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lundi, 18 février 2008

La querelle des historiens en Israël

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La querelle des historiens en Israël

 

Recension: Barbara SCHÄFER (Hrsg.), Historikerstreit in Israel. Die "neue" Historiker zwischen Wissenschaft und Öffentlichkeit, Campus Verlag, Frankfurt/Main, 2000, 283 S., DM 68,-.

 

Israël vit aujourd'hui la transvaluation de ses valeurs. On s'en aperçoit en observant le malaise croissant ressenti vis-à-vis de la mémoire officielle, celle qui est patronnée par l'Etat. La culture sioniste du souvenir perd de sa force liante. Uri Ram, socio-psychologue attaché à l'Université Ben Gourion du Neguev, rappelle, dans un article, ce héros d'une pièce de théâtre, jouée en première en 1995 à Tel Aviv, qui veut faire raser les musées et les sites du sou­venir, chers au sionisme, et éteindre la "flamme éternelle" qui brûle à Yad Vashem. Ce héros appelle les enfants à se méfier des musées et à se boucher les oreilles, lorsqu'on leur parle des lieux de l'holocauste et des camps d'exter­mi­nation, les exhorte ensuite à oublier les crimes du passé, à se donner à la vie qui enrichira l'avenir et “à jouer au foot­ball, tout simplement”.

 

Les historiens post-sionistes critiquent la survalorisation des mythes fondateurs de l'Etat d'Israël

 

Pour le professeur Ram, cette pièce de théâtre n'est qu'un symptôme, parmi d'autres, indiquant qu'en Israël le regard que l'on jette sur le passé est en train de changer. Cette mutation des mentalités a commencé à prendre tout son relief, il y a presque dix ans, quand a démarré la fameuse "querelle des historiens israéliens". Bon nombre d'historiens israéliens, en effet, se sont insurgés contre l'historiographie sioniste, plus ou moins officielle, institutionnalisée et éta­blie, et ont appelé à la constitution d'une nouvelle histo­riographie "post-sioniste". Les exposants de cette nouvelle génération d'historiens disent appartenir à l'“école révi­sion­niste” (ndlr: le "révisionnisme" israélien n'est pas le même que le révisionnisme français, ne nie pas a fortiori l'ho­lo­causte, mais entend simplement relire l'histoire de l'idéo­lo­gie sioniste et de l'Etat d'Israël). Les révisionnistes israé­liens attaquent, avec un pathos qui se veut “éclairé”, les axiomes de leurs adversaires, en les accusant de bétonner des blocages de nature idéologique et de se livrer à de la manipulation au service d'une politique de puissan­ce, celle du sionisme et de l'idéal du Grand Israël. L'établis­sement académique, argumentent les post-sionis­tes, ont survalo­ri­sé les mythes fondateurs de l'Etat hébreu et la guerre d'in­dépendance de 1948, mais ont refoulé le sort peu enviable des Palestiniens. Les post-sionistes estiment qu'il n'est pas scientifique de parler des succès historiques du sionisme, en les isolant de leur contexte, en les soustrayant à l'his­toi­re générale du pays et de ses ha­bitants. Dès lors, ajoutent-ils, on ne peut pas parler de la fondation de l'Etat juif “en la détachant du processus de destruction de la réalité ara­be-palesti­nien­ne”, car les co­lons juifs, qui visaient au sta­tut de popu­la­tion majoritaire et l'ont acquis, ont atteint leur objectif “en éloignant et en expulsant la population du pays” (Am­mon Raz-Krakotzkin).

 

Le mouvement sioniste, déjà du temps de Theodor Herzl, ne s'était pas préoccupé de la "question arabe", car il pen­sait que la Palestine était un "pays vide". Après les pre­mières expériences de colonisation, avant 1914, les pion­niers du sionisme ont bien dû se rendre compte que ce n'était pas le cas. Ils ont alors cherché toutes sortes de justifications: ils auraient eu pour mission “d'apporter aux peuples ‘asiatiques’ les acquis de la civilisation européen­ne” et “d'être les avant-postes contre la barbarie”. Dans les années 20 et 30, période où les conflits se sont ag­gra­vés, on disait sans pudeur que la colonisation par l'immi­gra­tion juive devait conduire à remplacer les autochtones ara­bes par des Juifs: "Même le mouvement ouvrier juif ne se montrait pas prêt à subordonner ses intérêts nationaux juifs pour satisfaire la solidarité de classe (avec les travailleurs palestiniens)", écrivait déjà Julius H. Schoeps dans son in­tro­duction à une bonne anthologie de textes, très utile, in­titulée Zionismus, et publiée à Munich en 1973. Dans une telle optique, la lutte pour la “renaissance nationale” de 1948 n'avait pas d'autre option possible que d'imposer par la force militaire la création d'un Etat juif.

 

Mobilisation totale

 

L'historien israélien Avi Shlaim (auteur de The Iron Wall. Israel and the Arab World, New York/Londres, 2000) a expliqué avec précision comment la mentalité d'assiégé des sionistes a toujours placé toute sa confiance dans la puis­sance militaire du nouvel Etat, en dépit de toutes les re­touches rétrospectives, présentant Israël comme une entité politique s'efforçant de faire la paix avec ses voisins ara­bes. Cette mentalité repose sur la "mobilisation totale" la­ten­te de toute la population juive, sur la terreur, la con­fron­tation, la menace et la provocation, le cas échéant, à l'é­gard de toutes les nations arabes.

 

La révision opérée par Shlaim, dans un ouvrage largement dif­fusé dans le monde anglo-saxon, s'inscrit sans heurts dans l'ensemble des thèses des "nouveaux historiens", mê­me si celles-ci sont formulées sur un ton nettement plus po­­lémique. Les nouveaux historiens israéliens post-sionistes prennent notamment pour thème de leurs recherches les méthodes de colonisation de la Palestine pendant l'entre-deux-guerres, souvent couvertes du manteau de l'oubli par l'établissement sioniste: notamment la fixation ethnocen­tris­te de type "folciste" (= "völkisch"), propre à la géné­ra­tion de Ben Gourion, la fondation de l'Etat hébreu en 1948 par le truchement d'épurations ethniques, les agressions ré­pétées contre l'étranger arabe jusqu'à l'occupation du Sud-Liban, qui vient seulement de prendre fin, après vingt ans.

 

Un relativisme total qui détruit la narration sioniste

 

Ces spéculations sont dangereuses, non pas tant parce qu'elles expliquent de manière plus rationnelle et donc moins mythique, certains "chapitres sombres" de l'histoire sio­­niste et/ou israélienne, mais parce qu'elles induisent, par leurs déconstructions, un relativisme général. Daniel Gur­wein, professeur d'histoire juive à l'Université de Haïfa, voit poindre un “relativisme total”, qui aboutirait à détrui­re la “narration sioniste” dominante. Gurwein poursuit: à la place de cette mémoire collective solidement bétonnée, on verrait émerger une pluralité de visions de l'histoire, si bien que l'historiographie israélienne se transformerait rapide­ment en un “ring de combat où se télescoperaient des mé­moi­res contradictoires”. Pour Gurwein, les “nouveaux his­to­riens” contribuent à une “privatisation de la mémoire”, ce qui est un reflet supplémentaire d'un processus général de privatisation, observable dans toute la société israélien­ne, où l'on semble prendre congé de l'éthique pionnière du sionisme, et où les échelles de valeurs se métamorphosent considérablement, bouleversant les structures sociales, é­co­­­nomiques, politiques et juridiques de la société israé­lienne. “Un processus qui se renforce sans cesse, paral­lèle­ment au processus de paix depuis la fin de la guerre du Yom Kippour, depuis la guerre au Liban et l'Intifada”, ajou­te Gurwein.

 

Irene CASPARIUS.

(recension parue dans Junge Freiheit, n°39/2000 - http://www.jungefreiheit.de ).

 

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La mort de Georges Montandon

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Marc Laudelout:

 

La mort de George Montandon

Dans le numéro de décembre 2007 du Bulletin célinien, nous avons reproduit un texte de Pierre Vial sur George Montandon. Il y écrit qu’il fut assassiné chez lui par des résistants. L’encyclopédie Wikipédia, elle,  fait état de « deux hypothèses sur sa mort ». En réalité, s’il fut bien agressé dans sa villa sise en banlieue parisienne, c’est en Allemagne qu’il mourut de ses blessures. Le doute n’est plus permis depuis qu’Émile Brami a reproduit  son acte de décès ¹. C’est le matin du 3 août 1944 qu’une camionnette s’arrête devant le domicile de Montandon, au 22 rue Louis-Guespin, à Clamart. Des résistants F.F.I. ²,   au nombre  de  deux  ou  trois,  en  descendent  et  sonnent  à  la porte.  L’épouse de Montandon vient ouvrir ; elle est tuée d’un coup de revolver. Les assassins pénètrent ensuite dans le pavillon, montent au premier étage et y trouvent George Montandon, malade et alité mais lui aussi armé. Un échange de coups de feu a lieu et ils prennent la fuite.  Le fils et les deux filles de Montandon étaient également présents,  dont Odile,  alors âgée de 21 ans,  qui en apportera témoignage. 

Atteint au côté droit, Montandon, encore conscient, demande à être transporté  à l’hôpital Lariboisière.  La gendarmerie de Clamart,  sitôt alertée,  effectue les premières recherches et transmet l’enquête au commissaire de police de la ville de Vanves qui avise les Renseignements Généraux. Le 5 août, un employé de la mairie de Clamart dresse l’acte de décès de la femme de Montandon. Comme celui-ci est de nationalité suisse, le responsable  du  consulat de  Suisse à Paris  est avisé.  Il écrit alors au ministre des Affaires Étrangères à Berne afin de lui signaler qu’à sa connaissance, George Montandon aurait été victime d’un attentat mais ne serait que blessé. Après avoir été soigné à Lariboisière, il est pris en charge, dans une clinique à Nogent, par Alexandre Gentil, chirurgien ami de Céline.  Quelques jours plus tard, il est transféré en Allemagne où il décède le 30 août 1944 au Karl-Weinrich-Kranhenhaus de Fulda (Hesse).

Dans une lettre au journaliste lyonnais Charles Deshayes, Céline confirme que Montandon est bien mort à dans cet hôpital militaire allemand mais date erronément sa mort de novembre 1944. Il raconte ainsi les circonstances de cette agression : « ...Montandon était couché, malade, cardiaque (je le soignais). Un des assassins lui tira au revolver quelques balles à bout portant, l’une lui pénétra dans le foie. C’était des assassins amateurs. Ils prirent peur. Le fils de Montandon voulant défendre son père avec une sagaïe [sic] papoue, d’une panoplie au mur… Montandon fut transporté en Allemagne  dans un train sanitaire allemand, il resta sur les rails pendant un mois, crevant de souffrance et de soif, enfin atteignant Fulda. Là fut opéré. Le chirurgien recherchant la balle découvrit en même temps un cancer au même lieu – Il referma la plaie.  Il n’y avait rien à faire… » ³

M. L.

 

1. Catalogue n° 8 de la Librairie « D’un livre l’autre », p. 38. Cet acte de décès est également visible sur le site Internet www.thyssens.com consacré à Robert Denoël (voir « Chronologie, année 1944 »).

2. Henry Coston écrit : « ...un commando de résistants, vraisemblablement israélites », sans autre précision, supposant que les activités de Montandon auprès du Commissariat Général aux Questions Juives sont à l’origine de cet attentat (Dictionnaire de la Politique française, tome II, 1972, p. 200). C’est aussi ce que pensait en 1944 le responsable du consulat de Suisse à Paris. Archives fédérales de Berne citées par Marc Knobel, « George Montandon et l’ethno-racisme » in Pierre-André Taguieff (éd.), L’antisémitisme de plume, 1940-1944. Études et documents, Berg International Éditeurs, coll. « Pensée Politique et Sciences sociales », 1999, pp. 292-293.

3. Lettre du 16  juillet 1948 in L’Année Céline 1999, Du Lérot-IMEC Éditions, 2000, pp. 109-110. Le texte a été établi sur un fac-similé de l’original, ce qui n’était pas le cas pour le recueil Lettres à Charles Deshayes paru en 1988.

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dimanche, 17 février 2008

Stratégie contre-mondialiste de l'Axe Paris-Berlin-Moscou

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Jean PARVULESCO:

La stratégie contre-mondialiste de l'Axe Paris-Berlin-Moscou

C'est lors du retentissant discours qu'il avait fait le 12 mai 2000 à l'Université Humboldt de Berlin que Joschka Fischer, l'actuel ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne avait lancé son appel en faveur d'une Europe fédérale s'appuyant sur le noyau fondationnel franco-allemand, sur le "Pôle Carolingien" d'une union fédérale de la France et de l'Allemagne devant constituer ainsi, ensemble, l'arma­tu­re intérieure, l'îlot central de soutien et de mobilisation per­manente d'une Europe politiquement élargie, de ce que sera sans doute la future "Grande Europe". Ce retour de Josch­ka Fischer sur le fédéralisme du noyau de base franco-allemand représente sans doute une tentative majeure en faveur de la relance politique du concept de "Grande Eu­ro­pe", qui se lève à l'horizon ouvert des prochaines années du nouveau millénaire.

Sans tarder, Wolfgang Schäuble, l'ex-président de la CDU, de la démocratie chrétienne allemande, ainsi que Hans Diet­rich Genscher, prédécesseur de Joschka Fischer à la tê­te du ministère allemand des Affaires étrangères, se sont déclarés, chacun de son côté, entièrement d'accord avec les propositions fédérales européennes que venait de faire, à Berlin, l'actuel ministre des Affaires étrangères d'Alle­ma­gne. Ainsi un consensus en profondeur semblerait se déga­ger, en Allemagne, englobant l'ensemble de l'arc de cercle de l'actuelle réalité politique allemande, en faveur des thè­ses fédéralistes grand-européennes avancées par Joschka Fi­scher. Et de ce que celles-ci impliqueraient à plus longue échéance.

Renforcer l'Union Européenne dans un monde multipolaire

Ainsi, dans un entretien avec Le Figaro, en date du 20 mai 2000, Hans Dietrich Genscher encadrait-il parfaitement la somme de problèmes soulevés par les déclarations de Josch­ka Fischer:

(1) "L'intention de Fischer est maintenant de renforcer l'U­nion européenne dans la perspective de son élargisse­ment. Il s'agit d'en faire un acteur efficace du nouvel ordre mon­dial".

(2) "Au monde bipolaire de la guerre froide s'est substitué un monde multipolaire. Les Etats-Unis, la Russie, la Chine et, à quelque distance, le Japon, y ont déjà pris place. L'Inde va entrer dans le club. Il ne faut pas que l'Europe soit en reste. A ses débuts, le nouveau gouvernement allemand avait laissé un peu en friche le terrain de la politique étrangère. Ce plan Fischer lui restitue un visage européen sur l'arrière-plan de la mondialisation. Fisher voit loin. Il aura des contradicteurs, mais il tient le bon bout".

Bien entendu, que l'actuel ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne ait vivement ressenti, et pour une fois pu dire clairement et très fort la nécessité d'un renforcement significatif des liens politiques unissant déjà la France et l'Allemagne au sein de l'Europe, renforcement que l'on en­tend porter jusqu'à l'institution immédiate d'une relation fé­dérale des deux pays, d'une relation fédérale spéciale, destinée à servir de banc d'incitation, de pôle d'attraction et de chantier ouvert à l'intention d'autres pays européens disponibles, dans la course, déjà, de l'intégration politique, quoi de plus normal?

L'inconcevable omission de la Russie

Mais, ce qui, par contre, apparait en même temps là com­me tout à fait anormal, c'est l'inconcevable omission de la Russie dans la proposition de Joschka Fischer quant au pro­jet d'un "ilot central" fédéraliste destiné à devenir le cœur de la future Grande Europe. Car, désormais, qu'est-ce que l'Europe mutilée de la Russie ? Rien, une fiction velléitaire, un leurre social-démocrate de plus, conçu pour qu'il barre préventivement les chemins devant le projet révolutionnai­re de l'axe Paris-Berlin-Moscou, qui seul peut assurer une réa­lité politico-historique décisive à la plus Grande Europe, au "Grand Continent" eurasiatique suprahistoriquement non pas unifié, mais réunifié. Car c'est bien d'une réunification suprahistorique finale qu'il s'agit là et si on ne l'a pas com­pris, on n'a rien compris.

Est-ce donc possible que l'aveuglement politique  —sans dou­te, d'ailleurs, bien volontaire— de la social-démocratie allemande à l'égard de la véritable situation politico-histo­rique de l'Europe actuelle, violemment en butte à l'agres­sion politico-stratégique permanente de la conspiration mon­­dialiste dirigée par la "Superpuissance Planétaire des Etats-Unis" ainsi qu'à l'égard de la nouvelle mission im­périale de la Russie par rapport à l'Europe d'aujourd'hui et, surtout, de demain, puisse atteindre de telles dimensions d'inconséquence dangereuse, riches déjà de quels futurs dé­sastres.

Un front clandestin de libération de l'Europe

Dans la conjoncture politique européenne actuelle, dont la caractéristique décisive est celle de l'installation préven­ti­ve sur place d'une vaste conspiration social-démocrate par­tout au pouvoir dans l'actuel espace politique européen, conspiration social-démocrate mise subversivement en pla­ce et dirigée, dans l'ombre, par la "Superpuissance Plané­taire des Etats-Unis", les combats pour la libération de l'Eu­rope ne peuvent plus être, aujourd'hui, que des combats sou­terrains, les combats désespérés d'une résistance clan­destine. Car il y a un front clandestin de libération de l'Eu­rope, qui reste, à présent, la dernière chance d'une nou­velle liberté politico-historique européenne face à la con­spiration mondialiste qui veut sa fin, qui se bat pour la fin de l'Europe, et de ses libertés géopolitiques impériales et suprahistoriques.

Le fait même que les responsables politiques de l'actuelle Eu­rope social-démocrate ignorent ou font semblant d'igno­rer l'existence, la grande prédestination de la Russie, alors que c'est désormais grâce exclusivement à la Russie que l'Europe, la plus Grande Europe, l'Europe grand-continen­ta­le eurasiatique puisse déjà prétendre à son existence à ve­nir, donne la juste mesure de l'égarement idéologique et, finalement, de l'immense trahison politique et historique de la social-démocratie européenne au service non pas de la liberté de conscience de l'Europe  —et bien moins encore de ses combats de libération, combats souterrains, clande­stins, désespérés— mais de son assujettissement subversif aux intérêts, aux buts d'emprise impérialiste de la conspi­ra­tion mondialiste en action. Tous les régimes social-démo­cra­tes actuellement au pouvoir en Europe  —et, d'ailleurs, par­tout dans le monde—  ne sont que des régimes supplé­tifs, des régimes-harkis à la disposition de la force d'occu­pa­tion mondialiste américaine agissant dans l'ombre.

L'ouvrage fondamental d'Alexandre Del Valle

L'Europe occidentale, "tête de pont" géostratégique de l'A­mé­rique en Eurasie, intitule Alexandre Del Valle un cha­pitre de son livre Guerres contre l'Europe. Bosnie - Kosovo - Tchétchénie, publié par Pierre Guillaume de Roux aux Edi­tions des Syrtes, Paris, 2000.

Ouvrage fondamental, ouvrage visionnaire, ouvrage d'utili­sa­tion contre-stratégique immédiate s'il en fut. Et qui livre les clefs confidentielles des plans de bataille de l'encer­cle­ment ontologique de l'Europe, de la conspiration mondia­liste qui ne peut atteindre ses ultimes objectifs planétaires qu'en empêchant que la Grande Europe impériale eura­sia­tique ne puisse se faire. A travers son agression politico-mi­li­taire contre la Serbie, la conspiration mondialiste des E­tats-Unis s'est directement attaquée à l'Europe, la guerre in­tercontinentale de la fin est commencée.

Je cite l'ouvrage d'Alexandre Del Valle, Guerres contre l'Eu­rope. Bosnie - Kosovo - Tchétchénie, qui confirme inté­gra­le­ment nos propres thèses.

(1) "Conscients qu'une Europe forte et indépendante serait en mesure de dépasser l'Amérique dans tous les domaines de la puissance, notamment économique, les stratèges a­mé­ricains veulent à tout prix prévenir le moindre réveil, tuer dans l'œuf la moindre velléité d'autonomie euro­péenne, au cas où des dirigeants lucides décideraient de mettre sur pied une Grande Europe continentale, récon­ciliant ses "deux poumons", orthodoxe et occidental. D'où la volonté américaine d'affaiblir et de diluer le continent eu­ropéen en incluant  —au nom de l'OTAN— la Turquie dans l'Union Européenne et en éloignant consécutivement encore un peu plus celle-ci de la Russie, afin que la constitution d'une Grande Europe continentale indépendante et forte, susceptible de concurrencer les Etats-Unis —mais ainsi ren­due impossible— ne voie jamais le jour".

(2) "Vis-à-vis de l'Est européen, les Etats-Unis mènent donc une double politique consistant: primo, à étendre l'OTAN aux portes de la Russie, en intégrant au "monde occidental" les nations anti-russes de l'ex-Bloc soviétique en voie d'in­du­strialisation, de culture catholico-protestante (Hongrie, Pologne, ex-Tchécoslovaquie, etc.) et islamique (Turquie, républiques musulmanes d'Asie centrale, Bosnie, Albanie-Kosovo, etc.); secundo, à affaiblir la Russie, la "refouler" vers l'Asie et la couper de l'Europe occidentale. Il s'agit ain­si de scinder le continent européen en deux, en réactivant une "nouvelle guerre froide" entre un Est post-byzantin ex-soviéto-communiste et un Ouest américanisé, un nouveau "choc géocivilisationnel" entre les "deux Europes" opposées l'une à l'autre autour des pierres d'achoppement straté­gi­ques islamo-occidentale et socio-économique".

La superpuissance unique veut se perpétuer

(3) "La doctrine stratégique "globale" des Etats-Unis appa­raît clairement dans le nouveau concept américain de "stra­tégie nationale de sécurité", dont le contenu fut révélé au grand public à l'occasion de la parution, le 8 mars 1992, dans le New York Times, d'une version du Defence Planning Guidance du Pentagone élaboré en liaison avec le Conseil national de sécurité (NSA), plus haute instance américaine de sécurité et de politique internationale. On y apprend que les Etats-Unis d'Amérique doivent tout faire pour dis­suader d'éventuels rivaux, parmi les pays avancés et in­dus­trialisés, de défier notre domination, ne serait-ce que d'as­pirer à un rôle plus grand à l'échelle mondiale ou régionale (...). La mission des Etats-Unis sera de s'assurer qu'il ne soit permis à aucune puissance rivale d'émerger en Europe oc­cidentale, en Asie ou sur le territoire de la CEI". En bref, il s'agit ni plus ni moins d'empêcher l'Europe et le Japon, "al­liés" relativement dociles, ainsi que la Russie affaiblie, mais encore redoutable, de relever la tête et de porter un jour ombrage à l'"hégémonie bienveillante" de Washington; en fait à la formidable machine économico-commerciale amé­ricaine. "La politique étrangère américaine doit se donner pour but de convaincre d'éventuels rivaux qu'ils n'ont pas be­soin de jouer un grand rôle. Notre statut de super­puis­sance unique doit être perpétuer par une force militaire suf­fisante pour dissuader n'importe quelle nation ou quel groupe de nations de défier la suprématie des Etats-Unis, et de chercher à mettre en cause l'ordre économique et po­litique établi (...). Nous devons empêcher l'émergence d'un système de sécurité exclusivement européen qui pourrait déstabiliser l'OTAN. En Extrême-Orient, il faut rester at­ten­tif aux risques de déstabilisation qui viendraient d'un rôle accru de nos alliés, en particulier du Japon", explique le De­fence Planning Guidance". (Pages 10,11, 161,162).

Ces documents, en fait, rendent inutile tout commentaire, qui de par eux-mêmes éclairent d'un jour singulièrement inquiétant les temps des prochaines confrontations améri­ca­no-européennes, désormais fatales.

Trouver la faille salvatrice dans la stratégie de l'anaconda

Autrement dit, il faut savoir reconnaître que, à l'heure ac­tuelle, la guerre politico-subversive totale est secrètement déclarée entre la conspiration mondialiste régie par la "su­perpuissance Planétaire des Etats-Unis" et l'Europe  —l'Eu­rope de l'Ouest, et l'Europe de l'Est, déjà ensemble sur la li­gne du front—  qui cherche les voies propres de son auto-li­bération révolutionnaire. La faille salvatrice.

Du côté de l'encerclement, de l'enserrement  —la stratégie de l'anaconda, que Karl Haushofer avait identifié comme la stratégie naturelle, inconsciente, instinctive de l'Améri­que— exercé actuellement par la conspiration mondialiste à l'égard de l'Europe plus ou moins déjà sur la défensive, il est définitivement certain que tout le travail politico-stra­tégique subversivement poursuivi par les services secrets de Washington, ces dix dernières années, en Europe et con­tre l'Europe, n'avait, comme on vient de le voir, qu'un seul but final, celui de l'implantation totalitaire des régimes social-démocrates à leur service, pour empêcher, ainsi, tout retour de l'Europe à son identité antérieure, à l'être de sa propre liberté historique totale. Cependant, de leur côté, les forces vives, cachées, de la résistance européenne ayant choisi la clandestinité, n'ont plus devant elles, pour survivre à la tâche, que l'engagement en avant, incondi­tion­­nel, dans une contre-stratégie révolutionnaire de di­men­sions déjà continentales. A l'actuelle agression in­té­rieure et extérieure dont elle fait l'objet de la conspiration mondialiste à l'œuvre, l'Europe ne peut plus opposer, le dos au mur, que seule sa volonté inspirée d'une intégration im­périale de visée suprahistorique, transcendantale, eschato­lo­gique, l'intégration grand-cont inentale eurasiatique de la fin. Jouer le tout pour le tout, et d'un seul coup.

Or, dans l'état actuel des choses, l'intégration grand-conti­nentale eurasiatique de l'Europe doit très impérativement prendre le passage obligé de la mise en piste préalable de l'axe Paris-Berlin-Moscou, qui représente, en effet, la faille salvatrice pour les nôtres.

En finir avec la mainmise de la social-démocratie

Ce qui revient à exiger la double mobilisation des nôtres, d'une part, pour en finir, par tous les moyens, avec la main­mise subversive de la social-démocratie et de ses conspirations partout à l'œuvre, partout au pouvoir en Eu­ro­pe et, d'autre part pour parvenir à une implantation ré­volutionnaire décisive dans la conscience collective euro­péenne d'une représentation suractivée de la nécessité ab­so­lue et immédiate, de l'intégration grand-continentale, dont la première phase opérationnelle devra être celle de la mise en piste politique de l'axe Paris-Berlin-Moscou. La ba­taille finale pour la libération de l'Europe, sera donc une ba­taille qui va devoir se porter en termes de conscience, la ba­taille pour sa prise de conscience finale d'elle-même et de sa grande prédestination polaire des origines.

Ainsi le double épreuve qui est celle du démantèlement en force de la mainmise social-démocrate sur l'ensemble de l'actuel pouvoir politique européen, en même temps que celle de l'accession de l'Europe dans son entier à la cons­cience révolutionnaire de sa propre unité préontologique, de sa prédisposition impériale eurasiatique, constitue-t-elle la ligne de passage même de l'Europe actuellement en état de non-être à l'Europe à nouveau capable de maîtriser ré­vo­lutionnairement ses destinées politico-historiques propres, consciente à nouveau de sa mission suprahistorique finale.

L'histoire, cependant, ne fait jamais des cadeaux, tous les ob­jectifs appartenant à la définition active des grandes pré­destinations politico-historiques à accomplir doivent ê­tre emportés, toujours, de haute lutte, tragiquement, hé­roïquement. Telle apparaît donc comme étant la tâche de no­tre génération, la génération vouée à la mission révo­lu­tion­naire décisive du salut et de libération de la plus Gran­de Europe de son actuel assujettissement à la conspiration mondialiste régie par la "Superpuissance Planétaire des E­tats-Unis".

Un commandement d'action immédiate et totale

Or c'est le devenir circonstanciel même de la présente his­toire mondiale, à l'heure fatale de l'accomplissement d'un destin secret déjà inéluctablement en marche, qui fait que nous nous trouvons appelés aujourd'hui devant un comman­dement d'action immédiate et totale: c'est maintenant ou ja­mais qu'il nous faut agir, et qu'en agissant l'on emporte la partie.

Ainsi qu'on n'a cessé de le répéter, le passage à l'action ré­volutionnaire directe de l'Europe souterraine, de l'Europe dé­jà clandestinement engagée dans le combat pour sa li­bé­ration, ne peut ni ne doit se faire qu'à partir de la mise pi­ste politico-historique de l'axe Paris-Berlin-Moscou.

Malheureusement, ni la France ni l'Allemagne ne se trou­vent à l'heure présente disposées, ni surtout pas en état de prendre l'initiative politique de l'axe Paris-Berlin-Moscou.

La Russie: pivot originel, bunker ontologique de départ

Seule la Russie pourrait le faire, mais encore faudrait-il qu'au préalable y apparaisse l'"homme providentiel", l'"hom­me du plus grand destin", qui seul saurait prendre sur lui d'en­gager la Russie dans la grande aventure impériale eu­rasiatique présupposée comme nécessairement consécutive à la mise en place de l'axe Paris-Berlin-Moscou, qui n'en est que le pivot originel, le bunker ontologique du départ.

Car, de toutes les façons, l'Europe sera grand-conti­nen­tale eurasiatique, ou ne sera pas. En fait, le noyau fédéral franco-allemand proposé aujourd'hui par Joschka Fischer ne représente déjà plus rien: l'Europe à laquelle il en appelle n'est pas l'Europe, mais une sorte d'apparition spectrale, ec­to­plasmique de celle-ci. La véritable Grande Europe, c'est l'Imperium qui émergera autour de l'axe Paris-Berlin-Moscou, quand celui-ci sera devenu l'axe Madrid-Paris-Ro­me-Berlin-Moscou-New Delhi-Tokyo.

Ainsi le seul intérêt du projet fédéral de Joschka Fischer réside-t-il dans le fait qu'en proposant un noyau fédéral dur franco-allemand, auquel viendraient se joindre par la suite, et également fédéralisés, les autres pays européens en­vi­sa­gés, il outrepassait les interdits les plus formels de la con­spiration mondialiste américaine, qui ne supportera abso­lu­ment pas que l'émergeance d'une Europe Fédérale, fût-elle réduite à son expression réduite, mutilée, fût-elle même d'o­rientation social-démocrate, puisse avoir lieu dans l'es­pace européen sous son contrôle. A quoi correspond-elle au juste, on se le demande, cette tentative de Joschka Fi­scher? L'Allemagne envisagerait-elle finalement de s'em­bar­quer dans une manœuvre politique parallèle, en prenant des risques considérables? Berlin entamerait-il, ainsi, qui sait quel chantage politique, qui sait quelle obscure épreu­ve de force avec Washington, ou bien Berlin et Washington font-ils, ensemble, un jeu encore indéchiffrable, poussent-ils en avant une nouvelle phase du jeu américain secret de la social-démocratie en place?

Moscou devra donner le signal de départ

Quant à nous autres, on peut déjà s'aventurer à affirmer que la bataille politique décisive pour la mise en activité du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou est à présent com­men­cée, et que c'est bien à Moscou même que, pour le mo­ment, nous avons choisi d'installer le centre opérationnel de sa mise en situation de départ immédiat.

Si c'est à Moscou qu'il appartient de prendre l'initiative, c'est à Moscou que nous allons devoir commencer par met­tre la pression, essayer de susciter la grande lame de fond porteuse de l'enthousiasme révolutionnaire à l'égard de la représentation supra-mentale collective du projet de l'axe Pa­ris-Berlin-Moscou. C'est Moscou qui, comme on l'a dit, de­vra donner le signal du départ, un mystérieux rituel l'exige.

Aussi devons-nous concentrer toutes nos disponibilités d'a­gi­tation, d'influence et d'intervention pour porter à l'in­can­descence l'intérêt abyssal de nos structures idéologico-ré­volutionnaires de présence et d'encadrement agissant sur place, à Moscou, de manière à ce que l'heure venue, celles-ci puissent déterminer, depuis les profondeurs, l'entrée en action des médias et des grands groupements d'influence politique, culturelle, voire même religieuse, ainsi que, fi­na­lement, des instances gouvernamentales actives, pour promouvoir, pour exiger une initiative politique décisive de Moscou en faveur du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Initiative de Moscou à laquelle nous nous engageons d'ob­te­nir les réponses attendues de Paris et de Berlin. Il faudra donc qu'en même temps nous entreprenions d'urgence un dou­ble mouvement analogue de réveil, d'exacerbation, à Pa­ris et à Berlin, en mettant à l'épreuve d'une manière ex­trê­mement intensive les "groupes géopolitiques" dont nous disposons, sur place, à l'heure actuelle, afin que la figure mo­bilisatrice du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou y soit présente, et agisse suivant nos plans.

Ce qui implique  —on se trouvera obligés de le faire— que les "groupes géopolitiques" sortent de leur demi-clan­des­ti­nité pour agir à découvert, situation nouvelle qui ne sera pas sans comporter sûrement d'assez graves dangers. Mais il n'est moins certain que, de par cela même, la mainmise politique de la soi-disant social-démocratie sur l'ensemble du pouvoir politique en place s'en trouvera violemment con­testée, et que, de toutes les façons, nous allons devoir al­ler à l'épreuve de force.

Une "opposition nationale" inexistante, de pure frime

Et il n'est même pas impossible que l'épreuve de force en­tre la social-démocratie au pouvoir et les forces de contes­ta­tion qui vont s'élever alors contre l'état de fait puisse pren­dre aussitôt les allures d'une guerre civile, les choses apparaissant ainsi d'autant plus étranges que les forces de contestation se levant contre la dictature à la fois sour­noi­se et totalitaire de la social-démocratie seront tout fait inconnues, n'ayant encore fait état, ouvertement, de leur existence, et ne manifestant donc aucune relation avec ce que l'on appelle, sans doute par dérision, l'"opposition na­tio­nale" —soi-disant "gaulliste"— et autres formations de la même frime, salement complices, à la traîne, et dans l'i­mitation honteuse du pouvoir en place—  "opposition na­tio­nale" dont les positions affichées font ouvertement assaut d'allégeance aux mots d'ordre de la conspiration mondia­liste se tenant présente dans l'ombre.

D'autre part, il faudra aussi que le déclenchement de la campagne, à Moscou, en faveur du projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou, coïncide en quelque sorte avec l'apparition soudaine, et avec la prise du pouvoir présidentiel par l'"hom­me providentiel", par "celui que l'on attend", de ma­niè­re à ce que l'on puisse être certains de l'attitude du gou­vernement russe à ce sujet. Le gouvernement de Moscou de­vant alors, en effet, s'emparer de la pétition en cours pour le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou, pour en faire son propre cheval de bataille, au niveau propre de la "gran­de politique". L'affaire devant être en dernière instance trai­tée d'Etat à Etat entre la Russie, la France et l'Alle­magne.

"Celui que l'on attend”

D'ailleurs, si l'"homme providentiel" qui devra prendre le pou­voir présidentiel à Moscou se trouve identique à la fi­gu­re visionnaire, prophétique, de "celui que l'on attend", il de­vra y avoir déjà pensé, de par lui-même, au problème révolutionnaire fondamental de l'axe Paris-Berlin-Moscou, qui est le problème absolument prioritaire du "nouveau pou­voir" à Moscou, quel qu'il sera.

Le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou sera prêt à être im­mé­diatement activé au moment où les puissances natio­na­les révolutionnaires des élites et des masses françaises, al­le­mandes et russes suractivées par nos soins rencontreront, et épouseront, sur leur montée même, la triple volonté d'E­tat de la France, de l'Allemagne et de la Russie, car c'est bien cette rencontre qui est appelée à fonder, à renouveler abys­salement l'histoire grand-européenne asiatique.

Et ce n'est pas du tout que l'on essayerait d'escamoter, à pré­sent, ce qu'à ce moment-là ne va pas pouvoir ne pas être la farouche opposition de la conspiration mondialiste américaine face à l'émergence, en Europe, de l'axe Paris-Berlin-Moscou, la libération de l'Europe aura alors déjà été acceptée, l'encerclement politique et tous les interdits po­li­tico-stratégiques opposés par la conspiration mondialiste américaine à la plus Grande Europe naissante défoncés, ba­layés, anéantis par le soulèvement des forces national-eu­ro­péennes de libération révolutionnaire. Car, dans état ac­tuel des choses, il est de fait impossible que l'axe Paris-Ber­lin-Moscou en vienne à se trouver installé avant que la libé­ration politique totale de l'Europe ne soit déclarée, et c'est précisément la déclaration de l'installation, de la mise en pla­ce de l'axe Paris-Berlin-Moscou qui marquera l'avène­ment en marche de la plus Grande Europe, l'arrachement ré­volutionnaire de celle-ci à l'emprise assujettissante de la "Superpuissance Planétaire des Etats-Unis".

Conduire l'offensive du désencerclement

La guerre idéologique de l'axe Paris-Berlin-Moscou va être faite par les grandes batailles de conscience à venir, et c'est nous autres qui détiendrons alors le commandement suprême de ces batailles. Le renversement fondamental du front intérieur de la bataille décisive pour la libération de la conscience européenne fera que la conspiration mondia­lis­te américaine sera alors réduite à la défensive, et que c'est nous autres qui conduirons l'offensive du désencercle­ment et de l'affirmation finale de nos propres positions grand-européennes, qui l'auront emporté.

Lors d'une récente réunion de groupe, quelqu'un avait fait l'observation fort juste que le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou engage avec lui comme une puissante présence chamanique ancestrale, sacrée. Or il n'y a là rien d'impré­vu, rien de très étonnant: le profond changement de l'his­toire d'un vaste groupement de populations essentiellement identiques quant à leur être caché mais différentes en sur­face doit toujours secrètement mettre en branle des colos­sales puissance spirituelles souterraines, dont la mise en œu­vre relève sans doute de certaines identités occultes, inavouables, d'un ordre transcendantal. Des identités sur­na­turelles, sans visage.

Balzac: grande famille continentale et mystère de civilisation

Qu'on le veuille ou non, ce point de vue risque de s'impo­ser, à la fin. Magiquement. Et cela d'autant plus que ce mê­me point de vue représente une profonde constante de l'es­prit européen dans son intemporalité souterrainement acti­ve.

Concluons donc ce bref écrit de combat sur le projet con­tre-stratégique, actuellement en cours, de l'axe Paris-Ber­lin-Moscou, en citant ce que Ernst Robert Curtius appelait, dans son monumental Balzac de 1933, l'"allusion" de l'auteur de la Conspiration des Treize à une certaine "Europe com­me mystère", à cette grande famille continentale, dont tous les efforts tendent à ne je sais quel mystère de civi­lisation.

Or cette grande famille continentale de laquelle Balzac avait eu en son temps la prescience visionnaire n'est autre, en fait, que celle précisément de cette conspiration per­ma­nente qui, de siècle en siècle, perpétue souterrainement la volonté d'intégration impériale finale du "Grand Continent" eurasiatique et de la réalisation des buts eschatologiques oc­cultes de celle-ci, conspiration qui constitue ce que Bal­zac appelait, lui, d'une si géniale manière, un mystère de ci­vilisation. "Marche imposante que rien ne peut arrêter", car "c'est la volonté de Dieu qui s'exécute, c'est sa pensée qui se réalise", dira-t-il encore (cité par Ernst Robert Cur­tius dans son Balzac).

On voit ainsi que l'obsession grand-continentale eurasia­ti­que d'une certaine conscience révolutionnaire européenne secrètement impériale ne date pas d'aujourd'hui, qu'elle exis­te en continuité depuis des temps que l'on peut assu­ré­ment tenir pour immémoriaux ; que cette obsession consti­tue un véritable "mystère de civilisation".

Loin de représenter une simple émergence politico-histo­ri­que circonstancielle, le projet de l'axe Paris-Berlin-Moscou, pour lequel nous nous battons déjà, apparaît donc comme la face immédiatement visible d'une profonde actualité su­pra-temporelle de la conscience européenne, de cette "gran­de famille continentale" entrevue par Balzac, con­si­dé­rée dans ses ultimes dimensions eurasiatiques, impériales et révolutionnaires.

C'est l'histoire qui décide…

La conspiration mondialiste peut très certainement pré­ten­dre, à l'heure actuelle, d'être en état de tout verrouiller, de neutraliser toute velléité de résistance européenne, cette prétention se trouvant posée dans les termes mêmes de la dialectique offensive de ses propres intérêts d'ensem­ble, de ses propres desseins, désormais à découvert, de do­mination planétaire. La conspiration mondialiste s'y croit dé­jà.

Mais l'histoire n'est absolument pas la somme de ses circon­stances: au contraire, c'est l'histoire qui décide, invente et im­pose irrationnellement les circonstances de sa propre mar­che en avant. Les circonstances historiques ne sont ja­mais que les effets d'une cause abyssale, la cause même de ce "mystère de civilisation" dont parlait Balzac et qui est la clef occulte de toute "grande politique" européenne con­ti­nentale, eurasiatique.

Les tenants actuels de la conspiration mondialiste com­man­dent aux effets circonstanciels de l'histoire visible. Nous autres, qui sommes du côté de l'"Europe comme mystère", nous commandons aux causes, parce que ce sont les causes qui nous commandent, directement. Les causes invisibles, abyssales, eschatologiques et providentielles, les "causes premières". A la terreur de la raison démocratique totali­tai­re, nous opposons la ligne de front de l'irrationalité dog­matique de l'histoire elle-même.

La Plus Grande Europe progresse. Inéluctablement

Ainsi se fait-il que malgré l'état de l'actuelle mainmise in­con­ditionnelle de la conspiration mondialiste sur l'ensemble des structures politiques de la social-démocratie, l'histoire, de par elle-même, avance en imposant de force sa propre spi­rale décisionnelle, ses propres changements de fond et ses propres formes de renouvellement par dessus les cir­con­stances de fait et les desseins hégémoniques de l'im­pé­ria­lisme démocratique des Etats-Unis subversivement à l'œu­vre à l'intérieur de l'espace de sa visée européenne per­manente: mystérieusement, des choses se font, qui ne devraient pas se faire, des choses à la fois irrévocables et se­crètement fondamentales. Comme si, sans cesse, l'histoi­re échappait de par elle-même à l'emprise de la subversion mondialiste sur l'Europe naissante, à toutes les manigances dans l'ombre. On l'a vu, l'objectif ultime de la grande stra­té­gie politique actuelle et à venir de la conspiration mon­dia­liste est et sera celui d'empêcher par tous les moyens l'é­mergence impériale de la Grande Europe: malgré cela, de par le mouvement intérieur même de l'histoire en mar­che, la plus Grande Europe ne cesse de progresser, iné­luctablement. Et c'est du sein même du pouvoir social-dé­mocrate européen que les initiatives concernant cette mar­che en avant de l'Europe, comme celle de Joschka Fi­scher, surgissent, alors que le pouvoir social-démocrate n'est là que pour en empêcher l'affirmation, la mise en œu­vre effective. L'étonnante performance européenne de Jac­ques Chirac, le 27 juin 2000, à Berlin, devant le Reichstag au grand complet, appartient au même genre d'opération inconsciemment imposée par la marche propre de l'histoire, de l'histoire qui suit les commandements de sa propre ir­ra­tionalité dogmatique. Quoi qu'ils fassent, ce n'est que ce qui doit se faire qui se fera.

Car l'histoire qui se révèle dans ses choix propres sera tou­jours plus forte que l'histoire qui révèle les choix que l'on tente de lui imposer.

Des forces historiques irrationnelles combattent souterrai­nement, soutiennent notre propre combat pour la mise en pi­ste de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Les apparences objec­ti­ves de la situation sont contre nous. Mais, à la fin, seules comp­tent les certitudes contre-objectives émanant de la mar­che même de l'histoire, la part abyssale.

Jean PARVULESCO.

 

Ernst Troeltsch

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17 février 1865: Naissance à Haunstetten d’Ernst Troeltsch, philosophe allemand de l’histoire. Formé dans plusieurs disciplines, il a connu une carrière universitaire brillante. L’importance de son œuvre réside dans l’attention aiguë qu’il a portée sur le renouveau religieux en Allemagne dès les dernières décennies du 19ième siècle. Ce renouveau religieux se manifestait en dehors des cadres ecclésiaux et des théologies officielles, comme l’atteste le succès des idées de l’orientaliste Paul de Lagarde, auquel Troeltsch a maintes fois rendu hommage. Ensuite, après 1918, Troeltsch a mis ses compatriotes en garde contre les dangers croissants d’américanisation, surtout que celle-ci, en tant qu’expression de la modernité (ou de l’ultra-modernité), ne jaillissait pas de l’humus allemand mais n’était qu’une transposition plaquée sur une réalité non préparée à cette greffe.

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samedi, 16 février 2008

Gaspard II de Coligny

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16 février 1519: Naissance à Châtillon sur Loing de Gaspard II de Coligny, seigneur de Châtillon. Il fut Amiral de France et chef des Huguenots dans la première phase des guerres de religion (1562-1598). Colonel Général de l’infanterie française dans les campagnes d’Italie contre notre Empereur Charles-Quint, il rédige des ordonnances visant à réglementer la conduite des troupes, à faire respecter une discipline stricte et à empêcher les pillages inutiles, afin de protéger les populations civiles des ravages de la guerre. Soucieux de garder l’unité religieuse de la France, il projette de coloniser une partie du Brésil avec des Huguenots, puis, séduit par la Réforme, il annonce son passage au clan réformé en 1560, parce que la rigueur calviniste lui semble plus idoine à maintenir l’ordre, la discipline et la justice au sein d’un Etat moderne. L’objectif de sa conversion n’est donc pas religieux mais essentiellement pragmatique. Parti du Sud de la France actuelle, il marche sur Paris à la tête des armées protestantes. Il formule ensuite le projet d’envahir les Pays-Bas espagnols par une armée mixte, catholique et huguenote. L’hostilité du clan des Ducs de Guise sauve nos pays d’une invasion. Catherine de Médicis et Henri de Guise font ensuite assassiner Coligny le 24 août 1572.

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En souvenir de la "Sainte Alliance"

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En souvenir de la «Sainte-Alliance» des nations européennes…

Le 12 septembre 1683, un voile de brouillard recouvre la col­line de Kahlenberg qui domine la ville de Vienne, capita­le du Saint-Empire. L'armée européenne assiste à la messe pré­paratoire, dite par le frère capucin frioulan Marco d'A­viano, conseiller spécial de l'Empereur Léopold I. Dans son prêche, il remémore pour tous les innombrables atrocités com­mises par les Turcs et leurs alliés bosniaques, tziganes et albanais en Serbie, en Hongrie, en Carinthie et dans le Frioul… Le Roi de Pologne Jean III Sobieski est le Com­man­deur de cette armée qui s'apprête à affronter l'adversaire ottoman, très supérieur en nombre: ils sont 70.000 hom­mes, contre 150.000 ennemis, dotés d'une artillerie de gros calibre dont personne ne dispose en Europe. Le Prince Eu­gè­ne de Savoie est le chef de la cavalerie impériale; il vient de percer la ligne de siège des Ottomans, avec l'aide de ses six mille lances lombardes; il a réussi à pénétrer dans la ville et à porter secours aux 11.000 hommes épuisés du Comte von Starhemberg, défenseur de Vienne.

 

Face à eux, se déploie l'armée ottomane du Grand Vizir Ka­ra Mustapha, ou Mustapha le Noir, rassemblée derrière la bannière du Prophète que leur a confiée le Sultan Moham­med IV et haranguée par les exhortes du Cheik Vani Effendi qui, à la suite du passage de la comète de Halley, prévoit la victoire mondiale de l'Islam sur les peuples chrétiens d'Eu­­­rope. La bataille a fait rage pendant une journée entiè­re, avec des fortunes diverses, mais, à la fin, les Turcs a­ban­­donnent le terrain, laissant derrière eux plus de 10.000 morts.

 

Le Père Marco d'Aviano officie lors du Te Deum solennel dans la Cathédrale Saint Etienne, où il incite l'Empereur, le Roi de Pologne et le Prince Eugène à continuer la guerre jus­qu'à la libération de Budapest et de Belgrade du joug ot­toman. Le chef-d'œuvre diplomatique du Père Marco est jus­tement la constitution de cette Sainte Alliance unissant l'Em­pire, le Royaume de Pologne, la Sérénissime (Venise) et, enfin, la Russie. La campagne militaire de la Sainte Al­liance contre les Turcs réussit effectivement à libérer les terres européennes occupées les unes après les autres: la Ca­rinthie germanique d'abord, ensuite la Slovénie, la Croa­tie, la Hongrie, la Transylvanie et d'importantes portions des territoires serbes et valaques. La “Porte de Fer” du Da­nube retombe entre les mains de l'Europe et l'Empire ot­toman, lors de la paix de Karlowitz en 1699, renonce défi­nitivement à conquérir l'Europe continentale.

 

C'est grâce au courage de ces 70.000 soldats accourus de tous les coins d'Europe pour affronter un ennemi plus de deux fois supérieur en nombre que nous devons de vivre dans des pays non théocratiques et de tradition chrétienne, où il y a séparation de l'Eglise et de l'Etat, permettant le développement d'une démocratie qui, bien qu'incomplète aujourd'hui, n'a pas d'égal dans le monde. Aujourd'hui, le Père Marco d'Aviano a donné son nom à l'aéroport de Tries­te, tandis qu'on envisage enfin de le béatifier, même si un crétin isolé a eu le toupet, en apprenant cette nouvelle, de s'y opposer, accusant cet humble frère capucin, sauveur des nations européennes et génial géopolitologue avant la let­tre, de “bellicisme”…!

 

Archimede BONTEMPI.

(article paru dans La Padania, 20 octobre 2000; http://www.lapadania.com).

 

vendredi, 15 février 2008

"Uranus" de notre aimable Aymé

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“Uranus” de notre aimable Aymé

Un metteur en scène français a adapté à l'écran le roman de Mar­cel Aymé, Uranus, qui fit l'effet d'une bombe quand il pa­rut, en 1948, en pleine dictature résistantialiste. Mais il est é­vident que M. Claude Berri, le cinéaste en question, n'a pas pu traduire en images "l'insoutenable" vérité.

Ce pavé iconoclaste doit figurer, dans toute bibliothèque bien constituée, à côté du Pauvre Bitos et des Fables d'A­nouilh, du Confort intellectuel de ce même Aymé, des Fran­çais de la décadence d'André Lavacourt... La lecture de tels bouquins nous console d'autres lectures accablantes.

Nous pouvons, à loisir, savourer cet Uranus  aux pages si ven­geresses, cette chronique impitoyable des lendemains de la "libération".  L'action  —c'est le cas de le dire—  se dé­roule à Blémont. Il s'agit d'une petite ville au nom imaginaire, mais aux mœurs bien réelles.

Seul l'aimable écrivain au masque de Buster Keaton pouvait écrire une telle œuvre. Ecrivain "dégagé" bien avant que le mot existât. Beaucoup plus goûté par la droite jeune et fron­deuse que par les religionnaires de gauche. Ami de Céline, de Brasillach et de Rebatet, mais néanmoins sans attache d'idéologie ni de parti (ses Billets de Marianne en fournissent l'illustration). L'homme vraiment libre, sans illusions sur ses congénères, ennemi du mensonge et de l'hypocrisie. Un vé­ri­table non-conformiste. Son Travelingue (paru en 1937) était déjà un tableau resté unique des ridicules, tant nationaux que progressistes, bourgeois que prolétariens, du front po­pu­laire.

“Je vais le dire au comité d'épuration…”

Mais revenons à Uranus, à ce sujet d'une terrible noirceur mais à la prose succulente. Nous sommes donc à Blémont. La petite ville tend l'échine sous la loi de quelques malfrats à mitraillettes et de la cellule communiste. L'ingénieur Archam­baud a obéi à un réflexe charitable en hébergeant Loin, le "collaborateur " traqué. Mais il se reprochera amèrement cet­te "idiotie". A la table familiale, il fait un massacre des préju­gés bourgeois, mais il opine aux sottises d'un nouveau col­lègue dont l'agitation syndicaliste, teintée de stalinisme à la mo­de, risque de détraquer leur usine. Les prolos ne s'élè­vent au-dessus de la plus haineuse jalousie que pour deve­nir des instruments aveugles du "Parti". Lequel PC s'entend fort bien avec Monglat, le trafiquant milliardaire, seul pro­fi­teur des malheurs de la Patrie, morne canaille prête à n'im­porte quelle ignominie pour sauver sa fortune.

A Blémont —comme ailleurs— tout n'est que dénonciations en­tre gens qui voisinent et se tutoient depuis l'enfance, bas­ses­ses, lâchetés, sournois sadisme: "Je vais le dire au Co­mi­té d'épuration". Les mouchards prospèrent, en véritables "pa­triotes".

Loin, l'infortuné, aurait pu être blanchi, avec l'assentiment pu­blic s'il eût été riche, bien installé dans l'échelle sociale. Ou, à la rigueur, s'il eût fait acte de contrition. "Mais ce n'é­tait en somme qu'un petit employé, un de ces hommes de peu dont le supplice et l'ignominie procurent presque autant de plaisir aux bourgeois qu'aux prolétaires. Qu'une action d'en haut s'exerçat en sa faveur, il y avait là de quoi choquer et décevoir ses concitoyens. Les gosses eux-mêmes sont con­taminés par la cruauté et la bêtise ambiantes.

Il n'est que deux personnages pour racheter cette tourbe: Wa­trin, le professeur de math, et Léopold, l'une des plus étonnantes créations de Marcel Aymé, cabaretier herculéen, à crâne de brute, aviné, et que Racine émeut aux larmes, le suprême représentant de la poésie à Blémont. Mais Léopold, pur de tout méfait, respecté d'abord pour sa force énorme, sera abattu comme un criminel par les gendarmes, rouages stupides des machinations de Monglat. Mais Watrin, que tou­tes les formes de la vie émerveillent, en comparaison a­vec Uranus, l'astre mort, n'est qu'un rêveur, l'impuissant spec­ta­teur de la férocité humaine. Il n'y manque qu'un cu­re­ton bolchévisant pour que le panorama de la France, en 1945, soit complet avec tout son personnel.

Le chapitre le plus terrifiant d'Uranus, est celui du retour des soldats prisonniers. La population entière est allée les ac­cueil­lir à la gare, sous-préfet, municipalité et clergé en tête. Les F.F.I. rendent les honneurs. Garde-à-vous, Marseillaise, dis­cours. Mais cinq civils, posément, écartent le service d'ordre. Ils s'avancent vers les prisonniers libérés, se sai­sissent  de l'un d'eux, le jettent à terre et le rouent de coups de poings et de pieds. Ce sont des F.T.P. qui tabassent et "pu­nissent" un ancien pétainiste du Stalag. Cependant la foule, la police restent inertes, de même que les camarades de la victime ensanglantée. Et, tandis que les exécuteurs s'a­charnent, le maire, décidé à ne rien voir, poursuit son dis­cours: «Votre sacrifice, votre admirable résistance morale... la grandeur de la France... Une France jeune, ardente, gui­dée par une élite dont l'intelligence, la hauteur de vues et l'hu­manité font l'admiration du monde entier...». Et Watrin, le seul qui ose se porter au secours du blessé  —le médecin n'a pas bougé— est embarqué par la flicaille.

Cercle Prométhée.

 

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1152: Mort de Conrad III

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15 février 1152: Mort à Bamberg de l’Empereur romain-germanique Conrad III. Après avoir accédé au trône suite à de nombreuses péripéties et dissensions internes, Conrad III part en croisade en 1146, réside ensuite à Constantinople, où il forge une alliance avec l’Empereur byzantin Manuel Comnène, malheureusement trop fantasque et infatué de sa personne pour donner cohérence à ses projets. Le principal objectif des deux empereurs alliés était de battre Roger II, roi normand de Sicile, allié du Roi de France Louis VII et des Guelfes papistes hostiles à l’Empereur. Derrière cette rivalité se profilent deux volontés antagonistes d’ouvrir la voie des la côte orientale de la Méditerranée: par la mer pour l’alliance entre la France, le Pape et les Guelfes; par la terre et le Danube pour l’Empereur Conrad III.

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jeudi, 14 février 2008

Henri Michaux ou le corps halluciné

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Henri Michaux ou le corps halluciné

 

Réécriture d'une thèse de doctorat, Henri Michaux ou le corps halluciné, d'Anne Brun est un splendide ouvrage. En voici la présentation: «L'œuvre hallucinogène d'Henri Mi­chaux s'inscrit dans l'histoire de la drogue et de la psychia­trie, en tant que "psychose expérimentale", et mêle étroi­te­ment poétique du texte et références scientifiques. Anne Brun propose une lecture psychanalytique de ce corpus, saturé par les commentaires psychiatriques: il s'agit de le lire comme un document passionnant sur les processus de créa­tion et d'éclaircir la genèse de cette œuvre poétique et pictu­ra­le, enracinée dans un vécu corporel médiatisé par le toxi­que. L'expérience hallucinogène invite à une exploration de l'originaire, en réactivant la part la plus archaïque de la psy­ché, à la source des processus de symbolisation. Elle que­stion­ne la psychanalyse et la clinique, en renouvelant l'ap­pro­­che des toxicomanies comme de la schizophrénie. L'au­teur réinterroge particulièrement le concept de pulsion sco­pi­que, pour éclairer la spécificité des visions suscitées par la mes­caline et la nature du savoir dévoilé par la drogue. C'est à un véritable corps à corps avec ses doubles que se livre Mi­chaux, révélant un fantasme de bisexualité dans le com­bat avec la mescaline. L'œuvre hallucinogène d'Henri Mi­chaux , singulière s'il en est, ouvre la voie à une métapsy­cho­logie des processus de création» (JdB).

 

Anne BRUN, Henri Michaux ou le corps halluciné, Institut d'édition Sanofi-Synthélabo (174 avenue de France, F-75.635 Paris cedex 13), 1999, 322 pages format 240 x 280, avec de très nombreuses reproductions de l'œuvre picturale d'Henri Michaux. 250 FF.

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Friedrich Sieburg

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Friedrich Sieburg

 

Célèbre par son Dieu est-il français? (1929), Friedrich Sie­burg fait l'objet d'une excellente biographie de Cecilia von Bud­denbrock. Correspondant de presse à Paris de 1926 à 1933, pilote dans l'escadrille von Richthofen durant la Gran­de Guerre, Friedrich Sieburg reviendra à Paris de 1940 à 1943, détaché au service culturel de l'ambassade d'Allema­gne. Dominique Venner écrit dans sa préface: «Mieux que son rôle effacé entre 1940 et 1943, ce qui associe Sieburg à la France, c'est son essai Dieu est-il français?, célèbre dès sa parution. Le fait que Raymond Poincaré se soit risqué à ré­futer la livre dans une communication de l'Institut fit son suc­cès. Pourtant, la critique se montra assez peu réceptive. Ro­bert Brasillach, tout jeune encore, étrilla l'ouvrage dans L'action française du 4 décembre 1930, à l'occasion d'une chro­nique intitulée "Contrebande germanique". Relisant au­jourd'hui l'essai de Sieburg, on comprend difficilement ce re­jet, tant son auteur fait des efforts louables de compré­hen­sion. Ses censeurs lui reprochèrent de montrer la France des années 30 comme une sorte de charmant anachronisme adonné au bonheur de vivre à l'heure de son clocher, mé­prisant l'industrialisation forcenée d'une Allemagne pauvre et spartiate. Ce portrait-là était vrai, on l'a bien vu un peu plus tard. Il a même aujourd'hui valeur de document ethnologique pour une France disparue» (PM).

 

Cecilia von BUDDENBROCK, Friedrich Sieburg 1893-1964, Editions de Paris (7 rue de la Comète, F-75.007 Pa­ris), 306 pages, 159 FF.

 

Robert Gilbert Vansittart

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14 février 1957: Décès à Denham dans le Buckinghamshire du Baron Robert Gilbert Vansittart, diplomate britannique artisan du Traité de Versailles, collaborateur de Lord Curzon de 1920 à 1924, sous-secrétaire du Foreign Office britannique de 1930 à 1938. Il deviendra célèbre pour ses positions ultra-germanophobes et son plaidoyer systématique pour le réarmement du Royaume-Uni en vue d’une guerre contre l’Allemagne. Cheville ouvrière du parti belliciste, hostile à la politique d’apaisement de Neville Chamberlain en 1938, au moment de la crise tchécoslovaque, il est relégué dans un poste sans grande importance. Il exercera une influence prépondérante sur Winston Churchill, qui annulera la politique de Chamberlain et optera pour la carte belliciste de Vansittart.

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mercredi, 13 février 2008

Visions d'Europe à l'époque napoléonienne

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Robert STEUCKERS:

 

Les visions d'Europe à l'époque napoléonienne

Aux sources de l'européisme contemporain

 

Les visions d'une Europe unifiée et autarcique ne datent pas de Locarno et d'Aristide Briand, ni de la seconde guerre mon­diale ni des pères fondateurs des communautés euro­péennes. Elles ont eu des antécédents dès l'âge de la phi­lo­sophie des Lumières. Bon nombre de conceptions se sont précisées à l'époque napoléonienne.

 

L'Europe dans l'optique des philosophes des Lumières est:

◊ un espace de “civilisation” et de “bon goût”;

◊ une civilisation marquée par le déclin et l'inadaptation (due à l'industrie montante);

◊ une civilisation où la raison décline;

◊ une civilisation marquée par la gallomanie et déstabilisée par les réactions nationales face à cette gallomanie omni­présente.

Les philosophes des Lumières considèrent déjà que l'Europe est coincée entre la Russie et l'Amérique. Ils se partagent entre russophiles et russophobes. Tous estiment toutefois que l'Amérique est une Nouvelle Europe, une Europe remise en chantier au-delà de l'Atlantique et où de multiples pos­si­bilités sont en jachère.

 

Les “Lumières” et Herder

 

Dans le cadre de la philosophie des Lumières et de la gallo­manie ambiante, Herder développe une vision critique de la situation intellectuelle en Europe et réfléchit en profondeur sur le sens de l'individualité historique des constructions col­lectives, fruits de longues maturations, ciselées et façonnées par le temps. Il jette les bases d'une critique positive de la gallomanie, comme culte artificiel des styles gréco-romains imités, à l'exclusion de tous les autres, notamment du go­thi­que médiéval. Rousseau abonde dans le même sens, voit l'histoire comme une dialectique harmonieuse entre les na­tions et l'universel, mais estime que l'Europe en déclin, der­riè­re les façades néo-classiques du XVIIIième siècle, est moralement condamnable car perverse et corrompue. Her­der veut réhabiliter les cultures populaires plus enracinées, faire revivre les cultures autochtones que les processus d'ur­banisation et de rationalisation, propres de la civilisation, ont marginalisées ou taraudées. Pour lui, l'Europe est une fa­mille de nations (de peuples). Contrairement à Rousseau, il es­time que l'Europe n'est pas condamnable en soi, mais qu'elle doit se ressaisir et ne pas exporter en Russie et en Amérique l'européisme abstrait au vernis gréco-romain, ex­pres­sion d'une artificialité sans racines permettant toutes les manipulations et engendrant le despotisme. Herder connaît l'Europe physiquement et charnellement pour avoir voyagé de Riga à Nantes, pérégrinations sur lesquelles il nous a lais­sé un journal fourmillant d'observations pertinentes sur l'état des mentalités au XVIIIième. Il compare avec minutie les cultures régionales des pays qu'il traverse, pose une série de diagnostics, mêlant constats de déclin et espoirs de guérison  —la guérison d'un peuple passant par la résur­rec­tion de sa langue, de ses traditions et des racines de sa lit­térature. Sur base de cette expérience vécue, il veut faire des Pays Baltes, sa patrie, et de l'Ukraine (avec la Crimée) l'atelier d'une Europe rénovée, tout à la fois

 

◊ respectueuse des modèles grecs classiques (mais surtout homériques; Herder réhabilite pleinement la Grèce homéri­que, donnant l'impulsion aux recherches philologiques ulté­rieures) et

 

◊ fidèle à ses héritages non grecs et non romains, mé­dié­vaux et barbares (slaves ou germaniques).

 

Cette Europe rénovée se forgera par le truchement d'un sys­tème d'éducation nouveau, nettement plus attentif que ces pré­décesseurs aux racines les plus anciennes des choses, des entités politiques, du droit, de l'histoire charnelle des peu­­ples, etc.  Dans ce sens, l'Europe espérée par Herder doit être, non pas une société d'Etats-personnes, mais une COMMUNAUTÉ DE PERSONNALITÉS NATIONALES.

 

Après les troubles et les bouleversements de la Révolution française, après la prise du pouvoir par Napoléon Bonaparte, bon nombre d'observateurs politiques européens commen­cent à percevoir l'Europe comme un BLOC CONTINENTAL (Ber­trand de Jouvenel sortira un maître ouvrage sur cette thé­matique). Avec le blocus continental, l'idée d'une autarcie économique européenne prend corps progressivement. Elle a surtout des exposants français, mais aussi beaucoup de partisans allemands, comme Dalberg, Krause ou le poète Jean Paul (dont l'héritier direct au 20ième siècle sera un au­tre poète, Rudolf Pannwitz; cf. Robert Steuckers, «Rudolf Pann­witz: “Mort de la Terre”, Imperium europæum et con­ser­va­tion créatrice», in Nouvelles de Synergies Européennes, n°19, avril 1996).

 

Le Baron von Aretin

 

Le Baron von Aretin (1733-1824), Bavarois se revendiquant d'un héritage celtique, sera un partisan de Napoléon, en qui il voit un champion de la romanité et de la catholicité en lutte contre le “borussisme”, l'“anglicisme” et le “protestantisme”. Cependant, des protestants allemands développeront à leur tour un européisme pro-napoléonien, non pas au nom d'un mé­lange idéologique de celtitude, de romanité et de catho­li­cis­me, mais au nom de l'idéal protestant qui consiste à s'op­po­ser systématiquement à toute puissance universelle, com­me entend l'être la thalassocratie britannique. Le protestan­tis­me, dans cette optique, s'est dressé hier contre les préten­tions universalistes de l'Eglise de Rome; il se dresse aujour­d'hui non plus contre l'universalisme de la Révolution et du Code Napoléon, mais contre l'universalisme économique de la thalassocratie anglaise. Cet idéal, à la fois protestant et européiste, se re­trouvait essentiellement dans la bourgeoisie négociante d'Al­lemagne du Nord (Brème, Hambourg, mais aussi Anvers). Pour cette catégorie d'hommes, il s'agissait de briser les mo­nopoles anglais et de les remplacer par des monopoles eu­ropéens (ils préfigurent ainsi les théories de l'économiste List). L'objectif était l'éclosion d'une industrie autochtone eu­ro­péenne, capable de se développer sans la concurrence des produits coloniaux anglais, vendus à bas prix.

 

Le mémorandum de Theremin

 

Parmi les autres théoriciens allemands de l'autarcie et de l'in­dépendance continentale européenne, citons le Prussien The­remin, qui, dans son memorandum de 1795 (Des intérêts des puissances continentales relativement à l'Angleterre), con­state que l'Angleterre colonise commercialement l'Euro­pe et les Indes et qu'elle constitue de la sorte un despotisme maritime (Theremin est clairement un précurseur du géo­po­li­tologue Haushofer). Après 1815, plusieurs théoriciens alle­mands éprouvent une claire nostalgie de l'autarcie continen­tale. Ainsi, Welcker plaide pour une alliance franco-prussien­ne “pour organiser l'Europe”. Glave, pour sa part, prône une al­liance franco-autrichienne pour exclure la Russie et l'Em­pi­re ottoman de l'Europe. Woltmann, dans Der neue Leviathan  (= Le nouveau Léviathan), plaide pour l'unification européen­ne afin de faire face à “l'universalisme thalassocratique”. Bü­low entend promouvoir une “monarchie européenne univer­selle” qui aura pour tâche de conquérir l'Angleterre, afin qu'elle cesse de nuire aux intérêts du continent, et formule un “projet culturel” d'inspiration européiste afin d'annuler les incohérences et les pressions centrifuges que génèrent les nationalismes locaux.

 

Le Comte d'Hauterive

 

Les théoriciens français de l'autarcie européenne à l'époque napoléonienne abandonnent définitivement le romantisme exotique, orientalisant, après le double échec des opérations militaires de Bonaparte en Egypte et en Palestine. Désor­mais, les protagonistes du grand continent raisonnent en ter­mes exclusivement “européens” voire, avant la lettre, “euro­péo-centrés”. Réactualisant, dans la France impériale de Na­poléon, le “Testament de Richelieu”, ces visionnaires fran­çais de l'Europe future, dans leurs projets, font de la France la base de l'unification continentale. Contre l'Angleterre et sa flotte ubiquitaire et puissante, il faut organiser le blocus, fer­mer l'Europe au commerce anglais et faire de cette fer­me­ture un “système général”.

 

Ainsi le Comte d'Hauterive, dans son ouvrage, De l'Etat de la France à la fin de l'an VIII (= 1800), écrit que l'idéal pour la France en Europe avait été la situation de 1648 mais que cette situation avait par la suite été bouleversée par la mon­tée de la Prusse et de la Russie et par la domination navale de l'Angleterre. La France aurait eu intérêt à contrer la mon­tée en puissance de ces trois facteurs. Néanmoins, après les guerres de la Révolution, une situation nouvelle émerge: le Continent, dans son ensemble, fait désormais face à la Mer, do­minée par l'Angleterre, grâce, notamment, aux victoires de Nelson en Méditerranée (Aboukir et Trafalgar). Dans ce con­tex­te, la France n'est plus simplement une partie de l'Eu­ro­pe, opposée à d'autres parties, mais l'hegemon du Conti­nent, le moteur dynamisant de la nouvelle entité continentale européenne. D'Hauterive, dont l'idéologie n'est nullement ré­volutionnaire, renoue explicitement avec une perspective ca­ro­lingienne, également opposée au protestantisme en Eu­ro­pe.

 

Dans le camp hostile à Napoléon et à l'hegemon de la Fran­ce, on plaide généralement pour un “équilibre des puissan­ces”, clef de voûte de la diplomatie conservatrice à l'époque. Chaque Etat doit se limiter, écrivent des auteurs comme Mar­tens, von Gentz ou Ancillon. Si les Etats ne se limitent pas, ne brident par leur puissance et leurs propensions à l'ex­pansion, l'ensemble européen connaîtra le déclin à la sui­te de guerres incessantes, épuisant la vitalité des peuples. Pour ces conservateurs prussiens, il faut élaborer un sy­stè­me de contre-forces et de contre-poids (ce qui, envers et con­tre leur bonne volonté, s'avèrera bellogène au début du 20ième siècle). Le camp des européistes anti-napoléoniens est diversifié, nous y trouvons des monarchistes d'ancien ré­gi­me, des représentants du paysannat (hostiles au Code Na­poléon et à certaines de ses règles de droit), des républi­cains puristes (qui voient dans le bonapartisme un retour à des formes monarchiques), des représentants de la fraction de la bourgeoisie lésée par le blocus, des révolutionnaires déçus parce que l'idéal de fraternité n'a pas été incarné en Europe.

 

Fichte, Arndt, Jahn

 

Dans ce contexte, les Romantiques, dont Novalis, Müller et les frères Schlegel, préconisent un retour au christianisme médiéval, c'est-à-dire à un idéal d'avant la fracture de la Réforme et de la Contre-Réforme qu'ils croient capable de surmonter les cruelles divisions internes de l'Europe. Les na­tio­nalistes (allemands), comme Fichte et Jahn, sont répu­bli­cains, hostiles à la forme française de la Révolution, mais tout aussi hostiles à une restauration pure et simple de l'ancien régime. Pour Fichte, Arndt et Jahn, la Prusse est un simple instrument, mais très efficace, pour forger une nou­velle et puissante nation allemande. Fichte est volontariste: la constitution volontaire de cadres étatiques nationaux con­duira à un telos universel, à un monde organisé selon autant de modalités différentes qu'il y a de peuples. L'harmonie uni­verselle viendra quand chaque espace national aura reçu, à sa mesure, une structure de type étatique. Dans ce sens, l'universalisme fichtéen n'est pas monolithique mais pluriel. Pour ces nationalistes, la nation, c'est le peuple opposé à l'arbitraire des princes et des monarques. A ce volontarisme et à ce nationalisme centré sur le peuple s'ajoute, notam­ment chez Arndt, une dialectique Nord/Sud, où le Nord est li­bertaire et le Sud développe une fâcheuse propension à trop obéir à l'Eglise et aux Princes. Arndt, par exemple, propose pour la future Allemagne unie, qu'il appelle de ses vœux,  le mo­dèle suédois, modèle élaboré par une nation homogène, exemple d'une germanité plus authentique et fort puissante, organisé selon des critères étatiques solides, depuis les ré­formes civiles et militaires du Roi Gustav-Adolf au XVIIième siècle; un roi qui avait voulu devenir le champion du pro­tes­tantisme —mais d'un protestantisme organisé et non géné­rateur de sectes impolitiques, comme les dissidents anglais et les puritains américains—  contre Rome et l'Empire ca­tho­lique du fanatique Ferdinand II, qui préférait, disait-il, régner sur un désert plutôt que sur un pays peuplé d'hérétiques! (On peut parfaitement comparer les réformes de Gustav-A­dolf à certaines créations de Richelieu, comme la mise sur pied d'une Académie Royale, destinée à organiser le savoir ab­strait et pratique pour consolider l'Etat).

 

La Sainte-Alliance et Franz von Baader

 

Pendant la Restauration, c'est l'Autrichien Metternich qui don­ne le ton et tente de forger et d'asseoir définitivement une Europe réactionnaire, traquant partout tous les résidus de la Révolution française. L'instance internationale de l'époque est la Sainte-Alliance de 1815 (Grande-Bretagne, Russie, Prusse, Autriche), qui devient la Pentarchie en 1822 (quand la France se joint aux quatre puissances victorieuses de 1814-15). La Restauration permet l'éclosion d'un roman­tis­me contre-révolutionnaire, incarné notamment par Franz von Baader. Elle vise aussi à organiser rationnellement l'Eu­rope sur base des acquis de l'ancien régime, remis en selle en 1815. Franz von Baader envisage une Union religieuse des trois confessions chrétiennes en Europe (protestan­tis­me, catholicisme, orthodoxie), pour s'opposer de concert aux principes laïcs de la Révolution et pour aplanir les conten­tieux qui pourraient survenir entre les composantes majeu­res de la Sainte-Alliance. Ce projet est rejeté par les catho­li­ques les plus intransigeants, qui refusent d'accepter qu'un destin commun les lie aux protestants et aux orthodoxes. Franz von Baader perçoit la Russie comme le bastion de la restauration et comme l'ultime redoute de la religion face au déferlement de la modernité. La “révolution conservatrice” des premières décennies du 20ième siècle reprendra cette i­dée, sous l'impulsion d'Arthur Moeller van den Bruck, tra­ducteur de Dostoïevski, qui prétendra, dans la foulée, que la Russie avait maintenu intacts ses instincts anti-libéraux mal­gré la révolution bolchevique. De ce fait, aux yeux du con­ser­vateur Moeller van den Bruck, la Russie soviétique de­ve­nait un allié potentiel de l'Allemagne face à l'Ouest.

 

Schmidt-Phiseldeck 

 

Le diplomate danois au service de la Prusse Schmidt-Phisel­deck prône dans le contexte de la restauration un autocen­tra­ge de l'Europe sur elle-même  —même idée que celle du bloc continental napoléonien mais sous des signes idéologi­ques différents—  et avertit les nations européennes contre toute aventure coloniale qui disperserait les énergies euro­péennes aux quatre coins de la planète, déséquilibrerait le continent et provoquerait des rivalités d'origine extra-euro­péen­nes entre Européens contre l'intérêt même de l'Europe en tant que famille de peuples, unis par un même destin géo­graphique. Schmidt-Phiseldeck veut une “intégration intérieure”, donc une organisation structurelle de l'Europe, et perçoit clairement le danger américain (qui se pointe déjà à l'horizon). Pour lui, la seule expansion possible de l'Europe est en direction de l'Anatolie turque et de la Mésopotamie. L'ancienne aire byzantine toute entière doit redevenir européenne, par la force si besoin s'en faut et par une union indéfectible de toutes les forces militaires de la Pentarchie, capables de culbuter les armées ottomanes dans une cam­pa­gne de brève durée. On peut dire a posteriori que Schmidt-Phiseldeck est un précurseur (anti-ottoman) de la ligne aérienne et ferroviaire Berlin-Bagdad, mais sans hosti­lité à l'égard de la Russie.

 

Autre théoricien de l'époque, Constantin Frantz (cf. Robert Steuckers, «Constantin Frantz», in Encyclopédie des Œu­vres philosophiques, PUF, 1992), critiquera également les expansions coloniales dans des termes analogues, préfigu­rant ainsi les thèses de Christoph Steding (cf. Robert Steuc­kers, «Christpoph Steding», in Encyclopédie des Œuvres philosophiques, PUF, 1992), du géopolitologue Arthur Dix et de Jäkh, auteur, pendant la première guerre mondiale, d'un mémorandum justifiant l'alliance germano-ottomane dans le sens d'une exploitation commune de l'espace entre Constan­tinople et le Golfe Persique. La Guerre du Golfe est ainsi, à la lumière de ces analyses posées successivement au fil du temps par Schmidt-Phiseldeck, Frantz, Steding, Dix et Jäkh, une guerre préventive contre l'Europe, dont la seule expan­sion possible est en direction du Sud-Est, comme les princi­pa­les vagues indo-européennes de la proto-histoire et de l'an­tiquité se portaient également dans cette direction, fon­dant successivement la Grèce archaïque, l'Empire Hittite, les Empires perse et mède, les royaumes aryens d'Inde. [ajout d'avril 2000: Le sort de l'Europe se tient par le Sud-Est: la puissance qui barre la route de l'Europe dans cette direction est celle qui la maintient la tête sous l'eau, empêche son dé­veloppement harmonieux. C'est aujourd'hui, clairement, la stra­tégie choisie par l'alliance américano-turque, qui vient de ré-implanter une présence ottomane dans les Balkans, par Bosnie et Albanie interposées, pour s'opposer aux pénétra­tions pacifiques et économiques de l'Allemagne, de l'Autri­che, puissances civiles et industrielles capables de dévelop­per les Balkans, et de la Russie, capable de donner une ga­ran­tie militaire et nucléaire à ce projet. Pire, il s'agit d'une stra­tégie qui conteste à la Russie sa présence en Mer Noire, ruinant les acquis de Catherine la Grande].

 

Görres et l'hegemon allemand

 

Pour sa part, Görres, autre théoricien allemand de l'époque de la Restauration, envisage une Allemagne unifiée et re-catholicisée comme hegemon de l'Europe, en lieu et place de la France napoléonienne. Cette Allemagne serait civile et spirituelle et non pas guerrière à la façon bonapartiste. Elle viserait la paix perpétuelle et serait la puissante fédératrice par excellence, ayant des frontières communes avec toutes les autres nations européennes. Le destin géographique de l'Allemagne, la multiplicité de ses voisins, en font la fé­dé­ratrice de l'Europe par destin géographique. L'universalité (ou la catholicité au sens étymologique du terme) de l'Alle­magne provient justement de la simple existence bien con­crète de ces voisinages multiples et diversifiés, permettant à l'intelligentsia allemande de jeter en permanence un regard varié et pluriel sur les événements du monde, sans vouloir les biffer à l'aide d'une idéologie toute faite. Elle seule peut intégrer, assimiler et synthétiser mieux que les autres, grâce à cette proximité territoriale et physique pluri-millénaire.

 

Leopold von Ranke, historien nationaliste allemand, dévelop­pe, quant à lui, une vision plus romano-germanique de l'Eu­rope, d'essence chrétienne. Il évoque un “génie occidental”, contrairement à von Baader qui valorise la virginité russe face au déclin rationaliste de l'Ouest. Pour von Ranke, l'O­rient est “sombre folie”, car ni l'Etat ni l'Eglise n'y pénètrent au fond du peuple. L'Occident, pour lui, est le système le plus parfait. Ce système est l'élu de Dieu sur la Terre. Ranke est donc à l'origine des options occidentalistes du nationalis­me allemand ultérieur.

 

Constantin Frantz et l'équilibre pentarchique

 

Constantin Frantz s'oppose à trois forces politiques ma­jeures, actives dans les Etats allemands de son époque: l'ultramontanisme, le particularisme catholique en Bavière, le national-libéralisme prussien (et, partant, le capitalisme). Ces forces politiques sont centrifuges, maintiennent la divi­sion de l'ensemble mitteleuropéen, parce qu'elles raisonnent en termes partisans et fractionnistes. Pour lui, le Reich mo­derne, le Reich à venir après l'abrogation en 1806 du Reich historique sous la pression napoléonienne, devra s'étendre à toute l'Europe centrale (la “Mitteleuropa”) et se donner une organisation fédéraliste, tenant compte des diversités de no­tre continent. L'équilibre européen, pour Frantz, doit rester pen­tarchique et centripète dans le cadre géospatial euro­péen. Toute extraversion colonialiste est un danger, si bien qu'à ses yeux, l'Angleterre n'est plus une nation européenne mais un empire maritime en marge du continent; la France a, elle aussi, cessé d'être pleinement européenne depuis qu'elle a pris pied en Algérie et en Afrique: elle devient une na­tion eurafricaine qui l'éloigne a fortiori des problèmes spé­cifiquement européens et la distrait des tâches structurelles dont le continent a fortement besoin, au moment où l'ac­crois­sement de la population et l'industrialisation impliquent un changement d'échelle et impulsent un volontarisme et une imagination politiques pour que les sombres prévisions de Malthus ne deviennent pas le lot inéluctable des grandes masses déracinées, urbanisées et prolétarisées. La politique sociale de Bismarck et le socialisme de la chaire seront des réponses à ce défi.

 

L'extraversion colonialiste

 

Frantz critique sévèrement l'Angleterre et la France, puis­san­ces ayant au préalable commis le péché d'extraversion, pour avoir fait la Guerre de Crimée contre la Russie. Elles se sont ainsi opposées à un Etat constitutif de la Pentarchie eu­ropéenne au profit d'un Etat qui n'en faisait pas partie (l'Em­pire ottoman), ce qui, pour Frantz, constitue une entorse très grave à l'esprit d'unité de la Sainte Alliance, censée apporter une paix définitive en Europe, de façon à faire de celle-ci un bloc civilisationnel cohérent et solide, s'étendant de l'Atlanti­que au Pacifique. La Guerre de Crimée aliène la Russie vain­cue par rapport au reste de l'Europe, car une violente réac­tion anti-occidentale, entraînant l'Allemagne et l'Autriche neutres dans cet opprobre, se constitue et se consolide chez les intellectuels russes.  Ceux-ci ne pardonnent pas aux au­tres Européens cette trahison abjecte de la Russie, qui s'é­tait longuement battue pour l'Europe en libérant la rive nord de la Mer Noire et le Caucase du joug ottoman entre 1750 et 1820.

 

L'Allemagne en gestation et l'Autriche deviennent, quant à elles, des empires sans espace, coincés entre des puissan­ces disposant de vastes étendues extra-européennes, cen­tre-asiatiques ou sibériennes. A elles seules incombe dé­sormais la tâche d'organiser en autarcie, comme il se doit, la portion d'Europe qui leur reste, mais sans pouvoir étendre ce principe constructif d'organisation structurelle et territoriale aux marges occidentales et orientales de notre sous-con­ti­nent. L'Europe est dès lors dangereusement déséquilibrée et déstabilisée. Les guerres inter-européennes deviennent pos­si­bles, y compris pour régler des problèmes extra-euro­péens, survenus dans les espaces colonisés. La Guerre de Cri­mée porte en germe l'horrible tragédie de 1914-1918.

 

Ernst von Lasaulx

 

Pour Ernst von Lasaulx, professeur de philologie classique à Würzburg et Munich, les diplomates européens doivent re­connaître les forces à l'œuvre hic et nunc sur le continent, et ré­pondre à la question: «Où nous trouvons-nous aujourd'hui dans le flux de l'histoire?». Seule cette interrogation permet de faire des projets cohérents pour l'avenir. Elle implique que l'homme d'Etat sérieux et efficace doit connaître le ma­ximum de faits historiques (sinon, la totalité!), car tous ont une incidence, même fortuite, sur la structure du présent. L'a­venir ne se construit que par recours au passé, à tout le passé. Celui qui l'ignore, ou le connaît mal, ou le connaît à travers le filtre d'images propagandistes, est condamné à faire des essais et des erreurs, à procéder par tâtonnements voués à l'échec. Catholique d'origine, influencé par Baader, La­saulx est surtout un mystique germanique et un "panso­phique". Dans cette optique, la vraie religion des époques historiques fortes, est expression de la vie, de la vitalité. En Europe, régulièrement, par cycles, des "peuples jeunes" ont régénéré les peuples vieillissants. Lors de l'effondrement de l'Empire romain, ce rôle a été dévolu aux Germains. Pour La­saulx, les Slaves (surtout les Russes) prendront le relais. Ils seront le "Katechon" de l'Europe qui, sans eux, s'en­gloutirait dans la décadence, accentuée par les idées occi­dentales et françaises.

 

Conclusion:

 

Les visions d'Europe de l'époque napoléonienne et de la Re­stauration conservent une pertinence politique certaine; elles expliquent des permanences et des lames de fonds. La con­naissance de ce dossier demeure à nos yeux un impératif de "sériosité" pour les hommes d'Etat.

 

Notre exposé contient sept idées majeures, toujours ac­tuelles, qu'il faut toujours garder en tête quand on pense ou on veut penser l'Europe, comme espace de civilisation co­hé­rent:

 

1.        L'espace s'étendant des Pays Baltes à la Crimée doit ê­tre organisé selon des modalités propres sans hostilité au reste de la Russie (Herder).

 

2.        L'Europe est une diversité (et le restera). Cette diversité est source de richesse, à condition qu'on l'harmonise sans la stériliser (Herder).

 

3.        L'opposition Terre/Mer reste une constante de l'histoire européenne (Theremin, d'Hauterive) et, dans le concert des peuples européens, la France oscille entre les deux, car elle est capable d'être tantôt une puissance navale, tantôt une puissance continentale. Carl Schmitt et Karl Haushofer sont les héritiers intellectuels de Theremin et d'Hauterive. Dans les années 60 de notre siècle, Carl Schmitt a toutefois tenu compte d'un chan­gement de donne stratégique et technologique, avec la puissance aérienne et la maîtrise des espaces circum-terrestres.

 

4.        L'idée de Baader de forger une Union religieuse et de dé­passer, de ce fait, les clivages confessionnels bello­gènes, reste un impératif important. Les guerres inter-yougoslaves de 1991 à nos jours montrent clairement que les confessions ne sont pas neutralisées, qu'elles conservent une potentialité conflictuelle certaine. Pour nous, reste à savoir si les christianismes officiels peu­vent apporter l'harmonisation du continent ou s'il n'est pas légitime, comme nous le pensons, de retourner aux valeurs pré-chrétiennes, pour donner un socle plus sûr à notre espace civilisationnel.

 

5.        Avec Schmidt-Phiseldeck, force est de constater que la présence ottomane est une anomalie à l'Ouest de l'E­gée et du Bosphore, empêchant notre continent de se "vertébrer" définitivement [ajout d'avril 2000:  Toute pré­sence ottomane dans les Balkans interdit aux Euro­péens d'organiser le Danube. L'objectif des Ottomans était de contrôler ce grand fleuve, au moins jusqu'à Vienne, la "Pomme d'Or". Ce projet a échoué grâce à la résistance héroïque des milices urbaines de Vienne, des armées impériales, hongroises et polonaises. Ce projet a failli réussir à cause de la trahison des rois de France, François I et Louis XIV].

 

6.        Görres et Frantz ont théorisé clairement la nécessité de conserver à tout prix la cohésion du centre de l'Europe. Cette nécessité géographique doit être la base con­crè­te d'une renaissance du Saint-Empire.

7.        L'extraversion coloniale a ruiné l'Europe et importé en Eu­rope des conflits dont l'origine était extra-européen­ne. L'Europe doit d'abord s'auto-centrer puis organiser sa périphérie, par la diplomatie et un dialogue inter-ci­vilisations.

Ces sept recettes méritent d'être méditées.

Robert STEUCKERS.

(Extrait d'une conférence prononcée à l'Université d'été de "Synergies Européennes", Lourmarin, 1995).

mardi, 12 février 2008

National suicide and demographic decline in France

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National suicide and demographic decline in France

A translation by Fred Scrooby of an interview with Yves-Marie Laulan, author of Les Nations Suicidaires (1998).  Yves-Marie Laulon, economist and banker, has had a varied career that has taken him from French government cabinet posts to such international institutions as the International Monetary Fund, the World Bank, and NATO, as well as positions with Société Générale de Banques and Crédit Municipal of Paris.  He has taught in a number of universities, including the Institute for Political Studies in Paris.  He has published a dozen works on economics and geopolitics in France and abroad.

The interview was conducted by Xavier Cheneseau, and was published Dec. 28 at Robert Steuckers’ Euro-Synergies website.  The original entry doesn’t give the interview’s date.  (Judging by certain details in the text, it may be a few years old.)

Xavier Cheneseau: With regard to demographics you seem willfully pessimistic …

Yves-Marie Laulan: It isn’t the author’s comments that are violent but the situation that is violent.

In fact it’s already nearly too late.  Demographic phenomena — the ones I’m dealing with, at any rate — have this special characteristic, that they are slow and they proceed largely unnoticed, precisely until it is too late.

Wartime ravages can be repaired in a few years — Germany and France managed it.  Recovery from the consequences of an economic crisis doesn’t take long.  But demographic damage can take decades, even centuries, to recover from — when recovery is possible at all. […]

But you’re partly right:  I’ve deliberately taken a provocative tone, because you need to make a loud racket to awaken the deaf.  And look at the dumbed down, dullened public opinion we are dealing with, anesthetized by daily bombardment with mass media!  Where filtering of information is concerned, today’s France resembles Ceaucescu’s Romania, only a more efficient version. 

Faced with this situation, a dissident having ideas that are out of the ordinary, such as myself — Soviet Russia’s Samizdat, as Pierre Chaunu calls it — humbly cherishes the hope, perhaps, of being, if possible, the watcher at dawn spoken of in the Bible (Isaiah), the one who remains alone at his post all night waiting for the dawn to break.

XCh: How do you explain that we are faced with one of the most terrible demographic winters?

YML: Why, when living standards are breaking all records and humanity in general — Western women in particular — have never been so well off, are we seeing a birth-rate collapse?  This phenomenon is of course denied or obfuscated by those certified liars, our official demographers, who are to today’s demographic realities what Radio Paris was to the news during the German Occupation.

The following are the phenomenon’s main causes:

Western women don’t want, or are unable, to have children.

The famous Barbie doll we hear so much about these days represents very well the way in which women are viewed in our satiated, sterile societies.  Neither mother nor wife, but girlfriend on and off, she reigns supreme in her own enchanted universe based on sex (a little), sports (a lot), career (enormously), and finally, her body (totally).  She aspires to be a man in every respect, for Western society has been incapable of giving a satisfactory answer to the great 20th-Century challenge:  How to achieve the emancipation of women?  How to arrange for women to reconcile in reasonable ways their roles of mother — indispensable, both biologically and culturally, for the perpetuation of the species — and career, no less necessary?  Go put that question to Monsieur Juppé.

There has also been the shameless success of homosexuals — who aren’t exactly known for their natural fecundity.  Acceptable in private when engaged in with decent discretion, homosexuality has instead become aggressive and proselytizing, as seen with homosexual “civil unions.” Homosexuals demand society’s recognition and consideration normally reserved for fathers and mothers of families, nay even greater consideration — which says a lot about the reversal of values in our societies that seem bent on suicide.

We could add lots of other factors, such as the culture of death so rightly denounced by Pope John Paul II, with mass abortions paid for by government health insurance — no less! — and the mass media’s “humanitarianism” which endlessly attacks the strong traditional values of honor, hard work, dignity, family, sacrifice and being satisfied with what you have, etc.  Don’t even get me started on that subject, or you’ll think you’re talking to a flesh-and-blood preacher!

XCh: Isn’t this demographic winter a manifestation of abdication of responsibilities?

YML: That’s the fundamental cause.  For thirty years we’ve sat helpless and resigned as we watched a generalized abdication of responsibility at all levels.  Irresponsibility on the part of young men who no longer want to take on the responsibilities of fatherhood and being heads of families.  Irresponsibility on the part of young women who no longer want to bring babies into the world but prefer buying little dogs to keep them company (it’s true dogs don’t pay into Social Security but hey, no one’s perfect).  Irresponsibility on the part of politicians who are ready to sacrifice our nation’s future if it means safeguarding their precious chances in the next election ("Don’t get anyone mad at you, and ‘Après moi, le déluge!’ “).  Irresponsibility on the part of officials and bureaucrats who always want more employees for their offices, more salary increases, more perks and bonuses, and shorter work-weeks. 

France is transforming itself, guided by socialists (but the right has scarcely been any better), into a gigantic camp of welfare recipients of every variety.  Furthermore, in view of the fact that 57% of gross domestic product is redistributed, one can confidently say that one Frenchman out of two is on welfare, therefore irresponsible.

XCh: By combining individualism with a certain numbing comfort isn’t France putting itself on the slippery slope that leads to exiting history altogether?

YML: In our time France has already exited history.  On tiptoe.  She’ll re-enter it perhaps, one day, but that’s another story — for now, we’ve already given up two major attributes of sovereignty, things which make it that a nation exists in the world, namely our currency, replaced by the euro […] (whose rate of exchange is decided in Frankfurt) […and] the French army, now more like a police auxiliary in the service of NATO and our allies. 

Europe today is not on an ascent toward something better but is stumbling forward while our politicians seek to preserve their generous parliamentary incomes as they shift all hard decisions onto Brussels.  It is no longer the borderless Europe of François Perroux but the faceless Europe of Jacques Delors, the Europe of quitting, of cowardice, of shirking.  The amazing thing is how the French, as if in a daze, stay mute and fail to react in the face of such mutilations of their sovereignty as are being imposed on them.  They’ll demonstrate en masse against dove hunting but have no reaction to homosexual “civil unions” or the Amsterdam Treaty.  They are no longer a population of sheep but a lemming colony.  And it’s claimed they are “ungovernable.” Not true.  They are manipulated exactly as is wished, and made to swallow anything.

XCh: Is there no sign of a healthy reaction?

YML: None for the moment.  The electroencephalogram tracing shows a flat line and the patient is profoundly comatose.

XCh: Do you think France will survive the 20th Century?

YML: It depends on what you mean by “survive.” If it’s a question of a population provided with more or less recent national ID cards together, of course, with national health-service cards, Frenchmen may well survive — after all, the recipes for cassoulet, duck magret, and tripes à la mode de Caen won’t disappear.  And there’s also soccer. 

But if it’s a question of a people proud of its past and concerned for its destiny as a nation, taking pride in its presence in the world and in its place among the nations of Europe, that’s a completely different story.  Because of its demographic evolution characterized by internal demographic collapse, the shortfall to be made up by massive immigrant populations, France stands a good chance of becoming what could be called an unfortunate society which will have difficulty overcoming the internal contradictions she herself has created.  Populated by large minorities aspiring to be majorities, very different in their culture and values and therefore rivals, France will become a country in which simply maintaining public order will require the mobilization of all domestic resources to preserve a semblance of social order.  Furthermore, unlike the United States which has accepted the harsh disciplines of a liberalism that has created wealth and jobs, France adopts inept measures, for example the disastrous 35-hour work-week, the laughing stock of the civilized world. 

Such societies cannot pretend to have a foreign policy or a national defense but will be limited to (what is already a lot for them) simple preoccupations of maintaining order, within the framework of a régime that more and more resembles a police state, and a more and more nationalized economy, as seen in the cases of many African countries and Lebanon. 

If that’s what is meant by “survive” then yes, France has a chance to survive — but in what condition!

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Armin Mohler ou l'image comme argument

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Hommages à Armin Mohler pour ses 80 ans

 

L'image comme argument

 

Quand on entre chez Armin Mohler, dans son appartement munichois, on suit d'abord un long corridor sombre. Au début de ce couloir, près de l'entrée, se dresse une commode, avec, en face d'elle, un grand miroir. Puis, on suit une ran­gée de bibliothèques énormes et très larges, s'élevant jus­qu'au plafond, qui rendent ce corridor plus étroit. Une ou deux heures plus tard, on se trouvera en face d'elles, avec le maître du logis, pour s'entendre dire que celle-ci contient les ouvrages sur les réalistes russes, celles-ci les ouvrages sur les Espagnols, les Scandinaves, les Américains. Ainsi s'ali­gnent plusieurs milliers de superbes volumes consacrés à l'histoire de l'art, la préoccupation majeure de l'autre Mohler, celle que le public politisé et idéologisé ne connaît pas. Car le Mohler que ce public plus militant connaît est avant toute chose l'auteur d'une thèse de doctorat, devenue un ouvrage de référence essentiel, Die Konservative Revolution in Deutsch­land. Ce livre, aujourd'hui publié en deux volumes avec tous les ajouts cumulés au fil du temps, a permis de forger un concept  —celui de “Révolution Conservatrice”—  qui est toujours utilisé dans les ouvrages traitant de l'histoire culturelle et politique allemande de ce siècle. Ensuite, ce li­vre a eu un effet de cristallisation, dans la mesure où il sert de référence à tous les penseurs de la droite.

 

Cet amateur d'art, ce fabuleux collectionneur de beaux ou­vra­ges, cet homme qui a donné aux intellectuels de droite un fil d'Ariane, se tient debout au milieu de la pièce et appuie son corps massif sur une canne. Plusieurs opérations aux genoux ont fait leur effet. Les cheveux blancs sont peignés en arrière. Visiblement, il s'est préparé pour nous recevoir. A côté de son fauteuil préféré se trouve une liasse de papier et un petit tas de livres. Nous entrons directement dans le vif du sujet. Aucune de nos questions reste sans réponse. Moh­ler fait venir de nouveaux documents de la pièce voisine. Trois portraits-icônes sont accrochés au mur: Ernst Jünger, Carl Schmitt, Arnold Gehlen. Nous avons une courte conver­sa­tion sur ces trois géants de la pensée allemande de ce siè­cle. Ensuite, dans la foulée, Mohler me fait traverser la piè­ce et frappe du bout de sa canne une autre photographie, accrochée au-dessus du chambranle de la porte, et dit: «Cet homme a eu un grand mérite en prononçant son fameux dis­cours, si bien qu'on peut beaucoup lui pardonner». Je recon­nais le visage de Martin Walser.

 

Penser avec les yeux

 

Oui, Armin Mohler, figure de proue du néo-conservatisme allemand, a cloué une photographie de Walser au-dessus de sa porte. Car Mohler est un homme qui pense avec les yeux (Er ist ein Augenmensch). Il a étudié l'histoire de l'art et il a écrit beaucoup d'articles sur le cinéma et sur les expositions. Ses livres, au fond, sont truffés d'images; Mohler harponne toujours le concret, raconte des anecdotes afin de déceler, par leur médiation, la tendance dont elles sont un reflet, la courant qui se profile derrière elles, les lignes directrices de leur époque; Mohler rend visibles les modes de comporte­ment. Sa démarche d'esprit est tout le contraire d'une logi­que de juriste, qui cherche à capter et à figer tout ce qui peut don­ner lieu à une interprétation logique. Au contraire, les ima­ges suggérées et décrites par Mohler visent à révéler im­mé­diatement le noyau fondamental de ce qu'il veut nous mon­trer ou nous démontrer.

 

Mais ces images deviennent floues sur leurs bords, elles semblent fuir, se fondre dans le fond-de-monde. C'est l'é­vi­dence. Il ne faut pas le répéter sans cesse. Armin Mohler ne se défend jamais contre ceux qui ne veulent pas le com­pren­dre. Il se moque d'eux, tout simplement.

 

Pourtant Mohler aime les véritables joutes intellectuelles, cel­les où l'on prend son adversaire au sérieux, où on le con­si­dère comme honnête, comme un partenaire qui s'efforcera, sans céder sur l'essentiel de ses positions, d'arriver à une ana­lyse commune avec vous, au départ d'idées pourtant di­ver­gentes, un adversaire qui tentera de forger une approche com­mune ou d'atteindre simplement la vérité dans la discus­sion, même s'il croit à des paramètres politiques complète­ment différents des vôtres. La liste des orateurs que Mohler avait choisis jadis, quand il était directeur de la Fondation Sie­mens, prouve ce goût prononcé pour les polémiques fruc­tueu­ses. Ainsi, Bernard Willms est monté à cette tribune d'a­bord comme jeune homme de gauche, puis comme homme mûr de droite. Dans tous les débats de la Fondation Sie­mens (et dans les autres!), Mohler est toujours resté fidèle à sa méthode, c'est-à-dire la méthode des images. Pour lui, il ne s'agit pas de terrasser ou de surplomber ou de déchirer l'i­ma­ge que suggère un adversaire, ni même de faire dévier la discussion vers le flou infini qui entoure l'image, car alors le débat chavirerait dans un flot non maîtrisable de défini­tions chaotiques et les adversaires sortiraient tous vain­queurs sans avoir rien réglé ni décidé ni tranché. Armin Moh­ler cultivait un plaisir vraiment agonal quand il pouvait suggé­rer une plus belle image que celle de son adversaire.

 

◊ ◊ ◊

 

Cette scène est tiré d'un débat où Mohler a participé:

«Monsieur Mohler, vous dites que l'homme ne trouvera le sens que s'il a une conscience nationale. Pourquoi cela serait-il vrai?».

«Parce que nous le disons. Une telle idée, on la pose. Je ne peux pas vous expliciter ses fondements par la logique. Dans ce sens, je n'ai pas de théorie. Je pose une image et les gens doivent l'accepter ou non. S'ils ne l'aiment pas, eh bien, c'est simple, ils ne l'aiment pas. C'est dommage pour moi».

«Donc vous posez simplement une image et vous pensez que les gens n'ont pas besoin d'explications?».

«Exactement. Par l'éducation, que vous avez reçue, vous pensez évidemment que l'on doit, quelque part, trouver une explication logique. Mais moi, je ne peux pas vous donner d'explication logique. Il existe très certainement des gens qui pourront vous en donner. Mais ceux qui pensent comme moi ne peuvent pas faire grand chose de ces explications logi­ques. Nous disons: “cela ne doit pas être fondé (logique­ment)”, nous le savons. C'est cela le perspectivisme. C'est MA perspective et j'essaie de la rendre accessible aux gens par des images. Souvent aussi par des arguments…».

 

◊ ◊ ◊

 

Armin Mohler ouvre tout à coup son armoire à verres, en extrait quelques gros classeurs et les étalent sur la table. Ils contiennent sa correspondance avec Ernst Jünger, le Maître. Une correspondance privée. Impubliée jusqu'ici. Une vérita­ble mine de renseignements. On a envie de rester assis dans ce sofa très bas, presque à ras du sol, de commencer à lire sans s'arrêter: les lettres de Jünger débutent par la for­mule “Lieber Sekretarius”. Chaque fois, la réponse, sur copie carbone, est accrochée à la lettre initiale. Mais on n'a pas le temps de les lire. Mohler apporte les livres où signent tous les hôtes de la maison. La première mention est d'Ernst Jünger. Il est vrai que c'est par lui que tout a commencé. Le disciple Armin Mohler, rappelons-le, souffrait, dans sa Suis­se en paix, d'une “sous-alimentation monumentale” et, sur fond de cette ambiance morose, tout à coup, l'Allemagne at­ta­que l'Union Soviétique; un sentiment indéfinissable s'em­pa­re du jeune Mohler et met rapidement un point final à ses agissements d'intellectuel de gauche, aimant les arts et les beaux esprits. Maintenant, c'est le moment décisif. Mohler avale d'un seul trait le Travailleur de Jünger. Ce fut une lec­ture existentielle. L'ouvrage met un homme jeune sur les rails qu'il n'abandonnera jamais plus. Après cette lecture, tout sera différent. Mohler n'a jamais été au front. Il a étudié à Berlin. Pendant des semaines de travail, il a retranscrit à la main les essais de Jünger, au temps où il était militant na­tio­naliste et national-révolutionnaire. Il est devenu ainsi le meil­leur connaisseur du Maître. Plus tard, le souvenir de cet en­goue­ment pour le Travailleur et pour les écrits nationaux-ré­volutionnaires d'Ernst Jünger, servira de noyau à la critique acerbe que Mohler adressera au Maître quand celui-ci com­mencera à réécrire et à réadapter ses œuvres. Pour Mohler, un auteur qui, par ses livres, a bouleversé toute une géné­ra­tion, ne peut agir ainsi. Travailler l'image que l'on veut laisser derrière soi peut paraître insuffisant. Toutefois, Ernst Jünger (et d'autres!) ont eu des lecteurs qui, après avoir fermé ses (leurs) livres, ne se sont pas contenté de réfléchir dans leur fau­teuil à côté de leur feu ouvert…

 

Armin Mohler a fêté ses 80 ans le 12 avril 2000.

 

Götz KUBITSCHEK.

(article tiré de Junge Freiheit, n°15/2000; http://www.jungefreiheit.de ; G. Kubitschek participera à l'ouvrage d'hommages à Armin Mohler qui paraîtra sous le titre Lauter Dritter Wege, Ed. Antaios, Alte Frankfurter Straße 59, D-61.118 Bad Vilbel).

 

lundi, 11 février 2008

Hommage à Piet Tommissen

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Hommage à Piet Tommissen pour ses 75 ans

 

Piet Tommissen ou de la vertu de l'obstination

 

Cicéron a dit un jour: «Rien ne fait plus impression que l'ob­sti­nation». Cette phrase pourrait parfaitement s'appliquer à la vie et l'œuvre de l'économiste politique flamand Piet Tom­mis­sen, qui a fêté le 20 mars dernier ses 75 ans en gardant intacte son impressionnante puissance de travail.

 

Ceux qui cherchent encore la preuve de cette évidence  —que toute culture repose sur l'acte gratuit, sur le travail pres­té sans rémunération—  il la trouvera dans la personne de Piet Tommissen. Après la deuxième guerre mondiale, Carl Schmitt était le bouc émissaire favori dans la sphère des sciences juridiques et politiques allemandes, mais aussi, faut-il le rappeler, le “chêne sous lequel les sangliers ve­naient chercher leurs truffes” (dixit Roman Schnur). Pendant cette période sombre, le jeune Piet Tommissen a donné son amitié à Schmitt, avec quelques rares amis allemands fidèles; il a aussitôt rédigé la première bibliographie de Carl Schmitt dans des conditions difficiles (Versuch einer Carl-Schmitt-Bibliographie, Academia Moralis, Düsseldorf, 1953). Et quand je dis “conditions difficiles”, je veux rappeler à mes contemporains que Tommissen a effectué ce travail long­temps avant qu'il n'existât partout des photocopieurs, com­me aujourd'hui, où l'on peut reproduire des textes à foison. Tom­missen retranscrivait, à la main, avec son stylo à encre, des centaines d'articles de Schmitt ou il les tapait sur une vieille machine à écrire de voyage, avec papier carbone, per aspera ad astra. Il a effectué ce travail quand il était un étu­diant sans moyens, dans les dures années de l'après-guer­re, où tout voyage d'exploration vers Plettenberg (où Schmitt s'était retiré) représentait des difficultés financières à la chaî­ne. C'est donc avec des débuts aussi difficiles que Tommis­sen, au fil des années, est devenu le meilleur connaisseur, et le plus méticuleux, de l'œuvre de Carl Schmitt.

 

Les fruits de ce travail désintéressé se retrouvent aujourd'hui dans d'innombrables articles et études, dans de nouvelles bibliographies et, depuis 1990, dans une collection de livres, baptisée “Schmittiana”, qui paraît chez Duncker & Humblot à Berlin. Aujourd'hui, nous estimons tous que de tels travaux sont aisés à achever, mais ce fut loin d'être le cas à l'époque héroïque du jeune étudiant et du jeune économiste Tommis­sen. Je dirais même plus: sans la foule d'apports et de dé­tails apportés et découverts par Tommissen, l'entreprise de dif­famation internationale qui a orchestré le boycott et l'ostra­cis­me contre Schmitt —et ainsi contribué à sa gloire!—  ap­pa­raîtrait encore plus sotte et plus lamentable, parce qu'elle n'aurait aucun argument valable, ne saurait rien des innom­bra­bles facettes de sa personne.

 

Tommissen, qui a étudié les sciences économiques à la Hau­te Ecole économique Sint-Aloysius à Bruxelles et à l'Uni­versité des Jésuites d'Anvers, a dû, à côté de ses recher­ches, travailler pour gagner sa croûte comme fondé de pou­voir dans l'industrie. Il accède au titre de docteur en 1971 en pré­sentant une thèse sur Vilfredo Pareto. Intitulée De eco­no­mische epistemologie van Vilfredo Pareto (Sint-Aloysius Han­delshogeschool, Bruxelles, 1971), cette thèse peut être con­sidérée comme l'un des ouvrages les plus importants et les plus fondamentaux jamais rédigés sur le grand homme. Tout chercheur qui souhaite se pencher sérieusement sur l'Ita­lien Pareto devrait au moins acquérir une connaissance pas­sive du néerlandais. Ce qui ne m'empêche pas de regret­ter que Tommissen n'ait pas écrit son livre en allemand ou en français: mais hélas, la gloire est injuste, monstrueuse pour les langues minoritaires.

 

Dans ce travail, nous rencontrons déjà Tommissen tout en­tier: un observateur interdisciplinaire qui manie cette inter­disci­plinarité avec le plus grand naturel, comme si elle était l'évidence; un auteur qui possède le grand art de mettre en exergue les liens entre les choses les plus diverses. Nous n'acquerrons pas seulement, à la lecture de cette thèse, con­naissance des problèmes fondamentaux de l'économie po­liti­que européenne jusqu'aux années qui ont immédia­te­ment suivi la première guerre mondiale, mais aussi de tout l'arrière-plan politique, philosophique et psychologique qui animait le “solitaire de Céligny”. Tommissen nous restitue avec amour et expressivité tout ce background, générale­ment ignoré par bon nombre d'auteurs, trop attachés à la surface des textes. Par conséquent, aucune autre étude dé­tail­lée ne rendra la thèse de Tommissen caduque.

 

Mais on comprendrait mal le personnage Tommissen si on ne le considérait que comme un spécialiste de Schmitt et de Pareto, lui qui a enseigné de 1972 à 1990 à la Haute Ecole d'économie Sint-Aloysius à Bruxelles où il éditait la collection “Eclectica”, qui recèle des montagnes de trésors, des anec­dotes et des détails sur Schmitt, toujours inattendus. Peu de cher­cheurs savent en Allemagne qu'il est aussi un bon con­nais­seur de Georges Sorel, de Julien Freund et de la pensée politique française des 19ième et 20ième siècle. Tommissen a tou­jours déclaré, expressis verbis, qu'il voulait faire “des scien­ces humaines au sens le plus large du terme”.

 

Exemple particulièrement frappant de concrétisation de cette volonté: son livre Economische Systemen (Uitgeverij N.V., Deurne, 1987). En peu de pages, Tommissen y brosse l'his­toire des idées économiques de l'antiquité à la Chine post-maoïste et les innombrables notes et remarques fondées qu'il a ajoutées au texte nous ouvrent au drame qu'est l'his­toi­re économique de l'humanité et nous communiquent les ra­ci­nes et les fondements politiques, culturels et idéologi­ques de l'homme travaillant tout au long de l'histoire. Un bon li­vre rend la lecture de cent autres superflue et nous encou­rage à en lire encore d'autres milliers. Voilà!

 

D'extraordinaires connaissances en littérature et en histoire de l'art…

 

Mais dans tous les travaux d'économie et de sciences politi­ques écrits par Tommissen, le lecteur est constamment sur­pris par ses extraordinaires connaissances en littérature et en histoire de l'art, car il avait caressé longtemps l'idée d'étu­dier la philologie germanique et l'histoire de l'art. Par exem­ple, il connaît le dadaïsme et le surréalisme européens dans toutes leurs variantes. Il n'était pas encore âgé de trente ans qu'il invitait en Flandre des auteurs allemands comme Heinz Piontek et Heinrich Böll, pour y prononcer des conférences (et je serais tenté d'ajouter: quand ils étaient encore des é­crivains intéressants…!).

 

Seuls ceux qui sont conscients de l'énorme travail presté par Tommissen sont en droit d'émettre une critique: ce maître de la note en bas de page exagère parfois dans son zèle à vou­loir tout dire, car il sous-estime volontiers les connaissances de ses lecteurs. Mais chez Tommissen, il n'y a là aucun or­gueil, qui motive son action, ni aucune vanité, car il est la cha­leur humaine incarnée. Pour lui, l'homme est né pour ai­der son proche et pour recevoir de lui une aide équivalente. Si bien que Tommissen, l'éminence, n'a aucune honte d'ap­pren­dre quelque chose, même d'infime, chez un écrivaillon à peine sorti de la puberté et inexpérimenté.

 

Un dévouement fidèle à Pareto et à Schmitt

 

Toujours heureux de donner un renseignement, toujours en quê­te de renseignements chez autrui avec la plus exquise des amabilités, Tommissen a permis l'éclosion de bon nom­bre de travaux scientifiques, a semé beaucoup plus que les nombreux ingrats ne le laissent supposer à leur public. Un hom­me de cette nature si particulière et si valable mérite à juste titre nos hommages parce qu'il a donné volontairement, avec fidélité, une grande partie de sa vie à ceux qu'il consi­dère comme ses maîtres: Vilfredo Pareto et Carl Schmitt. On pense de suite à un essayiste brillant et un conteur souve­rain comme Adolf Frisé qui n'a pas hésité à explorer pendant de longues décennies l'œuvre de Robert Musil et à la propa­ger. Souvent la lumière qui brille sous le boisseau est la plus vive! Ad multos annos, Piet Tommissen!

Ton ami,

Günter MASCHKE.

(hommage extrait de Junge Freiheit, 12/2000).

dimanche, 10 février 2008

Alan Heusaff (1921-1999)

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Alan Heusaff (1921-1999): histoire d'un militant pour la liberté des Celtes

 

Avec Alan Heusaff disparaît un combattant pour la liberté des peuples!

 

Alan Heusaff zobet d'an Anaon. Alan Heusaff s'est envolé parmi les âmes. Telle est la formule consacrée dans la lan­gue des pères. Sans aucun doute, Alan Heusaff trouvera ra­pidement la route pour le mener à l'Ile des Femmes, des Pom­mes sacrées et de l'éternelle jouvence. Sur l'Ile d'Ava­lon, Alan Heusaff sera aux côtés des héros et du Roi Arthur, qui, un jour, reviendra pour libérer son pays des occupants é­trangers. L'homme qu'une foule impressionnante de mili­tants pour la liberté a accompagné lors de son ultime voya­ge, le 7 novembre 1999, par une journée pluvieuse, était un ac­teur de l'histoire. Un de ces héros modernes qui ont tout sa­crifié pour leur idéal, pour leur patrie, pour l'idée de liberté. L'é­glise du petit village de Spideal, dans le Comté de Con­ne­mara en Irlande, quelques jours après la Fête du Samhain, était pleine de Gallois, d'Irlandais, d'Ecossais, de Corniques et naturellement de Bretons, venus de Dublin et de Galway, de Cork et de Limerick. Et aussi directement de la Petite Bre­tagne. Bernard Moffat, secrétaire général de la Ligue Celti­que, était présent aux obsèques, arrivé directement de l'Ile de Man. Ce jour-là, les bourrasques du vent ont soulevé les bannières noires et blanches, le Gwenn ha Du breton, et ont recouvert les voix de la foule entonnant le Bro goz ma za­dou (Vieux pays de mes pères), l'hymne national breton, rédigé en 1921 par le troisième Grand Druide Taldir (= “Front d'Acier”) sur la musique de l'hymne national gallois.

 

PNB, Bagadou Sturm, Bezenn Perrot

 

Alan Heusaff, du haut de ses 78 ans  —les plus courageux meu­rent toujours trop jeunes—  incarnait en lui tous les com­bats des Bretons et des Celtes depuis 60 ans. Né en 1921 à Ros­porden, dans la Petite Cornouaille bretonne, il a fréquen­té dans sa jeunesse l'Ecole Normale pour enseignants de Kem­per (Quimper). Scandalisé par le traitement qu'infligeait l'occupant français à son pays, il adhère en 1938 au Parti Na­tionaliste Breton, qui venait à peine de parier sur la carte in­dépendantiste. Dans la foulée, il adhère également au Ka­der­venn, un noyau de combattants organisé par Célestin Lai­né, qui voulait en faire l'embryon d'une armée bretonne et qui recrutait de nombreux anciens de l'organisation clan­des­tine Gwenn ha Du, responsable d'attentats contre des objec­tifs français à partir de 1932. Le jeune Alan participe notam­ment aux manœuvres secrètes de juillet 1938 sur les terres de Lanvaux, dans le Sud de la Bretagne, dans une atmos­phè­re de veillée d'armes. Plus tard, quand la guerre se sera déchaînée sur l'Europe, entraînant dans son cortège d'hor­reurs les petites nations qui ne l'avaient pas voulue, il s'en­ga­ge dans les Bagadou Sturm (Groupes de combat), forma­tions paramilitaires du PNB, organisées par le musicien Yann Goulet (disparu en septembre dernier à Dublin). En 1943, quand les partisans pro-français s'étaient donné pour spécialité d'abattre dans le dos les militants nationalistes bre­tons, et surtout après l'assassinat crapuleux de l'Abbé Per­rot, exposant généreux du mouvement culturel, par des ter­roristes demeurés inconnus, Alan Heusaff s'inscrit à la Be­zenn Perrot. Cette formation, également créée par Cé­lestin Lainé, est devenue, selon la définition même de son chef, “la première armée bretonne en guerre contre la Fran­ce depuis la défaite historique de Saint-Aubin du Cormier”. Entraînée dans un cyclone infernal, la Bezenn est rapide­ment pri­se en mains par les Allemands et incorporée de for­ce dans le SD (Sichereitsdienst, Service de Sécurité) et par­ti­ci­pe, en Bretagne, aux combats contre les maquis commu­nistes. Chassés de Bretagne par la défaite allemande, les ul­ti­mes combattants de l'“armée bretonne” se retrouvent à Tü­bingen, regroupés autour de Lainé. Certains d'entre eux, com­me Aël Péresse, resteront en Allemagne, où ils devront vivre pendant de nombreuses années sous une fausse iden­tité pour échapper aux services secrets français. Alan Heu­saff, avec de nombreux compagnons, décide de partir pour l'Irlande, en passant par l'une des organisations mises sur pied en collaboration avec le mouvement républicain et les pa­triotes gallois, rassemblés au sein du mouvement politique Plaid Cymru, pour protéger les Bretons de la terrible répres­sion française qui s'abattait sur leur pays.

 

La “Celtic League”

 

En 1950, Alan Heusaff reprend ses études à l'Université de Du­blin, et, quand il les achève, trouve un emploi dans le ser­vi­ce national de l'aéronautique irlandaise. En 1959, il crée, avec Yann Fouéré, le journal Breton News qui se veut le lien en­tre tous les réfugiés politiques bretons, mais qui, rapide­ment, devient un organe inter-celtique de combat. En 1961, toujours avec Yann Fouéré, mais aussi, cette fois, avec Gwyn­for Evans et J. E. Jones, respectivement président et secrétaire général du Plaid Cymru, il fonde sur l'Ile de Rhos au Pays de Galles, la Celtic League (= Ligue Celtique). Celle-ci, au début, n'était rien d'autre qu'un mouvement dans lequel les différents partis nationaux des pays celtiques é­taient représentés en tant que tels. En 1972, Breton News prend le nom de Carn, une dénomination commune dans tou­tes les langues celtiques, et devient l'organe officiel de la Li­gue. Alan Heusaff est élu secrétaire général de la Ligue Cel­tique, charge qu'il conservera pendant 25 ans, avant de s'oc­cuper de la branche internationale. Il est rentré au moins une fois en Bretagne, en 1980, à l'occasion du décès de son vieux commandant Célestin Lainé, pour disperser ses cen­dres sur le champ de Saint Aubin du Cormier, où les armées réunies de toute l'Europe s'étaient massées pour défendre l'in­dépendance de la Bretagne, mais ont été battues en 1488 par les troupes françaises du Général La Trémoille. Jusqu'à sa mort, Alan Heusaff a lutté pour réaliser, au sein de l'Union Eu­ropéenne, une fédération des nations celtiques, dès que cel­les-ci auraient été libérées de leurs tutelles étrangères.

 

Thierry JIGOUREL.

(article paru dans La Padania, Milan, 11 novembre 1999; http://www.lapadania.com/1999 ).  

Sur Giuseppe Ungeretti

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10 février 1888: Naissance à Alexandrie en Egypte du poète italien Giuseppe Ungaretti. En 1912, il vient étudier à Paris, où sa pensée est influencée par Henri Bergson, Charles Péguy, Paul Valéry et Guillaume Apollinaire. Les avant-gardes et surtout le symbolisme, avec la poésie de Mallarmé marqueront son esprit de manière durable.

Engagé dans l’armée italienne en 1915, il rédige ses premiers poèmes sur le front, inaugurant du même coup une poésie sans rimes ni ponctuation ni formes traditionnelles, censée exprimée une liberté nouvelle, à l’instar de celle qu’avaient, en d’autres termes, annoncée les futuristes autour de Marinetti. Ungaretti voulait révolutionner la poésie en lui imposant cette liberté, cette fraîcheur et cette intensité, éloignées des raideurs académiques ampoulées. Cette liberté poétique découle pourtant des enseignements que lui a transmis Valéry.

Pour celui-ci, il fallait se concentrer sur la forme; pour Ungaretti, se concentrer sur une forme dépouillée de toute rhétorique inutile et de toutes les lourdeurs d’un sentimentalisme désuet. Comme plus tard pour bon nombre de surréalistes et notamment pour Michaux, Ungaretti veut dégager le noyau primitif de chaque mot, faire jaillir de lui la puissance religieuse qui y est tapie. La lecture d’Ungaretti est impérative, tout comme une approche de Trakl (cf. article “03 fév 1887″), pour comprendre la trajectoire intellectuelle des post-surréalistes, dont Evola et Drieu.

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samedi, 09 février 2008

Vals socialisme en waarachtig socialisme

Robert STEUCKERS :

Vals socialisme en waarachtig socialisme

Waarom nadenken over het verleden en de historische evolutie van het socialisme, op het moment dat het in Europa dikwijls electoraal verliest, terwijl het geen politiek project en geen gewapende takken meer heeft, geen Sovjet-banden of andere meer heeft, waar een fanatiek individualisme dat sociale catastrofes baart de postmoderne mentaliteit in de Eerste Wereld steeds meer bepaalt, van bevliegingen en rages vanwege yuppies en trendy kleinburgers die zich nestelen in hun kleine virtuele wereldje.

Omdat het socialisme, of men het nu wil of niet, een communautaire reflex en aspiratie vertoont. Om een al even zo banaal als reëel discours aan te halen, de mens is geen wezen dat enkel op zichzelf gericht is, op zijn eigen ik. Hij is het kind van z’n ouders, maar ook kleinzoon of kleindochter, broer of zus, vader of moeder, neef, buur, collega,… In deze betekenis kan hij het goede wensen voor zijn groep of groepen binnen dewelke hij leeft en handelt en bijgevolg dit gemeenschappelijke goede verheffen boven zijn eigen individueel welzijn. Zoals alle aanhangers van grote religies en ook de adepten van het klassieke humanisme steeds hebben onderlijnd, een mens kan zijn welzijn opofferen voor z’n kinderen, een strijdzaak, voor elk soort motief dat het zelf overstijgt. Z’n intelligentie en instinctueel geheugen (twee kwaliteiten die niet noodzakelijk heterogeen en incompatibel zijn) kunnen dus opofferingen vooropstellen voor een tijd die als beter aangevoeld wordt, maar die nog toekomstig is. De mens handelt niet enkel vanuit een hedendaags perspectief, maar rekent vaak op de langere termijn, op vooruitzichten, wedt op de toekomst van de zijnen. Met het vermelden van deze banaliteiten, die antropologen en sociologen maar al te goed kennen, wensen we te wijzen op de nietigheid en de leegte van filosofische of economische theorieën die halsstarrig een methodologisch individualisme postuleren en die overal de hedendaagse manie van de politieke correctheid willen instellen.

Een deel van de aanhangers van het Verlichtingsdenken, vanaf de 18de eeuw, voerde in de dagelijkse politieke praktijk het methodologisch individualisme in, anderen legde de basis voor een sociale politiek, dikwijls in het kielzog van Verlichte despoten, anderen zoals filosofen uit de Parijse salons legden de basis voor het positivisme, terwijl nog anderen in het kielzog van Herder en de Sturm und Drang een emancipatie van mensen en zielen voorstelden door beroep te doen op de wortels van culturen, op ontluikende cultureel-literaire werken die de identiteit in al haar originaliteit en mooie onschuldige eenvoud weergaven. Door het bekritiseren van het methodologisch individualisme bij een deel van de volgelingen uit de Europese Verlichting, verwerpen we daarom nog niet alle facetten van deze Verlichting maar enkel deze die een dolgedraaide evolutie kenden, die een reeks foute veronderstellingen, dogma’s propageren en een schematische ideologie instellen en die er een discours op nahouden die elk debat weigert maar bol staat van modieuze woordkeuzes (door de Franse filosoof-medioloog François-Bernard Huyghe de “Langue de coton” genoemd), kortom, de hedendaagse politieke correctheid. Die “langue de coton” is in feite de concrete vertaling van de “Newspeak” die Orwell aanduidde in zijn bekende roman ‘1984’. Daar tegenover denken wij dat een dubbel teruggrijpen naar de vele facetten van de Verlichting, veronachtzaamd door het hedendaagse dominante discours, ons in staat zou stellen om het debat te heropstarten en aan onze medemens die in een impasse verkeert reële politieke alternatieven voor te stellen.

De mislukkingen van de Verlichting vertonen zich op meerdere niveaus in de Europese geschiedenis van de laatste tweehonderd jaar:

1) In de ideologieën die afgeleid zijn van de metaforen “tijd” en “machine”, wijzend op een mechanistische visie op politiek-sociale kwesties, waar elk individu aanzien wordt als een eenvoudig op zichzelf gericht radertje, vergelijkbaar met alle andere radertjes, zonder binding of wortels, verbindt de individualistische stroming in het Verlichtingsdenken aan deze metaforische en schematische visie sociale en politieke stellingen terwijl men voorbijging aan de voorbode van het romantisme en de organische politieke filosofieën waarin de principes van ontstaan, vorming en groei volkomen natuurlijk ingebed zijn.

2) In de maatregelen die door de nieuwe Franse republiek na de revolutie werden gestemd, tegen de corporatieve systemen, rechten op samenwerkingsverbanden en belangengroepen, enz.; de hypercentralistische organisatie van de nieuwe republiek waar de burgemeesters Parijs vertegenwoordigden en niet de lokale gemeenschappen; de introductie van een individualistisch recht in gans Europa via de Napoleontische legers; maatregelen die ertoe leidden dat bepaalde contrarevolutionaire groepen zich konden affirmeren als kampioenen van sociale rechtvaardigheid, in tegenstelling tot wat de huidige gangbare historiografie stelt.

3) De opkomst van de industriële revolutie in het teken van het individueel recht in Engeland en in teken van het geheel op het continent.

4) De uitwerking van mechanistische en individualistische economische theorieën.

5) Het ontstaan van een socialisme dat als filosofisch-ideologisch fundament een “wetenschappelijk” mechanistisch en individualistisch denken heeft.

Dit vijfvoud aan feiten heeft het socialisme gestimuleerd, georganiseerd in de 2de Internationale, daarna het communisme in de 3de Internationale en tenslotte het trotskisme in de 4de Internationale (de veelvuldige afsplitsingen en dissidenties niet meegeteld); om de meest mechanistische, machinistische en anorganische Verlichtingsideeën aan te nemen én de meer pragmatische, organische en culturele stromingen af te wijzen als reactionair, gericht tegen de “emanciperende” Verlichting. Indien het socialisme is ten onder gegaan, dan is het precies te wijten aan dat cultiveren van een waarachtig geloof in die mechanistische religie die zich “wetenschappelijk” achtte en onderuit is gehaald door bevindingen in de fysische wetenschap, vanaf 1875 met de ontdekking van het thermodynamica-principe, met de kwantumfysica en de opgang van de biologische wetenschappen, enz… Het socialisme heeft een eeuw overleefd na de ondergang van haar mechanistische “epistemologie”.

Indien het socialisme, als particratisch systeem verankerd in de Europese geschiedenis, zich had gericht op de organicistische metaforen uit het denken van herder en het romanticisme, dan was het vandaag de dag allicht nog springlevend geweest. Elke beoefening van politieke die de individualistische methodologie afwijst, moet breken met de mechanistische paradigma’s zoals geïllustreerd door de paradigma’s van het uurwerk en de machine(2).

In feite ware een inzet op het « metafoor van de boom » democratischer geweest : de aandrijvende kracht van de machine is exterieur aan de machine, net zoals de despoot exterieur is aan het volk waarover hij heerst. Het principe van de boom als drijvende kracht, zijn bron van energie, zijn allereerste impuls, huist namelijk in zijn innerlijkheid. De boom regeert zichzelf, zijn levensbestaan is niet afhankelijk van een exterieure kracht die een sleutel hanteert of een raderwerk in gang zet om te bewegen of te “leven”. Ter vergelijking, een organisch socialisme, dus niet langer mechanistisch, had kunnen voortkomen uit de geschiedenis zelf van een volk dat het regeerde en beschermde. De geschiedenis heeft ons geleerd dat de socialistische oligarchiën de fout hebben begaan om uit het volk te treden, of een volk te regeren dat vreemd was aan henzelf in naam van een zeer hypothetische « internationale solidariteit », zonder (nog langer) te begrijpen wat de innerlijke motivaties van dat volk zijn. De kritieken van een Roberto Michels over de Verbürgerlichung, Verbonzung und Verkalkung (verburgerlijking, progressieve dominantie van de partijbonzen, sclerose) en de harde, bittere satire van een George Orwell in Animal Farm, waar de varkens uiteindelijk meer gelijk worden dan de anderen zijn hierover veelzeggend en tonen aan, voor zover nog nodig, dat de socialisten en de sociaal-democraten onderhevig zijn aan die politieke zwakheid, het is te zeggen, de zwakheid die erin bestaat een ideologie aan te nemen zonder diepgang die ertoe leidt dat ze in de marge van de bevolking belanden, hun socialistisch discours sterk relativeert en in de praktijk tot het omgekeerde leidt. De oligarchisering van de socialistische partijen is een permanent risico die het socialisme bedreigt, juist door toedoen van de “bonzen” die weigeren op te gaan in een volkslichaam, dat ze van nature uit als onvermijdelijk irrationeel beschouwen maar die vaak ontsnapt aan het kraakheldere schematisme van de beredeneerde Rede die hen eigen is.

Vandaag de dag verklaren de socialismes van verschillende kleuren en strekkingen de erfgenamen te zijn van de Franse Revolutie. Hoewel, het is de Franse Revolutie die de rechten op vereniging van bouwvakkers, handarbeiders, knechten,… alsook de beroepsverenigingen onderdrukt. Zij kiest daarentegen voor een puur individualistisch recht, gericht tegen de verenigingsrechten en de gedifferentieerde aanpak van de sociale kwestie. Gedurende de ganse 19de eeuw trachtten de werknemers hun traditionele verenigingen opnieuw te vestigen, ondermeer via het syndicalisme en in Engeland via een communautaristische vorm van socialisme: het guild-socialism. Maar de oligarchen van de socialistische partijen daarentegen hebben gekozen voor hun reële ideologie, nochtans tegengesteld aan het socialisme dat ze pretendeerden te verdedigen. De opeenvolgende breuken, afsplitsingen, de verschillende mutaties van het linkse discours zijn au fond gebaseerd op de weigering van het individualistisch mechanisme van deze “revolutionaire” Verlichtingsideologie. Nu de partijoligarchen, de “bonzen” zoals Roberto Michels hen noemt, een gedrag vertonen dat niet door de beugel kan, gelet op de betrokkenheid in maffieuze netwerken (zoals Craxi in Italië of de zaak Cools in België die leidde tot de naam “Palermo-aan-de-Maas”), vertaalt de malaise zich aan de basis door een desertie van het electoraat, en aan de top bij de intellectuelen, door een verandering in paradigma’s en dikwijls ook een terugkeer naar de onuitroeibare nostalgie van de gemeenschap. Vandaag praat men in de cenakels van denkend links, waaronder in de Verenigde Staten, opnieuw over “communautarisme”. Een discours die er hen toe verplicht opnieuw verbanden en waarden te herontdekken die tijdens de Franse Revolutie en het Bonapartistisch avontuur enkel door “contra-revolutionairen” werden verdedigd of geanalyseerd.

Algemeen kan men stellen dat de historiografische bronnen die gerelateerd zijn aan de contra-revolutie, bij de contra-revolutionaire auteurs duidelijk wijzen op een wil tot terugkeer naar het Ancien Régime en de klerikale en aristocratische elites opnieuw in het zadel wil helpen die er door de revolutie waren uit gelicht. Anderzijds zijn er bij die als “contra-revolutionair” beschouwde auteurs ook diegenen die autonomie van de werkenden, de arbeiders,… willen herstellen waarbij de extreme individualisering van het eigendomsrecht in bourgeois-recht dat vanaf 1789 triomfeert en finaal ook gecodificeerd wordt. Iets wat men nooit had durven doen tijdens het Ancien Régime, zelfs niet toen een langzame erosie van de solidariteitstradities was ingezet sinds een tweetal eeuwen. In Frankrijk vond de verdwijning van de orden eerder plaats dan elders in Europa. De situaties varieerden volgens de provincies. In het westen wegen de afnames van de heerlijkheden en het leenrecht zwaar door, in het zuiden en de streken rond Lyon en Parijs zijn ze praktisch volledig verdwenen. Aan de vooravond van de Revolutie heeft de boerenstand, de basis van de bevolking want de industriële revolutie is nog niet gestart en de arbeiders zijn kwantitatief nog beperkt in omvang, een afkeer van de verhoogde heffingen door klerken en de fiscus, maar dringen aan op het behoud van de collectieve goederen die vrij ter beschikking staan van de dorpsgemeenschap. Indien er opstanden en rellen zijn voor 1789, dan zijn die gericht tegen de bezitters van “rechten op heerlijkheden” en tegen hen die een private eigendom vestigen op een oude collectieve grond. Men zou dus kunnen denken dat de Franse boerenstand die vijandig staat tav “rechten op heerlijkheden” omdat ze een inbreuk vormen op gemeenschappelijke gronden, toegewijd was aan de republikeinse ideeën. Maar hun waaier van eisen en verzuchtingen herhaalt zich na de grote omwentelingen die Frankrijk overspoeld hadden: de revolutionaire assemblees voeren de belastingen opnieuw in en verzwaren ze nog, de grondlasten zijn nog zwaarder dan tijdens het Ancien Régime (november 1790). De historicus Hervé Luxardo stelt dat men aandrong op een “een revolutie binnen de revolutie”: de bourgeoisie vervangt het Ancien régime in de steden, installeert haar macht die de boerenstand schade toebrengt en die geleidelijk aan ertoe leidt dat de vijandigheid die men had t.a.v. de adel zich nu ent op de bourgeois die eigenaars zijn geworden van de oude collectieve goederen, op de nieuwe bezitters, de “foutus bourgeois” zoals een revolterende boer uit de Dordogne hen noemt in 1791. De revolte van het platteland maakt geen onderscheid tussen een edelman als dienaar van de koning of een bourgeois als aanhanger van de revolutionaire theorieën. Wanneer de revolutionaire staat de goederen van de Kerk verkoopt als zijnde “nationale goederen” aan particulieren in plaats van ze te herverdelen onder dorpelingen raken de gemoederen opgehitst en slaat in het westen van het land de vlam in de pan: opstanden in de Vendée en in Bretagne.

Erger nog, zo meldt Hervé Luxardo, in december 1789 vernietigen de nieuwe regeerders de laatste volksvergaderingen waar alle familiehoofden konden stemmen, door hen te vervangen door verkozen gemeenteraden waar enkel de “citoyens actifs” (lees: de rijksten!) kon voor stemmen! Deze maatregel maakte een einde aan de legende dat de Franse Revolutie “democratisch” was. Vanaf dan zouden de nieuwe notabelen die afgescheiden van een volk dat geen inspraak meer had, de collectiever goederen naar hun eigen goeddunken gaan beheren, het leidde op 28 september 1791 tot een plattelandswet die praktisch elk recht op het genieten van de vruchten van collectieve gronden, weiden, bossen verbood. Een catastrofe in de winterperiode die schaarste en hongersnood bracht bij de armste plattelandsbewoners. Een andere Franse historicus die kritisch staat t.a.v. de Franse Revolutie, René Sédillot, schrijft: jammergenoeg “is het voor bejaarden, weduwen, kinderen, zieken, armen om koren bijeen te rapen na de oogst, om te genieten van nagras, om stro te verzamelen voor bedekkingen, om druiven op te pikken na de wijnoogst, om kruiden en grassen bijeen te harken na het maaien (…) het is niet langer toegelaten voor de kuddes om vrije toegang te hebben tot de stoppelvelden en braaklanden.” Kortom, met één pennentrek elimineerde de wetgevende bourgeoisie de enige sociale zekerheid dat deze armste groepen hadden. Deze lacune zou ertoe leiden dat er arme klassen , “gevaarlijke klassen” ontstonden volgens de heersende terminologie. Het platteland kon niet langer alle dorpelingen voeden, wat een exodus veroorzaakte naar de steden of naar de kolonies, voeding gevend aan het ontstaan van een agressief en wanhopig socialisme.

In de steden waren de beroepen georganiseerd in gilden (meesters-chefs en werknemers-gezellen) en in gezellenverenigingen (zonder de meesters-chefs). De gezellenverenigingen organiseren de solidariteit tussen de werknemers-gezellen en staken indien hun verzuchtingen niet gehoord worden. De Frans-revolutionaire wetgever Isaac Le Chapelier veegt met één pennentrek de mogelijkheid van tafel om nog syndicaten te benoemen, kortom om er nog te stichten, en zelfs alle samenwerking van gesalarieerden mogelijk te maken. Sédillot: “De wet Le Chapelier van 14 juni 1791 maakte een einde aan al wat kon bestaan aan werknemersvrijheden.” Later veronachtzaamt de Code Civil de arbeidsregels en –wetten. Het Consulaat van Bonaparte herstelt de politionele controle op de werknemers door het “livret”, een arbeidsboekje, in te voeren. Geen enkele vorm van links kan geloofwaardig zijn indien het terzelfder tijd pretendeert erfgenaam te zijn van de Franse revolutie, partizaan van haar ideologie, en de werkende klasse te verdedigen. De Waalse Parti Socialiste is in flagrante tegenstelling met de essentie van het socialisme en de sociale solidariteit wanneer haar tenoren zoals Philippe Moureaux en Valmy Féaux geestdriftig de lof bezingen van de “Grote Revolutie” en zonder verpinken de ontelbare schurkenstreken van de sansculotten. De ganse sociale strijd van de 19de eeuw is in feite een protest tegen en een weigering van die wet Le Chapelier. In filosofische termen is de mechanistische ideologie uit het revolutionaire tijdperk van de Franse republiek niet in staat om de solidariteit te verzekeren en was de aanzet tot een ernstige sociale achteruitgang.

De gebeurtenissen van de Franse revolutie en het opkomen van de industriële revolutie in Engeland leidden tot een nieuw economisch denken van een wiskundig-rekenkundig type waarbij dat van Ricardo in het oog springt. Geen enkele historische of geografische context wordt in rekening gebracht en men zou moeten wachten op de Duitse « Historische Schule », het Kathedersozialismus en het institutionalisme (wat overigens Amerikaans is) om parameters te herintroduceren in het economisch denken die rekening houden met de omstandigheden, geschiedenis, geografie. Meteen werd ook het absurde idee ondergraven dat er één enkele economische wetenschap is die universeel alle bestaande, werkende economieën in de wereld kan sturen.

Bijgevolg is het socialisme een reactie tegen de Aufklärung zoals zij werd geïnterpreteerd in de Franse revolutie en door wetgevers zoals Le Chapelier. Het socialisme is dan ook, gelet op haar drijfveren aan het begin van haar levensloop, fundamenteel voor het behoud van de organische vrijheden, gemeenschappelijke goederen en de wijzen van organisatie in gilden en gezellenverenigingen. Die drijfveren zijn « juste » (juste afgeleid van het Latijnse ius, recht). Maar als het socialisme zoals we het nu kennen een mislukking, een onrechtvaardigheid of zelfs oplichterij is, dan is dit omdat het de verzuchtingen van het volk verraden heeft net zoals de Franse revolutionairen hun boeren hebben verraden. Een socialisme dat gedragen wordt door een historische en organische inhoud, gekoppeld aan een economische doctrine die schatplichtig is aan de Historische Schule en het Kathedersozialismus moet overnemen waar een vals socialisme dat gedecontextualiseerd, mechanistisch is en gedragen wordt door wiskundig-rekenkundige economische doctrines en een Frans-revolutionaire ideologie.

Robert Steuckers

Bibliografie:

- F.M. BARNARD, Herder’s Social and Political Thought. From Enlightenment to Nationalism, Clarendon Press, Oxford, 1965.
- Michel BOUVIER, L’Etat sans politique. Tradition et modernité, Librairie générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, 1986.
- Louis-Marie CLÉNET, La contre-révolution, Presses universitaires de France, Paris, 1992.
- Bernard DEMOTZ & Jean HAUDRY (Hrsg.), Révolution et contre-révolution, Ed. Porte-Glaive, Paris, 1989.
- Jean EHRARD, L’idée de nature en France à l’aube des Lumières, Flammarion, Paris, 1970.
- Georges GUSDORF, La conscience révolutionnaire. Les idéologues, Payot, Paris, 1978.
- Georges GUSDORF, L’homme romantique, Payot, Paris, 1984.
- Panajotis KONDYLIS, Die Aufklärung im Rahmen des neuzeitlichen Rationalismus, DTV/Klett-Cotta, München/Stuttgart, 1986.
- Panajotis KONDYLIS, Konservativismus. Geschichtlicher Gehalt und Untergang, Klett-Cotta, Stuttgart, 1986.
- Jean-Jacques LANGENDORF, Pamphletisten und Theoretiker der Gegenrevolution 1789-1799, Matthes & Seitz, München, 1989.
- Hervé LUXARDO, Rase campagne. La fin des communautés paysannes, Aubier, Paris, 1984.
- Hervé LUXARDO, Les paysans. Les républiques villageoises, 10°-19° siècles, Aubier, Paris, 1981.
- Stéphane RIALS, Révolution et contre-révolution au XIX° siècle, DUC/Albatros, Paris, 1987.
- Antonio SANTUCCI (Hrsg.), Interpretazioni dell’illuminismo, Il Mulino, Bologna, 1979 [in dieser Anthologie: cf. Furio DIAZ, “Tra libertà e assolutismo illuminato”; Alexandre KOYRÉ, “Il significato della sintesi newtoniana”; Yvon BELAVAL, “La geometrizzazione dell’universo e la filosofia dei lumi”; Lucien GOLDMANN, “Illuminismo e società borghese”; Ira O. WADE, “Le origini dell’illuminismo francese”].
- René SÉDILLOT, Le coût de la révolution française, Librairie académique Perrin, Paris, 1987.
- Barbara STOLLBERG-RILINGER, Der Staat als Maschine. Zur politischen Metaphorik des absoluten Fürstenstaats, Duncker & Humblot, Berlin, 1986.
- Raymond WILLIAMS, Culture and Society 1780-1950, Penguin, Harmondsworth, 1961-76.

(Vertaald uit het Frans) Bron : Synergies Européennes, Stocker Verlag (Graz), Nouvelles de Synergies Européennes, Novembre, 1994

La Russie face à l'hégémonie américaine

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Pierre MAUGUE:

 

La Russie face à l'hégémonie américaine

 

Cet article de notre regretté Pierre Maugué, extrait du n°45 de "Nouvelles de Synergies Européennes", garde une certaine actualité et mérite encore une lecture attentive

Si le démantèlement de l’Union soviétique a soustrait au pouvoir de Moscou d’immenses territoires[1], la Fédération de Russie n’en demeure pas moins le plus grand pays du monde par sa superficie ( 17 075 400  km2 )  [2]. Le nouvel Etat n’a plus toutefois le statut de superpuissance qui permettait à son prédécesseur de parler d’égal à égal avec les Etats-Unis.

En dépit de son immense potentiel de développement, l’é­conomie russe, dans la phase de transition qu’elle traverse, re­présente  à peine 1% de la production mondiale[3]. Si la Rus­sie continue à peser d’un certain poids sur l’échiquier international, c’est en raison de son importance sur le plan géopolitique et de son armement nucléaire qui, en dépit des réductions intervenues, continue à constituer pour les Améri­cains une menace militaire non négligeable.

La Fédération de Russie, comme l’ancienne Union soviéti­que, ne jouit pas d’une homogénéité ethnique. Des 89 en­tités qui la composent, 21 sont des républiques ayant une ba­se ethnique, les 68 autres étant de simples  régions ad­ministratives. L’ethnie russe demeure toutefois largement majoritaire et représente 80% de la population.

Des républiques ethniques virtuellement indépendantes de Moscou

Après la disparition du système planifié et centralisé de l’Union soviétique, une large décentralisation s’est mise en place ; les républiques et  régions de Russie ont ainsi obtenu le droit de passer des accords avec des entités étrangères, pour autant que ces accords ne soient pas en contradiction avec la constitution russe. Plusieurs autorités locales ont mê­me obtenu le droit d’établir leur propre consulat à l’étran­ger. Sur le plan économique, les républiques peuvent aussi participer de manière indépendante au commerce extérieur, et il leur est permis d’exporter et d’importer des matières premières et des produits manufacturés sans autorisation du gouvernement central. Les républiques du Tatarstan et du Bashkortostan se sont ainsi dotées d’une représentation officielle indépendante de Moscou dans des organisations éco­nomiques internationales, et l’on peut voir une concur­ren­ce se développer entre les différentes  républiques et ré­gions de Russie pour attirer les investissements étrangers. Les résultats de cette concurrence sont toutefois très iné­gaux puisque 90% de tous les investissements étrangers se concentrent dans dix régions ou républiques, la ville de Mos­cou en attirant à elle seule 70%.

Le panturquisme a le vent en poupe

Mais cette décentralisation très poussée peut aussi avoir des conséquences politiques indésirables. On a pu voir ainsi des représentants des régions du Bashkortostan, Daguestan, Sak­ha, Tatarstan, Tuva, Khakassia et Chuvashia prendre part en 1998 à une réunion de la communauté pan-turque ; lors de cette réunion a été reconnu officiellement la Répu­blique turque de Chypre – décision en contradiction avec la position officielle de la Russie sur le conflit cypriote, et de nature à compliquer les relations déjà délicates de  Moscou avec la Grèce et la Turquie. De la même manière, avant que la guerre de Tchétchènie n’enflamme le pays, les autorités tchétchènes étaient en train de promouvoir activement la for­mation d’un marché commun  du Caucase afin de stimuler l’in­té­gration économique des pays du nord de la région (fai­sant partie de la Fédération de Russie) avec ceux du sud (indépendants de la Russie). Enfin, sur la Baltique, les diri­geants de la région de Kaliningrad (anciennement Königs­berg) —enclavée entre la Pologne et la Lituanie, et dont une partie de la population est d’origine allemande— souhaite­raient transformer  celle-ci en une zone économique à statut particulier, l’objectif étant d’attirer les investissements étran­gers et de développer les relations économiques avec la Finlande, l’Allemagne, la Scandinavie et les Etats baltes.

Fractionner pour régner… sur les gisements de gaz naturel

La faiblesse du pouvoir central russe pourrait être pour les Américains une tentation d’attiser les forces centrifuges qui agitent la Russie, de pousser à son démantèlement (comme ils le firent pour l’URSS) et de favoriser la naissance de pe­tits Etats aptes à devenir de nouveaux satellites. Cette tenta­tion pourrait être d’autant plus grande du fait que le territoire russe recèle d’importantes réserves de pétrole et de gaz na­turel. Mais la politique du diviser pour régner, qui a si bien réussi aux Britanniques au Moyen-Orient, n’est pas aussi fa­cile à manier à l’égard d’une puissance nucléaire comme la Russie, dont les réactions peuvent être imprévisibles. Elle accentuerait en outre le risque de prolifération des arme­ments nucléaires que favorise déjà l’état de semi-anarchie qui règne actuellement en Russie, et qui constitue un des soucis majeurs des Etats-Unis.

Des mises en garde ont été formulées aux Etats-Unis mê­mes, dans des milieux proches du pouvoir, à l’égard d’une politique dont les conséquences pourraient se révéler incon­trôlables, et qui risquerait notamment de conduire à un nou­veau rapprochement entre la Russie et la Chine. Mais le gou­vernement américain n’en a pas moins intérêt, pour des motifs géopolitiques auxquels la question pétrolière n’est pas étrangère, à maintenir un état de tension dans la région du Caucase, ne serait-ce aussi que pour tester la volonté du gouvernement russe  de défendre son intégrité territoriale.

Créer des républiques islamistes pour affaiblir le monde slave et orthodoxe

En Tchétchènie, comme en Bosnie et au Kosovo, l’objectif des Américains  pourrait être de créer un nouvel Etat isla­miste sur les flancs du monde slave et de la chrétienté  or­tho­­doxe. Préfiguration de ce qui se passera peut-être de­main aux dépens de la chrétienté occidentale (ou de ce qui en reste encore) ! 

Restaurer le pouvoir de l’Etat central, sans remettre en ques­tion le principe d’une décentralisation raisonnable, indispen­sable au développement de l’économie, faire comprendre aux Etats-Unis et à leurs satellites occidentaux que l’intégrité territoriale de la Russie ne peut d’aucune manière être re­mi­se en cause, telle va être la tâche la plus urgente à laquelle Pou­tine va devoir s’attaquer.

Quant à l’Europe, en s’alignant à chaque fois sur la politique étrangère américaine à l’égard de la Russie et du monde sla­ve orthodoxe, elle se trompe d’adversaire. Pour les Euro­péens, la Russie actuelle n’est un danger ni sur le plan mili­tai­re, ni sur le plan économique, ni sur le plan culturel ; elle constitue au contraire un élément indispensable d’une véri­table construction européenne,     En revanche les Etats-U­nis occupent militairement l’Europe sous couvert de l’OTAN, dominent la vie économique par le dollar, et imposent sans vergogne leur langue et leur « culture ».

Privilégier le nouvel impérialisme turc

Comme cela a déjà été démontré, l’Islam sert objectivement les intérêts des Etats-Unis, qui favorisent son expansion aux dépens de l’Europe, notamment dans les Balkans, où ils vi­sent à restaurer le pouvoir de leur allié privilégié, la Turquie. En outre, en s’installant massivement en Europe occiden­tale, les musulmans y constituent un facteur de déstabilisa­tion  qui, comme dans les Balkans, pourra être utilisé par Wa­shington le moment venu.

A la fin du XVII siècle,  l’armée turque pénétrait au cœur de no­tre continent et assiégeait Vienne, mais l’Empire des Habsbourg  avait alors la volonté et la capacité de battre l’envahisseur.. Aujourd’hui l’Islam réalise son rêve séculaire et s’installe partout en  Europe ; mais à Bruxelles, comme ja­dis dans Constantinople assiégée, on discute du sexe des an­ges ! Poids lourd du point de vue économique, l’Europe est devenue un nain politique ; l’hégémonie américaine, s’ap­puyant sur l’Islam, a encore de beaux jours devant elle.

Pierre MAUGUÉ.

Notes:

(1) Dont l’Ukraine, où se situe la ville de Kiev, qui fut le berceau de la nation russe

(2) La superficie de l’URSS était de 22 400 000 km2

(3) En 1998, le produit intérieur brut (P.I.B.) de la Russie a été de 276.611 millions de dollars, soit 0,96% du total mondial. (28.736.978).A titre de comparaison, les Etats-Unis, avec 8.230.397 millions de dollars, représentent 28,64% de la production mondiale, l’Allemagne, 7,42%, la France, 4,96%, et la zone Euro de la Communauté européenne (donc sans le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark et la Grèce), 23,51%. A lui seul, le Japon représente 13,16 %de la production mondiale et a près de quatorze fois le poids économique de la Russie.

Bruce Begout: extrait de "Pensées privées"

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" Alors que la société occidentale a subi au cours des cinquante dernières années une érosion de ses traditions nationales et de ses rites sociaux, que ses classes sociales se sont fortement modifiées, perdant pour beaucoup d’entre elles leur habitus historiques et leurs principales coutumes, l’industrie de la culture a su proposer de nouveaux repères. Dans un monde social et urbain livré à la mutation permanente, à la décomposition et à la recomposition provisoires de toutes les valeurs qui lui servent d’assises, la société de consommation œuvre à la stabilité.

Elle crée une certaine inertie rassurante et répond à la demande sociale d’une cohérence continuée. Pour ce faire, elle constitue des points d’ancrage, des bornes d’identification : logo, marques, slogans, fidélisation. L’homme qui se trouve pris dans le tourbillon infernal de la vie sociale, de la mobilité et de la précarité du monde du travail, de la communication et des échanges urbains, éprouve un certain réconfort dans la standardisation des biens culturels et de consommation. Dépassé par les événements, il sait néanmoins qu’il retrouvera sa série télévisée chaque lundi soir et qu’il pourra acheter sa marque de yaourts favorite au supermarché, il sait également qu’il pourra ainsi compter sur la société de consommation qui ne le laissera pas tomber. Les marques font ainsi office de repères.

Face aux déficits des habitus sociaux, à l’impossible transmission d’une culture de classe, régionale ou nationale, elles s’engouffrent dans l’espace laissé vacant de l’Imitation et proposent des manières de vivre clefs en main qui soulagent la peur de se réinventer soi-même à chaque instant. Les biens culturels comme les marchandises aident ainsi à produire le Même, de l’itération générale et réconfortante. Aussi tout l’espace de la consommation de masse prend-il de plus en plus l’aspect d’une ritualisation de la vie quotidienne. Ce ne sont plus les mythes, les récits et les formes de vie traditionnelles qui fournissent la répétition nécessaire à la reproduction sociale et à l’entretien continuel de la mémoire. La visite hebdomadaire au centre commercial comme le calendrier des programmes télé pourvoient les hommes en jalons spatio-temporels quotidiens. "

Bruce BEGOUT, Pensées privées. Journal Philosophique, Grenoble, Millon, 2007, p. 196.

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vendredi, 08 février 2008

Citration d'Arnaud Imatz

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Citation d'Arnaud Imatz

"Le carlisme populaire sous la monarchie bourgeoise, la tentation césarienne sous l’Empire, l’agitation boulangiste et nationaliste au tournant du siècle, l’Action française à ses débuts, le « socialisme fasciste » dans l’entre-deux guerres, le gaullisme dans l’après guerre, comme certains ralliements électoraux du temps présent, le démontrent : la rencontre d’une partie du monde du travail avec la tradition nationale populiste, pour être partielle et plus ou moins éphémère, n’en est pas moins une réalité récurrente de la France et de l’Europe contemporaines. La clé de cette réalité réside pour une bonne mesure dans l’aptitude du socialisme national à dépeindre et à dénoncer sans complaisance la malédiction de l’Or, le châtiment des envieux, la corruption des mœurs, la dérision des médiocres, le ridicule et l’égoïsme sordide des nouveaux riches. « On résiste au pouvoir de l’argent par ce qu’on a de traditionnel en tant qu’on est fils d’une race, le croyant d’une religion, l’homme d’une terre, l’artiste obscur d’un métier – écrit Abel Bonnard. C’est pourquoi les financiers détestent d’instinct tout ce qui empêche les hommes d’être absolument pareils. Ils ne voudraient avoir affaire qu’à de la poussière humaine ».

Pour Proudhon, Sorel, Péguy, la prédominance des idées économiques a pour effet non seulement d’obscurcir la loi morale, mais aussi de corrompre les principes politiques. Le respect des anciens, des parents, des enfants, de la femme, de la famille, du foyer, le respect de soi-même, le respect de toutes les supériorités, de toutes les traditions, le sentiment dominateur des sacrifices à consentir pour la famille et la communauté, sont au cœur de leurs préoccupations. Pour eux, le vrai socialisme n’est nullement une école du petit bonheur bourgeois, mais une conduite de vie, une manière de retrouver le sens de l’honneur, de la noblesse d’âme, de l’héroïsme et du sublime ». "

Arnaud IMATZ, Par delà droite et gauche. Permanence et évolution des idéaux et des valeurs non conformes, Paris, Godefroy de Bouillon, 1996, p. 130-131.

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Franchet d'Esperey à Istanbul

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Franchet d'Esperey à Istanbul

8 février 1919 : Le Général français Franchet d’Esperey entre, monté sur un beau cheval blanc, dans Istanbul, après la capitulation, le 30 octobre 1918, de l’Empire Ottoman, battu et assiégé sur son flanc méridional par les Anglais, qui avec Lawrence d’Arabie avaient soulevé contre la Sublime Porte les tribus arabes, et menacé dans les Balkans par les Alliés venus de Salonique, qui contraignent, le 26 septembre 1918, la Bulgarie, alliée des puissances centrales, à capituler. Franchet d’Esperey est acclamé par les chrétiens de la ville, heureux, croient-il, d’échapper définitivement au joug pesant des Turcs. Ironie de l’histoire : c’est un général français qui entre triomphalement dans la capitale d’un Empire que la France avait courtisé pendant plus de deux longs siècles pour qu’il mette l’Europe centrale et orientale à feu et à sang, des côtes pontiques à l’Adriatique et de la Valachie à Vienne.

L’arrivée des troupes de Franchet d’Esperey ne résout évidemment aucun problème : les Alliés occidentaux, qui ne comprennent rien aux dynamiques de la région, avaient promis tout et n’importe quoi aux peuples des Balkans et du Proche-Orient (exemples : la Palestine tout à la fois aux Arabes et aux Juifs ; Mossoul aux Kurdes et aux Arabes, etc.). Cet imbroglio, et, partant, cette paix ratée, prouvent que l’Occident  -plus particulièrement la France et l’Angleterre-  n’a aucune vocation d’ordre, mais n’est que vecteur de chaos et de dissensus. La plupart des conflits actuels proviennent de l’impéritie des diplomates français et britanniques de 1919.  

 

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jeudi, 07 février 2008

Toespraak Eddy Hermy (4 dec. 07)

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Toespraak Eddy Hermy, Fête de l'Identité

1968, het revolutionair jaar. Ik was een arbeider. Voor mij was er niet zoveel magie aan 1968. Op het werk en in mijn omgeving was het gewoon werken en leven… zonder de revolutie. Die revolutie gebeurde in een andere wereld. Toch ga ik uit nieuwsgierigheid luisteren naar een paar studentenleiders die in mijn jeugdclub kwamen spreken. Daar hoorde ik Ludo Martens en Paul Goossens, twee oprichters van de Derde Wereld Beweging – AMADA, partij in opbouw. Ik neem contact op met de plaatselijke afdeling, maar het is een studentikoos gedoe en heb maar een los contact met de beweging. Ik doe mijn legerdienst.

Na mijn legerdienst zoek ik opnieuw contact en de sfeer en de mensen zijn veranderd. Het is nu een communistische groep geworden die de marxistische werken bestudeerd en die het maoïsme als leidraad heeft. Ik ben een leek, ik weet niets van ideologie, niets van filosofie en - buiten dat ik veel moet werken voor weinig geld - weet ik ook niks van economie. Ik ben de enige arbeider van de groep. In het grotere geheel zijn er nog geen tien arbeiders. Ik voel mij zo stom tegenover die andere kameraden die in een andere wereld leven en van alles weten. Ik studeer…

De groep ondersteunt mij en helpt mij op alle mogelijke manieren. Ze geven mij boeken. als ik vragen heb wordt er alles aan gedaan om mijn vragen te beantwoorden. Ik leer snel. Mijn leven is nu gericht op studie en onderzoek. Ik leer pamfletten schrijven en men dwingt mij om in het publiek te spreken. Ik moet ook spreken namens de groep op debatavonden. Ik ga vele malen op mijn bek. Zeker tegenover Trotskisten moet ik het afleggen. Ze zijn goed ideologisch onderlegd. De leiders van de beweging willen die beweging omvormen tot een echte communistische partij. We moesten Lenin’s boek “Wat te doen” lezen. Dat gaat over de partijopbouw. Ik was intussen goed dialectisch gevormd en was een keihard voorstander van de oprichting van een maoïstische partij.

Vele burgerlijke leden haakten af. Ze vonden dat we een soort stalinistische dictatoriale partij voor ogen hadden. Dat was uiteraard ook zo. Daar konden de meeste kameraden niet mee leven. Velen van die kameraden zijn dan een mars door de instellingen begonnen. Ze hadden sympathie voor de communistische wereldvisie, maar meenden dat ze via de instellingen beter resultaten konden bereiken. Ze hadden gelijk. Ze zijn nu zo wat in de gehele maatschappij geïnfiltreerd. En wat belangrijk is, ze hebben via het onderwijs de nieuwe generaties gekneed. Toen we uitgediscuteerd waren, was er nog maar een fractie over van het oorspronkelijke ledenaantal van de organisatie. Maar het was een keiharde fractie, het was een soort militair politiek, ideologisch commando. Het was een communistische, leninistische partij geworden. De strijd kon beginnen.

Er werden cellen opgericht die rond bepaald fabrieken werkten. Ik was celleider in de fabriek waar ikzelf werkte en lid van een andere cel rond een andere fabriek. Zo kon je leren van de strijdmethode in een andere fabriek en konden anderen leren van jouw activiteiten. In marxistisch jargon noemde men dat ‘van de massa naar de leiding en van de leiding naar de massa’. Zo kon men een massalijn ontwikkelen.

De inzet was volcontinu. Er waren geen vrije dagen. Aan fabrieken pamfletten uitdelen, pamfletten schrijven, de werken van Mao, Lenin en Stalin bestuderen, op huisbezoek gaan bij sympathiserende arbeiders om te weten wat er in de fabriek leeft, rapporten schrijven over je celleden en over de enquêtes bij sympathisanten, vergaderen, … Door de klassenstrijd centraal te stellen doet men aan revolutionaire opvoeding noemden we dat.

Ik infiltreer in de socialistische vakbond in opdracht van de partij. In de partij beslis je niet zelf waarvan je lid wordt, de partij beslist voor jou. Jij voert dat uit. Dat noemt democratisch centralisme. Bezwaren schriftelijk indienen, intussen taken uitvoeren. Ik laat mij op bevel van de partij verkiezen tot vakbondsafgevaardigde op mijn werk. Dat is niet moeilijk, de collega’s noemden mij toen al Mao. De strijd op alle commandoposten voeren en het maoïsme als leidraad nemen heet dat.

Ik zal samen met mijn cel 5 stakingen leiden in 4 jaar tijd alleen al in de fabriek waar ik werk. De spanning tussen mij en de directie zijn zo hoog dat ze beslissen om voor mij een apart gebouwtje te zetten. Daar mag ik dan 8 werkuren per dag recht staan en niets doen. In opdracht van de partij maak ik er een propagandalokaal van. Ik hang het vol met posters van Lenin en Mao. Ik ga mij een stoel halen in de refter en begin van ‘s morgens tot de ‘s avonds te lezen. Ik heb door de wet echter het recht om in de fabriek rond te lopen om met onze vakbondsleden te praten, maar ik moet eerst de directie verwittigen. Als ik buiten mijn kotje kom krijg ik dan direct het gezelschap van een ingenieur die mij overal volgt. Er durft niemand nog tegen mij te praten. Ik ben totaal geïsoleerd.

De vakbondsleiders in Oostende geven mij een kans. Ik mag naar de arbeidershogeschool en zij betalen mij een loon. Ze zeggen dat mijn inzet voor het socialisme op een productiever manier kan. Dat revolutionair gedoe moet ik nu als een voorbije fase in mijn leven zien zeggen ze. Ik leg dat voor aan de cel en aan de hogere leiding van de partij. Het feit dat ik nog maar gehoor durf te geven aan zulke defaitistische praat van de sociaalfascisten (dat zijn de sociaaldemocraten van de vakbond) toont aan dat ik een rechtse burgerlijke afwijking heb.

De vakbondsleiders denken dat ik beïnvloed ben door hun praat en bieden mij aan om een tussenkomst te houden op het volgende nationale congres. Zij zullen wel een tekstje maken. De echtgenote van Allende zal het congres bijwonen. Haar man is kortgeleden vermoord door de pro-Amerikaanse junta. Ik moet aan de partij bewijzen dat ik niet toegeef aan mijn defaitisme en deze congrestussenkomst is het gedroomde moment om mijn trouw aan de partij te confirmeren. Door kritiek en zelfkritiek je opvoeding ter hand te nemen. De massalijn door de partij uitgezet trouw volgen. De revolutionaire commandopost niet verlaten noemen ze dat.

Ik geef een vlammende toespraak op dat congres en beweer trouw aan de partijlijn dat de vakbondsleiders die op het podium zitten te glunderen mede verantwoordelijk zijn voor de dood van Allende omdat sociaaldemocraten niet bereid zijn de proletarische revolutie te voeren en ze zo de kans geven aan de reactie om onze mensen te vermoorden. De echtgenote van Allende valt om mijn hals, maar de vakbondstop kijkt vijandig in mijn richting. De partij was tevreden. De revolutie op het voorplan zetten. Het marxistisch / leninistisch denken van Mao Tse Toeng studeren en toepassen, het revisionisme bekampen luidt het!

Een paar weken later moest ik op het kantoor van de directeur van de fabriek komen. De plaatselijke vakbondsleider zat broederlijk naast de directeur. Met veel plezier vertelde ze mij dat ik kon ophoepelen en dat de vakbond de directie alle steun gaf. Als ik buiten het kantoor kom staan er al twee BOB’ers en vier rijkswachters en word ik in handboeien naar buiten gesleept. Exit werk en exit vakbond.

De partij is niet onder de indruk. De inzet van onze kameraden is een bewijs van de slagkracht van de gedachten van Mao Tse Toeng en de partijlijn van AMADA. Nadat we met een commando de fabriek binnenvallen en alles plat leggen krijg ik nog een schadeclaim van 10 miljoen Belgische franken aan mijn broek. Dat is nu nog veel maar in die tijd kon je daar 3 huizen voor kopen.

Door de jarenlange strijd en de steeds grotere druk van de partij ben ik volledig opgebrand. Ik ben 25 jaar en een staatsvijand. Ik heb zoveel stakingen in de laatste jaren mee georganiseerd in verschillende bedrijven over geheel Vlaanderen dat de BOB politieke sectie mij als een absoluut gevaar ziet. Ik vind nergens werk meer en de partij vindt nu ook dat ik een proefperiode moet doen om aan te tonen dat ik wel degelijk een goede communist ben.

De leiding is namelijk bezig met een rectificatiebeweging. En iedereen moet nu terug naar af. Het komt eigenlijk neer op een gestuurde zuivering. Een rectificatiebeweging heeft tot doel de leden op te voeden en door de opvoeding de klassenvijanden die in de partij zijn geïnfiltreerd op te sporen en te vernietigen. Iedereen is gehouden aan de campagne mee te doen vermits iedereen afwijkingen heeft. Zo noemen ze dat daar. Oude en misvormde wereldopvattingen krijgen de boventoon als men ook niet binnen de partij de revolutie voert noemen ze dat. Strijd tegen je eigen burgerlijke wereldopvattingen is een garantie tot je proletarische omvorming. Ik ben al proleet sinds ik geboren ben. Ik geef kritiek op de leiding en op de partij. Ik ga naar Ludo Martens, mijn kameraad en leider denk ik. Hij maakt een rapport over ons gesprek met als titel “De crypto-fascistische gedachten van het lompenproletariaat”. In het communistische beschuldigingjargon bestaat er niets dat zwaarder weegt dan een door-het-fascisme-besmette lompenproleet: het is niet meer op te voeden, het is een te doden klassenvijand. Ik was een fascist. Ik werd uit de partij gezet. Ik was voor de overheid een staatsvijand en voor mijn communistische ex-kameraden was ik een vijand van het internationaal proletariaat. Ik verdwijn 3 jaar van het toneel.

Via kameraden leer ik de VMO-leider Eriksson kennen. Eriksson is vlug bereid om mij op te nemen. Hij zegt dat de VMO ook voor sociale emancipatie van de Vlaamse arbeider staat. Een ex-communist kan een bijdrage leveren om dat idee meer te benadrukken. Ik zal in de VMO actief blijven tot de ontbinding en tijdens die periode zal ik vele acties voeren. Een van die acties kost mij drie maand effectieve gevangenisstraf. Met de veroordeling van de VMO inbegrepen, heb ik samen 3 jaar gevangenisstraf cadeau gekregen van de Belgische staat waarvan dus drie maand effectief.

Het zou plezant zijn om die anekdotes allemaal te vertellen, maar ik denk dat het interessanter is om mijn ideologische redenen voor mijn overstap hier te verduidelijken en tezelfdertijd mijn kijk op de zaken nu te geven. Antikapitalisme was mijn drijfveer om communist te worden. Het is ook mijn drijfveer om nationaal-revolutionaire te zijn. Ik zal dat met drie punten trachten te verduidelijken:

1. Ik ben voor een onafhankelijke Vlaamse staat. Ik ben tevens voorstander van een Waalse onafhankelijke staat. Waarom? Omdat volgens mij de Belgische staat een onderdrukkingsmechanisme is van een belangenkaste, weliswaar ontstaan door de geopolitieke toestand van de 19de eeuw, maar die intussen is uitgegroeid tot een omhulsel dat gebruikt wordt om twee volkeren te koloniseren. Het is een Belgische elite (in feite vooral het overblijvende Belgische kapitaal) dat België gebruikt als een privéonderneming. De Vlamingen zijn de grootste belangengroep en het is dus niet correct om te stellen dat Walen de Vlamingen onderdrukken. Neen, het is de elite (zowel financieel als politiek) die de onderdrukking organiseert. De transfers van kapitaal zijn eigenlijk een transfer naar de elite en naar de Belgische belangengroepen. Het geld wordt via consumptieve transacties van individuen (werkeloosheid, ziekenzorg, enz.) afgeleid naar de Belgische machtsgroepen. Vlaamse, respectievelijk Waalse, onafhankelijkheidstreven is dan ook vooral een strijd die gebaseerd zou moeten zijn op een antiliberalistische doctrine. Een antikapitalistische dus. De vroegere linkse Waalse separatisten gingen trouwens uit van dit uitgangspunt. Voor mij is de bevrijding uit de eenheidstaat een bevrijding uit het machtsmonopolie van de huidige sociaaleconomische machtsgroep. De Belgische machtsinstrumenten zijn voor het grootste deel al door de Belgische elite verkwanseld aan de Europese staatsmoloch. Dus moet regionale onafhankelijkheid gepaard gaan met een uitstapscenario uit de Eurocratie. Die Eurocratie is een product van de Europese tak van de conglomeraten en kapitaalmonopolies. Links geloofd in een wereldomvattende, proletarische revolutie, daarom ondersteunen ze ook de globalisering. Rosa Luxemburg zei: “De uitbreiding van de economische ruimte is belangrijker dan nationale onafhankelijkheid en het louter bestaan van staten.” Zij was een echte globaliste, maar zij was vooral een communiste. Ik, daarentegen, steun voor een nationale revolutie op het volk. Ik vind dat een welbepaalde klasse niet de plaats kan innemen van het volk omdat volkeren - en niet een specifieke klasse - in staat zullen zijn om een verdere globalisering tegen te houden. Daarmee kom ik tot mijn 2de punt.
2. Deze globalisering tast de autonomie van volkeren aan. Het is trouwens een globalisering die diepgaand is. De huidige globaliseringgolf is niet alleen een economisch gegeven, het is ook een ideologische, revolutionaire doctrine. Het is een messianistische verhaal dat dient om het ultraliberalisme als dominante levensfilosofie te vestigen over de gehele wereld. Het is in feite de mechanistische versie van de marxistische doctrine die een wereldstaat beoogd waar de voorhoede (de kapitalisten) alle tegenstellingen wegwerken en waar nodig onderdrukken. Het China van vandaag is een perfect voorbeeld. Het verenigd messianisme met het wildste kapitalisme. Het parool van de Chinese KP luidt nu: “Het is goed om rijk te zijn.” De pleidooien van de economische machtsgroepen om belangenconflicten via internationale instellingen te laten oplossen (internationale instellingen zoals de Wereldbank, de VN en andere) zijn antinationale instrumenten. Het zijn machtsinstrumenten die de supranationale doelstelling van de conglomeraten moet dienen. Alleen grote landen zoals de VS en straks China kunnen nog een nationale agenda voeren. Het wereldkapitaal en de grootste bedrijven zijn nu supranationaal. Ze staan buiten en boven nationale staten. Ze zijn volop bezig om dat nog verder te consolideren. Bij het afronden van deze golf van globalisering zullen ook de grote staten overgeleverd zijn aan de wereldconglomeraten. We zullen dan niet meer in termen van nationale economieën kunnen denken en staten zullen ook niet meer bij machte zijn om op een klassieke democratische manier invloed uit te oefenen op de economie. En hier maken partijen en groepen die zich rechts nationalistisch noemen een enorme denkfout. Bij grote sociale conflicten gaan die partijen steevast het bestaande economisch systeem verdedigen en steunen zijn niet ten volle de krachten die dat systeem willen veranderen of zelf willen vernietigen. Dat denken is nog een overblijfsel uit de 20ste eeuw waar men inderdaad grote kapitaalgroepen en middengroepen had die men wilde verenigen met het volk en men daarom niet meeging in harde economische strijd van andere groepen, zoals arbeiders. Net omdat men juist voor een stuk de nationale economie als volkseigen zag. Dit is vandaag veel minder het geval. Nu is een afbraak van het economisch systeem juist een voorwaarde en een opportuniteit om het volk te verenigen. Vermits de kapitaalgroepen staats- en volksvreemd zijn geworden en er dus geen alliantie met deze conglomeraten kan gesloten worden vanwege hun antinationale opstelling. In de verschillende landen, en zeker in Europa, willen de oligarchieën de arbeidskosten op elkaar afstemmen. Zij willen een naar beneden genivelleerde kostenstructuur doorvoeren. Daarom moeten de sociale verworvenheden afgebroken worden en moet er een arbeidsflexibiliteit aan de productiekrachten opgedrongen worden. Dat zal tot veel weerstand bij de lokale bevolkingen leiden. Het is ook een historisch moment om een derde weg aan te bieden. Het is mogelijk om in die strijd, een hernieuwd verbond te sluiten tussen alle getroffen volksgroepen, en zeker met de middenklasse. De verenigde volksmassa dus. Want zij allen zullen in de sociale klappen delen. De middenklasse en de kleine lokale kapitalist staan in de weg van de monopolies. Zij zullen vernietigd worden als ze geen nieuwe machtsbasis verwerven. Daarom is het nodig de volkssoevereiniteit terug op de agenda te plaatsen. Volkeren moeten als tegengewicht tegenover de oligarchie geplaatst worden. Volksidentiteit is het enige wapen tegen de uniforme werelddictatuur. En zo kom ik tot mijn 3 de en laatste punt.


3. Om een volk aan elkaar te smeden is er een maximale homogeniteit van dat volk vereist. De kapitaalgroepen hebben ons echter opgezadeld met grote groepen vreemde arbeiders en consumptiegroepen. Deze ingevoerde productiekrachten destabiliseren niet alleen de werk- en arbeidsvoorwaarden van onze eigen mensen, ze zijn ook een destabiliserende factor in het verzet tegen de monopolies. Je zou kunnen stellen (zoals links dat doet) dat er een gemeenschappelijk front mogelijk is tussen allochtonen en autochtonen. De strijd tegen de uitbuitende monopolies zou een gemeenschappelijke strijd zijn en dus moeten de vreemdelingen als bondgenoten worden gezien. Die vreemdelingen zijn tenslotte ook slachtoffer van het systeem is de redenering. Deze redenering is echter een loutere materialistische redenering. Het zou de rampzalige gevolgen van de tomeloze kapitalistische immigratiepolitiek op de schouders van het volk leggen. De vreemdelingen zijn ingevoerd door het grootkapitaal, het is dus een product van dat grootkapitaal, het maakt er een wezenlijk deel van uit. Zelfs de vreemdelingen uit de ex-kolonies zijn geen bondgenoten want zij zijn een bijproduct van een vroegere globalisering, het kolonialisme. Je zou het zelf een afvalproduct van het kolonialisme kunnen noemen. Dit product willen we niet omdat het cultuur- en volksvernietigend werkt op termijn (alleen al door de nataliteit van die groepen). Dat wil niet zeggen dat er geen kleine groepen van cultureel verwanten zijn die met ons volk zouden kunnen samenwerken. Maar de grote groepen, die totaal vreemd zijn aan onze cultuur, kunnen niet als zodanig worden gezien. Stel dat je ze als bondgenoten neemt, dan zullen zij een politieke en maatschappelijke prijs vragen (machtsdeelname). Dit is onaanvaardbaar. Het zou de multiculturele maatschappij bevestigen. Het zou dus een overwinning van de supranationale ideologie zijn. Links heeft wel voor deze piste gekozen. Zij zijn dan ook voorstander van de interraciale maatschappij. Voor hen is het begrip klassenafkomst van belang en niet de raciale of culturele achtergrond van iemand. Links weet al sinds de jaren ‘70 dat de invoer van vreemd proletariaat druk zou zetten op de levensvoorwaarden van het eigen proletariaat en dat die druk zou leiden tot een machtstrijd die zij dan willen omturnen tot een leninistische revolutie. Links heeft dus bewust meegewerkt aan de algemene verarming van het eigen proletariaat ten voordele van hun links revolutionair project. Maar zij zouden wel eens de bal kunnen misslaan, zoals al zo dikwijls in de geschiedenis is gebeurd. Er komt geen Leninistische revolutie, maar integendeel een Islamitische. Om dat te voorkomen moeten we de vreemde bevolkingsgroepen een uitweg aanbieden. We moeten ze in afwachting van remigratie een vrijwillig systeem van gescheiden ontwikkeling laten organiseren. Wij moeten assimilatie bestrijden. Diversiteit moet begrepen worden als zichzelf organiserende groepen. Het logische gevolg daarvan is de vrijwillige gescheiden leefomgeving en de aparte leefpatronen. Er moet niet één unieke samenlevingsstructuur zijn, maar er moet gestreefd worden naar specifieke culturele identiteiten die zich niet vermengen. Een discussie over bv. het hoofddoekenverbod hoeft dan niet meer. De betrokken mensen zullen hun eigen substructuren hebben en hoeven zich niet meer aan de nationale staat te confirmeren. Ze hoeven niet meer in onze staatsstructuren aanwezig te zijn. De vrijheid van groep en individu wordt hier optimaal toegepast. Met in achtneming van het uitdovend karakter van deze toestand in het achterhoofd natuurlijk. Veel vreemdelingen, zeker moslims, zijn vragende partij voor het behoud van de eigen identiteit. Wij moeten die identiteit ondersteunen. Tegelijkertijd moeten we hechtere contacten leggen met de landen van oorsprong van die subgroepen. En via handelsrelaties en andere akkoorden moeten we een herintegratie in de thuislanden nastreven. Daarom is het niet verstandig om de culturele en geloofswaarden van die mensen aan te vallen in algemene termen. Het is niet aan ons om een bepaald geloof te gaan veroordelen. Het aanvallen van de geloofsovertuiging zal samenwerking met de thuislanden alleen maar bemoeilijken of zelf onmogelijk maken. Wij moeten dus ideologische verwanten zoeken bij de vreemdelingen die deze agenda willen ondersteunen. Of ze nu seculier zijn of religieus. Zo kan de zaak misschien vreedzaam aflopen. Anders zal het zijn zoals Enoch Powell al in de late jaren ‘60 heeft gezegd. Wat de immigratie betreft zei deze Engelse politicus: “Als ik vooruitkijk, ben ik met sombere voorgevoelens vervuld. Net als de Romein, lijk ik de rivier de Tiber te zien dampen van bloed’.”

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mercredi, 06 février 2008

Rùssia: A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas

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Robert Steuckers:

Rùssia: A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas

Se se evoca a restauração putiniana na Rússia, depois da terrível deterioração sofrida pela antiga superpotência comunista sob o reino, bem vistas as coisas bastante breve de Ieltsin (1), convém fazê-lo correctamente: não simplesmente para enunciar factos diferentes que concernem a um mundo diferente do nosso, mas na perspectiva de construir uma alternativa geopolítica sólida face aos projectos de subjugação da Europa e do resto do mundo, cultivados pela única superpotência ainda em vigor, a saber: os Estados Unidos.

Esta perspectiva geopolítica não poderia ser uma construção do espírito, totalmente nova, sem raízes. As relações euro-russas têm, pelo contrário, raízes antigas e o eixo Paris-Berlim-Moscovo que preconizava, por exemplo, Henri de Grossouvre é, para além de uma imperiosa necessidade, o prolongamento e a reactualização de um projecto velho de cerca de um quarto de milénio. A perspectiva euro-asiática, na nossa família política infelizmente reduzida em número e estatuto, refere-se muito frequentemente ao sonho do nacional-bolchevista alemão Ernst Niekisch que havia imaginado, nos anos 20 e 30 do século passado, uma aliança germano-eslava, fundada sobre o campesinato e o proletariado, pronta a transformar um Ocidente pútrido, ideologicamente agarrado aos esquematismos do iluminismo do século XVIII. Mais fundamentalmente, percebemos, hoje, depois do inevitável desvio por Niekisch, os prelúdios coerentes do eixo de Henri de Grossouvre na aliança dos três imperadores sob Bismarck, sob os Czares germanófilos do século XIX e na aliança de facto que, no último quarto do século XVIII, unia a França de Louis XVI, a Áustria e a Rússia de Catarina II, permitindo vencer a talassocracia Inglesa em Yorktown em 1783 e correr com os Otomanos do Mar Negro contendo-os nos Balcãs (2). A Revolução Francesa arruinará esta unidade e estas conquistas, que poderiam ter salvo a Europa, permitindo-a manter a sua coerência e finalizar o assalto contra os Otomanos.

1759: Ano Chave

Mas já antes desta aliança geral, nas vésperas de 1789, a França, a Áustria e a Rússia haviam unido as suas forças durante a Guerra dos Sete Anos. Um historiador inglês actual acaba de demonstrar que este conflito interior europeu havia permitido à Inglaterra, potência insular situada à margem do Continente, lançar as bases reais do seu futuro império extra-europeu, a partir do ano chave que foi 1759 (3). A arte dos historiadores anglo-saxónicos de remeter a história inteligentemente em perspectiva traz também à nossa memória viva dois factos geoestratégicos tornados permanentes: 1) Utilizar uma potência europeia para desequilibrar o continente e romper a sua união, o instrumento desta estratégia foi à época a Prússia; 2) Aproveitar as guerras internas europeias para levar a guerra para fora da Europa, aproveitando frentes mais desguarnecidas e daí retirar fortes dividendos territoriais e estratégicos sem grandes perdas e sem grandes gastos, como foi o caso no Canadá e na Índia, de onde foi expulsa a França.

Quando analisamos hoje o despertar russo com Putin, é, então, na perspectiva de reencontrar as alianças estratégicas estabilizadoras de antes de 1789, onde as ideologias modernas, beligerantes ao extremo apesar do seu pacifismo auto-declarado, não desempenhavam ainda nenhum papel destabilizador. Entremos agora no cerne do problema.

De Gorbachev a Ieltsin, a Rússia parecia galopar directamente em direcção ao Caos, em direcção a uma nova «Smuta», um novo «Tempo de Dificuldades»: Perda do glacial leste europeu, perda da periferia báltica e caucasiana, perda das conquistas territoriais na Ásia central, etc., queda da moeda e deterioração social e demográfica a toda a linha. Ieltsin foi uma figura desde o início positivamente mediatizada por haver anunciado o fim do comunismo, empoleirado num carro de assalto; mas apesar desta imagem inaugurará um regime sem qualquer coluna vertebral: os oligarcas aproveitaram para adquirir pessoalmente, por todo o tipo de estratagemas duvidosos, as riquezas do país. Na indústria petrolífera, fizeram aumentar a produção graças a empréstimos do FMI, do Banco Mundial e do Banco de Nova Iorque e cederam a consórcios petrolíferos americanos e britânicos partes importantes na exploração dos hidrocarbonetos russos. Putin, desde a sua ascensão ao poder em Janeiro de 2000, mete rapidamente um travão a estas perversões. Imediatamente, potências anglo-saxónicas, petrolíferas, oligarcas e idiotas de serviço no mundo mediático mobilizam-se contra ele e declaram-lhe guerra, uma guerra que prevalece ainda hoje. Terrorismo checheno de Ahmed Zakaiev (com os seus apoios turcos), revolução das Rosas na Geórgia e revolução laranja na Ucrânia são os frutos amargos de um vasto e sinistro complot destinado a enfraquecer a Rússia e a defenestrar Putin. Só o ex-oligarca Roman Abramovic se retratará (4), devolverá os bens adquiridos no tempo de Ieltsin, tornar-se-á governador de Kamtchatka para dar vida a essa região deserdada mas altamente estratégica. Servirá igualmente como intermediário entre Putin e Olmert nos litígios russo-israelitas.

Rússia: potência ortodoxa

Depois da queda do comunismo e do regresso dos valores religiosos, sobretudo na área muçulmana, no Afeganistão antes de mais, depois na Ásia central ex-soviética, mas em menor dimensão, a Rússia encontra-se enfraquecida por décadas de propaganda anti-religiosa do sistema soviético, que quebrou o vigor da ortodoxia entre as populações eslavas e generalizou uma astenia espiritual delinquescente, mas não afectou tanto o Islão centro-asiático, revigorado pelo dinheiro saudita e pelo apoio americano aos moudjahidin afegãos. Mais, nos primeiros anos do pós-comunismo, a vaga de materialismo ocidentalista sacode por completo uma Rússia desnorteada mas, como o remédio cresce sempre ao mesmo tempo que o perigo, o regresso à ortodoxia de uma parte da população (60% segundo as sondagens) volta a dar parcialmente ao país uma identidade religiosa e política tradicional, da qual a Europa ocidental está desde há muito desprovida. Alexandre Soljénitsyne exortava o povo russo a reencontrar o espírito da Ortodoxia e o Patriarca Alexis II dá o seu apoio a Vladimir Putin, que acaba por definir o seu país como uma «potência ortodoxa» aquando da sua visita ao Monte Athos na Grécia em Setembro de 2005. Este regresso à ortodoxia reaviva um determinado anti-ocidentalismo, bem legível nas declarações de um concílio de Abril de 2006, onde a Igreja ortodoxa russa promulgou a sua própria «declaração de direitos e dignidade do homem», onde são fustigados o individualismo ocidental e a vontade de ingerência estrangeira procurando impor «direitos do homem» de tipo individualista na Rússia e em todas as outras terras ortodoxas. O texto acrescenta: «Há valores que não são inferiores aos direitos dos homens, como a fé, a moral, o sagrado, a pátria», onde o filósofo da história discernirá uma recusa da ruptura calamitosa que representa a ideologia dos direitos do homem de 1789 da vulgata mediática actual, quando a manipulamos com a hipocrisia que tão bem conhecemos. A 17 de Maio de 2007 as igrejas russas em estado de diáspora desde os anos 20 reconciliam-se com o Patriarcado de Moscovo (5), o que torna mais difícil a tarefa de voltar as opções da ortodoxia russa umas contra as outras.

Ucrânia: A revolução laranja resvala

A ingerência ocidental efectua-se sobretudo por via das «revoluções das cores» (6) novo modo de praticar a «guerra indirecta» e mutilar as franjas exteriores do antigo império dos Czares e da URSS, como as repúblicas caucasianas e a Ucrânia. Sabemos que a revolução laranja acabou por ser um fiasco para os seus comendatários ocidentais, Victor Iuschenko, o presidente eleito pelo seu programa pró-ocidental, não mudou nada, nem num sentido nem noutro, apesar da sua vontade de fazer entrar a Ucrânia na U.E. e na NATO. O ícone feminino da efervescência laranja de 2005, Iulia Timochenko, afundou-se na corrupção e na demagogia mais baixa, sem qualquer base ideológica clara. Ianukovich, o antigo líder pró-russo da Ucrânia oriental permanece pragmático: A Ucrânia não é matura para a Nato e a U.E. não quer Kiev, diz ele. Em finais de Setembro de 2007, para as eleições, não há manifestações nas ruas. A calma. As agências ocidentais já não pagam. Para o escritor Andrei Kurkov, as personagens da revolução laranja eram marionetas; o poder permanece nas mãos dos gestores da economia ucraniana, ligada à economia russa (7).

Na Geórgia, onde o actual presidente Mikhail Saakashvili tomara o poder em 2003 depois da revolução das rosas, uma contra-revolução acaba de estalar, sem líder bem perfilado (8), que destabiliza a criatura da americanosfera, ícone masculino dos media teleguiados a partir dos EUA. Apesar da sua vitória e da resolução do problema da Adjária secessionista em Maio de 2004, Saakashvili não conseguiu submeter uma outra província separatista, a Ossétia do Sul, encostada à faixa do Cáucaso. Este território de apenas 75 000 habitantes não conta com mais de 20% georgianos étnicos. A sua população é fiel à Rússia. Agindo sobre o descontentamento popular face à política pró-ocidental (e portanto neo-liberal/globalista) de Saakashvili e sobre as especificidades étnicas da Adjária e da Ossétia, Putin encontrou o meio de contrariar os efeitos de uma revolução colorida e de forjar as armas para anular aquelas que, eventualmente, emergiriam amanhã.

Outubro de 2007 – Cimeira de Teerão

Outro sucesso maior de Putin: a vasta estratégia petrolífera implementada, na Europa e na Ásia. Conseguiu quebrar a coesão dos oligarcas (9), apaziguar os perigos de conflito que existiam no Cáspio. A cimeira de Teerão em Outubro de 2007, que reunia os dirigentes da Rússia, do Irão, do Kazaquistão, do Azerbeijão e do Turquemenistão, tinha por objectivo estabilizar a situação nas margens do mar Cáspio e aí organizar um modus vivendi para a exploração dos recursos locais de hidrocarbonetos e de gás. Os acordos que daí saíram estipulam, nomadamente, que os países limítrofes, participantes na conferência, não permitirão que os seus territórios respectivos sirvam de base a potências de fora da zona para agredir um qualquer Estado signatário. Incluindo o Irão, entende-se (10).

No contexto actual, onde o atlantismo apela uma vez mais à matança e em que um dos seus cães de Pavlov, na personagem do sarkozista e ex-socialista Kouchner, junta os seus latidos sinistros ao lúgubre concerto dos belicistas, esta disposição da cimeira de Teerão bloqueia toda a veleidade americana de ingerência na Ásia central e preserva o território iraniano sobre o seu flanco norte, já que o Irão está hoje perigosamente cercado pelas bases americanas do Golfo, Iraque e Afeganistão. O Irão é a peça central, e ainda não controlada, de um território que pertence ao USCENTCOM ( que se estende do Egipto a Oeste ao Paquistão a Este). Este território, na perspectiva dos estrategas americanos, inspirados por Zbigniew Brzezinski, deve servir a prazo, com a sua «Youth Bulge» (a sua vitalidade demográfico e a sua natalidade em alta constante, excepto no Irão) de mercado de substituição em benefício dos EUA, porque a Ásia mantém reflexos autárcicos e a Europa possui um mercado interior menos acessível, e, ainda por cima, uma demografia em retrocesso. O controlo deste espaço implica evidentemente a eliminação do Irão – peça central e área nodal de uma imperialidade regional plurimilenar –, o isolamento estratégico da Rússia e o seu distanciamento de todos os territórios conquistados desde Ivan o Terrível, o controlo da Mesopotâmia e das montanhas afegãs e a desagregação das culturas «masculinistas» e portanto, anti-consumistas, dessa vasta área, certamente islamizada, mas escondendo ainda muitas virtudes e energias pré-islâmicas, permanecendo renitente ao fanatismo wahabita.

Corrente Sul e Corrente Norte

Os acordos do Mar Cáspio terão uma implicação directa sobre o aprovisionamente energético da Europa. O sistema de oleodutos e de gasodutos «Nabucco», favorecido pelos EUA, que pretendiam diminuir a influência russa e iraniana na distribuição de energia, será complementado pelo sistema denominado «Corrente Sul», que partirá de Novorossisk nas margens do Mar Negro para chegar às costas búlgaras ( portanto sobre o território da U.E.), de onde partirá em direcção à Europa central, de uma parte, e em direcção à Albânia, e de lá para o sul de Itália, de outra parte. A ENI italiana é parte envolvida no projecto (11). A realização deste, através da parte pacificada dos Balcãs, arruína automaticamente as manobras dilatórias das forças atlantistas no Báltico, onde os EUA também incitam as pequenas potências da «Nova Europa», cara a Bush, a aniquilar o projecto de encaminhamento do gás russo em direcção à Alemanha a partir de Königsberg/Kaliningrado ou do golfo da Finlândia, impulsionado pelo Chanceler Schröder à época simpatizante – mas tão brevemente – do eixo Paris-Berlim-Moscovo. O sistema de gasodutos do Báltico tem no nome de «Corrente Norte» (12) : a sua conclusão está hoje bloqueada pela oposição de Talim a todos os trabalhos ao longo da costa estoniana. Este bloqueio é ditado em última instância por Washington, que instiga nos gabinetes os países bálticos e a Polónia contra todos os projectos de cooperação euro-russa ou germano-russa, restaurando assim, de facto, o «cordão sanitário» de Lord Curzon e os efeitos mutiladores da Cortina de Ferro sobre as dinâmicas interiores da Europa no seu conjunto. O que foi desde sempre o objectivo das potências talassocráticas.

A vitória eleitoral de Putin em Dezembro de 2007 demonstra, para além da sua real popularidade apesar das campanhas dos oligarcas e dos media, que as estratégias das «revoluções das cores» não surtiram efeito: a essas Putin respondeu com uma mobilização citadina e patriótica criando o movimento «Nachi» ( «Os Nossos) que tomou as ruas em lugar e vez de patifes como Kasparov ou outros descerebrados sem inteligência geopolítica ou geoestratégica.

A Europa não pode querer uma Rússia destabilizada e mergulhada no caos, porque, nesse caso, ela seria automaticamente lançada, senão num caos similar, ao menos numa recessão de que poderia bem prescindir, visto o seu declínio demográfico, a sua relativa estagnação económica e os sinais precursores de um real empobrecimento das suas classes trabalhadoras, fruto de quase trinta anos de neo-liberalismo.

Conclusões:

Em conclusão, o fenómeno Putin deve levar-nos a pensar o nosso destino político nas categorias mentais seguintes:

- Não tolerar a influência de oligarcas de todas as espécies nas nossas esferas políticas, que alienam riquezas, fundos e capitais através de práticas de deslocalização; segundo o bom velho princípio do primado do político sobre o económico, que Putin conseguiu fazer triunfar;

- Compreender por fim a necessidade de uma coesão religiosa visível e com visibilidade (como pretendia Carl Schmitt), mais difícil de restaurar no Ocidente, vistos os danos profundos causados no longo prazo pelo protestantismo, o sectarismo diversificado e caótico que dele saiu e a deliquescência do catolicismo desde o século XIX e do concílio Vaticano II;

- Suscitar uma vigilância permanente contra as manipulações mediáticas que conduziram a França aos acontecimentos de Maio de 68 (para expulsar De Gaulle), às greves de 1995 ( para vergar Chirac na sua política nuclear em Moruroa), às revoluções das cores; é preciso ser capaz de gerar uma contra-cultura ofensiva contra o que as agências do lado de lá do Atlântico tentam vender-nos, afim de provocar, pelos efeitos desse «soft power» terrivelmente bem ensaiado, mutações políticas favoráveis aos EUA;

- É preciso procurar uma independência energética continental, não permitindo aos lóbis petrolíferos americanos controlar os fluxos de hidrocarbonetos na área continental euro-asiática, para benefício dos seus interesses e em detrimento da coesão do Velho Continente;

- É preciso seguir Putin nas suas ofensivas diplomáticas na Ásia, sobretudo em relação à Índia e à China; à Europa interessa estar presente no subcontinente indiano e no Extremo-Oriente, numa perspectiva de harmonização de interesses, como de resto havia já preconizado a China na sua resposta às tentativas ocidentais de ingerência intelectual (o «soft power», que age contra a cultura imperial chinesa).

As cooperações euro-russa, euro-indiana e euro-chinesa, abrem perspectivas mais sedutoras do que o aprisionamento atlantista, do que a nossa triste maceração nos despojos da dependência mediática e política, onde estamos mergulhados, para nossa vergonha. Todos os povos da terra esperam o despertar da Europa. Esse só é viável apoiado sobre a Eurásia, a começar pela Rússia, como no tempo das grandes alianças, começadas à época da Guerra dos Sete Anos.

Robert Steuckers

Forest-Flotzenberg, Dezembro 2007.

Notas :
(1) Cf. « L’eredità di Eltsin », in Linea, 15 de Novembro 2007 (artigo tirado da revista sul-africana Impact (Box 2055, Nooserkloof, Jeffreys Bay, 6331, South Africa).

(2) Cf. Victor-L. TAPIE, L’Europe de Marie-Thérèse. Du baroque aux Lumières, Fayard, 1973 ; igualmente, Henri TROYAT, Catherine la Grande, Flammarion, 1977.

(3) Frank McLYNN, 1759. The Year Britain Became Master of the World, Pimlico, London, 2005.

(4) Dr. Albrecht ROTHACHER, « Das Schicksal zweier Oligarchen. Beresowskis Kampf gegen Putin aus dem Exil und der Lagerhäfltling Chodorkowski“, in zur Zeit, Nr. 42/2007; Dr. A. ROTHACHER, „Superreich und willfährig. Oligarch Roman Abramowitsch: Putins Statthalter in Russisch-Fernost“, in zur Zeit, Nr. 46/2007.

(5) Marie JEGO, « La Fédération de Russie », in : La Vie/Le Monde Hors-Série, L’Atlas des Religions, s.d. (surgido nas bancas em Novembro de 2007). Ver igualmente : Alexandre SOLJENITSYNE, La Russie sous l’avalanche, Fayard, 1998, especialmente o capítulo : « L’Eglise orthodoxe par ce Temps des Troubles », p. 301 et ss.

(6) Cf. Le dossier du Temps de Genève, de 10 de Dezembro de 2004, intitulado „L’internationale secrète qui ébranle les dictatures de l’Est“; este dossier é acompanhado por uma entrevista com o estratega e teórico das guerras indirectas, Gene Sharp, intitulada « L’essentiel est de diviser le camp adverse ». Cf. sobretudo Viatcheslav AVIOUTSKII, Les révolutions de velours, Armand Colin, 2006 (ouvrage capital !).

(7) Andrej KURKOW, « Die Last des Siegens », in : Der Spiegel, 39/2007, pp. 138-139.

(8) „Überall Feinde“, in : Der Spiegel, 46/2007, p. 121. Cf. Eugen GEORGIEV, „Angespannte Lage in Südossetien“, in : Aula, Oktober 2007.

(9) www.barnesreview.org / Um texto saído deste site foi raduzido em italiano. Trata-se de : «Vladimir Putin : le sue riforme e la sua tribu di nemici / Il sostegno atlantico agli oligarchi russi”, in Linea, 28 de Novembro de 2007.

(10) Fulvia NOVELLINO, “Il vertice di Teheran per il petrolio del Mar Caspio”, in Linea, 19 octobre 2007.

(11) Filippo GHIRA, “South Stream pronto nel 2013”, in Linea, 23 novembre 2007.

(12) Andrea PERRONE, “L’Estonia sfida la Russia sulla condotta North Stream”, in Linea, 18 octobre 2007. Recordamos, entretanto, que o projecto de um oleoduto ( ou gasoduto) em direcção à Alemanha e á Polónia não é uma ideia nova. Em Dezembro de 1959, Soviéticos, polacos e alemães de leste assinaram um acordo em Moscovo para a construção do «ramo norte do oleoduto da amizade». A «Corrente Norte», de que falamos aqui, não é senão a reactualização, num contexto que já não está marcado pela guerra-fria.

P. Laederich: les limites de l'Empire (romain)

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Les limites de l'Empire - Les stratégies de l'impérialisme romain dans l'oeuvre de Tacite

par Pierre LAEDERICH

Ed. Economica (2001)

Les questions militaires occupent une place essentielle dans l'oeuvre de Tacite. Quelques figures parmi les plus prestigieuses de l'histoire romaine sont issues de son récit, comme les exploits de Germanicus sur le Rhin, de Corbulon sur l'Euphrate et d'Agricola en Grande-Bretagne, et la résistance à l'Empire des rebelles Arminius, Tacfarinas, Boudicca et Calgacus. De la Vie d'Agricola aux Annales, la narration tacitéenne révèle une réflexion approfondie sur la sécurité des frontières et une conscience intime des enjeux des stratégies impériales : comment allouer au mieux des ressources militaires limitées sur un périmètre immense, trouver l'équilibre entre la progression territoriale que la sécurité paraît exiger sur certaines frontières et la stabilisation des conquêtes sans laquelle la fragile construction impériale peut s'effondrer, entre le temps court des opérations et le temps long de l'intégration. Tacite porte un regard sans concessions sur les questions stratégiques du premier siècle, une période charnière dans l'histoire de l'impérialisme romain : la transition difficile, traversée de contradictions, vers un Empire aux frontières mieux définies, mieux bornées. Bien que cette période soit encore proche de lui, il est pleinement conscient de son importance historique. Il écrit à une période elle-même fertile en contradictions : l' âge d'or du règne de Trajan, après bien des désillusions, s'achève dans un désastre militaire en Orient, Hadrien s'installe dans le sang. Autant de tensions qui marquent sa conscience d'historien et hantent sa narration.


A propos de l'auteur :

Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et docteur ès lettres classiques, Pierre Laederich a également publié une traduction commentée des Stratagèmes de Frontin, un contemporain de Tacite, dans la même collection.

00:35 Publié dans Géopolitique, Histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook