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dimanche, 11 décembre 2011

Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur

Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur

 

Pourquoi la CriseEx: http://mbm.hautetfort.com/

Pour Jean-Loup Izambert, journaliste indépendant et écrivain, qui publie son septième ouvrage (1) sous le titre de Pourquoi la crise ? aux éditions Amalthée, la crise du capitalisme est devenue totale. Contrairement aux déclarations de certains économistes et politiciens, il affirme qu’il n’y aura pas de sortie de crise. Pour l’auteur de la seule investigation journalistique sur les origines de la crise(2), le système capitaliste ne peut survivre que par la guerre. Quelle alternative pour les peuples ? Entretien.

Geostrategie : Vous démontrez dans votre livre Pourquoi la crise ? que le capitalisme ne peut plus supporter la démocratie parlementaire avec laquelle il s’est développé. Sommes-nous à un point de rupture avec ce système et les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité ?

Jean-Loup Izambert : C’est évident. Pourquoi et quelles données changent par rapport aux dernières décennies ? Dans ce système les grands propriétaires privés de l’économie contrôlent l’économie et tentent de l’imposer par tous les moyens comme régime aux peuples de la planète, y compris par la guerre. C’est ce qu’ils ont toujours fait avec la seule préoccupation de s’enrichir et de faire main basse sur les richesses des peuples au seul profit des sociétés transnationales qu’ils dirigent. Mais parvenu au stade de l’impérialisme, période actuelle du développement du capitalisme, les grands possédants ont besoin d’un pouvoir politique qui leur soit totalement dévoué pour protéger et accroître encore la concentration des richesses qu’ils cumulent. Il faut bien comprendre qu’il s’agit pour eux d’une question de survie, de rester maîtres du pouvoir et bien sûr de leur privilèges. L’une des contradictions qu’ils doivent gérer vient justement du fait que l’accumulation du Capital et la concentration des richesses qu’ils sont contraints de perpétuer sous peine de perdre pouvoir et privilèges implique aujourd’hui des centres de décisions de plus en plus fermés, dans l’entreprise comme dans la société. Or, cette tendance à la centralisation va à l’inverse de mouvement des sociétés qui pousse vers plus d’ouverture, de démocratie, de participation, de culture notamment avec le développement des sciences et des techniques.

Geostrategie : Quels faits caractérisent aujourd’hui cette concentration des richesses ?

J-L.I. : Aujourd’hui 200 sociétés transnationales contrôlent plus de 23% du commerce mondial et 1% des plus riches détient plus de 57% des richesses produites. L’augmentation des richesses conduit-elle à l’enrichissement des peuples ? Non. Au niveau mondial 103 200 personnes, pour la plupart propriétaires privés de l’économie, détiennent un patrimoine financier de plus de 30 millions de dollars, hors résidence principale et biens de consommation. Mais, si l’on se réfère aux statistiques de l’Organisation des Nations Unies, plus de 80 pays ont aujourd’hui un revenu par habitant plus bas qu’il y a dix ans. D’une part les peuples prennent de plus en plus conscience qu’ils ne profitent pas de l’augmentation des richesses produites, que plus les richesses se concentrent entre quelques mains plus la misère s’accroît dans les sociétés mais également que ce phénomène touche aujourd’hui le cœur même de l’Occident capitaliste qui s’en croyait à l’abri. Selon les chiffres du fisc étasunien, à la veille de l’aggravation de la crise 60 millions de personnes « vivaient » aux Etats-Unis avec moins de sept dollars par jour. Bien que dissimulée par les médias qui appartiennent aux milliardaires, la situation est analogue dans la petite Europe de Maastricht de 20 millions de chômeurs où 80 millions de citoyens – soit quand même 16% de ses 495 millions d’habitants – courent un risque de pauvreté, 17 millions sont répertoriées comme « très pauvres » et 70 millions d’autres n’ont pas accès à un logement décent selon les propres statistiques publiées par la Commission européenne et d’autres organismes « européens ». Dans ce contexte, les grands possédants de l’économie ont besoin de faire courber la tête aux peuples pour maintenir leur système d’exploitation.

Les dirigeants bourgeois organisent le déficit des nations

Geostrategie : Comment le pouvoir politique favorise-t-il ces grands propriétaires privés de l’économie ?

J-L.I.: De différentes manières. Cela va du vote de lois en faveur de la grande bourgeoisie, à une complicité évidente avec le système d’évitement fiscal qui appauvrit la collectivité jusqu’au vote de crédit pour des guerres régionales dans lesquelles vous voyez apparaître et se développer des Sociétés Militaires Privées (SMP) liées aux armées et services occidentaux et financées par les Etats et leurs transnationales. Les provocations répétées à coups de campagnes médiatiques contre la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, la République Islamique d’Iran ou d’autres mais aussi le soutien à des dictatures comme en Irak après avoir ravagé le pays par la guerre, dans plusieurs pays d’Afrique ou l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan sont des illustrations de la tentation totalitaire du capitalisme. L’actuelle présidence française, son Premier ministre et son gouvernement sont au diapason de ce qui se passe dans tous les pays capitalistes sans exception : atteintes répétées aux libertés, vote de lois en faveur des grands possédants, réduction du rôle des assemblées élues – par exemple, avec la volonté de tenter de supprimer les communes ou les départements en France ou en réduisant le rôle du Parlement -, « dépénalisation du droit des affaires » qui a pour conséquence de laisser faire le pillage de la nation par les grands propriétaires privés de l’économie, retrait du rôle de l’Etat dans ses fonctions essentielles de la santé, de l’éducation, du logement, du développement économique et de l’emploi, engagement dans des guerres et occupations de pays contre l’intérêt des peuples.

Geostrategie : La dégradation de la situation économique ne dépend donc pas seulement de la crise comme les médias de masse tentent d’en accréditer l’idée ?

J-L.I. : Comme je l’ai dit, la crise est liée à la nature même du capitalisme. Elle prend une ampleur que n’a jamais connue le système alors que le pouvoir politique n’a cessé de border son lit. Par exemple l’actuel président français s’était engagé lors de sa campagne électorale à mettre en oeuvre une politique de plein emploi. Mais l’explosion du chômage et de la misère que nous connaissons aujourd’hui n’est pas le fait de la seule crise. Bien avant que celle-ci ne se manifeste brutalement, le gouvernement français UMP, à peine installé, procédait déjà à la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans la fonction publique sur plusieurs années tandis que les dirigeants de grandes sociétés privées en programmaient la liquidation de centaines de milliers d’autres dans tous les secteurs d’activité. Cette politique au service de la concentration du Capital n’est que la continuité des précédentes politiques menées par les gouvernements de droite comme de gauche. En fait le rôle de l’Etat bourgeois se borne à protéger les intérêts des grands possédants contre l’intérêt général avec pour conséquence l’aggravation du déficit budgétaire, l’endettement de l’Etat et une misère grandissante pour le plus grand nombre. Un exemple : les sociétés transnationales qui auraient dû payer plus de 33 milliards d’euros d’impôts pour la seule année 2006 en ont réglé 6,1 milliards avec la bénédiction de l’Etat ! Dans le même temps, ces entreprises qui ne créent pratiquement pas d’emplois, organisent des plans de licenciements, exportent une partie de leurs bénéfices pour échapper à l’impôt ont reçu de l’Etat 65 milliards d’euros d’aides de toutes sortes et bénéficié de milliards d’euros d’exonérations fiscales. Pour vous donner une idée, sur deux années, cela représente environ 130 milliards d’euros soit pratiquement l’équivalent du budget annuel européen pour la période 2007-2013 ou le montant du déficit record du budget de la France fin 2009 contre 56,3 milliards en 2008. La dette publique de la France atteint aujourd’hui des sommets en se situant, selon l’INSEE, à 1413,6 milliards d’euros pour le premier trimestre 2009 soit 72,9% du Produit Intérieur Brut (montant des richesses créées dans un pays sur une année entière). De même, l’Etat et les dirigeants des grandes sociétés privées doivent des milliards d’euros à la Sécurité Sociale qui ont déjà été payés par les salariés aux entreprises et les consommateurs mais ne sont toujours pas reversés à l’organisation de solidarité nationale par le grand patronat. Voilà comment le gouvernement organise les déficits. Quand le Président de la République et les ministres de l’Intérieur qui se succèdent affirment « qu’il n’y a pas de zone de non droit » en ciblant la jeunesse amputée d’avenir qui se révolte, ils se moquent ouvertement du monde. Les premières zones de non droit se situent au sein même de structures de l’Etat et elles sont le fait de leur politique qui conduit le pays à la ruine ! Ce n’est qu’un aspect qui explique aussi la violence du système vis-à-vis de toutes les résistances qu’il rencontre et de celles qui en découlent de manière plus générale dans les rapports sociaux.

Geopolitique : La violence est donc liée à la fin du système ?

J-L.I. : Oui, un peu comme les derniers sursauts d’une bête blessée à mort. Elle se manifeste par le rejet brutal de millions d’hommes et de femmes du système de production, leur mise à l’écart de la vie sociale, du logement, de la santé, de la culture. Elle se manifeste également par la destruction de pans entiers de l’économie, de régions et de pays comme en Yougoslavie, en Irak, en Palestine, en Amérique centrale ou en Afrique où les derniers « rois-nègres » ne doivent leur trône qu’à la corruption débridée de transnationales et, parmi d’autres, au pouvoir élyséen. Le capitalisme est un système criminel qui a fait la prospérité d’une caste de milliardaires sur la mort de centaines de millions d’êtres humains, sur les souffrances les plus atroces des peuples sur tous les continents par la famine, la surexploitation, le colonialisme, la guerre. Et cela continue. Au moment où nous parlons, selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies, une personne meurt de faim – « seulement » de faim, épidémies et guerres non comprises – toutes les quatre secondes. Dans le même temps les dirigeants occidentaux en sont à faire payer les paysans par les contribuables à coups de primes pour mettre leurs terres en friches, à détruire des pêches entières par des règlements imbéciles décidés par les bureaucrates de Bruxelles. Et au moment où nous parlons ce sont plus de 350 millions d’enfants de 6 à 17 ans qui sont surexploités par les transnationales capitalistes sur tous les continents dans presque tous les types d’industrie, de l’Asie aux Etats-Unis(3). Si ce n’est de la violence et de l’égoïsme, qu’est-ce donc le capitalisme ?!

Une exigence de destruction

Geostrategie : Dans votre livre vous rapportez le témoignage de plusieurs intervenants de différents milieux et pays dont certains évoquent une crise totale contrairement aux précédentes. Quels changements avec les crises précédentes ?

J-L.I. : Effectivement la crise est presque mondiale par le fait qu’elle touche tout le système capitaliste. Des pays comme la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, Cuba, le Venezuela révolutionnaire du président Hugo Chavez, le Brésil, la République démocratique du Vietnam ou d’autres comme la République Islamique d’Iran sont moins touchés car ils sont, pour des raisons diverses – historiques, politiques, culturelles, économiques – moins imbriqués dans le système capitaliste, ses réseaux commerciaux, bancaires et financiers. Jusqu’à présent nous devions faire face à des crises conjoncturelles du capitalisme, des périodes où la concentration du Capital s’accélérait brusquement en mettant en difficulté momentanée des monnaies, des économies, des pays. Face à cette situation inédite il était important que je donne la parole à des intervenants de différents milieux tous concernés par la banque, la finance, l’organisation d’entreprise et de la société. Quelques français comme le Président du groupe Crédit Agricole Société Anonyme, un commissaire aux comptes ou un important cabinet d’avocats d’affaires parisien ont refusé de débattre de la situation et de répondre à des questions portant sur l’évolution de l’activité de leur secteur professionnel dans le contexte actuel. La plupart ont joué le jeu et apportent, comme vous avez pu le lire, une contribution importante à mon travail par leur vécu mais également par leur propre réflexion et leurs travaux. C’est le cas du président Etienne Pflimlin du groupe bancaire mutualiste Crédit Mutuel-CIC, de Pierre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, l’une des plus importantes sociétés de conseil aux actionnaires, du président Alban d’Amours du Mouvement des Caisses Desjardins, l’un des plus importants instituts financiers du Canada de forme coopérative, d’Hervé Sérieyx, haut fonctionnaire, dirigeant de société, chercheur et conseil en organisation d’entreprise, de Mark Schacter au Canada qui est conseil international en organisation d’entreprise, de l’Institut Canadien des Comptables Agréés faute de trouver un européen qui daigne répondre à de simples questions de droit sur la transparence de gestion et la validité des comptes des transnationales, du réseau SWIFT spécialisé dans les transactions internationales, d’un syndicaliste de la CGT fin connaisseur du monde bancaire ou encore de magistrats comme Jean de Maillard, spécialisé dans les nouvelles formes de criminalité financière, des avocats d’affaires et bien entendu des responsables du mouvement Coopératif international. La rencontre de tous ces acteurs de l’entreprise, de la finance, de la banque, du droit au sein d’un même lieu – un livre -, la transmission aux lecteurs de leur expérience comme de leurs idées et de leurs propres travaux permet de dresser un tableau aussi précis que possible de la situation actuelle pour mieux comprendre les origines et mettre en exergue les responsables de la crise. De même cette démarche permet de mon point de vue de tenter d’esquisser les possibles d’un nouveau mode d’organisation et de gestion économique et social. Ainsi que l’explique Sherron Watkins, l’ancienne vice-présidente de la société étasunienne Enron, transnationale de l’énergie faillie en décembre 2001, la crise du capitalisme est désormais totale. Elle touche tout le système : économie, finance, groupes de surveillance du monde des affaires et institutions internationales, politique, morale et idéologie. La continuité de ce système s’accompagne aujourd’hui d’une exigence de destruction de tout ce qui entrave la concentration des richesses par les grands possédants. Ils appellent cela « déréglementation », « privatisation », « libéralisation » ou « mondialisation » et couvrent la répression, l’esclavage, le colonialisme et la dépendance des mots de « sécurité », « liberté », « droits de l’Homme » n’ayant plus que le mensonge, la tromperie et la falsification pour camoufler la fin de leur système.

Geostrategie : Mais ces pouvoirs sont l’émanation du suffrage universel, du vote des peuples. Si l’on pousse le raisonnement à son terme doit-on en conclure que les peuples occidentaux souhaitent le capitalisme ?

J-L.I. : Effectivement, les peuples occidentaux se sont prononcés jusqu’à aujourd’hui en faveur de représentants du capitalisme, pratiquement sans rien connaître du reste de la nature de celui-ci ni même envisager où ce système les conduit à l’heure actuelle. Prenons l’exemple de la France. En 1981, lors des élections présidentielles puis des élections législatives qui ont suivi, le peuple français a eu l’occasion de choisir entre la continuité du système symbolisée par les partis conservateurs et la rupture que proposait à l’époque le Parti Communiste Français avec le Programme commun de gouvernement des forces de gauche auquel était associé le Parti Socialiste et les radicaux de gauche. Ce Programme commun de gouvernement était lui-même l’aboutissement d’années d’engagement des communistes français pour ouvrir une voie nouvelle dans la construction d’une démocratie avancée. Ce programme venait en effet après plusieurs grandes campagnes nationales du PCF et l’élaboration et la diffusion du propre programme du PCF à des millions d’exemplaires sous le titre de « Changer de cap », programme pour un gouvernement démocratique d’union populaire. Pour la préparation de celui-ci les militants communistes ont mené à l’époque de grandes campagnes d’information, de débats, collecté sur plusieurs mois avec « les cahiers de la misère » le vécu et les espoirs du peuple dans les campagnes, les quartiers, les usines, les universités. Tout cela a permis d’aider les gens dans leurs problèmes quotidiens – par exemple en s’opposant aux licenciements dans des entreprises qui réalisaient des profits ou à empêcher des saisies-expulsions – tout en débattant avec eux des changements à mettre en œuvre pour une nouvelle politique nationale. Au moment du vote, lors des élections présidentielles et des législatives qui ont suivi, une majorité de votants a cédé aux campagnes médiatiques anticommunistes et s’est réfugiée dans le giron du Parti Socialiste. Une fois au pouvoir, celui-ci s’est empressé d’abandonner ses engagements sous la pression de la bourgeoisie et du gouvernement étasunien qui s’opposait à la présence de ministres communistes dans le gouvernement français. Toutes les transformations radicales contenues dans le programme commun de gouvernement, tout particulièrement les nationalisations des secteurs clés de l’économie, le développement de la démocratie et toute mesure qui permettait de rompre avec le système ont ainsi été abandonnées par la « génération Mitterrand ». Démonstration a été faite une nouvelle fois que sans parti révolutionnaire, sans mobilisation et soutien à des propositions de rupture avec le système, il ne peut y avoir de réel changement. Si les mesures préconisées par le PCF avaient reçu à l’époque un large soutien populaire, le cours des choses aurait été bien différent, y compris la question européenne. Du reste, si vous relisez aujourd’hui « Changer de cap », le programme du PCF, ou même le Programme commun de gouvernement de 1972, vous constaterez avec le recul du temps et en regard de la situation actuelle le bien fondé des propositions de l’époque dont certaines ne demandent qu’à être actualisées. Chacun doit donc assumer ses responsabilités face à l’Histoire. Le passage à la construction d’une société socialiste ne peut se faire que sur la base d’un rapport des forces sociales et politiques favorables au peuple et ne peut être que le résultat de sa volonté et de sa lutte. Une trentaine d’années plus tard le peuple français, sans tirer les leçons de ses expériences, continue de voter tantôt à gauche, tantôt à droite sans avoir encore conscience qu’il confie en réalité son pouvoir aux mêmes maîtres de la finance et de l’économie. La politique qu’il vit au quotidien reste par conséquent la même et rien ne change dans l’entreprise, dans la vie économique à laquelle il consacre l’essentiel de son existence. Bien entendu, la situation s’est aggravée au fil des trois décennies qui se sont écoulées depuis 1981 et il commence à payer chèrement sa marche « droite-gauche-droite-gauche » à coups de chômage, d’impôts, de taxes, d’exclusions, de restrictions, de lois liberticides et de guerres. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même car c’est en dernier ressort lui qui décide, par ses luttes et ses votes. Souvenons-nous toutefois que l’Histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.

La priorité est à l’action sur des propositions révolutionnaires

Geostrategie : La responsabilité serait-elle uniquement le fait d’un peuple ignorant de la chose politique et de sa propre histoire ou plus préoccupé par ses « petits problèmes » que du devenir de la société et de la planète ?

J-L.I. : Non, bien évidemment. La crise n’incite pas à la réflexion et à l’action. Les médias qui sont la propriété privée des milliardaires par banques et sociétés de communication interposées jouent un rôle important dans la désinformation et l’abrutissement des masses. Le fait qu’un navet comme le film « Bienvenue chez les Chtis » soit élevé au rang de succès cinématographique ou que des foules honorent comme un dieu la mort d’un pantin médiatique comme Michael Jackson qui, en dehors du fait qu’il n’a rien apporté d’essentiel à la musique, se droguait, couchait avec des petits enfants et s’était fait tirer et blanchir la peau pour ne plus être noir en dit assez long sur le niveau culturel d’une frange des sociétés occidentales. Nous sommes bien loin des grands musiciens et chanteurs comme King Oliver, Sindey Bechet, Count Basie, Louis Armstrong, Ray Charles, Otis Redding ou d’autres dont les musiques populaires traversent les générations ! Ce n’est qu’un aspect des conséquences des batailles que se livrent les transnationales étasuniennes, européennes et japonaises pour le contrôle des grands moyens de communication, des groupes de presse aux satellites en passant par les majors du cinéma. Sans doute le peuple sortira-t-il de son hibernation politique lorsque nous passerons de « Qui veut gagner des millions ? » à « Qui va partir à la guerre ? »… Depuis les années quatre-vingt, les dirigeants du PCF ont commis de lourdes erreurs stratégiques. Comme s’ils n’avaient pas compris les leçons du passé, ils continuent de rechercher des alliances électorales avec d’autres partis réformistes au lieu de privilégier des propositions pour éveiller les consciences, organiser de grands débats nationaux sur les questions essentielles et rassembler dans l’action avec audace. Lorsqu’un parti ou un mouvement posera des questions comme « Comment contrôler le système bancaire et financier ? », « Quelle organisation bancaire et financière pour l’économie ? », « Quelles mesures pour la gestion démocratique des entreprises ? » ou « Comment rendre à l’assemblée du peuple sa représentation nationale ? », questions dont les réponses sont essentielles pour s’engager dans une rupture avec le système, alors la société commencera à s’éveiller. Et dans l’immédiat, il ne faut pas compter sur les états-majors syndicaux qui sont surtout préoccupés de canaliser le mécontentement afin d’éviter les grandes colères qui commencent à gronder. Il est particulièrement lamentable de voir des représentants syndicaux négocier la diminution du nombre de licenciés dans des entreprises en pleine santé financière quand ceux-ci devraient non seulement appeler à la lutte pour le maintien et le développement de l’emploi, exiger des licencieurs l’ouverture des comptes de l’entreprise et se battre pour des droits nouveaux afin de participer à leur gestion. Dites-moi un peu à quoi servent les comités d’entreprises quand des salariés découvrent du jour au lendemain des plans de licenciements prévus de longue date ?! Avez-vous remarqué comment le mouvement radical de séquestration de responsables de ces plans de licenciements né à la base a été enrayé ? Ce type d’action très intéressant a pratiquement disparu des journaux télévisés et autres du jour au le demain. Dans l’immédiat, entre des partis dits progressistes sans propositions révolutionnaires et des syndicats au minimum compatissants, le pouvoir des « compteurs de petits pois », pour reprendre la formule d’Hervé Sérieyx, ne pouvait pas mieux espérer.

Geostrategie : Est-ce à dire que la situation est politiquement bloquée et qu’il sera difficile de sortir de la crise ?

J-L.I. : L’idée selon laquelle il pourrait y avoir sortie de crise sans sortie du système qui l’engendre est une hérésie. Autant vouloir soigner une grippe sans tuer son virus. Cette chimère ne vise, une nouvelle fois, qu’à berner le peuple en lui faisant croire que l’avenir sera meilleur s’il accepte de nouvelles mesures antisociales comme par exemple le report de l’âge de la retraite à 65 ans. Ce n’est que la suite logique du « travailler plus pour gagner plus » développé par l’UMP. Il n’y aura pas de sortie de crise pour la simple raison que le capitalisme ne peut plus être aménagé. Vous avez pu remarquer combien les médias des puissances financières se font silencieux tant sur l’origine de la crise, ses conséquences générales et son extension dans d’autres pays. Il faut surtout éviter que les masses prennent conscience de l’ampleur des dégâts comme des responsables de la situation pour mieux les enfermer dans la fatalité et le renoncement à la lutte.

Nous ne sommes plus en démocratie

Geostrategie : Cela signifie-t-il que l’appauvrissement continu de la société va se poursuivre de manière plus brutale au détriment de l’intérêt général et au seul profit des grands propriétaires privés de l’économie ?

J-L.I. : Oui. Nous entrons dans une nouvelle période où le chômage s’accroît de manière considérable et où des millions de citoyens supplémentaires sont écartés du droit de vivre dignement de leur travail, où la collectivité humaine déjà menacée va encore s’appauvrir tandis que le clan des grands propriétaires privés de l’économie va continuer de s’enrichir. Selon le World Wealth Report publié par la banque d’affaires étasunienne Merrill Lynch et Cap Gemini « la croissance de la richesse des grands fortunes financières privées devrait être de 7,7% par an pour atteindre 59100 milliards de dollars à l’horizon 2012 ». Voilà des gens qui sont, eux, dispensés de l’allongement de la durée du travail comme de l’effort national que les gouvernements occidentaux tentent d’imposer aux peuples pour leur faire payer une crise dont ils ne sont pas responsables. Deux options se présentent : la continuité du système et la guerre ou la révolution. La première hypothèse va se traduire par un renforcement du caractère autoritaire du pouvoir politique, dernier stade de l’impérialisme avant la dictature et la guerre, la guerre économique conduisant toujours à la guerre totale. C’est ce à quoi nous assistons en France comme dans la plupart des pays capitalistes. Le pouvoir politique devient plus autoritaire, toutes les libertés sont graduellement réduites sous prétexte de prévention, de sécurité et d’ordre, les assemblées élues sont amoindries dans leur pouvoir de décision et d’intervention, qu’il s’agisse des collectivités, des comités d’entreprise et autres. A ce stade, la bourgeoisie dispose encore des moyens de diviser le peuple en favorisant des « faux-nez » d’opposition comme le Parti Socialiste en France et en introduisant dans la vie politique des courants rétrogrades dont elle sait qu’ils contribueront à jeter le trouble dans la bataille d’idées. C’est le cas du mouvement Vert ou prétendument écologiste qui a germé sur une conséquence du capitalisme – la détérioration de l’environnement humain par les transnationales – et grandit sur son fumier sans remettre en cause le système, les causes profondes de cette détérioration.

Geostrategie : Pourtant le mouvement écologiste dénonce la destruction de l’environnement ?

J-L.I. : Bien sûr et le Parti Socialiste dit vouloir s’opposer à la politique du Premier ministre de Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Mais vous pouvez dénoncer tout ce que vous voulez, cela ne gêne nullement la bourgeoisie du moment que vous ne vous en prenez pas à l’essentiel, à la cause, à l’origine de cette destruction : son pouvoir politique et celui des puissances financières, son système et son mode de gestion des entreprises et des sociétés humaines. Le discours de ces écologistes opposés, par exemple, à la maîtrise et au développement de l’énergie nucléaire rappelle ces mentalités arriérées qui accusaient dans les années 1830 les premiers trains à vapeur de répandre la tuberculose dans les campagnes. Quant à la LCR-NPA, quelle que soit ses changements de nom, cette organisation a toujours contribué à diviser et affaiblir le mouvement populaire avec une phraséologie pseudo-révolutionnaire et elle doit être combattue comme telle. Elle est du reste complètement absente des mobilisations ouvrières contre la crise.

La question du Front National

Geostrategie : Et le Front National ?

J-L.I. : Il en va un peu de même pour le Front National qui dénonce les puissances financières mais dont le programme politique n’envisage aucune mesure économique radicale pour mettre un terme à leur domination et contraindre les maîtres de l’économie à rendre gorge. Contrairement aux campagnes de ce parti, ce ne sont pas les immigrés qui sont responsables du chômage. Je parle bien entendu de l’immigration qui vient travailler en France avec une qualification, s’y former dans le cadre de contrats avec des entreprises ou des universités ou y est présente depuis plusieurs génération et non de l’immigration clandestine issue de l’aggravation de la misère qui déserte son combat national pour changer l’ordre des choses. Cette dernière, la plupart du temps inculte, sans formation, analphabète, parfois trafiquante au-lieu d’être parquée dans des camps de rétention aux frais des contribuables devrait être reconduite aux frontières sans atermoiements. Essayez donc comme français de vous rendre clandestinement, « sans papiers », dans un pays d’Afrique ou même en Albanie pour juger de l’hospitalité qui vous sera réservée…Ce qui coûte cher à la France c’est le grand patronat qui attire et utilise cette main d’ouvre bon marché et inculte pour briser le tissu social et les avancées démocratiques qui sont autant d’obstacles à son enrichissement. Et quand cela lui est insuffisant, il délocalise les entreprises, comme le groupe Michelin, pour faire du chômage en France et produire à moindre coût et bien souvent à qualité inférieure dans des pays à la main d’œuvre corvéable à merci. Je le rappelle : 350 millions d’enfants sont actuellement surexploités par les transnationales à travers le monde ! Je rappelle également, puisque personne n’en parle, que le grand patronat français a reçu près de 65 milliards d’euros de subventions de l’Etat tout en bénéficiant de 8,5 milliards d’euros d’exonérations fiscales, de 25 milliards d’euros au titre d’une ribambelle de prêts bonifiés et de la baisse du coût du travail, etc. (4) Dans le même temps l’Etat ne budgétisait que 6 milliards d’euros pour le logement et 5 pour une justice qui se situe déjà parmi les derniers pays d’Europe par son budget !… Ce qui coûte cher à la France, c’est le grand patronat, le chômage qu’il fabrique et son organisation corrompue, le Medef. Le Front National ne reconnaît pas la lutte des classes, condition essentielle du combat pour l’émancipation humaine, raison pour laquelle il ne pourra pas mener jusqu’au bout le combat qu’il prétend mener, ce qui ne veut pas dire qu’il n’aurait pas un rôle à jouer. Mais pour prétendre être « front » et « national » sans doute faudrait-il qu’il se réfère plus à l’avenir qu’au passé dans son discours et ses propositions et que ses militants n’hésitent pas à se trouver aux côtés des travailleurs en lutte pour la défense de leur avenir au lieu de pratiquer un discours antisyndical d’un autre âge. Quand le Front National désignera pour cible le clan des milliardaires qui pille la France au lieu des immigrés qui contribuent à l’enrichir par leur travail, quand ce parti proposera et appellera à la lutte pour nationaliser la haute finance, rendre à la nation ce qui lui appartient, développer la démocratie directe, alors celui-ci commencera à être crédible comme « front national ». Cette logique s’inscrirait d’ailleurs dans la lignée de ses propositions pour une «Europe des peuples » par opposition à « l’Europe des banques ». Pour l’heure il reste enfermé dans un discours anticommuniste, antisyndical, anti-fonctionnaire et s’accroche aux oripeaux du système comme l’église catholique – je parle bien entendu de l’institution et non de la croyance, même si je suis athée – et s’oppose ainsi à tout grand rassemblement national sur des propositions de rupture. Imaginez la force que représenteraient le rassemblement et la mobilisation des organisations – partis politiques, syndicats, associations, etc. – agissant de concert sur des objectifs communs de rupture, chacun conservant, bien évidemment, son identité. Un Front National ouvert, démocratique, aux propositions novatrices, en prise avec la société en lutte pourrait jouer ce rôle de rassembleur. Après chacun prendra ses responsabilités de l’accompagner ou non sur les objectifs en question mais la clarté serait faite dans la société sur qui défend réellement l’intérêt général des français. Pourquoi le Front National ne soutient-il pas les travailleurs qui séquestrent les licencieurs dans des entreprises en bonne santé pour exiger des droits nouveaux dans les entreprises ? Visiblement, les propositions de changement font défaut et se limitent plutôt aux périodes électorales qu’au vécu quotidien des français. Bien entendu le rejet du Front National par la classe politique est injustifiable. Mais pour une part, il porte la responsabilité de cette situation en ne désignant pas les vrais responsables de la crise et en restant enfermé dans un carcan droitier et populiste qui l’empêche, pour partie, de prétendre à devenir national et populaire. Des dirigeants trop souvent issus de partis bourgeois ou à « l’idéologie de reclus » s’identifient par leur propos et leur image plus aux forces du passé qu’à une force porteuse d’avenir et de changement radical. Même si aucune perspective de changement réelle n’existe à l’heure actuelle, la grande bourgeoisie est très préoccupée par la réduction de son assise populaire. Plusieurs faits en attestent comme ses tentatives répétées de faire voter plusieurs fois les peuples ou de remplacer un vote populaire sur des questions qui engagent toute la nation par celui du Parlement lorsque leurs votes ne lui conviennent pas, la tentative de se fabriquer des circonscriptions sur mesure, etc. Nous ne sommes plus en démocratie…

Les forces vives de la nation absentes du Parlement

Geostrategie : …Parlement dont les membres sont pourtant élus par le peuple ?

J-L.I. : Oui, mais les Parlements ne représentent plus vraiment les peuples dans les pays occidentaux et leurs élus nationaux sont de plus en plus coupés des citoyens. Je n’évoque même pas le cas du Sénat français qui est une assemblée inutile et coûteuse qui devra être supprimée afin de renforcer les moyens et l’efficacité de l’assemblée des représentants de la nation. Si vous vous intéressez à la composition de l’Assemblée Nationale française, vous constaterez que sur les 577 députés, ne figure qu’un seul député issu de la classe ouvrière, le député communiste Maxime Gremetz, et un seul salarié agricole, le député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle qui est technicien agricole. Quant aux artisans, la « première entreprise de France », selon leur slogan, ne compte que deux élus ! Par contre vous trouvez vingt-deux « sans profession déclarée » parmi lesquels dix-neuf UMP, la plupart fils et filles de petits bourgeois, quinze permanents politiques, tous de l’UMP et du PS, qui faute de faire métier ont fait carrière dans la fonction d’élu et n’ont jamais participé aux forces vives de la nation, trente-huit avocats et, toutes catégories confondues, 184 fonctionnaires dont l’essentiel n’est pas représentatif de la fonction publique, exception faite des enseignants qui forme le gros de cette troupe avec les hauts fonctionnaires. Dans les faits, ce Parlement français n’est pas représentatif de la société française dans sa composition socioprofessionnelle. Les forces vives, classe ouvrière en tête, celles qui font le pays et connaissent les problèmes du quotidien, les drames de la vie sont quasiment absentes du lieu où se décident les lois ! Où sont les ouvriers, les marins-pêcheurs, les paysans, les ingénieurs, cadres et techniciens ? Ceux qui font vivre la France dans ce qu’elle a d’essentiel, de généreux, de génie créateur délèguent en masse leur voix et leur pouvoir à de petits bourgeois et à des politiciens carriéristes qui, une fois élus, ont tôt fait de les oublier ! De plus, le mode de scrutin ne permet pas une véritable représentation du peuple. L’Assemblée Nationale française est bien moins démocratique dans sa composition et son fonctionnement que la Douma en Fédération de Russie dans laquelle tous les partis ayant obtenus un minimum de suffrages sont représentés. En France, lors du premier tour des élections législatives de juin 2007, l’UMP s’est attribué 98 députés avec 10,28 millions de suffrages alors qu’il en a fallu 6,43 millions au Parti Socialiste pour en obtenir un seul ! Quant au PCF et au Front National ils n’en obtenaient aucun avec un peu plus de 1,11 millions chacun ! Le propos n’est pas de savoir si l’on est d’accord ou pas avec la politique proposée par ces partis mais de constater que le mode de scrutin ne permet pas une représentation équitable des courants de pensée de notre société. Le second tour de scrutin avec ses alliances opportunistes et politiciennes ne fait qu’aggraver la situation en excluant des millions d’électeurs de leurs choix et de la représentation nationale. Faute de proportionnelle intégrale, un français sur trois n’est pas représenté au Parlement.

Geostrategie : S’il n’y a pas grand-chose à attendre des partis politiques et des assemblées élues, comment les citoyens peuvent-ils modifier le cours des choses ?

J-L.I. : La démocratie est d’abord ce que les citoyens en font. Ils peuvent intervenir auprès des maires des communes, généralement plus accessibles pour changer la donne sur des problèmes locaux mais également auprès des députés pour des questions qui relèvent de la politique nationale. Les citoyens peuvent très bien se grouper et agir sur des objectifs de rupture avec le système – par exemple, refuser tout licenciement dans les entreprises qui font des profits, s’opposer aux délocalisations, exiger la construction de nouveaux logements, l’embauche de professeurs pour les écoles, de personnels pour les hôpitaux, les services postaux, etc. – et obliger leurs élus à s’engager sur leurs revendications, à leur rendre des comptes sur leurs votes dans les assemblées, ce qui ne sa fait pratiquement plus. Mais les questions fondamentales du passage à une démocratie politique avancée et du contrôle des grands moyens de production, de financement et d’échange reste toujours à conquérir. D’une manière générale, de mon point de vue, les luttes sociales demeurent encore bien en retrait dans leur contenu et leur combativité pour faire front aux attaques dont le monde du travail est l’objet. Mais l’entreprise reste le cœur des batailles à venir : c’est là que les salariés doivent agir pour obtenir de nouveaux droits leur permettant de participer à la gestion et de bénéficier des bons résultats auxquels ils contribuent. Dans les faits comme l’explique Hervé Sérieyx dans mon livre, « il s’agit de passer du « personnel-instrument » au service de l’organisation à « l’organisation-instrument » au service des personnes. » Il s’agit de cheminer d’une organisation d’entreprise destinée à gérer la docilité à une organisation qui suscite chez chacun de ses membres le désir d’y devenir un acteur engagé. La route est difficile mais les partis politiques classés habituellement comme « progressistes » ont failli à leur tâche. Il ne suffit pas que le monde capitaliste s’écroule pour qu’une nouvelle société prenne le relais. L’émancipation du peuple sera l’œuvre du peuple lui-même et à ce jour l’absence d’un courant révolutionnaire important fait défaut pour éclairer les citoyens sur des propositions de rupture avec le système finissant. C’est l’outil qui manque pour favoriser cette transformation politique et sociale. Le peuple est égaré, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas en attente ou demandeur de solutions pour changer la vie.

Des premières mesures d’un gouvernement révolutionnaire

Geostrategie : Quelle seraient les premières mesures que devrait prendre un gouvernement révolutionnaire ?

J-L.I. : Le pouvoir devra immédiatement stopper toutes transactions financières internationales le temps de procéder immédiatement à la nationalisation de la Banque de France et du secteur bancaire et financier, exception faite des sociétés coopératives de banque qui présentent dans leurs principes de critères de gestion démocratiques. L’un des premiers objectifs du nouveau pouvoir devrait également consister à donner de nouveaux droits aux sociétés coopératives, tout particulièrement afin que leurs sociétaires disposent des moyens réels de faire respecter les principes de gestion par les dirigeants quand ce n’est pas le cas. La banque et la finance sont le cœur de l’activité économique et c’est d’abord là que des mesures nationales et radicales doivent être prises avant d’envisager par la suite une action de proposition plus importante au niveau européen et international, à l’ONU par exemple ou par d’autres organisations internationales. De même, il devra formuler dans un second temps des propositions pour changer ces vieux outils du capitalisme (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, Organisation Mondiale du Commerce, etc.) Sur ces points, le gouvernement de Vladimir Poutine de la Fédération de Russie peut permettre d’avancer rapidement puisqu’il est déjà prêt à agir, à proposer et à soumettre au débat des solutions. Il ne faut pas perdre de vue que les mesures qui permettraient d’envisager un avenir meilleur sont également valables pour tous les peuples. Parler de la « réglementation de la vie économique » ou de « réguler les marchés financiers » comme le président français et ses homologues occidentaux en passant sous silence la nationalisation du secteur bancaire et financier ou la gestion démocratique des entreprises, en ne s’attaquant pas aux puissances financières c’est tromper les gens en discourant sur des promesses que l’on est décidé à l’avance à ne pas tenir. Comment peut-on prétendre contrôler et réglementer l’économie sans contrôler et réglementer les banques, le cœur de la vie économique, sans unifier la « comptabilité financière » de l’Etat ?!

Geostrategie : Mais la nationalisation démocratique des banques est une opération difficile qui prendra du temps ?

J-L.I. : C’est l’idée que distillent dans l’opinion les milliardaires avec leurs médias qui ont pardessus tout peur de perdre ainsi la maîtrise de l’économie et leurs privilèges. Dans les faits cette opération qui ne présente pas de grande difficulté sur le plan technique peut aller très vite. L’individu qui aura 1500 euros sur son livret d’épargne comme celui qui possédera 15 millions d’euros sous forme d’actions, d’obligations ou autre garderont chacun ce qu’ils possèdent après la nationalisation. Ceux qui propagent l’idée inverse sont uniquement motivés par le fait d’entretenir la confusion entre nationalisation et confiscation des biens privés pour protéger leurs privilèges. Dans un premier temps, le nouveau pouvoir devra surtout voter des lois favorisant la démocratie dans les entreprises par de nouveaux droits pour la gestion et l’élection des dirigeants sur la base de leur formation, de leur compétence et de leur expérience. Les sociétés coopératives seront des outils précieux pour insuffler la démocratie dans l’économie. Comme vous avez pu le lire, je mets en valeur dans mon livre la contribution importante des sociétés coopératives au mouvement pour la gestion démocratique des entreprises en comparant leurs principes de gestion et leur vécu avec les critères des sociétés classiques ou capitalistes si vous préférez. C’est un chantier immense, ardu et passionnant.

Geostrategie : Qu’est-ce qui changerait si une telle mesure était mise en œuvre ?

J-L.I. : Disons que nous ouvririons la porte de la rupture avec le capitalisme en donnant aux acteurs de l’économie, et en premier lieu à la classe ouvrière et à ses alliés qui font fructifier le Capital par leur travail, des ouvriers des chantiers aux analystes financiers, les moyens de définir et contrôler la marche des entreprises auxquelles ils sont associés, la possibilité de s’intéresser à leur organisation, d’intervenir pour participer à leur transformation. Ce serait le début d’un long mouvement d’émancipation, d’appel aux intelligences, d’appropriation de l’économie par tous ses acteurs au profit de l’intérêt général. Par exemple, concernant les banques, comme j’en fais la démonstration dans mon livre avec l’intervention de spécialistes de la comptabilité des grandes entreprises, aucun contrôle effectif de ces établissement n’est actuellement réellement possible tant les capitalistes jouent sur des procédés extrêmement complexes et subtils pour en établir les bilans, les faire « contrôler », fonder des structures dans des places off shore, éviter l’impôt, spéculer à hauts risques avec des produits financiers ultrasophistiqués. Pourquoi avoir tant de banques qui offrent les mêmes produits financiers quand leur réunion en une seule – exception faite des banques coopératives où se trouvent en germe les principes d’une gestion authentiquement démocratique -, laissant à chacun ce qu’il possède, permettrait le contrôle réel du mouvement des capitaux au profit de l’intérêt général ? Cette nationalisation démocratique accompagnée de la démocratisation des coopératives permettrait à l’Etat de savoir où et comment circulent les capitaux, au profit de qui et de les faire revenir à l’économie réelle sous contrôle populaire. Ce serait un véritable poumon d’oxygène pour la société toute entière quand on sait qu’un niveau mondial les pertes annuelles de recettes fiscales par les gouvernements du monde provenant du seul évitement fiscal – fraude et blanchiment non compris – sont estimées à plus de 255 milliards de dollars.

Geostrategie : Les banques ont déjà été nationalisées ainsi que des sociétés transnationales. Pourtant rien n’a vraiment beaucoup changé à l’époque ?

J-L.I. : C’est exact et c’est la raison pour laquelle j’insiste sur l’aspect démocratique que devront avoir les nationalisations. Il ne s’agit pas de remplacer des dirigeants de droite par des dirigeants de gauche à la tête de ces entreprises pour que ceux-ci les gèrent de manière identique, comme des « compteurs de petits pois », sur la base de seuls critères financiers de profit maximum immédiat avec des hiérarchies bardées de pré carré, des atteintes répétées aux libertés démocratiques, une opacité de gestion et de trucage des comptes incompatibles avec la démocratie. Les dirigeants auront à mettre en œuvre immédiatement les décrets et lois du pouvoir révolutionnaire donnant de nouveaux droits aux salariés pour qu’ils puissent intervenir complètement dans la gestion, mettre un terme au détournement d’une partie des bénéfices par les dirigeants actuels des entreprises des secteurs clés de l’économie, démocratiser toutes les fonctions jusqu’à changer l’entreprise, faire que l’entreprise soit un outil au service de ses acteurs et de son environnement et non l’inverse comme aujourd’hui. C’est une étape décisive qui implique une élévation quantitative et qualitative de la conscience de ses acteurs mais également de l’environnement des professionnels qui l’accompagnent dans sa création et son développement : commissaires aux comptes, auditeurs, experts comptables, etc. Sans cela les nationalisations resteront lettre morte et deviendront, comme nous l’avons connu, des « étatisations ». C’est la raison pour laquelle ces grandes orientations du pouvoir pour aller vers une démocratie avancée doivent s’accompagner de ce que Pierrre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, la principale société de conseil aux actionnaires, appelle « les petits pas ». Ainsi qu’il l’explique, il faudra initier des réformes plus modestes et locales qui vont dans le bon sens.

Geostrategie : Par exemple ?

J-L.I. : Par exemple d’abord décourager le grégaire et encourager la diversité d’opinion dans les marchés en mettant fin aux conflits d’intérêts des établissements financiers des groupes lors des opérations de marché. Comme le souligne Pierre-Henry Leroy, « ceci impose de recourir à des experts vraiment indépendants et non pas, comme aujourd’hui, payés et nommés par les intéressés. Une définition précise des conflits d’intérêts, des interdictions et des sanctions s’imposent. » Ou encore abolir les règlements qui alourdissent l’épanouissement de l’économie au profit de l’intérêt général, ce qui est d’autant plus facilement envisageable à partir du moment où ses acteurs disposent des moyens légaux et culturels favorisant leur intervention.

La seule issue pacifique à la crise : une révolution nationale et radicale

Geostrategie : Mais les économies étant aujourd’hui très liées d’un pays à l’autre avec la mondialisation capitaliste, pensez-vous qu’il soit possible de tenir tête aux dispositions européennes, aux règlements internationaux et aux pressions qui ne manqueraient pas de s’exercer sur une seule nation qui s’engagerait dans cette voie de rupture ?

J-L.I. : Votre question porte sur un point essentiel : le soutien du peuple à des réformes radicales. Un changement social de cette ampleur ne peut être le fait d’une seule avant-garde, aussi éclairée soit-elle. Si celle-ci est nécessaire pour formuler des propositions, porter le niveau de conscience à la hauteur des mesures indispensables, ouvrir le débat sur les questions essentielles, seul un grand soutien populaire à celles-ci peut permettre de rompre avec la situation actuelle, quelle que soit la voie de transition choisie par le peuple, électorale ou non. Le passage de la République du Venezuela d’un Etat sous domination étasunienne à un Etat démocratique, indépendant et progressiste est l’un des exemples les plus intéressants à étudier de notre époque. Toutes les attaques menées contre le gouvernement révolutionnaire du Venezuela, de l’intérieur par le grand patronat et les éléments conservateurs de l’église catholique et de l’extérieur par les Etats-Unis et d’autres pays avec certaines associations plus ou moins liées aux services étasuniens n’ont pu empêcher le processus de rupture de suivre son cours. Aujourd’hui le pays s’engage sur la construction d’une société socialiste en faisant l’apprentissage d’une authentique démocratie directe. Les secteurs clés de l’économie ont été nationalisés, les capitaux qui s’exportaient dans la poche de gros actionnaires étasuniens sont aujourd’hui injectés dans la modernisation des entreprises et des régions, des dizaines de milliers de coopératives se sont créées dans tous les domaines de l’activité économique et le pays se modernise au profit de ses citoyens. Ce qui paraissait impensable à une grande majorité du peuple se réalise aujourd’hui avec son soutien actif. Pourquoi cela a-t-il été possible malgré les accords régionaux, les règlements internationaux et les pressions de toutes sortes, jusqu’à des tentatives de coup d’Etat orchestrées par les Etats-Unis ? Parce que le peuple a su se constituer une avant-garde révolutionnaire exemplaire en bien des domaines, se rassembler, se mobiliser et le rester sur ses objectifs principaux de transformation politique et sociale radicale. Vos comprenez face à ces succès pourquoi le Venezuela révolutionnaire n’existe pratiquement pas dans les médias occidentaux. Le gouvernement français devrait se souvenir qu’il a plus besoin du Venezuela que le Venezuela n’a besoin de la France.

Geostrategie : Est-il possible de faire une telle révolution nationale et radicale en France ?

J-L.I. : Bien évidemment et c’est même la seule issue pacifique pour sortir de la crise et rompre avec le système actuel. Il est envisageable d’organiser en France le contrôle de toute la vie économique, d’opérer sa « réglementation » en la « débureaucratisant », de faire retourner à l’économie les capitaux que les capitalistes évitent de l’impôt et du développement des entreprises sans qu’il leur soit possible de dissimuler des biens et des revenus. Il n’y a nul besoin d’un appareil spécial de l’Etat puisque les salariés et les directeurs pourraient réaliser eux-mêmes la fusion immédiate de toutes les banques capitalistes en quelques semaines, par exemple sous l’autorité du ministère des Finances avec des congrès de travail réunissant les professionnels, cadres-dirigeants, représentants des propriétaires du Capital, salariés, syndicats, associations de consommateurs, etc. par banque, par région et nationalement. Il est évident que ceux qui s’y opposeraient ou feraient traîner les choses en longueur pour se livrer à des opérations malhonnêtes de dernière minute et entraver le processus de rupture en seraient exclus. Les avantages de la nationalisation du secteur bancaire seraient décisifs pour les PME, les collectivités et le peuple entier qui pourrait ainsi s’approprier les richesses qu’il crée et lui échappent. Un gouvernement qui arriverait au pouvoir avec la volonté de rompre avec le capitalisme ne peut être que nationaliste et radical. Etre nationaliste, cela veut dire donner la priorité à l’intérêt général de la communauté de territoire, de langue et de culture à laquelle on appartient. Concernant les accords régionaux ou internationaux que vous évoquiez, la petite Europe de Maastricht n’est pas un problème puisque pour ceux qui en doutaient l’expérience montre, à moins d’être complètement aveugle, qu’elle n’est qu’une organisation au service des grandes banques et des gros propriétaires privés de l’économie. Elle ne pouvait par conséquent résoudre aucun problème, quel qu’il soit, dans les sociétés qui la composent, qu’il s’agisse d’économie, de social, de culture, de liberté, de démocratie ou de droits de l’Homme. Vous remarquerez du reste que les promesses faite sur cette construction européenne par les dirigeants bourgeois et socialistes sur la fin du chômage, l’ouverture des marchés, le développement des entreprises, la solidarité entre les peuples, les libertés n’ont jamais vu le jour et que c’est même le contraire qui s’est produit. Je dresse dans mon livre un descriptif de la situation de cette petite Europe en m’appuyant sur des documents de synthèse de ses propres organismes peu connus du public. Il apparaît que celle-ci, dont les dirigeants sont si prompts à donner des leçons à d’autres peuples, est en recul sur tous les fronts. Il faut se préparer dès maintenant à construire l’Europe des peuples de Dublin à Vladivostock qui donnera la priorité aux qualités et à l’identité de chaque peuple par la recherche de coopérations mutuellement avantageuses, mettra un terme à la bureaucratie de Bruxelles engendrée par les puissances financières. Cela veut dire rompre avec l’actuelle « construction européenne », avec le traité de Maastricht et ceux qui ont suivi. Etre radical c’est avoir conscience que la classe dominante – la grande bourgeoisie – s’accrochera au pouvoir et à ses privilèges par tous les moyens et que seules des mesures radicales bénéficiant d’un fort soutien populaire permettront de la contraindre à respecter les lois nouvelles, de la renvoyer dans ses foyers et de rompre avec son système.

Le capitalisme a besoin de la guerre pour survivre

Geostrategie : La démocratie est-elle possible dans l’entreprise et tout particulièrement dans des sociétés transnationales à l’organisation complexe ?

J-L.I. : Je montre dans mon livre comment la gestion des sociétés coopératives se distingue – du moins dans celles dont les principes de gestion sont respectés – des entreprises classiques. Les entreprises coopératives sont des exemples de gestion à partir du moment où ses acteurs font respecter leurs critères de gestion par les dirigeants qu’ils élisent. Cela fonctionne dans de grandes banques comme le Crédit Mutuel en France ou le Mouvement des caisses Desjardins au Canada et peut donc très bien se mettre en place dans des PME. Chacun doit avoir conscience de la gravité de la situation car le système a aujourd’hui besoin de la guerre pour subsister. Le général russe Leonid Ivashov a mis en garde à plusieurs reprises contre la volonté des Etats-Unis de déclencher un conflit militaire majeur…

Geostrategie : …Vous voulez dire une troisième guerre mondiale ?

J-L.I. : Je dis « conflit militaire majeur » c’est-à-dire pouvant entraîner rapidement plusieurs pays dans des conflits bien plus graves que la guerre contre l’Irak ou contre la République fédérative de Yougoslavie. C’est du reste ce qu’ont tenté les Etats-Unis en foulant le droit international et en tentant de constituer une alliance de guerre contre l’Irak en passant outre l’ONU. Les Etats-Unis sont en pleine faillite, leur dette financière n’est plus remboursable et ne peut plus qu’être remise. Comme le rappelle le général Ivashov dans mon livre, tout se qui se trouve aux Etats-Unis – industries, immeubles, technologies de pointe, etc. – a été hypothéqué plus de dix fois partout dans le monde et nous sommes au bord d’un krach du système financier international sur le dollar étasunien. Le général Ivashov, qui est vice-président de l’Académie russe des problèmes géopolitiques, estime que « les banquiers mondiaux » en faillite ont besoin d’un événement de force majeure de proportions mondiales pour s’en sortir ». Selon son analyse, « l’importance des événements à venir est réellement épique. (…) Les conflits régionaux comme ceux déclenchés contre la Yougoslavie, l’Irak et l’Afghanistan ne donnent que des effets à court terme. Ils ont besoin de quelque chose de beaucoup plus important et ce besoin est urgent ». Les Etats-Unis et leurs sujets anglo-saxons n’ont pas réussi à entraîner les pays occidentaux dans leur croisade contre l’Irak. Ils tentent aujourd’hui de renouveler leur opération contre l’Afghanistan et la République Islamique d’Iran avec l’OTAN et vont de provocation en provocation pour tenter de renverser le régime légitime du peuple Iranien.

Au nom de quoi l’Occident serait-il à l’abri des guerres qu’il provoque ?

Geostrategie : Est-ce à dire que les conflits régionaux actuels peuvent gagner en ampleur ?

J-L.I. : Malheureusement l’heure est à la guerre et les dirigeants occidentaux en portent la responsabilité. Ils font régulièrement la démonstration de leur recherche d’un conflit majeur, pour sauver leur système en faillite. Ils multiplient les provocations médiatiques, économiques et armées de manière répétée contre plusieurs Etats depuis quelques années. Par exemple, les dirigeants Français mènent des opérations militaires hors frontières contre des peuples (Comores, Afrique, Albanie, Kosovo, Bosnie, Afghanistan, etc.) avec une structure militaire, le Commandement des Opérations Spéciales dont le siège est basé à Villacoublay (Yvelines) en région parisienne, la plupart du temps sans consultation du Parlement. L’armée n’est plus au service de la défense du pays tous azimuts mais des besoins des sociétés transnationales et des guerres étasuniennes. Il semble que le président Sarközy de Nagy-Bocsa n’ait pas compris que le retour en puissance sur la scène internationale de la Fédération de Russie, de la République Populaire de Chine, de l’Inde et de l’Amérique latine et centrale mette un terme aux schémas idéologiques et aux alliances des années soixante-dix. Les français peuvent du reste interpeller leurs députés sur ces opérations militaires en se servant de mon livre puisque celles-ci vont leur coûter en 2009 plus d’un milliard d’euros avec l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan. Aujourd’hui, le mot d’ordre des militants nationalistes et révolutionnaires doit être « Troupes françaises hors d’Afrique ! », « Troupes françaises hors d’Afghanistan ! » L’action doit se développer afin d’entraver par tous les moyens le fonctionnement des troupes d’invasion et les centres nerveux des Etats qui participent à ces opérations militaires meurtrières dans lesquelles périssent de nombreux civils. Le temps de la guerre qui se déroule à plusieurs heures d’avion des capitales occidentales sans répercussions pour l’agresseur est révolu.

Geostrategie : Selon vous ces conflits sont donc susceptibles aujourd’hui d’avoir des répercussions en Occident même ?

J-L.I. : Les occidentaux doivent comprendre que les bombes qu’ils lâchent sur les autres peuples, que l’uranium appauvri que les armées étasuniennes, françaises et anglaises n’ont pas hésité à utiliser en 1991 lors de la guerre du Golfe, puis en Bosnie en 1995, puis encore contre la Serbie en 1999, puis à nouveau contre l’Irak en 2003 avec les conséquences dramatiques pour les êtres humains et l’environnement peut aussi se répandre au cœur de leurs propres villes, de leurs repaires économiques, financiers et militaires. Comme le rapporte le contre-amiral Claude Gaucherand, à l’hôpital pour enfants de Bassorah, en Irak, l’une des plus modernes maternité du monde arabo-musulman avant la guerre, où naissaient 12000 enfants par an, les femmes qui accouchent ne disent plus « fille ou garçon » mais « monstre ou être humain ? » Les cas de leucémie ont été multipliés par 13 et les cancers par 6 en douze ans et ces chiffres ne font qu’augmenter. Il faut également savoir que le plus moderne institut de production de vaccins du Proche-Orient qui fût créé dans les années 1980 par une coopération de l’Irak avec les établissements Mérieux a été détruit par l’ONU et ses envoyés de l’UNISCOM avec des conséquences dramatiques pour les populations et les animaux bien au-delà de l’Irak et de sa région. L’utilisation de telles armes comme le déclenchement des guerres sans consultation du Parlement fait des dirigeants de l’époque des criminels de guerre. Donnez-moi une seule raison qui justifierait que les populations occidentales soient à l’abri des guerres offensives qu’elles laissent financer avec leurs deniers par leurs dirigeants et leurs représentants sans sourciller ? Les bombes ne seraient-elles bonnes que pour les enfants Serbes, Palestiniens, Irakiens, Africains ou Afghans ? Ce temps là est bien fini.

Les fraudeurs ne sont pas à Téhéran mais à l’UMP

Geostrategie : Les politiciens et médias occidentaux parlent de « dictature » et de « révolution manquée » contre le régime de Téhéran, menaçant d’intervenir pour la protection des droits de l’Homme. Quel est votre avis sur l’évolution de la situation en Iran ?

J-L.I. : Premièrement, le peuple Iranien a réélu le président Ahmadinedjad avec une écrasante majorité, bien plus large que celle que le peuple français a donnée au président français lors de l’élection présidentielle de 2006. Permettez-moi de souligner au passage que l’élection du président français ne respecte même pas la loi qui prévoit qu’aucun citoyen ne peut porter de nom autre que celui exprimé dans son acte de naissance, à savoir pour ce fils d’émigrés juifs hongrois, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Visiblement, « de Nagy-Bocsa » est resté de l’autre côté de la frontière du bulletin de vote. Ensuite, je ne pense pas que le président français et son parti, l’UMP, dont une ribambelle d’élus ont vu leur élection annulée dans différents scrutins parce qu’ils avaient triché – Serge Dassault le « jeune » sénateur-maire UMP de 84 ans de Corbeil-Essonne, fabricant d’armes, a été déclaré inéligible pour un an par le Conseil d’Etat et accusé d’avoir acheté des voix ! – soient en mesure de donner des leçons de démocratie électorale à l’Iran. Ils le sont d’autant moins que d’autres élus de l’UMP ont été également déboutés de leur tentative de remettre en cause plusieurs résultats de scrutin au prétexte que ceux-ci ne leur étaient pas favorables. Le parti des fraudeurs n’est pas à Téhéran mais bien en France. L’UMP est d’ailleurs coutumier de «putsch » contre le peuple et la démocratie.

Geostrategie : « Putsch » contre la démocratie, c’est-à-dire ?

J-L.I. : Je rappelle que le 23 mars 1999, les représentants des dix-neuf pays de l’OTAN ont déclenché les frappes aériennes contre la République Fédérative de Yougoslavie sans consultation des parlements. Puis, ils ont violé une nouvelle fois la Constitution française en 2001 quand le Premier ministre « socialiste » Lionel Jospin a, d’un commun accord avec le président UMP Jacques Chirac, décidé de participer à l’invasion et à l’occupation de l’Afghanistan. Depuis les choses n’ont fait que s’aggraver et les opérations militaires extérieures pèsent de plus en plus lourdement dans le budget de l’Etat. J’ajoute que la France participe au soutien de dictatures sur le continent Africain où elle n’a rien à faire et dont elle ne conteste du reste pas les élections de dirigeants, réellement truquées celles-ci. Et voilà qu’aujourd’hui, avec leurs homologues de la petite Europe de Maastricht, ils s’entendent pour faire revoter les Irlandais qui se sont prononcés majoritairement contre le traité de Lisbonne et dont le vote ne leur convient pas ! Et ce sont ces dirigeants français qui ont la prétention de donner des leçons de démocratie à l’Iran ? Ce n’est pas sérieux. Cette réalité n’est que celle d’une classe sociale, la grande bourgeoisie, qui s’accroche au pouvoir par tous les moyens, jusqu’à la guerre, pour sauvegarder ses privilèges

Un fait dont personne ne parle

Geostrategie : Les reproches formulés au gouvernement iranien par les dirigeants occidentaux procèdent-ils de la volonté de chercher un conflit majeur ? S’agit-il d’une opération concertée ?

J-L.I. : Oui. Plusieurs éléments prouvent que nous assistons à une tentative de déstabilisation du gouvernement Iranien réparée de longue date par les services étasuniens avec la collaboration de membres de services occidentaux et sionistes. La stratégie est la même que celle employée pour la prétendue « révolution orange » en Ukraine ou dans d’autres pays comme la Géorgie avec d’autres couleurs et d’autres valets. Vous retrouvez derrière ces « candidats de la liberté » les mêmes associations financées par des annexes des services étasuniens, les mêmes bailleurs de fonds, les mêmes campagnes médiatiques spontanées avec manifestations, pancartes, mots d’ordre en anglais, provocations, etc. Malheureusement les occidentaux, tous particulièrement les étasuniens, les anglais et les français, devront se faire à l’idée que le président Ahmadinejad jouit d’un fort soutien populaire et de la confiance des forces révolutionnaires d’Iran. J’attire du reste votre attention sur un fait dont personne ne parle : ces conservateurs petits bourgeois qui se présentent comme des défenseurs de la « liberté », de la « démocratie » et des « droits de l’Homme » ont tous le même programme politique : « libérer » l’économie. Cela signifie privatiser avec les conséquences qui s’en suivraient pour le peuple, tout particulièrement dans le domaine de l’énergie puisque l’Iran est un grand pays producteur de pétrole. Avez-vous remarqué le silence entretenu par les médias occidentaux sur le programme politique de cette opposition ? Je ferai le reproche aux dirigeants iraniens de ne pas suffisamment mettre en avant les acquis de la Révolution islamique qui a libéré le pays du joug de l’étranger et a permis de consacrer au développement économique et social des capitaux qui partaient auparavant dans la poche des gros actionnaires des sociétés occidentales. La République Islamique d’Iran se modernise, y compris par la maîtrise de l’énergie nucléaire, et contrôle son activité économique au profit de toute la société : voilà ce que ne supportent pas les occidentaux, français compris, dont les milliardaires dirigeants des sociétés transnationales convoitent les richesses et la place stratégique. Il est évident qu’un Hossein Moussavi comme tout autre dirigeant soutenu par les occidentaux permettrait à Israël de poursuivre tranquillement le génocide du peuple Palestinien sans que cette entité ait à répondre régionalement et internationalement de ses crimes. La politique de paix développée par l’Iran s’accompagne forcément d’une dénonciation de la réalité de la politique raciste et belliciste de l’entité sioniste, que cela plaise ou non. Il ne peut y avoir d’aboutissement à plus de soixante années de conflit sans que la réalité des faits soit posée sur la table.

Il est temps d’en finir avec « l’Etat » raciste israélien

Geostrategie : La communauté internationale peut-elle encore jouer un rôle dans le règlement de la question juive au Proche Orient ?

J-L.I. : La communauté internationale n’existe plus depuis longtemps Pour qu’elle existe encore faudrait-il qu’il y ait une volonté politique commune de régler les conflits dans l’intérêt des peuples, ce qui n’est plus le cas, tout particulièrement avec ce que l’on appelle « l’Etat » d’Israël. Le président Ahmadinejad a souligné avec raison, lors de son intervention à la tribune des Nations Unies à Genève le 11 avril dernier qu’ « après la deuxième guerre mondiale, sous prétexte « des souffrances des juifs », un groupe de pays puissants a eu recours à l’agression militaire pour faire d’une nation entière une population sans abri. Ces pays ont envoyé des migrants d’Europe, des Etats-Unis et d’ailleurs pour établir un gouvernement totalement raciste en Palestine occupée. Il est tout à fait regrettable qu’un certain nombre de gouvernements occidentaux ainsi que les Etats-Unis aient entrepris de défendre ces racistes auteurs de génocide. Ils ont toujours soutenu les actes odieux du régime sioniste ou sont resté silencieux face à ces actes ». Tout cela n’est que la triste vérité et nous sommes aujourd’hui confrontés à une peste sioniste qui se répand comme un poison de manière analogue à celles des nazis : pureté de la « race » qui place le juif , « peuple élu », au-dessus de tout autre être humain – et je vous renvoie sur ce point à La question juive écrit par le juif allemand Karl Marx -, implantation de colonies qui répond au besoin d’espace vital à l’image de l’ancien Reich allemand, populations chassées à coups d’interventions militaires, villages rasés, terres spoliées, torture, etc. L’ouvrage de Serge Thion, Le terrorisme sioniste,(5) est sur ce point révélateur de la terreur qui accompagne l’occupation de la Palestine par l’entité sioniste depuis 1947. Israël n’est pas un Etat mais une entité raciste sans frontières définies et sans constitution. C’est l’amie assassine du président Sarközy de Nagy-Bocsa dont l’historien Paul-Eric Blanrue décrit fort bien l’introduction dans l’appareil d’Etat français dans son ouvrage Sarkozy, Israël et les juifs.(6)

Geostrategie : Vous êtes l’un des rares journalistes français à soutenir l’intervention du président Ahmadinejad. Selon vous, le président Iranien n’a fait que rapporter la réalité des faits à la tribune de l’ONU ?

J-L.I. : L’un des rares à le soutenir ? Je ne pense pas. Sans doute dans les salons dorés des capitales occidentales et de l’ONU à Genève – et encore car il y fût applaudi par la grande majorité des participants à la déception des représentants occidentaux. Je renvoie ceux qui doutent de la triste réalité de la Palestine occupée et du racisme de l’entité sioniste à se rendre dans les pays arabes. Je ne parle pas de descendre dans les hôtels cinq étoiles pour l’interview d’une personnalité et de partager le reste de son temps entre le bar et la piscine de l’hôtel comme le font certains journalistes occidentaux. Je parle de vivre avec le peuple, d’aller à sa rencontre, de l’écouter, d’essayer de le comprendre. Ils verront alors que le président iranien jouit d’une grande popularité dans le monde arabo-musulman. Par ailleurs, un rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme qui fait suite à une importante mission d’enquête en Israël rapporte, je cite, « les nombreuses discriminations raciales (…) tant légalisées qu’empiriques, sans aucun fondement de quelque nature que ce soit » qui constituent « une violation à la Déclaration universelle des droits de l’homme, au Pacte international relatif aux droits civiques et politiques, au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ». Il est évident que si les occidentaux continuent de soutenir une telle entité raciste, ils devront finir par assumer également la responsabilité du génocide du peuple Palestinien et de la guerre qui se prépare. Depuis 62 ans cette entité viole toutes les lois internationales, procède à une véritable épuration ethnique de la Palestine, refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU et poursuit sa guerre d’occupation et d’expansion à l’abri du discours trompeur de ses dirigeants. Vous seriez enfant Palestinien et vous auriez vu votre famille décimée sous les bombes sionistes ou chassée de sa terre, pensez-vous que vous continueriez d’applaudir aux rencontres diplomatiques sans lendemain avec un occupant qui piétine la diplomatie et les pactes internationaux jusqu’au sein de l’ONU ? Quant aux dirigeants des pays arabes au pouvoir qui ne sont, exception faite de la Syrie, que des modérés corrompus agenouillés devant les occidentaux, ils portent une lourde responsabilité dans l’extermination du peuple Palestinien et la présence coloniale dans cette région du monde.

Geopolitique : Dans de telles conditions, pensez-vous qu’après tant d’années une solution diplomatique puisse encore être trouvée ?

J-L.I. : En refusant toute véritable négociation pour que la Palestine retrouve l’intégralité de sa terre et ses droits, l’entité sioniste empoisonne la vie politique internationale et diplomatique depuis plus d’un demi-siècle. Ce racisme religieux que les occidentaux et l’ONU refusent de combattre oblige à considérer que la seule alternative qui reste désormais pour en finir avec Israël est la guerre. Que voulez-vous qu’il reste quand des dirigeants refusent de voir la réalité des choses, d’entendre la voie de la diplomatie et donc de la sagesse ? Ainsi que je le rapporte dans mon livre, une mission d’enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme conclut que « le projet politique fondateur de l’Etat d’Israël, l’instauration d’un « Etat juif » est porteur d’une discrimination à l’égard de la population non juive ». Si « l’Etat d’Israël est « l’Etat des juifs » comme le stipule l’article 7 de la loi fondamentale sur la Knesset, alors tout juif qui se trouve en dehors de cet Etat doit être considéré comme immigré. Une liste noire des Etats et sociétés qui commercent avec Israël, fournissent à cette entité du gaz, du pétrole – comme la Fédération de Russie, la Turquie, la Géorgie et quelques autres -, des armes et autres bien de consommation doit être dressée afin de dénoncer publiquement leur participation au massacre du peuple Palestinien et d’organiser un boycott progressif et massif de leur commerce. Il faut ainsi s’opposer comme le font une centaine d’organisations, de partis politiques, d’associations, y compris juives, à l’implantation de la société israélienne Agrexco à Sète et ailleurs en France. Ce n’est qu’un aspect du combat qu’il faut aujourd’hui mener contre cette entité raciste jusqu’à la contraindre à la raison car chaque jour elle vole la vie et la terre des Palestiniens.

Renforcer l’action commune des peuples contre l’impérialisme

Geostrategie : Revenons à l’Iran. Pensez-vous que la République Islamique d’Iran puisse affronter la crise provoquée par les occidentaux ?

J-L.I. : Crise est un bien grand mot. Je parlerai plutôt de nouvelle provocation occidentale et d’ingérence dans les affaires du peuple iranien. Non seulement elle le peut mais elle en sortira renforcée. Il faut savoir qu’ au-delà d’un appareil d’Etat en pleine modernisation, la République Islamique d’Iran dispose de militants révolutionnaires aguerris à la lutte contre les provocations occidentales, d’une jeunesse formée dans les écoles et Universités ouvertes à toutes les couches de la population qui soutient majoritairement le régime contrairement à ce que diffusent les médias occidentaux, de penseurs et d’intellectuels riches de la culture perse, d’une religion avec laquelle la corruption et l’enrichissement personnel contre l’intérêt général ne sont pas compatibles. Il ne faut pas oublier qu’en août 1953 les occidentaux ont eux-mêmes préparé le coup d’Etat pour renverser le régime démocratique de Mohammad Mossadegh afin d’installer au pouvoir la dictature des Pahlavi qui a plongé l’Iran dans un bain de sang. Quelques mois après son installation au pouvoir par les occidentaux, en 1954, un consortium composé de compagnies étasuniennes, anglaises, françaises et hollandaises se mettait en place pour gérer l’exploitation pétrolière de l’Iran au profit des actionnaires des grandes compagnies occidentales. Un véritable pillage de l’Iran s’est ainsi opéré pendant près de vingt-six années de dictature jusqu’à la Révolution islamique en 1978 et 1979. Il est évident que les dirigeants occidentaux entendent aujourd’hui dicter de nouveau à l’Iran sa politique économique tantôt en lui interdisant d’utiliser l’énergie nucléaire, tantôt en le menaçant, tantôt en exerçant des pressions économiques ou en essayant de déstabiliser son régime démocratiquement élu pour imposer une marionnette à leur solde afin de s’approprier ses richesses.

Geostrategie : Mais vous êtes vous-même athée et vous soutenez le pouvoir religieux de Téhéran ?

J-L.I. : Où est le problème ? Notre foi n’est pas la même mais je constate que le régime de Téhéran défend l’indépendance économique du pays, les nationalisations – même si celles-ci doivent aujourd’hui passer à un niveau qualitatif supérieur – et donc la possibilité pour le peuple Iranien d’améliorer ses conditions d’existence en participant plus fortement à la vie économique. On ne peut en dire de même du Vatican ou de l’entité sioniste qui sont deux des principales destinations du blanchiment de l’argent du crime organisé et du commerce des armes, ni des Etats-Unis avec leurs 60 millions de pauvres où la misère, contrairement à la République Islamique d’Iran, est en pleine expansion ! Quant à l’Union Européenne, donneuse de leçon de droits de l’Homme elle devrait commencer par s’occuper de ses 20 millions de chômeurs, de ses 70 millions de citoyens mal logés, de ses 80 millions d’autres qui courent un risque de pauvreté dont « la moitié d’entre eux est dans une situation de pauvreté durable » si j’en crois le Rapport conjoint 2008 sur la protection sociale et l’inclusion sociale de la Commission européenne ! Où sont les droits de l’homme pour ces habitants de la petite Europe ? Par ailleurs, la France a fait le choix de servir de refuge à une organisation armée logée à Auvers-sur-Oise, en région parisienne, qui était, voici peu de temps, classé sur la liste noire des mouvements terroristes du Département d’Etat étasunien et de l’Union Européenne. Elle vient d’en être retirée car les dirigeants anglo-saxons ont réalisé qu’ils avaient besoin de l’instrumentaliser pour développer une grande campagne contre la République Islamique d’Iran. Tout ce qui peut leur servir contre l’Iran révolutionnaire est bon. Il serait du reste intéressant de savoir de qui cette organisation reçoit des fonds et des armes en quantité impressionnante… Le gouvernement français devrait prendre garde. Que n’entendrait-on si l’Iran abritait sur son sol une organisation dont le but avoué serait de renverser le gouvernement français ?! Sans intervenir dans les affaires intérieures iraniennes, je pense que les dirigeants iraniens devraient revoir les conditions des échanges avec les pays de l’Union Européenne, tout particulièrement la France, et choisir des partenaires commerciaux plus fiables et respectueux de l’indépendance des peuples. Cela vaut pour l’Iran comme pour tous les peuples qui se lèvent sur tous les continents et qui doivent, au-delà de leurs croyances différentes, se rapprocher pour agir en commun contre l’impérialisme.

Geostrategie : Le conflit majeur dont vous parlez pourrait prendre des formes nouvelles ?

J-L.I. : Je le pense car les occidentaux semblent oublier qu’il ne peut y avoir de second Hiroshima puisque cela signifierait la fin de l’Humanité. Le président étasunien Obama qui a pris un ton aux relents de guerre froide vis-à-vis de la Fédération de Russie devrait bien réfléchir à changer d’attitude contre le cœur de l’Eurasie. De même, son implication et celle de son administration – CIA, Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération(7) et Commandement Sud des Etats-Unis (Southcom) – dans le coup d’Etat en juin dernier contre Manuel Zelaya, président démocratiquement élu du Honduras, ne fait que confirmer la poursuite de la politique belliciste et agressive de ses prédécesseurs. Vous constaterez au passage la disproportion du traitement dans les médias français entre le coup d’Etat étasunien au Honduras avec des centaines de morts et des milliers d’arrestations qui n’ont eu droit qu’à quelques toutes petites minutes d’antenne et le coup d’Etat manqué des occidentaux en Iran qui a fait chaque jour l’objet de commentaires aussi faux qu’abondants. Les Etats-Unis ne sont plus en état de dicter leur volonté au monde et leur président va devoir faire front sur le plan intérieur aux déceptions qui vont naître des promesses qu’il a faites pour être élu et qu’il ne pourra tenir. Sur le plan extérieur les guerres qu’il entretient et les nouvelles qu’il cherche à provoquer vont accroître l’endettement et contribuer au processus d’affaiblissement majeur des Etats-Unis et du capitalisme en faillite. Imaginez ce qu’il adviendrait de la société étasunienne dans un tel contexte politique, économique et social si son président noir était victime d’un odieux attentat raciste perpétré par un groupe sioniste ou des miliciens extrémistes blancs ?!… Imaginez ce qu’il adviendrait demain si les images captées par satellite et caméras sur le prétendu attentat contre le Pentagone en septembre 2001 étaient publiées ? Certains responsables du Federal Bureau of Investigation en ont une idée pour avoir fait saisir aux Etats-Unis certaines de ces bandes vidéos…Il est étrange, ne trouvez-vous pas, que cette manipulation et mise en scène hollywoodienne ait échappé aux « yeux du ciel » pour l’un des bâtiments les plus surveillés de la planète ? Sans doute faut-il encore laisser du temps au temps. Les occidentaux ne sont plus les seuls à maîtriser les nouvelles technologies et les peuples à qui ils ont pris leurs familles, leurs terres, leurs richesses, leur espoir, leur avenir n’ont plus rien à perdre. Ces « terroristes » là seront les libérateurs d’aujourd’hui comme l’étaient hier communistes et sans partis dans la Résistance contre le nazisme. A mains nues ou en costume cravate nous devons être à leurs côtés car pour eux comme pour nous, l’avenir c’est aujourd’hui la révolution ou la guerre.

Notes :

(1) Diplômé de l’Ecole des Hautes Sociales, de l’Ecole des Hautes Etudes Internationales et de l’ESJ, Jean-Loup Izambert est un journaliste indépendant qui a également exercé comme conseil en communication politique et communication de crise. Spécialisé depuis les années quatre-vingt cinq dans l’investigation économique, politique et financière, il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages : Le krach des 40 banques (Ed. du Félin, 1998), Le Crédit Agricole hors la loi ? (Ed. Carnot, 2001), Crédit Lyonnais, la mascarade (Ed. Carnot, 2003), ONU, violations humaines (Ed. Carnot, 2003), Faut-il brûler l’ONU ? (Ed. du Rocher, 2004), Les Démons du Crédit Agricole (Ed. L’Arganier, 2005), Pourquoi la crise ? (Ed. Amalthée, 2009)

(2) Lire Résistance, n°56, juin 2009 et le site Internet voxnr.com

(3) Source : Organisation Internationale du Travail.

(4) Source : Rapport sur les aides publiques aux entreprises, Inspection générale des Finances, des Affaires sociales et de l’Administration, janvier 2007.

(5) Le terrorisme sioniste, par Serge Thion, Ed. Akribeia, Paris (disponible ici).

(6) Sarkozy, Israël et les juifs, par Paul-Eric Blanrue, Ed. Oser dire (disponible ici).

(7) L’institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération, aussi appelé « Ecole américaine » est un centre d’entraînement et de formation étasunien destiné à former des militaires et commandos pour contrer les forces progressistes et révolutionnaires du continent d’Amérique centrale et latine. Plusieurs chef militaires des dernières dictatures de ce continent soutenues par Washington en sont issus.

 

vendredi, 09 décembre 2011

„Wir können die Herausforderungen der Zukunft nur zusammen mit Russland meistern“

„Wir können die Herausforderungen der Zukunft nur zusammen mit Russland meistern“
Ex: http://www.eurasischesmagazin.de/
 
Alexander Rahr, Leiter des Berthold-Beitz-Zentrums in der Deutschen Gesellschaft für Auswärtige Politik, über die Rolle Russlands in Europa, die Modernisierung des Landes und die „westliche Arroganz“.

Eurasisches Magazin: Sie haben ein neues Buch über Russland geschrieben. Eine „Insider-Analyse“, heißt es auf dem Umschlag, die untersucht, „warum wir Russland brauchen“.  Wer ist mit „wir“ gemeint?

Alexander Rahr: Gemeint sind wir Europäer, vor allem Deutsche. Die Hauptthese des Buches lautet: Westeuropa scheint tatsächlich zu glauben, dass es seine Zukunft alleine auf die Schicksalsgemeinschaft mit den USA ausrichten und Länder wie Russland und Ukraine ignorieren kann. EU-Europa hat heute keinen Osten. Europa ist nicht fertiggebaut nach dem Kalten Krieg. Zwischen uns und Russland liegt eine neue „Mauer“ – die Visumsbarriere. Manche im Westen sehen Russland nicht als Partner, sondern als potenziellen Feind. Dabei können wir die Herausforderungen der Zukunft nur zusammen mit Russland meistern. Das Buch liefert dafür die notwendigen Argumente. 
  
EM: Inwiefern sind Sie Insider – Sie leben in Deutschland, arbeiten in der „Deutschen Gesellschaft für Auswärtige Politik“ und beraten deutsche Politiker und Wirtschaftsbosse?

„Meine Aufgabe ist es nicht nur den Deutschen Russland zu erklären, sondern auch den Russen den europäischen Gedanken zu vermitteln“

Rahr: Ich leite seit Jahren das Berthold-Beitz-Zentrum im Think Tank Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik. Wer die Biographie des Industriellen Berthold Beitz liest, erkennt in ihm einen weit vorausschauenden Ostpolitiker. Er war ständig im Osten. Ich fühlte mich seinem Erbe verbunden und verheimliche dies auch nicht in meinem Buch. Ich berate gleichzeitig deutsche, russische und ukrainische Politiker und Unternehmer. Ich wandere und lebe zwischen zwei Welten. Meine Aufgabe ist es, nicht nur den Deutschen Russland zu erklären, sondern auch den Russen den europäischen Gedanken zu vermitteln. Ich bin eine wichtige europäische Stimme in der osteuropäischen Medienlandschaft, ein wichtiger Meinungsmacher in den Ländern des postsowjetischen Raums. Wer das nicht glaubt, kann mich entsprechend googeln. Ich hoffe, ich trage mit meinem Engagement zum besseren Dialog zwischen Russland und der EU bei. Wichtig ist, dass ich sowohl hier als auch dort akzeptiert bin. 

EM: Der Titel Ihres Buches lautet: „Der kalte Freund“. Inwiefern Freund?

Rahr: Bundeskanzlerin Angela Merkel sagte vor ihrem Amtsantritt 2005: Deutschland verbindet eine Freundschaft mit den USA, ob Russland irgendwann einmal unser Freund wird, muss sich zeigen. Der Kalte Krieg ist vorbei, aber wir sind noch keine echten Partner und Verbündeten geworden. Wir leben in der Zeit des kalten Friedens, oder – in einer (noch) kalten Freundschaft. Ich glaube, das ist eine passende Beschreibung des Zustands unserer Beziehungen zu Russland. 

„Die Deutschen sind das Lieblingsvolk der Russen“
 

EM: Sie gehen darauf ein, dass Deutsche zu Russland eine „besondere Beziehung“ hätten. Trifft das auch umgekehrt zu? Und wie kann man diese Beziehung von Deutschen und Russen zueinander charakterisieren?

Rahr: Die Russen mögen die Deutschen mehr als umgekehrt. Die Deutschen sind das Lieblingsvolk der Russen. Russland will eine Modernisierungs-Partnerschaft mit Deutschland. Sie wollen deutsches Know-how. Die Ware Made in Germany ist in Russland höchst attraktiv.  Im 20. Jahrhundert haben sich Deutsche und Russen auseinandergelebt und den schrecklichsten Krieg aller Zeiten geführt. Doch die Russen haben die deutsche Wiedervereinigung stärker unterstützt, als viele NATO-Verbündete Westdeutschlands. Deutschland hat 2008 die dritte NATO-Osterweiterung vor Russlands Toren aufgehalten, das vergisst Moskau Deutschland nicht.

EM: Nach dem deutschen Angriff auf die Sowjetunion im Zweiten Weltkrieg sind Millionen Russen gefallen. Zivilisten sind verhungert, wurden verschleppt und umgebracht. Dennoch gibt es kaum Hass von Russen gegenüber Deutschen. In anderen Ländern, die unter der Wehrmacht zu leiden hatten, ist solcher Hass durchaus lebendig. Können Sie das erklären?

Rahr: Die Russen haben das Gefühl, dass sie Deutschland vernichtend geschlagen und für den Hitler-Angriff bestraft haben. Ostdeutschland wurde von der UdSSR für 45 Jahre besetzt. Die tiefe Feindschaft und der Hass sind übergegangen in eine echte Versöhnung. Heute erinnert man sich in Russland wieder an die positiven Seiten der deutsch-russischen Beziehungen, an den Eisernen Kanzler Bismarck, an Willy Brandt. Gerhard Schröder wird als engster Freund Russlands gesehen. Bundespräsident Christian Wulff und Bundesaußenminister Guido Westerwelle haben im vergangenen Jahr Russland eine neue Zusammenarbeit in Rechtsfragen vorgeschlagen. Die Initiative ist in Russland, vor allem bei Präsident Dmitri Medwedew, auf großes Interesse gestoßen.

Deutschland als wichtigster Rechtspartner

EM: Worum geht es beim deutsch-russischen Rechtsdialog? 

Rahr: Ziel ist die Unterfütterung der anvisierten Modernisierungspartnerschaft mit konkreten Inhalten. Russland hat Interesse an einer Integration in den gesamteuropäischen Rechtsraum gezeigt, Deutschland kann mit seiner Erfahrung des Aufbaus eines Rechtsstaates in Ostdeutschland nach der Wende Moskau wertvolle Ideen vermitteln. Der Rechtsdialog ist keine Sackgasse, Deutschland spielt sich hier nicht als „Lehrmeister“ gegenüber dem vermeintlichen „Schüler“ Russland auf. Die zu diskutierenden Themen werden von beiden Ländern entsprechend ihren nationalen Bedürfnissen ausgesucht. Die Rechtsinitiative zielt keineswegs nur auf die Juristen beider Länder, sondern auf Wirtschaftskreise und die Zivilgesellschaft allgemein. Russland begrüßt den Rechtsdialog, denn er hilft bestehende Missverständnisse aus dem Weg zu räumen und zusätzliches Vertrauen zu gewinnen. In Deutschland benötigt vor allem der Mittelstand den Dialog, um in Russland besser Fuß zu fassen. Nach Meinung der offiziellen russischen Seite hätte der Rechtsdialog schon viel früher beginnen müssen, Russland sei in der Zarenzeit immer von der deutschen Rechtskultur beeinflusst gewesen. In den neunziger Jahren hätte Russland zunächst Rechtsnachhilfe von den USA bekommen, heute wünsche es sich Deutschland als wichtigsten Rechtspartner.

„Wenn die Türkei in die EU hinein geholt werden muss, dann Russland erst recht“

EM: Ist das heutige Russland wichtig für die Welt, für den Westen, für Europa, für Deutschland, oder könnte man es auch locker links liegen lassen?

Rahr: Mein Buch „Der kalte Freund“ ist als Appell an den Westen zu verstehen, das Bauwerk Europa mit der Integration Russlands – dem größten europäischen Land – abzurunden. Wir werden die sibirischen Rohstoffe brauchen wie noch nie. Auch sind die Russen vom Geist her Europäer. Wenn die Türkei in die EU hinein geholt werden muss, dann Russland erst recht. Russland wird bei fast allen künftigen Konfliktlösungen auf globaler Ebene benötigt. Wenn wir die letzten Wikileaks-Veröffentlichungen über die russische Außenpolitik betrachten, stellen wir fest, dass die russische Diplomatie in grundsätzlichen Fragen an der Seite der USA und des Westens steht. Das muss sich künftig institutionell für alle Seiten auszahlen. Viele kluge Leute plädieren für eine gemeinsame Raketenabwehr Russland – USA – EU. Sie schweißt uns gegen die kommenden Gefahren zusammen.

EM: Welche „kommenden Gefahren“ meinen Sie?

Rahr: Wir leben doch heute schon in einem Nord-Süd-Konflikt. Die NATO hat drei Kriege in der islamischen Welt geführt. Iran gilt als Hauptfeind des Westens. Europa muss theoretisch damit rechnen, dass in einigen Jahren moderne Raketensysteme aus dem arabischen Teil der Welt gegen den Westen gerichtet werden. Niemand kann voraussagen, wer in 10-20 Jahren den Atomstaat Pakistan wirklich regieren und wie sich Islamabad gegenüber dem Westen positionieren wird. Eine zweite reale Herausforderung ist die Sicherung der künftigen Rohstoff- und Handelsrouten nach Westen. Kommt es zu Konflikten am Persischen Golf, können Transporte zwischen EU und Asien über Russland abgewickelt werden.   

„Die grassierende Korruption ist Russlands größtes Übel“

EM: Warum funktioniert nichts in Russland, wie Wladimir Putin gesagt hat, als das Atom-U-Boot „Kursk“ im Inferno unterging und in Moskau der Fernsehturm brannte. Derzeit ist Russland das Land mit den schrecklichsten Flugzeugunfällen. Gibt es einen speziellen russischen Schlendrian oder hat der Kommunismus das Land so sehr verrotten lassen, dass es noch immer davon kaputt ist?

Rahr: Die industrielle Infrastruktur Russlands stammt noch aus der Zeit der Sowjetunion. Flugzeuge, Schiffe, Lastwagen – sie sind 30-40 Jahre alt. Russlands Modernisierungsbedarf ist riesig. Leider werden die für die Modernisierung bereitgestellten Gelder oft zweckentfremdet.  Die grassierende Korruption ist Russlands größtes Übel. In meinem Buch wird diese Tatsache nicht verschwiegen, im Gegenteil. Der Leser erkennt, vor welchen Herausforderungen Russlands Modernisierer stehen. Die Modernisierung kann durchaus scheitern. Die Frage ist dann, was wir mit einem schwachen Russland machen.    

„Auf Russland wird eingeprügelt, wo es nur geht“

EM: Geschieht dem „kalten Freund“ Unrecht, wird Russland vom Westen schlechter behandelt als andere Länder?

Rahr: Ich erkenne in der westlichen Wertedebatte eine große Arroganz und Doppelzüngigkeit. Auf Russland wird eingeprügelt, wo es nur geht. Stereotypen aus dem Kalten Krieg prägen leider noch immer unser Russlandbild. Manchmal scheint es, als ob manche im Westen ein Vergnügen entwickeln, dem stolpernden Erzfeind Russland vor das Schienbein zu treten. Wir dürfen nicht vergessen, dass Deutschland 25 Jahre nach der Stunde Null auch noch keine funktionierende Zivilgesellschaft hatte. Unser demokratisches Wertesystem hat sich mühsam entwickelt, wir müssen den Russen mehr Zeit geben Demokratie einzuführen. 

EM: Wer hat Russland im Westen eigentlich noch wirklich auf der Rechnung, außer vielleicht dem ehemaligen Bundeskanzler Gerd Schröder?

Rahr: Ich denke, nach der Lektüre des „Kalten Freundes“ werden sich auch bei den kritischsten Russland-Beobachtern positive Eindrücke in Bezug auf eine strategische Partnerschaft mit Russland festsetzen. Amerika schwächelt, wir müssen damit rechnen, dass Washington sich selbst isolieren wird. Die EU muss lernen auf eigenen Beinen zu stehen. Die Welt hat sich verändert. Wir brauchen eigenständige Beziehungen zu den neuen Machtpolen der Weltordnung, zu China, Indien, Russland.

„Möglicherweise wird Russland einmal zu einem zweiten Schutzpatron des Westens“

EM: Was hat Russland zu bieten, außer Gas und Öl?

Rahr: Einen riesigen wachsenden Markt, hochgebildete Menschen, die Brücke nach Asien, Kooperation in der Hochtechnologie, im Weltraum. Möglicherweise wird Russland einmal zu einem zweiten Schutzpatron des Westens neben den USA. Ich habe in meinem Buch den Weg zu einem solchen Bündnis aufgezeigt.

EM: Und was ist mit Gas und Öl?

Rahr: Der Ölpreis wird nicht sinken. Darauf müssen sich Europa und der Westen kurz-, mittel- und langfristig einstellen. Die Schlussfolgerung hieraus kann nur lauten, die strategische Partnerschaft zu Russland weiter zu vertiefen. Russland ist Europas natürlicher Partner, der sich trotz der häufig negativen Wahrnehmung über Jahrzehnte bewährt hat. Wir haben keine Alternativen, als unsere Beziehungen zu intensivieren.  Die Vorteile liegen für beide Seiten auf der Hand: Wir erhalten Zugang zu auf dem Weltmarkt immer teurer und knapper werdenden Ressourcen – Öl, Gas, aber auch anderen wichtigen Rohstoffen, etwa Seltenen Erden – und Russland profitiert vom größten Trumpf, den Deutschland vorzuweisen hat, der Technologie.

EM: Was hat Russland von unserer Technologie?

Rahr: Das Know-how unserer Unternehmen, die Technologieführerschaft Deutschlands wird helfen, das Potenzial der russischen Wirtschaft besser zu entfalten. So können perspektivisch vor Ort geförderte Rohstoffe beispielsweise auch direkt vor Ort veredelt werden. Bedenkt man die vorhandenen und geschätzten Reserven, wird diese Partnerschaft zur Rohstoffsicherheit Europas beitragen und auch die wirtschaftliche Entwicklung in Russland positiv beeinflussen. Man darf sich allerdings nicht täuschen, dass all dies so einfach zu haben und der Rohstoffbezug dann plötzlich für lange Zeit gesichert sein wird. Von beiden Seiten wird hart verhandelt werden müssen. Und auch hier muss sich Deutschland darüber im Klaren sein, dass es in Konkurrenz zu Ländern wie China steht. Der Erfolgsdruck ist auf beiden Seiten sehr hoch. Aber ich wiederhole: Bewähren wird sich diese Partnerschaft für beide Seiten.

„Russland hat keine Feinde, aber auch keine Verbündeten“

EM: Die kommunistische Sowjetunion hatte einst viele erklärte Feinde weltweit. Wie ist es mit dem heutigen Russland – wer sind seine Feinde?

Rahr: Russland hat keine Feinde, aber auch keine Verbündeten. Medwedew und Putin sind Europäer, die sehen, dass ein Bündnis mit China sie für lange Zeit von Europa abschneiden wird. Hinter den heute noch 148 Millionen Russen leben auf der gemeinsamen Festlandsmasse über 1,3 Milliarden Chinesen. Mit der 7.000 Kilometer langen, schwer kontrollierbaren Grenze dazwischen. Ohne den Chinesen Böses zu unterstellen: Russland sucht die Europa-Bande sogar sicherheitspolitisch wegen des gemeinsamen Interesses am europäischen Gleichgewicht. Wenn der Westen Russland als strategischen Interessenspartner stärker integriert hätte, wäre Putin niemals diesen heutigen taktischen Bund mit China eingegangen. Aber gegenwärtig lockt China Russland immer weiter nach Asien. Beijing möchte natürlich nicht, dass Russland der NATO beitritt und sich das Militärbündnis Chinas Grenze nähert.

EM: Eine der vielen plakativ formulierten Kapitelüberschriften Ihres neuen Buches lautet: „Was kann Russland wirklich?“ Das ist die Frage. Können Sie in der knappen Form des Interviews die Antwort geben?

Rahr: Wenn Russland die Gespenster des Kommunismus abwirft, die Korruption besiegt und versteht, dass der Erfolg und die Stabilität des Landes in der Demokratie und im Rechtsstaat liegen, wird es zu einem normalen europäischen Land.  Vor allem Präsident Dmitri Medwedjew stieß mit seinem Artikel „Vorwärts Russland“ eine strategische Debatte über die Modernisierung in Russland an.

„Die Abhängigkeit Russlands vom Rohstoffhandel ist demütigend“

EM: Welche Rolle spielt Wladimir Putin, der Verfechter des starken Staates und der gelenkten Demokratie im Modernisierungskonzept Russlands?

Rahr: Unter dem Eindruck der schweren Auswirkungen der Wirtschaftskrise auf Russland verstärkt sich der Eindruck, dass auch Putin selbst eingesehen hat, dass sein Konzept der engen Verflechtung von Staat und Wirtschaft in eine Sackgasse geführt hat. In Russland ist das Modernisierungskonzept derzeit alternativlos. Putin unterstützt dies durch den Plan, über 5000 Unternehmen zu privatisieren. Russland braucht nach der Krise Gelder aus dem Ausland. Die Staatsholdings haben ihre Chance nicht genutzt, deshalb scheinen die Voraussetzungen für einen nun beschleunigten marktwirtschaftlichen Reformprozess in Russland günstig, obwohl das Problem der staatliche Verwaltungsapparat bleibt.

Russland hat die Modernisierung und technologische Aufrüstung der russischen Wirtschaft zur höchsten Priorität erklärt. Dies sei eine Frage des „Überlebens“. Russland ist durch die Krise härter getroffen worden als die meisten anderen Staaten, dafür sind die Gründe im Inland zu suchen. Anstelle einer auf Rohstoffen basierten Ökonomie gehe es um den Aufbau einer „intelligenten“ und „grünen“ Ökonomie. Von dieser Prämisse ausgehend wird eine tiefgreifende Umgestaltung der russischen Gesellschaft gefordert. Die Abhängigkeit Russlands vom Rohstoffhandel ist „demütigend“, die Wirtschaftsstruktur „primitiv“ und die Wettbewerbsfähigkeit „beschämend niedrig“. Um diese Rückständigkeit aufzubrechen, müssen der staatliche Einfluss auf die Wirtschaft reduziert, Forschung und Entwicklung massiv gefördert, die endemische Korruption bekämpft, die Infrastruktur modernisiert, der Rechtsstaat ausgebaut und das Bildungssystem umfassend reformiert werden.

EM: Ist davon schon etwas zu sehen? Welche Wege wird Russland auf sein Ziel hin beschreiten?

Rahr: Russland will sich in Forschung und Entwicklung wieder an die Spitze bringen. Es spricht sich für vereinfachte Visaverfahren für Spitzenforscher, großzügige Stipendien und die finanzielle Unterstützung innovativer Unternehmen aus. Insbesondere will es das Programm zur Gründung eines prominenten Forschungs- und Entwicklungszentrums nach Vorbild des Silicon Valley zu einem erfolgreichen Ende bringen. Die Investitionsbedingungen in Russland sollen so gut sein wie bei den Wettbewerbern. Die Bürokratie, insbesondere Zertifizierungsprozesse, sollen keine Hürden für Investoren sein und stattdessen neue Abläufe zur Genehmigung von Investitionsprojekten in Russland erarbeiten. Doch Chancen der erfolgreichen Modernisierung sind nur in Kooperation mit dem Westen möglich. Der Druck auf Russland, sich für westliche Investoren nachhaltig zu öffnen, ist groß. Ohne radikale Veränderungen der eigenen Unternehmenskultur kann Russland die Korruption aber nicht besiegen.

EM: Eine abschließende Frage noch: Sie sind nicht nur Autor, sondern auch Politikberater. Welche Politiker suchen Ihren Rat? Gehört Angela Merkel auch dazu?

Rahr: Die DGAP gilt als Think Tank des Auswärtigen Amtes. Meine Kollegen und ich sprechen täglich mit Abgeordneten aller Parteien, Spitzenbeamten der Regierung, Diplomaten und Journalisten. Manche hören auf unseren Rat und kooperieren mit uns beim Aufbau wichtiger außenpolitischer Netzwerke. Die Bundeskanzlerin hat die DGAP einmal besucht und uns Experten aufgefordert, politische Fragen „einfach“ und nicht „zu wissenschaftlich“ zu erklären. Ich hoffe, Frau Merkel wird einen Blick in mein neues Russlandbuch hineinwerfen, denn das Werk entspricht ihren Anforderungen.   

*

Siehe auch: „Gelesen“ – Rezension zu „Der kalte Freund – Warum wir Russland brauchen: Die Insider-Analyse“ von Alexander Rahr.

 

Das Interview führte Hans Wagner

jeudi, 01 décembre 2011

Alain Soral: Comprendre l'Empire (mars 2011)

Alain Soral: Comprendre l'Empire (mars 2011)

vendredi, 25 novembre 2011

Enric Ravello: “Los petrodólares financian mezquitas que predican la intolerancia”

Enric Ravello: “Los petrodólares financian mezquitas que predican la intolerancia”

 

gfp-er.jpgSeguimos con nuestras particulares entrevistas relacionadas con la política internacional. Hoy tenemos el placer de colgar la entrevista que le hemos hecho a Enric Ravello, responsable de los asuntos internacionales del partido Plataforma X Catalunya. Pese a tener una agenda muy apretada, agradecemos al señor Ravello su predisposición a colaborar con nuestro blog.

PREGUNTA: Países como Guinea Ecuatorial o Venezuela cada año nos suministran petróleo a cambio de apoyar a los gobiernos de Obiang y Chávez. ¿Ven ustedes este hecho como algo aceptable?

RESPUESTA: La salida a esta situación pasa por tomar la iniciativa en materia energética y por buscar subministradores  estables con los que se pueda establecer un marco de cooperación global en el que el subministro energético sea una variable estratégica más. En este sentido volvemos a señalar la falta de visión y de capacidad de la diplomacia española. Hoy hay una apuesta clara para Europa y es la del petróleo y el gas ruso.

P: Ahora que Palestina ha entrado en la UNESCO, cada vez tiene más cerca la independencia total. ¿Su partido apoya o no la soberanía del estado palestino y por qué?

R: Nosotros apoyamos la existencia de un Estado palestino, que recientemente ha sido reconocido también por el Parlamento catalán. La creación de un Estado palestino es condición necesaria para alcanzar una paz duradera en la zona, que sólo será viable si se termina con la injusticia histórica hacia el pueblo palestino. El mayor peligro para la estabilidad en Oriente Medio es el crecimiento del fanatismo religioso, y nos referimos tanto al extremismo musulmán como al judío.

 

P: Parece que China se ha convertido en la superpotencia que sustituye a la URSS en la nueva carrera por la hegemonía mundial. ¿Qué opinión le merece a su partido este país? ¿Condenan ustedes su nula preocupación por los derechos humanos?

R: La irrupción de potencias como China muestra que estamos muy lejos del “Fin de la Historia” que anunció precipitadamente Francis Fukuyama. China, como una de las superpotencias del siglo XXI ejerce una acción expansiva global. Financieramente compra deuda europea y norteamericana con lo que se asegura una presión sobre los mercados y sobre todo una capacidad política para evitar que estos países impongan cualquier tipo de barrera arancelaria a sus productos. Desde el punto de vista industrial, el control político y social de la población por parte del gobierno chino les permite producir a precios y coste contra los que nadie puede competir, a no ser por las barreras arancelarias que citaba más arriba y que su “estrategia financiera” hacen imposibles de aplicar. Desde el punto de vista demográfico, es alarmante, las cuotas de inmigrantes chinos en Europa occidental se disparan año tras año. Nos preocupa enormemente.

Pero para oponerse a esta expansión china es necesario algo de lo que carecen los actuales dirigentes políticos españoles y europeos: Pensar y hacer una política de largo plazo.

P: Con respecto a Cuba, ¿Qué posición mantiene su partido con el gobierno de los Castro? 

R: Nuestro partido tiene una opinión muy negativa de la dictadura marxista que ha arrastrado a Cuba a la ruina y a la miseria. La imposición de modelos socio-económicos caducos y esclerotizados han llevado a la población cubana a una situación insostenible. Deseamos que el pueblo cubano pueda decidir lo antes posible sobre su futuro. Dicho lo cual, queremos añadir que el bloqueo y la actitud de los Estados Unidos hacia Cuba nos parecen intolerables, y dejar bien claro que Cuba debe evitar que su salida del comunismo signifique ponerse de rodillas ante los Estados Unidos.

P: ¿Qué opina su partido de que actualmente la política económica nacional esté sujeta a las decisiones de París o Berlín?

R: La situación es peor que la que describe en su pregunta. Las decisiones no las toman París o Berlín, sino lo que ahora se llaman eufemísticamente “mercados internacionales” y que no es más que la alta finanza especulativa situada en los centros bursátiles y financieros de todo el mundo, la misma que nos ha llevado a la actual crisis económica.

Sarkozy ha traicionado a la V República francesa, su política exterior ha dejado de ser autónoma y ha apostado por vincularse a los Estados Unidos, es un hecho objetivo y que ha tenido graves consecuencias para Europa, también en el aspecto económico. Por su parte, Angela Merkel alterna una política propia (llamémosla germano-europea) con otra proatlantista.  Sarkozy ha destrozado lo que supuso de avance y consolidación de un eje europeo, la sinergia Kohl-Mitterrand, esperemos que esa tendencia se recupere alguna vez. En ese caso las decisiones Berlín-París serían mucho más beneficiosas para el conjunto de la UE.

P: Una de las cuestiones de más trascendencia en estos últimos años de la política exterior española es el posicionamiento a favor o en contra del Sáhara Libre. ¿Están ustedes a favor o en contra y por qué?

 
R: El proceso de descolonización del Sáhara fue caótico e improvisado. La situación necesita una revisión en la que estén implicadas las potencias de la zona, Marruecos, Argelia, el Frente Polisario y España como antigua potencia colonial, que tenga el visto bueno de la ONU y que pase necesariamente por la expresión mediante referéndum de los saharauis a decidir libremente sobre su futuro. Un Sáhara independiente, con el que se tendrían que establecer las mejores relaciones diplomáticas, tendría implicaciones geopolíticas positivas para España.  Su proximidad a Canarias y a la zona pesquera vital convierten a esta zona en un área de interés básico. Una buena relación entre España y Sahara serviría de contrapeso a la constante acción hostil que desarrolla Marruecos contra nuestro Estado.
En ese sentido una política exterior española pasaría por el establecimiento de lazos estrechos con los países de la Europa mediterránea (Italia, Francia y Grecia) para liderar la política de la UE en esta zona tan sensible y de tanta importancia geopolítica en el inmediato futuro. Además este eje euromediterráneo no debería conformase con tener una posición subordinada en la dirección de la UE, sino debe ser un complemento activo del eje carolingio (franco-alemán) en la creación de un espacio europeo cada vez más compacto y con mayor presencia en la escena internacional.

P: El Consejo Nacional de Transición libio ha declarado su intención de basar la nueva constitución en la Sharia. Además en Túnez y posiblemente en Egipto los islamistas moderados han o van a ganar las elecciones. ¿Qué opinión le merece a su partido todos estos hechos?

20-21.JPGR: Es una constante contrastada que la llamada “primavera árabe” se ha constituido sobre la alianza política de dos elementos que a priori podrían parecer no compaginables: los liberales occidentalistas y los islamistas moderados y no tan moderados. Hay un tercer factor que ha tenido un protagonismo destacado en la extensión de estas revoluciones árabes la cadena televisiva Al-Yazira, que es mayoritariamente de capital saudí, catarí e israelí.

Otra constante de estas revoluciones es que han derrotado a gobiernos que mantenían una política de cierta colaboración con Europa en materia energética y de control de la inmigración, es curioso ver cómo por ejemplo a Marruecos no ha llegado este “viento de libertad”. Mucho nos tememos que los nuevos gobiernos den un giro a esta situación y el Mediterráneo se convierte en una zona de inestabilidad creciente y con tendencia al enfrentamiento entre ambas orillas, algo que entra dentro dela estrategia del Choque de las civilizaciones del Pentágono.

Todo esto demuestra una vez más la falacia del pretendido antiislamismo de los Estados Unidos pues precisamente la política de Washington en Oriente Medio consiste en usar a los islamistas para derrocar a los regímenes árabes laicos como Irak o la propia Libia.

De todas formas hay que estar atentos al papel que juega en la zona la emergente potencia turca, en tensión creciente con Estados Unidos y con Israel por la hegemonía en el mundo árabe-islámico. La reciente visita de Erdogan a El Cairo hay que entenderla en este sentido. Turquía está en una nueva y diferente pase de sus relaciones internacionales y el neo-otomomanismo de su ministro de Asuntos Exteriores, Ahmet Davotoglu, será un factor de creciente importancia.

P: Si su partido ganase las elecciones, ¿Qué posición tomaría con respecto a Gibraltar?

R: El primer objetivo en esta cuestión debería ser iniciar un proceso gradual y negociado con Londres para terminar con la situación colonial de ese territorio. A su  vez, España debe actuar de forma clara y enérgica para que Gibraltar deje de ser un punto oscuro en el tráfico de drogas y de evasión de capitales.

Como partido catalán debemos recordar que si Gibraltar pasó a manos británicas como consecuencia del Tratado de Utrecht tras nuestra Guerra de Sucesión, algo similar ocurrió con los territorios catalanes y españoles de Perpiñán y la Cerdanya, que fueron incorporados a Francia y sometidos a una política de asimilación y despersonalización. España no puede olvidar definitivamente esa cuestión y debe apoyar una política cultural de vinculación de esos territorios con Cataluña, como parte histórica de Cataluña y de España que fueron.

P: ¿Impulsará su partido las cumbres iberaomericanas como un auténtico foro de los países de habla hispana y portuguesa?

R: Sin duda. Iberoamérica se está convirtiendo cada vez más en un bloque geopolítico de creciente importancia económica, energética (recordemos el reciente descubrimiento de petróleo en el sur de Argentina) y política.

El acercamiento entre Buenos Aires y Brasilia y la llegada a varios países de la zona de gobiernos que podríamos llamar nacionalistas de izquierda, hará que Sudamérica tienda a tener voz propia y unificada en la escena internacional. España, como parte fundamental del bloque europeo, debería tiene un papel crucial para establecer relaciones de amistad y cooperación entre nuestro bloque geopolítico europeo y el bloque geopolítico sudamericano. Lograrlo podría modificar la relaciones de poder e influencia en el equilibrio geopolítico mundial.

P: ¿Le parece correcto que los Estados Unidos aun mantengan bases militares en territorio español?

R: Nos oponemos  abiertamente a la presencia de bases norteamericanas en territorio español y europeo pedimos la desmantelación de las mismas. Estados Unidos y Europa están en una dinámica de progresiva divergencia, los intereses económicos y políticos respectivos no sólo no coinciden sino que son cada vez más contrapuestos.  Europa sólo podrá ser un actor internacional de peso y defender su posición en la escena internacional, con una política exterior y militar propia, en este sentido abogamos por la creación de una Organización militar de Defensa exclusivamente europea al margen de los Estados Unidos,  y en consecuencia la desmantelación de las bases norteamericanas en España y en Europa occidental, donde la única presencia militar de fuerzas militares debe ser la propia.

P: ¿Qué opina usted de la política de inmigración de Sarkozy, que ha obligado a miles de gitanos a abandonar Francia?

R: Que es una pantomima y una farsa. La pseudoexpulsión de gitanos rumanos de Francia fue un brindis al sol y una medida cara al electorado que Sarkozy consiguió arrancar a Jean Marie Le Pen en las últimas elecciones presidenciales y que necesitará mantener a toda costa si pretende ser reelegido como Presidente de Francia en la primavera de 2012. Esos gitanos rumanos son una pequeña anécdota del gravísimo problema real que supone la avalancha migratoria y la sumersión demográfica en Francia. Sarkozy sabía perfectamente que esos gitanos de pasaporte rumano podrían volver a Francia en pocos meses –como así ha sido- en función de su ciudadanía comunitaria.

En cuanto al problema real de la inmigración en Francia, es decir los millones de árabes, subsaharianos, asiáticos instalados en el país vecino y que con los actuales ritmos de crecimiento demográficos pueden subvertir la composición étnica de la República francesa en pocos años; la política de Sarkozy ha sido de puro continuismo con la de los gobiernos anteriores, es decir:  suicida.

P: ¿Qué opina de que la OTAN actúe en los conflictos armados internos? ¿Considera que en el caso libio se ha actuado para proteger al pueblo o que ha sido un ataque a un Estado soberano con intereses ocultos?

R: Que la OTAN actúe y ataque unilateralmente a cualquier Estado soberano nos parece lo que es: un atropello a la legalidad internacional.   Con la coartada de imponer un supuesta democracia que sólo existe en la imaginación de los estrategas del Pentágono y de Wall Street, los Estados Unidos han desencadenado absurdas guerras en Oriente Medio cuyo único objetivo era el control por parte de EE UU de zonas estratégicas desde el punto de vista energético y el control de las comunicaciones y rutas comerciales euroasiáticas que siguen pasando por la antigua Ruta de la Seda por la que fluyen el petróleo y el gas. También hay que señalar la importancia que tienen el control de esta ruta en el narcotráfico a escala mundial.

P: Cómo ve su partido que países islamistas conservadores como Catar o Arabia Saudí se estén convirtiendo en los máximos inversores en España?

R: Con inquietante y creciente preocupación.  Arabia Saudí y Catar son dos regímenes islamistas-wahabitas dictatoriales que  niegan los derechos de la mujer. Son tiranías corruptas, su dinero no debe ser bienvenido en España ni en ningún país europeo.

Además sus inversiones están dentro de la lógica del expansionismo islamista que defienden mantienen y financian el gobierno saudí y el qatarí. Es intolerable que se permita que esos petrodólares sirvan para financiar mezquitas en España donde se predica el odio y la intolerancia islamista. España debería hacer como Noruega e impedir con las medidas legislativas oportunas, que ninguna mezquita sea financiada con dinero saudí.

Por lo llamativo y lo visible es vergonzoso ver cómo nuestro fútbol se vende a los intereses de estos tiranos. Que el Santiago Bernabeu vaya a llamarse el Arena, y que el Barça lleve la camiseta de la Fundación Qatar, son algo más que anécdotas, son el síntoma de la facilidad y la profundidad con el que penetra el capital wahabita en España, y eso tendrá consecuencias nefastas en los próximos años.

Hay que señalar que Arabia Saudí y Catar, precisamente los dos grandes aliados de Estados Unidos en la zona,  son los dos únicos países árabes en los que no está permitido ningún otro culto público que no sea el islámico.

samedi, 19 novembre 2011

PAVEL TULAEV RESPONDS TO QUESTIONS BY ALFRED VIERLING



  Tulaev Pavel Vladimirovich (1959) is a scholar and a writer, the director of the Russian ATHENAEUM. Web-page: http://ateney.ru Ph.D. in History (1985). He is vice-president of the Moscow department of “Synergy European”, one of the leaders of the Slavic and the New Right movement in Russia.

  Tulaev is the author of many publications in different genres about Russia, Europe, Latin and North America: “K Ponimaniyu Russkogo” (Understanding Russia, 1994), “Veneti: predki slovjan” (Veneti: ancestors of Slavs, 2000), “Rodnyje bogui” (Native Gods, 2008), “Istoki rodnogo mira” (The Native World’s roots, 2011); “Russia and Spain: the two Europe’s wings” (getting ready to be published).

  He is the editor of collections: “Rossia i Evropa: opit sobornogo analisa” (Russia and Europe: the Experience of Sobor Analysis, 1992), “Russkaya Perspectiva” (Russian Perspective, 1996), “Varvary” (Barbarians, 1999) and many authors’ works, including Andreas Gottliebe Mash, Yuri Venelin, Francisco Franco, Jose Antonio Primo de Rivera, Dmitry Dudko, Antony Sutton, Guillaume Faye.

  Tulaev’s works have been published in foreign languages. Some of his articles and interviews have been collected in the book “THE WHITE STRUGGLE IN RUSSIA” (Moscow, 2007). Personal web-page with texts in 10 languages and new video interviews: http://.tulaev.ru
 
 

PAVEL TULAEV RESPONDS TO QUESTIONS BY ALFRED VIERLING
augustus 28th, 2011

  ALFRED VIERLING: Dear Mr. Tulaev, let me ask you a few questions?

  PAVEL TULAEV: Yes, of course, Mr. Vierling. Welcome to Russia. I had a chance to read your publication ‘The Netherlands, a failed State in a failed Continent’ in the English-language journal «AB AETERNO», which deserves attention. I am happy to answer your questions.
 

Demography

  ALFRED VIERLING: In 2050, the peoples of European descent will be on the verge of extinction, forming less than 6% of the world’s population. The fertility rate in the European Union and Russia currently stands at 1.57, while the replacement fertility rate, as rate required to stabilize the population is equal to 2.1. And in the European Union and Russia alone there is a muslim population of about 30,000,000. Their birth rate being much higher. What do you think about these phenomena?

  PAVEL TULAEV: Yes, we know this sad statistic and dangerous trend. In the latest issue of “Athenaeum” I have been published demographic study of two Russian authors, entitled ”Do the indigenous peoples of Europe survive?”. This issue is constantly discussed in the pages of our publication.

  ALFRED VIERLING: The European Union intends to add to this current Muslim immigration another 25 million Africans, while Russia, I think, intends to stop non-European immigration.

  PAVEL TULAEV: You know better the plans of the European Union’s immigration policy. As for Russia, it is true, the government limited the number of quota on the entry of migrant workers from Asia. At the same time, it prohibited the Movement Against Illegal Immigration (DPNI), which initially opposed the colonization of the Russian people from the South East and Eurasia. The real situation is very dramatic.

  ALFRED VIERLING: Is it true that the Russian government provides parents with about 18,000 (eighteen thousand) euros for each second or third child?

  PAVEL TULAEV: Your information on government grants on the occasion of the second, third and subsequent children are not fully reliable. As far as I know, the amount of actual subsidies are much lower. Young families in the age of 30 receive a one-time assistance in 2007 about 1.5 thousand euros for the second child (60 thousand) and 2000 euros (85 thousand) for the third and following. Within a month of giving birth an employer must pay an allowance to care for a baby of around 400 euros. From the perspective of many mothers, such financial assistance is low. However it is important from a moral point of view. In Germany and the Nordic countries, there are similar subsidies.

  ALFRED VIERLING: You are the author of “White Struggle in Russia” (Moscow, 2007). What did you write there?

  PAVEL TULAEV: The book “White Struggle in Russia», has been released in a small number of copies and is on display in PDF format on my personal site: http://tulaev.ru. It is a collection of opinion articles and interviews published in English, French, German and Spanish. It is not about demographics and the philosophical-historical and ideological issues. Originally, I wanted to convey to our Western colleagues the thought that we, Russians, are as much white Europeans, as they are. We belong to one race, we have common roots, traditions, values and similar interests. Therefore, the existing differences, such as language or religion, should not interfere with understanding and lead to geopolitical conflicts between sister nations, as it was during the Second World War. My essays are on the meaning of the White Revival, counter to 1917 and beyond, including modernity of the XXI century, and the spiritual and cultural solve the problems, and are not anthropological research.

  ALFRED VIERLING: Will Russia’s population, which is expected to re-establish be about 150 million in 2030, be able to serve as a reservoir population (Hinterland) and a source of inspiration for the endangered white people in the European Union?

  PAVEL TULAEV: Your forecast of the growth of Russia’s population to 150 million in 2030 is unrealistic. First, official data on the 2010 census are strongly distorted. In fact, the number of Russian citizens is not 142 million, but much smaller. Experts call a number about a hundred million (to be specified). Over 20 years of liberal-capitalist reforms, the Russian population has lost in the order of 15 million people (the exact figure is discussed). With increased an mortality rate among Russians, Ukrainians and Belarusians, simultaneously accompanied by a significant increase in fertility among the Armenians, Azerbaijanis, Chechens, Ingush, etc. Compensation for loss of the Slavic population of European origin, is due to the growth of Asians, Caucasians and Chinese. If this trend continues, in the long term it will significantly change the racial composition of the Russian citizens in the direction of East Asian and the Mongoloid will be dominant.

  It is important to note that the quantitative reduction in population is accompanied by a general aging, degeneration, depravity and brainwashing under the influence of Western civilization. It is obvious deterioration in the quality of people, their health and moral character.

  In this regard, philosophers and religious figures are reminiscent of the laws of the Kali Yuga, the era of total degradation, while state statisticians and demographers are recognizing the genocide.

  Who could inspire such a reality? It remains to count on those devotees who go against the tide.
 

Civilization and Culture

  ALFRED VIERLING: The European Union has been subordinated to the United States of America. It will be weakened by America’s “plague of pleasure,” which leads to the individualistic style of life of hic et nunc. In the interest of their Masonic lobby the U.S. is trying to weaken the euro-zone, preaching multiculturalism. This makes the population of European descent a minority in their own land, surrounded by a sea of Muslim and black immigrants. In connection with the rise of nationalist parties in all member states of the European Union recently such national leaders as Sarkozy in France, Merkel in Germany and Cameroon in Britain were forced to admit the failure of multicultural policy. However, after recognition, everything still remains the same like before.

  So, can Russia offer an alternative to multiculturalism?

  PAVEL TULAEV: We are attentively watching what is happening in the European Union and we hope for, eventually, a victory by common sense. Indigenous peoples have the right to a national environment. In this sense, Russia has something to offer as an alternative to the phenomenon which you call “multiculturalism.” After going through the experience of Soviet internationalism and cosmopolitanism, post-Soviet, the Russian people with the persistence of their home states cling to (native) culture against the influence of the globalist TV and the Internet. The current government recognizes the fundamental role of the Russian language and the importance of national culture, while simultaneously pursuing and blocking the Russian political parties for alleged extremism.

  ALFRED VIERLING: What is the role of the Russian Orthodox Church in restoring the traditional way of family life and the revival of Russian civilization as a fundamental culture?

  PAVEL TULAEV: The role of the Russian Orthodox Church in the life of modern Russia is significant. Among other religions, it is the dominant one in status and real impact, such as the Catholic Church in Europe. The church has taken a clear and active role in protecting the traditional family. It also affects the development of culture, seeing it from a Christian perspective. The greatest Russian philosophers of the XX century came from Orthodox values, and there is now a renaissance of religious culture, thousands of churches have been restored many thousands of copies published of Christian books, movies shot on a historical theme with a positive assessment of Orthodoxy. In this sense, the role of the Church – is consolidated. Moreover, its influence reaches beyond the borders of Russia and covers the territory of the former Russian Empire. It is evident in Belarus, Ukraine, the Baltic States. However, Russian culture in general is not limited to the Orthodox Church and the church. It has a liberal, socialist, technocratic, and other currents. Among young people Vedic direction is gaining momentum, which brings together various groups of modern pagans and rodnovery (Native Faith).

  ALFRED VIERLING: How does Russia solve the problem of the present day managing of the huge Muslim population? The EU has not yet tackled this…

  PAVEL TULAEV: This problem is not easy! In Russia live at least 20 million Muslims. Most of them inhabit the south of Russia, Tatarstan and the Volga. The number of citizens who practice Islam is growing in all major cities of our country, especially in Moscow, where two million Muslims have built new moskques. The peak growth of Islamic influence was in the 1990s, when a religious revival led to the wars in Chechnya and Dagestan. As you know, according to the Qur’an, a true believer in God should lead a holy war (jihad) against the “infidels.” This radical position is perceived by Christians as the Islamist extremism and terrorism. The Russian government has to take into account the interests of the dominant religions, including Islam, so it supports the policy of oecumenicalism, peaceful coexistence and dialogue between religions. In the Russian passport and national origin and faith cannot be specified. At the same time, it promotes a cosmopolitan culture in the form of variety, sensuality, all sorts of entertainment and recreation.
 

Security and energy

  ALFRED VIERLING: The European Union does not have its own army and is occupied by NATO under U.S. military command. The European Union countries are forced to participate in U.S. wars, even in relation to European countries such as Serbia, creating Muslim enclaves in Bosnia and Kosovo, or to maintain the artificial revolutions, as in Ukraine, Georgia, Belarus and Kazakhstan.

  Can Russia ensure the European Union sufficiently safe supplies of gas and oil so in order to enable Europeans to free themselves from the United States?

  PAVEL TULAEV: Problems of security and sovereignty are not confined to energy policy, although it is one of the most important strategic factors. Of course, Russia can provide a reliable supply of the EU gas and oil. She is already doing so through the northern and central European pipeline, despite resistance from competitors. It must be borne in mind that there are other modern sources of energy such as nuclear power. They will grow, despite the recent accident in Japan. Europe’s dependence on U.S is rahter in militarily and more technologically and politically, rather than energy-wise. NATO helped Germany reunite, betraying the Soviet leadership, and now takes under its wing western parts of the former Russian Empire, including these into the European Union.

  ALFRED VIERLING: What do you think of the Russian-European Union plan to ensure mutual security, earlier proposed by Gorbachev, and about Putin’s proposal in the spirit of the Treaty of Paris?

  PAVEL TULAEV: The direction of the diplomatic effort to build a strategic axis Paris-Berlin-Moscow axis, it was generally correct. But by agreeing to concessions to Germany, it was necessary instead of opposing blocs of NATO and the Warsaw Pact to create alternative structures of collective security, such as the Northern Union. Unfortunately, Western strategists forced the Russian army to retreat eastward. Endless discussions about the program “Partnership with NATO”, are mere moves of military diplomacy. In this so-called “partnership” the U.S. waged local wars which it did not dare do so under its own name, to the obvious detriment of Russia. For example, the bloody partition of Yugoslavia. Tomorrow NATO swallowed Poland, Czech Republic, Slovakia and other Slavic countries of Europe and they may invite us to “divide Ukraine.” This will be the next hook, followed by a new promotion of strategic weapons of the West to the East. It pushes Russia closely into the arms of China, but China has its own interests. The Shanghai Cooperation Organization (SCO) may be a counterbalance to NATO, but Russia is squeezed in-between. As a result, there is a risk that fragments of the Soviet Union will become a bargaining chip, that is a victim of competition between two superpowers – the U.S. and China.

  ALFRED VIERLING: All countries that have no debt to the banking system, the IMF (International Monetary Fund) are under threat. If the IMF has the tools of influence, as we see in modern Greece, it puts pressure on the country and brings it almost to bankruptcy, to the point of where the Anglo-Saxon banks are able to gain power over key primary resources.

  PAVEL TULAEV: Indeed, today, as to the world’s banking systems not only small but also large countries are threatened. The International Monetary Fund (IMF) has nodifficulty in destroying Greece, and then arrange the sale of its economic resources. The mechanism of financial and political power has long been realized. It is well known also that the state itself of the USA has long been in terrible financial debt to the bankers. Its total amount is calculated to astronomical figures and growing. As a result, dollars are not backed with gold, and gradually depreciate. However, the bankers and their well-paid analysts – are not fools. They will look more and more new to forms of protection of their interests. For example, after the euro can be introduced a transcontinental currency, AMERICO. Of these financial games the relatively well protected China by the features of its independent economy will survive with a strong Yuan.

  If Russia is to ensure its security with China, it will further strengthen the threat of sinicization of the eastern regions of our country in the process.
 

The utopian promise of the future

  ALFRED VIERLING: In the spirit of Guillaume Faye’s archeofuturism you return to the traditional European gods. You are the author of this book with pictures of gods who represent the origin of the Slavs as the Indo-Europeans. What have they taught you?

  PAVEL TULAEV: I am well acquainted with Guillaume Faye, not only from books, but also personally. At my invitation he came to Russia again. Here we have published in Russian two books, "World Revolution. An essay on the new American imperialism” and "What are we fighting for?", as well as several articles. I respect the author as a thinker and one of the most prominent ideologues of the New Right, but do not completely agree with him. My debate with Guillaume Faye is contained in the article "What we advocate?".

  The philosophy of “archeofuturism” of Guillaume Faye is close to me, because it is addressed to the future. However, the European gods, I learned not from him, and, in general, not from Western authors. Russia has had a fundamental school of Indo-evolved scholars by the end of the XIX century. Let me mention only the names of Alexander Afanasiev, Alexander Hilferding, Boris Rybakov, Oleg Trubachev. Studies of these and many other authors suggest that Eurasia for millennia been a single cultural space. The motion passed as people from north to south (Hyperboreans and Arians), and from east to west (the Scythians, the Wends and Slavs), and then from south to north (the Romans), and from west to east (the Germans).

  Along with these peoples have developed the presentation of the gods. For example, the cult of the thunderer, well-known in the Western tradition under the name of Zeus and Jupiter, in ancient times has been widely distributed on the Danube and the Dnieper under the name of Perun. Odin (Votan) came to Scandinavia, from Asia Minor, after passing through northern the Black Sea region. The European cult of the Holy Trinity was first known in India as the Trimurti. The ethical teachings of the Buddha were also preceded by the gospel of Jesus Christ, by not a few centuries.

  The Album published by me includes 230 artistic images of Indo-European gods, and has 14 contemporary artists. I am the author of a popular science introduction to the book and co-author of an academic explanatory dictionary (96 articles of the gods). In fact, this book – as an illustrated encyclopedia of the Slavic-Aryan mythology- is a wonderful gift for both children and adults.

  After all, gods – are the living principles of existence of the universe. We receive them from a single organism, we have a common genetic line. Not only people and nations, but also the gods could be close or distant relatives. Awakening of the Gods – is not only a religious activity, but creating a quality environment for the creation of new worlds better than the current civilization.

  ALFRED VIERLING: How did you come to the conclusion that our rebirth depends on the axioms “first blood of the soil” and “biopolitics before geopolitics?” As a saviour concept for our race and our earth?

  PAVEL TULAEV: There are the obvious facts that some people will recognize, while others either do not understand or do not want to understand. Human races and types – are as much an objective reality, as the species of animals or plants. To deny the diversity of biological life forms – is silly. The white man – even in Africa remains white, brings to the exploitation of the land their civilization. A Black (black race) and in the European world is black, as in psychology, and culture. Contemporary African-American music in the U.S. constitutes a glaring example. The same thing happens with the Arabs, who carry with them the religion of Islam to Europe and engage in trade, rather than the advancement of science or technology. And also Chinese. Once in Russia, they study the Russian language for communication with the indigenous population and for business, but the Chinese keep their traditional culture: native language, philosophy, ethics, Eastern martial arts.

  ALFRED VIERLING: Tell me frankly, what do you think of racial mixing?

  Mixed racial types and their development in new social conditions constitute a special theme. However, at odds of 10:1 if we talk of the relationship between European and non-European populations on a global scale, it is no longer about crossing or complementarity, but about the absorption of the white minority overwhelmed by much more numerous races. Therefore, the genetic principle must be taken into account in strategic planning in the interests of national security. Biopolitics must prevail over geopolitics, because it is very important, who will live in our land, who will manage it, who will create new values and laws? Will here still be the rightful place for White peoples of our sacred culture?
 

Strategy and tactics

  ALFRED VIERLING: How did you imagine, the “Aryan Revolution ‘?

  PAVEL TULAEV: I would prefer to speak of Aryan Renaissance or Rebirth, rather than revolution. The latter term is usually associated with political events, while we are faced with spiritual, intellectual and educational tasks.

  In general, this question is very complicated, so a brief response to all exhausted. First of all, we should understand that the term “Arya” in Sanskrit means a person worthy of respect, a smart person and committed to faithful tradition. In India, it may be a man or woman of some kind, usually belonging to one of the three ruling castes: Brahmins (priests), Kshatriyas (warriors), Vaishyas (traders, farmers and pastoralists). In the modern consciousness, the distorted propaganda of the media, this historical and scientific concept is associated with the theory of “Aryan race” in the Third Reich, which means the people of Nordic origin. Hitler and his destructive war discredited the idea of Aryan, as it belongs to the swastika (in Russian “Kolovrat” or “Yarga”), which means heavenly blessing, and to this day is one of the main symbols of Buddhism. So the first task is to separate the indigenous knowledge of ideological propaganda and Nazi policy, dispelling myths of the XX century.

  The second fundamental problem constitutes a thorough study and development of the Aryan notion, as if to say in a scientific way – the Vedic tradition. The Vedas – are vast ocean of sacred knowledge. It’s not just the famous “Rigveda”, “Atharvaveda”, “Samaveda” which contain hymns of the ancient rishis (priests), but also “Ayurveda” (traditional medicine and the science of zdovove), the Upanishads (the philosophical and religious tracts), the richest body Puranas (sacred stories about gods, kings and heroes), the shastras (treatises on war, state of art). For spiritual growth, regeneration and prosperity of this knowledge (Veda), we need these Veda like the European science needed Hellenic philosophers Pythagoras, Plato, Aristotle.

  Spiritual knowledge (Veda) and the Aryan ethic will help us to consolidate the fraternal peoples of Eurasia, from Spain to India – on a positive basis (the traditional religion, a strong family, a healthy lifestyle, the teaching of the Dharma – the highest debt service). And ultimately, build a fair, efficient and technologically advanced society, what we ourselves want to be, rather than that imposed on us.

  ALFRED VIERLING: What do you mean by tactics of “leaderless resistance? In the USSR, Stalin was as the tough leader needed to throw off Masonic conspirators and contain the spread of Islam: In 1917, in the Soviet Union, at the disposal of 47 forty-seven million Muslims were 23 000 mosques. In 1989 80 million Muslims had only 300 mosques at their disposal.

  PAVEL TULAEV: The term LEADERLESS RESISTANCE does not belong to me, but to Simson Garfinkel, an article by him we reprinted in “Athenaeum.” He describes the tactics of guerrilla warfare of a world network type, which is qualitatively different from the old system of political parties and trade unions, built on a pyramid.

  I think that the leaders we need have all the qualities according to dedicated leadership theory, on which there are many publications. The question is, what exactly is meant by the leader. Führer of the old type (the speakers for the area and narcissistic dictators) – do not suit us. A wise leader operates on the principle of 道 dao “Tao”: he knows things, understands how things happen and gives what already has essentially been realized. He is like a midwife that takes an unborn child. He knows how to listen, not just talk. And knows how to make his ideas sound as if they were put forward by others. A good leader successfully operates in a team.

  Stalin (Dzhugashvili) was indeed a very strong leader, so much he could do. However, do not deify him. He brought a lot of grief to the people of Russia, including the Russian nation, though, and flatterned her. Stalin destroyed not only the Freemasons, but all dissidents. During his personal dictatorship he has killed millions of people for their beliefs. Yes, the mosques in the Soviet Union were in magnitude smaller, but it was the same proportion in the destruction of Christian churches. The Communists were atheists, and fought against religion as such, it had nothing to do with Christian orthodoxy versus Islam.

  Dictatorship doesn’t appeal to me. As a professional Hispanist I was interested in the experience of Generalissimo Franco, who ruled the country for 40 years! I have issued in Russia, his book “Freemasonry.” However, I do not worship Franco. Today it is impossible to return to the days of the Catholic Inquisition, and it is not desirable.

  ALFRED VIERLING: You seem to think about the possibility of restoring the autonomy of ethnic revival in Russia and Russian people, by self-esteem, to ensure the independence of national sovereignty or even of its civilization?

  PAVEL TULAEV: Indeed, I devoted much of my life to the Russian national liberation movement and understanding of contemporary problems of my people. We can say that in the 1990s of the XX century in Russia there was an information boom, which allowed us to talk about the Russian Renaissance. While this has led to the return of national cultural heritage, it did not consolidate into the formation of Russian statehood.

  The fact is that today the Russian Federation is inhabited by representatives of 180 nationalities that make up 83 territorial entities. Together, they form, according to the Constitution, “the multinational people of Russia.” It is believed that the Russians are about 80% of all citizens, but our federation is not a nation state. The Russian people are not recognized as a legal entity, which is why there are many political conflicts and problems. However, the general direction of this movement is striving towards a homogeneous society with a clear lead of Russian and Slavic ethnic groups.

  ALFRED VIERLING: Please tell us about the importance of strategy and tactics of the “Athenaeum” for the White Revival throughout the world.

  PAVEL TULAEV: “Athenaeum” as you know, the tradition goes back to the temples to Athena – goddess of wisdom. In the Age of Enlightenment in all European countries there emerged as the centers of the Athenaeum of Arts and Sciences. Russia before the Revolution, had also a magazine called “Athenaeum.” Our publication was founded in 2000, and has as its main objective the development of strategy and the semantic fields (information space) in the new Rules. These are disruptive (that is, revolutionary in fact) as the direction of Native Faith, Raciologie, white culture, technology, conspiracy, World War IV. We are not conservatives or progressives, but as you surely noticed, archaeo-Futurists. That is our goal – the birth and upbringing of a qualitatively new entity the White Revolution, which will be able to provide leadership to a national avant-garde.

  By combining the best minds of Russia and Europe, our “Athenaeum” is best known outside the country. This enabled us to organize in 2006 a conference on “The Future of White World”, and in 2007, “Russia and Europe” which was attended by eminent Western thinkers [such as Guillaume Faye, Pierre Krebs, Pierre Vial, Robert Steuckers, Enrique Ravelo, Jann-Ber Tillenon, Gerhoh Rayzegger, David Duke, Manfred Roeder, Silvano Lorenzoni, Stefonos Gekas, Chris Roman, Anton Rachev, and from us, Anatoly Ivanov, Vladimir Avdeev and others]. Proceedings were issued in Moscow and we published a multilingual web site http://ateney.ru

  True, our ideological opponents don’t like the active position of the leaders of the new rules. They tried to discredit both the conference in Moscow, its members have been exposed to initiated legal proceedings against the publishers of ‘right-wing’ literature. I have reported widely about this in the statement, “Athenaeum under threat.”

  ALFRED VIERLING: Let me ask, what has happened to the Athenaeum recently?

  PAVEL TULAEV: Oh, it’s an unpleasant story. In Russia there is a law about the Media and so called “Extremism”. If some statement, that could be treated as extremists is published, then that material is confiscated and its name is included in the list of forbidden literature. It’s very bad news. It’s inquisition. As a result, some publications of the last issue of the Athenaeum, including a report from David Duke criticizing Jewish politics, have been declared extremist and banned for distribution, although they do not contain any incitement to violence, but only objective information.

  I think it’s wrong. We organize conferences of scientists, seminars, we discuss stuff. It’s the freedom of thoughts. How is it possible to forbid the freedom of thoughts in the XXI century, when there is internet? This policy has no future.

  ALFRED VIERLING: Is it possible to create the “Alliance of the White nations” to fend off the approaching Fourth World War? What are its characteristics?

  PAVEL TULAEV: The name “Alliance of White nations,” can hardly be taken seriously for any inter-state union. When the organizing committee of this conference in 2006 discussed the name of the forum, the French and Germans insisted on the term “people of European descent” and not “white people”. Whatever it was, we formed a coordinating council, which operates in the free exchange of information and opinions. The real breakthrough in this direction was the creation of an organization of “Euro-Russia” led by Kris Roman. Through its website it regularly informs our partners about the main news on the continent and within the movement.

  The persecution of free thought, illegal from the standpoint of Russian and international law, is precisely a form of the fourth world war. It is carried out not by only nations or states, but also by latent international organizations for the benefit of transnational companies and banks, with their subordinate media. Their goal is world domination by their weapons, money, violence and depravity. Humans, like animals, are driven into the golden cage of consumerism, from which they cannot escape. During this “sweet war”, millions of people each year are destroyed by abortion, alcohol, tobacco and other drugs. It is the ‘Stylists’ new world order, modeling desirable from their point of view human types as selfish, idiot, playboy, bitch-like creatures.

  These degenerative phenomena again remind us of the Vedic teachings of the Kali Yuga. Is it possible to save all people in an apocalypse? In any case, modern idiocy, and slavery in all its forms, that is what we must confront with our spiritual awakening and knowledge, without which there cannot be a true elite of reasonable humanity.

  ALFRED VIERLING: Dear Pavel, I sincerely thank you for such thorough answers to my questions.
 

  PAVEL TULAEV: Thank you, dear Alfred for coming to Russia, for this interview. And I hope our Friends from EuroRus would cooperate with us, learn about Russia, understand Russia and search for ways of cooperative peaceful building. We are not extremists, we represent the European Civilization and Culture. We want peace, so that our nations would prosper.

vendredi, 18 novembre 2011

Crise du futurisme en Euro-Occident

Crise du futurisme en Euro-Occident

Diagnostic de deux intellectuels européens : Peter Sloterdijk et Slavoj Zizek

Ex: http://www.metamag.fr/

La mèche a certes été allumée de longue date aux Etats Unis avec la dérégulation monétaire (extinction des accords de Bretton Wood) unilatéralement décidée par les Américains en 1971, la dérégulation commerciale préparée par le GATT en 1945 qui a engendré l’OMC, puis la dérégulation financière en 1999. N’empêche, si la crise de l’endettement qui ébranle tous les Etats d’Europe a connu une telle virulence, c’est parce que, sous la conduite d’élites indignes, la flamme a été alimentée par notre aveuglement, notre paresse et notre soif inextinguible de jouissance qui ont aboli toutes les règles, fait sauter toutes les sécurités. A la place, un vaste no mans land parcouru d’individus sans foi, ni loi, aux vécus et aux horizons disparates ou amnésiques, angoissés ou cyniques.

Au printemps dernier, le quotidien Le Monde a invité deux philosophes –l’allemand Peter Sloterdijk (Nietzsche et Heidegger) et le slovène Slavoj Zizek (Jacques Rancière, Etienne Balibar, Gilles Deleuze ou encore Alain Badiou)- à se pencher et échanger sur cet état d’apesanteur déliquescent où gît ce que certains appellent l’Europe, d’autres l’Occident. L’Euro-occident.
Metamag

Nicolas Truong-Le Monde: Pour la première fois depuis 1945, l'idée d'avenir est en crise en Europe. Et l'Occident peine à croire au progrès, à l'image de ces nouvelles générations qui n'imaginent plus qu'elles vivront mieux que celles de leurs aînés. Désaffection politique, crise économique ou crispation identitaire : comment caractériser le moment que nous traversons ? Et peut-on, selon vous, parler d'une crise de civilisation ?

Peter Sloterdijk: Que voulons-nous dire, lorsque nous employons le terme de "civilisation occidentale", dans laquelle nous vivons depuis le XVIIe siècle ? A mon avis, nous parlons d'une forme de monde créé sur l'idée de la sortie de l'ère du passéisme. La primauté du passé a été rompue ; l'humanité occidentale a inventé une forme de vie inouïe fondée par l'anticipation de l'avenir. Cela signifie que nous vivons dans un monde qui se "futurise" de plus en plus. Je crois donc que le sens profond de notre "être-dans-le-monde" réside dans le futurisme, qu'il est le trait fondamental de notre façon d'exister.



La primauté de l'avenir date de l'époque où l'Occident a inventé ce nouvel art de faire des promesses, à partir de la Renaissance, au moment où le crédit est entré dans la vie des Européens. Pendant l'Antiquité et le Moyen Age, le crédit ne jouait presque aucun rôle parce qu'il était entre les mains des usuriers, condamnés par l'Eglise. Tandis que le crédit moderne, lui, ouvre un avenir. Pour la première fois, les promesses de remboursements peuvent être remplies ou tenues. La crise de civilisation réside en ceci: nous sommes entrés dans une époque où la capacité du crédit d'ouvrir un avenir tenable est de plus en plus bloquée, parce qu'aujourd'hui on prend des crédits pour rembourser d'autres crédits.

Autrement dit, le "créditisme" est entré dans une crise finale. On a accumulé tant de dettes que la promesse du remboursement sur laquelle repose le sérieux de notre construction du monde ne peut pas être tenue. Demandez à un Américain comment il envisage le remboursement des dettes accumulées par le gouvernement fédéral. Sa réponse sera surement: "personne ne le sait", et je crois que ce non-savoir est le noyau dur de notre crise. Personne sur cette Terre ne sait comment rembourser la dette collective. L'avenir de notre civilisation se heurte à un mur de dettes.

Slavoj Zizek: J'adhère pleinement à cette idée d'une crise du "futurisme" et de la logique de crédit. Mais prenons la crise économique dite des subprimes de 2008: tout le monde sait qu'il est impossible de rembourser ces crédits hypothécaires, mais chacun se comporte comme s'il en était capable. J'appelle cela, dans mon jargon psychanalytique, un désaveu fétichiste: "Je sais bien que c'est impossible, mais quand même, je vais essayer…" On sait très bien qu'on ne peut pas le faire, mais on agit en pratique comme si on pouvait le faire. Cependant, j'emploierais le terme "futur" pour désigner ce que Peter Sloterdijk appelle le "créditisme". Le terme "avenir", d'ailleurs, me semble plus ouvert. La formule "no future" est pessimiste mais le mot "avenir" est plus optimisme. Et je ne cherche pas, ici, à relancer le communisme de Marx qui s'apparente, en effet, à un créditisme démesuré.



Afin de caractériser notre situation, économique et politique, idéologique et spirituelle, je ne peux que rappeler une histoire probablement apocryphe. Il s'agit d'un échange de télégrammes entre les états-majors allemand et autrichien pendant la Grande Guerre. Les Allemands avaient envoyé un télégramme aux Autrichiens en leur disant: "Chez nous, la situation sur le front est sérieuse mais pas catastrophique", et les Autrichiens avaient répondu: "Chez nous la situation est catastrophique mais pas sérieuse" ! Et c'est cela le catastrophique: on ne peut pas payer ses dettes, mais, d'une certaine façon, on ne prend pas ça au sérieux. Outre ce mur de dettes, l'époque actuelle s'approche d'une sorte de "degré zéro".

Premièrement, l'immense crise écologique nous impose de ne pas continuer dans cette voie politico-économique. Deuxièmement, le capitalisme, à l'image de la Chine, n'est désormais plus naturellement associé à la démocratie parlementaire. Troisièmement, la révolution biogénétique nous impose d'inventer une autre biopolitique. Quant aux divisions sociales mondiales, elles créent les conditions d'explosions et d'émeutes populaires sans précédent…

Pour une nouvelle logique de la discrétion, de la distance, voire de l'ignorance

Le Monde : L'idée de collectif est également touchée par la crise. Comment, à l'heure de l'individualisme débridé, redonner sens au "commun"?


Slavoj Zizek : Même si nous devons rejeter le communautarisme naïf, l'homogénéisation des cultures, tout comme ce multiculturalisme qui est devenu l'idéologie du nouvel esprit du capitalisme, nous devons faire dialoguer les civilisations et les individus singuliers. Au niveau des particuliers, il faut une nouvelle logique de la discrétion, de la distance, voire de l'ignorance. Alors que la promiscuité est devenue totale, c'est une nécessité vitale, un point crucial.

Au niveau collectif, il faut en effet inventer une autre façon d'articuler le commun. Or, le multiculturalisme est une fausse réponse au problème, d'une part parce qu'il est une sorte de racisme désavoué, qui respecte l'identité de l'autre mais l'enferme dans son particularisme. C'est une sorte de néocolonialisme qui, à l'inverse du colonialisme classique, "respecte" les communautés, mais du point de vue de sa posture d'universalité. D'autre part, la tolérance multiculturelle est un leurre qui dépolitise le débat public, renvoyant les questions sociales aux questions raciales, les questions économiques aux considérations ethniques.

Il y a aussi beaucoup d'angélisme dans cette posture de la gauche postmoderne. Ainsi le bouddhisme, par exemple, peut-il servir et légitimer un militarisme extrême: dans les années 1930-1940, l'établissement du bouddhisme zen n'a pas seulement soutenu la domination de l'impérialisme japonais, mais l'a même légitimé. J'utilise volontiers le mot de "communisme", car mes problèmes, en réalité, sont ceux des biens "communs", comme la biogénétique et l'écologie.

Peter Sloterdijk : Il faut retrouver la véritable problématique de notre ère. Le souvenir du communisme et de cette grande expérience tragique de la politique du XXe siècle nous rappelle qu'il n'y a de solution idéologique dogmatique et automatique. Le problème du XXIe est celui de la coexistence au sein d'une "humanité" devenue une réalité physiquement. Il ne s'agit plus de "l'universalisme abstrait" des Lumières, mais de l'universalité réelle d'un collectif monstrueux qui commence à être une communauté de circulation réelle avec des chances de rencontres permanentes et des chances de collisions élargies.

La question du lien social au sein d'une trop grande société

Nous sommes devenus comme des particules dans un gaz, sous pression. La question est désormais celle du lien social au sein d'une trop grande société; et je crois que l'héritage des prétendues religions est important, parce qu'elles sont les premières tentatives de synthèses méta-nationales et méta-ethniques.

Le sangha bouddhiste était un vaisseau spatial, où tous les déserteurs de toutes les ethnies pouvaient se réfugier. De la même manière, on pourrait décrire la chrétienté, sorte de synthèse sociale qui transcende la dynamique des ethnies fermées et les divisions des sociétés de classes. Le dialogue des religions à notre époque n'est rien d'autre que le reformatage du problème du "communisme".

La réunion qui a eu lieu à Chicago en 1900, le congrès des religions mondiales, était une façon de poser la question de notre actualité à travers ces fragments, ces représentants de n'importe quelle provenance, les membres de la famille humaine qui s'étaient perdus de vue après l'exode africain… A l'âge du rassemblement, il faut poser et reformater tout ce qu'on a pensé jusqu'ici sur le lien de coexistence d'une humanité débordante. C'est pour cela que j'emploie le terme de "co-immunisme"

Toutes les associations sociales de l'histoire sont en effet des structures de co-immunité. Le choix de ce concept rappelle l'héritage communiste. Dans mon analyse, le communisme remonte à Rousseau et à son idée de "religion de l'homme". C'est un concept immanent, c'est un communautarisme à l'échelle globale. On ne peut pas échapper à la nouvelle situation mondiale. Dans mon livre, la déesse ou entité divine qui apparaît dans les dernières pages, c'est la crise: elle est la seule instance qui possède assez d'autorité pour nous pousser à changer notre vie. Notre point de départ est une évidence écrasante: on ne peut pas continuer comme ça.

Slavoj Zizek : Mon idée ne consiste pas tant à chercher un "co-immunisme" qu'à revivifier l'idée d'un véritable communisme. Mais rassurez-vous, il s'agit plutôt de celui de Kafka que celui de Staline, davantage celui de d'Erik Satie que celui de Lénine! En effet, dans son dernier récit, Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris, dessine l'utopie d'une société égalitaire, un monde où les artistes, comme cette cantatrice Joséphine, dont le chant rassemble, subjugue et méduse les foules, et qui est célébrée sans pour autant obtenir d'avantages matériels.


Une société de reconnaissance qui maintient le rituel, revivifie les fêtes de la communauté, mais sans hiérarchie ni grégarité. Idem pour Erik Satie. Tout pourtant, semble éloigner de la politique le fameux auteur des « Gymnopédies », qui déclarait composer une "musique d'ameublement", une musique d'ambiance ou de fond. Et pourtant, il fut membre du Parti communiste. Mais loin d'écrire des chants de propagande, il donnait à écouter une sorte d'intimité collective, à l'exact opposée de la musique d'ascenseur. Et c'est cela mon idée du communisme.

Le Monde : Pour sortir de cette crise, Peter Sloterdijk, vous optez sur la réactivation des exercices spirituels individuels alors que vous, Slavoj Zizek, insistez sur les mobilisations politiques collectives ainsi sur la réactivation de la force émancipatrice du christianisme. Pourquoi de telles divergences ?

Peter Sloterdijk : Je propose d'introduire le pragmatisme dans l'étude des prétendues religions; cette dimension pragmatique vous oblige à regarder de plus près ce que font les religieux, à savoir des pratiques intérieures et extérieures, que l'on peut décrire comme des exercices qui forment une structure de personnalité. Ce que j'appelle le sujet principal de la philosophie et de la psychologie, c'est le porteur des séries d'exercices qui composent la personnalité. Et quelques-unes des séries d'exercices qui constituent la personnalité peuvent être décrites comme religieuses.

Mais qu'est-ce que ça veut dire ? On fait des mouvements mentaux pour communiquer avec un partenaire invisible, ce sont des choses absolument concrètes que l'on peut décrire, il n'y a rien de mystérieux en tout cela. Je crois que jusqu'à nouvel ordre, le terme "système d'exercices" est mille fois plus opératoire que le terme de "religion" qui renvoie à la bigoterie d'Etat des Romains. Il ne faut pas oublier que l'utilisation des termes "religion", "piété" ou "fidélité" était chez les Romains réservée aux épithètes que portaient les légions romaines stationnées dans la vallée du Rhin et partout ailleurs.

Le plus grand privilège d'une légion était de porter les épithètes pia fedilis, parce que cela exprimait une loyauté particulière à l'empereur à Rome. Je crois que les Européens ont tout simplement oublié ce que "religio" veut dire. Le mot, signifie littéralement "diligence". Cicéron en a donné la bonne étymologie : lire, legere, religere, c'est-à-dire étudier attentivement le protocole pour régler la communication avec les êtres supérieurs. C'est donc une sorte de diligence, ou dans ma terminologie, un code d'entraînement. Pour cette raison je crois que "le retour du religieux" ne serait efficace que s'il pouvait conduire à des pratiques d'exercices intensifiés.

En revanche, nos "nouveaux religieux" ne sont que des rêveurs paresseux la plupart du temps. Mais au XXe siècle, le sport a pris le dessus dans la civilisation occidentale. Ce n'est pas la religion qui est revenue, c'est le sport qui est réapparu, après avoir été oublié pendant presque 1 500 ans. Ce n'est pas le fidéisme, mais l'athlétisme qui a occupé le devant de la scène. Pierre de Coubertin voulait créer une religion du muscle au tournant du XXe siècle. Il a échoué comme fondateur d'une religion, mais il a triomphé comme créateur d'un nouveau système d'exercices.

Slavoj Zizek : Considérer la religion comme ensemble de pratiques corporelles, cela existait déjà chez les avant-gardes russes. Le réalisateur soviétique Sergueï Eisenstein (1898-1948) a écrit un très beau texte sur le jésuite Ignace de Loyola (1491-1556), pour qui il s'agissait d'oublier Dieu, sinon comme quelqu'un qui a mis en place certains exercices spirituels. Ma thèse du retour au christianisme est très paradoxale : je crois que ce n'est qu'à travers le christianisme que l'on peut véritablement se sentir vraiment athée.

Si vous considérez les grands athéismes du XXe siècle, il s'agit en réalité d'une tout autre logique, celle d'un "créditisme" théologique. Le physicien danois Niels Bohr (1885-1962), l'un des fondateurs de la mécanique quantique, a été visité par un ami dans sa datcha. Mais celui-ci hésitait à passer la porte de sa maison à cause d'un fer de cheval qui y était cloué – une superstition pour empêcher les mauvais esprits d'entrer. Et l'ami dit à Bohr : "Tu es un scientifique de premier rang, alors comment peux-tu croire à ses superstitions populaires?" "Je n'y crois pas !", répondit Niels Bohr. "Mais pourquoi laisses-tu donc ce fer à cheval, alors", insista l'ami. Et Niels Bohr eut cette très belle réponse: "Quelqu'un m'a dit que ça fonctionne, même si on n'y croit pas !" Ce serait une assez bonne image de notre idéologie actuelle.

Je crois que la mort du Christ sur la croix signifie la mort de Dieu, et qu'il n'est plus le Grand Autre qui tire les ficelles. La seule façon d'être croyant, après la mort du Christ, est de participer à des liens collectifs égalitaires. Le christianisme peut être entendu comme une religion d'accompagnement de l'ordre existant ou une religion qui dit "non" et aider à y résister. Je crois que le christianisme et le marxisme doivent combattre ensemble le déferlement des nouvelles spiritualités ainsi que la grégarité capitaliste. Je défends une religion sans Dieu, un communisme sans maître.

Peter Sloterdijk : Admettons que nous soyons dans la séance de clôture du concile du Nicée et que l'un des archevêques pose la question dans la réunion: faut-il mettre à l'index notre frère Slavoj Zizek ? Je crois que la grande majorité voterait l'anathème, car il commet ce que les anciens appelaient une "hérésie". Slavoj Zizek assume une attitude sélective par rapport à la vérité entière : hérésie signifie sélection. Et la sélection dans ce cas précis, c'est d'omettre la suite de l'histoire biblique, qui parle de résurrection après la mort du Christ. Mais si l'on omet la résurrection, on oublie l'essentiel parce que le message du christianisme c'est que la mort ne nous menace plus.

Le succès mondial du christianisme ne reposait pas seulement sur le message de l'amour universel mais surtout sur la neutralisation des menaces que faisait peser la mort sur chaque conscience. Sans omettre la phobocratie païenne : Tous les empires sont fondés sur le pouvoir de la peur. On peut raconter l'histoire comme Slavoj Zizek l'a fait, mais il faut ajouter une deuxième dimension libératrice : sans rupture avec la phobocratie, il n'y a pas de liberté, ni chrétienne ni athée. Sinon, on ne fait que changer de seigneur ; Jupiter ou le Christ, ça ne fait aucune différence tant que les deux divinités demeurent des puissances phobocrates.

Malheureusement, le christianisme est devenu la phobocratie la plus terrible de toute l'histoire des religions, surtout grâce à Augustin qui, avec sa théorie de la prédestination, a créé un véritable réacteur de peurs, que la philosophie des Lumières a heureusement interrompu. Même dans l'aventure communisme, la phobocratie chrétienne a persisté sous la forme du terrorisme d'Etat !

Et ce n'est pas terminé. La phobocratie musulmane n'est pas prêt de s'arrêter. Pour tous ceux qui cherchent une sortie de l'univers concentrationnaire des phobocraties classiques, il faut reconstruire la dimension émancipatrice d'un christianisme éclairé. Et j'accepte volontiers une reconstruction athée, à condition de mettre l'accent sur la suppression de l'élément phobocrate de l'ancien paganisme.

Le Monde : Le moment historique que nous traversons semble être marqué par la colère. Une indignation culmine dans le mot d'ordre "Dégage!" des révolutions arabes ou des protestations démocratiques espagnoles. Or, à croire Slavoj Zizek, vous êtes trop sévère, Peter Sloterdijk, à l'égard des mouvements sociaux qui proviendrait selon vous du ressentiment.

Imaginer une nouvelle gauche au-delà du ressentiment

Peter Sloterdijk : Il faut distinguer la colère et le ressentiment. A mon avis, il y a toute une gamme d'émotions qui appartiennent au régime du thymos, c'est-à-dire au régime de la fierté. Il existe une sorte de fierté primordiale, irréductible, qui est au plus profond de notre être. Sur cette gamme thymotique s'exprime la jovialité, contemplation bienveillante de tout ce qui existe. Ici, le champ psychique ne connaît pas de trouble. On descend un peu dans l'échelle des valeurs, c'est la fierté de soi.

On descend encore un peu, c'est la vexation de cette fierté qui provoque la colère. Si la colère ne peut pas s'exprimer, condamnée à attendre, pour s'exprimer plus tard et ailleurs, cela conduit au ressentiment, et ainsi de suite jusqu'à la haine destructrice qui veut anéantir l'objet d'où est sortie l'humiliation. N'oublions pas que la bonne colère, selon Aristote, c'est le sentiment qui accompagne le désir de justice. Une justice qui ne connaît pas la colère reste une velléité impuissante. Les courants socialistes du XIXe et XXe siècle ont créé des points de collecte de la colère collective, sans doute quelque chose de juste et d'important. Mais trop d'individus et trop d'organisations de la gauche traditionnelle ont glissé vers le ressentiment. D'où l'urgence à penser et imaginer une nouvelle gauche au-delà du ressentiment.

Slavoj Zizek : Ce qui satisfait la conscience dans le ressentiment, c'est plus de nuire à l'autre et de détruire l'obstacle que de profiter de moi-même. Nous, slovènes, sommes comme ça par nature. Vous connaissez la légende où un ange apparaît à un paysan et lui demande: "Veux-tu que je te donne une vache? Mais attention, je vais aussi donner deux vaches à ton voisin !" Et le paysan slovène dit: "Bien sûr que non !" Mais pour moi, le ressentiment, ce n'est jamais vraiment l'attitude des pauvres. Plutôt l'attitude du pauvre maître, comme Nietzsche l'a très bien analysée. C'est la morale des "esclaves".

Seulement, il s'est un peu trompé du point de vue social: ce n'est pas l'esclave véritable, c'est l'esclave qui, comme le Figaro de Beaumarchais, veut remplacer le maître. Dans le capitalisme, je crois qu'il y a une combinaison très spécifique entre l'aspect thymotique et l'aspect érotique. C'est-à-dire que l'érotisme capitaliste est médiatisé par rapport à un mauvais thymotisme, qui engendre le ressentiment. Je suis d'accord avec Peter Sloterdijk : au fond le plus compliqué c'est de savoir comment penser l'acte de donner, au-delà de l'échange, au-delà du ressentiment.

Je ne crois pas vraiment dans l'efficacité de ces exercices spirituels que propose Peter Sloterdijk. Je suis trop pessimiste, pour cela. A ces pratiques auto-disciplinaires, comme chez les sportifs, je veux y ajouter une hétérotopie sociale. C'est pourquoi j'ai écrit le chapitre final de « Vivre la fin des temps » où j'entrevois un espace utopique communiste, en me référant à ces œuvres qui donnent à voir et à entendre ce que l'on pourrait appeler une intimité collective. Je m'inspire aussi de ces films de science-fiction utopiques, où il y a des héros errants et des types névrosés rejetés qui forment de véritables collectivités. Des parcours individuels peuvent aussi nous guider.

Ainsi, on oublie souvent que Victor Kravtchenko (1905-1966), le dignitaire soviétique qui dénonça très tôt les horreurs du stalinisme dans J'ai choisi la liberté et qui fut ignoblement attaqué par les intellectuels pro-soviétiques, écrivit une suite, intitulée « J'ai choisi la justice », alors qu'il luttait en Bolivie et organisait un système de production agraire plus équitable. Il faut suivre et encourager les nouveaux Kravtchenko qui émergent de partout aujourd'hui, de l'Amérique du Sud aux rivages de la Méditerranée.

Peter Sloterdijk : Je pense que vous êtes victime de l'évolution psycho-politique des pays de l'Est. En Russie, par exemple, chacun porte en soi un siècle entier de catastrophe politique et personnelle sur ses épaules. Les peuples de l'Est expriment cette tragédie du communisme et n'en sortent pas. Tout cela forme une espèce de boucle de désespoir autogène. Je suis pessimiste par nature, mais la vie a réfuté mon pessimisme originel. Je suis donc pour ainsi dire un apprenti-optimiste. Et là je pense que nous sommes assez proches l'un de l'autre parce que nous avons parcouru des biographies parallèles dans un certain sens à partir de points de départ radicalement différents, tout en lisant les mêmes livres.

Le Monde : Juste un mot sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn. S'agit-il d'une simple affaire de mœurs ou bien du symptôme d'un malaise plus important?

Peter Sloterdijk : Indéniablement, il s'agit d'une affaire planétaire qui dépasse le simple fait divers. Dominique Strauss-Kahn est peut-être innocent. Mais cette histoire révèle que le pouvoir exorbitant détenu par un individu peut créer une sorte de religion des puissants que je qualifierais de panthéisme sexuel. Nous croyions en avoir terminé avec les rois soleil. Mais, curieusement, le XXIe siècle multiplie par dix mille ces hommes de pouvoir qui s'imaginent que tous les objets de leur désir peuvent être pénétrés par leur rayonnement.

Slavoj Zizek : Le seul aspect intéressant de l'affaire DSK, c'est la rumeur selon laquelle ses amis auraient approché la famille de la victime supposée en Guinée, offrant une somme exorbitante d'argent si Nafissatou Diallo retirait sa plainte. Si cela est vrai, quel dilemme ! Faut-il choisir la dignité ou l'argent qui peut sauver la vie d'une famille, en lui donnant la possibilité de vivre dans la prospérité ? C'est cela, qui résumerait la véritable perversion morale de notre temps.

Titres sous-titres et inter sont de la rédaction
Propos recueillis par Nicolas Truong
Article paru dans l'édition du 28.05.11 http://www.lemonde.fr/idees

mardi, 18 octobre 2011

Richard Melisch - Globalisierung - Der letzte Akt

Richard Melisch - Globalisierung - Der letzte Akt

lundi, 17 octobre 2011

The Sunic Journal: Jonathan Bowden

The Sunic Journal: Jonathan Bowden

samedi, 15 octobre 2011

Jacques Sapir: qu'est-ce que la mondialisation?

Jacques Sapir: qu'est-ce que la mondialisation?

vendredi, 14 octobre 2011

Questions à Raymond Abellio sur sa vision de l’Occident

Questions à Raymond Abellio sur sa vision de l’Occident

(Revue Question De. No 4. 1974)

Vers la fin d’un certain ésotérisme

Q. Quelle place accordez-vous à ce que chacun aujourd’hui nomme « l’ésotérisme » ? Voyez-vous dans l’ésotérisme une situation radicalement nouvelle de la vie sociale et religieuse, un signe de transformation de l’Histoire présente ? Est-ce une révolte, le dernier soubresaut d’un monde en train de disparaître ou l’annonce d’une renaissance spirituelle ? Vous avez d’ailleurs intitulé votre dernier ouvrage « la fin de l’ésotérisme ». Qu’entendez-vous par là ?

R. Bien entendu, j’ai choisi un titre provocant, la provocation étant un moyen de communication utile aujourd’hui. Il faut secouer les gens pour qu’ils s’éveillent. Il est bien évident que l’ésotérisme, de par son essence, ne peut pas avoir de fin, dans la mesure où l’on admet que la connaissance en soi est toujours inachevée et inachevable, étant donné que c’est une question d’intensité. Mais « fin » signifie aussi que nous sommes dans une période de désoccultation et qu’il convient de réagir contre une certaine tendance des ésotéristes traditionnels à s’enfermer dans ce qu’ils appellent le secret. Certes, l’ésotérisme, en tant que corps de connaissance, aura toujours une frange secrète, ou plutôt un noyau secret (puisqu’encore une fois il est d’une intensité inachevable) ; mais le secret, en tant que forme moralisatrice de protection d’un corps de doctrine dont on ne connaît d’ailleurs pas le développement, me paraît quelque chose de très dégradé comme conception. C’est contre cela, finalement, que j’ai voulu être provocant. Attaquer les ésotéristes qui se servent dans leurs livres de ces formules : « Je connais beaucoup de choses, mais je ne peux pas les dire », « Je ne veux pas les dire ». Mais qu’ils n’écrivent pas de livres, alors ! Ce qu’on sait, on le sait, et l’on doit le dire. Pourquoi craindre le danger ? Les mots « danger » et « décadence », je ne les emploie pas ou je les mets entre guillemets.

Q. Mais je pense que, pour les ésotéristes qui sont, je crois, beaucoup plus occultistes qu’ésotéristes, il s’agit d’intéresser à tout prix par un pseudo-secret, par des points d’interrogation, par des conditionnels en succession infinie. Alors on voit apparaître dans ce sens de nombreuses collections d’ouvrages qui sont effectivement  la fin d’un certain ésotérisme, qui sont l’extrême du vulgaire. Par contre, on peut entendre aussi la fin de l’ésotérisme comme étant son accomplissement.

R. Parfaitement. C’est ainsi que je l’entends, dans le sens supérieur. Quand je parle de désoccultation, il est certain que c’est d’un accomplissement qu’il s’agit. C’est le besoin qu’a tout être qui cherche la connaissance, d’être illuminé par elle, et il est incontestable que l’illumination est un accomplissement. C’est assurément une fin, fin toute relative, bien entendu, que vous ressentez comme un absolu et dont vous savez bien que vous retomberez, quitte ensuite à rechercher une intensité supérieure. Mais il est certain que, chez les ésotéristes dont nous parlons, se développe aujourd’hui une sorte de « décadence ». Par exemple, le mépris qu’ils témoignent à l’Occident, à l’effort scientifique de l’Occident, est quelque chose d’incompréhensible.

Q. Le mépris de René Guénon à l’égard de l’Occident en est le meilleur exemple.

R. Il est très provocant, injuste. Mais Guénon vivait à une époque où il était nécessaire de détruire le scientisme.

Q. Guénon ne pouvant se convertir à l’hindouisme, se convertit à l’islam. Tout plutôt que l’Occident ! Partant de là, il échafaude des théories qui sont en soi assez discutables, celles de la Tradition primordiale. Celle-ci est reléguée dans un temps historique indéterminé, où les hommes sont parfaits, purs et connaissants. Il énonce alors ses idées sur l’initiation. Qu’en pensez-vous ?

 

R. Les moyens de communication que ces hommes pouvaient avoir avec le monde supérieur, avec le monde invisible, les forces divines ? Je crois qu’il est préférable de ne pas en parler, parce qu’on ne peut pas en parler. Alors, faire de ces êtres du début des temps de la Tradition, des êtres purs, omniscients, etc., cela ne fait pas très sérieux.

Q. Non seulement cela ne fait pas très sérieux, mais on retrouve tout un courant qui est pris chez Saint-Yves d’Alveydre et chez quelques autres, et la tradition de l’Aggartha n’est pas de Guénon.

R. Enfin, ces yeux tournés vers le passé, vers une sorte d’âge d’or perdu, non ! Ce n’est pas conforme à la vocation de l’Occident.

Le rôle de l’initiation

 

Q. Comment vous situez-vous par rapport aux doctrines « initiatiques » ? Pensez-vous qu’il y ait une initiation possible pour l’homme, la réalisation du « passage », faire mourir le vieil homme et renaître à la vie transcendante ? Qu’est-ce que l’initiation pour vous, et que pensez-vous des ordres initiatiques ?

R. Il se peut très bien qu’à une certaine époque historique, mal déterminée, les rites aient été un mode de communication nécessaire et privilégié, dans la mesure où l’on n’en connaissait pas la signification exacte : une sorte de magie que l’on retrouve dans certaines peuplades d’Afrique. Je crois que les rites d’initiation, tels que les conçoit Guénon, ont eu leur nécessité en Occident à une époque où, justement, la conceptualisation n’avait pas atteint le degré de nécessité et de clarté qu’elle peut atteindre aujourd’hui : de même que, dans certaines peuplades d’Afrique noire, la magie joue un rôle que joue en Europe la science. Je me rappelle l’histoire que me racontait un de mes amis. Il avait été désigné par je ne sais quelle société savante américaine pour faire une enquête auprès de peuplades primitives. Il voit, un jour, une vieille femme qui était en train de regarder le feuillage d’un arbre qui bougeait. Il dit : « Qu’est-ce que vous faites ? » Elle répondit : « Je passe » un message à mon petit-fils qui est à l’école et à qui j’ai oublié de dire ce matin de me rapporter du café. Je lui passe un message par le vent des arbres. » Il s’étonna, bien qu’il fût là pour faire des études sur la télépathie. Il demanda des explications. La femme était très gênée ; elle disait : « Vous êtes très forts, vous êtes de grands magiciens, vous avez le téléphone. » Elle considérait le téléphone comme un instrument de magie plus perfectionné. Le rite est simplement un medium de magie, moins perfectionné que le medium scientifique. C’est tout. Et l’on comprend que, selon les époques, les besoins de rites d’initiation diffèrent.

Q. Ce qui semblerait indiquer qu’aujourd’hui, selon vous, les rites d’initiation, l’appartenance à des sociétés secrètes, choses tant prônées par les milieux ésotériques de la fin du siècle dernier, ne représentent plus que l’ultime chatoiement d’un monde en voie de disparition.

R. C’est en ce sens, d’ailleurs, que j’ai parlé de la fin de l’ésotérisme — la fin d’un certain ésotérisme.

Le Renouveau de l’Occident

 

Q. Votre recherche politique se fonde sur une double connaissance : connaissance du monde spirituel traditionnel et connaissance de la technocratie moderne. Dès après la Seconde Guerre mondiale, vous avez entrepris une pénétrante méditation sur le rôle de l’Europe dans la politique future.

R. Depuis la guerre, l’Europe ne joue plus de rôle politique, ou, si elle essaie d’en jouer un, vous voyez au milieu de quelles difficultés et à quel niveau inférieur ! Actuellement, l’Europe, par l’intermédiaire des sociétés multinationales, est colonisée par l’aire américano-russe. De même, sur le plan de la recherche intellectuelle, palle marxisme russe. Nous avons à présent une aire américano-russe occidentale et une aire tibéto-chinoise. C’est dans ce sens que je donne à l’absorption du Tibet par la Chine une signification sacrée. Il y a là une véritable « théophagie ». Et c’est cela qui donne toute son amplitude au conflit est-ouest maintenant. L’Orient apparaît, de nos jours, devant la dégénérescence des religions occidentales, comme le porteur d’une puissance spirituelle par la révolution culturelle. Mais ce n’est là qu’une vision profane.

Q. Alors, selon vous, la Chine ne pourrait pas nous apporter, à nous Occidentaux, un renouveau des forces ordonnées face à une évidente dégénérescence des croyances judéo-chrétiennes et à un retour brutal des formes les plus frustes du paganisme ?

R. Je ne crois pas. Je crois que la révolution culturelle chinoise est une révolution collectiviste. Il est incontestable qu’en Chine, par exemple, les problèmes de l’homme intérieur ne sont pas posés. Le problème du sexe, celui de l’art, le problème métaphysique de la mort et de la religion sont éludés par le marxisme chinois. Or ce sont ces problèmes-là qui, dans l’invisible, commandent l’activité de la « prêtrise » occidentale à venir.

Les nouveaux prêtres… et les hippies

Q. Cette « prêtrise » invisible est-elle la suite moderne de l’antique caste des brahmanes védiques ? Voyez-vous en cela un renouveau possible à l’idée de castes ?

R. Absolument pas. Les prêtres invisibles sont des hommes qui passent au-delà des castes. Alors que les hommes de connaissance, les brahmanes, veulent institutionnaliser la connaissance, c’est-à-dire l’enfermer dans des églises, les prêtres invisibles refusent de se laisser institutionnaliser. Eux seuls sont les prêtres de la fin des temps, les nouveaux prophètes.

Q. Il est bon alors de rappeler qu’aux trois castes le plus communément admises prêtres, guerriers, agriculteurs vous opposez une vision nettement plus équilibrée de la société avec une division en quatre castes. Ces quatre castes seraient sommairement ordonnées comme suit : hommes de connaissance, de puissance, de gestion, d’exécution. Mais se pose à nouveau aujourd’hui le problème des hors-castes, les hippies et autres contestataires modernes.

R. Vous avez raison, et je suis persuadé que la mauvaise conception actuelle des quatre castes conduit à une méconnaissance de la hors-caste : celle d’en-bas disons les hippies — mais également celle d’en haut, les prêtres invisibles. Il y a incontestablement la caste des hippies qui refusent justement d’être des hommes d’exécution, de travail, mais qui ne sont pas, bien entendu, des « brahmanes ». Ils sont dans une hors-caste indéfinissable, et je crois cependant que leur rôle est capital, car c’est là que germent, dans ce terreau d’humus indifférencié, les nouvelles générations de castes. De ce point de vue, on peut même imaginer toute une sorte de géographie sacrée qui préciserait les zones de l’hémisphère occidental où apparaissent ces castes.

La notion de géographie sacrée

Q. L’existence de certaines zones privilégiées, de régions chargées de forces, d’énergies particulières, c’est pour vous, je crois, la géographie sacrée ou, tout au moins, sa structure de base. Ainsi, dans cette conception du monde, vous accordez à la Californie un rôle déterminant dans l’évolution et le développement des nouvelles hors-castes.

R. Oui, pour moi, sur un plan symbolique, la Californie est une ligne qui marque la limite à l’extrême ouest de l’Occident. Elle s’oppose à l’Amérique ; la Californie n’est pas du tout l’Amérique. Et c’est justement ce qui m’a conduit à penser qu’il y avait un symbolisme considérable dans la révolte des étudiants de Berkeley en 1964, qui a été la première manifestation dans le monde de la révolte des étudiants.

Q. Si la Californie n’est pas l’Amérique, mais l’Extrême-Occident, l’Occident n’est pas l’Europe. Je crois même que vous faites une différence fondamentale qui est, en quelque sorte, l’assise de votre géographie sacrée.

R. La distinction entre l’Europe et l’Occident est, pour moi, fondamentale. Dans notre cycle de temps, nul lieu au monde n’eut plus que l’Europe l’illusion de faire naître l’Histoire. L’Europe s’est vue comme déterminant et écrivant l’Histoire tout entière du cycle terrestre actuellement en cours, et une Histoire de plus en plus dense et dramatique. Je fais de la distinction Europe-Occident une clef fondamentale. Ainsi, l’Europe est construite, l’Occident est constitué. L’Est est le support d’une infinité passée, l’Ouest celui d’une infinité à venir : l’Occident est, entre eux, celui d’une infinité présente. Mais c’est justement parce que l’homme européen est pris actuellement dans l’implication infinie des liaisons historiques, et qu’il y est pris seul, qu’il est, à l’état naissant, le porteur de l’être occidental capable de transcender l’Histoire, de la vider de ses événements isolés et passagers et de faire émerger, ici et maintenant, une nouvelle conscience dans le monde. L’Occident est d’abord vision absolue du monde et de lui-même par la découverte d’une structure absolue. L’Europe vit en mode d’ampleur, l’Occident en mode d’intensité. L’Europe veut progresser en mode de sédimentation, l’Occident se résout en mode de cristallisation.

Q. Quel sens donnez-vous à cette opposition ?

R. Un sens dialectique. Ainsi l’Europe se livre au temps tandis que l’Occident lui échappe. L’Europe paraît fixe dans l’espace, c’est-à-dire dans la géographie, tandis que l’Occident y est mobile et déplace son épicentre terrestre selon le mouvement des avant-gardes civilisées. L’Europe est provisoire, l’Occident est éternel. Un jour, l’Europe sera politiquement effacée des cartes, mais l’Occident vivra toujours. L’Occident est partout où la conscience devient majeure.

Révélation et illumination

Q. Vous accordez une importance fondamentale à la notion de révélation dans toute votre œuvre. Vous acceptez l’idée qu’une connaissance peut venir subitement, sans apport intellectuel ; cette connaissance résume alors des formes très diverses du savoir. Elle est la gnose à l’état pur, une réalité universelle qui, soudain, relie l’homme à l’infini.

R. Tous, autant que nous sommes, nous avons eu des moments où la certitude en nous se passait de preuves. Ma propre certitude, à certains moments de ma vie, a été totale, immédiate, fulgurante. C’est ainsi que je puis vous dire, et de façon très précise, que j’ai reçu la révélation de ma clef numérique de la Kabbale le 5 avril 1946 à dix heures du matin, le Vendredi saint de cette année-là. La liste des valeurs ésotériques des nombres m’est venue globalement, sans nuance. Elle m’est tombée dessus comme un coup de tonnerre, à tel point que, pendant trois heures, je suis resté paralysé, dans un état d’immobilité absolue. Je brûlais et j’avais l’impression que ma tête allait éclater. Quand j’ai enfin pu me déplacer, je suis allé me coucher sous une tente qui était au fond du jardin. Pendant ce repos, chaque fois que j’essayais de deviner le sens précis de ma révélation, j’avais l’impression que tout pouvait sauter en moi. Une idée de plus, et mon cerveau sautait ; c’était bien un court-circuit qui s’était produit entre deux univers, le mien, celui de l’homme, et l’autre, celui de la révélation, du savoir infini, de la gnose abrupte. La notion de choc dans la révélation est, pour moi, très importante ; car je l’ai reçue comme un coup de bâton, direct, sans pitié, sans faiblesse. Mais il est, je crois, bien inutile de vous dire qu’au moment où j’ai reçu cette connaissance subite, je n’avais qu’une idée très vague de ce que la révélation m’apportait. Disons que je venais d’accrocher l’idée centrale. Ensuite, j’ai dû procéder aux applications intellectuelles. La révélation est comme un objet brut ; le stade de l’exégèse intellectuelle est celui du raffinement.

Q. Considérez-vous la découverte abrupte, la révélation comme la vérité absolue ?

R. Pas nécessairement. La certitude, aussi forte soit-elle, n’est pas forcément la vérité, même si elle s’accompagne de phénomènes étranges qui s’apparentent à ce que communément l’on nomme « Révélation ». La révélation n’est pas, pour autant, un terrain vague, une certitude reçue à travers un voile, le donné abstrait à partir duquel on tirera des élucubrations plus ou moins confuses. Elle est, au contraire, parfaite et précise ; elle s’apparente totalement à la gnose, c’est vrai ; or la gnose, c’est le domaine de la certitude absolue, instantanée et totale, sinon celui de la vérité.

Q. Du reste, dès que l’on se situe à ce niveau de la perception spirituelle, le mot « vérité », tel qu’il est communément utilisé, ne veut plus rien dire. La révélation transmise à l’homme qui vit dans le temps, dans les dimensions de l’espace, se heurte évidemment à un mur, le mur du temps. La connaissance ou la certitude intemporelles sont récupérées par des êtres qui vivent dans le temps. Ce glissement de l’intemporel au temporel affaiblit sans doute la révélation, lui fait perdre cette force immédiate, totale, instantanée et infinie qu’elle possède en elle-même.

R. Vous avez raison. Mais c’est la force de la loi du progrès : la loi de l’homme. La loi étant historique, soumise à la succession du temps, nous n’avons pas la prétention de tout vivre, de tout assumer, de tout comprendre, même nos propres moments de certitude, de révélation. Nous vivons cependant à certains moments dans des rapports privilégiés avec l’étincelle éternelle, avec l’Un informel : c’est alors la réalisation de l’homme intérieur, l’homme intérieur qui est en assomption tout au long des siècles, une assomption qui trouve sa plénitude, sa pleine réalité à chaque instant éternel de la révélation.

***

MEDITATION POUR LES DERNIÈRES FOIS

Heureux celui qui sait ne pas donner de raisons vaniteuses à ses défaites. Et encore plus heureux celui qui sait qu’il n’est pas de défaites.

Partout où nous irons désormais nous porterons en nous ce monde horizontal. Il est celui des ténèbres extérieures.

Mais la grande nouveauté est celle-ci : Ce monde ne sera plus jamais trop grand pour nous, c’est nous qui sommes devenus trop grands pour lui. Jamais plus nous ne pourrons dire comme Moïse : Je verrai la terre promise et je mourrai.

Nous avons déjà vu toutes les terres promises et nous survivons.

Ce soir, je rêve d’Archimède, insensible au tumulte des guerres et traçant sur le sable, du bout de sa canne, les figures géométriques de son énigme intérieure, tandis que le soldat, irrité, l’interpelle et se prépare à le tuer. Nous sommes voués comme lui à une connaissance et une immobilité infinies. En elles se tiennent toute dévotion, tout amour, toute adoration, tout accomplissement, tout service.

Et même si le sens de ce dernier mot nous échappe car il englobe tous les sens, et si, plus encore qu’à nous, il échappe aux Barbares, que ces derniers au moins, quand ils viendront, nous trouvent d’abord attentifs à notre art.

Rien ne peut sauver les corps. Mais on peut rêver d’un regard si plein de connaissance humaine que les corps tout entiers se perdent dans ce regard. Un jour, en rencontrant les yeux de l’homme immobile, l’assassin le moins capable de retour sur soi saura que cet assassiné était plus grand que lui. Au cœur le plus sensible de l’Europe, à l’endroit d’où elle se croit le plus absente, s’accumulent ce comble de refus et ce comble d’attention qui, par la réversibilité mystérieuse du rachat, constituent au contraire sa vraie présence.

Le goût des formes et des bavardages, la hâte du présent et la déception du lendemain, les petits brigandages politiques, le cynisme sans risques, la vulgarité des riches et la soumission des pauvres, et, par-dessus tout, l’impuissante nostalgie d’une beauté qui se refuse et d’une vérité qui se perd, composent une sorte de cri profond qui monte des plaines d’Europe, mais qui stagne dessus comme un brouillard d’hiver.

Ce désordre est trop grand. Comment en démêler les fils ? On peut aujourd’hui donner une sorte de curiosité fraternelle à ceux qui veulent mettre de l’ordre dans ce qu’on appelle le monde, et qui se jettent dans la foule.

Mais il y a temps pour tout sous le soleil.

Aujourd’hui, ce n’est pas dans ce monde qu’il faut mettre de l’ordre, mais dans nos pensées. Nous avons fait dans le monde assez d’expériences, et ce n’est pas en vain que nous en avons traîné le poids si haut. Le monde est ici, pas ailleurs.

J’essaie d’imaginer ce que pourront être ces heures de la transfiguration, quand les guerriers se feront prêtres, et, n’ayant plus rien à défendre qui ne soit détruit, se découvriront les hommes les plus riches du monde.

Extrait de l’Assomption de l’Europe (Paris, Flammarion, 1953).

POUR MIEUX CONNAÎTRE RAYMOND ABELLIO

De son vrai nom Georges Soulès, Raymond Abellio est ne le 11 novembre 1907 d Toulouse.

De 1930 à 1932, il est élève de l’École des ponts et chaussées. Ingénieur enfin, il commence une carrière qui le conduit dans la Drôme. C’est là qu’il prend contact avec le monde politique. Des 1932, il est nommé secrétaire fédéral adjoint de la S.F.I.O. En 1935, il est un des dirigeants de la dissidence socialiste connue sous le nom de Gauche révolutionnaire. A Paris, en 1936, il entre au cabinet de Jules Much. A partir de 1937, il est un des dirigeants du Parti socialiste, tout en gardant très évidente son optique Gauche révolutionnaires, que développent encore ses études marxistes et trotskystes.

Au cours des combats de 1940, il est fait prisonnier à Calais et se retrouve, pour quelque temps, dans un camp d’internement en Allemagne. Cette triste période sera occupée par quantité de réflexions. Il se lie avec différents officiers cagoulards qui partagent la même captivité. Ses options politiques sont remises en cause. Le marxisme, qu’il considéra toujours comme valable du point de vue de l’analyse économique et comme philosophie réflexive, l’a déçu, au moment de la guerre d’Espagne et du pacte Staline-Laval.

Pendant la guerre

En 1941, il est libéré et rentre en France. Il s’inscrit au Mouvement social révolutionnaire de Deloncle, dont il devient l’adjoint. Les rapports avec l’occupant restent tendus, malgré l’apparente reconnaissance du Mouvement social révolutionnaire par le nazisme.

L’année suivante, en 1942, un fait va déterminer le cours de l’évolution intellectuelle de Georges Soulès : sa rencontre avec Pierre de Combas. Ce dernier a une connaissance remarquable des grandes philosophies et doctrines traditionnelles, du judaïsme à l’hindouisme. Il a étudié les mouvements occultes et ésotériques occidentaux par ailleurs, il possède une excellente documentation sur les différents mystiques.

C’est Pierre de Combas qui, notamment, déterminera son évolution critique en face de la pensée de René Guénon.

La découverte de Husserl

Georges Soulès est bien à la recherche de tout autre chose. Son but : découvrir le véritable cheminement qui irait de la Tradition jusqu’à l’exploitation de toutes les ouvertures scientifiques offertes par le monde moderne. C’est dans ce sens, la découverte de Husserl et de la phénoménologie, découverte qui restera un des premiers événements de sa vie spéculative. La tradition hébraïque lui apporte, avec la Kabbale, les éléments du savoir religieux initiatique, tandis que la phénoménologie lui permet d’acquérir une méthode prospective et une charpente méthodique qui manquent aux traditions étudiées comme telles.

Dès cette époque sont en gestation les thèmes fondamentaux qui formeront la trame philosophique de ses livres. Selon lui, le politicien moderne est loin de représenter une vision réelle de ce que devrait être la politique authentique. Celle-ci serait, selon Soulès, appuyée à la fois sur un organisme de sociétés secrètes recelant des connaissances traditionnelles et sur un développement scientifique des facultés métapsychiques, afin d’influer, sans autres moyens que la réalisation mentale, sur les foules. La géopolitique occupe également une place dans la construction de son système. Les différents États, les continents eux-mêmes sont, certes, des réalités évidentes. Mais celles-ci ne sont quand même que les jouets de forces cosmiques et telluriques dont une plus exacte connaissance serait indispensable, afin d’accéder à la parfaite réalisation d’un pouvoir à la fois occulte et politique.

Après la guerre

En 1944, sa position devient de plus en plus difficile. Bientôt, on le recherche, et il doit se cacher.

En 1945, ce sont les gaullistes qui, à leur tour, le poursuivent. Commence alors pour lui une vie de traqué et de vagabond. Enfin, il quitte la France A la fin de février 1947. La Suisse sera son lieu d’exil jusqu’en 1951, époque à laquelle, à la suite d’un non-lieu, il rentre à Paris.

Ses années de fuite et d’exil furent les plus fructueuses, spirituellement. Sa vision du monde atteint un aspect prophétique. En 1946, il fait paraître, sous le pseudonyme d’Abellio, son premier livre. C’est un roman, Heureux les pacifiques, qui sera suivi de Les yeux d’Ezéchiel sont ouverts ; enfin, beaucoup plus tard, de la Fosse de Babel. Ces trois livres forment une trilogie romanesque sur laquelle il fonde la partie la plus publique de son œuvre. Parallèlement, il développera des recherches, avec la Bible, document chiffré, Vers un nouveau prophétisme, Assomption de l’Europe et la Structure absolue (1965).

Ce dernier ouvrage, véritable somme philosophique, est une recherche fondée sur l’ésotérisme et la phénoménologie afin de cerner la clé universelle de l’être et du devenir, des situations et des mutations.

Le monde futur

Vers un nouveau prophétisme est un « essai sur le rôle du sacré et la situation de Lucifer dans le monde moderne ». L’Occident — et l’Europe en particulier — n’a pas terminé son rôle sur la grande scène de l’Histoire. L’ultime Occident est à naître, « quand les guerriers se feront prêtres et, n’ayant plus rien à défendre qui ne soit détruit, se découvriront les hommes les plus riches du monde » (Abellio, Assomption de l’Europe).

Abellio reconnaît que nous vivons la fin d’un cycle, les dernières saccades de l’agonie. Mais cette agonie est à la mesure de notre formidable destin luciférien. L’Europe accède à son assomption et le monde entier se développe et vit et meurt selon nos concepts, nos religions, nos hérésies et nos systèmes politiques.

Une situation retient tout particulièrement son attention : celle de la Chine, Abellio ne cache pas un certain pessimisme qui s’accompagne de visions apocalyptiques dans la Fosse de Babel.

OEUVRES DE RAYMOND ABELLIO

Aux éditions Flammarion :

« Heureux les. Pacifiques », roman

« Assomption de l’Europe », essai

« La fin de l’ésotérisme », essai

Aux éditions Gallimard :

« Les yeux d’Ezéchiel sont ouverts », roman

« Vers un nouveau prophétisme », essai

« La Bible, document chiffré », 2 vol., essai

« La fosse de Babel », roman

« La structure absolue », essai

« Ma dernière mémoire », récit, le tome I est, jusqu’à présent, seul paru

« Un faubourg de Toulouse »

Dans une âme et un corps », Journal de l’année 1971

jeudi, 13 octobre 2011

« Sarkozy sous BHL » : une grenade dégoupillée dans la cour de l'Elysée !

« Sarkozy sous BHL » : une grenade dégoupillée dans la cour de l'Elysée !

Interview de Roland Dumas et Jacques Vergès

Propos recueillis par Gilles Munier

Il y a quelque chose de pourri au royaume de France ! On attendait les révélations de Saif al-islam sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par la Libye... À la place, on a eu droit, sur le même sujet, à la relance de l'affaire Bettencourt, le scandale politico-fiscal de la principale actionnaire de la société L'Oréal, puis à un déluge de révélations sur la remise de valises de billets en provenance de présidents africains, par l'entremise de l'avocat de la Françafrique Robert Bourgi (l'un des dénonciateurs, qui reconnaît avoir porté des valises) à des hommes politiques français, toutes tendances confondues. Dans cette atmosphère de fin de règne, on lira avec délectation le pamphlet de Jacques Vergès et Roland Dumas qui connaissent bien les dessous crapuleux du renversement du colonel Kadhafi. Un pamphlet à lire d'une traite*. 

Afrique Asie : « Sarkozy sous BHL », le pamphlet que vous venez de publier, est une volée de bois vert contre le pouvoir de l'argent en politique. Pouvoir et argent ont toujours cohabité, sauf peut-être dans certains pays socialistes. Qu'apporte de nouveau la présidence Sarkozy dans ce domaine ? 

Roland Dumas : Le pouvoir de l'argent a toujours existé. Au travers des siècles. Dans tous les régimes. Il est triste de voir une grande démocratie ou « prétendue telle » comme la République française, être en proie à un phénomène aujourd'hui décuplé. 

Les révélations qui sortent chaque jour sont édifiantes à ce sujet mais la « France Afrique » n'est pas simplement un problème d'argent et de valises de billets. C'est aussi une méthode qui nous ramène des siècles en arrière et qui repose sur des actions militaires, en bref, sur le colonialisme : « Un régime vous déplaît, on le change, on en installe un autre ». Peut-on dire que c'est là le progrès ? 

Jacques Vergès : Ce que la présidence Sarkozy apporte de nouveau dans les relations entre pouvoir et argent est l'hypertrophie du rôle de l'argent sale et de la corruption qui s'ensuit, faisant de la République française une République bananière. Ses relations avec les pays africains et arabes ne se font plus à travers des diplomates mais à travers des affairistes douteux. 

Afrique Asie : Vous vous en prenez à « Lévy d'Arabie »... BHL. Est-ce la première fois, sous la République, qu'un intellectuel détient publiquement un tel pouvoir? Peut-on comparer son influence à celle de Jacques Attali sur François Mitterrand ou de Marie-France Garaud sur Georges Pompidou puis Jacques Chirac ? 

Jacques Vergès : On ne peut comparer les rôles discrets de M. Attali auprès du président Mitterrand ou de Madame Garaud auprès de Georges Pompidou avec le rôle de M. Lévy auprès de Sarkozy qui est un rôle de décideur. Le président Sarkozy entérine les conciliabules de M. Lévy avec des émissaires libyens dans les hôtels parisiens. 

Roland Dumas : C'est sans doute la première fois qu'un intellectuel aussi médiocre que M. Bernard-Henry Lévy joue un rôle aussi important dans la République. On ne peut le comparer ni à Jacques Attali qui était une institution dans la République ou à Marie-France Garaud qui disposait d'une relation personnelle avec Georges Pompidou. La situation insolite de M. BHL ne relève ni d'un cas ni d'un autre. Il n'est rien dans la République. Il s'impose. Il virevolte. Il joue les « mouches du coche ». 

Afrique Asie : En Libye, le CNT occupe Tripoli. Qu'en est-il de la plainte que vous comptiez déposer accusant Nicolas Sarkozy de crime de guerre ? 

Jacques Vergès : Cette plainte attend que M. Sarkozy ne soit plus à même d'empêcher cette plainte de suivre son cours. 

Afrique Asie : Après la Libye, Sarkozy menace la Syrie et l'Iran. Où s'arrêtera-t-il ? 

Jacques Vergès : M. Sarkozy est irresponsable, il est capable désormais de toutes les folies à moins que le peuple français ne lui passe une camisole de force auparavant. 

Roland Dumas : C'est cela qui nous inquiète. Les menaces contre la Syrie sont précises. Elles sont sérieuses. Les menaces contre l'Iran existent. On a l'impression que tout est fait pour embraser le Proche-Orient. A quoi cela correspond-il ? On peut se le demander. Je ne peux séparer la situation actuelle de ce qui se passe à l'ONU au sujet des Palestiniens. 

L'humanité se déshonore en laissant tomber le peuple palestinien qui est raisonnable, paisible et ne demande pour lui que ce que les israéliens ont obtenu pour eux-mêmes. 

Afrique Asie : Après le renversement de Saddam Hussein, de Laurent Gbagbo et du colonel Kadhafi, ne sommes-nous pas en définitive en train d'assister à un retour accéléré du colonialisme ? 

Roland Dumas : Tout à fait. Nous assistons à un retour, non seulement accéléré mais amplifié, démultiplié du colonialisme avec des moyens énormes. Saura-t-on un jour le coût des campagnes de l'Afghanistan et de la Libye ? Le peuple français a le droit de savoir. Au moment où tout le monde s'agite autour de la crise, n'est-il pas raisonnable de poser la question du coût de guerres inutiles et monstrueuses ? 

Jacques Vergès : C'est évident que la politique de M. Sarkozy marque un retour du colonialisme à un moment où la France et l'Occident en général n'en ont plus les moyens. Il peut renverser les gouvernements mais ne peut assurer l'ordre ensuite. 

Afrique Asie : Pensez-vous que l'Algérie soit sur la liste des « pays à casser » ? 

Roland Dumas : Pourquoi pas. Le contentieux entre la France et l'Algérie est durable. Quand vous imaginez que les Français n'ont pas encore souscrit à la proposition de négociations avec l'Algérie sur un contrat d'amitié, parce que trop de blessures sont encore saignantes... Tout est à craindre pour l'Algérie, mais ce sera pour M. Sarkozy un autre « morceau »...

Notes

* Lire « Bonnes feuilles » dans Afrique Asie d'octobre 2011 

** « Sarkozy sous BHL », par Roland Dumas et Jacques Vergès (Ed. Pierre-Guillaume de Roux) - 126 pages - 13,90 euros 

Source Afrique Asie via Vox NR cliquez ici et NDP Ile-de-France cliquez là

 

mardi, 11 octobre 2011

Thilo Sarrazin im Interview mit dem österreichischen »Kurier«

Thilo Sarrazin im Interview mit dem österreichischen »Kurier«: »Wo man recht hat, muss man es sagen können.«

Laura Küchler

 

Anlässlich des Jahresjubiläums von Deutschland schafft sich ab hat der ehemalige Bundesbankvorstand und Ex-Berliner Finanzsenator Thilo Sarrazin dem österreichischen Kurier ein sehr detailliertes Interview über die demografische Situation Deutschlands und die Nachteile von ungesteuerter Einwanderung gegeben. Er hatte durch seine aus Sicht der Mainstream-Medien provokant formulierten Thesen eine längst überfällige Debatte in Deutschland angestoßen, deren Gegenstand zunächst die Migrationssituation in unserem Land war. Durch die empörten Reaktionen der politischen Klasse auf seine Aussagen einerseits und die im Gegenzug überdimensionale Zustimmung und Sympathie der Bevölkerung andererseits hatte sich diese Debatte ausgeweitet auf die Frage nach Meinungs- und Redefreiheit in unserem Land.

 

Dass Sarrazins Thesen und Feststellungen nicht einfach unter den Tisch gekehrt werden können, belegen schon die Verkaufszahlen seines Buches: Allein im September vergangenen Jahres verkaufte er über 800.000 Exemplare. Mittlerweile ist Deutschland schafft sich ab 1,3 Millionen Mal über die Ladentheken der Buchhandlungen gegangen. Der Bestseller wird ein Longseller, was die enorme Bedeutung des Buches belegt und immer wieder erneut bestätigt. Im Interview mit dem österreichischen Kurier ist unter anderem die derzeitige Schuldenkrise in der Europäischen Union ein Thema.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/deutschland/laura-kuechler/thilo-sarrazin-im-interview-mit-dem-oesterreichischen-kurier-wo-man-recht-hat-muss-man-es-sagen.html

samedi, 08 octobre 2011

Les idées claires et la République européenne

Les idées claires et la République européenne

Entretien avec Pierre Le Vigan

Jean-Marie Soustrade : Quel est la réception de votre dernier livre La tyrannie de la transparence ?

 

Pierre Le Vigan : J’ai de bons échos d’un certain type de public : les gens qui aiment les idées claires, loin de tous les excès de l’intellectualisme à la Derrida mais qui veulent aller au bout des idées claires. L’homme aime bien mettre en place, dit Clément Rosset, « des stratégies pour obscurcir des vérités simples ». Il faut faire le contraire, remettre de la clarté là on a mis du brouillard. Sans pour autant s’illusionner sur la simplicité toute relative des choses.

J.-M.S. : Vous abordez des sujets variés mais qu’est ce qui fait l’unité de votre démarche ?

 

P.L.V. : Ce qui en fait l’unité, c’est tout d’abord l’unité de l’auteur, mais c’est aussi – et on me l’a fait remarquer – le fait que mon sujet, c’est en fait la société tout entière ou encore le monde moderne tout entier. La variété d’angles de vue qui sont les miens n’est qu’une façon de remettre sur le métier la même interrogation : comment peut-on encore « faire société » dans une société où les valeurs les plus essentielles sont soit niées soit relativisées : aimer sa patrie serait affaire de goût, ou de simple préférence culinaire, le bien commun ne serait que la somme des intérêts particuliers voire n’existerait pas, etc.

 

J.-M.S. : Vous citez souvent Tocqueville dans La tyrannie de la transparence. Vous n’êtes pourtant pas connu pour être un libéral ?

 

P.L.V. : Il y a une ambiguïté du mot « libéral ». Pour moi, la liberté de l’individu ne peut être le critère principal de l’organisation d’une société. C’est d’ailleurs une évidence et c’est pourquoi les libéraux radicaux disent que « la société n’existe pas; il n’existe que des individus », une formule qui est de Margaret Thatcher. Ce qui veut dire non pas seulement que le tout n’est que la somme des parties mais que le tout n’existe pas. À l’inverse de ce point de vue, je pense que la notion de bien commun doit primer. Ceci étant, je suis bien entendu pour la liberté et surtout, très concrètement, pour les libertés. Mais dans le domaine économique, les libertés ne peuvent être absolues, il y a des impératifs qui doivent primer : des impératifs  politiques, l’indépendance nationale et européenne, et des impératifs sociaux, la cohésion sociale, et la justice sociale, ou encore l’équité. Je ne suis pas convaincu dans ce domaine que l’on puisse faire l’impasse sur John Rawls, qui n’est pas exactement un libéral, à moins d’avoir une conception très extensive du libéralisme.

 

Il faut d’ailleurs penser ensemble certaines analyses communautariennes et celle de Rawls. Ce qui est sûr c’est qu’on ne reviendra pas sur l’individu-sujet et que l’immersion communautaire holiste n’est plus de ce monde, qu’on le regrette ou non (le regretter est au demeurant totalement dépourvu de sens puisque personne de contemporain ne l’a connu sauf peut-être des anciens des « kibboutz », un mot qui veut dire « ensemble » ou « assemblée »).

 

J.-M.S. : Vous parlez avec sympathie d’une République européenne. Mais encore ?

 

P.L.V. : L’Europe doit évoluer vers une République européenne, mais aussi encore un Empire républicain. En quel sens républicain ? Républicain pour la dimension unitaire : défense commune, politique extérieure commune, égalité des citoyens face à la loi, politique économique européenne autocentrée. La République, c’est aussi l’élitisme républicain contre la communautarisation au nom de la « diversité » et contre la politique des quotas, et au fond contre la reproduction sociale de la super-classe mondiale au service de la finance.

 

Pourquoi aussi un Empire républicain ?  Un « Empire » pour le respect de certaines différences : il peut y avoir une monnaie commune mais pas forcément unique, les réglementations peuvent être différentes dans certains domaines, les langues nationales et régionales doivent être préservées. C’est la notion d’Empire, mais pas au sens d’impérialisme : ni l’Empire éphémère et artificiel  de Napoléon, ni le Reich pangermaniste et raciste de Hitler, ni l’Amérique expansionniste et liberticide de Bush ne sont un modèle, bien au contraire. C’est l’Empire au sens d’un équilibre entre unité et autonomies, entre universalité et différences, comme l’Empire austro-hongrois, à qui il ne manquait guère que de devenir un Empire austro-tchéco-hongrois en donnant toute sa place à la Bohème-Moravie, ou comme le Brésil, qui conjugue unité et diversité de ses peuples, fut un Empire et est une République fédérale.

 

L’Empire républicain, c’est au plan constitutionnel un fédéralisme, mais avec une dimension qui va au-delà du patriotisme constitutionnel, car l’Empire, c’est aussi une idée unificatrice, un certain type de civilisation à aimer, à défendre, à vivre. Une certaine idée de nous même à affirmer. La vie sociale avant le productivisme, la solidarité avant l’enrichissement sans frein, la relocalisation et non la mondialisation. Le reterritorialisation et non le nomadisme.

 

J.-M.S. : Quels sont vos auteurs favoris ?

 

P.L.V. : Il faudrait toujours demander « en ce moment », car s’il y a des permanences, il y a aussi des inflexions dans les lectures de chacun. Je suis assez inconditionnel de Clément Rosset, de Frédéric Schiffter, de philosophes moraux comme vous le voyez.

 

J.-M.S. : Quel est le domaine de la pensée le plus important pour vous ?

 

P.L.V. : Le plus important, je ne sais pas répondre à cette question, mais le plus fascinant, c’est pour moi la cosmologie. Il y a en effet trois domaines de la philosophie : la morale, c’est-à-dire comment se tenir, la philosophie politique, c’est-à-dire comment se gouverner ensemble, et la vision du monde, qui inclue la cosmologie et même, en un sens, la morale et la politique.

 

Propos recueillis par Jean-Marie Soustrade.

 

Pierre Le Vigan, La tyrannie de la transparence, Paris, L’Æncre, coll. « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », 2011, 177 p., préface d’Arnaud Guyot-Jeannin, diffusé sur Internet par Librad et disponible à la Libraire Primatice : 10, rue Primatice, 75013 Paris.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

dimanche, 02 octobre 2011

Francis Bergeron: Qui est Hergé?

Francis Bergeron: Qui est Hergé?



samedi, 01 octobre 2011

Dopo le rivolte arabe: il nuovo Mediterraneo ‒ Seminari di "Eurasia"

Dopo le rivolte arabe: il nuovo Mediterraneo ‒ Seminari di "Eurasia" 2011/12 ‒1/2

 

Dopo le rivolte arabe: il nuovo Mediterraneo ‒ Seminari di "Eurasia" 2011/12 ‒2/2

vendredi, 30 septembre 2011

„Türken genießen keine Minderheitenrechte“

„Türken genießen keine Minderheitenrechte“

Ex: http://www.zurzeit.at/

Professor Karl Albrecht Schachtschneider über rechtliche Probleme durch einen möglichen Beitritt der Türkei zur EU

Herr Professor Schachtschneider, immer wieder ist ein baldiger EU-Beitritt der Türkei im Gespräch. Was sind Ihrer Ansicht nach die möglichen Folgen eines EU-Beitritts der Türkei?

Karl Albrecht Schachtschneider: Der Beitritt der Türkei würde die Europäische Union weiter wirtschaftlich überfordern, denn obwohl die Türkei ja durchaus einen gewissen wirtschaftlichen Aufstieg erlebt, ist sie doch immer noch ein sehr armes Land und es würden nicht nur viele Türken in die europäischen Länder kommen, insbesondere nach Deutschland und Österreich, sondern sie würden auch die überzogenen Sozialleistungen in der Europäischen Union in Anspruch nehmen können. Das wird im Wesentlichen eine Sozialwanderung sein, eine Sozialmigration, die für uns nicht mehr zu verkraften ist.

Ganz davon abgesehen, würde es die Zahl der Muslime in der Europäischen Union erheblich erhöhen und damit die islamische Gefahr für Europa verstärken.

Bestehen zusätzlich zu den wirtschaftlichen auch ernsthafte rechtliche Bedenken gegen einen EU-Beitritt?

Schachtschneider: Im Prinzip ist durch die Kopenhagener Kriterien der Weg zu einem EU-Beitritt für die Türkei geebnet, wenn sie die Bedingungen der Kriterien erfüllt. Damit ist aber noch kein Anspruch begründet, auch wirklich Mitglied zu werden. Das verlangt vor allem die politische Entscheidung aller 27 Mitgliedsstaaten. Alle EU-Staaten müssen dem Beitritt der Türken zustimmen.

Darüber hinaus müssen auch die europäischen Organe ihre Zustimmung erklären, hier im Wesentlichen das Europäische Parlament und der Rat. Jeder Mitgliedstaat der Europäischen Union ist frei darin, die Aufnahme der Türkei zu befürworten oder abzulehnen. Die Verlobung durch den Kopenhagener Beschluß ist nicht schon die Eheschließung. Eine Verlobung muß nicht zur Ehe führen und sollte es in diesem Fall auch nicht! Rechtlich muß auch über den Europa-Begriff diskutiert werden, bevor eine Aufnahme der Türkei möglich ist. Die Türkei gehört mit einem ganz kleinen Teil, zu Europa. Die Türkei ist ein Teil Asiens. Die EU will Europa miteinander verbinden, aber nicht die ganze Welt, auch nicht den Nahen Osten mit Israel und die nordafrikanischen Staaten, wie das propagiert wird.

Herr Professor, wie bewerten Sie den Einfluß und die rechtliche Stellung des Islam in Mitteleuropa derzeit?

Schachtschneider: Der Einfluß des Islam in Mitteleuropa ist tatsächlich sehr groß. Er ist vor allem durch das Mißverständnis der sogenannten Religionsfreiheit so groß geworden. Dem Islam sind durch dieses Mißverständnis die Tore weit geöffnet.

Das Hauptproblem ist, daß es diese Religionsfreiheit, nämlich zu leben und zu handeln, wie es die Religion gebietet, so das Verständnis des Bundesverfassungsgerichts Deutschlands, gar nicht gibt. In keinem Menschenrechtskatalog, in keinem Grundrechtskatalog ist eine solche Freiheit geschützt. Geregelt ist vielmehr eine Glaubensfreiheit. Diese Glaubensfreiheit kann man keinem Menschen nehmen. Eine Bekenntnisfreiheit – die gerne als „Bekennensfreiheit“ mißverstanden wird, nämlich daß man durch sein Leben und Handeln seine Religion bekennen kann, ein solches Grundrecht gibt es nicht.

Bekenntnisfreiheit heißt, daß man das jeweilige Glaubensbekenntnis frei wählen kann. Etwa das katholische oder das protestantische oder auch ein anderes Bekenntnis, wie auch eine andere Weltanschauung. Das kann einem niemand nehmen, das sind innere Glaubensfragen, Gedankendinge. Aber das Grundrecht der ungestörten Religionsausübung im täglichen Handeln ist scharf eingeschränkt durch den Vorrang der staatlichen Gesetze. Jedenfalls in Deutschland. Das wird in Österreich nicht anders ein. Die Säkularisierung des Politischen ist die Bedingung des Religionspluralismus. Das Politische hat den klaren Vorrang vor dem Religiösen und es gibt kein Grundrecht, die Politik einer Religion zu unterwerfen oder die Politik an der eigenen Religion auszurichten, etwa gar eine Theokratie aufzubauen. Ein solches Grundrecht ist nirgends gewährleistet und würde die entscheidende Errungenschaft Europas aufheben, nämlich die Säkularität des Politischen und des Religiösen. Und jedermann weiß, daß der Islam die Säkularität nicht akzeptiert. Der Islam ist ein politisches System, daß eben auch religiös begründet ist. Aus diesem Grunde halte ich den Islam mit unseren Verfassungstexten und unseren Verfassungen für nicht vereinbar, keinesfalls mit der freiheitlichen demokratischen Grundordnung. Ich habe das in meinem Buch, „Grenzen der Religionsfreiheit am Beispiel des Islam“, näher dargelegt.

Was halten Sie von den Forderungen von Ministerpräsident Recep Erdogan nach umfassenden Minderheitenrechten der türkischen Einwanderer in Deutschland?

Schachtschneider: Auch die Türken, die in Deutschland leben, die Muslime in Deutschland, mögen ihren Glauben haben und mögen ihr Bekenntnis haben. Sie können aber nicht besondere Rechte beanspruchen.

Für sie gelten die allgemeinen Gesetze, die für alle Menschen in einem Rechtssystem gemacht sind. Auch die Muslime müssen sich diesen Gesetzen fügen. Irgendeine Privilegierung einer Bevölkerungsgruppe wegen der Religion kommt nicht in Frage, genausowenig übrigens für Katholiken und Protestanten oder allen anderen Religionen. So stark ist das vermeintliche Grundrecht der Religionsfreiheit eben nicht, weil es ein solches Grundrecht überhaupt nicht gibt. Die Religionsausübung wird freilich im Rahmen der allgemeinen Gesetze geschützt und gefördert. Politische Sonderrechte geben die Religionsgrundrechte nicht her, nicht einmal das Recht, religiös orientiert zu wählen, um die Politik auf die eigene Religion auszurichten. Bei den Wahlen geht es um die allgemeine Freiheit, die durch die Gesetze verwirklicht werden soll.

Derartige Minderheitenrechte sind also grundsätzlich abzulehnen. Es sind den Türken und Muslimen aber auch keine Volksgruppenminderheitenrechte einzuräumen, wie sie etwa die Dänen in Schleswig-Hohlstein oder andere anerkannte Minderheiten haben. Die Türken und Muslime gibt es überall in Deutschland und sie sind inzwischen ein Teil der Bevölkerung geworden und müssen sich somit auch den Gesetzen Deutschlands und Österreichs unterwerfen. Da gibt es keinerlei Zweifel!

Das Gespräch führte Matthias Hellner.

dimanche, 25 septembre 2011

L’Otan refuse de surmonter l’héritage de la guerre froide

«L’Otan refuse de surmonter l’héritage de la guerre froide»

INTERVIEW – L’ambassadeur de la Russie à l’Otan, Dmitri Rogozine, se montre très critique envers l’Alliance atlantique et ce «droit d’ingérence» dont elle s’est dotée.

L’ambassadeur de Russie à l’Otan, Dmitri Rogozine, était à Paris cette semaine pour évoquer le projet de bouclier antimissile de l’Otan. Il propose que l’Otan et la Russie aient chacune leur propre système de ­défense. Proche de Vladimir Poutine et représentant du courant nationaliste russe, il pourrait jouer un rôle dans la campagne des législatives de décembre.

LE FIGARO. – Où en sont les négociations sur le bouclier antimissile en Europe ?

Dmitri ROGOZINE. – Les États-Unis avaient offert à la Russie une coopération sur ce bouclier antimissile mais aucune coopération de fait ne nous a été proposée.

Une véritable coopération permettrait de rétablir la confiance en Europe et d’économiser beaucoup d’argent en période de crise. En fait, l’Otan a toujours peur de la Russie et refuse de surmonter l’héritage de la guerre froide.

Que proposez-vous ?

 

Puisqu’un seul bouclier antimissile intégré a été refusé, nous proposons que chacun ait son propre système. Le dispositif de l’Otan assurerait la sécurité des pays de l’Otan, à condition que son rayon d’action ne touche pas le territoire russe. Nous proposons aussi d’établir un lien entre nos systèmes d’alerte parce que le temps de réaction à un tir de missile n’est que de quelques secondes. Sans interconnexion, tout lancement d’un intercepteur pourra être considéré par la Russie comme une agression potentielle. Nous demandons enfin la garantie que notre potentiel nucléaire n’est pas menacé.

Cela va à l’encontre du système de l’Otan qui, dans sa troisième phase de déploiement, prévoit des intercepteurs en Pologne…

Le rayon d’action de ces intercepteurs, basés en Pologne ou dans la mer Baltique, ira jusqu’à l’Oural alors que la menace est censée venir de pays du Moyen-Orient ou d’Asie. Si l’Iran n’est qu’un prétexte pour déployer des intercepteurs au nord et menacer la Russie, nous voulons que cela soit dit clairement.

Quelle est la réaction de vos interlocuteurs européens ?

Leur passivité est étonnante. Ils trouvent nos arguments raisonnables, mais affirment que cela doit être discuté avec Washington. Pourtant, les Américains négocient avec la Pologne. Quand un accord sera signé personne ne demandera l’avis des autres Européens.

En Libye et en Syrie, la Russie soutient les régimes en place. La diplomatie russe n’est-elle pas en train de perdre son prestige au Moyen-Orient ?

Nous ne nous sommes pas fait d’illusions sur Kadhafi, mais nous ne partageons pas votre vision du monde arabe. Vous pensez que c’est le rendez-vous de l’islam et de la démocratie. Nous croyons que c’est un choix entre un tyran et al-Qaida. En Tchétchénie, c’est ce qui s’est passé. Et puis, nous n’avons pas aimé la façon dont l’Otan s’est servi de la résolution de l’ONU pour poursuivre des objectifs qui n’avaient rien de commun avec elle. Ce qui est préoccupant, c’est que l’Otan se dote d’un droit d’ingérence qui est du domaine exclusif de l’ONU.

Vous vous êtes inquiété des conséquences d’un retrait de l’Otan d’Afghanistan pour la stabilité en Asie centrale. Souhaitez-vous que l’Otan reste longtemps en Afghanistan ?

L’Otan s’est donné une tâche qu’elle doit mener jusqu’au bout. Après avoir agité la fourmilière, nous ne voulons pas que l’Otan nous laisse face à face avec les chiens de la guerre. Une fois que l’Otan sera partie, ils se répandront au Tadjikistan et en Ouzbékistan et cela deviendra notre problème.

La Russie est-elle un pays européen ?

Elle l’est davantage que d’autres pays européens. Nous avons propagé la culture européenne jusqu’à Vladivostok alors que l’espace culturel européen est en train d’être réduit par les cultures venues du sud. Berlin n’est-elle pas la troisième ville turque dans le monde ? Si on veut intégrer d’autres cultures, il ne faut pas perdre ses propres valeurs culturelles. C’est ce que nous faisons en Russie.

Le Figaro

mercredi, 14 septembre 2011

R. Steuckers: "Vitalist Thinking is incorrect"

Archive de SYNERGIES EUROPEENNES - 1998

Interview with Robert Steuckers

“Vitalist Thinking is incorrect”

by Jürgen Hatzenbichler


joie.jpgThis year is the thirtieth anniversary of the 1968 revolution. What value does the “New Left” have for a rightist discourse today?

Steuckers: First, it has to be said that although the “New Left” demonstrated, rioted and mobilised the factories in Paris in May 1968, one million counter-demonstrators were also on the streets, there to put an end to the events. Furthermore, the “right” won in May; de Gaulle returned in June. One must keep in mind that the so-called “anti-authority movement” could only start the occupation of the institutions in 1988, after the assumption of power by Mitterand. Although between 1968 and 1981 the “New Left” carried a lot of weight in France, the “liberal-conservative Right” remained in power and was able to develop its “Weltanschauung”. One should also know, in order to understand ’68, that de Gaulle had changed his programme completely after the War in Algeria: he was anti-imperialist and anti-American, he visited Russia in 1965 and left NATO. In a speech in Cambodia, he depicted France as the leading anti-imperialist Power and as a partner for countries that were neither “americanist” nor communist. He also developed contacts with South America, which lead to the French aviation industry being able to drive out the Americans there. In Quebec in 1967, he exclaimed “free Quebec”, which was a direct provocation for the Americans, who didn’t tolerate it. Thus the May of ’68 was partly brought about by the American secret service, so that France would refrain from its anti-imperialist function.

In the German-speaking world 1968 is subsequently linked to “political correctness”. What impact did the revolution have in the francophone world?

Steuckers: Moralism appeared more strongly in Germany and with the German Left than in France. In France there are two concepts. There is May ’68: the student movement as a revolutionary movement. But there is also the “thought of ‘68”, la pensée ’68. When one speaks of it, one means a way of thinking like Foucault, Derrida, Deleuze and Guattari among others, who were especially inspired by Nietzsche. Nowadays “political correctness” criticises these philosophers because they think “lebensphilosophisch”, because they are “vitalists”.

This method of “deconstruction” criticises the modern age above all…

Steuckers: …yes, against the “Enlightenment”. Here I would like to highlight an “accent” of Michel Foucault. Foucault is of course regarded as a leftist philosopher, but at the start of his career, which he began with an article that appeared in 1961, he developed a thesis, which stated that the enlightenment was not at all the emancipation of humanity, but instead the beginning of omnipotent observation and punishment. When this article appeared, Foucault was branded a reactionary by certain guardians of virtue. It’s well known that Foucault was a homosexual… He said: “I must commit myself to the outsiders, I must play for the left, otherwise my career is lost.” Nevertheless, his thesis is valid: the enlightenment means observation and punishment. He further criticised the enlightenment as the “ground” for the French Jacobin state. For Foucault, enlightenment society embodies a new panoptical prison, in the middle of which stands a tower, from which all prisoners can be observed. The model of the enlightenment also embodies a “transparent” society without mystery, without a private sphere or personal feelings. Political correctness has seen that these thoughts are extremely dangerous for enlightenment states/ regimes. Foucault is branded a vitalist.

Which ideas of the “New Left” are still relevant?

Steuckers: I’ll have to answer this question in a roundabout way: what does the current “New Left” want? Does the “New Left” want to disseminate the ideas of Foucault, be against societies that want total surveillance and punishment? I can’t answer for the left. But what I do see is that the “New Left” never thinks nowadays, but merely wants to push through political correctness.

The left-right schema is now called into question by some rightists. Is the abolition of these opposites relevant?

Steuckers: I think that for several decades the right has repeated the same obloquies too often. Though I see that today in Germany certain philosophical currents are reading Foucault together with Carl Schmitt and Max Weber. This is very important; it is the kernel of a new conservative revolution, because it is anti-enlightenment. Though I don’t reject the entire enlightenment myself; not the enlightenment King of Prussia, Friedrich II for example. Nor do I reject everything from Voltaire – who was an enlightenment philosopher and gave an excellent definition of identity when he said: “There is no identity without memory.” I don’t reject everything, but I gladly reject political correctness, which claims to be heir to the enlightenment, but sold us a corrupt enlightenment. It has to be said, anti-enlightenment ideas are available on both the right and left. On the other hand, a certain “right”, above all the techno-conservative powers, no longer poses the question of values. These conservatives want an enlightenment profile like the politically correct left.

Can one say that in such a society, which sees everything in terms of economics and consumption, the intellectuals of the left and right are the last defenders of meaning and value?

Steuckers: The American debate answered this very well, when the philosopher John Rawls posed the question of justice. If the enlightenment ends in consumerism, neither community nor justice is possible. There are seemingly conservative and progressive values and here a debate over the deciding questions of tomorrow is possible, but the organised groups of “political correctness” will do everything to prevent it.

Where on the right do you see the possible divisions between a value conservative attitude and a reactionary position?

Steuckers: Nowadays a “value conservative” attitude cannot remain structurally conservative. This attitude defends the values that hold a community together. If structural conservatives, meaning economic liberals, absolutely avoid posing the question of values, then the dissolution of communities is pushed forward. Then we have the danger that states, and even an eventual global community, become totally ungovernable.

What value does the “Nouvelle Droite” have in today’s intellectual discourse?

Steuckers: Nowadays it no longer has a solitary position. It should back the American communitarians more and lead the debate against globalisation and for identity-building values. Outside of Europe and America: to observe those non-western civilizations, like China and the Asiatic states, which have twice rejected the enlightenment ideology of “human rights”; first in Bangkok then in Vienna. These societies have set out to ensure that “human rights” are adapted to their own civilizations, because, as the Chinese have said, humans are never merely individuals but are always imbedded within a society and culture.

lundi, 12 septembre 2011

Entretien avec Paul Gottfried

Entretien avec Paul Gottfried : les étranges métamorphoses du conservatisme

Propos recueillis par Arnaud Imatz

Ex: http://www.polemia.com/

gootfried.jpgProfesseur de Lettres classiques et modernes à l’Elizabethtown College, président du Henry Louis Mencken Club, co-fondateur de l’Académie de Philosophie et de Lettres, collaborateur du Ludwig von Mises Institute et de l’Intercollegiate Studies Institute, Paul Edward Gottfried est une figure éminente du conservatisme américain. Il est l’auteur de nombreux livres et articles sur notamment le paléo et néoconservatisme. Proche de Pat Buchanan, qui fut le candidat républicain malheureux aux primaires des présidentielles face à George Bush père (1992), Paul Gottfried a été l’ami de personnalités politiques comme Richard Nixon et intellectuelles prestigieuses telles Sam Francis, Mel Bradford, Christopher Lasch…

1. Au début des années 1970 vous sympathisiez avec le courant dominant du conservatisme américain. Quarante ans plus tard, le spécialiste notoire du conservatisme américain que vous êtes, déclare ne plus se reconnaître dans ce mouvement. Que s’est-il passé ?

L’explication tient dans le fait qu’il n’y a pas de véritable continuité entre le mouvement conservateur américain des années 1950 et celui qui a pris sa place par la suite. Sur toutes les questions de société, le mouvement conservateur actuel, « néo-conservateur », est plus à gauche que la gauche du Parti démocrate dans les années 1960. Depuis cette époque, et surtout depuis les années 1980, les néo-conservateurs [1] dominent la fausse droite américaine. Leur préoccupation essentielle, qui éclipse toutes les autres, est de mener une politique étrangère fondée sur l’extension de l’influence américaine afin de propager les principes démocratiques et l’idéologie des droits de l’homme.

2. Selon vous, les conservateurs authentiques croient en l’histoire et aux valeurs de la religion ; ils défendent la souveraineté des nations ; ils considèrent l’autorité politique nécessaire au développement de la personne et de la société. Aristote, Platon, Saint Thomas, Machiavel, Burke ou Hegel sont, dites vous, leurs références à des titres divers. Mais alors comment les néo-conservateurs, partisans de la croissance du PNB, du centralisme étatique, de la démocratie de marché, du multiculturalisme et de l’exportation agressive du système américain, ont-ils pu s’imposer?

J’ai essayé d’expliquer cette ascension au pouvoir des néo-conservateurs dans mon livre Conservatism in America. J’ai souligné un point essentiel : à l’inverse de l’Europe, les États-Unis n’ont jamais eu de véritable tradition conservatrice. La droite américaine de l’après-guerre n’a été, en grande partie, qu’une invention de journalistes. Elle se caractérisait par un mélange d’anticommunisme, de défense du libre marché et de choix politiques prosaïques du Parti républicain. Il lui manquait une base sociale inébranlable. Son soutien était inconstant et fluctuant. Dans les années 1950, le mouvement conservateur a essayé de s’enraciner parmi les ouvriers et les salariés catholiques ouvertement anti-communistes et socialement conservateurs. Mais à la fin du XXème siècle cette base sociale n’existait plus.

Les néo-conservateurs proviennent essentiellement de milieux juifs démocrates et libéraux. Antisoviétiques pendant la guerre froide, pour des raisons qui étaient les leurs, ils se sont emparés de la droite à une époque ou celle-ci était épuisée et s’en allait littéralement à vau-l’eau. J’ajoute que les conservateurs de l’époque, qui faisaient partie de l’establishment politico-littéraire et qui étaient liés à des fondations privées, ont presque tous choisi de travailler pour les néo-conservateurs. Les autres se sont vus marginalisés et vilipendés.

3. (…)

4. (…)

5. Vous avez payé le prix fort pour votre indépendance d’esprit. Vos adversaires néo-conservateurs vous ont couvert d’insultes. Votre carrière académique a été torpillée et en partie bloquée. La direction de la Catholic University of America a fait l’objet d’incroyables pressions pour que la chaire de sciences politiques ne vous soit pas accordée. Comment expliquez-vous que cela ait pu se produire dans un pays réputé pour son attachement à la liberté d’expression ?

Il n’y a pas de liberté académique aux États-Unis. La presque totalité de nos universités sont mises au pas ( gleichgeschaltet ) comme elles le sont dans les pays d’Europe de l’Ouest, pour ne pas parler du cas de l’Allemagne « antifasciste » ou la férule a des odeurs nauséabondes. Tout ce que vous trouvez en France dans ce domaine s’applique également à la situation de notre monde académique et journalistique. Compte tenu de l’orientation politique de l’enseignement supérieur aux États-Unis, je ne pouvais pas faire une véritable carrière académique.

6. (…)

7. (…)

8. Vos travaux montrent qu’en Amérique du Nord comme en Europe l’idéologie dominante n’est plus le marxisme mais une combinaison d’État providence, d’ingénierie sociale et de mondialisme. Vous dites qu’il s’agit d’un étrange mélange d’anticommunisme et de sympathie résiduelle pour les idéaux sociaux-démocrates : « un capitalisme devenu serviteur du multiculturalisme ». Comment avez-vous acquis cette conviction ?

Mon analyse de l’effacement du marxisme et du socialisme traditionnel au bénéfice d’une gauche multiculturelle repose sur l’observation de la gauche et de sa pratique aux États-Unis et en Europe. Le remplacement de l’holocaustomanie et du tiers-mondisme par des analyses économiques traditionnelles s’est produit avant la chute de l’Union soviétique. Au cours des années 1960-1970, les marqueurs politiques ont commencé à changer. Les désaccords sur les questions économiques ont cédé la place à des différends sur les questions culturelles et de société. Les deux « establishments », celui de gauche comme celui de droite, ont coopéré au recentrage du débat politique : la gauche s’est débarrassée de ses projets vraiment socialistes et la droite a accepté l’Etat protecteur et l’essentiel des programmes féministes, homosexuels et multiculturalistes. Un exemple : celui du journaliste vedette, Jonah Goldberg. Ce soi-disant conservateur a pour habitude de célébrer la « révolution féministe et homosexuelle » qu’il considère comme « un accomplissement explicitement conservateur ». Sa thèse bizarre ne repose évidemment sur rien de sérieux… Mais il suffit qu’une cause devienne à la mode parmi les membres du « quatrième pouvoir » pour qu’une pléiade de journalistes néo-conservateurs la présentent immédiatement comme un nouveau triomphe du conservatisme modéré.

9. Vos analyses prennent absolument le contrepied des interprétations néo-conservatrices. Vous rejetez comme une absurdité la filiation despotique entre le réformisme d’Alexandre II et le Goulag de Staline. Vous récusez comme une aberration la thèse qui assimile les gouvernements allemands du XIXème siècle à de simples tyrannies militaires. Vous réprouvez la haine du « relativisme historique » et la phobie de la prétendue « German connection ». Vous contestez l’opinion qui prétend voir dans le christianisme le responsable de l’holocauste juif et de l’esprit nazi. Vous dénoncez l’instrumentalisation de l’antifascisme « outil de contrôle au main des élites politiques ». Vous reprochez aux protestants américains d’avoir pris la tête de la défense de l’idéologie multiculturelle et de la politique culpabilisatrice. Vous affirmez que les chrétiens sont les seuls alliés que les Juifs puissent trouver aujourd’hui. Enfin, comble du « politiquement incorrect », vous estimez que la démocratie présuppose un haut degré d’homogénéité culturelle et sociale. Cela dit, en dernière analyse, vous considérez que le plus grave danger pour la civilisation occidentale est la sécularisation de l’universalisme chrétien et l’avènement de l’Europe et de l’Amérique patchworks. Pourquoi ?

En raison de l’étendue et de la puissance de l’empire américain, les idées qu’il propage, bonnes ou mauvaises, ne peuvent manquer d’avoir une influence significative sur les européens. Oui ! effectivement, je partage le point de vue de Rousseau et de Schmitt selon lequel la souveraineté du peuple n’est possible que lorsque les citoyens sont d’accords sur les questions morales et culturelles importantes. Dans la mesure où l’État managérial et les médias ont réussi à imposer leurs valeurs, on peut dire, qu’en un certain sens, il existe une forme d’homonoia aux États-Unis.

En fait, la nature du nationalisme américain est très étrange. Il est fort proche du jacobinisme qui fit florès lors de la Révolution française. La religion civique américaine, comme sa devancière française, repose sur la religion postchrétienne des droits de l’homme. La droite religieuse américaine est trop stupide pour se rendre compte que cette idéologie des droits de l’homme, ou multiculturaliste, est un parasite de la civilisation chrétienne. L’une remplace l’autre. Le succédané extraie la moelle de la culture la plus ancienne et pourrit sa substance.

Pour en revenir au rapide exposé que vous avez fait de mes analyses, je dirai que je suis globalement d’accord. Mais il n’est pas inutile de préciser pourquoi je considère aussi essentiel, aux États-Unis, le rôle du protestantisme libéral dans la formation de l’idéologie multiculturelle. Le pays est majoritairement protestant et la psychologie du multiculturalisme se retrouve dans le courant dominant du protestantisme américain tout au long de la deuxième moitie du XXème siècle. Bien sûr, d’autres groupes, et en particulier des intellectuels et des journalistes juifs ont contribué à cette transformation culturelle, mais ils n’ont pu le faire que parce que le groupe majoritaire acceptait le changement et trouvait des raisons morales de le soutenir. Nietzsche avait raison de décrire les juifs à demi assimilés comme la classe sacerdotale qui met à profit le sentiment de culpabilité de la nation hôte. Mais cette stratégie ne peut jouer en faveur des Juifs ou de tout autre outsider que lorsque la majorité se vautre dans la culpabilité ou identifie la vertu avec la culpabilité sociale. Je crois, qu’à l’inverse de la manipulation bureaucratique des minorités disparates et du lavage de cerveau des majorités, la vraie démocratie a besoin d’un haut degré d’homogénéité culturelle. Je suis ici les enseignements de Platon, Rousseau, Jefferson ou Schmitt, pour ne citer qu’eux.

10. Parmi les adversaires du néo-conservatisme, à coté des « vieux » conservateurs, souvent stigmatisés comme « paléo-conservateurs », on peut distinguer trois courants : le populisme, le fondamentalisme évangélique et le Tea Party. Pouvez-vous nous dire en quoi ces trois tendances diffèrent du vrai conservatisme ?

Je ne crois pas que l’on puisse trouver du « paléo-conservatisme » dans l’un ou l’autre de ces courants. Les membres du Tea Party et les libertariens sont des post-paléo-conservateurs. Les évangéliques, qui n’ont jamais partagé les convictions des vieux conservateurs, sont devenus les « idiots utiles » des néo-conservateurs, qui contrôlent les medias du GOP (Grand Old Party ou Parti Républicain). Actuellement, les « paléos » ont sombré dans le néant. Ils ne sont plus des acteurs importants du jeu politique. À la différence des libertariens, qui peuvent encore gêner les néo-conservateurs, les « paléos » ont été exclus de la scène politique. Faute de moyens financiers et médiatiques, ils ne peuvent plus critiquer ou remettre en cause sérieusement les doctrines et prétentions néo-conservatrices. Le pouvoir médiatique ne leur permet pas de s’exprimer sur les grandes chaînes de télévision. Ils ont été traités comme des lépreux, des « non-personnes », comme l’on fait les médias britanniques avec le British National Party. Pat Buchanan, qui fut un conseiller de Nixon, de Ford et de Reagan et qui est connu pour sa critique des va-t-en-guerre, a survécu, mais il est interdit d’antenne sur FOX, la plus grand chaîne de TV contrôlée par les néo-conservateurs. Il ne peut paraître que sur MSBNBC, une chaîne de la gauche libérale, où il est habituellement présenté en compagnie de journalistes de gauche.

11. Vous avez été traité d’antisémite pour avoir écrit que les néo-conservateurs sont des vecteurs de l’ultra-sionisme. En quoi vous différenciez-vous du sionisme des néo-conservateurs ?

Les néo-conservateurs sont convaincus que seule leur conception de la sécurité d’Israël doit être défendue inconditionnellement. Il est pourtant tout-à-fait possible d’être du côté des israéliens sans mentir sur leur compte. Que les choses soient claires : il n’y a aucun doute que les deux parties, les israéliens et les palestiniens, se sont mal comportés l’un vis-à-vis de l’autre. Cela dit, c’est une hypocrisie scandaleuse, une tartufferie révoltante, que de refuser à d’autres peuples (disons aux Allemands et aux Français) le droit à leur identité historique et ethnique pour ensuite traiter les Juifs comme un cas particulier, parce qu’ils ont connu des souffrances injustes qui les autoriseraient à conserver leurs caractères distinctifs.

12. Quels livres, revues ou sites web représentatifs du conservatisme américain recommanderiez-vous au public francophone ?

Je recommanderai mon étude la plus récente sur le mouvement conservateur  Conservatism in America  (Palgrave MacMillan, 2009) et le livre que je suis en train de terminer pour Cambridge University Press sur Leo Strauss et le mouvement conservateur en Amérique. Vous trouverez également les points de vue des conservateurs, qui s’opposent aux politiques des néo-conservateurs, sur les sites web : www.americanconservative.com 
www.taking.com [2]

13. Vos amis les néo ou postsocialistes Paul Piccone et Christopher Lasch, estimaient que les différences politiques entre droite et gauche se réduisent désormais à de simples désaccords sur les moyens pour parvenir à des objectifs moraux semblables ? Considérez-vous aussi que la droite et la gauche sont inextricablement mêlées et que les efforts pour les distinguer sont devenus inutiles ?

Je suis tout-à-fait d’accord avec mes deux amis aujourd’hui décédés. Les différences politiques entre droite et gauche se réduisent de nos jours à des désaccords insignifiants entre groupements qui rivalisent pour l’obtention de postes administratifs. En fait, ils ergotent sur des vétilles. Le débat est très encadré ; il a de moins en moins d’intérêt et ne mérite aucune attention. J’avoue que j’ai de plus en plus de mal à comprendre l’acharnement que mettent certains droitistes - censés avoir plus d’intelligence que des coquilles Saint-Jacques - à collaborer aux activités du Parti Républicain et à lui accorder leurs suffrages. Plutôt que d’écouter les mesquineries mensongères d’une classe politique qui ne cesse de faire des courbettes au pouvoir médiatique, je préfère encore assister à un match de boxe.

14. Dans les années 1990, deux universitaires néo-conservateurs ont soulevé de farouches polémiques en Europe : Francis Fukuyama, qui a prophétisé le triomphe universel du modèle démocratique, et Samuel Huntington, qui a soutenu que le choc des civilisations est toujours possible parce que les rapports internationaux ne sont pas régis par des logiques strictement économiques, politiques ou idéologiques mais aussi civilisationnelles. Ce choc des civilisations est-il pour vous une éventualité probable ou un fantasme de paranoïaque?

Je ne vois pas une différence fondamentale entre Fukuyama et Huntington. Les deux sont d’accords sur la nature du Bien : l’idéologie des droits de l’homme, le féminisme, le consumérisme, etc. La principale différence entre ces deux auteurs néo-conservateurs est que Fukuyama (du moins à une certaine époque car ce n’est plus le cas aujourd’hui) était plus optimiste qu’Huntington sur la possibilité de voir leurs valeurs communes triompher dans le monde. Mais les deux n’ont d’autre vision historique de l’Occident que le soutien du consumérisme, les revendications féministes, l’égalitarisme, l’inévitable emballage des préférences américaines urbaines c’est-à-dire le véhicule valorisant du hic et nunc.

Je ne doute pas un instant que si la tendance actuelle se poursuit les non-blancs ou les antichrétiens non-occidentaux finiront par occuper les pays d’Occident. Ils remettront en cause les droits de l’homme, l’idéologie multiculturaliste et la mentalité qui les domine aujourd’hui. Les nations hôtes (qui ne sont d’ailleurs plus des nations) sont de moins en moins capables d’assimiler ce que le romancier Jean Raspail appelle « un déluge d’envahisseurs ». En fait, l’idéologie des droits de l’homme n’impressionne vraiment que les chrétiens égarés, les Juifs et les autres minorités qui ont peur de vivre dans une société chrétienne traditionnelle. Pour ma part, je doute que l’idéologie ou le patriotisme civique de type allemand puisse plaire au sous-prolétariat musulman qui arrive en Europe. Cette idéologie ne risque pas non plus d’avoir la moindre résonance sur les latino-américains illettrés qui se déversent sur les États-Unis. Dans le cas ou les minorités revendicatrices deviendraient un jour le groupe majoritaire, une fois les immigrés parvenus au pouvoir, il y a bien peu de chances pour qu’ils s’obstinent à imposer les mêmes doctrines multiculturelles. En quoi leurs serviraient-elles ?

15. Vous avez anticipé ma dernière question sur les risques que devront affronter l’Europe et l’Amérique au XXIème siècle…

Je voudrais quand même ajouter quelques mots. La dévalorisation systématique du mariage traditionnel, qui reposait hier sur une claire définition du rôle des sexes et sur l’espoir d’une descendance, est la politique la plus folle menée par n’importe quel gouvernement de l’histoire de l’humanité. Je ne sais pas où cette sottise égalitariste nous conduira mais le résultat final ne peut être que catastrophique. Peut être que les musulmans détruiront ce qui reste de civilisation occidentale une fois parvenus pouvoir, mais je doute qu’ils soient aussi stupides que ceux qui ont livré cette guerre à la famille. Si ça ne tenait qu’à moi, je serai ravi de revenir au salaire unique du chef de famille. Et si on me considère pour cela anti-libertarien et anticapitaliste, je suppose que j’accepterai cette étiquette. Je ne suis pas un libertarien de cœur mais un rallié à contrecœur.

Propos recueillis par Arnaud Imatz
31/08/2011

Notes :

[1] Les figures les plus connues du conservatisme américain de l’après-guerre furent M. E. Bradford, James Burnham, Irving Babbitt, le premier William Buckley (jusqu’à la fin des années 1960), Will Herberg, Russell Kirk, Gerhart Niemeyer, Robert Nisbet, Forrest McDonald et Frank Meyer. Celles du néo-conservatisme sont Daniel Bell, Allan Bloom, Irving Kristol, S. M. Lipset, Perle, Podhoretz, Wattenberg ou Wolfowitz (N.d.A.I.).
[2] Dans son livre Conservatism in America, Paul Gottfried recommande trois autres sources qui peuvent aussi être consultées avec profit : l’enquête de George H. Nash, The Conservative Intellectual Movement in America Since 1945 (2ème éd., Wilmington, DE : ISI, 1996), l’anthologie de textes de Gregory L. Schneider, Conservatism in America Since 1930 (New York, New York University Press, 2003) et l’encyclopédie publiée par l’Intercollegiate Studies Institute, American Conservatism : An Encyclopedia (ISI, 2006), (N.d.A.I.).

Correspondance Polémia - 5/08/2011

dimanche, 04 septembre 2011

Entretien avec Dominique Venner

Entretien avec Dominique Venner

jeudi, 18 août 2011

Christian Kopff on Radical Traditionalism and Julius Evola

Christian Kopff on Radical Traditionalism and Julius Evola

mercredi, 17 août 2011

Interview with Tomislav Sunic - Denmark (May 2011)

Interview with Tomislav Sunic - Denmark (May 2011)

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mardi, 16 août 2011

Tomislav Sunic on the European New Right

Tomislav Sunic on the European New Right

samedi, 13 août 2011

Julius Evola: Um pessimismo justificado?

Julius Evola: Um Pessimismo Justificado?

 
por Franco Rosados
Ex: http://legio-victrix.blogspot.com/
MenAmongTheRuins.jpgFR: Você acredita que existe uma relação entre a filosofia e a política? Pode influenciar uma filosofia em uma iniciativa de reconstrução política nacional ou européia?
JE: Eu não creio que uma filosofia entendida em sentido estreitamente teórico possa influenciar na política. Para influenciar, necessita que encarne-se em uma ideologia ou em uma concepção do mundo. O que ocorreu, por exemplo, com a Ilustração, com o materialismo dialético marxista e com algumas concepções filosóficas que foram incorporadas à concepção de mundo do nacional-socialismo alemão. Em geral, a época dos grandes sistemas filosóficos conluiu-se; hoje não existem mais que filosofias bastardas e medíocres. Em uma de minhas obras passadas, de meu período filosófico, eu coloquei na dedicatória estas palavras de Jules Lachelier: "A filosofia, moderna, é uma reflexão que acabou por reconhecer a mesma impotência e a necessidade de uma ação que parta do interior." O domínio próprio de uma ação deste tipo tem um caráter metafilosófico. Daí, a transição que observa-se em meus livros, que não falam de "filosofia", senão de "metafísica", de visão do mundo e doutrinas tradicionais.
FR: Você pensa que moral e ética são sinonímicas e que tenham que possuir um fundamento filosófico?
JE: É possível estabelecer uma distinção, se por "moral" entende-se especificamente o costume e por "ética" uma disciplina filosófica (a chamada "filosofia moral"). Em minha opinião, qualquer ética ou qualquer moral que queira ter um fundamento filosófico de caráter absoluto, é ilusória. Sem referência a algo transcendente, a moral não pode ter mais que um alcance relativo, contingente, "social", e não pode resistir a uma crítica do individualismo, do existencialismo ou do niilismo. Eu demonstrei em meu livro Cavalgar o Tigre, no capítulo entitulado No mundo em que Deus morreu. Neste capítulo também abordei a problemática apresentada por Nietzsche e pelo existencialismo.
FR: Você crê que a influência do Cristianismo foi positiva para a civilização européia? Não pensa que ao ter adotado uma religião de origem semítica tenha desnaturalizado alguns valores europeus tradicionais?
JE: Falando de Cristianismo, muitas vezes usei a expressão "a religião que prevaleceu no Ocidente". Em efeito o maior milagre do Cristianismo é ter conseguido afirmar-se entre os povos europeus, inclusive tendo em conta a decadência em que caíram numerosas tradições destes povos. Não obstante, não faz falta esquecer os casos nos quais a cristianização do Ocidente foi exclusivamente exterior. Ademais, se o Cristianismo alterou, sem dúvida alguma, alguns valores europeus, também há casos nos quais estes valores ressurgiram do Cristianismo, retificando-o e modificando-o. De outro modo o catolicismo seria inconcebível em seus diferentes aspectos "romanos"; do mesmo modo seria inconcebível uma parte da civilização medieval com fenômenos como a aparição das grandes ordens cavalheirescas, do tomismo, certa mística de alto nível, por exemplo Mestre Eckhart, o espírito das Cruzadas, etcétera.
FR: Você considera que o conflito entre güelfos e guibelinos no curso da história européia seja algo mais que um simples episódio político e constituía um conflito entre duas formas de espiritualidade? Crê possível um recrudescimento do "guibelinismo"?
JE: A idéia de que as origens da luta entre o Império e a Igreja não foi somente uma rivalidade política, senão que esta luta traduziu a antinomia de dois tipos de espiritualidade, constitui o tema central de meu livro O Mistério do Graal e a tradição guibelina do Império. Este livro foi publicado em alemão e editar-se-á de pronto também em francês. No fundo, o "guibelinismo" atribuiu à autoridade imperial um fundamento de caráter sobrenatural e transcendente, algo que somente a Igreja pretendia possuir, o próprio Dante defende em parte a mesma tese. Assim, alguns teólogos guibelinos puderam falar de "religião real" e, em particular, atribuir um caráter sagrado aos descendentes dos Hohenstaufen. Naturalmente, com o império cristalizou um tipo de espiritualidade que não pode ser identificado com a espiritualidade cristã. Porém se estes são os dados do conflito güelfo-guibelino, está claro, então, que uma ressurreição do "guibelinismo" em nossa época é muito problemático. Onde encontrar, em efeito, as "referências superiores" para opor-se à Igreja, se isso não ocorre em nome de um Estado laico, secularizado, "democrático", ou "social", desprovido da concepção da autoridade procedente de cima? Já o "los von Rom" e o "Kulturkampf" do tempo de Bismarck tiveram somente um caráter político, para não falar das aberrações e da ficção de certo neopaganismo.
Evola-RAtMw.jpgFR: Em seu livro O Caminho do Cinabro, onde expõe a gênese de suas obras, admite que o principal defensor contemporâneo da concepção tradicional, René Guénon, exerceu certa influência sobre ela, ao ponto que definiram-te "o Guénon italiano". Existe uma correspondência perfeita entre seu pensamento e o de Guénon? E não crê, a propósito de Guénon, que certos entornos superestimam a filosofia oriental?
JE: Minha orientação não difere da de Guénon no que concerne ao valor atribuído ao Mundo da Tradição. Por Mundo da Tradição entende-se uma civilização orgânica e hierárquica na qual todas as atividades estão orientados pelo alto e para o alto e estão ligadas a valores que não são simplesmente valores humanos. Como Guénon, escrevi muitas obras sobre a sabedoria tradicional, estudando diretamente seus mananciais. A primeira parte de minha obra principal Revolta Contra o Mundo Moderno é precisamente uma "Morfologia do Mundo da Tradição". Também há correspondência entre Guénon e eu no que refere-se à crítica radical do mundo moderno. Sobre este ponto há não obstante divergências menores entre ele e eu. Dada sua "equação pessoal", na espiritualidade tradicional, Guénon assignou ao "conhecimento" e à "contemplação" a primazia sobre a "ação"; subordinou a majestade ao sacerdócio. Eu, ao contrário, esforcei-me em apresentar e valorizar a herança tradicional desde o ponto de vista de uma espiritualidade da "casta guerreira" e de ensinar as possibilidades igualmente oferecidas pela "via" da ação. Uma consequência destes pontos de vista diferentes é que, se Guénon assume como base para uma eventual reconstrução tradicional da Europa uma elite intelectual, eu, de minha parte, sou bastante propenso a falar de Ordem. Também divergem os juízos que Guénon e eu damos sobre o Catolicismo e a Maçonaria. Creio não obstante que a fórmula de Guénon não situa-se na linha do homem ocidental, que apesar de tudo, por sua natureza, está orientado especialmente para a ação.
Não pode-se falar aqui de "filosofia oriental", trata-se, em realidade, de uma modalidade de pensamento oriental que forma parte de um saber tradicional que, também no Oriente, manteve-se mais íntegro e mais puro que tomou o lugar da religião, porém que esteve difundido igualmente no Ocidente pré-moderno. Se estas modalidades de pensamento valorizam o que tem um conteúdo universal metafísico, não pode-se dizer que sejam superestimadas. Quando trata-se de concepção do mundo, faz falta guardar-se das simplificações superficiais. Oriente não compreende somente a Índia do Vedante, da doutrina do Maya, e da contemplação separada pelo mundo; também compreende à Índia que, com o Bhagavad Gita, deu uma justificativa sagrada para a guerra e para o dever do guerreiro; também inclui a concepção dualista e combativa da Pérsia antiga, a concepção imperial cosmocrática da antiga China, a civilização japonesa, tão distante por ser únicamente contemplativa e introvertida, onde uma fração esotérica do budismo deu nascimento à "filosofia" dos Samurais, etcétera.
Desgraçadamente, o que caracteriza o mundo europeu moderno não é a ação senão sua falsificação, quer dizer um ativismo sem fundamento, que limita-se ao domínio das realizações puramente materiais. "Está separada do céu com o pretexto de conquistar a terra", até não saber já o que é realmente a ação.
FR: Seu juízo sobre a ciência e sobre a técnica parece, em sua obra, negativo. Quais são as razões de sua posição? Não acredita que as conquistas materiais e a eliminação da fome e da miséria permitirão afrontar com mais energia os problemas espirituais?
JE: No que concerne o segundo tema que apresenta, dir-lhe-ei que, assim como existe um estado de embrutecimento devido à miséria, assim também existe um estado de embrutecimento devido ao bem-estar e à prosperidade. As "sociedades" do bem-estar, nas quais não pode-se falar de existência de fome e de miséria, estão longe de engendrar um aumento da verdadeira espiritualidade; mais bem, ali consta uma forma violenta e destrutiva de revolta das novas gerações contra o sistema em seu conjunto e contra uma existência desprovida de sentido, Estados Unidos-Inglaterra-Escandinávia. O problema consiste em fixar um limite justo, freando o frenesi de uma economia capitalista criadora de necessidades artificiais e liberando o indivíduo de sua crescente dependência da engrenagem social e produtiva. Faria falta estabelecer um equilíbrio. Até pouco tempo, o Japão deu o exemplo de um equilíbrio deste tipo; modernizou-se e não deixou-se distanciar do Ocidente nos domínios científicos e técnicos, inclusive salvaguardando suas tradições específicas. Porém hoje a situação é bem diferente.
yoga-power-julius-evola-paperback-cover-art.jpgHá um outro ponto fundamental a sublinhar: é difícil adotar a ciência e a técnica circunscrevendo-as dentro dos limites materiais e como instrumentos de uma civilização; ao revés, é praticamente inevitável que empapem-se da concepção do mundo sobre que baseia-se a moderna ciência profana, concepção praticamente inculcada em nossos espíritos pelos métodos de instrução habitual que tem, sobre o plano espiritual, um efeito destrutivo. O conceito mesmo do verdadeiro conhecimento vem assim a ser falseado totalmente.
FR: Você também falou de seu "racismo espiritual". Qual é o sentido exato dessa expressão?
JE: Em minha fase anterior, acredito necessário formular uma doutrina racial que teriam impedido que o racismo alemão e italiano concluíssem como uma forma de "materialismo biológico". Meu ponto de partida foi a concepção do homem como ser constituído de corpo, de alma e de espírito, com a primazia da parte espiritual sobre a parte corpórea. O problema da raça devia pois considerar cada um destes três elementos. Daí a possibilidade de falar de uma raça do espírito e da alma, ademais de uma raça biológica. A oportunidade desta formulação reside no fato de que uma raça pode degenerar, ainda permanecendo biologicamente pura, se a parte interior e espiritual morreu, minguou ou obscureceu,  se perdeu a própria força, como ocorre com alguns tipos nórdicos atuais. Ademais os cruzamentos, dos quais hoje poucas estirpes ficam fora podem ter como resultado que a um corpo de determinada raça estejam ligados em um indivíduo dado, o caráter e a orientação espiritual própria de outra raça, de onde deriva-se uma concepção mais complexa de mestiçagem. A "raça interior" manifesta-se pelo modo de ser, por um comportamento específico, pelo caráter, sem falar da maneira de conceber a realidade espiritual, os muitos tipos de religiões, de ética, de visões do mundo etcétera, podem expressar "raças interiores" bem ajustadas. Este ponto de vista permite superar muitas concepções unilaterais e ampliar o campo das investigações. Por exemplo, o judaísmo define-se acima de tudo nos termos de uma "raça" da alma, de uma conduta, única, observável em individuos que, desde o ponto de vista da raça do corpo, são muito diferentes. De outra parte, para dizer-se "ários", no sentido completo da palavra, não é necessário não possuir a mínima gota de sangue hebreu ou de uma raça de cor; faz falta acima de tudo examinar qual é a verdadeira "raça interior" ou seja o conjunto de qualidade que na origem corresponderam ao ideal do homem ariano. Tive ocasião de declarar que, hoje em dia, não deveria insistir-se demasiadamente no problema hebreu; em efeito, as qualidades que dominaram e dominam hoje em muitos tipos de judeus são, assim mesmo, evidentes em tipos "arianos", sem que nestes últimos possa-se invocar como atenuante a mínima circunstância hereditária.
FR: Na história da Europa, tem sido muitas as tentativas de formar um "Império Europeu": Carlos Magno, Frederico I e Frederico II, Carlos V, Napoleão, Hitler, porém ninguém logrou refazer, de maneira estável, o Império de Roma. Quais tem sido, segundo você, as causas destes fracassos? Pensa que hoje a reconstrução de um Império europeu seja possível? Se não, quais são as razões de seu pessimismo?
JE: Para responder, inclusive de maneira sumária, a esta pergunta, faria falta poder contar com um espaço maior que o de uma entrevista. Limitar-me-ei a dizer que os obstáculos principais, no caso do Sacro Império Romano, foi a oposição da Igreja, o início da revolta do Terceiro Estado, como no caso das Comunas italianas, o nacimento de Estados nacionais centralizados que não admitiam nenhuma autoridade superior e, por fim, a política, não imperial, senão imperialista da dinastia francesa. Eu não atribuiria, à  tentativa de Napoleão, um verdadeiro caráter imperial. Apesar de tudo, Napoleão foi o exportador das idéias da Revolução francesa, idéias que foram utilizadas contra a Europa dinástica e tradicional.
No que refere-se a Hitler, teria que fazer algumas reservar na medida em que sua concepção de Império baseou-se no mito do Povo, Volk = Povo-Raça, concepção que revestiu um aspecto de coletivização e exclusivismo nacionalista, etnocentrismo. Somente no último período do Terceiro Reich os pontos de vista estenderam-se, de uma parte graças à idéia de uma Ordem, defendida por alguns entornos da SS, de outra graças à unidade internacional das divisões européias de voluntários que combateram na frente oriental.
Pelo contrário, convém recordar o princípio de uma Ordem européia que existiu com a Santa Aliança, cuja decadência fiu imputável em grande parte à Inglaterra e também com o projeto chamado Drei Kaiserbund, nos tempos de Bismarck: a linha defensiva dos três imperadores que teria tido que englobar também à Itália, com a Tríplice Aliança e o Vaticano e opor-se às manobtas antieuropéias da Inglaterra e da própria América.
EvolaQSJ.jpgUm "Reich Europeu", não uma "Nação Européia", seria a única fórmula aceitável desde o ponto de vista tradicional para a realização de uma unificação autêntica e orgânica da Europa. Quanto à possibilidade de realizar a unidade européia desse modo, não posso não ser pessimista pelas mesmas razões que induziram-me a dizer que hoje, há pouco espaço para um renascimento do "guibelinismo": não há um ponto de referência superior, não existe um fundamento para dar solidez e legitimidade a um princípio de autoridade supranacional. Não pode-se em efeito descuidar deste ponto fundamental e conformar-se em recorrer à "solidariedade ativa" dos europeus contra as potências antieuropéias, passando por cima das divergências ideológicas. Inclusive quando chegara-se, com este método pragmático, a fazer da Europa uma unidade, sempre existiria o perigo de ver nascer, nesta Europa, novas contradições desagregadoras, em particular no que concerne às divergências ideológicas e e as causadas pela falta de um princípio de autoridade superior. Hoje é difícil falar de uma "cultura comum européia": a cultura moderna não conhece fronteiras; a Europa importa e exporta "bens culturais"; não somente no domínio da cultura, senão também no domínio do modo de vida, manifesta cada vez mais uma nivelação geral que, conjugada com a nivelação produzida pela ciência e pela técnica, providencia argumentos não aos que querem uma Europa unitária, senão aos que desejariam edificar um Estado mundial. Novamente, nos deparamos com o obstáculo constituído pela inexistência de uma verdadeira idéia superior diferenciadora, que deveria ser o núcleo do império europeu. Mais além de tudo isto, o clima geral é desfavorável: o estado espiritual de devoção, de heroísmo, de fidelidade, de honra na unidade, que deveria servir de cimento ao sistema orgânico de uma Ordem européia imperial é hoje, por assim dizer, inexistente. O primeiro a fazer deveria ser uma purificação sistemática dos espíritos, antidemocráta e antimarxista, nas nações européias. Sucessivamente, far-se-ia necessário poder sacudir as grandes massas de nossos povos com meios diferentes, seja recorrendo aos interesses materiais, seja com uma ação de caráter demagógico e fanático, que necessariamente, influiria na capa subpessoal e irracional do homem. Estes meios implicariam fatalmente certos riscos. Porém todos estes problemas são extremadamente difíceis de solucionar na prática; por outra parte, já tive ocasião de falar disso em um de meus livros, Homens Entre as Ruínas.

dimanche, 17 juillet 2011

J. P. Arteault / F. Sainz: les racines anglo-saxonnes du mondialisme

J. P. Arteault / F. Sainz: Les racines anglo-saxonnes du mondialisme

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