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lundi, 28 septembre 2015

Le Prof. Jean Haudry à Strasbourg

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Paris, 9 octobre: soirée des amis de Livr'arbitres

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dimanche, 27 septembre 2015

Un rapport secret Américain montre que Obama a soutenu l’Etat islamique contre Bachar

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Un rapport secret Américain montre que Obama a soutenu l’Etat islamique contre Bachar

par Sylvia Bourdon

Ex: http://fr.awdnews.com

Un rapport secret Américain, montre que l’Occident observait déjà, depuis 2012 l’émergence de l’Etat Islamique. Malgré cela, les Américains ont laissé faire. Ils virent une chance de déstabiliser Bachar pour le faire tomber. Ce document témoigne d’une erreur politique majeure, dont découle ce tsunami migratoire vers l’Europe et une considérable restriction des libertés des citoyens et de leurs droits fondamentaux.

L’opinion publique Occidentale observait avec un immense étonnement, en été 2014, la naissance de l’Etat Islamique surgir du néant. Malgré les observations d’un grand nombre de services secrets, personne n’arrivait à expliquer, comment des troupes d’islamistes radicaux, extrêmement bien équipés en armement, purent devenir du jour au lendemain, la plus grande menace pour la paix mondiale. Dès lors, il ne se passe plus un jour qui ne prouve, que les soldats d’Allah sont devenus le plus grand danger pour l’Europe. Les droits des citoyens en Europe, comme aux Etats Unis ont été considérablement réduits et les musulmans sont depuis soumis à toutes les suspicions. La situation en Syrie va de mal en pis. Des milliers de Syriens viennent se réfugier en Europe, où leur sont opposés méfiance et rejet. Dans les discussions actuelles sur le dossier « réfugiés », on « réfléchit » sur ces vagues de réfugiés pour étudier, comment arrêter ces flux sur place.

Concernant la Syrie et la Libye, les suggestions restent dans le vague, ce qui donne l’impression que, dans le fond, on ne peut rien faire. Les guerres existent depuis toujours et partout. L’UE envoie des navires de guerre en Méditerranée, pour tirer sur les bateaux des « réfugiés » malgré les avertissements des organisations humanitaires. En même temps, les grands Etats Européens, comme l’Angleterre, la France, la Pologne ou l’Espagne refusent d’accueillir plus de réfugiés.

Désormais, des documents ont fait surface, qui démontrent, que toutes ces calamités auraient pu être vraisemblablement évitées. Un mélange d’incompétence, de cynisme et de froids calculs de pouvoirs, auraient conduit à cette situation devenue hors contrôle par la fondation de l’Etat Islamique.

L’observatoire Américain « Judicial Watch » vient de publier une partie d’un rapport « déclassé » du Service Secret Américain de la Défense, la Defense Intelligence Agency (DIA). De ce rapport ressort que, dès 2012, la DIA possédait des données qui démontraient la formation de l’Etat Islamique au Moyen Orient. Selon le rapport, des groupes d’opposition Syrienne ambitionnaient un tel Etat, comme une arme efficace pour faire tomber le Président Bachar El Assad. Cependant, les services secrets Américains n’auraient pas empêché ce projet. Bien au contraire, ils y voyaient une chance d’y imposer leurs propres intérêts aux Moyen Orient. Le but essentiel, en 2012 étant la chute d’Assad.

Le journaliste d’investigation, Nafeez Ahmed, qui collaborait au Guardian et aujourd’hui au magazine US, Vice, publie sur leur site web une analyse sans illusion sur le développement de la situation. Il affirme que les Etats Occidentaux, en coordination avec les pays du Golfe et la Turquie, financèrent en toute conscience ces groupes islamistes violents aux fins de déstabiliser Assad, tout en anticipant la création de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie. Au lieu d’arrêter leur soutien à ces groupes, dont la proximité avec Al Qaida était connue, Washington et les autres capitales Européennes ont persisté à regarder ce développement comme positif.

Ahmed rapporte :

« De ce document déclassé US, découle clairement que le Pentagone, prévoyait l’émergence de l’Etat Islamique, comme suite directe de leur stratégie. Le Pentagone décrit cette possibilité, comme une chance stratégique pour déstabiliser le régime Syrien. »

Cette stratégie fait suite, selon le « Middle East Eye » aux réflexions de la RAND Corporation, qui avait déjà, il y a des années, recommandé de monter les unes contre les autres, les différentes croyances musulmanes. Si les chiites et les sunnites se combattent, cela augmenterait les possibilités d’influence dans la région. La stratégie « divide et impera », diviser pour mieux régner est devenue partie intégrante de toutes les activités politiques.

Ahmed, qui est un journaliste de sérieuse réputation, dont les analyses solides reposent sur des entretiens avec un grand nombre de spécialistes militaires et services secrets, estime comme « hypocrite », lorsque l’Occident déclare vouloir mener la guerre à l’Etat Islamique. Il désigne la signification géostratégique du conflit, comme une guerre de substitution. Les précurseurs de l’Etat Islamique auraient reçu des fonds et des armes de l’Occident, comme indiqué dans le rapport : « L’Occident, les pays du Golfe et la Turquie doivent soutenir l’opposition Syrienne, pendant que la Russie, la Chine et l’Iran soutiennent le régime Assad. De ce rapport secret est mis en exergue, que tous les services secrets Américains, étaient au courant, comme le Ministère de la Défense, le Secrétariat d’Etat, ainsi que les alliés Occidentaux. Est-ce que l’Allemagne étant informée des projets des islamistes, ne ressort pas directement des documents. Cependant, aux vues de cette large coalition contre l’EI, on peut le supposer.

L’émergence de l’Etat Islamique a mis en place de nouvelles dispositions de lutte contre le terrorisme, comme la surveillance de masse et le devoir « Orwellien » de dénonciation.  Ce que le gouvernement Américain et les gouvernements Européens traduisent en censure des médias, la scrutation d’activistes, de journalistes et des minorités ethniques, en particulier les musulmans. Mais, ce rapport du Pentagone dévoile, contrairement à ce que déclarent les gouvernements Européens, que la menace a bien été provoquée par leurs funestes erreurs politiques qui ont consisté à avoir soutenu secrètement la terreur islamique, pour des raisons de géopolitique douteuses.

Sylvia Bourdon

Homo Exhibus: l’obsession de la transparence

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Homo Exhibus: l’obsession de la transparence

Les médias, la politique et la publicité ont un nouveau Dieu :  la transparence, une injonction moderne qui se veut synonyme de vérité. Mais comment rester aveugle face à son action totalitaire ? Comment ne pas y voir un mensonge en filigrane, c’est-à-dire une dissimulation supplémentaire ?

Pour promouvoir dans une publicité son amour de la vérité, une compagnie d’assurances n’hésite pas à se mettre totalement nue, car « la transparence est notre priorité ». Le marketing nous en dit long ici : dans cette mise à nu (toutefois partielle, car sexes et seins sont dissimulés) le spectateur doit croire que la compagnie d’assurances n’a rien à cacher, qu’elle est dans le vrai. La transparence serait-elle alors le temple de la Vérité Révélée ou, plutôt, un piètre argument marketing, permettant de faire oublier les conditions de ventes qui défilent au bas du téléviseur ? La nudité, le nudisme médiatique est en train de s’emparer des écrans. Nous lui fermerions la porte, qu’elle reviendrait par la fenêtre. L’émission de télé-réalité « Adam & Eve » a apposé la pierre de touche de la société de la transparence : elle faisait se rencontrer des candidats célibataires entièrement nus. Le leitmotiv de l’émission partait du principe qu’une fois éliminée l’intimité des corps des personnes, la vérité de l’amour ne pouvait que jaillir de leurs échanges verbaux… La naïveté et la niaiserie du Bien réunies dans un même programme télévisé sous l’étendard de la transparence…

Dès 1997, Philippe Muray, dans son texte « L’envie du pénal » des Exorcismes Spirituels I, fustigeait clairement et distinctement le terme de transparence en écrivant : « Transparence! Le mot le plus dégoûtant en circulation de nos jours ! Mais voilà que ce mouvement d’outing commence à prendre de l’ampleur. » Mais de quel dégoût parle-t-il au juste ? Pourquoi la transparence est-elle à dénoncer, puisqu’elle serait le générateur du Vrai ? C’est justement à cet endroit que la transparence ou, plutôt, la transparence comme étendard doit être vomie définitivement. « Soyez transparent ! », s’exclame Homo Exhibus, tapit dans l’ombre de ses intentions, « Montrez-vous et le Bien régnera ainsi définitivement dans ce monde emplit de mensonge, de tromperie, de trahison », « Venez comme vous êtes ! », scande le maquereau mondial du Big Mac : ne vous cachez plus, ne vous formalisez plus. Quel beau message ! Retenez vos larmes ! La transparence vous invite à consommer le Vrai à pleines dents, la modernité dégoulinante de bonnes intentions. Cette volonté de démasquer, n’est-elle pas une mascarade, autrement dit un maquillage tellement évident qu’il devient invisible ? À chaque fois qu’a été mise en  place une politique de la pureté, les dérives sont notoires. La transparence, c’est la foi en la conviction de la pureté : c’est un détournement pervers de l’attention. On donne à voir une chose pour occulter le reste, « impur ». Faut-il sacrifier la liberté individuelle sur l’autel du voyeurisme social et politique ?

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Transparence contre pudeur

Dans La Terre et les rêveries de la volonté, Gaston Bachelard écrit : « nous sommes dans un siècle de l’image. Pour le bien comme pour le mal, nous subissons plus que jamais l’action de l’image ». Si l’image est pour lui la caractéristique des « temps modernes », il ne la perçoit que comme poursuite, prolongement de la littérature et de la poésie. Or, lorsqu’il écrit ce texte en 1948, Bachelard n’a pas conscience de cette dictature naissante de l’image et, a fortiori, de la transparence. Tout un lexique se développe autour de cette notion : le « parlé vrai », les « révélations », « le live », le « besoin de vérité » ou encore « en immersion » sont autant de termes représentatifs d’un désir de tout mettre à nu, termes journalistiques vides de sens. « Encore un siècle de journalisme et tous les mots pueront », assène Nietzsche dans un fragment posthume. Effectivement à force de mettre en transparence des mots, ils finissent par pourrir jusqu’au trognon à l’air libre… Le médiatique emporte avec lui tout ce qui faisait le suc de l’existence : l’invisible devient visible, le privé se meut en public. La transparence est la victoire de l’image sur la parole, du montré sur le non-dit. La Vérité entendue comme transparence est un « attentat à la pudeur », écrivait Nietzsche.

C’est la victoire du pornographique sur l’érotique. La dissimulation n’est plus fréquentable sans ce soupçon permanent qui l’accompagne. Dissimuler c’est érotiser la société, c’est-à-dire révéler le désir qui émane de la pudeur. La pudeur est morte, elle est devenue un gros mot : il se faut montrer, en montrer le plus possible pour être quelqu’un de bien. Le désir est maintenant provoqué par une transparence totale, la transparence pornographique, celle qui consiste à tout montrer, sans la délicatesse de la pudeur, réel synonyme de distinction et de goût du désir. À l’extrémisme de la nudité, à l’excès démesuré d’impudeur, la réponse est religieuse : la dissimulation intégrale, comme volonté de se protéger. Se protéger de la contrainte à la visibilité, c’est sauvegarder sa personne, son intimité.

Le politique contemporain veut utiliser la transparence afin de plonger dans le silence ceux qui oseraient se montrer contre lui. Faire transparaître pour faire disparaître, ou quand la cohérence intellectuelle brille par son absence. C’est la volonté affichée de montrer pour désacraliser, une sorte de nietzschéisme pour les pauvres, comme si tout ce qui avait, de près ou de loin, le goût du sacré était susceptible d’être « mauvais » – au sens moral du terme. La désacralisation à tout-va tient de la confusion entre l’intime et le tabou. Par définition, le tabou désigne une prohibition à caractère sacré, notamment dans les études ethnologiques, tandis que l’intime relève de qui n’est pas accessible à tous, plutôt de l’exclusivité à soi ou un autre particulier. La crise religieuse ou spirituelle que traverse l’Occident est symptomatique de cette tendance à autoriser, voire à contraindre à ce que l’interdiction de la chose interdite soit levée, autrement dit que le tabou soit dévoilé. Soyons clairs : que certains tabous n’en soient plus n’est en soi pas une chose dangereuse. Mais exterminer le tabou n’implique-t-il pas de violer l’intimité individuelle ?

L’inauthenticité de la transparence comme vérité

Pour Homo Exhibus, la vérité est dans les détails. Il se met à soupçonner tout ce qui bouge, à se montrer « attentif » au moindre petit geste, lapsus, terme abscons ou décision secrète. Il ne supporte pas que le secret soit secret, que l’opaque retienne la lumière. Homo Exhibus permet de démontrer que médias et conspirationnistes marchent tous deux main dans la main, les yeux dans les yeux : ils sont culs et chemises, mais se rejettent l’un l’autre. Les premiers se prenant pour une science, les seconds pour indépendants et donc plus à même d’être dans le vrai. Dans la Généalogie de la morale, Nietzsche exprime déjà cette dérive de la presse et son rapport au lecteur : « Si l’on considère comment tous les grands événements  politiques, de nos jours encore, se glissent de façon furtive et voilée sur la scène, comment ils sont recouverts par des épisodes insignifiants à côté desquels ils paraissent mesquins, comment ils ne montrent leurs effets en profondeur et ne font trembler le sol que longtemps après s’être produits, quelle signification peut-on accorder à la presse, telle qu’elle est maintenant, avec ce souffle qu’elle prodigue quotidiennement à crier, à étourdir, à exciter, à effrayer? Est-elle plus qu’une fausse alerte permanente, qui détourne les oreilles et les sens dans la mauvaise direction ? ». Homo Exhibus se prend pour ce qu’il n’est pas – il fait le malin.

C’est ce que Nietzsche raille et dénonce dans le livre premier du Gai Savoir. Il décide de soupçonner le soupçon et son maître, le soupçonneux. Qui est donc ce « soupçonneux » ? C’est en réalité celui qui ne croit à rien, qui trouve tout suspect, qui « cligne les yeux » devant chaque parole : cet homme c’est celui « à qui on ne la fait pas ». Voici l’Homo Exhibus. Il cherche à exhiber ce qui semble être une mascarade, un mensonge d’État, un complot international. Nietzsche le rangerait dans la catégorie des nihilistes. Se prenant pour le juste, il ne croit à rien, sauf à sa capacité à dénicher le vrai derrière le caché. Il se pense lucide en ayant l’illusion de rendre le monde translucide. Car, pour lui, ne pas voir revient à une dissimulation et donc au mensonge pur et simple : une aberration logique absolue, car « la vérité ne signifie pas le contraire de l’erreur, mais la position de certaines erreurs relativement à d’autres » (Volonté de puissance, tome I). En effet, Nietzsche défend que l’apparence n’est rien d’autre que la réalité. Il n’y a que de la surface, la profondeur en arrière-fond des choses est une illusion de la raison, qui perdue devant la multiplicité des faits se cherchent des raisons, en réalité une foi. Ipso facto, la transparence se présente en tant que négation du réel.

La transparence, avant d’être un combat formidable pour la vérité est une technique de communication marketing. Auparavant, la dissimulation, le masque, le voilage de soi, de ses paroles étaient l’instinct de survie de l’homme, c’était son intelligence de séduction. Désormais, l’idéal de la transparence devient la nouvelle foi en la survie de soi. Pourquoi parler de « communication marketing » ? Car la transparence est hologramme : les choses se montrent comme-si, mais ne le sont pas intégralement. On affiche la transparence, d’une certaine manière, on se cache derrière la transparence, loin de la lutte naïve pour la vérité. Pendant que la transparence donne à voir une chose, le reste peut être occulté, peut passer inaperçu. Paradoxal ! Cette transparence apparaît comme étant un travestissement du réel, où tout dépend du filtrage, du zoom, du cadrage sur un même plan, une même scène. En effet, la transparence est un double-vitrage qui n’empêche ni de voir ni d’être vu, mais protège celui qui veut se montrer. C’est très justement le mode du détournement d’attention dont nous parlions quelques lignes plus haut : la transparence est donc une nouvelle forme de dissimulation.

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Inlassablement, nous ne sortons jamais de la dissimulation. Il y a une double perspective d’appréhension de la transparence : naïve, qui croit sincèrement qu’on peut ouvrir les portes de la vérité et que la vérité se résume à une adéquation avec la réalité ; et dans le ressentiment, dans la mesure où cette quête sert à d’autres fins, par exemple son orgueil personnel. Qu’importe la rive sur laquelle nous nous trouvons, il faut noter que l’épanouissement de la vie se déploie justement dans l’art de la dissimulation et de l’apparence, de sorte que (sur)vivre est nécessairement une volonté de duper, de tromper, de séduire, d’amadouer pour accroître sa puissance et maintenir sa domination sur autrui. Il revient à Nietzsche de conclure cette partie, à partir de ses mots dans Humain trop humain II, « Le voyageur et son ombre » : « En tant qu’il est un moyen de conservation pour l’individu, l’intellect développe ses forces principales dans la dissimulation ; celle-ci est en effet le moyen par lequel les individus plus faibles, moins robustes, subsistent en tant que ceux à qui il est refusé de mener une lutte pour l’existence avec des cornes ou avec la mâchoire aiguë d’une bête de proie. Chez l’homme cet art de la dissimulation atteint son sommet : l’illusion, la flatterie, le mensonge et la tromperie, les commérages, les airs d’importance, le lustre d’emprunt, le port du masque, le voile de la convention, la comédie pour les autres et pour soi-même, bref le cirque perpétuel de la flatterie pour une flambée de vanité, y sont tellement la règle et la loi que presque rien n’est plus inconcevable que l’avènement d’un honnête et pur instinct de vérité parmi les hommes. »

Voyeur recherche exhibitionniste (et réciproquement)

S’il existe bien un maître historique en la matière c’est Jean-Jacques Rousseau et ses Confessions. Il prend le parti original et exhibitionniste de se mettre à nu à l’écrit. Rousseau veut faire tomber le masque, pour que seul l’homme reste et que le héros s’évanouisse… Sauf que, comme le fait remarquer précisément Jean Starobinski dans Jean-Jacques Rousseau. La transparence et l’obstacle, en voulant se montrer authentique, il nous dupe de la plus belle des manières en écrivant une autobiographie auto-autorisée. Dans le premier livre des Confessions, Rousseau écrit « Je me suis montré tel que je fus » : mensonge ! Il s’est montré tel qu’il veut avoir été, selon la croyance de soi-même et du roman de sa vie. Starobinski démontre que Rousseau dévoile le problème de l’autobiographie en tant que lieu de la transparence, puisqu’elle en constitue son obstacle majeur. Il se réinvente une existence, ne dévoilant au public que ce qui l’arrange de dévoiler. « Je devenais le personnage dont je lisais la vie », écrit-il sur son enfance. Il devait se regarder écrire aussi pour finir par y croire autant… Rousseau fait tomber le masque, pour dévoiler plus ou moins authentiquement, le héros existant dans « l’homme à nu ». Mais, il ne serait pas honnête, intellectuellement parlant, de tout mettre sur le dos de Rousseau, et plus largement sur les épaules d’Homo Exhibus. Le succès dévastateur de la transparence – dans les Confessions de Rousseau comme dans les différents médias et supports contemporains – vient de la demande des voyeurs et voyeuristes des sociétés modernes. Homo Contemplator n’est pas en reste.

La relation entretenue entre Homo Exhibus et Homo Contemplator relève de la réflexivité interdépendante. L’un comme l’autre n’a de raison d’être que parce que son autre existe. En économie, nous dirions qu’il y a un rapport de l’offre et de la demande. Avec les mots de Rousseau, Homo Exhibus fait tomber « les apparences qui condamnent » et qui l’empêchent d’offrir à Homo Contemplator ce qu’il réclame : il s’offre à lui. En voulant se montrer, Rousseau a répondu à une demande de mettre sa pudeur à nu, de connaître l’envers du décor (le croustillant) et que le privé se fasse public. Les émissions de télé-réalité vont dans ce sens du rapport offre/demande. La course après l’audimat fait partie de ces dérives de la télévision : la télévision donne au monde ce que le monde veut (rece)voir. Le sensationnel, le choc, l’inattendu, le spectaculaire, le choquant, l’agaçant, l’excitant, autrement dit une construction du réel à partir d’une volonté a priori de révélations. Or, l’endroit et l’envers du décor sont les deux côtés d’une même pièce de théâtre. Ce strip-tease de la société dénote un « déshabillement-agacement » pour reprendre les termes de Laurent de Sutter dans Strip-tease. L’art de l’agacement. En effet, il y a une sorte d’agacement et d’excitation à la vue de la mise en transparence des choses et des événements. Une courte remarque à propos des chaines télévisées d’informations en continu s’impose. En souhaitant délibérément se trouver « au cœur de l’info », la télévision prend la décision de tout mettre à nu, de ne rien cacher, de ne rien dissimuler, car, pour elle, c’est à cet endroit que se situe la vérité-vraie des faits. Nous regardons. Scandalisés de ce qu’on nous contraint à voir. Excités des révélations sur la vie privée des événements du monde. Complices du supplice. Exhibitionnistes et voyeurs sont les amants d’un même mariage dans lequel le cercle de leur alliance est vicieux.

Onfray, Sapir : le retour en force de la gauche du non

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Onfray, Sapir : le retour en force de la gauche du non

Entretien avec Thomas Guénolé

Ex: http://patriotismesocial.fr

Thomas Guénolé décrypte comment la gauche du non, ignorée en 2005, est en train de revenir sur le devant de la scène, accusée de «faire le jeu du FN».

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po, docteur en sciences politiques (Sciences Po – CEVIPOF). Il est l’auteur du Petit guide du mensonge en politique paru aux éditions First en mars 2014.

LE FIGARO. – Jacques Sapir et maintenant Michel Onfray, deux personnalités issues de la gauche, ont été récemment accusés de faire le jeu du FN. Selon vous, ces polémiques s’inscrivent dans la continuité du «Non» français au traité constitutionnel européen en 2005. En quoi ?

Thomas GUÉNOLÉ. – Après la victoire du «Non» au référendum de 2005 sur la Constitution européenne, il y avait eu alliance objective entre le «Oui de droite» et le «Oui de gauche», entre l’UMP de Nicolas Sarkozy et le PS de François Hollande, pour adopter au Parlement quasiment le même texte, rebaptisé «traité de Lisbonne».

Depuis lors, le «Non de gauche» a été repoussé en France dans les limbes du débat public, du paysage politique, et du paysage audiovisuel. Voici dix ans en effet qu’en France, les intellectuels, éditorialistes et économistes qui défendent les idées du «Non de gauche», et qui obtiennent d’être significativement médiatisés, se comptent au total à peine sur les doigts des deux mains. Pourtant, lors du référendum de 2005, selon un sondage de TNS Sofres et de Gallup, le «Non» à la Constitution européenne, en particulier à son programme économique, avait fait 70% des voix chez le «peuple de gauche».

Au bout de dix ans de purgatoire, depuis quelques mois nous assistons au contraire à la brutale réhabilitation du «Non de gauche» dans le débat public. La présence beaucoup plus prégnante d’intellectuels comme Emmanuel Todd, Jacques Sapir, Michel Onfray, tous trois partisans de cette ligne politique, constitue un symptôme évident de ce retour de balancier.

Dans ce contexte, il est parfaitement cohérent que Laurent Joffrin en particulier soit monté au créneau contre Michel Onfrey : c’est la riposte du « Oui de gauche » au « Non de gauche ».

Dans ce contexte, il est parfaitement cohérent que Laurent Joffrin en particulier soit monté au créneau contre Michel Onfray: c’est la riposte du «Oui de gauche» au «Non de gauche». On avait assisté à la même chose, lors de la controverse sur le livre «Qui est Charlie?», entre le «Non de gauche» d’Emmanuel Todd et le «Oui de gauche» de Manuel Valls.

La crise politique euro-grecque de 2015 a-t-elle contribué à cette transformation du débat public français ?

Je pense même que c’est le facteur principal qui a provoqué cette transformation du paysage intellectuel. L’affrontement entre les dirigeants de l’Union européenne et le gouvernement grec a atteint un degré de violence politique proprement ahurissant: songez qu’en plein référendum grec sur les mesures d’austérité exigées par la «Troïka», la Banque centrale européenne a coupé l’arrivée de liquidités au système bancaire grec tout entier. Sauf erreur de ma part, c’est du niveau d’un acte de guerre économique pure et simple.

Obtenue avec ces méthodes et avec ces exigences en termes d’austérité radicalisée, la capitulation d’Athènes le couteau sous la gorge a sans doute agi comme révélateur sur tout un pan de l’opinion publique de gauche en France. Le révélateur de cette vérité simple: non, quand on est dans la zone euro, et quand on a signé le Pacte budgétaire européen dit «traité Merkozy», on ne peut pas faire une autre politique que celle de l’austérité. Et donc: non, quand on est dans la zone euro et quand on a signé le Pacte budgétaire européen, on ne peut pas faire une politique de gauche au sens où l’entend le «Non de gauche».

Tout au plus peut-on, comme actuellement François Hollande, être de gauche au sens très limité d’une politique socio-économique identique à celle de la droite, mais accompagnée d’une lutte rigoureuse contre les discriminations dans la société française ; discriminations qui du reste sont bien réelles, en particulier contre les femmes, les jeunes, et les Français ayant des origines arabes ou subsahariennes. Du reste, c’est toute la logique de la stratégie Terra Nova conceptualisée par feu Olivier Ferrand pour le candidat du PS à la présidentielle de 2012.

Par conséquent, la crise euro-grecque de 2015 ayant brutalement dévoilé qu’une alternative à l’austérité est interdite quand vous êtes membre de l’euro et du Pacte budgétaire européen, il est parfaitement logique qu’elle accouche de la résurrection du «Non de gauche» dans le débat public français.

Ce «Non» de gauche peut-il, non pas faire le jeu du FN, mais le concurrencer ?

Etre de gauche et dire que la France doit sortir de Schengen, pour combattre la concurrence déloyale de la main d’œuvre d’Europe centrale, ce n’est pas faire le jeu du FN. Etre de gauche et dire qu’il faut copier le modèle canadien d’immigration par quotas de métiers, pour empêcher l’écrasement des salaires du personnel non qualifié et le dumping sur celui du personnel qualifié, ce n’est pas faire le jeu du FN. Etre de gauche et dire qu’il faut sortir de l’euro pour ne plus se voir interdire les relances monétaires keynésiennes, ce n’est pas faire le jeu du FN. C’est, au contraire, enrayer la dynamique du FN, en faisant que la gauche se réapproprie ses propres fondamentaux socio-économiques.

Etre de gauche et dire qu’il faut sortir de l’euro pour ne plus se voir interdire les relances monétaires keynésiennes, ce n’est pas faire le jeu du FN. C’est, au contraire, enrayer la dynamique du FN, en faisant que la gauche se réapproprie ses propres fondamentaux socio-économiques.

C’est la grande contradiction dans le raisonnement d’une partie des éditorialistes, intellectuels et économistes qui défendent le «Oui de gauche»: accuser leurs homologues du «Non de gauche» de «faire-le-jeu-du-FN» en ayant un discours souverainiste de gauche. Or, au contraire, ce sont la marginalisation et l’étouffement du «Non de gauche» dans le débat public français depuis dix ans qui favorisent la montée du FN, en le mettant en monopole sur le message anti-politiques européennes d’austérité. Car, tout bien pesé, si le «Non de gauche» existait solidement dans le paysage intellectuel et politique français, alors, du jour au lendemain, la stratégie Philippot du FN, consistant à cibler les électeurs du «Non de gauche», n’aurait plus aucune chance de fonctionner.

Pour l’heure, le «Non de gauche» ne trouve pas de traduction politique…

C’est plutôt un problème d’unification qu’un problème de vide. EELV tendance Duflot, Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, Nouvelle Donne de Pierre Larrouturou, aile gauche du PS presque en rupture de ban, réseaux d’Arnaud Montebourg: sur le fond, ces courants du paysage politique incarnent tous à des degrés divers le «Non de gauche», et ils ne divergent que sur une poignée d’enjeux, secondaires face au programme européen d’austérité.

Néanmoins, aussi longtemps que cette offre politique du «Non de gauche» sera atomisée, fragmentée, balkanisée, elle n’aura aucune chance de percer. Et ce, alors que l’écroulement progressif dans les urnes du «Oui de gauche» lui donne une fenêtre de tir.

Face aux divisions de la gauche du «Non», la candidature d’une personnalité de la société civile peut-elle émerger pour la présidentielle de 2017 ?

Peut-être Michel Onfray lui-même compte-t-il, comme José Bové en son temps, concourir à l’élection présidentielle ; et après tout, l’aventure d’un candidat venu de la société civile est dans l’air du temps. Cependant, une autre possibilité m’apparaît plus solide pour porter un «Non de gauche» unifié sur les fonds baptismaux: une primaire ouverte de toute la gauche du «Non», pour ne présenter qu’un candidat au premier tour de 2017 ; et d’ici là, l’unité de liste systématique du «Non de gauche» au premier tour des élections régionales de décembre.

Source : Le Figaro

DAESH, la nouvelle armée secrète de l’OTAN?

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DAESH, la nouvelle armée secrète de l’OTAN?

par Kendal Manis

Ex: http://sans-langue-de-bois.eklablog.fr

Quelles relations entretiennent les Etats-Unis avec Daesh ? Un rappel historique des méthodes ambiguës de l'OTAN et la mise en perspective de la guerre contre le terrorisme soulèvent bon nombre de questions. Sans verser dans la théorie du complot simpliste, cet article nous rappelle que les grandes puissances n'ont pas de principes, seulement des intérêts. A compléter par l'analyse des causes profondes qui, tant en Occident qu'au Moyen-Orient, ont rendu possible l'accomplissement de cette stratégie du chaos. (IGA)

À l’aube du XXIème siècle, les attentats du 11 septembre à New York commis par le mouvement Al-Qaïda ont marqué un tournant historique irréversible bouleversant profondément les relations internationales. Plus récemment, les attentats qui ont frappé la France les 7 et 9 janvier 2015 ont remis à jour une des questions politiques les plus épineuses à laquelle sont confrontées les État-nations et les populations civiles qui en sont les premières victimes : le terrorisme islamiste, officiellement ennemi numéro un de l’Occident après la chute du bloc soviétique.

Depuis 2001, des organisations similaires ou proches d’Al-Qaïda ont éclos partout à travers le monde, mettant des régions entières à feu et à sang. D’Afrique—Al-Qaïda au Maghreb islamique, Boko Haram, Al-Shabab—jusqu’au Moyen-Orient—l’Etat Islamique en Irak et au Levant, Al-Nousra—, les forces militaires, les techniques de propagande, les réseaux de recrutement ainsi que les ressources financières de ces mouvements transnationaux affichent une progression inexorable contre laquelle les États sembleraient avoir du mal à résister.

Depuis les attentats du World Trade Center, le « monde libre » serait face à une menace d’envergure diffuse et imprévisible. Le président américain Bush parlait d’un « axe du mal » (1) contre lequel il fallait à tout prix lutter, tandis que la théorie du choc des civilisations (2) était érigée en grille de lecture légitime des relations internationales par les dirigeants politiques et les médias. Nous serions dans une guerre opposant la civilisation, incarnée par l’Occident, à la barbarie et l’obscurantisme de l’Orient musulman. Cette vision du monde réductrice marquée par un orientalisme contemporain (3) permet l’éclosion de représentations schématiques qui influencent bon nombre d’individus.

L’inconscient collectif est marqué par l’idée d’une incompatibilité quasi naturelle entre l’Islam et l’Occident et de la crainte d’une menace terroriste de « barbus » qui veulent imposer partout la charia. En témoigne la progression des partis d’extrême-droite islamophobes en Europe.

Quelles sont les raisons de la montée en puissance fulgurante de ces organisations qui ont comme mode d’action la violence politique ? À l’heure où le terrorisme est une préoccupation mondiale, comprendre les mouvements armées islamistes suppose une analyse de leur genèse, c’est-à-dire une étude des premières organisations de ce type dans l’histoire moderne afin de découvrir les conditions de leur apparition, leur soutien et leur objectif.

Le secret politico-militaire le mieux gardé du XXème siècle a été révélé pour la première fois en 1990 lorsque le premier ministre italien dévoila l’existence d’une unité paramilitaire secrète liée à l’OTAN, nommée « Gladio ». Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Washington et Londres ont formé par le biais de leur services secrets un ensemble d’armées non conventionnelles et souterraines destinées à lutter contre les forces politiques de gauche. L’ancien général nazi Reinhard Gehlen a été chargé de mettre sur pied un réseau composé d’éléments d’extrême-droite dans le but de combattre par les moyens illégaux l’avancée idéologique et potentiellement militaire des Soviétiques. Il est l’instigateur des cellules terroristes secrètes Stay-Behind (4). Exerçant dans chacun des seize pays de l’OTAN ainsi que dans quatre pays neutres (Suède, Finlande, Autriche, Suisse), ces armées anticommunistes, qui agissaient à l’insu des parlements et des populations civiles, recrutaient entre autres leurs membres parmi les collaborateurs de Vichy et les monarchistes en France, les fascistes et les mafieux en Italie, les nazis en Allemagne (5) , ainsi que les ultra-nationalistes et islamistes en Turquie.

Toute doctrine et idéologie pouvant détourner les peuples de la lutte des classes et les nations des velléités souverainistes étaient soutenues et promues. Parmi elles, le nationalisme agressif (6) en Europe de l’Ouest ainsi que le fondamentalisme religieux au Moyen-Orient étaient des armes redoutables.

Durant la guerre froide, l’islamisme a été érigé par la Maison Blanche en alternative à la gauche et au nationalisme arabe qui revêtait un caractère socialiste et souverainiste (7) . Le terrorisme islamiste a été promu par les États-Unis en Turquie en 1978 lors du massacre anti-communiste de Maras, et à plus grande échelle deux ans plus tard en Afghanistan dans la guerre contre l’Union Soviétique. Avec le fiasco au Vietnam, l’occupation au sol d’un pays étranger était devenue trop impopulaire pour la Maison-Blanche qui a alors changé de stratégie. Plutôt que d’envoyer leurs propres soldats et voir leur image s’écorner au niveau national et international, jouer subtilement la carte de l’ingérence en s’appuyant sur des entités locales par le biais d’opérations spéciales clandestines se révélait être une option privilégiée pour les dirigeants américains. Ainsi, le premier mouvement djihadiste moderne transnational a vu le jour sous l’impulsion des Etats-Unis, par le biais de leurs alliés comme l’Arabie saoudite (8) , dictature intégriste à leur solde, qui mobilisa via ses réseaux de mosquées plus de 35 000 moudjahidines venus des quatre coins du monde, et particulièrement d’Europe. À leur tête un certain Ben Laden, proche collaborateur de la CIA. Ceci n’est plus un secret pour personne diront certains, à juste titre, sachant qu’Hillary Clinton reconnaît elle même que ce sont les USA qui ont créé Al-Qaïda (9).

Sous la houlette de l’OTAN, au mépris des droits de l’Homme et de la démocratie, des organisations armées secrètes ont été formées, mais qu’est-ce qui nous prouve qu’il n’en existe plus aujourd’hui ? Quant est-il de Daesh ? Pour savoir qui est derrière cette organisation, il suffit de voir les intérêts de qui elle sert et qui la soutient.

L’Iran, qui est le plus grand ennemi du couple Israël-Arabie saoudite au Moyen-Orient, voit ses deux principaux alliés de la région, à savoir l’Irak et la Syrie, se faire littéralement envahir par l’organisation djihadiste. Daesh combat tous les ennemis de l’Occident : le gouvernement syrien, le Hezbollah libanais, le Hamas palestinien (10) , ainsi que la branche syrienne du PKK (YPG-YPJ), grand ennemi de la Turquie.

Il faut également avoir à l’esprit que les parrains du terrorisme islamiste - l’Arabie saoudite et le Qatar - sont de fidèles alliés de l’Occident. Au regard du rapport des pouvoirs, les États-Unis, première puissance économique (11) et militaire au monde, ont incontestablement les moyens de faire pression sur ces nations-amies afin qu’elles arrêtent de financer le terrorisme. Mais force est de constater qu’aucune politique concrète de fond n’est menée dans ce sens.

La Turquie, qui est membre de l’OTAN et qui par conséquent ne peut conduire une politique étrangère allant à l’encontre des intérêts des pays de l’alliance, est aujourd’hui le point de passage principal des djihadistes vers la Syrie, et soutient massivement les « rebelles » de l’ASL ou les terroristes d’Al-Nosra et de Daesh (12) en leur fournissant une aide logistique et militaire (13) , notamment des armes, des camps d’entrainement à Gaziantep et Hatay, et des soins dans les hôpitaux (14).

Fait qui peut paraître « paradoxal » ou totalement incroyable, Israël soigne des djihadistes du Front Al-Nosra sur son territoire (15) et empêche toute progression de l’armée syrienne en bombardant les positions de celle-ci. Dans un article publié sur Le Figaro, Roland Hureaux met au jour la duplicité de la politique étrangère française : « Inutile de dire que nos armes et notre appui logistique sont allés exclusivement aux djihadistes, en particulier au Front al-Nosra, nouveau nom d’al-Qaida, dont les différences avec Daesh sont bien minces. Les mêmes qui enlèvent ou massacrent les chrétiens - et d’autres. La soi-disant Armée syrienne libre qui, disait-on , était l’objet de notre sollicitude demeure un fantôme - et un alibi pour aider les islamistes » (16) . En septembre 2014, on a appris de la bouche de l’ambassadrice de l’Union européenne en Irak, Mme Jana Hyboskova, que « plusieurs membres de l’UE ont acheté du pétrole non-raffiné à l’EIIL » (17).

Il semblerait que l’Occident réutilise la méthode afghane des années 1980 de guerre par procuration, c’est-à-dire de guerre par intermédiaire. Alors comment expliquer les bombardements de la « coalition anti-Daesh » ? A-t-elle une crédibilité ? En réalité, les Etats-Unis jouent subtilement sur deux tableaux à la fois, voulant à tout prix alimenter le complexe industrialo-militaire (18) qui pèse beaucoup dans leur économie (19) et préserver leur « identité de rôle » (20) aux yeux de l’opinion publique internationale, celle de défenseur de la liberté et de la démocratie. Ne frappant pas le coeur de l’organisation (Raqqa) et ayant une portée très limitée, ces frappes sporadiques ont comme seule finalité de feindre la guerre contre l’EI, ce qui sert dans le même temps celle-ci dans sa rhétorique de propagande anti-occidentale, permettant le recrutement de militants (21) .

Il y a récemment des informations inédites qui ont vu le jour dans des médias de masse qu’on peut difficilement accuser de conspirationnistes. Dans un reportage sur France 2 (22) se basant sur les dires de Mike German, agent spécial pendant 25 ans ayant démissionné, on apprend que le FBI a poussé des musulmans à commettre des attentats terroristes : « L’agence attirerait des musulmans dans ses filets à l’aide d’agents infiltrés qui vont les pousser à faire l’apologie d’actes de terrorisme. Dans ces cellules identifiées par l’agence, ni armes, ni ressources, ni complot avant l’arrivée de ces informateurs (agents secrets), prêts à souffler mot pour mot à leurs contacts les délits pour lesquels ils seront condamnés. L’ancien agent explique à la journaliste Virginie Vilar la méthode mise en place par le FBI, prêt à fournir des armes, de l’argent ainsi que le plan de l’attaque. Pour lui, "c’est de la fabrication d’affaires". C’est aussi la conclusion d’un rapport de l’ONG Human Rights Watch publié le 21 juillet 2014 » . (23)

Il semblerait que cette tactique soit aussi employée en France. Le journal Le Point, qu’on peut encore moins qualifier d’adepte de la théorie du complot, titre le 7 juin 2012 : « Mohamed Merah travaillait pour les RG » (24). On apprend dans cette affaire que Merah a été envoyé au Pakistan, en Afghanistan et en Syrie par un « ami » qui se révèle être en fait un agent des services français, qui l’a poussé à la radicalisation. On peut alors avoir des interrogations légitimes sur les attentats de Charlie Hebdo et le rôle des services secrets français.

Hier la CIA créait de « faux mouvements de gauche qui se livraient à des exactions et des actes condamnables uniquement pour faire croire à la population, que ces actes terroristes étaient l’oeuvre de la gauche » (25) . Aujourd’hui, les services occidentaux le feraient-ils avec les islamistes, pour stigmatiser les musulmans vivant sur leur territoire ? L’organisation État Islamique serait-elle la nouvelle armée secrète de l’OTAN ayant pour but d’affaiblir à terme l’Iran ? Le terrorisme djihadiste aurait-il pu être aussi puissant sans le soutien des alliés de l’Occident ? Al-Qaïda et les organisations de ce type constitueraient-ils des prétextes pour envahir des pays (Irak, Afghanistan), des instruments pour mener des guerres par procuration (Lybie, Syrie, Yémen), au niveau domestique des justifications aux lois liberticides, des moyens de stigmatisation et d’exclusion permettant de se débarrasser de la « racaille » partant servir de chaire à canon, et de détourner l’attention du public des vrais problèmes sociaux (chômage, crise économique) en désignant des bouc-émissaires ? Tous les éléments entre nos mains tendent à répondre à ces question par l’affirmative.

Si par hasard, certains ne sont toujours pas convaincus, résumons : les Etats-Unis ont créé dans le passé des « organisations de l’ombre » pratiquant le terrorisme, ils ont formé le premier mouvement armé islamiste transnational, leurs alliés-clients, la Turquie, l’Arabie-Saoudite, le Qatar financent les djihadistes, Israël les soigne, la France les arme, des pays de l’Union Européenne leur achète du pétrole, et des attentats terroristes sont commis en territoire occidental par des individus radicalisés et armés par ces mêmes services secrets. Pour ceux qui crient à la thèse « complotiste », rappelons que les complots font partie du répertoire d’action des services de renseignement. C’est leur métier.

« Comment la prétendue coalition contre les égorgeurs serait-elle crédible, alors que, pour des raisons différentes, beaucoup de ses membres ont partagé avec eux (et partagent encore pour certains), des intérêts stratégiques, politiques, économiques ? » (Charb, directeur de Charlie Hebdo)

Kendal Manis est l’auteur du mémoire de recherche « Maras 78’ : terrorisme américano-islamiste en Turquie ».


Notes :

1. RIGAL-CELLARD Bernadette, « Le président Bush et la rhétorique de l’axe du mal », Études 9/2003 (Tome 399) , p. 153-162

2. HUNTINGTON Samuel, Le Choc des Civilisations, Paris, Odile Jacob, 1997, 402 pages.

3. SAID Edward, L’orientalisme. L’orient créé par l’occident, Paris, Seuil, 2005, « Introduction », 456 pages

Voir aussi Edward Said on Orientalism, [Consulté le 12/12/2014], disponible à l’adresse :https://www.youtube.com/watch?v=fVC...

4. TUNC Aziz, Maras Kiyimi Tarihsel Arka Plani ve Anatomisi, Istanbul, Belge Yayinlari, 2011, p.119

5. Le responsable de la Gestapo Klaus Barbie a été recruté par la CIA. GANSER Daniele, Les armées secrètes de l’OTAN, Plogastel, Demi-Lune, 2005, p.262

6. Il faut faire une distinction entre le nationalisme agressif, qui a un caractère raciste, et le nationalisme défensif, qu’on peut qualifier de « patriotique ».

7. COLLON Michel, LALIEU Grégoire, La Stratégie du Chaos, Impérialisme et Islam, Investig’action, 2014, p.275

8. LALIEU Grégoire, Entretiens avec Mohammed Hassan, Jihad Made In USA, Bruxelles, Investig’Action, p.222

9. Hillary Clinton : ’We Created al-Qaeda’ [Consulté le 27/03/2015], disponible à l’adresse :https://www.youtube.com/watch?v=WnL...

10. rfi, Syrie : le groupe EI envahit le camp de Yarmouk, proche de Damas [en ligne], 1er avril 2015,[Consulté le 18/04/2015]. Disponible à l’adresse : http://www.rfi.fr/moyen-orient/2015...

11. En PIB par habitant.

12. La frontière entre ces différents mouvements est poreuse. En septembre 2013, plus de 40 000 hommes membres de l’ASL font défection pour intégrer le Front Al-Nosra. Georges Mabrunot, Le Figaro, Syrie : des rebelles modérés rejoignent le camp des islamistes radicaux [en ligne], 26 septembre 2013, [Consulté le 29/03/2015]. Disponible à l’adresse : http://www.lefigaro.fr/internationa...

13. Hélène Sallon, Le Monde, L’étrange soutien de la Turquie aux réseaux djihadistes de Syrie [en ligne], 24 janvier 2014, [Consulté le 18/04/2015]. Disponible à l’adresse :http://www.lemonde.fr/europe/articl...

14. Une vidéo de la chaîne de télévision turque IMC montrent la connivence entre les militants de DAESH et les soldats de l’armée turque à la frontière turquo-syrienne. Les soldats laissent passer les jihadistes vers la Syrie. IŞİD’in sınırın sıfır noktasından geçişi İMC TV kameralarında (1), [Consulté le 23/01/2015], disponible à l’adresse : http://www.dailymotion.com/video/x2... Voir aussi : Nouvelle preuve de collaboration d’Erdogan avec Daesh, [Consulté le 23/01/2015], disponible à l’adresse :https://www.youtube.com/watch?v=oIf...

15. i24 News, Israël soigne des djihadistes d’Al-Qaïda blessés en Syrie (Wall Street Journal) [en ligne],14 mars 2015. [Consulté le 12/04/2015]. Disponible à l’adresse :http://www.i24news.tv/fr/actu/inter...

16. Roland Hureaux, Syrie : l’incompréhensible politique étrangère de la France, [en ligne], 18 août 2015, [Consulté le 26/08/2015]. Disponible à l’adresse : http://www.lefigaro.fr/vox/monde/20...

17. L’Humanité, Des pays de l’Union européenne achètent du pétrole aux barbares, [en ligne], 25 septembre 2014, [Consulté le 26/08/2015]. Disponible à l’adresse : http://www.humanite.fr/blogs/des-pa...

18. Si on adopte une analyse de la politique étrangère des États-Unis par les processus organisationnels, théorisé par Graham Allison. BRAILLARD Philippe, Théories des Relations Internationales, Paris, PUF, 1977, « Modèles concep-tuels et la crise des missiles de Cuba », pp.172-196.

19. « Dans les mois qui ont suivis l’annonce d’Obama sur le bombardement des positions de l’État islamique, les cours de l’action Lockheed ont grimpé de 9,3%, ceux de General Dynamic de 4,3% et ceux de Rayteon et de Northrup Grumman de 3,8% ». LALIEU, Entretiens avec Mohammed Hassan, Jihad Made In USA, p.229

20. WENDT Alexender, « Anarchy is what States Make of it : The Social Construction of Power Politics », International Organiszation, n°46 (2), 1992, pp 391-425

21. JULES Alain, ETAT ISLAMIQUE. Bachar al-Assad : l’Etat islamique s’est renforcé grâce aux raids US [en ligne], 30 mars 2015. [Consulté le 12/04/2015]. Disponible à l’adresse :http://allainjules.com/2015/03/30/e...

22. Virginie Vilar, France 2, VIDEO. Le FBI accusé de fabriquer de faux complots terroristes [Publié le 13/02/2015], disponible à l’adresse : http://www.francetvinfo.fr/replay-m...

23. L’express, Le FBI a poussé des musulmans à commettre des attentats selon Human Rights Watch, [en ligne], 21 juillet 2014, [Consulté le 03/02/2015]. Disponible à l’adresse :http://www.lexpress.fr/actualite/mo...

24. Armel Méhari et Aziz Zemouri, Le Point, Mohamed Merah travaillait pour les RG [en ligne], 7 juin 2012, [Consulté le 01/03/2015]. Disponible à l’adresse : http://www.lepoint.fr/societe/merah... Voir aussi : Mohamed MERAH était un agent des services français selon l’avocate de sa famille… [Consulté le 24/04/2015], disponible à l’adresse : https://www.youtube.com/watch?v=Ej4...

25. GANSER Daniele, Op. Cit., p.226

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samedi, 26 septembre 2015

I Jornadas del CELE

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11:04 Publié dans Actualité, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, événement, madrid, espagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Vague de migrants en Europe: vers la piste américaine?

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Vague de migrants en Europe: vers la piste américaine?

Ex: http://fr.sputniknews.com

Au cours du mois d’août 2015, alors que la crise des migrants s’est mise à faire la une de la majorité du flux médiatique global, une bien étonnante nouvelle est apparue entre les milliers de lignes d’actualité.

Selon le magazine autrichien Direkt, auquel un membre des services de renseignement militaires autrichiens se serait confié, "les services secrets autrichiens disposeraient d'informations démontrant l'implication d'organisations ayant créé un système destiné à favoriser la dynamique migratoire que l'Europe subit".

Reprise uniquement sur différents médias non-alignés, cette information avait jusqu'alors paru fantaisiste et surtout relever d'une tendance complotiste américanophobe. Pourtant, peu à peu, Internet a fait son travail et la marée montante d'informations a permis aux commentateurs attentifs ici et là de commencer à récupérer et mettre en lien des informations plus que surprenantes et pour le moins inattendues.

Il y a tout d'abord eu l'apparition publique de cette galaxie d'ONG d'extrême gauche à l'ADN majoritairement allemand, ONG qui ont déployé une énergie considérable à faire absorber de force ce flux humain dont plus personne ne connaît réellement aujourd'hui la réelle dimension, mais dont tout le monde peut constater à quel point il est de densité suffisante pour avoir mis à mal la vie sans frontières des vieilles nations européennes.

Les Allemands ne sont cependant pas les seuls coupables de cette collaboration envers des migrants qui sont en majorité des migrants économiques dont on comprend bien qu'il sera difficile de les inciter à repartir en Libye, Irak ou Somalie après avoir eu un aperçu même sommaire et brutal de la vie en Scandinavie, France ou Allemagne. De nombreux projets croisés et transnationaux ont commencé à voir le jour, comme par exemple l'association franco-allemande SOSMEDITERRANNEE qui bénéficie notamment de subventions de BNP Paribas afin de "sauver des migrants et les accompagner vers les dispositifs d'information et d'assistance aux migrants sur le territoire européen" (Source).

Ne faudrait-il pas plutôt commencer par prévenir le suicide chez nos agriculteurs ou nos petits artisans, aider nos jeunes femmes dans le besoin (les futures mères européennes), parfois contraintes de se prostituer pour payer leurs études, ou tout simplement s'occuper des dizaines de milliers de SDF qui jalonnent les rues des villes européennes?

Cette affaire européenne n'en est peut-être pas une.

Il y a d'abord cette surprenante nouvelle qui tombe à point nommé, à savoir la naissance en Grande-Bretagne d'un nouveau type d'établissement financier destiné aux étrangers et aux migrants et leur permettant d'ouvrir un compte en ligne en s'épargnant les habituelles tracasseries administratives.

Il y a ensuite cette analyse minutieuse faite par Vladimir Shapak. Vladimir Shapak est le créateur d'une application du nom de Scai4Twi permettant l'analyse de l'ADN d'un Tweet, à savoir son contenu et son origine territoriale. L'analyse de plus de 19.000 tweets liés à la thématique des "migrants" a ainsi permis de tirer des conclusions bien étonnantes. Tout d'abord, 93% des tweets émis contenaient des informations positives sur l'Allemagne et l'Autriche, et 76% contenaient des hashtags #RefugeesWelcome+Germany, alors que seuls 6% de ces messages étaient émis d'Allemagne, 36% de sources géo-localisées en Angleterre et en Amérique, parmi lesquelles de nombreux éminents médias américains ou responsables d'ONG américaines dont le trafic de tweets a été particulièrement important, comme on peut le constater ici.

Plus étonnant encore, les liens forts discrets mais surprenants qui entourent la puissante association allemande Fluchthelfer. Fluchthelfer est un site militant appelant les citoyens européens à devenir des "agents d'évasions" en covoiturant des migrants de façon citoyenne et discrète lors de leur déplacements en Europe ou de leur retour de vacances en zones frontalières, telles l'Italie ou la Grèce. En clair, à devenir des passeurs et des trafiquants d'êtres humains et en violant la loi, comme le démontre leur vidéo de promo dans lequel on peut voir de bons vieux Allemands transporter un jeune homme visiblement originaire d'Afrique en lui faisant traverser les inexistantes frontières du dispositif Schengen.

Au cours du mois d'août 2015, des blogueurs se sont intéressés à Fluchthelfer pour découvrir que le nom de l'association avait été déposé, sur Internet, par une puissante structure américaine: l'institut Ayn-Rand, ultra libertaire sur le plan sociétal et dont le conseil d'administration est composé autant d'anciens membres de Goldman Sachs que de membres du Cato Institute, ce dernier prônant également "les libertés individuelles, un gouvernement réduit, les libertés économiques et la paix". Depuis ces "fuites", en juillet et août, le nom de domaine Fluchthelfer a été déposé (le 1er septembre) par un hypothétique Escape Institute dont le titulaire, s'affichant sous le nom de "Paul Ribbeck", utilise un anonymiseur internet au logo rouge et noir. Ce même Paul Ribbeck prétend fournir "des outils de communication informatique pour les personnes et les groupes qui militent en faveur d'un changement social libérateur".

Fluchthelfer a été initié en Allemagne par le collectif PENG qui, parallèlement à son activisme Internet et sociétal, coopère avec des groupes libertaires tels que, par exemple, les Pussy Riot ou encore Voïna. Les lecteurs souhaitant en savoir plus sur ces associations et leurs activités peuvent consulter cet article qui recense leurs faits les plus glorieux.

Sans surprise, les liens entre les réseaux américains et européens afin de favoriser, aider et même soutenir cette poussée migratoire sont de moins en moins secrets, et c'est l'Open Society de Georges Soros qui affirme sur son site soutenir « les associations oeuvrant à apporter des solutions relatives à la sécurité et au bien entre migrants légaux et illégaux ».

Bref, une destruction des Etats européens et des identités assistée des forces les plus destructrices de la planète, car pendant que les activistes européens travaillent à leur auto-destruction ainsi qu'à celle des leurs, l'Etat islamique, lui, infiltre les colonnes de faux refugiés. Dans le même temps, cette grande démocratie qu'est le Qatar et qui soutient le terrorisme en Syrie vient d'acheter et d'imposer des places pour migrants à La Sorbonne, complétant sur le plan financier une invasion imposée a l'Europe et aux Européens qui devrait finir par amener la Guerre globale sur le continent européen.

Voilà donc un scénario imposé par des réseaux globaux, qu'ils soient libertaires capitalistes, gaucho-libertaires ou islamiques radicaux, et dont l'objectif, de la Californie à Berlin en passant par Paris, Bruxelles, Raqqa ou Doha, reste le même: la destruction des Etats européens.

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Migrantencrisis: Documenten bewijzen misleiding en manipulatie internet door overheid

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Migrantencrisis: Documenten bewijzen misleiding en manipulatie internet door overheid

93% van alle ‘vluchtelingen wees welkom’ tweets door zogenaamde ‘Duitsers’ blijkt NIET afkomstig uit Duitsland, maar vooral uit de VS

Met dit soort –vaak gemanipuleerde- foto’s en berichten moet de argeloze Westerse internetter het valse idee krijgen dat bijna iedereen de komst van miljoenen moslim migranten naar Europa enkel toejuicht.

De Amerikaanse onderzoeksjournalist Glenn Greenwald, bekend vanwege zijn samenwerking met de wereldberoemde NSA klokkenluider Edward Snowden, schrijft op het mede door hem opgerichte The Intercept dat uit de door Snowden meegenomen NSA documenten blijkt dat overheden en geheime diensten massaal het internet gebruiken om de bevolking te misleiden en manipuleren. Zo worden discussies op forums ‘gestuurd’ en bepaalde websites en personen die een niet politiek-correcte mening verkondigen zwart gemaakt. Om dat te bereiken schrikt men niet terug voor het versturen van valse en verdraaide emails en het manipuleren van persoonlijke foto’s. Ook Twitter en Facebook worden massaal misbruikt om het links-liberale globalistische gedachtengoed te propageren.

Greenwald werkt al geruime tijd samen met de zender NBC News aan een serie over de ‘smerige trucs’ van de GCHQ (Government Communications Headquarters), de Britse tegenhanger van de NSA, en diens afdeling JTRIG (Joint Threat Research Intelligence Group). Een van de vier als ‘geheim’ geclassificeerde GCHQ documenten, die enkel door de NSA en de inlichtingendiensten van de zogenaamde ‘Five Eyes’ (de VS, Groot Brittannië, Canada, Australië en Nieuw Zeeland) mochten worden ingezien, heeft als titel ‘De kunst van misleiding: Opleiding voor verborgen Internet-operaties’.

DDoS aanvallen, honingvallen

In eerdere artikelen hadden Greenwald en NBC al uit de doeken gedaan hoe YouTube en blogs voortdurend worden bewaakt en hackergroepen zoals Anonymous met hun eigen wapens (zoals DDoS aanvallen) worden bestreden. Tevens wordt gebruik gemaakt van gevaarlijke computervirussen en ‘honingvallen’, waarbij bepaalde personen in een seksueel precaire situatie worden gebracht, gefilmd en vervolgens gechanteerd.

Verspreiding van ‘alle denkbare vormen valse informatie’

‘De geheime diensten proberen discussies op het internet te controleren, te infiltreren, te manipuleren en te vervormen, om zo de integriteit van het internet zelf in twijfel te trekken,’ legde Greenwald uit. ‘Tot de centrale door JTRIG beschreven doelen behoren twee methodes: 1) de verspreiding van alle denkbare vormen van valse informatie op het internet, om zo het aanzien van bepaalde personen te ruïneren, en 2) het inzetten van oorspronkelijk sociale wetenschappers en andere methoden die de dienst wenselijk acht om internet-discussies en activiteiten te manipuleren.’

False-flag berichten, websites en emails

Daarnaast worden ‘doelwitten’, zowel personen als bedrijven, aangevallen met ‘false flag’ operaties,  zoals het verspreiden van bewerkte –‘gefotoshopte’- foto’s waarop te zien zou zijn hoe iemand zich schuldig maakt aan strafbare feiten of andere bedenkelijke handelingen. Ook wordt er negatieve c.q. schokkende informatie over het internet verspreid die zogenaamd van het doelwit –een blogger, een bedrijfsleider, een politicus- afkomstig zou zijn. Hier vallen ook internetberichten en forumpostings onder valse naam onder.

Tevens worden er valse ‘slachtoffersites’ opgericht van mensen die beweren door het doelwit te zijn belasterd of anderszins beschadigd. Men schrikt zelfs niet terug voor het onder valse naam versturen van emails aan collega’s, buren, familie en vrienden. Ondernemingen worden op dezelfde wijze in diskrediet gebracht en desnoods kapot gemaakt.

Regeringen met dergelijke macht levensgevaarlijk

Greenwald: ‘Onafhankelijk van hoe men over Anonymous, ‘hacktivisten’ of gebruikelijke criminelen denkt is het niet moeilijk te erkennen hoe gevaarlijk het is als een geheime regeringsinstantie in staat is iedere willekeurige persoon met deze op het internet gebaseerde, verborgen en op misleiding berustende methoden in diskrediet te brengen en te belasteren – mensen die nooit van een misdrijf zijn beschuldigd of daar nog nooit voor werden veroordeeld.’

De controlerende overheidsdiensten blijken zichzelf bevoegdheden te hebben gegeven om -waarschijnlijk vanwege bepaalde politieke belangen- het aanzien van personen te vernietigen en hun internetactiviteiten te stoppen, zonder dat deze personen ooit van een misdrijf werden beschuldigd of dat hun activiteiten een duidelijke verbinding hebben met het terrorisme of een bedreiging van de nationale veiligheid vormen.

Al in 2008 stelde de door Obama benoemde topadviseur Cass Sunstein voor dat de regering kritische groepen en internetsites zou gaan infiltreren. Dat is precies wat Obama volgens Greenwald heeft gedaan; zelfs de belastingdienst (IRS) werd door de president ingeschakeld om conservatieve groepen zoals de Tea Party aan te vallen en zo mogelijk monddood te maken.

Burgers verkeren nog in illusie

Veel burgers, ook in Nederland, verkeren nog steeds in de illusie dat hun regering zich altijd aan de grondwet houdt, uit eerbiedwaardige motieven handelt en enkel het beste wil voor zijn onderdanen. Toegegeven, het is niet makkelijk te moeten aanvaarden dat juist de eigen regering zijn burgers nauwlettend in de gaten houdt en desnoods aanvalt als iemand met een ‘afwijkende mening’ om wat voor reden dan ook als een ‘bedreiging’ wordt gezien. Uit de door Snowden/Greenwald geopenbaarde documenten blijkt echter onomstotelijk dat deze methoden wel degelijk uitgebreid worden toegepast. (1)

‘Vluchtelingen wees welkom’ berichten bijna allemaal vals

Een recent voorbeeld waaruit blijkt dat de overheid ‘as we speak’ druk bezig is de mening van de burgers te manipuleren is de onthulling dat de vele positieve tweets over de massa immigratie door Duitsers slechts voor iets meer dan 6% afkomstig blijken te zijn uit Duitsland zelf, en voor 93% uit het buitenland. Gezien het bovenstaande zal het geen verbazing meer wekken dat de meeste berichten afkomstig zijn uit de VS en Groot Brittannië.

Daarnaast zorgt een compleet leger ‘netbots’ ervoor dat de sociale media helemaal worden overspoeld met dit soort valse ‘vluchtelingen wees welkom’ berichten, waardoor de internetter die wél kritisch staat tegenover de komst van miljoenen moslims naar Europa het idee krijgt dat hij tot een kleine minderheid behoort (2).

Onthoud echter dat juist het tegendeel het geval is – als u zich ook grote zorgen maakt over de door de globalisten gewilde migrantentsunami en de daarop volgende dreigende instorting van onze vrede, welvaart en complete samenleving, behoort u tot de –helaas nog grotendeels zwijgende- meerderheid.

Xander

(1) KOPP
(2) KOPP / Global Research

Angela Merkel, Max Weber et l’éthique du poisson mort

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Angela Merkel, Max Weber et l’éthique du poisson mort

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

A propos du virage à 180 degrés d’Angela Merkel sur les migrants, il a été question d’éthique de la conviction et d’éthique de la responsabilité, distinction proposée par le philosophe/sociologue Max Weber au début du vingtième siècle. Je me souviens encore de l’éblouissement que j’ai ressenti lorsque j’ai pris connaissance de cette distinction, tant elle était lumineuse et profonde.

Le convaincu agit selon une valeur qu’il veut faire passer dans la réalité, sans chercher à savoir quelles seront les conséquences de ses actes. Il veut la paix à tout prix et ne comprend pas que son action pourrait conduire très vite à la guerre. Ainsi Angela aurait agi tout d’abord selon ses convictions en matière de droits de l’homme et de libre circulation. On pouvait la sentir satisfaite de promouvoir la paix, l’ouverture, une bienveillance universelle sur la scène du monde. Elle agissait selon une éthique de la conviction.

Et puis, elle semble avoir pris conscience qu’en agissant ainsi elle risquait de promouvoir le contraire de ce qu’elle voulait promouvoir : la haine plutôt que la bienveillance – le repli sur soi plutôt que l’ouverture. Prenant conscience des conséquences de ses actes, elle a passé d’une morale de la conviction à une morale de la responsabilité.

Jusque-là, pas de problème. On comprend. Mais à y réfléchir, on en vient à se demander s’il y a eu une conviction derrière le comportement de la chancelière allemande. Angela a-t-elle jamais été une convaincue avant de voir les conséquences de ses actes ? N’était-elle pas plutôt une fonctionnaire de la pensée unique, avant d’être surprise par un retour de la réalité comme on est surpris par un retour de flamme.

Comment parler d’un comportement qui ne repose ni sur des valeurs, ni sur des convictions, mais sur le conformisme au politiquement correct ? A côté d’Angela, on peut placer François Hollande. Avec lui, on va encore plus loin : à chaque fois qu’il énonce des propos, on a l’impression qu’il n’y a personne derrière et donc pas la moindre conviction. On parle depuis quelques années d’ordinateurs capables de rédiger des articles à la place des journalistes. Qui n’a jamais senti que les discours de nos gouvernants pourraient, eux aussi, être tenus par des ordinateurs dûment programmés ? Nous avons de moins en moins affaire à des convaincus ou à des responsables, mais à des âmes mortes qui récitent des formules.

Max Weber ne semble pas avoir tenu compte de cette troisième catégorie à côté des deux types d’éthique qu’il propose. C’est un peu surprenant, car il avait conscience du fait que l’Occident entrait dans une phase où les valeurs disparaissaient. A tel point qu’il recommandait que l’on choisît une valeur, n’importe laquelle,  pourvu qu’on en choisît une. Il avait donc bien pressenti que les âmes mortes allaient proliférer, des âmes sans conviction, sans valeurs, même si elles avaient constamment ce mot à la bouche.

L’âme d’un individu qui ne croit plus à rien pour mieux fonctionner dans le monde tel qu’il est (soi-disant) est une âme morte. Nous sommes appelés à davantage qu’à fonctionner ici bas. C’est seulement alors que nous cessons d’être des coquilles vides.

Comment nommer ce comportement qui, à côté de l’éthique de la conviction ou de la responsabilité, consiste en une pure adaptation  au monde ? Je propose : éthique du poisson mort.

Sans que je comprenne bien pourquoi, il me semble qu’il y a de plus en plus de poissons morts dans les classes gouvernantes des démocraties modernes. Les représentants du peuple, devant répondre aux demandes de plus en plus diverses de ceux qu’ils représentent, ne peuvent pas avoir de convictions solides et d’actions claires car ils risqueraient alors de ne pas être réélus. Ce mécanisme fait passer tout acteur politique habité par une solide conviction pour fou, dangereux, fasciste. Il ne lui reste plus alors qu’à flotter, comme un poisson mort, au gré des divers courants qui agitent la société. Les sociétés modernes sont des sociétés sans gouvernants, sans gouvernail. L’éthique du poisson mort y règne, presque toute-puissante.

Jan Marejko, 22 septembre 2015

The Powerful Bear In The Northern Tradition

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The Powerful Bear In The Northern Tradition

by Arith Härger

Ex: http://artihharger.wordpress.com

As the other day i wrote about the Boar as a very powerful symbol in the old European Traditions, i wouldn’t want to left another powerful animal behind, which is the Bear, strongly worshiped by both Europeans and the indigenous inhabitants of northern America and Alaska.
For many cultures, Bears were the kings and queens of beasts, the rulers of the wild, the animal on the top of the food chain, for animals such as lions or other fearsome large felines didn’t exist in these areas, well in truth they did but it was so long ago and for a short period of time in the early human lives, that people gave more importance to the Bear, for that animal accompanied the lives of human beingsfor much longer The Bear was also considered to be the old, wise and wild brother of us humans, as Bears can stand upright like we do and walk if only for short periods. For this reason, the Bear was thought to be the mediator between us humans with the spirits, and there was much respect for this animal, caves were found, containing arranged Bear skulls, in honor to these creatures, as altars from the Paleolithic era, a cult to the Bear that dates from at least twenty thousand years ago (20.000).
Bears used to be all over Europe, from the far shores of the Mediterranean Iberian Peninsula, all the way up to the North of Scotland, to Scandinavia and the Eastern regions of Siberia, unfortunately nowadays we can only find these creatures in the cold north regions, and the tales about bears from the people living in those regions are many especially from the Finns, Saami and the Siberian tribes.

The bear wasn’t just a sacred animal to these people, it was also the source of food, even to the Saami before they had learnt to have reindeer herds, but the respect for this animal wasn’t less just because of that, as a matter of fact most animals that were sacred were also eaten and there was always respect for these creatures and there was always special rituals to hunt an animal, to honor the spirit, the life and to thank them for their purpose. In the case of hunting a bear, it was always done during the hibernation of the animal but it was always awakened first, because killing a bear during their sleep, was considered to be dishonorable for both the hunters and the bear, and cowardice for the hunters, after the successful killing of the animal, the hunter or the hunters had to pass through many rituals in order to be safe for the hunters to get in the village, so people could be saved from the spirit of whom the hunters had killed, to keep the spirit from having its revenge upon the tribe, or to keep the spirit of the Bear King or Queen from having its revenge for killing one of its children. During the time of the rituals, no one could look the hunters in the eyes nor talk to them, only the hunters could butcher and cook the body and no one else could come near it before it was ready to be eaten. Before the feast began, a speech of apology and thankfulness was given to the bear, and afterwards the bonés of the animal were buried in a sacred place. These king of acts are still very common amoung shamanic tribes that still exist today, the so called taboos among the shamans and their families, and everyone must respect that and the spirit of the animals in order to safeguard the families and have prosperity and happiness.

ours_25.jpgTo the Norse people the Bear was also a very powerful symbol very much attached to their beliefs and their warrior cults. People believed in many gods but there was always a group of people, a cult, dedicated to just one specific god, and in the Norse culture the warriors dedicated to Odin were called Berserkers, whose name comes from the word Bersark which means literally bearskin, which they wore for magical purposes and to honor the strength of the bear and become like him, fierce, strong, ferocious, violent in battle. These warriors would enter in an altered state of mind and call upon the spirit of the bear, becoming a bear themselves so they would not feel any pain during the battle, in order to keep the fight longer, roaring, putting fear upon their enemies. There are many accounts of this, of these warriors taking the amanita muscaria mushrooms, to enter in trance, and go completely crazy, becoming beasts ( this is from where and why the English word Berserker, or to go Berserker, came from ) wearing bear skins and nothing else, and sometimes even totally naked while going to battle and use their own hands and teeths to kill the enemies and tear off their armour and break their shields.

Note: If you have any questions for me or if you want to see my artistic works, check out my Facebook page and make a Like if you can by following this link –> http://www.facebook.com/ArithHarger

vendredi, 25 septembre 2015

Attaques systémiques US contre la politique pro-russe de l’Allemagne

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Migrants, Volkswagen, Euro, Ukraine : attaques systémiques US contre la politique pro-russe de l’Allemagne

Les Etats-Unis ont lancé une campagne stratégique d’affaiblissement de leur vassal allemand dont ils craignent l’émancipation progressive au profit d’une politique de coopération euro-russe. La crise ukrainienne, la crise de l’euro, la crise migratoire ou le scandale industriel autour de Volkswagen sont autant d’offensives concentriques contre Berlin dont la politique pro-russe menace l’hégémonie américaine en Europe.

Comprendre la stratégie US

Washington est fidèle à la ligne stratégique anglo-saxonne : diviser pour régner d’une part, maintenir ses alliés dans un état de faiblesse structurelle d’autre part.

Pour les Etats-Unis, la seule alliance capable de menacer l’hégémonie américaine sur le monde serait celle formée par le bloc Union Européenne / Union Eurasiatique. Les USA s’inspirent de la stratégie arrêtée par le général polonais de l’entre-deux guerres, Josef Pilsudski.

En tant que Polonais, le général Pilsudski devait penser la position géopolitique de son pays avec à l’esprit que ce dernier était sous la menace constante de la Russie. Aussi conceptualisa-t-il deux axes stratégiques à mettre en oeuvre par la Pologne pour neutraliser l’empire eurasiatique.

Premièrement, le général estimait qu’il fallait priver la Russie de ses territoires non-russes. Il percevait à juste raison que la Russie cherchait fondamental à acquérir et maintenir une profondeur stratégique en associant, généralement de force, des territoires susceptibles de protéger le coeur de la Russie européenne. Sans sa ceinture caucasienne, centre-asiatique ou européenne, la Russie devient fragile, faible et cesse d’être une menace. En conséquence, le général Pilsudski soutenait les efforts d’autodétermination des peuples périphériques de l’empire russe.

Cette politique est aujourd’hui soutenue par les USA, notamment dans le Caucase où ils agitent le séparatisme et l’islamisme radical, ainsi qu’en Géorgie et en Ukraine. L’utilisation de l’islamisme radical comme moyen de déstabilisation des périphéries russes a été mise en oeuvre en Afghanistan pour la première fois, sous la direction du stratège d’origine polonaise Zbigniew Brzeziński. C’est là que la CIA armera les moudjahidines afghans et arabes, dont Ousama Ben Laden (“Opération Cyclone”).

Deuxièmement, Pilsudski entrevoyait la constitution d’un vaste complexe d’états d’Europe de l’Est qui, alliés les uns aux autres, seraient en mesure de contenir la Russie. Il devait inclure la Finlande, les Pays Scandinaves, les Pays Baltes, la Pologne, l’Europe Centrale, les Balkans, l’Italie et la Grèce. Soit, pour ainsi, la moitié Est du continent. Ce qu’il appelait l’intermarium, ou “l’entre-mers”, en référence à la jonction de ces états devant s’établir des mers polaires à la Mer Noire.

Les USA ont globalement repris cette idée et ont entrepris de constituer un bloc entre l’Europe de l’Ouest et la Russie, sous l’égide de l’Otan dont le rôle consiste à empêcher la jonction stratégique entre l’Allemagne et la Russie. A cet effet, la Slovaquie, la Hongrie et la Tchéquie, sous l’égide de la Pologne, ont décidé de former un groupe de combat dit de “Visegrad” auquel est associé l’Ukraine. Il doit entrer en service en 2016 et est explicitement tourné contre la Russie.

La réaction allemande

L’Allemagne a essayé de contenir cette entreprise dont le déclenchement véritable remonte au coup d’état du 22 février 2014 à Kiev. Angela Merkel a ainsi refusé de soutenir la constitution du rempart oriental inspiré par le projet de Pilsudski sous l’égide de l’OTAN. C’est pourquoi l’Allemagne, en août 2014, refusa de participer au renforcement militaire de l’Alliance Atlantique dans les Pays Baltes (lire ici).

Ce premier développement en préfigurait un second lorsque Berlin négocia avec Moscou le règlement de la crise ukrainienne lors des accords de “Minsk 2″.

Cette rébellion allemande manifeste contre le projet anglo-américain dans la région fut parfaitement illustrée par la réaction de colère de Joe Biden, vice-président des USA, lors de la conférence sur la sécurité de Munich. Cette attitude faisait suite au véto allemande sur la livraison d’armes à l’Ukraine. Décision prise afin d’empêcher les USA de créer ex-nihilo un conflit à même de justifier par contrecoup la constitution d’un rempart antirusse.

Face à ce dangereux précédent, les USA ont entrepris de fragiliser l’Allemagne en compromettant ses outils de puissance au sein de l’Union Européenne. Car ce sont eux qui permettent à Berlin d’inspirer à l’UE un positionnement pacifiste vis-à-vis de la Russie. En isolant l’Allemagne, les USA entendent créer entre l’Europe de l’Ouest et la Russie une “Troisième Europe”, directement placée sous commandement américain via l’OTAN et la Pologne.

Première attaque : l’Euro

Pour parvenir à brider le leadership allemand au sein de l’UE, les USA ont décidé de frapper ce qui fonde cette influence : son économie. C’est parce que l’Allemagne est garante financièrement des membres de l’eurozone que celle-ci est mesure de les convaincre, sur d’autres dossiers, d’adopter un positionnement plus “tempéré” sur la question russe.

Les USA ne veulent pas “détruire l’Euro” mais le fragiliser suffisamment pour qu’il soit un levier de pression sur Berlin. Washington a donc entrepris, dès 2013, d’utiliser l’extrême-gauche grecque dans ce plan. Le ministère des Finances américain a ainsi bruyamment pris le parti de Tsipras lors des négociations autour d’un nouveau plan de sauvetage de la Grèce.

En février 2015, le représentant du ministère des Finances US, Daleep Singh, se rendit à Athènes pour aider le gouvernement d’extrême-gauche à affronter Berlin. Fait révélateur, Singh est un ancien membre de la banque juive américaine Goldman Sachs.

Autre fait révélateur, Alexis Tsipras a choisi la banque juive Lazard, détenue par Mathieu Pigasse – propriétaire du journal Le Monde – pour “restructurer la dette grecque”. C’est-à-dire négocier avec les prêteurs nord-européens du pays. La banque Lazard est liée au gouvernement américain puisqu’elle a restructuré les dettes des pays conquis par les USA comme l’Irak, l’Ukraine.

Cependant Berlin n’a pas cédé. Depuis le gouvernement d’extrême-gauche s’est rallié au programme allemand et cherche en Russie un appui géopolitique. Ce qui n’était absolument pas anticipé par les USA. Ainsi, Athènes a accepté de participer au projet de gazoduc euro-russe devant transiter par la Turquie afin de contourner l’Ukraine. Ce qui a suscité la colère de Washington (lire ici). Révélateur également, le refus récent d’Athènes d’obtempérer aux exigences des USA qui appelait la Grèce à fermer son espace aérien aux vols russes à destination de la Syrie alors que Moscou y envoie un corps expéditionnaire massif.

La crise de l’Euro s’est depuis calmée, du moins temporairement. Mais l’attaque contre la zone euro – donc contre l’économie allemande et sa zone de libre-échange – fut forte. Si Berlin a pu endiguer cet effort américain, le flanc sud de l’UE est fragilisé.

Deuxième attaque : Schengen

L’Allemagne était dans le même temps déjà la cible d’un flux massif d’immigrés musulmans en provenance de divers pays musulmans, dont l’Afghanistan. Cet afflux soudain vise explicitement l’Allemagne.

On a pu relever la présence d’organisations – telle IsraAID – qui sous couvert d’aide humanitaire fournissent aux migrants extra-européens des cartes avec les informations requises pour pénétrer en Europe. Des membres de cette organisation jouaient même le rôle de guide.

Une information émanant du renseignement militaire autrichien affirme par ailleurs que des “organisations américaines” financent les passeurs.

La réaction du gouvernement allemand, par la voix de la chancelière Angela Merkel, a traduit une déstabilisation évidente : celui-ci, dans les premiers jours, s’est engagé à accueillir “sans limite” les clandestins. Ce qui s’est avéré matériellement impossible. Puis, après une semaine, les organismes de sécurité de l’Etat Allemand ont littéralement dépossédé Angela Merkel du dossier.

Horst Seehofer, leader de la CSU bavaroise – parti allié à la CDU au pouvoir – a exigé l’adoption d’une politique “réaliste” en fermant la frontière avec la Hongrie. Ce retournement brutal a entraîné la suspension des accords de libre-échange de Schengen en Slovaquie, en Autriche, en Allemagne, en Hongrie.

Là encore, et comme dans le cas de la crise grecque, la crise migratoire a compromis la zone de libre circulation dont a besoin l’Allemagne.

Fait remarquable, les pays qui ont mené la fronde contre la volonté de Berlin – pour garantir Schengen – de répartir partout les immigrés musulmans sont les 4 pays du groupe de Visegrad. La Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie et la Pologne. La Finlande a également fait valoir son soutien ainsi que les Pays Baltes. Très concrètement, la crise migratoire renforce la fracture entre la “Troisième Europe” et l’Europe de l’Ouest. Si cela affaiblit la cohérence de l’UE sous direction allemande, cela renforce objectivement la stratégie américaine évoquée plus haut.

Troisième attaque : l’industrie allemande

Après l’attaque contre l’Euro et Schengen, bases de la zone de libre-échange qui fait la force de l’industrie allemande, c’est cette dernière qui a été directement visée.

Le “scandale” ciblant Wolkswagen récemment n’est pas fortuit. Il cible un symbole de la puissante industrie allemande qui permet aujourd’hui à Berlin de contenir le bellicisme américain en Europe. Est-ce un hasard si les “révélations” concernant le groupe automobile ont été produite par une ONG américaine ?

L’International Council for Clean Transportation est financée par deux fondations californiennes : William and Flora Hewlett Foundation et David and Lucile Packard Foundation. Elles appartiennent aux fondateurs de la marque d’ordinateur Hewlett Packard.

Ces deux fondations alimentent en fonds la fondation Climateworks qui soutient l’ICCT à l’origine des “révélations”. La William and Flora Hewlett Foundation est liée au Council of Foreign Relations (CFR), un des organismes décisionnels de l’oligarchie atlantique qui définit la politique étrangère des USA et de leurs alliés (source). Elle finance également le groupe de réflexion Pacific Council, une succursale du CFR.

On notera qu’appartient au Pacific Council, l’ancien ambassadeur des USA en France, le juif Charles Rivkin. Ce dernier est l’artisan de la mise en oeuvre du multiculturalisme à tous les niveaux en France, essentiellement au profit de l’immigration musulmane.

Le résultat de cette opération de déstabilisation d’un des fleurons de l’industrie allemande est sans appel : l’action du groupe automobile a perdu, en 3 jours, 25 milliards de dollars. Il est probable, au passage, que la finance judéo-américaine – dûment informée de l’imminence de la médiatisation du “scandale” – en ait profité pour spéculer sur le cours du titre.

L’attitude allemande sur le dossier syrien

Quoiqu’il en soit, l’Allemagne continue de tendre la main à la Russie. Alors que Moscou est en train de détruire toute la stratégie américaine en Syrie comme nous en parlions avant-hier, le président de la CSU – Horst Seehofer – a clairement soutenu le plan que Vladimir Poutine entend présenter à l’ONU le 30 septembre :

“Nous avons besoin d’une initiative diplomatique conjointe des Nations unies avec la participation de la Russie, des Etats-Unis, de l’Union européenne et des puissances régionales”, a-t-il indiqué, citant à titre d’exemple les négociations sur le dossier nucléaire iranien.

Une position radicalement différente de celle de la diplomatie américaine qui condamne l’intervention russe.

Plus globalement, l’Allemagne soutient l’implication de la Russie dans une campagne contre l’Etat Islamique. De la sorte, et malgré des réticences formelles quant au projet russe pour l’avenir du gouvernement syrien, Berlin entend en profiter pour permettre à Moscou d’être considéré comme un partenaire incontournable de l’Europe.

Ce qui contrarie le plan américain d’isolement de la Russie et de neutralisation de toute coordination stratégique germano-russe.

Source : http://breizatao.com/2015/09/23/migrants-volkswagen-euro-ukraine-attaques-systemiques-us-contre-la-politique-pro-russe-de-lallemagne/

Soutenir civilwarineurope

L'Empire américain renforce-t-il sa domination sur l'Europe?

L'Empire américain renforce-t-il sa domination sur l'Europe? La réponse est oui.

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

imcom-e-garrison-2010-2.jpgL'on observe souvent, à tort ou raison, que les Etats-Unis abordent dorénavant une série de crises auxquelles ils feront mal face, et qui pourraient mettre en danger leur domination globale (global dominance). Ces crises résultent en grande partie des retombées de diverses politiques qu'ils avaient menées jusqu'à aujourd'hui au service de cette domination, et dont ils avaient mal mesuré les effets pervers.
Mais d'autres observateurs plus avertis estiment au contraire que l'Empire américain supportera aisément ces crises, et en profitera pour renforcer sa situation dans le monde, ainsi que la tutelle imposée aux pays qu'ils mis au service de leurs intérêts. Parmi ces pays et en priorité se trouvent les pays de l'Union européenne. Dès la fin de la deuxième guerre mondiale l'Empire en avait fait le bastion avancé de sa lutte contre la Russie. Continuer à maintenir l'Europe dans ce rôle de zone-tampon est plus indispensable pour lui que jamais. Dorénavant en effet s'est constitué un bloc euro-asiatique, autour de Moscou et de Pékin (BRIC), dans lequel les Américains voient un ennemi existentiel. De par sa proximité géographique avec la Russie, l'Europe leur sert plus que jamais de bastion avancé.

Les Européens leur ont facilité ce jeu. Beaucoup trouvent des avantages dans le rôle de mercenaires des forces de l'Empire. En 2014 cependant, les Etats-Unis ont renforcé bien plus visiblement qu'auparavant leur contrôle sur l'Europe. Ils ont réussi à mettre à leur service les nouvelles forces dont l'Europe dispose depuis quelques années, évitant qu'elles puissent collaborer avec l'ennemi existentiel, au premier duquel se trouve plus que jamais la Russie.

La crise ukrainienne, provoquée essentiellement par la diplomatie du dollar et des services secrets grâce à laquelle les Etats-Unis se sont toujours imposés dans leur entourage géopolitique, leur a permis de ridiculiser toute velléité européenne de servir d'arbitre entre Washington, Kiev et Moscou. C'est Washington qui décide souverainement si les accords dits de Minsk2 sont effectivement appliqués par les parties. Ils ont toujours prétendu jusqu'à ce jour que ce n'était pas le cas, que la responsabilité de la crise ukrainienne incombait à la Russie et à ses projets d' « invasion militaire » Ils ont ainsi imposer à la Russie des « sanctions » dont les Européens sont les premières victimes.

C'est également Washington, avec l'appui de ses alliés composant la « troïka » (FMI, Banque centrale européenne et conseil européen) qui a empêché tout règlement sain de la crise grecque. Celui-ci aurait consisté pour la Grèce à quitter l'euro et se rapprocher du BRIC, pour rependre une certaine indépendance géopolitique, sans pour autant rompre ses liens avec l'Union. Mais quel exemple désastreux la Grèce aurait-elle ainsi donné, aux yeux des Etats européens refusant de se laisser enfermés dans une alliance atlantique leur enlevant toute indépendance !

Duda

La même diplomatie américaine du dollar et des services secrets vient de provoquer en Pologne l'élection à la présidence de la République d'un certain Andrzej Duda, surtout connu jusqu'à présent pour ses convictions anti-européenne et pro-Otan. Qui le savait ailleurs en Europe? La Pologne, s'étant déjà tristement illustrée ces derniers mois par son soutien aux pro-nazis de Kiev, n'aidera en rien la diplomatie européenne à jouer de nouveau un rôle d'arbitre en Ukraine.

Sur le plan militaire, l'armée américaine a multiplié les bases militaires dans de nombreuses parties du continent européen. A partir de celles-ci ils organisent des déploiement de troupes et les « manœuvres conjointes » , cherchant à pousser la Russie à des prises de risques militaires dont le le commandement US  profiterait immédiatement. Les Européens continentaux acceptent de cette façon d'être rayés de la carte les premiers si un conflit avec des armes nucléaire fussent-elles tactiques éclatait entre l'Otan et la Russie.

Sur le plan des changes, les Européens n'ont jamais combattu, au prétexte imposé par Wall Street de laisser jouer le marché, les manœuvres répétées de la Banque fédérale pour empêcher l'euro de s'élever au dessus d'une quasi parité avec le dollar. Ceci entre autres conséquences empêche tout investissement industriel et prise de participation dans les entreprises américaines en provenance des Européens. Dans le même temps, avec un dollar élevé, les entreprises américaines peuvent plus facilement acheter les fleurons de l'industrie européenne, l'exemple le plus spectaculaire ayant été l'achat de Alstom par General Electric.

Concernant l'hèroîque autant qu'hérétique  travailliste de gauche britannique Jeremy Corbyn, qui avait recommandé que le Royaume Uni sorte de l'Otan, insulte suprême au pays de la Special Relationship avec les Etats-Unis, beaucoup disent que ses jours sont comptés. Peut-être pas encore en ce qui concerne sa propre vie, mais sûrement au Labour.  La mobilisation contre lui des travaillistes atlantistes, menés par Tony Blair, est sans précédents.

Enfin, depuis quelques semaines les vagues de plus agressives de migrants qui menaçant à terme non seulement l'économie mais la société européenne ont été, comme nul ne devrait l'ignorer, provoquées par des interventions de l'Amérique dans les zones sensibles du Moyen-Orient. Ces interventions se sont faites notamment avec la complicité de deux bons alliés, la Turquie et l'Arabie saoudite. Elles prennent en prétexte la lutte contre Daesh, ledit Daesh ayant été initialement mis en place par Washington, et restant aujourd'hui discrètement soutenu par lui.

L'implosion de l'Europe se produira nécessairement si ne ce sont plus des milliers de migrants qui entrent en Europe, mais des millions et dizaines de millions, provenant notamment de l'Afrique. Or en Afrique l'Amérique a toujours les mains libres, par dictateurs locaux interposés, pour affaiblir ce qui reste d'influence européenne et pour y développer leurs propres intérêts, au détriment de ceux des Africains.

Ajoutons que dans l'immédiat la signature imminente imposée par Washington du Traité de Libre-échange transatlantique (TTIP) ruinera les quelques velléités d'indépendance, au plan réglementaire et économique, qu'espéraient conserver les Etats européens.

Tous ces facteurs superposés obligeront les Européens qui voulaient jouer la carte d'un monde multipolaire, à se réfugier sans discuter d'avantage sous la protection d'une monde unipolaire dominé par les Etats-Unis.

* Pour plus de sources, voir GEAB , Introduction de l'article référencé  http://geab.eu/en/2016-the-year-of-india-and-the-last-chance-for-an-organized-systemic-global-transition/#_ftn1

Jean Paul Baquiast

Syrie: Des intérêts coloniaux de la Grande-Bretagne et de la France à la protection de l’approvisionnement en matières premières pour les USA

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Syrie: Des intérêts coloniaux de la Grande-Bretagne et de la France à la protection de l’approvisionnement en matières premières pour les USA

Interview de Karin Leukefeld*

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Dans les médias, on parle déjà d’une migration moderne des populations. De même, on débat de la responsabilité des soi-disant bandes de passeurs pour le transport de réfugiés qu’on soupçonne être des criminels ou sinon des migrants économiques aisés. Les vraies causes de la misère de masse des réfugiés ne sont guère étudiées. La correspondante en Syrie, Karin Leukefeld, décrit dans une interview accordée à Jens Wernicke, la situation d’une guerre économique par procuration détruisant de plus en plus l’Etat syrien, affamant la population et provoquant la fuite de 11 millions de Syriens.


Jens Wernicke: A ma connaissance, vous êtes la seule journaliste allemande, à part Jürgen Todenhöfer, qui se trouve réellement sur place au Moyen Orient, qui discute avec les gens concernés et qui en tire des analyses qualifiées sans que ce soient des stéréotypes. En ce moment, vous revenez d’un voyage en Syrie. Quelle est la situation sur place?

Karin Leukefeld: Cela dépend où on se trouve en Syrie. Dans la région côtière, c’est calme. Il y a même des Syriens vivant actuellement en Europe, qui s’y rendent pour y passer leurs vacances et retrouver leurs familles. Cependant, on y trouve de nombreux déplacés internes, donc l’espace libre se fait rare partout.

A Idlib, une province limitrophe de la région côtière, ce trouvent l’«Armée de la conquête» et le Front al-Nusra. Des dizaines de milliers de personnes se sont enfuies, certains villages sont assiégés. A Alep, la situation est très sérieuse. C’est la guerre entre divers groupes armés et l’armée syrienne. De grandes parties de la ville sont détruites, l’approvisionnement en eau et en courant est souvent interrompu, les denrées alimentaires sont très chères, là où on en trouve. Des groupes armés tirent des grenades de mortier, des missiles et des projectiles fabriqués par eux-mêmes en direction des quartiers habités et l’armée syrienne riposte.
A l’est d’Alep, il y a des régions contrôlées par les Kurdes, d’autres sont contrôlées par l’«Etat islamique en Irak et au Levant» auto-proclamé (EI). Là, on est en grande insécurité, les fronts changent quotidiennement, les forces aériennes syriennes et l’«Alliance anti-EI», dirigée par les Etats-Unis, effectuent leurs attaques. Depuis peu, les forces aériennes turques effectuent également des raids. Elles attaquent les positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l’Irak. Dans le nord de la Syrie, elles attaquent les régions contrôlées par les Kurdes syriens. L’attaque est menée sous le mot d’ordre «lutte contre l’‹Etat islamique›». Au nord d’Alep, les Etats-Unis et la Turquie veulent imposer une «zone de protection». C’est une mesure militaire à l’intérieur du territoire syrien exigeant la permission du Conseil de sécurité de l’ONU. Puisque celle-ci n’existe pas, il s’agit donc d’une attaque contre un Etat souverain et d’une violation du droit international.
Les régions habitées de la province centrale de Homs sont contrôlées par le gouvernement syrien et l’armée. Les zones désertiques, s’étendant de l’est jusqu’à la frontière avec l’Irak ne sont pas sûres. La situation à Tadmur, une ville moderne, proche de Palmyre, n’est pas claire. Dans le cloître de Deir Mar Elian, que j’ai souvent visité, le prêtre Jacques Mourad et un autre religieux ont été kidnappés. On n’a aucune trace d’eux. Entretemps, les habitants de Qaryatayn et de Sadat, dont une grande partie sont des chrétiens, ont été chassés par l’Etat islamique.
A Damas, 7 millions de personnes ont trouvé refuge; ce sont des réfugiés internes, venant de toutes les parties du pays. La situation est assez calme, l’électricité et l’eau manquent, de la banlieue de Damas, où se trouvent les bases du Front islamique et d’al-Nusra on tire souvent sur la ville. L’armée syrienne riposte.
A Sweida, où habitent les Druses et les chrétiens, la situation est encore calme. J’y vais chaque fois que je suis en Syrie. Deraa et le Golan, à la frontière israélienne, sont toujours disputés. Actuellement, une grande bataille pour Zabadani, située à la frontière libanaise, est en cours. Là, se trouve un quartier général des groupes armés combattant aux alentours de Damas. L’armée syrienne et le Hezbollah libanais, luttant en commun, veulent reconquérir cette base stratégiquement importante pour ces combattants.
La vie est chère. La livre syrienne n’a plus qu’un cinquième de son pouvoir d’achat comparé à 2010. Beaucoup d’habitants ont tout perdu; on mendie, la viande s’est raréfiée à table, pour autant qu’il y ait encore une table. Le taux de chômage est à 40%, les enfants travaillent pour aider la famille et ne vont plus à l’école. La moitié des 500?000 Palestiniens syriens ont fui, car leurs camps, qui étaient plutôt des villes, sont détruits.
Les centres économiques de la Syrie – situés autour d’Alep, de Homs et de Damas – sont presque totalement détruits. La Syrie possédait sa propre industrie pharmaceutique, une excellente industrie textile, un secteur agroalimentaire et d’importantes réserves céréalières: tout a été détruit, pillé et vendu en Turquie. Les modestes réserves pétrolières dans l’est du pays sont contrôlées par des groupes de combattants, le pétrole étant vendu dans le pays, également au gouvernement, ou souvent aussi transporté illégalement hors du pays.
Entretemps, une grande partie des stations d’extraction de pétrole ont été bombardées par l’alliance anti-EI. Et puis les sites archéologiques syriens, datant de plus de 10?000 ans avant notre ère – sont occupés, assiégés, pillés, détruits par des combattants.
La situation est dure, la misère est grande. Surtout pour les Syriens en fuite. 4 millions ont fui dans les pays voisins, 7 millions supplémentaires sont des réfugiés internes à l’intérieur de la Syrie.
Ce qui est vraiment perfide c’est que ces flux migratoires sont politiquement instrumentalisés. Le conflit interne de la Syrie a d’abord été élargi en un conflit régional, puis en une guerre internationale par procuration. Partout où les habitants se sont enfuis, des groupes armés, soutenus par des forces régionales et internationales, se sont installés. Puis, on a déclaré que le gouvernement syrien n’avait plus le contrôle dans son pays, qu’il était en outre le problème fondamental, la «racine de tous les maux» en Syrie. Tout récemment un porte-parole du Secrétariat d’Etat américain vient de le répéter: il a déclaré que la Syrie est un «Etat en déliquescence» dans lequel on peut s’ingérer aux niveaux humanitaire et militaire.

Et cette pauvreté, cette misère que vous décrivez et qui fait fuir les gens: d’où vient-elle, quelles en sont les raisons? Et que voulez-vous dire avec le terme de «guerre par procuration»? Je vous prie de préciser cela …

La Syrie est un pays en développement. En 2010, la situation avait déjà beaucoup évolué, et on prévoyait qu’en 2015, donc cette année, le pays serait à la cinquième place des puissances économiques du Monde arabe.
Actuellement, la Syrie se trouve juste devant la Somalie. La crise économique causée par la guerre est encore aggravée par les sanctions économiques de l’UE. Ce que nous observons dans ce pays est aussi une guerre économique contre un pays ascendant.
Les sanctions économiques édictées par l’UE, commencèrent déjà fin 2011 et concernaient le commerce du pétrole et du gaz ainsi que le secteur financier. La compagnie aérienne syrienne n’avait plus le droit d’atterrir sur les aéroports européens, tous les projets bilatéraux furent arrêtés, le personnel fut retiré, la Syrie fut isolée. Au début, l’Etat et la population purent encore surmonter les pénuries grâce à leurs propres réserves, mais le jour vint, où celles-ci furent épuisées. L’Etat obtint un soutien financier et des crédits de l’Iran. Ainsi, on put diminuer les pertes de l’industrie pétrolière. On put livrer du pétrole et du gaz à la population, à l’industrie encore en fonction et à l’armée. L’économie nationale fut cependant soumise à la guerre, une économie de guerre se développa.
Avec ses sanctions économiques, l’UE veut officiellement mettre sous pression la direction politique et militaire du pays afin de la faire plier et démissionner. Cela n’a pas eu lieu. C’est donc la société qui fut sanctionnée; on détruisit ses moyens d’existence créés et développés avec de grands efforts. Dorénavant, c’étaient les profiteurs de guerre qui gagnèrent de l’argent: les milices, les contrebandiers, les marchands du marché noir.
Au delà de la politique des sanctions, on détruisit de façon ciblée l’économie syrienne au niveau matériel. Cela était le plus apparent à Alep et à Damas. Au cours de l’été 2012, il y a eut une attaque coordonnée qui aurait dû mener à la chute du gouvernement syrien. A Damas, quatre hauts militaires et membres des services secrets furent tués lors d’une attaque contre le Conseil national de sécurité. Directement après, suivirent des attaques contre Alep et Damas. Ces vagues d’attaques furent effectuées par des combattants qui avaient été retirés de Homs après que la bataille pour Babr Amr avait été gagnée par les forces armées syriennes. Ces combattants s’étaient rassemblés aux alentours de ces deux grandes villes où ils furent soutenus par les forces locales. Le coup d’Etat ne réussit pas, car les responsables d’Alep et de Damas refusèrent d’ouvrir les portes de la ville aux groupes de combattants. En réaction à ce refus, les zones industrielles autour d’Alep et de Damas furent détruites et pillées et on en fit des bases pour de futures attaques contre ces deux villes.
Le fait qu’il s’agit réellement d’une guerre par procuration est évident aussitôt qu’on prend en compte que le dit Etat islamique, appelé «Daech» dans le pays, n’est nullement surgi du néant, comme nos médias dominants veulent nous le faire croire. Des sponsors régionaux et internationaux le soutienne ce qui semble lui permettre de disposer de ressources financières inépuisables.
Ces sponsors utilisent les combattants pour détruire les Etats nationaux, créés au Levant, il y a 100 ans, contre la volonté des populations de l’époque. En ce temps, les intérêts coloniaux de la Grande Bretagne et de la France primaient, aujourd’hui, il s’agit de la protection des matières premières pour l’Occident dirigé par les Etats-Unis. Le courroux des Etats du Golfe contre la politique indépendante défendue en Syrie, se reflète dans l’armement et la formation de groupes de combats irréguliers, dominés par «Daech». Le terrain sociétal qui les nourrit, c’est la pauvreté.

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Pourriez-vous nous donner un exemple concret de cette «spirale de la pauvreté» dont il semble s’agir?

Prenons une entreprise vendant des équipements médicaux à des cabinets et des hôpitaux. Jusqu’à présent, cette entreprise achetait les équipements en Allemagne. Suite aux sanctions de l’UE, plus rien ne pouvait être acheté ou livré. Acheter dans un autre pays était difficile pour cette entreprise, car tous les transferts financiers étaient interrompus. La Banque centrale syrienne est soumise aux sanctions, personne n’a le droit de faire des affaires avec elle. Pour contourner cela, l’entreprise allemande livre par exemple les produits à une entreprise libanaise qui les vend à l’entreprise syrienne. Le Liban n’est pas soumis aux sanctions de l’UE. Le transfert de marchandises se renchérit ainsi massivement.
 Un autre exemple est que les parents, dont les enfants font des études à l’étranger, ne peuvent plus leur envoyer de l’argent parce que les banques syriennes n’ont plus le droit de faire des affaires. La même chose est valable pour les bourses du gouvernement syrien pour les étudiants à l’étranger. Ou prenons l’exemple des médicaments: jusqu’à présent, ils étaient très avantageux grâce à une bonne production en Syrie. L’industrie pharmaceutique est pratiquement détruite, donc, il faut importer les médicaments par le Liban ou se les procurer de la Turquie par contrebande – ce qui permet d’exiger des prix astronomiques.

Et les intérêts à l’arrière-plan de ce conflit – de quelles forces parlons-nous? A qui pensez-vous, en parlant de «sponsors»?

Les sponsors sont ceux qui soutiennent les groupes armés contre le régime syrien et l’armée. La Russie et l’Iran, qui soutiennent le gouvernement syrien, sont ses alliés parce qu’ils sont liés avec l’Etat syrien par des accords de droit international. Les Etats régionaux, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar sont plutôt des «sponsors», parce qu’ils se servent des groupes pour leurs propres objectifs, et si c’est opportun, ils les laissent tomber. Cela est également valable pour les sponsors parmi les Etats européens, de l’Australie et des Etats-Unis.
Le chaos déployé en Irak et en Syrie profite avant tout aux Etats du Golfe, à la Turquie et aux Etats-Unis. Evidemment pas à la population, mais aux élites politiques et industrielles, en premier lieu à l’industrie de l’armement. La péninsule arabe s’est transformée au cours des dernières 5 années en un immense dépôt d’armes. Des militaires occidentaux, étatiques et privés, entraînent des combattants, les arment et les envoient à la guerre. Les Etats-Unis livrent du matériel de guerre valant plusieurs milliards dans les Etats du Golfe et en Israël. L’Allemagne arme les Peschmerga kurdes du nord de l’Irak et les entraîne, et la Turquie profite en tant que pays membre de l’OTAN de sa position de front face à la Syrie et à l’Irak. La Syrie est évidemment aidée militairement par la Russie et l’Iran, mais cela se passe, comme déjà dit, sur la base d’accords bilatéraux.
D’ailleurs, dans aucun des pays affectés par le «printemps arabe», le mouvement de protestation de la jeunesse éclairée et moderne n’a survécu nulle part! En Tunisie, en Egypte et en Syrie les événements sont déterminés par l’islam politique, que ce soit en tant que groupe de combat ou d’opposition.

Face à tout cela, le fanatisme religieux des gens sur place est certes également important, car il contribue pour ainsi dire à de véritables «guerres religieuses» …

Les Syriens n’ont jamais été des fanatiques religieux! Ce sont uniquement les Frères musulmans, qui propagent un islam politique, ou plus précisément une aile des Frères musulmans syriens, qui ont essayé, à la fin des années 1970, de se révolter contre le parti baathiste ayant imposé un Etat séculaire. Cette révolte se termina en 1982 par le massacre de Hama. Des milliers de personnes moururent suite aux attaques aériennes de l’armée syrienne. Des milliers disparurent ou se retrouvèrent en prison. Ceux qui en furent capables prirent la fuite et les Frères musulmans furent interdits sous peine de mort.
Il va de soi que cela continue d’agir. Beaucoup de jeunes gens, qui sont engagés dans des unités de combat islamiques, parlent de Hama, quand on leur demande pourquoi ils combattent. Un jeune homme, tout en manifestant pacifiquement, m’a raconté en 2011 lorsque tout commença, que son oncle avait disparu à Hama et que suite à cela toute sa famille soutenait l’opposition. Toutefois, il faut aussi rappeler que l’aile des Frères musulmans de Damas s’opposait à la révolte armée dans les années 1970.
Le rôle des Frères musulmans dans la montée de l’islam politique radical ne doit pas être sous-estimé. Le parti gouvernemental AKP en Turquie est aussi un parti frère des Frères musulmans, et un sondage a démontré que plus de 10% de la population turque ne voit pas l’«Etat islamique en Irak et au Levant» comme étant une organisation terroriste dont on doit avoir peur, tout au contraire, ils le soutiennent comme une force légitime. Cela n’est possible que parce que le gouvernement turc poursuit lui-même une ligne de l’islam politique. Dans un Etat séculaire une telle chose serait impensable.
Mais retournons en Syrie. Il y eut beaucoup de conflits politiques, mais au niveau culturel et religieux, la Syrie a toujours été un pays tolérant et ouvert. Actuellement, on tente aussi de détruire cette tolérance. Cela ne vient pas «d’en bas» ou «de l’âme des êtres humains» vivant sur place – c’est une conséquence des intérêts géopolitiques et des affrontements stratégiques.

Flag_of_the_French_Mandate_of_Syria_(1920)_svg.jpgAinsi, les gens fuient et souffrent parce que le dit Occident recouvre leur patrie de guerre et la met économiquement à genoux? Les méchantes bandes de passeurs, dont nous entendons beaucoup parler dans nos médias, ne sont pas le problème principal, expliquant pourquoi 11 millions de Syriens sont en fuite?

Les bandes de passeurs sont la conséquence d’une politique totalement erronée au Moyen Orient, non pas la cause. Ces bandes font partie de l’économie de guerre. Sans guerre, ils n’auraient rien à faire. Ils utilisent les mêmes voies pour transporter illégalement des armes, de la munition, des équipements, des téléphones par satellite et des combattants ainsi que des drogues et toutes choses dont on a besoin pour faire la guerre en Syrie.
Les réfugiés rencontrent sur ces sentiers de contrebande des combattants, les organisateurs sont les mêmes. Le bureau des Nations Unis pour la lutte contre la drogue et le crime a présenté un rapport détaillé sur ces voies de contrebande.
Aussi longtemps que l’on peut gagner beaucoup d’argent avec la guerre et la souffrance des gens concernés, on ne peut pas s’attendre à de grands changements.

Comment se fait-il que dans nos médias, on ne rapporte rien de pareil ou alors, si quelque information passe, ce sont en règle générale des infos totalement indifférenciées?

Il faudrait poser ces questions aux médias dominants. Ils doivent diriger, guider et «classer» la perception de la population, c’est ainsi qu’on définit leur tâche depuis peu. Pour moi, cela veut dire qu’ils définissent la direction de nos réflexions et la manière de «classer» un conflit. Cela a peu à voir avec la réalité dans les régions de conflits, d’autant plus que beaucoup de collègues ne s’y trouvent pas, mais plus souvent ils sont dans une ville d’un pays voisin ou dans le studio de leur propre chaîne télévisuelle ou radio. Un pendant à cette présentation serait un reportage, rapportant les options et les développements guerriers, mais donnant au moins autant de place aux propositions, initiatives et développements politiques non armés.

Que faudrait-il, selon vous, changer en Syrie pour que la paix puisse être rétablie? Et: y’a-t-il quelque chose que nous, la population allemande, puissions faire pour soulager la misère dans le pays?

Les Etats-Unis et la Russie doivent se mettre d’accord sur une procédure commune pour stabiliser la Syrie et l’Irak et en intégrant les forces armées et le gouvernement syriens ainsi que l’armée et le gouvernement irakiens. Il faut laisser de côté toutes conditions préalables – telles que «Assad n’a pas d’avenir en Syrie». Les acteurs syriens doivent être soutenus et non empêchés de participer à la table de négociations. Tout le monde doit s’abstenir d’influencer la situation en faveur de ses propres intérêts. La Turquie doit être forcée – par l’OTAN ou bilatéralement par certains pays membres de l’OTAN – de cesser son soutien au prétendu Etat islamique. Si elle ne le fait pas, il faut sanctionner militairement la Turquie. Et les pays d’origine des djihadistes internationaux doivent empêcher les combattants ou sympathisants islamistes de partir à l’étranger. Pour ce faire, il faut aussi ouvrir dans les Etats respectifs le débat sur une cohabitation respectueuse et une égalité des chances.
La population doit surtout assister les réfugiés arrivant en Allemagne. Toutefois, le gouvernement fédéral, qui a contribué à leur fuite par sa politique erronée, ne doit pas être libéré de sa responsabilité pour ces personnes. Au Bundestag, dans les Parlements des Länder, dans les syndicats, les écoles, les églises, les blogs et les réunions politiques –il faut partout expliquer les réels dessous de la guerre en Syrie. C’est la responsabilité de quiconque voulant mettre fin à cette guerre.

Encore un dernier mot?

Oui. 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, je veux rappeler le poème de Wolfgang Borchert: «Alors une seule chose compte: dire NON!». Dans le voisinage direct de l’Europe, dans l’espace méditerranéen oriental et dans diverses parties de l’Afrique ont lieu, sans cesse depuis 25 ans, des guerres qui s’étendent de plus en plus. En ajoutant le conflit israélo-palestinien, nous sommes en guerre au Proche-Orient depuis 1948. Avec l’occupation de l’Irak en 2003, en violation du droit international, les Etats-Unis ont finalement ouvert la «porte de l’enfer», les mises en garde étaient déjà nombreuses en ce temps-là.
Les Palestiniens sont depuis bientôt 70 ans en fuite ou vivent – par exemple dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie – comme des prisonniers dans leur propre pays. Des Irakiens fuient leur pays, maintenant les Syriens. L’Occident attise ces guerres, l’Allemagne aussi en livrant des armes et en se taisant face aux violations du droit international. L’opposition politique au Bundestag ou au Parlement européen n’est pas à la hauteur de sa tâche en ce qui concerne la guerre et la paix. De nombreux médias jouent aux va-t-en-guerre.
Je regrette le temps des grands mouvements pour la paix et contre la guerre, qui se retrouvèrent jadis dans la rue contre la guerre en Irak. Ils doivent se rassembler sans se laisser diviser. Le mouvement pour la paix doit se manifester dans la rue contre ces guerres!

Merci de cet entretien.    •

* Karin Leukefeld, 1954, a étudié l’ethnologie, l’islam et les sciences politiques et est libraire de formation. Elle fut responsable des relations publiques entre autre de la Fédération d’initiatives citoyennes pour la protection de l’environnement (BBU), des Verts (parti fédéral) ainsi que du bureau d’information El Salvador. Depuis l’an 2000, elle est correspondante indépendante pour toutes questions concernant le Proche-Orient. Son site internet: www.leukefeld.net

(Propos recueillis par Jens Wernicke)
(Traduction Horizons et débats)
Source: www.nachdenseiten.de/?p=27340
du 27/8/15

Esploratori tedeschi nel cuore dell’Africa: Heinrich Barth, Adolf Overweg, Eduard Vogel

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Esploratori tedeschi nel cuore dell’Africa: Heinrich Barth, Adolf Overweg, Eduard Vogel

 

Chissà perché, oggi in certi ambienti storiografici è considerato politicamente poco corretto, o quanto meno discutibile, occuparsi degli esploratori europei del XIX secolo, particolarmente di quelli che rivolsero le loro ricerche al continente africano. Più o meno esplicitamente, viene loro imputata la colpa di aver fornito l’avanguardia degli eserciti coloniali; perciò, nell’ambito dei circoli culturali “progressisti”, i loro nomi sono caduti nell’oblio, a dispetto dei notevoli meriti scientifici che, indubbiamente, molti di essi ebbero.

Così, siamo caduti da un estremo all’altro: se, un tempo, le storie del continente africano scritte dagli Europei tendevano ad assegnar loro uno spazio sproporzionato, “dimenticandosi” delle culture locali e delle civiltà indigene, adesso sta divenendo difficile vederli citati anche solo di sfuggita, a parte i cinque o sei più famosi e a meno che le loro vite abbiano qualcosa a che fare con gli eccessi e i crimini del colonialismo.

Un buon esempio di ciò è la famosissima, e forse sopravvalutata, Africa, del saggista inglese John Reader, apparsa nel 1997 (e tradotta in italiano dalla casa Editrice Mondadori nel 2001), tipico prodotto del rigetto anti-vittoriano e anti-etnocentrico della fine del XX secolo. Invano si cercherebbero, nelle oltre 700 pagine di questa grossa opera, una sola citazione dei nomi di Heinrich Barth, Adolf Overweg ed Eduard Vogel (anche se quelle di Livingstone si sprecano addirittura: il lupo sciovinista perde il pelo, ma non il vizio…).

Questa tacita rimozione è particolarmente vistosa nel caso degli esploratori tedeschi, che pure diedero un contributo decisivo alla conoscenza del continente africano dal punto di vista geografico, botanico, zoologico ed etnografico. Infatti, dopo la prima guerra mondiale – quindi, assai prima delle altre potenze europee – la Germania dovette rinunciare alle sue colonie; e la motivazione con cui Francesi e Britannici gliele tolsero, spartendosele, fu che essa aveva dato prova di una estrema irresponsabilità nell’amministrazione delle popolazioni africane.

Ora, se è vero che vi furono, nella storia coloniale tedesca, delle pagine tremende (cfr. F. Lamendola, Namibia 1904: la «soluzione finale» del problema herero nel Sud-ovest africano, pubblicato in libro nel 1988 e su rivista nel 2007, e consultabile anche sul sito di Arianna), è altrettanto vero che anche le altre potenze europee commisero efferatezze; e che, comunque, ciò non autorizza a cancellare le pagine positive, culminate nell’opera di un Albert Schweitzer nel lebbrosario di Lambaréné.

È, quindi, nel segno di una maggiore equità storica che riteniamo si possa riaprire il capitolo sull’opera svolta dagli esploratori europei negli altri continenti. E, dopo esserci occupati di un insigne esploratore tedesco dell’Australia (cfr. il nostro articolo Ludwig Leichhardt, ultimo esploratore romantico nei deserti proibiti dell’Australia), vogliamo qui ricordare una triade di esploratori germanici che percorsero in lungo e in largo la porzione centrosettentrionale del continente africano, allargando enormemente l’orizzonte delle conoscenze che si avevano allora su quelle terre remote e quasi inaccessibili.

HeinrichBarth.jpgHeinrich Barth

Nella prima metà del XIX secolo, l’interno dell’Africa settentrionale era ancora in gran parte ignoto agli Europei, i quali non erano riusciti a spingersi molto al di là delle coste, dopo il grande viaggio esplorativo dello scozzese Mungo Park.

Questi era giunto alla foce del Gambia nel giugno del 1795 con l’obiettivo di raggiungere il Niger, per determinarne le sorgenti e la foce, cosa che era riuscito parzialmente a compiere, tra enormi difficoltà, raggiungendo di nuovo la costa nel 1797 e dimostrando che il grande fiume scorre verso est e non ha alcun rapporto con il Senegal; ma una buona parte del suo corso e, soprattutto, la foce, rimanevano avvolti nell’oscurità. Nel 1805 Park ritornò in Africa per risolvere definitivamente quel problema geografico, ma questa volta la fortuna gli voltò le spalle. Raggiunto il fiume Bamako, lo discese fino a Bussa, dove fu attaccato dagli indigeni: per salvarsi si gettò in acqua, ma perì annegato. Negli anni successivi l’attenzione dei geografi e dei viaggiatori europei si concentrò sul grande deserto dell’Africa settentrionale, il Sahara; ma una serie di spedizioni andarono incontro a un infausto destino. Nel 1823, tuttavia, gli inglesi Clapperton, Denham e Hornemann, partendo da Tripoli, si spinsero audacemente fino alle sponde del lago Ciad: che, a quell’epoca, doveva offrire uno spettacolo ben più maestoso e affascinante, con le sue rive verdeggianti e le sue acque pescose; mentre oggi si sta rapidamente prosciugando. A Murmur, Odney morì e Clapperton si rimise in viaggio da solo, giungendo a Sokoto, ove fu accolto benevolmente dal sultano Bello. Impossibilitato, tuttavia, a proseguire in direzione dell’Atlantico, dovette riprendere la via dell’interno e giunse a Tripoli passando per il Bornu, da dove fece poi vela verso l’Inghilterra. Ormai, però, il «mal d’Africa» lo aveva afferrato e, appena due mesi dopo, era di nuovo in Africa per completare l’impresa, questa volta partendo da Lagos. Ma, dopo aver raggiunto il Niger, a Sokoto, morì improvvisamente; fu il suo compagno, Richard Lander, a trovare la via della costa e a pubblicare, tornato in Inghilterra, le memorie del suo capo.

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Intanto il quadro politico e strategico stava cambiando, specialmente dopo che la Francia ebbe invaso l’Algeria nel 1830 e ne completò la conquista nel 1843, piegando la resistenza dell’indomito Abd-el-Kader. Nell’Africa settentrionale comparvero esploratori di valore e, spesso, di formazione universitaria: naturalisti ed etnologi, che univano alla passione per l’avventura un autentico interesse scientifico. Uno d essi fu il principe von Pücker-Muskau, che viaggiò attraverso l’Egitto, l’Algeria e la Tunisia.

A quell’epoca, la Germania non aveva ancora raggiunto la sua unificazione politica e nessuno degli Stati tedeschi, nemmeno i due più potenti – l’Austria e la Prussia – avevano interessi da far valere in proprio nei confronti dell’Africa, per cui un certo numero di viaggiatori ed esploratori tedeschi si misero al servizio di altre potenze, in particolare della Gran Bretagna. Tale fu il caso di uno dei maggiori di essi, Heinrich Barth, nato ad Amburgo il 16 febbraio 1821 e morto a Berlino il 25 novembre 1865, e dei suoi compagni Adolf Overweg (1822-1852), anch’egli amburghese, ed Eduard Vogel (1829-1856), di Krefel.

barthAZMX06L..jpgDa giovane, Barth aveva studiato i classici all’Università di Berlino e aveva acquisito buone cognizioni filologiche le quali, unite a una naturale predisposizione per le lingue, gli avevano permesso di padroneggiare, sin dal suo primo viaggio africano, l’inglese, il francese, l’italiano, lo spagnolo e l’arabo. Dotato di uno spirito di ricerca scrupoloso e sistematico, nel 1845 Barth aveva compiuto la traversata del deserto da Tripoli all’Egitto, facendosi una buona reputazione, benché in quel primo viaggio avesse quasi perduto la vita nel corso di una aggressione dei predoni nomadi. Così ricorda la figura e le imprese di Heinrich Barth il saggista tedesco Anton Mayer, nel suo libro 6 000 anni di esplorazioni e scoperte (traduzione italiana di Rinaldo Caddeo, Valentino Bompiani Editore, Milano, 1936, pp. 204-206):

…Anche Richardson, che al tempo del viaggio di Barth s’era spinto da Tripoli a Murzuk, lo conobbe di fama. Quando nel 1849 veniva preparata una grande impresa per l’esplorazione del Sudan occidentale e del Sahara e di cui Richardson ottenne il comando, anche Barth e il suo compatriota Overweg vi parteciparono. Il governo inglese aveva un interesse speciale all’esplorazione del Sudan. Non vi erano, è vero, problemi fluviali da risolvere, ma, oltre all’allettamento del bel paesaggio, delle vaste foreste e della fertilità del terreno, si offriva la possibilità di allacciare rapporti commerciali col grande e potente regno degli Arabi, e con quelli dei popoli misti e degli indigeni che esistevano verso la metà del secolo XIX.

L’English mixed scientific and commercial expedition (Spedizione scientifico-militare inglese) che tradiva col suo nome il suo duplice fine, lasciò Tunisi nel dicembre del 1849 e Tripoli, dove cominciò la vera e propria attività di esplorazione, nel febbraio 1850. Da Murzuk Barth si diresse per Gat ad Agades nel paese di Air per entrare in rapporti di commercio col sultano; a Damergu, al confine settentrionale del regno del Bornu, Barth si divise dai suoi compagni ed andò ad oriente verso il lago Ciad. Aveva intenzione di ritrovarsi a Kuka con Richardson che aveva battuto una via ancora più ad oriente, ma l’Africa voleva ancora la sua vittima e Richardson moriva alcuni giorni prima che i suoi compagni raggiungessero il punto d’incontro. Barth lo sostituì nel comando della spedizione e si occupò innanzitutto dell’esplorazione del lago Ciad: la sua descrizione delle acque non assomiglia affatto a quella di Denham del 1823. Egli mette già in luce il carattere paludoso della “laguna” che allargava ogni anno le sue rive e accentuava l’impossibilità di stabilire esattamente la forma del lago. Il viaggiatore proseguì la marcia verso Sud, si spinse ad Adamaua e scoprì il 18 giugno 1851 il fiume Benué. A luglio si incontrò a Kuka nuovamente con Overweg, e poiché quanto aveva fatto non era sufficiente al suo desiderio di attività, decise di spingersi nuovamente a Sud e Sud-Est nel paese dei Baghirmi. Mentre ancora lavorava in quella regione la morte africana gli strappò Overweg, cosicché Barth rimase solo. Egli fidò volentieri su se stesso e diresse la sua marcia dal lago Ciad ad occidente; il Niger fu raggiunto il 12 giugno 1853 presso Sinder per canoa, ma egli non lo percorse. Preferì attraversare l’arco del fiume per terra verso Timbuctù, la qual città aveva assunto in certo qual modo la funzione di Lhasa nel Tibet e fungeva da «regale città del deserto». Qui rimase sei mesi e raccolse una quantità di materiale.

Per apprezzare il merito dell’impresa compiuta dai primi messaggeri dell’Europa nei paesi islamici dell’Africa non dobbiamo dimenticare che la vita di un Europeo era colà minacciata ad ogni istante e che la minima imprudenza poteva avere le più gravi conseguenze.

L’8 aprile 1854 Barth cominciò a discendere il Niger e da Sinder ritornò al Bornu. Il 1 dicembre 1854 incontrò inaspettatamente un collega tedesco, Eberhard [in realtà, Eduard] Vogel, che la Società inglese aveva mandato a sostituire Richardson alla notizia della sua morte. Barth rimase ancora un inverno sul lago Ciad; il 5 maggio 1855 riprendeva la marcia di ritorno per il Sahara, che esattamente verso nord lo riportò per Murzuk a Tripoli. Barth era stato ininterrottamente per sei anni nell’interno dell’Africa, dando prova di una resistenza fisica e spirituale che al di fuori di lui solo pochissimi, come Livingstone, hanno potuto ripetere. La lunghezza dei tratti da lui superati ammontò a più di 20.000 chilometri; le sue osservazioni, ricerche e risultati si distinguono per un’esattezza e acutezza eccezionali e costituiscono la base della conoscenza odierna del Sahara e del Sudan. Egli viaggiò attraverso la metà occidentale dell’Africa dove il continente è più largo, dal Niger al Uadai, centro della parte settentrionale.

Barth ha avuto oltre alle sue qualità di scienziato anche quelle di un buon conoscitore degli uomini che sapeva come trattare, essendogli riuscito di allacciare amichevoli relazioni con i più potenti principi del Sudan e del Sahara meridionale, che gli conservarono la vita. Inoltre Barth era di una modestia straordinaria; egli aveva, disse, lasciato molto, moltissimo da fare ai suoi successori, ma aveva almeno la soddisfazione di aver schiuso alla scienza e persino, forse, ad uno scambio regolare con l’Europa, una parte considerevole dell’interno dell’Africa.

«Da nessun esploratore dell’Africa – disse l’inglese Thomson, occupandosi dell’attività di Barth – è stata raccolta una messe così ricca di materiale geografico, storico, filologico e folcloristico come da Barth».

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Eberhard [sic] Vogel era un uomo di fegato e un esploratore di valore che raggiunse presto buoni risultati quando dopo la partenza di Barth intraprese anch’egli una punta ad Adamaua giungendo poi nel paese di Uadai i cui confini non erano stati superati dagli Europei. Dopo questo sparì e solo le ricerche di Nachtigal hanno messo in luce il suo destino. Egli non possedeva la circospezione di Barth, ed eccitava gli indigeni con scritti, disegni ed altre “magie” tanto da essere battuto a morte con randelli per ordine del Sultano di Uadai. Come suole avvenire molto spesso in Africa, egli compromise senza alcuna intenzione un altro bianco, l’ufficiale prussiano Moritz von Beuermann, che venne inviato per salvarlo., quando fu dato per scomparso. Beuermann andò a Kuka per il Sahara e tentò di entrare nel Uadai; era appena giunto a quei confini che gli indigeni lo uccisero, nel 1863.

Tornato in Europa, Barth ricevette congratulazioni e un alto riconoscimento dalla Reale Società Geografica di Londra; tuttavia – come riconosce l’Enciclopedia Britannica – i viaggi di questo notevolissimo esploratore ricevettero scarsa attenzione da parte del grosso pubblico, ed egli stesso rimase relativamente poco conosciuto anche in seguito. Solo dopo la morte, la sua figura emerse in tutta la sua statura, come quella di uno degli uomini che avevano maggiormente contribuito alla conoscenza del continente africano.

Ritornato in Germania, occupò la cattedra di geografia all’Università di Berlino nel 1863 e divenne presidente della Società Geografica Berlinese. Ma non era fatto per star seduto dietro a un tavolo; instancabile viaggiatore, fu in Asia Minore (1858), in Spagna (1861), ancora in Turchia (1862), sulle Alpi (1863), in Italia (1864) e, per la terza volta, in Turchia (1865). Forse, tutti quei viaggi e quegli strapazzi finirono per logorare il suo organismo: si spense all’età di soli quarantaquattro anni, a Berlino, nel novembre del 1865. Heinrich Barth ha pubblicato la relazione dei suoi viaggi sia in inglese, sia in tedesco (5 volumi), e una edizione abbastanza recente è quella di Londra, in tre volumi, del 1965, con il titolo Travels and discoveries in North and Central Africa.

Altre notizie si possono reperire (citiamo dal Dizionario degli esploratori di Silvio Zavatti, Feltrinelli, Milano, 1967, p. 23) in: A. Jacobs, Expédition du Dr. Barth en Afrique, in Revue des deux mondes, 15 giugno 1858-1 marzo 1859; B. Malfatti, Enrico Barth e le sue esplorazioni nell’Africa Centrale, in Scritti geografici ed etnografici, Milano, 1869; S. Günther, Heinrich Barth der Erforscherdes runklen Kontinents, Wien-München, 1896; G. von Schubert, Heinrich Barth, der Bahnbrechter der Deutschen Afrikaforschung. Ein Leben und Characterbild, ecc., Berlin, 1897; R. Mansel Prothero, Heinrich Barth and the western Sudan, in The Geographical Journal, settembre 1958. Degli esploratori tedeschi dei due decenni successivi – Rohlfs, Nachtigal e Schweinfurth – parleremo in un prossimo articolo.

La situazione politica, in Africa, stava evolvendo rapidamente. Anche se il “Continente Nero” celava ancora molti segreti – primo fra tutti, quello sulle sorgenti del Nilo – che appassionavano non soltanto una ristretta cerchia di studiosi europei, ma anche l’opinione pubblica, si andavano creando le condizioni per un assalto concentrico da parte delle potenze europee e per una spartizione sistematica, che verrà sanzionata dal Congresso di Berlino del 1885.

Adolf_Overweg.jpgOrmai, si andava verso una nuova fase storica, quella della colonizzazione – almeno per quanto riguarda le zone più favorevoli; quella di cui sono testimonianza opere letterarie quali Cuore di tenebra di Joseph Conrad e Via dall’Africa di Karen Blixen.

L’intera impresa dei tre esploratori tedeschi – Barth, Overweg e Vogel – è stata così riassunta dallo scrittore inglese Richard Hall in La scoperta dell’Africa (titolo originale: Discovery of Africa, London, Hamlyng Publishing, 1969; traduzione italiana di Michele Lo Buono, Arnoldo Mondadori Editore, Milano, 1971, pp. 96-98):

La strada settentrionale fino al lago Ciad e al Sudan occidentale era stata aperta da High Clapperton e dai suoi colleghi nel 1820-29. Nel 1859 la ripercorse un gruppo di tre uomini di cui uno solo, Heinrich Barth, di Amburgo, era destinato a sopravvivere. La spedizione, pur patrocinata dal governo inglese, era composta da Barth e da un altro tedesco, Adolf Overweg, con un solo inglese, James Richardson. Questi morì vicino al lago Ciad un anno dopo la partenza da Tripoli. Overweg fu il secondo a soccombere, ma prima di morire aveva compiuto la circumnavigazione del lago su un battello pneumatico. Barth non si scoraggiò, e nei tre anni che seguirono esplorò minuziosamente la regione compresa fra Timbuctù e il Camerun. Egli istituì un modello completamente nuovo di osservazione scientifica, e l’opera in cinque volumi che riporta le sue scoperte ha contribuito immensamente alla comprensione dell’Africa da parte degli europei. Ogni fatto veniva registrato, la larghezza dei fiumi, l’altezza delle sponde, la natura della vegetazione, la distanza fra una città e l’altra, le usanze delle tribù. Ma ciò non tolse nulla al fascino e all’umanità dei suoi scritti. Ecco come sapeva descrivere una difficile traversata del Benué: «Per fortuna aveva messo i pioli della mia tenda sul fondo della canoa, e così l’acqua non è arrivata fino ai bagagli; ma per la sbadataggine dei suoi compagni tutti i libri di Haggi si sono bagnati, con suo grande dispiacere, dopo l’ho visto spargere calde lacrime, mentre asciugava i suoi tesori rovinati sulla spiaggia sabbiosa del promontorio. I cavalli, che procedevano a nuoto accanto alle canoe, dovettero faticare molto, ma disperata fu la lotta dei cammelli, che erano troppo ostinati per farsi guidare dai fragili battelli, e si dovette ricorrere al bastone; il cammello di Haggi fu per un po’ considerato spacciato fra la disperazione di tutti».

Dopo tre anni senza vedere un altro europeo, Barth fu raggiunto da Alfred [leggi: Eduard] Vogel, anch’egli tedesco. Questi, che era stato mandato con due soldati a causa della crescente preoccupazione per la sorte di Barth, venne assassinato con uno dei soldati a est del lago Ciad. Nel settembre del 1855, accompagnato dal soldato rimasto, Barth ritornò a Londra. Egli fu coperto di onori, fece altri viaggi nell’Asia Minore, divenne professore a Berlino e morì nel 1865 all’età di 44 anni. Un risultato delle sue imprese fu quello di attirare l’attenzione della Germania sulle possibilità dell’Africa.

jeudi, 24 septembre 2015

La stratégie du chaos des néocons touche l’Europe

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La stratégie du chaos des néocons touche l’Europe

Auteur : Robert Parry
Traduction Christine Abdelkrim-Delanne/Afrique Asie
Ex: http://zejournal.mobi

Le chaos des réfugiés qui se développe en Europe, aujourd’hui – médiatisé par les photos poignantes du petit Aylan Kurdi dont le corps a échoué sur une plage de Turquie – est né des ambitions démesurées des néocons américains (conservateurs américains) et leurs acolytes les libéraux interventionnistes qui ont décidé de transformer le Moyen Orient et d’autres parties du monde par la stratégie du « changement de régime » .

Au lieu des mirifiques promesses de « promotion de la démocratie » et de « droits de l’homme », ces « anti-réalistes » n’ont fait que répandre la mort, la destruction et la déstabilisation à travers le Moyen Orient et certaines régions d’Afrique, puis, aujourd’hui, en Ukraine et au cœur de l’Europe. Cependant, comme ces forces néocons contrôlent toujours le « Discours Officiel », leurs théories, comme le fait qu’il n’y a pas assez de « changements de régime », bénéficient toujours la Une des médias.

Par exemple, Fred Hiatt, éditorialiste néocon du Washington Post, a accusé les « réalistes » d’être responsables de la cascade de catastrophes. Hiatt les a accusés, eux et le président Barack Obama, de ne pas être intervenus plus agressivement en Syrie dans le but de renverser le président Bachar al-Assad, depuis longtemps candidat des néocons au « changement de régime ».

En réalité, on peut faire remonter cette explosion accélérée de souffrances humaines à l’influence sans égale des néocons et de leurs compagnons de route libéraux qui se sont opposés à tout compromis politique, et, dans le cas de la Syrie, ont bloqué tout effort réaliste de trouver un accord de partage de pouvoir entre Assad et ses opposants politiques non terroristes.

Dès 2014, les néocons et les « faucons libéraux » ont saboté les accords de paix syriens à Genève en bloquant la participation iranienne et en transformant la conférence sur la paix en compétition unilatérale de vociférations durant laquelle les dirigeants de l’opposition syrienne financée par les États-Unis ont hurlé sur les représentants d’Assad qui sont rentrés chez eux. Pendant ce temps, les journalistes du Post et leurs amis n’ont eu de cesse de harceler Obama pour bombarder les forces d’Assad.

La folie de l’approche des néocons est devenue plus évidente l’été 2014 lorsque l’IS (l’État islamique), un rejeton d’Al-Qaïda qui a massacré des Syriens soupçonnés d’être favorables au gouvernement, a intensifié sa campagne sanglante de décapitation en Irak où ce mouvement hyper brutal a d’abord émergé comme « Al-Qaïda en Irak » en réponse à l’invasion américaine en 2003.

Il aurait dû être clair à la mi-2014 que si les néocons avaient réussi et si Obama avait lancé une campagne massive de bombardement pour détruire l’armée d’Assad, le drapeau noir du terrorisme aurait flotté sur la capitale syrienne de Damas et le sang aurait coulé à flots dans les rues.

Mais, aujourd’hui, un an plus tard, les « Hiatt » n’ont pas appris la leçon, et le chaos que fait exploser la stratégie néocons est en train de déstabiliser l’Europe. Aussi choquant et dérangeant que cela puisse l’être, rien de cela ne devrait être une surprise, les néocons ayant toujours entraîné le chaos et la destruction dans leur sillage.

La première fois que j’ai rencontré les néocons dans les années 1980, on leur avait donné l’Amérique latine comme terrain de jeu. Le président Ronald Reagan avait accrédité plusieurs d’entre eux, et fait entrer dans le gouvernement américain des illuminés comme Eliott Abrams et Robert Kagan. Mais Reagan les avaient maintenus relativement hors du « Royaume de la toute-puissance » : le Moyen Orient et l’Europe.

Ces zones stratégiques étaient réservées aux « adultes », des gens comme James Baker, George Schultz, Philip Habib et Brent Scowcroft. Les pauvres centre-Américains, occupés à essayer de se débarrasser de générations de répression et de sous-développement imposés par des oligarchies de droite dure, ont dû affronter les idéologues néocons qui ont généré escadrons de la mort et génocides contre les paysans, les étudiants et les travailleurs.

Sans surprise, il arriva un flot de réfugiés, particulièrement du Salvador et du Guatemala, vers le nord et les États-Unis. Le « succès » des États-Unis, dans les années 1980, en écrasant les mouvements sociaux progressifs et en renforçant les contrôles oligarchiques, a laissé la plupart des pays d’Amérique centrale dans les griffes de régimes corrompus et des syndicats du crime, entraînant toujours plus de vagues de ce que Reagan appelait les « feet people » (les gens à pied) par le Mexique à la frontière sud des États-Unis.

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Installer le chaos au Moyen Orient

Mais les néocons n’étaient pas satisfaits d’être assis à la table des enfants. Pendant l’administration Reagan, ils ont essayé de se hisser parmi les « adultes » à la table des grands. Par exemple, des néocons comme Robert McFarlane et Paul Wolfowitz, ont poussé la politique de leurs amis Israéliens contre l’Iran que les Israéliens considéraient alors comme un contrepoids à l’Irak. Cette stratégie a finalement conduit à l’« affaire Iran-Contra », le pire scandale de l’administration Reagan.

L’aile droite et les médias dominants américains n’ont jamais admis l’histoire compliquée de l’Iran-Contra et l’information sur différents aspects de criminalité dans ce scandale n’a jamais été diffusée. Les démocrates ont, également, préféré le compromis à la confrontation. C’est pourquoi, la plupart des néocons importants ont survécu aux affres de l’Iran-Contra, laissant leurs membres bien en place pour la phase suivante de leur montée en puissance.

Dans les années 1990, les néocons ont mis en place une infrastructure bien financée de think-tanks et de médias, bénéficiant à la fois des largesses des militaro-industriels qui finançaient les think-tanks et des organismes financés par le gouvernement comme le National Endowment for Democracy (NDM) (Fonds national pour la démocratie) dirigé par le néocon Carl Gershman.

Les néocons ont politiquement tiré le plus grand parti de la guerre du Golfe 1990-1991 grâce à l’armée américaine. De nombreux Américains ont commencé à considérer la guerre comme amusante, un jeu vidéo dans lequel les forces « ennemies » étaient détruites à distance. Dans les programmes TV d’actualités, les commentateurs au discours musclé ont fait fureur. Si vous vouliez être pris au sérieux, vous ne pouviez pas vous tromper en prenant la position la plus machiste, ce que j’appelle parfois l’« effet grondement er-er-er ».

Combiné avec l’écroulement de l’Union soviétique en 1991, la notion de suprématie militaire américaine fut sans égale et sans contestation, et a engendré les théories néocons visant à transformer la « diplomatie » en « ultimatums » américains. Au Moyen Orient, cette vision fut partagée par les Israéliens de la ligne dure qui en avaient assez de négocier avec les Palestiniens et autres Arabes.

À la place des négociations, il y aurait un « changement de régime » pour tout gouvernement qui n’adopterait pas la ligne. Cette stratégie a été élaborée en 1996, quand un groupe de néocons, dont Richard Perle et Douglas Feith, sont intervenus en Israël pour soutenir la campagne de Benjamin Netanyahu et ont concocté un document stratégique intitulé : « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm ».

L’Irak a été la première cible sur la liste des néocons, mais suivait immédiatement la Syrie et l’Iran. L’idée centrale était qu’une fois éliminés ou neutralisés les régimes aidant les Palestiniens et le Hezbollah, Israël pourrait dicter ses conditions de paix aux Palestiniens qui n’auraient d’autre choix que d’accepter ce qu’on leur offrait.

En 1998, le projet Project for the New American Century, élaboré par les néocons Robert Kagan et William Kristol, appelait à une invasion américaine de l’Irak, mais le président Bill Clinton a reculé devant une décision aussi extrême. La situation a changé, cependant, à l’arrivée du président George W. Bush et les attaques du 9/11 (attentats des Twin Towers) qui ont terrifié et rendu furieuse l’opinion publique américaine.
Immédiatement, les néocons ont eu un Commandant en Chef pour approuver la nécessité d’éliminer Saddam Hussein, et il ne fut pas difficile de persuader les Américains, bien que l’Irak et Saddam Hussein n’avaient rien à voir avec le 9/11 (cf www.consortiumnews.com « The Mysterious Why of the Iraq War »)

La mort du « Réalisme »

L’invasion de 2003 a sonné la mort du « réalisme » en matière de politique étrangère à Washington. Vieux ou morts, les « adultes » se turent ou ont fait la sourde oreille. Du Congrès et de l’Exécutif aux think-tanks et aux principaux médias d’information, pratiquement tous les « leaders d’opinion » étaient des néocons et de nombreux libéraux se rangèrent derrière les arguments de Bush en faveur de la guerre.

Et même si le « groupe pensant » de la guerre d’Irak avait pratiquement complètement tort à la fois sur les armes de destruction massive comme justification de la guerre et sur l’idée que ce serait « du gâteau » de mettre en place un nouvel Irak, pratiquement aucun de ceux qui avaient soutenu le fiasco, n’a été sanctionné pour l’illégalité de l’invasion ou pour le soutien à un plan totalement dénué de bon sens.

Au lieu de répercussions négatives, ceux qui ont soutenu la guerre en Irak – les néocons et leurs complices Libéraux et Faucons (aile dure des Républicains) ont essentiellement renforcé leur contrôle sur la politique étrangère américaine et les majors du secteur médiatique d’information. Du New York Times et Washington Post à la Brooking Institution et l’American Entreprise Institute, le programme de « changement de régime » a continué d’élargir son influence.

Peu importait que la guerre sectaire en Irak tue des centaines de milliers de personnes et provoque le déplacement de millions d’autres ou qu’elle donna l’occasion d’émerger à la branche impitoyable d’al Qaïda en Irak. Pas même l’élection de Barack Obama, en 2008, pourtant un opposant à cette guerre, n’a changé cette dynamique globale.

Plutôt que de résister au nouvel ordre en matière de politique internationale, Obama s’est incliné, retenant des joueurs clefs de l’équipe de sécurité nationale du président Bush, tels que le Secrétaire à la Défense, Robert Gates et le général David Petraeus, et recrutant des va-t-en-guerre démocrates, dont Hillary Clinton qui est devenue Secrétaire d’État, et Samantha Power du Conseil national de sécurité.

Ainsi, le culte du « changement de régime » n’a pas seulement survécu au désastre irakien, il s’est développé. Chaque fois qu’un problème émergeait à l’étranger, « La » solution était le « changement de régime », accompagné de l’habituelle diabolisation d’un dirigeant ciblé, du soutien à une « opposition démocratique » et d’appels à l’intervention militaire. Le président Obama, probablement un « closet realist » (réaliste de cabinet) s’est retrouvé dans le rôle du « timoré en chef », poussé, à contrecœur, d’une croisade pour un « changement de régime » à une autre.

En 2011, par exemple, la Secrétaire d’État, Hillary Clinton et Power, du Conseil national de sécurité, ont convaincu Obama de s’allier avec quelques dirigeants européens « chauds pour la guerre » pour réussir le « changement de régime » en Libye, où Mouammar Kadhafi s’était lancé dans l’offensive contre des groupes qu’il avait identifiés comme des terroristes islamistes, dans l’est libyen.

Pour Clinton et Power il s’agissait de tester leurs théories de « guerre humanitaire » – ou « changement de régime » – visant à chasser du pouvoir un « voyou » comme Kadhafi. Obama a rapidement adhéré et, avec le soutien technologique crucial de l’armée américaine, une campagne de bombardements dévastateurs a détruit l’armée de Kadhafi, l’a chassé hors de Tripoli, pour finalement le conduire à son assassinat par la torture.

Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort !

Hillary Clinton s’est dépêchée de tirer parti de ce « changement de régime ». Dans un échange d’email, en août 2011, son ami de longue date et conseiller personnel, Sidnay Blumenthal, fit l’éloge de la campagne de bombardement visant à détruire l’armée de Kadhafi et salua l’expulsion du dictateur gênant de Tripoli.
« Tout d’abord, bravo à vous ! C’est un moment historique et c’est à vous qu’on l’attribuera », écrivait Blumenthal à Clinton le 22 août 2011. « Si Kadhafi lui-même est finalement renversé, vous devriez, bien sûr, faire une déclaration publique devant les caméras où que vous vous soyez, vous devez aller devant les caméras. Vous devez entrer dans les archives de l’Histoire à ce moment-là… La phrase la plus importante est : « stratégie victorieuse ».

Clinton transmit le conseil de Blumenthal à Jake Sullivan, un proche assistant du Département d’État. « SVP, lire ci-dessous, écrit-elle, Sid a bien vu ce que je dois dire, mais c’est conditionné à la chute de Kadhafi qui donnera une dimension plus spectaculaire. J’hésite car je ne sais pas combien j’aurais d’occasions ».
Sullivan répondit : « Cela peut être bon pour vous de vous exprimer juste après son départ, pour marquer le coup… Vous pouvez aussi donner plus de poids en vous présentant physiquement, mais il paraît censé de formuler quelque chose de définitif, comme, par exemple, la Doctrine Clinton ».

Cependant, lorsque Kadhafi a abandonné Tripoli ce jour-là, le président Obama a saisi cette occasion pour faire une déclaration triomphale. Clinton a dû attendre jusqu’au 20 octobre 2011, lorsque Kadhafi fut capturé, torturé et assassiné, pour exprimer sa satisfaction sur le « changement de régime ».

Dans une interview télévisée, elle a célébré la nouvelle dès qu’elle s’est affichée sur son téléphone mobile en paraphrasant la célèbre déclaration de Jules César après la victoire des Romains en 46 av. J.C : « Veni, vidi, vici » – (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu). Clinton a adapté la fanfaronnade de César en « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ». Puis elle a ri et applaudi.

Il est probable que la « Doctrine Clinton » serait devenue une stratégie d’« interventionnisme libéral » pour procéder à un « changement de régime » dans des pays en crise, où le dirigeant cherchant à éliminer une menace sécuritaire, et dont les États-Unis désapprouvent l’action. Mais le problème avec la fanfaronnade de Clinton sur la « Doctrine Clinton », c’est que l’aventure libyenne a rapidement tourné à l’aigre. Les terroristes islamistes contre lesquels Kadhafi avait mis en garde, se sont emparés de vastes pans de territoire et ont transformé le pays en un nouveau « champ de ruines », comme en Irak.

Le 11 septembre 2012, l’attaque du consulat américain à Benghazi et la mort de l’ambassadeur américain Christopher Stevens et trois autres membres du personnel diplomatiques a fait exploser cette réalité aux yeux des Américains. Il est apparu que Kadhafi n’avait pas tout à fait tort sur la nature de son opposition.

Finalement, la violence extrême en Libye s’est tellement développée de façon incontrôlée que les États-Unis et les pays européens ont abandonné leurs ambassades à Tripoli. Depuis, les terroristes de l’État islamique se sont mis à décapiter des chrétiens coptes sur les plages libyennes et à massacrer d’autres « hérétiques ». En pleine anarchie, la Libye est devenue une voie pour les migrants désespérés qui cherchent un passage vers l’Europe en traversant la Méditerranée.

Guerre à Assad

Parallèlement au « changement de régime » en Libye, la même démarche a été engagée en Syrie. Les néocons et les interventionnistes libéraux ont fait pression pour le renversement du président Bachar al-Assad, dont le gouvernement s’est fissuré en 2011 après ce qui est rapidement devenu une rébellion violente conduite par des éléments extrémistes, bien que la propagande occidentale l’ait présentée comme l’opposition « modérée » et « pacifique ».

Pendant les premières années de guerre civile en Syrie, le prétexte fut la répression injustifiée de ces rebelles « modérés » et la seule réponse fut le « changement de régime » à Damas. Les affirmations d’Assad selon lesquelles l’opposition incluait de nombreux extrémistes islamistes fut largement méprisée, comme le furent les avertissements de Kadhafi en Libye.

Le 21 août 2013, une attaque au gaz sarin dans la banlieue de Damas a tué des centaines de civils. Le Département d’État américain et les médias dominants ont immédiatement accusé les forces d’Assad en même temps qu’ils exigeaient une vengeance militaire contre l’armée syrienne.

Malgré les doutes au sein des milieux du renseignement américain sur la responsabilité d’Assad dans cette attaque, que certains analystes considèrent, au contraire, comme une provocation terroriste anti-Assad, les vociférations des néocons de Washington et des interventionnistes libéraux en faveur de la guerre furent intenses et tout doute fut balayé d’un revers de la main.
Cependant, le président Obama, conscient du scepticisme des milieux du renseignement, a renoncé à une frappe militaire et finalement œuvré à un accord négocié par le président russe Vladimir Poutine dans lequel Assad acceptait de remettre tout son arsenal chimique, bien qu’il continuât à nier son implication.

Bien que l’accusation contre le gouvernement syrien à propos de l’attaque fut finalement tombée à l’eau – avec l’accumulation des preuves d’une opération déguisée par les radicaux sunnites pour tromper les Américains et les pousser à intervenir à leurs côtés – la « pensée de groupe » officielle de Washington a refusé de reconsidérer ce jugement précipité. Hiatt se réfère toujours à la « sauvagerie des armes chimiques » d’Assad.

Toute suggestion selon laquelle la seule option réaliste en Syrie est un compromis autour du partage du pouvoir qui inclurait Assad – qui est considéré comme le protecteur des minorités chrétienne, chiite et alaouite – est rejeté par le slogan « Assad doit partir ».

Les néocons ont créé une croyance populaire selon laquelle la crise syrienne aurait été évitée si seulement Obama avait suivi leur conseil en 2011, à savoir une nouvelle intervention américaine pour obtenir en force un autre « changement de régime ». Cependant, l’issue plus que probable aurait été, soit une autre occupation illimitée et sanglante de la Syrie par l’armée américaine, soit le drapeau noir du terrorisme flottant sur Damas.

Au tour de Poutine

Le président russe, Vladimir Poutine, est un autre « voyou », depuis l’échec, en 2013, du projet de bombardement de la Syrie. Il a rendu fou de rage les néocons par sa collaboration avec Obama pour obtenir la remise des armes chimiques syriennes, puis en œuvrant à des négociations sérieuses avec les Iraniens sur leur programme nucléaire. Malgré les désastres du « changement de régime » en Irak et en Libye, les néocons voulaient à nouveau utiliser leur baguette magique en Syrie et en Iran.

Poutine a été puni par les néocons américains, dont Carl Geshman, le président du NED (la Fondation nationale pour la démocratie), et le secrétaire d’État adjoint pour l’Europe, Victoria Nuland (l’épouse de Robert Kagan) par leur aide au « changement de régime » en Ukraine, le 22 février 2014, et le renversement du président élu Viktor Yanukovych, et en mettant en place un régime violemment anti-Russie, à la frontière.

Aussi satisfaits qu’aient été les néocons de leur « victoire » à Kiev et de leur diabolisation réussie de Poutine dans les grands médias américains, l’Ukraine a suivi la pente post- changement de régime prévisible conduisant à la guerre civile. Les Ukrainiens de l’ouest ont lancé une brutale « opération anti-terroriste » contre la population russe de l’est qui a résisté au coup d’État soutenu par les États-Unis.

Des milliers d’Ukrainiens sont morts et des millions ont été déplacés, alors que l’économie nationale ukrainienne basculait vers la faillite. Cependant, les néocons et leurs amis Libéraux et Faucons démontrèrent à nouveau leur capacité de propagande en mettant toutes les responsabilités sur le compte de « l’agression russe » et de Poutine.

Bien qu’Obama ait été, apparemment, pris de court par le « changement de régime » en Ukraine, il s’est joint rapidement au concert d’accusations contre la Russie et Poutine. L’Union européenne s’est, également rangée derrière la demande américaine de sanctions contre la Russie malgré le mal que ces mêmes sanctions infligeaient à l’économie européenne déjà vacillante. Aujourd’hui, la stabilité de l’Europe subit une autre pression avec le flot de réfugiés qui arrivent des zones de guerre au Moyen Orient.

Des dizaines d’années de chaos

Si on regarde, aujourd’hui, les conséquences et les coûts de la dernière dizaine d’années marquées par la stratégie néocons/libéraux-Faucons de « changement de régime », le nombre de morts en Irak, Syrie et en Libye dépasse, selon les estimations, le million tandis que plusieurs millions de réfugiés arrivent dans des pays moyen-orientaux fragiles et pèsent sur leurs ressources.

Des centaines de milliers d’autres réfugiés et de migrants ont fui vers l’Europe, aggravant la pression importante sur les structures sociales du continent déjà affectées par la récession sévère qui a suivi le crash de Wall Street en 2008. Sans la crise des réfugiés, la Grèce et d’autres pays du sud de l’Europe batailleraient quand même pour répondre aux besoins de leurs citoyens.

En revenant en arrière un instant et en mesurant l’impact de la politique des néoconservateurs américains, on peut être étonné de l’étendue du chaos qu’ils ont créé sur une large partie de la planète. Qui aurait pensé que les néocons auraient réussi à déstabiliser non seulement le Moyen Orient, mais, également, l’Europe…

Et pendant que l’Europe se débat, les marchés d’exportation chinois se resserrent, provoquant une instabilité dans cette économie cruciale, et, de ce choc, les répercussions se font sentir aux États-Unis.

Nous assistons aux tragédies humaines provoquées par les idéologies des néocons/Libéraux-Faucons à travers la souffrance des Syriens et autres réfugiés débarquant en Europe et la mort d’enfants noyés dans la fuite désespérée de leurs parents loin du chaos créé par le « changement de régime ». Mais les griffes des néocons/libéraux-Faucons sur Washington finiront-elles par se casser ? Un débat sur les dangers de la stratégie du « changement de régime » sera-t-il même autorisé dans le futur ?

Pas si les « Fred Hiatt du Washington Post » ont quelque chose à dire à ce sujet. La vérité est que Hiatt et autres néocons maintiennent leur domination sur les grands médias américains. Ce que nous pouvons, donc, attendre des différents médias dominants, c’est plus de propagande néocons mettant le chaos non sur le compte de leur politique de « changement de régime », mais sur l’échec de parvenir à davantage de « changements de régime ».

Le seul espoir est que de nombreux Américains ne se fassent pas avoir, cette fois, et qu’un « réalisme » tardif revienne dans la stratégie géopolitique américaine, consistant à rechercher des compromis raisonnables pour restaurer l’ordre politique dans des endroits comme la Syrie, la Libye et l’Ukraine. Au lieu de toujours plus de confrontations dures à la « Rambo », peut-être y aura-t-il, finalement, des tentatives sérieuses de réconciliation.

Mais l’autre réalité est que les forces interventionnistes se sont enracinées profondément à Washington, dans l’Otan, dans les grands médias d’information et même dans les institutions européennes. Il ne sera pas facile de débarrasser le monde des graves dangers créés par les stratégies néocons.

Note:

Robert Parry, directeur du site www.ConsortiumNews.com, est un journaliste d’investigation. Il a publié de nombreux articles pour Associated Press et Newsweek dans les années 1980 sur l’affaire Iran-Contra et l’implication de la CIA. Il est l’auteur, entre autres, d’une trilogie sur la famille Bush et ses connexions avec l’extrême droite américaine).

Oskar Freysinger: La Russie a joué un rôle décisif pour l’indépendance et la neutralité de notre pays

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«La Russie a joué un rôle décisif pour l’indépendance et la neutralité de notre pays»

Interview d’Oskar Freysinger, conseiller national et conseiller d’Etat du Valais

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch 

Au cours de l’été 2015, le conseiller national Oskar Freysinger a déposé une motion (cf. encadré) obligeant le Conseil fédéral à engager sans tarder des négociations avec la Russie en vue d’un accord de libre-échange. Dans l’interview ci-dessous, Oskar Freysinger explique les raisons pour lesquelles il a fait cette démarche.

Horizons et débats: Monsieur le Conseiller national, qu’est-ce qui vous a amené à déposer cette motion parlementaire?

Oskar Freysinger: Lorsqu’on considère les développements de ces derniers 25 ans, il est évident que pendant des décennies, nous nous sommes orientés uniquement vers les Etats-Unis, partant de l’idée que l’ami se trouve à l’Ouest et que tout cela n’aurait que des avantages économiques. Concernant l’économie, cela peut être en partie justifié, mais le prix que nous avons payé est très élevé. Nous avons par exemple dû abandonner le secret bancaire, ce qui a amené beaucoup de désavantages, par exemple lors de l’«arrangement» avec l’UBS, en raison de notre entière orientation envers le système américain.

Qu’est-ce que cela signifie?

Avec ce système de bonds, on crée une richesse artificielle reposant uniquement sur le papier-monnaie, imprimé continuellement. Ainsi, on s’endette sans aucune retenue. Malheureusement, les banques suisses sont de plus en plus embourbées dans ce système.

N’y a-t-il pas d’alternatives?

C’est ce que je me suis aussi demandé. En fait, il s’agissait pour moi de diriger le regard vers l’Est pour nous débarrasser du vieux mythe que l’ennemi se trouve là-bas. Au cours de l’histoire, la Russie a toujours fait preuve d’une relation amicale envers la Suisse. La Russie a joué un rôle décisif pour l’indépendance et la neutralité de notre pays après les guerres napoléoniennes, lors du Congrès de Vienne. De même, depuis 1992, nous n’avons pas de raison de nous plaindre de la Russie. Il n’existe aucun exemple prouvant que ce pays ait décidé quelque chose de négatif pour notre pays.

Qu’est-ce que vous en concluez?

Il n’y aura pas d’avenir pour l’Europe sans la Russie. Nous devrions faire le nécessaire pour nous associer avec la Russie. Pour moi, c’est incompréhensible pourquoi Madame Merkel ne s’en est pas encore rendu compte.

Comment le comprenez-vous?

Je me demande pour quelle raison les Etats-Unis exercent une telle influence sur Merkel, car une alliance entre l’Allemagne et la Russie serait une pierre angulaire pour un essor économique incroyable. Mais c’est justement ce que craignent les Anglo-Saxons. Si l’Allemagne s’associait à la Russie, les deux deviendraient en peu de temps la première puissance économique du monde. Ils dameraient le pion aux Américains.

Quelle est la réaction des Etats-Unis?

Ils créent des sources de division à l’aide de la Pologne et de l’Ukraine.

Quelles en sont les conséquences pour la Suisse?

Nous sommes libres, car nous ne sommes pas dans l’OTAN et ne sommes pas liés par des accords – spécialement avec les Etats-Unis. La Russie est pour nous un pays très intéressant en tant que partenaire économique, rien qu’en raison des matières premières, mais aussi dans le domaine culturel et il existe des liens historiques. Pour nos entreprises, la Russie représente un marché très intéressant. Elle a une économie en pleine évolution et Poutine essaie de sauvegarder l’indépendance et la souveraineté de son pays. Je ne vois pas pourquoi nous devrions laisser les Américains nous empêcher d’établir des relations privilégiées avec la Russie.

Lorsqu’il s’agit de la situation en Europe, les relations avec nos Etats voisins jouent naturellement un rôle essentiel, notamment avec l’Allemagne. Comment voyez-vous ces relations?

Les relations avec l’Allemagne n’ont jamais été simples. En ce moment c’est la carte de l’amitié qui se joue, mais honnêtement, la Suisse est une concurrente pour l’Allemagne, car elle est active dans le même domaine qu’elle. Je n’ai certes rien contre des relations amicales avec nos pays voisins, tout au contraire, c’est très important. Mais nous ne devons jamais nous placer dans une position subordonnée. Nous n’avons pas à accepter de traité colonial. La Suisse est un Etat indépendant et souverain, nous ne sommes pas membre de l’UE, nous ne sommes pas membres de l’OTAN et cela, les autres Etats doivent le respecter. Lorsque nous voyons les intérêts que l’UE a dans le territoire de la Suisse, cela nous donne un autre point de vue. Déjà, il y a plus de 300?000 frontaliers gagnant tous les jours leur salaire en Suisse, ce qui apporte des devises s’écoulant dans l’UE. En outre, nous avons l’accord sur les transports terrestres. Là, la Suisse ne demande que la moitié du prix réel pour chaque camion de l’UE traversant la Suisse. Avec les Accords bilatéraux, l’UE a beaucoup gagné et elle continuera à en profiter. De nous traiter de «profiteurs», c’est tout simplement un mensonge.

Quels sont les points problématiques dans ces accords?

Dans le fond, c’est une situation contractuelle toute simple. S’il n’y avait pas la «clause guillotine», cela pourrait être positif pour les deux parties. Ce qui dérange c’est cette clause dite guillotine, on ne négocie pas à l’ombre d’une guillotine. Dès le début, j’ai trouvé incompréhensible comment la Suisse avait pu accepter une telle chose. La devise de l’UE était: tout ou rien. Ce n’est pas une base de négociation, on devrait pouvoir négocier chaque objet individuellement.

Quels pourrait être l’avenir dans ce domaine?

Ce qui nous attend avec l’accord-cadre c’est la reprise automatique de la juridiction de l’UE et la reconnaissance d’un tribunal arbitral européen et cela est inacceptable. C’est une stratégie perfide pour provoquer une adhésion indirecte à l’UE. Si nous demandions directement au peuple suisse s’il veut adhérer à l’UE, nous aurions probablement un taux de rejet de 85%. C’est totalement inacceptable de contourner cela, en provoquant une adhésion de facto au moyen de lois reprises de façon «dynamique» à l’aide d’un accord-cadre, en ne parlant pas d’une reprise automatique mais d’un développement dynamique, menant ainsi les gens par le bout du nez.

Dans cette situation, il est extrêmement important que la Suisse se cherche des partenaires contractuels honnêtes. D’après ce que vous venez de dire, la Russie serait un tel partenaire. Comment le Conseil fédéral a-t-il réagi à votre motion?

Il a écrit que 12 cycles de négociations avaient déjà eu lieu entre la Russie et l’AELE mais que malheureusement les négociations ont été interrompues suite à la crise ukrainienne et qu’il refusait donc ma motion.

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Mais pourquoi ne peut-on pas négocier avec la Russie maintenant?

Le Conseil fédéral le justifie avec la crise en Ukraine. Bien qu’aujourd’hui nous sachions exactement que la crise en Ukraine a été initiée par les Etats-Unis. Le putsch sur le Maïdan n’était pas du tout une révolte populaire tombée du ciel au cours de la nuit. Cela a été orchestré, organisé et financé. Là derrière, il y a les services secrets américains, la CIA, poursuivant l’objectif de perturber les relations entre la Russie et l’Allemagne, voire l’UE. C’était aussi une réaction au fait que la Russie n’ait pas laissé tomber la Syrie. Lorsqu’il s’agissait de Kadhafi – on a bien vu le résultat en Libye –, les Chinois et les Russes se sont fait avoir, ils ont donc appris cette leçon. Concernant la Syrie, ils sont restés fermes. C’est pour cette raison que Bachar al-Assad est toujours en place. Le monstre créé par les Etats-Unis, l’Etat islamique, continue à être financé par eux et soutenu par Israël et l’Arabie saoudite. Pour ces pays, il est pratique que l’Etat islamique continue à exister, car de cette manière les Sunnites et les Shiites continueront à se déchirer dans d’interminables conflits. C’est l’Union européenne qui en paye le prix, car maintenant des masses de réfugiés et de requérants d’asile arrivent en Europe. Tout ce jeu est d’une perfidie macabre, c’est hypocrite, c’est cynique. Les Etats-Unis parlent à tout moment des droits de l’homme qu’ils défendent partout dans le monde. Cependant, ils sont par exemple étroitement liés avec l’Arabie saoudite, un pays avec lequel ils ont depuis 1973 un pacte «dollar contre pétrole». Là, les droits de l’homme n’ont aucune importance. On y discrimine les femmes, on y fouette des êtres humains, on y décapite plus de 250 personnes par année, tout cela n’a aucune importance. Nous nous faisons sans cesse mener par le bout du nez.

Comment interprétez-vous la réponse du Conseil fédéral?

Encore une fois, on se montre soumis face aux Etats-Unis. Mais les Anglo-Saxons poursuivent toujours leurs propres intérêts et ne se soucient pas guère des intérêts des autres. Ils jouent les policiers du monde, mais ce sont eux qui déclenchent partout sur notre planète les plus grands incendies. Ce sont eux, les incendiaires, se présentant par la suite comme des pompiers héroïques.

Qu’est-ce que cela signifie pour la Suisse?

Nous sommes un pays libre et indépendant et nous ne devrions pas participer à ce jeu. Ce que font les autres, c’est leur affaire, mais nous, nous devrions poursuivre une politique autonome et commencer sans attendre des négociations avec la Russie, même si cela ne plaît pas aux Etats-Unis. La situation ne peut guère empirer. Je ne pense pas que les Etats-Unis vont se rapprocher avec leur 6e flotte pour envahir la Suisse. Nos relations avec les Etats-Unis sont déjà en piteux état. C’est hypocrite de faire comme s’ils étaient nos meilleurs amis. Ils ne le sont pas, ils l’ont prouvé maintes fois par leur comportement. Dans ce marché, nous n’avons plus rien à gagner.

Pourquoi la Suisse n’a-t-elle pas changé de position depuis longtemps?

Apparemment, on n’a pas encore eu le courage de se libérer du diktat américain. On semble préférer se soumettre et subir sans broncher.

Que faire?

Il serait urgent de revoir ses positions, notamment dans les domaines de l’économie et des banques. La Russie a besoin d’une place financière indépendante, la Suisse pourrait jouer ce rôle. Mais pas seulement pour la Russie mais aussi pour la Chine, l’Inde et les autres Etats du BRICS. Nous devrions coopérer avec ces Etats, parce que là, les pressions sont moins fortes qu’avec l’OTAN et l’espace de l’UE. Des conditions coloniales règnent dans ces organisations. Les grands écrasent ou harcèlent les petits. Depuis des décennies, nous vivons le harcèlement américain. Dans les relations humaines, on appelle cela ainsi. Cela n’a rien à voir avec des relations d’égal à égal entre deux partenaires qui s’acceptent et se respectent. Voici le grand qui octroie sa volonté au petit. C’est indigne pour la Suisse.

Comment pourrait-on organiser les relations économiques avec la Russie?

Pour nos vins, il y aurait un marché. Là, je parle en Valaisan. Mais nos PME produisant en Suisse avant tout des produits de niche de haute valeur ajoutée ont un niveau technologique élevé. Des produits industriels fabriqués en Suisse ont beaucoup à offrir dans le domaine de la mécanique et de la technologie, c’est évidemment aussi valable pour le domaine des services. Dans le domaine bancaire, la Suisse est de toute façon à la pointe. Les Russes par contre ont d’immenses gisements de matières premières et c’est un énorme marché. Nous pouvons aussi importer certains produits de Russie et créer de joint-ventures. Cela demande bien sûr une analyse soigneuse. A une époque, où les richesses minières se raréfient et enchérissent, un commerce réciproque avec la Russie serait extrêmement profitable. Je pense à des relations économiques étroites dépassant de loin des relations purement économiques et financières.

Quelle devrait être l’attitude de la Suisse?

Nous sommes un Etat souverain et autonome. Notre démocratie directe est unique et pourrait servir d’orientation pour d’autres Etats démocratiques. Nous devons entrer dans les négociations comme partenaire d’égal à égal et ne pas nous soumettre à un autre Etat. Notre neutralité nous permet de mener des négociations avec tout Etat au monde. Et je le répète, un accord de libre-échange avec la Russie serait un grand avantage pour notre pays.

Monsieur le Conseiller national, nous vous remercions pour cet entretien.    

(Interview réalisée par Thomas Kaiser)

 

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Motion: Accord de libre-échange avec la Russie

Texte déposé
Le Conseil fédéral est chargé d’engager immédiatement des négociations avec la Russie au sujet d’un accord de libre-échange.
Développement
1.    La Suisse a conclu des accords de libre-échange avec de nombreux Etats de par le monde, soit notamment avec la Chine, l’Ukraine, le Japon, l’Egypte etc.
2.    Jusqu’à présent la Suisse n’a cependant pas conclu d’accord bilatéral de libre-échange avec la Russie en tant que tel.
3.    Grâce à un tel accord, la Russie pourrait devenir un important partenaire commercial pour la Suisse et lui permettre ainsi de réduire sa forte dépendance vis-à-vis de l’Europe.
4.    Une intensification des rapports commerciaux russo-suisses pourrait permettre à notre pays de stimuler l’innovation et d’augmenter sa prospérité.
5.    La Russie est un pays riche en matières premières, en particulier en combustibles fossiles. La Suisse grâce à une diversification de ses fournisseurs, pourrait réduire sa dépendance vis-à-vis d’autres Etats.
6.    La Suisse, à la pointe de la technologie pourrait profiter des échanges commerciaux avec un pays qui s’intéresse fortement à ce domaine et ainsi réaliser de nouvelles avancées.
7.    La Russie fait partie de notre continent et ne doit pas être mise à l’écart. L’Europe ne peut assurer sa prospérité et préserver la paix sans la Russie.
8.    Les rapports qu’entretiennent la Suisse et la Russie ont toujours été particuliers. Au cours de leur histoire toutefois, les deux Etats ont toujours eu des échanges étroits. Un accord de libre-échange permettrait de renouer avec cette tradition et profiterait à tous.

Emil Cioran: Un siècle d'écrivains

Emil Cioran

Documentaire "Un siècle d'écrivains"

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Terrorismo Islamico: perché non esiste in Giappone

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Terrorismo Islamico: perché non esiste in Giappone

Articolo a cura di Cristiano Ruzzi dell’Associazione culturale Zenit

Ex: http://www.associazioneculturalezenit.org

Negli ultimi anni, oltre alla crisi economica, il mondo ha dovuto affrontare anche il problema emergente dell’estremismo islamico e, per confermare ciò, basta dare un’occhiata ai numeri sempre più crescenti degli attacchi terroristici nel mondo.

Dal 2011, con la comparsa sulla scena mondiale dell’ISIS, il numero delle vittime degli attacchi di fattrice islamica è nettamente cresciuto, assieme alla quota di Musulmani nel terrorismo mondiale che è sempre più in costante avvicinamento al 100%.

Nel 2013, secondo il Dipartimento di Stato Statunitense, un totale di 9.707 attacchi di origine terrorista è avvenuto in tutto il mondo, provocando più di 17.800 morti e più di 32.500 feriti. In aggiunta, più di 2.990 persone sono scomparse o sono state prese in ostaggio. Le informazioni riguardo i perpetratori sono state riportate, dal materiale di base, per il 32% degli attacchi terroristi nel 2013.

E di questo 32%, solo tre gruppi terroristici musulmani, i Talebani, ISIS e Boko Haram, sono stati ritenuti responsabili di 5.655 morti, all’incirca del 31.76 percento. Ciò vuol dire che della prima percentuale la stragrande maggioranza sono state perpetrate da soli tre gruppi terroristici, ossia più del 50% che esiste in questo mondo sempre più turbolento.

A questo punto sembrerebbe che non ci sia un singolo Paese dove i musulmani non possano innalzare le proprie bandiere, invece no! Esiste uno Stato abbastanza singolare, non uniforme al pietismo che oramai prevale sempre di più nel continente americano ed europeo, dove non è stato finora perpetrato un attacco terroristico sul proprio suolo. Il nome di questo Paese è il Giappone.

Ovviamente, si penserà che il Giappone ha raggiunto questo risultato attraverso politiche d’integrazione super efficaci, attraverso l’utilizzo delle più avanzate tecnologie ed assegnando miliardi di yen nella costruzione di centinaia di moschee e di scuole islamiche in tutto il territorio nazionale, vietando il maiale nei luoghi pubblici, introducendo ore separate per maschi e femmine nelle piscine, con i dottori maschili che non osano toccare i genitali delle loro pazienti, le donne musulmane che ottengono un immenso aiuto sociale ogni volta che hanno un figlio, i tribunali della Sharia introdotti nel sistema giudiziario giapponese ed, infine, il Corano che viene considerato come un testo sacro.

Niente di tutto questo. La soluzione a tale rompicapo è tanto semplice, quanto efficace: il Giappone è semplicemente chiuso ai musulmani, non nel senso che sono banditi, ma che il numero di permessi date alle persone provenienti dai Paesi islamici è molto basso. Ottenere un visto di lavoro non è facile per chi profeta la religione di Maometto, anche se sono fisici, ingegneri e manager mandati da compagnie straniere che sono attive nella regione. Come risultato, il Giappone è un “Paese senza musulmani”.

Non c’è una stima precisa della popolazione musulmana. Secondo la dichiarazione dell’ex presidente dell’Associazione Islamica Giapponese Abu Bakr Morimoto “per dirla francamente, solo un migliaio. Nel senso più ampio, voglio dire, se non escludiamo coloro che sono diventati musulmani per motivi, diciamo, matrimoniali, e non praticano la religione: allora il numero sarebbe di poche migliaia”.

Invece, uno dei leader della comunità Islamica in Giappone, Nur Ad – Din Mori, alla domanda “Che percentuale della popolazione totale del Giappone è musulmana?” ha risposto “Uno su centomila”.

Attualmente la popolazione Giapponese è di 130 milioni e quindi, se le risposte dei due leader Islamici sono corrette, dovrebbero esseri circa 1300 musulmani. Ma anch’essi, che hanno ottenuto i permessi dall’immigrazione e vivono da molti anni nel Paese hanno pochissime chance di diventare cittadini a tutti gli effetti.

Ufficialmente il Giappone vieta di esortare le persone ad adottare la religione dell’Islam, e qualsiasi musulmano che incoraggi ciò è visto come proselite di una cultura straniera indesiderabile. I promotori, per l’appunto, che sono troppo attivi rischiano la deportazione e, qualche volta, dure condanne di carcere.

La lingua arabe è insegnata in pochissimi istituti accademici: se ne può trovare, infatti, soltanto uno, l’Istituto Arabo Islamico a Tokyo. Inoltre l’università internazionale, sempre nella Capitale, non offre corsi di arabo. Importare il Corano in Arabo è praticamente impossibile, ed è permesso solo la versione adattata in Giapponese.

Fino a poco tempo fa, c’erano solo due moschee in Giappone: la Tokyo Jama Masjid e la moschea di Kobe. Ora, il numero totale di siti di preghiera è contato in circa trenta moschee a piano singolo ed un centinaio di stanze d’appartamento stanziati per le preghiere, e la società giapponese si aspetta, appunto, che tali persone preghino nelle loro case: non esiste, infatti, alcuna preghiera collettiva nelle strade o nelle piazze, e chi lo fa può ottenere delle multe molto “salate” o, in quei casi in cui la polizia giapponese ritiene seri, espellere dal Paese i partecipanti.

Dal punto di vista lavorativo, le aziende giapponesi in cerca di lavoratori stranieri fanno espressamente notare che non sono interessati ai musulmani. Non esiste alcuna traccia di Sharia, ed il cibo Halal è estremamente difficile da trovare.

La popolazione, in generale, tende a percepire l’Islam come una “religione strana e pericolosa” che un vero cittadino giapponese dovrebbe evitare, e gli omicidi avvenuti ad inizio anno dei due connazionali Haruna Yukawa and Kenji Goto per mano dell’ISIS non ha certamente migliorato la situazione.

La cosa più interessante, di tutto ciò, e che i giapponesi non si sentono in colpa per un approccio così “discriminatorio” all’Islam, e che non dovrebbero chiedere scusa ad alcuno per il modo negativo in cui percepiscono tale religione. Certamente fanno trattati economici con gli arabi per il gas ed il petrolio, questo sì, e mantengono buone relazioni con gli esportatori medesimi, ma non con l’islam, e neanche con l’immigrazione musulmana. E, cosa strana, i musulmani in Giappone non provocano rivolte, non marchiano i giapponesi come “razzisti”, non bruciano macchine, spaccano finestre, tagliano le teste dei soldati per essere stati in Afghanistan, Iraq o in qualunque altro posto sulla Terra – e non c’è stato un singolo giapponese vittima di un attacco terrorista sul proprio suolo nazionale negli ultimi trent’anni.

Che l’Europa, attanagliata non solo dell’estremismo islamico ma anche dell’immigrazione selvaggia, debba prendere da esempio il modello giapponese per trattare direttamente il problema? Chissà.

 

mercredi, 23 septembre 2015

Jean Raspail, l’écrivain aventurier

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Jean Raspail, l’écrivain aventurier
 
par Frédéric Kisters
Ex: http://www.associazioneculturalezenit.org

Article rèdigè par Frédéric Kisters pour l’Association culturelle Zenit

La vie de Jean Raspail est divisée en trois périodes, la première assez morne, la deuxième pleine d’aventures, la troisième est littérature. Il semble avoir connu une enfance paisible et bourgeoise. Né le 25 juillet 1925 en Indre-et-Loire, il se proclame Wisigoth. Après la guerre, il s’essaya sans succès à l’écriture. Son premier manuscrit ayant été refusé par toutes les maisons d’édition, il clôt le prologue de sa vie, tourna la page et passa au premier véritable chapitre de son existence. En 1948, avec trois amis, il partit en expédition en Amérique, sur les traces de Jean Marquette, jésuite explorateur du 17e siècle, qui donna son nom à l’expédition. Ils descendirent les chemins d’eau qui relient le Québec au Mississipi. Près des Grands Lacs, il découvrit, lors d’une excursion, un village abandonné au milieu de la forêt, “à la lisière du rêve et du réel”. Il a écrit qu’il était véritablement né ce jour là. Il avait trouvé sa voie, la quête des hommes et peuples authentiques.

Comme Jean Raspail avait renoncé à manier la plume, ce fut son ami Philippe Andrieux qui rédigea le récit du voyage. Dès leur retour en France, les deux comparses montèrent une nouvelle expédition, non pas une espèce de voyage initiatique contrairement au premier, mais plutôt un défi technico-sportif. Il s’agissait de rejoindre la Terre de feu à l’Alaska en voiture, une équipée de 40.000 km. Cette fois, il cosignera le récit de l’aventure avec Andrieux, renouant ainsi avec l’écriture, avant de repartir à l’aventure. Des multiples voyages suivants, il rapporta de nombreux livres de souvenirs, un genre de littérature qui rencontrait un certain succès à l’époque, car  la TV, l’objet du culte médiatique, ne trônait pas encore dans tous les salons familiaux.

Entre deux périples, il retrouvait une France endormie, repliée sur elle-même, qui perdait peu à peu son âme diluée dans l’universalisme consumériste. Imaginons-le un instant revenant d’une contrée sauvage dans ce pays peuplé de morts-vivants… Il avait acquis la certitude que sa patrie, en ces années ’60, avait subi une horrible métamorphose. Et son avatar avait effacé de sa mémoire jusqu’au souvenir de ce qui faisait sa singularité autrefois si fort affirmée à la face du monde. Cette France désincarnée, pour laquelle il éprouvait une répulsion naturelle, il en fera son deuil en écrivant “Le Camp des Saints”, au fil de l’inspiration, pendant une sorte de transe de 18 mois dont il sortit “méconnaissable”, avoue-t-il.

“Le Camp des Saints” (1973)

Avec le “Camp des Saints”, Raspail entre vraiment en littérature en posant un sujet grave, essentiel au sens étymologique: l’Occident mérite-t-il encore d’exister ? A sa sortie, le livre fut fusillé par les prêtres du politiquement correct et les chantres de vertu, qui le dénoncèrent comme un roman d’extrême droite, voire raciste. En réalité, Raspail l’avait écrit dans un mouvement de colère, excédé par la dictature de la pensée unique qui s’instaurait. Il lançait un dernier et fracassant coup de semonce avant de se retirer, de manière hautaine, dans son monde intérieur, en vouant à l’Apocalypse cette civilisation moribonde. Raspail claquait la porte au nez d’une société en plein processus de déréliction. A partir de cette rupture, il entreprit la création de son propre univers romanesque.

L’auteur imagine un improbable prophète indien, prosélyte improvisé mais doué, entraînant à sa suite une horde de miséreux qui embarque dans une flotte de rafiots rouillés vers les riches contrées européennes. Nos gouvernants ne savent comment réagir. A la question “Que faire?”, ils répondent: “Parlons, analysons le problème, en attendant organisons leur accueil”. Lorsque l’armada de boat people approche de nos côtes, la population s’enfuit, quant à l’armée, malade de culpabilité, elle s’égaille, la France s’écroule sans résistance.

En butte aux critiques, Raspail a souvent soutenu qu’il ne voulait pas écrire un pamphlet prophétique. Evidemment, l’immigration n’a jamais pris la forme d’une irruption brutale, elle fut au contraire une distillation lente et pernicieuse. De surcroît, les immigrés n’ont pas seulement été attirés par le mirage de la richesse occidentale et nous ne les avons pas uniquement acceptés par faiblesse; à cette époque, le capitalisme avait aussi besoin de main d’œuvre à bon marché. Néanmoins, en posant la question de cette manière, Raspail met le lecteur dans une situation d’urgence. Face à une immigration diffuse, le citoyen peut s’offrir le temps de la réflexion; confronté à la menace imminente du débarquement de millions d’affamés, il doit prendre une décision immédiate.

Et un des aspects les plus intéressants du roman est sans doute la description des réactions de l’Occident qui souffre d’une espèce d’apathie, de paralysie de la décision et de l’action. En effet, quelles valeurs l’Europe peut-elle opposer à un tel déferlement ? Il ne serait ni chrétien ni charitable de les refouler à la mer. D’un autre côté, le soi-disant humanisme actuel nous enseigne que l’étranger nous enrichit et ne veut pas nous nuire. Nos bien-pensants n’imaginent même pas que les autres puissent nous détruire par inadvertance et ignorance, comme on écrase sans le vouloir un insecte. De plus, les Européens ont cultivé le remords et la mauvaise conscience, à tel point qu’ils ne se sentent plus meilleurs en donnant, au contraire ils cèdent par honte et non par générosité. Le véritable mal réside dans nos faiblesses. En réalité, l’Europe aspire les pauvres parce qu’elle est vide. Certes, d’aucuns ont encore conscience que nous avons le devoir de défendre notre identité au nom de notre passé et pour notre avenir, mais à quel prix ? Raspail suggère un début de réponse: “Apprendre le courage résigné d’être pauvre ou retrouver l’inflexible courage d’être riche. Dans les deux cas, la charité dite chrétienne se révélera impuissante. Ces temps-là seront cruels.”

Raspail regarde l’humanité actuelle avec dédain mais sans cruauté, il voit des hommes qui n’ont plus aucune raison d’agir, un Occident en détresse parce qu’il a perdu jusqu’au souvenir de sa raison d’exister. Depuis le “Camp des Saints”, il a renoncé à notre civilisation. Ses livres suivants sont, à mon sens, plus réussis, parce que l’auteur se détache de l’actualité et nous emmène dans l’univers des contes symboliques.

Il se dégage de son œuvre plusieurs traits saillants.

jr782226168245g.jpgLes héros de Raspail

Les héros de Raspail ont le sens de l’aventure, pour autant ils ne sont pas tous des hommes d’action. Ainsi le duc Christian VII de Valduzia ne quitta jamais son bureau des cartes, néanmoins il partagea en pensées les campagnes de ces troupes. Il aime aussi les inspirateurs, comme le roi de Patagonie, Antoine IV qui instille l’esprit de royauté au jeune garçon qu’il a choisi pour successeur dans “Le Jeu du Roi” ou les détenteurs de la mémoire, comme le vieux professeur du “Camp de Saints”. Il a  aussi imaginé une dynastie d’hommes capables d’allier l’action à la réflexion, la prolifique lignée des Pikkendorf qui peuple son univers romanesque.

Ses personnages mènent tous à leur façon une quête. Le fait apparaît évident dans “Sept Cavaliers”. L’histoire se déroule dans un margravat vermoulu où tout s’effondre pour une raison énigmatique. Des hordes de pillards, dont une secte de drogués, les Ammanites, saccagent le pays, soldats et fonctionnaires désertent leurs postes, les derniers fidèles à la dynastie, terrorisés et pourchassés par la populace, se claquemurent dans leurs maisons; aux frontières, les barbares, autrefois vaincus, relèvent la tête. Le colonel-major Silve de Pikkendorf rassemble six cavaliers pour partir à la recherche de la source du mal qui ronge le pays. Ils ne la découvriront pas, mais chacun d’entre eux accomplira son destin. L’évêque Osmond van Beck atteindra Dieu; Richard Tancrède rencontrera l’amour d’une catholique opprimée par une tribu de musulmans; le brigadier Vassili rattrapera les Tchétchènes que son ancien capitaine poète poursuivait; Abaï l’Oumiâte retournera dans sa forêt natale, le cadet Vénier reconquérera le fief de ses ancêtres, quant à Silve de Pikkendorf et l’artilleur rimeur Bazin Dubourg, ils rejoindront la réalité, lors de la surprenante transition finale du roman. Ainsi, ils se sont tous réappropriés leur authenticité.

Les peuples oubliés

Autant dans ses récits de voyage que dans ses romans, Raspail exprime sa fascination pour les peuples disparus. Par exemple, il raconte la disparition des Ghiliaks réfugiés dans l’île de Sakhaline. En 1890, on en recensait encore 320, un siècle plus tard, “Pas un seul, fût-ce à l’état de souvenir ou de tombe. Escamotés dans les oubliettes de l’Humanité !” (La Hache des Steppes”).

Dans “Le Jeu du Roi”, nous croisons les Alakalufs que l’auteur a rencontré lors d’un de ses périples. Ces habitants de la Terre de Feu et des canaux chiliens de la Patagonie se déplaçaient en cabotant avec leurs canots. Ils survivaient dans des conditions extrêmement pénibles. Raspail souligne que : “Le bonheur n’existe pas dans la langue des Alakalufs, ni aucun vocable similaire.” (“Qui se souvient des hommes…”). En revanche, ils en ont cent pour exprimer l’angoisse.

Enfin, n’oublions pas le peuple invisible, les Oumiâtes qu’il évoque dans “Septentrion”. Ils sont aussi représentés par le guide Abaï, un des “Sept Cavaliers”. Surtout, ils préfigurent les petits hommes discrets des “Royaumes de Borée”. “Ce sont des gens qui vivent dans la grande forêt. Ils portent des bonnets pointus et de grandes bottes de peau brodées de fil d’argent. Quand ils se déplacent, ils ne laissent aucune trace et ne font aucun bruit.”

Ces peuples l’obsèdent, parce qu’ils ont le panache de s’acharner dans la survie, fût-ce en se cachant.

La fuite

Comme les peuples perdus, les personnages de Raspail fuient chacun à leur manière. Les petits hommes de Borée reculent de forêt en forêt, sous la poussée d’hommes qui pourchassent un mythe. Les enfants de “Septentrion” tentent d’échapper à l’invasion grise. Quant aux “Sept Cavaliers”, ils fuient en avant. D’autres s’évadent dans l’imaginaire, ainsi Antoine de Tounens qui a fondé son royaume de Patagonie dans la solitude de son château. Toutefois, il ne s’agit pas de lâcheté. Ces deux catégories de héros raspailliens refusent un monde horrible, mais ils ne capitulent pas. Plutôt que de devenir des hommes ternes, ils préfèrent chercher un refuge, en une contrée lointaine ou au fond d’eux-mêmes. Là, ils pourront du moins conserver leur noble attitude.

jr41hvgzg6xrL._UY250_.jpgLa royauté

Raspail a toujours proclamé ses opinions royalistes et catholiques, les deux étant pour lui indissociablement liés, puisque la monarchie est de droit divin. Lui accoler l’adjectif “constitutionnel(le)” revient à commettre une hérésie. De même, il vomit l’Eglise actuelle, parce qu’elle a perdu le sens du sacré.

Tous les Etats imaginaires qui servent de cadre à ses récits sont soit des royaumes soit des principautés. Dans “Sire”, il restaure même une forme de royauté: le jeune Pharamond de Bourbon traverse à cheval, avec ses rares compagnons, la France contemporaine pour se faire sacrer en la cathédrale de Reims.

Toutefois, Raspail ne soutient ni les Bourbons ni les Orléans. Dans son esprit, le royaume n’est plus une institution, il est transporté dans une sorte d’éternité, il devient une idée à l’état pur.

En 2000, Raspail publiait “Le Roi au-delà de la mer”, une sorte de lettre ouverte adressée à un jeune monarque sans terre. Ce dernier incarne si bien la royauté de droit divin et les valeurs chevaleresques qu’il ne peut accepter un trône. Son devoir consiste à se retirer dans un digne isolement qui le préserve des avanies de notre époque. Retranché sur cette forte position, le symbole souverain peut inspirer la révolte contre un monde où tous les objets et les idées sont devenus des marchandises. Lorsqu’il attirera le regard des meilleurs, il sera temps de combattre.

“Les Royaumes de Borée” (2003)

jr41Q52F2RK.jpgL’histoire se déroule du 17ème au 21ème siècle, elle est celle du duché de Valduzia, principauté onirique sise aux confins de la Carélie russe. Ses princes héréditaires se sont lancés à la conquête de ces vastes territoires vierges. Pour marquer la prise de possession, ils tracèrent une ligne hypothétique sur des centaines de lieues, la frontière. Les érecteurs de bornes croient marquer leur territoire et conjurer une improbable menace ou affirmer leur propriété en posant des pierres dans une lande de neige sans horizon. Au contraire, les petits hommes de la Taïga pressentent que la présence de ces curieux monolithes annonce leur fin prochaine. Ils comprennent que, désormais, ils devront reculer de forêt en forêt, jusqu’à la soixantième, avant de disparaître. En réponse, ils marquent leur présence au moyen de petits bâtons sculptés et ils lancent un avertissement: un javelot planté dans un arbre. Ces reliques, seules preuves de leur existence seront transmises de génération en génération et elles parviendront jusque dans les mains du narrateur, un professeur d’ethnologie qui tente de reconstituer la légende du petit homme.

Son récit traverse quatre siècles d’histoire. Il décrit les contrées sauvages avec lyrisme. Il parle de ces explorateurs épuisés, qui, au seuil de la mort, croient avoir aperçu le petit homme. Juste une ombre dans le halo qui précède l’inconscience. Avec la brigade valduzienne, nous connaissons la déroute de 1812. Les survivants affrontent lors d’une bataille épique les hordes cosaques venues ravager leur patrie. A la fin de la seconde guerre mondiale, l’exode des populations qui fuient l’armée soviétique emporte tout sur son passage. Au terme d’une longue enquête, l’auteur s’interroge sur l’existence du petit homme.

Dans le dernier roman de Raspail, le lecteur retrouve la plupart des thèmes récurrents de son œuvre, comme si l’auteur avait voulu en faire la synthèse. En particulier, il développe celui de la limite entre le rêve et le réel.

La frontière rassure l’esprit humain, il croit qu’elle le protège alors qu’elle l’encage. L’homme a peur de l’immensité inconnue qui s’étend au-delà d’improbables balises perdues dans la lande. En réalité, la frontière ne circonscrit pas un espace géographique, elle trace la limite entre le raisonnable civilisé et le sauvage onirique un abîme que le dernier homme tente de combler ou d’oublier. En conquérant la Carélie, il veut effacer l’immensité étrange qui l’inquiète alors qu’elle devrait l’intriguer. La frontière dessine le profil de la falaise qui sépare le rêveur du bien-pensant, elle est le seuil de notre jardin intérieur que beaucoup de nos contemporains ont fermé à jamais, n’osant plus y pénétrer. Le petit homme des bois avait averti les civilisés qu’ils entraient dans un autre monde, un lieu désert où confrontés au vide, ils seraient obligés d’explorer leurs territoires intérieurs.

En Borée, l’histoire efface peu à peu la légende, l’homme civilisé chasse le barbare jusque dans la soixantième forêt où il disparaît. Au crépuscule de ses jours, le vieux professeur le redécouvre en dévisageant son reflet.

Un style, une attitude

Jean Raspail fait aussi partie de ces écrivains qui ont la capacité de changer de style. Cette capacité renforce son talent de conteur. “Le Camp des Saints” est, en de nombreux passages, rédigé avec emphase, sur un ton prophétique; on sent la fulgurance du premier jet. Au contraire, Jean-Marie Ghislain Pénet, l’instituteur qui narre “Le Jeu du Roi”, s’exprime en phrases simples et courtes. En compagnie des “Sept Cavaliers”, le lecteur chevauche de longues phrases cadencées dont le rythme imprime un élan épique au récit.

Dans ses scènes d’actions romanesques, Raspail évoque souvent le fracas des champs de batailles. Pourtant, en privé, il est un auteur discret qui ne reçoit pas ses admirateurs, car “Sauter sur un cheval blanc et charger lance au poing devient aujourd’hui un exercice difficile et parfaitement anachronique qu’il est préférable de pratiquer sans témoin”. Il chante des valeurs aujourd’hui délaissées, voire honnies: le courage, la vertu, la camaraderie, la foi, l’honneur, le dévouement, l’esprit de liberté et de sacrifice. Auteur réactionnaire ? A voir ce que nous avons abandonné sur la route depuis 1789, nous serions tentés de rebrousser le chemin pour ramasser les restes. Mais il sait que l’Histoire ne foule jamais ses propres empreintes. Il nous dit d’avancer en conservant le souvenir des ruines du passé et des peuples disparus qui se sont obstinés à survivre. Nous devons créer notre propre monde, fût-il un songe, pourvu qu’il existe et que les autres l’entrevoient parfois dans notre regard.

Ratier: les meilleurs s'en vont, les pires restent!

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Communauté et territoire - Entretien avec Pierre Le Vigan

Communauté et territoire

Entretien avec Pierre Le Vigan

Dans cet entretien avec Pierre Le Vigan nous traitons des problématiques relatives à la réorganisation des départements et à l’organisation politique et urbanistique du territoire.

Nous abordons ensuite la difficile question de la coexistence de communautés d’origines différentes sur le territoire national. Nous ouvrons ici le débat nécessaire entre assimilation et communautarisme.

Puis, prenant du champ, nous abordons enfin la forme que pourrait prendre une construction européenne alternative, une alter-Europe subsidiariste et non-alignée.

Nous nous intéressons dans cet entretien aux différents échelons de la vie politique et communautaire que sont : la communauté, la cité, la nation, la civilisation.

Pierre Le Vigan est un essayiste français. Urbaniste de profession, il développe dans ses écrits une critique du capitalisme comme réification de l'homme, un refus de l'idéologie productiviste, du culte de la croissance, de l'idéologie du progrès, de la destruction des peuples et des cultures par l'uniformisation marchande et par la transplantation des populations.

Il est auteur, depuis les années 1970, de nombreux écrits qui portent sur l'histoire des idées et la philosophie. Il a aussi publié des travaux sur la phénoménologie et la psychologie (voir son ouvrage Le malaise est dans l'homme). Auteur profus, auteur de quelques 800 articles sur les sujets les plus variés (cinéma, peinture, philosophie, sexualité, politique...), il défend l'idée d'une Europe fédérale et indépendante, rassemblant les peuples d'Europe sans les uniformiser.

Du début à 20m34 :
- Les enjeux de l’urbanisation et de l’organisation du territoire
- Département l’échelon qui doit sauter ? Les départements bientôt supprimés entre métropole et hyper-région ? Dernières élections départementales ? L’enjeu du redécoupage des départements et des régions. Localisme vs « glocalisme », démocratie directe. Métropolisation des villes contre les cités historiques. Alternative bio-localiste contre démesure globaliste (glocaliste)

De 20m34 à la fin :
- Assimilation ou communautarisme ?
- Les diasporas dans la globalisation.
- Citoyenneté et nationalité
- Une citoyenneté européenne ?
- Vers une Europe alternative ?

Les Non-Alignés.

Progressivism: The Horrors of an Idea

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One of the most interesting developments of the post-Bush years has been the resurgence of the popularity of the term “progressivism.” With that popularity has come, of course, a resurgence of the ideas traditionally associated with progressivism, though highly sanitized. Some very good and well-intentioned scholars and commentators–who in general are NOT aligned with the left–have even attempted to co-opt and redefine the term for their own belief systems. In particular, those who support rather radical free markets have claimed that progress and progressivism can best be attained by the methods (or anti-methods, as the case may be) of competitive enterprise.

Let me make my point as up front as possible. Not only should we avoid ever praising progressivism or the progressives, we should, without hesitation, shun the term and its advocates (while, of course, loving the person).

First, and importantly, the term itself is one of the most tainted in our history as a western people. And it should be. Indeed, it never should have a good cast to it in the least. Ironically, the very people who today claim the mantle of progressive as a force for humanist harmony have almost no conception of its origins as a brutally racist concept. From its origins and employment by Americans in the 1870s, it was associated with anything that despised and attempted to control non-Anglo-Saxon-Celtic (but only the Scotch, not the Irish) Protestant peoples. Germans and Scandinavians were barely tolerable, but not Irish, Italians, Spaniards, Yugoslavs, Jews, blacks, or any other people that didn’t fit a horrendous racialist norm. The WASP stereotype was much more than a stereotype. It was, for many, a reality. The progressives advocated the separation of the races, the stealing of children from parents, eugenics, and the eventual destruction of anything remotely Catholic, Jewish, or not “perfectly” white. They were as arrogant as they were inhumane. It’s worth remembering that Woodrow Wilson, often considered the greatest and yet most representative of the progressives, re-segregated all federal offices in D.C. as well as the military. He also listened in silence as blacks were lynched while simultaneously speaking out against lynchings of whites.

Frankly, the progressives are the very folks C.S. Lewis used as the model of the “conditioners” in his own fiction and non-fiction. They would use nature to dominate others, present and future, for the appeasement of their own very strong if misguided conceits.

Here’s a rather telling example of a leading progressive, writing in 1914.

“These oxlike men are descendants of those who always stayed behind.… To the practiced eye, the physiognomy of certain groups unmistakably proclaims inferiority of type. I have seen gatherings of the foreign dashboard in which narrow and sloping floor heads were the rule. The shortness and smallness of the crania were very noticeable. There was much facial asymmetry. Among the women, beauty, aside from the fleeting, epidermal bloom of girlhood, was quite lacking. In every face there was something wrong—lipstick, mouth course, upper lip too long, cheek–bones too high, chin poorly formed, the bridge of the nose hollowed, the base of the nose tilted, or else the whole face prognathous. There were so many sugar–loaf heads, moon–faces, slit mouths, lantern–Jaws, and goose–bill noses that one might imagine a malicious jinn had amused himself by casting human beings in a set of skew–molds discarded by the Creator.” [Edward Alsworth Ross, The Old World in the New: The Significance of Past and Present Immigration to the American People (New York: The Century, 1914).]

Not to be smug, but show me where a Warren Harding or Calvin Coolidge would ever stoop to such depths. Never, of course. But the progressives, on the other hand, rather gleefully played with the ideas of racialism and scientism and eugenics.

fjt86264.jpgPicture: Frederick Jackson Turner

Second, progressivism as a theory of politics and society demands a dualistic and conflict-oriented view of the universe. All progress comes—in whatever form—from the clashing of the thesis (old) and the antithesis (opposition) to form a third thing, the synthesis. That synthesis then becomes the old and struggles with a new opposition. This is whence the term “progressive” derives, the unceasing clash of impersonal forces toward some utopia in the far or not-so-distant future. Perhaps the best known American progressive historian, Frederick Jackson Turner, explained this best in his 1893 frontier thesis. American history, he claimed, found its origins in the continual struggle of civilization and savagery that resulted not in one winning, but in a synthesis of the two, in Americanization. Turner was actually quite conservative, and his case allows us to realize clearly that progressivism can be as rightist as it can be leftist in its political orientation. One must note, however, that even in the rather gentle and patriotic vision of Turner, there are winners and there are losers. The American Indian, far from being an independent person endowed with dignity and free will, becomes nothing but a member of an impersonal force, doomed to die. The very existence of the American Indian, therefore, serves only as a catalyst for white American civilization to thrive. It’s like the old Far Side cartoon—the Indians impatiently waiting at Plymouth Rock as the Pilgrims slowly make their way over the Atlantic. Oh, to have purpose in life!

Finally, but inherently related to the previous idea, the progressive sought not the traditional common good of a republic, but the general good of a democracy. That is, they cared little about what minorities thought. Indeed, they resented minorities and the power they might wield. The Progressives wanted man to conform in every way. They were the harbingers of the “mass man” so powerful in the main of the twentieth century. The common good seeks the humane for all, while the great good cares only about utility and power.

So, when a well-meaning person claims the mantle of “progressive,” run. For that way lies democratic despotism, fascism, nationalism, socialism, and communism. Madness.

Books by Bradley Birzer may be found in The Imaginative Conservative Bookstore.

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Het “Mensisme” – een nieuwe en (opnieuw) wereldvreemde utopische ideologie

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Het “Mensisme” – een nieuwe en (opnieuw) wereldvreemde utopische ideologie
 
 
Peter Wim Logghe
Ex: Deltastichting - Nieuwsbrief - nr. 96 - September 2015
 
Utopisten hebben dat gemeen dat iedereen die ook maar één woordje twijfel durft uitspreken over de haalbaarheid, de wenselijkheid en het menselijke van betrokken utopie, ongenadig wordt neergesabeld als “onverdraagzaam, als “bekrompen”, ja, als “ongelovige”. Elke zin voor nuance verdwijnt, want de minste twijfel bij haalbaarheid en wenselijkheid kan het utopisch project trouwens onderuit halen.

Dit gevoel bekroop mij toen ik de commentaar las van de Oostenrijkse bondskanselier Werner Faymann, die over het Hongaarse terughoudend beleid ten opzichte van de asielinvasie zei: “Dit beleid doet denken aan de holocaust”.  Intussen roepen politici, kerkoverheden, schooloverheden, en andere leidende kringen (die meestal héél ver af wonen van asielcentra…) in West-Europa op om méér te doen voor de arme drommels die aan onze deuren kloppen.

Linkse stellingen krijgen opnieuw vrij baan in de media. Voorheen was het “de school voor iedereen”, “het huwelijk voor iedereen”, nu klinkt het luid “asiel voor iedereen”, “Roeselare is een stad voor iedereen”, “open grenzen voor iedereen”, “geen mens is illegaal”.  Uit dit alles kan men gemakkelijk de oud-linkse utopische wensvoorstellingen distilleren, zoals ze al altijd hebben bestaan. De Sehnsucht (aldus Peter Kuntze in Junge Freiheit) naar een “betere wereld”, naar een ordening zonder hiërarchie, zonder boven en onder, zonder grenzen,  een wereld dus die voor iedereen openstaat, en waar iedereen gelijk is. De volmaakt gelukkige wereld, want hoe zou je in een wereld waarin iedereen gelijk is, nog ongelukkig kunnen zijn? De communistische utopie inderdaad, in het nieuwe jasje van “Mensisme” gestoken.

Brengt de asielinvasie ongemakken met zich mee, overlast en zelfs open criminaliteit, dan staat het utopisch netwerk klaar om een en ander in het juist kader te zetten, zoals onlangs in een pamflet van “Refugees Welcome Saarland” duidelijk werd. Een Syrische, bedronken asielzoeker had een Duitser aangevallen. Deze "criminele daad" kan op geen enkele manier gelinkt worden aan een bepaalde mensenkring, die men vluchtelingen kan noemen”. Criminele daden worden niet gepleegd “door Duitsers, zwarten, gehandicapten of vluchtelingen, maar door mensen”.  En net als bij alle mensen zijn er bij asielzoekers “ook nette, propere mensen en mensen met minder goede bedoelingen”.

bobo191326.jpgUtopisch denken staat meestal zeer ver af van de realiteit. De utopische wensdroom die nu over Europa trekt – en die de kloof tussen het “conservatieve”  en dus “bekrompen” voetvolk, en de utopisch denkende kaste van beleidsvoerders steeds breder en dieper maakt – gaat in elk geval uit van een mensenbeeld dat losstaat van elke realiteit. Het gaat over “de mens”, waarbij abstractie gemaakt wordt van zijn genetische, etnische, geschiedkundige, en socioculturele achtergrond, en van zijn of haar relaties met heden en werkelijkheid. Het gaat om een omhulsel zonder inhoud, “de mens” geplaatst in “de wereld”.

In niets is het optimisme van de asielutopisten te stoppen. Ontstaat er wrevel in verschillende Beierse gemeenten en dorpen bij het zien van de grote groepen vluchtelingen, dan stelt de Duitse overheid  dat “steden en dorpen zich moeten openstellen voor het vreemde en het zien als verrijking”. Dezelfde praatjes werden 40 jaar geleden in België al verteld. Intussen blijft het wachten op concrete voorbeelden van verrijking.

Utopisme is een geloof, en elk geloof in een utopie is irrationeel. Enkele linkse militanten en kadermensen zijn in het verleden al tot de vaststelling gekomen dat dit utopisme zelf de oorspronkelijke kern van het linkse denken – de levensvoorwaarden van de eigen, autochtone arbeiders verbeteren – heeft doen verwateren, de vraag is alleen of hun bekering op tijd komt en nog iets kan uithalen.  Want de essentie van hetgeen momenteel over Europa rolt, en wat zich klaarmaakt om de komende maanden naar ons continent af te zakken, kan men moeilijk anders noemen dan een “omvolking”, of de “Grote Ruiloperatie”.  De omschrijving zelf is trouwens irrelevant, het resultaat is hetzelfde: autochtone Europese volkeren zullen op korte termijn in het eigen land tot minderheden worden.  En daarnaast wendt de kaste opperpriesters van de Nieuwe Utopie zich arrogant af van het eigen volk, en zeker van de intellectuelen van het eigen volk, die het met de neus op de feiten durven duwen.

Een licht ontvlambare toestand, zegt u?
 
Peter Logghe
 

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mardi, 22 septembre 2015

Patriarchy: The Natural Foundation of Eurasian Society

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Patriarchy: The Natural Foundation of Eurasian Society
 
By C. J. Borsella

Ex: http://katehon.com

Like race and ethnicity, gender is not a “social construct.” Gender is real. Thus gender differences are real.

 
The differing societal and family roles performed by men and women approximate the self-evident physical differences that exist between them – the two equally important masculine and feminine halves of the human species. Far from arbitrary, the specialized gender-specific roles performed by men and women in traditional Eurasian societies were developed out of patriarchal – which is to say organic – necessity and maintained for countless millennia stretching far back into the murky epoch of prehistory, i.e. the earliest history of Homo sapiens.

Just a smattering of the great past and present Eurasian cultures that have adopted strict forms of patriarchy include: the Indo-Aryans, Persians, Chinese, Greeks, Romans, Arabs, Turks, and Russians. If we let History be our guide, it is quite clear: Patriarchy is the only structural form of hierarchy strong enough to sustain traditional Eurasian cultures on all levels (socially, culturally, politically, etc.).

For the patriarchal system to function properly, as an outgrowth of organic law, it must be firmly rooted in society, from the basic family unit all the way up to the highest echelons of a society’s political leadership. The ancient Roman institution of the paterfamilias epitomizes the patriarchal paradigm in all its splendor. Of course the societies generated by the great Eurasian cultures of the past stand in stark contrast to the postmodern ahistorical “global society” we see unfolding all around us – from Hollywood to Hong Kong.

In only a couple of generations’ time the people of the West (i.e. those inhabiting “ground zero” of all global decay) have witnessed the ill effects of anti-patriarchal norms, namely forced feminization, in virtually every aspect of their collective existence. In education, politics, business, culture, art, the military, even in the softening physical forms and increasingly effeminate speech patterns of their young men. On all fronts, Western men are being turned into mere women with male genitalia to the point where they have to continuously feel guilty and apologetic for being men. Is it any real wonder why so many American cultural trendsetters (the so-called “celebrities”) are lining up in droves to become transgender freaks of nature?!

Needless to say, this forced feminization has inflicted an enormous amount of mental, emotional and cultural damage on Western people as a whole – to both men and women. Moreover, the “soft-totalitarianism” of the liberal democratic State has only caused this problem to fester, since it is liberal democracy itself which is so appealing to the fairer sex, and to the “feminine side” of men as well. Actions like voting (a popularity contest), demonstrating/boycotting (passive-aggressive behavior), lobbying, punditry (i.e. gossip) – all these are essentially feminine attributes.

Now, it must be stressed, Neo-Eurasianism (or what is also referred to simply as Eurasianism) is not against femininity when it is properly balanced by its masculine counterpart. Indeed, we Eurasianists fundamentally believe that a woman is equal to a man in human dignity just as much as we categorically reject misogyny. And just like men, women have their own unique rights to enjoy as well as duties to perform. Women are the great nurturers of the human species. This is not some abstract ideal which needs to be enshrined in law, but a fact of both Nature and History. Eurasianists only oppose the wholesale emasculation of a people which inevitably occurs when the corrupt anti-patriarchal concept of feminism is permitted to infect an otherwise healthy society. We believe that feminism is co-equal in its destructive value with the homosexual agenda, and is therefore one of the greatest crimes that can be perpetrated against a people.

jupiter_vatican.jpgThus, the concept – or rather, the ideology! – of so-called feminism is totally foreign to and incompatible with our own Eurasian morality. Moreover, the liberal roots of feminism are easy to uncover when one studies the topic for any small length of time. As an idea, feminism (like its liberal progenitor) is totally antithetical to the laws of Nature. For where exactly can it be seen in the animal kingdom that the female sex is equal to the male in terms of physical strength and sheer hardness? Perhaps a better question would be: where in all of Nature, and among all species, do you find female animals performing the same exact roles as their male counterparts? The answer: among human beings in the asinine Western World. That is, in the politically liberal, economically Capitalist, culturally degenerate, and American-controlled Western World.

As Francis P. Yockey stressed years ago in his magnum opus Imperium, Liberalism “puts a uniform on [a woman] and calls her a ‘soldier.’” Such absurdity only confirms (Yockey continued) that “fundamental realities cannot be renounced, even, by the most elaborate make-believe.” Quite illogically, therefore, feminists promote their agenda as some kind of distorted mirror-image of masculinity, to the detriment of true femininity. Julius Evola described this development, which has appeared cyclically throughout history, as Amazonism – an appropriate term if there ever was one!

Over the course of the past century Westerners have zealously attempted to convince themselves that women are: (1) the physical equals of men, and (2) well-suited to perform traditionally masculine roles. Far from truly advancing the emotional stability and quality of life of “career women,” these obvious lies have led to one of the greatest crimes in recorded history: the breakdown of the family unit. Statistics have shown that as the number of women in the workforce has increased, so too have the number of divorced households, which in turn has led to an increase in neglected, abused and delinquent children.

Truly, since the 1960s, when super-feminists like Gloria Steinem, Betty Friedan and Bella Abzug were campaigning for their distorted version of “women’s rights” (which meant giving everything masculine to women except the male anatomy), the number of broken homes and psychotic children has skyrocketed! The simple masses have been hoodwinked by the feminist agenda and other sinister materialist dogmas. In fact the Western masses have been so bamboozled that, in many ways, they have only themselves to blame. Although a vast amount of enemy propaganda has been circulating continuously for the past several decades, the simple truth is, people do not have to buy into it. It is an unfortunate truth that many families have willfully given up on instilling their children with even a semblance of traditional, patriarchal values. In so doing, they willfully slap each and every one of their ancestors in the face.

The all too withered fruits of extreme egocentrism, first seeded during the Enlightenment, have finally been plucked for all to see, and what a horrible and truly tragic sight it is! Today in the United States, almost every other child is afflicted with “attention deficit disorder” and autism, among other maladies. Of course drug use is also rampant among American youths, along with gang violence and all other forms of degeneration. Meanwhile true parents – i.e. mothers and fathers who have instilled traditional values in their offspring – are becoming fewer and fewer in number.

Now let us turn our attention to feminism’s ideological twin: the homosexual agenda and the part it plays in destroying the traditional heterosexual family unit. It is certainly no accident that this specific form of sexual perversion has, for many decades, been consistently forced down the throats of straight people all over the Western World (no pun intended). This psychotic realm of pornocratic degeneracy, alongside feminism and liberalism, is one of the more blatantly American fronts of counter-culturalism or anti-Tradition.

When one looks into the subject of homosexual activism, one will find a superabundance of liberal Americans among the “alternative lifestyle’s” fiercest proponents. The following are just some of the names one might come across: Harvey Milk, Mark Segal, Mary Bernstein, Brenda Howard, Paul Goodman, Andy Thayer, Larry Kramer and too many others to list here. By and large, left-wing liberal Americans have “cornered the market” (so to speak) on the homosexual agenda in their ongoing effort to pervert the minds of the herd-like, pop-culture guzzling masses both domestically and abroad. Naturally then, American pop-culture “icons” who support so-called “gay rights” are indispensable to the promotion of the homosexual agenda all over the world.

Nevertheless, in these times of abject degeneracy, in these times of Kali Yuga (as the Hindus would say), it does not matter whether or not an outspoken homosexual or feminist happens to be an American. There are plenty of other homosexual and feminist activists worldwide. What does matter, however, is that an overwhelming majority of these activists are liberals. In fact, it would appear, ontologically, that in order to become either a homosexual or a feminist, one must first be baptized a brazenfaced liberal!

Regardless of whether or not this last observance of the author is true, it is an absolute fact that all three of these moral degenerates – the homosexual, the feminist and the liberal – are identical when it comes to having no sense of honor. Just as the homosexual betrays the honor of nature, the feminist betrays the honor of her gender. As for the liberal, he or she betrays the honor of all human beings. As culture-distorters this depraved Anti-Trinity revels in its shared advocacy for total erotic anarchy. As culture-destroyers, the Anti-Trinity is driven by a deep sense of hatred for all aspects of patriarchy and any form of socio-cultural traditionalism. Hence the depraved antics of pro-homosexual/pro-feminist groups like Femen and “Pussy Riot.”

Specifically regarding homosexuality, the concept of honor does not even remotely register anywhere inside the homosexual’s brain. The homosexual is someone who is defined by sex; his/her same-sex lust is incorporated into the homosexual’s very being. This is easily noticeable whenever one has the misfortune of crossing paths with the “openly gay” male. This poor wretched soul, who often has his “boyfriend” gleefully striding beside him, will never cease in brazenly attempting eye contact with every mildly attractive male he passes on the street. This pathetic creature is obviously never satisfied sexually, and so he attempts to make “contact” with as many other men as possible, even to his partner’s delight! Such overtly promiscuous behavior on the part of a heterosexual male would promptly force his wife or girlfriend out of his life for good. Not so with the homosexual; for his (or hers) is a life of vampirism – a ceaseless and tireless quest to convert as many fellow degenerates to the queer perversion as possible. Often the conversion is made in exchange for monetary gain, as is the case in Hollywood where “young talent” is continually “discovered” and then expeditiously tossed aside, merely to satisfy the momentary cravings of the Sodomite studio heads.

Same-sex lust is the overt side to the homosexual agenda. However there is a covert reason behind it as well… and that is: the destruction of the family. More specifically: the destruction of the traditional family. For every person who is gay or lesbian, there is the end of that person’s family line. In some cases lesbians do bear children through artificial insemination, however adoption is much more common. And of course all feminist special interest groups zealously support both abortion and alternative lifestyles – especially for single women.

Before we close, let us say something about abortion. Due to the increasingly high rates of this miscarriage of Natural Justice among biologically fit parents, the number of fit offspring is rapidly declining. At the same time, and as a consequence, the number of physically-challenged and emotionally unstable children is growing. This is the mission of abortion: to convince fit would-be parents (especially women) that it is natural and even necessary for them to engage in sexual activity without the desire to produce children. And so the liberal mission of abortion is the total extinction of the human race – a totally anti-Natural process which relies on the conscious and voluntary self-annihilation of an entire species. Again, if one is to look to the animal kingdom, where will one find a comparable parallel? Where does the intentional mass-killing of offspring occur? When has one ever observed a she-wolf intentionally banging her belly against a tree in order to kill the unborn? Answer: Never. It does not happen. Yet this is exactly what is happening today en masse among the human species.

Therefore, the Eurasianist worldview stands resolutely against the atrocity of abortion – against the Steinem-Friedan-Abzug inspired genocide which is occurring at this very moment. The Eurasianist understands better than anyone that his children represent the most precious, sacred future of his people. He understands that his progeny deserve the right to grow physically, mentally and emotionally for their own glory, as well as for the glory of their family, culture and folk. Indeed, children are the greatest investment any human being can or ever will make.

So it must be that the future Eurasian State shall stand firmly opposed to the crime of abortion in all cases except if the fetus is the product of rape, incest, or if it can be medically proven that the fetus is a threat to the mother’s own survival or is somehow unhealthy, i.e. deformed. To permit life to be born after these latter crimes is itself criminal and irrational to civilized human beings. (Incidentally, this is a perfect example of how Eurasianist moral philosophy is at odds with the hypocritical values of organized religion.)

To conclude, it is the role of the International Eurasian Movement to correct and reverse the current cataclysmic course we are on as a species. Furthermore, it is the role of said Movement to defend and uphold patriarchal norms globally, and especially within the Eurasian culture.

When the Global-Atlanticist Beast is finally defeated alongside its decadent liberal ideology, and once the Central Committee of the Eurasian Movement secures a lasting political power, patriarchal norms shall be reinforced within the Eurasian society and so traditionalism will (at last!) be safeguarded. The replenishment of patriarchy and traditionalism shall even sprout new roots and become an inspiration to people all over the world.

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