Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 02 janvier 2011

Archives sur Weimar - Le national-bolchevisme allemand (1918-1932)

ko-pa410.jpg

Archives sur Weimar

Présentation: Nous donnons ici un des rares articles de Karl Otto Paetel publié en français (on connait notamment de lui l’article « Typologie de l’Ordre Noir» paru dans la revue Diogène, n°3, en 1953).

Ex: http://etpuisapres.hautetfort.com/

Pourquoi reproduire cet article sur un site consacré à Hans Fallada ? Parce qu’il traite d’un aspect peu connu du foisonnement politique de l’Allemagne de Weimar et que ce contexte politique a servi de toile de fond aux romans de Hans Fallada. L’article de K.O. Paetel évoque notamment le mouvement paysan du Schleswig-Holstein, auquel Hans Fallada fut mêlé de près en suivant le procès de Neumünster pour le compte d’un journal local le General-Anzeiger (en automne 1929) puis en en tirant deux romans. L’un directement inspiré de la « révolte » (Levée de Fourches) et un autre inspiré également de ses expériences de régisseur (Loup parmi les loups I ; Loup parmi les loups II – La campagne en feu).

Quant à l’article de K.O. Paetel, il est très certainement incomplet comme il le signale lui-même, mais a le mérite de présenter les grandes lignes de ce courant politique. Le seul léger reproche que l’on pourrait faire c’est d’élargir le mouvement national-bolcheviste stricto sensu (Fritz Wolffheim, Heinrich Laufenberg, Ernst Niekisch) aux nationaux-révolutionnaires. Tous les nationaux-révolutionnaires ne furent pas nécessairement des « nationaux-bolcheviques » loin s’en faut, même si nombre d’entre eux flirtèrent avec les idées de « gauche », de « socialisme », de « communisme » voire de « bolchevisme ».

Mais tout ceci appartient à l’histoire désormais et cet article est comme un trait de lumière nouveau apporté sur une époque hautement complexe.

+ + +

nb : toutes les notes (1 à 7) sont de la rédaction du weblog "Et puis après ?"

 

LE NATIONAL-BOLCHEVISME ALLEMAND DE 1918 A 1932

 

par Karl O. PAETEL [i]

 

A l’heure actuelle, lorsqu’en Allemagne occidentale on qualifie de « nationales-bolchevistes » des tendances politiques, des groupes ou des particuliers (avec l’intention de faire de la polémique et une nuance péjorative, comme pour « trotzkyste » ou « titiste »), on entend par là que ces tendances, ces groupes ou ces personnes sont orientés vers l’Est et pro-russes, ou du moins sympathisants. Mais cette définition ne suffit pas à caractériser le mouvement qui, entre la fin de la première guerre mondiale et la prise du pouvoir par Hitler, attira l’attention des sphères théorético-politiques, à l’« extrême-droite » comme à l’« extrême-gauche », de bien des façons et sous le même nom.

niekisch.jpgDe deux côtés, le mouvement était, au fond, basé sur des motifs de politique intérieure : les socialistes révolutionnaires se ralliaient à l’idée de nation, parce qu’ils y voyaient le seul moyen de mettre le socialisme en pratique. Les nationalistes convaincus tendaient vers la « gauche », parce qu’à leur avis, les destinées de la nation ne pouvaient être remises en toute confiance qu’à une classe dirigeante nouvelle. Gauche et droite se rapprochaient dans la haine commune de tout ce qu’elles appelaient l’impérialisme occidental, dont le principal symbole était le traité de Versailles et le garant, le « système de Weimar ». Aussi était-il presque inévitable qu’on se tournât, en politique extérieure, vers la Russie, qui n’avait pas pris part au traité de Versailles. Les milieux « nationaux » le firent avec l’intention de poursuivre la politique du baron von Stein, de la convention de Tauroggen, et enfin celle « réassurance » de Bismarck ; la gauche dissidente, elle, en dépit des critiques souvent violentes qu’elle formulait contre la politique communiste internationale de l’Union Soviétique, restait convaincue du caractère socialiste, donc apparenté à elle, de l’URSS, et en attendait la formation d’un front commun contre l’Ouest bourgeois et capitaliste.

Le national-bolchevisme comptait donc dans ses rangs des nationalistes et des socialistes allemands qui, introduisant dans la politique allemande une intransigeance sociale-révolutionnaire croissante, tablaient sur l’aide de la Russie pour parvenir à leurs fins.

 

Le « national-communisme » de Hambourg

Le national-bolchevisme allemand apparaît pour la première fois dans une discussion entre certaines fractions du mouvement ouvrier révolutionnaire. La chance lui a souri pour la première fois le 6 novembre 1918 et le 28 juin 1919. C’est le 6 novembre 1918 que, dans le « Champ du Saint-Esprit » près de Hambourg, Fritz Wolffheim appela le peuple à la « révolution allemande » qui, sous l’égide du drapeau rouge, continuerait la lutte contre l’« impérialisme occidental ». Le 28 juin 1919 fut signé le traité de Versailles que Scheidemann et Brockdorff-Rantzau avaient refusé de parapher.

Fritz Wolffheim et Heinrich Laufenberg, président du Conseil d’ouvriers et de soldats de Hambourg, menaient la lutte contre les mots d’ordre défaitistes du Groupe Spartacus et prêchaient la guerre « jacobine » de l’Allemagne socialiste contre le Diktat de paix. En sa qualité de chef de la délégation de paix, le ministre allemand des Affaires étrangères, le comte Brockdorff-Rantzau, avait eu l’intention de prononcer devant l’Assemblée Nationale allemande un discours d’avertissement, soulignant qu’une « paix injuste » renforcerait l’opposition révolutionnaire au capitalisme et à l’impérialisme, et préparerait ainsi une explosion sociale-révolutionnaire. Le discours ne fut pas prononcé, et sa teneur ne fut publiée que plus tard.

Lorsque le corps-franc du général von Lettow-Vorbeck fit son entrée à Hambourg, on adressa au chef du corps-franc un appel lui demandant de se joindre aux ouvriers révolutionnaires pour participer à cette lutte contre une « paix injuste ». Une Association libre pour l’étude du communisme allemand, fondée par des communistes et de jeunes patriotes – les frères Günther y prenaient une part active – essaya de démontrer aux socialistes et aux nationalistes la nécessité de cette lutte commune, menée dans l’intérêt de la nation et du socialisme. Bien que des contacts locaux aient eu lieu dans quelques villes, le mouvement n’eut jamais d’influence réelle sur les masses.

Lors des « Journées du Parti » à Heidelberg en 1919, le parti communiste récemment fondé prononça l’exclusion des « gauches » de Hambourg, groupés autour de Wolffheim et de Laufenberg, et celle du Groupe Spartacus et de quelques autres (les deux mouvements s’étaient joints au Parti communiste). Cette mesure avait pour cause les déviations anti-parlementaires et « syndicalistes » (dans la question des syndicats) des intéressés. Wolffheim et Laufenberg se rallièrent alors au Parti communiste ouvrier allemand, qui était en train de se former. Mais on manque total de cohésion et son absence d’unité idéologique amenèrent bientôt la dislocation du parti. Les fidèles de Wolffheim restèrent groupés dans la Ligue communiste, qui portait comme sous-titre officieux Ligue nationale-communiste. Lénine et Radek avaient jeté tout leur prestige dans la balance (la mise en garde de Lénine contre le « radicalisme » visait surtout les Hambourgeois[ii]) pour soutenir Paul Levi, adversaire de Wolffheim au sein du Parti communiste allemand. Les Hambourgeois furent isolés et leur rayon d’action se réduisit à une fraction de gauche.

Il était également impossible de rallier un nombre suffisant d’activistes de droite. Le comte Ulrich von Brockdorff-Rantzau partit en 1922 pour Moscou, en qualité d’ambassadeur d’Allemagne. Il avait l’intention de « réparer de là-bas le malheur de Versailles ». C’est à ses efforts que nous devons le traité de Rapallo du 16 avril 1922 (dont son ami Maltzan avait fait le plan) et le traité de Berlin d’avril 1926.

La variante révolutionnaire d’un national-bolchevisme allemand avait échoué. Après Rapallo, la forme évolutive de ce national-bolchevisme se poursuivit sous forme de multiples contacts entre les chefs de la Reichswehr (Seeckt et ses successeurs) et l’Union Soviétique. Nous ne pouvons entrer ici dans les détails de cette collaboration.

Les idées de Wolfheim et du « comte rouge » poursuivaient leur route souterraine.

 

L’« Union peupliste-communiste »

Les communistes firent le second pas dans la voie d’un front commun, patriotique et socialiste, contre l’Occident. Le 20 juin 1923, lors de la session du Comité exécutif élargi de l’Internationale Communiste, Karl Radek prononça son célèbre discours sur « Leo Schlageter, voyageur du néant », où il s’inclinait devant le sacrifice du saboteur nationaliste et encourageait ses camarades à poursuivre, aux côtés de la classe ouvrière révolutionnaire, la lutte commune pour la liberté nationale de l’Allemagne.

Des discussions s’ensuivirent dans Die rote Fahne et la revue allemande-peupliste Der Reichswart : Moeller van den Bruck, le comte Reventlow, Karl Radek et d’autres encore prirent la parole sur le thème : « Un bout de chemin ensemble ? ». Des rencontres eurent lieu à l’occasion. Le « mouvement national », où Adolf Hitler, le capitaine Ehrhardt et les peuplistes du Groupe Wulle-Gräfe faisaient de plus en plus parler d’eux, resta à l’écart.

Le mot d’ordre « national » du Parti communiste sonnait faux. Au fond, il a toujours sonné faux pour la majorité des activistes nationaux. En août-septembre 1930, le parti communiste allemand avait encore annoncé un programme de « libération nationale et sociale du peuple allemand »[iii]. Il avait, en outre, sous le nom de l’ex-lieutenant de la Reichswehr et nazi Richard Scheringer[iv], rassemblé quelques centaines d’ex-nazis, officiers et hommes des corps-francs, dans les milieux de « brèche » (Aufbruch), autour de la revue du même nom. Pourtant, le « national-bolchevisme » contrôlé par le Parti communiste, c’est-à-dire « dérivé », n’est jamais devenu, ni au sein du mouvement communiste ni en dehors, un facteur susceptible de déterminer la stratégie et la tactique du mouvement de masse. Il ne fut jamais qu’un instrument en marge de la NSDAP, chargé des besognes de désagrégation. Les tendances national-bolchevistes authentiques reparurent dans une direction toute différente.

 

Le « troisième parti »

Sous la République de Weimar, il a existé en Allemagne un mouvement de rébellion « jeune-national ». Ce mouvement se situait à l’« extrême-droite », à côté des partis conservateurs-nationaux, du national-socialisme, des différents groupes « peuplistes » parfois en concurrence avec lui, et des associations nationales de défense. De 1929 à 1932, il prit des formes concrètes, et son étiquette de « droite » n’eut bientôt plus rien de commun avec celle en usage dans la géographie parlementaire. On s’appelait « national-révolutionnaire », on formait ses propres groupes, on éditait ses propres journaux ou revues, ou bien on essayait d’exercer une influence morale sur des associations de défense, des groupes politiques, des mouvements de jeunesse, et de les entraîner à une révolution complète de l’état, de l’économie et de la société.

Après comme avant on restait nationaliste, mais on inclinait de plus en plus aux revendications anticapitalistes et socialistes, voire partiellement marxistes.

Ces « gauches de la droite », comme les a appelés Kurt Hiller, essayèrent d’abord d’établir, « par-dessus les associations », des relations entre radicaux de gauche et de droite, en prenant pour base leur « attitude commune anti-bourgeoise et sociale-révolutionnaire ». Lorsque le poids de l’appareil du parti eut fait, aux deux pôles, échouer ces efforts, les intéressés décidèrent de se créer leur propre plate-forme révolutionnaire dans les groupes et journaux nationaux-révolutionnaires. Le ralliement, en 1930, du Groupe Wolffheim au Groupe des nationalistes sociaux-révolutionnaires qui, dans les revues Die Kommenden et Das Junge Volk, avait commencé à construire une plate-forme de ce genre, et la fusion, dans la « résistance », des jeunes-socialiste de Hofgeismar avec le Groupe Oberland, donnèrent une vigueur nouvelle, sur un plan supérieur, aux thèses des nationaux-communistes de Hambourg. Ce fut également le cas pour certaines tendances pro-socialistes qui se manifestaient dans quelques groupes de radicaux de droite ayant joué un rôle actif en Haute-Silésie ou dans la résistance de la Ruhr.

Les groupes nationaux-révolutionnaires sont toujours restés numériquement insignifiants (depuis longtemps, l’opinion publique ne les désignait plus que du terme bien clair de « nationaux-bolchevistes » !) ; mais, sur le plan idéologique, il y avait là une sorte d’amalgame authentique entre conceptions de « droite » et conceptions de « gauche ». Le national-bolchevisme ne voulait être ni de droite ni de gauche. D’une part, il proclamait la nation « valeur absolue », et, de l’autre, voyait dans le socialisme le moyen de réaliser cette notion dans la vie du peuple.

Moeller van den Bruck fut le premier théoricien jeune-conservateur à professer de semblables idées. C’est pour des raisons uniquement publicitaires qu’il a intitulé son œuvre principale Le Troisième Reich, formule que devait usurper par la suite le mouvement hitlérien. Moeller lui-même voulait appeler son livre Le Troisième Parti. Son idée directrice était l’inverse des théories hitlériennes. Moeller van den Bruck donnait un fondement idéologique aux théories politiques du national-bolchevisme. Partant du principe que « chaque peuple a son propre socialisme », il essayait de développer les lignes principales d’un « socialisme allemand » exempt de tout schématisme internationaliste. Le « style prussien » lui paraissait l’attitude la meilleure ; aussi la position de Moeller, se tournant vers l’Est, même sur le plan politique, n’était-elle que la conséquence logique de cette parenté spirituelle. Il voulait être « conservateur » par opposition à « réactionnaire », « socialiste » par opposition à « marxiste », « démocratique » par opposition à « libéral ». C’est ici qu’apparurent pour la première fois des formules qui, par la suite, radicalisées, simplifiées et en partie utilisées de façon sommaire, formèrent une sorte de base commune pour tous les groupes nationaux-bolchevistes.

En dehors d’Oswald Spengler et de son livre Prussianisme et socialisme[v], qui cessa très vite de fasciner lorsqu’on en reconnut le caractère purement tactique, deux intellectuels venus de la social-démocratie ont contribué à la pénétration des idées socialistes dans les rangs de la bourgeoisie jeune-nationale : August Winnig et Hermann Heller. Comme l’avait fait jusqu’à un certain point le poète ouvrier Karl Broeger, Winnig et Heller avaient noué des relations, à l’époque de la résistance dans la Ruhr, avec le mouvement national de sécession dit de Hofgeismar, issu du mouvement jeune-socialiste du SPD. Foi dans le prolétariat de Winnig et Nation et socialisme de Heller furent le point de départ de rencontres fécondes entre socialistes (qui avaient reconnu la valeur du nationalisme) et nationalistes (qui avaient reconnu la nécessité du socialisme).

 

Le « nouveau nationalisme »

En outre, même dans le camp national de la « génération du front » s’élevèrent des voix rebelles. D’abord dans le cadre du Casque d’Acier, puis en marge, enfin avec la malédiction de ce mouvement, elles s’exprimèrent dans des revues comme Standarte, Arminius, Vormarsch, Das Reich, opposant un « nouveau nationalisme » au mouvement national patriotico-bourgeois, et surtout à la NSDAP. Lorsque tout espoir fut perdu d’exercer une influence au sein des grandes associations, des groupes et des partis, ils s’opposèrent résolument à tous les mots d’ordre de « communauté populaire ». « Nous en avons assez d’entendre parler de nation et de ne voir que les revenus réguliers du bourgeois. Nous en avons assez de voir mélanger ce qui est bourgeois et ce qui est allemand. Nous ne nous battrons pas une seconde fois pour que les grandes banques et les trusts administrent ’’dans l’ordre et le calme’’ l’état allemand. Nous autres nationalistes ne voulons pas, une seconde fois, faire front commun avec le capital. Les fronts commencent à se séparer ! » Pour la première fois dans le mouvement social-révolutionnaire, la frontière est franchie entre le « nouveau nationalisme » purement soldatique et le véritable national-bolchevisme. Les mots d’ordre anti-impérialistes en politique extérieure n’en étaient que la conséquence logique.

Le chef spirituel du « nouveau nationalisme » était Ernst Jünger. D’abord connu pour ses romans de guerre réalistes, il a ensuite tiré des résultats de la première guerre mondiale, sa philosophie du « réalisme héroïque », qui supprime le vieil antagonisme entre idéalisme et matérialisme. Par sa vision du Travailleur, le Jünger « première manière » encourageait les jeunes rebelles qui se tournaient vers le monde où sont en marche « la domination et la forme » du prolétariat – bien qu’il ait expressément élaboré la figure de ce travailleur en dehors des données sociologiques –, après avoir, dans La mobilisation totale, analysé et déclarée inévitable la venue d’un nouvel ordre social collectiviste. Jünger ne faisait partie d’aucun groupe, était reconnu par tous, et publia jusqu’en 1932 des articles dans beaucoup de revues représentant ces courants.

 

La plate-forme sociale-révolutionnaire

Les théories professées dans ces milieux étaient loin d’être toujours rationnelles. Franz Schauwecker déclarait : « Il fallait que nous perdions la guerre, pour gagner la nation ». On évoquait « le Reich », soit-disant caractérisé par « la puissance et l’intériorité ». Mais le programme comportait , à côté de la métaphysique , des points forts réalistes. On approuvait la lutte des classes, certains – s’inspirant d’ailleurs davantage des modèles d’auto-administration offerts par l’histoire d’Allemagne que de l’exemple russe – prônaient le système des « conseils ». On essayait de prendre contact avec les mouvements anti-occidentaux extra-allemands : mouvement d’indépendance irlandais, milieux arabes, indiens, chinois (une Ligue des peuples opprimés fut opposée à la SDN !). On défendait énergiquement l’idée d’une alliance germano-russe, on proclamait la nécessité d’une révolution allemande, d’un front commun avec le prolétariat révolutionnaire. Toutes les revendications radicales sociales-révolutionnaires avaient le même point de départ : l’opposition au traité de Versailles. Ernst Niekisch déclara un jour : « La minorité est décidée à renoncer à tout en faveur de l’indépendance nationale, et même, s’il est impossible de l’obtenir autrement, à lui sacrifier l’ordre social, économique et politique actuel ».

Ces milieux considéraient le national-socialisme comme « appartenant à l’Ouest ». Le prussianisme, le socialisme, le protestantisme – et même, jusqu’à un certain point, le néo-paganisme – furent utilisés contre le national-socialisme et ses visées « à tendances catholiques et Contre-Réforme », prétendait-on, visées qui faussaient le mot d’ordre tant socialiste que national et l’infléchissaient dans le sens du fascisme.  Bien que, dans les dernières années avant 1933, la lutte contre le mouvement hitlérien soit de plus en plus devenue l’objectif principal des nationaux-révolutionnaires, l’opinion publique a considéré à cette époque, précisément pour les raisons que nous venons de dire, les tendances nationales-bolchevistes comme un danger réel pour la République.

Le mouvement n’a jamais été centralisé. Les différents groupes et journaux n’ont jamais réussi à acquérir une cohésion réelle ; ils se sont cantonnés dans un individualisme farouche, jusqu’au moment où Hitler les élimina tous en les interdisant, et en faisant arrêter, exiler ou tuer leurs leaders. Si l’« Action de la Jeunesse » contre le Plan Young eut du moins un certain succès de presse, les groupes ne réussirent pas à se mettre d’accord sur le choix de Claus Heim comme candidat commun aux élections à la présidence du Reich. Il en fut de même, fin 1932, pour les efforts en vue de créer un parti national-communiste unique.

 

L’intelligentzia anticapitaliste

En 1932, régnait pourtant une inquiétude générale, et on se demandait – surtout dans la presse bourgeoise – si les paroles d’Albrecht Erich Guenther ne contenaient pas un peu de vrai : « La force du national-bolchevisme ne peut pas être évaluée en fonction du nombre de membres d’un parti ou d’un groupe, ni en fonction du tirage des revues. Il faut sentir combien la jeunesse radicale est prête à se rallier sans réserves au national-bolchevisme, pour comprendre avec quelle soudaineté un tel mouvement peu déborder des cercles restreints pour se répandre dans le peuple. » La formule menaçante de Gregor Strasser sur « la nostalgie anticapitaliste du peuple allemand » continuait à tinter désagréablement aux oreilles de certains, surtout à droite. 1932 était devenu l’année décisive. La NSDAP et le parti communiste faisaient marcher leurs colonnes contre l’état. Alors surgit brusquement du no man’s land sociologique un troisième mouvement qui non seulement faisait appel à la passion nationale, mais encore brandissait la menace d’une révolution sociale complète – et tout cela avec un fanatisme paraissant plus sérieux que celui du national-socialisme, dont les formules semblaient identiques aux yeux d’un observateur superficiel.

Dans les milieux qui n’avaient pourtant rien à voir avec les activistes des cercles nationaux-révolutionnaires, apparurent brusquement des thèses semblables, même si le langage en paraissait plus mesuré, plus objectif et plus réaliste. La jeune intelligentzia de tous les partis, menacée de n’avoir jamais de profession, risquait de plus en plus de devenir la proie des mots d’ordre radicalisateurs, anticapitalistes et en partie anti-bourgeois. Ces tendances se manifestèrent par la célébrité soudaine du groupe Die Tat, réuni autour de la revue mensuelle du même nom. Cette revue, issue de l’ancien mouvement jeunesse allemand-libre, était dirigée par Hans Zehrer, ancien rédacteur chargé de la politique étrangère à la Vossische Zeitung. Elle mettait en garde contre le dogmatisme stérile des radicaux de gauche et de droite, et reprenait à son compte les revendications essentielles des nationaux-révolutionnaires. La revue soutenait les attaques de Ferdinand Fried contre l’ordre capitaliste, et prenait parti, avec lui, pour une économie planifiée et une souveraineté nationale garantie – l’autarcie –, s’appropriant ainsi les mots d’ordre du mouvement hitlérien.

niekisch-titel-rgb-60mm.jpgCe « national-bolchevisme modéré », s’il est permis de s’exprimer ainsi, faillit devenir un facteur réel. Le tirage de Die Tat atteignit des chiffres jusqu’alors inconnu en Allemagne ; l’influence de ses analyses pondérées et scientifiques dépassa de loin celle des groupes nationaux-bolchevistes traditionnels.

A un certain moment, le général Schleicher commença à prendre contact avec les syndicats et avec Gregor Strasser qui, depuis la disparition des « nationaux-socialistes révolutionnaires » de son frère Otto, représentait les tendances « de gauche » au sein de la NSDAP ; il voulait asseoir dans la masse le « socialisme de général » pour lequel il avait fait une propagande assez habile et dont le slogan sensationnel était celui-ci : « La Reichswehr n’est pas là pour protéger un régime de propriété suranné. » Die Tat s’appuya alors sur cette doctrine. Zehrer prit la direction de l’ancien quotidien chrétien-social Tägliche Rundschau et se fit le défenseur d’un Troisième Front axé sur Schleicher. Après avoir, quelque temps auparavant, lancé comme mot d’ordre à l’égard des partis existants le slogan : « Le Jeune Front reste en dehors ! », ce « Troisième Front » s’avéra une simple variante « réformiste » du Front anticapitaliste des jeunes de la droite jusqu’à la gauche, représenté par les milieux nationaux-révolutionnaires. Le renvoi brutal de Schleicher par le Président Hindenburg mit également fin  cette campagne.

 

Sous l’égide du drapeau noir

Les nationaux-révolutionnaires n’avaient jamais travaillé la masse. Quelques milliers de jeunes idéalistes s’étaient rassemblés autour d’une douzaine et demi de revues et des chefs de quelques petits groupes. Lorsqu’Otto Strasser fonda en 1930 son propre groupe, appelé par la suite le Front Noir, les nationaux-révolutionnaires essayèrent de prendre contact avec lui, mais y renoncèrent bientôt. Pas plus que le Groupe Scheringer, le Groupe Strassser n’a jamais été vraiment national-révolutionnaire. Mais le mouvement que Strasser déclencha indirectement en quittant la NSDAP, provoqua beaucoup d’adhésions au national-bolchevisme. Dès avant 1933, des groupes de SA et de Jeunesse Hitlériennes ont été formés, dans quelques villes, sous l’égide – illégale – des nationaux-révolutionnaires. Mais il s’agissait là de cas isolés, et non de travail de masse.

Une seule fois, le symbole des nationaux-révolutionnaires, le drapeau noir (Moeller van den Bruck l’avait proposé comme emblème et tous les groupes nationaux-bolchevistes l’avaient accepté) a joué un rôle historique sous le régime de Weimar : dans le mouvement rural de Schleswig-Holstein (qui avait des ramifications dans le Wurtemberg, le Mecklembourg, la Poméranie, la Silésie, etc.). Claus Heim, un riche paysan plein d’expérience, devint le centre de la défense des paysans contre le « système » de Weimar. Alors des intellectuels nationaux-révolutionnaires ont eu en mains l’éducation idéologique de masses paysannes qui, naturellement, n’étaient pas du tout « nationales-bolchevistes ». Bruno et Ernst von Salomon, et bien d’autres encore, ont essayé, surtout dans les organes du mouvement rural, de donner un sens « allemand-révolutionnaire » et dépassant les intérêts locaux, aux bombes lancées contre les Landratsämter, aux expulsions des fonctionnaires du fisc venus percevoir l’impôt dans les fermes, à l’interdiction par la force des enchères.

Lorsqu’au cours du « procès des dynamiteurs », Claus Heim et ses collaborateurs les plus proches furent mis en prison, le mouvement perdit de sa force, mais la police prussienne n’était pas très loin de la vérité lorsqu’au début de l’enquête, méfiante, elle arrêta provisoirement tous ceux qui se rendaient au « Salon Salinger » à Berlin, très nationaliste. Les hommes qui y venaient n’étaient pas au courant des différents attentats, mais ils étaient les instigateurs spirituels du mouvement.

 

Les groupes de combat nationaux-révolutionnaires

Alors que le Casque d’Acier ne subissait pour ainsi dire pas l’influence des mots d’ordre nationaux-bolchevistes, et que l’Ordre jeune-allemand, axé en principe sur une politique d’alliance franco-allemande, manifestait à l’égard de ces groupes une hostilité sans équivoque, deux associations moins importantes de soldats du front, appartenant à la droite, se ralliaient assez nettement à eux : le Groupe Oberland et le Werwolf. Le Groupe Oberland avait fait partie au début du Groupe de combat allemand qui, avec les SA de Goering, était l’armature militaire du putsch de novembre 1923. Mais, dès le début, il n’y avait pas été à sa place. Ernst Röhm raconte dans ses mémoires qu’il avait eu l’intention, à une des premières « Journées allemandes », de saisir cette occasion pour proposer au prince Rupprecht la couronne de Bavière. Mais les chefs du Groupe Oberland, à qui il fit part de ses projets, lui déclarèrent nettement qu’ils viendraient avec des mitrailleuses et tireraient sur les « séparatistes » au premier cri de « Vive le roi » ; sur quoi l’ancien chef de la Reichskriegsflagge dut, en grinçant des dents, renoncer à son projet. Un autre exemple tiré de l’histoire des corps-francs montre que l’Oberland était un groupe à part : lorsqu’après le célèbre assaut d’Annaberg en 1921, le Groupe Oberland, sur le chemin du retour, traversa Beuthen, des ouvriers y étaient en grève. Comme, en général, les corps-francs étaient toujours prêts à tirer sur les ouvriers, les chefs du Groupe Oberland furent priés de briser la grève par la force des armes. Ils refusèrent.

Le corps-franc fut ensuite dissout et remplacé par le Groupe Oberland, qui édita plus tard la revue Das Dritte Reich. Très vite, les membres les plus importants du groupe se rapprochèrent, sur le plan idéologique, des nationaux-bolchevistes ; Beppo Römer, le véritable instigateur de l’assaut d’Annaberg, adhéra même au groupe communiste de Scheringer. En 1931, les sections autrichiennes du groupe, relativement fortes, élurent comme chef du groupe le prince Ernst Rüdiger von Starhemberg, chef fasciste de la Heimwehr : les nationaux-révolutionnaires quittèrent alors le groupe et, sous l’étiquette de Oberlandkameradschaft, passèrent au groupe de résistance de Ernst Niekisch, dont ils formèrent bientôt le noyau.

Un deuxième groupe de défense reprit à son compte certaines théories du mouvement national-révolutionnaire : le Werwolf (dans le Groupe de Tannenberg de Ludendorff, des voix de ce genre étaient l’exception). Le Werwolf modifia sa position pour deux raisons : premièrement, ce groupe comptait dans ses rangs un nombre relativement grand d’ouvriers, qui exerçaient une pression très nette en faveur d’un nationalisme « non-bourgeois » ; deuxièmement, son chef, le Studienrat Kloppe, éprouvait le besoin constant de se différencier des groupes plus importants. Comme les « nouveaux nationalistes » étaient tombés en disgrâce auprès du Casque d’Acier, de la NSDAP et du DNVP, le Werwolf se rapprocha d’eux de façon spectaculaire. Lorsqu’Otto Strasser, après avoir lancé son appel « Les socialistes quittent le Parti », fonda en 1930 le groupe du « véritable national-socialisme », Kloppe, dont les idées coïncidaient pourtant parfaitement avec celles de Strasser, ne se rallia pas à lui : il fonda un groupe dissident, appelé « possédisme [vi]». Les membres du groupe, en majorité plus radicaux, ne prirent pas trop au sérieux cette nouvelle doctrine, mais obtinrent que le bulletin du groupe représentât en général, pour le problème russe comme sur le plan social, le point de vue qu’avaient adoptés, en dehors des organes déjà mentionnés, Der junge Kämpfer, Der Umsturz (organe des « confédérés »), Der Vorkämpfer, (organe du Jungnationaler Bund, Deutsche Jungenschaft), et d’autres encore. En 1932, le Werwolf décida brusquement, de son propre chef, de présenter des candidats aux élections communales, renonçant ainsi à son antiparlementarisme de principe.

 

Typologie du national-bolchevisme

La plupart des membres des groupes nationaux-révolutionnaires étaient des jeunes ou des hommes mûrs. On y comptait aussi un nombre relativement élevé d’anciens membres ou de militants appartenant aux associations de la Jugendbewegung.

Aucun groupe important de l’Association de la Jeunesse n’était en totalité national-bolcheviste. Mais presque chaque groupe comptait des sympathisants ou des adhérents des mouvements nationaux-révolutionnaires. Les organes nationaux-révolutionnaires ont exercé une action indirecte relativement grande sur les groupes et, inversement, le monde romantique de la Jugendbewegung a influencé la pensée et le style des nationaux-révolutionnaires.

Si l’on fait abstraction du mouvement rural révolutionnaire, du Groupe Oberland et du Werwolf, presque tous les groupes nationaux-bolchevistes ont intégré certains éléments de la Jugendbewegung dans la structure de leurs groupes : groupes d’élites basés sur le principe du service volontaire. La minorité – mais très active – était composée d’anciens membres de la jeunesse prolétarienne, d’anciens communistes ou sociaux-démocrates, presque tous autodidactes ; la majorité comprenait des membres de l’Association de la Jeunesse, d’anciens membres des corps-francs et des associations de soldats, des étudiants – et des nationaux-socialistes déçus à tendance « socialistes ». Seul le groupe Die Tat a recruté des membres dans le « centre » politique.

Au fond, tous ces jeunes étaient plus ou moins en révolte contre leur classe : jeunesse bourgeoise désireuse de s’évader de l’étroitesse du point de vue bourgeois et possédant, jeunes ouvriers décidés à passer de la classe au peuple, jeunes aristocrates qui, dégoûtés des conceptions sclérosées et surannées sur le « droit au commandement » de leur classe, cherchaient à prendre contact avec les forces de l’avenir. Sous forme de communautés d’avant-garde analogues à des ordres religieux, des outsiders sans classe de l’« ordre bourgeois » cherchaient dans le mouvement national-révolutionnaire une base nouvelle qui, d’une part, fasse fructifier certains points essentiels de leur ancienne position (éléments sociaux-révolutionnaires et nationaux-révolutionnaires de « gauche » ou de « droite »), et, d’autre part, développe certaines tendances séparatistes d’une « jeunesse nouvelle » dotée d’une conscience souvent exacerbée de sa mission.

Les hommes qui se rassemblaient là avaient un point commun : non pas l’origine sociale, mais l’expérience sociale. Nous ne songeons pas ici uniquement au chômage, à la prolétarisation des classes moyennes et des intellectuels, avec toutes ses conséquences. Tous ces faits auraient dû, au cours de la radicalisation générale des masses, mener au national-socialisme ou au communisme. Mais, à côté de cette expérience négative, il y en avait une positive : celle d’une autre réalité sociale – l’expérience de la communauté dans le milieu sélectionné que représentaient les « associations » de toutes sortes. En outre – il s’agissait, à quelques exceptions près, des générations nées entre 1900 et 1910 – ces groupes se heurtaient au mutisme des partis politiques existants, lorsqu’ils leur posaient certaines questions.

Aussi le mouvement national-révolutionnaire fut-il, pour tous ceux qui ne se rallièrent pas aveuglément au drapeau hitlérien, une sorte de lieu de rassemblement, un forum pour les éléments de droite et de gauche éliminés à cause de leur sens gênant de l’absolu : collecteur de tous les activistes « pensants » qui essayaient, souvent de façon confuse mais du moins en toute loyauté, de combler l’abîme entre la droite et la gauche.

Tout cela a parfois conduit à des excès de toutes sortes, à un certain romantisme révolutionnaire, à un super-radicalisme trop souvent exacerbé (surtout parce qu’il manquait le correctif d’un mouvement démocratique de masse). Il n’en reste pas moins vrai qu’un certain nombre de jeunes intellectuels de la bourgeoisie « nationale » ont été, grâce à cela, immunisés contre les mots d’ordre contradictoires de la NSDAP. Même dans les organismes militants du national-socialisme, le mouvement national-révolutionnaire a rappelé à l’objectivité et suscité des germes de révolte.

Cette vague de national-bolchevisme allemand n’eut pas d’influence politique. La prise du pouvoir par les nazis mit fin à ses illusions – et à ses chances.

 

Conclusion

Le national-bolchevisme appartient aujourd’hui à l’histoire. Même ses derniers adhérents, la résistance, si lourde de sacrifices, qu’ont menée, dans la clandestinité, beaucoup de ses membres contre le régime hitlérien, la brève flambée de tactique « nationale-bolcheviste » inspirée par les communistes et dirigée par Moscou, tout cela n’est plus que de l’histoire. Quelques-uns des nationaux-révolutionnaires les plus connus ont capitulé devant le national-socialisme. Rappelons ici, à la place de certains autres, le nom de Franz Schauwecker. Exécution, réclusion, camp de concentration, expatriation, furent le lot des résistants appartenant au mouvement national-révolutionnaire – et celui de tous les adversaires de Hitler.

Comme exemple de lutte active et clandestine sous le régime hitlérien, citons Harro Schulze-Boysen, chef du Groupe des adversaires (de Hitler), et Ernst Niekisch, l’un des rares qui, après 1945, « suivirent le chemin jusqu’au bout », c’est-à-dire se rallièrent au SED. La plupart de ceux qui représentèrent autrefois les tendances nationales-révolutionnaires ont adopté des idées nouvelles : c’est le cas de Friedrich Hielscher et du Ernst Jünger « seconde manière ». Ils ont continués à bâtir sur des bases consolidées.

Lorsque le Front National d’Allemagne orientale (pâle copie de la ligne « nationale » du Parti communiste allemand représentée pendant la guerre par le Comité National de l’Allemagne Libre de Moscou et l’Union des officiers allemands du général von Seydlitz), le Mouvement des sans-moi[vii] et la propagande en faveur de « conversations entre représentants de toute l’Allemagne » cherchent à mettre en garde contre le mouvement national-bolcheviste d’autrefois, ou au contraire se réfèrent à lui, ils sont dans l’erreur la plus totale. D’autres réalités en matière de politique mondiale ont créé des problèmes nouveaux – et des buts nouveaux –.

Le compte-rendu – incomplet – que nous avons essayé de faire ici ne tend ni à défendre ni à démolir certaines prises de position de naguère. Les faits parlent d’eux-mêmes.

Le national-bolchevisme allemand de 1918 à 1932 a été une tentative légitime pour former la volonté politique des Allemands. Personne ne peut dire avec certitude si, arrivé à son apogée, il aurait été une variante positive et heureuse, ou au contraire haïssable, de la révolte imminente (inspirée par l’idée collectiviste) des générations intermédiaires contre l’état bourgeois. Il s’est limité à des déclarations grandiloquentes, en fin de compte pré-politiques : la chance de faire ses preuves dans la réalité quotidienne lui a été refusée.

La majorité de ses représentants ont été des hommes intègres, désintéressés et loyaux, ce qui facilite peut-être aujourd’hui, même à ses adversaires de naguère, la tâche de le considérer uniquement, en toute objectivité et sans ressentiment, comme un phénomène historique.

(Aussenpolitik d’avril 1952)

 

 

 

Annexes

Le texte complet du Traité de Versailles (1919) peut être consulté sur le site :
http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles.htm

Sur Karl Otto Paetel, on lira l’intéressant article de Luc Nannens, intitulé « K.O. Paetel, national-bolcheviste » et paru dans le N° 5 de la Revue VOULOIR, désormais disponible sur le site suivant : http://vouloir.hautetfort.com/archive/2010/10/10/paetel.html (augmenté de références bibliographiques et de renvois à des articles complémentaires sur le thème).

Nos lecteurs anglophones pourront également consulter, les « Karl M. Otto Paetel Papers » sur http://library.albany.edu/speccoll/findaids/ger072.htm#history. On peut y mesurer la « masse » des écrits de K.O. Paetel non traduits en français à ce jour.

 

Sur Claus Heim et le Landvolkbewegung, on consultera avec profit la thèse de Michèle Le Bars, Le mouvement paysan dans le Schleswig-Holstein 1928-1932. Peter Lang, Francfort sur Main / Berne / New-York, 1986 (une brève biographie de Claus Heim fait partie des documents en annexe) mais aussi Michèle Le Bars, Le « général-paysan » Claus Heim : tentative de portrait, in Barbara Koehn (dir.) La Révolution conservatrice et les élites intellectuelles. Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2003. Bien évidemment pour des versions romancées, mais faisant revivre les événements de façon saisissante, on lire La Ville, d’Ernst von Salomon et Levée de fourches, de Hans Fallada.

 

Sur le Groupe Die Tat : on peut lire l’article d’Alex[andre] M[arc] Lipiansky, paru dans La revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, N°60, du 15 octobre 1932, Paris, intitulé : « Pour un communisme national. La revue Die Tat. ». Cet article a été republié intégralement par le bulletin privé C’est un rêve, N°11, automne-hiver 1996, Marseille. Il est également disponible sur le site de la BNF : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5405292f.r=%22die+t.... D’autre part, Edmond Vermeil, dans son ouvrage Doctrinaires de la révolution allemande 1918-1932, (Fernand Sorlot, Paris, 1938) consacre le chapitre IV au Groupe de la « Tat » (aperçus disponibles sur Google Livres).

 

Sur le groupe des Adversaires (Gegner) on peut lire l’article d’Alexandre Marc paru dans La revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, N°66, du 15 avril 1933, Paris, intitulé : « Les Adversaires (Gegner) ». Cet article a été republié intégralement par le bulletin privé C’est un rêve, N°12, automne-hiver 1996, Marseille. On peut aussi le retrouver sur Gallica (en cherchant bien !)

 

 

NOTES



[i] Source : Documents - Revue mensuelle des questions allemandes - no 6/7 - juin-juillet 1952, pp.648-663 : Karl  A Otto Paetel "Le national-bolchevisme allemand de 1918 à 1932". Il s’agit de la traduction de l’article "Der deutsche Nationalbolschewismus 1918/1932. Ein Bericht," paru dans Außenpolitik, No. 4 (April 1952). [NDLR]

[ii] Karl Otto Paetel fait bien évidemment référence ici au livre de Lénine Le gauchisme, maladie infantile du Communisme : « Mais en arriver sous ce prétexte à opposer en général la dictature des masses à la dictature des chefs, c'est une absurdité ridicule, une sottise. Le plaisant, surtout, c'est qu'aux anciens chefs qui s'en tenaient à des idées humaines sur les choses simples, on substitue en fait (sous le couvert du mot d'ordre "à bas les chefs!") des chefs nouveaux qui débitent des choses prodigieusement stupides et embrouillées. Tels sont en Allemagne Laufenberg, Wolfheim, Horner, Karl Schroeder, Friedrich Wendel, Karl Erler. » et plus loin : « Enfin, une des erreurs incontestables des "gauchistes" d'Allemagne, c'est qu'ils persistent dans leur refus de reconnaître le traité de Versailles. Plus ce point d e vue est formulé avec "poids" et "sérieux", avec "résolution" et sans appel, comme le fait par exemple K. Horner, et moins cela paraît sensé. Il ne suffit pas de renier les absurdités criantes du "bolchevisme national" (Laufenberg et autres), qui en vient à préconiser un bloc avec la bourgeoisie allemande pour reprendre la guerre contre l'Entente, dans le cadre actuel de la révolution prolétarienne internationale. Il faut comprendre qu'elle est radicalement fausse, la tactique qui n'admet pas l'obligation pour l'Allemagne soviétique (si une République soviétique allemande surgissait à bref délai) de reconnaître pour un temps la paix de Versailles et de s'y plier. » (in Lénine, Œuvres complètes, Vol 31, p.37 et p. 70) [NDLR]

[iii] Le texte complet du « Programme » a été traduit par Louis Dupeux et joint aux documents accompagnant sa thèse Stratégie communiste et dynamique conservatrice. Essai sur les différents sens de l'expression « National-bolchevisme » en Allemagne, sous la République de Weimar (1919-1933), 2 volumes, Honoré Champion, Paris, 1976. [NDLR]

[iv] Sur Richard Scheringer, on consultera à profit l’article (en anglais) de Thimoty S. Brown, Richard Scheringer, the KPD and the Politics of Class and Nation in Germany: 1922-1969, in Contemporary European History, August 2005, Volume 14, Number 1

disponible sur le net :

http://www.history.neu.edu/faculty/timothy_brown/1/docume....

[v] Il existe une traduction française de ce livre : Oswald Spengler, Prussianisme et socialisme, Actes Sud, Arles, 1986.

[vi] Cf. Fritz KLOPPE, Der possedismus. Die neue deutsche wirtschaftsordnung. Gegen kapitalismus und marxistischen sozialismus; gegen reaktion und liberalismus., Wehrwolf-verlag, Halle, 1931

 

[vii] « Ohne mich-Bewegung » mené par Kurt Schumacher et dont les protestations seront portées par les syndicats, les intellectuels, les groupes chrétiens et les groupes féministes (en particulier la Westdeutsche Frauenfriedensbewegung).

samedi, 01 janvier 2011

Why deport immigrants?

expulsion-21ac2.jpg

Ex: http://www.khaleejtimes.com/DisplayArticleNew.asp?xfile=/data/opinion/2010/December/opinion_December130.xml§ion=opinion

Why deport immigrants?

Joseph Chamie & Barry Mirkin

The world as we know it emerged out of the ceaseless wandering of humans on the planet and, more recently, with migrations of millions across national borders. That trend of globalisation could be reversed as growing numbers of political parties and movements around the world call for sterner restrictions on immigration and immediate removal of those unlawfully residing within their countries.

This could be more than an empty threat as such parties gain in established democracies. Examples abound: the Dutch Freedom Party, the German National Democratic Party, the British National Party, the French National Front, the Italian Northern League, the Irish National Party, the Israeli Yisrael Beitenu, the Indian Shiv Sena, the Sweden Democrats Party, the Danish People’s Party, the Spanish People’s Party, the Norwegian Progress Party, the Austrian Freedom Party, the Flemish Interest Party, the True Finns Party, the Swiss People’s Party, the Australian First Party and the American Tea Party.

Resistance to immigration, running against the modern tide of globalisation, is an early and major plank for many of these political parties. Particularly visible and forceful, often striking a sensitive nerve among much of the public, is their fierce opposition to illegal immigration. For example, a year after voting to ban minarets, Swiss voters in November approved the referendum backed by the right-wing Swiss People’s Party for automatic deportation of foreign-born nationals convicted 
of crimes.

Calls for increased deportation of unauthorised migrants are reinforced by the global economic recession, severity of governmental austerity measures and high levels of unemployment. Recent electoral gains by nativist parties at the ballot box have intensified pressure on leaders of every political stripe to respond to the presence of illegal migrants. Exacerbating the situation are continuing high numbers of people attempting to immigrate illegally. For example, every month an estimated 10,000 men and women, most from North Africa and South Asia, cross the Greek-Turkish border illegally.

Fueling calls for increased deportations are frustrations and disappointments with multiculturalism and assimilation, contributing to anti-immigrant sentiments. Various national leaders and party officials — most recently in Germany, the Netherlands, Sweden and Switzerland — have expressed serious doubts about the success of immigrant integration, especially among those who differ religiously and ethnically from their host communities. Remarks by German Chancellor Angela Merkel, for example, were unequivocal with regard to immigration, stating that attempts to build a multicultural society, living side by side and enjoying one another, have utterly failed. Some go further, such as the leader of the Sweden Democrats, claiming that the population growth of the Muslim immigrants was the greatest foreign threat to his country since World War II.

And no doubt, the heightened security concerns as a result of past terrorist tragedies and uncovered threats produce additional pressures to deport illegal migrants, particularly those with suspect leanings. Although many of those involved in terrorist acts were in the country legally, this distinction has not diminished public demands for increased deportations. Removal of unauthorised migrants is often a politically sensitive matter for governments, especially in the international context. Consequently, some countries, in particular those that do not always observe due legal process and internationally recognised protocols on migrant rights, avoid providing timely, accurate information on migrants deported or expelled. For instance, United Nations officials estimate that last year Angola expelled 160,000 Congolese, while the Democratic Republic of Congo expelled 51,000 Angolans. Malaysia in 2005 ordered the mass expulsion of more than 400,000 illegal migrant workers mainly from neighbouring Indonesia.

Other countries regularly publish annual figures and other data on those deported. While no doubt incomplete, this information provides an up-to-date sketch of the nature of migrant deportations. The country deporting the largest number of unauthorised migrants is the United States. This should not be unexpected, however, given that the US has the largest number of migrants — 43 million, as well as the largest number of unauthorised migrants — approximately 10.8 million. The number of persons removed from the US in 2009 was 393,289, a record high and nearly an eightfold increase over the level just 15 years earlier. About a third of recent US removals were convicted criminals, most involved in illegal drugs, traffic offenses and immigration violations. This proportion has declined considerably since the early 1990s when about 70 per cent of the removals were convicted criminals.

Other top deporting nations include: South Africa (165,270), Greece (68,191), the United Kingdom (64,750) and Libya (53,842). Even in countries where mass regularisation programmes have been implemented in the recent past, such as in Greece, Italy and Spain, tens of thousands of illegal migrants continue to be deported every year. Attempts to discuss international migration in international forums, such as the United Nations, have not advanced much. Calls for shared responsibility fall on deaf ears. With economic recovery reported to be underway, demands from various business sectors for more migrant workers — both skilled and unskilled — will intensify, as it has in past recoveries. As a result, countries will face the difficult task of balancing the need for economic growth and additional migrant workers with the political and social consequences of increased immigration. Failure to properly balance these powerful, but opposing forces will in all likelihood lead to heightened social tensions, rising political extremism and increased governmental paralysis, especially for democratic societies.

Illegal entry is a major means through which low-skilled foreign workers join the labour force in many industrialised countries. In the United States, for example, these workers account for 5 percent of the labour force, but are more vital to those sectors that rely on low-skilled labour intensively, including farming, construction, landscaping, low-end manufacturing, the hospitality industry, building maintenance and family care-giving. The US Secretary of Agriculture recently warned that the nation has three options concerning immigration and food prices: pay substantially higher prices if more unauthorised workers are removed from the United States; import substantially more food from other countries, raising food-safety concerns; or pass comprehensive immigration reform that addresses labour shortages in the agriculture industry.

Of course, governments may choose to ignore or downplay the presence of large numbers of migrants residing unlawfully within their borders. Or, they may decide — as has often been the case — to postpone confronting this contentious issue in hopes the political climate will improve. However, as has been observed in country after country, citizens increasingly reject government’s ostrich-like behaviour and promised-filled postponements as viable options and demand concrete action. Consequently, the calls for increased and immediate deportation of unauthorised migrants continue to mount.

Joseph Chamie is research director at the 
Center for Migration Studies, and Barry 
Mirkin is an independent consultant

00:26 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, immigration | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

The Wilders Syndrome - Jews, Israel and the European Right

wilders2_130341s.jpg

The Wilders Syndrome

Jews, Israel, and the European Right

 
 
 
 

German Chancellor Angela Merkel caused a sensation recently when she stated bluntly that Muslim integration has “failed.” Despite the media controversy, Merkel was merely acknowledging a broad consensus in Europe, and one that crosses national and party boundaries. In Merkel’s Germany, for example, a recent survey found that 55 per cent of respondents think Muslims are a burden on the economy, and around a third believe that Muslims will “overrun the country.” Throughout Europe, Muslims live in parallel societies, and the dream of a harmonious multicultural future has little basis in reality. Thilo Sarrazin’s well-publicized book, Germany Does Away With Itself, pointed to the many shortcomings of immigrants (including low intelligence and educational achievement) and placed the blame for the failure to assimilate squarely on the Muslims.

Popular sentiment is increasingly on the side of those who would sharply curb immigration, particularly Muslims immigration. And the rise of European nationalist parties is certainly one of the more encouraging developments for White advocates. Times are changing.

Nevertheless, parties addressing these concerns still have a serious problem establishing their legitimacy. Opposition to immigration is the lightning rod of contemporary politics throughout the West and has been met with vicious opposition by the Powers That Be.

Indeed, it might be said without exaggeration that opposition to immigration and multiculturalism have defined a “no-go zone” for decades—beyond the pale of legitimate political discourse. “Far right” parties that challenge the consensus on these issues are typically seen by the elite media and the political establishment through the lens of conventional post-World War II moralism—as hearkening back to National Socialist attitudes of racial exclusion and superiority. Within this worldview, opposition to immigration and multiculturalism is immediately shrouded in the rhetoric of the Holocaust that has become the cultural touchstone of European civilization at least since the 1970s.

Given the centrality of the Holocaust and Jewish sensibilities to the current zeitgeist favoring immigration and multiculturalism, it is interesting that some of these parties have openly courted Jewish support. They have not only proclaimed support for Israel but for the most right-wing elements within Israel—the settler movement that is championed by an increasingly large and politically influential contingent of religious and ethno-nationalist Jews.

Recently, a delegation of 35 European anti-Muslim politicians from Austria, Italy, Germany, Belgium, Switzerland, Britain, and Sweden toured the West Bank in a series of meetings hosted by leaders of the Israeli settler movement. The delegation included prominent Austrians: Heinz-Christian Strache, head of the German Freedom Party—quite possibly the next chancellor of Austria, and Claus Pandi, editor-in-chief of Krone Zeitung, the largest newspaper in Austria. The delegation also included Filip Dewinter, spokesman for Belgium's Vlaams Belang party and a member of the Flemish Parliament, and René Stadtkewitz, a former member of Angela Merkel’s Christian Democratic Union who recently established the Freedom Party in Germany with an explicitly anti-Muslim, pro-Israel line.

Not present was Geert Wilders, leader of the Dutch Freedom Party. However, Wilders was in Israel at the time, espousing similar sentiments: strong commitment to the Jewish state and expressing his belief that Palestinians should relocate to Jordan. Wilders is doubtless the most famous exemplar of this anti-Muslim, philo-Semitic, pro-Israel phenomenon. He began his speech in Tel Aviv by noting, “Israel is an immense source of inspiration for me. … I am grateful to Israel. I will always defend Israel. Your country is the cradle of Western civilization. We call it the Judeo-Christian civilization with good reason.” Indeed, Israel is a bulwark against Muslim destruction of the West:

Without Judea and Samaria [i.e., the West Bank], Israel cannot protect Jerusalem. The future of the world depends on Jerusalem. If Jerusalem falls, Athens and Rome—and Paris, London and Washington — will be next.

Wilders wants to end Muslim immigration and have the Qur’an banned for inciting violence. His 2008 video Fitna (see here and here) depicts Islam as out to conquer the world, committed to violent jihad against the West. It portrays Islam as anti-Jewish and intolerant of contemporary Western attitudes on sexuality, democracy, and personal freedom.

Wilders therefore presents himself as a classical liberal, a “libertarian” (in American parlance) for whom Margaret Thatcher is his political role model. He is a staunch defender of free speech who sees concerns about offending Muslim sensibilities as casting a pall over conventional liberal views in a wide variety of areas:

Speech now deemed suspect includes subjects that are commonly and openly aired when not involving Islam: women's subordination, violence, child marriages, criminalization of homosexuality and animal cruelty. … We believe our country is based on Christianity, on Judaism, on humanism, and we believe the more Islam we get, the more it will not only threaten our culture and our own identity but also our values and our freedom.

Note that Wilders is here ascribing a foundational role for Judaism in Western culture.

Wilders rejects any explicit appeal to race and has rejected being associated with politicians associated with racialist or anti-Jewish views. In an interview with Der Spiegel, he noted,

[W]e have no problems with other skin colors, nor with Muslims—our problem is with Islam.  I do not believe in genetic causes; I am miles away from there. I believe rather that all people who embrace our values, our laws and our constitution are full members of our society. I would even go so far as to say that the majority of the Muslims in Europe are people like you and I; they lead a normal life, have a normal occupation and want the best for their children. My problem is with the growing influence of an ideology that will cost us our freedom.

It is not surprising therefore that he completely rejects the “wrong” types of politicians: “My allies are not Le Pen or Haider. ... We'll never join up with the fascists and Mussolinis of Italy. I'm very afraid of being linked with the wrong rightist fascist groups.”

Consistent with the above, he has been careful to depict Muslims entirely as imprisoned by their culture, not as racial aliens. The West is a “proposition culture” dedicated to individual freedom, whereas the Muslim religion shackles its adherents into a fatalistic worldview that leaves women in fearful subservience to their husbands. In his view, Islam promotes a political culture of fear and despotism and an economic culture of stagnation. Wilders therefore believes that non-White immigration is fine as long as the immigrants assimilate to liberal European culture. That means that Muslims are fine but they must shed their religion:

Islam deprives Muslims of their freedom. That is a shame, because free people are capable of great things, as history has shown. The Arab, Turkish, Iranian, Indian, Indonesian peoples have tremendous potential. If they were not captives of Islam, if they could liberate themselves from the yoke of Islam, if they would cease to take Muhammad as a role model and if they got rid of the evil Koran, they would be able to achieve great things which would benefit not only them but the entire world.

Wilder’s thinking on is therefore on a par with those who believe that sub-Saharan Africa would quickly become an economic powerhouse if only it adopted liberal democracy and capitalism or some other nostrum. He is definitely not an IQ realist. And his principled opposition to Islam would not be sufficient to exclude the hundreds of millions of non-Muslims who desire to relocate to Europe.

Wilders’ pro-Israel, philo-Semitic sentiments may be a cynical tactic to obtain support from Jews. However, they seem sincere and heartfelt. Quite simply, he loves Israel and repeatedly portrays Judaism as a part of the West. He has visited Israel more than 40 times beginning as a young man working on a Kibbutz. His second wife is the Jewish-Hungarian diplomat Krisztina Marfaimarried. There is some indication of Jewish ancestry. His grandfather on his father’s side was a colonial officer in Java who married Johanna Meyer, from “a famous Jewish-Indian family."

Nevertheless, it would be simplistic to ascribe Wilders’ views to either opportunism or ancestry. He is certainly far from the only Western politician who ardently believes that all peoples could become good Westerners simply by adopting conventional liberal attitudes and that Europe would be the better for it. These attitudes on race are, of course, a prominent intellectual failing of American conservatives.

The fact is that Wilders and other movements with similar attitudes have not been able to make headway with the leaders of the mainstream Jewish community, which has been the main force promoting immigration and multiculturalism as imperatives throughout the West. A recent JTA article (“Not wild about Wilders? Populists’ anti-Islam message has European Jewish leaders worried”) illustrates once again that the organized Jewish community wants a multicultural future for Europeans (whether in Europe or elsewhere), and that Islam is an entirely acceptable component of the multicultural mix.

From the standpoint of the Jewish leadership, the basic problem is that populists like Wilders “want a Sweden for the Swedes, France for the French and Jews to Israel,” in the words of Serge Cwajgenbaum, secretary general of the European Jewish Congress. This is a slippery slope argument because shipping the Jews off to Israel is certainly not Wilders’s position given that he sees Judaism as central to European culture. Indeed, the slippery slope argument was explicitly stated by Lena Posner, president of the Official Council of Swedish Jewish Communities: “We are quite upset about having a party [in the Parliament] that says they are only addressing Muslims and immigration. History has taught us about where this can lead, and this is not necessarily good for the Jews.”

Geert_Wilders_extremist-85c34.gifThe slippery slope argument dovetails with traditional Jewish fear and loathing of homogeneous White, Christian cultures. Jewish leaders want to have their cake and eat it too:  a Diaspora strategy that dilutes the power of the native peoples while promoting their own ethnic nationalism in Israel.  In fact, while the idea of Sweden for the Swedes is abhorrent to Jewish leaders, Israel is now insisting that the Palestinians acquiesce in the idea that Israel is a Jewish state with scarcely a peep from the Diaspora. Israel continues to enact laws promoting apartheid and ethnic cleansing that are a far cry from anything proposed by European nationalist parties. Just recently 300 Israeli rabbis endorsed “a written religious ban on selling or renting homes, apartments, and lots to non-Jews, particularly Arabs.” Indeed, Carroll Bogert, deputy executive director of Human Rights Watch recently noted,

Palestinians face systematic discrimination merely because of their race, ethnicity, and national origin, depriving them of electricity, water, schools, and access to roads, while nearby Jewish settlers enjoy all of these state-provided benefits. While Israeli settlements flourish, Palestinians under Israeli control live in a time warp—not just separate, not just unequal, but sometimes even pushed off their lands and out of their homes.

The knee-jerk attitude among liberal Jews who are dominant in the Diaspora in the West is that attempts to restrict immigration conjure up images of National Socialism. Adar Primor, editor of the English edition of the liberal Israeli newspaper Haaretz, may be seen as representative of this strand of Jewish thinking. She agonizes about the “very unholy alliance between figures on Israel's right and extreme nationalists and even anti-Semites in Europe that is gaining momentum in the Holy Land.”

The organizers of these visits believe they have tamed this bunch of extremists they brought over from Europe, who after trading in their Jewish demon-enemy for the Muslim criminal-immigrant model are now singing in unison that Samaria is Jewish ground. Soon they'll be sprouting beards and wearing kippot. But they have not genuinely cast off their spiritual DNA, and in any event, they aren't looking for anything except for Jewish absolution that will bring them closer to political power.

Primor’s statement that the Europeans are looking for “Jewish absolution” is a telling comment on the perceived power of Jewish sensibilities to the current multicultural zeitgeist in the West. From my standpoint, this view of Jewish influence has a strong basis in reality.

As a Left-liberal, Primor rejects Wilders’s solution of transplanting the Palestinians in Jordan. But her choicest words are for Dewinter and Strache, both of whom she sees as having connections to the Nazi past. Dewinter is excoriated because he “moved about in anti-Semitic circles and has ties to European extremist and neo-Nazi parties.” Strache belonged to an “extremist organization from which Jews were banned, hung out with neo-Nazis and participated in paramilitary exercises with them.”

The past history of these figures will doubtless continue to follow them even as they eschew anti-Jewish comments and voice strong support for Israel. Similarly, Martin Webster has suggested that Jews have not supported the British National Party despite its pro-Israel stance at least partly because of Nick Griffin’s past anti-Jewish statements and associations. In France, Jean-Marie Le Pen has a history of statements that have angered Jews. However, Marine Le Pen, who will succeed Jean-Marie as head of the National Front, has “notably refused to echo the anti-Semitic views expressed by her father.”

Reflecting these sensibilities, the organized Jewish community in the Diaspora has consistently supported Muslim immigration and has actively forged ties with the Muslim community. For example, the ADL strongly supports the political and cultural aims of Muslims in America. Predictably, Abe Foxman is incensed at Wilders’ failure to agree with both prongs of the Jewish strategy, loving multiculturalism at home and an ethno-nationalist, apartheid Israel abroad, even though the former is obviously against Wilders’s interest as a European: “It’s akin to the evangelical Christians. …  On one hand they loved and embraced Israel. But on the other hand, we were not comfortable with their social or religious agenda.”

Overall, there is no evidence that European Jews are rushing to support the nationalist parties. An article on a Dutch Jewish site pointed out that only two percent of Dutch Jews voted for Wilders, including young Jews (compared to the 25 percent of the native Dutch who voted or Wilders’s party in the general elections of 2010). The majority of Jewish votes go to the liberals and socialists (58 percent). Only three percent voted for the major Christian party, the center-right Christian Democratic Appeal, the fourth most popular party in the 2010 election, with 13.7 percent of the popular vote. Jews obviously like Wilders’s message even less than a party devoted to Christian morality. Wilders can depend on support from radical Jewish colonists on the West bank or some renegade Israeli generals, but if Wilders campaign against the Muslims succeeds, it will be without the help of Dutch Jews.

The other way to see this is from the perspective of ultra-nationalists within Israel. Nationalist European parties are not alone in their search for legitimacy. Some Israeli ultra-nationalists see a world in which Israel is becoming increasingly rejected by European elites who see it, correctly, as an ethno-nationalist state bent on apartheid and ethnic cleansing. The EU has been quite critical of the Netanyahu government, the settlements, and the Gaza embargo. (See also here and here.) It provides substantial funding for the Palestinian Authority. The Israeli ultra-nationalists are also worried about the Boycott, Divestment, and Sanctions movement which is making real progress in isolating Israel. And even the vaunted Israel Lobby in the United States may be on the wane, if Josh Reubner, writing in Mondoweiss, is correct:

Growing unease on Capitol Hill over these “one-sided resolutions” is attributable to several factors: Israel’s deliberate humiliation of President Obama on settlements; recognition that Israeli and U.S. interests are not one and the same; and a hard-to-define yet palpable Israel fatigue.

The settlers are reaching out because they see their cause as needing support. And in order to get the support of the nationalists, they are willing to accept their expressed philo-Semitism and love for Isarel. David Ha'ivri, a prominent spokesman for the settler movement, has noted, “If these European leaders—with their ties to anti-Semitic groups and their past—come around and declare that Israel has a right to exist securely in all of the areas under our control, and that Europe has a moral responsibility because of the crimes of their past, then I believe that we should accept their friendship.”

Their statements are the strongest possible tool in the war against anti-semitism. No skinhead cares what [Anti-Defamation League Chairman] Abe Foxman has to say, but if Filip Dewinter and Heinz-Christian Strache make these statements they will have real impact. For that reason I am considering appearing with them in their countries for pro-Israel rallies. I think that it is worth the risk of being defamed by Ha'aretz and the like if we can cause a shift in the European nationalist movements, moving them away from their traditional Jew-hatred and bringing them closer to appreciation of Zionism. I don't think that I am naive to feel that this is a revolutionary opportunity.

Nevertheless, Ha’ivri’s views are not universal on the Israeli right. No member of the Knesset met with the European delegation, including even those allied with Ha’ivri’s nationalist views.

On the other hand, Wilders was hosted by Aryeh Eldad, a secular rightist member of the Knesset representing the Hatikvah faction of the National Union Party. Eldad  is a strong backer of the settler movement (the Arabs on the West Bank are occupying Israeli land) and is committed to preventing a Palestinian state. This may signal a bit more support for Wilders on the Israeli right, but certainly far from even a glimmering of a consensus.

*
***
*

So what can we make of all this? Diaspora Jews in the West react primarily as a Diaspora group, and that means identifying with the multicultural, pro-immigration, anti-White Left. The Jewish identification with the Left is a strategy designed to increase Jewish power as an elite with a long history of fear and loathing of the White European majority of America. Indeed, the organized Jewish community has not only been the most important force in ending the European bias of American immigration laws, it has assiduously courted alliances with non-White ethnic groups, including Blacks, Latinos, and various Asian groups.

Within this worldview, Jews want Muslim immigration but they want a housebroken Islam in Western societies, free of anti-Semitism and not prone to terrorism, particularly terrorism motivated by anti-Israel sentiment. It is noteworthy that even neocon Daniel Pipes, who is known as an “Islamophobe,” is far less radical than Wilders in his opposition to Islam. He states, “Our goal has to be to build and help with the development of a moderate Islam that [Wilders] says doesn’t exist and can’t exist. So we are allies, but there is a significant difference.” In other words, Pipes, like other Jewish leaders, wants a manageable Islam in the West while strongly supporting an ethno-nationalist Israel.

The desire for a housebroken Islam is also consistent with the history of portraying Arabs negatively in the U.S. media. Jack Shaheen’s Guilty: Hollywood's Verdict on Arabs After 9/11 shows that Hollywood, well-known to be a Jewish fiefdom, portrays Arabs as terrorists, corrupt sheiks, or exotic, camel-riding primitives. As Edmund Connelly notes, such media presentations are also likely to influence audiences throughout the West to be more favorable to wars against Muslim countries. In this regard, it is noteworthy that images of Blacks and Latinos are air brushed to make them attractive to audiences. Arabs are the only non-White group that is not given a free pass in the Western media.

Similarly, in the U.K., the Board of Deputies, the official organization for British Jewry, has consistently reached out to Muslims (see, e.g., here). The organized Jewish community has condemned the English Defense League, which has a strong anti-Muslim, pro-Israel line along with a tiny Jewish section. Again reflecting the power of the slippery slope argument among Jews, the President of the Board of Deputies of British Jews stated,

The EDL's supposed “support” for Israel is empty and duplicitous. It is built on a foundation of Islamophobia and hatred which we reject entirely. Sadly, we know only too well what hatred for hatred's sake can cause. The overwhelming majority will not be drawn in by this transparent attempt to manipulate a tense political conflict.

Nevertheless, Martin Webster notes, “in the Jewish-owned sections of the UK media, there is a flood of anti-Muslim, anti-Islam stories. This barrage is so relentless that for the average Briton the words ‘Muslim’ and ‘Islam’ have become hardwired to the word ‘terrorist’.”

In other words, Jews across the political spectrum—even Jews closely connected to anti-Muslim rhetoric—retain the dream of a utopian multicultural West in which Judaism finds safety as one of many cultures within a fractionated political culture. All of the mainstream Jewish organizations are on board with making connections and alliances with Muslims, as they have with other non-White groups. All are opposed to Wilders and the other pro-Israel, philo-Semitic parties. Muslim organizations are also doing their part by joining the pro-immigration advocacy movement and its desire to make Whites a minority as soon as possible.

A paper recently put out by the Muslim Public Affairs Council in the U.S. advocates the entire wish list of the anti-White coalition: Support for the DREAM act, providing illegals with an easy path to citizenship, and raising the numbers of legal immigrants.

I would suggest therefore that the pro-Israel, philo-Semitic rhetoric of the main European nationalist parties is not effective and will not be effective in recruiting Jewish support. Very few Jews vote for these parties and even the great majority of ethno-nationalist Jews in Israel seem wary or at least ambivalent about making a public alliance with these groups.

I suggest that the main function of this rhetoric on the right may well be in convincing non-Jews that voting for these parties is not an affirmation of National Socialism, anti-Semitism, or racialist sentiments. And because of the abject terror that most Whites have of being associated with those ideas, it may well be an effective strategy that could, in the long run, lessen the inhibitions that Europeans now have about preserving Europeans and their culture. The progress of these parties is certainly very heartening.

Assuming as obvious that Muslims will not give up their religion and suddenly become good liberal Europeans, success by Wilders and similar political movements would certainly be a huge step in the right direction. Success would mean that eventually Muslims would be strongly encouraged or even forced to leave, and Europe would have a renewed sense of cultural identity.

It would then be a short step to the realization that some cultures are simply unable or unwilling to adopt contemporary liberal European values. Europeans would be much closer to the realization that their individualist, libertarian tradition is fundamentally at odds with pretty much the entire rest of the world.

Moreover, success of these parties would embolden anti-immigration sentiment throughout the West, including countries like the United States whose main immigration problem stems from the failed states of Latin America rather than Islam. There is much to be said for the slippery slope argument that once Muslims are successfully targeted as unassimilable, Europeans and other Westerners will realize that other groups, such as African-derived peoples, Latinos, and Asians, have not been successfully integrated either. One can easily see the anti-immigration movement snowballing as Europe develops a renewed sense of cultural identity and confidence.

Such developments would be anathema to the great majority of the organized Jewish community, and the great majority of Jews throughout the West. Not only would this shatter their dream of the demise of a dominant European Christian culture, it would also feed into their worldview that targeting any immigrant group is a slippery slope that ends with another Holocaust.

So don’t count on any help from the Jews. But as tensions with Muslims continue to mount and as Europeans see that they really must choose between expelling Muslims and preserving a livable society, Jews may be powerless to stop the ultimate success of these parties.

More generally, the self-portrait of Jews as an enlightened, progressive group with a long history of victimization at the hands of Europeans is coming unraveled by the rise of a strident ethno-nationalism in Israel. As I wrote in Separation and Its Discontents, beginning with the Enlightenment, Jews have sought  to refashion themselves as adhering to “the most ethical of religions, with a unique moral, altruistic, and civilizing role to play vis-à-vis the rest of humanity—modern versions of the ancient 'light unto the nations' theme of Jewish religious writing." When most Americans think of Jews, they think of the friendly doctor who lives in the neighborhood, the brilliant scientist at the university, or the liberal social activist on behalf of the downtrodden. They think of Israel is “the only democracy in the Middle East" and a "staunch ally" of America.

However, the ethno-nationalist right is in the driver’s seat in Israel, and they will continue to increase their power because of their relatively high fertility compared to liberal secular Jews. The image of Jews as enlightened liberals is increasingly being replaced by images of Jews as religious fanatics and racists bent on ethnic cleansing and apartheid.

In the long run, these images cannot coexist. Thoughtful people in the West will understand that the pose of enlightened liberalism, tolerance, and pro-multiculturalism is simply a Diaspora strategy designed to diminish the power of the traditional peoples in those societies. It reflects the same brand of ethnic hardball that is being played out in Israel, but in a different context where Jews, as a minority, must make alliances with other groups.

When Westerners come to grips with this reality, it will have a transformative effect on our political culture. The opposition of the organized Jewish community to the rise of an anti-Muslim, philo-Semitic right in Europe will be seen as increasingly threadbare intellectually given the reality of what is going on in Israel. And that too will contribute to the ultimate resurgence of European ethnonationalism.

Franse politiek vreest Marine

Le-Pen-.jpg

Ex: http://www.trouw.nl/achtergrond/deverdieping/article33544...

Franse politiek vreest Marine

Marine Le Pen tijdens een optreden op 10 december in Lyon. De dochter van
Jean-Marie probeert al jaren een respectabele volkspartij te maken van het
FN. Een avondje Marine is tegenwoordig een familie-uitje.

Marine Le Pen heeft van het Front National een partij gemaakt waarvan de
gevestigde politiek erg onrustig wordt. De slechtheid van het Front spreekt
niet meer vanzelf.

Ma-rine président, Ma-rine président, Ma-rine président! Iedereen in de oude
bibliotheek van de universiteit van het Noord-Franse Lille staat, juicht,
klapt en scandeert haar naam. Sommigen hebben tranen in de ogen. Voor
sommige devote fans is Marine Le Pen een 21ste eeuwse Jeanne d’Arc die
Frankrijk komt redden. Redden van de immigratie, de islamisering, de
globalisering, het roofkapitalisme en de euro.

Een uur lang heeft ze gesproken, uit het hoofd, zonder hapering. Een speech
met veel vaart en af en toe een harde klap op het katheder. „Ha! een minaret
van 25 meter in Marseille! Eentje van 30 meter in Straatsburg! Wie biedt er
meer?”

De 42-jarige Marine, vanavond gekleed in een blauw jasje, spijkerbroek en
zwarte laarzen, probeert al jaren een respectabele volkspartij te maken van
het Front National. Dat betekent weg met de radicale elementen. En geen
woord meer over de jodenvervolging alstublieft. Al ’8293 keer’ heeft ze
gezegd dat ze hier ’een andere kijk’ op heeft dan vader Jean-Marie. Die
schatte het aantal vermoorde joden op ’honderdduizenden, misschien
miljoenen’ en twijfelde aan het bestaan van de gaskamers.

„Marine is modern, ze is een werkende, gescheiden moeder. En ze is
bijvoorbeeld niet tegen abortus”, zegt Fanny Pinat (29) enthousiast. „Ze
vindt alleen dat het ziekenfonds het niet moet vergoeden”, voegt de
secretaresse op een makelaarskantoor er aan toe.

Een avond Marine is een familie-uitje. Veel mensen zijn gekomen met hun
kinderen, soms met hun hond. Na afloop zijn er sandwiches met ham of kaas,
en bier en wijn. Skinheads zijn er niet, wel jonge mannen in blauwe T-shirts
met de tekst ’De jongens van de Marine’.

Marine toert langs alle partijafdelingen, ze is op campagne voor de strijd
om het leiderschap van het FN. Haar concurrent, holocaustrelativist en
japanoloog Bruno Gollnisch, heeft de steun van de traditionele katholieken
in de partij. Maar deze bedaagde zestiger lijkt kansloos tegen het geweld
van zijn concurrente, die alom tegenwoordig is in de media.

Enkele populaire talkshowhosts van de publieke omroep boycotten Marine nog,
maar steeds meer mensen vragen zich af waarom eigenlijk. De slechtheid van
het Front spreekt niet meer vanzelf.

Wat ook groeit: de onrust bij de rechtse regeringspartij UMP en de
socialistische PS, door Marine altijd op één hoop geveegd tot UMPS. Bij de
presidentsverkiezingen van 2007 leek de winnaar, Nicolas Sarkozy, het FN
voor langere tijd te hebben uitgeschakeld. Maar Marine’s ’Lepenisme met
airbag’ slaat aan: 17 procent overweegt op haar te stemmen bij de
presidentsverkiezingen van 2012. 27 procent van de kiezers oordeelt positief
over haar, een hogere score dan haar vader ooit kreeg. 43 procent vindt dat
zij een nuttige rol in de Franse politiek speelt.

Dankzij haar mag het Front hopen op een reprise van 21 april 2002: toen
bereikte vader tot grote schrik van alles en iedereen de tweede ronde van de
presidentsverkiezingen, ten koste van de linkse kandidaat Lionel Jospin.
Frankrijk mocht kiezen tussen Jacques Chirac en Le Pen en schaamde zich
diep. Nu wordt gespeculeerd over een ’omgekeerde 21e april’. Dat is een
scenario waarbij dit keer de kandidaat van rechts (president Sarkozy) de
eerste ronde niet overleeft.

Marine is moeilijker te bestrijden dan haar vader, een man die onbekommerd
sprak over de ongelijkheid van rassen. Een aanval op haar voorstel de
eurozone te verlaten blijft uit, omdat men haar geen podium wil geven dat
standpunt te verkondigen. En een poging het fascisme-spook tegen Marine in
stelling te brengen, omdat ze een groep moslims had vergeleken met
bezetters, faalde vorige week jammerlijk.

Marine doelde op gelovigen die bidden op de openbare weg. Dat gebeurt
bijvoorbeeld elke vrijdag in het Parijse 18e arrondissement. Een hele straat
wordt er voor afgezet, door de buurt schalt de oproep tot gebed door
luidsprekers die op de stoep staan. Vele honderden gelovigen in djellaba
rollen hun bidmatje uit op het asfalt. De praktijk wordt al jaren gedoogd.
„Er zijn mensen die erg graag over de oorlog praten”, zo leidde Marine haar
offensief in. „Nou, het spijt me hoor. Maar als je het over een bezetting
hebt, dan is dit er ook een. Een bezetting van een strookje territorium.
Natuurlijk, er zijn geen tanks, geen soldaten. Maar de omwonenden hebben er
wel erg veel last van.”

De ’UMPS’ liep met open ogen in de val. „Het masker is gevallen, zij is een
extremiste”, zo klonk het. En: „Stuitend, precies haar vader!” Maar de
verontwaardiging maakte weinig indruk: Vier op de tien Fransen steunen
Marine’s afkeer van het openluchtbidden.

Want ook al is de vergelijking buitensporig, het zit niemand lekker, die
bebaarde salafisten die beweren dat zij nergens anders terecht kunnen. Het
duurde niet lang of de polemiek draaide vooral om wat Marine had aangekaart.
Weldra ging het over de vraag hoe de Franse laïcité, de scheiding tussen
kerk en staat, in ziekenhuizen, bedrijven en scholen moet worden beschermd.

In Lille laat Marine zich deze overwinning goed smaken. „De socialisten
zeggen nu ook dat sommige gebieden vrij moeten zijn van religie. Maar als er
iets bevrijd moet worden, dan is er toch sprake van een bezetting, of niet?”

Marine fascineert de Fransen, net als haar vader. Hoe is het om een dochter
van de duivel zelf te zijn? En waarom eigenlijk treedt zij eigenlijk in zijn
voetsporen? Daarover vertelt zij in een verhelderend boek, ’À contre flots’,
Tegen de stroom in, dat in 2006 verscheen. Het opent met de spectaculaire
aanslag op de Parijse woning van de familie Le Pen in 1976, een actie van
anti-fascisten. Er vallen geen doden, maar de bom verwoest twaalf
appartementen van het gebouw volledig: „Het is een poppenhuis geworden, ik
heb vrij zicht op alle kamers.” De kamer van een baby van de buren wordt
weggeblazen, het stevig ingebakerde jongetje belandt vijf verdiepingen lager
in een boom en breekt alleen een armpje. Het matrasje zorgde voor een zachte
landing.

Zo ontdekt de achtjarige Marine dat haar vader aan politiek doet. In 1974 is
Jean-Marie presidentskandidaat voor het twee jaar eerder opgerichte FN. Het
is dan een splinter die onderdak biedt aan oud-collaborateurs, royalisten,
strenge katholieken en oud-leden van OAS, een club van officieren die zich
had verzet tegen de Algerijnse onafhankelijkheid. Le Pen haalt 0,75 procent
van de stemmen.

Door de aanslag wordt Marine zich bewust van het cordon sanitaire om haar
heen. Ze ziet hoe haar vader, die mensen kennelijk dood willen hebben, wordt
genegeerd door de autoriteiten. De daders zijn nooit gevonden en er is ook
nooit serieus naar gezocht, vermoedt ze. Voor de familie Le Pen en de andere
dakloze families, is er geen ’gymzaal die de gemeente ter beschikking stelt,
geen traumateam van psychologen’.

Vriendinnetjes mogen niet meer bij haar logeren. Te gevaarlijk, vinden hun
ouders. Op school krijgen de meisjes Le Pen te maken met zoveel
vijandelijkheid, dat haar zus Yann het vlak voor haar eindexamen voor gezien
houdt en naar de tropen vlucht. Marine gaat met buikpijn naar de lessen
geschiedenis en maatschappijleer, sessies die ’vaak uitdraaien op een
gelegenheid om mij duidelijk te maken dat ik verwekt was door een monster’.
De laïcité vergt niet alleen religieuze neutraliteit, brengt Marine in
herinnering, maar ook terughoudendheid op politiek gebied. Maar ’heel
gunstige uitzonderingen daargelaten’ verdringt men zich bijna om Marine te
vertellen hoe groot de afkeer van haar vader is. „Het was alsof ze er een
medaille mee konden verdienen.”

Toen zij rechten studeerde vond een docent het een aardig idee om de
veroordeling van haar vader wegens ’verheerlijking van oorlogsmisdaden’ in
1973 in een werkgroep te bestuderen. Le Pen had dit te danken aan zijn
platenuitgeverij die politieke toespraken en liederen uitbracht, waaronder
ook nazi-gezangen.

Toen ze advocaat werd, bleek dat geen kantoor iemand met haar achternaam
wilde hebben. Haar eerste huwelijk, waaruit drie kinderen voortkwamen,
mislukte voor een deel doordat ’het moeilijk is de man te zijn van de
dochter van Le Pen’. Uiteindelijk lukt het wel als advocaat, maar raakt ze
betrokken bij het Front. „De politiek is een virus, als je het hebt
opgelopen moet je er aan geloven”, schrijft ze daar over.

„Ze moest een keus maken”, zegt Caroline Fourest, een essayiste en
journaliste die werkt aan een biografie over Marine. „Ze kon zich de rest
van haar leven blijven schamen en alleen maar last hebben van haar naam. Of
ze kon de voordelen van de erfenis accepteren: een partij en een politiek
gevecht.”

Toen haar vader in 2005 de Duitse bezetting van Frankrijk omschreef als
’niet bijzonder inhumaan’, overwoog zij even te stoppen. Al haar arbeid om
de partij te ont-demoniseren leek voor niets te zijn geweest. Maar ze bleef.

Caroline Fourest vreest dat door haar succes bij andere partijen het niveau
daalt. „Het gevaar is dat het FN het zo goed doet dat rechts ook idiote
termen in het debat introduceert en dat links niets durft te zeggen.
Gelukkig probeert links hier te leren van fouten die zusterpartijen in
landen als Nederland hebben gemaakt. Ze hebben het voordeel dat ze zich
nooit echt bekend hebben tot het multiculturalisme en dat ze veel waarde
hechten aan de laïcité.”

Marine en Geert: anti-islam, sociaal tikje links

Marine Le Pen en Geert Wilders hebben dezelfde opvattingen over de islam. Le
Pen drukt zich alleen minder scherp uit dan Wilders. Marine’s vergelijking
van biddende moslims op straat met een bezettingsmacht was een eerste
boutade.

De PVV zou het liefste de bouw van nieuwe moskeeën stoppen, voor Le Pen is
een verbod op minaretten genoeg.

Zowel de PVV als het Front National (FN) heeft op sociaal gebied linkse
trekken en beide partijen willen het verlies van soevereiniteit herstellen.
Alleen gaat het FN hierin veel verder. Frankrijk moet de euro inruilen voor
de franc. Het FN wil ook snel de Schengen-zone verlaten zodat het de eigen
grenzen kan bewaken.

Le Pen vindt dat wie niet de Franse nationaliteit heeft geen aanspraak kan
maken op woningen of uitkeringen. Wilders onderschrijft dat.

Le Pen is voor herinvoering van de doodstraf, de PVV voor ‘echt levenslang’.

L'Histoire

L'Histoire

par Giorgio Locchi

Ex: http://tprovence.wordpress.com/

klio.pngChacun s’interroge aujourd’hui sur le « sens de l’histoire », c’est-à-dire à la fois sur le but et sur la signication des phénomènes historiques. L’objet de cet article est d’examiner les réponses que notre époque donne à cette double interrogation, en tentant de les ramener, en dépit de leur multitude apparente, à 2 types fondamentaux, rigoureusement antagonistes et contradictoires.

Mais il est d’abord nécessaire de mettre en lumière la signification que, dès l’abord, nous allons donner ici au mot « histoire ». Cette question de vocabulaire a son importance. Nous parlons parfois d’« histoire naturelle », d’« histoire du cosmos », d’« histoire de la vie ». Il s’agit là, bien sûr, d’images analogiques. Mais toute analogie, en même temps qu’elle souligne poétiquement une ressemblance, implique aussi logiquement une diversité fondamentale. L’univers macrophysique, en réalité, n’a pas d’histoire : tel que nous le percevons, tel que nous pouvons nous le représenter, il ne fait que changer de configuration à travers le temps. La vie non plus n’a pas d’histoire : son devenir consiste en une évolution ; elle évolue.

On s’aperçoit en fait que l’histoire est la façon de devenir de l’homme (et de l’homme seul) en tant que tel : seul l’homme devient historiquement. Par conséquent, se poser la question de savoir si l’histoire a un sens, c’est-à-dire une signification et un but, revient au fond à se demander si l’homme qui est dans l’histoire et qui (volontairement ou non) fait l’histoire, si cet homme a lui-même un sens, si sa participation à l’histoire est ou non une attitude rationnelle.

Trois périodes successives

De toutes parts, aujourd’hui, l’histoire est en accusation. Il s’agit, comme nous le verrons, d’un phénomène ancien. Mais aujourd’hui, l’accusation se fait plus véhémente, plus explicite que jamais. C’est une condamnation totale et sans appel de l’histoire que l’on nous demande de prononcer. L’histoire, nous dit-on, est la conséquence de l’aliénation de l’humanité. On invoque, on propose, on projette la fin de l’histoire. On prêche le retour à une sorte d’état de nature enrichi, l’arrêt de la croissance, la fin des tensions, le retour à l’équilibre tranquille et serein, au bonheur modeste mais assure qui serait celui de toute espèce vivante. Les noms de quelques théoriciens viennent ici à l’esprit, et d’abord ceux de Herbert Marcuse et de Claude Lévi-Strauss, dont les doctrines sont bien connues.

L’idée d’une fin de l’histoire peut apparaître comme on ne peut plus moderne. En réalité, il n’en est rien. Il suffit en effet d’examiner les choses de plus près pour s’apercevoir que cette idée n’est que l’aboutissement logique d’un courant de pensée vieux d’au moins 2.000 ans et qui, depuis 2.000 ans, domine et conforme ce que nous appelons aujourd’hui la « civilisation occidentale ». Ce courant de pensée est celui de la pensée égalitaire. Il exprime une volonté égalitaire, qui fut instinctive et comme aveugle à ses débuts, mais qui, à notre époque, est devenue parfaitement consciente de ses aspirations et de son objectif final. Or, cet objectif final de l’entreprise égalitaire est précisément la fin de l’histoire, la sortie de l’histoire.

La pensée égalitaire a traversé au fil des siècles 3 périodes successives. Dans la première, qui correspond à la naissance et au développement du christianisme, elle s’est constituée sous la forme d’un mythe. Ce terme, soulignons-le, ne sous-entend rien de négatif. Nous appelons « mythe » tout discours qui, en se développant par lui-même, crée en même temps son langage, donnant ainsi aux, mots un sens nouveau, et fait appel, en ayant recours à des symboles, à l’imagination de ceux auxquels il s’adresse. Les éléments structurels d’un mythe s’appellent les mythèmes. Ils constituent une unité de contraires, mais ces contraires, n’étant pas encore séparés, restent d’abord cachés, pour ainsi dire invisibles.

Dans le processus du développement historique, l’unité de ces mythèmes éclate, donnant alors naissance à des idéologies concurrentes. Il en a été ainsi avec le christianisme, dont les mythèmes ont fini par engendrer des églises, puis des théologies et enfin des idéologies concurrentes (comme celles de la Révolution américaine et de la Révolution française). L’éclosion et la diffusion de ces idéologies correspond à la seconde période de l’égalitarisme. Par rapport au mythe, les idéologies proclament déjà des principes d’action, mais elles n’en tirent pas encore toutes leurs conséquences, ce qui fait que leur pratique est soit hypocrite, soit sceptique, soit naïvement optimiste. On arrive enfin à la troisième période, dans laquelle les idées contradictoires engendrées par les mythèmes originels se résorbent dans une unité, qui est celle du concept synthétique. La pensée égalitaire, animée désormais par une volonté devenue pleinement consciente, s’exprime sous une forme qu’elle décrète « scientifique ». Elle prétend être une science. Dans le développement qui nous intéresse, ce stade correspond à l’apparition du marxisme et de ses dérivés.

Le mythe, les idéologies, la prétendue science égalitaire expriment donc, si l’on peut dire, les niveaux successifs de conscience d’une même volonté. Œuvre d’une même mentalité, ils présentent toujours la même structure fondamentale. Il en va de même, naturellement, pour les conceptions de l’histoire qui en dérivent, et qui ne diffèrent entre elles que par la forme et le langage utilisé dans le discours. Quelle que soit sa forme historique, la vision égalitaire de l’histoire est une vision eschatologique, qui attribue à l’histoire une valeur négative et ne lui reconnaît un sens que dans la mesure où le mouvement historique tend, de par son propre mouvement, à sa négation et à sa fin.

Restitution d’un moment donné

Si l’on examine l’Antiquité païenne, on s’aperçoit qu’elle a oscillé entre 2 visions de l’histoire, dont l’une n’était d’ailleurs que l’antithèse relative de l’autre : toutes 2 concevaient le devenir historique comme une succession d’instants dans laquelle chaque instant présent délimite toujours, d’un côté le passé, et de l’autre l’avenir. La première de ces visions propose une image cyclique du devenir historique. Elle implique la répétition éternelle d’instants, de phases ou de périodes donnés. C’est ce qu’exprime la formule Nihil sub sole novi (« Rien de nouveau sous le soleil »). La seconde, qui finira d’ailleurs par se résorber dans la première, propose l’image d’une droite ayant un commencement, mais n’ayant pas de fin, du moins pas de fin imaginable et prévisible.

Le christianisme a opéré en quelque sorte une synthèse de ces 2 visions antiques de l’histoire, en leur substituant une conception de l’histoire que l’on a appelée « linéaire », et qui est en réalité segmentaire. Dans cette vision, l’histoire a bien un commencement, mais elle doit aussi avoir une fin. Elle n’est qu’un épisode, un accident dans l’être de l’humanité. Le véritable être de l’homme est extérieur à l’histoire. Et c’est la fin de l’histoire qui est censée le restituer, en le sublimant, tel qu’il était avant le commencement. Comme dans la vision cyclique, il y a donc dans la vision fragmentaire conclusion par restitution d’un moment donné, mais, contrairement à ce qui se passe avec le cycle, ce moment est situé désormais hors de l’histoire, hors du devenir historique : à peine restitué, il se figera dans une immuable éternité : le mouvement historique, étant achevé, ne se reproduira plus. De même, comme dans la vision qui implique une droite en progression perpétuelle, il y a, dans la vision segmentaire, un commencement de l’histoire, mais à ce commencement s’ajoute une fin, si bien que la véritable éternité humaine n’est plus celle du devenir, mais celle de l’être.

Cet épisode qu’est l’histoire est perçu, dans la perspective chrétienne, comme une véritable malédiction. L’histoire résulte d’une condamnation de l’homme par Dieu, condamnation au malheur, au travail, à la sueur et au sang, qui sanctionne une faute commise par l’homme. L’humanité, qui vivait dans la bienheureuse innocence du jardin d’Éden, a été condamnée à l’histoire parce qu’Adam, son ancêtre, a transgressé le commandement divin, a goûté le fruit de l’arbre de science, et s’est voulu pareil à Dieu. Cette faute d’Adam, en tant que péché originel, pèse sur tout individu venant au monde. Elle est par définition inexpiable, puisque l’offensé est Dieu lui-même.

Mais Dieu, dans son infinie bonté, accepte de se charger lui-même de l’expiation : il se fait homme en s’incarnant dans la personne de Jésus. Le sacrifice du Fils de Dieu introduit dans le devenir historique le fait essentiel de la Rédemption. Sans doute celle-ci ne concerne-t-elle que les seuls individus touchés par la Grâce. Mais elle rend désormais possible le lent cheminement vers la fin de l’histoire, à laquelle la communauté des saints devra désormais préparer l’humanité. Enfin, un jour viendra où les forces du Bien et du Mal se livreront une dernière bataille, laquelle aboutira à un Jugement dernier et, par-delà ce Jugement, à l’instauration d’un Royaume des cieux ayant son pendant dialectique dans l’abîme de l’Enfer.

Éden d’avant le commencement de l’histoire, péché originel, expulsion du jardin d’Éden, traversée de cette vallée de larmes qu’est le monde, lieu du devenir historique, Rédemption, communauté des saints, bataille apocalyptique et Jugement dernier, fin de l’histoire et instauration d’un Royaume des cieux : tels sont les mythèmes qui structurent la vision mythique de l’histoire proposée par le christianisme, vision dans laquelle le devenir historique de l’homme a une valeur purement négative et le sens d’une expiation.

La vision marxiste

Les mêmes mythèmes se retrouvent sous une forme laïcisée et prétendument scientifique dans la vision marxiste de l’histoire. (En employant ce mot, de « marxiste », nous n’entendons pas participer au débat, très à la mode aujourd’hui, sur ce que serait la « véritable pensée » de Marx. Au cours de son existence, Kart Marx a pensé des choses assez différentes et l’on pourrait discuter pendant des heures pour savoir quel est le « vrai » Marx. Nous nous référerons donc ici à ce marxisme reçu qui a été très longtemps, et qui reste en fin de compte la doctrine des partis communistes et des États se réclamant de l’interprétation de Lénine). Dans cette doctrine, l’histoire est présentée comme le résultat d’une lutte de classes, c’est-à-dire d’une lutte entre groupes humains se définissant par rapport à leurs conditions économiques respectives.

Le jardin d’Éden de la préhistoire se retrouve dans cette vision avec le « communisme primitif » pratiqué par une humanité encore plongée dans l’état de nature et purement prédatrice. Tandis que dans l’Éden, l’homme subissait les contraintes résultant des commandements de Dieu, les sociétés communistes préhistoriques vivaient sous la pression de la misère. Cette pression a conduit à l’invention des moyens de production agricoles, mais cette invention s’est aussi révélée une malédiction. Elle implique en effet, non seulement l’exploitation de la nature par l’homme, niais aussi la division du travail, l’exploitation de l’homme par l’homme et, par conséquent, l’aliénation de tout homme à lui-même. La lutte des classes est la conséquence implicite de cette exploitation de l’homme par l’homme. Son résultat est l’histoire.

Comme on le voit, ici, ce sont les conditions économiques qui déterminent les comportements humains. Par enchaînement logique, ces derniers aboutissent à la création de systèmes de production toujours nouveaux, lesquels entraînent à leur tour des conditions économiques nouvelles, et surtout une misère grandissante des exploités. Cependant, là aussi, une rédemption intervient. Avec l’avènement du système capitaliste, la misère des exploités atteint en effet son comble : elle devient insupportable. Les prolétaires prennent alors conscience de leur condition, et cette prise de conscience rédemptrice a pour effet l’organisation des partis communistes, exactement comme la Rédemption de Jésus avait abouti à la fondation d’une communauté des saints.

Les partis communistes entreprendront une lutte apocalyptique contre les exploitants. Celle-ci pourra être difficile, mais elle sera nécessairement victorieuse (c’est le « sens de l’histoire »). Elle aboutira à l’abolition des classes, mettre fin à l’aliénation de l’homme, permettra l’instauration d’une société communiste immuable et sans classes. Et comme l’histoire est le résultat de la lutte des classes, il n’y aura évidemment plus d’histoire. Le communisme préhistorique se trouvera restitué, tel le jardin d’Éden par le Royaume des cieux, mais d’une façon sublimée : alors que la société communiste primitive était affligée par la misère matérielle, la société communiste post-historique jouira d’une satisfaction parfaitement équilibrée de ses besoins.

Ainsi, dans la vision marxiste, l’histoire reçoit également une valeur négative. Née de l’aliénation originelle de l’homme, elle n’a de sens que dans la mesure où, en augmentant sans cesse la misère des exploités, elle contribue finalement à créer les conditions dans lesquelles cette misère disparaîtra, et « travaille » en quelque sorte à sa propre fin.

Une détermination de l’histoire

Ces 2 visions égalitaires de l’histoire, la vision religieuse chrétienne et la vision laïque marxiste, toutes les 2 segmentaires, toutes les 2 eschatologiques, impliquent logiquement l’une et l’autre une détermination de l’histoire qui n’est pas le fait de l’homme, mais de quelque chose qui le transcende. Christianisme et marxisme ne s’en efforcent pas moins de le nier. Le christianisme attribue à l’homme un libre arbitre, ce qui lui permet d’affirmer qu’Adam, ayant librement « choisi » de pécher, est seul responsable de sa faute, c’est-à-dire de son imperfection. Il reste pourtant que c’est Dieu qui a fait (et a donc voulu) qu’Adam soit imparfait.

De leur côté, les marxistes affirment parfois que c’est l’homme qui fait l’histoire, ou plus exactement les hommes en tant qu’ils appartiennent à une classe sociale. Il reste pourtant que les classes sociales sont définies et déterminées par les conditions économiques. Il reste aussi que c’est la misère originelle qui a contraint les hommes à entrer dans le sanglant enchaînement de la lutte des classes. L’homme n’est donc finalement agi que par sa condition économique. Il est le jouet d’une situation qui trouve son origine dans la nature elle-même en tant que jeu de forces matérielles. D’où il résulte que lorsque l’homme joue un rôle dans les visions égalitaires de l’histoire, c’est un rôle d’une pièce qu’il n’a pas écrite, qu’il ne saurait avoir écrite ; et cette pièce est une farce tragique, honteuse et douloureuse. La dignité comme la vérité authentique de l’homme se situent hors de l’histoire, avant l’histoire et après l’histoire.

Toute chose possède en elle-même sa propre antithèse relative. La vision eschatologique de l’histoire possède son antithèse relative, égalitaire elle aussi, qui est la théorie du progrès indéfini. Dans cette théorie, le mouvement historique est représenté comme tendant constamment vers un point zéro qui n’est jamais atteint. Ce « progrès » peut aller dans le sens d’un « toujours mieux », excluant cependant l’idée d’un bien parfait et absolu : c’est un peu la vision naïve de l’idéologie américaine, liée à l’american way of life, et aussi celle d’un certain marxisme désabusé. Il peut aller aussi dans le sens d’un « toujours pire », sans que la mesure du mal n’atteigne jamais son comble : c’est un peu la vision pessimiste de Freud, qui ne voyait pas comment ce « malheur » qu’est la civilisation pourrait cesser un jour de se reproduire. (À noter d’ailleurs que cette vision pessimiste du freudisme est en passe actuellement d’être résorbée, notamment par Marcuse et les freudo-marxistes, dans la thèse eschatologique du marxisme, après avoir joué le rôle que joue toute antithèse depuis l’invention du diable, c’est-à-dire le rôle de faire-valoir).

Animer une autre volonté

Comme chacun le sait, c’est à Friedrich Nietzsche que remonte la réduction du christianisme, de l’idéologie démocratique et du communisme au commun dénominateur de l’égalitarisme. Mais c’est aussi à Nietzsche que remonte le deuxième type de vision de l’histoire, qui, à l’époque actuelle, s’oppose (souterrainement parfois, mais avec d’autant plus de ténacité) à la vision eschatologique et segmentaire de l’égalitarisme. Nietzsche, en effet, n’a pas seulement voulu analyser, mais aussi combattre l’égalitarisme. Il a voulu inspirer, susciter un projet opposé au projet égalitaire, animer une autre volonté, conforter un jugement de valeur diamétralement différent.

De ce fait, son œuvre présente 2 aspects, tous 2 complémentaires. Le premier aspect est proprement critique ; on pourrait même dire scientifique. Son but est de mettre en lumière la relativité de tout jugement de valeurs, de toute morale et, aussi, de toute vérité prétendument absolue. De la sorte, il dévoile la relativité des principes absolus proclamés par l’égalitarisme. Mais à côté de cet aspect critique, il en existe un autre, que nous pourrions appeler poétique, puisque ce mot vient du grec poïein, qui signifie « faire, créer ». Par ce travail poétique, Nietzsche s’efforce de donner naissance à un nouveau type d’homme, attaché à de nouvelles valeurs et tirant ses principes d’action d’une éthique qui n’est pas celle du Bien et du Mal, d’une éthique qu’il est légitime d’appeler surhumaniste.

Pour nous donner une image de ce que pourrait être une société humaine fondée sur les valeurs qu’il propose, Nietzsche a presque toujours recours à l’exemple de la société grecque archaïque, à la plus ancienne société romaine, voire aux sociétés ancestrales du « fauve blond » indo-européen, aristocrate et conquérant. Cela, presque tout le monde le sait. En revanche, on ne prête pas suffisamment attention au fait que Nietzsche, dans le même temps, met en garde contre l’illusion consistant à croire qu’il serait possible de « ramener les Grecs », c’est-à-dire de ressusciter le monde antique préchrétien. Or, ce détail est d’une importance extrême, car il nous offre une clef nécessaire pour bien comprendre la vision nietzschéenne de l’histoire. Nietzsche a volontairement caché, « codé » pourrait-on dire, le système organisateur de sa pensée. Il l’a fait, comme il le dit lui-même expressément, conformément à un certain sentiment aristocratique : il entend interdire aux importuns l’accès de sa maison. C’est la raison pour laquelle il se contente de nous livrer tous les éléments de sa conception de l’histoire, sans jamais nous révéler comment il faut les relier ensemble.

En outre, le langage adopté par F. Nietzsche est le langage du mythe, ce qui ne fait qu’ajouter aux difficultés de l’interprétation. La thèse qui est exposée ici n’est donc rien de plus qu’une interprétation possible du mythe nietzschéen de l’histoire ; mais il s’agit d’une interprétation qui a son poids historique, puisqu’elle a inspiré tout un mouvement métapolitique aux prolongements puissants, celui de la Révolution conservatrice, et qu’elle est aussi l’interprétation de ceux qui, se réclamant de Nietzsche, adhèrent le plus intimement à ses intentions anti-égalitaires déclarées.

Les éléments, les mythèmes qui se rattachent à la vision nietzschéenne de l’histoire sont principalement au nombre de 3 : le mythème du dernier homme, celui de l’avènement du surhomme, enfin celui de l’Éternel retour de l’Identique.

L’Éternel retour

Aux yeux de Nietzsche, le dernier homme représente le plus grand danger pour l’humanité. Ce dernier homme est de la race inextinguible des pucerons. Il aspire à un petit bonheur qui serait égal pour tout le monde. Il veut la fin de l’histoire, car l’histoire est génératrice d’événements, c’est-à-dire de conflits et de tensions qui menacent ce « petit bonheur ». Il se moque de Zarathoustra, qui prêche, lui, l’avènement du surhomme. Pour Nietzsche, en effet, l’homme n’est qu’un « pont entre la bête et le surhomme », ce qui signifie que l’homme et l’histoire n’ont de sens que dans la mesure où ils tendent à un dépassement et, pour ce faire, n’hésitent pas à accepter leur propre disparition. Le surhomme correspond à un but, un but donné à tout moment et qu’il est peut-être impossible d’atteindre ; mieux, un but qui, à l’instant même qu’il est atteint, se repropose sur un nouvel horizon. Dans une telle perspective, l’histoire se présente donc comme un perpétuel dépassement de l’homme par l’homme.

Cependant, dans la vision de Nietzsche, il est un dernier élément qui paraît à première vue contradictoire par rapport au mythème du surhomme, c’est celui de l’Éternel retour. Nietzsche affirme en effet que l’Éternel retour de l’Identique commande lui aussi le devenir historique, ce qui à première vue semble indiquer que rien de nouveau ne peut se produire, et que tout dépassement est exclu. Le fait est, d’ailleurs, que ce thème de l’Éternel retour a souvent été interprété dans le sens d’une conception cyclique de l’histoire, conception qui rappelle fortement celle de l’Antiquité païenne. Il s’agit là, à notre avis, d’une sérieuse erreur, contre laquelle Friedrich Nietzsche lui-même a mis en garde. Lorsque, sous le Portique qui porte le nom d’Instant, Zarathoustra interroge l’Esprit de Pesanteur sur la portée des 2 chemins éternels qui, venant de directions opposées, se rejoignent à cet endroit précis, l’Esprit de Pesanteur répond : « Tout ce qui est droit est mensonger, la vérité est courbe, le temps aussi est un cercle ». Alors Zarathoustra réplique avec violence : « Ne te rends pas, ô nain, les choses plus faciles qu’elles ne le sont ».

Dans la vision nietzschéenne de l’histoire, contrairement à ce qui était le cas dans l’Antiquité païenne, les instants ne sont donc pas vus comme des points se succédant sur une ligne, que celle-ci soit droite ou circulaire. Pour comprendre sur quoi repose la conception nietzschéenne du temps historique, il faut plutôt mettre celle-ci en parallèle avec la conception relativiste de l’univers physique quadridimensionnel. Comme ou le sait, l’univers einsteinien ne peut être représenté « sensiblement », puisque notre sensibilité, étant d’ordre biologique, ne peut avoir que des représentations tridimensionnelles. De même, dans l’univers historique nietzschéen, le devenir de l’homme est conçu comme un ensemble de moments dont chacun forme une sphère à l’intérieur d’une « supersphère » quadridimensionnelle, où chaque moment peut, par conséquent, occuper le centre par rapport aux autres. Dans cette perspective, l’actualité de chaque moment ne s’appelle plus « présent ». Bien au contraire, présent, passé et avenir coexistent dans tout moment : ils sont les 3 dimensions de tout moment historique. Les oiseaux de Zarathoustra ne chantent-ils pas à leur Maître : « En tout moment, commence l’Être. Autour de tout Ici s’enroule la sphère Là. Partout est le centre. Courbe est le sentier de l’Éternité ».

Le choix offert à notre époque

Tout cela peut paraître compliqué, tout comme la théorie de la relativité est elle-même « compliquée ». Pour nous aider, ayons recours à quelques images. Le passé, pour Nietzsche, ne correspond nullement à ce qui a été une fois pour toutes, élément figé à jamais que le présent laisserait derrière lui. De même, l’avenir n’est plus l’effet obligatoire de toutes les causes qui l’ont précédé dans le temps et qui le déterminent, comme dans les visions linéaires de l’histoire. À tout moment de l’histoire, dans toute « actualité », passé et avenir sont pour ainsi dire remis en cause, se configurent selon une perspective nouvelle, conforment une autre vérité. On pourrait dire, pour user d’une autre image, que le passé n’est rien d’autre que le projet auquel l’homme conforme son action historique, projet qu’il cherche à réaliser en fonction de l’image qu’il se fait de lui-même et qu’il s’efforce d’incarner. Le passé apparaît alors comme une préfiguration de l’avenir. Il est, au sens propre, l’« imagination » de l’avenir : telle est l’une des significations véhiculées par le mythème de l’Éternel retour.

Par voie de conséquence, il est clair que dans la vision que nous propose Nietzsche, l’homme porte l’entière responsabilité du devenir historique. L’histoire est son fait. Ce qui revient à dire qu’il porte aussi l’entière responsabilité de lui-même, qu’il est véritablement et totalement libre : faber suae fortunae. Cette liberté là est une liberté authentique, non une « liberté » conditionnée par la Grâce divine ou par les contraintes d’une situation matérielle économique. C’est aussi une liberté réelle, c’est-à-dire une liberté consistant en la possibilité de choisir entre 2 options opposées, options données à tout moment de l’histoire et qui, toujours, remettent en cause la totalité de l’être et du devenir de l’homme. (Si ces options n’étaient pas toujours réalisables, le choix ne serait qu’un faux choix, la liberté, une fausse liberté, l’autonomie de l’homme, un faux-semblant).

Or, quel est le choix offert aux hommes de notre époque ? Nietzsche nous dit que ce choix est à faire entre le « dernier homme », c’est-à-dire l’homme de la fin de l’histoire, et l’élan vers le surhomme, c’est-à-dire la régénération de l’histoire. Nietzsche considère que ces 2 options sont aussi réelles que fondamentales. Il affirme que la fin de l’histoire est possible, qu’elle doit être sérieusement envisagée, exactement comme est possible son contraire : la régénération de l’histoire. En dernier ressort, l’issue dépendra donc des hommes, du choix qu’ils opéreront entre les 2 camps, celui du mouvement égalitaire, que Nietzsche appelle le mouvement du dernier homme, et l’autre mouvement, que Nietzsche s’est efforcé de susciter, qu’il a déjà suscité et qu’il appelle son mouvement.

Deux sensibilités

Vision linéaire, vision sphérique de l’histoire : nous nous trouvons confrontés ici à 2 sensibilités différentes qui n’ont cessé de s’opposer, qui s’opposent et qui continueront de s’opposer. Ces 2 sensibilités coexistent à l’époque actuelle. Dans un spectacle tel que celui des Pyramides, par ex., la sensibilité égalitaire verra, du point de vue moral, un symbole exécrable, puisque seuls l’esclavage, l’exploitation de l’homme par l’homme, ont permis de concevoir et de réaliser ces monuments. L’autre sensibilité, au contraire, sera d’abord frappée par l’unicité de cette expression artistique et architecturale, par tout ce qu’elle suppose de grand et d’effroyable dans l’homme qui ose faire l’histoire et désire égaler son destin.

Prenons un autre exemple. Oswald Spengler, dans une page fameuse, a rappelé le souvenir de cette sentinelle romaine qui, à Pompéi, s’était laissée ensevelir sous les cendres parce qu’aucun supérieur ne lui avait donné l’ordre d’abandonner son poste. Pour une sensibilité égalitaire, liée à une vision segmentaire de l’histoire, un tel geste est totalement dépourvu de sens. En dernière analyse, elle ne peut que le condamner, en même temps qu’elle condamne l’histoire, car à ses yeux, ce soldat a été victime d’une illusion ou d’une erreur « inutile ». Au contraire, le même geste deviendra immédiatement exemplaire du point de vue de la sensibilité tragique et surhumaniste, qui comprend, intuitivement pourrait-on dire, que ce soldat romain n’est véritablement devenu un homme qu’en se conformant à l’image qu’il se faisait de lui-même, c’est-à-dire à l’image d’une sentinelle de la Ville impériale.

Nous venons de citer Spengler. Cela nous amène à poser, après lui, le problème du destin de l’Occident. Spengler, comme on le sait, était pessimiste. Selon lui, la fin de l’Occident est proche, et l’homme européen ne peut plus, tel le soldat de Pompéi, que tenir son rôle jusqu’au bout, avant de périr en héros tragique dans l’embrasement de son monde et de sa civilisation. Mais en 1975, c’est à la fin de toute histoire que tend l’Occident. C’est le retour au bonheur immobile de l’espèce qu’il appelle de ses vœux, sans rien voir de tragique dans cette perspective, bien au contraire. L’Occident égalitaire et universaliste a honte de son passé. Il a horreur de cette spécificité qui a fait sa supériorité pendant des siècles, tandis que dans son subconscient cheminait la morale qu’il s’était donnée.

Car cet Occident bimillénaire est aussi un Occident judéo-chrétien qui a fini par se découvrir tel, et qui en tire aujourd’hui les conséquences. Certes, cet Occident a aussi véhiculé pendant longtemps un héritage grec, celtique, romain, germanique, et il en a fait sa force. Mais les masses occidentales, privées de véritables maîtres, renient cet héritage indo-européen. Seules les petites minorités, éparses çà et là, regardent avec nostalgie les réalisations de leurs plus lointains ancêtres, s’inspirent des valeurs qui étaient les leurs, et rêvent de les ressusciter. De telles minorités peuvent sembler dérisoires, et peut-être le sont-elles effectivement. Et pourtant, une minorité, fût-elle infime, peut toujours arriver à valoir une masse. Telle est la raison pour laquelle l’Occident moderne, cet Occident né du compromis constantinien et de l’in hoc signo vinces, est devenu schizophrène. Dans son immense majorité, il veut la fin de l’histoire et aspire au bonheur dans la régression. Et en même temps, de petites minorités cherchent à fonder une nouvelle aristocratie et espèrent un Retour qui, en tant que tel, ne pourra jamais se produire (« on ne ramène pas les Grecs »), mais qui peut se muer en régénération de l’histoire.

Vers une régénération du temps

Ceux qui ont adopté une vision linéaire ou segmentaire de l’histoire ont la certitude d’être du côté de Dieu, comme le disent les uns, d’aller dans le sens de l’histoire, comme le disent les autres. Leurs adversaires, eux, ne peuvent avoir nulle certitude. Croyant que l’histoire est faite par l’homme et par l’homme seul, que l’homme est libre et que c’est librement qu’il forge son destin, il leur faut admettre du même coup que cette liberté peut, à la limite, remettre en cause et peut-être abolir l’historicité de l’homme. Il leur faut, répétons-le, considérer que la fin de l’histoire est possible, même si c’est une éventualité qu’ils repoussent et contre laquelle ils se battent. Mais si la fin de l’histoire est possible, la régénération de l’histoire l’est aussi, à tout moment. Car l’histoire n’est ni le reflet d’une volonté divine, ni le résultat d’une lutte de classes prédéterminée par la logique de l’économie, mais bien la lutte que se livrent entre eux les hommes au nom des images qu’ils se font respectivement d’eux-mêmes et auxquelles ils entendent s’égaler en les réalisant.

À l’époque où nous vivons, certains ne trouvent de sens à l’histoire que dans la mesure où celle-ci tend à la négation de la condition historique de l’homme. Pour d’autres, au contraire, le sens de l’histoire n’est autre que le sens d’une certaine image de l’homme, une image usée et consumée par la marche du temps historique. Une image donnée dans le passé, mais qui conforme toujours leur actualité. Une image qu’ils ne peuvent donc réaliser que par une régénération du temps historique. Ceux-là savent que l’Occident n’est plus qu’un amoncellement de ruines. Mais avec Nietzsche, ils savent aussi qu’une étoile, si elle doit naître, ne peut jamais jaillir que d’un chaos de poussières obscures.

► Giorgio LOCCHI, Nouvelle École n°27/28, 1975.

vendredi, 31 décembre 2010

Philippe d'Iribarne: "Entre le collectif et l'individuel, la France a du mal à choisir"

« Entre le collectif et l'individuel, la France a du mal à choisir »

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Selon Philippe d’Iribarne, chercheur atypique, dans le monde du travail ou à l’égard des immigrés, notre pays est tiraillé entre le respect de tous les particularismes et la défense d’une égalité sans faille.

Pourquoi le modèle français d’intégration des immigrés ne fonctionne-t-il plus ? Qu’y a-t-il de particulier dans l’identité française qui rend les réformes si difficiles dans ce pays ? Philippe d’Iribarne montre que l’universalisme et la défense des particularismes s’y combinent, souvent mal. La fierté des métiers, les statuts et beaucoup de traits particuliers remontent loin dans notre histoire.

Comment expliquez-vous l’écartèlement entre la volonté de la France d’assimiler ses immigrés et celle de « respecter les différences » ?

iribarne.jpgNous sommes dans une situation paradoxale qu’on a retrouvée lors des débats sur l’identité française ou de l’expulsion des Roms. Il y a une tension entre le citoyen et l’individu.

D’une part, la France se définit comme la patrie des droits de l’homme, dans laquelle tout citoyen est l’égal de tout autre, où tout ce qui est discriminatoire doit être refusé au nom des idéaux d’égalité et de liberté.

Et, d’autre part, on a une vision différenciée de la société lorsqu’il s’agit de la gestion individuelle du quotidien, comme le choix du lieu où l’on habite, de l’école de ses enfants ou de qui on embauche.

Depuis la Révolution, la France s’affirme à la fois par une volonté de construire, dans la vie politique, une société sur la base des droits et des devoirs des citoyens, et, dans la vie sociale, par une prise en compte des particularités, notamment des origines, basque, bretonne, italienne, hongroise ou maghrébine. La question de l’immigration est prise entre ces deux représentations.

Le rapport au travail l’est aussi. La loi Le Chapelier, en 1791, voulait reformater les relations de travail selon les principes d’une société de citoyens régie par des contrats, interdisant les corporations et les syndicats. Mais il a bien fallu admettre, avec le temps, que cela ne marchait pas. On a reconstruit une France d’individus ayant des métiers, des sous-métiers, des statuts et des privilèges, et on a magnifié les idées de grandeur et de noblesse du métier.

 

On aboutit ainsi à un compromis entre l’idée d’égalité – celui qui a un métier modeste est l’égal, dans le respect accordé à son métier, de celui qui en a un plus prestigieux – et une inégalité fondée sur le fait que tous les métiers ne sont pas équivalents.

La France slalome entre une forme républicaine universaliste – c’est parce qu’on a accès à l’universel du citoyen qu’on est grand – et une forme de grandeur particulariste – c’est en tant qu’on appartient à un corps particulier qu’on est grand. Aucune de ces deux visions n’a triomphé de l’autre, et on va de compromis en compromis.

Finalement, ça n’a pas trop mal fonctionné. Le modèle républicain ne se porte pas si mal ?

L’intégration dans le corps politique et l’intégration dans le corps social sont allées de concert pendant longtemps. Mais cela concernait des populations culturellement assez « proches », et le marché du travail absorbait tout le monde. De plus, l’intégration par l’école, les syndicats, l’Eglise et l’armée fonctionnait.

Aujourd’hui, tout cela est mis en question. Et la question coloniale comme celle de l’islam pèsent sur les nouvelles vagues migratoires. L’idéal d’assimilation des immigrés a été remis en cause en même temps qu’était discutée la « supériorité » de l’Occident et que progressait l’idée d’égalité des cultures.

Alors, la solution passe-t-elle par le communautarisme, la reconnaissance des différences ?

Certaines sociétés, comme l’Inde ou les Etats-Unis, assument pleinement leur diversité. Mais elles sont très inégalitaires et « ségréguées ». Le problème, c’est qu’on ne peut pas avoir une société très respectueuse de la diversité de ses populations et en même temps peu inégalitaire et peu « ségréguée ».

La société française est plus respectueuse des différences qu’elle ne le fut jamais, mais, simultanément, se développent de fortes inégalités et des ségrégations dramatiques. Et nous sommes incapables de choisir.

Je crains que le modèle multiculturel ne fasse bon marché de la pression redoutable que les communautés exercent sur leurs membres. Au nom de la liberté, on abandonne chacun au contrôle d’un environnement répressif. C’est pourquoi la vision française selon laquelle la puissance publique doit aider l’individu à s’émanciper de la pression communautaire – idée horrible pour des Américains ou des Anglais – me semble toujours valable et bonne.

On pourrait vous reprocher d’avoir une approche trop « culturaliste » ?

Il y a un vrai problème autour du terme de « culture ». Ce à quoi on pense spontanément, ce sont des manières de faire, des moeurs, des pratiques et coutumes transmises par l’Histoire. Mais nos sociétés sont étrangères à cette forme de culture. Les individus s’y définissent et agissent de manière plurielle et évolutive. Il ne faut pas essentialiser la culture.

Néanmoins, cela n’efface pas le fait que les Français d’aujourd’hui comme ceux d’avant la Révolution perpétuent un certain nombre d’attitudes et de conceptions qui ont perduré. Le défi de l’analyse culturelle consiste à expliquer pourquoi, dans la modernité la plus accomplie, demeurent un certain nombre de repères anciens, par exemple des conceptions de la liberté différentes dans des pays aussi proches que l’Allemagne, l’Angleterre et la France.

Ainsi, pour un Français, il y a des continuités entre la conception contemporaine de la liberté et la vision de l’homme libre qui prévalait au Moyen Age. Certes, le cadre d’une multinationale qui gère des rapports avec ses clients ne ressemble en rien au membre du Parlement qui résistait au roi. Pourtant, la structure de leurs imaginaires possède des éléments comparables. De même, l’imaginaire du vivre ensemble des Chinois, des Camerounais ou des Mexicains est particulier pour des raisons qui remontent loin dans leur histoire.

Vous avez justement étudié les comportements dans plusieurs filiales du Groupe Lafarge à travers le monde. Avez-vous noté des différences ?

Oui. Par exemple, Lafarge a rédigé des principes d’action en plusieurs langues. En anglais, pour définir le rapport au client, on utilise le mot provide, fournir, quand en français on parle d’ « offrir ». Les Français veulent « offrir » ou « prescrire » à leurs clients, dans une attitude pleine de noblesse, un ensemble de produits auxquels ceux-ci n’auraient pas forcément songé. C’est impensable pour des Anglo-Saxons. Les Américains, plus prosaïquement, veulent « fournir » au consommateur ce qu’il demande dans le cadre d’un contrat aux clauses bien définies.

Ces différences s’expriment aussi dans le rapport au pouvoir. En France ou aux Etats-Unis, l’équilibre entre gouvernants et gouvernés s’obtient grâce à des contre-pouvoirs, à des groupes organisés ou à des recours légaux. En Chine, au-delà du régime actuel, la tradition est différente : il n’y a guère de ces contre-pouvoirs, mais la revendication d’un « bon pouvoir », attentif au bien du peuple, est très forte. Ces conceptions ont des conséquences sur le comportement en entreprise.

Comment expliquez-vous la crise du modèle social français ?

Dans tous les pays de culture européenne, il n’a pas été évident de concilier l’idée du citoyen libre dans une société démocratique avec la condition de travailleur salarié dépendant d’un patron. Il a fallu tout le XIXe siècle pour construire des compromis entre les deux visions, différents selon les pays. Aux Etats-Unis, cela s’est réalisé autour des rapports contractuels entre les partenaires, permettant d’échapper à l’ « esclavage du salariat ». En Allemagne et dans la plupart des pays du nord de l’Europe, ça s’est construit autour des idées de tables rondes et de cogestion.

En France, c’est le métier et le statut qui ont été des protections contre l’arbitraire du pouvoir. Cela a spécialement bien marché après la Seconde Guerre mondiale, dans une période où la concurrence internationale, les exigences financières de rentabilité et le rôle des actionnaires étaient limités. C’était l’époque de la généralisation de la catégorie des « cadres », un statut entraînant la conscience d’une responsabilité à l’égard de la société qui dépassait l’entreprise.

Le contexte est très différent aujourd’hui, car les entreprises ont dû « serrer les boulons ». On l’a vu avec France Télécom, une entreprise où statuts et métiers avaient une place centrale, et dans laquelle on a appliqué des recettes de management américaines, transformant des techniciens en commerciaux, organisant une mobilité généralisée. Dans ce genre d’entreprise – c’est vrai aussi à EDF ou à la SNCF -, le salarié avait aussi le sentiment de travailler pour le bien public. La remise en cause des métiers provoque une déstabilisation générale. De même, il s’est creusé un immense fossé parmi les cadres quand les revenus des dirigeants ont explosé.

La résistance à la réforme des retraites a-t-elle eu quelque chose à voir avec ces sentiments de déclassement ?

La quasi-absence de négociations avait laissé l’impression à beaucoup qu’ils étaient méprisés. Les salariés français, qui fonctionnent avec une logique de l’honneur, se sentent réduits au rôle de machines à produire, de pions dans un jeu où ils ne comptent plus. C’est la fin du compromis où le salarié savait qu’il était subordonné au patron mais pensait quand même qu’il était maître de son métier, et par là respecté.

Le malaise autour du travail en France provient de cette remise en cause de la fierté du salarié et du citoyen. Fierté provenant du modèle de l’homme libre qui ne plie ni par peur ni par intérêt. Ce refus de plier, bien signalé par Tocqueville, n’est pas contradictoire avec l’idée d’allégeance. Mais c’est une allégeance envers celui qui vous respecte. Un Américain ne comprendrait pas, il penserait aliéner sa liberté, alors qu’il acceptera beaucoup plus de contraintes si elles sont définies dans un rapport contractuel.

Comment voyez-vous l’évolution des problèmes de l’immigration ?

Il y a une grande variété de destins entre les immigrés qui intègrent des grandes écoles ou qui réussissent dans le monde des affaires et ceux qui semblent presque en dehors du système, génération après génération.

Le défi de l’immigration concerne tous les pays européens. On a cru qu’on pouvait construire une société globale composée d’un ensemble d’individus parfaitement dissemblables, à condition de bâtir des institutions communes, en séparant complètement une vie publique gérée par ces institutions et une vie privée, espace de pluralité.

Cette conception était compatible avec une faible hétérogénéité culturelle, en particulier religieuse. Elle devient problématique aujourd’hui. Toutes les sociétés européennes sont devant un problème énorme : ce modèle ne parvenant plus à gérer une hétérogénéité croissante, que va-t-on faire ?

———————-

Polytechnicien et ingénieur des Mines, Directeur de recherche au CNRS, Philippe d’Iribarne a conduit des recherches sur l’adaptation du management à la diversité des cultures. Auteur de La Logique de l’honneur (Seuil, 1989) et Penser la diversité du monde (Seuil, 2008), il vient de publier Les Immigrés de la République – Impasses du multiculturalisme (Seuil). Membre du conseil scientifique de l’Agence française de développement, il a occupé diverses fonctions au service de l’Etat.

L’Expansion

Türkei und China auf Schmusekurs

Türkei und China auf Schmusekurs

MIchael WIESBERG

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

China-Tuerkei.jpgDie Türkei war jahrzehntelange Hätschelkind der US-Außenpolitik, das die Vereinigten Staaten zu gerne auch als EU-Mitgliedsstaat gesehen hätten. Jetzt wird die Entwicklung des kleinasiatischen Staates jenseits des Ozeans mit steigendem Mißmut betrachtet.

Ein Grund dafür ist die chinesisch-türkische Annäherung, die Michael Auslin, Leiter für Japanstudien am American Enterprise Institute, in einem Artikel für die  einflußreiche, als konservativ und wirtschaftsliberal geltende Tagezeitung Wall Street Journal unter dem bezeichnenden Titel analysiert: „Kommt eine türkisch-chinesische Achse? Ankara wendet sich von Israel ab und schmeichelt sich bei China ein“.

Ausgangspunkt der Betrachtungen Auslins sind die Folgen der seit einiger Zeit gestörten israelisch-türkischen Beziehungen und die Hinwendung der Türkei zu „aufstrebenden, selbstbewußten Regimen“, darunter eben auch China, das nicht nur bemüht sei, im entlegenen Afrika eine größere Rolle zu spielen, sondern auch in anderen geopolitisch wichtigen Staaten.

Die türkisch-israelische Kooperation

Auslin gibt dann einen Überblick über die Entwicklung der israelisch-türkischen Beziehungen, angefangen bei der Anerkennung des Staates Israel durch die Türkei im Jahre 1948, bis hin zur Kooperation der beiden Staaten in Sicherheitsfragen, zum Beispiel gegenüber Staaten wie dem Iran und Syrien, in den Achtziger und Neunziger Jahren; dazu gehörte auch die Unterstützung Israels bei der Modernisierung türkischer Waffensysteme. Israel konnte im Gegenzug zum Beispiel türkische Luftwaffenstützpunkte nutzen.

Wendepunkt Gaza-Hilfsflotte

All das ist mittlerweile Geschichte: Zwar habe der türkische Premierminister Recep Tayyip Erdoğan anfänglich mit Israel kooperiert, so Auslin, dann aber begann er sich Staaten wie Syrien oder dem Iran zuzuwenden. Als Argumente für die sich abkühlenden Beziehungen zu Israel gab Erdoğan dessen Vorgehen im Gazastreifen im Jahre 2008 und vor allem die Vorgänge um die „Gaza-Hilfsflotte“ Mitte des Jahres an, bei der acht türkische Staatsbürger durch israelische Einwirkung ums Leben kamen. Seitdem liegen die Beziehungen zwischen der Türkei und Israel auf Eis.

Konsequenzen für die NATO

Erdoğans Annäherung an eine weitere „autoritäre Macht“, gemeint ist China, tangiere nun allerdings auch die Interessen der USA, konstatiert Auslin, und zwar spätestens seit der Einladung Ankaras an die chinesische Luftwaffe, am Luftwaffenstützpunkt Konya gemeinsame Manöver abzuhalten. Damit erwüchsen ernste Zweifel daran, ob es bei den engen Beziehungen der Türkei zu „liberalen Nationen“ wie den USA und Israel bleibe.

In diesem Zusammenhang spiele nicht nur eine Rolle, daß die „strategische Partnerschaft“, die Erdoğan und Chinas Staatspräsident Hu Jintao vereinbart hätten, eine Steigerung des Handelsvolumens von derzeit 17 Milliarden Dollar auf 100 Milliarden Dollar im Jahre 2020 vorsehe.

Viel schwerwiegender seien die Konsequenzen für die NATO. Wie weit nämlich könnte die chinesisch-türkische Zusammenarbeit gehen? Auslin nennt hier ein konkretes Beispiel: Die Türkei gehört unter anderem zu einem Konsortium, das am Bau des ersten Tarnkappen-Mehrzweckkampfflugzeuges Lockheed Martin F-35 Lightning II beteiligt ist. Wird die Türkei China einladen, dieses Flugzeug zu inspizieren oder gar Probe zu fliegen? Welche anderen Waffengeschäfte könnte die Türkei mit China vereinbaren?

Türkei droht Isolation

Es sei jedenfalls eine Notwendigkeit, das westliche Analytiker damit begönnen, sich nicht nur mit den Auswirkungen der chinesisch-türkischen Annäherung, sondern auch mit dem wachsenden Netzwerk antiwestlicher Staaten zu beschäftigen. Mit Blick auf Erdoğan konstatiert Auslin, falls der türkische Premier weiter Alliierte bei den „autoritären Staaten“ suche, werde er die Türkei von der liberalen westlichen Welt isolieren.

Das Gewicht der Türkei vergrößern

Auslins Artikel ist in mancherlei Hinsicht instruktiv: So spiegelt er zum Beispiel die Irritation der USA im Hinblick auf das Ausgreifen Chinas in Regionen, die die USA als ihre angestammte Einflußsphäre betrachten. Erdoğan sieht sich in der angenehmen Lage, aufgrund der Heraufkunft des neuen „global players“ China mit dem geopolitischen Pfund der Türkei zu wuchern. Der Konsens der „westlichen Wertegemeinschaft“ interessiert ihn dabei herzlich wenig; sein Ziel besteht ganz offensichtlich darin, das internationale Gewicht der Türkei weiter zu erhöhen.

Mit der Türkei bekommen die USA ganz konkret vorgeführt, daß ihre Position als „einzige Supermacht“ Geschichte ist. Ab jetzt steht mit China ein ernsthafter Herausforderer im Ring, der jede Schwachstelle, die die westliche Führungsmacht bietet, nutzen wird. Zu diesen Schwachstellen gehört, das zeigt sich mehr und mehr, die einseitige Option für Israel.

Radical Islam vs. Christianity

saddam.jpg

Ex: http://www.washingtontimes.com/news/2010/dec/23/radical-i...

Radical Islam vs. Christianity
The cross is near extinction in the ancient lands of its origin

By Jeffrey T. Kuhner

The Washington Times


Mugshot - An Iraqi policeman stands guard at the scene of a car bomb attack in
front of a Syrian Catholic Church, in Baghdad, Iraq, Monday Nov. 1, 2010.
Islamic militants held around 120 Iraqi Christians hostage for nearly four
hours in a church Sunday before security forces stormed the building and
freed them, ending a standoff that left dozens of people dead, U.S. and
Iraqi officials said. (AP Photo/Khalid Mohammed)

As Americans celebrate Christmas in peace in our nation, many Christians
across the Middle East are in peril: Muslim fanatics seek to exterminate
them.

Over the past several years, Christians have endured bombings, murders,
assassinations, torture, imprisonment and expulsions. These anti-Christian
pogroms culminated recently with the brutal attack on Our Lady of Salvation,
an Assyrian Catholic church in Baghdad. Al Qaeda gunmen stormed the church
during Mass, slaughtering 51 worshippers and two priests. Father Wassim
Sabih begged the jihadists to spare the lives of his parishioners. They
executed him and then launched their campaign of mass murder.

Their goal was to inflict terror - thereby causing chaos in the hopes of
undermining Iraq's fledgling democracy - and to annihilate the country's
Christian minority. After the siege, al Qaeda in Mesopotamia issued a
bulletin claiming that "all Christian centers, organizations and
institutions, leaders and followers, are legitimate targets for" jihadists.

Since the 2003 war in Iraq, Christians have faced a relentless assault from
Islamic extremists. Many of these groups, such as the Assyrians, consist of
the oldest Christian sects in the world, going back to the time of Christ.
Some even speak Aramaic, the language used by Jesus. The very roots of our
Christian heritage are being extirpated.

Religious cleansing is taking place everywhere in Iraq - by Shiites, Sunnis
and Kurds. Before the toppling of Saddam Hussein, there existed more than 1
million Christians in Iraq. They are now mostly gone - scattered to the
winds, sacrificed on the altar of erecting an Islamic state. Churches have
been closed or blown up. Hundreds of thousands have been expelled. Nearly
two-thirds of the 500,000 Christians in Baghdad have fled or been killed. In
Mosul, about 100,000 Christians used to live there. Now, just 5,000 remain.
Soon there will be none.

The rise of radical Islam threatens Christian communities not only in Iraq,
but across the Middle East. In Egypt, Coptic Christians routinely are
murdered, persecuted and prevented from worshipping - especially during
religious holy days such as Christmas and Easter. In the birthplace of
Christ, Bethlehem, Christians have largely been forced out. In Nazareth,
they are a tiny remnant. In Saudi Arabia, Muslim converts to Christianity
are executed. Churches and synagogues are prohibited. In Turkey, Islamists
have butchered priests and nuns. In Lebanon, Christians have dwindled to a
sectarian rump, menaced by surging Shiite and Sunni populations.

The Vatican estimates that from Egypt to Iran there are just 17 million
Christians left. Christianity is on the verge of extinction in the ancient
lands of its birth. In short, a creeping religious genocide is taking place.

Yet the West remains silent for fear of offending Muslim sensibilities. This
must stop - immediately. For years, Pope Benedict XVI has been demanding
that Islamic religious leaders adopt a new policy: reciprocity. If Muslims -
funded and supported by Saudi Arabia - can build mosques and madrassas in
Europe and America, then Christians - Catholics, Protestants and Orthodox -
should be entitled to build churches in the Arab world. For all of their
promises, however, Muslim leaders have failed to deliver. In fact, the
situation has only deteriorated.

Clearly, some Muslims cannot live in peaceful coexistence with non-Muslim
peoples - especially in countries where Muslims form the majority. Christian
minorities living in the overwhelmingly Muslim-dominated Middle East pose no
possible danger to Islamic hegemony. Hence, why the hatred against them?

This is a repeat of an old historical pattern: the periodic ebb and flow of
Islamic jihadism. From its inception, Islam has been engaged in a struggle
with Christian civilization. Led by the Prophet Muhammad some 600 years
after the birth of Christ, the Muslim faith spread across the Middle East
through violence and war. Christians were either forcibly converted or
slowly expelled from their ancestral lands. Following the conquest of the
Arabian Peninsula, Muslim armies invaded North Africa, Spain, France and the
Balkans. At one point, they even reached the gates of Vienna - until they
were repelled by the brave knights of Catholic Croatia. The sword of Islam
sought to conquer Christian Europe.

Bernard Lewis, the foremost historian on the Middle East, rightly argues
that the Crusades were not the result of Western imperialism; rather, they
signified a belated - and only partially successful - effort to liberate
once-Christian territories from Islamic aggression. Europe was saved;
Jerusalem and the Middle East were not.

Today's anti-Christian pogroms are not new. They are what Christians have
historically faced - persecution, death and martyrdom. In Roman times,
Christians were thrown to the lions in the Coliseum. In the Islamic world,
they are being murdered, raped, beheaded and thrown out of their homes. The
only difference is the means, not the end.

The Christians of the Middle East are dying for their convictions, as did so
many others before them. For this, they will receive their just reward in
heaven. Their deaths are a salient reminder that, contrary to liberal myth,
Islam is not a "religion of peace." Instead, it contains a militant segment
bent on waging a holy war against infidels and erecting a global caliphate.

There is, however, a true religion of peace. It began with a baby boy born
in a manger in Bethlehem. Jesus, the Prince of Peace, came to shine a light
into the dark souls of men. As Christians recall and celebrate that humble
birth, we also should stand in solidarity with those who are, 2,000 years
later, still being persecuted in His name.

Jeffrey T. Kuhner is a columnist at The Washington Times and president of
the Edmund Burke Institute.

Het onomkeerbare einde

belgique.jpg

Ex: http://opinie.deredactie.be/2010/12/23/het-onomkeerbare-einde/

 
Het onomkeerbare einde

Marc PLATEL

Goed een half jaar “onderhandelen” en nog altijd geen nieuwe regering. Geen probleem, in Irak duurde het nog langer voordat de Irakezen eindelijk hun nieuwe regering kregen! Geduld dus.

Het feitelijke overlijden van België

Zo simpel is het natuurlijk niet. Tweehonderd dagen en het resultaat is zo
goed als niets. Men moet nog beginnen met het palaver over mekaars
boodschappenlijstje. Intussen blijven de kranten het bericht van het
feitelijke Belgische overlijden maar herhalen. Elke dag met andere woorden
en vanuit een andere gezichtshoek maar de grond van de journalistieke
mededeling blijft dezelfde: het Belgische overlegsysteem is eens en voorgoed
vastgelopen.

In een zeldzaam moment van historische helderziendheid, trok Yves Leterme in
een vorig leven een zelfde conclusie uit zijn mislukken:”We zijn toen
gebotst op de grenzen van het federale overlegmodel. Dat betekent dat de
gemeenschappen en de gewesten volwaardig mee de leiding moeten nemen.” (1)
De voorbije zes maanden kregen we precies hetzelfde scenario voorgeschoteld
als na de vorige keer: er is in de Brusselse Wetstraat nog nooit zoveel
geïnformeerd, geconsulteerd en zelfs geclarifieerd. Met als enig resultaat:
de boodschap dat men er na de eindejaarsdrukte toch eens moet aan beginnen.

Jules Destrée

Dat het met hun wereldberoemde arrangeurkunde ooit verkeerd zou gaan, kon
iedereen verwachten. In het begin van de vorige eeuw werd dat vastlopen
trouwens al aangekondigd door de Waalse socialist Jules Destrée. In een
brief aan zijn toenmalig koninklijk staatshoofd liet hij weten dat er in dit
land geen Belgen leefden, alleen maar Vlamingen en Walen, dat gewoon verder
samenleven van die niet Belgische Vlamingen en Walen niet langer mogelijk
was. Een echtscheiding leek hem toen al vanzelfsprekend. (2) Deze boude taal
belette de man niet om later Belgisch minister te worden. Misschien nog eens
Leterme in herinnering brengen die net niet een eeuw later met andere
woorden precies dezelfde vaststelling deed. Zoals Destrée werd ook hij
Belgisch minister.

Intussen zijn we honderd jaar verder. Het zo vaak vermaledijde Belgische
systeem overleefde politieke tornado’s en bedwong economische en sociale
tsunami’s. De Belgische vindingrijkheid in het vinden van Belgische
oplossingen leek tot voor kort zo goed als grenzeloos. Dat voor die
oplossingen à la Belge vaak stevige prijskaartjes betaald werden, vond men
vanzelfsprekend. Als het eindresultaat maar dusdanig was dat alle bij de
zaak betrokken partijen konden zeggen “dat zij gewonnen hadden.”

Belgische arrangementen

Een kleine greep uit die overvolle mand met Belgische arrangementen.
Goed dertig jaar lang maakten we begin de vorige eeuw binnen en buiten het
parlement ruzie over de vernederlandsing van de Gentse universiteit. August
Vermeylen die binnen de muren van het parlement tegen die vernederlandsing
stemde, voelde zich meer dan vereerd toen hij als eerste rector van die
Vlaamse universiteit op de foto mocht staan van het nieuwe professorencorps.
Nog eens veertig jaar later was Leuven het toneel van het dagelijks gevecht
om de vernederlandsing van de Leuvense Alma Mater. De Leuvense Franstaligen
kregen in ruil een gloednieuwe universiteit. Het prijskaartje was voor de
Belgische belastingbetaler. Over Voeren hadden weinig Belgen ooit horen
spreken tot ene José Happart er zich mee bemoeide. Met als resultaat:
krijgshaftige Vlaamse wandelingen langsheen die Voerense landwegen die
daarmee het wereldnieuws haalden. Belgische excellenties braken hun
politieke nek over het Voerense egeltje. Tot de Parti Socialiste zo
vriendelijk was om kwelduivel Happart uit Voeren weg te kopen, hij werd als
burgemeester van een wettelijk Vlaamse gemeente Waals minister en
parlementsvoorzitter. Voeren was geen nieuws meer.

Niet alleen taalkwesties bezorgden de Brusselse Wetstraat extra kopzorgen.
Men moest daar ook een uitweg vinden voor de koningskwestie. Een ruzie die
volle vijf jaar aansleepte en zelfs mensenlevens heeft gekost. Tot men “de
mensen” aan het woord liet. De Vlaamse “mensen”’ wilden Leopold III terug,
hun Waalse buren dreigden er mee om het land in vuur en vlam te zetten. De
Belgische oplossing: Vlaanderen kreeg Leopold III terug op eigen Belgische
bodem te zien, maar Wallonië kon er genoegen mee nemen dat diezelfde Leopold
III als koning wilde opstappen.

Schoolstrijd

Pas was de heisa rond Leopold III gaan liggen of het aan de macht komen van
een paarse regering zorgde voor een bijzonder bitsige schoolstrijd. Vier
jaar straatgeweld, er kwamen zelfs oproepen tot burgerlijke ongehoorzaamheid
aan te pas – men vroeg de katholieke “mensen” hun spaargeld van de
rekeningen te halen – tot de heren politici een discrete afspraak maakten
ten huizen van Gaston Eyskens in Leuven en daar het historische schoolpact
bedisselden, een historisch ideologisch vredesverdrag maar dan wel
onbetaalbaar duur.

Diezelfde Eyskens kreeg het later wel erg moeilijk toen hij zijn Eenheidswet
door het parlement wilde loodsen. Een meer dan ingrijpend besparingspakket
waar vooral het socialistisch Waalse zuiden van het land niet van wou weten.
De wet werd uiteindelijk goedgekeurd, de regeringsleider werd wel vervangen
door zijn partijgenoot Théo Lefèvre die volle vier jaar zou regeren samen
met diezelfde Waalse socialisten. Hand in hand zorgden ze voor de uitvoering
van de wet die zoveel onrust veroorzaakt had.

Diezelfde Lefèvre slaagde er later in zijn Vlaamse partijgenoten naar het
Brusselse Hertoginnedal te lokken en daar de wereldberoemde Vlaamse
faciliteitengemeenten rond Brussel te doen slikken. Dezelfde Vlaamse
gemeenten die ze binnen de parlementaire muren niet wilden afgeven.

Geven en nemen, een beetje duwen en desnoods ook wat trekken. En dan koopjes
sluiten maar de rekening doorschuiven naar hen die nadien kwamen. Het
Belgisch systeem van weleer in twee zinnen samengevat. Dat was het België
dat vandaag niet meer is, het België dat naar het woord van Leterme op zijn
grenzen is gestoten.

Geen Belgen meer!

Ook in dat België van weleer werden regeringen in elkaar geknutseld door
politici uit Vlaanderen, Wallonië en Brussel. Rond de onderhandelingstafel
werkten ze mee aan een oplossing die uiteraard dienstig was voor hun gewest,
maar binnen het Belgische kader. Ze stapten uiteindelijk samen in een
Belgische regering. Die tijd is definitief voorbij. Voor zover die er ooit
waren, zijn er vandaag geen Belgische politieke partijen meer. En dus ook
geen Belgische politici meer. Een federale kieskring zou dat kunnen
verhelpen. Zo zeggen sommigen.

Zij vergeten dat we vandaag alleen nog maar Vlaamse partijen zien met
Vlaamse politici die zien dat de Vlaamse kiezer niet zinnens is om op zijn
vorige Vlaamse keuze terug te komen. Volgens de beroepspeilers komt er
straks een regering met slechts 1 Vlaamse en 1 Waalse partij met elk nog een
klein broertje of zusje dat mag meedoen. Om de boodschappen te doen. Zoals
er in het Vlaamse Vlaanderen politici zijn die Vlaamse politici willen zijn,
is er ook in het Waalse zuiden vandaag een politieke klasse voor wie het
Waal zijn geen terughoudendheid meer kost. Dat is het niet meer terug te
schroeven resultaat van decennia staatshervormingen. Die zorgden er
overigens voor dat nog een derde soort Belgen het levenslicht zag, de
Brusselaar met zijn of haar Brussel/Bruxelles.

Die nieuwe Walen, Vlamingen en Brusselaars voelen zich best thuis in hun
eigen keizerrijkje, waarvoor het aloude België liefst zoveel mogelijk de
rekeningen mag betalen, maar zich voor het overige zich niet al te veel mee
moet bemoeien. We zitten rond de versleten Belgische tafel met drie soorten
politici die van drie soorten kiezers elk hun huiswerk kregen. Drie soorten
kiezers die elkaar niet meer (willen) kennen. Drie soorten kiezers met ieder
hun eigen kerktoren.

Doodgebloed

Intussen is de aloude Belgische politieke ruilhandel – traditie definitief
doodgebloed. Leuven Vlaams in ruil voor Louvain la Neuve, kan nooit meer. Er
valt gewoon niets meer te ruilen. Al jaren herhalen onze Franstalige buren
dat zij geen vragende partij meer zijn, het België van vandaag mag wat hen
betreft blijven zoals het vandaag is. Hun Vlaamse noorderburen willen het
anders en moeten dus op zoek naar centen om koopjes te kunnen voorstellen,
geld dat er niet meer is.

Leterme had het ooit over een “Historisch Kantelmoment” (met hoofdletters!).
Dat is intussen lang geleden. Politiek Brussel doet er goed aan te willen
aanvaarden dat hun kiezers met die idee intussen leerden leven, dat zij zich
in hun Vlaanderen, hun Brussel en hun Wallonië best thuis voelen.

Marc Platel

(Marc Platel is oud-journalist en voormalig stafmedewerker van Volksunie en
N-VA)

(1)Marc Platel, België op zijn kop, 2008, DF. Leuven
(2)Jules Destrée, Lettre au Roi sur la Séparation de la Wallonie et de la
Flandre, 1912, Brussel.

Die Furie des Bösen in der modernen Gesellschaft

Die Furie des Bösen in der modernen Gesellschaft

von Bernd Rabehl

Ex: http://www.hier-und-jetzt-magazine.de/

furie.jpg

Gesellschaften, vor allem in der Formation ihrer erweiterten ökonomischen und technologischen Reproduktion vollziehen als kulturelle und historische Gemeinschaften nach Konrad Lorenz permanente ,,Pendelschläge“. Sie erleiden Mutationen und Pathologien und finden trotzdem, erfolgt nicht der Kollaps, zurück zu einer inneren, allerdings relativen Stabilität und Ordnung. Allen diesen unterschiedlichen Pendelbewegungen entsprechen ,,kulturelle Werte“. Sie tragen auf der ,,linken Seite“ den Anspruch der Individualität und ihrer freien Entfaltung. Auf der ,,rechten Seite“ fordern sie die soziale und kulturelle ,,Gesundheit“. Erst ihre Überspitzungen als soziale Gleichheit oder organische Ordnung führen zu den Prozessen der nationalsozialistischen oder kommunistischen Diktaturen. Deren militärische Zerschlagung oder innerer Zusammenbruch erreichten schließlich eine ausgewogene Mitte, etwa die westliche Demokratie, ehe das Pendel sich weiter bewegte und neue Instabilitäten schuf.

Historisch und persönlich sind Konrad Lorenz und die einzelnen Vertreter der ,,Kritischen Theorie“, etwa Erich Fromm, Theodor W. Adorno, Max Horkheimer, Herbert Marcuse, Franz Neumann u. a. durch diese Pendelbewegungen hindurchgegangen und waren Zeuge der sozialen Exzesse. Der Naturwissenschaftler und Verhaltensforscher, Konrad Lorenz, hatte allein durch seine Forschung und wissenschaftliche Tätigkeit Berührungen mit der rassistischen Weltanschauung des Nationalsozialismus, die ab 1933 eine allgegenwärtige staatliche Macht verkörperte. Sie trumpfte ähnlich wie ihr Gegenpart, der stalinistische Kommunismus, wissenschaftlich auf und schien eine vermeintliche Rassenhierarchie in Europa und der Welt naturwissenschaftlich zu begründen. Dieser wissenschaftliche Anspruch verdeckte allerdings nur oberflächlich die ideologische Zielsetzung. Biologen und Verhaltensforscher, die in Deutschland zu diesem Zeitpunkt arbeiteten, gerieten über ihre Arbeiten und Forschungsinstitute in die Nähe zur NS-Ideologie.

Diese Korrespondenzen waren objektiv gegeben, reichten heute jedoch nicht zum Vorwurf gegen Konrad Lorenz aus, mit dieser Diktatur kollaboriert zu haben. Solange eine langwierige Trennung von diesem „Rassismus“ über die wissenschaftliche Arbeit erfolgte und er selbst nicht Anteil hatte an der „sozialen Pathologie“ von rassistisch begründetem Massenmord, konnte ein derartiger Vorwurf nicht erhoben werden. Die Mitgliedschaft in der NSDAP, in einer fast 10 Millionen starken Transformations- und Massenpartei, die die Bedingung und Voraussetzung sozialer Kontrollen der Bürger in der Diktatur war, bot nicht das Material für eine Anklage, selbst wenn Lorenz sich dem damaligen politischen Jargon verschrieb. Kollaborationen bezogen sich nie auf einen Punkt oder einen Augenblick, sondern mußten über lange Zeitspannen beobachtet werden. Seine wissenschaftlichen Erfolge und Differenzierungen vor und nach 1945 begründeten den Freispruch. Dem immanenten Kreislauf eines sozialen Systems konnte er sowieso nicht entfliehen, es sei denn, daß seine Tätigkeit in der Wehrmacht nach 1942 als eine derartige Flucht angesehen wurde.

Die Vertreter der sogenannten ,,Frankfurter Schule“ verließen Deutschland kurz nach 1933, weil sie keinerlei Illusionen hatten, daß diese Diktatur eine aus den Fugen geratene Welt stabilisieren könnte. Im Gegenteil war diese Macht Auslöser und Faktor wachsender Kriegsgefahr. Sie gingen als deutsche Juden nach Frankreich und danach sehr schnell in die USA, denn die deutsche Unruhe schien Europa zu erfassen und mit Krieg und Gewalt zu überziehen. Hier in den USA blieben sie theoretisch mit der deutschen Kultur verbunden. Sie dachten weiterhin ,,deutsch“ und bemühten die Philosophien von Georg Wilhelm Friedrich Hegel und Karl Marx, aber vor allem von Arthur Schopenhauer und Friedrich Nietzsche, um diesen Umschlag sozialer Entwicklung in Diktatur und Haß zu verstehen. Allein weil ihre Fragen sich auf Aggression, Angst, Entfremdung, Psychologie und Moral bezogen, nahmen sie die Arbeiten von Sigmund Freud und C.G. Jung auf. Ein historischer Optimismus war ihnen so fremd wie die Illusionen über das historische Zeitmaß. Deshalb trennten sie sich vom Kommunismus und der politischen Arbeiterbewegung und standen dem amerikanischen Liberalismus und Konservatismus äußerst skeptisch gegenüber. Letztlich blieben sie deutsche Denker in einem fremden Land. Aber auch sie wurden von dem Pendelschlag gesellschaftlicher Mutationen erreicht. Die USA machten militärisch mobil gegen Japan und das Deutsche Reich und Herbert Marcuse und Franz Neumann stellten sich der Organisation of Strategic Services (OSS), dem Vorläufer der CIA, zur Verfügung.

Gefangen im Labyrinth

Sie bereiteten die militärische Besetzung Deutschlands und Europas vor, indem sie Untersuchungen über den sozialen und ideologischen Zustand der deutschen Gesellschaft vornahmen. Sie schrieben dabei gegen Pläne des amerikanischen Finanzministers Morgenthau an, Deutschland durch einen Bombenkrieg militärisch zu zerstören, politisch zu zerstückeln und zu deindustrialisieren. Nach ihrer Überzeugung hatte das ,,deutsche Volk“ nur bedingt Anteil an dem totalen Krieg gegen die Juden und andere europäische Völker. Ein hochindustrialisiertes Land mit seinen Facharbeitern, Ingenieuren, Wissenschaftlern und Spezialisten durfte weder zerschlagen, bestraft oder erniedrigt werden, sondern mußte zurückgeführt werden in eine westliche Friedensordnung. Die deutschen Kulturleistungen durften nicht ignoriert oder gar zerstört werden. Es wäre heute vollkommen abwegig, Marcuse oder Neumann die Mitarbeit in OSS und CIA vorzuwerfen, zumal sie im Sinne der deutschen Kultur dort positive Arbeit verrichteten. Die politischen Verstrickungen von Konrad Lorenz und den Repräsentanten der ,,Kritischen Theorie“ mit Diktatur oder Geheimdienst waren die Voraussetzungen und die Bedingungen ihrer wissenschaftlichen Arbeit. Niemand konnte dem Labyrinth gesellschaftlicher Zusammenhänge entfliehen. Bedeutsam blieb, inwieweit sie ,,Schuld“ auf sich nahmen und Anteil hatten an den sozialen Exzessen von Diktatur oder ,,Kriegsmaschine“. Es ist deshalb verständlich, daß Konrad Lorenz Herbert Marcuse verteidigte, dem von Seiten der französischen Studentenrevolte nach 1968 vorgeworfen wurde, CIA-Agent gewesen zu sein.

Bei allen methodischen und gedanklichen Unterschieden zwischen dem Naturwissenschaftler und Ethologen Konrad Lorenz und den Philosophen, Psychologen, Rechtswissenschaftlern und Soziologen der ,,Kritischen Theorie“ bestand eine erstaunliche Übereinstimmung in der Einschätzung der ,,sozialen Krankheiten“ der modernen Gesellschaft, deren Inkarnation die USA waren. Lorenz hatte hier vor 1933 studiert und besuchte nach 1948 immer wieder die nordamerikanischen Forschungseinrichtungen, Kongresse und Universitäten. Neumann und Marcuse wurden US-Bürger, andere wie Adorno und Horkheimer kehrten nach 1945 nach Frankfurt/Main zurück, wo sie das Institut für Sozialforschung neu einrichteten. Alle kannten sie die Größe und die Absurditäten dieser Gesellschaft. Was hier passierte, würde sehr bald den ,,Rest“ der Welt erreichen.

Für Lorenz und die kritischen Kritiker waren die USA Ausdruck sozialer Pathologien oder Neurosen, die die soziale Stabilität auflösten und in ein Extrem von ,,Wahnsinn“ und Brutalität trieben. Nach Lorenz wurden hier ökologische Katastrophen vorbereitet und entstanden Menschenkrüppel, die durch ihre Gefühlskälte, durch ihren Konsumtrieb, Arbeitshetze und die wachsende Gleichgültigkeit parasitäre und asoziale Verhaltensweisen vorbereiteten, die jede Lebensgemeinschaft oder Soziität zerfetzen mußten. Die menschliche Gattung bewegte sich in die Selbstzerstörung durch Atomkrieg oder durch ökologische Katastrophen.

Soziale Pathologien

Für die ,,Frankfurter“ waren die USA Beleg für eine ,,negative Dialektik“. Nicht der technologische und soziale Fortschritt wurde durch die gesellschaftliche Entwicklung vorbereitet, sondern der allgemeine Niedergang, Dekadenz und Zerfall zeigten sich in dieser entwickelten Gesellschaft des modernen Kapitalismus. Die NS-Diktatur, der Stalinismus oder der Realsozialismus waren jeweils nur Durchgangspunkte zu einem modernen Totalitarismus, der in den USA seine ,,weiche“ Heimstatt gefunden hatte. Die Auflösung der Klassen und die Formierung von Massen als Objekte politischer oder marktmäßiger Inszenierungen schufen einen konvertiblen Massenmenschen, der mit seiner ,,Persönlichkeit“ den Charakter verloren hatte und der durch die unbewußten Ängste und Aggressionen beliebig manipulierbar war. Er war ein Bündel aus Haß und Wut, der den Fremden als permanente Bedrohung sah und deshalb empfänglich war für rassistische Ideologien oder für eine autoritäre Ordnung. Der Nationalsozialismus feierte in den USA als ,,alltäglicher Faschismus“ seine subtile Auferstehung.

Der Mensch wurde zu einem psychopathologischen Reaktionswesen erklärt, das jeweils auf Reize, Farben, Töne, Versprechungen, Wünsche und Bilder reagierte und von außen geformt wurde und keinerlei Gewissen oder Verantwortung mehr besaß. Der Tod war ihm so egal wie die Liebe. Der Tod wurde verdrängt oder zum Medienspiel verdünnt und die Liebe auf pure Sexualität, Besitz und Macht beschränkt. Der ,,eindimensionale“ Mensch hatte keinerlei Moral und war ein Aggregat aus Reizen und Emotionen, eine Freß-, Sauf- und Konsummaschine, ein Machwerk aus Funktionen und Frustrationen, ein außermenschlicher Mensch, der von Diktatoren oder Manipulatoren beliebig einsetzbar war. Soziale Widersprüche fanden ihren Endpunkt. Das Ende der Geschichte war erreicht. Die Menschen würden sich selbst zerstören und ihre organischen Systeme als Familien, Staaten und Gesellschaften austilgen. Der Planet würde die Gattung Mensch durch die Machenschaften der Menschen verlieren.

Konrad Lorenz würde die Aussagen dieser Kritiker verstehen, aber ihre Begründungen nicht nachvollziehen können, waren sie doch philosophisch, religiös und moralisch angelegt. Umgekehrt würden diese Philosophen Zweifel anmelden, ob soziale Verhaltensweisen, die bei Tieren beobachtet wurden, auf die menschliche Gattung übertragbar waren und ob über Mutationen und Selektionen neue Instinkte beim Menschen entstanden, die alle Kulturleistungen überdeckten bzw. diese umformten. Für diese kritischen Philosophen und Soziologen gab es eine Barriere zwischen Mensch und Tier. Der Mensch als ,,soziales Tier“ distanzierte sich über Sprache, Moral, Religion, Gesellschaft von den Tieren und verlor weitgehend die Instinkte bzw. ersetzte sie durch Denken, Arbeit, Arbeitsteilung, Kultur, Erziehung, Institutionen, Technologie, Maschinen, Religion und Ideologie. Umgekehrt würde Lorenz diese Grenze nicht akzeptieren und deutlich machen, daß sie aus ideologischen und religiösen Gründen gezogen wurde, um das ,,Tier“ im Menschen nicht zu benennen, den ,,Urmenschen“, der aus dem Tierreich gekommen war und viele seine Verhaltensweisen und Instinkte in die entstehenden Gesellschaften hinübergerettet hatte.

Soziales Tier oder „Black Box“?

Konrad Lorenz wußte von den unterschiedlichen Vereinnahmungen der Naturwissenschaften und der Ethologie durch die totalitären Ideologien, bei denen der Marxisrnus-Leninismus viel konsequenter auftrat als der oberflächlich „improvisierte“ Rassismus im Nationalsozialismus. Lorenz war deshalb bestrebt, die Grenzen und Übergänge von Naturwissenschaft, Soziologie und Psychologie zu benennen. Die Denker der Frankfurter Schule würden eher der Logik Hegels folgen und den Widerspruch zwischen Natur- und Sozialwissenschaften herausstellen. Beide Wissenschaftsformen hatten unterschiedliche Objekte ihrer Forschung zur Grundlage und ließen sich nur bedingt übertragen und diese Übersetzung benötigte eine grundlegende Reflektion, um banale und gefährliche Analogieschlüsse zu vermeiden. Bei Lorenz dominierte das Interesse, die Konditionierung von Verhaltensweisen bei Tieren und Menschen, die Instinktbildung und die fortlaufende Pathologisierung bei schnellen Veränderungen der äußeren Bedingungen nachzuweisen. Bei den Frankfurtern interessierten philosophische Fragestellungen, die Trieb und Aggressionslehre der Psychoanalyse, die Fetischisierung von Markt und Marketing.

Die amerikanische Verhaltenswissenschaft stand den Forschungsansätzen der Ethologie von Lorenz konträr entgegen, denn sie ignorierte die natürliche, verhaltensmäßige und soziale Vorgeschichte und Tradition des Menschen und behauptete, daß er als eine ,,black box“ zu behandeln sei, eine ,,tabula rasa“ darstellte, und daß nur interessant war, was er unmittelbar aussagte, vorstellte und welchen Reizen er folgte. Eine derartige ,,Freisetzung“ des Menschen von allen natürlichen und sozialen Bindungen entsprach der amerikanischen Ideologie von Freiheit, Raum und Bewegung und diente dem amerikanischen Traum, alles zu erreichen. Eine derartige Sichtweise akzeptierte, daß der ,,traditionslose“ Mensch Objekt der Manipulationen, Indoktrinationen und Inszenierungen wird.

1 Konrad Lorenz: Die acht Todsünden der zivilisierten Menschheit, München 1973, S. 819, S. 27, S. 33 ff.; Konrad Lorenz in: Enceklopaedia Britannica, 1994 – 2001; Herbert Marcuse: Antidemokratische Volksbewegungen, in. Ders.: Nachgelassene Schriften: Das Schicksal der bürgerlichen Demokratie, Peter Erwin Jansen (Hg.), Lüneburg 1999, s.29 ff;

Ders. Der eindimensionale Mensch, Studien zur Ideologie der fortgeschrittenen Industriegesellschaft, Neuwied 1985, 5.
15,3.18; Alfons SölIner. Zur Archäologie der Demokratie in Deutschland – eine Forschungshypothese zur theoretischen Praxis der kritischen Theorie im amerikanischen Geheimdienst‘ Frankfurt 1987, S. 7ff.;

00:10 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mal, philosophie, bernd rabehl, allemagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Roald Amundsen

Roald Amundsen’s The South Pole: An Account of the Norwegian Antarctic Expedition in the Fram, 1910–1912

Alex KURTAGIC

Ex: http://www.counter-currents.com/

Roald Amundsen
The South Pole: An Account of the Norwegian Antarctic Expedition in the Fram, 1910–1912
London: Hurst & Company, 2001
(First Published in 1912 by John Murray)

Having reviewed Apsley Cherry-Garrard’s account of Robert Falcon Scott’s Terra Nova Expedition, and having over the Yuletide read Scott’s diaries from the latter, I deemed it opportune to read Roald Amundsen’s account of his pioneering journey to the South Pole. After all, Scott and Amundsen reached the Pole within a month of each other, and this is, so to speak, the other side of the story.

If you are not familiar with the history of Antarctic exploration, for this review to make sense you will need to know that in the year 1910 two teams of explorers, one British, lead by Scott, and the other Norwegian, led by Amundsen, set sail to Antarctica, with the aim of being the first to reach the South Pole. Both men were successful, but Amundsen arrived first and he and his team returned to their base, and then home, without incident; while Scott and his men perished on the Ross Ice Shelf during their return journey. Scott’s tent was found eight months later by a rescue party, who discovered Scott’s frozen body and those of two of his party of five, along with their diaries. Scott’s fate turned him into a tragic national hero, and, being a skilled wordsmith, it was his story that was told across the English-speaking world: his diaries underwent numerous editions and re-prints, from popular to lavishly-illustrated, and became mandatory reading for schoolchildren, until eventually his tale was made into a film in 1948, starring John Mills. Amundsen’s story, on the other hand, had a much more limited readership and is, therefore, less well known.

Scott’s and Amundsen’s accounts, however, are equally interesting, albeit for entirely different reasons. While Scott’s possesses romance and pathos, Amundsen’s is engaging on a technical level: here is where you learn how to mount a successful expedition, and get a sense of the Norwegian temperament as well.

The South Pole is a considerable work, spanning 800 pages in the modern reprint edition (the original edition came in two volumes). It begins with Amundsen’s preparations in Norway in 1909 and concludes with Amundsen’s disembarkation at Hobart, Tasmania, in 1912; what lies in between is more or less as detailed a relation of events as Cherry’s own, written ten years later. Amundsen’s tone and style is very different from that of the Englishmen: the 43-year-old Scott was anxious and prone to depression; the 36-year-old Cherry (writing nearly a decade after the events) was more philosophical and psychological; the 39-year-old Amundsen, by contrast, is colder, calmer, relatively detached, and prone to ironic understatement. In some ways, his tone is very similar to mine in Mister, except my diction and syntax are somewhat more baroque.

Amundsen arrived in Antarctica in January 1911, and established his base, Framheim, on the Ross Ice Shelf (then known as “the Barrier”), at the Bay of Whales, 803 miles away from the South Pole and 350 miles to the East of Scott’s base, in Cape Evans, Ross Island. This placed Amundsen’s base 60 miles nearer to the Pole than Scott’s – a considerable distance considering that it was to be covered without the aid of motorized transport.

Amundsen111.jpgThe shore party consisted of 97 dogs and eight humans, all Norwegian: Olav Bjaaland, Helmer Hanssen, Sverre Hassel, Oscar Wisting, Jørgen Stubberud, Hjalmar Johansen, Kristian Prestrud, and Roald Amundsen. Like Scott, they built a hut, but, unlike Scott, when the snow and drift started to cover it, Amundsen’s party allowed it to be buried, and expanded their living quarters by excavating a network caverns in the ice, where they set up their kennel and their workshops. This not only afforded them more space, but also insulated them from the elements.

During the Winter months leading up to the polar journey, Amundsen and his team continuously optimized their equipment, testing it and refining it for the conditions on the ground. Scott’s team were doing exactly the same over at their base, of course, but it seems, from this account, that Amundsen went further, being extra meticulous and paying close attention to every detail. Boots and tents were redesigned; sledges and cases were shaved down to make them lighter; stacking, storage, and lashing techniques were perfected, and so on. In the end, Amundsen ended up with truly excellent equipment and highly efficient arrangements. For example: while Scott’s parties had to pack and unpack their sledges every time they set up camp, Amundsen’s sledges were packed in such a way that everything they needed could be retrieved without unlashing the cases or disassembling the cargo on their sledges. This was a significant advantage in an environment prone to blizzards and where temperatures are often so low that touching metal gives instant frostbite.

Amundsen had spent time observing and learning from the Inuit and possessed a thorough understanding of working with dogs. Scott, on the other hand, although the most experienced Antarctic explorer of the age and indeed a valuable source of information for Amundsen and his men, had become reluctant to use dogs due to their poor performance during the Discovery Expedition he had lead in 1901-1903, during which many of the animals visibly suffered. The problem, however, was not so much dogs in general but the choice of dogs, and Amundsen’s chosen breed of canine was better adapted for Antarctic conditions. So much so, in fact, that Amundsen eventually decided to travel by night, because his dogs preferred the colder temperatures.

The postmortem examination of Scott’s and Amundsen’s expeditions have led experts to conclude that Amundsen’s decision to base his transport on dogs was decisive in the outcome of their respective polar journeys. Scott’s transport configuration, relying on motorized sledges, ponies, dogs, and man-hauling has been described as ‘muddled’. This is certainly the conclusion one draws from reading the accounts of the two expeditions. Amundsen’s dogs afforded him with pulling power that was up to seven times greater than Scott’s. What is more, Amundsen’s men ate the dogs along the way, in the measure that they were no longer needed because of the staged depoting of supplies for the return journey; this provided them with an additional source of fresh meat (the other was seal meat, obtained at the edge of the barrier), which they needed to stave off scurvy. Scott’s party, on the other hand, was blighted by the early failure of the motorized sledges and the poor performance of the ponies. Although he and his men ate the ponies, they relied heavily – and once on the plateau exclusively – on man-hauling. Man-hauling is far more strenuous than skiing, like Amundsen’s men did, and this soon led to a deterioration in Scott’s party’s physical condition.

Amundsen_llega_al_Polo_Sur.jpgThis takes us to the diet. Scott’s understanding of a polar explorer’s nutritional requirements was the best that could be expected from the Edwardian era, so he cannot be blamed for having had inadequate provisions. Indeed, having learned from his failed bid for the Pole in 1902 and from Shackleton’s own failure in 1909 (in both cases the men starved and developed scurvy), Scott paid close attention to nutrition and worked closely with manufacturers to obtain specially-formulated food supplies. Moreover, Scott also had the Winter party (Cherry, Edward Wilson, and Henry Bowers) experiment with proportions during their journey to Cape Crozier to secure Emperor penguin eggs. Yet, the fact remains that, in terms of its energy content, his diet of pemmican, biscuits, chocolate, butter, sugar, and tea fell well short of what was needed. Ranulph Fiennes and Mike Stroud, the first explorers ever to achieve the unsupported (you-carry-everything) crossing of the Antarctic, found their caloric consumption averaging 8,000 calories a day, and sometimes spiking at over 11,500 calories a day. The Scott team’s intake was around 4,000, and the result was, inevitably, starvation, cold, and frostbites. Worse still, lack of vitamin C, the primary cause of scurvy, caused wounds to heal very slowly, a situation that eventually led to the breakdown and death of 37-year-old Petty Officer Edgar Evans in Scott’s South Polar party. Amundsen’s men had an abundant supply of fresh meat, coming from dog and seals, as well as the typically Scandinavian wholegrain bread, whortleberries, and jam, so they were very well supplied of vitamin C. With a lower caloric consumption (typically at 5,000 calories a day), they were very well fed throughout their journey, and Amundsen was able to progressively increase rations well beyond requirements. As a result, Amundsen’s men remained strong, staved off scurvy, and suffered no frostbites.

Scott blamed the failure of his expedition on poor weather and bad luck. Amundsen, who greatly respected Scott, says in the present volume, written before he learnt of Scott’s fate:

I may say that this is the greatest factor — the way in which the expedition is equipped — the way in which every difficulty is foreseen, and precautions taken for meeting or avoiding it. Victory awaits him who has everything in order — luck, people call it. Defeat is certain for him who has neglected to take the necessary precautions in time; this is called bad luck.

It would be too harsh to say this applied to Scott, because Amundsen did, after all, enjoy relatively good weather (he even eventually dispensed with the very warm fur outfits we see in the photographs), whereas unseasonably low temperatures and harsh conditions hit Scott’s party during the return journey across the Ross Ice Shelf. (Remember this is a huge geographical feature: a platform, hundreds of miles long, comprised entirely of iron-hard ice up to half a mile deep, flat (except near land) in every direction as far as the eye can see – it is so large that it has its own weather system.) Similarly, on their approach to the Pole, Scott’s team had found conditions on the plateau, particularly after 87°S, especially severe, with bitter head-on winds, rock-hard sastrugi, and snow frozen into hard, abrasive crystals – this made pulling sledges especially difficult. Imagine pulling 200 lb sledges on sandpaper, day after day, week after week, with 50-70 degrees of frost, eating less than half what you need. It must be remembered, at the same time, that the Antarctic was for most part terra incognita: Scott’s furthest South in the Discovery Expedition was 82°17′S, a latitude located on the Ross Ice Shelf; Shackleton’s 88°23′S, somewhere on the plateau; no one knew what the South Pole looked like or what they would find there, and Scott only had Shackleton’s verbal account of the conditions on the Beardmore Glacier and Antarctic plateau to go by. Today we know that the continent, approximately the size of Europe and once located on the Earth’s equator, is under a sheet of ice several kilometers deep; that the ice covers 98% of its surface; that the plateau, extending a thousand kilometers, is nearly 10,000 feet above sea level; that there are mountain ranges and nunataks in its more Northernly latitudes; and much more. Also today there is an enormous American-run research station on the South Pole, as well as dozens of stations spread across the continent; we have radio and satellite communications, high resolution imaging, mountains of very detailed data; we also have aeroplanes and motor vehicles able to operate in the Antarctic airspace and terrain. None of this existed in 1911. Much of the nutritional, meteorological, and glaciological knowledge we have today was discovered decades later. The early explorers were doing truly pioneering work on a landscape as mysterious and as alien as another planet.

It is interesting to note that both Amundsen and Scott were quite surprised to find themselves descending as they approached the South Pole. Indeed, once past the glaciers that give access to the Antarctic plateau from the Ross Ice Shelf, the Pole is hundreds of feet below the plateau summit on that side of the continent.

Amundsen222.jpgAmundsen’s original ambition had been to conquer the North Pole. For most of his life, he tells us, he had been fascinated by the far North. That he turned South owed to his being beaten to the North Pole by the American explorers Fredrick Cook (in 1908) and Robert Peary (in 1909), who made independent claims. Therefore, upon reaching the South Pole, Amundsen experienced mixed feelings: he says that it did not feel to him like the accomplishment of his life’s ambition. All the same, aware of the controversies surrounding Cook’s and Peary’s polar claims, he determined to make absolutely certain that he had indeed reached the geographical South Pole, and spent several days taking measurements with a variety of instruments within a chosen radius. He named his South Pole station Polheim. There he left a small tent with a letter for Scott to deliver to the King Haakon VII of Norway, as proof and testimony of his accomplishment in the event he failed to return to base safely.

As it happens, subsequent evaluations of the Polar party’s astronomical observations show that Amundsen never stood on the actual geographical Pole. Polheim’s position was determined to be somewhere between 89°57’S and 89°59’S, and probably 89°58’5’’ – no further than six miles and no nearer than one and a half miles from 90°S. However, Bjaaland and Hanssen, during the course of their measurements, walked between 400 and 600 meters away from the Pole, and possibly a few hundred meters or less. Scott, arriving a month later, did not manage to stand on the actual Pole either. This, however, was the best that could be done with the instruments available at the time.

Amundsen’s success resulted not only from his careful planning and good fortune, but also from his having set the single goal of reaching the South Pole. Comparatively little science was done on the field, as a result, although geological samples were brought back, both from Amundsen’s Polar party as well as Kristian Pestrud’s Kind Edward VII Land’s party, and meteorological and oceanographical studies were conducted. Scott’s expedition, by contrast, was primarily a scientific expedition, and was outfitted accordingly. It was certainly not designed for a race. Conquering the Pole was important in as much as the expedition’s success or failure was to be judged by the press and the numerous private sponsors on that basis: a hundred years ago, the whole enterprise of polar exploration was fiercely nationalistic in character, in marked contrast to the internationalist character of Antarctic research since the signing of the Antarctic Treaty of 1959.

Scott found out about Amundsen’s plans while on route to the Antarctic. Needless to say that this caused a great deal of anger, particularly as Amundsen had kept his plans secret until he was well on his way. Scott’s men obviously hoped that Amundsen would be having a rough time on his side of the barrier (indeed, he experienced lower temperatures, but, on the other hand, he enjoyed fewer blizzards). Yet, when the Englishmen aboard the Terra Nova paid a visit to the Norwegians at Framheim, they quite naturally had a number of questions but were otherwise cordial. They all took it like the soldiers a number of them were.

It is inspiring to read the accounts from the heroic era of Antarctic exploration. They highlight the most admirable qualities of European man, and serve as an example to modern generations in times when men of the caliber we encounter in these tales have (apparently) become rare. Enthusiasts have noted the marked difference in tone between the books written by explorers Fiennes and Stroud in the early 1990s, and the books and diaries written by Scott, Amundsen, and Douglas Mawson a hundred years ago: the latter, they say, come across as far more stoic, far harder, and able to write poetically about the hostile Antarctic environment even in the most adverse of situations. This perhaps not surprising when one considers that European civilization was at its zenith in terms of power and confidence in the years immediately preceding the Great War. I think truly hard men still exist, but sensibilities have obviously changed, perhaps because of the outcome of two great European civil wars, perhaps because the equality-obsessed modern culture encourages men to adopt feminine qualities in the same measure that it encourages women to adopt masculine ones. Whatever the reasons, this type of literature is most edifying and a healthy antidote to all the whining, fretting, and apologizing – not to mention in-your-face fruitiness from certain quarters – that has become so prevalent in recent decades.

The South Pole is not as intimidating as it might at first appear: there are numerous photographs and the print is quite large, so a fast reader can whiz through this tome at the speed of light, if he or she so wishes. In addition, it is not all Amundsen’s narrative: the last 300 pages consist of Kristian Pestrud’s account of his journey to King Edward VII’s land; first lieutenant Thorvald Nilsen’s account of the voyage of the Fram; and scientific summaries dealing with the geology, oceanography, meteorology, and the astronomical observations at the Pole. Pestrud’s and Nilsen’s contributions are also written in a tone of ironic detachment, blending formality with humor, which suggests to me, having met and dealt with Norwegians over the years, that this might be characteristic of the Norwegian temperament.

There is certainly more to Antarctic literature than conspiracy theories about Zeta Reticulans and Nazi UFOs.

TOQ Online, March 3, 2010

jeudi, 30 décembre 2010

USA planen Vergeltungsmassnahmengegen europäische Nationen...

WikiLeaks-Dokumente enthüllen: USA planen Vergeltungsmaßnahmen gegen europäische Nationen, die sich gegen gentechnisch veränderte Organismen wehren

Mike Adams

 

manipulations-genetiques-L-1.jpgWikiLeaks lässt in seinen Bemühungen, Licht in das Dunkel von Verschwörungen, Korruption und Vertuschungen zu bringen, nicht nach und erschüttert damit weiterhin die politische Welt. Aus den jüngsten, von WikiLeaks veröffentlichten amerikanischen Botschaftsberichten geht hervor, dass die USA als treibende Kraft hinter den Kulissen daran beteiligt sind, europäischen Ländern gentechnisch veränderte Organismen (sogenannte »GMO«) aufzuzwingen. Sollten sie sich weigern, hätten sie mit gesalzenen Strafmaßnahmen zu rechnen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/europa/mike-adam...

Bernd Rabehl: American Democratic Dictatorship is Merely Another Form of Fascism

Bernd Rabehl: American Democratic Dictatorship is Merely Another Form of Fascism

Ex: http://de-construct.net/

rabehl.jpgHow was Germany Occupied, Subjugated and Colonized Under the Guise of “Denazification”

Berlin University Professor Dr. Bernd Rabehl, closest associate of Rudi Dutschke (leader and spokesman of the left-wing German student movement of the 1960s), is regarded by the followers and critics alike as the “most important theoretician of the 1968 student movement in Germany”. One of the first genuine dissidents in the West who fought against both left and right-wing dictatorship, Rabehl asserts the U.S. hegemony has destroyed freedom and culture in Europe, under the pretext of spreading democracy and “American way of life”.

“American war against Serbia was first and foremost directed against Russia. What I don’t understand is why did the German government allow itself to be drawn in the war against Serbia. Because, one of the most important tasks for Germany should be precisely building good relations with Russia. Germany has missed a historical opportunity — we already fought the blood soaked wars with Russia, it is the last minute to finally start a long-term policy of peace with Kremlin,” Rabehl told Nikola Živković, Belgrade journalist.

Q: Together with Dutschke, you have created the concept of the Green Party. What do you think about that political party today?

A: Present-day Greens are indistinguishable from the liberals. They defend the interests of lawyers, judges, architects… They were active in the student movement in 1968, but today they too enjoy the highest standard of living, immersed in materialism. At the world stage, they became the chief advocates of an imperial idea. I’m including here the former German Minister of Foreign Affairs Joschka Fischer, although he didn’t play a significant role in the 1968 student movement.

Present-day Greens unconditionally support the U.S. and Israel policy. They are in no way disturbed by the fact they protested against the American imperial policy in Vietnam in 1968, while today they support the United States imperial policies everywhere. I assume some of them were bought and some were blackmailed.

Q: Rudi Dutschke would say: “If we don’t provoke, no one will pay attention to us”. Today too, it doesn’t do without provocations…?

A: There is no other way, we must provoke, but only within the bounds of law and constitution. There are so many taboos today, especially in Germany, subjects one is prohibited to even think about! Veritable crusades are lead against those who dare to violate those taboos.

Dutschke and I always spoke about the need to liberate Germany on a national level. We were against the American policy. We never lost sight of the fact Germany is not free, it is an occupied country.

Q: How would you define present-day Germany?

A: As a democratic dictatorship. The proof is the widespread corruption and affairs only shreds of which are allowed to reach the media. The power is in the hands of a clique which is slowly but surely extinguishing the last benefits of democracy. There are no real disagreements between the political parties — there is only a ritual and circus staged for the wide population, where the TV carries a Bundestag “debate” about the social problems, for example. The voters go to elections, but they really do not decide about anything. Two leading political parties are being sold to the voters in the same way the best known TV or car brands are sold. The voters are asked: “Sony” or “Philips”, “Volkswagen” or “Peugeot”?

“Democratization” as Leveling all the Cultural and National Differences

Q: Jürgen Habermas [German sociologist adhering to American pragmatism] called you and Dutschke the “left fascists”…

A: Neither Dutschke nor I are in any shape or form the “left fascists” — we could perhaps say that for Goebbels.

Habermas attacked Dutscke in 1967, but not as a professor who uses arguments, but as a denunciator. He wasted no time to declare Dutschke a state enemy number one. In such a situation, critical thinking becomes useless. Habermas simply asserts that everyone who criticizes United States is a “left fascist”. Habermas supported the bombardment of both Serbia and Iraq, he is an ideologist of the ruling socio-liberal clique and, as such, he was given countless awards by the establishment in Germany and West in general.

Q: You say the European countries have no sovereignty, that they are in a vassal relationship with Washington. Does that include Germany?

A: Even Brzezinski has admitted this. In addition to the economic, monetary, military and technological superiority, United States are striving to impose some sort of civilizational, ideological hegemony — an “American way of life”. This term involves not only the way of life, which boils down to consumerism, but also the “industry of culture”. The main goal of American “culture” is destruction of the traditional European culture. The US is striving to destroy the old Asian cultures too, mainly the culture of China, India and Japan. United States are “democratizing” — leveling all the cultural forms. When Washington speaks about the “end of history”, it wants to say it plans to ensure and secure American hegemony for all the time.

Q: That, of course, is impossible…

A: Of course. American ruling establishment is no longer maintaining the culture of dialogue and critique. There are only phrases, commercials, pictures offering new products. What dominates is the neutral, non-political tone. Over ten American aircraft carriers are cruising the world seas at all times, in the state of readiness 24/7. Only United States can afford such a pricey luxury. Their superiority and riches have a fascinating appearance. But our European or Chinese memory is much longer than Washington itself and we know very well from the history that no superpower can last forever.

Q: Where does the danger lie for Washington?

A: Not in the outside enemies, but on the inside. In the past half a century the non-European immigrants have flooded United States, so the white, European population will soon become a minority. The most numerous workers will be from Latin America, and the economic and scientific elite will consist of the Asians, primarily Chinese. Brzezinski is also expressing fear that in the near future “American” elite will become Asian. The only question is when. Some say in 20 years or so, the others are convinced this will happen sooner.

Debt to American Banks Made European States Easy Prey to American Imperialism

Q: Let’s go back to our Europe. After 1945 it has lost sovereignty…

mein-freund-rudi-dutschke-21016595.jpgA: United States even today have the right to intervene in the internal affairs of every European Union member state, and especially in Germany. It is not necessary to use military force for this. How was that achieved? After 1945, German elite went through the process of re-education. US was also exerting influence over the policies of German syndicates and political parties.

Q: When did the decisive American influence on Europe take place?

A: This influence started with the First World War. England and France were buying war supplies, wheat, machines in United States. American banks approved credits for purchase of these goods. England, France and the other Entente powers were indebted by the American banks and American government. After 1918, these debts represented the basis for American influence in Europe. After 1918, a defeated Germany was also given credits by the American banks. This was felt already in 1919, during the Versailles Conference, where the new European order was being created.

The U.S. Dictatorship — Reducing Collective to a Mass of Impotent Consumers

Q: Tell us more about the “re-education” of Germany…

A: After Germany was militarily defeated in 1945, American occupation forces organized consultations and meetings with American sociologists, psychologists, economy experts and anthropologists. A number of German Jews were involved in the project, as well as German emigrants (mostly social-democrats), who spent the war years in United States. The main subject was how to solve the “German question”. Some 2,000 scientists were involved in this project, which was headed by the Organization of Strategic Services [OSS], controlled by the American military leadership stationed in Germany.

The OSS had a task to describe, as precisely as possible, the economic, cultural and social situation in conquered Germany. Still, there were disagreements among the scientists.

Q: Who were the prominent critics of this project?

A: Two philosophers gained prominence among the critics of the blind copying of American model: Max Horkheimer and Theodor Adorno. They started from the premise that totalitarian dictatorship which existed in Nazi Germany does not represent some specifically German case. There is a democratic dictatorship in United States, which managed to prevent the conflicts between the social organizations and classes, simply because all of them became a part of the regime. Instead of confronted classes, in U.S. there are only consumers. There is no collective, only individuals who buy and spend. The entire industry is involved in satisfying the needs of consumers: media, commercials, advertising, market, sports and show business. In that way the individual is more thoroughly encompassed and controlled then it was ever possible in the authoritarian society of the Nazi Germany or Soviet Union under Stalin. The mobilization of the masses in American society is carried out far more efficiently, because there, as opposed to the Nazi regime, there is no need to ever reach for the enforcement of the state apparatus. The “values” promoted by the advertising agencies represent an ideal of every American citizen.

Q: This was also the position of Herbert Marcuse, the main ideologue of the 1968 student movement?

A: Marcuse fascinated us with the radical ideas. According to him, the Nazi movement wasn’t a specifically German product, but a logical consequence of a developed industrial society. The Nazi dictatorship and American hegemony are not two opposed social systems, they are rather the two forms of the authoritarian power system. Hitler was mobilizing masses with immense military parades, American type of democracy achieves this mobilization much more completely and less expensively with TV commercials, sport competitions and spectacles, where the people are reduced to the faceless mass, the audience.

Scientists as Controllers and Denunciators

Q: Who were the advocates of the concept which opposed Horkheimer, Adorno and Marcuse?

A: This group was headed by [American sociologist] Talcott Parsons. He advocated the view according to which the American society was a result of “productive symbiosis of democratic ideas and institutions”. He claimed that, unlike Germany, American society has succeeded to successfully repress the “reactionary forces”. According to Parsons, that is why the US managed to develop democratic dynamics in politics, economy and in culture, and that is why this type of democracy should serve as a blueprint for Europe.

This line of thinking sees the main task of sociologists, politicologists, communication experts and psychologists in pedantically analyzing the state of society, in order to give a timely warning to the political and economic leaders in case of a national discontent.

Therefore, the scientists become the carriers of the covert control and the hegemony of the system. They believe they can forecast the crisis, so the ruling elite shouldn’t worry. Scientists are also employed in state services, in the ministries, police force, political parties, army, secret services… The scientist’s job is to find and expose the opponents of the system, and then to persuade them every struggle is predestined to fail. In short, every resistance to the existing American system is futile. If they do not succeed to persuade them, the state scientists utilize threats and denunciations. In Germany after 1968, this role was given to Jurgen Habermas.

Q: What tasks have these American experts set before themselves back in 1945?

A: The aim of the project was to replace the Nazi elite, to reshape the people’s psyche and destroy the German national tradition. They mostly succeed.

Power-Hungry Establishment Served by Dishonorable NGOs

Q: Some of your buddies from 1968 are today ministers…

rudi_dutschke.jpgA: I was shocked when I saw how quickly people can discard their ideals, literally overnight, and step in the roles of “important politicians”. I’m horrified by the barefaced hatred of these people towards their own German nation. Tossed in the garbage bin are the great achievements of the German workers’ movement, German conservatism and liberalism. I, on the other hand, believe the European culture can only exist as the sum of different, national cultures, and not some amorphous mass drowned in the common cauldron as a unified “Coca-Cola culture”.

Q: In today’s Germany, each opposition party which calls for national tradition is labeled “extremist” or “neo-Nazi”. How does one defend oneself from the rampant branding?

A: With the clear and precise language, with the force of arguments. The ruling parties and non-governmental organizations which serve them are showing that the danger of a new totalitarian society is coming from themselves.

After the fall of the Berlin wall, we have more and more obvious concentration of power in the West. The capital, media and politics represent the “holy trinity” of the unchecked power not only in United States, but also in Europe. The most influential Westerners are most often resembling the Warsaw Pact leaders. In order to preserve privileges, establishment is using manipulations and denunciations, exerting efforts to criminalize every attempt at true opposition. “Political correctness” also serves this purpose. In this, the non-governmental sector plays a very important, dishonorable role. This particular maneuver discourages every attempt to think for oneself and suffocates a desire for national freedom. The very recalling of national history is instantly stigmatized as the “right-wing radicalism”.

History as a Tool in Demonizing the Enemy of the Day

Q: Germany took part in the NATO aggression against Serbia. It did not take part in the war against Iraq, but today German troops are present both in Afghanistan and now even in Lebanon…

A: In 1966 Washington was forced to give up on the idea of sending German soldiers to Vietnam. Today the slogans “Germans to the front!” are becoming ever louder. German soldiers, of course, are not taking part in the interventions as an independent factor which would take care of its own national interests, but as the cannon fodder — the more Germans get killed, the more American lives will be spared. This is regarded as the Germans still paying off the WWII debts. After 1945, Germans were reared to become the “nation without tradition and culture”. It is easy to manipulate such nation. German political elite feels no responsibility whatsoever for their own country.

Q: Do you view NATO bombardment in the same context?

A: Yes, quite. German media also took part in the propaganda war against Serbia. Together with German politicians, our media outlets were actively involved in demonization of the Serbian state. They simply compared it with Nazi Germany. It seems that for such people history exists only to allow drawing of the cheap parallels, in order to be able to successfully demonize the enemy of the day.

For example, German television showed the mound of corpses from Auschwitz as an illustration of what Serbia allegedly could do… And all of it, of course, in the name of “human rights, protection of minorities and justice”. Therein lies the cynicism of the “leader of the free world” and the alleged advocate of the freedom of media.

Q: How was it possible to bomb a capital of a European state at the end of 20th century?

A: In this case Germany must have resisted American requests. After all, it violated its own constitution, which prohibits Germany to conduct wars, and this bombardment didn’t even have a UN mandate.

Secret Services Blocking Movements for Reaffirming Cultural Identity

Q: Your political engagement hasn’t been unnoticed. What is the goal of your political activism?

A: I am fighting to finally have a dialogue opened. The process of European unification shouldn’t have only economic but, most of all, a cultural dimension. This cannot be achieved with the European political elite and its bureaucracy. I am fighting for the European cultural identity in which the main role will belong to the European nations. Of course, I’m perfectly aware this cannot be achieved by an individual. Foreign secret services operating in Germany and other EU states are doing all in their power to block this process. This is especially true for the secret services from allegedly friendly states, the most active of which in Germany are the American and Israeli secret service — CIA and Mossad.

Monotheïstische religies bedreigen rechtsstaat

moses2.jpg

Ex: http://opinie.volkskrant.nl/artikel/show/id/7482/Monothe%...

Monotheïstische religies bedreigen rechtsstaat

Meindert Fennema


Goddelijke bevelstheorie ontkent individuele autonomie
In de afgelopen tien jaar is vrij plotseling het idee ontstaan dat wij in
een joods-christelijke traditie staan en dat wij die moeten verdedigen tegen
aanspraken die moslims maken op een eigen traditie, gebaseerd op
islamitische wetten die zich niet verdragen met de democratische rechtsorde.

Die stelling impliceert dat de joods-christelijke traditie zich wél laat
combineren met een democratische orde. In zijn recente boek The Secular
Outlook beweert Paul Cliteur echter dat de joods-christelijke traditie net
zo min als de islamitische een positieve bijdrage levert aan de democratie,
omdat ook het jodendom en het christendom gebaseerd zijn op een goddelijke
bevelstheorie die de morele autonomie van de mens ontkent. En zonder morele
autonomie geen liberale democratie.

Als Cliteur gelijk heeft, dient de democratische rechtsorde erop gericht te
zijn alle goddelijke bevelstheorieën buiten de deur te houden. Cliteur noemt
dat in zijn boek ‘het seculiere perspectief’. Burgers die het
‘joods-christelijk perspectief’ omhelzen, staan niet afwijzend ten opzichte
van een rechtsstaat die het christendom een geprivilegieerde positie
toeschrijft. In hun ogen is niet elke goddelijke bevelstheorie een vijand
van de democratie, maar alleen die van de islam.

In dit laatste perspectief herkent men onmiddellijk de opvatting van Frits
Bolkestein over de vrijheid van onderwijs, en de standpunten van de PVV.
Paradoxaal genoeg ligt het standpunt van Rob Riemen, auteur van De eeuwige
terugkeer van het fascisme, daar niet ver van af. Ook Riemen verdedigt onze
cultuur als een joods-christelijke, tegen het platte materialisme van de
PVV: ‘Wat ons daadwerkelijk wordt geboden door de Partij voor de Vrijheid,
is het schaamteloze tegendeel van de joods-christelijke en humanistische
tradities: plat materialisme, benauwend nationalisme, vreemdelingenhaat,
voedsel voor ressentiment, een diepe afkeer van de kunsten en van oefening
in geestelijke waarden, een verstikkende geestelijke bekrompenheid, een fel
verzet tegen de Europese geest en het voortdurend liegen als politiek.’

Riemen beschouwt de PVV daarom als het fascisme in nieuwe gedaante.
Tegenover dat soort fascisme stelt hij een vroeg 20ste-eeuws elitisme dat
hij in een vorig essay ‘adel van de geest’ noemde. Riemen is een groot
bewonderaar van Thomas Mann en een intellectuele erfgenaam van het elitaire
humanisme zoals dat voor de Tweede Wereldoorlog tot vervelens toe
uitgedragen werd door Dirk Coster en door Anthonie Donker, wiens roman
Schaduw der Bergen (1935) sterk geïnspireerd was door Thomas Manns De
Toverberg.

Zij verdedigden een religieus humanisme, dat voor Ter Braak en Du Perron te
esoterisch was, ook al deelden zij hun bewondering voor Thomas Mann en hun
afkeer van het fascisme. Slechts op één punt stemmen de elitaire humanisten
en de fascisten merkwaardig overeen: dat is in hun kritiek op de
massacultuur en op de politieke en intellectuele elite die zijn rol als de
drager van hogere geestelijke waarden verzaakt en het volk geen leiding meer
geeft.

Ook Ella Vogelaar en een deel van haar partijgenoten zien de sociale
democratie in het verlengde van de joods-christelijke traditie, al wil zij
daar de islamitische aan toevoegen.

Wij staan dus voor de keuze tussen een ‘seculiere staat’ die zich niet
uitspreekt over waarden, maar alleen over normen (die van de procedurele
democratie en de rechten van de mens) en de ‘joods-christelijke staat’, die
zijn culturele waarden verdedigt tegen hetzij de islam, hetzij het xenofobe
‘populisme’.

De cultuurhistorische vraag achter dit politiek-filosofische debat is deze:
is de liberale rechtsstaat een vrucht van de christelijke traditie of juist
van een radicale emancipatie van die traditie. De geschiedenis van de Franse
Revolutie lijkt de laatste interpretatie te ondersteunen, terwijl de
Amerikaanse Revolutie de eerste interpretatie aannemelijker maakt.

De encyclopedisten die de intellectuele voorlopers waren van de Franse
Revolutie waren immers bijna allen atheïst of agnost en keerden zich lang
voor 1789 tegen de macht en de moraal van de katholieke kerk. De kerkelijke
goederen werden in de Franse Revolutie genationaliseerd en de katholieke
moraal zou vervangen moeten worden door de religie van Newton.

In de Amerikaanse revolutie is van een onteigening van kerkelijke goederen
nooit sprake geweest. Er was in Noord-Amerika ook geen katholieke kerk die
als grootgrondbezitter optrad. De christelijke religie was wel prominent
aanwezig, maar was georganiseerd in democratische congregaties met weinig
bezit.

Het bijzondere aan de Amerikaanse founding fathers was dat zij ook in
religieuze zin dissenters waren. Velen van hen waren naar Amerika gegaan,
omdat zij vervolgd werden door de Anglicaanse kerk. Het zou de VS maken tot
een samenleving waar de scheiding tussen kerk en staat op religieuze gronden
wordt verdedigd, maar ook uit pragmatisme: men wilde voorkomen dat
rivaliserende kerkgenootschappen zouden proberen zich van de staat meester
te maken om hun theologische conflicten te beslechten.

Het religieus pluralisme werd in de VS zodoende de grondslag van de
scheiding van kerk en staat. Die scheiding was ook onderdeel van het
anti-etatisme dat bij de Amerikaanse revolutionairen sterk leefde:
‘Government, even in its best state, is but a necessary evil; in its worst
state, an intolerable one.’ (Tom Paine) De Amerikaanse nationale identiteit
is dus ten diepste religieus, maar tegelijk wars van enige vorm van
staatsbemoeienis in religieuze zaken.

In West-Europa daarentegen wordt de staat van oudsher niet alleen beschouwd
als motor van maatschappelijke vernieuwing, maar ook als hoedster van
religieuze waarden. Alleen Frankrijk kent een rigoureuze scheiding van kerk
en staat, maar in de Scandinavische landen, Duitsland, Nederland, Italië en
Spanje zijn er altijd institutionele banden geweest tussen kerk en staat.

De hoop van 19de-eeuwse politiek filosofen dat religie in het
moderniseringsproces vanzelf zou verdwijnen, is ijdel gebleken. De discussie
over de scheiding van kerk en staat heeft sinds 9/11 een nieuwe urgentie
gekregen, waarin theologische discussies weer oplaaien. Is de islam een heel
unieke en gewelddadige religie, of is zij één van de drie abrahamitische
religies die naar hun aard botsen met de democratische rechtsstaat, omdat
zij de morele autonomie van de mens ontkennen?

Volkskrant-redacteur Chris Rutenfrans verdedigt de joods-christelijke
traditie tegen die van de islam. Alleen de laatste leidt in zijn ogen tot
moord en doodslag. Rutenfrans brengt in debat met Cliteur (Opinie & Debat, 4
december) twee argumenten in. Ten eerste zegt hij dat christendom en
jodendom vandaag de dag toch niet of nauwelijks terroristen voortbrengen,
terwijl dat bij de islam wel het geval is. Cliteur antwoordt dat zijn
filosofische verhandeling niet bedoeld is om tot empirisch toetsbare
hypotheses te leiden, maar om in algemene zin de tegenstrijdigheid aan te
tonen tussen de grondslagen van de democratische rechtstaat en de goddelijke
bevels-theorieën, die kenmerkend zijn voor alle monotheïstische
godsdiensten.

Rutenfrans’ tweede argument is van theologische aard. Volgens hem is Allah
meedogenlozer jegens ongelovigen dan JHWH, die zich volgens hem beperkt tot
het doen doden van vijanden van Israël. Cliteur vindt dat onderscheid niet
relevant, omdat hij onderzoekt in hoeverre een principiële incompatibiliteit
bestaat tussen goddelijke bevelstheorieën en de moderne democratie. Hij is
niet geïnteresseerd in de vraag welke van de drie monotheïstisch religies
het meest gewelddadig is.

Mij dunkt dat het perspectief van een seculiere staat inderdaad het beste
antwoord is op de religieuze en exclusivistische eisen die aan de overheid
gesteld worden. De debatten tussen joden, christenen en moslims lijden
veelal aan een ongemak dat door Freud het narcisme van het kleine verschil
genoemd is.

Meindert Fennema is hoogleraar politieke theorie van etnische verhoudingen
aan de UvA.

Hypathie, Synésios et la philosophie pérenne

agora_haut23.jpg

Hypatie, Synésios et la philosophie pérenne

par Claude BOURRINET

Ex: http://www.europemaxima.com/

Agora, l’excellent film de Alejandro Amenabar, qui conte le sort tragique d’Hypatie (ou Hypatia), philosophe néoplatonicienne du IVe siècle, est à voir non comme une reconstitution historique, bien que, somme toute, malgré quelques invraisemblances, dont l’âge de l’héroïne, l’Alexandrie de cette époque soit remarquablement restituée et les événement assez fidèlement respectés,  mais comme une lecture de notre époque.

La loi du genre cinématographique exige une concentration dramatique qui resserre des éléments narratifs et biographiques dont l’étalement dans le temps diluerait l’attention. D’autre part, la dimension romanesque doit aussi avoir sa part. Nous avons fait allusion à l’âge d’Hypatie, trop jeune pour les événements qui sont présentés. En vérité, elle a été assassinée par les fanatiques chrétiens en 415, à l’âge de 45 ans. L’intrigue concernant l’esclave chrétien relève aussi de la pure fantaisie.

Dans le long métrage apparaissent deux personnages très importants, deux de ses élèves, Synésios de Cyrène, un futur évêque, et  Oreste, le futur préfet de la ville, qui, dans le film (mais la relation historique ne confirme pas que ce fût lui qui était en cause), presse vainement la philosophe de ses assiduités amoureuses.

Un spectateur du XXIe siècle, en prenant connaissance d’un épisode assez méconnu de la fin du paganisme, ne peut s’empêcher de transférer dans le champ spatio-temporel contemporain les problématiques d’alors.

Alexandrie d’abord, la ville cosmopolite par excellence, dans les murs de laquelle coexistent depuis plus de sept cents ans, voire davantage, Égyptiens, Grecs et Juifs (et au IVe siècle des chrétiens de toutes origines ethniques), est le centre intellectuel, culturel, au même rang que l’Athènes universitaire, du monde gréco-romain. Ce n’est pas pour rien que l’époque hellénistique, qui court depuis l’épopée d’Alexandre jusqu’à l’occupation de la Grèce par Rome, est aussi appelée époque alexandrine. On y trouve la fameuse bibliothèque, qui est une partie d’un plus vaste ensemble créé en – 288 par un des généraux d’Alexandre, Ptolémée Ier Sôter, le Museiôn (palais des Muses), qui était en fait une université de pointe où les recherches scientifiques étaient particulièrement poussées. Sous César, la bibliothèque groupa jusqu’à 700 000 volumes et dut subir quelques avanies. Certaine hypothèses quant à sa destruction font état du rôle néfaste de l’empereur Théodose qui, en 391, ordonna de détruire les temples païens. Comme le Serapeion, temple dédié au dieu-taureau Apis (assimilé au dieu grec Osiris, fusion qui allait donner Sérapis) contenait la bibliothèque, les troubles religieux fomentés par l’évêque Théophile entraîneront la ruine de cet ensemble cultuel d’une renommée considérable. Mais certains historiens arabes, Abd al-Latif, en 1203, Ibn al-Kifti et le grand Ibn Khaldoun, évoquent la responsabilité du calife Omar, lequel ordonna en 642 à Amr ibn al-As, son général, de détruire les ouvrages inutiles (c’est-à-dire qui ne sont pas le Coran). Il est probable que ces décisions se conjuguèrent pour anéantir l’un des plus grands trésors de l’humanité.

Notre âge connaît aussi un mélange de cultures, un brassage cosmopolite et une tentative de rassemblement du savoir universel. Toute grande métropole occidentale est susceptible de rappeler Alexandrie, singulièrement New York, qui se veut le cœur culturel du Nouvel ordre mondial. On y trouve en effet la présence d’une forte communauté juive, un urbanisme démesuré, une volonté de modernité scientifique et artistique, ainsi qu’une ambition de régenter l’esprit du Monde. Les images en douche qui montrent les heurts entre chrétiens et païens, les gros plans sur les silhouettes noires qui sèment la terreur font irrésistiblement penser à des djihadistes, des talibans du IVe siècle. Aussi n’est-il pas abusif de considérer que le film doit beaucoup au 11 septembre et à ce qui s’est ensuivi. Hypatie n’est-elle pas une femme libre victime de la misogynie et de l’intolérance d’une religion proche-orientale ? C’est évidemment le libéralisme sociétal et politique de l’Occident, face à l’obscurantisme, qui est en partie invoqué derrière la liberté païenne attaquée. Et, par delà, l’intolérance du monothéisme. La nature des « recherches » d’Hypatie, l’expérimentation qu’elle pratique sur un navire, évoquent bien entendu Galilée, son héliocentrisme et son expérience, sur la chute des corps, du sommet de la Tour de Pise. Anachronisme, bien sûr, et pas seulement dans les aspects strictement scientifiques : les Anciens en effet n’appréhendaient pas les lois « physiques » et cosmologiques de manière mécaniste, et le néoplatonisme était par bien des côtés plus proche de la magie (la théurgie) que de la quantification de l’univers. Mais qu’importe : on voit que ce qui est souligné est le parallèle avec la lutte que dut entreprendre la modernité contre la superstition des âges obscurs. Credo quia absurdum, disait-on au Moyen Âge.

La boucle est donc bouclée : comme Hypatie en son temps, nous devons combattre, si nous ne voulons pas que notre civilisation s’effondre, les fanatiques actuels de tous poils (évangélistes compris ?).

Il serait trop long d’expliquer en quoi le monde d’aujourd’hui doit plus qu’il ne croit à la vision chrétienne. Je renvoie à l’ouvrage de Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde. Malgré tout, on ne peut pas dire que le pronostic soit totalement erroné, et que la liberté des modernes ne tienne pas, d’un certain point de vue, à celle des païens.

Le christianisme, contrairement aux religions à « mystères », était irrécupérable dans le cadre de la rationalité grecque. Il devait la subvertir en le retournant. Dans la contrainte de justifier rationnellement la foi, il avait emprunté à la philosophie hellénique, mais au prix d’un travestissement du sens et d’un autre emploi du vocabulaire métaphysique. En vérité, la liberté d’interprétation, le libre jeu de la recherche intellectuelle n’avaient plus cours. Nous étions passés sous d’autres cieux, dans lequel un dieu jaloux régnait. Le monde des idées était mis sous tutelle, et le dogme s’imposait, transformant la philosophie en servante de la religion. Le mythe (mythistoire, en ce qui concerne le christianisme) avait dévoré le logos, la fable la raison. La religion à étages qui caractérisait le monde antique (les mythes, les cultes civiques et la « mystique » intellectualisée des philosophes, d’une élite) permettait une économie relativement sereine du « problème divin ». Il s’agissait de réguler le lien entre le ciel et la terre, tout en consacrant l’ordre cosmique, donc par ricochet la sphère politique. L’intention perdure, mais non sans complications. Le dieu subjectif, personnel, absolument transcendant des juifs, dont les chrétiens sont les héritiers, enjoint de manifester sa foi à tous les niveaux, c’est-à-dire dans tous les compartiments de la vie sociale, politique et privée. Le Bas-Empire », qui, depuis les Sévère, manifestait des tendances autocratiques, avec une sacralisation progressive de l’État que Dioclétien renforça, ne pouvait que verser sur la pente d’un totalitarisme dont l’Église chrétienne deviendrait la clef de voûte. Comme Lucien Jerphagnon l’écrit, dans son excellent ouvrage, Les divins Césars : « À la différence des anciens cultes, le christianisme engageait le plan de la conscience personnelle; il exigeait de ses adeptes une adhésion intérieure qui les rendait justiciables d’instances spirituelles censément intermédiaires entre le divin et l’humain. » Une fois l’alliance entre l’Empire et le goupillon scellée, l’obéissance et l’implication subjective, dues à l’une, devait s’appliquer à l’autre, ce qui était tout profit pour les deux s’épaulant, les « agentes in rebus », appelés aussi les «  curiosi « , autrement dit les barbouzes du régime, aidant du reste de leur mieux à convaincre les récalcitrants.

En effet, ce fut sous le premier empereur chrétien qu’un ouvrage, un  pamphlet érudit de Porphyre, Contre les chrétiens, fut l’objet du premier autodafé de l’Histoire ordonné pour des raisons religieuses. C’était un coup d’essai qui ne demandait qu’à se confirmer, et qui était complètement contraire au libéralisme qui régnait dans le monde intellectuel païen. Comme l’affirme Ambroise, l’évêque de Milan, qui impressionna tant Augustin en cette fin du IVe siècle : « On doit le respect d’abord à l’Église catholique, et ensuite seulement aux lois : reverentiam primo ecclesiae catholicae deinde etiam et legibus ». L’Empereur Gratien en sut quelque chose, bien qu’il ne fût pas lui-même un parangon de tolérance.

Ce qu’il y avait aussi d’inédit dans la manière dont le christianisme s’imposait, c’était son prosélytisme, son ambition missionnaire de convertir l’humanité. Il rencontrait certes la logique universaliste de l’Empire romain qui, comme tout Empire, avait vocation à dominer le monde, mais, en même temps, la sage gestion des choses divines, qui prévalait jusqu’alors, était complètement embrouillée. Il n’y avait plus, en droit, plusieurs approches, des interprétations hiérarchisées du monde et des dieux, mais un dogme qu’il fallait mettre à la portée de tous. Nietzsche avait parlé d’un platonisme placé au niveau des masses, dont la grossièreté devenait une source de troubles.

Les « débats » métaphysiques sur les relations entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, en brassant des concepts alambiqués, débordaient sur la place publique. La « démocratisation » de la question religieuse, qui devenait un enjeu idéologique derrière lequel se dissimulaient des conflits ethniques ou nationalistes (les donatistes par exemple expriment le ressentiment berbère, les futurs monophysites se trouveront surtout chez les Égyptiens, à l’esprit particulariste exacerbé) libère dans le démos tous les démons du fanatisme, comme si les cloisons antiques qui permettaient de canaliser les conflits avaient sauté. Les moines, dont le nombre devient vite pléthorique, et qui recrutent en Égypte surtout dans la paysannerie inculte et particulièrement rude, constituent des troupes de choc, souvent violentes, et feront peser sur l’État byzantin un danger constant. Ils se déversent dans la rue en gueulant des slogans, comme nos modernes gauchistes, constituent des sectes, des coteries, des clans, et en même temps l’infanterie lors des combats urbains. Ainsi Cyrille, à Alexandrie, bénéficie-t-il des « services » de ses parabalani (infirmiers ou croquemorts) dévoués corps et âmes à leur chef. Libanios, un des philosophes « païens » qui accompagnèrent Julien dans son épopée, dit de Constance II, bigot qui avait décrété l’interdiction des cultes anciens, qu’il « introduisait à la cour les hommes pâles, les ennemis des dieux, les adorateurs des tombes… ».

L’« Antiquité tardive » est un monde où la haine s’exaspère, les gens des campagnes en voulant à ceux des villes qui les exploitent, détestant encore plus propriétaires et fonctionnaires, les prolétaires en voulant aux bourgeois, et l’armée étant vomie par l’ensemble de la société. Tous les ingrédients étaient présents pour recevoir avec empressement ce dieu d’amour et de revanche qu’était Yahvé-Jésus.

Julien (empereur de 361 à 363) évoquera cette haine du chrétien pour le chrétien, la rabies theologica : « Aucune bête féroce, écrit aussi  Ammien Marcellin (contemporain de Julien), n’est aussi acharnée contre l’homme que le sont la plupart des chrétiens les uns contre les autres. »

Pour en revenir à Alexandrie, on peut dire qu’elle était la matrice d’un courant, le néoplatonisme, qui était la symbiose du platonisme, de l’aristotélisme et du stoïcisme, et qui allait influencer, par Plotin, la pensée occidentale jusqu’à maintenant. Elle avait vu en son sein œuvrer Philon le juif, qui avait essayé de concilier le judaïsme et l’hellénisme, Pantène, Clément, qui étaient chrétiens, et surtout  Ammonios Sakkas, qui n’a rien écrit, mais qui fut le maître d’Origène et de Plotin, ce qui n’est pas rien.

Il faut imaginer Hypatia dans cette atmosphère tendue, en tous points exaltante si l’on considère la tradition dans laquelle elle s’inscrivait, mais ô combien chargée de menaces. En 388, on avait fermé les temples. En 392, on saccageait le Sérapeion. La ville était sous la coupe des patriarches, Théophile et Cyrille, son neveu. Un État dans l’État.

Hypatia était fille de Théon, mathématicien célèbre. Elle était « géomètre » (comme le recommandait Platon), astronome, vierge et vertueuse, s’accoutrait du court manteau des cyniques – le tribon -, symbole d’abstinence plutôt que d’appartenance à l’école des « chiens ». Elle était rémunérée par l’État, mais donnait aussi des cours privés.

Synésios de Cyrène avait réalisé sur ses indications un planisphère.  C’était un fils de bonne famille, intelligent et riche, de même âge que son professeur. Il était fasciné par Hypatia. Plus tard, dans une « lettre à un ami », il écrit : « Nous avons vu et entendu celle qui détient le privilège d’initier aux mystères de la philosophie. » Il l’appela, sur son lit de mort, « sa mère, sa sœur, son maître ».

Comme tout « potentes » de l’époque, il fut contraint à la politique. Voué à la vie philosophique, c’est-à-dire à la contemplation, il n’était sans doute pas emballé par cette charge, mais l’élite gréco-romaine était encore animée par l’éthique stoïcienne, et c’était un devoir auquel on ne se dérobait pas encore. Aussi se retrouva-t-il, au mois d’août 399, à la cour d’Arcadios, une parfaite nullité, fils du sinistre Théodose. Le député de la Cyrénaïque était en fait là pour défendre les intérêts d’une province en grande difficulté économique. Il produisit du même coup un Discours sur la royauté qui reprenait le thème de la royauté idéale, opposée à la tyrannie parce que guidée par la philosophie, pattern redevable à la tradition gréco-latine destinée à asseoir idéologiquement la basileia, c’est-à-dire la royauté, avec tout ce que cela suppose de tempérance, de piété, de bonté, d’imitation de l’excellence divine (la providence royale étant faite à l’image de la pronoia divine, et le basileos étant assimilable à la divinité, homoiôsis theô). Synésios invitait l’Empereur à revenir à la tradition romaine de simplicité, de rudesse, etc. – contre l’amollissement d’une cour corrompue par trop de luxe, qu’il constatait de ses yeux. Et il met pour ce faire en regard le souvenir des anciens empereurs, à la tête des armés, et insiste sur la nécessité de la guerre, matrice de vertus. Comme quoi un néoplatonicien peut avoir les pieds sur terre !

Mais ce qu’il fit de plus intéressant encore, et qui nous concerne pour notre propre chef, ce fut d’engager Arcadios à expulser du Sénat les Barbares germains qui s’y étaient infiltrés et qui avaient la haute main sur tout. Il contredisait ainsi Thémistios – dont Arcadios avait été l’élève – philosophe néoplatonicien « de cour », conseiller de plusieurs empereurs, qui avait invité ses maîtres successifs à « passer aux barbares ». Durant les vingt années qui séparent les deux hommes, le problème barbare avait  beaucoup évolué. Les intelligences lucides y voyaient une menace mortelle pour l’Empire. Il fallait un sursaut, une prise de conscience. Aussi Synésios conseilla-t-il de recruter dans les « campagnes » de l’Empire plutôt que chez les Barbares qui infestaient l’armée et minaient sa cohésion. Il demandait des combattants « nationaux ».

Ce n’est pas tout. Il se maria. C’était un homme qui adorait la chasse et la réflexion. Il était richissime, avait de hautes relations, était sérieux, savant. Il n’en fallait pas plus, en ces temps de détresse, pour être élu évêque. Il accepta sous conditions. Dans la Lettre 105 à son frère (en fait il s’adressait à Théophile), il remercie les habitants de Ptolémaïs qui lui ont fait confiance. Mais il est marié, et refuse une séparation officielle ainsi qu’une vie maritale clandestine. Il veut même avoir « beaucoup de beaux enfants ». Sur le plan philosophique, il n’est pas disposé à abandonner ses convictions auxquelles il adhère par voie de démonstration scientifique : « Il y a plus d’un point où la philosophie s’oppose aux idées communément reçues », c’est-à-dire chrétiennes. Il faut le laisser tranquille par rapport au dogme. Par exemple : « Je n’irai pas dire […] que le monde, en toutes ses parties, est voué à la ruine [cela contre le dogme de la fin l’Apocalypse]. Quant à la résurrection, qu’admet l’opinion courante, c’est là, à mon sens, un mystère ineffable où je ne m’accorde pas, tant s’en faut, avec le sentiment vulgaire. » Et il fixe les bornes entre lesquelles peut s’exercer la liberté de conscience : en public, il est philomuthôn (je prêche toutes les « histoires » qu’on voudra), dans le privé, je suis philosophôn (j’exerce librement ma raison).

On ne connaît pas la suite.

Il resta fidèle à Hypatia. Il mourut en 413, la précédant de deux ans.

Entre-temps, Théophile était mort, Cyrille, son neveu, imposait sa loi à Alexandrie. En mars 415, il y eut des émeutes. Cyrille et Oreste s’opposaient, le pouvoir religieux voulait dominer le pouvoir politique. Oreste sanctionna Hiérax, maître d’école chrétien, sectateur fanatique et agent de Cyrille. Une provocation (l’incendie dans une église) fut le prétexte d’un pogrom contre les juifs, que le pouvoir séculier protégeait. Un commando de cinq cents moines rencontra le préfet, qui fut rossé et sauvé in extremis par des Alexandrins. Cyrille accusa le préfet d’être sous l’influence d’Hypatia, considérée comme la source du conflit.

Un commentateur contemporain, du nom de Socrate raconte ce qui suivit : « Des hommes à l’esprit échauffé ourdirent un complot. Sous la conduite d’un lecteur répondant au nom de Pierre, les voilà qui surprennent la femme alors qu’elle rentrait chez elle, s’en revenant on ne sait d’où. Ils l’extraient de sa litière, l’entraînent à l’église du Kaisaréion, la déshabillent et la tuent à coups de tessons. Ils dépecèrent le corps, en rassemblèrent les morceaux sur la place du Cinaron, et les mirent à brûler. »

Lucien Jerphagnon ajoute : « Ainsi s’achève l’histoire d’Hypatia la philosophe, dont le savoir égalait le charme et la beauté. »

Claude Bourrinet


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=1376

Arno Breker & the Pursuit of Perfection

Breker_ApolloAndDaphne.jpg

Zeus Hangs Hera at the World’s Edge:
Arno Breker & the Pursuit of Perfection

Jonathan BOWDEN

Ex: http://www.counter-currents.com/

Arno Breker (1900–1991) was the leading proponent of the neo-classical school in the twentieth century, but he was not alone by any stretch of the imagination. If we gaze upon a great retinue of his figurines, which can be seen assembled in the Studio at Jackesbruch (1941), then we can observe images such as Torso with Raised Arms (1929), the Judgment of Paris, St. Mathew (1927), and La Force (1939). All of these are taken from the on-line museum and linkage which is available at:

http://ilovefiguresculpture.com/masters/german/breker/bre...

The real point to make is that these are dynamic pieces which accord with over three thousand years of Western effort. They are not old-fashioned, Reactionary, bombastic, “facsimiles of previous glories,” mere copies or the pseudo-classicism of authoritarian governments in the twentieth century (as is usually declared to be the case). Joseph Stalin approached Breker after the Second European Civil War (1939–1945) in order to explore the possibility for commissions, but insisted that they involved castings which were fully clothed. At first sight, this was an odd piece of Soviet prudery — but, in fact, politicians as diverse as John Ashcroft (Bush’s top legal officer) and Tony Blair refused to be photographed anywhere near classical statuary for fear that any proximity to nudity (without Naturism) might lead to their tabloid down-fall.

breker2.jpgAll of Breker’s pieces have precedents in the ancient world, but this has to be understood in an active rather than a passive or re-directed way. If we think of the Hellenism which Alexander’s all-conquering armies inspired deep into Asia Minor (and beyond), then pieces like the Laocoön at the Vatican or the full-nude portrait of Demetrius the First of Syria, whose modelling recalls Lysippus’ handling, are definite precursors. (This latter piece is in the National Museum in Rome.) Yet Breker’s work is quite varied, in that it contains archaic, semi-brutalist, unshorn, martial relief and post-Cycladic material. There is also the resolution of an inner tension leading to a Stoic calm, or a heroic and semi-religious rest, that recalls the Mannerist art of the sixteenth century. Certain commentators, desperate for some sort of affiliation to modernism in order to “save” Breker, speak loosely of Expressionist sub-plots. This is quite clearly going too far — but it does draw attention to one thing . . . namely, that many of these sculptures indicate an achievement of power, a rest or beatitude after turmoil. They are indicative of Hemingway’s definition of athletic beauty — that is to say, grace under pressure or a form of same.

This is quite clearly missed by the well-known interview between Breker and Andre Muller in 1979 in which a Rottweiler of the German press (of his era) attempts to spear Breker with post-war guilt. Indeed, at one dramatic moment in the dialogue between them, Muller almost breaks down and accuses Breker of producing necrophile masterpieces or anti-art (sic). What he means by this is that Breker is artistically glorifying in war, slaughter, and death. As a Roman Catholic teacher of acting once remarked to me, concerning the poetry of Gottfried Benn, it begins with poetry and ends in slaughter. Yet the answer to this ethical ‘plaint is that it was ever so. Artistic works have always celebrated the soldierly virtues, the martial side of the state and its prowess, and all of the triumphalist sculpture on the Allied side (American, Soviet, Resistance-oriented in France, etc. . . .) does just that. As Wyndham Lewis once remarked in The Art of Being Ruled, the price of civility in a cultivated dictatorship (he was thinking of Mussolini’s Italy) might well be the provision of an occasional Gladiator in pastel . . . so that one could be free from communist turmoil, on the one hand, and able to continue one’s work in serenity, on the other. Doesn’t Hermann Broch’s great post-modern work, The Death of Virgil, which dips in and out of Virgil’s consciousness as he dies, rather like music, not speculate on his subservience to the Caesars and his pained confusion about whether the Aeneid should be destroyed? It survived intact.

Nonetheless, the interview provides a fascinating crucible for the clash of twentieth century ideas in more ways than one. At one point Muller’s diction resembles a piece of dialogue from a play by Samuel Beckett (say End-Game or Fin de Partie); maybe the stream-of-consciousness of the two tramps in Waiting for Godot. For, whether it’s Vladimir or Estragon, they might well sound like Muller in this following exchange. Muller indicates that his view of Man is broken, crepuscular, defeated, incomplete and misapplied — he congenitally distrusts all idealism, in other words. Mankind is dung — according to Muller — and coprophagy the only viable option. Breker, however, is of a fundamentally optimistic bent. He avers that the future is still before us, his Idealism in relation to Man remains unbroken and that a stratospheric take-off into the future remains a possibility (albeit a distant one at the present juncture).

brekerhumilite.jpgAnother interesting exchange between Muller and Breker in this interview concerns the Shoah. (It is important to realise that this highly-charged chat is not an exercise in reminiscence. It concerns the morality of revolutionary events in Europe and their aftermath.) By any stretch, Breker declares himself to be a believer and that the criminal death through a priori malice of anyone, particularly due to their ethnicity, is wrong. At first sight this appears to be an unremarkable statement. A bland summation would infer that the neo-classicist was a believer in Christian ethics, et cetera. . . . Yet, viewed again through a different premise, something much more revolutionary emerges. Breker declares himself to be a “believer” (that is to say, an “exterminationist” to use the vocabulary of Alexander Baron); yet even to affirm this is to admit the possibility of negation or revision (itself a criminal offense in the new Germany). For the most part contemporary opinion mongers don’t declare that they believe in Global warming, the moon shot, or the link between HIV and AIDS — they merely affirm that no “sane” person doubts it.

Similarly, even Muller raises the differentiation in Breker’s work over time. This is particularly so after the twin crises of 1945 and 1918 and the fact that these were the twin Golgothas in the European sensibility — both of them taking place, almost as threnodies, after the end of European Civil Wars. Germany and its allies taking the role of the Confederacy on both occasions, as it were. Immediately after the War — and amid the kaos of defeat and “Peace” — Breker produced St. Sebastien in 1948, St. George (as a partial relief) in 1952, and the more reconstituted St. Christopher in 1957. (One takes on board — for all sculptors — the fact that the Church is a valuable source of commissions in stone during troubled times.) All of this led to a celebration of re-birth and the German economic miracle of recovery in his unrealized Resurrection (1969) which was a sketch or maquette to the post-war Chancellor Adenauer. Saint Sebastien is interesting in its semi-relief quality which is the nearest that Breker ever comes to a defeated hero or — quite possibly — the mortality which lurks in victory’s strife. Interestingly enough, a large number of aesthetic crucifixions were produced around the middle of the twentieth century. One thinks (in particular) of Buffet’s post-Christian and existential Pieta, Minton’s painting in the ‘fifties about the Roman soldiery, post-Golgotha, playing dice for Christ’s robes, or Bacon’s screaming triptych in 1947; never mind Graham Sutherland’s reconstitution of Coventry Cathedral (completely gutted by German bombing); and an interesting example of an East German crucifixion.

This is a fascinating addendum to Breker’s career — the continuation of neo-classicism, albeit filtered through socialist realism, in East Germany from 1946–1987. An interesting range of statuary was produced in a lower key — a significant amount of it not just keyed to Party or bureaucratic purposes. In the main, it strikes one as a slightly crabbed, cramped, more restricted, mildly cruder and more “proletarianized” version of Breker and Kolbe. But some decisive and significant work (completely devalued by contemporary critics) was done by Gustav Seitz, Walter Arnold, Heinrich Apel, Bernd Gobel, Werner Stotzer, Siegfried Schreiber, and Fritz Cremer. His crucifixion in the late ‘forties has a kinship (to my mind) with some of Elisabeth Frink’s pieces — it remains a neo-classic form whilst edging close to elements of modernist sculpture in its chthonian power and deliberate primitivism. A part of the post-maquette or stages of building up the Form remains in the final physiology, just like Frink’s Christian Martyrs for public display. Perhaps this was the nearest a three-dimensional artist could get to the realization of religious sacrifice (tragedy) in a communist state.

Anyway, and to bring this essay to a close, one of the greatest mistakes made today is the belief that the Modern and the Classic are counterposed, alienated from one another, counter-propositional and antagonistic. The Art of the last century and a half is an enormous subject (it’s true) yet Arno Breker is one of the great Modern artists. One can — as the anti-humanist art collector Bill Hopkins once remarked — be steeped both in the Classic and the Modern. Living neo-classicism is a genuine contemporary tradition (post Malliol and Rodin) because photography can never replace three-dimensionality in form or focus. Above all, perhaps it’s important to make clear that Breker’s work represents extreme heroic Idealism . . . it is the fantastication of Man as he begins to transcend the Human state. In some respects, his work is a way-station towards the Superman or Ultra-humanite. This remains one of the many reasons why it sticks in the gullet of so many liberal critics!

One will not necessarily reassure them by stating that Breker’s monumental sculptures during his phase of Nazi Art were modeled (amongst other things) on the Athena Parthenos. The original was over forty feet high, came constructed in ivory and gold, and was made during the years 447–439 approximately. (The years relate to Before the Common Era, of course.) The Goddess is fully armoured — having been born whole as a warrior-woman from Zeus’ head. There may be Justice but no pity. A winged figure of Victory alights on her right-hand; while the left grasps a shield around which a serpent (knowledge) writhes aplenty. A re-working can be seen in John Barron’s Greek Sculpture (1965), but perhaps the best thing to say is that the heroic sculptor of Man’s form, Steven Mallory, in Ayn Rand’s Romance The Fountainhead is clearly based on Thorak: Breker’s great rival. Yet the “gold in the furnace” producer of a Young Woman with Cloth (1977) remains to be discovered by those tens of thousands of Western art students who have never heard of him . . . or are discouraged from finding out.

mercredi, 29 décembre 2010

Haste mal 'ne Kippa?

kippa.jpg

Haste mal ’ne Kippa?

Von Doris Neujahr

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Vertreter von Rechtsparteien aus Österreich (FPÖ), Belgien (Vlaams Belang), Schweden (Schwedendemokraten) und Deutschland (René Stadtkewitz für „Die Freiheit“) haben eine Reise nach Israel unternommen und dort eine „Jerusalemer Erklärung“ verabschiedet, die eine Einheit zwischen dem Widerstand gegen die Islamisierung Europas und der uneingeschränkten Solidarität mit Israel herstellt.

Die politische Bedeutung der Deklaration und des Besuchs liegt auf der sachlichen wie der symbolischen Ebene. Die Besucher kalkulieren mit Effekten in Israel und zu Hause. Ein Vorgang, der Risiken und Nebenwirkungen in sich birgt.

Die Rechtsparteien haben im Nahost-Konflikt nicht bloß eindeutig, sondern einseitig Position bezogen, indem sie das Existenzrecht Israels und sein Recht auf Selbstverteidigung betonten, ohne mit gleicher Deutlichkeit den Anspruch der Palästinenser auf einen eigenen Staat anzumahnen.

Der Nahost-Konflikt wird auf ein Islamismus-Problem reduziert

Den Nahost-Konflikt haben sie auf das Islamismus-Problem reduziert, was historisch und politisch falsch ist. Ihr wichtigster Ansprechpartner war die ultrareligiöse Siedlerbewegung, die auch in Israel heftig umstritten ist und die in ihrer ideologischen Kompromißlosigkeit den Islamisten kaum nachsteht. Denkt man diese konfrontative Logik zu Ende, dann schrumpft der Kampf gegen die Islamisierung Europas auf eine funktionale Größe innerhalb eines religiösen Weltbürgerkriegs. Dessen Frontlinien und Notwendigkeiten werden außerhalb Europas definiert; Europa wäre ihr Spielball.

Die symbolischen Markierungen während des Besuchs verstärken den Eindruck. Europäische Politiker, die ihre grundsätzliche Positionsbestimmung „Jerusalemer Erklärung“ überschreiben, verbinden mit der lokalen eine politische Festlegung. Zusammen mit dem kollektiven Besuch der Holocaust-Gedenkstätte Yad Vashem signalisiert das die Bereitschaft, sich den Ritualen und dem Geist der Zivilreligion zu unterwerfen.

Stärke des Islam in der Destruktion nationaler Identitäten

Wie will man damit dem Problem der Islamisierung und den europäischen Realitäten und Interessen insgesamt gerecht werden? Der Islam gewinnt hier an Stärke, weil die Staaten sich als schwach erweisen. Die Schwäche drückt sich unterschiedlich aus: in der Destruktion nationaler Identitäten, des Rechtsstates, der parlamentarischen Strukturen und der Sozialsysteme; in der fortschreitenden Abhängigkeit der Politik von den internationalen Finanzzentren; im Transfer nationaler Souveränität und Verantwortlichkeit an transnationale Organisationen, die sich jeder Verantwortlichkeit entziehen, die den Demos entmündigen und zum politischen und finanziellen Ausbeutungsobjekt herabwürdigen.

Im Namen von Deregulierung, Globalisierung und übernational verbindlichen Freiheitsrechten – die praktisch ausschließlich in Europa eingeklagt werden können – wird die relative Homogenität der Nationalstaaten zerstört und werden ethnische, kulturelle und religiöse Konflikte importiert. Die Unteilbarkeit der Menschenrechte, zu der sich auch die „Jerusalemer Erklärung“ bekennt, wird zum unmittelbar gültigen Gesetz erklärt.

Gerade die Islam-Anhänger benutzen die Menschenrechte als Brechstange, um Zugang nach Europa, in seine Sozialsysteme und öffentlichen Räume zu erhalten. Diese Entwicklung korrespondiert und wird gerechtfertigt mit einer zivilreligiösen Metaphysik, in der sich die Menschenrechtsideologie mit vorgeblichen Lehren aus der NS-Herrschaft über Europa und der europäischen Kollaboration vermischt. Nicht nur der deutsche, der Nationalstaat überhaupt ist demnach des Teufels.

Es war kein Zufall, daß Wolfgang Benz, der Chef des Zentrums für Antisemitismusforschung in Berlin, auch Leiter des multinationalen Geschichtsprojekts „Nationalsozialistische Besatzungspolitik in Europa 1939–1945“ war, das von der European Science Foundation in Straßburg finanziert wurde. Es fügt sich ins Bild, daß Benz vehement Parallelen zwischen der vermeintlichen Diskriminierung von Moslems heute und der tatsächlichen der Juden in der NS-Zeit zieht.

Instrumentalisierung der NS-Zeit auch von muslimischen Zuwanderern

Diese Metaphysik der Schwäche bietet für Israel ein moralisches Erpressungspotential, über das es mit Argusaugen wacht. Europäische Rechtsparteien sehen sich dem Verdacht ausgesetzt, die NS-Zeit und die Kollaboration zu verharmlosen. Doch auch die muslimischen Zuwanderer haben gelernt, den Nationalsozialismus als Argument zu benutzen, um europaweit Privilegien für sich einzufordern. Inzwischen stellen sie selber eine relevante Größe dar, die in der Lage ist, jüdische Interessen zu konterkarieren.

Israel könnte deshalb rechte Parteien in Europa künftig für nützlich halten und bereit sein, sie demokratisch zu salben, wenn sie nur antiislamisch agieren. Diese könnten mit der Salbung den Nazi-Vorwurf entkräften, der ihnen in ihren Ländern entgegenschlägt und der sie – zumindest in Deutschland – bisher als randständig stigmatisiert. So in etwa dürften die Hintergedanken der Jerusalem-Fahrer lauten.

Solange daraus keine Abhängigkeit und Instrumentalisierung folgt, ist das als taktischer Schachzug akzeptabel. Spätestens bei der Frage eines Beitritts der Türkei zur Europäischen Union jedoch, auf den Israel drängt, werden sich die Geister scheiden. Vielleicht kalkulieren die rechten Akteure viel machiavellistischer, als Außenstehende sich das heute vorstellen können.

(JF 51/10)

Russie, Chine, Inde: une voie trilatérale vers un monde multipolaire

Russie, Inde, Chine : une voie trilatérale vers un monde multipolaire

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Une semaine après que le président américain Barak Obama eut annoncé son soutien à l’Inde qui revendique un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l’Inde et de la Chine (RIC) se sont réunis à Wuhan en Chine, les 14 et 15 novembre.

Les réformes de l’ONU faisaient partie des questions internationales les plus pressantes abordées par S.M. Krishna (Inde), Yang Jiechi (Chine) et Sergei Lavrov (Russie). Mais New Delhi est resté sur sa faim : la rencontre s’est clôturée par un communiqué conjoint en faveur des réformes mais n’allant pas au-delà d’une « appréciation positive du rôle joué par l’Inde dans les affaires internationales » .

La Russie a fortement appuyé la candidature indienne à un siège permanent, mais la Chine a refusé de clarifier sa position, mettant ainsi en évidence une compétition d’ambitions et de projets entre les deux membres pourvus du droit de véto au Conseil de sécurité – Chine et Russie – et le pays qui aspire à les rejoindre à la grande table.

Ces dissonances sur les questions décisives versent de l’eau au moulin des sceptiques qui considèrent que la RIC n’est qu’un club de parlote de plus. Cette conclusion est pourtant erronée. Ce qui compte ici, c’est l’importance croissante de la consultation au sein du trio des puissances émergentes qui détiennent les clés de l’ordre changeant du XXIe siècle.

 

De façon significative, la dixième rencontre trilatérale à Wuhan s’est tenue une semaine après que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE [ou ASEAN]) eut approuvé l’admission des États-Unis et de la Russie au sommet de l’Asie orientale. Au lendemain aussi d’une rencontre entre les dirigeants indiens et chinois à Hanoï, dans un contexte tendu.

Pour conclure, la triade a réitéré son appel à un ordre mondial multipolaire, tout en insistant, dans le même mouvement, qu’ « aucun pays tiers » n’était visé (un euphémisme pour les États-Unis).

L’Inde, la Russie et la Chine ont manifesté des inquiétudes communes à propos de l’Afghanistan, mais leur coopération sur ce point n’a pas avancé. La triade a résolu d’intensifier la coopération antiterroriste mais il semble que Pékin ait bloqué la proposition indienne d’inclure une référence à l’élimination des « refuges » pour les terroristes, allusion au Pakistan pour son rôle en Afghanistan.

Ces différences d’approche et de point de vue des trois puissances émergentes sont naturelles, et c’est exactement pour cela que l’idée de cette triade avait été proposée il y a plus de dix ans par le Premier ministre russe Evgueny Primakov, afin de contrebalancer l’hégémonie de Washington.

La triade encourage aussi l’approfondissement de la coopération dans des domaines divers : agriculture, santé, changements climatiques, catastrophes naturelles et problèmes économiques mondiaux, qui peuvent transformer la vie des populations. La proposition de relier les centres d’innovation des trois grandes économies (Bangalore et Skolkovo par exemple), noyau de la croissance mondiale, est l’une de ces idées qui mêle l’ambition d’une renaissance nationale partagée par les trois pays à leur désir collectif d’avoir plus de poids dans les questions internationales.

Trois, c’est peut-être un de trop, mais dans ce cas-ci, le trio n’a d’autre choix que de gérer ses divergences car chacun des trois pays a plus d’intérêts que de désavantages dans les progrès réalisés par les deux autres. Alors que l’idée d’un G2 est une chimère et tandis que la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU reste une perspective à long terme, le RIC représente un microcosme d’une ère asiatique en gestation qui accentue la nécessité de renforcer la confiance entre les trois piliers d’un monde multipolaire.

La Russie d’Aujourd’hui

The Geopolitical Agenda behind the 2010 Nobel Peace Prize

portrait-du-dissident-chinois-liu-xiaobo_350.jpg

The Geopolitical Agenda behind the 2010 Nobel Peace Prize

By F. William Engdahl

Ex: http://www.engdahl.oilgeopolitics.net/

 With almost flawless political timing, the Nobel Peace Prize Committee of the Norwegian Parliament announced the giving of the 2010 Nobel Peace Prize to Chinese  critic, political activist Liu Xiaobo. The announcement came just as US Treasury Secretary Timothy Geither was upping the pressure on the government of China to agree to a substantial revaluation of the Yuan, a move that would do little for the embattled dollar but cause great harm to China’s economy. The Nobel Prize theater is part of an escalating long-term pressure strategy of Washington against China.

The award of the Nobel Peace Prize to Liu Xiaobo was clearly no coincidence of events. Rather it must be understood in my view as a calculated part of a long-term strategy, not from a few members of the Norwegian Parliament, but from the leading elite circles of the world’s hegemonic power, the United States, to break China’s stride to become a sovereign and leading world economic factor. From their point of view, China must be “cut down to size.”

The Nobel Peace Prize's world media theater is a calculated part of this strategy―trying to make China “lose face” in the eyes of the rest of the world. That is all part of an orchestrated deeper game, using “human rights,” and a web of NGOs and organizations that Washington controls directly or indirectly, as a weapon of Washington geopolitics.

It is not likely to succeed any more than Washington’s calculated incitement of Tibetan riots around circles tied to the Dalai Lama in March 2008, or its covert encouragement of unrest in China’s Xinjiang Province in July 2009, or its attempt to activate a destabilization in China’s neighbor country, Mýanmar in 2007, the so-called Saffron Revolution. The circles running these pin-prick operations are aware of that. What they are doing is carefully preparing the international climate to turn the Peoples Republic of China from a partner and "friend" into the new “enemy image.” It's a very high risk strategy on Washington’s part. It is also rooted in a certain desperation over the USA's geopolitical situation.

Liu Xiaobo’s funny foreign friends

There is an old English expression that bears much truth, that a man is known by the company he keeps. I am not qualified to speak to the person of Liu Xiaobo. I have never met the man nor have I read his works. What I find significant however, is the company he keeps, especially Liu’s funny foreign friends.

Liu Xiaobo was President of the Independent Chinese PEN Center until 2007 and currently holds a seat on its board according to his official biography at the PEN International website.1 PEN is not just any random collection of writers. It is an integral part of the Anglo-American web of human rights and democracy advocacy NGOs and private organizations used to achieve defined geopolitical goals of its sponsors.

PEN calls itself the “world’s oldest human rights organization,” and was established in the 1920’s in London by two of the leading geopolitical strategists of the British Empire at the time, G.B. Shaw and H.G. Wells. It is supported by a network of private US and European foundations and corporations including Bloomberg, as well as the Norwegian Ministry of Foreign Affairs and “other donors who wish to remain anonymous.” It aims to create something it calls a “world culture.” That smells suspiciously like the Anglo-American theme of “Global Governance” or David Rockefeller’s “New World Order.” PEN is part of a larger web called the International Freedom of Expression Exchange or IFEX, an international network, based in Canada, of some ninety NGOs with the noble-sounding aim of defending “the right to freedom of expression,” whatever that might mean. IFEX members include the Washington-based Freedom House, itself financed by the US State Department, and the National Endowment for Democracy (NED).

Freedom House, created in 1941 to promote American entry into World War II, was used during the Cold War as a vehicle for CIA-directed anti-communist propaganda. Its recent activities have been a central role as NGO in Washington-directed destabilizations in Tibet, Myanmar, Ukraine, Georgia, Serbia, Kyrgyzstan and other countries apparently not pursuing policies satisfactory to certain powerful people in the USA. Its past president was former CIA Director James Woolsey. Freedom House chairman, Bette Bao Lord, was also a leading figure in the International Committee for Tibet at the time of the 2008 Tibet riots. Freedom House has worked closely with George Soros’ Open Society Institutes and the Norwegian Ministry of Foreign Affairs in promoting such projects as the Washington-financed 2005 Tulip Revolution in Kyrgyzstan that brought the Washington-friendly dictator and drug boss, Kurmanbek Bakiyev to power.2

So much for the PEN relations of Liu Xiaobo. Now we should look at why the Nobel award was made to him.

The little-known story of Tiananmen 1989

In their announcement of the Nobel award the committee cited Liu’s role in the 1989 Tiananmen protests as a major factor, as well as his co-authorship of something called Charter 08 in 2008, which Time magazine called “a manifesto calling for democratic political reform in oppressive communist China.”3

Liu Xiaobo reportedly flew back from teaching at America’s elite Ivy League Columbia University in spring of 1989 to play a leading role in student protests at Beijing’s Tiananmen Square. The events of Tiananmen Square in June 1989 are shrouded in the images of CNN for much of the world. What few know is that Tiananmen Square in June 1989 was an early attempt of the US intelligence to interfere in the internal affairs of the Peoples' Republic of China and to implement what later came to be called Color Revolutions. Similar Color Revolutions were later run by Washington in Serbia against Milosevic, in Ukraine with the so-called Orange Revolution, Georgia’s Rose Revolution and other geopolitical destabilizations aimed at creating Washington-friendly regime changes.

As I describe in my book, Full Spectrum Dominance: Totalitarian Democracy in the New World Order, the man who urged then-President George Herbert Walker Bush to impose strong sanctions against the Beijing government for the events of Tiananmen was US Ambassador James R. Lilley, long-time Bush friend and CIA official. There is good reason to believe that Lilley was the case officer running the destabilization operation. Gene Sharp of the Albert Einstein Institution in Boston, the author of the textbook for “non-violence as a form of warfare” as he terms it, was also in Beijing days before the Tiananmen protests escalated. Sharp’s organization and text, especially his book, Civilian-Based Defense: A Post Military Weapons System, reportedly played a significant role in the Color Revolutions in Serbia, Ukraine and Georgia as well. Perhaps just a coincidence that Sharp was in Beijing in June 1989…perhaps not.4

And at the time of the destabilizing events of Tiananmen in 1989, a foundation headed by George Soros, Fund for the Reform and Opening of China, was also reportedly forced to close down after Chinese officials accused it of working with the CIA to destabilize China during the June 1989 Tiananmen time.5

It is useful to recall that US intelligence in just this time was active in bringing the collapse of the Soviet Union as well. So the fact that Liu Xiaobo decides to drop a promising academic career in New York’s elite Columbia University to jump into the middle of events at Tiananmen in spring 1989 suggests at the very least he might have been encouraged to do so by some of his funny foreign friends in the US.

In terms of Liu’s role in drafting the Charter 08, his timing here is also remarkable and curious. At a time when China is modernizing its economy and allowing what appear to this writer as in many cases more individual freedom than one finds in certain Western so-called democracies, Liu escalates political pressures on the Beijing government. And he does it in 2008, clearly knowing well that Chinese officials are extremely sensitive to possible efforts by Tibet and other groups such as Uighurs to embarrass Beijing during the Olympics. The US State Department admitted that the 2008 Tibet Dalai Lama-supported protests and riots were the most serious internal unrest in the history of the Peoples’ Republic. It was hardly a time to demand more opening of dissent if one were really serious about such themes. It suggests that the activities of Liu Xiaobo might have another deeper agenda which perhaps his funny foreign friends provide.

The Nobel Prize Nomination

In this context, the list of names who formally nominated Liu Xiaobo to get the Nobel Peace Prize in 2010 is worth noting. The nomination was proposed by none other than the Dalai Lama, a long-time recipient of US Government financial largesse, from both the CIA and the US Congress v ia the National Endowment for Democracy. The fact that the Dalai Lama nominated Liu says much of the geopolitical nature of this year’s Nobel Peace Prize.

If we then look at a list of the other persons who nominated Liu Xiaobo, it reads like an international membership list of David Rockefeller’s very secretive Trilateral Commission, an ultra-elite membership-by-invitation-only group of three hundred of the most powerful persons in North America, Europe and Japan (China has not been invited to this select club).

Along with Dalai Lama, Karel Prince of Schwarzenberg and Czech Foreign Minister, former WTO head Mike Moore, Russian free market opposition politician Grigory A. Yavlinsky, all nominated Liu.

Prince Karel, Moore and Yavlinsky are all members of the elite Trilateral Commission suggesting that might be where plans were made to make Liu Xiaobo the Nobel winner.

Pro-NATO former Czech President Vaclav Havel, who is chairman of the International Council of the George Soros-financed Human Rights Watch, also joined in nominating Liu for the prize. Havel, who is close friends with Prince Karel, notes that Liu’s Charter 08 was modeled on Havel’s Czech Charter 77 which was used, with covert US backing, to destabilize the Soviet Union in the 1980's.6 It all suggests a close-knit club as Havel, and the club dues are paid by Washington in this case.  

About the Nobel Committee of the Norwegian Parliament little is made public. Their website stresses their complete independence which is less than credible if one looks to the list of names they have awarded the prize to. It includes the Dalai Lama, Burmese jailed opposition leader Aung San Suu Kyi, Barack Obama who got the award after only two weeks in office and despite the fact his military buildup of the war in Afghanistan was explicit before his nomination, Henry Kissinger who as Secretary of State backed repressive death squad regimes of Latin American dictators during the 1970's. And of course, just when Wall Street banks and Anglo-American establishment decides to promote the fraud of global warming, the Nobel Peace Prize is awarded to the discredited UN IPCC and to global warming promoter Al Gore. To put the facts in the open, evidence is clear that the Nobel Peace Prize is part of the geopolitical instruments of the NATO circles used to put pressure on governments it does not completely approve of. Norway is a founding member of NATO and has extremely close ties to leading US circles.

The Deeper Geopolitical Significance

The question as to why US powerful circles chose this moment to escalate pressure on the Peoples' Republic of China by awarding the Peace Prize to Liu Xaiobo is evident from the recent emergence of China as a strong and dynamically-growing world economy at the same time that the United States sinks into the worst economic depression in more than two hundred years of its existence.

Official US strategic policy remains that elaborated in the September 2002 National Security Strategy of the United States, sometimes termed the Bush Doctrine which states that "America's political and military mission in the post-cold-war era will be to ensure that no rival superpower is allowed to emerge in Western Europe, Asia or the territories of the former Soviet Union." That formulation has been explicit Pentagon doctrine since 1992.7

The reason China is being targeted? Simply because China today exists, and exists as a dynamically emerging world factor in economics and politics, creating foreign alliances to support that growth in places like Sudan or Iran where Washington has less control. At his point China's existence as a dynamic stable nation is a growing strategic threat to the United States, not because China threatens war as Washington is doing all round the world. The threat is that the United States and those who dominate its policy lose that global hegemonic position as China, Russia, the Shanghai Cooperation Organization countries of Central Asia as well as countless other countries move toward a far more diverse multi-polar world. According to the Bush Doctrine and US strategic geopolitics, that further dynamic must be prevented at all costs now while it is still possible. The recent escalation of sanctions against Iran by the UN Security Council under strong US pressure had less to do with Iran and its nuclear ambitions than with the fact that Iran is a strategic economic partner of China.

The award of the Nobel Peace Prize to Liu Xiaobo, far from a gesture in promotion of peace ought better to be seen for what it is: a US-guided, NGO-fostered part of a declaration of irregular warfare against the sovereign existence of China. British Balance of Power geopolitics since two hundred or more years has had as axiom that the hegemonic empire must always seek out the weaker of two potential adversaries and ally with it to destroy the stronger. US policy with regard to India since 2001 and with regard to China since 2008 has been just that, pursuit of a military and strategic alliance with the vastly weaker but useful India against strategic Chinese interests in Asia especially Pakistan and Afghanistan.

The official presence of NATO in Afghanistan, far away from the North Atlantic area of NATO ought to signal that all this is not about promotion of democracy or freedom of expression, but about a declining hegemon desperately trying every weapon in its arsenal to reverse reality. Liu Xaiobo is but a convenient tool in their efforts, one of countless many, like the Dalai Lama or Rebiya Kadeer of the Washington-backed World Uyghur Congress. They seem to have less effect as American credibility declines along with its economic stability, a highly unstable mix.


 

1 PEN America Center Website, China: Liu Xiaobo, accessed here

2 Philip Shishkin, In Putin's Backyard, Democracy Stirs -- With US Help, The Wall Street Journal, February 25, 2005

3 The Nobel Peace Prize Committee, The Nobel Peace Prize 2010: Liu Xiaobo, accessed here. For the Time quote, see

4 F. William Engdahl, Full Spectrum Dominance: Totalitarian Democracy in the New World Order, Wiesbaden,
edition.engdahl, 2009, pp. 43, 117. As well, for more on the methods of Sharp and the RAND Corporation, Jonathan Mowat, The new Gladio in action?, Online Journal, March 19, 2005, accessed here

5 United Press International (UPI), China Fund employee reportedly interrogated, August 9, 1989.

6 Vaclav Havel et al, A Chinese Champion of Peace and Freedom, January 18, 2010, accessed here

7 Patrick E. Tyler, U.S. Strategy Plan Calls for Insuring No Rivals Develop: A One-Superpower World, The New York Times, March 8, 1992.
 

00:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prix nobel, liu xiaobo, chine, etats-unis, géopolitique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Turkey "wants to repair ties with Israel"

Ex : http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-12079727

Turkey 'wants to repair ties with Israel'

Turkey-Israel.jpgTurkey's foreign minister says he wants to repair ties with Israel, damaged
when Israeli troops killed eight Turks and a Turkish-US national amid
clashes on a pro-Palestinian aid ship in May.

Ahmet Davutoglu reiterated that Israel must apologise for the deaths, which
led Turkey to withdraw its ambassador.

Israel, which insists the commandos fired in self-defence, said it was also
seeking better relations with Ankara.

Meanwhile, crowds have welcomed the ship, Mavi Marmara, back to Istanbul.

The two nations have had 15 years of good relations, including a number of
military and trade pacts, and have held talks in Geneva recently to try to
restore ties.

But the talks foundered, reportedly because Israel refused to apologise for
the 31 May raid.
'Unchanged goal'

"Turkish citizens have been killed in international waters, nothing can
cover up this truth," said Mr Davutoglu.

"We want to both preserve relations and defend our rights. If our friendship
with Israel is to continue, the way for it is to apologise and offer
compensation."

He said Turkish attempts to repair ties - including helping Israel tackle
devastating forest fires - had not been reciprocated.

Israeli foreign ministry spokesman Yigal Palmor said improving the
relationship was an "unchanged goal".

He said Israel's record in sending humanitarian aid to Turkey "speaks in a
much more truthful and friendly manner than this statement by the Turkish
foreign minister".

The Mavi Marmara, which has been undergoing repairs, sailed back to its home
port of Istanbul on Sunday afternoon.

Large crowds, including family members of the nine killed activists, greeted
the vessel in a ceremony organised by the activists who sent it.

The Mavi Marmara was part of an aid flotilla which was trying to break the
Israeli naval blockade of the Gaza Strip.

A blockade has been imposed on the Gaza Strip by Israel and Egypt since the
Islamist militant group, Hamas, seized control in 2007.

In the wake of the outcry over the raid, Israel began allowing most consumer
items into Gaza, but still maintains a complete air and naval blockade,
limits the movement of people, and bans exports.

Israel says the measures are needed to stop weapons being smuggled to
militants, but the UN says they amount to collective punishment of Gaza's
1.5 million people.

Philosophie de la non-démocratie

cdu.jpg

Philosophie de la non-démocratie

par André WAROCH

Ex: http://www.europemaxima.com/

Le vouloir-vivre ensemble. De notre époque puante, il faudra sûrement retenir ce néologisme dont je ne connais pas l’origine. S’agit-il d’une génération spontanée ? Est-ce une traduction de l’américain ? En tout cas il s’agit, pour les journalistes français, d’une injonction adressée non seulement aux autochtones, mais à tous ceux, même d’origine immigrée, qui refusent de vivre plus longtemps au milieu d’un ramassis de tarés importés du Tiers-Monde islamique.

Les journalistes pratiquent-ils le vivre-ensemble et le vouloir-vivre ensemble ? Bien sûr que non.

Ils habitent dans les beaux quartiers, et leurs enfants vont dans des écoles privées. Ils achètent ce qu’ils ont interdit aux autres, c’est-à-dire le droit de vivre dans un environnement normal. À partir du moment où les frontières ne jouent plus le rôle de filtre social, c’est-à-dire repousser ou expulser les asociaux, le tri se fait à l’intérieur, et il s’agit alors d’une affaire de fric. Celui qui a de l’argent pourra se payer un loft dans le XVIe arrondissement, les autres seront obligés d’habiter avec les racailles. Ils ne peuvent pas habiter à Paris, où l’immobilier est trop cher pour eux, non plus en Province, parce qu’ils n’y trouveront pas de travail.

Comme je n’ai pas de campagne électorale à mener, je ne me sens pas obligé le moins du monde de resservir le couplet démagogique des « élites coupées du peuple ». Nous sommes dans un système démocratique. Les élites ont été élues par le peuple. Les trois dernières élections présidentielles ont été gagnées par l’U.M.P.,  qui gouverne sans interruption depuis 2002 et la fin de la dernière cohabitation. Des solutions alternatives ont été proposées aux Français, par des partis politiques qui prônaient la fin de l’immigration, l’expulsion des indésirables étrangers, et la prison pour les délinquants de nationalité française. Ces propositions comme ces partis ont été massivement rejetés par le peuple. À partir de là, les Français sont dans une impasse. Ils ne veulent plus de la situation actuelle, mais on leur a expliqué qu’expulser les polygames maliens sans-papiers signifierait le retour du nazisme. Nous avons donc affaire à un peuple lobotomisé. Certains en viennent à désespérer. Mais ce désespoir n’est valide que dans la mesure où on considère le système démocratique, en tout temps et en tout lieu, comme le cadre indépassable de toute société éclairée.

On aime à citer le mot de Churchill : « La démocratie est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres ». Le prestige de Winston est tel que, comme concernant d’autres citations venues d’autres personnages de l’histoire, on ne ressent jamais le besoin de l’expliciter d’avantage. Cet argument d’autorité me paraît très insuffisant.

Imaginons que je sois emprisonné pour une raison quelconque. Me voilà dans un fourgon cellulaire, attaché par des menottes, à deux autres détenus que je ne connais pas. Par mes deux poignets, me voilà donc lié, le temps du voyage, à deux autres asociaux. Au détour d’un chemin de campagne, voilà le fourgon qui dérape, et se renverse dans un fossé. Par un miracle quasi-divin, nous voilà libre, mes compagnons d’infortune et moi, tandis que nos geôliers sont inanimés.

Nous nous enfuyons donc dans les bois, apeurés, et en même temps enivrés du parfum exaltant de la liberté. Mais ce que je ne savais pas, c’est que mes deux nouveaux amis ne sont pas des délinquants de droit commun, mais des échappés de l’asile psychiatrique. Ils se connaissent depuis longtemps, et ont développé entre eux un délire tout à fait original : ils veulent se suicider ensemble pour en finir avec ce monde qu’ils honnissent. Nous passons à proximité d’une falaise de quarante mètres, en bas de laquelle des rochers saillants n’attendent que des os à briser et des chairs à meurtrir, et les voilà qui veulent saisir l’aubaine. Comme nous sommes enchaînés, s’ils se jettent du haut de cette falaise, ils m’entraîneront dans la mort.

Je décide de mettre en œuvre le processus démocratique. Nous avons donc un débat contradictoire, au cours duquel je puise dans trois siècles d’argumentaire rationaliste occidental. J’en appelle à Rousseau, à Voltaire, à Alain Minc. À l’issue de ce débat, et toujours dans le strict respect des règles démocratiques, nous organisons un vote. Les deux fous n’ont pas changé d’avis, ils votent pour le suicide collectif. Me voilà donc en minorité. À partir de là, deux attitudes possibles : si je suis un parfait démocrate, j’accepte mon sort, et je me jette du haut de la falaise. Je n’ai pas envie de mourir, mais je dois accomplir mon devoir.

Si je ne suis pas un parfait démocrate, il ne me reste plus qu’une chose à faire : attraper une pierre et les massacrer. Ils vont essayer d’en faire autant, en ayant pour eux la légitimité démocratique, ce qui à ce moment-là n’a plus aucune espèce d’importance; nous voilà revenu à l’âge des cavernes, nous voilà revenus aux antiques lois de la jungle : tuer ou être tué.

Je me considère, dans cette France en perdition, dans la position du détenu attaché de force à des fous.

Je dénie à la majorité du peuple français, que je ne considère ni plus intelligent ni particulièrement plus sage que moi, le droit de décider à ma place ce que va devenir mon pays.

Je ne reconnais pas au peuple français le droit de couler la France. Je ne lui reconnais pas le droit de m’obliger à vivre avec des gens que je méprise et que je déteste. Je n’ai aucune envie de vivre-ensemble. Je veux vivre avec des gens normaux. C’est pour ça que j’ai déménagé. C’est pour ça que les Français déménagent, en ayant pourtant continué à voter pour les hommes qui ont mis en œuvre les politiques d’immigration qui les ont poussé à déménager. Les Français ne sont pas seulement lobotomisés, ils sont schizophrènes.

La démocratie ne peut fonctionner que quand tout le monde est déjà à peu près d’accord sur l’essentiel. En Afrique, elle n’est qu’une gigantesque farce, puisque chacun vote pour le candidat de sa tribu, quelque soit son programme. Les citoyens d’une même nation ne se sentent aucun destin commun.

La France de 2010, je la dégueule en y mettant tout mon cœur. Si on l’enterre un jour, comptez sur moi pour aller pisser sur sa tombe.

André Waroch


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=1769

"La révolte des masses" de José Ortega y Gasset

Crédits photographiques : Yao Dawei (AP Photo/Xinhua).

"La révolte des masses" de José Ortega y Gasset
 
À propos de José Ortega y Gasset, La révolte des masses (préface de José Luis Goyenna, La vie comme exigence de liberté, Les Belles Lettres (voici le tout nouveau blog de la librairie), coll. Bibliothèque classique de la liberté, 2010).
LRSP (livre reçu en service de presse).

Ex: http://stalker.hautetfort.com/
 
Essai paradoxal (ainsi de ses images, bien souvent frappantes), dans une époque de «descentes et de chutes», de «sérénité dans la tourmente», exploration altière mais jamais prétentieuse du problème de l'homme actuel pour laquelle «il faudrait se résoudre à endosser la tenue des abîmes, vêtir le scaphandre» (1) voici quelques-unes des expressions que l'auteur utilise au sujet de son propre livre.
Observons de quel étrange éclat se parent les mots que José Ortega y Gasset écrivit dans sa Préface pour le lecteur français ajoutée en 1937 à son ouvrage le plus connu, si l'on se souvient que Malcolm Lowry, après la publication de Sous le volcan en 1947, lut le livre et l'aima, lui qui n'hésita point, pour accompagner le Consul là où il fallait qu'il descende, à revêtir un scaphandre capable de le mener aux plus terrifiantes profondeurs.
jose-ortega-y-gasset1.jpgSans doute le grand romancier trouva-t-il aussi dans le livre du philosophe, comme le remarque José Luis Goyenna dans son intéressante (quoique pleine de fautes) préface, en plus d'images étonnantes bien propres à enthousiasmer l'écrivain, une authentique philosophie de la liberté comme accomplissement métaphysique du moi qui, à la différence de celle de Sartre qualifiée par l'auteur d'Ultramarine de «pensée de seconde main» (2), ne se dépêcherait pas bien vite de déposer aux pieds de l'idole le fardeau trop pesant, enchaînant ainsi la liberté à la seule discipline stupide des masses. Tout lecteur de La révolte des masses aime je crois, en tout premier lieu, l'écriture de ce livre érudit, pressé, menaçant, parfois prodigieusement lucide et même, osons ce mot tombé dans l'ornière journalistique, prophétique.
Peut-être trouva-t-il aussi dans ce livre, outre de fulgurantes vues (3), une intention purement kierkegaardienne, aussi rusée que profondément ironique, la sourde volonté consistant à faire comprendre à son lecteur que ce texte, sous les dehors débonnaires d'un essai sur la situation de l'homme européen au sortir de la Première Guerre mondiale, se proposait rien de moins que retourner comme un gant son esprit (et son âme ?), comme veulent toujours le faire, même s'ils prétendent le contraire, les plus grands romans : «C’est la raison pour laquelle le livre doit devenir de plus en plus comme un dialogue caché; il faut que le lecteur y retrouve son individualité, prévue, pour ainsi dire, par l’auteur; il faut que, d’entre les lignes, sorte une main ectoplasmique qui nous palpe, souvent nous caresse ou bien nous lance, toujours poliment, de bons coups de poing» (p. 49). La main ectoplasmique et le coup de poing, nouveaux moyens de réveiller les consciences libres du sommeil dogmatique dans lequel un sort mystérieux les a plongées ?
Quoi qu'il en soit, nous comprenons que l'intention du penseur espagnol est double. Le livre d'Ortega y Gasset semble fonctionner, à vrai dire, comme les ouvrages si profondément retors et érudits de Leo Strauss. D'abord, l'exposé des thèses qui permettent de caractériser le désarroi que constate l'auteur dans le monde occidental. Ensuite (si je puis dire, maladroitement, puisque ces deux phases exotériques ne forment qu'une seule et même phrase complexe, voire ésotérique), ayant défini ce qu'il entendait par l'homme-masse, le fait, subrepticement, de confronter celui qui le lit à une interrogation dont la réponse ne pourra que le glacer ou bien le conforter : est-il, oui ou non, un des innombrables représentants de la masse ? Est-il, ce lecteur lisant un livre qui claque comme un fouet (ou vous administre, poliment, un roboratif coup de poing), un homme creux ou bien un homme qui, après avoir lu, se convertira et agira ?
Intention éminemment existentialiste disais-je et nous pourrions ajouter, socratique, kierkegaardienne bien sûr, puisqu'il s'agit de faire prendre conscience que l'homme des masses n'est jamais l'autre, mais, bien sûr, soi-même non pas comme un autre selon la belle expression de Paul Ricœur, mais soi-même comme tous les autres, soi-même comme termite perdue au sein de la termitière à laquelle, patiemment, inexorablement, nous œuvrons.
Examinons ce qu'est, aux yeux d'Ortega y Gasset, l'homme-masse, au travers de quelques-unes de ses caractéristiques comme, en premier lieu, l'oubli (ou plutôt l'occultation) du passé. «Cet homme-masse écrit l'auteur, c’est l’homme vidé au préalable de sa propre histoire, sans entrailles de passé, et qui, par cela même, est docile à toutes les disciplines dites «internationales». Plutôt qu’un homme c’est une carapace d’homme, faite de simples idola fori. Il lui manque un «dedans», une intimité inexorablement, inaliénablement sienne, un moi irrévocable» (p. 58).
La volonté de faire table rase, si propre aux révolutions (4), ne peut que conduire à la ruine, mener l'homme jusqu'à la barbarie : «Le vrai trésor de l’homme, c’est le trésor de ses erreurs. Nietzsche définit pour cela l’homme supérieur comme l’être «à la plus longue mémoire». Rompre la continuité avec le passé, vouloir commencer de nouveau, c’est aspirer à descendre et plagier l’orang-outang» (p. 77).
C'est aussi s'engluer dans un présent définitif. Assez ironiquement bien que cette ironie ne puisse d'aucune façon être mise sur le compte, nous le verrons, d'une velléité réactionnaire, José Ortega y Gasset critique la croyance au progrès indéfini des connaissances et des techniques : «Sous le masque d’un généreux futurisme, l’amateur de progrès ne se préoccupe pas du futur; convaincu de ce qu’il n’offrira ni surprises, ni secrets, nulle péripétie, aucune innovation essentielle; assuré que le monde ira tout droit, sans dévier ni rétrograder, il détourne son inquiétude du futur et s’installe dans un présent définitif. On ne s’étonnera pas de ce que le monde paraisse aujourd’hui vide de projets, d’anticipations et d’idéals» (pp. 116-7).
Cette volonté maladive de détruire le passé, de vivre dans le perpétuel présent de l'animal, porte ses conséquences néfastes sur le présent comme sur l'avenir : «Et cela c’est être un peuple d’hommes : pouvoir prolonger son hier dans son aujourd’hui sans cesser pour cela de vivre pour le futur, pouvoir exister dans le vrai présent, puisque le présent n’est que la présence du passé et de l’avenir, le lieu où ils sont effectivement passé et avenir» (p. 79). C'est ainsi que, a contrario, l'Angleterre sera analysée par Ortega y Gasset comme le peuple de l'infinie prévoyance, le peuple composé d'hommes qui ne sont point encore les rouages d'une immense machine même si, comme le soulignera le philosophe, ce même peuple a pu se fourvoyer dans le pacifisme : «Ce peuple circule dans tout son temps; il est véritablement seigneur de ses siècles dont il conserve l’active possession» (pp. 78-9).
La révolte des masses, due à la désertion des élites (La désertion des minorités dirigeantes se trouve toujours au revers de la révolte des masses, pp. 116-7), doit aussi sa cause directe dans le fait que la société dans laquelle vivent les hommes ne les contraint plus à vouloir se dépasser. Si le monde ancien était le monde d'un danger permanent, fulgurant, notre époque est celle de la paralysie provoquée par le triomphe du machinisme, la réduction des territoires inexplorés, le prodigieux accroissement des sciences et des techniques contraints de se cantonner dans l'hyper-spécialisation, de la fuite des dieux : «Le monde qui entoure l’homme nouveau depuis sa naissance ne le pousse pas à se limiter dans quelque sens que ce soit, ne lui oppose nul veto, nulle restriction, mais au contraire avive ses appétits, qui peuvent, en principe, croître indéfiniment. Il arrive donc – et cela est très important – que ce monde du XIXe siècle et des débuts du XXe siècle non seulement a toutes les perfections et l’ampleur qu’il possède de fait, mais encore suggère à ses habitants une certitude totale que les jours qui vont suivre seront encore plus riches, plus vastes, plus parfaits, comme s’ils bénéficiaient d’une croissance spontanée et inépuisable» (pp. 130-1).
Ainsi, la vie des hommes du passé, quoique truffée de dangers, était synonyme de dépassement, du moins de possibilité de se dépasser. L'homme-masse est l'homme étriqué, fermé, tandis que l'homme du passé est celui de l'ouverture dans un monde lui-même ouvert à ses innombrables et sanglantes conquêtes : «De cette manière la vie noble reste opposée à la vie médiocre ou inerte, qui, statiquement, se referme sur elle-même, se condamne à une perpétuelle immanence tant qu’une force extérieure ne l’oblige à sortir d’elle-même. C’est pourquoi nous appelons «masse» ce type d’homme, non pas tant parce qu’il est multitudinaire que parce qu’il est inerte» (p. 139).
L'homme-masse est un être dépossédé. Il n'a plus de passé et, parce qu'il l'a perdu, il n'a plus de futur. Il n'est même pas certain, nous l'avons vu, qu'il puisse se targuer de vivre dans la paix perpétuelle d'un présent sans bornes, délesté du poids de ce qui l'a forgé : «L’homme-masse, écrit encore Ortega y Gasset, est l’homme dont la vie est sans projets et s’en va à la dérive. C’est pourquoi il ne construit rien, bien que ses possibilités et que ses pouvoirs soient énormes» (p. 121).
L'homme-masse est un être doublement dépossédé puisqu'il ne sait plus parler. Étrangement, José Ortega y Gasset évoque la dégénérescence du langage de l'homme-masse, qu'il assimile, pour les besoins de sa démonstration, à un habitant de l'Empire, en la rapprochant de celle du latin vulgaire : ainsi, «le symptôme et en même temps le document le plus accablant de cette forme à la fois homogène et stupide – et l’un par l’autre – que prend la vie d’un bout à l’autre de l’empire se trouve où l’on s’y attendait le moins et où personne, que je sache, n’a encore songé à le chercher : dans le langage» (p. 67). L'auteur poursuit en donnant la caractéristique principale du latin vulgaire : «Le premier [trait] est l’incroyable simplification de son organisme grammatical comparé à celui du latin classique» (p. 68), poursuivant : «Le second trait qui nous atterre dans le latin vulgaire, c’est justement son homogénéité. Les linguistes qui, après les aviateurs, sont les moins pusillanimes des hommes, ne semblent pas s’être particulièrement émus du fait que l’on ait parlé la même langue dans des pays aussi différents que Carthage et la Gaule, Tingis et la Dalmatie, Hispalis et la Roumanie. Mais moi qui suis peureux et tremble quand je vois le vent violenter quelques roseaux, je ne puis, devant ce fait, réprimer un tressaillement de tout le corps. Il me paraît tout simplement atroce» (Ibid).
Cette perte du passé qui doit être éradiqué pour laisser se lever de nouveaux soleils d'acier sur une humanité rédimée, cette destruction de toute conscience historique, cette rupture de la continuité, pour employer les mots de Max Picard, ainsi que la simplification du langage, sont les marques des deux principales forces politiques (bolchevisme et fascisme) qui se partagent l'Europe à l'époque où Ortega y Gasset écrit son essai, deux forces remarquablement décrites comme étant des puissances régressives, entropiques, une intuition qui ne deviendra une évidence voire un cliché, pour nombre d'auteurs comme Elias Canetti et à propos du nazisme (5), que des années après la parution de La Révolte des masses : «Mouvements typiques d’hommes-masses écrit d'eux l'auteur, dirigés, comme tous ceux qui le sont, par des hommes médiocres, intempestifs, sans grande mémoire, sans «conscience historique», ils se comportent, dès leur entrée en scène, comme s’ils était déjà du passé, comme si, arrivant à l’heure actuelle, ils appartenaient à la faune d’autrefois» (p. 167). Et l'auteur de poursuivre : «L’un et l’autre – bolchevisme et fascisme – sont deux fausses aurores; ils n’apportent pas le matin de demain; mais celui d’un jour ancien, qui a servi une ou plusieurs fois; ils relèvent du primitivisme. Et il en sera ainsi de tous les mouvements sociaux qui seront assez naïfs pour engager une lutte avec telle ou telle portion du passé, au lieu de chercher à l’assimiler» (pp. 168-9).
L'homme-masse, sans passé, ne vivant que dans un présent qui refuse d'envisager l'avenir autrement que comme la réalisation de rêves somptueux, colossaux (6), l'homme-termite qui est un homme creux, démoralisé, ne peut que se révolter. L'homme-masse, même, n'a pas de vie, et c'est cette absence de vie qui le livrera tout entier, comme un seul homme à la voix envoûtante des dictateurs, dont le règne est annoncé par l'auteur : «Car vivre, c’est avoir à faire quelque chose de déterminé – remplir une charge –, et dans la mesure où nous évitons de vouer notre existence à quelque chose, nous rendrons notre vie de plus en plus vide. On entendra bientôt par toute la planète un immense cri, qui montera vers les étoiles, comme le hurlement de chiens innombrables, demandant quelqu’un, quelque chose qui commande, qui impose une activité ou une obligation» (p. 212).
Cette révolte des masses, provoquée par n'importe quel événement (7), n'est elle-même qu'un leurre, puisqu'elle choisit comme vecteurs le fascisme et le nazisme qui sont condamnés à disparaître, qui ne sont qu'un interrègne (8) : «Je vais maintenant résumer la thèse de cet essai : le monde souffre aujourd’hui d’une grave démoralisation qui se manifeste – entre autres symptômes – par une révolte effrénée des masses; cette démoralisation générale a son origine dans une démoralisation de l’Europe dont les causes sont multiples. L’une des principales est le déplacement de ce pouvoir que notre continent exerçait autrefois sur le reste du monde et sur lui-même. L’Europe n’est plus sûre de commander, ni le reste du monde d’être commandé. La souveraineté historique se trouve aujourd’hui en pleine dispersion» (p. 254).
Ayant soigneusement posé son diagnostic sur la maladie du siècle, Ortega y Gasset, en bon docteur, délivre son ordonnance qui, elle aussi, a valeur d'étonnante prémonition, de véritable prophétie (9) : l'Europe !
C'est sans doute la grande thèse de José Ortega y Gasset, s'accompagnant d'une remise en question cinglante de l'idée, si répandue, de la décadence de l'Occident, qui fait qu'on ne peut l'accuser d'être passéiste ou même réactionnaire, comme tant de mauvais lecteurs l'affirmèrent au moment de la parution du magistral essai : «Mais arrêtez l’individu qui l’énonce [l’idée de décadence de l’Europe] d’un geste léger, et demandez-lui sur quels phénomènes concrets et évidents il fonde son diagnostic; vous le verrez faire aussitôt des gestes vagues, et pratiquer cette agitation des bras vers la rotondité de l’univers, caractéristique de tout naufragé. De fait, il ne sait pas où s’accrocher. La seule chose qui apparaisse sans grandes précisions lorsqu’on veut définir l’actuelle décadence de l’Europe, c’est l’ensemble des difficultés économiques devant lesquelles se trouve aujourd’hui chacune des nations européennes. Mais quand on veut préciser un peu le caractère de ces difficultés, on remarque qu’aucune d’elles n’affecte sérieusement le pouvoir de création de richesses, et que l’Ancien Continent est passé par des crises de ce genre beaucoup plus graves» (p. 221).
L'Europe, incontestablement la puissance civilisatrice du monde, est appelée par l'auteur à son propre dépassement afin, une nouvelle fois, de montrer la voie à prendre et, ainsi, sauver le monde qui se trouve au bord de l'abîme : «La véritable situation de l’Europe en arriverait donc à être celle-ci : son vaste et magnifique passé l’a fait parvenir à un nouveau stade de vie où tout s’est accru; mais en même temps, les structures survivantes de ce passé sont petites et paralysent son expansion actuelle. L’Europe s’est constituée sous forme de petites nations. En un certain sens, l’idée et les sentiments nationaux ont été son invention la plus caractéristique. Et maintenant elle se voit obligée de se dépasser elle-même. Tel est le schéma du drame énorme qui va se jouer dans les années à venir. Saura-t-elle se libérer de ses survivances ou en restera-t-elle prisonnière ? car il est déjà arrivé une fois dans l’histoire qu’une grande civilisation est morte de n’avoir pu modifier son idée traditionnelle de l’État…» (p. 225).
Et une nouvelle fois d'exhorter les élites éclairées et les gouvernements à unir les nations européennes pour donner un nouveau sens à l'idée, caduque ou du moins figée dans la tradition (10), d'État-nation : «On ne voit guère quelle autre chose d’importance nous pourrions bien faire, nous qui existons de ce côté de la planète, si ce n’est de réaliser la promesse que, depuis quatre siècles, signifie le mot Europe. Seul s’y oppose le préjugé des vieilles «nations», l’idée de nation en tant que passé» (p. 254).
Je ne sais s'il ne serait pas trop facile de faire remarquer à l'auteur, s'il vivait encore, que l'édification de l'Europe qu'il appelait de ses vœux les plus ardents allait être à la source de l'hyperdémocratie routinière qu'il accablait par ailleurs, comme illustration monstrueuse d'une démocratie directe, la démocratie des masses (11) qui s'exerce par une force qui n'est plus ultima mais prima ratio (12) : «Aujourd’hui nous assistons au triomphe d’une hyperdémocratie dans laquelle la masse agit directement sans loi, imposant ses aspirations et ses goûts au moyen de pressions matérielles» (p. 89).
Et, de cette action de la masse fascinée par les mots vides pas encore totalement débarrassés de leur ancien prestige (13), l'intelligence de José Ortega y Gasset ne consiste-t-elle pas à nous avoir donné un synonyme, la barbarie, qui est du reste l'inverse même, notons-le, de ce recours aux forêts prôné par Jünger ? : «La civilisation n’est pas vraiment là, elle ne subsiste pas par elle-même, elle est artifice et requiert un artiste ou un artisan. Si vous voulez profiter des avantages de la civilisation, mais sans vous préoccuper de la soutenir… tant pis pour vous ; en un clin d’œil, vous vous trouverez sans civilisation. Un instant d’inattention, et lorsque vous regarderez autour de vous, tout se sera volatilisé. Comme si l’on avait brusquement détaché les tapisseries qui dissimulent la nature vierge, la forêt primitive reparaîtra, comme à son origine. La forêt est toujours primitive, et vice versa, tout le primitif est forêt» (p. 163).

Notes
(1) Voir la Préface pour le lecteur français, pp. 47, 71 et 81. Voici l'une des expressions qu'utilise le philosophe dans son contexte : «Il y a des époques surtout où la réalité humaine, toujours mobile, précipite sa marche, s’emballe à des vitesses vertigineuses. Notre époque est de celles-là. C’est une époque de descentes et de chutes», José Ortega y Gasset, La Révolte des masses [La rebellión de las masas, 1930] (Les Belles Lettres, traduit de l’espagnol par Louis Parrot, préface de José Luis Goyena, 2010), p. 47. Toutes les pages entre parenthèses renvoient à cette édition.
(2) Voir José Lasaga Medina, Malcolm Lowry, lector de Ortega, suivi de Malcolm Lowry, Carta a Downey Kirk, Revista de Estudios Orteguianos, n°18, 2009, Fundación José Ortega y Gasset.
(3) «Tout destin est dramatique et tragique si on le scrute jusqu’au fond. Celui qui n’a pas senti sous sa main palpiter le péril du temps n’est pas arrivé jusqu’au cœur du destin, et, si l’on peut dire, n’a fait qu’en effleurer la joue morbide» (p. 93).
(4) «Dans les révolutions, l’abstraction essaie de se soulever contre le concret. Aussi la faillite est-elle consubstantielle à toute révolution» (p. 75).
(5) Elias Canetti qui décrit, d'une façon toute expressionniste, l'atmosphère explosive du Berlin de l'entre-deux guerres : «L'aspect animal et l'aspect intellectuel, mis au jour et portés à leur apogée, se trouvaient en interaction, comme une sorte de courant alternatif. Quiconque s'était éveillé à sa propre animalité avant d'arriver à Berlin devait la pousser à son maximum pour pouvoir s'affirmer contre celle des autres et se retrouvait ensuite usé et ruiné, si l'on n'était pas d'une solidité exceptionnelle. Celui qui en revanche était dominé par son intellect et qui n'avait encore que peu cédé à son animalité ne pouvait que succomber à la richesse complexe de ce qui était proposé à son esprit. [...] On se traînait ainsi dans Berlin comme un morceau de viande avancée, on ne se sentait pourtant pas encore assez battu et l'on guettait les nouveaux coups», in Histoire d'une vie. Le flambeau dans l'oreille, 1921-1931 (Albin Michel, 1982), p. 314.
(6) «L’époque des masses, c’est l’époque du colossal» (p. 91).
(7) Voir cette image saisissante, où s'annonce un danger que José Ortega y Gasset semble voir confusément : «Quant à l’occasion qui subitement portera le processus à son terme, elle peut être Dieu sait quoi ! la natte d’un Chinois émergeant de derrière les Ourals ou bien une secousse du grand magma islamique» (p. 55).
(8) Notons la justesse de cette vue : «La vie actuelle est le fruit d’un interrègne, d’un vide entre deux organisations du commandement historique : celle qui fut et celle qui sera. C’est ce qui explique pourquoi elle est essentiellement provisoire. Les hommes ne savent pas plus quelles institutions ils doivent vraiment servir que les femmes ne savent quels types d’hommes elles préfèrent réellement. Les Européens ne savent pas vivre, s’ils ne sont engagés dans une grande entreprise qui les unit. Quand elle fait défaut, ils s’avilissent, s’amollissent, leur âme se désagrège. Nous avons aujourd’hui un commencement de désagrégation sous nos yeux. Les cercles qui, jusqu’à nos jours, se sont appelés nations, parvinrent, il y a un siècle, ou à peu près, à leur plus grande expansion. On ne peut plus rien faire avec eux si ce n’est que les dépasser» (p. 256).
(9) «Il est de moins en moins possible de mener une politique saine sans une large anticipation historique, sans prophétie. Les catastrophes actuelles parviendront peut-être à rouvrir les yeux des politiques sur le fait évident que certains hommes, de par les sujets auxquels ils consacrent presque tout leur temps, ou grâce à leurs âmes aussi sensibles que des sismographes ultra-perfectionnés, sont visités avant les autres par les signes du futur» (pp. 279-80).
(10) «[…] notre vie, si nous la considérons comme un ensemble de possibilités, est magnifique, exubérante, supérieure à toutes celles que l’on a connues jusqu’ici dans l’histoire. Mais par le fait même que ses limites sont plus vastes, elle a débordé tous les cadres, tous les principes, normes et idéals légués par la tradition» (p. 119).
(11) «La caractéristique du moment, c’est que l’âme médiocre, se sachant médiocre, a la hardiesse d’affirmer les droits de la médiocrité et les impose partout» (p. 90, l’auteur souligne).
(12) «La force était autrefois l’ultima ratio. Assez sottement d’ailleurs, on a pris la coutume d’interpréter ironiquement cette formule qui exprime fort bien la soumission préalable de la force aux normes rationnelles. La civilisation n’est rien d’autre que la tentative de réduire la force à l’ultima ratio. Nous commençons à le voir clairement maintenant, parce que «l’action directe» consiste à pervertir l’ordre et à proclamer la violence comme «prima ratio», et même comme unique raison. C’est la norme qui propose l’annulation de toute norme, qui supprime tout intermédiaire entre nos projets et leur mise en pratique. C’est la Magna Carta de la barbarie» (p. 149).
(13) «La violence est devenue la rhétorique de notre temps. Les rhéteurs, les cerveaux vides s’en emparent. Quand une réalité a accompli son histoire, a fait naufrage, est morte, les vagues la rejettent sur les rivages de la rhétorique, où, cadavre, elle subsiste longuement. La rhétorique est le cimetière des réalités humaines; tout au moins son hôpital d’invalides. Le nom survit seul à la chose; et ce nom, bien qu’il ne soit qu’un nom, est en fin de compte un nom, c’est-à-dire qu’il conserve quelque reste de son pouvoir magique» (pp. 192-3).

mardi, 28 décembre 2010

Peter Scholl-Latour : Krieg ohne Ende

 

Peter Scholl-Latour: Krieg ohne Ende

Una nuova geopolitica indiana?

map_indian_ocean.jpg

Una nuova geopolitica indiana?

Daniele GRASSI

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

Una delle maggiori novità sullo scenario geopolitico degli ultimi due decenni è certamente rappresentata dall’India.

Sebbene l’ascesa della Cina abbia come effetto quello di mettere in secondo piano ogni altra realtà, non si può affatto trascurare il percorso che ha portato New Delhi a proporsi come una delle maggiori economie globali in termini assoluti.

Certo, i numeri aiutano e non poco. L’India infatti, con i suoi 1.2 miliardi di abitanti costituisce il paese più popoloso al mondo e ciò fa sì che ogni suo passo getti una lunga ombra su gran parte del globo. Non bisogna dimenticare infatti, che il suo tasso di crescita economica annua, dal 1997 ad oggi, è di circa il 7% ed è secondo solo a quello cinese.

Tuttavia, l’India resta il paese col maggior numero di gente che vive sotto la soglia di povertà, vale a dire, circa il 25% della sua popolazione.

Ci vorranno dunque, tassi di crescita molto elevati per almeno altri due decenni perché la condizione della popolazione più disagiata subisca dei miglioramenti veri e propri.

 

 

 

La politica estera indiana dopo l’indipendenza

 

Il percorso di crescita indiano è cominciato ad inizio anni Novanta, quando si è proceduto alla liberalizzazione di molti settori economici ed il Paese si è aperto all’economia di mercato.

La trasformazione economica ha proceduto di pari passo con un radicale cambiamento riguardante la politica estera.

 

L’idea di Nehru era quella di dare vita ad un grande paese che perseguisse una politica di pacifica coesistenza con gli altri attori regionali e globali.

Il suo profondo idealismo si scontrò ben presto con una realtà che non lasciava spazio a velleità neutralistiche e richiedeva prese di posizione nette.

Le tensioni col Pakistan circa il controllo del territorio del principato kashmiro sfociarono in diversi conflitti armati, il primo dei quali nel primo anno dell’indipendenza dei due Paesi, il 1947.

Ciò però non distolse Nehru dal suo intento di percorrere una strada di non allineamento e di guidare gli altri Paesi che volessero intraprendere il medesimo percorso.

Nei primi anni della sua esistenza, New Delhi tentò di sganciarsi dal confronto bipolare alleandosi con Pechino, ma questo tentativo sfociò in una delle maggiori umiliazioni della storia indiana: la sonora sconfitta subita proprio da parte della Cina nel 1962.

 

Il risultato fu un sostanziale isolamento a cui l’India tentò di porre rimedio avvicinandosi progressivamente alle posizioni del blocco sovietico.

Questa politica la danneggiò tanto in termini economici, quanto a livello geopolitico. Il Pakistan infatti, approfittò di questa situazione per proporsi come maggiore alleato degli Stati Uniti nella regione sud-asiatica, ricevendo enormi benefici in termini di aiuti finanziari e soprattutto militari.

Islamabad si fece anche mediatore tra Washington e Pechino e fu l’artefice dell’incontro avvenuto nel 1972 tra Nixon e Mao Zedong, il quale pose fine alla politica americana delle “due Cine”.

Il tutto si tradusse in un isolamento ancora più accentuato dell’India, che sarebbe terminato solo nei primi anni Novanta.

 

 

L’asse Washington-New Dehli-Tel Aviv

Il crollo dell’Unione Sovietica ed una profonda crisi economica spinsero infatti New Delhi a rivolgersi al Fondo Monetario Internazionale per ottenere un prestito che l’aiutasse a superare il momento difficile che stava attraversando. In cambio, all’India fu chiesto di liberalizzare la propria economia e di aprirsi ai mercati internazionali.

Non è una caso che fu proprio in quegli anni che il Pressler Amendment pose fine agli aiuti economici che Washington si era impegnata a fornire al Pakistan, interrompendo una collaborazione che si era intensificata durante l’invasione sovietica dell’Afghanistan.

Gli Stati Uniti decisero di fare dell’India il loro maggiore alleato nell’Asia meridionale e ciò ebbe inevitabilmente ripercussioni negative sul rapporto con Islamabad, storica rivale di New Delhi.

 

La politica estera indiana è stata da allora contraddistinta dallo stretto legame con Washington, il quale ne ha fortemente condizionato l’andamento e continua tuttora a farlo.

L’India rappresenta, col Giappone ed altri Stati della regione asiatica, una delle armi usate dagli Stati Uniti per contenere l’ascesa della Cina. L’obiettivo americano è infatti quello di impedire che Pechino assurga al ruolo di leader incontrastato dell’area e New Delhi costituisce un alleato fondamentale per la buona riuscita di questa strategia.

La crescente collaborazione tra l’India ed Israele rientra proprio in questo progetto di contenimento della Cina e si è tradotto, specie negli ultimi anni, in un legame molto stretto soprattutto dal punto di vista militare.

New Delhi e Tel Aviv sono infatti impegnate in attività congiunte di lotta al terrorismo e l’India rappresenta ormai il più importante mercato di sbocco per gli armamenti prodotti in Israele.

Tutto ciò ha delle importanti ricadute a livello geopolitico e l’asse Washington – New Delhi – Tel Aviv costituisce ormai una realtà capace di influenzare le dinamiche interne all’Asia e al Medio-Oriente, producendo inevitabili ricadute sulla politica globale.

 

 

 

Riposizionamento strategico?

 

Tuttavia, la posizione indiana si sta facendo sempre più complicata e richiede un’analisi piuttosto complessa.

Le vicende afghane degli ultimi 3 decenni hanno avuto ripercussioni importanti sulla politica estera indiana e continuano a produrre effetti di non poco conto.

L’ascesa dei talebani a metà anni ’90 ebbe come risultato quello di avvicinare New Delhi a Teheran e Mosca, paesi molto attivi nel sostegno alla cosiddetta Alleanza del Nord, fazione non-pashtun che si opponeva al dominio talebano.

In seguito all’occupazione afghana da parte degli USA e dei suoi alleati nell’ottobre del 2001, l’India è stata uno dei paesi più attivi nella ricostruzione dell’Afghanistan e figura attualmente tra i maggiori donatori del governo di Kabul.

I buoni rapporti col governo guidato da Karzai, il quale ha effettuato i suoi studi proprio in India e conserva legami personali con questo Paese, e l’implementazione di numerosi progetti infrastrutturali hanno fondamentalmente come obiettivo, quello di dar vita ad un’alleanza in grado di contenere l’influenza esercitata dal Pakistan su Kabul.

La presenza indiana in Afghanistan rappresenta dunque una delle maggiori preoccupazioni per Islamabad e ha avuto un peso molto importante nel delineare la politica adottata dal Pakistan nel Paese confinante. Il timore di un governo filo-indiano insediato a Kabul dopo il ritiro delle truppe straniere, ha infatti spinto Islamabad a supportare con decisione gruppi di militanti che hanno proprio nella regione occidentale del Pakistan, le loro basi operative.

Lo scopo è quello di utilizzare questi gruppi come assets strategici, una sorta di asso nella manica da tirar fuori al momento opportuno.

Quel momento sembra oggi essere giunto e il tentativo del governo Karzai di negoziare coi talebani sta dando ragione alla strategia pakistana.

L’ammissione dell’amministrazione Obama di non poter fare a meno del supporto di Islamabad per porre fine al conflitto che da anni sta dilaniando l’Afghanistan, suona infatti come una sorta di resa e apre importanti spazi per la politica estera pakistana.

L’avvicinamento degli ultimi mesi tra Zardari e Karzai costituirebbe un’ulteriore prova di quel che sta accadendo oggi a Kabul.

Gli Stati Uniti hanno ormai compreso di non poter conseguire una vittoria effettiva sui talebani e hanno così deciso di intraprendere la strada dei negoziati e non possono dunque fare a meno del sostegno delle forze armate e di intelligence pakistane.

La promessa fatta da Obama al governo indiano di impegnarsi affinché New Delhi consegua un seggio permanente al Consiglio di Sicurezza delle Nazioni Unite, suona un po’ come un contentino, peraltro difficilmente realizzabile, per mettere a freno le crescenti ansie indiane.

 

Le vicende afghane stanno facendo emergere una verità con cui gli Stati Uniti dovranno fare i conti nei prossimi anni: l’estrema difficoltà di intrattenere rapporti di cooperazione sia con l’India che col Pakistan.

L’incapacità di risolvere la questione kashmira richiede, da parte di Washington, un continuo barcamenarsi tra le richieste indiane e quelle pakistane, spesso inconciliabili tra di loro.

Col tempo diventerà sempre più difficile mantenersi in equilibrio tra Islamabad e New Delhi e, a meno di un improbabile avvicinamento tra i due Paesi, gli Stati Uniti potrebbero essere chiamati a compiere una scelta di campo definitiva.

Il Pakistan e l’India sono consapevoli di ciò e stanno entrambi tentando di acquisire un maggiore potere negoziale nei confronti di Washington.

 

 

 

L’India strizza l’occhio all’Iran

 

Mentre Islamabad è impegnata ad approfondire i suoi legami storici con Pechino, specie dal punto di vista militare, l’India sta cercando di trovare una posizione di maggiore indipendenza per quel che concerne la sua politica estera.

Sebbene sia ben lungi dal trovarla, alcuni segnali di ciò sono già ravvisabili nei suoi rapporti con l’Iran.

Risalgono, ad esempio, allo scorso 28 ottobre le dichiarazioni del governo indiano circa una presunta volontà di volere riprendere il dialogo con Teheran per la realizzazione di un gasdotto che dovrebbe collegare Iran, Pakistan ed India.

La strenua opposizione di Washington nei confronti di questo progetto, ed i problemi che caratterizzano la regione pakistana del Baluchistan, hanno finora frenato la sua realizzazione.

Tuttavia, i crescenti bisogni energetici dell’India potrebbero spingerla ad esplorare strade affatto gradite all’amministrazione americana.

 

La recentissima notizia dell’accordo raggiunto dai governi turkmeno, afghano, pakistano e indiano per la realizzazione del gasdotto TAPI, sembrerebbe andare in direzione contraria rispetto a quanto detto, ma i dubbi circa l’effettiva capacità del Turkmenistan di pompare gas a sufficienza, oltre ai problemi di sicurezza che attanagliano il territorio afghano, potrebbero comportare notevoli ritardi di realizzazione, costringendo i paesi dell’Asia meridionale a cercare percorsi alternativi.

 

La collaborazione tra New Delhi e Teheran riguarda diversi altri progetti e non si ferma dunque all’IPI.

Il porto iraniano di Chabahar risulta centrale nell’ottica di tale cooperazione. Progettato e finanziato proprio dall’India, questo porto detiene un valore strategico molto importante.

L’importanza di Chabahar è legata, ad esempio, alla sua capacità di fare da sbocco per le risorse energetiche della regione centro-asiatica, permettendo all’India di rafforzare le sue relazioni commerciali con questi paesi ritenuti di fondamentale importanza ai fini dello sviluppo economico.

Inoltre, tramite Chabahar, l’India è in grado di aggirare il Pakistan ed esportare le proprie merci in Afghanistan e negli altri Paesi dell’area. Il nuovo accordo di transito siglato da Afghanistan e Pakistan infatti, non permette a New Delhi di utilizzare il territorio pakistano per il trasporto dei beni da esportazione e Chabahar rappresenta la migliore alternativa possibile.

L’Iran soddisfa circa il 15% del fabbisogno energetico indiano, una percentuale piuttosto bassa se si considerano le enormi potenzialità del patrimonio gassifero iraniano.

Tuttavia, è ancora presto perché l’India adotti posizioni non gradite a Washington e per il momento, New Delhi è impegnata in un’azione di mediazione tra l’Iran e gli Stati Uniti.

Nonostante l’opposizione indiana all’acquisizione del nucleare da parte di Teheran, il Paese sud-asiatico si sta impegnando affinché non vengano adottate nuove sanzioni nei confronti dell’Iran.

Complici gli importanti interessi economici nutriti da molte compagnie indiane, New Delhi sta cercando di ammorbidire la posizione americana sull’argomento ed ha come obiettivo ultimo, quello di sottrarre l’Iran all’isolamento in cui si trova attualmente, in modo da poter sviluppare ulteriormente le enormi potenzialità di un’eventuale cooperazione economica e politica.

Gli interessi che legano i due Paesi sono infatti numerosi e vanno dall’energia all’Afghanistan, senza dimenticare che l’India ospita la più numerosa comunità sciita al mondo dopo l’Iran.

Sono troppe le variabili in gioco per poter azzardare, al momento, previsioni circa le dinamiche geopolitiche che caratterizzeranno il futuro prossimo.

I segnali che ci giungono oggi sono talvolta contrastanti e ancora troppo soggetti alla volatilità del presente e dunque suscettibili di smentite ed inversioni di rotta.

Quel che però è certo è che in Asia si sta assistendo ad una netta ridefinizione degli equilibri di forza e nessuno degli attori coinvolti lascerà nulla di intentato per spuntarla sugli altri.

* Daniele Grassi è dottore in Scienze Politiche e specializzando in “Relazioni Internazionali” presso la LUISS Guido Carli. Attualmente è impegnato in uno stage di ricerca presso lo “Strategic Studies Institute” di Islamabad.

Wikileaks - a Big Dangerous US Government Con Job

Wikileaks - a Big Dangerous US Government Con Job

By F. William Engdahl

Ex: http://www.engdahl.oilgeopolitics.net/

The story on the surface makes for a script for a new Oliver Stone Hollywood thriller. A 39-year old Australian hacker holds the President of the United States and his State Department hostage to a gigantic cyber “leak,” unless the President leaves Julian Assange and his Wikileaks free to release hundreds of thousands of pages of sensitive US Government memos. A closer look at the details, so far carefully leaked by the most ultra-establishment of international media such as the New York Times, reveals a clear agenda. That agenda coincidentally serves to buttress the agenda of US geopolitics around the world from Iran to Russia to North Korea. The Wikileaks is a big and dangerous US intelligence Con Job which will likely be used to police the Internet.

internet-censorship.jpgIt is almost too perfectly-scripted to be true. A discontented 22 -year old US Army soldier on duty in Baghdad, Bradley Manning, a low-grade US Army intelligence analyst, described as a loner, a gay in the military, a disgruntled “computer geek,” sifts through classified information at Forward Operating Base Hammer. He decides to secretly download US State Department email communications from the entire world over a period of eight months for hours a day, onto his blank CDs while pretending to be listening to Lady Gaga. In addition to diplomatic cables, Manning is believed to have provided WikiLeaks with helicopter gun camera video of an errant US attack in Baghdad on unarmed journalists, and with war logs from Iraq and Afghanistan.

Manning then is supposed to have tracked down a notorious former US computer hacker to get his 250,000 pages of classified US State Department cables out in the Internet for the whole world to see. He allegedly told the US hacker that the documents he had contained "incredible, awful things that belonged in the public domain and not on some server stored in a dark room in Washington, DC." The hacker turned him in to US authorities so the story goes. Manning is now incommunicado since months in US military confinement so we cannot ask him, conveniently. The Pentagon routinely hires the best hackers to design their security systems.

Then the plot thickens. The 250,000 pages end up at the desk of Julian Assange, the 39-year-old Australian founder of a supposedly anti-establishment website with the cute name Wikileaks. Assange decides to selectively choose several of the world’s most ultra-establishment news media to exclusively handle the leaking job for him as he seems to be on the run from Interpol, not for leaking classified information, but for allegedly having consensual sex with two Swedish women who later decided it was rape.

He selects as exclusive newspapers to decide what is to be leaked the New York Times which did such service in promoting faked propaganda against Saddam that led to the Iraqi war, the London Guardian and Der Spiegel. Assange claims he had no time to sift through so many pages so handed them to the trusted editors of the establishment media for them to decide what should be released. Very “anti-establishment” that. The New York Times even assigned one of its top people, David E. Sanger, to control the release of the Wikileaks material. Sanger is no establishment outsider. He sits as a member of the elite Council on Foreign Relations as well as the Aspen Institute Strategy Group together with the likes of Condi Rice, former Defense Secretary William Perry, former CIA head John Deutch, former State Department Deputy Secretary and now World Bank head Robert Zoellick among others.

Indeed a strange choice of media for a person who claims to be anti-establishment. But then Assange also says he believes the US Government version of 9/11 and calls the Bilderberg Group a normal meeting of people, a very establishment view.

The latest sensational Wikileaks documents allegedly from the US State Department embassies around the world to Washington are definitely not as Hillary Clinton claimed "an attack on America's foreign policy interests that have endangered innocent people." And they do not amount to what the Italian foreign minister, called the "September 11 of world diplomacy." The British government calls them a threat to national security and an aide to Canada’s Prime Minister calls on the CIA to assassinate Assange, as does kooky would-be US Presidential hopeful Sarah Palin.

Most important, the 250000 cables are not "top secret" as we might have thought. Between two and three million US Government employees are cleared to see this level of "secret" document,1 and some 500,000 people around the world have access to the Secret Internet Protocol Network (SIPRnet) where the cables were stored.

Siprnet is not recommended for distribution of top-secret information. Only 6% or 15,000 pages of the documents have been classified as even secret, a level below top-secret. Another 40% were the lowest level, "confidential", while the rest were unclassified. In brief, it was not all that secret.2

Most of the revelations so far have been unspectacular. In Germany the revelations led to the removal of a prominent young FDP politician close to Guido Westerwelle who apparently liked to talk too much to his counterpart at the US Embassy. The revelations about Russian politics, that a US Embassy official refers to Putin and Medvedev as “Batman and Robin,” tells more about the cultural level of current US State Department personnel than it does about internal Russian politics.

But for anyone who has studied the craft of intelligence and of disinformation, a clear pattern emerges in the Wikileaks drama. The focus is put on select US geopolitical targets, appearing as Hillary Clinton put it “to justify US sanctions against Iran.” They claim North Korea with China’s granting of free passage to Korean ships despite US State Department pleas, send dangerous missiles to Iran. Saudi Arabia’s ailing King Abdullah reportedly called Iran’s President a Hitler.

Excuse to police the Internet?

What is emerging from all the sound and Wikileaks fury in Washington is that the entire scandal is serving to advance a long-standing Obama and Bush agenda of policing the until-now free Internet. Already the US Government has shut the Wikileaks server in the United States though no identifiable US law has been broken.

The process of policing the Web was well underway before the current leaks scandal. In 2009 Democratic Senator Jay Rockefeller and Republican Olympia Snowe introduced the Cybersecurity Act of 2009 (S.773). It would give the President unlimited power to disconnect private-sector computers from the internet. The bill "would allow the president to 'declare a cyber-security emergency' relating to 'non-governmental' computer networks and do what's necessary to respond to the threat." We can expect that now this controversial piece of legislation will get top priority when a new Republican House and the Senate convene in January.

The US Department of Homeland Security, an agency created in the political hysteria following 9/11 2001 that has been compared to the Gestapo, has already begun policing the Internet. They are quietly seizing and shutting down internet websites (web domains ) without due process or a proper trial. DHS simply seizes web domains that it wants to and posts an ominous "Department of Justice" logo on the web site. See an example at . Over 75 websites were seized and shut in a recent week. Right now, their focus is websites that they claim "violate copyrights," yet the torrent-finder.com website that was seized by DHS contained no copyrighted content whatsoever. It was merely a search engine website that linked to destinations where people could access copyrighted content. Step by careful step freedom of speech can be taken away. Then what?


1 BBCNews, Siprnet: Where the leaked cables came from, 29 November, 2010, accessed here

2 Ken Dilanian, Inside job: Stolen diplomatic cables show U.S. challenge of stopping authorized users, Los Angeles Times, November 29, 2010, accessed here

00:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wikileaks, etats-unis, censure, internet | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook