'État chinoise et russe est que la Chine a cherché à préserver le pouvoir hégémonique de l'idéologie communiste et à contrôler ainsi les différents organes du pouvoir (tels que l'armée et la police), tandis qu'en Russie, l'idéologie politique a été remplacée par le pragmatisme et la géopolitique du pouvoir (bien sûr, l'administration d'État avec ses différentes branches du pouvoir contrôle toujours les différents organes de la société).

Les commentateurs enthousiastes de la chute de l'Union soviétique aimaient à penser que la fin du communisme entraînerait l'épanouissement de la démocratie libérale partout. Cependant, l'exportation américaine, la démocratie fumeuse et impérialiste, n'a conduit qu'à ce que Xi décrit comme un "nihilisme idéologique" et une politique de pouvoir qui a consolidé le pouvoir de l'oligarchie, sans aucun égard pour le peuple.

Le président chinois est, à mon avis, quelque peu correct dans ses affirmations. S'il n'y a pas de recherche systématique d'une société meilleure et de tentative d'élever le niveau de vie de la population, il ne reste que l'intérêt personnel de la classe dirigeante et une politique opportuniste et à courte vue qui mènera tôt ou tard le pays à la ruine.

La Russie aussi a besoin d'une idéologie d'État viable, mais les pragmatiques des groupes de pouvoir ne peuvent pas en créer une (parce qu'ils ne croient pas aux idéologies ?). Si, après Poutine, la Russie est dirigée par quelqu'un comme l'actuel premier ministre, le technocrate Mikhail Mishustin, le "nihilisme idéologique" qui a conduit à l'effondrement de l'Union soviétique se poursuivra.

Si la montée en puissance de la Chine n'est pas inversée et que le socialisme devient un contrepoids politique globalement attrayant au libéralisme toxique de l'Occident, peut-être les communistes pourront-ils jouer un plus grand rôle dans le futur gouvernement russe ? Un mélange russe de socialisme et de nationalisme pourrait mieux fonctionner dans une grande puissance qu'une imitation du libéralisme économique occidental.

Les communistes russes marquent également des points, du moins à mes yeux, car ils ont résisté au fascisme sanitaire de ces dernières années, contrairement au parti au pouvoir, Russie Unie, qui ressemble à une coalition. Il serait souhaitable que la Chine abandonne elle aussi sa stratégie de taux d'intérêt zéro, mais il se peut que des besoins de politique étrangère et de sécurité se cachent derrière ce plan d'action et soient tenus secrets pour le public.

S'il avait le choix, dans la crise mondiale actuelle, le monde préférerait avoir une idéologie socialiste nationaliste plus axée sur le peuple qu'un nihilisme libéral-capitaliste et technocratique dont les objectifs ne font que promouvoir la tyrannie socio-économique d'une petite puissance supranationale.

Pologne: l'"idée piastienne" et la nouvelle géopolitique

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Pologne: l'"idée piastienne" et la nouvelle géopolitique

Aleksandr Bovdunov

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/polonia-la-gestalt-della-pista-e-la-nuova-geopolitica

Il est traditionnellement admis de diviser la conception que se fait la Pologne de sa mission géopolitique en deux directions: l'idée jagellonienne et l'idée piastienne. Chacune fait référence à deux époques de l'histoire polonaise et à deux dynasties : les Piast, qui ont fondé l'État polonais et mené une politique étrangère active à l'Ouest (Allemagne, République tchèque et Hongrie), et les Jagellon, qui ont uni la Pologne à la Lituanie, déplaçant le centre de gravité de la politique étrangère polonaise vers l'Est.

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La géopolitique jagellonienne voit la Pologne comme la protectrice du monde chrétien occidental contre la Russie; la Pologne comme la puissance porteuse d'une mission de promotion de la civilisation occidentale à l'Est. Il s'agit d'une référence symbolique à l'époque de la Rzeczpospolita, à l'héritage géopolitique et idéologique de Pilsudski (le national-conservatisme), au sarmatisme, à la noblesse, aux concepts d'"Inter-mer" (ou Intermarium) et de "Prométhéisme", à l'ULB (Ukraine, Lituanie, Belarus) de Giedroyc-Meroszewski. Telle est la géopolitique contemporaine de la Pologne.

En revanche, l'idée piastienne a toujours été caractérisée par l'accent mis sur la confrontation avec l'Ouest germanique. Le paradigme piastien était caractéristique de Roman Dmowski et des nationaux-démocrates, les adversaires "de droite" de Piłsudski. Les nationalistes et les nationaux-démocrates (symbole de l'"épée des braves") et les partis paysans ("Parti paysan polonais Piast") se sont logiquement tournés vers des symboles faisant référence à l'ancienne ère Piast.

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D'une part, le Piast est devenu un symbole d'authenticité, de "polonité" (c'est pourquoi à l'époque de Rzeczpospolita, un candidat au trône royal était appelé Piast, et ne pouvait être d'origine étrangère). D'autre part, la référence à l'héritage des Piast est devenue à la fois un symbole de lien avec la terre et une dimension paysanne, en partie opposée à la dimension "noble" et "jagellonienne" du nationalisme polonais, que les paysans considéraient avec suspicion. Il n'est pas surprenant, comme l'a souligné le premier Premier ministre de la Pologne indépendante Witos Wincenty, fondateur du parti Piast, qu'en 1918 les paysans appréhendent la reconstitution de l'État polonais, craignant le retour des anciens ordres féodaux [1]. En particulier, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Wincenty (photo, ci-dessous) est devenu l'un des vice-présidents de la Krajowa Rada Narodowa, le gouvernement pro-soviétique de Pologne, qui a entrepris en 1944 une vaste réforme agraire qui a éliminé les derniers vestiges de "panchyna" [2] sur les terres polonaises.

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Les communistes polonais, chez qui - contrairement à bon nombre de leurs frères du Komintern - le nationalisme de gauche était traditionnellement fort, ont commencé, une fois au pouvoir, à construire un socialisme avec un "visage Panchyna", et pas seulement polonais. Les références symboliques à l'ère piastienne et non jagellonienne impliquaient un appel au peuple et aux paysans, un retranchement ethnique (au lieu du fédéralisme multiethnique du Commonwealth polono-lituanien), mais aussi une politique étrangère anti-occidentale en bloc avec l'URSS, justifiant même le déplacement des frontières de la Pologne vers l'ouest comme un retour à "l'héritage piastien".

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Selon l'historien polonais Adam Zamoyski, le régime "se présentait comme une version socialiste du royaume médiéval des Piast" [3]. L'invocation symbolique de l'héritage des Piast a eu lieu à tous les niveaux: de la mise en évidence dans les documents officiels que le blason polonais est "l'aigle des Piast" aux affiches de propagande montrant d'anciens rois slaves attendant avec impatience des conquêtes territoriales à l'Ouest. La création de l'Organisation du Pacte de Varsovie pour contrer l'Occident, où la Pologne était la deuxième puissance militaire après l'URSS, peut être considérée comme le point culminant de la géopolitique "piastienne" de la Pologne au 20ème siècle.

Le discours historique officiel contemporain en Pologne a tendance à négliger à la fois le caractère nationaliste de gauche du NPD dans les premières années de son existence et après le retour au pouvoir de Vladislav Gomulka en 1956, et le soutien massif à la réforme paysanne menée par les communistes eux-mêmes.

Les répressions et l'implication des organes de sécurité de l'État soviétique, le mécontentement de masse à l'égard de la tutelle militaire soviétique, la nature aliénée de l'idéologie marxiste - tout cela contribue à la diabolisation de l'héritage et de l'expérience du NPD dans la Pologne contemporaine, et dans une large mesure, c'est ce qui a causé le déclin du NPD en tant que projet "national-bolchevique" distinctif.

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Dans le même temps, les aspects géopolitiques, sociaux et historiographiques de la recréation du "royaume des Piast" en une enveloppe socialiste témoignent de manière convaincante que cette forme s'est opposée à l'orthodoxie communiste à bien des égards et est devenue l'expression des tendances sociales et politiques internes de la Pologne, notamment celles qui s'opposaient à la Pologne "jagellonienne" de Piłsudski. Cela peut expliquer la collaboration avec les communistes de Witos Wincenty ou de Bolesław Piasecki, leader du mouvement national conservateur-révolutionnaire Falanga, qui est devenu le chef de l'association catholique PAX dans la nouvelle Pologne [4]. Parmi les autres leaders du camp national-démocratique, qui ont soutenu une série de transformations dans la nouvelle Pologne, on trouve l'écrivain Wladyslaw Grabski (fils du premier ministre polonais) et le collaborateur de Roman Dmowski, l'historien Stanisław Kozicki.

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Un exemple intéressant et tragique est le destin d'une autre figure de proue de la démocratie nationale, Adam Doboszynski (photo, ci-dessus). Adversaire catégorique du bolchevisme et du marxisme, il retourne en Pologne en 1947. N'acceptant pas le régime communiste, il a cherché à établir des liens avec la clandestinité armée, essayant de prouver que l'Occident capitaliste ne viendrait pas en aide aux nationalistes polonais. Doboszynski, tout en rejetant l'idéologie communiste, a fait l'éloge du déplacement des frontières vers l'ouest et de la nationalisation des entreprises et a affirmé que les changements économiques et surtout la réforme agraire des communistes "représentaient un pas vers un ordre chrétien, et non pas vers le marxisme" [5].

Doboshinsky, dans son livre inachevé Halfway Through, a noté que "ni la victoire du capitalisme de connivence américain ni le marxisme totalitaire des Soviétiques" dans la guerre froide en cours n'amèneraient l'humanité à un remède. Au contraire, selon lui, le développement rapide de la technologie et la chute des valeurs religieuses et morales annonçaient un "scénario apocalyptique" d'où émergerait, après une succession de guerres et de catastrophes, une nouvelle humanité.

Pour la Pologne, il voyait le salut dans le fait de s'appuyer sur le catholicisme, en prônant un renouveau intellectuel (néo-thomiste) et spirituel de la foi et la construction d'un nouveau système politique, social et économique basé sur les valeurs chrétiennes et une large autonomie populaire. Cependant, Doboszynski a laissé en héritage l'idée de ne pas rejeter tout l'héritage de l'époque du socialisme, de préserver ce qui correspond à l'esprit anticapitaliste chrétien et d'essayer de changer le système socialiste de l'intérieur.

En 1949, Adam Doboszynski a été exécuté à Varsovie. Après la chute du socialisme, sa volonté n'a pas été accomplie. La Pologne a suivi la voie de la transformation par le marché et de la "thérapie de choc" dans l'esprit néo-libéral.

La position et le parcours de vie d'Adam D o b o s h i n, et de quelques autres nationaux-démocrates polonais d'après-guerre, sont similaires à ceux des Eurasistes russes et des nationaux-bolcheviks qui l'ont précédé de deux décennies. Ils étaient tout aussi clairement opposés à l'idéologie du marxisme, mais pensaient que de nombreuses transformations anti-bourgeoises en Russie soviétique pouvaient servir la cause du renouveau national. À l'instar de Doboszynski, de nombreux Eurasistes et l'idéologue national-bolchevique Nikolai Ustryalov (photo, ci-dssous) ont visité l'URSS et parié sur des changements internes du système ou sur le fait qu'il soit travaillé souterrainement par des groupes patriotiques de l'intérieur. Comme Ustryalov, Doboshinsky a payé de sa vie son retour dans sa patrie.

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D'une part, la répression ou la marginalisation des partisans du "bolchevisme national" dans le socialisme réel peut servir d'argument pour l'échec de leurs projets et l'incapacité du système marxiste à renaître fondamentalement dans un esprit néo-national. D'autre part, leur présence même, ainsi que les caractéristiques "narodniki" et hétérodoxes du socialisme réel, ne nous permettent pas de considérer ce phénomène comme accidentel ou sans importance.

Dans le cas polonais, où les références symboliques des nationalistes à la composante populaire du PRP officiel et des forces paysannes à l'idée "Piast" combinent organiquement la géopolitique continentale, l'anti-bourgeoisie, l'autochtonie, l'authenticité, l'appel à l'horizon paysan et la dimension populaire slave de l'identité polonaise, nous pouvons parler non seulement d'un symbole, mais aussi d'une "Gestalt Piast".

Dans ce cas, le terme "Gestalt" est compris dans le sens le plus général de ce terme de langue germanique comme une structure intégrale, qui ne dérive pas de ses composants constitutifs, mais les précède, se tient derrière eux. Une Gestalt n'est pas une unité construite artificiellement, mais une totalité trouvée qui s'exprime dans le contexte de diverses idéologies, transparaissant à travers les actions, les déclarations et la pensée des individus.

La "Gestalt Piast" - avec la figure du roi laboureur slave et solaire, fondateur de la première dynastie historique des rois polonais - est cette dimension de l'identité polonaise dont le seul attrait peut développer une compréhension du rôle et de l'avenir géopolitique de la Pologne différente de celle qui lui est actuellement offerte.

Ceci est extrêmement important pour la Russie dans les circonstances historiques actuelles, alors que la Pologne est devenue l'un des bastions les plus importants de l'atlantisme et de la russophobie, alors que c'est à travers la Pologne que le régime de Kiev, en opposition, à la Russie est largement soutenu. Cependant, les Russes et les Polonais devront finalement trouver un langage commun et coexister d'une manière ou d'une autre dans l'espace eurasien. L'idéologie pseudo-conservatrice actuelle du parti polonais au pouvoir, Droit et Justice, ne suggère pas du tout une telle coexistence, ce qui conduit Varsovie, si ce n'est à un suicide géopolitique, à une crise grave. Une alternative peut être trouvée si l'on dépasse les clichés historiographiques de l'inimitié permanente et que l'on se tourne vers les idées, les figures et les symboles associés à la Gestalt Piast.

Aborder la Gestalt Piast comme une unité sémantique dans laquelle se révèlent la géopolitique, l'idéologie et l'historiographie est un geste révolutionnaire car il exige un refus de considérer la géopolitique polonaise contemporaine et la tradition nationale-romantique qui la sous-tend comme un impératif normatif ou évident. Mais il s'agit également d'un geste résolument conservateur, car il implique d'aborder les aspects les plus anciens et les plus profonds de l'identité slave polonaise.

L'unité commune slave et chrétienne, les traditions de démocratie et d'autogestion des peuples slaves, l'appel à l'horizon paysan sont également des domaines de recherche importants dans l'analyse géosophique et noologique [6]. Ils peuvent aussi être spécifiquement liés à la Gestalt Piast.

Le développement et la compréhension de la Gestalt Piast pourraient également devenir une composante importante du dialogue et de la recherche polono-russes dans l'esprit de la Quatrième théorie politique [7]. Du côté russe, ce sujet requiert une extrême sensibilité, une compréhension du contexte polonais, de l'empathie et du respect pour l'interlocuteur, ainsi que le rejet des clichés idéologiques soviétiques et post-soviétiques.

Au lieu d'agir comme un instrument obéissant de l'Occident euro-atlantique dans sa lutte contre la Russie et de tenter de venger les torts et les défaites du passé, en promouvant finalement à l'Est des valeurs incompatibles avec la dimension folciste (narodniki, völkisch) chrétienne-catholique ou pré-chrétienne de l'identité polonaise, Varsovie pourrait devenir un bastion de la tradition. Le véritable défi à la polonité aujourd'hui ne vient pas de l'Est, mais de l'Ouest déchristianisé. Mais cela nécessite également de repenser la composante sarmate et noble de l'idée nationale polonaise, qui est l'apanage des Polonais eux-mêmes.

Pour en savoir plus sur la géopolitique des relations polono-russes, voir le livre d'A.L. Bovdunov intitulé "The Great Eastern Europe : Geopolitics". Géosophie. Le troisième traditionalisme".

Notes:

[1] Alors comment les paysans sont-ils devenus des Polonais ?. URL: https://whereispoland.com/en/who-was-polish/7

[2] Миколай Глиньский. Колониализм по-польски, или длинная тень панщины URL : https://culture.pl/ru/article/kolonializm-po-polski-ili-dlinnaya-ten-panshchiny

[3] Kozdra, J. R. (2017). "Quelle sorte de communistes êtes-vous ?" La lutte entre le nationalisme et l'idéologie en Pologne entre 1944 et 1956. https://ro.ecu.edu.au/theses/1955.

[4] Engelgard. J. Bolesław Piasecki 1939-1956. Wydawnictwo Myśl Polska, Warszawa 2015.

[5] Doboszyński А. W pół drogi cz. III. URL : https://dzienniknarodowy.pl/adam-doboszynski-pol-drogi-cz-iii/.

[6] Дугин А.Г. Номахия : войны ума. Восточная Европа. Il n'y a pas d'autre solution que d'aller à l'école pour les enfants. - М. : Академический проект, 2018.

[7] Дугин А.Г. Четвёртая политическая теория. М.:2009, Дугин А.Г. Четвертый Путь. Введение в Четвертую Политическую Теорию. М. : 2014.

 

vendredi, 19 août 2022

Tous sous le parapluie de l'OTAN, exposés au déluge universel

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Tous sous le parapluie de l'OTAN, exposés au déluge universel

par Marcello Veneziani

Source : Marcello Veneziani & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/tutti-sotto-l-ombrello-della-nato

La lutte électorale en Italie s'annonce comme une course pour savoir qui est le plus aligné sur l'OTAN et qui est le plus tourné vers l'Atlantique, à genoux comme vers la Mecque : droite et gauche, centre gauche et centre droit se disputent l'uniforme et la livrée de ses soldats ou de ses grooms, sans la moindre dissidence, distinction ou retenue. Et pourtant, si nous devions juger à la lumière de nos intérêts géopolitiques et stratégiques réels, les expériences historiques de ces dernières années, les effets de certaines positions récentes de l'OTAN, les profils très modestes des dirigeants occidentaux, les cultures qui inspirent le soi-disant modèle euro-atlantique, et enfin l'opinion publique italienne et européenne elle-même, qui est tout sauf favorable à cet enracinement, il y aurait énormément de place pour remettre en question l'aplatissement militaire et militant devant les ukases de l'OTAN, sans si et sans mais, dont font montre la politique et les pouvoirs qui l'animent. On ne peut pas non plus accorder le moindre crédit à la ligne grilliste de Conte, qui, en tant que premier ministre, s'est couché comme un paillasson devant les puissances euro-atlantiques et qui cherche maintenant à embobiner les récalcitrants.

Commençons par l'argument le plus fort en faveur de la ligne pro-OTAN : les menaces chinoise et russe et le danger islamique ne nous permettent pas de "baisser la garde" (une expression obsessionnelle, héritée de la pandémie, qui nous réduit à des chiens de garde ou à des gardes permanents par des agents médicaux et de sécurité). Je ne sais pas dans quelle mesure le parapluie de l'OTAN nous protège de ces menaces et dans quelle mesure il nous y expose. Si le parapluie de l'OTAN nous a protégés des dangers et des guerres, dans combien de dangers et combien de guerres nous a-t-il entraînés ces dernières années ? Les tensions avec le monde islamique, l'infiltration dans les soulèvements des pays arabes, l'éternelle crise palestinienne, l'implication dans de malheureuses aventures guerrières, même près de nous, de la Serbie et du Kosovo à la Libye, maintenant les tensions avec la Russie, la Chine et la moitié du monde asiatique... Combien de haine envers l'Occident et envers nous avons-nous accumulé avec l'interventionnisme militaire de l'OTAN, en suivant servilement les politiques musclées et hégémoniques des États-Unis ?

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Depuis longtemps, nous subissons les effets dramatiques des interventions militaires de l'OTAN dans le monde : en termes de flux migratoires incontrôlés et d'islamisation croissante et de haine anti-occidentale, mais aussi en termes de crises économiques et sociales et d'approvisionnement en énergie, d'entreprises militaires coûteuses et de détournement de ressources pour faire face aux effets des politiques interventionnistes dans tant de régions du monde. De plus, cette ligne ne sert même pas à étendre l'influence de notre civilisation et de ses traditions: au contraire, partout où l'on arrive avec la force des armes, des réactions opposées se déclenchent, des traditions, des coutumes, des attitudes et des religions antithétiques à l'Occident sont redécouvertes dans une fonction antagoniste. Avec l'OTAN, la civilisation occidentale n'est pas protégée, mais les biens, la technologie et la liberté sont exportés sous une forme ou une autre de nihilisme. Et autant nous sommes aplatis par l'OTAN, autant nous avons honte de nos racines occidentales. Pas la Kultur mais la Zivilisation, comme l'ont dit Thomas Mann et plus tard Oswald Spengler ; c'est-à-dire l'expansion de notre mode de vie et de nos moyens économiques et technologiques, mais sans une culture nourrie par un fondement civil, moral et religieux.

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L'OTAN a pu avoir du sens lorsqu'il y avait une bipolarité mondiale entre deux superpuissances, les États-Unis et l'URSS ; et elle avait un sens lorsque la mondialisation coïncidait avec l'occidentalisation du monde. Mais depuis quelque temps, ce scénario a changé. Les superpuissances mondiales ont été contournées et entourées par d'autres puissances hégémoniques comme la Chine et des superpuissances technologiques et démographiques comme l'Inde, par de grands pays non alignés comme l'Iran, le Brésil, l'Afrique du Sud, et par des poudrières ingouvernables comme l'Afrique, l'Amérique du Sud et l'Asie du Sud-Est. Sans un Roi du Monde, une Puissance Universelle, aucun Empire du Bien et aucune alliance militaire ne peut s'ériger en gardien, arbitre et dépositaire du monde, sauf au prix de conflits douloureux, coalisant le ressentiment de tous contre l'Occident. Cela est confirmé par les effets de la position de l'OTAN et des États-Unis en Ukraine.

Dans ce contexte, il serait beaucoup plus profitable pour l'Europe de se désengager de cette logique de l'Occident contre le reste du monde, et d'esquisser sa propre politique étrangère autonome de confrontation avec le monde au-delà de l'Occident, qui comprend également l'endiguement des visées hégémoniques ou expansionnistes des autres et aussi un "protectionnisme" intelligent de notre économie par rapport aux invasions inconsidérées des biens et des technologies des autres. Trump avait deviné la même chose lorsqu'il a essayé de désengager les États-Unis de leur rôle de gendarme du monde, il n'a pas initié de guerres et de bombardements, il a même traité avec des dictateurs individuels et des puissances mondiales avec un visage dur, mais sans s'arroger le rôle d'empereur du monde. Lui, qui était si enthousiaste, avait les pieds sur terre à cet égard, bien plus que son prédécesseur et que son calamiteux successeur. Les mobilisations armées servent non seulement à exercer un impérialisme moral sur le monde, mais aussi à polariser le consensus en faveur des présidents en exercice, et à disposer des besoins de l'industrie de guerre.

L'autre folie de l'Occident dirigé par l'OTAN est de s'aventurer dans ce genre de guerre semi-froide avec l'Asie russo-chinoise sans leadership ferme, clairvoyant et unifié. La précaire administration Biden est incapable de tenir le fort de l'Occident ; l'Europe n'est plus celle de Kohl et de Mitterrand, mais pas non plus celle de Merkel ; l'Angleterre, depuis qu'elle a perdu Boris Johnson, est sans leadership. Si vous appelez l'Occident, qui répond? Seulement les dirigeants de l'OTAN ?

En bref, si c'est le parapluie qui doit nous protéger, nous sommes exposés au déluge universel. Mais dans la campagne électorale italienne actuelle, tout le monde joue des fanfares pour l'OTAN et jure fidélité éternelle à la Mecque de l'Atlantique...

Etats-Unis: la folie de répéter les mêmes erreurs encore et encore

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Etats-Unis: la folie de répéter les mêmes erreurs encore et encore

Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/57287/usa-la-follia-di-ripetere-sempre-gli-stessi-errori

"L'hégémonie américaine est toujours vivante. Et les spécialistes des soins intensifs tentent toujours de réanimer le patient moribond. Sa famille et ses amis disent qu'il lutte toujours. Cependant, les fossoyeurs de cet ordre à l'agonie sont déjà arrivés et se trouvent juste derrière la porte : l'un s'appelle Russie et l'autre Chine". C'est ainsi que commence un article amusant, mais toutefois très intelligent, de Jim Fitzgerald dans Antiwar, dont nous citons de larges extraits.

La Force vous rendra libre

Comme l'a observé John Mearsheimer, écrit Fitzgerald, le moment unipolaire qui a suivi la chute de l'ancienne Union soviétique a été une période absolument unique dans l'histoire. À ce moment-là, et pour les 30 années suivantes, l'Amérique était la seule superpuissance encore debout. La vision de Thomas Woodrow Wilson de démocratiser le monde s'est avérée une tentation irrésistible pour les élites guidant la politique étrangère occidentale. Les évangélistes de ce nouvel ordre mondial ont donc entrepris de répandre la démocratie dans toute l'Asie orientale, l'Europe de l'Est, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord".

"Ils ont utilisé l'architecture basée sur les institutions nées pendant la guerre froide (l'ONU, l'OTAN, l'Union européenne, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l'Organisation mondiale du commerce) pour diffuser les valeurs libérales et 'associer tout le monde au capitalisme'."

"Aveuglés par leur propre idéalisme, ils ne pouvaient pas imaginer que quelqu'un puisse refuser une offre aussi généreuse. Après tout, comme le président George W. Bush s'en est souvent vanté, "la liberté est dans le cœur de chaque individu". En d'autres termes, si l'occasion lui était offerte, chacun choisirait naturellement d'être libre. Cette idée est un écho au dicton du président Wilson : "Le monde doit être rendu sûr par la démocratie [c'est moi qui souligne]".

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"La doctrine Wilson, cependant, doit être interprétée à la lumière du penseur français Jean-Jacques Rousseau. Rousseau affirmait que "l'homme naissait libre, mais que partout il était enchaîné". Cependant, pour Rousseau, la condition humaine est telle que les hommes ne sont pas toujours conscients de ce qui est bon pour eux. Par conséquent, ils doivent être forcés à être libres par d'autres qui savent mieux qu'eux. Comme le disait Rousseau, "Celui qui refuse d'obéir à la volonté générale, y sera contraint par tout le corps ; cela signifie simplement qu'il sera forcé d'être libre".

"Aucune phrase plus précise n'a jamais été écrite pour décrire l'essence de la politique étrangère américaine de l'après-guerre froide. L'Amérique s'est constamment consacrée à la mission violente de forcer les hommes à être libres; pourtant, ils restent enchaînés".

L'Amérique de la guerre et du gouvernement

"Il suffit de regarder l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, le Yémen et l'Iran pour constater les échecs de la politique étrangère américaine. De plus, les élites qui dirigent la politique étrangère américaine semblent paradoxalement enhardies par leurs échecs car elles tentent les mêmes politiques usées en Ukraine et à Taiwan."

"La visite de la vice-présidente Pelosi à Taïwan et la lettre de Mitch McConnell et de 25 autres sénateurs en faveur de son initiative sont le dernier exemple en date de la politique basée sur la provocation inhérente à l'ordre libéral."

"Il devrait être évident pour quiconque prête attention qu'au lieu de prévenir les guerres, l'hégémonie américaine en crée là où il n'y en a pas. En effet, l'Amérique a été en guerre tout au long de l'ère unipolaire, et Pelosi, et d'autres avec elle, semblent vouloir encore provoquer une autre guerre."

"Mais les choses changent et changent vite. La Russie n'est plus la nation faible et anémique qu'elle était il y a 30 ans, et la Chine n'est plus le pays pauvre qu'elle était après la Seconde Guerre mondiale. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a alerté le projet hégémonique américain et dévoilé les objectifs expansionnistes d'institutions comme l'OTAN".

"C'est pourquoi presque tous les responsables politiques étrangers en poste à Washington, les dirigeants des institutions internationales et les groupes de réflexion deviennent apoplectiques. Leur ordre s'effondre et leurs décisions et actions semblent être dictées par le désespoir."

"Malheureusement, il n'y a aucun signe que ces politiciens soient prêts à changer de cap. Ils sont des exemples vivants de la définition de la folie d'Einstein : "Faire la même chose encore et encore et s'attendre à des résultats différents". Ils semblent totalement incapables de sortir d'un état d'esprit qui, en termes de politique étrangère, a déjà fait son temps".

Fitzgerald conclut donc en expliquant que la seule issue est de revenir à une politique étrangère basée sur le réalisme dans le cadre d'un équilibre des forces entre les puissances.

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Kissinger, la diversité des valeurs et le sens des limites

Dans une interview récente, Kissinger expose les deux règles de base d'un tel réalisme. Premièrement, "l'acceptation de la légitimité de valeurs parfois contradictoires. En fait, si vous croyez que le but ultime de toutes vos actions doit être l'imposition de vos valeurs, alors l'équilibre, à mon avis, devient impossible". Règle d'or très peu respectée.

L'autre règle "est l'équilibre dans le comportement, ce qui signifie qu'il y a des limites à l'exercice de ses compétences et de son pouvoir par rapport à ce qui est indispensable à l'équilibre général". Un tel sens des limites est hors de l'horizon de la politique étrangère américaine, une conséquence de l'illusion de toute-puissance qui a suivi l'effondrement de l'Union soviétique.

L'ébranlement des certitudes antérieures conduit l'Amérique à agir à l'instinct, poursuit Kissinger, sans vision stratégique ; cela amène le monde au bord d'une guerre avec la Russie et la Chine "sur des questions que nous avons en partie créées nous-mêmes, sans idée claire de la façon dont cela va se terminer".

Une situation d'autant plus difficile que le fondement du dialogue, outil indispensable à la recherche de compromis, a été perdu. En fait, explique Kissinger, les Américains voient "les négociations en termes missionnaires [...] en essayant de convertir ou de condamner leurs interlocuteurs au lieu d'approfondir et de comprendre leur mentalité".

Une leçon politique qui explique parfaitement la folie et les risques du moment.

jeudi, 18 août 2022

Nouvelle géopolitique, créer le G10 + 2

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Nouvelle géopolitique, créer le G10 + 2

Rodolfo Sanchez Mena

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/nueva-geopolitica-crear-g102

Nous allons analyser d'un point de vue géopolitique la création du G10 qui regrouperait le Mexique, le Brésil, l'Indonésie, la Turquie, l'Inde et l'Iran, l'Argentine, le Venezuela, l'Afrique du Sud, le Nigeria + la Chine-Russie.

Le changement géopolitique que connaît le monde prendrait une nouvelle physionomie avec la création du G10+2 avec les pays non alignés et le Sud global, alliés à la Chine et à la Russie, afin de multiplier le potentiel des puissances intermédiaires et avec cette constellation réaliser un nouveau monde où règneront la paix, la prospérité et le bien-être des peuples du monde.

Le G10+2 rassemble des puissances moyennes d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique. Elle possède la plupart des ressources stratégiques du monde. Pour l'essentiel, les membres du G10+2 ont développé une culture très riche, avec une tradition d'humanisme et de solidarité. Ils disposent d'énergie, de mines, de ressources alimentaires, d'eau, pour les transformer en bien-être et en richesse généralisés afin de libérer les êtres humains de l'esclavage du travail salarié. La création du G-10+2, avec la Chine et la Russie, consoliderait le monde multipolaire, ce serait la fin du monde unipolaire et de sa stratégie de domination néolibérale.

Afin de maintenir la domination hégémonique et la déprédation de ces ressources et fondamentalement pour arrêter la nouvelle géopolitique qui se profile à l'horizon avec la création de ce G10+2, deux sommets ont été organisés, celui du G7 et celui de l'OTAN en Espagne.

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En termes géopolitiques, le G7 réunit sept pays qui ont déjà perdu leur hégémonie mondiale, avec en tête les États-Unis et leur allié nord-américain, le Canada, et les Européens, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Allemagne, et le seul pays asiatique, le Japon.

Cinq pays stratégiques, l'Argentine, l'Inde, l'Indonésie, le Sénégal et l'Afrique du Sud, participaient à la deuxième session du G7 en tant qu'invités stratégiques, dans le but de bloquer la création du G10+2. Le président de l'Argentine, Alberto Fernández, était le seul représentant de l'Amérique latine, des Caraïbes et des Antilles. Et le seul gouvernement qui soutient les sanctions contre la Russie. L'Inde, l'Indonésie, le Sénégal et l'Afrique du Sud s'abstiennent d'imposer des sanctions. Le président Fernández, face à la guerre énergétique déclenchée contre la Russie, a proposé à l'Europe les ressources stratégiques que possède son pays comme alternative d'approvisionnement et de baisse des prix: "Nous avons les deuxièmes réserves de gaz de schiste et les quatrièmes réserves de pétrole de schiste du monde".

L'importance de la présence du président indonésien Joko Widodo, un rôle clé pour le G7, puisqu'il assure la présidence tournante du G20, le groupe qui réunit les grandes puissances et les puissances émergentes, dont fait toujours partie la Russie.

Il est important de noter que l'Inde et l'Afrique du Sud font toutes deux partie des BRICS. L'Argentine et l'Iran ont demandé à rejoindre les BRICS, ce qui consolidera et élargira la participation de l'Iran dans la région de l'Amérique latine.

Le président français Macron appelle le Venezuela et l'Iran à réintégrer le marché du pétrole pour contrer les prix et les pénuries de pétrole de Poutine. Le Venezuela et l'Iran sont tous deux des alliés de la Russie et de la Chine. Les Européens reconnaissent Juan Guaydo comme le président du Venezuela nommé par les États-Unis. Le président vénézuélien Maduro s'est rendu en Iran pour renforcer les accords géostratégiques.

Le président iranien Seyed Ebrahim Raisi a reçu le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov. "Raisi a déclaré que le renforcement de la coopération est un moyen efficace de lutter contre les sanctions américaines et l'unilatéralisme économique contre les pays indépendants... Lavrov a également déclaré que la Russie soutient le rôle de l'Iran dans les organismes internationaux et régionaux, y compris l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS)". Point important étant donné l'insistance à vouloir que l'OCS rejoigne les BRICS.

Biden arrive au sommet du G7 à son pire moment, nous dit Bloomberg. Ses partenaires européens craignent une défaite électorale de Biden lors des élections de novembre. "Le chancelier allemand Olaf Scholz... voit en Biden une force motrice pour maintenir la pression sur Moscou et pense que l'unité entre les alliés pourrait s'effilocher une fois de plus si les républicains remportent à nouveau la Maison Blanche en 2024."

Les Français voient des conséquences à court terme de la défaite de Biden "Plusieurs dirigeants du G-7 s'inquiètent du fait qu'une défaite à mi-parcours limitera ce que Biden peut promettre et réaliser dans les mois à venir, selon un haut fonctionnaire du gouvernement français...".

Un débat inconfortable sur le soutien à l'Ukraine émerge rapidement. "Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a été l'allié le plus engagé de Biden sur l'Ukraine, a abordé la question dans un article d'opinion... dans le journal italien Corriere della Sera..."

"Sous la surface, des approches différentes de la crise ukrainienne émergent parmi les pays occidentaux : la crainte que les Européens ne poussent à une solution négociée rapidement ?" écrit Johnson. "Il y a un risque de lassitude vis-à-vis de l'Ukraine dans le monde. Et c'est clair."

En réponse à la lassitude exprimée par Johnson, "Biden a nié cette semaine que la fatigue s'installe, mais a reconnu qu'"il va y avoir un peu de jeu d'attente : ce que les Russes peuvent soutenir et ce que l'Europe va être prête à soutenir."

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Le sommet de l'OTAN en Espagne devrait ouvrir un nouveau front de guerre dans les 10 pays qui composent la région du Sahel : Sénégal, Gambie, Mauritanie, Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad, Cameroun et Nigeria.

Un conflit prolongé en Ukraine, où même les États-Unis n'ont pas l'intention d'y mettre fin, couplé au scénario de guerre hybride de l'OTAN qui s'élargit au Sahel, avec les groupes fondamentalistes du Jihad islamique, est lié à la théorie spéculative visant à user Poutine et à provoquer sa chute. L'échec des sanctions contre la Russie et leur boomerang sur l'Occident incitent à accélérer le changement géopolitique.

Pour les pays d'Amérique latine, la création d'un G10+2 est le moyen de sortir des conséquences de la guerre en Ukraine, affirme Carlos Fernández-Vega dans sa chronique "Dinero", en analysant le diagnostic de la CEPALC. "Le conflit actuel, souligne la CEPALC, a accentué la tendance à une plus grande régionalisation des échanges et de la production que l'on observe depuis quelques années au niveau mondial. L'Amérique latine et les Caraïbes n'échappent pas à cette tendance, selon laquelle les pays recherchent une plus grande autonomie stratégique dans l'approvisionnement en produits et intrants clés".

C'est à cela que sert la nouvelle géopolitique en Amérique latine, en Asie et en Afrique avec la création du G10+2 ; une nouvelle stratégie en faveur de la paix, du bien-être et de la défense des ressources stratégiques, pour empêcher leur pillage et la promotion d'un nouveau colonialisme pour sauver Biden et le vieux monde du changement géopolitique mondial.

Kurdes : ethnologie, religion, géopolitique

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Kurdes : ethnologie, religion, géopolitique

par l'équipe de Katehon.com

Source: https://www.geopolitika.ru/article/kurdy-etnologiya-religiya-geopolitika

Groupes ethniques et tribus kurdes

Les Kurdes sont un peuple indo-européen qui, à partir d'un certain moment, a commencé à jouer un rôle important dans la région qui englobe l'Anatolie orientale, la zone nord de la Mésopotamie et le nord-ouest de l'Iran, une région précédemment habitée par les Hourrites, qui ont ensuite migré vers le Caucase.

Les Kurdes sont les descendants des Mèdes, des tribus iraniennes nomades, qui sont arrivés à la fin du IIe - début du Ier millénaire au nord-ouest de l'Iran moderne, où ils ont fondé un État appelé Mèdie. Au VIIe siècle avant J.-C., ils ont créé un immense empire, qui comprenait de nombreux peuples, territoires et langues. Le noyau des Mèdes est resté dans les mêmes territoires qui sont devenus le pôle de leur expansion, où se trouvait également leur capitale Ekbatana (la ville iranienne moderne de Hamadan). Les descendants directs des Mèdes, outre les Kurdes, sont les peuples caucasiens des Talysh et des Tat (qu'il convient de séparer strictement des Juifs des montagnes).

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Comme les Kurdes vivaient sur le territoire des anciens Hurrites et Urartiens, qui étaient également des Arméniens et des Kartvéliens assimilés, on peut supposer qu'il y avait une composante hurrite dans leur ethnogenèse. Dans le même temps, des populations captives de Houthis (Tochars), de Kassirs et de Lullubéens, que certains historiens considèrent comme des Indo-Européens, vivent depuis des temps immémoriaux dans les montagnes du Zagros, au nord-ouest de l'Iran. Ils peuvent également avoir participé à l'ethnogenèse des Mèdes et des Kurdes. L'ancien nom des Kurdes était "kurtii", en grec Κύρτιοι, et des références à eux en tant que peuple habitant les régions de l'Atropatène (Azerbaïdjan) et du nord de la Mésopotamie sont conservées dans des sources anciennes.

Dans les chroniques persanes, le terme "kurt" (kwrt) désigne les tribus iraniennes nomades habitant le nord-ouest de l'Iran, ce qui permet d'inclure les Kurdes dans la typologie des sociétés touraniennes.

On peut distinguer plusieurs groupes parmi les Kurdes :

- Les Kurdes du nord, qui forment la base du peuple kurde actuel - les Kurmanji (kurmancî), le nom - kur mancî - étant interprété comme "fils du peuple de Mèdie" ;

- La partie sud des Kurdes de Kurmanji est désignée par l'ethnonyme iranien Sorani ;

- Un groupe distinct est constitué par les Kurdes de Zaza, qui se nomment eux-mêmes dımli, dymli, et sont les descendants des peuples du nord de l'Iran qui vivaient autrefois dans la région de Dailam, au sud de la mer Caspienne (ces peuples étaient appelés "caspiens") ;

- Le peuple kurde Ghurani, qui habitait aussi autrefois la région de Daylam mais a ensuite migré plus au sud que les Kurdes de Zaza, a la même origine;

- Les plus méridionaux sont les Kurdes Kelhuri, ainsi que les tribus Feili et Laki, dont la situation est similaire,

- Auparavant, les Luriens qui vivaient dans le sud-ouest de l'Iran étaient comptés parmi les Kurdes, et aujourd'hui ils sont communément appelés Iraniens.

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Il existe également une hypothèse selon laquelle les Kurdes et les Baloutches seraient apparentés.

Contrairement aux autres peuples iraniens, les Kurdes ont longtemps conservé un mode de vie nomade, ce qui, combiné à l'habitat montagneux, leur a permis de garder intactes de nombreuses caractéristiques archaïques, entretenant ainsi un lien continu avec la culture touranienne.

Les Kurdes sont aujourd'hui un peuple important (plus de 40.000.000 d'âmes) qui vit sur le territoire de quatre États - la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran - mais qui ne dispose pas de son propre statut d'État. Ceci est également un indicateur de la préservation par les Kurdes d'une société traditionnelle affectée par la modernisation dans une moindre mesure que les peuples parmi lesquels les Kurdes vivent. Cependant, les processus de modernisation les atteignent également, ce qui a créé un "problème kurde" au siècle dernier, c'est-à-dire qu'il a soulevé la question de la création d'un État kurde séparé, car dans la Modernité politique, on ne peut penser à un peuple en dehors de l'État, c'est-à-dire à une nation politique.

La Mèdie et les polities kurdes médiévales

Dans le lore kurde, il y a l'idée de leur lien avec l'Arche de Noé. Parce que les Kurdes ont vécu dans les régions adjacentes au mont Ararat, ils se considèrent comme les descendants directs des habitants du village situé à son pied, que Noé a fondé lorsqu'il est descendu dans la vallée à la fin du Déluge. Cette même légende d'une présence autochtone et originelle dans les régions situées entre la mer Noire et la mer Caspienne, dans la région du mont Ararat, se retrouve chez d'autres peuples caucasiens - notamment les Arméniens, les Géorgiens et les Tchétchènes, qui - chacun selon sa logique ethnocentrique - y trouvent un certain nombre de preuves symboliques. Les Kurdes du vingtième siècle justifient cela par leur descendance des Urartiens et des Hurrites, ce qui est toutefois généralement vrai des Arméniens, des Kartveliens et des Vainakhs, dont l'ethnogenèse - bien qu'à des degrés divers - inclut les Hurrites. Cependant, l'identité kurde proprement dite est touranienne (tribus nomades indo-européennes) et plus spécifiquement mède.

En supposant un lien génétique direct avec les Mèdes, les Kurdes peuvent être considérés comme porteurs d'une tradition étatique ancienne, antérieure à la Perse et revendiquant la succession d'un empire mondial après sa prise conjointe de l'Assyrie avec les Chaldéens de Nouvelle-Babylone. Mais aux époques suivantes, à commencer par les Achéménides, l'Iran était aux mains des Perses, qui habitaient les territoires du sud de l'Iran, et les terres de Mèdie, ainsi que l'Arménie et d'autres territoires, n'étaient que des provinces iraniennes.

À une certaine époque - après la mort d'Alexandre le Grand - les tribus nomades (touraniennes) des Parthes, qui ont fondé la dynastie des Parthes, se placent également à la tête de l'Iran, mais la base culturelle reste toujours les traditions spécifiquement persanes, ce qui devient encore plus prononcé à l'époque sassanide. Néanmoins, il existe une théorie, partagée par de nombreux historiens, selon laquelle les Parthes et les Kurdes sont apparentés, car tous deux habitaient les territoires du nord de l'Iran et appartenaient à des peuples indo-européens nomades. Plus tard, les peuples du nord de l'Iran et de l'Atropatène (Azerbaïdjan) se trouvent à la périphérie de ce processus, et lors de la vague suivante de création d'un État iranien, venant tout juste du nord sous les Safavides, les Turcs iraniens (chiites-kizilbashi) s'avèrent être la base de l'élite politique. Les Kurdes ne jouent pas un rôle majeur dans ce processus.

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Historiquement, les Kurdes, descendants des Mèdes, étaient zoroastriens, et la religion zoroastrienne de l'Iran sassanide était traditionnelle pour eux.

Dès le premier siècle de notre ère, le christianisme a commencé à être prêché parmi les Kurdes. Eusèbe de Césarée rapporte que Thomas l'Apôtre a prêché parmi les Mèdes et les Parthes. Comme les Kurdes chrétiens vivaient dans les régions orientales, le nestorianisme s'est ensuite répandu parmi eux, ce qui les a fait entrer dans l'Église iranienne. Au Kurdistan, il y avait de nombreux centres influents de la religion nestorienne qui ont joué un rôle important à cette époque - le centre d'Erbil au 16ème siècle, celui de Jezir au 17ème siècle, et la ville kurde de Kujan au 19ème siècle est devenue le centre d'un diocèse nestorien. Le miaphysisme s'est également répandu (cette fois sous influence arménienne). 

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L'expansion du nestorianisme en Asie

À partir du VIIe siècle de notre ère, lorsque l'Iran a été envahi par les Arabes, qui ont atteint le Caucase et le sud de la mer Caspienne, c'est-à-dire occupé tout le territoire historiquement habité par les Kurdes, ces derniers se sont retrouvés sous l'autorité du califat arabe et, par suite, sous l'influence de l'islam. Au début, les Kurdes ont opposé une résistance farouche aux Arabes lors de leur conquête de Holwan, Tikrit, Mossoul, Jizra et de l'Arménie du Sud, puis ils ont pris part aux révoltes anti-arabes. Petit à petit, cependant, les Kurdes eux-mêmes ont commencé à se convertir à l'Islam.

Parmi eux, l'islam sunnite du mazkhab shafiite est le plus répandu, ce qui les rapproche des musulmans du Daghestan et du Caucase du Nord dans son ensemble. Une petite minorité de Kurdes pratique le chiisme. À l'époque de la propagation du soufisme (IXe siècle), les Kurdes ont volontiers accepté ses enseignements, et le soufisme dans ses deux principales versions, naqshbandiya et kadyriya, est devenu une partie intégrante de l'islam kurde. Cependant, le soufisme ne s'est pas répandu avant le XVIe siècle.

À certaines périodes, les Kurdes ont créé des formations politiques de grande envergure et fondé des dynasties dirigeantes. L'une de ces dynasties kurdes était les Shaddadids ou Saddadides, qui ont établi un État indépendant sur le territoire de l'Albanie caucasienne aux XI-XIIe siècles. Les Saddadides pratiquaient l'islam sunnite et se présentaient comme des adeptes de l'islam, contrairement à la Géorgie et à l'Arménie chrétiennes. En 1072, la dynastie s'est divisée en deux branches: Ganja et Ani. La population des émirats de Ganja et d'Ani était majoritairement arménienne et la culture majoritairement perse.

Les Saddadides ont régné jusqu'à la fin du douzième siècle. Plus tard, les Kurdes ont reconnu la domination des Seldjoukides, avec lesquels ils étaient alliés, et ont obtenu le droit de créer une autre entité vassale, l'émirat d'Ani.

Une autre dynastie kurde a été fondée dans la province de Jebel en 959 par le chef kurde de la tribu Barzikan, Hasanwayhid bin Hasan, qui a été renversé par les Bouyides.

Une autre dynastie, la plus célèbre, fut celle des Mervanides (de 990 à 1096). Cette dynastie kurde a été fondée par Abu Ali bin Mervan bin Dustak.

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Salah ad-Din (1138 - 1193), le plus grand chef militaire du XIIe siècle, qui était d'origine kurde et appartenait à la même tribu Ravadi, dont le fondateur de la dynastie des Shaddadis - Mohammed Shaddad ben Kartu devrait être mentionné séparément.

Salah ad-Din dépose le dernier souverain chiite de l'État fatimide, élimine le califat fatimide, conquiert aux croisés d'immenses territoires du Moyen-Orient, dont la Terre sainte, et devient le sultan d'Égypte, d'Irak, du Hedjaz, de Syrie, du Kurdistan, du Yémen, de Palestine et de Libye, établissant la dynastie ayyoubide, qui existera jusqu'en 1250. Mais dans ses exploits, Salah ad-Din ne parle pas au nom des Kurdes en tant que communauté, mais au nom des Seldjoukides, au service desquels il était et sur l'armée desquels il comptait.

Néanmoins, le fait même de l'existence de dynasties kurdes confirme le modèle classique des débuts touraniens: les nomades indo-européens belliqueux sont souvent devenus les fondateurs de dynasties ou l'élite militaro-politique d'États sédentaires.

La région habitée par les Kurdes jusqu'au treizième siècle était appelée "Jebel" (littéralement, "Hautes terres") par les Arabes; plus tard, elle a été connue sous le nom de "Kurdistan". Au début du XVIe siècle, il existait de petites principautés ou émirats kurdes au Kurdistan: Jazire, Hakari, Imadia, Hasankayf, Ardelan (au Kurdistan iranien), Soran et Baban. En plus de ceux-ci, il y avait des fiefs plus petits. En outre, depuis le début du Moyen Âge (de 1236 à 1832), les Kurdes yézidis possédaient un petit émirat dans le nord de la Mésopotamie, le Sheikhan. L'"État idéal" des Yazidis, en partie politico-administratif, en partie ethno-religieux, comprenait Sheikhan et Sinjar, ainsi que la vallée sacrée de Lalesh, où se trouve le principal sanctuaire yazidi - la tombe de Sheikh Adi, le fondateur de la religion kurde du yazidisme.

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Après l'établissement de la dynastie safavide, les Iraniens ont délibérément détruit l'indépendance des principautés kurdes. Le souvenir de la résistance héroïque des Kurdes à cet égard est conservé dans les légendes kurdes sur la défense de la forteresse de Dymdım. Après la défaite du Shah par les Ottomans sous Selim I, la majeure partie du Kurdistan est passée sous la domination des Turcs, qui ont également commencé à abolir les principautés kurdes autonomes.

Pendant les conquêtes mongoles, la plupart des régions peuplées de Kurdes sont passées sous la domination des Halaguidés. Après l'écrasement de la résistance kurde, de nombreuses tribus kurdes ont quitté les plaines pour les régions montagneuses, répétant en partie le scénario de civilisation des peuples caucasiens, avec lesquels les Kurdes étaient à bien des égards très semblables. Certains Kurdes se sont également installés dans le Caucase.

Plus tard, les territoires kurdes se sont retrouvés dans la zone frontalière entre la Turquie ottomane et l'Iran, ce qui a eu pour effet douloureux de diviser l'horizon culturel et de donner une dimension tragique au Dasein kurde. Descendants directs des grands Mèdes qui ont dirigé l'empire mondial, ils ont été privés de pouvoir politique et déchirés entre deux empires en guerre, dont aucun n'a été pour les Kurdes le leur jusqu'au bout. Avec les Iraniens, ils étaient liés par leur ascendance indo-européenne, leurs anciennes racines zoroastriennes et la proximité de leur langue, et avec les Turcs par le sunnisme et un lien commun de militantisme nomade, ce qui en faisait des alliés même à l'époque seldjoukide.

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Le yazidisme et ses strates

La plupart des Kurdes appartiennent à l'islam sunnite, mais dans tous les cas, les Kurdes ressentent vivement leur différence avec les autres peuples, gardant leur identité inchangée. Cette identité est l'horizon kurde, qui depuis des siècles est étroitement lié aux montagnes et au paysage d'accueil montagneux. Comme les Kalash et les Nuristanis, les Kurdes ont conservé de nombreux traits archaïques des peuples indo-européens du Touran, ne s'étant jamais totalement mêlés aux Perses sédentaires (majoritairement chiites) ni aux Turcs sunnites, malgré des contacts culturels étroits et durables avec les uns et les autres.

Cette identité kurde s'exprime le plus clairement dans le phénomène hétérodoxe (d'un point de vue islamique) du yézidisme ou yazidisme, un mouvement religieux particulier et unique parmi la branche nord des Kurdes, les Kurmanji. Ce courant est lui-même apparu comme une ramification du soufisme au XIIe siècle, sur la base des enseignements du cheikh soufi Adi ibn Musafir (1072 - 1162), venu au Kurdistan irakien depuis la région de Balbek au Liban. Le cheikh Adi connaissait des figures majeures du soufisme comme al-Ghazali et le fondateur de la tariqat qadiriyyah Abdul-Qadir al-Gilani. Les Yazidis eux-mêmes croient que Cheikh Adi, qu'ils révèrent comme l'incarnation de la divinité, n'a fait que réformer et renouveler conformément au mandat divin l'ancienne foi, qu'ils appellent "Sharfadin".

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Les enseignements des Yazidis sont pratiquement inexplorés en raison de la nature fermée de ce groupe religieux, qui se tient à l'écart non seulement des autres confessions et peuples, mais aussi de la majorité des Kurdes, et qui est très réticent à communiquer les fondements de sa foi. Une légende veut que les Yazidis possèdent des collections de textes sacrés, que les représentants des castes supérieures - les cheikhs et les pirs - dissimulent soigneusement aux autres. Seuls deux de ces textes - manifestement fragmentaires et composés d'éléments hétérogènes - ont été connus et traduits dans les langues européennes: le "Livre des Révélations" (Kitab-ol-Jilwa) et le "Livre noir" (Mashaf-Resh). Ils ont été publiés en anglais en 1919, et en russe en 1929. Dans l'ensemble, cependant, la religion yézidie est restée pratiquement inconnue jusqu'à aujourd'hui.

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Certains détails de la théologie religieuse yézidie ont donné aux peuples environnants, les musulmans surtout, l'impression que la religion yézidie vénère Shaitan (le diable chrétien). Cependant, cette tradition est certainement quelque chose de plus complexe, bien qu'elle se distingue nettement de l'Islam - même dans sa forme soufie.

Il existe plusieurs versions sur l'origine de la religion yazidi, qui peuvent être considérées non pas comme mutuellement exclusives, mais comme correspondant à différentes couches de cette tradition.

La couche la plus profonde est le zoroastrisme, qui se manifeste dans la doctrine sur les sept archanges (Amesha Spenta du mazdéisme), dans le culte du feu, dans le culte du soleil, et même le principal symbole des Yézides - le Grand Paon, parfois représenté simplement par un oiseau (les Yézides dans le "Livre noir" nommé Angar) - peut être une version de l'image de l'oiseau sacré zoroastrien Simurg. Tous les Kurdes en général (y compris les Yezidis) admettent qu'avant l'adoption de l'Islam, ils pratiquaient la religion zoroastrienne. La préservation chez les Indo-Européens des montagnes de fragments de l'ancienne foi semble donc tout à fait naturelle. Les vêtements sacrés des Yézidis sont également proches de la tenue zoroastrienne - une chemise blanche (kras) avec un col spécial brodé (toka yezid ou grivan) et une longue ceinture sacrée en laine (banne pshte), appelée "kusti" par les Zoroastriens.

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Le nom Yezid est dérivé du fils du premier calife omeyyade, Muwiya I Yazid. Les Yazidis eux-mêmes soulignent parfois que le réformateur (ou fondateur) de leurs enseignements, Sheikh Adi, était lui-même un descendant de Muawiya par Yazid. Yazid était un adversaire majeur de l'Imam Ali et de sa famille et est considéré comme responsable de la mort de l'Imam Hussein. Pour cette raison, il n'est pas très populaire auprès des musulmans, et les chiites le détestent ouvertement et avec véhémence. Dans le même temps, les traces du Yazid historique ont été presque entièrement effacées par les Yazidis, le pathos anti-chiite est absent, et Yazid ou Yazid lui-même est considéré comme une divinité céleste (peut-être la plus élevée). En effet, l'étymologie iranienne interprète le mot Yazid ou Yezid comme un mot moyen persan yazad ou yazd (de la base iranienne ancienne *yazatah), signifiant "divinité", "ange", "être digne d'adoration". Par conséquent, le nom même de "Yazidis" peut être interprété comme "peuple des anges" ou "peuple du culte", mais aussi comme "peuple de Yazd", c'est-à-dire "peuple de Dieu".

Mais la trace la plus frappante du zoroastrisme est la fermeture complète de la communauté yézidie, fondée sur les castes. Elle est strictement divisée en trois castes - deux sacerdotales (cheikhs et pirs) et une séculière (mrid), bien que la caste séculière, à laquelle appartiennent la plupart des Yezidis, représente par définition les adeptes des maîtres spirituels et soit le plus étroitement liée aux deux plus hautes. Ainsi, chaque mrid (simple yazid) doit avoir un "frère dans l'au-delà", qui ne peut être qu'un membre de la caste des cheikhs et des pirs. Le "frère dans l'au-delà" est censé aider le yezid décédé à passer le pont mince (l'équivalent direct du pont Chinwat zoroastrien) vers le paradis. Les castes sont strictement endogènes, et il est strictement interdit à tous les Yazidis de se marier ou même d'avoir des relations extraconjugales avec des membres d'une autre caste. Ceci est justifié par le fait que les Yezidis appartiennent à un type spécial de personnes, radicalement - ontologiquement - différent du reste.

La légende yézidie raconte que les premiers êtres humains Adam et Eve, qui ne connaissaient pas le mariage, ont essayé de produire une progéniture à partir de leurs propres graines en les plaçant dans deux jarres. Après neuf mois, des bébés mâles et femelles ont émergé dans la cruche d'Adam à partir de sa semence, et dans la cruche d'Eve à partir de sa "semence", des vers puants ont émergé. Les Yezidis croient qu'ils poursuivent la lignée de ces enfants d'Adam créés sans femelles. Le reste du peuple est issu des enfants ultérieurs d'Adam, déjà conçus par Eve. Nous voyons ici le motif zoroastrien classique de la pureté sacrée des enfants de la Lumière, qui ne doivent en aucun cas se mêler aux enfants des Ténèbres. D'où l'endogamie rigide des castes.

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La première des trois règles principales de la religion yazidie est l'interdiction du mélange des castes. La deuxième règle est l'interdiction de changer de foi. La troisième est l'interdiction de la désobéissance aux prêtres et plus encore de la violence à l'encontre des membres du Sheikh et des castes de fétiches.

Tous ces éléments, qui sont essentiels et fondamentaux pour la religion yézidie et son organisation ethno-politique, remontent directement au zoroastrisme classique.

En même temps, il y a un trait curieux dans les mythes et légendes des Yezidis qui a, cette fois, des racines touraniennes. Elle concerne l'interdiction des cultures céréalières. La chute même d'Adam n'est pas décrite comme une conséquence de la consommation d'une pomme, mais comme une conséquence de la consommation du grain interdit par Dieu. Il s'agit d'une caractéristique classique de la société nomade, qui percevait les céréales - partie intégrante de la culture agricole - comme un domaine interdit, une sorte d'"enfer pour le nomade". Pour un porteur d'une culture purement touranienne, manger du pain est un péché. La même parcelle a été conservée chez le peuple indo-européen Talysh, proche des Kurdes par la langue et la culture, mais contrairement aux Kurdes (principalement du sud - Zaza et Gurani), les Talysh n'ont pas quitté leurs territoires et ne se sont pas déplacés de la mer Caspienne vers la Mésopotamie, l'Anatolie et le Moyen-Orient, restant sur la terre d'Azerbaïdjan. Ainsi, une trace touranienne prononcée s'ajoute au zoroastrisme classique dans le yézidisme kurde.

On peut en outre distinguer certains éléments de l'iranisme hétérodoxe combinés à des motifs judéo-chrétiens. Les courants judéo-chrétiens sont proches de l'iranisme tant au niveau génétique que conceptuel dans leur structure. Inversement, les sectes judéo-chrétiennes ont eu une grande influence sur le manichéisme. Nous voyons des traces du judéo-christianisme chez les Yezidis dans les rites préservés du baptême et de la communion avec le vin lors d'un repas sacré. En outre, les Yezidis pratiquent la circoncision, qui correspond également au cycle judéo-chrétien.

Le fait que le principal sanctuaire yézidi de Lalesh était autrefois un monastère nestorien s'inscrit donc bien dans cette séquence. Ces mêmes courants hétérodoxes irano-chrétiens (comme les Mandéens, les Sabéens, etc.) étaient également caractérisés par des motifs gnostiques, que l'on retrouve en abondance chez les Yézidis. Cette couche a, cette fois, une origine moyen-orientale et se superpose à une identité tourano-iranienne plus ancienne.

Enfin, les influences islamiques proprement dites constituent la dernière couche de la religion complexe des Yezidis. Nous voyons ici les deux traditions soufie et chiite. Associée au soufisme, la pratique même de l'adoration du Sheikh comme kutb, le poteau. Un rôle majeur dans la métaphysique yazidi est joué par l'image de la perle blanche, dans laquelle l'essence divine s'est incarnée avant même le début de la création. Ce thème est central à l'ontologie soufie, développant la thèse du hadith selon lequel "Dieu était un trésor caché (la perle) mais voulait être connu". Cette image joue un rôle majeur dans les enseignements du shi'ite Nusayri. Sont également associées à l'islam chiite les notions de l'importance particulière du premier cercle des disciples du cheikh, qui dans l'islam chiite a été transféré à la famille de Mohammad et surtout à la famille de l'imam Ali.

Dans les enseignements des Yazidis, une attention particulière est portée à l'ambiguïté du principal gestalt sacré, l'Ange-Paulin (Malaki-Ta'uz), identifié à l'ange juif Azazil. Dans la Kabbale juive, le même nom (Aza, Azazil) est utilisé pour le démon de la mort. Les textes yézidis soulignent que dans les autres religions, qui ont leurs origines dans Adam et Eve et pas seulement Adam, comme les Yézidis eux-mêmes, l'ange-Paulin est mal compris comme un "ange déchu". C'est l'aspect le plus inquiétant de la religion yézidie, et il a conduit d'autres cultures à les considérer comme des adorateurs du diable.

D'une part, l'oiseau primordial peut être rattaché à la tradition indo-européenne, aux oiseaux sacrés des Scythes, au Garuda des Hindous, au Simurg des Perses et à l'aigle de Zeus des Hellènes. Mais cette image ne souffre nulle part de la moindre ambiguïté et est considérée comme un attribut de la plus haute divinité céleste.

Mais nous rencontrons la diabolisation de l'aigle en dehors du contexte indo-européen chez les peuples adyguéens-abkhazes du Caucase, où l'aigle de fer du dieu maléfique Paco devient la victime du héros "positif" Bataraz, et en plus il y a une image encore plus expressive de la "Tha des oiseaux de proie", comme la tête des anges déchus. La proximité géographique des Caucasiens et des Kurdes, et les liens communs avec le substrat hurrite, suggèrent une autre dimension de la religion kurde yazidie responsable de ses aspects "sombres" ou du moins ambigus.

À cette ambiguïté s'ajoute la subtile dialectique de la métaphysique soufie d'al-Khallaj, qui contient une sorte de justification d'Iblis (le Diable), qui a refusé de se prosterner devant Adam non par orgueil, mais par Amour absolu pour Dieu qui ne permet aucun intermédiaire. Ce thème est en accord avec les motifs gnostiques de la Sophia déchue. Bien que chez les Yezidis ce thème ne soit pas directement souligné, la structure gnostique de leur tradition et certaines allusions antinomiennes - par exemple, l'intrigue du Livre noir des Yezidis, où c'est Malaki-Ta'uz qui encourage Adam à enfreindre l'interdiction divine de manger du grain - permettent cette interprétation.

Dans l'ensemble, la religion des Yezidis reflète une identité kurde profonde qui remonte au fond des âges. L'analyse de ce que les critiques extérieurs reprochent aux Yazidis et de ce qui constitue des aspects ambigus de leur religion repose en grande partie sur une mauvaise compréhension de sa structure interne, ainsi que sur une mauvaise interprétation des figures et images individuelles, ce qui est exacerbé par une nature véritablement syncrétiste et fermée des Yazidis, rendant difficile la compréhension de la morphologie intégrale de leurs enseignements.

Kurdes chiites

L'identité kurde se manifeste de manière tout à fait différente à l'autre extrémité du spectre religieux - chez les Kurdes chiites. Il convient ici de distinguer deux courants : les Kurdes alévis, les plus nombreux parmi l'ethnie Zaza (mais aussi parmi les Kurdes du nord - les Kurmanji) et les Kurdes partageant la doctrine des Ahli Haq (littéralement, "peuple de la vérité").

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Les Alevis sont un ordre chiite-soufi qui est apparu au 13ème siècle dans le sud-est de l'Anatolie, près de l'école fondée par Hadji Bektash et qui est devenue plus tard la base religieuse de la "nouvelle armée" des sultans ottomans - les janissaires. Les Alévis ont perpétué la tradition du soufisme iranien extrême (Gulat), centré sur la vénération d'Ali et des Imams, et de Salman Fars comme figure clé particulière de la gnose lumineuse iranocentrique. Plus tard, aux XVe et XVIe siècles, les Alévis ont été rejoints par les branches turques des Qizil Bash, qui sont devenus le fondement de la dynastie safavide d'Iran, mais dans les territoires turcs sous contrôle sunnite, ils ont dû s'adapter à des conditions hostiles et dissimuler leur identité. De même, les Kurdes ont vu dans l'alévisme la possibilité de rester au sein de la société ottomane, où un islam zahirite agressif et plutôt intolérant est devenu la force dominante après Sélim Ier, parce que les dirigeants ottomans avaient du respect pour l'alévisme - en tant qu'idéologie religieuse originelle des premiers dirigeants ottomans et base spirituelle de la plus importante institution militaire et religieuse de l'Empire ottoman - l'armée des janissaires et l'ordre des bektashi.

D'autre part, les Kurdes voyaient dans l'alévisme de nombreux traits proches de la tradition zoroastrienne, ce qui rendait leur participation à ce courant justifiée en termes de préservation de leur identité indo-européenne originelle. Un certain nombre de caractéristiques rituelles rapprochent les Alévis kurdes des Yazidis. Parmi eux, on trouve par exemple le principe de l'endogamie stricte - les Kurdes alévis ont le droit de n'épouser que des membres de la communauté alévie, préservant ainsi la pureté des "enfants de la Lumière" sur laquelle se fondent la tradition mazdéenne et diverses versions ultérieures de l'iranisme.

Un autre courant du shi'isme radical (gulat) est l'Ahli Haqq, fondé par le sultan Sahak à la fin du quatorzième siècle. Cette tendance s'est répandue parmi les Kurdes du sud et surtout parmi les Kurdes d'Iran. La plupart d'entre eux appartiennent à l'ethnie Goran, mais il existe également des groupes importants d'Ahli Haqq dans les peuples kurdes de Kelhuri et de Lur. Un autre nom pour cette doctrine est Yarsan (Yâresân - littéralement, "communauté d'amoureux" ou "communauté d'amis").

La doctrine du mouvement Ahli Haqq est sensiblement la même que celle du yézidisme. Il affirme également l'idée de l'incarnation d'êtres supérieurs (Dieu ou les anges) dans une chaîne de sept messagers choisis. Ce thème est un classique de la prophéologie judéo-chrétienne et du manichéisme. Elle est également assez caractéristique du chiisme - en particulier du chiisme radical, où les membres de la famille de Mohammad et du clan de l'imam Ali sont considérés comme de telles incarnations. Les membres de l'Ahli-Haqq reconnaissent sept de ces incarnations successives, où la deuxième et la troisième coïncident avec la lignée des séminaristes chiites, Ali et Hasan ("Shah Khoshen"). En général, il est facile d'identifier l'influence ismaélienne dans les enseignements d'Ahli Haqq (par exemple, la mention de Sheikh Nusayr parmi les assistants d'Ali). La première incarnation, cependant, est Havangdagar, par laquelle les membres de l'Ahli Haqq font référence à la Déité suprême elle-même. Chaque incarnation est accompagnée de quatre "anges amis" ou "anges aides" (yārsān-i malak), d'où le nom de toute la communauté des Yarsan. La cinquième "aide" est l'ange féminin, une figure classique du zoroastrisme (fravarti).

L'Ahli Haqq partage la doctrine soufie traditionnelle des quatre étapes de la connaissance de la vérité - shariah, tarikat, marifat et haqiqat, et des étapes du développement spirituel de l'âme respectivement. Les adeptes de cette école de pensée pratiquent le zikr soufi traditionnel.

Un trait irano-zoroastrien est l'idée de la dualité d'origine de l'humanité, qui rapproche également l'Ahli Haqq des Yazidis. Selon leur doctrine, les membres de la communauté Ahli-Haqq ont été créés à l'origine à partir de "l'argile jaune" (zarda-gel), tandis que le reste de l'humanité est issu de la "terre noire" (ḵāk-e sīāh).

L'eschatologie d'Ahli Haqq reproduit généralement le chiisme classique: les élus attendent la venue de l'Homme du Temps, le Mahdi. Mais selon Ahli Haqq, le Mahdi doit apparaître parmi les Kurdes - dans la région kurde de Sultaniyah (province iranienne de Zanjan) ou à Shahrazur, la ville qui, selon les légendes kurdes, a été fondée par le roi Dayok (ou Dayukku), considéré comme le fondateur d'une dynastie de rois mèdes. Ce détail souligne le caractère ethnocentrique de l'eschatologie kurde.

En même temps, comme chez les Yezidis, on constate l'influence des groupes judéo-chrétiens - on reconnaît notamment l'immaculée conception du fondateur (ou réformateur) de cette doctrine, le sultan Sahak, dont la tombe dans la ville de Perdivar est un centre de pèlerinage.

À la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, l'un des chefs spirituels de l'Ahli Haqq, Hajj Nematallah, a beaucoup fait pour activer ce groupe, en publiant un certain nombre de textes religieux et poétiques, qui ont joui d'une grande popularité parmi les Kurdes - surtout le Shah-name-i haqikat (Le livre de la vérité du roi).

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Les Kurdes : identité et État

Bien que leurs origines remontent aux Musulmans qui ont fondé le puissant Empire, et bien qu'ils aient parfois été les ancêtres de puissantes dynasties (comme les Ayubides), les Kurdes n'ont pas été en mesure de construire un État propre jusqu'à aujourd'hui.

Ils ont cependant apporté une contribution significative à la culture du Moyen Âge islamique, notamment dans le domaine de la poésie. Le premier poète kurde est considéré comme étant Piré Sharir, qui a vécu au 10ème siècle et a laissé un corpus de courts poèmes aphoristiques, extrêmement populaires parmi les Kurdes. Un autre des premiers poètes kurdes était Ali Hariri (1009-1079). La première grammaire de la langue kurde a été compilée aux Xe et XIe siècles par un contemporain d'Ali Hariri, le poète Termuqi, qui a été le premier à écrire des poèmes en kurmanji. L'une des œuvres de Termuqi porte le même nom que la célèbre pièce de Calderon "La vie, en effet, est un rêve".

Plus tard au XVIe siècle, l'éminent poète kurde Mela Jeziri a jeté les bases d'un courant soufi dans la poésie kurde, devenant un modèle pour les générations successives de poètes soufis kurdes. Dans toutes les élites intellectuelles kurdes, un accent particulier sur l'identité kurde est évident dès les premiers poètes. Au 17e siècle, un autre poète soufi kurde, Faqi Tayran (1590 - 1660) (illustration, ci-dessous), également appelé "Mir Mehmet", a rassemblé de nombreux contes populaires kurdes dans un recueil intitulé "Contes du cheval noir" (Kewlê Hespê Reş). Il a été le premier à faire l'éloge de la défense héroïque de la forteresse de Dymdım en 1609-1610.

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Les représentants de l'élite kurde commencent progressivement à se rendre compte de l'anomalie - le fossé entre la grande histoire des Kurdes, le niveau de conscience de leur identité unique, leur militantisme et leur héroïsme d'une part, et la position subordonnée au sein d'autres empires - d'abord le califat arabe, puis la Turquie ottomane et l'Iran séfévide.

Ainsi, le plus grand poète kurde Ahmed Khani (1650-1708), l'auteur du célèbre poème épique parmi les Kurdes sur l'histoire d'amour tragique "Mom et Zin", est imprégné de la douleur pour l'État kurde disparu et de la nostalgie de la grandeur passée. Ahmed Hani est considéré comme l'un des premiers idéologues du renouveau kurde et est reconnu comme un combattant de l'identité kurde, préparant la prochaine étape de l'éveil de la conscience nationale. Un autre poète kurde de premier plan, Hadji Qadir Koy (1816-1894) (illustration,ci-dessous), a poursuivi cette tendance. Dans son œuvre, le désir de libération des Kurdes et d'établissement de leur propre État est encore plus contrasté et sans ambiguïté.

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Au XIXe siècle, lorsque l'Empire ottoman a commencé à s'affaiblir et que nombre des peuples qui le composaient (Arabes, Grecs, Slaves, etc.) ont commencé à élaborer des projets d'indépendance, des sentiments similaires ont surgi chez les Kurdes. En 1898, le premier journal en kurde, Kurdistan, est publié au Caire. Plus tard, le journal Kurdish Day (rebaptisé plus tard Kurdish Sun) commence à être imprimé à Istanbul. Un magazine appelé Jin (Vie) est publié en turc, qui proclame ouvertement la volonté de créer un État kurde indépendant.

À la fin du XIXe siècle, les Kurdes provoquent de plus en plus de soulèvements anti-turcs (par exemple, en 1891 à Dersim).

Les Kurdes ont d'abord soutenu les Jeunes Turcs et l'arrivée au pouvoir de Kemal Ataturk, y voyant l'espoir de mettre fin à l'oppression de l'administration ottomane. Les Alévis ont même reconnu Ataturk comme le Mahdi, une figure eschatologique destinée à libérer les peuples de l'oppression et de l'injustice : C'est ainsi que la conscience religieuse a interprété la fin de l'ère de la domination du zahirisme sunnite rigide qui, depuis l'époque de Selim Ier et de Soliman le Magnifique, avait été remplacée par une religion entièrement différente - spirituelle et de style iranien - des premiers dirigeants ottomans, inextricablement liée au soufisme ardent du cheikh Haji-Bektaş, de Yunus Emre et de Jalaladdin Rumi et comportant de nombreux thèmes chiites.

Cependant, les Kurdes n'ont pas obtenu ce qu'ils voulaient de l'effondrement de l'Empire ottoman. Une partie du Kurdistan est restée dans le nouvel État turc, une autre partie a été incorporée à l'Irak par l'administration d'occupation britannique, la troisième a été cédée à la Syrie et la quatrième est restée en Iran. Ainsi, une immense nation de quarante millions de personnes a été divisée en quatre parties, comprenant deux puissances coloniales, où le nationalisme arabe ou est devenu l'idéologie dominante (Syrie et Irak), la Turquie, où s'est affirmé le nationalisme turc sous une nouvelle forme - laïque, et l'Iran, où le chiisme dominant duodécimain et l'identité perse ont également servi de dénominateur commun à l'État, sans accorder aux Kurdes une place particulière, sans toutefois les opprimer autant qu'en Irak, en Syrie et en Turquie.

Le vingtième siècle n'a donc pas été l'occasion pour les Kurdes d'établir leur propre statut d'État, et la question a été reportée à un avenir incertain. En même temps, il n'y avait pas de consensus clair parmi les Kurdes sur le type d'État kurde qu'il devait être et sur quelle base idéologique il devait être fondé. De plus, il n'y avait pas non plus de consensus entre les dirigeants.

Ainsi, dans chacun des pays dans lesquels les Kurdes ont vécu, les forces suivantes ont pris forme.

En Turquie, l'organisation de gauche basée sur les principes socialistes (communistes) - le Parti des travailleurs du Kurdistan - est devenu l'expression politique de la lutte des Kurdes pour l'autonomie et, à la limite, l'indépendance. Depuis le milieu des années 40, l'Union soviétique apporte un soutien militaire et politique aux Kurdes afin de contrer les intérêts des pays occidentaux au Moyen-Orient. Ainsi, le leader des Kurdes irakiens Mustafa Barzani (1903 - 1979) s'est enfui vers le territoire soviétique après avoir été vaincu par les Irakiens de la République kurde de Mehabad, où il a été accueilli, soutenu, puis à nouveau envoyé en Irak. Pour les Kurdes, l'URSS était donc considérée comme un point d'appui géopolitique, qui prédéterminait dans une large mesure l'orientation idéologique des Kurdes - en particulier en Turquie. Chez les Kurdes vivant dans une société traditionnelle, le communisme était difficilement compréhensible et attrayant, de sorte que ce choix a très probablement été déterminé par des considérations pragmatiques. En outre, les Kurdes irakiens se sont heurtés à plusieurs reprises aux Britanniques (le premier soulèvement anti-anglais a été soulevé par Ahmed, le frère de Mustafa Barzani, en 1919), au cours duquel les Britanniques ont mené des opérations punitives contre les Kurdes, détruisant tout sur leur passage, mais les Britanniques étaient des ennemis de l'URSS.

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Le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan était Abdullah Öçalan, qui a dirigé le mouvement d'insurrection armée kurde, proclamant en 1984 le début de la lutte armée pour l'établissement d'un Kurdistan indépendant. L'aile militaire du parti est les Forces d'autodéfense du peuple. Öçalan est actuellement emprisonné en Turquie, après avoir été condamné à la prison à vie.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan lui-même est considéré comme une "organisation terroriste" dans de nombreux pays. En fait, le Parti de la paix et de la démocratie, qui a été transformé à partir du Parti de la société démocratique, interdit en 2009, agit désormais au nom des Kurdes en Turquie. Mais pour toutes ces structures, la tradition des idées socialistes et sociales-démocratiques de gauche parmi les Kurdes turcs est maintenue.

Les Kurdes irakiens sont unis au sein du Parti démocratique du Kurdistan, formé par Mustafa Barzani, qui, comme nous l'avons vu, était également tourné vers l'URSS et bénéficiait de son soutien. L'aile militaire du parti est devenue l'armée kurde - les Peshmerga (Pêşmerge littéralement, "ceux qui regardent la mort en face"), qui est apparue à la fin du 19ème siècle pendant la lutte des Kurdes irakiens pour l'indépendance.

Il y a eu une confrontation précoce entre deux leaders à la tête du Parti démocratique du Kurdistan, reflétant les intérêts de deux formations tribales kurdes - les Barzani, centrés à Bahdinan, et les Kurdes Sorani, centrés à Sulaymaniyah.

Le représentant de la tribu Barzani était le héros de la lutte pour l'indépendance kurde Mustafa Barzani, dont la cause après sa mort a été dirigée par son fils Masoud Barzani, l'ancien président de la région du Kurdistan irakien dans la période critique pour l'Irak de 2005 à 2017. Masoud Barzani était impliqué dans des opérations militaires avec les unités kurdes peshmerga depuis 16 ans. Après que Massoud Barzani a quitté la présidence, son neveu, le petit-fils de Mustafa Barzani, Nechirvan Idris Barzani, a repris le poste.

L'alliance tribale opposée après 1991 était représentée par la figure flamboyante de Jalal Talabani (photo), qui a été président de l'Irak de 2005 à 2014...

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Après la défaite des forces de Saddam Hussein par les forces de la coalition occidentale, Masoud Barzani et Jalal Talabani ont travaillé ensemble pour établir un contrôle militaire et politique sur les territoires du Kurdistan irakien. Toutefois, les contradictions entre les dirigeants se sont reflétées dans la division effective du Kurdistan irakien en deux parties - la partie orientale (Sulaymaniyah, district de Soran, du nom de la tribu kurde des Sorani), patrie de Talabani, où sa position était la plus forte, et la partie nord-ouest (Bahdania), patrie de Barzani, où ses partisans l'emportaient.

Ce dualisme relatif parmi les Kurdes irakiens a persisté jusqu'à aujourd'hui. Dans certaines situations, les dirigeants des deux entités tribales forment des alliances entre eux. Dans d'autres, la coopération cède la place à la rivalité.

En Syrie, le Parti démocratique kurde de Syrie peut être considéré comme la principale organisation kurde. Actuellement, pendant la guerre civile syrienne, il y a aussi le Conseil national syrien, qui comprend d'autres forces. Les Kurdes syriens n'avaient pas de figures aussi brillantes que Barzani, Talabani ou Öçalan, leurs idées et leurs structures étaient donc fortement influencées par les structures kurdes turques ou irakiennes, où dans les deux cas les tendances gauchistes étaient fortes.

En Iran, les Kurdes vivent dans quatre provinces - Kurdistan, Kermanshah, Azerbaïdjan occidental et Ilam. Les Kurdes iraniens ont historiquement montré moins de volonté d'établir un statut d'État indépendant et n'ont pas organisé de structures politiques autonomes centralisées.

En 2012, deux partis, le Parti démocratique du Kurdistan iranien et le Komala (Parti révolutionnaire des travailleurs du Kurdistan) ont fait une offre pour une telle unification.

Ethnos, peuple, nation comme catégories ethno-sociologiques

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Ethnos, peuple, nation comme catégories ethno-sociologiques

par l'équipe de Katehon.com

Source: https://www.geopolitika.ru/article/etnos-narod-naciya-kak-etnosociologicheskie-kategorii

Ethnos, peuple, nation : les parallèles entre la Russie et l'Allemagne

Le problème de l'utilisation des termes "ethnos", "nation" et "peuple" est extrêmement compliqué, car historiquement, ils ont été utilisés soit comme synonymes, soit comme antonymes, soit comme sous-catégories les uns des autres, et dans les configurations les plus inattendues. Et il n'est même pas question du "Saint Empire romain germanique de la nation allemande", ou des "nations" dans l'Europe médiévale. En Transylvanie, par exemple, seuls les Hongrois, les sécessionnistes et les Allemands étaient inclus en tant que "nations" ; les Roumains orthodoxes n'étaient pas inclus dans le statut de "nation". Dans le Commonwealth polono-lituanien, l'expression Gente Ruthenus, natione Polonus : origine ruthène, nation polonaise.

Prenez la Russie et l'Allemagne des XIXe et XXe siècles, où les concepts de "peuple" (et ses dérivés) et de "nation" se sont heurtés soit comme synonymes, soit comme antonymes. Et voyons comment la présence des deux concepts "peuple" et "nation" aide à comprendre la situation géopolitique actuelle.

Le "peuple" du comte S. M. Uvarov, par exemple, est un dérivé de la nationalité française, mais avec une référence à la racine russe, ce qui "désactive" les connotations de libéralisme et de constitutionnalisme inhérentes au concept français. Cependant, Uvarov a également écrit sur la "nationalité" russe. Chez les slavophiles, il est possible de rencontrer une compréhension du peuple comme une catégorie générale dans laquelle "la nation" est un cas particulier. Pour le collègue de K. P. Pobedonostsev, S. A. Rachinsky, la "nation" en tant que concept occidental et libéral est directement opposée à la "nationalité" en tant que concept russe et conservateur. Chez M. Katkov, qui, bien que conservateur, était un occidentaliste, la nation est, au contraire, un concept positif [1].

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À l'époque, les slavophiles et Dostoïevski préféraient parler du "peuple", qui avait un double sens, c'est-à-dire à la fois les gens du peuple, les couches inférieures, et le peuple russe en tant qu'agrégat de toutes les couches de la société et en tant que base d'un empire ayant une histoire, une tradition religieuse et une culture bien définies. Pour les monarchistes des Centuries Noires, il était plus courant d'utiliser le terme "peuple" [2]. Pour les nationalistes de type plus occidental, comme M.O. Menshikov, le concept clé était la "nation", qui impliquait également une revendication du pouvoir au nom de cette nation.

C'est-à-dire que pour les conservateurs, les monarchistes, les slavophiles et les réactionnaires, le concept de "peuple" était préférable. Pour les nationalistes plus "européens", c'était la "nation". Bien que les deux puissent utiliser les termes comme synonymes.

En Grande-Bretagne et en France, il n'y a pas eu une telle confusion des termes, bien que, comme le note Alain de Benoist, "la tradition contre-révolutionnaire, dans la mesure où elle s'associe à une caractéristique aristocratique ou monarchique, s'abstient d'exalter la nation" [3]. La situation en Allemagne, par contre, est similaire à celle de la Russie. Fichte écrit des "Discours à la nation allemande" (Reden an die deutsche Nation). Cependant, plus tard au 19ème siècle, le mouvement völkisch émerge, pour lequel le mot étranger Nation s'avère non pertinent [4]. Volk - le peuple - devient le marqueur de l'"autochtonie", du "populisme" (car, comme le "narod" russe, il contient un double sens - à la fois un simple "peuple" et une communauté culturelle, voire sanguine, liée par une culture, une langue et une histoire communes).

Le Troisième Reich et l'URSS ont mélangé les notions de manière arbitraire. En URSS, la notion de "nationalité" prévalait, soit en tant que communauté purement ethnique, soit en revendiquant une participation politique, soit en tant que vestige de la "nation" bourgeoise dans une société socialiste. C'est ainsi que les "nationalités" des Ouzbeks, des Tadjiks, des Ukrainiens et des Azerbaïdjanais sont apparues en URSS, et que les Sarts, les Petits Russes, les Tatars de Transcaucasie ou les Turcs, respectivement, qui existaient avant la révolution, ont disparu. La situation était compliquée par la thèse de la formation d'une "nouvelle communauté historique" - le "peuple soviétique". Ce "peuple" a disparu en même temps que l'URSS, mais un "peuple multinational de la Fédération de Russie" est apparu.

L'Allemagne d'Hitler parlait d'une "nation" fondée sur un peuple (Volk) et d'une "communauté du peuple" (Volksgemeinschaft). La défaite du Troisième Reich n'a pas apporté de clarté dans l'utilisation des termes "peuple" et "nation".

"Trois États - deux nations - une nation ?" (Drei Staaten - zwei Nationen - ein Volk ?) était le titre d'un essai publié en 1985 par l'historien Karl Dietrich Erdmann, basé à Kiel, qui traitait de la République fédérale d'Allemagne, de la RDA et de l'Autriche [5]. Ici aussi, nous trouvons une utilisation intéressante des concepts en question. La RFA et la RDA sont des États distincts. Mais une seule "nation". L'Autriche et l'Allemagne sont deux nations, mais un seul peuple. Les Autrichiens, bien sûr, ont exprimé leur indignation, mais cet exemple est typique.

Et jusqu'à ce jour, en Allemagne, Volk est quelque chose d'archaïque, de populiste, de culturel, de plus "fermé", faisant appel en fin de compte à une histoire commune, et Nation est libéral, progressiste et conforme au cadre politique de l'État libéral moderne, de ses citoyens et de ses électeurs. Voici, par exemple, comment l'Agence fédérale allemande pour l'éducation politique (Bundeszentrale für politische Bildung) explique aux enfants allemands la différence entre "nation" et "peuple" :

"Souvent, lorsque les gens parlent d'une 'nation', ils font référence à un groupe de personnes qui ont des antécédents similaires, partagent des coutumes communes, parlent la même langue ou ont des similitudes culturelles. Certaines personnes qui ont cette idée de "peuple" veulent distinguer ou différencier "leur" peuple des autres peuples. Fondamentalement, ils croient que leur peuple est meilleur que les autres peuples. Certains politiciens et d'autres personnes prétendent qu'il y a beaucoup de personnes vivant en Allemagne qui n'appartiennent soi-disant pas au peuple allemand. Parce que ces personnes n'ont pas les mêmes antécédents, la même culture et la même langue que la plupart des Allemands, elles n'y ont soi-disant pas leur place. Ces personnes sont alors exclues de la société et les préjugés se dressent contre elles.

Et puis il y a ceux qui parlent de personnes "ordinaires" et qui font donc une distinction entre les personnes supposées ordinaires et les personnes riches et influentes. Les populistes, en particulier, veulent ainsi semer l'inimitié entre les gens et atteindre ensuite leurs objectifs politiques" [6]. En un mot, dans ce contexte, "le peuple" semble très suspect : soit il n'aime pas les migrants, soit il aime les riches. C'est la "nation" à la mode et jeune dont tout ce qui n'est pas l'amour de la démocratie a survécu en RFA :

"Aujourd'hui, beaucoup de gens parlent de 'nation' au lieu de 'peuple'. Nous parlons de personnes qui vivent en Allemagne et se sentent liées à ce pays et à ses règles démocratiques".

La tâche de mettre les concepts en ordre

Les ethnosociologues de Russie et d'Allemagne ont été confrontés à la question de savoir comment construire une nomenclature plus ordonnée, dans laquelle les termes "ethnos", "peuple" et "nation" pourraient être séparés d'une manière ou d'une autre, sans l'usage synonyme courant dans le langage quotidien ou dans les déclarations des politiciens.

Ceci est déjà caractéristique de Max Weber, qui introduit le concept d'unités ethniques, où les "gens" sont des unités plus grandes dont les subdivisions sont appelées "tribu" ou "ethnos", et, selon Weber, même un ethnos peut être une subdivision d'une tribu, et vice versa. Pour la polis grecque, il souligne que les sous-groupes qui existaient avant la polis et se sont unis à elle n'étaient pas appelés phylai, mais ethne. La nation et le sens national, pour Weber, sont le produit de l'identification avec l'État, généralement sur la base d'une langue commune, et avec la politique de pouvoir de ces États [7].

Wilhelm Mühlmann - l'un des plus grands ethnosociologues allemands du 20ème siècle - s'est inspiré des concepts de l'ethnologue russe S.M. Shirokogorov, qui a introduit le concept d'"ethnos" comme "un groupe de personnes parlant une même langue, reconnaissant leur origine commune et possédant un ensemble de coutumes, un mode de vie, préservé et sanctifié par la tradition et se distinguant des coutumes d'autres groupes" [8].

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Mühlmann lui-même (photo, ci-dessus), à différentes périodes, essaie de séparer "ethnos", "peuple" et "nation". Selon lui, "Ethnos" est la forme la plus simple de société. Une nation est une forme plus complexe (comme chez Weber), le summum du développement culturel et spirituel. Mühlmann ne considère pas comme des peuples les communautés que nous appelons "ethnies", souvent aussi "peuples primitifs", les comprenant comme des ethnos. Enfin, à la fin de sa vie, Mühlmann a séparé "ethnos" (ethnie), "demos" et "peuple". "Demos" fait référence à la démocratie de masse moderne, à laquelle le concept de "peuple" ne s'applique plus, ce qui correspond à l'usage moderne de Nation. "Peuple" fait référence à ce qui a émergé en Europe après l'effondrement de l'Empire romain, c'est-à-dire la société hiérarchique médiévale [9].

Bromley, le coryphée de l'ethnologie soviétique, a quelque chose de similaire : les tribus correspondent à la formation communautaire primitive, les nationalités à la formation féodale et les nations à la formation capitaliste [10].

Ethnos, peuple et nation selon Alexandre Douguine

Si l'on considère ce qui précède, le concept ethno-sociologique d'A. G. Douguine, où les notions d'"ethnos", de "peuple" et de "nation" sont dissociées [11], apparaît comme le successeur le plus cohérent des traditions ethnosociologiques allemande et russe et de la spécificité des "pédologues" de droite russes et allemands dans leur traitement des termes "nation" et "peuple".

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Ethnos

Suivant Weber et Mühlmann, Douguine définit l'ethnos comme la forme la plus simple et, en même temps, la racine de la société à la base de toutes les autres, limitant l'utilisation du terme aux communautés archaïques ou à la dimension archaïque de la vie dans des structures sociales plus complexes.

Personnes

Le peuple dans ce schéma est le premier dérivé de l'ethnos. L'ethnie ou, plus précisément, plusieurs ethnies, étant entrées dans l'histoire (une ethnie est entrée - attendez-vous à une interaction intensive avec les autres, à des conquêtes et des alliances, à la formation de polities), quittent l'état d'équilibre et "d'éternel retour" qui caractérise la société archaïque, et forment des structures complexes: étatiques, religieuses, philosophiques, sociales (différenciation des classes). C'est ainsi qu'une nation émerge. Souvent, l'élite, dans une large mesure, sinon dans sa totalité, est allogène, représentant à l'origine un ethnos différent de celui des classes inférieures d'une société, ce qui crée le différentiel nécessaire pour gouverner, la séparation des dirigeants et des subordonnés. La forme politique la plus élevée de l'être d'un peuple est un empire, où les gens ne vivent pas seulement dans l'histoire, mais ont une mission historique ou cosmique spécifique. Dans l'empire chrétien, c'est l'idée des katechons qui retiennent le monde de la venue de l'Antéchrist [12].

Le peuple allie diversité ethnique et désir d'unité. La diversité - parce que, tout comme l'élite se renouvelle par des membres de différentes ethnies, il y a différentes ethnies aux étages inférieurs. Cependant, tant au sein de l'élite qu'entre les communautés paysannes subordonnées, il existe des processus d'interaction. Enfin, la même communication se poursuit entre la base et le sommet: le sommet assimile les éléments linguistiques et culturels de la base, la base assimile les modèles politiques et religieux normatifs imposés d'en haut. Le résultat est une société qui est à la fois diverse et similaire dans ses caractéristiques générales et qui réalise l'unité dans la diversité.

En Russie, par exemple, avant les réformes de Pierre (et après celles-ci), il existait une intégration de base des communautés slaves, finno-ougriennes et autres, dominée par l'origine slave, c'est-à-dire russe. Au sommet, il y a eu l'intégration de l'aristocratie varègue, slave, lituanienne et tartare, de sorte que tous ont fini par devenir également russes, formant ainsi le peuple russe, unifié par une perception commune de l'origine, de la culture et de la mission historique.

Il existait également un lien entre les classes supérieures et inférieures russes - sur le plan linguistique et culturel, et pour combler le fossé culturel après que Pierre ait donné à la Russie Pouchkine, Gogol, Tolstoï et Dostoïevski, Glinka, Moussorgski, les slavophiles et la philosophie religieuse russe, etc. C'est ainsi qu'est né le grand âge d'or, puis d'argent, de la culture russe.

Il restait toujours la possibilité pour certains groupes ethniques (comme les Yakoutes, les Bouriates ou les Tatars) de coexister organiquement dans l'Empire, avec le peuple russe, en tournant sur des orbites différentes du noyau culturel et étatique; et de russifier certains autres groupes ethniques, en adoptant les normes dominantes de comportement et même les traditions et la langue (comme dans la Volga-Urals et le Nord russe).

La nation

La "nation" dans le schéma de Douguine est dépourvue de toute signification positive (sauf qu'elle est meilleure qu'une société civile mondialisée et pervertie), car toute cette signification positive est déjà attribuée au concept de "peuple" en tant que structure complexe de la société sacrée traditionnelle. Il est inutile d'introduire une nouvelle catégorie pour décrire cette réalité. Mais tout change lorsqu'il s'agit de modernité.

"Nation" est ici comprise comme une forme ethno-sociologique apparaissant lors de la destruction des sociétés traditionnelles et lors du passage du paradigme du Prémoderne au Moderne, c'est-à-dire à la suite des processus de désacralisation, de sécularisation, de liquidation de la division traditionnelle des classes et de son remplacement par la division des classes, de l'émergence des révolutions bourgeoises, etc. Ici, la position critique des constructivistes E. Gellner, B. Anderson et E. Hobsbawm, pour qui la "nation" est la construction bourgeoise de l'ère moderne, est largement acceptée.

La "nation" exige une plus grande homogénéité que le "peuple", se fonde sur l'identité individuelle plutôt que collective et, dans l'idéal jacobin, exige l'assimilation de toutes les ethnies à sa portée.

La "nation" est une "communauté imaginée" - c'est-à-dire une société complexe qui se présente comme prétendument simple, unie par la solidarité du niveau de l'"ethnos" (la communauté archaïque), mais avec une propagation des concepts de "droits" et d'individualisme empruntés à l'aristocratie. Parlant au nom de "la nation" à l'époque des révolutions maçonniques bourgeoises en Europe, les porteurs d'un type anthropologique spécial - les bourgeois - justifient leurs prétentions au pouvoir: non pas des aristocrates héroïques ou des paysans laborieux, mais autre chose, des marchands, des avocats, des "hommes d'affaires", etc. Dans la terminologie de K. V. Malofeev, la "nation" est Canaan et le "peuple" est l'Empire [13].

La nation revendique la souveraineté en la contestant au monarque sacré que ce dernier reçoit de Dieu. Dans l'ensemble, c'est un produit de "simplification secondaire", pour utiliser le langage de K. N. Leontiev, et d'apostasie. La nation cherche à restaurer, voire à renforcer la solidarité sociale dans une société où les bourgeois ont déjà sapé les anciens piliers de la solidarité - la religiosité, la loyauté envers le monarque et l'Église, leur communauté rurale ou la corporation aristocratique - en politisant l'appel à une dimension ethnique et historique (le nationalisme). Cela peut provoquer la discorde et l'intolérance, et en réponse, le contre-nationalisme d'autres groupes. En fin de compte, cependant, parce que la nation favorise l'individualisme et est généralement, selon les mots de Louis Dumont, une projection du moi individuel sur le moi collectif [14]. Cet individualisme finit par miner la solidarité sociale, le nationalisme cède la place au mondialisme, inconscient de son unité essentielle avec celui-ci.

En Occident, le passage des peuples aux nations est presque achevé (bien que certains éléments de la conscience archaïque, dite "ethnique", et traditionnelle, dite "folklorique", soient encore évidents dans la vie et la culture quotidiennes). À l'Est et en Russie, en raison du phénomène de l'archéo-moderne, il est difficile de parler d'une "nation" dans ce sens. Les contours de la société et de l'empire traditionnels sont visibles derrière la façade moderniste.

Les conséquences de l'introduction de la trichotomie "ethnos", "peuple" et "nation" pour la science et le discours politique

Soulignons les avantages d'une telle division (avant tout, du peuple et de la nation) :

1.

La distinction entre la structure sociale et la psychologie collective, les perceptions des personnes de la société traditionnelle et de la société moderne est prise en compte, ce qui est perdu dans l'approche ethno-symboliste de E. Smith et le concept de "nations avant le nationalisme" de J. Armstrong. Par exemple, si nous prenons la définition de Smith selon laquelle une nation est "une communauté humaine sans nom et autodéfinie dont les membres partagent et entretiennent des mythes, des souvenirs, des symboles, des valeurs et des traditions communs, vivent sur un territoire établi et s'y identifient, créent et diffusent une certaine culture publique et observent des droits et des lois communs" [15], il est évident que la seule différence avec la définition de l'ethnicité de Shirokoghirov est une indication de la "publicité" de la culture et des "droits et lois". Mais comment, alors, distinguer les situations avant et après les changements radicaux des structures sociales, de la polity du monde et de la compréhension de soi de l'homme occidental au cours de l'ère moderne ?

Nous ne devons pas prétendre que la Réforme, la Renaissance, les Lumières, etc. ne signifient rien et ne changent rien aux structures sociales et à la perception que l'homme a de lui-même et du monde, et reporter le concept de "nation" dans sa compréhension dans la société occidentale moderne rétrospectivement au neuvième siècle, par exemple. Il est plus scientifique de séparer le Moderne et le Prémoderne, la Tradition et de donner un nom correct au contenu ethno-sociologique de la Tradition.

Quant aux cas de l'Angleterre, de la France et de l'Écosse, où les ethno-sociologues trouvent quelque chose qui ressemble à des nations au XIVe siècle, la description des "nations" à travers les catégories d'identité collective parmi les élites, le nom commun, les notions de descendance et de parenté, les souvenirs et les traditions partagés, la séparation des "leurs" des "étrangers", n'est pas convaincante. Nous trouvons la même chose dans "ethnos" et "peuple". La compréhension de la nation en tant qu'"ethnos avec un état et une culture développée" souffre du même défaut - mélanger accidentellement ou délibérément deux types et états opposés de la société - Prémoderne et Moderne.

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2.

L'introduction du concept de "nation" désactive le potentiel destructeur de l'approche constructiviste (Gellner et compagnie). Les nations en tant que quelque chose qui émerge à la place des peuples de la société traditionnelle tombent sous cette critique, les nations non. Si les constructivistes (E. Hobsbawm) ont tendance à croire que non seulement les nations, mais aussi des catégories telles que l'"antiquité" et la "tradition" ou même les "ethnies" ont été inventées par la bourgeoisie pour justifier sa domination dans la modernité, alors la séparation de l'"ethnie", du "peuple" et de la "nation" évite de tels extrêmes, un transfert inapproprié du paradigme moderne à la société traditionnelle et archaïque.

Ainsi, la notion de "peuple" peut servir de passerelle pour les penseurs de gauche et post-gauche les plus adéquats qui sont conscients des problèmes associés au concept de "nation" mais cherchent à résister au mondialisme libéral sans abandonner l'identité ethnique dans des constructions de gauche radicale (par exemple Alain Soral en France).

3.

L'appel au "peuple" désactive le danger d'un "nationalisme" moderniste et constructiviste, toujours possible lorsqu'on fait appel à "la nation". Depuis que les travaux des constructivistes ont gagné en popularité, la jeune droite, influencée par Anderson et d'autres, commence à construire le nationalisme selon leurs lignes, avec les inévitables références à la société civile, à la construction de la nation, aux demandes de plus de modernité et à la moquerie de la tradition comme archaïque. Le résultat est un discours dans l'esprit du "posthumanisme parlant russe" et un élargissement de l'horizon du transhumanisme (comme le montre clairement le cas d'E. Prosvirnin).

4.

Dans le même temps, la composante libérale de l'appel à la "nation" est désactivée lorsqu'une autre partie des "nationalistes" estime que puisqu'ils sont pour l'"État-nation", celui-ci devrait être pour la démocratie, le progrès, le "parlementarisme", les "élections libres" et un Navalny emprisonné, c'est-à-dire pour l'effondrement de la Russie. Cela crée une opportunité pour ceux qui se considèrent comme des "nationalistes" mais qui sont en fait des conservateurs et des traditionalistes de repenser leur position et de défendre une identité ethnique et historique ("peuple") qui n'a rien à voir avec la vision libérale du monde cananéen.

5.

L'Empire n'apparaît pas comme un conglomérat d'une multitude de groupes ethniques et de classe dépourvus de solidarité sociale réelle et contraignante, ni même de "nations" privilégiées (le danger de ce que la droite appelle le "multinationalisme"), mais comme une forme politique dotée d'une solidité ethno-sociologique et différenciée simultanément - le peuple. Le peuple et l'Empire ne sont pas liés comme une accidenza et une substance : tous deux se créent et se recréent essentiellement. L'empire façonne le peuple dans ses caractéristiques essentielles, mais le peuple façonne également la forme unique de l'empire, du moins dans le cas de la Russie.

Les empires eux-mêmes peuvent être historiquement différents les uns des autres: ils peuvent être multiethniques, mais graviter autour d'une culture unique avec une identité ethnique claire et une vision de la mission historique, c'est-à-dire reposer sur un seul "peuple" (les Chinois Han ou les Russes en Russie), ou être plus amorphes en termes ethniques, unissant différents "peuples" qui ne se fondent pas en un seul, mais sont solidaires en termes de mission, proches en termes religieux et culturels (le projet gibelin dans l'Europe médiévale).

Opération Militaire spéciale et ethnosociologie

Une analyse générale peut être faite de l'ethno-sociologie de l'opération militaire spéciale, sur la base du concept décrit ci-dessus. Pour la Russie, il s'agit du retour dans l'espace commun d'une partie du peuple russe. Dans le cadre de la trichotomie ethno-nationale, l'approche de V. Poutine est bien expliquée. L'approche de Poutine, dans laquelle les Russes et les Ukrainiens sont caractérisés comme "un seul peuple", s'explique bien.

Poutine ne confirme pas accidentellement cette thèse en faisant appel à "l'unité historique" [16]. C'est ce facteur - une seule histoire et une seule mission historique - qui est le plus essentiel à la notion de "peuple". Au cours de ce retour, la Russie elle-même se rappelle qu'elle est un Empire - elle réalise la mission du Katechon en affrontant le mal eschatologique de l'Occident. Les groupes ethniques et les Russes de Russie participent à la cause commune de la libération de la Novorossia et de l'Ukraine, en s'unissant, mais pas au prix d'une perte d'identité ou d'identité ethnique (et non d'une assimilation à une "nation").

Dans ce contexte, le peuple russe a à la fois une composante ethnique (assez diverse, notamment en raison de la conceptualisation des petits Russes en tant qu'"Ukrainiens", qui sont aussi des Russes) et une composante historique. Ce n'est pas une coïncidence si les Caucasiens, les Bouriates, les Touviniens et les représentants d'autres groupes ethniques en Russie se déclarent également de plus en plus souvent Russes. Les "Ukrainiens"-Malorossiens, ayant rejoint l'Empire et se réalisant comme faisant partie du peuple russe, ne perdront pas leur composante ethnique, mais acquerront seulement une dimension identitaire supplémentaire - impériale et universelle.

L'"ukrainisme" - en tant qu'identité opposée à la Russie - ressemble à une mise en œuvre absolue des concepts constructivistes sur la nature artificielle de la nation (d'abord le nationalisme - ensuite la nation). Le politonyme "Ukrainiens" lui-même est l'œuvre des cercles de l'intelligentsia, qui ont adopté au 19ème siècle un terme livresque dépassé, en le remplissant d'abord d'un contenu purement géographique, puis purement "nationaliste", et en l'établissant comme un nom propre seulement après l'ukrainisation soviétique [17]. Ici, nous avons précisément affaire à une "nation" créée de toutes pièces, avec le nationalisme qui en résulte.

L'Opération militaire spéciale en Ukraine est une lutte entre la grande nation russe et la "nation ukrainienne" artificielle, entre la Tradition et la Modernité, qui transite vers la Postmodernité, entre l'Empire et l'État-nation comme tremplin sur la voie de la dissolution dans la société globale.

Notes:


[1]    А.И. Миллер. «Нация» и «народность» в России XIX века URL" https://polit.ru/article/2008/12/29/nation/

[2]    А.И. Миллер. «Нация» и «народность» в России XIX века URL" https://polit.ru/article/2008/12/29/nation/

[3]    Бенуа А. Идея Империи/Против либерализма: (К Четвёртой политической теории). - Спб.: Амфора, 2009. С.441

[4]    Ernst Wilhelm Müller, Der Begriff ‚Volk‘in der Ethnologie URL: https://download.uni-mainz.de/fb07-ifeas/Mueller/Volk.pdf

[5]    "Drei Staaten, zwei Nationen, ein Volk“ - Ein Konzept "fürs Museum"? URL: https://www.bpb.de/themen/deutschlandarchiv/247587/drei-s...

[6]    Volk/ Nation URL: https://www.hanisauland.de/node/2540

[7]    Ernst Wilhelm Müller, Der Begriff ‚Volk‘ in der Ethnologie, URL: https://download.uni-mainz.de/fb07-ifeas/Mueller/Volk.pdf

[8]    Широкогоров С.М. Этнос. Исследование основных принципов изменения этнических и этнографических явлений. Кафедра Социологии Международных Отношений социологического факультета МГУ им М.В. Ломоносова. Москва, 2010г. С.16.

[9]    Ernst Wilhelm Müller, Der Begriff ‚Volk‘in der Ethnologie, URL: https://download.uni-mainz.de/fb07-ifeas/Mueller/Volk.pdf

[10]  Этнография: Учебник / Под ред. Ю. В. Бромлея и Г. Е. Маркова. — М.: Высш. школа,

1982. С.4-5

[11]  См. Дугин А.Г. Этносоциология. - М.: Академический проект, 2011

[12]  См. также Дугин А.Г.  Антикейменос. Эпистемиологические войны. Боги чумы. Великое пробуждение. М.: Академический Проект, 2022.

[13]  См. Малофеев К.В. Империя. Книга первая. - М.: Издательство АСТ, 2022.

[14]  Цит по. Бенуа А. Идея Империи/Против либерализма: (К Четвёртой политической теории). - Спб.:Амфора, 2009. С.451

[15]  Smith A.D. Cultural Foundations of Nations: Hierarchy, Covenant and Republic. L.: Blackwell Publishing, 2008, p. 19.

[16]  Статья Владимира Путина «Об историческом единстве русских и украинцев» URL: http://kremlin.ru/events/president/news/66181

[17]  Ф.А. Гайда. Историческая справка о происхождении и употреблении слова «украинцы» URL: https://rusidea.org/250929916

 

L’inévitable chute de la France sous de Gaulle (avec Michel Debré)

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L’inévitable chute de la France sous de Gaulle (avec Michel Debré)

Nicolas Bonnal

La société moderne (ou postmoderne) est née sous le gaullisme en pleines trente glorieuses. Il faut le rappeler à ceux qui poursuivent sur le thème de la rêverie romantique et mythique présentant l’époque gaullienne comme un monde in illo tempore, un âge d’or façonné par Mircea Eliade. La dure ou molle plutôt réalité de terrain m’est revenue en relisant les Entretiens avec le général, publiés par mon éditeur Albin Michel en 1993. Debré qui incarne l’archéo-gaullisme m’a toujours plu, comme son successeur Asselineau et il représenta 1% des voix en 1981 comme Asselineau aujourd’hui.

Parlons en termes de cinéma : la France de de Gaulle n’est plus la France bourgeoise et traditionnelle de Guitry, ni celle campagnarde de Pagnol ou patriote et impériale de Rémy (Le Monocle…) ou de l’admirable et oublié Jean Devaivre (Plein sud). La France de de Gaulle c’est celle de la cybernétique (Alphaville de Godard), des conspirations capitalistes (Fantômas), de l’américanisation et du franglais d’Etiemble (Play time de Tati), de la disparition des couples (Le Mépris avec B.B.), de la libération sexuelle accélérée sous Pompidou, du gauchisme culturel, de la disparition de l’empire colonial et du déclin des valeurs: tout cela Debré en est parfaitement conscient.

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J’oubliais : la décennie gaulliste c’est aussi celle de la bagnole (Weekend de Godard et Trafic de Tati) et celle de la télé (La grande lessive de l’inoubliable Mocky). C’est la création du beauf, de l’automobiliste et du téléphage qui attend, triple buse, sa quatrième dose de Pfizer. Comme dit Bercoff il est dommage que la droite de ces années-là n’ait pas lu Debord et les situationnistes. Le regretté Yann de l’Ecotais m’avait demandé il y a vingt ans d’écrire une suite aux Carnets du major Thompson. Je me demande ce qu’il dirait aujourd’hui, le major Thompson…

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De Gaulle qui a un pied dans le rêve, un autre dans l’ennui du quotidien, déclare lucidement (sur le thème vraiment philosophique et pas polémique de la Fin de l’Histoire) le 26 mai 1968: “Je ne souhaite pas que ce référendum réussisse. La France et le monde sont dans une situation où il n’y a plus rien à faire et, en face des appétits, des aspirations, en face du fait que toutes ces sociétés se contestent elles-mêmes, rien ne peut être fait... Je n’ai plus rien à faire là-dedans, donc il faut que je m’en aille. Et, pour m’en aller, je n’ai pas d’autre formule que de faire le peuple français juge de son destin”.

On se demande alors pourquoi il s’est représenté en 1965, surtout après l’échec du plan algérien sur le court et long terme. Debré écrit qu’il se sentait obligé moralement mais rappelle qu’en 1967 sa majorité présidentielle (qui ne s’est jamais voulue de droite, la droite est une resucée du dix mai 1981, une invention du PS pour rester au pouvoir) ne tient qu’à trois voix. On est loin du grand assentiment national.

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Debré ajoute très inquiet : ‘Ce qui paraît le plus le frapper, c’est le fait que les sociétés se contestent elles-mêmes et n’acceptent plus les règles, qu’il s’agisse de l’Eglise ou de l’université, et qu’il subsiste uniquement le monde des affaires, dans la mesure où [il] permet de gagner de l’argent. Mais sinon, il n’y a plus rien.” »

C’est très juste après Vatican II, mais c’est ce qu’écrivit Maurice Joly dans les Entretiens de Machiavel et de Montesquieu, 120 ans avant (voyez mon texte). Et si l’on ne croit plus en cela, pourquoi prendre et exercer le pouvoir ?

Et De Gaulle encore: « La France et le monde sont dans une situation où il n’y a plus rien à faire ».

Poursuivons avec l’Europe et l’Amérique. Debré écrit : « Je lui fais part de mon pessimisme profond. Je crains la violence du courant pour l’intégration de la France en Europe. C’est-à-dire la fin de la France. Il faut faire l’Europe par l’association des états et non par la disparition des nations (p.57). »

Soyons factuels. Le gaullisme nous a intégrés à l’Europe, il a liquidé l’Empire, il a livré la culture à la gauche (ce que Zemmour évoque intelligemment dans sa Mélancolie française, pp. 105-106), et il a modernisé notre économie au mauvais sens du terme: grosses boites étatiques et mécontentement ouvrier sur fond de gauchisme culturel made in Ecole de Francfort et Californie. C’est un gaulliste (Péricard) et pas un communiste qui dénonce dans les années 70 la France défigurée.

Bercoff dans son brillant essai sur la Reconquête (il n’y a jamais eu de reconquête : les mitterrandiens sont restés au pouvoir car plus machiavéliens) expliquait déjà que le Français était un assisté. Debray confirme quinze ans (et Gustave Le Bon cent ans avant, voyez mon texte) avant :

« Les Français refusent les conditions de cette expansion mais ils acceptent les conditions de cette expansion : travail et discipline… Les Français veulent des réformes sociales mais en même temps ils souhaitent les droits acquis. »

Sous la plume de Debré de Gaulle apparait comme un homme qui se trompe (cf. l’Algérie qui pousse Debré à partir) ou qui n’y croit plus trop (on retrouve Chateaubriand…) ; mais il est aussi un homme trahi. Debré évoque « l’éclat de Giscard » (mais il est resté six ans ministre de l’économie ce traître !) et l’entreprise de démolition menée contre le gaullisme par l’éternel journal bourgeois Le Figaro (il ne cite pas Raymond Aron).

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Puis survient l’eschatologique Sicco Mansholt (photo) (p. 136) :

« Mansholt a exprimé ses craintes devant l’ampleur du triomphe gaulliste lors des élections législatives qui viennent d’avoir lieu en France. »

Carroll Quigley parle de de Gaulle dans les même termes dans Tragedy and Hope : une fois qu’il sera parti, nous pourrons terminer l’Europe (p. 1296). Quant aux Hollandais ils achèvent de sacrifier leur agriculture sur ordre américain (BlackRock & co).

J’ai évoqué Zemmour et Malraux, saboteur de la culture classique française ; Debré écrit tel quel : « une impulsion a été donnée pour permettre à Malraux de créer des maisons de la culture, moyennant  quoi les maisons de la culture sont des foyers d’agitation révolutionnaire. »

Comme on est gentil et pas polémiste on ne parlera pas de mai 68, révolution orange israélo-américaine (cf. la lettre ouverte de mon éditeur Thierry Pfister, p. 39) que personne ne voyait soi-disant venir; mais terminons rapidement.

Debré (pour ceux qui se plaignent de l’euro) évoque les taux directeur de la Banque de France à 15% (via le gouverneur Brunet), la trahison de Pompidou qui évoque son « destin national » le 13 février 1969 ; « l’absence d’autorité flagrante » du gouvernement de Couve de Murville, et surtout l’avènement du grand remplacement démographique :

« Situation de lanterne rouge de l’Europe. Si on écartait les enfants nés d’étrangers installés en France et des étrangers naturalisés, notre situation serait de l’ordre de la catastrophe. »

Et comme s’il avait vu le film de Mocky avec notre génial Bourvil, Debré voit cette télé qui va échapper au pouvoir gaulliste :

« Je trace un bref tableau de l’influence destructrice de la télévision de d’avantage encore de l’éducation nationale. »

De Gaulle sent la prostration monter dans la société postmoderne drivée par les médias :

« Comment se fait-il que les familles ne réagissent pas ? »

Et je laisse le mot de la faim à Debré :

« Je savais que l’échec était assuré mais ne voulais pas l’admettre. Je jouais la comédie, le général n’a pas été dupe (p. 182). »

C’est Tocqueville qui évoquant le destin français dans son Ancien régime dénonce cette nation « abstraite et littéraire »…

Sources:

Eric Zemmour –Mélancolie française

Michel Debré –Entretiens avec le général, Albin Michel

Bercoff-Caton – De la reconquête

Bonnal –Mitterrand le grand initié

Thierry Pfister – Lettre ouverte à la génération Mitterrand

https://www.dedefensa.org/article/gustave-le-bon-et-le-ch...

https://www.dedefensa.org/article/maurice-joly-et-le-gouv...

 

mercredi, 17 août 2022

Inde contemporaine : identité postcoloniale

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Inde contemporaine: identité postcoloniale

par l'équipe de Katehon.com

Source: https://www.geopolitika.ru/article/sovremennaya-indiya-postkolonialnaya-identichnost

La formation de l'Inde et du Pakistan

La phase post-coloniale de l'histoire de l'Inde commence le 15 août 1947, lorsque l'Inde a obtenu sa pleine indépendance de la domination britannique. Depuis lors, l'Inde est présente dans le monde en tant qu'État indépendant d'une manière qui, historiquement, n'avait jamais existé auparavant, ni en termes de forme politique, ni en termes de frontières, ni en termes de critère d'identité fondamentale. C'était une Inde entièrement nouvelle, qui clôturait l'ère de la modernisation coloniale et commençait celle de la modernisation nationale.

Les possessions britanniques en Inde et les territoires sous domination britannique jusqu'à la déclaration d'indépendance se sont retrouvés démembrés par l'administration britannique sortante en deux entités, l'Inde et le Pakistan, selon des critères religieux. Cependant, les indépendantistes nationaux eux-mêmes n'avaient pas, au départ, une position unifiée sur la partition ou l'unité - cela a fait l'objet de vifs débats, qui ont conduit à des affrontements sanglants entre hindous et musulmans lorsque la partition a commencé. Cela est principalement dû au fait que dans les deux États, l'Inde et le Pakistan, le modèle idéologique final est resté longtemps indéfini, et que tout dépendait de la situation spécifique dans laquelle les hindous et les musulmans pouvaient ou non trouver une solution commune. L'administration coloniale britannique était également complice de ce processus, cherchant à établir dans ses anciennes colonies un système sociopolitique qui lui permettrait de continuer à exercer une influence importante sur ces pays - en matière d'idéologie, de politique, d'économie, etc.

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Ainsi, les États post-coloniaux suivants émergent dans le sous-continent indien - et plus largement, dans la zone, de la civilisation hindoue :

- L'Inde elle-même (avec la dominance religieuse de l'hindouisme, mais une importante minorité islamique - particulièrement massive et politiquement active dans l'État du Cachemire) ;

- Les États islamiques du Pakistan (avec des politiques strictement anti-indiennes) au nord et du Bangladesh (avec des politiques pro-indiennes) à l'est (qui était à l'origine une seule entité politique, le Pakistan occidental et oriental) ;

- Népal (où le bouddhisme domine) ;

- Sri Lanka.

La division en un État islamique et un État hindou, c'est-à-dire le Pakistan et l'Inde, s'est accompagnée de flambées de violence des deux côtés. Le Pakistan oriental, appelé plus tard Bangladesh, faisait partie du Bengale, artificiellement coupé de l'État indien ; les territoires du Jammu-et-Cachemire ainsi que du Pendjab avaient une population mixte, ce qui a conduit à des conflits territoriaux prolongés et à des actes de terreur récurrents. La division des territoires administratifs en territoires islamiques et hindous n'était pas stricte à l'époque de l'influence islamique maximale en Inde, ni pendant la période de colonisation britannique. Malgré toute la différence de religions, il s'agissait d'une population unique d'une civilisation commune, bien qu'avec des strates différentes. La division post-coloniale de l'Inde a représenté entorse à l'horizon indien, qui a été artificiellement et violemment démembré en plusieurs composantes. L'espace même de l'Inde pré-indépendance était polycentrique et multiethnique. Il y avait des zones dominées par l'une ou l'autre religion, des formes mixtes et intermédiaires ainsi que des enclaves de communautés archaïques ou d'entités mystico-religieuses originales. Cette polycentricité ainsi que les varnas et les jatas ont fait de l'Inde une mosaïque civilisationnelle, bien que la structure de cette mosaïque soit soumise à une logique civilisationnelle interne, largement manifestée par l'Historial indien.

Au moment de l'indépendance, ce processus subtil et naturel de dynamique civilisationnelle a été artificiellement interrompu et remplacé par le tracé rigide de plusieurs lignes de partage administratives, tracées très grossièrement et sans tenir compte de la structure indienne elle-même. Non seulement le Pakistan est devenu une création post-coloniale artificielle, mais l'Inde elle-même s'est conformée aux frontières conventionnelles sans continuité univoque avec les empires indiens du nord, les puissances islamiques ou les États du sud. Les dirigeants de l'Inde et du Pakistan ont été contraints de créer leurs nations dans des conditions totalement artificielles, en déplaçant de force d'énormes masses de population (étant donné la forte démographie de la société indienne), en procédant à des nettoyages ethniques, souvent accompagnés de violences et de bains de sang.

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Indépendance et démocratie : Jawaharlal Nehru

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1946, des mutineries armées ont éclaté dans l'armée indienne et un mouvement de masse visant à expulser le contingent britannique et l'administration coloniale du pays a débuté. Simultanément, les frontières ethno-religieuses entre hindous et musulmans se polarisent, s'accompagnant d'un nettoyage ethnique et de pogroms dans de nombreuses villes et zones à la population traditionnellement mixte.

Lors des élections, le Congrès national indien remporte la majorité dans huit provinces, qui deviendront plus tard la base du nouvel État indien. Jawaharlal Nehru [1] (1889-1964) devient le premier Premier ministre de l'Inde. Il est le président du Congrès national indien et un proche associé et adepte de la cause de Gandhi. Nehru, contrairement à Gandhi, est né dans la Brahman varna, c'est-à-dire qu'il représentait la caste la plus élevée. Le père de Jawaharlal Nehru, Motilal Nehru (1861-1931), était également un participant actif de la lutte de libération nationale et le leader du Congrès national indien. Comme de nombreux leaders de la résistance indienne, Nehru a reçu son éducation en Angleterre. Dès sa jeunesse, il a accepté que Jawaharlal Nehru combatte les Britanniques, se retrouvant à plusieurs reprises en prison, où il a passé au total plus de dix ans.

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Au début de l'année 1947, l'Angleterre décide de se retirer définitivement du territoire de l'ancienne colonie, mais avant d'accorder l'indépendance aux Indiens, les Britanniques favorisent la partition du territoire entre les musulmans, représentés par Jinnah, qui s'unissent dans le dominion du Pakistan, qui comprend l'actuel Pakistan à l'ouest et le Bangladesh à l'est, et les hindous et les sikhs, qui forment la base de l'Inde moderne. Le 14 août 1947, l'État du Pakistan est proclamé et le 15 août 1947, l'État de l'Inde est déclaré.

Trois ans après sa création, l'Inde devient une république parlementaire totalement indépendante le 26 janvier 1950.

Jawaharlal Nehru a dirigé le pays dans la première phase et est resté à la tête du pays jusqu'en 1964.

Nehru adhère à des idées de gauche, en partie en sympathie avec le communisme et l'expérience soviétique (il se qualifie ouvertement et à plusieurs reprises de "socialiste") et en partie avec le système capitaliste de l'Ouest. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé dans une position typique des pays qui ont créé le mouvement des non-alignés, dans lequel l'Inde a joué le rôle principal, avec la Yougoslavie de Josip Broz Tito (1892 -- 1980) et le mouvement panarabe sous la houlette de l'Egyptien Gamal Abdel Nasser (1918 - 1970).

En devenant indépendante, l'Inde a dû faire face à plusieurs défis géopolitiques :

- Problèmes avec le Pakistan au sujet du territoire contesté dans l'État du Jammu-et-Cachemire, qui compte une importante population islamique ;

- des différends territoriaux avec la Chine sur certaines parties du Tibet, que les deux pays revendiquent comme leur propriété ;

- plus tard, après la mort de Nehru, les relations avec les Sikhs, qui se sentent lésés par l'idéologie dominante de l'hindouisme et entreprennent de créer un État sikh séparé, le Khalistan, deviennent tendues ;

- parallèlement, le nationalisme et le séparatisme dravidien prenaient forme dans le sud de l'Inde, en particulier dans l'État du Mail Nadu.

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Indira Gandhi

Bien que la première guerre indo-pakistanaise ait éclaté sous Nehru entre 1947 et 1948, les guerres se sont poursuivies même après que la fille de Nehru, Indira Gandhi (1917 -1984), ait succédé à son père comme premier ministre de l'Inde. Puisque la mère d'Indira Ghani ainsi que son père appartenaient aux varnas brahmaniques, elle était à juste titre rattachée à ces varnas en termes d'hindouisme. Mais Indira Gandhi elle-même a épousé un politicien et écrivain zoroastrien (parsa), Feroz Gandhi (1912-1960) et a commis une erreur contre les coutumes de l'hindouisme. Ainsi, la progéniture d'Indira Gandhi et de Feroz Gandhi (les fils Rajiv et Sanjay) appartenait à la catégorie hors-caste des tchandalas, dalits, intouchables par la loi hindoue.

Indira Gandhi a été élue Premier ministre en 1966 après le décès de Lal Bahadur Shastri (1904 -1966), qui n'avait occupé ce poste que pendant deux ans. Sous Shastri, la deuxième guerre indo-pakistanaise a éclaté en 1965, avec des hostilités majeures au Cachemire et au Pendjab.

Indira Gandhi, comme Lala Bahadur Shastri qui a dirigé l'Inde avant elle, et même avant son père Jawaharlal Nehru, avait des opinions de gauche et poursuivait la ligne politique du Mouvement des non-alignés [2].

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En 1971, une autre guerre indo-pakistanaise éclate sous Indira Gandhi, qui décide du sort du Pakistan oriental. La population du Pakistan oriental, qui n'avait pas de lien territorial direct avec le Pakistan occidental, se considérait comme un peuple distinct (principalement des Bengalis), qui éprouvait du ressentiment face à Islamabad (au Pakistan occidental) pour déni de droits et politiques visant à supprimer l'identité bengalie. Dans ce cas, le facteur islamique ne constituait pas une base assez solide pour maintenir un État unifié et, à bien des égards, une Inde hindoue mais généralement laïque semblait plus proche des habitants du Pakistan oriental. Le rejet par Islamabad de l'indépendance du Pakistan oriental a conduit à une guerre dans laquelle l'Inde, sous la direction d'Indira Gandhi, a pris le parti du Pakistan oriental.

L'armée pakistanaise a été la première à lancer une attaque de missiles sur l'Inde, visant la ville d'Agra. L'Inde a répondu par des frappes symétriques et a lancé une invasion du Pakistan oriental, défendant simultanément ses territoires à la frontière avec le Pakistan occidental.

En conséquence, les Indiens ont été victorieux, ce qui a entraîné la sécession du Pakistan oriental et son indépendance en tant que nouvel État indépendant, le Bangladesh. La guerre n'a duré que 13 jours. L'URSS a soutenu Indira Gandhi et la création de l'État indépendant du Bangladesh, avec Dhaka comme capitale. Dans le même temps, Moscou a garanti le soutien de l'Inde si la Chine et les États-Unis, qui s'étaient rangés du côté du Pakistan occidental, intervenaient dans la guerre. La victoire d'Indira Gandhi dans cette guerre a considérablement renforcé la position géopolitique de l'Inde, qui est devenue l'hégémon incontesté dans tout le sous-continent indien. Pour le Pakistan, il s'agit d'une défaite sévère, puisque le pays a perdu la moitié de sa marine, un quart de sa force aérienne et un tiers de son armée.

Néanmoins, un peu plus tard dans les années 1970, l'Inde est entrée dans une période de crise politique et Indira Gandhi s'est révélée être une dirigeante coriace en imposant une urgence nationale et en assumant des pouvoirs d'urgence (essentiellement dictatoriaux) face à des menaces croissantes. Au cours de cette période, elle a promulgué une loi de stérilisation forcée pour les hindous en raison du problème de la croissance démographique catastrophique et d'autres lois qui ont été rejetées par le public.

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Par la suite, Indira Gandhi perd les élections, mais en 1980, elle redevient Premier ministre. Au cours de son deuxième mandat au pouvoir, il y a un conflit avec les Sikhs. Jarnail Singh Bindrawal (1947 - 1984) (photo), chef des Sikhs du mouvement politico-religieux Damdami Taksal, et du principal parti sikh, l'Akali Dal, a affronté les forces indiennes, s'emparant du sanctuaire le plus sacré des Sikhs, le Temple d'or (Darbar Sahid) à Armsar, au Pendjab, et y a établi un centre de défense militaire. Indira Gandhi a ordonné la prise d'assaut du sanctuaire, qui a fait un nombre important de victimes des deux côtés. Cela a tendu les relations entre les hindous et les sikhs et suscité le séparatisme sikh au Pendjab (avec un projet de création d'un État sikh séparé, le Khalistan): un problème aigu en Inde. L'opération menée par l'armée indienne pour écraser le soulèvement sikh a été appelée Opération Blue Star. Les Sikhs, vaincus dans la confrontation directe avec les troupes indiennes, ont répondu par une vague d'attaques terroristes et d'assassinats politiques. L'une des victimes était Indira Gandhi elle-même, tuée par des gardes du corps sikhs qui se vengeaient de l'assaut et de la profanation de leur sanctuaire, le Temple d'or.

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Dans les années 70, un autre mouvement séparatiste, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul, fondé par le nationaliste tamoul Velupillai Prabhakaran (1954-2009), s'est formé dans le sud de l'Inde, tout d'abord sur l'île de Sri Lanka. La mission des Tigres de libération de l'Eelam tamoul était de construire un État dravidien indépendant de l'Eelam au Sri Lanka et, plus largement, en Inde du Sud. Ce mouvement a entamé une lutte de guérilla s'appuyant sur des méthodes terroristes. Ainsi, l'Inde a été confrontée à trois types de terrorisme : par les musulmans, les sikhs et les dravidiens.

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Après l'assassinat d'Indira Gandhi, son fils Rajiv Gandhi (1944-1991) (photo) a occupé le poste de premier ministre pendant quatre ans, entre 1984 et 1989. Son règne inclut le soulèvement sikh à Delhi et l'invasion des Maldives par l'armée indienne en réponse à un coup d'État dans lequel les séparatistes dravidiens des Tigres de libération de l'Eelam tamoul ont joué un rôle majeur. Rajiv Gandhi décide d'envoyer des troupes aux Maldives, ce qui fait échouer le coup d'État. Des mesures punitives contre les milices terroristes tamoules suivent.

En 1991, Rajiv Gandhi est assassiné par un terroriste tamoul pendant sa campagne pour le parlement. Après sa mort, la cause de la dynastie politique Nehru/Gandhi a été poursuivie par la veuve de Rajiv Gandhi, Sonia Gandhi, qui était d'origine italienne. À partir de la fin des années 1990, Sonia Gandhi devient le leader du Congrès national indien, alors confronté à la montée de l'opposition nationaliste de droite au Parti du peuple indien (Bhairati Janati Party).

La nouvelle génération de nationalistes en Inde

Le Parti du peuple indien (Bhairati Janati Party) a été fondé en 1980 par les politiciens conservateurs Atal Bihari Vajpayee et Lal Krishna Advani. Le nouveau parti était basé sur une alliance de nombreux groupes hindous nationalistes, collectivement appelés Sangh Parivar, dont le principal est le Rashtriya Swayamsevak Sangh [3]. De manière révélatrice, l'un des assassins du "Mahatma" Gandhi était membre de cette organisation, prônant à l'origine une Grande Inde ou un Empire indien, ce qui, selon ce courant, manquait à Gandhi. Ce mouvement était populaire parmi les Marathas les plus militants. L'un de ses représentants les plus éminents était le théoricien du nationalisme indien Madhav Sadashiv Golwalkar [4] (1906 -1973) (photo, ci-dessous).

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L'Hindutva a joué un rôle central dans ce courant, mais parallèlement à son interprétation dans l'esprit du nationalisme européen, on pouvait également trouver des références au traditionalisme hindou intégral dans l'esprit de l'Advaito Vedanta et de la ligne Tilak.

Alors que le Congrès national indien gravitait traditionnellement vers le socialisme et le libéralisme, le Bhairati Janati Party nouvellement formé se concentrait principalement sur le nationalisme indien. Ses slogans reposaient sur l'idée de l'Hindutva - l'identité indienne - ainsi que sur le patriotisme, la souveraineté et la protection de l'État indien, qui étaient devenus particulièrement pertinents en raison de la montée des sentiments séparatistes. Étant donné que le mariage d'Indira Gandhi avec un Parsi la plaçait en dehors du système des varnas et que, par conséquent, son fils Rajiv et le reste de la dynastie politique étaient considérés comme des tchandalas (Dalits, intouchables), les nationalistes du parti Bhairati Janati ont transféré ces propriétés à l'ensemble du parti du Congrès national indien, l'accusant d'éroder et de perdre les fondements de la culture, de la civilisation et des traditions indiennes. La popularité croissante du Bhairati Janati Party a été alimentée par les scandales de corruption du parti du Congrès, longtemps au pouvoir en Inde, et par les tensions croissantes avec la population islamique, qui sont devenues particulièrement visibles à mesure que les idées salafistes et wahhabites propagées par l'Arabie saoudite et d'autres États arabes sunnites se sont répandues parmi les musulmans indiens.

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Le parti Bhairati Janati insistait précisément sur l'hindouisme religieux comme base de l'identité indienne, ce qui s'est parfois traduit par un harcèlement de la population musulmane. Néanmoins, le parti a remporté une majorité de sièges au parlement en 1996 et son fondateur Atala Bihari Vajpayee (photo) est devenu Premier ministre. Cependant, le parti n'occupe pas le poste, mais devient dès lors une force importante dans la politique indienne, participant à diverses coalitions et obtenant d'importants postes gouvernementaux.

Dans les années 1990, le Bhairati Janati Party avait un nouveau leader, Narendra Modi, qui est rapidement devenu chef de l'administration de l'État du Gujarat. Modi est issu du mouvement Rashtriya swayamsevak sangh et s'appuie sur le traditionalisme hindou. Progressivement, son rôle au sein du parti s'est accru et après que le parti ait remporté les élections parlementaires en 2014, il est devenu le premier ministre de l'Inde.

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En alliance avec le Bhairati Janati Party se trouve l'organisation hindoue encore plus radicale Shiv Sena, [5] fondée par les marathas du scribe Kayastha Bal Keshav Thackeray (1926 - 2012) (photo, ci-dessus) en 1966. Les théoriciens du Shiv Sena combinent une identité indienne commune (Hindutva) dans sa version traditionaliste (avec un recours à l'Advaito Vedanta, aux varnas et au shivaïsme) avec un accent sur l'identité distincte des Marathas, d'où la grande influence dont jouit ce mouvement à Mumbai et dans l'État du Maharashtra en général.

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Les militants du Shiv Sena soulignent que ce sont les Marathas qui ont été les premiers à lancer des luttes armées contre les musulmans et pour la restauration de l'ordre hindou, et qui ont résisté farouchement à l'occupation britannique. Parfois, dans les textes du Shiv Sena, on peut trouver des appels à un État Maratha séparé. Après la mort du fondateur du Shiv Sena, Bala Keshav Thackeray, il a été dirigé par son fils Uddhav Thackeray.

De manière révélatrice, il existe également des partis nationalistes indiens dans des pays qui étaient autrefois sous l'influence de la Grande Inde. Parmi eux:

- Parti de l'éveil du Dharma indonésien (Partai Kebangkitan Dharma Indonesia) en Indonésie ;

- Les partis hindous de Banga Sena et Bangabhumi au Bangladesh ;

- Rashtriya Prajatantra Parti (Parti démocratique national) et Nepal Shiv Sena au Népal ;

- Parti de la réforme progressiste (Vooruitstrevende Hervormingspartij) au Suriname.

L'Islam radical en Inde

Examinons maintenant brièvement les tendances séparatistes en Inde que nous avons déjà mentionnées à plusieurs reprises. Eux aussi sont des versions du nationalisme, mais non pas intégrateur, comme dans le cas des différents courants de l'Hindutva, mais visant à diviser l'Inde en plusieurs États-nations.

Les musulmans représentent environ 14 % de la population indienne, et au Jammu-et-Cachemire, ils constituent la majorité de la population. La majorité des musulmans sont des sunnites du madhhab Hanafi, bien que les chiites, y compris les ismaéliens (les séminaristes chiites connus sous le nom de courants Bohra et Nizarite Khoja) constituent environ 30 % de la population islamique totale. Parmi les chiites, un courant extrême particulier, l'Ahmadiyya, a émergé au cours du XIXe siècle, dont le fondateur, Mirza Guam Ahmad (1835-1908) (photo, ci-dessous), né à Qadian, dans l'État du Pendjab, s'est déclaré le Mahdi. Bien que la plupart des chiites aient rejeté cette revendication, Ahmad a gagné de nombreux partisans, qui ont formé la base d'un nouveau mouvement religieux reconnu comme une dénomination indépendante dans l'Inde moderne.

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Les chiites sont beaucoup plus profondément et organiquement intégrés dans la société indienne. Parmi les sunnites, le soufisme (principalement la tarikat Chishtiyya) est très répandu et sert également de pont intellectuel et spirituel entre les deux traditions. Le chiisme et le soufisme constituent un bouclier important contre la pénétration du salafisme et du wahhabisme parmi les musulmans indiens, car les structures de l'islam zahirite sont l'exact opposé de celles de l'islam bati [6]. C'est l'islam bati qui prévaut en Inde, qui découle de l'histoire de la propagation de l'islam en Inde, où l'environnement culturel iranien de la Perse et de l'Asie centrale a été un élément médiateur.

Les sunnites en Inde appartiennent à deux branches - les Barelvi, dominés par l'interprétation traditionnelle du madhhab Hanafi et acceptant pleinement le soufisme, et les Deobandi, qui ont émergé au 19ème siècle avec le soutien du zahirisme et ont été fortement influencés par le wahhabisme. Le courant Barelvi est prédominant, bien que ces dernières années, sous l'influence de la propagande arabe, le courant Deobandi ait également gagné en influence.

Dans l'ensemble, les musulmans indiens se sont facilement intégrés à l'Inde moderne et après leur séparation du Pakistan, tandis que ceux qui préféraient une identité religieuse sont partis au Pakistan, des mouvements et des partis séparatistes islamiques sont apparus dans certaines régions et certains milieux sociaux, dans le but de faire sécession de l'Inde.

Les séparatistes islamiques en Inde peuvent être divisés en deux composantes :

- Les partisans d'une union avec le Pakistan (il s'agit principalement des partis islamiques de la population musulmane de l'État du Jammu-et-Cachemire, à majorité islamique, mais dont le principal territoire est contrôlé par l'Inde),

- Les partisans de la construction d'un État islamique (califat mondial) sur la base de l'idéologie salafiste, qui s'est activement répandue au cours des dernières décennies à partir de l'Arabie saoudite et a pris racine en Afghanistan et au Pakistan.

Les deux versions ont souvent recours à la pratique du terrorisme armé, qui constitue une menace sérieuse pour la sécurité de l'Inde.

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L'histoire du Jammu et du Cachemire est un cas à part. Dès l'époque de la domination britannique de l'Inde, le territoire du Cachemire a été envahi par des militants sikhs dirigés par Ranjit Singh (1780 -1839), le fondateur du premier État sikh au Pendjab. Plus tard, au cours de la première guerre anglo-sikh, l'État sikh a été divisé en deux parties - la partie occidentale (Lahore) est allée aux Britanniques, et la partie orientale est devenue une principauté du Jammu-et-Cachemire. Alors que la principauté était dirigée par des sikhs, la population principale était musulmane.

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Au moment de la partition de l'Inde, le dernier souverain sikh du Jammu-et-Cachemire, Hari Singh (1895 - 1961) (photo, ci-dessus), a initialement déclaré l'indépendance à la fois face au Pakistan et face à l'Inde, mais par crainte d'être occupé par le Pakistan, qui bénéficiait d'un large soutien au sein de la population islamique de la principauté sikh, il a approché le gouvernement indien pour lui demander de rejoindre ce grand État. L'Inde introduit des troupes, ce qui provoque la première des trois guerres indo-pakistanaises. Les deux autres guerres, ainsi que la guerre de Kargil de 1999, ont également eu lieu pour la possession de ces terres.

Depuis lors, les sikhs, qui régnaient auparavant sur la région, n'ont pas joué un rôle décisif dans la politique, représentant l'une des minorités ethno-religieuses avec les bouddhistes, les chrétiens et les jaïns.

Les parties nord et ouest du Jammu-et-Cachemire sont tombées aux mains du Pakistan (Gilgit Baltistan), tandis que les régions du nord-est (Aksai Chin et la vallée de Shaksgam) sont passées sous la coupe de la Chine, qui les a occupées entre 1957 et 1963.

En 1987, des hostilités ont éclaté entre des séparatistes islamiques, mécontents des résultats des élections, et l'armée indienne dans la vallée du Cachemire, où la population musulmane est très majoritaire. Certains des rebelles ont appelé à l'unification avec le Pakistan, d'autres à l'indépendance et un troisième, déjà influencé par le salafisme réformiste, à l'établissement d'un État islamique. Les forces gouvernementales ont réussi à étouffer le soulèvement cette fois-ci.

Au début des années 1990, des affrontements entre musulmans et hindous ont également commencé à se produire dans l'État de Maharshartra, à Mumbai et en Uttar Pradesh. Par exemple, des hindous radicaux ont détruit la mosquée Babri à Ayodhya, le centre sacré de l'hindouisme, en 1993. En réponse, les extrémistes islamiques ont perpétré une série d'attentats à la bombe à Mumbai, la plus grande attaque terroriste avant l'attentat wahhabite contre le bâtiment du World Trade Centre à New York le 11 novembre 2001. Les enquêtes sur les attentats ont révélé que le syndicat du crime D-company, dirigé par Dawood Ibrahim, qui recevait à son tour des instructions au Pakistan et était lié aux organisations terroristes islamiques Al-Qaeda et Lashkar-e-Taiba d'Oussama ben Laden, a joué un rôle majeur dans leur organisation. Lashkari-Taiba, qui a son siège au Pakistan, proclame ouvertement la création d'un État islamique en Asie du Sud, la libération du Jammu-et-Cachemire de l'hindouisme et appelle à des actes terroristes. Lorsque la situation s'est aggravée au Jammu-et-Cachemire dans les années 1990, une grande partie des musulmans est passée sous l'influence de l'islamisme radical, ce qui a conduit à un nettoyage ethnique des hindous dans la vallée du Cachemire et à de nombreux actes de violence.

En 2001, des extrémistes islamiques ont attaqué le Parlement indien, et en 2008, de nouvelles attaques terroristes ont eu lieu à Mumbai. Le gouvernement indien a cité des preuves qu'à cette occasion également, le Lashkar-e-Taiba était l'organisateur de ces crimes, pointant directement du doigt le rôle du Pakistan.

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Khalistan : le projet politique des Sikhs

Les Sikhs, comme nous l'avons vu, sont une religion syncrétique avec des éléments de l'islam et de l'hindouisme. Les adeptes les plus répandus du sikhisme se trouvent au Pendjab (la province du Pendjab au Pakistan et l'État du Pendjab en Inde) où un État sikh avec des centres à Armsitsar et Lahore existe depuis le début du 18ème siècle, qui a également régné sur les territoires du Jammu. En termes d'échelle, il pourrait bien être considéré comme un empire, car il englobait de vastes zones du Pakistan et de l'Inde actuels.

L'État sikh a été détruit par les Britanniques lors de la deuxième guerre anglo-sikh en 1849.

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Le nombre total de sikhs dans le monde est de plus de 22.000.000. En Inde, ils vivent principalement dans les États du Punjab et d'Haraniya.

La communauté sikhe était à l'origine centrée sur dix grands gourous, à commencer par Nanak. Après la mort du dixième gourou Gobind Singh, le pouvoir est passé à la communauté, la Khalsa, qui devait être guidée par le "onzième gourou" -- selon les textes sacrés du sikhisme. Lors de l'établissement de l'Empire sikh, le pouvoir a été transféré du Khalsa et de ses assemblées régulières aux Serdars, qui étaient une classe d'aristocratie militaire.

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Pendant le règne de Ranjit Singh (tableau, ci-dessus), son statut parmi les autres chefs militaires des Serdars était similaire à celui de l'empereur, le roi. Mais après la chute de l'État aux mains des Britanniques, le centre du pouvoir était constitué par les Serdars individuels qui dirigeaient les possessions restantes après l'effondrement de l'Empire.

Les Sikhs ont cédé volontairement le pouvoir à l'Inde au Jammu et au Cachemire, et l'État du Pendjab, où ils constituaient un grand pourcentage de la population, fait également partie de l'Inde. Depuis les années 1970, cependant, la communauté sikh fait de plus en plus entendre ses intérêts politiques. Dans ce milieu, la théorie du séparatisme sikh devient populaire, culminant dans l'idée d'établir un État sikh indépendant, le Khalistān, centré au Pendjab, au siège historique de l'Empire sikh. L'idée a été évoquée pour la première fois par les Sikhs pendant la période de la domination coloniale britannique en 1920 avec la formation du parti politique Akali Dal, mais elle a été mise en avant pour la première fois en 1944 pour demander la création d'un État sikh. La thèse du Khalistan, littéralement "pays des purs", a été formulée par Jagjit Singh Chauhan (1929 - 2007), qui a proclamé un gouvernement du Khalistan en exil à Londres.

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Amritsar, ou Amrita Saras, littéralement "océan d'amrita" ou d'immortalité, et fondée par le quatrième gourou sikh, Ram Das (1534-1581), en 1577, est considérée comme la capitale de cet état. Chauhan est ensuite retourné au Pendjab en Inde et a fondé le parti Khalsa Raj, appelant à la construction du Khalistan par des moyens pacifiques.

En 1984, des combattants indépendantistes sikhs, sous la direction de Bindrawal Singh, se sont emparés du principal temple sikh, le Temple d'or, Harmandir Sahib, et ont commencé à y préparer un soulèvement armé. Indira Gandhi décide alors de lancer l'opération Blue Star, au cours de laquelle le bastion sikh est pris d'assaut avec de l'artillerie et des chars. Cela a entraîné une forte hausse des sentiments séparatistes parmi les Sikhs ainsi que l'assassinat d'Indira Gandhi.

Petit à petit, cependant, le gouvernement indien est parvenu à atténuer cette opposition. Ainsi, pendant dix ans, le Premier ministre de l'Inde issu du Parti du Congrès national indien était un Sikh, Manmohan Singh.

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Dravida Nadu et l'Etat du Dev

Une autre forme de nationalisme séparatiste en Inde est basée sur l'identité dravidienne. Le fondateur du courant politique dravidien qui insistait sur leur identité était Erode Venkata Ramasamy (1879 - 1973) (portrait, ci-dessous), également connu sous le nom honorable de Periyar. Il était issu d'une caste spéciale de Balijas, considérée comme une branche des kshatriyas, qui se concentrait sur les activités commerciales (un analogue direct de la "thymocratie" de Platon).

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Au cours de la première phase de la lutte pour l'indépendance de l'Inde, Ramasamy a vivement critiqué le Congrès national indien en tant que "parti brahmane", qui, selon lui, ne cherchait l'indépendance que pour renforcer le pouvoir des "Aryens", c'est-à-dire des varnas supérieurs représentant les intérêts de l'"Aryvavarta", c'est-à-dire de l'Inde indo-européenne. Ramasamy a exigé une égalité totale pour les Dravidiens et les castes inférieures. À cette fin, il a créé le Parti de la justice, rebaptisé plus tard mouvement Dravidar Kazhagam. Les plans de Periyar Ramasamy comprenaient la création d'un état dravidien séparé - Dravidastan ou Dravida Nadu.

Periyar et son parti étaient actifs pendant l'occupation britannique, où ils formaient la majorité dans la présidence de Madras, et menaient la cause pour obtenir l'indépendance vis-à-vis d'eux après le retrait des Britanniques - comme au Pakistan musulman. 

Periyar était un athée, considérant toutes les religions comme des constructions artificielles. Cependant, il partageait l'opinion selon laquelle les premiers porteurs de la culture védique et donc du système de varnas étaient des Indo-Européens venus du nord, mais considérait la situation depuis la position du sud de l'Inde, qu'il identifiait à l'ancienne culture dravidienne. Periyar a interprété l'épopée indienne Ramayana comme une preuve historique que les territoires de l'Inde du Sud étaient autrefois gouvernés par les Dravidiens eux-mêmes sous leur propre roi, déformé dans le Ramayana en tant qu'Asur Ravana, le principal adversaire de Rama.

Il est significatif que Periyar, ainsi que son prédécesseur, le politicien tamoul Iyoti Thass (1845 - 1914), le géniteur du mouvement tamoul, ait prôné l'égalité des droits pour les intouchables de la caste inférieure, que les Tamouls appelaient "pariyar". Iyoti Thas lui-même était un pariyar de naissance. Dans la théorie de Ramasamy et Thass, les Pariyars étaient la population originelle de l'Inde, subjuguée par les Aryas védiques et placée à un niveau inférieur. Ils ont donc appelé les Pariyas "adi dravida", c'est-à-dire "les premiers Dravidiens", "les Dravidiens originels". Les paryas tamouls étaient probablement à l'origine des joueurs de tambour (les instruments de percussion sont constamment associés dans la mythologie de différents peuples aux cultes de la Grande Mère); d'où l'affinité de leur nom avec le mot signifiant en tamoul "tambour" - paṟaiyar. Les pariyas vivaient en dehors des villages dans des établissements spéciaux éloignés. Ils étaient considérés comme de dangereux magiciens, mais dans les cours tamoules, ils étaient des musiciens et des magiciens qui transmettaient leur pouvoir aux monarques tamouls.

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Selon Iyoti Thass (photo, ci-dessus), la religion originelle des parias tamouls était le bouddhisme. Nous avons vu qu'Ambedkar, le leader politique des Dalits, les intouchables, favorisait également cette religion particulière. Ces considérations nous renvoient à ce que nous avons dit sur l'opposition entre la tradition brahmanique et la tradition shramana, et le lien du bouddhisme originel spécifiquement avec le shramana.

Les idées de Periyar étaient partagées par son disciple, qui s'est ensuite éloigné de son professeur, le politicien dravidien Konjiwaram Natarajan Annadurai (1909 -1969), créateur du parti politique Dravida Munnetra Kazhagam. Il était le chef administratif de l'État du Tamil Nadu. Cependant, contrairement à Periyar, il était très strict sur l'idée d'une indépendance totale pour les Dravidiens, se limitant à respecter leurs droits et à développer la langue tamoule et la culture tamoule. Annadurai se considérait comme un "communiste" et ses opinions étaient proches de la faction de gauche du Congrès national indien, mais avec un accent particulier sur l'anti-brahmanisme et l'anti-aryanisme et le nationalisme tamoul par opposition au nationalisme de toute l'Inde.

À l'origine, le concept de Dravida Nadu ne comprenait que le territoire du Tamil Nadu et les zones où la population principale parlait la langue tamoule. Peu à peu, cette zone s'est étendue et les partisans du nationalisme dravidien ont inclus dans le territoire de l'État idéal (futur ?) des régions à population majoritairement dravidienne - les territoires de l'Andhra Pradesh, du Kerala et du Karnataka, ainsi que le Sri Lanka, certaines parties de l'Orissa et du Maharashtra.

Les théoriciens de cette école ont vu les origines de la doctrine du Dravida Nadu dans les légendes du pays de Kumari Kandam qui était situé sur un continent submergé dans l'océan Indien et dont le Sri Lanka (Ceylan) est la dernière partie survivante. Les nationalistes dravidiens attribuent également leurs projets politiques aux personnes et aux rois de Kumari Kandam.

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L'étymologie de la combinaison Kumari Kandam n'est pas claire, mais les Tamouls eux-mêmes l'interprètent comme une référence au mot kumārī, qui signifie jeune fille, fille, vierge. Dans ce cas, l'État de Kumārī Kandam ou Kumārī Nadu peut être interprété comme l'"État des vierges". La version hindoue indique également que lorsque le maître de l'univers a réparti les territoires des mondes entre ses enfants, les huit fils ont obtenu d'autres domaines d'existence et la fille unique a obtenu la terre. Par conséquent, Kumari Kandam, c'est-à-dire la Terre de la Vierge, est la maison ancestrale de l'humanité, et les Dravidiens eux-mêmes sont le peuple élu le plus proche du berceau de la race humaine.

L'historien et homme politique tamoul Amala Arunachalam (1944 - 2004) a affirmé que dans les temps anciens, l'état de Kumari Kandam était gouverné par des reines féminines, les devas. D'après les historiens tamouls, la coutume dravidienne selon laquelle les femmes choisissaient leur futur époux existait depuis longtemps, ce qui contrastait fortement avec la tradition patriarcale hindoue. Tous ces détails soulignent la nature matriarcale de l'ancienne culture dravidienne, qui se reflète dans la nature matérialiste et souvent communiste du mouvement national dravidien.

L'organisation terroriste, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul, qui mène la lutte armée pour un État-nation dravidien indépendant à Ceylan, adhère généralement à cette idéologie pan-dravidienne, tout comme son fondateur Velupillai Prabhakaran.

Controverse sur l'identité

L'Inde moderne, d'un point de vue civilisationnel, est une entité contradictoire : D'une part, elle continue à entretenir des liens assez étroits avec l'ancienne métropole (elle reste dans le British Commonwealth of Nations, le Commonwealth qui réunit les anciennes colonies) et, par conséquent, avec l'Europe, reconnaît l'économie de marché et le système libéral-démocratique, mais insiste d'autre part sur une distance par rapport à l'Occident capitaliste (comme en témoigne le maintien de liens étroits avec l'URSS pendant plusieurs décennies et sa participation au Mouvement des non-alignés).

Après avoir obtenu son indépendance, l'Inde a dû faire face à de nombreux problèmes techniques et sociaux, ce qui a exigé du pragmatisme de la part de ses dirigeants. Par conséquent, de nombreuses questions, y compris dans le domaine de l'idéologie, ont été traitées selon les circonstances. Cela a contribué à l'émergence d'une nouvelle forme d'archéo-modernisme indien qui était déjà appropriée aux conditions de l'indépendance, mais qui, en général, poursuivait les tendances et les trajectoires apparues à l'époque de la colonisation européenne.

Comme dans tout cas d'archéomodernité, ce phénomène complexe ne peut être résolu ou surmonté rapidement et sans ambiguïté. Une grande variété de couches de politique, de philosophie, de religion, de culture, d'art, de science et d'éducation sont contaminées par l'Archéomoderne. Par conséquent, il ne peut tout simplement pas y avoir de consensus pan-indien sur ce qui est la lignée sémantique de base de l'historique indien et sur ce qui constitue la base de l'identité indienne.

En Inde, il y a des débats sur la structure et le contenu de cette identité ainsi que sur la compréhension de la position dans le monde moderne et le choix de la voie future. Les tendances suivantes peuvent être discernées ici :

- Le nationalisme libéral modéré, représenté par le parti du Congrès national indien, orienté vers une réforme graduelle et détendue de la société indienne dans une veine libérale-démocratique et occidentale, mais tout en conservant certaines particularités historiques et culturelles (une grande partie de la société appartient à cette tendance, et c'était l'idéologie dominante de l'Inde moderne jusqu'à la fin du 20ème siècle) ;

- Les traditionalistes et les conservateurs, partisans d'une identité hindoue (Hindutva) qui insistent pour préserver et faire revivre les traditions hindoues (souvent assez durs envers les musulmans et ouvertement hostiles au Pakistan) - ils sont représentés par le plus grand parti politique de l'Inde, le Bhairati Janata Party, et dans une forme extrême par des mouvements nationalistes radicaux comme le Shiv Sena.

- l'occidentalisme indien, représenté par les modernistes et les partisans d'un développement accéléré sur le modèle occidental - libéralisme, démocratisation, démantèlement complet des structures de la société traditionnelle (formes inertielles des varnas, traditions religieuses et ethniques, etc.) - en géopolitique, cette aile préconise une orientation vers les États-Unis et l'OTAN et une alliance stratégique plus profonde avec les pays occidentaux et Israël

- Les organisations politiques dalits (intouchables) qui s'opposent durement à l'hindouisme et exigent une société aux conditions radicalement nouvelles, des réformes radicales et immédiates - jusqu'au démantèlement de l'État indien lui-même ;

- Mouvements nationalistes séparatistes - principalement des mouvements tamouls insistant sur l'autonomie d'un certain nombre de groupes ethniques indiens et, dans certains cas, sur un séparatisme pur et simple.

Naturellement, chacun des mouvements a son propre modèle de l'histoire indienne, sa propre version de la compréhension de l'identité indienne, son propre programme géopolitique et ses propres projets pour l'avenir.

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L'Inde de Modi

Le dirigeant moderne de l'Inde, Narendra Modi, le leader du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien) est un dirigeant conservateur qui suit la tradition du nationalisme indien moderne. Il est un adversaire idéologique du parti libéral Indian National Congress, historiquement lié à la famille Gandhi.

Sur le plan géopolitique, Modi s'oppose au Pakistan et à la Chine, en s'appuyant sur les États-Unis et les pays occidentaux pour le faire. Mais en même temps, il ne romptpas les relations avec la Russie et saisit toutes les occasions de renforcer la souveraineté de l'Inde.

Avec le début de l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, Modi a condamné Moscou mais n'a pas soutenu les sanctions anti-russes, reconnaissant clairement dans la stratégie de la Russie une orientation de multipolarité, dont, selon Modi, l'Inde deviendrait logiquement un bénéficiaire. Depuis février 2022, la presse indienne utilise de plus en plus le terme "État-Civilisation" en référence à l'Inde elle-même, ainsi qu'en référence à un ordre multipolaire dans lequel l'Inde est destinée à devenir un pôle.

Ce faisant, le nationalisme de Modi et de son parti se concentre sur le principe de l'Hindutva, une identité associée à l'hindouisme en tant que religion, mais propose un vaste plan visant à intégrer toutes les castes et tous les courants religieux dans la société hindoue - avec reconnaissance de la domination hindoue.

Notes:


[1] Неру Дж. Открытие Индии. В 2 т. М.: Политиздат, 1989.

[2] Ганди И. Мир, сотрудничество, неприсоединение. М.: Прогресс, 1985

[3] Goyal Des R. Rashtriya Swayamsevak Sangh. Delhi: Radha Krishna Prakashan, 1979.

[4] Sharma Mahesh. Shri Guruji Golwalkar. New Delhi: Diamond Pocket Books, 2006.

[5] Vaibhav P. The Sena Story. Op. cit.

[6] Дугин А.Г. Ноомахия. Иранский Логос. Световая война и культура ожидания. Указ. соч.