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dimanche, 04 juin 2017

Djihad 2.0: la fabrication du prochain cauchemar

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Djihad 2.0: la fabrication du prochain cauchemar 

Commençons avec 28 dirigeants de l'UE discutant de l'ouest des Balkans lors d'un récent sommet, en pestant contre - quoi d'autre - « l'agression russe » dans leur arrière-cour. Entre alors en scène un procureur monténégrin qui tempête que des « entités de l'état russe » ont élaboré une tentative de coup d'état pendant les élections d'octobre 2016, afin d'empêcher le pays de rejoindre l'OTAN.
 
Fasse alors son entrée le Président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker, avertissant que la rhétorique anti-UE de Donald Trump pourrait mener à une guerre dans les Balkans. Juncker, toujours aussi méprisant, soutient que « si nous les laissons à eux-mêmes - la Bosnie-Herzégovine, la Republika Srpska, la Macédoine, l'Albanie, tous ces pays-là - nous aurons encore une guerre. »
Les Balkans pourraient bientôt exploser - une fois de plus. Mais avec une variante; au contraire de 1999, l'OTAN ne pourra pas se permettre de bombarder la ville sans défense de Belgrade pendant 78 jours. Une nouvelle génération de missiles russes l'en empêcherait très facilement.
La tragédie qui s'est jouée en 1999 dans les Balkans avait principalement été mise en branle par de faux massacres au Kosovo mis en scène par le BND - les services secrets allemands - se servant d'Albanais locaux et de provocateurs du BND, qui ont tiré sur les deux côtés pour enflammer une guerre et briser la Yougoslavie.

Ce qui émerge, au cours de la présente conjoncture géopolitique, est encore plus sombre.

Les suspects usuels font ce qu'ils ont l'habitude de faire: blâmer la Russie, et cracher sur les preuves.

Par conséquent laissons un initié bien informé, le Dr. Olsi Jazexhi, directeur du Free Media Institute à Tirana en Albanie, être notre guide.

En décembre 2016, John Brennan de la CIA se rendit en Albanie et y répandit une fatwa en faveur de « la guerre contre la Russie » - surtout en Macédoine.

Comme l'explique le Dr. Jazexhi,
« après le départ de Brennan Edi Rama, le Premier Ministre albanais et ami proche de George Soros, rassembla tous les partis politiques albanais de Macédoine et leur ordonna de soutenir Zoran Zaev contre Nikola Gruevski. Gruevski est considéré être russophile et otanophobe, tandis que Zaev mange dans la main de Soros. Ainsi Gruevski fut boycotté par les Albanais et Zaev avait leur soutien pour la formation d'un gouvernement. Zaev promet aux Albanais que la Macédoine fera de l'albanais une langue officielle et créera un troisième (demi-)état albanais dans les Balkans. Les Macédoniens y résistent, mais Tirana et Edi Rama manipulent les partis politiques albanais contre Gruevski. L'enjeu final est de faire de la Macédoine un membre de l'OTAN. »
Pendant ce temps-là, au Kosovo - essentiellement une sale combine de narco-mafieux paradant comme un état et abritant Camp Bonsteel, la plus grande base militaire US à l'étranger de la planète - Hashim Thaçi, le président et ancien gorille de l'Armée de Libération du Kosovo (ALK), « construit une armée pour le Kosovo. L'objectif est d'intégrer le Kosovo à l'OTAN, même si la Serbie rejette une telle idée concernant son ancienne province autonome. »

Commentaire : Lire :
Jazexhi explique également comment « en Albanie, nous avons deux grandes organisations terroristes sous la protection des USA et des Européens. »

La première est ce qu'Ankara décrit comme l'Organisation Terroriste de Fetullah Gülen (FETO, Fetullah Gülen Terror Organisation), apparemment instrumentalisée par les services secrets allemands; « la Turquie proteste de l'hébergement albanais de la FETO, mais ce sont les USA qui les abritent contre Erdogan. »

La seconde est Moudjahidin-e Khalq (MKO), qui se bat contre Téhéran;
« l'Albanie se transforme en centre pour le MKO. John Bolton était récemment à Tirana, en compagnie d'autres soutiens internationaux du MKO, et ils s'en prennent à l'Iran en y appellant au changement de régime. »
Le cinglé du MKO Marjam Rajavi a lui aussi visité Tirana, développant des plans pour « renverser les Ayatollahs » en Iran.

L'essentiel, tel que souligné par Jazexhi, c'est qu'après « avoir transformé les Balkans en terrain de recrutement pour Da'esh/EI pendant la guerre syrienne, désormais les USA transforment l'Albanie en état djihadiste 2.0. »

Donc, ce qui se développe c'est « la même erreur historique commise par les Albanais du Kosovo, qui ont lié leur avenir à 100% au Camp Bondsteel et seraient immédiatement envahis à nouveau par la Serbie si jamais l'OTAN ou les USA devaient partir (ce qu'ils feront un jour ou l'autre, inévitablement). Pendant ce temps, l'Union Européenne et les USA, qui veulent déradicaliser les Musulmans wahhabites d'Europe, gardent le silence à propos des djihadistes iraniens. »

Ainsi l'élément essentiel du puzzle est la configuration de l'Albanie en tant que centre djihadiste 2.0 - contre les Slaves de Macédoine, contre Téhéran, et aussi contre Ankara. Pas étonnant que le principal conseiller du gouvernement albanais, jusqu'à il y a quelques mois, ait été un certain Tony Blair.

Mais ensuite, il y a l'ennemi « invisible » qui est celui qui compte réellement.

À la fin du mois de mars, le Président serbe Tomislav Nikolic est allé à Beijing pour sa dernière visite officielle précédant les élections du 2 avril. Le Président chinois Xi Jinping a souligné le fait que la coopération économique avec la Serbie - et les Balkans dans leur ensemble - est une priorité pour la Chine.

Nul doute. En 2014, Beijing a créé un fonds qui investira 10 milliards d'euros en Europe Centrale et Orientale. L'année dernière, China Everbright a acheté l'aéroport de Tirana en Albanie. La banque China Exim finance la construction d'autoroutes en Macédoine et au Monténégro.

En Serbie, la China Road and Bridge Corporation a construit le pont de Pupin - aussi connu sous le nom de « Pont de l'Amitié Sino-Serbe » - au-dessus du Danube à Belgrade à hauteur de 170 millions d'euros, inauguré en 2014 et financé à 85% par un prêt de la China Exim Bank.

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Et la cerise sur le gâteau (de développement d'infrastructures) est la ligne ferroviaire à grande vitesse de 350 km et valant 2,89 milliards de dollars US entre Athènes et Budapest, via la Macédoine et Belgrade.

L'UE a fait tinter une sonnette d'alarme à propos du tronçon reliant Budapest à Belgrade devant coûter 1,8 milliard de dollars US, cherchant à savoir si la section hongroise a contrevenu aux strictes lois de l'UE selon lesquelles les appels d'offres doivent être publics pour les grands projets d'infrastructures de transports.

En filigrane se trouve la proverbiale condescendance européenne, décrétant que les Chinois sont assurément incapables de construire une infrastructure ferroviaire aussi bien sinon mieux - et pour moins cher - qu'en Europe.

Le tronçon Budapest-Belgrade est précisément l'aspect central de la Route Express de la Terre à la Mer [Land Sea Express Route, NdT] que Beijing s'était engagé à construire déjà en 2014 avec la Hongrie, la Serbie et la Macédoine. Il s'agit du nœud crucial de l'axe d'Europe du Sud-Est des Nouvelles Routes de la Soie, désormais dénommée Initiative de Route et de Ceinture (BRI, Belt and Road Initiative); un corridor de commerce entre le port à conteneurs du Pirée sur la Mediterranée [en Grèce à côté d'Athènes, NdT] - co-détenu par la China Ocean Shipping Company depuis 2010 - et le centre de l'Europe.

Le discours officiel de l'OTAN est que l'organisation doit être implantée dans les Balkans pour y combattre la « menace du terrorisme ». Selon le Secrétaire-Général de l'OTAN Jens Stoltenberg, « j'ai récemment visité la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, et cela m'encourage de voir combien ils s'attachent à contrer la menace de combattants étrangers. »

Alors en l'occurrence, les « combattants étrangers » se trouvent être au coin de la rue, pas seulement au Kosovo mais bientôt en Albanie, capitale du djihad 2.0. Après tout, l'OTAN excelle dans la création de « menaces » émergentes essentielles à la justification de son existence.

Le djihad 2.0 pourra être dirigé contre les Slaves de Macédoine, contre l'Iran et contre la Turquie. Sans parler du ventre mou de la Russie. L'angle invisible, c'est qu'ils pourront à tout moment être déployés pour mettre en danger l'effort chinois d'intégration de l'Europe du Sud-Est comme nœud essentiel des Nouvelles Routes de la Soie.

Traduit par Lawrence Desforges sur son site :

https://globalepresse.wordpress.com/2017/06/02/djihad-2-0-la-fabrication-du-prochain-cauchemar/

Spitting in The Face of Civilization - Europe vs. Trump

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Spitting in The Face of Civilization

Germany: ‘bad, very bad.’ Trump tweet.

France’s brainy new president, Emmanuel Macron, said it was too bad that Donald Trump was not part of the Enlightenment.  Few Americans would have understood what he meant but Europeans certainly did.

The Enlightenment was the glorious epoch in the mid-1700 and 1800’s that gave birth to modern science, philosophy, reason, and literature. Among its notables were Voltaire, Rousseau, Kant, Diderot, Hume, and Adam Smith and Benjamin Franklin.

This was by far the most delicate criticism of Trump that one hears in Europe, where he is widely regarded with  contempt and revulsion.   As for Trump’s business-heavy cabinet,  one immediately thinks of Oscar Wilde’s acid line about men who know the price of everything and the value of nothing.

Europe is in a rage over Trump’s rejection of the Paris Climate Accord, an act that also caused worldwide shock and dismay.  It will please American coal miners, religious fundamentalists and those who share Trump’s view that it’s all a Red Chinese hoax. 

Meanwhile, Trump’s adversarial relations with Europe have shaken the NATO alliance and changed Germany’s view of transatlantic relations.  After last week’s testy NATO summit and Trump’s tweeted attacks on Germany, Chancellor Angela Merkel lashed out, ‘“The times in which we could completely depend on others are, to a certain extent, over.”

Merkel is a cautious,  ultra-bland technocrat whose speeches are usually sleep-inducing.   For her to drop such a bombshell shows how poor US-German relations have become.  This fracture between Berlin and Washington has been a long time in coming but is still startling. Germans are fed up with being treated like vassals and, let us not forget, still semi-occupied by US armed forces.

Adding to the tensions,  Trump has been hammering Europe’s NATO members over their skimpy contributions to the alliance and its arms programs.   But here is another example of Trump’s poor understanding of world affairs.

NATO is not a business partnership. The alliance, founded in 1949, was designed to shore up war-battered Europe and form a united front against the very real threat of Soviet invasion.  Today, the very successful NATO alliance, 70% funded by the US, remains the most concrete expression of America’s geopolitical domination of western Europe.

As the recently deceased thinker Zbigniew Brezezinski  aptly put it to me,  Europe provides strategic ‘stepping-stones’ to the expansion of US influence into Eurasia through NATO.  The alliance is not an equal partnership, it’s the primary tool for enforcing US power in Europe.

Now that the Soviet Union is gone, there is no real military threat to Europe.  A majority of Europe’s tax-payers don’t want to pay more to reinforce NATO.  Or worse, see it become a sort of foreign legion for the US to use in its imperial ventures in the Mideast, Africa and West Asia. 

Germany was dragooned by the US into sending troops to Afghanistan, but over the protests of most of its citizens and other Europeans.  Canada faces a similar problem.  As the late German defense minister, Franz Josef Strauss so colorfully put it, ‘we won’t be spear carriers for America’s atomic knights.’

I’ve witnessed a powerful up swell of nationalism in Germany, including growing pride in Germany’s soldiers during World War II.  But every sign of pride in Germany is met by a torrent of media frenzy about the Nazis and their crimes.  In this way, Germany is kept on the defensive and quiescent.  But this may now be changing as Trump & Co lambastes Germany and Germans.   It’s very dangerous, as history shows, to strong-arm Germans.

Trump even blasts German cars.  He would better reserve his wrath for the manufacturers of America’s mediocre quality cars.

What really galls Trump about Europe is that it has too many Muslims.  He actually accused Angel Merkel of ‘wrecking’ Europe because she allowed in Syrian refugees in a praiseworthy humanitarian act.  Trump and his alt-right advisors are unlikely to know that 11% of Syrians are Christians of various sorts.

Neither Trump nor his advisors have much interest in or knowledge of Europe.   America’s nativist religious voters, 80% of whom support with Trump, see Europe as a wicked, degenerate place filled with drinkers, sexual perverts and pacifists.  Europeans laugh at church-going fundamentalist Americans as backwards, superstitious rustics.

Trump is wildly popular in Pittsburgh, as he noted last week, but to much of the rest of the planet he remains a symbol of flat-earth consciousness and the unlovely face of America.

samedi, 03 juin 2017

ISIS Touches Down in the Philippines

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ISIS Touches Down in the Philippines

by Tony Cartalucci

Ex: https://landdestroyer.blogspot.com 

Mayhem broke out across the southern Philippine city of Marawi where militants besieged it and hoisted flags of the so-called "Islamic State." Located on the southern island of Mindanao, the city is only slightly removed from Al Qaeda affiliate Abu Sayaff's primary area of operation on nearby Jolo and Basilan islands.

The UK Independent in an article titled, "Isis-linked militants take priest and churchgoers hostage in Philippines," would report:
President Rodrigo Duterte declared martial law in the south because of the militants' siege on the city on Tuesday and abandoned a trip to Russia to deal with the crisis. 

Mr Duterte vowed to place southern Mindanao island, where Marawi is situated, and its 22 million residents under military rule for up to a year if necessary.
The article would also report:
Troops are battling to contain dozens of militants from the Maute group, which pledged allegiance to Isis in 2015, after they escaped a botched security raid on a hideout and overran streets, bridges and buildings. 

Two soldiers and a police officer are among those killed and at least 12 people have been wounded in the violence, seeing Maute fighters set fire to a school, a church and a prison. 
The security crisis represents a seemingly inexplicable expansion of the Islamic State in Asia - even as the US and its allies claim the organization is being rolled back across the Middle East and its revenue streams are contracting in the wake of defeat.

US-Saudi Sponsored Terrorism Seeks to Coerce Asia 

Both the Maute group and Abu Sayaff are extensions of Al Qaeda's global terror network, propped up by state sponsorship from Saudi Arabia and Qatar, and fed recruits via a global network of likewise Saudi and Qatari funded "madrasas." In turn, Saudi Arabia and Qatar's state sponsorship of global terrorism for decades has been actively enabled by material and political support provided by the United States.

This arrangement provides for Washington both a global mercenary force with which to wage proxy war when conventional and direct military force cannot be used, and a pretext for direct US military intervention when proxy warfare fails to achieve Washington's objectives.

This formula has been used in Afghanistan in the 1980s to successfully expel the Soviet Union, in 2011 to overthrow the Libyan government, and is currently being used in Syria where both proxy war and direct US military intervention is being applied.

Maute and Abu Sayaff activity fits into this global pattern perfectly.

The Philippines is one of many Southeast Asian states that has incrementally shifted from traditional alliances and dependency on the United States to regional neighbors including China, as well as Eurasian states including Russia.

The Philippine president, Rodrigo Duterte, cancelling his meeting with Russia is a microcosm of the very sort of results Maute and Abu Sayaff are tasked with achieving in the Philippines. Attempts by the US to justify the presence of its troops in the Philippines as part of a wider strategy of encircling China with US military installations across Asia would also greatly benefit from the Islamic State "suddenly spreading" across the island nation.

Likewise, violence in Malaysia and Thailand are directly linked to this wider US-Saudi alliance, with violence erupting at each and every crucial juncture as the US is incrementally pushed out of the region. Indonesia has likewise suffered violence at the hands of the Islamic State, and even Myanmar is being threatened by Saudi-funded terrorism seeking to leverage and expand the ongoing Rohingya humanitarian crisis.

That US-Saudi sponsorship drives this terrorism, not the meager revenue streams of the Islamic State in Syria and Iraq, goes far in explaining why the terrorist organization is capable of such bold attacks in Southeast Asia even as Russia and Iranian backed Syrian troops extinguish it in the Middle East.
 

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US-Saudi Links to Abu Sayaff and other Terrorists in the Philippines 

A US diplomatic cable leaked by Wikileaks dated 2005 would state:
Philippine officials noted their continuing concern about Saudi-origin terrorist financing coming into the Philippines under the cover of donations to mosques, orphanages, and madrassahs. Although three Saudi nationals suspected of being couriers had been detained on separate occasions, Saudi Ambassador Wali had intervened in each case to secure their release.
Yousaf Butt of the Washington-based US National Defense University would reveal in a Huffington Post article titled, "How Saudi Wahhabism Is the Fountainhead of Islamist Terrorism," that:
It would be troublesome but perhaps acceptable for the House of Saud to promote the intolerant and extremist Wahhabi creed just domestically. But, unfortunately, for decades the Saudis have also lavishly financed its propagation abroad. Exact numbers are not known, but it is thought that more than $100 billion have been spent on exporting fanatical Wahhabism to various much poorer Muslim nations worldwide over the past three decades. It might well be twice that number. By comparison, the Soviets spent about $7 billion spreading communism worldwide in the 70 years from 1921 and 1991.
The leaked cable and reports by Western analysts when taken together, reveal that Saudi-funded madrasas in the Philippines are directly fueling terrorism there.

The answer to why is simple.

For the same purposes the US used Saudi-funded terrorism in Afghanistan in the 1980s and in Libya and Syria beginning in 2011 - the US is using Saudi-funded terrorism to coerce the government of the Philippines amid Washington's faltering "pivot to Asia" which began under US President Barack Obama and now continues under President Trump.

Countering US-Saudi Sponsored Terrorism 

With US President Trump announcing a US-Saudi alliance against terrorism - the US has managed to strategically misdirect public attention away from global terrorism's very epicenter and protect America's premier intermediaries in fueling that terrorism around the world.

The Philippines would be unwise to turn to this "alliance" for help in fighting terrorism both the US and Saudi Arabia are directly and intentionally fueling.

Instead - for Southeast Asia - joint counter-terrorism efforts together and with China and Russia would ensure a coordinated and effective means of confronting this threat on multiple levels.

By exposing the US-Saudi role in regional terrorism - each and every act of terrorism and militancy would be linked directly to and subsequently taint the US and Saudi Arabia in the hearts and minds of Southeast Asia's population.

This paves the way for a process of exposing and dismantling US-Saudi funded fronts - including Saudi-sponsored madrasas and US-funded NGOs - both  of which feed into regional extremism and political subversion. As this unfolds, each respective nation would be required to invest in genuine local institutions to fill sociopolitical and economic space previously occupied by these foreign funded fronts.

Until then, Asia should expect the US and its Saudi partners to continue leveraging terrorism against the region. If unchecked, Asia should likewise expect the same progress-arresting instability that has mired the Middle East and North Africa for decades.

Tony Cartalucci, Bangkok-based geopolitical researcher and writer, especially for the online magazine New Eastern Outlook”.   

Le Captagon, drogue des djihadistes produite en France?

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Bob Woodward:

Ex: http://www.decryptnewsonline.com

 
Les douaniers parisiens ont saisi début 2017 750.000 comprimés de Captagon, appelé «drogue des djihadistes», ou «drogue de Daech». M. Estievenart, responsable de l’IPSE, dévoile les effets de cette drogue, qui expliquent en partie la mentalité des terroristes. La drogue était-elle destinée à la France ou simplement en transit?
 
En janvier et février 2017, les douaniers de l'aéroport parisien de Roissy ont mis la main sur 750 000 comprimés, soit environ 135 kilogrammes, de Captagon en provenance du Liban.
 
Appelé également « drogue du conflit syrien », « drogue de Daech » et « drogue des djihadistes », le captagon permet aux terroristes de commettre leurs atrocités.
 
« Les vertus du Captagon vous permettent de faire des choses dont vous ne vous seriez pas cru capable à jeun, donc vous avez l'impression d'être le roi du monde dès que vous en prenez. C'est donc pour les djihadistes les plus combattants un support très classique », a expliqué à Sputnik Georges Estievenart, responsable de l'Institut Prospective et Sécurité de L'Europe (IPSE) à Bruxelles.
 
Il a en outre précisé que la production, l'utilisation et la consommation de ce produit se situent principalement au Moyen-Orient, en Syrie, au Liban et en Libye, où les djihadistes en profitent pleinement « car le Captagon sert de monnaie d'échange, y compris pour des armes ».
 
Bien que la destination des 135 kilogrammes de psychostimulants saisis reste incertaine, Georges Estievenart craint toutefois qu'il ait pu être destiné aux terroristes sur le territoire français.
 
« La drogue saisie aurait pu être destinée aux djihadistes en France ou en Europe. Mais une autre hypothèse serait qu'elle ait transité par la France puisque de nombreux djihadistes sont français ».
 
En juin 2015, le djihadiste Seifeddine Rezgui tuait 39 personnes sur une plage de Sousse (Tunisie) avant de se faire abattre par la police. L’autopsie de son corps révèlera la présence de Captagon, une drogue de synthèse consommée notamment dans les pays du Golfe : des quantités importantes de cette substance circulent depuis plusieurs années entre l’Arabie saoudite, le Liban et la Syrie et globalement dans la région, alors même que les principales usines de production se trouvent aujourd’hui dans des territoires contrôlés par Daesh.
Le Captagon accroît les performances des combattants, les rendant insensibles à la fatigue et à la peur et leur enlevant toute forme d’empathie. Une drogue “idéale” pour faciliter la commission d’actes inhumains. Lors des attentats du 13 novembre, des rescapés ont fourni une description des terroristes qui laisse penser qu’ils avaient pris du Captagon : regards fixes, visages livides, sans expression, ils ressemblaient à des “morts vivants”. Des analyses médico-légales doivent permettre de dire si, comme à Sousse, les terroristes étaient effectivement drogués.
 
On a cherché à en savoir plus sur la prétendue drogue des djihadistes et faire la part des choses entre fantasme et réalité. Pour ça, on a posé des questions au spécialiste français du Captagon Jean-Pol Tassin, neurobiologiste et directeur de recherches émérite à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Son travail consiste à étudier les effets des drogues illicites : les psychostimulants comme l’amphétamine ou la cocaïne, les opiacés comme l’héroïne ou la morphine, l’ecstasy, mais aussi licites comme le tabac ou l’alcool. Une pilule coûte pour sa fabrication environ 20 centimes de dollars et est revendue entre 5 et 20 dollars. Le coefficient multiplicateur est de l’ordre de 50. Si vous multipliez par les 11 tonnes – en sachant que le poids d’une pilule se mesure en grammes – qui sont consommées chaque année vous arrivez à des sommes astronomiques avec très peu d’investissement. Car la fabrication est simple à partir de précurseurs peu chers qui sont fournis par l’industrie chimique. Notons néanmoins que ces précurseurs sont sous contrôle en Europe.
 
Le Captagon est initialement un médicament qui possède une composante “amphétamine” et une autre “théophylline”. L’amphétamine a été synthétisée au début du XXe siècle. Cette drogue permet de lutter contre la fatigue et c’est un anorexigène, anti-dépresseur, anti-narcolepsie.
 
Le Captagon a été synthétisé en 1961 avec l’idée de retrouver les propriétés de l’amphétamine et de la théophylline, qui a elle un effet broncho-dilatateur. Progressivement, le Captagon a montré des propriétés intéressantes en tant que stimulant aussi bien sur le plan intellectuel, pour les examens par exemple, que sur le plan physique, pour les sportifs ou ceux qui voudraient réaliser des exploits.
Il a été interdit en France dans les années 70 à cause de nombreux effets secondaires pendant ou après la prise. Notamment des risques de crise cardiaque, de dépression, et bien sûr de pharmaco-dépendance. Le produit a continué sa vie dans les différents laboratoires clandestins, d’Europe puis du Moyen-Orient.
 
Il est probable que la surveillance des produits illicites étant moins efficace dans les pays du Moyen-Orient qu’en Europe, le Captagon se soit développé plus facilement dans ces pays. Il ne faut pas oublier qu’un des effets les plus recherchés de l’amphétamine est une sensation de plaisir, voire d’euphorie. Progressivement, en augmentant les doses, les consommateurs ont pris conscience de ses autres effets psychologiques et physiques.
Les forces de l’ordre antidrogue turques ont mis la main sur près de 10,9 millions de comprimés au cours de deux descentes distinctes dans la province de Hatay, frontalière de la Syrie (voir carte ci-dessous), annonce l'AFP. Les policiers ont saisi un premier lot de 7,3 millions de comprimés dissimulés dans 1.300 filtres à huile de moteur. Le second lot a été découvert dans un dépôt. Produits en Syrie, ils étaient destinés aux pays du Golfe. Le second lot a été découvert le lendemain dans un dépôt. Deux Turcs et un Syrien soupçonnés d'être des trafiquants ont été placés en garde à vue. En octobre 2015, les autorités libanaises ont arrêté à l’aéroport de Beyrouth un prince saoudien qui tentait d’embarquer pour Ryad dans un avion privé près de deux tonnes de pilules de Captagon rangées dans quarante valises.
 
26 juin 2015, dans la station balnéaire de Port El-Kantaoui, près de Sousse, en Tunisie. Un homme âgé de 23 ans et du nom de Seifeddine Rezgui ouvre le feu sur des touristes. Bilan: 39 morts et 39 blessés. Selon des témoignages, pendant la tuerie, l'homme souriait et riait alors qu’il venait de commettre son massacre. Son autopsie mettra en évidence qu'il était sous l’emprise d’une drogue, selon une source citée par le Daily Mail. La substance en cause : la fénéthylline, vendue sous le nom de "captagon". D'après un témoignage, les terroristes qui ont pris d'assaut le Bataclan à Paris le vendredi 13 novembre 2015 avaient un comportement mécanique et déshumanisé. De plus, des seringues qui auraient pu servir à des injections auraient été saisies par les policiers dans deux chambres d'hôtel perquisitionnées à Alfortville (Val-de-Marne) louées au nom de l'un des terroristes, Salah Abdeslam, selon Le Point. L'hypothèse qu'ils aient pu eux aussi être sous l'effet d'une drogue a été évoquée. Peut-être là encore le captagon, cette pilule blanche très prisée des combattants de Daesh (que l'on peut aussi s'injecter en intraveineuse).
 
Synthétisé pour la première fois en 1961, le captagon est un stimulant de la famille des amphétamines qui comprend notamment la métamphétamine et l'ecstasy (aussi appelé MDMA). Connue pour ses propriétés dopantes, cette drogue a été largement utilisée dans le milieu du cyclisme dans les années 1960 à 1970. À des doses modérées, le captagon stimule la production de dopamine et améliore la concentration, c'est pourquoi il a longtemps été prescrit dans le traitement contre la narcolepsie et l'hyperactivité. Mais il a été retiré du marché français en 1993 en raison des graves lésions cardiaques qu'il provoquait. Depuis 1986, la fénéthylline est d'ailleurs classée sur la liste des substances stupéfiantes placées sous contrôle international de l'Organisation mondiale de la santé.
"Comme toutes les autres amphétamines, cette drogue entraîne une résistance à la fatigue, une vigilance accrue et une perte de jugement. Elle donne l'impression à celui qui la consomme d'être tout puissant, d'être le 'roi du monde' en quelque sorte", détaille à Sciences et Avenir le Pr Jean-Pol Tassin, neurobiologiste de l'Inserm et spécialiste des addictions. Ce qui lui permet de tuer sans craindre de réaction de la part des autres, qui n'existent même plus pour lui. "Plus précisément, au niveau moléculaire, la fénéthylline pénètre dans les neurones et chasse deux neurotransmetteurs, la noradrénaline et la dopamine, présentes dans les vésicules. La libération de noradrénaline hors des neurones augmente la vigilance et réduit le sentiment de fatigue. La dopamine, elle, agit notamment sur le circuit de la récompense, responsable de la sensation de plaisir et, à haute dose, de l'addiction."
 
Comme toutes les amphétamines, le captagon agit sur certains neurotransmetteurs, des molécules qui permettent au cerveau d’être plus efficace. Quand cette substance pénètre les neurones, elle libère une grande quantité de dopamine et de noradrénaline.
Selon Jean-Paul Tassin, neurobiologiste à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), "la noradrénaline va augmenter la vigilance et les facteurs de concentration. La dopamine, elle, va intervenir sur le circuit de la récompense. En le stimulant, elle va vous donner l'impression que vous êtes bien, que tout va bien...Vous n'avez pas peur, pas faim, pas soif… Vous ne risquez rien, y compris la mort."
 
Un sentiment de bien-être, de toute puissance presque, dont témoigne un jeune homme, filmé en Jordanie il y a quelques mois par Julien Fouchet pour le site Spicee : "C’est sur le champ de bataille que c’est efficace. Le combattant peut prendre 5 ou 6 balles, il ne les sent pas. Il devient invincible. Il est rempli de bravoure. Il n’a plus peur de la mort".
Prendre des stimulants pour combattre : le phénomène n'est pas nouveau. Déjà, pendant la Seconde Guerre mondiale, les amphétamines sont utilisées par certains soldats américains, allemands et britanniques. Selon le Dr Xavier Laqueille, psychiatre addictologue, elles suppriment "le sentiment de fatigue. Vous n'avez pas besoin de dormir. Il y a un sentiment d'hyper vigilance, et puis il y a ce petit effet de stimulation psychique. On se sent un peu supérieur, ce qui augmente l'agressivité."
 
En France, le captagon a été utilisé légalement contre la narcolepsie, l'hyperactivité, mais aussi comme coupe-faim ou antidépresseur. Mais, il a été interdit dans les années 1970. A forte dose, il peut avoir des effets secondaires psychiques très sévères, comme en témoigne le psychiatre Xavier Laqueille :

"Il existe des complications d’ordre psychiatrique qui sont une réactivation des angoisses avec des bouffées de panique. Quand les amphétamines sont prises de façon assez régulière, il peut y avoir des dépressions très résistantes et très difficiles à soigner à l’arrêt. Et puis surtout, il peut y avoir, même lors de prises isolées, des décompensations délirantes avec des délires, des thèmes mystiques... qui sont très teintés de ce qui caractérisent les amphétamines, c’est-à-dire l’agressivité."

 
Le captagon est une drogue assez facile à fabriquer et son commerce est très rentable. La Syrie serait devenue le principal pays producteur. Vendredi 20 novembre, près de 11 millions de comprimés de captagon ont été saisies par la police au sud de la Turquie, près de la frontière syrienne. Les effets de cette drogue ne sont pas cantonnés au cerveau. "Le captagon augmente la libération du glucose, ce qui permet de prendre du muscle sans fournir d'effort. De plus, la libération de noradrénaline accélère significativement le rythme cardiaque", explique le Pr Jean-Pol Tassin. Mais tous ces effets restent temporaires. Les neurones doivent fabriquer de nouveau l'adrénaline et la dopamine rapidement libérées des vésicules neuronales, et seul le repos le permet. En l'absence de sommeil, c'est la "descente" : "les individus ressentent une fatigue intense, une psychose, des fonctions mentales altérées, l'alternance de phases d'euphorie et de dépression. C'est un peu comparable aux effets d'une nuit blanche sur le cerveau", précise le neurobiologiste. Et une euphorie intense permet de ne ressentir ni peur, ni douleur. Une arme redoutable face aux pressions. "On les frappait et ils ne ressentaient pas la douleur. La plupart d'entre eux rigolaient alors qu'on les bourrait de coups", témoigne un officier de la brigade des stupéfiants de Homs, en Syrie, interrogé par Reuters. Un cachet de Captagon pèse quelques centaines de milligrammes. Il est plus petit qu'un cachet de paracétamol et coûte – selon l'offre et la demande – 10 à 20 dollars. Son effet dure de trois à quatre jours.
 
Le Captagon, ou Fénétylline synthétisée, a été produit pour la première fois en 1961 dans un laboratoire allemand. Plusieurs produits entrent dans sa composition, notamment le benzène méthyle cétone, faisant du Captagon un produit plus dangereux que la cocaïne. C'est un stimulant physique qui peut permettre à celui qui le prend de rester plusieurs nuits sans sommeil. Durant les années quatre-vingt, de nombreux footballeurs et rugbymen se dopaient au Captagon. Mais en 1981 déjà, le produit a été interdit aux États-Unis. Cette amphétamine, qui ne sied pas à tous les corps et qui peut provoquer – entre autres – des arrêts cardiaques, est parfois mélangée à de la caféine. Même si elle procure au début un sentiment de toute-puissance, comme la cocaïne, elle devient un « downer », quand son effet s'estompe au bout de quelques jours.
 
La destination finale du Captagon est les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, car ce sont les ressortissants de ces pays qui ont les moyens de l'acheter. Ils sont prêts à payer entre 10 et 20 dollars, car ils pensent qu'il a des effets miraculeux et qu'il agit comme un stimulant sexuel. D'ailleurs, c'est ce qui a séduit les Saoudiens en premier lieu. Les dealers l'avaient en effet commercialisé dans les pays du Golfe comme un stimulant sexuel, rendant ceux qui en consommaient invincibles.
 
Pour beaucoup d'experts comme pour le général Chamseddine, chef de la brigade antistupéfiants des Forces de sécurité intérieure, « la notion de toute-puissance et d'invincibilité attribuée au Captagon n'est qu'un mythe ». « Ce n'est qu'une drogue comme toutes les autres, dopante, certes, au début, mais qui crée un sentiment de vide et de manque une fois l'effet parti, souligne-t-il. Elle est dangereuse pour la santé. Elle peut détruire les cellules du cerveau et son excès peut provoquer des arrêts cardiaques. »
 
Durant les années quatre-vingt, le Captagon était fabriqué dans les pays de l'Est, notamment en Bulgarie. D'ailleurs, la brigade antistupéfiants des FSI avait démantelé en 2014 un réseau impliqué dans la fabrication et la vente de Captagon, et qui avait surtout profité du savoir-faire d'un chimiste bulgare. Ce sont également les chimistes et les experts des pays de l'Est qui avaient transmis leur savoir-faire aux Syriens, bien avant le début de la guerre en Syrie.
 
« Quand les Syriens ont appris à faire du Captagon, la fabrication du produit, florissante jusqu'à la fin des années quatre-vingt-dix en Europe de l'Est, s'est arrêtée. Et c'est à partir de 2005 que la fabrication de ce produit a atteint son plein essor en Syrie », souligne le général Chamseddine. Les ateliers poussaient comme des champignons dans diverses régions syriennes, notamment dans les districts d'Idlib et de Homs.
« Si l'État syrien saisissait du Captagon, avant le début de la guerre, cela n'implique pas nécessairement qu'il avait adopté une politique de lutte contre ce stupéfiant », note-t-il, avant d'ajouter : « Le Liban n'est pas un marché pour le Captagon. Le territoire libanais est juste utilisé comme point de passage de la marchandise, qui passait initialement de la Syrie vers les pays arabes, avec des ateliers de fabrication à la frontière avec le Liban, notamment à Homs, et à la frontière avec la Turquie. Jusqu'à la fin de 2014, la plupart des quantités de Captagon étaient fabriquées en Syrie et passaient par le Liban et la Jordanie vers les pays du Golfe. »
 
« La plupart des trafiquants de Captagon sont syriens. Quand ils ont commencé à vouloir écouler leur marchandise via le Liban et ont fait du Liban un point de passage, pour avoir le bon réseau, ils ont coopéré avec les trafiquants libanais, qui étaient les intermédiaires. Les passeurs libanais ont voulu profiter de la situation et certains, forts de leur expérience dans la fabrication d'héroïne et de cocaïne, ce sont lancés à leur tour dans la fabrication du Captagon », indique le général Chamseddine. Ils habitent la Békaa et ont importé des machines et des produits de base, notamment de Chine, pour la fabrication de ce stupéfiant.
 
« Il y a cinq ou six ateliers de fabrication de Captagon dans la Békaa, notamment à Brital, Dar el-Ouassaa, Hor Taala et la région du Hermel. Ce sont les tribus qui étaient habituées à fabriquer de la drogue qui en sont responsables. Il s'agit essentiellement des clans Jaafar, Masri et Ismaël. C'est la même mafia », indique-t-il. Il suffit d'avoir la machine, les produits chimiques et une main-d'œuvre ne dépassant pas cinq personnes, et le tour est joué.
 
Et le général Chamseddine de poursuivre : « Au Liban, la traçabilité d'un produit n'existe pas. Ainsi, quand il s'agit d'importation, le fabricant peut importer une machine à bonbons ou du paracétamol sans se préoccuper du contrôle, car personne n'ira vérifier dans quel but il est en train d'utiliser ces matériaux et ces produits. En effet, pour produire du Captagon, il suffit d'avoir une machine pour la fabrication de bonbons. Une fois que cette machine arrive au Liban – elle est commandée par exemple de Chine ou d'un autre pays d'Asie –, le fabricant de drogue change la tête et le moule de cet outil auprès d'un tourneur ; et au lieu de donner des produits en forme de bonbons, elle fabriquera des cachets... Le benzène méthyle cétone vient des pays d'Asie. Plusieurs produits entrant dans la composition du Captagon, commandés à l'étranger, par exemple le paracétamol, pour réduire le coût de fabrication de cette drogue, ne sont pas interdits à l'aéroport de Beyrouth. Le fabricant effectue la commande à travers une autorisation délivrée par les autorités concernées – le ministère de la Santé dans le cas du paracétamol. Une fois les produits sur place, contrairement à d'autres pays, on ne vérifie pas pour quel usage ils ont été commandés et de quelle manière ils ont été utilisés. »
 
« De plus, tout n'est pas fouillé à l'aéroport et au port. Et également, contrairement à d'autres pays du monde, la brigade de lutte antistupéfiants des FSI ne dispose pas d'antennes aux frontières terrestres et maritimes ainsi qu'à l'aéroport », poursuit-il.
 
La guerre en Syrie a un impact sur de nombreux fabricants syriens. « Ils se sont installés au Liban. Ce sont des Syriens qui ont de l'argent et qui peuvent se permette de construire ou d'acheter les plus belles maisons au Liban », indique le général Chamseddine qui passe en revue les opérations de saisies de Captagon menées par sa brigade, notant à ce sujet que de nombreux trafiquants syriens ont été arrêtés au Liban, notamment à Jounieh, à Ghazir, à Hamra et à Antélias.
 
Il donne l'exemple de Mohammad Srour, un trafiquant syrien arrêté avec tout son clan à Hamra.
 
« C'est un Syrien de Homs, qui a changé son passeport syrien contre un autre passeport authentique syrien. Il habitait, comme par provocation, non loin de la gendarmerie de Ras Beyrouth, siège de la brigade antistupéfiants des FSI, un appartement qu'il avait acheté à six millions de dollars. Il a dû payer ce deuxième passeport authentique plus de 300 000 dollars dans son pays. Il était entré au Liban même s'il se savait recherché par la police. Nous avions procédé à l'arrestation de son gang et nous l'avons arrêté par hasard, suite à des écoutes téléphoniques », rapporte-t-il.
 
Il souligne que « la première opération était la saisie, en 2013, de 5 millions de cachets de Captagon dissimulés dans une chaudière fabriquée à Yabroud, en Syrie, spécialement pour le transport du produit ». « Ensuite, cinq autres millions de cachets de Captagon dissimulés dans des camions et des machines de construction ont été saisis, indique-t-il. Nous avions réussi à l'époque à dévoiler l'identité des personnes responsables du trafic. Plusieurs Syriens ont été arrêtés. Ils se rendaient via l'aéroport de Beyrouth en Arabie saoudite. Ils passaient par Bahreïn et le Qatar, qui sont également des points de passage avant d'atteindre la destination saoudienne. Parfois aussi, ce sont de simples ressortissants syriens travaillant dans le Golfe qui font passer la marchandise, pour quelques dizaines de milliers de dollars. »
 
Et d'ajouter : « Nous avons aussi découvert que les trafiquants de drogue sont de connivence avec des personnes qui travaillent dans les ports officiels du Liban et à l'aéroport de Beyrouth. Certains viennent avec des valises normales, qui n'ont pas de double fond pour dissimuler la drogue. Des personnes impliquées et de connivence avec ces trafiquants se trouvent à l'intérieur de l'aéroport », note le général Chamseddine, affirmant cependant qu'il « ne met pas en doute le service des douanes à l'aéroport Rafic Hariri ». « Cela aurait été plus simple si notre brigade se trouvait aux ports ou à l'aéroport », martèle-t-il encore.
 
Depuis la fin de 2013 et jusqu'à présent, la brigade de lutte antistupéfiants des FSI a saisi 66 millions de cachets de Captagon.
« Généralement, ces brigades qui existent dans tous les pays du monde saisissent 5 à 10 % des produits trafiqués passant par le pays. Ce n'est que la partie visible de l'iceberg. Il faut donc imaginer ce marché immense qui se chiffre à des dizaines de milliards de dollars annuels. Tous les produits saisis au Liban avaient pour destination l'Arabie saoudite, même si cela passait par un pays tiers », indique le général Chamseddine.
C'est le cas d'un bateau qui est parti de Beyrouth vers la Grèce, en 2014, pour arriver jusqu'au Soudan avant de partir vers l'Arabie saoudite. C'était un trafic de 30 millions de cachets de Captagon, saisis par les gendarmes libanais en coopération avec la police soudanaise. Les cachets étaient placés dans des sacs de maïs pour le fourrage.
 
En réponse à une question sur l'utilisation du Captagon par les miliciens syriens, certains rapportant que ce stupéfiant constitue le nerf de la guerre en Syrie, le général Chamseddine estime que « le fait de dire que le Captagon est la drogue des combattants en Syrie, le nerf de la guerre, est complètement erroné, une idée reçue. La drogue est écoulée en Arabie saoudite principalement. Une partie de l'argent du Captagon cependant pourrait être utilisée pour l'achat d'armes, notamment quand des trafiquants paient des militaires, des miliciens ou des seigneurs de la guerre pour faire passer la marchandise. Mais l'argent enrichit souvent les fabricants et les trafiquants et pas les belligérants en Syrie, même si tout le monde peut être impliqué dans le trafic. Le but du trafic de Captagon n'est pas de financer la guerre en Syrie, mais de vendre le produit en Arabie saoudite ». Et de souligner en conclusion : « Si le but est de donner le Captagon aux combattants syriens, pourquoi envoyer la drogue vers l'Arabie saoudite ? La marchandise est écoulée dans ce pays du Golfe et non en Syrie. »

09:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, captagon, djihadisme, drogues, stimulants | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

The Philippino Front of the Islamic State

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The Philippino Front of the Islamic State

Author : Ivan Konovalov
Ex: http://zejournal.mobi

The president of the Philippines, Rodrigo Duterte, as well as Bashar Al-Assad, is now on the front line of confrontation with the international terrorism.

Rodrigo Duterte urgently interrupted his important official visit to Moscow last week and came back to his country. The fighting actions that happened in the south of the Philippines made the country get involved into the international front (but still not universal) of the fight against international terrorism. The fight of the central government against separatists and Islamic groups has never ended here.

However, it is a local, slow lasting war which does not differ from the others. Also, it includes Duterte’s personal vendetta toward local drug dealers that are being fiercely eradicated by the security forces.

The new front of the caliphate

The situation has radically changed now. The terroristic group “Islamic State” (banned in Russia) has challenged the Philippine statehood. The same situation happened in Iraq and Syria.

The insurgent group Maute (known as Dawlah Islamiya Philippines) fights from the side of ISIS in the region. It is composed of different international terroristic groups from the South-East Asia and Arabic countries. 

The insurgents from the radical Islamic group Abu Sayyaf swore an oath of loyalty to ISIS. The Abu Sayyaf has been fighting against the central government and competing separatist movements since 1991 and it has been involved in kidnapping people so as to get a ransom and in trafficking drugs. And it is clear that President Duterte has become the “enemy number one” for the Abu Sayyaf.

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It is obvious that the Philippines will become the hottest spot of the South-East Asia until the moment when ISIS will put together its forces to explode a region, for instance, it happened in Indonesia where terrorists conducted several severe attacks in Jakarta in January last year. There are dozens of radical Islamic groups in Indonesia now that swore an oath of loyalty to ISIS.

Fight for Marawi

President Rodrigo Duterte announced a military situation on the island Mindanao for 60 days on May 23. The government forces (commanded by Major General Eduardo Ano) were ordered to “clean” Muslim city Marawi (in the Lanao Southern Province, population- 200 thousand). According to the intelligence information, the leaders of the Maute and Abu Sayyaf located there. The number of insurgents in the city and its surrounding areas was about 500 thousand.

The US announced an award of 5 million dollars for the head of the Abu Sayyaf’s leader, Isnilon Hapilon. The military command confirms that Hapilon has met ISIS leaders from Malaysia and Indonesia so as to discuss perspectives for deploying the large scale front of the caliphate in the Philippine islands.

The confrontation of security officials and terrorists turned into street fights with heavy armor. Most of local people ran away to the near city Iligan that was blocked by the security force so as not to let the insurgents get into it.

The aircrafts and attack helicopters of the Philippine Air force joined them in attacking the city. More than hundred people were killed, 20 citizens were among them. The Philippine security force confirmed the death of 11 soldiers and four policemen.

The official spokesperson of the Philippine Military force, Brigade General Restituto Padilla confirms that no matter what information is presented in the media and social media, the military force is controlling almost the whole city Marawi except “some areas”. The military and police subdivisions are pushing insurgents away from local villages.

What is next?

The Philippines is a catholic country, only 5% of population is Muslim Sunnites. This group belongs to the nation Moro that mostly live in the South and South-West of Mindanao. The law dated to 1989 allowed to create an autonomy Muslim area that was included in the Philippines.

The separatists-Moro have been fighting against Manila since 1970. The Moro National Liberation Front (MNLF) and the Moro Islamic Liberation Front (MILF) and several military separatist groups separated from them are acting here. Also, the Abu Sayyaf separated from MNLF in 1991.

The Central government did not manage to reach piece with the Moro despite that fact that it tried several times. Although, their activity decreased a lot when the government signed with MILF a temporary peaceful agreement in 2011.

The Philippine government does not admit such groups as the Maute and Abu Sayyaf and fights to eradicate them. The small group Ansar al-Khilafah submitted to ISIS was totally destroyed and it does not exist anymore, according to the military officials.

President Duterte called the representatives of all military forces of “irreconcilable opposition” for fighting against ISIS in the Philippines islands and suggested creating a new national militia with the same financial support as a regular army has.

“You will serve as our soldiers do and will have the same salary and social welfare. We will build houses for your families in your home towns”, he promised.

Duterte clearly understands that despite victorious announcements it will be hard to defeat the Islamists without the Moro support, taking into account the areas of military actions (mountains and jungles) and that most of the Muslims support the Moro. The events happened in Marawi showed that the Maute and Abu Sayyaf felt very comfortable there. From the other side, there are no benefits for the leaders of the opposition to create a new caliphate on their territory.

If Duerte cannot agree with them, the country might face a hard, long-lasting war as ISIS will not have problems to find new fighters in this region.


- Source : Ivan Konovalov

vendredi, 02 juin 2017

Dans l’Etat sécuritaire, libéraux de droit et de gauche : même combat

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Dans l’Etat sécuritaire, libéraux de droit et de gauche : même combat

par DEXTRA
Ex: http://www.oragesdacier.info 
 
Depuis 1986, c’est-à-dire plus de trente ans aujourd’hui, la France subit les contrecoups de politiques sécuritaires. La gauche libérale, puis la droite libérale-sécuritaire aidée par Pasqua ont mis en place des mesures de restriction progressive de nos libertés. Cependant, la marche forcée vers un « Etat policier » (Giorgio Agamben) est plus que visible depuis l’accession de François Hollande au pouvoir, elle saute aux yeux même : accès aux données de connexion avec la loi de programmation militaire en 2013, loi relative au terrorisme en 2014, loi relative au renseignement le 24 juillet 2015, loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la lutte contre le terrorisme en juin 2016, et la loi fourre-tout sur la sécurité publique début 2017. Sans compter les nombreuses lois de prolongation de l’état d’urgence qui nous amènent à une « banalisation de l’état d’urgence », ou au « coup d’état d’urgence permanent » pour paraphraser Mitterrand. 
 
Néanmoins, les libéraux sécuritaires, animés par une fibre libérale de tiède ont tellement peur de l’accession de Marine Le Pen au pouvoir que les services de renseignement français se préparent à son arrivée, un responsable du renseignement évoquant que « Si Le Pen tente de brutaliser les institutions, il faut défendre l’Etat de l’intérieur ». On voit que c’est bien un responsable qui parle et non un agent du renseignement, pour estimer que Marine Le Pen est une menace. Nous pouvons tous constater que depuis deux ans, c’est la droite nationale qui est responsable de plus de 230 morts en France avec des attentats… 
 
Ils se donnent le grand frisson en croyant jouer au fonctionnaire résistant de la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, le parti qu’ils identifient comme un danger pour les libertés individuelles est l’un des seuls à s’être opposé au « PNR » (fichage de masse enregistrant les données des personnes prenant l’avion). Le Front national s’était vivement opposé au Parlement européen à ce projet sécuritaire. 
 
La vraie atteinte à la sécurité aujourd’hui, c’est l’espace Schengen, où un terroriste peut se déplacer librement, comme nous l’avons constaté avec l’auteur de l’attentat en Allemagne, tué en Italie après être passé par la France. La vraie solution pour notre sécurité n’est pas dans la multiplication des fichiers, des caméras et des contrôles biométriques, mais dans la protection de nos frontières. Le Front National l’a bien compris, et c’est pourquoi son opposition aux lois sécuritaires s’accompagne toujours d’une volonté de sortir à terme de l’espace Schengen en reprenant le contrôle de nos frontières. 

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Le Front National est aussi le seul parti qui s’est opposé aux prolongations de l’état d’urgence en France à l’Assemblée nationale. Les journalistes libertaires, souvent inquiets pour nos libertés ne peuvent qu’admettre, certes de manière gênée, que Marion Maréchal a été l’une des seuls à s’y opposer. Il est dramatique de constater que lors du vote de prolongation, une mesure s’appliquant à presque 70 millions de Français a été adopté à 136 voix. Où étaient les 441 autres députés ? Peut-être partis se faire offrir des costumes sur mesure… 
 
Force est de constater que la seule voie dissonante dans le concert pour le « plus de sécurité » a été porté par une opposition pertinente du Front national. Ils ont été parmi les rares à expliquer que nous dérivions vers un système sécuritaire, et à essayer de concilier protection de la sécurité nationale et garantie de nos droits et libertés. 
 
Un rapide état des lieux: 
  • sous prétexte de terrorisme, des pages Internet et des réseaux sociaux (et pas que pour les islamistes, mais aussi pour les patriotes) sont censurées ; 
  • sanction pénale du droit à l’information concernant l’IVG ; 
  • liberté de circulation pour les migrants dans l’espace Schengen, mais assignations à résidence pour les militants politiques (souvenez-vous de ces militants écologistes assignés à résidence pour la COP 21 alors que cette mesure devait s’appliquer seulement aux terroristes…) ; 
  • surveillance et encadrement, voire répression des manifestations de militants patriotes et nationalistes, qui rappelaient un slogan simple « On est chez nous » ; 
  • surveillance généralisée des militants car pour le patron du renseignement intérieur, « l’extrême droite est la première menace en France »
  • port d’armes permanent pour les policiers, et blanc seing pour le stock d’armes de guerre dans les banlieues, mais perquisitions chez des militants qui ont des armes de collection. 
La liste est longue mais nous voyons déjà des violations flagrantes de nos droits et libertés : liberté d’aller et venir, liberté d’expression, liberté de conscience, liberté de la presse, atteinte du droit au respect de la vie privée, atteinte au droit de propriété. N’est-ce pas suffisant ? 
 
Une fois encore, c’est le Front national qui est marqué au fer rouge, dénoncé de manière irrationnelle et de façon quasi-psychotique par les mêmes qui applaudissent à longueurs d’années les brimades contres les militants patriotes, les violations du droit à la présomption d’innocence et de la défense des nationaux, où encore la violence de la répression policière lors des événements de 2013. Ce constat étant fait, il n’est pas surprenant de comprendre pourquoi, malgré le parti-pris médiatique, le Front National est en tête des sondages. Il représente aujourd’hui l’alternative pour une majorité des Français aux mesures qui ont détruit notre si beau pays. Les médias et les politiques « mainstream » nous font en permanence la promotion du libéralisme et de la sécurité, soi-disant pour la défense de nos libertés de consommateurs, mais souvenons nous qu’ « un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux ».
 

Le legs de Zbig : à l’origine...

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Le legs de Zbig : à l’origine...

Ex: http://www.dedefensa.org

Comme l’écrit Neil Clark ce 29 mai 2017 sur RT, on pourrait dire que le legs de Zbigniew Brzezinski, qui vient de mourir à 89 ans, est notre “monde en flammes” (« World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski »). C’est lui, Brzezinski, qui recommanda et orchestra le lancement de l’opération qui allait conduire à l’implication de l’URSS en Afghanistan, au développement de la résistance afghane de laquelle découlèrent les innombrables branches du terrorisme islamiste, à commencer par Ben Laden. Dès l’origine, la CIA fut l’instrument opérationnel de cette énorme entreprise, à laquelle l’Arabie Saoudite notamment fut largement partie prenante (financièrement) dès le départ.

Clark écrit, et c’est le “before” qui compte puisque la version officielle fut longtemps que les USA avaient répliqué en formant les moudjahidines (“combattants de la liberté”) comme on les appelait alors, après l’intervention soviétique de décembre 1979 : « In fact, US financial assistance for anti-government forces had begun BEFORE the invasion- and was expressly designed to provoke a Soviet military response. In 1998 Brzezinski admitted that he had got President Carter to sign the first order for secret aid to ‘rebels’ in July 1979 a full five months before the Soviets intervened. “I wrote a note to the president in which I explained to him that in my opinion, this aid was going to induce a Soviet military intervention,” Brzezinski said. Even before that, US officials had been meeting with ‘rebel’ leaders. While in 1977 Zbig had set up the Nationalities Working Group - whose goal was to weaken the Soviet Union by stirring up ethnic and religious tensions. »

La révélation de cette action préventive (juillet 1979), qui donne toute la responsabilité de l’origine des événements de déstabilisation massive qui viennent jusqu’à nous se fit dans une interview du Nouvel Observateur ; interview très courte mais très révélatrice, qui résume en quelque phrase, non seulement la pensée de Brzezinski (avec la multiplication par ce qu’on peut nommer la “haine antirusse” de son origine polonaise) mais aussi la stratégie opérationnelle de l’establishment US depuis des décennies. Cette stratégie à tendance globalisante existait déjà de manière offensive durant la Deuxième Guerre mondiale, avec l’activisme des divers services officiels US auprès des indigènes et des diverses organisations soit nationalistes, soit panarabes avec de fortes consonances religieuses dans les pays à population arabe sous colonisation européenne, y compris par exemple dans les pays du Maghreb alors français à partir du débarquement de novembre 1942. Cette même attitude prévalut dans les pays asiatiques dans la même situation, notamment dans l’Indochine française. (Ho Chi-minh reçut l’aide de l’OSS pour former son organisation et il fondait à l’origine ses ambitions sur le schéma de la Constitution des États-Unis.) Dans cette attitude US, on retrouve un mélange d’un puissant affairisme avec l’annexion au profit des USA des marchés extérieurs, d’un anticolonialisme remontant au temps de la Guerre d’Indépendance, et enfin de l’idéalisme de type-wilsonien selon lequel la diffusion de la formule américaniste de la démocratie et de la modernité constitue la voie évidente vers une globalisation et une uniformisation vertueuses du monde, – selon le “modèle” américaniste naturellement. Ainsi l’anticolonialisme si souvent acclamé par la pensée moderniste trouve-t-il là une parentèle inattendue sinon quelque peu gênante. (Nous avons déjà rappelé combien Arnold Toynbee a bien montré comment il importait de faire toute la lumière sur ce mouvement à partir des conceptions du suprémacisme de l’anglosaxonisme, de l’“anglosphère”, puis de l’américanisme gobant le tout au bout du compte.)

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Voici donc la courte interview de Zbigniew Brzezinski parue dans Le Nouvel Observateur numéro 1732 du 15 janvier 1998, lorsque on s’intéressait encore fort peu à l’implication des révélations qu’il y fait. (Le propos est recueilli par Vincent Jauvert, les mémoires de Robert Gates servant de référence sont intitulés : From the Shadows, chez Simon and Schuster. Nous avions déjà publié cette interview le 15 juillet 2005.)

Le Nouvel Observateur : « L'ancien directeur de la CIA Robert Gates l'affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l'intervention soviétique. A l'époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez? »

Zbigniew Brzezinski : « Oui. Selon la version officielle de l'histoire, l'aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c'est-à-dire après que l'armée soviétique eut envahi l'Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu'à présent, est tout autre : c'est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j'ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu'à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques. »

Le Nouvel Observateur : « Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette “covert action” [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ? »

Zbigniew Brzezinski : « Ce n'est pas tout à fait cela. Nous n'avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu'ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : « Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu'ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité... Vous ne regrettez rien aujourd'hui ? »

Zbigniew Brzezinski : « Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d'attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j'ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l'occasion de donner à l'URSS sa guerre du Vietnam.” De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l'éclatement de l'empire soviétique. »

Le Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d'avoir favorisé l'intégrisme islamiste, d'avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

Zbigniew Brzezinski : « Qu'est-ce qui est le plus important au regard de l'histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l'empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l'Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Le Nouvel Observateur : « “Quelques excités”? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd'hui une menace mondiale. »

Zbigniew Brzezinski : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l'Occident ait une politique globale à l'égard de l'islamisme. C'est stupide: il n'y a pas d'islamisme global. Regardons l'islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C'est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu'y a-t-il de commun entre l'Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l'Egypte pro-occidentale ou l'Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté... »

Après l’attaque du 11 septembre 2001 et avec l’attaque américaine contre l’Afghanistan puis contre l'Irak qui suivirent, certains avaient ressorti cette courte interview de Zbigniew Brzezinski au Nouvel Observateur, pensant qu’elle servirait à tempérer toutes les affirmations officielles sur le terrorisme dans sa quasi-fatalité islamiste, sur “le choc des civilisations”, sur le Mal et sur le diable. Il n’en fut rien et la version officielle aussitôt proclamée par l’administration GW Bush fut bien qu’il y avait un terrorisme islamiste né d’une origine lointaine, lié à la religion, ami du Diable et représentant le Mal contre le Bien qui tenait et tient toujours congrès permanent à Washington D.C.

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Bien entendu, les manœuvres sans nombre des divers services de l’IC (Intelligence Community), CIA en tête, et des divers services des forces armées, pour créer et instrumenter différents groupes extrémistes en les équipant d’armes et en les couvrant d’ors saoudiens, constituèrent un élément fondamental qui intervint dans un phénomène où l’existence précédait l’essence pour satisfaire les conceptions sartriennes, les Américano-Saoudiens se chargeant de définir de quelle essence il s’agissait ; vue la nature de leurs liens, aux américanistes et aux Saoudiens, ce n’était pas difficile. En d’autres mots, l’islamo-terroriste qui n’existait pas comme phénomène majeur ni même annexe en 1980, était devenu le phénomène universel qu’on connaît après 9/11, et bien plus encore après le surge de Petraeus en Irak en 2007-2007, négociant à coup de conteneur de dollars le ralliement des sunnites d’Irak et mettant ainsi en place les structures du futur Daesh et de toute la galaxie qu’on retrouve en Syrie.

Brzezinski et son mépris pour les craintes d’un mouvement terroristes islamiste avait sûrement raison d’un point de vue stratégique en 1980 ; il avait sans doute encore un peu raison en 1999 malgré qu’il ait été démontré par la mise à jour d’archives diverses que l’URSS n’avait nullement été le danger d’agression permanente que Brzezinski eut continuellement à l’esprit pour minorer tous les autres dangers. (Le véritable danger de la Guerre froide était de type “objectif” et catastrophique pour tous les acteurs, dans le chef de la possibilité de l’usage de l’arme nucléaire.) Comme en 1980, le terrorisme islamiste n’était pas encore, en 1999, un danger majeur, sauf peut-être en Russie avec la Tchétchénie, ce qui n’était d’ailleurs pas pour déplaire à Zbig. Il l’est devenu avec 9/11, communication oblige, et opérationnellement notamment grâce aux canaux et aux complicités sans nombre, aux corruptions innombrables, aux manipulations vertigineusement nombreuses et aussi sans queues ni têtes, déjà en place avec l’activisme forcené et incontrôlé de la CIA que Brzezinski avait immédiatement mis sur le coup en 1979.

Brzezinski avait été le conseiller pour la sécurité nationale du président Jimmy Carter, de 1977 à 1981. A ce poste, il fut effectivement le principal animateur, contre l’avis du secrétaire d’État Vance, du prologue et du lancement de l’aide américaine aux moudjahidines luttant contre les communistes en Afghanistan (effectivement: “contre les communistes” en général ; d’abord contre le régime communiste de Babrak Karmal puis, à partir de décembre 1979, contre les Soviétiques de l’Armée Rouge également). Cette politique a donc été souvent et justement décrite comme l’événement créant le Osama Ben Laden présenté depuis comme le cerveau d’une offensive mondiale de terrorisme, avant de passer le relais aux vedettes actuelles. Elle prit, avec Reagan et son directeur de la CIA Bill Casey, relais de Wall Street et maître des coups fourrés impliquant diverses branches du crime organisé, des proportions importantes, accentuant l’effet initial voulu par Brzezinski et l’administration Carter (l’accentuation de la lutte contre les Soviétiques passant par le renforcement des structures de l’extrémisme islamiste).

C’est effectivement de là que datent le développement et la mise en place, et l’équipement militaire initial également, de la nébuleuse islamiste qu’il est de bon ton de considérer aujourd’hui, dans les milieux de la pensée conformiste globalisée, comme la première menace contre la civilisation. La véritable responsabilité est donc bien celle du Système, avec l’organisation colossale venue des divers services d’agitation et de subversion des moyens opérationnels de l’américanisme (IC et le reste), et sans aucun doute l’opération globale de déstabilisation la plus ambitieuse jamais lancée par les USA. (En 1980, Brzezinski parlait de “l’arc de crise” du monde allant de l’Inde à la Somalie et le président Carter créait le Central Command qui constitue aujourd’hui le commandement militaro-politique le plus puissant des forces bellicistes et expansionnistes US. (Carter, qui a évoulé dans le meilleur sens du monde, devenu parfaitement antiSystème, n'a jamais dit précisément ce qu'il pensait de cette évolution-là à laquelle il avait présidé, comme parfait jouet du Système.)

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Certes, personne de sérieux, en 1998, à Washington, n’aurait contredit Brzezinski sur le fond, malgré l’insistance de l’intervieweur. Aujourd’hui, rappeler ces déclarations de Brzezinski pourrait représenter un cas d’une condamnation sans appel, avec effet rétroactif s’il le faut. Restent la réalité, les faits, les manigances, les intentions, — bref, ce qui fait ici la cause première de l’enchaînement menant aux événements du 11 septembre 2001 et après. Il est bon de se rappeler jusqu’à quel point, et à quelle profondeur, avec quel zèle, quelle absence de défiance et de scrupule, quelle courte vue et quel cynisme, quel idéalisme niais et si fortement lié aux gains du capitalisme, les États-Unis ont semé les graines dont ils récoltent aujourd’hui les fruits amers (d’ailleurs pas amers pour tout le monde, y compris à Washington D.C.). Si ce n’est de la prédestination, cela y ressemble, jusques et y compris dans l’entraînement vers un destin catastrophique pour les USA que suppose cette vaste opération ; après tout, c’est elle qui n’a cessé d’exercer une influence déstabilisatrice, directement et indirectement, aux USA même, à Washington D.C., en développant une corruption effrénée, en installant une communication tout à fait faussaire et en créant des événements relevant du simulacre pur et simple, en donnant à des organisations diverses dont la CIA est l’archétype des pouvoirs énormes et incontrôlables ; bref, en donnant les moyens opérationnels de faire entrer la postmodernité comme simulacre de réalité à la place de la vérité du monde.

 

 

ZUERST!-Gespräch mit Nahost-Experte Dr. Elie Hatem: „Es muß die Propaganda gegen das Land und seine Regierung gestoppt werden“

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ZUERST!-Gespräch mit Nahost-Experte Dr. Elie Hatem: „Es muß die Propaganda gegen das Land und seine Regierung gestoppt werden“

Ex: http://www.zuerst.de 

 

Droht der Welt ein neuer großer Krieg, der dieses Mal vom Nahen Osten ausgeht? Der französisch-libanesische Politikberater und Jurist Dr. Elie Hatem im ZUERST!-Gespräch über Trumps Fehler und die Gefahr eines Weltkrieges

Herr Dr. Hatem, seit sechs Jahren herrscht in Syrien Krieg. Der kürzlich erfolgte Einsatz von Chemiewaffen und die Reaktion der Vereinigten Staaten von Amerika darauf stellen möglicherweise einen Wendepunkt dar. Was könnte als nächstes passieren?

Hatem: Syrien wird destabilisiert, von Mächten, die Chaos im Nahen Osten und auch in Europa anrichten wollen. Wir müssen natürlich davon ausgehen, daß diese Geschehnisse enorme Konsequenzen auf Europa haben. Die Masseneinwanderung beeinflußt den Zusammenhalt des Kontinents bereits jetzt. Es ist offensichtlich, daß es sich bei der „Krise“ um ein politisches Projekt handelt, worin auch verschiedene Geheimdienste ihre Rolle spielen. Der letzte Chemiewaffeneinsatz hat das deutlich gemacht. Der Fall wurde sehr genau von den syrischen Behörden untersucht, auch von juristischer Seite. Es sollte mit Sicherheit festgestellt werden, wer diesen Angriff angeordnet und durchgeführt hat. Aus politischer Sicht bezweifle ich, daß der syrische Präsident Baschar al-Assad oder die syrische Regierung so masochistisch veranlagt sind, sich bewußt so harscher internationaler Kritik auszusetzen oder ein Eingreifen der USA zu riskieren: Immerhin hatte Assad diese Erfahrung schon mal gemacht, als der französische Präsident François Hollande militärische Maßnahmen befohlen hatte. Ich denke, daß ein Geheimdienst hinter dem ganzen Vorfall steckt, um einen „Casus belli“ zu schaffen und den Amerikanern ein militärisches Eingreifen zu ermöglichen. Wir sollten uns auch vergegenwärtigen, unter welchen Umständen Donald Trump von seinen Beratern zu der Entscheidung gebracht wurde. Ich frage mich, wie sehr er selbst die Tragweite seiner Handlung überhaupt bedacht hat, als er gerade den chinesischen Präsidenten in Florida zu Gast hatte, den – seiner Aussage nach – „schönsten Schokoladenkuchen“ aß und den Irak mit Syrien verwechselte. Wenn Trump vor der Wahl versprochen hatte, mit Rußland partnerschaftlich zusammenzuarbeiten, so scheint er gerade gegen seinen eigenen Willen zu handeln. Ich hoffe, er erkennt seinen Fehler. Falls nicht, setzt er nur die desaströse Politik seiner Vorgänger fort.

Vor seinem Amtsantritt erwartete man von Trump eine anti-interventionistische Syrien-Politik. Nach seinem Einzug ins Weiße Haus sprach er von „safe zones“ in Syrien, wenig später ließ er die syrische Luftwaffenbasis Al-Scheirat mit Marschflugkörpern angreifen. Was passiert da gerade in Washington?

Hatem: In den USA kommt man nur schwer um das Establishment herum. Nach den Versprechungen und Vorsätzen während des Wahlkampfes ist Donald Trump nun in der Realität des Systems angekommen.

Wie meinen Sie das?

Hatem: Die US-Außenpolitik steht schon seit langem unter dem massiven Einfluß verschiedenster Lobbyorganisationen, beispielsweise auch der AIPAC, einer pro-israelischen Organisation. Trump bezieht einige pro-israelische Standpunkte, so zum Beispiel die künstliche Schwächung der Staaten im Nahen Osten, unter Inkaufnahme von Chaos und internen Kämpfen zwischen den Mächten. Einige dieser Punkte hat er umgesetzt: Deswegen wurden auch Bürger des Iran im Zuge des sogenannten „Muslim Bans“ an der Einreise in die USA gehindert, obwohl dieser Staat wirkungsvoll den IS und den Terrorismus insgesamt bekämpft. Diese Entscheidung wurde sowohl in den Vereinigten Staaten als auch international stark kritisiert. Trump folgt den Interessen der Israelis, die darauf hoffen, die Position der Syrer wieder zu schwächen. Denn nachdem die Russen massiv in den Krieg eingegriffen hatten, sah es zuletzt recht gut für die syrische Regierung aus. Vergleichen wir die russische Intervention mit der US-amerikanischen, so ist die letzte unrechtmäßig oder besser gesagt illegal erfolgt. Weder kam die US-Regierung mit dem Einsatz einer Bitte der syrischen Regierung nach – wie im Falle Rußlands –, noch wurde ein solches Eingreifen vom Sicherheitsrat der Vereinten Nationen beschlossen. Wir bedauern es zutiefst, daß die US-Außenpolitik offenbar immer noch von denselben Lobbygruppen bestimmt wird. Was den Nahen Osten betrifft, so wird Trump von seinem Schwiegersohn Jared Kushner beraten. Dieser hat seit seiner Kindheit ein enges Verhältnis zum jetzigen israelischen Präsidenten Benjamin Netanjahu.

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Handelt es sich bei dem, was wir in Syrien sehen, wirklich um einen „Bürgerkrieg“?

Hatem: Syrien ist das Opfer einer politischen Intrige, die Jahre zuvor sorgfältig ausgearbeitet wurde. Die Drahtzieher sind Politanalysten, -experten und Denkfabriken. Dieses Projekt wurde zuvor schon anderswo erprobt, so zum Beispiel in Palästina, Zypern, dem Libanon, dem Iran, Afghanistan, auf dem Balkan, in Tschetschenien, Dagestan, in Armenien, Georgien und so weiter. Nach einigen Rückschlägen führte das Vorhaben zum sogenannten „Arabischen Frühling“, der ein totales Chaos im Nahen Osten zum Ziel hatte. In der Folge kam es in Staaten, in denen vorher viele Religionen nebeneinander koexistierten, zu Spannungen zwischen den Glaubensgruppen. Die Staaten sollten sich in Glaubenskriegen auflösen. In anderen Staaten hieß es Stamm gegen Stamm, Klan gegen Klan. Im Westen wird das so dargestellt, als wenn all diese Parteien für ihre Freiheit und die Menschenrechte kämpfen. Tatsächlich leidet die Bevölkerung aber unter diesen „Bürgerkriegsparteien“. Diese Gruppen kämpfen für einen gewaltsamen „Regime Change“, eine Zerstörung der Zentralgewalt, die vorher all diese Religionsgemeinschaften und Stämme hat zusammenhalten können. Söldner aus der ganzen Welt wurden ins Land gerufen und kämpfen an der Seite von unkontrollierbaren Milizen. Das ist die Realität in Syrien.

Syrien ist – wie Sie sagen – zum Sammelpunkt für Verbrecherbanden und Terror-Krieger aus der ganzen Welt geworden – auch aus Europa wird rekrutiert. Was würde Ihrer Meinung nach passieren, wenn die internationalen Terrorbrigaden über die syrische Regierung siegen würden?

Hatem: Wir kennen die Fakten: Das Chaos in Syrien – wie auch im Irak, ein Opfer desselben Destabilisierungsplans – schafft eine Vielzahl verschiedener Milizen und unüberschaubarer bewaffneter Gruppen, die ihrerseits kriminelle Ringe bilden, die von Außenstehenden beeinflußt werden. Aufgabe dieser Söldnergruppen ist das Verursachen von Terror und Chaos im Nahen Osten und damit auch in Europa. Wenn die syrische Regierung zusammenbricht, wird auch die Situation, die vorher von den Russen geradeso unter Kontrolle gehalten wurde, eskalieren. Dann folgt das große Chaos, und es entsteht damit eine enorme Gefahr für die Weltsicherheit. Syrien wird dann zu einem undurchdringbaren Dschungel, in dem die eben angesprochenen Gruppen unaufhaltsam gedeihen und sich ausbreiten werden.

Gibt es einen Unterschied zwischen „moderaten“ und „extremistischen“ Kämpfern in den sogenannten „Oppositionsgruppen“?

Hatem: Die Propaganda bewirbt die Destabilisierung der arabischen Welt auf jede erdenkliche Weise, um das Handeln der fremdunterstützten „Rebellen“ zu rechtfertigen. Aber es gibt – wie Sie richtig sagen – zwei Arten von Kriegern in Syrien: die moderaten und die extremistischen. Beide Gruppen sind jedoch unmöglich zu überschauen, der Großteil der Angehörigen sind Söldner, und die Übergänge sind fließend. Die Kämpfer wechseln schnell von einer Gruppe zur nächsten. Einige der Soldaten kämpften erst unter der Flagge der angeblich „moderaten“ Freien Syrischen Armee, dann unter der der sunnitisch- extremistischen „Al Nusra“, bis sie sich schließlich dem IS anschlossen…

Was wären die Konsequenzen für Europa, wenn die Syrisch-Arabische Armee zusammenbräche?

 Hatem: Wie Sie sicher wissen, gibt es jetzt schon zahlreiche Flüchtlinge aus Syrien, die nach Europa kommen. Dabei sind die Grenzen zum Nahen Osten geschlossen. Die syrische Bevölkerung ist desillusioniert. Sie fliehen vor dem Krieg und vor Verfolgung, besonders der durch den IS. Der einzige Ausweg ist die Flucht ins Ungewisse. Also wählen sie das Exil, einen beschwerlichen Weg, aber es bleibt ihnen nichts anderes übrig. Mit anderen Worten: Wir sind Zeugen der Deportation eines ganzen Staatsvolks, wie beispielsweise der der Armenier am Ende des 19. Jahrhunderts. Die Auswanderer haben ihr ganzes Hab und Gut verloren. Sie sind arm und niedergeschlagen. Es ist ein Einfaches, sie zu manipulieren, wenn man ihnen Geld verspricht. Geheimdienste machen sich das zunutze, um Terroranschläge ausführen zu lassen, die Europa destabilisieren sollen. Ein einfaches Beispiel: Wenn Sie Ihre eigenen Kinder hungern, weinen und leiden sehen, fällt es Ihnen leicht, für ein paar Euro das eigene Leben zu opfern und ein Selbstmordattentat dafür zu begehen. Eine Niederlage der syrischen Regierung wird das ganze Land ins Chaos werfen, und diese Vorfälle werden zunehmen.

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Welches Interesse haben die europäischen Regierungen an dieser Agenda?

Hatem: Die europäischen Staatschefs stehen unter dem Einfluß der NATO, die wiederum vom US-Establishment – Lobbygruppen, Geheimdienste usw. – kontrolliert wird. Die US-Eliten haben ein Interesse daran, die europäischen Staaten und deren Bevölkerungen zu schwächen. Mit der massiven Propaganda soll Europa auf einen Kurs gebracht werden, der einem Suizid gleichkommt. Eine ähnliche Strategie wird in den arabischen Staaten verfolgt: Ihre Anführer übernehmen oftmals schwachsinnige Positionen, die sie selbst ins Chaos stürzen.

Welche Rolle spielen die Sanktionen gegen Syrien bei der Massenimmigration nach Europa? Wie beeinflussen die Sanktionen den Krieg der Syrisch-Arabischen Armee gegen die Terroristen?

Hatem: Diese Maßnahmen treffen in Wirklichkeit die Bevölkerung und nicht die Streitkräfte. Es sind die Zivilisten, die die Konsequenzen der Sanktionen zu tragen haben: Die Menschen verarmen, was sie in die Arme islamistischer Terrorgruppen treibt, die ihnen Nahrung und Hilfe gewähren. Natürlich gibt es für die verschiedenen Milizen tausend Wege, um vorbei an den Sanktionen an Waffen zu gelangen. Die Sanktionen verfolgen den Zweck, die syrische Regierung zu schwächen, unbeliebt zu machen und in den Bankrott zu treiben.

Wieso ist es so einfach für europäische NGOs, den Terrorismus in Syrien zu unterstützen und zu finanzieren? Können Sie das Ausmaß dessen einschätzen?

Hatem: (…)

Welche Rolle spielt der Iran in Syrien?

Hatem: Als der Krieg in Syrien begann, wurde Assad von allen arabischen Staaten im Stich gelassen. Einige seiner ehemaligen Verbündeten waren selbst mit inneren Krisen im Zuge des Arabischen Frühlings beschäftigt. Andere wurden von der Geheimdienstpropaganda der Amerikaner beeinflußt und distanzierten sich von Assad – ähnliches geschah bei den EU-Regierungen. Der syrische Präsident brauchte für seinen Kampf dringend Verbündete, um den Kollaps seines Staates zu verhindern. Der Iran gewährte ihm die benötigte Hilfe, aus vielerlei Gründen: Zum Beispiel hätte eine Destabilisierung Syriens auch Nachteile für den Iran. Außerdem dient Syrien als Transit-Land in den Libanon, wo der Iran die dortigen Schiiten unterstützt und seinen Einfluß in der Region wahren möchte. Diesen Weg gilt es offenzuhalten. Das sind die Gründe, wieso der Iran in Syrien eingriff und, lange bevor die Russen Assad Unterstützung gewährten, den IS und die Terroristen bekämpfte.

Besteht die Gefahr einer direkten militärischen Konfrontation zwischen Rußland und dem Iran auf der einen und den US-Streitkräften auf der anderen Seite?

Hatem: Ich hoffe nicht… Aber ich hoffe, daß die neue US-Regierung jegliche Konfrontation mit Rußland vermeiden wird. Während seines Wahlkampfes verkündete Trump, mit Rußland zusammenarbeiten zu wollen. Trotz des Einflusses der verschiedenen Interessengruppen auf den US-Präsidenten – vor allem der AIPAC – gibt es immer noch eine Reihe von Leuten, die versuchen, Trump an seine Wahlversprechen zu erinnern. Vor allem in der Generalität der US-Armee gibt es einflußreiche Männer, die ihn auf diesen Weg bringen möchten, beispielsweise General Paul Vallely, der über gute Beziehungen zu Moskau, besonders in das Umfeld des Außenministers Sergej Lawrow, verfügt.

Nach Trumps Wahl hatten auch viele europäische Euroskeptiker die Hoffnung, daß die neue US Regierung sich nicht weiter in Angelegenheiten des Nahen Ostens einmischen würde. Waren diese Hoffnungen naiv?

Hatem: (…)

Auch Marine Le Pen und andere euroskeptische Politiker – wie zum Beispiel der Vorsitzende der Jungen Alternative, Markus Frohnmaier – kritisierten den „Tomahawk“-Angriff auf die syrische Luftwaffenbasis. Können wir hier einen Bruch zwischen Trump und den Euroskeptikern erkennen?

 Hatem: Ich behaupte das, ja. Viele Europäer – und auch Amerikaner, die auf einen Wandel gehofft hatten – sind jetzt enttäuscht, auch wenn das nicht offiziell kundgetan wird. Es gibt eine große Diskrepanz zwischen dem, was Trump vor der Wahl sagte, und dem, was er jetzt von sich gibt. Ich glaube, daß Trump gerade versteht, daß es nicht so einfach ist, das Establishment und die Lobbyisten beiseite zu drängen, die nun mal einen großen Einfluß auf die US-Regierung haben. Aber ich hoffe, daß es noch Leute um Trump herum gibt, die ihm eine gesunde und verantwortungsvolle US-Außenpolitik näherbringen können.

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Sehen Sie eine Möglichkeit, die syrischen Flüchtlinge zu repatriieren, für den Fall, daß die syrische Regierung zusammenbricht?

Hatem: Ich glaube nicht, daß die syrische Regierung kollabieren wird. Sollte dies doch der Fall sein, so sind Chaos und Zerstörung die Folge, was um so mehr Flüchtlinge produzieren wird. Die Situation würde auf alle Nachbarstaaten entscheidende Folgen haben, auch auf die Türkei. Europa wäre gezwungen, immer mehr Flüchtlinge auf zunehmen, in solchen Mengen, die es unmöglich kontrollieren kann. In diesem Szenario würde die Stabilität Europas entscheidend geschwächt, und große Spannungen auf dem Kontinent wären die Folge. Ich hoffe, daß die Regierungen sich diesen Fall vor Augen führen.

Wie schätzen Sie die Chancen der Syrisch- Arabischen Armee ein, den Krieg zu gewinnen?

Hatem: Das hängt von der Unterstützung durch Rußland ab. Die syrische Armee ist nach sechs Jahren des Krieges an ihrer Belastungsgrenze angelangt. Obwohl Soldaten über Monate hinweg keinen Sold erhielten, sehen wir aber nur sehr wenige Fahnenflüchtige. Das beweist auch, daß es bei dem Krieg in Syrien eigentlich kein Problem der Assad-Regierung gibt, die gegen ihre eigene Bevölkerung vorgehen würde, wie gern behauptet wird. Es geht um die Einflußnahme auf Söldnergruppen von außerhalb, die sich aus Leuten rekrutieren, die in einem Land, das im Chaos versinkt, einfach nur überleben wollen.

Wie würde eine intelligente Nahost-Politik der Europäer aussehen?

Hatem: Zuerst muß die Propaganda gegen das Land und seine Regierung gestoppt werden. Dann muß gewährleistet werden, daß internationales Recht – vor allem das Recht auf Selbstbestimmung und die Nicht-Einmischung in innere Angelegenheiten eines Landes – geachtet wird. Unglücklicherweise hetzen einige europäische Politiker genauso gegen Syrien, wie sie es 2003 gegen den Irak taten. Gleiche Positionen bezogen sie im Falle Tunesiens und Libyens. Was sind die Folgen einer solchen Agenda? Die Zerstörung von Institutionen und Strukturen in den entsprechenden Ländern, eine Verarmung weiter Teile der Bevölkerung und die Entstehung von riesigen Flüchtlingsströmen. Das Vertreten einer solchen Politik ist kriminell.

Herr Dr. Hatem, vielen Dank für das Gespräch.

Dr. Elie Hatem, geboren 1965, promovierte in Internationalem öffentlichen Recht und Verfassungsrecht und ist Jurist bei der Paris Bar Association. Seine Familie stammt aus dem Libanon. Hatem lehrt Internationale Beziehungen und Internationales öffentliches Recht an der Freien Fakultät für Recht und Wirtschaft in Paris. Elie Hatem ist persönlicher Berater des ehemaligen UN-General-Sekretärs Boutros Boutros-Ghali. Er ist zudem politischer Berater von Jean-Marie Le Pen, dem Gründer des französischen Front National. Hatem ist Autor zahlreicher juristischer und politischer Fachartikel und Träger einer Vielzahl von Auszeichnungen. So ist er unter anderem Ritter des Ordre des Palmes Académiques (eine der höchsten Auszeichnungen in Frankreich für Verdienste um das französische Bildungswesen) und Offizier des Zedernordens (eine der höchsten zivilen Auszeichnungen des Libanon).

Dieses Interview ist Ihnen in ungekürzter Länge im Original (Juni-Ausgabe) entgangen, wenn Sie immer noch nicht fester Leser und Abonnent des Deutschen Nachrichtenmagazins ZUERST! sind. Die gut recherchierten Beiträge und spannenden Interviews von ZUERST! verlieren auch nach vielen Monaten nichts von ihrer Aktualität. Werden Sie jetzt Leser der Druckausgabe von ZUERST!

Éthique de subsistance et esprit capitaliste chez Werner Sombart

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Éthique de subsistance et esprit capitaliste chez Werner Sombart

Figure de la révolution conservatrice allemande, Werner Sombart a consacré une large part de son œuvre à l’analyse de l’esprit capitaliste et à la recherche de ses origines. En s’intéressant à la genèse du capitalisme qu’il situe au Bas Moyen Âge, le sociologue allemand met en exergue l’opposition entre une éthique commerciale européenne précapitaliste, dite de subsistance, et une éthique spécifiquement capitaliste. Cette dernière a d’abord été influencée par la pensée chrétienne, qui l’a limitée, avant de s’émanciper de celle-ci.

L’économie féodale et corporatiste du Moyen Âge était dominée par l’idée selon laquelle chacun devait pouvoir vivre de son travail conformément à son rang et en menant une vie honnête. Les propos de Sigismond, empereur du Saint-Empire romain germanique au début du XVe siècle, rapportés par Werner Sombart, traduisent cet idéal : « Le métier existe, afin que chacun puisse gagner son pain en l’exerçant et que personne ne puisse empiéter sur le métier de l’autre. C’est grâce à lui que chacun peut satisfaire ses besoins et se nourrir ». Les logiques économiques régissant une telle société étaient donc subordonnées à la nécessité de faire vivre les producteurs et la détermination des prix était essentiellement fondée sur les coûts de production. La valeur d’usage primait sur la valeur d’échange : les prix ne dépendaient pas du jeu de l’offre et de la demande dans l’esprit commercial précapitaliste. De même, toute manœuvre visant à faire baisser les prix, comme la vente à rabais, était jugée immorale.

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Cette éthique, que Werner Sombart qualifie de subsistance, induisait une conception particulière de la notion de concurrence. Pour assurer la stabilité et les moyens de vivre de chacun, les commerçants et les artisans devaient se restreindre à un domaine d’activité particulier et à une clientèle définie. Imprégnée d’esprit paysan, cette morale commerciale considérait, selon Werner Sombart, que « la clientèle était pour le citadin ce qu’était pour le paysan son lopin de terre ». Toute chasse aux clients était donc prohibée et le recours à des procédés visant à détourner les clients de son voisin était interdit. S’appuyant sur les réglementations commerciales et sur les registres des litiges de grandes villes commerçantes, Werner Sombart montre que toute tentative de promotion commerciale pouvait donner lieu à des sanctions.

Par ailleurs, assurant l’organisation et la régulation des professions, les corporations veillaient à ce que nul n’empiète sur la branche d’activité d’autrui. Quant à la prohibition du prêt à intérêt qui prédominait alors, elle était conforme à la volonté de se prémunir de toute fuite en avant en refusant que l’argent produise de l’argent. Le sociologue remarque que cette économie précapitaliste était peu productive. Le manque de rigueur commerciale, la multiplicité des jours chômés et la lenteur du rythme des transactions nuisaient à l’efficacité d’une société dont le travail économique n’était pas le pivot et dont les élites ne légitimaient pas leur pouvoir par leurs compétences commerciales. Cet esprit correspondait en effet à des sociétés européennes dont la vie était rythmée par les événements sociaux, populaires et religieux, lesquels imposaient leurs impératifs au commerce. En outre, Werner Sombart est bien conscient que les principes de cette éthique de subsistance étaient régulièrement violés. La transgression ponctuelle de l’interdit, voire la tolérance occasionnelle de cette transgression n’affaiblissait cependant pas le principe de l’interdiction ni l’empreinte laissée dans l’esprit d’une époque.

L’émergence d’un premier capitalisme dans l’Italie du XIIIe et XIVe siècles, notamment à Florence, rompt avec les époques précédentes en valorisant la richesse obtenue par le travail mais surtout en rationnalisant les comportements économiques. Werner Sombart souligne le rôle de certains aspects du catholicisme dans cette évolution. En prônant un idéal de vie chaste et modérée mais également une absolue maîtrise de soi et une rigueur dans le travail, la doctrine thomiste du catholicisme encourage la rationalisation de la vie et constitue un terreau fertile au développement de l’homo economicus. L’honnêteté et la rigueur dans les affaires ne sont plus uniquement des contraintes imposées par la réputation mais des vertus requises par la conscience personnelle de l’individu, ce qui accroît le degré d’exigence. Ces vertus chrétiennes sont un catalyseur de l’esprit capitaliste mais elles en sont également une limite importante. Le thomisme ne condamne pas la richesse mais la distingue de l’enrichissement. Le mouvement, la dynamique suscitent toujours la méfiance et la crainte d’un affranchissement des limites. De plus, même lorsqu’il est admis, cet enrichissement ne doit pas être une finalité. L’homme doit rester la fin immédiate de l’économie.

La persistance de l’éthique de subsistance

Les principes de l’éthique de subsistance restent cependant omniprésents dans ce premier capitalisme. Plus rationnelle et plus efficace qu’auparavant, l’activité commerciale reste de faible intensité. L’idée de limite sous-jacente à l’éthique de subsistance n’a rien perdu de son importance et le commerce reste subordonné à la vie sociale des individus. Mettre sa vie au service de la croissance de son patrimoine n’est pas l’idéal du capitaliste de cette époque, celui-ci aspirant à s’enrichir rapidement et à se retirer des affaires pour profiter et vivre des richesses obtenues. Werner Sombart explique qu’au cours de cette période du capitalisme primitif, les prix restent essentiellement déterminés par la valeur d’usage des biens et la concurrence demeure strictement soumise aux principes de l’économie précapitaliste : « Encore pendant la première moitié du XVIIIe siècle, les marchands de Londres voyaient une concurrence déloyale dans les efforts que faisait tel ou tel de leurs collègues pour orner sa boutique ou attirer les clients par un étalage fait avec goût et élégance ». Le sociologue illustre ce maintien tardif de l’éthique de subsistance en citant les écrits de Daniel Defoe, auteur de Robinson Crusoé mais aussi figure du capitalisme anglais et rédacteur du Complete English Tradesman publié en 1725. Dans cet ouvrage, l’entrepreneur n’hésite pas à prendre position contre des procédés de désintermédiation commerciale. Il leur reproche de faire baisser les prix en diminuant drastiquement les emplois nécessaires à une même production pour concentrer les profits dans les mains de quelques uns. Werner Sombart rappelle également l’attitude méfiante des corporations italiennes dès le XVIesiècle envers les premières machines au nom de la défense du travail. Cette première période capitaliste maintient donc l’économie profondément encastrée dans la vie sociale, bridant toute velléité d’autonomie des logiques économiques par rapport aux principes religieux et traditionnels.

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La mutation de ce capitalisme classique vers le capitalisme moderne commence au XVIIIe siècle mais ne se révèle vraiment qu’au XIXe siècle. L’économie devient alors autonome et n’est plus soumise aux limites de la société traditionnelle. L’homme n’est plus le centre du système économique. Le vieux principe du « gagner le plus possible en faisant le moins d’affaires possible » n’a plus cours, il s’agit au contraire de produire toujours plus pour compenser des prix toujours plus faibles. La publicité commerciale se généralise et les démarches visant à attirer et séduire la clientèle ne font plus l’objet d’une réprobation morale. Toutes les entraves juridiques et morales des époques antérieures sont vécues comme des obstacles à détruire pour libérer le commerce. L’efficacité économique devient l’unique principe moral dans les affaires. Werner Sombart remarque que les anciennes vertus du capitalisme primitif (rigueur au travail, esprit d’épargne et honnêteté) survivent dans le monde moderne mais sous une forme « objectivée ». Ces vertus sont justifiées tant qu’elles prouvent leur efficacité économique mais n’ont plus à être suivies si leur utilité vient à cesser, dans la vie privée par exemple.

Le culte moderne de la croissance et du mouvement

Pour Werner Sombart, la principale mutation de l’esprit capitaliste moderne réside cependant dans le mobile du capitaliste. À l’époque du capitalisme primitif, le marchand était animé par l’amour du gain et par la volonté de se conformer aux vertus chrétiennes, ces dernières stimulant mais limitant l’esprit capitaliste. À l’époque moderne, l’amour du gain s’accentue, les vertus s’objectivent, mais le capitaliste est surtout mû par une nouvelle force. C’est la volonté de croître et l’amour de cette croissance qui le motivent avant tout. L’expansion sans limite de ses affaires constitue son but suprême. Cet impératif de croissance suppose une illimitation du travail, de la production et de la création de richesses. Werner Sombart explique que l’activité commerciale moderne atteint une ampleur décuplée, mais aussi et surtout une profondeur et une intensité inégalées jusqu’alors : « En avant, en avant ! Tel est le mot d’ordre de notre temps. La marche en avant et l’agitation furieuse : voilà ce qui le caractérise avant tout. On sait à quel point cet excès d’activité épuise les corps, flétrit les âmes. Toutes les valeurs inhérentes à la vie sont sacrifiées au Moloch du travail, toutes les aspirations du cœur et de l’esprit doivent céder la place à un seul intérêt, à une seule préoccupation : les affaires ». La sociologue n’hésite pas à rapprocher cette psychologie de l’homme d’affaires moderne de celle d’un enfant dont le monde psychique repose sur l’agitation permanente, la volonté d’obtenir toujours plus, l’amour de la nouveauté et le sentiment de puissance. Autant de caprices que l’éducation doit permettre de réguler en imposant des limites aux désirs de l’enfant. L’éthique commerciale moderne reposerait sur cette psychologie infantile débarrassée de toute entrave éducatrice.

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Cette rupture fondamentale apportée par la modernité se fonde sur le culte du mouvement et du changement. Perçue négativement, la stabilité devient au contraire synonyme d’immobilisme et de stérilité. À la fin du tumultueux XIXe siècle, Charles Péguy perçoit encore les vestiges de la vieille éthique de subsistance : « Ils nous disaient qu’un homme qui travaille bien et qui a de la conduite est toujours sûr de ne manquer de rien (…) tout cet ancien monde était essentiellement le monde de gagner sa vie » dont la disparition constitue le propre de la modernité : « Et c’est peut être là la différence la plus profonde, l’abîme qu’il y ait eu entre tout ce grand monde antique, païen, chrétien, français et notre monde moderne ». La dynamique du capitalisme moderne analysée par Werner Sombart dans la première partie du XXe siècle s’est poursuivie jusqu’à nos jours. Le recours à la publicité et au marketing, la course à la baisse des prix et l’impératif de croissance économique se sont intensifiés depuis les écrits de l’intellectuel allemand. Alors que la fluidification de la société apparaît plus que jamais comme l’idéal du monde moderne, les pratiques commerciales condamnées par l’éthique de subsistance se sont banalisées. On retrouve pourtant encore des traces significatives de cette éthique dans les règles déontologiques de certaines professions dites règlementées. L’ordre des avocats interdit ainsi le démarchage des clients d’un confrère au nom du principe de confraternité et restreint les possibilités de publicité pour préserver la dignité de la profession. À travers son approche originale des notions de croissance économique, de concurrence et de détermination des prix, l’analyse historique et dépourvue de toute naïveté de Werner Sombart constitue un outil pertinent pour aborder les questions contemporaines de décroissance et d’économie locale ou alternative.

jeudi, 01 juin 2017

Emmanuel Macron, fossoyeur des dernières communautés intermédiaires?

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Emmanuel Macron, fossoyeur des dernières communautés intermédiaires?

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com 

Dans un précédent article, nous avons noté que l’élection d’Emmanuel Macron pouvait être révélatrice d’un processus de notabilisation de la vie politique française. Emmanuel Macron a bénéficié d’une « notabilité » totalement artificielle, fabriquée par les médias, grâce à laquelle il a été littéralement propulsé de l’anonymat complet jusqu’à la présidence de la République… sans passer par la case « parti politique ». Autrement dit, Emmanuel Macron a été élu parce que le Système en a fait, de toute pièce, un personnage « notable », et non en raison du soutien d’un mouvement organisé dont il aurait gravi tous les échelons.

A partir de ce constat et dans un climat idéologique qui remet ouvertement en cause les « partis traditionnels », nous nous demandions si nous n’étions pas sur le point d’assister à la mort des partis politiques. Nous avons fait valoir que le parti politique était un « corps intermédiaire » unissant des personnes, éventuellement face au pouvoir central, et qu’à ce titre la République ne pouvait accepter son existence (décret d’Allarde, loi Le Chapelier, 1791). De fait, c’est en contradiction avec ses principes fondamentaux que la République concèdera une loi sur les associations (1901) qui permettra la création de partis politiques. L’élévation rituelle d’Emmanuel Macron est donc un retour en arrière qui supprime tout intermédiaire entre l’homme consacré et le troupeau global, conformément au principe énoncé par Le Chapelier : « il n'y a plus que l'intérêt particulier de chaque individu, et l'intérêt général. Il n'est permis à personne d'inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de corporation » (Bulletin de l’Assemblée Nationale, 14 juin 1791).

La composition du Gouvernement Edouard Philippe confirme pleinement cette remise en cause du parti politique en tant que corps intermédiaire. La moitié des ministres et secrétaires d’Etat nommés le 17 mai est issu de la « société civile » (escrimeur, éditeur, patron, biochimiste, médecin…) et n’est pas passée par un parti. Côté candidats aux législatives, la proportion est identique (50 %). Tous sont des « candidats Internet », en fait des candidats à un job, sélectionnés comme il se doit après avoir envoyé un CV, une « lettre de motivation » (sic !), une photocopie de leur pièce d’identité et une photo d’identité!

Le Système, échaudé par l’élection d’un Trump grâce aux structures du parti républicain, semble considérer qu’il est l’heure d’abattre les derniers vestiges d’un temps où le politicien était le représentant élu d’un groupe organisé. Le produit Macron incarne parfaitement cette volonté-Système d’aller vers une individualisation totale et il est vraisemblable que la politique du nouveau président de la république « française » en sera l’expression.

En matière fiscale par exemple, nous nous acheminerons probablement vers la fin du « foyer fiscal » (le foyer, c’est-à-dire le feu autour duquel la famille se rassemble). On sait en effet que la notion de foyer fiscal, notion centrale du droit définie par l’article 6 du Code général des impôts, institue un corps intermédiaire entre le contribuable et l’Etat qui le taxe : la famille. Dès le début des années 2010 de bonnes âmes font valoir que le « foyer fiscal » est source d’inégalité, qu’il heurte le droit, qu’il est complexe et… qu’il « empêche la mise en place de l’impôt à la source » (car l’employeur devrait avoir accès à des informations qui violeraient la vie privé de ses employés) ! Le prélèvement à la source, qui a les faveurs d’Emmanuel Macron, suppose donc préalablement, selon ses promoteurs eux-mêmes, la destruction du foyer fiscal. Son entrée en vigueur se traduira certes par une individualisation de l’impôt, mais surtout par une nouvelle remise en cause de la Famille en tant qu’unité indivisible. Il est vrai que la Famille est un de ces corps intermédiaires que la République n’a jamais acceptés.

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L’individualisation du prélèvement suppose une individualisation du versement mais surtout une dématérialisation du paiement. Tout va se passer par voie électronique, le Tiers payeur (l’employeur ou le banquier) ponctionnant informatiquement et de manière « indolore » (sic) les revenus du contribuable. La « philosophie » du prélèvement à la source (l’argent est dématérialisé et prélevédirectement dans le porte-monnaie du contribuable, sans acte volontaire de celui-ci) est d’autant plus intéressant pour le pouvoir oligarchique qu’il voudrait qu’un autre problème dépende de l’impôt : celui de la Dette. On sait que c’est en faisant payer une taxe à tous les épargnants que le FMI et certains économistes proposent de réduire la dette globale (une taxe qui ponctionnerait entre 10 et 30% des dépôts privés de tous les épargnants !). Une telle mesure serait néanmoins difficile à appliquer sans provoquer une ruée des épargnants sur les guichets et un inévitable cataclysme financier. Néanmoins, le « bank run » pourrait être facilement évité si l’on supprimait l’argent liquide au profit d’une monnaie électronique. Dès lors, rien ni personne ne pourrait empêcher ce suprême prélèvement à la source, cette fois dans les comptes en banque. Nous pouvons donc pronostiquer sans risque que la dématérialisation de la monnaie sera probablement un chantier important du prochain quinquennat. La propagande en faveur de la monnaie électronique a déjà commencé depuis quelques mois (propagande inspirée par l’UE, voyez ici uneconsultation bidon de la Commission, dont la seule utilité est de nous préparer à ce qui est déjà décrit comme inéluctable… afin de lutter contre le terrorisme bien sûr).

A l’obsolescence programmée des partis politiques, à la destruction du foyer fiscal, à la dématérialisation monétaire s’ajoutera très probablement un « détricotage » en règle du code du travail.

Le code du travail est pour l’essentiel le produit d’une lutte d’un corps intermédiaire qui s’appelle le « syndicat ». Le syndicat, lui-même, est le produit d’un rapport de force entre la société autochtone traditionnelle et le pouvoir républicain. La loi de 1884 marque un recul de la République contrainte de nier ses principes fondamentaux hérités de Rousseau et exprimés notamment par la loi Le Chapelier. L’essentiel du combat ouvrier autochtone a consisté à substituer un « contrat collectif » de travail en lieu et place du « contrat individuel », seul admissible selon les théories rousseauistes et républicaines. Or c’est précisément ce contrat collectif, qui fixe pour tous l’amplitude de travail, la « détermination collective » des conditions de travail, le prix du travail… qui est attaqué dans les réformes prévues du droit du travail (primauté des accords d’entreprise, réduction du nombre de branches d’entreprise, simplification du droit de licenciement, etc). La réforme du code du travail va installer un véritable « droit d’entreprise » qui isolera les salariés de leur branche et les mettra en concurrence. La prochaine étape sera le contrat individuel de travail qui les opposera à l’intérieur même de l’entreprise : il n'y aura plus que « l'intérêt particulier de chaque individu, et l'intérêt général » (Le Chapelier), c’est-à-dire l’intérêt du salarié isolé face à celui de la multinationale, sans le garde fou des droits collectifs. A terme, c’est le syndicat, comme corps intermédiaire, qui sera obsolète : le processus régressif d’individualisation du droit du travail sape le groupe comme unité indivisible.

En résumé, Emmanuel Macron est un « produit marketing » qui illustre un processus qui s’est enclenché dans toute la sphère sociale : celui de l’individualisation. Le Système ne veut plus ni parti politique, ni Famille, ni droit collectif, ni syndicats. Face à lui, il ne veut que des individus isolés et fragiles, qu’il récompensera ou punira à son gré. La Révolution a interdit les « corps intermédiaires », la résistance et les luttes du peuple autochtone ont forcé la République à les reconnaître. Désormais nous allons assister à leur éradication systématique. Détruire les communautés intermédiaires qui font obstacle au pouvoir sans partage de l’oligarchie sera sans doute le fil directeur de la présidence Macron.

Antonin Campana.

De instorting van Frankrijk: Wordt Macron door globalisten gebruikt voor oorlog tegen Rusland?

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De instorting van Frankrijk: Wordt Macron door globalisten gebruikt voor oorlog tegen Rusland?

Het onverschillige en door de media gehersenspoelde Franse volk heeft onlangs in meerderheid gekozen voor een president die Frankrijk binnen 5 jaar zal opheffen als trotse, zelfstandige natie. Frankrijk zal definitief een provincie van de EU worden, een land dat zijn grenzen wagenwijd zal openhouden voor de komst van nog eens miljoenen moslimmigranten, waar de kersverse president Macron nu al moskeeën voor wil laten bouwen. Macron lijkt niet meer dan een pion van de globalistische kliek in Washington, Brussel en Berlijn, die wel eens gebruikt kan worden voor oorlog tegen Rusland. Wellicht was Putin deze week om die reden op bezoek in Frankrijk, hopende om hem op andere gedachten te brengen voordat het te laat is?

Volgens Paul Craig Roberts, voormalig official van de regering Reagan en tegenwoordig hoofd van het Institute for Political Economy, hebben de Fransen enkele weken geleden hun allerlaatste kans om hun land en volk op democratische wijze te redden, laten schieten. ‘Na vijf jaar Macron zal er niets meer van Frankrijk zijn overgebleven.’

Macron, die letterlijk verklaarde dat er volgens hem niet zoiets als een ‘Franse cultuur’ bestaat, was de keuze van Washington, de politieke EU elite en de internationale bankiers, omdat hij een rasglobalist is die de laatste resten soevereiniteit en macht van het nationale parlement wil overhevelen naar de ongekozen bureaucraten in Brussel, die enkel de belangen van de grote banken en multinationals op het oog hebben.

Hoopt Putin -tegen beter weten in- op terugkeer gezond verstand in Europa?

Roberts begrijpt niet waarom Putin gisteren naar Macron ging, omdat ‘die volledig in de zak van Washington zit.’ Het Kremlin hoopt misschien –tegen beter weten in- dat in Europa en het Westen het gezonde verstand terugkeert, en na al die terreuraanslagen de dreiging van het islamitische terrorisme eindelijk serieus wordt genomen, om dat alsnog samen met Rusland te gaan vernietigen.

Putin zal zich ongetwijfeld realiseren dat de Europese elite de politieke islam als bondgenoot heeft gekozen, tégen Rusland, en besloten heeft om onze landen en cultuur daar stapsgewijs, maar in steeds sneller tempo, compleet door over te laten nemen.

Het is echter ook mogelijk dat Putin persoonlijk polshoogte wilde nemen of Macron zich realiseert dat hij niets meer dan een pion is, die door Washington gebruikt gaat worden voor oorlog tegen Rusland zodra het Pentagon de aanvalsplannen heeft afgerond. Een andere optie is dat Macron Putin uitnodigde op aandringen van Amerika, om de Russische president in de waan te laten dat Europa mogelijk wil afzien van dat gedoemde pad naar een militair conflict, dat ons werelddeel als één grote rokende en zwartgeblakerde puinhoop zal achterlaten.

Rusland grootste obstakel

Van de twee landen die de Amerikaanse hegemonie over de hele wereld in de weg staan, Rusland en China, is Rusland het grootse obstakel – niet enkel vanwege het enorme Russische kernwapenarsenaal en het zeer geavanceerde wapentuig, maar ook omdat Europa afhankelijk is van Russische energie.

Tegelijkertijd is Rusland kwetsbaar, omdat het feitelijk geheel op de schouders van één buitengewoon sterke leider rust: Vladimir Putin. Als die bijvoorbeeld door de CIA uit de weg wordt geruimd, kan het land wel eens een makkelijke prooi worden.

Met Amerika’s andere tegenstander, China, is dat niet zo eenvoudig, want in Beijing zetelt een collectief leiderschap, waarbinnen ook een bepaalde mate van democratie heerst. Washington probeert door het inzetten van financiële organisaties in China de heersende communistische partij te verzwakken en in diskrediet te brengen.

‘Overgave of oorlog’

‘Washington drijft de wereld naar een groot conflict,’ waarschuwt Roberts. ‘De Russische en Chineze regeringen moeten nu wel weten dat zij het doelwit zijn. Aangezien hun hoop op diplomatie steeds maar weer de bodem wordt ingeslagen door Washington en Europa, zullen zij tot de conclusie komen dat hun enige keus overgave of oorlog is.’

Putin was dan ook bloedserieus toen hij enkele jaren geleden tijdens een persconferentie vertelde dat hij in zijn jeugd op straat één ding geleerd heeft: als je er eenmaal van overtuigd bent dat een confrontatie met de vijandelijke partij niet meer te vermijden is, zorg dan dat je als eerste toeslaat.

En dat is dan ook exact wat Merkel, Macron, Juncker en bijna alle leidinggevende politici in ons eigen land over ons afroepen als ze de huidige ingeslagen koers naar een totaal geïslamiseerde anti-Russische Europese Superstaat stug blijven volhouden.

Xander

(1) PaulCraigRoberts.org

La mort des idéologies modernes et des partis politiques

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La mort des idéologies modernes et des partis politiques

par Youssef Hindi

 
Ex: http://zejournal.mobi - Youssef Hindi 

L’actuelle implosion des grands partis politiques est la conséquence directe de la mort des idéologies modernes. Idéologies modernes – principalement les messianismes matérialistes que sont le socialisme et le républicanisme [1] – entrées en crise à partir des années 1970 suite à la décomposition terminale du Catholicisme (achevée par le Concile Vatican II) contre lequel elles étaient arc-boutées et sans qui elles perdaient leur raison d’être.

Le psycho-sociologue Gustave Le Bon (1841-1931) donne dès 1895 une explication anticipatoire à l’effondrement des croyances au paradis terrestre de type socialiste :

« Ce n’est pas l’évidente faiblesse des croyances socialistes actuelles qui empêchera les religions de triompher dans l’âme des foules. Leur véritable infériorité par rapport à toutes les croyances religieuses tient uniquement à ceci : l’idéal du bonheur que promettaient ces dernières ne devant être réalisé que dans une vie future, personne ne pouvait contester cette réalisation. L’idéal de bonheur socialiste devant être réalisé sur terre, dès les premières tentatives de réalisation, la vanité des promesses apparaîtra aussitôt, et la croyance nouvelle perdra du même coup tout prestige. Sa puissance ne grandira donc que jusqu’au jour où, ayant triomphé, la réalisation pratique commencera (c’est précisément ce que l’on a vu se produire avec l’Union soviétique qui s’est effondrée sous ses propres contradictions pour laisser revenir le Christianisme en Russie). Et c’est pourquoi, si la religion nouvelle exerce d’abord, comme toutes celles qui l’ont précédée, un rôle destructeur, elle ne saurait exercer ensuite, comme elles, un rôle créateur » [2]

La crise des partis politiques

Jusque dans les années 1970 le système des partis – qui est né, comme l’a fait remarquer la philosophe Simone Weil (1909-1943), durant la période de la Terreur ayant opposée les Jacobins et les Girondins – était structuré par une droite plus ou moins enracinée dans le Catholicisme et une gauche dans le socialisme et sa variante communiste tenant lieu de contre-Eglise. En quelque sorte une thèse et son antithèse qui maintenaient l’échiquier politique français dans une stabilité exercée par ce que j’appellerais une « pesanteur idéologique ».

La mise en apesanteur idéologique du système politique français débute dans les années 1970 avec la décatholicisation sociologique de la droite ; droite privée de son garde-fou, l’Église, et qui sera absorbée idéologiquement par la gauche libérale, c’est-à-dire par la Révolution et les Lumières. Tandis que le parti communiste, qui n’existait qu’en opposition au Catholicisme et qui avait une influence sur le Parti Socialiste, disparut avec le Catholicisme de l’échiquier politique.

Logiquement, ce processus a amené la gauche et la droite à fusionner, étant privées de leurs « garde-fous » idéologico-politiques, respectivement le Parti Communiste et l’Église. C’est ce qui explique pourquoi, en 2007, le candidat de la droite libérale, Nicolas Sarkozy, à peine élu, recrute des membres du Parti Socialiste. C’est cette fusion, de ce qu’il convient d’appeler « la droite et la gauche de l’oligarchie », qui permet aujourd’hui à Emmanuel Macron de débaucher tous azimut, à droite comme à gauche. 

L’élection du banquier n’a fait qu’acter la phase finale de cette fusion idéologico-politique de la gauche et de la droite.

La mort des idéologies modernes a privé les partis politiques traditionnels de leur charpente. Ceci a conduit à leur fragmentation en sous-partis ne défendant plus donc des idéologies ou idéaux mais de simples idées séparées les unes des autres dans une incohérence et un désordre complet et que se partagent ces partis.

Le vide religieux a produit à la fois une société atomisée et, avec un temps de retard, son reflet à l’échelle politique : un système des partis éclaté.

Contrairement à ce qu’affirme les commentateurs et les hommes politiques, nous n’assistons pas à une recomposition mais à la décomposition irrémédiable du système politique. L’absence d’idéologie ou de religion rend, pour le moment, l’unification politique et sociale impossible.

L’étape suivante de cette décomposition idéologico-politique sera l’effondrement du régime et l’anarchie. Car, comme l’expliquait Gustave Le Bon :

« Alors même qu’une croyance est fortement ébranlée, les institutions qui en dérivent conservent leur puissance et ne s’effacent que lentement. Quand elle a enfin perdu complètement son pouvoir, tout ce qu’elle soutenait s’écroule. Il n’a pas encore été donné à un peuple de changer ses croyances sans être aussitôt condamné à transformer les éléments de sa civilisation. Il les transforme jusqu’à ce qu’il ait adopté une nouvelle croyance générale ; et vit jusque là forcément dans l’anarchie. Les croyances générales sont les supports nécessaires des civilisations ; elles impriment une orientation aux idées et seules peuvent inspirer la foi et créer le devoir.

Les peuples ont toujours senti l’utilité d’acquérir des croyances générales, et compris d’instinct que leur disparition devait marquer pour eux l’heure de la décadence. Le culte fanatique de Rome fut la croyance qui rendit les Romains maître du monde. Cette croyance morte, Rome dut périr. C’est seulement lorsqu’ils eurent acquis quelques croyances communes que les barbares, destructeurs de la civilisation romaine, atteignirent à une certaine cohésion et purent sortir de l’anarchie.

Ce n’est donc pas sans cause que les peuples ont toujours défendu leurs convictions avec intolérance. Très critiquable au point de vue philosophique, elle représente dans la vie des nations une vertu. » [3]

Suivant ce modèle, l’on peut anticiper, comme je l’ai écrit à plusieurs reprises [4], un effondrement du régime suivi d’une période d’anarchie qui ne prendra fin que lorsque les Français, sous l’impulsion d’un homme ou d’un groupes d’hommes, retrouveront une croyance collective capable de les unifier à nouveau. Cette désunion des Français ne date pas d’hier, elle a pour origine la Révolution de 1789 qui a opposé durant plus de deux siècles catholiques et révolutionnaires, républicains et monarchistes, dreyfusards et anti-dreyfusards, gaullistes et anti-gaullistes, gauchistes et droitards…

L’implosion du Front national et l’avenir de la droite souverainiste

Le Front national ne fait pas exception. Lui aussi subit les conséquences de la mort des idéologies modernes. La défaite de Marine Le Pen n’a fait que mettre en exergue la ligne de fracture à l’intérieur du parti.

Le Front national se dirige vraisemblablement vers une implosion qui donnera naissance à deux partis distincts : un parti néoconservateur identitaire et libéral sur le plan économique (purgé des ses éléments antisionistes et judéo-critiques) comme le souhaite Robert Ménard. Et un parti gaullo-chevènementiste que pourrait fonder Florian Philippot – un indésirable que Alain Finkielkraut soupçonne d’être trop proche idéologiquement de Alain Soral [5] – que ses petits camarades poussent vers la sortie à cause de sa ligne (centrée sur les questions socio-économiques et la sortie de l’euro) qui aurait causé, d’après eux, la défaite du Front.

Robert Ménard – dont l’avocat n’est autre que l’ultra-sioniste membre du CRIF Gilles-William Goldnadel, aussi conseiller en dédiabolisation de Marine Le Pen et qui a travaillé à son rapprochement avec Israël [6] – déclarait sur France Inter le 4 mai 2017 (entre les deux tours de l’élection présidentielle) :

« Je suis contre la sortie de l’euro, c’est un de mes désaccords avec le Front national, comme je suis contre la sortie de l’Union européenne. Je trouve que ce n’est pas la bonne solution, qu’on a bien d’autres problèmes qu’on peut régler sans sortir de l’euro. »

Le « souverainiste » Eric Zemmour se dévoilera totalement en prenant la même position que Ménard sur la question de l’euro. Le 12 mai 2017, il écrit dans le Figaro :

« Un économiste brillant, Jacques Sapir, homme de gauche et pourfendeur talentueux de l’euro, a convaincu ses nouveaux amis, Marine et Florian, que tout était possible. Que le rapprochement des deux rives, comme disait Chevènement, pourrait s’opérer autour d’un ennemi commun : l’euro… Jacques Sapir gère le cerveau de Florian Philippot, qui gère le cerveau de Marine Le Pen. Trio infernal. Trio de l’échec ».

Eric Zemmour, comme Robert Ménard et Finkielkraut (qui le fait sous un autre angle), attaque Philippot et son projet de sortie de l’euro. 

Ce qu’appelle Zemmour de ses vœux, c’est la création d’un parti néoconservateur et libéral faisant jonction avec les pseudos identitaires des Républicains comme Laurent Wauquiez et Nadine Morano. Le but étant d’empêcher toute émancipation véritable de la France qui est privée de ses organes de souveraineté par l’oligarchie judéo-protestante, israélo-anglo-américaine via l’Union européenne et l’OTAN.

Ce à quoi œuvre Eric Zemmour, comme je l’expliquais lors d’un entretien du 12 mai 2017 [7] – trois jours plus tard, Jacques Sapir fit (ou reprit) exactement la même analyse dans un texte où il répond à Zemmour [8] -, c’est à la neutralisation de toute la France de droite, identitaire et catholique, par un parti politique identitaire. C’est précisément le rôle que joue à gauche Jean-Luc Mélenchon.

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L’on voit ici toute la contradiction de la position de ce néo-FN en devenir : défendre l’identité française tout en se réclamant du libéralisme économique ; celui-là même qui, par le libre-échange mondialisé, réduit à peau de chagrin toutes les identités traditionnelles, notamment par l’immigration massive dont l’effet est double : la destruction de la culture du pays « d’accueil » et le déracinement des populations migrantes conduites justement à émigrer à cause du système libéral, notamment financier, qui appauvrit ce qu’on appelait le Tiers-monde.

Lorsque ce parti identitaire, libéral et néoconservateur sera créé, Marion Maréchal Le Pen, qui est encadrée par Gilbert Collard et Robert Ménard, pourra alors faire son « grand retour » en politique et jouer le rôle (au sens théâtral du terme) d’une Jeanne d’Arc des temps modernes, l’égérie de cette formation politique.

Mais pour ceux qui croiraient que cette droite inclut le catholicisme dans l’identité française, qu’ils se détrompent, il s’agit d’une identité républicaine comme le dit très clairement Marion Maréchal Le Pen :

« La question identitaire permet de transcender les clivages. Elle comporte une dimension abstraite, c’est vrai avec des symboles, la Marseillaise, la devise (républicaine : Liberté Égalité Fraternité), notre patrimoine républicain, et une dimension charnelle, notre terroir, notre gastronomie, la pierre locale avec laquelle on construit sa maison ». [9]

Vincent Peillon et Jean-Luc Mélenchon n’aurait pas dit mieux…

Si Ménard, Collard et Zemmour (qui est un ami de la famille) ne suffisent pas pour gérer le cerveau de Marion Maréchal Le Pen et la maintenir sur le droit chemin républicain, l’on pourra toujours faire appel à l’ami et conseiller occulte de Jean-Luc Mélenchon : Patrick Buisson.

Comme je l’écrivais plus haut, le rôle de la droite identitaire est précisément le même que celui de l’extrême gauche. Continuer à neutraliser les Français en les maintenant dans la division républicaine gauche/droite. Et à la manœuvre, nous retrouvons les mêmes individus à la solde des mêmes réseaux, à gauche comme à droite ; car la division politique ce n’est bon que pour le bas peuple…

En effet, comme le rapporte le journal Marianne (le 18 mars 2015) :

« Patrick Buisson, l’homme au dictaphone, était donc non seulement le conseiller occulte de Nicolas Sarkozy mais aussi celui de Jean-Luc Mélenchon. Vous lisez bien. De Jean-Luc Mélenchon ! C’est ce qu’affirment en tous cas deux journalistes du Monde, Ariane Chemin et Vanessa Schneider, dans leur livre « Le Mauvais Génie » ».

Les deux journalistes en question expliquèrent que :

« Mélenchon a pris l’habitude de consulter son nouvel ami avant chaque décision stratégique. Buisson met avec plaisir sa science des sondages à son service… Lorsque l’ami Jean-Luc Mélenchon se décide à concourir à la présidentielle (de 2012), son conseiller occulte le convainc chiffres à l’appui, qu’il a un espace à conquérir à gauche du PS ». [10]

Patrick Buisson dira d’ailleurs tout le bien qu’il pense de la campagne présidentielle menée par Jean-Luc Mélenchon en 2017 :

« En 2012, Mélenchon s’est en effet posé comme le chantre d’une France multiculturelle. Or, aujourd’hui, il se positionne davantage comme le candidat d’une France multiethnique, évacuant ainsi la dimension multiculturelle. Cette évolution est le résultat d’une vieille interrogation de sa part… Mélenchon est, avec Marine Le Pen, le seul à véritablement parler de religion dans cette campagne. Il adopte un discours qui emprunte des symboles à la spiritualité… Si le christianisme est le refus de la domination absolue de la marchandise, c’est-à-dire ce que la Bible condamne comme le culte des idoles, Mélenchon est plus chrétien que Fillon lorsque celui-ci se rend à Las Vegas ou entend faire de la France une smart nation ». [11]

C’est au terme de ce cirque démocratique animé par les partis politiques que débutera la politique réelle et conséquente. A défaut d’avoir supprimé les partis comme le suggérait Simone Weil, attendons que l’Histoire, qui s’accélère, les enterre.

Notes:

[1] Sur le messianisme républicain et socialiste voir : Youssef Hindi, La mystique de la laïcité, 2017, Sigest.

[2] Sur l’origine religieuse de la décomposition du système politique français voir : Emmanuel Todd, Après la démocratie, 2008, Gallimard.

[3] Gustave Le Bon, op. cit., p. 84.

[4] Voir mon article « La fin de la démocratie », 25/01/2017, Arrêt-Sur-Info : http://arretsurinfo.ch/la-fin-de-la…

[5] Le 30 avril 2017 sur RCJ : https://www.youtube.com/watch?v=LXw…

[6] http://www.lexpress.fr/actualite/po…

[7] Autopsie de l’élection présidentielle (Vernochet, Hindi) : https://www.youtube.com/watch?v=Olo…

[8] Jacques Sapir, Réponse à Zemmour, 15/05/2015, Russeurope : http://russeurope.hypotheses.org/6002

[9] http://www.medias-presse.info/mario…

[10] https://www.marianne.net/politique/…

[11] http://www.lefigaro.fr/elections/pr…


- Source : Geopolintel

Presseschau Juni 2017

Les Héros et les Saints - La mythologie grecque selon Paul Diel

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Les Héros et les Saints

La mythologie grecque selon Paul Diel

par Georges Hupin

Président de la Bannière Terre & Peuple Wallonie

Ceci est un condensé de l'ouvrage 'Le symbolisme dans la mythologie grecque' du philosophe et psychologue français d'origine autrichienne Paul Diel (1893-1972). Il est également l'auteur de 'Psychologie de la motivation', de 'Le symbolisme dans la Bible' et de 'Le symbolisme dans l'évangile de Jean'.

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Notre travail n'a d'autre objet que d'inviter à lire ce livre important (éd. Payot 1960-1980-2002, ISBN 9782228896061).
Dans sa préface, Gaston Bachelard (voir le dictionnaire) remarque, à propos des mythes, que « la fonction de symbolisation est une fonction psychique naturelle » et qu'on retrouve dans les mythes la force évolutive sans cesse active du psychisme humain. Il cite Ortega y Gasset : « L'homme n'a pas une nature, mais une histoire. Sa vie est un gérondif, faciendum (qui doit être fait), et non un participe passé, factum (un fait). »

LES HEROS ET LES SAINTS

Comme les saints, les héros mythologiques sont des modèles édifiants, des images proposées à notre réflexion. A la différence des saints, les héros ne sont pas parfaits. Animés d'une notable vitalité, ils ont un objectif, mais ils ne l'atteignent pas toujours, ou pas parfaitement. Ces images sont mythique en ce qu'elles prennent en compte le mystère de l'illimité : l'immensité de l'univers, incommensurable par rapport à l'observateur humain, et l'insondabilité du temps, passé comme à venir.

Plutôt que considérer que ces réalités illimitées, qui sont hors de sa portée, ne concernent pas l'être humain, puisqu'il nous paraît ne rien pouvoir y changer (ce qui n'est d'ailleurs qu'une apparence à nos sens limités), la mythologie, la grecque, comme les autres, a choisi de les approcher quand même, par des images symboliques intuitives. Ces symboles se révèlent d'une subtilité étonnamment pénétrante. Tant pour ce qui est de l'origine de l'univers et de la vie que pour le sens évolutif de celle-ci et pour l'aspiration de l'être humain vers sa perfection, dans la poursuite d'un accomplissement qui trouve sa confirmation dans la joie. Laquelle parvient même à sublimer l'effroi devant la mort, le mystère de la vie incluant le mystère de la mort.

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Pour ce qui concerne cette perfectibilité, indéfinie et peut-être infinie, il est apparu aux Grecs (confrontés à cette 'métaphysique de l'illimité', comme l'appelle un de nos maîtres et amis Dominique Venner) comme une évidence pour l'entendement humain que la prépondérance ne doit pas nécessairement aller à la masse des immensités gigantesques, influences indubitablement considérables. Ils se sont sentis encore plus directement impliqués dans l'illimité dans l'infinitésimal, dans le grouillement vibrionnant de l'infiniment minuscule, complexe et différencié, dont l'organicité préfigure la vie. Il leur était évident que c'est le principe qui gouverne cette métaphysique qui est le ferment de l'appétit de connaissance de leur intelligence et qui lui inspire les images intuitives les plus pénétrantes et subtiles.

Paul Diel s'applique à découvrir que, derrière les images de la symbolique mythologique, il y a, même lorsqu'elles apparaissent curieusement fantaisistes et excessives jusqu'au fabuleux (les ailes de cire qui permettent à Icare de s'envoler si haut qu'il approche trop le soleil; les oreilles d'âne du roi Midas, qui cache dans un trou sa honte que des roseaux soufflent à tous les vents...)  une signification d'une rigoureuse cohérence.

L'origine métaphysique d'un univers généré par l'esprit n'est pas figurée par les Grecs à partir d'un point de vue géocentrique, dans l'acte de l'Esprit divin flottant sur les eaux comme dans la figuration biblique, acte accompli alors en six étapes journalières. L'image de cet esprit divin est celle de la loi de la vie. La justice qui lui est inhérente s'exprime dans une théogonie, récit de l'émanation de cette légalité divine qui se dégage progressivement du chaos initial, big bang avant la lettre. Dans cette théogonie, les Grecs transposent sur le plan de la création cosmique, titanique, surhumaine, la même résistance que celle que l'être humain va opposer ensuite à la loi du sens de la vie. Les contraventions aux lois de la vie, qui sur le plan de la psychologie, voire de la psychopathologie humaine, vont se trouver décrites dans les exploits et les échecs des héros de leur mythologie, les Grecs vont les replacer dans leur représentation de la création du monde par l'esprit divin.

Chez les héros grecs, les infractions qu'ils commettent à la légalité de la vie sont sanctionnées par leur banalisation grossière dans la débauche ou par la nervosité lamentable du refoulement de leur remord. Ces mêmes dépravations vont se retrouver dans la confrontation des forces de la nature, souvent désordonnées par rapport à l'ordre naturel. Il y a une parfaite concordance dans l'évolution de la genèse du monde terrestre et dans celle de la vie de l'humanité, consciente, responsable en fonction de sa capacité de choisir.

Le chaos originel n'est toutefois pas le monde préexistant. Il figure la déroute que rencontre l'intelligence humaine lorsqu'elle cherche à sonder le mystère. Le chaos, c'est l'au-delà non seulement de la matière à analyser, mais également de l'esprit analysateur. La mythologie grecque propose comme image du sens évolutif de la vie une confrontation entre le principe matériel (Titan) et le principe spirituel (Divin). Toutefois, Paul Diel souligne : « Qu'on dise Esprit ou Matérialité, ou en s'exprimant mythiquement Ouranos et Zeus, d'une part, et Gaia et Titans, d'autre part, ce ne sont que des idées et des images représentatives. Ce qui importe, ce sont les images grâce auxquelles le mythe parvient à exprimer la relation entre ces idées fondamentales. Les Titans, fils de Gaia, symbolisent la matérialité et Zeus, descendant d'Ouranos, figure la spiritualité. Mais Zeus est lui-même fils d'un Titan: les Titans deviennent divinité, la matière se spiritualise. Dans ces figures symboliques se trouve condensée toute la légalité évolutive du monde apparent.  ». Le Mystère-Chaos demeurant distinct de ses images symboliques, on peut dire que la mythologie grecque est un monothéisme qui s'exprime par une symbolisation polythéiste et que le mythe grec est un précurseur du mythe judéo-chrétien.

De ce mystère-chaos émergent donc la Matière-Mère, personnifiée en Gaia, et l'esprit-Père, personnifié en Ouranos. Ravagée par les flots diluviens que le ciel déverse sur elle, mais fécondée par eux, Gaia ne se soumet pas volontairement aux principes d'Ouranos. Dans cette union-opposition entre le principe élémentaire et le principe formateur, la prévalence de l'esprit finira par générer la matière animée, et finalement la conscience clairvoyante. Cette opposition évolution-involution, sous la forme de spiritualisation-pervertissement, est le thème commun à toutes les mythologies, dans une alternance de régression vers le préconscient ou de progression vers le surconscient.

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Gaia est la Terre-Matière non encore maculée de vie par Ouranos, le Ciel-Père. Leurs enfants sont les forces cosmiques élémentaires et leurs déchaînements : les perturbations atmosphériques (les Cyclones), la séparation des eaux (les Océans), les éruptions et les cataclysmes par lesquels la terre se prépare à devenir propice à la vie. Les Cyclopes et les Titans sont hostiles au principe de régularité de l'esprit ordonnateur. Ouranos se dresse contre eux pour jeter ces enfants ennemis dans le Tartare, mais Gaïa libère ses enfants et les incite à la révolte ouverte. Chronos (le Temps), le plus indomptable des enfants d'Ouranos, détrônera enfin son père et lui tranchera les organes génitaux avec la faucille (emblème et espérance des moissons) et les jettera dans la mer, expression de l'inconstance et du désordre.

Du sang d'Ouranos naissent les Erinyes, divinités qui président aux châtiments. Chronos symbolise le désir insatiable de la vie grâce auquel s'établit le temporel, durée entre l'appétit et sa satisfaction. De l'écume marine qui entoure le sexe de Chronos naît Aphrodite, symbole de l'amour physique recherché pour la seule prime de jouissance physique que la nature y attache. C'est encore de la mer que proviennent les premiers vibrionnements de vie. Rhéa, l'épouse de Chronos, symbolise ce foisonnement dans la joie de vivre. Rhéa est la Terre-Mère de la vie animale, une vie jubilante que célèbrent les Corybantes. Chronos dévore ce grouillement que son épouse génère. Mais parmi ses rejetons va naître Zeus, fils divin qui saura trouver la voie de la spiritualisation, la voie de l'esprit de vie. Pour sauver ce fils préféré, Rhéa inspirée par l'esprit d'Ouranos va présenter à Chronos une pierre, à engloutir en lieu et place de l'enfant Zeus.

Devenu adulte, Zeus saura contraindre son père de rendre la vie à ses frères et soeurs : le règne de la vie soumise à l'esprit peut s'établir au niveau de la vie consciente. Celle-ci demeure toutefois capable, bien que sensible à l'esprit harmonisateur, de discordances coupables. Le règne de Zeus, symbole des qualités sublimes et de la légalité, continuera de subir l'assaut des Titans, les frères de Chronos. A présent, ils ne figurent plus seulement les forces indomptées de la nature, mais également celles de l'âme, qui anime la matière, mais est réfractaire à la spiritualisation.

Transposant la symbolisation cosmique, le mythe donne au feu la valeur symbolique de l'intellect, par opposition à la lumière-esprit. L'intellect s'attache de préférence à la satisfaction des désirs terrestres, par l'épanouissement de techniques utilitaires, notamment de l'agriculture. Les Cyclopes symbolisent l'intellect qui se met au service de l'esprit, par opposition aux Titans, qui symbolisent l'intellect révolté contre la légalité de l'esprit. Le Titan Prométhée, qui va créer l'homme, en le façonnant dans de la boue, animera celle-ci avec le feu de l'intellect qu'il a dérobé dans l'Olympe. A l'opposé, les Cyclopes vont forger dans le feu de l'intellect l'arme victorieuse de Zeus, l'éclair de la lumière spirituelle intuitive. Toutefois, l'éclair de l'intuition ne peut se produire que par le travail de l'intellect.

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Chronos et les autres Titans vaincus par Zeus seront ensevelis sous les volcans, lesquels expriment leur rage toujours indomptée. Car, malgré la victoire de l'esprit, la révolte est toujours présente dans l'être humain. Sorti de l'animalité, il risque toujours d'y revenir, en sombrant dans la banalisation. Le mythe symbolise cette menace par le monstre Typhon, que Gaia a créé dans une ultime tentative. Son nom signifie 'feu dévorant'. Il est si affreux que, d'horreur, les dieux fuient sa vue. Seul un esprit combattant peut l'affronter et Zeus est le seul à l'oser. Mais Typhon le terrasse et lui coupe les tendons des pieds, lesquels dans la symbolique du mythe représentent le mouvement libre de l'âme. Esprit nullement invulnérable, mais combattant, Zeus guérit de sa blessure et, s'armant de l'éclair lumineux, foudroie Typhon.

Les six enfants de Chronos, vainqueurs de leur père, sont Zeus, Poséidon et Hadès, Hestia, Déméter et Héra. Les trois soeurs symbolisent les étapes de l'évolution du désir humain et les trois frères la légalité qui gouverne l'opposition entre les désirs sublimes et les désirs pervers. On relèvera cette opposition chez les héros, qui sont régulièrement dévoyés de leurs aspirations sublimes vers des banalités grossières ou des refoulements vaniteux et nerveux.

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Hestia, l'aînée des filles de Rhéa, figure la joie de vivre. Elle symbolise la pureté du désir végétatif. Elle a juré de rester vierge et elle refuse la main d'Apollon (idéal spirituel trop élevé) et celle de Poséidon (multiplicité et insatiabilité des désirs). Hestia figure l'idéal élémentaire de modération. Elle est la gardienne de la flamme sacrée du foyer familial. Déméter figure, à la différence de Gaia-terre maculée de vie, la terre peuplée d'humains. Elle symbolise les désirs terrestres légitimes, la terre féconde et labourée par l'homme. Elle est la protectrice de la communauté. Héra, épouse de Zeus-Esprit, symbolise la sublimation parfaite du désir, le don de soi, l'amour, le juste choix sexuel, exclusif et durable. Elle est la protectrice de la loyauté, notamment celle de la monnaie.

Zeus symbolise la légalité qui gouverne la spiritualisation. Poséidon, qui règne sur la mer, symbolise la légalité de la banalisation et de la satisfaction désordonnée des désirs. Hadès, divinité souterraine, figure la légalité qui gouverne le subconscient et l'inhibition des désirs pervers refoulés. Mais cette trinité ne constitue toutefois qu'une essence divine unique, qui gouverne une seule matière : la spiritualisation ou, à son défaut, la banalisation ou la perversion des désirs humains.

DIVERSES FIGURES DE HEROS

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Midas
Plutôt qu'un héros, le roi Midas est un anti-héros. Il avait célébré Dionysos, dieu de la jouissance effrénée et insatiable, dans une dévotion si complète que celui-ci, connaissant le point faible de son adulateur, lui a accordé une faveur de son choix. Midas a choisi de pouvoir acquérir des richesses sans limite, en transformant en or tout ce qu'il touche. Menacé de mourir de faim, Midas reconnaît sa stupidité qu'il regrette. Pardonné, Dionysos lui donne à se prononcer entre la musique sublime de la lyre d'Apollon et la musique orgiaque de la flûte de Pan. Midas, peu sensible à la beauté, dédaigne Apollon, lequel se venge en lui faisant pousser des oreilles d'âne, consacrant sa bêtise à vouloir se faire valoir par des choix vaniteux. Midas cache sa honte sous un bonnet phrygien (symbole de la lubricité levantine). Découvert par son barbier, il prétend refouler son secret en l'enfouissant dans la terre (subconscience) : il le chuchote dans un trou qu'il a creusé : « Le roi Midas a des oreilles d'âne. » Mais un roseau qui a poussé à cet endroit s'est mis a publier à tout vent la malédiction du lucre et de la lubricité vainement refoulés.

Eros et Psyché
Eros est le dieu qui exprime la légalité de la sexualité, aussi bien dans sa forme banalisée de liaison passagère que dans sa forme sublime d'union durable. Psyché, qui symbolise l'âme, s'est laissé subjuguer par l'attrait banal d'un Eros déchaîné, qui la tient prisonnière dans un palais où il ne la rejoint que dans l'obscurité de la nuit, afin de ne pas lui découvrir sa hideur. Enfreignant l'interdit de la lumière, Psyché allume une torche qui lui révèle le vrai visage de la perversion. Elle implore Héra, personnification de la pureté de l'amour du foyer. Celle-ci lui impose des travaux de purification, qui lui restituent sa clairvoyance : Eros lui réapparaît alors sous sa forme olympienne. Héra prend soin d'unir Eros et Psyché.

Mis à part Midas, modèle de banalisation inguérissable, la mythologie grecque représente l'état de banalité plate et sans combat par la figure de l'homme-animal, le Centaure. Les Centaures n'ont guère d'importance personnelle (à l'exception de Chiron, le Centaure médecin) et apparaissent en troupeau avec les Ménades dans la Thiase, le cortège orgiaque de Dionysos. Ils symbolisent le déchaînement dans les facilités de la chute. Celle-ci porte en elle-même son châtiment, dans l'écartèlement entre la multiplicité des désirs contradictoires et dans le déchirement nerveux entre la vanité exaltée et la culpabilité refoulée. Car la frénésie dionysiaque n'est accessible qu'aux sujets de grande envergure qui se sont laissé dévoyer de leurs aspirations sublimes.

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Orphée
Le mythe attribue à ce héros la réforme des Mystères d'Eleusis, par la superposition du culte de Dionysos au rite ancien. Il exprime l'inconstance de l'artiste devant la splendeur de l'art, hésitant entre la dimension sublime d'Apollon et celle perverse de Dionysos. Son chant, qu'il accompagne sur la lyre que lui a prêtée Apollon, émeut jusqu'aux arbres et aux rochers de l'Olympe, mais flatte parfois des pervers et charme des monstres. Son épisode avec Eurydice n'est pas une aventure sentimentale, mais exprime le déchirement entre des désirs contradictoires : l'inconstance de l'artiste, nourri de la vanité de créer des images sublimes multipliées, à laquelle il sacrifie son désir d'aimer la femme de son âme. Eurydice meurt de la morsure du serpent, sinueux et souterrain symbole de la banalité infernale et du refoulement. Hadès, qui règne sur les enfers, cède à l'imploration de l'artiste : Orphée pourra faire revivre Eurydice à condition que son amour nouveau rompe avec les regrets qu'il a chantés. Orphée, au lieu de concentrer sublimement son amour sur le salut d'Eurydice, à l'exclusion de toute autre préoccupation, renoue avec la vanité typique de l'artiste, qui ne peut renoncer aux promesses de son imagination éparpillée ni aux jouissances qui pourraient lui échapper s'il s'attardait à aimer Eurydice. Une version du mythe représente Orphée déchiré par les Ménades de Dionysos. Zeus n'en placera pas moins la lyre d'Apollon parmi les constellations, consacrant le niveau sublime de l'art apollinien, par distinction avec les penchants dionysiaques de nombreux artistes. Malgré une fin peu héroïque, Orphée représente une dimension surhumaine. L'erreur dionysiaque d'Orphée est nourrie par des forces démoniaques et son échec à le sens d'un combat héroïque suivi d'une défaite. Son chant illustre le conflit qui figure dans tous les mythes entre le divin et le démoniaque. Dans une version complémentaire, Orphée, reconnaissant son aberration, se voue à Apollon et ressuscite ainsi une Eurydice symbole de son aspiration au sublime, ce qui pour Paul Diel préfigure dans le mythe chrétien Jésus vainqueur de Satan.

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Icare
Icare est le fils de Dédale, l'architecte qui sur l'ordre du roi de Crète Minos a construit le Labyrinthe, symbole d'une confusion mentale dont le sujet ne peut plus sortir. Dédale est un virtuose ingénieux de l'intellect, faculté propre à échafauder des solutions utilitaires, mais impropre à discerner le sens profond de la vie. Le sage Minos lui a commandé la construction du Labyrinthe pour y enfermer le Minotaure, un monstre mi-homme mi-taureau, né des amours de la reine Pasiphaé qu'a séduite Poséidon, le dieu qui gouverne la légalité de l'inconstance et de l'insatiabilité. Découvrant que Dédale et Icare ont conspiré contre lui avec Poséidon, Minos les fait enfermer dans le Labyrinthe. L'ingénieux Dédale conçoit alors un artifice, imparfait, mais suffisant pour s'échapper : des ailes de plumes qu'il assemble avec de la cire. Il sait que son stratagème est faillible et recommande la prudence à Icare. Mais celui-ci se laisse exalter par son imagination vaniteuse. Tout au plaisir adolescent de surpasser ses pairs, il s'élève trop près du soleil. La cire fond et, tombant dans la mer, Icare, devient la proie de Poséidon : on n'atteint pas la lucidité sublime par des subterfuges astucieux.

Tantale
Grâce à la profondeur de son repentir dans le processus élévations-chutes, Tantale s'approche de la région sublime de l'esprit et devient 'l'aimé des dieux', symboles des qualités idéalisées de l'homme chez qui leur accomplissement s'accompagne de la joie. Toutefois, l'homme parvenu dans la sphère sublime ne peut abdiquer sa condition terrestre. A la différence du mythe chrétien et de son idéal du saint, le mythe grec contraint le héros sublime à 'redescendre sur terre', dans un idéal de juste harmonie des pulsions tant corporelles que spirituelles. Le mythe de Tantale décrit ce héros admis à la table des dieux. Cédant à l'exaltation, il s'imagine leur égal. Il les invite à sa propre table et leur sacrifie le fils de sa chair terrestre, Pélops, qu'il leur sert à manger. Mais les dieux ne sont pas dupes, à la seule exception de Déméter, la mère des fruits de la terre. Zeus ressuscite Pélops et condamne Tantale pour cette exaltation ascétique qui l'a fait s'imaginer à la portée de l'Olympe : il est enchaîné sous un arbre, dont les fruits se retirent quand il veut en manger, les pied dans une source dont l'eau se retire quand il veut en boire.

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Phaéton
Il est le fils d'une mortelle et d'Hélios, l'astre solaire, qui fait mûrir les fruits terrestres, à la différence d'Apollon qui fait mûrir les fruits de l'esprit. Défié par des camarades qui mettent en doute cette filiation, Phaéton part à la recherche de son père. Celui-ci, tout à la joie de voir son fils, lui promet d'exaucer ses souhaits. Préoccupé de confondre ses détracteurs, Phaéton choisit de guider un jour durant les chevaux du char solaire et de jouer le rôle du dieu, au lieu de se contenter d'en être le fils mythique. Pour cette vaniteuse ambition, il sera puni car, s'acharnant, il a mené le char solaire hors de sa carrière régulière et s'est approché trop de la terre. Zeus doit intervenir, en foudroyant le coupable, qui est trop stupide pour reconnaître sa coulpe.

Ixion
Ce héros avait commis d'abominables forfaits, tant contre les dieux que contre les hommes qu'il a dû fuir. Mais il a reconnu ses errements et s'en est repenti. Zeus accueille amicalement le fugitif dans l'Olympe, ce qui incite celui-ci à se croire un modèle. Il s'oublie jusqu'à s'éprendre d'Héra, idéal de l'amour sublimé jusqu'à la bonté. Il veut la posséder et les dieux, ironiquement, lui façonnent un nuage à l'image d'Héra. Au lieu de revenir à la réalité, Ixion exalte son impudicité et abuse de l'image. Zeus reste indulgent tant que l'égaré ne commet pas la faute décisive : il se vante d'avoir séduit Héra et trompé l'esprit, ce qui réveille la colère du dieu, lequel précipite Ixion dans le Tartare, où il sera supplicié : attaché par les serpents de la vanité à une roue de feu qui tourne à la verticale, lui mettant perpétuellement la tête en haut puis en bas, symbolisant la folie de ses élévations et de ses rechutes incessantes.

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Bellérophon
Bellérophon, qu'on ne représente guère que chevauchant Pégase, est le type du héros jeune et innocent, prince charmant, qui surgit à point nommé pour régler son compte au monstre qui désole une contrée. Et pour épouser ensuite sous les vivats la fille du vieux roi fainéant, qui n'a effectivement rien fait pour protéger les siens. Bellérophon est le fils mythique (symbolique) du dieu de la mer, Poséidon. Celui-ci n'est pas, comme son frère Zeus, une divinité de l'Olympe, lieu de la légalité stable et lumineuse. La mer, lieu de la fécondité d'où va naître Aphrodite, est aussi celui d'une légalité mouvante, trouble et souvent perverse.

Débarquant à Argos, Bellérophon qui a éveillé la jalousie du vieux roi local, est envoyé par celui-ci se faire pendre ailleurs : il ira porter un pli fermé au roi de Lycie Jobatès. Le message recommande rien moins que de tuer le messager ! Répugnant à violer ainsi les lois de l'hospitalité, Jobatès, pour que soit quand même accomplie sa mission, obtient du héros qu'il accepte d'affronter le monstre qui dévaste son pays, la Chimère. L'issue ne lui laisse aucun doute. Animal fabuleux composite avec trois têtes, de bouc, de lion et de serpent, la Chimère est à ce titre une triple dévergondeuse d'âmes. Dans le dévoiement sexuel du bouc, consommateur débridé. Dans le dévoiement social du lion, dominateur par la force. Dans le dévoiement, à l'endroit de la lumière de la vérité, du serpent, animal souterrain et tortueux. Face à la Chimère, cancer psychique, le jeune Bellérophon, pur et innocent, ne fait en effet pas le poids.

Choqués par l'inégalité disproportionnée de ce duel, les divinités de l'Olympe décident de fournir au héros le renfort de Pégase, le cheval ailé, source de l'inspiration poétique née du sang de la Méduse décapitée par Persée. Par la vertu de ses ailes, Pégase ne procure pas seulement une position stratégiquement dominante. Il inspire surtout une vision spirituellement élevée, face à quoi la Chimère lubrique, violente et rampante est insignifiante. Bellérophon va la percer de flèches qui figurent les rayons lumineux de la pénétration spirituelle. Mais Bellérophon n'a pas hérité de Poséidon la stabilité et la luminosité nécessaire pour digérer correctement un tel événement. Sa victoire va exalter son imagination vaniteuse et il va se croire maintenant assez fort, avec l'aide de Pégase, pour conquérir l'Olympe, siège de l'esprit. Les dieux ne rient plus : le héros sera précipité dans le Tartare, attaché par les serpents de sa vanité à une roue de feu !

Paul Diel souligne à ce sujet : « L'élévation sublime n'est qu'un état passager de l'âme humaine. L'homme doit redescendre sur terre. Ses désirs corporels exigent qu'il s'en préoccupe. C'est pourquoi il se trouve menacé par le danger chimérique qui l'incite à les exalter. Le vrai héros est celui qui sait résister dans ce combat continuel, qui sait vivre alternativement sur les deux plans : le plan de l'élévation spirituelle et le plan de la vie concrète. C'est l'idéal grec de l'harmonie des désirs. Mais combien grand est le danger que l'homme, ayant atteint la sublimité dans des moments d'élévation, se croie un être sublime à l'abri de toute séduction perverse. C'est par là même qu'il redevient la proie de l'exaltation chimérique. Aussi le mythe grec ne se lasse-t-il pas d'exprimer que la victoire spirituelle -l'élévation, si parfaite semble-t-elle- porte en soi le danger le plus insidieux. L'esprit vainqueur, justement à cause de sa victoire, se trouve menacé de se transformer à nouveau en esprit vaincu, en vanité. Et même en vanité d'autant plus grande que la victoire était éclatante. »

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Persée
Persée est le fils de Zeus et de la mortelle Danaé, mythiquement fécondée, comme dans le mythe chrétien, par une nuée dont est tombée une pluie dorée, symbole de l'esprit divin. Acrise, le père de Danaé et l'ancêtre terrestre de Persée, que l'oracle avait averti qu'il serait tué par son petit-fils, expose la mère et l'enfant, qui sont sauvés par le Zeus, père mythique de Persée. Zeus patronne la puissance sublimante de ce fils-de-Dieu (dont les penchants au pervertissement sont fils-de-l'homme). Comme Bellérophon, Persée est appelé à monter Pégase afin de délivrer Andromède, une vierge qui, s'étant vantée d'être plus belle que les Néréides (notamment Amphitrite, Thétis et Galatée), a été enchaînée par elles à un rocher où la menace un monstre marin envoyé par Poséidon. Celui-ci la juge vaniteuse, asservie aux désirs terrestres et la destine au pervertissement par sa créature monstrueuse. Persée, à la différence de bien d'autres héros (Thésée, Ulysse), n'a pas besoin de la femme pour se tirer des périls. Il sauve Andromède et l'amène à la sublimité en l'épousant. Mais cette victoire n'est encore que passagère et il doit ensuite affronter Méduse, la reine des Gorgones. Méduse, avec ses soeurs Euryale et Sthéno, symbolise la perversion des trois pulsions essentielles (sociale, sexuelle et spirituelle) par la tyrannie, la lubricité et la banalisation de l'esprit ou le refoulement nerveux du regret des erreurs. D'une hideur effroyable (ou d'une séduction magique), Méduse, qui comme les Erinyes du remord a une chevelure faite de serpents, a le pouvoir de pétrifier (psychiquement) ceux qui se laissent méduser en cédant à son invitation à la regarder. Le moyen de vaincre Méduse réside dans la juste mesure (dont Apollon est le modèle) et dans la reconnaissance exacte de ses errements. Car l'exagération de sa propre culpabilité inhiberait l'effort réparateur. Méduse symbolise le désespoir qui envahit l'âme vaniteuse dans ses éclairs de lucidité. Il s'agit de ne pas céder à l'horreur de sa propre culpabilité, mais de capter sa juste image dans le miroir de la vérité. C'est d'Athéna que Persée recevra l'arme du combat, son 'bouclier luisant' qui reflète la vérité, invite à l'amour combatif pour le vrai et à la connaissance véridique de soi-même. Avec le glaive de la force lucide de l'esprit, Persée décapite Méduse. Du sang du monstre jaillit Pégase, le cheval des Muses qui figure l'élévation sublime et ses trois manifestations : le vrai, le beau, le bon. D'un coup de sabot dont Pégase frappe l'Hélicon, jaillit la source de l'inspiration poétique. Euryale et Sthéno veulent venger leur soeur, mais Pégase met Persée hors de leur portée. Cependant, le combat n'est jamais terminé, car la victoire sur la vanité peut se transformer en vanité de la victoire. C'est la lutte inlassable de toute une vie, aussi Persée emporte-t-il avec lui la tête de Méduse, rappel de vérité. Au géant Atlas, symbole de la résistance terrestre à l'esprit qui lui a refusé l'hospitalité, il montre la Méduse et le pétrifie. Toutefois, cette victoire ne se situe qu'au plan de l'essence et le monde terrestre titanique pervertissant survivra à Persée. Lorsque le héros mourra, il léguera la tête de Méduse à Athéna, qui la placera sur son égide, le bouclier lucide que lui a confié Zeus. Persée, champion vainqueur de la vie, sera immortalisé symboliquement sous la forme d'une étoile brillante, image de l'idéal. L'analogie avec le mythe chrétien est frappante : Persée et Jésus, fils mythiques de l'esprit divin, triomphent du principe de perversion.

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Oedipe
L'oracle avait averti qu'Oedipe, fils du roi de Thèbes Laïos, allait tuer son père et épouser sa mère Jocaste. Aussi Laïos fait-il exposer son fils, après avoir pris la précaution de lui faire couper les tendons des chevilles (d'où son nom qui signifie Pieds enflés), infirmité qui souligne symboliquement les faibles ressources d'une âme qui chancèle entre banalité et nervosité. Contrairement à Zeus, esprit combatif s'il en est, qui se guérit de sa mutilation, Oedipe restera estropié. Il compense cette infériorité par une ambition de pouvoir. Eduqué par un berger qui l'a recueilli et qu'il prend pour son père, Oedipe le quitte adolescent par crainte de réaliser l'oracle. Il se rend à Thèbes, qui est alors terrorisée par un monstre, le Sphinx, situation symbolique désastreuse propre aux villes gérée par un prince dévoyé. Moitié femme et moitié lion, le Sphinx dévore ceux qui, dans l'espoir de libérer la ville, l'affrontent, lorsqu'ils se révèlent incapables de résoudre l'énigme qu'il leur pose. Laïos a promis une récompense à qui vaincrait le monstre. A la différence d'un vrai héros libérateur, Oedipe convoite la récompense et, pour vaincre le mal, il ne compte pas sur sa vaillance spirituelle, mais sur la subtilité de son intellect. Dans un chemin creux qui mène à Thèbes, la voie lui est obstruée par un vieil homme qui mène un char et qui le somme de céder le passage. C'est Laïos qui se déplace sans ses insigne royaux. Injurié par ce qu'il croit être n'importe qui, le héros fort peu héroïque perd tout contrôle et tue ignominieusement le vieillard à coup de béquille. Bien loin du rôle de libérateur qu'il se croit appelé à jouer, c'est un comportement d'une banalité consternante. La fameuse énigme que lui pose le Sphinx est symbolique de la aspiration de l'homme à s'élever au-dessus de son animalité. Elle se formule comme suit : Quel est l'animal qui le matin marche à quatre pattes, le midi à deux et le soir à trois ? Oedipe, dont l'énigme décrit précisément le parcours, peut répondre : l'homme. Et le sphinx s'écroule de son rocher pour s'écraser dans l'abîme. Oedipe est acclamé comme roi et il épouse Jocaste. Désireux de compenser sa déficience physique (et spirituelle) par la domination, il n'est pas moins dévoyé dans la perversion de l'esprit que Laïos et un nouveau fléau accable bientôt Thèbes : la peste. Les prêtres affirmant que la calamité n'est que l'effet d'une culpabilité, Oedipe ordonne qu'on découvre le coupable, démontrant ainsi ses lacunes à se connaître lui-même. Le devin Tirésias, porte-voix de l'esprit, accuse Oedipe, à qui il enjoint de reconnaître ses déviances. Oedipe chasse le révélateur. Jocaste, horrifiée, se tue, mais Oedipe continue de se refuser à tout aveu. Cependant, par regret sublime d'avoir tué en lui l'esprit-père pour épouser la terre-mère, il s'arrache les yeux et se fait conduire par sa fille Antigone au sanctuaire des Euménides, à Colonne. Les Euménides sont des Erinyes bienfaisantes qui dispensent, non pas le tourment du remord, mais le regret libérateur de la coulpe reconnue dans la lucidité à l'égard de soi-même. Entraîné dans la chute par sa faiblesse, il puise dans cette chute les ressources de son élévation.
L'erreur de la psychanalyse dans la définition du complexe d'Oedipe est de réduire le moteur de celui-ci à sa seule pulsion sexuelle, qui l'aurait poussé à ne tuer son père que pour épouser sa mère.

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Jason
Chef de la confrérie des Argonautes, au nombre desquels on compte Héraclès, Thésée et Orphée, Jason embarque ses compagnons dans une entreprise commune de libération sur l'Argo (ce qui signifie 'vaisseau blanc'), à la conquête de leur purification : la Toison d'Or. La couleur dorée de la lumière solaire figure la spiritualisation et l'innocence du bélier la sublimation, à la différence de l'or métal qui représente le pervertissement alourdissant de la matière. Les déficiences des Argonautes ne se situent certes pas dans la banalité, mais dans leur tendance perverse à la domination abusive et dans leur incapacité d'une liaison sexuelle durable. La Toison d'Or est gardée par un dragon. L'objet initial de l'expédition est la domination : Jason n'accédera au trône du roi son père, tué par l'usurpateur Pélias, que s'il conquiert le Trésor sous sa signification sublime. S'il réalise l'exploit de manière purifiante, son règne sera bénéfique, tant pour lui-même que pour tout le pays (symboliquement pour le monde entier). A défaut, il ne sera lui-même qu'un usurpateur. Rescapé du massacre, Jason a été recueilli par le Centaure Chiron (ce qui est un indice de banalité). L'oracle a averti Pélias contre « un homme qui ne porte qu'une sandale », indication de la déficience spirituelle que Jason doit compenser. Pélias est disposé à abdiquer si Jason prouve sa légitimité en réalisant l'exploit de rapporter la Toison d'Or. Fait exceptionnel pour un héros libérateur, Jason ne se sent pas de force à accomplir seul l'exploit. Il convainc des compagnons de qualité, qui l'aident à construire l'Argo et à se rendre à Colchos où se trouve la Toison d'Or. En passant les Symplégades, deux rochers qui se rapprochent pour écraser l'Argo, le gouvernail est avarié, ce qui est une indication néfaste. Aétès, roi de Colchos, n'est toutefois disposé à céder la Toison qu'à la condition préalable que Jason attelle à une charrue des taureaux indomptés, dont le souffle est de feu et les pieds d'airin (indice d'une âme vaillante), pour labourer un champ et y semer les dents d'un dragon qu'a tué un autre héros libérateur. Jason y parvient, mais des dents qu'il a semées naissent des hommes de fer qu'il lui faut vaincre. Plutôt que les vaincre par la pureté de son esprit, Jason use d'un stratagème : il ramasse des pierres et les jette tantôt sur les uns et tantôt sur les autres, de sorte que les uns se croient attaqués par les autres et qu'ils s'entre-tuent. Cette victoire, qui n'est pas celle de la vaillance de l'esprit, est une trahison à la mission essentielle de justice des Argonautes. Et c'est une fois encore avec les armes de la ruse que Jason va affronter le dragon. Il séduit la magicienne Médée, fille du roi de Colchos. Héros défaillant, il ne tue pas le dragon au combat : il l'endort avec un philtre préparé par Médée et subtilise la Toison. Il a esquivé le travail intérieur de purification. Poursuivi par Aétès, il ne lui échappe que parce que Médée tue son propre frère Absyrtos et le découpe en morceaux qu'elle jette à la mer. Elle retarde ainsi Aétès qui s'applique à repêcher les lambeaux de son fils, sacrifié à la coulpe du faux héros. Celui-ci rapporte la Toison à Pélias et accède enfin au trône. Victime d'intrigues, il sera bientôt chassé du pays. Pour se soustraire à l'envoûtement de Médée, il l'abandonne. Devenue une Erynie, Médée tue leurs enfants. Désespéré, Jason se repose à l'ombre de l'Argo où il sera écrasé comme par une massue (poids mort des matérialités inanimées) par une poutre qui s'est détachée du navire, en sanction de sa banalité.

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Thésée
Fils mythique de Poséidon, Thésée est le fils corporel d'Egée, roi d'Athènes qui, en voyage loin de son pays, a séduit Actia, mère de Thésée. Obligé de rentrer à Athènes, Egée cache sous un rocher une épée (arme du combattant de l'esprit) et des sandales (arme du pied, expression de la matière animée par l'âme). Adolescent, Thésée est assez fort pour soulever le rocher. Armé et chaussé, il part à la recherche de son père. Sur le chemin d'Athènes, il tue les cruels brigands Procruste et Sinis. Il vainc le géant Sciron qui, assis au bord d'une falaise, humilie les voyageurs en exigeant qu'ils lui lavent les pieds. Alors qu'ils y sont absorbés, Sciron les pousse dans la mer où une tortue géante les dévore. Thésée fait subir le même sort à Sciron. Il s'empare de la massue du géant Péripéthès (qui est lui aussi fils mythique de Poséidon), péripétie qui marque toutefois le début de son déclin. Parvenu à Athène, il se distingue par une bravade superflue. Raillé par les Athéniens pour sa tenue barbare, sa réaction est disproportionnée : il saisit un char à boeufs et le jette par dessus un temple ! Fêté par Egée, il suscite la jalousie de Médée, répudiée par Jason et qu'Egée a épousée entre temps. Convaincue d'avoir tenté d'empoisonner Thésée, Médée est chassée de la cour d'Egée, lequel est délivré de son emprise. Ayant tué le Taureau de Marathon, Thésée a été jugé digne de partager le trône royal avec Egée. Athènes devait alors au roi de Crète Minos un tribut abominable, que son épouse Pasiphaé lui avait suggéré d'imposer: sept jeunes garçons et sept jeunes filles innocents qui sont sacrifiés en pâture au Minotaure, le monstre mi-homme mi-taureau, né des amours de Pasiphaé avec Poséidon. Minos, réputé pourtant pour sa sagesse, a honte du monstre enfanté par son épouse. Il le cache dans le Labyrinthe (figurant le subconscient), oeuvre de l'intellect de l'ingénieux Dédale. Thésée décide de neutraliser son monstrueux frère mythique. Il s'embarque avec les futures victimes du Minotaure sur un navire aux voiles noires ; il a promis de hisser des voiles blanches en cas de victoire. Fils de Poséidon, il est vulnérable à la tentation de céder à la banalité. Il doit surmonter deux périls : le monstre, qu'il doit éliminer, et le Labyrinthe, dont il doit retrouver l'issue. C'est le camp de l'injustice qui va lui fournir l'aide décisive dans la personne d'Ariane, une des filles de Minos, vierge à conquérir qui s'est éprise de lui. Elle lui apporte la pureté de son amour, afin de l'empêcher de s'égarer dans les détours du mensonge, grâce à la pelote de fil conducteur qu'elle lui prête. Vainquant le monstre par la force d'un amour vrai, il aurait suffi à Thésée, pour que sa mission soit parfaitement accomplie, qu'il remplisse sa promesse d'amour en épousant Ariane. C'est là qu'il échoue. Il tue le Minotaure, mais avec la massue du brigand (et non avec le glaive de son esprit). Exploitant l'amour d'Ariane, sa victoire est le fruit d'une trahison, l'exploit d'un pervers qui séduit ensuite Phèdre, la soeur d'Ariane, une nerveuse hystérique, que le mythe présente sous l'image de l'amazone qui combat l'homme pour en tuer l'âme. Thésée quitte ensuite la Crète comme un brigand : il rapte Phèdre et Ariane et abandonne cette dernière à Naxos, où elle va céder à Dionysos et former avec lui un couple infernal orgiaque. Dans cette trahison du héros se retrouve tant la domination abusive que la perversion sexuelle. A l'approche d'Athènes, Thésée oublie de hisser la voile blanche et Egée, le croyant tué par le Minotaure, se suicide. La défaite du héros libérateur est consommée dans la banalité : s'armant contre Pirithos, un aventurier qui pille la contrée, Thésée se lie d'amitié avec lui. Ensemble, ils vainquent les Centaures, mais à seule fin de s'emparer de leur butin et de prendre leur place au festin. Ils enlèvent Hélène, la soeur de Castor et de Pollux et la jouent aux dés. Thésée l'emporte et, pour dédommager son compagnon, il accepte de l'aider à enlever Perséphone, l'épouse de Hadès. Thésée en est arrivé à chercher le dépassement dans l'ignominie, par crânerie cynique absurde. Ce n'est qu'une fausse libération qui va sceller son sort : la chute dans le Tartare, d'où Héraclès, vainqueur de la banalisation, l'arrachera de la pierre à laquelle il a été rivé, mais n'en ramènera que l'âme morte. Son élan héroïque sera ensuite définitivement anéanti par l'emprise de son épouse, Phèdre, qui s'éprend d'Hippolyte, le fils de Thésée. Ulcérée d'être dédaignée par Hippolyte, Phèdre accuse celui-ci de projeter de tuer son père pour régner à sa place. Thésée chasse son fils qui est dévoré par un monstre marin envoyé par Poséidon. La mesure est alors comble et Thésée regagne le Tartare à jamais.

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Héraclès
Héraclès, dont le nom signifie 'gloire d'Héra', est un descendant de Persée et donc de Zeus, qui a fécondé sa mère Alcmène, en prenant les traits de son époux, Amphitryon. Héra, jalouse d'Alcmène, est hostile à Héraclès. L'image de la fécondation spirituelle évacue toutefois toute allusion à une union charnelle. Héra, qui préside à l'amour sublime, sera sanctionnée pour cette mesquinerie possessive : elle sera suspendue par une chaîne d'or entre ciel et terre, attachée à la sphère spirituelle tout en en étant exclue. Cette opposition entre la force de l'esprit et le don de l'amour va déterminer le destin d'Héraclès. Héritier de la puissance d'élan spirituel de son père mythique, il n'est pas fils d'Héra et il devra lutter dans le voie tracée par Héra contre son penchant à la dispersion sexuelle perverse. Zeus, qui souhaite former pour le monde entier un souverain juste et fort, avait décrété que ce serait l'enfant réunissant la force de l'esprit et l'équilibre de l'âme qui naîtrait à la date qu'il avait choisie (celle prévue pour la délivrance d'Alcmène). Pour déjouer ce dessein, Héra est parvenue à retarder la naissance d'Héraclès et c'est Eurystée, sujet ordinaire, qui naît à la date arrêtée par Zeus. Comme dans le mythe chrétien, le sauveur du monde ne régnera pas sur le monde, mais sur l'esprit. Héraclès devra accepter d'être le serviteur d'un médiocre, ce qui le gardera de laisser pervertir sa pulsion sociale par l'usage abusif de sa position dominante. Apollon lui enseignera à dominer sa propre faiblesse, laquelle est son ennemi essentiel. C'est dans un statut de servitude qu'il accomplira ses travaux de purification. Il ne doit pas exalter vaniteusement son élan spirituel combattif et l'oracle du dieu lui commande de se réconcilier avec Héra. Héros purificateur, ses propres faiblesses, fréquentes, ne sont que des épisodes qui, entre les victoires, lui rappellent sa propre faiblesse qu'il doit parvenir à vaincre. Il va étouffer le Lion de Némée, dompter le Taureau de Crète, capturer vivant le Sanglier d'Erymanthe, symbole de débauche effrénée, vaincre les Amazones-tueuses d'homme (auquel elles veulent se substituer au lieu de le compléter = tueuses d'âme). Dans ce combat contre la banalisation, Héraclès nettoie les Ecuries d'Augias, en y faisant passer le fleuve Alphée et en libérant les Boeufs luisants. Il tue l'Hydre de Lerne, serpent aux têtes multiples qui repoussent aussitôt coupées (il en cautérise les blessures avec son flambeau). Il affronte Géryon, un géant à trois têtes (les trois perversions : banalisation, tyrannie, débauche luxurieuse). Il vainc le géant Antée, anti-dieu qui reprend force chaque fois que son pied touche terre, ce dont l'empêchera Héraclès en le soulevant du sol. Il tue Diomède qui jetait ses victimes en pâture à ses chevaux. Il abat de ses flèches les oiseaux du Lac Stymphale, qui obscurcissaient le ciel. Il poursuit une année durant, pour la capturer vivante, la Biche aux Pieds d'airain, figure de sensibilité sublime et de force d'âme. Il va jusqu'au bout du monde pour en rapporter les Pommes d'or des Hespérides et, enfin, il dompte le chien Cerbère, gardien du Tartare, pour en ramener Thésée. En regard de ces exploits héroïques, il y a ses déficiences : Eros, profitant de son sommeil, lui dérobe ses armes ; séduit par Dionysos, il défie le dieu de résister plus longtemps que lui à la beuverie et, vaincu, il est contraint par lui de suivre sa Thiase. Il outrage ses épouses successives. Adolescent, il a épousé Mégare, mais les liens conjugaux le rendent furieux, au point qu'il saccage leur maison et tue leurs enfants avant d'abandonner sa femme. Toute sa vie sera l'expiation de ce crime. Il devient ensuite l'esclave de son épouse Omphale, acceptant de s'avilir en filant et en se parant de robes orientales. Après maintes aventures futiles, il épouse Déjanire qu'il a dû disputer à Achéloos, qui avait pris d'abord la forme d'un serpent et ensuite d'un taureau. Mais Déjanire n'est qu'une femme banale qui, pour traverser un fleuve (celui de la vie quotidienne), accepte l'aide du centaure Nessus, qui tente de la violer. Héraclès parvient à tuer Nessus par les flèches (de son esprit), mais Nessus mourant offre à Déjanire sa tunique trempée de son sang, lui garantissant l'amour de son mari si elle la lui fait porter. Déjanire accepte le présent. Mais le sang du centaure est un venin de débauche et Héraclès tombe amoureux d'Iole. La tunique lui colle à la peau et le brûle. Comprenant enfin qu'il ne parviendra jamais à se purifier de sa tendance à la débauche luxurieuse pour se réconcilier avec Héra, le héros décide de se sacrifier à elle en holocauste. Il dresse un bûcher sur lequel Zeus accepte de lancer son éclair illuminant. Surmontant son penchant dionysiaque, Héraclès renaît, comme le Phénix, en état d'élévation. Zeus accueille son fils préféré et le héros, devenu une divinité de l'Olympe, épouse Hébé, qui sert aux dieux le nectar et l'ambroisie qui leur conservent leur qualité d'âme et d'esprit.

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Asclépios
A l'inverse de l'adage 'mens sana in copore sano', qui affirme que la santé de l'esprit est conditionnée par celle du corps, la médecine à laquelle préside Apollon professe qu'il n'y a pas de vraie santé du corps sans grande santé préalable de l'esprit. Il existe toutefois une technique pour remédier aux défectuosités de la mécanique corporelle et pour permettre de la relancer provisoirement. C'est le centaure Chiron qui en conserve les formules. Cette médecine profane se préoccupe de s'affranchir, par une intellectualisation radicale, des pratiques magiques suggestives de purification. Le mythe veut que Chiron, qui s'obstine à ne soigner que les corps, souffre d'une blessure inguérissable que lui a faite au pied une flèche d'Apollon. Le mythe complète la représentation de la médecine par une troisième divinité, Asclépios, qui considère que tout être vivant est un organisme psycho-somatique. Seul l'intellect de l'homme est assez vaniteux pour concevoir l'idée, pseudo-scientifique, qu'il n'est que soma. Toutefois, la réalité des maladies de l'esprit le contraindra tôt ou tard à la prendre en compte : c'est le rôle d'Asclépios, fils d'Apollon et initiateur de la science médicale. La maladie met le patient dans un état mineur : elle le replace subconsciemment dans le monde magique de l'enfance, vis à vis du médecin dans la position de dépendance qu'il avait vis à vis de son père et, dans bien des cas, l'investit des pouvoirs d'un magicien. Mais Asclépios n'a rien d'une idole. Il figure chaque homme destiné à se purifier, à se 'diviniser' en se guérissant de sa tendance à la banalisation. Est significatif à cet égard le Gorgoneion, qui est porté comme un talisman. Les prêtres d'Asclépios invitaient les malades à venir dormir dans le temple d'Apollon et s'appliquaient ensuite à expliquer leurs rêves. La tentation d'Asclépios est d'ériger en but ultime la nécessité de prendre en compte les contingences. C'est alors la mort de l'âme de la médecine, la banalisation dont le châtiment est la foudre de Zeus. L'effort intellectuel d'Asclépios n'est légitime que tant qu'il est orienté sur les exigences de l'esprit.

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Prométhée
Au contraire du mythe d'Asclépios, qui figure l'effort intellectuel salutaire lorsqu'il est orienté sur l'exigence de l'esprit et le sens évolutif de la vie, le mythe de Prométhée figure l'effort de l'intellect pour se passer de l'esprit. Alors que Zeus a conçu l'homme comme être spirituel, animé du désir essentiel de l'élan évolutif vers le surconscient, Prométhée va le créer conscient et individué, capable de faux choix, qui le font régresser vers le préconscient animal, vers la Terre-mère. Pour modeler sa créature, Prométhée utilise le comble de la banalité : la glaise boueuse. Pour animer celle-ci, il ne prétend pas emprunter la lumière de l'Olympe, mais le feu, qui n'est que sa forme utilitaire. Et il en est réduit à le dérober. Facteur de production, l'intellect démultiplie les désirs et distrait les hommes du désir essentiel. Ils en oublient le sens de la vie et l'intellect est dès lors, bien qu'ingénieux, insensé. Prométhée, dont le nom signifie prévoyant, a un frère, Epiméthée, qui ne réfléchit pas avant d'agir, mais au contraire seulement après coup. Ce qui va l'amener à se laisser séduire par Pandore, qu'il va épouser. Elle lui offre un coffret fermé, symbole du subconscient, qui renferme tous les vices. Comme le fera Eve dans le mythe judaïque, elle va initier l'humanité au pervertissement de la banalisation ou de l'exaltation de l'imagination. Prométhée, bien qu'il ait résisté à Pandore, n'est pas sauvé pour autant, car il est toujours en opposition avec le sens de l'esprit. Il subira le châtiment de la banalisation : il sera enchaîné à la matière-rocher. Il ne sera sauvé que par le sacrifice du Centaure Chiron, principe de la guérison banale qui va céder sa place à la guérison essentielle, acquise par l'évolution de l'intellect dans l'orientation de l'esprit. Chiron va faire don à Zeus de son immortalité afin que Prométhée, revenu de sa révolte, la reçoive enfin. On notera que, Noé avant la lettre, c'est le fils de Prométhée, Deucalion, qui se charge de repeupler la terre après le déluge, en jetant derrière lui des pierres dont naissent les hommes. Compris dans toute son ampleur significative, Prométhée est la représentation symbolique de l'humanité.

mercredi, 31 mai 2017

Donald Trump’s unhappy NATO visit as US and Europe drift apart

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Donald Trump’s unhappy NATO visit as US and Europe drift apart

Ex: http://theduran.com 

European leaders annoyed by Trump's calls to increase defence spending, making NATO look too obviously like a protection racket.

Having been showered with compliments in Saudi Arabia and Israel, Donald Trump’s visit to Europe where he has met the US’s formal allies in the NATO and G7 formats, have gone unhappily.

 

Despite efforts on both sides to patch things up, it is impossible to avoid the sense that Trump and his erstwhile “allies” don’t like each other very much.  Not only has Trump had uncomfortable meetings with Merkel and Macron, and not only did his shoving aside the Prime Minister of Montenegro look like a snub, but I doubt that Trump himself realises how irritated most of his European allies are by his constant calls that they increase their defence spending.

These calls Trump made again during the summit and in blunt language and at extraordinary length

The NATO of the future must include a great focus on terrorism and immigration, as well as threats from Russia and on NATO’s eastern and southern borders.  These grave security concerns are the same reason that I have been very, very direct with Secretary Stoltenberg and members of the Alliance in saying that NATO members must finally contribute their fair share and meet their financial obligations, for 23 of the 28 member nations are still not paying what they should be paying and what they’re supposed to be paying for their defense.

This is not fair to the people and taxpayers of the United States.  And many of these nations owe massive amounts of money from past years and not paying in those past years.  Over the last eight years, the United States spent more on defense than all other NATO countries combined.  If all NATO members had spent just 2 percent of their GDP on defense last year, we would have had another $119 billion for our collective defense and for the financing of additional NATO reserves.

We should recognize that with these chronic underpayments and growing threats, even 2 percent of GDP is insufficient to close the gaps in modernizing, readiness, and the size of forces.  We have to make up for the many years lost.  Two percent is the bare minimum for confronting today’s very real and very vicious threats.  If NATO countries made their full and complete contributions, then NATO would be even stronger than it is today, especially from the threat of terrorism.

There is no doubt that Trump himself sincerely believes all this, and doubtless from his point it is obvious that it is simply unfair for the US to pay such a disproportionate amount of the Western alliance’s defence burden.

However the US’s NATO allies will have noticed that these words contain no reciprocal pledge from the US to ‘defend’ them come what may, and they are bound to see Trump’s calls for them to increase defence spending as a form of blackmail, implicitly threatening them that unless they increase their defence spending the US will stop ‘defending’ them.

A point which few Americans understand is that some European states – Germany being a case in point – anyway deliberately underspend on defence in the belief that if they spent more on defence the US might one day conclude that they no longer need to be “defended” by it.  For these states Trump’s calls that they spend more on defence sets this all on its head, calling their bluff in a way they particularly dislike.  It does not help that in Germany’s case Trump during their summit made further comments which all but accused Germany of taking the US for a ride on trade.

Beyond that there is the never expressed but always present doubt about what NATO is really for.

The USSR – the ostensible threat from which NATO was supposedly set up to defend Europe from – no longer exists, which begs the question of what NATO is really for, and from whom or what the NATO is actually “defending” Europe from, and what the purpose of all this extra spending really is.  By constantly harping on the subject Trump threatens to strip away the illusion that NATO is actually “defending” anyone from anything, and makes NATO look more like what it really is, which is a gigantic protection racket.

Needless to say that is not something the European members of NATO like to be reminded of.

The simple fact is that since the end of the Cold War the glue that has held the Western alliance together has become overtly ideological, with the members of the alliance seeing themselves as joint partners in an overtly ideological neoliberal enterprise.  When the leader of what is by far the most powerful state within NATO makes it perfectly clear that he has no belief in that enterprise, and insists on talking about money instead, that inevitably makes the others unhappy.

That more than anything else explains the unhappy mood music of this summit, which contrasts so strikingly with Trump’s far happier interactions with President Xi Jinping of China and Foreign Minister Lavrov of Russia.

This is a situation which in the history of the Western alliance has never existed before – of a US President interacting more happily with the alliance’s “enemies” than with its members.  Moreover so long as Donald Trump remains US President it is difficult to see how it can change.

 

How Vladimir Putin squashed arrogant Macron

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How Vladimir Putin squashed arrogant Macron

by 

Russian President Putin dismissed French President Macron's claims during Putin's visit to France that the only hope for Russia is to align with Europe.

The Kremlin has published the complete text of the brief but highly illuminating press conference which followed the Macron-Putin summit in Versailles.

I have previously expressed bafflement as to why Macron invited Putin to a summit meeting at all given that the extraordinarily hard line against Russia which he seems intent on following.  The text of the press conference provides the answer, and it shows how delusional and arrogant Europe’s leaders including Macron have become.

It turns out that Macron’s purpose was nothing less than the grandiose one of “educating” Putin on why Russia needs to align itself with Europe in order to ‘modernise’, which means reversing the domestic and foreign policy line it has been following since the crisis of 1998 of pursuing building its own ‘sovereign democracy’ and of aligning with China.

Macron sought to do this by conjuring up the supposed example of Russia’s Westernising tsar, Peter the Great.

That was why Macron invited Putin to a summit in Versailles, which is hosting an expedition commemorating Peter the Great’s visit to France in 1717, and why he opened his news conference with this extraordinary passage

First of all, I would like to thank President Putin for accepting the invitation which I extended to him during our telephone conversation some time after I took office. I invited him to come to this symbolic place, where today we celebrate the 300thanniversary, almost to the day, of Peter the Great’s visit to France. The Russian tsar arrived in France to better understand the secrets of the kingdom, which stunned the world.

During the visit, which lasted several weeks, Peter the Great spent several days at Versailles, which already then represented the pinnacle of arts and technology, and where the ideals professed by Enlightenment figures and the genius of the spirit of that era were already beginning to emerge in the early 18th century. It was in Versailles that Peter the Great met with engineers, writers, and archivists. As we know from history, he returned to Russia some time later with new ideas and beliefs, as well as sketches (which we will see together in a short while), with a great desire to modernise your country. He was elected Honorary Member of the Royal Academy of Sciences, which was a source of inspiration for him.

Peter the Great is a symbol of the Russia that wanted to become open to Europe and borrow from Europe the things that made it great and strong. We have just talked about this during our discussion. What is particularly important about this story, which is now three centuries old, is the dialogue between Russia and France that never stopped, the dialogue between our intellectuals and our cultures, which sowed the seeds of the friendship that has lasted to this day. This dialogue is marked by our outstanding thinkers, artists and statesmen.

You will see a sketch of the monument to Peter the Great, with which you are familiar, Mr President, since you were born in that beautiful city which is dear to you. This is the statue that became the pride of St Petersburg, your beloved city.

This Russia that is open to Europe, and this Franco-Russian friendship is what I wanted to share with you by inviting you here, to Versailles. This was the basis of our discussion today. This history transcends us and has cemented Franco-Russian friendship.

During the presidential election, France made a sovereign affirmation of its commitment to independence, its European choice and its desire to influence the fate of the world. None of the major challenges these days can be tackled without a dialogue with Russia.

This is exactly why I wanted to discuss together

(bold italics added)

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Any other leader would have let his anger at these condescending words show.  Putin instead – showing off his knowledge of Russian history, which is certainly greater than Macron’s – effortlessly brushed them off

I would also like to thank President Macron for inviting me to come to this wonderful corner of France, to Versailles, which I have never visited before. It is definitely an impressive place that speaks of France’s grandeur and its long history, which plays a substantial part in the ties our two countries share. This is reflected in the exhibition we are about to visit, an exhibition marking the 300th anniversary of the visit to France by tsar and reformer Peter I. The ties between Russia and France did not begin with this visit however, but go back much deeper in time.

The educated French public is familiar with Anna of Rus, Queen of France. She was the youngest daughter of Yaroslav the Wise, married Henri I and made a substantial contribution to France’s development as one of the founders of at least two European dynasties, the Bourbons and the Valois. One of these dynasties is on the throne to this day in Spain…..

The exhibition we will visit now presents priceless items from the State Hermitage Museum related to Peter the Great’s visit to France in 1717. As President Macron and I noted, this visit has become a major milestone in the history of our bilateral relations, setting them on a friendly track for many years to come…..

I would like to thank the President once again for his invitation. He mentioned that Peter the Great spent several weeks in France, but as we know, everything in the diplomatic world is built on the basis of reciprocity. I would also like to invite the President to visit Russia. I hope he will be able to spend several weeks in Moscow.

(bold italics added)

In other words the starting point of Russian history – and of Russia’s interactions with Europe – is not the reign of Peter the Great, and Russia does not simply learn from the West – as an inferior civilisation learns from a superior one  – but has had an equal and mutually beneficial millennially long interaction with it, whilst successful bilateral relations today depend not on some sort of ‘teacher-pupil’ relationship, but depend on reciprocity: on taking into account the other side’s interests.

Putin made the same point rather more sharply in an interview he gave to the French newspaper Le Figaro.

It is true that President Macron invited me to take part in the opening of the exhibition. However, let me tell you straight away that the relations between Russia and France have a much longer history and much deeper roots, as the French President and I both mentioned on several occasions today. In fact, the younger daughter of Yaroslav the Wise, one of Russia’s Grand Princesses, Anna came here in the 11th century to marry King Henry I of France.

She was actually called Anna of Rus, Queen of France. Her son Philip I of France was the founder of two European royal houses, the Valois and the Bourbons, and the latter rules in Spain to this day.

This goes to say that the roots of our relations go much deeper, although over the last 300 years they did pick up momentum. This is true. I very much hope that today’s event, the exhibition and my talks with President Macron will give a new impetus to these relations……

As I have said to my French colleague and our French friends today, Peter the Great was above all a reformer, a man who not only implemented the best and the most up-to-date practices, but also was undoubtedly a patriot, who fought to secure for Russia the place it deserved in international affairs.

But above all, he was committed to reforming his country, making it modern, resilient and forward-looking. He succeeded in many, if not all of his undertakings. He focused on research, education, culture, military affairs and statehood, leaving an immense legacy that Russia has been relying on to this day, let alone the fact that he founded my hometown, St Petersburg, which was the capital of Russia for many years.

(bold italics added)

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In other words, not only did Russian history and Russia’s interactions with Europe not begin with Peter the Great, but Peter the Great was like Putin first and foremost a Russian patriot all of whose actions were focused on making Russia strong so that it could better defend its national interests.

As well as putting Macron firmly in place about Peter the Great and Russian history, Putin during the press conference in his usual mischievous way gently ridiculed the suggestion that France is in any position to impose its own unilateral ‘red lines’ in Syria, as Macron purported to do

France of course is making its contribution to the fight against terrorism in Syria as part of the US-led international coalition. We do not know how much independence France has when it comes to operational matters because these are agreements between allies and we are not privy to that.

(bold italics added)

There has recently been some heart searching in Europe that by sticking to its tough policy Europe risks “losing” Russia.  Angela Merkel’s recent visit to Russia was it seems intended in part to calm these concerns.  Macron’s invitation to Putin also appears to have been motivated by these same concerns.  This is how the Financial Times reported them and explained the purpose behind Macron’s invitation to Putin

Mr Macron is now keen to reset the relationship with Moscow aides say. “There have been missed opportunities with Russia in the recent past, on Syria notably. The idea is to keep Russia close to Europe,” an adviser to Mr Macron said before the meeting.

The problem is that though Macron seems to realise the importance of restoring relations with Russia, he brings with him no new ideas of how to do it.  Conjuring up the misunderstood ghost of Peter the Great whilst refusing to address Russia’s concerns and whilst giving Russia stern lectures about Ukraine, Syria and the rights of gays in Chechnya, is certainly not the way.

The trouble is that despite the hammering that what is sometimes called the “European idea” has recently suffered because of Brexit, the election of Donald Trump, and the electoral gains in France of Marine Le Pen, the European political establishment remains in denial about the diminishing attractiveness of “Europe” be it to Russia, Turkey or anyone else.  The result is that they continue to overplay their hand, as Macron has just done with Putin.

Take this extraordinary comment of Michel Duclos, director of Académie Diplomatique Internationale and a former diplomat at the French embassy in Moscow, as reported by the Financial Times

Putin thought he would have an ally in Washington, which has proved not to be the case. At the beginning of the year he thought he would have a friend in the Elysée, and this has not been the case either.  Now everybody is talking about China. He desperately needs to patch things up with Europe, and he has an opportunity with Macron.

(bold italics added)

This is utterly delusional, fantasising that Russia sees China as a threat rather than an ally and is therefore obliged “to patch things up with Europe” on Europe’s (ie. Merkel’s and Macron’s) terms.  Coming shortly after the One Belt, One Road conference in Beijing, and shortly before Chinese President Xi Jinping’s visit to Russia, such a comment is beyond bizarre, and shows how parochial thinking in Europe has become.

As for Putin, whilst his meeting with Macron can hardly have satisfied him, it did at least provide him with an opportunity to see to some unfinished business.

At the peak last autumn of the West’s public relations campaign against Russia for its alleged bombing of Aleppo Putin cancelled a visit he was due to make to Paris to attend the opening of a Russian cultural centre.  Macron’s invitation now enabled Putin to visit the centre.

Putin is said to have cancelled his visit to France in the autumn because he expected a boorish reception from the French, with President Hollande refusing to meet with him.  He has now visited the centre whilst in France as an honoured guest, have been received in Versailles by President Macron.

Putin must have savoured the moment, all the more so as the reversal shows where the real power in the world now lies.

Renonciation de Benoît: arrière-plan géopolitique

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Renonciation de Benoît: arrière-plan géopolitique

 
Ex: http://zejournal.mobi 
 
Ce sont des hypothèses, évidemment, mais elles acquièrent une crédibilité à cause de la source, une prestigieuse revue italienne (24/5/2017).

La « prestigieuse » revue italienne de géopolitique revient sur les évènements du début 2013, qui ont en réalité commencé deux ans plus tôt.

Dans le n. 4 d’avril 2017, l’un des articles s’intitule « Pourquoi le Vatican nous sert ». Il est réservé aux abonnés, mais l’accroche annonce:

Tandis que l’Italie est une puissance régionale moyenne, la papauté déploie une influence mondiale. Quand les intérêts respectifs convergent, les politiques de Rome sont légitimées. Les problèmes surgissent si elles divergent, comme c’est le cas aujourd’hui pour la sécurité et l’accueil des migrants.

Et apparemment, comme ce fut le cas autour de 2013, où les intentions du Pape Benoît seraient entrées en conflit avec les intérêts de la faction la plus atlantiste du pouvoir italien (qui n’était pas celle représentée par le Premier ministre d’alors, Silvio Berlusconi, lui aussi contraint de démissionner par une campagne de scandales d’une violence inouïe).

Le sujet ne pouvait pas ne pas intéresser Antonio Socci, qui lui consacrait un article intéressant la semaine dernière.

Mais un peu plus tôt, le site Campari & de Maistre éclairait notre lanterne sur le contenu de l’article de Limes. Se gaussant de ce qu’il qualifie de « secret de Polichinelle ».

Campari & de Maistre

Démission de Benoît. Voici le secret … de Polichinelle

Nous vous invitons à lire tout l’article qui suit, non pas tant pour prendre acte de «ce qui» est révélé, mais de prendre acte de «qui» avalise ce point de vue.

«Les frictions entre l’Eglise et les Etats-Unis n’auraient pas disparu avec la disparition de Jean-Paul II. Elles auraient au contraire eu une suite dans le cours du pontificat du Pape Ratzinger, durant lequel elles n’auraient pas seulement été aiguisées par l’investissement de la part de Obama et de Hilary Clinton sur l’Islam politique des Frères Musulmans durant les dits « printemps arables », mais également par la ferme volonté de Benoît XVI de parvenir à une réconciliation politique avec le patriarche de Moscou, qui aurait été, dans ses intentions, le véritable couronnement religieux d’un projet géopolitique d’intégration euro-russe soutenu avec conviction par l’Allemagne et l’Italie de Silvio Berlusconi – mais pas de celle, plus pro-américaine, qui se reconnaissait en Giorgio Napolitano. Comment cela s’est terminé est connu de tous. Le gouvernement italien et la papauté auraient été frappés simultanément par une campagne de scandales, coordonnée, d’une rare violence et sans précédent, à laquelle se seraient associées des manœuvres plus ou moins opaques dans le domaine financier, avec l’effet final de précipiter en Novembre 2011 le retrait de Berlusconi du Palazzo Chigi, et le 10 Février 2013, l’abdication de Ratzinger. Au plus fort de la crise, l’Italie aurait vu progressivement se fermer les portes d’accès aux marchés financiers internationaux, tandis que l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) serait coupé temporairement par le circuit Swift (4)».

Note

«(4) L’IOR aurait été exclu du système international des paiements du 1er Janvier au 11 Février 2013 sur la base de l’accusation de contribuer au blanchiment d’argent, avec l’effet d’induire la Deutsche Bank à bloquer le fonctionnement des distributeurs automatiques de billets dans tout le territoire de la Cité du Vatican. La nouvelle a été donnée en Italie par la Repubblica du 3 Janvier 2013, quand Fabio Tonacci publia un article intitulé: « Vatican, stop aux cartes et aux distributeurs automatiques de billets. Les services de paiement suspendus ». Le lendemain de l’annonce de l’abdication du pape Ratzinger, le Saint-Siège obtiendra d’une banque suisse le rétablissement des services interrompus».

Après cette longue citation, désignons-en la source. Maurizio Blondet? Antonio Socci? Les hackers russes? Eh bien non, les données bibliographiques sont les suivantes: « Germano Dottori, Pourquoi nous avons besoin du Vatican » , dans Limes – revue italienne de géopolitique, n° 4/2017 (Avril), pp. 151-158″.

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Bref, en lisant la dernière sortie du magazine italien qui fait autorité dans le domaine de la géopolitique, un journal auquel est attribué un rôle tel que chaque numéro est présenté, non sans une certaine solennité, par son directeur, à la télévision d’Etat, nous apprenons les informations suivantes:

1) Le succès politique des Frères musulmans (c’est-à-dire de l’islam fondamentaliste) à la suite des «printemps arabes» n’a pas été, comme beaucoup pourraient le penser, un effet non intentionnel du progressisme stupide de Obama mais quelque chose de voulu;

2) Benoît XVI a poursuivi avec «une ferme volonté» le plan de réconcilier l’Eglise catholique avec le Patriarcat de Moscou;

3) Ces deux facteurs ont aiguisé les frictions entre l’Eglise et les États-Unis, commencées dans la dernière phase du pontificat de saint Jean-Paul II;

4) Le gouvernement Berlusconi soutenait le dessein de Benoît XVI dans une optique pro-russe;

5) Il s’est ainsi aliéné les sympathies des Américains, dont l’homme, en Italie, n’était autre que le Président de la République Giorgio Napolitano;

6) Les campagnes à scandales simultanées subies durant ces années par Berlusconi et le pape Benoît XVI étaient coordonnées entre elles, destinées à frapper deux personnalités qui, dans l’optique des États-Unis, étaient ouvertement trop pro-russes et très peu obéissantes à la Maison Blanche;

7) Cette campagne de dénigrement s’est accompagnée de manoeuvres financières opaques à la fois contre l’Italie (vous vous souvenez du « spread »?), et contre le Vatican (confirmant ce qui avait déjà été laissé à entendre par d’autres sources);

8) Tout cela a conduit à la démission de Berlusconi (et jusque là, rien qui ne soit déjà notoire) et aussi, écoutez bien, à celle de Benoît XVI .

Enfin, last but not the least, « Limes » est depuis toujours publié par le même groupe d’édition que « la Repubblica », c’est-à-dire l’organe de presse qui a servi de « lanceur » à cette double campagne de scandales «coordonnée, d’une rare violence et sans précédent». 

Bref, eux, ils savent.

Que dire? Nous avons toujours voulu nous tenir à l’écart des polémiques de type «complot» à propos de ce qui est arrivé au cours des derniers moments du pontificat de Ratzinger et les explications complotistes sur sa démission. Nous ferons de même cette fois aussi. Nous nous limitons simplement à signaler ce que rapporte un magazine estimé et influent, qu’on ne peut certes pas accuser de proximité avec la «Kurie conservatrice» ou avec les «quatre chats» traditionalistes. Nous nous permettons de signaler le passage où il est dit: «Comment cela s’est terminé est connu de tous».

Autre chose qu’un «gomblot». Ici, il s’agit d’un secret de Polichinelle …

Paolo Maria Filipazzi

* * *

Commentaires d’Antonio Socci

Voilà que des experts géopolitique commencent à réfléchir à ce qui se cache derrière la mystérieuse «renonciation» de Benoît XVI

Dans le dernier numéro – qui vient de sortir – de Limes, la revue de géopolitique de référence du même groupe d’édition que la Repubblica et l’Espresso, est publié un essai par le professeur Germano Dottori, responsable des études stratégiques à la Luiss (Libera Università degli Studi Sociali), conseiller scientifique de Limes, membre d’autres importants centres d’études, et qui a été consultant auprès de commissions de la Chambre et du Sénat sur les affaires étrangères et la défense.

Donc, l’essai de Dottori – intitulé «Pourquoi nous avons besoin du Vatican» – retrace le lien étroit et décisif entre la politique étrangère de l’Etat italien et la présence à Rome de la papauté qui a une influence planétaire. Une relation conflictuelle.

CONFLIT

Aujourd’hui, par exemple, Dottori estime que «le gouvernement des flux migratoires» crée une grosse friction entre les intérêts de l’Etat italien et le Vatican du Pape Bergoglio .

Il est en effet bien connu que «François est un partisan des portes ouvertes», mais il y a une «difficulté structurelle destinée à peser sur l’Italie: si Rome ne tente pas de ralentir d’une façon quelconque le flux des désespérés qui atteignent notre pays, non seulement certains équilibres sociaux délicats seront sans doute compromis, comme on commence à le voir dans les banlieues … mais il est très probable que nos partenaires européens finiront par opter pour notre expulsion des accords sur l’espace européen unique, ce qui entraînera un préjudice pour les intérêts économiques considérables de nos exportateurs».

En décrivant les connexions complexe Italie / Vatican, Dottori s’est aussi arrêté sur les événements qui en 2011 ont conduit à la chute du gouvernement Berlusconi, et en 2013, à l’étrange et traumatique «renonciation» de Benoît XVI.

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LE CONTEXTE

Dottore écrit: «les frictions entre l’Eglise et les Etats-Unis (…)

[Suit la citation du paragraphe évoqué plus haut]

Ce qui frappe, ce n’est pas seulement l’évocation du contexte géopolitique dans lequel se situe le «renoncement» de Benoît XVI (et la chute du gouvernement Berlusconi), mais aussi le fait que cette analyse soit publiée dans la revue de Lucio Caracciolo, «Limes», du groupe Gedi, dont le président est Carlo De Benedetti (le groupe de la Repubblica et l’Espresso) .

Il y a quelques mois, Dottori a donné une interview à l’agence catholique Zenit dans laquelle, interrogé sur les documents de WikiLeaks, il faisait cette considération: «Bien que je n’ai aucune preuve, j’ai toujours pensé que Benoît XVI avait été conduit à l’abdication par une machination complexe, ourdie par ceux qui avaient intérêt à bloquer la réconciliation avec l’orthodoxie russe, pilier religieux d’un projet de convergence progressive entre l’Europe continentale et Moscou. Pour des raisons similaires, je pense qu’a également été arrêtée la course pour succéder au cardinal Scola, qui en tant que patriarche de Venise avait mené les négociations avec Moscou» [voir à ce sujet: benoit-et-moi.fr/2016/actualite/laumonier-dobama].

GUERRE US À LA RUSSIE

Dans ces colonnes, j’ai souligné à maintes reprises la profonde anomalie de la «renonciation» du Pape Benoît, des circonstances dans lesquelles elle s’est produite, et enfin de sa décision de rester «pape émérite», expliquée avec ces mots surprenants: «Ma décision de renoncer à l’exercice actif du ministère ne révoque pas cela».

Une anomalie colossale qui fait penser à une demie-renonciation, comme on le devine aussi à partir de la fameuse conférence à la Grégorienne de son secrétaire Mgr Georg Gänswein.

Une telle «renonciation» doit être reliée au contexte géopolitique – comme le fait Dottori – sur lequel il conviendrait de réfléchir pour comprendre si d’éventuelles forme de pression furent exercées, et lesquelles.

Cela ne signifie pas que cette « renonciation » de Benoît XVI ait été extorquée ou contrainte. Mais cela signifie qu’autour de ce «choix» étrange, il y a un mystère colossal qui doit être éclairci.

Les considérations de Dottori sur Benoît XVI (et aussi sur le gouvernement Berlusconi) portent à nouveau à notre attention ce qui est – à mon avis – la clé pour comprendre de nombreux événements de ces dernières années: la guerre (froide et chaude) déclarée par les Etats-Unis d’Obama et Clinton contre la Russie de Poutine, sur tous les théâtres du globe.

Le projet d’un monde unipolaire à hégémonie américaine – qui doit donc balayer une Russie redevenue indépendante et autonome – est la dernière folie idéologique de la modernité .

C’est un projet impérialiste suicidaire pour les États-Unis et extrêmement dangereux pour le monde, mais il imprègne si profondément l’establishment américain (tant dans la faction « neocon » que celle « liberal ») que même Donald Trump – qui a gagné contre eux – doit maintenant transiger et se trouve fortement conditionné par ce bloc de pouvoir, qui semble plus fort que le président élu.

Libero, 17 mai 2017

Sur Brzezinski et notre élite apocalyptique

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Sur Brzezinski et notre élite apocalyptique

 
Auteur : Nicolas Bonnal
Ex: http://zejournal.mobi 
 

Le conseiller Ubu est mort, mais gageons que son œuvre luciférienne va lui survivre. Il meurt salué quand on profane (malmène, dit lemonde.fr) la tombe du Général de Gaulle.

Relisons l’interview où Zbig fait l’éloge de sa politique d’appui au terrorisme islamiste. Il se peut d’ailleurs que Zbig sache que ce terrorisme n’est pas islamique (islamique au sens saoudien, mais pas au sens musulman, islamique au sens américain, mais pas au sens guénonien) mais oxydental si j’ose dire, un bon moyen avec le réchauffement climatique et la fraude fiscale de célébrer la venue de l’Etat totalitaire qui les excite tous depuis les années 1780.

Le fait que les quatre plus grosses cotisations boursières relèvent de cet espionnage-emprisonnement des âmes et de cet argent dématérialisé (Google, Amazon, Facebook, Apple) ne doit pas nous étonner. Zbig avait fait l’éloge de la société technétronique, nous prévenait dans son livre de la vague de populisme qu’auraient à redouter (tu parles !) les élites cosmopolites – qui ne faisaient que reprendre le comportement du siècle des Lumières, qui lui aussi rêva d’automates. Sur les origines réelles de Zbig, et pour comprendre ses méthodes illuminées, lisez Charles Novak (1).

Voici donc la courte interview de Zbigniew Brzezinski parue dans Le Nouvel Observateur numéro 1732 du 15 janvier 1998 :

Le Nouvel Observateur : « L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l’intervention soviétique. A l’époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez? »

Zbigniew Brzezinski : « Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est toute autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques ».

Le Nouvel Observateur : « Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette “covert action” [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ? »

Zbigniew Brzezinski : « Ce n’est pas tout à fait cela. Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : « Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu’ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité… Vous ne regrettez rien aujourd’hui ? »

Zbigniew Brzezinski : « Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam.” De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique ».

Le Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

Zbigniew Brzezinski : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Le Nouvel Observateur : « “Quelques excités”? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd’hui une menace mondiale ».

Zbigniew Brzezinski : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide: il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’Islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu’y a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Egypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté… »

Un petit ajout : l’Europe centrale a perdu 10% de sa population depuis la fin du communisme. Le nombre d’enfants passa de deux à un en Allemagne de l’Est. L’Ukraine sombre démographiquement, et la Russie perdit dix millions d’âmes en vingt ans de chute du communisme. Le NYT vient de rappeler que le taux de natalité s’effondre en Grèce depuis la crise sauce mondialiste imposée par les Goldman-Merkel-Zbig. Le mondialisme est un cannibalisme postmoderne et fier de l’être !

Pour parler d’un énergumène comme ça (et la Pologne ubuesque et russophobe en a eu d’autres, voyez Retinger-Bilderbergs, voyez Tusk-Europe, descendant de soldat nazi),  il n’y aurait que Dante (Enfer, XXXII) :

« … tous deux d’un même lit, et tous deux si dignes de la fosse glacée, que tu fatiguerais de tes recherches le cercle de Caïn sans trouver leurs pareils ».

1) JACOB FRANK, LE FAUX MESSIE Déviance de la kabbale ou théorie du complot (L’Harmattan)

mardi, 30 mai 2017

Quelques textes à lire impériativement du Professeur Roland Hubert

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Maurice Maeterlinck

Synergies européennes - Ecole des Cadres (Wallonie)

Quelques textes à lire impériativement du Professeur Roland Hubert (F.N.R.S. & Université Catholique de Louvain)

Ces textes expriment de manière approfondie le tropisme nouveau vers la littérature vernaculaire des provinces belges, afin de dégager le pays de la cangue que lui impose Paris et les marottes républicaines, répétées à satiété dans les médias dominants. Ce vaste mouvement a généré un travail remarquable, où se profile, en filigrane, la nostalgie de l'Allemagne, évincée de l'horizon culturel, surtout en Wallonie, depuis l'année fatidique de 1914. 

Cliquez pour lire le texte dans son intégralité:

Compte-rendu

Il primato dell’azione di Georges Sorel

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Il primato dell’azione di Georges Sorel

Georges Sorel visse tra la seconda metà del XIX° secolo e la prima metà del XX° secolo.
Il pendiero politico di Sorel privilegia i momenti del fare e del creare nuove situazioni, che rappresentano una rottura con le situazioni precedenti, è una posizione attivistica.
I principali temi del pensiero politico di Sorel sono:
  1. polemica contro la scienza positivistica: tale scienza ha dato l’illusione che si possa migliorare la società in base a ipotesi ben calcolate, sul modello delle scienze naturali;
  2. polemica antiborghese contro le regole piatte: la società borghese si fonda sul denaro e sulla vita comoda, è pacifista con tendenze all’umanitarismo e al parlamentarismo;
  3. polemica contro il socialismo politico: il socialismo che partecipa alla vita politica degli Stati borghesi, rappresenta la degenerazione del vero socialismo, cerca di introdursi nel potere dello Stato e non di distruggerlo;
  4. è favorevole all’azione creatrice: il proletariato deve organizzarsi in maniera autonoma, senza rifarsi alla cultura borghese. Il luogo di tale linea di azione è il sindacato e non il partito, quindi azione diretta senza mediazioni partitiche. Sorel parla di apprendistato rivoluzionario, da compiersi all’interno dell’organizzazione produttiva, tramite scioperi e boicottaggi. E’ tale apprendistato che fa acuistare autonomia al proletariato, attraverso l’atto rivoluzionario dello sciopero generale si avvicina alla conquista del potere, alla creazione di una società di produttori autoamministrati;
  5. morale eroica: Sorel contrappone alla società borghese, piatta e ripetitiva, l’energia del fare presente nei sindacati rivoluzionari perchè ciò che conta è l’azione. Tale visione porterà Sorel, dopo il 1910, ad entrare in contatto con ambienti di estrema destra, anche a causa della decadenza del socialismo e del rifiuto della democrazia e dell’umanitarismo.

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Brzezinski: il Carl Schmitt americano e la sua idea di impero

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Brzezinski: il Carl Schmitt americano e la sua idea di impero

Ex: http://www.linterferenza.info 

Il teorico del liberal-imperialismo Zbigniew Brzezinski è stato il più importante ed insidioso teorico reazionario di tutta la seconda metà del XX secolo.

Brzezinski fu il vero ispiratore, creatore e finanziatore di Al Qaeda in funzione anti Urss; dietro il golpe neonazista in Ucraina e la destabilizzazione della Siria c’è sempre la sua lunga mano. Esponente del sionismo cosmopolita non ha mai accettato le avventure militariste di Israele; per lui lo Stato ‘’per soli ebrei’’ doveva limitarsi ad essere una portaerei degli Usa senza rallentare troppo il progetto imperialistico nord-americano che prevede la conquista dell’Eurasia. Per questa ragione gli Usa, con tutta probabilità, non avranno più uno stratega del suo calibro, i plutosionisti vanno dietro ad Israele ‘’come un mulo’’ senza guardare alla rapace borghesia statunitense tanto cara al cinico teorico polacco.

Per questo esperto (di destra) di geopolitica Russia e Cina, o meglio tutto il blocco capitalistico euroasiatico, doveva essere smembrato; l’arma per realizzare il progetto di ‘’tribalizzazione’’ era ( ed è ) il separatismo etnico e religioso. lIn cosa differisce la Dottrina Brzezinski dalla Dottrina Kissinger? Un articolo molto documentato, di qualche anno fa, pubblicato nel sito dello studioso Miguel Martinez, ce le illustra entrambe:

‘’Lo “scontro delle civiltà”, prima di essere un articolo o un libro, è un progetto che si colloca ben al di sopra di Huntington. è un vero e proprio “piano di guerra” messo a punto da un raggruppamento di potere tra le due sponde dell’Atlantico che fa capo all’Inghilterra. La sovraccoperta del libro mette in evidenza gli elogi di due esponenti di questo mondo: Henry Kissinger e Zbignew Brzezinski. Il primo promuove gli schemi geopolitici sin dalla sua tesi di laurea ad Harvard, «A World Restored» in cui elogiava la diplomazia dell’“equilibrio delle forze” che fu instaurata al Congresso di Vienna del 1815 dal ministro degli Esteri britannico lord Castlereagh e dal Cancelliere austriaco principe di Metternich. Dopo la laurea, negli anni Cinquanta, Kissinger si dedicò a costruire quella rete harvardiana nelle varie amministrazioni democratiche e repubblicane di cui oggi Huntington è una delle figure di primo piano. Huntington è stato addestrato a ripetere quello che diceva Kissinger. Un esempio è il suo articolo apparso sul numero di Survival di gennaio-febbraio 1991, quando Bush e la Thatcher scatenarono la guerra del Golfo. Su quella rivista del britannico International Institute for Strategic Studies (IISS) Huntington scriveva che la politica americana nei confronti dell’Eurasia deve avere come premessa le teorie geopolitiche di Mackinder e adottare lo stesso approccio seguito da lord Castlereagh al Congresso di Vienna del 1815.

Brzezinski, invece, quando nel 1976 divenne Consigliere di Sicurezza Nazionale sotto Jimmy Carter, sviluppò una sua teoria geopolitica chiamata “l’Arco di Crisi”. Calcolava che tutta l’ampia regione lungo il fianco meridionale dell’Unione Sovietica sarebbe stata percorsa da instabilità sempre più destabilizzanti (a causa del “fondamentalismo islamico” oppure di conflitti tribali e razziali), e che questo doveva essere geopoliticamente sfruttato come un’arma contro l’impero sovietico. Nel National Security Council diretto da Brzezinski l’incarico di direttore della pianificazione della sicurezza era affidato ad Huntington. Brzezinski e Huntington erano giunti nell’amministrazione Carter passando per la Commissione Trilaterale, un’organizzazione fondata e finanziata da David Rockefeller nel 1974. Nel 1975 Huntington aveva realizzato per la Trilaterale lo studio «The Crisis of Democracy» in cui sosteneva che il mantenimento delle democrazie rappresentative e delle istituzioni che hanno una base popolare non è più affatto facile e garantito in un’epoca in cui l’imposizione di misure di austerità “richiede” regimi post-democratici e non-democratici’’ 1

Nel 1996 Brzezinski fonda il Central Asia Institute presso la School of Advanced International Studies della John Hopkins University. I soldi per il progetto provenivano dalla Smith Richardson Foundation ed è la stessa centrale imperialistica che permise a Brzezinski di finanziare gli strateghi reazionari di Harward e Samuel Hungtinton, il teorico dello ‘’scontro di civiltà’’. Il potere di quest’uomo fu, a dir poco, enorme. Devo ricordare che Brzezinski ‘’è stato uno dei primi promotori della carriera di Madeleine Albright, attuale segretario di Stato USA ( l’articolo risale a qualche anno fa ), prima alla Columbia University poi, nel 1978, portandola con sé, insieme ad Huntington, nel Consiglio di Sicurezza Nazionale di Carter per affidarle l’incarico di collegamento con il Congresso USA’’. Brzezinski dichiarò che la democrazia capitalistica per funzionare ha bisogno dell’apatia delle masse; le elite, per tenere buono il ‘’popolino’’, devono ricorrere a quella che Platone chiamò la ‘’nobile menzogna’’ castrando le rivendicazioni di libertà e giustizia sociale. Il pensiero geopolitico sopra illustrato, invece, prende il nome di Arco della crisi e – come vedremo – verrà riproposto anche in Siria.

Il segretario del Partito comunista siriano Ammar Baghdash, lo scorso anno a Roma, ci ha parlato della strategia imperialistica Usa, la sua analisi – certamente di grande spessore – è stata puntualmente sintetizzata da Fabrizio Marchi nelle sue linee guida essenziali:

“A Partire dagli anni ’80 – ha spiegato Baghdash – è in corso un progetto di destabilizzazione di tutto il Medio oriente da parte degli USA di cui Brzezinski fu il principale ideologo. Questa “teoria” si fonda sull’idea che esiste un’ area, che va dall’Asia centrale fino alla Somalia che è di interesse strategico per gli USA. Nello stesso tempo però questa vasta area deve essere tenuta in uno stato di costante tensione. Tale progetto prevede la distruzione e la frammentazione degli stati nazionali in tante entità e “staterelli” su base etnica e confessionale. E’ così che sono state create “tre Somalie”, la stessa sorte è toccata all’Irak, la Jugoslavia è stata distrutta, l’Afghanistan è stato occupato e anche la Libia è stata aggredita e poi smembrata’’ 2

Questo non ha impedito a Brzezinski di consigliare ad Obama, nel 2009, in caso di aggressione imperialistica israeliana contro l’Iran, di ‘’colpire i jet israeliani’’ 3. Per questa mente diabolica i nemici erano Russia e Cina, gli Usa non potevano perdere tempo, armi e denaro dietro a Netanyahu. Il vero sionismo, secondo Brzezinski, è quello anglosassone, erede del colonialismo britannico; l’imperialismo di Tel Aviv può aspettare ( ma non aspetta ).

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Professore di Obama alla Columbia University, impegnato in tutto il mondo a diffondere il suo pensiero reazionario partendo da una prospettiva certamente superiore rispetto ai più ottusi sionisti, negli ultimi mesi sembrò avvicinarsi a Donald Trump. L’Europa non è più un insieme di Stati vassalli ma una alleata. Il marxista Michele Basso ci svela quest’ultimo inganno, l’ultimo tranello di Brzezinski, articolato, complesso e, come sempre, mai banale:

‘’Brzezinski ha cambiato il linguaggio, non chiama più gli europei vassalli, ha fatto passi avanti nell’ipocrisia, pur senza raggiungere i vertici di virtuosismo di Obama. Ma non ci caschiamo. Se B. meno di 20 anni fa ci chiamava vassalli, non è credibile se oggi ci chiama alleati. E, se leggiamo bene il suo progetto, sotto le espressioni più caute, si cela la vecchia arroganza imperiale. 


Il vecchio piano egemonico non è stato cestinato, ma solo aggiornato.
Brzezinski comincia con un tono biblico ed espone 5 verità: 
“”Mentre finisce la loro epoca di dominio globale, gli Stati Uniti devono prendere l’iniziativa per riallineare l’architettura del potere globale.” 


Pone cinque verità fondamentali:
La prima di queste verità è che gli Stati Uniti sono ancora l’entità politicamente, economicamente e militarmente più potente del mondo, ma, dati i complessi cambiamenti geopolitici negli equilibri regionali, non sono più la potenza imperiale globale.” (Towards a Global Realignment, Zbigniew Brzezinski, The American Interest) (1)
Non seguiremo B. sul Monte Sinai, ed esporremo in modo informale le sue posizione, con le critiche.


Sulla via del dominio USA, Brzezinski trova due ostacoli : la forza militare russa e la potenza economica cinese, per ora non ancora tradotta in potenza bellica. Una guerra mondiale sarebbe troppo pericolosa, e quindi bisogna addomesticare le due potenze, offrendo soluzioni, nell’ambito del consenso di Washington, mescolate a minacce. Non si tratta di trovare accordi tra grandi stati. Ad ognuna delle 2 potenze vengono fissati d’autorità un percorso e relative zone d’influenza. Quello di Brzezinski non è tanto un messaggio alla Russia e alla Cina, quanto piuttosto una traccia di programma per il governo degli Stati Uniti, un’indicazione su come conservare, sia pure in una forma diversa, l’egemonia mondiale’’ 4

L’imperialismo Usa ha devastato tre quarti della popolazione mondiale con guerre neocoloniali degne dei regimi nazifascisti; Brzezinski se ne va con i suoi libri, le sue ampie conoscenze geopolitiche, un’ abilità diplomatica senza pari e qualche milione di morti sulla coscienza. Fu russofobo, amico di Al Qaeda e degli speculatori senza scrupoli che spaccano la schiena ad intere nazioni ma – non possiamo negarlo – padroneggiava le strategie militari ed aveva una cultura sconfinata. Per dirla con Brecht, in altri tempi, a questo strano personaggio con gli occhi da lucertola, in tanti gli avrebbero riservato un buon muro e delle buone pallottole.

http://www.kelebekler.com/caimani/24.htm

http://www.linterferenza.info/esteri/fianco-del-popolo-si...

https://comedonchisciotte.org/brzezinski-obama-dovrebbe-a...

http://www.pane-rose.it/files/index.php?c3:o49221:m2

 

World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski

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World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski

by Neil Clark

Ex: https://www.rt.com

Neil Clark is a journalist, writer, broadcaster and blogger. He has written for many newspapers and magazines in the UK and other countries including The Guardian, Morning Star, Daily and Sunday Express, Mail on Sunday, Daily Mail, Daily Telegraph, New Statesman, The Spectator, The Week, and The American Conservative. He is a regular pundit on RT and has also appeared on BBC TV and radio, Sky News, Press TV and the Voice of Russia. He is the co-founder of the Campaign For Public Ownership @PublicOwnership. His award winning blog can be found at www.neilclark66.blogspot.com. He tweets on politics and world affairs @NeilClark66
 
How ironic that a major upsurge in violence in Afghanistan has coincided with the death of Zbigniew Brzezinski, the viscerally anti-Russian Cold War warrior and architect of the US policy of backing jihadists in the country to 'bleed' the Soviet Union.

On Saturday, the first day of Ramadan, 18 people were killed in a suicide blast close to a military base in Khost Province. Meanwhile, attacks by militants on the security forces in Badghis Province reportedly left 36 dead and many more wounded. On Friday, another blast killed ten civilians in Herat Province.

2017 has been a very bloody year for Afghanistan, with the UN Assistance Mission reporting more than 2,100 civilians were killed or injured between January and March.

None of this was mentioned when the establishment eulogies to Brzezinski started pouring in.

I was one of several presidents who benefited from his wisdom and counsel,” said Barack Obama.

Former Presidents George H.W. Bush and Jimmy Carter also paid generous tributes. But while our condolences go out to Brzezinski’s family and friends at this difficult time, any objective assessment of what ‘Zbig’ actually achieved as US National Security Advisor would have to conclude that his influence was disastrous not just for the people of Afghanistan, but for the world as a whole. Put simply; the world would now be a much safer place if Brzezinski had used his considerable intellectual skills in pursuits other than global politics.

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Zbig's obsession in the late 1970s was with giving the Soviet Union their own Vietnam. Appointed President Carter’s National Security Advisor in 1977 Brzezinski found himself at loggerheads with Secretary of State Cyrus Vance, a man of peace who genuinely wanted to strengthen detente with Moscow.

Brzezinski’s anti-Soviet strategy was two-fold. Firstly, to aggressively promote the issue of human rights, the so-called ‘third basket’ of the 1975 Helsinki Accords, as a means of destabilizing the eastern bloc.

Brzezinski recognized the political advantage to be had from the human rights issue, for it put pressure on the Soviet Union and rallied opposition to Moscow,” said Jeremy Isaacs and Taylor Downing in their book Cold War. But there was great hypocrisy at play here, as ‘Zbig’ was quite happy to work with governments whose human rights records were far worse than that of the Soviet Union’s to achieve his objectives.

The second strand of his strategy was to try to entice the Kremlin to send troops into Afghanistan.

To understand how Afghanistan became a new and crucial front in the Cold War we have to go back to the summer of 1973. King Mohammed Zahir Shah, who had governed the country since 1933, was deposed by his cousin Mohammed Daoud Khan with the help of Afghan communists. Daoud though continued his country’s non-aligned policy and liked to say by way of illustration that he was “ready to light his American cigarettes with Russian matches.

However, the government in Kabul was increasingly courted by the US and tempted with offers of aid. Daoud banned the communist People’s Democratic Party of Afghanistan and dismissed Soviet-trained army officers. The result was the so-called ‘Saur Revolution,’ which brought the pro-Soviet Nur Muhammad Taraki to power in April 1978.

The left-wing government initiated reforms of land ownership and encouraged women to join literacy classes alongside men,” record Isaacs and Downing.

Eurasian chessboard & total surveillance: 10 quotes by the late Zbigniew https://on.rt.com/8cvs 

Hardline Islamic clerics weren’t too happy and religious opposition to the left-wing government grew. Brzezinski saw a great opportunity to back the anti-government Mujahedeen or ‘Soldiers of God.' It’s a commonly held, but erroneous view, that the US only started to support the fundamentalist ‘rebels’ after the Soviet tanks had rolled into Kabul at Christmas 1979.

In fact, US financial assistance for anti-government forces had begun BEFORE the invasion- and was expressly designed to provoke a Soviet military response. In 1998 Brzezinski admitted that he had got President Carter to sign the first order for secret aid to ‘rebels’ in July 1979 a full five months before the Soviets intervened.

I wrote a note to the president in which I explained to him that in my opinion, this aid was going to induce a Soviet military intervention,” Brzezinski said. Even before that, US officials had been meeting with ‘rebel’ leaders. While in 1977 Zbig had set up the Nationalities Working Group - whose goal was to weaken the Soviet Union by stirring up ethnic and religious tensions.

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The Kremlin was faced with a terrible dilemma. It was damned if it did intervene to help the beleaguered Afghan government, and damned if it didn’t. There was a fear Islamic fundamentalism if prevailing in Afghanistan after the Islamic Revolution in Iran, could spread to the Soviet Union itself and on top of this NATO had agreed to site Pershing and Cruise missiles in Europe.

But still the Kremlin, perhaps suspecting a trap was being set for them, was reluctant to commit ground troops. Taraki pleaded with Moscow for more assistance and visited the Kremlin in September 1979. But not long afterward Taraki himself was toppled (and killed by suffocation with pillows) with his Prime Minister Hafizullah Amin, taking over as president. Moscow believed that Amin was getting ready to pivot toward the west.

The Kremlin finally decided to act, even though there was still opposition from within the Politburo. On 24th December 1979, Brzezinski got the Christmas present from ‘Santa’ Brezhnev that he had long wanted. “The day that the Soviets officially crossed the border, I wrote to President Carter, essentially: ‘We now have the opportunity of giving to the USSR its Vietnam War,'” he later admitted. Cyrus Vance urged a diplomatic solution, but unfortunately, Carter listened to Zbig. 

The national security advisor flew to Pakistan in early 1980 and posed, two years before the first Rambo film, for photographs holding a Chinese-made machine gun at the Khyber Pass. “Your cause is right, and God is on your side,” he told the assembled holy warriors.

Over the next decade, billions of dollars of aid and weaponry from the US and their allies poured in for the Islamist rebels, euphemistically labeled ‘freedom fighters.'

In 1982, Ronald Reagan even dedicated the Space Shuttle Columbia to the anti-government fighters.

The struggle of the Afghan people represents man’s highest aspiration for freedom,” the President declared

It wasn’t just Afghan ‘rebels’ who were fighting against the socialist government in Kabul. Encouraged and equipped by the US and their allies, between 25,000 and 80,000 fighters came in from other countries.

Hawks in Washington, following Brzezinski’s anti-Moscow lead, did all they could to prevent a diplomatic solution to the conflict. The aim, to use Zbig’s phrase, was to “make the Soviets bleed as much and as long as is possible.

Mikhail Gorbachev’s warnings about the dangers of Islamic fundamentalism and a hardliner takeover of Afghanistan having far-reaching global consequences went unheeded. The Taliban and Al-Qaeda grew out of the Mujahedeen and then many years later, the US led an invasion of Afghanistan to try and get rid of the Taliban. But the Taliban is still there (as is ISIS and Al-Qaeda) and has just launched a deadly new spring offensive.

Afghanistan has known nothing but war these last forty or so years and Brzezinski’s desire to give the Soviet Union “its Vietnam War” has an awful lot to do with it.

Not only that but his strategy of backing jihadists to destabilize and help bring down secular, socialistic governments friendly to the Soviet Union or Russia has been copied in other countries, such as Libya and Syria with such devastating consequences nationally and internationally.

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Not that the ‘great man’ showed any remorse for what he had done. Far from it. In 1998 he was asked: “Do you regret having supported Islamic fundamentalism, which has given arms and advice to future terrorists?” Brzezinski replied: “What was more important to the history of the world? The Taliban or the collapse of the Soviet empire? Some agitated Muslims or the liberation of Central Europe and the end of the Cold War?

When his interviewer then countered with “Some agitated Moslems”? But it has been said and repeated: Islamic fundamentalism represents a world menace today, Brzezinski’s response was to say ‘Nonsense.'

In 2008 when he was asked again about his Afghanistan policies Brzezinski saidI would not hesitate to do it again.” When we look back at the disagreements in 1979 and 1980 between Zbig and the more cautious Cyrus Vance, who labeled Brzezinski “evil” time has surely shown us who was right and who was wrong. If only Vance and not the too-clever-by-half academic had prevailed.

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The statements, views and opinions expressed in this column are solely those of the author and do not necessarily represent those of RT.

Fundamentos Filosóficos para a Nova Direita

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Fundamentos Filosóficos 

para a Nova Direita

por 

Autor: Robert Steuckers
Título: “Fundamentos Filosóficos para a Nova Direita
Nº páginas: 64
Formato: livro de bolso
ISBN: 978-1546616146
Preço: 5 €

A primeira questão que se deve colocar hoje a qualquer pessoa interessada pelo universo da Nova Direita (ND) na Europa é saber por que razão este movimento causou escândalo, suscitou tantas reacções negativas nos círculos do pensamento convencional? (…)”
 
“(…) Afirma um mundo, um relato (da história dos povos), diferente daquele que domina a cena política ou cultural. Ela vira as costas ao vício da crítica pela crítica, da crítica como instrumento para aperfeiçoar pequenas correcções marginais, de engenharia social, sem interpelação radical e global do que está decididamente estabelecido e sufoca, oprime e oblitera as potencialidades fecundas que não esperam mais que uma coisa: manifestar-se.”
 
Robert Steuckers (1956) é um teórico belga da Nova Direita, que tem em Friedrich Nietzsche, Julius Evola, Ernst Jünger e Jean Thiriart as suas principais influências e referências. Em 1973, com 17 anos, aderiu ao GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne), também denominado Nova Direita, um movimento intelectual de cariz europeísta e que tinha por objectivo rearmar ideologicamente a direita. Fundador da revista Orientations, em 1980, passa a colaborar na revista Nouvelle École, em 1981, a convite de Alain de Benoist. Em 1983, afasta-se do GRECE e funda o EROE (Études, recherches et orientations européennes), tendo como órgão de expressão a revista Vouloir.  Robert Steuckers é autor de uma vasta obra literária e tem colaborado no campo da formação ideológica com diversos organismos políticos.
 
Edição limitada e numerada à mão.

lundi, 29 mai 2017

The Real Story of Zbigniew Brzezinski That the Media Isn’t Telling

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The Real Story of Zbigniew Brzezinski That the Media Isn’t Telling 

by

(ANTIMEDIA) Zbigniew Brzezinski, former national security advisor to President Jimmy Carter, died Friday at a hospital in Virginia at the age of 89. Though the New York Times acknowledged that the former government advisor was a “hawkish strategic theorist,” misrepresenting his legacy as one of otherwise infinite positivity may not be as easy as the establishment might like to think.

As the United Kingdom plays around with levels of the so-called “terror threat” following a devastating attack by an ISIS-inspired individual — and as the Philippines goes into an almost complete state of martial law following ISIS-inspired destruction — Brzezinski’s timely death serves as a reminder to seek a deeper understanding of where modern terrorism originated in the first place.

As the New York Times explains, Brzezinski’s “rigid hatred of the Soviet Union” guided much of America’s foreign policy “for better or worse.” From the Times:

“He supported billions in military aid for Islamic militants fighting invading Soviet troops in Afghanistan. He tacitly encouraged China to continue backing the murderous regime of Pol Pot in Cambodia, lest the Soviet-backed Vietnamese take over that country.[emphasis added]

While it is progressive of the New York Times to note Brzezinski’s support for Islamic militants, downplaying the effect of his vindictive foreign policy agenda with a mere sentence does an injustice to the true horror behind Brzezinski’s policies.

Because a 1973 coup in Afghanistan had installed a new secular government that was leaning towards the Soviets, the U.S.  endeavored to undermine this new government by organizing multiple coup attempts through America’s lackey states, Pakistan and Iran (the latter was under the control of the U.S.-backed Shah at the time.) In July 1979, Brzezinski officially authorized aid to the mujahideen rebels in Afghanistan to be delivered through the CIA’s program “Operation Cyclone.”

Many people defend America’s decision to arm the mujahideen in Afghanistan because they believe it was necessary to defend the country and the wider region from Soviet aggression. However, Brzesinski’s own statements directly contradict this rationale. In a 1998 interview, Brzezinski admitted that in conducting this operation, the Carter administration had “knowingly increased the probability” that the Soviets would intervene militarily (suggesting they began arming the Islamist factions before the Soviets invaded, making the rationale redundant since there was no invasion Afghanistan freedom fighters needed to repel at the time). Brzezinski then stated:

Regret what? That secret operation was an excellent idea. It had the effect of drawing the Russians into the Afghan trap and you want me to regret it? The day that the Soviets officially crossed the border, I wrote to President Carter: We now have the opportunity of giving to the USSR its Vietnam war.”

This statement went further than merely boasting at the instigation of war and the ultimate collapse of the Soviet Union. In his memoir, entitled “From the Shadows,” Robert Gates — former CIA director under Ronald Reagan and George H.W. Bush and secretary of defense under both George W. Bush and Barack Obama — directly confirmed this covert operation began six months prior to the Soviet invasion with the actual intention of luring the Soviets into a Vietnam-style quagmire.

Brzezinski knew exactly what he was doing. The Soviets were then bogged down in Afghanistan for approximately ten years, fighting an endless supply of American-supplied weapons and trained fighters. At the time, the media even went so far as to laud Osama bin Laden — one of the most influential figures in Brzezinski’s covert operation. We all know how that story ended.

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Even with full knowledge of what his CIA-funded creation had become, in 1998 Brzezinski stated the following to his interviewers:

“What is most important to the history of the world? The Taliban or the collapse of the Soviet empire? Some stirred-up Moslems or the liberation of Central Europe and the end of the cold war?”

The interviewer at the time, refusing to allow this answer to pass, retorted:

“Some stirred-up Moslems? But it has been said and repeated: Islamic fundamentalism represents a world menace today.”

Brzezinski dismissed this statement outright, replying: “Nonsense!”

This occurred back when the journalists asked government officials pressing questions, a rare occurrence today.

Brzezinski’s support for these radical elements led directly to the formation of al-Qaeda, which literally translates to “the base,” as it was the base in which to launch the repulsion of the anticipated Soviet invasion. It also led to the creation of the Taliban, a deadly entity currently deadlocked in an endless battle with NATO forces.

Further, despite Brzezinski’s statements, which attempt to depict a lasting defeat of the Russian empire, the truth is that for Brzezinski, the cold war never ended. Though he was a critic of the 2003 invasion of Iraq, Brzezinski’s stranglehold over American foreign policy continued right up until his death.

It is no coincidence that in Syria, the Obama administration deployed an Afghanistan-quagmire-type strategy toward another Russian ally — Assad in Syria. A cable leaked by Wikileaks dated December 2006 — authored by William Roebuck, who was chargé d’affaires at the US embassy in Damascus at the time — stated:

“We believe Bashar’s weaknesses are in how he chooses to react to looming issues, both perceived and real, such as the conflict between economic reform steps (however limited) and entrenched, corrupt forces, the Kurdish question, and the potential threat to the regime from the increasing presence of transiting Islamist extremists. This cable summarizes our assessment of these vulnerabilities and suggests that there may be actions, statements, and signals that the USG can send that will improve the likelihood of such opportunities arising.” [emphasis added]

Much like Operation Cyclone, under Barack Obama, the CIA was spending approximately $1 billion a year training Syrian rebels (to engage in terrorist tactics, nonetheless). The majority of these rebels share ISIS’ core ideology and have the express aim of establishing Sharia law in Syria.

Just like in Afghanistan, the Syrian war formally drew in Russia in 2015, and Brzezinski’s legacy was kept alive through Obama’s direct warning to Russia’s Vladimir Putin that he was leading Russia into another Afghanistan-style quagmire.

So where might Obama have gotten this Brzezinski-authored playbook from, plunging Syria further into a horrifying six-year-long war that has, again, drawn in a major nuclear power in a conflict rife with war crimes and crimes against humanity?

The answer: from Brzezinski himself. According to Obama, Brzezinski is a personal mentor of his, an “outstanding friend” from whom he has learned immensely. In light of this knowledge, is it any surprise that we saw so many conflicts erupt out of nowhere during Obama’s presidency?

On  February 7, 2014, the BBC published a transcript of a bugged phone conversation between Assistant Secretary of State Victoria Nuland and the U.S. Ambassador to Ukraine, Geoffrey Pyatt. In that phone call, the representatives were discussing who they wanted to place in the Ukrainian government following a coup that ousted Russian-aligned president Viktor Yanukovych.

Lo and behold, Brzezinski himself advocated taking over Ukraine in his 1998 book, The Grand Chessboard, stating Ukraine was “a new and important space on the Eurasian chessboard…a geopolitical pivot because its very existence as an independent country (means) Russia ceases to be a Eurasian empire.” Brzezinski warned against allowing Russia to control Ukraine because “Russia automatically again regains the wherewithal to become a powerful imperial state, spanning Europe and Asia.”

Following Obama, Donald Trump came into office with a completely different mentality, willing to work with Russia and the Syrian government in combatting ISIS. Unsurprisingly, Brzezinski did not support Trump’s bid for the presidency and believed Trump’s foreign policy ideas lacked coherence.

All that being said, just last year Brzezinski appeared to have changed his stance on global affairs and instead began to advocate a “global realignment” — a redistribution of global power — in light of the fact that the U.S. is no longer the global imperial power it once was. However, he still seemed to indicate that without America’s global leadership role, the result would be “global chaos,” so it seemed unlikely his change in perception was rooted in any actual meaningful change on the geopolitical chessboard.

Further, the CIA’s very existence relies on the idea of a Russian threat, as has been evidenced by the agency’s complete assault on the Trump administration whenever it appears détente is possible with the former Soviet Union.

Brzezinski died safely in a hospital bed, unlike the millions of displaced and murdered civilians who were pawns in Brzezinski’s twisted, geopolitical chess games of blood and lunacy. His legacy is one of militant jihadism, the formation of al-Qaeda, the most devastating attack on U.S. soil by a foreign entity in our recent history, and the complete denigration of Russia as an everlasting adversary with which peace cannot — and should not — ever be attained.

Des missionnaires aux mercenaires

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Aurélie Piau. — « Le Sacré Pouvoir d’H A », 2011
aurelie-piau.blogspot.fr

C’est au sein du programme « Young Leaders » de la French-American Foundation que le nouveau premier ministre, Édouard Philippe, a rencontré Emmanuel Macron en 2012, comme le raconte l’un de ses adjoints à la mairie du Havre à Ouest France (15 mai). Après avoir été directeur des affaires publiques d’Areva au moment où l’entreprise concluait d’étranges affaires en Afrique, le nouveau locataire de Matignon participait, comme le président, au séminaire de deux ans organisé depuis 1981 par la fondation privée, où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge.

Des missionnaires aux mercenaires

Quel fil peut bien relier les ministres ou anciens ministres Emmanuel Macron, Fleur Pellerin et Najat Vallaud-Belkacem, la présidente du conseil régional d’Île-de-France Valérie Pécresse, les journalistes Jean-Marie Colombani et Christine Ockrent, l’homme d’affaires Alain Minc, le banquier Matthieu Pigasse (l’un des propriétaires du Monde SA) ou encore l’ancien premier ministre Alain Juppé ? Tous ont effectué un passage par la French-American Foundation dans le cadre de son programme « Young Leaders ». Tout comme cinq cents autres personnalités françaises, parmi lesquelles le président François Hollande lui-même.

Depuis 1981, cette fondation privée organise des séminaires de deux ans où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge. Officiellement, l’objectif est de favoriser le dialogue franco-américain. En réalité, il s’agit de bien faire comprendre aux futurs décideurs français — entrepreneurs, responsables politiques, journalistes — les bienfaits de la mondialisation à l’anglo-saxonne. Certes, on constatera ultérieurement que, ici ou là, l’opération de séduction a échoué (avec M. Nicolas Dupont-Aignan, par exemple). Mais, dans l’ensemble, ces jeunes gens effectueront une brillante carrière au sein des structures de pouvoir et dans les affaires. Des personnalités qui ne feront pas dans l’antiaméricanisme…

Ce programme est révélateur de la stratégie d’influence des États-Unis. Celle-ci s’exerce de manière encore plus spectaculaire à travers le pantouflage des élites, notamment européennes, dans de grandes entreprises américaines. Dernier exemple en date — ô combien symbolique : la décision de M. José Manuel Barroso de rejoindre la banque Goldman Sachs. L’ancien président de la Commission européenne va mettre son expérience et son carnet d’adresses — où figurent notamment tous les dirigeants politiques de l’Union — au service de ce prestigieux établissement… qui a participé au maquillage des comptes de la Grèce pour lui faire intégrer l’euro.

M. Barroso n’est pas le seul commissaire à se reconvertir dans des fonctions lucratives : ce fut le cas récemment de Mme Neelie Kroes (Bank of America) et de M. Karel De Gucht, négociateur et thuriféraire du grand marché transatlantique (CVC Partners). M. Mario Draghi est, quant à lui, directement passé de Goldman Sachs à la présidence de la Banque d’Italie, puis à celle de la Banque centrale européenne (BCE) (1).

Ces allers-retours entre public et privé relèvent de pratiques courantes aux États-Unis. Sous la présidence de M. William Clinton, les instigateurs de l’abrogation — réclamée par Wall Street — du Glass-Steagall Act de 1933, qui séparait banques de dépôt et banques d’affaires, se sont facilement reconvertis dans de grands établissements financiers. Le big business sait récompenser ceux qui l’ont bien servi. À la tête de la Réserve fédérale (FED) de 2006 à 2014, M. Ben Bernanke a favorisé la création monétaire au profit des acteurs financiers en déversant 8 000 milliards de dollars dans l’économie au nom du sauvetage des banques. En 2015, il a intégré Citadel, l’un des principaux fonds d’investissement du pays. La même année, M. Timothy Geithner, l’un des protégés de M. Clinton, ancien secrétaire au Trésor de M. Barack Obama, a rejoint Warburg Pincus, un grand fonds d’investissement.

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Le monde des affaires sait aussi miser sur ceux qui, demain, pourront faire prévaloir ses intérêts, lui ouvrir les portes des administrations, relayer son discours. Aux États-Unis, bien sûr, mais aussi dans le reste du monde. Cette stratégie permet de rendre désuet le recours aux pots-de-vin et autres enveloppes. Plus besoin de corrompre ! Fini aussi le chantage direct, les menaces, pour obtenir un marché ou des renseignements. On fait désormais dans le soft power, le lobbying.

Le coup d’envoi en France de cette stratégie de l’influence, que d’aucuns pourraient qualifier de trafic d’influence, a été donné en 1986 lorsque Simon Nora, figure tutélaire et emblématique de la haute administration, a intégré à 65 ans la banque d’affaires Shearson Lehman Brothers, devenue par la suite Lehman Brothers. Au cours de la décennie 1990, la mondialisation a accéléré le pantouflage. Désormais, les grands établissements financiers américains, qui veulent pénétrer le marché français et européen, font leurs emplettes au sein de l’élite hexagonale. Toute une génération d’énarques et d’inspecteurs des finances approche de l’âge de la retraite. Leur salaire en tant que hauts fonctionnaires, dirigeants de banques hier nationalisées ou de grandes entreprises, pour être correct, n’avait cependant rien à voir avec ceux pratiqués outre-Atlantique. Banques et fonds d’investissement leur font miroiter la perspective de gagner en quelques années autant que durant toute leur carrière passée. Tentant ! D’autant qu’ils éprouvent le sentiment d’aller dans le sens de l’histoire.

C’est ainsi qu’en 1989 Jacques Mayoux, lorsqu’il était fonctionnaire, président de la Société générale, est devenu le représentant de Goldman Sachs à Paris. Il a été suivi de beaucoup d’autres. À commencer par M. Philippe Lagayette, ancien directeur de cabinet de M. Jacques Delors lorsqu’il était ministre de l’économie, des finances et du budget, ancien directeur général de la Caisse des dépôts, qui rejoignit JP Morgan en 1998. Les énarques dits « de gauche » ne sont pas les derniers à succomber aux sirènes de ce capitalisme de connivence. Ces personnalités sont choisies et touchent de confortables honoraires pour ouvrir les portes et pour faciliter les fusions et les rachats d’entreprises françaises que lanceront les banques.

Au fil des ans, des centaines de sociétés sont passées de main en main par le biais d’achats à effet de levier (leverage buy-out ou LBO). Chaque fois, les banques d’affaires touchent une commission, leurs dirigeants français ayant bien mérité leurs émoluments. Peu importe, finalement, que la France se désindustrialise, que les salariés soient licenciés pour accroître le rendement du capital, que les déficits commerciaux se creusent. L’essentiel n’est-il pas de saisir la vague de cette finance triomphante ? Hier, ou plutôt avant-hier, les fonctionnaires issus des grands corps de l’État — s’ils pantouflaient déja — s’estimaient investis d’une mission : ils servaient la nation. À partir des années 1990, les mentalités changent. La mondialisation a transformé les missionnaires en mercenaires. Le capitalisme débridé a remplacé le capitalisme d’État.

Ce mouvement s’est amplifié au fil des ans. En 2004, M. Charles de Croisset, ancien président du Crédit commercial de France (CCF), a marché dans les traces de Mayoux en devenant conseiller international chez Goldman Sachs et vice-président de Goldman Sachs Europe. Les branches françaises des cinq grandes banques d’investissement américaines sont toutes dirigées par un énarque (2). M. Jean-François Cirelli, ex-dirigeant de Gaz de France et d’Engie, ancien membre du cabinet du président Jacques Chirac, vient de rejoindre la filiale pour la France et le Benelux de BlackRock. Peu connu du grand public, ce fonds est le premier gestionnaire d’actifs du monde (5 000 milliards de dollars).

Tout aussi symbolique est le parcours de Mme Clara Gaymard. Cette énarque, épouse de M. Hervé Gaymard, ministre de M. Chirac, avait été nommée en 2003 déléguée aux investissements internationaux. De quoi étoffer son carnet d’adresses, l’un des plus fournis de l’énarchie. En 2006, General Electric (GE) lui proposa de prendre la tête de son antenne France, puis la vice-présidence de GE International, l’entité chargée des grands comptes et des relations avec le gouvernement. Elle a servi d’intermédiaire lors du rachat par GE de la division énergie d’Alstom, au printemps 2014. Une fois l’opération achevée, le président du groupe, M. Jeffrey R. Immelt, s’est séparé d’elle brusquement, mais, soyons-en sûrs, avec de bonnes compensations. Pendant dix ans, Mme Gaymard a été l’un des relais essentiels de l’influence américaine en France : membre de la Trilatérale (3), présidente de la Chambre américaine de commerce, membre du conseil d’administration de la French-American Foundation.

Proposer de belles fins de carrière aux seniors, miser sur quelques personnages-clés dans le Tout-Paris médiatico-politique, investir dans de jeunes cadres prometteurs : tels sont les axes de ce soft power qui s’exerce aux quatre coins de la planète. Cet investissement dans la jeunesse se retrouve dans le cas d’Alstom : à la demande du gouvernement français, GE a promis de créer 1 000 emplois nets en France sur trois ans. Mais le groupe s’est au passage engagé à recruter 240 jeunes de haut niveau à la sortie des grandes écoles pour ses « programmes de leadership ». Ces derniers se verront proposer une carrière accélérée chez GE, aux États-Unis et dans le reste du monde. Une opération fort habile de captation des cerveaux ; une manière aussi de vider un peu plus la France de ses forces vives.

Car l’expatriation des capitaux s’accompagne désormais d’un exode des jeunes diplômés vers les États-Unis, mais aussi vers Londres, Singapour ou ailleurs. Ce sont bien souvent les enfants de cette nouvelle caste de managers mercenaires, les relations des parents aidant à leur trouver des postes intéressants dans les multinationales. Dans ce monde globalisé, les élites françaises ont adopté les mêmes comportements et les mêmes ambitions que leurs homologues américaines.

Jean-Michel Quatrepoint

Journaliste ; auteur notamment d’Alstom, scandale d’État, Fayard, Paris, 2015. 

(1) Lire Vicky Cann, « De si confortables pantoufles bruxelloises », Le Monde diplomatique, septembre 2015.

(2) Cf. Jean-Pierre Robin, « Créer son fonds d’investissement, ainsi font font font les petites marionnettes », Le Figaro, Paris, 17 octobre 2016.

(3) Créée en 1973 par M. David Rockefeller, la Commission trilatérale a pour but de resserrer les liens entre les États-Unis, l’Europe et le Japon. Lire Diana Johnstone, « Une stratégie “trilatérale” », Le Monde diplomatique, novembre 1976.

Article mis à jour le 20 janvier 2017 : Jacques Mayoux n’est pas le père de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).