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vendredi, 07 novembre 2008

La crise financière et ses causes

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George Soros écrivait en avril 2008 (notez bien, en avril 2008 !) : “Nous sommes au milieu d’une crise financière comme nous n’en avons plus connu depuis la Grande Dépression des années 1930. […] Elle n’est pas limitée à telle ou telle société ni tel ou tel segment du système financier; elle a conduit le système tout entier au bord de la rupture, et les autorités ont le plus grand mal à la maîtriser. Elle sera lourde de conséquences. Les choses ne reprendront pas leur cours ; nous vivons la fin d’une époque.”

Par cupidité et par un inexplicable laisser-faire des autorités, les professionnels américains du crédit aux particuliers, défiant les règles bancaires les plus élémentaires, sont responsables de ce qui apparaît d’ores et déjà comme le plus effarant des désastres financiers.

Seule l’histoire sera un jour capable de chiffrer les dégâts. Les sommes en jeu sont une insulte à l’esprit. S’agissant du système financier international l’unité est le milliard de dollars et on se les jette à la figure par milliers. Mais qu’en est-il de l’économie réelle, qu’en est-il de la destruction de centaines de milliers d’emplois à travers le monde ? Oui, c’est la grande crise systémique. Systémique parce qu’elle s’est répandue au système dans sa globalité.

Comment un tel désastre a pu se produire ? Pourquoi les instances de régulation, les banques centrales qui connaissaient la partie immergée de ce monstrueux iceberg dès le mois d’août 2007 n’ont pas réagi ? Si les premiers et seuls responsables sont les Américains, on peut s’interroger sur la légèreté de certaines banques européennes quand on connait leur rigueur d’analyse, particulièrement celle des Suisses et des Allemands pris dans la nasse. Qu’en est-il de la théorie des anticipations rationnelles des marchés financiers qu’on nous enseigne dans nos universités et nos grandes écoles de commerce ? Qu’en est-il des produits financiers synthétiques sensés protéger du risque et des modèles mathématiques qui leur sont attachés ?

Ces questions resteront en suspens tant qu’un procès ne sera pas instruit contre cette bande de malfaiteurs cupides qui armés d’un surin et pour quelques centaines de millions de dollars ébranle l’édifice de la prospérité jusque dans ses fondations. Pourquoi n’existe-t-il pas de tribunal pénal international pour crime contre la prospérité ?

Comment tout ceci est-il arrivé ?

1er acte

Octobre 2002 : Bush propose de faciliter l’accès à la propriété pour 5 millions d’Américains issus des minorités.

Juillet 2003 : le taux directeur de la FED est historiquement bas. 1% pour le refinancement à court terme des banques (le taux d’intérêt réel corrigé de l’inflation a été négatif pendant 31 mois consécutifs). Il fallait favoriser de nouveaux débouchés à ce crédit facile à trouver. Les prêteurs hypothécaires à l’origine de la catastrophe ont décidé non seulement de prêter aux :
· Primes, emprunteurs à la solvabilité sans risques particuliers, mais également aux
· “Alt-A”, emprunteurs dont l’historique en matière de remboursement est satisfaisant mais sans autre renseignements notamment sur leurs revenus.
Et pour finir aux :
· Subprimes, emprunteurs au dossier des plus minces, sans véritables renseignements. Le cas extrême est atteint par les prêts dits “ninja”, no income, no job, no assets (ni revenus, ni emploi, ni actifs).

Dans cette dernière catégorie, la plupart des gens savaient par bon sens qu’il leur était impossible d’emprunter mais les malfaiteurs, c’est-à-dire les courtiers et les banques, ont rivalisé d’ingéniosité pour encourager ces pauvres locataires à gravir un degré dans l’échelle sociale. Cela représentait pour ces intermédiaires un océan de commissions et de frais bancaires. Comment pousser ces foyers à devenir propriétaires malgré eux ? En proposant pour une première période, un an, deux ans, un taux fixe alléchant, en anglais teaser, aguicheur, voire allumeur. Ensuite, le taux devient révisable sur une base très élevée. Pour la majorité des clients, des pratiques commerciales trompeuses ont occulté les conséquences néfastes pour eux dès la fin de la 1ère période a fortiori en cas de hausse des taux. Mais ce n’est pas tout. Aux Etats-Unis, l’hypothèque est rechargeable. Pour faire simple, le bien vaut 100, on emprunte 100. Le bien est réévalué, disons 2 ans après à 120, on peut emprunter 20 de plus en permettant aux intermédiaires de reprendre quelques commissions au passage.

C’est ainsi que la bulle immobilière monstrueuse s’est formée. Nous venons de parler du crédit aux particuliers mais bien entendu cette fièvre a de la même manière touché le commerce, les services et l’industrie par notamment une explosion des LBO.

2e acte

Dès les premiers signes imperceptibles du retournement, les banques ont voulu se débarrasser de leurs hypothèques les plus risquées. Comment faire ? Les titriser, c’est-à-dire en faire des actifs négociables soit de gré à gré soit sur un marché règlementé. Mais il fallait noyer le poisson, faire en sorte que ces hypothèques pourries ne se voient pas trop.

Alors, les malfaiteurs armés d’un surin ont été remplacés par les prix Nobel de la magie financière, les illusionnistes grands pontes des banques d’affaires américaines. Ils ont créé des titres appelés CDO. Les hypothèques pourries ont été mélangées à d’autres crédits, à des obligations et des CDS (la place nous manque pour parler des CDS, instrument financier des plus opaques, swaps entre banques dont la valeur nominale totale se situerait entre 42600 et 60000 milliards de dollars).

Les CDO ont été découpés en plusieurs tranches aux risques et aux rendements variant selon les désirs des différents investisseurs que sont les assureurs, les banques traditionnelles, les hedge funds, les trésoreries de multinationales, les fonds souverains, etc.

Et tout ce beau monde grugé d’acheter ce produit “toxique”.

Mais ce n’est pas tout. Ces transactions sont assorties d’interventions sur les marchés dérivés aux effets de levier dévastateurs et dont la complexité a depuis longtemps dépassé les limites du raisonnable. L’affaire Kerviel/Société générale qui n’a rien à voir avec la crise des subprimes en est une illustration remarquable.

3e acte

Ces milliards de dollars valent maintenant zéro parce qu’au début de la chaîne les emprunteurs défaillants ne payent plus. Le pot aux roses a été découvert mais trop tard. Il n’y a plus que des vendeurs secs de CDO.

Baisse mondiale des bourses depuis octobre 2007, faillites ou nationalisation de banques prestigieuses, sauvetage et mise sous tutelle du plus grand assureur du monde AIG, injections massives par les banques centrales de liquidités pour alimenter le marché interbancaire complètement asséché.

Toutes les banques vacillent et de grandes industries avec elles. Le marché du crédit est paralysé.

Ce sera aux contribuables de payer. A tous les contribuables. Par l’impôt ou l’inflation.

L’irresponsabilité du système financier américain est la cause de cette crise financière qui déstabilise l’économie mondiale. S’en trouve-t-il disqualifié pour autant ?

00:25 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : crise, usure, usurocratie, banques, finances, etats-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Laulan: crise, immigration, démographie

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Yves-Marie Laulan : "Crise, immigration, démographie, on nous ment sur tout"

Rivarol n°2877 du 24/10/2008 : "Yves-Marie Laulan est un économiste devenu spécialiste mondial de la démographie géopolitique. Il préside l'Institut de géopolitique des populations qui veut éveiller le public aux conséquences dramatiques des grandes évolutions démographiques actuelles et prévisibles. Économiste, démographe, géopoliticien et banquier, directeur du Crédit Municipal de Paris, il a enseigné dans plusieurs universités, à l'Institut d'études politiques, à l'Université Paris-Dauphine ou encore à l'École Polytechnique. Il a aussi travaillé pour les cabinets ministériels — aux Finances puis aux Affaires étrangères avec Michel Debré —, au FMI, à la Banque mondiale puis comme chef du service des affaires économiques de l'OTAN, avant de fonder son Institut. Il a notamment étudié l'immigration en France et ses conséquences sociales et économiques — qu'il estimait pour 2003 à un coût annuel de 36 milliards d'euros. Auteur de nombreux ouvrages, Y-M. Laulan a écrit entre autres « La planète balkanisée », « Les nations suicidaires », « Visa pour un désastre », « La faillite des machins » et, en 2006, « Pour la survie du monde occidental » (voir son site <www.laulan.org>.

Rivarol : Vous êtes économiste de formation. L'horreur financière de ces dernières semaines vous a-t-elle surpris ?

Yves-Marie Laulan : Pas du tout. Cela fait de nombreuses années que je lance des cris d'alarme. Mon dernier colloque portait, cela remonte à mai, sur les risques d'effondrement du système. On peut prévoir un événement, mais on ne peut pas prévoir la date à laquelle il va exactement se produire. On peut faire des prévisions, pas des prophéties.

Il était évident cependant que le système allait se casser la figure. Depuis des années et dés aimées-aux USAI, mais aussi én'Europe, nous vivions très au-dessus de nos moyens réels. Les Américains ont engrangé dans les 10 % de croissance superficielle et déconnectée de l'économie réelle. L'économie américaine est nourrie par des capitaux venus de l'extérieur, de la Chine et du Japon par exemple. En fait, depuis près de quinze ans, et c'est un élément capital, l'épargne des ménages américains est négative. Il y avait un surendettement commercial, de la balance des paiements et des ménages. Ça ne pouvait pas durer.

Pour voir le bon côté des choses, c'est peut-être la fin de la toute-puissance d'une finance globale qui n'aime pas les nations ?

En tout cas, on ne sortira pas de cette crise dans l'état où l'on y est entré. C'est certainement la fin de l'hégémonie américaine. Personnellement je ne suis pas sûr que ce soit forcément une bonne chose. L'avantage objectif de cette situation était une relative sécurité. Le monde multipolaire que nous voulons sera sans doute plus dangereux. Les chocs d'intérêts ont largement provoqué les guerres du XXe siècle. La fin de la domination américaine est un soulagement pour ceux qui refusent une normalisation imposée et pesante, mais cela peut déboucher sur une multiplication de conflits armés.

Faut-il aussi envisager une réduction de l'aide aux pays les plus pauvres et en conséquence une accélération de l'immigration ?

C'est un vrai problème. Les deux questions sont paradoxalement séparées. Il est évident que l'aide au développement ne peut qu'en « prendre un coup » car ce ne sera plus une priorité présentable. Cela ne changera pas grand-chose à la situation de ces pays. On a gaspillé en vain des sommes colossales sans obtenir de résultats.

L'immigration par rapport à cette aide n'est pas forcément liée. Car tous les chiffres montrent que, paradoxalement, plus on aide les gens du Tiers-Monde et plus ils émigrent. Quand il n'y a rien, ils semblent plutôt rester chez eux. Les flux migratoires, en fait, c'est une question de volonté politique. Nous sommes des victimes de nos belles valeurs morales. Nous sommes impuissants face à un risque de colonisation démographique de l'Europe par l'Afrique. La population mondiale d'ici à 2050 va augmenter de 50 % mais uniquement dans les pays pauvres. Seule l'Afrique noire va échapper au vieillissement des populations qui touchera toute la planète y compris la Chine. L'augmentation de population massive va concerner également les peuples musulmans. Ces masses, à partir d'un certain seuil, amènent leurs valeurs et les imposent. C'est déjà vrai dans certains de nos quartiers.

Tout se tient, ce n'est pas par hasard s'il y a de fortes chances que le prochain président américain soit d'origine noire. Cela est rendu possible politiquement par Lui travail démographique qui date de plus de 50 ans, avec une entrée massive d'immigrants qui débouche aux USA sur une bascule ethnique. Voilà longtemps que je dénonce cette évolution devant des démographes américains réticents ou ironiques. Ils n'y croyaient pas. Tout indique cependant qu'un ménage noir va tenir la Maison Blanche, à la tête du pays encore le plus puissant de la planète et cela aura des conséquences inattendues. Conséquences incalculables et sans doute terrifiantes. Qu'on le veuille ou non, tout immigré est le produit de son histoire et de son environnement. Obama a choisi la communauté noire et celle-ci se reconnaît en lui malgré des réticences.Ce métis a d'ailleurs épousé une Noire, descendante d'esclaves, alors qu'il aurait pu épouser une Blanche. Il ne pourra pas s'empêcher d'aider, de soutenir, de défendre les intérêts de la communauté à laquelle il s'est assimilé.Les conséquences intérieures et internationales de cet état de fait sont encore inimaginables à l'heure actuelle.

Finalement, la crise serait-elle bonne pour la Chine ?


La Chine n'est pas un pays soumis à l'idéologie de l'immigration, c'est sa grande force. Sur le plan économique cependant, elle peut connaître un contre-coup violent de la crise financière. Son économie était dopée par la croissance mondiale. Tous les problèmes occultés vont exploser. Il va y avoir de graves tensions. La Chine va accuser le coup et tout le monde avec elle.

1929 a amené Hitler. Les USA ont dû attendre la guerre de 39-45 pour s'en tirer mais personne cette fois n'en sortira indemne, même pas les pays du Golfe dont la fortune insolente est fondée sur des économies artificielles assises sur l'or noir. La chute de la consommation et donc des prix du pétrole, si elle se poursuit, peut les faire sombrer rapidement. On sent bien que c'est fini, que tout va changer et qu'il faudra tout repenser après le déluge.

Que pensez-vous de la situation de l'Islande ?

Le cas de l'Islande est incroyable, c'est de la folie pure... Le secteur bancaire était la seule richesse de ce pays, et sans aucune contrepartie économique de fondement. Mais la situation n'est pas très éloignée au Royaume-Uni où il y aura, je le crois et le crains, un tremblement de terre.

Qui dit crise dit peur de l'avenir et, pour nos pays en pleine dénatalité, encore moins enfants. Cela vous fait-il également peur ?

On ne pourra pas aller plus bas. On nous ment sur la natalité française dont le chiffre un peu moins mauvais qu'ailleurs est dû aux immigrés le plus souvent extra-européens. On nous ment sur tout... Le regroupement familial, ce n'est pas 30 000 personnes par an mais 250 000, soit un million supplémentaire en quatre ans. On est dans l'abîme pour la natalité européenne. On peut même se demander finalement si cette crise ne va pas se traduire par un sursaut. En 1942, la France au plus mal a vu repartir de façon extraordinaire sa natalité.
La nature des nations a des ressources vitales considérables et inattendues. Pour nous, le pire n'est peut-être pas inévitable. Le pire sur le plan démographique car économiquement on va souffrir. Mais justement, il peut y avoir un sursaut de lucidité et de vitalité. C'est notre espérance."

Heeft Joris van Severen invloed van G. Sorel ondergaan?

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Heeft Joris van Severen invloed van Georges Sorel ondergaan?

 

Gevonden op: http://www.jorisvanseveren.org

Piet Tommissen, Ukkel

Dat ik de titel van deze bescheiden bijdrage als een vraag ingekleed heb heeft zo zijn reden. Inderdaad kan ik geen sluitende argumenten aanvoeren om te bevestigen of te ontkennen dat die invloed bestaan heeft. Onlangs omzeilde ik - om het met de woorden te zeggen van de Russische romancier Ivan Turgeniev (1818-1883), één van de aanspraakmakers op het vaderschap van het uit onze woordenschat niet weg te denken begrip ‘nihilisme’ – de kaap van de 80 lentes en op die leeftijd smeedt men liefst geen plannen meer hoe groot de bekoring ook weze. De bijdrage werd daarom geschreven in de hoop dat een jongere vorser zou nagaan of Van Severen al dan niet door Sorel beïnvloed is geworden. Ik ben van mening dat een grondig onderzoek de moeite waard is, temeer daar meteen naar mogelijke invloed zowel van Georges Valois (pseudoniem van Georges Gressent, 1878-1945) als van de ‘Clarté’-beweging kan gespeurd worden.

Wat mij betreft mag iedereen over Ward Hermans (1897-1992), ooit lid van het Verdinaso en vooral bekend geworden als de man van de destijds furore makende documenten van Utrecht (1929), denken wat hij wil. Maar niemand kan ontkennen dat hij zeer belezen en met het geestesleven van zijn tijd vrij goed vertrouwd was. Men denke slechts aan zijn opstellenbundel De Avondland-Idee & Vlaanderen, die zowel qua titel als qua inhoud invloed verraadt van Oswald Spengler (1880-1936).1 Dat opus en een paar andere geschriften van Hermans gelezen hebbende werd mijn nieuwsgierigheid gewekt toen ik in een vergeeld nummer van het maandblad De nieuwe Dag op een artikel van zijn hand stiet.2 Het handelt over de geëngageerde literatuur. Ofschoon het als zodanig een kritische analyse verdient, beperk ik me hier evenwel tot de vaststelling dat tot twee keer toe gewezen wordt op de invloed die Georges Sorel (1847-1922) op Van Severen zou uitgeoefend hebben.

Ik citeer: (a): “Wanneer men het proces maakt van de geëngageerde literatuur, moet men in Vlaanderen onvermijdelijk denken aan een biezonder typisch voorbeeld: dit van Joris van Severen, van de linksgerichte groep ‘Clarté’ via Ter Waarheid, langzaam evoluerend naar rechts onder invloed der filosofie van Sorel en de bellettrie van Maurras. Hier heeft men, in een notendop, heel de tragiek van een strijdend Vlaming, omzeggens van huis uit veroordeeld om op het verkeerde front te sterven. En, totale deernis van deze tragiek, te vallen onder de kogels van een volk, dat hem naar geest en gevoel meer verwant was dan dit van Goethe en Humboldt.”; (b): “Eens inspireerde Sorel het prefascisme. Mussolini komt van daar. En we zegden het reeds: ook van Severen.”3 Er dient bijgezegd dat Hermans een retour van de theorieën van Sorel ontwaarde: “Wie Sorels invloed heeft gekend op de generatie van tussen twee wereldoorlogen, weet maar al te goed wat dit betekent. Het is het geweld in dienst van de gedachte. De gedachte die niet tot werkelijkheid kan worden zonder de daad van het geweld.”4

Wat Hermans over de ontwikkelingsgang van Van Severen schrijft is overigens ook op zijn eigen evolutie en , zoals hij terecht schrijft, op die van heel wat van zijn tijdgenoten van toepassing. Na Wereldoorlog 1 voltrok zich namelijk in West-Europa een proces dat men ideologische inversie zou kunnen noemen: iemand die door de linkse parolen werd aangelokt kon in een latere levensfase naar rechts opschuiven, en omgekeerd.5 Zo is geweten dat Sorel en enkele prominente aanhangers van de Clarté-beweging6 in een volgende fase de zwenking naar rechts hebben voltrokken. 6

Vik Eggermont (°1929) schrijft dat Van Severen zich interesseerde voor leidinggevende figuren van linkse signatuur - hij vernoemt Karl Liebknecht (1871-1919), Rosa Luxemburg (1870-1919)  en Henriette Roland Holst (1869-1952), maar had tevens Gustav Landauer (1870-1919) kunnen vermelden7 - en dat in zijnen hoofde “een zekere wwelwillende en begrijpende belangstelling” t.a.v. het communisme niet kan ontkend worden.8 Mocht dit laatste kloppen, dan is die belangstelling m.i. een rechtstreeks gevolg van de impact van de Clarté-groep. 

Doch niet die ideologische inversie staat hier centraal, wèl de vraag of Sorel Joris van Severen beïnvloed heeft, zoals Hermans suggereert. Het is geen retorische vraag, want Sorels geschriften en ideeën hebben een grote resonantie gehad. Percy Wyndham Lewis (1882-1957), de Engelse avant-gardistische schilder, dichter, essayist en vader van het vorticisme9, getuigde anno 1926 in een toen veel gelezen werk: Sorel is the key to all contem-porary political thought.10 Bijna vijf decennia geleden bevestigde Armin Mohler (1920-2000) deze zienswijze: “Er (sc. Sorel) ist zweifellos derjenige Franzose, der in den verflossenen achzig Jahren den tiefsten geistigen Ein-fluss auf die Welt ausübte - auch wenn dieser Einfluss oft seltsame Umwege ging.”11

Wat Van Severen betreft vindt men de enige indicaties waarover we beschikken in de gedrukt voorliggende ingekorte versie van de licentiaatverhandeling die Luc Pauwels (°1940) anno 1998 aan de KUL verdedigde en die door de jury ad hoc hoog gequoteerd werd: citaten uit Combat en de aanwezigheid in Van Severens bibliotheek van enkele werken van en over Sorel.12 Volstaat zulks om van invloed te mogen gewagen? Ik betwijfel het. Volgens mij is een indicatie nog lang geen bewijs. Er zou moeten worden nagegaan of Sorels interpretatie van het begrip mythe, van de rol van het geweld e.a.m., in voordrachten en/of teksten van Van Severen aantoonbaar is.

Het spreekt vanzelf dat die redenering ook opgaat voor Valois en Clarté. Dankzij L. Pauwels weten we dat Valois tot zijn lievelingsauteurs behoord heeft13, maar is een echo van die belangstelling in Van Severens geschriften terug te vinden? Clarté vertoonde internationale allures en had niet enkel in Belgische Franstalige14 doch evenzeer in Antwerpse middens aanhangers.15 Dixit Hermans vond Van Severen het gelijknamig tijdschrift “sympathiek”.16 Maar andermaal rijst het probleem of het al dan niet bij vrijblijvende curiositeit gebleven is. Afgaande op de bevindingen van Kurt Ravyts (°1968) blijkt zulks niet het geval te zijn geweest.17

Summa summarum: moge een jonge vorser zich over deze boeiende problematiek ontfermen!17 Meer zelfs, moge hij het te bestuderen veld verruimen, door rekening te houden met strekkingen en namen die Rudy Pauwels (°1932) citeert!18

Noten

1 W. Hermans, De Avondland-Idee & Vlaanderen, Turnhout, Drukkerij Lityca, 1927, 117 p., n° 1 in de reeks ‘Vragen van dezen tijd’.

2 (a) W. Hermans, Bestiarium van de literatuur. Een halve eeuw literair-politiek engagement, in: De nieuwe Dag, 3ejg., nr. 11, april 1967, pp. 38-41. De titel is voorzeker ontleend aan deze van een boek uit 1920 vol parodieën (bijna uitsluitend) van de hand van Franz Blei (1871-1942): Das grosse Bestiarium der Literatur (heruit-gave bezorgd door Rolf-Peter Baacke), Hamburg: Europaische Verlagsanstalt, 1995, 418 p.

(b) Over het maandblad, vgl. Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, deel 2 = G-Q, p. 2204.

3 W. Hermans, art. cit. (vt 2 punt a), p. 38 resp. p. 40.

4 W. Hermans, art. cit. (vt 2 punt a), p. 39.

5 Voor nadere bijzonderheden, vgl. Jean Pierre Faye (°1925), Langages totalitaires. Critique de la raison! Critique de I’économie narrative, Paris, Hermann, 1972, VIII-771 p. Voor een grondige kritiek van dit opus, vgl. mijn studie J.P. Faye’s critiek van de narratieve economie, pp. 13-6 1 in: P. Tommissen, Anti-totalitair denken in Frankrijk, Brussel: EHSAL, 1984, 155 p., n° 55-56-57 in de reeks ‘Eclectica’.

6 Tijdens Wereldoorlog I werd door Henri Barbusse (1873-1935) en enkele vrienden een internationaal tijdschrift geconcipiëerd en op 22 juli 1916 in de (communistische) krant L’Humanité in het door talrijke literatoren ondertekend manifest ‘Contre la paix injuste’ aangekondigd. Inderdaad verscheen op 11 oktober 1919 het eerste nummer van Clarté. - Bulletin français de l’ Internationale de la pensée. Dit bulletin (of zo men wil: deze krant) moest de plaats ruimen voor een heus tijdschrift met dezelfde naam doch zonder de ondertitel; het werd uitgegeven door Barbusse en Paul Vaillant-Couturier (1892-1937) en verscheen voor het eerst op 19 november 1921 als een ‘revue de critique communiste’. Drie jaar lang ijverden de medewerkers voor een Westerse revolutie volgens het Russisch model en kantten zich tegen de cultuur en de waarden van de Westerse bourgeois. Van 1924 af maakten literaire en artistieke avant-gardegroepen de dienst uit. Clarté hield in december 1927 op te bestaan.

7 L. Pauwels, De ideologische evolutie van Joris van Severen (1894-1940). Een hermeneutische benadering, leper, Studie- en Coördinatiecentrum Joris van Severen, 1999, 272 p., Jaarboek’ 3 van dat centrum; cf. p. 164 en p.2l6.

8 V. Eggermont, Ter Waarheid, aanzet tot een inhoudsanalyse, pp. 23-40 in: Gedenkboek Joris van Severen 1894-1994, Aartselaar: Nationaal Studie- en Documentatie-centrum Joris van Severen, 1994, 352 p.; cf. p. 38.

9 VgI. o.m.: Wyndham Lewis et le vorticisme. Paris, Centre Georges Pompidou. 1982. 188 p., in de reeks ‘Cahiers pour un temps’

10 W. Lewis, The Art of Being Ruled. Santa Rosa, Black Sparrow Press, (1926) 1989 (een door Reed Way Dasenbrock bezorgde voorbeeldige heruitgave), 463 p., cf. p. 119.

11 A. Mohler, Die französische Rechte. Vom Kampf um Frankreichs Ideologienpanzer. München, Isar Verlag, 1958, 86 p., nr 3 in de reeks ‘Konservative Schriften-reihe’; cf. p. 44.

12 L. Pauwels, op. cit. (vt 7), p. 164 en 216.

13 L. Pauwels, op. cit. (vt 7), p. 199 en p 239. Op p. 217 vernemen we voorts dat zich in de bibliotheek 15 werken van Valois bevonden.

14 De spilfiguur was niemand minder dan Paul Colin (1890-1943)! Vgl. o.m. Ernst Leonardy, Die internationale Debatte um den Pazifismus im Rahmen der ‘Clarté’-Bewegung 1919-1921. Beiträge aus Frankreich, Deutschland und Belgien, pp. 155-189 in: E. Leonardy en Hubert Roland (eds.), Deutsch-belgische Beziehungen im kulturellen und literarischen Bereich 1890-1940, Frankfurt a.M., Lang, 1999, 289 p., nr. 36 in de reeks ‘Studien and Dokumente zur Geschichte der Romanischen Literaturen’; cf. pp. 175-179: Paul Colin als Vermittler deutscher Kultur an die Romania und als Propagandist der ‘Clarté’-Bewegung in Deutschland.

15 1k denk o.m. aan het door RogerAvermaete (l893-1988) e.a. in Antwerpen uitgegeven tijdschrift Lumière. Cf. R. Avermaete, L’aventure de ‘Lumière’, Brussel, Arcade, 1969, 187 p.

16 W. Hermans, art. cit. (vt 2 punt a), p. 39.

17 K. Ravyts, Joris van Severen en de avant-garde in de spiegel van ‘Ter Waarheid’ (1921-1924), pp. 45-63-74: 3. De invloed van Paul Colins l’Art Libre.

18 R. Pauwels, Organisch solidarisme. Corporatisme: toen, in deze Nieuwsbrief Joris van Severen, 6e jg., 3e trimester 2002, pp. 15-21 (cf. vooral pp. 18-19).

jeudi, 06 novembre 2008

Lo unico seguro con Obama: nada fundamental cambiara

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De ganar McCain, nada tampoco habría cambiado

Ex: http://www.elmanifiesto.com/


Ni “gran día histórico”, ni “decisivo cambio para Estados Unidos y el mundo”, ni “los votantes abrazan el llamamiento por el cambio”, como titulan todos los periódicos. Nada de ello tiene que ver con la realidad. Otra cosa es que se lo hayan hecho creer a millones de individuos —y que éstos, encantados de la vida, se lo hayan creído.



Lo único seguro con Obama: nada fundamental cambiará

 

Lo mismo, desde luego, habría sucedido si el candidato conservador se hubiera hecho con la victoria. Algo, sin embargo, habría cambiado quizá en este caso: a peor, como cabía temer sobre todo desde que ese personaje denominado Sarah Palin, expresión del más ñoño conservadurismo, fue nombrada candidata a la Vicepresidencia.

¿Qué es lo que podría cambiar alguien que, en su primer discurso después de la victoria, proclama… lo obvio, lo que todos sabemos: que “llega” (pónganse a temblar los globalizados pueblos del planeta) “un nuevo amanecer de liderazgo estadounidense en el mundo”? Un nuevo amanecer en el curso del cual quedará repuesto y recuperado “el sueño americano” (algunas quiebras —reconoce indirectamente— debió, pues, de sufrir…).
El sueño americano, el american dream…: esa pesadilla de un mundo sin alma y sin sentido, sometido al Mercado, dominado por el Dinero: por esa cosa —lo estamos palpando estos días— que resulta ser un puro engendro financiero, es decir…, virtual.
El sueño americano, el american dream…: esa pesadilla aborrecible, esa visión del mundo que es precisamente lo que se trata de combatir.
El sueño americano, el american way of life…: ese modo de vida, de ser y de sentir, que también Europa, ¡ay!, ha acabado haciendo suyo. A nadie sin embargo —no deja de ser un pequeño, aunque fútil consuelo— se le ocurriría llamar a tal cosa el european way of life

Obama: le choix des minorités ethniques, de l'hyper-classe et des médias

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Obama : le choix des minorités ethniques, de l'hyper-classe mondiale et des médias

Ex: http://www.polemia.com/

Les Républicains étaient usés : marqués par l’échec de leur politique étrangère néoconservatrice en Irak, en Afghanistan et au Pakistan ; frappés de plein fouet par la crise financière et économique mondiale. L’élection comme président des Etats-Unis de Barack Obama, un métis, considéré comme « Noir » dans la terminologie américaine, n’en est pas moins un événement symbolique particulièrement important.

Explications :

C’est la défaite de l’Amérique traditionnelle et des classes moyennes blanches. Obama a été choisi par les minorités ethniques et l’hyper-classe mondiale. Il s’est imposé à l’ensemble de la population américaine grâce au puissant soutien des médias dont il a bénéficié.

Le choix des minorités ethniques

Obama s’est présenté à l’origine comme un candidat « post-racial » ; mais malgré ses ambiguïtés et grâce à sa femme Michelle (une « sister »), Obama s’est fait reconnaître comme un « frère » par les Afro-Américains. Selon les sondages, il a recueilli de l’ordre de 90% des suffrages des « Noirs », représentant 11 à 12% des électeurs.

Il s’agit là d’un vote « racial », d’autant que, dans la communauté noire, il était quasiment impossible de s’afficher, y compris sur Internet, en faveur de McCain.

Obama a aussi bénéficié du vote d’une majorité des 9 millions d’électeurs hispaniques ; ce sont d’ailleurs les électeurs hispaniques qui ont fait basculer en faveur d’Obama le Nouveau Mexique, le Nevada et la Floride.

Pour séduire les Hispaniques, Obama leur avait adressé (à la différence de McCain) des messages en espagnol, rompant ainsi avec la règle d’unité linguistique des Etats-Unis faisant de l’anglais l’un des marqueurs de l’identité américaine.

La préférence de beaucoup d’Hispaniques a aussi été largement déterminée par des raisons ethniques : cette catégorie sociolinguistique américaine est composée de métis mêlant des sangs blancs, indiens et noirs. Ils ont pu se reconnaître dans Obama, sorte de Lara Croft (1) de la vie réelle.

En outre, beaucoup d’électeurs hispaniques se sentent solidaires des travailleurs clandestins mexicains et sud-américains ; ils s’opposent ainsi aux classes populaires blanches sur la question de l’immigration ; ajoutons que les Hispaniques sont bénéficiaires, comme les Noirs, des mesures de discrimination positive dans l’accès aux universités, aux emplois et au logement (beaucoup de crédits « subprimes » – appelés ironiquement Sanchez – étaient d’ailleurs gagés sur des biens hypothécaires appartenant à des Hispaniques).

Pour les Noirs comme pour les Hispaniques, les motivations du vote ont donc souvent été à la fois ethniques et sociales.

Une autre minorité, la communauté juive, s’est aussi largement prononcée en faveur d’Obama, à 74% selon un sondage préélectoral de Gallup, d’octobre 2008 (2) . Les Etats où la communauté juive est fortement présente – côte est, Californie, Floride – ont d’ailleurs choisi Obama.

A la différence des minorités précédentes, il s’agit là d’une minorité riche puisque ses revenus moyens sont deux fois supérieurs à la moyenne américaine et trois fois supérieurs à ceux des Noirs et des Hispaniques (3) .

L’alliance « progressiste » (« libéral » au sens américain du terme) habituelle des juifs et des Noirs en faveur du parti démocrate s’est donc largement reconstituée derrière Obama ; c’est la fin de l’épisode néoconservateur qui avait vu une partie importante de la communauté juive rejoindre le camp républicain et influencer fortement la politique étrangère de George Bush.

Ces différentes données conduisent à poser en ordre de grandeur l’arithmétique suivante :

– électorat noir : 11% de l’électorat total ; 10% pour Obama, 1% pour McCain ;
– électorat hispanique : 8% de l’électorat total ; 5% pour Obama ; 3% pour McCain ;
– électorat juif : 3% de l’électorat total ; 2% pour Obama, 1% pour McCain.

Dans ces conditions, pour gagner l’élection présidentielle McCain aurait dû impérativement rassembler plus de 58% de l’électorat blanc ou asiatique (4) . Une vraie gageure, compte tenu de la puissance des soutiens financiers et médiatiques d’Obama.

Le choix de l’hyper-classe mondiale

Le sénateur républicain du New Hampshire Judd Creg l’a reconnu : « Il y a à Wall Street un courant de sympathie indéniable pour Obama. C’est en partie lié au fait que nous avons perdu nos racines » (5) .

En tout cas, Obama a bénéficié du soutien affiché des milliardaires Warren Buffett et George Soros et recueilli des fonds des patrons des principales banques d’affaires de Wall Street… avant leur disparition. Et à Chicago, sa base de départ, il a eu comme l’un de ses principaux appuis Kennett Griffin, le patron du fonds spéculatif Citadel Investment.

Et même si les médias ont complaisamment parlé des petits donateurs, l’essentiel des 660 millions de dollars collectés par Obama pour sa campagne électorale (record américain et mondial) l’ont principalement été auprès des Américains les plus fortunés.

Là aussi, l’arithmétique est parlante : des centaines de milliers de donateurs à moins de 100 dollars peuvent, certes, apporter quelques dizaines de millions de dollars mais cela représente moins de 10% du total des sommes collectées.
Le reste des dons provient des secteurs de la finance, des affaires et des lobbyistes (6)  : avec 740.000 dollars, le principal regroupement de dons vient d’ailleurs de la banque d’affaires Goldman Sachs, berceau de l’actuel secrétaire au Trésor Harry Paulson ; ce qui contribue à expliquer que le plan de sauvetage des banques présenté par Paulson a été puissamment soutenu par… Obama.
Cette mobilisation de l’argent des riches en sa faveur a permis à Obama de noyer la campagne publicitaire de John McCain dans un rapport de un à quatre, voire dans certains cas de un à huit, selon le quotidien canadien « Le Devoir  » (7). Elle lui a aussi permis de mettre en œuvre un marketing électoral très agressif sur Internet. Or, dans une élection, c’est souvent celui qui dépense le plus qui gagne !

D’autres secteurs que les milieux d’affaires de l’hyper-classe mondiale ont aussi soutenu Obama : ainsi le monde de la mode s’est engagé en faveur du sénateur de l’Illinois, conduisant le « New York Magazine » à titrer : « La récolte de fonds par la mode pour Barack Obama est en soi un mini défilé. »

Le monde de l’art contemporain et celui du rock se sont aussi engagés pour Obama tout comme la majorité des « peoples », c'est-à-dire des personnages en vue des médias.

Le succès d’Obama, c’est l’alliance de Wall Street et d’Hollywood.

Seule la country music, musique traditionnelle et européenne de l’Amérique profonde, a pris le parti de McCain et Sarah Palin.

Les Etats les plus « huppés » des Etats-Unis ont voté Obama qui a recueilli 67% des suffrages (8) dans le Vermont (lieu de villégiature des « bobos » américains) et de 62% à 63% dans le Rhode Island, le Massachussetts et le Delaware.

Le choix des médias

A la charnière de l’hyper-classe mondiale et du monde médiatique, les deux plus grands journaux financiers mondiaux, le « Wall Street Journal » et le « Financial Times » ont clairement annoncé la couleur : Obama. C’est aussi le cas, selon « Le Figaro », dont l’obamania ne s’est jamais démentie, de 70% des médias américains dont le « New York Times », le « Washington Post », le « Los Angeles Times », le « Boston Globe », le « Chicago Tribune », le « San Francisco Chronicle ».

Cette préférence des médias pour Obama n’a pas seulement été quantitative, elle a été aussi qualitative. Ainsi, selon une étude du Pew Research Center sur les médias (9)  : de début septembre à mi-octobre, 57% des articles et reportages consacrés à McCain étaient négatifs et seuls 29% positifs ; a contrario, Obama a bénéficié de 36% de reportages positifs contre 29% de négatifs.

Il est vrai qu’Obama a été vendu moins comme un candidat que comme une « marque » selon le chroniqueur Christian Salmon ; et qu’à l’occasion d’une « fictionnalisation croissante de la politique américaine », les médias lui ont laissé jouer le rôle du « conteur » et du « griot » (10) .

Dans le cadre d’une campagne parfaitement scénarisée, dont le clou a été la visite à la grand-mère malade à Hawaï, Obama s’est vu attribuer le rôle du « gentil » : à un point tel que les caricaturistes et les satiristes en sont venus à épargner de leurs traits cruels le favori de l’élection, montrant ainsi un singulier conformisme…

L’action des médias a constamment joué dans le sens d’une angélisation de Barack Obama et d’une diabolisation, sinon de McCain, du moins de sa colistière Sarah Palin.

Ainsi, les journalistes d’ « investigation » se sont beaucoup plus intéressés au gouverneur de l’Alaska qu’au sénateur de l’Illinois, pourtant produit par l’appareil démocrate de Chicago, qui n’a pas toujours été un exemple de… moralité.

La diabolisation de Sarah Palin était essentielle pour casser la capacité de McCain à mobiliser la classe moyenne blanche et les milieux chrétiens et conservateurs. A contrario, l’obamania médiatique était, elle, nécessaire pour pousser les soutiens naturels d’Obama (les Hispaniques et les Noirs) non seulement à s’inscrire sur les listes électorales, mais aussi à venir voter. La forte participation électorale du 4 novembre (au regard des habitudes américaines) montre l’efficacité de la pression médiatique.

Non sans raison, la « National Review » a observé : « C’est la fin du journalisme, au profit du média de propagande », le « Boston Herald » estimant, lui, que « le grand perdant des élections était le journalisme objectif ».

L’énorme pression médiatique – à la fois productrice et exploitante des sondages – a contribué à frapper de sidération l’électorat de l’Amérique profonde selon l’équation suivante : qu’un Noir vote Obama, c’est normal ; qu’un Blanc ne vote pas Obama, c’est parce qu’il est « raciste ».

Malgré cela, McCain est resté nettement majoritaire parmi les classes populaires et moyennes blanches : mais pour être élu, il lui aurait fallu recueillir plus de 60% de leurs suffrages : l’énorme pression médiatique en faveur d’Obama rendait une telle performance difficile, sinon impossible.

Certes, McCain a emporté la majorité dans huit des douze Etats où les Blancs représentent encore plus de 90% de la population (11) et c’est dans le Wyoming (66%), l’Utah (61%) et l’Idaho (51%) qu’il a réalisé ses meilleurs scores : mais la victoire dans trois de ces petits Etats (ainsi qu’au Nebraska, au Dakota du Nord, au Kentucky et en Virginie occidentale) ne pouvait évidemment suffire à faire la décision en sa faveur.

Une élection symbolique

Le mondialisme triomphant poursuit depuis longtemps deux objectifs symboliques :

– le couronnement d’un pape sud-américain : l’élection de Benoît XVI en 2005 ne l’a pas permis ;
– l’élection d’un président « noir » aux Etats-Unis : c’est chose faite.

Obama représente l’archétype de l’idéologie mondiale unique (IMU) : métis, mondialiste, social-démocrate, de gauche, « antiraciste ». Il est l’élu de l’Amérique des minorités assistées et de l’hyper-classe mondiale assujettissant les classes moyennes blanches.

Les différents bénéficiaires des « subprimes » ont mêlé leurs votes pour lui : les insolvables qui ne peuvent rembourser leurs prêts, et les financiers qui ont « titrisés » ces dettes pour transférer les défaillances de paiement aux épargnants et aux contribuables de l’Amérique profonde et du monde entier.

De la promesse du changement à la tyrannie du statu quo

Usant d’une figure classique de la rhétorique électorale, Obama a fait campagne sur le thème du changement. Mais il va très vite se heurter à la tyrannie du statu quo.

En politique étrangère, les engagements précis et solennels qu’il a pris devant l’AIPAC (l’American Israel Public Affairs Committee) (12) lui interdisent tout changement notable au Proche-Orient et limitent sa marge de manœuvre sur l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan, la Syrie et l’Iran.

En politique économique, la fuite en avant est aussi inéluctable : comment financer, sinon à crédit, les baisses d’impôts promises (pour tous les Américains gagnant moins de 250.000 dollars annuels) et les dépenses sociales annoncées, pour faire accéder tous les membres des minorités au « rêve américain » ? L’endettement de l’Etat américain d’un côté, de l’Amérique vis-à-vis du reste du monde, de l’autre, va donc se poursuivre. Jusqu’à quand ?

Obama est le premier président américain noir. Mais il n’est pas le premier Noir à exercer de hautes responsabilités politiques aux Etats-Unis. De nombreux maires de grandes villes et des gouverneurs d’Etat sont noirs : prisonnière d’un clientélisme à base d’aide sociale et de militantisme associatif, leur gestion est rarement performante, comme l’a rappelé le cyclone Katrina : les autorités de la Nouvelle-Orléans s’étant révélées particulièrement peu efficaces.

Le risque existe d’une transposition de cette situation au niveau fédéral.

En élisant Obama, les Etats-Unis ont cédé à l’emballement d’une bulle médiatique. L’économiste noir conservateur Thomas Sowell décrit ainsi la situation : « Après le grand pari sur les “subprimes” qui ont conduit à la crise financière actuelle, voilà un pari plus gros encore, consistant à confier les rênes de la nation à un homme qui a pour seule qualification l’égo et la bouche » (13). .

En élisant Obama, les Etats-Unis ont aussi rompu avec ce que Samuel Huntington (14) considère comme des éléments fondamentaux de leur identité : un pays d’origine européenne, de culture anglo-saxonne, de langue anglaise.

Leur puissance y survivra-t-elle ? Les lendemains déchanteront !

Polémia
05/11/08

Notes :
(1)     Personnage de jeux vidéos destinés à être vendus dans le monde entier, Lara Croft synthétise les traits physiques des différentes races humaines.
(2)     http://www.gallup.com/poll/111424/Obama-Winning-Over-Jewi....
(3)     « Les Juifs américains », par André Kaspi, Plon, 2008 :
http://www.polemia.com/article.php?id=1642.
(4)     L’électorat asiatique étant traditionnellement réservé par rapport à la communauté noire, d’autant que les Américains d’origine asiatique sont, comme les Blancs, victimes de la discrimination positive. Le poids des votes de la minorité indienne (1%) et de la minorité arabe (en partie chrétienne) est difficile à apprécier.
(5)     « Pourquoi Wall Street parie sur Obama », « Les Echos », 31 octobre 2008 :
http://elections-americaines.lesechos.fr/article.php?id_a....
(6)     « Le Devoir », 28 octobre 2008 :
http://www.ledevoir.com/2008/10/28/212857.html
(7)     « L’argent fait-il le vote ? » :
http://www.ledevoir.com/2008/10/31/213365.html
(8)     Selon des résultats non encore définitifs.
(9)     http://journalism.org/node/13307.
(10)   Christian Salmon, « La “second life” du politique », « Le Monde », 1er novembre 2008.
(11)   Selon l’infographie du journal « Le Monde ».
(12)   http://www.polemia.com/article.php?id=1690.
(13)   http://townhall.com/columnists/ThomasSowell/2008/10/31/eg....
(14)   « L’identité nationale selon Huntington » :
http://www.polemia.com/article.php?id=1392.

Les Juifs américains par André Kaspi, Plon, 2008,
http://www.polemia.com/article.php?id=1642.

L’électorat asiatique étant traditionnellement réservé par rapport à la communauté noire, d’autant que les Américains d’origine asiatique sont, comme les Blancs, victimes de la discrimination positive. Le poids des votes de la minorité indienne (1%) et de la minorité arabe(en partie chrétienne) est difficile à apprécier.

Pourquoi Wall Street parie sur Obama, Les Échos, 31 octobre 2008,
http://elections-americaines.lesechos.fr/article.php?id_a....

Le Devoir, 28 octobre, 2008, http://www.ledevoir.com/2008/10/28/212857.html

« L’argent fait-il le vote ? » http://www.ledevoir.com/2008/10/31/213365.html

Selon des résultats non encore définitifs.

Christian Salmon, « La "seconde life" du politique », Le Monde, 1er novembre 2008

Selon l’infographie du journal Le Monde.

L’identité nationale selon Huntington, http://www.polemia.com/article.php?id=1392.

 

Polémia

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Euro-mondialisme; Kouchner pour un partenariat tous azimuts avec les Etats-Unis

Ces 2 révolutionnaires d'opérette, à l'aise dans les lambris dorés des ministères ou des assemblés, sont d'authentiques néo-conservateurs américanolâtres

Ces deux révolutionnaires d'opérette, à l'aise dans les lambris dorés des ministères ou des assemblées, sont d'authentiques néo-conservateurs américanolâtres

Euro-mondialisme: le néo-conservateur Kouchner prône un renforcement du partenariat dans tous les domaines avec les USA

Ex: http://www.nationspresse.info

Le lundi 3 novembre, 27 ministres des Affaires Étrangères de l’Union Européenne se sont réunis à Marseille afin d’élaborer une politique de partenariat privilégié et étroit avec les Etats-Unis. Alors que l’Union Européenne (UE) prétendait incarner  un contrepoids efficace face à l’hégémonie nord-américaine, nous assistons à une nouvelle progression de l’euro-mondialisme et de l’effacement consenti de nos diverses nations européennes.

On sait que le frénétique et versatile Nicolas Sarkozy assure la présidence tournante de l’Union Européenne pour une durée de 6 mois avant de la passer à son homologue tchèque, l’eurosceptique Vaklav Klaus. Lors de ce sommet “européen” de Marseille, le bouillant et médiatique Bernard Kouchner s’est fait remarquer par des déclarations dithyrambiques vis à vis des Etats-Unis. Lors de la rencontre informelle d’Avignon en septembre 2008, le néo-conservateur Bernard Kouchner nous avait expliqué avec emphase que “le monde avait évolué et changé”. Son but était d’élaborer un document commun aux 27 pays de l’UE, dans lequel l’Europe s’engageait à renforcer son partenariat transatlantique.

Lors d’une conférence de presse tenue conjointement avec l’espagnol Javier Solana, haut représentant de l’UE pour la Politique Étrangère et de Sécurité Commune (PESC) et l’autrichienne Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne en charge des Relations Extérieures avec l’UE, Bernard Kouchner a dévoilé 5 axes majeurs de ce document de 6 pages. Pourtant ce document ne devait pas être rendu public avant sa finalisation et avant de connaître le nom du futur locataire de la Maison Blanche à Washington. Les 5 axes en question sont : le multilatéralisme, (un leurre hypocrite), le Moyen-Orient (toujours les mêmes obsessions), l’Afghanistan et le Pakistan (tiens donc, un nouveau champ de bataille en perspective), la relation avec la Russie (avec Poutine et Medvedev, il y a du pain sur la planche !)  et enfin l’attitude vis à vis de nations émergentes comme la Chine, l’Inde, le Brésil (les délocalisations dans ces contrées se multiplieront inéluctablement). Ce document est qualifié par Kouchner “de boîte à outils” que les Européens utiliseront à leur guise selon leurs conceptions propres.

Examinons maintenant le contenu de la logorrhée pro-américaine du bon Docteur Kouchner. Il évoque une notion floue et mensongère : le “multilatéralisme”. Ce néologisme barbare et hypocrite ne parvient pas à masquer la réalité géopolitique des Etats-Unis dont l’hégémonie impérialiste et belliqueuse ira en s’accroissant. Ce néo-conservateur flatte outrageusement les Etats-Unis : “un très grand pays”, “une puissance majeure mais non dominante”. En même temps il nous présente ce “multilatéralisme” comme une issue inéluctable avec la mondialisation et la crise financière. Continuant son charabia creux et soixante-huitard, Kouchner a déclaré “qu’aucun pays ne décide seul”, “les pays se concertent”, “nous n’imposons pas”, “nous sommes des partenaires qui exposent notre vision”. Pourtant il a eu le culot de nous parler “d’une vraie existence physique de l’Europe”.

Les euro-mondialistes Javier Solana et Benita-Ferrero-Waldner ont évoqué benoîtement une réunion “consensuelle” et ont de nouveau exprimé leur souhait qu’Européens et Américains continuent d’entretenir des relations privilégiées afin d’intensifier un travail commun sur les dossiers internationaux.

Bref, l’Union Européenne est un gadget coûteux et dangereux qui accélère la dissolution de nos États nations dans un magma mondialiste et internationaliste, dans lequel notre facteur bobo de Neuilly se retrouve comme un poisson dans l’eau.

La preferencia de nosostros mismos

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La preferencia de nosotros mismos

Alberto Buela (*)

En un artículo memorable El conflicto dólar-oro y la revolución
mundial (1966)  el cura Meinvielle, quien tuvo la rara capacidad de
distinguir las apariencias de la realidad sostuvo que:
" Es el caso actual del dólar como moneda internacional ( en esa época
ya, de facto,  sin respaldo en el oro) que no hace sino absorber la
riqueza de los países, sobre todo los menos desarrollados".
Poco tiempo después su premonición se cumplió pues en agosto de 1971
el presidente Nixon anuló la convertibilidad dólar-oro a 35 dólares la
onza troy tal como lo habían fijado los acuerdos de Bretón Woods en
1944 y comenzó a instalarse "la burbuja financiera y el dinero casino"
que denunciara hace ya once  años el economista chivilcochino Miguel
Angel Gago en el número 13 de la revista Disenso de 1997. Burbuja que
estalló hace un mes con un costo tan millonario en dólares, que se
hace  impensable para una cabeza común. El quiebre de la banca de los
"hermanitos Lehman" fue el disparador.

Pero… ya salieron los tontos de capirote, stultorum infinitus numerus
est, a perorar acerca de cómo salir del entuerto.
Los gobiernos más serios han propuesto un blindaje a sus empresas e
industrias,(Francia y Alemania) otros menos, un mayor control de sus
bancos y financias,(Inglaterra y España) mientras que, los poco
serios, manotean los ahorros privados y todo los que le quede a mano.
Ahora bien, el asunto fundamental, la causa de toda esta crisis
mundial del capitalismo casino ya fue denunciada por el general De
Gaulle en una famosa conferencia del 4 de octubre de 1965 donde
sostuvo que el drenaje de oro de los Estados Unidos iba a terminar con
el sistema monetario internacional y el predominio financiero mundial
del dólar.

El problema consistía, como muy acertadamente lo relata Meinvielle, en
si una economía como la usamericana con un fuerte aparato productor,
pero con reservas en oro que se debilitan en forma constante, puede
predominar sobre una economía como la europea con un fuerte respaldo
en oro pero no con tan fuerte aparato productor.
De hecho ha primado, las pruebas están a la vista,  la impresionante
capacidad productiva sobre la financiera. Lo que ha ocurrido ahora en
el interior del mercado usamericano es que la formidable capacidad
tecnológica, produjo más de lo que se puede adquirir, primó sobre el
poder financiero que se vio obligado a prestar aun en condiciones de
"no devolución" para mantener el consumo y los intereses mayúsculos
que sobre "el consumo inducido" percibía.

Pero… los tontos, siempre los tontos ya salieron a perorar. Así el
ingenuo de Obama propone como solución que los financistas de Wall
Street, los padres de este gran zafarrancho, ganen menos, que resignen
a sus voluminosas ganancias. O nuestro telúrico Daniel Larriqueta en
la Nación diario, se suma al mensaje de un ideólogo del mundialismo
como lo es Jacques Attali, que nos propone un Gobierno Mundial, pues
afirma: "Tenemos finanzas mundiales pero sin un Estado de derecho
mundial".

Es cierto que esta crisis extraordinaria del sistema
económico-financiero internacional está demostrando que existe una
insuficiencia de respuestas políticas y una incapacidad de los agentes
políticos para resolverla. Pero de allí a proponer la creación de un
Estado Mundial es un verdadero despropósito.

El mundo siempre va a ser más grande que los Estados Unidos y sus
intereses, afirmaba hace ya muchos años Carl Schmitt. Lo que puede
llegar a dejarnos esta fenomenal crisis es la enseñanza de que el
mundo no es un universo sino mas bien un pluriverso. Es decir, que
existen muchas y variadas versiones y visiones de lo que sea el mundo.
Hoy, específicamente, Suramérica ya tendría que estar trabajando sobre
una moneda única, al menos para Brasil y Argentina con un respaldo
sobre sus commodities, y así lograr una moneda fuerte y respetada en
el mundo.  En el funcionamiento efectivo del Banco del Sur, dejando de
lado la parodia brasileña de un "banquito" y crear un "banco fuerte"
como propone Venezuela. En la protección de sus industrias
estratégicas y sus fuentes de recursos históricos. En la construcción
de un mercado interno regional de carácter autocentrado con la
estimulación del consumo de sus propios productos. El lema sería el
del viejo economista Aldo Ferrer de: Vivir con lo nuestro.

Y por qué Suramérica y no Argentina sola, porque no alcanza nuestro
volumen de negocios (nuestro PBI anual es de solo 300.000 millones de
dólares, o sea, menos de la mitad de lo que dispuso Estados Unidos
para auxiliar a los "hermanitos Lehman y Cía"). Porque solos no
tenemos ningún peso en el mercado financiero internacional. Porque, en
definitiva, carecemos de agentes políticos y económicos que
privilegien lo nuestro y defiendan nuestro dinero y nuestras cosas.
(tenemos 260.000 millones de dólares de particulares depositados en el
exterior). La única posibilidad de existencia de una burguesía
nacional la teníamos en los contratistas del campo, que con seguridad
son el único sector de la economía que no lleva sus ahorros afuera,
pero, para no ser menos, la castigamos con medio año de incomprensión
y medidas desatinadas.

Hoy las burguesías de Brasil, Israel y España están más preocupadas
por nuestro destino (y sus intereses acá) que nosotros mismos.
En medio de esta catástrofe internacional vivimos en un limbo interior
de problemas caseros y de cabotaje sin lograr la toma de ninguna
medida apropiada a las circunstancias desgraciadas que padecemos y que
están licuando todos los días nuestros ahorros. Como gran genialidad
le preguntamos qué hacer a economistas como Mario Blejer quien primero
es ciudadano israelí, luego norteamericano y finalmente argentino.
Política y culturalmente hemos abandonado el principio de existencia
que es "la sana preferencia de nosotros mismos y de nuestros intereses
primarios".



(*)
alberto.buela@gmail.com

L'aristocrate et le baron: parallèles entre Jünger et Evola

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L'aristocrate et le baron: parallèles entre Jünger et Evola

 

Quel effet aurait eu Le recours aux forêts d'Ernst Jünger s'il avait été traduit vingt ans plus tôt, soit en 1970 plutôt qu'en 1990, avec son titre actuel, Traité du Rebelle? On l'aurait sans doute vendu à des dizaines de milliers d'exemplaires et serait devenu l'un des livres de chevet des contestataires, et puis sans doute aussi des terroristes italiens des “années de plomb”, les rouges comme les noirs. Et aujourd'hui, nous verrions sans doute un jeune essayiste ou un fonctionnaire besogneux des services secrets se pencher et théoriser le rapport direct, encore que non mécanique, entre les thèses exposées par Jünger dans ces quelque cent trente pages d'une lecture peu facile, et la lutte armée des Brigades Rouges ou des NAR...

 

Pas de doute là-dessus. En fait, le petit volume de Jünger, publié en 1951, s'adresse explicitement à ses compatriotes, mais aussi à tous ceux qui se trouve dans une situation identique, celle de la soumission physique et spirituelle à des puissances étrangères. Dans cet ouvrage, Jünger fait aussi directement et indirectement référence à la situation mondiale de 1951: division de la planète en deux blocs antagonistes, guerre de Corée, course aux armements, danger d'un conflit nucléaire. Mais en même temps, il nous donne des principes qui valent encore aujourd'hui et qui auraient été intéressants pour les années 70. Enfin, ce livre nous donne également une leçon intéressante sur les plans symboliques et métaphysiques, sans oublier le plan concret (que faire?). En conséquence, le lecteur non informé du contexte court le danger de ne pas comprendre les arguments du livre, vu son ambiguité voulue (je crois que Jünger a voulu effectivement cette ambiguité, à cause du contexte idéologique et international dans lequel il écrivait alors). L'éditeur Adelphi s'est bien gardé d'éclairer la lanterne du lecteur. Il a réduit ses commentaires et ses explications aux quelques lignes de la quatrième de couverture. Les multiples références de Jünger aux faits, événements et personnalités des années 50 restent donc sans explications dans l'édition italienne récente de cet ouvrage important. Dans l'éditorial, on ne trouve pas d'explication sur ce qu'est la figure de l'Arbeiter, à laquelle Jünger se réfère et trace un parallèle. Adelphi a traduit Arbeiter par Lavoratore et non pas Operaio  qui est le terme italien que les jüngeriens ont choisi pour désigner plus spécifiquement l'Arbeiter dans son œuvre. Même chose pour le Waldgänger que l'on traduit simplement par Ribelle.

 

Sua habent fata libelli.  Le destin de ce petit livre fait qu'il n'a été traduit en italien qu'en 1990, ce qui n'a suscité aucun écho ou presque. Il a été pratiquement ignoré. Pourtant, si l'on scrute bien entre les lignes, si l'on extrait correctement le noyau de la pensée jüngerienne au-delà de toutes digressions philosophiques, éthiques, historiques et finalement toutes les chroniques qui émaillent ce livre, on repèrera aisément une “consonance” entre Der Waldgang (1951) et certains ouvrages d'Evola, comme Orientations (1950), Les hommes au milieu des ruines (1953) et Chevaucher le tigre  (1961). On constatera que c'est le passage des années 40 aux années 50 qui conduisent les deux penseurs à proposer des solutions assez similaires. Certes, on sait que les deux hommes avaient beaucoup d'affinités mais que leurs chemins ne se sont séparés sur le plan des idées seulement quand Jünger s'est rapproché de la religion et du christianisme et s'est éloigné de certaines de ses positions des années 30. Tous deux ont développé un regard sur le futur en traînant sur le dos un passé identique (la défaite) qui a rapproché leurs destins personnels et celui de leurs patries respectives, l'Allemagne et l'Italie.

 

Pour commencer, nous avons soit l'Anarque, soit celui qui entre dans la forêt, deux figures de Jünger qui possèdent plusieurs traits communs avec l'apolitieia évolienne. Cette apolitieia  ne signifie pas se retirer de la politique, mais y participer sans en être contaminé et sans devenir sot. Il faut donc rester intimement libre comme celui qui se retire dans une “cellule monacale” ou dans la “forêt” intérieure et symbolique. Il faut rester intimement libre, ne rien concéder au nouveau Léviathan étatique, tout en assumant une position active, en résistant intellectuellement, culturellement. “La forêt est partout” disait Jünger, “même dans les faubourgs d'une métropole”. Il est ainsi sur la même longueur d'onde qu'Evola, qui écrivait, dans Chevaucher le Tigre que l'on pouvait se retirer du monde même dans les endroits les plus bruyants et les plus aliénants de la vie moderne.

 

Face à une époque d'automatismes, dans un monde de machines désincarnées, Evola comme Jünger proposaient au début des années 50 de créer une élite: “des groupes d'élus qui préfèrent le danger à l'esclavage”, précisait l'écrivain allemand. Ces groupes élitaires, d'une part, auront pour tâche de critiquer systématiquement notre époque et, d'autre part, de jeter les bases d'une nouvelle “restauration conservatrice” qui procurera force et inspiration aux “pères” et aux “mères” (au sens goethéen du terme). En outre, le Waldgänger,  le Rebelle, “ne se laissera pas imposer la loi d'aucune forme de pouvoir supérieur”, “il ne trouvera le droit qu'en lui-même”, tout comme la “souveraineté” a abjuré la peur en elle, prenant même des contacts “avec des pouvoirs supérieurs aux forces temporelles”. Tout cela amène le Rebelle de Jünger très près de l'“individu absolu” d'Evola. Etre un “individu absolu”, cela signifie “être une personne humaine qui se maintient solide”. Le concept et le terme valent pour les deux penseurs. Contre qui et contre quoi devront s'opposer les destinataires de ce Traité  et de ces Orientations?  L'ennemi est commun: c'est la tenaille qui enserre l'Europe, à l'Est et à l'Ouest (pour utiliser une image typique d'Evola): «Les ennemis sont aujourd'hui tellement semblables qu'il n'est pas difficile de déceler en eux les divers travestissements d'un même pouvoir», écrivait Jünger. Pour résister à de tels pouvoirs, Jünger envisage l'avènement d'un “nouveau monachisme”, qui rappelle le “nouvel ordre” préconisé par Evola, qui n'a pas de limites nationales; le rebelle doit défendre “la patrie qu'il porte dans son cœur”, patrie à laquelle il veut “restituer l'intégrité quand son extension, ses frontières viennent à être violées”. Ce concept va de paire avec celui de la “patrie qui ne peut jamais être violée” d'Evola, avec son invitation impérative de bien séparer le superflu de l'essentiel, d'abandonner le superflu pour sauver l'essentiel dans les moments dangereux et incertains que vivaient Allemands et Italiens en 1950-51. Mais cette option reste pleinement valide aujourd'hui...

 

Le Zeitgeist,  l'esprit du temps, était tel à l'époque qu'il a conduit les deux penseurs à proposer à leurs contemporains des recettes presque similaires pour résister à la société dans laquelle ils étaient contraints de vivre, pour échapper aux conditionnements, aux mutations et à l'absorption qu'elle imposait (processus toutefois indubitable, malgré Evola, qui, à la fin des années 50, a émis un jugement négatif sur Der Waldgang).  «Entrer en forêt» signifier entrer dans le monde de l'être, en abandonnant celui du devenir. «Chevaucher le Tigre», pour ne pas être retourné par le Zeitgeist; devenir “anarque”, maître de soi-même et de sa propre “clairière” intérieure; pratiquer l'apolitéia  sans aucune compromission. Regarder l'avenir sans oublier le passé. S'immerger dans la foule en renforçant son propre moi. Affronter le monde des machines et du nihilisme en se débarrassant de cette idée qui veut que la fatalité des automatismes conduit nécessairement à la terreur et à l'angoisse. Entreprendre “le voyage dans les ténèbres et l'inconnu” blindé par l'art, la philosophie et la théologie (pour Julius Evola: par le sens du sacré). Tous ces enseignements sont encore utiles aujourd'hui. Mieux: ils sont indispensables.

 

Gianfranco de TURRIS.

(article paru dans Area,  avril 98; trad. franç. : Robert Steuckers).

mercredi, 05 novembre 2008

Le parti turc de Bulgarie accusé d'attiser un conflit ethnique

Le parti turc de Bulgarie

accusé d’attiser un « conflit ethnique »

 

Ahmed Dogan

Trouvé sur : http://www.nationspresse.info

En Bulgarie, le LDP (Mouvement pour les droits et les libertés), le fameux parti turc, qui entretient des liens étroits avec l’AKP de l’islamiste turc Erdogan, est accusé d’attiser un « conflit ethnique ».

L’accusation ne vient pas de la mouvance nationaliste d’Ataka, mais du très européiste Boïko Borisov, maire de Sofia et figure emblématique du mouvement des Citoyens pour le Développement Européen de la Bulgarie (GREB). Ahmed Dogan, le chef du LDP, est ouvertement mis en cause depuis quelques jours. Il préparerait une sorte de stratégie de la tension, comparable à celle utilisée par les extrémistes albanais du Kosovo dans les années 80 contre les Serbes, afin de riposter contre sa possible mise à l’écart du pouvoir dans les mois à venir.

Cette affaire intervient après qu’Ahmed Emin, chef du cabinet politique du chef de file du LDP ait été retrouvé mort, vraisemblablement suicidé, le 17 octobre dernier. De son côté, Dogan a pour sa part accusé des proches du gouvernement de Sofia d’être à l’origine de ces tensions, voire d’un complot anti-turcs : « Le scénario monstrueux est en cours : une tension ethnique monte, une campagne anti-turque est attisée, on évoque l’idée des turcs voleurs opposés à l’Etat », a-t-il affirmé au journal Troud.

Voilà qui remet clairement en cause le « modèle ethnique bulgare » de « cœxistence intercommunautaire apaisée » avancé par les réseaux européistes comme la Fondation Robert Schuman. La Bulgarie, pays de plus de 6,6 millions d’âmes, présente une minorité turcophone musulmane forte d’environ 800.000 personnes, et qui revendique un statut ethno-religieux particulier.

Crise ou fin d'un monde?

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Crise ou fin d’un monde ?

Observateurs, exégètes et « experts » de tous poils livrent leurs analyses et commentaires sur l’évolution chaotique de la finance internationale et ses conséquences économiques. On y retrouve beaucoup de lieux communs et de rares vues originales. Seules ces dernières, évidemment, méritent l’intérêt.

Tout d’abord, est-on devant une crise liée à la nature même du système capitaliste spéculatif, basé sur le gain maximal des détenteurs de capitaux (à ne pas confondre avec le capitalisme productif, basé sur le réinvestissement des gains dans l’appareil de production, tant en ce qui concerne les salaires que les équipements). C’est ce que laisse entendre l’expression « la fin d’un monde » utilisée par Sarkozy… à ceci près que ce monde est le sien et qu’il fera donc tout pour le sauvegarder et le pérenniser. Alain de Benoist (entretien donné à L’Esprit européen le 10 octobre 2008) estime, lui, qu’ « avec la crise financière actuelle, il ne fait pas de doute que nous sommes devant une crise conjoncturelle, correspondant à une rupture de la pertinence logique et de la cohérence dynamique de l’ensemble du système ». Mais, précisément, une « rupture de la pertinence logique et de la cohérence dynamique de l’ensemble du système » n’est-elle pas le symptôme d’un échec dû à l’essence même du système, lequel doit être mis en accusation sur les effets pervers de son fonctionnement, certes, mais, plus encore, sur les causes non moins perverses qui donnent de telles conséquences ? Autrement dit, la crise, structurelle et non conjoncturelle, n’est-elle pas la démonstration de la nocivité profonde du capitalisme spéculatif en tant que tel, en raison même de sa nature ? C’est, en tout cas, notre point de vue. Ce qui conduit, bien sûr, à mener un combat sans concession, total et permanent, contre ce capitalisme spéculatif destructeur du destin des personnes, des communautés, des peuples.

Ce qui est fondamental dans la crise actuelle c’est qu’elle contraint, qu’on le veuille ou non, à ce que Daniel Cohen appelle un « révisionnisme » des dogmes du libéralisme tels qu’ils faisaient autorité jusqu’à date récente. Cohen, professeur d’économie à l’Ecole normale supérieure, auteur, entre autres, de Trois leçons sur la société post-industrielle (Seuil, 2006), a tiré la sonnette d’alarme dès le mois de mars dernier, après le rachat de la banque d’affaires Bear Stearns, en plein naufrage, par la banque JP Morgan. Il déclarait : « Le château de cartes s’effondre (…) La défiance engendre la défiance et le système financier s’installe dans un cercle vicieux ». Constatant l’effondrement de l’édifice idéologique libéral (« le dogme de la main invisible et de l’autorégulation du capitalisme, la liquidation de l’Etat, le « laisser-faire » dans les marchés financiers ») Le Monde 2 (18 octobre 2008) a demandé à Cohen comment il interprétait la crise.

Celui-ci rappelle tout d’abord, à juste titre, comment le monde économique occidental fonctionnait, depuis les années 1980, sur le modèle de la « révolution financière » (la dérégulation du marché financier) voulue par Ronald Reagan et Margaret Thatcher (deux personnages adulés par certains hauts responsables de la « droite nationale » en France…). Ce choix d’orientation avait évidemment conduit à jeter aux oubliettes la politique de Keynes qui, après la tornade de 1929, avait permis de remonter la pente. En reposant sur quelques principes simples et clairs : « La politique économique, la politique monétaire, la politique budgétaire peuvent réguler les cycles économiques, soutenir la consommation et la demande donc la production, tendre à l’équilibre du plein emploi ». Des principes, soit dit entre parenthèses, qu’appliquèrent l’Allemagne nationale-socialiste et l’Italie fasciste – ce que nos économistes actuels oublient évidemment de rappeler…

La ligne keynesienne exige que la fonction politique joue son rôle de puissance souveraine pour contrôler et guider la fonction économique, afin que celle-ci reste dans son rôle d’outil au service de la communauté. Cette conception  a été battue en brèche dans les années 1980 par les thèses de Milton Friedman et de l’école de Chicago, préconisant l’inactivité de l’Etat comme principe de régulation de l’économie puisque « le marché dérégulé est posé comme infaillible, le chômage comme naturel ».  « Il est sûr », note Cohen, « que la vogue pour ces théories, ce « fondamentalisme du marché » (…) a beaucoup joué dans le développement d’un capitalisme financier laissé à lui-même ».  Cette tendance a été largement favorisée par l’arrivée d’Alan Greenspan à la direction de la Réserve fédérale américaine : « Il va autoriser l’argent facile, libérer des liquidités considérables qui vont favoriser les opérations à haut risque financées à crédit. La finance du marché va fabriquer une nouvelle intermédiation financière totalement affranchie des règles qui pesaient sur le système financier classique ». Toute une mythologie s’est construite autour de Greenspan et de ses épigones, financiers et traders de Wall Street, présentés comme des génies de la finance, les héros d’un capitalisme triomphaliste, affichant un cynisme satisfait : « Ils se comportaient avec l’arrogance de nouveaux riches », constate Cohen, mariant « avidité » et « inconscience ». Notons au passage que, compte tenu des origines de Friedman, de Greenspan et de nombre des principaux acteurs de la vie financière américaine et internationale (y compris au FMI avec Strauss-Kahn), certains membres de la communauté juive, tant aux Etats-Unis qu’en France, s’inquiètent de voir surgir une éventuelle poussée d’antisémitisme, comme il y en eut à l’occasion de chaque grande crise.

Le résultat de ce gâchis est facilement prévisible. Si certains espèrent soit une rapide apocalypse frappant le système capitalisme soit, pour d’autres, une résorption rapide et complète de la crise, l’évolution la plus probable est une détérioration progressive de la situation économique, sociale et politique, la récession provoquant blocage des crédits, donc asphyxie de nombre d’entreprises, faillites, forte accélération du chômage, avec les conséquences désastreuses que cela implique sur la vie quotidienne d’un grand nombre de familles. Structures de production et de distribution défaillantes, tant sur le plan énergétique (électricité et carburants) qu’alimentaire, institutions aux abonnés absents (besoins dans le domaine de la santé ou de la sécurité n’étant plus assurés), affirmation croissante d’identités ethniques et de communautarismes se dressant contre une France perçue comme l’ennemi (voir la Marseillaise sifflée et les drapeaux africains brandis comme signes de reconnaissance) : une situation pré-révolutionnaire a de fortes chances de s’installer dans les mois et les années qui viennent.

Comment une telle réalité sera-t-elle vécue par les Gaulois ayant perdu leur statut de consommateurs repus enfermés dans leur tranquille égoïsme ?

Certains moutons vont-ils oser devenir loups ? Ce serait un effet éminemment bénéfique de la crise.

Pierre VIAL

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L'aréopostale ou l'esprit du désert

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L'AéROPOSTALE OU L'ESPRIT DU DéSERT

 

Une figure littéraire et intellectuelle telle que celle de Joseph Kessel a trop peu souvent abordée, sauf, hélas, pour des commentaires trop conventionnels. Et pour cause, ce personnage, juif russe né en Argentine en 1898, ayant pris part dans le camp français lors du prernier conflit mondial, volontaire pour l'expédition française en Sibérie, grand-reporter lors de l'insurrection irlandaise de 1920, gaulliste aviateur dans les FFL à la carrière d'écrivain couronnée par sa réception à l'Académie Française en novembre 62, et mort en 1979 célébré dans toutes les écoles pour son Lion,  laisse perplexe et désoriente. Et pourtant...

 

Et pourtant la récente réédition chez Gallimard (collection Folio) du document Vent de Sable, histoire d'une rencontre avec l'excellence humaine, incarnée par l'héroïsme au quotidien des pilotes à tout à faire de l'Aéropostale, totalise un éclatant message de nietzschéisme ordinaire, aisément assimilable et à la méditation fort profitable pour tous.

 

un éclatant message de nietzschéisme ordinaire

 

L'Aéropostale, une aventure française (la dernière peut-être...) inaugurée le 25 décembre 1918 par le projet apparemment fou pour l'époque de M. Latécoëre de rallier Toulouse au Maroc puis à Dakar afin d'acheminer le courrier vital à la liaison métropole- empire saharien. Il faudra quatre années et des souffrances indescriptibles pour assurer enfin le raccord tant espéré. C'est cette histoire que nous retrace Kessel, un voyage entre Casablanca et Dakar, auquel il prit part et qui lui fit rencontrer, pour mieux se révéler à lui-même, la phalange exceptionnelle des héros qu'étaient les «gars» de l'Aéro, anonymes pour la plupart: Lécrivain, Reine, Serre, Daurat, Riguelle, Nubade et tant d'autres, célébrissimes pour quelques rares élus: Mermoz, Saint-Exupéry. Traversant le Sahara, passant successivement par Casa, Agadir, Fort Luby, Villa Cisneros, Nouakchott, Kessel fera la découverte d'une véritable armée de chefs, mécanos, pilotes, ingénieurs, relais dans le désert, traducteurs, tous régis par la même discipline cruciale qu'impose le désert aveugle, guerriers sans armes, aventuriers mystiques menés par l'élan de la jeunesse et les souvenirs des «cadavres sacrés» des hommes disparus pour la ligne.

 

Des hommes dont la seule noblesse est le service

 

De fait, Kessel s'attache plus à immortaliser le style de ces hommes héritiers des Guynemer, Fonck ou Nungesser, qu'user sa plume à célébrer les charmes cruels des sables brûlants de l'Ouest Saharien. Des hommes, tout au plus âgés de trente ans, presque des enfants, emplis d'un lyrisme simple, purs, vierges de l'influence néfaste des villes surpeuplées, animés par un sentiment de devoir quasi-religieux d'acheminer à bon port les précieux sacs postaux. Une foi dénuée de toute réflexion, nourrie par l'expérience, la fascination des espaces immaculés que saura si justement restituer Saint-Exupéry dans Terre des hommes  ou Vol de Nuit  (un prochain portrait littéraire de NdSE sera consacré à la figure d'Antoine de Saint-Exupéry), et que Kessel ressentira comme une catharsis fiévreuse imposée par la peur de la panne, la mise à mort par les rebelles maures, la soif étouffante, le soleil implacable, l'immensité désertique, le Rio de Oro («fleuve d'or») chanté par les garnisons espagnoles du Sahara Occidental.

 

Dans cette nudité absolue, détaché du monde moderne, Kessel redécouvre les vertus nées de 14 qu'il avait déjà relatées dans son livre L'Equipage, la fraternité exempte d'intérêt, «la camaraderie immédiate qui est le propre des hommes qui vivent dans le danger», le charme des risque-tout «pour le coup», la franche gaieté de ceux qui en reviennent, le souvenir recueilli mais sans voyeurisme de ceux qui sont tombés. Une philosophie de l'être excluant tout sens du tragique car vécu par des hornmes dont la seule noblesse est le service, et le destin, si capricieux pourtant, sans cesse nargué, méprisé.

 

Certains passages, dans un esprit éminemment proche de celui de Saint-Ex (qui à l'époque venait de publier Courrier Sud), percent à jour dans un style fluide et épuré l'intimité de cette caste nouvelle ayant dormé une âme à la mécanique, à l'inconnu qui ne connaîtra jamais les mille périls encourus par ces postiers de l'impossible.

 

«Ici le vertige de la vitesse et, surtout, le magnétisme, le sens du danger troublent ceux qui sont attirés sur des sables ou des fleuves inconnus, par le jeu éternel de la vie et de la mort (...) Ils ne portaient pas d'uniforme, chacun était vêtu à son goût et selon ses propres moyens. Ils n'avaient pas à risquer le bombardement ou le combat aérien. Mais les différences avec ceux qui vécurent en escadrilles les armées de guerre étaient toutes superficielles_ Le même signe était sur eux, la même insouciance, la même habitude du danger et la même simplicité (...) S'ils n'avaient pas d'ennemis humains à combattre, ils affrontaient chaque jour les sierras d'Espagne, les brumes nocturnes, les vents de sable, la chaleur, le désert. S'ils menaient une apparence de vie civile, une discipline tout aussi rigoureuse que celle de l'armée les régissait (...) Ce qui les rendaient surtout pareils à ceux que j'avais connus au front, c'était leur étonnante liberté d'allure et d'esprit, leur quiétude morale».

 

Une belle et intemporelle leçon d'humanisme

 

Ce texte, court reflet d'une époque et d'une mentalité en finalité analogue à celle des corps-francs transfigurés par les frères Jünger ou Ernst von Salomon dans des circonstances bien plus troubles, peut aujourd'hui paraître désuet et Kessel le savait qui prévoyait dejà le perfectionnement exponentiel et oublieux de l'aéronautique moderne.Il nous lègue néanmoins une belle et intemporelle leçon d'humanisme, écrivant en hommage posthume à l'écrivain, qui devait bientôt disparaître englouti par l'Atlantique, cet appel sans réserve à la jeunesse: «sans cette flamme intérieure qui le brûle et le dépasse  —qu'elle s'applique à une croyance, à une patrie, à un amour fou ou à leur métier— l'homme n'est qu'une mécanique indigne ou désespérée».

 

Laurent SCHANG.

 

Joseph KESSEL, Vent de Sable, Folio Gallimard, cat. 2, n°3004.

 

mardi, 04 novembre 2008

E. Todd: la plus grande escroquerie financière de tous les temps

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Emmanuel Todd:

“les Américains ont réalisé

la plus grande escroquerie financière

de l’histoire de l’humanité”

http://fr.altermedia.info


Spécial élections américaines

 

 

L’élection annoncée de Barack Obama sera interprétée comme une régénération de la démocratie américaine, affirme Emmanuel Todd dans un entretien publié sur le site Mecanopolis. Suffira-t-elle pourtant à opérer les ruptures espérées? Historien, démographe, auteur en 2002 d’un «essai sur la décomposition du système américain», Todd ne cache pas sa perplexité. Bien évidemment à l’instar de l’intelligentsia boboisante parisienne l’écrivain accueille avec enthousiasme l’accession d’un président noir à la Maison-Blanche, il craint cependant que l’événement ne s’inscrive dans un «processus de dislocation».

- Voilà six ans, vous dressiez le tableau d’un pays devenu «un facteur de désordre international». Une élection de Barack Obama pourrait-elle modifier ce constat?

- Elle donnera dans un premier temps l’image d’une Amérique qui rebondit. Avec Bush, on a eu le pire des présidents - une sorte de Rantanplan, qui fait la guerre, qui par sa maladresse accélère la destruction de l’empire américain. Avec Obama, resurgit le visage d’une Amérique optimiste et dynamique. Une Amérique civilisée, à la politique étrangère plus raisonnable, qui aspire à se retirer d’Irak, qui ne veut pas déclarer la guerre à l’Iran. Une Amérique qui pourrait néanmoins rester aussi anti-russe que la précédente, les démocrates ciblant la Russie comme le seul véritable adversaire stratégique des Etats-Unis.

Dans le climat actuel de débâcle, de déroute financière et morale, et compte-tenu de la responsabilité inouie de l’Amérique dans le désordre du monde, la victoire d’Obama va permettre aux pro-Américains des pays occidentaux de dire que l’Amérique est redevenue merveilleuse. Elle redonnera quelques années de vie supplémentaires à l’empire.

- L’accession d’un élu noir à la Maison-Blanche ne confirme-t-elle pas les mutations intervenues au sein de la société américaine?

- Il se produit des événements vraiment extraordinaires aux Etats-Unis. L’implosion du système financier et du mythe économique, d’un côté; l’implosion de la structuration raciale, de l’autre. On comprend dans ces conditions que les Américains vivent dans une sorte d’état d’apesanteur. Cela dit, si l’affaissement du sentiment racial est évidemment une bonne nouvelle, le racisme aura vraiment disparu le jour où les électeurs n’attendront rien de particulier d’un président noir. Obama est un homme politique américain. Son discours est truffé des habituelles références aux valeurs religieuses. Il est entouré des personnalités issues de l’establishment démocrate - ces mêmes démocrates qui ont, plus nombreux encore que les que les républicains, voté les subventions au système bancaire.

- L’élection de Barack Obama ne plaide-t-elle pas pour la vitalité de la démocratie américaine?

- Ce qui se passe est étrange, et paradoxal. Si l’on observe l’histoire des Etats-Unis, on constate en effet que le racisme n’est pas du tout un petit défaut de la démocratie blanche: il en est le fondement. Au départ, les colons anglais n’attachaient pas une grande importance à la valeur de l’égalité, que ce soit dans la famille ou ailleurs. Ce qui a permis alors d’assimiler des Européens d’origines très diverses, c’est la fixation de la différence sur les Indiens et les Noirs. Dans l’Amérique jacksonienne, le président était un héros des guerres contre les Indiens. Le racisme a été le moteur de l’émergence démocratique. Aujourd’hui, on assiste à l’avènement d’une ploutocratie irresponsable: la montée des inégalités constitue la dynamique fondamentale de la société américaine. L’Amérique cesse d’être démocratique au sens économique du terme. Le racisme y est en baisse, mais la démocratie est malade. Elle pourrit sous nos yeux. Dès lors, j’ai peur que l’on tombe très vite de haut. Une partie de l’oligarchie est derrière Obama. Il a du reste ramassé plus d’argent chez les riches que McCain. Son élection sera interprétée comme une regénération de la démocratie américaine. J’ai quant à moi le sentiment qu’elle fait plutôt partie d’un processus de dislocation.

- Les Etats-Unis comptent certaines des meilleures universités du monde. Ils attirent de partout les capitaux, les chercheurs, les entrepreneurs de la nouvelle économie. Ces atouts-là ne leur assurent-ils pas une place centrale dans la compétition internationale?

- Quelques universités sont en effet très bonnes. Mais la majorité d’entre elles est d’une médiocrité absolue. Sur le terrain de la production scientifique et technologique, les chiffres sont sans équivoque: l’Europe est redevenue le centre de gravité du monde. Ce sont les Européens qui savent construire les centrales nucléaires modernes, ou qui fabriquent des avions gros porteurs - même avec retard.
L’ouragan Katrina avait en 2005 constitué un premier moment de vérité. On a compris tout à coup que les Américains ne disposaient pas d’assez d’ingénieurs pour protéger les villes, ou les reconstruire. Je pense aussi que le conflit au Caucase a contribué au cours de l’été dernier à précipiter la crise financière. L’inexistence de l’Amérique a été perçue comme un moment d’atterrissage dans la réalité.

- Il reste pour l’industrie américaine des secteurs porteurs. L’informatique, la Silicon Valley…

- Si l’on songe à ce qu’étaient les Etats-Unis en 1945, il serait étonnant qu’il ne reste rien de leur puissance industrielle et technologique. Mais alors qu’ils étaient excédentaires dans tous les domaines, ils enregistrent aujourd’hui un déficit commercial de 800 milliards de dollars. La vitesse de régression est hallucinante, et elle n’épargnera pas l’informatique: l’Inde va bientôt porter l’estocade.

- Le projet économique du candidat démocrate peut-il contrecarrer la dépression qui menace?

- Il n’a pas de programme économique. Au début de sa campagne, il a bien proposé quelques mesures protectionnistes, mais le déficit commercial est tel que le protectionnisme entraînerait dans une première période une baisse dramatique du niveau de vie.
Obama se confond avec son image. Or les difficultés américaines vont bien au delà d’une image. Pour le moment, le dollar tient, car à l’extérieur, des institutions, des gens riches, des Etats veulent que les Etats-Unis restent au centre du monde. Mais la situation ne changera pas: elle devrait même se dégrader encore. La question est maintenant de savoir comment, avec la fin de la mécanique des subprimes, on va donner aux Américains les moyens financiers de continuer à vivre aux frais de la planète.

- Les Etats-Unis gardent une forte capacité d’influence sur les leaders d’opinion du monde occidental. Leur image est-elle en train de se troubler?

- L’Amérique, c’est une image. On ne peut en parler sans évoquer le cinéma, les scénarios de feuilletons télévisés, Hollywood. Il y a dans tout ce qui est américain un côté extraordinairement virtuel. Et voilà que par étape on voit émerger la réalité. Il sera en ce sens très intéressant de suivre l’évolution de l’opinion dans les oligarchies financières occidentales. Elles éprouvent un sentiment de solidarité avec l’Amérique. Mais elles viennent aussi de se faire plumer… Je n’aimerais pas être en ce moment un ploutocrate français de la sphère financière.

- La notion d’«hyperpuissance» a-t-elle un sens pour vous?

- Dans le domaine militaire, le monde est déjà multipolaire. L’incertitude tient aux illusions que les Américains entretiennent encore sur eux-mêmes. Ils sont un peu comme les Russes, au moment de l’effondrement du communisme. Lorsqu’ une puissance de cette nature possède encore une armée, elle n’est pas à l’abri de réactions irrationnelles.

Les Etats-Unis ont également perdu la place centrale qu’ils occupaient sur le terrain économique. Avec l’aventure des subprimes, ils ne viennent pas moins de réaliser la plus grande escroquerie financière de l’histoire de l’humanité. Autrement dit, ils ne sont plus dans ce domaine une hyperpuissance, mais compte-tenu de l’absence de régulation de l’économie mondiale, ils détiennent une «hypercapacité de nuisance».

Emmanuel Todd vient de signer chez Gallimard «Après la démocratie».

210 millions de chômeurs l'année prochaine

210 MILLIONS DE CHOMEURS L’ANNEE PROCHAINE


- « La tourmente financière mondiale et ses répercussions sur l'économie réelle risquent de créer 20 millions de nouveaux chômeurs dans le monde d'ici à la fin 2009, a prévenu, lundi 20 octobre, le directeur général du Bureau international du travail (BIT), Juan Somavia. Selon des estimations du BIT, "le nombre de chômeurs pourrait passer de 190 millions en 2007 à 210 millions fin 2009", a indiqué M. Somavia lors d'une conférence de presse, ajoutant que ces chiffres pourraient s'aggraver en fonction de l'impact de la crise sur l'économie réelle. "Cela serait la première fois dans l'histoire", a-t-il ajouté, prévenant que ce chiffre pourrait même s'aggraver en fonction de l'impact de la crise sur l'économie réelle.


"Nous avons besoin d'une action rapide et coordonnée des gouvernements pour prévenir une crise sociale qui pourrait s'avérer sévère, longue et globale", a encore expliqué le responsable. Selon M. Somavia, le nombre de "travailleurs pauvres" qui vivent avec moins de un dollar par jour pourrait croître de 40 millions tandis que celui des personnes gagnant moins de deux dollars pourrait augmenter de 100 millions entre 2007 et 2009. Il a toutefois estimé que "l'impact serait global" et que les secteurs les plus touchés devraient être le bâtiment, la finance, les services, la construction et le tourisme. (...)


La crise doit être saisie comme une "opportunité" de rééquilibrer la mondialisation devenue "inéquitable et non durable", a-t-il encore considéré. Selon le responsable, il s'agit de redonner sa place à l'économie réelle, affaiblie par la sphère financière. Le "niveau des profits du secteur financier était devenu si élevé que les banques préféraient la finance" au soutien des entreprises créatrices d'emplois, a expliqué M. Somavia. »



Le Monde, 20 octobre 2008

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Entretien avec L. Pirveli, opposition géorgienne

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Entretien avec Levan Pirveli, Président de l’opposition extra-parlementaire géorgienne

 

 

Q.:  Monsieur Pirveli, en tant que président de l’opposition extra-parlementaire géorgienne, comment jugez-vous la crise du Caucase et la guerre avec la Russie?

 

LP: Sur le plan historique, il n’y avait aucune raison de faire la guerre à la Russie, car jamais dans le passé, la Géorgie ne s’est trouvée en état de belligérance avec son grand voisin. Nous devons chercher les raisons du conflit actuel dans le seul présent. Avant toute chose, les origines de cette guerre résident dans des intérêts stratégiques et économiques que l’on veut faire valoir dans le dos des Géorgiens. Ces intérêts étrangers se concentrent dans les oléoducs et gazoducs, qui se trouvent désormais sous contrôle américain, ce qui suscite la mauvaise humeur des Russes. L’expansion américaine dans le Caucase plonge, de fait, la Russie dans une situation dangereuse, ce que je peux parfaitement comprendre. Il ne faut pas oublier que la Russie accumule les problèmes avec certains peuples vivant sur le flanc nord du Caucase.

 

Q.: Quel rôle joue le président Saakachvili dans ce conflit?

 

LP: Il n’est qu’une marionnette des Américains et, nous, les Géorgiens, sommes les victimes de ce jeu, nous sommes les victimes de notre propre gouvernement et de l’expansionnisme américain. Et, bien entendu, nous sommes aussi les victimes des Russes qui, malheureusement, ont dû combattre l’expansionnisme américain sur notre territoire. Pour ce qui concerne les oléoducs et gazoducs, l’enjeu réside dans les ressources de la région caspienne, qui sont importantes, non seulement pour la Russie, mais aussi pour l’Europe, pour les Etats-Unis et pour la Chine. Il faut tout de même savoir qu’aucune décision n’a encore été prise quant à la destination de ces ressources: seront-elles acheminées vers l’Ouest, donc vers l’Europe, ou vers l’Est, donc vers la Chine. Rien n’a été décidé encore quant à savoir qui contrôlera ces ressources. Aucun de ces quatre concurrents ne peut gagner la mise seul, mais il est plus que probable que deux d’entre eux l’emporteront, s’ils joignent leurs forces.

 

Q.: Quelle collusion sera dès lors possible?

 

LP: Ni les Etats-Unis ni la Russie n’ont besoin des ressources de la région caspienne pour eux-mêmes. Cependant, tant l’Europe que la Chine ont besoin de ce pétrole et de ce gaz pour leurs  marchés. De ce fait, trois collusions sont possibles. La collusion euro-américaine: dans ce cas, les ressources de la Caspienne iront à l’Europe mais sous contrôle américain. Ensuite, autre collusion possible, la collusion sino-russe, ce qui serait une très mauvaise chose pour l’Europe. Enfin, troisième hypothèse, un tandem euro-russe. Dans ce cas, la Russie contrôlerait la situation dans l’espace autour de la Mer Caspienne et assurerait les approvisionnement énergétiques de l’Europe. A mon avis, cette troisième collusion serait la meilleure pour la stabilité du Caucase, parce que la Russie, elle aussi, est une partie constitutive de ce Caucase et possède une expérience séculaire dans la région, qui lui permet d’y gérer les affaires courantes qui demeurent incompréhensibles pour les puissances extérieures à cet espace complexe, comme les Etats-Unis.

 

Q.: Si je vous comprends bien, la seule possibilité pour la Géorgie, c’est de coopérer avec la Russie?

 

LP: Oui, vraiment, la meilleure solution est une coopération étroite avec la Russie et avec l’Europe. Quant à la Russie et l’Europe, elles ont toutes deux intérêts à travailler de concert avec la Géorgie, parce que le Caucase est une région particulièrement dangereuse pour la Russie; l’Europe, elle, doit tendre la main à la Géorgie, tout simplement parce que la Géorgie fait partie de l’Europe et que toute déstabilisation dans le Caucase nuit aux intérêts de l’Europe. Par ailleurs, les autres concurrents en lice, la Chine et les Etats-Unis, ne sont pas directement touchés par les troubles qui surviennent dans le Caucase.

 

Q.: Pourquoi les Américains veulent-ils contrôler cette région?

 

LP: Tout simplement parce qu’ils veulent faire pression sur l’Europe.

 

Q.: Passons maintenant à un autre sujet: dans les médias occidentaux, le Président Saakachvili est présenté à tous comme un démocrate exemplaire. Pouvez-vous me dire ce qui se passe réellement en Géorgie, et m’éclairer sur la politique de Saakachvili?

 

LP: Je suis très étonné de constater qu’en Europe, le Président Saakachvili soit décrit comme un démocrate. Quand il est arrivé au pouvoir en novembre 2003, ce changement de régime ne s’est pas passé selon les règles de la démocratie: ce fut un coup d’Etat appuyé par les Etats-Unis. De plus, il n’y a jamais eu de véritables élections libres. Il y a un an, Saakachvili a fait matraquer les manifestants, qui protestaient contre son néo-libéralisme, et les a fait poursuivre par sa police non seulement dans les rues, mais jusqu’en leurs foyers et même jusque dans les églises. Et quand il s’est représenté aux élections, afin d’être réélu, il a commencé par faire fermer les principales chaînes de télévision de l’opposition et a déployé son armée dans les rues. Les hommes politiques de l’opposition ont été diffamés et traités d’agents russes: des procès leur ont même été intenté. Après toutes ces mesures d’intimidation, Saakachvili a gagné les “élections”,  alors que si celles-ci avaient été régulières, il n’aurait probablement pas obtenu plus de 25%. Je m’étonne dès lors de l’attitude des Européens car Dieter Boden, qui avait observé les élections géorgiennes pour le compte de l’OSCE et rédigé un rapport négatif sur celles-ci, a déclaré dans un interview accordé à la presse allemande, que ce furent pour lui les pires élections qu’il avait jamais observé dans sa vie.

 

(entretien  paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°43/2008; propos recueillis par Bernhard Tomaschitz; trad. française: Robert Steuckers).

J.C. Albert-Weil: Veillons au salut de l'Empire!

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Veillons au salut de l'Empire!

 

«Le grand Empire, l'Empire central, l'Imperium, par opposition à l'Occident»

(Jean-Claude Albert-Weil, Sont les Oiseaux, 1996)

 

Fiction: en juillet 1940, Hitler parvient à forcer la main au général Franco qui laisse passer les troupes allemandes sur son territoire. Gibraltar tombe et les panzers, après avoir traversé le Maroc et l'Algérie, foncent sur Le Caire. 300.000 prisonniers français sont libérés et commis aux moissons. La popularité du vieux maréchal est au zénith. Un débarquement allemand a lieu en Irlande du Sud. Malte tombe aux mains des paras de la Luftwaffe de Goering. Churchill est mis en minorité et remplacé par Lord Halifax, qui fait la paix, en échange des puits de pétrole du Moyen Orient, qui restent sous contrôle britannique. Pourquoi faire la guerre dans ces conditions? Le succès de l'opération Barbarossa est quasi complet et, rapidement, les troupes de l'Axe font jonction dans le Caucase. Par un coup d'audace inouï (Skorzeny?), Vladivostok tombe. C'est la panique au Japon, qui se rapproche des Américains. Dans l'Empire, c'est le délire: d'ailleurs, à Berlin, on joue Sartre à guichets fermés! Dans cette atmosphère de triomphalisme, l'épuration ethnique dont sont victimes les Juiffss prend heureusement fin et l'Empire favorisera même, pour gêner les Anglais, la naissance d'un Etat hébreu, armé par l'Allemagne. A Berlin, l'aile modérée menée par Bibbentrop, le cher Otto Tabetz, ou Krommel élimine les “natzis” forcenés. Une fausse explosion nucléaire, vers 1943, calme les Américains, qui se contentent d'armer la résistance soviétique (Staline combat toujours en Yakoutie). Une vraie bombe, que le Führer obtient grâce à ses réseaux d'espions (juiffss?) aux Etats-Unis, assure définitivement la neutralité américaine. Hitler meurt le 30 décembre 1946, à la veille du réveillon. Speer, l'amiral Panaris et surtout Gersdorff entreprennent une première “dénatzification” et, de 59 à 78, Stendel, le Führer suivant, proscrit le racisme et le remplace par le différentialisme critériologique: les Juiffss sont incités à collaborer ou à émigrer en Israël, où ils forment une tête de pont de l'Empire.

 

L'existencisme: doctrine impériale

 

Mais le grand Führer, c'est Gessler (1978-1993): avec lui, l'Empire décolle. La Panfoulia, grande autostrade de Duinkerke à Vladivostok draine des millions de Volkswagen et l'élite du Parti se détend à l'hôtel Heidegger, un gigantesque paquebot planté sur le Mont Blanc. L'aide sociale est généralisée, mais jamais en argent: distributeurs de nourriture, soins médicaux, vêtements, tout est gratuit, et de qualité (pas d'engrais chimiques, d'élevage aux hormones, d'où un taux de cancer ridiculement bas dans l'Empire). Les sciences atteignent un niveau inouï: manipulations génétiques, chirurgie esthétique, drogues diverses... et la fameuse base secrète de Tsarskoïe Sélo!

 

La doctrine impériale est appelée “existencisme”, elle garantit le droit aux plaisirs sexuels les plus raffinés pour tous les citoyens. La publicité est interdite, l'intrusion télévisuelle limitée (TV interdite les samedis et dimanches de la Norvège à la frontière coréenne, interdiction de toute permanence médiale: après un an, les journalistes cèdent leur place et changent de service; pas de femme de minlstre qui bave à l'écran!), le sport spectacle est banni (un joueur de l'équipe de Milan est vraiment né dans cette ville... de parents milanais), l'endettement exagéré est illégal. Des lois favorisent les PME et forcent les gens à faire réparer tout appareil un certain nombre de fois, d'où l'existence de castes de réparateurs prospères et heureux. Toutes ces lois saines et de bon sens déclenchent la fureur de la presse “ploutocrato-ergono-aliénée-croyancialo-marxo-cosmopolito-médiacrato-religio-éthico pseudo-égalitaire-hyperdémographico-universo-droit de l'hommesque-planèto-destructive”.

 

L'Empire est résolument non humaniste et rejette sagement les droits de l'homme, qui ne sont jamais que “les droits du client”: “droit de chier des litanies de progénitures débilo-crédulo-proliférantes, pulluliques, malsaines, ivres de tuer leur prochain ou de leur passer la Grande Maladie”. Car la Maladie, venue de l'Ouest est interdite dans l'Empire: un corps d'élite veille et nettoie, liquidant impitoyablement malades infiltrés par les démothalassocrates, agents d'influence de la pourriture utilitairo-protestante et militants nationalistes (des Gagaouzes aux Vourdalaks). Pas question d'affaiblir l'Empire! Les chrétiens, et les croyeux  de tous poils, sont l'objet d'une attention toute spéciale: les chefs n'ont pas oublié leur rôle de pourrisseurs de l'Empire romain. On ne les laissera pas recommencer! Et des villes entières reparlent latin, la langue des origines. On y sacrifie à Jupiter... Gessler le Grand a compris qu'il n'y avait que deux manières de gérer l'humanité: les couilles pleines, à l'anglo-saxonne (frustration/culpabilisation-ambition-production), ou les couilles vides, à l'européenne (satisfaction-réalisation-assomption). Dans l'Empire, il est difficile de les garder pleines longtemps: des esclaves de Hollande ou du Kouban, expertes et motivées, sont fidèles au poste.

 

Ainsi parla Gessler...

 

Une monnaie unique, le franmark européen, est garantie par d'immenses réserves d'or, au contraire de l'immonde dollar usaïque, fabriqué à partir de rien, manipulé au dépens de populations ignorantes, abruties par un plouto-démocratisme hypermédiatisé. Les différences sont exaltées: pulpeuses Kalmouks et beaux Italiens peuvent bien se payer des orgasmes cosmiques, mais, attention, pas de métis! L'immigration est bien entendu interdite: «Autrefois, un peuple qui rentrait dans un autre, c'était clair, c'était une invasion... Peut-on aujourd'hui laisser librement les peuples qui n'ont aucune discipline nataliste et qui se multiplient à l'infini se répandre chez nous avec leurs drogues et maladies, chez nous qui réglementons nos naissances? La partie n'est pas égale! C'est s'abandonner à la catastrophe, à la barbarie, à l'effacement radical... Suicidons-nous collectivement tout de suite pour laisser la place aux autres, et qu'on n'en parle plus...». Ainsi parla Gessler, quatrième Führer de l'Empire. Dans ce monde braziloïde, un cauchemar pour les cosmopoliens et le rêve pour tous les autres, on suit l'ascension de Carl, membre de la DPSE (l'ordre beige), mais fréquentant, de Degrellstadt à Paris (Boulevard Céline) la fine fleur de l'aristocratie impériale: Lily Jünger, cette chère Pamela Horthy, l'exquis Vlady Vlassov, Anne-Ingrid de Munsbach-Lothringen et, bien sûr, le Protonotaire Parvulesco.

 

Patrick CANAVAN.

 

J. C. ALBERT-WEIL, Sont les oiseaux, Ed. du Rocher, 1996, 149 FF.

lundi, 03 novembre 2008

Contre les salaires abusifs des grands patrons

INITIATIVE POPULAIRE CONTRE LES SALAIRES ABUSIFS DES GRANDS PATRONS

ex: http://www.unitepopulaire.org


- « Lorsqu'il a déposé à la Chancellerie fédérale, en février dernier, son initiative populaire contre les rémunérations abusives des patrons, Thomas Minder se montrait confiant. Le texte, qui a récolté 118 583 signatures valables, sera toujours d'actualité dans deux ou trois ans, prédisait alors le petit entrepreneur de Schaffhouse : "Il y aura à coup sûr de nouveaux cas de rémunérations abusives dus au manque de pouvoir de contrôle des actionnaires".


Depuis l'annonce du plan d'action destiné à épauler UBS, les salaires et bonus très élevés se retrouvent à nouveau sous le feu de la critique, à droite comme à gauche. Et l'initiative contre les hauts salaires voit, du même coup, son intérêt politique augmenter. Le texte réclame une modification constitutionnelle. Celle-ci doit permettre à l'assemblée générale des actionnaires de voter chaque année sur la rémunération globale versée aux membres du conseil d'administration et à la direction générale. Pour cela, les entreprises éliraient un comité de rémunération indépendant, afin d'éviter les renvois d'ascenseur. L'initiative vise également à bannir les parachutes dorés, les gros montants payés à l'entrée en fonction et les primes en cas de vente de l'entreprise. (...)


Du côté des parlementaires, on se dit prêt à examiner de nouvelles "solutions équilibrées", note le sénateur radical Dick Marty, membre de la commission concernée. La droite, critique envers la révision du droit des actionnaires, pourrait ainsi mettre de l'eau dans son vin. "Toute une partie de la crédibilité du secteur bancaire a été entamée, poursuit Dick Marty. Même un pays très libéral comme l'Allemagne revoit sa pratique. Confronté à l'initiative, et vu la sensibilité des gens, il est juste de réfléchir à un éventuel contre-projet" conclut le Tessinois. De son côté, Thomas Minder, qui dirige la PME de cosmétique Trybol, se félicite du regain d'intérêt pour son initiative. Et répète la nécessité, à ses yeux, de mettre de l'ordre au plus vite "dans un système sévèrement malade". »



Le Temps, 22 octobre 2008

13:50 Publié dans Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : finances, crise, usurue, usurocratie, banques, économie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Flash Magazine

Flash
Le premier numéro de "FLASH INFOS MAGAZINE" EST PARU !
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La Tribune libre
FLASH, c’est tous les quinze jours !
Tout ce que certains voudraient bien vous cacher… Tout ce que vous ne lirez nulle part ailleurs…
C’est dans FLASH que vous le trouverez !


En vente en kiosque (2 euros) et – entre autres – à la librairie Primatice à Paris.

Message de Philippe Randa, Rédacteur en chef adjoint :
« J’ai un vieux complice dans la presse politiquement incorrecte depuis plus d’un quart de siècle. Il s’appelle Nicolas Gau­thier. Il était à mes côtés à
Pas d’Panique à bord, puis à la revue Dualpha… Peu de temps avant qu’il ne nous quitte, le défunt Jean Mabire, l’une des principales plumes de National Hebdo, lui confiait : « Notre journal n’est pas en meilleure forme que moi. Il serait urgent de réfléchir à autre chose, une autre formule, pas forcément “rajeunie”, mais plus en phase avec ce nouveau siècle… »
Aujourd’hui, Nicolas a fait un constat qui rejoint le mien et celui de quel ques autres : la presse d’opinion se porte au plus mal… Aussi, ensemble, nous vou lons inverser la tendance. C’est Flash infos magazine !
Tous les quinze jours, Flash, c’est 16 pages en couleurs, en kiosque et par abonnement : le premier numéro est paru aujourd'hui. C’est dans ce but que Nicolas a réuni – c’est lui qui l’assure – la meilleure équi pe jamais vue depuis l’épo que où, tout jeune homme, il co-fondait le Choc du mois :
Topoline et Béatrice Péreire, les deux lan gues vipérines de National Hebdo, expertes en décryptage de tendances, culturelles, sociétales et politiques ;
Jean Bourdier, ancien directeur de Minute et de National Hebdo ;
Alain Soral, essayiste et dynamiteur bien connu des plateaux télé, partisan de l’alliance de la gauche du travail et de la droite des valeurs et président du mouvement Égalité et Réconciliation ;
Christian Bouchet, expert en géopolitique – ses analyses font autorité à l’Étranger –, et animateur des sites Internet vox.nr et no-media.
Gérard Lucotte, scientifique de renom : il est l’un des rares spécialistes autorisés par le Vatican à avoir pu expertiser le Saint-Suaire de Turin et la Tuni que d’Argenteuil ;
Gabriel Fouquet, fils spirituel d’Antoine Blondin, qui dira désormais dans Flash ses quatre vérités au "bizness" du sport.
• … et moi-même, ce qui prouve s’il en était besoin que rien ne l’arrête ;
Mieux, vous aurez encore le plaisir de lire d’autres journalistes de renom qui, écœurés par le politiquement correct, ont décidé que leurs articles censurés par la « grande presse » seraient désormais publiés dans Flash... Parmi eux, une des papesses de la presse féminine, un spécialiste incontesté du sport et de ses arcanes, un sociologue habitué des plateaux de télévision, quelques technocrates de haut rang...
Fort de cette magnifique équipe,à laquelle il faut ajouter le dessinateur Ignace, l’avocat Xavier Conabady et ses judicieux conseils de défense juridique et deux jeunes plumes prometteuses (Antoine le Nort et Phileas) et, en tribune libre, le philosophe Alain de Benoist.
Flash s’attèlera, pour vous, au décryptage de la désinformation ambiante, au déboulonnage des fausses idoles, médiatiques, culturelles, religieuses et politiques, et à la défense des véritables intérêts de la France. Tout en mettant sur pied cette équipe de choc, nous avons investi les fonds nécessaires au démarrage de ce projet. Chacun de nous est impatient de vous présenter Flash, ce journal nouveau, impertinent, anticonformiste et, surtout… très bien renseigné sur tout ce que certains aimeraient bien vous cacher.
Notre équipe n’attend plus qu’un coup de pouce décisif : le vôtre. Car, vous le savez aussi bien que moi, nous n’aurons pas un centime de publicité pour Flash. Notre seule ressource, cher lecteur, c’est vous ! Ce qui est aussi notre meil leur gage d’indépendance et de qualité.
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Je compte sur vous.
Chaleureusement »

PS. La ligne éditoriale de Flash est simple : traiter et approfondir les sujets que la “grande presse” laisse de côté, parce que trop “dérangeants”. Bref, tout ce que vous ne trouverez pas ailleurs, ce sera dans Flash… Alors, abonnez-vous vite en nous renvoyant dès aujourd’hui le bulletin ci-joint.
FLASH - journal gentil et intelligent - tous les 15 jours
pour 2 euros seulement !

Conséquence logique d'un consensus antlanto-libéral de plus en plus voyant et mou : la presse d'opinion se dissout dans l'insipide et la collaboration.
Mais plutôt que de nous poser plus longtemps la question de savoir si nous devons le déplorer ou nous en réjouir, nous avons décidé, quelques camarades et moi-même, d'y répondre par FLASH !

FLASH, soit un petit canard trans-courants conçu et écrit par des patriotes issus aussi bien de l'ultra-gauche marxiste que de la droite nationale intelligente, mais tous déterminés à ne plus plier sous la chape de plomb imposée par l'Empire.

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À très bientôt !

Alain SORAL
Pour la rédaction de FLASH

De literaire voorkeuren van J. van Severen tijdens de Eerste Wereldoorlog (1914-1918)

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De literaire voorkeuren van Joris van Severen

tijdens de Eerste Wereldoorlog (1914-1918)

Kurt Ravyts, Brugge

Zoals ik reeds in de inleiding van mijn artikel over Joris van Severen en de avant-garde in de spiegel van Ter Waarheid (1921-1924)1 schreef wordt Van Severen bij talrijke historici en het grote publiek ook anno 2004 nog altijd gereduceerd tot de militaristische en fascistische leider van het anti-democratische en virulent antisemitische Verdinaso.2 Het Jaarboek Joris van Severen en het Studiecentrum Joris van Severen bewijzen nu echter reeds bijna tien jaar en dit in opvolging van het Nationaal Studie- en Coördinatiecentrum in Aartselaar, dat dit beeld op zijn zachtst gezegd best wordt bijgesteld en geven historici die naar volledigheid en objectiviteit streven volop de gelegenheid om ook een  ‘andere’  Joris Van Severen te leren kennen.3 

Dat er ook een ‘andere’ Van Severen bestond werd echter zelfs voor specialisten pas volledig duidelijk doorheen het beschikbaar worden van het privé-archief van Joris van Severen dat  door zijn neef ere-notaris Rudy Pauwels, zoon van Jeanne van Severen, aan het universiteitsarchief van de Katholieke Universiteit Leuven werd geschonken. Sinds januari 2004 berust het volledige privé-archief van Joris van Severen in dit archief dat zich in de indrukwekkende Leuvense universiteitsbibliotheek bevindt.

Met dit onderzoek wilde ik opnieuw aanknopen bij mijn bijdrage uit 1997 over de invloed van Gabriele D’Annunzio en Leon Bloy op de jonge Joris van Severen tijdens de eerste wereldoorlog.4  Ik erkende toen voor mijn bronnen bijna volledig schatplichtig te zijn aan het Oorlogsdagboek van Van Severen, een mijns inziens bijzonder aangrijpend document waarin hij zijn diepste zieleroerselen maar ook meer intellectuele en literaire beschouwingen neerpende. Dit maal koos ik voor een bredere benadering waarbij ik zal proberen de lezer een beeld te geven van de literatuur die Joris van Severen tijdens de Eerste Wereldoorlog verzamelde en las. Zoals ik ook al in 1997 beklemtoonde is de receptie, verwerking en evaluatie van deze literatuur bij Van Severen altijd verweven met persoonlijke, subjectieve factoren. M.a.w. de omstandigheden, noodlottigheden, spanningsvelden, karakterschetsen, enz… die hij in verscheidene romans las koppelde hij vaak terug naar zijn eigen wedervaren en hiermee gepaard gaande gevoelens. In die zin voegt een belichten van de door Joris van Severen’ gelezen literatuur tijdens de Eerste Wereldoorlog ook opnieuw enkele tot nog toe vrijwel onbekend gebleven elementen toe aan zijn biografie. Kortom, literatuur speelde ook bij Joris van Severen een essentiële rol bij het tot stand komen van de grondlijnen van zijn persoonlijkheid.

Ook nu vormen de oorlogsdagboeken de belangrijkste bron voor deze bijdrage. De ‘oorlogslectuur’ van Van Severen werd naast mijn bijdrage over de invloed van Léon Bloy en Gabriele D’Annunzio enkel nog maar door Luc Pauwels van nabij onder de loupe genomen. Arthur de Bruyne beperkte zich in zijn bekende biografie Joris van Severen. Droom en daad tot de mededeling dat Van Severen tijdens de Eerste Wereldoorlog veel las en tot het opsommen van een aantal auteurs. Rachel Baes daarentegen, ging in Joris Van Severen. Une âme wel in op de literaire keuzes van Van Severen maar putte vrijwel uitsluitend uit Van Severens briefwisseling met Charles Gouzée de Harven met wie zij bevriend was.5

In zijn zeer gedegen licentiaatsthesis De ideologische evolutie van Joris van Severen (1894-1940).Een hermeneutische benadering behandelde Luc Pauwels echter op de eerste plaats de totale bibliotheek van Van Severen en splitste hij voor zijn onderzoek de lectuur uit de oorlogsdagboeken dus niet af.  Boven bestudeerde hij deze bibliotheek en de oorlogslectuur vooral als bronnen voor de studie van Van Severens ideologie. Volgens Luc Pauwels werd de ideologie van Joris van Severen via het antimilitarisme vanaf einde 1916 uitgesproken links-revolutionair. Hij noemt het zelfs een  “emotioneel bolsjewisme verbonden met Vlaams-nationale motieven”. Volgens Pauwels betreft het een “nationaal-revolutionaire” ideologie die vanaf 1922 om-zwaait naar ultramontaans katholicisme, enkele jaren later naar solidarisme en nationaalsolidarisme en in de jaren dertig zelfs naar politiek corporatisme.6

Ik ben het slechts ten dele eens met de bevindingen van Luc Pauwels. Diens benadering was geen onderzoek naar de literaire interesses van Joris van Severen an sich en zeker niet naar de appreciatie en persoonlijke verwerking van Van Severen van deze literaire keuzes. Mocht Luc Pauwels een meer gediversifieerde benadering hebben verkozen dan zou hij hebben gemerkt dat van zeer duidelijke, uitgekristalliseerde ideologische evoluties en breuklijnen bij Van Severen eigenlijk niet direct sprake is. Ik zou het eerder accentverschillen noemen en wisselende uitingen van een wezenlijk  “eclectische” en  “caleidoscopische” persoonlijkheid. Wat hij dus in het begin van de  “Grote Oorlog” over zichzelf schreef bleef eigenlijk relevant in en voor zijn verdere leven: “Echt en hevig rechtzinnig revolutionair. Overgevoelig. Schrijnend lijdend aan liefdeloosheid en nood aan een diepe vrouwenziel. Zo individualistisch en anarchist als het maar zijn kan. En toch in mijzelf een behoefte voelend en een begeerte naar orde, tucht, hiërarchie en sociale inrichting.

Geestelijke wildheid, primitiefheid, Dostojevski en vagebond. Maar diep in mij meer de Goethiaansche orde, natuur die alle dingen juist meet en op haar nodige plaats wil.

Socialistische armoedigheid, als een zwerver aangekleed en leven. En toch ook begeerte naar een gentleman, aristocratisch, mooie klederdracht en hoofse gemanierdheid.

Eenzame dromer en apostel, werkdadige Leider van een Beweging. Hooghartig misprijzen, pose en medelijden.”7. Deze zelfanalyse vormt als het ware een programma voor zijn verdere leven waarvan hij, mee evoluerend met de historische context,  bepaalde facetten van beklemtoonde en realiseerde maar ook weer afbouwde. Hetzelfde persoonlijkheids-programma zien we ook weerspiegeld in zijn literaire keuzes tijdens de Eerste Wereldoorlog zoals ik ze tijdens deze uiteenzetting aan u presenteer.

______________________

1. Ravyts, K., Joris van Severen en de avant-garde in de spiegel van Ter Waarheid, in Jaarboek Joris van Severen 4, Ieper, 2000, pp.45-123.

2. Illustratief is het artikel  ‘Zwart gaat moeilijk af’ van ene Dimitri Verhulst in De Morgen van 9 juli 2003. Dit artikel werd opgenomen in het boek  Hij was een zwarte dat naast de in 1946 geschreven gelijknamige reportage van Louis Paul Boon ook teksten van literatuurwetenschapper en Boon-biograaf Kris Humbeeck en historicus Chris van der Heijden bevat.  Verhulst schrijft wanneer hem door zijn gesprekspartner gevraagd wordt of hij weet wie Van Severen is volgende onzin : “Tenzij er een andere Joris van Severen is dan die kleine, magere man uit Wakken die vaker van politieke overtuiging dan van onderbroek veranderde, die een tijdschrift oprichtte waarin aanvankelijk nog socialisten publiceerden, uiteindelijk het Verdinaso stichtte, ontroerd raakte bij de aanblik van jonge knaapjes die met wimpeltjes en pennoentjes en trommeltjes voor hem paradeerden, wiens geluk niet opkon als hij maar even Mussoliniaans kon salueren naar pakweg een door duiven bescheten standbeeld van Willem van Oranje, en die ontgoocheld was in vele fascistische partijen omdat ze niet ondemocratisch en antisemitisch genoeg waren naar zijn gedacht, en die ze aan het begin van de grote wereldbrand in Abbeville hebben omgebracht… tenzij er nog een andere Von, pardon, di Severini is, weet ik over wie J. het heeft.”.

3.Die ‘andere’ Van Severen treedt sterk naar voor in de fascinerende biografie van Rachel Baes, in 2002 gepubliceerd door de Brugse publicist Patrick Spriet, Een tragische minnares. Rachel Baes, Joris van Severen, Paul Léautaud en de surrealisten, Leuven, 2002.

4. Ravyts, K., De invloed van Gabriele D’Annunzio en Léon Bloy op de persoonlijkheid en de religiositeit van de jonge Joris van Severen, in Jaarboek Joris van Severen, Ieper, 1997, pp.67-119.

5. Ravyts, K., Joris van Severen en de avant-garde in de spiegel van Ter Waarheid, in Jaarboek Joris van Severen 4, Ieper, 2000,  pp.45-123.

6. Pauwels, L.. De ideologische evolutie van Joris van Severen (1894-1940). Een hermeneutische benadering. Deel I, Leuven, 1998, pp.264-267.

7 Van Severen, A., Joris van Severen, het verhaal van een leven. Deel 1: Van 1894 tot 1929, Brugge, 1995,  p.79.

dimanche, 02 novembre 2008

Une biographie de Bertrand de Jouvenel

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Bertrand de Jouvenel 

de Olivier Dard (Auteur)
Présentation de l'éditeur
 
Homme du monde, journaliste brillant, essayiste à succès, théoricien politique, pionnier de l'écologie, républicain militant tenté par le fascisme, Bertrand de Jouvenel (1903-1987) a eu tant de facettes qu'il semble défier l'analyse. C'est dire tout l'intérêt de cette première biographie, pour laquelle Olivier Dard a pu bénéficier - outre ses livres, ses articles et sa correspondance - des 250 Cahiers tenus par Jouvenel tout au long de sa vie. Cette source inédite, qui tient à la fois du document de travail, d'une chronique du siècle et d'un journal intime, permet de démêler l'écheveau d'une vie où se croisent Colette, Emmanuel Berl, Drieu la Rochelle, Otto Abetz, Pierre Mendès France, Jacques Doriot, Adolf Hitler, Raymond Aron et Friedrich von Hayek.

Biographie de l'auteur

Olivier Dard, professeur à l'université Paul-Verlaine de Metz, est un spécialiste reconnu des années 1920-1960 ; il a notamment publié chez Perrin La Synarchie, le mythe du complot permanent et Voyage au cœur de l'OAS.


 

  • Broché: 526 pages
  • Editeur : Librairie Académique Perrin (28 août 2008)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2262029164
  • ISBN-13: 978-2262029166

Misère des intellectuels de "droite"

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ARCHIVES DE SYNERGIES EUROPEENNES - 1997

Misère des intellectuels de “droite”

 

L'option métapolitique de la “nouvelle droite” est, dans l'espace culturel germanique, une importation française. La ND, regroupée autour d'Alain de Benoist, a tenté d'adapter à la droite la théorie du communiste italien Antonio Gramsci, à un moment de l'évolution de cette droite, moment où elle se demandait quels étaient les véritables ressorts de la société. Point de départ de Gramsci: la société n'est mue que partiellement par les groupes politiques visibles, c'est-à-dire les partis. Plus essentielle est la superstructure idéelle de la société, où sont façonnées valeurs, morale et idées. La tâche des “intellectuels organiques” serait alors de mener un combat culturel au sein même de cette superstructure, combat dont le but ultime ne peut être que la révolution. D'après Gramsci, on ne peut donc révolutionner une société que si l'hégémonie culturelle qui la régente est brisée, c'est-à-dire quand les tenants de cette hégémonie ne croient plus en eux-mêmes. C'est alors que les valeurs révolutionnaires prennent le pas sur les valeurs dominantes fragilisées et deviennent graduellement hégémoniques. Le combat culturel mené par les intellectuels devient dans une telle optique la stratégie principale du “révolutionnement” politique de la société.

 

Dieter Stein, le directeur de l'hebdomadaire néo-conservateur berlinois Junge Freiheit, a analysé très justement cette vision gramscienne de la révolution, qui ne survient que par le biais de la culture; au bout de son analyse, il lance un avertissement: une telle vision de la révolution culturelle pourrait déboucher sur une “political correctness” de droite (cf. JF n°8/97). Si je trouve la critique de Stein pertinente, cela ne veut pas dire que je juge le point de vue de Gramsci incorrect. C'est aujourd'hui précisément que nous constatons que la “superstructure intellectuelle”, c'est-à-dire les médias, a acquis une puissance bien trop considérable, tant et si bien que les hommes politiques ne sont plus que des figurants pour les émissions d'actualité. La puissance qu'ont acquises les émissions de “talkshows” est emblématique et révèle un phénomène inhabituel, soit la “pluralisation totale” de la société mais avec pour corollaire paradoxal la réduction de tout aux idéaux du plus grand nombre, du “brave quidam”, du “Gutmensch” (ndt: ce terme est ironique; il a été forgé par les critiques allemands de la “PC”). C'est cette contradiction qui produit la “political correctness” (PC), qui, lorsqu'elle aura atteint son stade idéal, sera une censure bien installée dans l'intériorité même des citoyens. Cette nouvelle intériorité auto-contrôlée produit un discours mortifère, un discours assassin, qui frapperait abruptement toute personne qui, pour une raison ou une autre, serait déclarée non “politiquement correcte”. Tous ceux qui entendent ignorer les gestes symboliques et rituels de la PC, tous ceux qui ne se sentiraient pas “concernés” par ses gestes et ses agitations, tous ceux qui avanceraient un certain type d'arguments non conventionnels seraient purement et simplement “morts”, du moins au sens figuré.

 

Pourtant, à droite, beaucoup de militants souhaiteraient, eux aussi, l'avènement d'une telle “censure intérieure”. Mais qui serait tout simplement de signe opposé. Ceux qui ne détiennent aucune puissance politique développent souvent des fantasmes de toute-puissance, mais d'une toute-puissance basée sur d'autres critères que ceux maniés par la toute-puissance en place. Quoi d'étonnant, dès lors, que le concept narcotique d'“hégémomie culturelle” ait été importé de France en Allemagne par des groupuscules qui ont voulu, dans un premier temps, divulguer les aspects intéressants de la nouvelle droite française, mais se sont enlisés, finalement, dans la prédication d'une “stratégie rédemptrice” et, pire, ont fini par aller faire de la formation dans des groupuscules néo-nazis interdits.

 

La trajectoire du néo-droitisme gramscien est triste, mais cette tristesse provient de plusieurs causes:

1. Il n'existe pas de “nouvelle droite” unitaire.

2. Si, au départ, les intellectuels de droite se voulant gramsciens ont souhaité l'émergence d'un débat, ils se sont rapidement enlisés dans la recherche d'une “Weltanschauung” idéale.

3. La “Révolution conservatrice” n'est pas pour eux une mine de concepts intéressants pour affronter le monde actuel, mais, plus prosaïquement, l'occasion de répéter à satiété un discours invariable, fait d'invocations stériles.

4. Ces intellectuels de droite se sont créé un petit monde, hermétiquement protégé de l'effervescence du réel.

 

Il n'existe pas “UNE” nouvelle droite. C'est pourtant clair: il suffit de comptabiliser tout ce que l'on vend au public sous cette appelation. Dans ce bric-à-brac, il y a toujours quelque chose de “plus neuf”. Dans les années 60, on disait des nationaux-révolutionnaires allemands qu'ils étaient la “nouvelle droite”. Mais, il n'est pratiquement rien resté de cette école nationale-révolutionnaire. Son espace idéologique était à l'intersection de la gauche et de la droite. Les nationaux-révolutionnaires affirmaient qu'ils n'étaient ni de droite ni de gauche: ils n'ont pas survécu sur la scène politique. Hennig Eichberg, qui, à cette époque, était la tête pensante de cette “nouvelle droite”, se considère aujourd'hui comme un homme de gauche. Beaucoup de nationaux-révolutionnaires de ces années 60 se retrouvent aujourd'hui chez les Republikaner.

 

Quant à la “nouvelle droite” la plus récente, elle a fini par démontrer qu'elle était au fond “conservatrice”, mais elle s'adresse à de plus larges catégories sociales que ses ancêtres de la nouvelle droite de 1968 qui tentaient d'apporter une réponse aux intellectuels de gauche et à la sottise de la vieille droite. Plus typés étaient les néo-droitistes  —quelques personnes et quelques journaux—  qui voulaient et veulent faire de leur nouvelle droite un projet de modernisation de l'extrême-droite. Cette catégorie de “néo-droitistes” reste la plus problématique, car, au fond, elle se borne à sortir de la naphtaline la “pensée anti-démocratique” de l'époque de Weimar (telle que l'a définie Kurt Sontheimer). Par cet exercice, elle veut hisser la pensée de l'extrême-droite à l'excellent niveau et à la belle forme, acquis par la “révolution conservatrice” sous Weimar.

 

A côté de ces “requinqueurs” de vieux corpus, s'est regroupée une autre “nouvelle droite”, composée pour l'essentiel de conservateurs (en Allemagne) ou de nationaux-libéraux et de conservateurs (en Allemagne et en Autriche). Ils ont abordé sans complexe la pensée moderne, ils ont, en ce sens, été conséquents, ont modulé leur action sur ce choix et ont investi les territoires politiques assignés par convention sociale à ces idéologies bourgeoises, bien ancrées et établies. Ces entristes, qui ont pénétré dans les rouages de la CDU, de la CSU ou de l'ÖVP, voire de la FDP ou de la FPÖ, sont de braves citoyens, ils sont tout simplement un petit peu à droite que les autres.

 

Si l'on mélange ces deux courants sous l'appelation commune de “nouvelle droite”, on débouche évidemment dans un beau désordre, sinon dans une aporie intellectuelle. Les “nouvelles droites” ancrées dans les diverses formes d'extrémismes droitiers confondent la volonté de débattre intellectuellement avec la proclamation impavide d'une Weltanschaunng ancienne, dont elles ont la nostalgie. Pour sortir de cette impasse, on recourt généralement à deux stratagèmes, dont on use et on abuse:

- soit on recommence à se référer directement aux racines théologiques du politique, en tentant de formuler un nouveau projet de “théologie politique”, dans le sens où l'entendait Carl Schmitt,

- soit on s'efforce de séculariser ce besoin d'absolu.

Dans ce cas, on se tourne vers d'autres certitudes, des certitudes immanentes, comme le “peuple” (Volk), des certitudes idéalistes, comme cette “science des citoyens d'Empire” de facture hégélienne, plus exactement mi-hégélienne-de-gauche, mi-hégélienne-de-droite, à l'usage de citoyens qui ne vivent plus dans un Reich et ne souhaitent certainement pas y revivre, les plages de Torremolinos ou des Baléares ayant pour eux plus d'attraits... Les multiples expressions de ces exercices para-théologiques ou “hégélisants” varient considérablement: les plus “sortables” ne sont “que” autoritaires, mais, dans la plupart des cas, le mode totalitaire est bien vite accepté, illustré et défendu...

 

C'est dans ces recherches et ces tâtonnements qu'il faut replacer l'engouement pour la “révolution conservatrice” de l'entre-deux-guerres. Soyons clairs et honnêtes: cette “révolution conservatrice” est une mine d'or, elle ne cesse de susciter les intérêts des philosophes et des politologues, à juste titre; il est intéressant d'en étudier tous les aspects si l'on veut connaître l'archéologie de certaines pensées aujourd'hui classées à “droite”, si l'on veut se plonger dans des corpus entièrement différents de l'idéologie dominante actuelle, si l'on veut lire de “mauvais livres” au regard des catégories politiques contemporaines. En pratiquant ainsi une forme de transversalité, indubitablement, on se forme l'esprit, on acquiert un sens critique, on aiguise ses intuitions. La “révolution conservatrice” nous apprend que les hommes de droite n'ont pas toujours été bêtes. Mais, en réceptionnant la “révolution conservatrice” de cette sorte, on ne doit pas non plus oublier qu'elle fut un échec. Ni oublier qu'elle fut, en bon nombre de ses aspects, antidémocratique et partiellement extrémiste. Aujourd'hui, notre regard doit se porter sur elle avec le même sens critique que sur les corpus de gauche de la même époque. Malheureusement, pour beaucoup d'hommes de droite actuels, de militants, cette “révolution conservatrice”, dans ses innombrables variantes, n'est que prétexte à répétitions, à dévotions naïves et bigotes, répétitions et dévotions qui remplacent toute intellectualité autonome ou permettent des exercices pénibles comme réitérer une attitude antidémocratique classique en citant des extraits d'auteurs “révolutionnaires-conservateurs”, pour faire intelligent ou pour donner le change.

 

Le résultat de tout cela est lamentable, car une telle nouvelle droite paraît toujours bien vieille, elle parait truffée de science, elle se gargarise de sa belle Weltanschauung  prête-à-porter, mais elle n'est quasi pas branchée sur la réalité. Car la belle Weltanschauung néo-droitiste n'est qu'une construction intellectuelle consolatrice pour tous ceux qui sont laissés-pour-compte dans la société réellement existante. Les plus lucides d'entre eux savent certes que le “peuple” (Volk) de leur idéologie n'est pas le peuple réel qui circule dans les rues d'Allemagne. Mais ce sont les “autres” qui sont coupables de cette inadéquation. Le peuple devrait correspondre à leur image du peuple: nous n'avons plus affaire là à de la nostalgie, à la nostalgie d'une “hégémonie culturelle” de droite, conservatrice, mais la rage de voir partout l'inadéquation génère subtilement une sorte de totalitarisme, camouflé derrière un verbiage conservateur, qui se veut apaisant, moral et “traditionnel”.

 

Au bout du compte, nos intellectuels de la “nouvelle droite” sont soit des modernisateurs de l'extrémisme, soit des bourgeois à un âge où il n'y a plus de bourgeois classiques, cultivés et conventionnels. Cette alternative, dont les deux termes sont également figés, est le résultat de la ghettoïsation des droites. Elles marinent dans leur jus. Alors que reste-t-il de la “nouvelle droite”?

 

Il reste sans doute quelques intellectuels de droite, qui se posent en anarchistes pour ne pas sombrer dans le dogmatisme, pour ne pas se laisser aveugler par les illusions. La réalité prosaïque, c'est qu'il n'y a dans le monde ni consolation ni rédemption. Mais, justement, ce n'est pas la tâche des intellectuels de droite de proposer de la consolation et d'annoncer une rédemption: au contraire, ils devraient se donner pour seule mission de déconstruire systématiquement toute idéologie de la consolation et de la rédemption. Travail difficile: en effet, c'est la meilleure façon de se faire mal aimer de tous; les uns détestent le “déconstructiviste” parce qu'il ne partage par leur illusion et n'apporte donc pas de quoi l'alimenter, de quoi entretenir la consolation; les autres le détestent tout autant parce qu'ils sont de gauche ou libéraux, qu'ils appartiennent à des espaces politico-philosophiques dans lesquels, forcément, le déconstructiviste n'aimera pas aller mariner: au contraire, il aimera les détricoter avec une égale délectation. Le véritable intellectuel de la nouvelle droite devrait être celui qui d'emblée se définit comme l'homme sans aucune illusion.

 

Nos sociétés souffrent d'une absence de créneau critique. Pourtant, aujourd'hui plus qu'auparavant, le terme “critique” est le vocable le plus prisé des hommes de gauche, au point qu'ils identifient les mots “gauche” et “critique”. L'école de Francfort, réservoir idéologique de la gauche, s'est effectivement auto-dénommée “critique”. Mais la gauche ne critique plus, elle accepte le statu quo et gère la crise. Automatiquement, dans un tel contexte, la pratique de la critique incombe alors à la droite. Pire, si un homme de gauche pratique encore la critique, il sera désormais traité de “fasciste” ou de “crypto-fasciste” par ses coreligionnaires (Botho Strauss, même Peter Handke, le cinéaste Fassbinder, le dramaturge Heiner Müller, héritier du théâtre de Brecht).

 

Pour nous, la démarche “critique”, c'est d'affronter les aléas du réel sans s'embarresser de tabous. L'actuelle “political correctness” instaure de nouveaux tabous et aboie son hostilité à l'égard de tout discours, de tout débat, et justifie ces tabous et ces aboiements au nom d'idées de gauche. Forcément, l'homme de droite sera celui qui s'opposera avec énergie à ces tabous et à ces aboiements: il se dira de droite parce que ces tabous et ces aboiements se disent de gauche. Il rejettera la “political correctness” parce qu'elle refuse tout discours et tout débat. Il restaurera le débat par le simple fait de prendre la parole de force, en avançant des arguments de signes nouveaux ou de signes contraires. Cet acte de prise de parole constitue une pluralisation volontaire du discours et place l'homme de droite  —nouveau contestataire radical—  au centre même de la vie sociale en danger de rigidification définitive. Il reconnaît alors que la confrontation des idées n'est possible que dans une société marquée du sceau du pluriel. L'intellectuel de droite prend dès lors position pour un ordre social où règne la liberté et où s'épanouit la diversité. Il défend cette liberté précisément parce que ses idées sont bannies et ostracisées dans une société qui devient de moins en moins plurielle et différenciée. Sa tâche consiste à réfléchir et à chercher. Car celui qui connaît les réponses avant de formuler ses questions, tombe dans le piège du totalitarisme.

 

Que reste-t-il de la “nouvelle droite”? Sans doute un homme de droite qui n'est plus un homme de droite au sens conventionnel du terme. Un homme qui part à l'aventure dans la vie ou dans les épaisses forêts de la pensée, car il sait que rien n'est définitivement sûr, que ce savoir de l'incertitude universelle fait de lui le meilleur critique des conventions figées de la société, mais d'une société dont il connaît les ressorts (organiques), parce qu'il en est issu.

 

Jürgen HATZENBICHLER.

(Correspondant de “Synergies Européennes” en Carinthie, responsable de la chronique politique de Junge Freiheit/Autriche; article paru dans Junge Freiheit, n°16/97; traduction et adaptation françaises de Robert Steuckers).

samedi, 01 novembre 2008

Atlas militaire et stratégique

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Atlas militaire et stratégique :

Menaces, conflits et forces armées dans le monde

de François Heisbourg (Postface), Bruno Tertrais (Auteur), Alexandre Nicolas (Illustrations), Bruno Racine (Préface)
Présentation de l'éditeur
Le 11 septembre 2001 marque-t-il le "retour de la guerre", comme on a coutume de l'entendre? Certes, le nombre de conflits dans le monde a diminué depuis la fin de la guerre froide en 1991, mais avec les débats autour de la prolifération nucléaire, les dangers des armes de destruction massive, la montée en puissance du terrorisme et les guerres d'Afghanistan et d'Irak, les enjeux stratégiques et militaires sont revenus sur le devant de la scène, attisant les inquiétudes, déclenchant des polémiques, voire des crises internationales. La guerre a changé de nature et de forme. Redessinée par la mondialisation, elle s'est transformée, renouvelée, notamment au rythme des évolutions géopolitiques. De nouvelles puissances émergent (Chine, Inde), bouleversant l'équilibre international; d'autres cherchent à rétablir leur influence (Russie). De nouveaux champs de conflictualité s'ouvrent: l'espace, le cyberespace. Les menaces se diversifient, les acteurs se multiplient, les technologies progressent et les conflits "asymétriques", face à des groupes non étatiques, se font désormais de plus en plus nombreux. La guerre d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celle d'hier. Pour faire face aux nouveaux défis sécuritaires, les politiques de défense et les stratégies, notamment occidentales, doivent donc s'adapter. Pour la première fois, un atlas présente une expertise technique et géopolitique de ces questions, dressant l'état des lieux des forces, décodant les conflits en cours et augurant ceux à venir, tout en fournissant quelques notions essentielles de stratégie. Il aide ainsi à décrypter un monde sous tensions et à mieux lire l'actualité.

Biographie de l'auteur
Bruno Tertrais est maître de recherche à la FRS. Il a dirigé cet ouvrage écrit par 16 spécialistes. La Fondation pour la recherche stratégique (FRS) est un organisme privé, reconnu d'utilité publique depuis 1993, spécialisé dans les questions de sécurité internationale. Bruno Racine, le préfacier, est président de la Bibliothèque nationale de France. Il préside également le conseil d'administration de la FRS. François Heisbourg, le postfacier, est président de l'International Institute for Strategic Studies de Londres et du Centre de politique de sécurité de Genève. Alexandre Nicolas est cartographe-géomaticien indépendant et officier géographe.

  • Broché: 79 pages
  • Editeur : Editions Autrement (1 octobre 2008)
  • Collection : Atlas/Monde
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2746711206
  • ISBN-13: 978-2746711204

Pour définir les corps concrets de la souveraineté

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Pour définir les corps concrets de la souveraineté

 

Il y a déjà longtemps, depuis des horizons différents, on a reconnu le fait que l'imaginaire moderne s'est constitué en bouleversant de fond en comble et en évidant radicalement le mode traditionnel de comprendre l'homme et sa place dans le monde. Selon ce mode traditionnel, l'homme tire ses qualités d'une appartenance à une communauté et les droits dont il dispose sont l'expression des statuts sociaux et des liens qui y correspondent.

 

Au contraire, pour l'imaginaire moderne, l'individu est par nature libre et auto-suffisant, avant même d'entretenir des relations sociales avec d'autres individus. Une telle (sur)valorisation de l'individu implique un rejet automatique de tous les fondements métaphysiques et religieux structurant l'ordre social et postule l'élimination implicite de tous les liens de dépendance à l'égard de pouvoirs personnels ou sociaux. C'est pour cette raison que la démocratie moderne, avant de représenter un certain régime politique, exprime surtout la force par laquelle se manifestent 1) l'exigence d'égalité des conditions et 2) la reconnaissance de cette égalité fondamentale pour tous les hommes.

 

Si tout cela constitue la conscience moderne telle qu'on la pressent encore aujourd'hui, quoique de façon moins vive, en revanche, on se rend parfaitement compte que l'imaginaire moderne a substitué au lien social l'idée d'un rapport juridique entre les hommes. De par cette substitution, l'individu peut entrer en rapport avec les autres seulement par le biais de lois ou d'un contrat juridiquement sanctionné. Ensuite vient l'“invention” de l'Etat, instance posée comme la représentante de la collectivité et conçue comme autorité abstraite et comme pouvoir impersonnel détenant le monopole légal de la violence. Le droit se pose alors comme le principe organisateur par lequel les individus singuliers entrent dans des rapports de réciprocité officiels, mais, simultanément, en dehors de tels rapports (juridiques), les individus n'entretiennent plus que des relations sociales désormais considérées comme dépourvues de significations et non sanctionnables normativement.

 

La “société des hommes”, en somme, devient une société exclusivement juridique, une société qui s'identifie uniquement à l'institution juridique, laquelle impose des interdits et fixe le rapport qui relie entre elles les volontés individuelles. L'individu moderne peut être entièrement libre, mais seulement à condition qu'il exerce sa liberté sur le modèle de la liberté juridique, c'est-à-dire une liberté d'utiliser dans l'abstrait toutes les normes juridiques. En revanche, il lui est interdit de modifier par la force les conditions matérielles dont il dépend, ce qui a pour effet pratique de l'empêcher d'utiliser réellement ce qui lui est autorisé formellement. Tel est le caractère inédit de la modernité. D'une part, la société n'existe plus officiellement que dans la trame des rapports qui se sont institués par le truchement du droit contractuel. D'autre part, l'égalité juridique ne concrétise plus que la seule parité formelle, mais permet que se reproduisent les disparités économiques et sociales, sous prétexte que celles-ci seraient générées par des rapports privés, dépourvus, en tant que tels, de pertinence juridique.

 

L'égalité moderne, en fait, ne considère les individus que sur le seul plan abstrait et jamais dans leurs déterminations concrètes et particulières. Cela veut dire que l'égalité face à la loi ne garantit pas l'égalité face au pouvoir de disposer des moyens nécessaires à produire des ressources matérielles. Les règles juridiques qui fondent la citoyenneté politique sont  —comme on l'a relevé maintes fois—  des règles exclusivement instrumentales qui ne distribuent nullement des ressources mais définissent seulement des modalités d'action mises en théorie à la disposition de chacun, pour réaliser ses propres fins privées. Cette “systématisation” théorique et fonctionnelle 1) occulte les profondes contradictions qui affectent la démocratie moderne (surtout la contradiction entre son aspiration à l'égalité et le maintien effectif d'une structure sociale qui produit et reproduit continuellement des inégalités) et 2) cache ce processus pervers qui est à l'œuvre et où l'égalité formelle fait continuellement émerger des inégalités substantielles. Conséquence: l'“Etat de droit” est fortement mis en crise, de même que les formes du droit qui corrobore l'égalité et que l'équation sujet égal = droits égaux.

 

de l'égalité formelle à l'égalité substantielle par la participation

 

Dans un tel cadre, l'égalité substantielle trouve toutes les raisons qui lui permettent de se poser comme la finalité de l'ordre juridique et de réclamer la participation égale de tous dans la production des lois. Le formalisme de l'égalité doit dès lors être dépassé et complété par la pratique de la participation de tous aux décisions, de façon 1) à ce que cette participation prenne concrètement le relais de l'idée d'égalité devant la loi et 2) à introduire dans la pratique la participation égale de tous à la production des normes. On ne s'étonnera pas du fait que le problème de la citoyenneté  —et des prérogatives et des contenus qu'elle implique—  est aujourd'hui prêt à exploser et à libérer toutes sortes de tensions. Pour éviter cette explosion, on prétend que la citoyenneté-égalité doit se muer en citoyenneté-participation, une participation directe à la formation de la volonté générale. Parce qu'il est nécessaire que tous se voient attribuer des ressources et des biens nécessaires à leur auto-reproduction, on en arrivera obligatoirement au passage d'une citoyenneté politique à une citoyenneté économique et sociale. Mais seule une théorie de la démocratie-participation permettra aux citoyens d'élaborer et de choisir des fins communes, ce qui, en fait, pourra instituer une juste articulation entre droit et politique ainsi qu'entre droit et justice sociale.

 

Mais est-ce trop demander à ce droit-là, qui n'a jamais réussi qu'à assécher la démocratie, de se dépasser lui-même? Peut-être. Mais nous ne saurions négliger aucune tentative de promouvoir une nouvelle vision de la démocratie, c'est-à-dire une démocratie capable de faire passer la souveraineté du peuple (?) de la dimension abstraite, dans laquelle elle est aujourd'hui confinée, à une “carnalité” citoyenne, qui tienne pleinement compte des spécificités des hommes et de leur concrétude existentielle. Si l'on se souvient brièvement de l'histoire de la souveraineté à l'époque moderne, on constatera qu'elle s'est déployée en deux séquences: elle a d'abord placé le détenteur de la souveraineté dans la personne du Prince, ensuite dans le Peuple. Et a assuré ainsi le passage d'une formulation personnelle et patrimoniale de la souveraineté, typique de l'autorité princière du XVième siècle, à une formulation impersonnelle, inaugurée à la fin du XVIIIième siècle par la révolution française. Mais s'il est vrai qu'en démocratie le peuple n'obéit plus à un roi, il est tout aussi vrai de dire que c'est seulement par un artifice rhétorique qu'en démocratie le peuple obéit à lui-même en obéissant aux lois.

 

En réalité, l'élément “peuple” introduit dans l'histoire de la souveraineté l'autonomie de la loi dans l'Etat. L'Etat justifie son existence par le “peuple” et, par la loi, il justifie l'autorité qu'il exerce sur ce même peuple. Dans un tel contexte, le “corps” par lequel vit la souveraineté, n'est plus celui du roi, mais n'est pas encore celui des citoyens. Formellement, l'Etat est la traduction juridique du peuple, mais cette entité abstraite qu'est le peuple, à ce niveau-ci, se matérialise dans des groupes restreints, des pouvoirs privés, qui confisquent de fait cette souveraineté au peuple, qui est théoriquement son seul dépositaire.

 

citoyenneté effective ou barbarie

 

IL faut dès lors amorcer une nouvelle séquence dans l'histoire de la souveraineté et trouver une nouvelle “figure”, dans laquelle la titularité personnelle et patrimoniale puisse s'incarner, cette fois dans des corps concrets de citoyens. Certes, bon nombre de difficultés surviennent quand on formule un projet de cette sorte. La marge d'aléas est grande, c'est certain, mais si les technocrates voulaient bien investir dans un tel projet une fraction minimale des énergies et du temps qu'ils consacrent à inventer des réformes mortes-nées, ils trouveraient très probablement  —et très vite—  des solutions acceptables aux multiples problèmes que pose la mise en œuvre d'une démocratie participative et substantielle. Il y a urgence. Nous sommes à la croisée des chemins et nous devons choisir: ou bien nous implantons rapidement une citoyenneté effective ou nous sombrons dans la barbarie.

 

Giuliano BORGHI.

(texte paru dans Pagine Libere, n°10/1995; trad. franç. : Robert Steuckers).

vendredi, 31 octobre 2008

Par sa foi en la machine...

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Par sa foi en la machine...

"En faisant de l’homme, par un lavage de cerveau édulcoré, le soldat de quelque religion progressiste, on obtient de surcroît, par simple croyance au progrès, par sa foi en la machine, en la production, en l’abondance, qu’il se soumette spontanément et de bonne grâce aux rites, navettes et circuits, qui lui sont ménagés par la société de production et qui correspondent à ce qu’on a défini comme ses besoins. Ainsi, dans la dénaturation progressiste moderne, l’homme est dépouillé d’une façon bien plus subtile, mais non moins complète que dans l’aliénation purement économique que dénonçait Karl Marx, par laquelle le travailleur était privé du produit de son travail, et par conséquent de son aisance et d’une partie de sa vie : il est subrepticement privé de sa vie qu’on transforme en loisirs et distractions préfabriquées, par là étrangères à lui, et, en outre, il est privé de sa personnalité même qu’on lui soutire et qu’on remplace à son insu par un produit incolore et inoffensif qu’il prend pour lui-même.

Le prétexte de cette dénaturation est le bien-être du plus grand nombre. Cette préoccupation existe en effet, elle est sincère. Mais elle est inséparable d’une disposition qui abhorre secrètement, comme contraire au bien-être du plus grand nombre justement, toute image de l’homme nerveuse, originale, volontaire, qui pourrait propager la maladie contagieuse du refus de la médiocrité. Ainsi notre « civilisation » fait-elle le contraire de toutes les grandes civilisations qui se sont proposés comme idéal un type humain supérieur et chez lesquelles cette culture d’une plante humaine réussie était même la justification essentielle."

 

Maurice BARDECHE, Sparte et les sudistes, Phytéas, Montrouge, 1994, p. 31-32.

 

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Over Arthur Mahraun en zijn Jungdo

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Over Artur Mahraun en zijn Jungdo

Gevonden op: http://www.jorisvanseveren.org

Piet Tommissen, Ukkel

Wie zijn licentiaatsverhandeling aandachtig gelezen heeft, weet dat het Luc Pauwels (°1940) er om te doen is, een “quasi volledig braakliggend terrein”1 - in casu de ideologische evolutie van het denken van Joris van Severen - in kaart te brengen. Te dien einde bestudeert hij een aantal streng geselecteerde grondbegrippen, daarbij verwijzend naar eventuele bronnen. Wat dit laatste punt betreft deelt hij de mening van professor Eric Defoort (°1943) en beschouwt Charles Maurras (1868-1952) dus niet als een, laat staan als dé leermeester van de stichter en leider van het Verdinaso.2 Hij citeert wel andere auteurs die op Van Severen invloed uitgeoefend hebben, o.m. de markies René de la Tour du Pin de la Charce (1834-1924), Georges Sorel (1847-1922)3, Georges Valois (ps. van Alfred-Georges Gressent; (1878-1945), zelfs - voor mij een complete verrassing - de Duits-Joodse anarchist Carl Landauer (1870-1919), e.a.

Tot mijn verbazing maakt Pauwels geen gewag van Artur Mahraun (1890-1950), ofschoon Van Severen hem, of juister zijn Jungdeutsche Orden (afgekort: Jungdo), tweemaal in De West-Vlaming vernoemt. De eerste keer in 1929 bij wijze van voorbeeld, de tweede keer in 1930 i.v.m. het verschil tussen de begrippen volk en natie.4 Tenzij ik me vergis heeft Arthur de Bruyne (1912-1992) in de secundaire literatuur als allereerste Mahraun vernoemd, helaas zonder nadere toelichting.5 De verdienste de kijker op deze man, zijn ideeën en zijn organisatie te hebben gericht, komt toe aan de heren Jan Creve (°1962) en Maurits Cailliau (°1938).

Eerstgenoemde meent dat “een direct aanwijsbare band tussen Mahraun en Van Severen niet bestaat”, doch voegt er onmiddellijk bij: “bepaalde passages uit Hier Dinaso! lijken soms zelfs woordelijk overgenomen uit Der Jungdeutsche.”6 De heer Cailliau stipt in een voetnoot aan dat het opus 10 Jahre Jungdeutscher Orden in de bibliotheek van Van Severens aanwezig was, “wat er op wijst dat hij Mahrauns beweging volgde.”7

Terwijl Creve niet uitsluit dat Van Severen de Jungdo leerde kennen, hetzij via de dichter Wies Moens (1898-1987), hetzij via priester Maurits Geerardijn (1896-1979), hetzij via de contacten die sinds 1926 bestonden tussen Valois en Barrès (niet Maurice [1862-1923] doch diens zoon Philippe [1896-?]) en de Jungdo.8 Zijnerzijds wijst Cailliau er op dat de Jungdo model heeft gestaan bij de oprichting door priester Robrecht de Smet (1875-1937) van de Jong Vlaamsche Gemeenschap (1928-31). omgedoopt in Jong Nederlandsche Gemeenschap (1931-35), maar rept met geen woord over Van Severen.9

Zelf heb ik in het begin van de zestiger jaren der vorige eeuw een artikel over Mahraun en zijn Jungdo gepleegd, na bij Wolfgang Lohmüller. de toenmalige voorzitter van de in december 1953 in het leven geroepen .Artur-Mahraun-Gesellschaft, mijn licht te hebben opgestoken. Waarschijnlijk was het artikel bestemd voor het door Jan Olsen (°1924) opgericht en tot het laatste nummer toe geleid maandblad Het Pennoen (1950-77). Waarom ik het finaal niet verzonden heb, is me helaas ontgaan. Het ligt ten grondslag aan het thans volgende exposé, als aanloop tot een door jongeren te onderzoeken beïnvloeding van Van Severen door Mahraun.

Mijn proeve doet dus in genen dele afbreuk aan mijn respect voor het degelijk werk van de heren Creve en Cailliau. Integendeel zelfs: het wil me voorkomen dat hun en mijn teksten zich aanvullen i.p.v. zich te overlappen. Het is me overigens opgevallen dat we alle drie wel eens andere bronnen raadplegen!10 Alvorens mijn exposé voor te leggen wens ik de heren Cailliau en Dr. Wim van der Elst nog snel te bedanken voor de vlotte ‘levering’ van enkele fotokopies, resp. een stel levensdata.

De in 1890 in Kassel als zoon van een hogere ambtenaar geboren Artur Mahraun werd in zijn jeugdjaren sterk beïnvloed door de geest van de toenmalige Jugendbewegung. Men mag gerust stellen dat zijn latere opvattingen al grotendeels vervat liggen in datgene wat hij als lid van de jeugdbeweging leerde belijden: de afkeer van de grootstad, de natuurverbondenheid, het primaat van de vriendschap, de belangstelling voor groepsverband op vrijwillige grondslag, en dies meer.

In 1908 nam Mahraun dienst in een infanterieregiment, dat nog het Pruisisch princiep “meer zijn dan schijnen” huldigde. In dat midden kreeg hij tevens inzicht in het dieper wezen van hiërarchie en tucht: die ervaring ligt wellicht aan de basis van het achteraf door hem gehuldigd autoriteitsbeginsel. Tijdens Wereldoorlog I - terloops weze aangestipt dat hij o.m. bij de strijd om Luik in de voorste gelederen streed - kwam daar nog het Kriegserlebnis bij: het vormt de derde bron van zijn toekomstig politiek denken en handelen.

Als hoog gedecoreerde luitenant werd Mahraun in 1918 in Kiel door de matrozenopstand verrast en er tot in het diepst van zijn wezen door geschokt. Hij bleef enige tijd bij de Reichswehr en zwaaide in de rang van kapitein af. In januari 1919 was hij evenwel reeds begonnen met de opbouw van een vrijwilligerseenheid, de Offiziers-Kompanie Kassel, die in zijn geboortestad plunderingen voorkwam en daarna meehielp bij de onderdrukking van de spartakistenopstand in Türingen. Deze eenheid werd evenwel bij besluit van de Rijkskanselier in 1920 ontbonden, net zoals de andere vrijwilligerseenheden (Freikorpse). Voor Mahraun de ideale gelegenheid om op 17 maart 1920 de Jungdeutsche Orden te stichten

Deze piepjonge organisatie, in de wandeling Jungdo genoemd, onderstreepte uitdrukkelijk dat ze geen Verein wenste te zijn naast de talrijke bestaande Vereine en het beklemtonen van haar ‘orde’-karakter is haar succes voorzeker ten goede gekomen: begin 1922 telde men 200 afdelingen en ruim 75.000 leden! Onder hen persoonlijkheden die reeds naam gemaakt hadden, zoals de Germanenvorser Kurt Pastenaci (1894-1961) en een paar generaals, of die het tot een zekere beroemdheid zouden brengen, zoals de staatsrechtsleraar Reinhard Höhn (1904-2000)11 en waarschijnlijk ook Albert Leo Schlageter (1894-1923).

Qua organisatie vertoonde de Jungdo gelijkenis met de middeleeuwse Ritterorden. Immers, Mahraun was de Hochmeister die met zijn commandanten (Komturen) de gewesten (Balleien) en - het laagste echelon - de plaatselijke afdelingen (Bruderschafien) en de in universiteiten geboren groepen (Hochschulgesellschaften) bestuurde. Regelmatig kwamen de leden (Brüder) in algemene ledenvergaderingen (Bruderkonvente), de leidende leden (Meister) in kapittels (Kapitel) samen. In afwijking van wat in vrijwel alle gelijkaardige organisaties niet gebeurde, werden de leden van de Jungdo wèl regelmatig en intensief geschoold (lessen gegeven tijdens politieke avondbijeenkomsten) én getraind (weersportoefeningen). Bovendien kregen ze de afkeer voor uitheemse muziek ingeënt en werd de meisjes het bubikopf-kapsel, het dragen van pullovers en trenchcoats ten zeerste afgeraden. Niet te vergeten dat in een krant, een tijdschrift en brochures de leer tot in den treure uiteengezet en/of gepropageerd werd.

Schone liedjes duren zelden lang. Dat ondervond ook de Jungdo. Kort achter mekaar werd de orde verboden en gedeeltelijk ontbonden; de eerste keer i.v.m. de mislukte Kapp-putsch12, de tweede maal na de moord op minister Walther Rathenau (1867-1920) door rechtse extremisten waaronder de auteur Ernst von Salomon (1902-1972). Doch de leiding zette de werfactie gewoon voort en richtte geheime afdelingen op. In die moeilijke periode ging Mahrauns echtgenote zelfs met de eerste bundeling van jonge vrouwen, de Schwesternschaft, van start. Het duurde tot in 1923 alvorens het Geusenhilfswerk begon te functioneren: alleen al in de maand oktober werd in Kassel aan 7.000 behoeftigen een warme maaltijd aangeboden.13

Pijnlijker was het feit dat men zich ook van katholieke zijde voor het Jungdo-verschijnsel ging interesseren. Het begon in 1924 met een venijnig geschrift van de franciscaan Erhard Schlund (1888-1953)14, weldra gevolgd door banbliksems vanuit de bisschoppelijke zetels Paderborn en Breslau. Deze reacties waren het logisch uitvloeisel van het koketteren van de Jungdo met Duits-religieuze, lees: nieuw-heidense, stromingen én met het oogluikend dulden van de invloed van de anthroposofie van Rudolf Steiner (1861-1925). Wanneer men weet dat het in Westfalen vooral priesters en jonge kapelaans waren die de Jungdo-afdelingen leidden. begrijpt men de bezorgdheid vanwege Mahraun. Die decreteerde zonder dralen het nieuw parool: “Geef het volk wat het volk en God wat God toekomt.”

Bijna gelijktijdig ontstond in de schoot van de orde gemor over Mahrauns Franzosenpolitik. Deze politiek beoogde een Duits-Franse toenadering, ja zelfs samenwerking, en dat zag menig Jungdo-lid niet zitten. Zo min trouwens als het feit dat de potasmagnaat Arnold Rechberg (1879-1947), een rabiate antibolsjewist en om die reden het initiatief van Mahraun genegen, die politiek financieel steunde.15 Wat er ook van zij, Mahraun kondigde deze tegen de in Duitsland overheersende revanchementaliteit in Leipzig ten aanhore van 35.000 leden (overwegend Saksische) aan. De kern van zijn betoog vindt men terug in een interview dat de Franse krant Le Matin op 29 augustus 1925 afdrukte: Mahraun benadrukte dat in zijn optiek de op Duitsland terugslaande bepalingen van het verdrag van Versailles dienden geschrapt en de bezette gebieden ontruimd, en dat de Duits-Poolse grens moest worden herzien.

Volgens Klaus Hornung (°1927) stond noch Mahraun noch Rechberg een kruistocht tegen de Sovjet-Unie voor ogen. Deze kenner interpreteert die Frankrijk-politiek als een poging om “een Europese politiek in de zin van een ‘derde kracht’ tussen Oost en West voor te bereiden” en op die manier het bolsjewisme op vreedzame wijze te weren. Hij onderstreept tevens dat de promotoren van die politiek geen heil zagen in de Volkenbond en evenmin in de zelfs in Frankrijk door invloedrijke politici en intellectuelen gesteunde pan-Europese gedachte van graaf Richard Coudenhove-Kalergi (1894-1972).16

Het feit dat het autoriteitsbeginsel het lager kader de mogelijkheid ontnam dergelijke beslissingen van de centrale leiding van de Jungdo te amenderen, gaf aanleiding tot de desertie van waardevolle elementen en tot sektevorming. Tot die laatste protestuiting nam de latere nazi-minister voor sportaangelegenheden Hans von Tschammer und Osten (1887-1943) zijn toevlucht. Mahrauns Frankrijk-politiek viel overigens evenmin in goede aarde bij de pangermanisten van het genre Heinrich Class (1868-1953), noch bij diens discipel Alfred Hugenberg (1865-1950), eigenaar van een krantenconcern waarin door een sterk anti-Frans ressentiment gedreven oudstrijders het goede weer maakten, noch bij de nationaal-socialisten. Uiteraard evenmin in kringen van de Reichswehr die vlijtig meewerkte aan de door het verdrag van Rapallo (16 april 1922) mogelijk geworden geheime Duits-Sovjetische militaire collaboratie.

Had de Jungdo, in weerwil van de crisis waarin hij verkeerde, toch de wind in de zeilen? Men is geneigd het te geloven wanneer men leest dat de liberale politicus Gustav Stresemann (1878-1929) in 1928 van één miljoen leden gewaagde en het Franse Deuxième Bureau er drie jaar later 500.000 telde.17 In ieder geval achtte Mahraun het ogenblik gekomen om een sinds geruime tijd in het vooruitzicht gesteld Jongduits manifest te lanceren. Dat gebeurde op 18 december 1927 met 4.000 Meister als toehoorders. Het gaat hierbij om de uitgerijpte neerslag van een denken over staat, politiek, economie enz, dat jaar in jaar uit geëvolueerd was.18 In dit manifest wordt geopteerd voor de niet parlementaire sociale volksstaat. bestaande uit zogeheten Nachbarschaften, d.i. groepen van telkens zowat 500 in dezelfde regio wonende staatsburgers, alias kiesgerechtigde mannen en vrouwen. De stamgedachte lag aan de Nachbarschaft ten grondslag: als voorbeelden golden de oud-Griekse agora en de germaanse Thingplatz. De Jungdo verwierp de dictatuur en plaatste de volksstaat boven de economie. Onder volk verstond hij geen gemeenschap van door dezelfde bloedsafstamming verbonden mensen, maar een gemeenschap van door bloedsverwantschap verbonden geslachten: geen sprake dus van ras.19 Het volk moest de staat maken; vandaar een pleidooi voor het referendum en voor onbezoldigde topfuncties: de besten moesten de staat zonder eigen belang en in het belang van het volk besturen.

De publicatie van het manifest verwekte heel wat deining. Niemand betwistte dat het aan oprechte vaderlandsliefde en idealisme ontsproten was. Velen hadden het daarentegen moeilijk met het realiteitsgehalte van de stellingen. Dat de socialisten de ondergeschiktheid van de economie in verband brachten met sterke burgerlijke invloeden is geenszins verwonderlijk. Minder evident is de mening van Alfred Weber (1868-1958): volgens deze gekende socioloog ging de staatsopbouw op nachbarschaftliche grondslag de heerschappij van de middelmatigheid en een veralgemeende vervlakking in de hand werken.20 Edgar Jung (1894-1934), de in 1934 door de nazis vermoorde secretaris en ghostwriter van de politicus Franz von Papen (1879-1969), was het met Mahraun over veel eens, doch vond de idee van de Nachbarschaft ongeschikt als basis voor politiek zelfbestuur.21

Hoe dan ook, in 1928 en 1929 leidde de drang om tot praktische verwezenlijkingen te kunnen komen in april 1929 tot de oprichting van een partijenoverkoepelende Volksnationale Reichsvereinigung waaraan ruim 600 persoonlijkheden hun steun verleenden, o.m. de pedagoog Ernst Krieck (1882-1947). Bij gebrek aan belangstelling kwam het slechts tot een alliantie tussen de Jungdo en de Deutsche Demokratische Partei. Aldus ontstond de Deutsche Staatspartei, die geen lang leven beschoren was, want de verkiezingen van 14 september 1930 vielen falikant uit (20 zetels), die van 6 november 1932 waren gewoon desastreus (nog 2 zetels). Het parlementair experiment bracht heel wat Jungdo-leden in de war en veroorzaakte een nieuwe desertiegolf.22

Het waren hoofdzakelijk hogeschoolstudenten die het verval in een nieuwe opgang ombogen. Zij grepen terug op het in 1924 door Mahraun bepleitte autarkisch princiep van de volksdienstplicht. Weldra registreerde men 300 Arbeitseinsatze, stelde financieminister Klepper 200.000 ha bodem ter beschikking en stichtte Mahraun de Jungdeutsche Siedlungs-GmbH. Er werden indrukwekkende successen geboekt23, maar in 1933 was het amen en uit.

Hitler, in Jungdo-middens Pyrrhus II of ook wel Lodewijk XIV genoemd, duidde het bestaan van de organisatie nog enige tijd. De Jungdo kantte zich tegen de Nazi-partij en Mahraun belegde in Bielefeld een Kapitel, naar hij later gezegd heeft met de bedoeling tot een gewapende weerstand tegen het Nazi-regime te komen. Dat liedje ging niet door: de Jungdo werd in juni 1933 verboden en Mahraun twee weken later aangehouden en door de Gestapo gemarteld; bij gebrek aan harde bewijzen werd hij in september 1933 op vrije voeten gesteld. Belangrijk om weten: Jungdo-leden hebben zich in de Duitse weerstand verdienstelijk gemaakt.24

Mahraun bleef in leven door boeken te schrijven (dichtbundels, romans, toneelstukken) die onder eigen naam of onder zijn schuilnaam Dietrich Kärner verschenen zijn. Toch is hij wel eens schaapsherder geweest om de twee eindjes aan mekaar te kunnen knopen. Tijdens W.O. II werd hij niet gemobiliseerd maar de ironie van het lot heeft gewild dat de Engelsen hem in 1945 andermaal interneerden. Na zijn vrijlating richtte hij de Jungdo opnieuw op (1948) en schreef diverse brochures en een boek.25 De doorstane mishandelingen en ontberingen hadden zijn dood op 59-jarige leeftijd voor gevolg; hij werd in maart 1950 in Gütersloh ten grave gedragen. Medestanders onder de leiding van Wolfgang Lohmüller zetten zijn werk voort en tot op dag van heden bestaat een afleggertje van de gewezen Jungdo onder de naam Artur-Mahraun-Gesellschqft e. V.. Maar de naoorlogse situatie valt buiten het bestek van mijn exposé.

***

Er rest me de hamvraag aan te snijden: heeft Joris van Severen invloed van Mahraun, resp. van de Jungdo ondergaan? Bij gebrek aan documentatie en rekening houdende met de mogelijkheid dat in de niet-gepubliceerde dagboeken indicaties te vinden zijn, verklaar ik me onbevoegd om die vraag te beantwoorden. Toch vallen gelijkenissen niet te loochenen, maar of ze ons berechtigen van invloed te gewagen is minder evident. De kunst bestaat er nu in de gedrukte en de ongedrukte documenten te bestuderen. Wanhopen is alleszins uit den boze.

Noten

1 L. Pauwels, De ideologische evolutie van Joris Van Severen (1894-1940). Een hermeneutische benadering, leper: Studie- en Coördinatiecentrum Joris van Severen, 1999, 272 p., ‘Jaarboek 3’; cf. p. 7.

2 L. Pauwels, op. cit. (vt 1), p. 7.

3 Cf. mijn artikel “Heeft Joris van Severen invloed van Georges Sorel ondergaan?”, deze Nieuwsbrief 9e jg., derde trimester 2005, pp. 11-15.

4 J. van Severen, (a) “Om de zege zo stevig mogelijk te consolideren en uit te baten”, De West-Vlaming (Rumbeke), 22 juni 1929, p. 1; (b) “De vooruitgang van onze zienswijze in de provincie Antwerpen. Volk en natie”, De West-Vlaming (Rumbeke), 26 april 1930, p. 2.

5 A. de Bruyne, Joris van Severen. Droom en daad, Zulte: Oranje Uitgaven, 1961, 341 p.; cf. p. 137. De auteur schrijft ‘Arthur’ i.p.v. ‘Artur’.

6 Balder (= Jan Creve), “Arthur Mahraun”, De Vrjjbuiter (Gent), 7e jg nr. 5-6, juli-aug. 1970, pp. 10-14; cf p. 10. Het moet ‘Artur’ i.p.v. ‘Arthur’ zijn. De krant Der Jungdeutsche begon op 1 juni1924 te verschijnen. Dat De Smet in contact stond met Mahraun signaleert ook Luc Vandeweyer (°1956) in de lemmata ‘Jong Vlaamsche Gemeenschap’ en ‘Jong Nederlandsche Gemeenschap, Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging (Tielt: Lannoo, 1998), deel II = G-Q, pp. 1578 en 1579.

7 M. Cailliau, “Artur Mahraun en de ‘Jungdeutsche Orden’”, Delta (Ekeren), 26e jg = 1990, nr. 4 pp. 4-6, nr. 6 pp. 6-8, nr. 7 pp. 5-9, nr. 8 pp. 8-10; cf. nr. 8 p. 10 vt 2. Deze auteur presenteert een bruikbare synthese van Mahrauns staatsdenken; hij baseert zich op het mij niet ter beschikking staande boekje van Helmut Kalkbrenner: Die Staatslehre Artur Mahrauns, München: Lohmüller, 1986, 64 p.

8 Balder, art. cit. (vt 6), p. Wat Geerardyn betreft, weze opgemerkt dat hij sympathiseerde met De Smet, zodat hij Van Severen inderdaad over de Jungdo kan geïnformeerd hebben.

9 M. Cailliau, art. cit. (vt 7), nr. 4 p. 4. - Zie voorts het door Romain Vanlandschoot (°1933) geschreven lemma “Smet, Robrecht de”, op. cit. (vt 6). deel 3 = R-Z. pp. 2765 -2767: cf. p. 2766: “… [Josu&eaacute;] de Decker [1879-1953] was weinig opgetogen over deze Duitse contacten, maar De Smet zette door en ontmoette in 1926 te Rotterdam een delegatie van deze Orden [sc. de Jungdo].”

10 Het is vreemd dat noch Creve noch Cailliau de in boekvorm ter beschikking staande dissertatie van de (latere hoogleraar) Klaus Hornung gebezigd hebben: Der Jungdeutsche Orden, Düsseldorf: Droste Verlag, 1958, 160 p., nr. 14 in de reeks ‘Beiträge zur Geschichte des Parlamentarismus und der politischen Parteien’. In zijn brief van 27 juni 1960 werd dit opus door Wolfgang Lohmüller geloofd. Uiteraard dient thans rekening gehouden met recenter bronnenmateriaal; cf. b.v. Cl. Wolfschlag, op. cit. (vt 25).

11 Tot mijn spijt stond een naar ik vernam belangrijk opus van Höhn niet te mijner beschikking: Artur Mahraun, der Wegweiser zur Nation. Sein politischer Weg aus seinen Reden und Aufsatzen, Rendsburg: Schieswig-Holsteinische Verlags-Anstalt, 1929, 143 p.

12 In maart 1920 pleegde de bekende marinebrigade Ehrhardt in Berlijn een staatsgreep, waardoor de hogere ambtenaar Wolfgang Kapp (1858-1922) gedurende vijf dagen (!) als rijkskanselier ambteerde. De putsch mislukte wegens een door de syndicaten gedecreteerde algemene staking.

13 KI. Hornung, op. cit. (vt 10), p. 40.

14 E. Schlund, ofm, Der Jungdeutsche Orden, München: Pfeiffer & Co., 1924, 57 p. De brochure is gebaseerd op opstellen die in de Allgemeine Rundschau verschenen waren. - Deze pater bezorgde me destijds een exemplaar van zijn boek Modernes Gottglauben. Das Suchen der Gegenwart nach Gott und Religion, Regensburg: Habbel, z.j. (= 1939), 307 p; het heeft me toen zeer geholpen.

15 (a) Over deze politiek, cf. o.m. K. Hornung, op. cit. (vt 10), pp. 42-50: “Der nationale Friede am Rhein’: Versailles und die Aussenpolitik”. - (b) Over Rechberg, cf. Eberhard von Vietsch (01912), Arnold Rechberg und das Problem der politischen Westorientierung Deutschlands nach dem ersten Weltkrieg, Koblenz: Staatsarchiv, 1958, nr. 4 in de ‘Schriftenreihe des Bundesarchivs’.

16 KI. Homung, op. cit. (vt 10), pp. 43-45.

17 Georges Castellan (°1920), L’Allemagne de Weimar 1918-1933, Parijs: Colin, 1969, 443 p., in de reeks ‘U - série: Histoire contemporaine’; cf. p. 110.

18 A. Mahraun, Das Jungdeutsche Manifest. Volk gegen Kaste und Geld. Sicherung des Friedens durch Neubau des Staates, Berlin: Jungdeutscher Verlag, 1927, 204 p.

19 Ernst Maste, Die Republik der Nachbarn. Die Nachbarschaft und der Staatsgedanke Artur Mahrauns, Giessen: Walitor-Verlag, 1957, 219 p.

20 Kl. Hornung, op. cit. (vt 10), p. 86.

21 Bernhard Jenschke, Zur Kritik der konservativ-revolutionären Ideologie in der Weimarer Republik? Weltanschauung und Politik bei Edgar Julius Jung, München: Beck, 1971, VIII-200 p., nr. 16 in de reeks ‘Münchner Sudien zur Politik’; cf. pp. 136-137. - Er zijn nog andere interessante auteurs die in hun geschriften te rade gingen bij Mahraun, doch het is hier niet de plaats om op die ‘ontleningen’ nader in te gaan.

22 Alexander Kessler, Der Jungdeutsche Orden auf dem Wege zur Deutschen Staatspartei, München: Lohmüller, 1980, 27 p., nr. 7 in de reeks Beiträge zur Geschichte des Jungdeutschen Ordens. Ook A. Mahraun, Die Deutsche Staatspartei. Eine Selbsthilfeorganisation deutschen Staatsbürgertums. Der Grundungsaufruf und das Manifest der Deutschen Staatspartei. Beantwortung gegnerischer Fragen, Berlijn: Jungdeutscher Verlag, 1930, 48 p.

23 Johann Hille, Mahraun. Der Pionier des Arbeitsdienstes, Leipzig: Kittler, 1933, 90 p.

24 Twee voorbeelden die in 1949 in Gütersloh (Nachbarschaftsverlag) verschenen en te mijner beschikking staan: Der Protest des Individuums, 47 p.; Politische Reformation. Vom Werden einer neuen deutschen Ordnung, 216 p.

25 Voorbeelden geeft Claus Wolfschlag (°1966), Hitlers rechte Gegner. Gedanken zum nationalistischen Widerstand, Engerda: Arun-Verlag. 1995. 214 p.: cf. pp. 65-74 (tekst: “Arthur [sic] Mahraun und der ‘Jungdeutsche Orden’”) en pp. 193-195 (78 vt).

 

jeudi, 30 octobre 2008

Otto Dix: un regard sur le siècle

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Otto Dix, un regard sur le siècle

 

Guillaume HIEMET

 

Le centième anniversaire de la naissance d'Otto Dix a été l'occasion pour le public allemand de découvrir la richesse de la production d'un peintre largement méconnu. Plus de 350 œuvres ont en effet été exposées jusqu'au 3 novembre 1991, dans la galerie de la ville de Stuttgart, puis, à partir du 29 novembre, à la Nationalgalerie de Berlin. Peu connu en France, classé par les critiques d'art parmi les représentants de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit), catalogué comme il se doit, Otto Dix a toujours bénéficié de l'indulgence de la critique pour un peintre qui avait dénoncé les horreurs de la première guerre mondiale, figure de proue de l'art nouveau dans l'entre-deux guerres, et ce, en dépit de son incapacité à suivre la mode de l'abstraction à tout crin dans l'après-guerre. Quelques tableaux servent de support à des reproductions indéfiniment répétées et à des jugements qui ont pris valeur de dogmes pour la compréhension de l'œuvre. A l'encontre de ces parti-pris, les expositions de 1991 permettent aux spectateurs de se faire une idée infiniment plus large et plus juste des thèmes que développent la production de Dix.

 

Dix est né le décembre 1891 à Untermhaus, à proximité de Gera, d'un père, ouvrier de fonderie. Un milieu modeste, ouvert cependant aux préoccupations de l'art; sa mère rédigeait des poèmes et c'est auprès de son cousin peintre Fritz Amann que se dessina sa vocation artistique. De 1909 à 1914, il étudie à l'école des Arts Décoratifs de Dresde. Ses premiers autoportraits, à l'exemple de l'Autoportrait avec oeillet  de 1913, sont clairement inspirés de la peinture allemande du seizième siècle à laquelle il vouera toujours une sincère admiration. Ces tableaux de jeunesse témoignent déjà d'un pluralisme de styles, caractérisé par la volonté d'intégrer des approches diverses, par la curiosité de l'essai qui restera une constante dans son œuvre.

 

La guerre: un nouveau départ

 

En 1914, Dix s'engageait en tant que volontaire dans l'armée. L'expérience devait, comme toute sa génération, profondément le marquer. S'il est une habitude de dépeindre Dix comme un pacifiste, son journal de guerre et sa correspondance montrent un caractère sensiblement différent. La guerre fut perçue par Dix, comme par beaucoup d'autres jeunes gens en Allemagne, comme l'offre d'un nouveau départ, d'une coupure radicale avec ce qui était ressenti comme la pesanteur de l'époque wilhelminienne, sa mesquinerie, son étroitesse, sa provincialité qu'une certaine littérature a si bien décrites. Elle annonçait la fin inévitable d'une époque. Les premiers combats, l'ampleur des destructions devaient, bien sûr, limiter l'enthousiasme des départs, mais le gigantisme des cataclysmes que réservait la guerre, n'en présentait pas moins quelque chose de fascinant. Le pacifiste Dix se rapproche par bien des aspects du Jünger des journaux de guerre. L'épreuve de la guerre pour Ernst Jünger trempe de nouveaux types d'hommes dans le monde d'orages et d'acier qu'offrent les combats dans les tranchées.

 

Avec nietzsche: “oui” aux phénomènes

 

Une philosophie nietzschéenne se dégage, “la seule et véritable philosophie” selon Dix, qui, en 1912, avait notamment élaboré un buste en platre en l'honneur du philosophe de la volonté de puissance. Des écrits de Nietzsche, Dix retient l'idée d'une affirmation totale de la vie en vertu de laquelle l'homme aurait la possibilité de se forger des expériences à sa propre mesure. Ainsi, il note: «Il faut pouvoir dire “oui” aux phénomènes humains qui existeront toujours. C'est dans les situations exceptionnelles que l'homme se montre dans toute sa grandeur, mais aussi dans toute sa soumission, son animalité». C'est cette même réflexion qui l'incite à scruter le champ de bataille, qui le pousse à observer de ses propres yeux, si importants pour le peintre, les feux des explosions, les couleurs des abris, des tranchées, le visage de la mort, les corps déchiquetés.

 

De 1915 à 1918, il tient une chronique des événements: ce sont des croquis dessinés sur des cartes postales, visibles aujourd'hui à Stuttgart, qui ramassent de façon simple et particulièrement intense l'univers du front. Le regard du sous-officier Dix a choisi de tout enregistrer, de ne jamais détourner le regard puis de tout montrer dans sa violence, sa nudité. Les notes du journal de guerre montrent crûment sa volonté de considérer froidement, insatiablement le monde autour de lui. Ainsi, en marche vers les premières lignes: «Tout à fait devant, arrivé devant, on n'avait plus peur du tout. Tout ça, ce sont des phénomènes que je voulais vivre à tout prix. Je voulais voir aussi un type tomber tout à côté de moi, et fini, la balle le touche au milieu. C'est tout ça que je voulais vivre de près. C'est ça que je voulais». Dans cette perception de la réalite, Dix souligne le jeu des forces de destruction, les peintures ne semblent plus obéir à aucune règle de composition si ce n'est les repères que forment les puissances de feu, les balles traçantes, les grenades. Tout dans la technique du dessin sert, contribue vivement à cette impression d'éclatement, les traits lourds brusquement interrompus, hachures des couleurs, parfois plaquées. Le regard est obnubilé par la perception d'ensemble, la brutalité des attaques, vision cauchemardesque qui emporte tout.

 

La dissolution de toute référence stable

 

Le réalisme de ces années 1917-1918 qui caractérise ces dessins et gouaches est dominé par cette absence d'unité, l'artiste a jeté sur la toile tel un forcené la violence de l'époque, la dissolution de toute reférence stable. L'abstraction dit assez cette incapacité de se détourner des éclairs de feu et de se rapprocher du détail. Cette peinture permettra pareillement à Dix de conjurer peu à peu les souvenirs de tranchées. Ce rôle de catharsis, cette lente maturation s'est faite dans son esprit pendant les années qui suivent la guerre. L'évolution est sensible. Ce sont en premier, le cycles des gravures intitulé la Guerre qu'il réalise en 1924 puis les grandes compositions des années 1929-1936. Les gravures presentent un nouveau visage de la guerre, Dix s'attarde à représenter le corps des blessés, les détails de leurs souffrances. Ici, le terme d'objectivité est peut-être le plus approprié, il n'est pas sans évoquer toutefois les descriptions anatomiques du poète et médecin Gottfried Benn. Le soin ici de l'extrême précision, de la netteté du rendu prend chez ces guerriers mourants, mutilés ou dans la description de la décomposition des corps une force incroyable.

 

Les souvenirs de guerre ne se laissaient pas oublier aisément, il avouait lui-même: «pendant de longues années, j'ai rêvé sans cesse que j'étais obligé de ramper pour traverser des maisons détruites, et des couloirs où je pouvais à peine avancer». Dans les grandes toiles qu'il a peintes après 1929, il semble que Dix soit venu à bout des stigmates, entaillés dans sa mémoire, que lui avaient laissées la guerre, ou tout du moins que l'unité ait pu se faire dans son esprit. La manière dont l'art offre une issue aux troubles des passions, ce rôle pacificateur, il l'évoque à plusieurs moments dans des entretiens à la fin de sa vie. Dans ces toiles grands-formats qui exposent maintenant, l'univers de la guerre, se conjuguent une extrême précision et l'entrée dans le mythe que renforce encore la référence aux peintres allemands du Moyen-Age. Dix a choisi pour la plus importante de ces oeuvres, un tryptique, La Guerre, la forme du retable. Le renvoi au retable d'Isenheim de Mathias Grünewald, étrange et impressionnant polyptique qui dans la succession de ses volets propose une ascension vers la clarté, l'aura de la Nativité et de la Résurrection, est explicite. En comparaison, le triptyque de Dix semble une tragique redite du premier volet de Grünewald, La tentation de Saint Antoine. Ici, l'univers apocalyptique de la guerre, la mêlée de corps sanglants, les dévastations de villages minés par les obus, correspondent aux visions délirantes de monstres horribles et déchainés, aux corps repoussants, aux gueules immondes mues par la bestialité de la destruction chez Grünewald.

 

des tranchées aux marges de la société

 

L'impossibilité de s'élever vers la clarté, l'éternel recommencement du cycle de destructions est accentué par l'anéantissement du pont qui ferme toute axe de fuite et le dérisoire cadavre du soldat planté sur l'arche de ce pont qui forme une courbe dont l'index tendu pointe en direction du sol. Le cycle du jour est rythmé par la marche d'une colonne dans les brouillards de l'aube, le paroxysme des combats du jour, et le calme, la torpeur du sommeil, les corps allongés dans leur abris que montre la predelle (le socle du tableau). L'effet mythique est encore accentué par la technique qu'utilise Dix pour ces toiles: la superposition de plusieurs couches de glacis transparents, technique empruntée aux primitifs allemands, qui nécessite de nombreuses esquisses et qui confère une perfection, une exactitude extraordinaire aux scènes représentées. Ainsi dans le tableau de 1936, la mort semble être de tout temps, la destinée des terres dévastées de Flandre  —“en Flandre, la mort chevauche...”, selon les paroles d'un air de 1917—,  et le combat dans son immensité parvient à une dimension cosmique.

 

Sous la République de Weimar, Dix conserve en grande partie le style éclaté des peintures de guerre. Il demeure successivement à Dresde, Düsseldorf, Berlin puis à nouveau Dresde jusqu'en 1933. Les thèmes que traite Dix se laissent difficilement résumer: le regard froid des tranchées se tourne vers la société, une société caractérisée, disons-le, par ces marges. Dix est fasciné par le mauvais goût, la laideur, les situations macabres, grotesques. L'esprit du temps n'est pas étranger à cet envoûtement pour la sordidité, et souvent ses personnages tiennent la main aux héroïnes de l'opéra d'Alban Berg Lulu:  thèmes des bas-fonds de la littérature, aquarelles illustrants les amours vénales des marins, accumulation de crimes sadiques décrits avec la plus grande exactitude. Le cynisme hésite entre le sarcasme et l'ironie la moins voilée. L'atmosphère incite aux voluptés sommaires, comme disait un écrivain français. Une des figures qui apparaît le plus souvent et qui nous semble des plus caractéristiques, est celle du mutilé. La société weimarienne ne connaît pour Dix qu'estropiés, éclopés, que des bouts d'humanité, et tout donne à penser que ce qui est valable pour le physique l'est aussi pour le mental. Ainsi les cervelets découpés et asservis aux passions les plus vulgaires et les plus automatiques.

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déshumanisation, désarticulation, pessimisme

 

Une des peintures les plus justement célèbres de Dix, la Rue de Prague  en 1920, fournit un parfait résumé des thèmes de l'époque. D'une manière particulièrement féroce, Dix place les corps désarticulés de deux infirmes à proximité des brillantes vitrines de cette rue commerçante de Dresde, dans lesquelles sont exposés les mannequins et autres bustes sans pattes. Le processus de déshumanisation est complet, les infirmes détraqués, derniers restes de l'humain trouvent leur exact répondant dans la vie des marionnettes. La composition du tableau  —huile et collage—  accentue d'autant plus la désarticulation des corps, la régression des mouvements et pensées humains à des processus mécaniques dont l'aboutissement symbolique est la prothèse. Nihilisme, pessimisme complet, dégoût et aversion affichée pour la société, il y a sans doute un peu de tout cela.

 

Bien des toiles de cette époque pourraient être interprétées comme une allégorie méchante et sarcastique de la phrase de Leibniz selon laquelle “nous sommes automates dans la plus grande partie de nos actions”. L'absence de plan fixe, de point d'appui suggère cette dégringolade vers l'inhumain. Le rapprochement de certains tableaux de cette époque  —Les invalides de guerre, 1920—  avec les caricatures de George Grosz est évident, mais celui-ci trouve bientôt ses limites, car très vite il apparaît que si la source de tout mal pour Grosz se situe dans la rivalité entre classes, pour Dix, le mal est beaucoup plus profond. La société tout entière se vend, tel est le thème du grand triptyque de 1927-1928, La grande ville, misère et concupiscence d'une part, apparence de richesse, faste et vénalité de l'autre. Rien ne rachète rien. On a souvent reproché à Dix son attirance pour la laideur, la déchéance physique et la violence avec laquelle il traite ses sujets. La volonté de provocation rentre directement en ligne de compte, mais plus profondément, ces thèmes se présentaient comme un renouvellement de la peinture. Il avouait d'ailleurs: “j'ai eu le sentiment, en voyant les tableaux peints jusque là, qu'un côté de la réalité n'était pas encore représenté, à savoir la laideur”.

 

Haut-le-cœur, immuables laideurs

 

Si l'impressionnisme a porté le réalisme jusqu'à son accomplissement ce qui n'était pas sans signifier l'épuisement de ces ressources, les tentatives des années vingt restent exemplaires. Le beau classique s'était mû en un affadissement de la réalité, la perte de la force inhérente à la peinture ne pouvait être contrecarrée d'une part, que par une abstraction de plus en plus poussée à laquelle tend toute la peinture moderne, de l'autre, par la confrontation avec un réel non encore édulcoré. Naturellement, de la façon dont Dix, animé d'une sourde révolte, tire sur les conformismes du temps, on comprend le haut-le-cœur des contemporains devant ces corps qui semblent jouir du seul privilège de leur immuable laideur. Aujourd'hui cependant, le spectateur n'est pas sans sourire à cette atmosphère encanaillée des pièces de Brecht, aux voix légèrement discordantes, le parler-peuple de l'Opéra de Quatre-sous. Il en est de même de la caricature de la société de Weimar, attaque frontale contre les vices et vertus de l'époque à laquelle procède méthodiquement Dix, époque de vieux, de nus grossiers, de mères maquerelles, de promenades dominicales pour employés de commerce.

 

La toile Les Amants inégaux  de 1925, dont il existe également une étude à l'aquarelle, condense particulièrement les obsessions chères à Dix. Un vieillard essaie péniblement d'étreindre une jeune femme aux formes imposantes qui se tient sur ses genoux. Le caractère vain du désir, l'intrusion de la mort dans les jeux de l'amour que symbolisent les longues mains décharnées du vieillard forment une danse étonnante de l'aplomb et de la lassitude, de la force charnelle et de sa disparition.

 

les révélations des autoportraits

 

Dix a tout au long de sa vie produit un grand nombre de portraits. L'exposition de Stuttgart en 1991 a montré le fabuleux coloriste qu'il fut. Il affectionne les rouges sang, le fard blanc qui donne aux visages quelque chose du masque, de tendu et de crispé, et les variations de noir et de marron que fournit la fourrure de Martha Dix dans le magnifique portrait de 1923. Selon l'aveu même du peintre, l'accentuation des traits jusqu'à la caricature ne peut que dévoiler l'âme du personnage et la résume d'une façon à peu près infaillible. Il n'est pas interdit de retourner cette remarque à Dix lui même, car il n'est pas sans se projetter dans sa peinture et tout d'abord, dans les nombreux autoportraits que nous disposons de lui. L'esprit qui anime les peintures de l'entre-deux guerres se retrouvent ici aisément: l'Autoportrait avec cigarettes de 1922, une gravure, partage la brutalité des personnages qu'il met en scène. Dix se présente les cheveux gominés, les sourcils froncés, le front décidément obtus, la machoire carrée, bref, une aimable silhouette de brute épaisse dont seul la finesse du nez trahit des instincts plus fins que viennent encore démentir la clope posée entre les lèvres serrées. Qui pourrait nier que ces autoportraits fournissent des équivalences assez exactes de la rudesse et de la brutalite de la peinture de Dix?

 

Art dégénéré ou retour du primitivisme allemand?

 

A partir de 1927, Dix fut nomme professeur à 1'Académie des Beaux-Arts de Dresde. En 1933, quelques temps après 1'arrivée au pouvoir du nouveau régime, il est licencié. Dix représentait pour le régime nazi le prototype de l'art au service de la décadence, et des œuvres tels que Tranchées, Invalides de guerre, eurent l'honneur de figurer dans l'exposition itinérante ”d'art dégenéré” organisée par la Propagande du Reich en 1937, plaçant Dix dans une situation délicate. Il est clair que Dix n'a jamais temoigné un grand intérêt pour la chose politique, refusant toute adhésion partisane avec force sarcasmes. Mais, rétrospectivement, ces jugements apparaissent d'autant plus absurdes que la manière de Dix depuis la fin des années vingt avait déjà considérablement évoluée et témoignait d'un très grand intérêt pour la technique des primitifs allemands que le régime vantait d'autre part. Situation ô combien absurde, mais qui devait grever toute la production des années trente.

 

En 1936, 1'insécurité présente en Saxe l'incite à s'installer avec sa famille sur les bords du lac de Constance dans la bourgade de Hemmenofen. A l'exil intérieur dans lequel il vit, correspond une production toute entière consacrée aux paysages et aux thèmes religieux. Tous ces tableaux montrent une maîtrise peu commune, l'utilisation des couches de glacis superposés, fidèle aux primitifs allemands du seizième, permet une extraordinaire précision et la description du moindre détail. Si Dix a pu dire qu'il avait été condamné au paysage qui, certes, ne correspondait pas au premier mouvement de son âme, on reste néanmoins émerveillé par certaines de ses compositions. Randegg sous la neige avec vol de corbeaux  de 1935: la nuit de 1'hiver enclot le village recouvert d'une épaisse couche de neige, les arbres qui se dressent dénudés évoquent les tableaux de Caspar David Friedrich, unité que seule perçoit le regard du peintre. Loin de se contenter d'un plat réalisme, cet ensemble n'a jamais rendu aussi finement la présence du peintre, léger recul et participation tout à la fois à l'univers qui l'entoure.

 

Devant les gribouilleurs et autres tâcherons copieurs de la manière ancienne aux ordres des nouveaux impératifs, et dans une période où l'humour est si absent des œuvres de Dix, celui-ci semble dire magistral: “Tas de boeufs, vous voulez du primitif, en voilà!”. Art de plus en plus contraint à mesure que passaient les années, mais au moyen duquel Dix exposait une facette majeure de sa personnalité. Dès 1944, il éprouvait le besoin d'en finir avec cette technique minutieuse, exigeante qui bridait son besoin de créativité. La dynamique formelle reprend vivement le dessus dans ses Arbres en Automne de 1945 où les couleurs explosent à nouveau triomphantes. Les peintures de la fin de sa vie renouent avec la grossièreté des traits des œuvres des années vingt.

 

Peu reconnu par la critique alors que le combat pour l'art abstrait battait son plein, Dix est resté, dans ces années, en marge des nouveaux courants artistiques auxquels il n'éprouvait aucunement le besoin d'adhérer. Les thèmes religieux, ou plutôt une imagerie de la bible qu'il essaie étrangement de concilier avec la philosophie de Nietzsche, tiennent dans cette période un rôle fondamental. Sa peinture semble parvenir à une économie de moyens qui rend très émouvantes certaines de ses toiles  —Enfant assis, Enfant de réfugiés, 1952—, la prédisposition de Dix pour les couleurs n'a jamais été aussi présente, l'Autoportrait en prisonnier de guerre  de 1947 est organisé autour des taches de couleur, plaquées sur un personnage muet, vieilli, dont les traits se sont encore creusés. Après plusieurs années de vaches maigres, les honneurs des deux Allemagnes se succédèrent  —il resta toujours attaché à Dresde où il se déplaçait régulièrement . Atteint d'une première attaque en 1967 qui le laissa amoindri, il devait néanmoins poursuivre son travail jusqu'à sa mort deux ans plus tard. Un des ces derniers autoportraits, l'Artiste en tête de mort, montre le crâne du peintre ricanant ceint de la couronne de laurier, image troublante qui rejette au loin les nullissimes querelles entre art figuratif et art abstrait.

 

Guillaume HIEMET.

 

Les citations sont tirées de : Eva KARCHNER, Otto Dix 1891-1969, Sa vie, son œuvre, Benedikt Taschen, 1989.