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lundi, 09 mars 2009

La déréglementation du marché et ses conséquences

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LA DEREGLEMENTATION DU MARCHE ET SES CONSEQUENCES


À partir des années 70, les structures économiques relativement rigides issues de l’après-guerre ont été démantelées par les tenants d’une liberté économique sans limites. Ils sont parvenus à mettre en place une triple déréglementation, monétaire, commerciale et financière, liée par l’idéologie et des intérêts croisés. La libéralisation financière pousse ainsi celle du commerce puisque les multinationales qui investissent à l’étranger cherchent ensuite à exporter. La libéralisation monétaire pousse la libéralisation financière pour permettre aux entreprises de se couvrir contres les évolutions erratiques du cours des monnaies. On oublie aujourd’hui le rôle fondamental de la fin de la convertibilité du dollar en 1971, qui a accéléré la financiarisation de l’économie (le marché des devises est le premier au monde). Puis, les accords commerciaux se sont multipliés pour démanteler les barrières douanières et assurer une circulation la plus libre possible des biens. Enfin, les années 80 ont vu une accélération de la déréglementation financière jusqu’à ce que les échanges financiers soient 50 fois plus importants que ceux de marchandises.


La déréglementation a eu trois conséquences. La première a été un gonflement incontrôlé de l’endettement (des ménages et des Etats), permis par le manque d’encadrement des pratiques financières. Les institutions financières peuvent créer toujours plus de monnaie par rapport à leurs capitaux, que ce soit par l’effet de levier, qui permet de prêter ou placer davantage que ce qui est autorisé (par le hors bilan) ou la titrisation (qui permet de sortir le risque du bilan). Les excès de cette libéralisation sont particulièrement bien illustrés par les excès du marché de l’immobilier subprimes aux Etats-Unis, que Paul Jorion décrit si bien.


La deuxième conséquence est une amplification radicale du caractère cyclique de nos économies et la multiplication des crises. Nous vivons dans un monde économique de plus en plus instable : krach boursier en 1987, crise économique du début des années 90 (conséquence d’une bulle immobilière), crise asiatique de 1997, bulle Internet de 2001, subprimes en 2007. Et du fait de la libéralisation, la contagion est plus rapide et les crises sont plus violentes. Le repli de la régulation laisse mieux apparaître le caractère exagérément cyclique du marché, exubérant à la hausse comme à la baisse.


La troisième conséquence est une hausse des inégalités. Le libre-échange non régulé des pays développés avec les pays émergents provoque une déflation salariale et une hausse du chômage. Le système actuel ne profite au mieux qu’à 10% de la population. Et la hausse des inégalités se retrouve également dans la soumission accrue des entreprises au diktat du marché. Enfin, cette inégalité transparaît dans le rapport entre les entreprises et les citoyens puisque les premières s’accaparent une part toujours plus grande de la richesse au détriment des salaires, preuve que déréglementation ne rime pas forcément avec concurrence.


Pire, les trois conséquences de la déréglementation se renforcent entre elles. En effet, c’est bien la hausse des inégalités aux Etats-Unis qui a provoqué la catastrophe des subprimes puisque les ménages modestes ont compensé par l’emprunt la baisse de leur pouvoir d’achat à cause à la déréglementation financière. Et c’est la déréglementation monétaire et financière qui pousse les pays d’Asie à engranger des excédents colossaux pour se protéger des marchés, créant d’énormes déséquilibres financiers mondiaux.


De manière intéressante, les tenants du système ont gagné une partie de la bataille en parvenant à qualifier la destruction de la réglementation économique issue de l’après-guerre des beaux noms de mondialisation, globalisation ou déréglementation. En effet, comment être contre ces termes, porteurs de valeurs positives ? Notre combat idéologique passera également par les mots et il nous revient de qualifier ce qu’est vraiment cette évolution de ce capitalisme sauvage : la loi de la jungle, la loi du plus fort ou l’anarchie néolibérale. Pire, certains ont réussi à faire passer ce retour en arrière pour moderne. Il s’agit d’une arnaque incroyable tant cette idéologie tend à revenir au capitalisme sauvage du tournant du siècle, celui d’avant les grandes conquêtes sociales. En quelque sorte, pour reprendre Paul Jorion, il s’agit d’une volonté de retour du capitalisme à l’état de nature, d’un déni de tout ce qui fait l’humanité, l’abandon du processus de civilisation où le bien commun et la solidarité l’emportent sur les calculs égoïstes individuels. Quelques économistes darwiniens ont vendu l’idée que la somme des égoïsmes correspond à l’intérêt général et qu’une main invisible bienveillante veille sur le marché pour promouvoir le "laissez faire" et le "laissez passer"… »


Laurent Pinsolle, "La crise de l’anarchie néolibérale", Agoravox, 11 février 2009

Choc des civilisations: le slogan et la réalité

Choc des civilisations : le slogan et la réalité

Ex: http://soutien-chauprade.hautetfort.com/

« Le conflit réveille des tensions et des violences très fortes. Si nous ne faisons rien, nous risquons d'avoir un choc des civilisations, des guerres de religion qui mèneront le monde au bord de la catastrophe, et l'Europe en particulier, parce qu'elle est sur la ligne de fracture des civilisations. » En pleine offensive israélienne contre la bande de Gaza, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, s'inquiétait ainsi, dans un entretien au Monde (daté du 6 janvier), des répercussions possibles de cette attaque meurtrière jusqu'au sein des sociétés européennes. En effet, durant les trois semaines de l'opération « Plomb durci », les tensions, plus ou moins récurrentes depuis quelques années - notamment en France -, entre les communautés musulmane - immigrée ou d'origine immigrée - et juive se sont soudain exacerbées, l'une s'identifiant au peuple palestinien « agressé », l'autre au peuple israélien en état de « légitime défense » contre le « terrorisme ». Dans le même temps, du Marocau Pakistan, en passant par les pays du Proche-Orient, les foules musulmanes manifestaient une nouvelle fois leur colère contre l'Etat hébreu et la « complicité » de la « communauté internationale » - Etats-Unis et Union européenne en tête -à son égard.

couv553.pngRégulièrement évoquée depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington, la menace d'un « choc des civilisations » offrait ainsi, aux yeux de maints observateurs, une nouvelle illustration quelques jours, seulement, après la disparition, le 24 décembre2008, à l'âge de quatre-vingt-un ans, de son principal théoricien, le politologue américain Samuel Philips Huntington, et juste avant l'installation à la Maison-Blanche de Barack Obama.

Dans la foulée, un des principaux représentants de la jeune école française de géopolitique, Aymeric Chauprade, directeur de cours au Collège interarmées de défense (CID), professeur à l'université de Neuchâtel et invité dans de nombreuses universités étrangères, publie aujourd'hui Chronique du choc des civilisations. Sous-titré « Actualité, analyses géopolitiques et cartes pour comprendre le monde après le 11-Septembre », richement illustré, cet ouvrage présente un décryptage à ce jour le plus complet, le plus clair et le plus précis des nouveaux enjeux planétaires. Resituant ceux-ci dans la longue durée historique, il justifie son titre grâce à une grille d'analyse originale qui permet de mieux appréhender un thème autour duquel est entretenue une certaine confusion.

C'est en 1993 que Samuel P. Huntington, professeur de sciences politiques à Harvard, où il dirige le John M. Olin Institute of Strategic Studies, devient célèbre en publiant, dans la revue Foreign Affairs, un article intitulé de façon interrogative : « The clash of civilizations ? ». Son écho est tel qu'il entreprend de développer son propos dans un livre, publié trois ans plus tard sous le titre : The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order. Le point d'interrogation a disparu. Les débats passionnés suscités par l'article sortent des cercles spécialisés. Best-seller mondial, l'ouvrage sera traduit en trente-neuf langues. Paru en France, en 1997, sous le titre le Choc des civilisations, il sera plusieurs fois réédité.

Que dit Huntington ? Que « la culture, les identités culturelles qui, à un niveau grossier, sont des identités de civilisation, déterminent les structures de cohésion, de désintégration et de conflits dans le monde d'après la guerre froide ».

Autrement dit que, depuis l'effondrement de l'Union soviétique, les rapports internationaux ne sont plus régis par des logiques strictement étatiques - ni même économiques ou idéologiques -, mais par des logiques civilisationnelles. « La rivalité entre grandes puissances, écrit-il, est remplacée par le choc des civilisations. Dans ce monde nouveau, les conflits les plus étendus, les plus importants et les plus dangereux n'auront pas lieu entre classes sociales, entre riches et pauvres, entre groupes définis selon des critères économiques, mais entre peuples appartenant à différentes entités culturelles. »

L'ouvrage de Huntington peut se lire à deux niveaux. Le premier concerne l'affirmation que le monde est constitué de civilisations différentes, que celles-ci ne sont pas destinées à disparaître et qu'il existe entre elles des lignes de fracture qui ont jalonné l'histoire de l'humanité avec plus ou moins d'intensité, et qui sont en train de se réveiller.

Ce faisant, Huntington n'a rien inventé. « L'histoire du monde est l'histoire des grandes civilisations », soulignait déjà Oswald Spengler dans son célèbre Déclin de l'Occident (1928). Max Weber, Emile Durkheim, Marcel Mauss, Arnold Toynbee, Immanuel Wallerstein, Fernand Braudel et bien d'autres ont consacré une grande partie de leur vie à l'étude comparée des civilisations et, parfois, aux conflits qui ont pu les opposer.

« Pour toute personne qui s'intéresse au monde contemporain et à plus forte raison qui veut agir sur le monde, remarquait déjà Braudel dans ses Ecrits sur l'histoire (1969), il est "payant" de savoir reconnaître sur une mappemonde quelles civilisations existent aujourd'hui, d'être capable de définir leurs frontières, leur centre et leur périphérie, leurs provinces et l'air qu'on y respire, les formes générales et particulières qui existent et qui s'associent en leur sein. Autrement, quelle catastrophique confusion de perspective pourrait s'ensuivre. »

Et le grand historien notait, à propos de la bataille de Lépante (1571) qui, à l'entrée du golfe de Corinthe, opposa la flotte chrétienne de la Sainte Ligue à l'armada ottomane d'Ali Pacha, qu'elle fut un « de ces chocs sourds, violents, répétés, que se portent les bêtes puissantes que sont les civilisations ». « Le choc des civilisations, écrit pour sa part Aymeric Chauprade, traverse les siècles, et même, pour certaines civilisations, les millénaires ; il s'apaise, puis reprend, et donne à l'histoire des chocs sourds et puissants, comme si des plaques tectoniques venaient à en découdre, causant d'immenses secousses dans l'humanité. »

Le premier exemple répertorié de ces « chocs » se situe en 1280 avant J.-C. : il s'agit de la bataille de Kadesh, qui opposa l'empire égyptien de Ramsès II aux Hittites. La liste des « chocs » qui ont suivi est longue. On peut énumérer, entre autres, l'affrontement, au début du Ve siècle avant J.-C., entre le monde grec (l'Europe) et le monde perse (l'Asie) lors des guerres médiques ; les guerres puniques entre Rome et Carthage, aux IIIe et IIe siècles avant notre ère, mettant aux prises une nouvelle fois l'Europe et l'Asie, mais encore indiquait Braudel, « un peuple essentiellement maritime et marchand [Carthage] et un peuple essentiellement terrien, guerrier et paysan [Rome] » ; la lutte millénaire entre l'islam et la chrétienté, ponctuée d'épisodes qui ont profondément laissé leur empreinte dans les mémoires collectives : Poitiers (732), les croisades (XIe-XIIIe siècles), les huit siècles de la Reconquista espagnole, la prise de Constantinople par les Ottomans (1453), Lépante (1571), déjà cité, le siège de Vienne par les Turcs (1683) ; la quasi-disparition des civilisations précolombiennes d'Amérique du Sud, consécutive à l'arrivée des conquistadors ibériques ; le quasi-génocide des Indiens d'Amérique du Nord lors de la conquête de l'Ouest ; la pénétration du christianisme en Chine et au Japon à partir de la fin du XVIe siècle, puis, au XIXe , le dépouillement de l'empire du Milieu par les puissances européennes.

En remettant ainsi au premier plan la réalité civilisationnelle, sa pluralité et sa conflictualité, Samuel P. Huntington allait à rebours d'un certain universalisme occidental qui considère l'humanité comme une abstraction dépouillée de ses appartenances profondes. D'où l'effet de scandale créé par son livre.

Celui-ci (et l'article qui l'a précédé) a été souvent considéré comme une réponse à un autre ouvrage retentissant, paru quatre ans avant le sien, la Fin de l'Histoire et le dernier homme (1992) -précédé, lui aussi, par un article (publié en 1989 dans la revue National Interest) - de son jeune collègue Francis Fukuyama, professeur d'économie et de sciences politiques à l'université Johns Hopkins de Washington.

Empruntant l'idée de « fin de l'Histoire » à Hegel, Fukuyama prophétisait que la chute du mur de Berlin ouvrirait la voie au triomphe universel du modèle démocratique occidental, de l'économie de marché et de l'idéologie des droits de l'homme, mettant ainsi un point final aux conflits du passé.

La guerre de Yougoslavie, les conflits dans le Caucase et l'Asie centrale post-soviétiques, le génocide rwandais - pour ne prendre que ces exemples - n'ont pas tardé à démentir Fukuyama et à donner du crédit à Huntington. Crédit que sembleront confirmer, ensuite, la dégradation continue de la situation au Proche-Orient, la montée du fondamentalisme islamique et les attentats spectaculaires du 11 septembre 2001. C'est là qu'intervient le second niveau de lecture de sa thèse, niveau non plus descriptif mais normatif.

Car Samuel P. Huntington n'était pas seulement professeur de sciences politiques. Longtemps appointé par la CIA, proche de Zbigniew Brezinski, le grand théoricien du roll back, du refoulement de la puissance russe vers l'intérieur de l'Eurasie, il occupa, sous l'administration Carter, un poste important au Conseil national de sécurité, avant de travailler comme conseiller au département d'Etat sous les administrations Reagan et Bush père. Par ailleurs, cofondateur de la revue Foreign Affairs - celle-là même où il publia son article en 1993 et émanation du Council for Foreign Relations -, il fut l'un de ceux qui pensèrent la politique extérieure américaine au cours des trente-cinq dernières années.

Le Choc des civilisations n'est pas une étude désintéressée à la manière de Braudel, mais une contribution (certes personnelle) à la redéfinition des objectifs stratégiques des Etats-Unis après l'effondrement de l'URSS. Tout comme l'avait été, en son temps, la Fin de l'Histoire, de Francis Fukuyama. Les deux ouvrages, en effet, correspondent à deux moments de l'après-guerre froide. Le premier de ces moments - très bref - est celui du « nouvel ordre mondial » lancé par George Bush père, celui de la « mondialisation heureuse » sous l'égide « bienveillante » de l'Amérique, annonciatrice de « la fin de l'Histoire ». Le second est dominé par les difficultés de plus en plus grandes rencontrées par Washington à faire triompher ce programme, à maîtriser l'évolution du monde ; ce moment est celui de la « guerre contre le terrorisme ».

Promoteurs, après le 11 septembre 2001, de cette « guerre contre le terrorisme », les néoconservateurs qui entourent alors George W. Bush vont puiser chez Huntington de quoi justifier leur rhétorique et leur action, faisant du « choc des civilisations » un slogan mobilisateur. Parfois au corps défendant de l'intéressé. En effet, celui-ci ne partage pas la politique impérialiste agressive de l'administration Bush. « Pour éviter une guerre majeure entre civilisations, souligne-t-il au contraire, il est nécessaire que les Etats-noyaux s'abstiennent d'intervenir dans des conflits survenant dans d'autres civilisations. » S'abritant derrière le renom médiatique de Huntington, les néoconservateurs sont, en réalité, plus directement inspirés par les travaux de l'islamologue britannique Bernard Lewis. C'est d'ailleurs lui le véritable inventeur de l'expression « choc des civilisations » : « La crise au Proche-Orient [...] ne surgit pas d'une querelle entre États, mais d'un choc des civilisations », lança-t-il en 1964. Désignant exclusivement, sous sa plume, l'opposition entre l'« Islam » et l'« Occident », elle s'identifie parfaitement à la logique binaire néoconservatrice. Et à celle de son double et rival mimétique, le djihadisme de Ben Laden. Installé aux Etats-Unis depuis 1974, proche de la droite israélienne, Bernard Lewis sera, notamment, l'inspirateur du plan américain de Grand Moyen-Orient.

Reste que le livre de Huntington prête le flanc à l'instrumentalisation. Ne serait-ce que par ses raccourcis et simplifications, notamment en posant les civilisations comme des ensembles homogènes et unitaires, ce qu'elles ne sont pas. Surtout, son découpage du monde en neuf civilisations constitue en lui-même une instrumentalisation de la réalité civilisationnelle au service des permanences géostratégiques des Etats-Unis. Ainsi lorsqu'il intègre, sous le nom d'« Occident », l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord au sein d'une même communauté de destin transatlantique : ignorant délibérément que la seconde s'est construite en rupture avec la première, cette intégration répond, en revanche, parfaitement à l'impératif de Washington d'empêcher l'émergence d'une Europe puissance continentale qui associerait ses parties occidentale (catholique et protestante) et orientale (orthodoxe). Ou encore, lorsqu'il établit une distinction entre civilisation « japonaise » et civilisation « chinoise », c'est pour mieux légitimer l'alliance américano-nippone destinée à contenir la montée en puissance de la Chine.

La montée en puissance de la Chine : telle est précisément l'obsession de la géopolitique américaine depuis la fin de la guerre froide, ainsi que le montre Aymeric Chauprade dans son ouvrage. La stratégie globale déployée par les Etats-Unis depuis l'effondrement de l'URSS a consisté à contrôler la dépendance énergétique de l'empire du Milieu, à l'encercler par un nouveau réseau d'alliés, à soutenir les séparatismes en son sein (Xingiang, Tibet), à affaiblir la dissuasion nucléaire dans le monde par le développement du bouclier antimissile. La guerre en Afghanistan et en Irak, la volonté d'empêcher la sanctuarisation nucléaire de l'Iran s'inscrivent dans cette stratégie. Dans cette optique, la « guerre contre le terrorisme » islamiste ne serait, en réalité, que le paravent d'une guerre contre les puissances eurasiatiques, dont le 11-Septembre aura été l'accélérateur : la Chine comme cible, la Russie comme enjeu.

De l'orientation stratégique de la Russie dépend, en effet, la réussite de cette stratégie globale. Or, après avoir cru pouvoir faire « tomber » la Russie de son côté à la faveur du chaos post-soviétique des années Eltsine, Washington a dû déchanter depuis l'accession au pouvoir, en 2000, de Vladimir Poutine. Ayant entrepris de redresser la puissance russe en s'appuyant sur la civilisation orthodoxe et les richesses énergétiques du pays (pétrole et gaz), Poutine (et, depuis 2008, le tandem Medvedev-Poutine) est peut-être en train déjouer le rêve unipolaire américain au profit d'un monde multipolaire. S'étant rapprochée de la Chine, la Russie voit déjà des alliances se former autour d'elle, de l'Iran au Venezuela, en passant par le Nicaragua. Alliances de puissances, mais aussi, conclut Aymeric Chauprade, de civilisations qui « se dressent contre le mondialisme américain et le refusent car elles ont désormais les moyens de le refuser [...] ».

Christian BROSIO

Les dieux magiciens dans le Rig Veda

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Archives de Synergies Européennes - 1994

 

Les dieux magiciens dans le Rig-Veda

 

Analyse: Patrick MOISSON, Les dieux magiciens dans le Rig-Veda, Préface de Jean Varenne, Arché/Editit, 1993, 512 p., 186 FF.

 

Rédigé à partir d'une thèse, cet ouvrage est parfaitement lisible et accessible et présente, en neuf cha­pitres, le thème de la magie au sein de la religion cosmique des Indo-Européens.

 

Le magicien, qu'il soit homme ou dieu, est celui qui contraint les forces impersonnelles à le servir: il peut le faire pour le bien, c'est la magie blanche; ou pour provoquer le mal, c'est la magie noire. Il agit à titre per­sonnel ou pour la collectivité. Il appartient, la plupart du temps, au groupe des brahman.

 

La magie s'inscrit dans le schème PENSÉE-PAROLE-ACTION. Le rite religieux permet d'établir un contrat avec le monde divin alors que le rite magique assujettit les forces surnaturelles sans l'intermédiaire d'un agent spirituel. L'opération magique est méditée, accompagnée d'incantations et exécutée avec un geste approprié, et est directement efficace. La distinction magie/religion en Inde est parfois floue. Mais les deux forment un ensemble structuré.

 

Le premier chapitre traite de la PAROLE. La Parole fracture l'être mythique “VALA” qui retient prisonniers les éléments de la création: aurores, soleil, feu, eaux primordiales, vie. La parole sacrée est une parole d'énergie. Son maître est Brhaspati, allié du dieu guerrier Indra, briseur de résistances. La parole, comme une flèche, peut tuer à distance en calomniant. Inversément, les dieux font naître des divinités par la louange: Agni (le Feu) et Indra.

 

La Parole se présente sous quatre formes: la parole formulée (la parole sacrée: brahman; la parole inspi­rée; la formule “mantra”; la voix); l'invocation; le cri; le chant. L'auteur met en rapport le “cri” avec les for­mules magiques des Runes. Odhinn est l'équivalent de Brhaspati. Au plan cosmique, la formule indo-eu­ropéenne est de “fendre la montagne par la formule pour délivrer la lumière cachée” (p. 83). Le schéma mythique renvoie à la naissance de la lumière aurorale hors d'une montagne assiégée par le chant. L'équivalent se rencontre chez les Celtes, avec la déesse BRIGIT, aurore liée à la parole et aux phéno­mènes lumineux; à Rome avec MINERVE; en Gaule avec BELISAMA, la très brillante.

 

Le chemin suivi par la Parole est représenté par Hermès et Pusan. Tous deux veillent sur les carrefours et patronnent les chemins: qu'ils soient habituels (la terre), obscurs (les morts), ou ceux de la parole (messagers des Dieux). Ils règnent donc sur la communication. Enfin, un parallèle est établi entre CARMENTA à Rome (Carmen désigne le chant magique) et VAC, la parole personnifiée.

 

Le second chapitre traite de la “parole de feu” et de la lutte contre la sorcellerie. Le symbolisme du Feu évoque, par analogie, la chaleur mystique, l'amour, la parole de feu blessante au niveau profane ou lan­çant la malédiction au niveau sacré. Deux feux coexistent: le feu brillant du jour, le soleil, la flamme du sacrifice; le feu sombre qui rougeoie dans les forges, dans les volcans, qui vit dans les braises. A ce dernier sont liés les sorciers, qui pratiquent l'art du mensonge et de la tromperie. Hommes de la ténèbre, les sorciers disposent de la MAYA. Les haines et le mépris sont le résultat de la parole des sorciers qui brisent l'esprit d'entente unissant le groupe. Le calomniateur hait la Parole sacrée. Ennemis déclarés du culte et de l'ordre social, les sorciers pratiquent la calomnie et l'imprécation. Lutter contre la sorcellerie impose de lutter contre l'individu fourbe qui tient un discours contraire à la vérité. Face à la parole de feu de la calomnie, les dieux guerriers interviennent en ayant recours à la massue. Cela vaut tant pour INDRA que pour THORR.

 

Le chapitre trois traite des médecins divins APOLLON et RUDRA et des confréries initiatiques:

- Tous deux possèdent un arc dont les flèches vont droit au but. Flèches qui désignent la Parole ou les maladies qui frappent ceux qui manquent à leur parole.

- Ils sont médecins et responsables des maladies, car celui qui dispose d'un poison en possède l'antidote.

- Ils sont liés à la lumière malgré leur aspect inquiétant.

- Ils promettent l'immortalité. Apollon règne sur les îles des Bienheureux; Rudra a des enfants “immortels”.

 

Le chapitre quatre étudie le couple MITRA-VARUNA. Tous deux appartiennent aux ADITYA, descendants de la déesse ADITI, la “non liée”, i.e. la LIBERTÉ. A Mitra (contrat) est associée la puissance de l'action menée avec habileté (le DASKA). Ils œuvrent pour le bien et pour refouler le mal. VARUNA est maître de la MAYA, magie des formes, puissance qui permet à la fois de reproduire par mimétisme, et de transformer par imitation.

 

MAYA est à mettre en rapport avec METIS, la première épouse de ZEUS. Zeus a épousé successivement: METIS, prudence, ruse; THEMIS, institution (= Mitra); MNEMOSYNE, mémoire, tradition, c'est-à-dire, Bonne pensée, Bonne parole, Vérité, l'équivalent de l'ordre cosmique hindou, le RTA.

 

L'auteur établit aussi clairement les rapports entre VARUNA et ROMULUS; VARUNA et ODHINN; VARUNA et LUG.

 

Un court chapitre cinq traite des dieux forgerons. TVASTAR est mis en correspondance avec Héphaïstos. Puis un long développement, le chapitre six, est consacré aux RBHU, les êtres qui gagnent l'immortalité. Ils renvoient aux ALFES, dont existent deux catégories: les Alfes clairs, et les Alfes sombres, les nains, qui mettent en œuvre le mensonge. Les Alfes sont liés au soleil. Ils luttent avec les ASES contre les géants et les nains. Les Alfes comme les RBHU jouent un rôle dans le cycle annuel. Leur fête a lieu à l'époque du solstice d'hiver. Et, dans le crépuscule des dieux, le Ragnarökr, les Alfes survivent aux dieux.

 

Les RBHU, comme les Alfes et les Héros grecs se situent à la charnière du monde divin et du monde hu­main.

 

Le chapitre sept est consacré aux ASVIN, exemple de jumeaux divins dont on trouve l'équivalent avec les Dioscures CASTOR et POLLUX. Ils sont aussi à rapprocher de BALDR et HÖDR. Le chapitre huit ras­semble les données concernant INDRA et les puissances magiques.

 

En conclusion (chapitre neuf), le monde indien a reconnu trois catégories de dieux:

- Les dieux garants d'une puissance magique: Varuna, Agni, Brhaspati.

- Les dieux non garants d'une puissance magique: Rudra, Tvastar, les Rbhu, les Asvin.

- Les dieux utilisateurs d'une puissance magique: Indra.

 

Les dieux magiciens sont liés au ciel nocturne (ou sombre) où règnent les Asura, maîtres des esprits. La grandeur et la richesse du polythéisme aparaissent dans l'absence de dualité simpliste. Alors qu'un mo­nothéisme banal oppose aspects religieux et aspects démoniaques, le polythéisme isole les forces malé­fiques, le désordre et le mensonge, mais reconnaît une complémentarité entre magie et religion.

 

Frédéric VALENTIN.

dimanche, 08 mars 2009

Dans les coulisses de la crise, la nouvelle guerre du pétrole

Dans les coulisses de la Crise, la nouvelle guerre du pétrole

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Par Maxime Lion
Altermedia France

L’organisation des Pays exportateurs de Pétrole (Opep) pourrait procéder à une nouvelle baisse de sa production, en mars, lors de sa prochaine réunion à Vienne. C’est en tout cas ce qu’a affirmé samedi à Alger le ministre algérien de l’Énergie et des mines Chakib Khelil. Raisons invoquées : le possible maintien à la baisse des cours du brut. Ceci alors même que l’Agence internationale de l’Énergie abaissait vendredi ses prévisions de demande mondiale pétrolière, tablant désormais sur une contraction en 2009 comme en 2008. L’occasion de faire le point sur un marché fondamental de l’économie moderne où le politique n’est jamais loin.

 

Une véritable guerre « discrète » fait aujourd’hui rage sur le marché du Pétrole. Du côté des offreurs, l’Organisation des Pays Producteurs de Pétrole, qui représente 40 % de la production mondiale et qui bénéficie du soutien de la Russie, se veut le syndicats de défense des pays producteur : il rêve d’un baril de pétrole à 60 $ afin de rentabiliser l’ensemble des exploitations des ses membres, et d’assurer de confortables profits pour les plus compétitifs d’entre eux, comme l’Arabie Saoudite. La demande, quant à elle, s’organise pour l’essentiel autour des pôles occidentaux et asiatiques. Cependant, les États-Unis, premier consommateur au monde d’hydrocarbure et inventeurs de toute la filière économique du pétrole, donne le la : le prix du pétrole est actuellement gouverné par le niveau des stocks américains de pétrole. Depuis l’été dernier, il oriente les courts toujours dans le même sens, la baisse.

Si la baisse des courts s’explique avant tout par une cause objective - la chute de la demande de pétrole attestée par la litanie des rapports mensuels de l’Agence Internationale de l’Énergie annonçant une régression de la consommation de brut de 0,6 % en 2009 - elle devrait être compensée en grande partie par le diminution de la production de l’OPEP, suivie par celle opérée par la Russie. L’objectif est de relancer le baril à la hausse pour atteindre un objectif de court terme de 45 $ la baril. Or, peine perdue : alors que les consignes ont été relativement suivies par les pays membres de l’organisation, la production se maintient, voire augmente légèrement. Qui sont les coupables, augmentant leur production contre toute logique économique ? La réponse : des pays à la fois producteur et consommateur qui ont plus à perdre dans les surcoûts d’un pétrole en hausse que dans les pertes de leur propre puits… et en tout premier lieu les États-Unis, suivis de la Chine et du Brésil.

La baisse des courts du pétrole semble ainsi être devenu un objectif majeur de la politique américaine. Certains y ont vu un motif essentiel de la volonté de l’oncle Sam de freiner les ardeurs israéliennes quant à une campagne de raids aériens sur l’Iran, craignant les conséquences d’un conflit prolongé au Moyen Orient sur les courts de l’or noir. Qu’est-ce qui pousse les Américains à maintenir à grand frais les courts du pétrole à des courts les plus bas possibles, quitte à hypothéquer l’avenir de leur propre industrie pétrolière ?

La réponse est simple : le choix de la surchauffe de la planche à billet comme moyen de venir à bout de la crise, voire de la dépression économique. Le nouveau président O’Bama a promis d’injecter 850 milliards de dollars dans l’économie américaine sous forme d’infrastructures et de réduction d’impôts. D’où vient l’argent ? De bons du trésor dont la valeur repose dans la crédulité des étrangers dans la puissance de l’Oncle Sam. Si ces derniers ne suffisent pas, la planche à billet fera le reste. Or ce schéma ne fonctionne que tant que la confiance en la monnaie est maintenue par une inflation quasi nulle, garantissant, du moins à court terme, son pouvoir d’achat. Or le facteur principal de la chute de l’inflation aux Etats-unis, au point qu’elle devienne une véritable déflation, est justement la chute des courts des hydrocarbures. Une forte augmentation des courts de pétrole, ou choc exogène, suite à une crise géopolitique, aurait pour conséquence de relancer dramatiquement l’inflation et ainsi de transformer les injections massives de liquidités dans l’économie en empoisonnement du système financier mondial. A la crise - se matérialisant par la chute des valeurs des actifs, actions et immobiliers, c’est-à-dire une destruction de richesse - s’ajouterait l’effondrement du dollar, ce qui finirait de laminer le revenu des actifs… Il s’agit du pire scénario des économistes, l’hyper-inflation, qui se caractérise par une défiance générale pour la monnaie papier dite fiduciaire. Cette dernière revient à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire quasi-nulle, celle d’un petit papier imprimé en quadrichromie… Ceci signifierait l’arrêt de mort du dollar, et donc la fin de l’empire américain car il n’y a pas d’Empire sans impôt impérial.

Les liens entre le Politique et l’Économique ne sont jamais aussi forts qu’en tant que crise, et l’Histoire n’est jamais loin. Si la crise a aujourd’hui surtout le goût amer des licenciements et du marasme, marquant la fin d’un modèle économique, elle est aussi l’annonce de changements profonds, du mutations insoupçonnées. A nous de les décryptées afin de fêter la fin de ce « monde vétuste et sans joie… »


Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info

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Un Gran Hermano en el ciberespacio

¿Y con Facebook qué?
Un Gran Hermano en el ciberespacio

Victoria Romero
El control de la información de los centros de poder presente en Internet. Las redes sociales, donde todo se ve y todo se sabe, en el ojo de la tormenta. Por  | Desde la Redacción de APM 01|03|2009

El que tiene la información tiene el poder y desde esa posición asimétrica ideará diversos mecanismos y utilizará diferentes herramientas para continuar ejerciéndolo. Es en ese afán por mantenerse en el poder, donde aquel que lo concentra logra crear sus propios medios de comunicación y utilizarlos como instrumentos para sus fines. Y es en ese afán donde la censura, la omisión, la tergiversación, la supremacía de una fuente sobre otra, prevalecen en la información que circula.
(Ver: “Reflexiones sobre Internet. La pecera ciberespacial”. APM 13/6/2007)

Desde el procedimiento óptico de Jeremías Bentham, considerado en el siglo XVIII como la gran innovación para ejercer bien y fácilmente el poder, pasando por la propaganda de Joseph Goebbels (el jefe de la propenda nazi), los recortes de cinta de video tapes y las prohibiciones de publicar o decir, el poderío económico y político centrado sobretodo en multinacionales, instaura de forma continua procedimientos de poder, innovadores, diversos, eficaces para socavar los principios de expresión, libertad y democracia.

Adaptado a las nuevas tecnologías, el control de la información logró infiltrarse en el ciberespacio. Días atrás se conoció la noticia de que la conocida red social Facebook, con millones de usuarios en el mundo, cambiaba las políticas de uso y se adjudicaba de forma perpetua los derechos comerciales del material que sus usuarios subían y compartían en la red.

La noticia causó críticas y revuelos dentro y fuera de la “República de Facebook” que obligaron a Mark Zuckerberg, joven dueño de la red, a retornar a las condiciones previas de uso mientras “se resuelven los temas que la gente ha propuesto”, escribía el muchacho en su blog.

Facebook es un sitio web de redes sociales creado por Zuckerberg en 2004 como plataforma para conectar a estudiantes de la Universidad de Harvard, donde el muchacho estudiaba. Pero la idea de Zuckerberg pronto se convirtió en un boom, extendiéndose a otras universidades estadounidenses hasta que, en 2006, se abrió al público. En apenas un año, el invento del estudiante de Harvard se convirtió en uno de los sitios con mayores visitas de la web. En noviembre de 2008, la propia web de estadísticas de Facebook, contó más de 175 millones de usuarios activos en todo el mundo.

Facebook no para de crecer. Hace dos semanas, la empresa de medición en Internet Compete.com la catalogó como el sitio web de redes sociales más popular del mundo, con casi 1.200 millones de visitas en enero.

Compete.com publicó los conteos que muestran cómo Facebook se ubica en primer lugar, seguido por MySpace y por el servicio de micro-blogging Twitter que pasó del lugar 22 al tercero. MySpace recibió en enero 810 millones de visitas mientras que Twitter fue visitado 54.2 millones veces, de acuerdo a datos ofrecidos por la compañía.

Desde Facebook explican que uno de los motivos de la crecida de usuarios es que desde el año pasado se lanzó su versión en francés, alemán y español para impulsar su expansión fuera de Estados Unidos.

En tanto, a comienzos de este año, Zuckerberg vendió a Microsoft el 1,6 por ciento de su empresa. El motivo de la venta: Bill Gates, el dueño de la multinacional de informática, vio oro en polvo en la cantidad de datos que se publican sobre gustos y preferencias. Un mega negocio para una publicidad personalizada y on line que le pretende sacar plazas a Google.

La red brinda posibilidades de que todo se sepa, desde el lugar de trabajo, situación sentimental, educación, gustos musicales y hasta simpatías políticas. En el “boletín”, se pueden hallar grupos de apoyo o repudio a los presidentes de Bolivia y Venezuela, Evo Morales y Hugo Chávez. Espacios de amor y odio a la presidenta argentina Cristina Fernández, para las Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (FARC) o para el ex mandatario estadounidense George Bush. Incluso los genocidas latinoamericanos Jorge Rafael Videla, Augusto Pinochet y Anastacio Somoza, gozan de partidarios.

Miles de historias se conocen en Facebook, ya que lo privado pasa a ser público y la red social ejerce control sobre todo lo publicado en la plataforma. Este último enunciado fue el detonante de miles de críticas contra Mark Zuckerberg.

Es que el pasado 4 de febrero, el joven empresario introdujo sin aviso perceptible una serie de arreglos al pocas veces leído terms of service que establece las condiciones de uso. Allí, Zuckerberg fijaba que se le otorgaba a Facebook “el derecho irrevocable, perpetuo, no exclusivo, transferible y mundial de utilizar, copiar, publicar, difundir, almacenar, ejecutar, transmitir, scanear, modificar, editar, traducir, adaptar, redistribuir cualquier contenido depositado en el portal".

Si bien esa cláusula preexistió siempre en la plataforma, Zuckerberg eliminaba un principio de privacidad, aquel que aseguraba que el contenido de un espacio podía ser borrado del portal en cualquier momento. “Si usted lo borra, el derecho acordado a Facebook evocado antes vencerá automáticamente, aunque la empresa puede conservar copias archivadas", fijaba la plataforma.

La desaparición de esas oraciones en las condiciones de uso significaba que se le cedía (incluso post mortem) a Facebook la propiedad comercial de todo aquello que se subía a la plataforma. Incluso si entre los miembros de la red, se encontraban artistas, hubiesen estado condenados también a conceder el derecho de sus creaciones a Zuckerberg.

Si bien el joven millonario debió abandonar esas pretensiones de control de la información, lo hizo de forma momentánea hasta tanto se decida lo mejor para todos en Facebook. El intento de cambio en las políticas de uso convertía en legal lo ilegal: almacenar los datos de los usuarios. Al momento que alguien da de baja su perfil, la empresa no borra la información, porque si el usuario decide nuevamente dar de alta su cuenta, de inmediato sus datos aparecen en la red. Entonces, con esos cambios los datos hubieran pasado legalmente a ser parte de Facebook.

No es la primera vez que aparecen roces en Facebook por el control de la información. En 2007, el proyecto Beacon que pasaba información sobre la actividad de usuarios a compañías de publicidad debió ser abortado luego de las críticas de los integrantes de la red.

Ese manejo en la información privada de los usuarios induce a representar a la red social como el Gran Hermano omnisciente y virtual que todo lo ve y todo lo sabe. Si bien los datos aislados de cada persona que sube su perfil a Facebook no tienen valor, sí lo tiene la información de millones de usuarios, sobre todo en términos financieros y políticos.

Es por ello que la mayor preocupación radica en reflexionar cómo una vez más desde los centros de poder se busca el dominio y el control de la información desde una arista de las nuevas tecnologías, como lo constituyen las redes sociales. Evitar la desinformación para el caso de las redes sociales e impedir el control de cada espacio gratuito y democrático para Internet, es un desafío para aquellos que buscan hacerle frente a esa parte hegemónica y poderosa que intenta liderar y concentrar el mundo.

vromero@prensamercosur.com.ar

http://www.prensamercosur.com.ar/apm/nota_completa.php?idnota=4214

Lezing Verdinaso / Louis Gueuning

Lezing Verdinaso

 

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Op donderdag 19-02 werden we vereerd met het bezoek van Vbr. OS Filip de Cauwer, de pro-senior van KVHV-Leuven, die kwam spreken over de naoorlogse ontwikkeling van het Verdinaso en de drijvende kracht achter deze ontwikkeling, L. Gueuning.
Gueuning kan beschouwd worden als de figuur die na de Tweede Wereldoorlog de ideologie van Joris Van Severen en het Verdinaso heeft geconsolideerd, zonder zelf evenwel onverdienstelijk te blijven door actieve bijdrage aan de uitbouw van deze overgeërfde ideologie.

Hoewel het Verdinaso in haar beginperiode tijdens de jaren 30′ voornamelijk werd gekenmerkt door een anti-Belgische tendens en de hoop op het oprichten van een hernieuwd Diets rijk, werd er in 1934 door de kopstukken van deze beweging, J. Van Severen en W. Moens, een diepgaande herdefiniëring van de ideologie van het Verdinaso geformuleerd, ook wel de geschiedenis ingegaan als de ‘Nieuwe Marsrichting’. Er werd een nieuw politiek objectief gesteld in het vormen van een nieuwe staat naar model en grondgebied van de laatmiddeleeuwse Bourgondische Nederlanden. Deze Nieuwe Marsrichting werd grondig uitgediept en uitgewerkt om niet enkel het oppervlakkige politieke niveau te beslaan, maar om uit te groeien tot een totaalsysteem van het menselijk handelen en denken. Door deze diepgaande evolutie komt het zwaartepunt van de Verdinaso-beweging voornamelijk na 1934 te liggen.

Gueuning kwam in 1939 in contact met Van Severen, met wie hij al gauw een hechte vriendschap en intense correspondentie onderhield. Hij werd door Van Severen aangeduid als hoofd van het Verdinaso voor de Romaanse gouwen, en richtte tijdens de oorlog, na de executie van Van Severen, de ‘Joris Van Severen-orde’ op, met als doel de nagedachtenis en het denkwerk van Van Severen te eren, te bewaren en verder uit te werken, door middel van publicaties en bijeenkomsten.

Tijdens de oorlog wenste Gueuning een onafhankelijke koers te varen, en bleef hij nadruk leggen op de zelfstandigheid van de Nederlanden. Zo bleek hij niet te winnen voor collaboratie met de Duitse bezetter in tegenstelling tot het VNV, terwijl hij evenmin samenwerking met de geallieerden op prijs stelde. Dat deze manifeste weigering partij te kiezen in het mondiale conflict niet in dank werd afgenomen, kon Gueuning aan de lijve ondervinden. Gueuning werd het slachtoffer van vervolging zowel tijdens de repressie kort na het eind van de oorlog door de geallieerden, als tijdens de oorlog zelf onder de Duitse Gestapo. Echter bleek zijn ambivalente koers zijn redding, aangezien hij beide vervolgingsprocessen zonder al te veel kleerscheuren doorkwam.

Na de oorlog stichtte Gueuning het ‘Albrecht-en-Isabella-college’, een eliteschool waarvan hij directeur werd. Hij bleef tijdens zijn leven onverminderd werken publiceren rond de nagedachtenis en ideologie van Van Severen, waaraan hij zijn originele bijdrage bracht. Tevens legde hij zich toe op politieke mobilisatie en bewustwording, zoals moge blijken uit de organisatie van de eerste ‘Staten-Generaal van Verzet tegen het Regime’ in 1952.

Na zijn dood werd de ‘Louis-Gueuning-stichting’ in het leven geroepen, met hetzelfde doel dat hijzelf met zijn eigen organisatie met Joris Van Severen voor ogen had: het bewaren en uitdragen van de nagedachtenis van een interessant denker uit de vorige eeuw.

Hieronder volgt een kort overzicht van de brandpunten waarrond Gueuning zijn denken heeft verweven met dat van zijn voorganger en zijn mentor, Joris Van Severen.

Allereerst werd het denken van Gueuning getekend door een sterke manifestatie van het begrippenpaar personalisme en roeping, dat hij heeft meegekregen van Van Severen. Personalisme houdt in dat iedere actie van de mens als individu of als deel van een groep ten dienste staat van de volledige ontplooiing van iedere mens als persoon. Vanuit deze peiler van zijn denken kan men verklaren waarom Gueuning nogal weigerachtig stond t.o.v. collaboratie met het regime van Nazi-Duitsland, dat als totalitair regime een volledig andere invalshoek had op het menselijk wezen. Het is duidelijk dat enige voorzichtigheid geboden is bij het bestempelen van Gueuning als een loutere exponent van de totalitaire Nieuwe-Ordebewegingen. Zulk een onvoorzichtige vereenzelviging kan enkel uitgelokt worden door de uiterlijke gelijkenissen tussen Verdinaso en de totalitaire bewegingen, zoals de gedeelde nadruk van beide op orde. Echter werd ook dit ‘totalitaire’ begrip door Gueuning via zijn personele invalshoek bekeken: orde zag hij als een noodzakelijk middel dat de mens zich in zelfdiscipline moest opleggen om zo tot een zo efficiënt mogelijke persoonlijke ontwikkeling te komen. Deze originele visie kan men verklaren vanuit het persoonlijke leven van Gueuning, van beroep was hij namelijk onderwijzer (cf. zijn stichting van een eigen school in 1950).

Complementair aan het personalisme was het begrip roeping. Gueuning kan beschouwd worden als een exponent van Aristoteles in die zin dat hij zowel persoonlijk als politiek handelen van de mens zag als een teleologisch proces. Ieder mens heeft een unieke roeping in zijn leven en in de maatschappij die hij zo goed mogelijk moet invullen. Zingeving aan handelen en leven van de mens vloeit voort uit het vervullen van deze roeping. Ieder individu haalt tevens zijn uniciteit uit het feit dat iedere roeping uniek is. Iedere aparte en unieke roeping wordt in vervulling gebracht op het niveau dat gevormd wordt door het samenkomen van deze vervulde roepingen, het maatschappelijk vlak.

Vanuit deze teleologische visie evolueert Gueuning de noties van orde, vrijheid en maatschappij. Een maatschappij dient op ieder niveau de roeping van ieder individu te ondersteunen, daar zij tegelijkertijd de resultante is van deze vervulde roepingen. Maatschappij kan men aldus definiëren als de voedingsbodem én het resultaat van zichzelf ontplooiende individuen. Vrijheid wordt in dit kader niet bekeken vanuit een libertijnse bril als een doel op zich, maar wederom als een middel in de ontplooiing van de mens, zoals dat met de notie orde hetzelfde geval is.

Een verregaande originaliteit blijkt uit de toepassing van het besproken begrippenpaar vanuit persoonlijk vlak op het politieke vlak. Net zoals individuen hebben staten een unieke roeping bepaald door hun eigen uniciteit. Deze gedachtengang kan de kritische houding verklaren die Gueuning aannam t.o.v. het naoorlogse Europese eenmakingsproces. Hoewel hij een fervent voorstander was van een Europese integratie op ideëele en culturele basis, keurde hij juist het actuele proces af vanuit de verkeerd motivatie ervan. Een Europese Unie als louter middel tot economische doelen had voor hem noch zin noch slaagkans.

Een Europa van de toekomst moest voor hem een eenheid in verscheidenheid worden, ‘Unitas in diversitate’, waarin iedere natie zijn eigenheid behouden zag juist door de vervulling van een specifieke roeping. Het nationalisme zou als kader voor Europese integratie de unieke aard van ieder Europees volk vrijwaren. De Bourgondische Nederlanden kende hij een bevoorrechte status toe als motor van het Europese integratieproces vanuit een analyse van de geschiedenis van de Nederlanden. Doorheen de geschiedenis van Europa hadden de Nederladen de functie vervuld van transitzone, een zone voor contact tussen en integratie van de verscheidene Europese grootmachten.

Raf Praet v. Raffen, Ab-Actis KVHV-Gent, 2008-2009

When American Imperialism chased Spain out of Cuba

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When American Imperialism chased Spain out of Cuba

by Philippe Conrad       

A century ago, in 1898, the Cuban war broke out against Spain. It was an American war that was «altruistic and moral». Through this war, which called on the resources of misinformation and brainwashing, the United States began its career as a world power.

«All is quiet here; there are no problems and there’ll be no war, I want to come back»…«Stay where you are please and send us pictures, I am responsible for preparing the war…» This exchange of telegrams between Frederic Remington, the reporter-artist of the New York Journal, and his boss, William Randolph Hearst, on the eve of the Spanish-American conflict of 1898, just about sums up the situation at the moment. It shows the part that the manipulation of American public opinion played in unleashing this war. We shall have to wait until the First World War before governments, those of the Anglo-Saxon countries in the first place, have recourse on a such a grand scale to these propaganda tricks. But the stakes were considerable, for it was a question of chasing Europe – or more precisely a Spain that was only a shadow of its former self – from the American hemisphere in order to perfect the hegemony of the United States over the New World as a whole.

 

The right to possession of the world

America’s designs on Cuba and on the Caribbean sea simply and quite naturally completed the geopolitical grand design which was to make the new state into a continental power, opening onto the two oceans and able to impose its domination over the whole western hemisphere. These designs were clear even in the 1820s when John Quincy Adams considered that Cuba was the key to the Caribbean and that its proximity to Florida and the mouth of the Mississippi would one day make it necessary, «through the simple law of political gravitation», for America to seize it. What held Washington back at that time was fear of English reaction, for London might worry about the fate in store for Jamaica. For American officials, it was better to be patient and leave Cuba in the hands of an enfeebled Spain rather than engage in an action likely to justify British opposition. It was enough to wait for the right moment or for circumstances to appear most favourable for the realisation of what John Fiske called, in 1885, the «manifest destiny» of the United States.

In those last years of the century, projects for driving a canal through the Central American isthmus at Nicaragua or Panama gave new life to the already old desires of the Washington government. Several theorists at that time justified America’s ambitions, and in their wake their formed in Congress a whole «imperialist» clan demanding a foreign policy in keeping with the industrial dynamism which was making of the USA a world economic power. In 1885, Pastor Joshua Strong wrote Our country in which he exalted «the superiority of the Anglo-Saxon race». Five years later, John W Burgess, professor of political sciences at the University of Columbia, insisted on the rights possessed by the Anglo-Saxons to world dominion: «Their mission is to lead political civilisation in the modern world and to bring this civilisation to the barbarous races […] since it is in the interest of world civilisation that law, order and true liberty, which is its corollary, should reign throughout the world…» That same year, Admiral T Mahan published his book The influence of Sea Power upon History, which foretells an impressive rise in the strength of America’s naval power. The United States must take control of the Caribbean Sea and of the future canal that will join the Atlantic to the Pacific. They must also push their expansion into the Pacific, notably into the Hawaiian archipelago. Under the presidency of the republican Benjamin Harrison (1889-1893), the secretary of State James Blaine was preparing the way for these various projects, but the election of the democrat Stephen G Cleveland seems to have put a stop to them, at least temporarily. However, his republican opponents were not put off, and Henry Cabot Lodge, the naval commission’s spokesman at the House of representatives, made a speech in 1895, wherein he claimed Cuba and the Hawaiian islands for the United States. There thus came into being a thoroughgoing «imperialist» movement inspired by that «jingoism» which, at the same period, lay behind the politics of a Joseph Chamberlain in England.

At the heart of this movement, the young Theodore Roosevelt was already there, writing to Cabot Lodge, his mentor in politics, that «the country needs a war». The elections in 1897, which bring the republican William Mac Kinley to power, enable the young Roosevelt to become Under-Secretary of State for the Navy, in 1897. Two months later, he explained to the officer cadets at the Naval College «that the diplomat must be the servant and not the master of the soldier». In November of the same year, he wrote to a naval officer to say that he hoped for a war against Spain «to aid the Cubans in a humanitarian concern». But above all «to guarantee complete liberty for America from European domination… This war will be a great lesson, and we shall profit greatly from it». In December 1897, when commercial circles and the economic press were showing their opposition to a war for Cuba, the hot-headed under-secretary of State affirmed that «we shall have this war for the liberty of Cuba despite the timidity of commercial interests…»

 

Press campaigns and sending of weapons

The United States had already offered on several occasions since 1843 to buy from Spain the main island of the Caribbean, but each time the government of Madrid had amiably turned down these offers. In 1850, therefore, the American administration encouraged the installation in New York of a Cuban council favourable to the island’s independence, and from 1865 Washington supported these rebels by supplying them with arms and money. Between 1868 and 1878, the first war of independence came to nothing. The United States’ interest in the island did not wane, however, for it was they who bought nearly all the sugar exported from the island, and American capital investments in this market amounted to fifty million dollars of the island’s economy. Founded in 1892, José Martí’s Cuban revolutionary party was supported financially by Edwin F Atkins, the American sugar «king».

When a fresh insurrection broke out on the island in February 1895, the democrat president Cleveland and his Secretary of State Bryan had no wish to intervene directly. The death of Martí, killed in the fighting in May, did not put an end to the rebellion. The North American press then undertook to set public opinion against Spain. It sounded off against the death of several Cuban revolutionaries, denounced the fact that American citizens were in jail on the island, and exalted the courage of Evangelina Cisneros, the daughter of a rebel leader, whom W R Hearst had removed from Cuba so that she might be given a triumphant welcome in New York… It finally published a false letter from Dupuy de Lôme, the Spanish ambassador to Washington, in which Mac Kinley was presented as a «low level politician». During that time, from June 1895 to May 1897, forty-two naval convoys brought arms to the insurgents from the American coasts.

On the island itself, however, Spain’s new representative, General Blanco, succeeded in forming a government by uniting the reformists and autonomists, but excluding those in favour of independence who were supported by the USA. It was a few days later, following the riots in Havana, that the battleship Maine entered the port, on a «courtesy» visit.

It is now known very precisely that the decision to go to war against Spain, if she persisted in her refusal to sell Cuba, was taken in 1896. A recent military history congress, held in March 1998, has revealed the detail of the plans prepared for this eventuality. The scenario was then written down. On 25 January 1898, the battleship Maine, therefore, entered the port of Havana, followed fifteen days later by the cruiser Montgomery which had just laid anchor in the port of Matanzas. Three weeks later, on 15 February, the accidental explosion of a submarine mine sank the Maine in the port of Havana. Two hundred and sixty American sailors were killed in the explosion, which everyone now recognises as having been purely accidental, and some even think it was plainly provoked by the Americans (it is interesting to note that no officer was among the victims; they were all at a reception in the town). The official American report is no less accusatory of Spain. Madrid proposed entrusting the enquiry to a mixed commission, but Washington refused. The Spanish government then turned towards its European counterparts and solicited the arbitration of Pope Leo XIII, but obtained nothing, even though it accepted the immediate armistice imposed by Mac Kinley on 10 April. The American senate will soon vote for the necessary funding for «an altruistic and moral war which will bring about the liberation of Cuba», and war was declared on 24 April. A «splendid little war» for the Secretary of State John Hay, a war which rekindled that led by Spain against the Cuban rebels, a conflict which, according to General Blanco «would have come to an end, had it not been for American malevolence».

It was in the Philippines that the Americans struck their first blows since Admiral Dewey destroyed Admiral Montojo’s fleet in the harbour of Manila, outside Cavite. The conquest of Porto Rico was a military walkover and, at Cuba, Admiral Cervera’s fleet was totally outstripped on the technical level by the American ships, and destroyed on 3 July outside Santiago. Fifteen thousand Americans landed at the end of the month of June, but still Colonel Theodore Roosevelt’s Rough Riders had to put up a furious fight against the troops of Generals Linares and Vara del Rey, on 16 July, and overcame the defences of the hill of San Juan. In coming to take part in the battle himself, Roosevelt put his deeds in line with his words. On 17 July, Santiago de Cuba capitulated. On 12 August, through French mediation, an armistice was concluded prior to peace negotiations which ended in the Treaty of Paris, signed on the following 10 December.

Spain was made to abandon all sovereignty over Cuba, she also lost Puerto Rico and had to yield the Philippines and Guam to the USA for twenty million dollars. A little later, she also had to cede to the conqueror – who had seized the Hawaiian Islands during the month of August – those of the Mariannas, the Carolinas and the Palaos. It was a peace that seemed like a second death of the Spanish Empire and which opened the way to a spectacular rise in the power of the United States. Theodore Roosevelt will be able to wave his big stick in the Caribbean. Cuba, San Domingo, Nicaragua and the Panama, separated from Columbia in 1903, will become American quasi-protectorates. Once annexed, the Philippines will become the theatre of a revolt, which will last four years at a cost of five thousand dead to the new occupants. Cuba will endure a four-year military occupation, and it is only after accepting a treaty placing her in a state of total subjection to Washington that the island will be able to have its «sovereignty» recognised. The «corollary» is Roosevelt with his Monroe doctrine henceforth reserving the right of the United States to intervene in the affairs of neighbouring countries if deemed necessary for the re-establishment of order. Senator Beaveridge, from Indiana, can now consider that «God has not prepared the peoples of English and Teutonic tongue over a thousand years simply for them to admire themselves vainly and passively. No, he made us to be the organising masters of the world in order to establish order where chaos reigns. He has given us the spirit of progress in order to conquer the forces of reaction throughout the whole world. He has placed within us the gift of governing so that we may give government to savage and senile peoples. Without such a force, the world would relapse into barbarity and the night. And of all our race, he has designated the American people as his chosen nation to begin the regeneration of the world.»

      

To justify intervention, all means are good!

Arnaud Imatz

Certain papers of the New York press played a decisive role in preparing public opinion to accept American intervention in Cuba. The main papers here were the New York Journal, bought by William Randolph Hearst in 1895 and the World, owned by Joseph Pulitzer, to which we should add the Sun and the Herald. This press cultivated sensationalism to the point of practising a veritable disinformation campaign as a way of «advancing the event». […]

For this popular press, avid for spectacular events likely to appeal to the imagination of the masses, Cuba will provide particularly rich material. A most rudimentary kind of manichaeism thus presents the Spaniards as uncouth and sadistic brutes, representatives of a backward country, subjects of an anachronistic and corrupt monarchy. They were attributed with every kind of crime and atrocity, which happily completed the «black legend» developed by Anglo-Saxon historiography regarding the conquest of America by the subjects of Charles V and of Philippe II. It was a very useful way for the Anglo-Saxon colonisers of North America to have their own treatment of the Indians forgotten. Terror, violence and famine were the rule in Cuba for a press all too content to reproduce the communiqués from the Junta Cubana, the council of exiles installed in New York. The «testimonies» of victims filled up entirely fabricated dossiers, containing detailed accounts of Spanish depravity. […]

The reassembling and regrouping of whole populations into camps led to a heavy mortality rate among the prisoners, as a result of epidemics, which also struck the Spanish soldiers. But Hearst and his journalists did not skimp over the figures. Six hundred thousand dead, not one less, more or less one third of the island’s population, in other words a veritable genocide before the word was coined. In fact, the most serious studies undertaken by American research workers in the course of the following decades have revealed that human losses for the period 1895-1898, including the Spanish victims, did not exceed the number one hundred thousand. The lie was exposed with the publication in 1932 of a work initiated by the Baton Rouge University in Louisiana, called Public Opinion and the Spanish-American War. A study in war propaganda. None of which was of much importance forty or so years later. By blowing American popular opinion white hot, by exploiting the false letter from Ambassador Dupuy de Lôme, by giving credit to the myth of an attack responsible for the explosion of the Maine, Hearst and Pulitzer had played their part and made it possible to justify America’s control over Cuba.

samedi, 07 mars 2009

Année 2008 : l'effondrement du modèle individualiste

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Année 2008 : l’effondrement du modèle individualiste [1]

Par Olivier Carer

La faillite de Lehman Brother le 15 septembre 2008 et l’écroulement du frauduleux château de cartes Madoff auront signifié pour l’ordre marchand ce que l’effondrement des Tours jumelles du World Trade center représenta pour l’Empire états-uniens.

Le krak mou qui aspira en quelques mois l’adiposité des fortunes les plus installées, de même que la déconfiture des usuriers ou la ruine de leurs malheureux clients ont scellé la fin du mythe de l’argent facile fondé sur une pyramide spéculative, sur des montages financiers incompréhensibles ou même souvent sur des manipulations mirobolantes. L’immoralité des spéculateurs névrotiques, la perversité de systèmes de rémunérations des traders ou des banquiers, la complaisance d’agences de notation consanguines ont accompagné la généralisation d’agissements collectifs illégaux pour lequel le médiatique Kerviel servit un temps de bouc émissaire utile.

Mais cette analyse technique de la crise de l’automne 2008, somme toute assez classique, ne laisse apparaître que l’écume de la vague. Car sous les soubresauts boursiers, un mouvement tellurique de grande ampleur ébranle tout un système de valeurs. C’est une véritable déflagration à laquelle nous assistons. Elle vient saper les fondements d’un ordre marchand que le vaticinateur Jacques Attali décrivait avec une provocante délectation dans sa « Brève histoire de l’avenir ».

La bataille de l’homme invisible avec lui même

Avec un à-propos salvateur, une intelligence invisible est venue menotter « la main invisible du marché » et faire sortir de ses rails la globalisation marchande et la financiarisation de l’économie qui se voulaient inéluctables. Ce déraillement de la locomotive mondialiste a surtout renvoyé à la figure d’une élite mondiale anthropocentrée qui a cru pouvoir revendiquer le meurtre de Dieu, les règles de l’ordre naturel.

La revanche du réel

L’économie qui relève moins d’une science prédictive que d’une méthode d’analyse de phénomènes passés, feint depuis peu d’opportunes indignations !

Comment réclamer 12% de rendement garanti lorsque la richesse effectivement produite ne dépasse pas 3%? Comment les banques ont-elles pu s’écarter des règles prudentielles en acceptant d’investir dans un système de titrisations risquées enrobé dans une opacité entretenue ? Pourquoi aucun organisme de contrôle privé ou étatique n’est intervenu comme régulateur d’un petit monde financier devenu fou ? Comment professer qu’un prêt puisse être accordé au delà des capacités propres de remboursement de l’emprunteur? Comment les états ont-ils pu croire que l’overdose de crédits allait pouvoir masquer indéfiniment l’érosion du pouvoir d’achat des ménages ? Comment imaginer un seul instant que la planète pouvait supporter la généralisation du modèle de consommation américaine pour les milliards d’humains à venir?

Le retour sur terre est effroyable. L’univers « champagne» où les financiers naviguaient dans un océan de liquidités et de bulles, s’est brutalement asséché. Les bulles boursières, du crédit, de l’immobilier, et récemment celle des matières premières ont explosé faisant de nombreuses victimes. On ne peut dépenser que la richesse que l’on a réellement créée. On ne peut engager nos économies que sur des risques que l’esprit humain est capable de mesurer. On ne peut rembourser qu’avec des revenus effectifs et non supposés car personne n’est riche de crédits garrotteurs. Enfin, la terre ne peut satisfaire la promesse mondialiste de l’accès à un salut de l’homme ici-bas par la consommation planétarisée. Dans un monde purement matérialiste où le seul moteur collectif est la consommation, lorsque le mirage des écrans plats et des gadgets informatiques qui servait de but ultime de la vie s’évapore, il ne reste rien que le désarroi. En 1951, l’économiste François Perroux proclamait déjà avec justesse: « les biens les plus précieux et les plus nobles dans la vie des hommes, l’honneur, la joie, l’affection, le respect d’autrui, ne doivent venir sur aucun marché ».

La revanche du grégaire

La conception d’un monde « nomade », du règne de la jouissance éphémère et immédiate qu’avec Bernard Attali, les mondialistes appelaient de ses vœux sombre dans le grand tourbillon bancaire et financier. Nous vivons le discrédit d’un paradigme cosmopolite qui annonçait l’avènement de l’homme nouveau « libéré » de ses attaches territoriales, historiques ou identitaires et devait voir la naissance d’un être de consommation, ne vivant que pour lui, n’agissant que pour satisfaire son égocentrisme, ne connaissant de loyauté qu’envers ses propres intérêts.
En cette fin d’année, cette utopie dangereuse rejoint le communisme au cimetière des idéologies cannibales.

Ce cataclysme bienfaisant qui balaye « le nouvel ordre mondial » devenu subitement ancien, déverrouille les portes d’un monde qui situe l’homme dans sa communauté et dans la chaine des générations. L’hétéronomie a désormais vocation à effacer progressivement la tyrannie de l’autonomie qui reconnaissait à l’homme un droit absolu de s’affranchir de tout mode de pensée héritée, de toute référence à une norme collective. Dans une économie qui ne doit être une fin en soi, ce mouvement rappelle à nous les valeurs des peuples sédentaires, celles des hommes qui construisent les murets de la montagne sur plusieurs générations pour eux-mêmes mais aussi pour leurs descendants. Refusant l’éphémère, le superficiel et l’individualisme prédateur, ils œuvrent dans la durée, dans le souci du futur et le respect de la nature.

Ce mouvement plein d’espoir pour l’avenir, vient donner à Barrès et à Péguy une nouvelle modernité.


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L. F. Céline: la grande attaque contre le Verbe

Louis-Ferdinand Céline : La grande attaque contre le Verbe

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Dans L.F. Céline vous parle (1957), émission radiophonique où Céline aborde à nouveau son oeuvre, ses techniques, l'auteur donne un prolongement aux images du rail camouflé rectiligne et du bâton courbé vu droit dans l'eau. Nous complétons l'analyse du "métro du bout de la nuit" par un extrait de l'entretien, avec des incursions dans quelques autres lettres et textes de l'écrivain. Parlant de son style émotif qui rend caduc le "style verbal" du "bachot" ou du "journal habituel", "éloquent peut-être mais certainement pas émotif", l'auteur rencontre le symbole du Verbe et de la porte.

Il faut, dit-il, sortir les phrases de leur sens usuel, d'un écart très léger comme on déplace une porte hors de ses gonds:

"Le style, il est fait d'une certaine façon de forcer les phrases à sortir légèrement de leur signification habituelle, de les sortir des gonds pour ainsi dire, les déplacer, et forcer ainsi le lecteur à lui-même déplacer son sens."

Ce "labeur" exige beaucoup de doigté. Céline enchaîne immédiatement sur sa "grande attaque contre le Verbe":

"Vous savez, dans les Ecritures, il est écrit : "Au commencement était le Verbe" Non! Au commencement était l'émotion..."

Tecniquement parlant, l'auteur décrit, par l'image, les procédés grâce auxquels il fait passer le langague parlé à travers l'écrit, pour atteindre, dit-il ailleurs, "cette espèce de prose versifiée (...) de dentelle" toute "en émotion et en violence" (1), un travail aussi "éreintant" que celui du médium en transe. Il faut gauchir, "tordre la langue tout en rythme, cadence, mots"(2). "C'est transposé dans le domaine de la rêverie entre le vrai et le pas vrai." (3)

Les gonds et la porte sont aussi un archétype très ancien. En posant son Verbe magique en rival de celui des Ecritures, Céline ne pouvait guère faire l'impasse sur ce point. L'idée d'axe du monde, de cycle, d'ouverture et de fermeture des portes solsticiales, tout ceci est contenu dans l'image de la porte et des gonds, nommés dans l'Antiquité par le même mot "cardo", d'où dérive le terme "cardinalis" servant à désigner les quatre directions de l'espace. Dans la symbolique romane les portes désaxées figurent une atteinte à l'âme du monde et à celle de l'homme. Le Christ, que l'Evangéliste désigne par le Verbe est dit "la Vraie Porte".

[...] La "grande attaque contre le Verbe" menée par Céline a bien d'autres finalités qu'un simple retour à la pureté des origines émotives du langage. Le métro célinien est tellement contre-nature que le colonel Réséda, à l'esprit si lent, finit par céder à la panique :

"il voit le métro sur le boulevard!... là, sur le boulevard Sébastopol!... il se cramponne... (...) Les rails!... qu'il crie, lui (...) traître! les rails!... il a dévissé tous les rails!... (...) au secours! au secours! (...) il a mis des soupirs partout!... monstre anarchiste!... vendu!... traître!... traître!..."

La vision n'est pas si délirante. Elle énonce le remède. Le colonel hurle:

"C'est le métro! (...) c'est le métro!" "Sauvez-moi! sauvez-moi tous!" "Un taxi pour l'amour de Dieu!"

Dans son accès de démence, Réséda propose une sortie du métro, au jour, il achète des fleurs, "les lys, les glaïeuls, les roses", véritable antidote. La fable ne saurait se contenter de cette fin : Réséda perd ses lys; hypocritement Céline les ramasse, mais le coeur n'y est pas :

"C'est vrai, il perdait ses fleurs!... (...) il en perd encore!... j'en ramasse..."

Récapitulons: Les Entretiens avec le Professeur Y constituent une véritable parabole de l'oeuvre célinienne, de ses tropismes, et de l'envoûtement qu'elle exerce sur le lecteur. L'auteur y livre rétrospectivement la théorie et la pratique de ses écrits, tout particulièrement leur phase "au noir" constituant sa grande période créatrice. Le renversement des valeurs diurnes, symboliquement la Surface - avec majuscule - la chute active, accélérée vers le "bout de la nuit" sont exprimés par la métaphore du métro Pigalle.
L'écrivain fera basculer ses fables pseudo-biographiques dans cet "Espace Pigalle" ainsi que toute la matière substancielle de ses romans.

Le choix dit Pascalien de Céline témoigne d'une sacralité inversive. Descendre au gouffre par le "Nord-Sud", à toute vapeur, s'y boucler avec les voyageurs en un trajet strictement nocturne analogue à la navigation des morts, signifie un renversement caractéristique de substitution de la nuit au jour. Telle est la politique qui sera celle de Céline dans Voyage au bout de la nuit, métaphoriquement et intuitivement comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, puis, bien plus tard, consciemment dans les Féerie dont les allégories offrent un véritable florilège de tous les gestes de l'Oeuvre au noir, première époque célinienne.

Les Entretiens considèrent l'état mental des voyageurs-lecteurs entraînés dans l'abîme : vivre dans les ténèbres substituées au jour sous la dictature du magicien-inventeur-ferroviaire est une situation inviable, à plus forte raison si l'auteur réussit, comme il l'a fait dans Voyage, à faire passer pour naturelle cette chute aux enfers. Céline ajoute dans un entretien avec A. Zbinden :

"Et pour tout avouer, si je me suis mis tant de gens à dos, l'hostilité du monde entier, je ne suis pas certain que ce ne soit pas volontairement. (...) Je me suis isolé, pour ainsi dire. Isolé, c'est pour être plus en face de la "chose".

[...] Il avait de quoi s'isoler volontairement face à la "chose", la redouter, lui attribuer tous les malheurs, estimer qu'ils remontent à Voyage, "le seul livre vraiment méchant" de sa carrière... (4) C'est peut-être dans cette magie noire du Verbe qu'il faut chercher le trouble que Céline inspire. C'est peut-être la perversité, le malaise, la délectation du pacte forcé avec la nuit que certains lecteurs lui pardonnent le moins.

Source : Denise Aebersold, Goétie de Céline, SEC, 2008.


Notes
1- Lettre de Céline au Dr Camus du 24 mai 1950, citée par P. Alméras, in Dictionnaire Céline, pp 802-803.
2- Lettre du 16 avril 1947 à Milton Hindus.
3- Entretien avec Claude Sarraute, Le Monde, 1/6/1960, Cahiers Céline 2.
4- Préface à une réédition de Voyage au bout de la nuit, 1949.

F. M. Dostojevski: "Duivels"

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Fjodor Michailovitsj Dostojevski, ‘Duivels’ (2008)

European Friends of Russia

Cédric Raskin

Te traag, te weinig actie en te moeilijk: altijd een makkelijk excuus om in luie momenten een zware Dostojevski links te laten liggen. Niet zo met deze frisse nieuwe editie van ‘Boze geesten’. Met maar liefst dertien doden (als we goed hebben geteld) is dit verhaal zowat het bloederigste van alle Dostojevski’s. En door de universele tijdloze thematiek blijft deze roman, een van de literaire hoogtepunten van de wereldliteratuur, ook nu nog brandend actueel.

Een en ander is ook te danken aan de uitstekende vertaling van Hans Boland. Eindelijk eens een vertaler die doorheeft dat de Russen elkaar dan wel aanspreken met alle mogelijke vadersnamen en koosnaampjes, maar dat die patroniemen voor ons, Vlamingen en Nederlanders, alleen maar verwarrend overkomen. Dus heeft hij de vrijheid genomen om alle personages consequent bij dezelfde naam te noemen - met uitzondering van de pedante verfransingen om het taalgebruik van de aristocratische klasse te parodiëren -, en daar zijn wij allerminst rouwig om.

Een andere spectaculaire ingreep van Boland is dat hij ‘Boze geesten’ of ‘De demonen’ voor het eerst herdoopt tot ‘Duivels’. Helemaal geen slechte titelkeuze als je de psychologie van het hoofdpersonage Nikolai Stavrogin onder de loep houdt. Als een echte Mefistofeles is Stavrogin de duivel in eigen persoon die enkele andere anarchistische en nihilistische jongeren ophitst om de revolutie voor te bereiden en zo de rust te verstoren in een vredig doorsnee Russisch provinciestadje. Zo krijgt het kleinburgerlijke wereldje vol hypocrisie, schijn en praalzucht een flinke uppercut die op zich nog aardig uit de hand loopt…

Revolutie, daar draait het om. Als blijkt dat die enkel kan worden bereikt door terrorisme als conditio sine qua nonvan politiek extremisme, is het niet verwonderlijk dat de meest controversiële schrijver uit Rusland met ‘Duivels’ ook zijn meest controversiële roman aflevert. Dat de duivelse opstandelingen en onevenwichtige socialisten ook daadwerkelijk zijn opgestaan zo’n halve eeuw nadat Dostojevski dit in 1873 op papier zette, geeft het boek ook een opvallend hoog profetisch karakter mee en draagt dankbaar bij tot de mythe.

Maar hoewel ‘Duivels’ op het eerste gezicht vooral een politieke roman lijkt, is het religieuze en filosofische debat over het bestaan van God minstens even sterk uitgewerkt. Dostojevski’s werk wemelt van intellectuelen met psychische stoornissen en dat is ook hier weer geen uitzondering. Zo is naast Stavrogin de vurige ongelovige Kirilov ongetwijfeld een van de merkwaardigste figuren. Gekweld door de vraag of er al dan niet een God bestaat, of dat hij die God zélf is, neemt hij het zekere voor het onzekere en pleegt hij zelfmoord om volledig vrij te zijn. Ook de constante psychische tweestrijd van de crimineel Stavrogin, de chef-duivel Pjotr Verchovenski of de moordenaar Raskolnikov is ronduit geniaal. Je zou voor minder beginnen twijfelen aan de geestelijke gezondheid van Dostojevski zelf, die zo’n scherp vermogen heeft om zich in te leven in het brein van wrede moordenaars…

Wie Russische literatuur zegt, hoeft niet te rekenen op een snel tempo. De Russen hebben en nemen hun tijd. Begint het verhaal wat te vlotten, dan haalt Dostojevski het tempo al te graag onderuit door zijsprongen te maken en dieper te graven in de psyche van zijn personages. Is dat niet echt je ding, laat het boek dan nog even in de rekken rijpen. Genoot je wél van pakweg ‘De gebroeders Karamazov’, ‘Misdaad en straf’ of ‘Schuld en boete’, dan zal dit verduiveld sterke meesterwerk zeker niet misstaan in je bibliotheek.

 

Qui a peur de la géopolitique?

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1994

 

Qui a peur de la géopolitique?

 

Un spectre hante l'Europe d'aujourd'hui. Des conseillers politiques de la Maison Blanche, d'anciens agents du KGB cherchant à se recycler, des publicistes libéraux défendant de troubles et occultes inté­rêts réactionnaires, des professeurs gauchistes amateurs de liaisons dangereuses avec les droites, ten­tent désespérément d'en trouver la trace. Ce spectre, c'est la géopolitique.

 

Eh oui, elle revient au grand galop, cette géopolitique condamnée à une damnatio memoriae depuis la fin de la seconde guerre mondiale, dont on a nié la validité sans lui permettre de se défendre et d'apporter les preuves de sa pertinence, que l'on a réduite au silence pendant toute la guerre froide qui avait imposé au monde une lecture strictement idéologique et socio-économique des conflits. Pour satisfaire au rituel du langage dominant, il fallait dire qu'elle était une “pseudo-science”, fondée par deux pères historiques: l'embarrassant Friedrich Ratzel, auteur, entre 1882 et 1991, d'une Anthropogeographie évolutionniste et déterministe (que l'on a longtemps considérée comme l'antécédent wilhelmien du racisme hitlérien) (1), et le général, diplomate et érudit Karl Haushofer, qui avait caché Rudolf Hess dans sa maison après le putsch raté de Munich en 1923 et dont le fils, poète ésotérique, fidèle, comme son père, à l'idée d'une al­liance nord-européenne entre l'Allemagne et l'Angleterre, sera massacré par la police nazie le 23 avril 1945 à l'âge de 42 ans.

 

Les noms de Ratzel et de Haushofer ont servi à démoniser la géopolitique, considérée pendant trop long­temps comme une “fausse science”, dont le but aurait été de chercher le rapport existant entre les cir­constances géographiques d'un pays et les choix politiques du peuple qui l'habite. Mais force est bien de noter que les géopolitiques de Ratzel et de Haushofer, en réalité, ont constitué une géographie politique fonctionnelle, à l'ère des grands impérialismes et des entreprises coloniales, entre 1870 et 1914, quand ont eu lieu les affrontements entre la France et l'Allemagne, entre l'Autriche et la Russie, entre la Russie et la Turquie.

 

En cela, plutôt que d'être une rupture par rapport au passé, les grands impérialismes ont montré qu'ils étaient les héritiers directs des conflits du 19ième et de l'idéologie évolutionniste: «La géographie est une donnée immuable qui conditionne la vie des peuples» aimait à dire le condottiere Mussolini, oubliant ainsi l'autre aspect du problème: les peuples manipulent et modifient très souvent les scenarii géographiques.

 

Même si sont encore bien ancrés tous les “a priori” idéologiques mis en place pour interpréter les conflits selon un schéma “scientifique”, mettre au rencart  les “vieilleries” ethniques et religieuses, légitimer l'unique mode explicatif toléré, c'est-à-dire celui qui évoque la raison socio-économique, depuis la fin de la guerre froide, bon nombre de signes avant-coureurs nous annonçaient le retour de conflits qui ne pou­vaient s'expliquer que par d'autres motivations que celles que retenait comme seules plausibles le con­formisme idéologique. Mieux: rien n'est revenu et un fait est certain, les tensions et les conflits à carac­tère ethnique et religieux ont toujours existé, rien n'est venu les atténuer, au contraire, les retombées tu­multueuses du colonialisme et de l'hégémonisme européens les ont exaspérés. Il suffit de penser au Kurdistan qui, par l'effet de la politique de containment  forcenée qu'ont pratiquée les Anglais et les Français au Moyen-Orient entre 1917 et 1920, est devenu un facteur de déstabilisation. Ou à la “guerre oubliée” entre l'Irak et l'Iran, et à ses rapports complexes avec la guerre civile en Afghanistan, ou encore, au front composite de la résistance afghane en lutte contre l'Armée Rouge.

 

Les temps sont mûrs, pourtant, pour dresser l'ébauche d'une nouvelle géopolitique, comprise non plus comme une “science” ou une “pseudo-science” mais plutôt comme une méthode proprement interdiscipli­naire  —dans laquelle convergeraient la géographie, l'histoire, la politologie, l'anthropologie, etc.—  visant à comprendre et à expliquer rationnellement les tensions à l'œuvre sur certains territoires. Cette méthode se distancierait bien entendu de toutes les formes de moralisme, sans pour autant observer une “neutralité axiologique” rigide et incapacitante: cette méthode existe, elle a déjà été hissée au niveau scientifique, elle a été forgée au milieu des années 70 par les animateurs de la revue parisienne Hérodote  et par le groupe de chercheurs rassemblés autour du géographe Yves Lacoste. En Italie, un groupe d'intellectuels de gauche vient de fonder la revue Limes (titre schmittien!) et s'aligne sur Hérodote;  à ce corpus géopolitique de base, qui, sous bien des aspects, constitue une “anthropopolitique” (ou une “géoanthropologie”?), le célèbre philosophe Massimo Cacciari propose d'ajouter une fascinante “géophilosophie de l'Europe”, dont il a jeté les fondements en publiant un livre chez l'éditeur Adelphi. L'Europe, à ses yeux, est une idée  —et un continent— “malade” au sens nietzschéen, instable, incertain sur ses confins, qui ne peut progresser qu'à coup de “décisions” fatidiques, un continent sur lequel pèse le poids d'innombrables impondérables et d'hérédités mêlées, entrecroisées.

 

Les assises et la structure du monde pèsent évidemment sur le destin des hommes. Mais les hommes, à leur tour, posent des choix et imposent des géostratégies. Quand, en 1867, le gouvernement américain achète au gouvernement russe les terres de l'Alaska, le Secrétaire d'Etat William Seward déclare: «L'Océan Pacifique deviendra le grand théâtre des événements du monde... le commerce européen, la pensée européenne, la puissance des nations européennes sont destinés à perdre leur importance». C'est ainsi que les Etats-Unis ont lancé l'idée d'un “Occident”, non plus synonyme mais bien antonyme de l'idée d'“Europe”. Or, sur ce chapitre, un pas nouveau vient d'être franchi avec le sommet des pays du Pacifique tenu en novembre 1993 à Blake Island près de Seattle: on y a esquissé les grandes lignes d'une nouvelle stratégie américaine, visant à faire du Japon un “Extrême-Occident” et à recentrer sur le Pacifique une intense activité dirigée vers la Chine, le Japon et l'Australie, impliquant l'exploitation inten­sive des mers, des fonds marins, du sous-sol de l'Océan, afin d'acquérir des protéines (à partir du planton) ou d'exploiter de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz naturels.

 

Reste à savoir comment réagira le bloc “eurasiafricain” face à cette hégémonie nouvelle, à ce continent immense et richissisme qui va de l'Alaska à l'Australie et de la Chine à la Californie, qu'a parfaitement conceptualisé le bon génie du MIT (Massachussets Inbstitute of Technology), Noam Chomsky, qui pré­voit un isolement définitif de l'Eurasie par rapport au “Centre de l'Empire” américain? Allons-nous vers un nouveau brigandage déterministe et planétaire, vers une nouvelle entreprise impérialiste qui, comme toutes les entreprises impérialistes, ne rougit pas en se définissant comme “nécessaire”?

 

Franco CARDINI.

(article extrait de L'Italia Settimanale, n°34/1994).

 

(1) Pour nuancer ce jugement et découvrir la grande variété de l'œuvre de Ratzel, cf. Robert Steuckers, «Friedrich Ratzel», in Encyclopédie des Œuvres philosophiques,  PUF, Paris, 1992.

vendredi, 06 mars 2009

Retour dans l'OTAN: Bayrou réclame un référendum

Retour dans l'Otan : Bayrou réclame un référendum

Le président du Modem François Bayrou a déclaré ce dimanche, lors du lancement de sa campagne pour les européennes, que le projet de réintégrer la France dans l'Otan, serait une "défaite" pour la France et l'Europe. Il juge que c'est aux Français de trancher cette question.

BAYROU.jpgFrançois Bayrou, président du Mouvement Démocrate (MoDem), a qualifié dimanche 8 février de "défaite" pour la France et pour l'Europe le projet de réintégration de la France dans le commandement de l'Otan, défendu par Nicolas Sarkozy, jugeant qu'un tel sujet exigeait un référendum.

Tout comme l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, François Bayrou se dit opposé au retour de la France dans le commandement de l'Otan. Lors d'une conférence nationale du MoDem à Paris, il a demandé que le choix qui avait été fait en 1966 par le général de Gaulle, de quitter la structure militaire intégrée de l'Alliance atlantique, "ne soit pas bradé, pas jeté aux orties".

Une réintégration serait "un aller sans retour", a-t-il prévenu. "Parce qu'il n'est pas imaginable qu'un grand pays comme le nôtre, à chaque alternance, entre et sorte du commandement intégré".

"Un tel choix, aussi lourd, ne peut pas se faire par les autorités politiques seules, encore moins par le président de la République. Ce choix ne peut se faire que par un référendum du peuple français", a déclaré M. Bayrou, interrogé par la presse à l'issue de la réunion.

"C'est un changement de cap radical, qui porte atteinte au patrimoine historique et diplomatique de la France, et un tel choix ne peut pas se faire en catimini, simplement par entente au sein d'une majorité passagère. Il faut que ce soit une décision majeure du peuple français", a-t-il ajouté.

En réintégrant cette structure, "nous lâchons la proie pour l'ombre", a également déclaré M. Bayrou à la tribune. "En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité dans le concert des nations, y compris dans le concert des nations européennes".

"C'est une défaite pour la France", et "c'est une défaite pour l'Europe", a-t-il affirmé. "Nous abandonnons une part de notre héritage, et nous l'abandonnons pour rien".

"Quand on est intégrés, on ne compte plus", a assuré le député des Pyrénées-Atlantiques. "On peut être indépendants en étant alliés, on ne peut pas être indépendants en étant intégrés".

L'ex-candidat à la présidentielle s'en est pris également au ministre de la Défense Hervé Morin, qui fut un de ses lieutenants du temps de l'UDF.

"Il a dit : 'il faut arrêter de barguigner'. Et il a ajouté: 'notre position d'indépendance aujourd'hui, elle est purement symbolique'", a cité M. Bayrou. "Innocent !" s'est-il exclamé. "On peut en dire des bêtises, en deux phrases!".

Le président Nicolas Sarkozy a fait un nouveau pas samedi, devant la conférence sur la sécurité de Munich (sud de l'Allemagne), vers un retour complet de Paris dans l'Otan. 

Source : L'EXPRESS

 

Arabisch geld voor de Palestijnen?

Arabisch geld voor de Palestijnen?

Geplaatst door yvespernet

http://www.spitsnieuws.nl/archives/buitenland/2009/03/arabieren_geen_cent_voor_pales.html

De Arabische landen beloofden 1,3 miljard dollar aan de Palestijnen, maar voorlopig heeft nog niemand een cent overgemaakt. De officiele lezing is dat Hamas en Fatah het niet eens zijn over de besteding van de gelden. De Arabische landen stonden na de Israelische invasie in de rij om in het openbaar te roepen dat ze hun broeders zouden steunen.

Maar nu het op betalen komt, verzandt de hele actie in vergaderingen. Morgen wordt er verder over gesproken in Egypte. Saoedie Arabie beloofde een miljard, Qatar 250 miljoen en Algerije 100 miljoen.

Zo kan ik mij ook de actie naar aanleiding van de tsunami herinneren. Toen gaven de Arabische landen hun moslimbroeders- en zusters ook maar een peuleschil. In het geval van Palestina beloven Arabische landen veel, maar laten zij liever de sociale problemen in hun land bestaan en gebruiken ze Israël als afleiding om het protest tegen de grote ongelijkheid in hun eigen landen stil te houden.

Met de hulp van de CIA e.d. houden Arabische landen ook gematigde bewegingen tegen die de landen willen hervormen. Op die manier hebben zij zelf de radikale moslims een voedingsbodem gegeven, vaak hebben ze die radikale moslims ook actief gesteund. Willen we de moslimterroristen tegenhouden, dan is het dringend tijd om te werken aan een alternatief voor de huidige corrupte regimes. Want het is wel héél triestig gesteld als een racistische staat als Israël op het vlak van mensenrechten e.d. een palmares kan voorleggen dat op vele vlakken beter is dan de Arabische regimes…

El postneoliberalismo y sus bifurcaciones

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El postneoliberalismo y sus bifurcaciones

 

Ana Esther Ceceña
Observatorio Latinoamericano de Geopolítica

 

 

El neoliberalismo tocó fin definitivamente con la crisis estallada en 2008. No hay vuelta atrás. El mercado, por sí mismo, es autodestructivo. Necesita soportes y contenedores. La sociedad capitalista, arbitrada por el mercado, o bien se depreda, o bien se distiende. No tiene perspectivas de largo plazo.

Después de 30 años de neoliberalismo ocurrieron las dos cosas. La voracidad del mercado llevó a límites extremos la apropiación de la naturaleza y la desposesión de los seres humanos. Los territorios fueron desertificados y las poblaciones expulsadas. Los pueblos se levantaron y la catástrofe ecológica, con un altísimo grado de irreversibilidad, comenzó a manifestarse de manera violenta.

Los pueblos se rebelaron contra el avance del capitalismo bloqueando los caminos que lo llevaban a una mayor apropiación. Levantamientos armados cerraron el paso a las selvas; levantamientos civiles impiden la edificación de represas, la minería intensiva, la construcción de carreteras de uso pesado, la privatización de petróleo y gas y la monopolización del agua. El mercado, solo, no podía vencer a quienes ya estaban fuera de su alcance porque habían sido expulsados y desde ahí, desde el no-mercado, luchaban por la vida humana y natural, por los elementos esenciales, por otra relación con la naturaleza, por detener el saqueo.

El fin del neoliberalismo inicia cuando la medida de la desposesión toca la furia de los pueblos y los obliga a irrumpir en la escena.

Los cambios de fase

La sociedad capitalista contemporánea ha alcanzado un grado de complejidad que la vuelve altamente inestable. De la misma manera que ocurre con los sistemas biológicos (Prigogine, 2006), los sistemas sociales complejos tienen una capacidad infinita y en gran medida impredecible de reacción frente a los estímulos o cambios. El abigarramiento con el que se edificó esta sociedad, producto de la subsunción pero no eliminación de sociedades diferentes, con otras cosmovisiones, costumbres e historias, multiplica los comportamientos sociales y las percepciones y prácticas políticas a lo largo y ancho del mundo y abre con ello un espectro inmenso de sentidos de realidad y posibilidades de organización social.

La potencia cohesionadora del capitalismo ha permitido establecer diferentes momentos de lo que los físicos llaman equilibrio, en los que, a pesar de las profundas contradicciones de este sistema y del enorme abigarramiento que conlleva, disminuyen las tendencias disipadoras. No obstante, su duración es limitada. En el paso del equilibrio a la disipación aparecen constantemente las oportunidades de bifurcación que obligan al capitalismo a encontrar los elementos cohesionadores oportunos para construir un nuevo equilibrio o, en otras palabras, para restablecer las condiciones de valorización del capital. Pero siempre está presente el riesgo de ruptura, que apunta hacia posibles dislocamientos epistemológicos y sistémicos.

Los equilibrios internos del sistema, entendidos como patrones de acumulación en una terminología más económica, son modalidades de articulación social sustentadas en torno a un eje dinamizador u ordenador.

Un eje de racionalidad complejo que, de acuerdo con las circunstancias, adopta diferentes figuras: en la fase fordista era claramente la cadena de montaje para la producción en gran escala y el estado en su carácter de organizador social; en el neoliberalismo el mercado; y en el posneoliberalismo es simultáneamente el estado como disciplinador del territorio global, es decir, bajo el comando de su vertiente militar, y las empresas como medio de expresión directa del sistema de poder, subvirtiendo los límites del derecho liberal construido en etapas anteriores del capitalismo.

Los posneoliberalismos y las bifurcaciones

La incertidumbre acerca del futuro lleva a caracterizarlo más como negación de una etapa que está siendo rebasada. Si la modalidad capitalista que emana de la crisis de los años setenta, que significó una profunda transformación del modo de producir y de organizar la producción y el mercado, fue denominada por muchos estudiosos como posfordista; hoy ocurre lo mismo con el tránsito del neoliberalismo a algo diferente, que si bien ya se perfila, todavía deja un amplio margen a la imprevisión.

Posfordismo se enuncia desde la perspectiva de los cambios en el proceso de trabajo y en la modalidad de actuación social del estado; neoliberalismo desde la perspectiva del mercado y del relativo abandono de la función socializadora del estado. En cualquiera de los dos casos no tiene nombre propio, o es un pos, y en ese sentido un campo completamente indefinido, o es un neo, que delimita aunque sin mucha creatividad, que hoy están dando paso a otro pos, mucho más sofisticado, que reúne las dos cualidades: posneoliberalismo. Se trata de una categoría con poca vida propia en el sentido heurístico, aunque a la vez polisémica. Su virtud, quizá, es dejar abiertas todas las posibilidades de alternativa al neoliberalismo -desde el neofascismo hasta la bifurcación civilizatoria-, pero son inciertas e insuficientes su fuerza y cualidades explicativas.

En estas circunstancias, para avanzar en la precisión o modificación del concepto es indispensable detenerse en una caracterización de escenarios, entendiendo que el espectro de posibilidades incluye alternativas de reforzamiento del capitalismo -aunque sea un capitalismo con más dificultades de legitimidad-; de construcción de vías de salida del capitalismo a partir de las propias instituciones capitalistas; y de modos colectivos de concebir y llevar a la práctica organizaciones sociales nocapitalistas.

Trabajar todos los niveles de abstracción y de realidad en los que este término ocupa el espacio de una alternativa carente de apelativo propio, o el de alternativas diversas en situación de coexistencia sin hegemonismos, lo que impide que alguna otorgue un contenido específico al proceso superador del neoliberalismo.

El posneoliberalismo del capital

Aun antes del estallido de la crisis actual, ya eran evidentes los límites infranqueables a los que había llegado el neoliberalismo. La bonanza de los años dorados del libre mercado permitió expandir el capitalismo hasta alcanzar, en todos sentidos, la escala planetaria; garantizó enormes ganancias y el fortalecimiento de los grandes capitales, quitó casi todos los diques a la apropiación privada; flexibilizó, precarizó y abarató los mercados de trabajo; y colocó a la naturaleza en situación de indefensión. Pero después de su momento innovador, que impuso nuevos ritmos no sólo a la producción y las comunicaciones sino también a las luchas sociales, empezaron a aparecer sus límites de posibilidad.

Dentro de éstos, es importante destacar por lo menos tres, referidos a las contradicciones inmanentes a la producción capitalista y su expresión específica en este momento de su desarrollo y a las contradicciones correspondientes al proceso de apropiación y a las relaciones sociales que va construyendo:

1. El éxito del neoliberalismo en extender los márgenes de expropiación, lo llevó a corroer los consensos sociales construidos por el llamado estado del bienestar, pero también a acortar los mercados. La baja general en los salarios, o incluso en el costo de reproducción de la fuerza de trabajo en un sentido más amplio, fue expulsándola paulatinamente del consumo más sofisticado que había alcanzado durante el fordismo.

La respuesta capitalista consistió en reincorporar al mercado a esta población, cada vez más abundante, a través de la producción de bienes precarios en gran escala. No obstante, esta reincorporación no logra compensar ni de lejos el aumento en las capacidades de producción generadas con las tecnologías actuales, ni retribuir las ganancias esperadas. El grado de apropiación y concentración, el desarrollo tecnológico, la mundialización tanto de la producción como de la comercialización, es decir, el entramado de poder objetivado construido por el capital no se corresponde con las dimensiones y características de los entramados sociales. Es un poder que empieza a tener problemas serios de interlocución.

2. Estas enormes capacidades de transformación de la naturaleza en mercancía, en objeto útil para el capital, y la capacidad acumulada de gestión económica, fortalecida con los cambios de normas de uso del territorio y de concepción de las soberanías, llevaron a una carrera desatada por apropiarse todos los elementos orgánicos e inorgánicos del planeta. Conocer las selvas, doblegarlas, monopolizarlas, aislarlas, separarlas en sus componentes más simples y regresarlas al mundo convertidas en algún tipo de mercancía fue -es- uno de los caminos de afianzamiento de la supremacía económica; la ocupación de territorios para convertirlos en materia de valorización. Paradójicamente, el capitalismo de libre mercado promovió profundos cercamientos y amplias exclusiones. Pero con un peligro: Objetivar la vida es destruirla.

Con la introducción de tecnologías de secuenciación industrial, con el conocimiento detallado de genomas complejos con vistas a su manipulación, con los métodos de nanoexploración y transformación, con la manipulación climática y muchos otros de los desarrollos tecnológicos que se han conocido en los últimos 30 años, se traspasó el umbral de la mayor catástrofe ecológica registrada en el planeta. Esta lucha del capitalismo por dominar a la naturaleza e incluso intentar sustituirla artificialmente, ha terminado por eliminar ya un enorme número de especies, por provocar desequilibrios ecológicos y climáticos mayores y por poner a la propia humanidad, y con ella al capitalismo, en riesgo de extinción.

Pero quizá los límites más evidentes en este sentido se manifiestan en las crisis de escasez de los elementos fundamentales que sostienen el proceso productivo y de generación de valor como el petróleo; o de los que sostienen la producción de la vida, como el agua, en gran medida dilapidada por el mal uso al que ha sido sometida por el propio proceso capitalista. La paradoja, nuevamente, es que para evitar o compensar la escasez, se diseñan estrategias que refuerzan la catástrofe como la transformación de bosques en plantíos de soja o maíz transgénicos para producir biocombustibles, mucho menos rendidores y tan contaminantes y predatorios como el petróleo.

El capitalismo ha demostrado tener una especial habilidad para saltar obstáculos y encontrar nuevos caminos, sin embargo, los niveles de devastación alcanzados y la lógica con que avanza hacia el futuro permiten saber que las soluciones se dirigen hacia un callejón sin salida en el que incluso se van reduciendo las condiciones de valorización del capital.

3. Aunque el neoliberalismo ha sido caracterizado como momento de preponderancia del capital financiero, y eso llevó a hablar de un capitalismo desterritorializado, en verdad el neoliberalismo se caracterizó por una disputa encarnizada por la redefinición del uso y la posesión de los territorios, que ha llevado a redescubrir sociedades ocultas en los refugios de selvas, bosques, desiertos o glaciares que la modernidad no se había interesado en penetrar. La puesta en valor de estos territorios ha provocado una ofensiva de expulsión, desplazamiento o recolonización de estos pueblos, que, evidentemente, se han levantado en contra.

Esto, junto con las protestas y revueltas originadas por las políticas de ajuste estructural o de privatización de recursos, derechos y servicios promovidas por el neoliberalismo, ha marcado la escena política desde los años noventa del siglo pasado. Las condiciones de impunidad en que se generaron los primeros acuerdos de libre comercio, las primeras desregulaciones, los despojos de tierras y tantas otras medidas impulsadas desde la crisis y reorganización capitalista de los años setenta-ochenta, cambiaron a partir de los levantamientos de la década de los noventa en que se produce una inflexión de la dinámica social que empieza a detener las riendas sueltas del neoliberalismo.

No bastaba con darle todas las libertades al mercado. El mercado funge como disciplinador o cohesionador en tanto mantiene la capacidad desarticuladora y mientras las fuerzas sociales se reorganizan en correspondencia con las nuevas formas y contenidos del proceso de dominación. Tampoco podía ser una alternativa de largo plazo, en la medida que la voracidad del mercado lleva a destruir las condiciones de reproducción de la sociedad.

El propio sistema se vio obligado a trascender el neoliberalismo trasladando su eje ordenador desde la libertad individual (y la propiedad privada) promovida por el mercado hacia el control social y territorial, como medio de restablecer su posibilidad de futuro. La divisa ideológica del "libre mercado" fue sustituida por la "seguridad nacional" y una nueva fase capitalista empezó a abrirse paso con características como las siguientes:

1. Si el neoliberalismo coloca al mercado en situación de usar el planeta para los fines del mantenimiento de la hegemonía capitalista, en este caso comandada por Estados Unidos, en esta nueva fase, que se abre junto con la entrada del milenio, la misión queda a cargo de los mandos militares que emprenden un proceso de reordenamiento interno, organizativo y conceptual, y uno de reordenamiento planetario.

El cambio de situación del anteriormente llamado mundo socialista ya había exigido un cambio de visión geopolítica, que se corresponde con un nuevo diseño estratégico de penetración y control de los territorios, recursos y dinámicas sociales de la región centroasiática. El enorme peso de esta región para definir la supremacía económica interna del sistema impidió, desde el inicio, que ésta fuera dejada solamente en las manos de un mercado que, en las circunstancias confusas y desordenadas que siguieron al derrumbe de la Unión Soviética y del Muro de Berlín, podía hacer buenos negocios pero no condiciones de reordenar la región de acuerdo con los criterios de la hegemonía capitalista estadounidense. En esta región se empieza a perfilar lo que después se convertiría en política global: el comando militarizado del proceso de producción, reproducción y espacialización del capitalismo de los albores del siglo XXI.

2. Esta militarización atiende tanto a la potencial amenaza de otras coaliciones hegemónicas que dentro del capitalismo disputen el liderazgo estadounidense como al riesgo sistémico por cuestionamientos y construcción de alternativas de organización social no capitalistas. Sus propósitos son el mantenimiento de las jerarquías del poder, el aseguramiento de las condiciones que sustentan la hegemonía y la contrainsurgencia. Supone mantener una situación de guerra latente muy cercana a los estados de excepción y una persecución permanente de la disidencia.

Estos rasgos nos llevarían a pensar rápidamente en una vuelta del fascismo, si no fuera porque se combinan con otros que lo contradicen y que estarían indicando las pistas para su caracterización más allá de los "neos" y los "pos".

Las guerras, y la política militar en general, han dejado de ser un asunto público. No solamente porque muchas de las guerras contemporáneas se han enfocado hacia lo que se llama "estados fallidos", y en ese sentido no son entre "estados" sino de un estado contra la sociedad de otra nación, sino porque aunque sea un estado el que las emprende lo hace a través de una estructura externa que una vez contratada se rige por sus propias reglas y no responde a los criterios de la administración pública.

El outsourcing, que se ha vuelto recurrente en el capitalismo de nuestros días, tiene implicaciones muy profundas en el caso que nos ocupa. No se trata simplemente de privatizar una parte de las actividades del estado sino de romper el sentido mismo del estado. La cesión del ejercicio de la violencia de estado a particulares coloca la justicia en manos privadas y anula el estado de derecho. Ni siquiera es un estado de excepción. Se ha vaciado de autoridad y al romper el monopolio de la violencia la ha instalado en la sociedad.

En el fascismo había un estado fuerte capaz de organizar a la sociedad y de construir consensos. El estado centralizaba y disciplinaba. Hoy apelar al derecho y a las normas establecidas colectivamente ha empezado a ser un disparate y la instancia encargada de asegurar su cumplimiento las viola de cara a la sociedad. Ver, si no, los ejemplos de Guantánamo o de la ocupación de Irak.

Con la reciente crisis las instituciones capitalistas más importantes se han desfondado. El FMI y el Banco Mundial son repudiados hasta por sus constructores. Estamos entrando a un capitalismo sin derecho, a un capitalismo sin normas colectivas, a un capitalismo con un estado abiertamente faccioso. Al capitalismo mercenario.

El posneoliberalismo nacional alternativo

Otra vertiente de superación del neoliberalismo es la que protagonizan hoy varios estados latinoamericanos que se proclaman socialistas o en transición al socialismo y que han empezado a contravenir, e incluso revertir, la política neoliberal impuesta por el FMI y el Banco Mundial. Todas estas experiencias que iniciaron disputando electoralmente la presidencia, aunque distintas entre sí, comparten y construyen en colaboración algunos caminos para distanciarse de la ortodoxia dominante.

Bolivia, Ecuador y Venezuela, de diferentes maneras y con ritmos propios, impulsan políticas de recuperación de soberanía y de poder participativo, que se ha plasmado en las nuevas Constituciones elaboradas por sus sociedades.

La disputa con el FMI y el Banco Mundial ha determinado un alejamiento relativo de sus políticas y de las propias instituciones, al tiempo que se inicia la creación de una institucionalidad distinta, todavía muy incipiente, a través de instancias como el ALBA, el Banco del Sur, Petrocaribe y otras que, sin embargo, no marcan una pauta anticapitalista en sí mismas sino que apuntan, por el momento, a constituir un espacio de mayor independencia con respecto a la economía mundial, que haga propicia la construcción del socialismo. Considerando que, aun sin tener certeza de los resultados, se trata en estos casos por lo menos de un escenario posneoliberal diferente y confrontado con el que desarrollan las potencias dominantes, es conveniente destacar algunos de sus desafíos y paradojas.

1. Para avanzar en procesos de recuperación de soberanía, indispensable en términos de su relación con los grandes poderes mundiales --ya sea que vengan tras facetas estatales o empresariales--, y para emprender proyectos sociales de gran escala bajo una concepción socialista, requieren un fortalecimiento del estado y de su rectoría. Lo paradójico es que este estado es una institución creada por el propio capitalismo para asegurar la propiedad privada y el control social.

2. Los procesos de nacionalización emprendidos o los límites impuestos al capital transnacional, pasándolo de dueño a prestador de servicios, o a accionista minoritario, marca una diferencia sustancial en la capacidad para disponer de los recursos estratégicos de cada nación. La soberanía, en estos casos, es detentada y ejercida por el estado, pero eso todavía no transforma la concepción del modo de uso de estos recursos, al grado de que se estimulan proyectos de minería intensiva, aunque bajo otras normas de propiedad. Para un "cambio de modelo" esto no es suficiente, es un primer paso de continuidad incierta, si bien representa una reivindicación popular histórica.

3. El reforzamiento del interés nacional frente a los poderes globales o transnacionales va acompañado de una centralización estatal que no resulta fácilmente compatible con la plurinacionalidad postulada por las naciones o pueblos originarios, ni con la idea de una democracia participativa que acerque las instancias de deliberación y resolución a los niveles comunitarios.

4. Las Constituyentes han esbozado las líneas de construcción de una nueva sociedad. En Bolivia y Ecuador se propone cambiar los objetivos del "desarrollo" por los del "buen vivir", marcando una diferencia fundamental entre la carrera hacia delante del desarrollo con la marcha horizontal e incluso circular del buen vivir, que llamaría a recordar la metáfora zapatista de caminar al paso del más lento. La dislocación epistemológica que implica trasladarse al terreno del buen vivir coloca el proceso ya en el camino de una bifurcación societal y, por tanto, la discusión ya no es neoliberalismo o posneoliberalismo sino eso otro que ya no es capitalista y que recoge las experiencias milenarias de los pueblos pero también la crítica radical al capitalismo. Los apelativos son variados: socialismo comunitario, socialismo del siglo XXI, socialismo en el siglo XXI, o ni siquiera socialismo, sólo buen vivir, autonomía comunitaria u horizontes emancipatorios.

Ahora bien, la construcción de ese otro, que genéricamente podemos llamar el buen vivir, tiene que salirse del capitalismo pero a la vez tiene que transformar al capitalismo, con el riesgo, siempre presente, de quedar atrapado en el intento porque, entre otras razones, esta búsqueda se emprende desde la institucionalidad del estado (todavía capitalista), con toda la carga histórica y política que conlleva.

El posneoliberalismo de los pueblos

Otro proceso de salida del neoliberalismo es el que han emprendido los pueblos que no se han inclinado por la lucha electoral, fundamentalmente porque han decidido de entrada distanciarse de la institucionalidad dominante. En este proceso, con variantes, se han involucrado muchos de los pueblos indios de América, aunque no sólo, y su rechazo a la institucionalidad se sustenta en la combinación de las bifurcaciones con respecto a la dominación colonial que hablan de rebeliones larvadas a lo largo de más de 500 años, con las correspondientes a la dominación capitalista. Las naciones constituidas en el momento de la independencia de España y Portugal en realidad reprodujeron las relaciones de colonialidad interna y por ello no son reconocidas como espacios recuperables.

La resistencia y las rebeliones se levantan a veces admitiendo la nación, más no el estado, como espacio transitorio de resistencia, y a veces saltando esta instancia para lanzarse a una lucha anticapitalista-anticolonial y por la construcción-reconstrucción de formas de organización social simplemente distintas.

Desde esta perspectiva el proceso se realiza en los espacios comunitarios, transformando las redes cotidianas y creando condiciones de autodeterminación y autosustentación, siempre pensadas de manera abierta, en interlocución y en intercambio solidario con otras experiencias similares.

Recuperar y recrear formas de vida propias, humanas, de respeto con todos los otros seres vivos y con el entorno, con una politicidad libre y sin hegemonismos. Democracias descentradas. Este es el otro camino de salida del neoliberalismo, que sería muy empobrecedor llamar posneoliberalismo porque, incluso, es difícil de ubicar dentro del mismo campo semántico. Y todos sabemos que la semántica es también política y que también ahí es preciso subvertir los sentidos para que correspondan a los nuevos aires emancipatorios.

Lo que viene después del neoliberalismo es un abanico abierto con múltiples posibilidades. No estrechemos el horizonte cercándolo con términos que reducen su complejidad y empequeñecen sus capacidades creativas y emancipatorias. El mundo está lleno de muchos mundos con infinitas rutas de bifurcación. A los pueblos en lucha toca ir marcando los caminos.

Bibliografía

Acosta, Alberto 2008 "La compleja tarea de construir democráticamente una sociedad democrática" en Tendencia N° 8 (Quito).

Prigogine, Ilya 2006 (1988) El nacimiento del tiempo (Argentina: Tusquets).

Constitución de la República del Ecuador 2008.

Asamblea Constituyente de Bolivia 2007 Nueva Constitución Política del Estado (documento oficial)

Verkiezingen: De Periodieke Supersoap

Verkiezingen: De Periodieke Supersoap

 

DemocratieHet begin van weer eens een verkiezingsronde in dit land is volop begonnen. Dat is niet te merken aan de lawine ideeën en ideologische inzichten door het politieke profitariaat naar onze hoofden geslingerd. Neen, het is alleen te merken aan hoe de kopstukken van de respectieve partijen zichzelf aan het verkiezen zijn om zo zichzelf en hun naaste vrienden (of familieleden) op topplaatsen te wringen. Dat noemen die politieke creaturen dan de eerste stap in een democratisch proces: "Hoe wring ik mezelf op een verkiesbare plaats?" Het is meteen een van de belangrijkste fasen van de partijwerking geworden als men de kranten erop naleest.

Alle nieuwkomers hebben daarbij zo te zien een snelcursus genomen in hoe de oude militanten beter een valse stoot te verkopen. En "Hoe schop ik tijdens lijstvorming een medestander in de vernieling?" is haast uitgeroepen tot een olympische discipline, in zoverre dat die nog niet verheven is tot de enige politieke activiteit die partijkopstukken in het parlementaire circus beoefenen. Die kunst bestaat er ook in (met name voor de slapjanussen die in de partijen tweede viool spelen) zich zo geruisloos mogelijk te verstoppen achter de tapkast van de parlementaire bar en dat liefst gedurende de volledige legislatuur. Het enige wat de ja-knikkers binnen de partijen moeten doen is kijken hoe de kop beweegt van hun voorman. Ze moeten dan vooral hun kop in dezelfde richting bewegen als die verlichte leiders. Dat is alleszins een succesformule die de meeste parlementairen behoorlijk onder de knie hebben. In platbroekerij zijn die parlementairen behoorlijk geschoold. En na een tijdje is niks doen en je vol vreten op kosten van de gemeenschap een tweede natuur geworden voor dat politiek personeel van de tweede garnituur. De bazen, die de grote partijen exploiteren als een soort veredelde bordelen, waar verkozenen zich openlijk prostitueren, zijn dan ook maar wat gewillig om die ongevaarlijke nullen rond zich te tolereren en hun zelfs een mooie carrière in ruil voor bewezen diensten aan te bieden. Inderdaad, politieke hoeren, je moet ze huren en betalen, en ze woekeren meestal in achterkamertjes en louche cafés.

Voor de kopstukken is het van het grootste belang om zichzelf aan te top van de lijsten te plaatsen, want dat is de enige manier om aan de geldpomp van het systeem te kunnen blijven hangen. Al hun mooie manieren en praatjes moeten verbergen dat ze er gewoon op uit zijn weer een periode van vaste vergoedingen en staatsgegarandeerd inkomen te verwerven. En maak je geen illusies: de Dewevers en de Dewinters zijn ook niet te beroerd zichzelf te verkopen om die smerige Belgische euro's van de Belgische staat in hun vette pootjes te nemen. Geld heeft geen naam, en in Europa heeft het zelfs geen volk dat dat  beheert of controleert, maar wie maalt daar nu om? Toch zeker niet de bijna slimste mens en de - op Dedecker na - luidruchtigste? De partijbonzen kijken met bewondering naar iemand als Rudy Aernoudt, hoe deze man zich een weg knort en wroet om ook in de troch te geraken is gewoonweg bewonderenswaardig. Bij zo iemand herkennen ze de fijne kneepjes van het vak!

Terwijl het volk in een steeds vlugger tempo aan het verarmen is en ons economisch en sociaal stelsel zowat implodeert, hebben die partijfeestneuzen zichzelf weer goed in de kijker gezet. Voor het N-SA is deze hele verkiezingbedoening echter een non-event en men zou het beter de 'pak-de-poen show voor onbenullen en maatschappelijk gestoorden' noemen, uitgezonden in een format met Walter Grootaers. Daar hebben die politieke clowns toch al een pak ervaring mee. Zolang er geen hervormingen van het politiek bestel op de agenda staan, is elke verkiezing nutteloos en waardeloos. Het is een bestendiging van het profitariaat, met als enige bedoeling weer enkele jaren een vaste wedde zonder werken binnen te halen. Het zijn parasieten in een parasitair systeem.

U zult deze smeerlapperij toch niet verder ondersteunen met uw goedkeuring in de vorm van een stem? Ik in elk geval niet.


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

"Continente Indiano" - Entre Nomos y Anomos

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"Continente Indiano"

Entre nomos y anomos

Ex: http://evrazia.info/

Introducción al libro de Eduardo Hernando, Pensando Peligrosamente: el Pensamiento reaccionario y los dilemas de la democracia deliberative

"Continente Indiano"

Tres paradigmas históricos, a cual más pesimista, dominan el atribulado horizonte de este fin de milenio y de siglo, el "más sangriento de toda la historia cristiana", al decir de Juan Pablo II.

El primero (1992) el neohegeliano del yanqui nipón Francis Fukuyama, funcionario de la Oficina de Planificación Política del Departamento de Estado Americano y analista de la Rand Corporation. El segundo (1993) el de uno de los nuevos superhombres de Harvard, Samuel P. Huntington, americano también, Director del John M. Olin Institute for Strategic Studies, el mismo que patrocinó a Fukuyama, y ex-director del ya más que polémico Council of Foreign Relations. En éste se persigue las huellas de Spengler. El tercero (1992), menos difundido hasta ahora, el de un filósofo casi ignorado fuera de los círculos más selectos de Europa: el griego Panajotis Kondylis, quien ya desde 1984 se había hecho valer entre los grandes pensadores de hoy por causa de su ensayo sobre Poder y Decisión (Macht und Entscheiund). Kondylis es profesor en Heidelberg y discípulo de Conze. Se suele citar, entre otros, a Nietzsche, Karl Marx y Carl Schmitt como los inspiradores de Panajotis Kondylis.

En poco menos de ocho años la tesis de Fukuyama ha sido proclamada ya urbi et orbi. El argumento central deriva sus rumbos entre Hegel y Nietszche y se aplica a la consumación de la historia desde la doble caída del soviet y el muro: el ingreso a una era en que la victoria de la democracia liberal y el capitalismo se hacen ya irreversibles. Paradójicamente la victoria que anuncia no es la del oscurantismo y el conservatismo social que asociara el marxismo al capitalismo burgués. Sino la de la Revolución Burguesa en Sí Misma ---la americana y francesa--- paralizada hasta hoy, en sus logros,. por la resistencia de fuerzas arcaizantes, mitificadoras y utópicas que representara el marxismo. Ante el desconcierto de las viejas izquierdas, en el neoliberalismo revolución y reacción invierten de este modo sus signos. Los conflictos que el mundo pudiera seguir contemplando en los años futuros no serán ya otra cosa que insignificantes querellas entre fuerzas que encarnan antiguos valores, en fase de descomposición, y la fuerza progresista del liberalismo, la democracia representativa y el mercado imparables que --desde los Estados Unidos de América-- encarnan la posthistoria sin fin de un mundo unicultural y monohegemónico al que el mismo Fukuyama reconoce, por fin, como un "futuro que no tiene futuro" y que se pierde en el tedio de ideales vacíos y pragmatismo hedonístico.

En el horizonte ideológico brumoso y teutónico en que buscan moverse los tres paradigmas, el modelo de Huntington perfila más bien un Ragnarok o Batalla Final. Los actores principales en el mundo que nace serán --- nos anuncia--- no ya las superpotencias como antes sino los estados centrales de las ocho civilizaciones que juzga primarias: la euro-norteamericana, la europeo-oriental o eslava, la islámica, la confuciana, la budista, la japonesa, la latinoamericana y la africana. Se comportan --sostiene-- como gigantescas "placas tectónicas" que inevitablemente chocaran entre sí, dando lugar a una serie interminable de convulsiones y guerras que modelarán el siglo que nace. Entre tanto, los pueblos con cultura común se están acercando. Los países de culturas plurales se desintegran o enfrentan desgarradoras tensiones. En este nuevo mundo, la política local termina centrada en el conflicto de lo étnico; la política mundial en el de lo civilizatorio a más grandes escalas.

Panajotis Kondylis, más esencialmente germano --tal vez justo a causa de su origen helénico-- se esfuerza por trascender de la bruma teutónica a la luz hiperbórea. Más que Fukuyama y que Huntington, sale al encuentro de pensadores insignes de nuestra tradición filosófica que ejercen influencia notable sobre el pensamiento de Schmitt. Como con la juventud hegeliana a Cieszkowski, le preocupa, ante todo, la relación entre la teoría y la praxis, el divorcio entre la existencia y el texto y entre las lógicas, frecuentemente antagónicas que éstos imponen. La polisemia, universalmente confusa, contradictoria y en el fondo vacía, que revela el examen empírico de nociones comunes como libertad, democracia, liberalismo o libre mercado y que manda y comanda los conflictos de la era ¿es accidental o inherente a la condición del lenguaje en los tiempos modernos? ¿no es acaso ---hace eco a Schmitt-- inherente a la misma palabra --particularmente en el campo político-- el sentido polémico?. Kondylis evade sistemáticamente la trampa que las abstracciones imponen, refugiandose en el hombre concreto colocado en una situación histórica dada. "Sólo hay existencias humanas colocadas en situaciones concretas, que actúan y reaccionan específicamente en cada ocasión; una de esas acciones y reacciones específicas consiste, según la terminología habitual, en concebir ideas o apropiarse de ellas. Ahora bien, las ideas no intervienen inmediatamente, sino que son sólo las existencias humanas las que van a actuar, en nombre de esas ideas, en el interior de sociedades organizadas. Igualmente, las combinaciones de ideas son la obra de existencias humanas que se fundan sobre su propia relación con otras existencias. En fin, las ideas no son ni vencedoras ni vencidas: su victoria o su derrota representan simbólicamente el dominio o la sumisión de ciertas existencias humanas", sostiene. "El pensamiento y el lenguaje cuentan entre los instrumentos de la afirmación de sí mismo". "Seguramente, es posible morir por `la' verdad -pero solamente por la nuestra, es decir, la que coincide con nuestra propia identidad". La lógica del combate o --más bien la relación amigo-enemigo como piensa Carl Schmitt define una relación ontológica que trasciende a la ideología y al texto.

Lo que cuenta, por eso, en último término, en la era que empieza, no debiera buscarse en la lógica del discurso triunfante --mera imagen lingüística en el plano virtual--- sino en la de su relación con la praxis de la que la separa y enfrenta una brecha creciente. El antagonismo y la incoherencia crecientes entre idealización y existencia, entre el lenguaje moral y la acción de la fuerza. Sobre la base de estas incongruencias Kondylis avisora un escenario distinto en el que las fuerzas en juego son más bien las que representan a "pequeños y grandes". Una lucha orientada de un lado a imponer un esquema uniforme, abstracto y formal en el orden global sobre una negación de las existencias y diferencias humanas concretas y reales; y del otro a afirmar el derecho de las pequeñas naciones a sus propias demandas de libertad y democracia o derechos humanos en los términos propios que sus identidades derivan. Y es que como lo advierte en forma temprana el ultramontano De Maistre quien sostuvo no haber conocido nunca hombres sino simplemente alemanes, griegos, persas o franceses: "…une constitution qui est faite pour toutes les nations, n´est faite pour aucune: cést une pure abstraction, une oeuvre scolastique fait pour exercer l´esprit d´après une hypothése idéale, et qu´il faut adresser à l´homme, dans les espaces imaginaires oú il habite". El racionalismo instrumental del mundo técnico, la racionalidad utilitarista del Estado de derecho, el individualismo atomista y la impersonalización de los vínculos humanos que ésto trae consigo configuran el peor enemigo de la paz en los tiempos futuros y serán ---según lo percibe Kondylis--- factores cruciales en una reemergencia masiva de nacionalismos e identidades históricas.

A pesar de las diferencias de sus enfoques y aproximaciones específicas los tres paradigmas con los que he elegido en estas páginas presentar el horizonte filosófico que abre el milenio concuerdan en la identificación de una fuerza corrosiva que socava desde sus raices mismas todos los futuros previsibles. Es la fuerza ---o antifuerza--- de la anomia o descomposición moral que afecta las bases de la nueva sociedad desde el momento mismo en que nace.

"A Fukuyama le preocupa el egoísmo y el excesivo individualismo de las sociedades liberales, su implacable erosión de todas las formas de comunidad y de moral social. Para funcionar debidamente, las sociedades liberales dependen de tradiciones culturales no liberales o preliberales, especialmente las que se basan en la religión. Y son precisamente estas tradiciones las que el liberalismo socava. Si todo el mundo se está volviendo liberal, todo el mundo también se está volviendo amoral" comenta Krishan Khumar. "Los liberales lockeanos como… Jefferson o Franklin…no vacilaron en afirmar que la libertad requería la creencia en Dios. El contrato social entre individuos con intereses propios racionales, en otras palabras, no se sostenía por sí mismo sino que necesitaba una creencia suplementaria en castigos y premios divinos". "La decadencia ha ocurrido no a pesar de los principios liberales, sino a causa de ellos…no será posible ningún fortalecimiento de la vida comunitaria a menos que los individuos… acepten la vuelta a ciertas formas históricas de la intolerancia" citaba a Fukuyama yo, de mi parte, unos años atrás

Y ahí donde Fukuyama deja abierta esa puerta de la intolerancia a cuya apertura se hará cada vez más favorable en sus escritos y libros posteriores, Samuel Huntington se impone el abrirla desde una perspectiva distinta. Gobiernos y pueblos de todo el mundo se enfrentan hoy a una crisis de identidad ---sostiene--- que resuelven redefiniéndola en términos culturales. Como resultado de este proceso, la política mundial está siendo reconfigurada a lo largo de líneas culturales. La esencia de los conflictos actuales en el mundo ---dice-- es de naturaleza cultural y los puntos de fricción son aquellos donde distintas civilizaciones entran en contacto. La imagen apropiada ---insiste--- sería la de las placas tectónicas que, al chocar, unas se superponen, otras se hunden, pero, en todo caso, producen graves perturbaciones. Samuel Huntington, frasea esta geología ficticia de tal modo que termina convirtiendola en un instrumento de homogenización o arrasamiento universal de las diversidades culturales en su esencia ---fundamentalmente religiosa--- bajo el argumento inexorable de que ni la realización del estado de democracia universal ni la del mercado abierto globalizado que considera inseparables del espíritu de la civilización euro-norteamericana podría realizarse sino bajo la cobertura de un solo liderazgo en lo politico y la imposición de un único sistema de creencias, de valores y conductas ---es decir de religión--- que garantizara en lo esencial la uniformidad de la cultura planetaria.

"Uno de los rasgos más definitorios de la Modernidad es el odio a la diversidad cultural. Para la Modernidad sólo puede existir una Cultura, la suya propia. La Modernidad es etnocida por definición y sustancia. Hoy los Estados Unidos se están lanzando a una lucha titánica para eliminar y destruir las grandes culturas que aún subsisten en nuestro planeta. Como nuevos jacobinos a escala planetaria, su objetivo -ya formalmente declarado y asumido- no es otro que el de extirpar de la superficie del planeta todo vestigio de diversidad cultural", según un reciente comentario a propósito del horizonte que Huntington propone.

"El fracaso de los grandes dogmas de la democracia de masas puede conducir no sólo a un largo y salvaje desorden, sino también a un orden brutal donde la política, reducida a la distribución de bienes, impondría por la fuerza una severa disciplina con el fin, precisamente, de realizar esta tarea. Podría entonces conservarse el ideal de la igualdad y seguir interpretándolo en el sentido democrático y material, pero no se podrá hacer lo mismo con las actitudes hedonistas que están en la base del consumo de masas en las democracias occidentales...", sostiene Kondylis por su parte.. "la manera en que la sociedad mundial afronte el problema de la anomia influirá considerablemente sobre la estructura del orden mundial futuro y sobre el carácter de las próximas guerras". Sugiere en otro lugar que la combinación de democracia de masas y ética universalista podría conducir a una biologización de lo político -una reducción de la política a la simple lucha por la supervivencia. Del pensamiento de Kondylis se deriva una conclusión que era de esperar. Las preocupaciones de Huntington y de Fukuyama no pasan de ser la manifestación de un ansia frustrada de control que se niega a sí misma en su propio principio: ahí donde la autoridad temporal ---que por su propia naturaleza es de orden externo y que arraiga en el dominio de las fuerzas materiales--- y la autoridad moral ---que por su propia naturaleza es de orden interno y de raiz espiritual--- han sido extrañadas del logos, del telos y el nomos que constituyen su principio de armonía en el orden humano, se extiende inevitablemente en la tierra la oscuridad de Saurón y Mordor estableciendo el dominio de Anomos y el Imperio de Anomia.

El problema de la anomia no es, por cierto, una preocupación exclusiva de la escuela sociológica positivista de Durkheim sino que se encuentra entretejido de manera inextricable no solo en la discusión metapolítica de pensadores como Schmitt (¿cómo hablar del nomos sin ocuparse de la anomia?), en las teopolíticas de los ultramontanos como De Maistre, Chateaubriand, De Bonald, Donoso y otros más y, por supuesto en las puramente teológicas de quienes se han ocupado de la escatología o doctrina apocalíptica sobre cuyo tema han llegado ahora a coincidir los pensadores seculares de fin de milenio. En el otro extremo de la durkheimiana discusión sobre los indicadores estadísticos de descomposición social y las tasas de suicidio se encuentra, más allá de las fronteras entre la latinidad y la ortodoxia una larga tradición de exégesis de los textos paulinos de Tesalonisences y las profecías de Daniel que ha sido compartida en occidente por grandes pensadores como Isaac Newton y en el oriente por filósofos como Nikolai Danilevsky, Vladimir Soloviev y sus seguidores actuales. Es esta una tradición teopolítica a la que De Maistre no fue ajeno sin duda y con la que con seguridad debió familiarizarse durante las largas noches blancas en las que transcurrieron las veladas de su exilio de San Petersburgo. Su más expresión más explícita está contenida en el texto paulino que sirve de epígrafe a estas páginas y que en libre y moderna traducción puede leerse en éstos términos: "Vosotros sabeís qué es el [ katejón] que impide que se muestre [el apocalipsis de] la secreta anomia… y si es retirado eso que le retiene [el katéjon] el anomos se mostrará abiertamente". Presentando mis excusas a traductores más hábiles, destaco que las palabras griegas anomia, katejón y anomos, son las que nuestras biblias suelen traducir como "iniquidad", "obstáculo, impedimento o sello" y "hombre de iniquidad" o "anticristo". Me limitaré aquí a reproducir el comentario de Alexander Dughin, uno de los más destacados pensadores geopolíticos en la Rusia Postrevolucionaria: "on the teological and soteriologic function of the Emperor, based on the 2nd message of Saint Apostle Paul to Ptessalonicians, in which the question was about the “holding one”, “catejón", the “holding one” is identified by the orthodox Christian exegetes with the Orthodox Christian Emperor and the Orthodox Christian Empire. Catholicism from the beginning - i.e. right after the defection from the united Church - took another model instead of the symphonic (caesarian-papist) one , in which the authority of Roman Pope spread also onto the spheres, which were strictly referred to Basileus's competence in the symphonic scheme. Catholicism broke the providential harmony between the temporal and spiritual dominions, and, according to the Christian doctrine, fell into heresy".

Resulta iluminado, con ésto, el núcleo profundamente escatológico que se oculta tras las formas filosóficas, ideológicas, políticas y aun jurídicas que se muestran en la más o menos agitada superficie de esta discusión sobre el telos de la evolución y del progreso que se prolonga ya por lo menos dos siglos en las sociedades de origen latino y helénico; y que, desde una armazón teológica encubierta por la jerga cientista de las disciplinas sociales de la postrevolución francesa, articula aspectos tan varios de nuestro pensamiento moderno como los que atañen al ultramontanismo, al socialismo utópico, al sinarquismo de Saint Yves, al positivismo sansimoniano y al de Comte, al hegelianismo y a la juventud hegeliana, a los mesianismos politicos de Towianski y de Mickievicz, a los utopìsmos evangélicos y protestantes del siglo XIX, a la ortodoxia paneslávica, al marxismo, al bolchevismo, al nazismo con su aspiración joaquimita y last but not least a las nuevas ideologías seculares de fin del milenio y a los omnipresentes delirios del New Age. Los nuevos caminos que se abren a la investigación de estos últimos doscientos años perturbados ahora ya no por el fantasma del comunismo sino por el de la anomia encuentran sus primeros exploradores hoy día en las investigaciones de Elinor Schaffer, Laurence Dickey. Krishan Kumar, Christopher Norris, Frank Kermode, Edward W. Said y otros muchos más. Sus precursores en Löwith y en Blumenberg. Sostuvo el primero: "La irreligión del progreso sigue siendo una especie de religión que se deriva de la fe cristiana en una meta [telos] futura y en la que se sustituye un eschatón definido y trascendente por uno indefinido e inmanente".

Pero, una vez establecido, consolidado y confirmado el Reino de Anomia y de Anomos, ésto es el de la "iniquidad", "in-equidad" o "injusticia", aquel en el que las libertades devienen abstracciones y la vida cuotidiana termina por la fuerza y el dinero sometida a una coacción férrea y tiránica, donde los privilegios no se someten más a la medida del deber ni los deberes se acompañan de los derechos respectivos, donde los lazos naturales que vinculan los hombres en una humanidad compartida quedan todos disueltos y el individuo -aislado en tal forma-- es sometido al desamparo total, donde la rectitud de la moral y la eficacia de la fuerza se mantienen en una contradicción insoluble en la que se desgarran las almas…¿a qué es a lo que deberemos llamar reaccionario?. Eduardo Hernando Nieto, en este libro, nos provée un intento de respuesta: "es ésto finalmente --dice-- lo que representa el pensamiento verdaderamente reaccionario, una Reacción franca ante una acción que convierte esta realidad en un virtual choque entre una cosmovisión ideológica (revolución) y una tradición metapolítica (catolicismo)". Una cosmovisión ideológica ---ésto es, el mero producto de una doxa, una opinión especulativa que aspira a hacerse autónoma frente a la Razón que por necesidad la trasciende. Y una tradición metapolítica, ésto es anclada en un principio trascendente, ese Logos que ya la Ilustración nos dió por perdido y que resplandece por Sí en las tinieblas como eterno garante de unidad y armonía entre espíritu y carne.

Llegados al momento preciso al que Nietszche ---cien años atrás--- hablando de historia,.describió como "la línea de la nada", la fuerza misma de las cosas impone la inversión de valores que se hallan ya en su totalidad trastocados en este patético fin de una civilización que ha perdido su norte. Si, como Fukuyama pretende, en el neoliberalismo revolución y reacción invierten sus signos, la Reacción se hace entonces Revolución finalmente. Se muestra inquebrantable, por fin, como una vocación cada vez más consciente por la restauración del sello, el katéjon en el que se constituye la armonía de espíritu y carne, de la razón moral y la fuerza, de derecho y deber, de colectividad e individuo y en el que se hace nuestra humanidad, en su plenitud, epifánica. Una inversión del hegelianismo epigonal y decadente de Fukuyama y Huntington como la que ya anticipaba Cieszkowski, anticipandose también a Karl Marx al reclamar el retorno de la teoría a la praxis y la rehabilitación de la materia y la carne en la justicia social y económica y como aquella en la que señalaron caminos de encuentro entre trabajo y espíritu, pensadores de la talla de Ernst Jünger y Ernst Niekisch.

Nos conduzca, en la espera, el optimismo de Schmitt: "El nuevo nomos de nuestro planeta crece irresistiblemente. Muchos no ven ahí mas que muerte y destrucción. Algunos creen vivir el fin del mundo. En realidad, lo que estamos viviendo es el fin de una relación hecha ya antigua. El viejo nomos entra en decadencia y con él todo un sistema de medidas, de conceptos y hábitos adquiridos. Pero lo que viene no tiene por qué ser pura desmesura, ni una nada enemiga de todo nomos. Pueden emerger justas medidas y pueden tomar forma proporciones razonables, incluso en medio del combate cruel entre las antiguas y las nuevas fuerzas. También aquí existen dioses que gobiernan. Inmensa es su grandeza". El hombre, semejanza e imagen de los dioses --anuncia--- volverá a ser la medida de todas las cosas.

Fernando Fuenzalida Vollmar
Referencias:

Blumenberg, Hans: The Legitimacy of the Modern Age, Cambridge, Mass.1985
Bull, Malcolm: Para que los extremos se toquen, en Bull, Malcolm, La Teoría del Apocalipsis...
Caballero, Carlos: De Fukuyama a Huntington o la legitimación del etnocidio, Textos para la Disidencia, Tabularium, Inet 1999
Chizhevsky, Dimitri: Russische Geistgesichte, Hamburgo 1959
Cieskowski, August: Prolegomena to Historiosophie en L. Stepelevich ed. The Young Hegelians. New York Liebich 1983
Cieskowski, August: Selected Writings. New York, Liebich 1979
Danilevsky, Nikolai Yakovlevith: Russland und Europa-Rossiya i Europa (1869)
De Maistre, Joseph: Considérations sur la France. Lyon 1850
Dickey, laurence: El industrialismo sansimoniano como fin de la historia, en Bull, Malcolm, La Teoría del Apocalipsis...
Dughin, Alexander: Metaphysics of the Anunciation, Inet 1997
Dughin, Alexander: The Paradigm of the End. Inet 1997
Fuenzalida Vollmar, Fernando: Tierra Baldía-La crisis del consenso secular y el milenarismo en la sociedad postmoderna. Australis, Lima 1995
Fukuyama, Francis, The End of History and the last man.New York: The Free Press, 1992
Huntington, Samuel P.: The Clash of Civilizations, Foreign Affairs, vol 72, Nº3, summer 1993
Jünger, Ernst: Der Arbeiter, Herrschaft und Gestalt. Hamburgo, Hanseatische Verlagsanstalt, Benno Ziegler 1932
Kermode, Frank: Aguardando el fin, en Bull, Malcolm, La Teoría del Apocalipsis y los Fines del Mundo, México, FCE 1998.
Título original Apocalypse Theory and the Ends of the World. Oxford, Blackwell 1995
Khumar, Krishan: El Apocalipsis, el Milenio y la Utopía en la actualidad en Bull, Malcolm: La Teoría del Apocalipsis ....
Kondylis,Panajotis: Planetarische Politik nach dem Kalten Krieg. Berlin, Akademie Verlag, 1992
Kumar, Krishan: El Apocalipsis, El Milenio y la Utopía en la actualidad, en Bull, Malcolm, La Teoría del Apocalipsis...
Löwith, Karl: Von Hegel zu Nietzsche. 1939
Löwith, Karl; Meaning in History, Chicago, Phoenix 1949
Mohler, Armin: Comentario a Kondylis en Textos para la Disidencia, Tabularium, Inet 1999
Niekisch, Ernst: Erinerungen eines deutschen Revolutionärs, Köln, Wissenschaft u. Politik, 1974
Niekisch, Ernst: Menschenfressende Technik, Widerstand Nº4, 1931
Norris, Christopher: Versiones del Apocalipsis: Kant, Derrida y Foucault, en Bull, Malcolm, La Teoría del Apocalipsis...
Schaffer, Elinor: El Apocalipsis Secular en Bull, Malcolm, La Teoría del Apocalipsis...
Schmitt, Carl: El nuevo Nomos de la tierra, en Hespèrides, nov.8,1995
Soloviev, Vladimir: La Russie et l´Eglise Universelle (1889)
W.Said, Edward: Adorno como lo tardío, en Bull, Malcolm, La Teoría del Apocalipsis...

 

Lucien Combelle

 

Lucien Combelle

...Voici bientôt quinze ans qu’il nous a quittés. Je n’ai dû le rencontrer qu’une ou deux fois, rue Monge où il habitait alors. C’était en compagnie de Laurence Granet qui avait soutenu, quelques années auparavant, une thèse de doctorat sur « L’idéologie fasciste dans les œuvres de Brasillach, Drieu La Rochelle, Rebatet ». Le souvenir de ces conversations s’est effacé. Je me souviens seulement du jour où, en public, il évoqua, au risque de lui nuire, son « éditeur fasciste » [sic] qui publia au début des années quatre-vingts ses souvenirs de prison. Cette sortie ne fut pas sans choquer un ami célinien qui fit cette réflexion : « Tout de même, il exagère, c’est lui qui a été fasciste ! ». Longtemps, j’ai cru que, dans son journal Révolution nationale, il s’était montré partisan d’un fascisme « libéral », je veux dire moins radical que celui prôné par ses confrères de la presse parisienne. Jusqu’à cet été 1988 où, pour annoter la correspondance que lui adressa Céline sous l’Occupation, je dépouillai, à la Bibliothèque Royale (de Belgique), la collection complète de cet hebdomadaire. Comme l’a également montré Jeannine Verdès-Leroux, qui s’est livrée au même exercice, Lucien Combelle était, bien au contraire, partisan d’un collaborationnisme sans concessions. C’est dire si Vichy n’était pas ménagé, surtout quand le régime prenait l’initiative, approuvé en cela par l’Église, de censurer en zone non occupée des écrivains jugés délétères : « Valéry, Fargue interdits. Demain Gide et Proust. Et Céline et Marcel Aymé. Et Montherlant. La France officielle semble vouloir retrouver sa beauté en avalant la jouvence de  l’abbé Soury, et  soigner ses blessures avec de l’eau bénite »¹.  On n’est donc pas étonné de le voir dénoncer ensuite l’une des plus hautes autorités du clergé français, « Mgr Gerlier, primat des Gaules – quelle fâcheuse consonance ! – qui se permet de jouer au conseiller d’État et se mêler aux affaires de César. Monseigneur n’aime point l’antisémitisme. Monseigneur n’est pas révolutionnaire. (…) Il est démocrate et pluraliste, comme on dit. Bref, Monseigneur est, à sa manière, un dissident » ².  Fustigeant  le chef de l’Action française, Combelle n’y allait pas davantage de main morte : « M. Maurras a été antisémite et antidémocrate pour son bonheur et pour le nôtre. Mais, pour son malheur et pour celui de la France, M. Maurras reste germanophobe. La France, pour lui, c’est le félibrige » ³. « Révolution » est sans doute le mot qui revient alors le plus souvent sous sa plume : « Nous sommes, ou les acteurs, ou les témoins, selon une bonne ou une mauvaise fortune, d’une révolution mondiale, d’une révolution qui est née très exactement sur notre continent, dans cette Europe qui, pour notre orgueil, continue à étonner le monde » 4. « Grand garçon, intelligent, très cultivé, avec l’esprit caustique, bon avec les copains, plutôt désagréable avec ceux qui lui avaient fait dans les bottes, Combelle cultivait une pointe de cynisme » 5 : c’est ainsi que le décrit Henry Charbonneau,  venu, comme lui, de l’Action française.

Après la guerre, Lucien Combelle présentera naturellement un profil nettement moins tranché. Ainsi, lors de l’émission « Apostrophes » (1978), il évoqua le « jeune fasciste sincère,  de bonne foi et naïf » qu’il fut.  C’est seulement chez le juge d’instruction, ajouta-t-il, qu’il découvrit ce qu’est la responsabilité des intellectuels. Philippe Alméras, qui l’avait rencontré, lui aussi, dans les années quatre-vingts, garde le souvenir de sa grande prudence : « Comme tous les ébouillantés de la Libération, il craignait l’eau froide 6 ». Céline entretint avec lui une relation du même type (un peu paternelle) que celle qu’il noua avec Henri Poulain, le secrétaire de rédaction de Je suis partout. D’une vingtaine d’années leur aîné, il ne craignait pas de les morigéner dès que paraissait dans leur journal respectif un article qu’il désapprouvait. Ainsi, à propos de cet éditorial sur (ou plutôt contre) Maurras : « Combelle fait l’enfant. Il sait aussi bien que moi  l’origine de l’horreur de  Maurras  pour  l’Allemagne – le Racisme 7. » Ou à propos d’un compte rendu du livre, Pétition pour l’histoire, d’Anatole de Monzie : « Tu dédouanes Monzie à présent et son histoire ? La merde est à ton goût ! Rien de plus pourri que ce vieux pitre – membre de la Ligue des Droits de l’Homme – membre de la Lica – grand ami de Lecache et Jean Zay ! » 8. Les exemples sont nombreux… Contrairement à Poulain, exilé en Suisse, Combelle reverra Céline. C’est seulement à la parution d’Un château l’autre qu’il reprit contact. « Tout ceci ne nous rajeunit pas ! » 9, lui répond Céline, une dizaine d’années après la tourmente qui les vit embastillés l’un à Copenhague, l’autre à Fresnes.

Marc LAUDELOUT

 

Notes

 

1. Lucien Combelle, « Avec ou sans prières », Révolution nationale, 22 août 1942.

2. Id., « Où en sommes-nous ? », Révolution nationale, 26 septembre 1942.

3. Id., « La France de M. Maurras », Révolution nationale, 31 mai 1942.

4. Id., « Ceci commande cela », Révolution nationale, 8 mai 1943.

5. Henry Charbonneau, Les mémoires de Porthos, La Librairie française, 1981 (rééd.).

6. Philippe Alméras, « Lucien Combelle relaps », Le Bulletin célinien, janvier 2006.

7. Lettre du 31 mai 1942 in L’Année Céline 1995, Du Lérot-Imec Éditions, 1996, p. 122.

8. Lettre du 21 août 1942,  Ibidem, p. 127.

9. Lettre du 12 août 1957, Ibid., p. 154.

 

Bibliographie

Lucien Combelle est l’auteur de six livres : Je dois à André Gide (Frédéric Chambriand, 1951) ; Chansons du Mirador (Frédéric Chambriand, 1951) ; Prisons de l’espérance (ETL, 1952) ;  Louis Renault ou un demi-siècle d’automobile française (La Table ronde, 1954) [signé d’un pseudonyme : Lucien Dauvergne] ; Péché d’orgueil (Olivier Orban, 1978) et Liberté à huis clos (La Butte aux cailles, 1983). Sous le titre « Céline, le pérégrin », il a préfacé un recueil de textes de Céline (Le style contre les idées, Complexe, 1987). Il a également écrit le scénario d’une bande dessinée de José Fernandez Bielsa, Quand les héros étaient des dieux (Dargaud, 1969).  Au  début des  années 80, il  avait  l’intention  d’écrire, en collaboration avec Laurence Granet, un Panorama des écrivains de l’Occupation ; le projet n’a pas abouti. En 1997, Pierre Assouline lui a consacré un livre, Le fleuve Combelle (Calmann-Lévy). L’année suivante, Lucien Combelle lui accorda une série de cinq entretiens dans le cadre de l’émission À voix nue sur les ondes de France-Culture (25-29 juillet 1998).  Le 1er décembre 1978, à l’occasion de la parution de son livre de souvenirs, Péché d’orgueil, il participa – aux côtés de Henri Amouroux, Raymond Bruckberger, Jean-Luc Maxence et Dominique Desanti – à l’émission Apostrophes de Bernard Pivot sur le thème « Les intellectuels et la collaboration ». Il donna également son témoignage dans le film documentaire d’Alain de Sédouy et Guy Seligmann, Paris l’outragée (Antenne 2, 1989). On trouvera dans L’Année Céline 1995 (Du Lérot, 1996) la correspondance que lui adressa Céline, présentée et annotée par Éric Mazet. Plusieurs ouvrages retracent brièvement son itinéraire : Dictionnaire Céline de Philippe Alméras (Plon, 2004), Dictionnaire commenté de la Collaboration française de Philippe Randa (Jean Picollec, 1997) et Histoire de la Collaboration de Dominique Venner (Pygmalion, 2000). Sur son activité sous l’Occupation, on lira le livre de Jeannine Verdès-Leroux, Refus et violences. Politique et littérature à l’extrême droite des années trente aux retombées de la Libération (Gallimard, 1996), qui s’appuie sur une lecture de ses articles de l’Occupation.

 

 

 

Le féodalisme, une légende?

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1994

 

Le féodalisme, une légende?

 

L'historienne britannique Susan Reynolds avance une thèse innovatrice: le féodalisme médiéval n'aurait pas existé tel qu'on l'imagine communément; il serait une invention ultérieure de juristes modernes, hostiles au Moyen Age. La cérémonie symbolique, liant le vassal à son suzerain, n'est pas le fondement général, omniprésent en Europe, de l'Etat féodal, dominant notre continent de Charlemagne à la chute de Constantinople en 1453. Susan Reynolds affirme que les preuves sont trop peu nombreuses pour pouvoir affirmer sans nuances que l'ensemble du Moyen Age européen ait été marqué par ce type de contrat, fondé sur la fidélité et la dépendance réciproque. Cette affirmation, impertinente au regard de l'historiographie conventionnelle, notre historienne d'Oxford la tire d'une exploration systématique des documents, des actes, etc., conservés dans tous les musées et bibliothèques d'Europe.

 

Première révision, due à cette analyse systématique des écrits médiévaux: après l'Empire romain, l'Europe n'a pas sombré dans un “vide juridique” et n'a pas vraiment été livrée à la “loi de la jungle”. La réglementation féodale était conçue pour calmer les puissants, les obliger à respecter la paix et l'harmonie. Au départ, le lien de vassalité, liant par exemple un duc à son roi ou à son empereur, n'était pas conçu pour durer éternellement. Le principe de l'hérédité d'un fief n'avait pas été retenu. Charles le Chauve a dû finalement le concéder (mais partiellement) à sa noblesse franque pour calmer les esprits et pour s'assurer ses arrières quand il guerroyait en Italie entre 870 et 880.

 

La féodalité conçue comme système rigide est une invention des juristes du début de l'ère moderne, qui s'opposaient aux concepts vagues, souples et imprécis du droit coutumier. Il fallait donc qu'ils le schématisent et lui donnent une image négative. Cette construction artificielle de juristes en mal de pouvoir, poursuivant un objectif finalement totalitaire, visant à annihiler les autonomies multiples tolérées par le droit coutumier, a oblitéré la vision des historiens. Ceux-ci sont demeurés prisonniers d'une vision du Moyen Age figée, ne correspondant nullement à sa grande diversité et à son étonnante variété. L'omniprésence de cette légende, fabriquée par les juristes, a fait que les historiens n'ont plus pris la peine de consulter les archives. Susan Reynolds s'attend bien entendu à des critiques serrées de ses thèses, surtout de la part de l'école française de Marc Bloch, fidèle à la modernité des juristes, des jacobins et des idéologues marxistes. Mais cette modernité, plus idéologique que fiable, tiendra-t-elle le coup devant le sérieux d'Oxford, déployé par Susan Reynolds?

 

Susan REYNOLDS, Fiefs and Vassals. The Medieval Evidence Reinterpreted,  Oxford University Press, 544 p., £20.

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jeudi, 05 mars 2009

Turkije en de Koerden

Turkije en de Koerden

Geplaatst door yvespernet

Wilt Turkije in de EU worden opgenomen als volwaardigd lid, moeten aan bepaalde sociale, economische en politieke voorwaarden worden voldaan. Met het toelaten van landen als Bulgarije is ondertussen gebleken dat dit voor sommige landen te snel gebeurd is en dat de controle op het naleven van die voorwaarden tekort schiet. Één van die voorwaarden, in het geval van Turkije, is het verbeteren van de huidige bewust achtergestelde toestand van de Koerden. Dat dit nog gebreken vertoont, kan volgend “incident” goed illustreren;

http://edition.cnn.com/2009/WORLD/europe/02/24/turkey.television.kurdish.party/index.html

ISTANBUL, Turkey (CNN) — The head of a Kurdish nationalist party in Turkey addressed his party members Tuesday in the Kurdish language — which is illegal — prompting the national broadcaster to pull the plug on the live broadcast. In

 

his address, Democratic Society Party leader Ahmet Turk began his speech in Turkish, addressing the value of a “multilingual culture” and decrying the fact that the Kurdish language is not protected under Turkey’s constitution. ”We have no objection to Turkish being the official language, yet we want our demands for the lifting of the ban on Kurdish language to be understood as a humanitarian demand,” he said.

Turk then announced he would deliver the rest of his speech in Kurdish and, at that point, state broadcaster TRT cut the broadcast. ”Since no language other than Turkish can be used in the parliament meetings according to the constitution of the Turkish Republic and the Political Parties Law, we had to stop our broadcast,” the TRT announcer stated. “We apologize to our viewers for this and continue our broadcast with the next news item scheduled.”

Binnen nu en een paar decennia zal bijna de helft van de inwoners van Turkije bestaan uit Koerden. Koerden migreren ook meer en meer naar de Turkse steden in plaats van op het platteland te blijven. Dit kan wel eens een zeer gevaarlijke cocktail worden…

Bulletin célinien n°306

Le Bulletin célinien

Le Bulletin célinien, n° 306, mars 2009 :

Au sommaire :
-"Le Testament de Céline" de Paul Yonnet : entretien avec Christian Authier.

-"Entretiens avec le Professeur Y" au théâtre par Jean-Pierre Doche.

-"Études céliniennes" : présentation du n° 4 par André Derval.

-"Style, morale et anarchie chez Céline" par Xavier Garnier.










Le Bulletin célinien
B. P. 70
B 1000 Bruxelles 22, Belgique
http://louisferdinandceline.free.fr/
celinebc@skynet.be

NATO Defence College reviews Dmitry Rogozin's book "Enemy of the People"

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The NATO Defence College review of the book ‘Enemy of the People’ by Dmitry Rogozin

 

http://natomission.ru/en/society/article/society/artbews/...

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The curious reader might do well to start Ambassador Dmitri Olegovich Rogozin’s book by looking at the comments about him which the author has chosen to include as an annex - essentially abuse from prominent Russian political figures, including the leader of the LDPR, Vladimir Zhirinovsky (whose father Rogozin pointedly identifies as being named Edelshtein): “Rogozin is an agent three times over - of the Kremlin, the KGB and the Comintern. He is a villain three times over.” Anatoli Chubais, formerly head of electricity monopoly RAO UES, and whom Rogozin identifies as the “spiritual guru” of the liberal SPS party and author of the concept of “voucher privatization”, describes Rogozin as a National Socialist. The author records other attacks on him by some of his favourite targets of abuse.

It would be natural to suppose that these quotations were recorded by Rogozin in a spirit of irony. It would also be wrong. There is so far as I could teil no trace of irony or self doubt in what Rogozin writes in this account of his political development and ideas. He means every word. It is natural enough that an autobiography should centre on its subject’s actions. This one is deeply personal. The only people mentioned in it who come out consistently well are Rogozin himself, and why not, for it is his story; Rogozin’s distinguished military father (General-Lieutenant Oleg Konstantinovich Rogozin, Hero of Socialist Work, Doctor of Technical Sciences and professor); and Vladimir Putin - who has yet to earn Rogozin’s despair. The introduction to the fourth edition of the book, sent for publication as Rogozin was about to take up his appointment as Russian Ambassador to NATO in January 2008, records his view that Rodina “won” the 2003 Duma elections (Rogozin’s word, presumably implying a moral victory since the party did not come near to winning a majority of the recorded votes, even if its showing was better than the Kremlin had anticipated). Since then, he says, vital elements of Rodina’s programme have been adopted by the Russian government. Putin’s real convictions, (page 5) says Rogozin, are those of the patriotic opposition. His book is dedicated to President Putin, as he then was.

The first set of Rogozin’s ideas would not al! be easy to square with Putin’s actions as President or Prime Minister, though some arguably have elements in common with Putin’s sentiments. Rogozin complains at various points in his book of the way that the media are constrained, the legal system is manipulated and elections are fixed. In so doing, he draws on personal experience. “The ability to lie to your face is the visiting card of power (vlast) today.” (An apt quotation from page 14). His writing is even more impassioned in his attacks on the “thieves” who have stolen, and steal, from Russia, whether bureaucrats or ‘oligarchs’. But then, “Bonapartism is always and everywhere partnered by stealing from the treasury…the consolidation of the Vertical of power’ has led to a real epidemic of theft.” Much of the book is a cry of pain for what has happened to Russia since Stalin’s death in 1953, and particularly since 1991, with the failure of the August putsch that year. Rogozin’s admiration for Stalin is for what the author sees as his success as a national leader who instilled discipline, not as the builder of’socialism in one country’.
The remedy sketched by Rogozin for Russia’s present ills is not what might be expected from his attacks on the way the present state of affairs rests on arbitrary controls. It is for the power of the centre to be increased, under the condition that the exercise of absolute power be governed by absolute responsibility, borne personally by the leader himself. He does not explain exactly what this might mean. He would no doubt be enraged by the suggestion that it is a doctrine that notorious figures of the middle of the 20th Century would instantly accept.
Rogozin argues for increased national ownership of critical economic factors. He does not explain how such a system could work, or how it would prevent what he sees as the treachery and incompetence which brought the USSR to needless and tragic collapse being repeated under another centrally directed government of Russia. His domestic policy prescriptions are however often declarative rather than analytical, for instance in his lengthy and agonised account of Russia’s demographic problems. Russia should be, he writes at one point, aiming at a population of 500 million, without giving a clear idea of how this degree of reproductive fervour could be brought about
That should not be read as a sneer. Rogozin’s despair at what he sees as his country’s fall deserves better than that. He records his academic achievements, but his book is not that of an educated sceptic. In one striking passage, following on Rogozin’s account of the Chechen mentality, he tells of an interview with Putin in which he offered to go to Grozny as Presidential Representative. The President’s response, which Rogozin saw as “very significant” was that Putin wanted him to stay for the time being in the Duma. That, thought Rogozin, was a missed opportunity. Had he taken charge in Grozny the bloodshed would have been minimal. It does not seem to have occurred to him that the President may have been less confident than Rogozin of the latter’s ability to sort things out Putin’s ability to keep others under the impression that he sympathises with their aspirations even when he does not is again illustrated at other points in Rogozin’s account.

The heart of Rogozin’s book, whether he is recording his efforts as a dogged and immovable defender of his country’s true interests, or setting out his political creed, is the need to revive Russian national feeling, and thereby to restore Russia to her rightful status, as he would see it, as a Great Power. He makes it very clear, though not in a consistently specific manner, that this aim entails Russia’s borders enlarging to include all the territories that have been hers over the course of Russian history. He refers on page 145 to the national idea enshrining the right for Russians to be the formers of the state not just in the present territory of the Federation but also “inherently Russian lands beyond its borders. Crimea, Little Russia, Belorussia, the Cossack steppes of Kazakhstan, TransDniestra, the PriBaltic - these are the native lands of the Russian nation.” Russians brought civilisation to the peoples who fell under her control, and they now share her destiny as a beneficent result. “It is inadmissible to remain silent while the country that gave you life is robbed and humiliated. If even a drop of Russian blood runs in our veins we should be readying ourselves to fight….It is on our bones that Europe prospers today” (page 443). And so on throughout the book- often.
Rogozin’s political programme is mystical rather than practical, despite the fact that he recounts his involvement in many of the political dramas over the last couple of decades of his country’s history. He vents his frustration at being balked of the success he is sure was his in Duma and Moscow elections. The administrative barriers in the way of setting up independent parties are excoriated. He nonetheless sees the revival and channeling of Russian nationalism as essential to the nation’s survival, and achievable through disciplined action by a committed elite. He seems to take it for granted that the restoration of true patriotic feeling, and the direction of affairs by true patriots, would restore harmony as well as greatness to his country, and that it would be thoroughly democratic too.
This is all disputable, and the*fenguage in which it is conveyed is in places disreputable too. But Rogozin’s book is honest in its efforts to convey what he really thinks, and innocent of guile. There are many other Russians, and decent ones too, that share his prejudices to a greater or lesser degree, and who reach too readily for the language of abuse when others do not accept them: a Pravda inheritance, maybe. Many Russians for instance seem genuinely to believe that they have a better sense of what other formerly Soviet people - and particularly those of Slavonic origin - truly want and need than what these people choose for themselves through their elected leaders. When Rogozin says that Sevastopol is “ours”, and that that is a “fact” (page 129), he is only giving more emphatic expression to a view that others of greater authority than he have set out more cautiously. When he laments the treatment accorded to Russia by her enemies, internal or external, he is giving his own version of the sense of national(ist)
grievance that has developed so strongly in recent years. There was a contrast to be drawn in the 90s between Serbia’s haunted sense of wrong and Russia’s efforts to make a new and post imperial start. The parallels between Serbian nationalism then and Russian feelings now, as illustrated by Rogozin’s book, can be uncomfortably close.

The aim of restoring, as its advocates term it, Russia’s status as a Great Power runs beyond the “patriotic opposition” invoked by Rogozin. It is deeply felt to be legitimate, and necessary, by Russians who are far more liberal in their outlook than Rogozin, and has been articulated in various forms by the highest leadership, including by the former and current Presidents. But while there is no doubting its emotional appeal to many Russians, if to few of their neighbours, Rogozin in his book has been no more able than others to set out exactly what it means. If Russia is a Great Power, then presumably there are others, and presumably they have parallel rights. No one knows exactly who these other “Great Powers” might turn out to be. It would also seem to follow that “Great Powers” have greater rights than lesser ones, a proposition that is contrary to the Charter of the United Nations, and unacceptable to those relegated to the second or perhaps third division. The aspiration to be recognised as a Great Power, which runs so clearly throughout Rogozin’s book, in short, is a lament for past glory to return, not a practical guide to policy. It is not however the less compelling for those who would pursue it because it is incapable of definition, or perhaps even of cure.

ON THE NATO DEFENCE COLLEGE REVIEW OF THE BOOK 
‘ENEMY OF THE PEOPLE’ BY DMITRY ROGOZIN

The very fact that a major agency of NATO’s educational system got down to reading such an alien book dedicated to Russian domestic affairs means a lot. The author of the review has taken the reading seriously, and building upon his knowledge he made an attempt to analyze what was written by Dmitry Rogozin. There is no doubt that NATO is primarily interested in political views of the ambassador it is dealing with rather than Russian domestic policy as such.

It is quite another matter that it is a tough job for a Westerner to give a fair assessment of those views; the temptation to slide down to stereotypes (Putin as the sole ruler of the country, patriotic views as an extreme form of xenophobia, etc.) is too big. The author of the review attempts to disregard details about Russian domestic policy, however, he delightfully quotes Rogozin’s criticism of the Russian bureaucracy and in the end he reduces everything to the ‘favourite’ common denominator of Western analysts – that Russia is yet again aspiring to become an empire and a great power, while it lacks either rights or good reasons for that. In the author’s opinion, such an aspiration lacks “legitimacy”, and he notes that Rogozin is just one among many Russians who want to see their country regain its greatness. The author argues that allegedly there is no ‘cure’ for this concept that has basically become the ideology Russian policy is guided by. Apparently, neither is there a cure for the aspiration of the Westerners to not let Russia become a great country again, just as for any form of maniacal schizophrenia. He particularly bridles at Rogozin’s ideas of uniting inherently Russian lands, and the role of the Russian nation as a civilization factor triggers nothing more than an ironic smile.

Nevertheless, this review seems in general to be quite well balanced and serious. The author admires Rogozin’s sincerity and consistency, his concerns over the present situation in the country, even though the style he chooses does not always seem justified to the author.

Intervention de F. Ranson au Colloque identitaire (28-02-09)

Frédéric RANSON:

Intervention au colloque identitaire du 28 février 2009

Sint-Pieters-Leeuw (Brabant)

Il m’incombe aujourd’hui de vous présenter le manifeste du néo-solidarisme. En fonction du sujet d’aujourd’hui, j’en voudrais retenir deux idées en particulier, à méditer par le public. D’abord, je voudrais féliciter les organisateurs et les autres participants pour leur contribution à un genre de débat qu’on ne connaît plus ailleurs en Flandre, malgré des conditions plus favorables qu’en Belgique francophone. Des identitaires s’occupent aujourd’hui des questions sociales et c’est déjà une bonne description pour les néo-solidaristes.

 

En bref, la crise que nous vivons est celle de plus de trente ans de néolibéralisme anglo-saxon. L’architecture financière mondiale de l’après-guerre a toujours été conçue, par les Etats-Unis et leur haute finance, de telle manière que les profits soient pour eux-mêmes et les charges pour le reste du monde. Depuis les années septante, le néolibéralisme sert de nouvel instrument pour assurer leurs intérêts financiers. L’ouverture des marchés financiers a permis  de prolonger l’hégémonie du dollar. Ensuite, suivaient le Royaume-Uni et plus tard l’Union européenne. La première conséquence était que les « capitaux sociaux » des Etats européens, accumulés depuis des décennies, étaient alors transférés à un marché financier mondialisé. La deuxième conséquence était l’invention des produits dérivés, contrepartie pour les risques sur un marché dérégulé. L’ampleur de la crise actuelle est un indice du degré d’américanisation et de mondialisation.

 

Il faut se rendre compte de quelle manière, non pas seulement les conditions économiques ou financières, mais par là aussi les conditions politiques ont changé. Oui, ils sont encore là, les parlementaires, mais ils sont presque dégradés jusqu’au niveau de conseiller communal dans le « village global ». Le cadre national, base de notre modèle social et du consensus entre travail et capital, est en voie de disparition, sapé par le néolibéralisme et le libre-échangisme. L’embourgeoisement des droites et des gauches les a rendu totalement incapables à proposer des alternatives. Face à leur incapacité et face aux nouvelles conditions, de nouvelles réponses s’imposent. La crise actuelle est une rupture. Ou bien on voit dans cette crise une nouvelle phase de concentration et de mondialisation. Ou bien on y voit une occasion d’organiser une colère légitime et de proposer des alternatives.

 

La première idée que je veux retenir de notre manifeste est donc celle de la renationalisation de l’Etat et de l’économie, tant l’économie monétaire que l’économie réelle, de Fortis à Opel. Dans les conditions actuelles, où vous étés trompés par des propositions européanistes et altermondialistes qui se relaient, où la pensée unique prône un « socialisme des banquiers » et ainsi de suite, cette revendication est déjà un acte révolutionnaire. La deuxième idée à retenir est celle de la souveraineté monétaire, qui implique une redéfinition des notions habituelles sur l’argent. J’y reviens en brève réponse à monsieur Robert. La synthèse idéale de ces deux idées serait la correspondance entre l’économie réelle et l’économie monétaire. Donc : plus de bulles, plus d’inflation, plus de déflation, mais « euflation » (notion d’Antonio Miclavez). Hélas, nos banques centrales semi-publiques n’ont pas ce but. Elles agissent dans l’intérêt des banquiers et pas dans l’intérêt des peuples. Les mêmes critiques, dans la tradition populiste, à la Réserve fédérale américaine peuvent s’appliquer à la Banque centrale européenne. Les premières banques à nationaliser seront donc les banques centrales elles-mêmes !

 

Monsieur Robert vient d’attribuer le « miracle économique » de l’Allemagne nationale-socialiste à son ministre de l’économie Schacht et sa « politique très éloignée du programme en 25 points ». D’autres l’attribueront à Keynes. Eh bien, quel était le secret de ce miracle ? Les travaux publics et le réarmement allemands étaient payés par des « bons Öffa » et des « bons MeFo », donc de l’argent alternatif ou supplémentaire, sans accroître la dette publique, c’est à dire basé sur la notion de souveraineté monétaire. Ces bons étaient au moins une idée hybride, parce que ils étaient effectivement déjà proposée dans le Programme en 25 Points sous le nom de « Staatskassengutscheine » (bons du Trésor publique). Evidemment, les idées de son auteur, Gottfried Feder, allaient encore plus loin. Ses idées étaient très proches des principes antiques et scholastiques, aujourd’hui encore présents dans le financement islamique. Schacht, profondément banquier, a enfin même refusé l’émission ultérieure de cet argent sans dette, ainsi qu’un autre célèbre banquier, Necker, plus d’un siècle avant lui, avait refusé l’émission des assignats. L’argent alternatif est-il une utopie aujourd’hui ? Non ! Qui ne connaît pas les chèques de repas ou les chèques de service, qui sont simplement des formes de salaire alternatif ?

 

Peut-être ces quelques propositions semblent encore précoces ou futuristes, mais nous sommes surs que la situation aggravante les rendra de plus en plus acceptées. L’importance est de ne surtout pas rater ce rendez-vous avec le 21ième siècle, ou de subir le renforcement du système par une « gouvernance mondiale » accrue et répandue par la pensée unique. Je vous remercie pour votre attention.

Guerre d'Espagne: mémoire historique ou mémoire hystérique?

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Guerre d'Espagne : mémoire historique ou mémoire hystérique ?

 


Présenté sous un tel titre, l’article de Arnaud Imatz ne cache rien de son objet. On voit immédiatement où l’auteur veut en venir et c’est probablement une des raisons pour lesquelles la « Nouvelle Revue d’Histoire », dirigée par Dominique Venner, l’a publié.

Cette publication bimestrielle, taxée par la vulgate médiatique de non-conformisme au sens du politiquement correct historique, a déjà presque sept ans d’âge et recueille des signatures prestigieuses, plumes de marque, historiens et chercheurs de talent.

Dans la dernière livraison, Arnaud Imatz revient sur la toujours très controversée Guerre civile espagnole de 1936-1939, dont les plaies  sont rouvertes périodiquement, et il nous fait découvrir comment les politiques de gauche espagnols se sont emparés de l’histoire, très exactement comme nos politiques, hélas de toute tendance à de rares exceptions près, l’ont si bien fait en France en 1990 avec la loi Gayssot. Les Espagnols se trouvent donc, eux aussi, affublés d’une loi outrageusement partisane dont on ne sera pas étonné de lire qu’elle trouve son origine dans une proposition du Parti communiste. Cette loi de « Mémoire historique » a été adoptée par les députés espagnols le 26 décembre 2007. Le lecteur ne sera pas surpris de trouver au détour de cette loi le célèbre juge Garzon, connu même sur le plan international puisqu’il a été l’initiateur du mandat d’arrêt lancé contre le général Pinochet : ce juge se consacre à corps perdu à la recherche des « criminels du camp national ». Enfin, là aussi, on assiste à une bataille de chiffres des victimes, décidément pomme de discorde éternelle et arme suprême de la propagande idéologique.

Cet article historico-politique est passionnant et il montre qu’en Espagne, tout comme dans une grande partie des pays appartenant à l’Union européenne, l’histoire est aujourd’hui confisquée par le pouvoir politique relayé par la justice, et donne lieu à l’intauration de « lois mémorielles » et à la judiciarisation du fait historique.

Polémia




Tous les historiens reconnaissent l’impressionnant développement  économique et social de l’Espagne après la mort de Franco. Tous admirent l’exemple de transition démocratique pacifique et tolérante donné au monde par le peuple espagnol. Bien sûr, selon leurs convictions, les analystes s’affrontent : certains considèrent que ce processus s’étend de 1966 à 2004, d’autres soulignent l’importance de l’approbation de la Constitution de 1978, d’autres encore mettent en valeur l’arrivée au pouvoir de Felipe Gonzalez et du PSOE (1982), d’autres enfin insistent sur le retour de la droite de José Manuel Aznar (1996), mais tous reconnaissent la formidable et spectaculaire transformation du pays. Pendant près de trois décennies, deux principes ont animé « l’esprit de la transition » : le pardon réciproque et la concertation entre gouvernement et opposition. Il ne s’agissait pas d’oublier le passé (la conscience de l’histoire est au contraire une des conditions pour éviter de répéter les erreurs), mais de le surmonter, de regarder résolument vers l’avenir. On aurait pu penser qu’au fil des ans le calme et la sérénité se seraient imposés, que soixante dix ans après la fin de la Guerre civile les historiens se seraient adonnés enfin librement aux plaisirs tranquilles du champ de leur connaissance, mais il n’en est rien.

Depuis son accession au pouvoir, en 2004, plutôt que de contribuer à effacer les rancœurs, José Luis Rodriguez Zapatero, a délibérément choisi de raviver la bataille culturelle et de rouvrir les blessures du passé. Zapatero a expliqué en de nombreuses occasions comment la mémoire de son grand père, Juan Rodriguez Lozano, fusillé par les franquistes, a motivé ses convictions politiques. Une explication tronquée, quand on sait que son grand-père, qui fut exécuté par les troupes nationales, en 1936, pour avoir franchi leurs lignes dans un but d’espionnage, avait été aussi décoré, en 1934, pour avoir contribué  à restaurer la légalité républicaine sous les ordres du général Franco et participé à cette occasion à la répression des mineurs d’Asturies. Mais le caractère monstrueusement fratricide de la guerre civile semble évacué par Monsieur Zapatero et son gouvernement. 

On pourrait rappeler quelques exemples frappants et cruels comme celui des prestigieux écrivains, Antonio et Manuel  Machado, qui se trouvaient chacun dans des camps différents, ou celui du dirigeant anarchiste Buenaventura Durruti dont les deux frères étaient phalangistes, ou encore celui de Constancia de la Mora, l’épouse communiste du général de l’aviation républicaine Hidalgo de Cisneros, dont la sœur Marichu était une journaliste phalangiste. Il serait inutile de s’acharner à répéter que la plupart des ministres de la démocratie espagnole, qu’ils soient de gauche ou de droite, ont des pères, des oncles et des grands-parents qui ont soutenu le régime franquiste. Tout cela,  Monsieur Zapatero  le sait. Le grand-père de son épouse, Sonsoles Espinosa, n’était-il pas  lui aussi franquiste ? Mais le chef du gouvernement espagnol et son équipe n’en ont cure. La politique n’est pas le terrain de la morale, pas plus qu’il n’ait celui du droit ou de l’histoire.

Les raisons de la pugnacité du gouvernement socialiste espagnol sont essentiellement politiques. Il s’agit de donner quelques gages au parti communiste et à l’extrême gauche qui, depuis des décennies, cherchent invariablement à imposer leur vision unilatérale de l’histoire, et, par la même occasion, à condamner moralement la droite conservatrice pour l’écarter durablement du pouvoir.

Avec l’aide du député travailliste maltais, Léo Brincat, le 17 mars 2006, Zapatero a d’abord fait adopter par la commission permanente, agissant au nom de l’assemblée du Conseil de l’Europe, une recommandation sur « la nécessité de condamner le franquisme au niveau international ». Par la suite, il n’a eu de cesse de faire voter par le parlement espagnol une loi de « Mémoire historique » dont l’origine se trouve dans une proposition du Parti communiste  (Izquierda Unida).

L’expression « mémoire historique » est devenue le lieu commun de la culture espagnole. L’effort de récupération de la mémoire historique n’est évidemment pas un mal en soi, mais encore faut-il qu’il ne soit pas un prétexte pour que les plus sectaires s’arrogent le droit de séquestrer l’histoire ou de la manipuler. On ne peut pas, en effet, comparer la récupération de la mémoire pour ressusciter la haine de l’autre avec la récupération de la mémoire pour rénover la fraternité et la concorde. Or, si la « loi de Mémoire historique », du 26 décembre 2007, reconnait et amplifie justement les droits en faveur de ceux qui ont pâti des persécutions ou de la violence pendant la Guerre civile et la dictature, elle accrédite une vision manichéenne de l’histoire et contrevient à l’éthique la plus élémentaire. « Le pire de la prétendue “mémoire historique”, déclare le prestigieux hispaniste américain Stanley Payne, ce n’est pas la falsification de l’histoire, sinon l’intention politique qu’elle renferme, sa prétention à fomenter l’agitation sociale. » (Congrès universitaire de Madrid du 5.11.2008).

Une des idées fondamentales de la « loi de Mémoire historique » est que la démocratie espagnole est l’héritage de la Seconde République. Un point de vue d’autant plus discutable que le processus de transition fut mené conformément aux mécanismes prévus par le régime de Franco et qu’il fut dirigé à la fois par un roi désigné par le généralissime et son premier ministre qui était l’ancien secrétaire général du Movimiento. Selon le raisonnement de la « mémoire historique », la Seconde République, mythe fondateur de la démocratie espagnole, aurait été un régime presque parfait dans lequel l’ensemble des partis de gauche auraient eu une action irréprochable. Pour couronner le tout, mettre en cause cette absurdité ne saurait être qu’une apologie exprès ou déguisée du fascisme. 

Les anomalies de cette loi ne se comptent plus. Elle effectue un amalgame stupide entre le soulèvement militaire, la guerre civile et le régime de Franco qui sont autant de faits distincts relevant d’interprétations et de jugements différents. Elle exalte les victimes et les assassins, les innocents et les coupables lorsqu’ils sont dans le camp du Front populaire et uniquement parce qu’ils sont de gauche. Elle confond les morts en action de guerre et les victimes de la répression. Elle jette le voile de l’oubli sur toutes les victimes « républicaines » qui moururent aux mains de leurs frères ennemis de gauche. Elle encourage et justifie tout travail visant à démontrer que Franco à mener délibérément et systématiquement une répression sanglante pendant et après la guerre civile. Elle reconnait, enfin, le légitime désir de beaucoup de personnes de pouvoir localiser le corps de leur ancêtre, mais refuse ce droit à ceux qui étaient dans le camp national sous le prétexte fallacieux qu’ils ont eu tout le temps de le faire à l’époque du franquisme.

Après l’adoption de la loi de « mémoire historique » et les débats qui l’ont précédée, fin 2007, la boîte de Pandore est ouverte. Dès le 15 décembre 2006, diverses associations « pour la récupération de la mémoire », avaient déposé des plaintes auprès du Juge d'instruction de l’Audience nationale, Baltasar Garzón « pour détention illégale en vertu d'un plan systématique d'élimination physique de l'adversaire pendant la guerre civile (1936-1939) et les années de l'après-guerre, méritant le qualificatif juridique de génocide  et de crime contre l'humanité ». L’Audience nationale est l’héritière directe du Tribunal de l'ordre public de la dictature franquiste qui fut supprimé en 1977. Le juge Garzón est un magistrat instructeur connu internationalement pour avoir lancé un mandat d’arrêt contre Augusto Pinochet. Il avait effectué une brève incursion dans la vie politique comme second sur la liste du parti socialiste de Madrid derrière Felipe Gonzalez. Dans une ordonnance, qui échappe à la logique de la procédure judiciaire et ne suit aucune méthodologie historique, Baltasar Garzón s’est déclaré compétent. Un magistrat instructeur se doit de diligenter une affaire à charge et à décharge. Lui, soutient une thèse. Lorsque les faits le gênent, il les écarte. La responsabilité et la cruauté de la guerre civile et des exactions retombent, selon lui, entièrement sur un seul camp. L’affaire est donc entendue ! Il n’y a pas à prendre en compte les crimes survenus pendant la IIème  République, ni les crimes du Front Populaire. Et qu’on ne lui reproche pas d’avoir rejeté une plainte contre le communiste, Santiago Carrillo, un des principaux responsables du massacre de Paracuellos, en se fondant sur des arguments et une jurisprudence exactement inverses. La plainte contre le « prétendu » crime de Paracuellos (plus de 4000 morts) était, dit-il, « inconsistante » : les faits, avaient été jugés, les victimes avaient été identifiées (quand ?, où ?, comment ? il ne le précise évidemment pas !), en outre, ajoute-t-il, « ces faits n’attentaient en rien aux hautes autorités de la nation » !

Enfermé dans sa logique sectaire, Garzón n’a pas l’ombre d’une hésitation. Les vainqueurs, selon lui, ont porté atteinte à la légalité en s’insurgeant contre le Gouvernement de la République et ont eu le temps d’identifier leurs victimes et de demander réparations. Les vaincus, en revanche, n’ont jamais pu le faire et en conséquence le délit perdure aujourd’hui. Mieux, les « rebelles » voulaient exterminer leur opposant de façon systématique et donc « le caractère de crime contre l’humanité imprescriptible tel qu’il est défini par les normes du droit pénal international ne fait pas de doute ». Frisant le grotesque, Garzón demande les certificats de décès de Franco et de 34 dignitaires franquistes « pénalement responsables ». Il autorise les exhumations de corps des fosses contenant des républicains dans les délais les plus urgents et demande la formation de groupes d’experts et l’utilisation de tous les moyens techniques et scientifiques à cet effet. Ultime incongruité, Garzón réclame la liste des principaux dirigeants de la Phalange Espagnole entre le 17 juillet 1936 et décembre 1951, ignorant sans doute que la Phalange de José Antonio, très divisée à l’heure de se joindre aux forces de droite insurgées, en juillet 1936, fut dissoute le 19 avril 1937 et que le second chef de la Phalange fut condamné à mort par un tribunal militaire franquiste.

Le recours immédiat contre cette décision de justice intenté devant la salle pénale de l’Audience nationale par l’Avocat général, Javier-Alberto Zaragoza Aguado, a fait beaucoup moins de bruit.  Dommage ! car ce texte qui est celui d’un professionnel du droit est une véritable leçon, un camouflet pour le juge Garzón. « Dans un état de droit, écrit Javier Zaragoza, le procès pénal est sujet à des règles et des limites de procédure qui en aucun cas ne peuvent être violées ». L’Avocat général blâme le juge pour avoir contourné la loi d’amnistie votée par les premières Cortès démocratiques en 1977. « Questionner la légitimité d'origine de cette loi, écrit-il, et pire la stigmatiser comme loi d'impunité serait la sottise juridique absolue ». Il reproche encore au juge Garzón : d’ignorer les règles de compétence territoriale des tribunaux, d’utiliser une habile « couverture » pour qualifier les actes de crimes contre l’humanité et de construire un « échafaudage juridique singulier » qui lui permet de lier les délits de détentions illégales avec un délit contre les hautes autorités de l'État, alors que non seulement les responsables théoriques de ces délits sont morts mais que, en raison de leur condition et responsabilité, la compétence de l'instruction revient au Tribunal suprême. « En résumé, écrit Zaragoza, on peut affirmer que la prétention de tout connaître et sur tous en une seule procédure rompt les plus élémentaires règles du procès pénal et débouche inévitablement sur une inquisition générale interdite par notre Constitution ».

En ce qui concerne la qualification de génocide ou de lèse humanité des faits dénoncés, l’Avocat général explique pourquoi celle-ci n’est juridiquement pas applicable dans ce cas. Le corpus de normes qui conforme la légalité pénale internationale n'existait pas à l'époque ou les actes ont été commis ; cette qualification juridique ne peut donc s'appliquer rétroactivement sans attenter à la légalité pénale dans toute sa dimension ; enfin, l'exécution des faits est antérieure à leur qualification dans le droit pénal international.

Mais le juge Garzón n’est pas du genre à faire amende honorable. Le 18 novembre, coup de théâtre ! Alors que la Salle pénale de l’Audience nationale est sur le point de se réunir pour prendre sa décision, afin d’éviter de courir le risque d’être désavoué par ses pairs et, vraisemblablement, sous la pression de certains de ses amis politiques qui jugent qu’il en faisait trop, Garzón a édicté une nouvelle ordonnance. Dans un texte interminable, saturé de faits incertains, de semi-vérités et d’interprétations contestables, le juge prétendait se justifier et « ratifier avec force tous les motifs qui l’ont amené à considérer cette instruction nécessaire ». Mais après 148 pages de cette eau, il déclarait que la responsabilité pénale du dictateur Franco et des dignitaires franquistes était éteinte en raison de leurs morts et, simultanément, que l’instruction des disparitions était désormais de la compétence des juges de provinces où se trouvent les fosses qu’il avait ordonné d’ouvrir.

Nouvelle contradiction juridique de Garzón, soulignée immédiatement par les présidents de plusieurs tribunaux supérieurs de province : on ne voit pas comment des auteurs de crimes seraient décédés pour Madrid sans l’être pour d’autres villes. Deux jours plus tôt, le Professeur Stanley Payne, célèbre spécialiste américain de la guerre-civile espagnole, prononçait sa propre sentence devant la presse : « L’idée qu’un juge puisse se déclarer en faveur de l’annulation de la transition et de la loi est parfaitement grotesque ».

Critiquables sur le plan juridique, les ordonnances de Garzón ne le sont pas moins au niveau historique (1). Tout d’abord - est-il besoin de le rappeler ? - les historiens ne reconnaissent ni aux politiciens, ni aux juristes la moindre autorité pour venir leur dire comment il faut écrire les faits et interpréter le passé ? Quant aux objections de fond, elles sont multiples.

Ce n’est pas le soulèvement militaire de juillet 1936 qui est à l’origine de la destruction de la démocratie. C’est parce que la légalité démocratique avait été est détruite par le Front populaire que le soulèvement s'est produit. En 1936, personne ne croyait en la démocratie libérale telle qu’elle existe aujourd’hui en Espagne. Le mythe révolutionnaire partagé par toute la gauche était celui de la lutte armée. Les anarchistes et le parti communiste, un parti stalinien, ne croyaient certainement pas en la  démocratie. L’immense majorité des socialistes et, notamment leur leader le plus significatif, Largo Caballero, le « Lénine espagnol », qui préconisait la dictature du prolétariat et le rapprochement avec les communistes, n’y croyait pas davantage. Les gauches républicaines du jacobin Azaña, qui s’étaient compromises dans le soulèvement socialiste de 1934, n’y croyaient pas plus. Quant aux monarchistes de Rénovation espagnole, aux carlistes, aux phalangistes et à la majorité de la CEDA (Confédération espagnole des droites autonomes), ils n’y croyaient pas non plus.

Les anarchistes se révoltèrent en 1931, en 1932 et en 1933. Les socialistes se soulevèrent  contre le gouvernement de la République, du radical Alejandro Lerroux, en octobre 1934. Appuyé par toutes les gauches, ce soulèvement fut planifié par les socialistes comme une guerre civile pour instaurer la dictature du prolétariat. Dès son arrivée au pouvoir, le Front populaire ne cessa d'attaquer la légalité démocratique. Le résultat des élections de février 1936 ne fut jamais publié officiellement. Plus de 30 sièges de droite furent invalidés. Le président de la République, Niceto Alcalá Zamora fut destitué de manière illégale. La terreur s'imposa dans la rue, faisant plus de 300 morts en trois mois.

On aimerait bien que les nombreux « écrivains d’histoires », défenseurs des vieux mythes du Komintern, nous expliquent la réflexion lapidaire du libéral antifranquiste, Salvador de Madariaga, tant de fois reprise par les auteurs les plus divers : « Avec la rébellion de 1934, la gauche espagnole perdit jusqu’à l’ombre d’autorité morale pour condamner la rébellion de 1936 ». On aimerait qu’ils nous disent pourquoi, à l’exclusion de la Gauche républicaine et de l’Union républicaine, les militants et sympathisants de toutes les autres tendances, depuis les partis républicains de Lerroux, Martinez Velasco, et Melquiadez Alvarez, jusqu’aux traditionalistes carlistes, furent tous considérés en territoire front populiste comme des ennemis à extirper. Pourquoi les ministres démocrates du parti radical Salazar Alonso, Abad Conde, Rafael Guerra del Rio furent condamnés à mort et assassinés. Pourquoi des libéraux comme José Ortega y Gasset, Perez de Ayala, Gregorio Marañon, qui étaient alors « les pères fondateurs de la République », ou encore des démocrates et républicains comme le Président du parti radical, ex-chef du gouvernement de la République, Alejandro Lerroux ou le philosophe catholique-libéral, ami de Croce et d’Amendola,  Miguel de Unamuno, choisirent le camp national ? Pourquoi les nationalistes basques ont préféré négocier leur reddition avec le Vatican, les italiens et leurs frères carlistes-requetes (Pacte de Santoña, 24 août 1937) plutôt que de poursuivre la lutte aux côtés de révolutionnaires « persécuteurs et athées ». Pourquoi l’assassinat du député Calvo Sotelo, menacé de mort au Parlement par le ministre de l’intérieur socialiste, Angel Galarza, et liquidé par des militants du PSOE qui furent aidé dans leur crime par les forces de l’ordre, puis protégés par les députés socialistes Vidarte, Zugazagoitia, Nelken et Prieto, n’a-t-il jamais été condamné par les Cortès démocratiques de l’après-franquisme ?

Le caractère partisan de l’action de Baltasar Garzón est flagrant. Mais imaginons que le juge médiatique fasse des émules à droite. Au nom de quels principes pourrait-on alors leur empêcher d’instruire des plaintes contre les responsables : des  200 tchekas qui fonctionnaient à Madrid ; des fosses nationales de Paracuellos (plus de 4000 morts), Torrejón de Ardoz et Usera ; de l’assassinat de García Lorca (cf. notre article dans ce numéro) par les uns et des assassinats de Muñoz Seca, Maeztu, Ledesma et Pradera par les autres ; des massacres républicains de Malaga et de la  prison Modèle de Madrid ; de l’extermination de près de 7000 religieux et de 12 évêques ; du bombardement de Cabra (plus de 100 morts et 200 blessés civils) dans des conditions aussi barbares que Guernica (126 à 1635 morts selon les sources) ; de la détention illégale de José Antonio Primo de Rivera quatre mois avant le soulèvement et de son assassinat, en novembre 1936, après une parodie de procès ; des réglements de compte de Marty le boucher d’Albacete, responsable de la mort de plus de 500 brigadistes internationaux ; de l’assassinat du dirigeant anarchiste, Buenaventura Durruti, par les communistes ; de la disparition d’Andreu Nin, le dirigeant du POUM torturé à mort par les staliniens ; des purges de mai 1937 à Barcelone, contre les dissidents de l’orthodoxie stalinienne traités au préalable de trotskistes et d’agents fascistes ; des exécutions sommaires à l’issue de la petite guerre civile qui se déroula à l’intérieur de la guerre civile dans le camp Front populiste, à Madrid, en mars 1939 ; de la spoliation par Moscou des réserves d’or de la Banque d’Espagne ; des milliers d’enfants évacués de force par les autorités républicaines vers l’URSS et qui perdirent ainsi à jamais leur identité … et de tant d’autres exemples polémiques ?

Venons-en enfin au nœud de la controverse : les chiffres de la répression et l’existence de fosses aux victimes non identifiées. Depuis la fin du conflit, de part et d’autre, les protagonistes et leurs descendants les plus enragés n’ont cessé de se jeter des cadavres à la face. Pendant près de 70 ans les chiffres sur les répressions ont oscillé de façon inconsidérée et absurde. Les auteurs favorables au Front populaire, ont cité tour à tour 500 000, 250 000, 192 548 (selon les prétendus propos d’un fonctionnaire franquiste jamais identifié), 140 000, 100 000 (selon Tamames, qui était alors communiste), et, finalement, « plusieurs dizaine de milliers » (selon Hugh Thomas). Par ailleurs, ils ont toujours assuré que les quelques milliers, voire dizaine de milliers de franquistes victimes de la répression l’avaient été parce que le gouvernement de la République était débordé par des groupes incontrôlés alors que dans la zone nationale l’action répressive était préméditée et avait pris l’allure d’une extermination.

En revanche, pour les franquistes qui se fondaient sur les investigations du Ministère public menées dans le cadre de la « Causa general » (procès instruit contre « la domination rouge », au début des années 40, dont l’énorme documentation est conservée, depuis 1980, à l’Archivo Histórico Nacional de España de Madrid et qui n’a jamais été publiée intégralement), il était avéré que les front-populistes avaient commis 86 000 assassinats et les nationaux entre 35 et 40 000.  Pour les besoins de sa cause, Baltasar Garzón retient aujourd’hui le chiffre de 114 266 républicains disparus « un chiffre qui, dit-il, pourrait être révisé par un groupe d’experts ». Il prétend nous faire croire qu’ils seront identifiés grâce aux techniques modernes sans préciser bien entendu que la constitution d’une banque d’ADN et l’utilisation systématique de tests constituerait une dépense colossale pour l’État espagnol. Mais peut-on accorder quelque crédit à un juge qui ne cite jamais un expert ou historien adverse ? En fait, dans la majorité des publications que manie Garzón, le préjugé des auteurs se fonde souvent sur des estimations approximatives et des témoignages relevant de l'imagination. Enfin, lorsque ces publications présentent des relations nominales, elles attribuent fréquemment à la répression franquiste des victimes qui, en réalité, sont mortes en action de guerre ou mortes en combattant pour le camp national. Il en résulte que le bilan final est inacceptable sur le triple plan moral, juridique et historique.

Un seul exemple suffit à illustrer l’ampleur des passions dangereuses que l’imprudence des autorités et des médias déchainent dans l’opinion publique. Le 5 mars 2008, l’information de la découverte de nouvelles fosses à Alcala de Henares circulait dans toutes les agences de presse. Immédiatement, le gouvernement espagnol insinua qu’il s’agissait de nouvelles victimes du franquisme, puis, lorsque quelques spécialistes firent remarquer que cette ville étant restée sous contrôle du Front Populaire jusqu’à la fin du conflit, il était peu probable qu’il s’agisse de victimes du camp républicain, le silence se fit et l’affaire fut étouffée.  

Même s’il reste à déterminer de façon rigoureuse les morts irrégulières qui, de part et d’autre, n’ont pas encore été inscrites dans les registres d’état civil, on peut considérer que les chiffres pratiquement définitifs des deux répressions sont les suivants : 60 000 victimes chez les nationaux et 80 000 victimes chez les républicains (50 000 pendant la guerre et 30 000 exécutés après la fin du conflit). Des chiffres si lourds n’ont pas besoin d’être exagérés pour rendre compte de l'intensité des passions et l’étendue des massacres qui ont affecté les deux camps.

Plus de trente ans après l’instauration de la démocratie en Espagne, on ne peut toutefois manquer de s’interroger sur un fait étrange. Alors que les publications plus ou moins sérieuses sur la répression se succèdent à bon rythme, personne ne semble avoir eu l’idée de réunir les très nombreux témoignages de tous ceux qui, dans un camp comme dans l’autre, ont essayé en pleine guerre civile de sauver quelqu’un dans le camp ennemi. Ce sont pourtant ces personnes qui sont les plus méritantes, les seules dignes de figurer au tableau d’honneur d’une guerre civile. Mais ne rêvons pas, car parmi ces hommes d’exception devraient figurer en bonne place : Julian Besteiro, le social-démocrate qui s’opposa à la ligne bolchévique de son parti et mourut, en 1939, dans les geôles franquistes ; Melchor Rodriguez García, l’anarchiste de la CNT, délégué général des prisons, qui s’opposa au communiste-stalinien Santiago Carrillo et sauva des centaines de vie humaines, en novembre et décembre 1936, ou José Antonio Primo de Rivera, le chef de la Phalange, assassiné par les front-populistes puis instrumentalisé par les franquistes, qui proposa sa médiation avec insistance au Président des Cortes, Diego Martinez Barrio, en août 1936… et la guerre idéologique, fomentée par tant de politiciens irresponsables, risquerait de s’éteindre.


Arnaud  Imatz
Nouvelle revue d’Histoire, janvier/février 2009 n°40
Polémia
28/02/09

Note :
(1)  Les origines et les causes de la guerre civile espagnole et la nouvelle historiographie du conflit ont fait l’objet d’un dossier publié dans le numéro 25 de la NRH: 1936-2006 : la guerre d’Espagne.

Arnaud  Imatz, docteur d’état ès sciences politiques, diplômé d’études supérieures en droit, ancien fonctionnaire international à l’OCDE, a publié sur la Guerre d’Espagne : « La guerre d’Espagne revisitée », Paris, Economica, 1993, « José Antonio, la  Phalange Espagnole et le national-syndicalisme », Paris, Godefroy de Bouillon, 2000 et, plus récemment, « José Antonio : entre odio y amor. Su historia como fue », Barcelone, Áltera.

 

Arnaud Imatz

Novembre 1941: la perestroïka de Staline

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - Octobre 1988

Novembre 1941: la "Perestroïka" de Staline

par Wolfgang STRAUSS

Rudolf Augstein va-t-il faire mentir l'histoire? "Stra-tège de bistrot", "handicapé de l'argumentaire", "im-bécile", "masochiste", "accoucheur de monstruo-sités": ce sont quelques-uns des traits hardiment dé-cochés par l'ex-artilleur Augstein contre le plus grand spécialiste allemand de l'histoire contem-porai-ne avec Helmut Diwald. La cible de cette philippique n'est autre qu'Ernst Nolte, à cause de son ouvrage Der europäischer Bürgerkrieg, 1917-1945 - Natio-nal-sozialismus und Bolschewismus  (= La guerre ci-vile européenne, 1917-1945 - National-socialisme et bolchévisme, Berlin, Propyläen, 1987). Augstein trai-te en outre le livre de Nolte de "subversion de la science" (Der Spiegel,  n°1/1988). Or, que nous pro--pose donc l'auteur de cette bordée d'insultes? Rien moins q'un viol de l'histoire. Surtout à propos de Staline. Augstein fait un contre-sens total sur la po-litique et sur les motivations du "petit père des peu-ples".

Certes, concède-t-il, Staline "a assassiné à tour de bras", il "a fait tuer à l'intérieur plus de monde qu'Hitler" (sic), "20 millions de personnes rien qu'entre 1934 et 1938". Mais il y a des réalisations gran-dioses au palmarès du Géorgien: l'industria-li-sa-tion, le maintien de la cohésion de l'empire, la mise en place d'une "dictature pédagogique", l'éradica-tion de l'analphabétisme…

Staline a vaincu les Allemands parce qu'il a fait vibrer in extremis la fibre patriotique des Russes

Il va falloir dorénavant se passer des lumières his-toriques d'Augstein, qui n'est qu'un amateur, même s'il est fort lu. Le voilà qui affirme tout de go que le Géorgien a vaincu Hitler et "ses généraux nazis" parce que le "système stalinien" disposait d'un im-mense potentiel de défense "révolutionnaire", en clair: communiste. Rien n'est plus faux. Staline n'a réussi -in extremis- à mobiliser les forces patrio-ti-ques, c'est-à-dire nationales-russes, qu'au prix d'un reniement complet de ses postulats idéologiques fon-damentaux. En peu de temps, le bolchévik Staline mit en scène une véritable perestroïka spirituelle et morale, un renversement total de son système de ré-férence: finie l'eschatologie communiste-marxiste, fi-ni l'internationalisme prolétarien. Retour au mes-sia-nisme russe, celui de la Grande Guerre Patrioti-que et Nationaliste. Staline, une fois encore, était tiré d'affaire. Pour entrer dans l'histoire comme le plus grand des rénégats.

Moscou, 7 novembre 1941: revue des troupes sur la Place Rouge. "Le monde regarde votre force", lance le Géorgien à ses soldats russes. "Vous avez une  gran-de mission libératrice à accomplir. Soyez-en di-gnes. La guerre que vous menez est une guerre de li-bération, et c'est une guerre juste". Pas un mot sur Marx et Engels. La Révolution mondiale? Passée aux oubliettes. Staline proclame le nationalisme rus-se comme la seule force légitime de survie. "Battez-vous comme se sont battus vos grands ancêtres: Nev-ski, Donskoi, Minine, Pojarski, Souvorov et Kou-touzov!". En 1812, le maréchal Koutouzov alla re-joindre ses troupes devant Smolensk dans un con-cert de cloches et de chorales. Et le 2 août 1914, le Tsar Nicolas II s'était agenouillé pour prier l'icône miraculeuse de la Vierge de Kazan dans son Palais d'Hiver de Saint-Pétersbourg. De même, l'athée Sta-line, en invoquant des ancêtres à la fois patriotes et chrétiens, relie un passé glorieux, pré-bolchévique, à un présent apocalyptique.

Le 7 novembre 1941, les Saints et les Martyrs de la Russie sont remis à l'honneur. En ce jour anniver-sai-re de la Révolution, l'histoire russe reprend ses droits. La conscience historique des sujets de Staline re-devient subitement patriotique. L'internationale s'est tue, le Manifeste communiste  de Marx se cou-vre de poussière. La religion d'Etat redevient le na-tionalisme russe, aux racines mythiques et religieu-ses. En comparaion, la perestroika  culturelle d'un Gorbatchev est une aimable plaisanterie, à la fois su-perficielle et terne.

Les Russes percevaient les Allemands comme des libérateurs

C'est la dictature stalinienne elle-même, ce qu'Aug-stein appelle la "révolution socialiste", qui, en s'ef-fondrant par sa propre faute, à l'été 1941, a contraint Staline à recourir au nationalisme russe. L'heure du communisme soviétique avait sonné. "Beaucoup, au-jourd'hui, oublient (ou feignent d'oublier car cela cadre mal avec l'"antifascisme" ambiant)", écrit Carl Gustav Ströhm, Allemand des Pays Baltes et com-patriote de l'auteur de ces lignes, "que de larges frac-tions de la population soviétique ont accueilli les Allemands en libérateurs, que des centaines de mil-liers de soldats de l'Armée Rouge ont changé de camp, à l'été et à l'automne 1941, et que des mil-lions se sont laissés capturer, bien souvent sans op-po-ser grande résistance. Ce n'étaient pas seule-ment des Ukrainiens ou des Baltes qui, eux, avaient quel-ques raiosns de saluer l'arrivée des Allemands; il y avait aussi d'innombrables Russes. La terreur stali-nien-ne avait laissé de telles cicatrices (c'était quel-ques années seulement après la collectivisation forcée et sanglante des terres) que de nombreux Russes étaient prêts à collaborer avec l'ennemi extérieur" (Die Welt,  26 septembre 1987).

Octobre 1941: les semaines les plus dures pour l'U-nion Soviétique. Au Kremlin, c'est une atmosphère de fin de règne. Staline, "l'homme d'acier", le "so-leil du prolétariat mondial", connait les affres du dé-clin. Le 3 octobre, il a dicté quelques lettres où il qué-mandait l'aide de Roosevelt et de Churchill. Puis il s'est tu jusqu'au début novembre. Le Premier Mi-nis-tre anglais et le Président américain lui écrivent, mais Staline ne répond plus. Smolensk est aux mains des Allemands. Kiev aussi, ainsi que l'Ukrai-ne centrale. Une douzaine d'armée, soit plus de six cent mille soldats de l'Armée Rouge, sont hors de combat. Le cœur industriel du Sud est perdu.

Staline demande aux Anglais de débarquer en Russie

Dans une lettre du 13 septembre, alors même que se re-ferme l'étau sur Kiev, Staline demande à Churchill de faire débarquer à Archangelsk, sans grand risque, 20 à 25 divisions britanniques, ou bien de les faire transiter par la Perse vers les territoires asiatiques de l'URSS "afin qu'elles combattent aux côtés des trou-pes soviétiques, sur le sol soviétique, comme el-les le firent au cours de l'autre guerre sur le sol fran-çais". Faut-il que le successeur de Lénine ait été aux abois pour mendier ainsi l'intervention de troupes que la jeune Armée Rouge de Lénine avait victorieu-se-ment affrontées lors des combats de 1918 à 1921! Mais l'Anglais refuse, faisant observer que les Etats-Unis d'Amérique vont entrer en guerre sous peu.

A Moscou, c'est la paralysie. Le moral n'y est plus. La confiance des sujets s'évanouit. Quand ils ne vont pas à la rencontre de l'envahisseur, bannières dé-ployées, ils lui offrent le pain et le sel. Par mil-lions! Et pas seulement les ethnies traditionnellement "peu sûres": Ukrainiens, Lithuaniens, Estoniens, Let-tons. On trouve parmi eux des Russes, des Bié-lo-russes des territoires occupés! Le 13 octobre, Ka-louga tombe, à 160 km au Sud-ouest de Moscou. C'était le pivot de la première ligne de défense avan-cée devant Moscou. Le 14, Borodino est dépassé. C'est à 100 km à peine de Moscou. L'endroit est his-torique, sacré: n'est-ce pas là qu'au siècle der-nier, la Grande Armée de Napoléon a frisé la dérou-te? C'est là que Staline voudrait stopper ce deuxième envahisseur venu de l'Ouest. En vain. La 32ème di-vi-sion sibérienne, division d'élite, meurt sur les hau-teurs de Borodino. C'était l'ultime espoir. Les Pan-zers de la 10ème division blindée allemande défilent devant le monument aux morts de Borodino et s'en-foncent dans les espaces enneigés jusqu'à la Mosco-va. Le verrou du dernier bunker saute. Le 19 octobre, Mojaïsk tombe. Or, la Chaussée de Mojaïsk con--duit tout droit dans la métropole de Staline. Plus que 100 km d'autoroute! "Mojaïsk est tombé, entend-on crier dans les rues de Moscou. Mojaïsk est perdu, les Allemands arrivent!".

Les Allemands n'atteignent pas Moscou, les Russes se sont ressaisis

Cinq jours auparavant, le 15 octobre, Molotov, Mi-nistre des Affaires Etrangères avait reçu Steinhardt, l'ambassadeur américain, pour lui annoncer que le Gou-vernement soviétique quitterait Moscou et que le corps diplomatique se replierait sur Kouibichev, à 850 km à l'Est. Lorsque la nouvelle fut connue, et lors-qu'on apprit que le tombeau de Lénine serait ex-trait de son Mausolée, ce fut la panique dans Mos-cou: "les Fritz arrivent".

Ce qui s'est passé alors, aucun livre d'histoire so-vié-tique ne l'a jamais raconté, alors même que des té-moins de cette époque sont encore en vie. Car à Mos-cou ce n'est pas seulement dans la crainte que l'on attend les "Fritz": certains Moscovites souhaitent leur venue.

"Les occupants des immeubles de la Chaussée de Mojaïsk tendent l'oreille au moindre bruit de che-nilles. Sont-ils déjà là? Pendant ces journées, tout reste possible à Moscou… Les nouvelles alarmistes se succèdent dans la ville… Le gouvernement a fui… Le pouvoir de Staline chancelle. Son portrait mê-me est décroché des murs; les premières cartes du Parti se consument. Des tracts simples, qu'on devi-ne confectionnées à la hâte, apparaissent soudain, au petit matin, dans les boîtes aux lettres: "Mort aux com-munistes!"… Le cœur de l'Union s'arrête. Tout le fanatisme du Parti, tous les tribunaux d'exception, toutes les exécutions ne peuvent, en cette fin d'oc-tobre, endiguer la décomposition de la ville. Les do-miciles des personnalités évacuées sont pillés. Des déserteurs s'y installent. Des blessés, des enfants, des jeunes gens échappés des équipes de travail, rô-dent çà et là. Moscou semble agoniser…".

Le témoignage de Mandel Mann

Ces lignes incroyables et pourtant si vraies, sont ex-traites des mémoires d'un instituteur de village, d'o-ri-gine juive polonaise, émigré en Russie en 1939. Le livre de Mandel Mann Aux portes de Moscou  parut d'abord en Israël avant d'être traduit dans presque tou-tes les langues et publié en Allemagne aux édi-tions Heinrich Scheffler de Francfort en 1961. Man-del Mann se souvient avoir assisté à certaines scènes:

"Une patrouille de six hommes en armes, trois de la Mi-lice et trois du NKWD, s'arrête devant une porte-cochère puis se replie lentement dans la rue Sadovaïa où elle disparaît dans l'entrée obscure d'une maison. Au bout d'un moment, les six hommes réapparais-sent, tête nue et sans armes. Sur leurs capotes mili-taires, les insignes de miliciens ont disparu"… "Les rats quittent le navire", leur lance une femme. "Ils peu-vent toujours courir, on les rattrapera! "…

Lentement, la foule forme un cortège; en tête, mar-chent les blessés, suivis des femmes et de tous les au-tres. Des rues adjacentes surgissent des gamins de quatorze ou quinze ans qui travaillaient jusqu'alors en usine. "Mort aux communistes!" hurle le porte-dra-peau. "La guerre est finie!", "Grâce te soit ren-due, Sainte Vierge, Mère de Dieu!".

Mais les "Fritz" ne vinrent pas. Où étaient-ils donc pas-sés? Ils avaient pourtant emprunté les autoroutes et les chaussées de la périphérie moscovite! A une heure de route à peine de la capitale!…

La victoire du général Hiver

Deux semaines plus tard, le 5 décembre. Un froid arc-tique a ralenti l'avance allemande. Des éléments de choc des 3ème et 4ème Armées blindées forment l'aile gauche du groupe d'armées Centre, décrivant un vaste arc de cercle au Nord et au Nord-Ouest de Moscou. Dans les faubourgs de Gorki, de Katiouch-ki, de Krassnaïa Poliana, les hommes de la 2ème Pan-zerdivision viennoise grelottent par 40° au-des-sous de zéro, à 16 km à peine des tours du Kremlin. A la lunette binoculaire, les chefs de régiments peu-vent observer la vie dans les rues de Moscou. Mais c'est un Moscou où, depuis le 7 novembre, le vent d'hi-ver a tourné, où souffle un nouvel esprit de ré-sis-tance qui puise sa force et son intransigeance dans le tréfonds immémorial du nationalisme russe. En un seul discours prononcé sur la Place Rouge enneigée, que les Allemands paraissent avoir oublié et que les historiens occidentaux ne commentent guère (car ils sont incapables de l'expliquer), Staline rendit à la na-tion russe son histoire, sa fierté et son identité à un moment historique où cette nation, ne pouvait plus croire qu'en des miracles. Des avions sovié-ti-ques largueront derrière les lignes allemandes des tracts reproduisant le texte du discours du 7 no-vem-bre, afin que les populations occupées sachent ce qui se passait à Moscou: une perestroika  de l'esprit et du cœur…

D'un point de vue "antifasciste", Staline fut un rénégat, un capitulard idéologique, un déviationniste. C'est vrai: Staline a heurté de front les vaches sa-crées de l'internationalisme marxiste-léniniste et trotz-kiste. Mais l'Histoire, elle, est du côté des vain-queurs, pas des gourous idéologiques. En réhabili-tant le nationalisme russe, en le sanctifiant et en l'é-levant au rang de religion d'Etat, Staline a sauvé l'em-pire. La Grande Guerre Patriotique —l'expres-sion évoque à dessein une autre "Guerre Patrio-ti-que", celle de 1812-1813— ne fut pas menée au nom de Karl Marx.

Augstein se trompe. Le potentiel révolutionnaire a sur-gi du nationalisme, pas du communisme. Du point de vue de la vulgate "antifasciste", Staline a réveillé et mobilisé précisément ces forces, valeurs, attitudes et idéaux "irrationnels" qu'un Jürgen Ha-ber-mas considère comme des "phénomènes préfascistes": conscience et fierté nationales, foi et fidélité, abnégation, esprit de sacrifice, amour du peuple et de la patrie, sentiment d'être prédestiné, et d'être uni-que au monde…

Wolfang STRAUSS.

(texte issu de Nation Europa, n°3/1988; traduction française: Jean-Louis Pesteil).

 

mercredi, 04 mars 2009

E. Todd: "Le protectionnisme est l'antidote à la guerre"

EMMANUEL TODD : « LE PROTECTIONNISME EST L’ANTIDOTE A LA GUERRE »


C'est l'Europe qui doit être le moteur de ce nouveau projet économique. Le continent européen a une économie relativement saine. Il produit ce qu'il faut d'exportations pour financer ses importations de matières premières. Le protectionnisme est la meilleure manière de se protéger – ce n'est pas un gros mot – de la pression exercée par les salaires des pays émergents. Et ce, pour permettre en Europe une relance des salaires et de la demande. (...)


Le centre de gravité économique dans le monde a repassé l'Atlantique. Il est en Europe, et plus particulièrement en Allemagne. Or les Européens ne font pas preuve de responsabilité face à cette mission qui est la leur. Ils ont le prétexte de la division, mais en vérité ils sont aussi dans un état de manque de réflexion économique, qui est probablement encore pire que celui des Américains. Ils se comportent comme des enfants qui ne veulent pas devenir adultes. Ils ne peuvent pas se contenter de mettre en place un protectionnisme européen à moyen et long terme, ils doivent s'accepter en tant que régulateurs hégémoniques dans le monde sur le plan économique. (...)


La crise de 1929 a produit le Front populaire en France, le New Deal aux Etats-Unis, le nazisme en Allemagne, un conservatisme un peu mou en Angleterre. On devrait assister, compte tenu d'une certaine dérive oligarchique, avec beaucoup d'inégalités des revenus, à l'émergence d'un mélange de lutte des classes et des générations. On a vu la crise des banlieues en France, et aujourd'hui les événements de Grèce. »



Emmanuel Todd, interviewé par Le Matin, 14 décembre 2008


LE LIBRE-ECHANGE OU LA DÉMOCRATIE : IL FAUT CHOISIRLA FIN D’UN CYCLELE RÉVEIL EN FORCE DU PROTECTIONNISME CHINOIS