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mardi, 18 septembre 2012

Olympia 1936

AFFICHE_JO_1936.jpg

Olympia 1936 - Die Olympischen Spiele 1936 in privaten Filmaufnahmen

 14,95 EUR

Bestellung/Order/Commande: http://www.polarfilm.de/
Art.Nr.: 7169

(incl. 19 % UST exkl. Versandkosten)

Die Olympischen Spiele des Jahres 1936 nehmen in der Sportgeschichte eine besondere Position ein. Bis heute wird ihre Deutung kontrovers diskutiert. Ausgetragen vom 6. bis 16. Februar in Garmisch-Partenkirchen und vom 1. bis 16. August in Berlin und Kiel (Segelwettbewerbe) waren sie die ersten Olympischen Spiele, die in einer Diktatur stattfanden.Ereignisse wie diese wecken Begehrlichkeiten: Durch große finanzielle undpersonelle Förderung versuchte das nationalsozialistische Regime seinevorgebliche Friedfertigkeit zu demonstrieren und das Renommee des DrittenReiches im Ausland zu verbessern.Zunächst von Boykottforderungen bedroht, erlebten sie einen Teilnehmer- und Zuschauerrekord mit zahlreichen sportlichen Höchstleistungen. In hohem Maße staatlich gefördert, wurden diese Olympischen Spiele zum bis dahin größten Sportfest der Welt. Unter den Zuschauern befanden sich auch zahlreiche Filmamateure, die im Gegensatz zu den Wochenschauen ohne besondere politische Intention nur für den privaten Gebrauch drehten. Ihre Filmaufnahmen, die einzigen, die keine staatliche Zensur durchlaufen mussten, sind daher einzigartige Zeitdokumente.Für die Dokumentation Olympia 1936 sind diese bisher nie öffentlich gezeigten Amateurfilme zum ersten Mal zu einer facettenreichen Dokumentation über die Olympischen Spiele des Jahres 1936 zusammengestellt worden.

Laufzeit: 126 Minuten
Bild: 4 : 3
Ton: Dolby Digital Stereo
Sprachen: Deutsch
Untertitel: keine
Regionalcode: PAL 0
EAN-Code: 4028032071696
FSK: ab 16 Jahren

00:05 Publié dans Cinéma, Film, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, histoire, années 30, jeux olympiques, berlin | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Trois maitres néerlandais du « réalisme magique »

 

 
 

Trois maitres néerlandais du « réalisme magique »

by Marc. Eemans

Raoul Hynckes - De ijzeren hand, 1935.

Réalité, irréalité, surréalité... qui osera nous dire et ainsi définir et délimiter les frontières, certes tout arbitraires, de cette merveilleuse unicité du monde des apparences et de ses reflets au sein de notre plus profonde intériorité transfigurante?

Pour tout dire, ce n'est qu'au départ de cette foncière unicité de toutes choses que les correspondances vraiment s'établissent et prennent leur envol vers cet « invisiblement visible »qui nous déroute, nous trouble et nous enchante tout à la fois, en nous plongeant en plein dans cet abîme d'inconnaissance dont témoignent ceux qui savent et nous redisent la fable de l' « éternel mystère ».

En fait, il y a les états multiples de ce mystère de l' « invisiblement visible »qu'il appartient à ceux que l'on dit être les « voyants », et les « poètes »de nous révéler et de nous décrire de la manière la plus tangible, la plus de nous révéler et de nous décrire de la manière la plus tangible, la plus évidente,. Nul n'est besoin pour ce faire d'avoir recours à quelque thaumaturgie occulte ou autre, mais bien d'approcher ce qu'il est convenu d'appeler le « réel »avec la plus simple vertu d'attention. Le miracle tout aussi simple de la participation aussitôt s'opère, et le « voyant », le « poète »devient montagne, fleur ou nuage. Il devient et décrit ce qui est  en apparence, aussi bien qu'au-delà et qu'en deça des apparences. Il nous dit la magie du vent qui souffles dans les arbres, le mystère de cette « mer sans cesse recommencée », ainsi que la vie profonde et tout aussi mystérieuse des choses qui nous entourent. Il saisit au vol la prodigieuse et fabuleuse aventure d'un sourire à peine esquissé et magnifie la simplicité d'un geste qui s'ébauche et peut-être se tend vers l'infini. Il devine la tension latent qui unit et sépare tout à la fois les objets qui font le décor de notre vie la plus quotidienne et il en dégage aussitôt la part d'indicible, celle qui appartient à ce dieu invisible qu'il nous a plu de départir à la moindre parcelle d'être.

Ainsi, pour qui sait le sentir et le deviner, le mystère de l' « invisiblement visible » ne cesse de se révéler à chaque instant et en toute circonstance, là même où d'aucuns ne se heurtent qu'au vide de leur propre néant. Le prodigieux naît de la magie de nos cinq sens (libre à d'autres d'y ajouter ceux qui leur conviennent) et le merveilleux, le féerique ou le « fantastique », - pour employer un mot à la mode -, peut surgir à chaque coin de rue. Il suffira de reconnaître les minutes et les rencontres insolites »pour baigner en pleine « poésie »et unique réalité, à la fois réelle, irréelle et surréelle...

*

Cet assez long long préambule pour vous dire tout ce que nous voyons ou plutôt devinons dans les œuvres, peintes d'une manière ô combien minutieuse et réaliste, de trois peintres néerlandais qui ont nom Raoul Hynckes, Pijke Koch et Carel Willink. En leur pays ils eurent leur heure de célébrité, à un moment où l'art non-figuratif était encore considéré comme « dégénéré », mais depuis lors, comme nous l'écrivait l'un d'eux, ils ne sont guère plus qu'une « fiche dans un classeur nécrologique et c'est tout ». Et pourtant, et pourtant... Nous sommes encore quelques-uns à considérer leurs œuvres comme les plus belles, les plus accomplies et les plus chargées de sens de notre époque. Ces trois peintres, en effet, - et nous ne les groupons ici que par simple commodité, - ont su approcher en toute humilité, et chacun à sa manière, le grand mystère de l' « invisibilité du visible ». Par leur simple vertu d'attention et par la prodigieuse magie de leur pinceau, ils sont tous les trois parvenus, et chacun à sa manière, à nous rendre tangible la profonde unicité du réel, de l'irréel et du surréel. Leurs œuvres nous parlent le langage de l'indicible, car tout ce qu'ils peignent, - bien que tout ne soit emprunté qu'au monde des apparences les plus concrètes -, baigne dans une atmosphère chargée des correspondances les plus troublantes.

On nous rétorquera peut-être que Raoul Hynckes, pour atteindre à ce que nous appellerions la « sublimité » de son art, n'a que trop souvent recours à l'allégorie, et que ses natures mortes ne sont qu'une longue et monotone méditation sur le thème de la vanitas ; que Pijke Koch, lui aussi, ne recule pas devant l'allégorie, et que Carel Willink emprunte le meilleur de son langage poétique à certaines formules de l'insolite cher au surréalisme figuratif.

Sans doute, mais au-delà de toute cette affabulation extérieure, il y a avant tout une certaine densité intérieure qui touche aux fibres mêmes de l'être. Tout y est mystère : mystère des choses, mystère des ombres et des lumières qui les baignent, mystère du merveilleux qui affleure, se donne et se refuse, pour déboucher sur le silence même du tout-mystère.

Voilà, certes, la grande magie de ce réalisme d'au-delà le réalisme et la raison de notre dilection pour cet art si anachronique en cette époque du plus grand confusionisme pictural.

Marc. EEMANS

Fantasmagie no. 7, octobre 1961.

00:05 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, avant-gardes, marc. eemans, surréalisme, fantasmagie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 17 septembre 2012

Presseschau - September 2012 (1)

Jugendlicher_Zeitungsleser_Web.jpg

September 2012 (1)

Presseschau

Bei Interesse einfach den jeweiligen Link anklicken...

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AUßENPOLITISCHES

USA
Ringen um den rechten Weg
Warum die Schriftstellerin Ayn Rand die Republikaner vor eine regelrechte Zerreißprobe stellt
Claus Leggewie im Gespräch mit Dieter Kassel
http://www.dradio.de/dkultur/sendungen/thema/1839238/

USA: Countdown zum Kollaps    
Die Welt schaut auf Europa. Doch in den USA sieht es noch bedrohlicher aus. Viele amerikanische Regionen, Gemeinden und Städte sind bankrott. Das einstige Land der unbegrenzten Möglichkeiten erinnert 100 Tage vor der Präsidentenwahl mancherorts an die Dritte Welt. Die USA brauchen allein jeden Tag 2 Milliarden Dollar neue Schulden um zu überleben. - Wie lange noch?
http://www.mmnews.de/index.php/politik/10525-usa-kollaps-unausweichlich

US-Staatsschulden steigen um 10 Millionen Dollar pro Minute
http://www.goldreporter.de/us-staatsschulden-steigen-um-10-millionen-dollar-pro-minute/news/25379/

(Misswirtschaft - Ein Beispiel)
US-Post bleibt auf „Simpsons“ Sondermarke sitzen
http://www.focus.de/panorama/welt/jede-dritte-sondermarke-wandert-in-den-schredder-us-post-bleibt-auf-simpsons-sondermarke-sitzen_aid_804351.html

(etwas reißerisch, aber es dürfte auch einiges dran sein…)
Federal Reserve
Die wahren Herrscher der Welt
http://www.youtube.com/watch?v=0MLBGDTvpZU

Total Information Awareness: National Security Agency betreibt eingestelltes Überwachungsprogramm weiter
https://netzpolitik.org/2012/total-information-awareness-national-security-agency-betreibt-eingestelltes-uberwachungsprogramm-weiter/

(Währungskrise detailliert erklärt)
"Europa im Abgrund" Die Eurokrise - Prof. Dr. H. Flassbeck 07.03.2012
http://www.youtube.com/watch?v=2o0qwhSVz68

Euro-Rettung: Empörung über Monti-Vorschlag
Die Empörung ist groß: Italiens Premier Monti empfiehlt den Regierungschefs der Eurozone weniger Rücksichtnahme auf ihre Parlamente
http://www.op-online.de/nachrichten/politik/empoerung-ueber-monti-kritik-gabriel-2448179.html

Europa-Zweifler, die "Staatsfeinde” von heute
Von Henryk M. Broder
http://www.welt.de/kultur/article108550411/Europa-Zweifler-die-Staatsfeinde-von-heute.html

Euro-Krise
"Wir erleben eine Liraisierung des Euro”
Wer weiß schon, wie die Euro-Krise ausgeht? Jene vielleicht, die sie erforschen. "Welt"-Autorin Anja Ettel hat drei Ökonomen um Prognosen gebeten. Sie reichen von Happy End bis Katastrophe.
http://www.welt.de/wirtschaft/article108571671/Wir-erleben-eine-Liraisierung-des-Euro.html

Euro-Zerfall
EZB-Direktor Asmussen ruft Alarmstufe Rot aus
http://www.welt.de/finanzen/article108843256/EZB-Direktor-Asmussen-ruft-Alarmstufe-Rot-aus.html

(Lösungsweg EU-Superstaat)
Eurokrise bringt Inflation oder Steuern
http://derstandard.at/1345165724773/Treichl-Inflation-Steuern-oder-Einkommensverluste-kommen

Zentralbank
Italienische Verhältnisse bei der EZB
http://www.wiwo.de/politik/europa/zentralbank-italienische-verhaeltnisse-bei-der-ezb/7049322.html

Bürgermeister plündert Supermarkt
Spanischer Linker spielt Robin Hood
http://www.welt.de/print/welt_kompakt/print_politik/article108563174/Buergermeister-pluendert-Supermarkt.html

Bürgermeister plündert Supermarkt aus
http://www.ovb-online.de/nachrichten/welt/buergermeister-pluendert-supermarkt-2453198.html

Protestaktion gegen die Krise
Bürgermeister plündert Kaufhaus
http://www.n-tv.de/politik/Buergermeister-pluendert-Kaufhaus-article6933666.html

Griechen plündern in der Not die Bauernhöfe
http://www.welt.de/politik/ausland/article108768350/Griechen-pluendern-in-der-Not-die-Bauernhoefe.html

Luxemburg warnt Bundesregierung vor EU-Volksabstimmung
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M51c76079304.0.html

Ungarn spottet über EU-Krisenstrategie
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5c5a7d78efe.0.html

(Auch zur Euro-Krise)
Auf Durchzug
Warum sich Merkel ein bisschen Wahrheit traut, wieso Rösler immer noch flunkert, und wo wir Saddams Waffen gefunden haben / Der Wochenrückblick mit Hans Heckel
http://www.preussische-allgemeine.de/nachrichten/artikel/auf-durchzug.html

Obama unterstützt syrische Rebellen mit 25 Millionen Dollar
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5e8521d9dc2.0.html

Syrien
Ausländische Militärs festgenommen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M556ab68e521.0.html

Syrien
Rebellen bekommen Stinger-Raketen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5344083da7e.0.html

Islamist greift deutsche Botschaft in Kairo an
Mit vier Sprengsätzen und einem Hammer wollte ein islamischer Extremist die deutsche Botschaft in Kairo attackieren. Wachleute und ägyptische Polizisten konnten den Mann überwältigen.
http://www.welt.de/politik/ausland/article108740753/Islamist-greift-deutsche-Botschaft-in-Kairo-an.html

War es ein Racheakt?
Taliban enthaupten afghanischen Jungen
http://www.op-online.de/nachrichten/welt/taliban-enthaupten-afghanischen-jungen-zr-2482879.html

Olympia-Streit
Saudisch-arabische Judoka darf mit Kopfbedeckung starten
http://www.spiegel.de/sport/sonst/olympia-2012-judoka-wodjan-shahrkhani-darf-starten-a-847292.html

Schwedische Verteidigungsministerin bezeichnet Saudi-Arabien als Diktatur
http://www.unzensuriert.at/content/009793-Schwedische-Verteidigungsministerin-bezeichnet-Saudi-Arabien-als-Diktatur

London
Al-Kaida-Unterstützer Katar kauft Teile des größten Flughafens von Europa
http://www.unzensuriert.at/content/009840-Al-Kaida-Unterst-tzer-Katar-kauft-Teile-des-gr-ten-Flughafens-von-Europa

Türkei plant Kirchen in Moscheen umzuwandeln
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5e76cb5e8ed.0.html

(Über künstliche Intelligenz)
"Seine Strategie hat etwas Gutes gebracht"
Der US-Journalist Daniel Pearl wurde vor etwa zehn Jahren von al-Qaida entführt und ermordet. Leon de Winter sprach mit dessen Vater über die Kraft des freien Willens
http://www.welt.de/print/die_welt/politik/article108767165/Seine-Strategie-hat-etwas-Gutes-gebracht.html

Skandal
Amerikanischer Hähnchenbrater bringt Schwule und Lesben gegen sich auf
http://www.augsburger-allgemeine.de/panorama/Amerikanischer-Haehnchenbrater-bringt-Schwule-und-Lesben-gegen-sich-auf-id21315986.html

Abstimmung mit dem Gaumen
Tausende Amerikaner essen aus Protest bei Chick-fil-A Hühnchen-Sandwiches
http://www.general-anzeiger-bonn.de/news/vermischtes/Tausende-Amerikaner-essen-aus-Protest-bei-Chick-fil-A-Huehnchen-Sandwiches-article823433.html

Streit um Homo-Ehe in den USA
Knutsch-Protest gegen homophobe Hühnchen-Kette
http://www.focus.de/panorama/welt/streit-um-homo-ehe-in-den-usa-knutsch-protest-gegen-homophobe-huehnchen-kette_aid_793471.html

Homophobie am Hähnchengrill?
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5e4bda204b6.0.html

Streik-Eskalation
Südafrikanische Polizei erschießt 30 Minenarbeiter
http://www.welt.de/vermischtes/article108659762/Suedafrikanische-Polizei-erschiesst-30-Minenarbeiter.html

Kein Spaß mit Pussy Riot
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5d10f2148d2.0.html

Pussy Riot und die deutsche Ochlokratie
http://korrektheiten.com/2012/08/19/pussy-riot-ochlokratie/#more-10589

Nach Pussy-Riot-Urteil: Moskau verweist auf deutsches Gesetz
http://www.focus.de/politik/ausland/justiz-nach-pussy-riot-urteil-moskau-verweist-auf-deutsches-gesetz_aid_802615.html

(Großer Mist. Aber immerhin sehen in Russland die Feministinnen gut aus…)
Nach dem Pussy Riot-Urteil
Femen zerstören Kreuz
In Kiew hat die ukrainische Frauengruppe Femen als Reaktion auf das Pussy-Riot-Urteil ein Holzkreuz mit der Motorsäge gefällt. Nur dumm, dass das Kreuz 2004 als Mahnmal für die Opfer des Stalinregimes errichtet sein soll. Was wollen sie damit bezwecken?
http://www.br.de/radio/bayern2/sendungen/zuendfunk/politik-gesellschaft/pussy-riot-femen-100.html

SriLanka
Küsse für Buddha-Statue in Sri Lanka sorgen für Empörung
http://www.zeit.de/news/2012-08/22/srilanka-kuesse-fuer-buddha-statue-in-sri-lanka-sorgen-fuer-empoerung-22195604

Sri Lanka: Touristen nach Buddha-Kuss zu sechs Monaten Haft verurteilt
http://www.spiegel.de/reise/aktuell/sri-lanka-touristen-nach-buddha-kuss-zu-sechs-monaten-haft-verurteilt-a-851708.html

Juristisches Tauziehen um mutmaßlichen NS-Verbrecher Csatary
http://www.unzensuriert.at/content/009789-Juristisches-Tauziehen-um-mutma-lichen-NS-Verbrecher-Csatary

INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

Nordeuropa arbeitet – und zahlt für den Süden
Südeuropas Kaffeehauskultur ist lustiger als die Disziplin des Nordens. Doch mit dem Versuch, die Lebensverhältnisse in Europa zu homogenisieren, wird die Rechnung an den Norden weitergereicht. Von Henryk M. Broder
http://www.welt.de/debatte/henryk-m-broder/article108470738/Nordeuropa-arbeitet-und-zahlt-fuer-den-Sueden.html

(Habermas fordert Souveränitätsübertragung an undemokratischen EUdSSR-Großstaat)
Habermas, Bofinger, Nida-Rümelin
Für einen Kurswechsel in der Europapolitik
http://www.faz.net/aktuell/habermas-bofinger-nida-ruemelin-fuer-einen-kurswechsel-in-der-europapolitik-11843182.html

Deutschlands ESM-Haftung visualisiert
Ein TV-Beitrag setzt die drohenden Haftungssummen Deutschlands im Rahmen des permanenten Rettungsmechanismus ESM in anschauliche Bilder um.
http://www.goldreporter.de/deutschlands-esm-haftung-visualisiert/news/25018/

Richard Sulík
Euro-Rettung - Deutschland ruiniert sich
Wie lange sollen die Deutschen noch für die Euro-Rettung zahlen? Eine Replik auf Franziska Brantner
http://www.zeit.de/2012/33/Euro-Rettung-Zahlung-Deutschland

ESM verfügt de facto über Banklizenz
„Bundestag gab Euro-Rettern Blankoscheck“
http://www.handelsblatt.com/politik/deutschland/esm-verfuegt-de-facto-ueber-banklizenz-bundestag-gab-euro-rettern-blankoscheck/7068358.html

(SPD-Vorsitzender fordert Vergemeinschaftung der Euro-Schulden)
Lösung der Eurokrise
SPD vor Strategiewechsel in der Euro-Debatte
http://www.berliner-zeitung.de/finanzkrise/eurokrise-spd-vor-strategiewechsel-in-der-euro-debatte,10808234,16809790.html

(Griechenland-Hilfe)
SPD wirft Union „nationalistische Hetze“ vor
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M542e37b42a3.0.html

Reichensteuer und Co.
Angriff der Umverteiler
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/reiche-sollen-mehr-steuern-zahlen-fordern-spd-gruene-linke-a-848060.html

Zwangsabgabe für unsere Bürger in Vorbereitung
http://www.compact-magazin.com/index.php?option=com_content&view=article&id=316

Vermögenssteuern
Reichenabgabe kann Mittelschicht treffen
http://www.manager-magazin.de/politik/deutschland/0,2828,851748,00.html

Reichensteuer
Der Erfolgreiche ist in Deutschland der Dumme
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article108475427/Der-Erfolgreiche-ist-in-Deutschland-der-Dumme.html

Linkspartei will Unternehmern die Staatsbürgerschaft entziehen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5d617d62371.0.html

(Webseite der sozialistischen Umverteiler)
UmFAIRteilen - Reichtum besteuern
http://umfairteilen.de/

Steuerboykott
http://www.steuerboykott.org/

Krise hat jeden Deutschen schon 3125 Euro gekostet
http://www.welt.de/finanzen/article108624344/Krise-hat-jeden-Deutschen-schon-3125-Euro-gekostet.html

Studie: Lebensstandard in Deutschland sinkt seit Euro-Einführung
http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2012/08/20/studie-euro-hat-rueckgang-des-lebensstandards-in-deutschland-verursacht/

(„Durchgängig auf der Verliererseite des ersten Euro-Jahrzehnts befanden sich auch die deutschen und irischen Haushalte.“)
Österreich: Reale Einkommen seit Euro-Einführung gesunken
http://diepresse.com/home/wirtschaft/international/1280962/Oesterreich_Reale-Einkommen-seit-EuroEinfuehrung-gesunken?_vl_backlink=/home/index.do

Martin Walser Das richtige Europa
Die Trennung eines Landes vom Euro? Ein Horrorszenario! Denn der Euro ist mehr als eine Währung. Er ist eine Sprache, die jeder versteht. So wie es einmal das Griechische war, dem die deutsche Sprache ihre schönsten Dichtungen verdankt.
http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/europas-zukunft/martin-walser-das-richtige-europa-11862185.html

Westerwelle hält Euro-Kritik für unpatriotisch
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5e86e785746.0.html

Kein Wachstum mehr ohne Schulden?
Gedanken zu einer wichtigen Diskussion
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=366

Umfrage
Deutsche wünschen sich neue Wirtschaftsordnung
http://www.zeit.de/wirtschaft/2012-08/umfrage-deutschland-wirtschaftsordnung

(Zu ESM)
Beerdigung der Demokratie
Von Robert Hepp
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M54fba0be439.0.html

Staatsstreich und Widerstandsrecht
http://www.sezession.de/33471/staatsstreich-und-widerstandsrecht.html

Alarmierende Statistik
Zahl der Einbrüche in Deutschland schnellt hoch
http://www.focus.de/panorama/welt/alarmierende-statistik-zahl-der-einbrueche-in-deutschland-schnellt-hoch_aid_752007.html

Der Staat als häßliches Monster
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M550534e3060.0.html

Finanz-Armageddon: Die 11 Phasen des System-Zusammenbruchs
http://www.propagandafront.de/1129620/finanz-armageddon-die-11-phasen-des-system-zusammenbruchs.html

Ehrensold für Christian Wulff steigt um 18.000 Euro
http://www.welt.de/politik/deutschland/article108705996/Ehrensold-fuer-Christian-Wulff-steigt-um-18-000-Euro.html

Pleite am Nürburgring: SPD-Finanzminister vor Gericht
http://www.unzensuriert.at/content/009839-Pleite-am-N-rburgring-SPD-Finanzminister-vor-Gericht

Karlsruhe erlaubt Bundeswehr-Einsätze im Inland
In Ausnahmefällen darf die Bundeswehr auch im Inland militärische Mittel einsetzen. Das hat das Bundesverfassungsgericht entschieden. Es müssen aber bestimmte Voraussetzungen erfüllt sein.
http://www.welt.de/politik/deutschland/article108661110/Karlsruhe-erlaubt-Bundeswehr-Einsaetze-im-Inland.html

Bundesverfassungsgericht erlaubt Militäreinsätze im Inland
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57821e13156.0.html

Gender-Kompetenz bei der Bundeswehr
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M52f4a2cc3f6.0.html

(mit kontroverser Leserdiskussion)
Homosexuelle hetzen gegen CSU-Politiker Geis
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5d8d823abb4.0.html

Landkreis Weilheim-Schongau
Wallfahrtspfarrer der Wieskirche brutal überfallen
http://www.augsburger-allgemeine.de/aichach/Wallfahrtspfarrer-der-Wieskirche-brutal-ueberfallen-id21150456.html

Verfassungsschutz nicht reformieren - abschaffen!
von Claus Leggewie, Horst Meier
http://www.tagesspiegel.de/meinung/andere-meinung/gastkommentar-verfassungsschutz-nicht-reformieren-abschaffen/6950998.html

(Satire)
Verfassungsfeind Nr.1: Die Regierung http://www.youtube.com/watch?gl=DE&v=KX63_Zvc93c

Bürgerbegehren für Platz-Umbennenung
Münster will den Reichspräsidenten
http://www.taz.de/Buergerbegehren-fuer-Platz-Umbennenung/!98798/

(Auch zur Vergangenheitsbewältigung)
Heldenplatz
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M52f8198dd91.0.html

(Artikel zur Situation in Hagen - in gewohnt roter Schreibe)
Hindenburg
Hagen ehrt Hindenburg mit Straße und Ehrenbürgerschaft
http://www.derwesten.de/staedte/hagen/hagen-ehrt-hindenburg-mit-strasse-und-ehrenbuergerschaft-id7043696.html

(Zur US-Propaganda betr. NS-Deutschland und Sowjetunion)
Innenansichten
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5eb2f287339.0.html

Bombenfund
Feuerwehr gibt Entwarnung nach Bombensprengung in München
http://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2012-08/muenchen-fliegerbombe-sprengung

(Sehr interessante Diskussion, und die „Freitag“-Leser laufen Sturm mit „Rassismus“-Vorwürfen)
Das Privateste wird politisch
Beschneidung
Das von mir (Christa Ritter) bearbeitete Gespräch zwischen Freunden über die Verletzung der Menschenrechte durch die Beschneidung
http://www.freitag.de/autoren/darkshark/das-privateste-wird-politisch
(mittlerweile gelöscht oder in den Abonnentenbereich geparkt)

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS

(Schon älter, aber interessant)
Heilbronner Polizistinnenmord
Waren Verfassungsschützer Zeuge beim Mord an Michèle Kiesewetter?
http://www.stern.de/politik/deutschland/heilbronner-polizistinnenmord-waren-verfassungsschuetzer-zeuge-beim-mord-an-michele-kiesewetter-1757092.html
http://www.stimme.de/heilbronn/polizistenmord/Polizistenmord-Die-naechste-unglaubliche-Theorie;art15061,2308113

Compact Magazin August 2012
Jürgen Elsässer zur NSU
http://www.youtube.com/watch?v=Diuh2Ezjx84&feature=player_embedded

(Zu VS und NSU)
Beamter „Klein-Adolf“
http://www.jungewelt.de/2012/07-06/057.php

(zu Jan Wienken)
Verfassungsschutz verteidigt Beobachtung von Grünen-Politiker
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M51ef3d6baaa.0.html

Oppositions-Bespitzelung
Grüne beschäftigen Verfassungsschutz
Weil Niedersachsens Grünen-Landtagskandidat Jan Wienken vom Verfassungsschutz beobachtet wird, fragen Parteifreunde an, ob der Dienst auch über sie Informationen sammelt.
http://taz.de/Oppositions-Bespitzelung/!98824/

Frankfurts erwünschtes Elend
Occupy-Camp und das Denken der Linken
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=357

Frankfurts SPD trifft Occupy
Ratlose auf dem Weg zu den Sternen
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=365

(Sippenhaftung wieder eingeführt…)
Olympia 2012
Kontakt zu Neonazis? Deutsche Ruderin reist ab
http://www.welt.de/sport/olympia/article108467391/Kontakt-zu-Neonazis-Deutsche-Ruderin-reist-ab.html

(Antifant Andreas Speit darf in der taz seinen Kommentar dazu abgeben)
Skandal im deutschen Olympia-Team
Rechte Schlagseite
http://www.taz.de/Skandal-im-deutschen-Olympia-Team/!98758/

Neudeutscher Neofaschismus bei Olympia
Rostocker Ruderin in Sippenhaftung genommen
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=359

Die verlorene Ehre der Nadja Drygalla
Aus dem Innern der deutschen Gesinnungsdiktatur
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=360

Sippenhaft: Ruderin Nadja Drygalla muß gehen
http://www.sezession.de/33376/sippenhaft-ruderin-nadja-drygalla-mus-gehen.html#more-33376

Solidarität mit Nadja Drygalla!
http://juergenelsaesser.wordpress.com/2012/08/04/solidaritat-mit-nadja-drygalla/

Pervertierung des olympischen Gedankens
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M502e6e5304c.0.html

Fall Drygalla: Auslöser war “Indymedia”-Artikel
http://www.pi-news.net/2012/08/fall-drygalla-ausloser-was-indymedia-artikel/#more-270219

(Auch ein EKD-Pharisäer musste seinen Senf dazugeben…)
EKD-Vorsitzender ruft Drygalla zur Buße auf
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M52eb2cb640c.0.html

(dazu ein Kommentar)
Das goldene Kalb
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5460b25fa5a.0.html

(Zu Drygalla, der „Zeit“, Jens Jessen und Cohn-Bendit)
Guter Polizist, böser Polizist
http://www.sezession.de/33417/guter-polizist-boser-polizist.html#more-33417

Interview
„Der Fall Drygalla kann sich jederzeit wiederholen“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5ed73065867.0.html

Stasi-Spitzel Kahane hetzt gegen den Staat
http://www.pi-news.net/2012/08/stasi-spitzel-kahane-hetzt-gegen-den-staat/#more-272588

NPD-Aussteiger Andreas Molau
„Ich war kein Opfer“
Interview mit Andreas Molau
http://www.cicero.de/berliner-republik/interview-npd-aussteiger-andreas-molau-ich-war-kein-opfer/51435

Ex-Funktionär Molau steigt aus
"Ich dachte, ich könnte die NPD reformieren"
http://www.tagesschau.de/inland/npd-interview-molau100.html

Andreas Molau wechselt zum Verfassungsschutz
http://www.sezession.de/33391/andreas-molau-wechselt-zum-verfassungsschutz.html#more-33391

(Ebenfalls zu Molau und NPD)
Über Ächtung und Ausstieg
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M526cb3680ee.0.html

Der Nazi als Projektionsfigur
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5791c55e6a2.0.html

Zur Personalie Molau
http://hurenkind.wordpress.com/2012/08/06/zur-personalie-molau/

Radiosender entlässt Moderatorin wegen Auschwitz-Zitat
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M59b6984594f.0.html

John Galliano aus französischer Ehrenlegion ausgeschlossen
Modemacher wegen judenfeindlicher Beleidigungen verurteilt
http://www.welt.de/newsticker/news2/article108780990/John-Galliano-aus-franzoesischer-Ehrenlegion-ausgeschlossen.html

(Im Tonfall typischer Anprangerungsbeitrag)
Rechte Buchhandlung im Visier
Die Klosterhaus-Buchhandlung in Lippoldsberg war jahrzehntelang Pilgerstätte für Ewiggestrige – und vertreibt bis heute kriegsverherrlichende Schriften und Ratgeber für Neonazis. Stören tut das vor Ort offenbar kaum jemanden.
http://www.hr-online.de/website/rubriken/nachrichten/indexhessen34938.jsp?rubrik=36086&msg=36086&mediakey=fs/defacto/20120820_buchhandlung_df1&type=v&key=standard_document_45797417

Linke geht auf Distanz zu Diktator Castro
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5302147371f.0.html

"Junge Welt" huldigt kubanischem Diktator Castro
http://www.unzensuriert.at/content/009693-Junge-Welt-huldigt-kubanischem-Diktator-Castro

(auch ein guter Gag…)
Piratenchef sieht „rechtsradikale Tendenzen“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5330871e40d.0.html

Linksautonome klagen, dass die Polizei sie behinderte, ein kleines Grüppchen NPD-Leute zu zerstückeln
http://www.kybeline.com/2012/08/04/linksautonome-klagen-dass-die-polizei-sie-behinderte-ein-kleines-gruppchen-npd-leute-zu-zerstuckeln/

Linke Anarchisten rasten bei Hamburger Schanzenfest aus
http://www.unzensuriert.at/content/009833-Linke-Anarchisten-rasten-bei-Hamburger-Schanzenfest-aus

Messerstechereien auf linkem Schanzenfest
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5982d56c028.0.html

Anstoß für Verbotsverfahren?
Polizei findet bei Razzia 1000 NPD-Plakate
http://www.op-online.de/nachrichten/deutschland/polizei-findet-razzia-1000-npd-plakate-2471794.html

SPD drängt auf neues NPD-Verbotsverfahren
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M571189b5deb.0.html

Polizei Dortmund: Spontanversammlung von Neonazis aufgelöst - Strafanzeigen gefertigt -Platzverweise erteilt.
http://www.presseportal.de/polizeipresse/pm/4971/2315729/pol-do-spontanversammlung-von-neonazis-aufgeloest-strafanzeigen-gefertigt-platzverweise-erteilt
(dazu Fotos: http://www.facebook.com/photo.php?fbid=173678819435098&set=o.261725823936568&type=1&theater)

(NPD-Wahlerfolg im Dortmunder Nord-Osten)
Wahl der Bezirksvertretungen
So hat der Dortmunder Nord-Osten gewählt
http://www.ruhrnachrichten.de/lokales/dortmund/nordosten/So-hat-der-Dortmunder-Nord-Osten-gewaehlt%3Bart2576,1747785

(Wieder ein schauderhaft skandalöser Vorgang oder wie sich die „multikulturelle Gesellschaft“ stets ihre eigenen neuen Straftatsbestände erschafft)
Dortmund Banner für verbotene Neonazi-Kameradschaft bei BVB-Spiel gezeigt
http://www.spiegel.de/panorama/justiz/rechtsradikales-banner-bei-bvb-spiel-dortmunder-polizei-ermittelt-a-852559.html

Politisch-korrektes Gedenken mit Gauck in Rostock
http://www.unzensuriert.at/content/009886-Politisch-korrektes-Gedenken-mit-Gauck-Rostock

(Kotzbrocken in Mecklenburg)
Cem Özdemir und Claudia Roth Grüne erinnern in Rostock an Ausschreitungen von 1992
Klare Worte gegen Rechts: Bei der Tagung der Rechtsextremismus-Kommission von Bündnis 90/Die Grünen in Rostock-Lichtenhagen sprachen sich die beiden Bundesvorsitzenden für mehr Zivilcourage aus.
http://www.stern.de/politik/deutschland/cem-oezdemir-und-claudia-roth-gruene-erinnern-in-rostock-an-ausschreitungen-von-1992-1884282.html

Grüne erinnern in Rostock an Ausschreitungen von 1992
http://www.donaukurier.de/nachrichten/topnews/D-Rechtsextremismus-Auslaender-Gedenken-Gruene-erinnern-in-Rostock-an-Ausschreitungen-von-1992%3Bart154776,2646868

(Auch eine Witznummer im Irrenhaus)
Rassismus beim offiziellen Gedenken in Rostock-Lichtenhagen?
http://blog.zeit.de/stoerungsmelder/2012/08/28/rassismus-beim-offiziellen-gedenken-in-rostock-lichtenhagen_9618

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

(Zu Breivik und der Einwanderung)
Horrorshow im Sommerloch
http://www.sezession.de/33499/horrorshow-im-sommerloch.html

(Zum österreichischen „Standard“…)
In der rosaroten Gehirnwindung
http://www.sezession.de/33351/in-der-rosaroten-gehirnwindung.html#more-33351

Hamburg fordert Rücksichtnahme auf muslimische Schüler
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M528c0e4aec4.0.html

Evangelische Kirche fordert mehr Toleranz gegenüber dem Islam
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5f675c3b781.0.html

Politik
Empörung über Irmers Kritik am Islam
http://www.derwesten.de/politik/empoerung-ueber-irmers-kritik-am-islam-id6954588.html

Islam-Unterricht
FDP genervt von Irmers Dauerkritik
http://www.welt.de/regionales/frankfurt/article108495633/FDP-genervt-von-Irmers-Dauerkritik.html

FDP fordert islamischen Feiertag in Bayern
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5e4cf3e0b68.0.html

Kauder für weitere Moscheebauten
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53f642f2a1d.0.html

Ehemaliger SVP-Nationalrat wehrt sich wortgewaltig gegen Rassismus-Vorwurf
http://www.unzensuriert.at/content/009815-Ehemaliger-SVP-Nationalrat-wehrt-sich-wortgewaltig-gegen-Rassismus-Vorwurf

Hanau
Ramadan: Fest auf dem Marktplatz
http://www.op-online.de/nachrichten/hanau/ramadan-fest-marktplatz-2450223.html

(erweiterte Ökumene)
Berlin
Interreligiöse Stätte am Petriplatz
Ein Bethaus für Drei
http://www.berliner-zeitung.de/berlin/interreligioese-staette-am-petriplatz-ein-bethaus-fuer-drei,10809148,16796556.html

Bosnien zeigt: Flüchtlinge kehren selten in die Heimat zurück
http://www.unzensuriert.at/content/009657-Bosnien-zeigt-Fl-chtlinge-kehren-selten-die-Heimat-zur-ck

Gericht verbietet Abschiebungen nach Ungarn
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M52c5e020d2a.0.html

17 Kinder: Belgische Behörden prüfen Vaterschaften
http://brf.be/nachrichten/national/446384/

Türkische Migranten hoffen auf muslimische Mehrheit
Studie: Gerade die jüngeren sind religiöser und zeigen mehr Vorurteile. Große Zustimmung zur Koran-Verteilung
http://www.welt.de/print/die_welt/politik/article108673458/Tuerkische-Migranten-hoffen-auf-muslimische-Mehrheit.html

Beiruter Bischof warnt vor Islamisierung Europas
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M519dac2be18.0.html

Entsetzen über Anti-Islamismus-Kampagne des Innenministeriums
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5b0a56df041.0.html

Studie
Weniger Türken empfinden Heimatgefühl für Deutschland
http://www.abendblatt.de/politik/deutschland/article2373528/Weniger-Tuerken-empfinden-Heimatgefuehl-fuer-Deutschland.html

(Zu Ausländer-Sexismus)
Sofie Peeters wundert sich
http://www.sezession.de/33430/sofie-peeters-wundert-sich.html#more-33430

Polizeibekannter Islamist an BER-Zugangskontrolle tätig
http://www.welt.de/politik/deutschland/article108614686/Polizeibekannter-Islamist-an-BER-Zugangskontrolle-taetig.html

Hamburg kündigt Einführung islamischer Feiertage an
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5623cbe5798.0.html

Hanau
Verärgerung bei Anwohnern
Milli Görüs-Plakate kommen weg
http://www.op-online.de/nachrichten/hanau/milli-goerues-plakatekommen-2469208.html

(Amtsstuben überfordert)
Zu lange Wartezeiten im Bürgerbüro Offenbach
http://www.op-online.de/nachrichten/offenbach/geduldsprobe-buergerbuero-2462507.html

Offenbach
Ansturm auf Bürgerbüro
Städte ächzen unter Zuwanderung
http://www.op-online.de/nachrichten/offenbach/erster-linie-buerger-2472351.html

Zuwanderung in Offenbach
Kommentar: Absehbare Entwicklung
http://www.op-online.de/nachrichten/offenbach/kommentar-staedte-aechzen-unter-zuwanderung-offenbach-2472988.html

(Noch mehr Beratung und Sozialbetreuung lautet die hilflose Antwort…)
Offenbach
Zuwanderung im Mathildenviertel
Durchgreifen und beraten
http://www.op-online.de/nachrichten/offenbach/mathildenviertel-offenbach-gespraech-bulgarische-zuwanderer-2482035.html

Berlin
Senat entscheidet
Lenau-Schule löst deutsche Klassen auf
http://www.bz-berlin.de/bezirk/kreuzberg/lenau-schule-loest-deutsche-klassen-auf-article1522659.html

Offenbach
„Gipfel der Des-Integration“ in Offenbach über Rassismus und fehlende Integration
Gefühl, nicht dazuzugehören
http://www.op-online.de/nachrichten/offenbach/gefuehl-nicht-dazuzugehoeren-2480531.html

Flucht über die Türkei
Todesschütze aus Neuss im Irak?
http://www.op-online.de/nachrichten/deutschland/todesschuetze-neuss-irak-2471456.html

Kriminalitätsatlas
"Es gibt in Berlin keine No-go-Areas"
http://www.tagesspiegel.de/berlin/kriminalitaetsatlas-es-gibt-in-berlin-keine-no-go-areas/7061408.html
(So hätten überdurchschnittlich viele Straftäter (68,4 Prozent) einen Migrationshintergrund, was so definiert ist, dass entweder sie selbst oder mindestens ein Elternteil Staatsangehörige anderer Länder sind oder waren. Linken-Fraktionschef Udo Wolf warf Koppers und Henkel vor, mit derartigen Zuschreibungen eine „stigmatisierende Debatte“ anzuheizen.)

Berlin
Rabbiner zusammengeschlagen
"Das war eine Attacke auf die Religionsfreiheit"
http://www.tagesspiegel.de/berlin/polizei-justiz/rabbiner-zusammengeschlagen-das-war-eine-attacke-auf-die-religionsfreiheit/7067800.html

(Passend dazu)
Antisemitismus ist böse, Judenhass verständlich
Ein skandalöser Bericht des Frankfurter Magistrats
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=370

(An den Falschen geraten)
Friedrichshain
Raubopfer sticht Angreifer nieder
http://www.tagesspiegel.de/berlin/polizei-justiz/friedrichshain-raubopfer-sticht-angreifer-nieder/7056296.html

(Die Mutter klagt)
Falsche Freunde, falscher Kiez
So wurde mein Celio (15) zum Kriminellen
http://www.berliner-kurier.de/polizei-prozesse/berlin-brutal-so-wurde-mein-celio--15--zum-kriminellen,7169126,16983732.html

Österreich
Jeder dritte ausländische Mörder ist ein Asylwerber
http://www.unzensuriert.at/content/009866-Jeder-dritte-ausl-ndische-M-rder-ist-ein-Asylwerber

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

Historische Rekonstruktion
Die Sehnsucht nach der alten Stadt ist ungebrochen
http://www.welt.de/kultur/kunst-und-architektur/article108806293/Die-Sehnsucht-nach-der-alten-Stadt-ist-ungebrochen.html

Hamburgs Ex-Oberbaudirektor rechnet ab
Egbert Kossak: „Die HafenCity ist eine Schande“
http://www.mopo.de/politik/ex-oberbaudirektor-rechnet-ab-egbert-kossak---die-hafencity-ist-eine-schande-,5067150,16813610.html

Heimkehr zum Hünengrab
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53999a7bc33.0.html

(Zur überaus dämlichen Multikulti-Propaganda in „Stern“ und „Spiegel“)
Sind wir alle Türken?
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5757290f644.0.html

Kassel
Jesus-Karikatur nach Protesten entfernt
http://www.op-online.de/nachrichten/deutschland/jesus-karikatur-nach-protesten-entfernt-2472484.html

Österreichische Sprache in Not "Bundesdeutsch" sekkiert den "Paradeiser"
http://www.sueddeutsche.de/medien/oesterreichische-sprache-in-not-bundesdeutsch-sekkiert-den-paradeiser-1.1438109

(Sehr interessant)
Buchrezension mit der Frage: Ist Moral und Ethik automatisch Antiamerikanismus?
http://jomenschenfreund.blogspot.de/2012/08/buchrezension-mit-der-frage-ist-moral.html

(Zu Hunger in der 3. Welt)
Die digitale Guillotine
Als ich mal einen halben Tag lang die TODESSTRAFE gut fand
http://jensbest.net/2012/08/14/die-digitale-guillotine/

Wie auf das Schlimmste vorbereiten?
Sie sind vorbereitet auf alle Eventualitäten, selbst auf den Untergang der Zivilisation.
http://orf.at/stories/2131687/2130596/

„Wir wissen nicht mehr weiter“
Gesellschaftliche Systeme sind als Folge von narzisstischen Störungen in früher Kindheit erklärbar, sagt Hans-Joachim Maaz in seinem Buch „Die narzisstische Gesellschaft“
http://www.freitag.de/autoren/jana-hensel/wir-wissen-nicht-mehr-weiter

»Gefoltert zu werden verändert einen Menschen für immer. Dein altes Selbst bekommst du nie wieder zurück«
Ein Gespräch mit dem brasilianischen Bestseller-Autor Paulo Coelho über sein Leben als Drogenabhängiger, Folteropfer, Satanist, Psychiatrieinsasse, Buchautor und vieles mehr.
http://sz-magazin.sueddeutsche.de/texte/anzeigen/38005/1/1

KenFM im Gespräch mit: Evelyn Hecht-Galinski
http://www.youtube.com/watch?v=00qV1icAi0E

(Gender-Quatsch)
Nils und sein Sohn verkleiden sich
http://www.sezession.de/33487/nils-und-sein-sohn-verkleiden-sich.html#more-33487

Der gute Papa im Rock
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M50cb4965573.0.html

Schweizer Männerbeauftragter musste nach drei Wochen aufgeben
http://www.unzensuriert.at/content/009629-Schweizer-M-nnerbeauftragter-musste-nach-drei-Wochen-aufgeben

"Bravo"-Sex-Experte Martin Goldstein
"Dr. Sommer" ist tot
http://www.op-online.de/nachrichten/welt/dr-sommer-bravo-sexualaufklaerer-martin-goldstein-2483107.html

(Zur Urheberschutz-Debatte)
Willkommen im vergangenen Jahrhundert, Deutschland!
http://www.indiskretionehrensache.de/2012/08/leistungsschutzrecht-vosshoff/

(Zur Urheberschutz-Debatte - Linksetzung und Zensur)
Das Internet war eine Episode der Freiheit
http://www.perlentaucher.de/feuilletons/2012-08-30.html

Bislang greifen Behörden bei der Facebook-Party kaum durch
http://www.welt.de/newsticker/dpa_nt/infoline_nt/computer_nt/article108664538/Bislang-greifen-Behoerden-bei-der-Facebook-Party-kaum-durch.html

Ältestes Geld Mecklenburgs entdeckt
Der Silberschatz vom Acker
http://www.n-tv.de/wissen/Der-Silberschatz-vom-Acker-article7040916.html

(Zu Trumans Atombombenabwurf)
Tugend und Präsidentschaft
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5e9407011c7.0.html

Konservativer Stil
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M51545d91e0c.0.html

Rammstein: Das SZ-Magazin begleitete die Band auf ihrer Amerika-Tour - Musik
http://sz-magazin.sueddeutsche.de/texte/anzeigen/37769/USA-2056-Uhr

Réflexions sur deux points chauds: l’Iran et la Syrie

Robert STEUCKERS:

Réflexions sur deux points chauds: l’Iran et la Syrie

 

Conférence prononcée à l’Université de Gand, Hoveniersberg, 8 mars 2012

 

L’Iran

 

La première chose qu’il faut impérativement dire quand on prend la parole à propos de l’Iran, c’est de rappeler que ce pays a été le première empire créé par un peuple de souche indo-européennes au cours de l’histoire, dès 2500 ans avant J.C. Le dernier Shah d’Iran, vers la fin de son règne, avait commémoré l’événement fondateur de l’impérialité iranienne à Persépolis par une fête d’une ampleur extraordinaire, à laquelle toutes les têtes couronnées de la planète avaient participé. Ensuite, l’Iran est la terre matricielle de la religion zoroastrienne, première tentative de dépassement d’une religiosité purement mythologique, à l’époque historique lointaine que des auteurs comme Karl Jaspers et Karen Armstrong nomment, très justement, la période axiale de l’histoire, période où se cristallisent les valeurs indépassables sur lesquelles se fondent les grandes civilisations, les empires ou les forces religieuses. Le zoroastrisme pose la figure du dirigeant charismatique qui forge une morale exemplaire et qui, pour l’asseoir dans la société, est accompagné d’une suite de gaillards vigoureux, armés de gourdins (de massues) et d’arcs. C’est dans cette suite de Zoroastre qu’il faut voir l’origine de tous les ordres de chevalerie, introduits en Europe par les cavaliers sarmates (donc iraniens) recrutés par l’Empire romain pour défendre ses frontières, les “limes”. Ces Sarmates, zoroastriens au départ et souvent devenus mithraïstes, ont été casernés en “Britannia” (Angleterre) et au Pays de Galles où ils ont résisté longtemps aux Angles et aux Saxons et ont été à la base des mythes arthuriens, considérés jusqu’à date récente comme “celtiques”. On les retrouve aussi le long du Rhin (le musée romain-germanique de Cologne expose des pierres tombales de cavaliers sarmates) et dans nos régions, surtout le long de la Meuse. Les Alains, peuple cavalier proche des Sarmates et des Scythes, accompagnent les Suèves et les Wisigoths dans leur conquête de l’Espagne. Les régions où ils s’installent, dans le Nord de la péninsule, résisteront à l’invasion maure et c’est précisément dans ces régions-là que les ordres de chevalerie populaires naîtront, enrôlant de simples paysans ou des pélerins arrivés à Compostelle pour former le noyau dur des armées de la reconquista.

 

Querelles entre islams (au pluriel!)

 

L’islamisation totale de l’Iran sera fort lente jusqu’aux temps de Shah Abbas (16ème siècle), qui fera du chiisme la religion de l’Empire perse, en guerre contre les Ottomans, champions du sunnisme. Pour que l’islam soit devenu dominant en Perse, il aura fallu attendre 400 ans après la conquête de ce vaste pays par les armées des successeurs de Mahomet. Le zoroastrisme s’est longtemps maintenu, tandis que le chiisme y cohabitait conflictuellement avec le sunnisme. Ce long conflit entre chiites et sunnites nous ramène à l’actualité: le conflit sous-jacent du Moyen Orient, fort peu mis en exergue par nos médias, oppose en effet l’Arabie saoudite, puissance championne du sunnisme le plus intransigeant, sous sa forme wahhabite, et l’Iran, champion du chiisme. En Orient, les guerres sont éternelles: le passé ne passe pas, est toujours susceptible d’être réactivé car il faut venger les ancêtres, un affront, une défaite. L’Orient, dans ses réflexes, a l’avantage de ne pas connaître d’idéologie progressiste qui efface, ou veut effacer, des mémoires et du réel matériel les forces d’antan, les forces immémoriales. Ce conflit chiite/sunnite, et surtout sa résilience, peut apparaître paradoxal à tous ceux qui ne perçoivent dans l’islam qu’un seul bloc, uni et indifférencié. C’est là une vision simpliste, fausse et juste bonne à générer de la propagande à bon marché. A l’instar d’Yves Lacoste, géopolitologue français et éditeur de la remarquable revue “Hérodote”, il convient, pour être sérieux, de parler des “islams”, si l’on veut poser des analyses cohérentes sur les conflits qui traversent non seulement la sphère musulmane dans son ensemble mais aussi sur les inimitiés qui animent les communautés islamiques immigrées en Europe et que le personnel politique, policier et juridique contemporain, inculte et abruti, est incapable de comprendre donc de prévenir (la “prévoyance”, vertu cardinale des “bons services” selon Xavier Raufer) voire de réprimer à temps. Les affrontements entre chiites et sunnites, voire entre d’autres communautés qui ont l’islam ou le “coranisme” pour dénominateur commun, permettent à des “empires”, hier le britannique, aujourd’hui l’américain, de pratiquer la politique du “Divide ut impera”, de diviser pour régner. C’est ainsi que, tacitement hier, de plus en plus ouvertement aujourd’hui, l’Arabie saoudite est désormais un allié d’Israël dans la lutte contre l’Iran, voulue par Washington et que les schématismes propagandistes des islamophobes hypersimplificateurs ou des fondamentalistes islamiques délirants ou des islamophiles présents dans toutes les “lunatic fringes”, qui veulent voir dans les conflits actuels une lutte entre “Judéo-Croisés” et “Bons (ou Mauvais) Musulmans” sont totalement faux: il y a, d’un côté, l’alliance “Wahhabito-judéo-puritano-croisée” et, de l’autre, les “fondamentalistes chiites/khomeynistes”. Dans les deux camps, il y a des musulmans et ils s’étripent allègrement. De même, la guerre civile qui fait rage aujourd’hui en Syrie est un conflit entre Alaouites et Sunnites; ceux-ci, sous l’impulsion des Wahhabites saoudiens, considèrent les Alaouites, détenteurs du pouvoir à Damas, comme des hérétiques, proches des chiites. Une fois de plus, ce conflit interne à la Syrie démontre que les inimitiés entre factions musulmanes ont plus de poids, au Proche- et au Moyen-Orient, que la césure, souvent mise en exergue dans nos médias, entre l’Occident et l’Islam, n’en déplaisent aux islamophobes ignares que l’on entend gueuler à qui mieux mieux pour des histoires de caricatures, de foulard ou de bidoche ovine, histoires dont on se passerait d’ailleurs bien volontiers sous nos cieux. Les Américains, bien au courant de ces clivages, peuvent ainsi réactiver de vieux conflits afin de faire triompher leurs projets dans le “Grand Moyen Orient”, qu’il s’agit, selon eux, d’unifier sur le plan économique, pour en faire un marché ouvert aux productions des multinationales américaines, et de balkaniser sur le plan politique, notamment en redessinant, sur le long terme, la carte de la région selon les vues d’un Colonel des services américains, Ralph Peters.

 

Des Qadjar aux Pahlevi

 

Quand, dans la première décennie du 20ème siècle, la dynastie perse des Qadjar n’a plus pu contrôler le pays, et que celui-ci a plongé dans le chaos, suite à une tentative de réforme constitutionnelle où l’Iran aurait dû adopter la constitution belge (!), le père du dernier Shah, Reza Khan, colonel d’une unité de cosaques iraniens, prend le pouvoir et se fait proclamer empereur en 1926. Son objectif? Faire de la Perse, qu’il rebaptise “Iran”, un pays moderne, selon les règles du despotisme éclairé, pratiquées en Turquie, à la même époque, par Mustafa Kemal Atatürk. Cette modernisation ne peut s’effectuer, on s’en doute, sous la houlette du clergé chiite (les Chiites ayant un clergé, contrairement aux Sunnites; c’est là la grande différence entre les deux orientations de l’islam moyen-oriental; on peut dire aussi que le clergé chiite est une forme islamisée et dégénérative des fameuses “suites zoroastiennes”, dont la mission était d’imposer la morale politique à un cheptel humain trop souvent indiscipliné). La modernisation selon Reza Khan passe a) par une gestion iranienne de la rente pétrolière, b) par la construction de voies de chemin de fer pour désenclaver la plupart des régions du pays et pour relier les ports du Golfe Persique à la Mer Caspienne, c) par la constitution d’une marine capable d’imposer les volontés iraniennes dans les eaux du Golfe. La volonté de gérer la rente pétrolière se heurtera à la mauvaise volonté britannique car Londres détenait tous les atouts de la “Anglo-Iranian”. La construction du chemin de fer se fera grâce à des ingéneiurs suisses, scandinaves et allemands. Des officiers italiens se chargeront de moderniser la flotte iranienne, fournie en bâtiments construits dans les chantiers navals de la péninsule. En 1941, Britanniques et Soviétiques violent délibérément la neutralité iranienne; dans la foulée, la RAF détruit la flotte iranienne dans les ports du Golfe. Reza Khan est envoyé en exil, d’abord dans les Seychelles, ensuite en Afrique du Sud où il meurt d’un cancer qu’on ne soigne pas comme il le faudrait. De 1941 à 1978, son fils, Mohammed Reza Pahlevi occupe le trône, avec le soutien des Américains, un soutien qui, de la part de Washington, sera d’abord total, puis de plus en plus réticent. Le jeune Shah opte pour une “protection” américaine parce que les Etats-Unis n’ont pas de frontières communes avec l’Iran, tandis que l’URSS brigue l’annexion des régions azerbaïdjanaises du Nord de l’Iran, cherche à les fusionner avec la république Socialiste Soviétique de l’Azerbaïdjan et tandis que les Britanniques, avant l’indépendance et la partition de l’Inde, cherchaient à inclure les provinces beloutches de l’Est iranien dans la partie beloutche de l’actuel Pakistan.

 

Les mémoires de Houchang Nahavandi

 

1359833_6708795.jpgLes mémoires du dernier ministre de l’éducation nationale du Shah Mohammed Reza Pahlevi, Houchang Nahavandi, réfugié à Bruxelles suite à la révolution de Khomeiny, nous apprennent le déroulement véritable de la révolution iranienne. Sa fille Firouzeh Nahavandi confirme les hypothèses paternelles dans un mémoire universitaire très intéressant (ULB), présentant pour l’essentiel un panorama général des partis politiques iraniens. Pour Houchang Nahavandi, c’est essentiellement Harry Kissinger, en tant que “tête pensante” en coulisses inspirant tous les macrostratégistes américains, et ce sont ensuite les présidents démocrates John F. Kennedy, Lyndon B. Johnson puis Jimmy Carter, contrairement au républicain Richard Nixon, qui n’ont pas voulu d’une “concentration de puissance” sur le territoire du plus ancien “empire” de l’histoire mondiale, même si sur ce territoire règnait un allié loyal. La stratégie d’utiliser les “droits de l’homme” pour fragiliser un Etat sera tout de suite appliquée à l’Iran du Shah, dès sa nouvelle théorisation, sous la présidence de Carter. Simultanément, elle sert à boycotter les Jeux Olympiques de Moscou et reçoit une “traduction” destinée au public français, celle que propageront les “nouveaux philosophes”, anciens gauchistes anti-communistes, recyclés dans la défense de l’Occident sous prétexte de diffuser un “socialisme à visage humain”, antidote à la “barbarie”. Les “droits de l’homme”, en tant qu’idéologie libérale et “bourgeoise” (disaient les penseurs d’inspiration marxiste), avaient été soumis à une critique philosophique serrée dans les années 60: la pensée en faisait une “illusion idéaliste”, un “embellisement” plaqué sur les laideurs ou les dysfonctionnements sociaux générés par le libéralisme, un irréalisme destiné à tromper les peuples, à leur fournir un nouvel “opium”, qui prendrait le relais de la religion. Dès les prémisses du “cartérisme”, les intellectuels américains à la solde des “services”, puis leurs émissaires français que sont les “nouveaux philosophes”, les réexhument de l’oubli, de la géhenne des pensées battues en brèche par la critique philosophique (marxiste, structuraliste et autre), et en font une arme contre le marxisme-léninisme au pouvoir en URSS et dans le bloc de l’Est d’abord, contre tous les autres pouvoirs qui ont l’heur de déplaire hic et nunc à l’hegemon américain. Parmi ceux-ci: le système mis en place (mais non parachevé) du dernier Shah.

 

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Photo: Houchang Nahavandi

 

Pourquoi cette hostilité à l’endroit d’un Etat, d’un pouvoir et d’un souverain théoriquement “alliés”? Pour un faisceau de quatre motifs, parmi d’autres motifs, que je sélectionne aujourd’hui pour étayer ma démonstration:

 

1.

Le Shah, sous prétexte de se montrer féal à l’égard de l’alliance qui le lie aux Etats-Unis par le Pacte de Bagdad, puis par le CENTO, équivalent de l’OTAN dans la région entre Bosphore et Indus, cherche continuellement à renforcer son armée. Celle-ci devient trop puissante aux yeux de Washington. La marine impériale iranienne se montre capable d’intervenir avec succès dans le Golfe Persique (à Bahrein en l’occurrence). Son aviation, équipée d’appareils américains, se révèle prépondérante dans la région (ses pilotes seront impitoyablement éliminés dans la première phase des épurations khomeynistes, quand, parmi les épurateurs, siégeaient quelques Irano-Américains, disparus par la suite, une fois leur mission accomplie, cf. les mémoires d’Houchang Nahavandi). L’élimination du Shah visait donc à affaiblir l’armée d’un allié qu’on ne voulait pas trop fort, surtout que sa position géographique sur les hauts plateaux iraniens lui permettait de contrôler, du moins indirectement, quelques régions clefs comme le Golfe, le prolongement afghan des hauts plateaux, la Mésopotamie. Cette possibilité de contrôle et d’élargissement implicite, en faisait une puissance autonome potentielle en dépit de son inclusion dans le CENTO, alliance où la Turquie servait de maillon commun avec l’OTAN.

 

La politique nucléaire du dernier Shah

 

2.

Le Shah avait ensuite amorcé une politique nucléaire. L’hostilité à l’Iran, pour des raisons nucléaires, n’est donc pas nouveau, ne date pas d’Ahmadinedjad. Le Shah avait conclu des accords nucléaires avec la France (encore gaullienne) et l’Allemagne; il investissait une part de la rente du pétrole dans l’industrie atomique européenne. Le but prioritaire de l’Iran n’est pas de se doter d’un armement nucléaire mais de s’équiper d’un nucléaire civil performant car la rente du pétrole, si elle était doublée d’une production complémentaire d’énergie via les centrales nucléaires, aurait permis au Shah et permettrait à Ahmadinedjad de se donner une confortable autarcie énergétique permettant un envol industriel, un armement conventionnel efficace pour l’armée (sur terre, sur mer et dans les airs) et, surtout, à terme, de développer une diplomatie indépendante dans l’espace que le Shah appelait “l’aire de la civilisation iranienne” (ou qu’Ahamadinedjad pourrait appeler le “réseau chiite”, plus réduit et plus dispersé, donc moins efficace, que l’aire envisagée par le “Roi des Rois”). Aujourd’hui, pour l’Iran, la nécessité de se doter d’un nucléaire civil et de vendre un maximum de pétrole est plus impérative et potentiellement plus lucrative que jamais. En effet, la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon oblige l’Empire du Soleil Levant à importer plus de pétrole, notamment d’Iran en dépit des appels au boycott lancés avec tant d’insistance depuis Washington. La France et l’Allemagne ne songent plus à réactiver la politique atomique qu’elles pratiquaient avec le Shah: Paris ayant abandonné sa diplomatie indépendantiste gaullienne et Berlin montrant sans cesse une timidité nucléaire incapacitante, vu le poids politico-parlementaire des Verts (qui font indirectement la politique de Washington en plongeant les pays européens dans la dépendance pétrolière). Le Brésil, lui, a également lancé des programmes nucléaires et pratique d’ores et déjà une diplomatie indépendante dans le Nouveau Monde et ailleurs, en s’alignant sur le BRIC. Le Pakistan, pourtant théoriquement allié des Etats-Unis, a vendu de la technologie nucléaire à l’Iran (et à la Libye), au vu et au su des Américains qui ne s’en sont jamais plaint. L’idée centrale qu’il convient de retenir ici, c’est que l’Iran est, géographiquement parlant, le centre du fameux “Grand Moyen Orient” (GMO) que veulent unifier les Américains sous leur égide discrète et que ce centre ne peut pas avoir d’autre détermination politique et (géo)stratégique que celles qu’imposent les Etats-Unis, faute de quoi l’unification économique espérée, le grand marché rêvé du GMO, ne se réalisera pas ou se réalisera au bénéfice d’autres hegemons. C’est l’enjeu actuel du fameux “Grand Jeu”, commencé au 19ème siècle pour la maîtrise des régions iraniennes, afghanes et pakistanaises entre l’Empire britannique et l’Empire russe. L’Iran est en effet, depuis toujours, le maillon le plus fort et le plus important sur la chaîne formée par les Etats ou royaumes entre les côtes de la Méditerranée orientale et la Chine, chaîne que les stratégistes, notamment à la suite de Zbigniew Brzezinski, nomment la “Route de la Soie”.

 

3.

Pour Washington, il s’agit aussi, comme auparavant pour les Britanniques, d’empêcher toute forme de tandem irano-russe. Le Shah avait signé des accords gaziers avec Brejnev. Aujourd’hui, sous Ahmadinedjad, l’influence russe augmente en Iran, bien que les Iraniens se méfient instinctivement, par tradition historique, de ce voisin trop proche et trop puissant, tenu éloigné de ses frontières depuis l’émergence des nouvelles républiques indépendantes du Turkménistan et de l’Ouzbékistan, auparavant soviétiques.

 

Les Américains craignent l’émergence d’une diplomatie iranienne indépendante

 

4.

Ce que les Américains, avec leurs présidents démocrates, craignaient le plus, c’était l’émergence progressive d’une diplomatie impériale iranienne indépendante. En Europe occidentale, De Gaulle avait déjà inauguré la sienne, assortie de ventes d’appareils Dassault Mirage en Amérique latine, dans d’autres pays de l’OTAN, en Inde et en Australie, sans compter les manoeuvres navales communes entre le Portugal, la France, l’Afrique du Sud et plusieurs pays d’Amérique latine dans l’Atlantique Sud, faisant rêver l’écrivain Dominique de Roux, à un “Cinquième Empire”, pour l’essentiel inspiré du poète portugais Pessoa et de facture franco-lusitanienne (Brésil compris). Dans ses mémoires, publiées après la tragédie de la révolution khomeyniste, le Shah explicite ce qu’il entendait par “aire de la civilisation iranienne”. Celle-ci s’étendait de la Palestine à l’Indus voire aux zones islamisées de la vallée du Gange en Inde, au Golfe Persique et à toutes les côtes avoisinantes de l’Océan Indien. Toutes ces régions ont subi, à un moment ou à un autre de l’histoire, une influence iranienne. L’Iran, par une politique culturelle adéquate et/ou par une politique d’aide économique, devait retrouver l’influence perdue (ou amenuisée) dans ces régions. Ensuite, dans une perspective de coexistence pacifique et de dégel entre les blocs, le Shah entend ouvrir un dialogue économique avec l’URSS. Avec l’Europe, les relations sont excellentes, de même qu’avec l’Egypte. Mieux, le système préconisé par le Shah parvient à surmonter l’antique hostilité entre l’Arabie saoudite, sunnite et wahhabite, et la Perse chiite: en 1975, les deux souverains s’entendent dans le cadre de l’OPEC, créant par là même un tandem qui ne convient guère aux puissances anglo-saxonnes qui entendaient garder une maîtrise totale sur le pétrole moyen-oriental. Le Shah entretient aussi de bons rapports avec l’Inde, qui souhaitait maintenir le pourtours de l’Océan Indien en dehors de la rivalité Est/Ouest, au nom des principes de non alignement prônés par Nehru. En Afghanistan, pays pour partie chiite, le Shah développe un programme d’aide qui, à terme, aurait partiellement fusionné les deux pays, tout en soustrayant Kaboul à toute influence soviétique directe. Le souverain iranien agissait de la sorte en se croyant l’allié privilégié des Etats-Unis et en prenant au sérieux l’idée de coexistence pacifique entre deux blocs aux systèmes différents. En développant sa diplomatie de rapports bilatéraux, le Shah enfreignait plusieurs règles tacites fixées par la Grande-Bretagne d’abord, par les Etats-Unis ensuite. Il créait un pôle de puissance dans son pays même, alors que les Anglais avaient toujours voulu une Perse faible et “protégée”. Il entretenait de bons rapports commerciaux (surtout gaziers) avec l’URSS, en dépit de son appartenance au CENTO, donc à l’un des trois piliers des alliances occidentales sur le “rimland”, s’étendant de l’Egée aux Philippines. La politique anglaise avait toujours voulu éviter tous contacts positifs entre la Perse, pièce maîtresse sur le “rimland” et pays-charnière entre le Machrek arabe et le sous-continent indien, et la Russie/URSS. L’Afghanistan, depuis les théories du géopolitologue Homer Lea et de Lord Curzon (disciple de Mackinder), devait demeurer un espace soustrait à son environnement, un espace neutralisé où ne devaient intervenir ni la Russie (selon les règles du “Grand Jeu”) ni l’Angleterre ni, a fortiori, une Inde ou un Pakistan devenus indépendants ni une Perse qui aurait récupéré les atouts de sa puissance d’antan. En déployant un tel zèle, le Shah s’était rendu, à son insu, totalement insupportable aux yeux des stratégistes américains, héritiers dans la région des réflexes géostratégiques de l’Empire britannique. Il fallait donc lui mettre des bâtons dans les roues et, après les accords pétroliers irano-saoudiens, le chasser du pouvoir, pour remettre en selle des esprits falots ou obscurantistes, rétifs à toute modernité, sans visions de grande envergure: le projet s’est soldé par un fisaco (partiel) parce que les aires impériales, surtout en Orient, ont longue mémoire. Une mutation de signe au niveau idéologique, niveau superficiel, simplement superstructurel, n’élimine pas pour autant les réflexes profonds, pluriséculaires voire plurimillénaires.

 

Pour l’Europe, mai 68; pour l’Iran, Khomeiny

 

9782951741539.jpgEn modernisant l’Iran, en exaltant le passé perse, y compris le passé pré-islamique, en jugulant l’influence des mollahs et en installant dans le pays un islam politiquement “quiétiste” et religieusement plus fécond, en soulignant les aspects les plus lumineux de l’islam perse (ceux qu’ont étudié avec tout le brio voulu un Henry Corbin et ses disciples, dont Christian Jambet), le Shah voulait donner un lustre à son projet de “révolution blanche”, une révolution imposée d’en haut, impliquant une modernisation totale des systèmes d’enseignement, une industrialisation et une redistribution adéquate de la rente pétrolière. Cette “révolution blanche” a été un échec, surtout à cause du boom démographique qui amplifiait chaque année la tâche à accomplir, en alourdissant considérablement le budget alloué aux oeuvres de la “révolution blanche”, dont la création d’un réseau scolaire performant, y compris pour les filles. Rien que le projet d’une telle “révolution” pouvait fâcher les stratégistes américains: mis à part le modèle occidental, ouvert, bien entendu, aux multinationales, ces stratégistes ne toléraient pas l’éclosion de systèmes différents, et finalement auto-centrés, fussent-ils non communistes, dans les Etats du “rimland” inféodés aux commandements américains de l’OTAN, du CENTO et de l’OTASE (Asie du Sud-Est). Par ailleurs, les projets gaulliens de “participation” et d’“intéressement”, de Sénat des régions et des professions, ont été torpillés par les événements de mai 68, mascarade festiviste-révolutionnaire, aux ingrédients délirants, aux perspectives impraticables (celles qui nous ont menés à l’impasse dans laquelle nous marinons et végétons actuellement). On sait désormais, grâce aux recherches fouillées du Prof. Tim B. Müller de Berlin (Humboldt-Universität), que les “services” ont téléguidé, depuis des officines américaines où pontifiait notamment un Herbert Marcuse, l’émergence de cette “contre-culture”, en Allemagne comme en France, pour créer les conditions d’un enlisement permanent, équivalent à un “politicide” constant (cf. Luk van Middelaar). Le régime des mollahs, autour de la personnalité de l’Ayatollah Khomeiny, devait être l’équivalent iranien de notre “mai 68”, la fabrication destinée à enliser pendant longtemps l’Iran dans l’“impolitisme” (Julien Freund).

 

Guerre Iran/Irak et “Irangate”

 

Ce régime, dit “théocratique”, qui renverse d’abord la hiérarchie chiite qualifiée de “quiétiste”, se met en place dès le départ du Shah, en 1979. Les Etats-Unis, leurs “alliés”, tout le cortège des branchés et des post-soixante-huitards, les gauchistes durs et mous à l’unisson, applaudissent au départ du Shah, posé comme un “tyran”, exactement de la même manière que l’est aujourd’hui le brave ophtalmologue Bachar al-Assad. Cette vaste clique dûment médiatisée, téléguidée depuis Washington, imagine alors avoir jeté les bases d’une “démocratie” parlementaire à l’occidentale en Iran, avec des partis de gauche et des partis religieux (qui, avec l’aide de quelques ONG américaines, seraient devenus aussi inconsistants que les démocrates-chrétiens en Europe occidentale), flanqués de quelques libéraux agnostiques travaillant à maintenir “ouvertes” la société et l’économie iraniennes. C’était déjà le projet des Britanniques dans la première décennie du 20ème siècle: imposer à l’Iran une constitution de modèle belge. Les stratégistes américains étaient sûrement moins naïfs et plus cyniques: avec Khomeiny, et ses élucubrations, ils pensaient avoir trouvé le bonhomme qui allait plonger l’Iran dans le chaos et l’obscurantisme, ruinant du même coup tous les projets du Shah, projets modernisateurs et générateurs de puissance politique. A l’intérieur de la révolution iranienne cependant, les Pasdaran, ou “Gardiens de la Révolution”, dont faisait partie Ahmadinedjad, finissent par donner le ton et se révélent foncièrement anti-américains, au nom du théocratisme khomeiniste, certes, mais aussi au nom du nationalisme iranien (le souvenir de la révolution manquée de Mossadegh en 1953). Très rapidement, les relations s’enveniment: les Pasdaran prennent le personnel de l’ambassade américaine en otage. Riposte américaine: déclencher une guerre par personne interposée. Le champion de l’Amérique dans l’arène sera l’Irak nationaliste et sunnite de Saddam Hussein. Pendant huit années consécutives, les deux pays vont se déchirer au cours d’une guerre de position. L’Iran perd son trop-plein démographique: toute une jeunesse est sacrifiée dans la lutte contre l’Irak, soutenu aussi par l’Arabie saoudite, parce qu’il est tout à la fois arabe et sunnite. Le soutien occidental à Saddam Hussein n’est toutefois pas constant et total: quand les Irakiens conquièrent trop de terrain, les Etats-Unis, et même Israël, livrent des armes à l’Iran. Ce sera la fameuse affaire de l’Irangate.

 

 

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Les déboires d’Ahmadinedjad

 

Ahmadinedjad est dans le collimateur parce qu’il est certes un représentant de la “révolution khomeiniste” de 1978-79, parce qu’il est un ancien pasdaran qui a participé à la prise d’otages dans l’ambassade des Etats-Unis (ce qui est une entorse inacceptable aux règles de bienséance diplomatique) mais surtout parce que, derrière sa façade islamo-fondamentaliste et “khomeiniste”, il est pour l’essentiel un nationaliste iranien qui se rappelle de l’affaire Mossadegh de 1953 et qui veut moderniser son pays. Il annulle ainsi les espoirs des stratégistes américains des années 70 de voir l’Iran plonger pour longtemps dans un chaos passéiste (et non pas “progressiste” comme l’Europe; en bout de course, ce passéisme et ce progressisme, tous deux fabriqués, reviennent au même; tous deux plongent les polities, qui en sont affectées, dans l’impolitisme). Ahmadinedjad veut donc une modernisation, qui ne passe pas par un effacement des réflexes archaïques de l’islam et qui s’opère par l’adoption d’un programme nucléaire civil. C’est dans ce cadre qu’il faut interpréter les heurts survenus, depuis la fin de l’année 2010, entre Ahmadinedjad et son entourage pasdaran, d’une part, et le pouvoir islamo-conservateur des mollahs antimodernistes, d’autre part. Cet affrontement tourne aujourd’hui au désavantage d’Ahmadinedjad. Il y a six jours, le 2 mars, celui-ci vient de subir une importante défaite électorale. La majorité est désormais aux mains des mollahs les plus conservateurs, regroupés autour de la personnalité de Seyyed Ali Khamenei. Les islamo-nationalistes d’Ahmadinedjad sont donc en minorité et affrontent toutes les manoeuvres de déstabilisation perpétrées par leurs adversaires. Notons au passage que ces élections n’ont amené au pouvoir aucun des “réformistes” soutenus par les médias occidentaux, tant les platitudes philosophiques, que l’on nous oblige à aduler aux nom des “Lumières”, font sourire l’électeur iranien, fût-il un homme modeste. Les forces en présence en Iran sont toutes, officiellement, hostiles à l’Occident. Ahmadinedjad, le 2 mars 2012, a perdu deux villes importantes, Ispahan et Tabriz, ce qui diminue considérablement ses chances pour les présidentielles de 2013. Les résultats de ces élections pourraient donc très bien annuler, à terme, les spéculations de guerre formulées à tour de bras par les médias, puisque le départ d’Ahmadinedjad, après un verdict négatif du scrutin présidentiel, n’autoriserait plus la propagande belliciste. Notons aussi que plusieurs figures de l’entourage d’Ahmadinedjad sont accusées de “sorcellerie” par les islamistes les plus intransigeants, qui font ainsi le jeu des Américains, dans la mesure où le résultat évident d’une éviction du pôle pasdaran de la révolution islamique de 1978-79, signifierait un arrêt du processus de modernisation de l’Iran, entre autres choses, par le truchement d’un programme nucléaire civil.

 

Dans la situation actuelle de l’Iran, il convient de retenir trois facteurs importants:

◊ L’embargo contre l’Iran ne fonctionne pas: le Pakistan, l’Inde et la Chine continuent à se fournir en brut iranien, tandis que le Japon se présente comme client depuis la fermeture de la centrale nucléaire de Fukushima. Deux options s’offrent alors à l’Amérique, qui entend réaliser dans la région, par aiilleurs incluse tout entière dans l’espace relevant de l’USCENTCOM, sa grande idée de marché du “Grand Moyen Orient”: ou le retour à un modus vivendi avec l’Iran ou la guerre.

 

Demain: un modus vivendi avec l’Iran?

 

◊ L’option de retrouver un modus vivendi avec l’Iran demeure toujours ouverte, à mon avis. Elle est formulée par le professeur irano-américain Trita Parsi (John Hopkins University), par une politologue comme Barbara Slavin (USA Today) et par un ancien haut fonctionnaire de la CIA, Robert Baer. L’Iran redeviendrait le principal allié des Etats-Unis dans la région, même avant Israël (ce qu’Israël ne souhaite pas car l’Etat hébreu serait alors obligé de composer avec les autorités palestiniennes) et, autour de la masse géographique compacte qu’est le territoire iranien, le fameux GMO pourrait enfin se former par agrégations successives. On reviendrait en quelque sorte à la case départ: l’espace de la “civilisation iranienne”, qu’évoquait le Shah dans ses mémoires, deviendrait le GMO, auquel il correspond dans une large mesure et où un nouvel Iran, dénationalisé et émasculé, en constituerait la masse géographique centrale (Trita Parsi). Il se constituerait sous l’égide américaine et damerait le pion à la Russie et à la Chine en Asie centrale, tandis que ce nouvel Iran, non nucléaire, pourrait exporter son pétrole vers l’Inde et le Japon, en consacrant sa rente pétrolière non pas à la création d’un outil nucléaire civil, ou à un équivalent chiite de la “révolution blanche” du Shah, mais à l’achat de produits américains destinés à la consommation de masse.

 

◊ L’autre option est celle que l’on craint en ce moment: la guerre. Vu la non intervention des Etats-Unis en Syrie, vu l’enlisement en Irak et en Afghanistan, vu aussi la discrétion de la participation américaine à l’hallali contre la Libye, vu les risques énormes qui risquent de survenir au Pakistan, il n’y a pas lieu de penser qu’une guerre future contre l’Iran se fera sur les modèles de 2001 (Afghanistan) et de 2003 (Irak), le territoire iranien étant trop vaste pour être quadrillé sans lourdes pertes et trop montagneux pour permettre des opérations aisées sur le plan conventionnel. La stratégie employée sera probablement double: encerclement/étranglement de l’Iran par l’installation de bases américaines dans tous les pays voisins, ce qui est déjà réalisé; ou bombardement des seuls sites nucléaires iraniens, comme Israël l’avait fait en Irak en 1981 (en apportant ainsi une aide indirecte à l’Iran de Khomeiny). Zbigniew Brzezinski est opposé à une guerre directe: pour ce stratégiste, théoricien de la maîtrise de la “Route de la Soie”, ce serait une catastrophe car les forces américaines y serait clouées plus longtemps encore qu’en Afghanistan, ce qui alourdirait le budget américain et fragiliserait la position hégémonique des Etats-Unis dans le monde, risquant aussi de ruiner le projet de GMO; ensuite l’Iran a la capacité de bloquer le trafic maritime dans le Golfe Persique, ce qui triplerait voire quadruplerait le prix du pétrole en quelques semaines seulement.

 

La Syrie

 

Le nom de la Syrie est ancien, il est celui d’une province romaine, qui n’a toutefois pas eu des frontières constantes. Dans la région, les Romains, puis les Byzantins, ont changé plusieurs fois le tracé des frontières provinciales de leur Empire. Après un premier effondrement des armées de l’Empire byzantin, la Syrie, jusqu’alors chrétienne, du moins depuis le règne de Constantin, est conquise par la première vague des combattants arabo-musulmans, sortis de la péninsule arabique sous la conduite des premiers héritiers de Mohamet. La Syrie, majoritairement sémitique dans sa population, et parlant araméen, s’assimilera vite au nouveau monde musulman. Ajoutons que dans l’Empire byzantin, secoué par les querelles entre iconodules (adorateurs d’images représentant Dieu, le Christ, Marie et les saints) et iconoclastes, hostiles à toute représentation du divin ou de figures divinisées par des images ou des sculptures, les Syriens étaient majoritairement iconoclastes, rejetaient les images comme le feront plus tard les musulmans, mais que les chrétiens araméens restitueront par fidélité à l’idéal religieux grec-orthodoxe. Ce ne sera pas le cas en Iran ou en Inde, terres non sémitiques, où images et miniatures, véritables chefs-d’oeuvre de finesse et de précision, seront longtemps une tradition. L’iconoclasme est une attitude religieuse souvent propre au monde sémitique, indépendamment de l’islam. L’iconodulisme est en revanche une option esthétique plutôt indo-européenne. Au début du 16ème siècle, la Syrie arabe est conquise par les Ottomans turcs, venus d’Anatolie, appuyés par des mercenaires ou des janissaires balkaniques. Pendant 400 ans, la Syrie sera une part constitutive importante de l’ensemble ottoman. Les Turcs, comme les Romains, modifieront souvent le tracé des frontières de leur province syrienne. Cette situation perdurera jusqu’en 1918 où, à l’issue de la première guerre mondiale, la Syrie, conquise par les Britanniques et les Arabes hachémites sous la conduite du fameux Lawrence d’Arabie, passe sous mandat français. Les Hachémites, pour prix de leurs efforts aux côtés des Britanniques, voulaient obtenir, pour l’un des leurs, le trône de Syrie. Ils souhaitaient qu’un royaume se constituât autour de Damas, pour se prolonger jusqu’au Sud de la Palestine et pour jouxter ainsi leurs terres ancestrales du Hedjaz dans l’Ouest de la péninsule arabique.

 

 

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Wahhabisme saoudien

 

Cette péninsule, matrice de l’islam, n’était pas, à l’époque un royaume uni: à l’Ouest, les Hachémites dominaient les terres du Hedjaz au Nord, tandis que le Yémen, jadis riche grâce à son commerce avec l’Afrique subsaharienne, dominait celles du Sud-Ouest. A l’Est, face aux côtes iraniennes du Golfe Persique, vivaient des tribus arabes chiites, en conflit larvé avec les sunnites d’obédience wahhabite. Au centre, dans le Nejd, régnaient les ressortissants de la famille des Séouds et les religieux wahhabites, inspirés par l’islam fondamentaliste, de facture hanbaliste, qu’avait théorisé un imam particulièrement combattif au 18ème siècle. Dans les années 30, les Séouds wahhabites vont conquérir toutes ces provinces périphériques, appuyé par un mouvement de combattants-pionniers, l’Ikhram. Les Hachémites devront quitter leurs terres d’origine et se contenter des trônes de Transjordanie et d’Irak, deux mandats britanniques. Les chiites de la péninsule arabique et des régions proches du Yémen vivront désormais sous le knout wahhabite. Forte du pétrole après les accords américano-saoudiens de 1945, suite à l’entrevue Roosevelt/Ibn Séoud sur un bâtiment de l’US Navy en Mer Rouge, l’Arabie saoudite soutient partout dans le monde les mouvements hanbalites, wahhabites et salafistes, avec la bénédiction tacite des Etats-Unis. Une figure, présentée comme le porte-paroles d’un islam modéré ou d’un très hypothétique “euro-islam” à faire émerger au sein de nos sociétés, telle Tariq Ramadan, appartient à cette mouvance. Il est le neveu de Saïd Ramadan, agent notoire de la CIA en Allemagne dès les années 50, appartenant au mouvement des Frères musulmans, également hanbalite et hostile au pouvoir pragmatique et efficace des “Jeunes officiers” égyptiens, autour de Gamal Abdel Nasser, affublé par ses ennemis fondamentalistes du sobriquet, soi-disant infâmant, de “Pharaon”. Saïd Ramadan contribuera à démanteler les réseaux musulmans travaillant pour les services allemands, des réseaux qui étaient, par la force des choses, plus pro-européens dans leurs options stratégiques, afin de les remplacer par des imams relevant de leur seule obédience et téléguidés par les Etats-Unis. Saïd Ramadan a brisé, et définitivement, les ressorts d’un véritable “euro-islam” que son neveu, paradoxalement, appelle de ses voeux, mais cette fois pour paralyser les polities européennes et faire émerger en leur sein des éventuelles “cinquièmes colonnes” au profit du tandem américano-wahhabite, véritable alliance entre les fondamentalismes protestant/puritain et islamiste.

 

Les espoirs hachémites de recevoir un trône à Damas étaient d’avance pures illusions. Les Accords Sykes-Picot de 1916 contenaient un protocole secret: la France devait recevoir le mandat de gérer le Liban et la Syrie; la Grande-Bretagne de gérer l’Irak, la Transjordanie et la Palestine. En 1917, Lord Balfour déclare que les Juifs pourront avoir “un foyer en Palestine”, ce qui ne signifie pas recevoir la Palestine (toute entière) comme foyer. Les Hachémites acceptent cette solution, donc aussi le foyer juif en Palestine, ce qui a pour effet aujourd’hui que toute une littérature palestinienne, non entachée de fondamentalisme, fustige cette attitude, notamment sous la plume d’un écrivain comme Said K. Aburish, auteur d’une saga familiale montrant la collusion hachémito-britannique et d’une histoire très critique de “l’ascension et du déclin de la famille Séoud”, mercenaire des intérêts américains. Une littérature que des “services” européens idéaux feraient bien de lire pour correspondre enfin à la qualité que préconise un Xavier Raufer, une qualité qui met la capacité de prévoir au premier rang de ses priorités. En 1918-19, les Hachémites acceptent cette présence sioniste parce que l’armée britannique –qui avance d’Aqaba à Damas et chasse les Turcs avec l’appui des cavaliers et chameliers arabes du Colonel Lawrence– est flanquée d’une “Jewish Legion”, composée pour partie de sionistes issus de Russie, qui étaient opposés à la révolution bolchevique et voulaient continuer la guerre aux côtés des alliés occidentaux. Parmi eux, Weizmann et Ben Gourion, ainsi que le sioniste de droite le plus virulent, qui, contrairement à ses jeunes disciples les plus radicaux, demeurera toujours fidèle aux Anglais: Vladimir Jabotinski. Au départ, Hachémites et sionistes étaient liés par leur commune appartenance aux armées de l’Empire britannique. La rupture entre Arabes et sionistes viendra plus tard, quand la majorité des colons juifs installés dans le “foyer juif en Palestine”, militeront dans des formations socialistes ou communistes, auxquelles s’opposeront les autochtones arabes, plus traditionnels dans leurs réflexes politiques.

 

Le mandat français

 

C’est dans le cadre de cette mutation post-ottomane que la Syrie tombe sous administration française et l’éphémère royaume syrien de l’Hachémite Fayçal est effacé de la carte, après une bataille où les Bédouins d’Arabie, ceux-là même qui avaient suivi Lawrence, sont écrasés à Maysalun: dans la foulée, Fayçal s’enfuit et les territoires accordés au titre de mandat à la France sont divisés, avec, d’une part, un “Grand Liban” (créé le 1 septembre 1920), dominé par les maronites chrétiens, et, d’autre part, une Syrie privée de presque tout son littoral. Les alliés avaient jugé que les peuples de la région n’étaient pas encore assez “mûrs” pour bénéficier d’une indépendance. D’où l’expédient du “mandat”. L’Irak recevra des Britanniques une indépendance formelle et limitée dès 1932 mais le nationalisme indépendantiste irakien se dressera contre Londres en 1941, sous l’impulsion du ministre Rachid Ali qui voudra s’aligner sur l’Axe. La Syrie devra attendre 1946 pour accéder à une indépendance complète.

 

Sultan_Pasha_al-Atrash.jpgLa période du régime français ne sera pas une ère de paix. Très vite, en 1925-26, la Syrie se révolte, à commencer par le “Djebel druze” dans le Sud, sous l’impulsion de Sultan Pacha al-Atrash (photo; 1891-1982) et sous la direction éclairée du Dr. Abd al-Rahman al-Shahbandar (1880-1940). Sultan Pacha al-Atrash avait déjà organisé des révoltes contre les Ottomans, récurrentes en Syrie depuis le début du 17ème siècle, ainsi qu’un premier soulèvement de peu d’ampleur en 1922-23. La révolte, druze au départ, générale par la suite, donne naissance à une idéologie nationaliste “grande syrienne”, visant l’unification des territoires aujourd’hui libanais, syriens et palestiniens, tout en manifestant une hostilité à la “Déclaration Balfour” (“Yasqut wa’d Balfour!”). Cette révolte, contrairement à celle d’aujourd’hui contre le pouvoir de Bachar al-Assad, était surtout le fait de la majorité sunnite: dans les minorités, sauf chez les Druzes d’al-Atrash, on cherchait plutôt la protection des Français. La révolte druze a donc été inattendue: c’est l’horreur qu’a provoqué un gouverneur local français, un certain Capitaine Carbillet, en voulant appliquer à la lettre les élucubrations “progressistes” et soi-disant “anti-féodales” de la révolution française et du jacobinisme le plus obtus, qui a déclenché le soulèvement. Carbillet et sa clique se mêlaient de tous les aspects de la vie des autochtones, critiquaient les traditions et les règles de leur droit traditionnel, dans une optique totalement différente de celle d’un Maréchal Lyautey au Maroc, soucieux de respecter les traditions politico-religieuses chérifaines. Trois chefs du clan al-Atrash furent attirés dans un piège par le Haut Commissaire français, le Général Maurice Sarrail, et emprisonnés à Palmyre: cette arrestation de trois parlementaires fut l’incident qui mit le feu aux poudres. En juillet 1925, les Druzes emportent une première victoire, qui est immédiatement suivie d’une répression impitoyable de la part de la puissance mandataire, ce qui entraîne l’adhésion à la révolte des nationalistes de Damas, menés par le Dr. Abd al-Rahman al-Shahbandar qui venait, le 5 juin 1925, de créer son parti, le “Parti du Peuple”. La colonne druze, en marche vers Damas, est défaite par l’aviation française et la cavalerie marocaine le 24 août. Les révoltés syriens optent alors pour la guérilla. Le 18 octobre, un commando d’une soixantaine d’insurgés s’infiltre dans Damas. Sarrail ordonne aussitôt de mitrailler et de bombarder la ville, lui infligeant des destructions effroyables, qui choquèrent les Britanniques et provoquèrent à Paris une campagne de presse hostile au Haut Commissaire, laché par la gauche et le parti “républicain”. La droite, qui n’aimait pas ce général “républicain” et maçon, ne l’épargna pas. Il mourut en mars 1928 dans l’indifférence générale.

 

 

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Projet de partition de la Syrie sous le mandat français

 

Il est remplacé par Henry de Jouvenel, un civil, qui ne parvient pas tout de suite à mater la révolte: elle se poursuivit pendant tout l’hiver, jusqu’au printemps de l’année 1926. Les insurgés campaient en lisière de Damas et harcelaient les troupes françaises. La répression fut très féroce: villages incendiés, habitants mâles massacrés, fusillades de prisonniers sur les places publiques de Damas, déportations de villageois soupçonnés de soutenir la rébellion, nouveaux bombardements de la capitale. A Hama, Fawzi al-Qawuqji, ancien officier ottoman passé aux troupes de Fayçal et Lawrence puis rallié à la France, déclenche une seconde révolte pour faire diversion et disperser les forces françaises, ce qui entraîne le bombardement de la ville et la destruction de ses plus beaux quartiers par des tirailleurs sénégalais excités par leurs officiers blancs.

 

La France empétrée dans le Rif, en Syrie et dans la Ruhr

 

La férocité de la répression, qui s’explique en partie parce que la France faisait face à deux révoltes simultanément; elle devait donc réagir vite devant ces deux dangers qui menaçaient ses positions à l’Ouest et à l’Est de la Méditerranée: en Syrie, elle peut agir seule; dans le Rif (au Maroc), elle doit se concerter avec l’Espagne. Les révoltes syrienne et rifaine sont aussi contemporaines de la grève générale des ouvriers allemands, dressés contre l’occupation de la Ruhr. Paris ne peut intervenir en Rhénanie avec toute la vigueur voulue, vu la mobilisation de ses forces au Levant et en Afrique du Nord. En Allemagne, elle n’a pas le soutien de Londres et ne peut compter que sur un soutien mitigé de la Belgique. Les événements de Syrie dans les années 20 du 20ème siècle sont peu connus, sont généralement oubliés et ne font l’objet d’études scientifiques que depuis peu de temps. Une fois la révolte syrienne matée et la guerre du Rif terminée, la France pratique au Levant la politique du “Divide ut impera”, créant des autonomies locales pour les chrétiens, les Alaouites, les Druzes et les Kurdes. Ces derniers bénéficient de largesses incroyables, dont ne bénéficiaient pas, à l’époque, les Bretons ou les Alsaciens, eux aussi à soumis à une féroce répression judiciaire parce qu’ils réclamaient des droits linguistiques. Les Kurdes, eux, peuvent parler leur langue, reconnue sur le plan administratif dans l’espace du mandat syrien. Le résultat de cette politique fait que la Syrie, jusque aujourd’hui, est restée un tissu de zones ethno-religieuses centrées autour de villes-marchés. Le pays est peu centralisé. Son unité politique, après la seconde guerre mondiale, est certes le résultats d’un nationalisme anti-français mais aussi une création due à l’action d’un parti nationaliste et socialiste, le “Baath”. L’idéologie de ce parti a été pour l’essentiel théorisée par des chrétiens du Levant. Le “Baath” accède au pouvoir en 1963, devenant du même coup l’assise portant l’Etat, même après les défaites militaires de 1967 et de 1973 face à Israël, à la suite desquelles survient le problème de l’eau, du “stress hydrique” du Golan, plateau regorgeant de sources, comme le Plateau de Langres en France, véritable château d’eau alimentant la Seine et plusieurs de ses affluents, la Meuse et la Sâone (affluent du Rhône).

 

L’armée, pilier modernisateur de l’Etat syrien

 

Le Baath organise la Syrie post-mandataire, après les hésitations des années 50, où la vie politique syrienne était troublée et indécise, comme en France sous la IV° République. Ce nouveau pouvoir baathiste est centré sur l’armée, qui devient l’école de la nation. Au sein du peuple, on recrute les jeunes hommes capables, on les forme, on en fait des officiers qui encadrent la nation.

 

36zagr.jpgDans un document militaire secret de 1966, cité par un historien de la Syrie qui fut diplomate néerlandais, Nikolaos van Dam (1), l’auteur anonyme rappelle que les “représentants de l’impérialisme” multiplient les efforts pour réserver l’encadrement de l’armée aux “classes bourgeoises” dans les pays en voie de développement. L’armée reste ainsi aux mains des mêmes oligarques et est maintenue à l’écart de la politique, réduisant de la sorte les armées à de simples “soupapes de sécurité” qu’on appelle uniquement en cas de besoin pour les renvoyer ensuite dans leurs casernes. Il faut donc remplacer l’armée de métier par une “armée idéologique”, explique l’officier baathiste anonyme qui a rédigé le document de 1966 dans le ton socialiste et “tiers-mondiste” de l’époque. Cette “armée idéologique” (donc, en l’occurrence, “baathiste”) doit travailler en permannence à réaliser les objectifs émancipateurs de la masse populaire et à éliminer les injustices. Le “soldat idéologique” est un homme dévoué à sa nation, qui a reçu une éducation adéquate, reposant sur les principes libérateurs et défensifs du Baath, “de manière à ce que l’on puisse se fier à lui, porteur d’une arme, afin qu’il soit une barrière insurmontable contre tous les ennemis: les ennemis de la nation arabe, les ennemis des classes deshéritées qui travaillent dur, les ennemis de l’Unité (syrienne), de la liberté et du socialisme, qu’ils soient des ennemis intérieurs ou extérieurs” (p. 171). “Dans une armée idéologique, les méthodes classiques et professionnelles, basées sur le mercenariat et sur la force aveugle, disparaissent et sont remplacées par de nouveaux rapports reposant sur l’attachement (à la nation), sur la compréhension mutuelle et sur une foi partagée en une destinée commune” (p. 171). “La nature de notre lutte pour l’indépendance, et le fait que les distinctions de classe tranchées n’existent pas dans notre société, a ouvert la possibilité à un groupe de fils de paysans, de travailleurs, de personnes ne disposant pas de gros revenus, d’entrer à l’Académie Militaire (...) pour devenir plus tard le noyau dur révolutionnaire de l’armée, lui permettant de réaliser son rôle historique qui est de superviser la vie du pays et de la nation arabe...” (p. 172). L’armée est donc une “milice” constituée d’un type nouveau de “moine-soldat”, ancré dans la substance populaire.

 

Le Baath et l’armée contre les “Frères Musulmans”

 

Cette valorisation laïque de l’armée comme “bouclier” contre les facteurs de désunion et de sectarisme a pour mission de créer un “Syrien nouveau”, détaché de toutes les formes de sectarisme religieux conduisant à toutes sortes de séditions (le “factionalisme”). La mise sur pied d’une telle “armée idéologique” implique de supprimer, dans la société syrienne, toutes les discriminations imposées parfois aux minorités comme les chrétiens (11% de la population), aux Druzes et aux Alaouites (dont est issu le clan al-Assad). L’objectif des nationalistes syriens d’inspiration baathiste était donc de mettre fin à toutes les polarisations opposant les Sunnites (majoritaires) aux minorités religieuses, d’éliminer le “factionalisme” druze au sein des forces armées et de contrer les menées des Frères Musulmans, incitant les Sunnites majoritaires à discriminer les représentants d’autres communautés religieuses. Aujourd’hui nous assistons à la revanche des “Frères”, dont une révolte, en 1982, avait été matée à Hama par l’action conjuguée de l’armée et des milices baathistes. Cette insurrection de Hama venait après une tentative d’assassinat du Président Hafez al-Assad par les “Frères” le 26 juin 1980. C’est à partir de ces événements sanglants que le binôme armée/parti a reçu une coloration plus “alaouite”. Depuis lors, une guerre civile larvée oppose les “Frères” aux Alaouites et aux baathistes. Le déchaînement actuel des passions, exploité par Israël, les Etats-Unis (avec son élite “puritaine” protestante), la France (avec ses “nouveaux philosophes”’), le Qatar et les Wahhabites saoudiens, s’explique par l’alliance entre ces puissances et les “Frères” pour éliminer un régime lié à l’Iran (vu la parenté religieuse entres Chiites iraniens et Alaouites syriens) et allié à la Russie (à laquelle il accorde des facilités maritimes et navales sur la côte méditerranéenne). La guerre civile actuelle a été annoncée voici trente-deux ans dans une “Déclaration de la Révolution islamique en Syrie”, proclamée en novembre 1980. Cette déclaration appelait les Alaouites “à venir à la raison avant qu’il ne soit trop tard” (p. 107). C’est également dans cette “Déclaration” de novembre 1980, qui promet de “garantir les droits de toutes les minorités”, que les Alaouites sont déclarés “kuffar”, c’est-à-dire “hérétiques” ou “rénégats” de la vraie foi et “idolâtres” (“mouchrikoun”), donc cibles idéales d’une djihad permanente. Contre la volonté de l’“armée idéologique” de demeurer “laïque”, “transconfessionnelle” et “anti-factionaliste”, la “Déclaration” des “Frères” entend au contraire vider l’armée de tous ses éléments non sunnites, appartenant aux “minorités”, afin qu’elle ne réflète que la seule majorité jugée “orthodoxe”, à l’exclusion de tous ceux que l’on campe comme “hérétiques” ou “idolâtres”. Des événements tragiques ont secoué la Syrie en 1981: les “Frères” commettaient des attentats sanglants à Damas contre l’armée et contre le bureau du Premier Ministre; en Egypte, ils assassinaient Sadate (6 octobre). Ces violences ont été le prélude des événements actuels et présentent les mêmes clivages, sauf que le camp des “Frères”, à l’époque, ne bénéficiaient pas du soutien des bellicistes américains et de leurs porte-voix européens. Fin février 1982, cette première guerre civile syrienne prend fin.

 

Les Alaouites, facteur peu connu en Europe occidentale

 

Les Alaouites sont un facteur peu connu en Europe occidentale. On ne peut faire toutefois l’équation entre les Alaouites syriens, chiites, et les Alevis turcs, également victimes de la majorité sunnite. En Turquie, les Alevis sont soit des chiites déguisés en milieu majoritairement sunnite, comme en Syrie, soit des convertis récents ou moins récents, qui ont bien voulu devenir musulmans pour sortir de la “dhimmitude” sans pour autant adhérer aux rigorismes du sunnisme orthodoxe et pour garder une religiosité joyeuse et festive. Parmi les Alevis turcs, on trouve aussi des chamanistes centre-asiatiques (issus des groupes de cavaliers turkmènes ou ouzbeks recrutés par l’armée ottomane), des chrétiens orthodoxes, grecs ou arméniens, des zoroastriens (notamment parmi les Kurdes) voire des juifs, notamment de rite hassidique. Actuellement, bon nombre d’Alevis turcs soutiennent l’armée contre le néo-islamisme d’Erdogan. Pour eux, l’armée turque, laïque, est un rempart contre les exactions sunnites qui n’ont pas manqué de se manifester brutalement: plusieurs pogroms anti-alévis ont effectivement eu lieu en Turquie au cours de ces deux dernières décennies. En Turquie, les Alevis sont donc un mélange de convertis en surface. En Syrie, ce sont des chiites qui ont quelque peu modifié leurs rites pour survivre au sein d’un Empire ottoman majoritairement sunnite. La disparition de la tutelle ottomane après 1918 a rendu aux Alaouites syriens la possibilité de se rapprocher du chiisme, ce qui explique l’alliance iranienne actuelle. En Turquie, la prise du pouvoir par Erdogan et l’AKP, il y a dix ans, a amorcé un processus de démantèlement de cette armée laïque, voulue par Mustafa Kemal Atatürk. Le binôme Erodgan/Gül représente un islam, apparemment modéré, qui veut assurer la prééminence du sunnisme en Turquie. Les deux hommes ont milité dans le mouvement “Milli Görüs”, jadis jugé “extrémiste” par le “Verfassungschutz” allemand. Ce mouvement, à la fois nationaliste et islamiste, s’est fait le relais de ceux qui ont toujours voulu maintenir ou restaurer la domination du sunnisme propre à l’Empire ottoman, un sunnisme mis à l’écart sous la république fondée par Atatürk. Avec l’AKP d’Erdogan, ce sunnisme évincé va prendre sa revanche et chasser à son tour l’armée turque du pouvoir qu’elle détenait depuis près de huit décennies. Avec Gül, qui a des liens avec les Frères musulmans, cette tendance s’accentuera et explique pourquoi la rupture s’est effectuée entre la Turquie et la Syrie en août 2011: Gül avait demandé à Bachar al-Assad de prendre des “Frères” dans son gouvernement. Pour le leader syrien, c’est là une requête impensable, vu les événements de 1980-82 à Hama et à Damas, où les “Frères” ont déclenché une guerre civile dans le but d’éliminer tous les ressortissants de minorités religieuses (chrétiennes comme musulmanes) de l’appareil de l’Etat. L’acceptation de “Frères” dans un gouvernement syrien aurait signifié un abondon total et complet de l’option “transconfessionnelle” du baathisme et la fin de la domination discrète, non officielle, des clans alaouites. Dans la querelle qui a opposé Bachar al-Assad et le binôme Gül/Erdogan en août 2011, le président syrien a refusé la centralisation sunnite hostile aux minorités et maintenu son adhésion aux principes “transconfessionnels” du baathisme, pour qui le “sectarisme”, d’où qu’il vienne, fût-ce de la majorité, ruine le projet d’une grande Syrie forte, arabe et socialiste, où tout exclusivisme islamiste empêcherait la fusion avec un Liban partiellement chrétien. Pour les islamistes, dits “modérés”, autour de Gül et Erdogan, al-Assad est un “anti-démocrate”, tel que le fustige l’Occident des ONG américaines et des “nouveaux philosophes” de Paris. Pour les alliés saoudiens ou qataris de ces fondations américaines ou de ces pseudo-philosophes du “prêt-à-penser”, al-Assad, en tant qu’Alaouite est un “hérétique”: nous avons là la collusion des fondamentalismes bellicistes, l’islamiste et l’occidentaliste.

 

L’alliance entre Saoudiens, Al-Qaedistes et Américains

 

Les Saoudiens, dans ce jeu, luttent donc contre les Alaouites, considérés comme “hérétiques”, et contre tout Etat, dans l’aire arabo-musulmane, qui fonctionne correctement mais sans se référer à des idéologèmes coraniques. Ce que nous pourrions considérer comme de la “bonne gouvernance” au Proche et au Moyen Orient, parce qu’elle assure la paix civile, difficile à imposer dans un espace où il y a tant de turbulences permanentes, est dénoncée comme “mauvaise gouvernance” par l’alliance étonnante que représentent aujourd’hui les Etats-Unis, la nouvelle philosophie, la nouvelle gauche soixante-huitarde marquée par cette “nouvelle philosophie”, les “Frères Musulmans” et le fondamentalisme islamiste de facture wahhabite. Nous vivons ici une situation confuse et floue (à dessein), martelée par les médias conformistes, comme l’avait déjà dénoncée un Georges Orwell, quand il disait que “la vérité est mensonge et le mensonge, vérité”. Dans le cadre de la collusion entre Wahhabites et occidentalistes (soi-disant de “gauche”), signalons tout de même qu’Abdel Hakim Belhaj, combattant d’Al Qaeda devenu gouverneur de Tripoli en Libye suite à l’élimination de Kadhafi, soutient la politique belliciste de l’américanosphère et donc le discours sur les “droits de l’homme” que débitent depuis trente-cinq ans les philosophes bellicistes de la place de Paris. Curieux allié! De même, Ayman al-Zahwari, chef d’Al Qaeda depuis la mort de Ben Laden, appelle à la djihad contre la Syrie. Il ajoute, pour rendre la situation plus confuse encore pour les ignorants et les crédules, qui avalent tout ce que racontent les médias, que Bachar al-Assad est un allié des Etats-Unis... On s’aperçoit des “trucs” de la manipulation planétaire: devant un public arabe, on accuse le “grand méchant” du moment d’être un allié des Etats-Unis; en Europe, on raconte qu’il est un “ennemi de la démocratie”, donc de l’Occident. Pendant ce temps, la télévision iranienne, qui, elle, soutient al-Assad, au nom d’une solidarité entre chiites, dénonce l’alliance entre “les Frères Musulmans, la maison royale des Séouds, les cabbalistes juifs et la franc-maçonnerie des services secrets anglo-saxons avec leurs rituels paléo-égyptiens”. Dont acte. En Flandre, on a peine à imaginer qu’est désormais allié à Al Qaeda le sycophante libéral-thatchérien Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge du gouvernement “arc-en-ciel” et nouvel ami du belliciste vert Cohn-Bendit (celui qui, vu ses obsessions d’ordre sexuel, devait “aller se tremper le cul dans une piscine” selon le ministre de De Gaulle, Alain Peyrefitte). Eh oui, ce Verhofstadt hurle dans le même concert qu’Ayman al-Zawahri, chef d’Al Qaeda!

 

L’embarras d’Israël

 

Israël a une position mitigée. Pourquoi? Tel Aviv souhaite la stabilité dans les conflits régionaux, dont il est partie prenante, veut des ennemis bien profilés, auxquels il s’est habitué au fil du temps et des affrontements. Déjà, la disparition de Moubarak en Egypte fragilise les positions israéliennes sur le front du Sinaï, les néo-islamistes sunnites égyptiens pouvant dans un avenir plus ou moins proche être prompts à aider les combattants du Hamas, lui aussi sunnite, ce qui mettrait en danger la frontière israélienne dans le Neguev, surtout après l’abandon du Sinaï lorsque la paix a été signée avec l’Egypte de Sadate et Moubarak. Alors, si al-Assad tombe, qui viendra au pouvoir après lui à Damas? Les “Frères”? Des Wahhabites assimilables à Al-Qaeda? Ou sera-ce le chaos complet? Certes, Israël déteste Bachar al-Assad, surtout pour son soutien au Hizbollah chiite, pour être le fils de son père Hafez al-Assad qui avait refusé de signer les accords sur le Golan et pour son alliance panchiite avec l’Iran d’Ahmadinedjad. Mais Israël sait que l’Iran a toujours, au cours de son histoire plurimillénaire, soutenu des sectes, des mouvements religieux, des séditions politico-religieuses et surtout le particularisme juif dans l’espace syro-palestinien, contre les Romains (on peut avancer l’hypothèse que les Esséniens et les premiers Chrétiens étaient une de ces antennes parthes dirigées contre Rome), puis, plus tard, contre les Byzantins, les Ottomans et aujourd’hui contre l’alliance américano-israélienne. Cette donne était connue des services israéliens, qui avaient parfaitement su gérer l’antagonisme qui les opposait à Damas: quid, s’il faut changer demain de stratégie, former de nouveaux agents, repérer de nouveaux ennemis, tenir d’autres discours dans les médias au risque de troubler un électorat israélien déjà suffisamment composite et versatile? Israël, suite aux suggestions d’un Colonel américain, Ralph Peters, propose une division de la Syrie en petits Etats ethnico-religieux, exactement comme l’avaient voulu les Français, à l’époque du mandat. Par ailleurs, si al-Assad soutient le Hizbollah chiite et anti-israélien, vainqueur de Tsahal au Liban pendant l’été 2006, le Hamas palestinien, lui, sunnite et tout autant anti-israélien notamment dans son bastion de la Bande de Gaza, soutient les insurgés anti-baathistes de Syrie, au même titre qu’Erdogan et les “nouveaux philosophes”, dont beaucoup de réclament d’une “judéité” franco-républicaine et émancipée à la sauce 68. Or voilà que ces petits messieurs tout pleins de jactance et d’hystérie, ces pompeux donneurs de leçons, ces “intellectuels faussaires”, souvent pro-sionistes à tous crins, se retrouvent dans le même bâteau que les sectataires du Hamas! Raison supplémentaire pour dire qu’Israël aurait préféré le statu quo à la nouvelle soupe, au nouvel imbroglio!

 

Les thèses historiques de Luttwak sur les empires romain et byzantin

 

Parmi les voisins d’Israël, la Syrie dispose de la meilleure armée. C’est un motif pour Israël de voir disparaître le système baathiste qui inspire force, puissance et popularité à la chose militaire en Syrie. Mais, par ailleurs, l’armée et le baathisme sont des phénomènes connus de l’Etat hébreu qui savait comment y faire face. Pour les Etats-Unis, la campagne médiatique contre la Syrie, le baathisme et le pouvoir alaouite et l’orchestration de la guerre civile sont des actions dirigées non pas tant contre la Syrie en soi, avec laquelle ils s’étaient accommodés jusqu’ici, mais contre l’Iran dont le seul allié, en dehors du vieux territoire persan, est désormais la Syrie du clan al-Assad, pourtant alliée des Etats-Unis lors de la première guerre contre l’Irak.

 

 

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Si l’allié syrien (et donc méditerranéen) de l’Iran est éliminé, celui-ci est aussitôt affaibli. En déployant cette stratégie, les Etats-Unis se prennent, comme ils aiment à le faire depuis une ou deux décennies, pour les héritiers géopolitiques de Rome dans la région. Afin d’expliquer les turbulences post-soviétiques en Asie centrale, le long de la “Route de la Soie”, on se réfère souvent à la géostratégie mise au point par Zbigniew Brzezinski dans plusieurs ouvrages, articles ou essais, dont “Le grand échiquier” (“The Grand Chessboard”). On parle beaucoup moins des travaux historiques d’Edward Luttwak sur la stratégie de l’Empire romain, publié fin des années 80 et sur la stratégie de l’Empire byzantin, paru plus récemment. L’ouvrage sur la stratégie de l’Empire romain explique comment il faut tenir la “trouée pannonienne”, soit l’espace aujourd’hui hongrois entre Danube et Tisza, et le Delta du Danube ou la Dobroudja (frontière roumano-bulgare), pour se rendre maître de tout l’espace méditerranéen et sud-européen (à l’Ouest du Rhin et au Sud du Danube). L’ouvrage sur l’Empire byzantin explique les stratégies à adopter pour la maîtrise des Balkans (ce qui est accessoire pour les Etats-Unis maintenant) et pour la domination du Proche Orient ou Levant, ce qui nous ramène à la problématique que nous abordons aujourd’hui. Les Etats-Unis (avec leur appendice israélien) se trouvent face à l’Iran dans la région, exactement comme l’Empire romain du temps des Parthes (bataille de Carrhae en 53 av. J.C.; maîtrise très momentanée des provinces d’Assyria et de Mesopotamia entre 115 et 117) ou que l’Empire byzantin face aux Sassanides.

 

Le jeu dissimulé du néo-ottomanisme

 

Les enjeux de la lutte entre Rome et Byzance, d’une part, et les Parthes ou la Perse, d’autre part, se situent tous à l’Est du territoire syrien actuel, zone d’affrontements entre empires depuis la plus haute antiquité, depuis l’Empire hittite et les royaumes Mittani. Même si aujourd’hui les Etats-Unis dominent les territoires assyriens et mésopotamiens d’Irak, que Rome n’a pu contrôler que pendant deux ans, l’Iran conserve un atout dans cette région fragile, celui de pouvoir inciter les populations chiites à la révolte. L’instabilité irakienne actuelle prouve amplement cette hypothèse, que l’on relativisera en rappelant que les attentats anti-chiites qui ponctuent la vie quotidienne à Badgad sont sans nul doute des formes particulièrement cruelles d’intimidation de la population chiite arabe du Sud du pays, alliées potentielles des Iraniens. La stratégie persane a toujours été par ailleurs, du temps des Romains comme du temps des Byzantins, de semer des troubles, par sectes ou communautés religieuses interposées, dans l’espace syrien (du Taurus au Sinaï). Bachar al-Assad et son clan alaouite servent de levier éventuel aux Iraniens dans la région du Levant, où Ahmadinedjad et les mollahs y sont les héritiers stratégiques des Parthes et des Sassanides: c’est ce levier potentiel que les Etats-Unis entendent détruire aujourd’hui, comme les Romains et les Byzantins souhaitaient se débarrasser de tous les alliés potentiels des Parthes ou des Sassanides. Si on rappelle que, pour bon nombre d’observateurs et d’historiens, l’Empire ottoman était, volens nolens, l’héritier stratégique de Rome et de Byzance dans la région depuis sa conquête de la Syrie et de la Palestine au 16ème siècle, le néo-ottomanisme d’Erdogan, Gül et Davutoglu pourrait s’interpréter comme une stratégie indirecte des Etats-Unis contre l’Iran, dans la mesure où l’allié turc au sein de l’OTAN opte pour une forme de diplomatie apparemment indépendante, ancrée dans l’histoire locale sans plus faire référence à l’universalisme occidentaliste, une nouvelle diplomatie turque qui reste malgré tout, malgré son travestissement en néo-islamisme sunnite, “romaine-byzantine” dans son essence, donc anti-perse et conforme aux visions américaines théorisées par Luttwak. Byzance avait en effet voulu reconquérir l’Ouest de l’Empire romain d’Occident (jusqu’à l’Espagne) afin de disposer de suffisamment de ressources pour affronter les Sassanides, tout en défendant la Syrie contre les infiltrations perses et en pariant sur les chrétiens de la péninsule arabique contre les païens arabes et les Juifs, alliés des Sassanides. Aujourd’hui, les chiites ou les alaouites voire bon nombre de chrétiens araméens remplacent les païens sémites et les Juifs d’Arabie dans le jeu de l’Iran, tandis que les chrétiens arabes pro-byzantins des 6ème et 7ème siècles sont remplacés par les sunnites turcs, saoudiens et les “Frères Musulmans” dans la stratégie néo-byzantine commune des Etats-Unis, de la Turquie, des Frères Musulmans et des wahhabites saoudiens contre la Syrie et l’Iran.

 

L’Iran, dans ce contexte conflictuel, n’a plus guère d’alliés: au Liban, le Hizbollah, certes vainqueur en 2006, est sur la défensive et ne peut contrôler l’ensemble du pays. La Syrie est pour le moment neutralisée par une guerre civile dont on ne peut prévoir l’issue (sera-ce comme en Syrie même au printemps 1982 ou comme en Libye en 2011?). La Libye est hors jeu et appartient désormais à la zone “OTAN”, tout en étant gouvernée par des anciens activistes d’Al-Qaeda (à BHL, la jactance, aux al-qaedistes, le terrain). L’Erythrée et le Soudan, plutôt favorables à l’Iran, sont trop éloignés. Si la Syrie tombe et devient ipso facto une arrière-cours de la Turquie, membre de l’OTAN, le Hizbollah disparaîtra faute de soutien, ce qui soulagera Israël. L’Iran ne disposera plus d’une “tête de pont” sur la côte méditerranéenne. La France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont donc soutenu d’anciens activistes d’Al-Qaeda en Libye et en soutiennent d’autres, avec les “Frères Musulmans”, en Syrie aujourd’hui. L’opposition syrienne reçoit 6 milliards de dollars par an. Ce soutien à des activistes d’Al-Qaeda doit nous contraindre à poser une question: qui était réellement Ben Laden? Un militant religieux anti-impérialiste ou un agent des Etats-Unis, appelé à lancer partout des opérations “fausse bannière” (false flag)? La question demeure ouverte...

 

Conclusion

 

Nous venons d’expliciter les racines du conflit syrien actuel, qui remonte au mandat français, aux troubles des années post-mandataires et à l’insurrection anti-baathiste des “Frères Musulmans” entre 1980 et 1982. Revenons aux événements d’aujourd’hui, sur le terrain. A Homs, récemment, l’armée régulière syrienne a capturé 1500 prisonniers, appartenant à l’armée des insurgés: la plupart de ces combattants étaient des étrangers; parmi eux, douze Français, dont un colonel de la DSGE. Cet épisode est tu ou minimisé par les médias. La France négocierait la libération de ses ressortissants en demandant l’intercession de la Russie de Poutine. Sarközy et Cameron, dans une déclaration commune, avaient annoncé “que les coupables seraient punis”, avouant, en quelque sorte, qu’il y a bel et bien intervention occidentale aux côtés des insurgés syriens or l’article 68 de la Constitution française stipule “qu’il est interdit de mener une guerre secrètement sans l’approbation du Parlement sous peine d’être déféré devant la Haute Cour de Justice”. Alors, dans le cas qui nous préoccupe, y a-t-il, en France aujourd’hui, “estompement de la norme” comme on dit pudiquement en Belgique quand la justice ne fait pas correctement son travail...? A la fin du mois de février 2012, 75 pays se sont réunis à Tunis pour décider de geler les avoirs de la Banque Nationale de Syrie, pour entendre l’Arabie saoudite déclarer qu’elle allait financer les rebelles syriens et leur fournir des armes (celles-ci viennent alors d‘un pays arabe et non pas d’une puissance occidentale que l’on pourrait accuser de “néo-colonialisme”). De son côté, Hilary Clinton menace: “Assad paiera le prix fort pour avoir bafoué les droits de l’homme, ses jours sont comptés”. Comme étaient comptés les jours de Kadhafi? Devons-nous réellement participer à ce genre de chasse à l’homme digne du Far West? Devons-nous tolérer qu’un homme politique fini et usé comme Verhofstadt cherche encore à se faire de la publicité en appelant au carnage comme il le fit déjà pour la Libye? Le “Conseil National Syrien” (CNS), embryon d’un gouvernement post-Assad, déclare certes qu’il protègera les minorités, tenant ainsi exactement le même langage que les Frères Musulmans en 1980-81 qui, simultanément, demandaient l’exclusion de tous les minoritaires hors des rouages de l’Etat. Les minorités pour leur part sont inquiètes et soutiennent plutôt le régime baathiste ou cherchent la protection des Russes comme au temps de l’Empire ottoman. Elles ont le souvenir de ce qui est advenu des chrétiens (toutes obédiences confondues) en Irak, elles savent ce qui advient des Coptes d’Egypte et elles se rappellent des incendies des monastères orthodoxes serbes par les bandes kosovars. Dans le monde arabe, les minorités, chrétiennes, chiites ou autres, ne survivent que sous les régimes laïques et militaires, où elles ne sont pas réduites à des communautés de citoyens de seconde zone. Elles sont persécutées quand les “Frères Musulmans” ou les wahhabites ou les salafistes prennent le pouvoir car, pour elles, c’est alors le retour à une dhimmitude pure et dure.

 

L’Europe, si elle avait été un véritable sujet politique, aurait dû plaider pour le statu quo en Libye, en Egypte et en Syrie, quitte à négocier dur avec les pouvoirs militaires ou avec les dynastes “kleptocrates” en place pour aboutir à des solutions satisfaisantes. Avec le mixte explosif de “Frères” et d’Al-Qaedistes arrivé au pouvoir avec l’appui diplomatique d’Hilary Clinton, avec les avions de combat de Sarközy et de l’OTAN, avec les mercenaires recrutés par le Qatar, grâce aussi au relais médiatique qu’ont été BHL et ses imitateurs, l’Europe, voisine immédiate de l’Afrique du Nord et du Levant, est désormais cernée sur son flanc méridional par une zone de turbulences sur laquelle elle n’a plus le moindre contrôle ni la moindre influence, vu la cassure Europe/Islam due à un rejet général, dans tous les pays européens, de l’immigration en provenance des pays musulmans, vu la disparition des laïcismes militaires et la fin annoncée des communautés chrétiennes d’Orient (lesquelles servaient jadis d’interfaces entre les deux aires civilisationnelles). La crise économique, surtout dans des pays comme la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, fragilise encore davantage ce flanc sud de notre sous-continent. C’est la raison pour laquelle il faut se montrer extrêmement vigilant en trois points: le détroit de Gibraltar, l’espace maritime entre Sicile et Tunisie, l’Egée, sans oublier Chypre. Ces zones doivent être verrouillées, soustraites par tous les moyens à des influences dangereuses ou des flux migratoires déséquilibrants; il ne faut faire, en ces zones-clefs, aucune concession d’ordre géopolitique.

 

Les désastres libyen, égyptien, tunisien et syrien démontrent, s’il fallait encore le démontrer, que les interventions, directes ou déguisées, des Etats-Unis dans le Vieux Monde, et plus particulièrement, en ce qui nous concerne, dans l’espace euro-méditerranéen ou proche-oriental, ne conduisent qu’à des désordres difficilement surmontables, qu’à des ressacs de puissance pour l’Europe (et, partant, pour toutes les puissances européennes en dépit de la subsistance tenace d’antagonismes inter-européens, hélas toujours repérables). Carl Schmitt et Karl Haushofer nous ont rendu attentifs à ce type d’intervention “hors espace”, qui représentent toujours des modi operandi équivalant à des guerres indirectes perpétrées par les puissances thalassocratiques contre les puissances continentales ou contre les puissances du “rimland”, mi-maritimes (ou potentiellement maritimes) et mi-continentales. Les interventions “hors espace” (“raumfremd”) ne visent pas l’ordre mais le désordre, le chaos; elles visent à affaiblir à moyen ou long terme des puissances posées clairement comme ennemies ou qui sont simplement différentes, émergentes ou potentiellement génantes. Les collaborateurs européens de ces entreprises américaines (par immixtions saoudiennes et qataries interposées) sont des traitres purs et simples à l’endroit de leurs propres polities ou des opportunistes, en quête d’un privilège quelconque, ou des naïfs, incapables d’analyser la situation historique de grandes régions proches de l’Europe dont le devenir, positif ou négatif, influence nécessairement la marche des affaires en notre sous-contient et qui, de plus, ont une importance géostratégique cruciale sur la masse continentale eurasiatique et sur le pourtour de l’Océan Indien et des mers annexes, comme le Golfe ou la Mer Rouge, qui s’approchent, en leurs extrémités de la Méditerranée orientale. Il y a bel et bien une alliance entre Washington et les fondamentalistes islamistes contre l’Europe et, aujourd’hui, contre la principale puissance du concert européen, c’est-à-dire la Russie de Poutine, lequel d’après les dépêches détournées par Julian Assange dans le cadre de l’affaire dite de “Wikileaks”, est le seul personnage politique de caractère en Europe.

 

Robert STEUCKERS.

 

Notes:

 

(1) Nikolaos van DAM, The Struggle for Power in Syria – Politics and Society under Asad and the Ba’th Party, I. B. Tauris, London, 1979-2011.

 

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-          Tigrane YEGAVIAN, “Repères minorités: les relatios entre les chrétiens et le régime Al-Assad”, in: Moyen-Orient, n°12, oct.-déc. 2011.

 

Articles anonymes:

 

-          AA, “Un plan israélien pour le démembrement de la Syrie”, sur: http://french.irib.ir/info/

-          AA, “Le rapport de la Ligue Arabe donne des preuves de l’implication de la CIA, du MI6 et du Mossad derrière les violences en Syrie”, sur http://mediabenews.wordpress.com/

-          AA, “La crise iranienne de plus en plus intégrée dans la crise générale”, sur http://mbm.hautetfort.com/ (11/01/2012).

-          AA, “Survol historique de la Syrie et des Alaouites”, sur http://mediabenews.wordpress.com/ (24/01/2012).

 

Ouvrages/Articles lus après rédaction:

 

-          Paul DELMOTTE, “Le retour du Colonel Peters”, sur http://mbm.hautetfort.com/ (04/05/2012).

-          Mathieu GUIDERE, “Nouvelle géopolitique de l’islamisme”, in: Moyen-Orient, n°15, juillet-sept. 2012.

-          Bernard HOURCADE, “Iran-Occident: la fin d’une guerre froide?”, in: Moyen-Orient, n°15, juillet-sept. 2012.

-          Tancrède JOSSERAN, Florian LOUIS & Frédéric PICHON, Géopolitique du Moyen-orient et de l’Afrique du Nord – Du Maroc à l’Iran, PUF, Paris, 2012.

-          Peter LOGGHE, “Domineert Qatar straks de gehele Arabische ruimte?”, in Nieuwsbrief Deltastichting, Nr. 57, Maart 2012.

-          Michael LÜDERS, Iran: Der falsche Krieg – Wie der Westen seine Zukunft verspielt, C. H. Beck, München, 2012.

-          Romain MIELCAREK, “Syrie: du mensonge à la vérité – le jeu dangereux de la propagande”, in: Pays émergents, mai-juin 2012.

-          Mansouria MOKHEFI, “Le Golfe arabo-persique, quelle puissance arabe?”, in: Moyen-Orient, n°15, juillet-sept. 2012.

-          Valentina NAPOLITANO, “Le Hamas dans la tourmente révolutionnaire syrienne”, in: Moyen-Orient, n°15, juillet-sept. 2012.

-          Antoine UYTTERHAEGHE, “Syrië, de strategische inzet”, sur http://www.uitpers.be/ (12/03/2012).

-          Claus WOLFSCHLAG, “Mediales Trauerspiel im Syrienkonflikt”, sur http://www.jungefreiheit.de/ (19/04/2012).

-          Tigrane YEGAVIAN, “L’impasse syrienne”, in: Carto, n°12, juillet-août 2012.

 

Los artistas como intelectuales

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Los artistas como intelectuales

 

Alberto Buela (*)

 

En una sociedad como la nuestra, de consumo, opulenta para pocos, cuyo dios es el mercado, la imagen reemplazó al concepto. Es que se dejo de leer para mirar, aun cuando rara vez se ve.

 

Y así los artistas, actores, cantantes, locutores y conductores televisión han reemplazado a los intelectuales.

 

Este reemplazo viene de otro más profundo; cuando los intelectuales, sobre todo a partir de la Revolución Francesa, vinieron a remplazar a los filósofos. Es cierto que siguió habiendo filósofos, pero el tono general de estos últimos dos siglos marca su desaparición pública.

El progresismo, esa enfermedad infantil de la socialdemocracia, se caracteriza por asumir la vanguardia como método y no como lucha, como sucedía con el viejo socialismo. Aún existe en Barcelona el viejo diario La Vanguardia.

 

La vanguardia como método quiere decir que para el progresista hay que estar, contra viento y marea, siempre en la cresta de la ola. Siempre adelante, en la vanguardia de las ideas, las modas, los usos, las costumbres y las actitudes.

 

El hombre progresista se sitúa siempre en el éxtasis temporal del futuro, ni el presente, ni mucho menos el pasado tiene para él significación alguna, y si la tuviera siempre está en función del futuro. No le interesa el ethos de la Nación histórica, incluso va contra este carácter histórico-cultural. Y esto es así, porque el progresista es su propio proyecto. Él se instala siempre en el futuro pues ha adoptado, repetimos, la vanguardia como método. Nadie ni nada puede haber delante de él, de lo contrario dejaría de ser progresista. Así se explica que el progresista no se pueda dar un proyecto de país ni de nación porque éste se ubicaría delante de él, lo cual implica y le crea una contradicción.

 

Y así como nadie puede dar lo que no tiene, el progresista no puede darse ni darnos un proyecto político porque él mismo es su proyecto político.

 

El hombre progre, al ser aquél que dice sí a toda novedad que se le propone encuentra en los artistas sus intelectuales. Hoy que en nuestra sociedad de consumo donde las imágenes han reemplazado a los conceptos nos encontramos con que los artistas son, en definitiva, los que plasman en imágenes los ideas. Y la formación del progresista consiste en eso, en una sucesión de imágenes truncas de la realidad. El homo festivus, figura emblemática del progresismo, del que hablan pensadores como Muray o Agulló, encuentra en el artista a su ideólogo.

 

El artista lo libera del esfuerzo, tanto de leer (hábito que se pierde irremisiblemente), como del mundo concreto. El progresista no quiere saber sino solo estar enterado. Tiene avidez de novedades. Y el mundo es “su mundo” y vive en la campana de cristal de los viejos almacenes de barrio que protegían a los dulces y los fiambres donde las moscas (el pueblo y sus problemas) no podían entrar.

 

Los progresistas porteños viven en Puerto Madero, no en Parque Patricios.

La táctica de los gobiernos progresistas es transformar al pueblo en “la gente”, esto es, en público consumidor, con lo cual el pueblo deja de ser el agente político principal de toda comunidad, para cederle ese protagonismo a los mass media, como ideólogos de las masas y a los artistas, como ideólogos de sus propias élites.

 

Este es un mecanismo que funciona a dos niveles: a) en los medios masivos de comunicación cientos periodistas y locutores, esos analfabetos culturales locuaces, según acertada expresión de Paul  Feyerabend (1924-1994) nos dicen qué debemos hacer y cómo debemos pensar. Son los mensajeros del “uno anónimo” de Heidegger que a través del dictador “se”, se dice, se piensa, se obra, se viste, se come, nos sume en la existencia impropia. b) a través de los artistas como traductores de conceptos a imágenes en los teatros y en los cines y para un público más restringido y con mayor poder adquisitivo: para los satisfechos del sistema.

 

 Esto es: los progres

 

El artista cumple con su función ideológica dentro del progresismo porque canta los infinitos temas de la reivindicación: el matrimonio gay, el aborto, la eutanasia, la adopción de niños por los homosexuales, el consumo de marihuana y coca, la lucha contra el imperialismo, la defensa del indigenismo, de los inmigrantes, de la reducción de las penas a los delincuentes, un guiño a la marginalidad y un largo etcétera. Pero nunca le canta a la inseguridad en las calles, la prostitución, la venta de niños, el turismo pedófilo, la falta de empleo, el creciente asesinato y robo de las personas, el juego por dinero, de eso no se habla como la película de Mastroiani. En definitiva, no ve los padecimientos de la sociedad sino sus goces.  

 

El artista como actor reclama para sí la transgresión pero ejecuta todas aquellas obras de teatro en donde se representa lo políticamente correcto. Y en este sentido, como dice Vittorio Messori, en primer lugar está el denigrar a la Iglesia, al orden social, a las virtudes burguesas de la moderación, la modestia, el ahorro, la limpieza, la fidelidad, la diligencia, la sensatez, haciéndose la apología de sus contrarios.

 

No hay actor o locutor que no se rasgue las vestiduras hablando de las víctimas judías del Holocausto, aunque nadie representa a las cristianas ni a las gitanas. Estas no tienen voz, como no la tienen las del genocidio armenio ni hoy las de Darfour en Sudán.

 

Así, si representan a Heidegger lo hacen como un nazi y si a Stalin como un maestro en humanidad. Al Papa siempre como un verdugo y a las monjas como pervertidas, pero a los prestamistas como necesitados y a los proxenetas liberadores.  Ya no más representaciones del Mercader de Venecia, ni de la Bolsa de Martel. El director que osa tocar a Wagner queda excomulgado por la policía del pensamiento y sino ¡qué le pregunten a Baremboin?

 

En el orden local si representan al Martín Fierro quitan la payada y duelo con el Moreno. Si al general Belgrano, lo presentan como doctor. A Perón como un burgués y a Evita como una revolucionaria. Pero claro, la figura emblemática de todo artista es el Che Guevara.

 

Toda la hermenéutica teatral está penetrada por el psicoanálisis teñido por la lógica hebrea de Freud y sus cientos de discípulos. Lógica que se resuelve en el rescate del “otro” pero para transformarlo en “lo mismo”, porque en el corazón de esta lógica “el otro”, como Jehová para Abraham, es vivido como amenaza y por eso en el supuesto rescate lo tengo que transformar en “lo mismo”.

 

Es que el artista está educado en la diferencia, lo vemos en su estrafalaria vestimenta y conducta. Él se piensa y se ve diferente pero su producto termina siendo un elemento más para la cohesión homgeneizadora de todas las diferencias y alteridades. Es un agente más de la globalización cultural.

 

El pluralismo predicado y representado termina en la apología del totalitarismo dulce de las socialdemocracias que reducen nuestra identidad a la de todos por igual.

 

Finalmente, el mecanismo político que está en la base de esta disolución del otro, como lo distinto, lo diferente, es el consenso. En él, funciona el simulacro del “como sí” kantiano. Así, le presto el oído al otro pero no lo escucho. Se produce una demorada negación del otro, porque, en definitiva, busco salvar las diferencias reduciéndolo a “lo mismo”.

 

Esta es la razón última por la cual nosotros venimos proponiendo desde hace años la teoría del disenso, que nace de la aceptación real y efectiva del principio de la diferencia, y tiene la exigencia de poder vivir en esa diferencia. Y este es el motivo por el cual se necesita hacer metapolítica: disciplina que encierra la exigencia de identificar en el área de la política mundial, regional o nacional, la diversidad ideológica tratando de convertir dicha diversidad en un concepto de comprensión política, según la sabia opinión del politólogo Giacomo Marramao.

 

El disenso debería ser el primer paso para hacer política pública genuina y la metapolítica el contenido filosófico y axiológico del agente político.    

 

 

buela.alberto@gmail.com

 

 

Piet Tommissen: Inleiding tot de idee Marc. Eemans

Marc. Eemans

 

Piet Tommissen:

 

Inleiding tot de idee Marc. Eemans

 

Piet Tommissen en Marc. Eemans, 1972.

Toen ik aanvaardde een essay te wijden aan het werk en het denken van de schilder, dichter en kunsthistoricus Marc. Eemans, heb ik me afgevraagd of het in mijn geval geoorloofd was te spreken van een zekere continuïteit in zijn geestelijke ontwikkeling. Langzaam maar zeker kwamen elementen en argumenten aan het licht om mijn overtuiging te staven dat die vraag positief macht beantwoord worden. Aldus is deze geschiedenis van de intellectuele en creatieve levensweg van Marc. Eemans ontstaan. Daarbij werd de klemtoon vooral op zijn denken en op zijn poëtisch oeuvre gelegd, vermits het illustratiemateriaal dat deze uitgave verrijkt, als een soort picturaal complement van mijn stelling kan beschouwd worden. Overigens bleven om voor de hand liggende redenen, biografische en andere gegevens buiten beschouwing.

Hopelijk vergeeft de lezer het me dat ik met hem wegen ga verkennen, die men normaliter in essays van het onderhavige genre links laat liggen. Maar op de eerste plaats is het zo dat ik geen kunsthistoricus ben en het derhalve als een punt van elementaire intellectuele eerlijkheid beschouw me onbevoegd te verklaren om een verantwoord waardeoordeel over het schilderkunstig werk van Marc. Eemans uit te spreken. En voorts is er het oude adagium « de gustibus et coloribus non disputandum », dat in de loop der tijden zijn geldigheid heeft behouden. Waarom de lezer dan ook willen beïnvloeden met een onvermijdelijk subjectieve analyse van de boodschap die de schilderijen van Marc. Eemans brengen?

Toch weze het me toegelaten de aandacht te vestigen op een soort sleutel-schilderij die « De pelgrim van het absolute » heet en in 1937 ontstond. De kijker wordt als het ware gebiologeerd door dat monumentaal gelaat met die ogen die hem aankijken zonder dat men precies weet of het nu een nieuw werd en dan wel de dood is die er uit spreekt. Dit werk resumeert op voortreffelijke wijze wat ik hier getracht heb te formuleren bij wijze van aan loop tot de thans volgende inleiding tot de idee Marc. Eemans. Want hebben we laatstgenoemde niet leren kennen als een man die steeds onvoldaan is krachtens zijn faustische natuur, als iemand die voortdurend datgene nastreeft wat hij zelf ooit « de liefde, overal en altijd » (1) heeft genoemd? In « De pelgrim van het absolute » moet men in zekere zin het jeugdportret zien van hem die thans in de derde leeftijd is getreden, die « ergens in Vlaanderen geboren » werd en thans leeft boven de mensen in « het land der inwendige mythen » (2) waarover hij niet ophoudt te spreken (3).

Mijn grote Meester, de Duitse geleerde Carl Schmitt spreekt ergens van « jene geheimnisvolle Hand, die unsem Grill nach Büchem lenkt" (4), over de geheimzinnige hand die er over waakt dat ons telkens de boeken in handen komen, die onontbeerlijk zijn voor onze geestelijke vorming. Meestal gaan er jaren overheen alvorens men zich rekenschap geeft van de occulte maar duurzame invloed die een bepaald boek op de levensloop van een mens uitoefende. In het geval dat we thans behandelen liggen de zaken enigszins anders, want Eemans werd van in zijn prille jeugd door de grondige lectuur van bepaalde boeken derwijze beïnvloed, dat het m.i. onmogelijk is zijn evolutie te volgen en zijn latere opties te verstaan zonder terdege rekening te houden met deze én rechtstreekse én diepgaande invloed.

Keren we dus even terug naar de tijd dat de nauwelijks tienjarige Eemans zijn vader regelmatig vergezelde bij diens bezoek aan kunsttentoonstellingen, en dat hij via een verre verwante, de beeldhouwer Emiel De Bisschop, talrijke kunstenaars en schrijvers uit de kunstkring « Doe stil voort », waarin schilders lijk Felix De Boeck, Prosper De Troyer en Victor Servranckx debuteerden, persoonlijk leerde kennen. Op het Koninklijk Atheneum van Brussel had Eemans een merkwaardige leraar Nederlands, een zekere Maurits Brants. Deze hing aan de muren van zijn klaslokaal reproducties op van taferelen uit de Germaanse mythologie en meer bepaald uit het Nibelungenlied en uit de Edda, iets wat de verbeelding van de ontvankelijke leerlingen naar het verre verleden van het sagenrijk Thule deed afdwalen. Ook dient dier de invloed vermeld van Eemans' oudere broeder Nestor, die een groot kenner van Richard Wagner was. In zijn bibliotheek trof de jonge Marc. alles aan wat nodig was om zijn initiatie in de wereld der eeuwige mythen te vervolledigen: Tannhauser, Parsifal, Tristan en Isolde, zander de Ring der Nibelungen te vergeten en de ontroerende Senta uit de Vliegende Hollander, deze fantastische heldin van de « trouw tot in de dood » …

Vanaf zijn veertiende levensjaar begon de « Benjamin der eerste Belgische abstracte schilders » de werken van Plato en de Ethica van Spinoza te lezen, en verslond hij de meesterwerken van de grote Hollandse symbolisten: « Mei » van Herman Gorter, « Psyche » en « Fidessa » van Louis Couperus en de « Sonnetten » van Willem Klaas. Deze dichters brachten de jonge Eemans op hun beurt op het spoor van de Engelse romantiekers, vooral van Shelley, waarvan precies in 1922 de honderdste verjaardag herdacht werd van zijn al even tragisch als mysterieus verscheiden. Ook de door Frederik Van Eeden bezorgde vertaling van het oeuvre van Rabindranath Tagore bekoorde de jonge man zeer.

De jaren 1922, 1923, 1924 en 1925 moeten in Eemans' intellectuele ontwikkeling als beslissende jaren beschouwd worden, vermits het in deze periode was dat de latere auteur van « Vergeten te worden » de vier jaar oudere jonge dichter René Baert ontmoette. Dit gebeurde in een door studenten en kunstenaars bezochte herberg, « Le Diable au corps » geheten en gevestigd in de Koolstraat in Brussel; de onvergetelijke Père Gaspard was er wat men schipper na God pleegt te noemen. Dank zij Baert ontdekte de jonge Eemans Novalis in de voortreffelijke Franse vertaling van Maurice Maeterlinck (4). De weerslag was andermaal biezonder groot. Rond hetzelfde tijdstip bezocht Eemans ook vrij regelmatig het fameuse « Cabinet Maldoror », in 1923 door de pittoreske Geert Van Bruaene in het Hotel Ravenstein ingericht. Eemans had Van Bruaene reeds als kind leren kennen, toen deze nog tijdens de eerste Duitse bezetting meespeelde in de op dat ogenblik Nederlandstalige schouwburg Alhambra, waarvan Paul Gustave Van Hecke, de latere uitgever van het tijdschrift « Variétés » en mecenas van de Vlaamse expressionisten en van de surrealisten Magritte en Mesens, toen één der directeurs was.

Geert Van Bruaene maakte van zijn jonge bezoeker een enthousiaste bewonderaar van de « Chants de Maldoror » van de betoverende Isidore Ducasse, bijgenaamd comte de Lautréamont (5), Van kapitaal belang is anderzijds Eemans' ontmoeting geweest met Paul Van Ostaijen, de grootste Vlaamse expressionistische dichter, die namelijk de vennoot van Geert Van Bruaene werd toen deze een andere kunstgalerij, « La Vierge poupine », één van de belangrijkste cenakels van het surrealisme in België, in de Naamse straat in Brussel oprichtte (6). In 1925 hield Paul Van Ostaijen hier een lezing tijdens een door de studentenvereniging « La lanterne sourde » georganiseerde poëzieavond. Deze in het Frans gehouden lezing mag beschouwd worden als het poëtisch credo van Van Ostaijen; hij maakte een streng onderscheid tussen de « vanuit het onderbewuste geïnspireerde poëzie » en de « bewust gemaakte poëzie », en verkondigde dat de echte literatuur van een natie steeds met de mystieke schrijvers begint (7).

Niet minder vruchtbaar vaar de geestelijke vorming van de jonge Eemans was de lectuur van hel boek van Amance: « Divinité de Frédéric Nietzsche» (8). Maar een zo mogelijk nog grotere aantrekkingskracht oefenden het tijdschrift « L'Esprit » en de in de reeks « Philosophie » uitgegeven werken uit, twee initiatieven van de zogenaamde « Philosophes » (9). Ik citeer in het hieronder de « Philosophische Untersuchungen über das Wesen der menschlichen Freiheit » (1809) van Friedrich Schelling in de vertaling van Georges Politzer (10), de zwaar-op-de-handse studie van Jean Wahl over de « Parmerudes » van Plato (11), en vooral de twee delen « Livres prophétiques » van William Blake (12) en de « Critique des fondements de la psychologie » van Georges Politzer (13).

Met deze voor een jonge kerel van zijn leeftijd ongewone intellectuele bagage gewapend, evolueerde Marc. Eemans naar het surrealisme. Maar alvorens deze beslissende stap te wagen deed hij een tijdje - net lijk René Magritte - aan abstracte kunst, die men toen, althans in België, « zuivere beelding » noemde. Op dit terrein was bij de jonge volgeling van Victor Servranckx, Jozef Peeters, Pierre-Louis Flouquet, Karel Maes en Felix De Boeck (14). Ook is bekend dat Marc. Eemans en zijn vriend René Baert op het einde van 1926 en het begin van 1927 met het plan rondliepen een « Humanistische groep » op te richten ; Eemans schreef er zelfs een « Manifest » voor dat ik onlangs uit de vergeetboek kon opdelven, waarbij ik me verplicht zag te onderlijnen dat Marc. Eemans zich aanvankelijk niet meer herinnerde die tekst te hebben geschreven (15). Er kan geen twijfel over bestaan dat hij op dat ogenblik onder sterke Iinkse en meer bepaald trotzkystische invloed stond. Dat jonge intellectuelen zich toendertijd door de Ille Internationale aangetrokken voelden is algemeen geweten en het is bijgevolg slechts normaal dat ook de jonge Eemans in die zin reageerde. Het waren de Franse surrealisten en ook de jonge « Philosophes » van het tijdschrift « L'Esprit » die hem voor deze denkontwikkeling sensibiliseerden en hel verwondert derhalve geenszins te vernemen dat hij met Pierre Naville correspondeerde (deze briefwisseling ging helaas verloren), die toch één der sterfiguren van het tijdschrift « La Révolution Surréaliste » was, terwijl René Baert contact opnam met Pierre Morhange, gelijktijdig directeur van het tijdschrift « L'Esprit » en uitgever van de reeks « Philosophie ».

Intussen was het Eerste Surrealistisch Manifest van André Breton verschenen (1924), dat onmiddellijk de aandacht van de jonge Eemans trok en zijn in stemming wegdroeg. Voortaan zouden zijn verzuchtingen naar dat absolute, dat hij nooit nagelaten heeft na te streven, via de door Breton gewezen weg verlopen. Als outsider doch meteen als « medestrijder » nam hij deel aan de zijde van de latere Belgische surrealisten aan de memorabele « veldslag van het Casino van Sint-Joost-ten-Node » in october 1926: de politie kwam er bij te pas om de vechters te scheiden en enkele belhamels naar het dichtst bijgelegen politiecommissariaat te transporteren. Van toen dateert alleszins zijn vriendschap met Camille Goemans en met Edouard Léon Théodore Mesens, vriendschap die nooit zou vertroebeld worden (16).

Hoe zonderling het ook moge lijken, toch is het een feit dat de jonge Eemans, alhoewel eens te meer de Benjamin van de groep zijnde, zich uitzonderlijk actief heeft betoond in de schoot van wat men sinds het boek van Patrick Waldberg over Magritte a posteriori de « Société du Mystère » is gaan noemen (17). Het is mij bekend dat zij die de « gouden legende » van het Belgische surrealisme schreven en schrijven doen alsof ben de naam van één der mede-ondertekenaars van een « Préface à une exposition de Magritte » (Brussel 1928) en medewerker aan het door Camille Goemans vanuit Parijs gelanceerde efemeer tijdschriftje « Distances » niet eens bekend is. Desniettemin staat buiten kijf dat Marc. Eemans gedurende minstens drie volle jaren aan alle zittingen van de groep deelnam en dat hij zijn eigen weg is gegaan op grond van persoonlijke overwegingen die verband hou den met wat hij zelf de « histoire sordide du groupe surréaliste belge » (18) heet. Ik ga hier niet nader op in, temeer daar het niet lang heeft geduurd of ideologische redenen gingen de kloof nog verbreden tussen hem en de groep waarin de autoriteit van Paul Nougé zwaar doorwoog. Vermeldenswaard is echter dat Mesens in 1928 in de galerij « L'époque » de eerste tentoonstelling van Eemans organiseerde en dat de te dier gelegenheid uitgegeven catalogus een gedicht bevatte van Jean (later Louis) Scutenaire, die op dat moment een intieme vriend van Marc. Eemans was. De publiciteit van deze galerij werd toen gevoerd met de namen van hen die middelerwijl wereldfaam verwierven: Marc Chagall, Max Ernst, Giorgio de Chirico, Hans (later Jean) Arp, Paul Klee e.a., en de naam van Marc. Eemans figureerde tussen deze pIejade van beroemde schilders!

Toen het Stedelijk Museum van Amsterdam in 1930 een tentoonstelling wijdde aan de Nederlandse « Onafhankelijken », werden Marc. Eemans en zijn vrienden Magritte en Mambour aIs Belgische surrealistische gasten uitgenodigd. Afgaande op de in de catalogus van deze tentoonstelling geciteerde prijzen gold het werk van Eemans op dat ogenblik meer dan dat van zijn beide oudere vrienden. In 1970 beleefde ik trouwens in Straatsburg de aangename verrassing in het kader van een door de Raad van Europa ingerichte en aan « Europa 1925 » gewijde retrospectieve een werk aan te treffen van Marc. Eemans, getiteld « L'attitude des apparences» en gedateerd 1928. Dit werk stamde uit de oude verzameling van E.L.T. Mesens uit Landen en behoorde aan de Heer Calixte Veulemans in Brussel toe. Het volstond de catalogus in te kijken om vast te stellen dat het de enige schilderij was van een nog levende Belgische schilder... Terwijl de bevoegde overheid in Straatsburg Marc. Eemans dus voldoende representatief achtte om één zijner werken in een internationaal opgevatte expositie op te nemen, schijnen de Belgische specialisten niet eens zij naam te kennen, wat blijkt uit de onlangs in Parijs ingerichte tentoonstelling « Peintres de l'imaginaire. - Symbolistes et surréalistes belges » (4-2 t/m 8-4-1972). Nochtans nam Eemans aIs « surrealistisch schilder » reeds aan twee of drie officiële Belgische exposities deel en fungeerde zijn jeugdportret (ongeveer 20 jaar oud) samen met werk van Magritte destijds in de schouwramen van het voorlopig Museum voor Moderne Kunst op het Koningsplein in Brussel. Begrijpe wie kan...

De eerlijkheid verplicht ons anderzijds in te zien dat de naam van Marc. Eemans reeds in de eerste jaren van het officieel Belgisch surrealisme in de kring der ingewijden ietwat taboe was. Toch werkte hij mee en dit zelfs vrij regelmatig aan « Variétés » (hij ontwierp de titelvoorstelling van dit tijdschrift), de belangrijke publicatie van Paul Gustave Van Hecke waarin veel aandacht besteed werd aan het surrealisme. Twee of drie pentekeningen van Marc. Eemans hebben het omslag van bepaalde nummers georneerd ; andere pentekeningen vindt men in de tekst van meerdere afleveringen. Ook treft men er de reproductie van twee schilderijen aan : « Twee klimopbladen brengen lof aan een reliëf van Hans Arp » en « voetbalmatch » (19). De laatstgenoemde schilderij heeft zelfs een eigen geschiedenis : het onderwerp van het doek (voetbalspelers die het hoofd van één onder hen als bal gebruiken) viel samen met een groteske van zijn vriend Van Ostaijen, « Waarachtige voetbalkamp » (20), zonder dat de twee kunstenaars dit wisten. Het is een zonderlinge samenloop van omstandigheden die door Marc. Eemans terstond aan Van Ostaijen gesignaleerd werd. Helaas heeft de mededeling laatstgenoemde nooit bereikt, aangezien hij net in een rusthuis in Miavoye-Anthée bij Dinant overleden was (21). Bij zijn surrealistisch debuut, rond 1927 dus, was Marc. Eemans tevens één der eersten - ja zelfs meer dan tien jaar vóór Delvaux - om de deugden van de poëtische vervreemding van de vrouwenmode van het einde der vorige en het begin dezer eeuw te herkennen, wat duidelijk blijkt uit enkele zijner in « Variétés » afgedrukte pentekeningen.

Reeds in die activiteitsfaze begonnen enkele vrienden van de latere « Société du Mystère » hun jonge collega de rug toe te keren, maar Victor Servranckx, de Vlaamse constructivist, die net bezig was naar het surrealisme over te hevelen (hij kocht nota bene het zonet vermelde doek « Voetbalmatch »), liet in « Variétés » een eigenaardige nota afdrukken, waarin hij poogde te begrijpen waarom die jonge man (sc. Marc. Eemans) haatgevoelens kon opwekken, en tot de flatteuse slotsom kwam : « Eemans élargit le domaine de l'inquiétude humaine, sans tirer ses conclusions, sans tâcher de résoudre quoi que ce soit. C'est son droit et - l'opposant aux trop hâtifs théoriciens – je dirai même: c'est ce qui me plaît en lui » (22). Twee jaar later gebeurde echter het onvermijdelijke : Marc. Eemans en Camille Goemans verlieten de groep om redenen die deze laatste niet tot eer strekten. Het toeval dat in het leven en in de geschiedenis zo vaak ingrijpt heeft gewild dat Eemans in de loop van datzelfde jaar - 1930 - bij de door hem samen met Goemans opgerichte uitgeverij Hermes de bundel « Vergeten te worden » liet verschijnen: tien hermetische woordvormen waaraan een gelijk aantal tekeningen van de kunstenaar beantwoordden. Het is overigens vermoedelijk de enige waarachtige surrealistische dichtbundel die Vlaanderen heeft voortgebracht (23).

Ja, hoe de vervreemding van de vrienden Eemans en Goemans van de surrealistische groep verklaard? André Blavier analyseerde onlangs het complex probleem van het tot-stand-komen van de groep rond 1926 en schreef wat volgt: «Diverses démarches, rencontres, chassés-croisés et convergences ont précédé, dont l'enchevêtrement n'est encore qu'imparfaitement démêlé» (24). Persoonlijk wil het me voorkomen dat het vrijwel onmogelijk zal blijken de ware geschiedenis van de groep tijdens de twintiger en dertiger jaren te achterhalen, dat het moeilijk zal vallen de juiste motieven aan te wijzen die sommigen in deze, de anderen in de tegenovergestelde richting stuwden, dat het een zware opgave zal betekenen netjes uit te maken welke affiniteiten en welke instinctieve gevoelens van afkeer in talrijke gevallen de uiteindelijke opties hebben bepaald. Wat het geval Eemans betreft bestond er toch van meetaf een fundamenteel verschilpunt: terwijl de meeste leden van de groep een min of meer «dadaïstisch» verleden achter zich hadden (25) en anderen zich op zekere affiniteiten met een Paul Valéry of een Jean Paulhan beriep (25) en er een erg cartesiaanse denktrant op nahielden, kwam Eemans in de groep terecht met een diametraal tegenovergestelde intellectuele bagage, die hem desniettemin ontvankelijk moest maken voor het surrealisme à la Breton, dat irrationeel en anti-cartesiaans was getint. In de gedachtengang van Eemans, agnostisch en scherp anti-christelijk ingesteld, bezaten de werken der mystiekers en meer bepaald hun visioenen een transcendente waarde die verenigbaar was met de surrealistische aanpak der dingen. Na uit het Middel-Nederlands het eerste visioen van de Vlaamse mystieke Zuster Hadewijch te hebben vertaald, beging bij de onvoorzichtigheid - het woord onvoorzichtigheid stamt in dit geval van mij - de tekst aan zijn vrienden voor te lezen tijdens een bijeenkomst in het ouderlijk huis van Marcel Lecomte, de Merodestraat 226 in Brussel. De reactie was veeleer koel, want noch een Nougé, noch een Magritte, noch een Scutenaire waren er op voorbereid dergelijke boodschap van numineuse aard op te vangen. De enige die hiertoe eventueel in staat bleek, was misschien Marcel Lecomte...

In ieder geval, de kloof was er. Maar hoe thans nog alle aspecten van het drama achterhalen? De specialisten ter zake - en ik bedoel uiteraard niet de hagiografen van het Belgisch surrealisme - zijn het er volmondig over eens dat de studie van het surrealisme in België nog steeds in de kinderschoenen steekt. Tijdens de aan het surrealisme gewijde decade van Cérisy-Ia-Salle (1966) lokte een uiteenzetting van André Souris (die een omstreden en zelfs in staat van beschuldiging gesteld lid van de groep is geweest) in dit verband een vinnige discussie uit : Ferdinand Alquié, die de debatten leidde, begon met zich af te vragen of men moest spreken van een Belgisch surrealisme dan wel van het surrealisme in België? Hij besloot zijn tussenkomst als volgt: « le groupe belge a non seulement nié J'esthétique et la beauté où Breton les nie, mais encore en plusieurs autres où Breton les accepte » (26). In de flink gestoffeerde studie die André Blavier aan het Belgisch surrealisme komt te wijden schrijft deze kenner ijskoud : « Le surréalisme fut, en Belgique, un fait wallon et plus strictement hennuyer » (27), daarbij uit het oog verliezend dat André Souris zelf uitdrukkelijk heeft bevestigd dat de groep van La Louvière, met Achille Chavée en zijn vrienden, wat tien jaar na de Brusselse groep tot stand kwam en reeds tot de tweede surrealistische generatie behoorde (28). Wat mij betreft wil ik er toch op wijzen dat, ongeacht het feit dat het surrealisme in België hoofdzakelijk door franssprekende of tweetalige jonge intellectuelen gedragen werd, verschillende onder hen – net Iijk dit reeds voor de Belgische symbolisten het geval was geweest – van Vlaamse afstamming waren: Camille Goemans, in Leuven geboren , was de zoon van de bestendige secretaris van de Koninklijke Vlaamse Academie voor taal en letterkunde -; Marc. Eemans, in Dendermonde ter wereld gekomen, publiceerde verschillende dichtbundels in het Nederlands; E.L.T. Mesens, Brusselaar van geboorte, debuteerde in de flamingantische groep « Ter waarheid » waartoe intellectuelen als Joris Van Severen behoorden, en hield niet op, zij het ook wellicht uit provocatie, zich de flamingant van Londen te noemen. En vergeten we niet dat de grote Vlaamse expressionistische schilder Frits Van den Berghe een « surrealistische » periode heeft gekend, terwijl een Rachel Baes zich graag beroept op haar voorouders uit het Waasland en het geschikte klimaat voor haar onbetwijfelbaar surrealistisch werk in het Middeleeuwse Brugge heeft gevonden. Tenslotte verdient het feit vermelding - noblesse oblige - dat Marcel Mariën in Antwerpen het levenslicht aanschouwde.

Wat nu Marc. Eemans betreft, onlangs heeft hij zelf het probleem van zijn toegehorigheid tot het surrealisme gesteld, en verklaard dat hij zonder het surrealisme nooit zou geworden zijn wat hij tenslotte geworden is (29). Volstaat dergelijke verklaring evenwel om in hem een waarachtige surrealist te begroeten? Het probleem lijkt me ingewikkeld, maar toch meen ik die vraag bevestigend te moeten beantwoorden, alhoewel Eemans beslist een speciaal type van surrealist blijkt te wezen. Het ligt in de bedoeling deze stelling in de volgende paragrafen te verdedigen. Alvorens van wal te steken wens ik toch te onderlijnen dat men enkele recente publicaties beslist buiten beschouwing moet laten: het speciaal nummer van het « Journal des Poètes », omdat hier de kaarten vervalst worden door weliswaar op twintig pagina’s negentien auteurs te presenteren maar gelijktijdig verschillende andere belanghebbenden hetzij te verwaarlozen, hetzij te verzwijgen; ook de repliek van Marc. Eemans, die weliswaar enkele nuttige gegevens bevat i.v.m. een met de officiële geschiedenis « parallel » lopende visie, maar die desniettemin bij definitie partijdig moet genoemd worden (30).

Een geldig vertrekpunt zijn m.i. daarentegen bepaalde opmerkingen die José Pierre in Cérisy-Ia-Salle geformuleerd heeft n.a.v. de uiteenzetting van André Souris. Volgens hem is het zo dat het Belgisch surrealisme « s'est développé dans un salon » (in een achterkeuken zou Marc. Eemans zeggen) en beging het de vergissing het stalinistisch verschijnsel te verwaarlozen (31). Zijnerzijds onderstreepte Paul Bénichou enkele thema's « que les Belges n'ont pas vécus, c'est-à-dire l'écriture automatique, le rêve, l'inconscient, le merveilleux » (32). Met andere woorden : de leden van de « Société du Mystère » hebben de inhoud van het Tweede Surrealistisch Manifest van André Breton, waarin zekere theoriën van Leo Trotzky onderduims nawerken, onderschat of onjuist geïnterpreteerd, meer bepaald dan de werkelijke toestand van het communisme in de Sovjet-Unie onder het bewind van Jozef Stalin. Anderzijds is het zo dat in het Eerste Surrealistisch Manifest de Duitse romantiekers buiten beschouwing werden gelaten, terwijl André Breton er in zijn Tweede Manifest expressis verbis naar verwijst, inzonderheid naar Novalis, en bovendien plots een « occultation » van het surrealisme aanbeveelt. Marc. Eemans was bijgevolg zowat de enige in de groep der Belgische surrealisten om, gezien zijn voorafgaandelijke kennisname van en affiniteiten met de auteur van « Die Lehrlinge zu Sais » , de nieuwe denkontwikkeling van André Breton te verstaan en te begroeten. In tegenstelling met wat Bénichou beweerde had hij ten andere al in 1927 in de vorm van een brief aan Irène Hamoir, de latere echtgenote van Jean Seutenaire, een tekst aan het automatisme gewijd.

In de voorgaande bladzijden heb ik gepoogd aan de hand van de feiten aan te tonen dat Marc. Eemans reeds vóór zijn twintigste levensjaar ontstellend veel gelezen had en door sommige vrienden beschouwd werd als een vroegrijp «genie ». Daarom weze het me toegestaan even in te gaan op de esthetische categorie (33) van de vroegrijpheid, de precociteit, waarbij ik onmiddellijk duidelijk wens te stellen dat vroegrijpheid uiteraard gedetermineerd wordt door de aanwezigheid op het geschikte ogenblik van één of meer exogene variabelen, alsook zo nodig van de interventie van een catalysator vanaf het moment dat de creatieve voorwaarden ter beschikking staan. Welnu, de precociteit van Marc. Eemans lijkt me een uitgemaakte zaak, temeer daar ze gepaard ging met een ander verschijnsel: zijn autodidactisme. De oude Grieken onderscheidden de « adidact » (hij die nooit scholing kreeg) en de « heterodidact » (hij die door een leermeester onderwezen werd) van de « autodidact » (hij die zichzelf vormde), en koppelden de creatieve zin aan het autodidactisme, zoals ons een aandachtige lectuur van Homeros leer!. Ofschoon het autodidactisme momenteel in de essentieel « heterodidactische » wetenschappelijke middens een slechte pers heeft, handhaaft het literair en artistiek autodidactisme daarentegen zijn adeltitels: men denke even aan de gevallen Rimbaud en Lautréamont. Terwijl Rimbaud een catalysator vond in de persoon van Verlaine, vond Marc. Eemans de zijne in de André Breton van het Tweede Surrealistisch Manifest. Het was deze Breton die hem zijn statuut van autodidact leerde valoriseren. Nochtans mag uit deze vaststelling niet worden afgeleid dat Eemans een slaafse volgeling van Breton zou geworden zijn. Neen, Eemans heeft Breton ·hoogstens tweemaal ontmoet en dan nog veeleer toevallig ; wèl heeft hij steeds de ontdekte affiniteiten naar waarde geschat en op zijn manier te pas gebracht. In dit verband lijkt het me toch nodig er op te wijzen dat Eemans' affiniteiten met André Breton's denkwereld slechts tot het poëtische en het occulte beperkt bleven, daar Eemans in de loop der jaren, op politiek gebied, totaal andere wegen ging dan Breton. Voor hem blijven de marxistisch getinte bekommernissen van het surrealisme tegennatuurlijke geesteshoudingen, aangezien het dialectisch materialisme, zoals het door de marxisten wordt voorgestaan, hem dialectisch onverzoenbaar lijkt met de surrealistische stellingen, althans met deze van Breton. Deze laatste liggen in de lijn van Novalis' « magisch idealisme » (33). Consequent tenslotte met zichzelf en zijn « onderwerping aan de wereld van de mythen » is Eemans in de buurt van Alfred Rosenberg's « Mythus des 20. Jahrhunderts » beland. Dit werd hem natuurlijk in orthodox-surrealistische middens biezonder kwalijk genomen en kost hem tot op de dag van heden vanwege bepaalde salon-communistische belhamels uit bedoelde middens verguizing, lastercampagnes en zelfs uitgesproken haat.

Wat er verder ook van zij, in het elfde onderhoud dat André Breton in 1952 aan André Parinaud toestond, onderstreepte de grote surrealistische voorman de rol die Friedrich Hegel in zijn denken gespeeld heeft en wees hij er op dat het Tweede Manifest een uitnodiging bevatte « à confronter dans son devenir le message surréaliste avec le message ésotérique » (34). Is het niet merkwaardig dat de vrienden Eemans en Goemans precies in 1930, het verschijningsjaar van het Tweede Manifest, hun uitgeverij Hermes hebben opgericht? Volgens mijn bescheiden oordeel hebben we hier te doen met een expliciete echo van bedoeld manifest en vooral van de kapitale· zin eruit: « Je demande l'occultation profonde, véritable du surréalisme » (35). In·een lange verklarende nota bij deze zin beveelt Breton de studie aan van een aantal wetenschappen met slechte reputatie en geeft hij een verklaring van de liefde die onbetwijfelbaar moet beschouwd worden als een verlengstuk van de hoofse liefde van de middeleeuwse troebadoers (36) : « le renoncement à l'amour, qu'il s'entoure ou non d'un prétexte idéologique, est un des rares crimes inexpiables qu'un homme doué de quelque intelligence puisse commettre au cours de sa déjà bien assez sombre vie» (37). Marc. Eemans zal niet nalaten deze oproep op te zuigen, temeer daar de lectuur van boeken die zijn latere ontwikkeling bepaalden, in casu de « Vita Nuova » van Dante, hem reeds voor deze kijk op de dingen hadden gevoelig gemaakt. En had hij niet de twee verzen onthouden waarmee de Tweede Faust van Goethe eindigt:

« Das Ewig-Weibliche
Zieht uns hinan » (38),

zodat hij wel ontvankelijk moest zijn voor Breton', boodschap van « l'amour fou » ? De problemen van « l'amour fou » en van « l'amour sublime » zullen zijn belangstelling ten andere blijven gaande houden, wat verder zal blijken, zodra sprake is van een door Eemans in 1965 in Knokke gedane mededeling. Er is zelfs meer: in Cérisy-la-Salle heeft René Passeron een belangrijke voordracht gehouden over « Le surréalisme des peintres », waarin hij o.m. laat verstaan dat het surrealisme geen « peinture d'amour » zou hebben voortgebracht, doch hoogstens een variante van het picturaal expressionisme. Welnu, in de veronderstelling dat deze stelling juist is, moet toch Marc. Eemans als de uitzondering worden beschouwd die de algemene regel bevestigt; men denke slechts aan schilderkunstige werken lijk « Tempel van de vrouw », « Flora’s rijk » of de assemblage « Het rijk der strelingen » (38a).

Het is hier het ogenblik om even te verwijlen bij de belangrijke « Lettre sur l'automatisme », hoger reeds geciteerd n.a.v. een door Paul Bénichou in Cérisy-Ia-Salle aan de Belgische surrealisten gericht verwijt. Het betreft een in 1927 geschreven tekst waarin Marc. Eemans, zich beroepend op de theorieën van Freud en van Ivan Pavlov; de psychologie van de droom beschrijft. Onder de onuitgegeven teksten van onze auteur bevinden zich overigens talrijke optekeningen van dromen, onmiddellijk na het ontwaken genoteerd. Volgens de kwestieuze « Lettre » is het onjuist de droomactiviteit te interpreteren als een zuiver psychisch gebeuren, doch moet men er eer een gedachtenassociatie in zien die de menselijke psyche onophoudelijk verwart. De idee dringt slechts in beeldvorm tot het droomnet door, maar zodra de mens in wakende toestand is wordt het psychisch automatisme door de agressiviteit van de praktische rede verdrongen. Aan deze tekst ligt de overtuiging ten grondslag dat het nodig is het Westers denken te revolutioneren, omdat dit den ken vooralsnog té uitgesproken rationalistisch is en opdat de Westerse mens eindelijk zou ontdekken dat de taal meer is dan een conventioneel iets tussen levende wezens, het woord geheel iets anders dan de blote abstractie van een begrip, namelijk de gangsteen die alle creatieve mogelijkheden bevat, een magische draagkracht heeft en invloed uitoefent (39).

Langs zijn beroepsbezigheden om heeft Marc. Eemans inderdaad ook het probleem van de taal aangesneden, en wel via een enkwest over de radiotaal dat bij voor rekening van het weekblad « Radio Belgique » van zijn vriend Florent Gaes (wiens redactiesecretaris hij was) gehouden heeft. Volledigheidshalve meen ik er goed aan te doen de in dat verband aan bekende persoonlijkheden voorgelegde vragenlijst integraal af te drukken:

1. Gelooft U in de wording van een zuivere radiofonische stijl: a) op muzikaal; b) op literair gebied?
2. Op literair vlak zal de radiofonische stijl uiteraard een gesproken stijl zijn, maar kunt U zeggen in welk opzicht deze gesproken stijl zal verschillen van de geschreven en van de gewone gesproken stijl?
3. Gelooft U in de mogelijkheid van een bepaalde ritmische stijl, eigen aan de gesproken taal en toch vergelijkbaar aan de prosodische stijl van de geschreven poëzie?
4. Is U vertrouwd met de wetenschappelijke theorieën die momenteel in de linguïstiek actueel zijn? In bevestigend geval, meent U dat ze op het ontstaan van een zuivere radiofonische stijl invloed kunnen uitoefenen? (40).

Dit enkwest bracht er Eemans toe zich te verdiepen in de problemen van het verbaal automatisme en van de glossolalie. Daarom maakte hij zich vertrouwd met de nieuwe taal-psychologische stromingen en meer bepaald met het mechanisme van de gesproken poëzie, dat sterke verwantschap vertoont met de oerbronnen van de lyrische ontboezeming, zoals pater Marcel Jousse (41) net kwam aan te tonen. In dit verband moet ik ten andere ook de aandacht vestigen op een tekst van Félix Wagner, die een persoonlijke vriend van Marc. Eemans was en in het tijdschrift « Hermès » over de oude noordse poëzie schreef (42) : hier is sprake van de « Kenningar » en van de magische kracht der runen. Vandaar dus de belangstelling van Eemans voor de poëzie als heilige taal en als afstraling van het transcendente. Alle in het tijdschrift « Hermès » verschenen studies convergeren ten andere naar dit centraal probleem, namelijk het geheim van de poëzie als weerkaatsing van het onuitsprekelijke en als supra-rationeel kenmiddel.

In het licht van deze enkele gegevens springt het belang van het tijdschrift « Hermès » reeds in het oog. Het eerste nummer verscheen in juni 1933 en het elfde en laatste is december 1939 gedateerd. Het eerste nummer begint met een « Note des éditeurs » (deze en alle latere inleidende nota's zijn, zoals bekend, van de hand van Camille Goemans), waarin sprake is van een duistere vloed die mystiek en poëzie scheidt en waarin als doelstelling van het tijdschrift de verkenning van dit niemandsland aangegeven wordt teneinde uit te maken of het uiteindelijk om een radicale tegenstelling of om een mysterieuze convergentie gaat. Vanaf het eerste nummer herkent men reeds de diverse aantrekkingspolen die de betekenis van het ganse initiatief hebben bepaald. Eerst en vooral is er een door René Baert en Marc. Eemans gemaakte vertaling van het Eerste Visioen van Zuster Hadewych (hoger reeds vernoemd). Dan volgt een tekst van Jean Wahl over Kierkegaard en het mysticisme. Vervolgens is er een essay van Friedrich Gundolf over zijn meester Stefan George, vertaald door Sacha Goernans - Chigirinsky. Tenslotte zijn er nog een studie van Georges Méautis over de mysteriën van Eleusis, en een artikel van Jacques Masui over yoga en mystiek. Afgezien van het visioen van Zuster Hadewych lijken me de studie over Stefan George en deze over de mysteriën van Eleusis betekenisvol voor de doorslaggevende rol die Marc. Eemans van bij de aanvang qua oriëntering van het tijdschrift gespeeld heeft. Inderdaad is het mogelijk te bewijzen dat enerzijds de Kreis-idee van Stefan George zijn verbeelding steeds parten heeft gespeeld, doch dat anderzijds de aantrekkingskracht van het eeuwige Griekenland - het artikel van Georges Méautis herinnert er ons aan - hem nooit losliet.

Marc. Eemans droomde namelijk ook van een Kreis, zoals Stefan George deze gestalte had gegeven, en op een gegeven ogenblik tijdens de tweede Wereldoorlog heeft hij zelfs gemeend er met zijn vrienden René Baert en Franz Briel de kern te hebben van gevormd. Het was alleszins bij George dat bij zich bewust werd van dat « innere Reich » waarvan de integriteit diende gevrijwaard. En het was aan het magistraal Nietzsche-boek van de George-leerling Ernst Bertram (43) dat hij het beeld van « Ritter, Tod und Teufel », naar de ets van Dürer, als symbool ontleende voor al wat in de menselijke houding zonder vrees moet zijn, en in deze van de dichter gekant tegen de valstrikken van het leven . Andere boeken van Bertram, vooral « Das Nomenbuch », hebben stellig de « noordse » blikrichting van Eemans' denken medebepaald, alhoewel er langs de andere kant steeds Griekenland blijft dat in de geest van de kunstenaar noordelijke nuanceringen aanneemt en dit via de poëzie van Hölderlin en de bespiegelingen van Nietzsche over de oorsprong van de Griekse wijsbegeerte en het Griekse treurspel. Erwin Rhode's « Psyché » had Eernans' denken trouwens al naar een esoterische interpretatie van de Griekse wereld gedraineerd. De « permanence de la Grèce » is voor hem geen droombeeld en zijn surrealistische vriend Paul Colinet noemde hem niet zonder reden « Marc le Grec ». Men bekijke ten andere de landschappen die de aehtergrond vonnen van zijn schilderkunstig werk: het zijn zuiderse streken. En vergeten we evenmin dat Eemans gecorrespondeerd heeft met de Griekse dichter Angelos Sikelianos over de delfische spelen die deze laatste nieuw leven wilde inblazen: jammer dat deze briefwisseling verdwenen is (44).

Maar middelerwijl zijn we van het tijdschrift « Hèrmes » afgedwaald. Onder de medewerkers citeer ik lukraak de wijsgeer Jean Wahl, André Rolland de Renéville die het boek « Rimbaud le Voyant » schreef (45), Denis de Rougemont (cfr. voetnota 36), de oriëntalisten Emile Dermenghem en Henry Corbin, alsook de denker Bernard Groethuysen. Voorts was er nog de dichter Henri Michaux die gedurende ettelijke jaren als hoofdredacteur fungeerde ; René Baert en Marc. Eemans waren de directeurs van de ganse onderneming. « Hermès » wijdde speciale nummers aan de mystiek in de Nederlanden (een realisatie van Marc. Eemans), aan Meester Ekkehard (hoofdzakelijk te danken aan de vlijt van Groethuysen), aan Ruusbroec, aan de mystiek van de Islam (samengesteld door Henry Corbin). Dankzij de competentie van Henry Corbin maakte « Hermès » het Franstalig publiek ook voor het eerst met de Duitse existentialisten Martin Heidegger en Karl Jaspers bekend. Deze introductie van het Duits existentialistisch denken en meer bepaald van de wijsbegeerte van Heidegger opende ook voor Eemans zelf nieuwe perspectieven, want Heidegger is immers niet alleenlijk de auteur van « Sein und Zeit », doch ook de schrijver van geleerde bespiegelingen over de poëzie van Hölderlin en van de voordracht « Wozu Dichter? », uitgesproken in gesloten kring n.a.v. de twintigste herdenkingsdag van Rilke's overlijden op 29 december 1926 (46).

Rond 1938 kwam Marc. Eemans klaar met zijn dichtbundel « Het bestendig verbond » waarvan een fragment onder de titel « Wola’s visioen » terstond gepubliceerd werd (47). De naam van Wola de Zienster werd ontleend aan de Edda waarvan Eemans benevens twee Franse vertalingen - o.m. deze van zijn reeds vermelde vriend Félix Wagner - ook de uitstekende Nederlandse versie bezat van de Nederlandse germanist Jan De Vries, hoogleraar aan de Universiteit van Leiden, die hij later tijdens een door « Ahnenerbe » georganiseerd colloquium persoonlijk leerde kennen. Maar terwijl de verzen van de IJslandse dichter op de godendeemstering betrekking hebben, wil Eemans' gedicht de essentiële eenheid onderstrepen die volgens hem bestaat tussen mystiek en poëzie dank zij « de minne » of de bovenvleselijke liefde (48), of nog dank zij de « orewoet » of het mystiek orgasme. De bundel « Het bestendig verbond » verscheen in 1941 bij de Brusselse uitgever Julien Bernaerts, beter gekend onder de naam Henry Fagne. De tekst werd voorafgegaan van een geleerde inleiding over het thema « Marc. Eemans en de metaphysische dichtkunst » (49), geschreven door de Vlaamse essayist Urbain Van de Voorde. In deze inleiding worden mystiek, wijsbegeerte en poëzie als een soort trias voorgesteld met het mythe-begrip als centrale kern. In vroegere tijden waren inderdaad de priester, de magiër en de dichter meestal één en dezelfde persoon, terwijl in het presocratische Griekenland de wijsgeren doorgaans ook dichters waren. Sindsdien overwoekerde het discursief steeds meer en meer het sacraal denken, dat in voortdurende verbinding staat met het numineuze. De wereld geraakte voortdurend meer gerationaliseerd, het heilige en het numineuze werden steeds vlugger tot de rol van esoterische godsdienstigheid gereduceerd en zelfs de wijsbegeerte ontaardde allengs tot een geheel van min of meer schijnbare speculaties, een toestand waartegen Nietzsche en Heidegger vinnig gereageerd hebben. Slechts de poëzie, ten minste zij die deze naam waardig is, is nog draagster van een stukje van het sacrale, en deze poëzie neemt dan metafysische allures aan door beeld en idee tot een synthese te versmelten.

In agnostische middens maakt men zich meestal een verkeerde voorstelling van het begrip sacraal en à fortiori ook van het wezen van de mystiek. In deze kringen denkt men daarbij welhaast automatisch aan superstitie en aan de bekende uitspraak van Marx: « opium voor het volk ». Toch is het onjuist godsdienst, kwezelarij en de zin voor het heilige door elkaar te haspelen. In 1917 verrastte Rudolf Otto de wereld der deskundigen met zijn boek « Das Heilige » waarin hij voor het eerst de notie « numineus » omschreef (50). Omwille van zijn stelling de weerden « God » en « godsdienst » vermijdend, was het er hem om te doen de vormen van de bij definitie niet-rationele religieuse ervaring te analyseren. Geplaatst tegenover het heilige kent de mens twee divergerende gevoelens: een gevoel van angst t.o.v. het « mysterium tremendum », de mysterieuse majesteit van al wat zijn begrip te boven gaat en ·het Onkenbare uitmaakt; en een gevoel van nederigheid t.o.v. het « mysterium fascinans », de aantrekkingskracht die het bovenaardse op hem uitoefent. Deze twee gevoelens zijn « numineus », d.i. hun oorsprong berust in het gans Andere en zij herinneren er de mens aan dat hij slechts een bijkomstig iets is in de oneindigheid van ruimte en tijd . Tijdens bepaalde bevoorrechte ogen blikken slaagt er de mens evenwel in zijn menselijke begrenzing te doorbreken, buiten zichzelf te treden, verrukking te leren kennen , een toestand die intreedt onmiddellijk na wat men in de mystieke literatuur de « duistere nacht » noemt, de nacht van de ziel. Het is geenszins nodig in God te geloven, maar abstractie maken van zijn inauthentisch leven volstaat om dat te ervaren, lijk Heidegger zegt.

Meer dan één volstrekt areligieus auteur heeft ons bericht over ervaringen die gelijkenis vertonen met deze der mystiekers. Aldus Pierre Drieu la Rochelle die bekent in 1914, tijdens twee gevechten met het blanke wapen, een extase te hebben gekend « que tranquillement je prétends égale à celles de sainte Thérèse et de n'importe qui s'est élancé à la pointe mystique de la vie » (51). Ernst Jünger, een andere oudstrijder 1914-18, heeft uitvoerig gehandeld over verschillende aspecten van de oorlog als inwendige ervaring (52). De auteur van « Das Wäldchen 125 » en van « In Stahlgewittern » gebruikt herhaalde malen het woord « Rausch », roes, mystieke dronkenschap, om een staat of toestand aan te duiden die plots intreedt na het stellen van een daad die nochtans niets ritueels of magisch heeft. Men denke ook aan de extatische gevoelens die de drugs kunnen opwekken (53) en men herinnere zich de onbetwistbaar « mystieke » ervaring van de bekende « nuit de Gênes » die Paul Valéry tijdens een verblijf in de ligurische hoofdstad heeft gekend. Als curiosum signaleer ik nog terloops dat de mystieke geschriften van Meester Ekkehard destijds heruitgegeven werden door de marxist Gustav Landauer, één der sleutelfiguren van de Beierse « Räterepublik » van 1919 (54) !

Alhoewel de « mystieke » ervaring die Eemans in zo hoge mate interesseerde zowat de antipode vormde van de bekommernissen van de leden van de « Société du Mystère », was zij nochtans helemaal niet vreemd aan het surrealisme zoals het door Breton werd opgevat. Victor Crastre, groot kenner van het werk en van de denkontwikkeling van Breton, handelt in één zijner studies over « surréalisme et ésotérisme ». Vanzelfsprekend onderlijnt hij dat een streng onderscheid dient gemaakt tussen de religieuse geest die niet noodzakelijk mystiek hoeft te zijn, en de mystiek die niet noodzakelijk religieus dient te wezen doch verschillende gestalten aannemen kan: de erotische, de poëtische em. In dit verband ben ik zo vrij te verwijzen naar de stellingen van Lucien Lévy-Bruhl, die door Marc. Eemans gekend waren en terugslaan op het « prelogisch » denken der primitieve samenlevingen en dat de socioloog zelfs « mystique » noemde (55) . Crastre is getroffen door die zin in het Tweede Surrealistisch Manifest waarin Breton spreekt over dat opperste punt « où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable cessent d'être perçus contradictoirement » (56). Betekenisvol is derhalve zijn opmerking nopens een quasi-gelijkenis tussen het denken van Breton en dat van de wijsgeren en mystiekers uit de Middeleeuwen (57). De aandachtige lezer zal op zijn beurt een quasi-gelijkenis vaststellen tussen de ideeën van André Breton en deze van Marc. Eemans. Vermits ik hoger reeds de interventie van Paul Bénichou op het colloquium van Cérisy-la-Salle vermeldde, meen ik deze interventie thans in zoverre te mogen vervolledigen dat, behoudens Marcel Lecomte, Marc. Eemans de enige Belgische surrealist was die de boodschap van het Tweede Manifest werkelijk heeft gehoord en voortaan op zijn manier een surrealisme heeft geleefd dat parallel loopt aan datgene wat officieel voor Belgisch surrealisme doorgaat. André Blavier heeft het ook wel zo gezien waar hij schrijft: « A l'exception de Lecomte, en effet, les surréalistes en Belgique ne manifesteront, à l'inverse aussi de Marc. Eemans, collaborateur d' « Hermès » et plus tard un des participants à «Fantasmagie » qu'un intérêt limité et critique pour les arcanes et les ésotérismes constitués » (58).

Het loont nochtans de moeite even te zien hoe E.L.T. Mesens, een der trouwe vrienden van Eemans, gereageerd heeft op diens « surréalisme parallèle ». Hij verwijt Eemans een evidente geestesverwarring - zelfs op politiek vlak - die hem naar een « culte mystico-panthéiste dont l'expression est symboliste et ne peut rien avoir en commun avec la réduction des antinomies que le surréalisme s'est toujours proposé » (59) leidde. Ik kan die aanval slechts ontzenuwen door beroep te doen op de autoriteit van Serge Hutin, die namelijk getuigt wat volgt: « Pour qui connaît le sens profond de la démarche d'un Marc. Eemans, il ne sera guère difficile de faire justice de semblables reproches, même si certaines de ses oeuvres, voire même si toute l'allure de sa démarche, semblent «l'incliner, en dépit d'un athéisme foncier et essentiellement irréductible, vers un "culte mystico-panthéiste" dont l'expression peut paraître "symboqu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, cessent d'être perçus contradictoirement" (Manifestes, p. 92) ne pourrait-elle avoir quoi que ce soit de commun avec cette réduction des antinomies qui serait le but de toutes les démarches liste" . Et d'ailleurs, en quoi cette démarche, qui procède en ligne droite de cette affirmation d'André Breton : « Tout porte à croire surréalistes? » (60).

Het ware wenselijk alles te citeren wat Hutin over dit onderwerp schrijft, maar ik beperk er me toe hem even te volgen waar hij Eemans' « prométhéisme » beklemtoont en daarbij herinnert aan het feit dat laatstgenoemde in de puberteitsjaren diep getroffen werd door het beroemde vers van de Hollandse symbolist Willem Kloos: « Ik ben een God in het diepst van mijn gedachten ». Hutin knoopt hier de volgende uitspraak van André Breton aan vast: « Il ne s'agit que de rendre à l'homme toute la puissance qu'il a été capable de mettre sur le nom de Dieu» (61). Wil men Eemans een zeker confusionisme (juister ware: syncretisme) in de schoenen schuiven, dan vraagt men zich af waarom men dergelijk verwijt niet aan het adres van André Breton richt, aan het adres van hem die de indruk geeft voortdurend in zijn eigen denkproces verloren te lopen en niet de uiterste consekwenties te durven trekken, terwijl toch Eemans, volkomen consekwent met zichzelf, bereid er zelfs de meest nadelige gevolgen van te verdragen, « au bout de la nuit » is gegaan, want waar hij slechts een chiliastische « verrukking » bespeurde, zagen zijn vijanden geheel iets anders dan een geestelijk peilen...

Op het ogenblik dat hij zijn bundel « Het bestendig verbond » drukklaar maakte leerde Eemans - dank zij zijn vriend, de Vlaamse dichter Wies Moens - het boek « Der Geist des Ganzen » van Julius Langbehn (62) kennen. Dit boek is in werkelijkheid een verzameling van artikels die tussen 1902 en 1906 geschreven werden door hem die men in Duitsland de « Rembrandt-Deutsche » pleegt te noemen. Het boek verscheen ten andere posthuum dank zij het toedoen van Langbehn's intieme vriend Benedikt Momme Nissen. Langbehn onderzoekt het totaliteitsconcept vanuit de betekenis van het Griekse woord « katholon ». Volgens hem werkt het « geheel » in functie van de ondergeschikte delen en manifesteert het zich in deze laatste; ieder ouderdeel werkt anderzijds binnen het kader van bet « geheel » en kan slechts bestaan in functie ervan. Het « kwaad » is afwijking, negatie of baat van de organische totaliteit in de mens en in de tijdelijke ordening der dingen; het « kwaad » brengt tweedracht en wanorde teweeg, zodat al wat zich tegen de geest van het « geheel » verzet, spanning schept en in strijd ontaard!. Opdat de geest van totaliteit heerse is nodig dat de intellectuele halfslachtigheid verdwijne, want zij is het resultaat van mensen zonder ruggegraat noch karakter, van mensen zonder binding met de bron van alle scheppingsdrang die toch het authentisch leven is van hem die de totaliteit van zijn menselijk bestaan aanvaardt. Langbehn herinnert er aan dat de Latijnse woorden « vis », « vir » en « virtus », hetzij kracht, man en deugd dezelfde woordstam hebben. De werkelijk echte mens is gelijktijdig kracht en deugd, en streeft er naar « Uebermensch » te worden via een terugkeer naar de bronnen, lijk het ons de mythe van Antaios leert. « Het bestendig verbond » is het verbond tussen de mens en de elementen: de lucht, de aarde, het water en het vuur. Maar het is vooral het verbond met zijn diepste essentie, wat het motto van de bundel verklaart, een woord van Sint Augustinus namelijk: « Quaere super nos », motto dat de Vlaamse dichter Cyriel Verschaeve graag had vervangen gezien door een « videntem videre », lijk hij Eemans persoonlijk schreef.

Aangekomen op de plaats die Dante in het begin van zijn Inferno de « mezzo del cammin di nostra vita » (63) noemt, moest ook Eemans doorheen « una selva oscura » (64) maar instede van aan wanhoop ten prooi te vallen maakte hij er een nieuwe bestaansreden van, een reden om intens in het diepst van zijn « empire intérieur » te leven. Het is een periode van bezinning en meditatie, maar ook van onverdroten intellectueel labeur, vermits hij in deze jaren een dichtbundel in prozavorm « Hymnode » (65) voltooide en in het Frans zowel een essay van de Nederlandse dichter P.N. Van Eyck « Over leven en dood in de poëzie » (66) als de « Beginselen der chemie », dit merkwaardig werk van de Vlaamse dichter Karel Van de Woestijne, vertaalde (66). Ook was het dan dat hij een « Dagboek » hield, waarin hij een vijftigtal dromen optekende, dromen die niet zo zeer nachtmerries dan wel verlengstukken van zijn intellectuele bezigheden waren. Ik denk o.m. aan een door zekere paragrafen uit Ernst Jünger's boek « Das abenteuerliche Herz » geïnspireerde droom (68), of aan die andere droom die uitgesproken antisartriaans getint was. Maar er bestaat bovendien - steeds uit diezelfde periode - een geestelijk dagboek: elf schriften met zowat 265 paragrafen van ongelijke lengte. Eemans noteerde dag-in dag-uit wat hem interesseerde op grond van intense lectuur: nota's, diverse opmerkingen. Het geheel draagt de titel « Perpetuum mobile » en moest eigenlijk een soort « poesophia perennis » worden. Het vertrekpunt zijn telkens gedachten van zijn lievelingsauteurs van weleer: Ruusbroec, Spinoza, Herman Gorter, Jakob Boehme, Friedrich Nietzsche, Jean Wahl, Martin Heidegger, waar nu nieuwe namen bijkwamen: Vladimir Soloviev, Nikolai Berdjajev, Gustave Thibon, J.C. Jung enz. Het hoofdthema van deze « poesophia » is het zoeken naar de « deus absconditus », het numineus beginsel. N.a.v. één zijner bedenkingen bekent Eemans ootmoedig dat de beschrijving van de hel volgens Dante en zijn illustrator Botticelli hem steeds zodanig fascineerde dat hij er rillingen van kreeg. Boehme bracht hem het onderscheid bij tussen de voor de mens onkenbare God, zelfs wanneer hij zich tot op de hoogste top pen der mystieke extase verheft, en de « deus sive natura naturans », kenbaar voor de mens via de schepping en geïncarneerd in dat « empire intérieur » van de mens waarin deze laatste zichzelf ontdekt aIs « een God in het diepst van zijn eigen wezen » Is dat geen echo van het « ella provede, giudica, e persegne / suc regno come il loro gli altri Dei » (69)?

Deze onsamenhangende notities bevatten bovendien waardevolle indicaties nopens Eemans' conceptie van de liefde. Volgens de kunstenaar overtreft het erotische ver de louter sexuele daad (par. 72) en is de « homo eroticus » heel wat anders dan een pervers iemand, bezeten door vleselijke begeerten: « voyant » in plaats van « voyeur » (par. 73). Na in de "Signatura Rerum » van Jacob Boehme de fundamentele notie « lubet" te hebben gevonden, die hij vrijelijk ais gesublimeerde libido (par. 74) interpreteerde, beschrijft Eemans de « homo eroticus » ais zijnde gedreven door zijn « lubet » om zich van de liefde-ascese te bedienen teneinde aan zichzelf ten onder te gaan (par. 75). Rémy de Gourmont spande zich in zijn brochure « Dante, Béatrice et la Poésie amoureuse » in om aan te tonen dat Dante's Beatrice slechts een na te streven ideale voorstelling was. Ik geloof niet dat Eemans het daar helemaal mee eens is en de vleselijke koppeling wil bannen. Ik ben er integendeel van overtuigd dat hij eer bereid ware de visie van John Donne, die dichter van de echtelijke liefde, te onderschrijven. Het betreft de volgende beschrijving in het gedicht « Extase » :

« When love, with one another so
lnteranimates two soules,
That abler soule, which thence doth flow,
Defects of loneliness controules » (70).

Terwijl het « eroccultisme » van een Strindberg sterk beinvloed werd door Swedenborg (71), geldt voor Eemans dat zijn ideeën qua erotiek, culminerende daarenboven in een veredeld vitalisme, rechtstreeks uit de wereld der mystieken en heel speciaal uit deze van Boehme stammen.

Boehme leerde Eemans tevens dat, lang vóór het « panta rhei » der presocratici, er al het subliem Punt was dat reeds bestond voor de verschijning van God (par. 168). Is het niet eigenaardig onder de pen van onze eenzame kunstenaar dit « gierig » geloof in een mysterieus Punt terug te vinden , een Punt waaraan Breton in zijn Tweede Manifest zo vasthield en dat we bij een Teilhard de Chardin terugvinden? Ook moet hier het Leitmotiv liefde en dood, of in de freudiaanse terminologie eros en thanatos, vermeld worden, dat in Eemans' werk constant aanwezig is. Wat er verder ook van zij, de nota's van « Perpetuum mobile » bevatten voorts nog reflexies over de metafysische verhouding tussen het zuiver denken en het wezen van de poëzie. Volgens Eemans zou iedere ware poëzie oorspronkelijk een geheime theologie moeten zijn, een intuïtieve theologie die de theogenetische eigenschap van de mens - zichzelf als een « heilig mysterie » beschouwen - ophemelt. Reeds Boccaccio beweerde in zijn commentaar bij de « Divina Commedia » dat poëzie theologie is. In den beginne was het Woord en het Woord is via de poëzie vlees geworden (par. 174). Eemans ontleent aan Jean Wahl twee neologismen van groot belang: « métaphète » en « ontophilie ». Dan noemt hij de poëzie een « métaphétie ontophilique » om aldus de sleet te ontlopen die zich heeft meester gemaakt van de poëzie in het algemeen en van het woord in het biezonder. Met één slag geeft onze kunstenaar dus aan de poëzie haar originele functie van geestelijke oefening teug (par. 248). Het woord « numineus » komt in deze nota's slechts incidenteel voor (cfr. par. 150 en 152), maar men voelt dat het alom tegenwoordig is van zodra het er op aankomt de diepere zin van de poëzie - die ook liefde is - te definiëren.

Ofschoon Marc. Eemans in zijn nota's « Perpetuum mobile » reeds de hoofdtrekken van zijn « poesophia perennis » schetste, vinden we deze ongeveer twintig jaar later terug in een mededeling die hij deed op de in Knokke in september 1965 gehouden 7e Internationale Biënnale van de Poëzie. Deze mededeling handelde over « La poésie et le monde des sentiments » en is niet enkel interessant op zichzelf, maar ook en vooral omdat ze de mogelijkheid biedt na te gaan hoe Eemans, ongeacht de beproevingen die hij doorstond, zichzelf trouw bleef, overeenkomstig het devies van de laatste ridderorde waarop hij al zijn hoop had gevestigd : « Meine Ehre heisst Treue ». Trouw aan de liefde in zoverre ze een opening naar alle mogelijkheden toelaat (72). En de poëzie, zo betoogt Eemans, is de plaats van alle liefde en sluit ipso facto al uit wat laag-bij-de-gronds en onderduims is. Ingaande op de haat en de woede verklaart hij onmiddellijk dat deze twee neigingen niet tot de wereld van de poëzie kunnen behoren: « La haine et la colère n'appartiennent en fait qu'aux réalités néantissantes et vont à la l'encontre de celles qui tendent vers l'absolu, c'est-à-dire vers le dépassement même de l'homme en direction du mystère absolu que nous avons coutume d'appeler Dieu, mais qui n'est en vérité que le mystère de notre plus profond nous-même» (73).

Na een korte verwijzing naar het door Jules Monnerot aan « La poésie moderne et le sacré » (74) gewijd essay, en na Benjamin Péret tot tweemaal toe te hebben geciteerd, riep Eemans vervolgens uit: « L'Amour et rien que l'amour, voilà bien l'origine et l'essence de toute poésie, -non pas l'amour sordide, mais l'amour total, corps et âme, l'amour dévastateur, celui qui, par delà le sexe, conduit au tout amour, à l'amour au-delà de l'amour » (75). En de toespraak eindigde met een hernieuwde bevestiging van het geloof van de kunstenaar in het magisch idealisme van een Novalis. In 1959 publiceerden Serge Hutin en Friedrich Markus Huebner ten andere een brochure over de kunst en het denken van Eemans waarin de schilder en dichter uitdrukkelijk als « gnostisch » wordt betiteld (76). Om dit kwalificatief begrip naar waarde te schatten is het nuttig te verwijzen naar een in april 1966 in Messina gehouden colloquim over de oorsprong van het gnosticisme. De specialisten ter zake kwamen o.m. tot de bevinding dat het beter is het woord « gnosis » te gebruiken wanneer het gaat over de aan een elite gereserveerde kennis van goddelijke mysteries, onafhankelijk van tijd en ruimte, en van « gnosticisme » te spreken wanneer men het heeft over een geheel van coherente denksystemen uit de tweede eeuw onzer tijdrekening (77). In antieke godsdiensten bestonden enkel mysteries voor de niet-ingewijden, zodat het arcanum automatisch in gnosis veranderde zodra het bij de ingewijden of de wijzen terechtkwam. Maar er is ook de « docta ignorantia » van een Nikolaus van Kues waarover paragraaf 133 van « Perpetuum mobile» handelt: Eemans analyseert de begrippen « apophatisch» en « kataphatisch » om te belanden bij de twijfel, deze voor hem zo karakteristieke aporie: bestaan we werkelijk, zijn we niet slechts schijn en « representatie », om schopenhaueriaanse termen te bezigen?

Ja, die « docta ignorantia » ... Maar is het een voldoende reden om zich aan de onwetendheid over te geven en te doen als-of? Eemans schijnt ons veeleer te zeggen: laat ons liever een nieuwe gnosis opbouwen, een gnosis die iets ontleent aan alle gnostische tradities die de én mystieke én mythische verbeelding van de mens hebben onledig gehouden en die hem telkens aanwakkerden om opnieuw te geloven in de almacht der ideeën. Ben gnostische proeve in die zin is ongetwijfeld Marc. Eemans' « Boek van Bloemardinne », het resultaat van een uitdaging van de vrouwelijke kunsthistoricus en neuroloog Juliane Gabriëls en handelend over de Brusselse ketterin uit de 14e eeuw Bloemardinne die de venusiaanse liefde onderwees vanop een zilveren spreekgestoelte. Men zou niet eens haar bestaan hebben vermoed, ware het niet dat Pomerius deze heterodoxe mystieke vrouw in zijn Ruusbroec·biografie in enkele regels veroordeeld had (78). Maar deze weinige regels volstonden voor Eemans om één der meest originele en meest diepzinnige werken van de moderne Nederlandse literatuur te schrijven (79). Het betreft geen proeve van reconstructie van het denken van Bloemardinne, maar veeleer zijn het contrapunctische variaties op mystiek-esoterische thema's, bij zoverre dat Bloemardinne zowel commentaar levert op deze of gene uitspraak van Ekkehard als zekere beweringen van Nietzsche verwerpt. Er komen zinspelingen op Tanchelin, die andere Middelnederlandse ketter, in voor en men vangt echo's op van Hermes Trismegistos en uit de « Divina Commedia » van Dante. Toch is het alles behalve een zuiver cerebrale uiteenzetting, ja in werkelijkheid een levendig geschrift vol poëtische nuances binnen een welomlijnd decor : de middeleeuwse hoofdstad van het graafschap Brabant met het woud in de onmiddellijke omgeving, waar Ruusbroec zijn « Die Chierheit der gheesteleker Brulocht » en andere bewonderenswaardige werken schreef.

In « Het Boek van Bloemardinne » komen ook visioenen en beschrijvingen van zuivere magie voor en dat alles is geschreven in een taal die Friedrich-Markus Huebner van Eemans deed getuigen dat hij de « sprachmächtige Dolmetscher zeitloser Erkenntnisse » is. Aan dezelfde bron ontsproot in 1956 « Hymnode ». (80), een ander werk vol bliksemschichten, dat voorafgegaan wordt van een « psychomachia » en gevolgd door een « Na-wereldse minnezang ». Deze laatste eindigt met het fatalistisch « en Eros Thanatos... », waarover hoger reeds sprake was; er mag trouwens in dit verband gewezen worden op de slotzin van een andere publicatie van Eemans: « Ah que la mort soit nôtre, et qu'elle est douce... » (80a). Hoe en waar dergelijke werken onderbrengen of catalogeren? Zijn het uitingen van die « culte mystico- panthéiste dont l'expression est symboliste » die Mesens aan Eemans verweet? Op het eerste zicht zou men geneigd zijn ·bevestigend te antwoorden, maar bij nader toekijken merkt men dat het « poëtische collages » zijn zonder het minste symbolistisch achterplan, want opdat er van symbool sprake kan zijn moet voorafgaandelijk « une signification conventionnelle » bestaan en is tevens nodig dat de verwoorde zaak in de plaats staat van een verborgen zaak die men tracht te sensibiliseren bij middel van een metafoor of een allegorie, zodat de ingewijden haar kunnen interpreteren en begrijpen. Niets van dat alles bij Eemans: er is slechts zijn persoonlijk denkklimaat, een klimaat dat gelijktijdig mythisch en metafysisch is, maar vooral poëtisch en dus magisch; om dat klimaat tot uitdrukking te brengen bedient hij zich van beelden en woorden die geen plaatsvervangende functie vervullen doch er enkel staan voor zichzelf met al het « gewicht » dat hen kenmerkt. Voor Eemans is een hond b.v. geen symbool van trouw of aanhankelijkheid, maar «een viervoeter die behoort tot de soort der op tenen lopende vleesetende zoogdieren », en is er een hond in één zijner werken aanwezig, dan is het niet iets alledaags, doch een aanwezigheid omringd met een soort lichtkring om die hond beter te plaatsen in een transcenderend klimaat dat niets gemeen heeft met welkdanige symboliserende bekommernis dan ook. Eemans' poëtische en mythische, alias mystische bronnen zijn van diverse aard en om het in feite uiterst « simplistisch » mecanisme van zijn poëzie te leren kennen volstaat het na te gaan hoe hij zonder enig vooroordeel zijn schijnbaar « diepzinnig » schilderwerk componeert : de lichaamsvormen van een vrouwelijk naakt verleiden hem b.v. wegens de zuiverheid van de lijnen, een andere vorm zal hem evenzeer bekoren en zo komt hij er toe een harmonieus amalgaam te smeden zonder te hebben moeten beroep doen op de platgelopen schablone van de toevallige ontmoeting... Iedereen weet wat Lautréamont bedoelde. De « fantasmagische » schilderes Elisabeth Geurden, een zijner vriendinnen, verwijt trouwens aan Eemans dat hij zijn inspiratie zoekt bij de naakte dametjes uit « Playboy » en « Lui » !

Neen, Eemans doet geen beroep op het fantastische of het monstrueuse, maar wel op het poëtische van wat Novalis het « magisch idealisme » noemde, d.i. het wonderbare, dat « merveilleux » dat André Breton zo graag tegenover het « mystère » plaatste (81). Toch sluit één en ander niet uit dat Eemans ook aan humor doet en Magritte soms op eigen terrein verslaat, zoals kunstcriticus Georges Fabry deed opmerken (82). Dan stoot men op zo iets lijk wijsgerige persiflage: in « De stelten van de wijsgeer » (sc. Bergson) b.v. of nog in « Cette pipe est bien une pipe » (een assemblage bij middel van een echte pijp). Hetzelfde klimaat van humor vinden we terug in « Paul Delvaux schildert de therapeut van Magritte » : één der duiven van Magritte werd vervangen door een vrouwtje van Delvaux, terwijl Magritte poseert, zijn hoed stevig op het hoofd... Het is een waarachtig werk van durf en uitdaging. - Maar om naar de Marc. Eemans van het « magisch idealisme » terug te keren, heeft dat idealisme iets gemeens met de surrealistische orthodoxie? Welnu, hier kan worden verwezen naar het oordeel van Gérard Legrand, de jonge medewerker van André Breton toen die zijn boek « L'art magique » samenstelde. Legrand zegt woordelijk dat twintig eeuwen vroeger, in de Syrische woestijn en aan de boorden van de Nijl « vécurent des hommes dont le mouvement de pensée présente avec le nôtre de si frappantes affinités que plusieurs d'entre nous n'ont pas manqué, tout étrangers qu'ils soient aux études spécialisées généralement requises en pareil cas, s'intéresser à eux » (83). Waarom dan verbaasd opkijken bij het vernemen dat Eemans zich voor esoterische en mystieke literatuur interesseert, en waarom zich opwinden wanneer men vaststelt dat zijn intellectuele ontwikkeling, zijn geestelijke queste volkomen in de lijn van het zuiverste surrealisme liggen?

Laat ons een moment de tekst van André Breton over de magische kunst bekijken. Die tekst is uiteindelijk niets anders dan een verlengstuk van het magisch idealisme van Novalis, van het idealisme dat aan de oorsprong ligt van Eemans' geestelijke evolutie. In Breton's tekst komen talrijke zinnen en opties voor die Eemans even goed , zou kunnen geschreven hebben. Ik vestig evenwel zeer speciaal de aandacht op de volgende passus: « La conception de l'oeuvre d'art comme objectivation sur le plan matériel d'un dynamisme de même nature que celui qui a préside à la création du monde s'éclaire d'une lumière particulièrement vive chez les Gnostiques» (84). Men heeft als het ware de indruk een zin te lezen uit het « Perpetuum mobile » van Eemans...

In het licht van wat vooraf gaat kan men zich rekenschap geven van de wereld die het denken van André Breton en Eemans scheidde van dat van de leden van de « Société du Mystère ». Marcel Mariën heeft zelf in een interview dat hij enkele jaren geleden toestond aan Christian Bussy n.a.v. een reeks uitzendingen van de R.T.B. over het surrealisme, in weinige woorden bevestigd dat er verschillen « et même des différences fondamentales » bestaan hebben tussen de Belgische surrealisten en het door Breton verdedigde surrealisme (85). Het betrof vooral de doeltreffendheid van het poëtisch experiment. En Mariën, na gesproken te hebben over het verschil in opvatting tussen Breton en Eluard over de essentie van de poëzie, onderlijnde dat de « Belgische » conceptie nauw verwant was aan deze van Eduard, volgens wie « le poète .est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré » (86). Vandaar dat Mariën besloot: « Pour Nougé, pour Magritte, jamais il n'a été question de concevoir autrement l'activité poétique que sous l'angle de la préméditation, c'est-a-dire de l'invention d'un objet (poème ou image peinte) susceptible de toucher, de bouleverser le lecteur, le spectateur. Une telle démarche, il va sans dire, exclut le hasard en tant que facteur primontial. Elle réclame une attention soutenue, la méditation prolongée, des précautions, des ratures, des reprises, une hésitation, une prudence infinies » (87).

Mariën ging dan verder als volgt: « Or Breton, à partir de l'expérience de l'écriture automatique, a construit une théorie, un véritable système philosophique qui élève l'inspiration naïve au rang de vérité, ce qui l'englue à mon sens dans la mystique » (88). Kortom, net lijk Eemans, is ook Breton in de mystiek « vastgelopen » ... Vanzelfsprekend zijn de leden van de « Société du Mystère » nooit op die manier «vastgelopen» want in hun geval - Marcel Lecomte en Camille Goemans niet te na gesproken - was het qua inspiratie altijd erg mager gesteld. Men mag zelfs beweren dat iedere vorm van metafysica hen a priori verdacht voorkwam. Men moet slechts enkele hunner werken lezen om te merken dat ze dichter bij de scherts dan bij de « geestelijke bruiloften » staan. Overigens waren de afleveringen van « Fantômas » van Marcel Allain en Pierre Souvestre, alsmede de « Série noire » van Gallimard één der meest geliefde « nourrituresterrestres » van René Magritte. Niet de minste belangstelling voor shi-itisch Iran b.v. zoals het ons Henry Corbin schildert in « Terre céleste et corps de résurrection » (89) ; evenmin trouwens voor de « Cantos » van Ezra Pound (90).

Bepaalde iconografische documenten spreken boekdelen over de geestesgesteldheid van de leden van de « Société du Mystère » ; zo de foto « Le rendez-vous de chasse » waarop men van links naar rechts Mesens, Magritte, Scutenaire, Souris en Nougé herkent en, in zittende houding, drie hunner dames: Irène Hamoir, Marthe Nougé en Georgette Magritte. Het is de banaliteit, de mediocriteit van kleine provinciemensen die tot de rang van ideaal verheven werden, terwijl Marc. Eemans er prat op kan gaan - of kan gaan - zich door Paul Colinet « Marc le Grec » te laten noemen, of « Marc l'Echanteur » door de Franse dichteres Anne-Marie De Backer. In de ogen van de kunstcriticus Stéphane Rey lijkt hij « un peu comme un prince germanique, sorti de l'ombre ou du tombeau, porteur d'un message de l'autre monde. Mage et prophète, sorte de revenant chargé de sortilèges » (91). Wat kan ik nog toevoegen aan dit magisch portret van hem waarvan ik gepoogd heb de denkontwikkeling te schetsen tot aan de einders van de wereld die de onze is? Zijn leven lang bleef hij trouw aan zich zelf: dergelijke continuïteit kan verrassen in een periode die op de gemakzucht is afgestemd, maar Eemans zoekt de moeilijkheid op « te zijn » en denkt enkel aan zelfanalyse volgens het voorschrift van André Breton, en dit op zulkdanige wijze zelfs dat zijn trouwste vrienden hem steeds opnieuw een ietsje moeten ontdekken. Ik heb getracht hem te ontdekken maar beken ootmoedig dat talrijke facetten van zijn complexe persoonlijkheid niet tot hun recht zijn gekomen. Anderen zijn mogelijk handiger in dit soort dingen en ook scherpzinniger wellicht: dat ze hun talent van bronzoeker op Eemans beproeven en ontdekken wat mij verborgen bleef en wat ik niet met de gewenste duidelijkheid kan verwoorden.

Grimbergen, 12 mei 1972.

Dr. Piet Tommissen, Marc Eemans, Brussel: Henry Fagne, 1972.

dimanche, 16 septembre 2012

Terre et peuple rend hommage aux combattants d'Indochine

Samedi prochain, 22 septembre, Terre et peuple rend hommage aux combattants d'Indochine...

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R. Steuckers: Entretien accordé à Thorsten Thomsen

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Entretien accordé à Thorsten Thomsen

Sur l’Europe, la Belgique, les cantons d’Eupen-Malmédy, Ernst Jünger, Carl Schmitt et... la “nouvelle droite”...

 

Monsieur Steuckers, c’est désormais un secret de polichinelle: l’eurocratie bruxelloise planifie, via une union monétaire centrée autour de l’euro et pratiquant le transfert systématique, l’avènement d’un  gigantesque Etat unitaire de la Méditerranée à l’Arctique, dans lequel les différents peuples d’Europe finiront par être dissous. Or c’est justement votre pays, la Belgique, qui sert aujourd’hui  d’exemple, pour dénoncer l’impossibilité de tout assemblage de peuples divers au sein d’un Etat unitaire artificiel. Malgré l’apparent apaisement de la longue crise politique belge, qui ne saurait être que passager, voyez-vous encore un avenir pour l’Etat belge?

 

Le problème majeur, c’est justement que ces maudits eurocrates veulent nous fabriquer un “Etat unitaire”; je dirais plutôt qu’ils vont nous mitonner une panade insipide, où l’on mélangera tous les ingrédients possibles et imaginables, la rendant totalement immangeable; tous les ingrédients seront finalement détruits lors de ce processus de mixage, comme on peut déjà l’observer aujourd’hui. Mais je reste “européiste”: l’Europe a surtout besoin d’une unité spirituelle, de devenir un “grand espace” le plus autarcique possible, indépendant sur le plan alimentaire (ce qui s’avèrera une tâche bien difficile); l’Europe, comme toute autre entité politique, ne peut être déterminée par l’économie seule (par l’ “illusion économique” dirait Emmanuel Todd), car l’économie, conçue chez les libéraux comme chez les socialistes non pas comme une pratique nécessaire, comme une pratique d’intendance, mais comme une idéologie universaliste, est appelée à gérer sur des modes préconçus (a priori) et homogènes un ensemble bigarré de différences désordonnées et irréconciliables dans leurs altérités: dans cette optique, même si j’étais, par exemple, le producteur agricole idéal selon l’eurocratisme, je ne pourrais pas faire pousser les mêmes denrées végétales en Finlande et en Sicile, je ne pourrais pas élever des rennes en Grèce et faire croître une oliveraie en Laponie. L’eurocratisme abscons et caricatural se heurte là à une impossibilité physique, géographique et naturelle. Cette lapalissade, que je viens d’énoncer, les eurocrates ne semblent pas la comprendre. Toutes les zones agricoles qui composent l’Europe devraient dès lors pouvoir conserver leurs propres rythmes.

 

Les peuples d’Europe se liquéfient, s’évaporent dans le néant, basculent dans l’impolitisme, c’est certain, mais ce n’est pas uniquement parce qu’il existe une UE; d’autres facteurs sont depuis longtemps déjà entrés en jeu: la circulation accélérée des biens et des personnes (qui n’est pas un mal en soi mais qui exige des  régulations rigoureuses), le tourisme de masse, l’abêtissement généralisé et l’exotisme des “informations” (on devrait dire: des “dés-informations”) diffusées par les ondes ont contribué à dissoudre la notion de peuple, telle qu’on la concevait jusqu’à la moitié du 20ème siècle. C’est une raison pour lire et relire le discours qu’avait tenu Martin Heidegger sur la généralisation de la télévision au début des années 60, discours que lui avaient réclamé ses concitoyens et ses amis d’enfance de Messkirch en 1961. La “proximité”’ (die Nähe), que Heidegger a pensée à fond, est une force qui disparaît, en même temps que le nécessaire ancrage local, territorial et “vernaculaire” (E. Goldschmidt, L. Ozon) de toute activité humaine (cf. Emil Kettering, Nähe – Das Denken Martin Heideggers, Neske, Pfullingen, 1987). Finalement, au bout de ce processus de disparition de la “proximité”, nous voyons apparaître ou, pire, s’amplifier, les nouvelles “maladies de civilisation”, dont on escamote symptômes, effets et ampleur depuis quelques décennies. Aujourdhui, des auteurs comme Tony Anatrella en Italie ou Nicole Aubert en France les ont dénoncées avec justesse et vigueur, du moins celles qui génèrent des pathologies neurologiques ou mentales. Lorsque le “lointain” (die Ferne) déboule sans aucune forme de régulation dans notre propre “proximité” (Nähe), un chaos difficilement maîtrisable s’installe, celui dans lequel nous vivons aujourd’hui: Julius Evola aurait très justement nommé une telle époque “Kali Yuga”. L’immigration n’est ici sans doute qu’un phénomène connexe.

 

L’Europe aurait pu et dû devenir une “Union douanière” (Zollunion) rationnelle, visant une forme d’autarcie bien équilibrée. Les principes de Friedrich List auraient dû servir d’orientation et non pas une idée d’unité impossible à réaliser parce que dépourvue de toute concrétude, a fortiori quand, depuis une trentaine d’année, on se vautre dans l’idéologie et la pratique néolibérales et planétaristes, impliquant d’ouvrir toute grandes les frontières à des produits provenant de pays extérieurs au “grand espace” européen. A tout cela s’ajoute la calamité des délocalisations. L’idée d’unité aurait dû signifier simultanément “unité spirituelle” et “autarcie économique”, avec zones agricoles différenciées, gérées de manière autonome, et avec la possibilité, pour les pays moins développés, d’une protection de la production intérieure, surtout celle des PME  (“Petites et Moyennes Entreprises”), de manière à ne pas miter et disloquer le tissu social. Il faut encore dire que l’Europe est aussi totalement dépendante des Etats-Unis sur le plan militaire, tout en étant continuellement espionnée par un système satellitaire comme Echelon. L’Europe demeure entièrement dépendante de certaines matières premières qui ne se trouvent pas sur son sol et ne bénéficie pas d’une indépendance alimentaire suffisamment solide malgré les milliards que gaspille l’eurocratie dans une “politique agricole commune”, dont on ne perçoit pas très bien le sens et la rationalité. L’idéologie pacifiste, cultivée par l’eurocratisme, est un pacifisme mal conçu dans la mesure où il a toujours empêché les décideurs européens d’apporter les bonnes réponses à ces problèmes de défense et d’indépendance alimentaire. Au lieu de croire aveuglément aux “bonnes intentions” proclamées par les Américains, l’Europe aurait dû chercher des solutions adéquates.

 

La Belgique? C’est une autre histoire. D’abord, je dois vous dire, comme à tous mes lecteurs non belges, que la production de bons livres pertinents et que l’organisation de séminaires et de colloques de grande qualité sur les questions belges ou sur l’identité des peuples, régions ou sous-régions du pays, connaissent dans le royaume une floraison inédite: on commence enfin à penser de manière différenciée et fondée, sans tenir compte de toutes les apologies de ce statu quo, que le système entend pérenniser jusqu’à la consommation des siècles. J’espère pouvoir vous en dire plus dans d’autres textes ou entretiens. Je me contenterai d’apporter une réponse simple et directe à votre question: depuis le début de la crise belge actuelle, c’est-à-dire depuis les élections législatives pour le Parlement fédéral en 2007, je me suis mis, comme beaucoup d’autres, à potasser grimoires anciens et ouvrages récents sur des thèmes dits de “Belgicana”. A l’étranger, toute cette littérature n’est jamais lue ni a fortiori citée, si bien qu’on se contente de répéter les poncifs habituels, qu’ils soient “belges” (belgicains), flamands ou wallons. La façon dont votre question est formulée le prouve déjà. D’abord, lorsque vous parlez d’un “assemblage hétéroclite” de peuples, parqués dans une zone donnée, il faut savoir que cet “assemblage” date déjà d’il y a 500 ans, depuis que l’Empereur Charles-Quint a créé le fameux “Cercle de Bourgogne” (Burgundischer Kreis) dans le cadre du Saint Empire et depuis que les provinces méridionales de cet ensemble ont opté pour la contre-réforme catholique. La division qui traverse la Belgique n’est donc pas déterminée par un facteur religieux comme dans l’ancienne Yougoslavie. C’est pourquoi, contrairement à mon ami Tomislav Sunic, je ne parle jamais de “Belgoslavie”. Le penseur russe Alexandre Douguine avait très bien vu et analysé la situation yougoslave, au moment où l’enfer se déchaînait dans les Balkans au début de la décennie 90, dans le sens où, là-bas, trois forces métaphysiques planétaires, disait Douguine, se télescopaient frontalement, surtout en Bosnie. Ici, dans l’espace belge, les clivages, générateurs d’antagonismes, sont plus récents et donc moins profonds.

 





 

L’histoire intellectuelle du mouvement flamand nous enseigne que la querelle a certes une dimension linguistique (ethno-linguistique) mais que la révolte flamande est aussi, politiquement parlant, une révolte populaire diffuse et largement inconsciente contre les avatars évidents ou déguisés des idées de la révolution française, une révolte plus prononcée côté flamand parce que les productions idéologiques françaises n’y détiennent aucun monopole. En Wallonie, alors que certains régions rurales se sont aussi rebellées contre les idées de la révolution française, l’influence actuelle (depuis une soixantaine d’années) des productions politico-intellectuelles parisiennes et surtout des médias audiovisuels vicient considérablement la situation et impriment dans les cerveaux une vulgate de gauche, favorable aux idées de la révolution française et du bonapartisme même à ses aspects libéraux et anti-populaires, une vulgate reprise par le parti socialiste dominant. La révolte contre la francophonie en Flandre est une révolte contre les “idées révolutionnaires institutionalisées” de Paris tandis qu’en Wallonie la dominante est une acceptation de fait de ces discours. Le fait que la Wallonie accepte ces discours, et renonce à certains accents de ses propres productions non révolutionnaires et souvent catholiques, fait que la Flandre ne veut plus avoir à faire avec le Sud du pays. La révolte sourde et permanente que connaissent les pays flamands contre les discours révolutionnaires institutionalisés venus de France, ou contre les nouvelles moutures libérales ou gauchistes, panmixistes ou mondialistes, de ce discours, n’est pas pour autant une attitude qualifiable de réactionnaire: le pays aurait pu forger un socialisme vernaculaire, plus conforme aux stratifications sociales et idéologiques qui ont existé depuis la fin du régime autrichien au 18ème siècle, stratifications sociales et idéologiques qui étaient d’ailleurs bien différentes de celles qui régnaient en France à la même époque.

 

La crise belge durera tant qu’il y aura trace, dans le pays, d’idéaux ou de discours “républicains” importés de France par les médias français (presse, télévision), tant que des esprits en seront influencés, tout comme par ailleurs la France elle-même ne se redonnera pas de destin si elle persiste à aduler les “nuissances idéologiques” modernes que les périodes troubles de son histoire ont générées. Et, en Belgique, cette crise touchera aussi les entités qui pourraient naître d’une éventuelle dissolution du pays car l’influence trop prononcée des médias parisiens fait que plus personne ne pense en terme d’identité (il y a irruption constante d’idées “lointaines”, et abstraites, dans ma proximité concrète), en termes politiques locaux, hérités de notre histoire et non pas importés d’ailleurs. Ce n’est pas là une idée qui m’est personnelle: c’est bien la volonté de recentrer les discours politiques sur ce qu’ont produit les identités de l’espace belge au cours des siècles (et surtout du 19ème siècle si fécond en érudition historique) qui explique pourquoi, au cours de ces dernières décennies, et surtout depuis la crise de 2007, de très nombreux universitaires se sont penchés en profondeur sur les “identités” (au pluriel!), en commençant par réhabiliter la littérature belge complètement éclipsée des programmes scolaires, universitaires et médiatiques dans les années 50, 60 et 70 (parce qu’elle était assez souvent “politiquement incorrecte” au regard des médiacrates parisiens et de leurs nombreux “collabos” locaux). Dans l’entre-deux-guerres, on était très conscient de l’enjeu des lettres et du danger français: c’est ce qui explique l’engouement pour l’ “idée bourguignonne” dans tous les cercles culturels francophones, y compris les plus officiels, et pas seulement chez les rexistes de Léon Degrelle. Après 1945, tout cela a été “oublié” et la francisation de la culture francophone belge et wallonne a pu battre son plein, accélérée par la télévision (confirmant cette idée heidegerrienne de la perversité intrinsèque que constitue l’irruption du “lointain” dans notre “proximité”, exprimé dans un discours à Messkirch en 1961). Cela ne veut pas dire que la Flandre était mieux lotie: si les Wallons et les francophones étaient décervelés par les médias parisiens, les Flamands, eux, subissaient une américanisation galopante, comme partout ailleurs en Europe. Cette américanisation entraînait aussi la “dégermanisation” de la Flandre, qui perdait tous ses liens culturels avec l’Allemagne, a fortiori quand l’enseignement de l’allemand n’était guère mieux organisé qu’en Wallonie, au profit du “tout-anglais”. Ces deux processus d’aliénation, la francisation des francophones wallons et bruxellois et l’américanisation des Flamands, entrainent une incompréhension mutuelle qui explique le caractère durable de la crise belge actuelle. Bien sûr, cette crise a aussi des motifs purement politiciens.

 

Quelle sont les clivages conflictuels majeurs qui provoqueront à votre avis l’échec définitif de la Belgique?

 

Si en fin de compte la Belgique échouera, éclatera, ou si elle se maintiendra, personne ne peut le dire à l’avance. Mais il est une chose certaine: nous assisterons, nous assistons déjà, à l’émergence d’une zone “neutralisée” (au sens où l’entendaient Carl Schmitt et Christoph Steding) au Nord-Ouest de l’Europe. L’écrivain flamand Rik Van Walleghem a publié récemment une livre remarquable, et en même temps très drôle, sur la mentalité belge actuelle: l’individualisme forcené, perceptible dans toute la population (en Flandre comme en Wallonie), est devenu si fort que plus aucune politique de “Bien commun” n’est possible. Cela signifie que le pays est de facto “neutralisé” dans la mesure où toute politique véritablement “politique” (Julien Freund) n’y est désormais déployable, parce que plus aucune “position” claire ne peut encore s’y manifester, l’espace belge, dans ces conditions, ne pouvant plus demeurer un “sujet politique” même de modestes dimensions. Le refus du “Bien commun”, ou l’impossibilité de le servir, et la disparition de la “subjectivité politique” relèvent bel et bien de cette attitude anti-impériale et anti-politique que dénonçait un auteur allemand de la “révolution conservatrice”, aujourd’hui largement méconnu et oublié, Christoph Steding. Peu avant sa mort en 1934, Steding ne comptait pas la Belgique parmi les nations “impolitiques” d’Europe, comme la Suisse, les Pays-Bas et la Scandinavie. Aujourd’hui, s’il pouvait lire le livre de Van Walleghem, il la compterait sûrement parmi les pays “impolitiques”!

 

Le problème linguistique belge n’est pas bloqué en Flandre ou en Wallonie, mais à Bruxelles et dans les six communes flamandes autour de la capitale où se sont installés des francophones ou des Flamands devenus francophones dans les années 60, 70 et 80: c’est là que réside le contentieux territorial et politique; les Flamands estiment que le principe de territorialité doit primer (une seule langue pour un territoire délimité et défini par le législateur lors de la fixation de la frontière linguistique); les Francophones estiment, pour leur part, que l’emploi d’une langue par une personne lui donne automatiquement le droit à être servie dans cette langue par l’administration de la commune ou de la région; le nombre de locuteurs d’une langue déterminant de la sorte le statut linguistique du territoire, en dépit de toute décision antérieure du législateur. On le voit: les deux positions sont antagonistes, sans la moindre possibilité de négociation fructueuse ou de compromission féconde. L’immigration à Bruxelles pose un problème supplémentaire: en Flandre, tous sont plus ou moins en faveur d’une réduction drastique des flux migratoires mais, chez les francophones, qui “in petto” veulent la même chose, on est trop influencé par l’idée d’une panade “panmixiste” prêchée depuis Paris. On n’ose pas prendre de position plus radicale parce que cela déclencherait immédiatement une campagne de haine et de diffamation dans les médias français. Si des socialistes ou des démocrates-chrétiens wallons se mettaient à voter des mesures limitant les flux migratoires, des journaux parisiens comme “Libération” ou “Le Monde”, lus par les francophones belges, déclencheraient automatiquement des campagnes de presse contre le pays, stigmatisant, une fois de plus, un racisme ou un fascisme imaginaires, comme ce fut le cas avec Haider, Berlusconi ou Orban.

 

 

Autre problème récurrent de la Belgique: l’état de son système judiciaire, qui fonctionne très mal surtout à Bruxelles. L’ancien recteur des Facultés universitaires Saint Louis de Bruxelles, le Prof. François Ost, laisse sous-entendre, dans un ouvrage remarquable, que les problèmes de la justice, surtout en Belgique mais aussi ailleurs en Europe ou dans le monde, ont commencé lorsque la plupart des juristes (juges, procureurs et avocats) n’ont plus reçu une formation philosophique et littéraire solide et adéquate, surtout à partir du moment où l’on n’exigeait plus d’eux, comme auparavant, d’avoir bénéficié d’une formation classique, impliquant l’étude, à l’école secondaire, des racines grecques et latines de notre civilisation. Le Prof. Ost plaidait pour un formation générale et classique plus étoffée du personnel de la justice, faute de quoi les jugements posés deviendraient “mécaniques” et donc, souvent, “kafkaïens”. A côté de ce déclin culturel général, qui frappe aussi magistrature et barreau, règne un laxisme qu’a révélé la fameuse “affaire Dutroux” dans les années 90 du 20ème siècle. Les délinquants juvéniles, nombreux dans les grandes villes, s’en tirent trop souvent à bon compte: on ne leur inflige que quelques vagues réprimandes, dans un français ou un néerlandais qu’ils ne comprennent généralement pas. La confiance dans les professions juridiques en est profondément ébranlée: les avocats sont perçus comme des “raboulistes” aux yeux des simples citoyens; quand ce sont plutôt les règles qui jouent au détriment des faits dans les procès, le bon peuple ne comprend pas pourquoi les délinquants sont acquittés pour des “vices de procédure” sans qu’il ne soit tenu compte des faits répréhensibles qu’ils ont commis, fussent-ils des crimes effroyables. Les colonnes des journaux, notamment le plus lu du royaume, “Het Laatste Nieuws”, fourmillent de lettres de lecteurs dépités qui n’usent généralement pas d’un vocabulaire amène à l’égard des juristes, avocats comme magistrats.

 

L’implosion de la société belge n’est donc pas seulement politique, avec la crise permanente que vit le royaume, ou sociologique, avec le repli sur l’égoïté de chacun comme le démontre l’ouvrage de Rik Van Walleghem, elle se niche également dans la perte de confiance totale dans l’appareil judiciaire. Pour la Belgique, il faudrait plutôt parler d’implosion que d’explosion ou d’éclatement. Tout phénomène d’implosion politique est un phénomène plus lent que l’explosion, brutale et soudaine. Dans les cas d’implosion politique, les institutions semblent encore fonctionner mais seulement vaille que vaille sans l’adhésion de la population qui devient de plus en plus sceptique, méfiante et hostile. Un fatalisme, tissé d’indifférence et de sombre mélancolie, s’installe dans une sorte de Château de Kafka postmoderne. Tout Etat affligé de tels maux survit misérablement mais cette simple survie ne recèle aucune valeur constructive sur les plans spirituel, intellectuel, politique ou historique.

 

Reste à évoquer le problème du coût exorbitant de l’énergie, aux mains de grands consortiums français, tels Suez-GDF. L’énergie (gaz + électricité) est bien plus chère en Belgique que partout ailleurs en Europe. La ponction mensuelle effectuée par le secteur de l’énergie sur le budget des ménages entraîne un amoindrissement dramatique de l’épargne populaire, surtout quand les loyers augmentent terriblement, comme à Bruxelles et y absorbent souvent plus du tiers du salaire, et que la fiscalité ne s’allège pas. Un peuple ne peut pas faire confiance à un pouvoir politique qui laisse un secteur privé, et étranger de surcroît, comme celui de l’énergie, pomper déraisonnablement le budget des ménages, appauvrissant ainsi la population toute entière. Quand le pouvoir politique, tout au début du gouvernement di Rupo, a élevé faiblement la voix pour dénoncer le scandale, le secteur énergétique a superbement ignoré ce reproche et a encore augmenté les prix une semaine plus tard, signifiant ainsi au monde politique qu’il comptait pour du beurre. Ajoutons aussi que ce secteur énergétique ne paie que des impôts dérisoires et renâcle quand le pouvoir tente vaille que vaille de remédier à cette situation. A quoi peut donc bien servir un tel pouvoir politique, s’il se montre incapable de protéger la population contre des abus manifestes? Ni les partis traditionnels ni les partis challengeurs (Ecolo, Groen, NVA et Vlaams Belang) n’ont formulé un programme visant à mettre au pas le secteur énergétique étranger: une grave, très grave, lacune, surtout dans le cas de l’opposition marginalisée par le nouveau “super-cordon sanitaire”.

 

Le “Vlaams Belang” est sans nul doute le fer de lance politique du mouvement indépendantiste flamand. Pourtant, les cercles et partis nationalistes en Europe critiquent, parfois sévèrement, certaines lignes adoptées par ce parti. Partagez-vous cette critique et, question connexe, comment jugez-vous, dans le contexte flamand  actuel, l’avènement du nouveau parti qui concurrence ce “Vlaams Belang”, soit la NVA  (“Nieuwe Vlaamse Alliantie”) de Bart De Wever?

 

Je n’ai jamais été membre d’un parti, tout simplement parce que je n’ai jamais cru à l’utilité de partis nouveaux et à leur éventuelle efficacité sur le long terme dans le cadre belge. Le journaliste flamand Paul Belien, qui est très actif dans les pays anglo-saxons et écrit beaucoup en anglais, a pu très justement observer que la Belgique officielle suit un modèle, un “patron”, fixé une fois pour toutes. Ce modèle a été conçu en 1919, immédiatement après la Première Guerre Mondiale et a été sanctionné par des accords pris dans le Château de Loppem (près de Bruges) par le Roi, les chefs des trois principaux partis politiques, le patronat et les syndicats. A l’époque, on craignait surtout une révolution communiste/spartakiste car bon nombre d’ouvriers belges avaient sympathisé avec les “conseils d’ouvriers et de soldats” que les troupes allemandes, en rébellion ouverte contre leur hiérarchie, avaient proclamés dans les villes belges qu’elles occupaient. C’est pourquoi, le Roi, les syndicats, les associations patronales et les directions des trois partis dits “traditionnels” (catholiques, socialistes et libéraux) ont décidé que seuls ces partis signataires des accords de Loppem avaient droit à une représentation politique et parlementaire normale. Les innovations politiques et les nouveaux partis, qui se présenteraient éventuellement sur la scène électorale, devaient dès lors être secrètement combattus et tenus éloignés du pouvoir réel. La “Troïka de Loppem” devait, dans l’optique de ses protagonistes, devenir un bastion inébranlable contre toute innovation partisane qui surviendrait sur la scène politique belge. A l’époque, on visait surtout les communistes et les nationalistes flamands. Pour le journaliste Belien, les accords de Loppem sont toujours valides, surtout quand il s’agit de barrer la route à de la nouveauté, sauf peut-être aux “Ecolos”, et, pour Belien, ces mécanismes de fermeture fonctionnent surtout face à de la nouveauté flamande. Je partage son opinion même si je rejette sa volonté de faire d’une Flandre éventuellement devenue indépendante la féale alliée des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne contre une UE trop déterminée par le binôme franco-allemand à ses yeux. La Flandre, tout comme les Pays-Bas, est la façade sur la Mer du Nord de l’Europe centrale, de la Mitteleuropa, tout en étant le prolongement occidental de la plaine nord-allemande. Elle ne saurait se satisfaire d’un statut de simple comptoir des thalassocraties anglo-saxonnes, comme le sont actuellement, du moins  dans une certaine mesure, les Pays-Bas.

 

La critique, que certains cercles nationaux ou nationalistes ont émise, que ce soit en Flandre même, notamment avec les néo-solidaristes, ou chez certains francophones de diverses obédiences partisanes ou associatives, s’adresse essentiellement aux prises de position ouvertement pro-américaines ou pro-israéliennes de quelques pontes du parti, comme ce soutien enthousiaste et irrationnel à George W. Bush, lors d’une de ses visites au quartier général de l’OTAN à Bruxelles, qui s’est exprimé naguère dans les colonnes du quotidien “Het Laatste Nieuws”. J’ai personnellement trouvé ce soutien puéril, particulièrement stupide et niais. Par ailleurs, l’idée de créer sur le modèle de l’alliance Berlusconi/Fini/Bossi une “Forza Flandria” qui devrait advenir avec les libéraux du VLD est considérée comme absurde par bon nombre d’observateurs, surtout parce que les libéraux ne veulent absolument pas en entendre parler! Une telle alliance, qui serait automatiquement dominée par les idées libérales et néo-libérales, ne reçoit pas, c’est sûr, l’aval de la majorité des électeurs. Le peuple veut un nouveau parti populaire, aux assises rénovées et “nettoyées” (une opération “mains propres”) qui proposerait un programme socio-économique solide que l’on retrouve aussi chez les socialistes et les démocrates-chrétiens historiques, mais que l’on épurerait de ses innombrables corruptions, de tous les oripeaux de festivisme soixante-huitard et de toutes les dérives abracadabrantes de la “nouvelle élite intellectuelle” (celle que dénonce Christopher Lash), une fausse élite “catamorphique” qui se pique, elle, de permissivité et de gauchisme utopique. Le peuple veut donc un Etat social plutôt flamand que belge en Flandre, comme l’était jadis l’Etat belge jusque dans les années 60 et 70, mais un Etat social efficace et non inutilement dispendieux, basé sur le sérieux politique, sans le carnaval permanent des gauches molles en folie. Les électeurs ne veulent surtout pas que le système belge des allocations familiales soit détricoté ou battu en brèche par des mesures néolibérales.

 

Les succès de la NVA s’expliquent parce que ce parti a commencé sa véritable ascension en 2007 comme partenaire mineur du parti démocrate-chrétien CD&V, encore très puissant à l’époque. Avec lui, la NVA a formé un “cartel” pour les élections législatives de juin 2007. Yves Leterme, qui était alors le chef du CD&V, a laissé tomber la NVA entre 2007 et 2010, afin de pouvoir gouverner le pays (avec les libéraux et les socialistes, obsession “lopemienne” oblige...), après que la presse francophone ait mené une campagne de haine et de dénigrement contre lui, accusé d’être le Cheval de Troie des méchants dissidents (contre-lopemistes) de la NVA. Ensuite, après les élections législatives anticipées de 2010, les rôles se sont inversés: la NVA de Bart De Wever a absorbé complètement les électeurs de la CD&V: si le “cartel” avait encore existé, le partenaire mineur serait devenu le partenaire majeur! Mais cette victoire électorale de la NVA a fragilisé le schéma voulu par les fameux accords de Loppem de 1919, qui doivent encore et toujours servir de modèle pour l’éternité. Le système belge fonctionne sur base de cette illusion d’avoir fabriqué, un jour, il y a près de cent ans, un “modèle”, établi une fois pour toutes; or l’histoire, en aucun cas, en aucun lieu, ne retient de tels modèles pour l’éternité. La NVA, comme avant elle, le “Vlaams Belang” ou d’autres partis wallons ou francophones, doit donc être adroitement, machiaveliquement, écartée des centrales du pouvoir. Ceci dit, le message politique de la NVA demeure très flou, très “fuzzy” pour reprendre un vocable anglo-saxon à la mode, si bien que tout esprit politiquement rationnel ne peut ni développer une critique de son contenu idéologique ou programmatique ni y adhérer en toute connaissance de cause. Reste à constater que le “cordon sanitaire” se perpétue et s’amplifie, en tant qu’expédient pour maintenir inamovible, sans changement aucun, la teneur des accords de Loppem envers et contre tout changement de donne et toute rationalité; ce “cordon”, que l’on avait mis en place pour barrer la route au “Vlaams Blok/Vlaams Belang”, s’installe dorénavant, de manière tacite, sans bruit, pour contrer toute participation de la NVA à la gestion de l’Etat, du moins au niveau fédéral; cette extension du “cordon sanitaire” fait que près de 45% des électeurs flamands (NVA + Vlaams Belang) n’ont plus aucune représentation au sein du Parlement fédéral belge! Bonjour la démocratie!

 

 

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Aux questions de la revue des corporations étudiantes autrichiennes, “Die Aula”, le chef de fraction du “Vlaams Belang” au parlement flamand, Filip De Winter, répondait que l’annexion d’Eupen-Malmédy au Land de Rhénanie du Nord/Westphalie était parfaitement envisageable en cas de dissolution de la Belgique. Estimez-vous que cette solution est réaliste? Côté allemand, personne ne semble intéressé à la question, exactement comme en l’année 1990, lorsque Moscou offrait de redonner la Prusse orientale à l’Allemagne...

 

L’histoire des deux cercles autour des petites villes germanophones pittoresques, que sont Eupen et Saint-Vith (Malmédy a toujours été wallonne, y compris sous le IIème Reich de Bismarck, où la langue wallonne avait un statut officiel, ce qu’elle n’a par ailleurs jamais eu sous aucun autre régime politique) est une histoire complexe. Pour y voir clair, il faut relire attentivement une thèse de doctorat, celle du Dr. Klaus Pabst (Eupen-Malmédy in der belgischen Regierungs- und Parteienpolitik 1914-1940, Sonderdruck des Aachener Geschichtsvereins, Band 76, Aachen, 1964). Nous ne le répéterons jamais assez: l’imbroglio est très complexe. Ces deux cercles ne sont pas les seuls cercles germanophones de la région: les communes de Plombières (Bleiberg), Henri-Chapelle (Heinrichkappelle), Welkenraedt et Baelen au Nord et de Bocholz, Urth, Lamerschen et Steinbach au Sud sont également germanophones mais ne firent jamais partie du Royaume de Prusse. Malmédy appartenait, sous l’Ancien Régime, à un tout petit Etat ecclésiastique, celui de l’Abbaye de Stavelot (Stablo)/Malmédy. Les habitants de Malmédy, bien que non germanophones, ont toujours été considérés comme des sujets prussiens plus fidèles que ceux d’Eupen, qui, en 1848, avaient sympathisé avec les révolutionnaires berlinois. Par ailleurs, en 1919, la Belgique annexe également des portions de la commune allemande de Monschau (Montjoie). Les communes germanophones de la “Wallonie de l’Est”, qui n’ont jamais été prussiennes, sont appelées, dans le langage du peuple, “altbelsch” (vieilles-belges) tandis que les cercles devenus belges en 1919 sont appelés “neubelsch” (nouveaux-belges). Pour rendre encore les choses plus compliquées, les Allemands (les Prussiens) ont négocié en 1919-1920 sur base du fait “linguistique” et voulaient que la frontière linguistique, séparant l’allemand de Rhénanie du wallon, devienne frontière d’Etat, mais forcément sans revendiquer les communes “altbelsch” et sans Malmédy, tandis que les négociateurs belges voulaient obtenir les frontières d’Ancien Régime, celle d’avant le Traité de Campo Formio de 1795 (où l’Autriche cédait les Pays-Bas méridionaux à la République française victorieuse), parce qu’à leurs yeux, les frontières des principautés et duchés du Saint-Empire étaient idéales et seules légitimes! Un tracé de la frontière belgo-allemande selon le découpage territorial de l’ancien régime aurait eu une configuration différente: certains territoires de l’ensemble Eupen-Malmédy seraient restés allemands tandis que plusieurs communes allemandes seraient revenues à la Belgique, héritière des anciens duchés de Limbourg et de Luxembourg, jadis inclus dans les résidus du Cercle de Bourgogne qu’étaient les Pays-Bas espagnols puis autrichiens; héritière aussi, depuis 1815, de la Principauté ecclésiastique de Liège et du territoire impérial de l’Abbaye de Stavelot-Malmédy. Tous les territoires ayant appartenu à ces entités d’ancien régime auraient dû revenir selon les négociateurs belges à la Belgique, posée comme héritière de l’Autriche et du Saint Empire dans la région, tandis que les négociateurs prussiens souhaitaient conserver tous les territoires germanophones des cantons d’Eupen, Malmédy et Saint-Vith et ne laisser que les communes wallones à la Belgique.

 





 

 

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Dans le cas d’un éclatement de la Belgique, les cercles d’Eupen et de Saint-Vith pourraient tout naturellement redevenir allemands. Ce serait certes une solution raisonnable car la géographie locale lie ces communes à leurs consoeurs allemandes comme Aix-la-Chapelle, Düren, Prüm et Bitburg. Il y a quelques années, un sondage a été effectué dans toute la Wallonie et aussi dans la région germanophone; les citoyens devaient répondre à une question: que voulez-vous devenir si la Belgique cesse d’exister? Les habitants des cercles d’Eupen, Saint Vith et Malmédy, de même que les habitants des arrondissements purement wallons de Verviers (province de Liège) et de toute la province du Luxembourg belge (wallon), de même que bon nombre d’arrondissements de la province de Namur ont dit souhaiter l’annexion au Grand-Duché du Luxembourg, plutôt que de devenir français. De Winter et beaucoup d’hommes politiques flamands et wallons oublient trop souvent, comme je l’avais d’ailleurs oublié moi-même, que les oeuvres littéraires des écrivains wallons évoquaient souvent avec anxiété les liens brisés avec l’Allemagne du fait des deux guerres mondiales du 20ème siècle. Pour l’un des meilleurs écrivains wallons contemporains, décédé depuis quelques années, Gaston Compère, c’est presque un leitmotiv récurrent de son oeuvre. Et même celui qui a bruyamment milité entre 1918 et 1920 pour faire annexer ces cantons des Fagnes et de l’Eifel à la Belgique, je veux parler de Pierre Nothomb, le grand-père de l’écrivain belge contemporain Amélie Nothomb, n’a plus cessé, après la seconde guerre mondiale de parler de ses chères Ardennes et de son non moins cher Eifel, devenant dans la foulée un des meilleurs avocats de la réconciliation. Voilà comment tourne la roue de l’histoire dans l’est de la Wallonie... Tout cela nous explique pourquoi, dans le sondage que je viens de mentionner, le Grand-Duché du Luxembourg est préféré à la France jacobine, avec laquelle pourtant ces Wallons partagent la langue. N’oublions pas non plus que lors d’une conférence de presse officielle pendant la longue crise politique de 2007-2011, un ministre wallon, Magnette, a évoqué, sous forme de boutade, l’Anschluss de toute la Wallonie à l’Allemagne, tout simplement, argumentait-il, parce que les liens économiques entre la région belge et l’Allemagne sont très forts, bien plus forts qu’avec la France, à l’exception de quelques zones frontalières en Hainaut (et en Flandre...). De plus, les systèmes sociaux belges et allemands sont similaires et méritent d’être conservés. C’était évidemment du temps de Sarközy, que les socialistes wallons n’appréciaient guère...

 

On évoque parfois la possibilité d’inclure tout le Land allemand de Rhénanie du Nord/Westphalie dans le Benelux, sous prétexte que les liens économiques sont tellement étroits que ce Land en fait partie de facto. Les cercles nationaux en Allemagne craignent qu’une telle démarche, qu’une adhésion au Benelux de la RNW déclencherait un processus de dissolution de l’Etat allemand, justement dans le but de faire advenir cette panade panmixiste d’indifférenciation que les eurocrates veulent imposer à tous, notamment sous l’impulsion de certains professeurs de la “London School of Economics”. Dans le cas qui nous préoccupe, je pense qu’il ne faut pas dramatiser: le Benelux n’est pas une instance qui fonctionne très bien; ses composantes gardent farouchement leur identité et les Néerlandais ne souhaitent certainement pas être entraînés dans les dysfonctionnements patents et récurrents de l’Etat belge, au cas où le Benelux s’avèrerait subitement plus “intégrateur” qu’auparavant. Je pense plutôt que cette idée de “bénéluxer” la RNW, certes un peu loufoque car on pourrait tout aussi bien réclamer la fusion des Etats du Benelux et de la RFA tout entière (et pourquoi pas de l’Autriche?), montre fianlement, mais par l’absurde, que ces pays de langues germaniques ou de parler roman (comme la Wallonie et, au Sud des Ardennes, la Lorraine romane), ont été déterminés, qu’ils le veuillent ou non par l’histoire germanique et impériale jusqu’en 1914; ils (re)trouvent inévitablement, dans l’Europe d’aujourd’hui, une sorte de destin commun, mieux des affinités et des “affinités électives” évidentes, tout simplement parce qu’au cours de l’histoire, ils ont toujours été étroitement liés et parce que leur folklore, leurs légendes et leurs traditions sont très souvent les mêmes. Seules les deux guerres mondiales —brève parenthèse dans l’histoire millénaire de la chose impériale, bien que parenthèse effroyablement tragique et surtout disloquante—  ont créé une césure que l’on est seulement aujourd’hui en train de surmonter. Il existe également une “Euro-Regio” comprenant la province flamande du Limbourg (Hasselt, Tongres, Saint-Trond), la province néerlandaise du Limbourg (Maastricht, Venlo), la province wallonne de Liège, le territoire de la Communauté germanophone de Belgique et les cercles d’Aix-la-Chapelle et Düren. Cette “Euro-Regio” fonctionne surtout dans le domaine du tourisme sans que les trois langues utilisées lors des diètes officielles ne posent problème. Les Allemands d’aujourd’hui doivent savoir que de telles initiatives, qui partent de sentiments positifs, ne nous préparent pas une “panade eurocratique”, tout simplement parce qu’elles sont étroitement ancrées dans une région frontalière spécifique, découpée par des frontières récentes, qu’elles sont conscientes de leur identité commune “rhénane-mosane” et qu’elles partagent, dans leur folklore, les mêmes éléments de base mythiques et liturgiques (notamment dans les carnavals); on songera ensuite, dans le domaine de la musique et du chant, à un ténor sympathique et populaire comme André Rieu, natif de Maastricht, chanteur populaire en Allemagne, au patronyme d’origine wallonne! Ces initiatives, de surcroît, ont l’avantage non négligeable, de déconstruire la germanophobie née des deux guerres mondiales du 20ème siècle, ce qui, dans l’Ouest du continent est une nécessité impérieuse, surtout qu’en France, le nouveau “culte de la mémoire (courte)” revient sans cesse sur les événements tragiques de la seconde guerre mondiale, génèrant en sourdine une nouvelle germanophobie, et ruinant, par la même occasion, les efforts de réconciliation entrepris depuis l’entrevue De Gaulle/Adenauer en 1963. La RFA ne songe évidemment pas à une récupération des cantons d’Eupen et de Saint Vith, dans les circonstances actuelles, parce qu’il n’existe plus aucune forme d’hostilité dans la région et que les pouvoirs publics, de part et d’autre des frontières belges, allemandes et néerlandaises, coopèrent étroitement et amicalement, comme avant 1914, où la commune de Moresnet, par exemple, était gérée conjointement par les trois puissances, dans la bonne humeur et la convivialité. On imagine douaniers et gendarmes, tous uniformes confondus, chantant à pleins poumons autour de bons hanaps de bière, lors des kermesses, carnavals et autres fêtes paroissiales!

 

 

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La Prusse orientale est, dans le contexte actuel, une zone de bien plus grande importance stratégique parce que c’est par elle que transitent les gazoducs de la Baltique.

 

Dans un article nécrologique à l’occasion de la mort de l’écrivain Ernst Jünger en 1998, vous expliquiez que vous le lisiez et l’admiriez depuis l’âge de dix-huit ans. Pourquoi cette admiration pour sa biographie et son oeuvre littéraire?

 

Oui, j’ai commencé très tôt à lire les écrits d’Ernst Jünger. Je prépare pour l’instant un long entretien sur son oeuvre et suis en train de lire les formidables biographies et monographies qui lui ont été consacrées récemment, notamment par des germanistes comme Meyer, Kiesel, Wimbauer, Ipema, Blok, Schwilk ou Weber. C’est exact: je suis admiratif de tous les aspects de l’oeuvre de Jünger. La clarté de ses articles et essais nationaux-révolutionnaires demeure exemplaire et le Dr. Armin Mohler en a adapté le contenu pour présenter, dans feue la revue “Criticon” sa vision d’un conservatisme rénové, même si Ernst Jünger n’était guère satisfait de voir ainsi réactualisés ses écrits politiques de jeunesse, dans le contexte totalement différent des années 50 et 60.

 

 

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L’attitude, face à la vie, du Jünger devenu homme mûr, qui se retire de la politique et part à la recherche de paysages inviolés par la modernité, m’interpelle tout aussi profondément, même si, pour nous, hommes jeunes ou matures du début du 21ème siècle, une telle quête s’avère de moins en moins possible: les paysages jusqu’au fin fond de la Pampa (n’en déplaise à Jean Raspail!) ou jusqu’aux recoins les plus réculés du Sahara ou du Désert de Gobi, portent tous, maintenant, quelque part, des traces et des souillures de modernité. Au-delà de toutes prises de position politiques ou métapolitiques, cette attitude, cette volonté de trouver des paysages silencieux ou bruisant de milles bruits prémodernes exerce sur moi une véritable fascination. Je recommande tout particulièrement aux jüngeriens en herbe de lire et de relire les pages du journal de Jünger relatives à son voyage au Brésil en 1936 (et, effectivement, trouvera-t-on encore ce Brésil indemne aujourd’hui?), à son séjour en Angola et à son excursion en Islande dans les années 60. Beaucoup de choses vues par Jünger et ses compagnons de voyage (dont son frère en Islande) ont été irrémédiablement détruites par la modernité. Personnellement, j’essaie encore de trouver des paysages indemnes ou d’en redécouvrir, mais je ne le puis que sur des espaces réduits à des distances de cinq ou dix kilomètres: partout, on trouve les blessures indélébiles infligées par les “temps de l’accélération” (die Beschleunigung), blessures qui n’avaient pas encore été infligées dans les années 60, quand j’étais un enfant et quand la “connexion totale”, crainte par Friedrich-Georg Jünger dans son ouvrage Die Perfektion der Technik, n’avait pas encore l’ampleur étouffante qu’elle détient de nos jours. Aujourd’hui, objets et villages, villes et paysages, en sont affectés. Le germaniste Weber, qui a sorti récemment chez Matthes & Seitz à Berlin, une monographie remarquable sur l’oeuvre de Jünger, démontre que l’idée fondamentale de cet auteur est justement l’idée de “décélération”, d’Entschleunigung. Il a raison. J’aimerais bien, comme le souhaite aussi un autre écrivain allemand, Martin Mosebach, appartenir dorénavant au cercle insigne des “retirés” et des “décélérants” (Entschleuniger), car le monde misérable des alignés et des conformistes de la modernité accélératrice, fébrile et frénétique, m’indispose et me déplait. Martin Meyer, dans son ouvrage sur Ernst Jünger, rappelle que notre auteur, au-delà des formes totalitaires ou non totalitaires du Léviathan moderne aux racines idéologiques “bourgeoises”, voit avec anxiété et réprobation se multiplier les “structures” qui étouffent les “ordres vitaux”, seuls réceptacles de véritable liberté, et les remplacent par des “Funktionsbeziehungen”, de purs et froids “rapports de fonctionnement”, totalement abstraits, inorganiques et insensibles à toutes nuances et circonstances. Aucune spontanéité vitale, donc aucune liberté vraie, ne peut plus se déployer sous le joug de telles abstractions: telle est aussi la grande leçon de l’anarque Jünger, qui nous incite à vivre le plus possible détaché de ces structures oblitérantes. Ensuite, ce mélange de sérénité (Gelassenheit), de cynisme désabusé et de quiétude souveraine chez notre auteur, je le trouve admirable. J’aime souvent citer cette anecdote que Schwilk, je crois, met en exergue dans sa monographie, au ton si vivant et chaleureux: devenu centenaire, Jünger est hospitalisé quelque part en pays souabe. Le “Bild-Zeitung”, journal de boulevard ne visant que le sensationnel, titre: “Un grand Allemand s’est couché pour mourir”. La femme de Jünger, qu’il surnommait “Mon petit Taureau”, lui apporte le journal. Jünger ricane et dit: “Ce plaisir-là, je ne vais pas encore le leur faire!”. Le reste de mes cogitations jüngeriennes, je le laisse pour l’entretien que je prépare depuis au moins six bons mois. Si vous le souhaitez, je vous en traduirai quelques extraits...

 

Cet article nécrologique de votre plume était paru dans “Junge Freiheit”. Pourquoi ne lit-on plus rien de vous dans les pages de ce journal?

 

Pour la direction de “Junge Freiheit”, il n’existe qu’une seule et unique personne en Europe de l’Ouest (et pas seulement en France) qui peut fonctionner comme correspondant: Alain de Benoist. Mais comme celui-ci s’est chamaillé avec tout le monde (ou se chamaillera si ce n’est pas encore le cas...) et comme ce solitaire grognon croit dur et ferme qu’il incarne tout seul sa fantômatique nouvelle droite (canal historique) et comme il croit aussi, tel un spectre errant, qu’il est le seul autorisé à représenter sa nouvelle droite dans le vaste monde ou même au niveau intergalactique, il met tout en oeuvre pour empêcher d’autres de s’exprimer à la tribune qu’offrent les journaux ou les revues bienveillantes à l’égard de ce vaste courant de pensée, à têtes multiples, que représente, partout dans le monde, la mouvance “nouvelle droite”. C’est ainsi, on n’y peut rien et l’on n’y changera rien! Je me souviens toutefois que jadis, il y a bien des années, “Junge Freiheit” avait un autre correspondant à Paris. Un homme solide, bon vivant et rigolard, avec une barbe de ténor wagnérien, originaire d’Alsace, bilingue, qui avait appartenu fidèlement à la ND (canal historique) aux temps héroïques du mouvement. Il régalait les lecteurs de JF d’articles bien tapés sur les affaires françaises. Au bout de quelques mois, sa signature a malheureusement disparu des colonnes de “Junge Freiheit” et de toutes les autres initiatives qualifiables, en France, de ND, fort probablement parce qu’il a été “purgé” à la suite de l’une ou de l’autre révolution de Politburo (de sotie) à Paris. L’attitude de la direction de “Junge Freiheit” en ce domaine est navrante: elle relève d’un pauvre travers, celui qui consiste à idolâtrer des gourous, au lieu de penser et d’agir objectivement et rationnellement. J’avais proposé de traduire les entretiens que prenait avec brio Xavier Cheneseau, un journaliste de la revue des chasseurs français, “Le Saint-Hubert”, d’accord en toute courtoisie pour que l’hebdomadaire berlinois les reprennent, et cela, gratuitement. J’avais traduit un premier entretien avec Brigitte Bardot: sitôt celui-ci paru, nous avons appris que quelqu’un, à Paris, avait chuchoté à l’oreille de la direction berlinoise de JF, que ces entretiens étaient “faux”, comme si une revue aussi diffusée que “Le Saint-Hubert” se permettrait de publier de faux entretiens! Exit Cheneseau! Et, du coup, exit tous les auteurs ou hommes politiques interviewés par cet infatigable garçon! Une coopération avec Cheneseau se serait avérée bien fructueuse et aurait donné à la rédaction berlinoise un succulent zeste d’originalité dans la presse allemande. On a, à Berlin, choisi de ne pas faire mariner ce zeste de bon fruit gaulois dans la tisane “néo-conservatrice”, offerte aux lecteurs allemands. Dommage. Navrant.

 

eierkorb.jpgEn ce qui me concerne, si je ne ne puis écrire dans telle ou telle revue à cause des intrigues parisiennes de la ND, je ne m’en soucie guère: le monde est vaste, j’écris pour d’autres, je me promène, j’arpente mes “Holzwege”, je travaille (car je ne suis pas un marginal, moi, qui vit des cotises de quelques naïfs dont j’abuserais de la générosité) et je médite en rigolant l’adage qu’aimait à répéter ma grand-mère maternelle ouest-flamande, originaire de Zonnebeke: “Qui ne veut point de mes oeufs, les laissera dans mon panier” (“Wie van mijn eieren niet wil hebben, die laat ze maar in mijn mand”).

 

Vous vous êtes également intéressé à un autre grand format de la pensée allemande: Carl Schmitt. Bon nombre d’observateursestiment que sa pensée reviendra bien vite à la surface vu la crise financière et économique qui dure et persiste, et vu les conflits d’ordre géopolitique qui secount l’échiquier planétaire. Comment voyez-vous les choses?

 

J’ai découvert Schmitt assez tôt et ai entamé la lecture de ses oeuvres, surtout parce que je suis tout simplement un compatriote de ce cher professeur d’université que fut Piet Tommissen, malheureusement décédé en août 2011. Il nous a carrément donné l’ordre de lire Schmitt. Il venait régulièrement, fin des années 70, prononcer quelques allocutions à la tribune des cercles Evola en Flandre, créés à l’initiative du surréaliste historique, le peintre Marc. Eemans. Ensuite, j’ai connu Günter Maschke à la Foire du Livre de Francfort en 1984 et depuis lors, quand nous sommes assis autour d’une table, avec un bon verre de vin de Hesse à la main, nous parlons immanquablement de thèmes relevant des “Schmittiana” et devisons sur la théorie du “grand espace” que Carl Schmitt avait commencé à théoriser dans les années 30. Pour être exact, mon intérêt pour Schmitt dérive d’un intérêt pour la géopolitique car je suis, en fait, un disciple du Général von Lohausen. J’ai toujours été d’avis qu’il fallait lire Schmitt en même temps qu’Haushofer et que d’autres auteurs de sa “Zeitschrift für Geopolitik” ou de la collection géopolitique (intitulée “Zeitgeschehen”) des éditions Goldmann de Leipzig dans les années 30 et 40. Nous avons là un filon quasi inépuisable d’auteurs très pertinents, malheureusement oubliés aujourd’hui mais qu’il vaudrait la peine de redécouvrir: il y a du pain sur la planche car ce sont des rayons entiers de bibliothèque que ces hommes ont remplis. Maschke et moi avons d’ailleurs un faible pour l’un d’eux: le journaliste Colin Ross, mort foudroyé sur la rive d’un fleuve russe en 1943. Allez donc chez un bouquiniste, pour rechercher ses livres et lisez-les! Malgré les bons travaux du Prof. Jacobsen et du politologue Hans Ebeling, de même ceux des Prof. Klein et Korinman en France, un travail systématique reste à faire sur la “Zeitschrift für Geopolitik”, qui mérite franchement d’être lue avec toute l’acribie voulue et d’être complétée d’un appareil de notes comme l’a fait Maschke pour les “Positionen und Begriffe” de Carl Schmitt, ainsi que Tommissen pour toute l’oeuvre et la correspondance de Schmitt pendant de longues décennies. Question simple: pourquoi faut-il relire Schmitt (et Haushofer) aujourd’hui? Quelques critiques de Schmitt dans les cercles nationaux disent qu’il a été un “Etatiste” trop rigide. Je rejette cette objection et je dis qu’il a été, au contraire, l’un des critiques les plus avisés de l’impérialisme britannique et américain. Tout comme Haushofer d’ailleurs. Plutôt que de fabriquer une Europe libérale et de la maintenir vaille que vaille en vie, les Européens devraient plutôt songer à recréer un “grand espace” autarcique ou semi-autarcique.

 

quarit.gifLa meilleure esquisse de cette notion schmittienne de “grand espace” se trouve dans le volume “Coincidentia Oppositorum” (édité chez Duncker u. Humblot, Berlin) et dû à la plume d’un ami que j’ai connu jadis, Maître Jean-Louis Feuerbach de Strasbourg, perdu de vue, hélas, depuis de nombreuses années. Ce texte a sans doute échappé à bon nombre de lecteurs allemands parce qu’il a été rédigé et publié en français, l’éditeur, Helmut Quaritsch (photo), hélas aussi décédé en 2011, étant le premier énarque allemand, sorti de la fameuse “Ecole Nationale d’Administration” de Paris et donc parfait bilingue. Un homme dont je garde un souvenir ému, depuis un séminaire de la DESG à Sababurg, le long de la “Märchenstrasse”. Cela me force à terminer cette réponse à votre question par une note toute empreinte de tristesse: pour les sciences politiques, telles que nous les entendons, l’année 2011 a été vraiment catastrophique, avec la double disparition de Quaritsch, ancien éditeur de la revue “Der Staat”, et de Tommissen. Deux hommes irremplaçables....

 

Pour terminer, une question sur la “nouvelle droite”, à laquelle, paraît-il, vous appartiendriez... Les anciens protagonistes de ce mouvement se sont disputés entre eux, ont opté pour des voies différentes voire divergentes. La “nouvelle droite” a-t-elle échoué sur toute la ligne ou, selon vous, ses idées sont-elles encore, quelque part, ancrées dans le réel?

 

En fait, j’en ai plein les bottes de la “nouvelle droite” et je préférerais ne pas répondre à votre question. Mais vous êtes un honnête homme et vos lecteurs méritent de recevoir quelques explications. Cela fait plus de vingt ans maintenant que je n’ai plus vu ce monsieur de Benoist ou seulement furtivement, lors de la Foire du Livre de Francfort en octobre 1999 mais il s’est enfui quand il m’a aperçu ou, la deuxième fois que nos chemins et nos regards se sont croisés, il s’est dissimulé derrière un exemplaire largement déployé de “Junge Freiheit” dans le stand loué par cet hebdomadaire. Voilà pourquoi je ne peux plus rien vous dire de fort précis sur les aléas qui ont ponctué la vie vivotante de ce mouvement parisien au cours de ces dernières années. Pour les terribles simplificateurs et pour bon nombre de clochards mentaux installés dans un anti-fascisme autoproclamé et souvent alimentaire, j’appartiendrais à la ND (française!) seulement parce que j’ai été, pendant neuf mois en 1981, secrétaire de rédaction de “Nouvelle école”, la revue d’Alain de Benoist, et parce que j’ai participé à deux ou trois universités d’été en Provence (où j’avoue d’ailleurs m’être bien amusé, ce qui est l’essentiel, Carpe diem!). Plus tard, mon propre mouvement, “Synergon” ou “Synergies européennes”, a puisé à d’autres sources (Haushofer, Wittfogel, Pernerstorfer, de Jouvenel, Jean de Pange, Willms, etc.). De plus, au sein de la “nouvelle droite” française, j’ai toujours été une voix critique. J’ai surtout été profondément choqué et meurtri par le sort cruel que la direction parisienne et faisandée de ce mouvement a infligé au malheureux Guillaume Faye, non seulement dans les années 80, mais aussi en l’an 2000, lorsque l’Etat lui faisait un procès pour le contenu de son ouvrage “La colonisation de l’Europe”. Benoist et son satellite de l’époque, Charles Champetier (entretemps ce féal d’entre les féaux a également été “purgé”...), n’ont rien trouvé de mieux, dans ce contexte, alors que le jugement n’avait pas encore été prononcé, de traiter Faye de “dangereux raciste” dans les colonnes du journal italien “Lo Stato”. Faye a par la suite été condamné pour “racisme”. La ND parisienne avait promis à tous ses adhérents de leur offrir une “communauté” d’amis et de camarades. Et voilà comment les bons camarades sont devenus parjures, voilà comment ils ont traité Faye, un garçon qui leur avait donné le meilleur de lui-même, jusqu’à accepter une vie de misère et de privations...

 

Je ne dirais pas que la ND a échoué, parce que de Benoist s’est comporté en égocentrique voire en égomane: la ND a vu passer une quantité de personnes dans ses rangs, qui ont fait beaucoup ou peu pour elle, mais qui, après l’avoir quittée pour trente-six raisons, valables ou non, ou après en avoir été évincées pour satisfaire les caprices d’un philosophe auto-proclamé et sans bacchalauréat qui se veut “figure de proue”, demeurent actives dans une quantité impressionnante de clubs, d’associations ou de formations plus ou moins politiques, qui ont souvent un ancrage local. Lorsque je traverse la France en tant que touriste, pour me rendre en Suisse, en Italie ou en Espagne, j’ai toujours le plaisir de retrouver des camarades actifs quelque part, militant au sein de structures diverses ou produisant des oeuvres ou des publications intéressantes. La ND française n’a jamais eu qu’une tête parisienne pourrie, ce qui correspond au dicton français, “le poisson pourrit toujours par la tête”. Les cercles demeurés actifs dans les provinces françaises sont généralement restés sains et continuent à oeuvrer dans la discrétion et avec efficacité. Dommage, qu’à cause de certains blocages, dus aux manigances sordides de la “caboche putréfiée”, le public allemand (et bénéluxien et italien et espagnol et américain, etc.) n’en sache rien, n’en soit jamais informé. Ensuite, il faut dire, pour paraphraser Max Weber, que les valeurs ne meurent jamais. Nous vivons dans une époque très triviale de l’histoire, où les valeurs sont refoulées, foulées aux pieds ou moquées, mais les périodes triviales de l’histoire (comme les périodes sublimes d’ailleurs, que Sorokin qualifiait d’“ideational”) ne sont jamais éternelles, que ce soit dans l’histoire européenne ou dans l’histoire de la ND.

 

Monsieur Steuckers, nous vous remercions d’avoir bien voulu répondre à nos questions.

 

Réponses rédigées à Forest-Flotzenberg, juillet 2012.

 

Léon Trotski et le cinéma comme moyen de conditionnement de masse

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Nicolas BONNAL:

Léon Trotski et le cinéma comme moyen de conditionnement de masse (et de remplacement du christianisme)

 
 
En 1923, Trotski est encore au pouvoir en URSS. Il rédige un ensemble de textes sur la question du mode de vie : un de ces textes concernant l’utilisation du cinéma comme moyen de propagande et d’élimination de toute vie religieuse et chrétienne. Comme le cinéma a essentiellement servi à cette fonction au XXe siècle, avant que la télévision ne le remplace (la gluante demi-heure du Seigneur n’aura rien changé, sinon accéléré le processus), je préfère citer ce texte qui montre qu’un programme global de déchristianisation a été mis en oeuvre aussi bien dans le monde communiste que dans celui dit libre du libéralisme et de la démocratie. Cela ne fait que conformer les analyses de Kojève sur la Fin de l’Histoire et la création du petit dernier homme nietzschéen par-delà les frontières politico-stratégiques.
Trotski cherche donc à divertir et éduquer les masses. Il remarque l’intrusion du cinéma dans la vie quotidienne et son inutilisation par les Bolcheviks - on est avant le cuirassé Potemkine ! :
« Le désir de se distraire, de se divertir, de s’amuser et de rire est un désir légitime de la nature humaine... Actuellement, dans ce domaine, le cinématographe représente un instrument qui surpasse de loin tous les autres. Cette étonnante invention a pénétré la vie de l’humanité avec une rapidité encore jamais vue dans le passé. »
 
Le cinéma s’impose vite à ses yeux comme un moyen de dressage des masses - pardon, d’éducation ! Même le dessin animé a une fonction de dressage de l’enfance, comme le montre le monde de Walt Disney ou celui de Tex Avery aux USA. On peut aussi penser à Charlot ou au cinéma de Frank Capra, caricaturaux dans leurs ambitions éducatives et mimétiques.
 
« C’est un instrument qui s’offre à nous, le meilleur instrument de propagande, quelle qu’elle soit - technique, culturelle, antialcoolique, sanitaire, politique ; il permet une propagande accessible à tous, attirante, une propagande qui frappe l’imagination ; et de plus, c’est une source possible de revenus. »
La source possible de revenus a été bien exploitée du côté de Hollywood en tout cas, avec les plus grosses fortunes de l’époque ! Comme on sait, il règne une entente cordiale à l’époque entre l’URSS et l’Amérique de Roosevelt. Le cinéaste communiste et stalinien Eisenstein y sera reçu comme un roi quelques années plus tard. Je cite Eisenstein intentionnellement car il mêle subtilement dans son oeuvre le religieux (orthodoxe) et le cinématographe. Il le fait dans son chef d’oeuvre Alexandre Nevski et surtout dans Ivan le terrible. Ce n’est pas un hasard puisque l’un doit détrôner l’autre, après l’avoir vampirisé. Voici comment Trotski présente son affaire :
« Le cinématographe rivalise avec le bistrot, mais aussi avec l’Eglise. Et cette concurrence peut devenir fatale à l’Eglise si nous complétons la séparation de l’Eglise et de l’Etat socialiste par une union de l’Etat socialiste avec le cinématographe. »
 
Trotski a une vision politique et cynique de la religion, comme Hitler ou Napoléon, et sans doute bien d’autres politiciens : pour lui elle est un spectacle que l’on pourrait remplacer.
« On ne va pas du tout à l’église par esprit religieux, mais parce qu’il y fait clair, que c’est beau, qu’il y a du monde, qu’on y chante bien ; l’Eglise attire par toute une série d’appâts socio-esthétiques que n’offrent ni l’usine, ni la famille, ni la rue. La foi n’existe pas ou presque pas. En tout cas, il n’existe aucun respect de la hiérarchie ecclésiastique, aucune confiance dans la force magique du rite. On n’a pas non plus la volonté de briser avec tout cela. »
 
436px-leon_trotsky.jpgIl perçoit dans l’Eglise un ensemble de rites et de techniques dont on ferait bien de s’inspirer. C’est ce que font les gens du showbiz comme Coppola (les Baptêmes), les grandes messes ou bien sûr Madonna. Comme le rappelle Whoopi Goldberg dans Sister Act, les gens préfèrent aller à Las Vegas et payer que se rendre à la messe pour écouter gratis du chant sacré. The show is better ! Se voulant réaliste, Trotski ajoute :
« Le divertissement, la distraction jouent un énorme rôle dans les rites de l’Eglise. L’Eglise agit par des procédés théâtraux sur la vue, sur l’ouïe et sur l’odorat (l’encens !), et à travers eux - elle agit sur l’imagination. Chez l’homme, le besoin de spectacle, voir et entendre quelque chose d’inhabituel, de coloré, quelque chose qui sorte de la grisaille quotidienne -, est très grand, il est indéracinable, il le poursuit de l’enfance à la vieillesse. »
 
Optimiste pour l’avenir, Trotski estime que le cinéma remplacera l’Eglise et le reste parce qu’il offre un show plus riche et plus varié.
« Le cinématographe n’a pas besoin d’une hiérarchie diversifiée, ni de brocart, etc. ; il lui suffit d’un drap blanc pour faire naître une théâtralité beaucoup plus prenante que celle de l’église. A l’église on ne montre qu’un "acte", toujours le même d’ailleurs, tandis que le cinématographe montrera que dans le voisinage ou de l’autre côté de la rue, le même jour et à la même heure, se déroulent à la fois la Pâque païenne, juive et chrétienne. »
 
On comprend dès lors l’importance politique, psychologique, culturelle du cinéma comme moyen de dressage de masses et même des élites, puisqu’on a fait des westerns et des films de propagande des chefs d’oeuvre du genre humain et que l’on a créé le syndrome du film-culte souvent de genre satanique ou contrôle mental. Je pense aussi aux films catastrophes, éducateurs de masses en temps de crise (c’est-à-dire tout le temps) et aux films conspiratifs comme ceux de Tony Scott, qui vient de mourir d’une curieuse mort. Le réalisateur d’Ennemi d’Etat a tristement fini comme Daniel Gravotte, alias Sean Connery, jeté d’un pont dans l’Homme qui voulut être roi, mort éminemment pontife et symbolique. J’en profite pour rappeler la mort bizarre d’un certain nombre de cinéastes spécialistes du genre : Stanley Kubrick, Alan J.Pakula, Peter George (scénariste de Dr Folamour), les passionnants documentalistes Aaron Russo et Alan Francovitch. Le lecteur pourra se faire une idée en se penchent sur leur cas. Mais gare à la conspiration !
 
Je laisse encore une fois la parole à Trotski, ce grand homme et visionnaire inspirateur, si honteusement traité par le méchant Staline ! Pour beaucoup de gens à Hollywood ce fut d’ailleurs sa seule victime !
« Le cinématographe divertit, éduque, frappe l’imagination par l’image, et ôte l’envie d’entrer à l’église. Le cinématographe est un rival dangereux non seulement du bistrot, mais aussi de l’Eglise. Tel est l’instrument que nous devons maîtriser coûte que coûte!"
 

Alexander Dugin on Obama's Visit to Russia

Alexander Dugin on Obama's Visit to Russia

(English subtitles)

Presseschau - August 2012 (1)

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Presseschau

August 2012 (1)

Anbei einige Links. Bei Interesse anklicken...

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AUßENPOLITISCHES

(von Sarrazin…)
Zukunft Europas
Geburtsfehler Maastricht
http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/europas-zukunft/zukunft-europas-geburtsfehler-maastricht-11822292.html

Der große Euro-Schwindel - Wenn jeder jeden täuscht
http://mediathek.daserste.de/sendungen_a-z/799280_reportage-dokumentation/11016614_der-grosse-euro-schwindel-wenn-jeder-jeden

ESM: Der ganz große Coup!
von Rolf von Hohenhau
http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2012/07/19/esm-der-ganz-grosse-coup/

Versteckte Billionen: Steht die Blase vor dem Platzen?
http://www.theintelligence.de/index.php/wirtschaft/finanzen/4710-versteckte-billionen-steht-die-blase-vor-dem-platzen.html

Banken in der Finanzkrise
Monster in unserer Mitte
http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/banken-in-der-finanzkrise-monster-in-unserer-mitte-1.1402049

"Dicke Bertha und Bazooka" – Die Waffen der EZB
Die EZB will eine Eskalation der Euro-Krise verhindern, doch allmählich gehen ihr die Optionen aus. Ein paar Waffen hat sie aber noch im Schrank, bevor am Ende nur noch die große Geldflut bleibt.
http://www.welt.de/wirtschaft/article108352272/Dicke-Bertha-und-Bazooka-Die-Waffen-der-EZB.html

Schuldenkrise in Spanien
Wie Kleinanlegern spanische Bankaktien aufgedrängt wurden
http://www.spiegel.de/wirtschaft/wie-kleinanlegern-spanische-bankaktien-aufgedraengt-wurden-a-841791.html

Schuldenkrise Jetzt brennt Spanien
http://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/europas-schuldenkrise/spanien/schuldenkrise-jetzt-brennt-spanien-11827688.html

In den Niederlanden droht eine Immobilienblase zu platzen
http://diepresse.com/home/wirtschaft/eurokrise/1269777/In-den-Niederlanden-droht-eine-Immobilienblase-zu-platzen?_vl_backlink=/home/index.do

Finnland droht: „Wir sind auf einen Euro-Austritt vorbereitet“
http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2012/07/06/finnland-droht-%E2%80%9Ewir-sind-auf-einen-euro-austritt-vorbereitet/

Griechen machen Jagd auf korrupte Politiker
http://www.welt.de/politik/ausland/article108335323/Griechen-machen-Jagd-auf-korrupte-Politiker.html

Gigantische Öl- und Gasvorkommen in Griechenland
Verarmtes Griechenland schläft über die größten Bodenschätze der heutigen Zeit.
http://www.grevenbroichtv.de/index.php?id=2583

Griechenlandkrise - Öl, Bodenschätze und Rüstung
http://www.youtube.com/watch?v=UD6FNUfHjxo

Bedeutende Öl- und Gasfunde lassen die Spannungen in der Ägäis anwachsen
http://www.neopresse.com/politik/bedeutende-ol-und-gasfunde-lassen-die-spannungen-in-der-agais-anwachsen/

(Eurokrise)
Panik-Manipulation
http://www.saarbruecker-homepage.de/startseite-k2/item/311-panik-manipulation

INDECT - EU-Überwachunsgprojekt
http://de.wikipedia.org/wiki/INDECT

EU-Übelsetzungen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M569d2fe2ce5.0.html

Auslandsverschuldung der USA steigt auf $ 5,26 Billionen
http://www.goldreporter.de/auslandsverschuldung-der-usa-steigt-auf-526-billionen/news/24616/

US-Rentensystem wankt: Finanzloch von unfassbaren $ 4,6 Billionen!
http://www.wirtschaftsfacts.de/?p=21976

Chinas Konjunktur
Die Volksrepublik steht vor dem Absturz
Nach Jahrzehnten des steilen Wachstums schwächt sich Chinas Entwicklung ab. Viele bisher gut vertuschte Strukturprobleme treten nun zu Tage. Experten warnen vor dem ganz lauten Knall.
http://www.welt.de/wall-street-journal/article107809053/Die-Volksrepublik-steht-vor-dem-Absturz.html

Deutscher Kunstmanager seit Monaten in Haft
In den Fängen des chinesischen Staatskapitalismus
Der Kunstspediteur Nils Jennrich wurde wegen Schmuggels verhaftet und sitzt isoliert in einem chinesischen Gefängnis. Anklage wurde nicht erhoben. Beobachter vermuten dahinter eine Staatskampagne - und keinen Einzelfall.
http://www.handelsblatt.com/politik/international/deutscher-kunstmanager-seit-monaten-in-haft-in-den-faengen-des-chinesischen-staatskapitalismus-seite-all/6827316-all.html

Bergkarabach: Konfliktregion im Grenzgebiet
http://www.ndr.de/fernsehen/sendungen/weltbilder/media/weltbilder2291.html

Russland
Heilige Werte beschädigt: Punk-Musikerinnen bleiben in Haft
http://www.unzensuriert.at/content/009406-Heilige-Werte-besch-digt-Punk-Musikerinnen-bleiben-Haft

(Moldawien)
Parlament verbietet Hammer und Sichel
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57d5840116b.0.html

Spindelegger zeigt kein Engagement für geschändetes Donauschwaben-Denkmal
http://www.unzensuriert.at/content/009252-Spindelegger-zeigt-kein-Engagement-f-r-gesch-ndetes-Donauschwaben-Denkmal

Yad Vashem ändert Pius-Gedenktafel
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5351e7dd965.0.html

(skurril)
Miss Holocaust-Überlebende in Israel gekürt
http://www.spickmich.de/news/201207011700-miss-holocaust-ueberlebende-in-israel-gekuert

(Deutsche Eliten in Kumpanei mit US-Interessen und Islamisten)
Syrische Aufständische planen in Berlin Zeit nach Assad
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M55f64ccf762.0.html

Niederlage der Islamisten in Libyen ist paradox
http://www.welt.de/debatte/die-welt-in-worten/article108363124/Niederlage-der-Islamisten-in-Libyen-ist-paradox.html

(Der ewige Kampf gegen das „Heidentum“…)
UNESCO-Erbe zerstört: Hintergründe der Gewalt in Timbuktu
http://www.unzensuriert.at/content/009243-UNESCO-Erbe-zerst-rt-Hintergr-nde-der-Gewalt-Timbuktu

„Interreligiöser Dialog“: Jungem Buddhisten droht bei Saudis die Todesstrafe
http://www.unzensuriert.at/content/009311-Interreligi-ser-Dialog-Jungem-Buddhisten-droht-bei-Saudis-die-Todesstrafe

Ägypten soll minderjährigen Christen freilassen
http://www.idea.de/detail/menschenrechte/detail/aegypten-soll-minderjaehrigen-christen-freilassen.html

CJD setzt sich für Kopten ein
http://newsofcid.wordpress.com/2012/07/23/cjd-setzt-sich-fur-kopten-ein/

Mailand: Pfarrer verwehrt Zigeunern Zutritt
http://www.unzensuriert.at/content/009244-Mailand-Pfarrer-verwehrt-Zigeunern-Zutritt

John Young
"WikiLeaks hat sich mit den Regierungen verbündet"
http://www.zeit.de/digital/internet/2012-07/john-young-cryptome-interview-wikileaks

(So werden im britischen Heer Infanteristen auf den Kampfeinsatz vorbereitet. In der Bundeswehr wohl undenkbar ...)
British Army Bayonet Training
http://www.youtube.com/watch?v=_Op1zjd7KKE

Europarat fordert Überprüfung der „Goldenen Morgenröte“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56051d31522.0.html

Belgiens Zerfall
http://www.fr-online.de/meinung/auslese-belgiens-zerfall,1472602,16635766.html

INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

Wird mit dem ESM der Weg zur Finanzdiktatur frei?
Fragen zur Finanzkrise, dem Euro, Griechenland und dem ESM, aber auch zum Stil ihrer Politik und der Logik des permanenten Rettungsimpulses in Europa. Ein Brief zum 58. Geburtstag der Kanzlerin. Von Cora Stephan
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article108305679/Wird-mit-dem-ESM-der-Weg-zur-Finanzdiktatur-frei.html

Deutschland bekommt ein gewaltiges Schuldenproblem
http://www.goldreporter.de/deutschland-bekommt-ein-gewaltiges-schuldenproblem/gold/24367/

So gefährlich kann der ESM für Deutschland werden
http://www.welt.de/finanzen/article108285556/So-gefaehrlich-kann-der-ESM-fuer-Deutschland-werden.html

(Grusel-Oetti meldet sich mal wieder…)
Oettinger wirbt für Vereinigte Staaten von Europa
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M597411f726e.0.html

(Er muss noch viele Medienkampagnen anstossen…)
Mehrheit der Deutschen gegen Vereinigte Staaten von Europa
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53bfbb176e0.0.html

(na, ist doch alles in Butter…)
Deutsche mit Angela Merkel zufrieden
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5b08908d449.0.html

Raus aus dem Euro! – Rein in den Knast?
Christian Wolf
Tummeln sich in Deutschland die dreistesten und heuchlerischsten Verfassungsfeinde der Welt? Man müsste gar nicht lange nach ihnen fahnden. Sie sitzen im Parlament – als Zweidrittel-Mehrheit der Bundestagsabgeordneten. Und denken nicht daran, das Grundgesetz (das ja auch nur als Vorstufe zu einer vom Volk legitimierten Verfassung dienen soll) zu achten oder den Willen der überwältigenden Mehrheit der Deutschen zu respektieren oder gar zu vertreten.
http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/deutschland/christian-wolf/raus-aus-dem-euro-rein-in-den-knast-.html

Euro-Krise: Sarrazin attackiert Schäuble
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M587ae243a0d.0.html

Juncker geht hart mit Deutschland ins Gericht
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57a27f7e011.0.html

Anrufe bei Professoren
Regierung setzt kritische Ökonomen unter Druck
http://www.handelsblatt.com/politik/deutschland/anrufe-bei-professoren-regierung-setzt-kritische-oekonomen-unter-druck/6901090.html

ESM-Widerstand: Schachtschneider, Hankel, Popp
http://www.youtube.com/watch?v=dwoGTy4UTxU

Brief an Bundestagsabgeordnete
NPD stellt Demokratie "Todesbescheinigung" aus
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/npd-verschickt-demokratie-todesbescheinigung-an-bundestagsabgeordnete-a-844511.html

Wir selbst in Europa – Identitäre Notizen (1)
http://www.sezession.de/32867/wir-selbst-in-europa-identitare-notizen-1.html

Wir selbst in Europa (2) – Einheit und Souveränität
http://www.sezession.de/32940/wir-selbst-in-europa-2-einheit-und-souveranitat.html

Helmut Schmidt "Weltmacht wird Europa nicht"
Wir wollen unsere nationalen Identitäten bewahren, doch an der europäischen Integration führt kein Weg vorbei.
http://www.zeit.de/2012/28/Schmidt-Rede-Warburg-Preis

Spekulationen über wahre Beweggründe der Regierung
Die Eurokrise – eine deutsche Verschwörung?
http://www.focus.de/finanzen/doenchkolumne/spekulationen-ueber-wahre-beweggruende-der-regierung-die-eurokrise-eine-deutsche-verschwoerung_aid_776054.html

Europa
Die Mär vom Euro-Gewinner Deutschland
http://www.tagesspiegel.de/meinung/europa-die-maer-vom-euro-gewinner-deutschland/6830732.html

"Europa ist ohne die Beteiligung der Bürger aufgebaut worden. Das war ein großer Fehler"
Oskar Lafontaine spricht im Interview über die Piraten, Demokratiedefizite in Europa und die Bilderberg-Konferenzen
http://www.heise.de/tp/artikel/37/37291/1.html

(Ein guter Kommentar zum ESM von Stefan Scheil)
Der Prozeß
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M59b99ce675f.0.html

Albtraumhafte Schuldenbombe: Die nächste Krisenwelle wird verheerend sein
http://www.propagandafront.de/1120720/albtraumhafte-schuldenbombe-die-nachste-krisenwelle-wird-verheerend-sein.html

Schuldenkrise Berlins
Widerstand gegen Euro-Bonds bröckelt
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/von-der-leyen-schliesst-euro-bonds-nicht-aus-a-843205.html

Wenn der Euro crasht…
http://krisenfrei.wordpress.com/2012/05/23/wenn-der-euro-crasht/

Zwangsanleihen wegen Euro-Crash
http://pit-hinterdenkulissen.blogspot.de/2012/07/zwangsanleihen-wegen-euro-crash.html

Angriff auf Nation und Demokratie
Deutschlands politische Elite sucht den Fluchtweg
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=345

Linke Journalistin wird Sprecherin Gaucks
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5ba18bd1779.0.html

Bundestag verkauft Bürgerrechte in nur 57 Sekunden
Ein Video entlarvt die Heuchelei der Politik: Die Abstimmung darüber, dass Meldeämter alle Bürgerdaten an Adresshändler und Werbetreibende weitergeben dürfen, ist ein Tiefpunkt des Parlamentarismus.
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article108124972/Bundestag-verkauft-Buergerrechte-in-nur-57-Sekunden.html

Meldegesetz: Der populistische Empörungssturm
http://uhupardo.wordpress.com/2012/07/09/meldegesetz-der-populistische-emporungssturm/

Beschneidung von Jungen
Kommentar: Unauflösbarer Widerspruch
http://www.op-online.de/nachrichten/politik/beschneidung-juedischer-muslimischer-jungen-problem-religion-entscheidungsfreiheit-kinder-2430978.html

Der antiliberale Affekt: Fundamentalismus ohne Fundament
http://www.sezession.de/33187/der-antiliberale-affekt-fundamentalismus-ohne-fundament.html#more-33187

Identitäre Notizen zur Beschneidungsfrage
http://www.sezession.de/33191/identitare-notizen-zur-beschneidungsfrage.html/3

(Zur Kampagne für Kitas…)
Die Familie als nächtliche Parkgarage
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5749d21b5e6.0.html

Diese drei Entwürfe sind im Finale
DAS wird Leipzigs Einheitsdenkmal
http://www.bild.de/regional/leipzig/denkmal/so-wird-leipzigs-einheitsdenkmal-25039180.bild.html

Fünf Randnotizen zum Leipziger Einheits- und Freiheitsdenkmal
http://www.sezession.de/33136/funf-randnotizen-zum-leipziger-einheits-und-freiheitsdenkmal.html

Gesellschaftskritik
Über Piraten-Kluft
http://www.zeit.de/2012/27/Gesellschaftskritik-Piraten-Kluft

(Zur SPD)
Vaterlandslos
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M532a40e22f3.0.html

Grüne Gedenkkultur holt Guernica nach Dresden
http://www.unzensuriert.at/content/009274-Gr-ne-Gedenkkultur-holt-Guernica-nach-Dresden

(Für NVAs aber sicher schon…)
Linkspartei gegen Ehrengeleit für verstorbene Wehrmachtsoffiziere
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M55dccc09833.0.html

(Antideutsche Klischees im Film)
Nachtrag am Ende des heutigen Tages – Marie Ketteler, Gretel Bergmann, Berlin 1936
http://www.sezession.de/33024/nachtrag-am-ende-des-heutigen-tages.html#more-33024

(amüsant)
Neues vom Hakenkreuz
http://www.sezession.de/32937/neues-vom-hakenkreuz.html#more-32937

(etwas älter, aber sehenswert)
ARD-exclusiv: Rot - Grün macht Kasse - Panorama - NDR - DAS ERSTE
http://www.youtube.com/watch?v=vGeLYQzDgEY

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS

„NSU“-Ausschuss
Abgeordnete fordern „Stopp der Aktenvernichtung“
Ausgerechnet das Bundesinnenministerium soll im November 2011 die Vernichtung von Protokollen des Verfassungsschutzes zur Terrorgruppe „NSU“ angeordnet haben. Abgeordnete des Untersuchungsausschusses im Bundestag sind „fassungslos“.
http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/rechtsextremismus/nsu-ausschuss-abgeordnete-fordern-stopp-der-aktenvernichtung-11825077.html

Was der Verfassungsschutz verschweigt,
http://www.sezession.de/32851/was-der-verfassungsschutz-verschweigt.html#more-32851

Verfassungsschutzchef Fromm reicht Rücktritt ein
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M54c77e26837.0.html

Schlapphut ade?
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M572ee578b92.0.html

Neue Vorwürfe gegen Thüringens Ex-Verfassungsschutz-Chef Roewer
Deutschlands peinlichster Geheimdienstler
http://www.bild.de/politik/inland/nsu/verfassungsschutz-chef-helmut-roewer-25100734.bild.html

Thierse fordert Bundesstiftung gegen Rechts
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M58b843fb69d.0.html

(Hervorragender Kommentar von Michael Klonovsky zu linken Zensurbestrebungen)
Die Ver.di-Jugend spielt FDJ
http://s14.directupload.net/images/120704/u6yjef35.jpg

(Akademische Anti-Nationalisten)
Flaggengefahr: EM-Nachtag
http://www.sezession.de/32929/flaggengefahr-em-nachtag.html#more-32929

(Zum Netzwerk FARE)
Der Ball ist nicht rund, sondern antirassistisch
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fed9c531f8.0.html

Occupy-Camp wird Auffanglager für Randgruppen, die Kapitalismuskritik wenig interessiert
http://www.op-online.de/nachrichten/frankfurt-rhein-main/statt-protest-viele-probleme-2414572.html

„Institut für vergleichende Irrelevanz“ in einem besetzten Haus erhitzt die Gemüter in Frankfurt / Räumung naht
Gegen-Uni oder „Hort der Irren“?
http://www.op-online.de/nachrichten/frankfurt-rhein-main/gegen-uni-oder-hort-irren-2384929.html

(Zum „Institut für vergleichende Irrelevanz“ (IVI))
Intellektuelle Heimatlosigkeit
Gedanken zu den Raumdieben im Westend
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=347

Dortmund
CDU warnt vor linksextremem Antifacamp
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M58a71342a6b.0.html

(„No-Border-Camp“)
Düsseldorf
Aktivisten müssen mit Strafanzeigen rechnen
http://www.rp-online.de/region-duesseldorf/duesseldorf/nachrichten/aktivisten-muessen-mit-strafanzeigen-rechnen-1.2917987
(mit Fotostrecke)

(„No-Border-Camp“)
Grüne rechtfertigen Räumung besetzter Geschäftsstelle
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5c37b64744f.0.html

“OP Blitzkrieg”: Anonymous-Hacker veröffentlichen Kundendaten von konservativem Modelabel konmo.de
http://deutschlandecho.org/index.php/2012/07/05/op-blitzkrieg-anonymous-hacker-veroffentlichen-kundendaten-von-konservativem-modelabel-konmo-de/

Betrugsvorwurf gegen Skandalautor Wallraff
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5122fd36513.0.html

(Zum Internet-Mobbing)
„Martin Mollnitz“ oder Kleines Toleranzstückchen
http://www.sezession.de/32978/martin-mollnitz-oder-kleines-toleranzstuckchen.html#more-32978

Urteil im Burschenschafter-Streit gefallen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M500789cb02d.0.html

Politische Justiz: der Fall Norbert Weidner
http://www.sezession.de/33141/politische-justiz-der-fall-norbert-weidner.html#more-33141

Deutsche Burschenschaft nicht verfassungsfeindlich
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M50f2b8ffb14.0.html

Türken-Zeitung Hürriyet interessiert sich für Deutsche Burschenschaft
http://www.unzensuriert.at/content/009242-T-rken-Zeitung-H-rriyet-interessiert-sich-f-r-Deutsche-Burschenschaft

(Linke Aufregung um ein „Sleipnir“-Lied bei Hunsrück-Schulfeier)
Im Sommerloch – und plötzlich: Nazis!
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M523ed242931.0.html

Schulabschluß mit Sleipnir
http://www.sezession.de/33339/schulabschlus-mit-sleipnir.html#more-33339

Hakenkreuz-Cup in Karlsruhe: "Ich vermiete nicht an Nazis"
http://www.ka-news.de/region/karlsruhe/Hakenkreuz-Cup-in-Karlsruhe-Ich-vermiete-nicht-an-Nazis;art6066,844803

Polizei verhindert rechten Kick in Schluttenbach
http://www.ka-news.de/region/ettlingen/Polizei-verhindert-rechten-Kick-in-Schluttenbach;art6012,911088

(Auch hier ist mal wieder eine „antifaschistische“ Großtat vollbracht worden…)
NPD Kundgebung Wiesbaden und Frankfurt
Kein Platz für die Rechten
http://www.fr-online.de/rhein-main/npd-kundgebung-wiesbaden-und-frankfurt-kein-platz-fuer-die-rechten,1472796,16733358.html
(Man achte einmal auf die Zahlenangaben zu diesem mutigen Protest im Jubelartikel der „Frankfurter Rundschau“: „Rund 200 Demonstranten hatten die neun NPDler am Bahnhofsvorplatz so laut ausgepfiffen, dass von ihren Reden kaum etwas zu verstehen war. Zudem übertönte immer wieder lautes Glockengeläute die Redner.“)

Dortmunder erstattet Anzeige wegen NPD-Wahlplakat
http://www.derwesten.de/politik/dortmunder-erstattet-anzeige-wegen-npd-wahlplakat-id6886330.html

Vermummte Linksextremisten überfallen Berliner Bio-Hotel
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56ca896a1f7.0.html

Berlin
Bio-Hotel lässt sich nicht vertreiben
http://www.tagesspiegel.de/berlin/bio-hotel-laesst-sich-nicht-vertreiben/6889084.html

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

Peter Sutherland, UN-Migrationsbeauftragter: “EU soll ethnische Homogenität zerstören!”
http://korrektheiten.com/2012/06/23/peter-sutherland-un-migration-ethnische-homogenitaet-multikulturell/

EU-Kommissarin plädiert für mehr Einwanderung nach Europa
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M575174ce784.0.html

(Deutschland beliebter als der EU-Standard…)
Gericht untersagt Abschiebung nach Italien
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5ded38a8204.0.html

Tschetschenen-Flüchtlinge fahren auf Heimaturlaub
http://www.unzensuriert.at/content/009463-Tschetschenen-Fl-chtlinge-fahren-auf-Heimaturlaub

Der Untergang des Abendlandes in Anekdoten (2) – Neues von der Gebärfront
http://www.sezession.de/32983/der-untergang-des-abendlandes-in-anekdoten-2-neues-von-der-gebarfront.html

Post bringt Integrationsbriefmarke raus
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fe63f71c1b.0.html

(Kommentar zur Propagandabriefmarke)
Klebrige Integration
http://www.sezession.de/32877/klebrige-integration.html#more-32877

(Man wüsste gerne, welche Klientel vorrangig diesen Ärger fabriziert…)
Darmstadt: Konflikte und Pöbeleien sind laut einer Studie in manchen Branchen fast schon Alltag
http://www.op-online.de/nachrichten/hessen/frustrierte-kunden-schreien-drohen-2424120.html

(„Im Visier der Ermittler: Dr. Aiman O. (45). Er soll vermögende Patienten aus dem Ausland bevorzugt haben und schneller mit Spenderorganen versorgt haben.“)
Organspende-Skandal! Staatsanwalt prüft Ermittlungen wegen Tötung durch Unterlassen
http://www.bild.de/news/inland/transplantation/staatsanwalt-ermittelt-gegen-mediziner-25264710.bild.html

(Zu Bebenburg/Thieme)
Übrig blieben dummdeutsche Biersäufer
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53757b1fd74.0.html

FDP fordert Willkommenskultur für Einwanderer
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5ab024ced8f.0.html

Grüne fordern Gleichstellung des Islam mit Christentum
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5cf0516d45d.0.html

(Rassismus-Vorwurf gegen griechische Sportlerin)
Vorauseilender Gehorsam
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5dc261d1b72.0.html

Unglaubliche Rassismus-Vorwürfe gegen Fußballklub
http://www.unzensuriert.at/content/009228-Unglaubliche-Rassismus-Vorw-rfe-gegen-Fu-ballklub

Stoppt Racial Profiling!
http://openpetition.de/petition/online/stoppt-racial-profiling
(Spielfilm-Propaganda)
Kebab mit alles
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5076c353bba.0.html

Frankfurt
Polizeibeamter in Nieder-Eschbach Opfer von Migranten-Gewalt
Täter auf freien Füßen
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=341

(Antwort an die „Frankfurter Rundschau“)
Der Wahrheit und Realität verpflichtet
FREIE WÄHLER in Frankfurt bleiben unbeirrt
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=342

Schläger im Auto unterwegs - Offenbach
Am Samstagabend, gegen 23:30 Uhr, wurden ein 29 und 31 Jahre alter Offenbacher im Französischen Gässchen aus einem Pkw heraus angepöbelt. Der silberfarbene Audi A4 mit Aschaffenburger Kennzeichen hielt anschließend an und die vier Insassen griffen die beiden zuvor angepöbelten Männer tätlich an. Beide Männer wurden auf offener Straße niedergeschlagen und am Boden liegend getreten. Die Geschädigten konnten keinerlei Beschreibung der Täter abgeben. Ihrer Schilderung nach, soll es sich jedoch um Menschen russischer Abstammung handeln. Hinweise nimmt die Polizei unter der Telefonnummer 069/8098-1234 entgegen.
http://www.24pr.de/polizei/polizeimeldung-587762.html

Auf der Straße zusammengeschlagen - Rodgau
Am Sonntagmorgen, gegen 2.30 Uhr, gingen vier Personen laut streitend die Frankfurter Straße entlang. Aus einem Pkw heraus, der an ihnen vorbei fuhr, wurden die Streithähne angesprochen, dass sie zu laut seien. Unmittelbar danach wurde das Fahrzeug in der Hanauer Straße geparkt und die vier Insassen kamen auf die Streithähne zu und griffen diese an. Es entwickelte sich eine Schlägerei, bei welcher drei der vier Ruhestörer nicht unerheblich verletzt wurden. Anschließend flüchteten die Angreifer in Richtung ihres Pkw. Nach Angaben der Opfer soll es sich bei den Tätern um vier 20 bis 25 Jahre alte Südländer mit dunklen Haaren handeln. Die Frisuren der Schläger sollen teilweise extrem kurz und an den Seiten rasiert gewesen sein. Die Polizei bittet um Hinweise unter der Telefonnummer 069/8098-1234.
http://www.24pr.de/polizei/polizeimeldung-587762.html

Mord von Sarstadt
Lebenslange Haft für 38-Jährigen
http://www.haz.de/Nachrichten/Der-Norden/Uebersicht/Lebenslange-Haft-fuer-38-Jaehrigen

Chaos im Gerichtssaal nach "Ampelmordprozess"
http://www.ndr.de/fernsehen/sendungen/hallo_niedersachsen/hallonds10465.html

Massenschlägerei in Münchner Moschee fordert viele Verletzte
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fe199b6097.0.html

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

Häusle-Bauer aufgepasst: Abzocke mit Wärmedämmung
http://www.compact-magazin.com/index.php?option=com_content&view=article&id=297:haeusle-bauer-abzocke-durch-waermedaemmung&catid=3:newsflash

(Architektur der Moderne)
Pinakothek der Moderne – wegen Pfusch am Bau geschlossen
http://www.tagesschau.sf.tv/Nachrichten/Archiv/2012/07/12/Kultur/Pinakothek-der-Moderne-wegen-Pfusch-am-Bau-geschlossen

(Zum Kampf um den Abriss des DDR-Mercure-Hotels in Potsdam und die ostalgische Mentalität im Jahr 22 nach der Wiedervereinigung)
Potsdamer Phantomschmerzen
Bei den Schlachten für und gegen Schlösser oder Kunsthallen geht es um mehr als Architektur und Stadtgestaltung
http://www.maerkischeallgemeine.de/cms/beitrag/12359603/62249/Bei-den-Schlachten-fuer-und-gegen-Schloesser-oder.html

Schlösser im Land Brandenburg - Vergessene Kostbarkeiten !?!
http://brandenburg.rz.htw-berlin.de/kostbarkeiten.html

Zionskirche Dresden - Das Lapidarium
http://www.youtube.com/watch?v=3ulgrVI82eg

Deutschlands hektischer Kampf gegen das Beschneidungsverbot
http://www.unzensuriert.at/content/009320-Deutschlands-hektischer-Kampf-gegen-das-Beschneidungsverbot
   
Der soldatische Mann
Rückzug der Vernunft: Die Debatten um das Beschneidungsverbot von Köln und Martin Mosebachs Forderung nach einer Strafe für Blasphemie täuschen Mehrheitsmeinungen vor
http://www.boent.eu/beschneidung.html

„Wenn die Eliten ratlos sind, fragen sie die Anarchisten“
Der US-amerikanische Ethnologe und Anarchist David Graeber erläutert, weshalb die freie Weltgesellschaft nicht auf Geld verzichten muss und warum wir heute schon im Kommunismus leben.
http://jungle-world.com/artikel/2012/28/45865.html

Interview mit Alexander Demandt
"Die trotzige Haltung - sie steckt den Deutschen im Blut"
http://www.weltwoche.ch/ausgaben/2009-19/artikel-2009-19-interview-alexan.html

Neue Spur im Fall Barschel
http://www.berliner-zeitung.de/panorama/barschel-neue-spur-im-fall-barschel,10808334,16739238.html

Sag ja zur 24-Stunden-Kita!
http://faz-community.faz.net/blogs/deus/archive/2012/07/10/sag-ja-zur-24-stunden-kita.aspx

Das letzte Hemd für Merkel…
http://www.meinletzteshemd.eu/

W.I.R. - Wiens Identitäre Richtung
http://wirfürwien.at/?page_id=47

Der Funke
http://www.der-funke.info/

Zeitgeist und Demokratismus
http://bv-journal.blogspot.de/2012/07/zeitgeist-und-demokratismus.html?spref=fb

Wissensmanufaktur
http://www.wissensmanufaktur.net/

Wo, bitte, geht's zum „Bätscheler“?
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5125332af28.0.html

Digitale Bohème in Berlin
Diese verflixten tausend Euro
http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/digitale-boheme-in-berlin-diese-verflixten-tausend-euro-11823254.html

Der Wettbewerb der Gauner: Über das Unwesen der Demokratie und den Ausweg in die Privatrechtsgesellschaft
http://www.amazon.de/Der-Wettbewerb-Gauner-Demokratie-Privatrechtsgesellschaft/dp/392639658X/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1341862999&sr=8-1

(Kampf der Saatgutkonzerne gegen private Gärtner und Kleinbauern…)
EU-Gericht bricht die Macht der Saatgut-Weltkonzerne
http://www.mainpost.de/ueberregional/politik/brennpunkte/EU-Gericht-bricht-die-Macht-der-Saatgut-Weltkonzerne;art112,6895041
KOKOPELLI – Wir überlassen das Saatgut nicht den Konzernen
http://renegraeber.de/blog/kokopelli-ueberlassen-saatgut-nicht-konzernen/

(In Neuseeland haben sie schon gewonnen)
Lobbyarbeit von Monsanto: Anbau eigener Lebensmittel in Neuseeland genehmigungspflichtig
http://www.goldseiten.de/artikel/135680--Lobbyarbeit-von-Monsanto~-Anbau-eigener-Lebensmittel-in-Neuseeland-genehmigungspflichtig.html

Ökowatch
http://oekowatch.org/index.php/de/ueber-oekowatch

Dreschflegel - Saatguthandel
http://www.dreschflegel-saatgut.de/index.php

(Ein Projekt der Deutschen Bank)
Vegetarisches Restaurant GoboChia in Frankfurt spendet Umsätze
http://www.gastronomieguide.de/blog/vegetarisches-restaurant-gobochia-frankfurt-spendet-umsaetze/

Obdachlosen-Tafeln
Fiskus greift sich Lebensmittel-Spender
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/steuern-fuer-sachspenden-an-tafeln-lebensmittel-besser-wegwerfen-a-845365.html

(Political Correctness treibt neue Blüten)
Australien
Rennpferd muss anstößigen Namen wechseln
http://www.suedostschweiz.ch/vermischtes/rennpferd-muss-anstoessigen-namen-wechseln

Entdeckung des Verlustprinzips
Ein in Berlin entwickeltes Videospiel belebt die Pazifismus-Debatte in den USA neu: Das Kriegsepos "Spec Ops" bringt dem Spieler bei, sich für die eigenen Gräueltaten zu schämen
http://www.welt.de/print/die_welt/kultur/article107702204/Entdeckung-des-Verlustprinzips.html

Gema-Reform: Das Ende der Clubszene?
http://www.wz-newsline.de/lokales/moenchengladbach/gema-reform-das-ende-der-clubszene-1.1038509

Batman abgestumpft
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5bdaa626446.0.html

(Buch: Matthew Stokoe: High Life)
Wie Chandler auf Heroin und Hammett auf Crack
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M54af7fe6a00.0.html

„Picasso war wie ein Taliban“
Die Malerin Françoise Gilot lebte zehn Jahre mit Pablo Picasso zusammen. Eine Katastrophe, sagt sie – aber eine wunderschöne.
http://sz-magazin.sueddeutsche.de/texte/anzeigen/37801

(Political Correctness hat neues Opfer gefunden…)
Deutschland 2012: Krankland, Feigland
Russischer Starsänger aus Bayreuth vertrieben
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=351

(Ebenfalls zu Bayreuth)
Die Frist ist um …
http://www.sezession.de/33203/die-frist-ist-um.html#more-33203

(Zu Black Metal)
Schwarze Berserker
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5f8b9958f60.0.html

(Tja, so stellen sich Pop-Linke vermutlich den Weg zur antikapitalistischen Gesellschaft vor…)
Disturbed - Land Of Confusion
http://www.youtube.com/watch?v=wmE-fh6oqJ4&feature=related


samedi, 15 septembre 2012

Valt Syrië uiteen?

Peter LOGGHE:
 
Valt Syrië uiteen?
 
Ex: Deltastichting - Nieuwsbrief, Nr. 62, Augustus 2012

In de nationale pers was de jongste weken te lezen dat het conflict in Syrië steeds meer een internationaal karakter aan het krijgen is. Zo liet de Amerikaanse minister van Defensie zich onder andere in De Standaard (15.08.2012) uit over het feit dat de Iraanse revolutionaire Garde bezig is met de vorming van een militie die in Syrië aan de zijde van het regime zal strijden en zo het Syrische leger een adempauze wil gunnen. Minister Panetta liet niet na Iran hierover te waarschuwen: “Iran zou zich beter bezinnen over zijn inmenging”.

Leon PanettaMinister Panetta vergeet er ondertussen wel bij te vertellen dat zowat de ganse wereld zich ondertussen aan het moeien is in de regio, en dat Syrië de speelbal dreigt te worden van het internationale geopolitieke spel. Iran speelt daarin zijn rol, maar ook niet meer dan dat. De bondgenoot van de VS, Saoedi-Arabië, speelt er samen met andere Arabische emiraten en staten een vooraanstaande rol in de bewapening en opleiding van de rebellen.

Is de internationalisering van het conflict een ernstig gevaar, dan is de versplintering van het land dat misschien nog meer, aldus het Duitse jong-conservatieve weekblad Junge Freiheit. Immers, Syrië is allesbehalve een homogeen islamitisch of Arabisch land, verre van daar. In Wikipedia bijvoorbeeld vindt men volgende samenstelling:

“Van de bevolking is 90% moslim en 10% christen. In afwijking van de meeste andere Arabische landen is de islam geen staatsgodsdienst, maar wel de publieke religie en de sharia is een belangrijke bron van het Syrische recht. De identiteit van Syrië is echter vanouds nadrukkelijk Arabisch, en pas in de tweede plaats islamitisch. Christenen hebben tijdens de regeerperiodes van de beide Assads grote vrijheid genoten en de inheemse kerken kunnen relatief gemakkelijk nieuwe kerken bouwen.

Het grootste deel van de moslims (74 % van de Syrische bevolking) behoort tot de soennitische moslims. Daarnaast zijn er andere islamitische minderheden waartoe 16 % van de bevolking behoort. De islamitische minderheden zijn de alawieten (een stroming die vaak tot de sjiieten gerekend wordt), waartoe ook president Assad behoort (ook noessairi's genoemd) (circa 7%) en de ismaëlieten (circa 1,5%). Er zijn ook Druzen (circa 2%)”.
 
 
Het gevaar dat dit multinationale en multiculturele land uit elkaar valt, is niet denkbeeldig, zeker omdat er tekenen zijn die het einde van het Assadregime aankondigen: de aanslagen in de hoofdstad Damascus, de binnenste cirkel van de macht dus, nemen toe. Er was de vlucht van de soennitische minister-president Riyad Hidsjab naar Quatar. En ook de VN-missie bleek een maat voor niets.

Wat voor anderhalf jaar nog leek op een intern-Syrisch probleem, met wat protesten in Deraa, heeft zich ondertussen ontwikkeld tot een conflict waarbij interne Syrische wrijvingen en politieke aspiraties van buitenlandse machten elkaar overlappen. De interne Syrische wrijvingen blijken al uit de bevolkingssamenstelling.

Tot het einde van de Eerste Wereldoorlog behoorde Syrië tot het Ottomaanse Rijk, maar werd daarvan – vooral in het belang van de koloniale Frankrijk – losgekoppeld en werd een autonoom gebied, waarin Koerden, Druzen en Arabieren hun plaats moesten veroveren. Soennieten en Sjiieten, christenen en alawieten.  Pas in 1946 werd het onafhankelijk, maar tot op vandaag, ondanks pogingen van de regerende Baathpartij, bleek het onmogelijk een identiteit op te bouwen.

Daarboven komt dat de Soennieten, die de meerderheid van de bevolking uitmaken, zich steeds heftiger keren tegen het regime van de Assads, dat zich baseert op de Alawitische, christelijke en sjiietische minderheden. Het samenleven van die verschillende groepen wordt blijkbaar moeilijker, wat door het religieus fanatisme van moslimstrijders in de rijen van de rebellen nog wordt verzwaard: steeds vaker is er sprake van een “heilige oorlog” tegen de ongelovigen.

Joshua LandisHet Duitse weekblad haalt de befaamde Amerikaanse politicoloog Joshua Landis aan, die stelt dat bij het verdwijnen van het Assadregime “niet moet worden gerekend op een standvastige homogene staat en al helemaal niet met een democratie naar westers model, maar wel met chaos en gewelddadige ontwikkelingen op het binnenlands vlak”. Er zal een versplinteringsproces op gang komen, aldus de Amerikaanse specialist.

De geografische breuklijnen volgens etnische en religieuze bevolking zijn volgens hem al duidelijk. De christelijke diaspora is al bezig, naar het buitenland, maar ook naar de naburige "autonome regio" Koerdistan met hoofdstad Erbil, die de hooggekwalificeerde christenen maar al te graag opneemt. Het Assadregime geraakt ook steeds nadrukkelijker de controle kwijt in het noordoostelijk gelegen Koerdisch gedeelte van Syrië, en de Koerden daar beroemen er zich nu al op dat er een de facto onafhankelijke staat aan het ontstaan is. Ze hebben onvoorwaardelijk met Syrië gebroken, en boven de gebouwen wappert de Koerdische vlag. De Koerdische president in Erbil, Masoed Barzani, heeft de Koerden in Syrië al een soort peterschap aangeboden, een verdrag is in de maak, en de Pesjmergastrijdkrachten zouden Syrische Koerden aan het opleiden zijn: Turkije volgt de ontwikkelingen in de verschillende Koerdische gebieden bijzonder aandachtig op.

Ook de Alawieten, waartoe de familie Assad behoort, trekken zich in bepaalde geconcentreerde gebieden terug. Tussen de Syrische havensteden Tartus en Latakie zou zich een alawietische enclave aan het ontwikkelen zijn: op enkele maanden tijd groeide de bevolking er van 900.000 aan tot 1,2 miljoen mensen. Het aandeel van de Alawieten in dit gebied bedraagt er ondertussen meer dan 70%, de christenen maken er 14% uit. De soennieten zijn er met 10% een kleine minderheid. Bijkomend gegeven is natuurlijk dat de haven Tartus aan de Russen werd verpacht en dat er ook ongeveer 10.000 Russen in het gebied leven.

Het einde is (misschien) in zicht, maar het conflict in Syrië zou wel eens een totaal andere afloop kunnen hebben dan bepaalde dominerende politieke krachten in de VS en Europa verwachten.
 
Peter Logghe

Warum der Westen Russland braucht

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Warum der Westen Russland braucht

Die erstaunliche Wandlung des Zbigniew Brzezinski

Von Hauke Ritz

Der 1928 geborene Zbigniew Brzezinski ist eine der schillerndsten Figuren der außenpolitischen Elite der Vereinigten Staaten. Seine Schriften bestechen durch ihren Sinn für die machtpolitische Realität und irritieren zugleich durch die Konsequenz, mit der diese Machtpolitik entfaltet wird. Da Brzezinski an der Gestaltung des Kalten Krieges aktiv beteiligt war und bis heute eng mit den politischen Eliten Amerikas verbunden ist, sind seine Bücher nicht nur historische, sondern immer zugleich auch politische Dokumente, die einen tiefen Einblick in das Selbstverständnis amerikanischer Außenpolitik gewähren.

Nun ist Brzezinski mit einem neuen Buch an die Öffentlichkeit getreten. Dieses trägt den Titel „Strategic Vision“ und ist insofern höchst bemerkenswert, als Brzezinski darin eine weitreichende politische Wende vornimmt. Er fordert eine umfassende Revision der bisherigen Ausrichtung der amerikanischen Außenpolitik seit dem Ende des Kalten Krieges. Die zentrale These des Buches lautet, dass die USA sich heute in einer ähnlichen Situation befinden wie die Sowjetunion in den 80er Jahren.

Ging es in seinem letzten großen Buch „The Grand Chessboard“ noch darum, die politische Kontrolle über Zentralasien zu gewinnen und sprach er 2008 immerhin noch von einer „Second Chance“ zur Errichtung einer unipolaren Welt, so gesteht er jetzt ein, dass der Machtverlust der USA und die multipolare Welt Realität geworden sind. Damit kommt es zu einer ganzen Reihe von Neubewertungen. Am erstaunlichsten ist, dass er seine radikale Gegnerschaft gegenüber Russland, die in all seinen früheren Büchern direkt oder unterschwellig präsent ist, aufgegeben hat. Mehr noch: Für das Überleben des Westens sei es zentral, Russland zu integrieren.

Von Carter zu Reagan

Die ganze Bedeutung dieser Kehrtwende wird jedoch erst verständlich, wenn man sich den Verlauf von Brzezinskis Karriere vergegenwärtigt. Man könnte Brzezinski als eine moderne Erscheinung des königlichen Beraters bezeichnen. In ihm verbinden sich die Eigenschaften eines politischen Denkers und kühlen Praktikers fast bis zur Ununterscheidbarkeit. Schon in seinen frühen Büchern wird seine Faszination für Macht und ihre Analyse deutlich. Seinem vorrangigen Interesse, die bestehenden Machtstrukturen im Dienste und Sinne der Vereinigten Staaten zu stärken, folgte auch seine Arbeit als Sicherheitsberater unter Jimmy Carter. Damals, in den Jahren 1977 bis 1981, war er direkt an der Ausgestaltung des Kalten Krieges beteiligt.

Waren Nixon und Kissinger noch primär um eine Erhaltung des Status Quo bemüht gewesen, interessierte Brzezinski von Beginn an die Frage, wie man den Kalten Krieg erneut verschärfen und zu einer endgültigen Entscheidung bringen könnte. Sein Einfluss muss auch deshalb hoch veranschlagt werden, weil viele seiner Konzepte anschließend auch von der Reagan-Administration fortgeführt wurden. 1998 enthüllte er in einem Interview mit der französischen Zeitung „Le Nouvel Observateur“, dass die USA bereits vor dem Einmarsch der Sowjetunion in Afghanistan die Mudschaheddin finanziell unterstützt hätten. Ziel dieser Politik sei es gewesen, so Brzezinski, die Wahrscheinlichkeit eines Einmarsches der UdSSR in Afghanistan zu erhöhen. Gefragt, ob er die Unterstützung fundamentalistischer islamischer Gruppen inzwischen bereuen würde, antwortete er: „Was soll ich bereuen? Diese verdeckte Operation war eine hervorragende Idee. Sie bewirkte, dass die Russen in die afghanische Falle tappten und Sie erwarten ernsthaft, dass ich das bereue. Am Tag, da die Russen offiziell die Grenze überschritten, schrieb ich Präsident Carter: Jetzt haben wir die Möglichkeit, der UdSSR ihr Vietnam zu liefern.“ Als der Interviewpartner nachhakt und auf die Verknüpfung von islamischem Fundamentalismus und Terrorismus hinweist, antwortet Brzezinski: „Was ist wohl bedeutender für den Lauf der Weltgeschichte? […] Ein paar verwirrte Muslime oder die Befreiung Mitteleuropas und das Ende des Kalten Krieges?“[1]

>> weiter in den ‘Blättern für deutsche und internationale Politik

Erdogan et la nouvelle Turquie

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Robert Steuckers:

Erdogan et la nouvelle Turquie

 

Conférence prononcée à la tribune de l’ASIN (“Association pour une Suisse Indépendante et Neutre”), Genève, 3 novembre 2011

 

Recension: Jürgen P. FUSS, Erdogan – Ein Meister der Täuschung – Was Europa von der Türkei wirklich zu erwarten hat, Bublies Verlag, D- 56.290 Beltheim/Schnellbach, 2011. Internet: http://www.bublies-verlag.de/

Adresse électronique pour toute commande: bublies-verlag@t-online.de .

 ISBN 978-3-937820-16-3.

 

Recep Tayyip Erdogan a fait advenir sur l’échiquier politique planétaire, et plus spécifiquement proche-oriental, une Turquie nouvelle, dans la mesure où sa politique intérieure n’est plus déterminée par le laïcisme kémaliste et par le pouvoir réel de l’armée (= l’“Etat profond”) et où sa politique étrangère n’est plus systématiquement alignée sur les concepts convenus de l’OTAN (du moins en apparence).

 

Une effervescence nouvelle

 

Ce glissement s’est opéré au moment où s’installait dans la région une effervescence plus complexe que celle impulsée jusqu’ici par le seul conflit israélo-palestinien et israélo-arabe. Cette effervescence nouvelle anime le Moyen Orient (Irak, Iran et Afghanistan compris), l’Asie mineure (avec le Caucase) et le Bassin oriental de la Méditerranée. En effet, à Chypre, le conflit greco-turc pour la maîtrise de l’île, qui avait conduit à l’invasion de l’été 1974, se double désormais d’un conflit pétrolier pour le partage des eaux territoriales et le partage des éventuelles nappes pétrolifères à découvrir dans le sous-sol de la Méditerranée. Ces nappes se situent à cheval sur les eaux territoriales libanaises et cypriotes, israéliennes et cypriotes, sur la portion de mer octroyée à la Bande palestinienne de Gaza. La Turquie, puissance occupante de la moitié septentrionale de Chypre, est le seul Etat au monde à reconnaître le “République turque de Chypre du Nord” et n’est pas autorisée à forer mais fait néanmoins valoir des “droits” sur les nappes à découvrir et exploiter, ce qui entraîne la constitution d’un nouvel axe Athènes/Nicosie/Tel Aviv, dirigé contre Ankara. Pour l’Europe, les menaces turques contre Chypre sont une menace directe contre un Etat appartenant à l’UE, qui, de surcroît, risque de devenir un fournisseur d’hydrocarbures. Ce qui ne devrait pas être pris à la légère.

 

En Syrie, en août 2011, le ministre turc des affaires étrangères, Davutoglu, a proposé au pouvoir baathiste de Bachar El Assad une alliance “néo-ottomane” afin de ré-ancrer la Turquie dans le monde arabo-musulman. Il a essuyé une fin de non recevoir car le baathisme syrien demeure une idéologie et une pratique laïques, fondées sur une option “arabiste”, excluant, modernisme oblige, toute notion archaïsante et néo-fondamentaliste de “Djalliliyâh” (n’a pas droit à l’existence toute forme d’organisation politique née en dehors de l’islam, que ce soit avant la prophétie ou après) et toute confrontation entre religions. Ensuite, Davutoglu ne proposait rien de concret pour réduire le “stress hydrique” que connaît la Syrie, où le débit des fleuves, le Tigre comme l’Euphrate, est considérablement diminué par l’installation, au temps d’Özal, de barrages en amont, sur territoire turc.

 

En Egypte, en Libye et en Tunisie, la disparition des pouvoirs laïques ou militaires semble faire place à de nouveaux pouvoirs, assez largement déterminés par les Frères Musulmans, qui peuvent prendre soit un visage “modéré”, et adopter dans ce cas le “modèle turc”, soit un visage plus radical et se rapprocher du wahhabisme saoudien voire d’Al Qaeda. Le voyage d’Erdogan en Tunisie semble avoir donné le coup d’envoi au parti “Ennahda”, posé comme “islamiste modéré”. L’exportation de ce “modèle turc” correspond souvent aux intérêts géostratégiques de la Turquie néo-ottomane.

 

Dans le Kurdistan irakien, les Kurdes d’Irak semblent vouloir, paradoxalement, devenir des vassaux de la Turquie, contrairement à leurs cousins d’Anatolie orientale, organisés par le PKK. L’alliance tacite entre l’Iran et la Turquie entraîne, semble-t-il, une alliance entre le PKK et les révoltés kurdes d’Iran.

 

Les gazoducs

 

A tout cela s’ajoutent les innombrables problèmes soulevés par le tracé des futurs oléoducs et gazoducs: 1) le North Stream qui achemine le gaz russe vers l’Allemagne via la Baltique; 2) le South Stream qui achemine le gaz russe vers l’Europe, en passant par l’Europe centrale; ces deux gazoducs ne concernent pas immédiatement la Turquie; 3) le tracé dit “Nabucco”, lui, doit acheminer du gaz de la région caspienne/caucasienne, voire des hydrocarbures en provenance d’Asie centrale ex-soviétique, vers l’Europe en passant par la Turquie, donnant ainsi à ce pays, un formidable atout géostratégique qu’il ne possédait pas auparavant; l’objectif, soutenu par les Américains, est de ne pas faire transiter de gaz ou de pétrole par l’Iran ou par la Russie, voire de verrouiller l’acheminement d’hydrocarbures vers l’Europe au cas où un éventuel conflit surviendrait entre une Europe, jugée trop russophile ou trop alignée sur le BRIC, et les Etats-Unis (où ceux-ci joueraient immédiatement, contre nous, la “carte islamique modérée”, et la “carte qatarie”, et, pour les sales travaux, la carte d’Al Qaeda, comme en Libye); enfin, 4) le tracé dit “Blue Stream”, qui doit acheminer le gaz russe en direction de la Turquie, pauvre en hydrocarbures. Le projet “Blue Stream” explique, qu’en dépit d’une inféodation à l’OTAN, d’une fidélité réelle à l’alliance américaine malgré le rideau de fumée de la diplomatie néo-ottomane et islamisante, la Turquie compose avec la Russie, même si celle-ci s’oppose au tracé “Nabucco” et privilégie le tracé “South Stream”, qu’elle estime suffisant. Les rapports russo-turcs ont toutefois été troublés par la fameuse affaire “Ergenekon” (cf. infra), mise en exergue par le gouvernement Erdogan, qui y voyait un complot contre la nouvelle orientation néo-ottomane et néo-islamisante que son parti, l’AKP, impulsait. Le mouvement “Ergenekon” aurait été une nouvelle mouture du panturquisme laïque, jadis anti-soviétique et anti-russe (avec les généraux Enver et Çakmak), mais devenu pro-russe sous l’influence du nouvel eurasisme, théorisé actuellement en Russie, notamment par le penseur politique Alexandre Douguine.

 

Voilà pour la nouvelle donne sur le théâtre proche-orientale et est-méditerranéen.

 

Du “Tanzimat” à Atatürk

 

Pour comprendre la dynamique à l’oeuvre, il faut expliciter préalablement quelques mots-clefs. Sous le sultanat, au 19ème siècle, des esprits “éclairés” (inspirés par les acquis positifs du despotisme éclairé de la seconde moitié du 18ème en Europe) suggèrent des réformes visant à redonner de la puissance à l’Empire ottoman en recul; ce train de réformes s’est appelé “Tanzimat” et s’est inspiré, dans la deuxième phase de son développement, des réformes impulsées par l’ère Meiji au Japon. C’est l’époque où les Ottomans se maintiennent dans les Balkans mais perdent la Roumanie, première puissance orthodoxe, jadis inféodée à l’Empire ottoman, qui accède à l’indépendance, avec l’appui européen mais surtout russe. La réforme “Tanzimat” vise un réaménagement intérieur sans toutefois pouvoir arrêter la déliquescence dans les Balkans, pièce maîtresse de l’Empire et principal réservoir humain (non musulman!). Cette ère de réformes culminera en 1908 avec la révolution des “Jeunes Turcs”, suite à l’annexion du centre névralgique des Balkans, la Bosnie-Herzégovine, par l’Autriche. En dépit de leur volonté première de s’aligner sur l’Occident français et anglais, les “Jeunes Turcs”, qui sont hostiles à la Russie, troisième puissance de l’Entente, basculent dans l’alliance allemande, ce qui induit Londres et Paris à faire éclore en Syrie et au Liban un “nationalisme arabe libéral” pour fragiliser l’Empire ottoman au Levant et le couper ainsi de ses possessions arabes, saoudiennes et égyptiennes. Dans le sillage des “Jeunes Turcs” naît l’idéologie panturquiste ou pantouranienne, visant l’unification en un seul bloc de tous les peuples turcs depuis l’Anatolie jusqu”au “Turkestan chinois” (le Sinkiang actuel). La première guerre mondiale, on le sait, conduit au démantèlement de l’Empire ottoman. Il est bon de le rappeler dans le contexte actuel car ce démantèlement avait contraint les Turcs à ne plus évoquer l’ottomanisme (phase de leur histoire considérée comme “révolue”). Aujourd’hui, le concept refait surface et l’abolition du califat, consécutive de la victoire des nationalistes kémalistes au début des années 20, est subrepticement rendue caduque, du moins en idée, par le recours à un “cadre islamique”, dans lequel la Turquie envisage de jouer un rôle majeur, comme au temps du califat, officiellement défunt. Au-delà de toutes les vicissitudes vécues par la Turquie de 1922 à l’avènement d’Erdogan, début du 21ème siècle, une Turquie strictement nationaliste, ethniquement turco-centrée, repliée sur le seul territoire anatolien, est une Turquie sans pétrole, sans réels débouchés pour son industrie en plein développement, puisqu’elle a renoncé aux régions kurdes et pétrolifères de Kirkouk et de Mossoul lors de la signature du Traité de Lausanne en 1923. Le néo-ottomanisme vise à renouer avec les zones ayant jadis appartenu à l’Empire ottoman et à sortir du cadre de plus en plus étroit de l’Anatolie ( vu la démographie galopante et le boom économique).

 

Laïcisme et hittitisme

 

Le sursaut kémaliste, après le désastre de la première guerre mondiale, est aussi et surtout une réaction à l’invasion grecque de 1921-22, laquelle avait annexé la Thrace et la région de Smyrne qui permettait à l’armée grecque de lancer aisément des promenades militaires dans les profondeurs territoriales anatoliennes. On lira avec profit le livre que l’historien et écrivain anglais Giles Milton a consacré à la tragédie de Smyrne, abandonnée par les Britanniques et les Américains à l’invasion turque. Pour surmonter l’émiettement potentiel du nouvel Etat turc fort hétérogène dans sa population (47 groupes ethniques et religieux) sans recourir à l’islam, qu’il détestait, Kemal Atatürk invente un “mythe hittite”: le nouvel Etat est l’héritier, non pas des hordes turques venues d’Asie centrale, non pas des bandes arabes qui y ont amené l’islam, mais d’un peuple indo-européen qui a bâti un empire en Anatolie et a fait face aux autres empires (souvent sémitiques) de son époque et à l’Egypte des Pharaons. Kemal Atatürk s’inscrivait ainsi, ou croyait s’inscrire, dans le club des nations modernes européennes. Son laïcisme et son “hittitisme”, version turque “mythologisée” du modernisme européen, doivent constituer un bastion contre l’obscurantisme arabe/sémitique, comme l’Empire hittite avait été une civilisation indo-européenne face à des empires plus autoritaires et plus hiérarchisés, en tout cas de facture non “européenne”. Cette vision sera d’abord contestée par le panturquisme ou pantouranisme qui se revendiquera des hordes de la steppe, tout en demeurant laïque comme l’était par ailleurs Atatürk. Avec Erbakan et Erdogan, l’idéologie d’Etat glisse à nouveau vers l’islam et se revendique du double héritage turc et islamique, celui où la steppe s’est alliée au Califat de Bagdad au 11ème siècle.

 

Pendant la deuxième guerre mondiale, la Turquie, au départ, proclame sa neutralité, après avoir récupéré sur la France cette portion de la Syrie que l’on appelait alors le “Sandjak d’Alexandrette” (1939). Au moment où les armées allemandes victorieuses s’enfoncent dans le territoire soviétique, s’approchent du Caucase et de la Volga lors de la “Vormarsch” de 1942, un groupe de militaires panturquistes, regroupés autour du Général Çakmak, chef de l’état-major, proposent aux Allemands à Berlin une entrée en guerre de la Turquie, moyennant cession du Caucase et de toutes les républiques soviétiques turcophones d’Asie centrale. Ces projets sont jugés délirants à Berlin. L’Allemagne aurait servi de “janissaire” pour la création d’un Empire pantouranien, sans recevoir de réelles compensations et, pire, en voyant ces conquêtes sur l’URSS menacées exactement aux mêmes points que l’était l’ancienne Russie d’Ivan le Terrible à Catherine la Grande. En 1945, au moment où la Turquie déclare la guerre à l’Allemagne, les comploteurs panturquistes sont arrêtés, condamnés à de lourdes peines de prison mais rentrent chez eux au bout de quelques semaines... Parmi eux, un homme qui fera parler de lui: le Colonel Türkes du parti MHP.

 

Après 1945: démocratie, retour du religieux et destin tragique d’Adnan Menderes

 

Après 1945, la Turquie opte pour l’inféodation à l’OTAN. Pour prouver sa bonne volonté, elle paie le prix du sang, en envoyant plusieurs bataillons en Corée pour appuyer les Américains. Les pertes ont été lourdes. L’installation en Turquie de missiles américains pointés sur la Crimée et l’Ukraine entraîne la crise de Cuba de 1962: les Soviétiques ripostent en installant chez Castro des engins ballistiques équivalents, pointés sur le Texas et la Floride. Cependant, selon leur bonne habitude, les Etats-Unis réclament dès 1945 l’installation d’une démocratie pluripartite à l’occidentale en Turquie. L’installation d’un tel régime a tout de suite impliqué le retour de la religion, auquel aspirait une bonne partie de l’électorat dans les campagnes anatoliennes. Adnan Menderes, à la tête de son “Parti Démocratique”, gouverne la Turquie de 1950 à 1960 et édulcore la rigidité des principes laïques kémalistes, à la fureur des militaires et des nationalistes panturquistes, qui ont dû lâcher du lest en abandonnant sous pression américaine leur parti unique, le “Parti Républicain du Peuple”. Ces principes kémalistes, posés comme intangibles par les fondateurs de la République, sont au nombre de six: laïcité, nationalisme, populisme, étatisme, république, révolution. En 1961, un putsch renverse Menderes: il est condamné à mort et exécuté. Le putsch de 1961 sert de modèle régulateur à la démocratie turque: si le système pluripartite génère de l’anarchie ou enfreint l’un des six “principes”, l’armée intervient, rétablit l’ordre puis réinstalle la démocratie sur des bases rénovées. En 1971, l’armée interviendra à nouveau, suite aux conflits idéologiques et aux violences entre factions d’extrême-gauche et factions d’extrême-droite. En 1981, nouveau putsch rectificateur, sous l’impulsion du Général Kenan Evren, qui fait quelques concessions en faveur de la religion, permettant notamment de l’enseigner dans les écoles et lycées d’Etat. En 1997, les chars paradent, menaçants, dans les rues pour évincer l’islamisant Erbakan. Le recours au putsch constitue donc un expédient récurrent dans le fonctionnement de la démocratie turque, imposée au pays, fin des années 40, par les Etats-Unis, qui ferment les yeux quand les chars sortent de leurs casernes car la Turquie, membre de l’OTAN, est “un Etat sur la ligne de front”.

 

Trois facteurs idéologiques majeurs

 

Toute la période de l’histoire turque, avant Erdogan, est donc déterminée par trois facteurs idéologiques majeurs: 1) le laïcisme républicain (ou “kémalisme”), très intransigeant quant au respect de ses principes, une intransigeance qui a notamment imposé au parlement et au pouvoir civil certaines prérogatives de l’armée qui, entre autres choses, soumet son budget aux députés qui n’ont pas le droit de le contester; 2) le panturquisme laïc, représenté politiquement par le MHP, mais plus diffus dans la société et dont la laïcité a été édulcorée, elle aussi, dans la mesure où ce parti déclare représenter 2500 ans d’histoire turque, mille ans d’islam turc et quelques décennies de nationalisme républicain, comme couronnement et formule définitive de l’histoire du pays; 3) la religion, qui, avant Erdogan, subit deux échecs dans sa volonté de se ré-affirmer, d’abord avec Menderes, qui a fini tragiquement suite au putsch de 1961, ensuite avec Erbakan, démissionné sous la pression de l’armée. Face à ces deux échecs, comment expliquer, dès lors, qu’Erdogan a pu prendre le pouvoir, s’y accrocher et refouler le laïcisme républicain voulu par Mustafa Kemal?

 

Erbakan, Erdogan et le mouvement “Milli Görüs”

 

Pour comprendre la révolution erdoganienne, il faut commencer par situer le personnage. Il passe sa jeunesse dans les quartiers pauvres du port d’Istanbul. A quinze ans, il adhère au mouvement national-religieux “Milli Görüs”, dont Erbakan est une figure de proue. Il fréquente ensuite une école du réseau “Hatip”. Ce réseau scolaire forme des imams et des prédicateurs et axe son enseignement sur la rhétorique. Il communique à ses étudiants une synthèse islamiste, conservatrice et nationaliste. Les activités de “Milli Görüs” en Europe sont surveillées, notamment par le “Verfassungsschutz” allemand car il compterait 87.000 adhérents rien qu’en Europe occidentale, ce qui, d’après les estimations, représenterait 300.000 électeurs au moins (qui ont presque tous la double nationalité), car dans le système turc, très patriarcal, c’est le chef de famille qui décide du comportement politique des siens. Le mouvement anime également 514 centres culturels et de prière en Europe, dont 323 en Allemagne. La force d’Erdogan, grâce aux talents de rhétoricien qu’il a acquis dans le réseau scolaire “Hatip”, c’est d’avoir réinterprété le message: la synthèse islamiste, conservatrice et nationaliste de “Milli Görüs” et du réseau “Hatip” débouchera, via Erdogan, sur l’idéal d’une “nouvelle grande Turquie”, sur un conservatisme islamisant servant de modèle à toutes les anciennes composantes musulmanes de l’Empire ottoman (cf. le néo-ottomanisme du Prof. Davutoglu) et sur une ré-islamisation de la société turque envers et contre les volontés de l’armée et des forces laïques. Pour y parvenir, dans une première phase, Erdogan donnera à son gouvernement un “masque démocratique” qui va séduire l’UE.

 

L’ouverture aux techniques et aux sciences chez Saïd Nursi

 

Erdogan a reçu d’autres influences, qu’il me paraît important d’évoquer, pour bien comprendre les ressorts qui animent aujourd’hui la “Turquie néo-ottomane et ré-islamisée”. Pour Jürgen P. Fuss, un journaliste allemand qui a vécu et publié longtemps en Turquie, Erdogan a subi également l’influence d’un penseur turc (ethniquement kurde), Saïd Nursi. Ce penseur du 19ème siècle ottoman estime que l’islam, en tant que religion et que vision du monde, doit correspondre aux temps qui courent, tirer profit des innovations techniques et scientifiques pour ne pas les laisser en exclusivité aux autres, à ses ennemis. Saïd Nursi s’aligne ainsi sur d’autres penseurs du monde musulman de son époque comme l’Egyptien Abd al-Rahman al-Djabarti (1754-1825) ou l’Indien Sayyid Ahmad Khan (1817-1898). Pour donner corps à son idée, Saïd Nursi crée le “Jama’at-Un”, mouvement réformateur et religieux qui inclut dans ses réflexions la technique et les sciences modernes (européennes), ce qui doit déboucher sur une synthèse rationnelle, appelée à fortifier le mouvement “Tanzimat”, équivalent ottoman de l’ère Meiji japonaise. Vingt millions de musulmans appartiendraient aujourd’hui à ce mouvement fondé jadis par Saïd Nursi, qui avait amorcé ses réflexions au départ d’un constat, celui du recul général de l’aire civilisationnelle musulmane au 19ème siècle, face aux puissances occidentales. Atatürk s’est inspiré de lui mais a rejeté son message religieux. Erdogan accepte le message de Nursi, tant sur le plan rationnel (technique et scientifique) que sur le plan religieux.

 

L’influence de Fethullah Gülen

 

Erdogan a ensuite bénéficié de toute l’influence de Fethullah Gülen, un industriel turc milliardaire, prônant l’ascétisme et l’appliquant à lui-même, se nourrissant exclusivement de soupe et de yoghurt. Pour Gülen, l’origine de toute décadence se trouve dans la soif de luxe, l’extravagance et le déclin spirituel. Pour faire triompher ses visions spirituelles et ascétiques, Gülen a financé 200 fondations dans 54 pays; il a sponsorisé cinq universités en Asie centrale turcophone; il dirige simultanément 500 entreprises et possède une banque, l’”Asya Finans Bankasi” (= “Banque financière d’Asie”). Il est très actif dans le secteur immobilier, contrôlant 300 agences, 46 foyers créés pour activités diverses et seize instituts d’enseignement, sans compter d’innombrables commerces. Dans le domaine des médias, Gülen contrôle 25 stations de radio, l’hebdomadaire “Aksyon” (= “Action”), sur le modèle du “Spiegel” allemand, et le quotidien “Zaman”. Il est le chef de la fraternité des “Nourdjou”, dont les racines sont profondes dans l’histoire turque et ottomane. Au départ, Gülen avait soutenu le parti “Refah” d’Erbakan puis, après sa rupture avec ce dernier car il avait des vues différentes quant aux méthodes politiques (comme par ailleurs Erdogan), il a soutenu les partis sociaux-démocrates. Il influence également le mouvement des Naksibendis, créant un lien entre “Nourdjou” et “Naksibendis”, deux mouvements religieux très influents, notamment en Bosnie. Un bon tiers des Naksibendis soutient aujourd’hui l’AKP d’Erdogan.

 

Fethullah Gülen prêche “l’amour et la tolérance”, du moins en apparence car ce masque “boniste” camoufle un discours dirigé contre les militaires, diffusé pour opérer à terme un changement de régime, une dislocation de l’“Etat profond”, dirigé par les militaires laïques: le but est révolutionnaire même si le discours peut parfois paraître lénifiant. Gülen a notamment dirigé une campagne hargneuse contre un professeur d’origine turc de l’Université de Münster en Allemagne, Muhammad Sven Kalisch, qui enseigne la théologie islamique mais dont le message était jugé trop “libéral”. Le système conceptuel pensé par Gülen se veut application de la “taqiyya”, estime Fuss, c’est-à-dire de l’art de la dissimulation, inspiré, dans toute l’aire civilisationnelle arabo-musulmane par le “Livre des ruses”. Selon cette optique, il faut travailler avec patience et opiniâtreté pour renverser un Etat dominé par l’adversaire, en l’occurrence les militaires et les laïques, sans se faire repérer par ceux-ci. D’où, il faut présenter un extérieur moderne et affable, tout en cultivant, en secret, une intériorité ultra-conservatrice (islamiste), visant le changement de régime, au nom de la religion. Toujours d’après Jürgen P. Fuss, les deux influences, celle de Nursi et celle de Gülen, sont également déterminantes dans l’éclosion de l’erdoganisme.

 

La carrière politique malheureuse d’Erbakan

 

Comment Erdogan va-t-il déployer sa carrière politique? Dans un premier temps, il se mettra dans le sillage de Necmettin Erbakan (1926-2011), décédé au début de cette année, le 27 février. Erbakan a été un politicien maladroit. Sa carrière est une longue suite d’échecs, alors qu’il avait bien des atouts en main. Jugeons-en:

En 1970, Erbakan fonde le MNP (=”Parti de l’Ordre National”), qui, un an plus tard, est interdit sous pression des militaires.

En 1973, il fonde le MSP (= “Parti du Salut National”) qui lui permettra d’être vice-premier ministre dans plusieurs gouvernements de coalition entre 1974 et 1978.

En 1980, Erbakan est arrêté après le putsch du Général Evren. Tous les partis politiques sont interdits.

En 1982, Erbakan est condamné à dix ans d’interdiction politique.

En 1987, il devient le président du “Refah” (= “Parti du Bien-être”), avec lequel il connaîtra plus de succès.

En 1996, il devient premier ministre et, l’année suivante, il est “démissionné” sous pression des militaires. Le 20 mars 1998, il est condamné à un an de prison. Il fonde ensuite plusieurs partis qui ne donnent rien et, en 2003, il est condamné pour corruption à deux ans de prison.

 

La carrière d’Erbakan se solde donc par un échec politique total, qui est aussi l’échec d’une première vague de ré-islamisation. De 1969 à 2004, soit en trente-cinq ans d’activités politiques à haut niveau, Erbakan aura été premier ministre pendant 367 jours! Conclusion de Fuss: Erbakan n’a pas appliqué le “Livre des ruses”.

 

Après Erbakan, une nouvelle politique conservatrice et islamique

 

Lorsqu’Erdogan avait trente-deux ans, il était membre du comité exécutif du “Refah”. Il se dispute alors avec Erbakan, sans doute jaloux de l’ascension rapide et de l’ascendant de son cadet. Erbakan ne cessera plus de lui mettre des bâtons dans les roues, lors de sa candidature à la mairie d’Istanbul et lors d’élections législatives pour le Parlement d’Ankara. Erdogan veut gommer les apsérités du discours de ré-islamisation sans renoncer aux principes de base, comme l’enseigne le réseau scolaire “Hatip”. Mais le but ultime est de jeter bas la constitution laïque imposée jadis par Atatürk. Erdogan va déclarer vouloir “parachever l’oeuvre d’Atatürk” pour aboutir à un “nouvel empire ottoman” réalisé “dans la paix et la démocratie”. Quelle hypothèse pourrait-on émettre face à une telle déclaration, renforcée depuis par l’accession en mai 2009 au poste de ministre des affaires étrangères d’Ahmed Davutoglu, un géopolitologue surnommé le “Henry Kissinger” turc? Ce néo-ottomanisme ne recevrait-il pas le soutien indirect des Etats-Unis, grillés dans le monde arabe et soucieux de se faire discrets dans la région? Ensuite, les Etats-Unis, qui souhaitent malgré tout renouer des liens avec l’Iran, en dépit des discours bellicistes prononcés dans les médias, ne servent-ils pas de la Turquie comme intermédiaire? Ce soutien à un néo-ottomanisme ne vise-t-il pas à restaurer sous d’autres formes et d’autres signes l’aire couverte jadis par le “Pacte de Bagdad”, prélude à une unification, sous l’égide américaine, du “Grand Moyen Orient”, comprenant les anciennes républiques musulmanes et turcophones de l’Asie centrale ex-soviétique? Edward Luttwak, historien et géopolitologue dont l’oeuvre inspire toujours les grands stratégistes américains autour de Zbigniew Brzezinski, ne vient-il pas de sortir un nouveau chef-d’oeuvre, intitulé, “La stratégie de l’Empire byzantin”, une stratégie impériale (et de résistance impériale longue face à de multiples adversités) qui a été appliquée sur l’espace même que couvrait l’Empire ottoman en pleine ascension, notamment face aux incursions arabes et face à l’Empire perse?

 

Revenons à la carrière politique d’Erdogan, bien esquissée par Fuss. A quinze ans, en 1969, il est un jeune militant de “Milli Görüs”; en 1975, à 21 ans, il est le président des jeunes du MSP d’Erbakan dans le district portuaire de Beyoglu dans le Grand Istanbul. En 1976, à 22 ans, il est le Président des jeunes de tout le Grand Istanbul. En 1983, dès que les partis politiques sont à nouveau autorisés, il rejoint le “Refah” d’Erbakan. En 1989, il se heurte à Erbakan et réussit à s’imposer. En 1994, il est élu maire d’Istanbul et le restera jusqu’en 1998. Dans la gestion de la grande ville, il montre des qualités incontestables, comme Chirac à Paris dans les années 70. Il concentre ses efforts sur la propreté (une fois de plus comme Chirac avec son armée de balayeurs africains), sur la mobilité, sur l’approvisionnement en eau, obtient des crédits remboursés par des publicités sur les bus et dans les espaces publics et inaugure le métro (même si ce n’est pas lui qui a fait commencer les travaux). Parallèlement à ces travaux d’édilité à la romaine, il tente d’imposer les premières mesures “islamistes”, en interdisant la vente et la consommation d’alcool aux terrasses, sous prétexte d’éliminer les poivrots de la rue. Ce sera un échec. Ensuite, il essaie de supprimer les bus scolaires mixtes: ce sera un nouvel échec. Pour Faruk Sen, professeur allemand d’origine turque, et président de l’“Association des Etudes Turques” à Essen dans la Ruhr, le bilan du mayorat d’Erdogan à Istanbul est marqué d’ambivalence: il a effectué d’excellents travaux d’édilité mais son projet intime, celui de ré-islamiser la ville, a été un échec. Sa popularité, il la doit à des mesures pragmatiques, non tributaires de l’idéologie religieuse néo-islamiste qu’en revanche il n’a pas réussi à imposer. Cependant, il est parvenu à se donner une excellente présence médiatique.

 

Changements en Turquie

 

En 1998, suite aux démonstrations de force des blindés de l’armée turque et la démission forcée d’Erbakan, Erdogan est jugé et condamné à dix mois de prison et à l’inéligilité à vie par un tribunal militaire qui a préséance sur tous les tribunaux civils. Le motif de la condamnation est “conspiration contre la sûreté de l’Etat”, comme pour Erbakan. Cependant ces condamnations sont prononcées dans un contexte différent de celui des décennies antérieures. La Turquie a changé: les villes, surtout à l’Ouest, étaient généralement en majorité kémalistes, tandis que les campagnes anatoliennes étaient conservatrices et islamisantes; l’exode massif des campagnards vers les villes a installé dans la frange urbaine kémaliste une forte population d’origine rurale et d’idéologie conservatrice-islamiste. C’est cela qui avait déjà fait le premier succès d’Erdogan au mayorat d’Istanbul. C’est ce même glissement d’ordre démographique qui fera également ses succès ultérieurs.

 

On sait qu’Erdogan accorde beaucoup d’importance au port du voile par les femmes (à commencer par sa propre épouse), signe d’anti-kémalisme dans la mesure ou Atatürk avait moqué le port du voile et avait préconisé une mode moderne, différente de l’Europe, turque en son essence, et turque aussi par l’incontestable talent de ses stylistes très originaux, mais forcément non islamique. Le voile est donc signe d’islamité, de refus de l’occidentalisation imposée dès les années 20, signe aussi d’incompatibilité entre styles de vie propres à deux aires civilisationnelles. Nous avons là, dans le chef d’Erdogan, un paradoxe: il se veut “européen” et réclame l’adhésion pleine et entière de son pays à l’UE: il a adopté un style politique “démocratique”, pour plaire aux eurocrates, tout en cassant, par la même occasion, la logique “militariste” et “dirigiste” du kémalisme et des militaires, logique jugée peu démocratique dans les allées des parlements de Bruxelles et Strasbourg. Mais en dépit de cette “européisme”, tout de façade, et dicté par l’intérêt matériel (obtenir des subsides européens et déverser le trop plein démographique anatolien en Allemagne et ailleurs en Europe), il affirme clairement l’incompatibilité absolue entre les deux civilisation, l’islamique et l’européenne.

 

Erdogan et la théorie huntingtonienne du “choc des civilisations”

 

Le “démocratisme” affiché par Erodgan, selon les règles préconisées par le “Livre des ruses”, annulle la possibilité d’un nouveau putsch militaire, qui gèlerait toute négociation avec l’UE. En 1945, les Etats-Unis avaient réclamé la démocratisation mais avaient, chaque fois, minimisé les coups d’Etat de l’armée, les avaient considéré comme de petits dérapages sans grande importance. Erdogan, par son attitude rusée, capable de vendre un islamisme (à la Erbakan) aux Européens séduits par les seules apparences, obtient en 2005 que s’ouvrent les pourparlers en vue de l’adhésion définitive de la Turquie à l’UE, alors que, paradoxalement, il appartient à une sphère idéologique qui souligne sans cesse l’incompatibilité entre les deux aires civilisationnelles, dans la mesure où l’AKP d’Erdogan, selon le turcologue français Tancrède Josseran, “essentialise la notion de civilisation” comme l’avait fait aux Etats-Unis Samuel Huntington, dans un article de “Foreign Affairs” d’abord (en 1993), puis dans un célèbre ouvrage, best-seller dans le monde entier. L’Europe, dans ce contexte où les Turcs s’affirment clairement pour ce qu’ils sont et affirment virilement leurs choix, ne se déclare pas chrétienne, refuse même d’être un “club chrétien” et se pose comme un “carrefour” prêt à accepter en son sein l’islam ou toute autre religion d’origine extra-européenne. Vu d’Ankara, ou de toute autre capitale musulmane, c’est là un aveu de faiblesse, une attitude “femelle” de soumission. Erdogan profite de cette brèche pour introduire, à terme, un islamisme turc virulent et intransigeant dans la sphère de l’UE. Mais simultanément, il s’ouvre au monde arabe, garde des pions en Asie centrale malgré l’échec du pantouranisme de son prédécesseur Özal face au refus du Président kazakh Nazarbaïev, négocie avec l’Iran, s’aligne parfois sur le BRIC, scelle des accords nucléaires civils avec Téhéran au nom de la politique de “zéro problèmes avec les voisins” mise en oeuvre par Ahmed Davutoglu.

 

Sur le plan des droits de l’homme, Ali Bulaç, idéologue de l’AKP, signifie à l’UE que la Turquie a le droit d’exiger un “inventaire”, donc de faire le tri dans le corpus des droits de l’homme. Bulaç rejette par exemple l’idéologie des Lumières, ou, du moins, ce que les idéologues “droit-de-l’hommistes” entendent par là. L’Europe est, dit-il, “décadente” et la Turquie doit avoir la possibilité de s’immuniser contre les bacilles de cette décadence. Chez Erdogan, cela se traduit par: “Nous ne devons pas adopter les imperfections morales de l’Occident”.

 

“Turcs blancs” et “Turcs noirs”

 

La modernisation économique, sous l’impulsion de ce que d’aucuns nomment une sorte de “calvinisme” islamique, correspondant à certains schémes de la pensée de Gülen, s’opère principalement par un assouplissement du dirigisme qui servait de praxis au nationalisme kémaliste et militaire. Elle est portée aussi par le développement récent des zones est-anatoliennes, où les “Turcs noirs”, c’est-à-dire les Turcs pauvres et ruraux du centre et de l’Est de l’Anatolie, antérieurement soumis à la férule des “Turcs blancs” laïcisés et urbains de l’Ouest, ont développé tout un nouveau réseau de petites et moyennes entreprises. C’est dans ces régions jadis excentrées et peu développées que s’est effectué le “boom” économique turc. Les bénéficiaires de ce nouveau réseau anatolien votent pour l’AKP et imposent leur conservatisme islamisant aux anciennes élites laïques des villes de l’Ouest.

 

La nouvelle donne, c’est donc cette nouvelle Turquie, plus développée que dans les décennies de la seconde moitié du 20ème siècle. Voyons quelle a été, en gros, l’histoire politique du pays pendant ce demi-siècle.

 

◊1. Le premier gouvernement de Bülent Ecevit, social-démocrate laïque, est l’amorce d’une brillante carrière, commencée sous un gouvernement de coalition en 1973, avec le CHP (socialiste) et le mouvement d’Erbakan. Ecevit gère la crise de Chypre de 1974 et se montre réticent quant à l’adhésion turque à l’UE jusqu’en 1978. Après cette date, il en sera un fervent adepte.

 

◊2. Avec Süleyman Demirel et sa coalition regroupant l’ANAP (droite libérale), le MHP (ultra-nationaliste; “Loups gris” ou “idéalistes”) et le CHP (le parti du social-démocrate Ecevit), la Turquie recule sur le plan économique, le chômage croît et l’émigration vers l’Europe augmente. Malgré l’idéologie libérale de l’ANAP, le dirigisme turc est, d’après les observateurs libéraux, trop rigide. Les tensions augmentent entre extrême-droite et extrême-gauche, avec affrontements dans les rues. Pour mettre un terme à ce désordre, le Général Kenan Evren fomente et réussit un coup d’Etat qui supprime tous les partis existants. Mais il fait quelques concessions à l’islamisme, dans lequel il perçoit un rempoart contre l’idéologie subversive des gauches radicales et contre la droite radicale, encore panturquiste et laïque. Le Général Evren déploie aussi une première mouture de diplomatie “tous azimuts” vers les pays voisins, dans les Balkans comme au Proche-0rient ou en Egypte, ainsi qu’en direction de l’URSS. En ce sens, il est un précurseur laïque et kémaliste de Davutoglu...

 

◊3. Les militaires, par le truchement du “Conseil de Sécurité Nationale” (CSN), rédigent la nouvelle constitution de 1982. Selon les termes de cette constitution, tout gouvernement doit impérativement s’aligner sur les recommandations de ce CSN, ce qui, pour les observateurs de la CEE, est anti-démocratique. La Constitution du CSN admet toutefois, pour plaire aux religieux, que des cours de religion soient dispensés dans les écoles. En 1983, Türgüt Özal, proche des Nakshibendis, de la finance islamique et de l’idéologie néo-libérale en vogue depuis l’accession de Reagan à la présidence des Etats-Unis, accède au pouvoir. Les entreprises de la nouvelle aire de développement économique en Anatolie se développent jusqu’à la fin de l’ère Özal, qui meurt en 1993. Erbakan lui succèdera brièvement.

 

◊4. Après les soubresauts de l’ère Erbakan, la Turquie vit sous le deuxième gouvernement Ecevit qui est ébranlé par la crise économique de 2001 et par la fragmentation de la gauche turque. Cependant, Ecevit avait, avant 1999, amorcé des réformes, visant à lutter contre l’inflation (qui était de 80 à 100%!). Erdogan va tirer profit des mesures envisagées et amorcées par Ecevit.

 

Les idéologues de l’AKP

 

Dans les restes pantelants du “Refah” d’Erbakan, Gül et Erdogan prennent la direction et ne la lâchent plus. C’est le départ du nouveau mouvement conservateur islamiste, l’AKP. Erdogan est certes condamné à l’inéligibilité à vie, mais il est président du parti. Parmi les autres fondateurs, nous avons: 1) Binali Yildirim, qui milite pour un “internet propre”, donc pour la censure sur la grande toile; 2) Faruk Çelik, organisateur des “Turcs de l’étranger”, qu’il entend lier à la “mère-patrie”, envers et contre toute politique d’assimilation des Etats-hôtes, accueillant une immigration turque; 3) Ali Babacan, responsable des négociations avec l’UE; 4) Abdullah Gül, l’homme de la finance islamique de Djeddah, qui a vécu une expérience professionnelle en Arabie Saoudite et qui aurait des liens avec les Frères Musulmans (comme il l’aurait avoué à Bachar El Assad en août 2011). Gül, qui deviendra président de la Turquie, est un disciple de Necip Fazil Kisakürek, éditeur de la revue “Grand Orient”, proche de “Milli Görüs” et des Nakshibendi (comme Özal), proche aussi jadis du MHP du Colonel Türkes et auteur de nombreux essais et ouvrages visant à développer une historiographie anti-kémaliste. Pour Kisakürek, une conspiration mondiale a été et est toujours à l’oeuvre contre l’Empire ottoman et contre l’islam turc. Le kémalisme fait partie de cette conspiration. Parmi ses disciples, les militants du “Front des Combattants du Grand Orient Turc”, qui, parfois, n’hésitent pas à passer à l’action violente. L’histoire turque, pour Kisakürek et ses disciples, combattants ou non, est l’histoire d’un déclin permanent, une longue succession de “trahisons” et de “démissions”, ce qui doit amener tout théoricien politique lucide à “rejeter tout ce qui est réformiste depuis le 19ème siècle”. Le kémalisme, dans le cadre de cette vaste conspiration, a détruit l’essence spirituelle de la nation turque. L’objectif de cette oeuvre critique de Kisakürek est de faire émerger une nouvelle élite et de renverser les principes et les partisans du kémalisme. Sur le plan pratique, cela signifie qu’il faut, dans l’avenir, développer les relations économiques entre la Turquie et les pays musulmans. Le kémalisme a isolé la Turquie de l’Umma. De plus, le kémalisme est un “racisme” qui détruit tout à la fois l’identité turque et l’identité kurde (Nursi était kurde mais avant tout musulman et hostile à tout conflit kurdo-turc, au nom de l’indispensable unité de l’Umma).

 

On le voit: l’alliance entre Erdogan, Gül, et tous les autres auteurs conservateurs-islamistes cités, dont Çelik, puise à des sources diverses mais convergentes. C’est cette synthèse (ouverte par définition puisqu’elle allie différences et convergences) qui prendra la succession du dernier gouvernement républicain de Bülent Ecevit, devenu impopulaire à cause des mesures d’austérité prises pour contrer la crise. Elles feront trop de mécontents. Dès l’accession de l’AKP au pouvoir, suite aux élections du 3 novembre 2002, Erdogan devient premier ministre, le 9 mars 2003. Ces victoires de l’AKP ont encore été renforcées lors du scrutin suivant du 22 juillet 2007, qui a conduit à l’élection, par le Parlement, de Gül au poste de Président de la république. Le 30 juillet 2008, la cour constitutionnelle, jadis très zélée quand il s’agissait d’interdire des partis qui enfreignaient les principes du kémalisme, décide de ne pas faire dissoudre l’AKP. Pendant cette période des premiers triomphes de l’AKP, cinquante-quatre modifications constitutionnelles sont votées pour détricoter l’héritage kémaliste, permettant notamment de suspendre l’inéligibilité d’Erdogan.

 

2002: les promesses de l’AKP et les chiffres réels

 

Lors de la campagne électorale de 2002, l’AKP promet que tout “ira mieux”. Elle promet une croissance économique, la création d’emplois, la diminution de l’inflation, la réforme de l’assurance sociale, une consolidation démocratique, le renforcement des droits de l’homme et la liberté d’opinion et de presse assortis d’une réforme de la justice (tout cela pour jeter de la poudre aux yeux des eurocrates, pour se tailler un bel alpaga de “démocrate” et pour éliminer les militaires, détenteurs du “pouvoir profond”). En réalité, le bilan du nouveau pouvoir civil et islamisant est plus mitigé: le PIB a certes augmenté (2003: +5,3%; 2004: +9,4%) puis décliné (2009: -4,7%) pour reprendre en 2010 (+4%); l’inflation était de 47% en 2002 (c’est elle qui provoque le départ du dernier gouvernement Ecevit) pour se stabiliser à 8,5% en 2010 (elle avait été au plus bas en 2005: 8,1%), alors que la Roumanie, le plus mauvais élève de l’UE affiche un taux d’inflation de 6,1%. La moyenne de l’UE était de 2,1% en 2002 (Turquie: 47%) et 1,9% en 2010 (Turquie: 8,5%). Le chômage a partout baissé en Turquie mais les emplois offerts ne sont guère durables, pour une main d’oeuvre fort peu qualifiée, vu le haut taux d’analphabétisme. La syndicalisation des travailleurs demeure faible. La démographie galopante augmente sans cesse la masse des sans emploi qui subit en plus la concurrence de l’Asie, notamment dans l’industrie textile. En 2002, le chômage était de 10,3%; en 2010, il est de 12,2%. La croissance, on oublie trop souvent de le dire, est essentiellement due aux sommes versées à la Turquie par l’UE: ainsi, en 2002, l’UE a versé 126 millions d’euros; en 2010, 654 millions d’euro; en 2011, les chiffres prévus sont de 782 millions d’euro et, pour 2013, les prévisions se chiffrent à 935 millions d’euro.

 

Sur le plan de la “démocratisation”, rappelons que l’AKP a imposé le scrutin majoritaire, lui assurant le nombre voulu de sièges. Les victoires qu’il enregistre sont importantes mais le parti ne dépassait pas au départ le tiers du total des voix. En 2007, suite à sa victoire lors des élections de juillet, l’AKP a obtenu 47% des voix mais 62% des sièges: l’écart est plus grand que dans les autres pays européens qui pratiquent le scrutin majoritaire. C’est là un déficit de “démocratie pure”. Sous l’AKP, partis et associations kurdes ont été interdites, comme auparavant sous les divers régimes kémalistes. Plusieurs journalistes kurdes ont été arrêtés et condamnés, dont, en décembre 2010, Eminé Demir, condamnée à 138 ans de prison, et Vadat Kursun, condamné à 525 ans de prison. Chaque condamné était jugé à chaque fois pour chaque exemplaire du journal, où était paru un article jugé “litigieux”, ou pour chaque article incriminé, ce qui explique le nombre impressionnant d’années de prison qu’ils écopaient.

 

En janvier 2011, l’OCDE demande à la Turquie que soit levée l’interdiction faite aux citoyens turcs de visiter 5700 sites de l’internet. A partir de 2010, tout citoyen turc reçoit gratuitement une boîte de courrier électronique mais exclusivement sur le serveur de l’Etat. L’adresse “e-mail” est donc obligatoire et figure sur la carte d’identité. L’UE et l’OCDE en sont demeurés perplexes...

 

Dans le domaine de la justice, l’AKP a nommé 4000 nouveaux procureurs (à sa dévotion?), tout en maintenant les entorses au droit de la défense; ainsi, l’avocat d’un prévenu ne peut pas faire partie d’une association proche de ce dernier, sinon il est suspendu du barreau pour deux ans...! D’où, grosso modo, nihil sub sole novi.

 

Les quatre plans d’Erdogan

 

En fait, selon Fuss, Erdogan et l’AKP visent à parfaire quatre plans.

 

PREMIER PLAN: Détruire le pouvoir des militaires.

Avant 2002, l’armée, que l’on a aussi appelé l’“Etat profond”, détenait dans le pays le pouvoir absolu, avec droit de préséance sur toute politique ou instance civiles. Les années 2002-2006 verront se dérouler les premières escarmouches puis les premiers affrontements sérieux entre le nouveau pouvoir et les restes de l’ancien régime en place. Les dernières victoires des militaires datent effectivement de 2006. Cette année-là, l’AKP lance un procès contre le général Yasar Büyükanit, commandant-en-chef des forces terrestres. Sous la pression de l’armée, la plainte est retirée. Le procureur est suspendu et ne peut même plus travailler comme simple avocat. L’armée, en 2006, est demeurée provisoirement maîtresse de la situation et a conservé sa préséance par rapport à la magistrature. L’AKP va contre-attaquer en 2008, lors de la fameuse affaire “Ergenekon”. Le 21 mars, l’affaire éclate, suivie immédiatement de treize arrestations, dont un recteur, plusieurs journalistes et le président du “Parti Ouvrier”. Le 1 juillet, nouvelle vague d’arrestations. Vingt-et-une persones sont interpellées par la police dont deux généraux d’active et quatre généraux à la retraite, ainsi que le président de l’Association “Souvenir d’Atatürk”, ce qui est très symbolique. D’autres journalistes se retrouvent dans cette “charette”, ainsi que le président de la chambre du commerce d’Ankara. Tous sont accusés de “terrorisme” et passent devant des tribunaux civils, y compris les militaires. Les eurocrates applaudissent: pour eux, c’est une manifestation de “démocratie”. En 2010, 196 officiers sont à leur tour incriminés. Le bras de fer continue. Mais d’ores et déjà, on peut prévoir la victoire de l’AKP mais, contrairement à ce que peuvent bien penser les Européens naïfs, ce n’est pas une victoire démocratique, nous explique Fuss, c’est l’arbitraire qui change de camp.

 

DEUXIEME PLAN: Renforcer l’autonomie des colonies turques en Europe (sous l’impulsion de Çelik).

Ce plan est de loin le plus inquiétant pour les Européens, les autres concernant soit la Turquie (libre d’agencer sa politique comme elle l’entend sur le plan intérieur) soit le Proche- et le Moyen Orient (sphère géopolitique dans laquelle elle se trouve et où elle a le droit de s’affirmer, même si cela contrarie des intérêts européens ou russes; c’est alors aux Européens et aux Russes de se défendre). A l’évidence, ce deuxième plan implique une ingérence directe dans la politique quotidienne de plusieurs Etats d’Europe centrale et occidentale. Les directives de cette politique d’ingérence, à pratiquer par l’intermédiaire des diasporas turques d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Autriche, de Belgique et d’autres pays d’Europe occidentale et centrale ont été lancées par Erdogan lui-même à l’occasion de deux discours, l’un tenu à Cologne en 2008, l’autre à Düsseldorf, cette année, en 2011. Des ressortissants des diasporas belges et néerlandaises étaient présents en masse lors de ces meetings, proches des frontières entre l’Allemagne et les pays du Benelux. Ces deux discours, appelant à refuser toute forme d’intégration et/ou d’assimilation à la culture allemande ou européenne, à constituer des minorités turques de blocage dans les assemblées locales ou nationales, font bien évidemment fi des règles diplomatiques d’usage: on pourrait les interpréter comme des déclarations de guerre (et de guerre sainte, de djihad) à l’encontre des polities européennes, ou, au moins, comme un scandaleux déni des règles de bienséance diplomatique, ce qui est un indice très net que la Turquie cherche à se dégager de l’européisme que voulait lui imposer le laïcisme d’Atatürk. Erdogan, comme Çelik, appelle à créer des “communautés solidaires”, détachées du peuple-hôte et destinées à promouvoir une politique turque en Europe, envers et contre les intérêts naturels des puissances qui ont accueilli des immigrants turcs. Prôner une assimilation des immigrés turcs serait, selon Erdogan, un “crime contre l’humanité”. Les hommes et les femmes politiques d’origine turque, élus par les diasporas dans les communes belges, allemandes ou néerlandaises, doivent se mobiliser pour favoriser les plans de la “mère-patrie”, donc se constituer en “cinquième colonne”, prête à abattre tout pouvoir en place qui ne sacrifierait pas aux caprices de l’AKP. Complot contre la sûreté de l’Etat? Assurément! Mais l’inféodation à l’OTAN, qui inhibe tout réflexe sain dans les pays adhérents, n’autorise pas le lamentable personnel politique en place à réagir vigoureusement contre cette véritable déclaration de guerre, prononcée par un homme cohérent et sûr de lui, qui se permet ce coup d’éclat dans un pays gouverné par des personnages falots et “impolitiques” (Julien Freund), un “impolitisme” dû à une crédulité idéologique imbécile, cultivée depuis des décennies, qui conduit le politicien à perdre tout sens des réalités et à idolâtrer les “nuisances idéologiques” (Raymond Ruyer). A l’évidence, tous les citoyens d’origine turque ne sont pas d’accord avec cette politique d’ingérence, préconisée par Erdogan; bon nombre d’entre eux souhaitent une intégration à la culture du pays-hôte, surtout s’ils sont originaires de la quarantaine de minorités ethniques et religieuses qui compose la population turque, minorités que les pouvoirs en place n’ont jamais ménagées. Mais le poids électoral de la fraction de la diaspora favorable à Erdogan et à ses plans est néanmoins considérable: il suffit de songer aux chiffres, avancés par Fuss, que représentent les militants de “Milli Görüs” en Europe occidentale, en Allemagne en particulier. Enfin dernière remarque, non dépourvue d’ironie: que dirait Erdogan si un premier ministre européen venait à Izmir ou à Konya, voire à Van ou à Diyarbakir, exhorter une minorité anatolienne quelconque à refuser toute assimilation à la turcicité ou au sunnisme? Sous prétexte que ce serait un “crime contre l’humanité” de biffer l’identité kurde, arménienne, araméenne ou alévite?

 

TROISIEME PLAN: Faire de la Turquie une des dix premières économies du globe.

Les dix premières économies du globe sont les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Chine, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Canada, la Russie et le Brésil. Devant la Turquie, il y a l’Inde, la Corée du Sud, le Mexique et l’Australie. Cette classification révèle deux choses: 1) d’abord que la Turquie aura bien du mal à dépasser ses concurrents, surtout l”Inde vu son poids démographique; 2) que le boom démographique turc permet l’éclosion d’une masse de consommateurs immédiats, que ne peuvent plus aligner nos vieux pays fatigués et épuisés par deux guerres mondiales où le meilleur de leur population a péri. La Turquie augmente ainsi naturellement le nombre de consommateurs sur son propre marché intérieur, tandis que les vieilles nations européennes sont de plus en plus contraintes de chercher des débouchés à l’extérieur (en Chine par exemple), où la concurrence est dure et où les succès sont toujours aléatoires, non programmables sur le très long terme.

 

QUATRIEME PLAN: Faire de la Turquie une puissance mondiale.

C’est sans doute le noyau du rêve néo-ottoman: l’Empire, créé par Othman au 14ème siècle, était effectivement la principale puissance du globe, avec la Chine, au début du 16ème siècle. Mais elle a été battue à Lépante en 1571 puis à Vienne en 1683 et à Zenta en Hongrie en 1697, notamment grâce à la modernisation des armées autrichiennes et impériales par le génie militaire d’Eugène de Savoie-Carignan. Depuis lors, l’Empire ottoman n’a connu que ressacs et déclins. Erdogan et Davutoglu rêvent de recréer les conditions de la puissance turque d’antan. L’atout majeur des Turcs est la position géostratégique de leur pays, au point d’intersection entre l’Europe, l’Asie (occidentale) et l’Afrique nilotique (avec l’Egypte qu’ils ont dominée de Soliman le Magnifique à 1882, année où l’Angleterre fait du pays un protectorat britannique). L’instrument pour redonner une place incontournable à l’Etat turc est la “diplomatie multidirectionnelle” préconisée par Davutoglu et assortie du principe dit de “zéro conflits aux frontières”. Cela implique:

1)     une alliance avec les pays arabes, battue en brèche depuis la visite d’Erdogan et de Gül en Syrie, où le pouvoir syrien n’a pas voulu renoncer à son laïcisme et à son “arabisme”.

2)     De renforcer le poids de la Turquie dans l’Union Européenne, alors que toute adhésion pleine et entière de la Turquie à l’UE risque de faire imploser celle-ci.

3)     De créer une communauté des Etats turcophones, projet fragilisé par la résistance du Président kazakh qui n’entend pas être inféodé à la Turquie anatolienne et cherche à conserver des liens étroits avec la Russie et, dans une moindre mesure, avec la Chine, au sein du groupe dit “de Shanghai”. La Turquie entend créer cette communauté turcophone pour, à toutes fins utiles, faire contre-poids aux nations arabes au sein de la “Conférence des Etats islamiques”.

 

Le projet néo-ottoman: une belle cohérence

 

On ne peut nier la belle cohérence du projet néo-ottoman d’Erdogan, Gül et Davutoglu. Leurs idées sont incontestablement une bonne synthèse des idéologies turques depuis le “Tanzimat” du 19ème siècle. Mais cette cohérence et cette synthèse sont diamétralement opposées aux intérêts les plus élémentaires de l’Europe réelle, de l’Europe profonde en état de dormition (pour ne pas parler de cette Europe sans épine dorsale qu’est l’UE). Cependant, l’Europe d’aujourd’hui marine dans l’incohérence: elle garde trop de velléités atlantistes et quand elle se veut “eurocentrique”, elle ignore les dynamiques à l’oeuvre chez ses voisins musulmans, en minimise la portée ou les considère avec une condescendance qui n’est pas de mise car ces dynamiques sont portées par des projets idéologiques ou religieux cohérents, réellement politiques, alors que les élucubrations des eurocrates sont marquées d’un impolitisme délétère. Les velléités euro-sibériennes, on les perçoit essentiellement dans les rapports gaziers entre l’Allemagne et la Russie, via la gestion des gazoducs “North Stream” qui passent par les eaux de la Baltique et que co-gère l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder (adepte en son temps de l’Axe Paris/Berlin/Moscou, cher au théoricien de Grossouvre). Les timides rapprochements avec les Etats du groupe BRIC, et surtout avec la Chine, voire l’Inde, nous les retrouvons notamment dans la politique commerciale belge, qui multiplie les “missions” à Pékin. Quant à la chimère euro-méditerranéenne de Sarközy, —réduite à néant par les “printemps arabes”, qui, contrairement aux voeux des eurocrates impolitiques, n’ont pas amené sur les rives méridionales de la Grande Bleue de belles démocraties sur le mode scandinave et n’ont généré que le chaos surtout après la chute de la Libye— elle est désormais à ranger au placard des illusions, surtout qu’en région arabo-méditerranéenne, la politique “islamiste modérée” d’Erdogan a plus de chances d’enregistrer des succès que les rêves sarközystes, saupoudrés par les fadaises et les philosophades de Bernard-Henri Lévy. On a maintes fois souligné l’impossibilité d’une politique étrangère commune à l’Europe: les deux principales puissances occidentales, la Grande-Bretagne et la France qui ont toutes deux droit de veto à l’ONU, posent problème; l’une, parce qu’elle cultive sa “special relationship” avec les Etats-Unis; l’autre, parce qu’elle a toujours eu des velléités anti-impériales hier, anti-européennes aujourd’hui. Elles chercheront toujours à imposer aux autres Européens leurs visions particularistes, et souvent bellogènes, sans jamais tenir compte des intérêts à long terme du continent. Face à cette incohérence européenne persistante, la Turquie d’Erdogan a beau jeu...

 

La problématique des “Droits de l’Homme”

 

En mars 2011, lors de ma première conférence, ici, sur l’état actuel de la Turquie, j’avais, sur base d’un travail réalisé par le député européen Filip Claeys (qui s’occupe de l’agence Frontex), mis en exergue plusieurs facteurs: le risque d’une adhésion turque pour le budget de la PAC (“Politique Agricole Commune”), le déséquilibre démographique entre une population anatolienne sans cesse croissante et une population européenne vieillissante, le laxisme cynique des autorités turques qui laissent passer les flux migratoires en direction de l’espace Schengen, la problématique des droits de l’Homme où les Européens se bornent à appliquer ou faire appliquer la charte telle qu’elle existe depuis 1789 et 1948 (San Fransisco) et où les Turcs veulent faire coexister avec cette charte celle de la déclaration du Caire sur les droits de l’homme musulman. L’application des deux déclarations, celle de 1789/1948 et celle du Caire, s’avère impossible vu les incompatibilités entre la sharia et le droit européen actuel, d’autant plus que l’UE a expressément déclaré que cette sharia islamique était incompatible avec les droits de l’Homme, telle qu’on les entend en Europe. Les deux aires civilisationnelles, l’européenne et la musulmane, ont chacune leurs logiques propres, surtout compte tenu du fait qu’Erdogan, comme l’explique par ailleurs le turcologue français Tancrède Josseran, essentialise le concept huntingtonien de “civilisation”, posant implicitement la Turquie comme puissance-guide du monde musulman, face à un Occident décadent, dont il ne faut pas imiter les principes délétères. La Turquie cherche donc à s’hermétiser (sans doute à rebours du concept premier de “Tanzimat”) et cette hermétisation va de paire avec l’essentialisation des aires civilisationnelles, telles que les avait définies Huntington.

 

Pour devenir puissance mondiale (et non plus régionale), la Turquie possède certes des atouts d’ordre géographique non négligeables, mais elle souffre d’un handicap, celui d’avoir trop de voisins, comme l’Allemagne en 1939, avait, elle aussi, trop de voisins hostiles. Chaque voisin est source potentielle de conflits: la Grèce et Chypre n’entendent pas capituler devant les exigences turques, quoi qu’il pourrait en coûter; dans le Caucase, l’Arménie, allié inconditionnel de la Russie néo-orthodoxe, veille, surarmée et renforcée par la présence de garnisons russes, entre la Turquie et son allié azéri (turcophone), qui pourrait lui offrir une fenêtre sur la Caspienne; l’Iran est certes “neutralisé” pour le moment, au nom de la doctrine de “zéro problème avec les voisins”, mais le contentieux perse/ottoman est ancien, profondément ancré dans les réalités stratégiques régionales et surplombant le vieux conflit sous-jacent entre sunnisme hanafite (réformiste au sens du “Tanzimat”, de Nursi, de Gülen et du triumvirat Erdogan/Gül/Davutoglu) et le chiisme iranien, duodécimain et non quiétiste (depuis Khomeiny); la Syrie reproche à la Turquie de lui infliger un “stress hydrique” (cf. supra) et de mettre en danger son option arabiste et laïque; le conflit avec Israël, depuis l’affaire de la flotille humanitaire turque qui emmenait vivres et matériels vers Gaza, est davantage un “show”, à nos yeux, qu’une inimitié profonde, que ne toléreraient d’ailleurs pas les Etats-Unis. L’escalade verbale avec Israël sert à faire accepter le modèle turc au monde musulman, pour réaliser, au profit du tandem américano-turc, le fameux projet de “Greater Middle East”. La Turquie, sans le soutien discret de l’“administration” Obama, serait un pays encerclé, le “cul entre six chaises”, et sans grands espoirs de se dégager de cette cangue. Quant au pro-arabisme, annoncé par Davutoglu, on voit ce qu’il en est advenu en Syrie, où la Turquie participe désormais à l’encerclement du pays de Bachar El Assad. Et fait donc la politique que réclament les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, Israël (qui n’aime pas les changements de donne), et que réclament aussi, dans un concert médiatique assourdissant, tous les thuriféraires du bellicisme occidental contemporain, de Fischer à Cohn-Bendit, et de Verhofstadt à Sarközy, avec la bénédiction du grand prêtre parisien de la jactance “universaliste”, Bernard-Henri Lévy.

 

Le monde est un “pluriversum”

 

Quant à l’Europe, elle oublie que la Déclaration des Droits de l’Homme est avant tout une “Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen”, un citoyen fatalement inclu dans une Cité, qui a des limites géographiques précises, non extensibles à la planète toute entière, et que, par conséquent, cette dernière n’est pas un “universum” politique mais bien un “pluriversum”. Il n’existe pas et n’existera pas de “République planétaire”: ni les Etats-Unis (très protectionnistes en maintes occasions) ni l’UE n’ont sont donc les prémisses. D’autres polities de grandes dimensions coexistent sur la planète et font reposer leurs systèmes juridiques et politiques sur d’autres valeurs ou sur les mêmes valeurs, mais articulées de manière différente pour correspondre à des sensibilités précises et non aliénables, souvent d’ordre religieux ou philosophique. La problématique des Droits de l’Homme (où la notion de “citoyen” est désormais trop souvent escamotée) suscite en Europe des discussions infinies car cette déclaration, revue à la manière simpliste et propagandiste depuis 1978 par une équipe de “nouveaux philosophes”, dont Bernard-Henri Lévy est le plus médiatisé, le plus bruyant et le plus emblématique, est contestée partiellement par certains catholiques ou par ceux qui entendent réhabiliter des libertés et des droits plus concrets, issus de systèmes juridiques vernaculaires (et efficaces) ou par certains observateurs, soucieux du sort global de la planète, qui entendent tenir compte de Déclarations autres, comme celle de Bangkok pour les pays asiatiques ou qui estiment important de réfléchir sur la vision pluraliste des Droits de l’Homme et du droit des gens qu’entend généraliser la Chine.

 

Mais les risques de déséquilibres du budget de la PAC, le risque de voir une immigration désordonnée et débridée ruiner les budgets sociaux de tous les Etats européens en cas d’adhésion pleine et entière de la Turquie à l’UE, la politique d’ingérence dans les affaires intérieures des Etats-hôtes de l‘immigration turque préconisée par Erdogan lui-même à Düsseldorf et Cologne et, enfin, la question cypriote, où la Turquie agresse un Etat membre de l’UE (alors que les principes mêmes du premier “Marché Commun” du Traité de Rome de 1957 stipulaient que les Etats membres ne pouvaient plus se faire la guerre et devaient oublier leurs contentieux antérieurs) sont des motifs suffisants pour exclure la Turquie de toute adhésion pleine et entière à l’UE qui, en revanche, devrait faire de l’“Homme guéri (?) du Bosphore” un partenaire commercial privilégié à l’Est des Balkans.

 

Robert STEUCKERS.

(Forest-Flotzenberg, octobre/novembre 2011; rédaction définitive: août 2012).

 

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-          Stéphane de TAPIA, “Comprendre le renouveau géopolitique turc” (entretien), in: Diplomatie magazine, n°52, sept.-oct. 2011.

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-          Jean-Louis TREMBLAIS, “L’Europe vue par les Turcs”, Figaro Magazine, 11 décembre 2004.

-          Garip TURUNÇ, “La Turquie et l’Union européenne: une relation en délitement?”, in: Diplomatie magazine, n°52, sept.-oct. 2011.

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-          Carter VAUGHN FINDLEY, Turkey, Islam, Nationalism and Modernity – A History, 1789-2007, Yale UP, 2010.

-          Stéphane YERASIMOS & Turgul ARTUNKAL, “La Turquie, permanences géopolitiques et stratégies nouvelles vers le Proche- et le Moyen-Orient”, in Hérodote, n°29/30, avril-sept. 1983.

-          Bahri YILMAZ, “Regionalmacht Türkei. Hat sie ihre Führungsrolle verpasst?”, in: Internationale Politik, 5/1995.

-          Bernhard ZAND, “Scheidung vor der Hochzeit?”, in: Der Spiegel, 40/2005.

-          Aziz ZEMOURI, “Justice: encore un effort”, Figaro Magazine, 11 décembre 2004.

 

Articles anonymes:

-           “Turkey and the Middle East – Erdogan’s travels”, The Economist, May 7th-13th, 2005.

-          “Turkey and the European Union – Mountains still to climb”, The Economist, May 14th-20th, 2005.

-          “Turkish historians – When history hurts”, The Economist, August 6th, 2005.

-          “Turkey’s Kurds – Let Justice be done”, The Economist, Feb. 10th-16th, 2007.

-          “Turkey’s Kurds – Guns and Votes”, The Economist, June 23d, 2007.

-          “Turkey and the Kurds – Terror in the Mountains”, The Economist, Oct. 18th, 2008.

-          “La Turquie, pivot incontournable au Moyen-Orient”, in: Diplomatie magazine, n°44, mai-juin 2010.

-          “Nicosie et Athènes lancent un avertissement à la Turquie”, sur http://euro-synergies.hautetfort.com . Original italien: in Rinascita, 17 juillet 2010.

-          “Les métamorphoses de la Turquie”, sur http://euro-synergies.hautetfort.com/ . Original néerlandais: in ’t Pallieterke, 21 juillet 2010.

-          “Armenia e Israele – limiti e prospettive della politica estera turca”, sur http://www.eurasia-rivista.org , 24 févr. 2011.

 

Ouvrage lu après rédaction:

 

-          Peter EDEL,  De diepte van de Bosporus – Een politieke biografie van Turkije, EPO, Berchem, 2012.

 

Aleksandr Dugin: Liberalism, Communism, Fascism, and the Fourth Political Theory

Aleksandr Dugin: Liberalism, Communism, Fascism, and the Fourth Political Theory

Krantenkoppen Juli 2012 (3)

Krantenkoppen
 
Juli 2012 (3)
 
RUSLAND ONDERHANDELT OVER HEROPENING MILITAIRE BASIS OP CUBA EN IN VIETNAM.
"We blijven eraan werken dat de Russische zeemacht over basissen kan beschikken buiten de grenzen van de Russische Federatie", zei [bevelhebber der Russische marine] Tsjirkov (...) over de huidige stand van zaken in de onderhandelingen die enkele jaren geleden zijn opgestart. "In het kader van ons werk op internationaal vlak, onderzoeken we de oprichting van materiële en technische steunpunten op Cuba, de Seychellen en Vietnam". Vandaag had de Russische president Vladimir Poetin een ontmoeting met zijn Vietnamese collega Truong Tan Sang in Sotsji aan de Zwarte Zee.
http://www.demorgen.be/dm/nl/990/Buitenland/article/detail/1476790/2012/07/27/Rusland-onderhandelt-over-heropening-militaire-basis-op-Cuba-en-in-Vietnam.dhtml
 
 
CHAVEZ ET LE NATIONALISME BIELORUSSE.
 
 
VENEZUELA'S PARTNERSHIP WITH RUSSIA: AN EMBLEMATIC STEP.
“Over the past years, (…) the ties between Chávez and Putin have become stronger. Both leaders are ardent patriots, proud to serve their respective countries which they love with great intensity. Both men share similar views on many topics, for example the role of the USA in global economics. Hugo Chávez agreed with Vladimir Putin’s opinion that the USA is an ‘economic parasite’ because of its ‘constant instability and high debts, living far beyond its means and transferring the burden of its problems to the entire world economy’. (…)
In the 12 years of Hugo Chávez’ government, Venezuela transferred its international funds from US banks to other banks in different parts of the world. Furthermore Venezuela paid back all of its debts to US banks and ended its dependence on the IMF.
Venezuela is a strategic business partner for Russia in the exploitation of gas and crude oil. Since 2005, Venezuela’s state oil company PDVSA and the Russian oil company Lukoil have been drilling oil in the Venezuelan Orinoco Oil Belt together. Another joint venture contract was signed in 2011 between Russia’s Rosneft and PDVSA to exploit the oil reserves of the blocs Carabobo-2 North and East. Rosneft holds 40%, PDVSA owns the majority of 60%. Since 2008, PDVSA has furthermore been drilling gas jointly with Russia’s Gazprom in the Gulf of Venezuela. The Caribbean Gas Belt, which stretches along the coast of Venezuela, contains 200 trillion cubic feet of natural gas. President Chávez wants his country to produce its own gas with Russian help, thanks to the transfer of Russian technology and training. (…) Another shared Venezuelan-Russian enterprise is the mining of gold in Venezuela’s gold mines, Las Cristinas and Las Brisas. (…) The Russian firm Rusoro was granted partnership with Venezuelan state mining companies.
To finance these projects, a bi-national bank was created in 2009. Russia’s Gazprombank and VTB control 51%, Venezuela’s PDVSA and the National Treasury own 49%. The bi-national bank’s headquarters are located in Moscow, with offices established in Caracas and Beijing. The bi-national bank aims to boost financial cooperation between Venezuela and Russia. According to President Chávez, this bank is a step on the way ‘to transform the financial architecture of the 21st century’.
As Russia’s President Vladimir Putin remarked, the commercial exchange between Russia and Venezuela saw ‘a tenfold increase in 2011’. Russia exports busses to Venezuela, while the Russian car company Lada is looking to open up factories in Venezuela. The Latin American partner sends agricultural products to Russia: cacao, flowers and plantains (bananas). (…) In addition, Venezuela wants to export more homegrown tropical fruits to Russia: mangos, melons, pineapples. Coffee export shall also be boosted in the coming years.
(…) Venezuela built 10.000 new homes with Russian materials and technology (…). Chávez (…) is (…) stepping up the military training and equipment of the Venezuelan Armed Forces, mainly with Russian armament imports. President Chávez (…) expressed his fears of meeting the same fate as (…) Muammar Gaddafi: ‘We see that imperialism has dropped its mask, has put aside morals and found a pretext to bomb Libyan towns, killing Libyan civilians’. (…) Indeed, the parallels to Venezuela are striking, only a blind person would be unable to see them. President Chávez certainly does not suffer from blindness and is taking precautions.
(…) The Russian Federation sells various kinds of weapons and military equipment to Venezuela, including shoulder-fired anti-aircraft missiles, attack helicopters, combat aircraft, tanks, infantry fighting vehicles, armored personnel carriers, multiple rocket launchers, self-propelled howitzers, self-propelled mortars, assault rifles, sniper rifles, ammunition. (…) The Russian Federation is constructing a maintenance center for military equipment in Venezuela, specialized on repairing helicopters (…).
Meanwhile, Venezuela is not merely an importer any more, but has started producing its own armament and military equipment with Russian help. The country produces 2 types of ‘Catatumbo’ rifles with Russian design. (…) The newest feat (…) is Venezuela’s first unarmed drone, built with joint Russian, Iranian and Chinese technology and assistance. (…) Venezuela has begun to sell weapons and military vehicles to other Latin American countries within the alliances of ALBA and UNASUR. (…) Other Latin American states want to buy the drone. (…)
In the cultural area, Russian-Venezuelan cooperation has been intensified as well. The Russian language is taught in national education centers of Venezuela, supervised by the Agency of Cooperation with Russia. These centers organize activities to introduce Russian culture and history in Venezuela, for example with exhibitions, seminars and workshops. (…) Interest in the Russian culture is growing (…) due to the fact that Russian-Venezuelan ties have been intensified during the last ten years. (…) More and more Venezuelans are enrolling in Russian language courses. The Central University of Venezuela in Caracas trains future teachers of the Russian language. The Government of the Russian Federation offers scholarships to Venezuelan students who are interested in studying at Russian universities.
Last but not least, Venezuela is promoting tourism in Russia. (…) The Venezuelan Ministry of Tourism presented touristic points of interest in Venezuela to Russian travel agencies. The (…) delegation attended more than 190 meetings with international travel agents from Belarus, Ukraine, Kazakhstan, Uzbekistan and Russia, handing out brochures and promotional videos of Venezuela. They also met with officials of tourist magazines: TTG, Voyage, Travel Magazine, News Outdoor and the internet portal travel.rian.ru.
President Chávez promotes cooperation with Russia in other Latin American countries, just like the Russian Federation greeted the recent founding of CELAC (Community of Latin American and Caribbean States), launched in Caracas, in December 2011. (…) Russia supports the desire of Latin American countries for unity and the consolidation of their identity, of which Hugo Chávez is the first and foremost representative."
 
 
NEPHUWELIJK IN RUIL VOOR BRAZILIAANS WERK: EUROPEANEN GAAN SCHIJNHUWELIJKEN AAN IN BRAZILIË.
"Brazilië, met zijn imago van groei en bloei, is een paradijs geworden voor werklozen uit het ‘oude continent'. (…) In Spanje heeft 1 op de 4 inwoners geen baan meer. In Brazilië is wel werk, zeker met de Olympische Spelen en het WK Voetbal in het verschiet. (…) 
De afgelopen 2 jaar is het aantal buitenlanders hier verdubbeld van 1 naar 2 miljoen. (…) Het effect van de crisis is duidelijk: mensen vertellen me dat ze geen toekomst meer zien in eigen land. Behalve de Portugezen zijn het vooral Spanjaarden, Italianen en Fransen die de oceaan oversteken.
Maar waarom dan een schijnhuwelijk? De Braziliaanse wetgeving is heel streng. De bureaucratie om een werkvisum te krijgen, is bijzonder groot. Brazilianen moeten bovendien voorrang krijgen op de arbeidsmarkt, zo is de filosofie. Doordat het aantal aanvragen de laatste jaren zo groot geworden is, hebben de procedures behoorlijk wat vertraging opgelopen. Scheiden is dan weer een pak gemakkelijker. Maar niet alleen schijnhuwelijken zijn een groeiend probleem. Ik ken veel buitenlanders, ook Europeanen, die hier illegaal aan de slag zijn. Zelfs architecten en ingenieurs. Ze stellen zich tevreden met een minimumloon. Ze laten zich gewoon uitbuiten: slavernij light, noem ik het. Het is schrijnend.
En zo hebben de Brazilianen alweer iets nieuws om zich vrolijk over te maken: nadat ze hun gewezen kolonisator geld hadden aanboden om uit de financiële put te klimmen en nadat het land voor veel Portugezen aantrekkelijker was geworden dan het moederland, zijn de rollen alweer omgedraaid. Het is nu de Braziliaanse politie die de bedden van gemengde paren komt controleren om schijnhuwelijken te ontmaskeren."
 
 
DE SYRISCHE VREDESBEWEGING.
"De Amerikaanse invasie van Irak in 2003 maakte duidelijk hoe gevaarlijk het is uitsluitend één doel voor ogen te hebben – namelijk het ten val brengen van een regime – zonder de daaruit voortvloeiende consequenties goed te hebben doordacht. Niets is gevaarlijker dan een machtsvacuüm en mét het Syrische regime zal waarschijnlijk ook de Syrische staat met al haar instituties in elkaar storten. Uit vrijwel alle recente analyses van Westerse denktanks blijkt dat er in Syrië rekening wordt gehouden met jarenlange chaos en anarchie waarbij het veiligstellen van het Syrische arsenaal aan chemische wapens de topprioriteit is geworden. (…) Men hoort niemand spreken over (…) de vreselijke toekomst die (…) het Syrische volk te wachten staat. Alle partijen beweren in naam van dit volk te spreken en te handelen, maar ondertussen wordt over hun hoofden een bloedige strijd uitgevochten. In dit drama is het Syrische volk vooral de rol toebedeeld van slachtoffers. Ze worden uit hun huizen, wijken en dorpen verdreven door het geweld van gewapende rebellen en het tegengeweld van het Syrische leger (…).
Op internationale conferenties blijken alleen díe Syrische oppositiegroeperingen te worden uitgenodigd die namens dit Syrische volk om nóg hardere sancties en militaire interventie vragen. Het is daarom verheugend dat in de Syrische samenleving zelf een vredesbeweging is ontstaan die nationale dialoog en verzoening nastreeft. Te vrezen valt dat dit precies niet is wat de zelfbenoemde ‘Vrienden van Syrië’ beogen. (…) 
Het Arabische woord ‘musalahah’ betekent ‘verzoening’ en staat voor een interreligieuze beweging die enkele maanden geleden spontaan werd geboren uit een initiatief van Syriërs die ieder vertrouwen in de officiële politiek hadden verloren om tot een oplossing te komen voor de bloedige crisis in hun land. In de nieuwe regering die enkele weken geleden in Syrië aantrad, zijn ook een aantal oppositieleden aangesteld als minister en een van hen is Ali Haider die lid is van de oppositionele Syrische Sociale Nationalistische Partij. Ali Haider leidt thans een nieuw opgericht (…) ‘Ministerie voor Nationale Verzoening’ (…). De minister symboliseert op bepaalde wijze de Musalahah-beweging: zijn eigen zoon werd enkele maanden geleden vermoord (…).
De bedoeling van dit ministerie is om bruggen te bouwen tussen de talloze religieuze en etnische groeperingen in de Syrische samenleving waarin diepe wonden zijn geslagen door het niets ontziende geweld dat slachtoffers heeft gemaakt in alle gemeenschappen. Landsgrenzen kunnen verdedigd worden met militaire middelen, maar hoe kan een maatschappelijk weefsel worden geheeld dat ruw uit elkaar is gescheurd? In pogingen om een antwoord te vinden op deze brandende vraag bleek afgelopen weken dat dit initiatief van hogerhand – namelijk een Ministerie voor Nationale Verzoening – vrijwel naadloos aansluiting vond bij het volksinitiatief van (…) de Musalahah-beweging. (…) 
Het is (…) in Homs dat de interreligieuze verzoeningsbeweging Musalahah de afgelopen weken zeer actief is geworden. Religieuze leiders van álle in Syrië levende geloofsgemeenschappen komen hier regelmatig (…) samen met tribale leiders, de civiele autoriteiten en vele gewone burgers van goede wil. Ze spreken (…) over hun vurige verlangen om het sektarische geweld (…) te stoppen en een vreedzame beschaving op te bouwen van broederlijke coëxistentie. 
De beweging mag zich momenteel verheugen in een snelle groei qua leden en naambekendheid en vindt steeds meer belangrijke Syrische groeperingen en invloedrijke persoonlijkheden aan haar zijde. (…) De Musalahah-beweging heeft een aantal belangrijke uitgangspunten inzake (…) de Syrische samenleving: (…) de eenheid van het Syrische volk dat één familie vormt, (…) de doelstelling om sektarisme en geweld te bestrijden en de bereidheid om plaats te nemen aan de onderhandelingstafel. Vorige week kwamen meer dan 800 persoonlijkheden uit de hele Syrische samenleving samen in de oostelijke stad Deir Zor waar ze de boodschap van de Musalahah-beweging onderstreepten: de énige oplossing voor de huidige Syrische impasse is gelegen in het afzweren van geweld en het streven naar onderlinge dialoog. (…) 
De afgelopen dagen kwam er echter ook nog ander nieuws uit Homs dat gerust spectaculair genoemd mag worden. Meer dan 300 gewapende rebellen kondigden aan bereid te zijn hun wapens neer te leggen en hun strijd voort te zetten als ‘politieke oppositie’. Waarbij ze onder de directe bescherming zullen komen te staan van de Musalahah-beweging. Dit is het resultaat van een overeenkomst die deze beweging wist te sluiten met de Syrische autoriteiten (…).
Het grootste probleem in Homs wordt gevormd door de aanwezige gewapende rebellen met een niet-Syrische nationaliteit en die daarom niet in aanmerking komen voor dit Musalahah-initiatief. Gehoopt wordt thans dat het Internationale Rode Kruis hier iets kan betekenen.
Zoals te verwachten viel, wordt de Musalahah-beweging er door bepaalde oppositiegroeperingen van beschuldigd ‘een instrument te zijn in handen van het Syrische regime’. Het zijn de krachten en groeperingen die iedere dialoog met het regime afwijzen. In plaats van dialoog willen ze de gewapende strijd tegen het regime in Damascus net opvoeren (…). De Musalahah-beweging verweert zich tegen deze kritiek door er op te wijzen dat de beweging niet ‘van boven af’ maar ‘van onder op’ is ontstaan en een steeds breder draagvlak vindt in de Syrische samenleving die na bijna 1,5 jaar strijd en bloedvergieten moe en uitgeput is. De beweging kreeg recentelijk bovendien de steun van de Ierse Mairead Maguine die in 1976 de Nobelprijs voor de Vrede kreeg.”
 
 
 
 
CIA AGENT EXPLAINS HOW AL QAIDA DOESN'T EXIST.
 
 
GROEIENDE SPANNING EN TOENEMENDE ISLAMISERING IN ALBANIË.
"In Albanië verkondigen jonge imams een andere vorm van islam dan wat men daar tot nu toe gewoon was. Dat leidt tot toenemende spanningen. (...) De imams zijn opgeleid in Turkije en in Saoedi-Arabië en staan voor een strengere (...) islam (...). Deze handelswijze veroorzaakt niet alleen spanningen binnen de moslimgemeenschap, maar creëert (...) ook zenuwachtigheid in de relaties met de christenen.
( ...) De conflicten worden vanuit het buitenland geïmporteerd in Albanië, dat een brug vormt met de rest van Europa (...). Hij merkte wel op dat de meerderheid van de bevolking in Albanië vreedzaam samenleeft. Maar we mogen de sterke belangstelling van Turkije en Saoedi-Arabië voor Albanië toch niet uit het oog verliezen. Zo promoten beide landen de bouw van islamitische scholen!
Op lange termijn wordt (...) het land echter bedreigd door 2 andere problemen: de wijdverspreide corruptie en de onzekerheid over eigendomsrechten. Ze beïnvloeden eveneens de projecten van de katholieke Kerk. Dat houdt in dat de bouw van kapellen, kerken en parochiegebouwen worden verhinderd (...).
Het is dikwijls moeilijk om te achterhalen welke religie (...) iemand aanhangt omdat velen maar over een gebrekkige geloofskennis beschikken. Men schat dat 60% van de 3,2 miljoen Albaniërs soennitische moslims zijn. Ongeveer 8% behoort tot de alevieten die het bektasisme aanhangen, een geloofsovertuiging die nauw verbonden is met het islamitische soefisme. Orthodoxe christenen maken 20% van de bevolking uit en de katholieken bijna 10%."

 http://www.rorate.com/nieuws/nws.php?id=72123
 
 
 
 
 
ÄGYPTENS CHRISTEN VERWEIGERN TREFFEN MIT DER GESANDTEN SATANS.
"Die US-Regierung unterstützt Bewegungen, die den politischen Islam repräsentieren. (...) Die Christen zahlen den Preis.
Christliche Politiker Ägyptens, gesellschaftliche Aktivisten und Geistliche haben ein Treffen mit Hillary Clinton – der Außenministerin des US-Reiches des Bösen – verweigert. (...) 
Frau Clinton stattete am Samstag und Sonntag bei der US-israelischen Satelliten-Regierung Ägyptens einen Kontrollbesuch ab. Bei dieser Gelegenheit protestierten die Christen gegen die Unterstützung, die das US-Regime der regierenden Muslimbruderschaft erweist. (...) 
'Die Besuche von Hillary Clinton und anderer US-Politiker in Kairo nach der Revolution und die Treffen, die dabei stattgefunden haben, zeugen davon, daß die US-Regierung Bewegungen unterstützt, die den politischen Islam repräsentieren" – hieß es in einer gemeinsamen Erklärung der christlichen Vertreter.
Außerdem zeugen die separaten Treffen der US-Politiker mit Vertretern der Muslimbruderschaft, der Salafiten-Parteien und der Christen davon, "daß die Ägypter nach dem religiösen Prinzip aufgeteilt werden". 
In Kairo und Alexandria fanden große Protestaktionen gegen den Besuch der Vertreterin Satans statt. Daran nahmen auch Vertreter nichtreligiöser Parteien und Bewegungen teil. Am Sonntag wurde die Wagenkolonne der Vertreterin Satans in Alexandria als Zeichen der Verachtung mit Tomaten, Wasserflaschen und Schuhen beworfen."
 
 
 
EGYPTIANS PELT CLINTON WITH TOMATOS AND CHANT 'MONICA'.
"­The two-day visit by the US Secretary of State to Egypt ended in scandal when the convoy she was driving in from the newly-opened American consulate in (...) Alexandria was attacked by local citizens chanting anti-American slogans. The protesting crowds hailed the motorcade with vegetables and other objects, reportedly hitting one of the Egyptian officials in the convoy in the face. (...)
(...) The protesters chanted 'Leave, Clinton' and 'Monica, Monica', presumably referring to the scandal with the secretary’s husband, former US President Bill Clinton’s extra-marital affair (...). The protesters were holding banners in Arabic and English, accusing the US of interfering into Egypt’s internal affairs.
(...) Demonstrators surrounded Clinton’s hotel later on Saturday, chanting anti-Islamist slogans and putting the blame on Washington for the Islamists’ rise to power and victory in the country’s presidential elections. Many of the protesters accused Mohammed Morsi of 'selling out' to Washington. 
'I want to tell the Americans who are supporting democracy that we don't have any democracy in Egypt', one demonstrator (...) told AP. 'Egyptians of all sects – Muslims, Christians and minorities – do not have any rights in this country'."
http://www.rt.com/news/clinton-egypt-tomato-bombardment-243/
 
 
 
 
"If you are in favour of global liberal hegemony, you are the enemy. If you are against it, you are a friend.
The first is inclined to accept this hegemony; the other is in revolt!"
 
Alexandr Dugin

vendredi, 14 septembre 2012

Arabie saoudite: l’allié problématique de Washington

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Bernhard TOMASCHITZ:

Arabie saoudite: l’allié problématique de Washington

 

C’est avec un acharnement véritablement opiniâtre que l’Arabie saoudite défend ses intérêts stratégiques. Après les soulèvements d’Egypte et de Libye, où Ryad a chaque fois soutenu l’opposition islamiste, le royaume du désert arabique s’immisce désormais dans la guerre civile syrienne. Comme le rapportait le journal britannique “The Guardian”, le 22 juin 2012, les Saoudiens s’apprêtaient à financer les combattants de la dite “Armée Syrienne Libre”. Ensuite, des pourparlers étaient en cours entre les Saoudiens, d’une part, et des représentants des Etats-Unis et d’autres pays arabes afin de fournir des armes aux rebelles syriens, tant et si bien qu’on peut dire que l’Arabie saoudite et l’émirat du Qatar “entraient de plein pied sur le théâtre des affrontements syriens”.

 

C’est donc clair désormais qu’une sorte de “division du travail” a été décidée entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour favoriser en Syrie un “changement de régime”. La réputation de Washington est bien écornée dans le monde arabe: c’est pourquoi les Etats-Unis se tiennent en apparence en dehors du conflit et font faire le travail sur le terrain par leurs alliés de la région. Dans ce contexte, les Etats-Unis cherchent à lier plus étroitement à leur politique et à celle de l’OTAN leur allié problématique qu’est l’Arabie saoudite, qui finance partout dans le monde les mouvements islamistes. Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen a déclaré, à l’occasion d’une visite au quartier général de l’Alliance Atlantique du ministre saoudien des affaires étrangères, Nizar Madani, à la mi-juin 2012, que l’Arabie saoudite était “un pays-clef dans la région et que l’OTAN serait ravi d’accueillir le royaume wahhabite comme partenaire lors de l’ “Istanbul Cooperation Initiative” (ICI)”. L’ICI a été créée en 2004 sous l’impulsion du Président américain George W. Bush, avec pour mission de lier les pays arabes à l’OTAN.

 

Dans le but de faire tomber le leader syrien Bachar el-Assad, les Etats-Unis parient, une fois de plus, sur un allié fort douteux. Les deux partenaires veulent certes affaiblir l’Iran, leur ennemi commun, en provoquant un changement de régime à Damas; mais, mis à part cet objectif précis et circonscrit, les intérêts des deux puissances se limitent à cela. Washington raisonne sur le court terme et veut protéger Israël du danger hypohétique d’une attaque nucléaire iranienne mais raisonne aussi à moyen terme en spéculant sur un écroulement du régime des mollahs pour s’emparer des réserves de pétrole et de gaz d’Iran. Les Saoudiens, eux, veulent devenir une puissance régionale incontestée sur les rives du Golfe Persique; ils veulent aussi devenir l’Etat arabe le plus influent et exporter leur forme d’islam, le wahhabisme, partout dans la région. Si l’Iran chiite s’affaiblit, l’Arabie saoudite en profitera pour barrer, sur son propre territoire, la route à Téhéran qui cherche à influencer les ±10% de la population saoudienne qui est d’obédience chiite.

 

Comme en d’autres points chauds du monde musulman, les Saoudiens soutiennent les djihadistes syriens, en liaison avec le réseau terroriste d’Al-Qaeda, ce qui contrarie fortement les projets américains pour une Syrie post-Assad. “Ces éléments (djihadistes) bénéficient du soutien de l’Arabie saoudite et du Qatar et joueront indubitablement un rôle en Syrie après la chute d’Assad”, écrit, sur le ton de l’avertissement, une étude publiée par le “Royal United Services Institute” (RUSI), une boîte à penser britannique qui entretient d’excellents contacts avec les ministères de la défense de Londres et de Washington.

 

Qui plus est, l’étude du RUSI retient que l’Arabie saoudite sait parfaitement bien utiliser les milliards de sa rente pétrolière pour téléguider à sa guise les bénéficiaires du “printemps arabe”. Ryad aurait essayé “avant que n’éclate la vague des soulèvements arabes de se réconcilier avec Assad”. Dans ce contexte, les Saoudiens auraient été prêts à “accepter que le Liban fasse partie de la zone d’influence syrienne”. Mais il est cependant sûr que “les Saoudiens soutiendront tout nouveau gouvernement, après la chute éventuelle d’Assad, qui travaillera pour les intérêts à long terme de l’Arabie saoudite”.

 

Néanmoins les Saoudiens peuvent toujours compter sur le soutien inconditionnel de Washington. Même si, dans leur pays, on ne trouve ni démocratie ni droits de l’Homme. On peut considérer, à première vue, que cette alliance est incongrue, mais elle est pourtant une donnée constante dans la région; dans ce cas, on peut aussi conclure que Washington, en dépit des discours répétés à satiété dans les médias, ne cherche nullement à “démocratiser” le Proche Orient mais uniquement à consolider ses intérêts économiques les plus évidents, quitte à faire de l’Arabie saoudite un “modèle”.

 

Fin décembre 2011, Washington et Ryad ont signé un accord quant à la livraison d’armes pour une valeur de 30 milliards de dollars. Les Saoudiens devraient recevoir notamment 84 avions de combat de type F15, un modèle américain. Cette coopération “en matières de sécurité” sert surtout à aider l’économie américaine qui est en train de battre de l’aile et à donner un coup de manivelle au “complexe militaro-industriel” des Etats-Unis.

 

Lors d’une conférence téléphonique, tenue le 14 juin 2012 et disponible en script sur le site du ministère américain des affaires étrangères, le sous-secrétaire d’Etat aux affaires politico-militaires, Andrew J. Shapiro, a évoqué les vraies raisons de la vente d’armes à l’Arabie saoudite. Selon Shapiro, cet accord entraîne “des effets considérables sur le développement de l’économie américaine”. Grâce à ce contrat, disent des spécialistes de l’industrie, 50.000 emplois se créeront aux Etats-Unis, impliquant 600 fournisseurs et sous-traitants dans 44 Etats de l’Union. Cela rapportera chaque année 3,5 milliards de dollars à l’économie américaine. Et Shapiro conclut: “Cela ne créera pas seulement des emplois dans le secteur de l’aéronautique mais aussi auprès de nos sous-traitants qui ont tous un rôle décisif à jouer dans le maintien de notre défense nationale”.

 

Par cette livraison d’armes aux Saoudiens, une course aux armements menace la région du Golfe Persique car on peut s’attendre à ce que l’Iran à son tour renforce son arsenal. On ne peut plus exclure l’éventualité d’une guerre irano-saoudienne à moyen terme dont le but serait d’asseoir l’hégémonie du vainqueur dans la région.

 

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, n°33-34/2012; http://www.zurzeit.at/ ).

Pussy Riot : pourquoi une telle médiatisation?

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Pussy Riot : pourquoi une telle médiatisation?

 

La presse étrangère s’est passionnée pour un fait divers pourtant relativement sans importance : le dit procès des Pussy Riot. Reprenons les faits. Le 21 février 2012, 3 jeunes femmes encagoulées et déguisées envahissent la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou avec guitares et matériel sonores, et y entament une sorte de prière sous forme de chanson, blasphématoire et grossière (Avec des paroles telles que "Sainte Marie mère de Dieu, deviens féministe" ou encore "merde, merde, merde du Seigneur"), politiquement dirigée contre le candidat à l’élection présidentielle Vladimir Poutine, mais également contre le patriarche orthodoxe accusé de "croire en Poutine plus qu’en dieu". Les jeunes femmes sont rapidement interpellées, arrêtées et déférées devant un tribunal qui ordonne leur mise en détention préventive en attendant leur procès, qui a lieu actuellement. L’église orthodoxe a de son côté  réagi en organisant une grande manifestation autour de cette même cathédrale en avril dernier, manifestation dédiée à "a correction de ceux qui souillent les lieux sacrés et la réputation de l’Eglise" et a laquelle ont pris part des dizaines de milliers de fideles pour afficher leur soutien à l’église et au patriarche.

Le main Stream médiatique a largement surmédiatisé cette affaire. Pour certains la Russie "retournerait au moyen âge", quand d’autres estiment que le pouvoir "durcit sa répression" qui serait dirigée contre la « société civile qui se mobilise». Enfin la majorité des commentateurs ont estimé que les 3 jeunes femmes seraient en prison à cause de leur "prière anti-Poutine". Le groupe Pussy Riot s’est créé en 2011 quand il a semblé clair à ces jeunes femmes que la Russie manquait cruellement d’émancipation politique et sexuelle. L’une des trois jeunes femmes arrêtée, Nadezhda Tolokonnikova, est par ailleurs une militante active LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Les chansons du groupe traitent principalement des ravages de la routine dans la vie quotidienne, des conditions de travail difficiles pour les femmes et de la bonne façon de réprimer les hommes.

Si beaucoup de journalistes français présentent les jeunes filles comme les victimes d’une Russie quasi-totalitaire, il faut néanmoins rappeler que les Pussy Riot ont plusieurs fois durant les derniers mois organisé des actions "coup de poing" portant atteinte à l’ordre public (voir par exemple ici ou la). Pussy Riot n’est en outre pas seulement un groupe de rock, mais le volet musical d’un groupe anarchiste du nom de Voina (la guerre) et qui ces derniers mois a revendiqué de nombreuses actions que l’on peut ne pas trouver ni "drôles" ni "subversives". Parmi elles l’organisation d’une orgie sexuelle avec des femmes enceintes dans un musée (le nom de l’action étant une insulte violente adressée au président Medvedev), se montrer en public nul et couvert de cafards, se masturber avec une carcasse de poulet dans une épicerie et en sortir en marchant avec la carcasse enfoncée dans les parties génitales, l’attaque à l’urine sur des policiers ou encore de tenter d’embrasser sur la bouche des représentants de l’or
dre du même sexe. Ajoutez à cela de dessiner à la peinture des penis géants sur les routes ou encore la destruction de véhicules de police.

Bien sur donc, celles-ci ne sont pas en détention provisoire et jugée pour des délits d’opinion, contrairement ) ce que l’on peut être amené à croire en lisant la presse internationale, mais parce qu’elles font face à une accusation de hooliganisme, punie de jusqu’à 7 ans de prison en Russie. Les commentateurs français qui lèvent les yeux au ciel lorsqu’ils prononcent cette durée de peine feraient bien de relire le code pénal français, et surtout l’article 322-3-1 qui punit de sept ans de prison et 100.000 € d’amende la dégradation d’un bien culturel exposé dans un lieu de culte. A ce jour, si aucune dégradation n’a cependant été (à ce qu’il semble) constatée lors de leur intervention, il est plausible que les Pussy Riot soient condamnées pour dédommager "les profondes blessures morales infligées à des chrétiens orthodoxes" et ce malgré l’intervention en leur faveur de Vladimir Poutine. Mais surtout et probablement à titre d’exemple pour créer un précédent destine à ne pas déstabiliser la société russe. La Russie est un pays multiconfessionnel, pluriculturel, et qui sort de relatives tensions interreligieuses et intercommunautaires à la dislocation de l’Union-Soviétique. C’est un pays encore aujourd’hui victime du terrorisme fondamentaliste et qui maintient assez habilement et une cohabitation entre des groupes religieux et ethniques très variés, sur un territoire gigantesque. Plus que cela, au sortir de presqu’un siècle de dictature athéiste, le renouveau de la foi est quelque chose de particulièrement sensible.

Leur procès qui a débuté le 30 juillet 2012, passionne sans doute plus les commentateurs étrangers que russes. De nombreuses figures de la société civile et de l’intelligentsia libérale russe ont manifesté leur soutien aux Pussy Riot, tout comme l’internationale du Show-bizness, allant des stars de musique internationalement connues comme Madonna, Sting, Patty Smith ou encore des acteurs américains comme Danny de Vito. En face, l’église orthodoxe fait relativement front unique, le porte-parole du patriarcat (le très conservateur Vsevolod Tchapline) affirmant même que les jeunes femmes avaient commis un "crime pire qu’un meurtre" et devaient être "punies". Le département d’état américain, via le porte-parole de la diplomatie américaine Patrick Ventrell, a enfin lui déclaré que du point de vue des États-Unis, l'affaire Pussy Riot était politiquement motivée et que Washington la considérait comme un harcèlement de l'opposition. Récemment c’est donc le président russe Vladimir Poutine lui-même est lui-même interv
enu, appelant à la clémence et jugeant que les Pussy Riot avaient obtenu ce qu’elles souhaitaient, à savoir un battage médiatique fort. Ce faisant, il coupe l’herbe sous le pied à ceux qui ont affirmé que les Pussy Riot étaient enfermées pour des raisons politiques, car elles s’en seraient prises à lui via les paroles de leurs chansons. Mais malgré l’énorme battage médiatique qui est consacré à ce procès, seuls 15% des Russes sondés à ce sujet souhaitent que ces dernières soient amnistiées.

Je reste donc perplexe face a cette affaire et doute par ailleurs très sincèrement que nombre de commentateurs puissent trouver "drôle et subversive" une action similaire dans une mosquée, une synagogue ou un temple bouddhiste, notamment en France. On peut du reste se demander ce qui pousse des gens quels qu’ils soient à aller importuner des croyants quels qu’ils soient et porter atteinte à l’intégrité de lieux de cultes quels qu’ils soient.

Preuve de l’utilité certainement unique de leur action, un journaliste au pseudo de Dick Riot accompagne désormais chaque événement politique de l’opposition en tentant de discuter et de poser des questions, le visage vêtu d’une cagoule noire, tout comme les Pussy Riot. Visiblement, les leaders de l’opposition interrogés, qui soutiennent pourtant tous très activement les Pussy Riot, n’apprécient guère la plaisanterie (voir ici).

Deux poids deux mesures ?

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

* Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie". Il collabore également avec l'Institut de Relations Internationales et Stratégique (IRIS), l'institut Eurasia-Riviesta, et participe à diverses autres publications.

 

Le point démographique de juin 2012 en Russie

"Un autre regard sur la Russie": La démographie russe de 1991 à 2012

"Un autre regard sur la Russie": Et la démographie russe dans tout ca?

"Un autre regard sur la Russie": La démographie russe, objet de tous les fantasmes

"Un autre regard sur la Russie": Russie - éducation et modernisation

Rébellion n°54

 

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Au sommaire du numéro de l'Eté (n°54) :
Edito : Rebelle décennie.
Réflexion : Qu'est-ce que l'aliénation ? 
Dossier : 2002-2012 - Dix ans de combat ! 
Société : Qu'est-ce que l'autorité ?
(Thibault Isabel)  
L'éducation, otages des idéologies ( Zentropa).
L'épuissement consumériste de la civilisation occidentale
( Thibault Isabel) . 
Histoire : Martin Buber - "Nous sommes tous des juifs allemands".
( Thierry Mudry)  
 
Le numéro est disponible contre 4 euros ( port compris)
à notre adresse : 
Rébellion - RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02 . 
http://rebellion.hautetfort.com/

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La bohème au XIXe siècle: épate-bourgeois, faux révolutionnaires et précurseurs des bobos

Pierre Le Vigan

La bohème au XIXe siècle: épate-bourgeois, faux révolutionnaires et précurseurs des bobos

boheme.jpgLes bobos. Ils sont moins une classe sociale qu’un sociostyle. On en parle depuis 30 ans. Claire Bretecher les a dessinés. Mais à quoi fait-on référence ? A la bohème du XIXe siècle et à toute une histoire. Une histoire qui ne concerne pas seulement le passé mais aussi notre présent : comment la notion de vie de bohème a joué un rôle important dans la dissolution progressive des valeurs traditionnelles.

A l’origine, le terme bohémien désigne des Tsiganes partis de l’Inde et stabilisés notamment en Bohême. Le bohémien est ainsi un voyageur tel que l’on en retrouvera beaucoup dans le pays basque. C’est Gédéon Tallemant des Réaux (1619-1692) qui introduit un sens nouveau à la notion de gens de la bohème.  Auteur d’Historiettes, portraits d’écrivains publiés d’abord clandestinement, c’est en 1659 qu’il parle de la bohème comme d’un mode de vie. Le bohème est une sorte de dandy vivant de rien et riant de tout, à la lisière des milieux artistes et en marge des corps sociaux traditionnels. La bohème relève de ce que Saint Simon (1760-1825), le petit-cousin du mémorialiste, appelle le premier une « avant-garde », au sens non pas militaire mais artistique et littéraire. « C’est nous, artistes, qui vous servirons d’avant-garde : la puissance des arts est en effet la plus immédiate et la plus rapide. Nous avons des armes de toute espèce : quand nous voulons répandre des idées neuves parmi les hommes, nous les inscrivons sur le marbre ou sur la toile… Quelle plus belle destinée pour les arts, que d’exercer sur la société une puissance positive, un véritable sacerdoce et de s’élancer en avant de toutes les facultés intellectuelles, à l’époque de leur plus grand développement ! » On voit quelle importance possède pour la bohème la fascination de la table rase et des idées « neuves ».

C’est à partir de la première moitié du XIXe siècle que la figure de celui qui mène « la vie de bohème » prend un sens courant. En 1840, Balzac commence à publier Un prince de la bohème. « Ce mot de bohème vous dit tout. La Bohème n'a rien et vit de tout ce qu'elle a. L'espérance est sa religion, la foi en soi-même est son code, la charité passe pour être son budget. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur, au-dessous de la fortune mais au-dessus du destin. » L’homme de la bohème veut faire du passé table rase, il est un enfant de 1789, mais va au-delà et là est l’important. Il oppose le « génial » à l’académique, le surgissement au travail, l’individu au peuple, la dépense à l’économie. Il ne se reconnait aucune obligation de fidélité à ce qui nous a précédé. Pour lui comme pour Rabaut Saint Etienne (1743-1793), « notre histoire n’est pas notre code ».  L’homme de la bohème doute même que nous ayons besoin d’un code, sauf un code implicite : rien n’est tabou, l’ancien ne vaut rien. On verra plus tard que c’est le meilleur code possible du point du vue du capitalisme.

La bohème du milieu du XIXe siècle se retrouve au Petit Cénacle, le Cénacle étant à la fois un groupe d’amis de Victor Hugo et de Charles Nodier (1780-1844). En 1852, Gérard de Nerval publie La Bohème galante dans la revue bimensuelle L’Artiste. Au programme : jeunisme, et aristocratique plébéen.  « On vit un jour Gérard de Nerval trainant un homard dans la rue. A quoi il répondit : ‘’En quoi un homard est-il plus ridicule qu’un chien, qu’un chat, qu’une gazelle, qu’un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n’aboient pas…’’ » Réponse paradoxale et au sens propre insensée bien caractéristique de l’esprit bohème. Théophile Gautier, Pétrus Borel (1809-1859) illustrent aussi ce monde de la bohème. Tristan Tzara écrira : « La Lycanthropie (l’esprit du loup-garou) de Pétrus Borel n'est pas une attitude d'esthète, elle a des racines profondes dans le comportement social du poète [...] qui prend conscience de son infériorité dans le rang social et de sa supériorité dans l'ordre moral. » L’esprit bohème s’apparente ici au dandysme que Baudelaire voyait comme « le dernier éclat d'héroïsme dans les décadences »[i].

Le livre-clé de cette époque est celui d’Henri Murger (né Heinrich Mürger),  Scènes de la vie de bohème (1845-48). Ce feuilleton donnera naissance à un opéra de Puccini.  Henri Murger écrit que la bohème « est l’état de ces jeunes gens qui n’ont d’autre fortune, au soleil de leur vingt ans, que le courage, qui est la vertu des jeunes, et l’espérance, qui est le million des pauvres…  C’est le stage de la vie artistique, c’est la préface de l’académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la morgue. Nous ajouterons que la bohème n’existe et n’est possible qu’à Paris. » Lorédan Larchey écrit en 1865 : « La bohème se compose de jeunes gens, tous âgés de plus de vingt ans, mais qui n’en ont pas trente, tous hommes de génie en leur genre, peu connus encore, mais qui se feront connaître, et qui seront alors des gens fort distingués… Tous les genres de capacité, d’esprit, y sont représentés… Ce mot de bohème vous dit tout. La bohème n’a rien et vit de ce qu’elle a. »  C’est « une société composée de toutes les sociétés, bizarre, monstrueux assemblage de talent et de bêtise, d’ivresse et de poésie, d’avenir et de néant, et qu’on nomme la bohème. » écrit Henri Maret (Le Tour du monde parisien, 1862).  « C’est un vice de nature qui fait le bohème. Il naît de la paresse et de la vanité combinées. Tant qu’il y aura des paresseux et des vaniteux. il y aura des bohèmes. » (Gabriel Guillemot, Le Bohême, 1868 in Lucien Rigaud, Dictionnaire d’argot moderne, 1888).

Travestissement, extravagance, goût de choquer « le bourgeois » caractérisent la bohème. Le poète Jean Richepin (1849-1926) s’attirera ce jugement sévère de Léon Bloy : « En réalité, vous vous foutez de tout, excepté de deux choses : jouir le plus possible et faire du bruit dans le monde. Vous êtes naturellement un cabotin, comme d'autres sont naturellement des magnanimes et des héros. Vous avez ça dans le sang. Votre rôle est d'épater le bourgeois. L'applaudissement, l'ignoble claque du public imbécile, voilà le pain quotidien qu'il faut à votre âme fière. » (Lettre à Paul Richepin, 1877). C’est ce qu’on a pu appeler le romantisme frénétique[ii] , celui d’une France romantique qui succède et s’oppose à la France antique et classique de Napoléon. C’est un « mélange intime du comique et du tragique, [...] des éclats de rire alternés ou combinés, ce que Flaubert en somme appellera plus tard le “grotesque triste” » écrit Jean Bruneau, grand spécialiste de Flaubert.

Les gens de l’avant-garde bohème s’appellent les Bousingots, les Gueux, les Impassibles, les Vilains-Bonhommes, les Hirsutes fondés par Léo Trézenik (1883), les Jmenfoutistes (de là vient l’expression contemporaine si usuelle), les Zutistes (on dirait maintenant Les Enfoirés ?), Les Incohérents, les Fumistes (un groupe fondé par Emile Goudeau [iii] et Eugène Bataille dit Arthur Sapeck, le nom faisant référence aux fumeurs d’opium mais aussi aux adeptes des fumisteries comme goût de tout faire paraître dérisoire).

Aux Hirsutes succèdent les Hydropathes, avec le poète Emile Goudeau (abusant du jeu de mot good eau). « …marche encore et toujours ! marche ! si, d’aventure, Tu touchais ton but de la main, Laissant derrière toi l’oasis et la source, Vers un autre horizon tu reprendrais ta course ; Tu dois mourir sur un chemin. » (Emile Goudeau). Lyrisme et enfantillages se mêlent à la naissance du groupe des Hydropathes : « On pleura de tendresse, on exultait de joie ; on alla casser deux ou trois pianos, dans les brasseries ».

Dans les 20 dernières années du XIXe siècle les Incohérents fondés par Jules Lévy marquent une nouvelle étape de la bohème[iv], avec dans le domaine de la peinture les peintures monochromes (Combat de nègres dans une cave, pendant la nuit, Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la mer Rouge, Stupeur de jeunes recrues de la Marine en apercevant pour la première fois la Méditerranée…). Le critique d’art Félix Fénéon disait d’eux qu’ils représentaient  « ... tout ce que les calembours les plus audacieux et les méthodes d’exécution les plus imprévues peuvent faire enfanter d’œuvres follement hybrides à la peinture et à la sculpture ahuries ... » (La Libre Revue, 1er novembre 1883).

Le Manifeste des Incohérents (in Le Courrier français, 12 mars 1884) explique que le mariage ou les rhumatismes amènent à l’exclusion du groupe. « L’Incohérent est jeune, il lui faut en effet la souplesse des membres et de l’esprit pour se livrer à des perpétuelles dislocations physiques et morales (…). L’Incohérent n’a conséquemment ni rhumatisme ni migraines, il est nerveux et robuste. Il appartient à tous les métiers qui se rapprochent de l’art : un typographe peut être Incohérent, un zingueur jamais. L’Incohérent est donc peintre ou libraire, poète ou bureaucrate ou sculpteur, mais ce qui le distingue, c’est que, dès qu’il se livre à son incohérence, il préfère passer pour ce qu’il n’est pas : le libraire devient ténor, le peintre écrit des vers, l’architecte discute de libre-échange, le tout avec exubérance. (…) L’Incohérent prend sa retraite en se mariant ou en attrapant un rhumatisme… » Un point peu souligné est la duplicité du bohème incohérent : il assume une façade sociale et donne le change :  «  A travers Paris, l’incohérent marche comme tout le monde, il salue ses supérieurs, et serre la main de ses égaux ; mais si, par hasard, il rencontre quelque part un co-incohérent, il se désarticule soudainement, se désagrège : son front, son nez, ses yeux et sa bouche forment des grimaces cabalistiques, ses bras se contournent drôlement et ses jambes s’agitent, suivant une cadence extravagante. Cela ne dure qu’une ou deux secondes. Mais ce sont les signes maçonniques auxquels se reconnaissent les F*** en incohérence. »

La bohème va au-delà d’un esprit potache fut-il régressif. Elle s’alimente de la haine des aieux. Diego Malevue c’est-à-dire Emile Goudeau écrit : « Une chose bizarre à coup sûr, c’est qu’il soit nécessaire de s’intituler moderne et de rompre sans fin ni trêve des lances contre les anciens. » Il est dit à propos des gérontes : « Qu’ils ne nous poussent point au parricide, qu’ils nous laissent la part de soleil, et ne nous enterrent plus sous leur gérontocratie, ou sinon, furieux, nous pourrions lever la main contre nos pères. » Il poursuivait : « De la place s’il vous plait Messieurs. Et pour finir : un seul mot. Il est moderne, il est d’hier : on appelle le gâteux un sous-lui. Nous prions les sous-eux de faire prendre mesure au fossoyeur. » La bohème révolutionnaire du XIXe et ses prolongements au XXe – dont le surréalisme - s’inscrit dans ce moment de l’individualisme révolutionnaire. Tout en étant dans la lignée de la Révolution de 1789 cet individualisme est en même temps profondément en phase avec le mouvement du capitalisme et d’une société de plus en plus marchande et consumériste. « Luc Ferry note justement que « les bohèmes, malgré leur opposition apparente aux bourgeois, malgré aussi, en retour, la haine ou le mépris dont ces derniers vont pendant longtemps les gratifier, n’ont été pour l’essentiel que le bras armé de l’épanouissement du capitalisme mondialisé, l’instrument de la réalisation parfaite de ce qu’on appellera finalement la société de consommation » [v]. Il  écrit encore : « Il fallait que les valeurs et les autorités traditionnelles fussent déconstruites par des jeunes gens plutôt ‘’de gauche’’, en tout cas révolutionnaires, pour que le capitalisme puisse nous faire entrer dans l’ère de l’hyperconsommation sans laquelle son propre épanouissement eut été tout simplement impossible. (…) Pour le dire autrement, rien ne freine autant la consommation que le fait de posséder des valeurs solides et bien ancrées, c’est-à-dire des valeurs traditionnelles. »  De ce fait, c’est désormais la bourgeoisie, n’ayant plus besoin de poissons-pilotes, ou encore d’éclaireurs d’avant-garde pseudo-dissidents, qui est à la pointe de l’avant-garde et du culte du nouveau pour le nouveau, de l’innovation pour l’innovation, de la désacralisation de toutes les valeurs. Luc Ferry remarque que « le bourgeois, chef d’entreprise ou banquier, devient lui aussi une espèce de révolutionnaire. Il abjure désormais ses troupes de ne pas s’embourgeoiser, de ne pas s’encrouter ni s’endormir sur leurs lauriers. Innovez, innovez et innovez encore leur demande-t-il en permanence. Comme Duchamp,  il lui faut sans cesse produire du nouveau,  rompre avec le passé. De là sa fascination pour l’art contemporain, dont il comprend enfin combien il lui montrait le chemin, combien il était,  au sens propre, l’avant-garde du monde moderne. Nul hasard si c’est Pompidou, le président le plus bourgeois de toute l’histoire de la république,  qui ouvre les portes du Louvre à ce vieux stalinien de Picasso et Jacques Chirac, lui aussi pourtant  fort peu bohème,  celles de l’Ircam à Pierre Boulez. En quoi  les bourgeois furent les benêts de l’histoire : comme le disait encore Marx de manière prophétique,  ils ont fait l’histoire, mais sans savoir l’histoire qu’ils faisaient,  tandis que  bohèmes et soixante-huitards en furent les cocus.  Reconvertis dans la pub, le cinéma ou la  presse, ces derniers peuplent aujourd’hui les réunions du Medef. Bohèmes et bourgeois ont ainsi célébré leurs noces et leur petit dernier, le ‘’bobo’’,  n’est que le fruit de leur union enfin consommée au sein de la logique désormais sacrée pour les uns comme pour les autres,  dans l’art comme dans l’entreprise,  de l’innovation pour l’innovation,  de la rupture permanente avec la tradition.  Sans cette lecture de l’histoire morale et culturelle de l’Europe, il est, je crois, à peu près impossible de comprendre le siècle. [vi] » Les bohèmes annonçaient ainsi ce que Luc Boltanski et Eve Chiapello appelleront le nouvel esprit du capitalisme [vii] postfordiste et « ludique ». Les bohèmes du XIXe siècle annonçaient les bobos d’aujourd’hui. Ils étaient en phase avec l’éthos économique et culturel de la bourgeoisie, seulement, ils étaient en avance, d’où des déconvenues.  Mais ils ouvraient le chemin de l’extension du domaine du capitalisme à l’ensemble de la vie humaine devenue parodique. Ils ouvraient la voie à la destruction de toutes les valeurs, à leur réduction à de simples signes. C’est pourquoi la critique de la bohème d’hier rejoint la critique du rôle actuel des libéraux-« libertaires » dans l’individualisme croissant et dans la néophilie (l’idée que le nouveau est toujours mieux que l’existant [viii]), avec comme conséquence le renforcement de l’emprise productiviste et capitaliste sur les hommes et sur les peuples. Un beau résultat pour de pseudo-dissidents.  



[i] Daniel Salvatore Schiffer, Le dandysme, dernier éclat d'héroïsme, PUF, 2010.

[ii]  Cf. La France frénétique de 1830,  Choix de textes de Jean-Luc Steinmetz, Phebus, 1978. Cf. aussi Anthony Glinoer, La littérature frénétique, PUF, 2009.

[iii] Emile Goudeau, Dix ans de bohème, 1888 et Champ Vallon, 2000.

[iv] Catherine Charpin, Les arts incohérents 1882-1893, Syros, 1990.

[v] Luc Ferry, La révolution de l’amour. Pour une spiritualité laïque, Plon, 2010, et J’ai lu, 2011, ouvrage intéressant même si on n’adhère pas à la thèse de l’auteur d’un second humanisme postrépublicain.

[vi]www.lucferry.fr, 25 décembre 2011.

[vii] Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999.

[viii] Une idée que critique longuement Jean-Claude Michéa in Le complexe d’Orphée, Climats-Flammarion, 2011.

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Genetic Evidence on the Origins of Indian Caste Populations

Genetic Evidence on the Origins of Indian Caste Populations

 

This 2001 study found that the genetic affinity of Indians to Europeans is proportionate to caste rank, the upper castes being most similar to Europeans whereas lower castes are more like Asians. The researchers believe that the Indo-European speakers entered India from the Northwest, mixing with or displacing proto-Dravidian speakers, and may have established a caste system with themselves primarily in higher castes.
 
Foto: de Bollywood-actrice Aishwarya Rai (bron: www.voxtropolis.com)

Krantenkoppen - Juli 2012 (1)

 

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Krantenkoppen
Juli 2012 (2)
 
PSA PEUGEOT CITROËN SUBIT LE CONTRECOUP DES SANCTIONS CONTRE L'IRAN.
"Le renforcement des sanctions américaines et européennes vis-à-vis de l'Iran et la toute nouvelle alliance signée avec General Motors sont en train de jouer un vilain tour à PSA Peugeot Citroën. Déjà confronté à un marché européen déprimé, le constructeur français voit se dérober le marché iranien, son premier débouché à l'export. Avec 458.000 véhicules écoulés - sur un total de 3,5 millions - en 2011, l'Iran est, en volume de véhicules vendus, le deuxième marché dans le monde pour la marque au lion, derrière le marché français. (…) PSA, via son partenaire local Iran Khodro, détient 30 % de ce marché. Mais tout pourrait s'arrêter cette année.
Mercredi 28 mars, United Against Nuclear Iran, un lobby américain hostile à Téhéran, a interpellé General Motors pour qu'il force PSA, dont il détient désormais 7% des actions, à cesser tout commerce avec l'Iran. (…) GM [et] Peugeot (…) 'avaient décidé de suspendre la production et l'expédition de matériel vers l'Iran il y a quelque temps, avant que nous signions notre alliance avec eux, et nous avons décidé de maintenir cette suspension’. (…)
Les premières victimes du gel des envois d'éléments, reconduit en avril, puis sans doute dans les mois à venir, sont les 350 salariés en charge de ces envois au sein du centre mondial des pièces détachées de Peugeot Citroën, à Vesoul (Haute-Saône). Depuis février, ils sont au chômage technique, envoyés en formation ou redéployés vers d'autres services sur ce site, qui compte plus de 3.000 salariés.
Egalement installé en Iran, Renault, lui, dit ne pas avoir ‘de souci. Même si travailler là-bas est toujours compliqué, l'an dernier nous avons produit et vendu 93.578 véhicules, contre 46.587 en 2010’, explique-t-on à la direction du constructeur, ce qui lui permet de détenir 6% de part de marché. Et sur les 2 premiers mois de 2012, la firme au losange a écoulé 19.500 véhicules, notamment ses Tondar90, la version locale de la Logan, contre 8.850 sur la même période en 2011.
S'il devait tirer un trait sur l'Iran, PSA perdrait 15% de ses ventes (en volumes), ce qui le ferait dégringoler au classement mondial des constructeurs. Mais Peugeot devrait en conserver certaines, puisque Iran Khodro poursuit la vente sous licence des 405 et 206 qu'il fabrique de plus en plus avec des pièces produites localement. Il devra trouver une solution pour les pièces qu'il importait."
 
 
GM RENTRE AU CAPITAL DE PSA.
‎"PSA a annoncé (...) 'le succès de son augmentation de capital'. (...) Le constructeur automobile américain General Motors 'devient le deuxième actionnaire de PSA Peugeot-Citroën, avec 7% du capital', à travers l'acquisition et l'exercice des droits préférentiels de souscription. (...) 
PSA et General Motors ont annoncé le 29 février une alliance stratégique. Dans ce cadre, les 2 constructeurs 'se concentreront sur les véhicules particuliers de petite et moyenne taille, les monospaces et les crossovers (4x4)'. Les premiers véhicules communs n'arriveront qu'en 2016. Par la suite, les 2 partenaires 'prévoient de développer conjointement une nouvelle plateforme pour les véhicules à faibles émissions de CO2'. L'accord doit permettre par ailleurs aux 2 groupes d' 'opérer sous la forme d'une seule et même structure d'achat à l'échelle mondiale pour leur approvisionnement en matières premières, composants et services auprès des fournisseurs', avec un 'volume d'achat combiné de (...) 95 milliards d'euros'."
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/automobile/20120327trib000690579/gm-devient-le-deuxieme-actionnaire-de-psa-peugeot-citroen.html?google_editors_picks=true
 

vendredi, 27 juillet 2012

The Empire of the end (a brief introduction to Jean Parvulesco)

The Empire of the end (a brief introduction to Jean Parvulesco)

 

by Thor E. Leichhardt


Ex. http://www.new-antaios.net

Jean Parvulesco is not exactly a household name in the West.  All of his books remain untranslated from French, in no small part due to the complex, idiosyncratic prose style they contain.  Parvulesco is a living mystery of European literature. Mystic, poet, novelist, literary critic, connoisseur of political intrigue, revolutionary, friend and confidant of many European celebrities of the latter half of the twentieth century (from Ezra Pound and Julius Evola to Raymond Abellio and Arno Breker), his true personality remains a mystery. A Romanian who fled to the West in the 1940’s, he became one of the most brilliant French stylists in contemporary prose and poetry. But no matter how different were his works, from tantric stanzas and complex occult novels to biographies of eminent friends (in particular “Red Sun of Raymond Abellio”), his real calling was – “visionary,” direct and inspired contemplator of spiritual spheres, opened to the chosen behind the sullen and trivial appearance of contemporary profane world.

At the same time, Parvulesco does not have anything in common with vulgar representatives of contemporary “neomysticism” and all of its false offshoots.  Parvulesco’s vision is gloomy and tragic: he has absolutely no illusions concerning the hellish, infernal nature of the contemporary world (in this sense, he is most likely a traditionalist). He is completelety alien to the infantile optimism of theosophers and occultists, and pseudomystical “goggles” of the New Age. But unlike many traditionalists with an “academic” temperament, he does not limit himself to sceptical preaching about the “crisis of the modern world” and empty-worded, marginal condemnation of materialist civilization of the end of Kali Yuga.

Jean Parvulesco’s texts are filled with the Sacral, which speaks directly through a dream-like, almost prophetic level of strange revelation, “visitation,” breaking out to higher spheres through the dark energies which are the norm in today’s collective psyche. Parvulesco is an authentic visionary, deep enough and ideologically prepared, not to accept the first phantoms of subtle reality to come across, for “messengers of light,” but at the same time straining to the limit his intuition in a dangerous and risky “voyage inwards,” to the “center of the Black Lake” of modern soul, without fear of going beyond norms fixed by rational dogmatics (here originate the multi-level paradoxes that fill Parvulesco’s books).

Parvulesco’s message can be defined in this way: “The Sacral has disappeared from daily reality of the modern world, and it is completely obvious that we live in the ”End of Times”, but the Sacral has not vanished (since it could not vanish theoretically, as it is eternal), but was transferred to a nightly, invisible projection, and is now ready to come down on human physical cosmos in a terrible apocalyptic moment of apogee of history, at a point, when the world that forgot about its spiritual nature and disowned it, will be forced to meet with it in a brutal flash of Revelation.” As long as this has not taken place, and humanity peacefuly sleeps in its dark, materialist illusions, only the chosen, visionaries, members of the secret brotherhood, the Apocalyptic Order, keep awake, secretly preparing ways for the coming of the Last Hour, “Heavenly Kingdom,” the Great Empire of the End.

Jean Parvulesco sees in himself not a literary figure, but the herald of this Invisible Empire (his last book is called “Star of an Invisible Empire), speaker of the occult Parliament, consisting of the planetary elite of the “awakened.” His personality doubles, triples, quadruples in characters of his novels, among which the author himself has a place, along with his doubles, occult duplicates, and real historical personalities, other-worldly shades, shells of “external twilight,” “nominal demons,” secret agents of occult special services. Parvulesco opens an entire parallel world, not just stage decoration of individual fantasies or reminiscences. His texts are populated with frightening reality: his strange (often quite black) humor at times touches on the holy relics of religions, dogmas and canons, awakening their inner, mysterious essence, ridden of spiritually devastating fetishist reverence. Following tantric presciptions, Parvulesco vivifies the language, makes it operative. That is why his texts are something more than literature. It is the magical spells and scandalous denunciations; it is the provocation of events and foretelling of their meaning; it is submergence into the Ocean of the Interior, subterranean tunnels of the Hidden, into the frightening empire of that, which exists in each one of us. That is exactly why Parvulesco can be as terrifying as any true genius: he intently and scientificaly studies us from the inside, at times getting over the known brink. The visionary anatomist.

In The Beginning Was Conspiracy

Parvulesco states, clearly and paradoxically at the same time, that Reality has a fundamentally dual nature. All of Parvulesco’s work can be summarized as an attempt to understand Duality, and the processes necessary to resolve all polarities and bring about “The Europe of the End”:

“The sole liberating question: when the time comes (and it is already here) will the European nations find, in their deepest selves, the burning reality of the “nation before all the nations,” the transcendental legacy of the “Indo-European nation” of our former origins?” (Le Spirale Prophetique)

Secret agents of Being and Nonexistence appear in all key spheres of control of the modern world, directing all processes of civilization. History results from the superimposition of one polarity of the Dual, as the energy vectors of two occult nets, form the fabric of actual, concrete history. Generals and terrorists, spies and poets, presidents and occultists, Church Fathers and heretics, mafiamen and ascetics, freemasons and naturalists, prositutes and holy saints, salon artists and activists of the workers’ movement, archaeologists and counterfeiters — all of them are only obedient actors of a saturated conspirological drama — and who knows, which social identification shelters a higher Initiate? Often, a gangster or a beggar turns out to be the curator of a President or the Pope, and a military leader or a banker act as puppets of a salon poet, behind whose grotesque and fantastic personality one finds a cold guru and architect of brute political history.

Against Demons and Democracy

“Star of an Invisible Empire” is Parvulesco’s last and key novel. In it, the threads from earlier books are tied together. The work depicts transcendental metahistory, of which our author is a chronicler, as nearing its final outcome. Here is a summary: On the entire planet, and especially in France and Portugal (and also in Peru and Mexico) — all magical “acupuncture” spots of the occult West — agents of Nonexistence constructed black pyramids, physical and superphysical objects, intended to support direct intrusion of demonic energies, hordes of Gogs and Magogs. This apocalyptic project has a secret name, the “Aquarius Project,” since in accordance with astrological symbolism, the era of Aquarius, which brings with it not happiness and harmony (as “agents of Nonexistence” are trying to assure humanity), but disintegration, rot, chaos, and death, “dissolution in lower waters,” is about to dawn.

The hero of “ The Star of an Invisible Empire”, Tony d’Antremont, depicts the onset of the “Aquarius epoch” in this way: “I see together with Lovecraft the potting around of enormous foul masses, moving in endless waves, stepping over the last remaining crystal structures of resistance of spiritual elites; I am gazing, in ecstatic powerlessness of my hallucinatory awakening, at the shimmering black foam, the foam of black disintegration, terror of democratic stench and frightening organs of these convulsing corpses, which – in the makeup of dirty whores with a deceitful smile, with the California beach smile of European anti-fascists, with the smile of mannequin whores in flickering windows(so I would define it) — are preparing our final defeat, leading us to a destination which they themselves do not know, or, more precisely, know it too well, on the way there with relish sucking out our bone marrow; this is the hallucinatory leaden mantle of Human Rights, this faecal-vomitory discharge of Hell, although by saying so, I am insulting Hell.”

Servants of “Aquarius,” opening the way into the human world to black “shells” of contemporary twilight, are trying to present their unnatural advent as a blessing, as salvation, as the limit of evolution, hiding their true nature, Vomitto Negro (Black Vomit), under the political and spiritualistic catchwords New Age and New World Order.

But against Aquarius, in which the entire terrible, “metagalactic” potential of the network of Nonexistance, finding its final incarnation in the “New World Order,” is concentrated, fight the representatives of a secret western order Atlantis Magna. A special role in the rituals of this order is played by the Woman, known under the mystical name Licorne Mordore, or the “red-brown Unicorn.” In physical reality she carries the name Jane Darlington. But the true persona of this woman principally goes beyond the bounds of individuality. More likely, she represents in herself some sacral function, divided among all women of the order, whose personal and everyday relations among themselves reflect an ontological hierarchy of being itself (one of them corresponds to spirit, another – to the soul, the third – to flesh.) Men of the Order, including the main character Tony d’Antremont, are also hardly individuals in a strict sense: deaths and adultery, the depiction of which fills the novel, illustrate the especially functional essence of the main characters; the ritual death of one of them only intensifies conspiratory activities of another, and their wives, in the process of commiting adultery, find out that in essence they remain loyal to one and the same being. So, Atlantis Magna weaves its continental web to struggle with the Aquarius conspiracy: this web is finalized at a higher transcendental level, a ritual tantric realization of eschatological Occurrence, connected with the appearance of the Consoler and Wife archetypes. Only on this level it is possible to defeat the builders of “black pyramids.” Preparation and organization of the mysterious ritual of the “red circle” composes the main part of the plot. Members of Atlantis Magna on the way to this procedure make symbolic voyages, analyze mystical texts, work at finding true causes of political transformations, research strange aspects of history of some ancient European families, decipher esoteric ideas (which appear as leaks in tabloid press), endure romantic and erotic relationships, experience assasination attempts, become victims of kidnapping and torture, but the entire concrete body of the captivating, almost detective-like novel is really an uninterrupted reading and clarification of interconnected visionary reality of the Final Event of History, appearance of the Great Eurasian Empire of the End, Regnum Sacrum or Imperium Sacrum, reflections of which can be seen in all aspects of modern world.

Jean Parvulesco with Ezra Pound in Paris in 1970es of 20th century

On the political level of the conspiracy, the heroes of the novel also act aggressively and decisively. Spiritual resistance to the New Age, neospiritualism, for the representatives of which (from Alice Bailey to de Chardin and Sai Baba) Tony d’Antremont offers to establish an “occult super- prison” projects on political resistance to the “New World Order,” Americanism, and liberalism, which forces the agents of Being to weave webs of planetary conspiracy with participation of all political forces opposing mondialism. Underground groups , social-revolutionaries and members of other already non existing groups, descendants of aristocratic families loathing “democracy,” secretly wishing for an end of the liberal epoch, members of the Italian mafia, Gaullists and admirers of Franco, revolutionaries of the Third World, shamans of America and Asia, communist leaders, German bankers – all of them become participants in the geopolitical project, directed towards the recreation of the final Eurasian Empire. Diplomatic intrigues, foreign trips, confidential talks and the collection of information compose the political aspect of the conspiracy of “agents of Being” and a special subject thread of the novel, superimposed on occult conversations and long esoteric monologues of the characters.

Parvulesco’s novel does not follow the traditional logic of a finished tale.

It is significant that it ends on a half-word on page 533. The entire preceding plot sees the reader close in on the eschatological outcome of the occult war, but… Here the literary world ends, and actual reality sets in. The majority of characters in the novel are historical figures, some of whom have died, others still alive. Books and texts quoted in the tale do really exist. Many episodes and retold legends are also not made up (although quite a few are fictional). Significant detail: the majority of mentioned names are furnished with dates of birth and death. After reading “ The Star of an Invisible Empire,” a question naturally arises: what have we just read? A novel? Fiction? Fantasy? Surreal literature? Or, perhaps, an esoteric tract?

Or the real revelation of the hidden motive of contemporary history, seen from the position of metaphysical completeness in its entire volume, to the other side of hallucinations, of which, in effect, consist all banal, everyday assumptions, that explain nothing and are as far from the truth as imaginable?

Jean Parvulesco himself describes his novel: “a most secret and dangerous initiation novel, where Absolute Love gives its final weapon to Absolute Power and lays the occult basis for a future great Eurasian Empire of the End, which will signify Heavenly Kingdom, Regnum Sanctum.” No more, no less.

Agents of the inner Continent are awake. Already there appears on the night sky of our sickening civilization a magic Star, heralding the soon-to-be transformation of the Internal into the External. This – is the Star of an Invisible Empire, Empire of Jean Parvulesco…

“Soldiers already lost in a war that becomes ever more total, ever more occult, we bear at the very edges of this world the spiritual arms and the most enigmatic destiny of miltary honors from the Beyond. In the ranks, both visible and invisible, of the Black Order to which we belong, those whom death has struck down march on side by side with those who are still standing.” (La Conspiracion de Noces Polaires)

Edited by Thor Einar Leichhardt

Note by Thor Einar Leichhardt :

Many sincere thanks to author of this article and all of his his literary endeavours.

Article was published here in an attempt that people of the non French speaking countries can get a glimpse into the works of the late great Jean Parvulesco.

I would like to clarify also that Jean Parvulesco’s books and writings are not for the people who see everything around them just as a three dimensional world.  Same could be said for his friend and confidante Raymond Abellio. In the past Stefan George, Alfred Schuler and Ludwig Klages were some of those people. Today Rolf Schilling is one of those rare authors whose poetry, prose and literary genius stands far, far away from the ordinary three dimensional world and whose poetry we have to learn to read and study like diving in the deep and unexplored underground tunnels filled with crystal clear blue water which are here on the planet Earth from the beginning of the time.

Jean Parvulesco’s writings are not connected with Traditionalist School , New Age, Masons or Occultists.

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jeudi, 26 juillet 2012

The Homeric Gods

The Homeric Gods

By Mark Dyal 

Ex. http://www.counter-currents.com

[1]

Athena

Walter F. Otto
The Homeric Gods: The Spiritual Significance of Greek Religion [2]
Translated by Moses Hadas
North Stratford, N.H.: Ayer Company Publishers, 2001

“My goal is to create total enmity between our current ‘culture’ and Antiquity. Whoever wants to serve the former must hate the latter.”—Friedrich Nietzsche[1]

“Every religion and every worldview is entitled to be judged not by the levels where it is flattened, coarsened, and, for want of character, is like any other, but by the clear and large contours of its heights. It is only there that it is what it truly is and what others are not.”—Walter F. Otto[2]

Along with Homer, Nietzsche, Evola, and Schmitt, a name with which every New Right thinker should be familiar is Walter F. Otto. Otto (1874–1958) was a German philologist who held positions in Switzerland and Germany, becoming one of National Socialist Germany’s leading scholars of the Classical world. From 1933 to 1945 he was a member, and administrator, of the Scientific Committee of the Nietzsche Archive in Weimar—at the time a sacred site amongst the Nazi “Nietzsche cult.”

Besides writing few books that have been translated in multiple languages, Otto and his blend of Nietzschean and Homeric political philosophy, helped lay the foundation for the contemporary manifestation of the Counter-Enlightenment, which we call the New Right. Indeed, Otto was part of the political evolution of many European New Right thinkers—Guillaume Faye, Alain de Benoist, and Pierre Krebs, to name but three; yet he remains virtually unknown in America, even among scholars.

In Europe, though, the Classical inheritance is lived and understood differently than in America. As Krebs explains, the vitalist natural spirit of the Homeric/Greek religion has stood in continual opposition to Asiatic/Judaic metaphysics since the dawn of the Homeric Age, some 3000 years ago.[3] In America, what we stood to inherit from the Greeks has been, at worst, perverted by Judeo-Christianity’s war on European nobility, and at best, subsumed within the multicultural system of racial and cultural commodity fetishism.

In other words, the Classical world matters to Europeans because they still live in the geographical and geopolitical world of the Greeks and Romans; while in America, bored bourgeois consumers think about Greece and Rome only when Hollywood promotes some democratic and ethically Christian version of a formerly noble tale of heroism and glory.

[3]Thus, it is to the North American New Right’s credit that the Classics and pre-Christian paganism is discussed at all. But even as we occasionally discuss them, they still seem foreign to the essential discourse of creating and being a new American Right. While there are Nazis, Norse pagans, atheists, and Christians—always quick to de-Jew Jesus—aplenty, Olympian, Roman, or even Augustan reform, pagans are seldom identified. Given the lack of Classical feeling in the American psyche, one must assume that these pagans simply do not exist here. Even in the European New Right’s best explanation of paganism, Alain de Benoist’s On Being a Pagan, Athena and Apollo—the most well developed and useful Homeric deities—are never brought to life.[4] Nor is one given a sense of what one would actually believe and do as a result of associating with these gods.

Collin Cleary sensed the “lack of gods” in Benoist’s On Being a Pagan and took offense with its overtly Nietzschean humanism and “moral relativism.”[5] Although the gods are present in The Homeric Gods, Otto’s project, like Benoist’s, is entirely and inherently Nietzschean. In fact, to properly understand Otto’s book, one should begin with Nietzsche, and not Homer.[6]

But this is understandable, assuming that one comprehends why Nietzsche is so central to how and why we know the Greeks today. As the first epigraph makes clear, Nietzsche uses the Greeks (and Romans) as a counter-valuation to the modern Judeo-Christian world. From his first notebooks and lectures to his last written words, Nietzsche’s ideal human types are Greek, nay, Homeric in origin. For it was these men that fought, struggled, killed, and died in a life-affirming quest for glory.

Nietzsche’s ideal form of life, which glorifies warfare, strife, and beauty, is Greek. Indeed, Nietzsche’s naturalization of morality can be found 2200 years prior in Herodotus’Histories. Nietzsche’s Zarathustra virtually summarizes the first book of Histories when he says that, “No people could live that did not first esteem; but if they want to preserve themselves, then they must not esteem as their neighbor esteems.”[7] For while Herodotus included the narratives that brought war to the barbarian peoples of the east, he did so to show that, while each people is motivated by what is good, the only good that matters is that of the Greeks.[8]

Even if Herodotus understood that each of Greece’s enemies had their own moral and ethical system, these systems did not apply to Greeks. The world beyond Greece simply did not exist in moralistic/altruistic terms. This is similar to the motivational thrust of Nietzsche’s critique of Judeo-Christian morality: it might be good for a certain human type, but not for us.

This “us” is a key to understanding why Nietzsche is often embraced by the Left (and New Right thinker Collin Cleary) as a moral relativist, for it assumes a preexisting knowledge of each of Nietzsche’s “mature” works that the large majority of his postmodern readers simply do not have.[9] Everything from Book Five of The Gay Science to the last notebook of the Nachlass is written for a fictitious audience of like-minded “free thinkers” who already embrace Nietzsche’s transvaluative project.

Thus, he never naturalizes morality “in general” but always in contrast to what is useful for a particular (heroic, strong, courageous, harsh) audience. Ultimately, moralities are important because every form of life has one, or some such system of valuation and evaluation; and each morality is the basis of a particular human type—one of which is democratic, soft, lazy, smug, complacent, flabby, in a word, decadent. But, because that human type is the optimal embodiment of its morality, the form of life’s truth regime also promotes its optimal status.

And again, because Nietzsche explains that truth is unknowable without valuation (thus linking truth and morality), and that there are as many truths as there are forms of life, i.e. perspectives, historically speaking, the Left embraces him as a general relativist;[10] just as it critiques Herodotus (and the Greeks) as ethnocentric and xenophobic, and Homer as a violence-obsessed savage.[11]

Otto’s The Homeric Gods embraces this generalization of Nietzsche and sets the Homeric gods in opposition not only to Judeo-Christianity but also to the bourgeois form of life in general. What makes Otto’s book unique and useful is that he actually uses Homer and other archaic and Classical sources to explain the gods. Thus, Judeo-Christian and modern notions of sin, soul, piety, and redemption are nonexistent.

Writing in the Nietzschean spirit, he celebrates the absence of “the holy” in the Homeric Greek worldview. “The somber religious reverberation, that melody of ineffable exaltation and consecration . . . seems to be wanting . . . This religion is so natural that holiness seems to have no place in it” (p. 3).

What we miss, then, is the “moral earnestness” that Judeo-Christianity, as the paradigm of religion, commands us to expect in a religion. Instead, we have gods that are “too natural and joyous to reckon morality as the supreme value” (p. 3). We have, as well, two key points to understanding how the religion works.

First, there is no communion between the gods and man. There is no sacrifice of the self, no intimacy, no oneness of god and man. Man and the gods are separated by each one’s nature.

Second, there is no promise of redemption in the religion. There is no need or desire to redeem man from his earthy existence because love of life and the natural capacities of man are the basis of Homeric religious feeling. As Faye said, “like Achilles [and Odysseus], the original European man does not prostrate himself before the gods, but stands upright.”[12] But as Otto explains, this is because the gods demand instead that one stands and fights—that one makes oneself worthy of the gods’ attention by courageous and heroic action. Otto brings this point home by reminding his readers that, while in the Old Testament, “Yahweh fights for his people, and without making any defense they are delivered from the pursuing Egyptians,” in Homer, “a god whispers a saving device to a baffled warrior at the right instant, we hear that he rouses spirit and kindles courage, that he makes limbs supple and nimble, and gives a right arm accuracy and strength” (p. 6). Man is not miraculously delivered by his God but is, instead, given the inspiration to command his own destiny.

The interaction between gods and man and between man and nature, then, is not only dependent upon man but upon nature. In other words, there is little to no magic, only the divinity of man in nature.

The faculty which in other religions is constantly being thwarted and inhibited here flowers forth with the admirable assurance of genius—the faculty of seeing the world in the light of the divine, not a world yearned for, aspired to, or mystically present in rare ecstatic experiences, but the world into which we were born, part of which we are, interwoven with it through our senses and, through our minds, obligated to it for all its abundance and vitality. (p. 11)

Speaking of its essence, the divine is a vital force that flows through each living thing. However, it is not “made divine” in the sense of the “holy spirit.” There is no need to feel universally connected to, or prohibited from attacking or devouring, one’s brothers-in man. For in nature, all life consumes and devours, but is still part of the richness of the world—a very Nietzschean naturalism this is! Homeric religion, in sum, dismisses morality, promises no redemption, and makes life itself divine.

It is in the descriptions of the gods, themselves that we find the true “plan” that the Homeric religion holds for man: that our divine nature demands that man act, and often heroically. “The gods belong on the side of life. In order to encounter them the living must move, go forward, be active. Then the gods encompass the living with their strength and majesty and in sudden revelation even show their heavenly countenance” (pp. 265–66). It matters not so much that man be patient, pious, or priestly, but that he not act cowardly, brutishly, or without dignity. “The purpose and goal of the Greeks,” Otto quotes Goethe, “is to deify man, not to humanize deity” (p. 236). Even as man in all of his nature is deified, Homer still presents a perfected vision of this nature.[13]

[4]Anyone who has read Homer (or Otto) can hardly disagree that Athena is the most extraordinary of the Homeric deities. Her role in the life of Achilles and Odysseus alone is enough to inspire men to war in hopes of garnering her attention. “First of all it is the warriors whose courage she kindles. Before battle begins they sense here inspiriting presence and yearn to perform heroic deeds worthy of her . . . the spirit of the goddess causes all hearts to thrill with battle glee” (p. 45).

Athena’s association with Heracles insured that she was the deity of choice for virile, athletic warriors, and his glory set the standard for Greek (and Roman) heroic endeavor. Remember correctly, though, that Heracles did not succeed through fury alone. Under Athena’s guidance, prudence and dignity are also necessary. Thus do we see her counseling Odysseus in moments which call not only for force but also shrewd calculation.

While her most celebrated recipients are, indeed, warriors and heroes, Athena’s influence can be seen across a wide spectrum of Greek life. She is a warrior, but she is also the goddess of wisdom. Moderns hear this, and their bourgeois form of life immediately informs them of a contradiction; for how can war and wisdom be unified and idealized to the point of divinity? That this unity is no contradiction, however, says all one needs to know of these Greeks and how far we have fallen from their glorious and heroic ideals.

[5]War and wisdom are related, through Athena, by the type of human perfection needed to be victorious at either. Precision. Precision under pressure. Precision under pressure of death. Precision under pressure of death when only the perfect movement or thought will preserve life and achieve one’s glory. Wisdom can only be gained in similar circumstances—through heroic or precise, pressure-filled, action.

Thoughts gained while sheepishly static and immobile, Nietzsche reminds us, are seldom heroic. Thus warriors in need of the perfect throw of a spear or slice of a sword, in the only instant that will kill their opponent, are united with artisans, artists, precision craftsmen—shipwrights, metalworkers, potters, weavers—and anyone needing intelligence and the will to decisiveness at every moment.

While Athena loves others beside the great heroes and warriors, her spirit and approach does not change circumstantially. She always desires “boldness, the will to victory, and courage,” but these are not fully useful without “directing reason and illuminating clarity” (p. 53). “Whenever in a life of action and heroism great things must be wrought, perfected, and struggled for, there Athena is present. Broad indeed is the spirit of a battle-loving people when it recognizes the same perfection wherever a clear and intelligent glance shows the path to achievement” (p. 53). Broad indeed is the spirit of a battle-loving people when it recognizes the same perfection wherever a clear and intelligent glance shows the path to achievement. Otto has just explained the crux of the Classical inheritance: the will to perfection. Stand alone in postmodern America and ponder the magnitude of a cultural impulse to perfection. Now also consider Otto’s National Socialist audience and one also begins to sense what National Socialism and Fascism were really up to—and how deep was the Fascist critique of modernity.[14]

[6]

Apollo

The perfection attainable through Athena is immediate. The precision to which she inspires is corporeal. She is “the heavenly presence and direction as illumination and inspiration to victorious comprehension and consummation. To Hermes belongs what is clandestine, twilight, uncanny; Athena is bright as day. Dreaminess, yearning, languishing, are alien to her” (pp. 53–54). Similarly obvious is the contrast between Athena and Apollo:

In Apollo we recognize the wholly masculine man. The aristocratic aloofness, the superiority of cognition, the sense of proportion, these and other related traits in a man, even music in the broadest sense of the word, are, in the last analysis, alien to a woman. Apollo is all these things. But perfection in the living present, untrammelled and victorious action, not in the service of some remote and infinite idea but for mastery over the moment—that is the triumph that has always delighted woman in a man, to which she inspires him, and whose high satisfaction he can learn from her. (p. 55)

Apollo is an archer, thus the will to precision is also present in him. But while Athena is immediate and near, Apollo is rational and distant. “In the figure of Apollo,” Otto explains, “man honors the nobility of serenity and freedom, the rays of the sun, which furnish light not for mysteries of the soul but for virile realization of life and worthy achievement” (p. 252). Once again, Otto makes sure we fully comprehend the cultural impetus of these deities. For like Athena, Apollo promotes a world of meaningful action and a life “capable of freedom, which neither follows impulses blindly nor is subjected to the categorical demands of a moral legislation. It is not to dutifulness or obedience that decision is allowed but to insight and taste; thus everywhere the intelligent is bound up with the beautiful” (p. 253).

It was the genius of the Greeks to promote the most exceptional and exemplary capabilities of man as divine; and not only divine but also natural. Thus man did not supplicate himself to a God, or, as Collin Cleary fears for neo-pagans, merely invoke the name of a deity. Instead he made himself worthy. “Wherever a great heart throbs and rages, wherever a liberating thought flares up, there Athena is present, summoned rather by heroic readiness than by humble supplication. From her own lips we hear that she is attracted by prowess, not by good will or devotion to her person” (pp. 238–239). In this we see that the agonic pulse that ran through the Greek world was more than just a will to prepare for war. It was also a means for men to maintain worthiness of the gods. For a perfect throw, a perfect hull, or a perfect word is still perfection and “for the Greeks, this is the prime meaning of insight and intelligence. Without these the truly divine is inconceivable” (p. 247).

Perhaps nothing separates modern man from the Greeks as much as his aversion to thinking about the human in terms of perfection. The artistic embodiment of the Homeric deities served as an optimal status criterion of the form and content of human perfection. Extremely elevated standards were maintained in physiognomy, creativity, and discernment, always with a view to the interconnectedness of warfare, wisdom, and beauty. Grandeur, prowess, dignity, and nobility seem available for all who act heroically and with nobility. However, this is only so because it is not the mediocrity of the rabble that is being elevated to the pinnacle of human worthiness.

Only a modern would think to celebrate (or even care about) the Helots and slaves that toiled in the shadow of greatness. Indeed, the moderns who glorify the non-victorious and the failures—the majority—at the expense of the heroic and life affirming few, dwell in eternal darkness compared to these Greeks.

Instead this is a religion (and form of life) for masters. This is the religion of those who value glory over justice. And, “for a spirit which craves glory rather than prosperity, the justice of divine sway is a different thing from what the husbandman or commoner intent on possessions and gain might wish it to be” (p. 258). Achilles, the bravest and “most loved by the gods” of the Greeks at Troy, has a short life, but it is a life filled with the greatest imaginable glory. As Otto deftly explains, only a spiritually poor age would think to reduce the human capacity for heroic action to a search for bourgeois comfort, safety, and happiness. Likewise, only a spiritually impoverished religion would feel it necessary to make God an arbiter of justice. While the “history of religions” (i.e., modern theology which makes Asiatic monotheistic religions the paradigm of religiontout court) considers it a deepening of divine providence to give God the power of justice, Otto explains that it as a sign of decadence (p. 257).

The Homeric gods, as mentioned above, are solely deities of life. Death, the only fate of man, is controlled by the furies—the archaic deities more closely related to elemental forces than the more spiritual Olympians. It is not fated that a man does anything but die. What he does with his life is up to him, including meting out justice. (In his Oresteia, Aeschylus presents a dramatic account of Athena and Apollo arguing successfully against the furies for the right of man to justice.) While the gods are powerless against death and care nothing for justice, they often work with a man’s fate to allow a maximum amount of honor and glory. For a form of life that spiritualizes life, honor, and glory, a “call to justice is . . . a sign of the de-deification of the world” and evidence of a mobbish right to prosperity and slavish assumption that someone may be blamed for one’s suffering a lack of prosperity (p. 258).

It is important to remember that Homer was the basis of Classical Greek culture. The deities and heroic men and women he described originated the shared values, mores, and conditions of possibility of the many Greek peoples. Homeric models of heroism and nobility became the boundary marker between the Greek and the barbarian. The metaphors used by the nobility and freemen alike came from Homer, as did the bases of truth, beauty, and good reasoning. The Homeric Gods gives ample reasons why this was so. With its Nietzschean undertones (Nietzsche is only mentioned once in the book) and its clear delineation of what separates the Homeric from the Judaic, Otto’s study must have been intended to bolster the Fascist reawakening of Classical feeling in European man; for it paints a picture of the very type anti-humanist (Nietzschean) humanism that characterizes so much of Fascist political mythology and philosophy. What makes Otto’s The Homeric Gods so important, in this light, is its sheer monumentality. It explains that Greek humanism was anything but secular, and deified the greatest potentials of human life. It places life clearly in the control of man, with the understanding that greatness is only achievable through actions worthy of the gods. The book is designed to inspire—to make Athena’s touch be felt again—and to give notice that bourgeois modern men will be unforgivingly outmatched by those seeking glory rather than comfort.

The Homeric Gods is no substitute for the remarkable experience of reading or hearing Homer’s epics. However, it is a companion that will deepen one’s experience of Homer so much that Dominique Venner’s suggestion that his epics act as a “European bible” will make perfect sense.[15] Of course, heroic men of the Homeric ideal have no need of a bible—just as the Nietzschean ideal would chafe at the blasphemy of suggesting Zarathustra as a bible. If bible is a strong word—intended only for the weakest ears, that is—perhaps Homer can instead act as guidebook of the European peoples’ capacity for greatness.

In any case Homer, and Homeric religion, is exemplary, and demonstrate a system of valuation at extraordinary odds with modern bourgeois man. Perhaps modernity has destroyed man’s ability to act as heroically as the ideals and deities of Homer would expect of their heirs. Certainly it has delimited his freedom to do so. But, “history,” Nietzsche advised in a notebook entry, “must speak only of the great and unique, of the model to be emulated.”[16] That, as Venner explains, is exactly what we have in Homer: “To be noble and brave for a man, to be gentle, loving, and faithful for a woman. [Homer] bequeathed a digest of what Greece offered thereafter to posterity: nature as model, the striving towards beauty, the creative force that strives always to surpass, excellence as the ideal of life.”[17]

Notes

[1] Friedrich Nietzsche, Writings from the Early Notebooks, ed. Raymond Geuss and Alexander Nehamas. Trans. Ladislaus Löb (Cambridge: Cambridge University Press, 2009), p. 203.

[2] Walter F. Otto, The Homeric Gods: The Spiritual Significance of Greek Religion, Trans. Moses Hadas. Reprint Edition (North Stratford, NH: Ayer Company Publishers, 2001), p.12.

[3] Pierre Krebs, Fighting for the Essence: Western Enthnosuicide or European Renaissance? Trans. Dr. Alexander Jacob (London: Arktos, 2012), pp. 46–47.

[4] Alain de Benoist, On Being a Pagan, ed. Greg Johnson, trans. Jon Graham (Atlanta: Ultra, 2004).

[5] Collin Cleary, “Paganism Without Gods,” in Summoning The Gods, ed. Greg Johnson (San Francisco: Counter-Currents, 2011), pp. 62–80.

[6] I assume everyone has read and re-read both The Iliad and The Odyssey. If not, drop everything, get an audiobook, and listen to these epics.

[7] Friedrich Nietzsche, Thus Spoke Zarathustra, ed. Adrian Del Caro and Robert B. Pippin. Trans. Adrian Del Caro (Cambridge: Cambridge University Press, 2006), p. 42.

[8] Herodotus, The Landmark Herodotus: The Histories, ed. Robert B. Strassler. Trans. Andrea L. Purvis (New York: Pantheon, 2007), pp. 112–15.

[9] There is no distinction to be made between postmodern and Left.

[10] Maudemarie Clark, Nietzsche on Truth and Philosophy (Cambridge: Cambridge University, 1990).

[11] Elizabeth Vandiver, Heroes in Herodotus: The Interaction of Myth and History (New York: Peter Lang, 1991).

[12] Guillaume Faye, “Mars and Hephaestus: The Return of History,” trans. Greg Johnson, in North American New Right, Volume 1, ed. Greg Johnson (San Francisco: Counter-Currents, 2012), p. 239.

[13] Space and necessity permit only a focus on Athena and Apollo. The Homeric Gods offers chapter-length examinations of Athena, Apollo, Artemis, Aphrodite, and Hermes; while Ares, Poseidon, and Hephaestus also feature heavily.

[14] Zeev Sternhell, The Birth of Fascist Ideology: From Cultural Rebellion to Political Revolution, trans. David Maisel (Princeton: Princeton University Press, 1994).

[15] Dominique Venner, “Homer: The European Bible,” trans. Greg Johnson, in North American New Right, Volume 1, ed. Greg Johnson (San Francisco: Counter-Currents, 2012), pp. 220–36.

[16] Nietzsche, Early Notebooks, 95.

[17] Venner, 226.

 


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mercredi, 25 juillet 2012

Paganism & Vitalism in Knut Hamsun & D. H. Lawrence

Paganism & Vitalism in
Knut Hamsun & D. H. Lawrence

 

By Robert Steuckers 

[1]

Knut Hamsun

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Part 1 of 2

Translated by Greg Johnson

The Hungarian philologist Akos Doma, educated in Germany and the United States, has published a work of literary interpretation comparing the works of Knut Hamsun and D. H. Lawrence: Die andere Moderne: Knut Hamsun, D. H. Lawrence und die lebensphilosophische Strömung des literarischen Modernismus [The Other Modernity: Knut Hamsun, D. H. Lawrence, and the Life-Philosophical Current of Literary Modernism] (Bonn: Bouvier, 1995). What they share is a “critique of civilization,” a concept that one must put in context.

Civilization is a positive process in the eyes of the “progressivists” who see history as a vector, for the adherents of the philosophy ofAufklärung [Enlightenment], and for the unconditional followers of a certain modernity aiming at simplification, geometrization, and cerebralization.

But civilization appears as a negative process for all those who intend to preserve the incommensurable fruitfulness of cultural matrices, for all those who observe, without being scandalized, that time is “plurimorphic,” i.e., the time of one culture is not that of another (whereas the believers of Aufklärung affirm that one monomorphic time applies to all peoples and cultures of the Earth). Thus to each people its own time. If modernity refuses to see this plurality of forms of time, it is illusion.

To a certain extent, Akos Doma explains, Hamsun and Lawrence were heirs of Jean-Jacques Rousseau. But which Rousseau? The one stigmatized by Maurras, Lasserre, and Muret, or the one who radically criticized the Enlightenment but without also thereby defending the Old Regime? For this Rousseau who was critical of the Aufklärung, this modern ideology is in reality that exact opposite of the ideal slogan that it intends to universalize though political activism: it is inegalitarian and hostile to freedom, even as it proclaims equality and freedom.

For Rousseau and his proto-Romantic followers, before the modernity of the 18th century, there was a “good community,” conviviality reigned among men, people were “good,” because nature was “good.” Later, in the Romantics, who were conservatives on the political plane, this concept of “goodness” was quite prominent, whereas today one attributes it only to activists or revolutionary thinkers. Thus the idea of “goodness” was present on “Right” as well as on “Left” of the political chessboard.

But for the English Romantic poet Wordsworth, nature is “the theater of all real experience” because man is really and immediately confronted by the elements, which implicitly leads us beyond good and evil. Wordsworth is certainly “perfectibilist”: man in his poetic vision reaches for excellence, perfection. But man, contrary to what was thought and imposed by the proponents of the Enlightenment, is not perfected solely by developing the faculties of his intellect. The perfection of man happens mainly through the ordeal of elemental nature.

For Novalis, nature is “the space of mystical experience, which allows us to see beyond contingencies of urban and artificial life.” For Joseph von Eichendorff, nature is freedom, and in this sense it is a transcendence, as it allows us to escape from the narrowness of conventions, of institutions.

With Wordsworth, Novalis, and Eichendorff, the themes of immediacy, of vital experience, the refusal of contingencies arising from the artificial conventions are in place. From Romanticism in Europe, especially in Northern Europe, developed a well thought out hostility to all forms of modern social life and economics. Thomas Carlyle, for example, praised heroism and disdained the “cash flow society.” This is the first critique of the rule of money. John Ruskin, with his plans for a more organic architecture and garden cities, aimed to beautify the cities and to repair the social and urban damage of the rationalism that had unfortunately arisen from Manchesterism. Tolstoy propagated an optimistic naturalism that owed nothing to Dostoevsky, the brilliant analyst and dramatist of the worst blacknesses of the human soul. Gauguin transplanted his ideal of human goodness in the islands of Polynesia, to Tahiti, among flowers and exotic beauties.

[2]

D. H. Lawrence

Hamsun and Lawrence, unlike Tolstoy or Gauguin, develop a vision of nature without teleology, without a “good end,” without marginal paradisal spaces: they have assimilated the double lesson of pessimism from Dostoevsky and Nietzsche. Nature, for them, is no longer an idyllic excursion, as in the English Lake District poets. It is not necessarily a space of adventure or violence, or posed a priori as such. Nature, for Hamsun and Lawrence, is above all the inwardness of man; it is his inner springs, his dispositions, his mind (brain and guts are inextricably linked together). Therefore, a priori, in Hamsun and Lawrence, the nature of man is neither demonic nor pure intellectuality. It is rather the real, as real as the Earth, as real as Gaia, the real source of life.

Before this source, modern alienation leaves us with two opposing human attitudes: (1) to put down roots, a source of vitality, (2) to fall into alienation, a source of disease and paralysis. It is between the two terms of this polarity that we can fit the two great works of Hamsun and Lawrence: Growth of the Soil for the Norwegian, The Rainbow for the Englishman.

In Hamsun’s Growth of the Soil, nature is the realm of existential work, where Man works in complete independence to feed and perpetuate himself. Nature is not idyllic, as in some pastoralist utopia. Work in not abolished. It is an unavoidable condition, a destiny, an essential element of humanity, whose loss would mean de-humanization. The main hero, the farmer Isak, is ugly in face and body. He is crude, simple, rustic, but unwavering. He is completely human in his finitude but also in his determination.

The natural space, the Wildnis, this space that sooner or later will receive the stamp of man, is not the realm of human time, that of clocks, but of the rhythm of the seasons, of periodic rotations. In that space, in that time, we do not ask questions, we work to survive, to participate in a rhythm that surpasses us. This destiny is hard. Sometimes very hard. But it gives us independence, autonomy; it allows a direct relationship with our work. Hence it gives meaning. So there is meaning. In Lawrence’s The Rainbow, a family lives on the land in complete independence on the fruits of its own crops.

Hamsun and Lawrence, in these two novels, leave us with the vision of a man rooted in a homeland (ein beheimateter Mensch), a man with a limited territorial base. The beheimateter Mensch needs no book learning, needs no preaching from the media; his practical knowledge is sufficient; thanks to it, he gives meaning to his actions, while allowing imagination and feeling. This immediate knowledge gives him unity with other beings participating in life.

In this perspective, alienation, a major theme of the 19th century, takes on another dimension. Generally, the problem of alienation is addressed from three different bodies of doctrine: (1) The Marxists and historicists locate alienation in the social sphere, whereas for Hamsun and Lawrence, it lies in the inner nature of man, regardless of social position or material wealth. (2) Alienation is addressed by theology and anthropology. (3) Alienation is seen as a social anomie.

For Hegel and Marx, the alienation of the people or the masses is a necessary step in the gradual process of narrowing the gap between reality and the absolute. In Hamsun and Lawrence, alienation is more fundamental; its causes are not socio-economic or political; they lie in our distance from the roots of nature (which to that extent is not “good”). One does not overcome alienation by creating a new socioeconomic order.

According to Doma, in Hamsun and Lawrence, the problem of the cut, of the caesura is essential. Social life has become uniform, tends toward uniformity, automation, excessive functionalization, while nature and work in the cycle of life are not uniform and constantly mobilize vital energies. There is immediacy, while everything in urban, industrial, modern life is mediated, filtered. Hamsun and Lawrence rebelled against this filter.

In “nature” the forces of interiority count, particularly for Hamsun, and to a lesser extent for Lawrence. With the advent of modernity, men are determined by factors external to them, such as conventions, political agitation, public opinion that gives them the illusion of freedom while it is in fact the realm of manipulation. In this context, communities are breaking up: each individual is content with his sphere of autonomous activity in competition with others. Then we arrive at anomie, isolation, the hostility of each against all.

The symptoms of this anomie are crazes for superficial things, for sophisticated garb (Hamsun), signs of a detestable fascination for what is external, for a form of dependence, itself a sign of inner emptiness. Man is torn by the effects of external stresses. These are all indications of loss of vitality in alienated man.

In the alienation of urban life, man finds no stability because life in the metropolis resists any form of stability. Such an alienated man cannot return to his community, his family of origin. For Lawrence, whose writing is more facile but more striking: “He was the eternal audience, the chorus, the spectator at the drama; in his own life he would have no drama.” “He scarcely existed except through other people.” “He had come to a stability of nullification.”

In Hamsun and Lawrence, EntwurzelungUnbehaustheit, rootlessness and homelessness, this way of being without hearth or home, is the great tragedy of humanity in the late 19th and early 20th centuries. To Hamsun, place is vital for humans. Every man should have his place. The location of his existence. One can not be cut off from one’s place without profound mutilation. This mutilation is primarily mental; it is hysteria, neurosis, imbalance. Hamsun is a psychologist. He tells us: self-consciousness from the start is a symptom of alienation.

Already Schiller, in his essay Über naive und sentimentalische Dichtung [On Naïve and Sentimental Poetry], noted that agreement between thought and feeling was tangible, real, interior for natural man, but it is now ideal and exterior in cultivated humans (“the concord between his feelings and his thoughts existed at the origin, but no longer exists except at the level of the ideal. This concord is no longer in man, but hovers somewhere outside of him; it is no more than an idea that has yet to be realized; it is no longer a fact of life”).

Schiller hoped for an Überwindung (overcoming) of this caesura, for a total mobilization of the individual to fill this caesura. Romanticism, for him, aimed at the reconciliation of Being (Sein) and consciousness (Bewußtsein), fighting the reduction of consciousness solely to rational understanding. Romanticism values, and even overvalues what is “other” to reason (das Andere der Vernunft): sensual perception, instinct, intuition, mystical experience, childhood, dreams, pastoral life.

The English Romantic Wordsworth deemed this desire for reconciliation between Being and consciousness “rose,” calling for the emergence of “a heart that watches and receives.” Dostoevsky abandoned this “rose” vision, developing in response a quite “black” vision, in which the intellect is always a source of evil that led the “possessed” to kill or commit suicide. In the same vein, in philosophical terms, G. E. Lessing and Ludwig Klages emulated this “black” vision of the intellect, while considerably refining naturalist Romanticism: to Klages, the mind is the enemy of the soul; to Lessing, the mind is the counterpart of life, born of necessity (“Geist ist das notgeborene Gegenspiel des Lebens”).

Lawrence, in some sense faithful to the English Romantic tradition of Wordsworth, believes in a new adequation of Being and consciousness. Hamsun, more pessimistic, more Dostoyevskian (hence his success in Russia and its impact on such ruralists writers as Belov and Rasputin), persisted in the belief that as soon as there is consciousness there is alienation. Once man begins to reflect on himself, he detaches himself from the natural continuum, in which he should normally be rooted.

In Hamsun’s theoretical writings, there is a reflection on literary modernism. Modern life, influences, processes, refine man to rescue him from his destiny, his destined place, his instincts which lie beyond good and evil. The literary development of the 19th century betrays a feverishness, an imbalance, a nervousness, an extreme complexity of human psychology. “The general (ambient) nervousness has gripped our fundamental being and has rubbed off on our feelings.” Hence the writer now defines himself on the model of Zola, as a “social doctor” who describes social evils to eliminate disease. The writer, the intellectual, and develops a missionary spirit aiming at a “political correctness.”

Against this intellectual vision of the writer, Hamsun replies that it is impossible to objectively define the reality of man, for an “objective man” would be a monstrosity (ein Unding), constructed in a mechanical manner. We cannot reduce man to a catalog of characteristics, for man is changing, ambiguous. Lawrence had the same attitude: “Now I absolutely flatly deny that I am a soul, or a body, or a mind, or an intelligence, or a brain, or a nervous system, or a bunch of glands, or any of the rest of these bits of me. The whole is greater than the part.” Hamsun and Lawrence illustrate in their works that it is impossible to theorize or absolutize a clear and distinct view of man. Thus man is not the vehicle of preconceived ideas.

Hamsun and Lawrence note that progress in self-awareness is not the process of spiritual emancipation, but rather a loss, a draining of vitality, of vital energy. In their novels, it is the characters who are still intact because they are unconscious (that is to say, embedded in their soil or site) who persevere, triumphing over the blows of fate and unfortunate circumstances.

There is no question, we repeat, of pastoralism or idyllism. The characters of Hamsun’s and Lawrence’s novels are traversed or solicited by modernity, hence their irreducible complexity: they may succumb, they suffer, they undergo a process of alienation but can also overcome it. This is where the Hamsun’s irony and Lawrence’s notion of the phoenix come in. Hamsun’s irony ridicules the abstract ideals of modern ideologies. In Lawrence, the recurrent theme of the phoenix indicates a certain degree of hope: there will be resurrection. Like the phoenix rising from the ashes.

Paganism & Vitalism in Knut Hamsun & D. H. Lawrence, Part 2


[1]

Ludwig Fahrenkrog, “The Holy FirePart 2 of 2

Translated by Greg Johnson

The Paganism of Hamsun and Lawrence

If Hamsun and Lawrence carry out their desire to return to a natural ontology by rejecting rationalist intellectualism, this also implies an in-depth contestation of the Christian message.

In Hamsun, we find the rejection of his family’s Puritanism (that of his uncle Hans Olsen), the rejection of the Protestant worship of the book and the text, i.e., an explicit rejection of a system of religious thought resting on the primacy of pure scripture against existential experience (in particular that of the autarkical peasant, whose model is that of Odalsbond of the Norwegian countryside).

The anti-Christianity of Hamsun is rather non-Christianity: it does not give rise to religious questioning in the mode of Kierkegaard. For him, the moralism of the Protestantism of the Victorian era (in Scandinavia, they called it the Oscarian era) is quite simply an expression of devitalisation. Hamsun does not recommend any mystical experience.

Above all, Lawrence is concerned with the caesura between man and the cosmic mystery. Christianity reinforces this wound, prevents it from clotting, prevents it from healing. However, European religiosity preserves a residue of this worship of the cosmic mystery: it is the liturgical year, the liturgical cycle (Easter, Pentecost, Midsummer, Halloween, Christmas, Epipany).

But these had been hit hard by the processes of disenchantment and desacralization, starting with the advent of the primitive Christian church, reinforced by Puritanism and Jansensim after the Reformation. The first Christians clearly wanted to tear man away from these cosmic cycles. The medieval church, however, sought adequation between man and cosmos, but the Reformation and Counter-Reformation both clearly expressed a return to the anti-cosmism of primitive Christianity. Lawrence writes:

But now, after almost three thousand years, now that we are almost abstracted entirely from the rhythmic life of the seasons, birth and death and fruition, now we realize that such abstraction is neither bliss nor liberation, but nullity. It brings null inertia.

This caesura is a property of the Christianity of urban civilizations, where there is longer an opening to the cosmos. Thus Christ is no longer a cosmic Christ, but a Christ reduced to the role of a social worker. Mircea Eliade spoke of a “cosmic Man,” open to the vastness of cosmos, the pillar of all the great religions. From Eliade’s perspective, the sacred is reality, power, the source of life and fertility. Eliade: “The desire of the religious man to live a life in the sacred is the desire to live in objective reality.”

The Ideological and Political Lessons of Hamsun and Lawrence

On the ideological and political plane, on the plane of Weltanschauungen, Hamsun and Lawrence had a rather considerable impact. Hamsun was read by everyone, beyond the polarity of Communism/Fascism. Lawrence was labeled “fascistic” on a purely posthumous basis, in particular by Bertrand Russell who spoke about his “madness” (“Lawrence was a suitable exponent of the Nazi cult of insanity”). This phrase is at the very least simple and concise.

According to Akos Doma, the works of Hamsun and Lawrence fall under four categories: the philosophy of life, the avatars of individualism, the vitalistic philosophical tradition, and anti-utopianism and irrationalism.

1. Life-philosophy (Lebensphilosophie) is a polemical term, opposing the “vivacity of real life” to the rigidity of conventions, the artificial games invented by urban civilization to try to give meaning to a totally disenchanted world. Life-philosophy appears under many guises in European thought and takes shape beginning with Nietzsche’s reflections on Leiblichkeit (corporeity).

2. Individualism. Hamsun’s anthropology postulates the absolute unicity of each individual, of each person, but refuses to isolate this individual or this person from any communal context, carnal or familiar: he always places the individual or the person in interaction, in a particular place. The absence of speculative introspection, consciousness, and abstract intellectualism make Hamsun’s individualism unlike the anthropology of the Enlightenment.

But, for Hamsun, one does not fight the individualism of the Enlightenment by preaching an ideologically contrived collectivism. The rebirth of the authentic man happens by a reactivation of the deepest wellsprings of his soul and body. Mechanical regimentation is a calamitous failure. Therefore, the charge of “fascism” does not hold for either Lawrence or Hamsun.

3. Vitalism takes account of all the facts of life and excludes any hierarchisation on the basis race, class, etc. The characteristic oppositions of the vitalist movement are: assertion of life/negation of life; healthy/unhealthy; mechanical/organic. Thus one cannot reduce them to social categories, parties, etc. Life is a fundamentally apolitical category, because it subsumes all men without distinction.

4. For Hamsun and Lawrence, the reproach of “irrationalism,” like their anti-utopianism, comes from their revolt against “feasibility” (Machbarkeit), against the idea of infinite perfectibility (which one finds in an “organic” form in the first generation of English Romantics). The idea of feasibility goes against the biological essence of nature. Thus the idea of feasibility is the essence of nihilism, according to the contemporary Italian philosopher Emanuele Severino.

For Severino, feasibility derives from a will to complete a world posited as being in becoming (but not an uncontrollable organic becoming). Once this process of completion is achieved, becoming inevitably ceases. Overall stability is necessary to the Earth, and this stability is described as a frozen “absolute good.”

In a literary manner, Hamsun and Lawrence have foreshadowed such contemporary philosophers as Emanuele Severino, Robert Spaemann (with his critique of functionalism), Ernst Behler (with his critique of “infinite perfectibility”), and Peter Koslowski. Outside of Germany or Italy, these philosophers are necessarily almost unknown to the public, especially when they criticize thoroughly the foundations of the dominant ideologies, which is rather frowned upon since the deployment of an underhanded inquisition against the politically incorrect. The cells of the “logocentrist conspiracy” are in place at all the publishers in order to reject translations, keep France in a state of philosophical “minority,” and prevent any effective challenge to the ideology of power.

Vitalistic or “anti-feasibilist” philosophers like Nietzsche, Hamsun, and Lawrence, insist on the ontological nature of human biology and are radically opposed to the nihilistic Western idea of the absolute feasibility of everything, which implies the ontological inexistence of all things, of all realities.

Many of them — certainly Hamsun and Lawrence — bring us back to the eternal present of our bodies, our corporeality (Leiblichkeit). But we can not fabricate a body, despite the wishes reflected in some science fiction (and certain projects from the crazy early years of the Soviet system).

Feasibilism is hubris carried to its height. It leads to restlessness, emptiness, silliness, solipsism, and isolation. From Heidegger to Severino, European philosophy has focused on the disaster of the desacralization of Being and the disenchantment of the world. If the deep and mysterious wellsprings of Earth and man are considered imperfections unworthy of the interest of the theologian or philosopher, if all that is thought abstractly or contrived beyond these (ontological) wellsprings is overvalued, then, indeed, the world loses its sacredness, all value.

Hamsun and Lawrence are writers who make us live with more intensity than those sometimes dry philosophers who deplore the wrong route taken centuries ago by Western philosophy. Heidegger and Severino in philosophy, Hamsun and Lawrence in creative writing aim to restore the sacredness of the natural world and to revalorize the forces that lurk inside man: in this sense, they are ecological thinkers in the deeper meaning of the term.

The oikos and he who works the oikos bear within them the sacred, the mysterious and uncontrollable forces, which are accepted as such, without fatalism and false humility. Hamsun and Lawrence have therefore heralded a “geophilosophical” dimension of thought, which has concerned us throughout this summer school. A succinct summary of their works, therefore, has a place in today’s curriculum.

Lecture at the Fourth Summer School of F.A.C.E., Lombardy, in July 1996.

Source: Vouloir, August 1997; online: http://www.centrostudilaruna.it/paganisme-et-philosophie-de-la-vie-chez-knut-hamsun-et-david-herbert-lawrence.html [2]

 


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