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vendredi, 25 octobre 2013

Le Grand Marché Transatlantique contre notre liberté

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Le Grand Marché Transatlantique contre notre liberté

par Claude BOURRINET

 

La « crise » précipite les choses, aux deux sens du verbe : accélère leur cours, et les révèle, comme dans un tube à essai où se mélangent divers liquides. Ce qui semblait presque une vue de l’esprit il y a quelques lustres, et augures improbables dignes de Cassandre, devient redoutablement concret. Il fallait le temps que certains nœuds se défassent, que des résistances faiblissent, qu’une génération disparaisse. Les esprits n’étaient pas encore mûrs, expliquent les progressistes. Les temps sont désormais consommés, et la parousie est imminente.

 

La ruine et le terrorisme, les chantages à la guerre et à la misère, l’invocation de la nécessité du marché, comme jadis on expliquait les hécatombes humaines par les dieux ou le destin, pèsent comme un couvercle sur l’esprit des peuples. Les fieffés coquins nous mènent savent par le bout du nez, les partis 1 et 2, en maestros du mensonge, de la perfidie et du mépris, en tricheurs maniant avec dextérité leurs cartes, embobinent les masses, et les mènent à leur perte.

 

Après le putsch budgétaire européen de l’an dernier, et le basculement vers le fédéralisme ultralibéral, c’est la fusion des parties occidentales et orientales de l’Atlantique Nord qui est projetée. L’absorption de l’Europe par les États-Unis est proche, elle est pour demain, pour 2014 ou 2015. Les échéances sont fixées : dans deux ans, nous auront achevé notre temps, notre destin, notre existence, et nous n’aurons plus aucun pouvoir sur notre avenir.

 

Comme toujours, l’Union européenne et les États-Unis ont manigancé leur coup par-dessus les peuples. Sans qu’ils en aient été avisés, et qu’on leur ait donné la parole, on leur annoncera bientôt une libéralisation quasi totale des échanges commerciaux et financiers, et une harmonisation complète des politiques judiciaires et sécuritaires. On agitera comme il faut la presse propagandiste, on ne prendra pas le risque du référendum, les parlements voteront comme un seul traître, et l’affaire sera pliée.

 

Le coup est pourtant préparé de longue date. Mais en catimini. En 2004, en effet, le P.D.G. d’Unilever, président européen du Transatlantic Business Dialogue (T.A.B.D.) et son homologue américain, P.D.G. d’U.P.S., rencontraient à Dublin les présidents Bush, Prodi et le Premier ministre irlandais dont le pays assumait la présidence tournante de l’Union européenne. Il fut question de lever les « obstacles à l’intégration » dans le domaine du commerce, des investissements et de la réglementation.

 

Dans un autre domaine, la bonne volonté collaboratrice des bureaucrates de Bruxelles avait été jusqu’à échanger avec les services américains de sécurité les données sur les passagers empruntant les lignes transatlantiques. Sans réciprocité, bien sûr.

 

Le projet bloquait néanmoins, notamment au niveau des biotechnologies, des problèmes environnementaux et de ceux liés à la consommation, les normes américaines de protection et de qualité étant, comme l’on sait, très laxistes (commerce et lobbies obligent). La pression des associations et des protestataires alternatifs ont sans doute eu quelque effet sur l’opinion. Les résurgences d’une guerre commerciale plus ou moins ouverte avec les U.S.A., notamment au sujet de l’acier, mettaient aussi un frein au projet.

 

Mais les commissaires mondialistes Erkki Liikanen et Pascal Lamy veillaient, aidés efficacement par Elmar Brok, député européen chrétien démocrate allemand qui présidait la Commission des Affaires étrangères du Parlement. Tout ce beau monde agit par le truchement plus ou moins occulte, mais bien pourvu financièrement, du Réseau politique transatlantique (T.P.N.), un « groupe de réflexion » qui rassemblait en 2004 plus de quatre-vingt parlementaires européens et environ quarante-cinq membres du Congrès ainsi que trente-cinq entreprises géantes dont A.B.B., Daimler Chrysler, B.P., Nestlé, U.P.S., I.B.M., Boeing, Microsoft, Philips et Unilever.

 

À son tour, le mai 2008, le Parlement européen a prévu pour 2015 la création d’un grand marché transatlantique, avec , de facto, dans la plupart des secteurs, l’application du droit états-unien.

 

L’objectif est bien sûr économique, et obéit à la pensée unique ultralibérale qui domine actuellement, aux dépens des peuples. Mais il est évident que l’idéologie atlantiste des responsables politiques européens y trouve sa place, l’Union européenne s’étant systématiquement alignée sur la ligne de la diplomatie étrangère américaine, en l’appuyant et en participant, via l’O.T.A.N., à ses aventures guerrières.

 

L’intégration de la France au commandement intégré de l’Organisation de l’Atlantique Nord a fait sauter tous les obstacles. Le prestige français, animé par l’esprit d’indépendance gaullien, n’est plus qu’un souvenir. Pour paraphraser Tacite, comme le Sénat romain, l’élite de notre pays, comme du reste l’oligarchie de l’Europe occidentale, suivie par la partie abusée du peuple, se rue vers la servitude.

 

À terme, c’est une plus grande symbiose entre les politiques et les législations américaines et européennes qui va être à l’œuvre. Mais l’on ne voit pas pourquoi et comment l’hyper-puissance yankee n’imposerait pas ses normes et ses usages, dans la « protection » de l’environnement et des consommateurs, dans le domaine de la santé, au sujet du problème très sensible des O.G.M., , de la législation sur les produits chimiques. Tout cela se traduira inévitablement par une régression, à la grande satisfaction de ceux qui tentent, avec une obstination remarquable, de déréguler tous ces secteurs, sans trop de succès jusqu’à maintenant. Il est assuré que le Traité transatlantique va leur donner le sésame pour ouvrir toutes les portes, d’autant plus que ces combinaisons sont ficelées sans contrôle démocratique.

 

Ce traité achève donc la perte de la souveraineté de l’Europe, qui, pour autant, n’en a eu que dans l’étroite marge que lui laissait la puissance américaine. Celle des vingt-sept nations européennes a pris fin l’an dernier, par le Traité d’équilibre budgétaire européen. Or, les lois qui régissent les relations internationales sont comme celles de la nature, nonobstant l’inévitable hypocrisie inhérente à l’espèce humaine. Le plus fort impose sa volonté, que l’on essaiera d’incarner, par exemple, par l’usage obligatoire de l’anglais comme langue maternelle.

 

Parallèlement, la création d’un espace commun de contrôle des populations, d’une aire de coopération transatlantique en matière de « liberté de sécurité et de justice » est prévue d’ici 2014, surtout au profit de l’ultra-sécuritaire État américain, obsédé par le terrorisme et encouragé par le Military Commissions Act de 2006, qui permet de poursuivre toute personne quelle qu’elle soit, y compris non américaine, considérée comme ennemi, « combattant illégal ».

 

L’étape suivante sera la réalisation d’un pouvoir exécutif, qui sera institué dans les dix ans, et qui usera comme il l’entend de la force judiciaire, policière et militaire. Les peuples devront se plier. Et comme le processus de domestication ne s’effectuera pas sans réactions, il est probable que des révoltes auront lieu, sans doute violentes, avec des réponses répressives adéquates. Une ère de dictature s’annonce.

 

Nous sommes, nous, Français, Européens, à un tournant de notre histoire. Sera-t-il dit que nous ne savions pas, et que, quand il sera trop tard, nous n’ayons d’autre choix qu’entre la servitude et la mort ?

 

Claude Bourrinet

 

• D’abord mis en ligne sur Vox N.-R., le 2 février 2013.

 


 

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Conversations with History: Robert Fisk

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jeudi, 24 octobre 2013

Rendre l'Europe aux Européens

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Conversations with History: Howard Zinn

Conversations with History: Howard Zinn

Le temps des guerres non conventionnelles

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Le temps des guerres non conventionnelles

par Georges FELTIN-TRACOL

Les guerres de la Révolution et de l’Empire de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe achèvent la « guerre en dentelles » et bouleverse la réflexion stratégique européenne. De ces grandes transformations sort un abondant corpus théorique avec les écrits de Clausewitz et de Jomini. Les états-majors tant d’Europe qu’Amérique (pensons aux généraux de la Guerre U.S. de Sécession ou aux officiers chiliens de la Guerre du Pacifique contre le Pérou et la Bolivie) y puisent les moyens de remporter une victoire éclatante.
 
La guerre s’organise de manière dite conventionnelle avec l’affrontement de deux armées sans atteindre les non-combattants. Or, dès le commencement du XXe siècle, la nature du conflit évolue du fait de l’implication croissante des populations civiles et du surgissement de la « guerre totale », mobilisatrice de tout le potentiel économique, financier, humain des États belligérants. Les deux guerres mondiales confirment la montée technique aux extrêmes. Après 1945, la menace de l’arme nucléaire fige les protagonistes dans un équilibre de la terreur qui favorise des conflits locaux de basse ou de moyenne intensité (Corée, Viêtnam, Afghanistan). En dépit de la multiplication des théâtres d’opération, les militaires des deux blocs formulent toujours leurs prévisions – offensives et défensives – dans un schéma conventionnel de chocs entre armées utilisant, le cas échéant, des armements nucléaires tactiques, chimiques et/ou bactériologiques.
 
La fin de la « Guerre froide » remet en cause toutes ces considérations et l’Occident, après avoir parié (et perdu) sur les « dividendes de la paix », se lance dans des opérations extérieures pour lesquelles les critères habituels de la guerre conventionnelle deviennent au mieux inopérants, au pis facteurs certains de défaite.
 
Installées en Lorraine, les éditions Le Polémarque publient deux essais qui remettent en cause le conservatisme des stratèges occidentaux. Le lieutenant français Pierre-Marie Léoutre explique Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres. Quant à l’universitaire suisse Bernard Wicht, il s’interroge sur l’avenir incertain du continent européen avec le risque de déboucher sur Une nouvelle Guerre de Trente Ans ?.
 
Malgré des centres d’intérêt différents, ces deux ouvrages présentent d’indéniables convergences, à savoir la mutation en cours de l’art de la guerre. Certes, le livre de Pierre-Marie Léoutre est plus concret, plus tactique, plus optimiste aussi alors que l’essai de Bernard Wicht, plus pessimiste, se veut d’abord une réflexion philosophique.

Penser les guerres asymétriques
 
Pierre-Marie Léoutre entame sa réflexion à partir du bilan désastreux des interventions occidentales en Afghanistan et en Irak. Il constate que « l’arme nucléaire, si elle est efficace dans son rôle de dissuasion contre les États, apparaît inutile contre des organisations terroristes ou des mouvements de guérilla sans réelle assise territoriale (p. 11) ». La forme conventionnelle de la guerre restée au face-à-face de deux armées a été d’urgence remplacée dans les montagnes du Pamir et de l’Hindou Kouch et en Mésopotamie par de nouveaux types de conflits appelés « asymétriques » qui « mettent en exergue une des difficultés du mode de pensée occidental : il n’est plus possible dans certains cas de l’emporter par un choc décisif, car l’adversaire l’évite (p. 17) ». Ce nouveau genre de guerre rend les armées occidentales très fragiles d’autant qu’« un autre élément particulièrement visible du modèle occidental de la guerre est la recherche de la supériorité technologique (p. 23) », ce que les guérillas n’ont pas. En outre, les sévères restrictions budgétaires font que les armées occidentales ne disposent plus d’unités complètement autonomes, ce qui accroît leur handicap.
 
Non préparées aux terrains irakien et afghan, les forces occidentales ne pourraient qu’échouer, elles qui « s’entraînèrent […] pendant cinquante ans à une guerre qui n’eut pas lieu et ne risquait guère d’advenir… et elles allèrent, hors de cette Europe qui monopolisait toutes les attentions mais était totalement gelée, de défaite en défaite car “ non adaptées ” aux guerres non conventionnelles qu’elles menaient sur le reste de la planète (p. 42) ». Préfigurations de l’Afghanistan et de l’Irak, ces défaites cinglantes s’appellent l’Indochine, l’Algérie, le Viêtnam. L’auteur aurait pu y ajouter les guerres africaines du Portugal. loin de réadapter le format des armées au lendemain de la fin de la Guerre froide, les responsables militaires ont gardé de vieux schémas en accordant une plus grande attention aux « Forces Spéciales (F.S.) [qui] sont devenues une véritable obsession des états-majors occidentaux (p. 29) ». Mais leur emploi dans une guerre asymétrique se doit d’être ponctuel. Les F.S. ne peuvent pallier les déficiences matérielles et morales des autres troupes. Elles n’arriveront jamais à vaincre les partisans de la « petite guerre », car leur logique ne correspond pas à celle de l’ennemi. Pour Pierre-Marie Léoutre, « l’objectif d’une guérilla au XXIe siècle n’est […] plus de libérer le pays uniquement par les armes. L’objectif actuel est de parvenir à l’abdication du pouvoir loyaliste (p. 49) ». Malgré leur professionnalisme, leur vaillance et leur abnégation, les unités spéciales n’arrêteront jamais une guérilla qui se fond dans la population. Cette dernière est son « biotope » qui lui sert à la fois de refuge, de centre de recrutement, de milieu de renseignement et de source de financement. L’appui qu’elle lui procure peut être contraint par la terreur ou volontaire grâce à une « contagion idéologique », fruit d’un long travail d’encadrement psychologique de masse. Toute guérilla véritable s’organise autour de structures militaires souples et une O.P.A. (organisation politico-administrative) en prise sur la société. Dans le monde musulman, « l’O.P.A. a un avatar : il s’agit des personnes qui soutiennent activement la rébellion en lui fournissant des renseignements, des caches, des notables qui poussent la population civile à aider les djihadistes, à les cacher, de djihadistes qui habitent tel ou tel village et servent de contact pour les bandes en maraude, les informant, les guidant, leur indiquant les représailles à effectuer pour s’assurer la collaboration, bien souvent forcée, des habitants de la zone (p. 57) ».
 
Paul-Marie Léoutre rapporte l’embarras des militaires occidentaux face à des situations singulières. Pourtant, ce ne devrait pas être une nouveauté pour eux. Leurs prédécesseurs avaient trouvé une réponse appropriée à cet enjeu : « La guerre révolutionnaire encore appelée guerre subversive ou guerre psychologique (p. 11). » Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres évoque explicitement des praticiens, souvent français, de cette forme spécifique de lutte : le général Jacques Hogard (1918 – 1999) et les colonels Charles Lacheroy (1906 – 2005) et Roger Trinquier (1908 – 1986). On ignore en effet que « la France dispose […] si ce n’est d’un savoir-faire, du moins d’une expérience particulièrement intéressante de la guerre révolutionnaire et de l’arme psychologique. Elle doit pouvoir s’appuyer sur celle-ci pour relever les nouveaux défis du monde actuel (pp. 43 – 44) ».
 
Il ne s’agit surtout pas de répéter la guerre d’Algérie, mais de s’en inspirer. La guerre psychologique implique une grande flexibilité au sein de l’armée. Or, depuis quelques années, elle s’ouvre au monde marchand et en adopte les règles. L’auteur observe qu’« en voulant faire du combattant un professionnel avant tout, en livrant le monde militaire aux méthodes entrepreneuriales, on a, finalement, ouvert le marché (p. 77) », d’où le rôle croissant des S.M.P. (sociétés militaires privées) qui méconnaissent le plus souvent le b.a.-ba de la contre-guérilla…
 
L’Occident a beau mené, avec l’intégration de ses systèmes d’armes, d’information et de communication, une « guerre en réseau », il se révèle incapable de gagner une guerre subversive. S’imposerait une remise en cause des décisions prises. Déjà, partant des cas afghan et irakien et de la valorisation des unités spéciales qui « ont un entraînement plus poussé, jamais sacrifié à des tâches indues, et plus spécifique que les autres unités des forces armées occidentales. Leurs crédits sont bien plus élevés. Les F.S. disposent donc d’une polyvalence extrême et d’une importante capacité au combat interarmes et interarmées. À l’opposé, les forces “ régulières ” n’ont plus l’habitude de travailler avec toute la gamme des outils militaires (p. 30) », Pierre-Marie Léoutre estime que « la guerre subversive oblige l’armée à s’adapter en modifiant profondément sa structure interne (p. 60) ».

Les nouvelles formes de guérilla
 
Il suggère par conséquent la constitution d’une armée à deux niveaux opérationnels. D’une part, des unités mobiles, si possible héliportées, qui pourchassent les guérilleros. De l’autre, des unités territoriales ou de secteur qui amalgament Occidentaux et autochtones et dont le rôle n’est pas que militaire : il est aussi caritatif, sanitaire et éducatif. Les liens noués avec la population par ces soldats parlant la langue locale et fins connaisseurs des coutumes favorisent le contact, puis la récolte de renseignements et, au final, la réussite de la contre-guérilla. Cette mise en œuvre exige aussi de rendre les frontières imperméables à la logistique de la guérilla afin d’étouffer les maquis. Si « dans la lutte contre-insurrectionnelle, le renseignement joue un rôle crucial (p. 67) », l’auteur jongle avec les échelles et remarque que « la société du XXe siècle est celle de l’information et l’information est une des armes de la guerre psychologique (p. 86) ». C’est un point déterminant de sa réflexion. « La redécouverte de la doctrine de la guerre révolutionnaire doit également permettre de se réapproprier l’arme psychologique : elle est nécessaire à toute victoire puisqu’elle conditionne l’efficacité de toute opération militaire au niveau des esprits (p. 99). »
 
Pierre-Marie Léoutre évoque à cette occasion la nécessité de maîtriser l’opinion publique et mentionne la portée subversive des célèbres « révolutions de couleur » préparées via les médiats de masse par quelques officines perturbatrices d’outre-Atlantique (Open Society Institute de George Soros, International Republican Institute ou National Endowment for Democracy, U.S.Aid aussi, etc.). À côté de la terre, de la mer, de l’air, de l’espace et du cyberespace, un sixième champ théorique d’affrontement s’offre aux stratèges militaires : le contrôle de la population et de ses représentations. Citant Gustave Le Bon, Serge Tchakhotine ou Jacques Ellul, il pense que la nouvelle guerre psychologique est tout autant contre-insurrectionnelle que médiatique. Elle suppose toutefois au préalable que l’État qui l’utilise ait la volonté de réaliser ses objectifs. Mais la structure stato-nationale est-elle toujours pertinente ?
 
Bernard Wicht pose cette question implicite dans son bref essai. Il constate d’abord « la faillite au XXe siècle du système interétatique européen, source jusque-là de compétition et d’émulation à la base du dynamisme de l’Occident (p. 13) ». Ce nouveau contexte peut susciter des troubles internes, voire des guerres. Mais, rassure-t-il, « une Troisième Guerre mondiale semble peu probable, les États européens n’en ayant plus les capacités ni économiques ni militaires. Pour faire court, les armées d’Europe occidentale ne sont plus aujourd’hui que des échantillonnages d’unités relativement disparates, essentiellement orientées vers les missions de maintien de la paix à l’extérieur et manquant généralement de la chaîne logistique nécessaire à des opérations de longue durée (p. 9) ». Cela ne l’empêche pas d’examiner la macro-histoire et de remarquer que « l’hypothèse d’une guerre en Europe a été abandonnée avec la fin de la Guerre froide (p. 7) ». Néanmoins, « nos sociétés sont devenues très complexes, et que les sociétés complexes sont fragiles, que les sociétés fragiles sont instables et que les sociétés instables sont imprévisibles ! (pp. 21 – 22) ». Il craint par conséquent que le naufrage de la zone euro engendre des désordres dans toute l’Europe qui plongerait dès lors dans un long chaos comme le fut pour la Mitteleuropa et le monde germanique la Guerre de Trente Ans (1618 – 1648).

L’Europe en phase instable
 
mad-max.jpgLe raisonnement de Bernard Wicht repose sur une probabilité économique : la fin de la monnaie unique. « La crise de la zone euro est sans doute le chant du cygne de la Modernité occidentale, l’U.E. représentant l’ultime avatar de la construction étatique moderne avec sa bureaucratie supra-étatique et son centralisme à l’échelle continentale. Et dans l’immédiat, la crise devrait encore renforcer ce centralisme bureaucratique; la Commission s’est fait donner le mandat (certes temporairement limité) d’un contrôle économique des États membres. Ceci signifie un renforcement considérable du pouvoir supra-étatique de l’U.E. Mais paradoxalement, ce renforcement représente probablement l’épilogue de l’histoire de l’État moderne, le dernier acte d’une pièce qui s’est jouée pendant environ 500 ans, le dernier coup d’éclat d’un institution sur le déclin (p. 27). » L’affirmation de ce despotisme technocratique provoquerait certainement de vives résistances nationales, populaires et sociales, aboutissant par des tentatives armées de sécession. Les gouvernants ont dès à présent envisagé ce scénario en prévoyant dans le traité de Lisbonne une Eurogendfor (European Gendarmerie Force), une police militaire européenne composée de détachements français, italiens, néerlandais, portugais, espagnols et roumains, destinée à intervenir dans un État-membre en cas de grandes instabilités intérieures. On peut aussi imaginer que le maintien de l’« ordre » marchand s’exercerait aussi grâce aux S.M.P. On assiste au grand retour sur le vieux continent des condottiere sous la forme de contractors. Bernard Wicht souligne que la place de Londres, haut-lieu thalassocratique, héberge la plupart de ces entreprises régulièrement payées en prestations versées par d’autres compagnies appartenant à la même holding
 
La séparation armée de pans entiers de l’Europe déboucheraient-elles sur une guerre généralisée et le renversement des États inaptes à garantir la sûreté des populations civiles ? L’auteur le pense. Assez optimiste sur ce point, il espère qu’« une nouvelle Guerre de Trente Ans jouerait le rôle de sas de décompression d’une Europe post-moderne, bureaucratique et supra-étatique vers un nouveau Moyen Âge global […] (p. 31). » Afin d’appuyer sa thèse, il fait référence à une histoire peu connue en France liée à ce long conflit, la « Guerre de Dix Ans (1634 – 1644) » qui ravagea la Franche-Comté alors possession des Habsbourg d’Espagne.

Vers l’auto-gestion armée ?
 
La présence de « grandes compagnies de routiers » brigands, les raids incessants et l’incapacité des institutions franc-comtoises à protéger les civils obligèrent le peuple à s’armer, à se donner des chefs et à combattre ! « Deux priorités semblent cependant guider l’ensemble de ces mesures : protéger la population des pillages et des exactions, harceler l’adversaire à chaque fois que possible (p. 44). » Ce conflit local au sein de la grande guerre européenne ne présente aucune facture conventionnelle, ni même la marque d’une quelconque guerre asymétrique. « Il s’agit ainsi d’une guerre sans front, se déroulant sur l’ensemble du pays en même temps (forçant le défenseur à constituer des réduits et des sanctuaires), mêlant étroitement jusqu’à la confusion des genres combattants et population (les chefs de bande devenant avec le temps des chefs politiques), mettant en œuvre à la fois les procédés de la guerre classique (sièges, batailles), la terreur, le massacre de civils, la destruction des récoltes, le tout conjugué à ces armes de destruction massive que sont alors la peste et la famine (p. 36). » Cette configuration propre aux guerres civiles a frappé le Liban entre 1975 et 1990 et frappe, à l’heure actuelle, la Syrie où des territoires en guerre cohabitent avec des havres pacifiés ou en paix.
 
En citoyen helvète, Bernard Wicht ne croit pas en l’avenir de l’armée professionnelle, ni en sa pérennité, y compris si disparaissaient les autorités officielles. Il souscrit en revanche au citoyen en arme qui défend son espace de vie à côté de ses voisins. Il juge surtout indispensable de « réussir à réduire la complexité de nos formes d’organisation, parvenir à se recomposer en fonction des besoins de l’autodéfense et de la survie, se réarmer pour finalement se libérer (p. 47) ». désireux de développer cette nouvelle considération, Bernard Wicht évoque la T.A.Z. (zone autonome temporaire) théorisée par l’anarchiste Hakim Bey. Or la T.A.Z. correspond parfaitement aux modalités du monde ultra-moderne, à sa fluidité et à sa fugacité. On ne construit pas du solide sur des actions éphémères. Il faut rapprocher les intentions de Bernard Wicht de la notion de B.A.D. (base autonome durable) qui a l’avantage de cumuler une « conception de la liberté (de contournement plutôt que de confrontation), d’un tel état d’esprit (le salut vient des marges), de telles attitudes (agir dans la marge d’erreur du système) et associations d’idées (créer la culture, laisser faire le travail) que pourrait naître l’élément dynamique de la nouvelle donne stratégique, c’est-à-dire une volonté de découvrir de “ nouveaux territoires ”, d’agir par soi-même hors des appareils complexes et des modèles dominants (pp. 53 – 54) ».
 
Si Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres contredit Une nouvelle Guerre de Trente Ans ?, ces deux livres n’en sont pas moins complémentaires. Le second imagine une situation désordonnée complexe surtout si les conseils du premier n’ont pas été assimilés, ce qui pourrait entraîner la déflagration des régimes en place. De la sophistication technologique, l’art de la guerre deviendra-t-il bientôt rudimentaire, psychologique et populaire ? On peut soit le redouter, soit l’espérer…

Georges Feltin-Tracol
 
• Pierre-Marie Léoutre, Comment l’Occident pourrait gagner ses guerres, Le Polémarque, Nancy, 2013, 123 p., 10 €.
• Bernard Wicht, Une nouvelle Guerre de Trente Ans ? Réflexions et hypothèse sur la crise actuelle, Le Polémarque, Nancy, 2013, 57 p., 8 €.

 


 

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L'échec de la transition énergétique

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L'EUROPE RETIRE LA PRISE DE SON FUTUR VERT
 
L'échec de la transition énergétique

Benny Peiser*
Ex: http://metamag.fr
 
Tandis que les uns après les autres chaque pays abandonne, restreint ou renonce à ses généreuses subventions aux énergies renouvelables, l'Europe commence à se rendre compte que sa stratégie sur les énergies vertes est sur le point d'échouer. Les rêves verts cèdent la place aux dures réalités économiques.

Lentement mais progressivement, l'Europe prend conscience qu'elle fait face à une crise de l'énergie verte et à une débâcle économique et politique qu'elle s'est totalement infligée.

Les médias traditionnels, qui habituellement encouragent les énergies renouvelables avec enthousiasme, commencent à dégriser. De plus en plus de fissures commencent à apparaître. De nombreux journaux reviennent à leur rôle de quatrième pouvoir en exposant les pièges du pari de l'Europe sur l'énergie verte et ouvrent leurs pages à des analyses approfondies et aux débats. Aujourd'hui, les médias européens sont remplis de nouvelles et de commentaires sur les problèmes d'une stratégie mal conçue qui est de plus en plus fragile et source de discorde.

Une étude menée par British relations publiques conseil CCGroup a analysé 138 articles sur les énergies renouvelables publiés en juillet l'année dernière dans les cinq plus grands journaux britanniques nationaux: The Sun, The Times, The Daily Telegraph, Daily Mail et le Daily Mirror, dont l'édition quotidienne combinée est d'environ 6,5 millions d'exemplaires.

"L'analyse a révélé un certain nombre de tendances sur les nouvelles énergies renouvelables», selon l'étude. «Tout d'abord, la confiance des médias envers l'industrie des énergies renouvelables est faible. Plus de 51 pour cent des 138 articles analysés étaient négatifs ou très négatifs envers cette industrie." Plus de 80 pour cent des articles sont parus dans les titres grand format tels que The Times, le Daily Telegraph et le Daily Mail, indique le rapport, "mais 55 pour cent de ces articles étaient soit négatifs ou très négatifs sur cette industrie".

Les États membres de l'UE ont dépensé environ 600 Mds€ sur des projets d'énergie renouvelable depuis 2005, selon Bloomberg New Energy Finance. La transition vers l'énergie verte de l'Allemagne à elle seule pourrait coûter aux consommateurs jusqu'à 1000 milliards d'euros (1000 Mds€) en 2030, a récemment averti le gouvernement allemand.

Ces centaines de milliards sont payés par les familles ordinaires et les petites et moyennes entreprises dans ce qui est sans doute l'un des plus gros transferts de richesse des pauvres vers les riches dans l'histoire récente de l'Europe. La hausse des factures d'énergie freine les dépenses des consommateurs, un développement toxique pour un continent aux prises avec une crise économique et financière grave.

L'association allemande de consommateurs d'énergie estime que jusqu'à 800.000 Allemands ont eu l'électricité coupée parce qu'ils ne pouvaient pas payer la hausse des factures d'électricité du pays. Parmi eux, le journal allemand Der Spiegel, en Octobre dernier, a recensé 200.000 chômeurs de longue durée.

Comme le rédacteur Charles Lane du Washington Post l'observait à l'époque: "C'est une chose de perdre son emploi parce qu'une entreprise concurrente a construit un meilleur matériel, c'en est une autre, injuste, de le perdre parce qu'un concurrent a mis le gouvernement de son côté."

L'Espagne est un exemple particulièrement édifiant. En omettant de contrôler le coût des subventions garanties, le pays doit faire face à 126 Md€ d'obligations envers les investisseurs des énergies renouvelables. Maintenant que le gouvernement espagnol a considérablement réduit ces subventions, même rétrospectivement, et plus de 50.000 entrepreneurs solaires font face à un désastre financier et à la faillite.

Toutefois, l'Allemagne est le pays qui a poussé le plus loin les énergies renouvelables et qui se bat le plus avec les dégâts involontaires de la transition énergétique vers l'énergie verte, nommée Energiewende. Les prélèvements pour les énergies renouvelables en l'Allemagne, qui subventionnent la production d'énergie verte, sont passées de 14 Md€ à 20 Md€ en un an en raison de l'expansion à marche forcée des projets éoliens et solaires. Depuis l'introduction de la taxe en 2000, la facture d'électricité des consommateurs allemands a doublé.

Les ménages allemands vont payer une surtaxe sur les énergies renouvelables de 7,2 milliards € pour cette seule année. En outre, les consommateurs seront affectés par les coûts indirects parce que l'industrie et le commerce incluent leurs coûts énergétiques en hausse dans le prix des produits. Et parce que les subventions à l'énergie verte sont garanties pendant 20 ans, les coûts risquent d'augmenter beaucoup plus que les prévisions établies par les modèles. La précarité énergétique est en hausse et les politiques d'énergies renouvelables doivent faire face à une réaction du public de plus en plus opposée. 

L'Allemagne a l'électricité la plus chère d'Europe, avec un prix moyen de 26,8 centimes d'euro par kilowattheure. Pas étonnant que la chancelière Angela Merkel a averti que l'expansion rapide des programmes d'énergie verte affaiblit l'avantage compétitif de l'Allemagne dans l'économie mondiale.

L'Union Européenne recule aussi sur les énergies renouvelables, dont les dirigeants reconnaissent aujourd'hui qu'elles ont augmenté les prix de l'énergie à travers le continent. Lors de leur sommet à Bruxelles en mai dernier, les dirigeants ont indiqué qu'ils avaient l'intention de donner la priorité à la question de l'énergie abordable sur la réduction des gaz à effet de serre.

Le sommet de l'UE a annoncé que l'Europe avait l'intention de restaurer sa compétitivité en déclin en soutenant le développement des énergies pas chères, y compris le gaz de schiste, tout en réduisant les subventions à l'énergie verte. Toutefois, les ministres européens de l'Environnement sont alarmés à cette perspective de marche arrière. Ils veulent empêcher le développement des gaz de schiste de l'UE en essayant d'introduire des barrières environnementales à l'échelle européenne.

Jusqu'à récemment, l'Europe s'était positionnée comme le leader mondial dans la protection du climat et des énergies renouvelables, l'Allemagne en tête, avec des objectifs ambitieux et des subventions généreuses qui ont stimulé l'énergie solaire et l'énergie éolienne. Plus de la moitié des panneaux solaires dans le monde sont installés en Allemagne. Le 6 juin 2013, la production d'énergie solaire de l'Allemagne a touché un nouveau record de 23,4 gigawatts, soit près de 40 pour cent de la totalité de la demande de pointe en électricité du pays. Mais pour comprendre que ce record est tout à fait dénué de sens, il faut considérer une période de l'hiver dernier. Pendant plusieurs semaines en décembre et janvier, 1,1 million de systèmes d'énergie solaire de l'Allemagne n'ont presque pas produit d'électricité. Pendant une grande partie de ces mois d'hiver couverts de nuages, les panneaux solaires ont quasiment cessé de produire de l'électricité. Pour éviter les pannes, les opérateurs du réseau ont dû importer de l'énergie nucléaire de France et de la République tchèque et ils ont dû remettre en route une vieille centrale électrique au fuel en Autriche.

Pour arrêter le boom solaire, le gouvernement a réduit les tarifs de rachat pour les panneaux photovoltaïques dans les dernières années. Depuis 2010, cependant, plus de 5000 entreprises impliquées dans le secteur solaire ont fermé leurs portes, détruisant des dizaines de milliers d'emplois verts.

Les plus grandes entreprises allemandes, telles que Siemens et Bosch, abandonnent cette industrie aussi. Leurs stratégies d'énergies renouvelables ont entraîné des débâcles coûteuses. Siemens, la plus grande société d'ingénierie de l'Europe, a annoncé en juin qu'elle allait fermer la totalité de sa division solaire, avec une perte d'environ un Md€. Le mois dernier, le conseil d'administration de Siemens a limogé son PDG, Peter Löscher. Son naufrage spectaculaire est à replacer dans le contexte  d'investissements désastreux menés dans le secteur de l'énergie verte. Pour Bosch, un autre géant allemand, son positionnement dans le solaire a aussi abouti à un désastre qui a coûté environ 2,4 Md€, encore plus que Siemens. Maintenant, l'Allemagne prévoit de supprimer progressivement totalement les subventions, et son industrie solaire est susceptible de disparaître d'ici la fin de la décennie.

La plupart des observateurs étaient convaincus il y a deux ans que l'écart dans le domaine de l'énergie causé par la décision de l'Allemagne de sortir du nucléaire serait compensé par le vent et l'énergie solaire. Presque personne ne s'est rendu compte que le boom extraordinaire dans la construction des énergies renouvelables pourrait engendrer un boom du charbon aussi.

En fait, les émissions allemandes de CO2 ont augmenté pendant deux années consécutives tandis que le charbon connaît une renaissance. Mais les émissions de CO2 dans l'UE dans son ensemble sont susceptibles d'augmenter en raison de l'augmentation de la combustion du charbon dans les centrales électriques. La révélation a embarrassé le gouvernement allemand et le public ébahi, qui ne comprennent pas comment une nation qui a soutenu les énergies renouvelables plus que tout autre pays constate sur son sol la construction de 20 centrales électriques au charbon. Dans une grande partie de l'Europe, le charbon est devenu beaucoup moins cher que le gaz naturel pour les producteurs d'électricité. La raison en est l'effondrement du système d'échange d'émissions de l'UE et la baisse des prix du carbone, ce qui rend les centrales à charbon plus économiques que les centrales au gaz.

Jusqu'ici le système d'échange d'émissions de l'Europe a coûté aux consommateurs plus de 300 Mds€. Des quantités massives d'investissements verts prévus à l'origine sur la base d'un prix élevé du carbone ont été mis en veilleuse et ne sont plus réalisables. Il ne fait guère de doute que la politique climatique phare de l'Europe s'est transformée en un échec total. Dans une évaluation réaliste de l'évolution politique de l'Europe, l'Agence internationale de l'énergie a récemment noté que «le changement climatique est franchement passé au second plan des priorités politiques".

De toutes les conséquences  de la "Energiewende" en Allemagne, la plus extraordinaire est peut-être l'effet néfaste du vent et des systèmes solaires sur le prix de l'électricité produite par le gaz naturel. Près de 20 pour cent des centrales à gaz en Allemagne sont devenues non rentables et doivent être fermées tandis que les énergies renouvelables inondent le réseau avec de l'électricité "préférentielle" (dont l'achat à prix élevé a été rendu obligatoire par la loi). Pour éviter les pannes d'électricité, le gouvernement a dû subventionner le gaz non rentable et les centrales à charbon afin qu'ils puissent être utilisés en soutien lorsque le soleil ne brille pas, que le vent ne souffle pas et que les énergies renouvelables ne parviennent pas à générer suffisamment d'électricité.

Le désordre oblige les producteurs a examiner des solutions encore plus radicales. E.ON, la plus grande société énergétique de l'Allemagne, envisage de démanteler certaines de ses centrales à gaz en Europe, mises en veilleuse parce qu'elles ne sont plus rentables, pour les relocaliser à l'extérieur de l'UE. Ces considérations burlesques deviennent symptomatiques des conséquences imprévues causées par l'expansion rapide des énergies renouvelables.

L'hypothèse naïve des décideurs croyant que les principaux concurrents de l'Europe suivraient la transition des combustibles fossiles bon marché vers l'énergie verte coûteuse ne s'est pas matérialisée. Le Washington Post a récemment mis en garde : "L'Europe est devenu un cas désespéré d'énergie verte. Au lieu d'un modèle pour le monde à imiter, l'Europe est devenue un modèle de ce qu'il ne faut pas faire."

La stratégie de l'Europe a été fondée sur deux craintes : premièrement, que le réchauffement climatique était une menace urgente qui devait être empêchée rapidement et à tout prix, et, deuxièmement, que le monde était à court de combustibles fossiles, ce qui signifiait que le pétrole et le gaz deviendraient de plus en plus coûteux. Les deux conjectures, cependant, se sont avérées fausses.

Le résultat d'un pari basé sur la peur de l'avenir industriel du continent est un désastre coûteux qui menace de saper la situation économique et politique de l'Europe dans un monde qui manifestement refuse de suivre son exemple.

La stratégie de l'énergie verte de l'Allemagne est susceptible de changer de manière significative après les résultats des élections fédérales du 22 Septembre. A. Merkel a promis aux électeurs, durant sa campagne, de réduire considérablement la charge de 20 Mds€ qu'ils doivent payer chaque année aux investisseurs dans les énergies renouvelables.

Sur la transition énergétique, l’Allemagne imposera-t-elle son modèle à l’Europe ?

Dugin und Heidegger

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Dugin und Heidegger

von David Beetschen

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Alexander Dugins „Vierte politische Theorie“ sorgte für kontroverse Debatten. Um den Kern seiner propagierten authentischen Existenz zu erfassen, muss man sich mit Heideggers Seinsfrage auseinandersetzen.

Treffend hat Markus Willinger in seinem Artikel über „Dugins Alternative“ erwähnt, dass der Kern der Theorie nicht klar herausgeschält wird. Insbesondere umschreibt er nicht genau die Basis, auf der das Subjekt der vierten politischen Theorie gründet.

Das Sammelbecken der antiliberalen Strömungen

Die vierte politische Theorie ist als Sammelbecken konzipiert für alle Menschen, die sich gegen Globalisierung und Amerikanismus wenden, der als Leitkultur fungiert. Um dies zu verwirklichen, versucht diese Theorie die Kräfte zu bündeln, also die Menschen, die sich für die zweite und dritte politische Theorie einsetzen, wie auch für alle anderen antiliberalen Strömungen.

Dies bedeutet aber nicht, dass die vierte politische Theorie ein Synkretismus der ersten drei darstellt, oder lediglich eine gegenaufklärerische Bewegung. Die vierte politische Theorie darf nicht mit einer der anderen verwechselt werden, insbesondere nicht mit der zweiten oder dritten.

Die Theorie schält die positiven Aspekte der anderen drei Theorien heraus: beim Liberalismus die „Freiheit“, dahingehend, dass man keine Tyrannei will. Bei der zweiten den Aspekt der Solidarität und bei der dritten die von Rassismus, Chauvinismus und Xenophobie befreite Idee des Ethnos. Ein wichtiger Punkt ist, dass Dugin selbst dazu aufruft, antifaschistische und antikommunistische Ressentiments beiseite zu legen, da diese nichts anderes seien als Instrumente in den Händen der Liberalen.

Das Subjekt der vierten politischen Theorie

Die vierte politische Theorie hat als neues politisches Subjekt nach dem Individuum, der Klasse, der Rasse und dem Staat eine Heideggersche Kategorie erhalten. Hierzu soll der Terminus „Dasein“ genutzt werden, der von Heidegger in seiner Fundamentalontologie anstelle von „Mensch“ gebraucht wird, um sich von der traditionellen Philosophie und ihren Vorurteilen abzugrenzen.

So soll „Dasein“ der Philosophie die Möglichkeit bieten, an die unmittelbaren Lebenserfahrungen des Einzelnen anzuknüpfen. Um sich insbesondere von Kants Erkenntnistheorie abzugrenzen, ging Heidegger nicht von einem „erkennenden Subjekt“ aus, sondern von einem „verstehenden Dasein“.

Nach der Definition von „Dasein“ soll hier nun nicht die ganze Fundamentalontologie Heideggers ausgebreitet, sondern direkt das aufgegriffen werden, was für die vierte politische Theorie wichtig ist und dies ist Heideggers „Man“. Dieses „Man“ bildet den Lebenshintergrund des Daseins, in allen kulturellen, gesellschaftlichen und geschichtlichen Aspekten, in die das „Dasein“ durch die „Geworfenheit“ eingebettet ist.

„Dasein“ und „eigentliches Sein“

Dieser Lebenshintergrund in Form der Kultur gibt dem Menschen gewisse Möglichkeiten, die er ohne sie nicht hätte. Jedoch kann die Kultur das Denken und Handeln des Daseins vorbestimmen, ohne dass ihm dies wirklich bewusst wird, wodurch es bestimmten Verhaltensmustern und Weltanschauungen ausgesetzt ist. Heidegger nannte diese Situation des Ausgeliefertseins „uneigentliche Existenz“.

Diesen Zustand konstatiert Heidegger als Ausgangspunkt, in welchen der durchschnittliche Mensch hineingeboren wird. Die Vorherbestimmung der kulturellen und gesellschaftlichen Verhaltensangebote nimmt dem „Dasein“ sein „eigentliches Sein“ weg. Wer ihm das wegnimmt, sind „die Anderen“, wobei hier keine spezifische Person gemeint ist, sondern das „Dasein“ in seiner Alltäglichkeit als „Man“.

Folgender Satz soll die Idee dahinter vergegenwärtigen: „Wir genießen und vergnügen uns, wie man genießt; wir lesen, sehen und urteilen über Literatur und Kunst, wie man urteilt; wir ziehen uns aber auch vom ‚großen Haufen‘ zurück, wie man sich zurückzieht.“ Diese Überlegungen brachten Heidegger dazu, folgenden radikalen Schluss zu ziehen: „Jeder ist der Andere und Keiner er selbst.“

Möglichkeit des authentischen Lebens

Als Gegenkonzept zur Fremdbestimmung des Daseins führt Heidegger das „eigentliche Selbstsein“ ins Feld, das eine „existenzielle“ Modifikation des „Man“ sei. Hierfür stellt er dem „Man“ die „Jemeinigkeit“ (dies ist jenseits von ich und wir) entgegen, wobei er nach einem möglichen Weg für ein authentisches Leben sucht, dem Weg vom „eigentlichen Selbst-​sein-​können“.

Um diesen Weg zu finden, macht Heidegger eine Analyse des Verhaltens des Daseins in Bezug auf seine Existenzialien. Diese umriss er bei einer phänomenologischen Analyse des Daseins, um dessen Struktur und Verhalten geistig zu begegnen. So sind nach ihm die Existenzialien des Daseins:

  1. Die „Geworfenheit“ – der Mensch ist in sein kulturelles Überlieferungsgeschehen hineingeworfen;
  2. Der „Entwurf“ – Das Dasein versteht die Welt, ergreift Möglichkeiten darin oder ergreift sie nicht;
  3. Die Verfallenheit an die Welt – Das Dasein ist „bei“ den Gegenständen und Personen, die ihm als unmittelbarer Orientierungspunkt dienen.

Durch die Verbindung dieser drei Punkte in einer Einheit erkennt Heidegger das „Sein von Dasein“ und definiert es als „Sich-vorweg-schon-sein-in-(der-Welt) als Sein-​bei (innerweltlich begegnendem Seienden)“. Nun definiert Heidegger, daraus ableitend, die Possibilitäten, die sich als eigentliche Existenz erweisen und kommt dabei auf zwei verschiedene Lösungen, die in Bezug auf seine Zeitlehre stehen. Hierfür ist ein anderer Terminus sehr wichtig, die „Sorge“, was die Heideggersche Abkürzung für das „Sein des Daseins“ ist.

Die Bestimmung des Daseins

Diese Sorge hat jedoch weder mit der Besorgnis etwas zu tun, noch mit der Sorglosigkeit, sondern ist eine Seinsweise des Menschen, die primär im praktischen Umgang mit seiner Umwelt liegt, worauf er auch eine theoretische Erfassung derselben vornehmen kann, aber nicht bloß im erkennenden Anschauen derselben endet.

Heidegger versucht nun, die Bestimmung des Daseins als ein „Sein zum Tode“ hin genauer zu betrachten. Er kommt dabei zum Schluss, dass die Zeitlichkeit des Daseins ihm erst die Möglichkeit biete, sich auf den Tod hin einzustellen, wobei er schlussendlich subsumiert: „Zeitlichkeit ist der Sinn der Sorge.“ Diesen Sinn findet er in drei Ekstasen, die er in Bezug auf die „Sorge“ ordnet:

  1. Schon-​sein-​in-​der-​Welt“ = Gewesenheit;
  2. Sein-​bei“ = Gegenwart;
  3. Sich-​vorweg-​sein“ = Zukunft.

Hiermit wurde nun die Basis gelegt, um das „eigentliche Selbst-​sein-​können“ zu finden und auf die beiden Lösungen zu stoßen, die Heidegger so darstellte:

  1. Die erste Möglichkeit liegt in der zeitlichen Ekstase des Zukünftigen, auf das sich das „Dasein“ hin „entwirft“, durch die Ausrichtung des Lebens auf von ihm selbst geprüfte und als erstrebenswert erachtete Interessen.
  2. Die zweite Möglichkeit fußt auf der zeitlichen Ekstase der „Gewesenheit“, wobei sich das „Dasein“ seine Idole in der Vergangenheit sucht und die vergangene Möglichkeit des „eigentlichen Selbst-​sein-​können“ nicht nachmacht, sondern wiederholt, worin nun die Chance für das gegenwärtige Dasein liegt, selber das „eigentliche Selbst-​sein-​können“ auszuleben.

Die Fremdbestimmung des Daseins überwinden

An diesem Punkte setzt die vierte politische Theorie ein, die genau darum besorgt ist, dass dem Menschen die Möglichkeit bleibt, das „eigentliche Selbst-​sein-​können“ zu entfalten, indem der Mensch die Taten der gewesenen „Helden“ wiederholen kann. Um die Worte Dugins zu benutzen, steht die vierte politische Theorie für „Dasein“ ein, um ihm die Chance auf eine authentische Existenz zu gewähren, um die letzten Überbleibsel zu retten, „which makes man an existential being.“

Aus diesen Betrachtungen leitet sich ab, dass die Welt multipolar werden muss und die unipolare Hegemonie des Amerikanismus abschütteln sollte. Ja, sie muss die Kultur der „Fremdbestimmung des Daseins“ überwinden, wenn sie die „connection to the roots of …being“ wiederfinden will. Hier erscheint auch wieder die Vision Eurasien, wenn die Forderung nach dem Schmittschen „Großraum“ auftaucht. In diesen Großräumen könnten sich die Kulturen souverän selbständig organisieren, verteilt auf die Kontinente, fern aber von jedem Imperialismus.

Der Feind ist der Liberalismus, nicht eine andere traditionelle Kultur

Auch die Religionen, insbesondere in Form der Schule der Integralen Tradition, spielen eine essentielle Rolle für die Theorie, da auf der Grundlage der „inneren Einheit der Religionen“ eine Basis für ein inner– und außereurasisches Verständnis für die anderen Glaubensgemeinschaften gelegt wird. Es gibt keine Feindschaft mit Juden oder Moslems, sondern der Liberalismus wird als gemeinsamer Gegenspieler aufgefasst, der die Kulturen bedroht. Dies ist sicher ein wesentlicher Unterschied zu den identitären Blöcken, die gerne offen gegen den Islam auftreten.

Die vierte politische Theorie ist nicht als Dogma aufzufassen, sondern als eine Einladung Dugins an die oben genannten Gruppen, sich in der Bewegung einzufinden und konstruktive Kritik daran zu üben. So ist Dugins Buch The Fourth Political Theory nicht die Konzeption eines abgeschlossenen Systems, sondern ein Stein des Anstoßes, eine Frage, die Dugin gekonnt in den Raum stellt.

Anm. d. Red.: Alexander Geljewitsch Dugin wurde am 7. Januar 1962 in Moskau als Sohn eines sowjetischen Drei-​Sterne-​Generals und einer Ärztin geboren. Er spricht neun Sprachen, besitzt einen Doktortitel in Geschichts– und einen in Politikwissenschaft, ist verheiratet, hat zwei Kinder und gehört den Altorthodoxen an. Als Professor besitzt er einen Lehrstuhl für die Soziologie der internationalen Beziehungen an der Moskauer Staatsuniversität und fungiert seit längerer Zeit als Berater Putins in geopolitischen Fragen.

Beispiele bestehender Gruppierungen, die sich auf Dugins Theorie beziehen: Global Revolutionary Alliance, New Resistance, Eurasian Youth Union, International Eurasian Movement, Journal of Eurasian affairs, Eurasian Artists Association.

mercredi, 23 octobre 2013

Bernard Lugan présente son livre "Printemps arabes, histoire d'une illusion"


Bernard Lugan présente son livre

"Printemps arabes, histoire d'une illusion"

Herbert Marcuse and the Tolerance of Repression

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Herbert Marcuse and the Tolerance of Repression 1

by Keith Preston

Ex: http://www.attackthesystem.com

“I am not bound to defend liberal notions of tolerance.” –Left-wing anarchist activist to the author

The rise of the New Left is typically considered to have its origins in the student rebellions of the late 1960s and early 1970s when the war in Vietnam was at its height and cultural transformation was taking place in Western countries with dizzying rapidity. Yet scholars have long recognized that the intellectual roots of the New Left were created several decades earlier through the efforts of the thinkers associated with the Institute for Social Research (commonly known as the “Frankfurt School”) to reconsider the essence of Marxist theory following the failure of the working classes of Western Europe to produce a socialist revolution as orthodox Marxism had predicted.

The support shown for their respective national states by the European working classes, and indeed by the Socialist parties of Europe themselves, during the Great War which had broken out in 1914 had generated a crisis of faith for Marxist theoreticians. Marx had taught that the working classes had no country of their own and that the natural loyalties of the workers were not to their nations but to their socioeconomic class and its material interests. Marxism predicted a class revolution that would transcend national and cultural boundaries and regarded such concepts as national identity and cultural traditions as nothing more than hollow concepts generated by the broader ideological superstructure of capitalism (and feudalism before it) that served to legitimize the established mode of production. Yet the patriotic fervor shown by the workers during the war, the failure of the workers to carry out a class revolution even after the collapse of capitalism during the interwar era, and the rise of fascism during the same period all indicated that something was amiss concerning Marxist orthodoxy. The thinkers of the Frankfurt School sought to reconsider Marxism in light of these events without jettisoning the core precepts of Marxism, such as its critique of the political economy of capitalism, alienation, and the material basis of ideological hegemony.

The Institute attracted many genuine and interesting scholars some of whom were luminaries of the unique and fascinating German intellectual culture of the era of the Weimar Republic. Among these were Max Horkheimer, Theodor Adorno, Otto Kirchheimer, Franz Neumann, and Erich Fromm. But the thinker associated with the Institute who would ultimately have the greatest influence was the philosopher and political theorist Herbert Marcuse (1898-1979). The reach of Marcuse’s influence is indicated by the fact that during the student uprisings in France during 1968, which very nearly toppled the regime of Charles De Gaulle, graffiti would appear on public buildings with the slogan: “Marx, Mao, Marcuse.” Arguably, there was no intellectual who had a greater impact on the development of the New Left than Marcuse.

When the Nazis came to power in 1933, Marcuse and other members of the Frankfurt School immigrated to the United States and reestablished the Institute at Columbia University in New York City. Marcuse became a United States citizen in 1940 and during World War Two was employed by the Office of War Information, Office of Strategic Services (the forerunner to the Central Intelligence Agency), and the U.S. Department of State. Throughout the 1950s and 1960s, Marcuse was a professor of political theory at Columbia, Harvard, Brandeis, and the University of California at San Diego. During his time in academia, Marcuse continued the efforts to revise Marxism in light of the conditions of an industrially advanced mid-twentieth century society. One of his most influential works was an effort to synthesize Marx and Freud, Eros and Civilization, published in 1955, and One Dimensional Man, a critique of the consumer culture of the postwar era and the integration of the traditional working classes into the consumer culture generated by capitalism. Both of these works became major texts for the student activists of the New Left.

Because of his legacy as an intellectual godfather of the New Left and the radical social movements of the 1960s and 1970s generally, Marcuse is not surprisingly a rather polarizing figure in contemporary intellectual discourse regarding those fields where his thinking has gained tremendous influence. Much of the curriculum of the humanities departments in Western universities is essentially derived from the thought of Marcuse and his contemporaries, particularly in sociology, anthropology, gender studies, ethnic studies, and studies of sexuality, but also in history, psychology, and literature. It is quite certain that if Marcuse and his fellow scholars from the Frankfurt School, such as Adorno and Horkheimer, were still alive today they would no doubt be regarded as god-like figures by contemporary leftist academics and students. From the other end of the political spectrum, many partisans of the political right, traditionalists, religious fundamentalists, nationalists, and social conservatives regard Marcuse as the personification of evil. Because the legacy of Marcuse’s work is so controversial and polarizing, it is important to develop a rational understanding of what his most influential ideas actually were.

Although he remained a Marxist until his death, Marcuse was never an apologist for the totalitarian regimes that had emerged in Communist countries. Indeed, he wrote in defense of dissidents who were subject to repression under those regimes, such as the East German dissident Rudolph Bahro. Marcuse considered orthodox Marxism as lacking concern for the individual and criticized what he regarded as the insufficiently libertarian character of Marxism. Like many associated with the New Left, he often expressed a preference for the writings of the younger Marx, which have a humanistic orientation inspired by the idealism of nineteenth century utopian socialism, as opposed to the turgid and ideologically rigid writings of the elder Marx. The thinkers of the Frankfurt School had also been influenced by the Weberian critique of the massive growth of bureaucracy in modern societies and strongly criticized the hyper-bureaucratic tendencies of both capitalist and communist countries as they were during the Cold War period.

Marcuse regarded the consumer culture that emerged during the postwar economic boom as representing a form of social control produced and maintained by capitalism. According to Marcuse, capitalist productivity had grown to the level where the industrial proletariat was no longer the impoverished wage slaves of Marx’s era. Economic growth, technological expansion, and the successes of labor reform movements in Western countries, had allowed the working classes to achieve a middle class standard of living and become integrated into the wider institutional framework of capitalism. Consequently, workers in advanced industrial societies no longer held any revolutionary potential and had become loyal subjects of the state in the same manner as the historic bourgeoisie before them. This by itself is not an original or even particularly insightful observation. However, Marcuse did not believe that the rising living standards and institutional integration of the working classes represented an absence of exploitation. Rather, Marcuse felt that the consumer culture made available by affluent industrial societies had multiple deleterious effects.

First, consumer culture had the effect of “buying off” the workers by offering them a lifestyle of relative comfort and material goods in exchange for their continuing loyalty to capitalism and indifference to struggles for social and political change. Second, consumer culture created a kind of a false consciousness among the public at large through the use of the advertising industry and mass media generally to inculcate the values of consumerism and to essentially create unnecessary wants and perceived needs among the population. The effect of this is that people were working more than they really needed to sustain themselves in order to achieve the values associated with consumer culture. This created not only the psychological damaging “rat race” lifestyle of the competitive capitalist workforce and marketplace, but generated excessive waste (demonstrated by such phenomena as “planned obsolescence,” for example), environmental destruction, and even imperialist war for the conquest of newer capitalist markets, access to material resources, and the thwarting of movements for self-determination or social change in underdeveloped parts of the world. Third, Marcuse saw a relationship between the domination of consumer culture and the outlandishly repressive sexual mores of the 1950s era (where the term “pregnant” was banned from American television, for instance). According to Marcuse, the consumerist ethos generated by capitalism expected the individual to experience pleasure through material acquisition and consumption rather than through sexual expression or participation. The worker was expected to forgo sex in favor of work and channel libidinal drives into consumerist drives. Material consumption was the worker’s reward for avoiding erotic pleasure. For this reason, Marcuse regarded sexual expression and participation (what he famously called “polymorphous perversity”) as a potential force for the subversion of the capitalist system. As the sexual revolution grew in the 1960s, student radicals would champion this view with the slogan “make love, not war.”

As the working class had ceased to be a revolutionary force, Marcuse began to look to other social groups as potentially viable catalysts for radical social and political change. These included the array of the traditionally subordinated, excluded, or marginalized such as racial minorities, feminists, homosexuals, and young people, along with privileged and educated critics of the status quo such as radical intellectuals. Marcuse personally outlined and developed much of the intellectual foundation of the radical movements of the 1960s and exerted much personal influence on leading figures in these movements. The Black Panther figure Angela Davis and the Youth International Party (“Yippie”) founder and “Chicago Seven” defendant Abbie Hoffman had both been students of Marcuse while he taught at Brandeis. However, it would be a mistake to regard Marcuse as having somehow been a leader or founder of these movements. Marcuse did not so much serve as a radical leader during the upheavals of the 1960s and 1970s as much as he was an interpreter of social and political currents that were then emerging and a scholar who provided ideas with which discontented thinkers and activists could identify. It is often argued by some on the political right that the thinkers of the Frankfurt School hatched a nefarious plot to destroy Western civilization through the seizure and subversion of cultural institutions. This theory suggests that radical Marxists came to believe that they must first control institutions that disseminate ideas such as education and entertainment in order to remove the false consciousness previously inculcated in the masses by capitalist domination over these institutions before the masses can achieve the level of radical consciousness necessary to carry out a socialist revolution. Those on the right with an inclination towards anti-Semitism will also point out that most of the luminaries of the Frankfurt School, such as Marcuse, were ethnic Jews.

Yet the cultural revolution of the 1960s and 1970s was the product of a convergence of a vast array of forces. The feminist revolution, for instance, had as much to do with the integration of women into the industrial workforce during World War Two while the men were absent fighting the war and the need for an ever greater pool of skilled workers in an expanding industrial economy during a time of tremendous technological advancement and population growth as it does with the ambitions of far left radicals. The real fuel behind the growth of the youth and student movements of the 1960s was likely the war in Vietnam and the desire of many young people of conscription age to avoid death and dismemberment in a foolish war in which they had no stake. The sexual revolution was made possible in large part by the invention of the birth control pill and the mass production of penicillin which reduced the health and social risks associated with sexual activity. The racial revolution of the era was rooted in centuries old conflicts and struggles that had been given new impetus by growing awareness of the excesses which occurred during the Nazi period. The heightened interest in environmental conservation, concerns for populations with serious disadvantages (such as the disabled or mentally ill), increased emphasis on personal fulfillment and physical and psychological health, and concern for social and political rights beyond those of a purely material nature all reflect the achievements and ambitions of an affluent, post-scarcity society where basic material needs are largely met. Suffice to say that the transformation of an entire civilization in the space of a decade can hardly be attributed to the machinations of a handful of European radicals forty years earlier.

herbmar111.jpgThere is actually much of value in the work of the Frankfurt School scholars. They are to be commended for their honest confrontation with some of the failings and weaknesses of Marxist orthodoxy even while many of their fellow Marxists continued to cling uncritically to an outmoded doctrine. Marcuse and his colleagues are to be respected for their skepticism regarding the authoritarian communist states when many of their contemporaries, such as Jean Paul Sartre, embraced regimes of this type with appalling naivete. The critique of consumer culture and the “culture industry” offered by Marcuse, Horkheimer, and others may itself be one-dimensional and lacking in nuance at times, but it does raise valid and penetrating questions about a society that has become so relentlessly media-driven and oriented towards fads and fashions in such a “bread and circuses” manner. However, while Marcuse was neither a god nor a devil, but merely a scholar and thinker whose ideas were both somewhat prescient and reflective of the currents of his time, there is an aspect to his thought that has left a genuinely pernicious influence. In 1965, Marcuse published an essay titled, “Repressive Tolerance,” which foreshadows very clearly the direction in which left-wing opinion and practice has developed since that time.

The essay is essentially an argument against the Western liberal tradition rooted in the thinking of Locke, with its Socratic and Scholastic precedents, which came into political reality in the nineteenth century and which was a monumental achievement for civilization. In this essay, Marcuse regurgitates the conventional Marxist line that freedom of opinion and speech in a liberal state is a bourgeois sham that only masks capitalist hegemony and domination. Of course, there is some truth to this claim. As Marcuse said:

But with the concentration of economic and political power and the integration of opposites in a society which uses technology as an instrument of domination, effective dissent is blocked where it could freely emerge; in the formation of opinion, in information and communication, in speech and assembly. Under the rule of monopolistic media – themselves the mere instruments of economic and political power – a mentality is created for which right and wrong, true and false are predefined wherever they affect the vital interests of the society. This is, prior to all expression and communication, a matter of semantics: the blocking of effective dissent, of the recognition of that which is not of the Establishment which begins in the language that is publicized and administered. The meaning of words is rigidly stabilized. Rational persuasion, persuasion to the opposite is all but precluded.

Marcuse proceeds from this observation not to advocate for institutional or economic structures that might make the practical and material means of communication or expression more readily available to more varied or dissenting points of view  but to attack liberal conceptions of tolerance altogether.

These background limitations of tolerance are normally prior to the explicit and judicial limitations as defined by the courts, custom, governments, etc. (for example, “clear and present danger”, threat to national security, heresy). Within the framework of such a social structure, tolerance can be safely practiced and proclaimed. It is of two kinds: (i) the passive toleration of entrenched and established attitudes and ideas even if their damaging effect on man and nature is evident, and (2) the active, official tolerance granted to the Right as well as to the Left, to movements of aggression as well as to movements of peace, to the party of hate as well as to that of humanity. I call this non-partisan tolerance “abstract” or “pure” inasmuch as it refrains from taking sides – but in doing so it actually protects the already established machinery of discrimination.

This statement reflects the by now quite familiar leftist claim that non-leftist opinions are being offered from a position of privilege or hegemony and are therefore by definition unworthy of being heard. Marcuse argues that tolerance has a higher purpose:

The telos [goal] of tolerance is truth. It is clear from the historical record that the authentic spokesmen of tolerance had more and other truth in mind than that of propositional logic and academic theory. John Stuart Mill speaks of the truth which is persecuted in history and which does not triumph over persecution by virtue of its “inherent power”, which in fact has no inherent power “against the dungeon and the stake”. And he enumerates the “truths” which were cruelly and successfully liquidated in the dungeons and at the stake: that of Arnold of Brescia, of Fra Dolcino, of Savonarola, of the Albigensians, Waldensians, Lollards, and Hussites. Tolerance is first and foremost for the sake of the heretics – the historical road toward humanitas appears as heresy: target of persecution by the powers that be. Heresy by itself, however, is no token of truth.

This statement on its face might be beyond reproach were it not for its implicit suggestion that only leftists and those favored by leftists can ever rightly be considered among the ranks of the unjustly “persecuted” or among those who have truth to tell. Marcuse goes on to offer his own version of “tolerance” in opposition to conventional, empirical, value neutral notions of tolerance of the kind associated with the liberal tradition.

Liberating tolerance, then, would mean intolerance against movements from the Right and toleration of movements from the Left. As to the scope of this tolerance and intolerance: … it would extend to the stage of action as well as of discussion and propaganda, of deed as well as of word. The traditional criterion of clear and present danger seems no longer adequate to a stage where the whole society is in the situation of the theater audience when somebody cries: “fire”. It is a situation in which the total catastrophe could be triggered off any moment, not only by a technical error, but also by a rational miscalculation of risks, or by a rash speech of one of the leaders. In past and different circumstances, the speeches of the Fascist and Nazi leaders were the immediate prologue to the massacre. The distance between the propaganda and the action, between the organization and its release on the people had become too short. But the spreading of the word could have been stopped before it was too late: if democratic tolerance had been withdrawn when the future leaders started their campaign, mankind would have had a chance of avoiding Auschwitz and a World War.

The whole post-fascist period is one of clear and present danger. Consequently, true pacification requires the withdrawal of tolerance before the deed, at the stage of communication in word, print, and picture. Such extreme suspension of the right of free speech and free assembly is indeed justified only if the whole of society is in extreme danger. I maintain that our society is in such an emergency situation, and that it has become the normal state of affairs.

Here Marcuse is clearly stating that he is not simply advocating “intolerance” of non-leftist opinion in the sense of offering criticism, rebuttal, counterargument, or even shaming, shunning, or ostracism. What he is calling for is the full fledged state repression of non-leftist opinion or expression. Nor is this repression to be limited to right-wing movements with an explicitly authoritarian agenda that aims to subvert the liberal society. Marcuse makes this very clear in a 1968 postscript to the original 1965 essay:

Given this situation, I suggested in “Repressive Tolerance” the practice of discriminating tolerance in an inverse direction, as a means of shifting the balance between Right and Left by restraining the liberty of the Right, thus counteracting the pervasive inequality of freedom (unequal opportunity of access to the means of democratic persuasion) and strengthening the oppressed against the oppressed. Tolerance would be restricted with respect to movements of a demonstrably aggressive or destructive character (destructive of the prospects for peace, justice, and freedom for all). Such discrimination would also be applied to movements opposing the extension of social legislation to the poor, weak, disabled. As against the virulent denunciations that such a policy would do away with the sacred liberalistic principle of equality for “the other side”, I maintain that there are issues where either there is no “other side” in any more than a formalistic sense, or where “the other side” is demonstrably “regressive” and impedes possible improvement of the human condition. To tolerate propaganda for inhumanity vitiates the goals not only of liberalism but of every progressive political philosophy.

If the choice were between genuine democracy and dictatorship, democracy would certainly be preferable. But democracy does not prevail. The radical critics of the existing political process are thus readily denounced as advocating an “elitism”, a dictatorship of intellectuals as an alternative. What we have in fact is government, representative government by a non-intellectual minority of politicians, generals, and businessmen. The record of this “elite” is not very promising, and political prerogatives for the intelligentsia may not necessarily be worse for the society as a whole.

In this passage Marcuse is very clearly advocating totalitarian controls over political speech and expression that is the mirror image of the Stalinist states that he otherwise criticized for their excessive bureaucratization, economism, and repression of criticism from the Left. Marcuse makes it perfectly clear that not only perceived fascists and neo-nazis would be subject to repression under his model regime but so would even those who question the expansion of the welfare state (thereby contradicting Marcuse’s criticism of bureaucracy). Marcuse states this elsewhere in “Repressive Tolerance.”

Surely, no government can be expected to foster its own subversion, but in a democracy such a right is vested in the people (i.e. in the majority of the people). This means that the ways should not be blocked on which a subversive majority could develop, and if they are blocked by organized repression and indoctrination, their reopening may require apparently undemocratic means. They would include the withdrawal of toleration of speech and assembly from groups and movements which promote aggressive policies, armament, chauvinism, discrimination on the grounds of race and religion, or which oppose the extension of public services, social security, medical care, etc”

herbmar.jpgMarcuse’s liberatory socialism is in fact to be a totalitarian bureaucracy where those who criticize leftist orthodoxy in apparently even the slightest way are to be subject to state repression. This is precisely the attitude that the authoritarian Left demonstrates at the present time. Such views are becoming increasingly entrenched in mainstream institutions and in the state under the guise of so-called “political correctness.” Indeed, much of the mainstream “anarchist” movement reflects Marcuse’s thinking perfectly. These “anarchists” ostensibly criticize statism, bureaucracy, capitalism, consumerism, imperialism, war, and repression, and advocate for all of the popular “social justice” causes of the day. “Tolerance” has ostensibly become the ultimate virtue for such people. Yet underneath this “tolerance” is a visceral and often violent hostility to those who dissent from leftist orthodoxy on any number of questions in even a peripheral or moderate way. Indeed, the prevalence of this leftist intolerance within the various anarchist milieus has become the principle obstacle to the growth of a larger and more effective anarchist movement.

A functional anarchist, libertarian, or anti-state movement must first and foremost reclaim the liberal tradition of authentic tolerance of the kind that insists that decent regard for other people and a fair hearing for contending points of view on which no one ultimately has the last word must be balanced with the promulgation of ideological principles no matter how much one believes these principles to be “true.” A functional and productive anarchist movement must recognize and give a seat at the table to all of the contending schools of anarchism, including non-leftist ones, and embrace those from overlapping ideologies where there is common ground. A serious anarchist movement must address points of view offered by the opposition in an objective manner that recognizes and concedes valid issues others may raise even in the face of ideological disagreement. Lastly, a genuine anarchist movement must realize that there is no issue that is so taboo that is should be taken off the table as a fitting subject for discussion and debate. Only when anarchists embrace these values will they be worthy of the name.

Sources:

William S. Lind. The Origins of Political Correctness. Accuracy in Academica. 2000. Archived at http://www.academia.org/the-origins-of-political-correctness/. Accessed on May 12, 2013.

Herbert Marcuse. Repressive Tolerance. 1965, 1968. Archived at http://www.marcuse.org/herbert/pubs/60spubs/65repressivetolerance.htm Accessed on May 12, 2013.

Martin Jay. The Dialectical Imagination: A History of the Frankfurt School and the Institute of Social Research. University of California Press, 1966.
http://en.wikipedia.org/wiki/Herbert_Marcuse – cite_note-marcuse.org-9

L'Afrique Réelle N°46

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L'Afrique Réelle N°46 - Octobre 2013

Sommaire

Actualité :
Le Mali après la visite de François Hollande

Dossier : Derrière l’attentat de Nairobi, les enjeux géostratégiques régionaux
- La guerre de Somalie ou l’origine de la déstabilisation régionale
- Pourquoi le Kenya est-il intervenu en Somalie ?
- Le projet LAPSSET et ses conséquences sur la géopolitique régionale

Océan Indien :
- L’île Maurice ou le respect des identités ancestrales
- Vie et mort du plus vieux  quotidien de langue française

Editorial de Bernard Lugan :


Nairobi : à qui profite le crime ?


L’explication officielle ne manque ni de clarté, ni de simplicité : l’attaque du centre commercial de Nairobi est un acte terroriste commis et revendiqué par les Shebaab somaliens voulant répliquer à l’intervention de l’armée du Kenya en Somalie.
Une fois cette évidence énoncée, nous ne sommes pas davantage éclairés. Posons alors la vraie question : à qui profite le crime ?

Oublions un instant l’« ennemi de confort » islamiste, cet « arbre qui cache la forêt », trop souvent simple surinfection d’une plaie préexistante - nous l’avons vu dans un précédent numéro de l’Afrique Réelle avec le cas du Mali -, pour identifier les grands enjeux régionaux qui donnent la véritable clé d’explication des tragiques évènements de Nairobi.

Trois pays enclavés, l’Ethiopie, le Soudan du Sud et l’Ouganda, ont conclu avec le Kenya un accord ayant pour but la construction d’un corridor routier, ferroviaire et pétrolier aboutissant à Lamu sur le littoral de l’océan indien. Il s’agit du LAPSSET (Lamu Port and Lamu Southern Sudan-Ethiopia Transport Corridor). Les raisons de ce colossal chantier sont que :

1) L’Ethiopie qui est en phase de renaissance a impérativement besoin de diversifier ses débouchés maritimes. Avec l’indépendance de l’Erythrée, elle a perdu ses poumons de Massawa et d’Assab. Aujourd’hui, elle ne peut plus dépendre du seul port de Djibouti situé sur la ligne de fracture ethnique entre les Afar qui vivent en majorité en Erythrée, pays avec lequel elle est en guerre larvée, et les Issa qui, étant des Somali, sont donc à tout moment, susceptibles d’être entraînés dans la guerre civile somalienne. Il en est de même avec le port de Berbera dans le Somaliland.
2) Le Soudan du Sud est étranglé par le Soudan du Nord. Pour l’exportation de son pétrole, le pays dépend en effet du pipeline de Khartoum qui aboutit à Port-Soudan sur la mer Rouge.
3) L’Ouganda ne sait pas comment exporter le pétrole du lac Albert.
4) Pour les puissances asiatiques, Lamu serait un terminal autrement plus commode que Port-Soudan et c’est pourquoi elles ont décidé de financer le projet LAPSSET.

Pour le Soudan du Nord et pour l’Erythrée, la réalisation du LAPSSET serait une catastrophe. Le premier n’encaisserait plus les taxes de transit du pétrole du Soudan du Sud à travers son territoire, cependant que le second ne pourrait plus exercer un chantage sur l’Ethiopie en menaçant Djibouti.
Pour bloquer la réalisation du LAPSSET, ces deux pays ont entrepris de déstabiliser le Kenya, ce qui leur permet à la fois d’affaiblir l’Ethiopie et le Soudan du Sud, tout en décourageant les investisseurs asiatiques.
L’attentat du Westgate Center a eu pour résultat de faire comprendre que si des terroristes somaliens sont capables de frapper au coeur de Nairobi, il leur sera encore plus facile d’« opérer » dans le corridor du LAPSSET puisque ce dernier traverse ou jouxte des régions du nord Kenya peuplées par des Somalis (voir les cartes à l’intérieur de la revue).

En définitive, l’attaque du centre commercial de Nairobi fut bien commise et revendiquée par les Shebaab somaliens  avec lesquels l’Erythrée et le Soudan du Nord ont  des « liens ».
C’est à cette question qu’est consacré le dossier central de ce numéro de l’Afrique Réelle.

La mitología de la modernidad

por Dalmacio Negro

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Minorías organizadas en lobbies reivindican como conquistas democráticas las cosas más absurdas.

El estado de naturaleza, la doctrina de la soberanía político-jurídica, el contractualismo, el Estado, la Sociedad, y el ciudadano como el hombre perfecto son los grandes mitos que subyacen en el subsuelo de las constituciones modernas, cajas de Pandora del artificialismo imperante en las relaciones humanas.

1.- Luís Díez del Corral observó hace tiempo en La función del mito clásico en la literatura contemporánea, que los mitos clásicos habían perdido su expresividad originaria y Manfred Frak dedicó más tarde algunos libros a “la nueva mitología” de la modernidad. El libro del jurista italiano Danilo Castellano Constitución y constitucionalismo, una espléndida síntesis, breve y muy clara, sobre la naturaleza del constitucionalismo nacido de las revoluciones modernas y sus vicisitudes, sugiere que el constitucionalismo descansa en doctrinas que operan como mitos.

2.- La tendencia más característica del pensamiento moderno interrumpió la mayor de las revoluciones imaginables: la desacralización del mundo que llevaba a cabo el cristianismo. La cultura de la civilización occidental, incluida la resurrección de la mitología, en este caso artificialista -una manera de desacralizar que, al prescindir de su causa, aniquila la vida natural-, tiene la impronta de esa desacralización o desdivinización de la Naturaleza, que suele describirse como secularización, palabra que, si significa algo, es la tendencia a la politización de la vida.

Aparte de hechos como el cambio en la imagen del mundo con los descubrimientos, etc., contribuyeron en el plano intelectual a la nueva mitologización la influencia de la Pólis griega de la mano del humanismo, según la tesis, que se pasa demasiado por alto, del alemán Paul Joachimsen, el suizo Werner Naef o el español Álvaro d’Ors; la del gnosticismo según Voegelin y la reducción del poder a sus connotaciones inmanentistas, de lo que dio Maquiavelo fe notarial. La Reforma protestante les dejó libre el campo al separar la razón (eine Hure, una prostituta según Lutero), de fe, rompiendo la relación entre este mundo y el sobrenatural, del que, como reafirmó el gran teólogo Urs von Balthasar, depende el mundo natural.

Los fundadores de la ciencia moderna estaban convencidos de que Dios había ordenado racionalmente la Creación, siendo posible por tanto conocer mediante la razón las leyes que la gobiernan. Sin embargo fue fundamental el auge de la ciencia, a pesar de haberla hecho posible la desacralización de la Naturaleza, que ahuyentó las creencias ancestrales en signos, fuerzas, seres misteriosos y supersticiones, para reactivar las explicaciones mitológicas: las ideas tienen consecuencias y una de las más peligrosas puede ser su divulgación, como gustaba sugerir Leo Strauss y la ciencia se divulgó como un medio de emancipación del mundo natural de su dependencia del sobrenatural. Algo parecido ha ocurrido con la teoría de la relatividad de Einstein. Al popularizarse la idea, ha contribuido poderosamente a difundir la creencia en que no hay verdades objetivas, impulsando el relativismo moral tan de moda.

3.- La conocida tesis de René Girard de que existe una lucha permanente entre el polémico logos griego de Heráclito y el logos del evangelio de San Juan, resume muy bien el proceso desencadenado en el mundo moderno, en el que se habría impuesto el logos naturalista, de naturaleza mítica. La teología, como fuente de la verdad del orden universal, era considerada el saber supremo en la jerarquía de los saberes. Pero la metafísica empezó a separarse de ella y ante el fracaso de la teodicea (“justificación de Dios”) de la metafísica racionalista, incapaz de demostrar la existencia de Dios, se empezó a poner la fe en la ciencia natural. Separado este mundo del sobrenatural por la Reforma,la ciencia da por lo menos certezas y seguridad acerca de las cosas terrenas.

Esa tendencia del pensamiento moderno impulsada por la metafísica armada con la ciencia, devino una creencia colectiva en la época romántica caracterizada por la revalorización, a la verdad un tanto inconsciente, de la mitología en la que se inserta el constitucionalismo.

4.- Decía Cassirer al comienzo de su libro El mito del Estado: «la preponderancia del pensamiento mítico sobre el racional en algunos de nuestros sistemas políticos modernos es manifiesta». Cassirer se quedó corto al decir “algunos”, seguramente porque el libro vio la luz en 1946. Él mismo afirma casi a continuación que «en la vida práctica y social del hombre, la derrota del pensamiento racional parece ser completa e irrevocable. En este dominio, el hombre moderno parece que tuviera que olvidar todo lo que aprendió en el desarrollo de su vida intelectual. Se le induce a que regrese a las primeras fases rudimentarias de la cultura humana. En este punto, remachaba Cassirer, el pensamiento racional y el científico confiesan abiertamente su fracaso; se rinden a su más peligroso enemigo».

El progreso del pensamiento mítico a partir de esa fecha, evidencia la claudicación del pensamiento racional y el científico. Es más, este último, en su degeneración ideológica, el cientificismo, produce continuamente infinidad de nuevos mitos. Recientemente, los mitos de las “ideologías de la estupidez” (A. Glucksmann), entre ellas las bioideologías, intelectualmente endebles pero muy poderosas dada la debilitación del pensamiento por el auge de esa estupidez que había detectado ya Robert Musil; por la destrucción del sentido común denunciada por Alfred N. Whitehead; por ”el oscurecimiento de la inteligencia” advertido por Michele Federico Sciacca; por la “derrota del pensamiento” constatada por Alain Finkielkraut;… En fin, por la infantilización diagnosticada por Tocqueville como una pandemia a la que es propensa la democracia y fomentan las oligarquías para afirmar su poder.

Los mitos que alberga el modo de pensamiento ideológico, dominan hoy el panorama de las ideas, entre ellas las políticas, jurídicas y sociales. Según el sociólogo Peter Berger, nuestra época es una de las más crédulas que han existido. Sin duda por la apariencia de cientificidad de que se revisten ideas de las que se aprovechan minorías para hacer su negocio.

5.- El profesor Castellano busca el lazo común entre los tres constitucionalismos que distingue: dos europeos, el constitucionalismo “continental” a la francesa y el “insular” inglés, y el extraeuropeo “estadounidense”. No obstante, existe una diferencia entre los anglosajones y el francés: y este último pretende desde su origen ser algo así como la cuadratura del círculo de la mitología política moderna, cosa que no pretenden los otros, más enraizados en la realidad meta-antropológica (von Balthasar), que en la visión meta-física moderna.

Los sistemas políticos que imitan el constitucionalismo a la francesa son prácticamente míticos. De ahí su naturaleza intrínsecamente revolucionaria, pues la Gran Revolución aspiraba a recomenzar la historia partiendo del Año Cero (1789), en contraste con los otros dos, que, menos metafísicos y antiteológicos, eran conservadores, como sentenció Macauley, en tanto no partían del Derecho -la Legislación- como un instrumento revolucionario, sino de la libertad como un presupuesto meta-antropológico cuya protección es, justamente, la razón de ser del Derecho.

En efecto, el verdadero sujeto del constitucionalismo continental no es el hombre libre sino, igual que en la Pólis,el ciudadano, una creación legal en tanto miembro de una comunidad artificial, la estatal.

6.- ¿Cuál es el fundamento intelectual del constitucionalismo? La lógica de la vida colectiva y del orden social es el Derecho de manera parecida a como lo es la Matemática en el orden de la naturaleza. Pero mientras aquella es práctica, empírica, puesto que pertenece al mundo de la libertad, la de la Matemática es teórica, deductiva, puesto que su mundo es el de la necesidad. El Derecho es por tanto el fundamento de los órdenes humanos concretos, en contraste con lo que llama Castellano «la tesis de la geometría legal», según la cual, «el derecho no es el elemento ordenador de la comunidad política (y, por tanto, bajo un cierto prisma preexistente a ella), sino que nacería con el Estado, que -a su vez- se generaría por el contrato social». Esta es la clave del constitucionalismo continental, que instrumentaliza el Derecho poniéndolo al servicio de la política estatal, una política distinta de la sometida al Derecho. De ahí el auge de la politización a través de la Legislación.

7.- El jusnaturalismo racionalista, que fundamenta el constitucionalismo, continuaba formalmente la tradición medieval de la omnipotentia iuris. Pero mientras el antiguo Derecho Natural se asienta como indica su nombre en la naturaleza de las cosas y en la costumbre, el nuevo descansa en la concepción puramente meta-física que excluye la teología (Grocio, Alberigo Gentile, Hobbes…). La anterior omnipotentia iuris, que pervive como un residuo, descansaba en la tradición del Derecho Natural para la que el orden cósmico es congruente con la naturaleza humana. La moderna se rige por el ingenuo jusnaturalismo racionalista, causa del artificialismo político, social, jurídico y moral, pues no se atiene a lo natural, tal como lo muestran las costumbres y la experiencia, sino a la recta ratio. Ésta construye el orden social como un producto abstracto al que ha de adaptarse la naturaleza humana.

8.- ¿Por qué es ingenuo este derecho natural?
En primer lugar, porque al ser puramente racional, “teórico”, su contenido queda a merced de la voluntad, con lo que su racionalidad depende de la coincidencia o no con la realidad empírica, con las costumbres, los usos y las tradiciones de la conducta. En segundo lugar, porque descansa en el mito del contractualismo político, liberador de otro mito, el del estado de naturaleza. Éste es un mito bíblico, pero en el sentido del mito como una forma de expresar la realidad. Idea que, vulgarizada, impulsó el romanticismo. «Para los verdaderos románticos, dice Cassirer, no podía existir una diferencia señalada entre la realidad y el mito; cabía ahí tan poco como entre poesía y verdad».

9.- Hobbes convirtió el estado de naturaleza caída del que hablaban los Padres de la Iglesia en el mito fundacional que justifica otro gran mito: el del contrato político, que, a pesar de la critica de Hume, dio origen a una interminable serie de mitos como el del poder constituyente, al que dedica Castellano un capítulo. Hume no pudo tampoco impedir que su neurótico amigo, el calvinista Rousseau, radicalizase el contractualismo. Hobbes se había contentado con distinguir lo Político y lo Social como el Estado y la Sociedad que, en cierto modo, se limitaban entre sí, puesto que la moral seguía dependiendo de la Iglesia. Rousseau los unificó en un sólo contrato, el contrato social, para acabar con la Iglesia y restaurar el estado de naturaleza, que en su opinión no era cainita como suponía Hobbes, sino todo lo contrario. La supresión o superación del dualismo hobbesiano, será una obsesión desde el romanticismo .

10.- Una consecuencia de la Gran Revolución es la consideración de la revolución como fuente de legitimidad, pues su idea central consistía en garantizar los Derechos del hombre y del ciudadano frente al despotismo monárquico. Mientras los otros dos constitucionalismos se contentaban con garantizar las libertades naturales mediante el Derecho, el francés trasladó el derecho divino de los reyes en el que se apoyaba la no menos mítica soberanía estatal al ciudadano. El ciudadano es el mito clave del constitucionalismo, cuya causa final consiste en la potenciación de la ciudadanía aunque vaya en detrimento de la libertad, pues el ciudadano no es el hombre libre por naturaleza sino una construcción legal, que reserva la ciudadanía para unos pocos, la burguesía revolucionaria triunfante, el tercer estado de Sieyés, una clase económica.

11.- El socialismo se enfrentó a esta situación fáctica, manifiestamente injusta, reivindicando no la igualdad formal, legal inherente a la libertad política, sino la igualación material de todos para establecer la ciudadanía universal. No se opone, pues, al espíritu burgués sino que quiere extenderlo a todas las clases: la verdadera democracia consiste en que participen todos como ciudadanos de las comodidades, placeres y bienestar de la burguesía. Algo así como una clase media universal de espíritu bourgeois. En su versión pacifista, el “socialismo evolutivo” (Bernstein), que prefiere la revolución legal a la revolución violenta, pacta con el odiado capitalismo, igual que había pactado antes la monarquía con la burguesía para afirmar su poder. La socialdemocracia es un capitalismo estatista que identifica el progreso y la democracia con el aburguesamiento universal .

12.- El ciudadano de la Pólis griega combinado por Rousseau con el creyente calvinista de su Ginebra natal -el propio Rousseau- aderezado con la visión de la vida campesina, es la figura central del constitucionalismo. El mito del ciudadano unirá luego los tres constitucionalismos bajo la rúbrica, anota Danilo Castellano, del pluralismo de la ideología de los derechos humanos, más que mítica supersticiosa, si creer en los derechos humanos es, al decir de MacIntyre, como la creencia en las brujas y los unicornios. Las ideologías, llevadas por su lógica y por la demagogia, al instalar como su principio el derecho a la autodeterminación individual, han llegado así al punto en que, sin quererlo, disuelven los órdenes políticos fundados en el constitucionalismo, abstractos por su concepción pero concretos gracias a la presión del poder político.

Ha surgido así un nuevo estado de naturaleza de guerra de todos contra todos fundado en el artificialismo, en el que minorías organizadas en lobbies reivindican como conquistas democráticas las cosas más absurdas. Entre ellas, están alcanzando una gran intensidad política las relacionadas con la “cuestión antropológica”, la última producción de la ideología de la emancipación. Este artificioso estado de naturaleza necesita sin duda de un nuevo constitucionalismo que contenga la destrucción del Estado, de la democracia, de la Sociedad, y, en último análisis, de la cultura y la civilización.

Fuente: Diario español República Constitucional

Crépuscule de LA civilisation

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Crépuscule de LA civilisation

Ex: http://www.dedefensa.org

On s’attache ici, d’abord et pour nous situer dans ce que nous nommerions une “actualité civilisationnelle”, à un texte d’analyse de Paul Craig Roberts, moins pour ce qu’il nous apporte de nouveau que pour ce qu’il nous signifie de l’état de l’esprit et de l’état des choses, au cœur de ce qu’on a coutume de nommer la “civilisation occidentale”. Roberts s’y attache en évoluant sur le terrain qu’il connaît bien, qui est celui de l’économie et de l’application du capitalisme libéral, devenu une sorte de monstre qu'on nommerait “hyper-capitalisme”..

Roberts fut le numéro deux du département du trésor de l’administration Reagan, puis titulaire, c’est-à-dire dans un ministère qui a pour tâche de définir les orientations de l’économie, la politique fiscale, etc. Ainsi le site iranien PressTV.ir peut-il le qualifier de «co-founder of Reaganomics», le terme Reaganomics qualifiant, lui, la “révolution économique” (ultralibérale) de l’époque Reagan, de la décennie des années 1980. En tant que commentateur politique et économique, Roberts collabora au Wall Street Journal et à Business Week... Tout cela fait de lui un homme de formation capitaliste impeccable, à l’origine conceptuellement favorable à l’hyper-capitalisme anglo-saxon. Sa furieuse critique de l’état des choses du point de vue économique et financier n’est pas nouvelle car il y a bien plus d’une décennie que Roberts est devenu lui-même un critique radical de cette politique qu’il avait contribuée à établir, et bien plus d’une décennie qu’il publie des textes dans ce sens (et des livres, tel son dernier qui vient d’être publié, sous le titre très significatif de The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West). On ne cherchera pas ici à mesurer les responsabilités des uns et des autres (de Roberts, en tant que reaganien dans les années 1980) mais à signifier que cet auteur est particulièrement qualifié par la connaissance de la cause de la catastrophe, pour mesurer et décrire cette catastrophe.

En effet, c’est le cas dans son dernier texte du 14 octobre 2014, sur son site PaulCraigRoberts.com, sous le titre Whatever Became Of Western Civilization?, texte repris le même 14 octobre 2013 par PressTV.ir. Roberts s’attaque au fait principal de cette crise ultime de la “civilisation occidentale”, – en fait, la “civilisation du ‘monde globalisé’”, puisqu’aucune alternative n’existe et ne peut exister tant que le modèle, ou Système comme nous le désignons, ne s’est pas effondré complètement. (On justifiera plus loin ce propos.) Il s’agit de la complète dissolution du “bien public”, du fait du gouvernement au-dessus des intérêts particuliers, du domaine régalien et des principes (souveraineté et légitimité) qui le soutiennent. Roberts signifie qu’aujourd’hui les gouvernements sont les complices actifs et même imaginatifs du monstre hyper-capitaliste devenu une nébuleuse de déstructuration par le pillage, l’illégalité, la corruption, un modèle mafieux établi à l’échelle du monde et dans lequel s’insèrent désormais sans la moindre hésitation tous les pouvoirs exécutifs et pouvoirs public démocratiquement issus de la volonté des peuples, lesquels sont ainsi détruits dans leur essence, dans leur identité, par ces activités développées par ceux qu'ils ont appelés au pouvoir.

«Not that long ago government and free market proponents were at sword’s point, but no more. With little left in the private sector to rip off, the financial gangsters have turned to the public sector and put to work for them the free market economists’ advocacy of privatization. Governments themselves became part of the conspiracy once the politicians realized that looting public assets was an efficient way to reward their private benefactors.»

La crise générale conduit ces gouvernements à solder littéralement tout ce qui ressort du “bien public”, y compris tout ce qui marque le passé historique, culturel et spirituel dont cette étrange “civilisation” prétend fort étrangement être l’héritière. (Mais le prétend-elle encore ? Elle n’a même plus l’esprit de chercher à dissimuler sa véritable nature, et s'empresse donc de rompre avec tout legs et tout héritage, mémoire ainsi dispersée et également soldée pour combler la dette.) Roberts développe l’exemple de la privatisation de la Royal Mail britannique, le service public des postes, mis à l’encan pour l’avantage des divers investisseurs-gangsters par le complice-robot de service (David Cameron). Le schéma est tellement commun aujourd’hui qu’il s’affiche dans toute son impudence inconsciente. Le conseiller, ou “consultant” comme l’on dit, du gouvernement britannique pour cette opération est Goldman Sachs, pour une facture de $33.5 millions, ces millions qui feront une petite part de l’investissement que Goldman Sachs fait en sous-main pour la mise à sac du service postal.

Paul-Craig-Roberts.jpgBien, le cas est lumineux. Paul Craig Roberts (photo) termine tout cela par une description générale de cet effondrement civilisationnel principalement dans le chef, pour le domaine, des activités des divers “gouvernements” occidentaux, du bloc BAO comme nous disons. Aucune surprise à éprouver là non plus, et dans des termes (de Roberts) qui seraient évidemment pris à son compte par n’importe quel “souverainiste”, notamment français, puisque la chose existe encore dans les ruines des gouvernements successifs de liquidation de la Vième République.

«...Wall Street and the City of London, the two world financial centers so beloved and misrepresented by free market economists as financiers of investment and economic growth, are in fact legal, government supported, Mafia gangs that loot. Their profits come from looting.

»We are seeing them at work in Greece, where the sanctity of financial profits requires public assets to be sold at bargain basement prices to private interests. The deal requires protected islands of the national heritage be turned over to real estate developers, and public assets such as water companies, ports, and the state lottery be sold at lucrative prices to private interests consisting of the private banks and their clients. In Italy government indebtedness is forcing the sale to private investors of historic castles and villas and the Island of San Giacomo in one of Venice’s lagoons. These national treasures will be turned into hotels, restaurants, and resorts for the one percent.

»Are the British Museum and the Smithsonian next to be privatized?

»In America prisons are privatized despite the incentive this gives to produce inmates. Public schools are being privatized in the form of “charter schools.” Charter schools are a scheme to eliminate public sector teachers unions, and to convert their pay into private profits by bringing in contract hires to teach for a few years before they are replaced by a new group of contract hires.

»Western civilization, to the extent than any civilization remains, is confronted with a total collapse of economic and government morality. Looting and exploitation rule, and the presstitute media does its best to hide the fact. Western civilization has been reduced to remnants–historical artifacts, picturesque villages in England and France, German efficiency, joie de vivre and good food in France and Italy, and architectural masterpieces and classical music created before our lifetime. In addition to Wall Street’s mechanisms for looting, America contributes technology for putting the entire world under constant surveillance, exploiting the information for economic benefit and for silencing dissenters.

»Western civilization has lost its attractiveness. As nothing remains but a shadow of its former self, it will not be missed as it disappears into a bottomless pit of corruption.»

Le désastre est complet, total, irrésistible, inarrêtable, – et réalisé d’une façon techniquement quasi-parfaite... Cette méthode, cette “quasi-perfection” nous conduit à accepter l’observation de Roberts qu’il y a donc “conspiration” de factoGovernments themselves became part of the conspiracy...»), simplement par constat de la coordination, de l’intégration de cette dynamique. Le texte de Roberts est une bonne mise à jour du phénomène, sans emportement excessif, simplement par l’emploi des termes qui conviennent (gangsters, mafia, etc.), effectivement un constat de la chose. On peut même ajouter que ces termes sont finalement insuffisants pour mesurer l’ampleur du cataclysme, et des intentions du Système : comparer l’hyper-capitalisme et le Système à un système mafieux, c'est se montrer fort injuste à l’égard des exemples mafieux historiques (la Mafia italienne, la Cosa Nostra aux USA). Ces regroupements de type mafieux évitent la déstructuration des sociétés dont ils vivent, sachant effectivement qu’une société structurée, et une certaine prospérité sont nécessaires à la bonne marche “des affaires”. A côté de comportements barbares, cruels, impitoyables, etc., les structures mafieuses originelles, aussi bien européennes que des USA, sont respectueuses de certaines tendances traditionnelles, des structures et des hiérarchies familiales, de la religion, etc. Ce n’est en rien le cas général du Système et de ses moyens opérationnels de l’hyper-capitalisme, dans le cas spécifique exposé ici.

La radicalité, l’universalité du jugement font effectivement accepter l’idée qu’il y a “conspiration”... Bien entendu, il s’agit d’un constat technique et symbolique à la fois, même si des générations d’explorateurs des dessous du monde croient suivre les traces plus ou moins fraîches de “centres” conspirationnels tout à fait humains... Bien entendu, il va sans dire, mais peut-être mieux en le répétant, que notre appréciation offre l’hypothèse fondamentale d’une “conspiration” certainement pas de nature humaine dans son inspiration fondamentale, même si le sapiens s’est activé à son application, de Goldman Sachs à Cameron pour prendre le fait du jour. Nous jugeons donc cette “conspiration” aussi bien organisée qu’inspirée par une dynamique irrésistible, surpuissante et autodestructrice à la fois (déstructuration, dissolution et entropisation [dd&e]), dont le schéma métahistorique est souvent exposé sur ce site, du “déchaînement de la Matière” au Système.

Mais nous utilisons également le texte de Paul Craig Roberts, qui illustre une préoccupation très actuelle qui pèse de tout son poids sur nos esprits, pour introduire la publication d’un extrait de la cinquième Partie du deuxième tome de La Grâce de l’Histoire (non encore mis en ligne, certes), pour s’y référer, nous l’espérons, d’une façon constructive et révélatrice. Dans cet Partie du récit de La Grâce dont nous publions un extrait, nous analysons la question de la “civilisation occidentale” à la lumière de celles (les civilisations de ceux que nous nommons “les Anciens”) qui l’ont précédée. Bien entendu, l’emploi du terme “civilisation occidentale” ne doit pas dissimuler que nous gardons nos références fondamentales, et surtout celle de la division de cette soi-disant “civilisation” en deux, à partir du “déchaînement de la Matière” de la fin du XVIIIème siècle qui nous fait basculer dans une forme très spécifique et unique, que nous avons baptisée “contre-civilisation”.

Dans cet extrait, qui ne peut être pris bien entendu pour l’exposé complet de la thèse, nous discutons les conceptions d’Arnold Toynbee, ce philosophe de l’histoire que nous apprécions particulièrement. Des réflexions sur Toynbee ont déjà été publiées sur ce site (voir par exemple les 19 juin 2002 et 27 juillet 2002). Dans ce cadre de La Grâce, nous développons, élargissons et approfondissons cette réflexion sur les conceptions de Toynbee selon des axes qui permettent aussi bien d’examiner le désastre civilisationnel actuel (dans son “actualité civilisationnelle” si l’on veut) que dans la perspective de ses racines les plus anciennes.

La réflexion développée ci-dessous concerne le constat que fait Toynbee, dans les années 1945-1950, au soir de sa vie intellectuelle, du lancement d’une grande entreprise d’“occidentalisation” du monde, essentiellement sinon exclusivement par les pays anglo-saxons (“anglo-saxonnisme” ou américanisme). Le constat, pour notre compte, que Paul Craig Roberts nous invite à faire par ailleurs, est que ce mouvement d’“occidentalisation” du monde qui s’est évidemment réalisé, est en train d’exposer sa complète absurdité, ou son caractère d’entropisation jusqu’à l’entropisation de lui-même, sous les pressions à la fois de la crise générale d’effondrement et du nihilisme absolu qui caractérise ses supplétifs-sapiens. Cette absurdité et cette entropisation se manifestent sous la forme d’un cercle vicieux accompli, qui n’est rien de moins que l’“occidentalisation” de l’Occident”, ou plutôt, la “sur-occidentalisation de l’Occident” jusqu’à l’achèvement de la dissolution et de l’entropisation, – comme le décrit Paul Craig Roberts. Toynbee pensait que l’Occident (en fait les anglo-Saxons) partait à la conquête du monde sous la forme de son “occidentalisation” ; il n’allait pas jusqu’à prévoir, – ou peut-être n’osait-il pas exprimer cette pensée à haute voix, – que cette “occidentalisation” finirait par revenir sur l’Occident lui-même, pour faire subir au coupable lui-même le sort qu’il promettait à sa victime.

Ces réflexions diverses sur Toynbee nous fournissent, nous semble-t-il, les arguments pour avancer les deux hypothèses essentielles qui caractérisent notre destin actuel, savoir 1) que notre “civilisation” (notre “contre-civilisation”) est trop puissante pour qu’une alternative ou un successeur puisse se manifester et s’imposer (surpuissance), et 2) que notre “civilisation” (notre “contre-civilisation”) est trop complètement dépourvue de sens et trop complètement attachée et prisonnière d’une matière (au propre et au figuré) dépourvue de sens pour qu’elle parvienne à éviter de se détruire elle-même (autodestruction). Par conséquent, la compréhension de son éventuelle succession dépend absolument de sa destruction réalisée. (Cette destruction, d’ailleurs et comme nous le répétons souvent, n’a nul besoin de se réaliser sous la forme apocalyptique, ou disons explosive, très affectionnée par l’esprit même de cette “contre-civilisation”, y compris de certains de ses appendices religieux, comme pour s’interdire de soulever la possibilité de sa fin inéluctable.)

Avant la citation de l’extrait, on notera que la thèse générale de ce passage de La Grâce met en évidence deux arguments à partir de la lecture critique de Toynbee, et des enseignements de notre époque, deux tiers de siècle plus tard.

• L’“occidentalisation” du monde est entamée justement, selon Toynbee, juste après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le paradoxe est que ce démarrage coïncide exactement avec le début de la décolonisation (indépendance de l’Inde en 1947, guerre d’Indochine, etc.). Cela nous conduit à considérer l’“occidentalisation”, non comme la poursuite de la colonisation, comme on l’avance souvent, mais bien comme quelque chose de tout à fait différent de la colonisation. En fait, la décolonisation, c’est-à-dire la destruction de la colonisation, était nécessaire pour permettre le lancement de l’occidentalisation. Il n’y a pas complémentarité ni substitution, mais bien opposition entre les deux termes. (Tout cela selon des jugements métahistoriques objectifs, en écartant la question de la valeur morale des deux termes considérés, valeurs de toutes les façons manipulée à son avantage par le Système... Il n’y a pas de condamnation plus forte du colonialisme au nom des valeurs morales qu’à l’intérieur du Système, ces mêmes valeurs morales justifiant par contre l’occidentalisation, ou “anglosaxonisation”/américanisation.)

• La notion de “racisme anglo-saxon” avancée par Toynbee doit être appréciée avec une extrême attention. Pour nous, les Anglo-Saxons ne sont pas racistes, ils sont suprématistes, le suprématisme n’étant pas une catégorie du racisme, mais un caractère en soi... Pour nous, le racisme se définit par rapport aux autres, de diverses façons, dans un univers relatif et circonstanciel ; le suprématisme se définit par rapport à soi, et à soi seul à l’exclusion du reste, comme un caractère identitaire dans un univers absolu. (Le racisme ne conduit pas nécessairement à l’oppression et il peut changer, évoluer, éventuellement disparaître ; le suprématisme ne peut évoluer par définition et conduit nécessairement à l’oppression.) L’Anglosaxonisme, ou panaméricanisme, est suprématiste, comme le fut le pangermanisme et son rejeton catastrophique que fut le nazisme. (Le même avertissement que dans le point précédent peut être repris pour ce point : “Tout cela selon des jugements métahistoriques objectifs, en écartant la question de la valeur morale des deux termes considérés, valeurs de toutes les façons manipulée à son avantage par le Système... Il n’y a pas de condamnation plus forte du racisme au nom des valeurs morales qu’à l’intérieur du Système, ces mêmes valeurs morales justifiant par contre le suprématisme occidental, ou ‘anglosaxonisation’/américanisation”.)

L’extrait commence après la suggestion faite par nous que Toynbee, dans les textes cités (série de conférence, textes de réflexions, réunis dans La civilisation à l’épreuve, dans sa traduction française de 1951), montrait une réelle ambiguïté en présentant cette “occidentalisation” à la fois sous un jour favorable mais selon un jugement qu’on pouvait deviner extrêmement défavorable...

Extrait de La Grâce de l’Histoire

« ...Le point fondamental de cette ambiguïté est bien en ceci qu’en même temps qu’il prévoit cette “occidentalisation” du monde, disons d’une façon objective, sans trop paraître en faire la critique malgré tout, Toynbee réalise une critique disons indirecte mais à potentialité fondamentale et bouleversante de cette civilisation occidentale-mondiale. Nous dirions qu’il s’agit, à cet égard, de sa position la plus intéressante et la plus enrichissante, celle où il reste pleinement historien des civilisations tout en considérant l’“actualité civilisationnelle”. Ainsi, en remettant constamment la civilisation occidentale à sa place, c’est-à-dire comme un élément de la relativité de l’histoire des civilisations et non comme quelque chose de différent, d’unique, voire de sublime comme l’esprit de la modernité s’est accoutumé à en faire la promotion jusqu’à faire de ses “valeurs” des éléments objectifs sinon supra-humains de la condition humaine réalisée et qui ne peut donc se réaliser qu’au sein de cette civilisation, Toynbee détaille pour son analyse quelques considérations qui ne semblent servir qu’à l’argumentaire qui paraîtrait de circonstance, et qui sont en réalité fondamentales. Il en va dans ce sens lorsqu’il explique cette subjectivité “objectivée” de facto du regard de l’Occidental sur sa propre civilisation, c’est-à-dire pour nous cette déformation du regard du moderne sur l’accomplissement de la modernité : le regard déformé de l’Occidental dépend d’un « horizon historique [qui] s’est largement étendu, à la fois dans les deux dimensions de l'espace et du temps », mais dont la vision historique «s’est rapidement réduite au champ étroit de ce qu’un cheval voit entre ses œillères, ou de ce qu’un commandant de sous-marin aperçoit dans son périscope ».

» Lui-même, Toynbee, élargit son regard dans la continuité historique pour apprécier comment notre civilisation pourrait s’inclure dans la continuité des civilisations qu’il a étudiées, classées, rangées et organisées ; en d’autres termes, il veut intégrer son (notre) “actualité civilisationnelle” dans la “continuité civilisationnelle”. L’historien des civilisations observe que l'histoire de l'humanité organisée, avec son partage entre ces mouvements nommés “civilisations”, se déroule au long d'une vingtaine de ces civilisations, dont nous constituerions la vingt-et-unième. Sa vision des rapports entre ces civilisations est du type cyclique ou s’en rapprochant, avec des rapports qu’il juge établis entre les civilisations. Il note aussitôt le reproche fait par la pensée occidentale, ou « juive et zoroastrienne», à cette conception cyclique : elle réduirait l’histoire à « un récit fait par un idiot et ne signifiant rien » remarque-t-il, paraphrasant Shakespeare ; au contraire, la conception judéo-zoroastrienne voit dans l'histoire « l’exécution progressive et conduite de main de maître ... d'un plan divin ... » Faut-il trancher entre l’une et l'autre ? Toynbee tend à suggérer des compromis, – « Après tout, pour qu’un véhicule avance sur la route que son conducteur a choisi, il faut qu’il soit porté par des roues qui tournent en décrivant des cercles et encore des cercles », – suggérant en cela une conception cyclique de l'histoire en spirale (chaque passage à un même point vertical se fait dans un plan horizontal supérieur). C’est finalement la thèse qu’il recommande, en acceptant l’idée d’un sens général de progrès mais qui se constituerait au travers d'expériences accumulées d'affirmations et de chutes successives de civilisations, correspondant effectivement au schéma cyclique. Notons enfin ceci qui vaut aujourd'hui, qui n’existait pas en 1945-47, qui est un sentiment contemporain qui ne cesse de gagner en force, en ce début du XXIème siècle, qui dévaste les certitudes et les espérances, – qui justifie, en un mot, ce récit que nous menons... Il est avéré dans l’esprit public en général que le sens progressiste de l'histoire lié absolument et irrémédiablement à notre civilisation et à nulle autre, et contredisant la théorie cyclique de Toynbee comme d’autres conceptions d’ailleurs, est une notion devenue de plus en plus critiquable et vulnérable par sa propre irréalisation, par sa démonstration de plus en plus catastrophique du contraire par elle-même.

» Bien sûr, ce débat sur le “sens de l’histoire” et tout ce qui en dépend, au profit exclusif de notre civilisation, est satisfaisant pour l’esprit et sa rhétorique, et pour l’animation des diverses ambitions civilisationnelles et religieuses, mais on peut également lui trouver l’allure d’une querelle byzantine. Toynbee lui-même en convient, sans vraiment le chercher en un sens, sans conscience aigue de la chose pour ce cas, lorsqu’il glisse dans une phrase déjà citée, cette précision (soulignée pour nous en gras dans la reprise de la citation) : « ... mouvement [...] par lequel la civilisation occidentale ne vise à rien moins qu'à l'incorporation de toute l'humanité en une grande société unique, et au contrôle de tout ce que, sur terre, sur mer et dans l'air, l'humanité peut exploiter grâce à la technique occidentale moderne. » Il y revient ensuite, et là en pleine conscience, lorsqu’il s’attache un peu plus à notre civilisation et mesure les moyens mis à sa disposition pour animer sa puissance, ce qui est par ailleurs désigné par d’autres comme son entraînement progressiste, sa mission civilisatrice, – lorsqu’il parle de « ce récent et énorme accroissement du pouvoir de l'homme occidental sur la nature, — le stupéfiant progrès de son “savoir-faire technique” — et c'est justement cela qui avait donné à nos pères l'illusoire imagination d'une histoire terminée pour eux ». Soudain, cette spécificité occidentale jusqu’alors mentionnée comme un moyen somme toute innocent apparaît comme d’une importance tout simplement fondamentale, une importance que nous qualifierions de rupturielle. Elle apparaît effectivement, on s’en aperçoit, comme la cause de ce qui se dessine comme une interruption de la marche cyclique que l’historien des civilisations Toynbee définit comme les rapports des civilisations, par laquelle il mesure la possibilité de l’humanité de progresser par le moyen de cette succession de civilisations. Elle apparaît comme une sorte d’événement de rupture, de ce qu’on nommerait, selon l’idée de Toynbee, la rupture de la respiration civilisationnelle, – la civilisation, souffle coupé si l’on veut, en rupture brutale de rythme, – certes, toujours réapparaît ce concept de rupture...

» « Pourquoi la civilisation ne peut-elle continuer à avancer, tout en trébuchant, d’échec en échec, sur le chemin pénible et dégradant, mais qui n’est tout de même pas complètement celui du suicide, et qu’elle n’a cessé de suivre pendant les quelques premiers milliers d'années de son existence? La réponse se trouve dans les récentes inventions techniques de la bourgeoisie moderne occidentale. » Surgit ainsi ce fait fondamental, ce qui remet tout en cause, détruit l’harmonie de la succession des civilisations, ébranle la superbe architecture toynbiste ; surgit et s’impose cet irréfragable constat que notre puissance technicienne, transmutée en une affirmation soi-disant civilisatrice passant par la technologie, pulvérise les règles de l’évolution des civilisations et bouleverse leur succession.

» On ne sait pas précisément ce que Toynbee fait de ce constat, s’il s’en réjouit ou s’il s’en désole. Il insiste ici et là sur la responsabilité particulière de la civilisation occidentale, ce qui est une évidence à la lumière de ce qu'il nous expose, mais il ne prononce ni diagnostic, ni jugement définitif ; surtout, il passe sous silence cette possibilité d'un jugement ou d'un diagnostic. On le sent gêné ou prudent, comme s'il estimait devoir respecter quelque chose qui ressemblerait à une consigne ou simplement n’est-il pas en position de pouvoir spéculer trop précisément. Lorsqu’il évoque, a contrario dirions-nous, une hypothèse défavorable à notre civilisation, il se récrie aussitôt mais sans donner le moindre argument de poids et, surtout, en écartant la principale règle de sa philosophie des civilisations qui est cet enchaînement de civilisation en civilisation impliquant que chaque civilisation connaît une décadence et une chute, que chacune alimente la suivante en lui cédant la place et en s’effaçant dans sa décadence et sa chute qui sont alors un accident de l’Histoire et nullement une rupture... Ainsi, lorsqu’il observe : « De plus, quand nous étudions en détail les histoires de ces civilisations défuntes ou moribondes, et quand nous les comparons entre elles, nous trouvons l'indication de quelque chose qui ressemble à une forme récurrente dans le processus de leurs dislocations, de leurs déclins, de leurs chutes. [...] Cette forme de déclin et de chute est-elle gardée en réserve pour nous, comme une sentence à laquelle aucune civilisation ne peut échapper ? Dans l'opinion de l'auteur, la réponse est absolument négative. » ... Et pourquoi donc, s’il vous plaît ? (Qui plus est : question absolument justifiée, sinon impérativement nécessaire plus d’un demi-siècle plus tard, dans les temps catastrophiques nous vivions.)

» Si nous disons notre malaise avec cette attitude de Toynbee, c’est qu’à d’autres occasions où le biais est différent, où la “civilisation occidentale” moins désignée en tant que telle, si pas désignée du tout, sa réflexion est si différente qu’elle en devient l’opposé. On pourrait juger de son soutient à la civilisation occidentale telle qu’il la décrit un peu comme Sainte-Beuve jugeait du soutien de Tocqueville à la démocratie, en se référant à Pascal, et la paraphrase donnerait alors ceci : “Toynbee m’a tout l’air de s’attacher à la civilisation occidentale comme Tocqueville à la démocratie et Pascal à la croix : en enrageant. [...] Pour la vérité et la plénitude de la conviction cela donne à penser.”

» L’on comprend cela lorsque Toynbee revient à l’Islam, avec une succession de constatations sur les rapports de l’Occident et de l’Islam et, dans le cas qui nous importe ainsi, avec une réflexion et un jugement parallèles sur les deux. Nous nous arrêtons à cette considération où Toynbee, après avoir constaté que l’une des grandes vertus de l’Islam est d’avoir écarté les haines entre les races (le racisme lorsqu’il se découvre suprématisme), poursuit, passant à la civilisation occidentale, – dont il précise aussitôt, et cela pour notre plus grande satisfaction car la chose doit être impérativement comprise, qu’il s’agit de la civilisation occidentale d’inspiration anglo-saxonne... « [L]e triomphe des peuples de langue anglaise peut rétrospectivement apparaître comme une bénédiction pour l'humanité; mais, en ce qui concerne ce dangereux préjugé de race, on ne peut guère contester que ce triomphe ait été néfaste. Les nations de langue anglaise qui se sont établies outremer dans le Nouveau Monde n’ont pas, en général, fait office de “bons mélangeurs”. La plupart du temps, elles ont balayé, chassé les primitifs qui les précédaient; et là où elles ont permis à une population primitive de survivre, comme en Afrique du Sud, ou bien importé du “matériel humain” primitif, comme en Amérique du Nord... [...] En outre, là où on ne pratiquait pas l'extermination ou la ségrégation, on pratiquait l'exclusion ... [...] A cet égard, le triomphe des peuples de langue anglaise a donc soulevé pour l'humanité une “question raciale”, ce qui n'aurait guère été le cas, tout au moins sous une forme aussi aiguë, et dans une aire aussi vaste, si les Français, par exemple, au lieu des Anglais, étaient sortis victorieux de la lutte pour la possession de l'Inde et de l'Amérique du Nord au XVIIIe siècle. Au point où en sont les choses, les champions de l'intolérance raciale sont dans leur phase ascendante, et si leur attitude à l’égard de la question raciale devait prévaloir, cela pourrait finalement provoquer une catastrophe générale. »

» Ainsi en est-il... Alors qu’en général, il fait une apologie certes incertaine d’une civilisation destinée à dominer, à “occidentaliser” et à intégrer le monde en une sorte de “fin de l’Histoire”, dont on sait désormais avec sûreté qu’elle est technicienne et technologique, et qu’elle est dans son esprit encore plus que dans les faits complètement anglo-saxonne, voilà que Toynbee met en garde, dans ce texte, contre le “racisme” des Anglo-Saxons, – en fait, leur suprématisme, qui pourrait conduire à « une catastrophe générale ». (On comprend combien cette idée pourrait être acceptée, exploitée, manipulée, développée, aujourd'hui, dans notre début de XXIème siècle.) Comment concilier deux jugements pratiquement dits dans un même souffle et presque dans une même phrase, dans un passage qui commence par « [L]e triomphe des peuples de langue anglaise peut rétrospectivement apparaître comme une bénédiction pour l'humanité » et qui se termine par « [C]ela pourrait finalement provoquer une catastrophe générale », – alors que l’on parle de la même chose, que le “cela” de la fin du passage renvoie bien, même si indirectement, au “triomphe des peuples de langue anglaise” ?

» A la lumière d’une telle démonstration de contradiction, il nous semble justifié de montrer quelque réticence pour la démarche de Toynbee, et de voir plutôt une bonne part de convenu dans ses jugements généraux. Ces textes sont écrits et même dits (conférences) à un moment crucial pour un Britannique, à la fois de triomphe de l’anglo-saxonisme (USA), à la fois du déclin de l’Empire britannique (perte des Indes et la suite) ; on ne reprochera pas à Toynbee de montrer quelque attention pour les psychologies britanniques dans un passage si délicat (“Right or wrong, my country”...). Par contre, les diverses remarques apportées ici et là, selon des approches différentes ou indirectes, nous paraissent suffisantes pour finalement constituer un dossier intéressant, et particulièrement s'il s'agit, comme c’est notre ambition, d’avancer une appréciation extrêmement spécifique sur la situation de notre civilisation dans une époque si propice à être interprétée comme un temps de rupture. C’est donc à ce point que nous réunirons nos arguments pour résumer l’essentiel de notre interprétation des propos de Toynbee, ceux qui sont réellement novateurs, de portée générale, ceux qui nous paraissent véritablement féconds. C’est en effet de cette façon qu’ayant saisi ce qui nous paraît être la substantifique moelle de la démarche de Toynbee, nous nous proposons de faire entrer cette démarche dans notre propre récit... Cela commence par les trois enseignements que nous retenons, à notre estime et sous notre responsabilité, des propos d’Arnold Toynbee.

» • Son idée d'une approche en partie cyclique de l’évolution des civilisations nous paraît très intéressante en ce sens qu’elle convient bien à notre perception et rencontre justement notre intuition. Pour nous, par conséquent et en élargissant le propos de Toynbee pour notre compte, cette idée implique qu’on ne peut, si l’on tient à un rangement vertueux de notre évolution civilisationnelle, envisager l’évolution des civilisations indépendamment les unes des autres ; qu’il existe une certaine continuité de l’ordre du spirituel autant, sinon plus, que de l’ordre de l’historique “accidentel” ; que toute civilisation, et c’est l'essentiel de cet aspect-là, a une sorte de responsabilité spirituelle par rapport à l'histoire, y compris dans son décadentisme, dans sa façon d'être décadente ; comme si on ne pouvait être décadent et chuter qu’en assumant sa responsabilité métahistorique d’assurer la continuité et d’ouvrir la voie, d’une façon ou l’autre, à la civilisation suivante ... En un sens, c’est dire qu’être une civilisation éventuellement sinon nécessairement dominante d’une partie de la métahistoire, “cela se paye” d’une fidélité fondamentale à l’Unité originelle, avec la responsabilité structurelle qui va avec. Il s’agit, selon notre interprétation d’une sorte d’acquiescement à un destin commun, de ce sens unificateur des solidarités qui justifie d’être dans la métahistoire.

» • La deuxième idée de Toynbee comme nous la concevons, concernant notre civilisation, est que la disposition d'une telle puissance technique et technologique utilisable dans tous les recoins et dans une géographie terrestre totalement maîtrisée et contrôlée impose à cette “notre-civilisation” (les guillemets deviennent nécessaires, par prudence) une ligne de développement même si ce développement s'avère vicié et qu'elle interdit tout développement d'une civilisation alternative et/ou successible. On retrouve ici une correspondance certaine avec notre propre schéma à partir du “déchaînement de la Matière” et, en nous référant à la classification de Ferrero, une correspondance chronologique certaine avec le destin de l’“idéal de puissance” qui passe justement, avec l’effondrement allemand de 1945, son flambeau du pangermanisme à l’anglo-saxonisme, ou panaméricanisme. On comprend alors que la contradiction relevée plus haut (Toynbee annonce une offensive d’“occidentalisation” du monde au moment où s’amorce la décolonisation) n’en est pas vraiment une : l’“occidentalisation” n’a pas tant à voir avec le colonialisme, avec la saga des colonies au XIXème siècle, etc., qu’avec la disposition du technologisme, de la puissance technicienne, bref de l’“idéal de puissance” devenu le premier instrument, et l’esprit même de l’“occidentalisation” du monde, – et complètement “anglosaxonnisé” à partir de 1945.

» • Une dernière idée, implicite dans les considérations de Toynbee mais déjà très fortement présente, qui nous semble renforcée de nombreux arguments aujourd'hui, voire du simple constat de bon sens, est ce constat, justement, que l'hypertrophie technologique de notre civilisation, qui est aussi la clef de voute et l’inspiration de l’“occidentalisation” du monde, s'est accompagnée d’une atrophie des comportements et des valeurs intellectuelles et spirituelles de civilisation, que ce soit du domaine de la culture au sens le plus large, de la pensée, de l’intuition haute, de la foi au sens le plus haut. Toynbee nous le suggère lorsqu’il dit ce qu’il dit des Anglo-Saxons, qui mènent cette civilisation, de leur racisme-suprématisme qui conduit éventuellement aux pires catastrophes par opposition à ce qu’auraient pu en faire les musulmans et (c'est plus notable et intéressant) par opposition à ce qu’auraient pu en faire les Français. (Dans ce cas et en actualisant notre critique aux temps courants de ce début de XXIème siècle où les choses sont clairement dites, nous n’enfermons pas le “racisme” dans l’esprit-Système du mot, dont l’usage est invertie puisqu’il constitue, dans ce cadre, une arme de déstructuration et de dissolution. Nous l’utilisons dans l’esprit du suprématisme anglo-saxon, qui accomplit avec ce diktat suprématiste une fermeture à toute autre approche du monde que celle de l’anglo-saxonisme ; poursuivant le cas, l’on sait que l’anglo-saxonisme, sous l’empire de l’“idéal de puissance”, est le serviteur le plus empressé du Système déstructurant et dissolvant. C’est dans ce sens qu’il faut voir l’allusion contraire aux Français, qui sont étrangers et hostiles par leur nature même, malgré leurs élites anglo-saxonisées du temps courant, à une telle approche.) »

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mardi, 22 octobre 2013

B. Lugan: les Boers contre l'impérialisme

Erdogan y el TSK

Ex: http://www.elespiadigital.com

Por Germán Gorraiz Lopez

Erdogan proseguiría con su estrategia de implementar el Estado Erdoganista, (socavando los pilares del Estado Secular que en 1923 implantó el Padre de la Turquía Moderna, Mustafa Kemal)  y que se plasmarían en pinceladas como la implantación de la enseñanza del Corán en la escuela Primaria, restricciones a la libertad de expresión en forma de encarcelación de periodistas opositores, la polémica restricción de venta de alcohol y el anunciado despliegue de la policía en los campus y residencias universitarias que podría desencadenar un nuevo Mayo del 68. Recordar que Kemal creía que “el secularismo y la europeización de Turquía eran los medios más aptos para transformar su país en una nación industrial moderna”, pero el kemalismo dejó como herencia una crisis de identidad en la sociedad turca, europeizada pero no integrada en las instituciones europeas y musulmana pero extraña al mundo islámico.

Erdogan y Egipto

El primer ministro turco, Recep Tayip Erdogan, ha acusado al Gobierno en funciones de Egipto de terrorismo de Estado y ha comparado al jefe del Ejército, Abdel Fatá al Sisi, con el presidente sirio, Bashar al Assad. Igualmente, acusó a los medios de comunicación occidentales que transmitieron en directo  las protestas violentas de las calles de Estambul, “como BBC y CNN” de “no mirar ni escuchar lo que ocurre en Egipto”, según  el diario ‘Hurriyet’.

El propio Erdogan ha reiterado que Turquía no reconoce al Gobierno interino egipcio y que sigue considerando al depuesto y encarcelado mandatario, Mohamed Morsi, como único presidente legal del país árabe, con lo que la tensión entre ambos Gobiernos ha ido “in crescendo” y tras el baño de sangre producido por la represión del ejército egipcio, ambos países habrían llamado a consultas a sus respectivos embajadores y Egipto habría cancelado las maniobras militares marítimas conjuntas que tenía previsto realizar con Turquía el próximo mes de octubre , debido “ a la injerencia flagrante de Ankara en los asuntos egipcios”, por lo que Erdogan se  habría granjeado la enemistad de EEUU.

Pulso Erdogan-TSK

El Ejército turco (TSK) desempeña un importante papel político en la sombra,  puesto que se consideran los guardianes de la naturaleza secular y unitaria de la República  siguiendo los postulados kemalistas y los partidos políticos juzgados como anti-seculares o separatistas por el Poder Judicial Turco (a instancias del estamento militar), pueden ser declarados ilegales.Ya en vísperas de la elección de Abdullah Gül como Presidente de Turquía ( agosto del 2007), las Fuerzas Armadas  afirmaron que “intervendrán decisivamente en la defensa del laicismo ante los esfuerzos de determinados círculos de socavar los valores fundamentales de la república  que han aumentado claramente en tiempos recientes”, advertencia próxima a la retórica del Golpe Militar de 1.980 y que podría extrapolarse a la situación política actual.

En los últimos años , Erdogan ha asestado varios golpes a la cúpula militar turca, del que sería paradigma la decisión de Erdogan de relegar de su cargo a tres oficiales de alto rango acusados de formar parte de la trama “Ergenekon”, una agrupación ultra-nacionalista compuesta por militares y activistas de marcado carácter laicista, pero también por segmentos de la esfera política, mediática, intelectual y educativa del país y cuyo supuesto cometido habría sido deponer al actual ejecutivo islamista de Erdogan y el pulso Erdogan-TSK habría llegado a su paroxismo con las sentencias condenatorias del caso Erdegon, destacando la dureza de las penas impuestas a 250 de los implicados, 12 de los cuales habrían sido condenados a cadena perpetua.

¿Hacia el golpe de mano?

El mandato de Erdogan como primer ministro finiquita en el 2015 sin posibilidad de reelección,por lo que es previsible que abandone el puesto de Primer Ministro para competir por la presidencia en las elecciones presidenciales de septiembre.

Dicho cargo sería meramente simbólico pero podría asumir poderes ejecutivos si prospera la reforma constitucional que el propio Erdogan propone con el objetivo inequívoco de implantar la nueva República Islámica de Turquía en el horizonte del 2016, con lo que Turquía se convertiría en un régimen indefinido en el que la lealtad a los intereses occidentales en Oriente Próximo estaría en entredicho.

Ante esta situación, tras conocerse las condenas del mediático affaire Ergenekon, (de las que sería paradigma el general retirado Ilker Basbug, antiguo Jefe de Estado Mayor del TSK, condenado a cadena perpetua y su frase premonitoria “La Nación tendrá la última palabra”) y sin el paraguas protector de la UE (al posponer “sine die” la incorporación de Turquía miembro de pleno de derecho de la UE), no sería descartable que el ejército turco (TSK) protagonice un nuevo golpe “virtual” o “posmoderno” que acabaría con el mandato del Primer Ministro Erdogan, (rememorando el ‘golpe blando’ de 1997, cuando los generales kemalistas arrebataron el poder al Gobierno del presidente Necmettin Erbakanpor, quien lideraba una coalición islamista).

Dicho golpe contaría con las bendiciones de Washington al haber dejado Erdogan de ser un peón útil para la estrategia geopolítica de EEUU en Oriente Próximo y significaría el ocaso de la primavera árabe del arco mediterráneo y la posterior inmersión en el llamado otoño árabe, fruto de la nueva estrategia de EEUU para la zona tras el evidente fracaso para sus intereses del experimento de exportación del otrora régimen islamista moderado y pro-occidental de Erdogan a todos los países que componen el tablero gigante del mundo árabe-mediterráneo.

La nueva estrategia de EEUU consistirá en la implementación de “golpes virtuales o postmodernos“ en los países de la zona con el objetivo inequívoco de sustituir a los regímenes islamistas surgidos de las urnas por regímenes militares presidencialistas en el marco del nuevo escenario geopolítico mundial surgido tras el retorno al endemismo recurrente de la Guerra Fría entre EEUU y Rusia, quedando Siria y Marruecos como portaaviones continentales de Rusia y EEUU respectivamente.

* Analista

Vers un chasseur russo-brésilien?

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Résilience de la NSA ...

Vers un chasseur russo-brésilien?

Ex: http://www.dedefensa.org

Ce qui paraît à la fois logique et inévitable depuis le début des sidérantes aventures de la NSA au Brésil, révélées par Greenwald & Cie, se concrétise. Les premiers jalons sont posés pour une éventuelle coopération entre le Brésil et la Russie pour un avion de combat, disons russo-brésilien, qui pourrait être considéré à partir de l’hypothèse d’un développement du modèle russe de cinquième génération (le Soukhoi T-50, programme russe avec déjà une coopération indienne), ou d’une extrapolation de ce programme. La chose (l’exploration d’une coopération) a été dévoilée après une rencontre entre le ministre russe de la défense et le ministre brésilien de la défense. Le ministre russe a fait une visite fructueuse en Amérique du Sud, continent d’ores et déjà antiaméricaniste où la Russie voudrait renforcer ses ventes stratégiques d’armement. De façon plus concrète pour un autre domaine, la rencontre au Brésil devrait déboucher sur la finalisation, début 2014, d’un contrat entre le Brésil et la Russie pour un ensemble de missiles sol-air pour une valeur annoncée de un $milliard, avec transfert de technologies.

Pour ce qui concerne l’avion de combat, une dépêche AFP du 16 octobre 2013 dit ceci, en y ajoutant un cas hors-domaine où un geste des Russes pourrait faire avancer le dossier : «Brazil said Wednesday it hopes to develop state-of-the-art combat aircraft with Russia, and purchase surface-to-air missile batteries from Moscow. [...] “We are very interested in discussing projects relating to fifth generation (combat) aircraft with new partners,” Defense Minister Celso Amorim told reporters after talks here with his Russian counterpart Sergei Shoigu. “The issue was mentioned as a basis for discussion, but it is for the medium term.” [...]

» [Shoigu] stop in Brazil also coincides with Rousseff pressing for the release of a Brazilian biologist detained in Russia along with 29 other Greenpeace activists after protesting Arctic oil drilling. Ana Paula Maciel was one of 30 activists from 18 countries arrested by Russia in late September and charged with piracy after authorities said they had found “narcotic substances” on the Dutch-flagged Arctic Sunrise, used in their protest.»

La même dépêche mentionne évidemment le contrat actuellement en cours, pour 36 avions de combat pour le Brésil, dits de “quatrième génération”. (Ce concept de “générations” est douteux dans sa signification opérationnelle. Son développement argumentaire constitue plus une manœuvre de relations publiques des USA d’il y a quelques années, pour verrouiller le JSF dans la présentation de son exceptionnalité supposée. L’exceptionnalité du JSF est d’ores et déjà admise, dans le domaine de la catastrophe technologique proche de l’impasse bien entendu, mais le mythe de la “génération” comme facteur rupturiel de progrès survit, de la quatrième des chasseurs actuels à la cinquième des chasseurs nouveaux “du futur”. L’argument de RP s’insère du fait de la catastrophe-JSF dans l’image d’un mythe de plus en plus érodé et de plus en plus contestable, cela dans un contexte de mise en cause générale de la fiabilité fondamentale de l’avancement technologique à ce stade, voire d'une impasse pure et simple du technologisme.)

Le contrat 36 avions/4ème génération a connu bien des vicissitudes. Le Rafale était en 2009 un énorme favori, quasiment choisi selon une cohérence française stratégique prometteuse où même la Russie était incluse (voir le 4 septembre 2009) ; il devint bientôt un favori perdu et sans doute sans plus aucune chance à cause de l’effondrement du sens stratégique indépendant de la France (voir le 24 mai 2011). Le F-18 lui a succédé comme favori, selon la logique habituelle des pressions US sur une nouvelle présidente (Rousseff), soucieuse d’améliorer ses relations avec les USA. Tout cela été pulvérisé par la crise Snowden/NSA, touchant d’abord directement le F-18 (voir le 13 août 2013), puis, d’une façon radicale, les relations du Brésil avec les USA (voir le 25 septembre 2013).

... Ainsi tiendra-t-on les assurances du ministre brésilien de la défense sur la poursuite de ce contrat plutôt comme un vœu pieux de l’establishments militaire brésilien que comme une prévision assurée. D’ailleurs, la partie américaniste, comme indiqué également ci-dessous, ne prend plus de gants pour signifier sa position désespérée.

«Amorim said he hoped the fourth-generation aircraft bidding process would be “finalized soon.” But Boeing's bid to win the contract appears to have been damaged by reports of extensive US spying on Brazil. The allegations, based on documents leaked by fugitive US intelligence analyst Edward Snowden, led President Dilma Rousseff to cancel a state visit to Washington, putting Boeing's bid on hold, Boeing Brazil chief Donna Hrinak said last week. “The postponement of the visit means that any progress about the issue (aircraft contract) was also postponed,” Hrinak, a former US ambassador to Brazil, said during a seminar on the Brazilian economy.»

En effet, la perspective de ce contrat 36 avions de combat/quatrième génération nous paraît extrêmement réduite. Elle est aujourd’hui réduite de facto au seul Gripen si l’on tient compte de l’effondrement successif probable des offres Rafale et F-18. Un tel achat d’un avion suédois tenu par des contraintes US draconiennes interdisant tout transfert de technologies sur près de 50% de l’avion (moteurs et électronique sont US) n’a plus guère de sens politique ni industriel dans le contexte actuel, alors que le Brésil est dans une position socio-économique tendue, avec une agitation de rue qui rend impopulaire toute dépense publique qui n’est pas vitale. Bien entendu, le climat politique général (la Suède est dans le bloc BAO et sous obédience US affirmée) est un facteur très important allant contre ce choix. Bref, c’est tout le marché des 36 avions de combat/quatrième génération, entièrement appuyé sur des offres du bloc BAO alors qu’il était au départ diversifié par la perception d’une stratégie française indépendante, qui est menacé d'effondrement par la politique du bloc BAO.

La démarche russe a ainsi tout son sens et sa logique, et la probabilité est que le contexte politique va pousser au développement de l’examen du projet envisagé, sinon à son accélération, le moyen terme pouvant notablement se raccourcir. Le vrai problème est d’ordre de la politique industrielle. Le programme russe de cinquième génération, le T-50, est largement orienté vers une coopération avec l’Inde, avec les transferts de technologie qui vont avec, et déjà largement avancé. Le Brésil pourrait-il s’y insérer ? Pourrait-on envisager une version spéciale de coopération pour le Brésil, ou une coopération à deux passant à trois ? La politique dit “oui”, d’autant qu’il s’agit de trois pays-BRICS et que la Russie veut donner une dimension stratégique au BRICS. Les domaines industriel et technologique, avec une bureaucratisation touchant parfois à la paralysie (surtout dans le cas de l’Inde) suggèrent bien plus de réserves alors qu’un tel domaine de la coopération à ce niveau nécessite une très grande souplesse. Plus encore, les problèmes fondamentaux de blocage technologique des projets avancés, illustré magnifiquement par le JSF, jettent une ombre universelle sur tous les projets de cet ordre. Quoi qu’il en soit, il reste que la question est non seulement posée mais ouverte.

Elle est aussi ouverte que la question précédente semble se fermer. La question qui concernait la pénétration stratégique du Brésil par un pays occidental au travers du contrat de quatrième génération actuellement en discussion, semble effectivement avoir obtenu une réponse catastrophique. L’orientation politique des pays concernés ayant évolué vers le standard bloc BAO, on a pu mesurer la profondeur de la catastrophe de la politique française avec Sarkozy à partir de 2009/2010, avec Hollande suivant fidèlement ces traces. Il n’y a guère de commentaire à faire devant l’évidence du constat, sinon à observer une fois de plus que l’“intelligence française” est capable d’accoucher en période de basses eaux son double inverti absolument radical, dans le chef de l’aveuglement et de la fermeture de l’esprit. Quant à la partie américaniste, l’aventure en cours de la désintégration de la NSA, avec ses effets collatéraux colossaux dont celui du Brésil est le fleuron, ne fait que confirmer dans le sens du bouquet de la chose la constance d’un aveuglement qui doit tout, lui, à la sottise profonde d’une politique US de brute force malgré les atours du soft power dont elle prétend se parer (voir le 9 octobre 2013).

Cette affaire des chasseurs brésiliens est exemplaire, quatrième et cinquième générations confondues, ou même sixième pour les experts rêveurs qui pensent, les braves gens pleins d’espoir, à la situation d’ici 10-15 ans... Elle est exemplaire de l’effondrement de la politique de la civilisation occidentale prise comme un bloc (bloc BAO), et dans un temps incroyablement court. Elle est exemplaire aussi de l’affirmation diversifiée et très puissante, et aussi rapide, des pays qu’on a peine à qualifier encore d’“émergents”, notamment les BRICS, et la Russie et la Brésil dans ce cas, dans ce cadre spécifique des renversements politiques. Elle est exemplaire enfin, – cela ne peut être dissimulé car c’est finalement le principal, – de la rapide détérioration de tous les attributs de la “contre-civilisation”, que ce soit les conditions stratégiques, le technologisme, les conditions courantes de la “gouvernance”, etc., et cela aux dépens des principaux producteurs de la chose (le bloc BAO) mais aussi des autres (y compris les BRICS), l’ensemble du monde étant simplement confronté à la réalité terrible d’un effondrement civilisationnel sans aucun précédent historique dans son ampleur et sa rapidité.

Clément Rosset: Faits divers...

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Les Presses universitaires de France viennent de publier Faits divers, un recueil de textes de Clément Rosset. Philosophe du réel tragique et joyeux, Clément Rosset est notamment l'auteur de La philosophie tragique (PUF, 1960), Logique du pire (PUF, 1971), L'Anti-nature (PUF, 1973) , Le réel et son double (Gallimard, 1976), La Force majeure (Éditions de Minuit, 1983) ou de Principes de sagesse et de folie (Éditions de Minuit, 1991).

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" Gilles Deleuze, les vampires, Emil Cioran, Samuel Beckett, le dandysme, Friedrich Nietzsche, Raymond Roussel, Casanova, Arthur Schopenhauer, Jean-Luc Godard, Goscinny & Uderzo, Jean-Paul Sartre, Hugo von Hofmannsthal. Le réel, le double, l’illusion, le tragique, la joie, la musique, la philosophie, la politique, le péché, l’enseignement. Faits divers sont les miscellanées de Clément Rosset : le répertoire désordonné et jubilatoire de ses passions et de ses dégoûts, de ses intérêts et de ses bâillements, de ses tocades et de ses coups de sang – ainsi que de la prodigieuse liberté de ton et de pensée avec laquelle il les exprime et les pense. Un des philosophes, un des écrivains les plus singuliers de notre temps revisite les coulisses de son œuvre. Et vous êtes invités. "

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Propedeútica a un mundo multipolar o la Tercera Guerra Mundial

Por Dr. Sebastián Ballesteros Walsh* - El Espía Digital

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Archive: novembre 2012

Las calles del Imperio

Washington DC, como Roma, Londres, o París o San Petersburgo, es majestuosa ciudad imperial, desde la idea urbanística, el diseño arquitectónico de sus edificios públicos, sus Museos y Ministerios y Bancos, pulcros parques y jardines y los miles de cerezos que florecen en abril, con un toque de millonaria policromía japonesa, contrastada con los verdes de la frondosa vegetación perenne.

Es una hermosa ciudad, si prefiere Georgetown o vivir en los barrios de la periferia, lo suficientemente lejos de la Casa Blanca, el Capitolio y el corazón urbano del Distrito de Columbia, una zona delincuencial verdaderamente peligrosa, que lo pueden despojar de sus bienes en un santiamén y por la corrupción que se ha enseñoreado del Congreso, dominado por los lobbies de Nueva York, la verdadera capital del Imperio, que han despojado de sus libertades y de sus bienes a la mayoría de los norteamericanos, y consentido guerras injustificables.

Envuelta en la cautivamente e hipnótica parafernalia presidencialista de la marcha Heil to the Chieff, paradójicamente una de las metrópolis con mas alta mortalidad presidencial por atentados, solo comparable con la Roma decadente, de pretores, degenerados y lunáticos. Los mitos aglutinantes del Imperio y de su Pax Americana, imagen del faro luminoso que guía a la humanidad por la segura ruta de la democracia, manteniendo en alto la flama de la libertad en la Isla de Ellis, el libre comercio, los derechos humanos y todas las libertades de la Constitución, que fue modelo de las Constituciones liberales de las Naciones Latinoamericanas, traerían progreso, abundancia y prosperidad, pero las copias no han funcionado, al menos no para todos.

El trabajo sí es para todos pero, al final la tajada de león es sólo para banqueros, plutócratas, usureros y sus legiones de eficientes abogados y contadores, directores de medios masivos obsecuentes, y la renovada clase de ciertos generales y almirantes, incompetentes y corruptos, trepadores en las estructuras de poder—- ascendieron lejos de la línea de fuego, centrados en sus carreras políticas más que en el destino de la nación, que no decir de sus propias armas—, puestos a su servicio desde de su retiro temprano con jugosas pensiones, para ascender al Directorio de Corporaciones, las puertas del verdadero poder que domina al Imperio, previas voluntarias concesiones de conciencia hasta quedar como lujosos instrumentos del verdadero poder sin alma, con bonos, acciones y cuentas de cheques.

Distantes e ignorados, los combatientes de la línea de fuego, generales brillantes, oficiales comprometidos y soldados valientes, que sudan, sangran y sufren en lejanas guerras incomprensibles, caprichosas, donde domina el espíritu aniquilador de Hiroshima, Dresde, Nagasaki y Hamburgo. Las legiones están cansadas, desmoralizadas y asqueadas de haber cambiando de branding, de bravos y patriotas, a criminales, sicarios y asesinos seriales.

Si Ud no se ha percatado, la Estatua de la Libertad, símbolo del nuevo mundo, tiene la cabeza hueca como lo es el resto del monumento donado por la Francia de la Revolución y la guillotina. Bajo su antorcha millones han llegado para compartir un sueño, el sueño americano que toca a su fin. Hoy los inmigrantes pasan a ser los villanos inasimilables de Samuel Huntington, el placebo de enemigo necesario para justificar un clima paranoico de guerra interna, la sociedad de la vigilancia electrónica, el dominio del protector Hermano Mayor, el sueño cumplido del suicida Arthur Koestler en 1984. No hay guerra sin enemigo agresor, por eso es necesario inventarlo, fabricarlo, aderezarlos con todos los ingredientes truculentos de la maldad y la sevicia amenazante, e inminente, para entregar con cuentagotas rebanadas de libertad a cambios de una mítica seguridad evasiva siempre amenazada.

Y claro serán los hispanos, morenos y mestizos, el blanco preferido de la propaganda de guerra del Ministerio de la Verdad, encarnada en CNN y en Fox, para demonizar al inmigrante inasimilable porque habla español, ama su familia y su terruño y ora a la Virgen de Guadalupe, casus belli declarado Huntington dixit. Los mexicanos, Osama Bin Laden y Al Qaeda, son los fantasmas que agita la propaganda de guerra para devorar libertades y aumentar presupuestos de guerra y de seguridad, clima mental de paranoia, violencia, distractores eficaces del problema real que enfrenta el Imperio.

El Almirante Mullen, Jefe del Comando Conjunto de las FFAA de USA, declaró sin ambages que el peor enemigo de la seguridad nacional de su país, no era Al Qaeda, sino la burbuja especulativa inmobiliaria gestada por la usura de la Calle del Muro, el otro muro. Pues 40 millones de hipotecas tóxicas, tienen en vilo o en la calle a otras tantas familias, 20 millones de desempleados, 50 millones de adictos que no pueden vivir una semana sin drogas, el déficit fiscal trillonario, el dólar sobrevaluado en un 20%, el riesgo de la recesión, y un país en una larga guerra by proxy, que puede sufragar hipotecando el futuro de generaciones nonatas de nietos y bisnietos. Estos son en conjunto indicadores precisos de que el Imperio unipolar más poderoso en la historia de la humanidad, esta tocado en la línea baja de flotación. Pero un pueblo guerrero, con la maquinaria militar mas avanzada y los recursos tecnológicos impensables, el control de los siete mares, del espacio y las 1000 bases en todo el mundo, guerras en 30 países, 120 mil contratistas privados en Afganistán y otros tantos en Irak, no se bajará del ring sin pelear.

Por eso en mis cavilaciones, me pregunto qué dilemas pasan por la mente de los políticos que mandan a los militares, para engarzarlos en otra guerra mas, en donde tienen mas que perder que ganar, sólo para servir a la minoría fanática que dirige a Israel, poniendo en riesgo la seguridad del pueblo judío todo, en el umbral de un Holocausto nuclear.

¿Cómo dejar Afganistán e Irak retornando las legiones de combatientes sin haber ganado nada? ¿Cómo dejar ahora al África del Norte y Central, en el caos provocado por la guerra de intervención contra el Coronel Gadafi y contra Libia que recuerda al Congreso de Bruselas de fines del siglo XIX en que los imperios se repartieron las colonias como lo harían después en Versalles? ¿Cómo seguir adelante con la destrucción de Siria paso previo a una desastrosa intervención militar contra Irán?. ¿Cómo soslayar que el nuevo Versalles del Medio Oriente diseñado por los tanques de cerebros del occidente plutócrata, no sea el mapa para reproducir después y pronto en América Latina, empezando con México, convertido en proconsulado, víctima de una violencia importada desde el Norte, ocupando con mil excusas humanitarias y ambientales, los espacios vacíos de la región, los Petenes, la Amazonia y la Patagonia? ¿Cómo no elevar el grado de alerta con probables movimientos secesionistas en el Sureste Mexicano, en el Soconusco sobre el Pacífico, en Guayas en Ecuador, en los llanos venezolanos, en Santa Cruz de la Sierra y en el Paraguay?. ¿Qué reacción esperar de Brasil cuando el Comando de la Cuarta Flota reactivada desde después del fin de la Segunda Guerra Mundial declara que navegarán por aguas turbias, clara definición de la Amazonia, al mismo tiempo que la UE y la OTAN solicitan su internacionalización pues Brasil no podría administrar ese pulmón de la humanidad? Tanta generosidad del Imperio es realmente embargante.

Si Mitt Romney declara que el enemigo es Rusia, esto es el retorno a la Guerra Fría, es perfectamente congruente con el pensamiento estratégico neocons. Después de la caída del Muro de Berlín, el cambio de la doctrina de Guerra norteamericana que declara la legalidad del ataque estratégico preventivo—al demonio con la jurisprudencia del Tribunal Militar de Núremberg y con los ejecutados por crímenes de guerra — tira por la borda todos los avances de desarme nuclear, y provoca el rearme de Rusia.

El Imperio contrataca: la instalación de sistemas misilísticos en el Centro de Europa, sólo significa la capacidad instalada para abatir la segunda ola de misiles desde Rusia, si ésta es atacada por la OTAN, no por Irán. La base militar en Darwin Australia, retrotrae la historia a la Segunda Guerra Mundial, en un clima de asedio y contención contra la Republica Popular China, a la que el Asesor de NSA ha declarado el enemigo a aislar en el Lejano Oriente.

El Imperio tiene las tasas mas altas de generales y almirantes por soldados que cualquier fuerza armada de la tierra, y el Departamento de Defensa se ha convertido en un burocracia infernal con 2 millones de empleados en todo el mundo, y en el mayor terrateniente global, superando las aspiraciones de Donald Trump o Ted Turner o (el mexicano de origen libanés) Carlos Slim (el hombre más rico del mundo según revistas especializadas).

Washington DC con todo su glamour atractivo para incautos, es una vanidosa galería de espejos, de pasadizos traseros del poder, por donde caminan presurosos hombres y mujeres talentosos, dispuestos a prestar servicio a los lobbies, dejando en su idílica caja fuerte hogareña, los restos de conciencia, valores y principios éticos WASP a buen recaudo.

Washington es el escaparate del poder imperial, es la rama ejecutiva, legislativa y judicial, de una democracia de partidos, que ha dejado de ser democrática hace muchas décadas atrás, casi un siglo, cuando los plutócratas tomaron el control del timón de la nación en vías de convertirse en Imperio. Las poderosas maquinarias burocráticas de ambos partidos son tan corruptas, como lo son el Congreso y Senado resultantes, dominados por las aportaciones para sus campañas políticas de los lobbies todopoderosos que se ufanan de tener a congresistas y senadores en su bolsillo. Estas minorías partidistas representan los intereses, creencias y ambiciones del 1% que domina al Imperio, pero no representan en absoluto la voluntad del electorado norteamericano tan arrogante como dócil, tan pendular como ingenuo, al hacerse cómplice activo con un sistema basado en mentiras, verdades a medias, rampante corrupción y perpetuo auto engaño, de seguir las reglas del juego del sistema, incrédulamente creyente de que es el mejor del orbe.

Los candidatos políticamente incorrectos, que los hay en el espectro político norteamericano, que arrastran muchos más de los que desearía la Homeland Security, la nueva onerosa y obesa burocracia represiva del Big Brother, desaparecen por arte de magia de las mass media, víctimas de la ley del silencio y la censura impuesta por las corporaciones que pagan anuncios y los lobbies que actúan como desbastadores ejércitos privados.

Los presidentes llegan al poder mintiendo y mienten deliberadamente. Nixon ganó con los votos conservadores, pero fue uno de los presidentes más liberales de su época. Barak Obama recibió el Premio Nobel de la Paz, -como Henry A. Kissinger, el hombre de los Rockefeller, quien al menos cumplió en entregar el sudeste asiático a la esfera comunista-, pero BO lo recibió en estado de gracia, como premio anticipado, antes de haber pacificado nada. La devaluación de los Premios Nobel, desde que se lo negaran al original Jorge Luis Borges, ha puesto en la vitrina de los cambalaches y las vanidades un premio ignominioso. Una vez en el poder, el presidente demócrata resulto más belicoso, intervencionista y desestabilizador que el joven Bush, fiel al apotegma wilsoniano de la guerra perpetua para la paz perpetua. Las doctrinas, políticas y estrategias de los neoconservadores de Brooklyn, aquellos impetuosos jóvenes judíos trotskistas del 68, transformados en “tanque de cerebros” de las administraciones republicanas, primero volcaron en nuevos odres los viejos vinos de la revolución cultural mundial permanente, continuaron con BO su marcha en todos los frentes de guerra, aceleraron las intervenciones abiertas y encubiertas y azuzaron los conflictos por venir en las zonas geopolíticas de tensión, montados en la administración demócrata.

La dinámica democrática

Miente, gana votos y después en el poder haz exactamente lo contrario a lo que has prometido, al cabo dispones de legiones de cerebros capaces de justificar cualquier tropelía, asesinato, tortura, invasión, bloque o destrucción de una nación colocada en la lista negra del Imperio. Al cabo es un empleado de lujo, pero fiel y obediente CEO del verdadero poder plutócrata, que dirige los destinos del Imperio hacia nuevos espacios, nuevas guerras, nuevos órdenes mundiales, fraguados por el complejo industrial-militar-financiero-usurero, que profetizara infructuosamente el Presidente Dwight Eisenhower.

Los resultados de las elecciones presidenciales norteamericanas, descritas cáusticamente por el místico ruso Alexander Solzhenitsin como una pasajera locura carnavalesca, son realmente irrelevantes, pues la competencia electoral y los debates kabuki entre Romney-Obama sólo son una exhibición publica de sus debilidades y flaquezas, del poder de los lobbies poderosos que dirigen la política exterior norteamericana: quién era más fervoroso sionista—aunque no fuera judío—y quién era más agresivamente belicoso en propagar el nuevo evangelio del globalismo capitalista salvaje que ha de dar nacimiento al Nuevo Orden Mundial, anunciado por el viejo Bush hace mas de dos décadas, propulsado por la Revolución Mundial Cultural.

Sentado en una banca frente al Monumento a Lincoln al final del Mall en el corazón de la capital exotérica del Imperio, las cavilaciones se refrescan con el fluir del rio que toda capital imperial tiene por natura.

Las cavilaciones giran en torno al reordenamiento del mapa político del Medio Oriente, iniciada con la invasión y conquista de Irak, balcanizada sobre líneas étnicas y religiosas, remodelación del divide et impera, al wilsoniano modo versallesco de 1918. Esa remodelación ad hoc a los intereses plutocráticos del Imperio, USA-OTAN, que arrastra una larga costosa y desgastante guerra en Irak y Afganistán, sólo augura más guerra, sufrimiento y muerte.

El primer ensayo fue la intervención en los Balcanes, que culmina exitosamente con el reconocimiento unilateral de Kosovo, el nido de mafiosos, terroristas, tratantes de blancas, fundamentalistas musulmanes y traficantes de drogas, que como modelo a seguir, nos deja pasmados por las contradicciones y la hipocresía del discurso legitimador que justifica la peor atrocidad como los ataques terroristas en Siria perpetrados por mercenarios financiados por Qatar y Arabia Saudita, unos a los salafistas, los otros a la Hermandad Musulmana. Hipocresía similar a la violación de Libia y del África por los aliados de USA, la Francia de Sarkozy, la Gran Bretaña de Cameron y la omnipresente Hillary Clinton.

El primer Versalles fue Iberoamericano

Aconteció a principios del siglo XIX cuando el Barón de Humboldt, después de largo periplo por las Colonias Borbónicas de América Española, comparte información privilegiada con sus amigos Jefferson, Madison, sobre las debilidades y fortalezas de la América Hispana. En su juicio geopolítico y racial, no era bueno para las Colonias Inglesas recién independizadas, tener un poder al sur de sus fronteras que compitiera con fuerza e intereses contrapuestos. Deciden que lo mas sabio seria que la América Hispana se dividiera en tres bloques, mientras contenía al Imperio del Brasil anglófilo costero y periférico.

Entre banquetes, cenas, degustaciones privadas de finos vinos y oporto, se diseñó la política de divide et impera para América Latina, antes que iniciaran los procesos de independencia de la España invadida por Napoleón Bonaparte, al desaparecer la autoridad de los Reyes Borbones, calamidad de una casa reinante decadente. El ministro especial norteamericano en América del Sur primero y en México después, Joel Poinsett, sembraría de logias masónicas yorkinas anticatólicas y antiespañolas, jacobinas virulentas, que darían origen a las sangrientas guerras civiles que desgarraron la región por más de un siglo. Y el resto, lo hicieron los caudillismos hasta quedar pulverizadas en veintitantas republicas, exangües y desangradas, económicamente en quiebra por tanta guerra civil, inspirada desde fuera, mientras el Imperio de Brasil, después Republica, permaneció unido y es hoy un obstáculo geopolítico para el Imperio.

América para los americanos

Enunciada en 1820, era en realidad América para los norteamericanos. La construcción veterotestamentaria del Destino Manifiesto, inspirada en las más semitizadas corrientes puritanas escocesas en las Colonias Inglesas del Este, es el antecedente teológico de las guerras de conquista inspiradas por los neocons hebreos de Brooklyn, los cristianos evangelistas sionistas, y los católicos sionistas como el Vicepresidente Biden, el lobby poderoso AIPAC y los fundamentalistas sionistas en el poder en Israel.

Es equívoco confundir el Dios lo Quiere de las Cruzadas, con el Destino Manifiesto, esto es una expresión teológica de iluminación a un pueblo elegido para que llegara a su tierra prometida, a su paraíso terrenal, al paraíso de los trabajadores de Lenin y Marx, el paraíso capitalista de las bancas neoyorquinas, londinenses, parisinas y frankfurtianas, teología que inspira a los neocons y a los fanáticos sionistas que sueñan con el Gran Israel del Nilo al Éufrates, meta sobre la que avanzan paso a paso sin descanso.

Las Cruzadas terminaron sangrando a la nobleza de la espada, drenando las finanzas de los reinos cristianos, y engordando las bolsas de los prestamistas, usureros de los guetos, de los navieros y financieros venecianos en su propio provecho. Hoy se cocina una nueva Cruzada neocons contra el Islam en general pero en especial contra la Republica Islámica de Irán, impulsada por conversos al catolicismo vaticano como el británico Tony Blair y el norteamericano Greenwich, con la bendición del Vaticano y la colaboración de la fatídica Compañía de Jesús, la decadente orden de Los Legionarios de Cristo, y los nuevos fariseos del Opus Dei. No debe extrañar que enarbolen el estandarte de la Virgen de Guadalupe, quien en el imaginario popular, sufre ahora una metamorfosis esquizoide manipulada con una interpretación indigenista que ha de complacer al Comandante Marcos y a sus mentores habaneros y defeños ensotanados.

Esta guerra teológica de expansión geopolítica asume la convergencia de las tres religiones monoteístas en una empresa jerarquizada donde Israel tiene la preminencia sobre el Catolicismo Vaticano, que ha transitado de los hermanos separados, a los hermanos mayores, hasta la paternidad judía sobre el Catolicismo, en boca de Juan Pablo II y Benedicto XVI. El Vaticano es una internacional más en el juego geopolítico del Nuevo Orden Mundial, auxiliar y sierva del Sionismo, al transformar al Gólgota en Auschwitz, a las persecuciones de los primeros cristianos en el fantasma del Holocausto, y al consagrar a Europa, no a San Esteban o Santa Juana de Arco, sino a una santa al vapor, Edith Stein, muerta de tifus en un campo de concentración, una intelectual activista de la resistencia militante.

La expansión hacia el Oeste y hacia el Sur produjo la inevitable guerra contra México, que inicia en Tejas y termina con la ocupación de Chapultepec en 1847. Los amigos y discípulos de Poinsett , Lorenzo de Zavala, Gómez Farías, Justo Sierra Méndez, y otros hicieron su tarea para que triunfaran sus ideas de libertad y progreso, aunque México resultara el amargo perdedor, las libertades se evaporaran y el retraso, los odios y el saqueo fueron herencia maldita de las guerras de intervención e invasiones extranjeras.

El segundo Versalles condujo a la Segunda Guerra Mundial y a un nuevo Versalles, en Yalta, donde los aliados configuraron el reparto de Europa, de las colonias de África y Asia, y de las zonas de influencia de las potencias vencedoras.

No hay duda que después de dos guerras europeas, Estados Unidos, intervino para desnivelar la balanza siempre a su favor, desplazando a los poderes europeos occidentales, para emerger como el nuevo Imperio, la potencia unipolar que brilla con la caída del Muro de Berlín y la implosión de la antigua URSS, dando fin a la guerra fría, al menos en apariencia.

El aire frío y una pertinaz llovizna me hace buscar refugio junto a Abraham Lincoln, quien murió asesinado en situaciones más que sospechosas por ser un obstáculo para los intereses de las Bancas inglesas que habían apoyado al esclavista Sur.

Hay mucho que caminar bajo la lluvia y el frente de tormenta se acumula frente a mis ojos, muy lejos de aquí, en las zonas de fricción donde el Imperio Unipolar se resiste a la realidad de un mundo multipolar, a un equilibrio de fuerzas, tan cebado de haberse convertido en la primer potencia sin rival capaz de derrotarlo.

Me vienen a la mente los textos del bardo ingles Guillermo El que agita la Lanza, en su Enrique V , las guerras feudales que duraron más de 100 años y en una batalla inolvidable, a 160 kilómetros de Calais, pasando el Rio Somme, un lejano 25 de octubre de 1415, en Agincourt , cuyo desenlace arroja una lección que muchos prefieren ignorar: el pequeño, hambriento y cansado ejército ingles derroto a la poderosa, mejor armada y mejor blindada caballería pesada francesa, que sucumbió en el campo de batalla víctima del peso de sus armaduras. De ahí el famoso fervorín de Enrique V y la banda de hermanos que conformaron los victoriosos combatientes en que los arcos largos vencieron a las armaduras pesadas de la caballería francesa.

Enrique V arenga a sus tropas antes de la batalla: Ojala fuésemos menos, así la Gloria de la Victoria será mayor y desde este día seremos recordados hasta el fin de los tiempos…

“We few,

we happy few,

we band of brothers…. Saint Crispin Day!!.

Mientras recuerdo el texto de William Shakespeare y la celebración dando gracias Dios por la victoria, enderezo mis pasos hacia uno de los Museos del Mall en busca de alguna sorpresa agradable, como una exposición de Rodin.

Mientras camino por los senderos voy tarareando la pegajosa melodía de la pelicula:

NON NOBIS DOMINE,

DOMINE NON NOBIS DOMINE
SED NOMINI,

SED NOMINI,

TUO DA GLORIAM.

El poeta nicaragüense Rubén Darío en su Oda a Roosevelt, durante la guerra contra la España borbónica, denunció tardíamente lo que ya México había experimentado en carne propia, tuvo una lúcida inspiración pues en cada línea, adquieren hoy una dimensión paradójicamente de claroscuro:

¡Es con voz de la Biblia, o verso de Walt Whitman,
que habría que llegar hasta ti, Cazador!
Primitivo y moderno, sencillo y complicado,
con un algo de Washington y cuatro de Nemrod.
Eres los Estados Unidos,
eres el futuro invasor
de la América ingenua que tiene sangre indígena,
que aún reza a Jesucristo y aún habla en español.

Eres soberbio y fuerte ejemplar de tu raza;
eres culto, eres hábil; te opones a Tolstoi.
Y domando caballos, o asesinando tigres,
eres un Alejandro-Nabucodonosor.
(Eres un profesor de energía,
como dicen los locos de hoy.)
Crees que la vida es incendio,
que el progreso es erupción;
en donde pones la bala
el porvenir pones.
No.

Los Estados Unidos son potentes y grandes.
Cuando ellos se estremecen hay un hondo temblor
que pasa por las vértebras enormes de los Andes.
Si clamáis, se oye como el rugir del león.
Ya Hugo a Grant le dijo: «Las estrellas son vuestras».
(Apenas brilla, alzándose, el argentino sol
y la estrella chilena se levanta…) Sois ricos.
Juntáis al culto de Hércules el culto de Mammón;
y alumbrando el camino de la fácil conquista,
la Libertad levanta su antorcha en Nueva York.

Mas la América nuestra, que tenía poetas
desde los viejos tiempos de Netzahualcóyotl,
que ha guardado las huellas de los pies del gran Baco,
que el alfabeto pánico en un tiempo aprendió;
que consultó los astros, que conoció la Atlántida,
cuyo nombre nos llega resonando en Platón,
que desde los remotos momentos de su vida
vive de luz, de fuego, de perfume, de amor,
la América del gran Moctezuma, del Inca,
la América fragante de Cristóbal Colón,
la América católica, la América española,
la América en que dijo el noble Guatemoc:
«Yo no estoy en un lecho de rosas»; esa América
que tiembla de huracanes y que vive de Amor,
hombres de ojos sajones y alma bárbara, vive.
Y sueña. Y ama, y vibra; y es la hija del Sol.
Tened cuidado. ¡Vive la América española!
Hay mil cachorros sueltos del León Español.
Se necesitaría, Roosevelt, ser Dios mismo,
el Riflero terrible y el fuerte Cazador,
para poder tenernos en vuestras férreas garras.

Y, pues contáis con todo, falta una cosa: ¡Dios!

* Experto en Geoestrategia y en Prospectiva de escenarios. Académico en varias Universidades Latinoamericanas, analista político. Forma parte del equipo para la sección latinoamericana de “El Espía Digital”.

Extraído de: El Espía Digital.

Conversations with History: Chalmers Johnson

Conversations with History: Chalmers Johnson

lundi, 21 octobre 2013

La croissance est morte dans les années 70...

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La croissance est morte dans les années 70...

Entretien avec Serge Latouche

Propos recueillis par Kevin Victoire

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un long entretien avec Serge Latouche, cueilli sur Ragemag. Economiste, sociologue et fondateur du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales), Serge Latouche est le principal théoricien français de la décroissance et dirige la revue Entropia. Il a publié de nombreux essais, dont, notamment,  L'occidentalisation du monde (La découverte, 1989 ), La mégamachine (La découverte, 1995), Le Pari de la décroissance (Fayard, 2006) et Sortir de la société de consommation (Les liens qui libèrent, 2010).

 

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Serge Latouche : « La croissance est morte dans les années 1970. »

Les statistiques de croissance du PIB au 2e trimestre viennent d’être publiées [NDLR : l’interview a été réalisée le 20 septembre] et il semblerait que la zone euro retrouve le chemin de la croissance : qu’en pensez-vous ?

Je pense que c’est totalement bidon ! D’une part, savoir si la croissance est de +0,5% ou -0,5% n’a pas de sens : n’importe quelle personne qui a fait des statistiques et de l’économie sait que pour que cela soit significatif, il faut des chiffres plus grands. Ensuite, de quelle croissance s’agit-il ? Nous avons affaire à cette croissance que nous connaissons depuis les années 1970, à savoir une croissance tirée par la spéculation boursière et immobilière. Dans le même temps, le chômage continue de croître et la qualité de vie continue de se dégrader dangereusement. Il faut bien comprendre que la croissance est morte dans les années 1970 environ. Depuis, elle est comparable aux étoiles mortes qui sont à des années-lumière de nous et dont nous percevons encore la lumière. La croissance que notre société a connue durant les Trente Glorieuses a disparu et ne reviendra pas !

La récession était-elle l’occasion idéale pour jeter les bases d’une transition économique ?

Oui et non : le paradoxe de la récession est qu’elle offre les possibilités de remettre en question un système grippé, mais en même temps, le refus de l’oligarchie dominante de se remettre en cause – ou de se suicider – la pousse à maintenir la fiction d’une société de croissance sans croissance. Par conséquent, elle rend encore plus illisible le projet de la décroissance. Depuis le début de la crise, il y a un tel délire obsessionnel autour de la croissance que les projets alternatifs ne sont pas audibles auprès des politiques. Il faut donc chercher de manière plus souterraine.

La décroissance est souvent amalgamée à la récession. Pourtant, vous affirmez que celle-ci n’est qu’une décroissance dans une société de croissance et qu’une vraie décroissance doit se faire au sein d’une société qui s’est départie de l’imaginaire de la croissance. Pouvez-vous détailler ?

Le projet alternatif de la décroissance ne devait pas être confondu avec le phénomène concret de ce que les économistes appellent « croissance négative », formulation étrange de leur jargon pour désigner une situation critique dans laquelle nous assistons à un recul de l’indice fétiche des sociétés de croissance, à savoir le PIB. Il s’agit, en d’autres termes, d’une récession ou d’une dépression, voire du déclin ou de l’effondrement d’une économie moderne. Le projet d’une société de décroissance est radicalement différent du phénomène d’une croissance négative. La décroissance, comme symbole, renvoie à une sortie de la société de consommation. A l’extrême limite, nous pourrions opposer la décroissance « choisie » à la décroissance « subie ». La première est comparable à une cure d’austérité entreprise volontairement pour améliorer son bien-être, lorsque l’hyperconsommation en vient à nous menacer d’obésité. La seconde est la diète forcée pouvant mener à la mort par famine.

Nous savons, en effet, que le simple ralentissement de la croissance plonge nos sociétés dans le désarroi, en raison du chômage, de l’accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres, des atteintes au pouvoir d’achat des plus démunis et de l’abandon des programmes sociaux, sanitaires, éducatifs, culturels et environnementaux qui assurent un minimum de qualité de vie. Nous pouvons imaginer quelle catastrophe serait un taux de croissance négatif ! Mais cette régression sociale et civilisationnelle est précisément ce que nous commençons déjà à connaître.

Depuis la récession de 2009, l’écart entre la croissance du PIB et celle de la production industrielle s’est accentué dans les pays développés : sommes-nous entrés dans une nouvelle phase de la société technicienne ?

Oui et non là encore. Oui, dans la mesure où depuis de nombreuses années, on parle de « nouvelle économie », « d’économie immatérielle », « d’économie de nouvelles technologies » ou encore « d’économie numérique ». On nous a aussi parlé de « société de services ». Nous voyons bien que ce phénomène n’est pas nouveau et qu’il y avait déjà dans les sociétés industrielles un phénomène de désindustrialisation. Pourtant, ce n’était pas un changement dans le sens où l’industrialisation existe toujours. Mais elle est partie en Inde, en Chine ou dans les « BRICS ». Il y a eu une délocalisation du secteur secondaire, ce qui nous amène à réimporter, à un chômage très important et à cette croissance spéculative. Nos économies se sont spécialisées dans les services haut de gamme : les services financiers, les marques, les brevets, etc. La production est délocalisée tout en conservant la marque, ce qui est plus rentable. Mais nous assistons aussi à un développement par en bas des services dégradés ou à la personne et à une nouvelle forme de domesticité qui se développe avec cette désindustrialisation.

Est-ce que vous confirmeriez les prévisions de Jacques Ellul qui voyait la naissance d’une dichotomie entre d’un côté les « nations-capitalistes » du Nord et de l’autre les « nations-prolétaires » du Sud ?

Cela n’est pas nouveau, ni totalement exact ! Les nations occidentales se prolétarisent aussi. Avec la mondialisation, nous assistons surtout à une tiers-mondisation des pays du Nord et un embourgeoisement des pays du Sud. Il y a par exemple aujourd’hui 100 à 200 millions de Chinois qui appartiennent à la classe moyenne mondiale, voire riche.

Le 20 août dernier, nous avons épuisé les ressources de la Terre pour 2013 et nous vivons donc à « crédit » vis-à-vis de celle-ci jusqu’à la fin de l’année. Il faudrait donc réduire d’environ un tiers notre consommation en ressources naturelles si nous voulons préserver notre planète. N’a-t-on pas atteint le point de non-retour ? La décroissance se fera-t-elle aux dépens des pays en voie de développement ?

Déjà soyons clairs, la décroissance est avant tout un slogan qui s’oppose à la société d’abondance. Ensuite, il ne s’agit surtout pas de régler les problèmes des pays du Nord aux dépens de ceux du Tiers-Monde. Il faudra résoudre simultanément les problèmes et du Nord et ceux du Sud. Évidemment, ce que vous évoquez, et que l’on appelle l’over shoot day, n’est qu’une moyenne globale. La réduction de l’empreinte écologique pour un pays comme la France n’est pas de l’ordre de 30%, mais de 75%. Une fois explicité comme cela, les gens se disent que ça va être dramatique. Justement, ce n’est pas nécessaire : nos modes de vie sont basés sur un gaspillage fantastique de la consommation et encore plus de la production, donc des ressources naturelles. Il ne faudra donc pas forcément consommer moins, mais consommer mieux. Tout d’abord, la logique consumériste pousse à accélérer l’obsolescence des produits. Il ne s’agit donc pas forcément de consommer moins mais de produire moins en consommant mieux.

Au lieu de consommer une seule machine à laver dans notre vie, nous en consommons 10 ou 15, de même pour les réfrigérateurs et je ne parle même pas des ordinateurs ! Il faut donc un mode de production où les individus ne consomment qu’une seule voiture, une seule machine à laver, etc. Cela réduirait déjà énormément l’empreinte écologique. Nous savons aussi que la grande distribution entraîne un grand gaspillage alimentaire. Environ 40% de la nourriture va à la poubelle, soit à cause des dates de péremptions dans les magasins, soit chez les particuliers qui ont emmagasiné de la nourriture qui finit par périmer. L’idée n’est pas de décroître aux dépens des pays pauvres, qui eux doivent au contraire augmenter leur consommation et leur production, mais de changer cette logique de gaspillage forcenée et de fausse abondance.

Nicholas Georgescu-Roegen, affirmait : « Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une baisse du nombre de vies à venir. » La décroissance doit-elle être accompagnée d’un contrôle démographique pour être soutenable ?

Il est toujours délicat d’aborder la question démographique. Les prises de position sur le sujet sont toujours passionnelles car touchant à la fois aux croyances religieuses, au problème du droit à la vie, à l’optimisme de la modernité avec son culte de la science et du progrès, elles peuvent déraper très vite vers l’eugénisme, voire le racisme au nom d’un darwinisme rationalisé. La menace démographique, vraie ou imaginaire, peut donc être facilement instrumentalisée pour mettre en place des formes d’écototalitarisme. Il importe donc de cerner les différentes dimensions du problème et de peser les arguments en présence, avant de se prononcer sur la taille d’une humanité « soutenable ».

Si l’insuffisance des ressources naturelles et les limites de la capacité de régénération de la biosphère nous condamnent à remettre en question notre mode de vie, la solution paresseuse consisterait, en effet, à réduire le nombre des ayants droit afin de rétablir une situation soutenable. Cette solution convient assez bien aux grands de ce monde puisqu’elle ne porte pas atteinte aux rapports sociaux et aux logiques de fonctionnement du système. Pour résoudre le problème écologique, il suffirait d’ajuster la taille de l’humanité aux potentialités de la planète en faisant une règle de trois. Telle n’est évidemment pas la position des objecteurs de croissance, ce qui n’empêche qu’ils soient taxés de malthusianisme parfois par ceux-là mêmes qui condamnent les deux tiers de l’humanité à l’extermination.

Il est clair que si une croissance infinie est incompatible avec un monde fini, cela concerne aussi la croissance de la population. La planète, qui n’a que 55 milliards d’hectares, ne peut pas supporter un nombre d’habitants illimité. C’est la raison pour laquelle presque tous les auteurs de référence de la décroissance, ceux qui ont mis en évidence les limites de la croissance (Jacques Ellul, Nicholas Georgescu-Roegen, Ivan Illich, René Dumont, entre autres) ont tiré le signal d’alarme de la surpopulation. Et pourtant, ce ne sont pas, pour la plupart, des défenseurs du système… Même pour Castoriadis, « la relation entre l’explosion démographique et les problèmes de l’environnement est manifeste ».

Cela étant, ce que la décroissance remet en cause, c’est avant tout la logique de la croissance pour la croissance de la production matérielle. Même si la population était considérablement réduite, la croissance infinie des besoins entraînerait une empreinte écologique excessive. L’Italie en est un bon exemple. La population diminue, mais l’empreinte écologique, la production, la consommation, la destruction de la nature, des paysages, le mitage du territoire par la construction, la cimentification continuent de croître. On a pu calculer que si tout le monde vivait comme les Burkinabés, la planète pourrait supporter 23 milliards d’individus, tandis que si tout le monde vivait comme les Australiens, d’ores et déjà le monde serait surpeuplé et il faudrait éliminer les neuf dixièmes de la population. Il ne pourrait pas faire vivre plus de 500 millions de personnes. Qu’il y ait 10 millions d’habitants sur Terre ou 10 milliards, note Murray Bookchin, la dynamique du « marche ou crève » de l’économie de marché capitaliste ne manquerait pas de dévorer toute la biosphère. Pour l’instant, ce ne sont pas tant les hommes qui sont trop nombreux que les automobiles… Une fois retrouvé le sens des limites et de la mesure, la démographie est un problème qu’il convient d’affronter avec sérénité.

Si une croissance infinie est incompatible avec un monde fini, cela concerne aussi la croissance démographique. La population ne peut, elle non plus, croître indéfiniment. La réduction brutale du nombre des consommateurs ne changerait pas la nature du système, mais une société de décroissance ne peut pas évacuer la question du régime démographique soutenable.

Que faire pour changer de régime ? Combattre l’individualisme ?

Les gens accusent souvent les partisans de la décroissance d’être des passéistes. Pourtant, nous ne souhaitons pas un retour en arrière. Mais, comme le préconisaient Ivan Illich ou même Castoriadis, il s’agit d’inventer un futur où nous retenons certains aspects du passé qui ont été détruits par la modernité. Sur ce sujet, un grand sociologue français, Alain Touraine, vient de sortir un livre intitulé La Fin des sociétés. C’est vrai qu’avec la mondialisation, on assiste à la fin des sociétés.

À ce sujet, un ancien Premier ministre anglais, Margareth Thatcher, a dit : « Il n’existe pas de société, il n’existe que des individus ». C’est énorme de dire cela ! Donc, dans le projet de la décroissance, il ne s’agit pas de retrouver une ancienne société disparue, mais d’inventer une nouvelle société de solidarité. C’est-à-dire qu’il faut réinventer du lien social, parfois par la force des choses comme avec la fin du pétrole, sur la base d’une économie de proximité, avec une relocalisation de la totalité de la vie. Ce n’est pas un repli sur soi, mais une nouvelle redécouverte de la culture, de la vie, de la politique et de l’économie.

Justement, relocaliser les activités humaines serait une nécessité écologique. Mais la réindustrialisation potentielle qui en découlerait ne serait-elle pas une entrave à la décroissance ?

Non, parce qu’il ne s’agit pas de la réindustrialisation prônée par notre système. Madame Lagarde, quand elle était ministre de l’Économie, avait inventé le néologisme « rilance » : de la rigueur et de la relance. Pour nous, c’est exactement le contraire : nous ne voulons ni rigueur, ni relance, ni austérité. Évidemment qu’il faut sortir de la récession et récréer des emplois, non pas pour retrouver une croissance illimitée, mais pour satisfaire les besoins de la population. En fait, la réindustrialisation dans une optique de décroissance est plus artisanale qu’industrielle. Il faut se débarrasser des grosses entreprises au profit d’une économie composée de petites unités à dimensions humaines. Ces dernières peuvent être techniquement très avancées mais ne doivent en aucun cas être les monstres transnationaux que nous connaissons actuellement. Elles doivent être plus industrieuses qu’industrielles, plus entreprenantes qu’entrepreneuses et plus coopératives que capitalistes. C’est tout un projet à inventer.

L’État moderne se comporte toujours comme un soutien au productivisme, soit en favorisant l’offre pour les libéraux, soit en favorisant la demande pour les keynésiens. La décroissance a-t-elle besoin d’une disparition de l’État ?

Cela dépend de ce que nous mettons derrière le mot « État ». Même si l’objectif n’est pas de maintenir cet État-nation, bien sûr qu’une société de décroissance devra inventer ses propres institutions. Elles devront être plus proches du citoyen avec une coordination au niveau transnational. Celle-ci est vitale, car beaucoup de phénomènes environnementaux sont globaux : il est alors impossible d’imaginer un repli total. Il faudra donc inventer de nouvelles formes qui diffèrent de l’appareil bureaucratique moderne.

La décroissance implique aussi un changement de mode de vie. Comment faire pour lutter contre la société marchande sans se marginaliser ?

Effectivement, il faut les deux. Il y a d’ailleurs dans les objecteurs de croissance des gens très investis dans des coopératives alternatives comme des écovillages. De plus, il faut tenir les deux bouts de la chaîne : une société ne change pas du jour au lendemain. Il faut donc penser la transition sans attendre un changement global simultané. Les meilleurs exemples sont les villes en transition où l’on essaie de réorganiser l’endroit où l’on vit afin de faire face aux défis de demain comme la fin du pétrole. Ce qui m’intéresse surtout dans les villes en transition, c’est leur mot d’ordre : « résilience », qui consiste à résister aux agressions de notre société. Mais cela n’implique pas de revenir à l’âge de pierre, comme les Amish. Au contraire, cela implique une qualité de vie maximale sans détruire la planète.

Changer de régime économique est-il possible pour un pays seul ? Une initiative isolée ?

Ça rappelle le vieux débat qui a opposé Staline à Trotsky pour savoir si le socialisme pouvait se faire dans un seul pays. Mais en réalité, la réponse n’est pas « oui » ou « non ». La question ne peut pas être posée de façon manichéenne, simplement parce que nous ne pouvons pas changer le monde du jour au lendemain et il faut bien commencer ! Donc, le commencement se fait petit à petit, au niveau local, en visant le global. La parole d’ordre des écologistes fut pendant longtemps : « Penser globalement, agir localement ». Ce n’est pas qu’il ne faille pas agir globalement, mais c’est plus compliqué. Donc le point de départ est local pour une visée plus large. De toute manière, le projet ne se réalisera ni totalement ni globalement. La société de décroissance est un horizon de sens, mais pas un projet clé en main réalisable de façon technocratique.

La décroissance, selon vous, commencerait-elle par une démondialisation pour tendre vers une forme d’altermondialisme ?

Je n’aime pas le terme « altermondialisme ». Il s’agit évidemment d’une démondialisation, qui n’est pas une suppression des rapports entre les pays. Mais qu’est-ce que la mondialisation que nous vivons ? Ce n’est pas la mondialisation des marchés mais la marchandisation du Monde. Ce processus a commencé au moins en 1492 quand les Amérindiens ont découvert Christophe Colomb (rires). Démondialiser veut surtout dire retrouver l’inscription territoriale de la vie face au déménagement plantaire que nous connaissons. Car la mondialisation est surtout un jeu de massacres ! C’est-à-dire que nous détruisons ce qui fonctionnait traditionnellement bien dans les différents pays pour les asservir aux marchés. Par exemple, l’agriculture était fleurissante en Chine mais le capitalisme occidental a déraciné la majorité des paysans qui sont devenus des min gong : des ouvriers qui s’entassent en périphérie des grandes villes, comme Pékin ou Shanghai. Mais, dans le même temps, ces ouvriers chinois détruisent nos emplois et notre industrie. Nous nous détruisons mutuellement. Il faut au contraire que nous nous reconstruisons les uns les autres. La solution est une relocalisation concertée par un dialogue interculturel et non pas par l’imposition de l’universalisme occidental.

Les nouvelles technologies, et plus globalement la technique et la science, peuvent-elles être employées contre l’oligarchie ou sont-elles intrinsèquement néfastes ?

Ça c’est une très grande question, très difficile. Jacques Ellul avait énormément réfléchi dessus et n’avait jamais dit qu’elles étaient intrinsèquement mauvaises. Il pensait même que, dans certaines situations, elles pouvaient être utiles à la société d’avenir. Celle qui est, selon lui, intrinsèquement mauvaise, c’est la structure sociale dans laquelle la technique et la science sont produites et utilisées. Alors bien évidemment, il faut les détourner et c’est ce que certains font. Il y a une sorte de guérilla. Sur internet, par exemple, nous le voyons. Dans ma jeunesse, nous parlions de retourner les armes contre l’ennemi. Dans une société de décroissance, qui n’est plus une société dominée par la marchandisation et le capital, ces techniques fonctionneraient autrement. Il y a aussi plein de choses intéressantes créées par le génie humain qui ne sont pas utilisées, car elles ne correspondent pas à logique du système. Nous aurons besoin de ces derniers dans une société différente. Nous devons, en réalité, surtout concevoir un nouvel esprit. Notre système est dominé – d’un point de vue technico-scientifique – par un esprit prométhéen de maîtrise de la nature, que nous ne maîtrisons pourtant pas. Il faudra donc se réinsérer dans une vision plus harmonieuse des rapports entre l’Homme et la nature.

Jacques Ellul estimait que le travail était aliénant. Est-ce à dire que la décroissance doit passer par l’abolition du salariat ?

 

Il n’y a pas d’urgence à l’abolir. Dans l’immédiat, il faut surtout créer les postes de salariés nécessaires. Il faut surtout réduire l’emprise de la nécessité en développant notamment la gratuité. Je pense que l’idée d’un revenu universel, ou au moins d’un revenu minimal assurant la survie, n’est pas une mauvaise chose car il réduirait l’espace de la nécessité. Dans une société de décroissance, il faudra des échanges d’activités et d’œuvres qui auront remplacé le travail. Mais ce n’est évidemment plus l’échange marchand obsédé par le profit. Il faut réintroduire l’esprit du don – qui n’a pas totalement disparu – dans les rapports de clientèle et dans les marchandages. En Afrique, par exemple, il existe encore une sorte de métissage entre la logique marchande et celle du don. Ce qu’il faut surtout abolir, c’est le travail salarié en tant qu’abstraction inhumaine.

Pensez-vous que la monnaie s’oppose à la logique du don et qu’en conséquence, une société de décroissance doit abolir le système monétaire ?

Sûrement pas ! Par contre, il doit y avoir l’abolition de certaines fonctions de la monnaie. Il faut par exemple en finir avec la monnaie qui engendre de la monnaie, car l’accumulation monétaire est très perverse. Mais la monnaie comme instrument de mesure et d’échange est une nécessité dans une société complexe. Je dirais même que c’est un acquis de la civilisation.

Des personnalités de gauche comme de droite se revendiquent aujourd’hui de la décroissance. Qu’en pensez-vous ?

Que la décroissance soit un projet politique de gauche constitue, pour la plupart des objecteurs de croissance, une évidence, même s’il en existe aussi une version de droite. Allons plus loin : il s’agit du seul projet politique capable de redonner sens à la gauche. Pourtant, ce message-là se heurte à une résistance très forte et récurrente. La décroissance constitue un projet politique de gauche parce qu’elle se fonde sur une critique radicale du libéralisme, renoue avec l’inspiration originelle du socialisme en dénonçant l’industrialisation et remet en cause le capitalisme conformément à la plus stricte orthodoxie marxiste.

Tout d’abord, la décroissance est bien évidemment une critique radicale du libéralisme, celui-ci entendu comme l’ensemble des valeurs qui sous-tendent la société de consommation. On le voit dans le projet politique de l’utopie concrète de la décroissance en huit R (Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler). Deux d’entre eux, réévaluer et redistribuer, actualisent tout particulièrement cette critique. Réévaluer, cela signifie, en effet, revoir les valeurs auxquelles nous croyons, sur lesquelles nous organisons notre vie, et changer celles qui conduisent au désastre. L’altruisme devrait prendre le pas sur l’égoïsme, la coopération sur la compétition effrénée, l’importance de la vie sociale sur la consommation illimitée, le local sur le global, l’autonomie sur l’hétéronomie, le raisonnable sur le rationnel, le relationnel sur le matériel, etc. Surtout, il s’agit de remettre en cause le prométhéisme de la modernité tel qu’exprimé par Descartes (l’homme « comme maître et possesseur de la nature ») ou Bacon (asservir la nature). Il s’agit tout simplement d’un changement de paradigme. Redistribuer s’entend de la répartition des richesses et de l’accès au patrimoine naturel entre le Nord et le Sud comme à l’intérieur de chaque société. Le partage des richesses est la solution normale du problème social. C’est parce que le partage est la valeur éthique cardinale de la gauche que le mode de production capitaliste, fondé sur l’inégalité d’accès aux moyens de production et engendrant toujours plus d’inégalités de richesses, doit être aboli.

Dans un deuxième temps, la décroissance renoue avec l’inspiration première du socialisme, poursuivie chez des penseurs indépendants comme Elisée Reclus ou Paul Lafargue. La décroissance retrouve à travers ses inspirateurs, Jacques Ellul et Ivan Illich, les fortes critiques des précurseurs du socialisme contre l’industrialisation. Une relecture de ces penseurs comme William Morris, voire une réévaluation du luddisme, permettent de redonner sens à l’écologie politique telle qu’elle a été développée chez André Gorz ou Bernard Charbonneau. L’éloge de la qualité des produits, le refus de la laideur, une vision poétique et esthétique de la vie sont probablement une nécessité pour redonner sens au projet communiste.

Pour finir, la décroissance constitue une critique radicale de la société de consommation et du développement, la décroissance est une critique ipso facto du capitalisme. Paradoxalement, on pourrait même présenter la décroissance comme un projet radicalement marxiste, projet que le marxisme (et peut-être Marx lui-même) aurait trahi. La croissance n’est, en effet, que le nom « vulgaire » de ce que Marx a analysé comme accumulation illimitée de capital, source de toutes les impasses et injustices du capitalisme. Pour sortir de la crise qui est inextricablement écologique et sociale, il faut sortir de cette logique d’accumulation sans fin du capital et de la subordination de l’essentiel des décisions à la logique du profit. C’est la raison pour laquelle la gauche, sous peine de se renier, devrait se rallier sans réserve aux thèses de la décroissance.

Tout le monde se souvient de l’échec de la commission Stiglitz-Sen mise en place par l’ex-Président Sarkozy dans le but de trouver un indicateur de « bien-être » autre que le simple PIB. Le problème ne viendrait-il pas de l’obsession des mesures quantitatives ?

Il est certain que nous devons nous débarrasser de l’obsession des mesures quantitatives. Notre objectif n’est pas de mesurer le bonheur puisque cet objectif n’est par définition pas mesurable. Mais je ne crois pas que nous puissions parler d’échec de la commission Stiglitz-Sen, puisqu’elle a quand même proposé des indicateurs alternatifs pertinents. D’un autre côté, et malgré toutes les critiques qui peuvent lui être adressées, le PIB est tout à fait fonctionnel dans la logique de la société mondialisée de croissance. Il existe bien sûr d’autres indicateurs intéressants comme l’Happy Planet Index (HPI) mis au point par la fondation anglaise New Economics Foundation, mais ce dernier n’est pas fonctionnel dans notre système. Il est cependant intéressant comme indicateur critique du PIB. Pourquoi ? Parce que les États-Unis est en termes de PIB au 1er rang mondial, en termes de PIB par tête au 4ème rang et en termes de bonheur au 150ème rang ! La France se situe dans les mêmes ordres de grandeur. Tout cela signifie que si nous mesurons le bonheur par l’espérance de vie, l’empreinte écologique et le sentiment subjectif du bonheur — qui sont les trois critères du HPI —, les pays qui arrivent en tête sont le Vanuatu, le Honduras, le Venezuela et d’autres pays de ce type [ndlr : le trio de tête de 2012 est composé, dans l’ordre, du Costa Rica, du Vietnam et de la Colombie] . Malheureusement, il n’est pas fonctionnel dans notre système. Un autre indice de ce type qui pourrait être retenu, c’est l’empreinte écologique qui est elle-même synthétique. Le problème n’est pas de trouver l’indicateur miracle mais bel et bien de changer la société. Ces indices ne sont que des thermomètres et ce n’est pas en cassant le thermomètre que la température du malade change.

La rupture avec la croissance n’est-elle pas aussi une rupture avec l’économie comme science au profit d’autres disciplines comme la philosophie ou la sociologie ?

Oui, il s’agit bien d’une rupture avec l’économie. Mais celle-ci ne s’effectue pas seulement avec l’économie en tant que science mais aussi avec l’économie en tant que pratique. Il faut réenchâsser l’économique dans le social, au niveau théorique mais surtout au niveau pratique. Au niveau théorique d’abord parce que la « science économique » est une fausse science, et que la manière de vivre des Hommes appartient à l’éthique au sens aristotélicien du terme et donc à la philosophie ou à la sociologie. Sinon, pour paraphraser Lévi-Strauss, il n’existe qu’une seule science humaine : l’anthropologie. Au niveau pratique ensuite, en réintroduisant l’économique dans les pratiques de la vie et pas ne pas la laisser dans l’obsession du quantitatif avec la valorisation de l’argent, du profit ou du PIB.

Serge Latouche, propos recueillis par Kévin Victoire (Ragemag, 15 octobre 2013)

Kopp online 319

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Nr. 319 vom 17.10.2013

Crash-Gefahr in den USA steigt: die Hintergründe

Redaktion

Die Einigung der Politik in den USA auf eine neue Schuldenobergrenze wurde weltweit erleichtert kommentiert. Dieses Theater jedoch ist für objektive Betrachter nicht nachzuvollziehen. Denn das Problem wurde nicht aufgeschoben, sondern sogar noch verschlimmert.

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Geopolitische Kräfteverlagerung: Russland sucht Handel und Investitionen mit China

F. William Engdahl

Während sich die meisten Medien im Westen auf den Fortschritt bei den Gesprächen über die dubiose, von den USA unterstützte Transpazifische Partnerschaft (TPP) zur Liberalisierung des Handels konzentrieren - China ist von den Verhandlungen ausgeschlossen -, zeigt man sich darüber in China nicht allzu betrübt. Denn zurzeit werden Investitionen und Handelsbeziehungen im und zum Nachbarland Russland, dem ehemaligen Gegner im Kalten Krieg, stark ausgeweitet. Die auf den ersten Blick unspektakulären Vereinbarungen deuten auf eine tektonische geopolitische Verschiebung hin, die dem Westen, vor allem den USA, noch zu schaffen machen wird.

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Chalmers Johnson

 

The BLOWBACK SYNDROME: Oil Wars and Overreach

 

DECLINE of EMPIRES: The Signs of Decay

La geopolítica rusa del siglo 21

por Alfredo Jalife-Rahme

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

La Jornada, Bajo la Lupa – Entre los prominentes invitados al seminario internacional del Centro de Estudios de la Transición/Centro de Estudios Geoestratégicos de la UAM-X estuvo Sivkov Konstantin Valentinovich, primer vicepresidente de la Academia de Problemas Geopolíticos y doctor en ciencias militares.

Konstantin es segundo de a bordo de Leonid Ivashov, anterior jefe del departamento de asuntos generales en el Ministerio de Defensa de la URSS. Cobra mayor relieve su postura a raíz del triunfo diplomático de Rusia en Siria (ver Bajo la Lupa, 22/9/13).

Ivashov es muy conocido en los multimedia internacionales y sus puntos de vista suelen ser polémicos (v.gr. el terrorismo internacional no existe: su despliegue beneficia a la oligarquía global) y considera que mientras el imperio de Estados Unidos se encuentra al borde del colapso, corresponde a los BRICS la misión de reconfigurar el mundo (Réseau Voltaire, 15/6/11).

De la ponencia de Konstantin, La geopolítica de la URSS y Rusia, me enfocaré en la parte de Rusia.

A su juicio, la lucha geopolítica global basada en la ideología fue cambiada a la confrontación de civilizaciones: la civilización occidental (euro-estadunidense) confronta las civilizaciones ortodoxa, islámica, confuciana (china). Resalta la similitud con la tesis huntingtoniana del choque de civilizaciones que lleva a la inevitabilidad del conflicto de la civilización occidental con el resto (del planeta).

Identifica cuatro de los más importantes factores al desarrollo de la geopolítica mundial:

1. Formación intensiva de un único sistema mundial de poder dominado por EEUU.

2. Intenso crecimiento poblacional y presión al ecosistema por consumismo occidental.

3. Desequilibrio global industrial y de materias primas: el mayor potencial industrial se concentra en EEUU/Europa/Japón, mientras los recursos de materias primas se concentran en Rusia y en los países del tercer mundo, y

4. El carácter independiente de las trasnacionales como sujeto geopolítico

La activación de los cuatro actores genera una crisis global por la contradicción entre el consumismo y la escasez de materias primas. Define a Rusia como una entidad geopolítica cuya base es Eurasia.

Su inmenso potencial intelectual, su posición del centro euroasiático y su potencial militar significativo pone en duda la durabilidad del modelo unidireccional sin remover (sic) a Rusia como sujeto de la geopolítica” a la que habría que demoler como a su antecesora URSS.

Arguye que la etapa más lúgubre de la historia de Rusia en la década de los 90 del siglo 20 (nota: la era entreguista Yeltsin) encontró a la élite política rusa bajo el control total (¡supersic!) de EEUU.

Ocurre el desmantelamiento científico de Rusia y la privatización de sus joyas geoestratégicas, llegando hasta el asesinato de sus principales científicos, mientras las principales empresas de petróleo/gas e infraestructura de transporte acabaron en manos de compradores (sic) domésticos y trasnacionales.

Así la geopolítica de Rusia operó bajo el control directo de los servicios de espionaje de EEUU: capitulación total. ¡Uf!

Peor aún: el liderazgo ruso fomentó la de-sintegración interna. Pero no contaron con la resistencia oculta de los bajos niveles de la jerarquía y las protestas de la población que hicieron fracasar el esquema desintegrativo que permitió la llegada al poder de Putin, con su equipo proveniente de las fuerzas armadas y los servicios de seguridad, como nuevo estadio de la geopolítica rusa.

Considera que el fracaso de las campañas de Irak y Afganistán, la liberación de Sudamérica de la hegemonía de EEUU, en particular Venezuela, y el fracaso de la operación (¡supersic!) Primavera Árabe, debilitaron la influencia de EEUU en Rusia cuando Occidente exhibió sus pies de barro.

Rusia se libera así de su subordinación a los dictados de EEUU en la esfera de la geopolítica global y comienza un regreso suave a los principios de la geopolítica soviética, pero con diferentes bases conceptuales e ideológicas.

Juzga que los instrumentos más importantes de la influencia geopolítica rusa fueron creados con el único plan de una red de oleo/gasoductos.

A partir de la derrota de EEUU en Irak, Rusia operó un acercamiento con China cuando estableció sus tres proyectos geopolíticos exitosos: el Grupo de Shanghai, los BRICS y la Unión Euroasiática. El Grupo de Shanghai genera el espacio euroasiático de Bielorrusia a China mediante una unión económica.

Los BRICS han cortado en términos económicos el asa Anaconda (nota: del nombre de la ominosa serpiente constrictora más grande del mundo) rompiendo una profunda brecha en el sistema de zonas, la influencia de EEUU que cubre a Rusia.

En una entrevista a Pravda.ru (15/9/11), Konstantin explica el significado del cerco a Rusia por EEUU y su despliegue misilístico en la periferia inmediata rusa, parte del proyecto Anaconda: Rusia es todavía percibida por EEUU como el principal adversario estratégico y su tarea consiste en neutralizar las armas nucleares de Rusia y empujarlo fuera de las principales áreas de los océanos mundiales, aun del mar Negro.

La Unión Euroasiática (Rusia, Bielorrusia y Kazajstán) cubre 85 por ciento del territorio de la ex URSS y es el precursor de mayor integración en el espacio postsoviético.

Rusia se pronuncia por la multipolaridad, en cooperación particular con Europa continental que desea sacudirse la hegemonía de EEUU.

Juzga que los cambios tectónicos en la geopolítica global asociados a la transferencia del centro económico de gravedad a la región Asia/Pacífico, sumado de la crisis financiera occidental, implican la inevitabilidad de una seria reorganización del panorama geopolítico, acoplado con la amenaza de conflictos militares de gran escala (sic).

Aduce que el triunfo presidencial de Putin significó una fuerte derrota para las fuerzas occidentales internas en Rusia, lo cual disminuyó considerablemente su impacto en la geopolítica rusa, ya que el control occidental del país es un factor crítico para la restauración y conservación de la dominación del mundo por Occidente.

Los vectores prioritarios de la geopolítica rusa: 1. Al oeste: desarrollo de relaciones igualitarias con Europa y normalización de relaciones con EEUU, para prevenir el desliz a una nueva guerra fría. 2. Al sur: la zona del Cáucaso, medioriente y noráfrica, donde Rusia aspira a normalizar la situación militar y política y frenar los conflictos militares, sobre todo en Siria (¡supersic!) 3. En Sudamérica (nota: no Norteamérica ni Centroamérica: desarrollo de relaciones económicas), y 4. En Asia: el más importante hoy (¡supersic!) para Rusia donde se compromete a un mayor reforzamiento de buenas relaciones con sus grandes vecinos China e India, Vietnam, las dos (sic) Coreas, y la normalización de relaciones con Japón.

Llama la atención que Konstantin no haya citado la invasión de Georgia a Osetia del Sur y la vigorosa respuesta rusa que, a mi juicio, cambió dramáticamente al mundo (El mundo cambió en el Cáucaso; Bajo la Lupa, 20/8/08).

Ahora al unísono de Rusia, la misma serpiente constrictora Anaconda ha reaparecido en el océano Pacífico, donde tiene en la mira a la apetecible China, muy difícil de digerir.

Fuente: alfredojalife.com

Twitter: @AlfredoJalife

Facebook: AlfredoJalife

Dr Tom Sunic on the repression of free speech

Dr Tom Sunic on the repression of free speech

dimanche, 20 octobre 2013

Greenwald et la légitimité de l’insurrection antiSystème

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Greenwald et la légitimité de l’insurrection antiSystème

Ex: http://www.dedefensa.org

La nouvelle est connue et explosive parce qu’elle est d’importance ; en valeur qualitative, elle ridiculise l’“événement” pathétique qui a paraît-il sauvé le monde du vote par le Congrès de la fin du shutdown et du relèvement de la dette, comme illustration très réaliste de la ruine et de la dissolution de l’usine à gaz qui conduit le Système... Le départ de Greenwald de la galaxie Guardian vaut bien en termes de communication et d’importance politique, par les temps qui courent, tous ces “actes” politiques grotesques des directions politiques du Système, engluées dans leur impuissance et leur aveuglement conformiste. Le poids qualitatif de Greenwald dans le système de la communication avec ses retombées politiques est énorme, de l’ordre d’une importance mondiale quand l’on mesure ce que ce journaliste a réalisé avec l’affaire Snowden/NSA et tout ce qui s’en est suivi. D’autre part, selon la rareté de l’information encore disponible puisque la nouvelle a été “fuitée” (Buzzfeed.com le 15 octobre 2013) et que les acteurs n’étaient pas prêts à la présenter au public, un commentaire conjoncturellement précis est difficile et prématuré à la fois. Par contre, l’esprit de la chose est d’ores et déjà évident et vaut d’être, lui, largement commenté.

Nous allons conjoncturer à partir d’évidences en notre possession, nous dirions d’évidences accessibles à tous, à partir de l’action publique de Greenwald. Ces évidences nous disent que ce journaliste est formidablement averti des risques politiques qu’il court ; des techniques de travail, de sécurité et de manipulation de l’internet où s’exerce sa profession ; enfin, de l’identification des menaces et des pressions s’exerçant contre lui. Tout cela nous conduit à faire l’hypothèse que Greenwald agit en connaissance de cause, de concert avec le jeune milliardaire et philanthrope spécialisé dans l’internet Pierre Omidyar, fondateur de eBay et travaillant au travers de l’entité Omidyar Network, et dont la personnalité s’avère très intéressante (dans le sens antiSystème). (La “nationalité” d’Omidyar est elle-même symboliquement très intéressante, d’un point de vue culturel : d’origine iranienne, élevée en France, arrivé à la maturité de son évolution professionnelle et “opérationnelle” aux USA ; trois références, Iran, France et USA, qui tiennent un rôle essentiel, positif ou négatif c’est selon, et politique et culturel sans aucun doute, dans les remous actuels de la crise d’effondrement du Système.)

La situation du cas examiné nous conduit, dans tous les cas pour l’instant, à écarter la considération de diverses hypothèses de type politique (manipulation, manœuvres diverses, etc.) sans nier leur possibilité mais en la jugeant très mince sinon négligeable, pour nous attacher à l’aspect à la fois technique et principiel (on le verra plus loin) d’une opération dont la finalité est pour autant extrêmement politique, et d’une politique de type révolutionnaire selon les aspects qu’une “révolution” peut prendre aujourd’hui. Il apparaît incontestable que cet événement se place notamment au cœur d’un mouvement d’expansion antiSystème du système de la communication en confirmation du constat que nous faisions le 15 octobre 2013, et même qu’il pourrait inaugurer une nouvelle époque d’offensive antiSystème du système de la communication.

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Pierre Omidyar

Divers éléments disponibles viennent de différentes sources concernant l’entreprise Greenwald-Omidyar. Ils montrent qu’il s’agit sans aucun doute d’un mouvement de concentration impliquant pour la première fois d’une façon aussi structurée le moyen objectif de la puissance capitaliste (Omidyar) et la puissance intellectuelle d’influence (Greenwald). Les deux noms sont loin d’offrir un espace restrictif : au contraire, ils constituent les moteurs d’une expansion antiSystème à d’autres forces, à d’autres noms. Il s’agit d’une opération mélangeant la puissance capitaliste et les moyens de communication modernes, donc une opération classique du Système, mais dans une démarche complètement antiSystème. A notre sens, il n’y a aucune stratégie élaborée, mais la force d’une sorte de “sens de l’Histoire” pour le temps courant, sens qui est effectivement antiSystème. Il s’agit bien d’un schéma classique d’inversion, et de retournement de la puissance du Système contre le Système (stratégie de Sun-tzi).

Voici donc quelques-uns de ces “éléments disponibles”...

• Concernant le nouveau partenaire de Greenwald : «Omidyar, who is chairman of the board at eBay Inc but is not involved in day-to-day operations at the company, has numerous philanthropic, business and political interests, mainly through an investment entity called the Omidyar Network. Forbes pegged the 46-year-old Omidyar's net worth at $8.5 billion. Among his ventures is Honolulu Civil Beat, a news website covering public affairs in Hawaii. Civil Beat aimed to create a new online journalism model with paid subscriptions and respectful comment threads, though it is unclear how successful it has been. Omidyar, a French-born Iranian-American, also founded the Democracy Fund to support “social entrepreneurs working to ensure that our political system is responsive to the public,” according to its website. Omidyar's active Twitter account suggests he is very concerned about the government spying programs exposed by Greenwald and Snowden.» (Reuters, le 15 octobre 2013)

• Greenwald a été évidemment pris par surprise par la “fuite”. Sur sa décision de quitter le Guardian, il dit : «[The] decision to leave the Guardian was “not an easy one” but [Greenwald] was “presented with a once-in-a-career dream journalistic opportunity that no journalist could possibly decline.”» (Russia Today, le le 16 octobre 2013)

 

• Greenwald, sur ce projet, justement, qui semble se dessiner comme la création d’un puissant réseau d’information, de journalistes travaillant dans le même sens que lui, aussi bien dans le domaine de la riposte contre la NSA que contre les pratiques du journalisme-Système : «the new project will be “a very well-funded…very substantial new media outlet.” He added that “my role, aside from reporting and writing for it, is to create the entire journalism unit from the ground up by recruiting the journalists and editors who share the same journalistic ethos and shaping the whole thing – but especially the political journalism part – in the image of the journalism I respect most,” he told BuzzFeed.» (Russia Today, le 16 octobre 2013)

• D’ores et déjà, on sait, sans surprise puisqu’ils travaillaient déjà ensemble, que Laura Poitras et Jeremy Scahill seront avec Glenn Greenwald dans cette entreprise. Les trois discutaient d’ailleurs déjà d’un projet indépendant commun lorsque Omidyar est entré en piste avec sa proposition. «Journalists Jeremy Scahill and Laura Poitras will be working with Glenn Greenwald on a new media venture funded by billionaire eBay founder Pierre Omidyar, according to sources familiar with the matter. Scahill, a dogged investigative journalist who focuses on national security, and Poitras, a filmmaker who has extensively covered surveillance issues, had already been in discussions with Greenwald about starting a venture together when Omidyar approached with a similar vision for a new media outlet, sources said. The Washington Post reported Tuesday night that Poitras and Scahill may be potential “hires” at the new site. But according to sources, they were already in talks with Greenwald about working together and are not only now being recruited for the venture.» (Huffington.post, le 16 octobre 2013.)

• Un portrait plus conséquent et plus “engagé” d’Omidyar est apparu dans Huffington.Post. On y apprend que Omidyar a envisagé d’acheter le Washington Post, avant d’opter pour un projet nouveau (celui qu’il va monter avec Greenwald). Cela donne la mesure de l’importance de son projet, tandis que son orientation politique est évidente. «During the summer, billionaire eBay founder Pierre Omidyar considered buying The Washington Post, a journalistic prize that went to Amazon founder Jeff Bezos for $250 million. The idea of transforming the Post for the digital age, he said, was “absolutely intriguing.” It would also be challenging. In an interview with The Huffington Post, Omidyar said overhauling an established media outlet like the Post would lead to "massive cultural change" in the newsroom. Instead, Omidyar decided he could use “an equivalent amount of capital” and build from the ground up. “News organizations that have been around a while have a lot of traditions and ways of doing things that may have served them for many years but perhaps make them less flexible in the digital era,” Omidyar said. “As an entrepreneur, it just makes more sense to start something new.”» (Huffington.Post, le 16 octobre 2013.)

• Le projet d’Omidyar est clairement politique, et il est nécessairement à finalité antiSystème même si la chose n’est pas exprimée spécifiquement (et il faut qu’elle reste inexprimée à cet égard, l’importance étant qu’elle soit sans apparaître précisément pour ce qu’elle est). L’engagement avec Greenwald, le “partenariat” dirait-on, est une assurance de cette orientation antiSystème dans son sens universel, même et surtout si personne ne conçoit cela en termes rationnels et stratégiques. «This new venture is not intended to make a profit for Omidyar, who told HuffPost that all revenue will stay within the site. Omidyar described the site as merging his philanthropic interests and desire that there's a strong, free press to hold those in power accountable. “The role of the press, in particular, the role of the press in a democracy is extremely important, extremely critical, and it’s something that I think we often take for granted in the U.S,” Omidyar said. “But we’ve seen attacks on press freedoms and the fundamentals of newsgathering operations when you have these leak investigations that really put a chill on reporting, as well as, surveillance now also a puts a significant chill on reporting.” “Even in a country that has such strong laws, the First Amendment, we see some weakening, some attacks on press freedoms,” he continued. “So this an opportunity for me to engage in something I care deeply about and do it operationally -- not simply as a philanthropist.”» (Huffington.Post, le 16 octobre 2013.)

A la lumière de ces précisions, de la carrière de Greenwald, de sa position de force, de ses conceptions, etc., d’une part, et d’autre part de ce qu’il apparaît d’Omidyar, on peut avancer qu’on se trouve devant un phénomène de communication exceptionnel en train de se faire, peut-être un phénomène sans précédent, – littéralement et précisément sous nos yeux. Il semble qu’on puisse faire l’hypothèse qu’il s’agit de la constitution d’un média ou d’un “réseau” médiatique de très grande envergure, un réseau de masse, à destination internationale évidente, avec un financement considérable, dans un but d’influence antiSystème manifeste, bâti intellectuellement et en termes de puissance autour d’un homme, de son action et de sa réputation, et de son énorme influence constituée à partir de plusieurs années d’actions de journalisme politique d’une pure “dissidence” antiSystème, accrue exponentiellement depuis le mois de juin avec le cas Snowden/NSA. (Une mesure de la dynamique de l’influence de Greenwald est, par exemple, celle, très précise et très “active”, signifiant un engagement d’intérêt certain de la personne concernée et, par conséquent, une influence profonde, de l’évolution du nombre de ses abonnés sur le compte tweeter de Greenwald. Nous avons cette mesure, avec, mentionné dans un texte du 6 septembre 2013, le constat de 258 597 abonnés pour cette date. Le 16 octobre, son compte tweeter annonce 277 041 abonnés, et 278 159 à l’heure de cette publication, 24 heures plus tard.)

... Il s’agit de la constitution, sous les yeux du Système qui semblent ouverts pour ne rien voir, d’un centre antiSystème aux ambitions qu’on devine colossales, – une sorte d’“anti-NSA” comme on est antiSystème. Mais il ne s’agit pas d’un cas isolé, même si le poids et la personnalité de Greenwald feraient de cet “isolement” un monde antiSystème en soi. D’autres initiatives antiSystème apparaissent, également structurées, également ambitieuses et appelant à une solidarité antiSystème dans une bataille qui prend des allures stratégiques fondamentales.

L’on se doit donc de mentionner le développement d’un projet du jeune prodige de l’internet antiSystème Aaron Schwartz, mort évidemment dans des conditions suspectes, le DeadDrop project repris par la Freedom of Press Foundation (FPF), qui expose sa démarche le 15 octobre 2013 : il s’agit de donner aux whistleblowers une plate-forme de communication sécurisée, anti-NSA évidemment, ouverte vers la presse en général, y compris la presse-Système qui résiste de moins en moins à ce flux antiSystème du système de la communication que personne ne semble pouvoir arrêter. (L'initiative de FPF nous est également exposée par Russia Today ce 16 octobre 2013, ou bien encore, – surprise, surprise, – par le Washington Post le 15 octobre 2013.)

FPF précise les conditions de l’intervention du programme SecureDrop, qui est comme un hommage posthume à son créateur Aaron Schwartz, – intervention dont l’effet attendu, en “sécurisant” complètement l’intervention des sources anonymes pour les journalistes, serait de contrer décisivement l’offensive du système (de l’administration Obama) pour étouffer toutes les “fuites” imaginables. Comme l’on voit, la diffusion du programme, qui concerne désormais la presse-Système elle-même, est fortement avancé ...

«By installing SecureDrop, news organizations around the world can securely accept documents from whistleblowers, while better protecting their sources’ anonymity. Although it is important to note that no security system can ever be 100 percent impenetrable, Freedom of the Press Foundation believes that this system is the strongest ever made available to media outlets. Several major news agencies have already signed up for installations, and they will be announced in the coming weeks. “We’ve reached a time in America when the only way the press can assure the anonymity and safety of their sources is not to know who they are,” said JP Barlow, co-founder and board member of Freedom of the Press Foundation. “SecureDrop is where real news can be slipped quietly under the door”...»

Ces divers événements ouvrent le champ à une hypothèse interprétative que nous allons développer ci-dessous. La situation nous semble contenir assez d’éléments pour justifier une telle hypothèse, laquelle a dans tous les cas l’avantage d’ouvrir le champ de la réflexion vers les domaines qui importent pour expliciter ce que doit être une action antiSystème, et ce qui pourrait être dans le chef de ces initiatives une action antiSystème décisive.

La NSA, phénomène structurant de l’antiSystème

Deux éléments nous apparaissent essentiels dans ce (ces) projet(s), au travers des acteurs impliqués. Le premier est “classique” mais il a son importance quantitative fondamentale pour opérer contre le Système, en retournant ses propres armes contre lui : ces acteurs disposent d’une puissance considérables dans des domaines qui fondent effectivement la puissance selon les normes du Système (la puissance capitaliste, l’influence, l’expertise technologique dans le domaine du système de la communication).

Le second est plus original et il est décisif : ce sont des acteurs non-idéologiques... On sait ce qu’il advient des engagements idéologiques, avec l’exemple de l’époque Bush. Une mobilisation idéologique a eu lieu contre l’administration Bush, essentiellement libérale-progressiste (démocrate aux USA), avec un appoint non négligeable du côté de la droite extrême, antiguerre, anti-globalisation, etc. Le gros de ces troupes “idéologiques” (essentiellement chez les progressistes-démocrates) s’est trouvée complètement “retourné” avec l’arrivée d’Obama, et s’est engagé dans un suivisme servile et aveugle d’une politique-Système bien pire que celle de Bush. Dont acte. L’idéologie ne sert qu’à enchaîner les esprits aux manipulations traîtresses du Système, qui utilise avec un art consommé les contrepieds idéologiques à son avantage. L’idéologie, de quelque bord qu’elle soit, est l’arme principale du Système, – et l’on sait que notre thèse est même que l’idéologie a été totalement annexée, sinon suggérée par le Système, dès la fin du XVIIIème siècle (voir le “déchaînement de la Matière”) pour verrouiller l’investissement des psychologies humaines rendues vulnérables par l’abandon des principes au profit des “valeurs”. (Les “valeurs” sont le substitut-Système aux principes, c’est-à-dire le moyen de remplacer les principes par une matière intellectuelle manipulable, et ainsi verrouillant la servilité-Système qui permet l’investissement du domaine politique.)

Le couple Greenwald-Omidyar n’est pas idéologique, comme “le reste” des initiatives du même type. Il est principiel, même si le contenu du principe considéré (“liberté de la presse” et “liberté d’expression”) n’est en rien fondamental ; il a la vertu du principe en général, qui est d’échapper par sa nature même au diktat de l’idéologie (dans ce cas de la récupération-Système, le principe prestement transformé en “valeur” et devenant “liberté de la presse” pour la presse qui va dans le sens idéologique souhaité, c’est-à-dire dont l’“expression” est totalement liée au diktat de l’idéologie). Greenwald-Omidyar et le reste synthétisent avec leurs puissances diverses le mouvement non-idéologique de résistance antiSystème né avec WikiLeaks et les divers Aaron Schwartz ; mouvement parfois d’un simplisme remarquable et confondant, quasiment de type libertaire apolitique, mais qui rejoint la force structurante du principe en rejetant toute idéologie qui est ou qui serait nécessairement en devenir une idéologie-Système. (C’est le principe disons de la “génération internet.2”, celle qui a hérité d’un internet devenu enjeu d’une lutte antiSystème-Système : le réseau doit rester libre aux mains de ceux qui l’utilisent selon le principe de la liberté totale d’expression. Ce n’est pas un projet, c’est un principe ; en lui-même et dans son contenu, il ne vaut pas grand’chose face aux références métaphysiques, mais dans la situation présente c’est une formidable force antiSystème par le fait qu’il est un principe autant qu’à cause de la matière qu’il manipule.)

Certes, ce n’est pas ce principe-là (simplisme, absence de fondamentalité) qui nous offrira une alternative au Système, mais ce n’est pas du tout ce que nous lui demandons. Nous sommes toujours, plus que jamais, dans une phase de destruction du Système, ou d’aide à son réflexe autodestructeur. C’est exactement ce que nous offre, parmi d’autres d’ailleurs comme les libertariens de droite, la tendance “libertaire non-idéologique” mais principielle identifiée : sa bataille ne peut être qu’antiSystème, quoi qu’elle en veuille et prétende. Le cas Greenwald-Omidyar et tout ce qui l’accompagne constituent donc un accélérateur prodigieux, un “fixateur” structurant et une opérationnalisation puissante si l’on veut du basculement dans le camp antiSystème du système de la communication. (Voir encore le 15 octobre 2013.)

Maintenant, il faut voir d’où cela vient, et comprendre qu’ainsi, avec Greenwald-Omidyar et le reste, nous sommes passés à un échelon supérieur à celui de l’époque WikiLeaks, que nous sommes presque à égalité de puissance avec le Système, et surtout dans la logique à visage découvert (on verra plus loin l’importance de cela) de l’affrontement antiSystème versus Système. Tout cela vient, bien entendu, de la crise Snowden/NSA. Dans le cas qui nous occupe, aussi bien pour le basculement du système de la communication que dans l’aventure Greenwald-Omidyar et le reste, l’affrontement contre la NSA est le cri de ralliement unanime. Et ce cri de ralliement antiSystème a ceci d’original et de remarquable qu’il trouve un écho également puissant à l’intérieur du Système, où la NSA divise dangereusement (pour le Système) le personnel-sapiens et les directions politiques. Par exemple, on peut noter ces remarques, du 16 octobre 2013 dans le Guardian, signalant que, derrière la farce bouffonne du shutdown, le Congrès est impliqué à fond dans des matières importantes, comme celle d’une bataille radicale à propos de la NSA, d’une radicalité qui fait envisager à certains rien de moins qu’une sorte de liquidation de la NSA, par le biais de certains des composants de ses projets hégémoniques ...

«Over 20 congressional bills aim to address the crisis of confidence in NSA surveillance, writes Yochai Benkler. With Patriot Act author and Republican Congressman Jim Sensenbrenner working with Vermont Democratic Senator Patrick Leahy on a bipartisan proposal to put the NSA's metadata program “out of business”, we face two fundamentally different paths on the future of government surveillance. One, pursued by the intelligence establishment, wants to normalize and perpetuate its dragnet surveillance program with as minimal cosmetic adjustments as necessary to mollify a concerned public. The other challenges the very concept that dragnet surveillance can be a stable part of a privacy-respecting system of limited government...»

Ainsi trouve-t-on une situation décisivement modifiée (“échelon supérieur à celui de l’époque WikiLeaks”), parce que la bataille anti-NSA, développée d’abord dans l’apparence d’une bataille perdue avec les accusations et les anathèmes contre Snowden, s’est complètement retournée en donnant une sorte de légalité à l’objectif de la mise en cause, voire de la destruction de la NSA. (A cet égard, Snowden a gagné d’une façon brillante et éclatante. D’ailleurs, il reçoit à Moscou, et il reçoit même des Prix actant la grandeur de son action.) Le Système est pris à son propre piège : sa puissance d’évolution est basée sur la légalité que lui donnent son conformisme et son idéologie ; mais avec le cas NSA, la définition de cette légalité s’est élargie au principe (“liberté de la presse”, de l’expression, etc.) et la bataille antiSystème est ainsi entrée dans le cadre de la légalité, armée de ses tendances principielles contre lesquelles la tendance idéologique est désarmée. Dans ce cas, l’aspect libertaire-apolitique devient une cuirasse inviolable.

Tout cela, nous le devons à la NSA mise à nu, dans toute son infinie puissance et dans toute son infinie sottise, avec son inefficacité grossière en prime. En cinq mois, la NSA s’est effondrée, dans le sens symbolique du terme, et par là mettant en évidence son vice fondamental (son inexistence, c’est-à-dire son absence de substance derrière le mythe) et ses travers grossiers (inefficacité, paralysie, fragilité psychologique, etc.) qui renvoient tous à l’effondrement du système du technologisme appuyé sur l’“idéal de puissance”. (Quoique... Le symbolisme de l'effondrement est assez puissant pour décider le général Alexander à abandonner la NSA dans cinq mois.) Il y a cinq mois, personne ne pouvait espérer mettre en cause la NSA ; aujourd’hui, tout le monde s’emploie à la conchier avec conscience, et ses défenseurs se trouvent dans une position d’assiégés en permanence. Le processus est le même qu’avec le JSF, et les $milliards qu’il faut continuer à déverser dans le budget de la NSA sont autant de rappels de plus en plus obsédants de son illégitimité grandissante. Les réactions de type Dupond-Dupont, tels les avertissements du MI5/GCHQ (on assimile tout cela dans le même sac avec la NSA), comme les incursions au Guardian et les avertissements sur le danger du terrorisme, ne font que mettre en évidence la grossièreté de plus en plus insupportable de ces méthodes de violations de ces “valeurs” mêmes que le Système est dans l’obligation de continuer à promouvoir. Il y a là un basculement fondamental qu’il faut percevoir selon une perception subtile de l’évolution des situations et des actes par rapport aux narrative du Système.

D’où ce spectacle étonnant, impensable il y a trois ans lorsque WikiLeaks fut l’objet d’un lynch globalisé (même le Guardian y participa), de ce centre de résistance antiSystème (Greenwald-Omidyar et le reste) d’une telle puissance en train de se constituer, sous le regard impuissant, sinon presque fasciné (fascination de l’autodestruction) du Système. C’est un signe évident de cette situation que l’initiative Greenwald-Omidyar se fasse avec la publicité presque complice de certains organes de la presse-Système (voir Huffington.Post, pourtant récupéré par le Système depuis sa vente par Ariana Huffington), cette presse-Système déjà impliquée quoiqu'elle en veuille dans la diffusion du fonds Snowden. Ce phénomène signale un changement radical du concept de la légalité, reflet de l’affaiblissement accéléré du Système : l’initiative Greenwald-Omidyar et le reste sont en train de devenir symboliquement la légalité, tandis que la NSA est en train d’entrer dans l’illégalité, tout cela considéré non pas formellement (ce qui n’a plus aucune valeur) mais bien dans la perception générale. C’est la bataille contre la NSA, cette référence monstrueuse qui semble chargée de toutes les tares dissolvantes et terroristes du Système, qui structure décisivement les forces antiSystème. “La NSA, phénomène structurant de l’antiSystème” ? C’est dire à quelle avancée dans l’autodestruction le Système s’est mis lui-même, – et c’est répéter plus que jamais que, oui, non seulement la crise Snowden/NSA vaut la crise financière de 2008 (voir le 2 août 2013), mais elle la dépasse désormais dans l’importance de sa dimension antiSystème.

Qu’on y prenne garde : nous ne sommes pas en train de distribuer des prix de vertu ni de signaler des changements d’opinion, des plans de subversion, de révolte, etc., toutes ces choses qui auraient nécessairement une coloration idéologique. Nous signalons des changements objectifs de situation à cause de l’incursion et de la pression grandissantes d’initiatives principielles contre la faiblesse des “valeurs” manipulées par le Système et qui forment les constituants de sa légalité en cours de dissolution. Nous ne sommes pas en train de décrire un affrontement moral et encore moins idéologique (évidemment) selon les normes de nos conceptions nécessairement manipulées par le Système, mais un affrontement vital entre une mécanique de mort (la dynamique dd&e, – déstructuration-dissolution-entropisation) et la résistance que cette mécanique suscite contre elle. Il n’est pas nécessaire que la chose soit proclamée explicitement, ni même réalisée en tant que telle pour qu’elle existe... Il est donc possible, – c’est une hypothèse qui mérite d’être suivie avec attention, – que l’initiative Greenwald-Omidyar en cours nous rapproche décisivement de la formule de l’insurrection générale antiSystème. Cela ne se passe ni dans l’émeute de la rue, ni dans les batailles les maquis, – tout cela a son importance mais n’a plus rien de décisif, – mais dans les esprits, par le biais des psychologies investies par le Système et qui doivent être reconquises. La beauté de la chose, autant que la mesure de son importance et l’explication de son efficacité, est que, effectivement, la plupart des protagonistes ignorent la hauteur formidable de l’enjeu.

Interview with Davide Di Stefano

Interview with Davide Di Stefano

1) Sei stato in missione a Damasco, a fine agosto, quando c’era una seria minaccia di un intervento militare statunitense. Possiamo dire che ti trovavi nell’occhio del ciclone. Qual è stata la sensazione che hai provato in quel momento?
C’era sicuramente un po’ di apprensione in tutti noi della delegazione, visto che l’immagine che arrivava qui in Italia attraverso i media occidentali era di un paese totalmente distrutto. Senza contare che noi siamo arrivati a Damasco venerdì 30 agosto, con Obama che fino a due giorni prima aveva annunciato da giovedì 29 agosto l’inizio di due giorni di raid. A dire la verità la paura più grande era che la missione saltasse per ragioni di sicurezza.

2) Damasco è una città circondata. Nonostante gli avanzamenti dell’esercito siriano, intorno alla capitale ci sono diverse aree controllate dai ribelli. Come stanno affrontando questa situazione? In città hai notato una carenza di alimenti? Ci sono state interruzioni nella fornitura di energia elettrica e di acqua?
L’immagine che fornisce Damasco, almeno nella gran parte del suo territorio è quella di una città assediata ma paradossalmente “tranquilla”. La paura più grande girando per le strade della città è sempre quella di un possibile attentato. La situazione più calda si trova nei sobborghi est della città, dove si trova ad esempio il quartiere di Jobar. La popolazione come detto sembra affrontare con relativa tranquillità la situazione, pur nelle difficoltà anche economiche e pratiche che comporta. Ad esempio ci sono dei razionamenti per quanto riguarda l’energia elettrica e alcuni generi di prima necessità, soprattutto medicinali e latte in polvere spesso scarseggiano. A ricordare che c’è una guerra ci pensa l’artiglieria governativa, che dalle postazioni sul monte Qasioun colpisce i ribelli annidati nei sobborghi est, spesso rintanati in tunnel sotterranei.

3) Nonostante la minaccia di un attacco militare da parte di alcuni governi dei paesi occidentali, il popolo siriano era informato dell’ostilità dell’opinione pubblica occidentale nei confronti di un potenziale intervento militare?
Sia il popolo siriano che le autorità sono al corrente che esiste una differenza tra la politica dei nostri governanti e il grosso dell’opinione pubblica occidentale. I duri colpi incassati da Obama sul piano politico, come la posizione non interventista di paesi come l’Italia o la Germania, insieme al no del parlamento inglese, generano fiducia. Quando ci trovavamo in Siria la tv pubblica e i principali quotidiani hanno dato grande risalto alla nostra missione, anche per dimostrare alla popolazione che in Europa non sono tutti allineati. Anche la posizione del Papa e il digiuno contro la guerra hanno avuto grande risalto in Siria, proprio nei giorni in cui ci trovavamo là.

4) Durante la missione ha avuto l’opportunità di conoscere diversi elementi dell’esercito siriano. Sei stato anche ad un funerale di un giovane soldato quando stavate in viaggio per Tartus. Qual è lo spirito dell’esercito siriano? Le truppe sono motivate a sconfiggere i fondamentalisti islamici o temono un attacco americano?
L’esercito siriano è composto da molti soldati valorosi e convinti delle proprie ragioni. Il sentimento diffuso in tutta la popolazione è quello che un attacco contro la loro nazione rappresenterebbe una grave ingiustizia e che hanno tutto il diritto di difendersi. Così come spesso capita in medio oriente, l’esercito rappresenta un po’ il pilastro dello Stato ed è composto all’80% da elementi di etnia alawita, la stessa di Assad. Tra le truppe appare un po’ di stanchezza, anche perché oltre 28 mesi di guerra civile sfiancherebbero chiunque. Fino al 21 agosto l’esercito regolare siriano aveva riconquistato molte città e postazioni, i ribelli stavano vivendo un brutto periodo. Poi dal presunto attacco con le armi chimiche le cose sono cambiate e l’attenzione si è spostata su un possibile attacco americano, insieme a Gran Bretagna e Francia. Questo genera molta preoccupazione ma i siriani sono comunque fiduciosi di riuscire a reggere anche in caso di attacco americano, grazie al sostegno dei propri alleati Russia e Iran, alla forza e alla solidità della propria nazione e alla paura di Israele di subire un attacco missilistico.

5) Quali sono i piani per le future missioni del Fronte europeo per la Siria?
Questa è stata la prima missione del Fronte Europeo per la Siria ed ha avuto un forte significato politico e simbolico, portando la solidarietà diretta nel momento più difficile. Per il futuro, soprattutto come Solidarité Identités, abbiamo intenzione di realizzare una missione solidale già nei prossimi mesi. Abbiamo stretti ottimi contatti, soprattutto a Tartus, che essendo il secondo porto della Siria ha una buona predisposizione per l’invio di generi di prima necessità come latte in polvere e medicinali.

6) Per concludere, se potessi inviare un messaggio al Presidente degli Stati Uniti che gli diresti?
Di riconsegnare il premio nobel per la pace.

Fonte:  http://dissidentes.blogspot.it/