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vendredi, 09 septembre 2016

Frédéric II, nouveau regard biographique de Gouguenheim

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Frédéric II, nouveau regard biographique de Gouguenheim

Ex: http://www.toutelaculture.com

Le médiéviste qui créa la polémique il y a quelques années livre en cette rentrée une biographie érudite de l’empereur Frédéric II de (Hohen)Staufen qui régna sur une grande partie de l’Europe de la première moitié du XIIIe siècle mais qui connut de douloureuses dernières années. Alors qu’il collectionnait les fiefs, les honneurs et les couronnes, il finit isolé à la suite de son affrontement avec une papauté. Celle-ci ne pouvait accepter une prééminence temporelle sur la Chrétienté. La défaite de Frédéric II détermine l’abaissement du rêve de restauration de l’Empire romain qui dominait jusque-là. Le portrait dressé, d’une très bonne tenue, néglige cependant quelques pistes.

Frédéric, acteur clé du Moyen Age européen

fede-2.JPGL’empereur Frédéric II est, comme le rappelle à plusieurs reprises l’auteur, l’un des derniers, dans la lignée de Charlemagne, à tenter une restauration (Restitutio) de l’Empire romain. Héritier au deuxième de degré de Frédéric Ier Barberousse, empereur germanique, il est surtout un enfant quand son père Henri VI meurt. En ces premières années du XIIIe siècle, il est donc un enfant placé sous la tutelle de sa mère Constance, qui occupe la régence du royaume de Sicile (incluant alors tout le Sud de l’Italie en plus de la grande île), mais aussi sous celle du pape. Ce dernier souhaite maintenir une suzeraineté sur le royaume de Sicile. En effet, Frédéric est par ses héritages roi de Sicile mais aussi prétendant à la dignité impériale : il peut de jure encercler les villes d’Italie du Nord (logiquement comprise dans un royaume de Pavie devenu fictif depuis le XIIe siècle) et la papauté (appuyant son indépendance sur le fameux faux intitulé « Donation de Constantin »). Voilà donc dès son enfance les forces profondes qui vont s’opposer à son autorité : les bourgeoisies urbaines en plein essor (que ce soit dans les royaumes et fiefs constitutifs de l’Empire, en Germanie notamment, ou en Italie), les grands princes d’Empire (qui ne veulent pas se laisser dicter une centralisation, voire même une hérédité à la dignité impériale) et surtout Rome.

Quels sont les grands mouvements du règne qui s’étend donc jusqu’à sa mort en 1250 ? Le jeune roi s’impose d’abord face à la guerre féodale permanente (les faides) qui domine pendant la régence de sa mère (années 1200). Les années 1210 sont consacrées à la prise en main du Saint-Empire romain germanique : en s’appuyant sur les clans princiers, les réseaux ecclésiastiques et les oppositions royales, il fait destituer Otton IV, il est élu roi de Germanie avant de devenir empereur. Pour cela il sait bénéficier de la défaite que la France inflige à Otton IV à Bouvines et d’un apaisement de ses relations avec la papauté. Sans elle, il ne peut être sacré. Il ne cesse donc de donner des gages à Rome : il laisse le pape nommer des évêques, il lâche des libertés ou feint de les lâcher à l’égard des villes d’Italie du Nord, il promet surtout de partir en croisade pour reprendre Jérusalem récemment intégrée au royaume de Saladin. Les années 1220 sont celles d’une prise en main toute relative de l’Empire. Si l’héritier Staufen restaure les châteaux et l’autorité dynastique sur ses fiefs, s’il sait s’allier de nouveaux domaines en donnant des libertés à tel prince ecclésiastique, tel prince laïc ou telle ville, il ne peut jamais centraliser un Empire s’étendant du royaume d’Arles jusqu’à la Baltique et le duché d’Autriche. Que retenir de cette décennie passée dans l’Empire et de son retour à la fin des années 1230, période à laquelle il réduit la révolte de son premier fils Henri VII qu’il avait fait nommer successeur ? Au fond, Gouguenheim le rappelle, Frédéric II gouverne en dispensant des bienfaits avec contreparties, il ne peut jamais imposer une centralisation dans un ensemble fédéral traversé par des intérêts bien trop nombreux et divergents. Même l’élection d’un autre de ses fils Conrad IV comme « roi des Romains et futur empereur » en 1237 par les princes électeurs ne peut faire croire à une réelle instauration d’hérédité. Il innove donc peu dans sa gestion de l’Empire et doit se contenter de réprimer les révoltes (villes, fils rebelle…), disposant de trop peu de ressources pour dominer complètement. Il faut dire que toute sa vie, une part de ces mêmes ressources, essentiellement tirées de son royaume de Sicile, servent tantôt à ménager, tantôt à affronter une papauté irrémédiablement opposée à lui. Cette dernière ira jusqu’à l’excommunier une première fois puis surtout le déposer en 1245, déterminant de sombres dernières années pour son règne, même si elle ne l’a jamais vaincu militairement.

Entre temps, et l’auteur insiste sur ce point, Frédéric II passe de nombreuses années en son royaume du Sud de l’Europe où il peut bénéficier d’une centralisation ancienne. En cela il est héritier des Normands et des Byzantins. Sa « méthode de gouvernement » s’en inspire nettement : dignité royale – impériale reprenant la pompe byzantine (il est basileus dans les tenues comme dans le monnayage), nomination et contrôle régulier des gouverneurs de districts rigoureusement découpés, extension d’un système de mise en valeur rationnel de la campagne et de ses richesses (la massarie)… Surtout, il participe de la remise en ordre et de la rationalisation d’un système juridique jusqu’alors encore féodal. Cette remise en ordre incarnée par le Liber Augustalis du début des années 1230 est un effort de mise en cohérence des droits existants (avec des traces normandes) avec la renaissance du droit romain, notamment développé par le Studium de Naples, véritable « université royale » destinée à former les fonctionnaires du pouvoir. Cependant, ces efforts ne pourront être pleinement aboutis, la fin des années 1230 et surtout les années 1240 voyant les affrontements se multiplier entre l’Empereur proclamant clairement une recherche de souveraineté universelle et la papauté, aidée pour l’occasion par tout ce qui pouvait l’abattre. Rappelons qu’entre temps, à la fin des années 1220, après avoir ajourné longtemps celle-ci, Frédéric II partit en croisade car il était devenu roi de Jérusalem par mariage, ville et lambeau de royaume qu’il obtient non par l’affrontement mais par la négociation avec les arabes, summum de l’opprobre pour un croisé !

Au final Gouguenheim insiste très clairement sur le fait que l’empereur a bénéficié des forces de son royaume du Sud mais ne pouvait que les épuiser pour tenter de gouverner le Nord et contenir le Centre (Italie du Nord, papauté). Son empire si vaste, depuis Gand jusqu’à la Baltique et Jérusalem qu’il n’a au final jamais commandée, ne pouvait se maintenir après sa mort. Effectivement, la désagrégation intervient rapidement : les papes et leurs alliés éliminent ses héritiers, les Anjous venus de France prennent le royaume de Naples et la Sicile et l’Empire échoit, après un « grand interrègne » causé par ce vide dynastique, à des nouveaux venus, les Habsbourg.

Le choix d’une biographie « impressionniste »

La biographie n’est pas pleinement classique en ce qu’elle n’est pas entièrement chronologique. Divisée en quatre parties, la première est une sorte de résumé politique de l’œuvre de Frédéric II. Ensuite, on s’attache à ce qui serait une « pensée politique » que l’auteur a du mal à résumer clairement. Plus évident est le regard porté sur les constructions durables que l’empereur a suscitées. La dernière partie revient, à tous les moments de son existence, sur les représentations du personnage et sur son écho dans les siècles suivants.

L’avantage de cette construction est assez évident. On peut, comme dans le cadre d’articles précis, voire une question bien détaillée. L’auteur insiste beaucoup, en se positionnant notamment par rapport aux écrits de Kantorowicz, sur la politique de l’image développée : elle passe par des représentations idéalisées sur les documents impériaux et royaux, elle s’affiche sur les bulles mais aussi jusque dans le paysage urbain et rural avec de nombreuses forteresses qui viennent ponctuer les routes du royaume de Sicile. L’exemple le plus éclatant en est le Castel del Monte, château octogonal incongru entièrement voulu par le roi et dans lequel il ne séjourna pas réellement. Ce château est un peu à Frédéric II ce que Chambord fut à François Ier, un rêve de sa personne et de sa monarchie. Autre exemple, la Porte de Capoue, détruite par le vandalisme révolutionnaire des Français en 1799. Cet édifice reprenait les modèles de l’Empire constantinien et affirmaient d’une part la place de l’Empereur comme souverain à prétention universelle, d’autre part la place incontournable de la justice dans le royaume et enfin la Chrétienté de l’ensemble. Une forme de trinité… Si on appuie ceci sur le système de l’Aquinate, on peut penser que cette porte était un véritable manifeste politique, d’ailleurs un pendant à opposer à celui des libertés municipales mis en images un peu plus tard par la Commune de Sienne (Patrick Boucheron y consacra récemment l’ouvrage Conjurer la peur).

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Mais cette démarche par touches pour permettre de saisir le personnage pose parfois problème. Plusieurs événements sont abordés à plusieurs reprises sans qu’on en saisisse vraiment la portée parce qu’ils ne sont qu’un contexte pour la démonstration du passage. Ainsi la bataille de Cortenuova et la place de Milan, le rapport aux voisins (la France de Louis IX et la Hongrie surtout)… ne sont jamais pleinement convoqués alors qu’ils sont des aspects importants pour comprendre l’évolution du règne. En même temps et sur d’autres points, cette démarche force à des répétitions, particulièrement sur l’affrontement avec la papauté (il est difficile pour celui qui connaît mal la période de remettre en perspective celui-ci et de comprendre son évolution). La querelle des investitures (des ecclésiastiques) peut donc être mal comprise de même que le plus important au fond, la bataille pour la prééminence sur la Chrétienté entre Frédéric (Hohen)Staufen et le pape Grégoire notamment. Plusieurs aspects ont donc rendus difficiles d’approche par cette démarche non chronologique.

Un dernier regret peut être formulé et découle sans doute de cette construction. La remise en perspective n’est pas toujours évidente. L’auteur discute des aspects importants de la figure de Frédéric II : c’est un roi qui cherche une première modernisation par rationalisation du droit, il fixe des règles sur les représentations du pouvoir, il dispose d’un premier corps de fonctionnaires dévoués et non ecclésiastiques, il affronte la papauté mais en même temps ne cesse de s’attribuer une dimension religieuse. Sur tous ces plans on pourrait le comparer aux autres souverains du temps, particulièrement à la France capétienne de Saint-Louis ou de Philippe Auguste et Philippe Le Bel : les mêmes traits sont attribuables à leur règne. Un simple exemple : Pierre de la Vigne, logothète de Frédéric II est bien comparable aux légistes de France (dont Guillaume de Nogaret)… Pourquoi ne pas avoir cherché à montrer, parmi ces traits communs aux souverains d’Occident, ce qui distinguait (ou pas) Frédéric II ?

La fin des polémiques

Frederick_II_and_eagle.jpgParadoxalement, enfin, la biographie de ce personnage plus que controversé du Moyen Age est assez détachée des polémiques qui ont ponctué les publications de Sylvain Gouguenheim. En effet l’universitaire avait suscité des clivages particulièrement violents à l’occasion de son Aristote au mont Saint-Michel il y a quelques années. Sur les rapports de Frédéric II au monde arabe, l’auteur semble avancer à pas de loup. Il faut dire qu’il avait fait débat comme l’objet de son livre… Frédéric fut en effet voué aux gémonies par ses contemporains pour avoir obtenu par la négociation et non par le combat la souveraineté sur quelques parcelles des Etats latins perdus quelques années auparavant. Il a en effet obtenu par le traité de Jaffa quelques places, mais rien de bien viable pour maintenir durablement la présence croisée au Levant. Effectivement, les Etats latins ne durèrent pas. Sur les rapports savants, intellectuels qui étaient au cœur de ses précédentes réflexions sur la Renaissance des idées en Occident, l’auteur conclue en s’appuyant sur la faiblesse des sources sur le fait qu’il a pu y avoir influence, mais que celle-ci est difficilement quantifiable. On se reportera au récent ouvrage qui pourra renseigner précisément sur quelques aspects de la Sicile comme plaque tournante des échanges culturels entre Nord et Sud de la Méditerranée (Héritages arabo-islamiques dans l’Europe méditerranéenne), l’auteur se concentrant uniquement sur la ville de Lucera, cas inédit d’une population musulmane concentrée en une ville pouvant demeurer musulmane au cœur même de l’Italie chrétienne.

Enfin, pour comprendre cette biographie de Frédéric II, il nous semble utile de noter le rapport ambigu de l’auteur à Ernst Kantorowicz qui écrivit une des plus impressionnantes biographies de l’empereur en 1927 (un deuxième tome fut publié, mentionnant les sources, en 1932). A de très nombreuses reprises l’auteur s’y réfère, se positionne dans sa lignée (le plus souvent), mais il ne consacre plusieurs pages à Kantorowicz et à son rapport au personnage et à la biographie expliquée dans son contexte qu’en fin d’ouvrage. Gouguenheim aurait pu faire apparaître ces pages en début d’ouvrage tant l’ombre du grand penseur s’impose au fil des pages… On peut cependant concevoir le choix définitif de l’étudier avec les échos historiographiques de Frédéric II. Ce dernier fut en effet convoqué pendant des siècles comme épouvantail (pour les néo-guelfes, nationalistes italiens ou allemands…) ou modèle (autres nationalistes allemands partisans d’un fédéralisme dans un GrossDeutschland, opposants au pouvoir pontifical…). Il n’en reste pas moins que domine longtemps une image négative, celle du renégat qui tenta de se faire plus puissant que le pape.

L’ouvrage, s’il souffre parfois de redites et d’absence de contextualisation, reste une biographie qui fera date d’un spécialiste des sources du Moyen Age, qui les utilise abondamment et à bon escient. Frédéric II y apparaît comme celui qui chercha avec pragmatisme mais détermination à mettre en place une relative centralisation sur un espace trop vaste pour ses ressources. Il se heurte à une papauté encore centrale dans le jeu européen mais préfigure déjà l’Europe des Etats et des frontières.

 Sylvain Gouguenheim, Frédéric II, un empereur de légendes ,   Perrin ,  Août 2015,  428 p.   24 euros

Fernand Braudel et la Grammaire des civilisations (1963)

Ex: http://www.espacetemps.net

Sauf indiction contraire, les numéros de page renvoient à : Le Monde actuel. Histoire et civilisations, Paris, Belin, 1963.

grammaire-des-civilisations.jpg« Atteindre et comprendre notre temps […] à travers l’histoire lente des civilisations » (p. 143) tel est l’objectif central de cet étonnant manuel de classes de terminales publié par les éditions Belin en 1963, intitulé Le monde actuel. Histoire et civilisations, et signé par S. Baille, F. Braudel et R. Philippe. L’ouvrage de Fernand Braudel que nous appelons aujourd’hui Grammaire des civilisations est la partie centrale de ce manuel (des pages 143 à 475). C’est sous ce titre particulièrement fécond – qui reprend le titre générique des chapitres 13 à 15 du manuel de 1963 – que les éditions Arthaud publieront le texte en 1987, deux ans après la mort de Fernand Braudel.

Grammaire des civilisations est donc un objet étrange. Il est lu aujourd’hui comme s’il avait le même statut que les autres textes de Braudel ; et il est même de plus en plus considéré comme le troisième grand texte de Braudel avec La Méditerranée (1947-1949) et Civilisation matérielle, économie et capitalisme (1967-1975) (voir encadré 1). Pourtant oublier que Grammaire des civilisations est issu d’un manuel scolaire dont l’objectif était de transformer radicalement les approches de l’histoire des classes de terminales – au moment même où s’ouvrait le chantier de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Ehess) fondée en 1962 – c’est passer à côté d’éléments essentiels à sa lecture et à sa compréhension, et c’est manquer les objectifs que Fernand Braudel s’était fixé en rédigeant ce livre.

Car, depuis le milieu des années 50, Braudel est fortement impliqué dans la réforme du système éducatif. Et, il vient de subir un échec important : il a été contraint de quitter la présidence du jury de l’agrégation d’histoire, institution centrale dans la formation des enseignants du secondaire et étape importante dans la formation intellectuelle des futurs chercheurs des universités. Son implication dans les nouveaux programmes des lycées qui se mettent alors en place n’en est que plus forte. Et à la fin des années 50 Fernand Braudel remporte plusieurs victoires sur ce terrain.

Comment former les élèves et les étudiants à la compréhension du monde ?

Le Bulletin Officiel du 19 juillet 1957 propose une refonte radicale des programmes d’histoire du lycée. Jusqu’alors l’objectif principal était de mettre en valeur le récit historique en découpant la chronologie en tranches : de la sixième (Mésopotamie et Égypte) aux classes de terminales (de 1851 à 1939). Sous l’impulsion de Braudel, la réforme proposée est radicale : garder le récit chronologique de la sixième à la première, et étudier durant toute l’année de terminale « les principales civilisations contemporaines ». L’étude des six « mondes » prévus (occidental, soviétique, musulman, extrême-oriental, asiatique du Sud-Est, africain noir) sera précédée d’une introduction qui « devra tout d’abord, définir la notion de civilisation, mais elle soulignera, en l’expliquant, la forme à donner à l’étude envisagée, qui comportera, pour chacun des ensembles envisagés […] trois éléments essentiels : fondements, facteurs essentiels de l’évolution, aspects particulier actuels de la civilisation ».

Cette révolution (le mot n’est pas trop fort) est à comprendre dans cet immense effort de reconstruction de la société française de l’après-guerre. Il s’agit de former des hommes capables de comprendre le monde dans lequel ils vivent : à un moment où les enfants du baby-boom commencent à entrer massivement dans le secondaire, à un moment où le monde est lancé dans une série de changements qui donnent l’impression d’une accélération considérable de l’histoire, l’éducation doit donner les moyens intellectuels, les outils de pensée et les visions d’ensemble permettant la compréhension du monde. Parmi les cinq premières références données dans les « Notes et documents » qui terminent chacun des chapitres du manuel (notes qui ne sont pas reprises dans les éditions actuelles) on trouve les ouvrages de Daniel Halévy, Essai sur l’accélération de l’histoire (1948) – c’est la première des références ! – et de Jean Fourastié, Histoire de demain, « Que Sais-je ? » célèbre publié en 1956.

FB-2.jpgEn juin 1959, lorsque le programme définitif officiel est publié, Braudel a dû mettre de l’eau dans son vin, mais l’essentiel est passé : le premier trimestre de la classe de terminale est certes consacré à « la naissance du monde contemporain (de 1914 à nos jours) », mais les deuxième et troisième trimestres vont permettre d’étudier « les civilisations du monde contemporain » et se terminent par une étude des « grands problèmes mondiaux du moment ». Cette refonte complète de l’année de terminale serait encore révolutionnaire aujourd’hui. On imagine facilement ce que ce nouveau programme a été au début des années 60. Maurice Aymard (voir « À lire ») se rappelle qu’« évacuer l’événement de l’enseignement de l’histoire, ou du moins le reléguer au second plan, même pour une seule année : la réforme était trop brutale pour être acceptée telle quelle, et les résistances ne tardèrent pas […]. “Les faits” d’un côté, “le bavardage” ou “l’abstraction” de l’autre. Les auteurs des nouveaux manuels […] n’hésitent pas à confesser leur perplexité, sinon leur méfiance ». D’où l’importance du manuel publié par les éditions Belin… où l’on attend Fernand Braudel au tournant.

Une « Grammaire des civilisations » ?

« Les événements d’hier expliquent et n’expliquent pas, à eux seuls, l’univers actuel. En fait, à des degrés divers, l’actualité prolonge d’autres expériences beaucoup plus éloignées dans le temps. Elle se nourrit de siècles révolus, même de toute “l’évolution historique vécue par l’humanité jusqu’à nos jours”. Que le présent implique pareille dimension du temps vécu ne doit pas nous paraître absurde bien que, tous, nous ayons tendance, spontanément, à considérer le monde qui nous entoure dans la seule durée fort brève de notre propre existence et à voir son histoire comme un film rapide où tout se succède ou se bouscule guerres, batailles, entretiens au sommet, crises politiques, journées révolutionnaires, révolutions, désordres économiques, idées, modes intellectuelles, artistiques… […]. Ainsi, un passé proche et un passé plus ou moins lointain se mêlent dans la multiplicité du temps présent : alors qu’une histoire proche court vers nous à pas précipité, une histoire lointaine nous accompagne à pas lents » (p. 3 et 4).

Entrer dans cette histoire de la « longue durée » (p. 4) passe d’abord par l’obligation de mobiliser « l’ensemble des sciences de l’homme » (p. 145). Sur ce point, Fernand Braudel est également un novateur. Après s’être longuement interrogé sur l’histoire du mot « civilisation » (voir encadré 2), Braudel affirme qu’à un premier niveau, une civilisation se définit par au moins quatre réalités fondamentales : « les civilisations sont des espaces […], des sociétés […], des économies […], des mentalités collectives » (sous-titres du chapitre 2, p. 152-159) ; l’ensemble de ces éléments et de leurs interactions forment une « grammaire » (p. 143). « C’est, en effet, un langage, une langue plutôt, avec laquelle il importe de se familiariser » (p. 143). Et cette grammaire, Fernand Braudel n’hésite pas à la développer longuement : alors que les autres manuels ne présentent qu’une introduction méthodologique très limitée (le manuel Nathan par exemple, rédigé sous la direction de Jean-Baptiste Duroselle, se contentant de moins de cinq pages), Braudel étoffe largement cette introduction pour présenter ses idées à la fois sur la nécessaire unité des sciences de l’homme, et sur l’analyse de la longue durée pour comprendre le monde actuel.

FB-3.jpgMais il ne s’arrête pas là. Si les civilisations sont des structures spatiales, sociales, économiques et mentales, elles sont également autre chose : « les civilisations sont des continuités » en ce sens où « parmi les coordonnées anciennes (certaines) restent valables aujourd’hui encore » (p. 161). C’est là que Fernand Braudel place le rôle central de l’histoire à la fois comme science mais aussi comme ré-interprétation et re-construction permanente par les sociétés présentes de leur propre passé : « tout ce par quoi passé et présent se court-circuitent souvent à des siècles et des siècles de distance » (p. 161). Alain Brunhes a raison d’insister sur l’importance de ce court-circuit dans le raisonnement braudélien (voir « À lire »). C’est bien lui qui permet de donner du sens à l’ensemble de l’édifice : « une civilisation, ce n’est donc ni une économie donnée, ni une société donnée, mais ce qui, à travers des séries d’économies, des séries de sociétés, persistent à vivre en ne se laissant qu’à peine et peu à peu infléchir […]. La multiplicité évidente des explications de l’histoire, leur écartèlement entre des points de vue différents, leurs contradictions mêmes s’accordent, en fait, dans une dialectique particulière à l’histoire, fondée sur la diversité des temps historiques eux-mêmes : temps rapide des événements, temps allongé des épisodes, temps ralenti et paresseux des civilisations » (p. 167 et p. 5).

La longue durée comme limite à la compréhension du monde actuel.

Une fois tout ceci posé, c’est bien sûr « à l’étude des cas concrets qu’il convient de s’attacher pour comprendre ce qu’est une civilisation ». Et c’est là que Fernand Braudel se révèle décevant. Après une introduction d’un tel niveau, on s’attendait à un exposé d’une grande efficacité pour comprendre le « monde actuel ». Or, ce n’est pas le cas, loin s’en faut. L’ampleur et la qualité de la pensée de Braudel ne sont pas en cause. Au contraire, la description des civilisations est d’une grande virtuosité intellectuelle. Les passages consacrés à l’Islam et au monde musulman, à la Chine ou encore à l’unité de l’Europe sont brillants. Mais il faut bien le dire, ces chapitres ne sont plus lus aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que, paradoxalement, ils ne permettent pas de penser le monde actuel. Malgré leur intérêt, les approches civilisationnelles de Braudel sont limitées pour au moins deux raisons.

D’abord parce qu’en insistant sur la « longue durée », sur les permanences et le temps ralenti des civilisations, Braudel minimise largement les changements et les ruptures. Or, pour reprendre l’expression de Jürgen Habermas, la Seconde Guerre mondiale constitue une « rupture civilisationnelle » ; et on peut appliquer aux temps des civilisations ce que Habermas dit à propos de l’ensemble du 20e siècle : « les continuités […] qui défient les césures […] calendaires, ne nous apprennent qu’insuffisamment ce qui caractérise le 20e siècle en tant que tel. Pour l’expliquer les historiens s’attachent aux événements plutôt qu’aux changements de tendance et aux transformations structurelles […]. Or, ce faisant, on fait disparaître la singularité de l’unique événement qui non seulement divise chronologiquement le siècle, mais encore représente une ligne de partage du point de vue économique, politique et surtout normatif » (Jürgen Habermas, Après l’État-nation, 2000, p. 13 et p. 22-23). L’analyse en termes de longue durée, en privilégiant les grandes continuités historiques, passe donc à côté des ruptures importantes et, plus encore, ne permet pas de voir cette rupture fondamentale qu’est 1945 dans la compréhension du monde actuel.

Ensuite parce que l’analyse des civilisations prises une par une minimise également ce qui n’est pas propre à ces civilisations particulières : bien sûr, à de nombreux moments de son ouvrage (et évidemment particulièrement lorsqu’il travaille sur l’Europe et sur les États-Unis), Braudel insiste sur les processus de décloisonnement des sociétés, mais son découpage par aires civilisationnelles l’empêche en fin de compte de penser les processus englobant. C’est en fait lorsqu’il travaille dans les tout premiers paragraphes sur les liens entre les civilisations et la civilisation (voir encadré 2) qu’il approche, mais sans les analyser finement ni les développer, les problématiques qui sont les nôtres aujourd’hui… et qui étaient déjà au centre de certains travaux au début des années 60. Si l’expression « village global » proposée par McLuhan en 1962 a eu un tel impact – et ce malgré les limites de son ouvrage La Galaxie Gutenberg – c’est qu’elle faisait émerger l’idée que le monde doit être approché aussi comme un tout, et non pas seulement comme la somme de ses échelles inférieures, États ou civilisations.

Aujourd’hui : de la Grammaire des civilisations à la géographie politique.

La rénovation très ambitieuse des programmes d’histoire par Fernand Braudel sera finalement un échec. A partir de 1970 le manuel Belin (dont une deuxième édition très légèrement modifiée avait été publiée en 1966) est retiré de la vente. Mais, comme le rappelle Maurice Aymard, 3le problème n’était pas […] celui d’un livre : il était bien plus profondément celui de l’enseignement de l’histoire3. Quarante ans plus tard, cette phrase est encore en partie vraie : le programme d’histoire des classes de terminales insistent encore et toujours sur la chronologie détaillée – et fort peu problématisée – de la Guerre Froide par exemple.

Mais la bonne surprise est venue de la géographie. En prenant en charge l’intelligence des processus d’émergence des espaces mondiaux, et particulièrement des espaces politiques mondiaux, le programme de géographie des classes de terminales tente de répondre en fin de compte à l’injonction de Fernand Braudel : comprendre le “monde actuel” en faisant appel aux sciences sociales.

Note 1 – Fernand Braudel (1902-1985).

« Né en 1902, agrég d’histoire en 1923, il enseigne dix ans en Algérie, puis en 1935-36, à São Paulo ; en 1937, il intègre l’École Pratique des Hautes Études. Cette période de formation est située dans le sillage de Lucien Febvre, son directeur de thèse. Il lui succède en 1946 à la direction des Annales et en 1949 au Collège de France. L’influence de Febvre et des géographes qui l’ont formé dans les années 1920 font de Braudel un héritier direct de l’influence de Paul Vidal de La Blache.

Cette genèse explique le choix, alors profondément novateur, de prendre pour sujet de thèse un espace. La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, soutenue en 1947 et publiée en 1949, restera sans conteste le grand œuvre de Braudel et un monument de l’historiographie du 20e siècle […].

Braudel fut également le bâtisseur d’un empire institutionnel, en marge de l’université française, l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Ehess), fondée en 1962 […]. Là, il organise, autour de l’histoire, un travail pluridisciplinaire de recherches et de publications qui pesa très lourd dans l’ensemble de la réflexion sur les sociétés dans la seconde moitié du 20e siècle en France.

Ce n’est qu’une trentaine d’années après son premier ouvrage lourd qu’il publia sa seconde œuvre importante : Civilisation matérielle, économie et capitalisme 15e siècle – 18e siècle, […]. Sur la fin de sa vie, consacré « pape de la nouvelle histoire » (élu à l’Académie française en 1984, honoré par un colloque consacré à son œuvre à Châteauvallon en 1985), il se lance dans la rédaction d’une volumineuse histoire nationale, L’identité de la France, dont paraîtrons seulement, posthumes, les trois premiers tomes […].

Le travail de Braudel […] ne peut être réduit à une vision déterministe de l’histoire et à quelques notions-clefs, dont celles de la triple temporalité et de l’économie-monde. Comme toute pensée riche, son œuvre a contribué à structurer le champ des sciences de la société, puis à bloquer de nouvelles perspectives ».

Note 2 – Les civilisations et la civilisation.

« En vérité c’est le pluriel qui prévaut dans la mentalité d’un homme du 20e siècle et qui, plus que le singulier, est directement accessible à nos expériences personnelles […] : passer le Rhin, ou la Manche, atteindre la Méditerranée en venant du nord, autant d’expériences inoubliables et claires qui, toutes, soulignent la réalité du pluriel de notre mot. Il y a indéniablement des civilisations. Si on nous demande alors de définir la civilisation, nous sommes assurément plus hésitants […]. Au singulier, civilisation ne serait-ce pas aujourd’hui, avant tout, le bien commun que se partagent […] toutes les civilisations, « ce que l’homme n’oublie plus » ? Le feu, l’écriture, le calcul, la domestication des plantes et des animaux ne se rattachent plus à aucune origine particulière ; ils sont devenus les biens collectifs de la civilisation.

Or ce phénomène de diffusion de biens culturels communs à l’humanité entière prend dans le monde actuel une ampleur singulière […]. « Nous sommes à une phase écrit Raymond Aron, où nous découvrons à la fois la vérité relative du concept de civilisation et le dépassement nécessaire de ce concept […]. La phase des civilisations s’achève et […] l’humanité est en train, pour son bien ou pour son mal, d’accéder à une phase nouvelle », celle en somme d’une civilisation capable de s’étendre à l’univers entier.

Cependant la « civilisation industrielle » exportée par l’Occident n’est qu’un des traits de la civilisation occidentale. En l’accueillant, le monde n’accepte pas du même coup, l’ensemble de cette civilisation. Au contraire. Le passé des civilisations n’est d’ailleurs que l’histoire d’emprunts continuels qu’elles se sont faits les uns aux autres au cours des siècles, sans perdre pour autant leurs particularismes, ni leurs originalités […]. Pour longtemps encore, le mot de civilisation gardera un singulier et un pluriel. Sur ce point, l’historien n’hésitera pas à être catégorique ».

Bibliographie

Maurice Aymard, « Braudel enseigne l'histoire », in Fernand Braudel, Grammaire des civilisations, Paris, Flammarion, Coll. « Champs » 1987, p. 5-18.

Alain Brunhes, Fernand Braudel. Synthèse et liberté, Paris, Éd. Josette Lyon, 2001.

Pierre Daix, Braudel, Paris, Flammarion, 1995.

Christian Grataloup, « Braudel », Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, in Jacques Lévy, Michel Lussault (dir.), Paris, Belin, 2003 ; article complet en ligne sur EspacesTemps.net.

Résumé

« Atteindre et comprendre notre temps […] à travers l’histoire lente des civilisations » (p. 143) tel est l’objectif central de cet étonnant manuel de classes de terminales publié par les éditions Belin en 1963, intitulé Le monde actuel. Histoire et civilisations, et signé par S. Baille, F. Braudel et R. Philippe. L’ouvrage de Fernand […]

René-Éric Dagorn

Historien et géographe, enseigne au lycée Jean de la Fontaine à Château-Thierry (Aisne) et à l'Institut d'Études Politiques de Paris. Il prépare une thèse sur les diverses conceptions de la mondialisation dans les sciences sociales. Il est responsable des Brèves et du Livre du mois.

Pour faire référence à cet article

René-Éric Dagorn, "Fernand Braudel et la Grammaire des civilisations (1963).", EspacesTemps.net, Livres, 06.10.2003
http://www.espacestemps.net/articles/fernand-braudel-et-la-grammaire-des-civilisations-1963/

mardi, 06 septembre 2016

Les Modérés d'Abel Bonnard

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Le drame du présent

Les Modérés d'Abel Bonnard

Ex: http://www.juanasensio.com

Les Modérés du pestiféré Abel Bonnard est un livre remarquable, écrit dans «une forme que pas un autre écrivain n'égale à présent, ni dans le public ni dans les Académies», avait affirmé André Suarès à la princesse Murat, alors que Charles Maurras confiait à Xavier Vallat que Bonnard était un prosateur «extrêmement brillant». François Mitterrand qui, comme Jean Dutourd, avait été une des personnalités à qui Olivier Mathieu avait envoyé sa biographie sur Abel Bonnard, avait peut-être Les Modérés en tête lorsqu'il écrivit son Coup d’État permanent, qui lui est inférieur par toutes ses dimensions. C'est en tout cas le dernier livre que Henri de Régnier lut et aima, et, en 1962, les derniers 571 exemplaires que la maison Grasset avait gardés furent envoyés au pilon en grande totalité. On fit ainsi croire à Abel Bonnard, reparti dans un exil volontaire en Espagne, alors qu'il eût pu demander après son procès la restitution de son siège à l'Académie Française à Jules Romains, qu'ils avaient été sauvés, et il leur écrivit : «Je considère avec une émotion profonde, exempte de toute sensiblerie, ces hommes, pareils à des colonnes debout dans une nation en ruines. Quant à ce fond de Modérés, je ne m'en soucie en rien. Je vous demanderai seulement de m'en envoyer deux.»

Je n'ai aucune compétence pour présenter ce livre sous l'éclairage historico-politique qui pourrait en révéler les subtilités, ou montrer par exemple les indices laissant penser que cet ouvrage a été écrit contre Charles Maurras. À d'autres, l'inscription minutieuse de ce pamphlet impeccablement écrit, dont chaque phrase semble un diamant finement ciselé enchâssé dans une bague elle-même polie avec le plus grand soin, dans l'exégèse qui dévoilera son contexte historique et, bien sûr, sa pertinence pour notre époque. De la même manière, je ne m'attarderai pas sur la réalité de l'épithète infamante (Gestapette) que la Résistance eut vite fait d'accoler à Abel Bonnard. Arno Breker avait affirmé à Olivier Mathieu que Bonnard n'était pas homosexuel mais Patrick Buisson, penseur de troisième ordre que j'ai moi-même évoqué dans une note sur Renaud Camus, s'attache à la vue traditionnelle selon laquelle l'homosexualité d'Abel Bonnard était évidente, vue qui fut sans sans doute répandue par le sonnet de Jean Paulhan liant le nom de Bonnard à celui de l'autre Abel de l'Académie française et de la collaboration intellectuelle (lui véritablement homosexuel, et qui avait permis à son ancien giton Jacques de Lacretelle, qui vota son exclusion, d'entrer très jeune à l'Académie), Abel Hermant.

Ce qui m'intéresse, modestement, est de montrer de quelle façon Abel Bonnard établit la certitude de la permanence de la France au travers des époques, y compris celle, la nôtre sans doute, de la plus grande nullité politique et, partant, métaphysique.

AB-3.jpgLa France selon Abel Bonnard est une entité organique, y compris même (en fait : surtout) lorsqu'elle est démembrée : «La France ne se sera rendue vraiment apte à se donner une meilleure organisation que lorsqu'elle regardera le régime dont elle se plaint comme l'expression obscène des défauts qu'elle a accepté de garder sourdement en elle, et comme la place visible où s'avoue un mal profond» (1).

Ce mal profond, ce sont les mots, la grande passion française, qui vont le révéler, même s'il ne faut pas hésiter, comme Abel Bonnard le fait, à suspecter leur véracité et donc à procéder comme un écrivain véritable, en se réappropriant les mots usés, galvaudés, trahis : «L'éloquence des assemblées nous ment sur le drame où elle est mêlée. Elle compte beaucoup moins, en vérité, pour ce qu'elle exprime que pour ce qu'elle cache; elle étale l'emphatique sur l'inavouable et quand un discours ne sert pas à nous prouver que l'homme qui le prononce n'a rien pensé, il sert à nous cacher les arrière-pensées qu'il a eues» (p. 16).

Ainsi, si tous les grands mots ne sont présents que d'une façon spectrale, «comme des morts jetés sur une dalle; aucun n'avait sa vertu» (p. 17), le premier devoir de l'écrivain, Bonnard parlera du «premier réalisme», du moins en politique mais aussi en littérature, consiste donc à «connaître les démons qui sont cachés dans les mots» (p. 29).

Coupé des vieux mots rendus caducs, l'homme moderne n'est plus qu'une coquille vide, une outre remplie de vent et de mots devenus vieux, comme des acteurs sur le retour que l'on forcerait à se grimer pour indiquer des passions qu'ils n'éprouvent plus, s'ils les ont jamais éprouvées : «Ce qui caractérise une société ainsi faite, c'est qu'en isolant les hommes de la réalité, elle leur donne une juridiction verbale sur toutes les choses qu'ils ne touchent plus» (p. 109). Une outre remplie de vent, dans un monde qui n'est plus réel mais tout entier contaminé par un langage déprécié, vicié, tout juste bon à véhiculer quelques idées toutes faites et, puisque nous sommes en France, des causeries vaines, des jeux de mots et des traits d'esprit où se montre la vanité, le vide d'une époque sans racines : «Les conversations les plus brillantes sont des échanges où se glisse toujours un peu de fausse monnaie et le plaisir qu'elles causent ne serait pas si vif, si chacun ne s'y faisait pas illusion sur la valeur de ce qu'il dit. Au causeur souverain comme Rivarol, qui n'est qu'un penseur qui s'exerce, se joint aussitôt l'adroit manieur de mots pour qui avoir de l'esprit n'est que la plus brillante façon de ne pas comprendre; puis vient immédiatement le sot à facettes, que le sot sans facettes suit de très près» (p. 110). En somme, la France «est le pays où les défauts des salons sont descendus dans les rues», contribuant ainsi un peu plus à éloigner de la réalité le peuple, puisqu'il s'agit «pour chaque parleur de primer sur tous les autres» (p. 112), alors même que les «conversations mondaines n'ont que l'apparence d'un tournoi d'idées; ce sont des luttes de vanité», ce qui conduit Bonnard à poser cette évidence : «Parler, alors, devient un faux acte» puisque, quand «une opinion n'est pas tirée de l'expérience pour renvoyer à l'action, ce n'est plus qu'une aigrette que se met un individu» (p. 126).

Réfugiée dans la fausse parle analysée par Armand Robin, la France d'Abel Bonnard (et que dire de la nôtre !) est malade, peut-être même mourante bien que quelques indices, quelques lueurs, nous le verrons, nous laissent penser que son agonie, ô combien longue, n'est toutefois point totalement désespérée : «Ainsi des formes sociales aujourd'hui détruites nous encombrent encore des façons d'être qu'elles ont créées; ainsi quantité de Français nous paraissent tour à tour n'avoir pas l'âme assez forte pour agir dans le drame où ils sont jetés, et n'avoir pas l'esprit assez simple pour l'apercevoir. Cette impossibilité d'aller à l'important et au principal, cette curiosité volage pour toutes les idées qui n'est que l'incapacité d'en retenir fortement aucune, cette frivolité qui espère encore s'amuser des événements dont elle s'effraye, cette parodie de l'esprit de finesse qui donne une furieuse envie de retrouver l'esprit d'épaisseur, cette façon de faire la roue au bord de l'abîme, avant d'y tomber, cette rage de paraître jusqu'au moment où l'on disparaît, tous ces défauts, misérables parce qu'on y sent à la fois l'insuffisance de la personne et la suffisance de l'individu, ce sont, dans une nation que le destin somme de renaître, les dernières expressions d'une société qui meurt» (pp. 114-5).

Le Mal, selon Bonnard, pourrait bien porter le nom très antique de diable, d'obstacle, de division, de césure, celle qui, aux yeux de l'auteur, a constitué une véritable brèche dans l'histoire de la France, et a coupé, séparé, ce qui se tenait tant bien que mal : «C'est ainsi qu'Aristote et saint Thomas se répondent, que Cicéron pourrait converser avec Lavoisier, que les plus nobles des Croisés et des Musulmans se renvoient les mêmes rayons de chevalerie, qu'un jésuite français et un sage chinois, produits par deux mondes presque sans rapports, se trouvent néanmoins face à face sur le même plan. Ces fraternités involontaires, au bout d'efforts séparés, cette rencontre suprême de ceux qui ne se sont pas cherchés, voilà, sans doute, ce que notre espèce peut offrir de plus beau; si le mot d'humanité a un sens, c'est quand il tremble comme une lueur autour de cette réunion de quelques hommes» (p. 34).

AB-1.jpgC'est la continuité de «la civilisation humaine» (p. 40) que la Révolution a brisée, alors que la royauté se faisait un devoir de la respecter : «Tels étaient les sentiments auxquels un Roi de France eût été obligé par sa fonction, alors même qu'il n'y aurait pas été porté par son caractère, dans une organisation où le pouvoir politique, bien loin de prétendre fixer lui-même les valeurs morales, se piquait au contraire d'honorer plus que personne celles qu'il n'avait pas établies» (pp. 38-9). Et Abel Bonnard d'illustrer par un long passage la vertu de l'Ancien Régime, chaîne ininterrompue de mérites, de bassesses et de médiocrités sans doute, mais surtout d'une vision verticale, capable de transcender les petites misères si bassement politiques qui forment la glu pourrie de notre époque : «Quand Harel, bonapartiste déclaré et qui, comme tel, avait âprement combattu la Restauration, brigua en 1829 la direction de l'Odéon, théâtre royal, on ne trouva pas de meilleur moyen de le recommander à Charles X que de faire valoir le dévouement qu'il avait montré pour l'Empereur tombé et Harel, en effet, eut son privilège. Quand Hyde de Neuville, en 1829, ministre du même roi, désire le faire revenir d'un choix qu'il a déjà fait, pour nommer à une place vacante l'officier de marine Bisson, il raconte au souverain la résolution et le courage que Bisson a montrés à Rochefort, en 1815, en offrant à Napoléon de lui faire percer la croisière anglaise, et cela décide Charles X. Tels étaient les sentiments, conclut Abel Bonnard, auxquels un Roi de France eût été obligé par sa fonction, alors même qu'il n'y aurait pas été porté par son caractère, dans une organisation où le pouvoir politique, bien loin de prétendre fixer lui-même les valeurs morales, se piquait au contraire d'honorer plus que personne celles qu'il n'avait pas établies» (pp. 38-9).

En somme, le Roi accepte de supporter le fardeau d'une charge qui ne devrait même pas lui incomber, puisque sa personne est le symbole et le garant d'une histoire dont il ne saurait désavouer la moindre seconde, alors que la Révolution, elle, ne peut rien assumer, puisqu'elle a prétendu tout refonder. De sorte que sa haine du passé ne peut jamais s'estimer rassasiée car, privée de légitimité, se sustentant seulement du sang de ses ennemis, il lui faut sans cesse en réinventer de nouveaux : «Ainsi cette Révolution n'est pas une chose faite une fois pour toutes, qui assure des droits égaux à tous les Français; c'est un drame qui se continue, l'effort d'un monde qui en veut remplacer un autre, et le misérable rallié, qui se croyait quitte, s'aperçoit qu'il ne se sera jamais suffisamment renié, tant qu'il ne se sera pas tout à fait détruit» (p. 57). Abel Bonnard condense sa pensée en une phrase ayant valeur de maxime, que n'eût sans doute point désavouée Joseph de Maistre : «À l'origine d'un régime d'égalité, il y a des droits établis; à l'origine d'un régime égalitaire, il y a des têtes coupées» (p. 61).

Car, s'il est vrai que la démocratie, consécration du régime égalitaire par opposition au régime d'égalité, «partout où elle est établie», finit par amener «l'abaissement de la personne humaine», alors que le régime égalitaire, lui, y tend «expressément dès l'abord» (p. 60), l'homme représentatif du présent, c'est-à-dire, aux yeux d'Abel Bonnard, le modéré qui est le sujet de son très beau livre, est en fin de compte «un homme rattrapé par le drame qu'il cherchait à fuir» (p. 54), un drame qui exige, nous l'avons vu, son anéantissement, mais aussi l'anéantissement de l'ensemble de ses représentations mentales et des mots qui sont chargés de les conceptualiser. La Révolution, si elle est un régicide, si elle représente le Régicide comme interruption brutale d'une Histoire de France plusieurs fois séculaire, est aussi, est d'abord peut-être un crime contre le langage de l'homme commun, au sens non péjoratif de l'adjectif : «Sans doute, dans ce régime dénaturé [qui est le nôtre], il arrive parfois que des hommes en place parlent sagement; ils s'émancipent jusqu'à citer un proverbe, ils osent rappeler une de ces vérités banales qui ont cessé de l'être dans un régime séparé du vrai : mais, contraires à l'esprit du système où elles sont prononcées, leurs paroles n'y résonnent pas, elles tombent à terre sans que nul les ait entendues, tandis que le moindre appel de démagogie retentit comme s'il passait par le clairon de l'archange» (pp. 62-3).

En somme, comme le savait Carlo Michelstaedter, les mots que toute démocratie utilise n'ont aucun poids, ils tournent à vide puisque le monde où ils ont grandi a cessé d'exister, et qu'ils ne sont plus capables, par leur fragilité et leur porosité, d'en faire jaillir un nouveau. Je ne sais si Renaud Camus a lu le livre d'Abel Bonnard, entre deux séances d'auto-contemplation repue, mais il est bien évident que le passage qui suit convient merveilleusement pour décrire le sens de son pitoyable combat pseudo-politique, puisque notre Narcisse devenu vieux se contrefiche du bien commun mais ne prétend servir, comme toujours, qu'une seule cause, la sienne, celle de son petit confort de châtelain jouant les seigneurs médiévaux : «La seule guerre à laquelle les jacobins ne puissent renoncer, c'est celle qu'ils font aux Français. La politique est essentiellement pour eux la guerre à l'intérieur. Il n'est pour s'en assurer que de lire les affiches électorales. Tout y respire la bataille : on n'y parle que d'armées, de camps, de drapeaux, d'assauts, de traîtres, de transfuges. Elles imposent à ceux qui les lisent l'obligation de la haine, et les ennemis qu'on désigne ainsi à chaque Français, c'est le Français d'à côté, ce sont des hommes enveloppés dans la communauté dont nous faisons partie, et pour lesquels nous ne devrions nous sentir qu'une présomption de bienveillance» (p. 64). Chacun de ces mots ou presque, enterre ou, hélas, devrait enterrer, les petites expectorations haineuses du Châtelain solipsiste, qui confond la res publica avec le diamètre, certes immense, de son nombril. Je ne m'attarderai pas davantage sur le cas, après tout banal, de notre Souchien dont l'irrédentisme catholique, opportunément apparu à une date récente, ne concerne toutefois que la seule dimension esthétique, la plus commode comme le savait Kierkegaard, du christianisme, sans avoir décoché une dernière flèche, encore empruntée au carquois d'Abel Bonnard, sur le bathmologue transi prenant la pose du nouveau saint Sébastien de la bien-pensance : «[...] on ne voit que trop de gens en qui la prostitution de l'âme a laissé intacte la virginité de l'intelligence» (p. 131). Notons que je n'ai aucun doute sur la qualité de l'âme de Renaud Camus, mes interrogations concernant plutôt son intelligence.

Quoi qu'il en soit, le régime républicain, essentiellement corrompu (2), selon Abel Bonnard, portera à tout jamais les marques de sa naissance : «Le malheur de la République est d'être née dans la haine : elle date du moment où la France s'est divisée. Elle ne pourra jamais devenir sincèrement un régime d'amitié; elle ne pourra jamais faire ce qui était si naturel à la monarchie, de prendre la France entière dans ses bras» (pp. 64-5).

Superbe expression, qui à mes yeux constitue sans aucun doute, avec celle de Georges Bernanos (de mémoire : un jeune homme à cheval qui n'a pas peur), la plus magnifique définition du génie de la royauté.
Que faire, face à un présent corrompu, duquel «l'honnête ouvrier du réel» (p. 87) est exclu, alors qu'un passé plus ou moins vivace continue, çà et là, comme des nappes résurgentes (3), à irriguer le désert du politico-théologique (une expression que Bonnard n'emploie jamais) ? La tentation conservatrice peut être une réponse. Voici de quelle belle façon Abel Bonnard définit les conservateurs : «Les conservateurs authentiques ne répugnent point par principe à tout changement, mais ils veulent maintenir dans le corps social une certaine âme, et ils sont par là les vrais poètes de la politique, au sens où le sentiment poétique achève et approfondit le sentiment du réel» (p. 79).

La réaction n'est pas loin, non plus, elle sera même évoquée quelques pages plus loin, tant le conservateur est aussi celui qui doit agir, comme l'indique cette magnifique flèche décochée dans le ventre mou du modéré: «Je rentrerai dans le passé par le raccourci que vous prenez pour le fuir» (p. 92).

Le réactionnaire se distingue essentiellement du modéré parce qu'il «nous est le reste et le témoin d'un temps antérieur au nôtre, où l'homme, au lieu de s'exprimer seulement dans des paroles et des opinions, s'imprimait dans des actes où il marquait toute sa nature» (p. 119). Et, dans un passage qu'il convient une fois de plus de citer intégralement, Abel Bonnard affirme du réactionnaire qu'il est «au bout d'un monde. Ce passé dont la plupart des Français sont si séparés qu'ils n'en conservent même plus l'idée, il y revient aisément, et par des sentiers à lui : une lecture l'y ramène, un objet, une rêverie; il rentre dans son pays par des cimetières. peut-être saisit-il mieux l'âme du monde auquel sa foi le garde attaché qu'au moment où, incorporée au réel, elle y contractait les imperfections de tout ce qui existe matériellement; à mesure qu'il perd les derniers avantages sociaux de sa condition, il est plus sûr qu'il n'y a rien d'égoïste dans ses convictions et les crevasses de son toit ne lui servent qu'à apercevoir ses étoiles. Pour les pensées et les sentiments, le réactionnaire vit dans une ruine, mais elle est à lui. Le modéré loge à l'auberge : il emprunte à n'importe qui des idées qu'il n'aura que pour un moment et il est plaisant d'observer que ces gens qui, jusqu'à ces derniers temps, ont été des hommes nantis, possédant hôtel, château ou villa, sont intellectuellement des vagabonds sans feu ni lieu» (p. 121).

AB-4.jpgToutefois, le salut réside peut-être, nous dit Bonnard, dans la présence, au sein d'une société devenue tout entière modérée, c'est-à-dire composée d'individus (belle défini comme étant «l'homme réduit par l'exigence de la vanité à l'indigence du Moi, aussi séparé de la modestie que de la grandeur», p. 248), de quelques réactionnaires, puisque certaines «âmes sont comme ces grains de blé toujours féconds que les archéologues trouvent dans les tombes de l'Égypte antique : elles se conservent dans le passé pour être semées dans l'avenir» (p. 122).

Mais ces graines, à condition de parier sur leur existence même, doivent pousser, et nous devons nous demander quel pourrait bien être l'engrais qui, dans le sol asséché de notre époque, pourrait les faire germer, puis grandir, car il n'y a rien, semble nous dire Abel Bonnard, depuis que les modérés ont modestement triomphé ou plutôt, c'est le rien qui a pris la place de quelque chose : «Une certaine faiblesse ne cesse de nous donner la nausée que pour nous donner le vertige, et au moment où nous croyons avoir le droit de la mépriser pour le peu qu'elle est, elle se défend de notre dédain par le prestige du néant» (p. 135). Bonnard va ainsi jusqu'à affirmer que les modérés sont «les femmes de la politique; ils souhaitent qu'on leur fasse une agréable violence» (p. 154)

Le langage, une fois de plus, est au cœur de la réflexion de Bonnard, puisqu'il ne cesse de fustiger celles et ceux qui ont prononcé «de grands mots qui n'avaient plus d'âme» (p. 138) ou encore qu'il note «l'inanité de certains discours, si vides qu'on n'y trouve même plus des erreurs» (p. 141), la France étant «le pays de l'émiettement» (p. 144) mais aussi celui où prospèrent les «conférences du brouillard et de la fumée», les «conciliabules du paon et du lièvre», les «dialogues des trembleurs et des importants» (pp. 144-5), le mal étant donc, selon toute apparence, sans recours, «lorsque les mots mêmes qui désignent les sentiments nobles par où l'on pourrait réagir contre ce système sont sans cesse souillés par une éloquence sans vergogne» (pp. 169-70). La consomption du langage est illustrée par cette image saisissante : «Cette interminable banderole de discours qui sort de la bouche des anciens libéraux se raccourcit à mesure qu'on approche des modérés d'aujourd'hui, et ceux-ci sont à présent si incertains et si déconfits que, nés pour être bavards, ils finissent par être muets» (p. 202).

Les esprits ou ce qu'il en reste sont donc prêts, semble nous dire l'auteur, pour être embrigadés et, sous la force, point le drame : «De ces intrigues, de ces menées, de ces turpitudes qui se protègent de notre examen par le dégoût même qu'elles nous inspirent, sortira l'événement qui ira frapper les familles heureuses autour de leur lampe et un poète solitaire auprès de la sienne», car, comme l'explique Abel Bonnard : «Lorsque l'élément dramatique qui n'est jamais absent de la politique cesse d'être inclus dans l'effort que des hommes supérieurs, ou au moins honnêtes, font pour maîtriser des difficultés toujours renouvelées, il ne se retire de l'agitation des individus que pour reparaître dans les circonstances qui les entourent et dans les menaces qui les surplombent. Plus la comédie politique s'avilit, plus le ciel noircit au-dessus d'elle, et quand elle est réduite à une farce qui ne fait rire que les étourdis, c'est alors que, sur cette bouffonnerie, on entend le grondement paresseux, langoureux, rêveur, le murmure presque pareil à un roucoulement du premier tonnerre» (pp. 150-1). Nous sommes en 1936 et, à vrai dire, ce n'est pas exactement le premier coup de tonner que les hommes de cette époque ont pu entendre : «Il n'est que trop aisé de mener des hommes à l'assaut de tout ce que l'homme a conquis sur la brutalité de sa propre nature; il suffit de mêler les idées folles aux passions sombres; il suffit de distribuer aux instincts le drapeau des grands mots : il suffit d'enrôler pêle-mêle les hommes de la haine et les hommes de la chimère, ceux qui ne se trompent pas sur ce qu'ils veulent détruire et ceux qui s'abusent sur ce qu'ils peuvent créer» (pp. 135-6).
Il nous reste peut-être quelque chance de nous sauver du naufrage. Tout d'abord, bien qu'il la comprenne, Abel Bonnard condamne la tentation de l'action révolutionnaire, qu'il peint ainsi : «Quand une société qui ne vit plus que par survivance se désagrège en hommes épars, qui ne sont sauvés de leur pauvreté intérieure par aucun rapport avec un fonds commun à tous, sans terroir, sans religion, sans disciplines, fonctionnaires ennuyés de leur emploi, artisans dépris de leur métier, ouvriers qui n'aiment plus leur besogne et qui ont, trop souvent, une besogne qu'ils ne peuvent pas aimer, comment ces individus désintégrés pourraient-ils essayer de revivre autrement que par des opinions révolutionnaires ? Comment le grain de poussière rentrerait-il dans le drame universel, sinon par la turbulence des vents ? (p. 175).

Abel_Bonnard_1933.jpgToutefois, la Révolution, selon l'auteur, «est par essence incapable de procurer à ses partisans ni les plus hautes, ni les plus profondes des joies qu'on trouve dans l'amour de l'ordre, mais on s'expliquerait mal sa puissance, si l'on n'avait pas compris que, dans le monde décomposé d'aujourd'hui, elle dispense à ceux qu'elle asservit le rudiment informe et honteux des jouissances que l'ordre assure à ceux qui le servent. Les révolutionnaires appartiennent encore au désordre par la volupté de détruire, mais ils rentrent malgré eux dans l'ordre par le bonheur d'obéir» (pp. 177-8). Ainsi, les «révolutions sont les temps de l'humiliation de l'homme et les moments les plus matériels de l'histoire. Elles marquent moins la revanche des malheureux que celle des inférieurs. Ce sont des drames énormes dont les acteurs sont très petits» (p. 181), ce constat étant suivi de quelques portraits sans la moindre complaisance des révolutionnaires français les plus connus.
Pourrait-on confier la destinée de la France à certains de ces hommes qui, «dans de grands postes et parfois avec des talents supérieurs, avaient, en servant la République, essayé malgré elle de servir l'État.» Suit alors une superbe évocation, que l'on dirait bernanosienne dans son rythme et sa cruauté assoupie, de ces personnages : «Certains de leurs propos me prouvaient qu'ils avaient fait la somme de leurs observations, et qu'ils jugeaient la démocratie pour ce qu'elle vaut. Mais ils ne parlaient ainsi devant moi que parce qu'ils étaient sûrs de ma discrétion, ou peut-être même, par moments, parce qu'ils oubliaient ma présence; j'écoutais alors, non sans une émotion singulière, ce murmure de toute une vie, pareil à la rumeur d'une ville, et où, dans le bourdonnement confus des réminiscences, sonnait parfois une vérité plus nette, comme, dans la vapeur sonore qui monte des toits, tinte le marteau d'un forgeron» (pp. 197-8).

Un autre secours, qu'il ne faut pas négliger même s'il s'agit d'en indiquer les limites et les dangers, est celui d'un recours à la dictature. Je ne sais si Abel Bonnard a lu Donoso Cortès, mais il est évident qu'il a lu Joseph de Maistre : «Je manquerais à la haute idée que je me fais de l'Ordre, si je chantais ici la louange des dictatures. Elles ne peuvent être regardées que comme le remède très pénible d'un mal très profond, l'expression rudimentaire de l'ordre lorsqu'il s'oppose au chaos; elles se justifient surtout par ce qu'elles ont empêché et c'est précisément un des griefs les plus graves qu'on puisse faire à la démocratie, que de rendre nécessaire ce régime où elle se continue encore, quoiqu'il ait l'air de la démentir» (p. 280). Abel Bonnard évoque le personnage des dictateurs de la façon suivante : «S'il est très douteux qu'ils soient des grands hommes, il est très certains qu'ils sont éminemment des hommes; tout leur effort en fait foi, et cette valeur virile suffit à les mettre de mille coudées au-dessus des politiciens; ils n'ont pas fait leur carrière par des tricheries et des bassesses, mais par la lutte et par la prison, et ayant engagé toute leur personne dès leurs premiers actes, jamais ils ne l'ont exposée davantage que dans le poste suprême où ils sont des chefs pour être des cibles» (p. 281).

Pourrait-on espérer un secours de la part du langage, à condition qu'il ne soit pas utilisé frauduleusement et que l'on n'appelle pas ainsi le «cynisme de la fin» sagesse, la «fureur du milieu» énergie, et «l'étourderie du commencement générosité» (p. 207), à condition qu'il ne soit pas seulement l'apanage du seul «orateur politique, baryton des beaux sentiments, qui ne les exprime jamais avec plus de faste que lorsqu'il les éprouve à peine» (p. 223), et que, enfin, il ne s'écarte point de la réalité jusqu'à constituer une espèce de bulle malodorante et spécieuse sans le moindre rapport avec elle (cf. p. 211) ? Il n'y aura en tout cas «pas de postérité, Abel Bonnard nous l'assure, pour ceux qui ont laissé s'abîmer un monde, car ce que nous appelons de ce nom, ce n'est que notre civilisation qui dure après nous» (p. 212).

A contrario, le grand homme, lui, qu'il s'agisse de Napoléon ou du comte de Chambord, laisse une postérité bien lisible, indubitable, et jamais nous ne pourrions le considérer comme l'auteur de la phrase de Ledru-Rolin, involontairement comique : «Je suis leur chef, il faut que je les suive» (p. 217). Le grand homme, lui, comme «Napoléon passe au-dessus d'une époque dont il ne porte rien en soi comme la comète d'un Moi monstrueux qui entraîne dans sa queue tous les Moi minuscules d'une société désagrégée : il sort du gouffre des siècles, sans qu'on sache exactement duquel il revient, et entouré de signes fascinants qu'on a peine à lire et où l'on croit voir des cimeterres, des diadèmes, des sceptres qui sont encore des bâtons, il flamboie au-dessus de tous les parleurs, qu'il excite autant qu'il les a méprisés» (pp. 215-6). On croirait lire Léon Bloy lorsqu'il évoque le mystérieux et torve serviteur de Dieu que fut l'Empereur !

Les «grands hommes d'action sont des dons imprévus que le génie de l'humanité fait à son histoire», et Abel Bonnard d'affirmer que les grands hommes forment une espèce de communauté totalement à l'écart du reste des hommes : «leur âme ne nous renseigne pas mieux sur les sociétés d'où elle s'élève, que la cime des plus hautes montagnes sur les pays d'où elles se dégagent, et, au faîte du génie de Jules César, on ne se sent pas plus dans l'histoire romaine, qu'en parvenant au haut du Mont Blanc, on ne se souvient qu'on est en France; les sommets de l'homme, comme ceux de la Terre, échappent à leur enracinement local, et, d'où qu'ils surgissent, les mêmes qualités suprêmes miroitent doucement sur eux, comme sur les monts les plus hauts de l'Europe ou de l'Asie brillent les mêmes glaciers et les mêmes neiges» (pp. 213-4).

Les dernières pages des Modérés sont aussi remarquables et bien écrites (4) que le reste de l'ouvrage, qui évoquent aussi brillamment que méchamment la figure d'Adolphe Thiers comme contrepoint grotesque de celle de l'Empereur (cf. p. 254), moquent les prétentions de Hugo (cf. p. 230 et sq.) et plus généralement celles du romantisme (5), professent une nouvelle fois, devant l'évidence que «la République telle qu'elle est ne peut plus suffire aux circonstances où la France est placée» (p. 273), un amour et une admiration immodérés pour la royauté, ce modèle politico-social de cohérence maximale, «les deux extrémités d'une hiérarchie où tout se tenait» (p. 265) dont le faîte se trouvait dans la gloire et la base dans l'honneur, cette forme de poésie après tout, qui permet à cette dernière de s'implanter dans «l'ordre pratique», pouvant ainsi mettre «au-dessus d'un peuple un signe où il peut toujours rassembler son âme» (p. 261), les peuples ne se rattachant point par raison à la sagesse, «mais par un ensemble de traditions saintes, d'usages, de mœurs, où des sentiments plus hauts ou plus profonds que la raison voisinent avec un bon sens plus sûr qu'elle» (p. 257).

L'ennemie est la démocratie qui a tout avilit, et d'abord le rapport au réel des Français, les hommes, ce «printemps d'hommes» (p. 299) comme le dit magnifiquement l'auteur, étant «de ce régime où tout ment, et qui trompe autant qu'il se trompe, où tout est obscène sans que rien soit franc, où le mot de progrès désigne une décadence, où le mot de laïcité est l'étiquette d'une religion, et qui n'est jamais moins humain que lorsqu'il se targue de philanthropie; ils sentent que, s'il est inévitable que nous soyons sujets à l'erreur, il ne l'est pas que nous soyons ses sujets» (p. 300).

Il faut donc «marier de nouveau la France au réel; nous ne devons échapper à notre présent récent que pour nous retremper dans un passé antérieur, plus profond et plus nourricier, où nous redevenons des hommes complets en nous rattachant à des Français qui le furent. Une France est finie, il ne faut pas que la France le soit» (p. 296).

C'est par là, sans doute, cette rupture entre le monde réel et les politiciens, puis un peuple tout entier, que l'analyse d'Abel Bonnard est profonde, et rejoint du reste celle d'un Bernanos dans La Grande peur des bien-pensants, séparation jamais mieux instaurée, nous l'avons vu, que par la Révolution française, puisque la «fausse monnaie de l'esprit a précédé l'autre, et avant que le Français de la Révolution eût les poches bourrées de billets qui ne valaient rien, le Français du XVIIIe siècle a déjà pensé en assignats» (p. 293), la «France d'à présent [étant] au terme d'une phase de son histoire, qui a ses commencements visibles au XVIIIe siècle» (p. 292).

AB-6.jpgNous en sommes là, et force est d'admettre que la situation présente, dans ses grandes lignes du moins, n'a pas beaucoup changé, a même, sans doute, empiré, depuis l'époque où Abel Bonnard a écrit son pamphlet aussi juste et beau qu'implacable, droite et gauche confondues dans une même critique dont la hauteur et la puissance impressionnent : «Les circonstances où nous sommes auront paru vainement, si elles ne donnent pas lieu à une rentrée de l'homme. Les crises ne font jamais que nous sommer d'être nous-mêmes; les choses aboient autour de nous pour provoquer quelqu'un qui les dompte, et cette même clameur qui donne aux âmes lâches l'envie de s'enfuir donne aux âmes fortes celle de se montrer» (p. 290, je souligne).

Abel Bonnard se montre en tout cas confiant pour la suite des événements, car il «est fini, cet âge intermédiaire où chacun des Français pouvait encore jouir égoïstement d'un ordre qu'aucun d'eux ne travaillait plus à soutenir, où les démolisseurs eux-mêmes étaient logés dans le palais dont ils faisaient une ruine, où la Démocratie, héritière ingrate du Passé, vivait, en l'insultant tous les jours, des ressources qu'il lui avait laissées» (p. 289), alors même que «le régime parlementaire ne se perfectionne que pour s'isoler de toutes les questions qu'il devrait résoudre», et que le «politicien devient le parasite d'une société et d'une nation qu'il détruit ou laisse détruire; il vit de nous sans vivre pour nous et la démocratie à son comble offre ce contraste singulier, que tout le monde semble s'inquiéter du sort de l'État, et que personne ne s'en occupe : il y a de la politique partout, et il n'y a des politiques nulle part» (p. 285, je souligne).

Notre société, coupée du réel selon Abel Bonnard, ne donne plus que l'apparence de la force ou, tout simplement, de la vie, alors qu'elle n'est pas morte sans doute (selon l'auteur) mais mourante, comme il l'évoque dans ce passage qui se conclut par une image saisissante : «Nous n'aurons vraiment rien pu sur les lecteurs de ce livre, si nous ne les laissons pas persuadés que la violence des opinions n'est aujourd'hui, chez nous, dans l'immense pluralité des cas, que le dernier degré de l'abandonnement, et le dévergondage de l'impuissance. Il suffirait, pour s'en convaincre, de regarder ces manifestations révolutionnaires où des foules à la fois molles et haineuses portent sur leurs flots un député d'extrême-gauche, resté malgré lui petit bourgeois, comme les inondations charrient un fauteur Voltaire» (pp. 282-3).

Il faut agir car, pendant que «les esprits reviennent au vrai en charrette, les événements arrivent sur nous en rapide, et si nous ne sommes pas prêts avant qu'ils soient là, et qu'ils ne trouvent pas des hommes capables de les dominer, il importera assez eu que le soleil de l'irréparable se lève sur des cerveaux qui étaient paresseusement en train de guérir» (p. 305).

Il faut agir, en fondant l'action sur des opinions fortes qui, nous dit l'auteur, ne sont pas des opinions violentes, celles-ci s'en prenant à des hommes, celles-là remontant à des causes (cf. p. 310), il faut agir, en remettant à l'honneur la «recherche de la vérité [qui] est une fête par elle-même, de quelque peine que les résultats où elle nous mène puissent affliger notre cœur» car, «toutes les fois que l'incandescence de la pensée se ternit d'une couleur, c'est qu'un des sentiments de l'individu s'est insinué indûment dans une activité qui ne s'accomplit que si elle les ignore» (p. 317).

Il faut agir, car la «crise est si tragique et si décisive que les tombeaux eux-mêmes s'intéressent pour son issue, le fantôme de César erre par toute l'Europe, comme celui de Gengis-Khan passe dans les horizons de l'Asie, et sans doute les morts obscurs reviennent aussi, si bien que tel Français ordinaire qui, hier, pérorait selon la rhétorique inepte d'un parti, sent tout à coup la pression humble et puissante de tous ceux dont il est sorti, qui lui demandent d'avoir plus de raison qu'il n'y a de confusion dans les choses, et plus d'âme qu'il n'y a de matière en elles» (pp. 322-3).

Il faut agir et, pour agir, l'homme doit se tourner ou plutôt se retourner vers l'esprit, «car l'action ne peut se chercher de sources qu'au-dessus d'elle» (p. 323).

Il faut agir, en retrouvant le sens d'une action qui serait incarnée dans et par un homme, et non un individu qui «partout ne s'abîme que pour transmettre l'âpreté de son Moi minuscule au Moi énorme des nations» (p. 324).

Je conclurai cette note trop longue et pourtant si imparfaite par les dernières lignes d'Abel Bonnard, en souhaitant que ses Immodérés soient réédités par une véritable maison d'édition (Grasset, par exemple ?) plutôt que par le plaisantin Alain Soral : «On peut dire que c'est là le monde de la force et cependant c'est surtout celui de la faiblesse, car toutes les forces qu'on y voit titubent à la recherche d'une âme; on peut dire que c'est le monde des passions, et c'est d'abord celui de la peur, présente dans le cœur même de ceux qui prétendent l'inspirer, tant les chefs et les nations s'effrayent de ne pas savoir où ils vont et d'être forcés d'aller. Ces machines contre lesquelles l'homme doit lutter, à la fin d'une époque immense, comme Hercule, au commencement, dut lutter contre les monstres, ces usines aussi funestes à l'homme dans leur prospérité que dans leur détresse, dragons qui noircissent le ciel de leur fumée, quand ils sont vivants, et qui, lorsqu'ils sont morts, empoisonnent la terre de leur corruption, ces villes qui ne sont devenues énormes que pour être des cibles qu'aucun projectile ne pourra manquer, ces capitales qui tentent l'incendie avec leurs musées trop pleins et qui ne semblent avoir rassemblé le trésor de l'homme que pour l'offrir à la destruction, ces peuples qui se tournent insensiblement en armées, ces foules effilochées de France, ces foules plus denses d'Italie, ces foules carrées d'Allemagne, durcies en bataillons, pareilles à des pièces d'échecs prêtes à êtres poussées sur un échiquier, ce ciel noir aux trouées livides, au fond duquel s'enfuient comme des ramiers nos derniers plaisirs, et d'où les astres eux-mêmes épanchent leurs influences sur l'agitation des hommes, tout cela nous présente le spectacle d'un jour dont nous ne savons pas la saison, car rien ne ressemble aux troubles où naît le printemps comme les tumultes où meurt l'automne. Cependant ce monde informe, limoneux, diluvien, ce n'est que le terrain de chasse de l'Esprit» (pp. 325-6).

Notes

(1) Abel Bonnard, Le drame du présent. Les Modérés (Grasset, 1936), p. 12.
(2) «En un mot, lorsque la meilleure partie de la nation a laissé se faire des régimes qu'elle n'a pas faits, ou elle s'étiole en refusant de les servir, ou elle se dégrade si elle les sert» (p. 77).
(3) Je cite in extenso ce magnifique passage : «Il n'est que trop aisé de montrer par quels sentiments la France n'a plus voulu être royaliste; mais il faudrait une touche plus fluide et plus délicate pour marquer par combien d'endroits elle est demeurée royale : il lui est arrivé le plus triste malheur dont une grande nation puisse être frappée : en l'excitant à se méconnaître, on a fait d'elle un pays interrompu, un peuple acharné contre soi; mais ce passé dont on l'a séparée par un énorme barrage, s'il ne coule plus dans le présent avec opulence, y suinte et s'y insinue cependant par mille infiltrations secrètes; ce domestique qui ne croit pas nécessaire d'opposer son âme aux maîtres qu'il sert, cet artisan qui ose encore s'appliquer à sa besogne, ce cuisinier qui fait commencer son art dans l'excellence des denrées, pour l'achever dans la succulence des plats, ce libraire qui ne s'interdit pas de glisser un regard curieux dans les vieux livres qu'il vend, ces deux lettrés qui se promènent à l'automne sur le mail, en foulant des feuilles mortes précieuses et vaines comme les sages pensées qu'ils échangent, participent encore d'un autre monde, même à leur insu : il y a parmi eu des aristocrates obscurs, et jusqu'à des princes cachés» (p. 98).
(4) La simplicité des moyens dont use Bonnard, parfois abuse il est vrai, est confondante, puisqu'il se contente d'insuffler à ses phrases un balancement binaire, dont l'effet de contraste est souvent réussi tel que : «Il ne peut nous éloigner de lui par ce qu'il affecte, qu'il ne nous ramène à lui par ce qu'il est» (p. 230) ou «Dès qu'il ne s'agissait plus d'être fort dans la mesure où l'on se commande, il ne resta qu'à le paraître dans la mesure où l'on s'abandonne» (p. 180).
(5) «Mais l'ampleur du spectacle ne doit pas nous tromper sur sa nature. Rien ne fait tableau comme la chute et la ruine éblouissante d'un grand fleuve, et ce grondement de discours, ces arcs-en-ciel de poèmes, ces feux des idées trempés dans les gouttelettes des mots, ce n'est pourtant que l'Homme qui tombe» (p. 240).

An Alternative History of Scottish Nationalism

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An Alternative History of Scottish Nationalism

Ex: http://empire-and-revolution.blogspot.com 
 
The remarkable rise of the Scottish National Party (SNP), which is now a liberal-left party led largely by 1968 leftists, masks the ethno-nationalist roots of the party and the broader ethno-nationalist undercurrent of the Scottish Nationalist movement as a whole. In this article, we intend to explore some of the personalties that made up this early movement, their activities and detail some of their ideas that influenced the early SNP and which would make the likes of Alex Salmond, the current leader of the SNP, cringe in embarrassment, even though they make up a substantial section of the SNP's early history and political direction.

Lewis Spence and the Mysteries of Britain

LewisSpence4.jpgThe first Scottish nationalist to contest a Westminster parliamentary seat in Scotland was the journalist, poet and folklorist Lewis Spence in January 1929. He polled 842 votes (a worthy 4.5% of the vote) in the Midlothian and Peebles Northern constituency which was won by Labour in a three-cornered fight with Spence and the Conservatives. Spence's Scottish National Movement had combined in 1928 with other Scottish Home Rule organisations, including the Gaelic revivalist Ruariridh Erskine's Scots National League, to form the National Party of Scotland (NPS). Later in 1934, the NPS amalgamated with the more conservative Scottish Party to form the modern-day Scottish National Party which exists today under the capable leadership of Alex Salmond.

mystBrBO1,204,203,200_.jpgAn idea of what animated Lewis Spence's political thought can be extracted from his 1905 book The Mysteries of Britain: Secret Rites and Traditions of Ancient Britain (reprinted in 1994 by Senate). The book is dripping with erudition and politically incorrect racial and ethnic analysis relating to the origins of the pre-Christian native religion of the ancient British Isles and the indigenous people of those islands who practised it. Spence concludes: "In no individual born in these islands does there not flow the blood of the Druid priests and seers, and I confidently rely on British mystics, whatever their particular predilections, to unite in this greatest of all possible quests, the restoration of our native Secret Tradition," arguing that "we Britons are much too prone to look for excellence outside of the boundaries of our own island" and "that we should so weakly rely on alien systems of thought while it is possible for us to re-establish our own is surely miserable."

He called for the "restoration of the entire fabric of British native mysticism" concluding "the missing stones of that fabric lie directly beneath our feet in the soil of our own island, and it depends entirely upon our patriotism and our vigilance whether they shall be recovered and once more fill the gaps and seams in the ancient edifice of British arcane wisdom."

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Wendy Wood
In contrast to the electoral approach of the NPS/SNP, which had mixed results, a group of militant ethno-nationalists led by the English-born Wendy Wood, a founder member of the NPS, via Lewis Spence's Scottish National Movement, decided that a non-party approach would be more effective and left the infant SNP to engage in more direct militant action. This involved rowdy protests and demonstrations against all forms of Unionism as well as speaking and propaganda tours across Scotland advocating a Scottish cultural revival and political independence. In the 1930s, she founded the youth group, Scottish Watch, which later became, in 1949, the Scottish Patriots, which existed until her death in 1981 boasting a few thousand members to rival the SNP in popularity amongst Scottish ethno-nationalists.

Wood is also cited in the Preface to Spence's Mysteries of Britain book where he states: "I cannot close without expressing my sincere thanks to Miss Wendy Wood for the eight excellent drawings which she has made for this book. Deeply imbued with the Keltic spirit and versed in the details of Keltic antiquity, she has infused them with the richness of Keltic imagination and mysticism."

Scottish cultural and social nationalism

The leader of the Scots National League, Ruairidh Erskine, despite his aristocratic lineage, had close links to important Scottish socialist figures, such as John Maclean, the influential Scottish Marxist and a left-wing nationalist. However, despite his support for land reform and other socialist measures, Erskine was regarded as a reactionary figure by many on the burgeoning socialist left in Scotland because of his deep commitment and support for a Scottish Gaelic cultural revival, including everyday use and development of the language. Erskine was also close friends with another Gaelic revivalist, the journalist, William Gillies, another nationalist with close links to the socialist left, but who, like Erskine, was more interested in the revival of the Gaelic language and who campaigned to make Gaelic the national language of Scotland in order to counteract the increasing hegemony of the English language and English-speakers amongst the Scottish people, particularly the working classes in Scotland's towns and cities.

Gillies also advocated close links to Irish nationalists and was involved in the establishment of a volunteer force called Fianna na h-Alba that was ready to use armed force to win Scottish independence. However, following advice by the legendary Irish nationalist leader, Michael Collins, the plan was abandoned after he argued in a letter that the militant Scottish nationalists "do not appreciate the particular difficulties they are up against," particularly with regards the lack of significant public support in Scotland for such action and the relative strength of the British state north of the border compared to the situation in Ireland.
 
Scottish Fascism
 
macdia5_9279902163.jpgAnother significant pre-war figure in politically incorrect Scottish nationalism was the celebrated Scottish poet, Hugh MacDiarmid (born Christopher Murray Grieve) a founder member of the National Party of Scotland, who in 1923, a year after Mussolini's rise to power in Italy, wrote two articles calling for a Scottish Fascism which would engineer as part of its programme a Scottish national revival and radical social justice across the country. MacDiarmid also set up a Scottish Fascist combat organisation called Clann Albainn which existed as an underground movement for many years, even after its founder finally embraced communism. Later, he would be expelled from the SNP because of his communist views. Upon joining the Communist Party, MacDiarmid, rather ironically, would eventually be expelled for his nationalist views!

Like many European nationalists, including the Flemish, Breton and Ukrainian nationalists, along with nationalists closer to home in Wales and Ireland, MacDiarmid saw opportunities for Scottish nationalism in the advance of Nazi Germany and the possible unravelling of the British state following a German invasion of England.

In 1941, he wrote to a friend: "On balance I regard the Axis powers, tho' more violently evil for the time being, less dangerous than our own government in the long run and indistinguishable in purpose." A year earlier he had written: "If the Germans win they could not hold their gains for long, but if the French and British win it will be infinitely more difficult to get rid of them" and, as a result, he hoped for a quick Nazi victory in order to advance the Scottish nationalist cause.

Towards the end of his life, MacDiarmid became the President of the 1320 Club (the year of the Declaration of Abroath which reaffirmed Scotland's determination to remain independent of England at the time) which was the ultra-nationalist forerunner to the ethno-nationalist Siol nan Gaidheal 'ginger group' which rose to prominance in the seventies and eighties.

"Scotland's Quisling"

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Arthur Donaldson
Arthur Donaldson, a future leader of the SNP between 1960 and 1969, just like MacDiarmid, hoped that an early Nazi victory over the British government would advance the Scottish nationalist cause. Along with a number of other leading Scottish nationalists, he was arrested in May 1941 because of his support of the Scottish Neutrality League and the suspicions of MI5 that some Scottish nationalists intended to set up a breakaway Scottish government in the event of a Nazi invasion of Britain and that Donaldson, according to MI5, was a potential leadar of this government and "Scotland's Quisling" in the making! Donaldson and his compatriots were arrested and held without charge under Defence Regulation 18B by the British state. He was held for six weeks, but was eventually released as the British authorities decided not to reveal the identity of the MI5 agent who had infiltrated them.

The report by the MI5 agent that prompted their arrest was later released after Donaldson's death and it included a conversation with Donaldson which prompted MI5's belief that he was a National Socialist sympathiser and a potential pro-German collaborator.

The report read:
"During a long conversation, Donaldson gave great praise to Germany saying that England would be completely crushed by the early Spring; the Government would leave the country and that England's position would be absolutely hopeless, as poverty and famine would be their only reward for declaring war on Germany. Scotland on the other hand had great possibilities. We must, he declared, be able to show the German Government that we are organised and that we have a clear cut policy for the betterment of Scotland; that we have tried our best to persuade the English Government that we want Scottish independence and that we are not in with them in this war. If we can do that you can be sure that Germany will give us every possible assistance in our early struggle. The time is not yet ripe for us to start a visible campaign against England, but when fire and confusion is at its height in England, we can start in earnest. He then went on to tell them he had an idea in his mind for fixing up a wireless transmitting set in a thickly populated district in Glasgow or Edinburgh, in order to give broadcasts to the public. At the moment he is working very hard in an endeavour to combine all the Nationalists together as a unit, whereby they can strike out with great force when the time comes."
After the war, during his leadership of the SNP, the party began to organise more professionally under his guidance and poll more credibly at elections which, as a result, culminated in the famous Hamilton by-election victory for the SNP in 1967. However, in 1969, Donaldson was replaced as leader of the party after a leadership challenge by the social democrat, Billy Wolfe, who helped pave the way for Alex Salmond's ascendancy in the party today.

Seed of the Gaels

Post-war, the flame of Scottish ethnic nationalism was mainly kept alive by Siol nan Gaidheal (SnG), which means in Scottish Gaelic - the Offspring or Seed of the Gaels!

 

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Siol nan Gaidheal - kicked out of the SNP at the same time as Alex Salmond.
 
This Scottish ethno-nationalist group was established in 1978 and paraded in blackshirts and kilts at Scottish Nationalist demonstrations and protests organised by the SNP and other groups. In 1982, SnG was proscribed from the SNP, along with the socialist 79 Group, which included Alex Salmond in its ranks though his expulsion was later overturned by the leadership. SnG went into a rapid decline after that setback but has subsequently been revived a number of times, most notably by Jackie Stokes, a militant ultra-nationalist, in the late eighties.

In the 1980s, SnG produced a magazine called Firinn Albannach (Truth of Scotland) which was described as being "anti-communist, neo-fascist and sometimes violent in tone" in a survey of British and Irish political groups conducted by liberal academics from Manchester University.

Free Scotland

The Free Scotland Party, led by Brian Nugent, broke away from the SNP in 2004 over disagreements about the European Union (EU) and Scotland's future membership once independent. The party stood for an independent Scotland, independent of both the British state and the EU superstate, with Norway, an independent non-EU country, identified as a model for a future independent Scotland. The party contested a number of elections in 2005 and 2007 with Jim Fairlie, a former Deputy Leader of the SNP, standing as one of the candidates, but none were successful.

A Scottish Future for Scottish Nationalists

Despite the current stranglehold on the party by 1968 leftists, the SNP is steeped in an ethno-nationalist tradition with roots that go back to its very origins and formation before the Second World War. Genuine Scottish nationalists now need to consider their position in Scottish politics. They must, in our opinion, unite and rally around a Scottish First-type organisation that can provide direction and meaning following independence which now seems highly possible, even if the NO campaign is temporarily able to halt the trend towards independence. It is obvious that the Tory/UKIP/BNP unionist position, bolstered by the religious sectarian cranks of the Orange Order, is no longer an option for serious ethno-nationalist activists and campaigners. The same logic also applies to the Scottish sovereignists of Free Scotland who should also be approached for their views on a possible realignment and amalgamation. In the meantime, we wish Scotland and its people well in their journey towards self-determination and freedom.


Originally published at Civil Liberty

dimanche, 04 septembre 2016

Philippe Baillet, L'autre tiers-mondisme; des origines à l'islamisme radical

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Chronique de livre :

Philippe Baillet, L'autre tiers-mondisme; des origines à l'islamisme radical

Fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-révolutionnaires entre «défense de la race» et «solidarité anti-impérialiste»

(Akribéia, 2016)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

lautre-tiers-monde-1.pngQu'est-ce que l'autre tiers-mondisme ? Un tiers-mondisme différent de celui que l'on connaît, c'est à dire « classique, progressiste, qu'il soit chrétien, humanitaire et pacifiste, communiste orthodoxe, trotskiste ou encore d'ultragauche » ? Effectivement. L'autre tiers-mondisme est l'expression par laquelle Philippe Baillet désigne tous ceux que l'on pourrait considérer comme tenants d'un « tiers-mondisme de droite » ou plutôt d'extrême-droite (même quand ceux-ci viennent ou sont d'extrême-gauche, à l'image d'un Soral).

L'autre tiers-mondisme est une sensibilité politique qui a, évidemment, évolué avec le temps mais qui s'appuie, dans son acceptation générale, sur certaines idées-clés. Le développement d'une Troisième Voie européenne hostile au communisme et à la démocratie parlementaire en est la base. En découlent logiquement le non-alignement sur les deux blocs (avant la chute de l'URSS) et l' « anti-impérialisme ». Sans surprise, l'incarnation de cette idée se fit donc, chez certains courants ou auteurs, à travers le fascisme ou le national-socialisme... Par ailleurs, « l'autre tiers-mondisme n'est jamais, même quand il s'enveloppe d'une sympathie sincère pour les cultures non occidentales, un internationalisme ». En effet, il « entend s'adresser à des peuples opprimés en respectant les spécificités de chacun ».

Bien antérieur à la conférence de Bandoeng (1955) ou à l'apparition du terme « tiers-monde » dans les dictionnaires, l'autre tiers-mondisme a toujours présenté un double visage. Le premier est politique et stratégique. Il prône l'alliance avec des forces du monde non occidental afin de lutter contre l' « impérialisme ». Il n'implique pas forcément d'attirance particulière pour les peuples du tiers-monde (un cas emblématique: Jean Thiriart) à la différence du second qui est avant tout idéaliste et métapolitique. Ici, l'on a beaucoup plus affaire à des personnalités pouvant être subjuguées par des aspects culturels ou spirituels non-européens, en particulier l'islam. On y trouve ainsi des convertis qui sont des figures de première importance de l'autre tiers-mondisme : Johann von Leers ou Claudio Mutti. Les idées dont l'ouvrage traite se retrouvent avant tout chez les « nationaux-révolutionnaires » mais pas seulement car elles sont le fruit d'une « mouvance, bien plus qu(e d') un phénomène très structuré ».

Sur ce sujet complexe mais ô combien instructif de l'histoire des idées, Philippe Baillet, connu pour être le traducteur français de nombres d'œuvres de Julius d'Evola et, plus récemment, l'auteur d'ouvrages remarqués (voyez ma chronique de son précédent livre : Le parti de la vie), a mené avec la rigueur qu'on lui connaît une étude en profondeur des acteurs, courants, réseaux et mouvements pouvant être rattachés à l'autre tiers-mondisme au sein de la droite radicale européen où celui-ci « a fait son chemin lentement mais sûrement ». Après avoir été longtemps minoritaire, il est devenu, de nos jours, un pan important des idées professées dans (ou autour de) nos mouvances. L'autre tiers-mondisme ne se limite cependant pas à cet aspect et se veut un livre militant qui, à partir de l'analyse des idées de l'autre tiers-mondisme, entend démontrer à quel point elles sont nocives dans le cadre du combat que nous, les nationalistes européens, menons. Le lecteur sera peut-être étonné par la longueur de cette chronique. Il y a deux raisons à cela : la grande richesse du livre que je ne fais ici qu'effleurer et l'importance de cette parution que j'estime fondamentale pour notre courant de pensée.

Un siècle d'autre tiers-mondisme

Baillet estime qu'on retrouve les premières traces de l'autre tiers-mondisme en Europe à Fiume, au lendemain de la Grande Guerre. Se voulant « l'épicentre de la révolution mondiale des peuples opprimés », y est créée La Ligue de Fiume qui dénonce le « trust mondial des Etats riches » qu'est la SDN. Assez peu présente au sein de l'Italie fasciste, c'est dans l'Allemagne des années vingt et trente que la tendance va poursuivre son chemin. On l'observe avant tout au sein de l'aile gauche du NSDAP et chez les nationaux-révolutionnaires (NR) qui en sont, souvent, proches. Deux personnages sont ici à mentionner : Johann von Leers et Friedrich Hielscher. Le premier se rallie au régime national-socialiste et y fera carrière « tout en conservant certaines caractéristiques typiques de l'aile gauche de la NSDAP » tandis que le second y est hostile et en viendra même à le combattre, ayant probablement mal supporté (comme beaucoup de ses camarades NR) de ne pas avoir réussi à faire plus de place à ses idées dans la nouvelle Allemagne... Il faut dire qu'Hielscher, qui avait publié en 1927 un appel aux peuples opprimés d'Asie et du monde arabe -vus comme alliés naturels du peuple allemand face au rationalisme et au culte de l'argent occidentaux- avait sans doute une différence d'appréciation dans la politique à mener envers les peuples non-européens par rapport à la doctrine nationale-socialiste. Si Hitler ou Rosenberg pouvaient, comme on le sait, professer des sentiments bienveillants envers telle culture étrangère ou tel peuple non-européen, la « défense de la race » étaient, pour eux, primordiale et passait bien avant toute considération « anti-impérialiste ». Ne lisait-on pas dans Mein Kampf l'affirmation suivante :

« En raciste qui se base sur la race pour estimer la valeur du matériel humain, je n'ai pas le droit de lier le sort de mon peuple à celui des soi-disant « nations opprimées » connaissant déjà leur infériorité raciale »

dalv2.jpgRosenberg, quant à lui, « pressent(ait) qu'un jour le flot montant des peuples de couleur pourrait trouver une direction nette et une forme d'unité grâce à l'islam ». La citation suivant, relevée une fois encore par l'auteur, provient du Mythe du Xxe siècle:

« Face à cette haine des races bâtardes de couleur, conduites par l'esprit fanatique de Mahomet, qui s'allieront peut-être un jour, les races blanches ont plus que jamais toutes les raisons de prendre garde. » Prophétique comme dit Baillet !

Après 1945 et durant deux décennies, l'autre tiers-mondisme entre dans « le temps des réseaux ». Toujours ultra-minoritaire, cette tendance est portée par plusieurs personnages de la droite radicale européenne sur lesquels Philippe Baillet revient plus ou moins longuement : Johann von Leers à qui il consacre un long chapitre, François Genoud, aventurier et éditeur suisse haut en couleur, Maurice Bardèche et d'autres. A partir d'un examen détaillé de leurs écrits, l'auteur estime qu'ils faisaient « leur révolution par procuration à travers Nasser, le FLN algérien et un islam largement fantasmé » (il parle pour Bardèche d' « islam de salon fabriqué à Paris ») ; à l'instar de la gauche française qui, après 1968, a projeté « toutes ses attentes sur le Nouveau Monde latin » (de Guevara et Castro à Chavez). La critique de Baillet va plus loin : les personnages mentionnés oublient la dimension raciale du « fascisme du phénomène européen » et voient du fascisme là où il n'y en a pas (car le fascisme est européen martèle-t-il). Ils auront toutefois de nombreux continuateurs...

Dans les années 1960, l'autre tiers-mondisme, dans sa version politique et laïque, va prendre un réel essor et se structurer théoriquement parlant par l'action du belge Jean Thiriart. Pionnier dans ce domaine, il va développer grâce à ses écrits (dont les journaux « Jeune Europe » puis « La Nation Européenne ») et au mouvement politique « Jeune Europe » l'idée d'une Europe puissance, unitaire et communautaire. S'il prône l' « anti-impérialisme » et l'alliance des militants NR européens avec ceux du tiers-monde, sa vision reste strictement eurocentrique : « il fut très certainement celui qui alla le plus loin dans l'affirmation d'un autre tiers-mondisme politique, mais il fut aussi celui qui se montra le plus incurieux et le plus méprisant envers les peuples et cultures du tiers-monde ».

Thiriart et son mouvement eurent une influence non négligeables sur bien des militants (Christian Bouchet ou Claudio Mutti pour les plus réputés) et on retrouva cette postérité chez des organisations telles que 3ème Voie ou Nouvelle Résistance. En Italie, cette postérité fut un peu plus importante, favorisée par Claudio Mutti qui avait été l'un des principaux cadres de Jeune Europe dans ce pays ; citons par exemple le cas du quotidien « de gauche nationale » Rinascita (qui paraît toujours aujourd'hui). Quoi qu'il en soit, la haine des Etats-Unis (désignés comme « l'ennemi principal ») de Thiriart et ses thèses auront été une étape très importante du logiciel intellectuel et militant d'une certaine partie de la droite radicale européenne qui va désormais se désigner comme nationale-révolutionnaire (en Italie, ce terme s'appliquera justement à ceux ne se reconnaissant pas dans le MSI). Par ailleurs, il faut souligner que l'anti-américanisme de Thiriart était plutôt sommaire ; il sera par la suite fortement approfondi, en particulier au sein de la Nouvelle Droite...

Les idées relevant de l'autre tiers-mondisme se retrouveront également dans le « traditionnalisme-révolutionnaire », sorte de synthèse d'idées d'Evola, de Thiriart et de la gauche fasciste dont le principal organe en France fut la revue « Totalité » (publiée chez Pardès) à partir de 1977. Le soutien à des formes d'islamisme radical y est clair dans plusieurs numéros (auxquels Baillet a lui-même contribué, ayant eu des optiques quelque peu différentes à cette époque)... N'oublions pas l'impact qu'eût alors la révolution iranienne sur les milieux NR! L'attrait envers l'islam devint prépondérant chez certains des acteurs de ce courant, en particulier Claudio Mutti qui « illustre à la perfection les ravages que peut exercer la passion antijuive, y compris chez les plus cultivés et les plus intelligents ». Mutti s'est ainsi converti à l'islam et a abandonné toute forme de racialisme pour se rallier à une vision du monde universaliste (y voyant même une continuité avec le combat national-socialiste!)... Les militants d'aujourd'hui auront bien du mal à le comprendre mais l'islam, il y a trois ou quatre décennies, paraissait à certains un allié de choix. Baillet cite ainsi Alain de Benoist qui écrivait dans Eléments en 1985 que : « Le réveil de l'islam n'est pas à nos yeux une menace mais bien plutôt un espoir. » La passion anti-américaine a fait elle aussi des ravages...

L'auteur du Parti de la Vie examine également l'influence qu'a eu (et a encore) René Guénon. Souvent bien vu dans une partie de nos mouvances, ce converti, qui demanda même la nationalité égyptienne, n'en reste pas moins un auteur méprisant « l'Occident » (donc l'Europe) et idéalisant l'Orient. Aucun racialisme chez lui dont « bon nombre de vues (…) doivent être combattues sans modération ». Ayant contribué à l'entretien d'un climat islamophile en France et ailleurs, Guénon a eu beaucoup de continuateurs plus ou moins directs jusqu'à aujourd'hui. Baillet explore cet aspect culturel de l'autre tiers-mondisme en soulignant à quel point le « parti islamophile » en Europe est dangereux et difficile à combattre à cause de son « caractère polymorphe ». Ayant des ramifications partout (de la politique aux médiats en passant par l'administration et le monde universitaire), le « parti islamophile » voit l'immigration de peuplement comme inévitable et considère que l'implantation de l'islam est positive (quelles qu'en soient les modalités). L'islam a fasciné voire conquis plusieurs tenants de l'autre tiers-mondisme mais souvent pour de mauvaises raisons. Baillet, bon connaisseur de cette religion, revient sur ces errements dans un petit chapitre passionnant : il démonte l'idée de l'islam comme vecteur de virilité (argument souvent cité) et démontre que le double discours, le « mensonge par omission », la « tromperie active » sont des armes qui peuvent être couramment employées par les musulmans en accord avec leurs préceptes religieux et leur objectif de conquête...

dalv.jpgCes dernières années, bien des positions islamophiles liées à tort ou à raison à la droite radicale sont devenues monnaie courante dans ce que Philippe Baillet appelle le « philo-islamisme radical ». Celui-ci est généralement lié à un « sous-marxisme rustique typiquement tiers-mondiste » ou est « emprunt de complotisme à la faveur du développement exponentiel de la « foire aux Illuminés » ». Bien différent du « fascisme comme phénomène européen », ses traits principaux sont : une indifférence plus ou moins marquée envers la « défense de la race blanche », une « véritable passion antijuive » et anti-américaine, une grande hostilité à la finance et au capitalisme, une sympathie pour toutes les causes « anti-impérialistes » et pour l'islam comme religion ou civilisation (l'Islam dans ce cas). Que nous partagions certaines idées de ce courant ne nous en rend pas forcément proche, et je rejoins en cela l'auteur. Celui-ci souligne la diversion effectuée par cette sensibilité chez un grand nombre de personnes qui oublient par ce biais «la priorité absolue» en ce « moment capital de l'histoire de la civilisation européenne »: la perpétuation des peuples européens (de leur partie saine tout du moins). De Roger Garaudy, « illuminé christo-islamo-marxiste » à Carlos et son internationalisme en passant par le chantre de la réconciliation Alain Soral qui « s'inscrit parfaitement (…) dans la vieille tradition des chefaillons et Führer d'opérette chers à la droite radicale française », nombre de figures chères à la frange la plus islamophile de nos mouvances sont ici égratignées par Baillet qui n'a pas son pareil pour souligner leurs contradictions (quand Soral se prétend "national-socialiste français" par exemple)... ou rappeler à notre bon souvenir certaines énormités ou actes pas reluisants. Il souligne ainsi les tentatives d' « islamisation » de la « mouvance nationale » en prenant le cas d'une association telle que celle des « Fils de France » qui se veut un « rassemblement de musulmans français patriotes » et qui a reçu, entre autre, le soutien d'Alain de Benoist. Le philo-islamisme de ce dernier se manifeste depuis bien longtemps. Baillet rapporte d'ailleurs plusieurs citations de celui qu'il qualifie de « toutologue » à ce sujet! Plus ou moins récentes, elles permettent de mieux comprendre le personnage (voir plus haut)... Autant dire qu'on ne peut qu'aller dans le sens de Baillet lorsqu'il argue de l'étendue et de la diversité du « parti islamophile » en France. « Ce n'est pas du tout rassurant », en effet ! Le « parti islamophile » est bien enraciné et doit être combattu « sans faiblesse » partout où il se trouve. Un peu d'espoir cependant :

« Aujourd'hui, on peut penser que « l'autre tiers-mondisme » est voué à connaître, dans les milieux de la droite radicale européenne, un certain reflux, à cause des craintes légitimes engendrées par l'immigration de peuplement, l'installation durable de l'islam dans le paysage ouest-européen, le développement de l'islamisme radical, les crimes du terrorisme islamiste. »

Les Européens et leur survie

La dernière partie de l'autre tiers-mondisme a une dimension beaucoup plus militante. C'est un véritable appel à la résistance face à l'islamisation de notre continent et à son invasion. D'où la nécessité d'avoir étudié les différentes formes de l'autre tiers-mondisme et du « parti islamophile ». Philippe Baillet considère en effet que « la crainte ou la peur de l'islam (…) est parfaitement justifiée » mais le combat contre cette religion doit, avant tout, être mené dans une perspective identitaire, en démontrant toujours plus que l'islam est « incompatible avec l'héritage spirituel et culturel européen ». Il examine (et critique le cas échéant) pour cela les écrits de Guillaume Faye et de Renaud Camus, deux auteurs connus pour leur lutte contre l'immigration-invasion et le « grand remplacement ». Regrettant le rejet par le FN de ce dernier thème et donc le renoncement de fait à celui de la remigration, Baillet estime que ce parti ne peut parvenir au pouvoir légalement étant donné la part grandissante du poids représenté par le vote musulman en France (on peut illustrer la justesse de ce propos avec le cas récent de Londres ou celui, plus ancien, d'Anvers). Qu'a-t-on à attendre de la République française de toute façon ? Elle « n'est que l'affreux miroir grimaçant de la décadence ininterrompue et toujours aggravée du pays. » De plus :

« C'est une illusion de croire que l'on pourra sauver la France de l'islamisation en défendant un régime qui, depuis plus de deux siècles, a tout fait pour détruire chez les Français jusqu'aux dernières traces de conscience raciale. »

sonder3.jpg

Face à l'uniformisation, à « l'effacement de toute humanité différenciée » et à « l'avènement définitif du métis planétaire », de « l'homme remplaçable, interchangeable, substituable à merci », qui sont en somme les « visées profondes du mondialisme », Baillet propose quelques pistes doctrinales, en premier lieu, il loue le « rôle socialement protecteur du préjugé » (thème qu'il explicite plus avant à partir des écrits des conservateurs anglo-américains, Burke en priorité) qui est l'un des « mécanismes de défense immunitaire collective », surtout en ce qui concerne la race. Sa défense est notre combat premier et même si le fait racial « fait de la résistance » par lui-même, le racialisme « ennemi absolu des mondialistes » doit être notre horizon.

« En effet, parce qu'il est radicalement anti-universaliste, le racialisme est seul à même d'assurer dans l'avenir le maintien de la diversité des races, des cultures et des peuples contre le rouleau compresseur de l'uniformisation. »

En France (mais le constat est le même dans le reste de l'Europe de l'Ouest), l'Etat est « illégitime, tyrannique et criminel », il étend en parallèle son emprise totale sur la vie des citoyens en usant en particulier de l'ingénierie sociale (l'auteur mentionne le très bon ouvrage Gouverner par le chaos), nous devons, en conséquence, absolument résister. En effet, « contre un pouvoir qui n'a plus pour lui que la légalité, l'insurrection s'impose », d'autant que « le pouvoir mondialiste ne renoncera à aucun de ses objectifs mortifères. » Il y met toute sa hargne comme sa propagande incessante et sa répression le démontrent. « La sous-humanité du petit bonheur » qu'il propose est un leurre mais les Européens fatigués, lassés « de vivre et de combattre » sauront-ils retrouver un mythe mobilisateur ? Je vous laisse découvrir l'avis de Baillet sur la question... Il ne vous laissera pas indifférent.

Conclusion

Ouvrage dont la double dimension -histoire des idées et optique militante- m'a fortement plu, je ne saurais trop conseiller la lecture attentive de l'autre tiers-mondisme. Ce livre éclaire, démythifie et dénonce bien des idées reçues (par exemple, le manque complet de reconnaissance que les musulmans ayant travaillé avec des membres de la droite radicale ont toujours professé à l'égard de ces derniers...). Il se fait fort de rappeler les fondements essentiels de notre combat et montre que bien des errements sont à corriger dans la "mouvance" (dans certaines de ses sensibilités tout du moins). Comment certains peuvent-ils encore vouloir frayer avec un islam qu'ils fantasment et qui est complètement contraire à ce que nous sommes? « Le Coran est parfaitement indifférent à la dimension raciale » rappelle Baillet. Certains n'avaient peut-être pas encore compris...

J'imagine que l'autre tiers-mondisme fera réagir, ce qui est normal, mais il serait bien malhonnête de mettre en doute le travail de Philippe Baillet qui a épluché une variété de sources immense et n'omet jamais de citer ses références. Pas comme d'autres...

Rüdiger / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

mardi, 30 août 2016

Hans Zehrer: een man van de wereld en de daad

Dirk Rochtus

Ex: http://www.doorbraak.be

Een man van de wereld en de daad

Hans Zehrer, drijvende journalistieke kracht achter ‘Die Tat’ en ‘Die Welt’, overleed 50 jaar geleden

HZ4.jpgHad Zehrer de Machtergreifung van Hitler kunnen verhinderen? Misschien niet met de pen, maar wel met de wapens van een regerende generaal?

Een tijdschrift dat de gemoederen in het Duitsland van vlak voor Hitler bewoog, was 'Die Tat' (De daad), het rechts-georiënteerde maandblad dat geleid werd door de strijdbare conservatief Hans Zehrer (1899-1966). Opgericht in 1909, en van 1912 tot 1928 nog geleid door de bekende uitgever Eugen Diederichs, kende het blad voor 'de toekomst van de Duitse cultuur' met zijn oplage van duizend exemplaren een sluimerend bestaan. Tot Diederichs op de lumineuze idee kwam de leiding van 'Die Tat' in 1929 over te dragen aan een journalist die zijn strepen als redacteur had verdiend bij de invloedrijke 'Vossische Zeitung'. De eerste twee jaren verschool Hans Zehrer zich om professionele redenen nog achter schuilnamen, maar daarna wijdde hij al zijn energie aan de uitbouw van wat het meest invloedrijke tijdschrift ter rechterzijde zou worden in de Republiek van Weimar (1919-'33). Zehrer wist met de verhoging van de oplage van 1000 tot 30.000 de talloze rechtse publicaties in de schaduw te stellen en zelfs de meest geduchte linkse concurrent 'Die Weltbühne' met meer dan de helft te overtreffen. Samen met een kring van uitgelezen publicisten als Ernst Wilhelm Eschmann, Giselher Wirsing, Ferdinand Friedrich Zimmermann, Hellmuth Elbrechter en Ferdinand Fried vormde Zehrer de 'Tat-Kreis', de redactiegemeenschap van het maandblad.

Fascisme

De Weimarrepubliek ging na de beurskrach van Wall Street in oktober 1929 moeilijke jaren tegemoet. De werkloosheid snelde de hoogte in, veel jonge mensen zagen ondanks hun kwalificaties geen toekomst meer in Duitsland. De lokroep van extremistische partijen weerklonk steeds luider. Communisten (KPD) en nationaalsocialisten (NSDAP) beukten onvermoeibaar in op de economisch en politiek verzwakkende republiek. De klassieke partijen spanden zich nauwelijks in om haar te verdedigen. Weimar was als een 'democratie zonder democraten'. Zehrer wilde het zijne ertoe bijdragen om het oude, verstarde liberaal-democratische systeem ten val te brengen zodat er een nieuwe ordening zou kunnen ontstaan. In dat opzicht behoorde hij tot de zogenaamde 'Konservative Revolution' waarover Armin Mohler een standaardwerk heeft geschreven[i]. Want hij wilde wel een revolutie, maar niet in de marxistische zin van het woord. Een revolutie die een ware 'Volksgemeinschaft' tot leven zou wekken. Het parlementarisme en de daaraan gekoppelde tegenstelling links-rechts beschouwde Zehrer als achterhaald. Het volk zou niet langer vertegenwoordigd mogen worden door partijen maar door standen. De standenstaat zou moeten berusten op de volkswil, waarbij het volk geleid werd door een elite met een rijkspresident die 'auctoritas' bezat. Leger, politie en ambtenarij zouden de 'potestas' uitoefenen. Het nationalisme zoals dat van de 'Action française' en het syndicalisme van een Georges Sorel moesten met elkaar verzoend worden. Alleen de synthese van die beide stromingen kon het opnemen tegen het liberale, kapitalistische systeem. Zehrer schreef daarover in 'Die Tat'[ii] (Vertaling in eindnoot[iii]):

"Im Faschismus Mussolinis laufen die Elemente, die in Frankreich noch nebeneinander herlaufen, sich nur berühren, aber wenig verschmelzen und im übrigen erfolglos bleiben, zusammen. Während in Frankreich zwischen den antiliberalen Kräften rechts und links nur einige Funken sprühen, schließt sich im Faschismus der Stromkreis zum erstenmal in der Praxis, 'rechts' und 'links' tun sich in einer neuen militanten Bewegung zusammen und beseitigen gemeinsam das liberale System. Nationalismus und Syndikalismus marschieren gemeinsam gegen den gemeinsamen Gegner."

HZ2.jpgGeestelijke waarden

'Die Tat' kwam tegemoet aan het verlangen van een hele generatie jongeren naar nieuwe horizonten, naar alternatieven voor een weinig bezielende democratie die zich in de greep van het 'Kapitaal' en de 'Massa' bevond . De journalist Paul Sethe riep in een aan Zehrer gewijde 'Nachruf' (Die Zeit, 02.09.1966) een beeld op dat kenschetsend was voor die jonge zoekende lezers: 'Damals traf man in der Eisenbahn oft auf junge Leute, die "Die Tat" lasen; fast immer Leute mit klugen und nachdenklichen Gesichtern' (Toentertijd trof je in de trein vaak jonge lui aan die de "Tat" aan het lezen waren; haast altijd mensen met een verstandige en piekerende gezichtsuitdrukking). Veel van die jonge mensen kwamen uit de middenklasse, uit die groep die 'in de strijd tussen het kapitalistische en het massadenken bereid is, geestelijke waarden te laten primeren op andere waarden', zoals het heette in het door Zehrer opgestelde programma voor 'Die Tat'. Vele ideeën van de conservatief-revolutionairen vertoonden verwantschap met die van het nationaalsocialisme. Adolf Hitler wist miljoenen mensen naar zich toe wist te trekken door in te spelen op oude 'Sehnsüchte' (verlangens) naar een 'warme gemeenschap' als alternatief voor de 'koude maatschappij', naar een heropleving van de onder het Verdrag van Versailles kreunende natie, en naar een 'Messias', een 'bevrijder van het Duitse volk'.

Hitler verhinderen

Als intellectueel minachtte Zehrer de NSDAP omwille van haar proletarisch karakter, en hoewel hij gehuwd was met een joodse vrouw, gaf hij toch de nazipartij zijn stem omdat hij in haar een middel zag om de Weimarrepubliek onderuit te halen. Maar zijn argwaan tegenover Hitler groeide naarmate hij begon in te zien dat de 'Führer' van de NSDAP meer de nationalistische kaart trok dan de socialistische. Zehrer zocht contact met generaal Kurt von Schleicher die van 3 december 1932 tot 28 januari 1933 het ambt van rijkskanselier bekleedde. Schleicher wilde de republiek redden en daartoe moest hij eerst Hitler zien klein te krijgen. Zehrer steunde en adviseerde hem daarbij. De 'rode generaal' streefde ernaar de linkervleugel van de NSDAP onder Gregor Strasser af te doen scheuren van de partij, en dan samen met de 'linkse nationaalsocialisten', de vakbonden en de sociaaldemocraten het land te besturen. Toen Strasser uit de NSDAP stapte maar amper gevolgd werd, was het plan van de 'Spaltung' (opsplitsing) mislukt. Zehrer zag nog maar één kans om Hitler te verhinderen, van de macht af te houden. Op 24 januari 1933 adviseerde hij Schleicher het parlement te ontbinden zonder nieuwe verkiezingen in het vooruitzicht te stellen. Rijkspresident Paul von Hindenburg wees dit voorstel af. Enkel een staatsgreep – regeren met behulp van de 'Reichswehr' – bleef nog als optie over. Maar de generaal kreeg het niet over zijn hart om al die drastische maatregelen te nemen en een militaire dictatuur te installeren. Volgens Zehrer belichaamde Schleicher het type 'des musischen Militärs', en daaraan zou hij ten gronde gegaan zijn. Zes dagen later werd Hitler door rijkspresident Hindenburg benoemd tot rijkskanselier. Anderhalf jaar later zou de 'Führer und Reichskanzler' Strasser en Schleicher, naast vele andere rivalen, laten vermoorden in de 'Nacht van de Lange Messen'.

Vizier

HZ3.jpg'Die Tat' mocht dan wel met haar strijd tegen Weimar, tegen Versailles, tegen het parlementarisme en voor een elitair bestuurde natiestaat en een 'Duits socialisme' geestelijk mee het pad hebben geëffend voor de machtsovername door de nationaalsocialisten, dezen vergaten nooit wie tijdens de tocht naar de top aan hun kant had gestaan en wie niet. Enkele weken na de Machtergreifung werd Zehrer gedwongen de leiding over 'Die Tat' af te staan. Hij trok zich in de komende jaren terug op het eiland Sylt, ver weg van Berlijn, uit het vizier van de nationaalsocialisten. Zijn joodse echtgenote emigreerde in 1938 naar Groot-Brittannië. Zehrer werkte in de beginjaren van de oorlog nog als zaakvoerder van de uitgeverij Stalling en diende van 1943 tot 1945 bij de staf van de Luftwaffe. Na de oorlog werd Zehrer hoofdredacteur van 'Die Welt', de krant die door de Britse bezettingsmacht in Hamburg was opgericht. Duitse sociaaldemocraten protesteerden hiertegen omdat ze de strijd van Zehrer tegen de Weimarrepubliek niet waren vergeten. Zehrer moest opstappen en schreef tot 1953 voor andere dagbladen. Toen de bekende uitgever Axel Springer, een goede vriend, in 1953 'Die Welt' kocht, kon Zehrer weer aan de slag, en wel als hoofdredacteur bij deze krant, die nog altijd een van de vlaggenschepen van de Bondsrepubliek is.[iv]

Moskou

Zehrer was nog altijd een 'Duits nationalist' gebleven. Hij droomde van de 'Wiedervereinigung', de staatkundige hereniging van Duitsland dat in twee staten, de Bondsrepubliek en de DDR, opgedeeld was. Aan de maatstaf van wat de hereniging kon bevorderen, mat hij de politiek van de Bondsregering af. Onder Zehrer ontpopte 'Die Welt' zich dan ook – en dat in volle Koude Oorlog – tot 'das führende Oppositionsblatt' tegen de politiek van bondskanselier Konrad Adenauer die erop gericht was de Bondsrepubliek vast in het Westen te verankeren. Zo bekritiseerde hij ook het verbod van de Kommunistische Partei Deutschlands (KPD) als zogenaamde 'vijfde colonne' van Moskou[v]. Ten tijde van het geïnstitutionaliseerde anticommunisme van de Bondsrepubliek getuigde dat van moed, en zeker vanwege iemand met een verleden als conservatief revolutionair. Zehrer pleitte voor meer 'Ostorientierung' (gerichtheid op het Oosten, dus Rusland), meende zelfs de 'Wirksamkeit der nationalen Geschichte und des russischen Wesens' te ontdekken onder de bolsjewistische korst. De sleutel voor de Duitse hereniging lag volgens Axel Springer in Moskou. De krantenuitgever ondernam dan ook samen met zijn hoofdredacteur Zehrer in januari 1958 een legendarische reis naar Moskou. Beide hoopten van Nikita Chroesjtsjov, de leider van de Sovjet-Russische Communistische Partij, een signaal te vernemen dat Moskou de Duitse hereniging genegen was. Het interview dat ze met Chroesjtsjov voerden, beroofde hen van alle illusies. Springer en Zehrer kwamen van een kale kermis terug. Zehrer liet zich echter niet ontmoedigen en hield als publicist en topjournalist onvermoeibaar het geloof in de Duitse eenmaking levendig.

Geloof

In januari 1966 werd Zehrer met een leverziekte opgenomen in een West-Berlijns ziekenhuis. Op 24 mei vernamen de lezers van 'Die Welt' dat Zehrer om gezondheidsredenen ontslag had genomen als hoofdredacteur. Van op zijn ziekenbed dicteerde hij nog artikels, maar uiteindelijk sloeg de dood toe op 23 augustus 1966. De links-liberale journalist Joachim Besser drukte in een in memoriam zijn bewondering uit voor 'den glanzvollen, ideenreichen Journalisten', maar schreef ook kritisch over Zehrer als product van de 'Konservative Revolution': 'Er glaubte an das Volk und nicht an die Gesellschaft [...] er glaubte an die Gemeinschaft, und nicht an die vielschichtige, von Interessenten beherrschte Gesellschaft der Demokratie ...' [vi] (Hij geloofde aan het volk en niet aan de maatschappij [...] hij geloofde aan de gemeenschap en niet aan de veelzijdige, door belanghebbenden beheerste maatschappij van de democratie ...)

[i] Armin Mohler: Die Konservative Revolution in Deutschland 1918–1932. Ein Handbuch., Darmstadt 1989.

[ii] Hans Zehrer (1931): Rechts oder Links?, in: Die Tat, 23. Jahrgang, Heft 7, Februar 1931, p. 530.

[iii] 'In het fascisme van Mussolini lopen de elementen samen, die in Frankrijk nog naast elkaar lopen, zich slechts beroeren, maar weinig versmelten en voor het overige zonder succes blijven. Terwijl in Frankrijk tussen de antiliberale krachten rechts en links slechts enkele vonken ontspringen, sluit zich in het fascisme de stroomkring voor de eerste keer in de praktijk, „rechts' en „links" komen samen in een nieuwe militante beweging en schakelen samen het liberale systeem uit. Nationalisme en syndicalisme marscheren samen tegen de gemeenschappelijke tegenstander.'

[iv] Ebbo Demant, Von Schleicher zu Springer. Hans Zehrer als politischer Publizist, Mainz 1971.

[v] Hans Zehrer: Entlassen in den Untergrund, in: Die Welt, 18.08.1956

[vi] Joachim Besser; Glänzender und zugleich schillernder Zeitungsmann, in: Kölner Stadtanzeiger, 25.08.1966

lundi, 29 août 2016

Apologia della geopolitica tedesca

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Apologia della geopolitica tedesca

Autunno 1945: crollato il Terzo Reich, un Haushofer vecchio e stanco espone, su intimazione degli Alleati, i lineamenti della sua dottrina. Lo scritto è, insieme, un lascito e un’autodifesa, che segna la fine di un’epoca tragica. E di un’intensa avventura umana.

di Karl Haushofer (1869-1946)
Ex: http://www.limesonline.com

Alla luce di quanto emerso nei colloqui del 5 e 6 ottobre 1945.

Ad personam: Anche se non sono l’autore del termine tecnico «geopolitica», sono però con ragione considerato il principale rappresentante della sua scuola tedesca. Sin dalle prime righe di questo tentativo di resoconto oggettivo si pone all’Autore il dubbio se formularlo ricorrendo alla prima o alla terza persona. Usare la terza persona presenterebbe il vantaggio di una maggiore oggettività, ma inevitabilmente suonerebbe artificioso.

L’Autore preferisce quindi assumersi il rischio dell’immodestia e parlare di sé usando la prima persona. Un ostacolo nelle conversazioni di Norimberga può essere considerato il fatto che il gruppo degli investigatori giovani, energici e provvisti di documentazione scritta aveva di fronte un individuo cui quasi non veniva in aiuto la memoria perché logorato dall’età avanzata e dalla tensione interna. Questo documento, nella misura in cui deve valere come riassunto dell’impressione lasciatami da quel colloquio, non può avanzare alcuna pretesa di completezza.

Ad rem: La genesi della geopolitica tedesca costituisce al tempo stesso la sua apologia, poiché essa – nata nel 1919 come pubblica dottrina accademica – è figlia della necessità. Lo si nota con particolare intensità in tre questioni, in cui secondo la didattica americana vengono raggruppati i contributi conoscitivi essenziali forniti dalla geopolitica tedesca: lo spazio vitale, i confini e la contrapposizione fra geopolitica oceanica e geopolitica continentale. Infatti, una dottrina nata in momenti così drammatici per il proprio paese – per quanto il suo autore si sforzi di procedere secondo i dettami della stretta scientificità, se è non un automa scientifico, bensì un uomo in carne ed ossa capace di vive sensazioni – deve presentare i segni e le manchevolezze tanto del tempo e della situazione in cui ha preso origine, quanto del proprio tardivo ingresso nell’arena scientifica. Sarebbe disumano e impossibile pretendere che uno scienziato tedesco vissuto in quei tempi non prendesse in considerazione l’inadeguatezza della suddivisione dello spazio vitale nella Mitteleuropa di allora (come conseguenza della sua altissima industrializzazione e inurbamento) e la sua frammentazione, dovuta a confini alla lunga insostenibili e quindi ingiustificabili dal punto di vista geopolitico. (Così prese forma, tra l’altro, il mio libro Grenzen, 1927).

haushofer_raum.jpgAlla ripresa dell’insegnamento la gioventù tedesca del dopoguerra sembrava priva soprattutto della capacità di visioni grandiose (di dimensioni continentali!) e della conoscenza delle condizioni di vita di altri popoli, in particolare di quelli oceanici. Tagliata fuori dal vivificante respiro del mare e privata dei suoi rapporti ultramarini, era portatrice di una visione del mondo di ristrettezza continentale, era divenuta meschina e si perdeva in una quantità di tensioni di poco conto, come dimostrava anche la frammentazione in 36 partiti e in numerose leghe. La sua conoscenza di ampie realtà condizionate dal mare, come quelle dell’impero britannico, degli Stati Uniti d’America, del Giappone e dell’Impero olandese delle Indie Orientali, era ancora più esigua di quella che aveva del Medio e Vicino Oriente, dell’Eurasia e dell’Unione Sovietica.

Per questa ragione sembrava alla geopolitica tedesca così necessario far conoscere gli imperi oceanici e lo spazio indo-pacifico, in modo da creare un contrappeso all’accalcarsi centripeto degli anni 1919-1933: accalcarsi che infelicemente, sotto la pressione delle lotte partitiche interne, offuscò e oscurò le conoscenze sull’estero. Assolveva questo compito anche la facoltà per le Scienze dell’estero dell’Università di Berlino, con l’Istituto di geografia politica e di geopolitica (l’unico in Germania) diretto da mio figlio, il professor Albrecht Haushofer. A Monaco di Baviera non è mai esistito un Istituto di geopolitica. La mia biblioteca personale, in parte trasferita dagli incaricati degli Stati Uniti (ten. Morgenstern e Kaufmann), era una mia proprietà privata messa insieme faticosamente; infatti, dall’università non ho ricevuto alcun sussidio o stipendio, perché altrimenti avrei ricevuto un «doppio pagamento» a causa della mia pensione militare come invalido di guerra. La geopolitica tedesca, priva di ogni appoggio statale, incominciò fra grandi difficoltà a causa della sua povertà iniziale.

Nessuna persona animata da sentimenti normali, quale che sia la sua nazionalità, potrà mettere in dubbio il fatto che anche uno studioso tedesco, per quanto miri all’oggettività, dopo vicende così gravi come quelle del periodo 1919-1932 avesse il diritto di stare al fianco del suo popolo in una simile lotta per l’esistenza, con tutte le conoscenze onestamente e legittimamente acquisite nel proprio campo scientifico. Anche se non ho mai fatto mio sino in fondo il principio «right or wrong, my country», bisogna tuttavia ammettere che in tempi di così alta tensione i confini tra scienza pura e scienza applicata divengono evanescenti e che, quindi, anch’io mi sono lasciato andare ad eccessi, come ho apertamente ammesso davanti agli investigatori. Essi, d’altronde, hanno riconosciuto che io, dal 1933, ho potuto lavorare manifestandomi a voce e per iscritto soltanto sotto la pressione di una quadruplice censura.

Se gli investigatori hanno accertato che – in confronto alla concezione della geopolitica «legittima» secondo gli Stati Uniti – la geopolitica tedesca contiene un 60-70% di conoscenze accettabili, bisogna però tracciare una netta linea di confine tra ciò che è stato stampato prima del 1933 e ciò che è stato stampato dopo quella data. Con riferimento agli anni dal 1919 al 1933, se all’inizio di maggio [1945] tutti i miei strumenti di lavoro scientifico non fossero stati prelevati e in parte trasferiti (sia pure con la promessa di restituirli) da una commissione diretta dal ten. Morgenstern e dal Signor Kaufmann, avrei potuto mostrare numerosi corsi la cui struttura coincide, ad esempio, con lo Schema II «Methodology» del «Course on Geopolitics» presso la School of Foreign Service della Georgetown University 21 del 1° luglio 1944. In quel materiale si trovavano anche gli appunti per le mie lezioni.

Quanto venne scritto e stampato dopo il 1933 era «under pressure» e deve, quindi, essere valutato sulla base di questa circostanza. Come poi si sia manifestata questa pressione – della quale Rudolf Heß non fu mai partecipe, perché anzi cercò di proteggermi – è dimostrato dai quasi tre anni di prigione o di domicilio coatto della mia famiglia, dalla mia detenzione nel campo di concentramento di Dachau, dall’uccisione il 23 aprile 1945 del mio figlio maggiore da parte della Gestapo e, infine, dalle strette limitazioni e dalla chiusura della mia Zeitschrift für Geopolitik.

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Nel Terzo Reich non esisteva alcun organo ufficiale che si occupasse delle dottrine geopolitiche o le approfondisse, cosicché il partito faceva uso di slogan mal digeriti desunti da quelle dottrine, senza però capirli. Solo Rudolf Heß e il ministro degli Esteri Constantin von Neurath (il primo dai tempi in cui fu mio allievo, prima che esistesse il partito nazionalsocialista) avevano una certa comprensione della geopolitica, senza però poterla imporre. Invece, la comprensione per la geopolitica era frequente tra gli uomini di Stato o i rappresentanti più in vista della «political science» negli anni fra il 1922 e il 1933. Fra i tedeschi ricordo il ministro degli Esteri Stresemann, l’ambasciatore Schulenburg e altri; fra gli austriaci il cancelliere Seipel e il ministro dei Culti von Srbik; in Ungheria il conte Paul Teleki e Gömbösch; francesi come Ancel, Briand, Demangeon, Montandon; a Praga il presidente Masaryk; celebri russi e rumeni; italiani come Gabetti, Tucci, Massi, Roletto; le buone relazioni con il gruppo dei paneuropeisti raccolto intorno al conte Coudenhove-Kalergi, con conferenze tenute per lui a Brünn, Olmütz, Praga e Vienna.

Queste vicende d’una legittima geopolitica, fino all’alterazione del suo naturale divenire dal 1933, sono già state ampiamente illustrate agli investigatori della Terza Armata (dal 14 al 18 giugno), a quelli del quartier generale del generale Eisenhower (dal 24 agosto al 2 settembre) e a quelli del giudice Jackson (dal 2 al 10 ottobre). Le si può illustrare nel migliore dei modi esaminando le mie teorie sulla geopolitica scientifica relativa agli oceani e ai continenti. Queste teorie prendono origine da Friedrich Ratzel (La terra e la vita, Geografia politica, Antropogeografia) e dai suoi seguaci negli Usa (Semple) e in Svezia (Rudolf Kjellén) e affondano le radici più nelle fonti dei popoli anglofoni che in quelle continentali. Richiamandosi al loro principio «Let us educate our masters», sono poi state introdotte in Germania. Mahan, Brooks-Adams, Joe Chamberlain (in una conversazione personale del 1899 sull’opportunità di un’alleanza dell’Impero britannico con gli Usa, il Giappone e la Germania), Sir Thomas Holdich (padre della teoria dei confini), Sir Halford Mackinder (The geographical pivot of history), Lord Kitchener (1909) e poi J. Bowman (The new world) sono stati le mie fonti primarie, ripetutamente citate.

Nel Terzo Reich è stato grottescamente frainteso l’ammonimento a non oscillare fra una politica oceanica e una continentale, atteggiamento che si era rivelato disastroso già con Guglielmo II. Ancor più [frainteso] è stato il paragone del principe Ito della troika russa in rapporto all’Europa colta, all’Asia colta e all’Eurasia. L’espansione unilaterale verso Oriente del 1939 e del 1941 fu un peccato mortale contro di esso.

Né i miei scritti né le mie conferenze hanno mai favorito i piani di conquista imperialista. Tanto nel mio libro sui confini quanto nelle mie conferenze pubbliche ho protestato contro la mutilazione della Germania attuata dal Trattato di Versailles, mi sono impegnato per i tedeschi in Alto Adige, ho salutato il ricongiungimento dei territori tedesco-sudeti, ma non ho mai approvato l’annessione di territori di altre etnie, di territori cioè che non fossero abitati da tedeschi. I sogni di quelle annessioni mi sono sempre sembrati sogni pericolosi, e quindi li ho respinti. Il fatto poi che, sotto la mia direzione, la Vda (1) abbia riportato in Germania, con costi e fatiche, molte migliaia di tedeschi dall’Est europeo, dimostra nel migliore dei modi che allora non si progettava alcuna occupazione di quei territori, o – come minimo – che non era noto che lo si desiderasse.

Con l’occupazione di territori popolati da genti di altro sangue il nazionalsocialismo avrebbe rinnegato gli ideali con cui si era inizialmente presentato. Io l’ho sottolineato in ogni occasione, tra l’altro l’8 novembre 1938, e mi sono opposto a questi piani di conquista. Io credo alla «promessa di saturazione» del 1938. Soprattutto nell’Europa orientale, è pressoché impossibile tracciare confini giusti, che soddisfino tutti e che non facciano violenza a nessun popolo, a causa dell’intreccio terribilmente complesso dei gruppi linguistici e delle strutture economiche. A questo proposito tanto io, quanto mio figlio Albrecht, quanto altri miei allievi e collaboratori abbiamo tentato invano, durante lunghi conciliaboli, di gettare le fondamenta giuste e durature per quei confini, e io badavo sempre a che questa attività non divenisse, a sua volta, causa di un qualche irredentismo. Di fronte a questo convinto ritegno già all’interno dell’Europa, va quindi da sé che devono essere considerati come totalmente inventati i piani di conquista che mi vengono accollati (persino con l’elaborazione di carte) per l’invasione di altri continenti, come l’America meridionale. In queste vicende il sensazionalismo della stampa si è scatenato senza ritegno, persino falsificando delle carte geografiche.

La mia predilezione geografico-culturale per il Giappone si fonda sulla confidenza con il paese e con il suo popolo acquisita in due anni di soggiorno. Essa venne rafforzata dal fatto che vi conobbi i rappresentanti della cultura tradizionale – particolarmente diffusa grazie alla conoscenza della storia culturale e religiosa dell’antica Asia orientale – incontrando personalità distinte e gradevoli, mentre non ebbi quasi l’occasione di conoscere le poco simpatiche forme del nuovo Giappone. Ho ritenuto che la guerra sino-giapponese del 1937 fosse una sciagura (opinione condivisa del resto anche da mio figlio, prof. Dr. Albrecht Haushofer, che al momento del suo scoppio giungeva in Cina e Giappone provenendo dagli Usa) e ho fatto quanto ho potuto per scongiurarla. Invece, nel 1909 la Corea mi ha dato l’impressione di non potersi reggere in piedi da sola e, pertanto, di poter soltanto scegliere fra la tutela giapponese, cinese, russa od oltremarina. Lo stesso valeva per la Manciuria.

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Giudicavo insensato ogni scontro armato dell’Occidente europeo con le razze colte dell’Estremo Oriente in Cina, in Giappone o nell’Asia sudorientale e tentavo di porvi riparo favorendo l’equilibro attraverso una saggia politica culturale. Da questo atteggiamento deriva il libro Deutsche Kulturpolitik im Indopazifischen Raum (1939), ma anche, già nel 1913, Dai-Nihon, con i suoi avvertimenti contro la superiorità razziale e con il suo richiamo alla forza della popolosa dell’Asia sudorientale nel suo sforzo di rinascita attraverso l’autodeterminazione. Sono anche convinto che il nonno dell’imperatore del Giappone, Mutsuhito Meiji-Tenno, da me conosciuto personalmente, non avrebbe perso il controllo dei partiti e dei clan giapponesi, sempre gelosi l’uno dell’altro, come invece avvenne con suo nipote. Le prime edizioni della mia Geopolitik des Pazifischen Ozeans (1924) sottolineano infatti la libertà di quell’area da precedenti gravami bellici. Su questo punto mi trovavo d’accordo con i primi editori di Pacific Affairs, al tempo ancora edita a Honolulu, con i fondatori della tendenza equilibratrice pan-pacifica e con studiosi come l’australiano Griffith Taylor, che mi inviò il suo Environment and Race, da me recensito positivamente. Non ho fatto nulla per infiammare il Pacifico, anzi, nel recensire gli allora diffusi romanzi di fantascienza bellica (2) ho messo in guardia dal giocare con un fuoco così pericoloso. Solo nei resoconti correnti ho dovuto rendere conto dei dati di fatto politico-militari.

Ho letto Mein Kampf per la prima volta quando ne era già stato stampato il primo volume e ho rifiutato di recensirlo perché non aveva nulla a che fare con la geopolitica. Mi sembrò allora una delle tante ed effimere pubblicazioni propagandistiche. Ovviamente, non ho partecipato alla sua stesura e credo che basti un confronto del mio stile di scrittura con quello di quel libro per proteggermi dal sospetto di avervi collaborato, come sostiene la stampa scandalistica.

Non ho mai incontrato Hitler a tu per tu; per l’ultima volta l’ho visto con altre persone l’8 novembre 1938 e ho avuto uno scontro con lui. A partire da quel momento sono caduto in disgrazia e, dopo il volo di Heß [in Gran Bretagna] del maggio 1941, sono stato abbandonato alle persecuzioni della Gestapo, concluse soltanto alla fine del 1945 con l’assassinio del mio figlio maggiore, che era al corrente di quanto si progettava per il 20 luglio 1944 [data dell’attentato a Hitler] e che intratteneva rapporti con i popoli anglofoni. La mia amicizia con Rudolf Heß data dal 1918 ed è – come la sua partecipazione alle mie lezioni – di quattro anni anteriore alla fondazione del partito nazionalsocialista.

Ho visto Hitler per la prima volta nel 1922 e l’ho considerato uno dei tanti tribuni saltati fuori dal surriscaldato clima popolare tedesco e dai suoi vari movimenti e gruppuscoli. Fino al 1938 sono caduto nell’errore di ritenere possibile qualche sviluppo positivo, come del resto Henderson e Chamberlain, e ancora sino a metà ottobre [1939?] ho sperato in una soluzione pacifica.

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Dall’autunno del 1938 iniziò la via crucis sia della geopolitica tedesca (come dimostrò la prigionia e la morte nel nostro comune destino di padre e figlio), sia della «political science» nella Mitteleuropa, sotto il dominio esclusivo di un unico partito, fino al loro abuso e alla loro incomprensione nella sfera statale. Eppure, originariamente la geopolitica tedesca era diretta a fini del tutto simili a quelli perseguiti dalla geopolitica americana. Il programma con cui quest’ultima si presentò per la prima volta contiene l’affermazione che essa voleva essere «la coscienza geografica dello Stato». Nel 1938 questo principio avrebbe prescritto di attenersi con gratitudine a quanto raggiunto a Monaco. Quando però, finalmente, riuscii ad accedere al capo dello Stato l’8 ottobre 1938, di ritorno dall’Italia, caddi in disgrazia e non ebbi più occasione di incontrarlo. Fino a quel momento, dunque, questo fautore della geopolitica tedesca può essere considerato un legittimo sostenitore anche della geopolitica americana.

Come per la legittima geopolitica americana, il fine della geopolitica tedesca consistette originariamente nel fare il possibile tanto per evitare futuri conflitti analoghi a quello del 1914-18, facendo appello alla reciproca comprensione dei popoli nelle loro possibilità di sviluppo rispetto alle aree culturali e allo spazio vitale, quanto per ottenere a favore delle minoranze il massimo possibile di giustizia e di autonomia politico-culturale, come era avvenuto in Estonia e come sembra ora avvenire in Transilvania. Tutto ciò presupponeva un’esatta visione geografica del mondo, la reciprocità e il rispetto reciproco di ogni nazionalità e razza e il riconoscimento del diritto umano alla «personalità»: cioè la massima misura possibile di sopportazione e tolleranza, di cui erano pervase, ad esempio, le mie lezioni dal 1919 al 1932. Altrimenti, i gruppi paneuropeisti non mi avrebbero invitato a tenere conferenze a Praga, su invito del capo dello Stato, a Brünn e a Olmütz e nella Vienna di Seipel; né i ministri dell’Istruzione ungherese ed estone sarebbero intervenuti alle mie conferenze a Budapest e a Reval; né, in tempi di tensioni internazionali, sarei stato invitato a Roma, in Svizzera, a Oxford e a Lisbona; né sarebbero stati in costante scambio epistolare con me studiosi appartenenti a tutte le culture, società di geopolitica (come la Tschungking in Cina) e professori dell’università di Gerusalemme, come Kohn.

Alcune di queste influenze politico-culturali della geopolitica tedesca continuarono a dar frutti dopo il 1933, in Svezia e Norvegia, nel Vaticano, in Cina, in Inghilterra (dove sono membro onorario della Legione britannica), in Francia (Ancel, Demangeon, Montandon, Haguenauer, Société Franco-Japonaise di Parigi), per tacere dei paesi più prossimi alla politica tedesca come l’Italia, il Giappone, l’Ungheria e la Romania.

Il primo volume sulla geografia politica, stampato purtroppo solo come manoscritto a opera del mio figlio assassinato dalla Gestapo, potrebbe altrettanto bene aver preso forma in uno dei laboratori geopolitici stranieri di qualsiasi Stato alleato. Cominciò a scriverlo durante un periodo di vacanza nella casa dei genitori; lo abbiamo pensato insieme e ha ricevuto la mia piena approvazione, però non avrei potuto scriverlo io stesso, perché per farlo mi mancava la preparazione metodologica e la tecnica, benché io possa essere stato utile come suo promotore.

Nei memoranda nati come risposte agli interrogatori del comando del generale Eisenhower (e nella disponibilità degli investigatori) ho descritto nei particolari come una geopolitica costruita attraverso uno scambio assai vivace di contatti personali e intellettuali fra professori, docenti, assistenti e studenti a livello internazionale sarebbe uno dei mezzi migliori per evitare future catastrofi mondiali. Etimologicamente, potrebbe portare nuovamente la «Sacralità della Terra», la santità del suolo che nutre l’umanità, alla posizione d’onore che le spetta nell’arte politica. Fra i terremoti del 1914-18 e del 1938-45, la geopolitica tedesca cercò di costruire una via che conducesse a questo nobile scopo. Nel farlo commise errori e sbagli, ma sempre sotto il benevolo influsso di un saggio detto in inglese: «All human progress resolves itself into the building of new roads».

Signed in my presence,
at Hartschimmelhof on Ammersee, Bavaria, Nov. 2. 1945.
Edmund A. Walsh

Dr. Karl Haushofer
2 novembre 1945

(1) Il Volksbund für das Deutschtum im Ausland era l’ente che si occupava dei tedeschi irredenti, di cui Haushofer fu presidente.
(2) Dall’inizio del Novecento, ma soprattutto dopo il Trattato di Versailles, in Germania si pubblicavano consolatori romanzi di fantascienza bellica (Zukunftskriegsromane): essi prefiguravano una guerra futura culminante con la vittoria della Germania, con la sua espansione territoriale e con la riconquista delle sue colonie. Quindi erano in certa misura il riflesso letterario della geopolitica, e per questo Haushofer se ne era occupato.

Tratto da “Il testamento geopolitico di Karl Haushofer”, di Mario G. Losano, presente in Limes 2/09 Esiste l’Italia? Dipende da noi

lundi, 25 juillet 2016

A Short History of Modern Iraq's Ethnic Minorities

vendredi, 22 juillet 2016

In Search of Fascism

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In Search of Fascism

Review:

Fascism: The Career of a Concept, Paul E. Gottfried, Northern Illinois University Press, 256 pages

Ex: http://www.theamericanconservative.com

The term “fascism” is employed with such regular enthusiasm by everyone from political activists to celebrities and academics that our pundits could be forgiven for assuming that fascists lurk behind every corner and at every level of government. MSNBC host Keith Olbermann accused the Bush administration of fascism. Thomas Sowell has called President Obama a fascist. A quick online search yields accusations that Donald Trump and Hillary Clinton are fascists. The term “Islamofascism” circulates widely, and groups as dissimilar as campus Social Justice Warriors and the leaders of the National Rifle Association have been dubbed fascist.

It’s clear why fanatics or dogmatists would label their opponents with the f-word: rhetorical play scores political points. But is there ever any truth behind the label?

Paul Gottfried enters the semantic fray with a clarifying and elucidating new book, Fascism: The Career of a Concept. His study is not based on new archival finds. It’s not narrative history. It’s instead a comparative study of different treatments of fascism in which Gottfried discloses his preferred methodologies and favorite historians. Despite the prevalence of allegations of fascism, Gottfried submits that the only indisputable example of fascism in practice is Mussolini’s interwar Italy.

“This study will examine the semantic twists and turns undergone by the word fascism since the 1930s,” Gottfried explains. “Like other terms that have changed their meaning, such as conservatism and liberalism,” he continues, “fascism has been applied so arbitrarily that it may be difficult to deduce what it means without knowing the mindset of the speaker.”

The term fascism, as it has gained currency in our radio-television lexicon, lacks a clear referent. Its use reveals more about the speaker than about the signified phenomenon: the context in which the term is used can determine the speaker’s place on the left-right spectrum. “Fascism” has become a pejorative and disparaging marker for views a speaker dislikes; it’s a name that relegates the named to pariah status, provoking censorship and shaping basic notions about political figures and policies. “Fascism now stands,” Gottfried says, “for a host of iniquities that progressives, multiculturalists, and libertarians all oppose, even if they offer no single, coherent account of what they’re condemning.”

Gottfried is frustrated by the vagaries and false analogies resulting from the use of “fascism” as rhetorical weaponry. He criticizes “intellectuals and publicists” who are nominally antifascist yet “feel no obligation to provide a historically and conceptually delimited definition of their object of hate.”

Tracing the evolution of the meanings and representations of this political ideology in the works of numerous researchers, Gottfried’s study can seem, at times, like an amalgam of book reviews or bibliographical essays—or like several synopses strung together with his own comparative evaluations. Academics more than casual readers will appreciate these efforts to summarize the field, although anyone wishing to acquire a surface-level knowledge of this deep subject will come away edified.

foro.jpgSo what exactly is fascism? This question, Gottfried insists, “has sometimes divided scholars and has been asked repeatedly ever since Mussolini’s followers marched on Rome in October 1922.” Gottfried presents several adjectives, mostly gleaned from the work of others, to describe fascism: reactionary, counterrevolutionary, collectivist, authoritarian, corporatist, nationalist, modernizing, and protectionist. These words combine to form a unified sense of what fascism is, although we may never settle on a fixed definition because fascism has been linked to movements with various distinct characteristics. For instance, some fascists were Christian (e.g., the Austrian clerics or the Spanish Falange) and some were anti-Christian (e.g., the Nazis). There may be some truth to the “current equation of fascism with what is reactionary, atavistic, and ethnically exclusive,” Gottfried acknowledges, but that is only part of the story.

“The initial momentum for locating fascism on the counterrevolutionary Right,” writes Gottfried, “came from Marxists, who focused on the struggle between fascists and the revolutionary Left and the willingness of owners of forces of production to side with the fascists when faced by revolutionary threats.”

Fascism is not necessarily a creature of the counterrevolutionary right, however. Gottfried maps an alternative tradition that describes fascism as a leftist collectivist ideology. Fascism promoted welfare policies and thrived on revolutionary fervor. In the United States in the 1920s and ’30s, the progressives more than self-identified members of the right celebrated and admired European fascism. FDR praised and imitated Mussolini. Such details seem to substantiate the claim that fascism was intrinsically leftist, at least in the eyes of U.S. citizens who were contemporaries of interwar fascism. But, Gottfried notes, “Fascism drew its strength from the attempt to oppose the Left while taking over some of its defining characteristics.”

Gottfried’s book may not be intended as an antidote for the less rigorous and nakedly polemical Liberal Fascism. Unlike the author of that work, Jonah Goldberg, who seemed genuinely surprised by his discovery of what was in fact a well-documented connection between fascism and the left, Gottfried is characteristically measured and careful as he compares research rather than selectively and pugnaciously repurposing it. Gottfried is taken seriously by those who reject his own paleoconservatism—including those on the left who find his views unpalatable or downright offensive—because he doesn’t smear opponents or resort to knee-jerk, grandiose claims to shock or surprise.

Gottfried concludes that fascism is right-wing after all, not left-wing, even if its concrete manifestations have been more militant than traditional conservatism. Like traditional conservatives, fascists did not believe that government programs could alter human nature, and they saw little value in the human-rights mantras extolling the individual’s capacity for self-government.

Today the managerial state carries out leftist projects on behalf of equality and diversity, but that was not true for interwar European governments. Fascism was a product of the 20th century in which conservative adoration for aristocratic hierarchy seemed anachronistic and pragmatically useless as a political stratagem. Without an established aristocracy in their way, fascists constructed an artificial hierarchy to control the populace: a mythical and symbolic hierarchy attracted to the aesthetics of high modernism. The interwar fascists colored brute force with nationalist iconography and aestheticized violence as a cathartic and regenerative force against decadence.

Probably all treatments of “fascism” as a cohesive, homogeneous philosophy held together by likeminded adherents are wrong, incomplete, careless, or dishonest. Gottfried believes that the term “fascism” has undergone unwarranted manipulation since the German historian Ernst Nolte conflated fascism and Nazism in a manner that enabled less astute critics on “the multicultural Left” to justify “their attack on their opponents as Nazis and not simply generic fascists.”

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The failure or refusal to distinguish between totalizing, exterminatory Nazism and other, less extreme forms of fascism may signal the intentional propagation of a political agenda. Gottfried cautions against such politicization of history. “History,” he warns, “is of immediate practical interest to political partisans, and this affinity has allowed a contentious activity to be sometimes grossly abused.”

The popular embrace of incorrect or highly contested notions of fascism has generated media sensationalism about an ever-imminent fascist threat that must be eradicated. The media trope of looming fascism has provoked demands for the kinds of censorship and authoritarianism that, ironically, characterize the very fascism that supposedly needs to be eliminated. Gottfried’s study is too particular, nuanced, and multifaceted to be reduced to simple correctives for these mass-media trends. It is, however, a model for the type of work that can earn the right a hearing from more attentive audiences. Critiques of fascism from the right must follow Gottfried’s lead, not Goldberg’s, to attain credibility.

Allen Mendenhall is an assistant attorney general for the state of Alabama and an adjunct professor at Faulkner University and Huntingdon College. Views expressed in this review are his own and do not reflect those of his employer.

mardi, 19 juillet 2016

Anglo-American Diversity

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Anglo-American Diversity

It is often said that Diversity is Our Greatest Strength™. It is also often said that White people have no culture. So it follows—by the logic of the left—that White people are not diverse, since diversity is largely used as a synonym for multiculturalism. We know of course that when people speak of diversity, however, it just means less White people. While it is debatable for the critical thinker to what degree diversity is useful and what kinds of diversity are in fact beneficial, there is no doubt on the alt-right that ethnic or racial pluralism is a source of tension and conflict in society and undermines cohesion and trust. We also reject the idea that the English-speaking European people of North America have no culture as rank bigotry. I cannot think of a single way one could reasonably define culture while excluding two hundred million people and the majority population of one of the world’s largest and most influential countries. To do so requires a radical re-interpretation of culture that is likely riddled with contradictions.

Even during the height of European imperialism—when it was broadly acknowledged that some societies were inferior to others—there was substantial interest in how otherized and primitive societies functioned and studies were undertaken to learn how they worked and how their people lived. In other words, some of the most prejudiced people to have ever lived could acknowledge that the people they deemed inferior had culture and found it valuable to study. It is really only our contemporary leftists aping as aristocrats who deem everything outside their ideological borders as nihil.

But to be frank, they are just stupid. Very stupid. I could form an argument about how there are (((cultural marxist))) influences at work here going back to the 1930s aimed at making us hate our folk and traditions, and New Left influences going back to the 1960s glorifying the struggle and identity of people of color against Whites, but that is old hat and too sophisticated a response to one of the most banal and canned responses that liberals have about White identity in the United States. It is sufficient to say that anyone who espouses the notion is probably more of an idiot than evil.

Furthering the idiocy hypothesis is the rampant historical illiteracy in this country among all races and the way in which our past is taught to us. In primary education, we learn a liberal, civic nationalist, and teleological interpretation of US history that goes something like this:

  • People fleeing religious persecution and looking for economic opportunity came to the New World.
  • The British were mean to them and they declared independence.
  • Also black slavery. Those racist colonists wanted freedom for themselves but not anyone else.
  • Not everyone could vote, because racism and sexism.
  • After the Civil War, when people who wanted slaves fought people who wanted trve freedom, the slaves were finally free, but not really because of racism and segregation.
  • Blacks get the right to vote but aren’t allowed to because racism.
  • Immigrants came to America and were treated badly, but they became Americans in the end so it was bad that they were treated badly since that was bad.
  • People from Asia were banned from immigrating to the United States at some point a while ago. That was racist. It took a long time for the ban to be lifted.
  • Women finally get the right to vote in the early 20th century.
  • America fought for freedom in the two World Wars but denied it to African Americans at home because of racism.
  • After the Civil Rights Movement and the election of our first black president, we have made so much progress from our dark and racist past! Such freedom very equality.

Civic nationalism and the march of progress are not ethno-national narratives. In terms of identity, very little attention is given to the base population of the United States, British people, and thereafter the broader White category, which assimilated subsequent European immigrant populations. These only matter episodically according to the civic nationalist, who doesn’t care about them being replaced, only that they became American (which of course has no definition beyond a set of shared values and no ethnic component). And to the leftist, White people are a collective of homogeneous scum who oppress people of color and deserve what’s coming. Race does matter, just not ours.

Even if you buy that White people are bad and diversity is good, there is still a powerful ignorance being espoused. Though the founding stock of this country was overwhelmingly British, within that context there was substantial cultural as well as ethnic heterogeneity that continues to have an impact on American culture and society. Ironically, we wuz diverse. And in a lot of ways, we frankly still are. This is something given very little attention in the Pilgrims–>taxation without representation–>American Revolution against tyranny–>African slavery—>Civil Rights movement narrative, but it is critically important to the history of the United States and Anglo-American culture. What are we meant to learn from history if not our origins? If the only answer to the question, “Who are you?” is “I am an American,” you are either ill-informed or were born before 1960.

The best book I have ever read on the subject of European diversity in the foundations of the United States is Albion’s Seed: Four British Folkways in America, which was written by American historian David Hackett Fischer in 1989. Briefly, I wish to provide a survey of the four classifications given in Albion’s Seed, to highlight the intra-racial diversity within the White population that created the United States, something which should theoretically not exist if White people are not diverse. It should be noted that like all classifications of human populations, these are more general than specific:

Puritans

Major areas of settlement: New England
Origins: southeast England (especially East Anglia)
Migration period: 1629–1640
General values: order, theocracy, legalism
Brief description: The Puritans came to build their own little Zion and build it they did. For over a century, this radical Protestant sect demographically dominated New England and built and controlled its institutions. Due to immigration, their region would ultimately become Catholic majority, but retained many features of the old stock. They believed in a concept of ordered liberty and broadcasting their values to the world (signaling), and their successors would carry that tradition on through movements like abolitionism, feminism and the “civil rights” movement. The parts of this country settled by Puritans or later settled by their descendants would form the core of Republican support in the latter 19th century and switch to Democrats in the 20th, largely remaining so to this day.

Cavaliers

Major areas of settlement: Chesapeake Bay / Tidewater, and expanding into the coastal South
Origins: south and west England
Migration period: 1642–1675
General values: hierarchy, honor
Brief description: To Virginia went many second sons of the nobility and their indentured servants (and later, African slaves), where a free man could hope to own vastly larger estates than he would in England and rule over a larger household. Aristocratic conceptions of social organization and liberty went with them; they were royalists during the English Civil War, and many were sympathetic to the Crown during the War of Independence. On the other hand, the region produced many of the nation’s Founding Fathers, who saw their liberty, i.e. property, as threatened by British taxes.

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Quakers

Major areas of settlement: Delaware Valley and Pennsylvania, later into parts of the Midwest
Origins: northern England / Midlands, Germany, distant Scandinavian roots
Migration period: 1675–1715
General values: equality, tolerance
Brief description: The “Friends” migrated to the Delaware Valley with the intention of building a society that would tolerate all Christian sects, especially their own. The Quakers became a minority in Pennsylvania, Delaware and West Jersey fairly quickly owing to the odd combination of their openness to outsiders and strict religion. Many of their values survived and were adopted by the heterogeneous European population that came to inhabit their settlements and later expanded into the Midwest.

Borderers

Major areas of settlement: the former “backcountry,” Appalachia, the Southern highlands; later parts of Texas, the Southwest and California
Origins: generally “Northern Britain,” i.e. the English border counties, the Scottish Lowlands, and Ulster
Migration period: 1717–1775
General values: autonomy, honor, xenophobia
Brief description: Often self-identifying as “Scotch-Irish” in the United States to differentiate themselves from later waves of Irish Catholics, this mongrel tribe of Anglo-Americans was “diverse” from the outset. Upon landing in the Carolinas and mid-Atlantic colonies, they made their way west where they could live as far from central authority as possible and regulate their own affairs. Their homeland—along the fringes of England, Ireland and Scotland—had known a millennium of violence and they lived as a martial people who would not only become a buffer against the Indians of our continent, but ultimately subdue them. From the late 1600s until 1815, the Borderers experienced a war each generation. And they have since supported every war the United States has fought in, though not necessarily supporting starting the wars. Jim Webb, a former Democratic senator from Virginia who ran for that party’s nomination in 2016 before becoming swiftly disillusioned with where it had gone in the current, has written an excellent book on them called Born Fighting: How the Scots-Irish Shaped America.

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Now, one could argue that the origins of these peoples and the regional cultures of the United States don’t matter, since they all became “Americans” or “White people.” But that’s kind of like saying the ethnic and cultural groups of China don’t matter since they are all “Chinese” or “Asian people.” Imagine if this logic were applied to the hundred ethnic groups of Tanzania? Leftists would never say this about any group other than Anglo-Americans.

But of course, the origins of these people do matter; the origins of all people matter. At a population-wide level, they inform the general attitudes and behaviors of their members, socially, politically, culturally, aesthetically, economically, judicially, etc. They set standards that newcomers either acclimate to or clash with. To ignore origins and kinship, and reduce people to pure materialism or geographic determinism—or any other euphorically progressive canard that insists on the tabula rasa—is to signal status and profess ignorance. You are just so enlightened and brave for denying the existence of tribal in-groups (for White people). Ironically, deracinated White leftists are their own distinct ethno-cultural group, just not a very fit one in the Darwinian sense. In other words, White Mormons will survive the racial collapse of the United States while SWPLs will be hit hardest.

Anglo-Americans (in both the British sense and the Anglophone European sense) were heterogeneous in their origins, and retain substantial diversity today, especially with regard to culture, politics, and the like. If diversity is a strength, we certainly have it, and our regional and subcultural stereotypes confirm it. From SWPLS to WASPs, from rednecks to hipsters, from the Irish-Italian-German-Polish mishmash of lower and middle-class White city dwellers to the huwhyter-than-thou suburbs, from the Yankee to the Southron, we already have diversity, and lo and behold, it is a source of social and political conflict. Does anyone sincerely believe that on top of that intra-racial diversity that somehow increasing multi-racial diversity is going to build a better society?

The debate over diversity in America and White identity underscores the need for us to take our own side. No one else is going to stick up for us; not constitutional conservatives and certainly not non-whites. Anglo-Americans must stand up and assert collective racial interests like every other group does. Survival in a multi-ethnic and multiracial polity demands that we do this, not out of any desire to preserve the American empire but to ensure we have a future on this continent. When those hostile to us say stand and deliver, we must say no, regardless of our regional affiliations or differing European ancestries.

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lundi, 18 juillet 2016

Islam: The Magian Revolution

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Islam: The Magian Revolution

Western academics and media-types write a lot of drivel about Islam. Part of the problem is there is a dearth of good information, and a bounty of superficial, politically self-serving garbage. But the real problem is misplaced emphasis. Western experts and commenters are used to thinking of history in simplistic terms--as the story of human progress. This model might be a good fit for Euro-American history, it is at least workable. But the progressive model falls apart when applied to the history of Islam. Islam’s heights seem to correspond to the West’s depths, and vice-versa. The “Progress” model causes Westerners to ask the wrong questions about Islamic history. “What went wrong?” “Why has the Middle East been so beset by violence?” “When will Islam adopt modern political and ethical principles?”

This misguided criticism has two faces--liberal and reactionary. Both sides share a simplistic view of history--that millennia-long, worldwide advance of the human spirit. But each side approaches its subject with different motives. Liberals, who dominate public discourse on the subject (surprise), assume the intrinsic goodness of all people. “Islam is peace” (eye roll). They feel good when they can cite examples of seemingly precocious modernism, such as early Muslim rulers’ tolerance (in the strictest sense) for religious minorities. It makes them feel good to contrast these anecdotes with the supposedly unrelenting fanaticism of Euro-Americans throughout the Middle Ages and the Early Modern period, the 19th and 20th centuries, up to and including last week. This rosy, Islamophilic picture is not really about Islam. It is just another stick with which to beat guilt into the Euro-American historical conscience.

The liberal position, while dominant, does not go unchallenged. On the other side are the reactionaries. They are “reactionaries” because they have no real position on Islam, they only know that the liberals are wrong, and reflexively counterattack. Theirs is a form of hypercriticism, given to denying long-established facts and trends of Islamic history with little or no justification other than to refute the Islamophiles. Given the current situation in the West, their excesses are understandable. But the reactionaries’ zeal leads them to stake out indefensible positions. Many of them are have ulterior motives--some are pro-Jewish fanatics or apologists for imperialism, others are democratic ideologues. But they share a defect. They lack a healthy, Faustian drive to pursue universal Truth--whether we like its conclusions or not.

Both approaches fail for two reasons. First, neither affords its subject the proper attitude of “sympathetic criticism.” The student must devote himself to understanding a culture on its own terms--learning its languages, reading its history and literature--all the while imagining things from its perspective. Once he has done this, he can render judgment on its ethics, its cultural attainments, and its overall importance to history. This was the approach of the great orientalists of the late 19th and early 20th century. They devoted tremendous intellectual effort to comprehending Islamic civilization, yet they were unafraid to pass judgment on its shortcomings. The liberals have no aptitude for criticism, the reactionaries have none for sympathy.

Second, the liberals and reactionaries neglect the questions of philosophical history. It is from this oversight that they fall into their assumption of perpetual historical progress. But there is a better way. One hundred years ago, Oswald Spengler reframed the discussion of history by tearing down an idea of progress (at least as it is commonly understood). His “Copernican revolution” in historical thought worked wonders for the study of Classical civilization and Europe, but it would prove even more effective for understanding the meaning of Middle Eastern history. Spengler shifted the emphasis away from time and toward Cultures. Following Spengler, we can understand how meaningless most of the questions posed by conventional commenters are, and begin to see Islam for what it really is.

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The Magian Reformation

Spengler rejected the conventional historical focus on religions and polities. He saw these as merely superficial expressions of something deeper--the Culture. Cultures, in Spengler’s scheme, are a complex of peoples who share a world-outlook. This outlook--the spirit of a Culture--drives it to produce or adapt a religion. “Religion” is the outward expression of the world-outlook and includes such things as prayer rituals, religious architecture, calligraphy, and sculpture. For example, while Euro-Americans and Korean evangelicals may both be “Christians,” they do not belong to the same Culture, because their world-outlooks differ so drastically, despite their notionally common religion. A present-day American protestant has more in common, spiritually, with a 9th-century Norse pagan than with a modern-day Korean convert, despite professing the same doctrines. Cultures are the basic unit by which to analyze history.

Islam is part of the “Magian” Culture. In his Decline of the West, Spengler defines the Magian Culture as comprising the Muslim Arabs, but also many pre-Islamic Middle Eastern groups such as the Babylonian Jews, the Zoroastrians, the Coptic and Syriac Christians, as well as syncretic/heretical groups like the Manichaeans. It arose around the time of Christ and lasted until the 12th century when the anti-rationalist thinker Al-Ghazali dealt the deathblow to Magian philosophical speculation. All of subsequent Magian history was, in Spengler’s view, “civilization”--grandiose, bombastic, imperial, but sterile. No new philosophical or religious ideas could arise from the Magian world outlook. The culture had run its course.

So the birth of Islam does not represent the foundation of a new religion. It was, rather, a revolution in Magian religious thought. As such, it is analogous to the Reformation in Western history. Like Luther, Muhammad preached a puritanical systematization of earlier currents in the spiritual thought of his Culture. Muhammad and Luther were both anti-clerical, iconoclastic reformers who exhorted their adherents to build a more personal relationship with God. They both made the scripture accessible to the masses--Luther by translating the Bible into the vernacular, Muhammad by “receiving revelations” in easily memorized rhymed prose. After their deaths, their Cultures were unified the culture by marginalizing the earlier creeds and, at the same time, quickly spawning an array of heresies. The puritanical movements unleashed a storm, driving the post-reformation Europeans and post-Islam Magians to conquer half the world in a fanatical outburst of religious fervor--compare that to the religious and colonial wars of Europe in the 16th and 17th centuries.

Both movements, to a large degree, cleansed their cultures of foreign influence. Hellenistic influence on the Middle East, while not wiped out, was severely reduced in the first centuries of Islam. The Greek language, long the lingua franca of the Eastern Mediterranean, died out in Egypt and Syria, and later in Anatolia. To use Spengler’s term, Islam ended the Hellenistic pseudomorphosis (false-development) of early Magian Culture, allowing it to come into its own. Likewise after Luther, Northern Europe was free to work out its own cultural development. Free of Rome, the North underwent its own Renaissance. Florence and Rome were replaced by Nuremberg, Rotterdam, and Weimar. The Italian composers of the baroque were, by degrees, superseded by the likes of Bach and Handel. Thus Muhammad is not an Islamic Jesus, but a Luther. His movement, Islam, is a puritanical systematization of earlier currents in the Magian spirit.

Islam needs a Reformation

All this flies in the face of the conventional wisdom. Lacking any deeper insight into the place of Islam in history, the Mass-Media has been promoting a meme, “Islam needs a Reformation” eg: (WSJ and HuffPo). It makes sense superficially. Based on the conventional historical assumptions, one would compare Muhammad to Jesus as founders of world-religions. It follows then that Islam, having gotten a late start, is due for a reformation. After all, it’s been 14 centuries since Muhammad fled to Medina, and about the same duration separates Jesus from Martin Luther. The pre-Reformation Church superficially resembles current-day Islam.

But with a deeper understanding of history, comparing Jesus to Muhammad is preposterous. In contrasting the current state of the West and the Middle East, it would be ridiculous to set the two up as analogs. Jesus no longer matters to Faustian man. When the decadent West looks for myths and heroes, it looks for world-denying saints of Tolerance and Progress. New heroes must spring up or be manufactured--MLK and Gandhi, Anne Frank and Mother Theresa. Jesus would seem to fit the mold, but he is too bound-up in the popular imagination with the distant past. And in the popular imagination, History is Progress, therefore the farther back you go, the more evil everything is. But the West has absolutely no need for heroic men-of-the-world like Luther, so his place in our history is undervalued.

hitti8_BO1,204,203,200_.jpgBut the reborn Islamic fury, much pondered in the West, is not the necessary outcome of Islam’s doctrines. That the Middle East is still populated by “Muslims” is of less consequence than its stage of historical development. Islam is in winter. For centuries following the Crusades the Arabs and Persians were inactive. Islam’s last great conquests were not carried out by these “core-Magians,” but by the Berbers, Turks, and Mughals. And these imperial peoples could only prolong the agony of Magian decline. After c. 1500, the Magians had no meaningful history. They have endured wars and changes of dynasty, but no revolutions of thought or spirit. Classic histories of Middle East recognized this historical void--in over 750 pages of The History of the Arabs, the Lebanese Christian scholar Philip Hitti devoted less than 100 to anything after the 13th century.

What’s to be done

The liberal and reactionary views of Islam are shallow and polemic. They are worthless as history. Neither framework allows us to understand the relationship between Magian culture and ours because the Magians are actually ahead of us. Their decline did not begin in the 19th century, but in the 11th. Their reformation did not happen in the 16th century, but in the 7th.

Where are we now? Today’s situation resembles the era of the Crusades, with the roles reversed. Like Islam of the 1100s, the West has passed its peak. Our spirit is dying, our philosophy and art have ossified. We find ourselves beset by external enemies, barely able to summon the strength for our own preservation. Like Europe of the 1100s, the Middle East is the matrix of peoples--young, vigorous and aggressive.

What can we look forward to? If the West follows the same trajectory as Islam did after 1100, we are doomed. While Islam expelled the Crusaders and launched counteroffensives on its Eastern and Western frontiers, it only did so because it received infusions of fresh blood semi-civilized converts. These barbarian peoples adopted the outward forms of Magian Culture--Islam--but were unable to revive its spiritual vigor.

So contrary to the common view, the West does not face an ancient religious enemy. Islam died centuries ago--any invocation of its doctrines is now entirely superficial. The Arabs have for centuries wallowed in spiritual decrepitude. The “refugees” are not driven on by religious fervor, but simple greed, lust, and envy. They are not so much religious fanatics as they are zombies. Soulless and decrepit, they swarm to history’s last civilization. Do we still have the spirit to do what needs to be done?


Holland, Tom. In the Shadow of the Sword: The Birth of Islam and the Rise of the Global Arab Empire. New York: Doubleday, 2012.

Spengler, Oswald, and Charles Francis Atkinson. The Decline of the West: Perspectives of World-history. Vol. 2. New York: Alfred A. Knopf, 1957.

samedi, 16 juillet 2016

From Churchill to Blair: How British Leaders Have Destroyed Iraq for Over a Century

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From Churchill to Blair: How British Leaders Have Destroyed Iraq for Over a Century

Ex: http://www.counterpunch.org

After seven years, the Chilcot report has delivered a damning verdict on Tony Blair’s role in the war on Iraq, but British Prime Ministers playing a destructive role in Iraq is a centuries old practice.

Britain has used its military might and commercial prowess to subjugate Iraq and control its oil resources for over one hundred years.

Churchill invented Iraq. The end of World War I left Britain and France in command of the Middle East and the allies carved up the region as the defeated Ottoman Empire fell apart. Winston Churchill convened the 1912 Conference in Cairo to determine the boundaries of the British Middle Eastern mandate. After giving Jordan to Prince Abdullah, Churchill, gave Prince Abdullah’s brother Faisal an arbitrary patch of desert that became Iraq.

Historian Michael R. Burch recalls how the huge zigzag in Jordan’s eastern border with Saudi Arabia has been called “Winston’s Hiccup” or “Churchill’s Sneeze” because Churchill carelessly drew the expansive boundary after a generous lunch.

Churchill’s imperial foreign policy has caused a century of instability in Iraq by arbitrarily locking together three warring ethnic groups that have been bleeding heavily ever since. In Iraq, Churchill bundled together the three Ottoman vilayets of Basra that was predominantly Shiite, Baghdad that was Sunni, and Mosul that was mainly Kurd.

Britain set up a colonial regime in Iraq. British oppression in Iraq intensified and an uprising in May 1920 united Sunni and Shia against the British. Winston Churchill, the responsible cabinet minister, took almost a decade to brutally quash the uprising leaving 9,000 Iraqis dead.

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Churchill ordered punitive village burning expeditions and air attacks to shock and awe the population. The British air force bombed not only military targets but civilian areas as well. British government policy was to kill and wound women and children so as to intimidate the population into submission.

Churchill also authorized the use of chemical weapons on innocent Iraqis.

In 1919 Churchill remarked, “I do not understand this squeamishness about the use of gas. I am strongly in favour of using poisoned gas against uncivilised tribes… It will cause great inconvenience and spread a lively terror”.

Churchill, saw Iraq as an experiment in aerial technological colonial control as a cheaper way to patrol the over-extended empire. Almost one hundred years since Churchill sought the use of aerial technology to cling onto influence over a restive Iraq, Blair’s government began flying deadly drones over Baghdad and Helmand Province in Afghanistan.

To Britain’s imperial Prime Ministers, aviation has always promised to be the trump card, the guaranteed way of keeping native peoples and their resources under control. Arthur “Bomber” Harris, who was to lead the aerial bombardment of Germany 20 years after bombing Iraq, boasted that he had taught Iraqis “that within 45 minutes a full-sized village can be practically wiped out and a third of its inhabitants killed or wounded”.

The British Royal Air Force maintained its military control over Iraq until World War II, even after Iraqi independence in 1932. Despite formal independence, British political and economic influence in Iraq barely receded.

Britain’s relationship with Iraq has always revolved around the issue of oil. Churchill viewed Iraq as an important gateway to Britain’s Indian colony and oil as the lifeblood for Britain’s Imperial Navy.

Britain established the Iraq Petroleum Company (IPC) as the vehicle through which Iraqi oil would be exploited. British Petroleum (BP), or the Anglo-Persian Oil Company as it was known back then, was also heavily involved in plundering Iraqi oil.

British oilmen benefited incalculably from Iraq’s puppet regime until the Iraqi masses rose up against British influence. This led to the Iraq revolution of 1958 and the rise and eventual Presidency of Saddam Hussein.

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British and US intelligence helped Saddam’s Ba`ath Party seize power for the first time in 1963. Ample new evidence shows that Saddam was on the CIA payroll as early as 1959, when he was part of a failed assassination attempt against Iraqi leader Abd al-Karim Qassem. During the 1980s, the United States and Britain backed Saddam in the war against Iran, providing Iraq with weapons, funding, intelligence, and even biological and chemical weapons of mass destruction.

In 2003 the Guardian reported that a chemical plant, which the United States said was a key component in Iraq’s chemical warfare arsenal, was secretly built by Britain in 1985 behind the backs of the Americans. Documents show British ministers knew at the time that the $14 million dollar British taxpayer funded plant, called Falluja 2, was likely to be used for mustard and nerve gas production.

British relations with Saddam Hussein only began to sour when Hussein nationalized the Iraq Petroleum Company in 1972. As a result of Iraq’s oil revenues finally flowing directly into the Iraqi Treasury, the nation experienced a massive windfall when oil prices quadrupled in 1973.

battle4_BO1,204,203,200_.jpgThe Iraqi nation grew increasingly wealthy, as oil revenues rose from $500 million in 1972 to over $26 billion in 1980, an increase of almost 50 times in nominal terms.

During the 1990’s, Britain supported severe economic sanctions against Iraq because of Saddam’s increasing resource nationalism. The United Nations estimated that 1.7 million Iraqis died as a result of the sanctions. Five hundred thousand of these victims were children.

The British and American sanctions on Iraq killed more civilians than the entirety of chemical, biological, and nuclear weapons used in human history.

Glaring similarities between Britain’s 1917 occupation of Iraq and the modern military debacle in Iraq are too salient to dismiss or to ignore.

They told us that Iraq was a nuclear threat; Iraq was a terrorist state; Iraq was tied to Al Qaeda. It all amounted to nothing. Since the 2003 invasion, hundreds of thousands of Iraqis have died and over a million have been displaced because of this lie.

Prior to 2003, Iraq had zero recorded suicide bombings. Since 2003, over a thousand suicide bombs have killed 12,000 innocent Iraqis.

Tony Blair recently admitted to CNN that the 2003 invasion of Iraq played a part in the rise of the Islamic State militant group, and apologized for some mistakes in planning the war.

It is important to note that Al Qaeda in Iraq did not exist prior to the British-American invasion and that terror organization eventually became ISIS.

Former British Foreign Secretary, Robin Cook, told the House of Commons that Al Qaeda was unquestionably a product of Western intelligence agencies. Mr. Cook explained that Al Qaeda, which literally means an abbreviation of “the database” in Arabic, was originally an American computer database of the thousands of Islamist extremists, who were trained by the CIA and funded by the Saudis, in order to defeat the Russians in Afghanistan.

Blair’s legacy in Iraq is ISIS. Blair has recently called ISIS the “greatest threat” faced by Britain.

Shortly after British general Stanley Maude’s troops captured Baghdad in 1917, he announced, “our armies do not come into your cities and lands as conquerors or enemies, but as liberators.”

Almost a century later in 2003 Tony Blair said, “Our forces are friends and liberators of the Iraqi people, not your conquerors. They will not stay a day longer than is necessary”.

History has a habit of repeating itself, albeit with slightly different characters and different nuances. Iraq may well go down in history as Britain’s greatest longstanding foreign policy failure.

Garikai Chengu is a scholar at Harvard University. Contact him on garikai.chengu@gmail.com.

 
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vendredi, 15 juillet 2016

Les pilotes du Maréchal Pétain

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Les pilotes du Maréchal Pétain

La force aérienne de la France de Vichy

Par Erich Körner-Lakatos

On connait le destin tragique de la flotte française après la défaite de 1940. Selon l’article 8 de la convention d’armistice, Paris n’a pas été obligé de livrer sa flotte mais devait empêcher que celle-ci ne tombe en des mains étrangères. Winston Churchill s’était méfié de cette disposition et ordonna la destruction de la flotte française qui mouillait en Algérie. Le 3 juillet 1940, dans le port de Mers-el-Kébir, un combat inégal s’est joué qui coûta la vie à 1297 marins français. L’agresseur britannique n’a eu à déplorer que des pertes très minimes. En guise de vengeance, des escadrilles d’appareils de la marine française (80 avions en trois vagues d’assaut) couvrent Gibraltar d’un tapis de bombes. Le 24 septembre, Vichy lance une deuxième attaque aérienne contre le rocher aux singes.

La tentative allemande de s’emparer du reste de la flotte française, le 27 novembre 1942, se soldera également par un échec.

Mais qu’en fut-il de l’armée de l’air du gouvernement du Maréchal Pétain ? Depuis Mers-el-Kébir, les relations entre Londres et Vichy sont mauvaises, ce qui conduit à quelques combats acharnés contre les Britanniques ou les Américains, parfois aussi contre des pilotes rangés sous la bannière de De Gaulle dans les FAFL (les « Forces Aériennes de la France Libre »). Passons en revue quelques-uns de ces faits de guerre.

Les Britanniques voulaient prendre le contrôle de la Syrie sous mandat français. A la fin du printemps de 1941, les forces de Vichy affrontent les soldats de Londres. A la fin du mois de mai, Pétain ordonne le transfert en Syrie de l’escadrille GC-III/6 comprenant quelque vingt Dewoitine D-520 (l’appareil le plus moderne de son Armée de l’air). Ils quittent l’Algérie pour la Syrie en passant par la Turquie, où deux de ces avions s’écrasent au sol. L’escadrille est malchanceuse : elle perd son as, le Capitaine Emile Jacobi, abattu au combat le 10 juin.

Trois appareils britanniques de type Bristol Blenheim attaquent le 5 juin 1941 l’aérodrome d’Alep et détruisent au sol plusieurs Fiat CR-42 italiens, avant d’être mis en fuite par trois chasseurs Morane-Saulnier 406. Le 21 juin, la 4ème Brigade de Cavalerie britannique marque son intention de s’emparer de Palmyre. La première progression de cette unité est stoppée par des attaques virulentes de bombardiers Martin 167F de l’aviation de Vichy. Dans les combat pour défendre la Syrie, les forces de Vichy perdent 31 appareils, les alliés, officiellement, au moins 27. Pierre Le Gloan, as de l’aviation de Vichy dans la 5ème Escadrille du Groupe de Chasse résiste jusqu’au 5 juillet en enregistrant sept victoire confirmées et deux probables.

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A partir du 5 mai 1942, la colonie française de Madagascar fait l’objet d’une attaque britannique, parce que Londres craignait que les Japonais parviennent à s’emparer de l’île, à s’y incruster et à contrôler l’ensemble du territoire maritime de l’Océan Indien. Les combats seront acharnés et se prolongeront jusqu’au 8 novembre, jusqu’à la victoire des Britanniques. Les forces de Vichy, en charge de défendre l’île, sont commandées par le Gouverneur-Général Armand Léon Annet, à la tête de 8000 soldats dont environ 6000 Malgaches. Pour appuyer ces troupes au sol, Annet dispose de 17 chasseurs MS-406, de 10 appareils de reconnaissance de type Potez-63 et de quelques Potez-25. Entre le 5 et le 7 mai 1942, les chasseurs britanniques basés sur les porte-avions Illustrious et Indomitable descendent quatre Potez-25 et trois MS-406. Au moment de la capitulation des Vichystes, il ne restera plus qu’un seul MS-406 et un seul Potez-63 capables d’être opérationnels.

Le 8 novembre 1942, 107.000 soldats anglais et américains débarquent sur les côtes du Maroc et de l’Algérie, lors de l’Opération « Torch ». En quelques endroits, les Vichystes opposent une âpre résistance. Leur Armée de l’air est basé à Marrakech, Meknès, Agadir, Casablanca et Rabat : en tout, ils disposent de 86 chasseurs et de 78 bombardiers. Outre les appareils de production française, comme les MS-406, cette aviation du Maroc dispose d’appareils américains comme les bombardiers Martin et Douglas et les chasseurs de type Curtiss P-36. Ce sont souvent des modèles trop anciens mais ils sont servis par des pilotes expérimentés et demeurent, de ce fait, redoutables.

A 7h30, les appareils américains F4F Wildcat attaquent l’aérodrome de Rabat et détruisent neuf bombardiers français. Près de Casablanca, des appareils SBD Dauntless attaquent en piqué le navire de combat Jean Bart et lui causent de solides avaries.

Mais les Vichystes vont contre-attaquer : depuis Oran une escadrille de chasseurs prend à partie un groupe de bombardiers-torpilleurs anglais. Une unité de Dewoitine D-520 attaquent des avions de transport britanniques qui véhiculent des parachutistes américains. Trois C47 sont abattus, de même que six bombardiers-torpilleurs Fairey-Albacore et quelques chasseurs qui les accompagnaient. Les Français perdent quatre appareils. Quelques LEO (Lioré & Olivier) 451, des bombardiers légers, tentent une attaque contre les troupes américaines qui débarquaient. Mais ils sont interceptés par des chasseurs britanniques de types Hurricane et Seafire. Le bilan de ce 8 novembre algérien et marocain : les Vichystes perdent treize appareils et abattent officiellement 17 avions ennemis. Trois autres appareils anglo-américains sont perdus mais sans qu’une victoire puisse être revendiquée.

Le héros du jour est le Lieutenant Georges Blanck du GC-I/3 qui a eu trois victoires confirmées et deux autres probables. Quand les combats au Maroc et en Algérie cessent à la mi-novembre, les Vichystes ne disposent plus que de 37 chasseurs et 40 bombardiers.

Conclusion : l’Armée de l’air du Maréchal Pétain a pu revendiquer 125 victoires confirmées dans sa lutte contre les Anglo-Américains.

Erich Körner-Lakatos.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°25/2016, http://www.zurzeit.at ).

Les soucis de Pétain en Indochine

En Extrême-Orient, les Français sont restés jusqu’au bout fidèles à Vichy. En 1940, cependant, ils ont dû laisser les Japonais utiliser leurs aérodromes. Vichy ne disposait en Indochine que de quelques MS-406, auxquels il faut ajouter trois Potez-63, des chasseurs lourds, semblables au Me110 allemand, quatre bombardiers de type Farman F221 et trois avions de reconnaissance Potez-540. Le 25 septembre 1940, un combat aérien oppose Français et Japonais.

Laos_1941-46.pngLa Thaïlande, qui s’appelait alors le Siam, voit arriver, fin 1940, l’heure de la revanche. En effet, l’humiliante politique de la canonnière, pratiquée par les Français dans la région en 1893, avait conduit à la défaite des Siamois. Au début du mois de janvier 1941, les Thaïs attaquent avec deux divisions, soit 60.000 hommes et 130 chars. Les Français de Vichy sont commandés par l’Amiral Jean Decoux. Ils sont obligés de battre en retraite. L’aviation siamoise bombarde Hanoi le 11 janvier 1941. Les chasseurs de Vichy interceptent les avions thaïlandais et abattent trois chasseurs ennemis et un bombardier. Mais ils perdent également trois appareils.

Les Français ne sont vainqueurs que sur mer, lors de la petite bataille navale qui se déroule le 17 janvier devant Koh Chang, l’île aux éléphants dans la partie orientale du Golfe du Siam. Le croiseur Lamotte-Picquet a eu beau jeu avec ses huit canons de 155 mm.

Les Japonais jouent alors les conciliateurs et, lors du Traité de Tokyo du 9 mai 1941, Bangkok reçoit l’ouest du Laos, avec l’ancienne ville royale de Luang Prabang, ainsi que la province cambodgienne de Battambang, si bien que le territoire thaïlandais s’étendra, pendant la durée de la guerre, quasiment jusqu’aux ruines d’Angkor.

EKL.

jeudi, 14 juillet 2016

The Feminist Mystique

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The Feminist Mystique

Editor’s Note:

This is the transcript by V. S. of Richard Spencer’s Vanguard Podcast interview of Jonathan Bowden about feminism. You can listen to the podcast here [2]

Richard Spencer: Hello, everyone! Today it’s great to welcome back to the program our friend and contributor Jonathan Bowden. Jonathan, thanks for being back with us! How are things over on your side of the Atlantic?

Jonathan Bowden: Yes, a bit frigid, a bit cold these days, but probably nothing to what it’s like on your side. But otherwise well.

RS: Excellent. Today we are going to talk about another big and important issue for our movement, and that is feminism. It’s obviously an issue of major importance for the world as well.

Jonathan, what makes feminism so complicated and interesting is that it’s had all of these various waves, as they call them, and they’ve often put forward contradictory philosophies and objectives. But maybe that’s what’s made feminism so long lasting and powerful in a way.

To get the conversation started, just talk about that initial impulse towards feminism, where it was coming from, where do you think it cropped up first. What’s sort of the first first-wave, so to speak, of feminism? Do you think this was with women’s suffrage or was it with one of the many liberal revolutions that occurred in Europe over the course of the 19th century? Where do you think that original urge came from?

JB: That’s a complicated and quite a difficult one. Textually, it goes back to Mary Wollstonecraft’s The Rights of Women as against Tom Paine’s Rights of Man produced in a similar timeframe at the beginning of the 19th century and sort of coming out of the later end of the 18th century. She was part of a radical ferment of opinion around William Godwin and his extended family into which she was intermarried.

But the political drift of feminism in its first wave that’s discernible has to be in and around the Great War, 1914–1918 in Europe, and just after where you have a militant movement for women’s suffrage concentrating on the vote but often extending out into other areas and you have that split between two wings. Those who would pursue purely non-violent means, who’ve been largely forgotten by history, the suffragists, and those who were prepared to use direct action, and indeed even violence, to get their way, the suffragettes, who are the ones who history remembers. They are the ones who were force-fed in prison. They are the ones who chained themselves to railings. They are the ones who assaulted police officers. They are the ones who threw themselves in front of derby winners, and some were trampled to death on news reels of the time to great and extended excitement and social convulsion.

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So, that was the first wave, which then fed into the swinging 1920s as Europe and the West relaxed into a hedonistic decade after the slaughter of the Great War and prior to the coming depression of the ’30s.

Second-wave feminism, as it is called, is co-relative to the ’60s and has a whole new generation, skipping out several generations, in actual fact, between the first and the second waves. The second wave is notorious for its theorists and its polemics and its going outside the box of what is understood to be political and looking at all areas of life often in a rather caustic and adversarial way.

Culturally, the second wave, you could argue, had far more impact than the first wave, but it wouldn’t have amounted to anything without the first wave, and the first wave did genuinely convulse the society because nothing divided opinion like the issue of if women should get the vote, because it was axiomatic of all sort of other matters in the society. By giving them the vote, it indicated that women could do almost all jobs that men could do up to a point, and it opened the professions to them; it opened the universities to them; it opened higher educational institutions to them; it opened the world of politics and political representation to them, not just voting.

And so, in a way, it changed the world, and that’s why the dynamite of the vote was used.

RS: What do you think was the reigning philosophy of the early suffragists and suffragettes? Was it a liberal one? Do you think it could be connected with some of the early social democratic and Marxian movements? What do you think about that?

JB: Well, I think the honest answer is yes and no. The truth is that female politics resembles male politics pretty closely and that there’s a range of opinion Right, Left, and center. What surprised many sociologists when women got the vote, particularly bourgeois women, is they voted pretty much along the lines that men did and were perceived to have the same social and economic interests that men did.

There have been times when the gender gap has been one way and then the other. For example, today in the Western world, which is quite clearly Anglo-Saxon — the Anglophone world — there seems to be a marked preference for center-Left parties amongst women as against center-Right parties amongst men, and that drift and gap is quite discernible.

But there have been times when women have been much more conservative than men and on certain issues women remain a lot more conservative than men. On law and order issues in the ’50s, ’60s, ’70s, women often had much more conservative attitudes than men.

So, it’s debatable in a way. Certainly, a large number of bourgeois supporters of female suffrage just wanted the vote as a coping stone, as a sort of seal of approval for their admission into social life and once that happened they reverted to essentially a conservative tradition. Some of the first women to be elected, of course, into parliaments were on the conservative side, because it was inevitable that women from a very bourgeois background would be the best educated women and would be the women who, in some ways, wanted to protect the status quo, and all that the suffrage did for them was allow them to do so. In the past, they would have done that through men, really, then they had a chance to do it on their own behalf.

It is true that the vanguard movements were associated, for the most part, with liberal and with social democratic causes and with the culture of the Left, generally speaking. That’s because it was seen to be an out-of-left-field movement. It was seen to be a movement for radical change and it inevitably adhered to the Left rather than the Right.

RS: Just to add onto what you were talking about earlier. A good friend of mine often will tell a powerful anecdote about female voting, and if you’ll forgive me, I’m forgetting some of the details, but as with details it’s the essence of it that matters.

There was a revolutionary parliament in France, and they were actually bringing up the question of whether women should vote, and actually the people who most vigorously opposed it were the far Left of the parliament, and those who supported it with greatest passion were what we would call the Right and even the clerical Right. The reason for this — and I think in some ways that both were rationally correct to hold those viewpoints — was that if given the chance to vote, women would most likely vote the way that their priest told them to vote and that women in this sense were a kind of force of conservatism. They would maintain the existing religious and aristocratic order. The far Left didn’t really want women to vote in this way.

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We discussed a little bit last time about the idea of the majority strategy where you have the large White majority and it’s being dispossessed and attacked by a large rainbow coalition. The women are the kind of traitors or kind of wedge in this. Women, for whatever reason, maybe purely out of sentimentality, want to vote for center-Left parties, the parties that push the buttons about taking care of the children or whatever and they are kind of on the wrong side of the dispossession of America’s White historic majority.

So, again, it’s a very complicated issue and the social manifestations of women’s suffrage can occur in quite different ways.

Let me also ask another question about this. In some ways, I want to move on to second-wave feminism, because you find tracks that are at least more obnoxious, extreme, and things like this, but I want to stick just a little bit longer to pre-WWII feminism.

I’m thinking of someone like Margaret Sanger. She is in many ways a fascinating individual. Nowadays, she’s looked upon by many liberals as a wonderful, heroic, right-thinking woman who was fighting for the rights of women to use contraception and women’s rights in general.

But if we take a little closer look and you peel away a few layers of the onion, you find that she was a eugenicist of sorts, that she was afraid of the feebleminded and weak and so on and so forth overwhelming the healthier stock of America and that in a democracy something like that would be a truly terrible consequence. She would actually flirt with people like Lothrop Stoddard and Madison Grant, people who now would be considered totally beyond the pale, fascist, racialist types.

So, maybe in some of these first waves of feminism that we might think we know what it’s all about if we see it through the lens of modern Left-Right politics, so to speak, but actually it’s something quite different.

Do you have any thoughts on that? Some of the different strands of first wave feminism and how they’re kind of surprising when you look at them from our standpoint?

JB: Yes, I think that’s very true. I think first-wave feminism can’t be divorced from the class backgrounds of most of the women who advocated these positions. Although there’s been a careful pick and mix of the women concerned so that they seem part of a progressive continuum, there are many contradictions and (12:49 ???) that occur. It’s inevitable that these ultra-bourgeois women, for the most part, will often have radically conservative values and a few of them will have cross-fertilized Left-Right values and elitist values at that, despite the fact that they’re in favor of giving the vote to themselves.

This means that they’re not in favor of the vote for others. It also shouldn’t surprise us that when a lot of female literature is published in the late 19th/20th century — in a sense sort of elite literature — it turns out not to be Left-wing particularly. A lot of feminist publishing houses are bemused by the fact that a lot of the literature they publish from the early days isn’t really at all progressive, in their own terms and in the Left’s terms. That’s because the women who wrote it came from upper-class backgrounds. They were the women who were educated at the elite university level in all-female colleges during that era and their values and what they produced reflect that.

You also have a marked partiality for forms of ultra-conservatism among certain early female champions and it’s not for nothing that some of the political leaders who emerge first from the dispensation that gives women the vote turn out to be on the Right rather than on the Left.

Over time, eugenics and feminism have almost completely separated out, but because feminism is concerned with biological and reproductive health and wanted to give women control of it . . . Abortion, of course, cuts two ways. Although anathema to the Christian Right, abortion does feed into eugenics and gender. Indeed, without some concept of abortion you couldn’t have eugenics in a meaningful sense, because how are you to act to prevent these people that eugenicists believe shouldn’t be born or encouraged from being born in the first place? So, there’s an inevitable correlation between certain sociobiological and Darwinian ideas and certain evolutionary ideas and feminism of a particular sort, particularly un-ideological feminism.

So, it’s inevitable that the sort of Marie Stopes wing of the movement will come out of eugenics and family planning, and abortion and pro-choice movements are all deeply mired in feminism, on the one hand, and eugenics, on the other.

RS: Yes, actually the religious Right in the United States, and I assume in Europe as well, have picked up on this, and they’ll usually make inflated claims of abortionists. “They really want to rid the world of Africans,” or something like that or connect Margaret Sanger with Hitler and various things like that. Obviously, this kind of rhetoric is overdone, but it might actually have a kernel of truth to it. But it also points out the egalitarian nature of the so-called religious Right in the country.

Let’s move on to second-wave feminism and the 1960s. I would say that if you talked to the average Joe in the US or Europe who’s maybe a conservative-thinking guy with pretty normal good instincts when you say the word feminism he probably thinks of some woman who’s maybe tattooed and earringed and has totally outrageous views and hates men and probably got dumped at prom or the dance or something and became a lesbian and is driven purely by her resentment. He probably has that kind of man-hating feminist stereotype in his mind. In some ways, a lot of that is associated with that second-wave feminism that came with the New Left, which came with the ’68 revolutions and so on and so forth in the US and Europe.

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So, Jonathan, maybe you can give us an introduction to this movement and it obviously has a quite different vibe, so to speak, to it. It probably has a different philosophical grounding as well. It might not even be related to earlier feminism. But what are your views on the impulse behind feminism that arose in the 1960s and beyond?

JB: Yes, I think this is the feminism that most people associate the term by whatever their view. Feminism in the ’60s and thereafter and some of its precursors in the late ‘50s tends to be a movement that is concerned almost completely with revolutionary politics, particularly sexual and psychological revolutionism. It only just about fits into Marxism because it relates to biological or pseudo-biological and sort of quasi-biological theories. It’s associated with a range of alternative society and slightly madcap women like Germaine Greer, who wrote a book called The Female Eunuch which at one level was quite well done but is a hysterical rant about the role of women in society, most of which is utopian in a way. It wants the female role to be changed out of all recognition. To such a degree that you could argue that one of the subtexts is that women become men over time and men become women over time, which was one of the unstated psychological goals of second-wave feminism. To see a feminization of men, in relative terms, and a masculinization of women, in relative terms. And that’s not an entirely stupid notion when you look at the theories some of them were proposing.

RS: Well, they seem to have succeeded in this to a large degree.

JB: Yes, well, feminism is unusual in that it’s one of those revolutions that’s succeeded. In absolute terms, of course, it’s completely failed because it addressed itself to utopias that are not possible of realization. Things like radical feminism, the total separation of female and male lives. Women living separate beehive-like existences in communes. That’s all failed.

RS: I’ll jump in here and then you can get back to your thought, but Alex Kurtagić was suggesting that I read Valerie Solanas’ tract, The SCUM Manifesto, and SCUM in this instance means the Society for Cutting Up Men.

JB: That’s right. She was an American, of course, and a schizophrenic. But she was the most extreme feminist that there’s ever been. Other feminists partly regard her tirade as sort of exhibitionistic, Sadean, and tongue-in-cheek. But yes, it advocates physical attacks on men and, of course, she did attack Andy Warhol. She shot him in the stomach with a gun from which he later recovered, and she was imprisoned for three years because of that. She got off quite lightly because it was regarded as an act of insanity.

Yeah, she represent in some ways the lunatic fringe, even the lunatic fringe of the lunatic fringe, within that particular movement. Although there will be feminists who will defend her, because she represents a sort of nethermost position or a position that it’s not possible to get beyond, a virulently man-hating position. Misandrist, I think it is, a word that’s never used, really, but means female detestation of men. Misogyny being a male detestation of women, which is a quite well-known word.

If you take a book like The Women’s Room by Kate Millett [Note: Marilyn French wrote the book by that title. Bowden could be referring to French or to another book by Millett, perhaps The Basement] there’s as strong a detestation of men in that than anything in Solanas, but it’s not expressed in as grotesque a way. So, Solanas’ is a deliberately absurdist text.

But that wing of feminism, Radical Feminism as it’s called with a large R, which is counter-propositional biologically and yet is rooted in biology, because it wants a total separation of the sexes and in the end advocates lesbianism even for heterosexual women. Hence books like Lesbian Nation and that sort of thing which come out of this particular milieu.

Feminist groups had internal debates in the ’70s and ’80s about lesbianism when the vast majority of women had to confess that they were biologically heterosexual and therefore this wasn’t an option for them. And they had endless debates about whether they should have political lesbianism instead, but it never really got anywhere.

womlib_1800.jpgSo, that wing of feminism, the more lunatic fringe, radical elements of what is anyway a radical doctrine, has fallen by the wayside, although there are important theorists associated with the anti-pornography movement such as Andrea Dworkin and so on who come out of the radical wing who are still current.

Yet another odd reverberation is the association that anti-pornography feminism has with conservatism, particularly religiously motivated conservatism. Unlike libertarianism, for example, which would take a laissez-faire attitude towards commercial pornography.

RS: Yeah, let’s put some pressure on this. I actually had porn down as an important subject I wanted to discuss. It obviously didn’t, at least to my knowledge, come up with first-wave feminism, but you have an interesting anti-porn movement that did work hand-in-glove with the religious Right, so-called. You also had, I believe, porn’s first leading lady, Lovelace — I’m forgetting her first name — who was in Deepthroat, one of the early large pornography movies. I think it was the first feature film that was porn, and Lovelace eventually became part of the anti-porn movement and worked with Dworkin and people of this nature.

Again, it gets back to how I opened the conversation. What makes feminism this lasting movement is this ability to mutate and its ability to take on contradictory positions. Because you have now throughout the ’90s and 2000s, I’m sure it’s still going on,  whole courses at major universities in the United States, and Europe I’m sure as well, on porn as this way of female power or pure liberation or they probably have other terminologies to describe it that I don’t even understand.

In some ways, there’s almost a yin and a yang to this. There’s the evils of something like pornography, is it’s just expressing how men want to treat women as objects and want to abuse them and so on and so forth, but then porn might be seen on the flipside as this pure expression of a kind of Marcusean, id-driven society of pure liberation and social relations as an orgy and so on and so forth.

Maybe this is part of the power of feminism. It can kind of flip back and forth and radically re-evaluate its social positions.

JB: Yes, I think that’s true, but in a way it’s bound to be like that, because it is slightly ridiculous that half of mankind has a viewpoint. If there was a movement called manism, if there was a movement of men. They’d immediately divide into all the subsections, because men don’t agree on anything.

So, there’s a degree to which to expect women to agree on anything beyond a few superficials is fraught with difficulty. So, you have to frame the thing that women feel they’re in a subsidiary place and therefore that gives them an alliance with each other that then allows them to align around certain core issues. But even then they’ll still be divided on most other issues.

RS: And there’s the Marxian legacy where it’s almost like the female as the proletariat. They are oppressed by the current state of being and therefore they become a sort of world historical actor. They become the universal subject or something. It’s like a Marxianism gendered, so to speak.

JB: Yes, there’s a bit of that going on. Although amongst conservative women, and Dworkin once wrote a book called Right-Wing Women, which is about Right-wing women on the Right of the Republican Party because those are the most discernible Right-wing women that she could find, and they’ve always been a source of fascination to feminists. What makes women otherwise conventional and adopt what they consider to be a male-concentric view once they’ve achieved just civic equality in terms of careers and jobs and money and things of that sort?

Of course, there’s a large area of social conservatism which is part of the female view as well. The view that basically women have a different role in life to men and have different tasks in life to men, but they’re not particularly concerned if they’re allowed to do male tasks. So, if a woman wants to be a judge and goes all out to be one the general conservative female attitude now is, “Why shouldn’t she be one?” And she might be quite a tough-minded Right-wing judge at that when it comes down to it. But they don’t think the world should be up-ended so that women can be judges. It’s just an add-on to the female role that remains otherwise unchanged.

Feminism, like a lot of these movements, is a movement that’s only superficially touched the lives of the overwhelming majority of women. Still, after all the propaganda the other way, 67% of women, about 2/3rds of all women in most societies, want the traditional option. They want some sort of stable marital or other union and they want a family with children and that’s pretty much what they want. And feminism doesn’t really have much to say to those sorts of women, although it always postulates the notion that it never stops trying to address them.

So, the bulk of women remain uninfluenced by it, although they have taken advantage of the successes that feminism has scored because although it’s one of these movements that can be seen to have failed completely in its own utopian terms its effect on society has been so great and its effect on men has been so great that in a way it has succeeded far more than other radical currents far more than other ideological currents. It has succeeded because it has forced the law to maximalize those areas of female-male equality and to disprivilege areas of inequality that did exist in the social and civic space between men and women to the degree that now men who talk openly about opening those spaces up again are frowned upon by other men and are in a very small minority.

RS: Yes. You know, it’s interesting. Just to tell two quick little anecdotes. I did notice . . . I’m now involved in an oppressive bourgeois marriage, but when I was dating I did notice that it was still tacitly accepted that I would be paying for every meal, and if I happened to take a girl on a date and say, “Oh, do you want to split it down the middle?” or something like that I would probably get a very nasty look. At the same time, if during that date I ever suggested something like, “Don’t you think since men are the head of the household that maybe they should be paid more across the board, that that’s a good thing and it’s not really unfair? It’s actually fair because men have more financial obligations than women.” Again, I would probably get a horrified and disgusted look.

So, I think feminism succeeds in particular areas, maybe fails in a couple, but does succeed in general.

Let me talk a little bit about someone totally different than someone like Valerie Solanas, who I am sure most people in the population, even someone who would call themselves a feminist, would probably declare she was mentally ill, and maybe she was acting purely out of hatred. And that is the kind of modern girl feminism that represents a kind of compromise solution for women that is actually quite attractive and is about them playing with the big boys at work or having the ability to get a job. Even if they eventually might want to have a family a little bit later that they still have the opportunity to go become a stockbroker or something like this if they want to.

If you meet these women, they are otherwise normal and healthy. They don’t hold any views of men as evil or should be destroyed or anything like that. So, it’s a kind of acceptable compromise feminism.

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I don’t want to make this too much of a leading question, but I think it is worth pointing out that since the 1970s real wages have either stagnated or, probably more likely, declined. What I mean by real wages is the wage paid to the head of a household minus inflation. Essentially, the wage is not keeping up with price increases. What we had in the ’80s and ’90s was in essence “mom went to work.” Dad, if he had a normal job, he could no longer sustain a family of four. It was impossible, particularly with education costs, medical costs going up and so on and so forth. So, in a way, mom had to go to work and that dovetailed with this more palatable feminism that came out of all these waves of feminism.

So, in a way, one could say that the Gloria Steinems of the world are the central bankers’ useful idiots. What I mean by that is that due to things like inflation and economic malfeasance it was impossible for the single breadwinner to have a family and these women were out there thinking that they were suggesting something radical by suggesting that women go to work, but really they were just justifying and maybe even sugarcoating the economic decline of the Western world.

I guess that’s kind of my own take on it there, but you can pick up on that if you’d like to talk about that economic element to it. But maybe, Jonathan, you could just talk about that more palatable kind of compromise feminism which seems to be embraced by, I would say, a vast majority of women.

JB: Yes, it’s a sort of very practical solution and women have always bene a very practical sex at one level of consciousness. This middling solution, where you take a little bit of the small R radical feminism and kick the rest into touch and basically can see it as a conceit and as a way to move forward on the career front, is an eminently sensible way of looking at it. It’s not necessarily what men always wanted, but it’s a solution that in a sense neuters the more virulent aspects of feminism whilst retaining a considerable dose of it.

There was a theorist in the 1920s called Wyndham Lewis who wrote a book in 1926, I think, called The Art of Being Ruled in which he suggested that capitalism was the real motivating force behind feminism, because the whole point was that the family was an archaic and reactionary institution that was pre-modern and floated uneasily in the marketplace and dammed up any alternative lifestyle. All these producers and consumers that could be let loose, but they could only be let loose if women were prized out of the home and were treated as auxiliary men and were used in the workplace in that manner.

It’s a remarkably prescient analysis given that it was regarded as quite mad when he came up with it in the 1920s. It accords almost painstakingly with what’s actually happened.

RS: Yes, without question. Also, the welfare state benefits from it. You have women working, they’re paying more taxes. Divorce benefits certain economic groups. If you’re owning apartments, you’re going to benefit by the family no longer being intact. So, in a kind of horrible way, feminists are again the useful idiots of the banking system and American capitalism.

JB: Yes, and you see that in the cultural area as well. The sort of Sex and the City feminism totally divorced in many ways from the lifestyle and instincts of the Left, which can be quite puritanical, goes with a hedonistic market capitalism. You see this sort of combination of feminism and libertarianism and feminism and libertarian capitalism and the two going along together. You see this in the sort of females’ issues magazines like Cosmopolitan, which are the female equivalent of pornography in many ways motivated again by the market and what it is felt the market will bear and is quite distinct from the traditional romantic fiction, so-called female emotional pornography, which are endless stories fictionalized about romances between men and women which tend to adopt deeply socially conservative and sort of old-fashioned timbre.

Cosmopolitan and Sex and the City are the exact inverse of all of that and advocate an almost predatory and slightly sluttish sort of sexuality for women that traditional moralists were appalled by and women as a whole have tended to regard as a harmful lifestyle for women but is now a sort of market-tested to destruction attitude that’s favored on every newsstand.

RS: Oh, without question. I don’t want to sound too haughty by saying this, but I’m afraid that too many of the women who move to, say, London or Manhattan, they get a job and they’re little miss career gal and they live the Sex and the City lifestyle and at some point in their mid-40s they wake up alone and lonely living with cats. Again, I’m not trying to demean anyone. It just seems to be the case and there seems to be a hangover of the Sex and the City lifestyle, which is something I don’t think anyone wants.

So, Jonathan, expound a little bit, if you would, on how feminism has changed men. I think it’s something a lot more complicated than wussification or men have become like women. I think it’s something deeper and more varied than that.

JB: Yes, I think it is. I think what’s happened is that a whole storehouse or memory chain of male archetypes and types has gone down, has been sort of zapped and factored down. Certain types of raw heterosexuality in a relatively traditional and very Masculine, capital M, have gone away and gone down the memory hole, but so have elements of the dandy and the sort of over-stepping, flamboyant heterosexual. Those roles, which were quite marked and quite varied, and bohemian male roles as well of a traditional type. They’ve gone as well or they’ve been rather neutered and confined as well.

fem0154680235110702_1233227079_n.jpgThere’s a whole intermediate zone of masculine identities who had their card marked and have gone into the past. The question is why has this occurred? And I think the motivation is almost completely male and completely internalized. I think it’s many men do not feel that they can be successful in private life, do not feel they can attract the women they wish to attract or be seen as attractive to such women and certainly not get alongside of them if they are otherwise than the present sort of postmodern man. They feel like they’ve got really no chance in the private lifestakes if they remain loyal to traditional and rather heedless masculinities that are in conflict with the egalitarianism of the present order.

This is something where theory is all very well, but if you want to have a happy or beneficent life you have to do various things to make that turn around in the private area and men have basically just bitten on the bullet really and adopted a whole new set of masculine constructs in order to be successful with women and they think they’ve actually been quite clever because they’ve adopted an element of male feminist language, posture, and behavior in order to get on with women once equality was formalized in civics and in law and in social behavior.

Men haven’t changed deep down that much maybe, but behaviorally they’ve changed a great deal, and this goes to show that men don’t revert to something else when they’re on their own these days except very occasionally and under the influence of all-male banter or drink or whatever. But that’s pretty rare and it’s not the reversal that scandalized feminists would expect on the whole either.

So, I think that a lot of men feel that in order to have successful families, in order to have successful private lives, they need to downplay certain prior forms and play up certain attitudes and variants which are acceptable today. And I think that’s happened right across the board.

RS: Yes, as we discussed off-air, our side sometimes underestimates the importance of that 20% of things that is nurture as opposed to nature and, in the case of men, it’s almost as if the post-feminist man is a new, different biological species. I mean, he’s not exactly, but that nurture end of the equation is quite powerful.

JB: Yes, well, no one would engage in politics, no one would engage in any social ideology if the 20–25% of the things that is nurture as against nature was unimportant. So, it’s in some ways the crucial vortex through which everything becomes what it’s bound to be. If you just left it to nature, you would end up with a semblance of what nature wanted, but you would probably give the game away to all sorts of people who wish to denature nature as much as possible. So, nature on its own isn’t enough and men have not fundamentally biologically changed, but their behavior has altered out of all recognition.

If your average man in the 1920s looked at what happened today, he’d be baffled. And yet a part of him wouldn’t be, because he’d just perceive it as a tactic that is adopted in order to be successful.

RS: Do you think that’s all it is, a tactic?

JB: It’s a tactic that goes quite deep. It’s rather like learning a stage part in a play, but you learn it so well it sort of becomes your unguent. It becomes what you wish to be when you’re off set. I think it’s a part that’s been learned to such a degree that it’s become second nature now.

Maybe that proves that part of the prior masculinities were also slightly rhetorical that they’ve proved themselves to be so adaptable and so changeable. But I think it’s the pressing need to be successful in this area that is the prime motivator.

Also, I just think it goes with the egalitarian discourse. Because what is the alternative? Is the alternative a cult of male superiority? Many men would feel uncomfortable with that because the idea of superiority and hence inferiority in any area strikes people as axiomatically discomforting in present circumstances.

RS: To bring this conversation to a close, let’s talk a little bit about the woman question from a deeper and anthropological standpoint and that is the role of the woman in the West. Certainly, it’s no coincidence that many of these feminist movements were arising out of Europe writ large. Even if you want to blame it on Marxism, it’s arising out of the European milieu at some level. A lot of that has to do with the fact that, despite some of the horror stories told by Leftist academics, women are treated better in the Western world than they are in the rest of the world, quite frankly.

One likes to imagine the oppressive bourgeois marriage or something, but in comparison with most other gender relations around the world the oppressive bourgeois marriage is quite equitable. So, it’s probably no surprise that feminism would grow out of the Western world.

There seems to be a tension in the West between let’s just call it liberalism granting people more equality, thinking that people can transcend their biological or material rootings and kind of decide for themselves and then also another deep Western tradition, which is the family.

I should point this out. If one wants to be a crude Darwinist, in some ways the monogamous family is also a great victory for feminism. I mean, obviously, if we were going to live in a truly Darwinian atmosphere we’d have some sort of polygamy where the big man, strongest guy gets all the women, and all the weaklings are either killed or serve as slaves or something.

But in many ways this tradition of the family and monogamous relations, a very deep tradition, one that predates Christianity, that is also something uniquely Western. You don’t see a lot of monogamy in, say, the Old Testament or Semitic traditions. You see polygamy and tribal relations. But that monogamous family is something uniquely Western.

So, just taking up on some of these thoughts that I’ve put forward, Jonathan, what do you think from an anthropological standpoint is the role of the woman in our European culture?

feministes.jpgJB: Yes, I think it’s really the traditional role. It’s the role that predates ’60s feminism. I think it can be compatible with doing various jobs, but I think it is the mother’s role and traditional female roles extended out into the educational area, into nursing, into areas like that. But essentially the mother role, the Madonna role . . . Of course, there is a sexual role as well. And the scarlet female role is part of that continuum. It has to be because all areas have to be covered by it. So, that’s all part of the package.

All of those survive in the West quite markedly, actually, despite feminism’s impact. So, feminism’s changed everything, yet everything’s remained the same. All of the female lifestyles that pre-existed feminism co-exist with those that have been changed by it.

I think what’s really happened is that feminism hasn’t changed women at all. It’s changed certain patterns of female opportunity, but it hasn’t changed women one iota. What it has changed is it’s changed men a great deal.

I think men have been the real recipients of feminist ideology, and it’s men who have been transformed by it or have been reluctantly so transformed because they feel as though there’s no option but to accept a certain dose of it in order to have some successful private life.

So, I personally believe it’s feminism’s action on the male agenda that’s the crucial issue. Women have changed to a degree, because they’ve adopted some of its vocabulary, but men have had to adapt in a much, much greater degree because it was an alien vocabulary as far as they were concerned. They have adopted it, and they have had to get rid of or junk an enormous prior traditional male set of vocabularies, only a proportion of which are heard anymore even amongst men even when they’re on their own.

Feminism has bitten very deep and has changed men and probably not for the best. If you look at the way men are depicted in 1950s films, which is before the cultural watershed, and how men and women are depicted and allow themselves to be depicted, and depict themselves more is the point, from the 1970s onwards you notice a really radical transformation in the way masculinity is configured, the way heroic masculinity is configured, the way all forms of masculinity are configured. Certain traditional forms of masculinity where the Humphrey Bogart character slaps the woman because she’s misbehaving would now be regarded as so unacceptable as to cause a frisson if they were to occur in contemporary cinema, for example.

RS: Well, it’s interesting that there’s a deep ambivalence with all of this. I’ve noticed this with the success of the television show Mad Men, which in some ways represented men behaving badly so women could kind of gawk at the oppressiveness and outmodedness. So, you’d have men openly hitting on their secretary and lots of ass-slapping and having little affairs during lunch breaks and so on and so forth.

At the same time, if it were just that I don’t think it would be a successful show. It might be a successful show for men, you know, on the Spike network, the stupid jock all-men programming cable network. But the reason why Mad Men was successful was at some level that Don Draper figure, that tall, dark, masculine, strong, self-confident, willing to put someone in their place type of man is something deeply attractive to women, and it’s something they continually long for maybe even despite themselves, certainly despite feminism.

But, Jonathan, I think we have just scratched the surface on this issue. Thank you for being with us and I look forward to talking with you again next week.

JB: All the best! Bye for now!

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2016/07/the-feminist-mystique/

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/07/Medea-Sandys.jpg

[2] here: http://www.radixjournal.com/bowden/2014/7/24/the-feminist-mystique

mercredi, 13 juillet 2016

Thomas Paine, un « citoyen d’honneur » haineux, intrigant et délateur

Né en Grande-Bretagne dans un foyer de corsetiers quakers, Thomas Paine (1737-1809) est matelot, fonctionnaire, révoqué à deux reprises en raison de son indiscipline et de ses indiscrétions, puis artisan, déclaré failli. Il rencontre Benjamin Franklin à Londres, en 1774, et passe en Pennsylvanie, où il entame une carrière de journaliste antiesclavagiste. En 1776, son livre antimonarchiste The Common Sense est un best-seller et devient le bréviaire des Insurgents.

En 1777, il est choisi comme aide de camp par le général indépendantiste Nathanael Greene, un dévoué collaborateur de George Washington auquel ce dernier ne rendit jamais l’hommage qu’il méritait, et publie quantité de brochures destinées à stimuler l’ardeur au combat des patriotes. Nommé secrétaire du Comité des Affaires Étrangères du Congrès (1777-78), il est révoqué en raison de ses intrigues et de la divulgation d’informations confidentielles.

Commonsense.jpgEn 1781, il passe en France afin de récolter des fonds pour la cause indépendantiste, puis se morfond dans la ferme que le nouvel État de New York lui a offerte pour ses bons services. En mai 1787, il propose à l’administration royale française, en grosses difficultés financières, un projet de pont métallique, qui sera réalisé en 1796, en Grande-Bretagne.

De 1787 à 1792, il séjourne à Londres, où il fréquente Charles Fox, le leader de l’opposition libérale, et à Paris, où il est très apprécié par le journaliste Brissot et l’académicien et marquis Nicolas Caritat de Condorcet. En 1791-92, il publie les volumes de The Rights of Man (Les Droits de l’Homme), qui se veulent une réfutation du pamphlet d’Edmund Burke contre la Révolution française.

L’Assemblée Législative en fait un « citoyen d’honneur » et il est élu député à la Convention Nationale, bien qu’il ignore la langue française : pour ses rares interventions à la tribune, il devra se faire aider du médecin et député « brissotin » François Lanthenas, comme traducteur. Il siège au centre (dans le « Marais »), mais vote systématiquement comme son ami Brissot, qui l’a fait entrer dès octobre 1792 au Comité de Constitution. Il est emprisonné de décembre 1793 à novembre 1794 comme « espion étranger », puis réintègre la Convention.

En 1796, il publie The Age of reason, où il fulmine contre toutes les religions révélées, clame sa haine de tout clergé et prône le déisme et la tolérance religieuse. Rentré aux USA en octobre 1802, il entreprend une campagne de dénigrement contre George Washington (mort en 1799), ce qui lui vaut un mépris quasi-général et meurt oublié dans sa ferme.

Bevor die Friesen Christen wurden

Bevor die Friesen Christen wurden

Wer denkt schon bei Sylt an eine „Insel der Toten", wer bei Helgoland an einen Göttersitz oder beim Anblick nordfriesischer Inselkirchen an „Heilige Linien" Michael Engler spürt die oft rätselhaften Kulte vorchristlicher Zeit auf und lädt zu einer Entdeckungsreise durch die Inselwelt zwischen Helgoland und Sylt ein von den steinzeitlichen Monumenten eines längst verschollenen Glaubens bis zu mittelalterlichen Sakralbauten über uralten Tempelorten. Da wird von großräumig in Landschaften angelegten Kalendarien berichtet, von geheimnisvollen Ringwällen und von jahrtausendealten exakten Berechnungen für astronomische Beobachtungen oder von ganzen Dörfern für die Götter. Das heute noch praktizierte -- und als touristische Attraktion genutzte -- Biekebrennen macht deutlich, dass manch ein „heidnischer" Brauch die Jahrhunderte überlebt hat, auch wenn der ursprüngliche Sinn längst verloren ging. Ein spezielles Licht- und Aufnahmeverfahren hebt die Kultstätten aus ihrem natürlichen Umfeld hervor und verwandelt auf den ersten Blick kaum wahrnehmbare Spuren in wieder vorstellbare Räume. Legenden und Chroniken -- mit nordfriesischen Landschaftsbildern in Szenen gesetzt -- versetzen den Zuschauer in jene Zeit, bevor die Friesen Christen wurden.

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jeudi, 30 juin 2016

Die Geschichte der Reconquista

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Die Geschichte der Reconquista

von Carlos Wefers Verástegui
Ex: http://www.blauenarzisse.de

Vor einigen Jahren kam im identitären Umfeld das Motto von der „Reconquista“ auf. Carlos Wefers Verástegui erklärt ihre historischen Hintergründe.

Die Reconquista, die Rückeroberung der iberischen Halbinsel von den islamischen Mauren, sollte Vorbild sein für einen ähnlichen europäischen Prozess. In diesem gilt es, dass die angestammten europäischen Völker sich selbst, ihre Identität und ihre Freiheit, ihre Ethnizität, sowie ihr damit verbundenes Selbstbestimmungsrecht, wiedererlangen.

Obwohl das mit der „Reconquista“ damals wohl mehr schlagwortartig gemeint, als klar durchdacht war, war es eine glückliche Wortwahl: Bereits die ursprüngliche spanische „Reconquista“ (7111492) hatte primär als Wiedererlangung eines verlorenen bzw. Erholung eines erschöpften Landes etwas mit Identität zu tun.

donpelf6c24b22fb_b.jpgDie islamische Eroberung verlief schnell

Die „Vorgeschichte“ der Reconquista, aus der sie allein verständlich wird, ist die Eroberung und Zerstörung des spanischen Westgotenreichs durch den Islam. Im Jahre 711 fielen nordafrikanische Berbertruppen im Auftrage ihrer arabischen Herren in Spanien ein. Der Heerbann des der Überlieferung zufolge letzten Westgotenkönigs Roderich wurde nahe der südspanischen Stadt Jeréz de la Frontera geschlagen. Die Muslime brauchten kaum ein Jahrzehnt, um die ganze iberische Halbinsel zu erobern. Die Hauptstadt des Westgotenreichs, Toledo, fiel noch im selben Jahr, 711. Gegen Ende des zweiten Jahrzehnts des 8. Jahrhunderts standen die Muslime an den Pyrenäen und machten sich daran, die südfranzösischen Besitzungen des Westgotenreiches sowie fränkisches Gebiet zu erobern.

Ausschlaggebend dafür, dass es zur Reconquista kam, ist also die enorme Geschwindigkeit, mit der Spanien dem Islam in die Hände fiel. Trotz des Widerstands und zahlreicher Abwehrschlachten stürzte das Westgotenreich wie ein Kartenhaus in sich zusammen.

Ein Bruderkrieg mit fatalen Folgen

Die Gründe dafür sind in einer totalen Krise der westgotischen Monarchie zu suchen. Eine Systemkrise hatte den Staat entscheidend geschwächt. Eine strukturelle Schwäche war das Festhalten an der Wahlmonarchie, während bereits Tendenzen bestanden, die jeweilige königliche Hausmacht zur Basis einer Erbmonarchie zu machen. Dieser die monarchische Verfassung betreffende Konflikt entlud sich in Form von Thronstreitigkeiten.

Die Wahl Roderichs wurde so zum Auslöser eines Bruderkriegs. Die Aufständischen, die Familie des vorherigen Königs Witiza und ihre Anhängerschaft, versuchten sich gegenüber Roderich durchzusetzen, indem sie den islamischen Gouverneur Nordafrikas um Hilfe baten. Als das berberische Expeditionskorps schließlich in Spanien landete, befand sich Roderich auf einem Feldzug gegen baskische Volksstämme. Diese hatten zum denkbar schlechtesten Zeitpunkt die Stadt Pamplona überfallen, so dass Roderich gezwungen war, die ihm treuen Kräfte im Norden zu konzentrieren.

Ein entkräftetes Reich

Auch wirtschaftlich und demographisch war das Westgotenreich zur Zeit der Invasion stark angeschlagen. Widrige Klimaverhältnisse, Heuschreckenplagen, Pestepidemien und Hungersnöte hatten die größtenteils unfreie Bevölkerung dezimiert. Zudem hatte das Vordringen des Islam im Mittelmeerraum zum Untergang des Handels geführt. Aber bereits die antijüdische Gesetzgebung davor hatte den Niedergang des Handels eingeläutet. Die Westgoten waren offiziell mit ihrem König Rekkared 587 vom Arianismus zum Katholizismus übergetreten. Die Christusvorstellungen, die die katholische Monarchie der Westgoten von nun an definierten, waren ein zentralisierendes und vereinheitlichendes Motiv. Wie zuvor schon die arianischen Westgoten mussten die Juden entweder zum Katholizismus übertreten oder sich ihre Unterdrückung und Verfolgung gefallen lassen. Als die islamischen Heere durch Spanien zogen, halfen ihnen die Juden oftmals bei der Eroberung der Städte. Das war nur verständlich, wussten sie doch von ihren Glaubensbrüdern in Nordafrika, dass die Verhältnisse unter dem Islam für sie erträglicher sein würden.

Letztendlich war auch die Heeresverfassung des Westgotenreiches zu plump und ungelenk, um schnell genug auf eine Invasion reagieren zu können. Sie befand sich mitten in einem Umbildungsprozess. Es kam also, wie es kommen musste, das Westgotenreich fiel mit einem Schlag.

Barbaren fingen die Reconquista an

Zehn Jahre bevor Karl Martell die über die Pyrenäen vorgedrungenen Muslime mit seinen „Panzerreitern“ zwischen Tours und Poitiers zurückschlug (732), wurde im nordspanischen Asturien der Grundstein zur „Reconquista“ gelegt. Der westgotische Adlige Pelagius war dort untergetaucht und leistete gemeinsam mit den Einheimischen und andern nach Norden geflohenen Spaniern und Westgoten (von nun ab „Hispanogoten“) Widerstand.

Nach einigen Scharmützeln, der legendären „Schlacht von Covadonga“ (722), konnte er für sich ein kleines Fürstentum behaupten. Die Muslime schenkten ihm und seinen Männern trotz der Niederlagen wenig Beachtung. Sie waren zu beschäftigt mit der Kontrolle des reicheren und für sie auch klimatisch angenehmeren Südspaniens und machten sich daran, ihre Eroberung in Richtung der französischen Provence voranzutreiben.

Es liegt durchaus im Bereich des Möglichen, dass Pelagius bereits von Anfang an, eine Rückeroberung ganz Spaniens von den Mauren angedacht hatte. Militärisch konnten sein Schwiegersohn Alfons I. und dessen Bruder Fruela die Uneinigkeit, die unter Berbern und Arabern aufgekommen war, ausnutzen, um den Nordwesten der iberischen Halbinsel bis zum Duero vom Islam zu befreien. Die christliche Bevölkerung, die sie dort vorfanden, führten sie nach Norden, um ihr Königreich zu stärken. Auch gelang es ihnen, die an Asturien grenzenden Gebiete ihrer Herrschaft einzugliedern.

„Neogotizistische“ Kulturoffensive gegen den Islam

Wichtiger noch als diese Konsolidierung des asturischen Nachfolgestaats des Westgotenreiches war dessen „politische Formel“: die Könige von Asturien und später León stammten nicht nur von den Westgoten ab. Auch rechtlich machten sie Anspruch auf die gesamte Erbmasse des Westgotenreiches. Dessen Wiederherstellung war deshalb sowohl Seins– als auch Rechtsgrund der jungen asturischen Monarchie: Sie wurde zum Grundbestandteil ihrer Legitimität.

Diese „neogotizistische“ Formel wurde noch Ende des 8. Jahrhunderts vom Klerus besorgt und stellte eine Art Kulturoffensive gegen den Islam dar. Später, im Hochmittelalter, diente sie der Untermauerung des spanischen Kreuzzuggedankens. Die Reconquista fand ihren eigentlichen Antrieb im Gefühl und in der Überzeugung, nicht bloß der Kontinuität, sondern der Identität zwischen Westgoten und asturischen Nordspaniern. Das germanische Element, das die kaum 200.000 Westgoten, die zudem noch romanisiert waren, nach Spanien gebracht hatten, erlebte eine ungeahnte kulturelle Blüte. Germanische Personennamen und Gebräuche erfuhren eine Verbreitung und genossen eine Popularität, die in keinem Verhältnis zur tatsächlichen numerischen Stärke der westgotischen Volksmassen stand.

Besondere Zugkraft bekam der Gedanke der „Wiedererlangung“ des Westgotenreiches durch mozarabische Mönche. Die Mozaraber waren in Al-​Andalus lebende, jedoch christlich gebliebene Hispanogoten, die infolge der kulturellen Vorherrschaft von Islam und Arabertum selbst in ihren Gebräuchen arabisiert waren. Die mozarabische Geistlichkeit verstand diese fortschreitende Arabisierung richtig als eine Vorstufe des Übertritts zum Islam. Um diesen Prozess zu unterbinden, gingen mozarabische Kleriker mit dem Islam auf Konfrontation. Ihr Opfertod war ein klarer Aufruf zum Widerstand.

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Um 1100 wäre die Reconquista abgeschlossen gewesen

Während der Christenverfolgungen des 9. Jahrhunderts flohen tausende Mozaraber nach Norden. Und mit dem mozarabischen Klerus zog eine auf der Höhe der Zeit stehende Geschichtstheologie mit nach Asturien-​León. Diese spitzte die traditionelle politische Formel der asturischen Monarchie noch mehr polemisch gegen den Islam zu. Die ursprüngliche Idee einer „Wiedererlangung“ oder „Zurückholung“ fand ihre endgültige Ausformulierung in einer apokalyptischen Geschichtstheologie. Diese bildete ein höchst wirksames Programm im Kampf gegen den Islam.

Mit ihr hielt die Reconquista bis ins 11. Jahrhundert hinein militärisch schritt. Ihre Prophezeiung einer Wiederherstellung Spaniens bewahrheitete sich so, mit jedem gegen die Muslime errungenen Erfolg, von selbst. Kriegerisch waren die Nordspanier dem Islam derart überlegen, dass, wie der Arabist Felipe Maíllo Salgado bemerkt, die Reconquista bereits im Jahr 1100 zu ihrem Abschluss hätte kommen können. Dass das nicht geschah, ist vor allem der Tatsache zu verdanken, dass das unermessliche reiche, nicht sehr wehrhafte und überfeinerte Al-​Andalus dazu einlud, sich Tribute zahlen zu lassen nach der Devise, dass eine Kuh, die sich melken lässt, nicht geschlachtet wird.

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Evola ’43-’45. Intervista a Gianfranco de Turris

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Evola ’43-’45. Intervista a Gianfranco de Turris

Ex: http://blog.ilgiornale.it

Evola-GdT2.pngÈ appena uscito per Mursia, firmato da Gianfranco de Turris, Julius Evola. Un filosofo in guerra. Il sottotitolo, 1943-1945, dovrebbe accendere qualche spia nei lettori del pensatore romano, essendo il periodo più misterioso della sua vita, quello di cui ha parlato di meno, con più lacune da un punto di vista biografico. Ora, finalmente, questo saggio ci svela ciò che fece in quegli anni, i viaggi in Italia ed Europa, la permanenza al Quartier Generale di Hitler e i nove mesi a Roma «città aperta», i rapporti con l’SD e il soggiorno a Vienna per studiare documenti massonici, il bombardamento in cui decise di saggiare il destino, interrogando tacitamente la sorte… Una trama che si sviluppa in un continente messo a ferro e fuoco da un conflitto mondiale, ricostruita con una minuzia storiografica esemplare: enorme la mole dei documenti citati, assieme a interviste e testimonianze personali. Ne abbiamo discusso con l’autore, domandandogli anzitutto quale sia stata la genesi di questo testo.

Il mio libro ha origine da una conferenza, tenuta a Milano alla fine degli anni Novanta, dedicata agli uomini della Repubblica Sociale, poi pubblicata in volume. Anche se Evola non può essere considerato in senso vero e proprio un “uomo della RSI”, ho scritto quel che si sapeva allora, sulla base dei suoi articoli pubblicati sul «Popolo Italiano» e riuniti sotto il titolo Con Mussolini al Quartier Generale di Hitler. Ho usato queste fonti come filo conduttore, aggiungendo altri particolari. In seguito, nel 2001, ne ho pubblicata una versione migliorata – ma non troppo – sulla rivista «Nuova Storia Contemporanea» di Francesco Perfetti. Da quel momento in poi, non ho mai smesso di raccogliere materiale.

Come si è mosso attraverso questo immenso corpus di fonti?

Sono state le parole di Evola a orientarmi, quel che diceva e che non diceva, ciò cui alludeva in quelle che possiamo chiamare le sue – pochissime – memorie. Ho messo insieme un mosaico d’informazioni e riferimenti – spesso indiretti – tratti da libri italiani e stranieri, insieme a testimonianze di persone che l’avevano conosciuto o che erano in contatto con altri protagonisti di questa storia. Ma spesso, devo dire, si è trattato anche di colpi di fortuna!

Le testimonianze raccolte hanno sostanzialmente confermato quel che si sapeva di lui in quegli anni, cruciali per l’Europa?

In genere hanno confermato tutto: i viaggi, gli incontri, gli spostamenti… Le uniche cose che sono state smentite sono tutte le leggende metropolitane, come, ad esempio, la questione della sua paralisi agli arti inferiori, avvenuta durante il famoso bombardamento a Vienna, che secondo alcuni aveva avuto invece origini “magiche”…! Ricordo che lui stesso rideva di queste dicerie… Ebbene, alcuni dei documenti rintracciati (come le lettere a Walter Heinrich che Hans Thomas Hakl mi ha messo a disposizione, insieme al rapporto medico allegato) hanno finalmente smentito tutto

Ma che ci faceva Evola a Rastenburg, al Quartier Generale di Hitler? E con il Duce, per giunta?

Evola parte da Roma alla fine dell’agosto 1943, con un gruppo di persone di cui non ha mai fatto il nome. Viaggia verso Berlino, per render conto ai tedeschi della situazione effettiva del Paese, ancora sotto il governo Badoglio. In Germania c’erano due tendenze: chi credeva in Badoglio, come il Ministero degli Esteri, e chi no, come l’SD e le SS. Questo contrasto impediva ai tedeschi di prendere qualsiasi decisione. Ebbene, Evola arriva in Germania, va a Berlino, parla con chi deve parlare. A quel punto, scopre che Giovanni Preziosi lo sta cercando, e va nella cittadina in cui risiede. Intanto, gli altri membri del gruppo tornano in Italia: quando decide di fare lo stesso, è l’8 settembre. Voleva partire il 9, ma la notte precedente sente l’annuncio dell’armistizio. Viene chiesto a lui e a Preziosi di parlare in radio, a nome di chi non intende sottoscrivere l’armistizio. L’annuncio non ha luogo, anche se alcuni storici affermano il contrario. I due vengono trasportati in aereo a Rastenburg, dove, mimetizzato in un bosco, c’è il Quartier Generale di Hitler. Vi giungono probabilmente il 9. Nel frattempo, Mussolini viene liberato dai paracadutisti di Student e dalle SS di Skorzeny e, dopo una o due tappe, arriva a Rastenburg, dove incontra una serie di personalità che si trovano sul luogo, tra cui il figlio Vittorio, Pavolini, Buffarini Guidi e Farinacci. Tra l’arrivo di Evola e Preziosi e la liberazione di Mussolini hanno luogo, come ampiamente documentato da storici come Attilio Tamaro, lunghe conversazioni su cosa si debba fare con l’Italia, ipotesi di governi diversi da contrapporre alla resa e al Regno del Sud, che si sarebbe creato di lì a poco.

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Gianfranco de Turris

Di questo incontro rimane la celebre scatola di sigari firmata dopo una serata di festeggiamenti da quasi tutti i presenti, poi conservata dal filosofo romano e riportata nel libro (©Fondazione J. Evola, qui riprodotta per gentile concessione).

I presenti – che risiedevano, assieme ad altre personalità italiane, nei vagoni di un treno, scrive Evola, «immobile» come la situazione politica del momento – firmarono una scatola di cubani Walter E. Beger, a ricordo del loro incontro. Dall’alto in basso le firme sono: Giovanni Preziosi, un nome tedesco incomprensibile, Alessandro Pavolini, Orio Ruberti, Cesare Rivelli, Ugo Valla, Angelo Vecchio Verderame, J. Evola, uno sconosciuto A. Zinay, Vittorio Mussolini e Renato Ricci. Manca la firma di Farinacci, in quel momento assente poiché, scrive Evola, convocato dal Duce in udienza privata.

Un altro documento molto particolare è quello selezionato per la copertina…

Questa immagine è stata scelta perché è quella più singolare, e sicuramente colpisce il lettore, per un libro di questo genere. Di solito è poco riprodotta: è una delle molte scattate il pomeriggio del 20 luglio 1944, dopo l’attentato di von Stauffenberg, avvenuto la mattina. Per un insieme di casualità della storia – dimostrazione del fatto che nulla è già scritto – l’attentato del conte non raggiunse il suo scopo. Nella foto, oltre al Duce e al Führer si distinguono Bormann, Göring e l’ammiraglio Dönitz. Alle sue spalle, in terza fila, si scorge il profilo di un uomo in borghese con i calzoni alla zuava, così sembra. Dalla Germania, anni fa, giunse la segnalazione che secondo alcuni si trattava di Julius Evola. Guardandolo bene, in effetti, è impossibile non notare una qualche vaga somiglianza – i capelli, il naso, eccetera eccetera – ma un esame dei fatti pratici dimostra che è impossibile. Il 20 luglio Evola era a Vienna, sotto falso nome. Ciononostante, si tratta di un’immagine molto curiosa, che analizzo nel libro.

Quanto rimane ancora da scoprire sulla vita di Evola di quegli anni?

Poiché di testimoni diretti non ne esistono più, occorre basarsi su materiali di archivio, pubblici o privati. Ad esempio, le lettere di Evola a Heinrich di cui ho già parlato, venute alla luce solo nel 2014, che hanno rivelato la data del bombardamento che l’ha travolto, il nome falso che aveva a Vienna e altre cose. Ma si può anche andare per induzione, integrando le lacune di alcuni documenti usandone altri. Certo, di cose da scoprire ce ne sono ancora. Ad esempio, se si riuscisse ad avere – ma penso siano andate distrutte o perdute – le lettere di Evola a Goffredo Pistoni, potremmo sicuramente avere dettagli aggiuntivi. Oppure le missive che il filosofo scriveva ai suoi amici quando era in ospedale: alcune le abbiamo recuperate, molte no. Altro non credo ci sia: ad esempio, da dove potrebbero mai uscire dettagli del viaggio che fece da Roma a Firenze e poi da Firenze a Verona, dopo l’arrivo degli Alleati? E cosa fece esattamente nella città scaligera?

Un mistero destinato a restare tale, insomma…

Sarà sempre così, proprio perché non ci sono fonti dirette su tutta questa vicenda, che può essere rischiarata solo a partire da deduzioni. Nelle linee generali e complessive, però, i fatti accaduti sono questi. Non credo che altre acquisizioni possano modificare sostanzialmente questa ricostruzione, che mi ha impegnato per anni ma che finalmente getta luce su uno dei periodi più enigmatici della vita di Julius Evola. Se il mio libro, pur con tutte le sue ipotesi, servisse a stimolare ricordi, indicazioni, nuove deduzioni, avrebbe già assolto parte del suo compito.

Les fanatiques de l’Apocalypse, de Norman Cohn

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Les fanatiques de l’Apocalypse, de Norman Cohn

Ex: http://oratio-obscura.blogspot.com

Au nombre des méfaits commis par les figures dirigeantes du Parti socialiste, il convient d’ajouter la propagation de l’ignorance –ceci, non pas seulement en matière de réformes éducatives, mais également dans le dénigrement public de la science. Je pense en particulier à l’hostilité de nos élites vis-à-vis des effets de dévoilement produits par la sociologie qui, non contente de souligner les conditions matérielles et historiques permettant l’apparente majesté du pouvoir, dissout également l’apparente opacité des faits du monde social. Dans ces conditions, tous les pouvoirs qui aspirent à la peur des masses, afin se poser comme remparts (incritiquables) face aux ténèbres, n’ont qu’un recours : tuer le messager. Ainsi, de Lionel Jospin à Manuel Valls, les soi-disant progressistes qui passent leur temps à parler du social (« lien social », « dialogue social », « justice sociale », etc.), n’ont eu de cesse de rejeter toutes tentatives d’explications des causes sociales de phénomènes tels que la délinquance ou le terrorisme islamiste. Pour les politiciens paresseux et les intellectuels faussaires, il est en effet plus confortable de faire des individus des sujets à la Sartre, nageant dans la pure liberté. Et les petits constructivistes de gauche qui veulent, sous couvert de la laïcité, créer une société religieusement neutre, sont bien contents de faire de la religion la source de la violence, comme si la religion n’était pas elle-même un produit des conditions d’existence des hommes, comme si les diverses interprétations et pratiques religieuses n’étaient pas produites dans des circonstances historiques toujours particulières, pour répondre à des objectifs donnés.

norman82805900471FS.gifC’est pour rompre avec cet obscurantisme officiel que j’invite le lecteur à parcourir quelques extraits du premier chapitre de l’excellente étude de l’historien britannique Norman Cohn, Les Fanatiques de l’Apocalypse (1957). Au travers du cas particulier du millénarisme antique et médiéval, on peut aisément s’apercevoir que la religion n’est pas une force transhistorique flottant au-dessus de la vie sociale, mais au contraire un produit de l’activité des hommes, fluctuant dans les remous de l’Histoire.

« De la fin du XIème siècle jusqu’à la première moitié du XVIème siècle, l’Europe vit à plusieurs reprises les pauvres, désireux d’améliorer leurs conditions de vie, mêler ce désir au rêve chimérique d’un nouveau Paradis terrestre, d’un univers libéré de la souffrance et du mal, d’un Royaume des Saints.

L’histoire de ses siècles est, bien entendu, parsemée de luttes innombrables entre les privilégiés et leurs inférieurs : soulèvements des villes contre leurs seigneurs, des artisans contre les négociants capitalistes, des paysans contre les nobles. En règle générale, ces soulèvements ne se proposaient que des objectifs strictement limités –obtention de certains privilèges, abolition de certaines injustices- ou alors il s’agissait d’explosions de fureur destructrice suscitées par la misère pure et simple, et dont la Jacquerie constitue un exemple célèbre. Certains soulèvements revêtirent toutefois une portée différente. Le Moyen Age avait hérité de l’Antiquité –des Juifs et des chrétiens primitifs- une tradition prophétique qui connut un fantastique regain de vitalité. Pour parler le langage qui s’impose ici, celui des théologiens, il se constitua une eschatologie (un corps de doctrine concernant le sort ultime de l’univers) d’ordre chiliastique (dans le sens le plus large du terme, c’est-à-dire qui prédisait l’avènement d’un Millénium non pas limité à mille ans, mais pratiquement illimité, au cours duquel le monde serait habité par une humanité à la fois parfaitement bonne et parfaitement heureuse). Cette eschatologie, riche d’un réconfort que la doctrine officielle de l’Église médiévale s’interdisait de prodiguer, finit par exercer sur le peuple une fascination puissante et durable. Chaque génération s’adonnait, ne fût-ce que temporairement, à l’espoir fébrile de quelque événement subit et miraculeux qui entraînerait la transformation intégrale du monde, ou de quelque prodigieuse lutte finale qui, opposant les cohortes du Christ à celles de l’Antéchrist, constituerait à la fois l’apogée et la justification de l’histoire. Il serait certes simpliste d’assimiler le monde de l’exaltation chiliastique à celui de l’agitation sociale. Mais il n’est douteux qu’à maintes reprises les masses affligées et mécontentes furent séduites par quelque « prophète » millénariste. Des mouvements se constituaient alors qui, en dépit de leurs proportions réduites et de leur caractère éphémère, nous frappent rétrospectivement par l’analogie qu’ils présentent avec les grands mouvements totalitaires contemporains.

Ce rapprochement ne manquera pas de susciter certaines réserves. N’est-ce pas projeter sur une civilisation disparue des préoccupations qui n’appartiennent qu’à notre temps ? Je ne le pense pas. Je n’irai certes pas jusqu’à nier que dans cet imprévisible kaléidoscope que nous appelons l’histoire, chaque constellation éphémère possède son irréductible spécificité. Mais l’histoire des conduites sociales révèle certains schèmes récurrents, dans leurs grandes lignes du moins, et dont les analogies semblent très frappantes. Cela n’apparaît nulle part plus clairement que dans les mouvements de masse éminemment émotionnels qui constituent le sujet de notre étude. On ne compte pas les cas où les gens se groupèrent au sein de mouvements millénaristes d’une sorte ou d’une autre, et ceci à différentes époques de l’histoire, dans bien des régions et au sein de sociétés fort diverses du point de vue de leurs techniques, de leurs institutions, de leurs valeurs et de leurs croyances. Leur ton allait de l’agressivité la plus outrancière au pacifisme le plus doux. Leur but, de la spiritualité la plus éthérée au matérialisme le plus vil. On ne saurait dénombrer ni les différentes représentations du Millénium ni les voies pour y parvenir. Mais les analogies apparaissent autant que les différences, et plus l’on compare les explosions du chiliasme social militant de la deuxième moitié du Moyen Age aux mouvements totalitaires modernes, plus on est frappé par leurs ressemblances. Une tyrannie mondiale va succomber sous peu sous les coups du peuple élu guidé par une élite infaillible et inspirée. Ce conflit imminent revêtira une importance incomparable et unique, car il permettra de purifier à jamais l’univers du mal qu’il renferme et amènera l’histoire à sa consommation prévue de toute éternité. Ces chimères n’ont rien perdu de leur puissance de fascination. Même si les vieux symboles et les slogans d’autrefois ont été remplacés, la structure des rêves fondamentaux n’a pratiquement pas changé. […]

La genèse de cette eschatologie n’a fait jusqu’à présent l’objet d’aucune étude détaillée. Les sectes les plus strictement religieuses, qui naquirent et disparurent durant cette même période, ont au contraire été amplement analysées. L’histoire des cathares, dont la religion gnostique s’épanouit sur de vastes secteurs de l’Europe méridionale, et celle des vaudois que certains considèrent comme des précurseurs de la Réforme, ont suscité une littérature plus qu’abondante. On a beaucoup parlé également de ces chiliastes particulièrement ascétiques, les franciscains dits spirituels. Mais on s’est rarement interrogé sur la façon dont, pendant près de quatre siècles et demi, les doctrines apocalyptiques cristallisèrent les aspirations, les rancœurs et les angoisses sociales qu’elles dotèrent en retour d’un dynamisme nouveau. […] Ces différents mouvements ne peuvent être considérés (ils ne le furent pas de leur temps) comme constituant une secte hérétique unique dotée de caractéristiques propres. Les documents attestent plutôt l’existence d’une longue tradition salutiste populaire fondée sur des croyances pour la plupart tolérées par l’Église à une époque ou à une autre, mais qui, par l’interprétation qui en était donnée et la façon dont elles s’exprimaient, mettaient en péril l’ordre social existant. Le présent ouvrage se propose, dans la mesure du possible, de suivre l’évolution de cette tradition dans certaines parties de l’Europe au Moyen Age. » (p.7-11)

Norman Cohn (photo)

norman24566.jpg« Déjà les livres prophétiques de l’Ancien Testament, dont certains remontent au VIIIème siècle, décrivaient une immense catastrophe cosmique, dont émergeraient une Palestine qui ne serait rien de moins qu’un nouvel Éden, un paradis reconquis. Ayant négligé son Dieu, le peuple élu devait connaître la famine, la peste, la guerre et la captivité, avant d’être soumis à un jugement qui, par sa sévérité, effectuerait une rupture totale avec un passé coupable. D’abord viendra le Jour de Jéhovah, le jour de colère. Le soleil, la lune et la étoiles seront enveloppés de ténèbres, les cieux se replieront comme un parchemin qu’on roule, et la terre tremblera. Alors sonnera l’heure du Jugement qui verra les mécréants (c’est-à-dire les élus qui n’auront pas eu foi dans leur Seigneur et les païens, ennemis d’Israël) jugés et éliminés, sinon totalement anéantis. Mais ce ne sera pas tout : certains Juifs, « les restes salvifiques », survivront à ces châtiments et deviendront l’instrument des desseins de Dieu. Le peuple élu ainsi amendé et régénéré, Jéhovah renoncera à sa vengeance et se muera en Libérateur. Les Justes […] se regrouperont en Palestine et Jéhovah viendra s’établir parmi eux. Il sera leur Seigneur et leur Juge. Il régnera sur Jérusalem reconstruite, sur Sion devenue capitale spirituelle du monde, vers laquelle convergeront tous les peuples. […]

Les textes apocalyptiques, destinés aux couches inférieures de la population juive et qui représentent une forme de propagande nationaliste, frappent par leur grossièreté et leur démesure. Ceci, dès le premier texte apocalyptique, la vision ou songe du chapitre vu du Livre de Daniel, rédigé vers 165 avant Jésus-Christ, à une période particulièrement difficile de l’histoire juive. Après l’exil de Babylone, les Juifs de Palestine avaient joui, plus de trois siècles durant, d’une sécurité et d’une paix relatives sous l’égide des Perses, puis de la dynastie des Ptolémées. Mais la situation changea lorsque, au IIème siècle avant Jésus-Christ, la Palestine tomba aux mains de la dynastie gréco-romaine des Séleucides. Les Juifs eux-mêmes étaient en proie à d’amères divisions : si l’aristocratie mondaine adoptait d’enthousiasme les mœurs grecques, le peuple, lui, persévéraient avec une résolution accrue dans la foi de ses pères. Lorsqu’Antiochus IV Épiphane, de la dynastie des Séleucides, intervint en faveur du parti grécophile, allant jusqu’à interdire l’observance des rites judaïques, il se heurta à la riposte populaire : ce fut la révolte des Macchabées. Dans le Songe de Daniel, composé au moment où cette révolte faisait rage, quatre bêtes symbolisent quatre puissances mondiales successives : les Babyloniens, la dynastie mythique des Mèdes,  les Perses et les Grecs ; la quatrième bête : « sera différente de tous les royaumes et … dévorera toute la terre, la frappera et la brisera. » (Daniel, VII, 23). A la chute de l’empire, Israël, incarné par le « Fils de l’Homme », « vint dans les nuées des cieux… et il vint jusqu’à l’Ancien des jours… et il lui fut donné la seigneurie et l’honneur et le règne… et tous les peuples et les nations le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point… et les Saints du Souverain receveront le Royaume et y règneront jusqu’au siècle des siècles » (Daniel, VII, 13-14, 27). Aucun des prophètes n’était allé aussi loin. Pour la première fois, le royaume glorieux de l’avenir embrasse, dans l’imagination d’Israël, non seulement la Palestine mais l’ensemble de l’univers.

apocalypse.jpgOn retrouve là l’essentiel de ce qui allait devenir le thème central de l’eschatologie révolutionnaire. L’univers est dominé par une puissance maléfique et tyrannique dont la capacité de destruction est infinie, puissance d’ailleurs conçue comme surhumaine et démoniaque. Sous cette dictature, les outrages se multiplient, les souffrances des victimes deviennent de plus en plus intolérables, jusqu’à ce que sonne l’heure où les saints de Dieu seront à même de se dresser pour l’abattre. Alors les saints eux-mêmes, le peuple élu, ce peuple saint, qui n’a cessé de gémir sous le joug de l’oppresseur, héritera à son tour de l’hégémonie universelle. Ce sera l’apogée de l’histoire. Le Royaume des Saints surpassera en gloire tous les règnes antérieurs : bien plus, il n’aura pas de successeurs. C’est par cette chimère que l’apocalyptique juive et ses nombreux dérivés, devaient exercer une incomparable fascination sur tous les insurgés, sur tous les mécontents à venir. » (p.16-19)

« Baruch prédit l’avènement certain d’une ère de souffrance et d’injustice terribles, l’ère du dernier empire, celui des Romains. C’est alors, au moment même où le mal aura atteint son apogée, que paraîtra le Messie. Formidable guerrier, il sèmera la déroute parmi les cohortes ennemies qu’il réduira à néant. Il fera prisonnier le chef des Romains et le traînera enchaîné sur la montagne de Sion, où il le mettra à mort. Le royaume qu’il instaurera durera jusqu’à la fin du monde. Toutes les nations qui ont régné sur Israël seront passées au fil de l’épée ; certains peuples survivants seront placés sous la coupe du peuple élu. Une ère de béatitude s’ouvrira. » (p.20)

«Simon bar-Cochba qui mena la dernière guerre d’indépendance juive, en 131, fut encore acclamé comme messie. Mais la répression sanglante de ce soulèvement et la suppression d’Israël en tant que nation mirent un terme à la foi apocalyptique et à l’ardeur militante des Juifs. Si au cours des siècles suivant, un certain nombre de soi-disant messies surgirent au sein des communautés essaimées dans divers pays, ils ne prétendaient plus créer un empire mondial eschatologique, mais se proposaient seulement de reconstituer le foyer national. […] L’élaboration des prophéties messianiques, dans la tradition du Songe de Daniel, était passée des mains des Juifs à celles des chrétiens, et ce furent eux qui continuèrent à s’en inspirer. » (p.21)

« Comme les Juifs, les chrétiens réagirent contre l’oppression dont ils étaient l’objet, en proclamant avec une vigueur accrue, à la face du monde et d’eux-mêmes, leur foi dans l’imminence de l’ère messianique qui verrait les tors redressés et les ennemis de Dieu jetés bas. » (p.23)

« En 156 après Jésus-Christ, un certain Montanus de Phrygie se proclama l’incarnation du Saint-Esprit, de cet Esprit de Vérité qui selon le quatrième Évangile devait dévoiler les choses à venir (Jean XV, 26, XVI, 13). Autour de lui se regroupèrent bientôt un certain nombre d’extatiques qui s’adonnaient généreusement à des expériences visionnaires auxquelles ils attribuaient aveuglément une origine divine, et qui constituaient pour eux le Troisième Testament. Leurs illuminations avaient pour thème l’avènement prochain du royaume : la nouvelle Jérusalem allait descendre des cieux sur la terre phrygienne où elle deviendrait le tabernacle des saints. Ils appelaient en conséquence tous les chrétiens à se rendre en Phrygie pour y attendre la parousie –ou Second Avènement-, dans le jeûne, la prière et les larmes du repentir. […]

Rien n’était aussi propice à l’expansion du montanisme que la persécution : aussi, lorsqu’à partir de 177 les chrétiens furent l’objet de nouvelles persécutions dans nombre de provinces romaines, le montanisme perdit soudain son caractère local pour se propager non seulement en Asie Mineure mais aussi en Afrique, à Rome et même en Gaule. […] Tertullien, le plus célèbre théologien occidental de ce temps […] se joignit au mouvement montaniste. » (p.25-26)

« Irénée, originaire lui aussi d’Asie mineure, porta ces prophéties sur la terre de Gaule vers la fin du premier siècle. Évêque de Lyon et théologien émérite, il fit probablement plus que tout autre pour enraciner les croyances chiliastiques en Occident. » (p.28)

« C’est dans l’œuvre de Commodianus, très médiocre poète latin du Vème siècle, que ces chimères traditionnelles, où la vengeance est inséparable du triomphe, se résument pour la première fois en un appel aux armes, première esquisse de l’esprit de croisade chiliastique qui devait déferler sur l’Europe médiévale, puis à notre époque. » (p.29-30)

Nuremberg_chronicles_f_117v_1.png« Au IIIème siècle eut lieu la première tentative visant à discréditer les doctrines chiliastiques : Origène, le plus influent peut-être des théologiens de l’Église, assure en effet que l’avènement du Royaume se situera non pas dans l’espace et dans le temps, mais uniquement dans l’âme des fidèles. A une eschatologie millénariste collective, il substitue donc une eschatologie de l’âme individuelle. […] De fait, ce déplacement d’intérêt répond admirablement aux besoins d’une Église désormais organisée, jouissant d’une paix pratiquement ininterrompue et d’un statut universellement admis. Lorsqu’au IVème siècle, le christianisme établit son hégémonie sur le monde méditerranéen et devint la religion officielle de l’Empire, l’Église prit de plus en plus nettement ses distances à l’égard des théories chiliastiques. L’Église catholique, institutionnalisée, puissante et prospère, suivait une routine solidement établie, et ses responsables n’éprouvaient aucune envie de voir les chrétiens se cramponner à des rêves démodés et trompeurs d’un nouveau paradis terrestre. Au début du Vème siècle, saint Augustin élabora la doctrine correspondant à ces circonstances nouvelles. La Cité de Dieu explique que l’Apocalypse doit être interprétée comme une allégorie spirituelle. Quant au millénium, la naissance du christianisme en avait marqué l’avènement et l’Église en était la réalisation sans faille. Cette théorie prit rapidement valeur de dogme, au point que le Concile d’Éphèse (431) condamna la croyance au Millénium comme une superstition aberrante. » (p.32)

« Si les mouvements révolutionnaires d’inspiration plus ou moins eschatologique furent relativement nombreux en Europe au Moyen Age, ils furent pourtant loin d’être universels ou continus. Rien ne prouve qu’il s’en soit produit avant les dernières années du XIème siècle, et même par la suite (du moins pour l’Europe du Nord), seule la vallée du Rhin possède une tradition chiliastique révolutionnaire presque interrompue jusqu’au XVIème siècle. Une telle tradition marque, de la fin du XIème jusqu’au milieu du XVIème siècle, l’histoire de certaines régions de l’actuelle Belgique ou du Nord de la France, et de certaines parties de l’Allemagne centrale et méridionale, du milieu du XIIIème siècle jusqu’à la Réforme ; on la retrouve ensuite en Hollande et en Westphalie. […] Les régions où les prophéties millénaristes séculaires revêtent soudain une signification nouvelle révolutionnaire, et connaissent un regain de vigueur, sont celles où l’essor économique est particulièrement rapide et se double d’une forte expansion démographique. » (p.41-42)

« Si le dénuement, la misère et l’oppression […] pouvaient suffire à faire naître un millénarisme révolutionnaire, celui-ci aurait connu un essor considérable dans les rangs de la paysannerie médiévale. Ce ne fut que très rarement le cas. Des serfs souvent tentés de prendre la fuite, des efforts réitérés de communautés paysannes pour arracher certaines concessions, des révoltes sporadiques éphémères, tout cela relevait presque du quotidien dans plus d’un domaine seigneurial de l’époque. Toutefois, il est très rare que des paysans, nantis d’une terre, aient consentis à se lancer dans la quête du Millénium. S’ils le faisaient, c’est qu’ils se trouvaient entraînés dans un mouvement plus vaste qui avait pris naissance dans des couches sociales très différentes, ou que leur propre mode de vie traditionnel se dégradait, ou encore, et c’était le cas le plus fréquent, pour ces deux raisons ensemble. » (p.44-45)

« Le réseau des liens sociaux dans lequel le paysan se trouvait jeté dès sa naissance était si puissant et si solidement ancré qu’il rendait impossible tout désarroi radical. […] La notion même d’un bouleversement social était impensable. Dans une économie uniformément primitive où personne n’était extrêmement riche, rien ne venait susciter des besoins nouveaux ; rien, en tout cas, ne pouvait inciter à des rêves de puissance ou de faste. » (p.46-47)

cohn98292.jpg« Cet état de choses se mit à évoluer à partir du XIème siècle, plusieurs régions d’Europe bénéficiant d’une paix assez durable pour permettre l’accroissement de la population et l’essor du commerce. […] Dès le XIème siècle, le Nord-Est de la France, les Pays-Bas et la vallée du Rhin avaient atteint une densité de population telle que le système agricole traditionnel se révélait incapable d’en assurer la subsistance. Nombre de paysans se mirent à défricher des forêts, des marécages et des franges côtières, ou prirent la route de l’Est pour participer à la grande colonisation allemande des terres slaves : ces pionniers eurent généralement la vie plus facile. Restaient de nombreux paysans sans terre, ou que leur lopin ne suffisait pas à nourrir : il leur fallait donc se débrouiller tant bien que mal. Une partie de cette population excédentaire alla grossir les rangs du prolétariat rural. D’autres affluèrent dans les nouveaux centres urbains et industriels pour donner naissance à un prolétariat urbain. » (p.48)

« Aux XIème, XIIème et XIIIème siècles apparu une industrie textile florissante qui ne cessa de croître jusqu’à ce que l’actuelle Belgique et le Nord-Est de la France fussent devenus un district manufacturier unique, la région la plus industrialisée d’une Europe qui demeurait à prédominance agricole. […] Au XIIème siècle, les négociants flamands trafiquant le long du Rhin, rejoints aux XIIIème siècle par ceux de la vallée du Rhin elle-même, finirent par règner sans conteste sur le commerce international de l’Europe septentrionale. Ils transitaient le tissu flamand vers les marchés nouveaux de l’Allemagne centrale et méridionale, ou vers le Levant. » (p.48)

« L’industrie se concentrait dans les villes : or, tout serf qui cherchait asile dans une ville y recouvrait sa liberté. En outre, il y était infiniment plus facile pour un pauvre, surtout au début de l’expansion économique, d’améliorer sa condition. […] L’horizon économique et social s’élargissant, la misère et le dénuement cessèrent d’apparaître comme le sort inéluctable du peuple.

Nombreux, cependant, furent ceux qui se contentèrent d’acquérir de nouveaux besoins sans pouvoir les satisfaire. Le spectacle d’une munificence dont nul n’aurait osé rêver quelque siècle auparavant éveillait en eux un sentiment d’amère frustration. Dans toutes ces zones surpeuplées où l’urbanisation et l’industrialisation étaient fort avancées, une foule d’individus vivait en marge de la société dans un état d’insécurité chronique. Même à ses meilleurs jours, l’industrie n’était pas en état d’absorber cet excédent de population. Les mendiants pullulaient dans la moindre bourgade : ils erraient par bandes dans les rues, ou cheminaient d’une ville à l’autre. Un grand nombre se faisaient mercenaires […]. » (p.49)

« Le prolétariat urbain ou rural (paysans déshérités ou incapables de subvenir à leurs propres besoins, mendiants, vagabonds, journaliers et manœuvres, chômeurs et ouvriers menacés de chômage), tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ne pouvaient parvenir à un statut stable et reconnu, vivaient dans un état de frustration et d’anxiété perpétuelles qui en faisaient l’élément le plus instable et le plus impulsif de la société médiévale. » (p.51)

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« Cette population excédentaire et marginale eut toujours tendance à élire pour chef un laïque ou un moine défroqué qui s’imposait non seulement comme saint homme, mais aussi comme prophète et sauveur, sinon comme Dieu vivant. Arguant des révélations ou des pensées inspirées qu’il prétendait tenir de Dieu, ce chef assignait à ses disciples une mission collective d’importance cosmique. La certitude de cette mission, et de l’élection divine pour des tâches prodigieuses, dotait ces hommes déçus et désemparés de points de repères stables et d’espoirs nouveaux. Non seulement ils trouvaient ainsi une place dans le monde, mais cette place unique et rayonnante se situait au centre des choses. […] Ces confréries avaient conscience de constituer une élite distincte, supérieure au commun des mortels, sur laquelle rejaillissaient les mérites prodigieux de leurs chefs et leurs pouvoirs miraculeux. En outre, la mission qui fascinait le plus ces masses devait naturellement trouver son couronnement dans la transformation radicale de la société. Elles trouvaient dans les prophéties eschatologiques, héritées d’un passé immémorial et issues du monde oublié du christianisme primitif, un mythe social parfaitement adapté à leurs besoins. […] Ces hommes éprouvaient le besoin pressant de frapper l’infidèle afin de redonner corps, par la souffrance infligée aussi bien que subie, à ce royaume ultime où les saints assemblés autour de la grande figure protectrice de leur Messie, jouiraient d’une richesse, d’un confort, d’une sécurité et d’une puissance éternels. » (p.53-54)

-Norman Cohn, Les fanatiques de l’Apocalypse. Courants millénaristes révolutionnaires du XIème au XVIème siècle, Bruxelles, Editions Aden, coll. « Opium du peuple », 2011 (1957 pour la première édition anglaise), 469 pages.

Publié par Johnathan Razorback

jeudi, 23 juin 2016

Emperor Maximilian & the Dream of a European Mexico

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Emperor Maximilian & the Dream of a European Mexico

 

One hundred and forty-nine years ago, on June 19, 1867, Maximilian von Hapsburg—Emperor of Mexico, brother to Austrian Emperor Franz Josef, and descendant of Holy Roman Emperors—was shot by a firing squad of rebels in Querétaro, Mexico. Maximilian stood six-foot-two, had blond hair and blue eyes, and was 34 years of age. He had been Emperor of Mexico for barely two-and-a-half years.

Maximiliano.jpgSo ended the short life of Maximilian, and the much briefer life of Imperial Hapsburg Mexico. Often viewed as a sort of black comedy out of Evelyn Waugh—aristocratic simpleton moves to the tropics and gets lynched by noble savages—the Maximilian story is a grave one that reverberates to the present day. Put simply, Maximilian’s rule was  a  valiant attempt to turn a perpetually bankrupt, disorderly Mexico into something else—an orderly, prosperous, Europeanized country. A transformed Mexico, newly planted with arrivals from Austria, Hungary, Germany, France and, perhaps most importantly, the Confederate States of America.

In 1865-66, Germans founded colonies in Yucatan. Confederates went to Monterey and Cordoba and the new town of Carlota, 70 miles west of Veracruz, where they farmed, built sawmills and freight companies, and helped construct the first-ever long-distance railway line between the Gulf Coast and Mexico City.[1][2][3] During Maximilian’s brief reign, Mexico’s international debts were settled, while trade and commerce revived.[4]

Not for long of course. Imperial Mexico got strangled at birth by its northern neighbor. The U.S.A. wanted a weak, unstable country at its southern border, so it armed and funded the guerrillas who overthrew and executed the Emperor.

Now, this is not the conventional, vague explanation one usually hears for Maximilian’s reign and collapse. The usual story blames it all on the French. We’re told Maximilian was no more than a puppet emperor installed by Napoleon III, and propped up by the French army and Foreign Legion (who were there originally for reasons to do with Mexico defaulting on debts, or something). Thus when those French forces withdrew, the Imperial regime collapsed.

There are a couple of serious problems with this potted history. For one thing, contemporary reports tell us Maximilian’s rule was fairly popular for most of his reign. The largely European upper classes—grandees, business people, clergy—liked him from the start (and cooled on him only when he proved to be a little too progressive and liberal for their taste).The indios and common people particularly welcomed him, seeing in this monarch an end to the constant upheavals that had colored the national scene ever since Mexico’s dubious independence in 1821.[5]

There had been at least 40 different governments in four decades; the exact number is indeterminable. Maximilian’s opponents — Benito Juarez, Porfirio Diaz, and their followers — were a ragtag collection of so-called “Liberal” bureaucrats and warlords, essentially the same sort of self-seeking politicos who had been exploiting the country since the 1820s. By the time Maximilian arrived in Mexico at the end of 1864, Juarez and Diaz, et al. had been chased to the banks of the Rio Grande, where they waited for succor from the United States.

It was not long in coming. The Washington regime had determined to sabotage the Imperial government however it could. This was far and away the determining factor in Maximilian’s downfall. As the American Civil War wound down in 1865, the Federals turned their sights on the Southwest, and gave the rebel warlords all the gold [6] and guns they needed to keep up their guerrilla campaign. According to reports, 30,000 rifles were deposited on the riverbank near El Paso by Gen. Philip Sheridan.[7] With the South now defeated, the U.S. Army had plenty of surplus. Sheridan also brought an “army of observation” of 50,000 men to the border, to support the rebels and threaten the Imperial and French troops.[8]  Whenever possible, the Federals prevented Southerners from embarking to the new colonies by ship.[9] Washington refused diplomatic recognition to Maximilian’s government, and went so far as to brazenly warn Austria and other European countries not to aid Maximilian. (The United States, warned Secretary of State Seward, “cannot consent” to European intervention and establishment of “military despotism” in the Western Hemisphere.[10])

Bizarrely, Washington continued to recognize insurgent leader Benito Juarez as Mexican president long after his term ended in 1864.[11]

LBM-525007df728e7a1594228f.jpgThe U.S.’s persistent and calculated support for the rebels shows that Maximilian’s fall was neither inevitable nor foreordained. Which makes it very compelling to imagine what might have become of Mexico had Maximilian’s cause prevailed.  Would Imperial Hapsburg Mexico have become a sort of Austria-Hungary of the tropics, full of ski resorts, opera festivals and retirement chalet-condos in the Sierra Madre? Perhaps the current Hapsburg heir would be Emperor of Mexico.

Or — to consider the Confederate heritage — might Mexico have become the fulcrum of an expansionist military/commercial empire, eventually encompassing all of Central America, much of the Caribbean, and perhaps even South America — a Knights of the Golden Circle dream, fulfilling its manifest destiny?

Either way, in order to survive it would need to crack its mestizo problem, which after all was the main cause of Mexico’s instability. Maximilian himself never seems to have explored racial matters or noted the connection between Mexico’s heterogeneous, mostly nonwhite population, and its tumbledown governmental administration; but no doubt his ex-Confederate advisors were no doubt ready to enlighten him. In any case, the clear policy of Imperial Mexico was to fill the country up with white people.

Extrapolating to the present day, one might speculate that the big racial discussion a century-and-a-half later would concern illegal immigration . . . particularly nonwhite aliens and immigrant from the north of the border. (“Decades ago we allowed some blacks to come down to work in the Konditoreien and Krankenhausen . . . We felt so sorry for them, the way they were treated in the U.S. of A. Those little negro girls in Little Rock! We didn’t know what they were really like. But now! Right outside Charlottenburg, the toniest suburb of Mexico-Stadt, there’s this ghastly slum that looks like the South Side of Chicago . . .”)

But to return to less whimsical musings . . .

Why Maximilian? Why was he there? For most people this is a complete conundrum. As noted above, the origins of Imperial Hapsburg Mexico are generally skimmed over in (American) history, dismissed as an incursion by “the French” for some vague purposes of empire-building or debt-collection. The whole adventure is known mainly through celebration of Cinco de Mayo, which commemorates a minor battle from 1862, years before Maximilian was anywhere on the scene.

In grade-school and high-school history, the Maximilian episode is often (or used to be) presented as an object lesson in the “Monroe Doctrine,” the 1823 promulgation that the United States must regard as “unfriendly” any “interference” by European powers in the political affairs of independent states in the New World. But even if you take the Monroe Doctrine seriously (and it’s pretty hard to, considering that it’s nothing more than a unilateral declaration of a nation’s supposed “sphere of influence”), the Doctrine does not strictly apply to the Maximilian case. Maximilian did not rule Mexico as an Austrian prince or satrap of France. He was ostensibly offered the Imperial crown by the “people of Mexico,” and however dubious that vox populi might be, Maximilian accepted the offer in good faith, and took it as a duty. As Emperor of Mexico he did not owe fealty to any other state or prince.

LEFM-10e75e132d5af4b88866.jpgThe many evasive characterizations of the Maximilian story—European interference, imperial aggrandizement, debt-collection, et al.—all avoid the fundamental reason why Maximilian was brought in. And that was the horrifying disorder and lawlessness that had characterized Mexico in the generation or so since independence. One can argue that disorder is just innate to Mexico. Regardless, the chaos had become particularly noticeable by the early 1860s, when after years of governmental corruption, the Benito Juarez administration announced it would default on the loans made by overseas investors. (The crisis that precipitated the 1862 military intervention by France, along with Britain and Spain.) A good example of this corruption, or incompetence, is shown by the Veracruz-to-Mexico City railway mentioned above. This had originally been planned, and concession granted, in 1837. But construction of the 300-mile route never really commenced till 1865, under Maximilian. At this time Mexico did not have a single long-distance railway.

The post-independence years had brought a complete breakdown of communication and law-enforcement through most of Mexico. Traveling any distance overland was a dangerous expedition, one that should only be taken only with armed guard. A fact of life celebrated in a popular painting genre of the period: the robbery of a stagecoach, or diligencia. Usually titled something like “Assault on the Diligencia,” these paintings display masked bandits having their way with stagecoach booty and despairing passengers.

The diligencia genre can be considered an ancestor of the film western, particular such examples as John Ford’s 1939 Stagecoach. (The Mexican title of which is, oddly enough, La Diligencia.) Thus the disorder of the Mexican outback was in fact the original Wild West. Its lawlessness is of great significance to Americans, because the background  of the western, in fiction and film — unpatrolled wilderness, distant towns, bandits around every mountain pass — is basically a legacy of the former Mexican rule. Or non-rule, rather. In this context Maximilian was the befuddled new sheriff, or dude from the East. He comes to town to bring civilization and order, and gets his hat shot off.

Notes

1. Neal and Kremm, The Lion of the South: General Thomas C. Hindman, Mercer University Press, 1997.

2. David M. Pletcher, “The Building of the Mexican Railway,” Hispanic American Historical Review, Duke University Press, Feb. 1950.

3. Carl Coke Rister,”Carlota, A Confederate Colony in Mexico,” The Journal of Southern History, Feb. 1945.

4. J. Kemper, Maximilian in Mexico, tr. by Upton, 1911.

5. J. Kemper, op. cit.

6. Besides supplying a munitions depot on the Rio Grande, the U.S. financed the insurgents by buying heavily discounted war bonds. Brian Loveman, No Higher Law: American Foreign Policy and the Western Hemisphere Since 1776. UNC Press, 2010.

7. NY Times, 2013. http://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/10/04/maximilia... [3]

8. Loveman, op. cit.

9. (General Sheridan, again.) Rister, op. cit.

10. Loveman, op.cit.

11. J. Kemper, op. cit.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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mardi, 21 juin 2016

« Histoire de l’Afrique du Nord » de Bernard Lugan

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« Histoire de l’Afrique du Nord » de Bernard Lugan

Recension

par Camille Galic, journaliste, essayiste

Ex: http://www.polemia.com

Depuis les prétendus printemps arabes et la paupérisation provoquée par la chute du prix des hydrocarbures en Algérie, déjà fragilisée par la succession de l’égrotant Bouteflika, le Machrek et le Maghreb connaissent également une extrême tension, qui provoque un exode massif vers nos pays.

C’est dire si Histoire de l’Afrique du Nord (Egypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc) des origines à nos jours, de Bernard Lugan, vient à point.


Histoire de l'Afrique du Nord 1.jpgPour son dernier et très ambitieux ouvrage, l’historien africanologue, auquel on doit déjà une Histoire de l’Egypte (1) et une autre du Maroc (2), a étudié son et plutôt ses sujets non pas géographiquement, mais chronologiquement, comme l’avait fait il y a trente ans Jean Duché pour sa passionnante Histoire du Monde (3). Choix judicieux car les destins des contrées concernées, et qui, depuis l’Antiquité ont durablement été soumises aux mêmes maîtres, l’Empire romain puis l’Empire ottoman s’interpénètrent. Avec la lecture « horizontale » adoptée par Bernard Lugan, on discerne mieux les interactions, les similitudes mais aussi les contradictions entre les cinq composantes de la rive sud de la Méditerranée, avec une inexorable constante : le facteur ethnique.

Toute l’Afrique du Nord était en effet peuplée jadis de Berbères (selon l’égyptologue Christiane Desroches-Nobecourt qui ausculta sa momie, l’illustre Ramsès II aurait été un « grand rouquin »). Si, en Egypte, les clans nilotiques furent tôt unifiés par les pharaons, au contraire de ceux du désert libyque, redoutables prédateurs, ce sont les luttes tribales qui, de la Cyrénaïque à l’Atlantique, entraînèrent d’épouvantables carnages et favorisèrent tour à tour les successives occupations étrangères — romaine, vandale, byzantine, arabe, normande, ottomane et enfin française ou italienne —, les chefs locaux s’appuyant sur les nouveaux venus pour neutraliser et/ou massacrer leurs rivaux et les peuples d’iceux. Ces confrontations furent particulièrement sanglantes en Algérie et au Maroc où les différentes tribus ont longtemps joué le Portugal ou l’Espagne pour venir à bout des autres. Et n’est-ce pas la Communauté internationale qui s’est immiscée dans les rivalités tribales du cru pour éliminer le régime de Kadhafi avec ce résultat que la Libye a sombré à nouveau dans les haines ancestrales entre tribus de la Cyrénaïque et celles de la Tripolitaine, sans parler du Fezzan ?

Et quand le soutien étranger ne suffit pas, c’est le respect ou plutôt le non-respect de la religion qui légitime les carnages. Ainsi les Almohades misèrent-ils sur le fanatisme pour renverser la dynastie almoravide considérée comme corrompue par les plaisirs d’Al-Andalus (création berbère, et non arabe, insiste Lugan) puisque les femmes n’y étaient pas voilées et qu’on y écoutait de la musique.

L’arabisation, funeste révolution

Ce sont aussi les Almorades qui unifièrent tout le Maghreb sous la férule marocaine mais, auparavant, ces purs Berbères de l’Anti-Atlas avaient changé la physionomie de la région en ouvrant la voie aux Arabes, comme le rappelle notre auteur : « Sous le règne de Jacoub al Mansour (1184-1199), les tribus arabes Rijah, Jochem, Athbej, Sofyan, Khlot, Attej et Zoghba reçurent l’autorisation de s’installer dans les riches plaines atlantiques, alors peuplées par plusieurs tribus masmouda aujourd’hui disparues ». Ne restait plus aux Berbères restés sur place qu’à fuir vers les montagnes, pour y fomenter de nouvelles séditions, ou à s’assimiler « peu à peu aux Arabes, à telle enseigne qu’aujourd’hui, la plupart des habitants des Doukhala sont persuadés qu’ils sont d’origine arabe ».

Cette révolution, qui irradia dans tout le Maghreb, eut des répercussions aussi durables que funestes : l’agriculture, jusque-là pratiquée par les sédentaires et qui avait fait de la Numidie le « grenier à blé » de Rome, dut céder aux pratiques des nomades, ce qui entraîna des disettes endémiques car, de l’aveu même d’Ibn Khaldoun, « semblables à une nuée de sauterelles, ils détruisaient tout sur leur passage ». Des gigantesques étendues d’alfa qui remplacèrent les champs de blé, on peut tirer du papier ou des paillasses, mais pas du pain. Et le drame de l’Algérie contemporaine est qu’après l’indépendance, comme le rappelle Bernard Lugan, le FLN influencé par Nasser et le jacobinisme français se livra à une arabisation forcenée de ce qui était encore kabyle (« Nous sommes des Arabes, des Arabes, des Arabes », proclamaient dans les rues d’Alger d’immenses inscriptions après l’indépendance). Avec ce résultat que la Mitidja, cet immense verger naguère si prospère grâce à la colonisation et à l’assèchement des marais, si coûteux en vies humaines, s’est désertifiée et qu’Alger doit importer à grands frais l’essentiel des denrées alimentaires. C’est la « crise du pain » qui favorisa la montée du Front islamique du Salut et provoqua la meurtrière guerre civile qui ravagea le pays après l’annulation des législatives de juin 1990 gagnées par le FIS.

Mais comment les Berbères, par nature insoumis sinon libertaires, et où la christianisation avait été « intense » (600 évêchés identifiés en Afrique du Nord), avaient-ils pu accueillir si rapidement une religion aussi globalisante et dogmatique que l’islam qui, en 714, soit moins d’un siècle après l’Hégire, avait déjà soumis toute l’Afrique du Nord à la loi du prophète ? Du point de vue théologique et sociologique, l’islam est certes « confortable », qui après une profession de foi minimale, la chahada, n’exige l’adhésion qu’aux quatre « piliers », dont seul le ramadan est contraignant, et assure à ses fidèles un statut social et financier privilégié par rapport aux dhimmis. Mais s’y ajoutèrent des motifs économiques et politiques. Ainsi les chrétiens coptes d’Egypte, furieux de voir le concile de Chalcédoine consacrer la prééminence du patriarcat de Byzance sur celui d’Alexandrie avec pour conséquence la primauté de la Nouvelle Rome sur le grand port égyptien comme grande place économique de la Méditerranée orientale, versèrent-ils dans la dissidence, ce qui entraîna une reprise en main musclée sous Justinien et donc une grande rancœur chez les coptes se considérant comme occupés. « Ces luttes internes au christianisme préparèrent donc le terrain aux conquérants arabo-musulmans ».

Cette Histoire de l’Afrique du Nord apprendra – ou rappellera aux plus érudits – quantité d’événements marquants ou de faits moins importants mais révélateurs. Sait-on que l’armée fatimide chiite qui, en 969, marcha sur l’Egypte avant de s’emparer de Damas était « essentiellement composée de contingents berbères » partis de l’Ifrikiya-Tunisie ? Que les Mameluks, cette aristocratie d’« esclaves exclusivement blancs », Slaves, Albanais ou Caucasiens, qui régna plus de trois siècles sur l’Egypte, « méprisaient l’usage des armes à feu » qui « devint même le monopole exclusif des esclaves noirs », considérés comme « une horde méprisable » ? Alors que, comme l’a reconnu le ministre de la Défense Le Drian, « plus de 800.000 Africains attendent en Libye de franchir la Méditerranée » grâce à des passeurs qui leur font miroiter l’Eldorado contre des milliers de dollars, sait-on enfin que, depuis la conquête arabe, ce pays fut la plaque tournante de la traite négrière entre l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, par où transitèrent, selon certains auteurs, plus de cinq millions d’esclaves noirs, razziés par « des esclaves, qui n’étaient pas les moins sanguinaires, opérant au nom de l’islam » ? Une tradition multiséculaire, revivifiée par le catastrophique printemps libyen, auquel, pour notre plus grande honte, la France de Sarkozy cornaqué par Bernard-Henri Lévy apporta aide, subsides et armements.

Eclairé de très nombreux encadrés explicitant les points les plus divers (origine ethnique des anciens Egyptiens, piraterie contre lesquelles les puissances européennes multiplièrent les interventions armées, rôle des gouverneurs ottomans, drame des disparus d’Algérie, etc.) et d’un copieux cahier de 72 pages d’illustrations et surtout de cartes extrêmement bien faites sur l’Afrique du Nord depuis les Romains, les migrations, la progression de l’islam, des invasions et occupations, cette Histoire de l’Afrique du Nord est un indispensable livre de référence. En outre, ce qui ne gâte rien, ce gros livre se lit avec autant d’agrément que d’intérêt.

Camille Galic
15/06/2016

Bernard Lugan, Histoire de l’Afrique du Nord, éd. du Rocher 2016. 732 pages grand format avec index, bibliographie (des noms propres mais non des lieux) et cahier illustré couleur.

Notes :

  • 1/Editions du Rocher, 2001
  • 2/Critérion, 1992.
  • 3/Histoire du Monde, en cinq tomes publiés de 1960 à 1966 par Flammarion.

dimanche, 19 juin 2016

Bretoenen in de Groote Oorlog

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In memoriam Christian Dutoit, overleden op 18 juni 2016

Bretoenen in de Groote Oorlog

Christian Dutoit

Ex: http://www.meervoud.org

‘Vlamingen, herdenk de slag der Gulden Sporen’, zo spoorde monarch Albert I ons in 1914 aan om het ‘vaderland’ te verdedigen. De Walen werden herinnerd aan 600 Franchimontezen. Er mocht best wat regionalistisch patriottisme ingeschakeld worden in de propagandamachine voor kanonnenvlees. Maar dit was blijkbaar geen typisch ‘belgisch’ verschijnsel. Ook de Bretoenen werden overspoeld door propaganda en waren goed voor 130.000 slachtoffers in de ‘Groote Oorlog’. Om hen aan te sporen bediende de Franse jacobijnse republiek zich, merkwaardig genoeg, van allerlei verwijzingen naar Bretoense particularismen, zoals taal, kleding en folklore.

Alle affectie voor de Bretoense zaak, die van overheidswege vóór de oorlog onbestaande was, werd nu aangemoedigd om het Bretoense volk in te schakelen in de verdediging van het ‘Grote’ Vaderland, de Franse Republiek dus. Meteen werden affiches in het Bretoense gedrukt om mensen warm te maken voor een ‘volkslening’ (‘Emprunt de la Victoire’). Op an- sichtkaarten die aan het front verspreid wer- den zijn traditionele Bretoense kledij en muziekinstrumenten afgebeeld, de doedelzak werd plots populair. De Bretoense bard Théodore Botrel werd min of meer ‘chansonnier aux armées’, enz.

Maar al bij al was dit enkel oorlogspropaganda en veranderde er helemaal niets in de relatie tussen de Jacobijnse staat en Bretagne. Gevolg was wel dat de Bretoense beweging, de ‘Emsav’, versterkt uit de oorlog kwam.

Bretagne is van oudsher vrij katholiek en ook de kerk deed haar best om gelovigen op te roepen om naar het front te trekken. De aartsbisschop van Rennes verklaarde in augustus 1914 dat de oorlog een goddelijke straf was voor het anti-katholieke sectarisme en de afvalligheid tegenover God. De kerk spande zich in om via bedevaarten, gebeden, parochieblaadjes en prullaria het patriottisme aan te moedigen. Niet-katholieken verweten dan weer dat de Bretoense kudde zich liet beïnvloeden door paus Benedictus XV (1854-1922), geboren als Giacomo Giambattista markies della Chiesa, die opriep tot vrede en aldus de facto verdacht werd van Duitsgezindheid.

Tussen 1914 en 1918 werd 65% van de Bretoenen in de leeftijdscategorie 18-48 jaar ge- mobiliseerd (het Franse gemiddelde was 56%). De Bretoenen waren goed voor ongeveer de helft van de Nationale Marine. ongeveer de helft van de Nationale Marine Deze ‘overmobilisatie’ had grote gevolgen voor de economie, vooral voor de landbouw en de visvangst. Bretagne stond ook in voor de opvang van 80.000 vluchtelingen (in 1918) uit het noorden van Frankrijk en Vlaanderen. Vrouwen, vooral weduwen, werden ingezet als ‘munitionettes’ in het arsenaal van Rennes (5.200) en de kruitfabriek van Pont-de-Buis (2.900). Ze werden ook ingeschakeld in 800 Bretoense ziekenhuizen waar liefst 800.000 soldaten waren. In 1918 werden 4.556 arbeidsters van het arsenaal van Rennes terug afgedankt wegens overbodig. Maar ook kinderen werden bij de oorlog betrokken. Scholen werden gebruikt om soldaten te kazerneren. Alle lessen waren gebaseerd op de promotie van het patriottisme. Kinderen werden opgedragen gewonde soldaten te bezoeken en geldinzamelingen te doen voor gevangenen. Oorlogswezen waren de inzet van een weinig verheffende strijd tussen Kerk en Staat.

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Men schat het aantal Bretoense oorlogsslachtoffers op 130.000, althans voor wat soldaten betreft. In de jaren twintig werden die herdacht door separatisten die de mening toegedaan waren dat al die doden de kiemen waren van een breuk met de Franse staat. Ook regionalisten kwamen om die reden op voor meer autonomie. Voorstanders van de eenheid van de Republiek keerden de zaak om en eerden de doden die ‘voor Frankrijk’ hun leven hadden gegeven. Maar hoe dan ook, tijdens de oorlog was er al heel wat onvrede met de gevoerde politiek. Op 16 april 1917 weigerden honderden soldaten oorlogsbevelen op te volgen. Op 2 juni sloeg een heel regiment in Rennes aan het muiten. Van 2 tot 9 juni van datzelfde jaar gingen de ‘munitionettes’ in Brest staken. De gehele oorlog was een gruwel voor de Bretoenen. Van het IJzerfront over Verdun tot aan de Zwitserse grens stierven ze bij bosjes voor de Franse Republiek. Vaak met honderden tegelijk in zinloze oorlogsverrichtingen.

Na de oorlog werd er, in 1927, een officieel monument opgericht voor de gesneuvelde van de vijf Bretoense departementen in Saint- Anne d’Aurey. In nagenoeg elk Bretoense dorp is er ook een monument, meestal in de buurt van de kerk, vaak in de oude religieuze traditie vervaardigd. Enkel de monumenten in de steden zijn ‘naar Frans model’ gemaakt: burgerlijk, republikeins en zonder religieuze verwijzingen.

Nog steeds leven ‘oorlogshelden’ in de herinnering door, zoals Jean-Corentin Carré als republikeinse en vrijzinnige held, Pierre- Alexis Ronarc’h die in oktober 1914 in Diksmuide omkwam, of Jean-Julien Lemordant, schilder van het plafond van het theater van Rennes, die in oktober 1915 blind werd en tal van verwondingen opliep. Hij overleefde de oorlog en werd door de regionalistische pers geëerd als een held van een vernederd maar glorieus Bretagne.

Christian DUTOIT

jeudi, 16 juin 2016

Quand les Wahhabites massacraient les habitants de Kerbala (1801)

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Quand les Wahhabites massacraient les habitants de Kerbala (1801)

Par Jean-Baptiste Rousseau

(Extrait de "Description du Pachalik de Bagdad" - Treuffel et Würtz - Paris - 1809)*

Ex: http://www.france-irak-actualite.com

…(…)… Quinze lieues plus bas que Hilla, au-delà de l’Euphrate dans le Désert, on voit les ruines de Coufa, ville célèbre dans les fastes de l’Islamisme.

A l’occident de Hilla, et à six lieues du fleuve, se trouve Imam Hussein, qu’on doit considérer plutôt comme un gros bourg, que comme une ville bien peuplée. Ce bourg peut contenir sept à huit mille habitants, et ses murailles de terre sont entourées de jardines et de champs cultivés, qu’arrose et fertilise un bras de l’Euphrate, un zabet y commande au nom du pacha.

Ceux qui ont lu l’histoire des Arabes savent que Hussein, fils d’Ali, ayant été appelé en 680 par les habitants de Coufa pour s’asseoir sur le siège pontifical, partit de Médine avec sa famille, et eut le malheur de périr en route, victime de la fureur du khalife Yézid, qui le fit assassiner proche de la ville dont les citoyens lui avaient déféré les honneurs du rang suprême.

Il fut enterré dans la plaine de Kerbala où il avait expiré d’une manière si tragique. On lui éleva d’abord un simple mausolée, et quelques années après les partisans d’Ali bâtirent dans le même endroit une ville qui reçut le nom de Hussein.

Ce lieu si révéré par les Schias a essuyé en différents temps des outrages insignes ; et les Wahabis qui le surprirent il y a quelques années, comme le verrons tout à l’heure, y commirent des désordres affreux. En 851, le khalife Mutawakkel, protecteur de la secte des Sunnis, en avait fait démolir la majeure partie ; ses successeurs achevèrent de le détruire, et ce ne fut que sous les derniers pontifes arabes qu’on le vit sortir de ses ruines, lorsque la mémoire de Hussein fut rétablie et remise en vénération. Depuis cette époque, Schah Ismaël fondateur de la dynastie persane des Séfévis (vulgairement appelés Sofis) , ayant introduit dans ses états la secte de Schias, ordonna par un édit solennel, que la ville et le tombeau de l’Imam fussent réparés et embellis. Les autres souverains de la même race qui occupèrent le trône après Ismaël, entretinrent avec un égal zèle la dévotion de leurs sujets envers Hussein.

Ce pieux exemple a été suivi par les derniers monarques qui ont régné en Perse : chacun d’eux à l’envi a voulu manifester par de riches présents son extrême respect pour le petit-fils du prophète, de façon que la chapelle sépulcrale de Hussein est devenue le dépôt de tout ce qu’il y avoit de plus précieux dans le trésor de ces princes. On sait que l’eunuque Aga Mohammed khan employa, il y a environ douze ans, cinq millions de piastres, pour revêtir de briques de cuivre doré, les minarets ainsi que la coupole de la mosquée d’Imam-Hussein.

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Les richesses immenses qui s’étaient accumulées dans le sanctuaire d’Imam Hussein faisaient depuis longtemps l’objet de l’insatiable cupidité des Wahabis : ils en méditaient sans cesse le pillage et comptaient tellement sur le succès de leur projet, que quand ils voulaient parler d’un jour heureux et solennel pour eux, ils désignaient celui qui devait les rendre maîtres d’une place si attrayante par la quantité de trésors qu’elle renfermait.

Le jour tant désiré arriva enfin. Ce fut le 20 avril de l’année 1801, qu’ils surprirent la ville, au moment où la majeure partie des habitants l’avaient quittée pour aller à quelques lieues de là, faire leurs dévotions sur le tombeau du père de leur patron. Ces barbares mirent tout à feu et à sang : et après avoir fait un butin immense, tel que les plus grandes victoires n’en procurent jamais, ils se retirèrent fort tranquillement, sans que le gouvernement de Bagdad qui fut informé à temps de leur désastreuse apparition, osât troubler leur retraite ; ils étaient venus au nombre de quinze mille. Les cruautés qu’ils commirent sont inouïes ; vieillards, femmes, enfants, tout périt sous leur glaive impitoyable ; on les vit même dans la fureur qui les animait, éventrer les femmes enceintes, et mettre en pièces sur les membres sanglants le fruit qu’elles portaient. Des gens dignes de foi qui ont eu le bonheur d’échapper à cette affreuse boucherie, m’ont assuré à Bagdad, avoir vu quelques-uns de ces hommes féroces se repaître du sang de leurs infortunées victimes.

L’on évalua dans le temps à plus de quatre mille, le nombre de personnes qui avaient péri dans cette affreuse catastrophe. Les Wahabis emmenèrent, à leur sortie d’Imam-Hussein qu’ils saccagèrent pendant deux jours et deux nuits, deux cents chameaux chargés de riches dépouilles. Non contents d’avoir assouvi leur rage sur les habitants, ils rasèrent les maisons, et firent de la riche chapelle de l’Imam un cloaque d’immondices, et de sang ; ils endommagèrent aussi les minarets et les coupoles de la mosquée, dont ils avaient pris d’abord les briques pour de l’or massif ; mais ayant reconnu ensuite qu’elles n’étaient que du cuivre doré, ils ne crurent pas devoir perdre leur temps à démolir totalement ces édifices dont les décombres ne leur eussent été d’aucune utilité.

Depuis cette malheureuse époque, le roi de Perse a fait réparer le lieu sacré, et le pacha y entretient aujourd’hui une division de Lavends, pour le mettre à couvert d’une nouvelle invasion. Tous les ans il y vient de la part du monarque persan un khan, dont l’emploi est de protéger les pèlerins de sa nation, qui accourent de tous les points de l’Empire pour recevoir les bénédictions de l’Imam, en échange des dons précieux qu’ils font à la chapelle.

La ville d’Imam-Ali, presque aussi grande et aussi peuplée que celle d’Imam- Hussein, est à six lieues de cette dernière, dans une plaine aride où la nature ne versa jamais ses bienfaits. C’est le lieu de la sépulture du gendre de Mahomet, d’Ali, que les Persans révèrent jusqu’à l’idolâtrie, et en l’honneur duquel ils ont bâti une superbe mosquée dont les minarets et les coupoles sont recouverts comme à Imam-Hussein, de briques de cuivre doré. Les Persans regardent le favori intime du Très Haut, et l’appellent la Force ou le Lion de Dieu. Le territoire d’Imam-Ali est d’une stérilité dont on ne saurait se former une idée, et n’offre que des aspects hideux, et des morceaux de sable que la chaleur du soleil enflamme en été. Autrefois les habitants de ce lieu étaient obligés d’aller jusqu’à l’Euphrate pour se procurer de l’eau ; mais depuis environ une quinzaine d’années, le frère de l’Empereur du Mogol y a fait construire un canal qui a coûté des sommes immenses ; on n’a pas pu cependant le perfectionner à cause des tourbillons de sable que la violence du vent y verse sans cesse, et qui le combleraient totalement, si on n’avait pas le soin de les nettoyer tous les ans. Quant aux vivres, c’est de Hilla et de plusieurs villages des bords du fleuve qu’on les exporte pour approvisionner la place.

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Imam-Ali n’était pas moins renommé qu’Imam-Hussein, pour la grande quantité d’objets précieux que la pieuse libéralité des Schias avait accumulés dans son enceinte ; mais depuis le sac de cette dernière ville, on a transféré toutes les richesses qui se trouvaient accumulées ici, à Imam-Moussa près de Bagdad, afin de les soustraire à l’avidité des Wahabis. Malgré cette précaution, ces brigands n’ont pas manqué de se présenter à diverses reprises devant Imam-Ali avec l’intention d’en faire le pillage ; mais soit que l’Imam les ait fait repoussés constamment par une force invisible, comme le prétendent les Persans, soit que les mesures des Wahabis ayant été mal combinées, ils n’ont jamais pu venir à bout de leur entreprise.

*L’orientaliste Jean- Baptiste Rousseau (1780-1831) fut consul de France à Bassora en 1805. Il y avait pris la suite de son père Jean-François appelé Rousseau de Perse, ancien directeur de la Compagnie des Indes et consul à Bassora et Bagdad.

mercredi, 15 juin 2016

The Ancient Greeks: Our Fashy Forefathers

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The Ancient Greeks:
Our Fashy Forefathers

Nigel Rodgers
The Complete Illustrated Encyclopedia of Ancient Greece [2]
Lorenz Books, 2014

“Western civilization” is certainly not fashionable in mainstream academia these days. Nonetheless, the ancient Greek and Roman heritage remains quietly revered in the more thoughtful and earnest circles. Quite simply, virtually all of our social and political organization, to the extent these are thought out, ultimately go back to Greek forms, reflected in the invariably Greek words for them (“philosophy,” “economy,” “democracy” . . .). Those who still have that instinctive pride of being European or Western always go back to the Greeks, to find the means of being worthy of that pride.

Thus I came to the Illustrated Encyclopedia produced by Nigel Rodgers. Life is short, and lots of glossy pictures certainly do help one get the gist of something. Rodgers does not limit himself to pictures of ancient Greek art, though that of course forms the bulk. There are also photos of the sites today, to better imagine the scene, and many paintings from later epochs imagining Greek scenes, the better show Greece’s powerful influence throughout Western history. The Encyclopedia is divided into two parts: First a detailed chronological history of the Greek world, second a thematic history showing different facets of Greek life.

GST2.jpgThe ancient Greeks are more than strange beings so far as post-60s “liberal democracy” is concerned. Certainly, the Greeks had that egalitarian and individualist sensitivity that Westerners are so known for.

Many Greek cities imagined that their legendary founders had equally distributed land among all citizens. As inequality and wealth concentration gradually rose over time, advocates of redistribution would cite these founding myths. (Rising inequality and revolutionary equality seems to be a recurring cycle in human history.)

Famously, Athens and various other Greek cities were full-fledged direct democracies, a kind of regime which is otherwise astonishingly rare. This was of course limited to only full male citizens, about 10 percent of the population of this “slave state.” (Alain Soral, that eternal mauvaise langue, once noted that the closest modern state to democratic Athens was . . . the Confederate States of America.)

The Greeks were individualists too, but not in the sense that Americans are, let alone post-60s liberals. Their “kings” seem more like “chiefs,” with a highly variable personal authority, rather than absolute monarchs or oriental despots.

In all other respects, the Greeks were extremely “fash”: misogynistic, authoritarian, warring, enslaving, etc. One could say that, by the standards of the United Nations, the entire Greek adventure was one ceaseless crime against humanity.

The most proto-fascistic were of course the Spartans, that famous militaristic and communal state, often idealized, as most recently in the popular film 300. Sparta would be a model for many, cited notably by Jean-Jacques Rousseau and Adolf Hitler (who called the city-state “the first Volksstaat). Seven eighths of Sparta’s population was made of helots, subjects dominated by the Spartiate full-time warriors.

The Greeks generally were enthusiastic practitioners of racial citizenship. Leftists have occasionally (rightly) pointed to the fact that the establishment of democracy in Athens was linked to the abolition of debt. But one should also know that Pericles, the ultimate democratic politician, paired his generous social reforms with a tightening of citizenship criteria to having two Athenian parents by blood. (The joining of more “progressive” redistribution with more “exclusionary” citizenship makes sense: The more discriminating one is, the more generous one can be, having limited the risk of free-riding.)

In line with this, the Greeks practiced primitive eugenics so as to improve the race. The most systematic in this respect was Sparta, where newborns with physical defects were left in the wilderness to die. By this cruel “post-natal abortion” (one can certainly imagine more human methods), the Spartans thus made individual life absolutely secondary to the well-being of the community. This is certainly in stark contrast to the maudlin cult of victimhood and personal caprice currently fashionable across the West.

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Athenian democracy was also known for the systematic exclusion of women, who seemed to have had lives almost as cloistered and private as that of pious Muslims. The stark limitations on sex (arranged marriages, the death penalty for adultery) may have also contributed to the similar Greek penchant for pederasty and bisexuality. Homosexuals were not a discrete social category (how sad for anyone to make their sexual practices the center of their identity!). Homosexual relationships, in parallel to wives, were often glorified as relations of the deepest friendship and entire regiments of male lovers were organized (e.g. the Sacred Band of Thebes [3]), with the idea that by such bonds they would fight to the death.

To this day, it is not clear if we have ever matched the intellectual and moral level of the Greeks (and I do not confuse morality with sentimentality, the recognition of apparently unpleasant truths is one of the greatest markers of genuine moral courage). Considering the education, culture (plays), and politics that a large swathe of the Greek public engaged in, their IQs must have been very high indeed.

Some argue we have yet to surpass Homer in literature or Plato in philosophy. (In my opinion, our average intellectual level is clearly much lower and our educated public probably peaked in consciousness and morality between the 1840s and 1920s. Our much superior science and technology is of no import in this respect, we’ve simply acquired more means of being foolish, something which could well end in the extinction of our dear human race.)

Homer’s influence over the Greeks was like “that of the Bible and Shakespeare combined or to Hollywood plus television today” (29). (Surely another marker of our catastrophic moral and intellectual decline. Of course, in a healthy culture, audiovisual media like cinema and television would be propagating the highest values, including the epic tales of our Greek heritage, among the masses.)

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Homer glorified love of honor (philotimo) and excellence (areté), a kind of individualism wholly unlike what we have come to know. This was a kind of competitive individualism in the service of the community. They did not glorify individual irresponsibility or fleeing one’s community (which, to some extent, is the American form of individualism). If the hoplite citizen-soldiers did not fight with perfect cohesion and discipline, then the city was lost.

Dominique Venner has argued [4] that Homer’s Iliad and Odyssey should again be studied and revered as the foundational “sacred texts” of European civilization. (I don’t think the Angela Merkels and the Hillary Clintons would last very long in a society educated in “love of honor” and “excellence.”)

Plato, often in the running for the greatest philosopher of all time, was an anti-democrat, arguing for the rule of an enlightened elite in the Republic and becoming only more authoritarian in his final work, the Laws. Athenian democracy’s chaos, defeat in war with Sparta, and execution of his mentor Socrates for thoughtcrime no doubt contributed to this. Karl Popper argued Plato, the founder of Western philosophy, paved the way for modern totalitarianism, including German National Socialism.

The Greek city-states were tiny by our standards: Sparta with 50,000, Athens 250,000. One can see how, in a town like Sparta, one could through daily ritual and various practices (e.g. all men eating and training together) achieve an incredible degree of social unity. (Of course, modern technology could allow us to achieve similar results today, as indeed the fascists attempted and to some extent succeeded.) Direct democracy was similarly only possible in a medium-sized city at most.

The notion of citizenship is something that we must retain from the Greeks, a notion of mutual obligation between state and citizen, of collective responsibility rather than the selfish tyranny of ethnic and plutocratic mafias. Rodgers argues that polis may be better translated as “citizen-state” rather than “city-state.” The polis sometimes had a rather deterritorialized notion of citizenship, emigrants still being citizens and in a sense accountable to the home city. This could be particularly useful in our current, globalizing age, when technology has so eliminated cultural and economic borders, and our people are so scattered and intermingled with foreigners across the globe.

The ancient Greeks are also a good benchmark for success and failure: Of repeated rises and falls before ultimate extinction, of successful unity in throwing off the yoke of the Persian Empire (with famous battles at Thermopylae and Marathon . . .), and of fratricidal warfare in the Peloponnesian War.

The sheer brutality of the ancient world, as with the past more generally, is difficult for us cosseted moderns to really grasp. Conquered cities often (though not always) faced the extermination of their men and the enslavement of their women and children (often making way for the victors’ settlers). Alexander the Great, world-conqueror and founder of a still-born Greco-Persian empire, was ruthless, with frequent preemptive murders, hostage-taking, the razing of entire cities, the crucifixion of thousands, etc. He seems the closest the Greeks have to a universalist. (Did Diogenes’ “cosmopolitanism” extend to non-Greeks?) The Greeks thought foreigners (“barbarians”) inferior, and Aristotle argued for their enslavement.

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The Greeks’ downfall is of course relevant. The epic Spartans gradually declined into nothing due to infertility and, apparently, wealth inequality and female emancipation. Alexander left only a cultural mark in Asia upon natives who wholly failed to sustain the Hellenic heritage. One Indian work of astronomy noted: “Although the Yavanas [Greeks] are barbarians, the science of astronomy originated with them, for which they should be revered like gods.”

One rare trace of the Greeks in Asia is the wondrous Greco-Buddhist statues [5] created in their wake, of serene and haunting otherworldly beauty.

The Jews make a late appearance upon the scene, when the Seleucid Hellenic king Antiochus IV made a fateful faux pas in his subject state of Judea:

Not realizing that Jews were somehow different form his other Semitic subjects, Antiochus despoiled the Temple, installed a Syrian garrison and erected a temple to Olympian Zeus on the site. This was probably just part of his general Hellenizing programme. But the furious revolt that broke out, led by Judas Maccabeus the High Priest, finally drove the Seleucids from Judea for good. (241)

No comment.

There is wisdom: “Nothing in excess,” “Know thyself.”

So all that Alt Right propaganda using uplifting imagery from Greco-Roman statues and history, and films like Gladiator and 300, and so on, is both effective and completely justified.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/06/WarriorStele.jpg

[2] The Complete Illustrated Encyclopedia of Ancient Greece: http://amzn.to/1tfxVr3

[3] Sacred Band of Thebes: https://en.wikipedia.org/wiki/Sacred_Band_of_Thebes

[4] Dominique Venner has argued: http://www.theoccidentalobserver.net/2016/04/the-testament-of-a-european-patriot-a-review-of-dominique-venners-breviary-of-the-unvanquished-part-1/

[5] Greco-Buddhist statues: https://www.google.be/search?q=greco-buddhist+art&client=opera&hs=eHN&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiyte7tipvNAhWKmBoKHfcVCaAQ_AUICCgB&biw=1177&bih=639

[6] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2016/06/IdentityEuropa.jpg

lundi, 13 juin 2016

Ten Fascinating Theories Regarding The Ancient Sea Peoples

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Ten Fascinating Theories Regarding The Ancient Sea Peoples

Benjamin Welton 

Ex: http://www.listverse.com

Between 1276 and 1178 BC, a confederation of pirates known collectively as the Sea Peoples terrorized the coastal cities and civilizations of the eastern Mediterranean. For the most part, these pirates, who were the Bronze Age precursors to the Vikings of Scandinavia, preyed upon Egypt, which at that time was in its New Kingdom period.

What followed was a series of destructive raids that culminated in two major battles—the Battle of Djahy and the Battle of the Delta. The former, a land battle, was won by the army of Pharaoh Ramses III. The latter, a naval battle, not only repulsed one of the last major invasions by the Sea Peoples but may very well have saved ancient Egyptian civilization.

Despite their important role in history and the widely held notion that they were responsible for the Late Bronze Age Collapse, a near-catastrophic decline in civilization throughout the Aegean and eastern Mediterranean, the Sea Peoples remain the subject of controversy.

Although there are many areas of consensus, some historians and archaeologists continue to discover new interpretations. The following 10 theories present a spectrum of the many different theories regarding the Sea Peoples.

10 The Philistines

Depicted as the archvillains of the ancient Israelites in the Old Testament, the Philistines settled the southern coast of Israel (which today includes the Gaza Strip). After establishing settlements, the Philistines formed a confederation of city-states that included Gaza, Ashkelon, Ashdod, Gath, and Ekron.

The Philistines came into conflict with the Israelites once they started expanding their power beyond their coastal domains. Because of this conflict, the Israelites not only demonized the Philistines but made actual demons out of their gods, including the fish god Dagon. Elsewhere in the Bible, the Philistines were synthesized in the form of the giant Goliath, a proud, loutish warrior who is bested by the small and humble fighter David.

Outside of the Bible, the Philistines are mentioned in several Syrian, Phoenician, and Egyptian letters. While it is generally considered that the Philistines were a group of Sea Peoples who settled the area, not everyone agrees on their exact origins.

One of the more common theories is that the Philistines were originally from the Aegean Sea region, with many more people claiming that the Philistines were Mycenaean Greeks. Archaeological digs near the ancient Philistine city of Gath uncovered pieces of pottery that bear close similarities to ancient Greek objects. Furthermore, a red-and-black ceramic bear taken from one of the excavations almost certainly points to the influence of the Mycenaean culture.

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9 The Sardinian Connection

In the Medinet Habu, a mortuary temple dedicated to Ramses III, there is carved into the stone the most famous depiction of the Sea Peoples. Showing several battles, the relief closely identifies the Sea Peoples with several different types of headwear.

The most striking group is depicted wearing horned helmets. It is commonly believed that these fighters belong to the Sherden, one of nine groups named by Egyptian records. Again, because the ancient Egyptians were mostly interested in fighting and defeating the Sea Peoples, they did not keep detailed records concerning their origins.

However, several researchers have concluded that the Sherden people were from Sardinia. Specifically, the Sherden are considered part of the island’s Nuragic civilization, a little-known civilization that left behind numerous stone sites, including towers, houses, and burial complexes. The Nuragic people (so named because of their stone structures, or “nuraghe”) also left behind statues, including Bronze Age figurines showing Sardinian warriors wearing horned helmets.

8 The Sicilian Connection

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Photo credit: Soprani

Following the age of the Sea Peoples, the island of Sicily was divided between three major tribes—the Elymians, the Sicani, and the Siculi (sometimes referred to as the Sicels). While the Sicani were indigenous to the island, the Elymians are believed to have originally come from Asia Minor and had deep connections to the Greek city-states of the Aegean Sea.

The Sicels, on the other hand, were likely an Italic tribe from the mainland. All three tribes may have connections to the Sea Peoples, but it is believed that marauders from Sicily were part of the invasions by the Sea Peoples. Specifically, these Sicilian pirates were called the Shekelesh by the Egyptians.

For their part, the later Greek conquerors of ancient Sicily believed that the Sicels had fled to Troy after being defeated by the Egyptians. From there, they traveled to southern Italy and finally to Sicily. Modern historians seem to corroborate this belief that the Sicels and the Elymians were both defeated members of the Sea Peoples confederation who found shelter in Sicily.

7 The Etruscans

Few European civilizations remain as mysterious as the Etruscans. These inhabitants of northern and central Italy left behind a still mostly indecipherable alphabet and language, thereby forcing historians to rely for further information on Roman records as well as the colorful tombs that the Etruscans built for one another. The question of Etruscan origins is far from new because the ancient Greeks pondered the issue themselves.

While some ancient Greeks believed that the Etruscans were related to the Pelasgians, an Aegean tribe who spoke a dialect of Mycenaean Greek, Dionysius of Halicarnassus claimed that the Etruscans were in fact the native inhabitants of Italy. The most often repeated assertion comes from Herodotus, however. Herodotus (and later Virgil) believed that the Etruscans came from the Anatolian region of Lydia and were led to Italy by King Tyrrhenus.

Interestingly enough, one of the Sea Peoples were the Teresh, whom some ancient historians also called the Tyrrhenians. According to this theory, the forefathers of the Etruscans were originally Greek pirates who sacked and settled Lydia before being pushed out of Anatolia by a famine. This origin might explain the similarities between Etruscan and Greek religions.

6 Connection To The Balkans

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Photo credit: Bratislav

While most of the Sea Peoples came from either the Aegean or the wider Mediterranean, many historians argue that groups from the Adriatic Sea also joined the migration. Specifically, Austrian historian Fritz Schachermeyr asserted in 1982 that the Sherden and Shekelesh were originally from the Adriatic and had connections to the ancient Illyrians.

Today, little is known about the Illyrians besides the fact that they were a tribal confederation that ruled much of modern-day Croatia, Slovenia, Montenegro, Bosnia, Serbia, and Albania. Furthermore, it is also believed that certain Illyrian tribes settled the Italian peninsula and intermixed with local Italic tribes. Recently, two researchers with Vienna University dispelled another notion about the Illyrians—that their language directly influenced modern Albanian.

Although Schachermeyr’s theory is not commonly held among students of the Sea Peoples, there are those who continue to believe that a famine in the Balkans drove several tribes, including the Illyrians, to migrate over land and over water.

5 The Battle Of Troy

The Battle of Troy is the heart of The Iliad, one of the Western world’s oldest works of literature. The epic poem describes the protracted siege of Troy by several armies representing the many different tribes of Greece. Three of these tribes—the Danoi, the Teucrians, and the Achaeans—may have participated in the Sea Peoples invasions.

In the Great Karnak Inscription and the Merneptah Stele, these Greek tribes are called the Denyen, the Tjeker, and the Ekwesh, respectively. However, none of this is set in stone, even though the Aegean region certainly provided a majority of the pirates involved in the Sea Peoples confederation.

Insofar as the Trojan War is concerned, many believed that Homer’s poem was a fictional rendering of a real confrontation between a Greek confederation and the native inhabitants of Troy (who may be the ancestors of the Etruscans). Tantalizingly, the Tawagalawa letter, which was written by an unnamed Hittite king (generally believed to be Hattusili III) to the king of Ahhiyawa (an ancient Anatolia kingdom just south of Troy), speaks of an incident involving Wilusa.

Specifically, the letter tells of a recent war between the Hittites and Ahhiyawa over Wilusa. Many believe that Wilusa, which belonged to the kingdom of Arzawa, was the Hittite name for Troy while Ahhiyawa was the name the Hittites gave to the Mycenaean Greek civilization of Asia Minor. This isn’t mere speculation because archaeological evidence recovered from western Turkey certainly points to the fact that Bronze Age Greeks developed city-states not far from lands claimed by the Hittites.

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4 The Minoan Connection

Although a majority of the Sea Peoples may have come from the Greek mainland, it has been speculated that the island of Crete, which was then home to the powerful Minoan civilization, also produced raiders who participated in the conquests of the Sea Peoples. At times, Crete has been connected to the Tjeker and Peleset peoples, both of whom were lumped in with the Sea Peoples confederation by ancient Egyptian authors.

Prior to the Late Bronze Age Collapse, the Minoans traded widely with the Egyptians and the civilizations of the Levant. Furthermore, in the Amarna Letters, Crete, which is called Caphtor, is included as one of the great regional powers that suffered under the constant attacks of the Sea Peoples. That being said, Minoan pirates, along with Mycenaean colonists who had settled both Crete and Cyprus, may have joined the Sea Peoples to capture livestock, booty, and slaves.

3 The Dorian Invasion

Although it has been argued that the Sea Peoples undertook their voyages for plunder, some historians have claimed that the Sea Peoples were fleeing from invasions in their own homelands.

Regarding Mycenaean Greece, Carl Blegen of the University of Cincinnati proposed the idea that the Greek people of the central coast were forced to flee their homes due to the Dorian invasion from the mountainous south. While most contend that the various Mycenaean city-states collapsed due to natural disasters, there are many who still contend that Mycenaean Greeks fled burning city-states and joined the Sea Peoples confederation to find new homes.

The entire concept of the Dorian invasion comes from ancient Greek legend, specifically the Heracleidae, or the sons of Hercules. In the story, the exiled descendants of Hercules, who had been promised all of Greece, started a war to recapture their father’s lost land.

From this, certain historians proposed a theory concerning the successful conquest of Mycenaean Greece by Greek-speaking tribes from Laconia. Accordingly, Doric Greek, which was spoken by the inhabitants of Sparta and Pylos, became the ruling language of post-Mycenaean Greece, better known as the Greek Dark Age.

There are many problems with this theory, especially considering the dearth of archaeological evidence supporting it. But it does offer an interesting answer as to why the once-powerful city-states of Mycenaean Greece collapsed.

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2 A Greater Indo-European East

Considering that most of the Sea Peoples came from Europe, it has been proposed that their incursions into the eastern Mediterranean form a sort of Indo-European migration period. Although it is not certain, it is likely that most of the Sea Peoples spoke different Indo-European languages, from Mycenaean Greek to the various Italic languages of Italy and Sicily.

Similarly, the degree to which the Sea Peoples created permanent settlements in the eastern Mediterranean is in dispute, but they were likely joined by a concurrent land migration coming from both Europe and Asia Minor. Some have proposed the dubious theory that “Land Peoples” from as far north as the Carpathian Mountains joined this migration, while others have noticed that the Lukka, one of the named Sea Peoples, seem similar to the Lydians or Luwians, two Indo-European peoples from western and central Asia Minor.

Indeed, the Anatolian kingdom of Kizzuwatna, which is today located in southwestern Turkey, may have included settlers from both Phoenicia and Mycenaean Greece. Furthermore, Hittite records may point to some Indo-European migrations predating the Sea Peoples, such as the conquests of Attarsiya, a Mycenaean Greek general who not only helped to establish the Greek kingdom of Ahhiya but also invaded Cyprus and various Hittite vassal states, including Arzawa.

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1 Outsized Influence On Greek Mythology

As previously mentioned, some scholars believe that The Iliad recalls an ancient war between the Mycenaean Greek state of Ahhiyawa and the Hittite Empire. Similarly, The Odyssey details the attempts of the Greek general Odysseus to return to the island of Ithaca after serving in the Trojan War. Although these are the most famous examples of Greek legends dealing with the eastern Mediterranean, other legends point to a possible Greek memory of settlement in the Near East.

For instance, the story of Zeus, the chief god of the Olympians, and his battle with the monster Typhon likely comes from Cilicia, a kingdom in southern Anatolia controlled by the Hittites. Before the collapse of Mycenae, Greeks settled Cilicia in large numbers. From there, the Greeks absorbed Hittite and Cilician legends, including the story of a sea dragon defeated by a thunder god.

The Greek story of Teucer, one of the heroes of the Trojan War, similarly showcases a familiarity with the ancient Near East. It is said that Teucer and his men settled Crete and Cyprus and then set out on many voyages that took them through Canaan and Phoenician cities such as Sidon. It is possible that the story of Teucer, as well as other stories concerning the travels of Greek heroes following the Trojan War, may be parables about Mycenaean Greek settlement in the Near East during the age of the Sea Peoples.

Benjamin Welton is a freelance writer based in Boston. His work has appeared in The Weekly Standard, The Atlantic, Listverse, Metal Injection, and other publications. He currently blogs at literarytrebuchet.blogspot.com.