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mercredi, 19 janvier 2011

Casa Pound: les fascistes du Troisième Millénaire

Casa Pound, les fascistes du troisième millénaire...

 

 

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Par Yann Kermadec

 
Rivarol ( * )

LE NATIONALISME italien connaît depuis quelques années un bouillonnement militant, intellectuel et artistique très novateur et dynamique, se revendiquant très expressément du fascisme. Il y a sept ans exactement, le 26 décembre 2003, de jeunes militants néo-fascistes romains décidaient de s’emparer d’un bâtiment vide selon la stratégie mise au point par la droite révolutionnaire italienne dite « Occupation Non Conforme / Occupation à But d’Habitation». La « non conformité » est la revendication affirmée du refus du politiquement correct sur tous les sujets, une revendication hissée au rang de véritable philosophie.  L’occupation avait pour but de doter la jeunesse néo-fasciste romaine d’un espace ou elle pourrait organiser l’alternative sociale et culturelle dont elle était privée par ailleurs.


Reprenant à son compte certaines méthodes d’extrême gauche, elle gagna en efficacité et ringardisa définitivement cette dernière. Le bâtiment fut baptisé du nom du poète américain et soutien inconditionnel du régime fasciste italien, Ezra Pound. La droite révolutionnaire italienne en pleine mutation accorda dès lors une attention particulière à la dimension sociale et culturelle de ses luttes et de ses méthodes afin de séduire la jeunesse italienne.
 
UN RÉSEAU MILITANT JEUNE ET RÉVOLUTIONNAIRE QUI S’ÉTEND
 
Casapound, devenue une association qui compte en 2010 plus de 2 000 membres encartés, a depuis essaimé dans toute l’Italie ou elle gère des bars, des clubs de sport, des espaces non-conformes. À Rome, Casapound dispose de points d’appuis pour diffuser la nouvelle culture fasciste qu’elle a entrepris de forger et qu’elle adapte aux enjeux du XXIe siècle et à la nouvelle génération qui l’accompagne. Les militants peuvent se retrouver au pub « le Cutty Sark », tandis qu’une maison d’édition assure la promotion de la production littéraire et doctrinale du mouvement. Son nom, “quatrocinqueuno”, est une allusion au roman Fahrenheit 451, oeuvre visionnaire d’une société totalitaire conditionnée par une pensée unique reposant sur la destruction systématique des livres. À la tête du groupe de musique phare de Casapound, “Zetazeroalfa”, Gianluca Ianonne, chef du mouvement C’est lui parmi d’autres qui donne le ton. À ses yeux, les fascistes doivent rompre avec la logique du ghetto, de l’enfermement sur soi, de l’électoralisme et, comme il l’affirme avec force, « prendre d’assaut le présent ». Sa logique, faire vivre plus que jamais le mythe mussolinien, l’aventure fasciste et nationale-révolutionnaire dans le troisième millénaire qui débute. Pour cela, Casapound privilégie quatre axes que sont culture, solidarité, sport et bien sûr politique. 

 

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L’association n’entretient aucun lien avec les partis italiens unanimement jugés inefficaces et boutiquiers. Dans chacun de ces domaines, Casapound a trouvé matière à agir. Le sport est un domaine privilégié, pensé comme une alternative à la médiocrité ambiante et à la drogue. À Lecce, Casapound a créé un club de football, un autre de hockey à Bolzano, une école et équipe de rugby à Rome ainsi qu’une autre de water polo bientôt capable d’atteindre le niveau national. Un club de boxe a vu le jour ainsi qu’un club de parachutisme appelé « Istincto Rapace » et un autre d’alpinisme, « La Muvra ». Dans le domaine social, Casapound lutte pour obtenir la préférence nationale dans le logement avec sa structure « Mutuo Sociale » ou encore vient en aide aux familles italiennes en difficulté comme lors du séisme d’Aquilla. Un des intellectuels majeurs du mouvement, Gabriele Adinolfi, raconte à cette occasion comment une paysanne âgée, alors que le maire démocrate dénonçait l’intrusion des secours fascistes, criait à tout le monde « Je le savais que les fascistes étaient des gens bons ! ». De là a découlé la création d’un service de protection civile volontaire au sein de Casapound chargé d’aider les Italiens les plus démunis.
 

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POUR UNE ESTHÉTIQUE AVANT-GARDISTE

 

 
Dans le domaine artistique, Casapound reprend à son compte dans ses publications et affiches l’esthétique produite par les futuristes italiens des années 1920, alors vitrine esthétique du nationalisme de la péninsule. Place donc aux lignes droites, aux angles, au mouvement comme évocateur de l’action, de l’énergie et de l’audace, mais aussi à tout ce qui peut se référer à l’héroïsme, présenté comme vertu suprême d’un art de vivre quotidien. La librairie « Testo di Ferro » propose les oeuvres des grandes figures intellectuelles et politiques de la révolution conservatrice, de Codreanu à Nietzsche en passant par Mishima. On y trouve aussi des auteurs plus sulfureux comme Hitler et bien sûr Mussolini. Partisan de la théorie du « squadrisme médiatique », c’està- dire des actions spectaculaires et éclair visant à diffuser les idées forces du mouvement et à impressionner les ennemis politiques.  Casapound a par ailleurs créé son propre mouvement artistique, le “turbodynamisme”. Une des premières performances de cette école artistique alternative et nonconformiste fut la projection d’immenses portraits de Robert Brasillach par rétroprojecteurs sur les murs de Rome. Les affiches de Casapound qui annoncent les réunions, concerts et autres conférences, sont elles mêmes conçues selon cette volonté de réactualiser l’esthétique fasciste avec les formes nouvelles qu’offrent les outils de création informatiques. Les formes géométriques les plus tranchées s’exposent en noir et blanc avec les portraits de grands hommes de l’histoire du nationalisme, exaltant la liberté, l’imagination la camaraderie et l’esprit de lutte. Ces affiches sont désormais monnaie courante dans certains quartiers de Rome et admises par la population.  Le terme “fasciste” y est normalisé grâce à l’effort de propagande de Casapound. La cité des Césars renoue progressivement avec sa grande tradition politique, régénérée par la jeune génération. Désireux d’être le coeur d’une alternative culturelle au conformisme de la gauche et de la droite bourgeoises, Casapound offre à plusieurs artistes des espaces d’exposition ainsi qu’une revue artistique. « Renouveler le rêve », telle est la motivation permanente des militants qui cherchent sans cesse à innover dans tous les domaines. L’art et la musique sont les deux puissants instruments qui rendent possible cette démarche en touchant le plus grand nombre, tout spécialement la jeunesse.
 

 

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INTENSITÉ INTELLECTUELLE, ACTIVISME ET JOIE DE VIVRE

La Casapound refuse d’entrer dans le jeu des partis considérés par l’association comme propres à inhiber toutes les audaces au nom d’une modération électoraliste obligatoire. Libérée de toute contrainte en la matière, sa liberté en est d’autant plus grande. L’association possède un mensuel, L’Occidental. Une de ses figures de proue est Gabriele Adinolfi qui anime le Centre d’Études Polaris ou il développe des propositions politiques novatrices. Il nous explique sa stratégie comme adaptée à chaque public. Sur son site “noreporter.org”, il s’attache à la seule actualité là où Polaris traite plus volontiers d’histoire et notamment de celle, revue et corrigée, de la Seconde Guerre mondiale. Dans ses conférences à Casapound il offre ses conseils de militant fasciste expérimenté, Gabriele Adinolfi ayant dû s’exiler vingt ans en France en raison de son engagement durant les « années de plomb » en Italie. La percée la plus significative du mouvement étant peut-être celle du Blocco Studentesco, la formation étudiante de Casapound, qui rassemble en 2010 près de 40% des suffrages dans les établissements romains et ceci en se revendiquant ouvertement du fascisme. Il est devenu chose courante de voir des jeunes de quinze et seize ans issus des couches populaires échanger le salut romain. Début décembre le Blocco Studentesco rassemblait trois mille  personnes dans la capitale contre une réforme de l’Instruction Publique. Sa voix est prépondérante face à une gauche étudiante, communiste ou sociale-démocrate, devenue impuissante à enrayer l’engouement général. La joie, la jeunesse, la créativité sont les principes fondamentaux d’un mouvement charpenté presque militairement. Les rues d’orange et d’ocre de Rome sont désormais battues par une jeunesse brandissant à nouveau fièrement le drapeau noir et revendiquant la prestigieuse mémoire de la République Romaine et de son héritier spirituel qu’est le fascisme. L’extension rapide et organique de Casapound Italia laisse entrevoir des succès idéologiques et culturels spectaculaires au sein de la nouvelle génération italienne. Comme le dit Gabriele Adinolfi, « Jamais depuis ma naissance le fascisme n’a été aussi populaire dans l’opinion publique italienne ». Les récoltes seront à n’en pas douter au rendez-vous pour ceux qui se présentent comme les « fascistes du troisième millénaire » et qui démontrent que l’aube viendra avec une saine, intelligente, moderne et intransigeante radicalité. Longue vie à Casapound et aux camerati !

 

casapound_italia2.jpg(*) Article publié dans le dernier numéro de Rivarol (cliquez ici)

 

Site de Casapound :

cliquez ici

Site de Gabriele Adinolfi : cliquez là

Article repris sur Zentropa : cliquez là

 

Global Demos: Critical analysis of global democracies

 

Jure G. Vujić :

 

Global Demos: Crit­i­cal analy­sis of global democracies

 

Ex: http://www.new-antaios.net/

„Memoire-speech“ of Jure Vujic, at the inter­na­tional sci­en­tific Con­fer­ence of The Polit­i­cal sci­ence research cen­tre (Zagreb): „Euro­pean Union and Global Democ­racy“, Zagreb, May 29, 2008. Hotel Dora, Dori­jan Hall.

 

 

globalization.jpgJure Vujić,avo­cat,  diplomé de droit à la Fac­ulté de droit d’Assas ParisII, est un géopoliti­cien et écrivain franco-croate. Il est diplomé de la Haute Ecole de Guerre „Ban Josip Jelačić“ des Forces Armées Croates et de l’Academie diplo­ma­tique croate ou il donne des con­férences reg­ulières en géopoli­tique et géos­tratégie. Il est l’auteur des livres suiv­ants: „Frag­ments de la pen­sée géopoli­tique“ ( Zagreb, éditions ITG),“La Croatie et la Méditerrannée-aspects géopoli­tiques“( éditions de l’Académie diplo­ma­tique du Min­istère des Affaires Etrangères et des inté­gra­tions européennes de la République de Croatie) „Le ter­ror­isme intellectuel-Bréviaire héré­tique“ ( Zagreb, éditions Hasan­be­govic), „Place Maréchal Tito“-Mythes et réal­ités du tito­isme“ ( Zagreb, éditions Uzdan­ica), „Anam­nèses et tran­sits“ ( Zagreb-Bruxelles, éditions NSE), „Nord-Sud l’honneur du vide“ ( Zagreb-Bruxelles, éditions NSE), „Eloge de l’esquive“ ( Zagreb, éditions Ceres), „Le silence des anges– Apoc­ryphe du gen­erač Ante Gotov­ina“( Zagreb 2009.). Il est égale­ment l’auteur d’une cen­taine d’articles en philoso­phie, poli­tolo­gie, géopoli­tique et géos­tratégie. Il col­la­bore avec le Cen­tre d’Etudes Poli­tologiques de Zagreb.

 

The non-existent “global demos”

 

As an intro­duc­tion, i’d like to refer you to the title of the book by Pierre Rosan­val­lon “le peu­ple introu­vable”, the non exis­tent peo­ple, to affirm that “just as global peo­ple is non exis­tent – so is global democ­racy non-existent.” from its ancient ori­gin up to now democ­racy, as polit­i­cal order, has always been estab­lished in a lim­ited ter­ri­tory or com­mu­nity, as Greek polis was before and as national state is in the mod­ern age of lib­eral democ­racy. In the West­phalian inter­na­tional sys­tem, democ­racy exists when peo­ple group them­selves as dis­tinct nations liv­ing in dis­crete ter­ri­to­ries ruled by sov­er­eign states Lib­eral democ­ra­cies also have mul­ti­ple polit­i­cal par­ties par­tic­i­pat­ing in ‘free and fair’ com­pet­i­tive elec­tions, an inde­pen­dent mass media, edu­cated cit­i­zens, and the rule of law. Glob­al­iza­tion, how­ever, has pro­moted non-national, i.e. supra-national insti­tu­tions and com­mu­ni­ties with trans­bor­der mutual rela­tions. Glob­al­ity has tran­scended ter­ri­tory and  state sov­er­eignty. Supras­tate democ­racy of regional and transworld regimes has shown many demo­c­ra­tic deficits, as well. EU and UN are more bureau­cratic than demo­c­ra­tic insti­tu­tions. On the other hand, glob­al­iza­tion has opened greater space for demo­c­ra­tic activ­ity out­side pub­lic gov­er­nance insti­tu­tion through dif­fer­ent unof­fi­cial chan­nels, such as global mar­ket­place, global com­mu­ni­ca­tions, and global civil soci­ety.[1] Glob­al­iza­tion erodes the abil­ity of nation-states to exer­cise the effec­tive con­trol over the polit­i­cal agenda; glob­al­iza­tion elim­i­nates the social cor­rec­tives to the mar­ket econ­omy. States are los­ing their con­trol over:  finan­cial flows and transna­tional orga­ni­za­tion of pro­duc­tion, and infor­ma­tion flows,

Over the last years or so, ‘global gov­er­nance’ has emerged as a (neo-)liberal research agenda in inter­na­tional rela­tions the­ory. Global gov­er­nance refers to the way in which global affairs are man­aged, but Crit­ics argue that global gov­er­nance mech­a­nisms sup­port the neo-liberal ide­ol­ogy of glob­al­iza­tion and reduce the role of the state.

Today we see a new phe­nomen, gov­ern­ment by “Medi­acracy” as a new form of gov­ern­ment, dom­i­nated by mass media  .Spec­tacl soci­ete becomes the global spec­ta­cle soci­ety and global videosfere where the realty dis­olve in global sim­u­lakrum of Bau­drillard. Haber­mas named this fenomen „social refeudalisation“.

The global „lab­o­rat thought“.

Within this con­text and accord­ing to Haber­mas[2]. the EU should evolve towards “Euro­pean nation states” whose objec­tive is to serve as a sep­a­rate geopo­lit­i­cal block and a bal­ance vs. the Amer­i­can super­power describe by Haber­mas as a “vul­gar super­power.” Haber­mas devel­ops a con­cept of “euro– patri­o­tism,” which would later be renamed and refor­mu­lated through the polit­i­cal con­cept of “con­sti­tu­tional patri­o­tism” — a fol­low up to civil soci­ety exam­ined by Dolf Stern­berger and Han­nah Arendt. This polit­i­cal con­cept implies the revival of demo­c­ra­tic prin­ci­ples as well as post-national forms of “demo­c­ra­tic loyalty.”

How­ever, even Haber­mas’ con­cept of “con­sti­tu­tional patri­o­tism” is of a con­struc­tivist nature precisely because it endorses the idea of polit­i­cal affil­i­a­tion based on abstract eth­i­cal and con­sti­tu­tional prin­ci­ples and not rooted in the organic her­itage cou­pled with his­tor­i­cal and national expe­ri­ences of dif­fer­ent national cul­tures and tra­di­tions. Haber­mas’ con­struc­tivist thought, as well as the pre­ced­ing con­struc­tivist thought of Socrates and Rousseau, rep­re­sent the exper­i­men­tal side of post­moder­nity of a new “thought lab­o­ra­tory.” Julien Benda, very much in the foot­steps of this thought lab­o­ra­tory, dreamt of a united Europe along the lines of exclu­sively ratio­nal and mech­a­nis­tic prin­ci­ples. In the global “lab­o­ra­tory”, the trend of hybrid iden­tity, “ready­mad iden­tity” expresses the global pro­ces of „de-culturisation“.

 

National „Eros“ against „Global Thanatos“: search­ing post­mod­ern Appolonian

impe­ri­al­ity

 

Haber­mas insisted that Euro­peans denounce and renounce on every aspect of human pas­sion. The cleav­age between “supra­na­tional rea­son” and national pas­sion is often a sub­ject of debate regard­ing the issue of the polit­i­cal con­struc­tion of Europe. Accord­ing to Joseph Wal­ter ” the national  implies the fig­ure of Eros; it is rooted in a pre-modern world and it goes directly to the heart. It manip­u­lates emo­tions and exalts the roman­tic vision of social and cre­ative organ­i­sa­tions, which are able to match the exis­ten­tial quest located in a given time­frame and space.”  Supra­na­tional, by con­trast, is a syn­onym of “civ­i­liza­tion.” It rep­re­sents the post­mod­ern fig­ure requir­ing rea­son  in neo­clas­si­cal human­ism aim­ing at demys­ti­fy­ing Eros.

By using Oswald Spen­gler, it must be pointed to the dichotomy between cul­ture and civ­i­liza­tion. Cul­ture is an organic and dif­fer­en­ti­ated social cat­e­gory and also of a local and well-defined nature. We are, how­ever, wit­ness­ing the Niet­zschean phe­nom­e­non of trans­val­u­a­tion of all val­ues, whereby glob­al­ism acquires the sta­tus of civ­i­liza­tion and is thus designed to tame the unpre­dictable and archaic ves­tigis of prim­i­tive cul­tures. We are miles away from the  dialec­tics of Apollo and from the Dionysian con­struc­tive chaos. Instead, glob­al­ism becomes part o the decon­struc­tive chaos manip­u­lat­ing peo­ples and liv­ing cul­tures as if they were made out of clay.  The absence of the Apol­lon­ian pole and fig­ures as mod­els of light­ness and mod­esty, as well as the  absence of the ecu­meni­cal nature of imperium, lead a demos to accept social frag­men­ta­tion and dis­solv­ing forces of Eros, which are melt­ing down into a uni­formed and undif­fer­en­ti­ated process o of glob­al­is­tic and con­struc­tivist demos. Haber­mas, as an arche­type of a super ratio­nal­ist man, no longer believes in his own post-nationalist visions. Along with Der­rida he empha­sizes the “power of emo­tions,” as for instance dur­ing the call for mobil­i­sa­tion against war.

In the same vein, the utopia of “con­sti­tu­tional patri­o­tism” does not con­tribute to the sta­bil­ity of Europe’s polit­i­cal iden­tity. Like­wise, cit­i­zens’ sol­i­dar­ity can­not be based solely on the prin­ci­ples of a sin­gle moral­is­tic and uni­ver­sal­is­tic belief.  With­out a com­monly defined firm eth­nic, reli­gious and cul­tural iden­tity, it is impos­si­ble to build up a strong Europe both from the inside and from the outside.

The global geo­con­struc­tivism and Demo­c­ra­tic expansionism

This opin­ion comes partly from its Enlight­en­ment lib­eral her­itage of ratio­nal­ist chal­lenge to reli­gious and com­mu­nal sol­i­dar­i­ties as ‘back­ward’. It is rein­forced pow­er­fully by the image of “bad nation­al­ism. So global democ­racy is not only a sys­tem of gov­ern­ment, it is a war against anti-democracy. Demo­c­ra­tic expan­sion­ism in the name of monoteism of mar­ket implies, in global per­spec­tive, a plan­e­tary civil war between democ­rats and anti-democrats. When the democ­rats have won, the planet will be demo­c­ra­tic: from their per­spec­tive a war of con­quest is logical.

Global ter­ri­tory is being for­mat­ted by regional and inter­na­tional pow­ers into sec­tors such as “dis­obe­di­ent coun­tries” – war machin­ery zones, “amiss countries-rogues states” – para-governmental zones and “emerg­ing mar­kets” – global finan­cial machin­ery and those which R. Cooper enti­tled “pre­his­toric chaotic zones” in which post­mod­ern pow­ers are obliged to inter­vene to estab­lish peace and sta­bil­ity. Such exper­i­men­tal geo­con­struc­tivism encoun­ters cer­tain reli­gious, national, eth­ni­cal or other forms of resis­tance due to its mechanistic-constructivistic nature which does not con­sider organic-historical con­tin­u­ums and the cat­e­gories of time and space.

As gen­eral wis­dom has it, democ­racy requires a demos, a group of indi­vid­u­als who have enough in com­mon to want to and to be able to decide col­lec­tively about their own affairs. there is no Euro­pean or global demos but only sep­a­rate national demoi. This is a pre­con­di­tion for what rep­re­sen­ta­tive democ­racy is all about, accept­ing to be in a minor­ity one day, expect­ing to be part of a major­ity another. National sov­er­eignty must be defended not as a reac­tionary reflex but as the ulti­mate guar­an­tee of democ­racy itself.

The abstract and con­struc­tivist sep­a­ra­tion between demos and eth­nos does not allow the process of sin­gling out iden­tity  which would at the same time enve­lope both the national and com­mu­ni­tar­ian iden­tity and which would enable the growth of post-nationalist  polit­i­cal cul­tures in Europe. This iden­tity would com­bine Herder’s culture-oriented d con­cept of national iden­tity  and Renan’s   civic and polit­i­cal con­cept of  national  iden­tity anchored in a “daily plebiscite.”  The entire his­tory of Europe demon­strates that Europe has only been able to affirm itself by reac­tive means i.e. by the “exter­nal enemy.” In some peri­ods this atti­tude of flam­ing “national Eros” per­mit­ted the defence of iden­tity of Europe. The reac­tu­al­i­sa­tion of Gumilev  con­cept of “pas­sion­ar­ity” is nec­es­sary to explained and pro­mote the vital energy and power of euro­pean demo­c­ra­tic and pop­u­lar  soul  in thee cur­rent state of biro­crat­i­cal Europe wich  described as deep struc­tural inertia.

Hor­i­zon­tal demoi-cracy and ver­ti­cal brusselisation

The legacy of the Euro­pean Eros is still alive toady, albeit in a latent form and fac­ing the growth and dom­i­na­tion of the liberal-capitalist global “Thanatos,” which in the wake of cul­tural and polit­i­cal uni­for­mity is caus­ing poverty and cre­at­ing cleav­ages between the South and the North, as well as cre­at­ing global pol­lu­tion and giv­ing birth to the cul­ture of death at plan­e­tary level. In an epoch when real eco­log­i­cal cat­a­stro­phes have become a real threat, when poverty and the dis­ap­pear­ance of rooted cul­tures and nations is under way, the preser­va­tion of “national and regional Eros” could have a role of a post– national maieu­tics in the for­ma­tion of the Euro­pean supra­na­tional iden­tity which would con­tain and encom­pass diverse Euro­pean “demos” (with­out uni­formed fusion) in order to pro­tect itself against the metas­ta­sis of the lib­eral and cap­i­tal­ist “Thanatos,”. Given the fact that in our mythol­ogy Eros remains a flip side of Thanatos, it is nec­es­sary to argue that the non-existent and fic­ti­tious global demos, designed for the for­ma­tion of demos and demoi-cracy, as e new matrix of the neo-imperial thought, must be for­mu­lated, accord­ing to Nico­laidis, along hor­i­zon­tal divi­sions of respon­si­bil­ity and sov­er­eignty of states and in stark oppo­si­tion to the ver­ti­cal “brus­seli­sa­tion” of nations-states. Such Euro­pean “demo-krateo” would be rooted in com­mon cul­tural iden­tity, mutual respect, peace­ful con­fronta­tion, and divi­sion of dif­fer­ent identities.

From the­o­log­i­cal state to global post-democracy
 

The cre­ation of the mod­ern world is based on sub­sti­tut­ing one type of foun­da­tion for another, mov­ing from a tran­scen­dent, magical-theological foun­da­tion to a ratio­nal, con­struc­tivist, imma­nent one.: Dispite the pro­ces of sec­u­lar­i­sa­tion of pol­i­tics,   the “reli­gious for­mula” – defined as the power of attrac­tion of “The divine One” or “The Immemo­r­ial One” – con­tin­ues to serve, in var­i­ous dis­guises, as a for­mal model. Lib­eral democracy’s [3]. Gauchet says that : “Three “lib­eral idols” – “progress”, “nation” and “sci­ence”, main­tain this “tran­si­tional con­cur­rence of oppo­sites”. But these three idols are based on beliefs, extend­ing the form of reli­gious belief with­out real­is­ing it. So this “happy coin­ci­dence” has a “hid­den dimen­sion that robs its agents of a cru­cial part of the his­tory they are liv­ing”: “The two sides of the coin are opposed, but at the same time, one side is shaped by the other – the reli­gious One”. the “cri­sis of lib­er­al­ism” is inevitable, as “the new idols will very quickly be hit by dis­be­lief ”: “this will be the fright­ful expe­ri­ence of the 20th century”

Niet­zsche is the first to proph­esy liberalism’s cri­sis: “What I relate is the his­tory of the next two cen­turies”, he wrote. Despite accel­er­at­ing the dethe­ol­o­gi­sa­tion of west­ern thought by pro­claim­ing that God is dead and shat­ter­ing the lib­eral idols by mak­ing him­self an apos­tle of inte­gral rel­a­tivism, he remains trou­bled by the “reli­gious for­mula”. “By dint of pos­i­tive espousal of the thirst for power and the eter­nal return, one still finds, after com­plete destruc­tura­tion, […] some­thing like The One and some­thing like a cos­mos” .Berg­son, Husserl and Hei­deg­ger would not escape this nos­tal­gia for pre-rational authen­tic­ity.
The arrival of the “organ­i­sa­tion age” lead­ing to the advent of a “world with­out mas­ters”. impe­ri­al­ist enter­prises are just “nar­cis­sis­tic con­struc­tions”, sym­bolic strate­gies to deal with the prob­lems of national iden­tity and col­lec­tive anx­i­ety. Marx called this lib­eral phas of capitalism’s “orgias­tic age”. The sep­a­ra­tion of civil soci­ety and State becomes inevitable: soci­eties, torn apart by the strug­gle of the vested inter­ests organ­is­ing them­selves against the State. This “dethe­ol­o­gi­sa­tion of his­tory”  is borne out not only in Sorel’s his­tor­i­cal cat­a­strophism but also in the cri­sis of tra­di­tion as an idea, the over­val­u­a­tion of an abso­lutised present ‚or again, by Tön­nies and Durkheim’s the­ory on the dis­ap­pear­ance of com­mu­nity ties in favour of con­trac­tual ones.
The turn of the XX. cen­tury State cer­tainly finds its learned the­o­rists in Jellinek, Esmein, Hau­riou or Carré de Mal­berg, who recog­nise the real­i­sa­tion of the mod­ern polit­i­cal order in the abstract, imper­sonal power of legislatorial-administrative struc­tures: the real sov­er­eignty lies with the for­mal insti­tu­tions of the State machin­ery and the civil ser­vice that assures its con­ti­nu­ity and effi­ciency. On the hori­zon of this “return of the enti­tled indi­vid­ual” is the out­line of a new indi­vid­u­al­ism (depicted by Ibsen, Georges Palante, Henry Michel), a “lib­er­tar­ian stance” that does not flow into any kind of col­lec­tive, and dras­ti­cally vio­lates the prin­ci­ple of “The One”. Glob­al­ism pro­motes sin­gle word model of con­struc­tivis­ti­cal unity ” ; unity of power, unity of the seen and unseen, unity of the social order, con­ti­nu­ity of the his­tor­i­cal order[4] .This pro­ces of cul­tural, social and polit­i­cal uni­formi­sa­tion called Désen­chante­ment du monde, in which the fas­ci­na­tion with unity was linked with reli­gious belief only in cer­tain of its belated forms, attrib­uted to con­t­a­m­i­na­tion of the uni­fy­ing ethos of logos. “

The con­tem­po­rary thought con­fronted a quite new sit­u­a­tion: the near com­plete eclipse of the polit­i­cal, as a mul­ti­far­i­ous tra­di­tion of civic dis­course, by a new order—the pseudo-consensual man­age­ment of mass soci­ety. of apa­thetic democracies—which he later more aptly dubbed post-democracies—into sharper focus. Post-democracy des­ig­nate a state  con­ducted by demo­c­ra­tic rules, but whose appli­ca­tion is pro­gres­sively lim­ited. The Eng­lish con­ser­v­a­tive jour­nal­ist Peter Oborne  pre­sented a doc­u­men­tary of the 2005 gen­eral elec­tion, argu­ing that it had become anti-democratic because it tar­geted a num­ber of float­ing vot­ers with a nar­row agenda.

This pro­ces of degra­da­tion of democ­racy rules explains the trans­for­ma­tion of national democ­ra­ties of XX. Cen­tury buil on the model of sovre­ingn nation-states to a run­ning evo­lu­tion within the mar­ket democ­ra­cies called neolib­eral post-democracy dur­ing the 21st cen­tury. This pro­ces od democ­racy denat­u­ra­tion calls atten­tion on recog­nised democ­ra­cies that are los­ing some of their foun­da­tions do evolve toward an Aris­to­cratic regime. Our global Post-democracy [5].are char­ac­terised with: non fair rep­re­sen­ta­tive elec­tions and with the impos­si­bil­ity to get bal­anced real debates. Hereby, while thus con­tra­dict­ing plu­ral­ist assump­tions, it seems to be an accepted pre­sump­tion, that the com­mon good were some­thing to be deter­mined objec­tively and that con­flicts of inter­est were not to be han­dled within demo­c­ra­tic processes but instead within admin­is­tra­tive proceedings

 

CONCLUSION

Democ­racy must now not only change its insti­tu­tional form, it must also rethink its polit­i­cal subject.In this way, the euro­pean demos most to be strans­formed on respon­si­ble demoi with par­tic­u­lary vizion of world , weltan­shang of incluzive democ­racy which. con­sti­tutes the high­est form of Democ­racy since it secures the insti­tu­tional pre­con­di­tions for polit­i­cal (or direct) democ­racy, eco­nomic democ­racy, democ­racy in the social realm and eco­log­i­cal democ­racy.  More specif­i­cally, a Con­sti­tu­tion cel­e­brat­ing the EU as demoi-cracy requires three con­sec­u­tive mouves away from main­stream Con­sti­tu­tional think­ing. First from com­mon iden­tity to the shar­ing of plural iden­ti­ties; sec­ondly from a com­mu­nity of iden­tity to

a com­mu­nity of geopo­lit­i­cal  projects founded on great con­ti­nen­tal spaces; and finally from multi-level gov­er­nance to multi-centred and mul­ti­po­lar governance.

Let me fin­ish by con­grat­u­lat­ing CPI on organ­is­ing this con­fer­ence, which pro­vided a forum for exchang­ing views on a fun­da­men­tal topic such as “EU and global democracy”.

BIBLIOGRAPHY

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Arti­cles:

 

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Review: Mar­cel Gauchet, L’Avènement de la démoc­ra­tie, Paris, Gal­li­mard, “Bib­lio­thèque des sci­ences humaines”, 2007 ; vol. I, La Révo­lu­tion mod­erne, 207 p., 18,50 € et vol. II, La Crise du libéral­isme.


[1] E. Stiglitz, La grande desil­lu­sion, Paris Fayard, 2002.

 

[2] J. Haber­mas, Apres l’Etat-nation, Paris Fayard, 2000.

[3] Mar­cel Gauchet, L’Avènement de la démoc­ra­tie, Paris, Gal­li­mard, “Bib­lio­thèque des sci­ences humaines”, 2007

[4] Ibid., str.52–55

[5] Post-democracy, Colin Crouch, First Edi­tion, 2004.

mardi, 18 janvier 2011

Communiqué de Bernard Lugan au sujet de la Tunisie

 

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Communiqué de Bernard Lugan

au sujet de la Tunisie

 

 

Les graves évènements de Tunisie m’inspirent les réflexions suivantes :

 

1) Certes le président Ben Ali n’était pas l’illustration de la démocratie telle que la connaissent une trentaine de pays sur les 192 représentés à l’ONU, certes encore, de fortes disparités sociales existaient en Tunisie, mais, en vingt ans, il avait réussi à transformer un Etat du tiers monde en un pays moderne attirant capitaux et industries, en un pôle de stabilité et de tolérance dans un univers musulman souvent chaotique. Des centaines de milliers de touristes venaient rechercher en Tunisie un exotisme tempéré par une grande modernité, des milliers de patients s’y faisaient opérer à des coûts inférieurs et pour une même qualité de soins qu’en Europe, la jeunesse était scolarisée à 100%, les femmes étaient libres et les filles ne portaient pas le voile.

 

2) Aujourd’hui, tout cela est détruit. Le capital image que la Tunisie avait eu tant de mal à constituer est parti en fumée, les touristes attendent d’être évacués et le pays a sombré dans le chaos. Les journalistes français, encore émoustillés à la seule évocation de la « révolution des jasmins » cachent aux robots qui les lisent ou qui les écoutent que le pays est en quasi guerre civile, que les pillages y sont systématiques, que des voyous défoncent les portes des maisons pour piller et violer, que les honnêtes citoyens vivent dans la terreur et qu’ils doivent se former en milices pour défendre leurs biens et assurer la sécurité de leurs familles. Les mêmes nous disent doctement que le danger islamiste n’existe pas. De fait, les seuls leaders politiques qui s’expriment dans les médias français semblent être les responsables du parti communiste tunisien. Nous voilà donc rassurés…

 

3) La cécité du monde journalistique français laisse pantois. Comment peuvent-ils oublier, ces perroquets incultes, ces lecteurs de prompteurs formatés, que les mêmes trémolos de joie indécente furent poussés par leurs aînés lors du départ du Shah en Iran et quand ils annonçaient alors sérieusement que la relève démocratique allait contenir les mollahs ?

 

4) Le prochain pays qui basculera sera l’Egypte et les conséquences seront alors incalculables. Le scénario est connu d’avance tant il est immuable : un président vieillissant, des émeutes populaires inévitables en raison de l’augmentation du prix des denrées alimentaires et de la suicidaire démographie, une forte réaction policière montée en épingle par les éternels donneurs de leçons et enfin le harcèlement du pouvoir par une campagne de la presse occidentale dirigée contre la famille Moubarak accusée d’enrichissement. Et la route sera ouverte pour une république islamique de plus ; tout cela au nom de l’impératif démocratique…

 

5) Ces tragiques évènements m’inspirent enfin un mépris renouvelé pour la « classe politique » française. Ceux qui, il y a encore quelques semaines, regardaient le président Ben Ali avec les « yeux de Chimène », sont en effet les premiers à l’accabler aujourd’hui. Nos décideurs en sont tombés jusqu’à expulser de France les dignitaires de l’ancien régime tunisien qu’ils recevaient hier en leur déroulant le tapis rouge. La France a donc une nouvelle fois montré qu’elle ne soutient ses « amis » que quand ils sont forts. L’on peut être certain que la leçon sera retenue, tant au Maghreb qu’au sud du Sahara… A l’occasion de ces évènements, nous avons appris que 600 000 Tunisiens vivaient en France, certains médias avançant même le chiffre de 1 million. L’explication de l’attitude française réside peut-être dans ces chiffres. Pour mémoire, en 1955, un an avant la fin du protectorat français sur la Tunisie, 250 000 Européens, essentiellement Français et Italiens y étaient installés, ce qui était considéré comme insupportable par les anti-colonialistes. 

 

Bernard Lugan

16 janvier 2011

 

Militärische Tradition aus Schweizer Sicht

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Militärische Tradition aus Schweizer Sicht

Die geschichtliche Entwicklung der Armee in der Schweiz1

von Professor Dr. Albert A. Stahel

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/

Wenn im Ausland von der militärischen Tradition der Schweiz die Rede ist, dann wird gemeinhin an die Milizarmee gedacht. Dabei gibt es eine militärische Tradition der Schweiz, die älter ist als ihre Milizarmee. Es ist dies die Tradition der Fremdendienste der Alten Eidgenossenschaft. Im folgenden soll zuerst auf die Fremdendienste eingegangen werden, um anschliessend die Milizarmee zu beschreiben. Am Ende soll die schweizerische Tradition in der Gegenwart beurteilt werden.

Bereits vor der Gründung der alten Eidgenossenschaft 1291 waren die Innerschweizer (Uri, Schwyz, Unterwalden) auf den damaligen Kriegschauplätzen Europas als gefürchtete Söldner und Kriegsknechte begehrt. So stellte Kaiser Friedrich II. von Hohenstaufen den Schwyzern für ihre Kriegshilfe bei ­Faenza 1240 den begehrten Freiheitsbrief aus und unterstellte sie dadurch direkt seiner Gerichtsbarkeit.
Den eigentlichen Anstoss für das Abschliessen von Verträgen der Tagsatzung für die Kriegsleistung zugunsten fremder Mächte löste paradoxerweise eine verlorene Schlacht aus. Am 26. August 1444 wurde vor den Toren Basels, bei St. Jakob an der Birs, eine Schlacht europäischen Ausmasses ausgefochten. Am 26. August trafen in drei Etappen 1500 Eidgenossen auf 40 000 Armagnaken-Söldner, die unter der Führung des französischen Kronprinzen standen. Die Schlacht begann am frühen Morgen und war nach durchkämpfter Nacht beendet. Von den Eidgenossen überlebten nur wenige, die, einmal nach Hause zurückgekehrt, Mühe hatten, nicht geköpft zu werden, da man sie für Feiglinge hielt. Die Armagnaken hatten 8000 bis 14 000 Tote zu beklagen. Der Kronprinz von Frankreich war von der militärischen Schlagkraft der Eidgenossen derart beeindruckt, dass er sein Heer abzog und am 5. September sein Hauptquartier im elsässischen Ensis­heim aufschlug.
Die Eidgenossen wurden am 21. Oktober zu einem Treffen mit dem französischen Bevollmächtigten nach Zofingen eingeladen. Am 28. Oktober 1444 wurde in Ensisheim ein Vertrag zwischen Frankreich und den Städten und Landschaften Basel, Bern, Luzern, Solothurn, Uri, Schwyz, Unterwalden, Zug und Glarus und ihren Verbündeten, dem Herzog Louis von Savoyen, dem Grafen Jean von Neuenburg, dem Grafen Jean von Aarberg und Valangin sowie den Städten Biel und La Neuveville abgeschlossen. Dieses Abkommen war eine Vorstufe zu einem Bündnisvertrag mit Frankreich. Frankreich wurde durch die Möglichkeit, Eidgenossen anzuwerben, zu einer Schutzmacht der Eidgenossenschaft. Diese erhielt dadurch einen bedeutenden Wirtschaftsmarkt im Westen.
Interessanterweise führte wiederum eine verlorene Schlacht zur Vertiefung der Beziehungen der Alten Eidgenossenschaft zu Frankreich und zur Institutionalisierung der Fremdendienste. Diesmal ging es um den Besitz des Herzogtums Mailand, das damals unter Vorherrschaft der Eidgenossen stand. Franz I., König von Frankreich, der das Herzogtum unbedingt für sich wollte, bot am 2. Januar 1515 den Eidgenossen Verhandlungen an, die aber zu keinem Ergebnis führten. Es wurde zum Krieg gerüstet. Während der König seine Kriegsmacht vereinigte, hatten die Eidgenossen Ende Mai südlich der Alpen 30 000 Mann in drei Hauptgruppen verlegt. Dank des königlichen Angebots mit Pensionen und Privilegien zog ein Drittel der Truppen ab. Der Walliser Kardinal Matthäus ­Schiner feuerte die Eidgenossen an, die darauf die Auseinandersetzung wollten.
Vom 13. bis 14. September 1515 tobte die Schlacht bei Marignano in Oberitalien. Als sich die Niederlage infolge der Überlegenheit der französischen Artillerie und der Erschöpfung der eidgenössischen Kampfkraft abzeichnete, zog der Hauptharst der Eidgenossen ab. Nach der verlorenen Schlacht wollte aber die Mehrheit der eidgenössischen Stände noch nicht aufgeben. Schliess­lich wurden die Verhandlungen mit Frankreich am 7. Juli 1516 wieder aufgenommen. Nachdem sich die Versprechungen des Kaisers und jene von Heinrich VIII. von England jedoch als unzuverlässig erwiesen, wurde am 29. November 1516 in Freiburg im Uechtland der Ewige Friede mit Frankreich abgeschlossen. Dieser Vertrag wurde mehrmals erneuert und galt bis 1792. Mit der militärischen Kapitulation (ein Vertrag, der in Kapiteln aufgeteilt war) verpflichtete sich das ‹Helvetische Corps› (die Eidgenossenschaft wurde im 17. Jahrhundert so bezeichnet) bzw. verpflichteten sich einzelne Kantone, für Frankreich Kontingente zu stellen, die in der Schweiz ausgehoben werden durften.
In allen Kapitulationen, die später auch als Vorbild für die Verträge mit anderen europäischen Mächten galten, wurde festgehalten, dass:2
1.    die Schweizer nur in Schweizer Regimentern unter Schweizer Flagge und unter Schweizer Offzieren dienen durften und dass der Generaloberst der Schweizer ­Regimenter entweder der König selbst oder ein Mitglied der königlichen Familie sein musste;
2.    die Schweizer Soldaten nur durch Schweizer Richter nach schweizerischem Recht und unter eidgenössischer Hoheit verurteilt werden durften;
3.    die Tagsatzung jederzeit das Recht hatte, die Regimenter für die Verteidigung zurückzurufen, wenn die Eidgenossenschaft bedroht war.
Grundsätzlich mussten die Schweizer Regimenter, die in Frankreich die Stellung von Hilfstruppen hatten, den Interessen der Eidgenossenschaft dienen. Die Schweizer unterstanden nur den militärischen Kapitulationen und genossen eine bevorzugte Stellung im Vergleich zu anderen Söldnern, die sich als Einzelkämpfer der Jurisdiktion und Autorität der Fürsten unterworfen hatten.
Frankreich war auf Grund seiner Aussenpolitik gegenüber dem Heiligen Römischen Reich Deutscher Nation für die protestantischen Orte glaubwürdig und wegen seiner katholischen Innenpolitik für die katholischen Orte annehmbar. Mitte des 18. Jahrhunderts hatte der König von Frankreich zwölf Schweizer Regimenter in seinen Diensten. Dazu kamen noch das berühmteste von allen, das Regiment der Schweizergarde, und die Kompanie der ‹Cent-Suisses›. Verschiedene Male trugen die Eidgenossen zur Rettung der Monarchie von Frankreich bei. Die Treue zur Krone war jedoch immer mit Opfern verbunden. Dazu gehörte die Niedermetzelung des Regiments der Schweizergarde bei den Tuilerien am 10. August 1792, ein Ereignis, das sich 1830 wiederholte.
Dem Beispiel Frankreich folgend, durften später auch andere Mächte Einheiten in der Eidgenossenschaft anwerben. Dazu gehörte der Papst, der neben einer kleinen Streitmacht von 2000 Schweizern das Recht auf eine eigene päpstliche Schweizergarde erhielt. Diese Garde musste 1527 mit 189 Mann den Vatikan gegen den Angriff der Soldateska von Kaiser Karl V. verteidigen. Nachdem die spanischen Söldner und die deutschen Landsknechte am 6. Mai 1527 8000 wehrlose Römer niedergemetzelt hatten, stiessen sie auf 147 Gardisten unter der Führung ihres Zürcher Hauptmanns Kaspar Röist vor dem Petersdom. Die Garde hatte dem Papst Treue geschworen, und für diese Treue war sie bereit, mit dem Leben einzustehen. Nach einem sechsstündigen Kampf gegen 10 000 kaiserliche Soldaten wurden die Gardisten und ihr Hauptmann niedergemetzelt. Mit dem 6. Mai 1527 erhielt die Garde ihr Adelsprädikat. Noch heute wird dieser Heldentat gedacht.
Vom 15. Jahrhundert an bis zum Jahr 1787 wurden in der Eidgenossenschaft insgesamt 614 257 Berufssoldaten für Frankreich ausgehoben.3 Unter Franz I. diente gar eine Streitmacht von 163 000 Eidgenossen. Bei allen Schlachten der Krone Frankreichs stiessen die Eidgenossen immer wieder auf ihre alten Erbfeinde, die deutschen Landsknechte, so auf den Italien-Feldzügen oder in den französischen Religionskriegen. Da gab es gegenseitig kein Pardon.
Mitte des 18. Jahrhunderts stellte die Eidgenossenschaft für Frankreich, die Niederlande, Spanien, Savoyen, Neapel und Österreich insgesamt 76 800 Berufssoldaten, dies bei einer Bevölkerungszahl von 1,5 Millionen Einwohnern. Das letzte Kontingent an Eidgenossen diente noch 1859 dem König von Neapel und beider Sizilien. Bis zu diesem Zeitpunkt hatten mehr als zwei Millionen Schweizer in den Fremdendiensten mit oder ohne Kapitulation gedient.

Milizarmee

Die militärische Sicherheit der Eidgenossenschaft beruhte bis zum Untergang der Alten Eidgenossenschaft grundsätzlich auf den Kapitulationen, die es der Tagsatzung ermöglichen sollten, im Bedrohungsfalle auf ausgebildete Berufssoldaten zurückgreifen zu können. Der Anstoss zur Bildung einer Art Miliz­armee für die Sicherung der Neutralität war der Dreissigjährige Krieg. Als dieser 1618 ausbrach, beschlossen die protestantischen und katholischen Stände der Tagsatzung, «still zu sitzen» und in diesem schrecklichen Krieg neutral zu bleiben. Bedingt durch die Bündner Wirren, Alt Fry Rätien gehörte damals als zugewandter Ort noch nicht zur Eidgenossenschaft, und der verschiedenen Grenzverletzungen beschloss die Tagsatzung 1647 in Wil ein Defensional- und Schirmwerk zur Sicherung der östlichen Grenzen. Zum ersten Mal wurde ein gemeinsames Kontingent von 36 000 Mann mit 147 Geschützen festgelegt, das die Neutralität der Eidgenossenschaft zu verteidigen hatte.
Eine doppelte Truppenzahl wurde «auf ­Pikett» gestellt. Dank der Bemühungen des Basler Bürgermeisters Johann Rudolf Wettstein bei den Verhandlungen in Westfalen wurde in Artikel 6 des Friedensvertrages von Westfalen vom 29. Juli 1648 die Unabhängigkeit der Eidgenossenschaft verankert. 1664 wurden die Defensionalen erneuert. 1668, beim Einfall von Frankreich in die Freigrafschaft Burgund, erweiterte die Tagsatzung in Baden das Defensionalwerk. Von da an wurde ein Bundesheer mit 40 000 Infanteristen, Reiterei und Artillerie in drei Auszügen gebildet. Bei der Eroberung der Freigrafschaft durch Frankreich 1674 folgte die erste Neutralitätserklärung. 1702 fand die letzte Erneuerung der Defensionale statt.
Durch die Französische Revolution wurde nicht nur das Machtgleichgewicht in Europa beseitigt, sondern auf Grund der Wehrpflichts­einführung in Frankreich wurden auch die eidgenössischen Berufssoldaten entlassen. Als die Franzosen 1798 in die Schweiz einfielen, ein Treuebruch, der bis auf den heutigen Tag nicht vergessen worden ist, gab es keine intakten Regimenter der Fremdendienste mehr, die man hätte einsetzen können. Den Franzosen ging es um die Plünderung der Zeughäuser und der Vermögen in der Eidgenossenschaft.
Nach der Gründung der Helvetischen Republik wurde am 27. September 1803 mit Frankreich unter Zwang eine neue Kapitulation unterzeichnet. Die Helvetische Republik musste Frankreich 16 000 Mann in vier Regimentern stellen. Am 28./29. November 1812 mussten diese den Rückzug des Rests der Grande Armée über die Beresina decken. Die Russen griffen damals achtmal an. Es überlebten nur 300 Eidgenossen des Kontingents. Während der Napoleonischen Kriege dienten Schweizer auch in den Armeen anderer kriegführender Staaten.
Nach dem Zusammenbruch des napoleonischen Reichs arbeitete die Tagsatzung der 19 Kantone im August 1815 eine neue Verfassung der Eidgenossenschaft aus. Im zweiten Pariser Frieden vom 20. November 1815 anerkannten die europäischen Mächte die immerwährende Neutralität der Schweiz, die diese militärisch aber selbst zu sichern hatte. Mit dem «Allgemeinen Militair-Reglement» vom 20. August 1817 wurde die erste eidgenössische Wehrorganisation der Neuzeit geschaffen. Das Reglement bekannte sich zum Grundsatz der allgemeinen Wehrpflicht und damit zur Milizarmee und lehnte das Berufsheer zur Verteidigung der Schweiz ausdrücklich ab. Das eidgenössische Heer wies damals einen Bestand von 67 516 Mann auf, davon waren 33 758 Mann Auszug und 33 758 Mann Reserve. Daneben gab es noch die Landwehr der Kantone.

Vereidigung der Schweizergarde

Für die Ausbildung des Kaders wurde 1819 in Thun die Militärschule eröffnet. Dieses Reglement wurde 1840 und 1842 revidiert. Im Dezember 1845 gründeten die katholischen Kantone der Urschweiz zusammen mit Freiburg und dem Wallis den Sonderbund. Der Grund dafür war die politische Uneinigkeit über die zukünftige Gestaltung der Eidgenossenschaft als Bundesstaat sowie religiöse Spannungen zwischen den Kantonen. Die Mehrheit der Kantone in der Tagsatzung forderte mehrmals, so zuletzt am 3. September 1847, die Aufösung des Sonderbundes und die Ausweisung der Jesuiten aus der Schweiz, die man als die Drahtzieher hinter dem Sonderbund vermutete. Als dies verweigert wurde, bot die Tagsatzung am 18. Oktober 1847 50 000 Mann auf. Guillaume-Henri Dufour wurde zum General und zum Oberbefehlshaber ernannt. Am 4. November beschloss die Tagsatzung, den Sonderbund gewaltsam aufzulösen. Der Sonderbund selbst verfügte über 29 500 Mann Auszug und Landwehr. Am 6. Dezember endete der Feldzug mit 104 Toten und 373 Verwundeten auf beiden Seiten.
Es folgten in den Kantonen Volksabstimmungen über die neue Verfassung des Bundesstaates, die mehrheitlich von 15½ Kantonen angenommen wurden, was an der Tagsatzung vom 12. September 1848 zur Kenntnis genommen wurde. Gemäss der neuen Verfassung waren die Fremdendienste und die Annahme von Pensionen, Titeln, Geschenken und Orden fremder Regierungen verboten. Auf der Grundlage dieser Verfassung wurde am 8. Mai 1850 das Bundesgesetz über die Militärorganisation der Eidgenossenschaft verabschiedet. Es wurden drei Heeresklassen gebildet:4
    Auszug: 20 bis 34 Jahre
    Reserve: 35 bis 40 Jahre
    Landwehr: 41 bis 44 Jahre
Das Bundesheer wies total einen Bestand von 104 354 Mann mit 252 Feldgeschützen und 48 Festgeschützen auf. Neben der Grundausbildung wurden jährliche Wiederholungskurse eingeführt, mit denen das Ausbildungsniveau der Truppe und der Stäbe aufrechterhalten werden konnte. Auf der Grundlage dieser Organisation wurde die ­Milizarmee bis 1989 immer wieder reorganisiert und der Lage angepasst.
Es gab mehrere Herausforderungen: Der Neuenburger Handel mit Preussen 1856, der Deutsch-Französische Krieg von 1870/71, die Grenzbesetzung von 1914 bis 1918 und der Aktivdienst von 1939 bis 1945, welche die Armee zu bestehen hatte.

Beurteilung aus heutiger Sicht

Ab 1989 bis heute sind bezüglich Aufrechterhaltung und Ausrüstung der Milizarmee mehrere Volksabstimmungen durchgeführt worden, so die Armeeabschaffungsinitiative von 1989 und die Kampfflugzeugbeschaffungsabstimmung von 1993. Bei allen Abstimmungen über die Armee hat sich das Schweizer Volk zu seiner Armee bekannt. Die Probleme über die gegenwärtige Existenz der Armee sind nicht an der Basis, sondern an der Spitze entstanden. 1989 beschloss eine verunsicherte Regierung die sogenannte Armeereform 95, die nichts anderes als eine Bestandesreduktion von 625 000 Mann auf 400 000 Wehrpflichtige war. Dank des unermüdlichen Einsatzes des Miliz- und Berufskaders gelang es, diese «Reform» mehr oder weniger zu bewältigen. 1995 übernahm Adolf Ogi das Verteidigungsministerium. Unter dem Einfluss seiner Berater beschloss er, obwohl die Reform 95 noch nicht beendet war, eine weitere Armeereform. Das Vorbild für die Armee XXI, die neue Reform wurde so bezeichnet, sollte eine Einsatzarmee nach amerikanischem Vorbild sein. Die bisherige Ausbildungsarmee galt plötzlich als überholt. Wieder war eine Bestandesreduktion geplant, und zwar auf 120 000 Wehrpflichtige und 80 000 Reservisten.
Diese Reform misslang vollständig. Heute muss sich unsere Bevölkerung damit abfinden, dass ihre Armee nicht mehr funktioniert, einen Unterbestand an Milizkadern hat, eine nicht funktionierende Logistik aufweist und der Unterhalt der Waffensysteme nicht mehr gewährleistet ist. Gleichzeitig ist das engmaschige Netz, das seit Generationen zwischen der Bevölkerung, den Gemeinden, den Kantonen und der Eidgenossenschaft bestand, zerstört worden. Der heutige Verteidigungsminister, Bundesrat Ueli Maurer, steht vor einer Herausforderung, die fast nicht zu erfüllen ist. Einfache Korrekturen des Fiaskos genügen nicht mehr. Im Prinzip muss er wieder bei null beginnen. Die früher existierende Tradition der Wehrbereitschaft der Schweizer Milizarmee besteht nicht mehr. Gleichzeitig ist Maurer mit der Tatsache konfrontiert, dass für die Erneuerung des Materials auch kein Geld mehr zur Verfügung steht. Die Befürworter der Armee XXI zielen leider weiterhin auf eine Berufstruppe ab, mit der sie in Kriege ziehen können, in welche die Schweiz auf Grund ihrer humanitären Tradition (IKRK) nicht einbezogen werden darf. Dazu kommt noch, dass die in der Bundesverfassung verankerte Souveränität der Schweiz missachtet wird.
Wie steht es mit den bis 1848 erlaubten Fremdendiensten? Als letzter Zeuge dieser glanzvollen Vergangenheit ist die päpstliche Schweizergarde übriggeblieben. Dank besonderer Vereinbarungen können in ihr junge Schweizer katholischen Glaubens dienen. Der junge Gardist, der bereits eine Rekrutenschule der Schweizer Armee absolviert hat, muss sich für mindestens zwei Jahre verpflichten. Der Dienst stellt eine ausserordentliche Herausforderung dar und ist von einem harten Drill bestimmt. Der Gardist verpflichtet sich durch seinen Schwur, den Heiligen Vater unter Opferung des eigenen Lebens zu schützen. Die päpstliche Schweizergarde ist ein Kleinod, das in der Schweiz immer noch hochgehalten wird. Vielleicht gelingt es dank ihrem Bestehen, der neu zu schaffenden Miliz­armee den Geist und die Tradition der alten Eidgenossenschaft und ihrer Fremdendienste einzuhauchen: Treue zum Vaterland und Wehrwille.    •

Quelle: Der «Panzerspähtrupp» Nachrichtenblatt, Nr. 48

1     Stahel, Albert A. (1994): Von den Fremdendiensten zur Milizarmee. In: Armee 95. Chance für die Miliz­armee? Hg.: Albert A. Stahel. Zürich, Vdf Verlag, Strategische Studien Band 7, S. 11.
2     Stahel, Albert A. (1994): S. 17. 2.
3     Stahel, Albert A. (1994): S. 18. 3.
4     Stahel, Albert A. (1994): S. 25. 4.

Les ONG, avant-garde du mercenariat mondialiste

Les ONG, avant-garde du mercenariat mondialiste

Ex: http://www.mecanopolis.org/

Depuis leur reconnaissance par l’ONU en 1948, la place occupée par les ONG, sur le plan médiatique ou l’inconscient collectif, induit une méconnaissance des véritables enjeux qu’elles soulèvent de fait. Ainsi, le statut juridique et associatif des ONG devrait donner à réfléchir quant au rôle majeur joué dans la prise de décisions internationales.

[1]

Les ONG prétendent notamment instruire une forme de contre-pouvoir, qu’elles exerceraient via un dialogue continu avec les forces politiques et économiques. Face à la violence de la mondialisation et ses conséquences désastreuses, la solidarité internationale ne peut naturellement que jouir d’une image collectivement perçue comme positive. Mais, de par leur collaboration avec différents systèmes de coopération internationale, elles sont de fait intégrées à la globalisation. Elles participent notamment aux sommets des Nations unies dont le fonctionnement repose sur une architecture plus que discutable. En effet, le Conseil de sécurité de l’ONU et le Tribunal pénal international sont contrôlés par les États-Unis et leurs alliés, grâce aux invraisemblables droits de veto dont ils disposent. Ce qui permet l’accaparement de la guerre en l’excluant de tout débat démocratique, mais aussi de fixer les règles de sa légalité. Du point de vue de leur immersion dans ce système de domination onusienne, elles ne peuvent donc pas être considérées comme un contre-pouvoir mais plutôt comme un adjoint du pouvoir.

Un nouveau mercenariat international

Il est donc tout à fait logique qu’en période de globalisation accrue les ONG ne s’opposent pas aux principes légaux de l’organisation mondialiste à laquelle elles doivent tout ou presque. Bien au contraire, elles adoubent ces règles, tout en sachant qu’elles ordonnent inévitablement une politique internationale précarisée par l’hégémonie d’un monde unipolaire. Avec plus de distance, il est évident que les Nations unies tendent à imposer la globalisation, car la survie de cette organisation – laquelle a finalement assez peu empêché de guerres, au regard de toutes celles qu’elle a laissées se perpétrer au mépris du droit international – en dépend, et réciproquement.

Pareillement, on pouvait penser que la surreprésentation de la société civile et sa prétention à une reconnaissance de plus en plus accrue, auraient pu aboutir à une sorte d’auto-institutionnalisation, son indéniable présence sur le terrain lui ayant permis d’entrer de « force » dans les institutions politiques. En réalité, il ne s’agit que d’ajustements au sein d’un système cooptant ses différents représentants afin d’entretenir une progression illimitée de la globalisation (1).

En ce qui concerne le caractère « apolitique » des ONG, il est en effet « anormal », puisque ne procédant en rien de l’organisation des gouvernements traditionnels. En effet, ces organisations transnationales ne sont ni élues, ni théoriquement affiliées à des orientations politiques. Pourtant, elles ont la capacité de pousser leurs idées et les préconisations qui en découlent lors des sommets internationaux. Cette particularité entraîne une imprécision, aussi bien concernant leur objectif, que leur constitution.

Ainsi, le Conseil économique et social des Nations unies, chargé d’accréditer les OSC (Organismes de la Société civile) par l’intermédiaire du Département des ONG, met sur le même plan des organismes qui n’ont officiellement pas les mêmes objectifs. On y trouve aussi bien la Fondation Ford (qui est un paravent de la CIA) ; des associations dites citoyennes comme ATTAC ; des ONG de solidarité internationale comme Action contre la faim ; des syndicats patronaux comme la Business Roundtable (2) ; des instituts et think-tanks tel le Club de Rome ; etc. Cette extension du sens communément accepté des ONG jette un flou considérable sur leurs objectifs : tantôt venir en aide à des populations et proposer des régulations de l’économie mondialisée (ce qui est le cas d’Action contre la faim et d’ATTAC) ; tantôt représenter cette même économie et/ou servir les intérêts d’un ou de plusieurs États (ce que font la Fondation Ford, la Business Roundtable et le Club de Rome).

Toujours critiquer la forme, mais jamais le fond

Lors du récent sommet de Copenhague, nous avons pu assister à l’explosion du nombre des ONG, et à une avancée considérable de leur capacité à faire connaître leur(s) opinion(s).Comme dans le cas des Nations unies, aucune d’entre elles n’a critiqué le fond de ce sommet, alors qu’il ne repose ni sur un consensus scientifique international, ni sur une véritable coopération des nations. Ce sommet avait simplement pour objectif d’aboutir à de nouvelles règles « écologiques » internationales, voire mondiales, cela afin de contenir le développement industriel des pays émergents qui seront les puissances de demain. En particulier celui de la Chine, nation que les États-Unis ne souhaitent pas voir défier leur hégémonie en plein essoufflement. Là où les ONG furent donc « utiles » c’est dans leur soutien indéfectible à la tenue de ce sommet et dans le travail effectué en amont et visant à définir les perspectives énergétiques d’avenir. Perspectives qui envisagent ouvertement la création d’un ministère mondial de l’écologie.

« L’échec de Copenhague » – pour reprendre l’expression d’une grande partie de la société civile – n’est donc que virtuel de ce point de vue. De plus, depuis la fin du sommet, de grandes opération, dont les conséquences seront semblables à celles attendues au sommet de Copenhague, ont été lancées. C’est notamment le cas de la Robin Hood Tax, initiative poussée, entre autres, par Georges Soros et Warren Buffet. Son objectif est la mise en place d’une taxe sur les transactions bancaires pour lutter contre le réchauffement climatique. Ce projet est soutenu par les centaines d’ONG qui déclaraient quelques semaines auparavant qu’elles avaient assisté au naufrage de la cause écologique lors d’un sommet qui n’avait mené à rien de concret. Mais surtout, cette idée, si elle aboutit, entraînera forcément une aggravation de la globalisation via les règles qu’elle fixera unilatéralement. Pourtant, la réalité industrielle est différente pour chaque État, en particulier pour les pays émergents dont le développement repose en grande partie sur leur capacité à déployer un arsenal industriel.

Mais selon les règles que veulent imposer le G20 et ses ONG alliées, cela provoquerait des émissions de CO2, ce qui n’est évidemment pas acceptable, et cela bien que le socle scientifique de la théorie du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en soit encore à l’état spéculatif.

Des ONG bien mieux organisées qu’Al-Qaeda

Le point de ralliement des ONG au système de domination est donc contenu dans sa composante la plus essentielle : maintenir un monde unipolaire. Par conséquent, et afin d’exporter les règles et principes du système de domination mondiale, les ONG tout comme le Marché, se doivent d’être transnationales et/ou internationales. Elles disposent de bureaux dans l’extrême majorité des nations du monde et font remonter leurs travaux, études et expertises auprès des véritables architectes de la globalisation dont elles sont, de fait, un des principaux vecteurs.

Elles ne font que s’aligner sur le système qui les chapeaute et servent de porte-paroles à une opposition fantasmée par les médias vassaux de la globalisation. Elles ne sont donc ni un contre-pouvoir, ni un outil de régulation démocratique. Il ne s’agit pas simplement d’une institutionnalisation de l’apolitique mais surtout d’une normalisation des circuits du système de gouvernance mondiale.

 

Luc Minelli et Julien Teil, pour FLASH [2]

Publié  sur Mecanopolis [3] avec l’aimable autorisation de Jean-Emile Néaumet, directeur de la rédaction.

Reproduction libre avec indication des sources

(1) L’institutionnalisation de la société civile, Thibault Le Texier, Janvier 2010.

(2) La Business Roundable a été fondée par de grands groupes économiques américains en 1972.

 


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Evolving into Consumerism -and Beyond it: Geoffrey Miller's "Spent"

Evolving into Consumerism—and Beyond It:
Geoffrey Miller’s Spent

Alex KURTAGIC

Ex: http://www.counter-currents.com/

Geoffrey Miller
Spent: Sex, Evolution, and Consumer Behavior
New York: Viking, 2009

31--B9alQzL.jpgWhen I was asked to review this book, I half groaned because I was sure of what to expect and I also knew it was not going to broaden my knowledge in a significant way. From my earlier reading up on other, but tangentially related subject areas (e.g., advertising), I already knew, and it seemed more than obvious to me, that consumer behavior had an evolutionary basis. Therefore, I expected this book would not make me look at the world in an entirely different way, but, rather, would reaffirm, maybe clarify, and hopefully deepen by a micron or two, my existing knowledge on the topic. The book is written for a popular audience, so my expectations were met. Fortunately, however, reading it proved not to be a chore: the style is very readable, the information is well-organized, and there are a number of unexpected surprises along the way to keep the reader engaged.

Coming from a humanities educational background, I was familiar with Jean Baudrillard’s treatment of consumerism through his early works: The System of Objects (1968), The Consumer Society: Myths and Structures (1970), and For a Critique of the Political Economy of the Sign (1972). Baudrillard believed that there were four ways an object acquired value: through its functional value (similar to the Marxian use-value); through its exchange, or economic value; through its symbolic value (the object’s relationship to a subject, or individual, such as an engagement ring to a young lady or a medal to an Olympic athlete); and, finally, through its sign value (the object’s value within a system of objects, whereby a Montblanc fountain-pen may signify higher socioeconomic status than a Bic ball-pen, or a Fair Trade organic chicken may signify certain social values in relation to a chicken that has been intensively farmed). Baudrillard focused most of his energy on the latter forms of value. Writing at the juncture between evolutionary psychology and marketing, Geoffrey Miller (an evolutionary psychologist) does the same here, except from a purely biological perspective.

The are three core ideas in Spent: firstly, conspicuous consumption is essentially a narcissistic process being used by humans to signal their biological fitness to others while also pleasuring themselves; secondly, this processes is unreliable, as humans cheat by broadcasting fraudulent signals in an effort to flatter themselves and achieve higher social status; and thirdly, this process is also inefficient, as the need for continuous economic growth has led capitalists since the 1950s to manufacture products with built-in obsolescence, thus fueling a wasteful process of continuous substandard production and continuous consumption and rubbish generation. In other words, we live in a world where insatiable and amoral capitalists constantly make flimsy products with ever-changing designs and ever-higher specifications so that they break quickly and/or cause embarrassment after a year, and humans, motivated by primordial mating and hedonistic urges that have evolved biological bases, are thus compelled to frequently replace their consumer goods with newer and better models — usually the most expensive ones they can afford — so that they can delude themselves and others into thinking that they are higher-quality humans than they really are.

Miller tells us that levels of fitness are advertised by humans along six independent dimensions, comprised of general intelligence, and the five dimensions that define the human personality: openness to experience, conscientiousness, agreeableness, stability, and extraversion. Extending or drawing from theories expounded by Thorstein Veblen and Amotz Zahavi (the latter’s are not mainstream), Miller also tells us that, because fraudulent fitness signaling is part and parcel of animal behavior, humans, like other animals, will attempt to prove the authenticity of their signals by making their signaling a costly endeavor that is beyond the means of a faker. Signaling can be rendered costly through its being conspicuously wasteful (getting an MA at Oxford), conspicuously precise (getting an MIT PhD), or a conspicuous badge of reputation (getting a Harvard MBA) that requires effort to achieve, is difficult to maintain, and entails severe punishment if forged. Miller attempts to highlight the degree to which these strategies are wasteful when he points out that, in as much as university credentials are a proxy for general intelligence, both job seekers and prospective employers could much more efficiently determine a job seeker’s general intelligence with a simple, quick, and cheap IQ test.

As expected, we are told here that signaling behavior becomes, according to experimental data, exaggerated when humans are what Miller calls “mating-primed” (on the pull). Also as expected, men and women exhibit different proclivities: males emphasizing aggression and openness to experience by performing impressive and unexpected feats in front of desirable females, and females emphasizing agreeableness through participation in, for example, charitable events. And again as expected, Miller tells us that while dumb, young humans engaging in fitness signaling will tend to emphasize body-enhancing consumption (e.g., breast implants, muscle-building powders, platform shoes), older, more intelligent humans, educated by experience on the futility of such strategies, instead emphasize their general intelligence, conscientiousness, and stability through effective maintenance of their appearance, via regular exercise, sensible diet, careful grooming, and tasteful fashion. Still, this strategy follows biologically-determined patters: as women’s physiognomic indicators of fertility (eye size; sclera whiteness; lip coloration, fullness, and eversion; breast size; etc.) peak in their mid twenties, older women will apply make-up and opt for sartorial strategies that compensate for the progressive fading of these traits, in a subconscious effort to indicate genetic quality and stability, as well as — as mentioned above — conscientiousness.

Less expected were some of the explanations for some human consumer choices: when a human purchases a top-of-the-line, fully featured piece of electronic equipment, be it a stereo or a sewing machine, the features are less important than the opportunity the equipment provides its owner to talk about them, and thus signal his/her intelligence through their detailed, jargon-laden enumeration and description. This makes perfect sense, of course, and reading it provided theoretical confirmation of the correctness of my decision in the 1990s, when, after noticing that I only ever used a fraction of all available features and functions in any piece of electronic equipment, I decided to build a recording studio with the simplest justifiable models by the best possible brands.

Even less expected for me where some of the facts outside the topic of this book. Miller, conscious of the disrepute into which the evolutionary sciences have fallen due to foaming-at-the-mouth Marxist activists — Stephen Jay Gould, Leon Kamin, Steven Rose, and Richard Lewontin — and ultra-orthodox nurture bigots in modern academia, makes sure to precede his discussion by describing himself as a liberal, and by enumerating a horripilating catalogue of liberal credentials (he classes himself as a “feminist,” for example). He also goes on to cite survey data that shows most evolutionary psychologists in contemporary academia are socially liberal, like him. It is a sad state of affairs when a scientist feels obligated to asseverate his political correctness in order to avoid ostracism.

Unusually, however, Miller seems an honest liberal (even if he contradicts himself, as in pp. 297-8), and is critical in the first chapters as well as in the later chapters of the Marxist death-grip on academic freedom of inquiry and expression and of the cult of diversity and multiculturalism. The latter occurs in the context of a discussion on the various possible alternatives to a society based on conspicuous consumption, which occupies the final four chapters of this book. Miller believes that the multiculturalist ideology is an obstacle to overcoming the consumer society because it prevents the expression of individuality and the formation of communities with alternative norms and forms of social display. This is because humans, when left to freely associate, tend to cluster in communities with shared traits, while multiculturalist legislation is designed to prevent freedom of association. Moreover, and citing Robert Putnam’s research (but also making sure to clarify he does not think diversity is bad), Miller argues that “[t]here is increasing evidence that communities with a chaotic diversity of social norms do not function very well” (p. 297). Since the only loophole in anti-discrimination laws is income, the result is that people are then motivated to escape multiculturalism is through economic stratification, by renting or buying at higher price points, thus causing the formation of

low-income ghettos, working-class tract houses, professional exurbs: a form of assortative living by income, which correlates only moderately with intelligence and conscientiousness.

. . .

[W]hen economic stratification is the only basis for choosing where to live, wealth becomes reified as the central form of status in every community — the lowest common denominator of human virtue, the only trait-display game in town. Since you end up living next to people who might well respect wildly different intellectual, political, social, and moral values, the only way to compete for status is through conspicuous consumption. Grow a greener lawn, buy a bigger car, add a media room . . . (p. 300)

This is a very interesting and valid argument, linking the evils of multiculturalism with the consumer society in a way that I had not come across before.

Miller’s exploration of the various possible ways we could explode the consumer society does get rather silly at times (at one point, Miller considers the idea of tattooing genetic trait levels on people’s faces; and elsewhere he weighs requiring consumers to qualify to purchase certain products, on the basis of how these products reflect their actual genetic endowments). However, when he eventually reaches a serious recommendation, it is one I can agree with: promoting product longevity. In other words, shifting production away from the contemporary profit-oriented paradigm of cheap, rapidly-obsolescing, throwaway products and towards the manufacture of high quality, long-lasting ones, that can be easily serviced and repaired. This suggests a return to the manufacturing standards we last saw during the Victorian era, which never fails to put a smile on my face. Miller believes that this can be achieved using the tax system, and he proposes abolishing the income tax and instituting a progressive consumption tax designed to make cheap, throwaway products more expensive than sturdy ones.

Frankly, I detest the idea of any kind of tax, since I see it today as a forced asset confiscation practiced by governments who are intent in destroying me and anyone like me; but if there has to be tax, if that is the only way to clear the world out of the perpetual inundation of tacky rubbish, and if that is the only way to obliterate the miserable businesses that pump it out day after day by the centillions, then let it mercilessly punish low quality — let it sadistically flog manufacturers of low-quality products with the scourging whip of fiscal law until they squeal with pain, rip their hair out, and rend their garments as they see their profits plummet at the speed of light and completely and forever disappear into the black hole of categorical bankruptcy.

If you are looking for a deadly serious, arid text of hard-core science, Spent is not for you: the same information can be presented in a more detailed, programmatic, and reliable manner than it is here; this book is written to entertain as much as it is to educate a popular audience. If you are looking for a readable overview, a refresher, or an update on how evolved biology interacts with marketing and consumption, and would appreciate a few key insights as a prelude to further study, Spent is an easy basic text. It should be noted, however, that his area of research is still in relative infancy, and there is here a certain amount of speculation laced with proper science. Therefore, if you are interested in this topic, and are an activist or businessman interested in developing more effective ways to market your message or products, you may want to adopt an interdisciplinary approach and read this alongside Jacques Ellul’s Propaganda: The Formation of Men’s Attitudes, Jean Baudrillard’s early works on consumerism, and some of the texts in Miller’s own bibliography, which include — surprise, surprise! — The Bell Curve: Intelligence and Class Structure in American Life, by Richard Herrnstein and Charles Murray, and The Global Bell Curve: Race, IQ, and Inequality Worldwide, by Richard Lynn, among others.

TOQ Online, August 14, 2009

The Romance of the Classical - Walking the Appian Way

The Romance of the Classical

Walking the Appian Way

 
By Derek Turner
 
 
The Romance of the Classical
 

“To the heart of youth the world is a highwayside.
Passing for ever, he fares; and on either hand,
Deep in the gardens golden pavilions hide”

R. L. Stevenson, Songs of Travel

No youth, but a man in his 40s bareheaded under merciless sun. Nor were there any golden pavilions anywhere in the whole baking expanse of Lazio. Yet standing on one of the most famous highways in the world on that torrid timeless afternoon, I felt I had all of history at my command.

I stood between tombs below cypresses, challenged by countless cicadas. Under the trees was a soft and fragrant carpet of dropped pine needles and divulged cones, and low tumbled walls over which there were wide views of panting fields and the sere stage-set of the Alban Hills. The heat-hazed black basalt stripe of the Appian Way extended before and behind, empty of movement yet echoing with phantasms and fantasies of countless ceased comings and goings, passing and re-passing for ever on expired errands.

I was staring southwards, the direction northern Europeans most like to look, down, down the spinal cord of Italy towards the unseen Mediterranean – that inland ocean of significant islands, storied coasts and once-tributary continents. Another few steps, and I felt I would cross a threshold, and be committed irrevocably to the journey.

Such a perfect prospect and such breathless moments had been vouchsafed to countless imperial adventurers, who exported and expended themselves in return for the world’s wealth – that traffic monitored, as I felt I was being monitored, by unsleeping ancestors in sarcophagi, hovering and whispering forever about the Way as if not even death could arrest their interest in imperial affairs. The compact between the quick and the dead was never more obvious than there, that Sunday, in that classical contrast between then and now, them and us, arrival and departure, anticipation and regret.

I had seen earlier an ancient inscription fixed into a later wall, a three-line fragment of an otherwise lost valediction cut in elegant three-inch capitals, flanked on the right by a downwards-pointed blazing torch to symbolize the flickering-out of life and the dissolution of a once-loved person:

“…SE LE MEMBRA

…O SENZA FAMA

…N SI DISSOLVE”

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Broken as they were – because they were broken – the teasing words seemed to assume a larger size and a wider meaning, as if they had been written not about one person, but about the whole of the Way, the fabulous panorama of the Western Empire. Letters and lines lost, remains dismembered, names disremembered, dreams dissolved – again and again along this road which had carried soldiers, merchants, farmers, pleasure trippers, pilgrims, defeated Spartacists pinned up on crucifixes, and above all countless funeral processions of dictators, censors, senators, magistrates, priests, generals, old families and arrivistes lent respectability by ancientness. Here on “the queen of the long roads” the dead won’t stay quite dead, and the living are never fully awake. It’s pleasant to daydream about death when you’re on the Appian Way, and it may be inescapable on such a road on such a day when no-one else appears to be moving anywhere in Europe.

The early Christians buried their pre-departed outside the Aurelian Wall in accordance with Rome’s rules, with the huge undulating gecko-stalked fields I had seen earlier drum-like with semi-explored catacombs, successive burials cut counter-intuitively deeper into the soft tufa until the last interments of all were carried out at the bottom of towering trenches of tombs.

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To those who believed, or even slightly believed, the idea of resting in proximity to Saint Cecilia and proto-popes, adjacent to the great road along which Peter had been taken in chains in AD 56 (purportedly the same chains displayed in the church of San Pietro in Vincoli on the Esquiline a few miles north) was probably not such a frightening fate to those thereby assured of rising and reigning with the just. These huge and hollowed charnel-houses where so many unknowns have been waiting so long for translation are only faintly sad, as though some trace element of the hopes deposited here and the libations poured out for so many centuries at the shrines of saints had lodged in corners of the complex.

The Via Appia epitomizes the empire’s evolution, emerging into history in 312 BC, a definite line leading out from the City and the tangled brambles of myth through magnificence to decline.

Appian_Way_-_Gateway_medium

Rome’s cultural catalogue calls across centuries to anyone even half-aware of being European – Aeneas escaping ruin, enigmatic Etruscans, twins suckled by wolves, tyrants tamed, bridges held, geese waking the guards, Gauls pulling the senator’s beard to discover if he were man or monument, brick becoming marble, the patient placing of ruler-straight roads across dizzying distances, eagles elevated and legions lost, empurpled eccentrics, king-makers and king-takers, provinces gambled in games, frontiers farmed out to mercenaries, and that final shabby century, when Goths came unresisted from the north to mow the crop of the debased citizenry – irrupting in at the Salarian Gate, opened by slaves who thought it was time they were masters, as Roman civilization ebbed out for ever to the south – the saddest Appian Way funeral procession of all.

After the sometime imperial subject Alaric finally took Rome for his own in 410, St Augustine wrote The City of God to emphasize the vanity of even imperial earthly aspirations – infuriated, according to tradition, by meeting Roman refugees whose chief concern now they had apparently witnessed the end of days was not to entreat the vengeful Lord but merely to locate Hippo’s theatres. The catastrophe of the Caput Mundi has provided Europeans ever since with a majestic narrative on which to hang huge historiological theories and from which they can derive endless melancholic pleasure.

As if this were not a sufficiently large donation to history, the transplanted Roman sun rose brilliantly again and shone for 1,043 years in Constantinople, the bulwark on the Bosphorus protecting Europe from the thronging East. When Constantine made his lamentable, lion-hearted exit and the longed-for “Red Apple” dropped at last into the eager hands of the Turks, Europe shivered as if it were 410 all over again.

Europe’s fear for the future was admixed with increasing respect for the past now finally consigned to the recorders and the raconteurs, the dramaturges and dreamers who sought classic examples to help them comprehend their own ages. As one such romantic, the Norfolk squire Sir Thomas Browne, wrote in his Hydriotaphia, Urn-burial of 1658 after Roman cinerary urns were unearthed by workmen on his estate:

“Run up your thoughts upon the ancient of days, the antiquary’s truest object, unto whom the eldest parcels are young, and earth itself an infant.”

That is just what one cannot help doing on the Appian Way – thinking about what Browne called “the Nations of the dead,” and how short a distance there always is between times and things – glory and vainglory, triumph and defeat, youth and age, life and death and sometimes back again.

Dehydrated, dusty, dirty and with blistering feet – but with the whole waiting whispering Way and West seemingly to myself – I wanted never to stop walking.

Hertog Jan - Brabants Volkslied

 

Hertog Jan - Brabants Volkslied

lundi, 17 janvier 2011

Comment l'Europe et la Russie pourront subsister à l'avenir

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Comment l’Europe et la Russie pourront subsister à l’avenir

Vladimir Poutine, Premier ministre russe, présente des projets de coopération

par Karl Müller

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch/

Il y a 20 ans, le 21 novembre 1990, les représentants gouvernementaux de 32 pays européens – y compris l’Union soviétique d’alors – ainsi que des Etats-Unis et du Canada signaient dans le cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE – aujourd’hui OSCE) la Charte de Paris. C’était une déclaration publique en vue de la création d’un ordre pacifique en Europe après la réunification des deux Etats allemands et la fin de l’affrontement entre l’Est et l’Ouest (cf. Horizons et débats no 1 du 11/1/10)

A la suite du président Dimitri Medvedev, qui avait soumis une proposition fin 2009 en faveur d’un Accord européen de sécurité, reprenant ainsi les objectifs sécuritaires de la Charte de Paris, c’est au tour du Premier ministre du pays, Vladimir Poutine, de mettre en avant les dimensions économiques d’une possible coopération dans toute l’Europe (y compris la partie asiatique de la Russie – donc de Lisbonne à Vladivostock), en soumettant une proposition (cf. p. 4).
La Charte de Paris ne s’était pas contentée de promouvoir une coopération dans la politique sécuritaire au sens étroit du terme, mais aussi – sachant combien les deux domaines se recouvrent – pour un ordre économique inter étatique et une plus forte coopération économique dans toute l’Europe.
Le Premier ministre russe a soumis cette proposition à la «Süddeutsche Zeitung», en vue d’un débat organisé par cette dernière les 25 et 26 novembre à Berlin sous le titre de «IVe rencontre de dirigeants de l’économie», rassemblant 40 hommes politiques, dirigeants d’entreprises et scientifiques, en tant que conférenciers et participants à la Table ronde, de même que 300 personnes invitées.

La crise de 2008 est structurelle

Présentant ses propositions concrètes, le Premier ministre russe a constaté que «l’éclatement de la crise mondiale en 2008 n’était pas seulement dû au gonflement des «bulles» et à l’échec de la régulation des marchés mais qu’il était de nature structurelle». Selon lui «le problème central consiste dans l’accumulation de déséquilibres mondiaux. Le modèle selon lequel un centre régional multiplie les emprunts et consomme des biens sans frein alors que l’autre produit des marchandises bon marché et rachète des dettes a échoué. En outre, la répartition de la prospérité est extrêmement inégale aussi bien entre les différents pays qu’entre les différentes couches de population, ce qui a ébranlé la stabilité de l’économie, provoqué des conflits locaux et paralysé l’aptitude au consensus de la communauté internationale dans le débat sur les problèmes urgents.» Poutine réclame donc de s’engager dans une nouvelles voie, «de procéder à des réexamens, à évaluer les risques et à réfléchir à de nouvelles évolutions fondées non sur des valeurs virtuelles mais réelles.»

L’activité économique peut protéger la dignité humaine

En jetant un coup d’œil honnête sur les 20 années passées, on ne peut qu’approuver ce diagnostic. Les objectifs fixés dans la Charte de Paris par tous les gouvernements européens, mais aussi par ceux des Etats-Unis et du Canada, de promouvoir «une activité économique qui respecte et protège la dignité humaine, de développer des économies de marché «en vue d’une croissance économique durable, de la prospérité, de la justice sociale, du développement de l’emploi et de l’utilisation rationnelle des ressources économiques», de mettre l’accent sur le fait qu’il «est important et conforme à notre intérêt à tous que le passage à l’économie de marché réussisse dans les pays qui font des efforts en ce sens, afin que cette réussite nous permette de partager les fruits d’un accroissement de la prospérité auquel nous aspirons tous ensemble», ne furent pas pris sérieusement en compte et donc pas atteints.
On n’accorda pas suffisamment d’attention à l’exigence de «prendre en compte les intérêts des pays en développement» lors d’une coopération économique accrue au sein du processus CSCE.
Bien au contraire: au cours des derni­ères 20 années, les «vainqueurs» de la guerre froide ont tenté de transformer les Etats du Conseil d’assistance économique mutuelle (Comecon) en économies de marché, autrement dit de leur imposer une forme de capitalisme qui ne répondait pas à la volonté des peuples. Ce fut le sort de tous les peuples de l’Europe centrale orientale, de l’Europe du Sud-Est et de l’Est.

L’indépendance économique fait partie de la dignité humaine

C’est ce que durent vivre les Allemands de l’ancienne RDA, qui ne sont toujours pas considérés comme des citoyens de valeur égale dans un Etat commun. Car on ne leur accorda pas une des conditions fondamen­tales de liberté égale, soit l’autonomie économique (cf. Karl-Albrecht Schachtschneider: «Plaidoyer pour la citoyenneté», Horizons et débats n° 47 du 6 décembre; ainsi que Peter Ulrich: «Integrative Wirtschaftsethik», p. 278 sqq: «Wirtschaftsbürgerrechte als Grundlage realer Freiheit für alle»). Encore 20 ans plus tard, la majorité des habitants de l’Est du pays dépendent encore de l’aide pécuniaire de l’Etat. On ne leur laissa pas le droit d’un gagne-pain sur place, c’est-à-dire là où vit leur famille, où ils ont leurs amis, dans leur environnement. Les 30 entre­prises qui, selon l’ouvrage intitulé «Die Blaue Liste» [La liste bleue] de Wolfgang Schorlau, devaient leur rester sous forme de coopératives n’ont plus de valeur que comme mémorial de l’éthique économique. Alors qu’après 1990 presque l’entière structure économique de la RDA fut traitée comme une masse en faillite et qu’elle ne servit plus que d’ateliers pour les grandes entreprises ouest-allemandes, on n’a toujours pas réussi – ou peut-être ne l’a-t-on pas voulu – de mettre en place une structure économique saine, indépendante et offrant des emplois sûrs.
Il faut prendre conscience que n’est pas forcément fausse la thèse selon laquelle cette tragédie n’est pas qu’interallemande, mais bien une part d’un plus grand projet dans l’intérêt du capital financier, que donc l’Est de l’Allemagne, comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe centrale orientale, de l’Europe du Sud-Est et de l’Europe de l’Est devait être désindustrialisé et dépendre directement (par l’accumulation des dettes privées) ou indirectement (par l’accumulation des dettes publiques) de l’industrie de la finance.
Le Premier ministre russe parle, en se référant à l’UE, des «fruits pourris d’une désindustrialisation qui dure depuis de longues années» et du risque réel «d’un affaiblissement de ses positions sur les marchés industriels et de la haute technologie».

Renforcer l’économie réelle plutôt que de produire des bulles financières

C’est pourquoi on comprend que Poutine propose une «politique industrielle commune» et demande de mettre en place une marche à suivre pour savoir «comment faire déferler une nouvelle vague d’industrialisation sur le continent européen» avec «la mise en œuvre de programmes communs de soutien aux PME opérant dans l’économie réelle».
En vérité: la décadence des Etats-Unis et de la Grande Bretagne et la montée de la Chine et de l’Inde est l’image même du mensonge que fut la prétention des 20 dernières années qu’il fallait tout miser sur la finance. Cela provoqua une dépendance du capital financier et des lieux de production dans les pays lointains. C’est doublement dangereux. Car personne ne peut garantir que la monnaie dont nous croyons pouvoir encore disposer aujourd’hui gardera demain sa valeur et nous permettra encore de faire nos achats. L’argent ne nourrit pas.
Tout comme la formation et les sciences, une fourniture d’énergie sûre, en quantité suffisante et financièrement équilibrée sont de première importance pour l’avenir de l’Europe et de la Russie. Ces deux aspects sont aussi inclus dans la proposition de Poutine.

Des zones de libre-échange entre Etats qui se respectent sont aussi une garantie de paix

Lorsque Poutine écrit que «l’état actuel de la collaboration entre la Russie et l’UE ne correspond absolument pas aux défis auxquels nous sommes confrontés», il ressort que le Premier ministre vise une étude approfondie des forces en présence et des dangers dans la politique et l’économie du monde.
En août de cette année, lors de sa visite en Suisse, le président Medvedev avait proposé, de commun accord avec ses hôtes, de mettre en place une zone de libre-échange entre la Russie et l’AELE. Les négociations devront commencer dès janvier prochain, selon le secrétaire de l’AELE Kaare Bryn lors d’une interview le 22 novembre (www.nachhaltigkeit.org).
Cette proposition du Premier ministre russe pour une zone de libre-échange entre la Russie et l’UE fait partie d’une vision pour toute l’Europe, au profit des deux parties, assurant de surcroît la paix.

Réactions positives de l’industrie et des banques européennes

Les propositions du Premier ministre russe doivent être suivies de près. Comment expliquer les réticences de la chancelière allemande et de la bureaucratie de l’Union européenne? Il ne s’agit sûrement pas de pressions venant de l’industrie et des banques européennes, car elles saluent les propositions de Poutine, d’autant plus que ce sont elles qui ont contribué au développement des échanges commerciaux entre l’UE et la Russie depuis l’an 2000 – l’année de crise 2009 n’ayant été qu’une parenthèse – passant de 86 milliards d’euros en 2000 à 282 milliards en 2008 (selon les indications d’Eurostat [76/2010] du 28 mai 2010). La Russie est, après les Etats-Unis et la Suisse le troisième partenaire commercial de l’UE. Il y a toutefois encore beaucoup de possibilités de développement.
Le Premier ministre russe dénonça le système de visa entre la Russie et l’UE comme frein à la coopération, mettant en cause la politique et non pas l’économie. Il affirma lors d’un entretien avec des entrepreneurs allemands que «les autorités allemandes semaient les obstacles sur le chemin des investisseurs russes. (Ria Novosti du 29 novembre)
La proposition actuelle du Premier ministre russe mérite qu’on s’y arrête, tout comme ce fut le cas de celle concernant un Traité européen de sécurité. Les dégâts causés en Europe au cours des 20 dernières années sur les plans politique, économique et social exigent une vision nouvelle. Le Premier ministre russe a soumis ses propositions, aux Européens de répondre de manière constructive.    •

Les services edfrets américains photographient des Européens critiques envers les USA

Les services secrets américains photographient des Européens critiques envers les USA

Ex: http://www.mecanopolis.org/

Les services secrets américains SDU (Surveillance Detection Unit), jusqu’à présent pratiquement inconnus du public, poursuivent et photographient des Européens qui se montrent critiques envers le gouvernement américain.

 

[1]

Des documents publiés montrent que rien qu’en Norvège, par exemple, plus de 2000 personnes ont été visées par la SDU. Les données sont traitées et classifiées à Washington dans le système Simas (Security Incident Management Analysis System), la banque de données de l’anti-terrorisme américain. Les documents de WikiLeaks montrent que des unités de la SDU sont stationnées et actives en permanence aussi en Autriche, en Suisse et en Allemagne. Berlin a hâtivement déclaré qu’elle n’avait aucune information concernant des activités de la SDU. Il semble qu’à Londres des agents secrets anglais insatisfaits soient prêts à adhérer à la SDU. « Le gouvernement a réduit nos moyens, nous ne pouvons plus travailler efficacement. Il semble que les Américains, eux, n’aient pas de soucis d’argent. » Selon certaines rumeurs des centaines de collaborateurs des services secrets anglais seraient révoltés et prêts à changer de côté.

 

Source : Horizons & Débats [2]

 

 


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John F. Kennedy - Ein Star wird demontiert

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John F. Kennedy – Ein Star wird demontiert

Niki Vogt

 

Es gibt nationale Ikonen, deren Tugenden und Fähigkeiten symbolisch für das Selbstbild stehen, das eine Nation von sich selbst pflegt – und das auch Bewunderer dieser Nation teilen. Mahatma Ghandi für Indien, beispielsweise – oder Jeanne d’Arc und Napoleon Bonaparte für Frankreich, Evita Peron für Argentinien, Winston Churchill für England oder John F. Kennedy für Amerika. Es ist meist gar nicht so schwer herauszufinden, dass die strahlenden Helden manchmal deutliche Makel und dunkle Seiten aufweisen. Solange eine Nation selbstbewusst ist und angesehen, tastet niemand das strahlende Image an. Eine Revision des Vorbildcharakters einer Nation als Ganzes äußert sich nicht selten in einer Abrechnung mit einer solchen Identitätsstiftenden, nationalen Überfigur. So geschehen mit Napoleon, Stalin, Mao Tse Tung, Otto von Bismarck und vielen anderen mehr. Ein Artikel im Telegraph – als Beispiel für viele – zum 50. Jahrestag der Präsidentenwahl von John F. Kennedy macht nachdenklich.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/nik...

Agrarfreihandel führt zu mehr Hunger und Ausbeutung in der Welt

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Agrarfreihandel führt zu mehr Hunger und Ausbeutung in der Welt

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/

Seit dem Ausbruch der Finanzkrise und den verheerenden Auswirkungen auf die Weltwirtschaft und auf die darin lebenden Menschen tritt immer wieder die Spekulation mit Nahrungsmitteln und Agrarrohstoffen in den Fokus des weltweit vernetzten Finanzmolochs. Da die Derivatgeschäfte an den Finanzmärkten Hochrisikogeschäfte sind, haben sich in den letzten Jahren die Fondsmanager und Berufsspekulanten vermehrt auf die Nahrungsmittelbranche gestürzt, um ihre zweifelhaften Gewinne in einen neuen Sektor zu investieren, eine neue Blase zu bilden und erneut Milliardengewinne einzustreichen. Dies hat zu enormen Preissteigerungen von Getreide und anderen Agrarprodukten geführt, die besonders ärmere Länder in schwere Krisen gestürzt haben. Auf Grund dieser Entwicklung hat der Uno-Menschenrechtsrat bereits im Juni 2008, noch vor dem Zusammenbruch der Lehman Brothers, eine Sondersitzung einberufen, um auf diese dramatischen Fehlentwicklungen aufmerksam zu machen und eine Resolution zu verabschieden, die dem Menschenrecht auf Nahrung verstärkte Beachtung schenkt und die Staatengemeinschaft verpflichtet, alles daran zu setzen, dass die Ärmsten der Armen nicht unter der Habgier und der damit verbundenen Spekulationswut der «Satten» zu leiden haben.

thk. Neben der unsäglichen Spekulation mit Agrarprodukten hat sich für kleine Länder und Entwicklungsländer der Freihandel à la WTO als besonders heimtückisch herausgestellt, da ausschliesslich die Industrienationen mit grossflächigem Agrarland einen Vorteil besitzen und so zu Preisen produzieren können, die vor allem die noch schwachen Märkte der Entwicklungsländer sowie deren einheimische Landwirtschaft zerstören. Somit werden vornehmlich Entwicklungsländer weiterhin in der Abhängigkeit von den reichen Nationen gehalten. Mathias Binswanger, Professor für Volkswirtschaftslehre, legt in seinem publizierten Vortrag «Globalisierung und Landwirtschaft – Mehr Wohlstand durch weniger Freihandel» wissenschaftlich einleuchtend und nachvollziehbar dar, dass der Freihandel in der Landwirtschaft zur Verarmung besonders der ländlichen Bevölkerung sowie zu einem Verschwinden von bäuerlichen Betrieben führen muss. Die lange im Vokabular der Globalisierer geführte These vom «Wohlstand für alle durch freie Märkte» wird damit endgültig ad absurdum geführt (vgl. Kasten).

Landraub verstärkt Spekulation

Als neue Bedrohung für die Ernährungssicherheit ganzer Staaten kommt der in den letzten Jahren immer stärker grassierende Kauf von fruchtbarstem Landwirtschaftsland in Afrika, Asien und Europa hinzu (vgl. Leitartikel auf Seite 1), unter anderem auch von Erdöl exportierenden oder produzierenden Ländern, die gleichzeitig Agrarrohstoffe für Biodiesel anbauen wollen, um sich diesen Markt ebenfalls zu sichern, auf Kosten der oft schlecht ernährten oder gar hungernden Bevölkerung in diesen Ländern. Während der von der Uno (FAO) in Auftrag gegebene Weltagrarbericht (IAASTD) auf Grund seriöser wissenschaftlicher Studien schon vor zwei Jahren zu dem eindeutigen Schluss kam, dass die kleinräumige, lokal oder regional verankerte Landwirtschaft am besten dazu geeignet ist, die Bevölkerung des jeweiligen Landes mit genügend Nahrungsmitteln zu versorgen, finden sich immer wieder die grossen Apostel des Agrarfreihandels, die nach wie vor die «heilenden Kräfte des freien Marktes» zum besten geben. Dabei ignorieren sie bewusst, dass die Organisationsform des Familienbetriebs oder der genossenschaftliche Zusammenschluss, wie er auch in der Schweiz traditionell immer betrieben wurde und heute noch betrieben wird, am besten dafür geeignet ist.

Lokal verankerte, kleinräumige Landwirtschaft löst Hungerkrisen

«Das Konzept, in durchrationalisierten Monokulturen riesige Mengen weltweit gehandelter Agrarrohstoffe aus wenigen standardisierten Hochleistungspflanzen zu gewinnen und dann in immer aufwendigeren und komplexeren industriellen Verarbeitungsgängen zu der scheinbaren Vielfalt zu verarbeiten, die wir aus unseren Supermärkten kennen, hat wesentlich zu den modernen Formen der Über- und Fehl­ernährung beigetragen. Es erfordert gewaltige Mengen an Pestiziden und Kunstdünger und verbraucht mittlerweile rund 70 Prozent unserer gesamten Süsswasserentnahme. Ausgelaugte versalzene Böden, Entwaldung, die Vergiftung ganzer Wasserläufe und natürlicher Nahrungsketten und ein Artensterben unbekannten Ausmasses sind der ökologische Preis des Fortschritts. Trotz Überproduktion ist das industrielle Modell globalisierter Landwirtschaft unfähig, die Grundbedürfnisse von Milliarden von Menschen nach ausreichender und ausgewogener Ernährung zu befriedigen. Statt dessen erlaubt es, besonders in Lateinamerika und in Teilen Asiens und Afrikas, eine florierende industrielle Produktion sogenannter cash-crops, die an der unversorgten Bevölkerung vorbei auf dem Weltmarkt verkauft werden.» Soweit der Kommentar der deutschsprachigen Broschüre zum Weltagrarbericht «Wege aus der Hungerkrise – Die Erkenntnisse des Welt­agrarberichtes und seine Vorschläge für eine Landwirtschaft von morgen». Dieser von über 400 Wissenschaftlern ausgearbeitete Bericht kommt denn auch auf folgenden Ausweg aus dieser Krise: «Diversifizierte, kleinbäuerliche Höfe stellen den Löwenanteil der weltweiten Landwirtschaft. Auch wenn die Produktivitätszuwächse in speziellen Grossbetrieben mit hohem Input schneller erreicht werden können, liegt der grösste Spielraum in der Verbesserung von Existenzgrundlagen und von Gerechtigkeit in den kleinteiligen und vielfältigen Produktionssystemen der Entwicklungsländer. Dieser kleinbäuerliche Sektor ist dynamisch und reagiert schnell auf veränderte sozioökonomische Rahmenbedingungen, denen er sein Produktangebot, besonders auch die Steigerung der Produktion, bei gesteigerter Nachfrage anpasst.»1

Setzt die Linke noch immer auf Hochkapitalismus?

Trotz dieser Erkenntnis und den verheerenden Entwicklungen auf den Agrarmärkten parallel zu der Finanzkrise, deren Ausmass vor allem deswegen niemand absehen kann, weil Milliarden von neu geschöpftem Geld im Umlauf sind, scheint offensichtlich eine Mehrheit der Linken immer noch am neoliberalen Projekt des Agrarfreihandels festhalten zu wollen. Die unsinnige Argumentation, dass der Freihandel im Agrarwesen gerade den Unterprivilegierten zugute käme, stösst bei der betroffenen Bevölkerung schon lange auf Widerstand, und in letzter Zeit macht sich auch bei politischen Vertretern zunehmend Skepsis breit und sie wird im seriösen wissenschaftlichen Diskurs immer häufiger in Frage gestellt.
Als der Nationalrat in der Wintersession über die parlamentarische Initiative von Nationalrat Joder abstimmen musste, waren es lediglich zwei Nationalräte der SPS, die für die Initiative gestimmt hatten und somit dem Agrarfreihandelsabkommen mit der EU den Garaus machen wollten – das erklärte Ziel dieser Initiative. Dass der Nationalrat diese am Schluss angenommen hat, ist der Weit- und Einsicht vieler Parlamentarier und nicht zuletzt auch den Bemühungen der bäuerlichen Verbände zu verdanken.

Wo bleiben die Gewerkschaften?

Dass unsere Gewerkschaften sich letzte Woche zu Wort gemeldet haben und bei Schweizer Arbeitnehmern in den Jahren 2000 bis 2008 auf Grund steigender Lebenshaltungskosten, vor allem im Bereich Energie und Gesundheit, einen Einkommensverlust von 1400 Franken feststellten und dies anprangerten, gehört eigentlich zu ihrem Kerngeschäft. Aber dass die Gewerkschaften noch nie ein Wort darüber verloren haben, dass die Bauern seit Jahren einen jährlichen Einkommensverlust in dieser Grössenordnung verzeichnen, gehört wahrscheinlich ins gleiche Kapitel wie die Unterstützung der Linken für einen Agrarfreihandel mit der EU. Alles, was nach Internationalismus riecht, wird unterstützt.

Bauernverband für mehr Ernährungssicherheit

Noch haarsträubender war in einem Teil unserer Medien die Argumentation bezüglich Dioxin-verseuchter Lebensmittel in der EU. Dass ein Agrarfreihandelsabkommen zu einer besseren Information der Schweiz über den Dioxin-Skandal hätte führen müssen, entbehrt jedwelcher Grundlage. Erst nach Tagen kommt das ganze Ausmass des Skandals ans Tageslicht, und man gewinnt immer mehr den Eindruck, dass die EU-Behörden völlig ahnungslos sind und das Ganze eher verharmlost haben, als dass sie über das wirkliche Ausmass Bescheid wissen. So kommen jeden Tag neue Ungeheurlichkeiten ans Tageslicht.
Bis heute gibt es, der Unabhängigkeit sei Dank, keine Hinweise, dass verseuchte Produkte in die Schweiz gelangt seien. Bei einem Agrarfreihandel mit der EU hätten wir die Produkte im Land ohne jede Kontrolle an der Grenze. Das sind die rosigen Aussichten eines solchen Freihandelsabkommens mit der EU, unter dem die EU-Bürger ebenfalls leiden.
Am 4. Januar hat sich der Schweizerische Bauernverband an seiner Neujahrs-Pressekonferenz dezidiert und fundiert zu der gesamten Problematik der Landwirtschaft, des Agrarfreihandels mit der EU und der Ernährungssicherheit geäussert. Dabei kamen verschiedene kritische Punkte zur Sprache, die ein Agrarfreihandel mit sich bringen würde, und dass gerade in Zeiten wirtschaftlicher und politischer Unsicherheit nichts Unsinnigeres getan werden könnte, als die Nahrungsmittelversorgung im eigenen Land vermehrt vom Ausland abhängig zu machen. Im folgenden druckt Zeit-Fragen, die wichtigen Stellungnahmen der Pressekonferenz ab.    •

1    Global Report of International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development (IAASTD), Agriculture at a Crossroad.

«Zusammenfassend kann man sagen: Freihandel bei landwirtschaftlichen Produkten führt zu vielen Verlierern und wenigen Gewinnern. Verlierer sind die meisten Bauern, sowohl in den Industrie- als auch in den Entwicklungsländern, während sich einige Grossbauern und ein paar internationale Konzerne zu den Gewinnern zählen dürfen. In den ärmsten Entwicklungsländern machen die sich auf der Verliererseite befindenden Kleinbauern zudem die Mehrheit der Bevölkerung aus. Aus diesem Grund sind gerade diese Länder am stärksten von den negativen Folgen des Freihandels betroffen, obwohl sie gemäss der Theorie am meisten profitieren sollten.
Die wohlstandsmindernden Auswirkungen des Freihandels bei Agrargütern lassen sich aber erst erkennen, wenn man den Handel nicht ausschliesslich unter dem Gesichtspunkt der Theorie der komparativen Vorteile betrachtet. Diese kann nämlich wesentliche Aspekte des Handels mit Agrargütern nicht erfassen und prophezeit deshalb Wohlstandsgewinne, die sich in der Realität in Verluste verwandeln.»

Quelle: Binswanger, Mathias. Globalisierung und Landwirtschaft. Mehr Wohlstand durch weniger Freihandel. ISBN 9-783854-525837, S. 52 f.

Bernard Lugan salue Vladimir Volkoff

Bernard Lugan salue

Vladimir Volkoff

dimanche, 16 janvier 2011

La tradition militaire suisse

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La tradition militaire suisse

Histoire de l’Armée en Suisse1

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch/

par Albert A. Stahel, professeur d’études stratégiques à l’Université de Zurich et directeur de l’Institut d’études stratégiques de Wädenswil

A l’étranger, quand on parle de la tradition militaire suisse, on pense généralement à l’armée de milice. Cependant il existe une tradition plus ancienne, celle du service étranger de l’ancienne Confédération. Nous commencerons donc par décrire ce service étranger pour passer ensuite à l’armée de milice. Et pour terminer, nous examinerons la tradition suisse aujourd’hui.

Dès avant la fondation de l’ancienne Confédération en 1291, les Suisses d’Uri, de Schwytz et d’Unterwald étaient des merce­naires redoutés sur les champs de bataille d’Europe. Ainsi, en 1240, l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen accorda aux Schwytzois, en récompense de leur aide militaire à Faenza, l’immédiateté impériale en vertu de laquelle ils dépendaient directement de l’Empereur et non plus de ses vassaux.
C’est paradoxalement une bataille perdue qui fut à l’origine de la conclusion d’accords de la Diète sur le service au profit de puis­sances étrangères. Le 26 août 1444, aux portes de Bâle, près de Saint-Jacques-sur-la-Birse, eut lieu une bataille d’ampleur européenne. Ce jour-là, 1500 Confédérés se heurtèrent, en trois phases, à 40 000 Armagnacs commandés par le dauphin (futur Louis XI). La bataille commença le matin et prit fin le lendemain après une nuit de combats. Seuls quelques centaines de Confédérés en réchappèrent qui, une fois rentrés chez eux, eurent quelque peine à échapper à la décapitation, car on les considéra comme des lâches. Les Armagnacs perdirent entre 800 et 14 000 hommes. Le dauphin fut si impressionné par la combativité des Confédérés qu’il retira son armée et alla, le 5 septembre, établir son quartier général en Alsace, à Ensisheim.
Le 21 octobre, les Confédérés furent invités à rencontrer le plénipotentiaire français à Zofingen. Le 28, à Ensisheim, fut signé un accord entre la France et les villes et cantons de Bâle, Berne, Lucerne, Soleure, Uri, Schwytz, Unterwald, Zoug et Glaris et leurs alliés: le duc Louis de Savoie, le comte Jean de Neuchâtel, le comte Jean d’Aarberg et de Valangin ainsi que les villes de Bienne et de La Neuveville. Cet accord représentait la première étape d’un traité d’alliance avec la France. Grâce à la possibilité d’enrôler des Confédérés, la France devint une puissance protectrice de la Confédération, laquelle se vit ouvrir un important marché à l’Ouest.
Il est intéressant de constater que c’est une autre bataille perdue qui permit d’approfondir les relations entre l’ancienne Confédération et la France et d’institutionnaliser le service étranger. Il s’agissait cette fois du duché de Milan qui était à l’époque sous la domination des Confédérés. Le roi de France François 1er, qui voulait absolument s’emparer du duché, proposa, le 2 janvier 1515, des négociations aux Confédérés, mais elles n’aboutirent pas. On prépara la guerre. Tandis que le roi rassemblait ses forces armées, les Confédérés avaient déplacé 30 000 hommes en trois groupes principaux au sud des Alpes. A la suite des offres de pensions et de privilèges de la part du Roi, un tiers des troupes prirent le chemin du retour. Le cardinal valaisan Matthieu Schiner encouragea avec succès les autres à se battre.
La bataille fit rage les 13 et 14 sep­tembre près de Marignan, en Italie du Nord. Lorsque, en raison de la supériorité de l’artillerie française et de l’épuisement de la combativité des Confédérés, la défaite fut prévi­sible, le gros des troupes confédérées se retira. Toute­fois, après la défaite, la majorité des cantons ne voulut pas abandonner la partie. Finalement les négociations avec la France reprirent le 7 juillet 1516. Après que les promesses de l’empereur et celles d’Henri VIII d’Angleterre se furent avérées dou­teuses, les Confédérés signèrent avec la France, le 29 novembre 1516, à Fribourg, une paix perpétuelle. Ce traité fut renouvelé à plusieurs reprises et resta en vigueur jusqu’en 1792. Avec cette capitulation militaire – traité divisé en chapitres – le Corps helvé­tique (c’était un des noms de la Confédération depuis le XVIIe siècle) s’engageait à mettre à la disposition de la France des contingents pouvant être levés en Suisse.
Toutes les capitulations, qui servirent plus tard de modèle pour les traités avec d’autres puissances européennes, stipulaient2:
1.    que les Suisses ne pouvaient servir que dans des régiments suisses sous la bannière suisse et que le colonel général des régiments suisses devait être soit le Roi soit un membre de la famille royale;
2.    que les soldats suisses ne pouvaient être condamnés que par des juges suisses selon le droit suisse et sous la souveraineté de la Confédération;
3.    que la Diète avait en tout temps le droit de rappeler les régiments pour défendre la Confédération en cas de menace.
Les régiments suisses, qui avaient en France le statut de troupes auxiliaires, devaient en principe servir les intérêts de la Confédération. Les Suisses n’étaient subordonnés qu’à la capitulation militaire et jouissaient d’un statut privilégié par rapport à d’autres merce­naires qui, en tant que combattants individuels, étaient soumis à l’autorité et à la juridiction des princes.
En raison de sa politique étrangère à l’égard du Saint-Empire romain germanique, la France était crédible aux yeux des cantons protestants et du fait de sa politique intérieure catholique, elle était acceptable par les cantons catholiques. Au milieu du XVIIIe siècle, le roi de France avait douze régiments suisses à son service. A cela s’ajoutait le plus célèbre, celui de la Garde suisse ainsi que la Compagnie des Cent Suisses. A plusieurs reprises, les Confédérés aidèrent à sauver la monarchie française. Cependant la fidélité à la Couronne ne cessa de faire des victimes: le régiment de la Garde suisse fut massacré aux Tuileries le 10 août 1792, événement qui se reproduisit en 1830.
Suivant l’exemple de la France, d’autres puissances eurent le droit de recruter des unités dans la Confédération. Ce fut notamment le cas du Pape qui entretenait, outre une petite armée de 2000 Suisses, une Garde suisse. En 1527, celle-ci dut défendre le Vatican contre une attaque de la soldatesque de l’empereur Charles-Quint. Après avoir massacré 8000 Romains sans défense, le 6 mai 1527, les mercenaires espagnols et les lansquenets allemands se heurtèrent, devant la basilique Saint-Pierre, à 147 gardes commandés par le capitane zurichois Kaspar Röist. La Garde, qui avait juré fidélité au Pape, était prête à risquer sa vie. Au cours d’un combat contre 10 000 soldats de l’Empereur, qui dura six heures, les gardes et leur capitaine furent tous massacrés. Suite au 6 mai 1527 la Garde a été anoblie. Aujourd’hui encore, on célèbre leur héroïsme.
Du XVe siècle à 1787, 614 257 soldats furent recrutés en Suisse pour la France3. Sous François 1er, la troupe en comptait 163 000. Lors de toutes les batailles de la Couronne, les Confédérés se heurtaient à leurs anciens ennemis, les lansquenets allemands, par exemple lors des campagnes d’Italie ou des guerres de religion françaises. On se montrait impitoyable dans les deux camps.
Au milieu du XVIIIe siècle, la Confédération mettait à la disposition de la France, des Pays-Bas, de l’Espagne, de la Savoie, de Naples et de l’Autriche un total de 76 000 mer­cenaires, et cela pour une population de 1,5 million d’habitants. Le dernier contingent était encore, en 1859, au service du roi de Naples et des Deux-Siciles. Jusque-là, plus de deux millions de Suisses avaient servi à l’étranger, avec ou sans capitulation.

L’armée de milice

En principe, la sécurité militaire de la Suisse reposa, jusqu’à la fin de l’ancienne Confédération, sur les capitulations qui permirent à la Diète de rappeler des soldats de profession bien formés en cas de menace. C’est la guerre de Trente Ans qui fut à l’origine de la constitution d’une armée de milice pour garantir la neutralité. Lorsque la guerre éclata, en 1618, les cantons protestants et catholiques de la Diète décidèrent de «ne pas bouger» et de rester neutres dans cet effroyable conflit. A la suite des troubles des Grisons – la Rhétie ne faisait pas encore partie de la Confédération – et de diverses violations de frontière, la Diète de 1647 adopta le Défensional de Wil voué à la défense des frontières orientales.
Pour la première fois, on prévoyait un contingent commun de 36 000 hommes et de 147 pièces d’artillerie destiné à dé­fendre la neutralité de la Confédération. Grâce aux efforts du bourgmestre de Bâle Johann Rudolf Wettstein lors des négociations de paix de Westphalie, la souveraineté de la Confédération fut inscrite à l’article 6 du Traité de Westphalie du 29 juillet 1648. Le Défensional fut renouvelé En 1664.
En 1668, lorsque la France envahit la Franche-Comté, la Diète de Baden compléta le Défensional. On créa alors une armée fédérale de 40 000 hommes constituée de trois corps: infanterie, cavalerie et artillerie. La neutralité fut proclamée pour la première fois lors de la conquête de la Franche-Comté par la France en 1674. Le dernier renouvellement du Défensional eut lieu en 1702.
La Révolution française eut non seulement pour effet de bouleverser l’équilibre des forces en Europe, mais l’introduction du service militaire obligatoire entraîna le renvoi des mercenaires suisses. Lorsque les Français envahirent la Suisse en 1798 – félonie dont on se souvient encore – il n’y avait plus aucun régiment intact du service étranger qu’on aurait pu déployer. Il s’agissait pour les Français de piller les arsenaux et les biens des Confédérés.
Après la création de la République helvétique, une nouvelle capitulation militaire fut signée sous la contrainte avec la France le 27 septembre 1803. La République helvétique devait mettre à la disposition de la France quatre régiments de 4000 hommes chacun. Les 28 et 29 novembre 1812, ils durent couvrir la retraite de ce qui restait de la Grande Armée après le passage de la Berezina. Les Russes attaquèrent alors à huit reprises. Seuls 300 Confédérés survécurent. Pendant les guerres napoléoniennes, des Suisses servirent également dans les armées d’autres Etats en guerre.
Après l’effondrement de l’Empire napoléonien, la Diète des 19 cantons élabora, en août 1815, un nouveau Pacte fédéral (constitution). Par le second Traité de Paris, du 20 novembre 1815, les puissances européennes reconnurent la neutralité perpétuelle de la Suisse, que celle-ci devait défendre elle-même militairement. C’est le Règlement militaire du 20 août 1817 qui créa la première armée fédérale moderne. Il affirmait le principe du service militaire obligatoire et donc de l’armée de milice et s’opposait ainsi à l’idée d’une armée de métier pour défendre le pays. L’armée suisse comptait alors 67 516 soldats: 33 758 soldats d’élite et 33 758 soldats de réserve. Il y avait en outre la landwehr des cantons. En 1819, on créa à Thoune l’Ecole militaire destinée à la formation des cadres. Ce Règlement fut révisé en 1840 et en 1842.

Prestation de serment de la Garde suisse

En décembre 1845, les cantons catholiques de la Suisse primitive ainsi que Fribourg et le Valais fondèrent le Sonderbund («Alliance séparée»). La raison en était le désaccord politique sur l’organisation future de la Confédération en tant qu’Etat fédéral ainsi que des tensions religieuses entre les cantons. La plupart des cantons de la Diète demandèrent à plusieurs reprises – la dernière fois le 3 septembre 1847 – la dissolution du Sonderbund et l’expulsion hors de Suisse des jésuites supposés être les instigateurs du Sonderbund. Se heurtant à un refus, la Diète mit sur pied, le 18 octobre 1847, une armée fédérale de 50 000 hommes. Guillaume-Henri Dufour fut nommé général-commandant en chef. Le 4 novembre, la Diète décida de dissoudre le Sonderbund par la force des armes. Ce dernier disposait de 29 500 soldats d’élite et de la landwehr. Les combats prirent fin le 6 décembre: ils avaient fait de part et d’autre 104 morts et 373 blessés.
Des votations eurent alors lieu dans les cantons sur la nouvelle Constitution fédérale, laquelle fut acceptée par quinze cantons et demi, résultat enregistré par la Diète du 12 septembre 1848. La Constitution interdisait le service étranger ainsi que l’acceptation de pensions, de titres, de décorations et de cadeaux de la part de gouvernements étrangers. Le 8 mai 1850 fut adoptée la loi fédérale sur l’organisation militaire de la Confédération. Elle prévoyait la création de 3 classes d’âge:4
Elite             20–34 ans
Réserve       35–40 ans
Landwehr    41–44 ans
L’armée avait un effectif total de 104 354 soldats et possédait 300 pièces d’artillerie. Outre l’instruction de base, on introduisit des cours de répétition annuels afin de maintenir le niveau de formation de la troupe et des cadres. C’est sur ces bases que l’armée de milice fut constamment réorganisée et adaptée à la situation jusqu’en 1989.
Il fallut faire face à plusieurs défis: l’Affaire de Neuchâtel, qui opposa la Confédération à la Prusse, la guerre franco-allemande de 1970-71, l’occupation des frontières de 1914 à 1918, le service actif de 1939 à 1945.

Appréciation actuelle

De 1989 à aujourd’hui, plusieurs votations populaires ont été organisées à propos du maintien et de l’équipement de l’armée de milice: initiative sur l’abolition de l’armée en 1989 et initiative «pour une Suisse sans avions de combat» en 1993. Lors de toutes les consultations, le peuple suisse a montré son attachement à son armée. Les problèmes ne sont pas venus de la base mais du sommet. En 1989, un gouvernement désorienté a décidé la Réforme de l’Armée 95 qui n’était qu’une réduction des effectifs de 625 000 à 400 000 hommes. Grâce à l’engagement sans faille des cadres professionnels et de milice, cette «réforme» a pu être plus ou moins bien maîtrisée.
En 1995, Adolf Ogi reprit le ministère de la Défense et, sous l’influence de ses conseillers, il décida, alors que la Réforme 95 n’était pas terminée, de réaliser une nouvelle réforme. L’Armée XXI – tel était son nom – devait être une armée d’intervention sur le modèle américain. L’armée «de formation» apparaissait dépassée. Une nouvelle réduction d’effectif fut prévue: on devait passer à 120 000 appelés et à 80 000 réservistes.
Cette réforme a été un échec total. Aujourd’hui, la population doit s’accom­moder du fait que son armée n’est plus opérationnelle, qu’elle n’a pas suffisamment de cadres de milice, que sa logistique ne fonctionne pas et que l’entretien des armes n’est plus assuré. En même temps, les liens étroits tissés entre la population, les communes, les cantons et la Confédération ont été détruits. L’actuel ministre de la défense Ueli Maurer doit relever un défi quasi insurmontable. Il ne suffit plus d’apporter de simples corrections à un modèle qui a échoué. Il devrait en principe repartir de zéro. La traditionnelle volonté de défense de l’armée de milice n’existe plus. En outre, Ueli Maurer est confronté au fait que son budget ne lui permet pas de renouveler le matériel. Les partisans d’Armée XXI veulent posséder une troupe professionnelle avec laquelle ils puissent participer à des guerres contraires à sa tradition humanitaire (CICR) du pays. A cela s’ajoute le fait que cet objectif contrevient au principe de souveraineté de la Suisse inscrit dans la Constitution.
Qu’en est-il du service étranger autorisé jusqu’en 1848? Dernier témoin de son passé glorieux, seule la Garde suisse pontificale a subsisté. Grâce à des accords particuliers, des jeunes Suisses de confession catholique peuvent y servir. Le jeune garde qui a effectué une école de recrues de l’Armée suisse doit s’engager pour deux ans au minimum. Ce service représente un défi extraordinaire et suppose un entraînement très dur. Le garde s’engage par serment à protéger le Pape au sacrifice de sa vie. La Garde pontificale est un joyau qui jouit encore d’un grand prestige en Suisse. Peut-être que grâce à son maintien, on réussira à réinsuffler à l’armée de milice, qui reste à créer, l’esprit traditionnel de l’ancienne Confédération et de son service étranger: la fidélité à la patrie et la volonté de se défendre.    •

Source: Der «Panzerspähtrupp», Nachrichtenblatt no 48. (Traduction Horizons et débats)

1    Stahel, Albert A. (1994): Von den Fremdendiensten zur Milizarmee. In: Armee 95 – Chance für die Milizarmee? Hrsg.: Albert A. Stahel. Zürich, Vdf Verlag, Strategische Studien Band 7, pp. 11 sqq.
2    ibid, p. 17.
3    ibid, p. 18.
4    ibid, p. 25.

Les ONG françaises, Cheval de Troie de l'Empire

Les ONG françaises, Cheval de Troie de l’Empire

Ex: http://www.mecanopolis.org/

Les relations franco-américaines ? L’un des vecteurs de la globalisation et, pire que tout, l’un de ses verrous. En effet, la construction européenne, Cheval de Troie de la gouvernance mondiale, n’aurait pas pu arriver là où elle en est sans la collaboration de la France. Dur à admettre, mais c’est ainsi…

 

[1]

L’histoire de la France et les possibles alliances stratégiques qu’elle pourrait initier sur la scène internationale sont telles que sa neutralisation a de longue date été prioritaire. Cette mise en quarantaine, nécessaire pour le processus globalisant, est exponentielle depuis son intégration dans l’Europe. Les États-Unis, quant à eux, ont incorporé une dimension humanitaire à toute entreprise expansionniste depuis la fin de la Seconde guerre mondiale avec le Plan Marshall. Cette stratégie leur a permis de compenser les « dégâts collatéraux » de leurs expéditions militaires par des bénéfices médiatiques et politiques. Ce qui explique que les relations franco-américaines d’après-guerre révèlent un flagrant ajustement de certaines ONG avec les volontés expansionnistes des États-Unis.

 

Dans le cadre du Plan Marshall, outre la contribution financière à la reconstruction de l’Europe, une ONG est alors créée : CARE(1), qui devient plus tard CARE International. Des colis alimentaires sont gracieusement distribués par l’ONG dans les pays européens dévastés par la guerre. En France, les fonds du Plan Marshall sont administrés par le Commissariat général au Plan, où officie Jean Guyot. Puis ce dernier occupe le poste de Directeur financier de la CECA (Communauté européenne du Charbon et de l’Acier) – l’ancêtre de l’actuelle Union européenne – sous la direction de Jean Monnet. Ce dernier en démissionne en 1954 pour prendre la tête du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe. Jean Guyot entre ensuite chez Lazard dont il est associé-gérant pendant près de cinquante ans et où il participe à la renommée internationale de la banque. En 1983, il crée le bureau français de l’ONG Care, qui est actuellement présidée par Arielle de Rothschild.

Les États-Unis affirment donc, dès la fin de la Seconde guerre mondiale, le besoin de camoufler leurs ambitions impériales en employant des moyens subversifs. Cette nécessité se fait de plus en plus grande durant la Guerre froide : jusqu’en 1969, Charles de Gaulle est au pouvoir et résiste aux pressions américaines en refusant tant qu’il peut la construction d’une Europe inféodée aux intérêts américains. Il ira même jusqu’à proposer à Willy Brandt le développement d’un projet européen alternatif à celui de la Maison Blanche. Au lendemain de la chute du Général, la France est alors à la fois dans l’orbite des États-Unis et dans l’incapacité de répondre à leurs tentatives de cooptation.

La porte est donc entièrement ouverte, ce qui permet à certains personnages de collaborer étroitement avec les États-Unis. Afin de coaliser opinion publique et forces politico-économiques en faveur d’une construction européenne américano-centrée, ces derniers créent de nombreux think-tanks, ONG qui, de plus, assurent le bon fonctionnement des relations franco-américaines.

• La Fondation Franco-américaine est officialisée en 1976 par le président Ford et son homologue français Valéry Giscard d’Estaing en est l’icône la plus voyante. Elle œuvre ouvertement pour « enrichir les relations franco-américaines et encourager un dialogue actif entre les deux nations »(2). C’est notamment grâce au soutien de Thierry de Montbrial (3) et de Jean Louis Gergorin, que la création du bureau français de cette fondation devient possible. Elle est aujourd’hui financée par la Banque Lazard : un des architectes – sinon l’architecte principal – des relations franco-américaines d’après-guerre. Pour saluer son engagement, Michel-David Weill recevra le prix Benjamin Franklyn de la Fondation franco-américaine en 2003, prix qui récompense « une personne qui, à travers sa vie, a œuvré à l’amélioration des relations entre la France et les États-Unis ». On ne peut faire plus clair.

• Michel David Weill règne en grand patron de Lazard de 1970 à 2001, période pendant laquelle il signe le chèque permettant la création du bureau américain de l’ONG française Action contre la faim. Cette association humanitaire est fondée en 1979 sous le nom d’AICF (Action internationale contre la faim) par un groupe d’intellectuels français.

Parmi les plus actifs, on y trouve : Jacques Attali, Bernard Henri-Lévy ; Guy Sorman (qui entre en tant que Young leader(4) de la fondation franco-américaine trois ans plus tard ; Marc Ullmann (qui officie sous la direction de Jean Monnet à la CECA avant d’entrer au CSIS (5) (sous la direction d’Henry Kissinger) ; Marek Halter (qui fonde ensuite SOS-Racisme avec Bernard- Henri Lévy et avec qui il se rend en Afghanistan en 1980 pour le compte d’AICF). AICF est donc fondée par un groupe d’individus ayant avalisé la politique américaine pendant et au-delà de la Guerre Froide.

ONG/CIA : mariage d’amour et de raison…

Puis l’AICF persiste dans la défense des intérêts américains, se rendant en 1980 à la frontière afghano-pakistanaise où l’ISI, les services secrets pakistanais, recrutent les combattants afghans pour le compte de la CIA. La guerre sale imaginée par Zbigniew Brzezinski, qui consiste à offrir à l’armée soviétique sa « Guerre du Vietnam » en attirant les Russes dans le bourbier afghan, provoquera la mort de près d’un million d’Afghans. Mais le discours médiatique d’Action contre la faim permet de minimiser les conséquences d’un conflit américano-soviétique dont les Moudjahiddines sont les premières victimes et les Occidentaux les idiots plus ou moins consentants. Par ailleurs, il s’agit évidemment de soutenir la doctrine de guerre américaine consistant à présenter la situation de la manière la plus subversive possible.

Comme le rappelle d’ailleurs Olivier Roy, un membre du fameux groupe d’intellectuels français fondateur d’AICF en 1979, dans une interview récente : « En août 1980, je forçais avec un âne et quelques porteurs le blocus russe en Afghanistan pour faire passer une aide humanitaire dérisoire. L’opération Caravanes pour l’Afghanistan. Une opération qui avait été organisée par Bernard-Henri Lévy, lui-même l’un des fondateurs d’AICF en 1979. »

Depuis, les missions de l’association suivent les ambitions impériales américaines : Afghanistan, Cambodge, Soudan, etc. Plus récemment, Airbus et EADS ont mis des avions à disposition d’Action contre la faim lors du séisme en Haïti, en Janvier 2010.

EADS est un des principaux soutiens financier de la Fondation franco-américaine et son ex vice-président n’est autre que Jean- Louis Gergorin, énarque très impliqué dans la création d’EADS et un peu impliqué aussi dans l’affaire Clearstream. L’action soi-disant humanitaire, mais en réalité impérialiste des États-Unis lors du séisme en Haïti, était donc vraisemblablement appuyée en France par ses canaux traditionnels que sont la Fondation franco-américaine et l’AICF.

L’humanitaire mis au service des États- Unis est constamment renouvelé en fonction des stratégies du Département d’état, utilisant pour ce faire des fondations et instituts qui mettent sur pied de nouvelles initiatives.

C’est, par exemple, le cas du « Plan Marshall Global », lancé par Al Gore en 2003, et qui reprend en partie le nom de son ancêtre : Le Plan Marshall de la Seconde guerre mondiale. La fondation instigatrice du projet est accréditée en tant qu’ONG par le Département des ONG de l’ONU dès son année de création. La solidarité internationale américaine, au-delà de représenter un intérêt géopolitique, est historiquement inscrite dans la conception sociétale américaine.

Pas vraiment dans celle des Européens, certes… Mais depuis quand les Américains nous demandent-ils notre avis ? Et depuis quand n’avons-nous plus le courage de leur dire « non » ?

Luc Minelli et Julien Teil, pour FLASH [2]

Publié  sur Mecanopolis [3] avec l’aimable autorisation de Jean-Emile Néaumet, directeur de la rédaction.

Photographie issue d’une article de Pierre Hillard sur le Réseau Voltaire [4]

Reproduction libre avec indication des sources

Notes :

(1) Care est l’acronyme de « Comitee for American Relief Everywhere ».

(2) Pierre Hillard ; La Fondation Bertelsmann et la gouvernance mondiale ; François-Xavier de Guibert ; 2009.

(3) Thierry de Montbrial fait partie du comité directeur des Bilderberg Meetings depuis 1976, comme il l’indique sur son CV personnel.

En 1979, il crée l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales). Les travaux de l’IFRI sont semblables à ceux de la Commission Trilatérale dont ils appliquent visiblement les consignes. L’IFRI publie une revue qui porte le nom « Politique étrangère », soit une simple traduction du titre de la revue Foreign Affairs du Council of Foreign Relations (CFR)

(4) « Talentueux et pressentis pour occuper des postes clefs dans l’un ou l’autre pays », les Young Leaders sont recrutés après une sélection sévère parmi de jeunes dirigeants français et américains issus de la politique, de la finance, de la presse.

(5) Le Center for Strategic and International Studies (CSIS) basé à Washington D.C. est un cercle de réflexion et d’influence sur la politique étrangère américaine, fondé en 1964 par l’amiral Arleigh Burke et l’historien David Manker Abshire. Il est en partie chargé d’élaborer la construction de l’axe Euro-atlantique.

 

 


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[4] Réseau Voltaire: http://www.mecanopolis.orgimpériales en employant des moyens subversifs. »

Ayméric Chauprade: l'Europe et la Turquie


Ayméric Chauprade: l'Europe et la Turquie

Afrikanische Landwirte stehen auf der Verliererseite...

afriquevendues.jpg

Afrikanische Landwirte stehen auf der Verliererseite – ihre Staaten verpachten Ackerland an ausländische Investoren

Mit grosser Besorgnis wird beobachtet, dass grosse Landstriche an Investoren verkauft oder verpachtet werden

von Neill MacFarquhar

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/

Das halbe Dutzend Fremder, das in dem entlegenen westafrikanischen Dorf abstieg, brachte den von der Hand in den Mund lebenden Bauern alarmierende Neuigkeiten: Ihre bescheidenen Felder, die sie seit Generationen bestellen, würden nun vom libyschen Führer, Muammar al Gaddafi, kontrolliert, und alle Bauern müssten die Felder verlassen.
«Sie sagten uns, dass diese Regenzeit die letzte sei, in der wir unsere Felder bestellen könnten. Dann würden sie alle Häuser dem Erdboden gleich machen und das Land in Besitz nehmen», sagte die 73jährige Mama Keita, die Ortsvorsitzende des Dorfes, das von dichtem, dornigem Buschland umgeben ist. «Uns wurde gesagt, das Land gehöre Gaddafi.»
In ganz Afrika und anderen Entwicklungsländern verschlingt ein neuer weltweiter Hunger nach Land riesige Gebiete kulturfähigen Landes. Trotz seit Menschengedenken geltender Traditionen entdecken immer mehr fassungslose Dorfbewohner, dass afrikanische Regierungen nun plötzlich ihr Land besitzen und es – oft zu Schleuderpreisen – auf Jahrzehnte hinaus an ausländische Regierungen oder private Investoren verpachtet haben.
Organisationen wie die Vereinten Nationen und die Weltbank behaupten, bei fairer Handhabung könnte diese Vorgehensweise durch die Einführung grossflächiger, kommerzieller Landwirtschaft an Orten, die das bisher nicht kennen, einen Beitrag zur Ernährung der wachsenden Weltbevölkerung leisten.
Andere jedoch verurteilen diese Geschäfte als neokolonialen Landraub, der Dörfer zerstört, Zehntausende von Bauern entwurzelt und eine unberechenbare Masse landloser Armer schafft. Und noch schlimmer mache die Sache, dass ein Grossteil der Nahrung für reichere Nationen bestimmt ist.
«Die Nahrungsmittelsicherheit des betreffenden Landes muss für alle an erster Stelle stehen», sagte der ehemalige Uno-Generalsekretär Kofi Annan, der sich nun mit Fragen der afrikanischen Landwirtschaft befasst. «Sonst handelt es sich schlicht um Ausbeutung und wird nicht funktionieren. Wir haben schon einen ‹Wettlauf um Afrika› [die Kolonisierung und Aufteilung des afrikanischen Kontinents zur Zeit des Imperialismus zwischen 1880 und 1914] erlebt. Ich glaube nicht, dass wir einen zweiten Wettlauf dieser Art erleben wollen.»
Eine Studie der Weltbank, die im September 2010 herausgegeben wurde, listete Geschäfte über landwirtschaftliche Flächen von mindestens 45 Millionen Hektaren auf, die allein in den ersten 11 Monaten des Jahres 2009 getätigt wurden. Bei mehr als 70 Prozent der Geschäfte handelte es sich um afrikanisches Land, wobei Äthiopien, Mozambique und Sudan zu den Ländern gehörten, die Millionen von Hektaren an Investoren übertrugen.
Vor 2008 betrug der weltweite Durchschnitt solcher Geschäfte weniger als 4 Millionen Hektar pro Jahr, so der Bericht. Aber die Nahrungsmittelkrise in jenem Frühjahr, die Unruhen in mindestens einem Dutzend Länder auslöste, führte zu diesem Kaufrausch. Die Aussicht auf zukünftige Knappheit zog sowohl reiche Regierungen, die nicht genug anbaufähiges Land für die Ernährung ihrer Bevölkerung haben, als auch Hedge-Fonds an, die auf schwindende Güter setzen.
«Wir beobachten, dass das Interesse an Landkäufen auf einem sehr hohen Niveau weiterbesteht», sagt Klaus Deininger, der Ökonom der Weltbank, der den Bericht schrieb. Weil viele Regierungen ihre Verkaufsvereinbarungen nicht offenlegen wollten, musste er viele Zahlen von einer Website nehmen, die von Grain, einer Interessenvertretung der Bauern, geführt wird. «Das alles ist eindeutig noch nicht vorbei.»
Obwohl der Bericht die Investitionen im allgemeinen unterstützt, beschrieb er ausführlich uneinheitliche Ergebnisse. Die Entwicklungshilfe für die Landwirtschaft schrumpfte von ungefähr 20% des gesamten Hilfevolumens im Jahr 1980 auf heute etwa 5%, was einen Bedarf an anderweitigen Investitionen schuf, um die Produktion anzutreiben.
Aber laut den Befunden des Berichts scheinen viele Investitionen reine Spekulation zu sein, bei der das Land brach liegt, Bauern wurden ohne Entschädigung vertrieben, Land wurde weit unter Wert verpachtet, die gewaltsam Vertriebenen breiten sich letzt­endlich mehr und mehr in Parks aus, und die neuen Unternehmen haben viel weniger Arbeitsstellen geschaffen, als versprochen wurde.
Das atemberaubende Ausmass einiger Geschäfte rüttelt die Gegner auf. In Madagaskar führte ein Abkommen, das über die Hälfe des anbaufähigen Landes einem südkoreanischen Konglomerat übergeben hätte, dazu, dass sich die Opposition gegen einen bereits unbeliebten Präsidenten formierte und damit zu seinem Sturz im Jahr 2009 beitrug.
In Ländern wie Kongo, Äthiopien, Liberia, Uganda und Sambia wurden Menschen von ihrem Land vertrieben. Es ist sogar nicht ungewöhnlich, dass Investoren Land in Besitz nehmen, das angeblich unbewohnt ist. In Mozambique entdeckte eine Investmentgesellschaft ein ganzes Dorf mit eigenem Postamt auf Land, das als unbewohnt beschrieben worden war, erklärte Olivier De Schutter, der Uno-Berichterstatter für Ernährungsfragen.
In Mali werden ungefähr 1,2 Millionen Hektar Land entlang des Niger und seines Deltas durch das staatlich geführte agroindustrielle Unternehmen Office du Niger kontrolliert. In fast 80 Jahren wurden nur 80 000 Hektar des Landes bewässert, und deshalb betrachtet die Regierung neue Investoren als einen Segen.
«Selbst wenn man der Bevölkerung das Land gäbe, hätte sie nicht die Mittel dazu, es zu bewirtschaften, genausowenig wie der Staat», sagte Abu Sow, der Geschäftsführer des Office du Niger.
Er führte Länder auf, deren Regierungen oder Privatwirtschaft bereits Investitionen tätigten oder ihr Interesse anmeldeten: China und Südafrika an Zuckerrohr, Libyen und Saudi Arabien an Reis; aber auch Belgien, Kanada, Frankreich, Indien, die Niederlande, Südkorea und multinationale Organisationen wie die Westafrikanische Entwicklungsbank.
Insgesamt, so Sow, betrafen ungefähr 60 der Geschäftsabschüsse mindestens 240 000 Hektar Land in Mali, obwohl einige Organisationen erklärten, es seien mehr als 600 000 Hektar Land vergeben worden. Er behauptete, der Grossteil der Investoren käme aus Mali und baue Nahrung für den heimischen Markt an. Aber er gestand ein, dass ausländische Investoren wie die Libyer, die in Mali mehr als 100 000 Hektar in Pacht haben, die landwirtschaftlichen Produkte wohl in ihr Land zurückführen würden.
«Welchen Vorteil hätten sie davon, in Mali zu investieren, wenn sie nicht einmal ihre eigene Ernte mitnehmen dürften?» fragte Sow.
Wieviel Geld Mali an diesen Verpachtungen verdienen kann, bleibt unklar. Der Vertrag, der mit den Libyern unterzeichnet wurde, überträgt ihnen das Land für mindestens 50 Jahre einfach dafür, dass sie es nutzbar machen.
«Die Libyer wollen Reis für die Libyer produzieren, nicht für die Einwohner von Mali», sagt Mamadou Goita, Direktor einer gemeinnützigen Forschungsorganisation in Mali. Er und andere Gegner bringen vor, die Regierung privatisiere eine knappe nationale Ressource, ohne die einheimische Nahrungsversorgung zu verbessern, und dass ­politische, nicht wirtschaftliche Erwägungen alles vorantreiben, weil Mali die Beziehungen zu Libyen und anderen Ländern verbessern möchte.
Die grossen Landstriche, die privaten Investoren gegeben wurden, sind noch viele Jahre davon entfernt, Ertrag zu bringen. Offizielle Stellen heben jedoch hervor, dass Libyen bereits mehr als 50 Millionen Dollar für den Bau eines 39 Kilometer langen Kanals und einer Strasse ausgegeben habe, die von einer chinesischen Firma zum Wohle der örtlichen Bevölkerung erbaut wurden.
Jeder betroffene Bauer, fügte Sow bei, einschliesslich der mehr als 20 000 Menschen, die vom libyschen Projekt betroffen sind, wird entschädigt werden: «Wenn sie einen einzigen Baum verlieren, werden wir ihnen den Wert dieses Baumes bezahlen», sagte er.
Aber Zorn und Misstrauen sind gross. Bei einer Kundgebung im letzten Monat verlangten Hunderte von Bauern, dass die Regierung solche Geschäfte einstellen solle, bis sie ein Mitspracherecht erhielten. Mehrere erzählten, dass sie von Soldaten geschlagen und inhaftiert worden waren, dass sie aber bereit wären zu sterben, um ihr Land zu behalten.
«Wir werden sehr bald eine Hungersnot haben», rief Ibrahima Coulibaly, Leiter des Koordinationskomitees landwirtschaftlicher Organisationen in Mali. «Wenn die Menschen nicht für ihre Rechte eintreten, werden sie alles verlieren!»
«Ante!» riefen die Menschen in der Menge in Bamanankan, der örtlichen Sprache. «Wir weigern uns!»
Das Problem, das sich Experten zufolge abzeichnet, ist, dass Mali eine Agrargesellschaft bleibt. Wenn man Bauern von ihrem Land vertreibt, ohne ihnen eine alternative Lebensgrundlage zu bieten, riskiert man, dass die Hauptstadt Bamako mit arbeitslosen und entwurzelten Menschen überflutet wird, die zu einem politischen Problem werden könnten.
«Unser Land ist eine natürliche Ressource, die 70% der Bevölkerung nutzen, um zu überleben», sagt Kalfa Sanogo, ein Ökonom beim Uno-Entwicklungshilfeprogramm in Mali. «Man kann nicht einfach 70% der Bevölkerung vom Land vertreiben, und man kann auch nicht sagen, dass sie eben Landarbeiter werden können.» In eine andere Richtung geht ein Projekt der USA im Umfang von 224 Millionen Dollar, das ungefähr 800 malischen Bauern dazu verhelfen soll, das Anrecht auf je fünf Hektar neu gerodeten Landes zu erwerben. So sollen sie vor Vertreibung geschützt werden.
Soumoni liegt ungefähr 30 Kilometer von der nächsten Strasse entfernt. Wandernde Viehhirten mit ihren charakteristischen spitzen Strohhüten geben dort Richtungsanweisungen wie: «Halte dich rechts beim Termitenhügel mit dem Loch drin.»
Sekou Traoré, 69, ein Dorfältester, war sprachlos, als ihm Regierungsvertreter letztes Jahr mitteilten, dass Libyen nun sein Land kontrolliere. Er hatte es immer als sein Eigentum betrachtet, weitergegeben über Generationen vom Grossvater an den Vater und dann an den Sohn.
«Alles was wir wollen, ist, dass sie uns, bevor sie unsere Häuser niedermachen und unsere Felder übernehmen, die neuen Häuser, in denen wir leben sollen, zeigen und auch die neuen Felder, die wir bewirtschaften werden,» erklärte er an der Kundgebung im letzten Monat.
«Wir haben alle so Angst», sagte er bezüglich der 2229 Bewohner seines Dorfes. «Wir werden die Opfer sein, dessen sind wir sicher.»    •

Quelle: International Herald Tribune vom 23.12.2010
© International Herald Tribune
(Übersetzung Zeit-Fragen)

Agrarsprit statt Lebensmittel – die Spekulation um Agrarland grassiert auch in Europa

Wolfgang Beer, studierter Diplominge­nieur, führt in Gerbstedt im Bundesland Sachsen-Anhalt die Gerbstedter Agrar GmbH, die 2010 ihr 20jähriges Jubiläum feierte. Sie bewirtschaftet 1772 ha Ackerfläche, 23 ha Forstfläche und 5 ha Grünlandfläche. 2010 beschäftigte sie 46 Personen, davon vier Auszubildende zum Landwirt, einen Auszubildenden zum Landmaschinen- und Baumechaniker und eine Auszubildende zur Bürokauffrau.
Der Boden ist gut – sandiger Lösslehm, Bodenwertzahl von 85 bis 88, «so dass jeder Landwirt weiss, dass es eigentlich beste Erde für die Landwirtschaft ist», wie Beer einem Journalisten von Schweizer Radio DRS erklärt. Sorgen machen ihm aber die Bodenpreise. Wolfgang Beer war schon zu DDR-Zeiten Vorsitzender der örtlichen landwirtschaftlichen Produktionsgenossenschaft. Nach der Wende pachtete er das Land von der Treuhand, deren Verträge aber nun auslaufen. Das bedeutet, dass nun riesige Agrarflächen auf den Markt kommen – und schon tauchen Spekulanten und Investoren auf, die die Bodenpreise in der Region massiv in die Höhe treiben. «Also bis zur Mitte des Jahres», so Beer gegenüber Franco Battel von DRS, «waren in unserer Gegend hier Preise ungefähr zwischen 9000 und 10 000 Euro pro Hektar üblich. Die waren auch wirtschaftlich, aus Sicht der landwirtschaftlichen Produktion, halbwegs vertretbar. Gegenwärtig sind natürlich gewaltige Preisentwicklungen im Gang, und da sind Preise jetzt hier in unserem Fall, in unserer Region bis zu 17 500 Euro aktuell. Das ist normalerweise aus rein landwirtschaftlicher Sicht nicht mehr finanzierbar und ist demzufolge auch eine Gefahr für die gesamte landwirtschaftliche Entwicklung in der Region. Es muss jeder selbst entscheiden, wie weit er das finanzieren kann, wie weit er mithalten kann bei diesen Preisen, auf welches Glatteis es sich begibt und damit eventuell auch seinen Betrieb in Gefahr bringt.»
Die Investoren meldeten sich auch bei der Gerbstedter Agrar GmbH und boten Beer und seinen Kollegen beste Preise. Beer schickt sie weg – ihm liegen Verantwortung für seine Mitarbeiter und als Staatsbürger näher als der schnelle Gewinn: «Die meisten Investoren sehen natürlich heute die Produktion mit Bio-Energie, das heisst, es würde hier vermutlich praktisch in Dauerkultur Mais oder eine andere Energiepflanze angebaut. Das ist ja an bestimmten Stellen schon ein grosses Politikum geworden: Wenn ich eine Frucht ohne Einhaltung einer fachlich guten Fruchtfolge wiederholt anbaue, dann sind natürlich auch Probleme vorprogrammiert. Ich will Lebensmittel anbauen. Wir können doch nicht alles importieren. Ich kann mir schon vorstellen, was das für die Lebensmittelsicherheit in den europäischen Ländern bedeuten könnte: Instabilität ohne Ende. Und diese Dinge machen einem als Bürger schon zu schaffen.»

Quelle: Schweizer Radio DRS International vom 7. November 2010.
www.agrar-gerbstedt.de/index.html  

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D. H. Lawrence's Critique of Modernity

D. H. Lawrence’s Critique of Modernity,
Part 1

Derek HAWTHORNE

Ex: http://www.counter-currents.com/

d-h-lawrence.jpg1. The Genealogy of Modernity

 

The entire corpus of D. H. Lawrence’s writing is devoted to addressing the problem of life in the modern world, and his view of modernity was extraordinarily negative. Consider the following striking image Lawrence provides us with in his essay “The Novel and the Feelings”:

Supposing all horses were suddenly rendered masterless, what would they do? They would run wild. But supposing they were left still shut in their fields, paddocks, corrals, stables, what would they do? They would go insane. And that is precisely man’s predicament. He is tamed. There are no untamed to give the commands and the direction. Yet he is shut up within all his barbed wire fences. He can only go insane, degenerate.

According to Lawrence, we have created a human world for ourselves: a world of concrete and ideals, and have excluded nature. What does it mean to say that we have become “tamed”? It means that we have lost our wildness; our connection to the natural self, or the true unconscious. We have “corralled” ourselves; imprisoned ourselves in this tame, human, “ideal” world voluntarily. When Lawrence remarks that there are no “untamed to give the commands and the direction” he means that we have lost touch with the true unconscious, the untamed source within us, from which “natural man” draws his guidance. We can only go insane – in the sense that we lose our grip on reality, our orientation to the greater universe. We become degenerate through losing everything great in life, all aspiration, all spirit, and become instead Nietzsche’s “Last Man”: a creature whose concerns never rise above the level of comfort and security, and who lives from distraction to distraction, trying never to reflect upon the emptiness within him.

Though it all we reassure ourselves with the thought that “Progress” is being made. Lawrence offers the following amusing description of Modern Progress in Fantasia of the Unconscious:

“Onward, Christian soldiers, towards the great terminus where bottles of sterilized milk for the babies are delivered at the bedroom windows by noiseless aeroplanes each morn, where the science of dentistry is so perfect that teeth are implanted in a man’s mouth without his knowing it, where twilight sleep is so delicious that every woman longs for her next confinement, and where nobody ever has to do anything except turn a handle now and then in a spirit of universal love–” That is the forward direction of the English-speaking race.

Much of Lawrence’s critique of modernity is simply devoted to pointing out the folly of our devotion to abstract ideals. But Lawrence was not merely a gadfly – he was a (literary) revolutionary. He believed that the existing social order was not salvageable and that it would have to be utterly and completely destroyed:

It is no use trying merely to modify present forms. The whole great form of our era will have to go. And nothing will really send it down but the new shoots of life springing up and slowly bursting the foundations. And one can do nothing but fight tooth and nail to defend the new shoots of life from being crushed out, and let them grow. We can’t make life. We can but fight for the life that grows in us.

In order to fully understand Lawrence’s critique of modernity one must understand how he believes that modernity has come about. In a number of his works, Lawrence tries to work out a philosophy of history that would shed light on the mechanisms of historical change. In Movements in European History (1919) and elsewhere Lawrence develops a theory of history founded on a metaphysics derived from Empedocles. The twin principles that govern all of human life, and all human history are, according to Empedocles and Lawrence, Love and Strife. The forces are, respectively, attractive and repulsive. The first tends toward unity, the second toward disintegration or apartness. In the language Lawrence employs, the lives of human beings are governed by “sympathetic” and “voluntary” impulses, on both individual and global levels. In the modern West, due primarily to the influence of Christianity, there has been an overemphasis on the sympathetic, unitive, and “feminine” element. When an imbalance in the two forces occurs, whether in an individual psyche or in history, a swing to the other pole will occur. Thus, modern individuals have swung to the voluntary pole. Ironically, however, they have vented their aggressive willfulness through fanatical devotion to a secularized version of the ideals implicit in “sympathetic” Christianity: liberty, equality, fraternity, and, most pernicious of all, universal love.

In Apocalypse, much of which is devoted to a critique of Christian values, Lawrence refers to Lenin, Abraham Lincoln, and Woodrow Wilson as “evil saints.” These are men who aimed to advance the “noble” ideals of modernity regardless of the cost in human lives. He tells us elsewhere that “What has ruined Europe, but especially northern Europe, is this very ‘pure idea.’ Would to God the ‘Ideal’ had never been invented. But now it’s got its claws in us, and we must struggle free. The beast we have to fight and to kill is the Ideal. It is the worm, the foul serpent of our epoch, in whose coils we are strangled.”

The secularization of Christian ideals, and their transformation into “isms” such as socialism, communism, liberalism, and multiculturalism is a manifestation of a deeper process, however. It is the process by which the intellect comes to usurp all else in the soul. The complex and often beautiful mythology of Judaism and Christianity, which operates on a visceral level, is replaced by the abstract ideologies of men like Hegel and Marx. This simply reflects the modern shift away from “mythopoetic thought” to a form of rationalism which seeks to do away with myth and to make everything explicit and transparent by means of “the concept.” Lawrence understands this cultural shift in actual physiological terms, as a shift from a life lived in contact with the “lower centers” of the body to one which operates exclusively from the “upper centers.” (He also understands the aforementioned “sympathetic” and “voluntary” forces as grounded in human physiology.)

Lawrence states in Fantasia, “We have almost poisoned the mass of humanity to death with understanding. The period of actual death and race-extermination is not far off.” Yet, underneath our intellectualism and devotion to ideals, in the deeper recesses of the body, nothing has changed. Lawrence writes, “What really torments civilized people is that they are full of feelings they know nothing about; they can’t realize them, they can’t fulfill them, they can’t live them.” These feelings may be sexual. They may be moral sentiments, such as archaic stirrings of the sense of honor. Or they may be religious: an inchoate yearning for the lost gods. Modern society gives us no one way to make sense out of many of these feelings, especially the religious ones. And others it positively condemns. Yet the feelings remain, and the feelings are very often—indeed, almost always—against the ideals. In our society, these feelings stir most strongly in children. But children are soon “put right” by an educational system that forces them, as Lawrence puts it, into “mental consciousness.” They are forced to suppress their heretical feelings, and are fed full of the Ideal.

We imagine that we live in a golden age of Progress, but Lawrence dismisses it as wholly false:

Everything is counterfeit: counterfeit complexion, counterfeit jewels, counterfeit elegance, counterfeit charm, counterfeit endearment, counterfeit passion, counterfeit culture, counterfeit love of Blake, or of The Bridge of San Luis Rey, or Picasso, or the latest film-star. Counterfeit sorrows and counterfeit delights, counterfeit woes and moans, counterfeit ecstasies, and, under all, a hard, hard realization that we live by money, and money alone: and a terrible luring fear of nervous collapse, collapse.

In the eyes of modern people, however, it is very often nature itself that seems counterfeit or, at least unreal. Lawrence believes that in modernity nature is essentially seen as raw material to be made over into the products of human design. This point was famously made by Heidegger in his essay “The Question Concerning Technology.” Heidegger argues that in the modern period, as a result of the advancement and proliferation of technology, the being of the natural world has revealed itself to humankind in a manner that is vastly different from how it revealed itself to our ancestors. It has become for us the “standing reserve” (Bestand). Heidegger writes:

The earth now reveals itself as a coal mining district, the soil as a mineral deposit. The field that the peasant formerly cultivated and set in order appears differently than it did when to set in order meant to take care of and to maintain. The work of the peasant does not challenge the soil of the field. In the sowing of the grain it places the seed in the keeping of the forces of growth and watches over its increase. But meanwhile [in the modern period] even the cultivation of the field has come under the grip of another kind of setting-in-order, which sets upon nature. It sets upon it in the sense of challenging it. Agriculture is now the mechanized food industry. Air is now set upon to yield nitrogen, the earth to yield ore, ore to yield uranium, for example; uranium is set upon to yield atomic energy, which can be released either for destruction or for peaceful use. (Martin Heidegger, The Question Concerning Technology and Other Essays, trans. William Lovitt [New York: Harper and Row], 14–15.)

In a similar vein Lawrence writes, “To the vast public, the autumn morning is only a sort of stage background against which they can display their own mechanical importance.” In his essay “Aristocracy,” Lawrence speaks in general of how modern man has lost the connection to nature, and of how we have lost the connection to “Amon, the great ram” in particular. “To you, he is mutton. Your wonderful perspicacity relates you to him just that far. But any farther, he is—well, wool.” (This promethean perspective on nature—the perspective that sees nature as “standing reserve”—is perfectly exemplified in the character of Gerald Crich in Lawrence’s greatest novel, Women in Love.)

Nature seems unreal to moderns because to them it is unfinished: it waits upon us to put our stamp upon it; to “make it into something.” Natural objects always therefore have the status of mere potentials: potentials for being made over, improved upon, or re-used or re-arranged in some fashion. At root, this is because the modern consciousness is radically future oriented. The past, for moderns, is something that has been gotten beyond, and is well lost. Only the future matters, and the future promises to carry on the march of progress; to be cleaner, faster, and smarter. Everything has its true being, therefore in the future. Everything—including ourselves—is always what it is going to be. The being of things is always promissory.

Modern people live in reaction against the past, and in anticipation of the future. What drops out is the present. Hence, the notorious inability of modern people to appreciate what is present at hand, or to recognize when enough is enough. Lawrence writes in an essay, “Why do modern people almost invariably ignore the things that are actually present to them?” He goes on to speak of an elderly tourist he encountered who left England “to find mountains, lakes, scythe-mowers, and cherry trees,” and asks “Why isn’t she content to be where she is?”

Lawrence’s answer to all of this will be unsurprising at this point. He wants us to somehow re-connect with those primal feelings and impulses that modernity requires us to suppress. The Fall of Man had nothing to do with sex; on the contrary God was on the side of sex. When Adam and Eve ate the forbidden fruit they became creatures of the “upper centres”; self-aware and self-conscious. “Then the eyes of both of them were opened, and they realized that they were naked” (Genesis 3:6). In Lawrence’s words, the Fall did not arise “till man felt himself apart, as an apart, fragmentary, unfinished thing.” Somewhere along the way, we reached a point where we came to see ourselves as on the earth, but not of it. At one point, Lawrence refers to modern people as “parasites on the body of earth.”

He writes in “A propos of Lady Chatterley’s Lover,”

Oh, what a catastrophe for man when he cut himself off from the rhythm of the year, from his unison with the sun and the earth. . . . This is what is the matter with us. We are bleeding at the roots, because we are cut off from the earth and sun and stars, and love is a grinning mockery, because, poor blossom, we plucked it from its stem on the Tree of Life, and expected it to keep on blooming in our civilized vase on the table.

But how exactly are we to go about connecting with our primal instincts, and to the earth? This is the central problem for Lawrence, and his writings explore different ideas about how to accomplish it. Of course, one approach might be purely negative or critical. It might consist in a ruthless critique of everything that is, and everything that we are, until we get to that within us which is “natural.” This is indeed one of Lawrence’s approaches, and I am exploring it in this essay. It consists, in essence, of a kind of emptying or burning away. It is the alchemical nigredo, in which some lowly stuff (in this case, us) is burned and purified; made ready for transformation into something of a higher or better sort. Lawrence’s approach to modernity is certainly destructive, but it is not purely destructive.

Lawrence reminds us of Nietzsche, going around philosophizing with a hammer. His attitude in Women in Love seems, at least on the surface, particularly Nietzschean (a point to which I shall return later). But Lawrence’s position seems to evolve over time into a version of the nostalgia Nietzsche rejected. It is a nostalgia for something like the consciousness of the “Master” type Nietzsche discussed in On The Genealogy of Morals. At times Lawrence seems clearly to yearn for a return to something like a pre-modern pagan mentality. This element in his makeup becomes more pronounced over time, culminating in his “Mexican” works, The Plumed Serpent (1926) and Mornings in Mexico (1927).

There is a major problem with such a position, however. Doesn’t our ability to understand and to critique our own history mean that we have advanced beyond the position of our ancestors? We might yearn to return to paganism, but we have lost pagan innocence. And the more we believe we have understood paganism, the further we are removed from the life of an actual pagan. In other words, Nietzsche was right. Yet the Nietzschean alternative, the literal creation of “new values” by an Overman is unnatural: it is yet another manifestation of the modern dislocation from the earth and from the body. The current values are dead all right, but Lawrence believes they were laid over top of our suppressed natural values, which must now be unearthed. But how? And how can we “go back” while preserving what we have gained in going forward, even if the going forward was into degeneration? I believe these questions get to the heart of Lawrence’s concerns about modernity, and finding an answer to it.

D. H. Lawrence’s Critique of Modernity,
Part 2

5041.jpgLawrence encountered the effects of modernity—especially the Industrial Revolution—directly in his native Midlands. He saw how if affected people, generally for the worse. Again and again he sets his stories against the backdrop of the collieries. He saw the miners become increasingly dehumanized. Working in the earth, they become cut off from it and from themselves. They lived, but they did not flourish. Lawrence’s remarks about the Industrial Revolution, capitalism, and the condition of the miners put him quite close to the thought of Marx and other socialist writers. In fact, it would not be at all unreasonable to claim Lawrence as a kind of socialist. However, as we shall see, few socialists would wish to do so!

Though The Rainbow can hardly be thought of as a novel about the Industrial Revolution, nevertheless that is its backdrop. The novel is the saga of several generations of an English family, the Brangwens, following them from the pre-industrial to the industrial age. A pastoral mood dominates throughout most of the work, and one feels a vivid sense of connection to nature and to place. Little of great significance really happens to the Brangwen family until one gets to the present day, and the story of Ursula Brangwen. Up to that point their lives are as cyclical and as repetitive as the seasons, but what we feel in reading about them is great peace, not boredom. As the narrative moves into the thick of the industrial age, it becomes populated with characters— Ursula among them—who have lost the sense of connection to the soil and to traditional culture that was the mainstay of their forebears’ existence. Ursula and her lover, Skrebensky, are lost souls, in search of some connection somewhere. Skrebensky betrays the search, and flees from Ursula. (Ursula continues it, though we must read the novel’s sequel, Women in Love, to see where it takes her.)

In his essay “Nottingham and the Mining Countryside,” Lawrence writes,

In my father’s generation, with the old wild England behind them, and the lack of education, the man was not beaten down. But in my generation, the boys I went to school with, colliers now, have all been beaten down, what with the din-din-dinning of Board Schools, books, cinemas, clergymen, the whole national and human consciousness hammering on the fact of material prosperity above all things.

How were these mean beaten down? Lawrence answers in the same essay that “the industrial problem arises from the base forcing of all human energy into a competition of mere acquisition.” Human concerns, in other words, are narrowed to economics.

It is unsurprising to see people concerned solely with making a living if they face starvation. But, for Lawrence, what is queer about modern Europeans—including the working classes—is that actual starvation is seldom a danger for any man, yet they behave as if it is. Indeed, he begins his lengthy philosophical essay “The Education of the People” with exactly this issue: “Curious that when the toothless old sphinx croaks ‘How are you going to get your living?’ our knees give way beneath us. . . . The fear of penury is very curious, in our age. In really poor ages men did not fear penury. They didn’t care. But we are abjectly terrified of it. Why?” Whoever has wits (and guts), Lawrence points out, doesn’t starve, nor does he care about starving. But today the only thing that seems to really move people is a threat to their safety and security. We are all, it seems, Nietzsche’s Last Man.

Lawrence’s analysis of what has “beaten down” modern working men places him close to Karl Marx. Clearly, Lawrence believes that modern workers exist in the condition Marx referred to as “wage slavery.” Under capitalism, it becomes less and less feasible to be self-sustaining or self-employed and workers must sell their labor to bosses, who pay the workers only a fraction of the profit produced by their hard work. Although workers are de jure free to leave their jobs, they are de facto enslaved because the same conditions of economic exploitation will be found on the next job, and the next. In his essay “Is England Still a Man’s Country?” Lawrence writes “The insuperable difficulty to modern man is economic bondage. Slavery!” Lawrence would probably also have found Marx’s theory of “alienation” under capitalism quite congenial. (That theory is to be found in the so-called “Economic and Philosophic Manuscripts” of 1844, which were not published until 1932.)  Lawrence would probably have agreed with Marx’s idea that capitalist relations of production alienate us from our “species being” by making it nearly impossible for us to realize ourselves and find fulfillment through work.

We know that Lawrence went through a period in his youth when he certainly thought of his himself as a socialist. In 1905, Lawrence met Alice Dax, a socialist and early feminist. Dax introduced him to a circle of socialist thinkers active in the Midlands, and also to her book collection, which included works by authors like John Ruskin, William Morris, and Edward Carpenter. Later, of course, Lawrence would make the acquaintance of an even more eminent group of “progressive” thinkers, including Bertrand Russell. On February 12, 1915 Lawrence wrote to Russell:

We must provide another standard than the pecuniary standard, to measure all daily life by. We must be free of the economic question. Economic life must be the means to actual life. . . . There must be a revolution in the state. . . . The land, the industries, the means of communication and the public amusements shall all be nationalized. Every man shall have his wage till the day of his death, whether he work or not, so long as he works when he is fit. Every woman shall have her wage till the day of her death, whether she works or not, so long as she works when she is fit—keeps her house or rears her children.

Then, and only then, shall we be able to begin living.

Throughout his career, Lawrence would again and again toy with the sort of thing he proposes here: a political solution to the problem of modernity. Ultimately, as we shall see, he came to completely reject the final assertion quoted above: that only when the right political action has been taken can we “begin living.” Ultimately, Lawrence realized that politics is not the answer; that the hope lies in the very personal quest of private individuals. (But more on this later.)

Lawrence’s “socialism” was always of the utopian variety, never the “scientific” sort advanced by Marxists. In so far as there are affinities with Marx’s thought, they are affinities—as I have already pointed out—with the early, “humanistic” Marx, not the Marx of Das Kapital. In addition, Lawrence eventually came to combine socialist ideas with a form of elitism, and an emphasis on ties to blood and soil. This, as many others have pointed out, puts him closer to fascism and national socialism than to Marx or to the left-wing progressives of Alice Dax’s circle. (However, Lawrence’s occasional flashes of Luddism and his vigorous critique of modern science distance him from both the Communists and the Nazis.)

Lawrence agrees with the Marxists in deploring the perniciousness of class warfare under capitalism. However, he rejects the Marxist (and, for that matter, national socialist) ideal of the “classless society.” For Lawrence, the problem with modern, industrial civilization is not that it has classes, but that the classes have lost the ability to relate to each other in a healthy way. In “A Propos of Lady Chatterley’s Lover” he writes, “Class-hate and class-consciousness are only a sign that the old togetherness, the old blood-warmth has collapsed, and every man is really aware of himself in apartness. Then we have these hostile groupings of men for the sake of opposition, strife. Civil strife becomes a necessary condition of self-assertion.” For Lawrence, true community depends upon shared blood ties, shared history, and closeness to the soil. In traditional, aristocratic societies relations between the classes were never so bad as they are under capitalism, for all individuals felt a kinship for one another based on an intuition of ethnic and cultural ties. But in the modern period, our awareness of these ties has been destroyed by what Lawrence calls in the same essay “individualism,” by which he means something like “atomization.” People have lost the common tie to the earth; they have forgotten their history and their folk culture. They exist in a state of apartness and mutual distrust. Industrialization and wage slavery have exacerbated this condition, pitting the new classes of bosses and workers, bourgeoisie and proletariat, against each other. The irresponsible exploitation of the earth, and of human beings, by business is only possible because these ties have been broken. This breakdown was furthered by industrialization and capitalism, but the deeper cause is what we have seen Lawrence denouncing as “idealism”: the tendency to live according to mental conceptions, ideals, and grand designs, rather than according to our “natural” and intuitive blood-consciousness, and blood-warmth.

In a late essay, “Men Must Work and Women as Well,” Lawrence writes,

Now we see the trend of our civilization, in terms of human feeing and human relation. It is, and there is no denying it, towards a greater and greater abstraction from the physical, towards a further and further physical separateness between men and women, and between individual and individual. . . . Recoil, recoil, recoil. Revulsion, revulsion, revulsion. Repulsion, repulsion, repulsion. This is the rhythm that underlies our social activity, everywhere, with regard to physical existence.

Lawrence rejects the ideal of the classless society, but he also rejects class division as it has been hitherto established in history. And he rejects traditional, hereditary aristocracy in favor of a quasi-Nietzschean “aristocracy of the spirit.” However, like much else in his social thought, Lawrence leaves it completely vague how such an aristocracy could be established and maintained. He certainly objects to the plight of the proletarians, but unlike the Marxists he does not romanticize them. In fact, Lawrence argues that in modern society virtually everyone has become “proletarian,” or proletarianized. In John Thomas and Lady Jane (the second of three versions of the novel that would become Lady Chatterley’s Lover) Connie Chatterley hears the following from the musician Archie Blood:

The proletariat is a state of mind, it’s not really a class at all. You’re proletarian when you are cold like a crab, greedy like a crab, lustful with the rickety egoism of a crab, and shambling like a crab. The people in this house are all proletarian. The Duchess of Toadstool is an arch proletarian. . . . The proletarian haves against the proletarian have-nots will destroy the human world entirely.

In other words, capitalism has turned us all into people whose lives revolve around work and money, through which we hope to gain greater security and greater buying power. When not working, we engage in various forms of mindless indulgence. It is the sort of life which (via the character of “Walter Morel”) he depicts his father living in Sons and Lovers: a day spent in the pit, followed by an evening getting drunk and stumbling home.

Essentially, the aim of communism is to do precisely what capitalism has already accomplished in a much more sinister way: to make everyone proletarian. The communists just sought to erase the distinction between the proletarian haves and have-nots. And this brings us back to Heidegger. One of Heidegger’s more notorious claims was that capitalist and communist societies were “metaphysically identical.” In Introduction to Metaphysics Heidegger states, “Europe lies in the pincers between Russia and America, which are metaphysically the same, namely in regard to their world-character and their relation to the spirit.” Both are fundamentally materialist in their orientation: in both social systems human concerns do not rise, and are not supposed to rise, above the level of material comfort and security. Both deny the higher needs of the human spirit: communism explicitly, capitalism implicitly (and far more insidiously). In his essay “Democracy” Lawrence speaks of how in modern, democratic societies the “Average Man” is exalted above all: “Please keep out all Spiritual and Mystical needs. They have nothing to do with the average.”

Early in life, Lawrence had half-idealized the “working men” (or the miners, at least) as more in touch with their chthonic, primal feelings. Lawrence came to realize that this was an illusion. In “Democracy” he asserts that the working men are “even more grossly abstracted” from the physical. But why? Here we encounter an aspect of Lawrence’s socialism that situates him far away from Marx, but close to William Morris and the socialists of the “arts and crafts movement.” The working man is abstracted from the physical because he has been beaten down by ugliness.

Now though perhaps nobody knew it, it was ugliness which really betrayed the spirit of man, in the nineteenth century. The great crime which the moneyed classes and promoters of industry committed in the palmy Victorian days was the condemning of the workers to ugliness, ugliness, ugliness: meanness and formless and ugly surroundings, ugly ideals, ugly religion, ugly hope, ugly love, ugly clothes, ugly furniture, ugly houses, ugly relationship between workers and employers. The human soul needs actual beauty even more than bread.

How does one square this thesis about the debilitating effects of ugliness with Lawrence’s claim that it is “idealism” that is the culprit here, “beating down” the working man and everyone else? The two claims are not mutually exclusive. Ugliness is a consequence of idealism: where the Ideal is all important, “aesthetic concerns” will be denigrated. This was very obviously a feature of communist societies such as the Soviet Union, where Lenin explicitly declared such concerns “momentary interests.” Westerners living in capitalist societies were always quick to point out the ugly, utilitarian quality of Soviet life—while being generally blind to it in their own countries. The typical American capitalist attitude is that unless something makes a profit it is valueless. What good is beauty, poetry, or good food—unless they can be sold on a mass scale? Since human life cannot be entirely free of these things, capitalism finds an indirect way of justifying them. The sight of beauty “relaxes” us. Reading poetry “lowers the heart rate.” Good food is a “reward for a hard day’s work.” In short, the fine and noble is not beautiful and useless at all—because it can make better, healthier, longer-lived workers of us! But the claim that the fine and noble could have any intrinsic value apart from its relation to work simply doesn’t get a hearing.

American education reflects this prejudice and students follow along like good proletarians in training, objecting to “useless” classes on literature, history, and art. All of this may make it seem like the capitalist attitude is not idealistic at all but cynically “practical.” This is not the case, however, for the ugliness and barrenness of life under capitalism is seen as part of the march of Progress. Like a disciple of the Arts and Crafts Movement, Lawrence suggests that beauty is the key to solving the “industrial problem”:

If they had made big, substantial houses, in apartments of five or six rooms, and with handsome entrances. If above all, they had encouraged song and dancing—for the miners still sang and danced—and provided handsome space for these. If only they had encouraged some form of beauty in dress, some form of beauty in interior life—furniture, decoration. If they had given prizes for the handsomest chair or table, the loveliest scarf, the most charming room that men or women could make! If only they had done this, there would never have been an industrial problem. The industrial problem arises from the base forcing of all human energy into a competition of mere acquisition.

In the essay “Red Trousers” he playfully suggests that “If a dozen men would stroll down the Strand and Piccadilly tomorrow, wearing tight scarlet trousers fitting the leg, gay little orange-brown jackets and bright green hats, then the revolution against dullness which we need so much would have begun.”

Of course, such suggestions may seem highly romantic, and unrealistic, but there is nevertheless a great deal that is right about them. The essays from which the above two quotes were taken were written in the period 1928–1930. They reflect the fact that Lawrence never entirely gave up on his early “utopian socialist” sentiments. He simply became a good deal wiser about the prospects for translating them into reality. His early naïveté is perfectly reflected in the finale of The Rainbow, in which Ursula Brangwen looks down upon the ugliness of the mining countryside, only to see a rainbow rising above it: “She saw in the rainbow the earth’s new architecture, the old, brittle corruption of houses and factories swept away, the world built up in a living fabric of Truth, fitting to the over-arching heaven.” The First World War destroyed Lawrence’s naïve hopes that the modern world might be cleansed and redeemed, at least through some kind of social reform. His next novel, Women in Love, would be a complete repudiation of the optimism with which The Rainbow ends. My next essay will be devoted to an analysis of Women in Love as anti-modern novel.

samedi, 15 janvier 2011

Philippe Conrad présente "L'Amérique solitaire?" de Hervé Coutau-Bégarie

Philippe Conrad présente "L'Amérique solitaire?" de Hervé Coutau-Bégarie

Krantenkoppen - Januari 2011 / 07

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Krantenkoppen

Januari 2011 - 07

 
PVV woest over nepaccount op Twitter
De PVV Friesland wil dat er een einde komt aan een nepaccount op Twitter dat zichzelf presenteert als het officiele account van de Friese PVV. Onder de naam @PVVFriesland worden sinds vrijdag vorige week berichten verstuurd, waaronder Hitlerboodschappen en andere nationaalsocialistische uitingen.
http://www.refdag.nl/nieuws/politiek/pvv_woest_over_nepac...
 
Aantal onderzoeken nazimisdadigers gestegen
Het aantal onderzoeken naar mogelijke oorlogsmisdadigers uit de nazitijd is in de periode april 2009-maart 2010 gestegen tot 852. Dat zijn er 146 meer dan in de overeenkomstige periode een jaar daarvoor.
http://www.refdag.nl/nieuws/buitenland/aantal_onderzoeken...
 
Aantal kinderpornozaken neemt gestaag toe
Politie en justitie krijgen een steeds groter aantal kinderpornozaken te verwerken. Volgens het landelijk Expertisecentrum Kinderporno van het Openbaar Ministerie (OM) zullen gevallen uit 2010 leiden tot mogelijk vijfhonderd rechtszaken. Het aantal bij de politie binnengekomen zaken zat vorig jaar tegen de duizend aan, aldus een woordvoerster van het expertisecentrum vrijdag.
http://www.trouw.nl/nieuws/nederland/article3378332.ece/A...
 
PVV boos op schoolhoofd
Geert is boos. En niet een beetje. Hij is woest op de Nijmeegse schooldirecteur Theo van Lankveld van baisschool De Hazesprong. "De directeur heeft zich in een e-mail aan het gehele personeel van die school afgezet tegen de Partij voor de Vrijheid, terwijl tegelijkertijd wordt opgedragen het islamitische offerfeest te faciliteren." aldus Wilders.
http://www.spitsnieuws.nl/archives/binnenland/2011/01/pvv...
 
RK-kerk naait zichzelf met misbruik
De negatieve publiciteit speelt de Rooms-Katholieke Kerk parten. De inkomsten over 2010 vertonen een daling vergeleken met voorgaande jaren, zij het een lichte daling. Dat laten de voorlopige cijfers van Actie Kerkbalans zien. De publiciteit omtrent het seksueel misbruik in de kerk wordt aangeduid als slechts een van de oorzaken.
http://www.spitsnieuws.nl/archives/binnenland/2011/01/rkk...
 
'Turkse afkeer van de samenleving'
Turkse jongeren in Nederland keren zich steeds meer af van de Nederlandse samenleving. Elf deskundigen uit de Turkse-Nederlandse gemeenschap luiden de noodklok over de huidige situatie en toekomstperspectieven van Turkse jongeren in Nederland. Volgens hen ontstaat er een groeiende groep Turkse jongeren die in "psychische problemen" verkeert.
http://www.spitsnieuws.nl/archives/binnenland/2011/01/tur...
 
Saoedische bloggers moeten islam ontzien
Saoedi-Arabië heeft sinds deze week de strengste regels voor webloggers in de hele wereld. Het islamitische land wil niet dat er op het internet teksten verschijnen die in strijd zijn met de sharia en gaat een systeem van licenties en registratie hanteren.
http://www.spitsnieuws.nl/archives/buitenland/2011/01/sao...
 
Imam ontkent verkrachting jongen (12)
Een prominente Britse imam ontkent een 12-jarige jongen te hebben aangerand. De 42-jarige Mohammed Hanif Khan zou het kind meermaals hebben verkracht in een moskee in Stoke-on-Trent.
http://www.spitsnieuws.nl/archives/buitenland/2011/01/ima...
 
Nederlanders worden teruggehaald uit Tunesië
Nederlandse reisorganisaties willen donderdagavond ongeveer 145 Nederlandse toeristen die op vakantie zijn in Tunesië, terughalen. Dat heeft een woordvoerster van reisorganisatie TUI gezegd.
http://www.gelderlander.nl/algemeen/dgbinnenland/7962662/...
 
Homoseksualiteit is een psychische ziekte
"Homoseksualiteit is een psychische ziekte. Het past niet bij onze cultuur en niet bij ons geloof", zeggen Erkan Yavuz (25) uit Arnhem en Deniz Sayilgan (22) uit Duiven donderdag in de Gelderlander.
http://www.gelderlander.nl/voorpagina/arnhem/7956690/Homo...
 
Knapen wil opheldering over 'onchristelijke' kalender
Staatssecretaris Ben Knapen (Buitenlandse Zaken) wil opheldering van de Europese Commissie over een kalender voor scholieren in Europa waarop alle christelijke feestdagen zijn vergeten. De belangrijkste dagen van andere godsdiensten worden wel vermeld.
http://www.ad.nl/ad/nl/3042/Rutte-I/article/detail/563031...
 
'Turken gaan gebukt onder hard immigratiebeleid''
Turkse jongeren gaan gebukt onder de verharding van het Nederlandse immigratie- en integratiebeleid. De Turkse regering heeft hierop stevige kritiek.
http://www.ad.nl/ad/nl/1013/Buitenland/article/detail/562...
 
Sympathie voor extreem-rechts groeit in Frankrijk
Zaterdag en zondag kiest het extreem-rechtse Franse Front National (FN) een nieuwe leider: Marine le Pen (dochter van)  of  Bruno Gollnisch. Dat is vandaag voor Le Monde aanleiding om de plaats van deze partij in de Franse politiek te onderzoeken. De conclusie in één zin: onder de rechtse kiezers groeit de sympathie voor het FN, om op te stemmen of als coalitiepartner.
http://www.nrc.nl/nieuws/2011/01/13/sympathie-voor-extree...
 
Partijbestuur Vlaams Belang vindt dat Roeland Raes lid kan blijven
Het partijbestuur van Vlaams Belang heeft enkele weken geleden beslist dat oud-ondervoorzitter en ex-senator Roeland Raes lid kan blijven van de partij, ondanks zijn veroordeling in september vorig jaar door het Brussels hof van beroep wegens negationisme. Voorzitter Bruno Valkeniers bevestigde vandaag een bericht in die zin op de site Apache.
http://www.hln.be/hln/nl/957/Belgie/article/detail/120664...
 

Gli ultimi trionfi del denaro e della macchina nella filosofia della storia di Oswald Spengler

Gli ultimi trionfi del denaro e della macchina nella filosofia della storia di Oswald Spengler

Francesco Lamendola

Ex: http://www.centrostudilaruna.it/

Nato a Blankenburg, nel Magdeburgo, nel 1880 e morto a Monaco nel 1936 – in buon punto per evitare le conseguenze del suo rifiuto di approvare il violento antisemitismo del regime hitleriano -, Oswald Spengler è stato uno dei filosofi più discussi e controversi del XX secolo, suscitando fervidi entusiasmi e ripulse totali e irrevocabili. Per alcuni egli è stato il teorico del nazionalsocialismo, nella misura in cui – pur non aderendo formalmente ad esso – aveva sostenuto la necessità di instaurare un forte potere militare e affermato la superiorità della razza «bianca» e della preponderanza della Germania nel quadro politico mondiale. Altri hanno visto in lui il maggiore erede di Nietzsche, della sua fedeltà alla terra e della volontà di potenza, oltre che un continuatore del relativismo storicistico di Dilthey e, quindi, il legittimo continuatore della tradizione filosofica tedesca di fine Ottocento.

La sua concezione organicistica delle civiltà, secondo la quale ogni civiltà è equiparabile a un essere vivente che nasce, si sviluppa, decade (nella fase della «civilizzazione») e, da ultimo, muore, apparve – ed era – una tipica forma di biologismo sociale, dominata com’era da una darwiniana strength for life, ove le civiltà vecchie e deboli devono cedere il passo a quelle giovani e forti. Concezione che a molti non piacque, e che tuttavia appariva fondata su cospicui elementi di realtà oggettiva, e che tanto più difficile sembrava smentire quanto più l’Autore dispiegava, per sostenerla, una immensa congerie di osservazioni tratte dalla musica, dall’architettura, dalla storia delle religioni e da quella dell’economia e della tecnica.

Piacque, soprattutto ai Tedeschi, l’implicito machiavellismo sotteso a tutta l’opera: per cui, nelle convulsioni della disfatta al termine della prima guerra mondiale (Il tramonto dell’Occidente venne pubblicato tra il 1918 e il 1922, ossia negli anni più bui mai vissuti sino ad allora dalla Germania), era possibile intravedere una ripresa e, forse, persino una futura rivincita, a patto di sapere accettare il proprio destino e di percorrere sino in fondo la strada tracciata dalle presenti forze storiche, materiali non meno che spirituali.

Otto, secondo Spengler, sono le civiltà che si sono succedute, dall’origine ad oggi, nel panorama della storia mondiale, sviluppando quei «cicli di cultura» i quali tendono a ripetersi con caratteristiche sostanzialmente analoghe, pur nella diversità delle situazioni specifiche. Esse sono state la babilonese, l’egiziana, la indiana, la cinese, la greco-romana (o «apollinea»), l’araba (o «magica»), quella dei Maya e, infine, l’occidentale (che Spengler definisce «faustiana»). Si sono avvicendante secondo una cadenza di circa mille anni, soggiacendo a leggi in tutto e per tutto simili a quelle degli organismi viventi e finendo per estinguersi e scomparire completamente – tranne la nostra, che è destinata, però, a concludersi come le altre.

Si suole affermare che qualcosa di una civiltà continua a permanere anche al di là di essa, ma è un errore. Ogni civiltà è destinata a una fine totale, che trascina con sé anche i valori da essa emanati; nessun valore può sopravvivere al di là della civiltà che lo ha prodotto. I valori sono deperibili, proprio come le civiltà; possono, semmai, essere sostituiti da altri valori, frutto di altre civiltà. Non esistono valori assoluti, così come non esistono verità assolute; ogni verità è relativa al contesto della civiltà che la pone e, esauritasi quest’ultima, anche il concetto di verità si sbriciola, si frantuma. La stessa idea di progresso, non è altro che una illusione.

Quanto alla civiltà occidentale, essa è ormai quasi giunta al termine del proprio ciclo vitale e, quindi, alla successiva, inevitabile estinzione: non resta che prenderne atto e seguire il destino che ci si prepara, rinunciando alla chimera di poter tramandare valori imperituri o di poter mutare il corso della storia, bensì sfruttando l’ultimo guizzo di luce prima del crepuscolo.

Ma già si fa avanti la prossima civiltà, che prenderà il posto di quella occidentale: la civiltà russa, che dominerà a sua volta la scena della storia mondiale, finché non avrà esaurito il suo ciclo e scomparirà a sua volta.

La civiltà occidentale, dunque, non ha nulla di speciale, in se stessa, perché si debba pensare che possa sfuggire al destino di tutte le altre civiltà. Anzi, essa è già entrata, e da tempo, nella fase della civilizzazione, caratterizzata dal gigantismo delle sue creazioni esteriori e dal progressivo esaurimento del suo spirito vitale, della sua «anima».

D’altra parte, negli ultimi secoli della sua vicenda millenaria si è prodotto un evento finora sconosciuto alla storia dell’umanità: il sopravvento della tecnica, della macchina, sulla natura e sull’uomo stesso, che ne è divenuto lo schiavo. È nata una figura nuova, quella dell’ingegnere; che, molto più importante dell’imprenditore o dell’operaio dell’industria, tiene in mano i futuri sviluppi della civiltà occidentale. Ma il tempo di quest’ultima è ormai quasi compiuto; la fine è imminente. Si tratta soltanto di vedere se l’uomo occidentale saprà assecondare il movimento della storia, creando una nuova forma di potenza – quella del signore, che non si cura dei profitti personali come fa il mercante e che, a differenza di lui, mira ad instaurare una società basata sull’armonia generale e non sul vantaggio egoistico di pochi capitalisti.

Questa posizione spiega l’atteggiamento di cauto interesse nei confronti del socialismo, inteso come principio etico più che come concreto movimento storico; e coniugato, d’altronde, con un forte elemento di tipo nazionalistico, sì da far pensare più al nazionalsocialismo che al comunismo sovietico. Ma forse, dopotutto, Spengler aveva la vista più lunga di quanto non sembrasse ai suoi detrattori e aveva intuito che, dietro le grandi differenze esteriori, nazismo e stalinismo avevano più cose in comune di quante non fossero disposti ad ammettere sia l’uno che l’altro. Per cui la sua profezia, che alla fine l’idea del denaro si sarebbe scontrata con l’idea del sangue; ossia che i valori mercantili sarebbero venuti a una resa dei conti con i valori aristocratici, conteneva elementi tutt’altro che peregrini; tanto è vero che molti intellettuali europei di destra – a cominciare da Julius Evola, traduttore dal tedesco de Il tramonto dell’Occidente nella nostra lingua – avrebbero visto nella seconda guerra mondiale, a torto o a ragione, precisamente questo tipo di scontro finale. E così la vide anche Berto Ricci, andato volontario a combattere (e a morire) in Libia contro gli Inglesi, lui sposato e padre di famiglia, nella speranza di vedere – come scrisse in una delle sue ultime lettere – il sorgere di un mondo un po’ meno ingiusto, un po’ meno ladro di quello allora esistente.

Scriveva, dunque, Oswald Spengler nelle pagine conclusive de Il tramonto dell’Occidente (titolo originale: Der Untergang des Abendlandes, traduzione italiana di Julius Evola, Longanesi &C., Milano, 1957, 1978, vol. 2, pp. 1.390-98):

…contemporaneamente al razionalismo, si giunge alla scoperta della macchina a vapore che sovverte tutto e trasforma dai fondamenti l’immagine dell’economia. Fino a allora la natura aveva avuto la parte di una coadiutrice; ora la si riduce a una schiava e il suo lavoro, quasi per scherno, lo si calcola secondo cavalli-vapore. Dalla forza muscolare del negro sfruttata nelle aziende organizzate, si passò alle riserve organiche della scorza terrestre dove l’energia vitale di millenni è immagazzinata sotto specie di carbone, e infine lo sguardo si è portato sulla natura inorganica, le cui forze idrauliche sono state già arruolate ad integrare quelle del carbone. Coi milioni e miliardi di cavalli-vapore la densità di popolazione raggiunge un livello che nessun’altra civiltà avrebbe mai ritenuto possibile. Questo aumento è conseguenza della macchina, la quale vuol essere servita e diretta, in cambio centuplicando le forze di ogni individuo. È con riferimento alla macchina che la vita umana va ora a rappresentare un valore. Il lavoro diviene la grande parola d’ordine del pensiero etico. Già nel diciottesimo secolo esso in tutte le lingue aveva perduto il suo significato negativo originario. La macchina lavora e costringe l’uomo a lavorare insieme ad essa. Tutta la civiltà è giunta ad un tale grado di attivismo, che sotto di esso la terra trema.

E ciò che si è svolto nel corso di appena un secolo è uno spettacolo di una tale potenza, che l’uomo di una futura civiltà, di una civiltà con una anima diversa e con diverse passioni, avrà il sentimento che la stessa natura ne doveva esser stata scossa nel suo equilibrio. Anche in altri tempi la politica passò sopra città e popoli e l’economia umana incise profondamente sui destini del regno animale e vegetale; ma tutto ciò sfiorò appena la vita e di nuovo sparì. Invece questa tecnica lascerà le sue tracce anche quando tutto sarà dimenticato e sepolto. Questa passione faustiana ha trasformato l’imagine della superficie terrestre.

Qui ha agito un impulso della vita a trascendere e ad innalzarsi che, intimamente affine a quello del gotico, al tempo dell’infanzia della macchina a vapore trovò espressione nel monologo del Faust di Goethe. L’anima ebbra vuol portarsi di là da spazio e tempo. Una indicibile nostalgia la attira verso lontananze sconfinate. Ci si vorrebbe staccare dalla terra, ci si vorrebbe perdere nell’infinito, si vorrebbero sciogliere i vincoli del corpo ed errare nello spazio cosmico fra le stelle. Ciò che all’inizio fu cercato dal fervido empito ascensionale di un San Bernardo, ciò che Grünewald e Rembrandt evocarono negli sfondi dei loro quadri e Beethoven negli accordi trasfigurati dei suoi ultimi quartetti, torna di nuovo nell’ebbrezza spirituale donde procede questa fitta serie di invenzioni. È così che si è formato un sistema fantastico di mezzi di comunicazione che ci fa attraversare interi continenti in pochi giorni, e ci porta con città galleggianti di là da ogni oceano, che trafora montagne e lancia convogli a velocità pazze nei labirinti delle ferrovie sotterranee; e dalla veccia macchina a vapore, da tempo esaurita nelle sue possibilità, si è passati ai motori a gas per infine staccarsi dalle vie e dalle rotaie ed elevarsi negli spazi. Così la parola parlata in un attimo può esser inviata oltre ogni mare; prorompe il piacere per records di ogni specie e per le dimensioni inaudite, ambienti giganteschi vengono costruiti per macchine titaniche, navi enormi e ponti ad incredibile gettata, costruzioni pazzesche che raggiungono le nubi, forze meravigliose incatenate in un punto in modo tale che basta la mano di un bambino per metterle in movimento, opere di cristallo e di acciaio che vibrano nel frastuono di ogni specie di meccanismi nelle quali, questo essere minuscolo, si muove come un signore assoluto sentendo finalmente sotto di sé la natura.

E queste macchine nella loro forma sono sempre più disumanizzate, sempre più ascetiche, mistiche, esoteriche. Esse avvolgono la terra con una rete infinita di forze sottili, di correnti e di tensioni. Il loro coro si fa sempre più spirituale, sempre più chiuso. Queste ruote, questi cilindri, queste leve non parlano più. Ciò che in esse è più importante si ritira all’interno. La macchina è stata sentita come qualcosa di diabolico, e non a torto. Agli occhi del credente essa rappresenta la detronizzazione di Dio. Essa pone la causalità sacra nelle mani dell’uomo e questi la mette silenziosamente, irresistibilmente in moto con una specie di preveggente onnisapienza.

Mai come oggi un microcosmo si è sentito superiore al macrocosmo. Oggi vediamo piccoli esseri viventi che con la loro forza spirituale hanno ridotto il non vivente a dipendere da loro. Nulla sembra eguagliare un simile trionfo che è riuscito ad un’unica civiltà e forse solo per la durata di qualche secolo.

Ma proprio per tal via l’uomo faustiano è divenuto schiavo della sua creazione. Nelle sue mosse così come nelle sue abitudini di vita egli sarà spinto dalla macchina in una direzione sulla quale non vi sarà più né sosta, né possibilità di tornare indietro. Il contadino, l’artigiano, perfino il commerciante appaiono d’un tratto insignificanti di fronte a tre figure cui lo sviluppo della macchina ha dato forma: l’imprenditore, l’ingegnere e l’operaio industriale. In questa civiltà, e in nessun’altra al di fuori di essa, da un piccolo ramo dell’artigianato, cioè dall’economia dei manufatti, si è sviluppato il possente albero che oscura ogni altra professione: il mondo economico dell’industria meccanica. E questo mondo costringe sia l’imprenditore che l’operaio industriale ad obbedirgli. Entrambi sono gli schiavi, non i signori della macchina che ora comincia a manifestare il suo occulto potere demonico. Ma se le attuali teorie socialistiche hanno solo voluto vedere il rendimento dell’operaio non avanzando che per il lavoro di questi le loro rivendicazioni, un tale lavoro è tuttavia reso possibile esclusivamente dall’attività decisiva e sovrana dell’imprenditore. Il famoso detto del braccio possente che fa arrestare tutte le ruote è un errore. Per fermarle, non c’è bisogno di essere operai. Ma per tenerle in moto, non basta essere operai. È l’organizzazione, è il dirigente che costituisce il centro di tutto questo regno artificiale e complesso della macchina. Il pensiero, non il braccio, tiene insieme un tale regno. Ma proprio per questo, per mantenere in piedi siffatto edificio perennemente pericolante, una figura è ancor più importante della stessa energia di nature dominatrici in veste di imprenditori che fa scaturire da suolo intere città e che sa trasformare l’immagine del paesaggio – una figura, che nelle lotte politiche si è soliti dimenticare: l’ingegnere, sapiente sacerdote della macchina. Non sol il livello ma la stessa esistenza dell’industria dipendono dall’esistenza di centinaia di migliaia di menti qualificate e ben addestrate che dominano e fanno progredire incessantemente la tecnica.

L’ingegnere è propriamente il silenzioso dominatore e il destino dell’industria meccanica. Il suo pensiero è come possibilità quel che la macchina è come realtà. Si è temuto, materialisticamente, l’esaurirsi dei giacimenti di carbone. Ma finché esisteranno degli scopritori di sentieri di un rango superiore pericoli di tal genere saranno inesistenti. Solo quando questo esercito di inventori, il cui lavoro intellettuale forma una interna unità con quello della macchina, non avrà più una posterità, l’industria, malgrado la presenza di imprenditori e di operai si spegnerà. Anche se la salute dell’anima dei migliori delle future generazioni venisse considerata più importante di tutta la potenza della terra e se per influenza di quella mistica e di quella metafisica che oggi stano soppiantando il razionalismo il sentimento del satanismo della macchina guadagnasse terreno in una élite spirituale sollecita di quella salute – sarebbe l’equivalente del passaggio da Ruggero Bacone a Bernardo di Chiaravalle – anche in questo caso nulla arresterà la conclusione di questo grande dramma dello spirito nel quale le forze materiali hanno solo una parte secondaria.

L’industria occidentale ha sostato le vie già seguite dal commercio delle altre civiltà. Le correnti della vita economica si portano verso le sedi del «re carbone» e le aree ricche di materie prime; la natura viene saccheggiata, tutta la terra viene offerta in olocausto al pensiero faustiano sotto specie di energia. La terra che lavora è l’essenza della visione faustiana; nel contemplarla, muore il Faust della seconda parte. Del poema, nella quale il lavoro dell’imprenditore ha avuto la sua suprema trasfigurazione. È la suprema antitesi all’esistenza statica e sazia del periodo imperiale antico. L’ingegnere è il tipo più lontano dal pensiero giuridico romano ed egli otterrà che la sua economia abbia un proprio diritto: un diritto nel quale le forze e le opere prenderanno il posto delle persone e delle cose.

Ma non è meno titanico l’assalto sferrato dal danaro contro questa potenza spirituale. Anche l’industria è legata alla terra – come l’elemento contadino. Essa ha le sue sedi, i suoi impianti, le sue sorgenti di energia vincolate al suolo. Solo l’alta finanza è completamente libera, completamente inafferrabile. A partire dal 1789 le banche e quindi le Borse si sono sviluppate come una potenza autonoma grazie al bisogno di credito determinato dall’enorme incremento dell’industria e, come il danaro in tutte le civilizzazioni, questa potenza ora vuol essere l’unica potenza. L’antichissima lotta fra economia di produzione e economia di conquista prende ora le proporzioni di una lotta gigantesca e silenziosa di spiriti svolgentesi sul suolo delle città cosmopolite.

È la lotta disperata del pensiero tecnico, il quale difende la sua libertà contro il pensiero in funzione di danaro.

La dittatura del danari si consolida e si avvicina ad un apice naturale – ciò sta accadendo oggi nella civilizzazione faustiana come già è accaduto in ogni altra civilizzazione. Ed ora interviene qualcosa che può esser compreso solo da chi ha penetrato il significato essenziale del danaro faustiano. Se il danaro faustiano fosse qualcosa di tangibile, di concreto, la sua esistenza sarebbe eterna; ma poiché esso è una forma del pensiero, esso scomparirà non appena il mondo dell’economia sarà stato pensato a fondo: scomparirà per l’esaurirsi della materia che gli fa da substrato. Quel pensiero è già penetrato nella vita della campagna mobilitando il suolo; esso ha trasformato in senso affaristico ogni specie di mestiere; oggi esso penetra vittoriosamente nell’industria per mettere le mani sullo stesso lavoro produttivo dell’imprenditore, dell’ingegnere e dell’operaio. La macchina col suo seguito umano, la macchina, questa vera sovrana del secolo, è in procinto di soggiacere ad una più forte potenza. Ma questa sarà l’ultima delle vittorie che il danaro può riportare; dopo, comincerà l’ultima lotta, la lotta con la quale la civilizzazione conseguirà la sua forma conclusiva: la lotta tra danaro e sangue.

L’avvento del cesarismo spezzerà la dittatura del danaro e della sua arma politica, la democrazia. Dopo un lungo trionfo dell’economia cosmopolita e dei suoi interessi sulla forza politica creatrice, l’aspetto politico della vita dimostrerà di essere, malgrado tutto, il più forte. La spada trionferà sul danaro, la volontà da signore piegherà di nuovo la volontà da predatore. Se designiamo come capitalismo le potenze del danaro e se per socialismo s’intende invece la volontà di dar vita a un forte ordinamento politico-economico di là da ogni interesse di classe, ad un sistema compenetrato da una preoccupazione aristocratica e da un sentimento di dovere che mantengano il tutto in una salda forma in vista della lotta decisiva della storia – allora lo scontro tra capitalismo e socialismo potrà significare anche quello fra danaro e diritto. Le potenze private dell’economia vogliono avere mani libere perla conquista delle grandi fortune. Non intendono che nessuna legge sbarri loro la via. Vogliono leggi che vadano nel loro interesse e per questo si servono dello strumento che esse stesse si sono create, della democrazia e dei partiti pagati. Per far fronte ad un tale assalto il diritto ha bisogno di una tradizione aristocratica, dell’ambizione di forti schiatte capaci di trovare la loro soddisfazione non nell’accumulazione delle ricchezze bensì nei compiti propri ad un’autentica razza di capi di là da ogni vantaggio procurato dal danaro. Una potenza può esser rovesciata solo da un’altra potenza, non da un principio; ma al di fuori della potenza del danaro non ve ne è un’altra, oltre a quella ora detta. Il danaro potrà essere spodestato e dominato soltanto dal sangue. La vita è la prima e l’ultima delle correnti cosmiche in forma microcosmica. Essa costituisce la realtà per eccellenza nel mondo considerato come storia. Di fronte all’irresistibile ritmo agente nella successione delle generazioni alla fine scompare tutto ciò che l’essere desto ha costruito nei suoi mondi dello spirito. Nella storia l’essenziale è sempre e soltanto la vita, la razza, il trionfo della volontà di potenza, non il trionfo delle verità, delle invenzioni o del danaro. La storia mondiale è il tribunale del mondo ed essa ha sempre riconosciuto il diritto della vita più forte, più piena, più sicura di sé: il suo diritto all’esistenza, non curandosi se ciò venga riconosciuto giusto o ingiusto dall’essere desto. La storia ha sempre sacrificato la verità e la giustizia alla potenza, alla razza, condannando a morte gli uomini e i popoli per i quali la verità è stata più importante dell’azione e la giustizia più essenziale della potenza. Così lo spettacolo offerto da una civiltà superiore, da questo meraviglioso mondo di divinità, di arti, di idee, di battaglie, di città, si chiude di nuovo con i fatti elementari del sangue eterno, che fa tutt’uno con l’onda cosmica in perenne circolazione. Come già il periodo imperiale cinese e quello romano ce l insegnano, l’essere desto con tutta la sua ricchezza delle sue forme è destinato a tornare silenziosamente al servizio dell’essere, della vita; il tempo trionferà dello spazio ed è esso che col suo corso inesorabile incanalerà col suo corso fuggevole, che sul nostro pianeta rappresenta la civiltà, in quell’altro accidente, che è l’uomo: forma nella quale l’accidente «vita» scorre per un certo periodo, mentre nel mondo illuminato che si apre al nostro sguardo appaiono, dietro a tutto ciò, gli orizzonti in moto della storia della terra e di quella degli astri.

Ma per noi, posti da un destino in questa civiltà e in questo punto del suo divenire in cui il danaro celebra i suoi ultimi trionfi e in cui il suo erede, il cesarismo, ormai avanza silenziosamente e irresistibilmente, è strettamente definita la direzione di quel che possiamo volere e che dobbiamo volere, a che valga la pena di vivere. A noi non è data la libertà di realizzare una cosa anziché l’altra. Noi ci troviamo invece di fronte all’alternativa di fare il necessario o di non poter fare nulla. Un compito posto dalla necessità storia sarà in ogni caso realizzato: o col concorso dei singoli o ad onta di essi.

Ducunt fata volentem, nolentem trahunt.

Come ha osservato Domenico Conte (in Introduzione a Spengler, Laterza Editori, Bari, 1997, p. 30 sgg.), sono almeno tre le prospettive dalle quali Spengler osserva il movimento della storia universale.

La prima è una dimensione “popolare”, che vede la contrapposizione pura e semplice fra mondo della natura e mondo della storia (ciò che riecheggia la distinzione diltheyana fra scienze della natura e scienze dello spirito: cfr. F. Lamendola, Essenza della filosofia e coscienza della sua storicità nel pensiero di Wilhelm Dilthey). Il mondo della natura è statico, quello della storia è dinamico; il mondo della natura è sottoposto a leggi regolari e costanti, quello della storia è unico e irripetibile.

La seconda dimensione è, propriamente, quella della filosofia della storia, basata sulla concezione organicistica delle civiltà, che egli assimila a degli organismi viventi. È questo l’aspetto più noto della sua concezione filosofica, quello che ha destato maggiori consensi ma anche le critiche più pesanti, da parte di coloro i quali hanno evidenziato l’arbitrarietà di una analogia in senso stretto fra la vita degli organismi e la «vita» delle civiltà umane.

La terza prospettiva, che potremmo definire metafisica, è quella che ruota intorno al concetto spengleriano di «anima» delle civiltà. È qui che il pensatore tedesco ha sviluppato la parte più originale delle sue riflessioni, istituendo complessi e vorticosi parallelismi fra gli elementi formali delle singole civiltà e spaziando, con tono ispirato e quasi da veggente, attraverso i campi più svariati dell’arte, della scienza e della tecnica. Ed è qui che ha dispiegato quel suo stile turgido e solenne, drammatico e affascinante, che gli ha conquistato la simpatia di tante schiere di lettori ma anche, inevitabilmente, la diffidenza o il disdegno di molti filosofi di più austera concezione, ivi compresi gli idealisti ideali e, segnatamente, Benedetto Croce.

Quanto a noi, quello che più ci colpisce nella concezione della storia di Spengler è la brutalità, per così dire, ovvero la crudezza del suo vitalismo biologico. Unendo la volontà di Schopenhauer con la selezione naturale di Darwin, l’autore de Il tramonto dell’Occidente delinea un mondo della storia dominato da inesorabili leggi biologiche, ove tutto ciò che resta della libertà umana non è altro che la libertà di “scegliere” un destino tra segnato dalle forze della storia stessa, oppure di precipitare nell’impotenza più completa.

Spengler, come si è visto, è estremamente esplicito a questo riguardo: nella storia l’essenziale è sempre e soltanto la vita, la razza, il trionfo della volontà di potenza, non il trionfo delle verità, delle invenzioni o del danaro. La storia mondiale è il tribunale del mondo ed essa ha sempre riconosciuto il diritto della vita più forte, più piena, più sicura di sé: il suo diritto all’esistenza, non curandosi se ciò venga riconosciuto giusto o ingiusto dall’essere desto. La storia ha sempre sacrificato la verità e la giustizia alla potenza, alla razza, condannando a morte gli uomini e i popoli per i quali la verità è stata più importante dell’azione e la giustizia più essenziale della potenza.

Questo è il dramma di una concezione della storia chiusa in sé stessa, opera di un essere umano gettato a caso nel mondo e destinato a sparire, come già sono scomparse tante altre forme di vita prima di lui. Solo quando si dà per scontata la assoluta insignificanza dell’uomo in quanto persona unica e irripetibile, nonché la radicale immanenza della storia, si può giungere a proclamare, senza ombra di turbamento “sentimentale”, che la verità non ha alcuna importanza e che quello che conta è solo la potenza.

Peggio ancora, Spengler afferma – senza batter ciglio – che la storia è il tribunale del mondo, il che equivale ad innalzare la realtà effettuale al di sopra di tutto e implica, come logica conseguenza, l’adorazione dell’esistente, visto come l’affermazione, attraverso la lotta, di ciò che è migliore, nel senso di più forte. Si tratta di un tribunale che non riconosce valori o principi, ma solo dati di fatto; e che si inchina solo davanti a quelle forze storiche che sanno imporre, nietzscheanamente, una vita più piena e più sicura di sé, non una vita più giusta o più buona.

Nel clima di generale disorientamento intellettuale e morale dei primi decenni del Novecento, milioni di persone hanno fatto propria una tale filosofia della forza e si sono lasciate trascinare da capi politici che l’avevano adottato come loro credo incondizionato.

Negli ultimi giorni della sua vita, quando i carri armati sovietici irrompevano già per le vie di una Berlino distrutta dai bombardamenti aerei, Hitler ebbe a riconoscere – assai a denti stretti – che i Russi, alla fine, si erano dimostrati più forti dei Tedeschi e che, quindi, meritavano di divenire i nuovi signori dell’Europa. Anche Mussolini, negli ultimi tempi della sua vita, si era più volte lamentato del fatto che gli Italiani non erano stati all’altezza del grande destino offertosi a portata delle loro possibilità e che, pertanto, avevano meritato pienamente la sconfitta.

Ma se la storia non è altro che un tribunale del mondo fondato sul diritto del più forte, bisogna sempre aspettarsi che la forza di oggi ceda, domani, davanti a una forza più grande o semplicemente più spregiudicata; il che equivale a fare della storia umana una giungla insanguinata, popolata di zanne e di artigli sempre protesi a ghermire la preda, lacerarla e massacrarla. Il tribunale assomiglia pericolosamente a un mattatoio, da cui si levano incessantemente muggiti di terrore e grida di dolore; un tribunale che sanziona il diritto della forza in luogo della forza del diritto.

Se così fosse, vorrebbe dire che nessun progresso è stato compiuto dai tempi degli eroi omerici, trascinati in una spirale infinita di violenza per acquisire la gloria, che richiede sempre nuova violenza per conservare ed accrescere la gloria stessa: e ciò in un mondo ove tutti mirano allo stesso obiettivo, e ridotto, quindi, a un eterno, sanguinoso campo di battaglia di ciascuno contro tutti. Spengler, nemico dell’idea di progresso, non aveva alcuna difficoltà ad ammetterlo; ma noi, che pure non adoriamo l’idea (illuministica) del progresso, possiamo ammettere che la civiltà cui apparteniamo non abbia saputo minimamente elaborare l’insegnamento di quelle che l’hanno preceduta, per instaurare non già un mondo concreto di giustizia e armonia, ma almeno l’idea di una superiore giustizia e di una necessaria armonia?

George Steiner's "The Portage to San Cristobal of A. H."

George Steiner’s
The Portage to San Cristobal of A. H.

Jonathan BOWDEN

Ex: http://www.counter-currents.com/

George Steiner
The Portage to San Cristobal of A. H.
Chicago: University of Chicago Press, 1999

steiner.jpgGeorge Steiner’s novella, The Portage to San Cristobal of A. H., was published about three decades back and encodes a large number of the author’s non-fiction books which were released beforehand. This is especially pertinent to the analysis published in In Bluebeard’s Castle, for instance.

For our purposes in this review, the dramatic or theatrical presentation of Steiner’s brief work is almost as important as the text itself. It was dramatized (the only one of the Professor’s works to be treated in this way) by the socialist playwright Christopher Hampton and, on a personal note, I actually saw it in 1981–82.

The drama starred Alec McCowen as Adolf Hitler in a production which lasted around an hour and a half. He was later awarded the Evening Standard theater award for his riveting performance — particularly his oracular testimony or speech at the play’s close. The critical record suggests that it was performed at the Mermaid Theatre, but I seem to recall seeing it at the Riverside studios in west London. I went with a girl that I was rather keen on at the time, but she was nauseated by the whole thing and fell asleep.

To cut to the chase: I believe that this is largely a work by and about George Steiner rather than the personalities or historical personages with whom he deals. Steiner is an “ultra-civilized” liberal, a polyglot, and an Encyclopaedist who has made a personal or subjective religion out of Western high culture. His play — and the short novel which gave it birth — are his attempts to deal with the fact that no matter how knowledgeable or assimilated he becomes he always remains an outsider . . . an Ashkenazic amongst Gentiles.

What differentiates Steiner from most of his group is that he has not chosen to identify himself with the major pathways that various vanguards usually choose. Not for him, in other words, the ways of commerce, gross materialist accumulation or gain; militant leftism or anti-system revolt; or active and intentional Zionism.

The elements in the play which appear shocking, “transgressive,” non-humanitarian, anti-Zionist, and even “self-hating” in Jewish terms, are quite understandable when you reckon on Steiner’s own sensibility. A pure intellectual who incarnates the mind-body split, Steiner actively dislikes Israel, Ashkenazic enthusiasm, and the normalcy, almost semi-Gentile qualities, of nationalism and group adherence. Like an ultra-liberal in the West, an active vision of Hell would be national service in the armed forces — that is, having to endure the relative crudity, non-sophistication, and “political incorrectness” of all and sundry. Steiner, in other words, wishes to assimilate on his own terms — most of which are basically specific to himself.

His culture is actually quite a small sliver of land that articulates the integrative energies of mid-European Jews from around 1880 to 1940. For him, authors like Karl Kraus, Kafka, and Paul Celan are European culture tout court. Likewise, a special endorsement will always be given to those superior Gentiles and cultural creators (Goethe, Tolstoy, Beethoven, and so forth) who make ready the path of assimilation through humane artistry.

In a manner which is typical of the radical liberals who dominate the cultural space in the West today, Steiner is truly horrified by Man’s brutality, ferocity, hatred, and capacity for endless sadism. A keen dualist, many of Steiner’s books contain long, anguished discourses about the Marquis de Sade, for example. De Sade, in gigantic works of megalomania like The 120 Days of Sodom, is rarely pithy or gnomic. But one of his remarks bears recording: when he declares that civilisation is an exercise in cruelty which has been tempered by disquiet. Steiner’s whole career is a protest against this assertion; yet, as a liberal pessimist, he doubtless secretly agrees with it.

To return to the play proper, however . . . the whole point of the narrative is to prepare for the enormous speech by the McCowan figure at the piece’s end. It is relatively typical for a creator like Steiner that he loves to hate Hitler and, in all honesty, his view of the German dictator is very similar to that of Norman Mailer in his last published novel shortly before his death. Both of them see Hitler as not a man at all but a force, a hypostatization, a recognition of the absence of the real — even an incarnation of terror, implacability, and death.

In this regard, but in no other, they actually engage in transgression and cross over to the other side . . . if only momentarily. Neither of these mild apostates can really be accused of shoah revisionism or its historical counterpart — by dint of identifying with the discourse of Harry Elmer Barnes. Not one bit of it . . . but they do, luridly, hesitantly, mesmerically (even lambently) become cultural revisionists just for a moment before snapping back into their a priori positions. This would amount to a post-existential and “left” conservative in Mailer’s case; a pained, enervated, diaphanous and painfully raw (or thin-skinned) “rootless cosmopolitan” in Steiner’s.

The piece itself, The Portage to San Cristobal of A. H., is essentially front-end loaded. It only really exists as a prop or attainment for Hitler’s great speech at the end. Some of the work’s Zionist or Ashkenazic critics who said that it was poorly constructed or slightly slung together actually have a point — yet what they miss is the deux ex machina moment. This amounts to the aporia in language — the moment of apocalypse at the finale — when a demi-god of inversion (literally an Anti-Christ) is permitted to orate. Steiner was classically educated by his father to a very high level . . . it has to be admitted. But one of his mental conceits is that Greek tragedy, even genuine tragedy without the Grecian overlay, is impossible at this time. He wrote an entire early book called The Death of Tragedy which is essentially on this theme. Nonetheless, I believe in delving a little bit deeper here.

The book itself is a bit of a rag-bag, primarily due to the fact that everything is fed towards (rather impatiently) getting to the end. This is the moment of high Greek drama, the play within the play which signifies the instant when the trial of Hitler begins, and that essentially resembles a playlet within a play. The main purpose of a narrative which runs for a hundred pages or so is to get all of the important characters on stage. Some of this is uneasily handled, and a good deal of it reads like some middle-brow thriller writers from the ’sixties and ’seventies, such as Hammond Innes or Aleister MacClean.

The dramatis personae are Emmanuel Lieber, the Nazi hunter and instigator of events, Simeon (the presiding judge at Hitler’s mock-trial) and search-party leader, as well as a young Israelite Isaac Ansell (who represents the post-war generation); and Elie Barach, an Orthodox Jew whose faith is disturbed by Benasseraf’s dream. He is the holy fool of the group — the Fool or Tom o’ Bedlam figure, if you like. For Benasseraf is mildly mentally ill, suffers flash-backs, and casts an alternative light on things. He even serves the dissentient role of an esoteric Hitlerist — albeit in reverse order.

There are two Gentile characters (other than Hitler). These are John Asher (who is half-Jewish); and who Steiner basically considers to be Gentile. Like all radical liberals, Steiner is overly-drawn to the other. He evinces quite a lot of sympathy for this character and possibly identifies with him. Asher is fascinated by the whole affair, but not pruriently. He suffers from no metaphysical lusts. The other Gentile is Teku, a Latino Indian or an indigenous South American . . . he is probably conceived as a largely silent witness to the trial, an incarnation of Mankind looking on.

As I say, the real purpose of the narration is to get these characters together so that the trial can occur. The elderly figure of Hitler (played by McCowan) has no real role until the trial sequence commences. When this happens he brushes aside any rudimentary defence apparatus provided by the “court” and represents himself. The whole point of the novella is really this trial.

The Hitler figure defends himself with vigor and urgency, irrespective of the fact that it’s obviously not a real court case. The point here is philosophical, semi-religious, and higher in tone or intent. The whole event is primarily metaphysical in aspect — and Hitler defends himself metaphysically. Once Hitler emerges in Steiner’s sequence, and despite his great age, he effortlessly dominates the scenario and virtually all the other characters lose their reality.

Hitler is really conceived of as being intimately connected to the Jewish destiny, so much so that he appears to be a part of their very development. To Steiner, he is no longer a man but an anti-god; a personal Satan not for mankind at large like the devil in Christianity or Islam. No. He is an Israelite devil; a Loki, a sprite of destruction — almost the pagan anti-god for one particular people, namely his own.

Throughout all of this we have to remember that Steiner is an uneasy co-optee; he doesn’t really identify with his people that much . . . like most liberals. He admires the “hard” jews and Israelis in his plot device — the men who have hunted down the Great Beast (666) — but he doesn’t really share their passions. Unlike all of them (to varying degrees) he is not a nationalist; he strives not to allow himself group emotions.

Nonetheless, a peculiar thing occurs during Hitler’s great speech (performed by McCowan) and which is quite reminiscent of the Bailiff’s endless oratory in The Childermass (a novel by Wyndham Lewis which I have reviewed elsewhere on this site). The leftist and Zionist critics who loathed this short book (as well as the play that came out of it via Hampton’s redaction) do have a point. Hitler is the genius; they are underlings. Like the malevolent Anglo-Irish landowner, Pozzo, in Beckett’s Waiting for Godot, he has the power. Steiner knows this, wills it. and lets it happen. At the deepest possible level, so to say, Steiner is a masochist who worships and adores Hitler as a negative god, albeit filtered and sublimated through aesthetic inversions (the catalog of which is multiple). In this moment of post-Christianity, he is truly a Satanist.

The arguments which Steiner/Hitler uses are less important than the way it is delivered. Hitler is not a man but a force; a diabolical instantiation; the encomium of the Word turned around. He is an avatar; an Odin in a rival religion to the one which Steiner was brought up in (Judaism) and has rejected subsequently. Like most academics with tenure, he’s an Enlightenment man now.

It has to be said that in McCowan’s dark threnody one comes close to a species of black metal or cacophonic white power music — of a sort that Professor Goodrick-Clarke tabulated, with little overt criticism, in Black Sun. Steiner agrees — in a fragmentary moment or a semiotic register — with everything that Savitri Devi has ever said about the Führer, but he does so as an instant of nausea and ontological victimhood. Albeit raised to a high artistic level, it is a cosmicism whereby the liberal-minded victim of a street mugging forgives his attacker, even thinks it was justified.

None of the arguments the Hitler character uses are original; moral and historical relativism; together with the fact that many Orthodox Rabbis believe Hitler to have been part of God’s plan — i.e., to whip the chosen people for transgressing from the divine path of allegedly being Man’s beacon. A role which involves waiting for the coming of Jehovah and his messiah . . . Might Hitler have been him — in the way that a sect like Jews for Jesus believe that Christians have a point?

Steiner leaves these questions unanswered, but to my mind this secularist sees Hitler as a savage god — much like Stasinopolous’ view of Picasso, but more importantly. The only way out of Steiner’s dilemma is to attempt a caveat — and Nietzsche comes to his aid here. For in a pagan (Gentile) world Steiner believes that Jews are being punished for inventing conscience. This, although complicated, and passim. Nietzsche’s Geneaology of Morals, is Nietzsche’s understanding of anti-semitism as a metaphysical postulate. Didn’t he partly reject Christianity as the judaicisation of European gentility?

In any event, Steiner achieves an artistic madness here — in his own terms — that reminds one of Hans Prinzhorn’s Art of the Insane. Where, following on from the manner of Kafka in Metamorphosis, the mild-mannered insurance salesman, Gregor, transforms into a gigantic cockroach overnight. It is the ultimate Hieronymous Bosch morphology or curdling, and at the end of the rival novella the roach-man just dies. He lowers his head plus mandibles (so to speak) for the last time and gradually his epidermis or shell gets closer and closer to the carpet. Finally, he expires — all passion spent. It is the post-facticity of degeneration; the world-weariness, sadness in the face of Man’s nature, and masochism which lurks at Humanism’s heart. It, to switch one’s foray into entomology, involves the endless circling of a moth around the candle-flame which will devour it.

Professor Steiner seeks cessation; a Heideggerian full-stop: he wishes to flop down and worship the Black Sun.

André Rieu: Alte Kameraden, Adieu mein kleiner Gardeoffizier & Radetzkymarsch

André Rieu: Alte Kameraden 2009

 

André Rieu: Adieu mein kleiner Gardeoffizier 2009

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Pierre Gripari, portrait de l'écrivain en joyeux pessimiste

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Pierre Gripari, portrait de l'écrivain en joyeux pessimiste

par Anne Martin-Conrad

(Infréquentables, 8)

Ex: http://stalker.hautetfort.com/

Vous avez dit «infréquentable» ? Oui, bien sûr, et heureusement ! Où serait la grandeur d’un écrivain qui plairait à tout le monde ?
Gripari est né en 1925, mort en 1990 : le calcul est vite fait et vous m’avouerez qu’être fréquentable en ce siècle ce serait plutôt inquiétant. Ils sont d’ailleurs nombreux ceux qui ont été couverts d’honneurs et sur lesquels la pierre du tombeau s’est refermée lourdement : on n’en parle plus, on ne les lit plus. Il est vrai qu’on inventait alors l’intellectuel, qui devait se confondre avec l’écrivain… Peine perdue, leur compte est bon, les hommes, les idées, passent, les œuvres resteront.
Les nuages noirs qui menaçaient toute entreprise littéraire, toute réflexion à cette époque, c’était le communisme et la psychanalyse : il n’y avait pas d’autre grille de lecture. Hélas, à peine en a-t-on fini avec celles-là que d’autres se précipitent à l’horizon : la même quantité de bêtise et de conformisme pèse toujours sur le monde, sous une forme ou sous une autre. Aujourd’hui, les droits de l’homme et les bons sentiments continuent de semer la mort à tous les points cardinaux : fuyons les amoureux de l’humanité.
Des vertus requises pour réussir dans le monde littéraire de ces temps de misère, Gripari n’en avait aucune. La souplesse qui fait les carrières, la flatterie qui ménage les puissants, le dossier de subvention glissé au bon moment au bon endroit, sur le bureau qui l’attend ce n’est pas que Gripari se le refusait, c’est qu’il n’en avait aucune notion !
Dans le livre d’entretiens, Gripari mode d’emploi, son ami Alain Paucard lui dit : «Ça commence par un malentendu, ça se poursuit par un purgatoire, et ça finit par une réhabilitation !» Faut-il vraiment le souhaiter ? S’il s’agit de consensus, non : une œuvre digne de ce nom doit rester au-dessus de tout, en quelque manière infréquentable.
Comme dirait une femme célèbre, et largement surestimée, «on ne naît pas infréquentable, on le devient !» Mais la vie est une sorte de lutte entre un individu et le monde qui l’accueille : il naît avec quelques atouts, un noyau dur, il les confronte avec ce qui l’entoure, puis, un jour, c’est la bataille en rase campagne. Il faut conquérir l’univers… c’est un corps à corps dont il sort, éventuellement, mais rarement, une œuvre.
Gripari aimait ce thème, il le décline dans tous ses romans, Pierrot la Lune, Gripotard, Branchu, dans ses contes aussi, Le Prince Pipo, Jean-Yves sont des enfants de Wilhelm Meister. Et il ne s’agit pas de grandir pour se perdre dans la masse, mais pour accomplir une vocation, quel qu’en soit le prix. Il faut apprendre à désespérer de bonne heure, mais la mélancolie contemplative n’est pas pour lui et sa profession de foi, souvent répétée est : «la tête qui dit non, le cœur qui dit oui.»
Les années d’apprentissage de Pierre Gripari forment un socle fragile qui prépare le terrain pour une vie difficile : un père arrivé de Grèce et fraîchement naturalisé, une mère normande que l’ambition déçue amène à prendre un amant, puis à noyer le chagrin qui s’ensuit dans les alcools forts. Elle en meurt en 1941. Le père est tué sur une route de Touraine par un mitraillage allié en 1944… Les astrologues disent doctement que Gripari avait Mars dans son ciel.
Les années 40 avaient amené la famille Gripari dans un village des bords de la Loire, Saint-Dyé, et Pierre s’y retrouve seul avec son jeune frère… Ce village existe, j’y suis allée dans les années 90 : on se souvient des Gripari. Ils étaient scandaleux, infréquentables, déjà… Et Pierre qui n’aimait pas les filles ! C’est le comble.
gripari2.jpgCe jeune homme qui a fait de bonnes études, interrompues par les événements, travaille comme dactylo chez le notaire, s’emploie l’été chez un cultivateur, joue du piano le samedi soir dans les bals. Bref, il n’y a rien à lui reprocher, mais, tout de même, il n’est pas comme tout le monde : on le lui fait savoir. Pourtant, il est communiste, selon l’air du temps, mais à sa façon sans doute.
Il écrit, mais personne ne le sait. La vie est un théâtre, dit Shakespeare, et Gripari entre déjà dans son rôle : il imagine une correspondance qui s’adresse à un inconnu rêvé et qui est signée Alceste… Grande solitude, sentiment d’exil.
Au cours de son enfance mouvementée, il avait eu recours aux livres, ceux des autres : «J’ai parlé autre part de l’émerveillement, du sentiment de fraternité joyeuse qu’ont éveillé en moi, lorsque j’étais enfant, des livres comme Croc-Blanc ou David Copperfield. J’ai retrouvé cela depuis avec Homère, Tolstoï, Gogol, Kipling, Céline… Ce qu’ils m’ont apporté n’était pas quelque chose d’accessoire, ce n’était pas du luxe, ni du superflu. C’était, c’est au contraire quelque chose d’essentiel, de vital.» Il se considère comme un héritier, à lui maintenant d’écrire, envers et contre tout.
«Je pars à l’armée en 46 avec la carte du Parti dans la poche, je la fous en l’air après avoir lu Kravtchenko, je reviens à Paris en 49, sur mes vieilles positions sceptiques, épicuriennes et pessimistes […] déclassé total, je me retrouve au milieu de gens dont la mentalité m’est totalement étrangère, snobé par mes anciens amis […] dans le quartier, au bureau, les seules personnes qui m’intéressent sont des communistes, et je reviens tout doucement à eux.»
Il travaille à la Mobil Oil, apprend le russe aux cours du soir de France URSS, tout naturellement, puisqu’il aime les livres, il exerce les fonctions de bibliothécaire pour le compte de la CGT… C’est là que les choses se gâtent : au lieu de recommander la littérature soviétique, il conseille Gogol ! Scandale… Sans compter qu’au syndicat, on n’aime pas beaucoup les «pédés».
Dans les années 50, à l’occasion d’un voyage en train vers la Grèce, où il rencontre sa famille paternelle, il traverse la Yougoslavie, voit le communisme de l’intérieur et en sort définitivement, guéri de toute espérance dans quelque système que ce soit, sur la terre comme au ciel.
Son expérience, du communisme et de ses avatars lui sera une source abondante d’inspiration… Cela nous vaut quelques nouvelles jubilatoires et le personnage émouvant de Socrate-Marie Gripotard.
Vers la fin des années cinquante, il cesse de jeter ses carnets, ses essais… Il écrit, pour le théâtre, et son premier roman, Pierrot la Lune. Et là commence sa brillante carrière d’infréquentable, en tant qu’écrivain… D’abord, il y évoque, avec une sincérité qui n’était pas de bon aloi à l’époque, son homosexualité. O, rien de scandaleux, pas de descriptions scabreuses, plutôt le trouble et la difficulté qu’il y a à le vivre. Au pire, c’était tout de même immoral, au mieux, c’était gênant… personne ne s’y retrouvait, ni les censeurs, ni les intéressés eux-mêmes.
Le récit de cette jeunesse se situait dans les années quarante… le sujet était délicat et les opinions bien tranchées. Lui raconte ce qu’il a vu, avec étonnement, avec le souci de la vérité, d’évoquer la complexité de la situation. Rien pour arranger les choses ! Dans l’après guerre, on s’installait dans le noir et blanc et nous y sommes toujours, il faut bien le dire.
Ce manuscrit se retrouva sur le bureau de Roland Laudenbach à La Table Ronde, dûment recommandé par Michel Déon qui avait été séduit par Lieutenant Tenant
gripari 4.jpgLieutenant Tenant est la première pièce jouée, en 1962… Une critique flatteuse de Jean-Jacques Gautier l’avait lancée et un reportage photo dans Paris-Match avait précipité Pierre sous les feux de la rampe (le système a parfois des faiblesses et laisse passer… Il ne peut pas tout contrôler, aussi rigide qu’il soit). Et voici que tout se gâte : après quelques semaines, le producteur trouve que la pièce est trop courte et lui demande d’ajouter une scène. Pierre refuse (on reconnaît là sa propension à être infréquentable !) Il n’a pas de vanité d’auteur, mais beaucoup d’orgueil et ne supportera jamais qu’on touche à ce qu’il écrit. Qu’à cela ne tienne, le producteur fait écrire la scène par un autre… ce que Pierre n’accepte pas, évidemment.
Cet acte de rébellion arrête net sa carrière d’auteur dramatique, et le malentendu n’est pas seulement économique et médiatique : «Ceux qui attendaient une pochade antimilitariste furent déçus. Les habitués du boulevard trouvèrent les scènes philosophiques trop lourdes. Les staliniens (russes ou chinois) du théâtre «engagé» tiquèrent devant les allusions aux Tatars de Crimée qui furent massacrés, sur l’ordre de Staline, à la libération du territoire. Et le public de l’avant-garde qui a mauvaise conscience dès qu’il ne s’ennuie pas, trouva la pièce légère.»
Il aggrave son cas en refusant de signer le fameux Manifeste des 121… Pour lui, l’Algérie sera algérienne, c’est inévitable, mais ce n’est pas une raison pour trahir les Français installés là-bas depuis des générations et à qui on a promis... Il est remarquable de voir que la plupart des thèmes qui l’ont diabolisé et qui donnaient lieu à des conflits sanglants, n’ont plus de sens aujourd’hui ! Comme la querelle du Filioque et celle des Iconoclastes, ils ne sont plus que matière d’Histoire.
Plus jamais il ne sera joué ailleurs que dans les cafés-théâtres. Pas de subventions pour lui, pas de metteur en scène qui s’y risque… Sauf Guy Moign qui créera une compagnie et montera ses textes chaque fois qu’il le pourra, mais pour qui jamais les grandes salles ne s’ouvriront.
Gripari avait écrit des contes pour la jeunesse. Il était sous contrat avec La Table ronde, l’éditeur de l’Algérie Française, qui publiait aussi des romans, mais des livres pour enfants… jamais. Les célèbres Contes de la rue Broca parurent en 1967 : un beau volume de la collection Vermillon… sans images, diffusé comme les pamphlets politiques qui faisaient la renommée de l’éditeur. Aucun succès ! Chute dans un gouffre sans fond…
C’est Jean-Pierre Rudin, libraire à Nice, qui, au début des années 70 entreprit une croisade, vendit deux mille exemplaires à lui tout seul, par la persuasion ou la terreur… Le contact était établi, hors des fameux «circuits» et les enfants le plébiscitèrent. Depuis, les Contes de la rue Broca ont refait le chemin à l’envers, investi les écoles, les bibliothèques, le ministère de l’Education nationale lui-même… Là, les choses se gâtent, car tout le monde s’en saisit et les «adapte». Une notion très dangereuse… Qui lit Perrault dans la merveilleuse version originale des Contes de ma Mère l’Oye ? Même chose pour les contes de Gripari. Lui qui travaillait scrupuleusement le rythme, le choix des mots, se voit souvent attaqué par toute sorte de prédateurs-adaptateurs et autres simplificateurs : c’est la rançon du succès.

Je disais bien qu’être trop fréquentable, c’est un autre genre de malédiction ! Mais rassurons-nous, c’est la seule partie de son œuvre qui trouve grâce aux yeux du monde tel qu’il est.
À la fin de ces années 60, les malentendus étaient donc déjà bien installés. Comme il est passé du communisme à la fréquentation d’un milieu de droite, à cause de son éditeur, et qu’il s’y est fait des amis, c’est un traître de la pire espèce. Ou bien, comme un esprit libre est vraiment infréquentable dans tous les mondes possibles, cela arrange le milieu littéraire, théâtral, journalistique de le cataloguer ainsi. En fait, Gripari n’est pas un idéologue, c’est un moraliste, il le dit, l’écrit et le montre : «Moi, je suis un individualiste discipliné, qui paie ses impôts, jette ses papiers dans les corbeilles, afin que l’État lui foute la paix sur tout le reste.»
C’est à ce moment-là que je l’ai connu. Il était solide comme un roc : il écrivait et tout le reste était secondaire. C’était sa force. Pour se loger et se nourrir (très mal !) il continuait de faire des petits travaux de bureau qui l’occupaient à mi-temps et lui laissaient la tête libre. Vivant comme un moine, il n’était embarrassé de rien : pas de voiture, pas de télé, pas de radio, même pas de livres ou presque, car il en achetait quelquefois qu’il donnait aussitôt lecture faite. Quand ses amis, cherchant à l’aider, lui offraient un objet quelconque ou un vêtement, il remerciait gentiment et s’en débarrassait immédiatement, trouvant toujours plus pauvre ou plus intéressé que lui.
gripari5.jpgCet état de pauvreté consenti lui donnait une apparence un peu particulière qui le rendait encore infréquentable à une autre échelle : celle des relations sociales. Il allait en sandales, à grandes enjambées, le pantalon attaché avec une ficelle, un «anorak» informe jeté sur les épaules. Le luxe qu’il s’accordait, dès qu’il le pouvait, c’était l’opéra, un lieu où il faisait certainement sensation, mais quant au répertoire il le connaissait certainement mieux que la plupart des spectateurs qu’il y côtoyait.
Mais c’était un si joyeux compagnon, si cultivé, si drôle, si original qu’il était souvent invité à dîner. Il se mettait à table avec grand appétit, riait à gorge déployée, racontait une histoire aux enfants, flattait les animaux de la maison, et si par hasard il y avait un piano, il jouait des rengaines (son répertoire de pianiste de bal) entrecoupées de leitmotive des opéras de Wagner. Après quoi, tout le monde faisait silence et il nous lisait un texte fraîchement écrit.
En 1969, La Table ronde renonce à publier cet auteur par trop atypique… Dans les deux années qui suivent, il sera refusé par dix-sept éditeurs. Ne nous privons pas d’en faire la liste : Gallimard, Flammarion, Albin Michel, Bourgois, Julliard, Le Seuil, Belfond, José Corti, Balland, Fayard, Denoël, Laffont, Grasset, Losfeld, Stock, Mercure de France, Marabout… Il est à noter que parmi eux, il en est de grands et qui ont du flair : il est à craindre que les refus émanèrent de lecteurs plus soucieux du politiquement correct que de la valeur littéraire.
On les comprend, je veux dire qu’on comprend leur prudence, ils avaient une mission : faire tenir debout l’aveuglement idéologique sous toutes ses formes, soutenir coûte que coûte le progrès, le féminisme, la psychanalyse, la décolonisation, mai 68, Mao… C’est que Gripari n’y allait pas par quatre chemins. «Il ne faut jamais faire de concession, les concessions, c’est comme le crime : ça ne paye pas», disait-il et il savait bien qu’il n’avait plus rien à perdre… «Si ces cons-là n’en veulent pas, (il parlait de ses manuscrits), ils peuvent m’étouffer, me faire crever, d’accord, mais ce sera tant pis pour eux d’abord. C’était quand même tragique, parce que, quand on n’est pas publié, on est moins motivé à écrire. On a beau dire, quand le débouché n’existe pas… Je me suis vraiment senti menacé d’asphyxie, de mort lente, d’assassinat». Cette douloureuse expérience nous vaut une description à la manière de Balzac du milieu éditorial dans Histoire de Prose. Il était catalogué : mécréant, fasciste, provocateur. Le pire, le plus insupportable est qu’il n’attaquait pas de front, il n’opposait pas une idée à une autre, il détournait tout en ironie, en rêve, en drôlerie.
Il ne disait pas «Dieu n’existe pas !», il disait «On ne sait pas pourquoi les hommes ont tant besoin de son existence !» Dieu est le personnage principal de l’œuvre de Gripari. Il est partout, dans les romans, les nouvelles, les poèmes, de même que Jésus, la Vierge et le Saint-Esprit., A tel point que dans les pays très catholiques, comme l’Espagne ou la Hongrie, on n’a pas souhaité publier le Petit Jéhovah ou le Gentil petit diable.
L’Histoire du méchant Dieu, son exégèse biblique à lui, a de quoi énerver le chrétien sincère ou pratiquant, ou tout simplement l’amoureux de juste mesure, mais L’Évangile du Rien, une anthologie de textes sacrés ou mystiques est un très beau livre, une sorte de bible nihiliste. La fin, la disparition des dieux dans son roman posthume, Monoméron, dont c’est le sujet, arrache des larmes au matérialiste le plus endurci.
Il aimait la Bible, comme il aimait les poèmes homériques. L’Éternel le fascinait, alors que, pour lui, le Jésus des Évangiles était «un personnage littéraire peu crédible»… Et si vous êtes intrigués par des personnages tels que le nain Dieu, le géant Jésus, Sainte Épicure et la déesse Bonne Mère, les clés sont dans le roman Le Conte de Paris. L’un de ses amis, religieux traditionaliste notoire, officiant à Saint-Nicolas du Chardonnet, pouvait dire avec humour mais non sans vérité : «Si Dieu n’existait pas, je me demande ce qu’il aurait raconté !».
Il n’en ratait pas une : dans les années 70, Bettelheim avait décrété que les contes de fées n’étaient pas démocratiques et qu’il ne fallait plus de rois, ni de princesses. Gripari ignorait l’oukase et continuait d’en écrire. C’est sans doute cet épisode auquel il avait été confronté qui lui donna l’idée de Patrouille du Conte. Une patrouille doit moraliser les contes : le loup ne peut plus manger la grand mère, l’ogre doit opter pour un régime végétarien… Heureusement, l’entreprise tourne mal et les contes retrouvent la délicieuse cruauté qui réjouit les enfants et nous laisse à tous d’excellents souvenirs.
Il avait pris le pli du paradoxe, du pas de côté, tout lui était bon pour renverser les situations et les fameuses «valeurs». Malgré son goût des hommes, Gripari n’avait rien d’un misogyne. Il était simplement irrité et amusé par les slogans féministes. Il leur préférait la franche et joyeuse guerre des sexes et son Roman Branchu illustre le sujet avec allégresse. Ses histoires ne se terminent jamais par un mariage heureux et il y a peu de femmes, sauf les déesses mères, dans son œuvre : «L’amour fin en soi, l’amour fou, l’amour sauveur du monde m’inspirent la même méfiance, la même gaieté amère, la même agressivité goguenarde que la joie du martyre.» Lisez que, même si on remplace la femme par un homme, la question de fond est que, pour accomplir une œuvre, il faut s’y engager, il faut être seul et libre de toute pesanteur affective ou matérielle.
gripari7.jpgTout cela ne fait pas un gros dossier de presse ! Et quand un journaliste aventureux chronique les Contes, encore aujourd’hui, il ne manque pas de prendre les précautions d’usage, disant que son œuvre pour adultes sent le soufre. Le jour où Jacques Chancel l’invita pour la célèbre émission Radioscopie, en 1979, il fut rappelé à l’ordre par la LICA… Gripari s’était livré à quelque plaisanterie saugrenue sur le racisme !
Les dix dernières années de sa vie, il participa à une émission de radio qui consistait en des exercices littéraires dans le style de l’Oulipo. Il y était très apprécié des auditeurs, car, non seulement, il excellait dans ces jeux «de potache, de matheux en goguette», disait-il, mais il était très drôle et apportait une animation très personnelle… Là aussi, rien n’arrêtait une boutade ou une plaisanterie de telle sorte que le producteur de l’émission nourrissait à chaque enregistrement de légitimes inquiétudes.
En 1975, Grasset Jeunesse commence à publier tout ce qu’il écrit pour les enfants, réédite en albums très bien illustrés par Lapointe les Contes de la rue Broca et les Contes de la Folie-Méricourt. Dans le courant des années 80, il pourra vivre de sa plume… toujours comme un ascète, mais en tous cas, libre de son temps.
À auteur infréquentable, éditeurs infréquentables, en tous cas hors du système éditorial, commercial, médiatique : enfin, il les rencontre ! D’abord en 1972, Robert Morel, chrétien de gauche, installé dans les Hautes Alpes, qui laissera un catalogue de livres reliés, très originaux, publiera Les Rêveries d’un Martien en exil (des nouvelles), et Gueule d’Aminche (un polar méditerranéen inspiré de l’épopée de Gilgamesh) puis s’empressera de faire faillite.

Enfin, en 1974, il rencontre Vladimir Dimitrijevic, le fondateur de L’Âge d’Homme, l’éditeur des dissidents russes, qui deviendra son ami. Désormais, tout ce qu’il écrit sera édité : poésie, théâtre, romans, essais, nouvelles…
Gripari est mort jeune, je veux dire qu’il avait encore des histoires à raconter et en ce XXIe siècle déjà bien engagé, il est toujours un auteur inconnu. Ceux qui l’ont rencontré, qui l’ont lu, qui ont parlé avec lui, l’ont trouvé très fréquentable, amical, généreux, courtois et bienveillant.
Rue de la Folie Méricourt, sa dernière adresse, il déjeunait «en dessous» de sa chambre, chez Dany. C’était une gargote où il y avait encore des habitués ronds de serviette, employés, ouvriers, artisans qui travaillaient dans le quartier. Certains jours, il y avait les déménageurs qui sont immortalisés dans l’un de ses contes… Le chien dormait sous le bar, le saucisson beurre, les harengs à l’huile et les plats en sauce étaient promptement dévorés. Et c’était un spectacle réjouissant de voir Pierre Gripari causant avec tout le monde, racontant, riant, chantant, commentant les nouvelles et les résultats sportifs. Ici, son élégance toute personnelle ne choquait personne. Non, il n’était pas du tout infréquentable,
«Il faut des malheurs pour que naissent et s’épanouissent les héros» dit le poète. Pierre Gripari a connu l’adversité, l’injustice et l’incompréhension. Jamais il ne s’est incliné, jamais il n’a remis en question l’idée qu’il se faisait de la grandeur de son métier : écrivain, raconteur d’histoires.

C’est la Mort, la Faucheuse, qui l’a trouvé très fréquentable, et un peu trop tôt.

On est complice de ce qui arrive, Gripari marchait joyeusement dans les flaques en ayant la tête levée vers les étoiles.

Heureusement il a rencontré ses frères, lecteurs, éditeur.

L'auteur
Anne Martin-Conrad, née en 1941, autodidacte, a eu de nombreuses activités professionnelles, parmi lesquelles celles de journaliste et libraire. Elle a accueilli Pierre Gripari dans sa librairie-théâtre en 1967 et a fait partie de son cercle d'amis jusqu'à sa mort, puis elle a animé l'Association des Amis de Pierre Gripari pendant dix ans. Elle a publié un Dossier H aux éditions L'Âge d'Homme et un Gripari dans la collection Qui suis-je ? (en collaboration avec Jacques Marlaud) chez Pardès en 2010.

vendredi, 14 janvier 2011

Un choc interne des civilisations

UN CHOC INTERNE DES CIVILISATIONS

1244568071.jpg Par Dominique Venner

Editoral de la Nouvelle Revue d'Histoire n°51 (cliquez ici)

Les comparaisons historiques sont toujours stimulantes. Celles que propose notre dossier sur les années 30 montrent à quel point nous sommes entrés dans une autre histoire et une tout autre époque.

L’histoire n’évolue pas comme le cours d’un fleuve, mais comme le mouvement invisible d’une marée scandée de ressacs. Nous voyons les ressacs, pas la marée. Ainsi en est-il du moment historique actuel que vivent les Européens et les Français. Les ressacs contradictoires de l’actualité leur masquent la marée inexorable d’un choc des civilisations sur leur propre sol.

Avec une prescience assez remarquable, dès 1993, Samuel Huntington avait discerné l’une des grandes nouveautés de l’époque qui a suivi la fin de la guerre froide. Sa thèse du « choc des civilisations » suscita des réactions indignées et des critiques parfois justifiées (1). Pourtant, ce qu’elle annonçait s’est peu à peu inscrit dans la réalité. En substance, Huntington avait prévu que, dans le monde nouveau d’après la guerre froide, les distinctions, les conflits ou les solidarités entre les puissances ne seraient plus idéologiques, politiques ou nationales, mais surtout civilisationnelles. 

Le « choc des civilisations » est-il vraiment un phénomène neuf ? On répondra qu’il y a toujours eu des conflits de civilisations dans le passé, guerres médiques, passage de la romanité au christianisme, conquêtes musulmanes, invasions mongoles, expansion européenne à partir du XVIe siècle, etc.

La nouveauté de notre époque, d’ailleurs mal discernée par Huntington, tient à la combinaison de trois phénomènes historiques simultanés : l’effondrement de l’ancienne suprématie européenne après les deux guerres mondiales, la décolonisation et la renaissance démographique, politique et économique d’anciennes civilisations que l’on aurait pu croire disparues. C’est ainsi que les pays musulmans, la Chine, l’Inde, l’Afrique ou l’Amérique du Sud dressent, face à la puissance américaine assimilée à l’Occident, le défi de leurs civilisations renaissantes et parfois agressives.

L’autre nouveauté de l’époque, une nouveauté absolue, conséquence des mêmes retournements historiques, est l’immigration de peuplement d’origine africaine, orientale et musulmane qui frappe toute l’Europe occidentale. Partout, ses effets deviennent écrasants, en dépit des efforts de dissimulation des oligarchies politiques et religieuses, objectivement complices.

Au-delà des questions de « sécurité », agitées dans des intentions électorales, tout montre que s’exacerbe en réalité un véritable choc des civilisations sur le sol européen et au sein des sociétés européennes. Rien ne le prouve mieux que l’antagonisme absolu entre Musulmans et Européens sur la question du sexe et de la féminité. Question que l’on pourrait qualifier d’éternelle, tant elle est déjà discernable dans l’Antiquité entre l’Orient et l’Occident, puis tout au long du Moyen Age et des époques modernes (2). Le corps de la femme, la présence sociale de la femme, le respect pour la féminité sont des révélateurs éloquents d’identités en conflit, de façons d’être et de vivre irréductibles qui traversent le temps. On pourrait ajouter quantité d’autres oppositions de mœurs et de comportement, touchant au savoir-vivre, à l’éducation, à la nourriture, au respect de la nature et du monde animal.

Par contre coup, cette altérité fondamentale fait découvrir aux Européens leur appartenance à une identité commune. Celle-ci surclasse les anciens antagonismes nationaux, politiques ou religieux. Français, Allemands, Espagnols ou Italiens découvrent peu à peu qu’ils sont embarqués dans un même bateau menacé, confrontés au même défi vital devant lequel les partis restent muets, aveugles ou désemparés.

Face à ce conflit de civilisation, les réponses politiques d’autrefois apparaissent soudain dérisoires et périmées. Ce qui est en cause n’est pas une question de régime ou de société, de droite ou de gauche, mais une question vitale : être ou disparaître. Mais avant de trouver l’énergie de décider ce qui doit être fait pour sauver notre identité, encore faudrait-il avoir de celle-ci une conscience forte (3). Faute d’une religion identitaire, cette conscience a toujours manqué aux Européens. L’immense épreuve qu’ils traversent se chargera de l’éveiller.

1) Voir la NRH n° 7, p. 27 et p. 57.

2) Denis Bachelot, L’Islam, le sexe et nous (Buchet-Chastel, 2009). Voir aussi l’article de cet auteur dans la NRH n° 43, p. 60-62.

3) Sur cette question de l’identité, je renvoie à mon essai Histoire et tradition des Européens (Le Rocher, nouvelle édition 2004).

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