
Panajotis Kondylis, Macht und Entscheidung. Die Herausbildung der Weltbilder und die Wertfrage. Stuttgart, 1984.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Michael WIESBERG
Ex: http://www.jungefreiheit.de/
„Mächtige spüren die Macht der Hackerethik“ übertitelte Christian Stöcker Ende letzter Woche einen Artikel für Spiegel-Online, in dem er unter anderem auf den Hacker-Guru Steven Levy zu sprechen kam. Levy brachte 1984 mit seinem Buch „Hackers. Herores of the Computer Revolution“ der Welt zum ersten Mal die Hackerszene nahe, deren Anfänge bereits in den 1950er Jahren lagen. Beschrieben wird, wie sich mit der schrittweisen Entwicklung des Computers „etwas Neues verdichtete ...: eine neue Lebensweise mit einer Philosophie, einer Ethik und einem Traum“.
Levy war es, der wohl als erster so etwas wie eine „Hackerethik“ entwickelte, die unter anderem im Beitrag von Boris Gröndahl zu dem Buch „Netzpiraten. Die Kultur des elektronischen Verbrechens“ (Hannover 2001, S. 145) nachgelesen werden kann. In Kürze lautet die sechs ethischen Prinzipien der Hackerszene:
1. Der Zugang zu Computern sollte unbegrenzt und umfassend sein.
2. Alle Informationen sollten frei sein.
3. Mißtraue Autorität – fördere Dezentralisierung.
4. Hacker sollten nur anhand ihres Hackens beurteilt werden.
5. Mit einem Computer kann Kunst und Schönheit erzeugt werden.
6. Computer können das Leben verbessern.
Offenere Formen des Regierens
Julian Assange, Gründer von WikiLeaks mit einschlägiger Hacker-Vergangenheit, hat aus diesem Kanon der Hackerethik insbesondere die Regel 2 radikal ausgelegt, wie Stöcker feststellt: Wenn alle Information öffentlich sei, so Assange, könne das für die Menschheit nur vorteilhaft sein. Dies deshalb, weil man nur so auf enthüllte Ungerechtigkeit antworten bzw. nur so die Ungerechtigkeit in der Welt bekämpfen könne.
Assange überbietet Levy indes in einem ganz bestimmten Punkt: er äußerte nämlich die Überzeugung, „ungerechte Systeme“ mit Datenlecks kippen zu können – damit sie durch „offenere Formen des Regierens ersetzt werden können“. In diesem Zusammenhang stellt sich unter anderem die Frage, wer darüber entscheidet, was ein „ungerechtes System“ ist. Nimmt man Assange beim Wort, fällt darunter wohl auch die USA, deren „Datenlecks“ er und seine Mitstreiter ohne Beachtung irgendeines Datenschutzes radikal ausnutzten. Assange nimmt in Kauf, daß durch sein Vorgehen unterschiedslos Politiker, Journalisten, Informanten, Botschaftspersonal etc. mit möglicherweise gravierenden Konsequenzen denunziert werden.
Die totale Informationsfreiheit
Polithacker wie Assange wollen – dieser Eindruck drängt sich zumindest auf – eine grundsätzlich andere Welt bzw. andere, „neue“ Menschen. Ein Hebel dazu ist die „totale Informationsfreiheit“. Dafür gibt es bereits einen Begriff, der sich „postprivacy“ nennt. Ein Vertreter dieser Szene, nämlich Michael Seemann, erklärt denn auch ganz lakonisch: „Wir steuern auf eine Gesellschaft zu, in der es keine Geheimnisse mehr gibt. Das wird nicht der Weltuntergang sein, wir müssen uns nur darauf einstellen.“
Stöcker resümiert den dahinterliegenden Kerngedanken wie folgt: „Wenn alles offen ist, muß sich niemand mehr vor Veröffentlichungen fürchten.“ Dieser „ideologische Ansatz“, so urteilte Christian Malzahn in einem Beitrag für Welt-Online, machen den „digitalen Revolutionsführer“ [Assange] „zu einem klassischen Anarchisten. Je mehr Leaks der Internet-Guevara produzieren kann, umso effektiver die digitale Revolution“.
Das Ende der Öffenlichkeit
Es bedarf keiner großen Phantasie, um zu erkennen, daß dieses Szenario nicht zu einer „offeneren Form des Regierens“ führt, sondern in eine menschenfeindliche Gesellschaft, die keine Abgrenzung mehr zwischen dem privaten und dem öffentlichen Raum zuläßt. Wo befürchtet werden muß, daß letztlich alles „öffentlich“ werden kann, gibt es keine Privatsphäre mehr. Es zerfällt dann aber auch die „Öffentlichkeit“ als Forum gesellschaftlicher Erfahrung und kulturellen Austauschs, der auf der Basis bestimmter Konventionen stattfindet.
Ein Austausch indes, der einzukalkulieren hat, daß all das, was auf der Basis gegenseitigen Vertrauens ausgetauscht wird, öffentlich werden kann, findet nicht mehr statt. Was das für die menschliche Kommunikation insgesamt bedeutet, mag man sich unschwer ausmalen. „Cablegate“, also die unterschiedslose (aktuell ins Stocken geratene) Veröffentlichung vertraulicher Diplomatendepeschen durch WikiLeaks, ist vor diesem Hintergrund ein erster Schritt in diese Gesellschaft, in „der es keine Geheimnisse mehr geben soll“.
Michael Wiesberg, 1959 in Kiel geboren, Studium der Evangelischen Theologie und Geschichte, arbeitet als Lektor und als freier Journalist. Letzte Buchveröffentlichung: Botho Strauß. Dichter der Gegenaufklärung, Dresden 2002.
00:23 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wikileaks, julian assange, actualité, politique internationale, europe affaires européennes, affaires européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
00:10 Publié dans Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, théorie politique, politologie, sciences politiques | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Pour les Anciens, Homère était « le commencement, le milieu et la fin ». Une vision du monde et même une philosophie se déduisent implicitement de ses poèmes. Héraclite en a résumé le socle cosmique par une formulation bien à lui : « L’univers, le même pour tous les êtres, n’a été créé par aucun dieu ni par aucun homme ; mais il a toujours été, est et sera feu éternellement vivant… »
1. La nature comme socle
Chez Homère, la perception d’un cosmos incréé et ordonné s’accompagne d’une vision enchantée portée par les anciens mythes. Les mythes ne sont pas une croyance, mais la manifestation du divin dans le monde. Les forêts, les roches, les bêtes sauvages ont une âme que protège Artémis (Diane pour les Romains). La nature tout entière se confond avec le sacré, et les hommes n’en sont pas isolés. Mais elle n’est pas destinée à satisfaire leurs caprices. En elle, dans son immanence, ici et maintenant, ils trouvent en revanche des réponses à leurs angoisses :
« Comme naissent les feuilles, ainsi font les hommes. Les feuilles, tour à tour, c’est le vent qui les épand sur le sol et la forêt verdoyante qui les fait naître quand se lèvent les jours du printemps. Ainsi des hommes : une génération naît à l’instant où une autre s’efface » (Iliade, VI, 146). Tourne la roue des saisons et de la vie, chacun transmettant quelque chose de lui-même à ceux qui vont suivre, assuré ainsi d’être une parcelle d’éternité. Certitude affermie par la conscience du souvenir à laisser dans la mémoire du futur, ce que dit Hélène dans l’Iliade : « Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons plus tard chantés par les hommes à venir » (VI, 357-358). Peut-être, mais la gloire d’un noble nom s’efface comme le reste. Ce qui ne passe pas est intérieur, face à soi-même, dans la vérité de la conscience : avoir vécu noblement, sans bassesse, avoir pu se maintenir en accord avec le modèle que l’on s’est fixé.
2. L’excellence comme but
A l’image des héros, les hommes véritables, nobles et accomplis (kalos agatos), cherchent dans le courage de l’action la mesure de leur excellence (arétê), comme les femmes cherchent dans l’amour ou le don de soi la lumière qui les fait exister. Aux uns et aux autres, importe seulement ce qui est beau et fort. « Etre toujours le meilleur, recommande Pelée à son fils Achille, l’emporter sur tous les autres » (Iliade, VI, 208). Quand Pénélope se tourmente à la pensée que son fils Télémaque pourrait être tué par les “prétendants” (usurpateurs), ce qu’elle redoute c’est qu’il meurt « sans gloire », avant d’avoir accompli ce qui ferait de lui un héros à l’égal de son père (Odyssée, IV, 728). Elle sait que les hommes ne doivent rien attendre des dieux et n’espérer d’autre ressource que d’eux-mêmes, ainsi que le dit Hector en rejetant un présage funeste : « Il n’est qu’un bon présage, c’est de combattre pour sa patrie » (Iliade, XII, 243). Lors du combat final de l’Iliade, comprenant qu’il est condamné par les dieux ou le destin, Hector s’arrache au désespoir par un sursaut d’héroïsme tragique : « Eh bien ! non, je n’entends pas mourir sans lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait dont le récit parvienne aux hommes à venir » (XXII, 304-305).
3. La beauté comme horizon
L’Iliade commence par la colère d’Achille et se termine par son apaisement face à la douleur de Priam. Les héros d’Homère ne sont pas des modèles de perfection. Ils sont sujets à l’erreur et à la démesure en proportion même de leur vitalité. Pour cette raison, ils tombent sous le coup d’une loi immanente qui est le ressort des mythes grecs et de la tragédie. Toute faute comporte châtiment, celle d’Agamemnon comme celle d’Achille. Mais l’innocent peut lui aussi être soudain frappé par le sort, comme Hector et tant d’autres, car nul n’est à l’abri du tragique destin. Cette vision de la vie est étrangère à l’idée d’une justice transcendantale punissant le mal ou le péché. Chez Homère, ni le plaisir, ni le goût de la force, ni la sexualité ne sont jamais assimilés au mal. Hélène n’est pas coupable de la guerre voulue par les dieux (Iliade, III, 161-175). Seuls les dieux sont coupables des fatalités qui s’abattent sur les hommes. Les vertus chantées par Homère ne sont pas morales mais esthétiques. Il croit à l’unité de l’être humain que qualifient son style et ses actes. Les hommes se définissent donc au regard du beau et du laid, du noble et du vil, non du bien ou du mal. Ou, pour dire les choses autrement, l’effort vers la beauté est la condition du bien. Mais la beauté n’est rien sans loyauté ni vaillance. Ainsi Pâris ne peut être vraiment beau puisqu’il est couard. Ce n’est qu’un bellâtre que méprise son frère Hector et même Hellène qu’il a séduite par magie. En revanche, Nestor, en dépit de son âge, conserve la beauté de son courage. Une vie belle, but ultime du meilleur de la philosophie grecque, dont Homère fut l’expression primordiale, suppose le culte de la nature, le respect de la pudeur (Nausicaa ou Pénélope), la bienveillance du fort pour le faible (sauf dans les combats), le mépris pour la bassesse et la laideur, l’admiration pour le héros malheureux. Si l’observation de la nature apprend aux Grecs à mesurer leurs passions, à borner leurs désirs, l’idée qu’ils se font de la sagesse avant Platon est sans fadeur. Ils savent qu’elle est associée aux accords fondamentaux nés d’oppositions surmontées, masculin et féminin, violence et douceur, instinct et raison. Héraclite s’était mis à l’école d’Homère quand il a dit : « La nature aime les contraires : c’est avec elle qu’elle produit l’harmonie. »
Dominique Venner, « La Nouvelle Revue d’Histoire », n°43, juillet-août 2009. Mis en ligne sur le site de Dominique Venner.
00:05 Publié dans Nouvelle Droite, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homère, grèce, grèce antique, antiquité, antiquité grecque, tradition, traditions, traditionalisme, nouvelle droite | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Eigentlich hatte die europäische Einigung nach amerikanischem Muster das ehrgeizige Ziel, das Modell National zu überwinden. Das ist nachweislich mißlungen. Die Europäische Union hat, im Gegenteil, mit ihrer verrückten Politik die nationalen Geister, die man verbannen wollte, vorerst zu neuen Taten erweckt. Es ist vor allem der rechte Populismus, der in diesem Europa ohne Grenzen seine Aktionsbasis gefunden hat, von der aus Fragen von nationalem Interesse und solche der Identitäten in Angriff genommen werden konnten. Was man auch reichlich genützt hat und weiter nützt.
Von Portugal bis Bulgarien, von Schweden bis Italien haben sich populistische Parteien und Organisationen mit unterschiedlichem Erfolg etabliert. Diesen Erfolg verdankt man politischen Fehlern und ökonomischen Problemen der herrschenden Eliten, vermehrt aber der Gefahr einer Islamisierung durch ungezügelte Zuwanderung. Letzteres Problem hat nun eine weitere außereuropäische Kraft auf den Plan gerufen: die israelische Rechte und deren Ableger in Europa. Erst durch das stille bis offene Engagement dieser an der Seite einiger rechten Parteien und Gruppieren hat sich die Lage für die bisher eher als Antisemiten und Ausgegrenzte geltenden Populisten entscheidend verbessert. Jetzt sieht man sie, mit dem Segen der einen israelischen Reichshälfte ausgestattet, endlich regierungsfähig.
Ehe ich in einem späteren Kommentar auf diese merkwürdige Kooperation und auf einige zu Philosemiten gewandelte Akteure näher zu sprechen komme, doch einige klärende Bemerkungen zum rechten Populismus an sich. Ein wichtiges Merkmal dieser populistischen Bewegungen sehe ich darin, daß sie als wählbare und demokratische Kraft anerkannt werden wollen. Also als politische Organisation innerhalb des Verfassungsbogens in gleicher Weise respektiert zu werden wie die etablierten großen Parteien. Die Populisten wollen das System gewiß nicht beseitigen, sondern nur dessen Auswüchse, dazu eben die unkontrollierte Einwanderung, die Ideologie der Globalisierung oder die Spekulation gehören. Allerdings können oder wollen sie nicht begreifen, daß die von ihnen angeprangerten Fehler und Mißstände unentwirrbar mit dem so hoch gepriesenen demokratischen System universellen Zuschnitts verknotet sind.
Insofern können wir einen Widerspruch feststellen, der eben darin besteht, daß man nicht Vollmitglied und Stütze des Systems und gleichzeitig dessen entschiedener Kritiker sein kann, ohne früher oder später unglaubwürdig zu werden. Außerdem fehlt den Populisten, nicht selten sehr einfache Gemüter, das nötige in sich gefestigte ideologische oder weltanschauliche Brecheisen, eine Doktrin, um die herrschenden Denkzirkeln und Ideologien aus den Angeln zu heben. Es ist jedoch, wie gesagt, unmöglich ein System zu ändern oder auszuwechseln, wenn man selbst zum Räderwerk des herrschenden gehört. Wenn überhaupt, müßte in diesem Fall eine solche Initiative aus dem innersten Kern des Systems selbst kommen, um Erfolg zu haben. Diesem Kern aber gehören die rechten Populisten nicht an und werden ihm auch nicht angehören können ohne sich selbst oder die Ideale, für die man angetreten ist, ganz aufzugeben.
Es ergibt sich also, daß alle rechten populistischen Bewegungen nur Erfolg haben können, wenn sie die selbe politische und demokratische Philosophie vertreten und im Grunde das selbe materielles Glück verheißende Ziel anstreben wie ihre das System stützenden Konkurrenten am Platz. Da stellt sich natürlich für andere die Frage: soll man an Wahlkämpfen gar nicht teilnehmen. Man soll, unter der Voraussetzung, daß man sich nicht in den Fängen des Systems wiederfindet, daß man nicht (wie jetzt die linken Populisten in Wien) über den Tisch gezogen wird (von welcher Seite auch immer) und daß man nicht als nützliche Idioten am pseudodemokratischen Spiel teilnimmt.
Die Teilnahme an Wahlen oder an einer Regierung darf nicht dazu führen, daß das korrupte System dadurch funktionsfähig bleibt oder gestärkt wird, sondern hat einzig und allein im Sinne der Sache des Volkes und der eigenen Philosophie den Interessen der Organisation oder Partei zu dienen. Die Möglichkeiten dazu sind mannigfaltig und hängen von den jeweiligen Umständen ab. Auf keinen Fall soll es dazu führen, daß jene, die ein Mandat errungen haben, nichts Besseres zu tun haben, als ihre guten Ideen so einzubringen, daß sie dem kritisierten System zu gute kommen und sich zuletzt als Waffe gegen die Urheber erweisen. Der Geist, der eine gute Idee umsetzt, ist schließlich ein anderer als jener der sie ersonnen hat.
Nun ist der rechte Populismus an sich nicht in jedem Fall etwas Schlechtes, er ist vielfach eine Art Hilfeschrei der überfremdeten oder ausgebeuteten europäischen Völker, Opfer der Globalisierung und Einwanderung, zuletzt auch der Wirtschafts- und Finanzkrise. Eine sanfte Revolte gegen das „Establishment“, aber mehr ist es nicht. Sicher, besser als gar nichts, doch am Ende eben nur ein symbolischer Akt eines Papiertigers , dem der entscheidende Biss, eine revolutionäre Doktrin also, fehlt. Eine solche haben aber jene sehr wohl, denen jetzt rechte Populisten anscheinend ihr politisches Schicksal anvertraut haben. Dazu ist, wie gesagt, demnächst an dieser Stelle noch einiges zu sagen.
00:30 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, populisme, populisme de droite, droite, europe, affaires européennes, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Par Frédéric Lordon
Ex: http://fortune.fdesouche.com/
Il faut peut-être prendre un ou deux pas de recul pour admirer l’édifice dans toute sa splendeur : non seulement les marchés de capitaux libéralisés, quoique les fabricateurs de la crise dite des dettes souveraines (voir « Crise : la croisée des chemins »), demeurent le principe directeur de toutes les politiques publiques, mais les institutions bancaires qui en sont le plus bel ornement sont devenues l’unique objet des attentions gouvernementales.
Les amis du « oui » au Traité constitutionnel de 2005 trouvaient à l’époque trop peu déliées à leur goût les dénonciations de « L’Europe de la finance » mais si le slogan ne sonne en effet pas très raffiné, c’est que la réalité elle-même est grossière à ce point.
L’entêtement à soumettre les politiques économiques aux injonctions folles des créanciers internationaux, telles qu’elles s’apprêtent à nous jeter dans la récession, trouve ainsi son parfait écho dans la décision, qui ne prend même plus la peine de se voiler, de mobiliser le surplus d’emprunt européen de l’EFSF (1)… pour le sauvetage des banques irlandaises bien méritantes d’avoir savamment ruiné les finances publiques du pays (2).
Le cas de l’Irlande a ceci d’intéressant que la connexion entre finances bancaires privées et finances publiques y est plus directe et plus visible qu’ailleurs, mais il ne faut pas s’y tromper : pour la Grèce déjà, et pour tous les autres candidats au sauvetage qui suivront, il s’agit toujours in fine moins de sauver des États que d’éviter un nouvel effondrement de la finance – et l’on attend plus que le barde européen de service qui viendra célébrer l’Europe en marche d’après ses plus hautes valeurs : solidarité et humanisme, car après tout c’est vrai : nous voilà, contribuables citoyens européens (3), solidaires des banques de tous les pays, et les banquiers sont des hommes comme les autres.
Il y a pourtant quelque part un point de réalité où les fables déraillent et les voiles se déchirent. Manifestement nous nous en approchons. Et, Némésis incompréhensible de tous ceux qui, l’ayant voulue ainsi, l’ont défendue envers et contre tout, l’Europe commise à la finance contre ces citoyens mêmes est sur le point de périr par la finance.
La croyance financière à la dérive
En univers financiarisé, il n’y a pas de signe de crise plus caractéristique et plus inquiétant que la perte des ancrages cognitifs collectifs qui, en temps ordinaires, régularisaient les jugements et les comportements des investisseurs. Or tout vole en éclat et la croyance financière n’est plus que dérive erratique.
Inutile de le dire, la perte de toute régularité interprétative et comportementale rend impossible la conduite des politiques économiques toujours exposées au risque d’être reçues à l’envers des effets qu’elles pensaient produire, et même d’être systématiquement rejetées puisque, quelle que soit la proposition, les jugements de la finance sont écrasés par un affect directeur de panique et que, littéralement parlant, plus rien ne va – énoncé qu’il faudrait d’ailleurs lire en remettant les mots dans leur ordre adéquat : rien ne va plus.
Ainsi le 30 septembre l’agence Moody’s a-t-elle le front de dégrader la note souveraine espagnole au motif… d’une insuffisante croissance, alors même qu’elle a si bien concouru au printemps à faire adopter les politiques de rigueur… qui tuent la croissance.
L’opinion financière, agence et opérateurs ici confondus, réclament donc à cors et à cris la rigueur, et vendront les dettes publiques s’ils ne l’ont pas. Mais ils ne veulent pas des conséquences de la rigueur et vendront la dette publique s’ils les ont.
Sans même en venir à des considérations de principe tenant pour une espèce de crime contre la souveraineté démocratique (4) que l’on évince les réquisits des citoyens par ceux des créanciers, sorte d’effet d’éviction (5) qui incidemment n’a jamais empêché les économistes standard de dormir, n’importe quel décideur politique tant soit peu rationnel arrêterait qu’il est simplement inenvisageable de se soumettre à une tutelle aussi désarticulée, qui lui fera faire tout en lui demandant au surplus son contraire.
Mais quelqu’un a-t-il entendu le moindre commencement de l’évocation d’un éventuel projet d’émancipation européenne en cette matière ?
L’union monétaire est donc vouée à dévaler, avec les investisseurs auxquels elle a lié son sort, la pente du chaos cognitif collectif, et il n’y aura plus qu’à s’étonner de l’étonnement de ceux qui découvrent affolés que « plus rien ne marche » : car en effet les conditions sont maintenant en place pour que rien ne marche plus.
Dans une tentative héroïque de réplication d’une opération-vérité à la suédoise, la banque centrale irlandaise a décidé d’annoncer en mars les besoins « véritables » (6) – colossaux (7) – de recapitalisation d’un système bancaire privé dont la taille relativement au PIB du pays était déjà en soi un signe de déraison manifeste (8) (proposée à la réparation de l’Europe entière…).
Las, les autorités irlandaises qui escomptaient les profits d’admiration généralement accordés au stoïcisme et le prix de son « courage » sous forme de détente des taux d’intérêt, n’ont reçu qu’un surplus de panique et la mise en cause de leurs finances publiques devenues solidaires des finances privées pour des montants il est vrai affolants.
Ceux qui espéraient le retour au calme du sauvetage de l’Irlande ont vite compris à quoi s’en tenir : dès lundi matin sitôt l’annonce faite, les taux d’intérêt irlandais se détendaient très légèrement sur les échéances inférieures à deux ans… et se tendaient à dix ans, attestation indirecte de ce que l’EFSF n’est vu que comme une parenthèse sans pouvoir de résolution durable ; lundi soir c’était la débâcle obligataire.
Et l’on tiendra pour un symptôme très caractéristique de la destruction des repères cognitifs de la finance le fait que quelques jours avant l’annonce du plan de sauvetage irlandais, 35 milliards d’euros étaient jugés par les analystes comme un volume tout à fait à la hauteur des besoins de recapitalisation bancaire alors que dès l’après midi de son annonce il était trouvé notoirement insuffisant…
L’Union dans son ensemble est logée à la même enseigne. Elle croyait le sauvetage de la Grèce et la constitution de l’EFSF propres à impressionner l’opinion financière et à la raisonner pour de bon. Il n’en a rien été comme l’atteste la recherche frénétique par la finance du nouveau maillon faible sitôt le précédent réparé.
Formellement semblable en cela à la séquence qui à partir du printemps 2008 avait vu l’inanité des sauvetages ponctuels, Bear Stearns, Fannie, Freddie, jusqu’au point de bascule Lehman, la succession des bail-outs européens n’arrête plus rien mais a l’effet exactement opposé d’allonger sans fin la liste des suspects – la seule chose dont débat maintenant la finance étant l’ordre dans lequel il faut les « prendre ».
On pourrait être tenté de filer le parallèle avec l’automne 2008 pour en tirer la conclusion que, la formule des sauvetages ponctuels épuisée, seule une solution globale frappant fort un grand coup a quelque chance de produire l’effet de choc propre à modifier brutalement la configuration des anticipations collectives de la finance.
La menue différence, trois fois rien, tient au fait qu’à l’époque les finances publiques étaient fraîches et disponibles pour tirer d’affaire ces messieurs de la banque. Or, le sauvetage de la finance privée et les coûts de récession sur le dos, les budgets sont désormais aux abonnés absents, la situation ayant d’ailleurs si mal tourné que les finances publiques sont passées du côté du problème et ne font décidément plus partie des solutions.
Misère du fonds de secours européen
C’est cet état de fait que l’EFSF s’emploie à masquer autant qu’il le peut. Mais l’illusion qu’il avait congénitalement vocation à produire, et celles qu’il entretient sur son propre compte, finiront bientôt par craquer. Il y a d’abord qu’on n’est pas très au clair sur l’extension véritable des sollicitations dont il peut faire l’objet, et il reste comme une incertitude sur la nature de la « facilité » qu’il est censé apporter.
Est-il simple « facilité intermédiaire » destinée à faire d’ici 2013 les soudures de trésorerie des Etats temporairement en délicatesse avec les marchés ? Si tel est le cas, la force de frappe du fonds s’apprécie d’après les besoins de financement des États, c’est-à-dire la somme des déficits courants et des échéances de dette arrivant à maturité sur la période.
L’Irlande et le Portugal à eux deux devront trouver 60 milliards en 2011 et 40 pour 2012. L’Espagne à elle seule aura besoin de 190 milliards d’euros pour 2011 et 140 autres milliards pour 2012 (9) – 330 milliards et encore : un an en avance de l’échéance de l’EFSF, plus les 100 des deux précédents, 430 milliards à eux trois… pour une enveloppe globale de l’EFSF de 440 milliards (10) – et plaise au ciel que tout aille bien pour l’Italie et la France, les deux têtes de turc d’ores et déjà inscrites dans la file.
Il y a ensuite que l’EFSF n’a pas exactement les moyens qu’il dit avoir. Car pour obtenir la notation triple-A qui lui permet de lever des fonds à coût moindre que les États en difficultés, l’EFSF a été contraint de sur-collatéraliser à 120% ses actifs (11).
La chose signifie que tout euro prêté doit être adossé à 1,2 euros de fonds levé par l’EFSF (en fait par les Etats contributeurs) – et sur les 440 milliards nominaux seuls donc 366 sont réellement disponibles. La logique de la sur-collatéralisation n’est pas autre chose que celle de la garantie que l’EFSF prétend apporter et du coût de défaut qu’il prendrait à sa charge puisqu’il en soulage les créanciers internationaux.
Mais l’enveloppe est en fait bien plus petite encore.
Car d’une part disparaissent (assez logiquement) de la liste des Etats contributeurs au fonds les Etats devenus suppliants du fonds – on peut sans doute tenir le manque pour surmontable quand il s’agit des 12 milliards d’euros d’apport de la Grèce et des 7 de l’Irlande, mais le trou commencera à se voir si jamais il faut se passer d’un coup des 52 de l’Espagne…
Et s’y ajoute d’autre part que l’EFSF pour conserver son triple-A devra n’être abondé que par des États eux-mêmes triple-A, avec risque de casse majeur si d’aventure l’un des « gros » se trouvait être dégradé – vienne la France, au hasard, à perdre son sésame, l’EFSF trépasserait vraisemblablement dans l’instant.
Il y a enfin que l’EFSF n’a été dimensionné que dans la logique des sauvetages ponctuels (au surplus en petit nombre) et qu’il serait strictement incapable de faire face à un épisode de défauts souverains simultanés par contagion foudroyante – ce ne serait plus les besoins de financement publics à deux ou trois ans qu’il faudrait regarder mais les encours mêmes de dette, et l’ordre de grandeur change d’un coup du tout au tout.
Affolés par ces perspectives qu’ils ont eux-mêmes si bien contribué à créer, les investisseurs sont maintenant obsédés par une quête de la sécurité parfaite que, curieusement ils ne leur viendraient pas à l’idée d’exiger d’un débiteur privé, et dans le monde particulier des sovereigns (12), « senior » est implicitement tenu pour synonyme de « garanti » (13) ! (comme l’atteste le plan irlandais qui a pris grand soin d’épargner ces créanciers-là).
Or ce n’est pas du côté de l’augmentation des moyens du fonds que viendra la solution parce que régler les problèmes des plus endettés en surendettant ceux qui le sont moins finira par se voir.
Il est utile de redire que la solution du bootstrapping par laquelle le baron de Münchausen s’extrait de la boue en se tirant lui-même par les cheveux ne fonctionne que dans les contes. Dans la réalité européenne présente, plus il y a de secourus moins il y a de secouristes, et plus ces derniers se préparent à rejoindre les précédents dans leur catégorie.
Le syllo de Canto
A la question de savoir comment tout ceci peut se finir, la réponse est donc : mal. Et ceci d’autant plus que les corps sociaux commencent à sérieusement renauder.
Sans doute l’enchaînement des faits est-il compliqué à suivre dans son détail technique mais le tableau d’ensemble lui est des plus clairs, et tout le monde en voit maintenant parfaitement les couleurs dégueulasses :
1) la finance privée est l’auteur de la plus gigantesque crise de l’histoire du capitalisme ;
2) les banques ne doivent d’avoir forcé les pouvoirs publics à les secourir qu’au fait d’occuper cette place névralgique dans la structure d’ensemble du capitalisme qui leur permet d’enchaîner le corps social tout entier à leurs intérêts particuliers ;
3) cette situation qui a tout de la parfaite prise d’otage aurait dû conduire sitôt le sauvetage de 2008, non seulement à fermer largement le jeu de la finance de marché (14), mais à recommunaliser le système bancaire en tant précisément qu’il est de fait le dépositaire de biens communs vitaux (15) à savoir : la sûreté des encaisses monétaires du public et les conditions générales du crédit à l’économie réelle ;
4) infestés par les représentants des puissances d’argent, les États n’en ont rien fait et donné le secours pour rien, ou plutôt pour un double bras d’honneur, qui a d’abord pris la forme du maintien des rémunérations exorbitantes et surtout, plus grave, celle de l’application de la férule des marchés aux finances publiques, saignées soit d’avoir sauvé directement les banques, soit de faire face aux coûts de la récession ;
5) les splendides mécanismes des marchés de capitaux concourent avec une rare élégance à l’organisation du pire en rendant insoluble la crise des dettes qu’ils ont eux-mêmes fait naître ;
6) et ceci jusqu’à ce que cette crise-là devienne irrémédiablement la leur à nouveau, menaçant d’un deuxième effondrement du calibre de 2008 ;
7) pendant quoi l’Europe invente à la hâte de nouvelles institutions supposées venir en aide « aux États » là où tous voient bien qu’il s’agit de sauver les banques pour la deuxième fois. Or, pour ainsi dire, c’est la deuxième fois de trop – car on se demande encore comment la première a été avalée si facilement par les corps sociaux décidément d’un calme olympien. Jusqu’ici.
Jusqu’ici, car maintenant ça commence à glouglouter méchamment dans la marmite et les populations hors de leurs gonds cherchent légitimement de quoi se passer les nerfs sur les banques.
Le succès de la vidéo Cantona n’a pas d’autre origine, et il faudrait le fin fond de l’ineptie politique pour n’en pas saisir le sens réel qui dit l’arrivée aux limites de ce que les populations sont prêtes à tolérer de scandale.
Pour tout le bien-fondé de la colère qu’il exprime, il y a pourtant de quoi s’effrayer de son implacable syllogisme qui dit en gros : « les banques et les banquiers sont la cause de tous nos maux » – schématique mais vrai –, « or les banques ne vivent que de nos dépôts » – partiellement vrai encore –, « par conséquent, pour abattre les banques et se débarrasser du fléau il suffit de leur retirer nos dépôts » – techniquement vrai… mais in fine catastrophiquement faux.
Bank run : il n’y en aura pas pour tout le monde !
Parce que Canto, tu retires tes économies et puis tu en fais quoi ? Matelas ? Lessiveuse ? Tâche aussi de te présenter au guichet parmi les tout premiers car il n’y en aura pas pour tout le monde. À chaque instant, en effet, les banques sont strictement incapables de faire face à l’exercice généralisé de la convertibilité inconditionnelle des dépôts à vue en espèces.
Sur leurs larges populations de déposants, la loi des grands nombres leur assure en temps ordinaires une régularité statistique des comportements de retrait dont la moyenne globale ne représente qu’une fraction minime des dépôts réels, et n’appelle donc qu’un taux de couverture équivalent – bas.
Évidemment tout change lorsque des circonstances exceptionnelles modifient brutalement les comportements de retrait, en les corrélant intensément, par exemple sous l’effet d’une panique collective qui conduit à la ruée des déposants. Planifiant sa propre détention d’espèces sur la base des comportements moyens ordinaires, la banque se retrouve incapable de faire face à des demandes de retrait brutalement modifiées.
De là le ravissant spectacle des files de déposants, éclusées délibérément au compte-goutte pour donner le temps à la banque de s’alimenter en liquidités – quand elle le peut. Le rationnement, pour dire les choses en termes pudiques, fait donc nécessairement partie d’un bank run, c’est pourquoi il arrive que la queue au guichet soit un peu tassée, parfois même qu’on s’y marche légèrement dessus, car d’emblée on sait que tous ne récupéreront pas leurs billes.
Lessiveuses et patates
Mais les vraies joyeusetés commencent après. Car, les banques mises au tapis dans un bel ensemble, il faut tâcher de se figurer de la plus concrète des manières ce à quoi peut bien ressembler la vie matérielle. Manger par exemple. C’est-à-dire aller acheter à manger. Payer par chèque ? Plus possible : plus de banques. Tirer de l’argent au distributeur ? Plus possible : plus de banques. Obtenir un crédit ? Plaisanterie ! Plus de banques. Reste l’argent liquide au fond des poches. Canto qui se sera présenté parmi les premiers aura sa lessiveuse pour tenir. Mais pour les 90% rationnés, ça leur fera quatre à cinq jours d’horizon, en forçant plutôt sur les pâtes, et juste le temps de se mettre à l’art du jardin potager, car après…
Parce qu’il détruit instantanément le système des paiements et du crédit, l’effondrement bancaire général est l’événement extrême en économie capitaliste, arrêt des productions incapables de financer leurs avances, impossibilité même des échanges puisque la circulation monétaire a perdu ses infrastructures, une sorte de comble du chaos matériel, et le monde social n’a pas belle allure lorsque les individus en sont réduits à lutter pour leur survie matérielle quotidienne.
Le syllo de Canto commet donc ce qu’on pourrait appeler une erreur de métonymie : il prend l’accident pour la substance, ou la réalisation particulière pour la généralité.
La vérité, si elle manque sans doute de poésie, est que nous avons besoin de banques, nous en avons même un besoin vital.
Mais dire que nous avons besoin de banques est une chose, et la question de savoir de quelles banques nous avons besoin en est une autre. Car des systèmes bancaires il en existe de toutes sortes, des pires et des meilleurs. Et l’on pourrait en dire ce qu’on dit déjà de cet autre générique inconsistant, « L’Europe » : ce ne sont pas les banques, c’est cette forme de banque qu’il faut détruire.
On trouvera la nuance bien mince et de peu d’implications concrètes. Elle signifie pourtant que la ruine totale n’est pas une option attrayante, encore moins la ruine organisée de propos délibéré.
Dans les banques, il y a les infrastructures des systèmes de paiement et de tenue des comptes, c’est-à-dire les prérequis à tout échange possible dans une économie monétaire à travail divisé. Il y a aussi des gens (plus ou moins) capables de prendre des décisions de crédit, pour les ménages, les entreprises, et puis quelques autres choses encore que nous avons sacrément intérêt à garder.
Faire tomber les banques, mais par le défaut souverain…
Il faut bien reconnaître cependant qu’il n’est pas facile de décourager les plans naufrageurs du public en colère quand le système bancaire lui-même travaille si bien à son propre effondrement… Car voilà où en est la magnifique Europe des traités, celle-là même qui voulait tant qu’on ne l’appelle pas « L’Europe de la finance », et voilà ce qui lui pend au nez comme un sifflet de deux ronds : le défaut généralisé.
Désormais les uns entraînent les autres sans qu’on n’ait plus idée ni de la cause ni de l’effet. Dans l’atmosphère de panique qui emporte les marchés obligataires, le fait marquant est en effet la solidarité (dans la déveine) des financials et des sovereigns, c’est-à-dire des titres bancaires et des titres publics.
La corrélation de leurs primes de CDS (16) et de leurs spreads (17) respectifs donne une idée du degré auquel les destins des finances publiques et des finances bancaires privées sont désormais intriqués puisque sauver les banques ruine les Etats et que le possible défaut des Etats ruinera les banques.
C’est l’emballement collectif des investisseurs qui se charge de déployer cette dynamique fatale, la croyance financière au défaut souverain faisant advenir le défaut souverain – et puis juste après le défaut bancaire ! Et la synergie des faillites combinées s’annonce d’une telle magnitude que tous les EFSF de la terre peuvent d’ores et déjà aller se rhabiller.
Entre faire tomber les banques par un run de déposants en colère et les voir tomber d’elles-mêmes sous l’effet de leurs propres turpitudes, la différence, à résultat concret équivalent, est celle qui laisse au capitalisme financier et à ses « élites » l’entière responsabilité historique de la ruine finale.
Et si vraiment, plutôt que de simplement regarder tomber les banques, on voulait activement les faire tomber, la meilleure option à tout prendre consisterait bien plutôt à ce que, par inversion des rôles dans la comédie du bras d’honneur, ce soit l’État qui s’en charge en déclarant souverainement le défaut sur sa dette publique.
Car pour produire tous ses effets, le défaut « nu », celui du simple bank run citoyen, ne suffit pas, et la manœuvre ne prend tout son sens politique possible que :
1. de signifier par un geste unilatéral de souveraineté à qui revient le pouvoir en dernière analyse : aux peuples, pas à la finance ;
2. par répudiation de tout ou partie de la dette publique, de soulager aussitôt les populations de la contrainte d’austérité et de récupérer des marges pour des politiques de croissance ;
3. de s’armer d’une politique publique de transformation radicale, prolongement nécessaire du simple défaut, visant, d’une part, l’affranchissement du financement des déficits publics des marchés de capitaux (18) (seul moyen que le défaut maintenant ne vaille pas sur-pénalisation par les marchés plus tard), et, d’autre part, la refonte complète des structures bancaires (de toute façon mises à bas par le défaut même)
Il y a fort à parier que, parmi les gouvernements commis d’aujourd’hui, il ne s’en trouvera aucun capable de l’insolence affirmative qui est la marque de la souveraineté, et de revendiquer par le défaut l’état de guerre ouverte avec la finance – car après tout le problème est bien plus symétrique qu’on ne croit : la finance peut sans doute nous prendre en otages mais, dès lors qu’il est suffisamment débiteur, l’Etat a aussi les moyens de la ruiner, avec au surplus, derrière, le pouvoir de la ramasser à la petite cuillère et à sa façon.
Qu’à cela ne tienne : c’est le développement endogène de la dynamique financière présente qui se chargera de faire le travail, et le défaut que les Etats pourraient endosser dans un geste de rupture délibéré s’imposera à eux comme à des boutiquiers déconfits.
Nous n’avons de toute façon plus le choix que de penser sous l’hypothèse de l’effondrement bancaire consécutif à des dénonciations souveraines, revendiquées ou subies, c’est-à-dire sous l’hypothèse resurgie de « l’automne 2008 » – mais avec cette différence par rapport à 2008 que la solution par le sauvetage d’Etat est désormais barrée.
… et les saisir !
A l’honneur (ou au déshonneur) près, toutes les possibilités ouvertes par le défaut combiné des Etats et des banques restent offertes.
Car pour tous ses dangers réels, la faillite technique des banques a au moins un effet intéressant : elle permet de leur mettre la main dessus. Et à pas cher en plus. Les arguments de principe pour une recommunalisation du système du crédit abondent ; la situation de faillite leur offre leurs conditions de réalisation – et même de réalisation modique.
Car si la nationalisation intégrale est la première étape du processus de recommunalisation du bien commun bancaire, avant la mutation ultérieure en système socialisé du crédit (19), la situation critique de la faillite générale offre la possibilité d’opérer cette nationalisation par simple saisie.
A l’inverse des pratiques ordinaires du redressement des entreprises en difficulté, il n’y a pas de solution privée à l’effondrement global des institutions bancaires qui condamne dès lors irrémédiablement leurs actionnaires à la vitrification.
Le sauvetage public, quelle qu’en soit la modalité, n’a donc aucun compte à tenir de cette population spéciale qu’on peut d’ores et déjà tenir pour annihilée, conformément d’ailleurs à l’esprit même du capitalisme des sociétés par actions : les apports en fonds propres ne sont pas récupérables et les actionnaires n’acquièrent leur part de propriété (et les droits afférents aux dividendes) qu’en contrepartie d’accepter une perte définitive en cas de faillite – nous y sommes.
Saisir les banques faillies n’a donc aucun caractère d’attentat à la propriété puisque la propriété a été anéantie par la faillite même, la faillite étant de ce point de vue l’équivalent capitaliste de la bombe à neutrons qui tue les droits de propriété en laissant intacts les bâtiments, les équipements et même, quoique pendant un temps relativement court, les humains salariés capables de les faire marcher. C’est tout cela qu’il faut récupérer.
À l’instant tau plus upsilon qui suit le passage des neutrons, les pouvoirs publics ne se penchent sur le cas des banques à terre que parce qu’il y va d’un bien commun vital pour la société et pour cette raison seule.
Le jeu normal du marché anéantit les actionnaires et cette partie-là du jeu ne sera pas modifiée. Le sauvetage public n’a aucune vocation à les ressusciter, il n’a pas d’autre finalité que de nous éviter le désastre collectif qui suit particulièrement d’une faillite bancaire.
L’alternative qui naît de cet événement est alors des plus simples et, selon que l’État fait ou ne fait pas, ne laisse le choix qu’entre, d’une part, des banques à terre, des actionnaires morts et nous morts avec très peu de temps après, ou bien d’autre part, des banques redressées, des actionnaires laissés morts mais nous vivants par le fait même de la saisie-redressement.
On constatera que dans ces deux états du monde possibles les actionnaires meurent identiquement, et que la différence notable tient au seul fait que dans l’un nous mourrons avec eux, dans l’autre pas, raison pour quoi il ne devrait pas y avoir à réfléchir trop longtemps avant de choisir la bonne solution.
La banque centrale, ultime recours
Mais une faillite ne laisse pas que des actionnaires sur le carreau : des créditeurs aussi. Le droit ordinaire des faillites et ses résolutions concordataires offrent cependant à ces derniers une chance de récupérer une partie de leur mise. Mais ce droit-là est privé et la logique du défaut souverain lui est hétérogène.
Mis à part les dettes souveraines, le gros du problème tient dans le réseau des dettes-créances interbancaires. On peut imaginer leur partiel netting (20) sur le territoire pertinent – dont on réserve de dire quelle doit être la circonscription (voir infra).
Ce netting « interne » peut s’accompagner d’un défaut sur les engagements « externes » (i. e. avec les institutions financières situées hors du « territoire pertinent »), à la façon dont les banques islandaises se sont remises bien plus vite que prévu du fait de n’avoir pas hésité à dénoncer les passifs non-résidents (21) – et mieux encore d’avoir fait valider ce geste de dénonciation par un référendum populaire !
Au rang des créditeurs internes, il faut compter également tous les épargnants individuels, détenteurs de titres publics par assurances-vie et Sicav interposées. Disons tout de suite que le défaut souverain a spontanément de bonnes propriétés de justice sociale puisqu’il frappe proportionnellement les plus gros épargnants qui sont aussi les plus riches, même si l’on peut envisager de garantir ces créditeurs-là à hauteur d’un certain plafond qui ne ferait plonger que les plus fortunés.
En remontant l’ordre de séniorité, viennent enfin les déposants dont il est assez évident que les dépôts à vue et à terme doivent être garantis – hors de quoi le sauvetage des banques est simplement privé de sens.
Mais dans tous les cas de figure il y aura des pertes colossales à prendre et des recapitalisations tout aussi importantes à opérer du fait de la prévisible destruction des bases de fonds propres.
C’est bien pourquoi les plans de 2008 étaient à double détente : concours de la banque centrale pour assurer la liquidité vitale des banques et permettre au moins la continuité d’opération du système des paiements, « plans de redressement » à la façon du TARP des Etats-Unis, de la NAMA irlandaise, de la SFEF française, etc. Ces volets « redressement » étaient indispensables pour, au-delà de la simple survie, remettre le système bancaire en état de reprendre ses activités de crédit.
À ceci près qu’ils ont été assurés sur les finances publiques et que maintenant c’est fini. Le redressement peut être amorcé par cessions massives d’actifs (quoique dans la situation envisagée, on se demande bien qui pourrait en être preneur…), ou à tout le moins voir son ampleur diminuée par une réduction brutale des périmètres d’activité : les banques en saisie-redressement abandonneront tout ou partie de leurs activités de marché et seront priées de se reconcentrer sur ce qui est historiquement leur métier, à savoir le crédit à l’économie et l’offre de formules d’épargne simples – l’une des opportunités offertes par la faillite étant donc de permettre de médiocriser la finance (22).
À ce stade critique cependant, c’est-à-dire quand les possibilités financières d’intervention de l’Etat ont été épuisées, il ne reste de toute façon plus qu’un seul instrument significatif mobilisable : la banque centrale.
Ça n’est pas la peine de commencer à hurler à l’inflation, car, en cette situation-là, il n’y a plus qu’à choisir entre le risque de l’inflation future et la certitude de la mort matérielle tout de suite – alternative qui normalement ne laisse pas le loisir d’hésiter très longtemps. À court terme au moins les fonds de reconstruction d’un système bancaire ne pourront donc plus venir que de la création monétaire.
Quant à ceux qui pousseront de grands cris à l’idée que la banque centrale pourrait abonder de cette manière le capital des banques à reconstruire, on leur fera observer qu’ils ont gardé un délicat silence lorsque la Réserve Fédérale s’est transformée en gigantesque hedge fund [pour] racheter tous les actifs pourris des banques privées en pleine déconfiture – ceci dit au moment précis où la Fed révèle la liste des récipiendaires des 3300 milliards de dollars de concours variés qu’elle a mis à leur disposition, comme quoi, dirait l’adage populaire, pas faux en l’occurrence, quand on veut, on peut…
Salut, souveraineté, territoire
Et voilà où se pose pour de bon la question du « territoire pertinent ». Est pertinent le territoire sur lequel existe une banque centrale décidée à accomplir toutes ces actions. Il y a malheureusement toutes les raisons de redouter que ce ne soit pas la zone euro. Jamais ni les représentants allemands à la BCE, ni le gouvernement de Bonn ni la cour constitutionnelle de Karlsruhe ne consentiraient la chose qui leur apparaît comme le comble de l’horreur.
Il est vrai que sauf les mythologies du « couple franco-allemand », faire une Europe monétaire avec l’Allemagne était d’emblée une entreprise impossible (23) – et en même temps, dans l’hypothèse retenue, les banques privées allemandes seraient au tapis comme les autres et il faudra bien que l’Allemagne invente quelque chose…
L’Allemagne mise à part, on peut craindre également que la BCE elle-même se refuserait à une intervention massive de cette sorte, en effet en violation flagrante de tous les textes qui encadrent son action.
On dira qu’on reconnaît précisément ces moment de souveraineté pure à l’envoi au bain des textes, encre sur du papier susceptible d’être rayée par une autre encre derrière laquelle de toute façon il n’y a jamais que de la force, la force politique du corps social souverain, en dernière analyse l’unique force motrice de tout l’univers politique.
Les Argentins, au cœur de la crise de 2001-2002, ne se sont-ils pas débarrassés en une nuit du currency board dont ils avaient pourtant gravé les termes dans le marbre de la constitution ?
Mais ces reprises de souveraineté supposent des conditions d’unité politique qui n’existent pas dans le cas européen où les traités demandent deux ans pour être modifiés là où il s’agit d’agir en deux jours, quand ça n’est pas en deux heures – et les pétaudières de l’intergouvernemental à 27 ne sont pas exactement ce qu’on appelle une force de réaction rapide….
On peut être tout à fait sûr que si besoin était vraiment, le gouvernement des Etats-Unis n’hésiterait pas un instant à envoyer valser le Reserve Federal Act pour reprendre en mains les contrôles et les latitudes qu’appelle impérieusement la situation d’exception.
Cette possibilité n’existe même pas dans la navrante construction européenne dont on sait bien qu’elle est un barbarisme au regard de la grammaire fondamentale de la souveraineté – et seule la mauvaise foi européiste, cette dégénérescence de l’idée européenne, comprendra ici que souveraineté ne rime qu’avec « nation », au sens des nations présentes, là où il s’agissait d’envisager les conditions de possibilité d’un véritable redéploiement de souveraineté à une nouvelle échelle : pour ainsi dire de refaire nation mais « à l’étage supérieur ».
Aussi, et comme le salut impose impérieusement ses réquisits, on peut imaginer que la zone euro se fracturerait selon une ligne de découpe séparant ceux qui s’accorderont à l’exercice d’une souveraineté commune dictée par la nécessité du geste monétaire massif et ceux qui ne le voudront pas.
Ou bien qu’elle céderait à de très fortes pressions à la « renationalisation » de l’action publique, c’est-à-dire à un retour à l’échelle territoriale où, pour l’heure, en existe en fait les réels moyens de souveraineté.
Réapparition de banques centrales nationales ou bien de sous-blocs monétaires, à partir de l’euro et avec les problèmes transitoires de double circulation, inutile de dire qu’on sera là entré dans un monde non-standard…
Notre heure
Mais quels choix reste-t-il vraiment quand les marchés auxquels les États se sont livrés gaiement s’apprêtent à faire leur ruine ?
Quand la collusion des élites politiques et économiques a atteint le degré que nous lui connaissons, quand le gouvernement est devenu le fourrier du capital à un point de caricature qui ferait rougir Marx (jusqu’à faire nommer sans discontinuer des chefs d’entreprise ministre des finances depuis dix ans…), quand l’asservissement des politiques publiques aux intérêts de la finance est tel que même la plus grande crise à l’échelle d’une génération ne parvient pas à obtenir le moindre commencement de régulation, quand tous les mécanismes institutionnels du présido-parlementarisme organisent la parfaite coupure d’avec le peuple et la capture de fait du pouvoir par une oligarchie séparée qui ne répond plus de rien ni à personne – comme l’attestent à propos des retraites une désapprobation de masse balayée d’un revers de main –, quand n’existe plus nulle part aucun mécanisme institutionnel de réelle représentation, aucune force de rappel politique, alors il est avéré qu’il n’est plus de solution de transformation à froid de l’ordre social – à l’encontre même de la (fausse) promesse « démocratique » (24) d’ingénierie politique ordonnée du changement.
Ce sera donc à chaud.
La question est alors celle de savoir en quels lieux précisément faire monter la température – en ne cachant pas que « température augmentée » signifie qu’il y a aura des bris de quelque chose quelque part. Marx en son temps avait parfaitement perçu que la convulsion est la modalité privilégiée par l’histoire de dépassement des contradictions.
Le nexus présent des contradictions de ce qu’il faut bien appeler avec Badiou le capitalo-parlementarisme, contradictions mêlées d’un système économique conduit au désastre par la finance libéralisée et d’un système politique institutionnel qui, en tous les sens du terme, ne répond plus, et n’est donc plus l’instance possible de transformation du premier, ce nexus a épuisé le spectre de ses solutions internes.
Si vraiment on en arrive en ce point où, les possibilités d’accommodation « régulière » du système évanouies, ne reste plus que le choix de son renversement, alors il y a cependant quelques raisons de préférer le soulèvement politique à l’insurrection bancaire.
Car la seconde nous abat nous-mêmes dans le même mouvement où elle abat ses ennemis, alors que le premier conserve la Banque comme principe mais nous rend les moyens de lui donner la forme que nous voulons – et dont nous avons besoin.
Cantona pense faire la révolution sans violence en effondrant les banques. Mais c’est qu’il n’a pas idée des violences du chaos matériel qui suivrait. Si le blocage institutionnel et le verrouillage par le bloc hégémonique rendent chaque jour un peu plus probable l’issue qu’un « bon » système politique a normalement pour vocation de tenir aussi éloignée que possible, à savoir le débordement insurrectionnel, toutes les insurrections ne se valent pas.
Et si vraiment violence il devait y avoir, plutôt celle qui permet de reprendre les institutions confisquées (ou d’inventer de nouvelles institutions) que celle qui nous jetterait les uns contre les autres dans des luttes pour la survie matérielle.
Qu’elle le dise de travers n’empêche pourtant pas la sortie de Cantona d’avoir son fond de justesse : les tyrannies ont rarement le bon goût de quitter d’elles-mêmes la scène de l’histoire et seuls des rassemblements de force adéquats peuvent les en expulser. La finance a régné 25 ans, c’est plus qu’il n’en faut pour dresser un bilan, et le bilan dit : c’est assez.
La particularité de l’époque réside en ceci que la tyrannie impersonnelle de la finance collabore activement à son propre renversement puisque, par une sorte de nécessité interne qui confirme, en la poussant à son comble, sa vocation à la destruction sociale, elle est sur le point de tout engloutir et paradoxalement jusqu’à elle-même.
Les Romains disaient que « ceux que Jupiter veut perdre, il commence par les rendre fous » – nous y voilà. La perspective de chocs immenses n’est pas gaie, mais qu’à la face de l’histoire il revienne entièrement aux fous de l’avoir fait advenir.
Et que les autres en tirent le meilleur parti, celui du moment décisif où leur joug se lève, éventuellement de s’être autodétruit, et où ils peuvent enfin se dire que « c’est notre heure ».
—————-
Notes :
(1) European Financial Stability Facility, le fonds de secours établi lors du sommet de Bruxelles du 9 mai 2010 à la suite du plan de sauvetage de la Grèce.
(2) Sur les 85 milliards d’euros du « paquet irlandais », 35 sont explicitement destinés aux banques.
(3) Sur qui reposeront in fine les éventuelles pertes de l’EFSF.
(4) Pour un développement de cet argument, voir « Le point de fusion des retraites », 23 octobre 2010, et « Crise européenne, deuxième service (partie 1) », 8 novembre 2010.
(5) Car les économistes standard sont surtout très préoccupés de cet effet d’éviction par lequel les emprunts d’Etat assèchent les marchés obligataires au détriment des émetteurs privés.
(6) Dont on découvre d’ailleurs aujourd’hui qu’ils sont encore un peu sous-estimés : Sharlene Goff et Patrick Jenkins, « Irish banks remain on a tightrope », Financial Times, 29 novembre 2010 ; mais seul le mensonge grec sur le déficit public est haïssable, le mensonge permanent des banques privées, lui, est véniel.
(7) 28,5 milliards d’euros au moment de l’annonce de mars.
(8) Le total des passifs bancaires irlandais est de 360% du PIB – le modèle-frère anglais faisant d’ailleurs encore mieux : 450%… voir « The real lesson about Ireland’s austerity plan », e21 Economic Policies for the 21st Century.
(9) Données Bloomberg, FMI, The Economist.
(10) Il est vrai compte non tenu des 60 milliards d’euros de l’EFSM (European Financial Stability Mechanism) et des 250 milliards d’euros apportés par le FMI lors du sommet du 9 mai 2010.
(11) Voir sur ce point Wolfgang Münchau, « Could any country risk a eurozone bail-out ? », Financial Times, 26 septembre 2010.
(12) Les titres obligataires souverains.
(13) La séniorité désigne l’ordre de priorité des créanciers à être servis en cas de défaut. Plus un titre est senior plus il vient haut dans cet ordre et plus ses créanciers seront remboursés prioritairement. Mais il se peut très bien que le défaut soit tel que même les créanciers seniors prennent des pertes, comme l’a montré le cas des tranches seniors des CDO et des MBS de subprimes.
(14) Voir « Quatre principes et neuf propositions pour en finir avec les crises financières », 23 avril 2008, et « Si le G20 voulait… », 18 septembre 2009.
(15) Cette recommunalisation prenant la forme d’urgence de la nationalisation puis, à terme, de la mutation en un système socialisé du crédit, voir « Pour un système socialisé du crédit », 5 janvier 2009.
(16) C’est-à-dire ce qu’il en coûte de faire assurer un titre obligataire contre d’éventuelles dévalorisations liées à un « événement de crédit ».
(17) C’est-à-dire l’écart de taux qui les sépare d’une obligation de référence jugée sans risque, en Europe le Bund allemand pour les titres souverains.
(18) Voir « Commencer la démondialisation financière », Le Monde diplomatique, mai 2010 ; « Crise européenne, deuxième service (partie 2) », 15 novembre 2010.
(19) « Pour un système socialisé du crédit », 5 janvier 2009.
[20] C’est-à-dire la compensation mutuelle des dettes croisées à des taux évidemment à définir en fonction de leurs taux d’intérêt facials, de leur maturité, etc.
(21) Et ceci même s’il est exact qu’à moyen terme, les banques islandaises, et l’Etat qui les a couvertes, se retrouveront engagés dans de nombreuses procédures judiciaires aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, aux Pays Bas, etc.
(22) Voir « Si le G20 voulait… », 18 septembre 2009.
(23) Voir « Ce n’est pas la Grèce qu’il faut exclure, c’est l’Allemagne ! », 29 mars 2010.
(24) On veut dire : dans les formes présentes de la « démocratie ».
00:25 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : banques, système bancaire, économie, finances, crise | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
00:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, politique, politique internationale, union européenne | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996
Entretien avec Alexandre Belov:
communauté païenne russe et arts martiaux
Q.: Qu'est-ce que le paganisme pour vous?
AB: Pour moi, le paganisme est en premier lieu la somme des expériences indépendantes vécues au fil de l'histoire par un peuple particulier, tant dans le contexte des processus vitaux que dans le domaine de la connaissance.
Q.: Comment le paganisme slave a-t-il pu survivre sous la férule du communisme?
AB: La dictature communiste n'a nullement contrarié les intérêts du paganisme slave. Il faut ajouter que l'athéisme communiste a permis de contenir les attaques chrétiennes contre la liberté de la connaissance. L'ère communiste a ainsi rendu un grand service au paganisme slave.
Q.: Quelle est selon vous la particularité du paganisme slave en comparaison avec les autres paganismes européens?
AB: La particularité essentielle du paganisme slave est d'avoir cultivé radicalement la “grande idée barbare”, c'est-à-dire l'idée d'unir le Nord de glace à l'élément du feu. La variante russe du paganisme slave a joué un plus grand rôle historique dans les traditions d'Europe orientale que le paganisme slave en général, parce qu'il a réussi à conserver et à maintenir durant des siècles au moins trois linéaments païens fondamentaux: l'adoration du Soleil, de trois divinités associées et de Prav (*), c'est-à-dire l'adoration du Dieu du Tonnerre comme divinité principale assurant l'équilibre et l'harmonie de l'univers. Le dernier avatar de Prav se retrouve dans la désignation en langue russe du christianisme d'Orient, Pravoslaviyé, soit “orthodoxie”. Le nom, au départ païen, a été volé par les chrétiens.
Q.: Quels ont été les réunions, rencontres ou événements qui vous ont conduit à créer la “Communauté Païenne Russe”?
AB: La création de la communauté païenne russe a été suivie par une deuxième naissance: la fondation d'un centre du culte pour toute la Russie, le sanctuaire de Peroun, Dieu du Tonnerre des Slaves anciens, à Radoucha. Cette fondation a été conditionnée, d'une part, par la nécessité de propager la tradition nationale du culte, et, d'autre part, par la nécessité de développer cette tradition en prenant en compte la dynamique du développement dans la société contemporaine.
Q.: Pouvez-vous nous parler de la nature particulière de l'Art Martial Slave, que vous pratiquez et enseignez, et la comparer aux arts martiaux orientaux?
AB: Goritsa est un art de combat qui récapitule l'expérience historique de la “lutte russe” et la connecte à cette “grande idée barbare” que je viens de vous évoquer. J'ai créé ce système de lutte et je m'en occupe depuis environ quinze ans. Je m'occupe plus généralement d'arts martiaux depuis 24 ans. L'une des particularités principales de Goritsa est d'utiliser les réflexes les plus caractéristiques des lutteurs cherchant à diriger l'attitude de leurs adversaires. Toutes les actions de l'adversaire relèvent de ce complexe que sont toutes les actions bio-mécaniques typiques. Cela permet d'attaquer un adversaire en connaissant à l'avance ses réactions possibles. La Goritsa est un système unique de combat qui privilégie l'attaque. La Goritsa n'est donc pas un système d'auto-défense. Autre particularité de la Goritsa: ses sources remontent à la chevalerie et sont héritées du symbolisme physique de l'arme du combattant pendant la lutte. C'est là que réside toute entière la différence entre cet art martial et sa variante chinoise, qui imite plutôt l'attitude de l'animal. J'ai dénombré plus de vingt différences fondamentales entre l'art martial slave, la Goritsa, et les règles des arts martiaux extrême-orientaux.
Q.: L'Art Martial Slave est-il pratiqué aujourd'hui dans toute la Russie?
AB: Les objectifs et les tâches de la Goritsa sont difficiles à réaliser dans la Russie actuelle, parce que la caste militaire est déconsidérée par la propagande occidentaliste actuelle au profit d'une vision purement économiciste de la société, portée par les financiers qui ne s'intéressent pas aux arts martiaux.
Q.: Vous revenez d'un voyage en Italie. Vous y avez organisé des démonstrations et répendu votre enseignement. Que pensez-vous de l'expansion de l'Art Martial Slave en Europe?
AB: La campagne de promotion de la Goritsa en Europe est possible, même nécessaire, parce que cette méthode de combat exprime un mode de connaissance fondamentalement païen, partant non-conformiste dans le contexte actuel. C'est le meilleur moyen pour recréer une caste guerrière dans toute l'Europe, qui soit animée par des principes qui soient vraiment les siens.
Q.: En dehors de la Russie, quelles sont pour vous les traditions européennes les plus intéressantes?
AB: Ce qui m'attire dans la tradition païenne européenne, c'est surtout la beauté et la sagesse que l'on retrouve dans la poésie épique populaire. Nous découvrons là une éthique authentique. Non importée.
(propos recueillis par Jean de BUSSAC et traduit par Anatoli M. IVANOV).
(*) NDT: “Prav” est un terme difficile à traduire, emprunté au “Livre de Velès”, un faux devenu à mon grand regret très populaire parmi les néo-païens russes. “Prav” est à la racine des mots russes “pravy” (droit), “pravda” (vérité) et “pravoslaviyé” (orthodoxie).
00:05 Publié dans Entretiens, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretiens, paganisme, païens, traditions, tradition, traditionalisme, russie, paganisme russe, arts martiaux, art martial | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
L’Allemagne serait, en partie, à l’origine de l’envolée des taux d’intérêt sur les obligations portugaises et espagnoles de ces derniers jours. En cause, les récentes déclarations d’Angela Merkel sur l’éventualité de faire participer les créanciers privés en cas de restructuration de la dette publique de certains pays de la zone euro.
Arturo Bris, professeur de finance à l’IMD de Lausanne, partage cet avis. Lors d’une conférence qui s’est tenue jeudi au sein de la haute école de gestion, il n’a pas hésité à déclarer que l’Allemagne maintenait volontairement « au bord du précipice » les pays en proie à des difficultés – Irlande en tête. Selon lui, « les crises irlandaise, grecque, portugaise et espagnole sont une bonne chose pour l’économie allemande puisqu’elles maintiennent l’euro à un niveau relativement bas – par rapport au dollar – et qu’elles profitent ainsi aux exportations allemandes ». Berlin aurait donc tout intérêt à ce que la situation européenne reste tendue.
Mais si l’Allemagne profite du « statu quo » en Europe, Arturo Bris relativise toutefois son rôle dans la crise actuelle. Car le moteur de l’Europe est confronté à un certain dilemme : son économie a beau profiter d’un euro faible, les Allemands ont de plus en plus l’impression de payer de leurs poches les sauvetages à répétition des autres pays européens. De plus, le marché européen est le troisième, en termes de grandeur, pour les exportations allemandes.
Pour le professeur espagnol, les principaux fautifs sont à rechercher de l’autre côté de l’Atlantique. Washington serait donc « à l’origine des confrontations que l’on observe actuellement en Europe ». Ou, plus particulièrement, sa politique monétaire. « Affaiblir le dollar a été la pire des choses pour la dynamique européenne », constate Arturo Bris. Si les Etats-Unis ont souffert de la crise grecque et de la hausse du dollar qui s’en est suivie, ils se seraient rattrapés grâce à leur politique monétaire et à l’injection de 600 milliards de dollars dans leur économie d’ici à la fin de 2011 (QE2).
Malgré tout, le professeur de finance reste optimiste. Dans les différents scénarios qu’il a présentés jeudi à son audience, l’implosion de l’euro – qualifiée « d’armageddon » – est considérée comme très improbable. « Les chiffres ne sont pas dramatiques et personne n’est en train de faire faillite », martèle-t-il. Et Arturo Bris a de bons arguments. Il fait notamment remarquer que le taux d’endettement de l’Espagne – 55% du PIB – fait bien pâle figure aux côtés des 190% du Japon et des 120% des Etats-Unis.
Le problème serait donc avant tout un problème de crédibilité. « Les gouvernements européens, à l’instar du Portugal et de l’Espagne, ont annoncé tout un tas de mesures ces dernières années sans jamais les respecter. Or, aujourd’hui, sous la pression des marchés, ces gouvernements sont enfin obligés de réagir », observe-t-il avec satisfaction.
00:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, etats-unis, affaires européennes, zone euro, euro, crise monétaire, crise financière, actualité, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Ungarn wird herabgestuft
Ex: http://info.kopp-verlag.de/
Der langsame Zerfall der EU geht weiter: Die Ratingagentur Moody’s senkte heute die Kreditwürdigkeit von Ungarns Staatsanleihen auf knapp über den Ramschstatus.
Die Ratingagentur Moody’s hat das Rating des osteuropäischen Landes heute auf gerade mal »Baa3« gesenkt. Damit liegt die Bewertung von Ungarns Anleihen nur noch eine Note über dem »Ramschstatus«.
Moody’s begründet den Schritt mit den langfristigen haushaltspolitischen Problemen des Landes, das zudem für externe Risiken anfällig sei: »Die Herabstufung hat vor allem mit dem zwar langsamen, aber deutlichen Verlust an Finanzkraft der ungarischen Regierung zu tun« heißt es wörtlich. Auch die Konsolidierungsstrategie der Regierung sehe vor allem temporäre Maßnahmen vor, aber wenig Vorschläge für eine nachhaltige Sanierung. Nach Ansicht der Ratingagentur könnten weitere Herabstufungen folgen, wenn Ungarn es versäumt, seine finanzielle Stärke wieder herzustellen.
Volkswirte sind seit Längerem darüber besorgt, dass eine Zuspitzung der desaströsen Lage in Ungarn, das erst 2004 der EU beibetreten ist, auf die gesamte osteuropäische Region Einfluss nehmen könnte. Die größten Gläubiger der maroden ungarischen Banken sind Österreich mit einem Volumen von rund 37 Milliarden US-Dollar und Deutschland mit 30,8 Milliarden US-Dollar. Der deutsche Steuerzahler kann sich also schon auf die nächste Milliarden-Unterstützung einstellen.
_____________________________________________
Quelle: wirtschaftsblatt.at
00:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hongrie, europe centrale, mitteleuropa, crise, crise financière, politique, politique internationale, europe, affaires européennes, europe danubienne | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Cina e Russia, addio al dollaro tra politica ed economia
Yuan e rubli negli scambi bilaterali. Paolo Manasse: "Ricerca di stabilità e di autonomia da Washington. Ma non è guerra delle valute"
Cina e Russia hanno deciso di effettuare le transazioni commerciali bilaterali nelle proprie valute (yuan-renminbi e rublo), rinunciando al dollaro come moneta universale di scambio.
L'anno scorso, il commercio tra i due Paesi è stato stimato attorno ai quaranta miliardi di dollari. Si pensa che a fine 2010 ammonterà a sessanta miliardi.
Nell'accordo siglato da Vladimir Putin e Wen Jiabao a San Pietroburgo il 24 novembre, molti hanno visto un capitolo di quella "guerra delle valute" che agita sia i mercati finanziari sia la geopolitica mondiale, con il rinnovato interesse dell'amministrazione Obama per l'Estremo Oriente e la crescita record della Cina, nuova superpotenza.
PeaceReporter ha chiesto un parere a Paolo Manasse, professore di Macroeconomia e di Politica Economica Internazionale all'Università di Bologna, docente di Macroeconomia all'Università Bocconi di Milano.
Come si spiega la decisione di Russia e Cina?
C'è un motivo economico e ce ne è uno politico.
Dal punto di vista economico, siamo in un periodo di volatilità dei cambi legato alla crisi. Quando si parla di volatilità, ci si riferisce soprattutto al rapporto tra euro e dollaro. La Russia ha un grande volume di scambi con l'Europa, idem la Cina che ce l'ha anche con gli Usa, quindi sono esposte ai rischi di questa volatilità. E' probabile che almeno nello scambio bilaterale vogliano tutelarsi dai rischi di cambio delle valute, utilizzando le proprie.
L'aspetto politico sta nel fatto che soprattutto la Cina, così facendo, afferma la propria sovranità anche valutaria, mostrando di poter fare a meno del dollaro, cioè contrastando il privilegio tutto statunitense di battere moneta. Può essere letto in chiave di sfida.
C'entra con la cosiddetta "guerra delle valute"?
La guerra delle valute dura da anni. Muove dall'accusa Usa secondo cui la Cina terrebbe la propria moneta artificialmente bassa per guadagnare competitività. Nei meccanismi di mercato, alla domanda molto alta di merci cinesi dovrebbe corrispondere anche una domanda molto alta di yuan per pagarle. La conseguenza naturale dovrebbe essere la crescita di valore della moneta cinese e il deprezzamento del dollaro. Qui invece interviene la banca centrale cinese comprando dollari e vendono yuan per calmierarne il prezzo. Le conseguenze sono il valore basso dello yuan e un accumulo di dollari nelle riserve cinesi.
E' comunque una faccenda che riguarda soprattutto gli Usa, perché sono loro ad avere un enorme deficit commerciale con la Cina. L'Europa molto meno.
Tecnicamente, la scelta di Russia e Cina non c'entra molto con la guerra delle valute.
Anzi, potrebbe avere come effetto la riduzione della domanda di dollari e quindi l'indebolimento della valuta Usa. Chiaramente, non è scontato che ci sia un simile effetto, dipende da quali saranno i volumi degli scambi tra Cina e Russia. Ma comunque l'accordo non può essere visto come un tassello della guerra delle valute.C'è anche il tentativo di diversificare le proprie riserve valutarie, riducendo la parte in dollari?
Il monopolio del dollaro come moneta di riserva [cioè la valuta con cui le banche centrali dei diversi Paesi accumulano le proprie riserve, date generalmente dal surplus commerciale, ndr] è già finito con l'avvento dell'euro. In genere le banche centrali tengono un portafoglio abbastanza bilanciato, diversificato, per evitare che fluttuazioni nel mercato dei cambi provochino problemi. Non si punta mai al cento per cento su una sola valuta.
In questo caso, mi sembra che si punti più a evitare l'impatto delle fluttuazioni sulle transazioni, sul commercio. A parte la valutazione politica, certo, cioè l'affermazione di indipendenza da parte della Cina.
Se un cinese esporta merci facendosi pagare in dollari o euro, e una delle due monete crolla, ci perde un sacco di soldi. Dal momento in cui si fanno le transazioni al momento in cui vengono liquidate, si rischia. Di solito ci si assicura con il mercato a termine: uno vende i dollari di domani a un prezzo che conosce oggi. Ma se fa gli scambi con la moneta nazionale, ha risolto il problema alla radice.
Gabriele Battaglia
00:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, russie, dollar, actualité, politique internationale, politique, devises, monnaies, asie, affaires asiatiques, europe, affaires européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
00:25 Publié dans Actualité, Economie, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, russie, géoéconomie, géopolitique, géostratégie, économie, etats-unis, politique internationale, eurasie, eurasisme | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Shall I worship You
In the garden of yellow chrysanthemums,
Where you weave your last golden web
Of auburn autumn shades,
Before the cold winter sets in,
And the silver frost sparkles appear,
On the butterflies’ hoary yellow wings,
On their last winter flight
Towards your powerful, marigold orange,
And vine coloured, quivering body.
Your wintry airiness appear,
On your sun’s steps,
Sparkling with silver sky pearls
Of unutterable silence,
In the icy depths of forgetfulness,
Between the scintillating stars,
And frigid white lily paths;
Where hushed sounds of life,
Wait for deathless music of Pan
To be again awaken,
Along the snowy, sweet sun,
Honey scented, pine trees paths;
Lanterns to living universe.
By Xenia Sunic, December , 2010
00:18 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, lettres, croatie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996
Les immenses étendues russes, ses steppes secouées par les vents et ses peuples anciens comme le monde, résonnent encore du chant mystique d'ancestrales traditions. Mais la tradition ne meurt jamais, et aujourd'hui les esprits fertiles de savants bien écolés s'agitent au-delà des bouleversements du temps et de l'histoire, à la recherche de ce qui rapprochait les hommes à l'aube de la civilisation. Parmi eux, le professeur Alexander Belov, enseignant titulaire de la chaire d'«Histoire des Religions à Moscou».
Fort de son prestige incontestable au sein de la classe guerrière moscovite, il entreprit, au cours des années 70, une longue recherche sur la tradition martiale russe, pour la réexhumer systématiquement. Cette entreprise le mena dans les villages les plus reculés, à entretenir des relations avec d'anciens maîtres et de rudes guerriers de souche paysanne, jusqu'à rendre toute sa splendeur à l'art martial de la Goritsa, méthode de lutte assez complète qui, au cours des siècles, s'était scindée en différentes branches.
Dans la Russie d'aujourd'hui, on assiste à un important réveil de la classe guerrière, à un développement virtuel d'un archétype de bellator bien enraciné dans la branche autochtone de la grande famille indo-européenne. Une rigoureuse conscience de classe rapproche ceux qui appartiennent à cette caste, pour laquelle la conception fondamentale est drujima («Un pour tous, tous pour un»).
A cette renaissance s'ajoute la volonté d'élargir toujours plus la caste elle-même, pour réunir les esprits les plus vifs, l'élite des énergies russes, dans les différents clans guerriers, comme celui des «Loups Bleus» auquel appartient le Prof. Belov. Et cela en vertu de profondes racines philosophico-religieuses qui sont à la base du grand édifice de la Goritsa.
C'est pourquoi la formation d'un aspirant guerrier exige un travail long et complexe. Les prémices ne sont guère favorables: si virtuellement quiconque peut s'entraîner dans la Goritsa, seulement celui qui est choisi par un Maître peut espérer accéder aux niveaux les plus hauts. Parmi les candidats, seuls trois sur dix y parviendront.
L'acceptation du candidat guerrier de la part du Maître, repose sur une fascinante faculté sémiotique: du premier regard le maître est en mesure de juger s'il est opportun de choisir le candidat et dans quelles conditions. Par exemple, il peut se servir d'une classification des typologies humaines basée sur les trois principes de la Nature Prav, Jav et Nam.
Au début de l'entraînement, l'élève tente de rejoindre la sublimation spirituelle en travaillant d'abord sur sa propre personnalité et ensuite sur l'énergie intérieure (ce dernier argument est traité seulement avec les initiés). Dans un deuxième temps on accède à une identité collective puisque l'homme, être essentiellement social, peut tirer une grande force des rapports humains. Symboliquement cette conception est représentée par la lettre «I», l'Individu, inscrite dans la lettre «O», la Collectivité, qui enserre l'individualité.
Le pratiquant, à qui on attribue un compagnon (appelé «Oncle»), est personnellement suivi par le Maître, car l'enseignement doit être adapté aux caractéristiques spécifiques de chacun. Le système d'entraînement tend à exclure l'activité du cortex cérébral pour favoriser celle de parties plus primitives du cerveau, comme le noyau lenticulaire, l'étage inférieur du pédoncule cérébral et le cervelet. En fait, par cette technique, le guerrier agira de manière instinctive, sans interférences de pensée, qui freineraient l'action et empêcheraient un tonus musculaire correct. Comment arrive-t-on à ce résultat?
Au cours d'un entraînement sont proposés environ cent vingt mouvements différents. Le néo-encéphale n'est pas en mesure de les traiter tous, alors il subit une sorte de blocus, pendant que le subconscient prend la relève en amorçant sa propre activité. Durant les premiers mois, le pratiquant, sur base de ces principes, s'entraîne trois fois par jour en raison de quinze minutes par séance.
Justement parce qu'il est fondé sur de complexes réactions psychophysiques, ce type d'entraînement peut provoquer de sérieux problèmes s'il est pratiqué sur un système neuropsychique inadéquat. D'autre part, il est vrai aussi que les instructeurs de Goritsa se décarcassent littéralement afin que leur art puisse profiter à des personnes affligées par des problèmes psychologiques en leur donnant, par la pratique, une meilleure confiance en soi et un meilleur équilibre intérieur.
Ainsi, depuis quelque temps les sections spéciales de l'Armée Russe s'entraînent dans la Goritsa, non seulement pour son utilité au combat, mais aussi pour l'attitude qu'elle insuffle d'aller toujours de l'avant, sans jamais reculer. Attitude très utile même dans certaines situations au quotidien, comme quand on éprouve une certaine crainte vis-à-vis de personnes en position d'autorité. On peut donc engager un combat psychologique et verbal, source de stratégies capables de renverser la situation à son propre avantage, sans parler de l'efficacité certaine que recèle implicitement une mentalité de “gagnant”.
Parmi les disciplines de la Goritsa, il en existe certaines qui possèdent des propriétés curatives: en se basant sur les théories de la médecine ésotérique russe, on stimule des points spécifiques du corps par des mouvements, des percussions et des massages.
Un des aspects essentiels de la culture guerrière russe concerne son substrat religieux-spirituel complexe. A sa base, on découvre un courant théologique très ancien, aujourd'hui connu sous le nom de néopaganisme, qui englobe la vie du pratiquant sous tous ses aspects. Dans cette religion, dont Alexander Belov a été longuement ministre, la position centrale est occupée par les différentes manifestations de la Nature, beaucoup d'entre elles étant symbolisées par des divinités. Ces divinités ne font pas l'objet de vénération, n'étant pas directement reconnues comme quintessences suprêmes: leur rôle est de rappeler à l'adepte (et cette valeur paradigmatique recèle la puissance du symbole) une image bien précise.
La même fonction est attribuée aux simulacres de dieux, de telle sorte que même une image du Christ pourrait être acceptée dans cette perspective et exploitée d'après les coordonnées historico-religieuses qui la caractérisent (par exemple, la bonté et l'amour universel). Il n'y a pas d'acte de foi plus élevé pour ceux qui reconnaissent un sens religieux à la Nature et à ses merveilles!
En quête d'une proximité qui frôle le fusionnement, depuis le mois de mai jusqu'aux premières neiges, les guerriers de la Goritsa s'exercent dans des milieux naturels, en courant et en s'entraînant dans les bois, parmi les arbres séculaires.
C'est le contraire de ce qui se passe dans des villes comme Milan, par exemple, où l'élément «pierre» est prédominant, où l'interaction négative de ces murailles avec l'esprit empêche ce dernier de se détendre: voici pourquoi, dans les grandes métropoles sans végétation, beaucoup de personnes sont affligées par des troubles psychiques. Quand le Prof. Belov vit le Dôme de Milan, tout en étant frappé par la force religieuse qu'il dégageait, il ne l'estima pas plus intense que celle produite par une tempête en montagne.
Dans ce credo essentiellement animiste, qui présume une étroite connexion entre tous les éléments de l'Univers, on accepte une tétralogie élémentaire, développée dans le schéma suivant:
Air - Soleil/Feu - Terre
Les quatre éléments se déplacent perpétuellement en sens rotatif, en engendrant une figure graphique proche du svastika tantrique, pendant qu'au centre sied le dieu Ra. Ra, racine lexicale (et ici la mystique païenne montre le lien lexical de signification-signifant) extrêmement ancienne et commune, et tout particulièrement dans un sens théologique, à plusieurs cultures, depuis le dieu Ra des Egyptiens jusqu'au dieu Rama des Indiens.
Il est intéressant de noter les traces de la syllabe RA dans les toponymes d'une frange centrale du territoire russe qui s'étend du Nord au Sud, comme si elle y avait été véhiculée par les migrations des peuples vers les régions méridionales, depuis la chaîne de l'Oural jusqu'à la Mer d'Aral, au nom hiératique de la Mer Caspienne.
Ra/Rot: le démiurge immobile
Le dieu russe Ra, plus tard appelé Rot, est tellement éloigné des hommes qu'il ne se préoccupe pas de leurs affaires. Toutefois, il reste le démiurge immobile qui déplace les éléments de l'Univers. Parmi ceux-ci le feu, au dieu duquel est consacré un style (aux propriétés curatives), qui représente l'art martial de la Goritsa, puisque le feu est le symbole de l'action et de la dynamique pures: les mouvements circulaires du guerrier doivent envahir l'espace, comme le feu envahit l'air.
L'importance idéologique de certains principes cosmiques, et de l'iconographie religieuse qui s'y rapporte, est telle qu'un disciple se voue à une divinité, choisie parmi celles qui s'accordent le mieux avec sa personnalité, et cette divinité sera son guide dans son itinéraire existentiel et spirituel.
Mais le dieu majeur de cette religion est relié à la trinité de base de la philosophie néopaïenne russe: Nam, terme qui veut désigner le fait de «prendre l'énergie» (se rapportant aussi, par exemple, à ces personnes qui, comme on dit, aspirent l'énergie d'autrui), Jav, «donner l'énergie»; et Prav, le plus important, l'équilibre entre les deux. Les guerriers ont pour tâche le maintien de cet équilibre. A la conception Prav est lié le dieu principal de l'Olympe russe, comme le Zeus grec: Perun, qui représente aussi l'action continue.
Aujourd'hui, au moment où s'accentuent et s'intensifient les relations entre les peuples et les cultures, la possibilité nous est donnée d'accéder à un patrimoine de sagesse de grande élévation. Nous devons espérer que des esprits ouverts et talentueux parviendront à cueillir le message, pour le perfectionnement permanent et régulier de l'homme et de la vie humaine.
Stefano PERNATSCH.
00:05 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tradition, traditions, traditionalisme, militaria, art martial, russie, art martial russe | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Breve nota sulle rivelazioni di “Wikileaks”
Daniele SCALEA
Ex: http://www.eurasia-rivista.org/
Le recenti rivelazioni di “Wikileaks”, a detta del ministro Frattini, rappresenterebbero «l’11 settembre» della diplomazia, la manovra di chi vorrebbe «distruggere il mondo» colpendo il fondamento della diplomazia, ossia la reciproca fiducia tra gl’interlocutori.
Tale valutazione è probabilmente esagerata. È nozione comune che la diplomazia sia l’arte della dissimulazione, ed includa la menzogna e l’inganno tra le sue tecniche. E gran parte delle rivelazioni di “Wikileaks” non sono altro che la conferma di fatti già risaputi da tutti gli addetti ai lavori, e da quella parte più informata e consapevole dell’opinione pubblica.
Ciò non toglie che sottrarre centinaia di migliaia di documenti riservati ad una grande potenza non sia cosa da poco. Tanto che riesce difficile credere che davvero “Wikileaks” possa essere riuscita ad impossessarsi di tali documenti, a pubblicarli, a farne parlare il mondo intero, eppure ad essere ancora disponibile on line ed il suo portavoce Julian Assange ancora libero, vivo e vegeto – è difficile credere a tutto questo, senza assumere che dietro a “Wikileaks” si nasconda un’operazione di intelligence. Probabilmente proveniente dagli USA stessi, ossia da una parte del suo establishment, che ha messo in imbarazzo l’amministrazione Obama – ma più che altro Hillary Clinton, ch’è sì una ministra di Obama ma anche la sua principale rivale in seno al Partito Democratico – ma fatto in modo che Washington, tra tutte le capitali coinvolte dalle rivelazioni, fosse quella che ne esce meno peggio. Infatti, un vantaggio di essere la potenza egemone è quello che tutti gli altri paesi sono ansiosi di piacerti. Se la fuga di notizie avesse riguardato, ad esempio, l’Italia, ciò avrebbe rovinato i rapporti di Roma col mondo intero. Avendo riguardato gli USA, ha prima di tutto rovinato l’immagine di quegli statisti di cui si parla male nelle rivelazioni. Rivelazioni che, per l’appunto, sembrerebbero concernere prima di tutto il giudizio della diplomazia statunitense su vari statisti mondiali, e quello di paesi terzi sui propri vicini. Vediamo qualche esempio di come le rivelazioni di “Wikileaks” mettano in imbarazzo gli altri paesi più degli USA.
Di Ahmadinejad si ripete l’immancabile refrain del “nuovo Hitler” e si asserisce che avrebbe armi in grado di colpire Russia e Europa. In più, si conferma la notizia, già trapelata mesi fa, che l’Arabia Saudita ed altri paesi arabi avrebbero chiesto agli USA di attaccare l’Iràn. Ahmadinejad dovrà giustificare in patria l’isolamento regionale del paese. La situazione è così scottante che si è subito prodigato per tacciare di falsità i documenti statunitensi.
Erdoğan è dipinto come un fanatico islamista pieno di conti in Svizzera. Nuovi succulenti argomenti per l’opposizione laicista in Turchia.
Chávez e la Fernandez-Kirchner sono descritti come dei pazzi. Anche in questo caso, le opposizioni interne ringraziano.
Della Cina si dice che condurrebbe azioni di pirateria informatica – un messaggio rivolto soprattutto all’Europa, dove già si sospettava Pechino in tal senso – e che mediterebbe di scaricare l’alleato nordcoreano. Facile immaginare che i prossimi colloqui tra Pechino e Pyongyang saranno meno cordiali del solito.
Dei giudizi su Berlusconi sarà superfluo ragguagliare i lettori. Ci permettiamo però d’evidenziare un paio di cose. Berlusconi ha indispettito gli USA per i suoi rapporti troppo stretti con Putin: ciò era affermato sulle pagine di “Eurasia” – e non solo sulle nostre, a dire la verità – già da parecchio tempo. A parte il nodo Berlusconi-Putin, l’Italia è tirata in ballo da un documento secondo cui Frattini avrebbe criticato pesantemente l’atteggiamento della Turchia. Questo è molto più grave, perché potrebbe incrinare i rapporti con Ankara. Probabilmente è stata proprio questa notizia ad innervosire a tal punto Frattini. È comunque interessante che “Wikileaks” tiri in ballo, per il nostro paese, proprio i rapporti con Russia e Turchia, ossia i due paesi che il direttore Graziani, nel suo ultimo editoriale [1], indicava come i necessari punti di riferimento della politica estera dell’Italia. Ciò fa supporre che l’analisi della diplomazia statunitense confermi quella di “Eurasia”, pur da una prospettiva opposta.
E chiudiamo proprio con la Russia. A parte le scontate e per nulla originali né imbarazzanti valutazioni sul rapporto Putin-Medvedev, della Russia si afferma che sarebbe uno Stato legato a filo doppio con la mafia nazionale. Questo sì è un giudizio pesante. Ed arriva proprio a proposito d’un paese con cui Obama sta cercando di distendere i rapporti dopo le tensioni dell’era Bush. A breve i parlamentari di Washington dovranno decidere se ratificare o meno il nuovo trattato START con la Russia, ed il fatto che i loro diplomatici considerino mafioso l’interlocutore non depone a favore dell’approvazione.
* Daniele Scalea, redattore di “Eurasia”, è autore de La sfida totale [2] (Fuoco, Roma 2010)
00:30 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wikileaks, actualité, manipulations médiatiques, etats-unis | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Ex: http://fortune.fdesouche.com/
Alors que Nicolas Sarkozy est en Inde, pays à la croissance insolente, l’Europe tente de se dépêtrer d’une crise budgétaire et monétaire sans précédent.
Il est des signes qui ne trompent pas. Entre juillet et décembre 2010, New Delhi aura vu défiler les dirigeants des cinq pays membres permanents du conseil de sécurité des Nations unies : États-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne et France.
Le pays, considéré comme le deuxième moteur de la croissance mondiale (9 %) après la Chine, est de plus en plus courtisé par les puissances mondiales. Pas étonnant que Nicolas Sarkozy l’ait choisi pour sa première sortie depuis que la France est à la tête du G20.
Car, face à cette croissance insolente, l’Europe fait bien grise mine. Et même si les prévisions de croissance ont été relevées à 1,6 % pour l’année 2010 en Europe, le Vieux continent est englué dans une crise budgétaire et monétaire sans précédent.
Les grands argentiers de la zone euro se retrouvent aujourd’hui à Bruxelles pour leur réunion mensuelle, en présence du directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn.
Ils doivent régler les derniers détails du plan d’aide à l’Irlande mais aussi évoquer la situation de la zone euro après une semaine inquiétante. DSK a déclaré qu’il ne fallait pas « sous-estimer l’importance de la crise de la dette européenne ». Selon lui : « Même de petites économies peuvent causer beaucoup de dommages ».
La situation est difficile, car l’annonce, la semaine dernière, d’un plan d’aide de 85 milliards d’euros pour l’Irlande et la présentation des contours du futur Fonds de secours permanent de la zone euro après 2013 n’ont pas réussi à apaiser les marchés, inquiets de l’ampleur de la dette publique dans plusieurs Etats. Les Européens doivent trouver des réponses plus fondamentales à la crise de l’Union monétaire. Parmi les options envisagées, un éventuel renforcement du Fonds de secours actuel de la zone euro, doté de 440 milliards d’euros de garanties des États, est à l’étude. « Nous devons augmenter le montant total d’argent dévolu au mécanisme permanent (…) », a confirmé samedi Didier Reynders, le ministre belge des Finances dont le pays assume la présidence semestrielle de l’UE.
En attendant, les Européens surveillent de près les marchés, qui ont malmené cette semaine les pays les plus fragiles de la zone euro. Le Portugal, considéré par les économistes comme le prochain candidat à une aide internationale, l’Espagne, mais aussi l’Italie ou la Belgique ont vu les taux d’intérêt de leurs emprunts grimper. La Banque centrale européenne a cependant réussi à calmer le jeu sur les marchés. Elle a annoncé le maintien de son dispositif de mesures exceptionnelles en faveur des banques, et la poursuite de son programme de rachat de dette des États de la zone euro en difficulté.
00:25 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, crise, crise financière, euro, crise de l'euro, économie, union européenne | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Die globale Jagdsaison wurde mit der Abschuß-Freigabe eines exotischen Zweibeiners aus dem fernen Australien bereichert. Unzählige Kopfjäger sind mittlerweile auf der Pirsch um Julian Assange zu erlegen. So viel Jagdlust wegen herrscht in den meisten Medien, anders als wenn einem Asylbetrüger ein nicht verbrieftes Recht verweigert wird, erstaunlich wenig Empörung, aber umso mehr Vorverurteilung. Und nebenbei Aufregung darüber, daß Assange den Rücktritt der US-Außenministerin verlange. Das sei „Größenwahn“, diagnostiziert ein heimisches Blatt, das selbst schon einmal den einen oder anderen Ministerrücktritt gefordert hat.
Frau Clinton zeigt sich übrigens besorgt, der USA Bemühen „um eine bessere Welt“ könnte durch Wikileaks unterminiert werden.. Oh, mein Gott! Aber sie mag unbesorgt sein, Washington kann sich auf seine Freunde in Europa schon noch verlassen. Selbst Österreichs Außenminister wird ihr kaltes Pfötchen zu wärmen wissen. Auch wenn es umgekehrt nicht ganz so warm zurückkommt.
„Wer wird uns noch vertrauen“ fragt also besorgt der neokonservative Falke Charles Krauthammer in der „Washington Post“, um dann auszuführen, daß dieser Assange doch weit gefährlicher sei, als etwa jene deutschen Saboteure, die unter Roosevelt exekutiert wurden. So viel Anerkennung wird der Australier , dem eine gewiße Eitelkeit nachgesagt wird, vielleicht gar nicht erwartet haben.
Doch nicht wegen der freigegebenen Dokumente, die in vielen Fällen die zwischenstaatlichen Beziehungen beeinträchtigen – wie im Fall Jemen, wo dessen Präsident beklagt, daß die US-Boys und nicht die eigene Flugzeuge Al Qaida-Stellungen bombardieren dürfen – sondern wegen eines angeblichen Sexualdeliktes wird der Wikileaks-Gründer von der schwedischen Justiz per internationalem Haftbefehl verfolgt. Doch noch ehe überhaupt ein Gramm der Vorwürfe, er habe zwei Frauen sexuell belästigt und vergewaltigt, Beweiskraft erlangt hat, wird die betreffende Anklage von unseren Medien genüßlich ausgebreitet.
Interessant an der Sache ist allerdings, daß er gleich zwei Frauen auf einmal vergewaltigt haben soll, und dieselben keineswegs an Demenz leidenden Damen eine ganze Woche gebraucht haben, um den Weg zur Polizei zu finden. Ob ihnen da nicht doch irgendein internationaler Pfadfinder behilflich gewesen ist? Bei einem 80 Milliarden Dollar-Hilflosenzuschuß an die US-Geheimdienste, muß sich doch ein geeigneter Lotse finanzieren lassen können.
Nun, unabhängig davon, wie groß der Schaden für das Ansehen Amerikas und dessen „Verteidigungsanstrengungen“ nun wirklich ist und unabhängig davon, ob an der Vergewaltigungs-Sache etwas daran ist, ergeben sich doch einige interessante Einblicke und Aussichten. Da wäre die von mir bereits in einem anderen Kommentar angeführte unerfreuliche Entwicklung hin zum gläsernen Bürger. Diesbezüglich hat man nämlich von Seiten der auf ihre eigene Freiheit eingeschworenen Obrigkeit absolut keine Bedenken. Jetzt aber, wo Regierungen oder deren Diplomaten ins Rampenlicht gezerrt werden, ist plötzlich Feuer am Dach. Gilt etwa nur mehr das Motto, der Einzelne ist nichts, der Machtapparat ist alles?
Die Eile, mit der der „selbsternannte Ober-Gutmensch“ („Krone“) gefangen werden soll, hat möglicherweise nicht nur damit zu tun, daß weitere Dokumente folgen könnten. Ohne Zweifel wird man sich auch Gedanken darüber gemacht haben: Sein Fall und die außerordentliche Publizität könnten irgendwann gefährliche Nachahmer auf den Plan rufen. Potentielle neue Aktenüberbringer bzw. Spione werden ja trotz neuer Sicherheitsmaßnahmen nicht zu verhindern sein. Märtyrer für eine „gerechte Sache“ müssen dann nicht unbedingt nur mehr aus dem islamistischen Lager kommen.
Zum Schluß noch ein kleiner Leckerbissen: Aus den Dokumenten der US-Botschaft in Algier geht hervor, daß der CIA-Vertreter in der algerischen Hauptstadt zwei algerische Frauen vergewaltigt haben soll. Wird dieser jetzt auch mit einem internationalem Haftbefehl gesucht?
00:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, wikileaks, politique internationale, manipulations médiatiques | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Ex: http://fortune.fdesouche.com/
Selon le Financial Times, l’UE n’a dépensé que 10% des 347 milliards d’euros de fonds structurels alloués jusqu’en 2013 pour promouvoir le développement de régions pauvres d’Europe. Le quotidien britannique dénonce aussi des détournements, des fraudes et des erreurs.
A quoi servent les fonds structurels européens?
Les fonds structurels sont le premier outil de la politique de cohésion et de la solidarité budgétaire entre États membres. Ils visent à redistribuer la richesse européenne et à réduire les différences économiques et sociales dans l’Union. Deuxième poste de dépense après la PAC, ils s’élèvent en effet pour la période de 2007 à 2013 à 347 milliards d’euros, soit un tiers du budget européen.
Une grosse partie de l’argent finit dans les comptes de multinationales, comme Coca-Cola, IBM et Nokia Siemens, alors que les fonds sont destinés à aider les petites et moyennes entreprises. D’autres grands groupes s’en servent même pour délocaliser au sein de l’Union, c’est le cas de Dell. La mafia, notamment la Ndrangheta, en détourne également une partie considérable.
Chaque État contribuant proportionnellement à sa richesse, la France donne neuf fois plus qu’elle ne reçoit.
Dans le détail, l’UE investit cette somme par l’intermédiaire des trois fonds : le Fonds européen de développement régional (FEDER) pèse environ 200 milliards, le Fonds social européen (FSE) qui dispose de 75 milliards se concentre sur l’emploi et enfin le Fonds de cohésion, de 70 milliards, est destiné exclusivement aux États les plus pauvres.
Ces fonds peuvent être alloués à la recherche-développement, l’éducation, la formation professionnelle, l’infrastructure, la protection environnementale, la modernisation de l’agriculture etc…. En somme, l’argent sert aussi bien à construire des autoroutes et des musées que des salles de gym dans les 27 États membres, sachant qu’au total, 646 000 projets doivent ainsi être financés.
Pourquoi les fonds n’ont-ils pas été intégralement versés ?
Seulement 10% des fonds structurels ont été dépensés sur des projets parce que les États concernés ne peuvent fournir les fonds requis. En effet, la règle, élaborée avant la crise, veut que les États doivent contribuer de leur côté à hauteur de la moitié du financement des projets retenus. S’étant tous lancés dans des programmes d’austérité, les États ont plutôt tendance à renoncer à des projets qu’à en lancer des nouveaux.
De son côté, Bruxelles tente de minimiser le phénomène et assure que l’argent n’est pas perdu. « Le démarrage lent en début de cycle de financement n’est rien de nouveau, en fait c’est assez normal, » a souligné la porte-parole de la Commission européenne Pia Ahrenkilde-Hansen. L’actuel cycle de financement des fonds européens est prévu pour la période 2007-2013. Mais jusqu’en 2009, les États européens dépensaient encore de l’argent du cycle précédent (2000-2006), a-t-elle précisé. « S’il n’y a pas d’argent pour les cofinancements, nous ne demandons pas de paiements aux États, donc cet argent reste sur leurs comptes » et « il n’existe pas de compte bancaire européen où de l’argent dormirait, inutilisé« , a-t-elle insisté.
L’argent est-il détourné ?
Le problème c’est qu’une fois versé aux régions, l’argent disparaît dans des circuits « complexes » et « opaques, » dénonce le quotidien économique. Résultat, des sommes importantes atterrissent dans les poches de la mafia, notamment la Ndrangheta qui serait une « experte » en la matière. Ce qui expliquerait par exemple que, comme l’a déploré le député Alain Lamassoure, malgré les 10 milliards d’euros reçus par le Mezzogiorno italien, l’écart de niveaux de vie avec la moyenne européenne a continué à croître.
L’argent finit également dans les comptes de multinationales, comme Coca-Cola, IBM et Nokia Siemens, alors que les fonds sont destinés à aider les petites et moyennes entreprises. Le FT cite l’exemple de British American Tobacco, qui a reçu 1,6 millions d’euros pour l’aider à construire une usine de cigarette, alors même que l’UE dépense des millions pour tenter de dissuader ses citoyens de fumer…
D’autres grands groupes se servent même des fonds européens pour délocaliser au sein de l’Union. Le cas de Dell est emblématique : le groupe américain d’informatique, qui avait bénéficié une première fois de subventions pour ouvrir une usine en Irlande, a recouru une deuxième fois aux fonds en septembre 2009 pour fermer l’usine irlandaise et soutenir les employés licenciés et une troisième fois pour ouvrir un autre site quelques jours plus tard en Pologne.
Le Bureau of Investigative Journalism pointe enfin d’autres usages illégaux des fonds, tels que la construction d’hôtels sur des sites naturels protégés en Espagne
« Des irrégularités et des fraudes existent, et c’est regrettable, » concède pour sa part Mme Ahrenkilde-Hansen. Mais le taux d’erreur a été réduit de moitié en 2009, à environ 5%, et seuls 0,2% d’erreurs sont imputables à des fraudes, affirme la Commission européenne.
Comment réformer le système ?
La Commission européenne a déjà lancé une consultation publique afin de réformer le fonctionnement des fonds structurels. Cela pourrait passer par des objectifs de performance plus stricts et la concentration des fonds sur quelques domaines prioritaires plus facilement contrôlables.
(Merci à oa2010)
00:20 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : union européenne, europe, affaires européennes, budget européen, gaspillage | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
par Martin HEIDEGGER
« À l’époque du premier et décisif déploiement de la philosophie occidentale chez les Grecs, par lequel le questionner sur l’étant comme tel en totalité prit son véritable départ, on nommait l’étant φύσις. Ce mot de base des Grecs pour l’étant, on a coutume de le traduire par « nature ». On utilise la traduction latine natura, ce qui signifie proprement « naître », « naissance ». Mais, par cette traduction latine, on s’est déjà détourné du contenu originaire du mot grec φύσις, l’authentique force d’appellation philosophique du mot grec est détruite. Cela ne vaut pas seulement pour la traduction latine de ce mot, mais pour toutes les autres traductions de la langue philosophique grecque en « romain ». Cette traduction du grec en romain n’est pas indifférente ni anodine, c’est au contraire la première étape d’un processus de fermeture et d’aliénation de ce qui constitue l’essence originaire de la philosophie grecque. La traduction (übersetzung) romaine fit ensuite autorité pour le christianisme et le Moyen-Âge chrétien. Celui-ci se trans-mit (setzte sich über) dans la philosophie moderne, qui se meut dans le monde de concepts du Moyen-Âge, et créé alors les idées et les notions courantes qu’on emploie aujourd’hui encore pour se rendre compréhensible le commencement de la philosophie occidentale. Ce commencement est considéré comme quelque chose que les gens d’aujourd’hui sont censés avoir dépasser et laisser depuis longtemps derrière eux.
Mais il s’agit maintenant pour nous de sauter par dessus ce processus de déformation et de dégradation, et de chercher à conquérir la force d’appellation intacte de la langue et des mots ; car les mots et la langue ne sont pas de petits sachets dans lesquels les choses seraient simplement enveloppées pour le trafic des paroles et des écrits. C’est seulement dans le mot, dans la langue, que les choses deviennent et sont. C’est pourquoi aussi le mauvais usage de la langue dans le simple bavardage, dans les slogans de la phraséologie, nous fait perdre la relation authentique aux choses. Or, que dit le mot φύσις ? Il dit ce qui s’épanouit de soi-même (par ex. l’épanouissement d’une rose), le fait de se déployer en s’ouvrant et, dans un tel déploiement, de faire son apparition, de se tenir dans cet apparaître et d’y demeurer, bref il dit la perdominance perdurant dans un s’épanouir (das aufgebend-verweilende Walten). Selon le dictionnaire, φύειν veut dire croître, faire croître. Mais que signifie croître ? Cela désigne-t-il seulement le fait de s’agrandir selon la quantité, de devenir plus, et plus grand ?
La φύσις conçue comme épanouissement (Aufgeben) peut être partout, par exemple dans les phénomènes célestes (lever (Aufgang) du soleil), dans la houle marine dans la croissance des plantes, dans la sortie de l’animal et de l’homme du ventre de leur mère. Mais φύσις, la perdominance de ce qui s’épanouit, ne signifie pas seulement ces phénomènes que nous attribuons aujourd’hui encore à la « nature ». Cet épanouissement, ce se tenir-en-soi-vers-le-dehors, cela ne peut être considéré comme un processus observé, parmi d’autres, dans l’étant. La φύσις est l’être même, grâce auquel seulement l’étant devient observable et reste observable.
Les Grecs n’ont pas commencé par apprendre des phénomènes naturels ce qu’est la φύσις, mais inversement : c’est sur la base d’une expérience fondamentale poétique et pensante (dichtend-denkend) de l’être, que s’est ouvert à eux ce qu’ils ont dû nommer φύσις. Ce n’est que sur la base de cette ouverture qu’ils purent être à même de comprendre la nature au sens restreint. Φύσις désigne donc originairement aussi bien le ciel que la terre, aussi bien la pierre que la plante, aussi bien l’animal que l’homme, et l’histoire humaine en tant qu’œuvre des hommes et des dieux, enfin, et en premier lieu, les dieux mêmes dans le pro-de-stin. Φύσις désigne la perdominance de ce qui s’épanouit, et le demeurer (Währen) perdominé (durchwaltet) par cette perdominance. Dans cette perdominance qui perdure dans l’épanouissement se trouvent inclus aussi bien le « devenir » que « l’être » au sens restreint de persistance immobile. Φύσις est la venue au jour, < la pro-sistance > (Ent-stehen), le fait de s’é-mettre (sich herausbringen) hors du latent (das Verborgene), et par là de porter celui-ci à stance (in den stand bringen).
Mais si, comme il arrive le plus souvent, on ne comprend pas φύσις dans le sens originaire de perdominance de ce qui s’épanouit et perdure, mais dans le sens ultérieur et actuel de nature, et si l’on pose en outre que la nature se manifeste fondamentalement par les mouvements des choses matérielles, des atomes, des électrons, c’est-à-dire par ce que la physique moderne soumet à ses investigations comme « physis », alors la philosophie originaire des Grecs devient une philosophie de la nature, une représentation de toutes choses, selon laquelle elles sont proprement de nature matérielle. Le commencement de la philosophie grecque fait alors – et c’est tout à fait conforme à l’idée que le sens commun se fait d’un commencement – l’impression de quelque chose de primitif, comme nous disons encore d’après le latin. Les Grecs deviennent ainsi en somme une espèce un peu améliorée de Hottentots, et par rapport à eux la science moderne est infiniment avancée. Abstraction faite de toutes les absurdités particulières qui se trouvent dans cette façon de concevoir l’origine de la philosophie occidentale comme quelque chose de « primitif », il faut remarquer que cette interprétation oublie qu’il s’agit de la philosophie, qui appartient aux rares grandes choses de l’homme. Or tout ce qui est grand ne peut commencer que grand. C’est même toujours son commencement qui est le plus grand. Ce qui commence petit, c’est seulement le petit, dont la grandeur douteuse consiste à tout rapetisser ; ce qui commence petit c’est la décadence, qui à son tour peut devenir grande au sens de la démesure de l’anéantissement total.
Ce qui est grand commence grand, ne se maintient dans sa persistance que par un libre retour de la grandeur, et, si c’est grand, finit aussi dans la grandeur. Il en est ainsi de la philosophie des Grecs. Elle a fini dans la grandeur avec Aristote. Seul le sens commun et l’homme médiocre s’imaginent que ce qui est grand devrait durer indéfiniment, et en outre identifie cette durée avec l’éternel. »
Martin Heidegger, « La question fondamentale de la métaphysique », in « Introduction à la métaphysique », tel Gallimard, pp. 25-28.
00:11 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, physis, martin heidegger | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
par Julien Freund
« Du moment que la concorde est amitié, elle a également pour base une certaine identité des sentiments qui se concrétise dans la notion de patrie. Aucune collectivité ne saurait demeurer unie ni durer si ses membres n’éprouvent pas la nécessité de participer pour ainsi dire affectivement à l’ensemble social qu’ils constituent. Un pays sans patrimoine commun, qu’il soit d’ordre culturel, ethnique, linguistique ou autre, n’est qu’une création artificielle, incapable de résister aux épreuves de la politique. On a beau ironiser sur le concept de patrie et concevoir l’humanité sur le mode anarchique et abstrait comme composée uniquement d’individus isolés aspirant à leur seule liberté personnelle, il n’empêche que la patrie est une réalité sociale concrète, introduisant l’homogénéité et le sens de la collaboration entre les hommes. Elle est même une des sources essentielles du dynamisme collectif, de la stabilité et de la continuité d’une unité politique dans le temps. Sans elle, il n’y a ni puissance ni grandeur ni gloire, mais non plus de solidarité entre ceux qui vivent sur un même territoire. On ne saurait donc dire avec Voltaire, à l’article Patrie de son Dictionnaire philosophique que « souhaiter la grandeur de son pays, c’est souhaiter du mal à ses voisins ». En effet, si le patriotisme est un sentiment normal de l’être humain au même titre que la piété familiale, tout homme raisonnable comprend aisément que l’étranger puisse éprouver le même sentiment. Pas plus que l’on ne saurait conclure de la persistance de crimes passionnels à l’inanité de l’amour, on ne saurait prendre prétexte de certains abus du chauvinisme pour dénigrer le patriotisme. Il est même une forme de la justice morale. C’est avec raison qu’A. Comte a vu dans la patrie la médiation entre la forme la plus immédiate du groupement, la famille et la forme la plus universelle de la collectivité, l’humanité. Elle a pour raison le particularisme qui est inhérent au politique. Dans la mesure où la patrie cesse d’être une réalité vivante, la société se délabre non pas comme le croient les uns au profit de la liberté de l’individu ni non plus comme le croient d’autres à celui de l’humanité ; une collectivité politique qui n’est plus une patrie pour ses membres cesse d’être défendue pour tomber plus ou moins rapidement sous la dépendance d’une autre unité politique. Là où il n’y a pas de patrie, les mercenaires ou l’étranger deviennent les maîtres. Sans doute devons-nous notre patrie au hasard de la naissance, mais il s’agit d’un hasard qui nous délivre d’autres. »
Julien Freund, « Qu’est-ce que la politique ? », Le but spécifique du politique ; 4. La concorde intérieure et la prospérité. Points, 1967.
00:06 Publié dans Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, théorie politique, julien freund, sciences politiques, politologie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Ex: http://trends.rnews.be/nl/economie/nieuws/
Buitenlanders als remedie tegen krapte op arbeidsmarkt
Tussen nu en 2014 verlaten 300.000 Vlamingen de arbeidsmarkt. Activering van
werklozen en gerichte opleiding volstaan niet om ze te vervangen, zeggen
experts.
© belga
Extra buitenlandse werknemers zijn nodig, maar het debat over het
asielbeleid overschaduwt de discussie over de noodzaak van economische
migratie.
De asielcrisis heeft het migratiedebat meer en meer verengd tot wat men
humanitaire migratie noemt. Aandacht voor arbeidsmigratie is er amper. “De
discussie over regularisaties en naturalisaties heeft het debat over
economische migratie ondergesneeuwd”, zegt Anton Van Assche van Unizo,
“Terwijl veel werkgevers om arbeidskrachten blijven smeken.”
Ondanks de recessie is het aantal openstaande vacatures bij de verschillende
arbeidsbemiddelingsdiensten (VDAB, Forem en Actiris) opgelopen tot meer dan
70.000 in totaal. Werkgevers en arbeidsmarktspecialisten verwijzen ook naar
de recente studie van de Leuvense hoogleraar Luc Sels. Die voorspelt dat er
de komende vier jaar 300.000 Vlamingen de arbeidsmarkt verlaten. Die moesten
allemaal vervangen worden. Een deel van het probleem kan worden opgelost
door beleidsmaatregelen als het ontmoedigen van vervroegde uittreding, maar
dat is niet voldoende.
“Dagelijks zijn er bedrijven wier activiteiten onder druk komen te staan
omdat ze geen personeel vinden. Wij zoeken die werkkrachten in landen van
waaruit we ze op een ethisch verantwoorde manier naar hier kunnen halen”,
zegt Jan Denys van Randstad. “ Maar het asieldebat maakt een objectieve
analyse zeer moeilijk. Alles valt onder dezelfde noemer terwijl wij pleiten
voor noodzakelijke migratie. Economische migratie maakt trouwens slechts 15
procent van alle migratiestromen uit.”
In België staat de linkerzijde huiverig tegenover arbeidsmigratie. Een
partij als de PS legt vooral de nadruk op het humanitaire aspect. Tegelijk
bestaat er een groot wantrouwen tegen economische migratie die de lonen
onder druk zou zetten en deloyale concurrentie betekent voor de Belgische
werkzoekenden. Onderzoek wijst nochtans uit dat migratie geen negatief
effect heeft op de tewerkstelling en de lonen niet onder druk zet.
Critici van economische migratie beweren ook dat werkgevers enkel
geïnteresseerd zijn hooggeschoolde migratie, maar die ontkennen dat. Wel
benadrukken ze dat de kansen van bijvoorbeeld asielzoekers op onze
arbeidsmarkt klein blijven. Een op de vijf leefloners zijn niet-EU-burgers.
Van de niet-EU-burgers is in België 30 procent werkloos, het hoogste cijfer
van de EU. Uit een studie van het CSB die werd uitgevoerd na de grote
regularisatie van 2000, bleek dat maar de helft van de geregulariseerde
nieuwkomers werk had gevonden. Nochtans zijn velen onder hen hooggeschoold.
Denys: “De verschillende regularisatiegolven veroorzaakten een aanzuigeffect
maar veel van die mensen zullen het blijvend moeilijk hebben op de
arbeidsmarkt.”
A.M.
00:30 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : immigration, économie, travail, belgique, flandre, politique, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Les images du bateau, et des passagers clandestins, évoquées dans « l’euro : sursaut ou implosion » se voulaient révélatrices de la réalité de la monnaie unique. Les passagers clandestins étaient les Etats eux-mêmes, et des Etats – puisque passagers clandestins – peu soucieux d’une stratégie de coopération.
Le bateau était lui-même le symbole de la monnaie, et une monnaie sans autre pilote qu’un fonctionnaire indépendant, voire en état d’apesanteur, et surtout dépourvu de gouvernail : la banque centrale est en effet indépendante et son rôle n’est que de maintenir le navire à flot, et ce, sans même lui assigner une direction.
Jadis, le pilote était l’Etat lui-même, et les passagers avaient le statut d’usagers d’un service monétaire largement soumis au caprice du prince. Bref la monnaie avait un maître, et il est vrai, souvent autoritaire, et peu scrupuleux, appelé souverain.
En sorte qu’il était exact que « battre monnaie était un attribut de la souveraineté ». Et souvent avec la violence du souverain : seigneuriage, dilution, assignats, « banqueroute des deux-tiers », inflation, etc. (cf. : « la crise : scénario pour 2010 »)
Le fonctionnement des marchés politiques en Europe, et leur histoire, devait pourtant aboutir à une « grande transformation » à la Polanyi : puisque « l’extériorité » qui tient les hommes ensemble peut devenir le marché, lequel rend faussement et magiquement obsolète l’Etat, alors il est possible d’engendrer une monnaie sans Etat et donc sans souverain : l’Euro était né.
Bien sûr, le bateau des passagers clandestins ne connaissait point de port – bateau aussi habité par des passagers voulant s’offrir à bon compte une « monnaie de réserve à l’américaine » (cf « l’euro : sursaut ou implosion ») – et pouvait rencontrer quelques hauts fonds, susceptibles de le faire chavirer : nous y sommes.
La grande crise était constitutive de ces hauts fonds, et de ce point de vue, elle ne fait qu’enclencher ou aggraver une crise monétaire, inscrite dans les gènes de la monnaie unique. Curieusement, c’est cette rencontre avec les hauts fonds, qui semble engendrer une course impossible de la « grande transformation à l’envers ».
C’est qu’en effet, les entrepreneurs politiques européens, aussi passagers clandestins, semblent vouloir ancrer le navire vers une extériorité, qui ne peut être qu’un souverain… dont on ne veut surtout pas…
C’est tout le sens qu’il faut donner, aux diverses rustines qui s’accumulent sur les flancs du navire, ayant eu à affronter les diverses convulsions des passagers : le grec, l’irlandais, etc.
Un premier pas dans la grande transformation à l’envers
Ainsi, une première extériorité que l’on peut appeler machine à fabriquer des rustines, fût mise en place dans le cadre d’un partenariat : le Fonds Européen de Stabilité Financière. Evidemment, cette institution basée au Luxembourg, est bien une extériorité, mais elle ne saurait être un souverain. Elle n’est même pas une union de transferts budgétaire, constitutive d’une caisse d’aide aux passagers, qui veulent rester clandestins.
Elle n’est qu’une abstraction, seulement susceptible de lever des fonds, au profit des passagers clandestins, invités à davantage de coopération. Et levées de fonds garantis, par la garantie des autres passagers, lesquels refusent de devenir responsables solidairement de façon illimitée.
Ainsi la loi du 7 juin 2010, votée au parlement français, expose l’Etat correspondant, dans la limite supérieure de 111 milliards d’euros. Les fonds levés, ne sont pas ceux des souverains, ne sont pas de la dette souveraine, et la responsabilité des souverains cautionneurs de dette est limitée, très exactement comme dans le cas de sociétés commerciales privées.
Et cette machine, initiée par la crise grecque du printemps 2010, se devait d’être légère, à peine d’entrer en délicatesse avec la clause de « no bail out » de l’article 125 du traité, lequel veille au principe de non solidarité financière entre les souverains. Principe instituant, ou autorisant de fait, le caractère de passager clandestin pour chaque signataire du traité.
Parce que la machine à fabriquer des rustines ne peut remettre le bateau à flot que fort temporairement, en raison du fait qu’elle participe à l’engendrement de nouvelles dettes, qu’il faut pourtant faire disparaitre, son usage est promis à bel avenir.
Clairement, le stock de dettes à l’échelle planétaire ne fait qu’augmenter, et le risque de nouveaux subprimes – de nouveaux hauts fonds – ne fait que se multiplier partout dans le monde.
C’est que le Fonds Européen de Stabilité Financière est aussi une machine, parmi d’autres dans le monde, à fabriquer de la nouvelle dette s’appuyant sur la garantie d’Etats insolvables : quelle espérance de mobilisation de la participation française (111 milliards d’euros) en cas de défaut grec par exemple, sachant que cette garantie représente environ 40% des recettes 2011 de l’Etat Français ?
Espérance d’autant plus réduite que, si un tel défaut devait se manifester, ledit Etat serait anéanti dans sa course à sauver les banques françaises, elles mêmes vitrifiées par le défaut grec, pour lequel elles sont si exposées : près de 0,3% du total des actifs bancaires, d’après l’étude de la Deutsche Bank en date du 26/11/2010… soit beaucoup plus que les capitaux propres…
Une autre étape de la grande transformation à l’envers
Le bel avenir de la machine à fabriquer des rustines est déjà écrit, avec fort gonflement de ses activités liées au secours, d’abord du passager irlandais, qui maintient malgré toutes les pressions et protestations, son jeu non coopératif en matière fiscale, ensuite des passagers portugais, espagnol, et sans doute d’autres encore. La taille de la machine pouvant augmenter en raison des convulsions à venir, cela signifiera de nouvelles garanties de la part des grands Etats insolvables.
L’accroissement de la taille ne la transformera pourtant pas en nouvelle extériorité, jouissant de la puissance d’un réel souverain monétaire. Sans doute l’aide du Fonds Européen de Stabilité Monétaire est-elle assortie de pressions sur les passagers afin de réduire leur clandestinité, toutefois les dites pressions ne les conduisent pas vers des stratégies coopératives.
C’est que le remède est uniformément déflationniste : réduction des déficits budgétaires gonflés par la crise financière, par diminution des dépenses publiques et, parfois augmentation de la pression fiscale. La purge déflationniste de chacun des passagers malades, entrainant une contagion, ankylosant le niveau d’activité du groupe, pris dans son ensemble.
Mieux, le danger guette, et les clandestins peuvent se dire intéressés par leur assujettissement au bourreau déflationniste : il fait mal certes, mais peut être moins que si l’on restait victime du spread sur dettes souveraines. Si, en effet, les taux offerts par le fonds de stabilité sont moins élevés que ceux offerts dans un marché en ébullition, il devient ainsi intéressant de se placer sous la houlette de l’Europe, le bourreau y étant peut-être moins cruel.
C’est très exactement la question qui s’est déjà posée – le dimanche 28 novembre 2010 à Bruxelles – pour le passager irlandais à qui il fallait proposer un taux élevé (5,8%), taux sans doute irréaliste pour le malheureux passager clandestin, mais en même temps, peut-être trop faible pour dissuader les passagers portugais et espagnol qui connaissent, ou vont connaitre, des taux marginaux d’endettement sur les marchés supérieurs à 5,8%.
Cela signifierait qu’il y aurait, avec la machine à fabriquer des rustines, une possibilité supplémentaire pour gagner un peu de temps. En contrepartie, cela signifierait aussi que le Fonds Européen de Stabilité Financière serait pollué – avec des taux simultanément trop élevés et trop faibles – dans son action, par des effets pervers non initialement prévus. Le fonds « victime des marchés », alors qu’il devait constituer une extériorité, sur laquelle il eut été possible de s’appuyer.
Grande transformation à l’envers : une nouvelle étape
Et les choses ne s’amélioreront guère en 2013 avec le futur mécanisme européen de stabilisation, lequel ne sera toujours pas une extériorité, comme le souverain de jadis l’était.
A priori, il traduira dans la rigueur du droit, un début de modification du rapport de forces sur les marchés politiques européens. Chez nombre de clandestins, il devient de plus en plus difficile, pour les entrepreneurs politiques, de justifier le point de vue d’une finance et d’une rente, qui a pour contrepartie la relative disparition des Etats providence construits autour du pacte politique des « Trente Glorieuses ».
Le cas de l’Irlande – qui pourtant n’avait pas connu la période en question – est à cet égard particulièrement éclairant : dans « l’accord » qui vient d’être proposé aux entrepreneurs politiques au pouvoir, il est expressément prévu que le fonds irlandais de réserve des retraites sera, à hauteur de 15 milliards d’euros, mobilisé pour sauver les banques.
La finance se nourrit ainsi fort directement dans le garde-manger, de ce qui est réellement des salaires indirects. L’approfondissement d’un tel modèle devenant politiquement ingérable, les entrepreneurs au pouvoir, sont désormais invités par les marchés politiques, à restaurer un minimum de souveraineté monétaire.
C’est tout le sens qu’il faut donner aux « clauses d’actions collectives », qui devraient commencer à s’introduire à partir du 1er juillet 2013, dans les contrats d’émissions de dettes souveraines. Et clauses souhaitées par l’entrepreneur au pouvoir à Berlin.
Sur le fond, un tel mécanisme, s’il devait être mis en place, est un début du partage du désastre engendré par la crise : finance et rentes correspondantes seront mises à contribution, par le biais d’un défaut désormais négocié. Sur les marchés politiques, cela correspondra, assez probablement, à l’achat de voix chez des contribuables invités à financer moins de rente, contre une perte probable de voix chez les épargnants.
Pour autant, il ne s’agit encore que d’un projet, projet pouvant à chaque instant être balayé par la violence de la crise. Un tel mécanisme est en effet lourd, complexe, et probablement non exempt de dangers. Il pose de vraies questions : les taux ne vont-ils pas incorporer le risque de défaut résultant de la disparition de l’aléa moral ? Vont-ils faire disparaitre les spreads ? Ne vont-ils pas précipiter la panique, chez ceux qui voyaient dans la dette des clandestins, un placement particulièrement sûr ? Quel statut donner à la dette souscrite par des résidents ? Etc.
Mais surtout, la renégociation elle-même se trouve extrêmement complexe, en raison de l’extrême imbrication des dettes, et des risques associés avec le principal d’entre-eux : la possible pérennisation d’un effet domino. C’est qu’il serait imprudent, de considérer que les externalités développées par un défaut irlandais, serait du même type que ceux d’un pays émergent.
Autant de questions qui justifient la grande instabilité des marchés en cette fin d’automne 2010. D’où d’autres voies à explorer.
Grande transformation à l’envers : d’autres difficiles étapes
On pourrait maintenant imaginer que la conjonction de la pression des marchés, associée à la résistance croissante des salariés, inviterait les entrepreneurs politiques européens à bousculer le champ institutionnel, au profit de la création d’une extériorité plus solide : un véritable Trésor européen en charge de l’émission de bons du trésor européen.
L’affaire serait redoutable, puisque les marchés politiques de chacun des passagers de l’euro, seraient amenés à réduire le périmètre de leurs activités, et donc le « carburant du pouvoir ». Il y aurait effectivement bouleversement du champ institutionnel, avec renégociation d’un nouveau traité, permettant notamment à l’union européenne, de percevoir des impôts de masse, type TVA, et de s’endetter, ce qui est aujourd’hui juridiquement impossible.
Reposant sur un PIB de 9.000 milliards d’euros pour la seule zone euro, l’ensemble bénéficierait en première approximation, d’une puissance d’endettement considérable. De quoi imaginer la présence d’un vrai souverain, pour une monnaie jusqu’ici sans maitre.
Pour autant, cette transformation à l’envers, faisant naitre un nouveau souverain, est aujourd’hui encore difficile à envisager. Les fonctionnements des marchés politiques interne à chaque pays, d’une part, et entre les pays de l’euro zone , d’autre part, ne peuvent que s’y opposer.
Au niveau interne, donc au niveau de chacun des passagers, la naissance d’un embryon d’Etat européen, vaut réduction des marchés politiques internes. Ainsi qu’il vient d’être énoncé, le basculement d’une partie de la fiscalité interne, est réducteur du périmètre des activités des entrepreneurs politiques locaux.
Et face à cette perte collective du « carburant du pouvoir », le risque est d’assister à la cartellisation des grandes entreprises politiques, aux fins de résister au projet. Pour éviter le processus de cartellisation négative, il faudrait que les avantages politiques d’une dette devenue européenne, surcompense les désavantages de la montée en puissance de cette nouvelle extériorité, que serait l’Etat européen embryonnaire.
En admettant même que l’analyse coût/avantage soit indécise, quant à ses résultats au niveau interne (au niveau de chacun des passagers), la même analyse – menée au niveau externe – conduit plus probablement au refus de la naissance d’un souverain européen.
Car la collectivisation de la dette, en faisant disparaitre les spreads, aboutit nécessairement à la fixation d’un taux d’intérêt unique, défavorable au passager le plus important : l’Allemagne. La qualité de la dette européenne devenant inférieure à la qualité de la dette allemande seule. Il y aurait donc un spread de taux, sur la dette européenne, par rapport à la dette allemande d’aujourd’hui. D’où, ici, la cartellisation des entreprises politiques allemandes, en vue d’opposer un front du refus.
Décidément, le chemin de la grande transformation à l’envers dans le but d’accrocher l’euro à un souverain, est parsemé d’embûches…
Resterait à envisager un autre chemin pour envisager la grande transformation à l’envers. Puisqu’il est très difficile de faire naître un souverain pour l’euro, peut être serait-il possible de faire au moins disparaître ce pouvoir indépendant qu’est celui de la BCE.
Dans la présente situation, le dispositif institutionnel du système européen de banques centrales, a pour effet, de contenir le périmètre de la clandestinité des passagers. La BCE ne peut en effet favoriser tel ou tel passager en achetant directement sa dette, geste qui lui est juridiquement interdit. Elle ne peut pas non plus, émettre sans retenue de la liquidité auprès des banques, de tel ou tel passager, en raison de son statut de gardien de la stabilité monétaire.
Autant de dispositions qui limitent le périmètre de la clandestinité, ainsi que l’a clairement montré les péripéties de la crise irlandaise. Les entrepreneurs politiques locaux continuaient à chercher à gagner du temps – y compris en consommant cavalièrement, le fonds de réserve des retraites, pour retarder des adjudications, potentiellement calamiteuses en termes de taux – et laissaient sur active une BCE venant en aide aux banques insolvables.
La BCE, jugeant qu’elle quittait le champ traditionnel de ses interventions, fut le promoteur de l’organisation d’une aide coordonnée, que les entrepreneurs politiques irlandais furent amenés, dans un premier temps, à refuser. Ces derniers, préférant sauver les banques, par les liquidités distribuées par la BCE, plutôt que d’accabler davantage un citoyen pourvoyeur de voix.
« L’accord » du 28 novembre qui fut imposé aux entrepreneurs politiques irlandais, définit bien les limites de la clandestinité dans le paradigme dominant : en cette fin d’année 2010, il appartient encore aux contribuables de régler les factures de l’orgie financière.
Sans doute y aura-t-il, ici ou là, chez nombre de clandestins, cartellisation des marchés politiques pour faire évoluer le système européen de banques centrales. Et une cartellisation résultant possiblement d’une résistance croissante des citoyens.
Pour autant, les choses ne sont pas simples, et il y aura probablement un nouveau front du refus, issu de la cartellisation des entreprises politiques allemandes. En admettant même qu’il puisse être mis fin à l’indépendance de la BCE, le risque le plus important serait l’élargissement du périmètre de la clandestinité : l’euro était déjà pour nombre de clandestins une drogue – une « monnaie de réserve à l’américaine » – mais qui pourra, demain, si fin de l’indépendance il devait y avoir, contrôler l’ouverture du robinet à liquidités aux fins d’éviter l’overdose ?
L’euro, risque ainsi de rester encore quelque temps, la monnaie en quête d’un souverain très difficile à faire émerger. De quoi la menacer dans sa survie.
(Les liens insérés dans le texte, l’ont été par fortune.fdesouche.com)
00:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, euro, monnaie, devise, europe, affaires européennes, actualité, unioneuropéenne, zone euro, souveraineté | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Matt PARROTT
Ex: http://www.counter-currents.com/
North Korea is perhaps more than any other nation on Earth, completely out of step with our global cosmopolitan overlords. On some level, the fascination in racialist circles is understandable, as the regime is defiantly rejecting foreign influence, celebrating their shared identity, and (most importantly for us) embracing their racial heritage. It’s certainly presented in a distorted light by our government and media.
But North Korea really sucks. Kim Jong-il is hardly a fascist ruler in the Western tradition, with habits and hobbies more reminiscent of Mugabe than Mussolini. He’s a terrible steward of his people, indulging in the sort of material excess that Puff Daddy’s entourage would find embarrassing. For instance, when traveling through Russia on his own private train, he takes breaks for airlifted lobster dinners.
For all the talk of rejecting modernity, he’s a basketball fanboy who delighted in receiving a basketball signed by Michael Jordan on a state visit from Madeleine Albright. He’s seen more mainstream American movies than any of us have. His family’s attempt to replace his country’s traditional beliefs with a bizarre “cult of personality” is about as far from any Tradition as one can get.
However, as awful as North Korea is, and it’s about as awful as it gets, it has managed to retain its ethnic identity intact. It’s hard to say how much of this is actually due to ideology (his cultural tastes leave me skeptical). I suspect it’s for the same reason that my hometown has remained ethnically homogeneous: poverty.
Just as God strikes his favored females with ugliness to protect their virginity, he strikes his favored communities with poverty to protect their racial purity. Had the good people of Michigan chased Henry Ford out of the state with pitchforks and burned their factories to the ground, the state would still be a safe and solvent replica of its original settlers’ Nordic homeland.
South Korea, Japan, Taiwan, and China are increasingly under pressure to solve their “demographic problem” of growing old by swallowing the spider of third world immigration. North Korea has been under no such pressure. Even African war refugees would rather starve in a tent city in a tropical climate among their own than starve in North Korea.
As awful as North Korea is, the rising tide of color will part like the Red Sea around it. As awful as North Korea is and as maniacal as Kim Jong-il is, a nation that doesn’t do away with itself can redeem itself later. It can have a future. Fortunately, there’s no dichotomy here. We can borrow the one thing that North Korea’s doing right, then abandon our colonial holdings in Japan, South Korea, and Taiwan so the Chinese won’t feel the need to prop up this madman and his buffer state.
00:18 Publié dans Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : asie, affaires asiatiques, corée, corée du nord, pacifique, aire pacifique, extrême orient | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
par Arnaud VILLANI
Dans les premières décennies du vingtième siècle, malgré les remarquables efforts antérieurs de Schopenhauer et de Nietzsche, mais aussi de von Keyserling, David Herbert Lawrence ou de l’américain David Thoreau pour exprimer haut et fort la spécificité de la physis et en fournir le concept, et alors même que Heidegger y consacre de nombreuses études, l’histoire de la philosophie porte trace de la difficulté que cette notion a rencontrée avant d’acquérir droit de cité dans le champ philosophique. Sans aller jusqu’aux détails, on remarque que le sens originellement physique de la Nature est pour ainsi dire oublié dans le classique ouvrage de John Burnet (Early Greek Philosophy, trad. fr. Reymond, L’aurore de la philosophie grecque Payot 1970 : il ne lui consacre qu’une demie page), et que l’interprétation intuitive de Karl Joël, faisant, dans Der Ursprung der aturphilosophie aus dem Geiste der Mystik (Bâle 1903), une lecture mystique de la nature qu’équivaut à l’affirmation de la physis, est durement critiquée par un historien aussi précis que Pierre-Maxime Schuhl (Essai sur la formation de la pensée grecque, Vrin 1948 p. 191).
Vieille tradition d’aveuglement à l’égard de ce qu’Aristote d’abord, puis la Renaissance et le Romantisme allemand avaient très clairement mis ou remis en lumière, à savoir le caractère naturant de la nature. Cet aspect éminemment actif de la nature est ce qu’on nommait en grec physis, transposé en latin dans la forme de futur de natura. Le radical indo-européen de physis est +bhew-, croître, que certains apparentent à +pha-, la lumière. Or la reconnaissance exacte de ce radical et de son sens précis est une clé indispensable pour penser comme il convient la spécificité philosophique des physikoi milésiens et de leurs successeurs.
Si tous les présocratiques ont intitulé leur œuvre, et Lucrèce bien après eux, De la nature (Peri physeôs, De natura rerum), ce n’est pas pour nous livrer leurs observations sur la nature entendue comme ensemble des étants spontanés et indépendants de l’activité humaine, mais pour examiner, avec leurs moyens, les principes de la puissance qui œuvre dans la nature. Ils recherchent d’abord l’action de la physis1, imperceptible parce qu’elle « aime à se cacher », mais partout sensible dans le résultat de cette action, la physis2. Il serait bien sûr ici très opportun de pouvoir dire physis et phyma, comme on dit poïesis et poïema, comme Spinoza disait naturant et naturé.
Cette simple distinction de suffixe (action / résultat de l’action) modifie en effet tout l’accent de philosophies longtemps restées obscures : Parménide n’est pas le premier logicien, ni même le premier ontologue, mais un théoricien de l’être présent et de la valeur de toutes choses en tant qu’elles se tiennent ; Héraclite ne met ni le flux ni la raison (logos) en première place, mais bien leur harmonie concertante et leur tension ; les sophistes sont les premiers penseurs à analyser le langage en situation et les conditions d’un consensus issu de la lutte, etc. Mon hypothèse est en effet que ces penseurs ont « imité la nature », au sens où ils ont non seulement mis en scène dans leurs œuvres la puissance naturante, mais ont travaillé leur texte et leur pensée jusqu’à ce que cette puissance y devienne affleurante, leur conférant une jeunesse définitive.
Cette distinction aurait en outre permis de rendre justice, le moment venu, à la véritable orientation du romantisme allemand, et au sens profond de son « imitation de la nature », comme imitation, non pas du résultat de la puissance, mais de la puissance elle-même comme procès de production. Tout change en effet, lorsque l’on découvre les tableaux du peintre romantique Caspar David Friedrich, ou les romans de Stifter et, dans un autre registre, les marines de Vernet, ou les œuvres d’Hokusai, si l’on prend conscience qu’ils donnent à voir une physis, autrement dit une nature qui ne se représente que difficilement, mais qui sait se présenter elle-même. On pourrait en dire autant des quelques poèmes conservés de la folie de Hölderlin, qu’il s’agisse de l’étonnant En bleu adorable…, ou de ses Saisons, où la sérénité et la simplicité de la forme laissent deviner clairement l’intention de Hölderlin : il n’imite ni ne représente la nature, mais c’est elle qui vient se montrer telle qu’elle est, dans cet excès de puissance que révèle le calme. Nul doute aussi que l’insistance avec laquelle Friedrich tourne les visages qu’il représente vers l’intérieur du tableau (le Voyageur regarde la mer de nuages, le Moine regarde la mer, le visage est là pour témoigner d’une puissance étrangère), et retourne ses tableaux vers le mur, signale le respect et le recueillement qu’exige la puissance naturelle. Seul ce respect recueilli peut nous faire coïncider de l’intérieur avec cette force, qu’il sait rendre presque tangible dans l’arbre de Paysage champêtre le matin.
Il y a donc toujours deux natures, l’externe et l’interne, celle que l’on représente et celle qui se présente en effets, le théâtre et l’usine, le portrait et la prosopopée. Les Grecs qui ont le mieux senti en eux et autour d’eux la puissance éternelle de la nature, les premiers Stoïciens, ont fait la différence entre l’eidos, la forme externe qui reproduit des types toujours semblables, et l’hexis, la forme interne, autant dire la « tenue » (echein = tenir), qui produit des individus toujours différents, soit la distinction des mathématiques et de la biologie. De la même façon, à partir des lettres de Descartes à Newcastle et à More, s’est établie en philosophie, de Cordemoy à Blumenbach et au-delà, une tradition de résistance à l’idée de réduire la nature à l’étendue et les animaux à des machines, en exploitant précisément les remarques de Descartes sur l’aspect créateur du langage. Il est vrai, cette tradition fera intervenir, sans doute maladroitement, ce qui a été assimilé à des « forces occultes », une vis formativa, une Bildungstrieb, une Urform, qui constituent précisément ce que Descartes voulait éradiquer.
Mais cette tradition a rendu des services. Elle sous-tend la conception essentielle de la souche unique du langage chez Humboldt, elle est requise, avec des retouches, dès que l’on veut analyser le processus de la création artistique (ainsi Ehrenzweig distinguera entre « scanning inconscient » et vision géométrique abstraite, prétendue naturelle), et elle se retrouvera finalement dans l’importante distinction de Chomsky entre structure profonde et structure de surface. On peut se reporter sur ce point à la Linguistique cartésienne de ce dernier auteur.
Bergson reprochait aux philosophes de s’en tenir aux concepts et à la découpe qu’ils pratiquent, pour le compte d’une intelligence fabricatrice et tournée vers les impératifs de la vie sociale, dans le mouvement vivant, le changement et la durée. Il demandait qu’on veuille bien revenir par intuition aux choses mêmes, qui ne se laissent jamais découper, mais persistent dans une continuité, dans une production de nouveauté, dans l’hétérogène. Le philosophe s’en tient trop au mécanique, au statique, au résultat figé. Certes, le rôle de l’intelligence paraît bien réduit dans cette philosophie (elle n’est pas, selon moi, la faculté des outils d’un homo faber, mais bien des machines, en un sens très large de traduction de transposition pour un homo substituens). Mais on ne peut que reprendre ces analyses, et constater qu’une occultation persistante du concept de physis dans la plupart des histoires de la philosophie et conséquemment dans les mentalités jusqu’au milieu du XXe siècle, illustre parfaitement le propos critique de Bergson, fait symptôme et mérite qu’on s’y attarde.
Que signifie occulter la physis ?
Si le problème ne concernait que les manuels ou l’histoire de la philosophie, on pourrait se contenter d’en prendre acte, en se félicitant du fait que la recherche contemporaine a pu corriger, sur ce point également, la tradition déficiente. Mais c’est toute l’histoire de la pensée, son évolution, et les conceptions essentielles de la science, de la technique et de l’homme, qui sont en jeu. Allons du plus simple au plus complexe.
On peut affirmer, sans grand risque de se tromper, que la philosophie scolaire du début de notre siècle ignorait en France à peu près tout de la pensée grecque. Si Brunschvicg n’hésitait pas à prétendre que, pour l’intelligence, Aristote était, comparé à nous, un enfant de sept ans, c’est qu’il ne le connaissait pas. Mais l’on faisait d’Héraclite un mobiliste, de Parménide un logicien, des Sophistes des bandits des grands chemins de la pensée. On n’avait aucune idée de ce que pouvait représenter l’intelligence rusée pour les Grecs, on ne connaissait pas la naissance de leur droit, on ne soupçonnait pas la profondeur de la pensée mythique, ni le modèle homérique du proto-politique, on ne pouvait même se douter de l’existence d’un monde irrationnel grec. Sur ces points, les chercheurs de l’EPHESS, à la suite de Gernet, ont fait des miracles.
Bref, en gros, on jugeait des Grecs, et notamment des Présocratiques, selon Platon. Les chapitres ridiculement insuffisants et erronés sur les Grecs de L’esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain de Condorcet, sont pris pour argent comptant dans la scandaleuse Histoire de la philosophie de Bertrand Russell (parue pourtant dans la prestigieuse Bibliothèque de Philosophie des éditions Gallimard). Aucun effort n’y est fait pour comprendre la philosophie, sinon quand elle parle le langage des Mathématiques et de la Logique. Tout cela signale une ignorance profonde de la tradition et une incompréhension trahissant une forme de mépris. Il ne faut pas s’étonner dès lors si la tradition logiciste, après le caricatural Cercle de Vienne et à la suite de Wittgenstein, prendra, sous sa nouvelle forme « analytique », une allure agressive à l’égard de la philosophie classique. Elle l’accusera, comme le faisait déjà Condorcet pour les Grecs, de ne pas « savoir ce que parler veut dire », ou, ce qui revient au même, de ne savoir que parler.
Nietzsche avait pourtant été très loin dans la réhabilitation de l’intuition centrale des Grecs. C’est lui qui s’exclame dans le Gai savoir (§ 360) : « Vive la Physique ». Et il n’a pas de mots assez durs pour le positivisme, le scientisme et toutes les formes d’ignorance prétentieuse et satisfaite, où une conception triomphaliste et peu sensible à la nuance s’appuie sur les succès de la technique pour ne plus attribuer de rigueur qu’au discours scientifique. De même Heidegger, et il faut absolument le porter à son crédit, est le philosophe qui a le plus insisté sur la physis grecque et le plus attaqué les errements positivistes de la science et l’arrogance tranquille de la technique.
C’est que le concept de physis, à lui seul, s’il est correctement pensé, entraîne toute une réévaluation nécessaire du savoir grec et une remise en cause de la pensée occidentale tout entière. Il risque de placer la philosophie des origines, non pas à la traîne de la pensée, bien loin et en dessous de notre modernité, mais bien devant nous, dans une sagesse (le mot lui-même a été mal compris), disons dans une pensée « inséparée » et symbolique qui nous dépasse et nous attend au mieux, c’est du moins ce que l’on peut espérer, dans le courant du XXIe. Il faudra aussi un jour faire le compte des dégâts que la pensée rationaliste, nécessaire à l’avancée de la science, mais peu scrupuleuse quant à ses conséquences sur d’autres formes de pensée tout à fait respectables, a pu nous coûter et continuera de nous coûter, accumulant sur l’environnement des dettes que nous avons déjà du mal à affronter.
En effet, si la physis signifie d’abord la puissance originante de la nature, occulter la physis signifie retirer a priori à la nature toute spontanéité, tout pouvoir de résistance, tout droit à la parole. Elle devient alors la « mineure » au sens de Kant, ou ce que les Grecs nomment nêpios, l’enfant, celui qui n’a pas voix au chapitre et ne peut intervenir dans un débat, au besoin en haussant le ton. Kant lui-même n’a pas craint (rééditant le « roseau pensant ») dans ses paragraphes sur le sublime dynamique de la Critique de la Faculté de juger, de nier finalement le sublime de la nature sauvage, en son emportement, au prix du sublime de l’éthique humaine. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, qui veut exploiter la nature la considère comme un esclave soumis. Et rien ne le permet autant que la méthode lucrétienne : rien dans la nature n’est divin. Tout y est entièrement déterminé, intégralement prévisible, mécanique. Cessons de voir la nature comme une déesse, cela nous gâte l’esprit en l’assaillant de scrupules (religieux). Cessons d’y voir la main des dieux. Descartes ne dira rien d’autre, dans son traité du Monde.
Le recours aux dieux, ou à Dieu, n’était en somme qu’une métaphore, comme on fait peur à un enfant pour le protéger. Longtemps les cause-finaliers ont lutté pied à pied contre les mécanistes. Mais, même s’il est possible de conserver un comme si de finalité dans le concept de téléonomie, nous savons maintenant que la finalité de la nature a vécu. Pour autant, et tout le problème est là, cela ne signifie pas que la nature soit à notre disposition, prête pour l’impatience de notre « souci », docile devant notre besoin d’ »étants disponibles » (laVorhandenheit de Heidegger) et « maniables » (la Zuhandenheit), accueillante à notre « dispositif » d’exploitation outrancière (le Gestell). Sans la spontanéité originelle de la nature, sans la capacité de s’auto-organiser, de se réparer, d’inventer, on sait de mieux en mieux comment, mille biais et de privilégier mille nouveautés pour surmonter les difficultés, tout notre bel édifice de savoir, de technique et de science ne serait guère, comme le décrit Nietzsche, qu’un château de fils d’araignée qu’emporte le courant. Quoi qu’on fasse et qu’on dise, l’esprit ne pourra rien si la terre se met à dévier de ses rotations. La terre et la nature, l’univers entier auront toujours ceci de transcendantal (et pas seulement comme conditions de possibilité d’une connaissance, mais bien d’une existence) qu’il faut les supposer sous nos pieds et nous enveloppant avant la moindre possibilité de conscience et la moindre réflexion.
Signe, allégorie et symbole de la nature
Oublier les aphorismes du romantisme allemand en faveur de la nature, poursuivre une course effrénée en faveur de la science, puis de la technique, puis de l’économie, en différant toujours le moment de tout sacrifier pour retrouver et préserver les équilibres vitaux, c’est faire comme si la nature n’était pas notre dernier recours, et pouvait, d’une manière ou d’une autre, par la seule force de la pensée, se remplacer. C’est pourquoi je ne suis pas sûr qu’en philosophie, les oublis de la physis ou la lutte féroce contre les idées de création, de sainteté, de caractère sacré, d’humilité et de pauvreté, de remerciement, de prière, d’asile inviolable, de respect, de pudeur (même s’il est clair que ces idées aussi ont leur part de négatif), soient si naïfs et innocents. Je les crois plutôt sciemment (bien qu’inconsciemment) dirigés en faveur des intérêts économiques et par conséquent techno-scientifiques. La tentation de l’homme neuronal, de l’intelligence intégralement artificielle, pourrait n’être que la forme contemporaine de ce que Weber avait déjà génialement repéré dans l’origine luthérienne (la traduction de Beruf par Arbeit) du capitalisme.
Je crois de plus en plus que l’histoire de la philosophie, peut-être l’histoire de la pensée, est régie par ce grand débat qui gouverne, sans même peut-être que nous le sachions, nos réactions épistémologiques et politiques. La nature est-elle « divine » (au sens de la question : y a-t-il de l’ »intouchable » dans le monde ?) ou se contente-t-elle de servir un anthropocentrisme invétéré que les critiques de Spinoza n’ont pas pu atténuer ? La « Gnose de Princeton » ne signifiait pas, chez de grands chercheurs scientifiques, une sorte d’allégeance infantile et tardive à la religion, mais la découverte, de l’intérieur même de la science, que la nature dépasse tout ce qu’on peut en dire et en imiter. Et qu’en conséquence, il est « sage » de lui laisser un quant-à-soi, une « personnalité » qui certes n’a rien d’humain, donc impensable pour nous, mais qui nous a créés et qui pourrait bien, si nous l’agressons trop, reprendre son bien.
Il est possible de résumer ces idées en appliquant à la nature une distinction bien connue entre signe, allégorie et symbole. C’est le rapport nature/machine qui constituera le signe, où la machine est le signifiant et la nature le signifié. L’un et l’autre sont réputés « présentables » ou représentables, et il n’y a pas dans la relation de perte significative de substance qui puisse empêcher la machine de valoir pour (lieutenance du signe) la nature. Il en résulte que, comme le concept articule un langage, la machine déploie un certain langage de la nature (la critique de la métaphore du code en génétique concerne cette réduction).
Dans l’allégorie, dont les formes fréquentes sont la personnification et la prosopopée, la nature se présente elle-même, en ceci toutefois qu’elle se représente ou est en représentation. Ainsi de Vénus chez Lucrèce, comme s’il voulait se dédouaner de la démythification, du désenchantement qu’il fait subir ensuite à la Nature. La Nature n’est alors qu’approximativement, péniblement représentée par son image. Elle est la mère, enveloppante et nourricière, tithéné du Timée, alma mater en son universalité. Le signifiant est présentable et représentable, le signifié difficilement représentable, d’où le hiatus.
Hiatus définitif et incomblable lorsqu’on passe au symbole. La relation comporte un résidu inassimilable. Quel que soit le signifiant qui tente de traduire la nature comme signifié, il échoue. Nous sommes ici devant le cercle d’une conscience transcendantale qui ne peut cependant empêcher la nature, qui est son vis-à-vis, de porter exactement la même caractéristique transcendantale. Chaque esprit constitue à chaque fois le monde, mais c’est le monde qui constitue dès l’origine et continue de constituer les conditions historiques d’apparition de l’esprit. Cette relation enchevêtrée, en entrelacs ou chiasme, désigne clairement la présence du symbole, ce avec quoi on n’aurait jamais fini, ce qui introduit une relation impure et asymétrique avec un infini. La nature infinie des romantiques, la nature surabondante et surpuissante des présocratiques ou des stoïciens reviennent ici dans leur concept. En tant que poussière d’étoiles dont nous sommes issus, « le ciel étoilé au-dessus de moi » mérite pleinement sa place tout à côté de « la loi morale en moi », autrement dit la conscience de liberté, en débat infini avec une nature dont elle hérite une part, la nature humaine. De façon très étrange, dans cette formule bien connue, Kant semble avoir retenu l’entrexpression du microcosme et du macrocosme, se mirant l’un dans l’autre, comme ils le font dans la résurgence de l’esprit grec à la Renaissance.
Reste à se demander si la constante détermination de Heidegger à dénoncer l’emprise réifiante de la technique sur la nature, dès l’Etre et le Temps, ne veut pas dire simplement que la différence ontologique entre être et étant ne fait elle-même que mimer cette proto-relation de l’homme et de la nature. Le signe, cela serait la nature comme étant disponible et maniable, exploitable par une technique élargie en mentalité planétaire, devenue métaphysique. L’allégorie, ce serait l’étant que l’on laisse être dans la « sérénité », cette rose qui, chez Silésius, « est sans pourquoi, fleurit parce qu’elle fleurit ». Le symbole, ce serait cette façon qu’a l’être de se donner en même temps qu’il se retire. La différence serait symbolique, et l’être la réserve infinie de l’étant, qui le distingue d’une simple pierre sur le chemin. L’être, ce serait le nom, plus abstrait, de la nature. Mais alors, pourquoi ne pas avoir dit « la nature », puisqu’elle seule possède la spontanéité et la puissance permettant de mettre réellement au jour des étants ? On dit que l’être fait être : c’est jouer sur les mots. L’étant a bien de l’être, d’un point de vue grammatical et logique, mais dans les faits, il a de l’existence ou de la présence, que l’être, en tant que tel et à lui tout seul, serait bien en peine de lui donner. Mais il faudrait parler plutôt de l’être du fait de cette capacité, toute judaïque, qu’il a de jouer le deus absconditus ? Mais la nature, elle aussi, « aime à se cacher ».
De sorte qu’il ne paraît pas entièrement insoutenable de dire que, derrière l’être, et sans doute sans le vouloir, c’est constamment de la nature que Heidegger a voulu parler. D’où sa critique forte de la technique, d’où son grand texte sur la Physique d’Aristote, d’où ses émouvants essais : Langue de tradition et langue technique ; Le chemin de campagne ; Pourquoi restons-nous en province ? ; et que l’oubli de l’être a, dans l’histoire de la philosophie et de la pensée, tout à voir avec l’occultation de la physis, dont les conséquences tardives se faisaient encore sentir dans les études des années 5O en nous privant de la majeure partie, la plus pensante sans doute, de la pensée grecque.
Arnaud Villani, « L’occultation de la physis comme forme de l’oubli de l’être dans l’histoire de la philosophie », lien source.
00:10 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, physis | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Archives de "SYNERGIES EUROPEENNES" - 1996
Veillons au salut de l'Empire!
«Le grand Empire, l'Empire central, l'Imperium, par opposition à l'Occident»
(Jean-Claude Albert-Weil, Sont les Oiseaux, 1996)
Fiction: en juillet 1940, Hitler parvient à forcer la main au général Franco qui laisse passer les troupes allemandes sur son territoire. Gibraltar tombe et les panzers, après avoir traversé le Maroc et l'Algérie, foncent sur Le Caire. 300.000 prisonniers français sont libérés et commis aux moissons. La popularité du vieux maréchal est au zénith. Un débarquement allemand a lieu en Irlande du Sud. Malte tombe aux mains des paras de la Luftwaffe de Goering. Churchill est mis en minorité et remplacé par Lord Halifax, qui fait la paix, en échange des puits de pétrole du Moyen Orient, qui restent sous contrôle britannique. Pourquoi faire la guerre dans ces conditions? Le succès de l'opération Barbarossa est quasi complet et, rapidement, les troupes de l'Axe font jonction dans le Caucase. Par un coup d'audace inouï (Skorzeny?), Vladivostok tombe. C'est la panique au Japon, qui se rapproche des Américains. Dans l'Empire, c'est le délire: d'ailleurs, à Berlin, on joue Sartre à guichets fermés! Dans cette atmosphère de triomphalisme, l'épuration ethnique dont sont victimes les Juiffss prend heureusement fin et l'Empire favorisera même, pour gêner les Anglais, la naissance d'un Etat hébreu, armé par l'Allemagne. A Berlin, l'aile modérée menée par Bibbentrop, le cher Otto Tabetz, ou Krommel élimine les “natzis” forcenés. Une fausse explosion nucléaire, vers 1943, calme les Américains, qui se contentent d'armer la résistance soviétique (Staline combat toujours en Yakoutie). Une vraie bombe, que le Führer obtient grâce à ses réseaux d'espions (juiffss?) aux Etats-Unis, assure définitivement la neutralité américaine. Hitler meurt le 30 décembre 1946, à la veille du réveillon. Speer, l'amiral Panaris et surtout Gersdorff entreprennent une première “dénatzification” et, de 59 à 78, Stendel, le Führer suivant, proscrit le racisme et le remplace par le différentialisme critériologique: les Juiffss sont incités à collaborer ou à émigrer en Israël, où ils forment une tête de pont de l'Empire.
L'existencisme: doctrine impériale
Mais le grand Führer, c'est Gessler (1978-1993): avec lui, l'Empire décolle. La Panfoulia, grande autostrade de Duinkerke à Vladivostok draine des millions de Volkswagen et l'élite du Parti se détend à l'hôtel Heidegger, un gigantesque paquebot planté sur le Mont Blanc. L'aide sociale est généralisée, mais jamais en argent: distributeurs de nourriture, soins médicaux, vêtements, tout est gratuit, et de qualité (pas d'engrais chimiques, d'élevage aux hormones, d'où un taux de cancer ridiculement bas dans l'Empire). Les sciences atteignent un niveau inouï: manipulations génétiques, chirurgie esthétique, drogues diverses... et la fameuse base secrète de Tsarskoïe Sélo!
La doctrine impériale est appelée “existencisme”, elle garantit le droit aux plaisirs sexuels les plus raffinés pour tous les citoyens. La publicité est interdite, l'intrusion télévisuelle limitée (TV interdite les samedis et dimanches de la Norvège à la frontière coréenne, interdiction de toute permanence médiale: après un an, les journalistes cèdent leur place et changent de service; pas de femme de minlstre qui bave à l'écran!), le sport spectacle est banni (un joueur de l'équipe de Milan est vraiment né dans cette ville... de parents milanais), l'endettement exagéré est illégal. Des lois favorisent les PME et forcent les gens à faire réparer tout appareil un certain nombre de fois, d'où l'existence de castes de réparateurs prospères et heureux. Toutes ces lois saines et de bon sens déclenchent la fureur de la presse “ploutocrato-ergono-aliénée-croyancialo-marxo-cosmopolito-médiacrato-religio-éthico pseudo-égalitaire-hyperdémographico-universo-droit de l'hommesque-planèto-destructive”.
L'Empire est résolument non humaniste et rejette sagement les droits de l'homme, qui ne sont jamais que “les droits du client”: “droit de chier des litanies de progénitures débilo-crédulo-proliférantes, pulluliques, malsaines, ivres de tuer leur prochain ou de leur passer la Grande Maladie”. Car la Maladie, venue de l'Ouest est interdite dans l'Empire: un corps d'élite veille et nettoie, liquidant impitoyablement malades infiltrés par les démothalassocrates, agents d'influence de la pourriture utilitairo-protestante et militants nationalistes (des Gagaouzes aux Vourdalaks). Pas question d'affaiblir l'Empire! Les chrétiens, et les croyeux de tous poils, sont l'objet d'une attention toute spéciale: les chefs n'ont pas oublié leur rôle de pourrisseurs de l'Empire romain. On ne les laissera pas recommencer! Et des villes entières reparlent latin, la langue des origines. On y sacrifie à Jupiter... Gessler le Grand a compris qu'il n'y avait que deux manières de gérer l'humanité: les couilles pleines, à l'anglo-saxonne (frustration/culpabilisation-ambition-production), ou les couilles vides, à l'européenne (satisfaction-réalisation-assomption). Dans l'Empire, il est difficile de les garder pleines longtemps: des esclaves de Hollande ou du Kouban, expertes et motivées, sont fidèles au poste.
Ainsi parla Gessler...
Une monnaie unique, le franmark européen, est garantie par d'immenses réserves d'or, au contraire de l'immonde dollar usaïque, fabriqué à partir de rien, manipulé au dépens de populations ignorantes, abruties par un plouto-démocratisme hypermédiatisé. Les différences sont exaltées: pulpeuses Kalmouks et beaux Italiens peuvent bien se payer des orgasmes cosmiques, mais, attention, pas de métis! L'immigration est bien entendu interdite: «Autrefois, un peuple qui rentrait dans un autre, c'était clair, c'était une invasion... Peut-on aujourd'hui laisser librement les peuples qui n'ont aucune discipline nataliste et qui se multiplient à l'infini se répandre chez nous avec leurs drogues et maladies, chez nous qui réglementons nos naissances? La partie n'est pas égale! C'est s'abandonner à la catastrophe, à la barbarie, à l'effacement radical... Suicidons-nous collectivement tout de suite pour laisser la place aux autres, et qu'on n'en parle plus...». Ainsi parla Gessler, quatrième Führer de l'Empire. Dans ce monde braziloïde, un cauchemar pour les cosmopoliens et le rêve pour tous les autres, on suit l'ascension de Carl, membre de la DPSE (l'ordre beige), mais fréquentant, de Degrellstadt à Paris (Boulevard Céline) la fine fleur de l'aristocratie impériale: Lily Jünger, cette chère Pamela Horthy, l'exquis Vlady Vlassov, Anne-Ingrid de Munsbach-Lothringen et, bien sûr, le Protonotaire Parvulesco.
Patrick CANAVAN.
J. C. ALBERT-WEIL, Sont les oiseaux, Ed. du Rocher, 1996, 149 FF.
00:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, empire, europe, réflexions personnelles | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le professeur Jean Haudry présentera son livre Les INDO-EUROPÉENS, le mercredi 15 décembre de 19 h 30 à 21 h 00, à Radio Courtoisie.
Il sera présent pour la signature de son livre à la Librairie Facta, le samedi 18 décembre de 15 à 18 h 00 (Librairie FACTA : 4 rue de Clichy, 75009 Paris. Tel : 01 48 74 59 14).
00:25 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : événements, jean haudry, indo-européens, livre, archéologie, protohistoire, histoire, anthropologie, ethnologie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook