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jeudi, 24 novembre 2016

Trois raisons pour lesquelles croire de plus en plus en la Russie de Vladimir Poutine et de moins en moins à l’UE de Jean-Claude Juncker

« J’aime bien les paysans, ils ne sont pas assez savants pour penser de travers. »

Baron de Montesquieu (1689-1755)

La première raison 

Le Président de Russie Vladimir Poutine est un méditatif attaché aux valeurs transcendantales, vrai, beau et bien de Platon, qui lit beaucoup, parle plusieurs langues et est un féru d’histoire et de philosophie. Né à Saint Petersburg, à mon avis, l’une des plus belles villes d’Europe, résistant comme ses habitants, il a perdu deux frères lors de la seconde guerre mondiale. Formé aux arts martiaux et ayant été une élite du judo, il a dit: « Le judo est plus qu’un sport, c’est une philosophie. C’est le respect de vos adversaires et de vos aînés. Ce n’est pas pour les faibles. Tout dans le judo est instructif. » Il a étudié le droit, fait une thèse de doctorat en économie, suivit l’exigeante et élitiste formation du KGB, beaucoup lu sur la stratégie, l’éthique et la philosophie et même publié sur l’inanité historique du communisme.

Il distribue et fait lire à ses hauts fonctionnaires les livres des meilleurs philosophes et poètes russes qu’il apprécie, tels que Nicolas Berdiaev (1874-1948) expulsé de Russie en 1922 avec plusieurs autres intellectuels sur « les bateaux des philosophes », Ivan Iline (1883-1954) autre  philosophe russe également expulsé en 1922 et décédé à Zollikon en Suisse et Vladimir Soloviev (1853-1900) une poète et philosophe russe grand ami de Dostoïevski et qui a vécu avant le renversement spontané du régime tsariste en 1917.

Poutine tient à ce que la nouvelle Russie, qui appartient  à l’Europe et, selon moi, lui est indispensable, défende son patriotisme, ses traditions, ses racines, la vraie démocratie et le christianisme orthodoxe. Pour lui, contrairement à ce que pensent la gauche internationaliste et l’UE, tout Etat nait du culte de ses héros et veut être une nation distincte des autres nations. La Russie est attachée à ses symboles comme la Sibérie, la Place rouge, le lac Baïkal ou les lacs de Carélie, tout comme la Suisse est attachée à ses Alpes et à son armée de milice. Pour lui aussi, la mémoire des héros patriotiques, comme notre Guillaume Tell, est beaucoup plus motivante et utile que la « religion » droit de l’hommiste à la mode. Cet ancien du KGB a compris que l’Etat ne doit jamais être divinisé, comme le sont les pays musulmans et le furent l’Allemagne nazie, l’URSS ou comme l’étaient des pays occidentaux au Moyen-âge et des monarchies.

Une vraie démocratie n’est viable que si elle se fonde sur  une culture morale et spirituelle. La Russie de Poutine est  conservatrice comme l’avait développé Nicolas Berdiaev qui n’en révérait pas moins la liberté créatrice. Berdiaev recommandait de ne pas vivre dans l’immédiat comme un animal, un sauvage, un enfant, un délinquant ou comme le veut l’éducation occidentale actuelle, mais de prendre en compte le passé et les générations à venir, ce qui donne une plus grande liberté à l’homme. Toute vraie civilisation est liée à la capacité à réduire la préférence pour l’immédiat et à investir sur le long terme. Ce conservatisme de Vladimir Poutine préserve l’ordre social formé par de nombreuses générations passées.

Comme De Gaulle, Thatcher, Trump, Blocher, etc, Poutine qui ne se veut finalement ni à gauche ni à droite mais pour son peuple est diabolisé, détesté et sali  par beaucoup d’apôtres du politiquement correct et de l’islam-idéologie parce qu’il s’oppose à l’impérialisme de l’UE et des USA, à la gauche libertaire, à l’islam-idéologie et aux droits de l’homme devenus l’outil de l’envahissement et de la colonisation islamique. Il veut que son pays reste ou redevienne puissant et il défend les traditions et l’histoire de son pays, sa patrie, la famille, l’orthodoxie et le mariage aristotélicien. Pour Poutine un monde sans enfants est un monde d’égoïsme qui se détruit. Il a raison, l’empire romain s’est suicidé parce que l’égoïsme matérialiste et utilitaire a fait chuté la natalité et parce que les romains ne voulurent plus être soldats et risquer leur vie pour défendre Rome contre les barbares. Poutine est aussi réaliste, il ne veut pas que des enfants et une identité nationale. Il veut aussi les petites et moyennes entreprises qui manquent au tissu économique russe, il veut des talents et de l’innovation, pour moins dépendre du pétrole et du gaz. Au XXI ème siècle, il n’est de richesse que les hommes par leurs talents et leur richesse culturelle, pas par le pétrole ou autres ressources naturelles et par le mondialisme oligarchique.

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En moins d’une génération après le suicide de l’URSS, la Russie est déjà devenue plus démocratique que les pseudo-démocraties de la France et des USA et la liberté d’expression y est plus grande. Le chômage en Russie n’est qu’une petite moitié de celui de la France et le pourcentage de pauvres en Russie et aux USA est le même, 15 %, avec la différence qu’il diminue en Russie et augmente aux USA. Le territoire de la Russie est le plus grand du monde, sa production de pétrole a été certaines années la plus grande du monde, sa production de gaz suit de près celle des USA, ce qui rend malades les impérialistes américains et européens qui en oublient leurs ennemis musulmans. Oubliant que le peuple russe est très résistant, ils ont même pris d’illégales et stupides sanctions économiques contre la Russie.

Depuis la disparition de l’URSS, la Russie conservatrice et même redevenue très religieuse. En 2016, Poutine a fait ériger au pied du Kremlin une statue du Grand-prince de la Russie de Kiev Vladimir 1er plus connu sous le nom de Vladimir le Grand (958-1015), qui a converti au christianisme la Russie kiévienne, État berceau de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie actuelles.

Poutine a réussi, sur le plan politique et métaphysique, que la Russie surclasse l’Occident. Philippe de Villiers a dit: Vladimir Poutine « est un vrai défenseur de la chrétienté et de la tradition sans équivalent dans le monde occidental. »

A propos de l’élection présidentielle américaine Poutine a déclaré en novembre 2016: « Pour une large part, le nom du vainqueur nous est indifférent, mais évidemment nous ne pouvons pas ne pas saluer les mots et les intentions, d’où quils viennent, visant à normaliser les liens entre nos deux pays. » Prenant ses distances du politiquement correct, de l’inversion systématique des valeurs et de la doctrine de l’ingérence, la Russie va-t-elle ravir la place aux USA gauchisants, libertaires et égalitaires à la mai 1968, décadents, hostiles au patriotisme des autres, espionnant le monde entier, ayant plus de 1000  bases militaires dans 156 pays un peu partout dans le monde et combattant toutes les discriminations sauf celle de l’argent de leur  super-classe et des « food stamps » de leurs pauvres, faisant la guerre partout dans le monde, soit plus de 50 guerres depuis la deuxième guerre mondiale. Les USA requièrent de l’UE de faire son choix pour les USA et contre la Russie. L’Europe qui s’est soumise à la « religion » droit de l’hommiste  se soumettra-t-elle aux USA et à l’islam-idéologie ou sera-t-elle capable de se libérer de l’UE politico-économique telle qu’elle est devenue et de retrouver ses racines et son indépendance?

La deuxième raison

Au contraire, l’UE pratique la politique et le droit utilitaristes sans culture historique. Elle rejette: le patriotisme, l’identité nationale, ses racines judéo-chrétiennes  et greco-romaines, ses racines chrétiennes occidentales, ethniques, familiales et même sexuelles et les piétinent. Comme tout régime autoritaire, elle forme des « citoyens » déshumanisés, dénationalisés, déculturalisés, sans racines, sans idéal, sans personnalité, sans frontières, pacifiques et lâches afin qu’ils soient parfaitement interchangeables (les masses). L’UE dégénère la politique en une bureaucratique et inefficace administration, comme le fit l’URSS. Sans oublier le laisser aller démographique, l’absence de résistance et le manque de stratégies en ce qui concerne la catastrophe qu’est l’immigration de masse colonisatrice musulmane et africaine. Elle condamne, hypocritement, la préférence nationale et la préférence de notre civilisation alors que ce sont justement deux éléments dissuasifs forts concernant l’immigration musulmane et africaine. Les idoles de l’idéologie UE sont la technique et les technocrates de Bruxelles qui ont remplacé nos racines, les masses qui remplacent notre humanité classique, l’argent qui remplace le sens de l’honneur et le sentiment de sa propre dignité et le moi ou je qui remplace notre culture judéo-chrétienne et greco-romaine, sans oublier la multinationale oligarchique américaine dont l’UE est un satellite. Pour tout égaliser, dominer et ramener au service de la puissance, de son moi et de son orgueil, l’UE idolâtre tant la technique que l’idéal égalitaire et l’argent,. Pour son pouvoir et sous son joug, elle menace, fait du chantage puis cherche à détruire tout contre-pouvoir national, au lieu de se cantonner honnêtement à l’économie en Europe, qui du reste va de mal en pis. Les technocrates de Bruxelles, en particulier ceux arrogants des finances, les mêmes  qui ont fait prêter des centaines de milliards à la Grèce, se croient supérieurs à tout et méprisent le peuple; un technocrate de l’UE est tout le contraire d’un soldat suisse de milice qui, lui, est même prêt à mourir pour son peuple et les siens, pas à chercher à faire carrière sur le dos du peuple. Tout ce que fait l’UE, conduit malheureusement l’Europe à une politique inhumaine, immorale et à une dictature dispendieuse. Le mondialisme et le libéralisme libertaire de l’UE et des USA, en déracinant les citoyens, favorisent le chaos et les révolutions et détruisent les liens affectifs présumés limiter la liberté absolue des autochtones et les motiver. Ces citoyens ne sont alors, comme le furent les Romains, plus encouragés  à se sacrifier pour leurs proches et leur patrie. La poids de la charge fiscale, une vision et une gestion court termistes et irresponsables qui préfèrent l’immédiateté comme les enfants et les délinquants font que les pseudo-démocraties occidentales sont de moins en moins capitalistes, s’endettent à la folie, pratiquent l’intérêt négatif, mangent nos retraites, n’épargnent plus et investissent trop peu. Les Jean-Claude Juncker, Federica Mogherini, Simonetta Sommaruga, Micheline Calmy Rey, Alain Berset, Didier Burkhalter et autres bruxellisés sont au service de la super-classe ou caste et contre la classe moyenne. Ils ignorent que plus les dettes de l’Etat augmentent moins les salaires augmentent. moins que le coût de la vie et qu’au pire l’inflation grimpe plus que les augmentations de salaire.

En résumé l’UE actuelle ne tolère les nations européennes que si elles lui sont soumises et utilisables pour sa puissance et par elle; à l’exemple de l’URSS, Cuba, Corée du nord et USA, l’UE a besoin pour cela d’un certain type de « citoyens » uniformisés. Elle est devenue un totalitarisme comme le fut l’URSS, d’où les saines réactions d’anciens pays européens de l’URSS qui ont tant souffert de ce totalitarisme qu’ils ne l’ont, eux, pas oublié.

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La troisième raison

Pour les USA, une alliance entre l’Europe et sa voisine la grande Russie constituerait un très grand espace et un concurrent beaucoup plus puissant que les USA et qui échapperaient à leur domination; par conséquent toute union entre Europe et Russie est proscrite par les USA qui désignent comme leur ennemi la « Russie du méchant Poutine », quand ce ne sont pas les « méchants Chinois », alors qu’ils devraient comme la Russie désigner l’islam radical comme leur adversaire. Le complexe militaro-industriel qui fut dénoncé par le Président Dwight Eisenhower, ainsi que les oligarques mondialistes  et la gauche internationaliste ont fait perdre aux citoyens américains leurs libertés, les principes démocratiques de leurs pères fondateurs et le rêve américain. La prétention et la philosophie de « l’oubli de l’être » (« Gestell » du philosophe existentiel Heidegger, 1889-1976), de « la nation indispensable » des USA et de l’islam-idéologie de dominer le monde sont de nouvelles aventures de prétentions similaires à celles d’Hitler et de l’ancienne URSS. Martin Heidegger avait raison d’affirmer que USA et URSS étaient métaphysiquement semblables. Aujourd’hui, il y ajouterait la résurgence de l’islam-idéologie. Il nous faut choisir entre le « Gestell"  matérialiste utilitaire de l’homme uniformisé, déculturalisé, droit de l’hommiste et les valeurs de l’humanisme occidental judéo-chrétien. Qui l’emportera le « Gestell » du matérialisme et de l’islam-idéologie ou le retour vers notre tradition européenne d’humanisme, de spiritualité et de liberté?

A l’image de l’URSS et de l’islam, les USA défendent une idéologie qui, selon eux, leur donne le droit de s’ingérer dans les nations et de contrôler le monde en exigeant de ses soldats de mourir pour leur pseudo-démocratie, leurs multinationales du complexe militaro-industriel, le mondialisme de leurs oligarques et le socialisme internationaliste, alors que la Suisse traditionnelle et la nouvelle Russie défendent leurs intérêts, citoyens, histoire, civilisations, patriotisme, éthique et attendent que leurs soldats meurent pour défendre leur patrie, leur famille, leurs racines et leurs traditions judéo-chrétiennes qu’elles soient orthodoxes ou non. Avec la complicité de  l’UE, au lieu de s’attaquer à la colonisation islamique, les USA en particulier Hillary Clinton, Georges Soros et son ami Mark Zuckerberg de face de bouc, Henry Kissinger et Barak Hussein Obama ont intrigué et tout fait pour qu’il n’y ait ni Union eurasiatique autour de la Russie, ni surtout rapprochement de l’Europe et de la Russie, mais rattachement de l’Ukraine aux USA et à son satellite l’UE et domination américaine progressivement sur tous les anciens pays satellites de l’URSS. Si vous ne croyez pas cette géopolitique dominatrice et d’ingérences, lisez le classique américain de géopolitique officielle « Le grand échiquier, l’Amérique et le reste du monde » publié en français en 1997 aux Editions Bayard Jeunesse par Zbigniew Brzezinski. Il prône le messianisme américain, la vassalisation de toute l’Europe, le conflit avec la Russie et tient même à nous habituer à accepter la victoire de Daesh en Syrie et en Iraq. Les USA n’ont toujours pas compris que les traditions, une économie prospère, le droit de propriété, une fiscalité faible, par exemple l’équitable flat tax unique de 13 % sur le revenu en Russie, un Etat de droit, sont les fondations incontestables sur lesquelles une nation  peut bâtir une société libre et une vraie démocratie et lutter contre le  chaos du XXI ème siècle, islam-idéologie comprise.

Contre toute logique, les pays européens soumis à l’UE  se désarment et persistent à confier leur défense à l’OTAN soit à l’impérialisme américain. Bien que terrorisme et colonisation islamique envahissent et s’emparent de l’Europe, sous leurs yeux, les pays européens se désarment et leurs peuples pacifistes sont devenus lâches. Leur naïf pacifisme, leur lâcheté, leur matérialisme, leur utilitarisme et leur rationalisme, qui admire la raison et les droits de l’homme sous lesquels se fait la conquête silencieuse de l’islam mais mésestime l’expérience et la tradition et nie la réalité, sont devenus les fiertés et les idoles des angéliques et bisounours européens, aveugles, décadents et stupides.

Alors que l’islam-idéologie est, depuis XIV siècles premièrement une idéologie de guerre et de conquête et appelle à la guerre « sainte » et colonisatrice ou jihad, l’Occident préconise le pacifisme et la génuflexion. Alors que l’islam commande de tuer ou de  soumettre tous ceux qui croient au judaïsme, au christianisme, etc, qui quittent l’islam, ou qui sont athées, tous à ses yeux des mécréants, l’Occident s’enferre et s’entête à respecter l’islam-idéologie sous prétexte que ce serait une tendre religion spirituelle de paix et de tolérance équivalente au christianisme.

Plus clairvoyante, la Russie, elle, améliore sa Défense; après les USA, la Corée du nord, l’Inde et la Chine, l’armée russe n’est que la cinquième du monde: 840.000 soldats, soit six fois moins que celle de feu l’URSS pendant la guerre froide, mais avec 3 millions de réservistes ce qui est une stratégie avisée face aux menaces actuelles.

Dominique Schwander, 23.11.2016

mercredi, 23 novembre 2016

„Die Rückkehr der echten Rechten“ – Im Gespräch mit Daniel Friberg

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„Die Rückkehr der echten Rechten“ – Im Gespräch mit Daniel Friberg

Daniel Friberg, 1978 im schwedischen Göteborg geboren, gehört zu den wichtigsten Vertretern der rechten Publizistik in Europa. Der von ihm mitgegründete Arktos-Verlag (www.arktos.com) hat sich international durch die Veröffentlichung von Werken bedeutender Denker der „Neuen Rechten“ wie Alain de Benoist, Guillaume Faye oder Alexander Dugin einen Namen gemacht. Der frühere Manager und Business-Analyst gründete auch den metapolitischen Think-Tank „Motpol“ und ist Herausgeber des Internetmagazins „RightOn“ (www.righton.net). Vor wenigen Wochen erschien sein Buch „Die Rückkehr der echten Rechten“ in zweiter Auflage als Lizenzausgabe der Stiftung „Europa Terra Nostra“ (ETN). DS-TV hat mit Daniel Friberg am Rande des ersten „Freiheitlichen Kongresses“ der ETN-Stiftung in Mecklenburg Vorpommern Ende Oktober, wo er einen mit Begeisterung aufgenommenen Vortrag hielt, unterhalten – über sein aktuelles Buch, die Bedeutung von Metapolitik und alternativen Medien für die politische Rechte, den Siegeszug von Donald Trump in den USA und dessen Auswirkungen auf Europa.



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“Anarcho-Fascism”: An Overview of Right-Wing Anarchist Thought

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“Anarcho-Fascism”: An Overview of Right-Wing Anarchist Thought

This is the text of a lecture delivered to the H.L. Mencken Club on November 5, 2016.

The topic that I was given for this presentation is “Anarcho-Fascism” which I am sure on the surface sounds like a contradiction in terms. In popular language, the term “fascism” is normally used as a synonym for the totalitarian state. Indeed, in a speech to the Italian Chamber of Deputies on December 9, 1928 Mussolini describe totalitarianism as an ideology that was characterized by the principle of “All within the state, nothing outside the state, nothing against the state.”

However, the most commonly recognized ideological meaning of the term “anarchism” implies the abolition of the state, and the term “anarchy” can either be used in the idealistic sense of total freedom, or in the pejorative sense of chaos and disorder.

Anarchism and fascism are both ideologies that I began to develop an interest in about thirty years ago, when I was a young anarchist militant who spent a great deal of time in the university library reading about the history of classical anarchism. It was during this time that I also became interested in understanding the ideology of fascism, mostly from my readings on the Spanish Civil War, including the works of Dr. Payne, whom I am honored to be on this panel with. And I have also looked into some of these ideas a little more since then. One of the things that I find to be the most fascinating about anarchism as a body of political philosophy is the diversity of anarchist thought. And the more that I have studied right-wing political thought, the more I am amazed by the diversity of opinion to be found there as well. It is consequently very interesting to consider the ways in which anarchism and right-wing political ideologies might intersect.

Anarchism is also normally conceived of as an ideology of the far Left, and certainly the most well-known tendencies within anarchism fit that description. The anarchist movement of the nineteenth and early twentieth century was certainly a movement of the revolutionary Left, and shaped by the thought and actions of radicals such as Pierre Joseph Proudhon, Mikhail Bakunin, Peter Kropotkin, Emma Goldman, the Ukrainian anarchists, the Spanish anarchists, and others. Anarchism of this kind also involved many different ideological sub-tendencies including anarcho-communism, anarcho-syndicalism, collectivist anarchism, and what was known as “propaganda by the deed” which was essentially a euphemism for terrorism, and other forms of anarchism that advocated violent resistance to the state, such as illegalism or insurrectionary anarchism.

There is also a modern anarchist movement that largely functions as a youth subculture within the context of the radical left, and modern anarchism likewise includes many different hyphenated tendencies like “queer anarchism,” “transgender anarchism,” or “anarcha-feminism,” and many of which, as you might guess, maintain a very “politically correct” orientation.

However, there are also ways in which the anarchist tradition overlaps with the extreme right.

FR-anadr782130414087_v100.jpgThe French intellectual historian Francois Richard identified three primary currents within the wider philosophical tradition of anarchism. The first of these is the classical socialist-anarchism that I have previously described that has as its principal focus an orientation towards social justice and uplifting the downtrodden. A second species of anarchism is the radical individualism of Stirner and the English and American libertarians, a perspective that posits individual liberty as the highest good.  And still a third tradition is a Nietzsche-influenced aristocratic radicalism, or what the French call “anarchism of the Right” which places its emphasis not only on liberty but on merit, excellence, and the preservation of high culture.

My actual presentation here today is going to be on the wider traditions of anarchism of the Right, right-wing anti-statism, and Left/Right crossover movements which are influenced by the anarchist tradition.

First, it might be helpful to formulate a working definition of “anarcho-fascism.” An “anarcho-fascist” could be characterized as someone that rejects the legitimacy of a particular state, and possibly even uses illegal or extra-legal means of opposing the established political or legal order, even if they prefer a state, even a fascist state, of their own.

There are looser definitions of “anarcho-fascism” as well, and I will touch on some of these in a moment. However, it should also be pointed out that many anarchists of the right were not part of a movement or any kind of political parties or mass organizations. Instead, their affinity for anarchism was more of an attitude or a philosophical stance although, as I will explain shortly, there were also efforts to translate right-wing anarchist ideas into a program for political action.

Anarchists of the Right during the French Revolution and Pre-Revolutionary Era

Left-wing anarchist thought can to some degree trace its roots to tendencies within revolutionary France of the late eighteenth century, as well as the pre-revolutionary and post-revolutionary periods. This is also true, to some degree, of the right-wing anarchist tradition. Once again, to cite Francois Richard:

“Here, at the end of the 18th century, in the later stages of the ancien régime, formed an anarchisme de droite, whose protagonists claimed for themselves a position “beyond good and evil,” a will to live “like the gods,” and who recognised no moral values beyond personal honour and courage. The world-view of these libertins was intimately connected with an aggressive atheism and a pessimistic philosophy of history. Men like Brantôme, Montluc, Béroalde de Verville and Vauquelin de La Fresnaye held absolutism to be a commodity that regrettably opposed the principles of the old feudal system, and that only served the people’s desire for welfare.” –Francois Richard

These intellectual currents that Richard describes mark the beginning of an “anarchism of right” within the French intellectual tradition.  As mentioned previously, these thinkers could certainly be considered forerunners to Nietzsche, and later French thinkers in this tradition included some fairly prominent figures. Among them were the following:

-Arthur de Gobineau, a 19th century writer, and early racialist thinker

-Leon Bloy, a novelist in the late 19th century

-Paul Leautaud, a theater critic in the early 20th century

-Louis Ferdinand Celine, a well-known French writer during the interwar period

-George Bernanos, whose political alignments were those of an anti-fascist conservative, monarchist, Catholic, and nationalist

-Henry de Montherlant, a 20th century dramatist, novelist, and essayist

-Jean Anouilh, a French playwright in the postwar era

Among the common ideas that were shared by these writers were an elitist individualism, aristocratic radicalism, disdain for established ideological or ethical norms, and cultural pessimism; disdain for mass democracy, egalitarianism, and the values of mass society; a dismissive attitude towards conventional society as decadent; adherence to the values of merit and excellence; a commitment to the recognition of the superior individual and an emphasis on high culture; an ambiguity about liberty rooted in a disdain for plebian values; and a characterization of government as a conspiracy against the superior individual.

Outside of France

A number of thinkers also emerged outside of France that shared many ideas in common with the French anarchists of the Right. Ironically, considering where we are today, one of these was H. L. Mencken, who was characterized as an “anarchist of the right” by another French intellectual historian, Anne Ollivier-Mellio, in an academic article some years ago. An overlapping tradition is what has sometimes been referred to as “anarcho-monarchism” which included such figures as the famous author J.R.R. Tolkien in England, the artist Salvador Dali in Spain, the Catholic traditionalist Erik von Kuehnelt-Leddihn in Austria, and, perhaps most intriguingly, the English occultist Aleister Crowley, who has been widely mischaracterized as a Satanist.

Conservative Revolutionaries  

The traditions associated with right-wing anarchism also overlap considerably with the tendency known as the “Conservative Revolution” which developed among right-wing European intellectuals during the interwar period. Among the most significant of these thinkers were Arthur Moeller van den Bruck and Stefan George in Germany, Maurice Barres in France, Gabriele d’Annunzio in Italy, and, considerably later, Yukio Mishima in postwar Japan.

AN 251 1.jpgPerhaps the most famous intellectual associated with the Conservative Revolution was Ernst Junger, a veteran of World War One who became famous after publishing his war diaries in Weimar Germany under the title “Storms of Steel.” Much later in life, Junger published a work called “Eumeswil” which postulates the concept of the “Anarch,” a concept that is modeled on Max Stirner’s idea of the “Egoist.” According to Junger’s philosophy, an “Anarch” does not necessarily engage in outward revolt against institutionalized authority. Instead, the revolt occurs on an inward basis, and the individual is able to retain an inner psychic freedom by means of detachment from all external values and an inward retreat into one’s self. In some ways, this is a philosophy that is similar to currents within Buddhism and other Eastern philosophies.

Yet another well-known figure from the Conservative Revolutionary era, and one that is certainly influential among the more radical tendencies on the alternative right today, is Julius Evola. Evola was a proponent of an extreme elitism that characterized the period of the Kali Yuga of Hindu civilization during approximately 800 B.C. as the high point in human development. Indeed, he considered everything that has taken place since then to have been a manifestation of degeneracy. For example, Evola actually criticized fascism and Nazism as having been too egalitarian because of their orientation towards popular mobilization and their appeals to the ethos of mass society. Evola also formulated a concept known as the “absolute individual,” which was very similar to Junger’s notion of the “Anarch,” and which can be described an individual that has achieved a kind of self-overcoming, as Nietzsche would have called it, due to their capacity for rising above the herd instincts of the masses of humankind.

Now, I must emphasize that the points of view that I have outlined thus far were largely attitudes or philosophical stances, not actual programs of political action. However, there have also been actual efforts to combine anarchism or ideas borrowed from anarchism with right-wing ideas, and to translate these into conventional political programs. One of these involves the concept of syndicalism as it was developed by Georges Sorel. Syndicalism is a revolutionary doctrine that advocates the seizure of industry and the government by means of a worker insurrection or what is sometimes called a “general strike.” Syndicalism was normally conceived of as an ideology of the extreme left, like anarchism, but a kind of right-wing syndicalism began to develop in the early twentieth century due to the influence of Sorel and the German-Italian Robert Michels, who formulated the so-called “iron law of oligarchy.” Michaels was a former Marxist who came to believe that all organizations of any size are ultimately organized as oligarchies, where the few lead the many, and believed that anti-capitalist revolutionary doctrines would have to be accommodated to this insight.

Cercle Proudhon

Out of these intellectual tendencies developed an organization called the “Cercle Proudhon,” which combined the ideas of the early anarchist thinker Pierre-Joseph Proudhon, such as mutualist economics and political federalism, with various elitist and right-wing ideas such as French nationalism, monarchism, aristocratic radicalism, and Catholic traditionalism. Cercle Proudhon was also heavily influenced by an earlier movement known as Action France which had been founded by Charles Maurras.

Third Positionism, Distributism and National-Anarchism

Another tendency that is similar to these is what is often called the “Third Position,” a form of revolutionary nationalism that is influenced by the economic theories of Distributism. Distributism was a concept developed by the early 20th century Catholic writers G.K. Chesterton and Hillaire Belloc, which postulated the idea of smaller property holders, consumer cooperatives, workers councils, local democracy, and village-based agrarian societies, and which in many ways overlaps with tendencies on the radical Left such as syndicalism, guild socialism, cooperativism or individualist anarchism. Interestingly, many third positionists are also admirers of Qaddafi’s “Green Book” which outlines a program for the creation of utopian socialist and quasi-anarchist communities that form the basis for an alternative model of society beyond both Capitalism and Communism.

Within more recent times, a tendency has emerged that is known as National-Anarchism, a term that was formed by a personal friend of mine named Troy Southgate, and which essentially synthesizes anarchism with the notion of ethno-cultural identitarianism.

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Troy Southgate

Right-wing Anarchism, Libertarianism and Anarcho-Capitalism

Certainly, any discourse on right-wing anarchism needs include a discussion of the sets of ideas that are associated with Libertarianism or Anarcho-Capitalism of the kinds that are associated with an array of free-market individualist thinkers such as Ludwig von Mises, Friedrich August von Hayek, Milton Friedman, and, of course, Ayn Rand and Murray Rothbard.

In many ways, modern libertarianism has a prototype in the extreme individualism of Max Stirner, and perhaps in thought of Henry David Thoreau as well. The more recent concept of anarcho-capitalism was developed in its most far reaching form by Murray Rothbard and his disciple, Hans Hermann Hoppe. Indeed, Hoppe has developed a critique of modern systems of mass democracy of a kind that closely resembles that of earlier thinkers in the tradition of the French “anarchists of the Right,” Mencken, and Kuehnelt-Leddihn.

SkonkonIII.jpgIt is also interesting to note that some of the late twentieth century proponents of individualist anarchism such as James J. Martin and Samuel E. Konkin III, the founder of a tendency within libertarianism known as agorism, were also proponents of Holocaust revisionism. Indeed, when I was doing research on the modern libertarian movement, I discovered that Holocaust revisionism  was actually popular among libertarians in the 1970s, not on anti-Semitic or pro-Nazi grounds, but out of a desire to defend the original isolationist case against World War Two. Konkin himself was actually associated with the Institute for Historical Review at one point.

Samuel E.  Konkin III

There are also various types of conservative Christian anarchism that postulated the concept of parish-based village communities with cooperative or agrarian economies. Such tendencies exist within the Catholic, Protestant and Orthodox traditions alike. For example, Father Matthew Raphael Johnson, a former editor of the Barnes Review, is a proponent of such an outlook.

Very similar concepts to conservative Christian anarchism can also be found within neo-pagan tendencies which sometimes advocate a folkish or traditionalist anarchism of their own.

Left/Right Overlaps and Crossover Movements

A fair number of tendencies can be identified that involved left/right overlaps or crossover movements of some particular kind. One of these was formulated by Gustav Landauer, a German anarcho-communist that was killed by the Freikorps during the revolution of 1919. Landauer was also a German nationalist, and proposed a folkish anarchism that recognized the concept of national, regional, local and ethnic identities that existed organically and independently of the state. For example, Landauer once characterized himself as a German, a Bavarian, and a Jew who was also an anarchist.

In the early 1980s, a tendency emerged in England known as the Black Ram, which advocated for an anarcho-nationalism that sought to address the concept of national identity as this related to left-wing anarchism. Black Ram was a conventionally left-wing tendency in the sense of being anti-statist, anti-capitalist, anti-racist, and anti-sexist, but which understood nationalities to be pre-existing cultural and ethnic expressions that were external to the state as an authoritarian institution.

Dorothy_Day_1916.jpgDorothy Day was an American radical, a religious pacifist, and advocate of social justice, who combined anarchism and Catholic traditionalism. She was the founder of the Catholic Worker movement, and considered herself to be a supporter of both the Industrial Workers of the World and the Vatican.

One of the godfathers of classical anarchism was, of course, Mikhail Bakunin, who was himself a pan-Slavic nationalist, and continues to be a peripheral influence on the European New Right. In fact, Alain De Benoist’s concept of “federal populism” owes much to Bakunin’s thought and is remarkably similar to Bakunin’s advocacy of a federation of participatory democracies.

Dorothy Day

There are a number of left-wing anarchists that have profoundly influenced the ecology movement that have also provided inspiration for various thinkers of the Right. Kirkpatrick Sale, for example, is a neo-Luddite and the originator of a concept known as bioregionalism. Leopold Kohr is best known for his advocacy of the “breakdown of nations” into decentralized, autonomous micro-nations. E.F. Schumacher is, of course, known for his classic work in decentralist economics, “Small is Beautiful.” Each of these thinkers is also referenced in Wilmot Robertson’s white nationalist manifesto, “The Ethnostate.”

Anarchism and Right-Wing Populism

Because American political culture contains strands of both anti-state radicalism and right-wing populism, it is also important to consider the ways in which these overlap or run parallel to each other. For example, there are tendencies among far right political undercurrents that favor a radically decentralized or even anarchic social order, but which also adhere to anti-Semitic conspiracy theories or racial superiority theories. There is actually a tradition like that on the US far right associated with groups like the Posse Comitatus.

There is also a radical right Christian movement that favors county level government organized as an uber-reactionary theocracy (like Saudi Arabia, only Christian).  Other tendencies can be observed that favor no government beyond the county level, such as the sovereign citizens, who regard speed limits and drivers’ licensing requirements to be egregious violations of liberty, the proponents of extra-legal common laws courts, and various other trends within the radical patriot movement.

The relationship between the Right and the state in many ways mirrors that of the Left in the sense that both Right and Left have something of a triangular interaction with systems of institutional and legal authority. Both Left and Right can be divided into reformist, libertarian, or totalitarian camps. In the case of the Left, a leftist may be a reform liberal or social democrat, they may be an anarchist or a left-libertarian, or they may be a totalitarian in the tradition of Lenin, Stalin, Mao, and others. Similarly, a rightist may advocate for reforms of a conservative or rightward leaning nature, they may be an anarchist of the right or a radical anti-statist, or a person of the Right may be a proponent of some kind of right-wing authoritarianism, or a totalitarian in the fascist tradition.

Le numéro 69 de TERRE & PEUPLE Magazine est axé autour du thème central de La fin d’un monde?

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie"

TERRE & PEUPLE Magazine

Le numéro 69 de TERRE & PEUPLE Magazine est axé autour du thème central de La fin d’un monde?

Dans son éditorial, Pierre Vial aligne la grande fracture qui se creuse entre le pays légal et le pays réel sur celle qui existe entre les idiots, voire les salauds, qui acceptent l’invasion étrangère de l'Europe ou même la souhaitent, et ceux qui la refusent.  La réalité, c’est la diversité des races et des ethnies, une richesse qui fonde notre respect de toutes les appartenances.  Notre combat n’est pas d’ordre religieux, mais ethnique : que les envahisseurs retournent chez eux !

« La valise ou le cercueil. »  Robert Dragan rappelle, à ceux qui évoquent l’OAS à propos des attentats commis par les terroristes actuels (qui sont par ailleurs tous quasi automatiquement exécutés sur place !), les égorgements et les mutilations sexuelles, les massacres de femmes, d’enfants, de vieillards, qui ont été monnaie courante lors de la guerre d’Algérie.   On a ‘oublié’ que, sous le gouvernement de Mendès-France, 70 terroriste FLN ont été guillotinés,  François Mitterand, ministre de la Justice socialiste, avertissant : « Celui qui emploie de tels moyens doit savoir qu’il sera frappé à son tour. »  Comme on veut oublier que, en pleine guerre d’Algérie, la France socialiste a porté le fer en Egypte : dans l’affaire de Suez, contre Nasser, le « nouvel Hitler » !  En Algérie, de mars à juillet 1962, plus de trois mille personnes ont ‘disparu’, ce qui est bien plus qu’il n’en faut aujourd’hui pour que le TPI de La Haye instruise un procès en génocide.  Aujourd’hui, l’Eglise, en encourageant l’immigration massive, néglige son devoir de prudence, bien que le Pape ait entre temps prévenu contre la pratique irresponsable d’accueillir des immigrants qu’on n’a pas les moyens d’entretenir décemment.

Pierre Vial ouvre le dossier central ‘La fin d’un monde ?’ avec une citation tirée de l’œuvre de même nom d’Edouard Drumond, qui évoque « la survivance factice » d’une société déjà morte et en cendre, qu’un heurt léger va suffire à briser. Il cite également George Orwell (« Dire la vérité devient révolutionnaire. ») et San Giorgio, qui nous avertit du problème de la survie de nos familles.  Loin de les qualifier de paranoïaques, nous prenons au sérieux ces avertissements de la fin d’un monde.  Un monde que nous vomissons.

Piero San Giorgio remplit notre musette de toutes ses ficelles, précieuses dans les situations extrêmes qui nous menacent tous : veiller à dormir suffisamment et à relâcher dix minutes toutes les heures ; soigner ses pieds et donc ses chaussures ; être paré élémentairement en matière de secourisme et premiers soins ; boire au moins un demi-litre d’eau par jour ; prévoir des rations pour dix à quinze jours ; adopter la mentalité du prédateur toujours à l’affût : ne s’associer qu’avec ceux qui partagent cet esprit optimiste ; etc.

Dans la même veine, Pierre Vial révèle le plan de survie, pragmatique et méthodique, dressé par le ministre fédéral allemand de l’Intérieur sur une évaluation pessimiste d’une situation d’urgence nationale, en cas notamment d’attaque informatique majeure, ou du réseau d’approvisionnement en électricité, qui paralyserait le pays, provoquant la rupture des stocks, déclenchant la panique, des pillages, des violences, des affrontements.  Le document officiel liste les mesures de survie et entre autres les réserves de vivres (conserves, féculents et surtout de l’eau potable : 80 bouteilles pour une famille de 4 personnes).  Il est précisé que ces recommandations sont sans aucune relation avec la conjoncture !

Guillaume Corvus est le pseudonyme sous lequel Guillaume Faye a publié en 2004 ‘La convergence des catastrophes’.   Le paradigme ancien, selon lequel le sort de l’humanité s’améliore sans cesse grâce à la science et à la démocratie, est faux.  Les effets secondaires sont d’autant plus pervers que la technique entre dans son âge baroque.  L’humanité n’a pas à gagner au décollage économique de l’Asie.  Une concurrence ingérable va déboucher sur des troubles massifs, qui contraindront à changer le modèle économique.  L’espérance de vie progresse, mais pas la qualité de vie.  La famine menace une humanité pléthorique, confrontée à l’épuisement des sols, à la déforestation, à la désertification, à l’appauvrissement des réserves de pêche.  L’intensification des échanges multiplie les sources de conflits.  L’expansion galopante des populations urbaines (70%) et les mouvements migratoires développent de nouvelles proliférations virales.  La consommation d’énergie augmente sans cesse.  L’évolution incontrôlée de la technoscience risque d’inverser les objectifs.  Il était plus agréable de vivre dans les sociétés précoloniales que dans les actuelles, imitations ratées du modèle européen.  La fièvre européenne n’appartient qu’à certains peuples.  Le système actuel est incorrigible : il faut en changer.  L’article renvoie à Alain de Benoist, dans ‘Demain la décroissance’. 

Roberto Fiorini vitupère contre le scorpion capitaliste et la démesure de sa fringale de liberté que garantissent aux renards du commerce globalisé et aux crocodiles de la spéculation financière les gendarmes corrompus de la Babel de Bruxelles, Mecque du métissage généralisé.  Il dénonce les quinze mille lobbies qu’elle a accrédités en son sein pour qu’ils lui recommandent les orientations qui conviennent.  Notamment des ‘Stratégies du choc, le capitalisme du désastre’ (Naomi Klein), qui sait surfer sur les convulsions (qu’il a au besoin suscitées) pour faire accepter des rigueurs sociales qui lui sont profitables.  Il rappelle que Milton Friedman préférait une dictature qui soutient la liberté du commerce à une démocratie qui ne la soutient pas.  Il souligne que jamais la répartition des richesses n’a été aussi inégalitaire (1% possède 48% des richesses).   Il évoque Maurice Bardèche, lorsque celui-ci remarquait que les expériences fascistes ont au moins exalté des valeurs morales de courage, de discipline, de responsabilité, de solidarité, et il cite Winston Churchill (à Lord Boothby) : « Le crime impardonnable de l’Allemagne est d’avoir créé un système d’échanges dans lequel la finance internationale ne pouvait plus être partie prenante. »

Jean-Patrick Arteault répond négativement à la question 'L'islam est-il la cause intrinsèque du terrorisme ?', remarquant que, dans les milieux identitaires, la question, située au carrefour de plusieurs problèmes actuels, est mal posée.  Il y a le problème religieux posé par l'islam au polythéiste (animiste africain, hindouiste, païen albo-européen), au chrétien européen, à l'athée laïciste, au militant des droits de l'Homme.  Avec le problème civilisationnel que l'islam pose, aux vestiges pagano-européens que nous sommes comme aux tenants des valeurs chrétiennes et à l'occidentalisme dominant, nous savons déjà que nous serons les dindons de la farce.  Mis à part l'islam intégré dans les Balkans et en Russie suite aux vagues ottomanes, le problème de l'islam en Europe remonte aux années '70 : le Grand Remplacement programmé par notre oligarchie.  La pratique bon-enfant a alors fait place aux prédications rabiques des wahhabites, sur un fond de frustrations post-coloniales et de repentance, avec un océan de pétrole au service d'un prosélytisme planétaire qui compte purifier l'Oumma par une pratique rigoriste fanatique.  Le problème religieux est compliqué par les enjeux géopolitiques des Proche- et Moyen-Orient, traités de façon simpliste par les occidentaux et de façon cynique par la politique du chaos israélienne, qui y ont produit un vide où les islamistes se sont infiltrés.  Les Européens ont créé chez eux par une invasion migratoire un problème à la fois racial et religieux.  En crise économique récurrente, ils ont noué des liens étroits avec les monarchies pétrolières prosélytes.  Ils ont utilisé le fondamentalisme contre les Russes, mais les islamistes ont leur objectifs propres.  Il ne faudrait pas toutefois sacrifier à une hystérie anti-musulmane : l'ennemi prioritaire est l'oligarchie.  Il faut mettre fin à l'immigration et organiser le retour.  La guerre des religions est une affaire de fondamentalistes protestants ou de catho-tradis.

Pierre Vial, dans le sillage de 'Sabotage', le livre de Georges Gourdin le bien nommé, appelle à la grève des consommateurs.  Mais surtout à la décroissance, à la vie frugale et libre, à l'économie locale et au soutien aux AMAP, les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne.

Aristotle_Altemps_Inv8575.jpgRobert Dragan esquisse un portrait d'Aristote, père de la philosophie réaliste classique (ou peut-être simplement interprète d'une tradition ancienne européenne, car il ne parle jamais à la première personne).  On oppose cette pensée à la philosophie idéaliste qui -la science ayant pu entre temps développer la connaissance de la nature- a vérifié que notre connaissance de la réalité du monde est relative, car elle passe par le prisme restreint de notre perception et de notre raison.  Rien ne pourrait être certain car la réalité nous est inconnaissable.  La théologie scolastique de l'Eglise (fille bâtarde, selon Voltaire, de la philosophie d'Aristote, mal traduite) revendiquait au contraire le réalisme aristotélicien : notre connaissance de l'univers, imparfaite, est néanmoins réelle.  Le réaliste en induit une morale calquée sur l'adaptation au réel.  L'idéaliste moderniste privilégie le sujet, jusqu'à l'amoralité comprise. 

Gabriele Adinolfi rend compte de la première rencontre de ses Lansquenets à la fin juillet en Provence.  Elle a réuni, outre des Français, des Italiens, des Espagnols, des Hongrois et des Belges, des Corses, des Catalans, des Bretons, des Normands, des Alsaciens, des Wallons et des Flamands.  Bilan : au-delà de ce qu'on pouvait espérer de mieux, quand il s'agit de se déconditionner et de «rejoindre l'essentialité ».  Résolution : améliorer la tenue, la cohésion, la rapidité d'exécution, l'autocritique.  Bon vent aux Lansquenets !

lautre-tiers-mondisme-400x635.jpgAlain Cagnat livre une passionnante recension du livre de l'ami Philippe Baillet, 'L'autre Tiers-Mondisme, Des origines à l'islam radical', paru chez Akribeia.   Notre ami est co-fondateur de la revue Totalité.  L'ouvrage analyse une série de personnalités qui se sont révélées réfractaires à la bipolarité URSS/USA, mais démarquées des non-alignés, communistes, trotskistes ou chrétiens progressistes.  Il s'agit de :

  • Gabriele D'Annunzio : organisateur d'une nouvelle croisade d'hommes pauvres et libres contre la caste des prédateurs usuriers (à l'époque, les Irlandais, les Croates, les Albanais).
  • Benito Mussolini : il s'est rapproché des nationalistes arabes et s'est même proclamé « Glaive de l'islam » !
  • Gregor Strasser : à la gauche du NSDAP, il accueille favorablement ces idées de Mussolini et prône même un rapprochement avec les communistes allemands.
  • Friedrich Hielscher : il fait partie des nationaux-révolutionnaires très hostile aux nazis, ce qui permettra à la Rote Kapelle d'infiltrer les échelons les plus élevésdu parti. Il prêche pour les « hommes de foi » au service de forces immuables, imperméables à l'argent.
  • François Genoud : c'est un Suisse qui participe au réseau Still Hilfe, d'aide aux nazis en fuite et pour qui la cause arabe et le national-socialisme ne font qu'un.
  • Johann von Leers : sa haine obsessionnelle des juifs trouve écho dans la Bande à Baader de la Rote Armee Fraktion, pro-palestinenne, qui a elle-même des liens avec le Front de Libération de la Palestine de Georges Habache, financé par Genoud.
  • Maurice Bardèche : frustré dans sa judéophobie par la défaite du fascisme, recherche un terrain d'entente avec les nationaliste arabes, confondant civilisation arabe et religion musulmane, alors que Nasser n'aura de cesse d'écraser les Frères Musulmans.
  • Jean Thiriart : activistes de l'Algérie française et de la présence coloniale, il prône un nationalisme paneuropéen indépendant des blocs USA/URSS. Il fonde Jeune Europe, hebdomadaire et mouvement politique. Jacobin d'une nation européenne unitaire, il désigne dans l'impérialisme américain l'ennemi gigantesque commun à tous les nationalistes, européens comme arabes, latino-américains comme vietnamiens et comme chinois. C'est un suprémaciste : l'homme européen émerge du magma des peuples et des races.  En France, ses idées sont surclassées par la FEN et par le magazine Europe-Action de Dominique Venner, mais sont bien reçues en Italie, par Carlo Mutti, soutien de Poutine avec sa revue Eurasia.
  • Alain de Benoist : un des principaux moteurs de la Nouvelle Droite qui mobilise contre l'universalisme, l'égalitarisme et le cosmopolitisme, dénonçe la décadence qui désarme. Il proclame : « Europe, Tiers-Monde, même combat » et en appelle à tous ceux qui cherchent une autre voie qu'un affrontement bipolaire.
  • Carlo Mutti développe dans Totalité la ligne politique de « l'autre tiers-mondisme », jusqu'à faire d'Evola un soutien de l'islam (ce qu'il ne fut jamais) et à mettre comme condition à la résurrection de l'Europe la revitalisation de l'islam. Et à prétendre que la civilisation arabo-musulmane est supérieure à l'européenne (Alain de Benoist s'en tient sagement à refuser l'immigration, mais à souhaiter la coopération.).
  • René Guénon, qui souhaite l'assimilation salvatrice de l'Occident par l'Orient, se convertit à l'islam à l'âge de 25 ans et élève ses quatre enfants dans cette religion. Il juge que l'homme moderne, en rupture avec la tradition, est un être amputé, fermé à la spiritualité.
  • Alain Soral, ancien communiste et ancien FN, prône la réconciliation entre la gauche du travail et la droite des valeurs. National-socialiste du type Chavez, il juge que les identitaires racialistes sont les idiots utiles du Système.
  • Marine Le Pen, qui croit comme Jean Raspail que 'les carottes sont cuites', cherche le soutien des musulmans français dans une France ethnopluraliste.
  • Nicolas Gauthier, animateur du site Boulevard Voltaire, est très islamophile. Il soutient l'organisation des musulmans patriotes 'Fils de France' de Camel Béchikh, avec l'appui d'Alain de Benoist.

Tous sont soucieux de rendre son âme à la civilisation européenne, mais oublient que l'avenir est dans le racialisme, maintien de la diversité des races et des cultures face au rouleau compresseur de l'uniformisation.

Jean Leblancmeunier invite à l'imiter dans son périple de Saint-Petersbourg jusqu'à Moscou, par les voies d'eau.  Projet à inscrire dans nos tablettes.  A propos de l'absorption de l'Ukraine par l'Europe, on lui a expliqué que c'était un peu comme si Trump s'entendait réclamer par le Mexique la restitution du Texas et de la Californie !

pierre vial, terre & peuple, revue, nouvelle droite, fin d'un monde,

 

mardi, 22 novembre 2016

The Willful State: Frederick the Great’s Report on the Prussian Government

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The Willful State:
Frederick the Great’s Report on the Prussian Government

Frederick the Great
Exposé du gouvernement prussien, des principes sur lesquels il roule, avec quelques réflexions politiques
Berlin, 1775-1776[1]

One often encounters people who have no faith in the ability of a small nation to achieve anything worthwhile.[2] Yet one typically does not have the luxury of choice. One may prefer to live in a large and populous country, but in any event one must work with what one has. Furthermore, the fact is that small states can and do on occasion “punch above their weight” and influence the course of history. In support of the proposition that even the smallest of nations may dare to be ambitious, I give a most powerful example: the Kingdom of Prussia.

When Frederick the Great became King of Prussia in 1740, the population of his little north German realm numbered just over 2 million. This was only a third of the population of England, itself a rather small European power, and Frederick’s kingdom did not enjoy the protection of the English Channel. Instead, Prussia, also a land poor in natural resources, was protected solely by the sheer will to organize all of the little state’s means into the mightiest army possible. The gambles were huge, the threats of annihilation repeated, and yet through it all it was little Prussia which emerged victorious. The machine set in march by Frederick would double in population by the conquest of Silesia and, a century later, give Bismarck the means to unite Germany. Thus Prussia shows how a small principality may become the greatest of European powers.

The lessons of Prussian statecraft are then of interest to all those, be they leaders or citizens of nations great or small, who wish to maximize their potential and fulfill a great project. How did Frederick go about building his machine of state? For this, we may turn to the Great King himself, for he was a prolific writer. In the mid-1770s, he wrote a private[3] Report on the Prussian Government, on the Principles on Which It Operates, with some Political Reflections. The work, as so often with Frederick, is of an admirable lucidity and clarity. I will provide an overview of the Report, which apparently has never been published in English, with translations of substantial passages.

Frederick argues for a unitary state in which all the branches of government — military, budgetary, and political (under which he refers exclusively to foreign policy) — are continuously and harmoniously united towards a single goal. For the insecure Prussia of Frederick’s day, that goal was above all maintaining military preparedness and a “rainy day” war-chest, to both guarantee the state’s security and seize any opportunities which, by the vagaries of international politics, should present themselves. Frederick asserts that the prince must himself give the example, carefully monitoring all aspects of his state’s operation and personally ensuring that military merit is honored above money. Good manners must be promoted among the citizens and fertility encouraged. Above all else, one must concentrate one’s efforts on the decisive, always being thrifty, and not wasting resources on side-projects. The bolder one’s enterprises, the greater the gains.

In short, Frederick’s politics are the antithesis to the bourgeois democratic politics we have grown used to in the postwar era. We may say that Western politics have tended to be ever-more obsessed with materialist consumerism (welfare, purchasing power, GDP; and our politicians even fail to deliver these) and egalitarian “victimocracy” (symbolic and real spoils for various aggrieved groups, namely ethnic minorities, sexual minorities, and women). In both cases, individual and sectional interests are taken as the frame reference, rather than the interests of the community as a whole.

Finances: Frugality Above All

Frederick begins: “To have a general idea of this government, one must examine in detail all the government’s branches, and then combine them together.” These branches are finances, the military, and international politics/foreign policy (la politique). Frederick emphasizes the importance of the budget, which he often compares to an organism’s nervous system: “I begin by finances, which are like the sinews of the human body, which move all its members.”[4] Public finances should be as frugal as possible — notwithstanding spending on fortifications, infrastructure, and foreign allies — so as to amass a healthy war chest that can last until peace is signed:

But one must remark that if we draw all extraordinary war funds from the treasury, we will last only four campaigns, which means that by necessity we must take hold of Saxony, husband as best we can the treasury, which must specifically only serve to fill the emptiness of a few provinces invaded by the enemy. Here is the bottom of things, which shows that one must practice the greatest economy to have the last écu[5] in one’s pocket when one negotiates the peace.

Frederick argues that a substantial budget surplus is justified economically because Prussia had a trade surplus twice as big, thus money was still entering circulation. This surplus, which the Germans do seem to have a knack for, was achieved thanks to “establishing many manufactures, and especially with the help of Silesia.” Frederick emphasizes the need for the most careful monitoring of public spending:

This is why one must not lose sight of manufactures: though them, this [trade] balance can still be increased in our current possession by some hundred thousand écus. But what is important above all is to conserve the good order now established in  the management of public monies and the supervision of all funds; without which the people pays very much, and the sovereign is robbed.

Thanks to this thriftiness, Prussia then had enough money for four military campaigns and enough grain for three, including purchases from Poland.

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Military Affairs: Preparedness & Honor

Frederick’s description of the Prussian army is worth quoting at length. He argues that Prussia’s militarization is warranted given her insecure geographical position and the size of her neighbors. The Prussian army, based (after the conquest of Silesia) on a country of 5.2 million, was by no means large compared to its neighbors’. Frederick argues then that Prussia can only distinguish itself militarily by the quality and discipline of its armed forces. The commander-in-chief himself must personally give the example “or all is lost” for the little country. Frederick strikes a decidedly conservative note, arguing that if aristocratic officers should prove inadequate, “the recourse to commoners, would be the first step towards the decline and fall of the army.”

ON THE ARMY.

The situation of this State forces us to maintain many troops, because our neighbors are Austria, Russia, France, and Sweden. The war-footing numbers 220,000 men, including the freelance battalions and the increase in cavalry. From this number we will be able to campaign with 180,000 men; but as soon as we need to form three armies, it becomes quite apparent that we do not have many compared to our neighbors. I believe that discipline must remain on the current footing, as must the introduced reforms, unless war should change, because then one may only side with adapting to circumstances and to change with them; but to equal our enemies or surpass them, one needs to do so through order and discipline, to encourage the officers to distinguish themselves, so that a noble emulation encourages them to surpass the enemies they must fight. If the sovereign does not himself get involved in military affairs, if he does not give the example, all is lost.  If one prefers courtly layabouts [fainéants de cour] to military affairs, one will see that the entire world will prefer this laziness to the strenuous military profession, and then, instead of our officers being nobles, we will have to have recourse to the commoners, which would be the first step towards the decline [décadence] and fall of the army. We have at present only 70 citizens[6] per company; one must not stray from this principle, to husband the country, which, by the increase in population, will be able to furnish resources or recruits, if war makes it necessary. [. . .] Our population counts 5.2 million souls, of which about 90,000 are soldiers. This proportion may suffice; but one must not take from the cantons more than 840 for each infantry regime and 400 for each cavalry regiment.

Foreign Policy: The Art of Opportunity

Frederick then writes very cogently on foreign policy under the heading “la politique.” This puts the Prussian military theorist Carl von Clausewitz’s later famous definition of war as “politics by other means” in an interesting light. In his great work On War, Clausewitz rarely discusses politics as such but it seems he too supported the primacy of foreign policy, which is to say the overriding interest of the state in maintaining its own existence and security, over liberal and constitutional niceties.[7]

Frederick clearly takes an unsentimental view of international relations as Realpolitik. The goal is to ensure the security of the state, this means: maintaining good relations and an alliance with the state which can most harm us (in this case Russia), acquiring more secure borders (by annexing Saxony as buffer territory), and being ever-prepared so as to be able to seize any unforeseeable opportunities to reach this goal. Frederick emphasizes caution however: given the country’s limited resources, war should only be pursued if there really is something to be gained, one must not overextend one’s territory to indefensible borders, and one must use both modesty and secrecy so as to not disturb the European balance of power and stoke general hostility against us.

ON POLITICS.

One of the first principles of politics is to work to ally oneself with whoever among our neighbors can inflict the most dangerous blows against the State. It is for this reason that we are allied with Russia, because it frees up our back concerning Prussia,[8] and that, as long as this relationship lasts, we have need not fear that Sweden will dare to attack in Pomerania. The times may change, the strangeness of circumstances can force us to take other commitments; but never will we find with the other powers the equivalent of the advantages that we find with Russia. The French troops are worth nothing, and the French are used to only feebly assisting their allies; and the English, made for paying subsidies, sacrifice their allies, to the peace, to favor their own interests. I do not speak of the house of Austria, with which it seems almost impossible to form solid bonds. Concerning the political prospects for acquisitions appropriate for this monarchy, the States of Saxony are indisputably those which would be the most appropriate, by rounding it off and forming a barrier by the mountains which separate Saxony from Bohemia, and which would need to be fortified. It is difficult to foresee how this acquisition could be made. The surest way would be to conquer Bohemia and Moravia, and to trade them for Saxony; or finally that this could be done by other trades either of the Rhenish possessions, adding Juliers or Berg, or by any other way that it could be done. This acquisition is an indispensable necessity to give this State the consistency which it lacks. For, as soon as we are at war, the enemy can march directly to Berlin without finding the slightest opposition on his path. I do not speak of the rights of succession in the countries of Ansbach, Juliers and Berg, and Mecklenburg, because these claims are known, and one must wait for their occurrence. As the State is not rich, we must take care above all else to not get involved in wars where there is nothing to be gained, because one exhausts oneself at a pure loss, and when a good opportunity follows, one cannot take advantage of it. All distant acquisitions are a burden to a State. A village on the border is worth more than a principality 60 leagues away. It is a necessary measure to hide as much as possible these schemes of ambition, and, if one can, to awaken Europe’s envy against other powers, on the occasion of which one strikes one’s blow. This can occur, and the house of Austria, whose ambition goes unconcealed, will needlessly attract the envy and jealousy of the great powers. Secrecy is an essential virtue for politics as well as for the art of war.

preugren.jpgI note with amusement the statements on the value of a Russian alliance, the unreliability of a French guarantee, and the perfidy of Albion, observations which would no doubt resonate with many people in later centuries. Plus ça change !

Frederick briefly discusses the laws of Prussia [2], describing them as “fairly wisely made.” He argues no changes are needed, but that there must be regular visits to provincial courts to punish malfeasance, for “the parties and the lawyers work to elude the best laws.” There should also be a review every 20 years to ensure the appeals process is not abused through endless trials. These highlight the importance of regular, mindful care for one’s state.

Harmonious Government: All Branches Working Towards the Same Goal

Frederick then discusses finances, the military, and foreign policy as forming the coherent whole which government must be. He again emphasizes frugality and a healthy war chest:

TOTAL COMBINATION OF GOVERNMENT.

Given that the country is poor, and has no resources, it is necessary for the sovereign to always have a well-furnished treasury, to bear at least a few campaigns. The only resources which he may find when in need consist of a loan of 5 million from the Landschaft [a bank decreed by Frederick, made up of noblemen, allowing the state to borrow from the Prussian population itself], and about 4 million which he can draw from the bank; but that is all.

Public money, he says, should be spent on various development projects such as fortresses, manufactures, or infrastructure “in order to make the State’s constitution more solid.”

The sovereign should then be frugal with his subjects’ blood and treasure. He must himself be an example of rectitude, or his subjects will also become wasteful. Frederick emphasizes “especially” the maintenance of good morals, which can only be achieved if the power of money is kept in check. It must be impossible for the wealthy to buy honors, as they do in France. Frederick advocates a muscular natalism in order to produce more citizens and soldiers:

These reasons which I have just put forward demand that this country’s sovereign be economical and a man who maintains the greatest order in his affairs. An equally valid reason as the first is also joined to this: it is that if he gives the example of profusion, his subjects, who are poor, want to imitate him, and ruin themselves. One must especially, to support manners, grant distinctions only according to merit and not for wealth; the poor observation of this principle in France has meant the loss of the of the nation’s manners, which previously knew only the path of honor to achieve glory, and which believes at present that it is enough to be rich to be honored. As the wars are an abyss into which men fall, one must be watchful that this country be as peopled as possible, from which another good results, which is that the countryside is better cultivated and landowners are more at ease.

Frederick denies the utility of a navy for Prussia for this would divide the country’s efforts and anyway be too small to be useful. Instead, one should concentrate one’s efforts on the most decisive point, in this case the army:

I do not believe that this country should ever be persuaded to form a military navy. Here are the reasons. There are in Europe great navies, that is: that of England, those of France, Spain, Denmark, and Russia. Never will we be able to equal them; hence, with a few ships, remaining always inferior to other nations, the expense would be useless. Add to this that, to maintain a fleet, the money this would cost would force us to reform land troops, that this country is not sufficiently populated to provide recruits for the army and sailors for ships, and finally, that sea battles are rarely decisive; from which I conclude that it is better to have the best army in Europe than the worst fleet of the maritime powers.

Frederick argues that policy must “look as far as possible into the future” but recognizes that unforeseen circumstances will always arise. As such, the best one can do is to be ever-prepared so as to be able seize opportunities. Interestingly, Frederick explicitly affirms that political control of the military must serve to radicalize warfare to ensure it reaches the given political objectives: “War itself must be conducted according the principles of policy, to inflict the bloodiest blows against one’s enemies.” Frederick advises great enterprises, even if these are risky, rather than wars for trifling objectives:

Policy must look ahead as far as possible into the future, and judge the circumstances of Europe, either to form alliances, or to counter the projects of one’s enemies. One must not believe that it can bring about events; but when these present themselves, it must seize them to take advantage of them. That is why finances must be in order. It is for this reason that there must be money saved up, so that the government is ready to act as soon as political reasons indicate the moment. War itself must be conducted according the principles of policy, to inflict the bloodiest blows against one’s enemies. It was according to these principles which prince Eugene [of Savoy, an Austrian commander] acted, he who made his name immortal by the march and the battle of Turin, by those of Höchstädt and of Belgrade. These great projects of the campaign do not all succeed; but when they are vast, there always results more advantages than by these little projects where one limits oneself to taking an insignificant town [bicoque] on the border. That is how the count [Maurice] of Saxony [a French commander] gave battle at Rocoux to be able to execute the winter according to his designs upon Brussels, which succeeded.

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Frederick stresses that foreign policy, the military, and finances must form a coherent whole. Otherwise they are vain, as in the case of France, which as Europe’s largest state could afford to become flabby and incoherent. Prussia did not have this luxury:

It is obvious that, from all that I have just said, that policy, the military, and finances are branches which are so tightly bound together, that they cannot be separated. One must carry them out all at once, and by their combination, subject to the rules of good policy, there results the greatest advantages for the State. In France, there is a king which manages each branch separately. There is a minister who presides, either to finances, to war, or to foreign affairs. But the rallying point is lacking, and these branches, not being united, diverge, and the ministers are each busy with only the details of their department, without anyone uniting the objects of their works to one fixed goal. If such a thing happened in this State [Prussia], it would be lost, because great monarchies go on despite excesses, and support themselves by their weight and intrinsic strength, and small States are soon crushed, if all in them is not strength, life, and vigor.

Frederick concludes that a small and insecure state such as Prussia must always be led by a watchful prince:

Here are a few reflections and my ideas on the government of this country, which, so long as it has not taken greater consistency and better borders, must be governed by princes who are always watchful, ears pricked, to observe their neighbors, ready to defend themselves from one day to the next against the pernicious projects of their enemies.

Conclusion: Power Through Will

Of Western and European states today, only the United States of America and the Russian Federation can be considered even moderately “big” in a world in which we face China’s 1.4 billion, India’s 1.25 billion, and, in another mode, the endless hordes to come from an Africa destined to number 4 billion this century [3]. Furthermore, any European-American successor states to the current U.S.A. would likely number around 150 million. Frederick’s directives for maximizing the power of small states through a frugal and martial government, characterized above all by a coherent will, are then very relevant to us.

The Greater-European World is made up dozens of states, each of which could, under enlightened leadership, work for the salvation of our people. The means of a small state are necessarily modest, but let no one say that these are worthless. Prussia began as a small enterprise. But by the luck of having successive great princes, a political “germ-cell” was set, the logic of which was favorable to growth, turning a minor principality of 2 million into a Great Power of 5 million, and then into a united Germany preeminent on the Continent, fit for two awesome bids for regional hegemony. The example of Prussia shows that even small states, when armed with unity and will, can maximize their potential and, when the stars align, achieve wonders.

Times have changed since Frederick’s. We, for the most part, do not need to be so mindful of military security as in the past. Indeed, most traditional military conflict in our lands, lamentably, is intra-European. The inherent disorganization of the Third World, nuclear weapons, and the diminishing returns of military occupation in the modern era mean that there are few conventional threats to our security.[9] The Western World’s conflicts with the Arab nations and Iran, far from being motivated by any objective threat, have largely been driven by a hypertrophied U.S. imperial establishment and the malignant influence of the Israel Lobby in Washington, Paris, and London.

The lasting insight in Frederick’s Report on the Prussian Government is the need for a coherent will: that government should concentrate on its core objectives, that all the parts work in harmony towards this, and that this will be steadily maintained over long periods of time. Frederick’s goal was the security of his state and as such he concentrated on maximizing military capability and constant readiness to seize opportunities in foreign affairs. Other objectives may be served by these Prussian virtues: constant mindfulness, frugality, preparation, and setting a good example for one’s citizens.

Frederick emphasizes the importance in politics of encouraging family-formation and maintaining public morals, which is to say shape the society’s culture and enforce positive social norms. The nation and state must always be carefully tended and cultivated that it, like a beautiful garden, flourish and grow. Frederick organized his entire state towards the goal of military power and security. Perhaps we may say that the endangered Europeans of today must similarly organize their states, through systematic cultural and population policies, towards the goals of demographic expansion, genetic quality, and unity within our great family of nations.[10]

Frederick’s patriotic prince can in our times seem something like an alien. We have grown used to living under governments dedicated above all to individual caprice and equalizing victimhood. Our people are so demoralized, that even the idea that our men and women, especially the best of them, should be expected and encouraged to raise children is considered outright offensive by many. Frederick shows that such misguided doctrines do not favor national survival.

We are used to “politics” meaning only more-or-less loathed electoral politicians winning office by publicly pandering to the mob’s bottomless appetite for consumerism and narrow sectional interests, while actually serving the hostile, increasingly post-national oligarchs who finance their political parties and control the mass media who significantly determine the public’s views. In Frederick’s time, the manners of the average citizen, be he farmer, burgher, or nobleman, were shaped by a hard life, national laws, and a state church. Today, besides the general slouching, the education of the youth and the public at large is largely left, to a small, rootless international clique of media moguls, from Carlos Slim and Rupert Murdoch, to Michael Eisner and Sumner Redstone. These men pursue their particular financial, ideological, and ethnic[11] interests, rather than the national good.

This is not inevitable however. At the close of Frederick’s reign, the population of Prussia approached that of England. The two countries in later centuries would enjoy similar rises in power and greatness. We may say that Anglo-America is what northern Europeans tend to when plenty and security afford them the luxury of individualism and egalitarianism. Prussia is what northern Europeans tend to when, driven by poverty and insecurity, they must organize and discipline themselves for collective survival.

The European peoples, we can be sure, will suffer ever-greater insecurity in the twenty-first century with their dwindling numbers, their swamping by outsiders, and the rise of Asia and Africa. By this suffering, the Europeans will painfully learn from their mistakes and again know the true worth of things. No doubt, we will see Prussians again.

In the twentieth century, the logic of Europe and the West had been one of unbridled expansion. From a small appendage of Eurasia, we burst forth and conquered virtually the entire world and multiplied to become a full third of humanity. Since the catastrophic world wars, we have been in headlong decline and, in time, we will have lost not merely our empires, but of even our own historic homelands. By the end of this century, we will be lucky if we still make up 5 percent of humanity. We must arrest our decline by again establishing, by will and discipline, a logic of expansion. The Great King provides us with a powerful model. Every European nation must play its part.

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Notes

1. As published in Johann Preuss (ed.), Œuvres de Frédéric le Grand, vol. 9 (Berlin: Royal Printer, 1848), pp. 209-220. http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/9/toc/ [4]

2. On the recurring controversy concerning pan-European political unity: small states’ options and character are indeed, in the long run, generally determined by great geopolitical blocs and empires, often of a continental scale. But it is also true that the larger a polity is, the less cohesive and coherent it is likely to be. In any event, one must not confuse a unitary empire with a multinational and multistatal confederation. The latter is necessarily prone to impotence as each state holds a de facto and/or de jure veto and each nation does not identify with the others. Thus, while a confederation may be a useful thing, one should not place exaggerated hopes in it or believe this to be the critical locus of politics. The locus of politics is always the actual sovereign. Nationalists understand the sovereign acting through the nation-state: mass consciousness is only possible in a nation; political action is only possible through a state. An empire may or may not be preferable, but that is always founded through the spilling of blood, never by signing bits of paper. For the truth of this, I refer you to the history of the United States before Lincoln, of the German Confederation before Bismarck, of Austria-Hungary, Canada, Belgium, and the European Union. (Concerning the latter two, there has been amusing example of paralysis in recent weeks as the region of Wallonia vetoed Belgian support for a major EU-Canada free trade agreement. Thus multinational polities were leading to vetocracy squared: Wallonia vetoed Belgian policy, and Belgium vetoed EU policy. And yet, one finds a thousand people in the political mainstream who believe the permanently paralyzed EU is the primary answer to European decline . . .) I also, again, direct you the very eloquent statements explicating these matters in De Gaulle’s press conferences and Hitler’s Second Book.

3. That it remained unpublished during his lifetime is unsurprising: Frederick is quite frank about his coveting neighboring Saxony in order have more buffer territory on his vulnerable southern border. These ambitions, he insisted, had to remain secret. Prussia would indeed acquire 40 percent of Saxon territory at the Congress of Vienna in 1815.

4. I would add that finance and culture can be said to make up an entire society’s nervous system. Which begs the question: what does it mean if a particular ethnic group, especially if hostile to the majority, achieves commanding influence in a society’s financial and cultural institutions?

In the natural world, the principles and examples [5] from which should always be in our minds, we observe Ophiocordyceps unilateralis, a parasitic fungus able to hijack ants’ behavioural system and turn them into “zombie ants.” According to Wikipedia:

Infected hosts leave their canopy nests and foraging trails for the forest floor, an area with a temperature and humidity suitable for fungal growth; they then use their mandibles to affix themselves to a major vein on the underside of a leaf, where the host remains until its eventual death. The process leading to mortality takes 4–10 days, and includes a reproductive stage where fruiting bodies grow from the ant’s head, rupturing to release the fungus’s spores.

5. An archaic French currency.

6. Presumably Bürger commoners.

7. Certainly, the continued existence of the state is a sine qua non of any policy, but we as nationalists add: policy must serve the existence and cultivation of the people from which the state derives.

8. Here, presumably meaning East Prussia.

9. There are exceptions obviously: Turkey is a threat to Greece, and China is a threat to Russia. In the long term, we also cannot exclude that Africa’s population explosion will eventually form a conventional military threat. What would a Spain reduced to aged pensioners and effeminate young leftists be able to oppose to a few million Islamized Africans led marching upon Europe, no doubt led, according to their genius, by a new Mahdi or General Butt Naked?

10. I observe one prominent “willful state” active in the world today: the Jewish State of Israel. This country has, through a cross-partisan political and social consensus, consistently pursued policies of demographic and territorial expansion, for the security and power of the Jewish people and against the Arabs, whom Orthodox Jewish consider subhuman. The Jews’ fertility rate in Israel is now well above replacement with over 3 children per woman, equaling the Arab rate. (Admittedly, Israel has been successful in large part thanks to its diplomatic and financial parasitism upon the Western nations, to the tune of hundreds of billions of dollars and thousands of European lives, through the tireless efforts of the Jewish-Zionist lobby. But that is but another example successful ethnic activism, only possible because we are not yet ethnically organized.)

11. Unless, obviously, they are of European descent . . .

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2016/11/the-willful-state/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/11/Frederick_the_Great_after_the_Battle_of_Kolin_by_Julius_Schrader.jpg

[2] the laws of Prussia: http://www.counter-currents.com/2016/11/enlightened-patriarchy-part-1/

[3] an Africa destined to number 4 billion this century: http://www.unz.com/isteve/the-worlds-most-important-graph/

[4] http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/9/toc/: http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/9/toc/

[5] examples: https://twitter.com/natureisscary

 

Entretien de Youssef Hindi à "Algerie patriotique"

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Entretien de Youssef Hindi à "Algerie patriotique": «Les réformistes veulent apporter leur poison comme remède au wahhabisme»

Ex: http://www.algeriepatriotique.com

L’historien, écrivain et chercheur indépendant Youssef Hindi prône le retour à «une étude saine des textes de l’islam, par-delà le réformisme et le wahhabisme» et à «utiliser le corpus islamique pour comprendre le sens de l’Histoire et faire une critique de la modernité». Pour lui, il ne faut pas «soumettre l’islam au monde moderne», mais «proposer une alternative au projet globaliste, totalitaire et destructeur». Interview.

Algeriepatriotique : Dans votre livre Occident et islam : sources et genèse messianiques du sionisme ; De l'Europe médiévale au choc des civilisations, vous parlez des racines du messianisme kabbalistique et de son influence sur les trois religions monothéistes, à partir du XIIIe siècle. Quel rôle le wahhabisme et les Frères musulmans ont-ils joué dans la subversion de la religion musulmane par la tradition kabbalistique ?

Youssef Hindi : Il est impossible de comprendre le rôle historique du wahhabisme et des Frères musulmans sans retracer la genèse du réformisme islamique (dont est issu le frérisme) et son lien historique et idéologique avec un des mouvements kabbalistiques qu’est le sabbato-frankisme. Les deux piliers fondateurs de la kabbale – depuis sa formation au Ier siècle – sont, d’une part, l’étude de la fin des temps (l’apocalyptique) et, d’autre part, l’ésotérisme et le mysticisme qui englobent une réflexion sur le monde d’ici-bas et de l’au-delà, à quoi il faut ajouter la notion purement kabbalistique d’évolution vers la révélation de la connaissance cachée, induisant l’idée que la kabbale progresse et avec elle l’histoire. Un progrès historique par paliers successifs menant droit vers les temps messianiques, vers la fin des temps et l’apogée du peuple élu.

Dans le second chapitre de mon ouvrage, je retrace l'histoire du wahhabisme, du réformisme islamique et du réformisme chrétien, en mettant en évidence leurs racines communes : le messianisme antinomique sabbato-frankiste.

jacob-frank-hp.jpgIssu d'un double mouvement, né aux XVIIe et XVIIIe siècles avec les faux messies Sabbataï Tsevi et Jacob Frank (l’un faussement converti à l’islam et l’autre au catholicisme), ce messianisme apocalyptique s'opposant à Dieu et à la loi naturelle, par les conversions massives des sabbatéens à l'islam et des frankistes au catholicisme, va promouvoir l'athéisme au cœur de ces deux mondes, via notamment des loges maçonniques.

Jacob Frank

Les principes premiers d’un mouvement historique déterminant ses finalités, les fondements de la kabbale ont conditionné la forme de messianisme dont il est issu, et par la suite, donné au sabbato-frankisme le caractère qui est le sien. Le sabbato-frankisme fut l’inéluctable conséquence de l’évolution de la kabbale, le fruit de l’histoire de la mystique juive aux plans idéologique, intellectuel, politique et moral.

Sabbatai_tsevi.jpgDans la même perspective, le programme apocalyptique du choc des civilisations est partie intégrante du dessein messianique juif. Le projet de destruction du christianisme et de l’islam que l’on trouve au XIIIe siècle, dans le Zohar, a dirigé quelques siècles plus tard et à la suite de tentatives qui en posèrent les fondations, le sabbato-frankisme vers cet objectif.

Le réformisme islamique eut comme point d’ancrage les régions sabbataïstes, et son expansion s’est faite via les loges maçonniques infiltrées par les sabbataïstes. Les loges se sont propagées, à partir du XVIIIe siècle, en Turquie, en Iran, en Asie centrale, mais aussi en Egypte et en Syrie.

Sabbataï Tsevi

De son côté, le père du wahhabisme, Muhammad Ibn Abd Al-Wahhab (tout comme les réformistes allant de Afghani à Hassan Al-Banna, en passant par Abduh et Rachid Ridha) prétendait revenir à l’islam en massacrant les musulmans, avec l’aide des Saoud, pour imposer son idéologie.

Lorsque l’on fait le parallèle entre Cromwell qui, au XVIIe siècle, l’Ancien Testament à la main, massacra en masse les catholiques irlandais et écossais, en détruisant les églises, massacrant prélats, hommes, femmes et enfants, pour imposer une nouvelle religion, et Mohamed Ibn Abd Al-Wahhab un siècle plus tard, l’on y voit bien plus que quelques similitudes. C’est exactement le même schéma. Abd al-Wahhab prétendait revenir à l’islam des origines, comme les protestants qui se présentaient comme des fondamentalistes, véritables tenants du christianisme, en renouant avec l’Ancien Testament. Dans les faits, Abd Al-Wahhab et ses sectateurs d’hier et d’aujourd’hui font montre d’une haine dévastatrice de l’islam, du Prophète et de ses compagnons, dont ils se sont acharnés à détruire systématiquement les tombeaux et l’héritage tant religieux que culturel.

Le réformisme islamique forme avec le wahhabisme deux faces d’un même projet, se complétant l’un et l’autre sous une apparente opposition, soit une hérésie à deux visages suivant ce que j’appelle une dialectique infernale.

Depuis l’apparition d’Abd Al-Wahhab, Malkun Khan (le premier grand réformiste), Afghani et Abduh, ainsi que leurs disciples, cela jusqu’à nos jours, le wahhabisme et son versant libéral réformiste, dont l’ultime avatar sont les Frères musulmans, ont agi comme des agents corrosifs et des facteurs de décomposition matérielle et spirituelle de l’islam ; et nous sommes à présent témoins de la dernière étape de ce processus historique de subversion.

Les wahhabites et les Frères musulmans jouent un rôle essentiel dans ce grand échiquier géopolitique dans lequel s’applique la stratégie du choc des civilisations : les troupes wahhabites fanatisées détruisent les villes et les Etats musulmans, guidées par des prédicateurs et de pseudos savants wahhabites et Frères musulmans ; tandis que les Frères musulmans pilotés, financés par les occidentalistes tant arabes qu’européens et américains sont portés au pouvoir comme en Egypte et en Tunisie.

YH-arton41737.jpgDans vos deux livres Occident et islam et Les mythes fondateurs du choc des civilisations, vous décrivez le choc des civilisations comme étant une doctrine programmée. Qui est à l’origine de cette stratégie qui vise à faire s’affronter les civilisations ?

Mes recherches montrent que cette stratégie a été élaborée par un kabbaliste du nom de Solomon Molcho – suivant les interprétations rabbiniques et eschatologiques de la Bible – qui, au XVIe siècle, a tenté de lancer l'Eglise puis le Saint-Empire romain germanique dans une guerre contre l'Empire ottoman, afin d'expulser ce dernier de Palestine et y reconstruire le royaume d'Israël. C’est précisément ce que les Britanniques ont fait au sortir de la Première Guerre mondiale, par le démantèlement de l’Empire ottoman et la création du Foyer juif en Palestine (1919-1920) à la suite de la promesse faite par les Anglais aux sionistes dans la Déclaration Balfour (1917).

Le projet de Molcho a mis quatre siècles à s’accomplir, mais il s’est finalement réalisé ; ceci est une des preuves que j’apporte en guise de démonstration de la permanence du projet messianique et du lien intrinsèque existant entre le sionisme et la stratégie du choc des civilisations, la seconde étant la condition préalable à la réalisation du premier.

En 1957, Bernard Lewis, le maître de Samuel Huntington, «laïcisera» cette stratégie messianique en lui donnant un habillage scientifique pour l'ériger ainsi en théorie. Lewis, en digne héritier de Molcho, dans l’optique de fomenter des guerres entre le monde (post)chrétien et le monde musulman, décrète alors que ces deux grandes religions seraient ontologiquement vouées à s’affronter. C’est ce même Bernard Lewis, de confession juive et détenteur des nationalités israélienne, britannique et étasunienne, qui œuvra dans le début des années 2000 pour convaincre Dick Cheney, alors vice-président des Etats-Unis, d’envoyer l’Amérique en guerre contre l’Irak.

Ce choc des civilisations fabriqué de toutes pièces n'est au fond que le faux nez de ce que j'appelle «un choc idéologique mondial» opposant le monde vétérotestamentaire – recouvrant le bloc anglo-thalassocratique, ses vassaux anciennement catholiques du vieux Continent, les pétromonarchies wahhabites et Israël – au reste de l'humanité.

L’idéologie wahhabite, Daech et la propagande occidentale ont largement contribué à déformer la perception qu’ont les non-musulmans de l’islam. Sur quels mythes déformants repose cette fausse perception ?

Les mythes fabriqués au cours des siècles autour de l’islam sont très nombreux, mais dans mon second ouvrage Les mythes fondateurs du choc des civilisations, je déconstruis les principaux sur lesquels s’appuie la stratégie du choc des civilisations. J’ai choisi cinq mythes – qui me semblent être les plus importants – que j’ai traités dans cinq chapitres à thèmes.

Ces mythes et accusations ont notamment trait au rapport existant entre l’islam, la violence et la guerre. Mon étude part à ce propos d’une contextualisation historique de la naissance et de l’expansion de l’islam, combinée à une minutieuse étude exégétique ; s’ensuit un focus sur les rapports, souvent méconnus ou oubliés, de la chrétienté et du monde musulman, ainsi que sur la place de la femme dans la religion musulmane.

Mon ouvrage s’achève sur une réflexion fondamentale, à savoir : quelle est la place véritable de Dieu et de la religion dans les sociétés humaines, ceci en relation directe avec la notion de souveraineté. Car il nous est asséné que le problème fondamental du monde musulman et son retard seraient dû au fait qu’il n’aurait pas procédé à un aggiornamento, une séparation complète du religieux et du politique.

Vous affirmez que si l’islam est rejeté en Occident, la faute en incombe aux Occidentaux qui n’ont pas compris cette religion. Peut-on leur en vouloir du moment que le discours alternatif à l'idéologie wahhabite extrémiste et violente est totalement inaudible ?

Je n’ai pas affirmé cela. J’explique que le rejet de l’islam est en grande partie dû à sa diabolisation par les grands médias occidentaux, les idéologues et intellectuels ainsi que les politiciens. Cette diabolisation se fait par la diffusion de vieux mythes forgés dans des contextes historiques, politiques et géopolitiques à partir du Moyen-Age, combinée à la propagation de l’idéologie wahhabite dans le monde – via plusieurs canaux et financée par les pétrodollars : médias, institutions, chaires universitaires, mosquées… –, qui a débuté après la Seconde Guerre mondiale et le Pacte de Quincy (février 1945) passé entre le président des Etats-Unis, Roosevelt, et le roi d’Arabie Saoudite, Abdelaziz Ibn Saoud, avec l’aide et la bénédiction du monde occidental, les Etats-Unis en tête. Sans les pétrodollars et le soutien anglo-américain apporté à l’Arabie Saoudite, le wahhabisme (et ses avatars terroristes) ne serait pas devenu l’orthodoxie musulmane aux yeux des Occidentaux et d’un certain nombre de musulmans.

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La propagande médiatique wahhabite et occidentale rend totalement inaudible le discours des savants traditionnalistes et des intellectuels qui ont étudié l’histoire et le rôle du wahhabisme.

Des penseurs s'accordent à dire qu'il faut aller vers une refondation de la pensée théologique de l'islam afin de dégeler toutes les glaciations théologiques. Quel est votre avis sur cette question ?

Ces penseurs musulmans, dont le discours est accompagné par les idéologues qui veulent finir d’abattre l’islam, sont les héritiers des réformistes francs-maçons (Malkun Khan, Afghani, Abduh et leurs élèves) qui ont commencé ce travail de dilution de l’islam dans la modernité.

Les réformistes se bousculent aujourd’hui, dans la logique de ce mouvement dialectique entre wahhabisme et réformisme dont j’ai parlé, prenant pour prétexte les atrocités de Daech et des autres groupes terroristes, pour apporter leur poison sous forme de remède à une maladie qu’ils ne nomment jamais : le wahhabisme.

Mon avis est qu’il faut revenir à une étude saine des textes de l’islam, par-delà le réformisme et le wahhabisme, et utiliser le corpus islamique pour comprendre le sens de l’Histoire et faire une critique de la modernité ; non pas pour soumettre l’islam au monde moderne, mais pour proposer une alternative aux idéologies modernes et au projet globaliste, totalitaire et destructeur, sous couvert de progressisme, qu’elles ont générés.

Selon vous, Eric Zemmour, Bernard-Henri Levy et Alain Finkielkraut obéissent à un même mouvement qui existe dans la tradition juive, à savoir le mouvement assimilationniste ou «Haskalah». Qu’est-ce que ce mouvement ? Quels sont ses objectifs ?

moses-mendelssohn-german-philosopher-photo-researchers.jpgDans une conférence récente, j’ai expliqué qu’Eric Zemmour s’inscrit dans ce mouvement (on peut y inscrire aussi Finkielkraut dans une certaine mesure), mais pas Bernard-Henri Levy. La Haskalah est un mouvement initié en 1780 par le philosophe juif allemand Moses Mendelssohn (1729-1786). Il propose aux juifs d’Europe de s’assimiler en apparence aux cultures européennes, mais tout en préservant leur identité. La Haskalah appartient au mouvement frankiste qui prône une assimilation par la conversion au catholicisme et/ou par la dissimulation de l’appartenance au judaïsme, pour détruire le monde chrétien de l’intérieur.

Moses Mendelssohn

Dans mon premier livre, je cite l’historien Gershom Scholem, qui est le plus grand spécialiste de la kabbale et de son histoire, et qui écrit à propos de la doctrine de Jacob Frank et de ses finalités (et dont est issu le mouvement de la Haskalah) : «La conception de Jacob Frank revêtit un aspect résolument nihiliste. Sous le sceau du silence, le vrai croyant (c’est-à-dire le partisan de Frank), qui possède Dieu dans le secret de son cœur, peut traverser toutes les religions, les rites et les ordres établis sans donner son adhésion à aucun, au contraire, en les anéantissant de l’intérieur et en instaurant ainsi la véritable liberté. La religion constituée n’est qu’un manteau qui doit être endossé puis rejeté sur le chemin de la "connaissance sacrée", la gnose du point où toutes les valeurs traditionnelles sont anéanties dans le courant de "vie". Il propagea ce culte nihiliste sous l’appellation de "voie vers Esaü" ou "Edom" (le monde chrétien occidental), incitant à l’assimilation sans vraiment y croire, espérant la miraculeuse renaissance d’un judaïsme messianique et nihiliste surgissant dans les douleurs de l’enfantement d’un bouleversement universel. Ces conceptions ouvraient la voie à la fusion entre la dernière phase du messianisme et de la mystique sabbataïste, d’une part, et, de l’autre, le rationalisme contemporain et les tendances laïques et anticléricales. La franc-maçonnerie, le libéralisme, voire le jacobinisme peuvent être considérés comme d’autres façons de tendre au même but.»

La destruction du christianisme à laquelle se sont attelés les frankistes, d’une part, et celle de l’islam par les sabbataïstes, d’autre part, se sont faites en parallèle via des voies quasi-similaires : en accédant et en s’intégrant aux élites et aux classes dominantes, notamment via des loges maçonniques – le concept kabbalistique de la rédemption par le mal, celui de la Table rase en quelque sorte, détruire pour reconstruire, pénétra les mondes chrétien et musulman en passant par des loges maçonniques kabbalistiques.

C’est en comprenant l’origine de ce mouvement et ses finalités, qui se résument à la destruction totale de l’Occident (spirituellement et physiquement), que l’on peut comprendre le discours d’un Zemmour qui se présente comme un patriote assimilé, plus français que les Français, et qui attise paradoxalement depuis des années les flammes de la guerre civile en France, tout comme BHL travaille lui, comme son coreligionnaire Bernard Lewis, à la destruction du monde musulman.

Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi

L’Ours et le Mandarin: le “partenariat stratégique” sino-russe au crible de l’Histoire

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L’Ours et le Mandarin: le “partenariat stratégique” sino-russe au crible de l’Histoire

Galvanisée par la dégradation progressive de ses relations avec l’Occident à la suite de son action en Ukraine et en Syrie, la Russie de Vladimir Poutine a toujours voulu voir en la Chine un partenaire “alternatif” sur lequel elle pourrait s’appuyer, à la fois sur les plans économique et international. Cette ambition se heurte toutefois très souvent à la réalité des objectifs de Pékin, dont les dirigeants n’ont jamais été particulièrement enthousiasmés par le concept d’un bloc anti-occidental au sens strict du terme. Les notions de “partenariat stratégique” ou même d’“alliance”, si elles sont devenues très à la mode dans les dîners mondains, ne recouvrent donc que très imparfaitement la logique du fait sino-russe.

Nous vous proposons cette analyse des relations sino-russes en deux parties, voici la première.

tchaadaev.jpg« Nous ne sommes ni de l’Orient, ni de l’Occident », concluait sur un ton particulièrement pessimiste le philosophe russe Tchaadaïev dans l’une de ses plus célèbres Lettres philosophiques. Principal précurseur du bouillonnement intellectuel de la Russie impériale de la seconde moitié du XIXe siècle, celui-ci fut l’un des premiers à théoriser l’idée d’une spécificité russe qui justifierait le fait qu’elle n’ait d’autre choix que de s’appuyer sur deux “béquilles”, dont l’une serait occidentale et l’autre orientale. Comme si le génie politique et industriel de l’Europe ne pouvait qu’être associé avec la créativité et la rationalité organisatrice de la Chine, qui partageait déjà avec la Russie la problématique de l’immensité du territoire et de sa bonne administration. Peine perdue pour Tchaadaïev, qui considérait que nul espoir n’était permis tant que le pays resterait engoncé dans l’archaïsme des tsars indignes de l’œuvre de Pierre le Grand, alors même que la Russie ne connaissait pas encore la violence anarchiste qui marquera la seconde moitié du XIXe siècle. Dans Apologie d’un fou, publié en 1837, il écrit et se désole : « Situés entre les deux grandes divisions du monde, entre l’Orient et l’Occident, nous appuyant d’un coude sur la Chine et de l’autre sur l’Allemagne, nous devrions réunir en nous les deux grands principes de la nature intelligente, l’imagination et la raison, et joindre dans notre civilisation les histoires du globe entier. Ce n’est point-là le rôle que la Providence nous a départi. »

De manière générale, la prophétie de Tchaadaïev s’est confirmée. L’équilibre qu’il appelait de ses vœux n’a jamais pu être trouvé, en particulier dans les relations de la Russie avec la Chine. Lorsque l’on “efface” le relief donné par la perspective historique, on a en effet tendance à voir dominer l’image d’un rapprochement constant et inexorable entre Moscou et Pékin, dont l’alliance servirait de contrepoids dans un monde dominé par la vision occidentale des relations internationales. Cette impression s’est particulièrement renforcée avec le discours de Vladimir Poutine donné à la 43e conférence de la sécurité de Munich en 2007, où ce dernier fustigea l’unilatéralisme qui avait présidé au déclenchement de la guerre en Irak en 2003 ainsi que le projet de bouclier antimissile prévu par l’Otan en Europe orientale. Ce serait toutefois négliger le fait que le premier mandat du président russe (2000-2004) fut marqué par un mouvement marqué d’affinité avec l’Occident, à tel point qu’il fut l’un des premiers à contacter George W. Bush à la suite du 11 septembre 2001 pour l’assurer de son soutien. Ce serait aussi oublier hâtivement que la relation sino-russe fut dominée pendant cinq siècles par l’importance des litiges territoriaux et que la Guerre froide fut pour les deux pays un théâtre d’affrontement pour le leadership du camp socialiste, ce qui annihila toute perspective d’un bloc unifié.

Cinq siècles de conflictualité

Si elles semblent très éloignées de par la langue et la culture, la Russie et la Chine ont toutefois toujours eu en commun de partager une réalité géographique similaire, dont l’immensité du territoire est la pierre angulaire. Une proximité également traduite dans les institutions, le modèle impérial historiquement développé par les deux pays ayant constitué un facteur favorable à une tradition administrative très fortement centralisatrice. Il y a aussi la question de la diaspora, particulièrement prégnante pour Moscou comme pour Pékin, avec 25 millions de Russes en dehors des frontières – principalement dans les anciens États de l’Union soviétique – et 20 millions de Chinois sur la seule île de Taïwan. Des nationaux “du dehors” souvent considérés comme des compatriotes perdus qu’il conviendrait a minima de protéger, et au mieux de faire revenir dans l’escarcelle nationale. Il y a enfin cette immense frontière commune de 4250 km qui s’étend de la Mongolie jusqu’aux rives de l’océan Pacifique, et dont la définition exacte n’a, jusqu’à récemment, jamais été arrêtée.

StolypinCrop.JPGLes premiers contacts diplomatiques entre les deux pays sont traditionnellement datés de la délégation envoyée par la Chine au tsar Michel en 1618. Si le traité de Nertchinsk de 1689 abordera pour la première fois la question des litiges territoriaux avec le tracé d’une première frontière, la relation entre les deux pays n’en restera pas moins toujours teintée de méfiance. La question territoriale gagnera en importance dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, quand le Premier ministre Piotr Stolypine lancera un vaste plan de modernisation de l’Extrême-Orient russe. Entre 1906 et 1913, plus de 3,5 millions de paysans russes traverseront l’Oural pour s’installer dans les terres inhospitalières de la Sibérie orientale, dont certaines parties attirent grandement la convoitise de Pékin.

Mais le véritable rapprochement entre les deux pays ne s’imposera qu’à la faveur de la proximité idéologique offerte par les effets conjugués de la révolution russe d’octobre 1917 et de la prise de pouvoir du Parti communiste chinois (PCC) emmené par la figure emblématique de Mao Zedong en 1949. Le 14 février 1950, un premier traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle est signé entre les deux États. L’URSS de Staline, auréolée de l’immense prestige de sa victoire sur l’Allemagne nazie en 1945 et forte d’un important savoir-faire en matière industrielle, envoie dans ce cadre plus de 10 000 ingénieurs en Chine afin de former le personnel local. Malgré la divergence fondamentale avec les conceptions économiques de Mao Zedong, qui privilégiait le développement agraire massif et pas l’industrie lourde, cette coopération se poursuit jusqu’au milieu des années 1950. Portée par l’espoir de Moscou de pouvoir constituer avec la Chine un grand bloc socialiste qui lui permettrait de peser de manière plus importante sur les affaires internationales, cette politique se heurte toutefois à la dégradation progressive des relations entre les deux pays. Ces discordances croissantes sont, en grande partie, liées au refus de Nikita Khrouchtchev de transférer la technologie nucléaire au régime chinois, à la publication du rapport portant son nom sur les crimes du stalinisme et à son choix de dialoguer régulièrement avec Washington dans le cadre de la “coexistence pacifique”, une véritable hérésie conceptuelle pour un Mao Zedong resté très attaché à l’orthodoxie marxiste-léniniste.

La rupture est finalement consommée entre 1961 et 1962, notamment après une gestion de la crise des missiles de Cuba jugée calamiteuse par Pékin. Dans la conception maoïste, la Chine possédait une légitimité au moins équivalente à celle de l’URSS pour assurer le leadership du camp socialiste. C’est la raison pour laquelle le pays chercha à se détacher du grand-frère soviétique en dégageant une voie qui lui était spécifique. En ce sens, la Chine est incontestablement parvenue à certains résultats : obtention de l’arme nucléaire en 1964, reconnaissance par la France la même année et admission au Conseil de sécurité de l’Onu en 1971, en lieu et place de Taïwan. Elle développe dans ce cadre la doctrine du “tiers-mondisme” afin de concurrencer Moscou dans le soutien aux États attirés par l’idéologie marxiste, politique dont Pékin tirera bien peu de fruits puisque seule l’Albanie d’Enver Hoxha finira par s’y rallier à la faveur de la rupture avec l’Union soviétique en 1961.

Un pic de tension avec l’URSS est atteint en 1969, lorsque l’Armée rouge et l’Armée populaire de libération s’affrontent à l’occasion de plusieurs escarmouches aux abords du fleuve Amour, sur l’affluent de l’Oussouri. Si l’enjeu tient dans le contrôle de l’île de Damanski (Zhenbao en mandarin), ces incidents illustrent principalement le problème plus large des différends frontaliers entre les deux pays, abordés plusieurs fois par la voie des traités, mais jamais véritablement réglés et toujours présents à l’esprit des deux parties.

DengXiaoping.Time.1979.pngSeule la mort de Mao Zedong en 1976, qui entraînera en Chine un certain recul de l’impératif de “pureté marxiste”, permettra d’engager un premier rapprochement. Son successeur, Deng Xiaoping, a longtemps été considéré comme un acteur majeur de la réconciliation sino-soviétique, dans un contexte où le traité d’amitié signé en 1950 était sur le point d’expirer (en 1979). Mais le Deng Xiaoping “réconciliateur” des années 1980 fut aussin aux côtés de Mao, l’un des plus solides partisans de la “ligne dure” face au révisionnisme soviétique initié par Khrouchtchev. Il définira même, en 1979, l’URSS comme « l’adversaire le plus résolu de la République populaire de Chine », avant même les États-Unis. Deng Xiaoping posa donc trois préalables au rapprochement avec Moscou : le retrait des divisions de l’Armée rouge encore stationnées en Mongolie, l’arrêt du soutien soviétique aux opérations militaires que le Vietnam menait au Cambodge depuis 1977 et le démantèlement de toutes les bases militaires situées dans les pays avoisinants la Chine. S’il s’éloigna radicalement du maximalisme de Mao Zedong, il prouva en revanche que la logique de blocs ou le suivisme idéologique n’avaient rien d’automatique dans un contexte où l’URSS redoublait d’activité sur la scène internationale. L’invasion de l’Afghanistan initiée en 1979 par la Russie a d’ailleurs mis fin à ces premières négociations. Cette situation n’a guère connu d’amélioration dans une Union soviétique minée par des difficultés économiques structurelles et une forte instabilité politique interne, avec une première moitié des années 1980 où se succèdent pas moins de quatre dirigeants différents (Brejnev, Andropov, Tchernenko et Gorbatchev). Seul le retrait partiel d’Afghanistan, initié en 1986, permettra d’ouvrir la voie à ce qui constitue le véritable tournant du rapprochement sino-russe : la “parenthèse Eltsine” dans les années 1990.

D’un partenariat constructif à une alliance stratégique

Paradoxalement, la chute de l’URSS en 1991 et l’émergence d’une Fédération de Russie la même année ne constituent pas – du moins dans un premier temps – un facteur de rapprochement avec la Chine. Dans son choix d’une rupture radicale avec un passé soviétique dont le deuil ne sera jamais véritablement fait par la population russe, Boris Eltsine s’appuie sur de jeunes cadres formés dans les années 1980. C’est par exemple le cas de Boris Nemtsov, dont l’assassinat à Moscou le 25 février 2015 a fait grand bruit, en Russie comme dans les médias occidentaux. Sous le patronage du Ministre de l’économie Iegor Gaïdar, ces nouveaux cadres résolument libéraux conduisent la Russie à opérer dans un premier temps un certain alignement sur la politique de l’Union européenne et des États-Unis, dans la continuité des choix effectués par Mikhaïl Gorbatchev pendant la Guerre du Golfe. Autant d’éléments qui ne laisseront qu’une place limitée à une politique ambitieuse de rapprochement avec la Chine, alors que celle-ci cherchait dans le même temps à améliorer ses relations avec Washington, considérablement dégradées par la question latente de Taïwan et la répression des manifestations de la place Tian’anmen en 1989.

Primakov_03.jpgIl est assez coutumier de désigner Vladimir Poutine, arrivé au pouvoir en 2000 mais dont l’ascension a été permise par Boris Eltsine, comme l’artisan fondateur du repositionnement russe dans la politique internationale, et en particulier du rapprochement avec la Chine. Il serait toutefois plus juste d’attribuer ce rôle au Ministre des affaires étrangères nommé par Eltsine en 1996, Evgueni Primakov. Brillant arabisant et ancien officier des services de renseignement soviétiques, il se distingua par une saille restée célèbre dans le pays : « la Russie doit marcher sur ses deux jambes ». Il s’agissait déjà d’une référence – massivement réutilisée par la suite par Vladimir Poutine – au positionnement central occupé par la Russie dans l’espace eurasiatique, mais aussi à cette “particularité” chère à Tchaadaïev et dont elle devrait user afin de poursuivre la voie qui est la sienne. Le rapprochement avec Pékin apparaissait alors comme une évidence dans un contexte où l’économie russe était minée par le choc brutal des privatisations impulsées par Iegor Gaïdar, tandis que le gouvernement et les autorités militaires subissaient l’humiliation de leur défaite dans la Première guerre de Tchétchénie.

Du côté chinois, le nouveau président Jiang Zeming cherchait quant à lui à construire pour la Chine une stature à sa mesure sur le plan international, alors que le pays se trouvait encore sous le coup de plusieurs sanctions européennes et américaines en réponse aux évènements de la place Tian’anmen. Sur le plan régional, les autorités chinoises se trouvaient de plus en plus préoccupées par le “pivot Pacifique” engagé par les États-Unis au milieu des années 1990, et qui avait conduit Washington à intervenir militairement dans la crise de Taïwan en 1995 ou encore à se rapprocher de son allié japonais.

Pour les deux pays, les conditions du rapprochement étaient donc assez largement réunies, ce qui aboutira à la signature par Boris Eltsine et Jiang Zeming d’un premier partenariat en avril 1996. Il est d’ailleurs très intéressant d’observer le subtil changement sémantique opéré par la diplomatie russe dans la définition de sa relation avec Pékin : qualifié dans la première moitié des années 1990 de « partenariat constructif » (« konstrouktivnoyé partnerstvo »), le lien avec la Chine est désormais défini comme un « partenariat stratégique » (« strategitcheskoyé partnerstvo »), une formule nettement plus offensive proposée par Evgueni Primakov, qui s’inscrit dans une certaine stratégie de communication vis-à-vis des autres partenaires de la Russie. Ce qui commence déjà à prédominer, c’est bien la nécessité d’une certaine convergence pratique dans la gestion des relations internationales, ce qui sera confirmé par la déclaration conjointe sino-russe de 1997, conçue pour compléter le partenariat de 1996. On y retrouve avec intérêt tous les éléments de langage qui sont encore aujourd’hui utilisés par Pékin et Moscou dans leur traitement des affaires internationales : « nécessité d’un monde multipolaire », « refus de l’hégémonie », « primauté du droit et de la coopération entre les peuples », « non-intervention et respect de la souveraineté nationale »… La “multipolarité” en particulier est ainsi transformée en un quasi-slogan de principe pour Moscou, qui y voyait un concept efficace pour contester la prééminence américaine dans la limite des moyens dont disposait le Kremlin dans les années 1990.

La gestion du dossier particulièrement complexe de la Yougoslavie ne fait qu’accentuer ce sentiment de dépossession et d’impuissance. La Russie se révèle incapable de soutenir son alliée serbe en empêchant une intervention militaire de l’Otan au Kosovo entre mars 1998 et juin 1999. Pékin comme Moscou adopteront par ailleurs une position similaire sur le dossier, l’action de l’Alliance atlantique en Serbie étant perçue comme une atteinte au principe de souveraineté nationale orchestrée avec un contournement du système décisionnel du Conseil de Sécurité de l’Onu – l’opération fut effectivement déclenchée sans mandat. Même à quinze ans d’intervalle, le précédent du Kosovo continue de résonner – à tort ou à raison – pour Pékin et Moscou comme la preuve indéniable que le système de concertation offert par l’Onu est vicié dans son principe même.

Cette idée justifie un rapprochement des deux capitales sur des questions plus sensibles liées à la sécurité régionale et internationale, déjà engagée par la réunion des “Shanghai Five” en 1996 (Chine, Russie, Kirghizstan, Kazakhstan, Tadjikistan). Même l’institution militaire russe, encore très imprégnée par un personnel majoritairement issu de l’establishment soviétique et très conservatrice vis-à-vis du secret industriel, accepte des transferts de technologies militaires de plus en plus nombreux en direction de Pékin. Ce choix ne fut d’ailleurs pas uniquement pris pour des raisons purement politiques : il a été rendu impérativement nécessaire par le délitement complet du complexe militaro-industriel russe et par la perte de ses principaux clients en Europe centrale et orientale (Allemagne de l’Est, Hongrie, Tchécoslovaquie, Bulgarie, Roumanie, Pologne, etc.). La Chine s’est alors rapidement imposée comme un débouché naturel, en particulier pour une industrie de l’armement dont le revenu reposait à 80 % sur les recettes des exportations d’armes.

À l’échelle de l’histoire longue, le rapprochement sino-russe pourrait donc être considéré comme un épiphénomène, particulièrement lorsque l’on sait l’importance des litiges territoriaux qui ont régulièrement empoisonné les relations entre les deux pays, de même que leur lutte acharnée pour l’hégémonie sur le camp socialiste durant la Guerre froide. La rapidité de l’évolution du monde après la chute de l’empire soviétique – que presque aucune âme n’avait été capable de prédire – a favorisé un rapprochement devenu non pas naturel, mais légitime pour deux pays dont les intérêts géopolitiques et la conception antilibérale des relations internationales constituent, en apparence au moins, les deux piliers d’une relation potentiellement “stratégique”. La Russie de Vladimir Poutine, très largement enfantée par celle de Boris Eltsine, exploitera ainsi cet héritage et tentera – avec un succès parfois assez largement contestable – d’en faire un des principaux vecteurs de son “retour” sur la scène internationale.

Nos Desserts :

lundi, 21 novembre 2016

Wyndham Lewis, Ernst Jünger & Italian Futurism - Paul Bingham

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Wyndham Lewis, Ernst Jünger & Italian Futurism - Paul Bingham

Robert Stark and co-host Alex von Goldstein talk to Paul Bingham. This show is a continuation of our discussion about Aleister Crowley and Aristocratic Individualism



Topics include:

How Wyndham Lewis, Ernst Jünger, Aleister Crowley, and the Italian Futurist, were individuals who existed outside the liberal reactionary/traditionalist paradigm, and viewed the world in a realist way unbiased by ideology
The cult of Positivism
Italian Futurism, how it was marginalized due to it’s ties to Mussolini, but made a major impact on the arts
How Ayn Rand was influenced by Italian Futurism
Robert Stark’s talk with Rabbit about Italian Futurism
Wynham Lewis’s Vorticist movement, his magazine Blast, and his Rebel Art Centre
The philosophy of the Vortex, which views everything as energy constantly in motion
The rivalry between Italian Futurist Filippo Marinetti and Wyndham Lewis, and how Lewis critiqued Italian Futurism for putting to much emphasis on technology
Wynham Lewis’s The Art of Being Ruled, which made the case that the artist was the best to rule, and that capitalism and liberal democracy suppressed genuine cultural elites
How the book addresses Transsexualism, and anthropological findings on the Third Sex
Kerry Bolton’s essay on Wyndham Lewis
Lewis’s relationship with fascism, how he published the book Hitler (1931), which presented Adolf Hitler as a “man of peace,” but latter wrote an attack on antisemitism: The Jews, are they human?( 1939)
The influence of war and violence on Italian Futurism
The Manifesto of Futurism
The Futurist Cookbook
Futurism is about testing what works, and rejecting traditions that don’t work
The futurist believed that every generation should create their own city, and futurist Antonio Sant’Elia’s Plan for Città Nuova (“New City”)
Paul worked on a book that was never published, “The Motor City and the Zombie Apocalypse,” about how the motor city is incompatible with human nature
The effects of global technological materialism on culture, and how technology needs the right people and culture to work
Jean Baudrillard point that the Italians have the best symbiosis between culture and technological progress
The Transhumanist concept of Cybernetics, which is rewiring the brain, and how the futurist used poetry as a precursor to cybernetics
Paul’s point that futurist movements such as cyberpunk, and Neoreaction are more focused on Live action role-playing, but are not serious about pushing the limits
The intellectual and transcendental value of LSD and DMT, Ernst Jünger’s experimentation with acid, but they are only effective if the right people use them
Paul’s point that the only real futurist are underground, and experimenting in third world countries
Aristocratic individualism, and Paul’s opinion that Ernst Jünger is the best example, and Jünger’s concept of the Anarch
Ernst Jünger’s science fiction novel The Glass Bees
Ernst Jünger’s “The Worker”

Un nazionalismo internazionale per una geopolitica multipolare

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Un nazionalismo internazionale per una geopolitica multipolare

Di Camilla Scarpa
Ex: http://www.omniasuntcommunia.eu
 
Questo saggio mira ad analizzare gli elementi che favoriscono l’ascesa di una grande potenza e le relazioni di quest’ultima con i cambiamenti in atto sullo scacchiere internazionale, cambiamenti che assecondano il programma politico ed economico della potenza egemone per gli altri stati. D’altro canto, mira anche a comprendere se il gruppo di stati definiti BRICS, e soprattutto il Brasile, ha qualche chance di cambiare, seppur parzialmente, il nucleo dinamico del sistema politico e dell’economia, tenendo conto della crisi internazionale che ha colpito gli stati industrializzati. In conclusione, ammettendo l’esistenza di questa possibilità, il saggio mira a comprendere quali strumenti possano contribuire alla suddetta trasformazione sistemica, e a controbilanciare la tradizionale supremazia dell’emisfero settentrionale.

Introduzione: teoria e prassi della nuova geopolitica multipolare

Benché la concreta, razionale possibilità di un equilibrio geopolitico differente da quello unipolare (risultante dalla vittoria del blocco Occidentale su quello Orientale, o viceversa) e da quello bipolare (basato sull’equilibrio tra il blocco Orientale e quello Occidentale, che si è poi in qualche modo concretizzato nella fase della guerra fredda) sia stata già tratteggiata da Carl Schmitt ne “Il nuovo nomos della terra”1, e perfino accennata da Kant alla fine del ‘7002 in chiave cosmopolitica, solo negli ultimi anni, in seguito al crollo del muro di Berlino e alla fine della fase “bipolare”, assistiamo al germogliare, seppur spesso faticoso, di quelli che sono le prime, embrionali manifestazioni della geopolitica multipolare.

Una parentesi economica: il liberismo come motore di una nuova geopolitica

Significativamente, ma anche un po’ paradossalmente, uno dei fattori che ha incoraggiato e accelerato l’emersione di autonomi blocchi geopolitici è stato il liberismo economico di matrice occidentale e soprattutto nordamericana: infatti, dando per scontati quei blocchi la cui omogeneità storica, filosofica, culturale e politica è secolare se non millenaria, quali l’Europa, il Nord-America e il blocco sovietico, la cui omogeneità peraltro ha storie e vicissitudini diverse (l’omogeneità culturale americana, ad esempio, è “indotta”, e storicamente recente, quella europea è culturalmente antica ma politicamente sempre più fragile, quella sovietica è al tempo stesso storica e rafforzata dalla federazione politica che era l’URSS, poi soggetta a uno sbandamento momentaneo e ora in pieno “rinascimento”), i “nuovi blocchi” frequentemente coincidono con i cd. “paesi in via di sviluppo”, in crescita economica pressoché verticale: l’America centro-meridionale (riunita nel 2008 nell’UNASUR e, commercialmente, nel MERCOSUR), il blocco che gravita intorno all’India, il Giappone, quello africano (riunito nell’Unione Africana dal 2002, che tra l’altro si è espressa di recente in modo giustificatamente negativo rispetto ai sistemi di giustizia penale internazionale sostanzialmente filo-occidentali), e il polo cinese, se, come pare ragionevole, lo si considera autonomo rispetto alla Russia in seguito alle divergenze del periodo post-staliniano, e nonostante le fasi di normalizzazione degli anni ’80 e dei nostri giorni.

Schmitt e D’Ors: grandi spazi, geopolitica e geodieretica

I requisiti che Carl Schmitt individuava per i “grandi spazi indipendenti” erano – e tuttora sono, nell’esperienza pratica – la loro delimitazione razionale e la loro omogeneità interna.

L’aspetto del pensiero schmittiano incentrato sulla teoria dei “Grandi spazi” (peraltro considerata da alcuni alla base della teoria nazista del Lebensraum) sarà poi sviluppato, con una certa creatività e seppur con una fondamentale dicotomia interpretativa riguardante il ruolo da attribuire allo Stato, da uno dei suoi discepoli, Alvaro d’Ors, in un’opera significativamente intitolata “Diritto e senso comune”3. D’Ors ha addirittura coniato il termine “geodieretica” per indicare la semplice ripartizione della terra tra comunità, contrapposta alla geopolitica, che presuppone l’esistenza dell’istituzione-stato. Per D’Ors “la separazione di territori è alcunché di naturale, mentre non lo è il progetto di un ordine mondiale come se tutta la terra fosse un unico territorio sotto il dominio di un solo popolo. […] Questi “grandi spazi”, tra i quali può dividersi il mondo, sono determinati da ragioni geografiche e geopolitiche, e costituiscono raggruppamenti i quali non sono comunità propriamente dette né gruppi di natura societaria, in quanto non dipendono da una volontà contrattuale, ma da condizionamenti fattuali difficilmente eludibili.”.

I grandi spazi, secondo lo stesso autore, possono accordarsi per il mantenimento della pace, ma sono per loro natura avversari, perché hanno l’intrinseca tendenza ad espandersi, a danno gli uni degli altri. Al contrario, tra le comunità che compongono i larghi spazi sono possibili scambi di relazioni sociali.

Profili giuridici dei rapporti reciproci tra grandi spazi: l’annessione

Questa naturale tendenza ad espandersi, peraltro già propria dei tradizionali stati nazionali, ha come sua altrettanto naturale conseguenza l’annessione di territori appartenenti ad altri stati (nel passato e ancora oggi) e ad altri blocchi (nel futuro?).

L’annessione, nel diritto internazionale, è uno dei modi d’acquisto della sovranità territoriale, che peraltro risponde al principio di effettività “ex facto oritur jus”, quindi ribadisce la priorità cronologica e logica del fatto della conquista di un territorio e della conseguente espressione piena del potere di governo sul territorio conquistato rispetto alla sua disciplina giuridica, con buona pace dei giuristi che pensano di prescindere totalmente dalla dimensione fattuale politico-militare. Ne è un esempio paradigmatico il caso dell’Alsazia-Lorena, territorio storicamente conteso tra Germania e Francia che G. K. Chesterton4 erige ad esempio di una politica di indiscriminate annessioni che ha preso piede a cavallo tra ‘800 e ‘900, e che avrebbe dovuto essere repressa in modo esemplare, sì da costituire un monito per tutti gli attori internazionali.

Tale politica, propria non solo della Germania ma di tutte le grandi potenze, ispirate da un “nuovo” imperialismo non solo politico ma anche e soprattutto culturale, è tanto più perniciosa, secondo l’autore, quanto più cerca giustificazioni ex post per le sue conquiste, nel caso specifico attraverso la presenza di una nutrita – e opportunamente gonfiata e ingigantita – minoranza di tedescofoni sui territori in questione.

G. K. Chesterton e una nuova forma di imperialismo…

Poco importa che l’auspicio concreto di Chesterton, ossia la pronta restituzione dei territori alla Francia (pretesa con forza da Clemenceau) si sia poi realizzato, dal momento che le grandi potenze in questione non hanno affatto colto l’occasione per imparare la lezione, e un’altra questione di minoranze etnico-linguistiche, quella dei Sudeti, ha acceso la miccia della II guerra mondiale.

Questo imperialismo, che era un sintomo “nuovo” secondo Chesterton all’epoca della I guerra mondiale, per i contemporanei è assai “vecchio”, e non ha fatto che peggiorare nell’ultimo secolo, facendosi sempre più onnicomprensivo e totale.

L’obiettivo di questo mio intervento è, quindi, quello di segnalare alcuni spunti di riflessione alquanto moderni nell’opera di Chesterton, che precedono di quasi un secolo un certo approccio politico-ideologico neo-nazionalista che oggi pare rivoluzionario almeno quanto un secolo fa lo sembrava l’approccio internazionalistico, non fosse altro che perché è in controtendenza rispetto all’approccio degli ultimi decenni.

Il punto più significativo, a parer mio, è quello che riguarda l’imperialismo culturale e la differenza tra multipolarismo e globalizzazione. Chesterton, nel suo primo romanzo, “Il Napoleone di Notting Hill”5, fa dire al fiero ex primo ministro del Nicaragua, in esilio a Londra:

«E’ questo che denuncio del vostro cosmopolitismo. Quando dite di volere l’unione di tutti i popoli, in realtà volete che tutti i popoli si uniscano per apprendere ciò che il vostro popolo sa fare”. A questa sintesi perfetta del concetto di imperialismo culturale, l’inglese indottrinato, ma non privo di intelletto, Barker, risponde che l’Inghilterra si è disfatta delle superstizioni, e che “La superstizione della grande nazionalità è negativa, ma la superstizione della piccola nazionalità è peggiore. La superstizione di venerare il proprio paese è negativa, ma la superstizione di riverire il paese di qualcun altro è peggiore. […]

La superstizione della monarchia è negativa, ma la superstizione della democrazia è la peggiore di tutte.»6

riaffermando così la superiorità della propria nazione sulle altre. E un simile atteggiamento, che probabilmente si ispira agli avvenimenti della guerra anglo-boera, non può non ricordarci oggi la pretesa statunitense di “Esportare la libertà”, per usare una formula di Luciano Canfora, e le conseguenti, disastrose imprese in Medio-Oriente e in Somalia degli anni ’90 e 2000.

L’atteggiamento direttamente speculare a quello di Barker è però altrettanto condannabile: in “L’irritante internazionale” Chesterton condanna recisamente il “buonismo” sotteso a certe posizioni umanitaristiche pacifiste, che tendono a passare sotto silenzio “i peccati” tanto delle grandi potenze quanto di quelli che, di volta in volta, sono “gli stranieri”, piuttosto che ad essere trasparenti sugli errori di tutti gli stati. E anche questo tipo di posizioni, che paiono inneggiare al “mito del buon selvaggio”, non manca di corrispondenze nella politica contemporanea, soprattutto di sinistra, degli ultimi vent’anni.

La conclusione, solo apparentemente paradossale, è che sostanzialmente l’imperialismo culturale ha arrecato più danni del nazionalismo più ottuso alle relazioni internazionali pacifiche: lo straniero, nella nostra prospettiva distorta, ha diritto di escluderci dalla sua universalità, ma non ha diritto di includerci nelle sue generalizzazioni, non più di quanto abbia diritto di invaderci o di conquistarci, e anzi, la manifestazione del pensiero che si concretizza in un’invasione è, qui davvero paradossalmente, quella che trova più facilmente giustificazione, ideologica e politica, se non addirittura giuridica.

A una certa parte politica risulta infatti quasi più facile giustificare “lo zelota” (nel senso biblico ma anche in quello di Toynbee7), l’ultraortodosso di qualsiasi fede o partito, che muore per difendere il proprio ideale, piuttosto che “il fariseo” che media, giunge a un compromesso, apre la mente all’altro. La fazione opposta, al contrario, inneggia a colui che dimentica completamente le proprie radici, aderendo di volta in volta a quelle dell’altro senza spirito critico e discernimento.

… e la reazione al nuovo imperialismo: un nazionalismo internazionale

La prospettiva suggerita da Chesterton per superare questo impasse è quindi quella di un “nazionalismo internazionale”, piuttosto che quella di un internazionalismo nazionale fallito negli anni ’20 del ‘900 così com’è “neutralizzato” nella sostanza oggi, nonostante il proliferare delle ONG e delle teorie sul loro ruolo nella formazione di una presunta “società civile internazionale” di alcuni filosofi e giuristi (pur blasonati e per altri versi interessanti)8.

Fermo restando che una simile formula, prima di essere ratificata, va riempita di contenuti “costruttivi”, oltre che “distruttivi” – nel senso dialettico socratico dei termini, s’intende -, pare che questa prospettiva possa anticipare quella, contemporanea, condivisa da un vasto movimento d’opinione che va dalle opere recenti di Aleksandr Dugin a quelle di una certa “Nuova destra” francese quale quella di Alain de Benoist9, ma non dovrebbe esser poi troppo distante nemmeno da una certa scuola della sinistra (neo)gramsciana, com’è reinterpretata e divulgata in Italia da Diego Fusaro10.

Il nazionalismo internazionale e un suo corollario, la teoria delle piccole patrie

E anche quello che è uno dei fili rossi del “Napoleone” chestertoniano, nonché una sorta di corollario della suddetta riflessione critica sull’internazionalismo “coatto” (cioè su quella che oggi chiamiamo globalizzazione), merita qualche considerazione proprio in quanto costituisce, negli ultimi vent’anni, un argomento di studio politicamente trasversale: mi riferisco alla cosiddetta “teoria delle piccole patrie”, cara ad Hilaire Belloc, l’amico di Chesterton a cui, non a caso, è dedicato il “Napoleone”.

A questo filone – che talora sconfina nel localismo più particolaristico, malgrado o per volontà degli stessi autori – si rifanno infatti espressamente tanto autori di scuole neomarxiste (soprattutto quella barese), come Franco Cassano11 , quanto intellettuali a vario titolo di destra, quali Marcello Veneziani12 e Pietrangelo Buttafuoco13.

Questo sentimento, non dissimile da quello dell’Europa medievale e soprattutto dell’Italia comunale, si è rinfocolato dopo l’ondata di globalizzazione degli ultimi decenni, e trova un suo spazio anche nell’ordinamento giuridico: nel suo risvolto “unitario”, con il principio di sussidiarietà14, soprattutto verticale (codificato nella nostra Costituzione all’art. 118, oltre che nei trattati europei), e in quello “disgregante” con il rinnovarsi delle pretese secessionistiche, che vorrebbero spesso elevarsi a diritti, non solo in Italia ma anche all’estero (p.e. Catalogna, Scozia, Quebec…).

Non a caso, si noti, Gianfranco Miglio, nel lontano 1972 curava un’edizione delle “Categorie del politico” di Schmitt15, seppur giungendo a conclusioni diverse riguardo al destino dello Stato moderno: Miglio, infatti, riteneva che lo Stato nazionale tradizionalmente inteso fosse al capolinea, e con il crollo del muro di Berlino e la fine dello jus publicum europaeum si entrasse in una fase di transizione al termine della quale si sarebbero realizzati equilibri politici diversi, incentrati su forme diverse di comunità “neofederali”.

A prescindere dall’assetto finale delle comunità di Miglio, simile a quello medievale, e soprattutto a prescindere dalle interpretazioni e dalle derive banalizzanti che ne hanno dato alcune forze politiche, ciò che qui preme sottolineare è, ancora una volta, il nesso tra “l’infinitamente piccolo” (le piccole patrie), e “l’infinitamente grande” (il nazionalismo).

Conclusione: multipolarismo vs. globalizzazione, ritorno al futuro?

Il multipolarismo, comunque lo declinino i suoi fautori, in questo dovrebbe quindi differire dalla globalizzazione che lo ha preceduto: non pretendere che il singolo recida le sue radici per diventare immediatamente “cittadino del mondo”, ma piuttosto suggerire che lo sia solo mediatamente, attraverso la cittadinanza – o meglio, l’appartenenza – della sua nazione o del suo blocco, e la valorizzazione di tradizioni culturali anche regionali e locali.

In questo senso, e solo in questo senso, possono definirsi “conservatrici” o, più esattamente, “tradizionaliste”, le posizioni di autori come Dugin16; e non è un caso, nemmeno questa volta, che negli ultimi trent’anni sia ricomparsa qui e là, tanto come argomento di studi storici17 quanto come ideale politico di riferimento, la formula, solo apparentemente ossimorica e provocatoria, della “rivoluzione conservatrice”.

1 “Der neue Nomos der Erde”, è un (pas)saggio che si ritrova in “Staat, Grossraum, Nomos”, raccolta dei lavori di un cinquantennio di Carl Schmitt, Duncker & Humblot, Berlin, 1995.

2 In “Per la pace perpetua”, Feltrinelli, 2013 (prima ed. 1795).

3 Alvaro d’Ors, “Derecho y sentido comun”, Madrid, 2001.

4 “Germania e Alsazia-Lorena: come evitare l’annessione”, G. K. Chesterton, 1918, da “The North American Review”.

5 “Il Napoleone di Notting Hill”, G. K. Chesterton, 1904, ora pubblicato da Lindau.

6 Nell’Inghilterra quasi distopica del romanzo, infatti, il re è scelto a caso, perché un regime dispotico privo di illusioni “non è la degenerazione ma il compimento più perfetto della democrazia”.

7 Per Arnold J. Toynbee lo zelotismo (contrapposto all’erodianesimo) è l’atteggiamento di colui che, di fronte a un rapporto (culturale) sfavorevole, temendo di uscire sconfitto e umiliato da un tentativo di imitazione, rifluisce su una difesa arcaica e chiusa della propria identità.

8 Mi riferisco a Toni Negri e Michael Hardt, nel loro ormai celebre “Impero”, Rizzoli, 2002: le ONG avrebbero un ruolo nella formazione di un’universale comunità di tipo etico, che costituirebbe la base, il livello più basso della struttura imperiale teorizzata dagli autori.

9 cfr. ad esempio “Verso un nuovo Nomos della terra”, qui: http://www.centrostudilaruna.it/verso-unnuovo-nomos-della-terra.html

10 Diego Fusaro, “Antonio Gramsci”, Feltrinelli, 2015: (p. 126) “Il marxismo eterodosso di Gramsci valorizza, con lo stato, anche la dimensione nazionale. Come è stato suggerito, i Quaderni si reggono sull’idea che si debba partire dal nazionale per giungere al sovranazionale.

L’emancipazione universale del genere umano deve essere l’esito di un processo che trova nella realtà nazionale il proprio punto di avvio e che, da lì, gradualmente si espande fino a farsi cosmopolitico: “Lo sviluppo è verso l’internazionalismo, ma il punto di partenza è “nazionale”, ed è da questo punto di partenza che occorre prendere le mosse.” (Q. XIV, 68, 1729).

E, citando Gide: (p.127) “Si serve meglio l’interesse generale quanto più si è particolari: il modo per essere cosmopoliti, in concreto, consiste nel prendersi cura della massa nazionale-popolare di cui si è parte.”.

11 Franco Cassano, “Il pensiero meridiano”, Laterza, 2007: (p. VIII) “[…] Il sud non è un non-ancora, non esiste solo nella prospettiva di diventare altro, di fuggire inorridito da sé per imitare il nord venti o cent’anni dopo, e quindi probabilmente mai.”, e ancora: (p. 7) “Un pensiero del Sud […] significa non pensare più il sud o i sud come periferia sperduta e anonima dell’impero, luoghi dove ancora non è successo niente e dove si replica tardi e male ciò che celebra le sue prime altrove.”

12 Marcello Veneziani, “Sud”, Mondadori, 2007, che però, quasi facendo autocritica, chiosa: “Un conto è amare il genus loci, un conto è servire le pro loco, a costo della verità”.

13 Pietrangelo Buttafuoco affronta il tema con la consueta ironia in “Buttanissima Sicilia”, Bompiani, 2014, ma già lo adombrava nel romanzo “Le uova del drago”, Mondadori, 2005.

14 Il principio di sussidiarietà nasce nella dottrina sociale della Chiesa cattolica, anche se le sue radici possono risalire ad Althusius. La sua prima menzione viene segnalata nell’enciclica “Rerum novarum”, e poi il concetto trova consacrazione definitiva nella “Quadragesimo anno”, cfr. ex multis F. Pizzolato, “Sussidiarietà, autonomia, federalismo”, in “Come pensare il federalismo?”, Polimetrica, 2010, e F. Viola, “Luci ed ombre del principio di sussidiarietà”, il Mulino, 2009.

15 “Le categorie del politico: saggi di teoria politica”, a cura di G. Miglio e P. Schiera, il Mulino, 1972.

16 In “The fourth political theory”, Dugin opera un’analisi particolareggiata su ciò che è tradizionalismo e ciò che è conservatorismo.

17 De Benoist, ad esempio, scrisse su Moeller Van den Bruck.

dimanche, 20 novembre 2016

Pascal Junod: fédéralisme suisse, UDC, Oskar Freysinger, démocratie directe

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Le fédéralisme suisse, exemple pour l'Europe (Pascal Junod)

Maître Pascal Junod, avocat au barreau de Genève, bien connu en France, nous donne une courte analyse des bienfaits du système fédéral suisse qu'il faut se garder de confondre avec ce que l'on appelle ailleurs le fédéralisme.

Oskar Freysinger, l'UDC et la démocratie directe (Pascal Junod)

Maître Pascal Junod, avocat au barreau de Genève, bien connu en France, nous parle de son ami Oskar Freysinger, de l'UDC, et de la démocratie directe telle qu'elle fonctionne en suisse. Il nous dit aussi pourquoi l'Europe Unie explose.

Petit monarque et catacombes de Olivier Maulin

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Petit monarque                        
et catacombes
de Olivier Maulin
 

Critique de Pascal Magne

Ex: http://www.larevuecritique.fr

Olivier Maulin, né en 1969, est écrivain. Il a été sacré "Prince des poètes" en novembre 2009. Il a publié récemment  En attendant le roi du monde (L’Esprit des Péninsules, 2006), Les évangiles du lac (L'Esprit des Péninsules, 2008), Derrière l'horizon (L'Esprit des Péninsules, 2009).

maulinmoncat7361.jpgOlivier Maulin, Petit monarque et catacombes,  Paris, Balland, L'Esprit des péninsules, octobre 2009, 286 pages.


Présentation de l'éditeur.

Palais de l'Elysée, 1992. Le président Mitterrand est malade, le régime usé. Rodolphe Stockmeyer, jeune dilettante, y effectue son service militaire, entouré d'une galerie de personnages hauts en couleur. Tandis qu'éminences grises et autres chargés de mission se débattent dans les affres de la basse politique, les couloirs du palais bruissent bientôt d'une surprenante nouvelle, celle du retour imminent du roi... Après En attendant le roi du monde et Les Evangiles du lac, Petit Monarque et Catacombes mêle avec brio humour féroce, satire politique et nostalgie d'un monde antérieur à la grande catastrophe, celle du désenchantement généralisé.

La critique de Pascal Magne. - Le choc du mois, n°35, novembre 2009. 

Maulin l'enchanteur. En attendant le roi du monde, son premier roman, avait réuni dans un même élan enthousiaste les critiques littéraires Jean-Claude Lebrun de L’Humanité et Christian Authier du Figaro Magazine, avant de remporter le prix Ouest France/Étonnants Voyageurs, en 2006. Autre exploit qui n’est pas près de se reproduire : Olivier Maulin avait réussi le prodige de réconcilier Points de vue et la revue Éléments ! Chapeau bas pour quelqu’un dont le manuscrit fut tout d’abord oublié dans un tiroir par Éric Naulleau, le patron des éditions L’Ésprit des Péninsules, l’alter ego d’Eric Zemmour dans l’émission « On n’est pas couché ». Il fallut une lettre d’insultes maulinesque en diable pour réveiller l’homme de lettres de sa torpeur, qui s’exécuta ensuite de bonnes grâces après avoir reconnu le talent du bonhomme. La publiera-t-on un jour cette lettre ? Il y a prescription.

À l’heure de clore (définitivement ?) sa trilogie avec la parution le mois dernier de Petit monarque et catacombes, toujours aux éditions L’esprit des Péninsules, et de partir vers d’autres horizons littéraires, notamment le roman policier, Olivier Maulin a eu la gentillesse de bien vouloir nous livrer quelques clés pour que les lecteurs du Choc du mois ne tombent pas tous de leur chaise en le lisant pour la première fois. Avis de tempête aux lecteurs distraits : la lecture de Maulin l’enchanteur est fortement déconseillée aux pisse-vinaigre et autres fesse-mathieu, qui se piquent de littérature. Scandales, cris d’orfraies et hululements moralisateurs assurés dès la troisième page… Faut reconnaître, c’est du brutal!

Maulin, c’est la puissance de feu d’une grosse farce poétique avec des personnages échappés de Voyage au bout de la nuit, et les flingues de concours d’un A.D.G. ou d’un Michel Audiard. Avec en prime, le goût des solstices païens, des bacchanales romaines et des banquets grecs à faire rougir les zombies de la gay-pride et tous les « mutins de Panurge » du Marais et de San Francisco réunis. La quarantaine venue, notre satiriste a fait sienne la remarque de l’écrivain colombien Nicolas Gomez Davila, auteur du trop peu connu Le Réactionnaire authentique : « Dans la société qui s’esquisse, même la collaboration enthousiaste du sodomite et de la lesbienne ne nous sauvera pas de l’ennui ». Comme dirait Suzy Fuchs : « Tu sais, il faut que tu comprennes une chose, c’est qu’on n’est pas des hippies pourris qui pensent que les esprits sont tous gentils. Nous, on sait qu’ils peuvent être terribles. Pigé ? » À l’instar de Lucien, le héros qui inspire ce triptyque anarchiste et royaliste, Maulin prône dans ses romans l’harmonie dans la débauche. C’est un symposiarque qui veut bien utiliser ses vices dans ses romans pour accéder à un état qui les transcende. « Il faut mettre du rite partout, sinon on est foutus », ne cesse d’affirmer ses personnages dans ses romans.

Comme ses illustres devanciers, Olivier Maulin n’a pas le cœur sec ni le cul serré quand il écrit. Il a la plume drôle, voire acide, et un talent de dialoguiste indéniable, que lui reconnaissent même ses détracteurs les plus acharnés. Ses héros ressemblent à s’y méprendre aux clochards célestes et aux perdants magnifiques, chers à l’ami Blondin. Ils ont d’ailleurs l’insulte abondante et le coup-de-poing facile devant la connerie contemporaine, surtout quand ils ont ingurgité quelques ballons de gentiane et pintes de bière. Mais pas que… Certains de ses personnages les plus exaltés ne répugnent pas aussi à passer à l’action directe contre les marchands du temple, aux coups d’État qui finissent mal et aux restaurations royales fantasmées. Il faut dire que Maulin est ouvert à tous les fanatismes pour la résurrection du Grand Pan. Chez cet Alsacien particulièrement attachant, l’ogre rabelaisien a décidé une fois pour toutes d’écraser le cartésien. Sa famille littéraire a des racines profondes qui plongent au cœur de l’Europe buissonnière : de l’anarcho-communiste tchèque Jaroslav Hasek, écrivant le burlesque Brave Soldat Chvéïk, à l’anarcho-païen finlandais Arto Paasilinna, inoubliable auteur du Lièvre de Vatanen. Comme eux, Maulin redoute par-dessus tout le désenchantement généralisé de la société occidentale. Son remède ? « Le retour du sacré et de l’oint royal ».

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Maulin n’a jamais caché son inclination pour l’imaginaire et la langue médiévale. Qui est-il au juste? « Un chrétien paillard médiéval à la Léon Bloy, aimant le guignol et le grand style », nous a-t-il avoué après avoir vidé une bouteille d’un honnête picrate. Sous le sceau de la confidence, il a même parlé de la décadence de l’Europe, qu’il date du xve siècle, « à peu près l’époque où le peuple a cessé de danser dans les cimetières », amorçant selon lui une longue descente « vers l’ennui mortel et la civilisation bourgeoise ». Pourquoi pas, après tout… La littérature contemporaine ne l’inspire guère. Dans un récent entretien accordé à la revue Éléments, il avait même lâché, comme soulagé, qu’il n’en lisait plus pour se consacrer à présent exclusivement à la lecture de vieux ouvrages de fabrication de cloches d’églises, de livres pratiques sur l’élevage de porc et de vieux traités d’équitation à l’usage de la cavalerie française. Dont acte. Que dire de ses romans ? Il ne voit que cette phrase, de Davila toujours : « Le pur réactionnaire n’est pas un nostalgique qui rêve de passés abolis, mais le traqueur des ombres sacrées sur les collines éternelles ».

« C’est elle qui avait eu cette idée foireuse. Elle était d’origine portugaise et comme les choses n’allaient pas brillamment à Paris, elle avait pensé “rentrer au pays”. Cette conne m’avait transformé en immigré ». Le ton est donné. Avec son premier roman, En attendant le roi du monde, Maulin explorait les dédales de la tradition lusitanienne. En toile de fond ? Dom Sébastien, le roi caché qui restaurera le destin du Portugal pour établir le cinquième empire. Mais avant de se mettre en quête d’un roi qu’ils n’avaient d’ailleurs jamais eu l’idée de chercher auparavant, Romain et Ana vont échouer dans une pension de famille miteuse de Lisbonne. Rencontrer Dulce, une pétulante nymphomane, et Cécile qui aboie quand on la baise. Faire la connaissance de Pépé, un ancien colon d’Angola cloué sur son fauteuil roulant qui tape des fados à faire pleurer des bars entiers. Puis tomber sur Lucien, un grutier qui se prend pour un chaman, et parle en direct et sans intermédiaire avec le baron Roman Fédorovitch von Ungern-Sternberg. Lui, il voyage dans le monde des esprits dès qu’il fait l’amour. Le lecteur ne s’étonnera donc pas de croiser des anges pourchassés par une meute de cavaliers bouriates ni George Bush manquer de s’étrangler en avalant un bretzel. En le lisant, les puceaux pourront toujours apprendre quelques positions originales dans la partouze finale.

Prévenons les prudes derechef de jeter un voile pudique sur les pages décrivant la rencontre avec les esprits de la forêt dans le deuxième opus, Les Évangiles du Lac. Paru en 2008, ce roman d’initiation burlesque suit les pérégrinations d’un publicitaire trentenaire parisien, lassé par la vie de bureau, qui fait l’apprentissage du recours aux forêts le temps d’un week-end à Kruth, une petite bourgade des Vosges alsaciennes. Il y a aussi l’abbé Nonno, un curé de choc, en rangers, qui pensent que « c’est cuit depuis ce laïcard de Philippe le Bel », Suzy la païenne qui jette des crapauds dans les bûchers de la Saint-Jean en criant : « Tournez, tournez, cabus. Devenez aussi gros que mon cul », Fifty-Fifty « sept générations sur les rails dont trois dans le contrôle », disciple de Fourrier et mystiques du rail, un Grec, un écureuil et un simple d’esprit. Troisième et dernier tome, Petit monarque et catacombes nous plonge dans la mitterrandie finissante. Nous sommes en 1992. Rodolphe Stockmeyer, appelé deuxième classe, fils de vigneron, effectue son service militaire comme loufiat au vestibule d’honneur, au Palais de l’Élysée. La planque est bonne: il observe le président Mitterrand traîner son cancer dans un château à la dérive, en éclusant quelques bouteilles de Romanée Conti. Reste le point d’orgue, une scène qu’on lit et relit, une fois, deux fois en riant, dix fois en rêvant qu’elle se produise un jour :

« – Agence France Presse, bonjour, a dit une voix.

– Bonjour Monsieur, a répondu Pierrot. Je vous appelle pour vous communiquer une information de la plus haute importance.

– Je vous écoute.

– Alors voilà. Ce matin très tôt, il y a eu un coup d’État à l’Élysée…

Quelques secondes de silence du côté de l’AFP…

– Un coup d’État à l’Élysée ?

– C’est ça.

– Ne quittez pas.

Au bout du fil, des bruits de combiné et des murmures étouffés pendant une minute…

– Un coup d’État, donc… Vous pouvez m’en dire plus.

– Bien sûr. Avec la complicité de la garde républicaine, un petit commando dont j’ai l’honneur de faire partie a rétabli le roi sur le trône de France, à l’aube, sans tirer un seul coup de feu ni verser une goutte de sang.

– Bonne nouvelle, a dit le type. C’est une super info, les gars. Et comment il s’appelle votre roi ? Louis XXVI ?

– Bois-Bois Ier.

– Bois-Bois… Ier ? »       

 

Nietzsche et l’hyperphysique de la morale

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Nietzsche et l’hyperphysique de la morale

L’interrogation sur la morale est au cœur de la pensée de Nietzsche. « Je descendis en profondeur, je taraudais la base… je commençais à saper la confiance en la morale » (Aurore). La démarche de Nietzsche est une démarche de soupçon sur le pourquoi des choses. En conséquence, Nietzsche annonce qu’il faut de méfier à la fois de la morale et des moralistes. « J’ai choisi le mot d’immoraliste comme signe distinctif ou comme distinction », écrit-il dans Ecce homo.

Le rapport à la morale de Nietzsche va toutefois bien au-delà de la dimension de provocation, d’où la nécessité d’une généalogie de Nietzsche quant à la question morale. Le propos du philosophe André  Stanguennec consiste d’abord en cela : retracer l’apparition et les remaniements du thème de la morale chez Nietzsche. Il vise ensuite à étudier son traitement dans la Généalogie de la morale, cette œuvre étant vue comme l’unification de la théorie du problème moral chez Nietzsche Enfin, la troisième partie du travail de Stanguennec est consacrée à des mises en perspectives critiques d’origines diverses (Kant, Fichte, une certaine philosophie matérialiste – celle d’Yvon Quiniou), critiques présentées sous une forme dialogique.

Il faut donc effectuer un retour sur l’approche que fait Nietzsche de la morale. Nietzsche s’oppose d’abord à Socrate et à ses trois idées : 1) le savoir est condition de la vertu, 2) on ne pêche que par ignorance, 3) il est possible de chasser le mal du réel. Comment Nietzsche voit-il la question de la morale ? Sous l’angle du perspectivisme, « condition fondamentale de toute vie » (Aurore), perspectivisme d’abord humain, puis supra-humain. Il s’agit en d’autres termes de mettre en perspective les actions de chacun par rapport à son itinéraire, à ses valeurs, et cela sans référence à une morale transcendante, ni à une origine commune de celle-ci quels que soient les hommes.

aurorefn.jpgRien n’est responsabilité et tout est innocence pour Nietzsche (Humain, trop humain). Il reste la probité c’est-à-dire la rigueur et l’exigence vis-à-vis de soi-même. Quand Nietzsche dit qu’il n’y a pas de responsabilité des actes humains, en quel sens peut-on le comprendre ? En ce sens que : c’est le motif le plus fort en nous qui décide pour nous. Nous sommes agis par ce qui s’impose à nous en dernière instance : soit une force qui nous dépasse (ainsi la force de la peur qui nous fait fuir), soit une force qui nous emporte (ainsi la force de faire face conformément à l’idée que nous avons de nous-mêmes). Mais dans les deux cas, il n’y a pas de responsabilité à proprement parler.

La notion de responsabilité de l’individu est rejetée par Nietzsche pour deux raisons. L’une est qu’il ne s’agit pas pour lui de se référer à l’individu en soi. La seconde raison est que la notion de responsabilité supposerait l’univocité du sens de nos actions – univocité à laquelle Nietzsche ne croit pas. Quand Nietzsche oppose le « divisé » à « l’indivisé » qu’est l’individu (Aurore), il plaide pour un individu acceptant la division même de son être. Et c’est pour cet être et pour lui seul que se pose la question de la morale. Cette question de la morale prend ainsi sens à partir de la mort du dieu moral, le dieu des apparences, le surplombant (le Père), à partir de la mort du dieu d’amour (le Fils), et à partir de la mort du dieu devenu homme (le dieu modeste et humanisé qu’est aussi le Fils).

Loin d’être à l’origine des comportements « vertueux », la morale est pour Nietzsche une interprétation de ceux-ci a posteriori. Et une interprétation parmi d’autres. En ce sens, pour Nietzsche, cette interprétation est toujours fausse parce qu’incomplète. L’interprétation morale a posteriori nie ce qui s’est incarné dans l’acte – le flux de forces, l’énergie, la mise en perspective de soi (toujours le perspectivisme). La morale de l’intention ne dit jamais avec probité ce qui vraiment a fait advenir les actes. C’est pourquoi il y a selon Nietzsche un fondement « amoral » à une autre morale possible et souhaitable selon lui. Quelle est-elle ? Une morale en un sens plus restreint, une morale plus tranchante, avec laquelle on ne peut biaiser. « Ce qui fait le caractère essentiel et inappréciable de toute morale, répétera Nietzsche dans Par-delà bien et mal, c’est d’être une longue contrainte … c’est là que se trouve la “ nature ” et le “ naturel ” et non pas dans le laisser-aller » (paragraphe 188).

La morale est la théorie du déplacement des jouissances du monde. Qu’est-ce qui ordonne le passage d’une jouissance à une autre ? Quelle structure ? C’est là qu’est la morale selon Nietzsche, en un sens donc, à la fois étroit et ambitieux. Tout le reste est conséquence de ce questionnement ainsi formulé. Nietzsche peut être pacifiste ou belliciste en fonction de ce qui permet le mieux l’apparition d’un type humain supérieur. Il peut être pour un certain type de sélection si elle permet l’apparition d’un type d’homme supérieur, mais contre la forme actuelle du progrès donc de la sélection contemporaine : « Le progrès n’est qu’une idée moderne, donc une idée fausse », écrit Nietzsche (Antéchrist).

S’il y a une morale pour Nietzsche, elle consiste donc, exactement et strictement, à remonter aux origines des actes humains. Il faut comprendre que « le corps est une grande raison » (Zarathoustra). Il faut aussi enregistrer qu’il y a la vraie morale (c’est-à-dire l’éducation d’une contrainte par la contrainte) de ceux qui savent « digérer le réel » et la fausse morale-alibi des autres. « Un homme fort et réussi digère ses expériences vécues (faits, méfaits compris) comme il digère ses repas, même s’il doit avaler de durs morceaux » (in Généalogie de la morale). Le vouloir-lion ne se résume à aucune morale, aucun « tu dois ».

L’homme-lion ne refuse pas la douleur, à la manière de l’épicurien. Ce serait là vouloir un bouddhisme européen, une Chine européenne, une Europe devenue « Petite Chine ». L’homme-lion ne recherche pas non plus à tout prix le plaisir, à la manière du gourmand tel Calliclès (qui ne se réduit bien sûr pas à cette dimension et est notamment le fondateur de la généalogie de la morale et du droit).

L’homme-lion n’est ni masochiste (et donc certainement pas chrétien) ni hédoniste (d’où l’écart dans lequel se trouve Michel Onfray quand il défend Nietzsche au nom, à la fois, du matérialisme et de l’hédonisme). En d’autres termes, pour Nietzsche, tout « oui » à une joie est aussi un « oui » à une peine (cf. « Le chant du marcheur de nuit », in Zarathoustra, IV, paragraphe 10). « Toutes choses sont enchaînées, enchevêtrées, éprises. »

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La morale de Nietzsche ne consiste jamais à représenter quelque chose et surtout pas l’esthétique du sublime qu’il attribue à Kant et à Fichte. Elle consiste à présenter, à affirmer, à produire. Elle est métaphorique. André Stanguennec le montre bien : si l’anti-nihilisme de Nietzsche  est clair et net, son rapport au bouddhisme est ambivalent : sa conception du Moi comme illusion, et illusion à tenir à distance de soi-même plaît à Nietzsche. Et dans le même temps il perçoit fort bien comment un bouddhisme « épuré » psycho-physiologiquement (cf. A. Stanguennec, p. 277) pourrait rendre « vivable » le nihilisme – et même –, car Nietzsche mène toujours une analyse biface du réel – circonscrire ce nihilisme à un espace et à une population tels que d’autres horizons s’ouvrent au(x) surhomme(s). Le nihilisme servirait alors stratégiquement de bénéfique abcès de fixation à la médiocrité.

Cette nouvelle morale de Nietzsche est donc tout le contraire d’un « bouddhisme européen » (au sens de « européanisé ») consistant à « ne pas souffrir », et à « se garder » (en bonne santé). La grande santé n’est en effet pas la bonne santé. Elle est la santé toujours en conquête d’elle-même et en péril de n’être assez grande. Le bouddhisme européen est donc une fausse solution.

L’alternative n’est pas entre bouddhisme et hédonisme. La morale de Nietzsche n’est pas non plus le finalisme, qui postule qu’il faudrait se conformer à un sens déjà-là. C’est à l’homme, selon Nietzsche, de donner une valuation – une valeur dans une hiérarchie de valeurs – aux choses. Et ces valeurs sont conditionnées par leur utilité sociale. À quoi servent-elles ? Que légitiment-elles ? Voilà les questions que pose et se pose Nietzsche Ne le cachons pas : il existe un risque, au nom d’une vision « réalitaire », au nom d’une philosophie du soupçon, de croire et faire croire que l’homme n’a que des rapports d’instrumentalisation avec ce qu’il proclame comme « ayant de la valeur » pour lui. Des rapports purement stratégiques avec les valeurs : les valeurs de sa stratégie et non la stratégie de ses valeurs. « Nietzsche concède donc, écrit en ce sens André Stanguennec, qu’une part non négligeable de vérité a été découverte dans la perspective sociologique et utilitariste sur la morale » (p. 225).

Deux composantes forment la morale de Nietzsche : surmonter la compassion, surmonter le ressentiment. Il n’y a pour Nietzsche  jamais de fondement de la morale mais toujours une perspective. Cette perspective est ce qui permet au fort de rester fort. Il s’ensuit que ce qui met en perspective la morale de chacun se distribue selon Nietzsche en deux registres : morale des faibles et  morale des forts. Le terme « morale » n’est au demeurant pas le meilleur. Il s’agit – et le mot dit bien la brutalité dont il est question – d’un fonctionnement. Morale des faibles : elle se détermine par rapport à l’autre; le jugement (attendu et redouté en même temps) des autres précède l’action qui n’est qu’une réaction. Morale des forts : le sentiment de soi prévaut sur le sentiment de l’autre ou des autres; l’action s’en déduit, le jugement – qui est un diagnostic en tout état de cause sans repentir – intervient après l’action. Pour le fort, il ne saurait y avoir de faute puisqu’il ne saurait y avoir de dette vis-à-vis d’autrui. Il peut juste y avoir un déficit du surmontement de soi par soi, c’est-à-dire une mise en défaut de la volonté de puissance.

Ce qui est moral pour Nietzsche c’est de vouloir la multiplicité infinie des perspectives. Nietzsche s’oppose donc aux philosophes ascétiques, adeptes d’une volonté de puissance à l’envers, et dont le mot d’ordre est de « vouloir le rien » (attention : la volonté de néant des ascétiques ne se confond pas avec le bouddhisme, volonté du néant de la volonté – « ne rien vouloir »). Ensuite, contrairement à Kant, Nietzsche refuse la distinction entre l’apparence des choses et les choses en soi. Pour Nietzsche, la référence de la morale, c’est le monde comme totalité inconditionnée, totalité ni surplombante ni substantielle mais parcourue par les volontés de puissance qui sont comme les flux du vivant.

friedrich_nietzsche_by_gpr117.jpgNietzsche tente de dépasser la question du choix entre l’infinité ou la finitude du monde. Il tente de la dépasser par un pari sur la joie et sur la jubilation. C’est en quelque sorte la finitude du monde  corrigée par l’infinité des désirs et des volontés de puissance. La physique de Nietzsche est peut-être ainsi non pas une métaphysique – ce qui est l’hypothèse et la critique de Heidegger – mais une hyperphysique.

Cette hyperphysique nietzschéenne du monde consiste en l’impossibilité d’une morale du « moi ». Le « moi » renvoie à l’idée d’un dieu unique qui serait le créateur du « moi » comme sujet. Or, Nietzsche substitue au « moi » un « soi » comme « grande raison » du corps (Zarathoustra). Le dernier mot de la morale est alors la même chose que la vision de soi acceptée comme ultime. Nietzsche nous délivre sa vision : « Je ne veux pas être un saint … plutôt un pitre » (Ecce homo). Toutefois c’est une saillie marginale que cette remarque de Nietzsche. Ce qui est bien pour Nietzsche, c’est d’être soi, c’est d’approfondir non sa différence aux autres, mais son ipséité, c’est se référer non aux autres mais à soi. Nietzsche rejoint Fichte quand celui-ci précise : « Ce que l’on choisit comme philosophie dépend ainsi de l’homme que l’on est » (Première introduction à la doctrine de la science, 1797).

Ainsi, il n’y a pas pour Nietzsche de vrai choix possible d’une philosophie ou d’une morale : « Nos pensées jaillissent de nous-mêmes aussi nécessairement qu’un arbre porte ses fruits » (Généalogie de la morale, avant-propos). S’il n’y a pas de vrai choix, il n’y a pas pour autant de transparence. Nietzsche affirme : « Nous restons nécessairement étrangers à nous-mêmes, nous ne nous comprenons pas, nous ne pouvons faire autrement que de nous prendre pour autre chose que ce que nous sommes » (Généalogie de la morale). Étrange platonisme inversé que celui que développe Nietzsche. Car dans sa perspective, notre possibilité d’être, et notre force d’être elle-même, repose sur l’acceptation et même sur le pari de notre inauthenticité, de notre être-devenir « à côté de nous-mêmes ». Et c’est un autre problème, au-delà du travail de Stanguennec, que de savoir si cette position est tenable.

Erik L'Homme, Des pas dans la neige

Chronique de livre :

Erik L'Homme, Des pas dans la neige

(Gallimard)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

erik-l-homme-des-pas-dans-la-neige.gifGallimard jeunesse vient de publier une nouvelle édition de l'ouvrage d'Erik l'Homme, Des pas dans la neige. L'occasion de se replonger dans ce roman d'aventure qui détonne dans la bibliographie de son auteur.

Erik L'Homme s'est spécialisé dans la littérature jeunesse et a publié en particulier Le livre des étoiles, un succès de librairie vendu à plus de 600000 exemplaires, primé au Festival de géographie de Saint-Dié-les-Vosges et traduit en plusieurs langues. Son récit au Pakistan n'est pas, à l'inverse de ses autres publications, à classer dans le fantastique, bien que le moteur de l'histoire mobilise une créature imaginaire : l'homme sauvage.

Erik, son frère Yannick, photographe, et leur ami Jordi Magraner (aujourd'hui décédé), s'envolent il y a une vingtaine d'années à la recherche de l'homme sauvage. Celui-ci serait un hominidé autre que Sapiens et qui n'aurait pas connu notre évolution. On le retrouve dans le mythe du Yéti ou en Amérique du nord de « Big foot » mais il ne faut pas confondre le Yéti de Tintin et l'homme sauvage dont il est question ici, appelé barmanou par les Chitrali, une population du Pakistan avec laquelle l'auteur et ses acolytes vont nouer de nombreux contacts.

Le livre se dévore tellement il est passionnant. Je ne sais pas pour autant si il est tellement adapté aux jeunes lecteurs étant donné qu'Erik L'Homme décrit des territoires inconnus et s'autorise des digressions un peu complexes autant sur la géopolitique, la décroissance ou notre regard occidental sur le monde. Il sera assez adapté à des lycéens ou à des collégiens déjà éveillés. Les adultes ne s'ennuieront pas bien que certains critiques semblent trouver le récit un peu trop descriptif.

L'ouvrage nous rappelle d'emblée que « […] tout est affaire de regard, du regard qu'on porte sur le monde. » et c'est de cela dont il est question ici. D'une aventure qui peut paraître assez folle mais qui va pourtant permettre à nos trois protagonistes de découvrir qui ils sont. Ces trois Occidentaux, isolés dans des territoires hostiles, souvent à une haute altitude, à l'écart du confort moderne et confrontés à des populations aux langues, aux traditions et donc aux représentations très différentes nous adressent une leçon d'humilité. Loin de vanter un monde gris et sans âme, Des pas dans la neige nous narre un monde fragile où la diversité des cultures enracinées fait la richesse de notre planète. Une diversité souvent fragile et conflictuelle, en particulier en raison de l'islam. La survie du peuple Kalash par exemple, auquel Jordi Magraner va ensuite dédier sa vie avant d'être tué le 2 août 2002 par les talibans, se pose clairement dans l'ouvrage.

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L'esprit qui anime les trois protagonistes nous rappellera Sylvain Tesson, c'est à dire ce type d'hommes qui vivent en marge de l'aventure. Comme l'écrit Erik L'Homme, « c'est aujourd'hui dans les marges, j'en suis persuadé, que se dissimulent les derniers hommes libres. ». Les chemins noirs de Tesson dans notre hexagone vont dans le même sens que les pas dans la neige d'Erik L'Homme.

Que sont ces pas ? Ceux d'un « homme sauvage » insaisissable, nous rappelant qu'au final, l'homme n'a pas simplement domestiqué la faune et la flore depuis le néolithique mais qu'il s'est domestiqué lui-même. Le barmanou, si il existe, mais les témoignages récoltés plaident en faveur de cette thèse un peu loufoque, incarne cette liberté sauvage des premiers hominidés. Nos plus lointaines origines, bien avant les impôts ou le recensement et plus encore avant les supermarchés et les bouchons sur les autoroutes. Cette quête est celle d'une liberté retrouvée, mais cette liberté a un prix : la fragilité de l'existence. Les conditions de vie difficile, l'absence de la médecine, se font ressentir et nos amis en sauront quelque chose.

ErikLHomme.jpgL'ouvrage d'Erik L'Homme nous prouve qu'il est encore possible de faire des choix, de vivre une autre existence, une existence qui n'est accessible qu'à quelques uns. Mais l'ouvrage ne saurait se résumer à cela et il s'agit d'une enquête menée avec sérieux, notamment par Jordi Magraner. Ce dernier va d'ailleurs publier un mémoire, Les hominidés reliques d'Asie centrale (http://daruc.pagesperso-orange.fr/hominidesreliquesasiece...). Certains de ses croquis représentant le barmanou sont dans l'ouvrage. Le livre peut sonner comme un hommage à ce grand défenseur du peuple Kalash. Un peuple qui n'intéresse pas grand monde dans notre Occident pourtant si plein de bonnes âmes, toujours promptes à verser une larme pour les malheureux du « tiers-monde »...

On n'a pas de mal à deviner qu'il n'a pas du être facile pour Erik L'Homme de recomposer le puzzle de sa mémoire et de faire remonter à la surface les souvenirs enfouis, les bons comme les mauvais. Le récit est en tous les cas d'une grande cohérence, sans longueurs inutiles, sans apitoiement, sans moraline et avec une vraie dose de lucidité. La vie, la vraie, se forge dans l'épreuve, et dans toutes les aventures que nous pouvons traverser. Celles-ci démarrent souvent par un pas de côté et sont une affaire de regard. Il n'est peut-être pas nécessaire de partir au Pakistan pour vivre des aventures et être libre, mais il n'est pas possible de vivre des aventures et d'être libre si on regarde le monde en captif.

Jean/ C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

samedi, 19 novembre 2016

Trump Poutine: ne rêvons pas

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Trump Poutine: ne rêvons pas

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On considère généralement, en tenant compte des intentions affichées par le candidat Trump, que son élection à la Maison Blanche signifiera une diminution des tensions militaires entre lui et Poutine. Peut-être même pourrait-on assister à l'établissement de relations diplomatiques normales entre les deux puissances. Poutine pour sa part n'a rien fait pour décourager l'idée. Ceci dit, l'on sent bien qu'il attend d'en savoir davantage sur les intentions de Trump avant d'envisager ce que l'on pourrait nommer un désarmement bilatéral.
 
En fait, on peut craindre que Trump ne puisse en rien changer la politique agressive des Etats-Unis à l'égard de la Russie. Elle est trop ancienne et s'exerce dans de trop nombreux champs stratégiques pour pouvoir être modifiée ne fut-ce que dans un seul de ceux-ci – sauf peut-être dans le cas d'un allégement des « sanctions » imposées par Washington à la suite du conflit en Ukraine. Celui-ci, rappelons le, a été entièrement le résultat de manœuvres américaines discrètes et moins discrètes visant à déstabiliser la Russie à travers une opération de « regime change » à Kiev.

Les Etats-Unis ont basé l'essentiel de leur course à la suprématie mondiale, dès 1950, par une volonté de dominer la Russie, qui avait le grand tort à leur yeux de disposer d'une arme nucléaire du niveau de la leur. Cette domination devait être assurée sur le plan géographique, mais tout autant sur le plan scientifique et industriel. La plupart des grandes avancées qui distingue par exemple la science américaine de celle des autres nations ont été des conséquences du développement d'armes de plus en plus performantes, ceci y compris dans le spatial. Renoncer à la course aux armements serait couper les principaux ressorts du succès américain dans ces domaines. Or pour s'armer, il faut le faire contre un ennemi présenté comme la plus grande menace existentielle. La Chine aujourd'hui est aussi dénommée telle par le gouvernement américain, mais la Russie restera toujours la première.

Corrélativement, le complexe militaro-industriel russe, bien que moins puissant que son homologue américain, a lui aussi besoin de la préparation, au moins virtuelle, de conflits entre les deux pays. Les progrès spectaculaires en matière d'armement, notamment dans le domaine des missiles intelligents, réalisés par l'industrie russe récemment, n'auraient pas pu se produire sans une perspective belliqueuse. Poutine sait qu'il dépend en grande partie au plan intérieur du soutien de ce complexe, et ne fera rien qui puisse contribuer à le démobiliser.

D'une façon générale, on peut considérer que Donald Trump, le voudrait-il, ne pourra jamais imposer à l'état-major du Pentagone, comme au puissant complexe militaro industriel (CMI) qui vit aujourd'hui essentiellement de commandes militaires américaines, d'accepter des diminutions substantielles de l'effort dit de défense, dont la Russie, bien avant la Chine, est aujourd'hui la principale cible.

Rappelons que le budget militaire américain s'élevait en 2015 à 598 milliards de dollars, dont une grande partie certes difficile à chiffrer, est relative aux opérations militaires en cours ou en projet contre la Russie. On imagine les pertes d'influence, de profits et d'emplois que subiraient le Pentagone et le CMI en cas d'une diminution, même marginale et progressive, de ces crédits.

Aussi bien Donald Trump ne s'y est-il pas risqué. Il a annoncé, dans son programme, qu'il supprimerait les réductions budgétaires forfaitaires précédentes, (séquestrations) qu'il a imputé à l'incapacité d'Obama et de Hillary Clinton, secrétaire d'Etat, à prendre la juste mesure des besoins budgétaires de la défense. Il a promis que les futurs budgets militaires ne descendraient pas au dessous du seuil minimum de 550 milliard. Pour les Russes, ceci ne peut qu'être interprété que comme la volonté de poursuivre les déploiements militaires à leurs frontières, comme dans tous les pays où ils peuvent exercer encore une influence.

Dès avant son élection, le 27 avril 2016, le candidat Trump avait prévenu, dans les bureaux de la revue conservatrice The National Interest, (voir http://nationalinterest.org/feature/trump-foreign-policy-... ) qu'il n'envisageait pas de nier les différents géopolitiques profonds entre les Etats-Unis et la Russie, nécessitant selon lui que l'Amérique ne baisse pas la garde, y compris et surtout sur le plan militaire. Aussi bien depuis son élection, dans diverses interventions, les buts annoncés par lui ne diffèrent guère de ceux de Barack Obama : restaurer la confiance des alliés traditionnels des Etats-Unis (Israël, Arabie Saoudite), contrer des pays présentés comme militairement menaçants, (Iran, Corée du Nord), reconstruire partout les capacités militaires des Etats-Unis.

Ceci, concrètement, signifie, contrairement à ce que certains observateurs avaient pu penser pas, que Trump ne laissera pas le champ libre à la Russie en Ukraine, dans la Baltique et dans le Caucase. De même, il ne renoncera pas à une forte présence militaire au Moyen-Orient, même si par ailleurs il avait annoncé sa volonté de déléguer en partie à la Russie la lutte contre l'Etat islamique en Syrie.

Un "reset" très limité

Le projet de nouveau départ avec la Russie (reset) c'est-à-dire une réconciliation, annoncé par Trump à la satisfaction d'électeurs populaires lassés par 20 ans de guerre visant directement ou indirectement les intérêts russes, risque de rester un élément de langage. La réalité est que les Etats-Unis ont des réseaux d'alliance solides qui excluent la Russie ou qui, plus exactement, sont dirigés contre elle.

Ainsi, concernant l'Otan, Trump n'a jamais annoncé qu'il renoncerait à faire de celle-ci l'instrument d'un « containment » toujours plus ambitieux de la Russie. Il n'a jamais indiqué par ailleurs qu'il cesserait de participer à la défense de l'Europe, face à une pourtant bien hypothétique agression militaire russe. Il a seulement indiqué qu'il exigerait une meilleure répartition du coût financier de l'Otan, en demandant aux membres de celle-ci de prendre désormais en charge l'essentiel de l'effort militaire américain en Europe. Pour cela il considère implicitement que les Etats européens doivent porter à 2% du PIB leurs budgets nationaux de défense.

Quant aux batteries de missiles (défensifs ou offensifs, à la demande) installées en Roumanie, en Tchéquie et en Pologne, le candidat Trump les avait revendiqué comme essentielles à la défense des intérêts américains. Chacun sait, Vladimir Poutine le premier, que sous couvert d'une défense contre une très improbable attaque iranienne, il s'agit d'éléments essentiels d'éventuelles attaques, éventuellement avec des armes nucléaires tactiques, contre les dispositifs russes.

Les cris d'alarme que poussent à qui mieux mieux actuellement les pays européens, notamment en Allemagne et ceux de l'Europe de l'est plus impliqués dans l'Otan, face à un éventuel abandon américain, relèvent seulement de l'intoxication anti-russe. Certes, Dmitry Peskov, porte-parole de Poutine, avait récemment déclaré que pour reconstruire les relations Washington-Kremlin, Trump devrait demander à l'Otan de cesser d'accumuler des forces militaires à la frontière russe. Durant sa campagne, Trump avait pu laisser penser qu'il partageait ce point de vue. Mais pour le moment, il ne dit plus rien de semblable. ( voir http://www.zerohedge.com/news/2016-11-12/nato-panics-puti...)

Quant au Moyen-Orient, le rapprochement espéré entre les Etats-Unis de Trump et la Russie de Poutine pourra-t-il se réaliser au nom de la lutte contre l'Etat islamique (EI) et le terrorisme ? Les annonces avaient en effet été très remarquées. le candidat Trump ayant déclaré disposer d'un plan pour éradiquer l'EI et souligné la communauté d'intérêts avec la Russie dans ce domaine. Mais on ne voit pas comment le président Trump pourrait renoncer à soutenir les appuis traditionnels des intérêts américains dans la région, notamment l'Arabie Saoudite et la kyrielle de pétro-monarchies que celle-ci a rassemblé derrière elle.

Comment pourra-t-il leur faire accepter qu'il cesse de rechercher la chute de Bashar al Assad, en tolérant de facto un front chiite dans la région, comprenant outre la Syrie, le Hezbollah et surtout l'Iran? Comment pourra-t-il renoncer à présenter les bases militaires russes en Syrie comme un danger majeur, tant pour les alliés de l'Amérique que pour celle-ci.

Il ne faut pas être grand expert pour penser que derrière de bonnes paroles de part et d'autre, que pourrait conforter rapidement une réunion de travail avec Poutine, rien de sérieux ne se produira pour pacifier en profondeur et durablement les relations entre l'Amérique et la Russie.

Il faut certes attendre pour juger. Mais il serait très imprudent de trop en espérer.

vendredi, 18 novembre 2016

Recomposition médiatique en vue

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Recomposition médiatique en vue

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

L'élection de Donald Trump pourrait bien avoir un effet inattendu sur la composition du paysage médiatique, de ce côté de l'Atlantique.

Aux États-Unis, les médias mainstream n'en finissent pas de s'excuser de ne pas avoir vu venir la victoire du milliardaire républicain. Si une image vaut mille mots, une petite vidéo vaut un album photo entier.

Malgré tout, leurs excuses sonnent faux: aucun journaliste n'a démissionné ou été licencié suite aux résultats électoraux. Les éditorialistes en place continuent de vomir sur le Président Trump alors qu'il n'est même pas encore entré en fonction. Nous assistons à la même dérive sur le Vieux Continent, qui, à sa décharge, se contente souvent de reprendre les reportages tournés par les collègues. Le suivisme est tel que c'en est à se demander à quoi servent tous ces "envoyés spéciaux" sillonnant le pays à grands frais.

Les reportages mettent donc l'accent sur la déception des Démocrates, les émeutes - largement artificielles - de ceux qui rejettent les résultats de l'élection, les dangers du programme de Trump pour la survie de l'humanité, et allouent le reste de leur temps d'antenne à la tournée d'adieu que s'offre le Président Obama avec l'argent du contribuable. On a déjà vu remise en cause plus sincère.

Il n'y a donc pas vraiment de changement de cap à attendre de la part de ces médias, ce qui ne surprendra personne. Mais le paysage médiatique lui-même change. Comme l'avait décelé Charles Gave, "le système de l’information aux USA, le fameux quatrième pouvoir est en train de se scinder en deux groupes violemment hostiles." Côté Clinton, la presse officielle ; côté Trump, les nouveaux acteurs comme Zero Hedge, Breitbart ou des réseaux comme Reddit. "Et nous assistons à une véritable guerre à mort entre les deux systèmes, qui continuera bien après que l’élection présidentielle ait eu lieu."

La guerre continue mais pourrait bien s'achever tantôt avec la victoire de Trump, infligeant une grave blessure de crédibilité aux médias périmés. Leur incapacité à se remettre en question ne fera que hâter leur disparition. Aux États-Unis, c'est un fait. Mais désormais, les nouveaux médias se tournent vers l'Europe, et les vieux médias du Vieux Continent glapissent de terreur.

zero-hedge-dot-com-red.pngQue peuvent faire les médias habituels, sachant que toute remise en cause est exclue? La même tactique que d'habitude, essayer de salir les nouveaux venus de façon préventive. L'idée est que le grand public soit préparé à les haïr dès leur arrivée, afin qu'ils soient plus méprisés que regardés.

Reconnaissons que la tactique avait bien fonctionné depuis une dizaine d'années avec Fox News. La première chaîne d'information américaine de Rupert Murdoch avait gagné des parts de marché en proposant des nouvelles "équilibrées" au grand public, en demandant par exemple leurs commentaires tant à des invités démocrates que républicains sur un point de l'actualité. Le slogan de la chaîne - fair and balanced - impliquait un équilibre loin du parti-pris ouvertement démocrate adopté par ses concurrentes. Quelle nouveauté dans le paysage télévisuel! Cela n'empêcha pas Fox News d'être anti-Trump dans sa couverture des élections présidentielles 2016, notamment par le biais de sa présentatrice vedette Megyn Kelly. Et cela n'empêcha pas les journalistes européens de continuer à la présenter comme "conservatrice", voire "ultra-conservatrice"...

Aujourd'hui encore, l'opinion d'un individu sur la chaîne est un puissant marqueur de connaissance sur les médias américains. L'épithète "conservateur" accolé à Fox News est révélateur de quelqu'un qui ne fait que répéter ce qu'on lui a mis dans la tête.

Mais ces péripéties dans la désinformation amènent les journalistes à un autre problème, la surenchère. Si une chaîne neutre voire consensuelle comme Fox News leur paraît déjà "ultra-conservatrice", comment qualifier un site corrosif comme Breitbart News? Méga-conservateur? Ultra-ultra-conservateur? Les rédactions travaillent d'arrache-pied sur cette épineuse question de vocabulaire. En attendant qu'un nouvel adjectif émerge, on présente Breitbart comme "le bras médiatique de Trump", "un site réac et raciste", "la machine de propagande de Trump"...

Certes Breitbart News a un style tabloïd et l'assume complètement, mais c'est aussi un site extrêmement populaire. L'Express est bien obligé de l'admettre:

Depuis son lancement, Breitbart News réussit à plusieurs reprises à embarrasser les démocrates: lorsque le site dévoile, en 2009, la vidéo d'une fonctionnaire noire, Shirley Sherrod, dans laquelle elle tient des propos anti-blanc. Quand, en 2011, Andrew Breitbart, un an avant sa mort, joue un rôle majeur dans la publication des sextos d'Anthony Weiner, démocrate élu à la chambre des représentants et pressenti pour devenir maire de New York.

Des coups d'éclat qui lui ont permis d'acquérir un véritable succès d'audience: avec ses 37 millions de visiteurs uniques par mois, Breitbart News a aujourd'hui les moyens de ses ambitions. Bannon se vante, lors d'une interview donnée à Bloomberg, de pouvoir laisser ses journalistes enquêter durant plusieurs mois, tandis que les autres rédactions traditionnelles ne le peuvent plus.

breitbart_logo-e1457981085344-300x197.jpgSteve Bannon, le directeur exécutif de Breitbart News, a été récemment nommé directeur de la stratégie et conseiller du Président Trump par ce dernier. Pas possible donc de défausser le site comme le travail de ploucs illuminés sortis de nulle part.

Breitbart News a bien l'intention de partir à la conquête de l'Europe. Une version anglaise a servi à plaider pour le Brexit, et une version française est à l'étude, présageant notamment d'une collaboration avec Marion Maréchal-Le Pen.

Ce n'est pas la première fois que des médias venus d'outre-Atlantique s'implantent en Europe ; pensons au Huffington Post ou au très gauchiste Slate. Les sites de Réinformation ont aussi le vent en poupe, qu'ils soient qualifiés de "droite pamphlétaire", de "réacosphère" voire de "fachosphère". Mais c'est la première fois que des acteurs majeurs à la fois politiquement incorrects et dotés d'une réelle force de frappe financière s'apprêtent à entrer sur le marché médiatique européen.

Le succès sera-t-il au rendez-vous? On peut imaginer que oui. Ces gens n'ont rien de philanthropes. S'ils veulent désormais tant s'implanter en Europe, c'est parce qu'il y a une demande. Environ la moitié de l'électorat est méprisée, dénigrée et tancée par les médias traditionnels à force de ne pas comprendre comme il faut, de ne pas voter comme il faut.

C'est un énorme marché.

Sur ce dossier, la Suisse est à la croisée des chemins ; tant que dure la redevance obligatoire, la RTS et ses affidés sont à l'abri de toute remise en question. Mais il n'en sera pas de même de la presse régionale et, naturellement, les médias en ligne. On peut donc s'attendre à de gros changements de ton dans les publications qui veulent survivre ; à défaut, les Suisses continueront à se tourner, toujours plus nombreux, vers les sites de Réinformation.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, le 16 novembre 2016

Raqa: Trump contre Obama ?

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Raqa: Trump contre Obama ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un article daté du 8/11, c'est-à-dire avant l'annonce du succès de Donald Trump face au duo Clinton-Obama, nous indiquions que les Etats-Unis voulaient participer directement à la prise de Raqa afin de contrer l'alliance entre Damas et la Russie en évitant qu'elle intervienne à Raqa comme elle l'a fait avec succès dans la reconquête d'Alep. 1)

Nous écrivions  "Dans le cas très probable d'une victoire à Raqa, ... une partie du territoire syrien tomberait sous le contrôle de forces rebelles soutenues par les Etats-Unis. Sans doute aussi s'y joindraient des troupes au sol américaines, comme en Irak mais sur une plus grande échelle. Les Etats-Unis auraient donc repris pied en Syrie où ils contesteraient aux Russes le monopole militaire. Le silence du gouvernement russe devant cette éventualité s'explique sans doute par le fait que Moscou la considère inévitable, sauf à s'engager dans des opérations pouvant déboucher sur un affrontement militaire direct avec les Etats-Unis".

Or manifestement, bien des choses sont en train de changer avec la victoire de Trump. D'après la source israélite DEBKA file, généralement bien informée, Trump n'aurait pas attendu d'être officiellement intronisé à la Maison Blanche pour envoyer en Syrie des émissaires issus de l'Armée américaine et favorables à sa cause. 2)

L'objectif en serait double: obtenir des Turcs qu'ils ne laissent pas l'armée irakienne et les milices kurdes ralliées aux Etats-Unis prendre Raqa sans intervenir eux-mêmes avec leurs forces - concrétiser la volonté affichée de Trump de se rapprocher de la Russie dans la lutte contre l'Etat islamique. La perspective du futur accord américano-russe sur ce terrain pousserait aujourd'hui les Russes à sortir de leur réserve prudente à Raqa. Le trio Donald Trump, Vladimir Putin et Recep Tayyip Erdogan serait ainsi décidé à ne plus laisser les Américains d'Obama prendre sans eux sinon contre eux la ville de Raqa.

L'engagement des Russes iraient jusqu'à bombarder les convois d'armes qu'Obama fait envoyer actuellement de Bagdad au profit des milices kurdes syriennes du Parti de l'union démocratique PYD dont d'ailleurs d'autres leaders kurdes indiquent qu'il ne représente pas la totalité du « peuple kurde ».

Dans ces conditions, Raqa serait repris à l'Etat islamique par les forces turques soutenues par l'aviation russe, ceci dans le cadre de la nouvelle alliance américano-russe contre le terrorisme au Moyen-Orient. Par ailleurs, Alep serait aussi complètement conquis par les Syriens, avec l'appui là encore des Russes. Ceci d'ailleurs alors que la prise de Mossoul par les Irakiens soutenus par Obama semble s'éterniser, face aux résistances islamistes.

Conclusions provisoires

Plusieurs conclusions, avec la prudence qui s'impose, pourraient être tirées de ces évènements:

- Au moins dans la question du Moyen-Orient, Trump bénéficierait de l'appui de l'armée américaine, ou d'une partie de celle-ci, dans son projet de négocier des accords avec Poutine. Comme nous l'avions indiqué dans un autre article 3) ce ne sera sans doute pas le cas dans des perspectives plus globales. Mais qui sait, si Trump décide de s'engager à fond dans ce sens? Son intervention actuelle dans la question de Raqa serait de bonne augure.

- L'accord stratégique entre la Turquie de Erdogan et la Russie, qui ne semblait pas jusqu'à ce jour complètement acquis, serait ainsi confirmé - avec le consentement la encore de Trump du côté américain.

- Indirectement, la nouvelle politique diplomatique américaine, initialisée par Donald Trump, se traduirait par un revirement américian vis-à-vis de la Turquie. L'Amérique cesserait notamment de soutenir le prêcheur islamiste Fethullah Gülen, proche des plus radicaux des Frères musulmans, qu'elle abrite encore sur son territoire.

-  Le ton relativement favorable des Israéliens à l'égard de Donald Trump, qui transparait dans l'article cité ici de DEKFAfile, laisser penser que Tel Aviv craint moins qu'auparavant le rôle de Moscou en Syrie, lequel avait été suspecté de vouloir renforcer l'influence des Iraniens et du Hezbollah au Moyen-Orient. Ceci dans la mesure où Trump pourrait jouer dans cette partie du monde un rôle de médiateur entre les Israéliens, les Russes et les autres acteurs.

- Obama va rencontrer prochainement, dans sa tournée d'adieu en Europe, les dirigeants allemands et français. Ceux-ci devraient, en bonne logique, lui demander de cesser d'intervenir pendant les deux prochains mois pour contrer la volonté de Trump de se rapprocher de la Russie.

- Restera à voir enfin si la volonté de Trump de se rapprocher des Russes dans la lutte contre le terrorisme ne sera pas rapidement bloquée par le complexe militaro-industriel américain, dont la préparation d'une guerre contre la Russie est depuis 50 ans la raison d'être.

Notes

1) Les Américains à Raqa http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2359...


2) Obama hits Trump tie with Putin, Erdogan on Syria http://www.debka.com/article/25776/Obama-hits-Trump-tie-w...

3) http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2365...

4) Voir dans le même sens l'article de Dedefensa http://www.dedefensa.org/article/trump-deja-actif-en-syri...

George Orwell: A Life in Pictures Full Documentary

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George Orwell: A Life in Pictures Full Documentary 

George Orwell: A Life in Pictures is a 2003 BBC Television docudrama telling the life story of the British author George Orwell. Chris Langham plays the part of Orwell. No surviving sound recordings or video of the real George Orwell have been found.



Awards:
International Emmy 2004 for Best Arts Programme
Grierson Award 2004 for Best Documentary on the Arts

jeudi, 17 novembre 2016

Préparation d'un «coup d'Etat» contre Donald Trump

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Préparation d'un «coup d'Etat» contre Donald Trump

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous mettons des guillemets au terme, car il est peut-être un peu prématuré de parler d'un coup d'Etat. Néanmoins ce qui se prépare contre Trump y ressemble beaucoup.
L'objectif visé par les comploteurs, venus essentiellement des soutiens de Hillary Clinton au sein du Parti Démocrate et plus généralement au sein de l'oligarchie politico-économique qui l'avait promue, est dans un premier temps d'obtenir l'invalidation de l'élection de Trump. On a parlé d'une procédure de destitution (impeachment) qui serait enclenchée par les forces anti-Trump au motif que celui-ci tiendrait des propos non politiquement corrects ou prendrait des décisions anti-constitutionnelles. Mais la procédure est trop lourde pour pouvoir être engagée rapidement.

La formule la plus rapide et la plus immédiate consisterait à obtenir un vote anti-Trump des Grands Electeurs en charge de valider définitivement le président élu. Dans le système électoral américain, à peu près incompréhensible en Europe, ce n'est pas le nombre total des voix obtenues par les candidats au plan national qui compte, mais dans chaque Etat celui des voix obtenues par les représentants des deux candidats, dits Grands électeurs, lesquels élisent ensuite définitivement, quelques semaines après, le président.

Une pétition visant à obtenir des Grands Electeurs qu'ils ne valident pas l'élection de Trump a été lancée. Elle pourrait recueillir des millions de voix. Le prétexte en est que Trump a obtenu moins de votes populaires que Clinton. C'est actuellement vrai mais le décompte n'est pas fini, et il reste à peu près 7 millions de votes, dont ceux des militaires estimés à 80% en faveur de Trump. Par ailleurs la présomption de fraudes multiples concernant le vote et le décompte des voix, en provenance du camp Clinton, paraît tout à fait fondée.

Ces millions de voix qui contestent l'élection de Trump proviennent de milieux sociaux favorisés, tenant à garder leurs privilèges. Pour eux Trump représente l'électorat pauvre, qui n'est d'ailleurs pas seulement blanc ou masculin, provenant des zones industrielles en déshérence du fait de la mondialisation (le « Rust Belt »). Dans le vocabulaire français, ces électeurs pauvres seraient considérés comme représentant la gauche, et les électeurs favorisés la droite. Autrement dit, la pétition et plus généralement les efforts du parti Clinton pour faire invalider l'élection de Trump seraient considérés comme l'amorce d'un coup d'Etat de la droite et de l'extrême droite contre un Trump se situant, qu'il le veuille ou non, à gauche.

Mais l'establishment a réussi, à coup de campagnes d'opinions largement financées par les riches entrepreneurs, notamment à travers la fondation dite Democracy Alliance du milliardaire Soros, à faire passer Hillary Clinton comme la candidate des pauvres, des noirs, des femmes, tandis que Donald Trump est renvoyé du côté des fascistes, sinon des nazis. Depuis quelques jours, des manifestations de rues importantes, comprenant des jeunes, des femmes, des noirs et des hispaniques, tous provenant de milieux sociaux favorisés (comme cela est facile à voir sur les photographies de presse), sont organisées pour protester contre l'arrivée de Trump à la Maison Blanche. Elles sont largement applaudies en Europe et notamment en France, où les médias ont toujours été les défenseurs aveugles d'une Hillary Clinton corrompue, belliciste et anti-russe.

Nul évidemment ne fait valoir que si le même argent avait été employé pour organiser des manifestations pro-Trump, notamment dans le Rust Belt, les manifestants auraient été probablement plus nombreux et plus convaincants., même si moins bien vêtus et s'exprimant moins aisément.

Une guerre de classe

La parti Clinton, s'il ne réussit pas à faire invalider l'élection de Trump, s'efforcera d'encourager les mouvements sécessionnistes dans les Etats, tels la Californie, où l'establishment local a toujours été acquis au système. Ceci pourrait susciter des difficultés pour le président Trump, qui sera accusé d'avoir provoqué de nouvelles guerres de sécession aux Etats-Unis. Nul ne fera remarquer que sous Obama, c'étaient dans les Etats pauvres, victimes du système, que des mouvements sécessionnistes avaient commencé à prendre de l'importance.

Tout ceci montre bien qu'une véritable guerre de classe, comme auraient dit les marxistes des années 50, est engagée entre les favorisés et les non favorisés, entre l'aristocratie sociale et le prolétariat. Ceci à propos de l'élection du milliardaire Trump, qui s'est inscrit par une sorte de prescience politique à la tête du prolétariat.

Cette guerre ne fait que commencer. Trump ne la gagnera peut-être pas, compte tenu de l'importance des forces financières, économiques et politiques qui se mobilisent contre lui. Peut-être sera-t-il assassiné, peut-être sera- t-il victime d'une « sale affaire » l'impliquant, montée de toutes pièces par l'establishment. Celui-ci sait y faire en matière de « regime change » provoqué dans les pays dont les gouvernements lui déplaisent. Il doit maintenant considérer que le temps est venu pour qu'il déploie ce savoir faire en Amérique même.

 

Guillaume Durocher - Trump Victory: Impact on America & Europe

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Guillaume Durocher - Trump Victory: Impact on America & Europe

Guillaume Durocher is a French political writer and historian. He has lived in many European countries and worked in politics and journalism. He writes for several Alt-Right publications, including The Occidental Observer, Counter-Currents, and Radix.

We begin by discussing the results of the recent election. Guillaume compares Trump’s victory to Brexit, for the mainstream media – through its polls and pundits – failed to accurately predict either. We discuss what this means for not only America, but the West as a whole. Guillaume explains that the American nation-state is now run by a wildcard, and that if Trump drastically alters the course of America, Europe will follow suit. We then discuss Guillaume’s background, including how he became a nationalist. We learn that he was originally an anti-war liberal; questioning the EU, however, led him to then realize the importance of having homogeneous nation-states. The first hour also explores the ongoing culture war in the West, the Jewish community’s response to the Trump phenomenon, and the origins of our current plight.

The members’ hour begins with a consideration of technology. We discuss how the internet has allowed for alternative media to loosen the mainstream media’s control over culture and information. Guillaume correctly points out that Trump, through his condemnation of the mainstream media, has furthered this effect. We then switch gears to consider the big picture. Guillaume argues that it’s okay for those of us in the Alt-Right to disagree about the ideal form of government; what matters, though, is that whichever system we adopt exist solely for the benefit of our people. Guillaume then makes a case for the inclusion of genetics into policymaking decisions, which leads to a discussion on the massive population boom now underway in the third world. The members’ hour also covers the need for willpower and determination, the vulgarization of Western culture, and the tribal nature of fascism.



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Constantin Parvulesco: La crise d'identité française

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Constantin Parvulesco: La crise d'identité française

WWIII: The Balkan Stage for a Turkey-EU War

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WWIII: The Balkan Stage for a Turkey-EU War

Ex: http://www.katehon.com

The End Of the War Against ISIS

ISIS, which was artificially created to redraw the borders of Middle East, is about to be defeated in Iraq and Syria by the ongoing military operations in Mosul and Raqqa, the center of ISIS. After ISIS’s end, there can be a sort of temporary break in military clashes in the Middle East. Thanks to the military intervention of Russia in support of the Syrian government and the military involvement of Turkey, with the undeclared consent of Russia, to prevent a YPG-led Kurdish corridor in the North Syria and to fight against ISIS, the US’ aim of dissolving the territorial unity of Syria has failed.

The US will have two options: either deepening its efforts to provoke new clashes between Turkey and Iraq, Turkey and Iran, or Turkey and Syria (thanks be to God that US plans to start a war between Russia and Turkey already failed) or changing its focus to another part of Eurasia to spread instability and incite clashes between the regional actors of Eurasia.

The US may select the second option thanks to the balancing and mediating Russian efforts to prevent any direct clashes among the Middle Eastern countries. The Balkans may be the most appropriate candidate for the US due to its geopolitical structure, historical conflicts, and ethnic and religious diversity. The word “Balkan” is a Turkish word which means steep and forested mountains. On the other hand “Bal” means honey and “Kan” means blood in Turkish. Therefore peace and conflict have always coexisted in the Balkans, as the name of the peninsula points out.

An Overview Of Geopolitics In The Balkans

Lying in the east of Europe, the Balkans is inhabited by mostly Slavic and Orthodox nations. With 19 million residents, Romania is the most populated country in the region, but the other countries are all below 10 million and diversified into small countries and ethnicities. In the west the Germans, in the north the Russians, and in the east the Turks surround the peninsula as great nations.

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The recent history of Balkans also confirms the geopolitical truth that the potential actors that can clash or cooperate in the upcoming crisis are the Germans (EU), the Russians, and the Turks. After six centuries of Ottoman rule, the Balkan nations became separated countries. Then Nazi Germany invaded the entire peninsula. After the Second World War, with the exception of Greece, all the Balkan countries were under the influence of the USSR or communism. After the collapse of the iron curtain, by either joining the EU or NATO, most of the Balkan countries fell under the influence of the EU and US.

Greece, Romania, Bulgaria, Croatia and Slovenia are EU members; Turkey, Albania, Serbia, Montenegro, Macedonia and Bosnia-Herzegovina are candidates. On the other hand, Turkey, Greece, Romania, Bulgaria, Albania, Croatia, Slovenia are already NATO members, while Montenegro, Macedonia, and Bosnia-Herzegovina are candidates for NATO membership. Therefore at first glance, the current political situation might seems very united and stable in the region. All the countries are members of NATO and the EU or candidates. But as explained below, the reality on the ground is very different than it appears, and the EU- and US-oriented countries may go to war with each other.

Diversified Ethnicity and the Problems of Religion and Minorities

The US always uses ethnic and religious differences as a tool for provoking instability. Unfortunately ethnicity and religion is a very sophisticated complexity in the Balkans. Bulgarians and all the ex-Yugoslavian nations (Serbs, Montenegrins, Croats, Slovenes, Bosnians, and Macedonians) are Slavic, while Romanians, Greeks, and Albanians have distinct nationalities. The Romanians are Latin origin, the Greeks have Hellenic roots, and the Albanians have genetic ties to Italians. Bulgarians, Serbs, Montenegrins, Macedonians, Romanians, and Greeks are Orthodox, while Croatians and Slovenes are Catholic. Bosnians and two thirds of Albanians are Muslim, the rest being Orthodox.

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Although all the nations in Balkans have independent states, almost all of the countries have internal minority problems. Hungarians living in the west (Transylvania) of Romania constitute 7% (1,4 million) of Romania’s population. Bulgaria also has a 10% Muslim-Turkish (900 thousand) minority. In Greece, there are 250 thousand Macedonians, 370 thousand Albanians, and 200 thousand Muslim Turks. Albanians with a population of 500 thousand constitute 25% of Macedonia’s population and 1.8 million Albanians are living in Kosovo. Montenegro’s population consists of 45% Montenegrins, 29% Serbs, %12 Bosnians, and %5 Albanians. 250 thousand Hungarians live in Serbia. Bosnia and Herzegovina is a loose Bosnian, Croatian, and Serbian confederation. On the Bosnian-Croatian side, 70% of the population is Bosnian and the rest is Croatian, while on the Serbian side 80% is Serbian and the rest is Bosnian.

Historical, Religious, and Ethnic Ties with Turkey and Russia

When the Balkan nations achieved their independence from the Ottoman Empire, starting from the late 19th century and lasting up to 1989, many Turks, Muslim Albanians, and Bosnians immigrated to Turkey. Currently, 12 million people of Balkan origin are living in Turkey. Among immigrants, 7 million are of Turkish origin who immigrated from Bulgaria, Greece, Albania, Macedonia, Kosovo, and Bosnia. Although 2.2 million Bosnians live in Bosnia-Herzegovina, 2 million Bosnians also live in Turkey as a kind of second motherland. Moreover 3.2 million Albanians live in Albania, while as a second motherland 2 million Albanians live in Turkey. Therefore, in Turkey, the Balkan-originated community has a strong lobby and in the government and business cycles is very influential. Moreover, most of them still have strong ties with their relatives in The Balkans.

On the other hand, the Slavic nations have historic, religious, and ethnic ties with Russia. Besides Romanians, Greeks, and Albanians, the rest of the Balkan nations are Slavic in origin. Moreover, besides Croatians, Slovenians, Albanians and Bosnians, the others are of the Orthodox belief. During these peoples’ independence struggle, Russia gave strong support and came to represent an elder brother.

Turkey’s Increasing Potential to Surpass the Balkans

Compared to Turkey, the Balkan countries’ populations are decreasing dramatically. Not only low fertility rates but also migration to developed EU countries have caused the population to decrease. In 1990, the population of Turkey (53 million) was 75% of all the Balkan countries’, while Turkey’s present population (80 million) exceeds all of the Balkan nations combined (63 million) and has reached 125% of the whole Balkans’ population. Economic growth rates are also in favor of Turkey. In 2000, Turkey’s GDP was 107% of that of all the Balkans, and presently the figure has reached 123%, and this despite the fact that the EU member Balkan countries attract EU direct investment and EU funds to restructure national economies. For the top three economies of the Balkans (Greece, Romania, and Bulgaria), Turkey is an important export destination.

Souring Relations between Turkey and the EU

Turkey has souring relations with EU. Although Turkey chose Westernization as a type of modernization at its founding in 1923 and has been a NATO member since 1952, its application for full membership in the EU is still on stand-by. In recent years, Turkish President Recep Tayyip Erdoğan has faced an opposition campaign by the Western media. He is accused of being a dictator even though he won 11 democratic elections in 14 years including municipal, parliamentary, and presidential ones.

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Moreover, even though the Kurdish Workers Party (PKK) is declared a terrorist organization by the EU, their obvious support for Kurdish separatists in Turkey increases anti-EU sentiments among Turks. The PKK cavalierly propagates its views, organizes demonstrations, and is provided financial resources in Europe. The recent arrest of the leader and ten parliamentarians of the PKK-affiliated political party HDP may deteriorate the EU-Turkish relations to an irreparable extent.

Moreover, nine columnists and directors of the pro-Western newspaper Cumhuriyet were also arrested last week under accusations of cooperating with the terrorist organization FETÖ, a US proxy that attempted the coup d’état on July 15th in Turkey. The editor of the newspaper, Can Dündar, has fled to Germany and receives support from Germany.

EU representatives and the foreign minister of Luxembourg have announced their concern over the recent arrests and have even proposed to impose economic sanctions like the ones they have against Russia, arguing that 60% of the foreign investment in Turkey is of EU origin. The Italian prime minister said that Turkey cannot be a member of theEU under these circumstances. Additionally Moody’s and Standard & Poor’s, Western rating companies, lowered Turkey’s rating after the coup d’état, asserting that political instability is on the rise.

On the other hand Turkish President Erdoğan accuses the EU of supporting terrorism in Turkey and the Middle East (PKK, FETÖ and ISIS), attempting to divide Turkey by supporting Kurdish separatists, attempting to overthrow the democratically elected government and president, and spreading Islamophobia and Turkophobia. He has declared that the EU’s attitude is akin to the second phase of World War 1 when Turkey, Syria, and Iraq were divided on the basis of ethnicity and sect.

Turkish Stream

Germany, Turkey and Italy are the top three importers of Russian natural gas. The South Stream project was canceled due to the EU’s blocking two years ago. The new Turkish Stream pipeline for transporting Russian natural gas directly to Turkey, bypassing Ukraine, strengthens Russian-Turkish cooperation and both of their positions against the EU, despite the opposition of US. The possible extension of the Turkish Stream from Greece to Germany and Italy via the Balkans could provide strategic advantage to Turkey and Russia. Therefore, while Russia and Turkey want stability in order to guarantee the route of pipeline, the US might provoke instability and clashes in the Balkans in order to prevent Russia’s increasingly position and block the possible extension of the Turkish Stream pipeline.

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Russia and Turkey’s new military approach

Russia, seeing the encirclement policy of the US, has begun to use hard power as a “preemptive” strategy as seen in Georgia and Ukraine. The military intervention of Russia in Syria is a “policy making” strategy and a clear offer to regional actors to cooperate against the US. On the other hand, Turkey, like Russia, has begun to use hard power, such as in Syria and to some extent in Iraq. Turkey reaped the fruits of the use of hard power through the Turkish-Russian alliance in Syria. Therefore, in order to break encirclement, Turkey, knowing that Russia can offer support against US, would be much more eager to militarily intervene in any conflict in Balkans.

Potential Conflicts

The first potential unrest could be in Bosnia-Herzegovina. Composed of Bosnian-Croatian and Serbian Republics and as a weak confederation founded after the Dayton Peace Agreement, Bosnia’s future mainly depends on the support of the EU. Any change in Serbian politics away from the pro-EU approach could motivate the Serbian side to strive for independence. It is no doubt that an anti-EU movement in Serbia would also affect Montenegro, which has a considerable Serbian population. But the Bosnian-Serbian-Croatian dispute is far away from inciting military clashes due to the artificial creation of the confederation and the lack of a Bosnian army.

Another problem is posed by the Albanians. The desire to establish “Greater Albania” has historic roots among Albanians. Attempts to unite Albania, Kosovo, and the Albanian-populated areas of Macedonia could directly pull Macedonia, Greece, and Serbia into a conflict. On the other hand, Bulgaria will not be silent if Macedonia falls into unrest. It is worth remembering that Macedonia was the cause of the Second Balkan War. The US military base in Kosovo can be the center for US provoking of the Albanians in the region. Moreover, radical Islamic ties dating back to the Yugoslav Civil War and the Kosovo uprising are a perfect starting point for the US to exploit the situation with the use of terrorist attacks.

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Moreover, Turkey has countless disputes with Greece. The Cyprus issue, the Turkish minority in the Western Thrace, and the 12 islands and sea mile disputes in the Aegean Sea are all alarming conflicts that could provoke a military clash between Turkey and Greece. When the US and EU’s pressure on Turkey increased, Erdoğan put the existing conflicts with Greece on the agenda and clearly declared that if the US and EU try to redraw the boundaries in the Middle East, then Turkey will turn to the Balkans and question the boundaries with Greece, and use hard power to solve the disputes if needed. Therefore, if Greece militarily intervenes in any clash arising from the Albanians, Turkey will not be silent.

Concluding Thoughts

Turkey and Russia face political, military, and economic attacks from the US and EU. Both countries are regarded as two great obstacles preventing the West’s domination in Eurasia. The US-backed coup attempt in Turkey, the toppling of the democratically elected government in Ukraine, Russia’s and Turkey’s military intervention in Syria, and Turkey’s military alliance with Russia in Syria have changed the attitudes of Turkey and Russia from using soft power to hard power, from defensive strategies to a preemptive one. In order to set up a new confrontation between Russia and Turkey by exploiting ethnic and religious contradictions and preventing the extension of the Turkish Stream pipeline to Europe in order to block Russia, the Balkans is a very suitable region for the US. Moreover, as seen in the Ukraine case, provoking unrest in the Balkans by attracting Turkish and/or Russian military intervention is a very convenient justification for increasing the US’ military presence and political domination in Europe. Albanians’ desires for unification or the Turkey-Greece border disputes are the most attractive tools for flaring up unrest in the Balkans. If Turkey, as in Syria, can cooperate with Russia in order to preserve stability and peace in the Balkans, then the result of the US’ incitements will not be those intended. Turkey and Russia could not only break the the US’ encirclement, but almost the entire Balkans could be consolidated into a great Eurasian block. 

mercredi, 16 novembre 2016

Enlightened Patriarchy: Frederick the Great’s Principles of Lawmaking

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Enlightened Patriarchy:
Frederick the Great’s Principles of Lawmaking

Perhaps the most impressive Western tradition of statecraft, at least in the modern era, is that of Prussia. To be sure, the liberal-democratic tradition launched by the United States [2] and France is formidable, and it is not without reason that it today dominates our world. But the greatness of America and France also relied upon a prosaic factor: sheer demographic and geographic size. Little Prussia in contrast accomplished feats with absolutely miserable resources, raising herself up among the great powers and founding the German nation-state through sheer force of will. The Prussian “authoritarian” tradition, with its emphasis on hierarchy, community, and martial prowess, is then a useful counterpoise to the liberal-democratic one we take for granted today. Clausewitz and Carl Schmitt must be read beside Jefferson and Tocqueville [3].[1]

The most illustrious of all the Prussian leaders was Frederick the Great, a great political reformer and military commander who also cultivated a reputation as a philosophical thinker in his own right. Given how rare it is for generals and politicians to be particularly thoughtful, Frederick the Great merits all the more to be read by young Westerners in search of their heritage and a usable past. I propose then a reading of some of Frederick’s quite substantial philosophical and political writings.

Frederick’s Dissertation on the Reasons to Establish or Abrogate the Laws (Dissertation sur les raisons d’établir ou d’abroger les lois, 1750),[2] written after a decade in power and the hard-won conquest of Silesia, is admirably clear in its writing (how rare that can be!) and showcases wide reading and historical knowledge.[3] Many of Frederick’s themes and arguments retain all their relevance to this day. As this text is apparently unavailable in English, I will quote from it at length.[4] Unusually for a reigning monarch, the Dissertation was made public, thus showcasing the King’s philosophical credentials and stirring European debate.

Frederick’s ideal government is an enlightened patriarchy. He notes that “family fathers” have played an enormous role in the law throughout history, both as lawmakers and as legal masters of the household. For Frederick, the laws should serve to shape custom and enforce public morals, with the interests of the community overriding those of individuals. But this firm law must also be humane, rational, and moderate. Social conventions should be examined in this light and reformed accordingly. Frederick concludes with two proposals as examples: ending the stigma of bastardy, so as to prevent illegal abortions leading to the deaths of both the bastard and the mother, and a pan-European ban on dueling, the latter often causing the death of valuable citizens.

To know how to make laws, the practical Frederick advises looking to history:

Those who wish to acquire an exact knowledge of the way in which the laws must be established and abrogated can only look to history. We see there that all nations have had particular laws, that these laws were established in succession, and that much time has always been necessary for men to reach something reasonable. We see there that the legislators whose laws have lasted the longest are those who had as their goal public happiness, and who best knew the genius of the people whose government they regulated.

According to Frederick then, history teaches that the establishment of good laws requires patience, public-spiritedness, and harmony with “the genius of people,” which might also be termed national character. He shows an optimistic faith in reason typical of the Enlightenment: men require time to establish good laws, but once reached, these tend to spread. This accounts for the pervasiveness of Roman law: “These laws were found to be so admirable that after the destruction of the empire, they were embraced by the most civilized peoples.”

Frederick’s Dissertation provides a fairly impressive overview of the evolution of law from ancient to modern times, covering the Ancient Egyptians, Greeks, Romans and the modern European nations of England, France, and Germany. He draws from numerous sources, mentioned in the marginalia, including Herodotus, Plutarch, Livy, Cicero, and Tacitus for the Ancients and mainly French historians for the Moderns.

Frederick’s highlights from this enormous historical period are obviously not disinterested. These generally could be considered to subtly reinforce his position as an “enlightened despot” and pragmatic reformer, particularly interested in maximizing his state’s population and military power. In addition to “family fathers,” Frederick places a strong emphasis on the role of religion and, interestingly, usury in the development of the law. Hence, he expounds at length on Sparta, a martial state to which Prussia was often compared:

Lycurgus, king of Lacedaemon, used the laws of Minos, to which he added some of Osiris, which he collected himself from a journey he made to Egypt; he banished gold from his republic, silver, all sorts of currencies, and superfluous arts; he equally shared lands among the citizens.

This legislator, who intended to shape warriors, did not want any sort of passion to weaken their courage; he allowed for this effect the community of wives among citizens, which peopled the State, without excessively attaching private citizens to the sweet and tender bonds of marriage; all children were raised at public expense. When parents could prove that their children were born unhealthy, they were permitted to kill them. Lycurgus believed that a man who was not fit to bear arms did not deserve to live.

He ruled that helots, a kind of slave, would cultivate the soils, and that the Spartans would only busy themselves with the exercises which would render them fit for war.

The youth of both sexes wrestled; they exercised completely naked, in the public square.

Meals were regulated, where, without distinction of orders, all citizens ate together.

It was forbidden for foreigners to stay in Sparta, in order that their manners not corrupt those which Lycurgus had introduced.

Incompetent thieves were punished. Lycurgus had the intention of forming a military republic, and he succeeded in this.

The Aim of Law: Good Manners & Public Safety

csm_6.5_2dd71daf9a.jpgFrederick asserts that laws should aim to promote “[g]ood manners and public safety.” He is enormously concerned with civil peace, saying French chancellor Michel de l’Hôpital’s efforts to increase tolerance and defuse tensions between Catholics and Protestants during the Wars of Religion “worked for the salvation of the fatherland.” Laws may deal with politics (government), manners (criminal), and civil matters (contracts, usury).

But for Frederick, laws do not merely have the negative goal of suppressing crime and instability, but also the positive one of fostering good habits. Hence the laws have an important cultural role. He says “the laws are dikes against the overflowing of vices, they must be made respected by the terror of punishments,” but these should also be humane. The sovereign must protect “the majesty of the laws” if these are to have any power. This sometimes fails. Under the Roman Republic “the corruption of manners . . . led to an endless multiplication of laws.”

Frederick cites the Twelve Tablets of Rome, inspired by Solon, among the best laws. These had notably legalized posthumous recognition of children (in cases where the alleged father died before birth) and divorce: “These laws, so equitable and so just, restrained citizens’ freedom only in the cases when their abuse of it could harm the calm of families and the security of the republic.”

However, in judging what individual liberty and equal rights citizens should have, Frederick stresses that the aim must always be the public good. Many restrictions on individual liberty and “discriminations” against classes of citizens might at first appear unjust, but are actually upon closer examination found to serve the general welfare. Frederick cites the German practice of primogeniture in this regard:

Whoever has bothered to the examine the laws with a philosophical spirit will have no doubt found many which at first appear contrary to natural equity, and which however are not so. I content myself with citing the right of primogeniture. It seems that nothing is more just than sharing the paternal estate equally among all children. However experience proves that the most powerful inheritances, subdivided into many parts, reduce over time opulent families to indigence; which has led father preferring to disinherit their younger sons rather than prepare their house for a guaranteed decadence. And for the same reason, laws which appear bothersome and harsh with certain individuals are not less wise, so long as they tend towards the entire society’s advantage; this is a whole to which the enlightened legislator will constantly sacrifice the parts.

Thus, discrimination against younger sons, while unfair for those concerned, can be justified by its strengthening of the continuity of the family house. (I note in passing that some have claimed this passing on of the family household to  the first-born son has contributed to the strong German tradition of family businesses [the famous Mittelstand]. Conversely, the French Revolution’s egalitarian law of succession overrode the father’s will and equally distributed property among sons. Thus, estates tended to disintegrate over time. Some have blamed the catastrophic and lasting decline of French fertility in this period on these provisions, bourgeois fathers seeking to reduce their offspring to maintain their households.)

Certainly the American and French revolutionaries would not deny the importance of the general welfare, but Frederick is more explicit: the public good must come before the individual interest and narrow “rights.” In this he echoes the wisdom of classical philosophy, as when the Roman emperor and Stoic philosopher Marcus Aurelius [4] wrote: “What brings no benefit to the hive brings none to the bee. [. . .] What causes no harm to the city causes no harm to the citizen.”

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Patriarchy: A Realistic Ideal

Frederick ascribes an enormous role to the père de famille, the family father, both in the historical foundation of law and in establishing good laws in the present. He begins his historical account as follows:

It seems probably that family fathers were the first legislators: the need to establish order in their houses no doubt forced them to make domestic laws. Since these first times, and when men began to assemble in cities, the laws of these particular jurisdictions were found to be inadequate for a more numerous society. [. . .]

Disorders accrued in the cities, news vices were born, and the family fathers, as those with the greatest interest in repressing them, agreed, for their security, to oppose this excess.

Towards his conclusion, Frederick presents patriarchy as one of the best forms of government given humanity’s imperfect nature. He describes first a utopia in which government and laws would perfectly regulate society like clockwork:

A body of perfect laws would be the masterpiece of the human spirit concerning the government’s policy: one would observe there a unity of plan and rules so exact and proportioned, that a State driven by these laws would resemble a watch, whose springs have been made for one same goal; one would find there a deep knowledge of the human heart and the genius of the nation; punishments would be tempered, so that by maintained good manners, they would be neither light nor harsh, clear and precise rulings would never lead to legal dispute; they would consist in an exquisite choice of all that has been best in civil laws, and in an ingenious and simple application of these laws to the customs of the nation; all would be foreseen, all would be combined, and nothing would be subject to inconveniences: but perfect things do not pertain to humanity.

Human beings being imperfect, Frederick instead offers patriarchy as a realistic regime. Under patriarchy, the government’s public-spiritedness is ensured by a sense of family belonging with the people:

The peoples would have reason to be satisfied, if legislators placed themselves in their regard in the same mental dispositions of these family fathers who gave the first laws: they loved their children; the maxims they prescribed had as their goal only the happiness of their family.

This perspective largely resonates with evolutionary psychology’s later view that feelings of kinship enable in-group altruism and more generally on the centrality of family to human psychology.

Frederick highlights numerous examples throughout history of the importance of the father in law: parricide was so unthinkable to Solon he made no mention of it in his laws, while the Romans made the mere intention of parricide punishable by death. This did not mean the father should enjoy unlimited and tyrannical power, as Frederick also writes:

No laws revolts humanity more than this right of life and death which fathers had over their children in Sparta and Rome. In Greece, a father who was too poor to provide for the needs of a too numerous family allowed the children born in excess to perish; in Sparta and in Rome, if a child came to the world poorly-shaped, this sufficiently authorized the father to deprive him of his life.

It is worth observing here that if the killing of infants was not for an arbitrary individual purpose such as a father’s whim, but rather for a rational public purpose such as eugenics, this might meet Frederick’s criteria for a good law, given his previous assertion of the public good over individual interest.

friedrich_II.jpgFrederick’s advocacy of paternal authority is all the more poignant and significant in that his own father, Frederick-William, also known as the Soldier King, had been a harsh one. Frederick-William had often beaten his son and executed before Frederick’s eyes his youthful best friend (and possible lover), Hans von Katte, for “desertion.”

Undivided Authority

Frederick’s apology of patriarchy fits well with his arguing that the sovereign should enjoy undivided authority, free notably from parliaments. This enabled the sovereign to concentrate without distraction and formulate coherent laws. Coming from an absolute monarch, this was obviously not a disinterested position, but it was forcefully argued. Frederick stresses the dissensions between Senate and people which paralyzed the Roman Republic and writes on England:

Although England has many wise laws, it is perhaps the European country where they are the least in effect. Rapin Thoyras [a French historian] remarks very well that, by a vice of government, the power of the King is constantly in opposition to that of the parliament; that they watch each other, either to conserve their authority, or to extend it; which distracts the King and the representatives of the nation from the care which they should expend to maintain justice; and this turbulent and stormy government changes endlessly its laws by acts of parliament, according to whether the current situation and events forces it to do so; hence It follows that England is in the situation of more requiring reform of its jurisprudence than any other kingdom.

Frederick argues elsewhere that laws made by different authors will tend to contradict one another and be incoherent:

When in a State the laws are not assembled in a single body, there must be some who contradict each other; as they are the work of different legislators who did not work on the same scheme, they will lack unity which is so essential and so necessary to all important things.

He notes that nothing is worse for respect for the laws than internal contradiction. Hence, Frederick strongly argues for legal codification, citing many examples, from Justinian through Alfred the Great to Louis IX of France.

Frederick then explicitly rejects any doctrine of divided sovereignty or separation between executive and legislative authority, as found in the writings of Montesquieu and the American Constitution. No doubt Frederick would not be surprised by the often vague and incoherent texts produced by divided sovereigns, whether the representatives in the U.S. Congress or the heads of state of European summits.

To be continued . . .

Notes

1. My ability to directly study the Prussian tradition is sharply limited by my very inadequate knowledge of German. Concerning Frederick however, I am fortunate, as a blessed son of France, for the Great King wrote overwhelmingly in French. This reflected the preeminence of French as the European lingua franca of the eighteenth century and Frederick’s enthusiastic embrace of the French Enlightenment, or les Lumières. On other benefits of learning the French language, see Guillaume Durocher, “Learning French with Jean-Marie Le Pen,” [5] Counter-Currents, November 20, 2015.

2. As published in Johann Preuss, Œuvres de Frédéric le Grand, vol. 9 (Berlin: Royal Printer, 1848). http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/9/toc/ [6]

3. Montesquieu is a possible but uncertain influence. Frederick makes clear in a letter that he had read Montesquieu’s Considerations on the Greatness and Decadence of the Romans. However, there is no mention of the French writer’s more famous Spirit of the Laws, which were published around the same time as the Dissertation’s writing.  There is confirmation that Frederick read the Spirit of the Laws afterwards. Anne Baillot and Brunhilde Wehinger note a number of parallels: on the law as representing the progressive development of human reason (Montesquieu: “The law, in general, is human reason.”), on the need to adapt law to “national genius” and circumstances, on a gentle approach to abortion, and in supporting the ban of torture. Anne Baillot and Brunilde Wehinger, “Frédéric II, Roi-philosophe et législateur,” HAL.archive-ouvertes.fr (2013). https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00788671/document [7]

4. Frederick’s works appears to be largely unavailable online in English. French and German versions of his complete works are available in scanned and text formats from the University of Trier. However, these are only available page-by-page rather than by chapter or book, which make referencing somewhat obnoxious.

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/11/Friedrich_ii_campenhausen.jpg

[2] the United States: http://www.counter-currents.com/2016/07/the-eternal-anglo-1/

[3] Tocqueville: http://www.theoccidentalobserver.net/2016/07/tocquevilles-patriotic-republic-nationalist-themes-in-democracy-in-america-part-1/

[4] Marcus Aurelius: http://www.counter-currents.com/2016/09/the-prayers-of-marcus-aurelius/

[5] “Learning French with Jean-Marie Le Pen,”: http://www.counter-currents.com/2015/11/learning-french-with-jean-marie-le-pen/

[6] http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/9/toc/: http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/9/toc/

[7] https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00788671/document: https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00788671/document

Enlightened Patriarchy:
Frederick the Great’s Principles of Lawmaking

Part 2

Moderation & Humaneness

Fried2-post.jpgThe sovereign has authority but, as with the father, this must be deserved. Frederick notes dispassionately that Publicola, one of the founders of the Roman Republic, had legalized tyrannicide. The laws must be fair and appropriate to the nation concerned, otherwise they will be soon be abolished and the people will revolt:

The legislators who establish laws in monarchies are typically themselves sovereign: if their laws are gentle and equitable, they will maintain themselves by their own accord, all individuals find their advantage in them; if they are harsh and tyrannical, they will soon be abolished, because they need to be maintained by violence, and the tyrant is alone against an entire people who only the desire to eliminate them.

Frederick argues that excessively harsh laws anyway cannot last. Draco, the first lawmaker of Athens, saw his notoriously tough legislation soon abrogated by Solon’s.

Frederick argues:  “Natural equity wishes that there be proportion between crime and punishment.” Punishment should take circumstances into account for “[t]here is an infinity between the destiny of a rich man and of an impoverished one.” Frederick claims that for a poor thief to steal a rich man’s gold watch was no great crime.

Frederick proposes a middle way between laxness and severity. He notes that the Ancient Egyptians did not punish thieves — the victims were legally allowed to rebuy their lost property from the thieves — a measure which was “the means of making thieves out of all Egyptians.”

In contrast, “[t]he French laws are of a terrible rigor,” for these prescribed the execution of domestic thieves so as to prevent the spread of their “seed.” Frederick claimed Prussia, by not executing nonviolent domestic thieves, had found the right balance:  “Prussian jurisprudence has found a temperament between the laxity of Egypt’s and the severity of France’s.” At the same time, he affirms harshness for the most evil crimes “so that the punishment is always in step with the crime.”

These considerations on humaneness were also linked to the abolition of torture. Frederick expresses revulsion for the practice of trial by ordeal in England and of “la question” (the seeking of confessions under torture) in France. Frederick banned torture in Prussia on his third day on the throne. He did so on the grounds that tolerance to pain was not necessarily correlated with virtue and that citizens should not be forced to incriminate themselves. This ban “caused a sensation in Europe” and put Prussia “at the vanguard of modernity.”[1]

With perhaps excessive rhetorical flourish, Frederick claimed to be taking “the side of humanity against a custom shameful to all Christians and civilized peoples, and, I dare to add, a custom as cruel as it is useless. [. . .] It would be better to forgive twenty guilty people than to sacrifice an innocent. [. . .] The question in Prussia was abolished eight years ago [. . .] we are certain to not confuse the innocent and the guilty, and justice is delivered no less.”

Other examples of humaneness are Frederick’s abolition of the Hurenstafe (the “Whores’ Punishment” instituted by his father, meaning execution by tying the woman in a bag and drowning her in a river) and a ban on hiding unwanted pregnancies and killing unwanted infants.

Frederick provides quite a long narration on the development of the laws and rights of Englishmen, including the Magna Carta, habeas corpus, and trial by jury: “the nation still conserves this privilege.”

Usury & Inequality

Frederick ascribes considerable importance to economic inequality and to the evil of usury in the history of the laws. He writes: “nothing makes more odious differences of condition than the tyranny which the rich exert with impunity over the miserable.” To this end, Frederick put limits on the ability to appeal, for prior to this those of means could appeal decisions in Prussia’s various courts almost endlessly.

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Frederick identifies usury, with the related self-reinforcing accumulation of wealth by an oligarchy, as a major cause of revolution throughout history, accounting for much social unrest in Athens and Rome. He even calls striking the right balance between lenders and debtors “the philosopher’s stone of jurisprudence”:

The laws concerning debtors are indisputably those which require the most circumspection and prudence on the part of those who publish them. If these laws favor creditors, debtors’ conditions become too difficult; an unfortunate accident can forever ruin their fortune. If, on the contrary, this law is to advantageous to them, it alters public confidence, by denying contracts which are founded on good faith.

This happy medium which, while upholding the validity of contracts, does not oppress insolvent debtors, seems to me to be the philosopher’s stone of jurisprudence.

It seems to me that wealth has a tendency to self-accumulate in a self-reinforcing fashion, as Marx famously analyzed. This is especially when these wealthy elites, which are typically cognitive/clannish cliques, capture the state. Then, the correction may only be achieved by a social revolution, whether enlightened or egalitarian.

National Genius

Though laws are fashioned by universal reason, they must be tailored to local circumstances, namely a nation’s geographical, political, and cultural character. Frederick stresses on several occasions that the laws must respect the “national genius” of the governed, what we might call national character:

We observe again, by examining the conduct of wise legislators, that the laws must be adapted to the kind of government and to the genius of the nation which must receive them; that the best legislators have had as their goal public felicity; and that in general all laws which are most in line with natural equity, with a few exceptions, are the best.

As Lycurgus found an ambitious people, he gave them laws more suited to making warriors than citizens; and if he banished gold from his republic, it was because interest is of all vices that most opposed to glory.

Solon himself said that he did not give the Athenians the most perfect laws, but the best laws they were capable of receiving.

Frederick then does not advocate a naïve universalism sometimes associated with the Enlightenment, but adaptation to national character. Solon’s laws differed from Lycurgus’ also in accordance with their maritime position, propitious for commerce.

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Conversely, Frederick asserts: “The laws indeed must accord with the genius of nations, or one must not hope for them to last.” To ignore national character is to build laws upon weak foundations, leading to their dissolution. Frederick cites the early Romans as an example of a democratic people, who hence rejected regimes dominated by the king or the propertied classes.

Frederick also argues that laws should be harsher for less civil nations, which are often less developed ones: “It finally seems to me that, among nations who have barely emerged from barbarism, the legislators must be severe; that, among civilized peoples, whose manners are gentle, one needs human legislators.”

This adaptation of laws to local political and cultural character naturally suits sovereigns such as Frederick, who can thus justify their independent particular choices while respecting those of others, contrasting with the ideology of intolerant world-empires, who claim universal jurisdiction.

Against Bad Laws & Lawyering

Frederick makes a number of general comments on avoiding bad laws. The laws must not be vague, for this leads to insincere, hair-splitting legal debate (“la chicane”) and judges must then “have recourse to the intention of the legislator.” Frederick argues that “The skillful legislator does not overload the public with superfluous laws.” An excess of laws leads to confusion and contradiction: “Few wise laws make the people happy.”[2] Laws should be replaced when these are “contrary to public happiness and natural equity, when they are enounced in vague and obscure terms, and finally when they imply contradiction.”

Frederick repeatedly attacks the use of rhetoric by lawyers, including Cicero, seeking to emotionally manipulate judges rather than stick to fact and logic. Frederick expresses considerable pride that his grand chancellor, Samuel von Cocceji, had legally banned rhetoric (I leave aside whether this measure was effective):

Prussia has followed this Greek custom, and if the dangerous refinements of eloquence are banned from pleas, this is thanks to the grand chancellor, whose integrity, understanding, and indefatigable activity would have done justice to the Greek and Roman republics, in the times when these were the most fecund in great men.

Questioning Convention: The Case of Aborted Bastards

Quite in keeping with a tradition of philosophy founded by Socrates, Frederick urges the questioning of convention in the formulation of the laws. Custom should be examined in the light of reason and reformed according to the public good. He notes that bad civil laws are often kept by a kind of inertia “to not shock the prejudices of the nation” and “purely because of their antiquity.”

Frederick did not however advocate an indiscriminate contempt for convention. On the contrary, he advises caution for men are “in the majority, animals of custom” therefore “it could be dangerous to touch them [customs],” for this may lead to more confusion than good. Frederick then advises a pragmatic and reasonable approach to tradition.

A large number of the historical events cited by Frederick seem to refer to this sort of approach, particularly with regard to warfare and natalism. The martial Spartans allowed men and women to train and wrestle together naked. Solon allowed women to remarry if their husbands were impotent. The Romans, at various times, passed laws subsidizing having of three children, recognizing posthumous children (when the father died before birth), and legalizing divorce.

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There is also a hint of Frederick’s contempt for Christian dogma as when he recounts of Romulus, the legendary founder of Rome:

He wanted the kings to have a sovereign authority in matters of justice and religion; he had no belief in fables ascribed to the gods; that we have for them holy and religious sentiments, attributing nothing dishonest to their blessed natures.

This too is quite in line with Plato’s Socrates, so eager to revise or suppress inherited myths and poems when these show the gods in an impious and irrational light. Frederick adds that Romulus considered the very walls of Rome to be “sacred,” the violation of which was the pretext for killing his brother Remus. This may be taken as a metaphor for the security of the city being a supreme religious imperative, overriding even the closest family ties.

Frederick provides a practical example of questioning convention with the case of the illegality of abortion, which was often punished by death. He considers this practice as barbaric as the Spartan and Roman fathers’ right to kill their children. In fact, Frederick does not argue for the legalization of abortion, but rather the elimination of the most common cause of abortion, which is the stigma of bastardy:

Is there not something quite harsh in the way which we punish abortions? God forbid that I would excuse the dreadful action of these Medeas who, cruel to themselves and to the voice of blood, suffocate the future race, if I dare to express myself so, without letting it see the day! But let the reader strip himself of all prejudices of custom, and let him deign to lend some attention to the reflections which I will present him.

Do not the laws attach a degree of infamy to secret childbirths? A girl born with a too gentle temperament, deceived by the promises of a scoundrel, does she not find herself, in consequence of her credulity, in the situation of having to choose between the loss of her honor and that of the unfortunate fruit which she has conceived? Is it not the fault of the laws to put her in such a violent situation? And does not the severity of judges deprive the State of two subjects at once, the runt who has perished, and the mother, who could abundantly repair the loss by a legitimate propagation? One responds to this that there are homes for orphan children. I know they save an infinity of bastards; but would it not be better to cut the evil by its roots, and conserve so many poor creatures who miserably perish, by abolishing the blemishes attached to consequence of an imprudent and flighty love?

Frederick then wished to prevent the abortion of bastards and the execution of their mothers, that manners be gentler and his state more populous.

Towards European Law?: The Case of Duels

Frederick’s second example of questioning convention is the practice of duels. Here, he notes that laws against dueling are often ineffective because of the contrary social stigma of those who reject them. A nobleman rejecting a duel is considered unmanly while a soldier may well lose employment by his loss of reputation. Thus, monarchs as powerful as Louis XIV of France and Frederick-William (Frederick’s father, also known as the Soldier King), had failed to eliminate the practice, as “duels changed their name.”

Frederick advises as the only solution the punishing of duelers following a mutual agreement among European countries to not grant asylum to the guilty:

If all the princes of Europe do not assemble in a congress, and do not agree among themselves to attach dishonor to those who, despite their rulings, attempt to slaughter each other in single combat, if, I say, they do not agree to refuse all asylum to this kind of killer, and to punish severely those who insult their peers, either in speech, or in writing, or by ways of deed, there will be no end to duels.

Let me not be accused of having inherited the visions of the abbot [Charles-Irénée Castel] de Saint-Pierre [a French writer who had imagined a world without war]: I see nothing impossible in individuals submitting their quarrels to the decision of judges, just as they submit the disagreements which decide their fortunes; and by what reason would princes not assemble in a congress for the good of humanity, after having held so many on subjects of lesser importance? I return to this, and I dare to assure that this is the only way to abolish in Europe this inappropriate point of honor, which has cost the lives of so many honest people whose fatherlands could have expected great services from.

Here again, Frederick wishes to save lives which could serve the nation. The assembly of European princes to establish common norms is an interesting prefiguring of the later bourgeois states’ exponential practice of negotiating European norms in various treaties. We cannot say that Frederick is advocating “European law” per se because he does not suggest the establishment of a purported suprastatal enforcer (e.g., a court).

Frederick reflects typical Enlightenment optimism:

To imagine that men are all demons, and to rail against them with cruelty, is the vision of ferocious misanthrope; to suppose that men are all angels, and to give up the reigns to them, is the dream of an imbecilic Capuchin monk; to believe that they are neither all good nor all bad, to reward good actions beyond their worth, to punish bad actions less than what they deserve, to have indulgence for their weaknesses and humanity for all, that is how a reasonable man must act.

Conclusion

As expressed in the Dissertation, Frederick the Great’s thoughts on lawmaking are striking for their modernity. One can certainly identify signs prefiguring our current troubles. His public circumspection and private contempt for organized religion is no doubt a forerunner a certain agnosticism culminating in nihilism. Frederick’s pleas for a humane approach, while understandable in those still-brutal days (try reading about premodern crime and punishment without flinching), can be taken to a demagogic excess.

However, Frederick is careful to always make his argument with reference to the public good: humaneness and innovation are interesting to explore, but if these clash with the general welfare, the latter must always prevail. Our time is one of individualism and egalitarianism, a time when laws are largely judged by whether they grant free caprice and “equal rights” to individuals. Frederick in contrast provides powerful arguments in favor of laws established by paternal authority for the well-being of the community as a whole and for the promotion of good socio-cultural norms.

Frederick furthermore argues forcefully for a pragmatic and rational approach to lawmaking. One should not be impious or contemptuous of custom for its own sake, but one should be willing to rationally examine and reform custom in light of the public good. Outside of utopias, Frederick saw enlightened patriarchy as perhaps the best possible form of government. The great philosopher Schopenhauer [2] would later concur with this assessment, seeing an autocratic and benevolent “national father” as the form of rule most suited to an imperfect mankind.

Frederick was opposed to a crude universalism and cognizant of the need to adapt legislation to national characteristics. At the same time, he saw himself as participating in a genuinely pan-European intellectual culture and on occasion advocated for joint solutions among the princes of Europe. Frederick the Great’s principles of lawmaking then retain all their relevance for European patriots today.

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Notes

1. Baillot and Wehinger, “Frédéric II, Roi-philosophe et législateur,” 13.

2. Frederick seems to have failed to implement the legal simplification he advocated. His Codex Fridericiani, which was worked upon during this period and sought to simplify Prussia’s plethora of laws stemming from innumerable traditions and jurisdictions,  was apparently enormous and unwieldy. Frederick writes that in Germany: “there is no circle, no principality, no matter how small, which does not have a different customary law; and these rights, through the length of time, have acquired force of law.”

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/11/FrederickBerlinCrop.jpg

[2] great philosopher Schopenhauer: http://www.counter-currents.com/2016/03/schopenhauers-critique-of-democracy/

[3] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/11/Laws.png

XAVIER MOREAU: “L’AMÉRIQUE EST UN PEU LA RUSSIE DE 1999-2000”

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XAVIER MOREAU: “L’AMÉRIQUE EST UN PEU LA RUSSIE DE 1999-2000”

Homme d’affaires, cofondateur du site Stratpol et expert en géopolitique, Xavier Moreau s’exprime régulièrement pour TV Libertés. Lors de son passage à Paris, Xavier Moreau a accepté de répondre aux questions de Martial Bild. Il a apporté un regard original et pointue sur l’élection du président Trump et sur l’attitude de la Russie à son égard. Pour ce spécialiste en géostratégie, l’Amérique est un peu la Russie de 1999-2000, il y a la rencontre d’un peuple avec son chef. Dans un second temps, Xavier Moreau consacre une large part de son entretien à l’évocation de la primaire de la droite où les candidats ont, sur la question des relations internationales avec la Russie, des points de vues différents pour ne pas dire antinomiques. Pour l’expert, la ligne de fracture entre souverainisme et libéralisme traverse la primaire de la droite avec d’un côté Poisson-Fillon et dans une moindre mesure Sarkozy et d’un autre côté, Juppé, Le Maire et NKM.

 

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mardi, 15 novembre 2016

Coup de tonnerre dans le ciel européen: le tournant pro-russe?

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Bob Woodward

Ex: http://www.decryptonewsonline.com

La Bulgarie entre en territoire inconnu lundi après la démission de son premier ministre, l'europhile Boïko Borissov, et l'élection dimanche d'un président novice, au discours conciliant vis-à-vis de la Russie.

Le premier ministre conservateur bulgare Boïko Borissov, admirateur déclaré de la chancelière allemande Angela Merkel, a remis sa démission ce lundi au Parlement, deux ans avant la fin de son mandat et au lendemain de l'élection présidentielle. Le vainqueur du scrutin de dimanche, Roumen Radev, 53 ans, n'entrera lui en fonction que le 22 janvier. Mais son programme s'annonce déjà chargé, et des élections législatives semblent inévitables.

radev.jpgLa confortable victoire de Radev - ancien chef de l'armée de l'air soutenu par les socialistes (PSB, ex-communiste) - par près de 60% des suffrages, a sonné comme un désaveu cinglant pour le premier ministre au pouvoir depuis fin 2014, qui soutenait pour sa part la candidature de la présidente du Parlement, Tsetska Tsatcheva. Roumen Radev a notamment bénéficié du mécontentement suscité par le gouvernement de centre-droit dont les efforts en matière de lutte anti-corruption et de réorganisation du secteur public auront été jugés trop lents. Cette victoire traduit également un «contexte international qui encourage la volonté de changement», selon Parvan Simeonov, directeur de l'institut Gallup, qui cite «l'écroulement des autorités traditionnelles en Europe occidentale» et l'élection de Donald Trump, aux États-Unis.

Les premiers pas de Roumen Radev sont attendus sur la scène européenne après la volonté de dialogue avec la Russie manifestée durant sa campagne. Son message anti-immigration et favorable à l'abandon des sanctions européennes contre Moscou a rencontré un écho inattendu parmi les Bulgares à l'heure où l'Union européenne doit composer avec le Brexit et la montée des partis nationalistes. Dès dimanche soir, Roumen Radev a confirmé son engagement à «travailler en vue d'une levée des sanctions» contre la Russie. «L'appartenance de la Bulgarie à l'UE et à l'Otan n'a pas d'alternative, ça ne signifie pas que nous devons nous déclarer ennemis de la Russie», avait-il affirmé durant la campagne.

Dans le système parlementaire bulgare, c'est bien le gouvernement qui définit la politique générale, sur le plan intérieur comme en matière de relations internationales. Le président est quant à lui chef des armées et représente le pays à l'étranger. Cette répartition des compétences fait douter le politologue Antoniy Todorov d'un quelconque tournant prorusse de la Bulgarie, membre de l'Union européenne et de l'Otan: «Il n'y aura pas de revirement en matière de politique étrangère» car «le président n'a pas de tels pouvoirs». Pour Evgueni Daynov, analyste et directeur du Centre de pratiques sociales, «les déclarations du général Radev ont été surinterprétées», et le nouveau président a «un raisonnement européen et pro-atlantique», affirme-t-il.

Sans être antieuropéen, le parti socialiste bulgare, qui a porté la candidature de Roumen Radev, est une formation russophile. Mais il n'est pas donné favori pour les législatives anticipées. Ces élections devraient être organisées à partir de mars 2017. Le parti Gerb de Boïko Borissov est crédité des meilleures chances de victoire.

Igor-Dodon.jpgLa victoire annoncée d’Igor Dodon, candidat ouvertement prorusse à l’élection présidentielle moldave, a bien eu lieu. Dimanche soir 13 novembre, les premiers résultats donnaient au dirigeant du Parti des socialistes moldaves un score de 56,5 %, contre 43,5 % à sa rivale pro-européenne, Maia Sandu. Celle-ci a pu espérer un miracle avec une participation en forte hausse chez les jeunes, mais elle n’améliore que peu son résultat de 38 % obtenu lors du premier tour le 30 octobre. M. Dodon, lui, avait rassemblé 47 % des suffrages.

Signe de la polarisation extrême du scrutin, les deux candidats ont dénoncé, en début de soirée, des fraudes, et le manque de bulletins disponibles pour les nombreux électeurs de la diaspora, réputés plus favorables à l’intégration européenne du pays et donc à Mme Sandu.

Ancien ministre de l’économie et du commerce qui a commencé sa carrière en soutenant le rapprochement de la Moldavie avec l’Union européenne, M. Dodon, 41 ans, entend convoquer « rapidement » un référendum consultatif sur « l’orientation géopolitique » de la Moldavie, qui pourrait menacer l’accord d’association signé entre Bruxelles et Chisinau à la fin de 2013. Cet homme à poigne, président de la fédération nationale d’échecs, voit en Vladimir Poutine un modèle, veut « ramener l’ordre » dans son pays et y défendre les « valeurs traditionnelles », expliquait-il au Monde avant le premier tour, depuis son quartier général de campagne tapissé de clichés le montrant en compagnie du président russe ou du patriarche orthodoxe de Moscou.

« C’est dans l’intérêt de la Moldavie d’avoir des relations proches avec la Russie, mais surtout avec son marché », expliquait-il, alors que le Kremlin a largement fermé la porte aux importations moldaves depuis la signature de l’accord. Moscou est aussi le principal soutien de la République de Transnistrie, amputée au territoire moldave depuis 1991.

Hormis cette menace de référendum, les pouvoirs du président sont limités. Mais le nouvel élu bénéficiera d’une légitimité populaire immense, cette élection étant la première au suffrage universel depuis vingt ans. « Face à une classe politique à bout de souffle, Dodon dispose de des leviers pour faire dérailler le processus d’intégration européenne », estime le politologue Dionis Cenusa. Reste toutefois une incertitude : la volonté russe de s’impliquer en Moldavie. « Moscou veut évidemment conserver de l’influence en Moldavie, estime un diplomate occidental, mais le pays n’a toujours été qu’une pièce rapportée dans l’empire, pour laquelle les Russes ne veulent pas trop investir. Ils en ont déjà assez de devoir financer la Transnistrie. »

Devant l’importance de l’enjeu, plusieurs candidats proeuropéens s’étaient retirés de la course avant même le premier tour, laissant le champ libre à Maia Sandu, figure de la contestation antigouvernementale de 2015 et ancienne ministre de l’éducation formée à Harvard et passée par la Banque mondiale. Sa probité unanimement reconnue – une incongruité dans le paysage politique moldave – n’a pas suffi à combler le déficit de notoriété dont elle souffrait. Mais surtout, le soutien très mou dont elle a bénéficié de la part du gouvernement proeuropéen a soulevé des doutes quant à la réalité de ce ralliement. Pour nombre d’observateurs, l’élite proeuropéenne au pouvoir s’accommoderait mieux d’un président certes prorusse, mais avant tout populiste et en bons termes avec l’oligarchie, que de cette candidate résolument opposée aux pratiques opaques de la classe dirigeante.

Quoi qu’il en soit, la victoire de M. Dodon, en même temps que celle d’un autre candidat prorusse en Bulgarie, sonne comme un coup de tonnerre dans le ciel européen et constitue, s’il en fallait, un nouvel avertissement pour Bruxelles. La désillusion est d’autant plus forte qu’au fil des ans, l’ancienne république soviétique de Moldavie s’était imposée comme le « meilleur élève » du partenariat oriental, et un modèle régional. Le pays a aussi largement bénéficié des fonds européens, Bruxelles lui octroyant plus de 800 millions d’euros pour la seule période 2010-2015. Cela n’a pas empêché le soutien de l’opinion à l’Union européenne, supérieur à 70 % il y a quelques années, de devenir minoritaire.

Les ingrédients de la méfiance moldave sont en partie les mêmes que pour le reste du continent. Après un voyage de Mme Sandu à Berlin, la presse tabloïde avait par exemple assuré que la candidate avait accepté la demande insistante de la chancelière allemande, Angela Merkel, d’accueillir 30 000 réfugiés syriens. A cela s’ajoutent la présence d’une importante minorité russophone (plus de 20 %) et la diffusion importante des télévisions russes, populaires au-delà de cette seule minorité.

Mais l’explication principale du désamour est ailleurs. Elle tient à la faillite des partis politiques proeuropéens, au pouvoir depuis 2009. L’épisode le plus saillant de cette faillite fut la découverte, à la fin de 2014, de la disparition des caisses de trois banques du pays de 1 milliard d’euros, soit 15 % du PIB, qui vont durablement plomber le budget national. Le « casse du siècle » a profondément choqué un pays où 40 % de la population vit avec moins de 5 dollars par jour.

Plus généralement, le champ politique « pro-européen » a été monopolisé par des oligarques corrompus qui ont profité de leur accès au pouvoir pour faire main basse sur de larges pans de l’économie nationale et prendre le contrôle des institutions de l’Etat, en premier lieu la justice. L’un d’eux, Vladimir Plahotniuc, dont le Parti démocrate dirige les différentes coalitions gouvernementales depuis 2009, a focalisé l’essentiel des attaques durant la campagne présidentielle, jusqu’à son vrai-faux ralliement à MmeSandu.

« Ce sont ces gens qui ont décrédibilisé l’idée européenne, tempête un diplomate occidental. L’Europe est devenue ici synonyme de cette prédation organisée. Et les Européens eux-mêmes ont une part de responsabilité, pour les avoir laissé faire leurs affaires au nom de la sacro-sainte stabilité, et parce qu’ils brandissaient un drapeau européen. »

Alexei Tulbure, ancien représentant de la Moldavie à l’Organisation des Nations unies et au Conseil de l’Europe, qui fut un temps dans le parti de M. Plahotniuc, partage cette vision, et évoque même « l’épouvantail » de la menace russe : « Cette opposition géopolitique a été gonflée pour éviter que les sujets délicats soient abordés. Plahotniuc et ses gens vont continuer à jouer de cette menace en tentant de se présenter en uniques recours face aux prorusses. »

Trump, très bien. Mais les Européens doivent se défendre

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Trump, très bien. Mais les Européens doivent se défendre

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Un certain nombre de citoyens et d'homme politiques européens se réjouissent de l'accession de Donald Trump à la Maison Blanche. Ceux qui, en nombre bien plus grand et d'une façon irresponsable, souhaitaient le succès de Hillary Clinton, finissent par se résigner. Mais au lieu de seulement réagir aux péripéties de la vie politique américaine, ils devraient se poser la question de savoir comme les Etats européens feront face à l'Amérique plus agressive économiquement qui devrait résulter de l'application du programme de Trump.

Rappelons que les grandes lignes de ce programme 1), si elles sont appliquées, consistent en un retour à un Etat protectionniste dans le domaine économique, un Etat investisseur en matière notamment de grands travaux, un Etat refusant l'entrée illégale de travailleurs étrangers clandestins. Le tout devrait bénéficier à une diminution des inégalités sociales, avec promotion des classes populaires face aux 1% de dominants.

Rappelons aussi que face à ce programme, les grands intérêts financiers et politiques qui font le coeur de l'Etat profond américain ont décidé de réagir, non pas dans un premier temps en s'opposant à Trump sur le territoire américain, mais en renforçant les processus d'exploitation et de domination qu'ils ont toujours imposés aux Etats Européens, notamment dans le cadre de l'Union européenne (UE).

Ceci veut dire qu'ils tenteront, plus encore qu'actuellement, de supprimer les velléités de protectionnisme face à la concurrence extérieure que ces Etats pourraient avoir pour réagir à une crise qui ne cessera de s'aggraver. Ils combattront parallèlement les tentations de retour à un Etat investisseur et social tel que celui ayant fait le succès de la France après la Libération. Plus que jamais enfin, ils profiteront de leur emprise sur l'UE et sur la zone euro pour faire en Europe ce qui leur sera plus difficile dans l'Amérique de Trump. Ils le feront en s'appuyant sur les « oligarchies» européennes qui ont toujours par intérêt joué leur jeu.

Redéfinir les programmes politiques européens

Les forces politiques européennes, trop rares encore, qui refuseront de voir notre continent faire les frais de la réforme sociétale proposée par Trump à l'Amérique, devront transposer en ce qui concerne l'Europe les solutions découlant du programme de Trump. Ceci voudra dire notamment en revenir au protectionnisme dans les secteurs où celui-ci est devenu indispensable. Il en résultera, sans doute une course aux renforcement des barrières douanières comme aux dévaluations des unités monétaires. Mais s'inscrire dans cette course sera préférable que supporter unilatéralement les mesures protectionnistes qu'adoptera de toutes façons l'Amérique.

Concernant les Etats, résister aux effets du programme de Trump voudra dire en revenir à un Etat capable, directement ou par fonds d'investissement interposés, de recréer une industrie et des services dévastés par le refus d'investissement des conseils d'administrations privés. Il faudra aussi renoncer définitivement à honorer les dettes publiques, le poids de la dette empêchant tout effort d'investissement public. Rappelons que cette répudiation des dettes a toujours fait la force de l'Etat américain, s'appuyant sur la banque fédérale et la suprématie du dollar pour en faire payer le prix aux préteurs étrangers.

Les Européens enfin devront, quels qu'en soient les coûts, relancer les diverses politiques sociales ayant fait la force des Etats dits Providence qui avaient jusqu'ici évité la création d'inégalités excessives entre possédants et non-possédants. Or sous la pression des intérêts financiers internationaux, la plupart de ces politiques sont actuellement dégradées, y compris en Scandinavie.

Se posera alors pour les Européens la question de savoir si l'UE sous sa forme actuelle, pourra être suffisamment réformée pour se débarrasser du poids des intérêts américains et adopter les différentes politiques de protection aux frontières, d'investissements et de transferts sociaux résumées ci-dessus. Ce ne pourra évidemment pas être possible dans le cadre des institutions européennes actuelles. Il faudra que les gouvernements européens s'accordent pour faire de l'UE, à tous les niveaux, la grande puissance diplomatique, politique et économique qu'elle pourrait être dans le cadre d'institutions réformées de type fédéral.

Mais si ceci se révèle impossible, du fait de l'opposition d'Etats comme l'Allemagne ou de ceux de l'Europe de l'Est, qui risqueront longtemps d'être soumis à l'impérialisme américain, il faudra que les forces politiques européennes, principalement celles qui se situent actuellement dans l'opposition, et les gouvernements qu'elles se donneront, acceptent de sortir de l'UE et d'appliquer seuls les réformes que nous évoquons dans cet article.

Ceci bien évidemment voudra pas dire refuser les coopérations sur mesure avec d'autres gouvernements, tant européens qu'appartenant à la zone Brics, dans les nombreux secteurs, tels que le transport, l'espace, la santé ou la recherche scientifique dans lesquels la coopération internationale est préférable à l'isolationnisme.2)

1) Voir "Donald Trump. Espoirs à Main Street, assurance tranquille à Wall Street"
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2362...

2) Sur le sujet des rapports futurs USA-Europe, lire un excellent article du politologue Alexandre del Valle
"Les conséquences géopolitiques de l'élection de Donald Trump : du souhaitable au plus probable" http://www.lasyntheseonline.fr/idees/gouvernance_mondiale/les_consequences_geopolitiques_de_lelection_de_donald_trump_du_souhaitable_au_plus_probable,31,5690.html

Voir son site http://www.alexandredelvalle.com/