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lundi, 23 novembre 2009

Entretien de G. Faye avec le "Giornale d'Italia" (1998)

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Entretien de Guillaume Faye avec le «Giornale d'Italia» (24 juillet 1998)

 

Q.: Guillaume Faye, vous avez aujourd'hui 49 ans et pendant vingt ans vous avez été le véritable moteur intellectuel de la “nouvelle droite”. Est-ce un rôle que vous revendiquez sans polémique?

 

GF: Avec Giorgio Locchi, j'ai orienté la nouvelle droite française dans un sens anti-occidental et anti-américain, alors, qu'à l'instar des nombreuses droites européennes de l'après-guerre, cette nouvelle droite française était partie de positions conservatrices, philo-américaines et anti-communistes. Or le communisme était déjà mort dans les années 70. Nous devons créer de nouveaux concepts.

 

Q.: Est-ce un hasard si, après votre départ, la “nouvelle droite" semble avoir marqué un temps d'arrêt...

 

GF: En effet, l'aventure de la nouvelle droite s'est achevée, néanmoins, en France, c'est la première fois depuis l'Action Française qu'un courant de pensée de droite a pu atteindre le niveau intellectuel de l'extrême-gauche. Avec la nouvelle droite, nous avons eu affaire à un premier mouvement de droite que l'on ne considérait pas d'emblée comme complètement stupide. La nouvelle droite a modifié le paysage politique et culturel français parce qu'elle a été un mouvement de droite qui, après la seconde guerre mondiale, ne se présentait pas comme réactionnaire ou nostalgique. Toutes les manifestations de la nouvelle droite entre 1970 et 1985 faisaient parler d'elles dans les médias. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas car les médias se désintéressent du combat intellectuel.

 

Q.: Quelles sont les nouvelles lignes de combat culturel que vous proposez personnellement aujourd'hui?

GF: La nouvelle droite a développé après mon départ des axes de réflexion que je conteste et que je ne trouve pas pertinents comme l'alliance entre l'Europe et le tiers-monde, le communautarisme (ndlr: que “Synergies européennes” ne conteste pas à condition que la réflexion sur le communautarisme américain débouche sur des positions originales, en adéquation avec la pensée politique européenne; Faye critique ici la mauvaise interprétation néo-droitiste actuelle de ce communautarisme américain) et l'ethnopluralisme (ndlr: Faye critique ici le romantisme qui consiste à trouver formidable la juxtaposition en une harmonie idyllique des ethnies les plus dissemblables sur un même territoire européen, comme, par exemple, les banlieues françaises, modèle inacceptable et dépourvu de toute convivialité; de telles positions sont défendues aujourd'hui par de Benoist et Champetier)  et, partiellement, le philo-islamisme (ndlr: Faye critique ici les positions des islamophiles naïfs, qui prennent pour argent comptant, sans le moindre esprit critique, les affirmations les plus contestables ou les plus boîteuses, pourvu qu'elles soient émises par des musulmans; la branche néo-traditionaliste de la ND parisienne, orchestrée par Arnaud Guyot-Jeannin, adopte de telles positions). Enfin, je critique aussi une sorte d'anti-christianisme caricatural, folklorique et mal compris. Aujourd'hui, à la fin des années 90, ces idées ont basculé dans l'utopie et ne sont plus défendables parce que le panorama politique global a changé et que nous subissons une colonisation de la part des ressortissants du tiers-monde, parce que l'Islam se renforce dans la mesure où il adopte des positions revanchistes et anti-colonialistes, alors que l'ère de la colonisation européenne est définitivement révolue et que nos générations n'en sont nullement responsables. Nous devons déterminer dans un avenir proche si les Américains sont pour nous des compétiteurs ou des ennemis, des hostes ou des inimici.  Pour moi, ils ne sont pas inimici, soit des ennemis à écraser, mais des hostes, des compétiteurs, auxquels nons serons confrontés.

 

Q.: Adhérez-vous à l'idée d'«Union Européenne»?

 

GF: Les entités nationales sont appelées à disparaître au bénéfice d'une réalité fédérale, de macrorégions ou d'une Europe qui, après s'être dotée d'un drapeau et d'une monnaie, se donnera également une politique étrangère commune et de nouvelles institutions. Telles sont les batailles que nous allons devoir affronter contre l'atlantisme. L'élargissement de l'OTAN a pour objectif d'empêcher l'indépendance européenne et de placer la force nucléaire française, aujourd'hui indépendante, sous le commandement intégré.

 

Q.: Mais la nouvelle Europe accepte la notion de marché?

 

GF: Je garde mes idées de “troisième voie”, mais je veux une troisième voie qui permette d'entrer en compétition économique avec les Etats-Unis. Je suis en faveur d'un système de grande autarcie, dirigé contre le WTO, capable d'assumer le contrôle du politique sur l'économie mais sans fiscalisme ni archéo-socialisme. Je dis oui aux grands groupes industriels européens, à des opérations comme celle de l'Airbus.

 

Q.: Quels sont les alliés potentiels de l'Europe?

 

GF: On pourrait envisager des alliés provisoires et aléatoires comme la Chine et l'Inde. Aussi la Russie, mais elle s'est effondrée aujourd'hui et cet effondrement pose problème. La Russie cherche également l'alliance de la Chine et de l'Inde.

 

Q.: Pourra-t-on tenir tête aux Etats-Unis?

 

GF: Les Etats-Unis contrôlent pour le moment la situation mais ne semblent pas se rendre compte de ce qui arrivera avec l'euro et à la suite du processus d'unification européenne.

 

Q.: Et l'Islam?

 

GF: Les Etats-Unis ont intérêt à ce que l'Islam s'affirme en Europe parce qu'il constitue un facteur de ralentissement de l'unification européenne.

 

Q.: L'Europe se fera-t-elle?

 

GF: Nous avons perdu une bataille mais non pas la guerre. L'important, c'est que les élites européennes abandonnent le nationalisme archaïque et acquièrent la conscience d'appartenir à un peuple européen unique. Car il y a un ennemi extérieur commun. “Synergies européennes”, plus que le GRECE, va dans le sens de cette unification de l'Europe.

(Propos recueillis par Michele Fasolo pour  Il Giornale d'Italia, 24 juillet 1998).

mercredi, 18 novembre 2009

Pour un nouveau Regnum Francorum

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997

 

POUR UN NOUVEAU REGNUM FRANCORUM:

 

Bilan critique et perspectives des relations franco-allemandes

 

Intervention de Louis Sorel lors du séminaire d'Ile-de-France de «Synergies Européennes», 26 octobre 1997

 

Se féliciter de l'excellence des relations franco-allemandes est devenu le point de passage obligé de la rhétorique politique française, officielle du moins, et l'axe Paris-Berlin est le support de représentations angéliques dont on ne peut comprendre le sens sans retour à l'histoire. On sait combien l'antagonisme franco-allemand aura pesé sur le destin de l'Europe moderne. Dans Les empires et la puissance,  le général Jordis von Lohausen voit en la dissolution de l'empire carolingien, de 843 à 880, l'origine première de la grande catastrophe européenne: «la lutte des frères jumeaux francs, écrit-il, de guerre en guerre, appelle à la rescousse des alliés influents jusqu'au moment  —en 1945—  où ces derniers prennent le gouvernail en main. L'Europe n'est plus qu'une province. La tragédie du Royaume franc désuni a pris fin». Et fort justement, au lendemain des lointaines conséquences de la division entre Francs de l'Est et Francs de l'Ouest, Winston Churchill affirme: «Il n'y aura pas de renouveau européen sans la grandeur spirituelle de la France, sans la grandeur spirituelle de l'Allemagne» (Discours de Zurich, 1946).

 

Après le long face à face de la période 1870-1945, l'axe franco-allemand (France-RFA) est donc devenu la colonne vertébrale du projet européen. Cette relation pérenne n'en est pas moins soumise aux paradoxes éléatiques depuis la réunification allemande. On en parle sans cesse, sans que pour autant elle ne semble véritablement progresser. Cette intervention se veut une modeste contribution à la formation d'une communauté de destin entre nos deux nations sœurs, un nouveau Regnum Francorum, dans une optique résolument grand-européenne. Après avoir dressé le bilan des relations franco-allemandes, nous jetterons les bases d'un nouveau départ et examinerons les formes possibles d'un futur Regnum Francorum.

 

Les rapports politico-stratégiques franco-allemands

 

Le bilan critique des rapports politiques et stratégiques entre la France et l'Allemagne commencera par un bref historique de ces relations depuis 1945. Encore qu'à cette date, il n'y ait pas, stricto sensu, de relation entre nos deux pays. L'Allemagne est considérée comme un simple objet de notre politique extérieure qui poursuit des objectifs classiques: rattachement de la Sarre, contrôle de la Rhénanie et morcellement territorial. Conformément au programme de Richelieu, il s'agit de fixer l'anarchie allemande. La rupture américano-soviétique vient contrarier ces projets. La nation allemande divisée par le rideau de fer, Washington entend bien relever la toute jeune RFA et l'arrimer à l'«Ouest» (entrée dans l'OTAN en 1954). La France lâche donc prise et la question de la Sarre est réglée en 1956. C'est alors que débutent les relations franco-allemandes  —par Allemagne, nous entendons RFA—  au sein desquelles nous distinguerons quatre phases: la réconciliation, entre 1954 et 1963; divergences et statu quo, de 1963 à 1974; le temps du «couple franco-allemand», de 1974 à 1989; la fin de l'idylle, depuis les «ratés» qui ont accompagné et suivi la réunification.

 

La réconciliation s'opère, à la fin de la IVième République, dans un cadre atlantique et sous l'égide des Etats-Unis. Le retour au pouvoir du général De Gaulle, en 1958, contrarie bien l'avancée de quelques projets de coopération  —dans le domaine nucléaire notamment—  mais les hésitations de l'Administration Kennedy en matière de politique européenne amènent Paris et Bonn à concevoir une communauté politique et stratégique franco-allemande. Signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer le 22 janvier 1963, le traité de l'Elysée prévoit, dans un cadre inter-gouvernemental, le développement d'une étroite coopération diplomatique, militaire et éducative. Cet ambitieux traité est contré par Washington et les pressions sur la classe politique ouest-allemande amènent le Bundestag à voter un préambule rappelant le primat des solidarités transatlantiques et occidentales sur l'alliance franco-allemande, la prééminence de l'OTAN et la nécessité d'élargir la CEE à la Grande-Bretagne. Le traité de l'Elysée est vidé de sa substance.

 

Suit jusqu'en 1974 une phase de statu quo. La RFA refuse d'avoir à choisir entre la France et les Etats-Unis et le retrait des troupes françaises de l'OTAN (1966) amplifie les divergences. De Gaulle parti et Georges Pompidou élu (1969), les choses ne s'améliorent pas. Très méfiant tant vis à vis du Deutschmark que de l'Ostpolitik de Willy Brandt, le nouveau président français entame un rapprochement avec la Grande-Bretagne qui entre dans la CEE en 1974.

 

De Schmidt-Giscard à la réunification

 

Vient ensuite le temps du «couple franco-allemand», incarné par Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt de 1974 à 1981, puis François Mitterrand et Helmut Kohl jusqu'à la réunification. Dans les années quatre-vingt, ce resserrement est particulièrement spectaculaire lors de la crise des euromissiles (discours de François Mitterrand au Bundestag, 1983). Il se traduit par la réactivation de l'UEO (Déclaration de Rome en 1984, Plate-forme de La Haye en 1987) et la relance du projet européen (Acte unique, 1986). C'est à la fin de la décennie que le cours de l'histoire bifurque et vient contrarier cet itinéraire soigneusement balisé.

 

En 1989, les événements se précipitent. Sous l'effet des contradictions du gorbatchévisme, la RDA se délite et la perspective de l'unité allemande, prévue par les Accords de Londres et de Paris (1954), est difficilement vécue à Paris. F. Mitterrand se précipite à Kiev le 6 décembre pour jouer un mauvais remake de l'alliance franco-russe, puis à Berlin-Est le 20 du même mois. Cette diplomatie erratique échoue à maintenir un statu quo qui déjà n'existe plus et la réunification est officielle en droit international le 3 octobre 1990. Depuis, l'alliance franco-allemande, bien qu'irréfragable, ne va plus de soi dans les esprits et il faut remettre l'ouvrage sur le métier.

 

Il n'y pas de création ex nihilo et au terme de quarante ans d'étroites relations franco-allemandes, il nous faut procéder à l'inventaire, pour ensuite refonder l'alliance entre nos deux pays. Nos deux nations héritent des structures de coopération intergouvernementales mises en place dans le cadre du traité de l'Elysée: sommets semestriels des Chefs d'Etat et de gouvernement; réunions trimestrielles des ministres des affaires étrangères et de la défense; commission interministèrielle dans chacun des deux pays pour coordonner l'action gouvernementale. Ce dispositif a été complété par le protocole du 22 janvier 1988, de nouvelles instance voyant le jour: Conseil franco-allemand de défense et de sécurité; Conseil franco-allemand économique et financier; Haut-Conseil culturel et Collège franco-allemand pour l'enseignement supérieur. Cet édifice se double d'une coopération étroite en matière d'armement. L'Institut de Saint Louis a été fondé en 1959  —il préfigure la future agence européenne de l'armement—  et depuis, de très nombreuses réalisations ont vu le jour. Pour le proche avenir, nous ne mentionnerons que le projet de réseau spatial de renseignement stratégique (Hélios II et Horus) dont les partenaires discutent encore. Les acquis sont donc réels mais ce trop rapide inventaire appelle deux remarques. Tout d'abord, la multiplicité des structures de coopération et des projets n'empêche pas les divergences; les structures ne sauraient pallier à la volonté politique. Ensuite, il apparaît que le rapprochement des sociétés civiles n'a pas suivi: peu de collaboration d'entreprises allemandes et françaises; peu d'échanges d'hommes; peu d'échanges culturels et linguistiques. Dans nombre de secteurs d'activité, Français et Allemands s'ignorent réciproquement et beaucoup reste à faire.

 

Par ailleurs, l'alliance franco-allemande  —que l'on justifie rituellement par le souvenir des guerres civiles européennes et l'impératif de paix entre nos peuples quand il faudrait renouer avec l'audace de la puissance—  ne va pas sans arrières-pensées que la pudeur nomme «malentendus».

 

Via une étroite coopération avec la RFA, la France cherche à l'encadrer et l'utiliser comme levier de puissance, pour prendre la direction de l'Europe occidentale. En somme, l'instrumentaliser à la manière de feu la Confédération du Rhin. Ceci explique les «ratés» diplomatiques de 1989 et le traité de Maastricht, notamment les dispositions relatives à l'Union économique et monétaire, peut légitimement être interprété comme une dernière tentative, illusoire, de lier l'Allemagne. C'est là son vice constitutif. De son côté, l'Allemagne s'est appuyée sur les Etats-Unis pour contrebalancer le poids de la France en Europe occidentale. Aujourd'hui, le conflit Est-Ouest achevé, les Etats-Unis jouent la carte du «partnership in leadership» (Bill Clinton) et la tentation de l'axe germano-américain est forte outre-Rhin, dans certains milieux monétaro-atlantistes. Le blocage, que l'on espère temporaire, du projet Hélios II s'explique pour partie par cette tentation.

 

Chacun des deux partenaires cherche donc à se placer au point d'intersection du système européen et du système atlantique, pour le plus grand profit des Etats-Unis, et l'alliance franco-allemande demeure incertaine, pour paraphraser Georges-Henri Soutou. Il nous faut donc faire fructifier les acquis des dernières décennies et pour cela jeter les bases d'un nouveau départ.

 

Les bases d'un nouveau départ

 

Toute réflexion sur l'avenir des relations franco-allemandes doit partir des bases géopolitiques, géo-économiques et géo-culturelles de l'axe Paris-Berlin, colonne vertébrale du projet européen.

 

Les bases géopolitiques tout d'abord. Dans son maître-ouvrage, J. von Lohausen souligne l'importance, dans le cours de l'histoire politique européenne, de la «communauté d'espace franc». Cet espace-noyau (le «Kernraum») correspond au territoire français et à la partie occidentale du territoire allemand qui réunis forment le «pays-tronc» du continent européen. Pour montrer l'importance de cette plaque tournante entre les péninsules européennes, de ce pont entre les mers qui baignent notre continent, J. von Lohausen recourt à l'image de «la paume dont les cinq doigts sont la Scandinavie, l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie et les Balkans». Au cœur de l'Ancien Occident, au sens médiéval du terme, la «communauté d'espace franc» est l'épicentre de la Grande Europe. Il n'y aura donc pas de structuration politique d'une unité de sens et de puissance paneuropéenne sans entente et harmonie entre la France et l'Allemagne.

 

A l'échelle planétaire, ces deux pays partagent une même situation géopolitique. On sait que Alfred T. Mahan, Halford MacKinder, Nicholas Spykman et Karl Haushofer interprètent l'histoire du monde à partir de quelques schèmes fondamentaux: l'opposition entre puissances maritimes-thalassocratiques et puissances continentales-telluriques; le rôle pivot de la masse eurasiatique, le Heartland,  base géographique de la puissance continentale; l'affrontement entre Terre et Mer pour contrôler le Rimland,  ces territoires périphériques et péninsulaires qui, de la Norvège à la Corée, ceinturent le Heartland.  Pour déchiffrer le système-Monde post-guerre froide, ce corpus de représentations géopolitiques doit être remanié. L'univers est globalisé, c'est-à-dire unifié par les liaisons océaniques, aériennes et spatiales, et dans ce monde océano-spatial, la géographie des systèmes de graphes (systèmes de relations) compte tout autant que la configuration des terres et des mers. Situé en marge de ce maillage planétaire, l'espace russo-sibérien est déclassé. L'ancien Heartland  n'est plus la puissance émergente du début du siècle mais une «aire des possibles».

 

Le danger des thématiques atlantistes

 

Pivot du système-Monde, les Etats-Unis sont aujourd'hui le nouvel Heartland. Au cœur des flux planétaires flux de marchandises, de capitaux et d'information, ils sont les seuls à pouvoir intervenir militairement à l'autre bout du monde et se placent au sommet du «grand triangle» Amérique du Nord/Union européenne/Japon-NPI (la Triade de Kenichi Ohmae). Dans cette configuration planétaire, la France, l'Allemagne et tous les Etats Européens sont géopolitiquement subordonnés. Périphérie orientale d'un Nouvel Occident américano-centré, l'Europe est toujours un rimland, non plus eurasiatique aujourd'hui mais euratlantique. Plateforme d'influence américaine, elle est instrumentalisée par les Etats-Unis dans leur entreprise de refoulement de la Russie (roll-back) et de désenclavement de la masse continentale eurasiatique; à cet égard, la lecture du dernier ouvrage de Zbigniew Brzezinski est édifiante. Masquée par un ensemble de représentations illusoires  —thématiques de la «communauté atlantique» et des «droits de l'homme»—, cette situation est dommageable aux intérêts de nos deux nations. Elle interdit toute politique indépendante sur les marges méditerranéennes et moyen-orientales de notre continent, et entrave l'émergence d'un partenariat russo-européen profitable aux deux parties.

 

Les bases de l'alliance franco-allemande sont aussi géo-économiques. Terme clef de l'après-guerre froide, la mondialisation ne doit pas dissimuler la constitution de nouvelles territorialités économiques et espaces préférentiels d'échanges, les régions planétaires ou macro-régions. Sur une carte de la Triade, l'Union européenne et son hinterland apparaissent comme l'une des trois têtes économiques et financières du système-Monde. Au cœur, le binôme franco-allemand, noyau dur de la géo-économie européenne. Les deux autres têtes sont le Japon, flanqué des NPI d'Asie-Pacifique, et les Etats-Unis, qui polarisent l'ALENA.

 

On sait que le «turbo-capitalisme» américain (Edward N. Luttwak) a retrouvé son dynamisme et la diplomatie-Clinton vise avant tout conquérir des marchés et instituer une économie mondiale ouverte (diplomatie de négoce). Ce libre-échangisme tous azimuts vise à interdire la marche géopolitique vers la macro-régionalisation et ces conceptions géo-économiques états-uniennes sont contraires à celles des Européens. Rappelons que l'objectif du traité de Rome était de constituer un marché commun, c'est-à-dire un espace économique autocentré.

 

Il est vrai que le traité de Maastricht a mis à mal le principe de préférence communautaire mais il semble que, face à l'objectif américain de dissolution de l'Union européenne dans le marché-monde libéral, Français et Allemands puissent se battre pour faire prévaloir un libre-échange maîtrisé. Les projets américains sont des plus concrets. La «Déclaration sur les relations entre la Communauté européenne et les Etats-Unis» de novembre 1990 stipule que les parties s'engagent à «promouvoir les principes de marché, repousser le protectionnisme, élargir, renforcer et poursuivre l'ouverture du système commercial multilatéral». En 1995, la Commission européenne et le Département du commerce ont lancé le «Dialogue transatlantique des affaires», préalable à la signature la même année d'un «Nouvel agenda transatlantique» prévoyant la mise en place d'une zone de libre-échange euro-américaine. De telles perspectives ne manqueraient d'ouvrir plus encore le Grand Continent aux firmes d'outre-Atlantique qui seraient en mesure de faire prévaloir leurs propres normes de fabrication. Une riposte franco-allemande et plus largement européenne est indispensable; il y va de nos équilibres économiques, écologiques (viande aux hormones, organismes génétiquement modifiés) et sociaux.

 

Le choc des civilisations de Samuel Huntington

 

Reste à envisager les bases géo-culturelles de l'alliance franco-allemande. Dans un ouvrage fondamental, Le choc des civilisations, beaucoup moins simpliste que certains critiques ne l'ont affirmé, Samuel P. Huntington souligne le rôle fondamental des données ethno-linguistiques et religieuses dans un univers globalisé où sons et images relient les différentes «îles» de l'archipel-monde, aires de civilisation et sous-blocs culturels. L'occidentalisation des sociétés du Sud, qu'il distingue de leur modernisation, ne serait selon cet auteur qu'un vernis superficiel et la fin de la guerre froide signifiant aussi la fin d'un monde objectivement euro-centré, les temps présents seraient aux résurgences et à l'affirmation identitaires. En conséquence, l'instance culturelle deviendrait un champ majeur de confrontation.

 

Dans le découpage de S.P. Huntington, l'Europe occidentale et centrale ainsi que l'Amérique du Nord appartiennent à la même aire de civilisation, issue de la Chrétienté latine. L'Europe orientale, les Balkans et l'espace russo-sibérien relèvent de l'aire slave-orthodoxe, elle-même issue de la Chrétienté byzantine. C'est à notre sens tenir pour quantité négligeable les communes racines grecques de la civilisation européenne, au Levant comme au Couchant du Grand Continent. Inversément, si l'on ne peut nier que l'Amérique soit la fille de l'Europe, on ne saurait non plus faire l'impasse sur les rapports complexes d'attraction-répulsion qu'entretiennent les deux rives de l'Atlantique. A tout le moins, il nous semble judicieux de distinguer au sein de la «civilisation occidentale», vaste ensemble aux contours bien flous et aux solidarités relâchées depuis la disparition de tout adversaire global, une aire européenne et une aire anglo-saxonne.

 

Au cœur de l'espace européen, la France et l'Allemagne partagent donc une même identité de civilisation que de trop longues dissertations sur latinité et germanité ont partiellement oblitérée après 1870. Les origines franques de la nation française et le commun passé carolingien ont été refoulés mais le dessous finit toujours par prendre le dessus et l'on ne peut que louer le travail d'anamnèse fait par Dominique Venner et la revue Enquête sur l'histoire. Cette prise de conscience historique jointe à une commune appréhension de l'espace  —penser en termes de siècles et penser en termes de continents sont une seule et même chose, rappelle J. von Lohausen—  déterminera l'avenir de l'alliance franco-allemande. Dans l'immédiat, nos deux pays sont pareillement menacés par le modèle culturel américain, composante à part entière de la stratégie intégrale de Washington. L'exercice du soft power (pouvoir de persuasion et de séduction) contribue au déracinement et à la dislocation de nos sociétés, annihile la volonté de puissance de nos nations en nous privant de nos «énergies rétroactives» et, en dernière instance, «habille» et légitime la domination américaine. Pareillement confrontés aux stratégies culturelles de Washington, Paris et Berlin devraient forger en commun leur riposte et élaborer leur propre stratégie.

 

Au terme de cette partie, il semble évident que la France et l'Allemagne vivent dans le même espace-temps géopolitique —même situation et mêmes menaces—  et sont toutes deux objets de la stratégie intégrale des Etats-Unis. Cette communauté d'origine, d'espace et de civilisation débouche nécessairement sur une communauté de destin et c'est sur la base de cette vérité première qu'une plage d'intérêts communs peut être définie.

 

Vers un nouveau regnum francorum

 

Nous appelons «regnum» une communauté de peuples et de nations soudée par un même destin géopolitique. Entre la France et l'Allemagne, cette communauté de destin peut prendre deux formes: celle d'un «noyau» dur au sein de l'Union européenne ou celle d'une confédération entre nos deux pays, dans le cas où les Européens ne parviendraient pas se doter d'un toit politique. Sur les bases que nous avons précédemment jetées, la France et l'Allemagne ont vocation à former un «noyau dur» au sein d'une Union européenne réformée et élargie à l'Est. Cette nouvelle extension risque en effet d'entraîner une dilution, l'Union européenne évoluant vers une zone de libre-échange dépourvue de capacités diplomatiques et stratégiques. La solution, très officiellement recommandée par la CDU (document Schäuble-Lamers/1994), consiste à donner la possibilité aux Etats qui le veulent d'aller de l'avant. Alors qu'aujourd'hui, le Conseil européen vote à l'unanimité dans les domaines politique, diplomatique et stratégique, le droit de veto serait restreint à quelques questions  —admission d'un nouvel Etat membre, révision des traités et réforme des institutions, signature d'un nouveau traité...—  ce qui permettrait d'éviter la paralysie pour tout ce qui relève de l'action extérieure. En contrepartie, il existerait une option de sortie pour les Etats désireux de s'en tenir au cercle de droit commun et ne voulant pas participer à une quelconque initiative diplomatico-stratégique (une intervention militaire par exemple). La contrainte serait donc évitée. C'est le principe des «coopérations renforcées»: nul ne doit pouvoir s'opposer aux entreprises diplomatico-stratégiques des Etats volontaires; nul ne doit en contrepartie y être contraint. Cette avant-garde à laquelle participeraient au premier chef la France et l'Allemagne constituerait, au nom de la «raison d'Etat européenne» (Konrad Adenauer), un conseil de sécurité aux pouvoirs effectifs. Le recours à la géométrie variable, incontournable à quinze et plus encore à trente, serait donc contrebalancé par le principe du «noyau dur» sans lequel l'Europe à plusieurs vitesses deviendrait une Europe à la carte, où les forces centrifuges finiraient par l'emporter. A cette condition, l'Union européenne pourrait acquérir une personnalité politique et l'«européanisation de l'OTAN», dossier que nous ne développerons pas ici, ne serait pas une vaine entreprise.

 

Si le récent traité d'Amsterdam a retenu le principe des «coopérations renforcées», il reste cependant soumis à un vote préalable à l'unanimité. Les résultats de la conférence intergouvernementale de Turin sont donc maigres et il en va de même de la réforme de l'Alliance atlantique. Le primat des structures politiques de l'Alliance (Conseil atlantique) sur les structures militaires (OTAN) et la continentalisation des chaînes de commandement indispensables pour que les Européens puissent mener en toute souveraineté les actions militaires qu'ils jugent nécessaires et justifiées - demeurent à l'état de perspective. Certes les meilleurs coups, en stratégie comme aux échecs, se jouent longtemps à l'avance et la reconquista européenne sera le travail d'une génération. Il nous faut pourtant envisager d'autres «possibles».

 

Au cas l'Union européenne échouerait à se muer en un Grand Espace continental, il nous resterait, dans le prolongement du traité de l'Elysée, à explorer la voie de la «confédération franco-allemande» (Christian Saint-Etienne)/de la «République gallo-germanique» (Michel Korinman).

 

Cette voie exige au préalable que l'on prenne la juste mesure des changements intervenus depuis 1989. Principale puissance économique européenne, la nouvelle Allemagne est aujourd'hui un sujet politique et stratégique pleinement souverain. Elle a pris du poids et ne saurait être utilisée comme levier d'Archimède par la France. Le projet d'une Europe française a donc vécu mais, symétriquement, l'heure de l'Europe allemande n'a pas sonné. Si l'on élargit l'horizon, la vision fantasmatique que nationaux-jacobins et gaullo-maurrassiens entretiennent complaisamment se dissipe. En termes économiques, l'Allemagne représente 45% du Japon. Elle ne possède pas de force de frappe, toujours utile par ces temps de prolifération nucléaire, sa population vieillit et rêve d'une «Grande Suisse». Bref, l'Allemagne ne peut s'en sortir seule et, en cas d'échec du projet européen, une union franco-allemande serait profitable aux deux parties.

 

Une identité fondée dans les héritages qui la fondent:

Ce projet carolingien nécessiterait l'harmonisation des structures économiques et politiques de nos deux pays. Sur le plan économique, les choses sont déjà bien avancées, la France ayant renoncé aux fausses facilités du binôme inflation-dévaluation et fait sienne la culture de la stabilité qui domine chez ses voisins d'outre-Rhin. Il reste donc à rendre compatible nos systèmes politiques. Tout d'abord, travailler à une théorie franco-allemande de la nation qui fasse la synthèse de Herder et Rousseau: le «consentement actuel» des populations mis en avant par Ernest Renan ne saurait s'inscrire dans la durée sans une combinaison d'éléments objectifs (le sang, le sol, la langue, la religion, l'histoire) étudiés avec précision par la philosophie politique allemande (et le grand historien républicain Jules Michelet en France). Pas de corps sans âme mais pas d'âme sans corps, ainsi que le démontre Henry de Lesquen et le retour au droit du sang en matière de nationalité doit accompagner la promotion d'une identité française ancrée dans les héritages qui la fondent.

 

Une nouvelle architecture du territoire français:

Autre chantier, l'harmonisation de nos structures politico-institutionnelles. Il nous appartient d'œuvrer à une nouvelle architecture du territoire français, articulée sur les identités régionales et les patries charnelles, et pour cela s'inspirer du fédéralisme allemand ou, à tout le moins, des pratiques espagnoles de décentralisation (l'Espagne est un «Etat asymétrique de communautés autonomes») et du nouveau modèle britannique («dévolution des pouvoirs»). Ce dernier exemple est particulièrement intéressant la Grande-Bretagne étant jusqu'alors un Etat-Nation tout aussi ancien et centralisé que la France. Précisons qu'il ne s'agit pas d'aligner la France sur l'Allemagne mais de lui permettre de redécouvrir la totalité de son histoire, d'explorer des options politico-culturelles jadis négligées et de se ressourcer. En contrepartie, la France apporterait dans la corbeille une nostalgie active de la grandeur, une volonté affirmée d'indépendance dans un cadre planétaire et une forte culture stratégique qui fait contraste avec la «culture stratégique d'intégré» de l'Allemagne (Bruno Colson).

 

Fondée sur les principe du «grand-gaullisme», cette union serait dotée d'un toit politique. A l'opposé de tout constructivisme, il s'agirait de rechercher des articulations, de combiner des potentiels, de développer des synergies et non de fondre en un seul ensemble les deux principales nations européennes. Mettre en œuvre le cadre confédéral prévu d'abord par le plan Fouchet et ensuite par le traité de l'Elysée serait déjà ambitieux.

 

Sur le plan extérieur, ce Regnum Francorum adopterait la posture géopolitique recommandée par J. von Lohausen, celle du dos-à-dos. Cette recommandation ne doit pas être comprise comme un strict partage géographique des tâches entre une Allemagne continentale et une France plus maritime. La France a des intérêts propres et légitimes en Europe centrale et orientale et l'Allemagne outre-mer. Là encore, il s'agit de combiner et articuler au mieux nos dispositifs diplomatique, stratégique et géo-économique pour assurer à une nouvelle unité de sens et de puissance, que l'on qualifiera de «carolingienne», une présence continentale, océanique et spatiale.

 

Reste à s'interroger sur la faisabilité politique de nos thèses. Il n'y a pas en effet de métapolitique sans prise en compte de la dimension temporelle et stratégique des combats à mener et c'est cette volonté d'incarner nos idées dans le réel qui fait de nous des révolutionnaires-conservateurs.

 

Dans le cadre actuel, celui de l'Union européenne et des systèmes de pouvoirs existants, des avancées semblent possibles, jusqu'à un certain seuil du moins. La juste critique de l'eurocratie et de son pendant français ne doit pas nous amener à «jeter le bébé avec l'eau du bain». On ne peut cependant ignorer, particulièrement dans le cas français, la décrépitude des structures politico-institutionnelles et la mise sous influence d'une très large partie de la classe politique. On ne peut pas plus faire l'impasse sur le surgissement de forces potentielles de renouveau, populistes et identitaires, que l'on qualifiera pour faire simple de néo-nationalistes. Il nous faut donc clarifier notre positionnement idéologique vis-à-vis de ces forces.

 

Nous sommes les héritiers du gibelinisme médiéval

 

Il est clair que tout en étant attaché à nos patries respectives, la nation n'est pas notre ultima ratio politique mais un «tout partiel». Notre vision, celle d'un Grand Espace européen organisé sur le modèle d'un empire, nous place «au-delà du nationalisme» (Thierry Maulnier). Continentalistes, animés par un puissant patriotisme de civilisation, nous sommes les héritiers du gibelinisme médiéval. Pour autant, le retour des nations à l'avant-scène de l'histoire est une saine réaction à la pression des forces de nivellement et d'homogénéisation. Ainsi que Julius Evola l'a écrit, il n'y a pas de stabilité du tout sans stabilité des parties et la constitution d'un ensemble européen organique passe par la reconstruction politique des nations. Sur la base de ce «nationalisme restaurateur», prélude à la résurrection de valeurs vertébrantes et à la reconstitution d'un ensemble impérial, des rapprochements sont possibles, voire souhaitables, avec les néo-nationalismes mais il faudrait au préalable se donner les moyens d'exercer une action de formation et de rectification du «mouvement national», et pour cela, un certain nombre de canaux de communication existent, sont à réactiver ou investir. L'essentiel reste à faire.

 

Du Traité de l'Elysée à la Respublica europeæ

 

Môle géopolitique d'une future Respublica europeæ, la France et l'Allemagne ont donc vocation à se constituer en un nouveau Regnum Francorum. Sous la forme d'un noyau dur, condition sine qua non pour que l'Europe-puissance polarise l'Europe-espace. A défaut sous la forme d'une confédération, bâtie sur le socle du traité de l'Elysée. La première option, celle d'un directoire franco-allemand de l'Europe, est bien évidemment préférable à la seconde, solution de repli. Encore faudrait-il prendre garde à laisser ouvert, sur la base des «coopérations renforcées», un éventuel directoire européen, faute de quoi les Etats-Unis ne manqueraient pas d'instrumentaliser les rancœurs des Etats continentaux s'estimant lésés et marginalisés. Le rattachement de l'Espagne à l'espace-noyau carolingien, par exemple, constituerait une percée géopolitique majeure. Un axe Paris-Madrid-Berlin structurerait un ensemble territorial continu, du détroit de Gibraltar à la mer Baltique. Rassemblant les principales composantes romanes et germaniques de l'Europe, cet ensemble serait ouvert sur l'Atlantique, la Méditerranée et l'Orient européen. Très vite, il serait appelé à s'élargir à la Pologne, qui déjà participe au «triangle de Weimar» (Paris-Berlin-Varsovie), pour devenir la colonne vertébrale du Grand Continent.

 

Au-delà de ces computations politico-stratégiques, il ne faut pas perdre de vue notre objectif final, celui d'une Europe impériale. Une tel ensemble ne serait pas un simple bloc de puissance réductible à ses bases matérielles; tout empire se veut fils de Dieu ou de l'Histoire. Les philosophies modernes de l'histoire ayant fait déroute, il n'y aura donc pas d'empire européen sans renaissance spirituelle. Nous retrouvons là une antique vérité  —pas de Cité sans Sacré—  mais en la matière la géopolitique est impuissante. Il nous faut porter le regard sur l'horizon et appeler une renaissance du sacré.

 

Louis SOREL.

Cette communication a été présentée à Paris, le 26 octobre 1997, dans le cadre du séminaire francilien de Synergies Européennes consacré aux relations franco-allemandes.

 

* Leon Brittan, commissaire européen au commerce extérieur, a lancé en mars 1998 son projet de «nouveau marché transatlantique» (NMT). La création d'une vaste zone de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne permettrait, si l'on en croit Leon Brittan, d'ouvrir le marché nord-américain aux entreprises européennes et de leur assurer 1000 milliards de francs de débouchés supplémentaires au terme de cinq années d'application. Le fait est que le NMT a été accueilli avec une certaine réserve à Washington. Non pas par désintérêt pour l'axe commercial nord-atlantique mais parce que ce projet n'incluait pas immédiatement les secteurs audiovisuel et agricole, deux des principaux postes exportateurs de l'économie des Etats-Unis. La mise en place d'une zone de libre-échange euro-américaine demeure au centre de la diplomatie Clinton et si le Conseil européen a officiellement ajourné le NMT (26 avril 1998), force est de constater que les Etats-Unis contrôlent l'agenda politique. Washington ouvrira ce nouveau front en date et heure voulues.

 

ADDENDUM: la question de l'Euro

 

Centrée sur la nécessaire structuration politique d'une Europe-puissance, sur une base franco-allemande, notre communication du 26 octobre 1997 n'aborde pas la question de l'euro. Depuis, le sommet de Bruxelles des 1 et 2 mai 1998 a lancé la troisième phase de l'Union économique et monétaire prévue par le traité de Maastricht. Onze pays membres de l'Union européenne ont été retenus, la Grèce ayant été «recalée» et le Danemark, la Grande-Bretagne ainsi que la Suède préférant s'abstenir. L'euro sera donc émis à compter du premier janvier 1999 et la disparition des monnaies nationales est prévue pour juillet 2002. Cette nouvelle étape est d'importance et d'aucuns attendent beaucoup des implications politiques de l'euro. Les européistes à la Monnet recourent au fonctionnalisme pour expliquer que la monnaie unique «produira» mécaniquement de l'identité politique. En la matière, l'euro-scepticisme est de bon aloi.

 

Précisons tout d'abord que l'on ne saurait rester indifférent aux avantages «techniques» d'une «monnaie d'empire»: disparition des coûts de transaction et accroissement des échanges intra-communautaires, formation d'un vaste marché européen des capitaux et baisse des taux d'intérêt; transparence des prix et mise en concurrence des systèmes fiscaux, réduction de la contrainte extérieure et affirmation de l'euro comme nouvelle devise-clef du système monétaire international. Nous ne sommes pas de ceux qui pleureront sur une «exception française» à base de fiscalisme, de déficits publics et d'économie administrée. Ceci dit, les inconvénients et zones d'ombre de l'UEM ne doivent pas être négligées. Les Onze ne constituent pas ce que les économistes appellent une «zone monétaire optimale»: les structures de production sont hétérogènes, les niveaux de salaires disparates et la mobilité de la main d'œuvre quasi nulle (hors une petite élite de cadres). Les ajustements entre nations ne pourront donc se faire par des transferts de main d'œuvre et moins encore en dévaluant sa monnaie. Reste comme variable d'ajustement le chômage.

 

Les prolongements politiques de l'UEM sont également hypothétiques. On remarquera tout d'abord que l'on a mis la charrue avant les bœufs; battre monnaie est un acte de souveraineté et, en toute bonne logique, la réforme des institutions aurait du précéder le lancement de l'euro. Il faut ensuite insister sur le fait que l'Euroland, expression d'origine américaine lourde de sens, est un non-être politique. Le scénario retenu est celui d'une zone euro pilotée par une banque centrale européenne toute-puissante  —flanquée d'un Conseil de l'Euro aux pouvoirs incertains—  face à des Etats diminués. Partisan d'un référendum sur la monnaie unique et le traité d'Amsterdam, Charles Pasqua a résumé la situation: «Il ne restera plus aux Etats nationaux qu'à enterrer les morts et soigner les blessés». Les forces du marché jointes à l'expertise financière des technostructures européennes cogéreraient l'Euroland .

 

Ce scénario dit du «wonderland*» laisse songeur. Les inévitables variations de la conjoncture économique européenne affectant différemment les Onze, ces «chocs asymétriques» ne manqueraient pas de susciter des tensions entre Etats de la zone euro mais aussi entre unités infra-nationales  —«zones économiques naturelles» (Kenichi Ohmae), les régions font aujourd'hui figure d'acteurs économiques constitués—  le tout sur fond d'animosité croissante entre eurocrates et opinions publiques. Sans puissance publique dotée de pouvoirs effectifs pour arbitrer et décider, en un mot sans gouvernement européen, l'Euroland pourrait bien rejoindre le cimetière des unions monétaires dépourvues de directoire politique. Pas de monnaie d'empire sans Imperium! La question du devenir politique de l'Union européenne est toujours ouverte.

 

Louis SOREL.

 

* Voir Yves Mény, «Embarquement pour l'inconnu?», Le Monde, 5 mai 1998. Yves Mény est directeur du Centre Robert Schumann, à l'Institut universitaire européen de Florence.

 

Bibliographie indicative:

Livres:

- Blot Yvan, L'héritage d'Athéna. Les racines grecques de l'Occident, Les Presses Bretonnes, 1996.

- Brzezinski Zbigniew, Le grand échiquier, Balland, 1997.

- Chaliand Gérard et Rageau Jean-Pierre, Atlas stratégique, Complexe, 1991.

- Colson Bruno, Europe: repenser les alliances, ISC-Economica, 1995.

- Colson Bruno, La stratégie américaine et l'Europe, ISC-Economica, 1997.

- De Lesquen Henri, Qu'est-ce que la nation ?, Etudes et documents du Club de l'Horloge, 1989.

- Evola Julius, Essais politiques, Pardès,1988.

- Foucher Michel (Dr), Fragments d 'Europe, Fayard, 1993.

- Huntington Samuel P., Le choc des civilisations, Odile Jacob, 1997.

- Luttwak Edward N., Le rêve américain en danger, Odile Jacob, 1995.

- Maillard Pierre, De Gaulle et l'Allemagne. Le rêve inachevé, Plon, 1990.

- Maillard Pierre, De Gaulle et l'Europe. Entre la nation et Maastricht, Tallandier, 1995.

- Soutou Georges-Henri, L 'alliance incertaine, Fayard, 1996.

 

Revues

- «Quarante siècles d'identité française», Enquête sur l'histoire, n°l, hiver 1991-1992.

- «L'Europe, une histoire de famille», Enquête sur l'histoire, n°l1, été 1994.

- «La vérité sur Clovis», Enquête sur l'histoire, n°17, automne 1996.

- «L'Allemagne, de Charlemagne à Helmut Kohl», Enquête sur l'histoire, n°20, printemps 1997.

 

samedi, 14 novembre 2009

Cioran: un hurlement lucide

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1993

41667.jpgCioran: un hurlement lucide

 

par Luis FRAGA

 

S'il s'avère difficile d'écrire un article pour défendre Cioran (Cioran a-t-il besoin d'être défendu?), les problèmes s'accroissent encore si l'on tente le contraire, si l'on veut l'attaquer, soumettre sa pensée aux feux de la critique: il faut s'armer de courage pour s'en prendre à celui qui, sans nul doute, est à la mode depuis plus de dix ans. Lui présenter des «objections», c'est aller à contre-courant. Mais les reproches qu'on lui a adressés, reproches qui ont servi à mythifier à outrance cet «hétérodoxe de l'hétérodoxie» n'allaient-ils pas, eux, à contre-courant.

 

Un brillant anti-système

 

Toute personne qui éprouve de la difficulté à se prononcer en toute sincérité contre Cioran n'a qu'une solution: tenter d'imiter ces hérétiques qui, soumis à la torture, ne persistaient dans leur hérésie que par bon goût. Et se répandre en louanges à l'endroit de Cioran pourrait sembler d'un mauvais goût comparable à celui qui tenterait d'ordonner en un système cohérent les écrits et les interjections mentales de celui qui a affirmé que «la pire forme de despotisme est le système, en philosophie et en tout».

 

L'avantage de l'anti-système est sa maigre vulnérabilité à toute attaque consistant en objections organisées systématiquement. On ne pourrait réfuter Cioran que de manière a-systématique et toujours dans l'hypothèse douteuse que cette réfutation dépasse le discours du Roumain sur le point précis grâce auquel il arrive justement à séduire: «l'éclat».

 

On peut être brillant  au départ de la «lucidité» et également au départ de la «foi», et même des deux à la fois (à la condition que cette cohabitation soit possible), du moment que l'on soit suffisamment subjectif. L'objectivité est rarement brillante et ne parvient jamais à être géniale. Installé dans la lucidité, Cioran a le privilège de devoir être subjectif par la force.

 

La lucidité et la subjectivité déployées par Cioran lui donnent la force suffisante pour faire face à ce qui se trouve devant lui, sans aucune aide ou échappatoire possible. Avec une sincérité qui épouvante, Cioran paraît même jouir de cette manière tourmentée par laquelle il s'inflige l'atroce nécessité de remâcher sans cesse ses interrogations —et même ses obsessions—  essentielles: l'histoire, Dieu, la barbarie, le suicide, le scepticisme et autres labyrinthes. Ceux-ci sont brillamment exposés comme les dépouilles tirées d'un immense dépeçage où l'on aurait séparé les ordures philosophiques pour laisser, dénudé, ce que personne n'aurait imaginé être essentiel.

 

Volonté de style

 

«Mystère. Parole que nous utilisons pour tromper les autres, pour leur faire croire que nous sommes plus profonds qu'eux» (Syllogismes de l'amertume, 1952).

 

Les grands négociateurs professionnels se distinguent avant tout par leur immense clarté dans la façon d'exposer leurs hypothèses, à l'écart de la complexité de ce qu'ils pensent ou de ce qu'ils prétendent. Idem avec le style concis et simple de Cioran. Il ne perd pas son temps dans les arcanes du langage et dans un discours prétendument «profond», et il va droit au but avec une précision de scalpel, dont on ne peut que faire l'éloge.

 

Ayant perdu la foi dans la grammaire («Nous continuons à croire en Dieu parce que nous croyons encore en la Grammaire»), le Roumain connait bien les limites du langage auquel il doit forcément recourir. Aussi le domine-t-il. Le français n'est pas sa langue maternelle et cependant peu d'écrivains vivants le manient avec tant d'efficacité. La proposition de Wittgenstein  —«tout ce que l'on peut exprimer, il est possible de l'exprimer clairement»—  voilà ce qu'auraient dû méditer avec une plus grande attention ceux qui prétendent snober le style «superficiel» de Cioran.

 

Indépendance

 

Avec une sincérité totale, Cioran accepte le défi d'être inclassable. Un poids plus lourd qu'on pourrait l'imaginer: il n'est pas facile d'être apatride et, à la longue, rares sont ceux qui survivent «sans profession ou métier connu».

 

«Lunatique», «hétérodoxe»: voilà, entre autres, les qualificatifs qui ont été appliqués à Cioran. Par ceux qui sont parvenus, tant bien que mal, à le «classifier». Ce sont également les étiquettes qu'acceptent bon gré mal gré ces rares personnages de la vie réelle qui, tirant orgueil de leur extrême lucidité, doivent maintenir coûte que coûte leur acharnement, rester digne d'éloges précisément parce qu'ils sont acharnés plus que de raison, demeurer indépendants, ne pas s'imposer ou ne pas accepter de se voir imposer une limite quelle qu'elle soit. Pendant la Renaissance, on appelait «humaniste» l'homme non unidirectionnel. Cioran rejeterait sans aucun doute cette désignation avec véhémence; de la même façon, il se moquerait très probablement de tout qui tenterait de le classer comme «réactionnaire», ou comme «sceptique»,  comme «païen» ou lui attribuerait d'autres étiquettes simplificatrices du même genre.

 

L'indépendance, comprise comme élimination progressive de tous points de référence, est un exercice douloureux, dont les douleurs ne disparaissent jamais. Difficile, par ailleurs, d'évaluer jusqu'à quel point le résultat obtenu compense le prix payé. De tous les génies du XIXième siècle, seul Wagner et Goethe se sont «bien débrouillés». Nietzsche, Hölderlin, Rilke et d'autres, nombreux, ont produit des écrits que l'on peut qualifier d'enviables. Et bien qu'ils puissent tous affirmer, avec Cioran, que «naître, vivre et mourir trompés, c'est ce que font les hommes», aucun d'entre eux, à l'évidence, n'a atteint l'indépendance à laquelle ils prétendaient parvenir; peut-être s'en sont-ils approchés, certains plus que d'autres, mais il ne s'y sont jamais installés, n'ont pas eu les pleins pouvoirs de l'homme réellement indépendant.

 

Par rapport au XIXième siècle, le XXième siècle offre peut-être l'avantage d'être réellement plus indépendant (bien que cela soit également difficile). Mais les hommes moyens continuent encore à exiger de tout un chacun des «étiquettes», des «professions» ou des «métiers». Ces hommes moyens font montre d'une attitude proche de celle de ces Etats qui aspirent à tout contrôler dans la société. Ils ne se sentent à l'aise face à une personne ou à un phénomène que s'ils peuvent le classer, lui donner un titre ou une étiquette, le conceptualiser. Titre, étiquette ou concept qui déterminera, par déduction, le type de relation qu'il faut avoir, au nom des conventions, avec l'étiquetté, le titré, le conceptualisé. «Les hommes ont besoin de points d'appui, ils veulent la certitude, quoi qu'il en coûte, même aux dépens de la vérité».

 

Le médiocre de notre temps tente d'ôter de sa vue, de ses pensées, tout ce qu'il ne comprend pas. Tout ce qu'il est incapable de comprendre. «Je suis comptable», «je suis avocat», «je suis vendeur» (parfois, plus souvent que nous ne l'imaginons, on recourt à l'euphémisme pour rendre digne un métier dont on perçoit bien les misères). Voilà donc les déclarations officielles à faire obligatoirement de nos jours en société.

 

Que des hérétiques comme Cioran ne confient pas au Saint Office Collectif leur titre de dépendance ou leurs numéros d'identification sociale, voilà qui les soumettra irrémédiablement à la réprobation générale et même à l'isolement. Ils ne réveilleront que la curiosité du petit nombre, ou la sympathie de personnalités plus rares encore, mais ils devront constater et accepter d'être toujours observés (et même jugés) avec la même colère critique que l'on appliquait jadis aux pires des hérétiques. L'indépendance coûte cher.

 

Cioran, l'Anti-Faust

 

On a parlé de Cioran comme du porte-drapeau de la philosophie du renoncement, de la «non-action» et du désistement. Ceux qui décrivent Cioran de la sorte prétendent rapprocher notre exilé roumain de son maître Bouddha et n'oublient généralement pas de mentionner son célèbre adage: «Plus on est, moins on veut». Ou de nous rappeler, en guise de plaisanterie, sa description fort crue de l'acte d'amour: il s'agirait «d'un échange entre deux êtres de ce qui n'est rien d'autre qu'une variété de morve». Le rapport qui existe entre Cioran et l'idée d'action (ou si l'on préfère, le désir) est un rapport de conflit.

 

Personne ne niera que le principe faustien de la souveraineté de l'action soit radicalement opposé au scepticisme féroce de celui qui élève l'inaction au rang de catégorie divine. Et même si l'action et le goût pour l'action sont compatibles avec la lecture de Cioran, nous nous trouvons néanmoins en présence de deux extrêmes irréconciliables. Un livre de Cioran est inimaginable sur la table d'un broker  de New York. Et personne n'aura l'idée saugrenue d'emmener des livres de Cioran lors d'une régate de voiliers, d'une expédition dans l'Himalaya ou d'une escapade avec une belle femme dont on vient de faire la connaissance. Cependant, les fanatiques de l'action les plus intransigeants pourront se lancer dans une activité exceptionnelle, où ne détonneraient absolument pas certaines pages de Cioran: traverser un désert.

 

Trois critiques de Gus Bofa sur Céline

celine-et-arletty.jpgTrois critiques de Gus Bofa sur Céline

Article paru dans "Le Bulletin célinien", n°297, mai 2008

Gustave Blanchot, dit Gus Bofa (1883-1968), fut un illustrateur et un affichiste français de grand talent, bien oublié aujourd’hui. Grâce à la brève mais florissante vogue du livre de luxe dans la France des années 20, il parvint à réaliser la synthèse entre le dessin et l’écriture, laissant une œuvre singulière qu’il faudrait redécouvrir. Entre les deux guerres, il collabora, comme critique littéraire, au mensuel Le Crapouillot de Jean Galtier-Boissière. Son ami Pierre Mac Orlan a dit de lui : « Gus Bofa est avant tout un écrivain qui a choisi le dessin pour atteindre ses buts. Un texte de Bofa, un dessin de Bofa sont construits dans la même matière et l'un et l'autre sont animés de ce même rayon de poésie humoristique qui comprend tout ce qui tient une place entre la vie et la mort. ». Nous reproduisons ici les trois notes de lecture qu’il consacra à Céline en 1933 et 1937.

 

Voyage au bout de la nuit[

 

L'autre roman-dreadnought. Autant le livre de M. Mazeline est habilement construit et armé de tous les perfectionnements les plus récents, autant celui-ci est désobligeant, non-conforme aux règles, en quelque sorte difforme. Et pourtant il flotte. Et il y a là-dedans le meilleur et le pire : des pages d'humour excellentes, un très grand souffle de vérité profonde, émouvante, sous ce vagabondage délirant qui n'en finit plus, et surtout une rogne persistante, obstinée, souvent puissante, qui réjouira ou navrera le lecteur, dès l'abord, selon son goût et son tempérament. Ce mélange un peu chaotique, ce choix délibéré d'être sincère avec soi, au prix même d'être déplaisant, peuvent bien signifier le génie, dans le cas de M. Céline. Il est bien vrai qu'il y a, dans ce trop gros bouquin, quelque chose de considérable, d'anormal, d'inquiétant, mais de neuf, qui rebute d'abord et séduit ensuite, d'un attrait bien étonnant. Par une sorte de perversité inexplicable, l'auteur a adopté, pour rendre plus difficile la lecture de cette confession, une sorte de langue nouvelle, mêlée de péquenot et d'argot, que rien dans le personnage de son héros ne peut justifier et que lui-même oublie parfois pour parler en français. L'effet en est curieux, mais sans charme.

(Le Crapouillot, 1er février 1933)

 

L'Église

 

Cette pièce énigmatique n'a pas été jouée encore, et, malgré le succès du Voyage au bout de la nuit, ne le sera probablement jamais.

C'est dommage d'ailleurs, car elle ne prendrait son véritable sens qu'à la scène.

L'audace de certaines scènes y trouverait sa valeur de scandale possible, qui passe iaperçue à la lecture.

Le livre de Céline nous a étonné surtout par sa masse, aggravée d'un argot fanriqué exprès, plus encore que par la qualité ou la violence des idées de l'auteur.

La pièce, plus schématique, moins travaillée et surchargée, ne nous fournit plus cette sorte d'inquiétude qui donnait au roman sa qualité.

Céline n'est pas un pamphlétaire né. toute son énergie satirique est artificielle. c'est un effort brutal et vite vulgaire, pour sortir de soi-même, qui est timide, passif, bon et pitoyable.

Cet effort apparaît constamment à la lecture de ces cinq actes. il serait insensible au théâtre.

L'acte de la S.D.N., qui est un excellent sketch de revue, y serait amusant. Et certaines scènes – si la censure les laissait passer – y prendraient un caractère d'obscénité, capable d'émouvoir sûrement le public difficile de bourgeois moyens, que l'auteur veut atteindre d'abord.

Les fidèles de cette fameuse Eglise, qu'il renie si énergiquement.

 

(Le Crapouillot, 15 novembre 1933)

 

NDLR : Cette pièce fut jouée pour la première fois, par une troupe d’amateurs, le 4 décembre 1936, au Théâtre des Célestins, à Lyon.

 

Mea culpa suivi de La vie et l'œuvre de Semmelweis

 

La déconvenue parallèle de Céline s'exprime plus vertement que celle de Gide.

Elle est aussi plus totale et définitive.

Ecoeuré de l'Etat bourgeois, Céline a voulu croire au communisme russe. Déçu à nouveau, sa haine et son dégoût du monde occidental se doublent désormais d'une haine et d'un dégoût semblables pour l’U.R.S.S.

il exprime ce double sentiment – à son ordinaire – par un feu d'artifice d'imprécations choisie, pleines de force et de couleur, qui, étant cette fois admirablement en situation, prennent toute leur valeur littéraire. le morceau me paraît atteindre au chef-d'oeuvre du genre et mérite de figurer dans les anthologies.

Au point de vue critique, on pourrait trouver à y reprendre. Il détaille et précise mal ses griefs et ses reproches. Mais il n'est pas dans la nature de Céline de spéculer, non plus que dans celle d'une mitrailleuse de faire des cartons à la foire.

Parmi les éclats de tonnerre de son style, on discerne à peu près la solution que Céline propose au problème social.

Il voudrait abattre sommairement la moitié des humains, et massacrer sans façon l'autre moitié.

Ce remède, radical au moins en ce qui concerne le chômage, me semble mériter d'être longuement pesé.

Dans la seconde partie de Mea culpa (sans prendre sa part du titre, j'imagine!) il publie une réédition de sa thèse de doctorat sur la vie douloureuse et méconnue de Semmelweiss, "l'inventeur" de l'antisepsie.

Cet essai, écrit (pour un tas de raisons excellentes) dans une langue plus sévère et réservée que le Voyage ou Mort à crédit, n'en laisse pas moins apparaître l'ardeur, l'exubérance de son tempérament littéraire, comprimé comme la vapeur d'essence dans un moteur d'avion où chaque étincelle provoque une explosion et actionne les pistons dans les cylindres.

A l'état de prime jeunesse qu'il nous montre dans cette thèse d'examen, il rappelle par plusieurs points le tempérament d'un autre écrivain qui eut son heure de célébrité : Joseph Delteil.

Il y eut même un précurseur à l'un et à l'autre, oublié aujourd'hui, qui ne pouvait lui aussi écrire qu'à coups de canon et de hache, et qui avait nom : Georges d'Esparbès.

Mais c'étaient de pauvres petits canons de l'époque, qui paraissent risibles à côté de l'artillerie de dreadnought de Céline !

(Le Crapouillot, 15 février 1937)

 

 

mercredi, 11 novembre 2009

Et si l'on commémorait plutôt la réconciliation européenne?

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ET SI L'ON COMMÉMORAIT PLUTÔT LA RÉCONCILIATION EUROPÉENNE ?

Chronique hebdomadaire de Philippe Randa

Après l’armistice de 1914-1918 dont les conditions s’apparentaient davantage pour l’Allemagne à une défaite aux conditions tellement draconniennes qu’elles en furent criminelles, un souhait était largement répandu dans la population française : « Plus jamais ça ! »
« Ça », rappelons-le, c’était tout de même « près de 10 millions de pertes militaires, 9 millions de pertes civiles et… près de 21 millions de blessés militaires(auxquelles s’ajouteront) vingt-et-un ans plus tard près de 24 millions de victimes parmi les militaires, 41 millions parmi les civils (…) puisqu’il semble au moins entendu pour la quasi-totalité des historiens que la Deuxième (Guerre) ne fut que la suite inévitable de la Première », comme rappelé dans le bi-mensuel Flash du 8 octobre dernier qui osait titrer ce que beaucoup pensent tout bas : «Et si on tournait la page ? » C’est sans doute la question que s’est posée, lui aussi, Nicolas Sarkozy, à propos des commémorations du 11 novembre : « À quoi bon encore tout cela ? »
À quoi bon, oui, continuer de fêter ainsi, certes la fin des hostilités entre deux peuples, mais surtout la défaite de l’un sur l’autre, à l’heure où l’entente franco-allemande est une chose entendue pour tous ?
Et surtout, en ce début de XXIe siècle où l’Union européenne, malgré toutes les critiques que l’on peut formuler à son égard – et elles sont nombreuses – est une autre incontestable réalité.
« Nicolas Sarkozy souhaite, après la mort du dernier poilu, que le 11 novembre devienne une journée de réconciliation franco-allemande, pour bâtir un avenir partagé », indique la présidence française.
Fort bien, mais pourquoi s’en tenir « seulement » à cette commémoration-là et continuer d’honorer celle du 8 mai 1945 qui, certes, mit fin aux hostilités militaires, mais scella la fracture entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest pour près d’un demi-siècle et plongea le Monde dans une autre guerre, pudiquement appelée « froide », jusqu’à un certain jour d’automne de 1989 ?
Dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, le « mur de Berlin » chuta après 28 années d’existence, entraînant peu après la fin des régimes communistes d’Europe centrale et mettant un terme à l’indécent partage de notre continent à Yalta.
Cette chute du Mur de Berlin, voilà vingt, ans, est actuellement amplement rappelée. Elle se fit dans l’ivresse ou la stupéfaction de millions d’Européens sans mort aucun.
Plutôt que « d’amitié », mot trop souvent galvaudé et qu’il est tout de même incongru d’appliquer sur une victoire pour certains mais forcément une défaite pour d’autres, ne serait-il pas plus enthousiasmant de fêter ce qui a été une incontestable réalité : la réconciliation non pas seulement de deux peuples, mais de tout un continent ?


© Philippe Randa, écrivain et éditeur (www.dualpha.com), est également rédacteur en chef adjoint de Flash Magazine (www.flashmagazine.fr). Ses chroniques sont libres de reproduction à la seule condition que soit indiquée leurs origines.

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Was le Corbusier een fascist?

Was Le Corbusier een fascist?

LE CORBUSIEREx: Deltastichting - Nieuwsbrief nr. 29 - November 2009
Vanuit Zwitserland – en van daaruit vanuit Duitsland – krijgt nu ook de herinnering aan de modernistische architectuur, Le Corbusier, een vreemde bijsmaak. In de grote pers werd de afgelopen dagen namelijk beweerd dat Le Corbusier wel eens een fascist zou kunnen geweest zijn.
 
Het Zwitserse weekblad Die Weltwoche bracht begin oktober een artikel uit met de alleszeggende titel Le Corbusier bewonderde de Nazis en Hitler. De journalist wou hiermee vooral de ‘schande’ onderstrepen van het feit dat diezelfde Le Corbusier op de bankbriefjes van 10 euro zou komen.  Bedoeling is om het leven van de architect op een zodanige manier ‘bruin’ in te kleuren, dat zijn aanhangers, die vooral onder de links-liberale jetset moeten worden gezocht, de grootmeester van de moderne bouwkunst zouden laten vallen.

Aanleiding tot het artikel zijn verder een aantal antisemitische uitlatingen van de architect, alsook enkele brieven die hij na de Duitse overwinning in juni 1940 aan het nieuwe Franse staatshoofd Pétain heeft geschreven, en de omgang die hij met bepaalde collaborateurs zou hebben gehad, waardoor hij eigenlijk te dicht zou hebben aangeschurkt bij figuren als Arno Breker, Veit Harlan of Leni Riefenstahl. Le Corbusier, die de Franse nationaliteit had aangenomen, zag de nederlaag van zijn land en de Duitse overwinning als voorwaarde “voor een verbetering van de wereld”. Volgens de Zwitserse media moet hij hierdoor worden beschouwd als de “Grootbouwmeester van de totalitaire wereld”.

Steeds weer dat moraliserende vingertje dus, als het gaat over bepaalde politieke verstrikkingen van kunstenaars, terwijl communistische sympathieën nog nooit iemand de kop hebben gekost. Kan men zich voorstellen dat een Zwitsers toparchitect lid zou zijn van de linkse cultuurscene, lid van de KP, en die uiteindelijk zijn kennis en kunde ten dienste zou stellen van een totalitaire staat als de DDR, door dezelfde journalistieke haat ten gronde zou worden gericht? De architect bestaat, heet Sigrid Giedion, en werd nooit verontrust.

Het geval Le Corbusier

Eigenlijk wordt er in Die Weltwoche niet veel nieuws verteld. Het is meestal opgewarmde kost, ook nu weer. Het Zwitserse weekblad kan niet anders dan te wijzen op de extreme ijdelheid en het ‘ontwikkelde egoïsme’ van de architect. Ook de verhalen over zijn opportunisme kenden we al. Maar het was opportunisme niet uit karakterzwakte, maar wel vanuit een permanente zoektocht naar mogelijkheden om zijn werk te slijten. Alleen machthebbers konden hem voldoende ‘mogelijkheden’ aanbieden, en dus ging hij bij hen aankloppen. Bij allemaal trouwens, en dus niet alleen bij de nazi’s.
 
COVER WELTWOCHEZoals zovele kunstenaars ging Le Corbusier dus ook in de richting van de Sojet-Unie zoeken, aangetrokken als hij was door het grootse, zelfs megalomane van de economische 5-jaarplannen. De architect stond in die tijd in rechtse kringen bekend als “saloncommunist” en “fakkel van Moskou”. Raar toch dat het Zwitserse weekblad hier géén commentaar moet ventileren…

Na Stalin ging het richting Mussolini en natuurlijk Pétain, wat echter niet zo’n goede keuze was, als men aan het eerder bekrompen, kneuterig conservatisme van de Franse maarschalk denkt. Le Corbusier kwam juist met radicale plannen binnen om Parijs volledig nieuw te ordenen. Belangrijk is natuurlijk de vaststelling dat met de nederlaag van Frankrijk in 1940 de algemene stemming in Europa zo was dat iedereen dacht dat het Duitse Rijk een blijvende invloed zou uitoefenen. Le Corbusier dacht op dat vlak niet anders dan andere progressieve geesten als André Gide en Teilhard de Chardin. Iedereen leek zich bij de overtuiging aan te sluiten dat een nieuwe, Duits gerichte periode in Europa aangebroken leek. Een overtuiging dit ongeveer anderhalf jaar in geheel Europa – met uitzondering van Groot-Brittannië allicht – overeind bleef. Maar zijn de brieven en groetboodschappen aan collaborateurs voldoende om Le Corbusier als fascist te bestempelen? Of moet men hem gewoon als ‘voorstander van een nieuw gebouw voor Europa’ beschouwen? Een kunstenaar die verdwaald tussen de aantrekkingskracht van totalitaire regimes, gevangen werd door de esthetisering van de politiek, en de ‘mogelijkheden’ die hem dit bood.
 
Dit ‘nieuwe schandaal’, dat misschien ook dankzij weldenkend links naar België en Nederland komt overwaaien, is er in feite géén. Much ado about nothing, als het ware.
 
 
(Peter Logghe)

dimanche, 08 novembre 2009

Pasteur Blanchard: Aux sources du national-populisme

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES 1998

blanchard62f2b516f5ad8c297a665a9e10ae7918.jpgAUX SOURCES DU NATIONAL POPULISME

Entretien avec le Pasteur Blanchard

 

Q.: Votre ouvrage sur le National Populisme doit paraitre prochainement aux Editions de l'Æncre, pourquoi avoir traité ce sujet?

 

R.: Simplement parce que j'appartiens au peuple, je suis sorti du rang du milieu ouvrier; et même si je n'en ai pas eu toujours conscience, il est une constante dans mon engagement —pour paraphraser de manière humorisitque Maurice Thorez: «être un fils du peuple», et dans mon cheminement intellectuel tout me ramenait à cela. Il me revient que ma fille ainée voulant, il y a quelques années, m'apporter la contradiction en me montrant combien mon cursus était peu conforme aux normes intellectuelles de l'idéologie dominante, et croyant me vexer, m'a dit: «Dans le fond, à l'origine, tu n'étais qu'un ouvrier»; je lui ai répondu que s'il est une chose dont je suis fier, c'est bien “d'être un ouvrier!”. Donc, le populisme est ma famille naturelle, j'y suis comme un poisson dans l'eau. Et bien qu'il m'ait fallu cheminer, lire des auteurs d'horizons différents, je suis arrivé à cette famille naturellement, trouvant là de manière autant intuitive qu'intellectuelle, ce qui est la cohérence profonde de ma personnalité.

 

C'est pour cette raison que j'ai éprouvé le besoin d'écrire cet ouvrage. Il n'est pas né d'hier. En réalité, à l'origine, ce n'étaient que des notes prises au cours de mon cheminement intellectuel, certaines remontant à plus de dix ans. Etant venu au nationalisme sans connaître les réseaux nationalistes, il a bien fallu, à coup de lectures, que je trouve ma voie; j'ai donc lu les auteurs principaux de tous les courants de pensée de notre famille, pour enfin rencontrer ceux avec qui j'étais totalement en phase. Cet ouvrage est donc une mise en forme déjà existants que je gardais par devers moi au fil des années.

 

Q.: Comment situez-vous ce que vous nommez le “national-populisme” par rapport aux autres courants de pensée de la famille nationale?

 

R.: Tout d'abord, ce qui définit le national-populisme est la séparation entre le spirituel et le temporel. On peut très bien être populiste et avoir des métaphysiques différentes. Il n'y a pas d'incompatibilité entre ce courant de pensée et des prises de positions païennes, chrétiennes, ou tout simplement agnostiques. Le populisme n'a pas la prétention d'apporter des réponses dans le champ du religieux; ça ne veut pas dire que, à titre personnel, on ne puisse pas avoir de conviction. Mais cette distinction, éminemment moderne, entre les deux champs, temporel et spirituel, est l'apanage du populiste, ce qui fait de lui un homme tolérant par nature, car il a l'intime conviction, comme aimait à dire Martin Luther, que, en ce qui concerne les convictions personnelles, “il n'est pas bon de forcer les consciences”.

 

Mais le populisme se différencie aussi par sa modernité. On peut, de manière un peu schématique, sans tenir compte des nuances, diviser notre famille en deux grands courants: l'un populiste, l'autre contre-révolutionnaire, ce dernier s'opposant à la modernité issue des immortels principes; il revêt un caractère théocratique et il a la prétention de changer les choses en y mettant, sur le plan social, une dimension spirituelle. Dans ses grandes lignes, ce courant se trouve dans la tradition catholique issue du Concile de Trente. N'oublions pas que celui-ci est une réaction contre le protestantisme et qu'il a durci, sur bien des points, la position des catholiques; ce qui le cractérise, c'est le refus du monde moderne. Le national-populisme, lui, accepte la modernité. Il pense que 1789 a été pernicieux et que les élites naturelles ont été broyées par une mécanique administrative; mais il a la conviction que, pour autant, comme le disait Maurice Barrès, on ne peut pas distraire cette période de l'histoire de notre pays, celle-ci est indivise. On peut dire que l'ancêtre du national -populisme est Bonaparte avec sa dimension plébeienne de l'appel au peuple et du césarisme. Dimension que, d'ailleurs, nous retrouverons au moment de l'affaire Boulanger avec cet ouvrage magistral de Maurice Barrès L'appel au soldat  qui est une constante du national-populisme. Nous pouvons dire, à cet égard, que le Front National est l'héritier de ce courant et que, dans le fond, Jean-Marie Le Pen est un général Boulanger qui a réussi.

 

Q.: Mais ne pensez-vous pas que tout cela puisse conduire au totalitarisme, comme on a pu le voir entre les deux guerres, et que cette idéologie puisse être dangereuse?

 

R.: On peut considérer que tout système idéologique peut être dangereux, quel qu'il soit, et qu'il y a des travers repérables et condamnables dans tous les systèmes de pensée. On a l'habitude de mettre en avant le fascisme, le nazisme et le communisme, pour montrer les travers de ces idéologies. Il est vrai que, lorsque des idées s'incarnent, elle finissent par dévoyer la cause qu'elles croyaient servir. Et concernant ces trois idéologies, il y aurait des choses, comme partout, condamnables et même abominables. Je crois que toute honnêteté intellectuelle doit avoir le courage de dénoncer, quelles que soient ses convictions, ce qui n'est pas défendable. En tant que protestant, si je réprouve la Saint Barthélemy, je reconnais aussi que dans mon camp le massacre des Irlandais par Cromwell est inqualifiable. Pour autant, je crois qu'il faut se garder de toute caricature. Il n'y a pas, dans l'histoire, un bien absolu et un mal absolu, cette lecture manichéenne relève du conte de fée. Et je voudrais aussi souligner que le libéralisme, à ses origines, a des aspects pernicieux. Quand l'Armée du Salut a été créée à la fin du l9ème en Angleterre, c'était suite au capitalisme sauvage qui faisait vivre dans des quartiers insalubres, pires que ceux de Bombay ou de Calcutta, des personnes qui n'étaient pas des esclaves mais de bons anglais qui ne se trouvaient pas au fin fond du pays mais bien dans la ville de Londres.

 

Dans l'histoire, rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir. Dénonçons ce qui doit être dénoncé et gardons-nous de tout manichéisme.

 

Q.: Comment s'intitulera votre livre, et quand paraitra-t-il?

 

R.: Aux sources du national-populisme, Maurice Barrès, Georges Sorel. Il sortira aux Editions de l'Æncre en septembre1998.

samedi, 07 novembre 2009

L.-F. Céline et Jacques Doriot

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L.-F. Céline et Jacques Doriot

Textes parus dans "Le Bulletin célinien", n°297, mai 2008

 

Durant l’Occupation, deux grands partis étaient en concurrence : le PPF de Jacques Doriot et le RNP de Marcel Déat.  Les collaborationnistes, eux, se partageaient tout naturellement en deux camps : ainsi, au sein de la rédaction de l’hebdomadaire Je suis partout, Lucien Rebatet était un partisan de Déat alors que Pierre-Antoine Cousteau, lui, soutenait Doriot. La parution d’une monographie consacrée au chef du PPF nous donne l’occasion de revenir sur les relations entre lui et Céline.

 

   Une chose est certaine : même s’il lui reconnaissait du talent, Céline estimait Marcel Déat suspect en raison de ses anciennes fréquentations maçonniques et de ses liens étroits avec le parlementarisme de la IIIe République.

Ainsi, dans sa correspondance à Lucien Combelle, Céline n’a que sarcasmes  pour le chef du Rassemblement National Populaire ¹. Avant-guerre, Céline ne réservait d’ailleurs pas un sort plus enviable à Doriot, le raillant comme tous ceux (La Rocque, Maurras,…) qu’il qualifiait ironiquement de « redresseurs nationaux » ou de « simples divertisseurs » : « Alors avec quoi il va l’abattre Hitler, Doriot ? (…) Il veut écraser Staline en même temps ? Brave petit gars ! Pourquoi pas ? D’une pierre deux coups !... (…) Nous sommes en pleine loufoquerie » ². Céline, chantre d’une alliance continentale censée prévenir une guerre fratricide, voyait naturellement d’un mauvais œil les menées qu’il estimait bellicistes.

 

   Mais, sous l’Occupation, son appréciation de Doriot évolue,  celui-ci ayant adopté le tournant radical que l’on sait après la rupture du pacte germano-soviétique. Le chef du PPF lui-même s’engage en septembre 1941 dans la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme qui vient de se créer. Dans un entretien que Céline accorde peu de temps après à l’hebdomadaire doriotiste L’Émancipation nationale, il déclare : « Doriot s’est comporté comme il a toujours fait. C’est un homme. Eh oui, il n’y a rien à dire. Il faut travailler, militer avec Doriot. (…) Chacun de notre côté, il faut accomplir ce que nous pourrons. Cette légion si calomniée, si critiquée, c’est la preuve de la vie. J’aurais aimé partir avec Doriot là-bas, mais je suis plutôt un  homme de mer, un Breton. Ça m’aurait plu d’aller sur un bateau, m’expliquer avec les Russes. » ³. Pour les besoins de sa défense, Céline démentira après-guerre avoir tenu ces propos. Mais, dans une lettre adressée au même moment à Karen Marie Jensen, il écrivait : « J’irai peut-être tout de même en Russie pour finir. Si les choses deviennent trop graves, il faudra bien que tout le monde participe – ce sera question de vie ou de mort – si cela est vivre ce que nous vivons ! 4 »

 

   Quelques mois plus tard, le dimanche 1er février 1942, a lieu au Vélodrome d’Hiver un meeting organisé par la LFV sous la présidence de Déat avec Doriot comme invité vedette.  Céline y assiste en compagnie de Lucette Destouches. Une photographie en atteste, légendée de la sorte dans L’Émancipation nationale : « Le grand écrivain Louis-Ferdinand Céline a assisté à la réunion du Vél’d’Hiv’. Le voici suivant avec attention l’exposé de Jacques Doriot,  “Ce  que j’ai vu  en  U.R.S.S.“ » 5 .

   Alors que Doriot a regagné le front de l’Est, Céline lui adresse une lettre qui sera publiée dans le mensuel de doctrine et de documentation du PPF, les Cahiers de l’émancipation nationale. Céline y préconise notamment l’instauration d’un parti unique, « L’Aryen Socialiste Français, avec Commissaires du Peuple, très délicats sur la doctrine, idoines et armés » 6. Un passage vilipendant l’Église ayant été caviardé, il critiquera vivement « Doriot, formel et devant témoins, [qui avait juré]  de  tout  imprimer » 7. On observera que, durant toute l’Occupation, aucune lettre de Céline n’est publié dans L’Œuvre, le quotidien de Marcel Déat.

 

   Après une permission, Doriot rejoint à nouveau le Front de l’Est en mars 1943. Occasion pour son journal Le Cri du peuple de solliciter, durant une quinzaine de jours, les réactions de personnalités, dont Céline qui, laconique,  aurait déclaré : « Je n’ai pas changé d’opinion depuis août  [en fait, septembre] 1941, lorsque Doriot est parti pour la première fois » 8.

 

   Comme on le sait, toutes les lettres que Céline adressa aux journaux de l’occupation n’ont pas été publiées. Un exemple fameux : la lettre sur la France du nord et du sud adressée de Bretagne à Je suis partout (juin 1942). Jugée impubliable par la rédaction, elle fut conservée par le secrétaire de rédaction, Henri Poulain, pour n’être exhumée qu’un demi-siècle plus tard 9.

Apparemment, une autre lettre – adressée en août 1943 à Jacques Doriot – aurait subi le même sort car elle mettait en cause des cadres du PPF. Elle n’était d’ailleurs peut-être pas destinée à la publication, celle-là, encore que Céline l’aurait remise personnellement à Doriot. Voici ce qu’en écrit Victor Barthélemy, secrétaire général du parti et familier des réunions dominicales à Montmartre  : « Un dimanche de septembre [1943], je profitai de l’occasion pour dire deux mots à Céline à propos d’une lettre qu’il avait adressée, ou plutôt portée lui-même à Doriot, après l’affaire Fossati [NDLR : cadre du PPF exclu pour avoir entamé, sans l’aval de Doriot, des négociations avec le RNP en vue de la création d’un parti unique]. Céline affirmait qu’il n’était pas étonnant que Fossati « fût un traître », car avec ce nom en i et son origine « maltaise » c’était couru d’avance… D’ailleurs  il était  urgent que Doriot se débarrasse de ces Méditerranéens douteux (toujours les noms en i ou en o) tels que Sabiani, Canobbio, etc., et aussi de ce Barthélemy, dont le patronyme commençant par « Bar » pouvait à bon droit laisser supposer des origines juives. (À l’époque, on prétendait volontiers que les préfixes Ben, Bar, Ber pouvaient constituer présomption d’origines juives.) Cette lettre, Doriot me l’avait fait lire, en riant à gorge déployée : “Ce Ferdinand, il est impayable !”, avait lancé Doriot. J’en étais, pour ma part, un peu irrité, et bien décidé à dire à Ferdinand ce que j’en pensais. Il prit lui aussi la chose en riant et l’affaire fut « noyée » comme il convenait » 10. Maurice-Ivan Sicard, autre cadre du PPF, écrira, de son côté, que « les lettres que [leur] envoyait Céline étaient délirantes, difficilement publiables » 11.

 

   Plus tard, lorsque les jeux seront faits, Céline daubera sur le jusqu’au-boutisme des ultras et fera, dans D’un  château l’autre, un portrait sans complaisance des rescapés de la collaboration échoués dans le Bade-Wurtemberg. Quand on lui reprochera d’avoir fréquenté Doriot  à  plusieurs reprises, il écrira : « Il n’était point bête et mon métier de médecin et de romancier est de connaître tout  le monde » 12.  Manière de dire que seule sa curiosité était coupable…

Marc LAUDELOUT

Notes

1. « 43 lettres à Lucien Combelle (1938-1959) » in L’Année Céline 1995, Du Lérot-Imec Éditions, 1996, pp. 68-156. Relevons que ce sentiment n’était pas réciproque :

 « Céline, cette source vivante du verbe, qui,  après des livres prophétiques et macabres, rabelaisiens et pessimistes, avait publié Les Beaux draps, ceux-là mêmes que les bien-pensants vichyssois n’auraient pas voulu qu’on lave à la fontaine, et que, justement, il fallait blanchir avant de refaire le lit de la France » (Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 774).  Voir aussi cette relation d’un dîner chez le docteur Auguste Bécart, ami doriotiste de Céline : «  On arrive ainsi à 8 h moins le quart. Lecourt et le Dr Bécart viennent nous prendre. Nous dînons chez celui-ci avec Céline, etc. Très intéressant. Pluie de vérités truculentes sur tout le monde. Attaques raciales contre Laval “nègre et juif”, etc. Au demeurant très sympathique. » (« Journal de guerre de Marcel Déat », note du 23 décembre 1942, Archives nationales. Extrait cité par Philippe Alméras in Les idées de Céline, Berg International, coll. « Pensée Politique et Sciences Sociales », 1992, p. 172.)

2. L’École des cadavres, Denoël, 1938, p. 257. Doriot est également évoqué pages 84 et 174. Voir aussi Bagatelles pour un massacre, Denoël, 1937, p. 310.

3. Lettre inédite à Karen Marie Jensen, 8 décembre [1941], citée par François Gibault in Céline. Délires et persécutions (1932-1944), Mercure de France, 1985, p. 288.

4. Ivan-M. Sicard, « Entretien avec Céline. Ce que l’auteur du Voyage au bout de la nuit “pense de tout ça...” », L’Émancipation nationale, 21 novembre 1943. Repris dans Cahiers Céline 7 (« Céline et l’actualité, 1933-1961 »), Gallimard, 1986, pp. 128-136.

5. Albert Laurence, « Le Meeting », L’Émancipation nationale, 7 février 1942.

6. « Lettre à Jacques Doriot », Cahiers de l’Émancipation nationale, mars 1942, repris dans Cahiers Céline 7, op. cit., pp. 155-161.

7. Lettre à Lucien Combelle, 17 mars [1942] in L’Année Céline 1995, op. cit., p. 117.

8. « Le Départ de Doriot, Céline a dit... », Le Cri du peuple de Paris, 31 mars 1943,  repris dans Cahiers Céline 7, op. cit., p. 185.

9. Louis-Ferdinand Céline, Lettres des années noires, Berg International, coll. « Faits et Représentations », 1994, pp. 29-35.

10. Victor Barthélemy, Du communisme au fascisme. L’histoire d’un engagement politique, Albin Michel, 1978, pp. 365-366.

11. Saint-Paulien, Histoire de la collaboration, L’Esprit nouveau, 1964, p. 257.

12. Lettre à Thorvald Mikkelsen, 2 juillet 1946 in Louis-Ferdinand Céline, Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen, Gallimard, 1998, p. 257.

 

 

 

Jacques Doriot

DoriotLaFrance.jpgFormé dans les écoles du Komintern à Moscou, député communiste à 25 ans, maire de Saint-Denis à 32, Jacques Doriot fut au sein du PCF le grand rival de Maurice Thorez. Pour avoir refusé de se plier aux exigences de Staline et prôné trop tôt un rapprochement avec les socialistes, il est exclu du Parti en 1934.

Deux ans plus tard, il fonde le Parti populaire français (PPF), qui n’est pas encore un parti fasciste au sens strict du terme, mais qui le deviendra pendant l’Occupation. Rallié prudemment à la Collaboration tant qu’a subsisté l’hypothèque du pacte germano-soviétique, Doriot ne brûlera vraiment ses vaisseaux qu’en juin 1941, lorsque les divisions allemandes se lanceront à l’assaut de l’URSS. Il réclame alors la création d’une Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et, de tous les dirigeants des grands partis collaborationnistes, il sera le seul à combattre sur le front de l’Est, à plusieurs reprises.

Alors que les Allemands se méfient de lui, il affiche désormais sa volonté de faire du PPF « un parti fasciste et totalitaire » (novembre 1942) et finit par trouver auprès des SS le soutien que lui a refusé Otto Abetz sur instruction d’Hitler. Il trouvera la mort en Allemagne, le 22 février 1945, mitraillé sans doute au hasard par des avions alliés.

Ainsi disparaissait l’une des figures les plus énigmatiques de l’histoire politique française du XXe siècle. Le livre de Jean-Claude Valla retrace le destin singulier d’un personnage dont Pierre Pucheu, qui ne l’aimait guère, a pu écrire : « À vrai dire, je n’ai pas connu dans notre génération d’homme ayant reçu à tel point du ciel des qualités d’homme d’État. »

 

Jean-Claude Valla, Doriot,  Éd. Pardès, coll. « Qui suis-je ? », 2008, 128 pages, ill. (12 €).

mardi, 03 novembre 2009

La resistencia corporativa en Francia: socialismo, tradicionalismo y "comunidades naturales"

La resistencia corporativa en Francia: socialismo, tradicionalismo y “comunidades naturales”

 

por Sergio Fernández Riquelme / http://www.arbil.org/

Una introducción histórica explicativa

Socialismo y tradicionalismo, supuestos enemigos doctrinales (histórica e ideológicamente) presentan rasgos comunes, e incluso caminos paralelos, en la Historia de las ideas políticas y sociales, en especial sobre el tema del corporativismo. Como bien demostró en el caso español Gonzalo Fernández de la Mora, mostrando las raíces organicistas comunes en tradicionalistas y socialistas, e incluso de liberales (al calor de la introducción del krausismo en España), “lo corporativo” sigue siendo es una realidad presente en el funcionamiento extraparlamentario (sindicatos y lobbys, colegios profesionales y grupos de presión, intereses económicos y poderes locales) de las democracias parlamentarias en Europa y en América a inicios del siglo XX. Y esta realidad, en su trayecto histórico, puede ser ejemplificada en el caso francés, paradigma del centralismo estatista y laicista, pero sede también de importantes debates y teorías de naturaleza corporativa.

 

Así, y como otras modalidades de la Política social difundidas desde 1848 [1] , el corporativismo fue respuesta directa a la Cuestión social, presentada por historiadores sociales, sociólogos y juristas como consecuencia del impacto de la Revolución industrial, y como un mal que afectaba a la relación armónica entre clases. Pero lo corporativo no solo asumió la forma de una política social jurídica (política del trabajo) o asistencial; su especificidad radicaba en su propuesta grupal de regulación del conflicto surgido en las relaciones entre la propiedad y el trabajo. Los cuerpos sociales intermedios desempeñaban para Patrick de Laubier, un papel mediador clave para alcanzar la finalidad de la Política social, la  “justice sociale” [2] . El poder político se convertía por ello en “l´intemédiaire de grupes organisés”, y el corporativismo aparecía como mediación entre el Estado y el Sindicalismo, los dos actores principales de la Política social.

 

En este contexto, el notable desarrollo conceptual y doctrinal del corporativismo francés, desde su génesis en el siglo XIX, de tanta influencia en España [3] , no fue siempre paralelo al de su institucionalización jurídico-política. Bajo la herencia de la Ley Le Chapelier (1791), que marcó el camino en Europa a la destrucción legal de las “comunidades naturales” (en esencia las funciones sociales de municipios, gremios y familias), durante el siglo XIX tanto el liberalismo jacobino como el doctrinario hicieron caso omiso a las propuestas “socialistas” de Luis Blanc y Hénri de Saint Simon, y  al legado “tradicionalista” de Luis de Bonald [1754-1840] y de Joseph de Maestre [1753-1821].

 

Incluso, las propuestas de reforma corporativa del modelo constitucional de la III República francesa, preconizadas por Émile Durkheim, Leon Duguit, M. Hariou, además de las tesis organicistas del liberal Bertrand de Jouvenel, no alcanzaron el sueño de una Cámara corporativa o gremial/profesional. Ni corporativismo ni solidarismo; sólo las presiones sindicales (con la CGT a la cabeza) y la influencia del Reichwirtschaftsrat de la Constitución de Weimar (1919), permitieron crear en Francia el Consejo Nacional de economía por el Decreto de 19 de enero de 1925, acuerdo corporativo reeditado en L´Accord de Matignon de junio de 1936 bajo la presidencia del frentepopulista León Blum [1872-1950] entre “les puissances économiques”: la CGPF empresarial y la CGT sindical [4] .

 

Pero en este proceso de infructuosa institucionalización destacaron las elaboraciones de la sociología católica. A. de Mun, L. Harmel, F. Le Play o R. la Tour asumían ciertas tesis de los legitimistas de Bainville y los tradicionalistas de Bonald, especialmente la idealización de la pretérita sociedad de estamentos y gremios, de jerarquía patriarcal y núcleos familiares, de autonomías y solidaridades comunales. Frédéric Le Play [1886-1882] planteó una concepción “subsidiaria” del reformismo obrero y social, que situaba a  la familia como “prototype de l´Etat” [5] . Esta propuesta fue sintetizada en la doctrina que denominaba como “patronalismo”, desarrollada en La réforme sociale en France (1864) y L´Organisation du travail (1870). Partiendo de la subordinación de lo político a lo ético, y de la interacción entre ciencia positiva y religión, Aunós leía en  Le Play como “las intervenciones del Estado deben ser muy espaciadas, concretas y llenas de circunscripción, mostrándose igualmente pesimista en lo que se refiere al papel que han de desempeñar las asociaciones de clase”, y complementadas por el trabajo doméstico, la función social de la familia y la conciliación sociolaboral [6] .

 

Igualmente, en el seno de la “L´Association Catholique” [1876-1890], junto al Manuel d´une corporation chrétienne (1890) de L.P. Harmel, destacó la obra del diputado católico Albert de Mun [1841-1914], dedicado no sólo a desarrollar los círculos católicos obreros en Francia, llegando hasta casi 30.000 miembros, o defender en el Parlamento de la III República los derechos de los fieles al magisterio vaticano; además generó una relevante teoría en sus discursos recogidos en La question ouvriére (1885) y L´Organisation professionelle (1901) [7] .

 

Pero de todos los autores antes citados, destacó sobremanera el marqués René La Tour du Pin [1834-1942], de quién Aunós resaltaba su aportación de “los verdaderos cauces de las reformas sociales y de la organización corporativa” [8] . La Tour du Pin encabezó el modelo de Monarquía social católica desde la Francia finisecular. Frente al capitalismo burgués y el socialismo bolchevique, La Tour defendía la necesidad de un “Orden social católico” basado en la corporación profesional (de raigambre medieval): un orden que regulase corporativamente el mundo del trabajo (“organización corporativa de los talleres”), la economía y la política. “La constitución nacional” (o “leyes fundamentales del Reino”) era enemiga de las formas republicanas y monárquicas que sostenían el principio de la soberanía nacional. Las luchas sociales entre propietarios y obreros, la anarquía pública y el individualismo moral (visibles en 1848 y 1873) requerían con urgencia un nuevo modelo político social corporativo, de naturaleza cristiana y de modelo medieval-gremial.

 

La doctrina sobre un “orden social cristiano” de La Tour se fundaba en el magisterio pontificio (religión católica), la mitología medieval (monarquía tradicional) y la fenomenología social (corporativismo de Durkheim). Bajo esta tras tradiciones, su orden resultaba así católico (“propiedad de Dios” bajo administración humana), monárquico (“un rey en la cúspide” que “cumple el más alto de los trabajos de la nación” y por ese “trabajo se hace verdaderamente rey”) traducido al lenguaje político-social),  y orgánico (“por el cual los elementos que la componen se si ente unidos y solidarios, formando parte de un conjunto orgánico”). Un orden que se encontraba en condiciones, para La Tour, de adaptarse a las mutaciones contemporáneas mediante un “régimen corporativo” que “no debe implicar el retorno a las corporaciones medievales, sino la formación de otras más adecuadas al tiempo presente, a base de patrimonio corporativo, de la intervención en su constitución y gobierno de todos los elementos productores y el ascenso dentro de los oficios por obra de la capacidad profesional” [9] .

 

Ahora bien, pese a décadas de notable fecundidad doctrinal, la escuela corporativa católica francesa se sometió, en gran parte, a las exigencias de realliment de la democracia cristiana con la III República francesa. Pese a ello, el fracaso del sistema político representativo de la III República, pese a la unidad nacional alcanzada por la movilización durante la I Guerra mundial, dio alas a nuevas fórmulas corporativas asentadas en regímenes fuertes y autoritarios, no directamente vinculadas al magisterio católico.

 

En este proceso jugaron un papel determinante los doctrinarios participantes en el diario L`Action française (1905-1945), continuador de la Revue d'Action française fundada por Jacques Bainville [1879-1936]; intelectuales que definieron un moderno nacionalismo contrarrevolucionario, el cual fue modelo de renovación de los discursos, medios de difusión y aparatos organizativos de la creciente derecha antiliberal española [10] . En este movimiento jugó un papel decisivo su principal fundador e ideólogo, Charles Maurras [1868 1952], que convenció a cierto sector del nacionalismo galo de la necesidad de las tesis monárquicas y católicas. Influido por el nacionalismo de Maurice Barrès, Maurras retomó en esta revista el movimiento fundado en 1898< por el profesor de Filosofía Henri Vaugeois y el escritor Maurice Pujo. Trois idées politiques (1898) [11] fue el testimonio de su primera evolución ideológica [12] .

 

De la mano de Maurras se generaba un nuevo tradicionalismo francés que integraba el bagaje intelectual del nacionalismo laico y positivista. Tras situarse radicalmente en contra del régimen parlamentario de la III República, Maurras encabezó la modernización de la doctrina tradicionalista combinando el positivismo sociológico y el legitimismo orleanista de Bainville [13] . En su obra Enquête sur la monarchie (1900-1909) fue delimitando doctrinalmente este nacionalismo integral y monárquico, que atrajo a numerosos republicanos y sindicalistas vinculados al ideal corporativo o a posiciones antiparlamentarias; su síntesis entre Nación y Tradición rompía la histórica posición antinacional del legitimismo, atrayendo a numerosos sectores de las clases medias deudoras espirituales de un catolicismo convertido en factor de legitimación cultural y de cohesión social, aunque nunca en dogma a seguir (visible en el público agnosticismo de Maurras) [14] . Maurras sintetizaba así las dispersas corrientes doctrinales de la derecha francesa, desde De Maistre hasta Bonald, pasando por Taine, Renan, Fustel de Coulanges, e incluso Proudhon- que había brotado a lo largo del siglo XIX como reacción al significado social y político de la Revolución de 1789 (tesis contenida en Romantisme et Révolution, 1922) [15] .

 

Con todo ello, desde una visión positivista propia, que designó con el nombre de “empirismo organizador”, Maurras proclamó un nuevo orden en la sociedad, regido por una serie las leyes descubiertas por la historia y la sociología [16] . Siguiendo a Comte, Maurras asimilaba la sociedad a la naturaleza como “realidad objetiva”, independiente de la voluntad humana [17] . La sociedad suponía un “agregado natural” determinado por las leyes de jerarquía, selección, continuidad y herencia; así criticaba el romanticismo estético y literario de J.J. Rousseau, y vinculaba este método con la tradición católica y clasicista francesa (L'Action française et la religion catholique, 1914). Por ello cuestionaba tanto la Revolución de 1789, auténtica insurrección contra la genuina tradición francesa, representada por el orden monárquico, católico y clásico, inicio de la decadencia nacional que Francia padecía a lo largo del siglo XIX, y que llegaría a su cenit con la derrota ante Prusia en 1870; como la III República, culminación de estas “ideas destructivas” destructivas, especialmente una “democracia inorgánica” que sacralizaba el régimen electivo, la centralización administrativa, el monopolio burocrático, y con ello, la desintegración de la sociedad y el debilitamiento de la nación.

 

Este nuevo orden propugnado por Maurras se materializaba, a través de una “encuesta histórica”, en la doctrina del nacionalismo integral y el ideal de la Monarquía como régimen de gobierno ideal y funcional [18] . La defensa de la nación francesa exigía la instauración de la monarquía tradicional y representativa, portadora de los valores característicos del catolicismo y del clasicismo [19] . Éste era el contenido de su “politique d'abord”, donde la monarquía hacía coincidir el interés personal del gobernante y el interés público, la herencia del poder político y la duración de la nación. Frente a la democracia republicana “desorganizada, discontinua y dividida, “el interés nacional” exigía la inmediata supresión del parlamentarismo y de los partidos políticos. Frente a ellos, la nueva Monarquía “representativa” reuniría el principio político monocrático en el monarca (que reunía en su persona la totalidad del poder) y el principio democrático en un conjunto de cámaras de carácter corporativo [20] . El Estado recuperaría, así, sus funciones tradicionales, respetando la libertad económica y social en mano de los individuos y las corporaciones. Este régimen garantizaría tanto la descentralización territorial (reconstruyendo las regiones), como la profesional restaurando los gremios, moral y religiosa (recuperando la influencia de la iglesia católica en la sociedad civil) [21] .

 

Así llegó el momento de L'Action française [22] , empresa intelectual a la que se sumaron el economista Georges Valois [1878-1945], el polemista Leon Daudet, el historiador Jacques Bainville, el crítico Jules Lemaître, y unas juventudes proselitistas llamadas “ Camelots du Roi” [23] . Pero pronto se mostraron las veleidades políticas del grupo. En las elecciones de 1919 apoyaron a la Unión Nacional y lograron situar a Daudet en el Parlamento. Acusados de antisemitas y radicales, Pio XI condenó la obra de Maurras, situando sus libros en el Index Librorum Prohibitorum el 29 de diciembre de 1926 . Ahora bien, estas condenas no frenaron adhesiones como las de Georges Bernanos o Robert Brasillach, pero tampoco defecciones como la del mismo Valois, fundador del Faisceau, o de Louis Dimierm, nuevo dirigente de La Cagoule.

 

Estas polémicas surgieron, en gran medida, de la posición ambivalente con respecto al fascismo italiano. Maurras alabó en numerosas ocasiones al nacionalismo fascista llegándolo a definir como “un socialismo libre de la democracia y de la lucha de clase”; pero también condenó tanto el totalitarismo de Mussolini como el estatismo exacerbado del nacionalsocialismo. En esta polémica medió el antiguo sindicalista Valois [24] , que propugnaba un entendimiento con estos regímenes, y con la “escuela” Georges Sorel. Así nació el Círculo Proudhon (1911), movimiento cultural contrario a la democracia liberal y a favor de la descentralización regional. Pero las posiciones esencialmente revolucionarias de los sorealianos, irreductibles en el ideal de la lucha de clases, se mostraron finalmente inadmisibles para la tradición organicista y gremialista del nacionalismo integral de Maurras.

 

Georges Valois, pseudónimo de A.G. Greseent, vinculó tradicionalismo y fascismo en su obra L'économie nouvelle (1919). En ella planteaba un régimen sindical corporativizado, presidido por un gran Consejo económico y social nacional, articulado sobre la representación orgánica de oficios y regiones, y desarrollado a través de Consejos locales capaces de suministrar los representantes generales y de reflejar la voluntad de las pequeñas células de la vida social y económica [25] . Valois no hablaba del Parlamento del Trabajo socialista, sino de un esquema jerárquico divido en escalones de producción y en necesidades económica; por ello señalaba que “este esquema reposa no sobre una ideología, sino sobre principios deducidos de la observación de los hechos contemporáneos, y tiene en cuenta las necesidades de la producción y de las creaciones espontáneas de la vida económica” [26] . Esta preocupación por temas socioeconómicos le situó en la llamada “ala izquierda” de Accción francesa, ala que leia y debatía a G. Sorel y a P. Proudhon (Le Monarchie et la classe ouvriere, 1914, o La Revolution nacionale, 1922), y fue atraído finalmente por la experiencia del fascismo italiano (Le Fascisme, 1927) [27].

 

Años después, y a la sombra de Maurras, más de medio centenar de intelectuales buscaron en el “nacionalismo integral” el sistema político-social capaz de derrocar a la III República francesa. Esta generación tuvo su oportunidad en 1941, tras la división del país con la ocupación alemana. En febrero de 1941 Ch. Maurras  denominó como “divina sorpresa” la decisión del mariscal Philippe Pétain [1856-1951] de expulsar a Pierre Laval del Gobierno; por ello apoyó de manera plena la política del Gobierno de Vichy, en el que vio el símbolo de la unidad nacional, como continuación de la "Unión sagrada ” de 1914. El mismo mariscal llamó a Maurras y sus discípulos para dotar al nuevo Estado francés de un armazón doctrinal corporativo y antiparlamentrio, amén de contar con “La legión de Combatientes y Voluntarios” del coronel La Roque como movimiento político, y de la integración de los miembros del PSF (Partido Social francés) y del PPF de Jaques Doriot (Partido popular francés).

 

Así, en el París ocupado por las fuerza germanas, un sector declaradamente fascista se unió a las tesis de Drieu La Rochelle [1893-1945] sobre un Estado totalitario de extensión continental; mientras, en Vichy la “revolución nacional” desarrollada por Maurras tomó los valores conservadores de “trabajo, familia y patria”, alcanzando gran influencia los neotradicionalistas de Raphaël Alibert , convertido en ministro de Justicia, buscando establecer un régimen corporativo y agrarista. Los maurrasistas defendieron la retórica monárquica, los principios católicos, y la imagen idílica de la antigua sociedad gremialista y rural, gracias en gran medida a la labor de Philippe Henriot y Xaviert Vallat desde la Secretaria de propaganda. Pese a su rotundo “antigermanismo”, al final de la II Guerra mundial Ch. Maurras fue condenado a cadena perpetua y su revista fulminantemente prohibida. El nuevo régimen presidencialista y estatista marcado por el general Ch. De Gaulle [1890-1970], dejó al corporativismo limitado a la burocratización del poderoso sindicalismo obrero y funcionarial, y a las propuestas “populistas” de Pierre Poujade [1920-2003]. Poujade fue el responsable de la fundación en 1954 de la Union de défense des commerçants et artisans (UDCA), movimiento en defensa de los intereses de las clases profesionales y grupos artesanales de las provincias francesas, frente al sistema fiscal estatal y el monopolio burocrático propio de la IV República [28] . El poujadismo se convirtió durante varias décadas en el portavoz de los “trabajadores independientes", de los "artesanos y comerciantes" de la Francia “de abajo” contra las “200 familias privilegiadas” [29] .

 

·- ·-· -······-·
Sergio Fernández Riquelme

 

Notas

 

[1] Véase Jerónimo Molina, La política social en la historia. Murcia, Ediciones Isabor, 2004, págs. 160-189.

[2] La aparición de la Política social respondía a una combinación de factores económicos políticos y psicológicos propios del siglo XIX, resultantes de la industrialización, el progreso de la democracia en el seno de los Estados centralizados y la creciente conciencia sobre los derechos políticos y sociales. Así definía a la Política social como “el conjunto de medidas para elevar el nivel de vida de una nación, o cambiar  las condiciones de vida material y cultural de la mayoría conforme a una conciencia progresiva de derechos sociales, teniendo en cuenta las posibilidades económicas y políticas de un país en un momento dado”. Esta definición cubría, para De Laubier, “un dominio que se sitúa entre lo económico y lo político como medio de conservación o reforzamiento del poder el Estado”. Patrick de Laubier, La Polítique sociale dans les societés industrielles. 1800 à nos tours . París, Economica, 1984, págs. 8-9.

[3] Las concepciones reformistas o autoritarias del corporativismo alumbradas al otro lado de los Pirineos, ejercieron una enorme influencia en nuestro país, bien por la cercanía geográfica, bien por el ascendiente de superioridad intelectual que gran parte de los académicos hispanos les otorgó. Del corporativismo católico, la modernización funcional del pasado romántico de La Tour du Pin fue el referente básico del Estado corporativo de Aunós y del Estado nuevo de Pradera, mientras Albert de Mun marcó en buena medida a Severino Aznar. De Durkheim tomaron nota algunos intelectuales, más cercanos al naciente debate sobre la ciencia sociológica que a las siempre lejanas tesis sobre el positivismo y el funcionalismo: el krausoinstitucionista Azcárate criticaba el “sociologismo” de Durkheim por abordar la materia religiosa desde el positivismo sociológico. Véase Gumersindo de Azcárate, La religión y las religiones, Conferencia en la Sociedad El Sitio. Bilbao, 16 de mayo de 1909, págs. 259-260), Adolfo G. Posada fue lector suyo de la  mano de Duguit y Le Bon,  mientras Severino Aznar hacía referencia al prefacio de la segunda edición de la División apuntado que “toda escuela sociológica y positivista científica que tiene admiradores en todo el mundo culto ha llegado a las mismas conclusiones que desde hace medio siglo están difundiendo los reformadores sociales católicos. Durkheim, que no tiene ninguna religión positivista, y que es hoy el mayor prestigio sociológico de Francia, llegó a las mismas conclusiones que Hitze, sacerdote, uno de los más ilustres campeones del régimen corporativo de Alemania” Cfr. Severino Aznar Estudios económicos y sociales. Madrid, Instituto de Estudios Políticos, 1946, pág. 214. Las primeras ediciones de las obras de Durkheim en España reflejan, por sus fechas, cierta tardanza en su publicación, y por sus traductores, cierta pluralidad de corrientes: el abogado Antonio Ferrer y Robert, el jurista Mariano Ruiz Funes, el sociólogo Carlos G. Posada, el politólogo Francisco Cañada y el líder sindical Ángel Pestaña. Posteriormente fue objeto de atención por la filosofía social de la Escuela de Madrid, y en especial por José Ortega y Gasset y su modelo burgués y meritocrático, profesional y laico de “orden moral” para la sociedad de su época. Mientras, del corporativismo sindical implantado por la CGT, tomaron nota socialistas como Fabra, De los Ríos y Besteiro; del “nacionalismo integral” de Charles Maurras y el “legitimismo” de Bainville quienes ayudarían decisivamente al punto de inflexión de la tradición corporativa española desde las páginas de Acción española o en el organicismo de la Lliga catalanista de F. Cambó y Ventosa.

 

[4] Al respecto véase Daniel Ligou, Histoire du socialisme en France, 1871-1971. París, Presses Universitaires de France, 1962, págs. 416-417.

[5] F. Ponteil, Les classes bourgeoises et l´avenement de la democratie, 1815-1914. París, Albin Michel, 1968, págs. 438 sq.

[6] Ídem , pág. 482.

[7] G. Fernández de la Mora , Los teóricos izquierdistas de la democracia orgánica. Barcelona, Plaza y Janés, 1986. pág. 175.

[8] Aunós  lo llegaba a considerar como el verdadero “anti-Marx” en el prologará en la edición española René la Tour du Pin, Hacia un orden social cristiano. Madrid, Cultura español, 1936, pág. 34-35.

[9] Ídem, pág. 484.

[10] Su idea de “Monarquía neotradicional” afectó sobremanera a los alfonsinos de Renovación española, a los tradicionalistas de Pradera y a distintos intelectuales nacionalistas españoles (de Eugenio d´Ors a Ernesto Giménez Caballero). Con la lectura de Maurras, el neotradicionalismo hispano rescataba a Donoso y Balmes (entrelazados con Bonald  y De Maistre), modernizaba la difusión de su doctrina y sus medios de movilización. Pese al agnosticismo declarado del doctrinario provenzal y la condena vaticana a través de la Encíclica Nous avons lu, varios elementos le hacían imprescindible: la restauración monárquica, el antidemocratismo corporativista, el nacionalismo tradicionalista, y la posibilidad de una “solución de fuerza”contrarrevolucionaria.

[11] Recogido en Charles Maurras , “Trois idees politiques”, en Romantisme et Revoiution. París, Nouvelle Librairie Nationale, 1922, págs. 262 sq.

 

[12] Herni Massi , La vida intelectual en Francia en tiempo de Maurras . Madrid, Rialp, 1956, págs. 21 sq.

[13] A quién prologó su obra Jacques Bainville , Lectures. París, Arthème Fayard, 1937.

[14] Sobre los orígenes de este movimiento destacan las obras de Raoul Girardet , Le Nationalisme français, 1871-1914, Seuil, Paris, 1983 ; y François Huguenin, À l'école de l'Action française, Lattès, Paris, 1998 

 

[15] Sobre su influencia en España véase P.C. González Cuevas , “Charles Maurras  y España”, en Hispania, vol. 54, nº 188. Madrid, CSIC, 1994, págs. 993-1040; y “Charles Maurras en Cataluña”, Boletín de la real Academia de la Historia, tomo 195, Cuaderno 2. Madrid, 1998, págs. 309-362

[16] Charles Maurras , Romantisme et Revolution, Nouvelle Librairie Nationale, París, 1922, pág. 11.

 

[17] Ch. Maurras , La politique religieuse”,  en La democratie religieuse. París, Nouvelles Editons Latines, 1978, pág. 289.

 

[18] Pierre Hericourt, Charles Maurras , escritor político. Madrid, Ateneo, 1953, págs. 13 sq.

[19] Dimensión de su pensamiento analizada por Alberto Caturelli, La política de Maurras y la filosofía cristiana. Madrid, Ed.Nuevo Orden, 1975.

[20] Ch. Maurras, Encuesta sobre la Monarquía. Madrid , Sociedad General Española de Librería, 1935, págs. 65 y 705-706.

[21] Ch. Maurras, Mes idees poiitiques. París, Fayard, 1937, págs. 257 sq

 

[22] Movimiento estudiado por Eugene Weber , L'Action Frangaise. París, Fayard, 1985.

[23] Junto al diario L'Action Française, otros órganos de difusión de las ideas maurrasianas fueron el Círculo Fustel de Coulanges o la Cátedra Syllabus.

[24] Sobre su obra doctrinal podemos citar el estudio de Yves Guchet, Georges Valois .L’action Française - Le Faisceau - La république Syndicale. París, Albatros, 1975.

[25] Georges Valois , L'économie nouvelle. París, Nouvelle Librairie Nationale, 1919, págs. 24 sq.

[26] Publicado en España como G. Valois , “La representación de intereses”, en Acción española, nº 51, Madrid, 1934, págs. 80 y 81.

[27] Eugene Weber , “Francia”, en H. Rogger y E. Weber,  op.cit., págs. 63-108 .

[28] Poujade protagonizó desde 1953 una revuelta contra el Estado francés, encabezando un notable grupo de pequeños comerciantes que protestaba contra la que consideraban como una elevada presión tributaria, tanto normativa como administrativa. Nacía el llamado “poujadismo”, que tras fundar el grupo político ”Unión de Defensa de los Comerciantes y Artesanos (UDCA)”, entró en la misma Asamblea Nacional de 1956 con 52 escaños, entre ellos el de un joven J. M. Le Pen. Aunque la llegada del general De Gaulle, a la presidencia de la  República en 1958, comenzó a frenar la expansión de este experimento político, que años más tarde el Frente Nacional quiso capitalizar como antecedente.

[29] Un testimonio directo lo encontramos en Pierre Poujade,  J'ai choisi le combat Saint-Céré, Société générale des éditions et des publications, 1955.

lundi, 02 novembre 2009

La fin du modèle français d'assimilation

19477.jpgLa fin du modèle français d’assimilation

ex: http://qc.novopress.info/

Depuis une trentaine d’années, les pays européens sont en proie à une immigration continue et massive, essentiellement extra-européenne, voulue et entretenue par un patronat en quête de main-d’œuvre bon marché.
Face à cet afflux inédit de populations étrangères, les pays européens ont dû à la fois organiser leur installation sur leurs territoires nationaux et tenter de leur trouver une place dans la société. Chaque pays ayant usé de solutions différentes héritées essentiellement  de leur histoire et de leur culture.
Ainsi les nations nordiques, reposant essentiellement sur un socle ethniquement germanique, optèrent pour une société organisée en communautés ethno-raciales au sein desquelles les individus conservèrent leurs mœurs et leurs traditions. L’exemple le plus parfait de ce schéma se rencontre en Angleterre et tient au fait, comme l’explique E. Todt, que « la société britannique donne une définition raciale de la différence immigrée ; [alors que] la société française [en donne] une définition culturelle« . Autrement dit, plus un individu est racialement proche du « standard britannique », et plus les anglais auront tendance à le reconnaître comme l’un des leurs.

En totale opposition au schéma communautariste, la France a développé un système basé sur l’assimilation des « nouveaux venus », qui consistait en un dépouillement (acculturation) de la culture d’origine pour endosser ensuite la culture nationale à travers l’apprentissage de la langue française et de l’histoire nationale (« le roman national »). Pour parvenir à ce résultat, l’Etat s’appuyait sur différentes instances : l’école, l’armée (à travers le service militaire), les partis politiques, les syndicats qui constituaient autant d’espaces de socialisation et d’assimilation permettant de « fabriquer  des français » dans des temps très courts, leur ouvrant ensuite la voie à une possible ascension sociale. Qui mieux que Napoléon symbolise ce « génie français » ?  Quand ce fils de petit notable Corse vient au monde, l’île de Beauté n’est française que depuis un an, ce qui ne l’empêcha pas d’intégrer l’armée avant d’embrasser la carrière politique dont son couronnement sous le titre d’ « Empereur des Français » marqua l’apogée.

Cependant, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le modèle français a été remis en cause sous la pression conjuguée de deux phénomènes, l’un exogène, l’autre endogène :
La construction européenne tout d’abord, qui, contraignant les Etats a se conformer aux directives de la Commission Européenne, dont l’unique objectif est la performance économique et l’intégration de l’espace européen dans la mondialisation libérale, a fait entrer en crise les Nations et par la même leurs systèmes sociaux et leurs institutions sur lesquels les Etats s’appuyaient.

Au niveau national ensuite, où les différentes associations anti-racistes des années 80 ont comparé l’assimilation au dernier avatar du « fascisme » Français en y substituant à la place « le mythe des  racines et des origines ». C’est oublier un peu vite que toutes les générations durent s’y plier, à un moment ou à un autre, à commencer par les Bretons, les Basques, les Alsaciens et autres Auvergnats, qui, dans le droit prolongement du rapport de l’abbé Grégoire (Rapport sur la nécessité d’anéantir le patois, & d’universaliser l’usage de la langue française), furent contraints, sous la IIIème République, d’abandonner l’usage du patois dans la sphère publique au profit du Français.

Or, ce fut précisément au moment où notre pays dut faire face à une nouvelle vague migratoire composée d’individus culturellement et ethniquement plus éloignés de la population autochtone, que notre modèle d’assimilation a été mis à mal alors qu’au contraire son renforcement aurait été plus que jamais nécessaire : on conviendra sans peine que l’assimilation d’un Belge ou d’un Italien blanc catholique est plus aisée que celle d’un Maghrébin Musulman ou d’un sub-Saharien (fut-il Chrétien).

9782707149510R1.jpgL’Etat ne jouant plus son rôle de créateur de lien social et l’école ne remplissant plus son rôle d’assimilation, ces populations récemment arrivées sur notre sol sont en proie à un vide identitaire découlant d’un rejet violent de la civilisation française (attitude que l’on retrouve également aujourd’hui chez beaucoup de « petites têtes blondes »).Elles compensent ce vide en endossant des identités alternatives, souvent inspirées ; pour les jeunes Noirs, des « gangs » américains et pour les jeunes Maghrébins, de la « mythification du bled » fièrement affichée et revendiquée, à en juger par le port de nombreux vêtements aux couleurs du Maroc ou de l’Algérie, dont le commerce tire par ailleurs profit. De plus, ce que l’on présente un peu hâtivement comme une « réislamisation » de ces populations ne trahit pas tant « un retour du religieux » que l’apparition d’un « Islam identitaire » destiné à palier cette crise identitaire. Si beaucoup pratiquent le Ramadhan, combien en revanche prient cinq fois par jour tout au long de l’année ? Combien ont lu le Coran en entier ? Combien ont fait ou feront leur voyage à la Mecque ? De plus, comment trouver sa place dans la société quand on ne possède qu’un bagage lexical d’une pauvreté inouïe, mêlant « verlan », français et mots nord-africains ou sub-sahariens ?

Pour tenter de remédier à l’échec des « quartiers » les gouvernements, depuis vingt-cinq ans, ont dépensé, sans grand résultat, trente cinq milliards d’euros dans des « plans-banlieue » afin de réorganiser l’urbanisme, de venir en aide à différentes associations. Tout ceci sans compter la mise en place de « la discrimination positive à la française », dernier « accessoire idéologique » importé des pays anglo-saxons qui sape la promotion sociale au mérite, rendue difficilement possible, tant l’enseignement en « Z.E.P. », aux dires de certains professeurs, s’est transformé en un chemin de croix quotidien. Les parents qui en ont les moyens financiers quittent alors ces zones afin d’inscrire leurs enfants soit dans des établissements publics plus « cotés » et plus calmes, soit dans des établissements privés, gage à leurs yeux d’une meilleure qualité de l’enseignement.

La bataille consistant à savoir lequel des deux modèles, communautariste ou assimilationniste, s’avère être le plus adéquat est vain dans la mesure où les flux migratoires, toujours plus massifs et continus, les ont voués à l’échec laissant le problème irrésolu. Cependant, le modèle Britannique a obtenu de toute évidence des résultats bien plus médiocres que le modèle français. Ce dernier semble pourtant bien malgré lui s’engager sur cette voie, à en juger par l’apparition de multiples « conseils représentatifs » communautaires (C.R.A.N. , évocation d’un C.R.I.F. Musulman, etc…) dont le Conseil représentatifs des institutions juives de France (C.R.I.F.) sert de matrice.

Source : Dies Irae [1]


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[1] Dies Irae: http://www.dies-irae.fr/actualites-n116-la-fin-du-modele-francais-assimilation.html

dimanche, 01 novembre 2009

Der Deutsch-Französische Krieg 1870/71

haselhorst%20der%20deutsch%20franz%20kri.jpgDer Deutsch-Französische Krieg 1870/71

  • Autor: Jan Ganschow, Olaf Haselhorst, Maik Ohnezeit (Hrsg.)
  • ISBN: 978-3-902475-69-5
  • Verlag: ARES

Der Deutsch-Französische Krieg 1870/71 als wichtiges historisches Datum wird in diesem Buch aus vielen Perspektiven betrachtet.


Er zählt ohne Zweifel zu den Ereignissen, die den Lauf der Geschichte wesentlich beeinflusst haben: der Deutsch-Französische Krieg 1870/71. Nach dem Krieg Preußens und seiner Verbündeten gegen Frankreich wurde das Deutsche Reich in Versailles gegründet und die dominierende Stellung Deutschlands in Europa eingeleitet, mit der die Person Otto von Bismarck untrennbar verbunden ist. Deutschland wurde in der folgenden Periode, die Mitteleuropa fast ein halbes Jahrhundert Frieden und einen beispiellosen wirtschaftlichen Aufschwung brachte, zu einem der wichtigsten Mitspieler in der Weltpolitik.


Im Buch „Der Deutsch-Französische Krieg 1870/71“ versammelt der Historiker Olaf Haselhorst als Herausgeber eine Gruppe von Fachleuten, die dieses historische Ereignis aus den unterschiedlichsten Perspektiven beleuchten. Die politischen und militärischen Ereignisse im und rund um den Deutsch-Französischen Krieg werden genauso analysiert wie die damalige Waffentechnik, die wirtschaftlichen und gesellschaftlichen Voraussetzungen der Kriegsparteien und der völkerrechtliche Aspekt.


Durch die Beiträge der ausgewiesenen Experten wird das Buch zur unentbehrlichen Lektüre historisch Interessierter, die Wert auf das Verständnis europäischer Zusammenhänge bis in die Gegenwart legen.


Der Herausgeber:
Olaf Haselhorst ist Historiker, studierte Geschichte und Slawistik in Hamburg und St. Petersburg und diente zwölf Jahre bei der deutschen Bundesmarine. Er ist als Übersetzer in Hamburg tätig. Haselhorst veröffentlichte zahlreiche Beiträge zur Politik- und Militärgeschichte.

Die Autoren:
Zu den Autoren der einzelnen Fachbeiträge zählen Univ.-Prof. Lothar Höbelt (Professor für Neuere Geschichte an der Universität Wien), General Dr. Franz Uhle-Wettler (militärhistorischer Publizist und ARES-Autor), Dipl.-Ing. Alexis Giersch (Marineoffizier und Historiker), Dipl.-Ing. Lothar Kuhr, Dr. Harald Lönnecker (Historiker und Archivar der Deutschen Burschenschaft), Dipl.-Volkswirt Dirk Schmidt (Hptm. d. Res. der Bundeswehr), Jan Ganschow (Hptm. d. Res. der Bundeswehr, Jurist), Dr. Maik Ohnezeit (promovierter Historiker, zurzeit wissenschaftlicher Mitarbeiter im Wissenschaftsreferat Neuzeit/Referat Museumspädagogik des Braunschweigischen Landesmuseums).

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samedi, 31 octobre 2009

Dominique de Roux et L.-F. Céline

derouxceline2.jpgDominique de Roux et L.-F. Céline

Textes parus dans "Le Bulletin célinien", n°286, mai 2007

 

 

Passionnante correspondance que  celle de  Dominique de Roux.  Les lettres du début des  années  soixante  intéresseront  particulièrement les lecteurs de ce Bulletin.  On y voit  un  jeune homme  de vingt-sept ans préparer activement un monument qui éblouira plusieurs générations de céliniens.  Comme l’écrit Jean-Luc Barré, l’éditeur de cette correspondance, « Dominique de Roux prend conscience de l’ostracisme qui pèse, depuis la fin de la guerre,  sur  une  génération de poètes et d’écrivains frappés d’interdit en raison de leurs prises de position politiques, nonobstant le génie de quelques-uns dont Céline. Cette prise de conscience sera à l’origine, en 1961, de la création des Cahiers de l’Herne, précisément conçus pour réhabiliter ou faire mieux connaître l’œuvre des “grands réprouvés” de la création contemporaine, française et étrangère. » 

 

   Quelques mois avant la mort de Céline, en mars 1961, Dominique de Roux songe à lui écrire afin de solliciter son témoignage sur Bernanos auquel sera consacré le deuxième « Cahier de l’Herne » (le premier fut centré sur René-Guy Cadou). Le 10 juillet, il écrit à Robert Vallery-Radot : « Je devais aller le voir pour notre Cahier Bernanos, saisir une interview sur votre ami. C’est à Bernanos mort qu’on a demandé un témoignage sur le Céline enterré. Le Figaro a ressorti un article qui traite du Voyage au bout de la nuit»

Comment ne pas rêver à cette rencontre Céline – de Roux ¹ et regretter que le premier n’ait pas pu prendre connaissance de cette somme à lui consacrée ?

   Pour ce cahier, il rencontre, au début de l’année suivante, Lucien Rebatet qui lui donnera un intéressant témoignage : « L’homme m’a reçu très gentiment, avec une gentillesse dont je ne doutais pas ; mais vous le connaissez, petit, nerveux, robuste, avec des muscles longs, des muscles sur les mains, une tête carrée, des yeux vifs, une voix grave, de la gorge, un peu capitaine de la marine en bois, s’exclamant, riant, s’enquérant tour à tour, violent parfois et avide de se renseigner. (…) Ce que je regrette le plus en cet homme courageux dont le premier abord m’a pris, c’est son esprit antisémite, toujours, et  une certaine méchanceté encore, qui fait des Décombres un livre insupportable malgré des pages magnifiques et un chapitre sur Maurras, Pujot, l’A. F. de la rue du Boccador qui est un portrait d’anthologie. » Et de conclure le portrait par cette formule tranchante comme un couperet : « Rebatet, c’est Robespierre ».

   En août, on le voit travaillant à ce numéro qui sortira de presse au début de l’année suivante : « J’émerge de plusieurs semaines de travail consacrés entièrement à Céline. Je n’ai pas levé les yeux de kilos de documents : revues, coupures de presse, etc.,  les classant, les relevant en une bibliographie précise. J’ai remonté de la nuit à l’aurore. Quel poète énorme, quel lyrisme ! Quelle pitié ! »

   derouxceline3.jpgEn octobre, il rencontre deux autres témoins importants : Marcel Brochard, qui lui fera des confidences (dont certaines absentes de son témoignage), et Évelyne Pollet qui vint le voir à Paris : « Céline disait : une ville pour moi est une femme. Étreintes rapides dans les hôtels du bord de l’Escaut, détails croustillants (il faisait vite et une fois lavé interdisait qu’on lui parle amour). Évelyne, cinquante-cinq ans, belle encore, haute stature flamande, blonde, yeux bleus, de beaux restes, pleure sur son amant. »

   Bien entendu, Dominique de Roux se rendit à plusieurs reprises à Meudon : « Cet après-midi, le jour tombant, je l’ai passé assis sur des nattes dans le bureau de Céline à Meudon, sa femme Lucette si fine, si aérienne, si gracieuse, parlant de Louis, de Saint-Malo… »

Portrait sensible qui ne sera pas payé de retour : Lucette le qualifia de « brillant avorton, visqueux à force d’être brillant », lui reconnaissant tout de même une « belle énergie littéraire » ² — et pour cause.

   Alors que ce premier cahier de l’Herne consacré à Céline est sorti de presse, il songe déjà à « un livre (…) qui ne serait pas une vie de Céline, mais comme Bernanos a écrit sa vie de Drumont. ». En juin 1965, il est aux prises avec cet ouvrage : « Cela m’épuise. L’écriture est comme l’amour fou, une obsession, un penchant morbide et l’effort m’éreinte. »

On regrette évidemment que, dans cette correspondance choisie, il n’y ait aucun écho de la réception critique tumultueuse de son livre La mort de L.-F. Céline et notamment de la polémique avec l’équipe de Tel Quel. Il faut surtout regretter que l’éditeur de cette correspondance n’ait pas pris contact avec Marc Hanrez, autre pionnier célinien, auquel Dominique de Roux adressa une centaine de lettres dont, on s’en doute, beaucoup concernent précisément Céline.

 

Marc LAUDELOUT

 

1. Elle eut lieu néanmoins (voir ci-contre).

2. Marc-Édouard Nabe, Lucette, Gallimard, 1995, pp. 66-67.

 

 

 

Chronologie de Roux / Céline

Janvier 1963.  Parution  du premier numéro des  Cahiers de l’Herne consacré à Céline. Grand succès. Dominique de Roux y annonce la création d’une « Société des Amis de Céline ». Le siège de la société est fixé à Meudon, route des Gardes. Cette association, dont l’un des buts était de réunir de la documentation sur Céline, eut une existence éphémère, d’autant qu’elle fut rapidement désavouée par Lucette Destouches. « J’ai trop fréquenté un moment les “amis” de Céline pour vous dire qu’une telle association était impossible, tant les querelles, mesquineries, jalousies éclatent et fusent sans cesse. Madame Destouches n’avait fait que jeter de l’huile sur ce feu tremblant. Alors à quoi bon ? Mieux vaut continuer de défendre sa mémoire et son œuvre en en parlant, en écrivant sur Céline et nous retrouver comme aujourd’hui amis, grâce à l’auteur du Voyage » (lettre de Dominique de Roux à Edmond Gaudin, 1968).

 

deroux.jpgMars 1962 : Dominique de Roux souhaite la réédition de Bagatelles pour un massacre. Refus en mai de Gallimard. « Je le trouve révulsé. Il me montre une lettre qui vient de lui arriver de la maison Gallimard, en réponse au vœu qu’il exprimait de savoir, avant Cahier, si seraient rééditées Bagatelles pour un massacre. Non, lui dit-on, en aucune façon il ne sera procédé à cette réédition, ni dans l’immédiat ni dans un futur volume de Céline en Pléiade. C’est définitif. Paulhan bien d’accord là-dessus lui aussi. Dominique de Roux râle, frappe la lettre de son coupe-papier, conchie  les lâchetés éditoriales ! »  (Christian Dedet,  Sacrée  jeunesse,  op.  cit., p. 385). Deux ans plus tard, le projet d’une « anthologie » des pamphlets de Céline, par les éditions de L’Herne, ne sera pas davantage couronné de succès.

 

Mars 1965. Second numéro spécial des Cahiers de l’Herne consacrés à Céline.

 

Hiver 1966 : Parution de La mort de L.-F. Céline aux éditions Christian Bourgois. Violente polémique  entre  Dominique de Roux et  la revue Tel quel,  dirigée par Philippe Sollers, suivie d’un non moins violent réquisitoire de Jean-Pierre Faye dans Le Nouvel Observateur. Le livre obtient le « Prix Combat » au début de l’année suivante.

 

Mars 1968 : Première réédition (partielle) des « Cahiers de l’Herne » sur Céline en format de poche (Éd. Pierre Belfond). La seconde paraîtra en 1987 (Le Livre de poche).

 

Avril 1969 : Participation de Dominique de Roux à l’émission « Bibliothèque de poche » de Michel Polac consacrée à Céline. Déprogrammée, cette émission sera finalement diffusée en deux parties, les 2 et 18 mai, sur la 2ème chaîne de la télévision française.

 

1972 : Réédition en un volume, sans l’iconographie mais avec la bibliographie mise à jour, des deux Cahiers de l’Herne.

 

Mars 1997 : La revue Exil (H) publie un numéro spécial « Dominique de Roux / Louis-Ferdinand Céline » sous la direction de Pascal Sigoda.

vendredi, 30 octobre 2009

Les "Ailleurs" d'Henri Michaux

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1998

Les Ailleurs d'Henri Michaux

 

Sous le titre Les Ailleurs d'Henri Michaux, la revue belge Sources  a publié les actes d'un colloque consacré au grand poète à Namur en 1995. Des nombreuses interventions, nous citerons un passage de Sylviane Gora; intitulée «Henri Michaux: sur la Voie orientale»: «Ce par quoi Michaux va être fasciné, d'une manière indiscutable, est cette possibilité pour un Oriental d'accepter et d'assumer tout sentiment d'incomplétude de soi. Michaux se détourne de la civilisation judéo-chrétienne dans laquelle il se sent si mal, s'expatrie au moins le temps d'un voyage, s'exile vers des pays autres, pays différents qui ne considèrent pas forcément la Raison comme une faculté universelle, qui font voler en éclats le principe d'identité et d'unité du sujet. L'Occidental décentré va trouver une autre orientation en Orient. Plusieurs principes spirituels ou principes philosophiques vont, dans une certaine mesure, le fasciner ou le séduire. Mais ces éléments vont ou non se couler subtilement dans son œuvre littéraire et picturale pour former ce fameux “alliage” dont parlait René Bertelé. Mais au fait, de quel Orient s' agit-il, de quelle religion en l'occurrence: le bouddhisme chinois ou tibétain, le taoïsme, le shintoïsme, etc.? De quelle peinture orientale s'agit-il? Ne risque-t-on pas de ressasser de belles généralités en tentant de la sorte de pointer du doigt tel ou tel aspect typiquement oriental chez Michaux? Ceci est beaucoup plus qu'une précaution oratoire. A mes yeux, le piège est réel. La seule manière de s'en sortir est de signaler, çà et là, et dans les limites de cette étude, d'étranges et de troublants accords entre cet Occidental par force et cet Orient à la fois réel et mythique. Ce que l'on peut dire, sans trop se tromper je crois, c'est que Michaux a été fasciné par l'art oriental (la peinture et la musique) ainsi que par la religion orientale, en particulier par la pensée hindoue en raison de son caractère foncièrement prométhéen. Dans sa longue quête de la connaissance, Michaux a été attiré par cette manière dont les Hindous considèrent la perte. Il constate en lui cette béance ontologique qui, dans le cadre européen, est perçue comme une faiblesse difficilement réparable. Il va être étonné par le renversement de perspective qu'opèrent les Orientaux dans ce domaine. Lui, le dépouillé, le pauvre hère, le désorienté va considérer la souffrance et le dépouillement de l'être comme des éléments nécessaires, vitaux, révélateurs de la condition humaine, en premier lieu parce que ces éléments donnent à l'être une conscience corporelle. François Trotet, dans «Henri Michaux ou la sagesse du vide», démontre combien la souffrance, notion centrale dans le bouddhisme, à la fois physique et intérieure chez le poète, est utile car elle permet à l'être d'acquérir une conscience corporelle dégagée de tout dualisme». A signaler aussi les bons textes de Jean-Luc Steinmetz («Le démon de Henri Michaux») et de Madeleine Fondo-Valette («Michaux lecteur des mystiques») (J. de BUSSAC).

 

Les ailleurs de Henri Michaux, Sources, Maison de la Poésie, (rue Fumal 28, B-5000 Namur),1996, 250 pages, 100 FF.

mercredi, 28 octobre 2009

Le Japon d'André Malraux

4154TYPFYKL__SL500_AA240_.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1998

Le Japon d'André Malraux

 

Michel Temman consacre un remarquable livre au Japon d'André Malraux. André Brincourt écrit dans sa préface: «N'oublions pas que, devant ce que ses contemporains appelèrent “Le déclin de l'Occident” ou “La crise de l'Esprit”, alors que le surréalisme naissant faisait table rase des valeurs, le jeune Malraux voulait, lui, chercher d'autres valeurs, un “autre” monde. Cet autre monde, ce fut l'Asie. N'oublions pas que l'une des dernières approches avant la mort fut d'aller contempler la cascade de Nachi pour y rejoindre la “lumière” dans tous ses symboles, pour y nourrir une dernière fois ses rêves de spiritualité. Il nous l'avait dit: l'appel de l'Asie était celui de l'âme  —cette surréalité en marge de l'apparence, ce dépassement promis à notre “solitude sinistre”, l'une des formes possibles de l'Anti-destin... Notre chance est que Michel Temman, par cette lumière même, éclaire pour nous l'essentiel d'une œuvre, et, se distinguant de maintes biographies trop complaisamment tournées vers l'Aventurier, y trouve le fondement même d'une pensée qui révèle plus que jamais son orientation métaphysique. “L'Occident veut comprendre par l'analyse, l'Orient veut vivre le divin”, disait Malraux». André Malraux s'était intéressé au seppuku de Mishima. M. Temman écrit à ce propos: «Yukio Mishima ne s'est pas suicidé. André Malraux est catégorique: son acte n'était pas un suicide car le seppuku  est d'abord un rite qui ignore l'idée de la mort. Il y avait donc surtout dans l'acte de l'écrivain japonais, outre une portée politique et idéologique très nette, une charge rituelle forte chargée du poids du passé. Aussi Malraux pense-t-il qu'il faut distinguer “la mort romaine” et rituelle de Mishima et ce que l'on croit être une “mort romantique”. “Pour Mishima, expliqua-t-il à Tadao Takemoto, la mort en tant qu'acte, a une réalité très forte”. “Il me semble que l'acte de Mishima a été le moyen de posséder sa mort”. En tout cas, ajoute-t-il, “je me sens plus à l'aise avec le “suicide” de Mishima (qui n'est pas un suicide) qu'avec le tuyau à gaz”. Pourquoi “l'acte Mishima” ne choque-t-il pas outre mesure André Malraux? D'abord parce que, comme il le précise encore à Tadao Takemoto, il n'a jamais vraiment compris ce “besoin” de faire du suicide “une faute ou une valeur”. Ensuite parce qu'il “serait normal de rencontrer une civilisation tout entière où il n'y aurait pas de “mort”!» (P. MONTHÉLIE).

 

Michel TEMMAN, Le Japon d'André Malraux, 1997, 266 pages,135 FF (Editions Philippe Picqier, Mas de Vert, F-13.200 Arles).

lundi, 26 octobre 2009

Terre & Peuple Magazine n°41

terreetpeuplen41

Editorial de Pierre Vial : Ils ont peur de la vérité

En Bref

- Chroniques de la décadence
- Nouvelles d’ici et d’ailleurs

Courrier des lecteurs
- Nationalisme et guerre

Guerre idéologique
- Eloge de la discrimination

Nos traditions
- Les fourneaux d’Epona

Culture

- Notes de lectures

DOSSIER – Notre écologie

Etat des lieux

- Georgie 2009

Source : Terre et peuple Provence

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samedi, 24 octobre 2009

Sarkozy est-il fou?

nicolas_sarkozy.jpgSarkozy est-il fou ?

Par Robert Spieler

Ancien député

Délégué général de la NDP

 

Je sais, je sais, je prends quelques risques en formulant ainsi la question. En d’autres temps, j’eusse été derechef été expédié aux galères, aux mines de sel ou écartelé sur la place publique.

 

Dieu merci, la démocratie autorise toute discussion historique, politique ou morale (je plaisante, bien sûr). Il est loin le temps de la liberté d’expression dont disposaient Chateaubriand, Proudhon, Rochefort, Georges Sorel, Edouard Drumont, Barrès, Léon Bloy, Bernanos, Léon Daudet, Henri Béraud, Céline, encore que certains dépassèrent les limites de la raison et furent durement persécutés. Je vous recommande à ce sujet « Les polémistes français depuis 1789 », de Pierre Dominique, ancien directeur de Rivarol, éditions La Colombe, 1962).

 

Sarkozy est-il vraiment fou ?

 

La question mérite d’être posée. « Libération » évoque aujourd’hui 16 octobre 2009 la révolte d’une partie de ses amis de l’UMP et du Nouveau Centre. Florilège : « La suppression de la taxe professionnelle, c’est se foutre du monde », dit Juppé ; la taxe carbone, « une histoire de shadoks », pour Gérard Longuet ; le déficit public, « on ne peut pas continuer ainsi », dit Charles de Courson ; lycéens payés, « à un moment, il faut dire stop », affirme Christiane Boutin, etc…, etc… Sans oublier Frédéric Mitterrand, dont Lionel Lucas, député UMP des Alpes-Maritimes, regrette « qu’il soit toujours ministre » et « qu’une partie de l’opinion est traumatisée ».

 

Sur ce dernier point, je pense, pardonnez moi, que Sarkozy a raison, même s’il a tort. Un chef n’abandonne jamais un compagnon, fût-il misérablement coupable, aux acharnements de la meute adversaire et aux lâchetés de son propre camp.

 

Mais l’affaire Jean Sarkozy, fils du ci-devant président de la République est assez extraordinaire, et pour tout dire fascinante et « signifiante »  de l’incroyable dégénérescence du Système.  Le président Sarkozy cherche à placer son fils de 23 ans, bachelier et conseiller général par la grâce de papa, à la tête de l’OPAD qui gère des sommes colossales dans le département des Hauts-de-Seine. Scandale, népotisme ! Même Rama Yade, ministre de Sarkozy évoque « une coupure entre l’élite et les petits ».

 

Comment Sarkozy, qui est tout, sauf un imbécile, a-t-il pu commettre une erreur pareille ? La réponse au prochain chapitre de mon texte…

 

Il aurait pu, habilement évoquer le libre vote (forcément favorable) des élus des Hauts-de-Seine décisionnaires. Cela n’aurait certes trompé personne. Non, il sollicite « au pied levé » (c'est-à-dire qu’il exige) une interview dans les colonnes du Figaro où il défend l’immense talent de son fils et dénonce une « méchanceté qui ne trompera pas les Français ».

 

J’observe, tel un entomologiste, les énervements des blattes du Système et je me demande : jusqu’où ira la chute ?

 

Les hommes politiques sont ils des psychopathes ?

 

Lisez le remarquable article paru sur François Desouche en date du 13 octobre, et dont je m’inspire totalement dans ce paragraphe.

 

Selon Jim Komi, vice-président de l’Association des commandants de police américains, les politiciens partagent certains traits de caractère avec les psychopathes, selon les résultats publiés par le Bureau d’analyse du Comportement du FBI, information relayée par le Los Angeles Times.

 

La psychopathie (attention à la définition : ne pas confondre avec l’acception courante concernant les grands criminels) est un trouble de la personnalité qui consiste à utiliser le charme, la manipulation, l’intimidation, et parfois la violence, pour contrôler et exploiter autrui à des fins personnelles. D’après l’étude, les traits de caractère sont : La faconde, le charme superficiel, un sens démesuré de sa propre valeur, le mensonge pathologique et la manipulation d’autrui. Les traits affectifs incluent notamment l’absence de remords, l’absence du sentiment de culpabilité, une certaine superficialité, un manque d’empathie et l’impossibilité d’accepter sa propre responsabilité en cas d’échec.

 

Les habitudes de vie incluent la recherche de la stimulation permanente, l’impulsivité, l’irresponsabilité et une ambition démesurée.

 

L’étude note que les délinquants violents sont des psychopathes, mais que tous les psychopathes ne sont pas des délinquants violents, et que ces mêmes traits existent chez les femmes et hommes attirés par les positions les plus médiatisées et les postes de pouvoir.

 

De Raymond Barre à ….

 

La définition du psychopathe politique susmentionnée concerne quelques « oiseaux » de gauche, de droite et d’extrême droite que d’aucuns reconnaitront…

 

Un souvenir m’a marqué. J’avais, comme je l’ai déjà raconté, invité Raymond Barre, ancien premier ministre, à prendre la parole, en 1983, dans le cadre du club d’opposition « Forum d’Alsace » que j’avais fondé, devant une centaine de chefs d’entreprise alsaciens. Raymond Barre, un gros nounours, d’allure plus que sympathique. Un brave chef d’entreprise alsacien, maitrisant médiocrement la langue française, lui posa une question nullement agressive mais que Raymond Barre prit pour telle. « Vous feriez mieux d’apprendre à parler correctement le français », fut sa réponse. Consternation… Daniel Hoeffel, son ex ministre alsacien, qui était présent, me confia que ses comportements en Conseil des ministres et auprès de ses collaborateurs étaient identiques…

 

Conclusion : le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou, et même le lointain souvenir du pouvoir…

 

Sarkozy est-il fou ? Mais non, il est normal…

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lundi, 19 octobre 2009

L'Etat belge: un pantin aux mains de GDF-Suez

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L’Etat belge: un pantin aux mains de GDF-Suez

 

On le sait: l’Etat belge a été ébranlé en ses fondements par la crise qui a fragilisé deux grandes banques au départ belges: DEXIA (ex-Crédit Communal) et Fortis (ex-Société Générale). Tout comme le secteur énergétique, avec Electrabel absorbé par GDF-Suez, les deux banques sont désormais les annexes de groupes français dont la BNP. L’indépendance belge n’est plus qu’une fiction: l’ennemi héréditaire français, de Philippe-Auguste à l’Universelle Aragne et de François I à Sarközy, a enfin colonisé économiquement et financièrement le dernier lambeau de l’ancienne Lotharingie, dont il ne reste plus que les Pays-Bas, rénégats à l’égard de tout passé impérial, la Suisse romande, le Luxembourg et la Padanie transalpine.

 

Pour éviter l’effondrement des deux grandes banques, l’Etat fédéral belge avait injecté des milliards dans leur escarcelle poreuse puis accepté leur absoprtion dans les groupes français. En compensation, l’Etat fédéral a demandé à ces banques et au secteur énergétique de soutenir son futur budget. Gérard Mestrallet, patron de GDF-Suez, vient de refuser tout net. Déjà, le géant français de l’énergie devait payer l’an dernier la somme de 250 millions d’euro. Il n’a pas versé un centime! La cotisation de cette année serait de 500 millions, que conteste GDF-Suez devant la Cour Constitutionnelle. L’erreur du Premier ministre démocrate-chrétien flamand Van Rompuy est d’avoir inscrit ces sommes au budget sans attendre l’arrêt de cette Cour Constitutionnelle. Minable expédient d’un gouvernement de nullités, de fantoches, de bas-de-plafond, condamné au “sur place”, faute de volonté et de moyens. Faute aussi de perspectives et de consciences historiques.

 

Toute l’affaire, explique l’éditorialiste du “Morgen”, Yves Desmet, rappelle les dures paroles de feu Karel Van Miert, leader socialiste flamand puis Commissaire européen à la concurrence (où il s’est aligné sur les critères imposés par le néo-libéralisme...). Van Miert: “Les hommes politiques belges ne font pas le poids devant Electrabel. Les consommateurs et les entreprises belges paieront encore leur électricité très cher et pendant très longtemps”. Et: “Aucun gouvernement n’a encore eu le courage de s’en prendreà Electrabel”.

 

Yves Desmet est encore plus caustique: “Mestrallet, avec une arrogance inimaginable, coiffe au poteau le gouvernement belge en annonçant sans sourciller qu’il peut se mettre où je pense, c’est-à-dire là où jamais ne luit l’astre solaire, la cotisation de 500 millions prévue pour Electrabel. Et voilà notre gouvernement belge envoyé au coin comme un morveux de maternelle”. Le contribuable, déjà saigné aux quatre veines, va devoir payer la facture! Alors que la prolongation de la mise en service des centrales nucléaires, accordée au bénéfice du secteur énergétique, va rapporter à celui-ci, sans plus aucun investissement nécessaire, plus de deux milliards d’euro, somme qui, normalement, si nous avions un gouvernement digne de ce nom, rapporter 610 millions d’impôts. Or Electrabel n’a jamais payé le moindre impôt en Belgique, s’empresse d’ajouter Yves Desmet (1). Qui va encore plus loin: “Le gouvernement Van Rompuy poursuit ici une tradition bien belge: en échange d’une aumône, on reste le paillasson de Paris, on accepte la totale dépendance énergétique et on empêche que la libre concurrence s’installe sur le marché de l’énergie”.

 

Pire: le second joueur sur le marché belge de l’énergie, Luminus, tombera bientôt entre les mains de l’EDF, autre géant français, dont l’Etat sarköziste est le principal actionnaire. Desmet: “Alors l’Elysée pourra, de son propre chef et sans jamais être soumis à aucun contrôle, fixer le prix que chaque Belge devra payer pour son énergie”. Alors qu’il paie déjà de 20 à 30% de plus que les autres Européens, grâce aux ponctions que lui administre l’Etat français, via le secteur de l’énergie. Vous avez dit “colonisation”? Les Sénégalais et les Tonkinois ont certainement été moins grugés à l’époque coloniale... Desmet poursuit: “Les politiciens belges pourraient en réaction menacer de fermer les centrales nucléaires. Mais ils sont là, immobiles et pantois, et laissent faire. Avec les doigts sur la couture du pantalon, en se rendant compte qu’ils ne sont que des nains”. Des nains, des gnômes, soumis à de perpétuels chantages: Suez menace tantôt d’abandonner le terminal gazier de Zeebrugge tantôt de retirer ses parts dans “Brussels’ Airlines”.

 

Le langage de Desmet et de ses collaborateurs à la rédaction du “Morgen” a des accents nationalistes, bien plus nationalistes que les discours de ceux qui revendiquent cette étiquette. Pour des hommes qui oeuvrent dans  un journal qui affirme plonger ses racines dans l’esprit de mai 68, c’est effectivement un beau progrès.

 

Sources:

Johan CORTHOUTS, “België niet opgewassen tegen Electrabel”, in: “De Morgen”, 16 oct. 2009.

Yves  DESMET, “Suez”, in: “De Morgen”, 16 oct. 2009.

Bart EECKHOUT / Johan CORTHOUTS, “Sue betaalt ‘zéro euro’”, in: “De Morgen”, 16 oct. 2009.

 

Note:

(1) Electrabel, explique le journaliste du “Morgen”, Johan Corthouts, ne paie aucun impôt de société grâce à des techniques fiscales très élaborées et à des ventes de parts en carroussel permanent; Electrabel ne paie pas davantage d’impôt sur ses dividendes grâce à l’artifice des “intercommunales”.

 

samedi, 17 octobre 2009

Le Bulletin célinien n°312

Le Bulletin célinien n°312

Sortie du Bulletin célinien n° 312, octobre 2009.

Au sommaire :
* Marc Laudelout :
Bloc-notes
* Emmanuel Caloyanni : Ralph Soupault et Céline
* Serge Joncour & Camille Laurens : "Voyage" sur l'île déserte
* Omar Merzoug : Hommage à Philippe Bonnefis
* Alexandre Junod : Du "Voyage au bout de la nuit" à "End of the night"
* Roger Nimier : "Nord" de L.-F. Céline (1960)
* Michel Bergouignan : L.-F. Céline, contradictoire et passionné (I)


Un numéro de 24 pages, illustrations. Disponible contre un chèque de 6 € franco à l'ordre de M. Laudelout.

Le Bulletin célinien

B. P. 70

B 1000 Bruxelles 22

Balzac, révolutionnaire conservateur?

HBalzac.jpgDr. Hans-Christof KRAUS:

 

Balzac, révolutionnaire-conservateur?

 

Honoré de Balzac, écrivain français, est né le 20 mai 1799 à Tours et mort le 18 août 1850 à Paris. Après avoir fréquenté l’école à Vendôme, Tours et Paris, Balzac étudie de 1816 à 1820 le droit dans la capitale française. Après avoir obtenu son “Baccalauréat de droit”, il n’exercera finalement que le métier d’écrivain et de publiciste, la plupart du temps sans succès. Bref intermède: il fut éditeur et imprimeur de 1825 à 1827, ce qui se termina par une faillite catastrophique qui l’endetta jusqu’à la fin de ses jours. A partir de 1830, son oeuvre principale, “La Comédie humaine”, cycle de romans, parait à intervalles réguliers. Elle le rendra célèbre et lui procurera le succès. Désormais écrivain en vue, il s’engage politiquement dans le camp des légitimistes à partir de 1832. Mais sa candidature pour le Parlement, qu’on avait prévue, ne fut toutefois pas retenue. En tant qu’éditeur et rédacteur de revues telles “Chronique de Paris” (1836) et “Revue de Paris” (1840), il ne connut aucun succès. A partir de 1841, il dut affronter de sérieux problèmes de santé, parce qu’il travaillait trop mais cela ne l’empêcha pas d’oeuvrer inlassablement à la “Comédie”. Entre deux longs séjours en Russie (en 1847 et en 1849), chez celle qui deviendra  plus tard sa femme, la Comtesse polonaise Hanska, il prit une dernière fois position en politique française en 1848. Peu après son retour à Paris, il mourut d’épuisement, écrasé par le travail.

 

Dans la “Comédie humaine”, Balzac a mis sous une forme romanesque un panorama quasi complet de la vie politique et de l’histoire françaises entre 1789 et 1840. Il subdivisa son oeuvre en “Scènes”: “Scènes de la vie privée”, “Scènes de la vie provinciale”, “Scènes de la vie parisienne”, “Scènes de la vie politique”, “Scènes de la vie militaire”, “Scènes de la vie rurale”. Les figures principales de ces “scènes” sont, notamment, l’écrivain Lucien de Rubempré, qui se surestime et atteint l’hybris, Vautrin, criminel notoire, Rastignac, le carriériste et le courageux écrivain légitimiste d’Arthez. Sous l’influence d’écrits alchimiques, mystiques et magiques, Balzac développa une curieuse “doctrine de l’énergie”, qu’il nous faut comprendre si nous voulons saisir le sens de son oeuvre. Cette doctrine conçoit l’individu mais aussi les Etats, les peuples et les cultures comme des instances porteuses d’énergies. Elle postule dès lors que les plus hautes valeurs sont celles qui maintiennent ou augmentent cette énergie, en faisant preuve de mesure et en assurant les continuités. Dans ce sens, nous pouvons dire que la pensée politique de Balzac  est “un conservatisme énergisant” (comme le remarquera Curtius).

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Les convictions politiques fondamentales de Balzac, d’essence conservatrice et légitimiste, se révèlent tout entières dans l’avant-propos de sa “Comédie” (rédigé en juillet 1842). Le christianisme, en l’occurrence le catholicisme, est pour lui “un système achevé pour refouler les tendances les plus perverses de l’homme et constitue de la sorte l’élément le plus puissant dans l’ordre social”, à condition qu’il soit associé au monarchisme. En toute logique, Balzac rejette ainsi le droit de vote illimité et la domination des masses qui en résulte (il dit qu’elles sont “tyranniques sans limite aucune”). Il écrit: “La famille et non l’individu est le véritable élément social”; expressis verbis, il se range “du côté de Bossuet et de Bonald au lieu de courir derrière les innovateurs modernes”.

 

Déjà dans ses premières brochures politiques de 1824, le jeune Balzac avait brisé une lance pour conserver et consolider le “droit d’aînesse” (in: “Du droit d’aînesse”) et avait défendu l’ordre des Jésuites  (“Histoire impartiale des Jésuites”). En 1830, il se prononce pour une monarchie de constitutionalisme modéré, qu’il dépeint comme un “heureux mélange” de despotisme extrême et de démocratie, bien qu’il voulût plutôt rénover la royauté patriarcale du moyen âge; en 1832, il se range du côté du légitimisme d’opposition, le plus rigoureux, et finit par défendre aussi l’absolutisme pré-révolutionnaire. En 1843, il avait prévu d’écrire un ouvrage politique, glorifiant la monarchie, mais ce projet ne se réalisa pas. Dans les dernières années de sa vie, Balzac se fit l’avocat d’une dictature légitimiste, appelée à rétablir l’ordre traditionnel. Ses orientations politiques demeurèrent constantes: il voulait le retour d’un ancien régime transfiguré.

 

Balzac constatait que les pathologies qui affligeaient son pays, la France, résidaient principalement dans le centralisme et dans le rôle calamiteux du “Moloch” parisien. Bon nombre d’interprètes marxistes de l’oeuvre balzacienne n’ont pas tenu compte des principes éminemment conservateurs de ses idées politiques ni ne les ont compris; en revanche, ils ont bien capté les descriptions et la dénonciation du capitalisme bourgeois des débuts (Lukacs, Wurmser). La critique sévère et pertinente de la modernité, que l’on découvre dans les analyses précises de Balzac sur l’effondrement du vieil ordre européen, reste à étudier et à découvrir.

 

Dr. Hans-Christof KRAUS.

(entrée parue dans: Caspar von Schrenck-Notzing, “Lexikon des Konservatismus”, Leopold Srocker Verlag, Graz, 1996; trad. franç.: Robert Steuckers, 2009).

 

 

vendredi, 16 octobre 2009

"Potlatch": succès posthume d'une revue

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997

«POTLATCH»: SUCCES POSTHUME D'UNE REVUE

 

Ceux qui n'entendent pas se noyer dans la littérature “pataphysique” et veulent garder un regard serein et lucide sur le jeu social de notre belle société fin de siècle liront avec profit la reproduction d' une revue dont Guy Debord était l'un des principaux rédacteurs Potlatch. Cet auteur était encore bien jeune mais cela ne l'empêchait pas d'afficher un style déjà très particulier.9782070401345.jpg

 

Ce livre qui en résulte est d'abord un témoignage sur une époque: celle de la reconstruction de l'après-guerre qui marque aussi le départ de ce que l'économiste Jean Fourastié a nommé d'une expression depuis passé à la postérité  —“Les trente glorieuses”—  époque pendant laquelle l'économie occidentale a connu une croissance jusqu'alors inédite dans l'histoire de l'humanité.

 

Mais cet ouvrage est également l'aventure d'un groupe contestataire qui allait beaucoup faire parler de lui: c'est “la bande à Guy Debord”, nommée d'abord “Internationale lettriste”, scission de la gauche lettriste intervenue en 1952 et qui ensuite allait devenir la fameuse “Internationale Situationniste”.

 

Potlatch était envoyé gratuitement à des adresses choisies par sa rédaction, et à quelques-unes des personnes qui sollicitaient de le recevoir. Il n'a jamais été vendu. Potlatch fut à son premier numéro tiré à cinquante exemplaires. Son tirage, en augmentation constante, atteignait vers la fin environ 500 exemplaires. Ce bulletin paru 27 fois, entre le 27 juin 1954 et le 5 novembre 1957. Debord et ses amis allaient ensuite s'exprimer dans d'autres revues de l'Intemationale Situationniste (1).

 

Au premier abord, cela parait proprement incroyable qu'un bulletin gratuit et au tirage aussi modeste connaisse une pareille notoriété posthume, grâce à de gros tirages d'abord en 1985 par Gérard Lebovici puis maintenant par des éditions de poche (10 à 15.000 exemplaires au minimum). Oserions-nous imaginer pareil sort pour la collection de “Nouvelles de Synergies Européennes”!

 

A sa première lecture, on est d'abord surpris par l'originalité de ses prises de position et on s'interroge pour savoir comment dans les années cinquante, dans le petit monde parisien, on pouvait ne pas s'extasier devant la politique américaine, la construction des grands ensembles et des grands magasins, l'avènement de la consommation, des médias et des sports de masse et les élucubrations d'Elvis Presley. Une croissance économique exponentielle, des loisirs en pleine explosion et des syndicats assez consensuels pour obtenir un bout de gras de la bête qui grandit... bref le bonheur pour tous dans cette machine à faire l'Occident qui tourne à plein régime... Il leur en fallait donc du courage ou bien alors de l'inconscience pour défier dès 1954 ce qu'ils appellaient déjà notre “sinistre civilisation occidentale”. Et surtout une incroyable dose de lucidité et une méfiance instinctive face à l'idéologie du progrès véhiculée par le capitalisme libre-échangiste mettant en place l'univers, le nôtre maintenant, qui se profilait alors à l'horizon à grands pas.

 

Raymond Aron, Henri Michaux, Camus, Sartre, Simone de Beauvoir, Mauriac, Malraux, Le Corbusier, Quéneau mais aussi le Parti Communiste, la bourgeoisie ou l'art abstrait, aucune des vedettes de la société du spectacle qui se met en place ne sont épargnées par le démasquage judicieux des situationnistes si prompts à dénoncer la chape de plomb faite de bêtise et de conformisme qui commence à s'abattre sur la société et dont bien peu arrivent à percevoir les mécanismes par lesquels les impostures finissent par occuper le devant de la scène. Leurs adversaires les accusent d'être purement nihilistes. Je pense qu'il ne faut pas être aussi catégorique et que derrière cette apparence, on peut deviner un solide bon sens qui lutte avec les moyens du bord sans avoir aucune possibilité concrète de résister autrement.

 

C'est ainsi qu'en dehors de toutes leurs exécrations, nous retrouvons tous ces florilèges judicieux qui ne peuvent que nous réjouir: «Même les plus imbéciles meneurs des bourgeoisies européennes comprendront plus tard à quel point les succès de leur “indéfectibles alliés” les menacent, les enferment dans leur contrat irrévocable de gladiateurs mal payés de l'“American Way of Life”, les condamnent à marcher et à crever patriotiquement dans les prochains assommoirs de l'Histoire, pour leurs quarante-huit étoiles légèrement tricolores». Nous voyons en 1997, où nous en sommes dans le cadre de la politique mondiale imposée par les Etats-Unis.

 

Ensuite leur lucidité n'est pas moindre dans le domaine de l'urbanisme qui bouleverse la société: «Nos ministres et architectes urbanistes ont mis au point quelques taudis-types, dont les plans servent aux quatre coins de la France [...] .Dans leurs œuvres un style se développe, qui fixe les normes de la pensée et de la civilisation occidentale du vingtième siècle et demi. C' est le style “caserne” et la maison 1950 est une boîte.[...] Les casernes civiles qui s'élèvent à leur place ont une laideur gratuite qui appelle les dynamiteurs».  C'est exactement ce que le système lui-même est arrivé à faire avec certaines grandes tours (tours des Minguettes à Vénissieux et aussi en banlieue parisienne par exemple). Avec leur regard d'une acuité étonnante, ils devinaient déjà le futur problème des banlieues lorsqu'ils notaient: «L'aspect morne et stérile de la plupart des quartiers nouveaux»  pouvant produire des effets psychologiques sur les populations amenées à y habiter. Ils ne pouvaient donc mieux dire. En dehors de la rationalité marchande à l'œuvre, ils nommaient responsables les architectes, larbins des ministres qui acceptaient de faire ces basses œuvres à cause de: «leur pauvreté spirituelle et créatrice, leur manque total de simple humanité».

 

Enfin pour “enrober” ce beau monde, l'alliance de l'humanitarisme et du show-business parachève l'édifice pour endormir le bon peuple. Le commentaire sur Chaplin dans le rôle du Bernard Koutchner de l'époque et de l'abbé Pierre (déjà) intitulé “Flic et curé sans rideau de fer” mérite d'être cité dans son intégralité: «Chaplin en qui nous dénoncions dès la sortie tapageuse de Limelight [comme] “l'escroc aux sentiments, le maître chanteur de la souffrance” continue ses bonnes œuvres. On ne s'étonne pas de le voir tomber dans les bras du répugnant abbé Pierre pour lui transmettre l'argent “progressiste” du Prix de la Paix. Pour tout ce monde, le travail est le même: détourner et endormir les plus pressantes revendications des masses. La misère entretenue assure ainsi la publicité de toutes les marques: la Chaplin's Metro Paramounty gagne, et les Bons du Vatican». Par la suite cette pensée alors assez réactive allait donner naissance aux chefs d'œuvre de la pensée situationniste.

 

L' univers décrit par Potlatch  est exactement le même que celui qu'en 1981 le cinéaste libertaire Rainer Werner Fassbinder racontait dans son sublime film Lola, histoire d'une femme allemande  où justement en 1957, à Cobourg, petite ville du nord de la Bavière, se déroulait sous le regard acerbe du réalisateur le spectacle cruel d'une société qui déjà subissait les dégâts causés par le libéralisme américain en train de s'imposer dans cette Allemagne de la reconstruction: arasement des valeurs traditionnelles, prostitution généralisée et corruption des élites politiques, administratives et économiques. Les situationnistes n'employaient pas le mot de “corruption” sans doute pas encore passé dans le vocabulaire courant comme c'est la cas actuellement et sans doute parce qu'ils estimaient aussi que, dans son essence, même le système porte les germes de ce phénomène.

 

Bien entendu dans sa préface de 1985, Guy Debord ne cachait pas sa délectation d'assister au triomphe de ses thèses: «On sait aussi que personne, en dehors de l'Internationale situationniste, n'a plus jamais voulu formuler une critique centrale de cette société, qui pourtant tombe autour de nous; déversant en avalanche ses désastreux échecs, et toujours plus pressées d'en accumuler d'autres».  Nous voyons où nous en sommes aujourd' hui... Pour les raisons contenues dans cette phrase, il n'est pas inutile de lire ce livre et par là même d'un peu mieux comprendre le monde d'aujourd'hui.

 

Pascal GARNIER.

 

(l) Dans une prochaine livraison nous rendrons compte du volume paru chez Fayard, qui reproduit en fac-similé la revue de l'Internationale Situationniste.

 

Guy DEBORD présente Potlatch 1954-1957. Edition augmentée. Paris, Gallimard/Folio, n°2906, Octobre 1996, 291 p., 32 FF.

 

lundi, 12 octobre 2009

Vicomte Louis de Bonald

 

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VICOMTE DE BONALD

Biography


The French statesman, writer, and philosopher, Louis Vicomte de Bonald belongs to the theologist school of the Traditionalists. Bonald was born on October 2nd, 1754 at Monna, near Millau a town in the Rouergue region (Aveyron) of southern France, into an aristocratic family. He studied at the Oratorian Collège de Juilly. As an aristocrat, military service was expected, so in 1773 he joined the king's musketeers. The musketeers were dissolved in 1776 by Louis XVI, thus freeing Bonald of his military duties. So he returned to his own province, where he became involved in public affairs. He was elected mayor of Millau in 1785, and in 1790 chosen member of the departmental Assembly for Aveyron.


During the early phases of the French Revolution he directed his efforts at the local and regional level to maintain order. Even after the National Assembly abolished the aristocracy, Bonald was reelected as mayor and then elected to the departmental assembly. The turning point in Bonald's relation to the Revolution came with the Civil Constitution of the Clergy, which subordinated the Catholic Church to the new national government. Bonald believed it wrongly stripped the Church of its position in society. By refusing to force the clergy to take the oath of allegiance, Bonald disqualified himself from holding public office, though he was still largely supportive of the Revolution. By October 1791, however, Bonald had joined the counterrevolution and had emigrated from France. Hoping to overthrow the Revolution from without, he became a soldier in the army of Condé, and, when the army was disbanded, retired to Heidelberg, where he took charge of the education of his two elder sons.


Bonald published at Constance, in 1797, his first work: "Théorie du pouvoir politique et religieux", which was suppressed in France by order of the Directory. In 1797 Bonald returned to France under the name of Saint-Séverin, and published "Essai analytique sur les lois naturelles de l'ordre social" (1800); "Du divorce" (1801); and "La législation primitive" (1802). He also collaborated with Chateaubriand and others in the "Mercure de France", contributing several articles which were published in book form with other studies in 1819 under the title "Mélanges littéraires, politiques, et philosophiques".


His hiding continued until 1802, when he received a pardon from Napoleon. Later, Bonald entered the Napoleonic government, serving on the Great Council of the Imperial University. In 1808 he declined to be a member of the Council of the University, but finally accepted in 1810. He refused to take charge of the education of the son of Louis Bonaparte, King of Holland, and of the King of Rome, the son of Napoleon I.


After Napoleon's abdication in 1814, Bonald quickly joined the restoration monarchy of Louis XVIII. A monarchist and royalist by nature and by principles, Bonald welcomed the restoration of the Bourbons. He was appointed a member of the Academy by royal decree in 1816. He was elected to the Chamber of Deputies, the lower house of the national legislative body. From 1815 to 1822 he served as deputy from Aveyron, and in 1823 became a peer of France. He then directed his efforts against all attempts at liberalism in religion and politics. The law against divorce was proposed by him in 1815 and passed in 1816. He took a prominent part in the law of 1822 which did away with the liberty of the press and established a committee of censure of which he was the president. In 1815 he published his "Réflexions sur l'intérêt général de l'Europe"; in 1817, "Pensées sur divers sujets" in 2 vols. 8 vo. (2d., Paris, 1887); in 1818 "Recherches philosophiques sur les premiers objets des connaisances morales"; in 1827, "Démonstration philosophique du principe constitutif des sociétés". Meanwhile he collaborated with Chateaubriand, Lamennais, and Berryer, in the "Conservateur", and later in the "Défenseur" founded by Lamennais. Bonald continued to serve under the next monarch, Charles X.


Bonald refused to serve under Louis Philippe, who had come to power in the Revolution of 1830. In 1830 he gave up his peerage and withdrew to his country home to lead a life of retirement in his native city. — "There is not to be found in the long career", says Jules Simon, "one action which is not consistent with his principles, one expression which belies them." He died in Paris, 23 November, 1840.

Introduction

A number of thinkers have endeavored to comprehend the nature of modernity. Their analyses differ, but many thinkers agree about key points on the road to modernity: the Renaissance, the Reformation, the Scientific Revolution, to name a few. To understand the modern world one has to exmine one of those periods: the French Revolution. To some, the Revolution heralded political liberalism with cries of "liberté, egalité, and fraternité." To others, the Revolution signified the rejection of the West's heritage of the past two millennia. As the Revolution was occurring, a number of thinkers sensed its challenge to the old order (not only politically, but more importantly, philosophically). Louis De Bonald described the political problems of the Revolution. In doing so, however, he also developed a theory of language, interrelating with his theory of government. According to de Bonald, man is essentially a social being or, as Aristotle said, a zoon politicon. His development comes through society; and the continuity and progress of society have their principle in tradition. Since language is the instrument of sociability, speech is as natural to man as is his social nature itself. Language to Bonald meant the entire system of communication, not only words but syntax and relation of words. Man cannot think without language. Hence, language could not have been discovered by man, for "man needs signs or words in order to think as well as in order to speak"; that is "man thinks his verbal expression before he verbally expresses his thought"; but originally language, in its fundamental elements together with the thoughts which it expresses, was given him by God His Creator (cf. Législation primitive, I, ii). This thought is the basis for Bonald's claim that language ultimately had a divine source. This claim rests upon his argument that if thought and language are co-dependent, one cannot begin without the other. Then to start the language process, some outside idea is necessary. If this is the case, language serves as a type of apologetic for the existence of God as the originator of language. Such an apologetic would not be airtight, and it might only demand a deistic first cause. Still, it is a large and important claim. The evolutionist claim is that through chance developments over time, the appearance of design can develop. To evolutionists, the evolution of language fits nicely into their account of the evolution of life and perception.


The above mentioned fundamental truths, absolutely necessary to the intellectual, moral, and religious life of man, must be first accepted by faith. They are communicated through society and education, and warranted by tradition or universal reason of mankind. Society, state and law are of divine origin and therefore subject to religion and the church. There is no other basis for certitude and there remains nothing, besides tradition, but human opinions, contradiction, and uncertainty (cf. Recherches philosophiques, i, ix).

dimanche, 11 octobre 2009

L'enjeu esthétique des pamphlets céliniens

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997

 

 

L'enjeu esthétique des pamphlets céliniens

 

L'œuvre de Céline suscite un nombre croissant d'études et nous nous en réjouissons. Ainsi, Nicole Debrie, auteur d'un L. F. Céline préfacé par Marcel Aymé en 1961, fait paraître un essai intitulé Quand la mort est en colère. L'enjeu esthétique des pamphlets céliniens. Elle écrit: «Certaines approches se voulant historiques ont cherché à commenter les pamphlets en les mettant en rapport avec l'extrême-droite des années 30. Approche absurde, non sens, qui n'éclaire rien. Céline écrit toujours en réaction à ce qu'il rencontre. Voyage  le montre rencontrant la guerre, les colonies, l'Institut Pasteur... l'Amérique. Les pamphlets le montrent rencontrant la gauche et en réaction contre elle. Le contexte historique est celui du Cartel des gauches et du Front Populaire. Une approche historique se doit donc d'étudier les pamphlets dans leurs rapports avec cette gauche, si l'on ne veut pas se condamner à ne rien comprendre de ces écrits. Cette approche devrait être facilitée par nombre d'ouvrages écrits à la suite de l'ouverture des archives soviétiques —éclairant les années au cours desquelles la propagande soviétique pénètre tous les milieux intellectuels en France mais aussi en Amérique par le biais des hommes d'Angleterre. Etudes propres à montrer que Céline était loin de fabuler ou de se faire le propagandiste de l'extrême-droite quand il signale le rôle des agitateurs à la solde de Moscou. Situons 1e thème de cette étude: l'enjeu esthétique des polemiques céliniennes... Comme le terme d'enjeu l'indique, il s'agit d'une dispute en vue de faire triompher une valeur; ce à quoi Céline attache du prix. Céline se bat. Il se bat au nom de la création, autrement dit au nom de la poésie, au sens étymologique de “faire”, “créer”. Il se bat contre une littérature absorbée par différents types d'imposture. Littérature au service de visées commerciales; standardisation, art robot; littérature au service d'une idéologie, en l'occurence la propagande soviétique en pleine expansion; littérature postiche où l'œuvre est remplacée par des théories, ce qui revient au même que par des idéologies. Bagatelles  proteste globalement contre les imposteurs et les tricheurs. Cette protestation s'accompagne d'une revendication fondamentale, incessante, répétée comme une basse chiffrée: la poésie authentique» (P. MONTHÉLIE).

 

Nicole DEBRIE, Quand la mort est en colère. L'enjeu esthétique des pamphlets céliniens, Editions Nicole Debrie (23, rue du Cherche Midi, F-75.006 Paris), 1997,126 pages, 90 FF. Le livre est en vente aux librairies Duquesnes (27, avenue Duquesnes, F-75.007 Paris) et Touzot (38, rue St. Sulpice, F-75.006 Paris).

samedi, 10 octobre 2009

Francia y Espana al rescate del imperialismo yanqui

soldados_espanoles_afganistan.jpgFrancia y España al rescate del imperialismo yanqui

Volverán a la base aérea en Kirguistán

Kirguistán dio pasos el lunes para permitir que soldados franceses y españoles vuelvan a su base área de Manas, un puesto de paso para las operaciones militares encabezadas por Estados Unidos en Afganistán.

Kirguistán canceló los acuerdos con Francia y España en marzo, cuando rechazó un pacto similar con Estados Unidos para el uso de la base. El personal de Francia y España tenía que salir del país para el 13 de octubre.

“Se ha decidido aprobar los acuerdos (con Francia y España) y enviarlos al Ministerio de Exteriores”, dijo Erik Arsaliyev, responsable del comité parlamentario para asuntos internacionales, a los periodistas.


La base, que sirve como punto de repostaje para aviones usados en Afganistán, es importante para Washington y sus aliados de la OTAN porque sustituye a rutas que atraviesan Pakistán y que han sido atacadas por los integristas.

El viceministro de Exteriores, Ruslan Kazakbayev, dijo que el Parlamento revisaría los acuerdos tras la aprobación gubernamental.

El Parlamento está dominado por los leales al presidente Kurmanbek Bakiyev, lo que deja poca duda de que los acuerdos se aprobarán.

Bakiyev anunció la cancelación del acuerdo con el Ejército de EEUU en una visita a Moscú, donde Rusia dijo que ofrecería 2.000 millones de dólares en ayuda para el empobrecido país, en lo que los analistas consideraron una batalla entre Moscú y Washington para ganar influencia en el Asia Central.

Washington renegoció después una renta mayor y continuará usando la base para sus operaciones en Afganistán.

Según los borradores a los que tuvo acceso Reuters, Francia podrá tener 40 efectivos y un avión de repostaje en Manas. El acuerdo no da detalles sobre el número de personas o equipamiento que se permitirán a España.

Extraído de SwissInfo.

lundi, 05 octobre 2009

Plaidoyer pour un polythéisme des valeurs de droite

athena.jpgPlaidoyer pour un polythéisme des valeurs de droite

par Rodolphe BADINAND

Il y a quelques semaines, Philippe de Villiers proposait, s’il accédait à la présidence de la République, « l’interdiction du voile islamique dans la rue et les espaces publics (1) », et cela au nom des valeurs républicaines. Il souhaitait surtout introduire en France une polémique qui secoue la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Cependant, la suggestion du candidat souverainiste à l’Élysée n’est pas anodine; elle s’inscrit dans une ambiance islamophobe et négatrice du droit à la différence, qui s’empare d’une droite frénétique. Dans La République et le Coran (2), Laurent Lagartempe examine les incompatibilités entre les préceptes de Marianne et la foi mahométane. Il estime que l’islam va à l’encontre de la République. Dans la même veine de la « République en danger », quelques         « droitiers », souverainistes et « nationaux-catholiques » encensent l’ouvrage de Caroline Fourest consacré à La tentation obscurantiste (3) qui cible, entre autre, la religion musulmane. On se croît victime d’hallucinations, mais ce n’est pas le cas. Le syndrome de l’Union sacrée vient encore de frapper ceux qui se rangent ou qu’on classe à « droite ».

L’erreur magistrale de la « droite » française

En août 1914, Charles Maurras et l’Action française se plaçaient sous les plis du drapeau tricolore de la République au nom du « nationalisme intégral » et par germanophobie exacerbée. Le désir intense de « Revanche » aveuglait toute la frange « nationale » de la société française alors que son éthique correspondait largement aux idéaux du Reich du Kaiser. À la veille de la Grande Guerre, le Deuxième Empire allemand cumulait – avec un rare bonheur – une stabilité institutionnelle remarquable, un essor économique foudroyant, une aristocratie méritante et de véritables avancées sociales. Au lieu de soutenir cet État qui adaptait la tradition au nouveau contexte industriel, la « droite » française, par esprit de clocher et par passion nationaliste irréfléchie, s’allia avec son ennemi ontologique au pouvoir à Paris. Elle commit là sa plus grande erreur. Fin analyste, Dominique de Roux évoque cette étrange schizophrénie à travers l’exemple de son aïeule qui « alors que son mari subissait Verdun, payait des messes grégoriennes pour que Dieu accorde la victoire au Kaiser qui incarnait quand même la légitimité (4) ».

Sans verser dans l’uchronie, on peut imaginer que la victoire de Guillaume II aurait entraîné la chute de la IIIe République et favorisé l’avènement d’une nouvelle élite issue de cette aristocratie populaire forgée dans les tranchées et trahie un 6 février 1934. Maurras se comporta dans ce ralliement – plus nocif encore que le précédent – en politicien et non en visionnaire. Il ne répéta pas la tactique des républicains qui, privilégiant leurs intérêts idéologiques avant la défense de la patrie, renversèrent le Second Empire, le 4 septembre 1870. Les Camelots du Roi et le poète de Martigues n’osèrent pas cette audace et permirent ainsi à la Gauche d’investir durablement le domaine culturel et le monde des idées. La « droite » venait de se faire duper ! Elle allait réitérer son aveuglement plusieurs fois au cours du siècle …

L’éternelle « droite » trompée s’affole aujourd’hui de l’islamisme sans percevoir que la vigueur de ce péril n’est que le contre-coup de l’imposition de l’idéologie des droits de l’homme, du mondialisme et de l’immigration dans notre civilisation européenne multimillénaire. Maints droitiers désorientés par la fin de leur monde en viennent à s’agripper à la République comme le naufragé à son canot de sauvetage. Ils ne font qu’abdiquer devant l’Ennemi principal et risquent de perdre plus que leur âme : leur être. Dénonciateur intéressé de l’islamisation de la France, se qualifiant comme « le dernier défenseur de la République contre le communautarisme (5) », le président du M.P.F. tonne contre le « voile islamique ». Le fidèle chrétien qu’est le Vicomte aimerait-il donc que les bonnes sœurs circulent la tête découverte dans nos contrées ? A-t-il vraiment réfléchi à toutes les répercussions totalitaires de sa demande ? Déjà, au moment des émeutes de l’automne 2005, les affiches villéristes réclamaient la restauration de l’« ordre républicain ». Qu’il est donc bien loin l’époque où le jeune député de Vendée dénonçait, dans sa Lettre ouverte aux coupeurs de têtes et aux menteurs du Bicentenaire (6), les horreurs de la Révolution de 1789 et l’effroyable génocide vendéen ! Oubliée, la célèbre passe d’arme télévisée qui l’opposa sur le plateau d’Apostrophe à Max Gallo alors fan zélé du socialisme mitterrandien et de Robespierre ! De Villiers succombe à son tour au chant des sirènes républicaines. Il confond la République et la France, la maladie et son malade.

« La République contre la patrie »

On retrouve cette méprise chez d’autres défenseurs acharnés de l’« exception hexagonale ». Le jacobinisme, le goût de l’homogène, le refus des diversités ethno-culturelles contaminent la « droite » (ou les droites), y compris celles qui se revendiquent de la droite essentielle, contre-révolutionnaire (ou réactionnaire) et traditionnelle. Le phénomène, certes, n’est pas récent. Dans un pays rongé par l’égalité tel que le nôtre, une droite authentique, radicale et traditionnelle ne serait réellement existée si ce n’est d’une façon diffuse (ou occulte). La vacuité de la « droite » date de ses origines puisque ses diverses composantes (orléaniste, bonapartiste, nationale, démocrate-chrétienne, radical-socialiste, etc.) proviennent de la Gauche avant d’être déportées vers la droite par l’émergence de nouvelles gauches. D’un point de vue généalogique, les termes de « droite nationale », de « droite libérale » et de « droite républicaine » apparaissent comme d’incroyables oxymores. Droitiers et « nationaux » auraient pu au moins prendre en considération le remarquable article de Jean Raspail paru dans Le Figaro en 2004 qui traitait de « La patrie trahie par la République (7) ». Le réquisitoire y est cinglant et les responsabilités de la République sont clairement définies. La République dite française participe au génocide des peuples européens de France.

Hélas !, sur la question primordiale de l’immigration et de la présence sur notre sol continental de millions d’allogènes extra-européens, nos « ardents patriotes-républicains » n’envisagent pas leur retour massif dans leurs pays d’origine qu’ils jugent irréaliste. Ils encouragent plutôt leur intégration (ou de leur assimilation) dans une société décadente et ignominieuse. Mus par un sentiment de supériorité culturelle, assimilationnistes et intégrationnistes exigent que les immigrés abandonnent leurs coutumes ancestrales et adoptent les sempiternelles « valeurs “ ripoublicaines ” hexagonales », ce qui se manifesterait par l’interdiction du port du foulard islamique en public, la condamnation de la polygamie, la prohibition de l’excision (mais, fait curieux, pas de la circoncision), l’opposition au « mariage forcé » des mineurs, l’application de la discrimination positive… Grotesques, ces suggestions prouvent leur imbécillité intrinsèque et leur racisme insidieux. En effet, en quoi les valeurs républicaines modernes seraient-elles supérieures aux valeurs traditionnelles musulmanes, asiatiques, africaines ou, bien entendu, vieilles-européennes ? Ne seraient-elles pas en réalité une formidable hypocrisie afin d’imposer la tyrannie de l’Occident moderne aux peuples de la Terre entière ? Par-delà sa logorrhée en faveur des     « droits de l’homme », le versant droitier de la République révèle une intolérance inadmissible envers l’altérité issue de la déferlante migratoire. « Droitiers » et    « nationaux » se trompent donc de combat. Au lieu de s’épuiser à défendre ce qui est définitivement révolu, ils devraient suivre ce conseil du Grand Éveilleur : « Ce qui doit tomber, je ne le retiens pas, je le pousse. »

Catholiques contre le sacré ?

La mouvance droitière s’enferre dans une impasse stratégique tant qu’elle ne saisira pas que la Modernité incarne l’ennemie totale. Ce n’est pas en s’activant sur des questions morales ou de société et en désapprouvant la bio-éthique, le mariage gay ou l’avortement qu’elle se donnera les moyens de renaître. Les       « chrétiens de droite » contestent avec force l’emprise croissante de l’islam dans nos sociétés exténuées, mais leurs arguments reprennent souvent les formulations les plus ringardes de la Gauche jacobine. La peur de l’islam entraîne bizarrement la droite à collaborer avec le Système honni. « En effet, remarque avec à-propos Pierre de Meuse, dans le dénombrement des incompatibilités entre l’Islam et la civilisation européenne, ces catholiques de droite énumèrent le rôle second laissé à la femme, le caractère théocratique de la civilisation musulmane, la discrimination à l’égard des autres religions, la guerre sainte, la peine de mort (quelquefois), les mutilations pénales infligées par la charia, la confusion entre la loi civile et la loi religieuse, et même le refus des autorités musulmanes de signer la convention internationale des droits de l’Homme. Or ces traits sont bien incompatibles avec la société civile moderne, c’est-à-dire une forme d’organisation qui s’est précisément installée en opposition sur tous ces points avec le catholicisme intégral qu’ils défendent. Il est paradoxal de voir les descendants des officiers qui cassèrent leur épée plutôt que d’appliquer les lois laïques du “ petit père Combes ” reprendre précisément le flambeau de la laïcité pour combattre l’Islam. En fait, les différences entre la conception islamique de l’État et celle du catholicisme oscillent selon les époques et ne sont pas si radicales, bien que très réelles. L’Église ferme toujours la porte de la prêtrise aux femmes, et la nostalgie de la Chrétienté est bien celle d’une société où l’ordre civil n’est qu’un instrument pour conduire les âmes au salut. À ce titre, la législation en Espagne ou en Provence au XIVe siècle envers les musulmans et les Juifs est très comparable avec le millet turc. Quant aux Droits de l’Homme, l’Église des temps passés les a condamnés avec autant de vigueur que les imams, et plus de rigueur encore. […] Il faut donc renvoyer ces braves gens à la relecture de leur propre système : eux non plus ne savent plus qui ils sont. Eux aussi se battent sur une ligne de défense qui n’est pas la leur, sous la bannière de leurs ennemis. On ne peut reprocher à l’Islam d’avoir conservé dans sa doctrine normative ce dont on déplore la perte dans le christianisme (8). » Lecteurs et continuateurs de René Guénon, de Julius Evola et de Frithjof Schuon, les traditionalistes chrétiens ne commettent pas cette bévue suprême et indiquent au contraire une bonne direction. Les Européens chrétiens, catholiques en particulier, devraient avoir la nostalgie du Moyen Âge comme les musulmans replongent par-delà les siècles dans le temps de la prédication de Mahomet. Face au matérialisme effrayant de la société occidentale (dont la société française « républicaine » n’est qu’un reflet), tous ceux qui défendent le sacré agressé par le monde moderne, doivent lui opposer un front spirituel traditionnel. Païens et monothéistes, tous ensemble, contre ce monde désenchanté !

On rêve qu’une droite affirmée redécouvre ses fondements véridiques et récuse les valeurs modernes. Pour l’heure, d’une servilité proverbiale, ce qu’on appelle la « droite » préfère reprendre les mots d’ordre (ou plutôt de désordre) de la Gauche. L’homme de pseudo-droite marque ainsi son hostilité à la polygamie et se trouve à défendre les thèses débiles d’un féminisme ménopausé et aigri. Or ce sujet contient bien d’autres savoureuses contradictions. Les familles polygames venues principalement d’Afrique seraient indésirables dans des sociétés qui autorisent le mariage homosexuel et l’homoparentalité. Pourquoi une famille constituée d’un homme et de plusieurs femmes (ou le contraire) serait-elle moins légitime qu’une famille formée par d’individus du même sexe ? Pourquoi la loi interdit-elle aux membres d’une même famille de conclure un pacs entre eux afin de bénéficier des avantages qui en découlent ? En réalité, nos progressistes se contrefichent du bonheur conjugal et de la pérennité familiale. Ils relaient les intentions criminelles de l’ultra-féminisme qui veut déviriliser l’esprit européen et castrer l’homo europæus. On retrouve cette influence délétère dans la modification récente de la législation matrimoniale française qui détermine l’âge légal de mariage des filles à dix-huit ans au lieu de quinze ans dans le but d’éviter les « mariages forcés » qui toucheraient « Beurettes » et Africaines quand elles reviennent au bled pendant les vacances estivales. En réalité, ces « affaires » sortent le plus souvent d’une imagination journalistique en mal de sensations qui se focalise sur quelques cas complaisamment exposés. Dans le même temps, les mêmes qui détruisent des traditions culturelles ancestrales honorables permettent à des gamines de 12 – 13 ans de prendre la pilule du lendemain sans aucun consentement parental. Les « progressistes humanistes » cherchent à détruire le  concept même de famille parce qu’elle demeure la communauté incontournable, quelque soit sa structure. S’attaquer à la famille revient à anéantir l’un des derniers cadres communautaires naturels favorables à la personne humaine.

Des événements récents confirment ce constat. On n’a pas encore réalisé les dégâts provoqués par l’effondrement de la paternité dans la famille. Si les banlieues engendrent des pathologies sociales explosives ou brûlantes, la responsabilité en revient, certes, à l’immigration, mais aussi à l’effacement des caractères masculins. On oublie la responsabilité majeure des assistantes sociales, fort souvent de gauche, voire d’extrême gauche, qui ont sapé l’autorité du pater familias allochtone, les menaçant des foudres de la justice s’il osait user de la violence envers sa progéniture bruyante. Intimidés et désemparés, les pères de famille immigrés n’incarnent plus le modèle de la virilité auprès de leurs enfants qui en viennent à les mépriser et à constituer une voyoucratie banlieusarde. Si certaines banlieues majoritairement musulmanes appliquaient strictement la charia, y aurait-il toujours ce désordre scandaleux ? Les délinquants risqueraient de perdre quelques membres…

Une liberté d’expression à géométrie variable…

Les responsables de cette dévirilisation sont nombreux. Évoquons toutefois le rôle nuisible de l’hebdomadaire Charlie-Hebdo. Cela n’empêche pas certains droitiers de soutenir ce torchon traîné en justice par des associations musulmanes pour avoir publié les caricatures danoises de Mahomet. Les mêmes défendent aussi l’ancien enseignant gauchiste Robert Redeker qui aurait été menacé par des islamistes après avoir écrit dans Le Figaro un article violemment anti-musulman. Or, le jour où l’on apprenait que le sieur Redeker entrait en clandestinité pour protéger sa vie, un autre Robert se retrouvait condamné par la fatwa « ripoublicaine » pour avoir proféré des balivernes historiques… La piteuse République n’accorde pas le même traitement aux deux Robert. Le droit imprescriptible de dire des âneries (théologiques et historiques) ne s’applique pas de la même manière à tout le monde. Pire, l’hypermnésie de la Seconde Guerre mondiale éclipse largement l’amnésie des crimes révolutionnaires en France et des horreurs du communisme. Quand on dérange les certitudes confortables de l’intelligentsia ou quand on agit en véritable rebelle, le Régime se fait fort d’écarter les mal-pensants.

L’essayiste Alain Soral n’a pas pu participer aux dédicaces organisées par l’Institut d’études politiques de Paris du 2 décembre dernier. Risquait-il de se faire trucider par un quelconque fanatique ? Non, Alain Soral ne communie pas dans la lepenophobie obligatoire. Plus grave, il vient de rejoindre le Front national, d’où son exclusion qui n’a pas soulevé l’ire des médias d’habitude si prompts à protester, accréditant par la même l’actualité de l’axiome orwellien : « Tous les hommes sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ». Rions donc du soutien des naïfs droitiers apporté à Charlie-Hebdo et à Redeker alors qu’ils n’ont pas cessé de conchier sur le mouvement patriotique. Là encore, le syndrome de l’Union sacrée a frappé ! Nos Candides croient que les ennemis de nos ennemis peuvent être nos alliés. Funeste faute ! Laissons-les à leurs illusions impolitiques et préférons faciliter l’affrontement impitoyable entre tous les ennemis de la civilisation européenne.

L’intolérance que fait preuve le « camp national » à l’égard de l’Autre reproduit l’intolérance officielle de la République envers les minorités religieuses ou spiritualistes. Dernièrement, des députés d’une énième commission anti-sectes ont visité une communauté chrétienne évangélique près de Pau. Là, ces « élus du peuple » – sûrement de fins spécialistes en sociologie religieuse et qui ont du temps à perdre à contrarier des groupuscules religieux – s’indignèrent que les enfants de cette communauté présumée sectaire ne regardaient pas la télévision et ignoraient, oh ! quelle horreur, l’existence de Zidane, ce hooligan des pelouses ! En dénonçant ce genre de maltraitances (sic !), les députés attestent par leur comportement totalitaire qu’ils recherchent l’abêtissement des populations. Souvenons-nous des violentes campagnes contre les Témoins de Jéhova accusés de tous les maux. Il est vrai qu’ils présentent le désavantage de refuser le vote, sinon nos courageux députés ne s’amuseraient pas à les ennuyer ! Les « ripoublicains » haïssent l’« anormalité religieuse » et mènent une « lutte contre les sectes » abusive qui tourne toujours en attaque contre la spiritualité. L’action nocive des francs-maçons ne fait guère de doute sur ce point. Janine Tavernier qui fut la présidente de l’U.N.A.D.E.F.I. de 1993 à 2001, déplore que « beaucoup de francs-maçons sont entrés à l’U.N.A.D.E.F.I., lui donnant une coloration qu’elle n’avait pas à l’origine. […] Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’elle s’est politisée (9). »

L’acceptation des différences ne se restreint pas aux dimensions culturelle, ethnique et religieuse. Elle s’étend aux domaines social, moral et scientifique. Il faut admettre les multiples types d’union conjugale et les répercussions des manipulations sur le vivant. Le clonage, l’eugénisme, le « bébé-médicament », les mères-porteuses, le diagnostic pré-implantatoire, l’avortement préventif, la maternité tardive (après soixante ans) amélioreraient l’existence des familles. Malheureusement, les lois bio-ethiques suivent les impératifs abscons des soi-disant droits de l’homme devenus l’horizon indépassable de la moralité publique. S’il y a un obscurantisme, il est républicano-hexagonal. Le cercle faustien des Mutants accuse avec raison l’hégémonie d’un humanisme défunt dont le cadavre putrifié empêche encore le « saut quantique » vers le transhumanisme, le transgénisme humain, l’humain génétiquement modifié et l’hyperanthropie. Rares sont ceux qui pressentent le bouleversement considérable de la Mutation à venir : l’explosion chatoyante de la diversité sous tous ses aspects. Le polythéisme des valeurs deviendra la norme sociale de notre civilisation post-occidentale.

La République hexagonale se montre incapable d’affronter cet événement prochain, générateur de chaos et donc d’ordre. Outre la coexistence momentanée des divers groupes ethniques sur le même sol, la société hexagonale, comme d’ailleurs l’Occident en phase terminale d’achèvement, se doit d’accepter l’inestimable polythéisme des valeurs. C’est aux membres de chaque communauté ethno-culturelle, et à eux seuls, de modifier, d’adapter ou de réviser leurs mœurs. Nos sociétés si donneuses de leçons, devraient célébrer les droits aux différences et leur manifestation tangible en communautés ethno-culturelles souveraines. Contre la République d’essence universaliste, il convient par conséquent de soutenir les communautarismes, quoi qu’il en coûte sur le moment. Dans cette perspective explosive hautement révolutionnaire, le communautarisme ethno-européen prend une envergure considérable puisqu’il signifie la seule voie de salut de nos peuples. Leur reconstitution par les Ethno-Européens passent par l’abolition des collectivités stato-nationales fictives. Seules des communautés qui sauront allier le Sol, le Sang et l’Esprit seront nos arches salvateurs au déluge uniformisateur.

Rodolphe Badinand

Notes

1 : in Le Figaro, 2 novembre 2006.

2 : Laurent Lagartempe, La République et le Coran. Les versets incompatibles, Éditions de Paris, 2006.

3 : Caroline Fourest, La tentation obscurantiste, Grasset, 2005.

4 : Dominique de Roux, Immédiatement, La Table ronde, coll. La Petite Vermillon, 1995.

5 : in Le Figaro, art. cit.

6 : Philippe de Villiers, Lettre ouverte aux coupeurs de têtes et aux menteurs du Bicentenaire, Albin Michel, 1989.

7 : Jean Raspail, « La patrie trahie par la République », in Le Figaro, 17 juin 2004.

8 : Pierre de Meuse, Essai sur les contradictions de la droite. Dialogues avec les hommes de ma tribu, L’Æncre, 2002, pp. 69 – 70.

9 : in Le Monde, 17 novembre 2006.

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samedi, 03 octobre 2009

Rebatet juge Céline

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Lucien Rebatet et Céline

 

Texte paru dans le "Bulletin célinien", n°285, avril 2007

En cette année du cinquantième anniversaire de D’un château l’autre, on ne se souvient guère des polémiques qui ont accompagné sa parution, en particulier au sein de la droite radicale. En témoigne cette réplique de Lucien Rebatet à Jean-André Faucher qui avait attaqué durement Céline dans l’hebdomadaire Dimanche-Matin.

 

   Mon cher J.-A. F.,

 

   Absent de Paris, je viens de lire ton dernier article sur « l’affaire Céline » ¹.

 

   Je ne voudrais pas que ta vivacité et ta générosité puissent faire croire à nos innombrables adversaires qu’il existe entre nous des dissentiments que cette controverse autour d’un livre aurait révélés.

 

   Le lecteur ayant en général la mémoire brève, je pense donc utile de préciser, que dans mon article du mois de juin dernier ², j’ai cherché à expliquer Céline, et que je n’ai jamais eu l’intention de le juger « honorable ». J’ai même souligné que la dignité était un des sentiments qu’il ignore le plus.

 

   Je persiste à croire que Céline ne nous doit pas les comptes qu’il est juste de réclamer à d’anciens militants, toi ou moi, par exemple. Non pas que le métier d’écrivain, que le talent, voire le génie, constituent à mes yeux un alibi, une circonstance atténuante. Au contraire, la responsabilité politique de l’écrivain m’apparaît considérable, et j’ai été, que je sache, de ceux qui l’ont clairement revendiquée pour leur part.

 

   Mais la question serait de savoir jusqu’à quel degré Céline a eu conscience de ses propres responsabilités. (Je ne dis pas : des risques qu’il courait, car sur ce point il était fort lucide.) En tout cas, il n’appartenait à aucun bord. C’était un visionnaire anarchiste, qui se mit à bouillonner de prophéties, presque malgré lui. J’estime qu’il y a quelque excès à parler de reniement pour un homme qui n’a jamais connu ni principes ni drapeau.

 

   Au moment le plus difficile de notre choix, à l’automne 1940, Céline savait déjà que Hitler avait lâché les commandes, qu’il perdrait la guerre, et que notre politique s’engloutirait dans sa catastrophe. Il me l’a dit plus d’une fois, comme à Marcel Aymé, à Ralph Soupault et à d’autres familiers. Rien de ce qu’il écrivit pendant la guerre n’infirma réellement cette conviction. Il est donc fondé à dire qu’il ne fut jamais « collaborateur ».

 

   Tu me répondras qu’il serait plus élégant de se rallier aux camarades vaincus, d’épouser leur cause ; et je suis bien de ton avis. Mais je voudrais savoir à quelle époque on a connu à Céline des élégances et des camarades ? Ce qui me surprend, c’est la surprise aujourd’hui de maints de nos amis qui me semblent avoir attendu longtemps pour découvrir le Céline de toujours, et ses capacités effarantes et contradictoires, tantôt dans l’héroïsme, tantôt dans la fuite.

 

   Pour l’énorme mensonge, à propos de l’antisémitisme, il est d’une telle taille que je me demande qui pourrait s’y tromper. Céline ne nous a-t-il pas avertis lui-même en annonçant qu’il fait un numéro de vieux clown ? Oh ! ce n’est pas reluisant. Mais la dernière idée qui puisse venir à Louis-Ferdinand, c’est bien celle de reluire. J’attribue à cette turlupinade à peu près autant d’importance que les factums que Céline nous adressait à Je suis partout et que nous n’insérions jamais, parce qu’il y préconisait, pour regénérer la France, l’extermination de tous les « Narbonnoïdes », c’est-à-dire toutes les populations au-dessous de la Loire, y compris, mon cher Faucher, ton Limousin et mon Dauphiné ³.

 

   Pour juger équitablement le monstre, il faut l’avoir pratiqué…

 

   Reste la peinture de Sigmaringen. Je viens d’en relire plusieurs pages. Elles m’apparaissent décidément anodines. Je répète que les gens du Système m’ont enlevé tout complexe d’infériorité sigmaringienne. Vainqueurs, repus, toutes les puissances entre les mains, ils sont pires que nous ne l’étions là-bas, vaincus à plate couture, traqués, affamés, divisés. Cette émigration ne fut ni plus ni moins affligeante que toutes les émigrations. Ce qui ne signifie pas que nous fussions beaux à voir… Tu comprendras que je me refuse, maintenant encore, à préciser davantage, pour des raisons et des sentiments qui ont toujours été étrangers à Céline. Mais je puis affirmer que ledit Céline n’a guère touché qu’à l’anecdote, à un pittoresque brenneux, et c’est d’ailleurs, littérairement, le défaut du livre.

 

 

   Tandis que se déroulaient ces farces tristes, des camarades, je ne l’oublie pas, se battaient contre les Russes, un contre cent, à Kolberg. Notre ami Lousteau a dit excellemment, la semaine dernière, tout ce qui convenait à ce sujet 4. Céline, lui, n’a rien dit. Ce silence, dans un livre sérieux, serait atroce. Mais ce livre, c’est à l’un d’entre nous de l’écrire. Les croquis de D’un château l’autre ne me paraissent pas à la taille de l’indignation qu’ils déchaînent.

 

  Je maintiens que je préfère encore le trivial cynisme de Céline, ne voulant parler que de gros sous, aux périphrases et mains sur la conscience d’un tas d’infects commerçants de plume. J’ajouterai que j’entends dans ce cynisme une sorte de « nitchevo » encore plus amer et plus sombre que tout ce que Céline autrefois écrivit de plus amer et de plus sombre. Un vieux prophète perclus et « décheux » en est réduit à faire le saltimbanque — et à le dire — dans une société qui réserve toutes ses admirations et tous ses chèques à ses gendelettres communistes. J’aurais aimé, comme toi, que Céline eût la fierté de rappeler qu’il lui aurait été bien facile de prospérer dans cette bande, qu’l lui aurait suffi d’étouffer, entre 1935 et 1939, ses mouvements d’honnêteté intellectuelle et de civisme. Sans doute Céline n’en est-il plus capable. Il me plaît, en songeant à l’ermite loqueteux de Meudon et à tout ce que je lui dois, d’être de ceux qui le rappellent à sa place.

 

   Quant à la polémique, n’avons-nous pas infiniment d’autres cibles, et plus grosses ?

 

   Je te remercie du brevet de fidélité que tu me décernes. Mais je ne crois pas que mon indulgence à l’endroit de Céline puisse signifier mon désir de « tourner la page », c’est, au contraire, à cette page que mes pensées reviennent sans cesse depuis des années, aussi bien pour y déceler nos erreurs politiques — je ne m’occupe pas de morale dans ce domaine — que pour y relire notre justification.

 

   Que cette lettre me soit l’occasion de dire ici à de nombreux amis que mon plus vif désir serait de republier Les Décombres 5, avec la préface « d’actualité » que tu devines, et que seule la… timidité des éditeurs ne m’a pas encore permis de réaliser cela.

 

   Bien amicalement à toi,

Lucien REBATET

(Dimanche-Matin, 1er septembre 1957)

 

Notes

 

1. Lucien Rebatet évoque l’article de Jean-André Faucher paru le 18 août 1957 dans Dimanche-Matin et intitulé « ...Et que chacun enterre ses morts ». Faucher s’y oppose violemment, et point par point, à la défense de Céline entreprise par Albert Paraz, Lucien Rebatet et Robert Poulet. La semaine précédente, il avait daubé sur l’interview accordée par Céline à L’Express.

J.-A. Faucher, né en 1921, était un journaliste nationaliste, antigaulliste et franc-maçon qui collaborait à plusieurs journaux de droite (Dimanche-Matin, Artaban et C’est-à-dire).

2. Lucien Rebatet, « Un prophète sans emploi », Dimanche-Matin, 30 juin 1957. Article repris dans Le Bulletin célinien, n° 263, avril 2005, pp. 17-21.

3. Céline préconisait plutôt une séparation entre la France du nord et celle du sud. Cette lettre du 15 juin 1942, refusée par Je suis partout, a été publiée dans Lettres des années noires, Éd. Berg International, 1994, pp. 29-35.

4. Jean Lousteau, « Il s’agissait de s’entendre », Dimanche-Matin, 18 août 1957. L’auteur y déplore ce qu’il considère comme un « inutile déballage » dans D’un château l’autre.

5. Ce livre ne fut jamais réédité du vivant de Lucien Rebatet. Une réédition caviardée fut procurée en 1976 par Jean-Jacques Pauvert. À noter que ce livre vient d’être réédité intégralement par les éditions de L’Homme libre.