Allez plus loin, lisez La Camisole
mardi, 07 février 2017
Yannick Jaffré : "Les élites françaises baignent dans l'atlantisme !"
19:33 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yannick jaffré, france, europe, affaires européennes, politique, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 04 février 2017
Faut-il juger le Droit ?
Allez plus loin, lisez La Camisole
13:25 Publié dans Droit / Constitutions, Entretiens, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-louis harouel, droit, droits de l'homme, entretien, théorie politique, politologie, sciences politiques, philosophie, philosophie politique | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Entretien avec Gilles de Beaupte des Etudes rebatiennes
Entretien avec Gilles de Beaupte des Etudes rebatiennes
Les Etudes rebatiennes sont nées fin 2008, quelques mois seulement après la lecture des Deux Etendards ; elles ont été crées avec un autre professeur de lettres, Nicolas Degroote, captivés également par cette découverte. L'éblouissement qu'ont été pour moi Les Deux Etendards est tout de suite allé de paire avec l'étonnement devant cette lacune évidente de l'histoire littéraire. Cinq livres seulement ont été écrits sur Rebatet. Un silence assourdissant entoure donc ce chef d'œuvre. Prenant acte de mon émerveillement, je décide de fonder une association afin de contribuer au rayonnement de l'œuvre littéraire de Lucien Rebatet.
Le travail risque d'être long et difficile. Les mécompréhensions ont d'ores et déjà commencées puisque je reçois aussi bien des lettres d'insultes que, pire, des lettres d'admiration pour de mauvaises raisons... Heureusement certaines sont d'authentiques amoureux de littérature : ceux-là même à qui nous nous adressons. Mais la rigueur et le discernement finiront par l'emporter !
Nous aurons accompli notre tâche lorsque Les Deux Etendards seront publiés à la fois en poche et en Pléiade. A moins long terme, nous souhaitons faire paraître un Dossier H sur Rebatet. A très court terme - et c'est ce à quoi nous nous attachons surtout aujourd'hui - nous cherchons à élargir la liste des écrivains, historiens, critiques littéraires, etc. susceptibles d'écrire sur Rebatet ; ce qui ne va pas sans difficulté tant l'œuvre est méconnue.
Pourquoi ne pas vous être appelé « Les amis de Lucien Rebatet » ?
Je vous répondrais d'abord que je me fais une assez haute idée de l'amitié. Rebatet étant mort deux ans avant que je ne naisse, la question ne se pose pas. Mais admettons, pour les besoins de la conversation, qu'on fasse abstraction de la chronologie, qu'en aurait-il été ? Des paroles de Jean Dutourd répondent à cette question lorsqu'il avertit : « Si j'avais rencontré Lucien Rebatet en 1943, je lui aurais tiré dessus à coup de revolver » et, quelques lignes plus loin, ajoute : « Il avait écrit dans sa cellule de condamné un des plus beaux romans du XXème siècle : Les Deux Etendards que j'admirais avec fanatisme ». Mutatis mutandis (car il est aisé de se prendre pour Jean Moulin avec 60 ans de retard), les Etudes rebatiennes s'alignent sur cette position. Autrement dit, chez Lucien Rebatet coexistent « une barbarie explicite et la création d'une œuvre d'art classique, imaginative et ordonnée [...] un des chefs d'œuvre secrets de la littérature moderne ». Il est pour le moins difficile de lier amitié avec Lucien Rebatet dont la plume dénonça et provoqua l'arrestation de résistants.
Je précise aussi qu'en répondant à vos questions, je ne vous présente qu'une lecture de Rebatet, même si cette lecture se veut documentée et argumentée. Le conflit des interprétations, qui fait la vie de la critique, n'a pas encore véritablement commencé. Les Etudes voudraient en être le terrain privilégié.
Sur la dénomination, précisons encore que l'emploi du terme « études » indique le registre universitaire des participants. (Et, pour tout dire, « rebatiennes » plutôt que « rebatetiennes » car, par delà la laideur de l'expression, le « t » final du nom étant muet, l'élision était possible).

Vous évoquez des inédits. De quoi s'agit-il ? Sont-ils importants ? Que pensez-vous publier ?
Pour vous donner une idée de l'importance des inédits, faisons un détour par Gide qui écrivit, selon Genette, « le seul ''journal de bord'' entièrement et exclusivement consacré à la genèse d'une œuvre » : le Journal des Faux-monnayeurs. Gide décrivait ainsi son projet : « au lieu de me contenter de résoudre, à mesure qu'elle se propose, chaque difficulté [...], chacune de ces difficultés, je l'expose, je l'étudie. Si vous voulez, ce carnet contient la critique continue de mon roman ; ou mieux : du roman en général. Songez à l'intérêt qu'aurait pour nous un semblable carnet tenu par Dickens, ou Balzac ; si nous avions le journal de L'Education Sentimentale, ou des Frères Karamazov ! L'histoire de l'œuvre, de sa gestation ! mais ce serait passionnant... plus intéressant que l'œuvre elle-même ». Eh bien, il existe un autre journal de ce type et il est fascinant ! C'est l'Etude sur la composition. Au travers de trois cents pages, nous pénétrons dans l'atelier invisible de l'écrivain : non pas seulement ses brouillons mais mieux : l'atelier lui-même avec tous ses outils. Rebatet y expose ses conceptions littéraires au travers des difficultés rencontrées au cours des différents stades de la création. La simple existence de l'Etude sur la composition en fait, en soi, un aérolite de l'histoire de la littérature.
Par ailleurs, la masse de documents inédits est considérable. On y trouve un journal fleuve et rien moins que deux romans ! Margot l'enragée et La Lutte Finale. C'est un chantier immense. Existe également toute la masse non pas inédite mais dispersée des plusieurs milliers d'articles de critique littéraire, cinématographique, musicale... dont on attend une sélection prochainement. Déjà dans Les Deux Etendards on trouve grâce aux réflexions des personnages, « intoxiqués de littérature », des pages de critiques acerbes et sagaces « qui valent bien un manuel entier et qui confirment les qualités de critique de Rebatet ».
Le postulat qui sous-tend votre démarche signifie-t-il qu'il est possible de faire une césure absolue entre le Rebatet écrivain et le Rebatet politique comme certains en font une entre le Céline du Voyage et celui des pamphlets ?
Il ne s'agit pas de faire une « césure » - et encore moins « absolue » - entre l'écrivain et le politique puisque chez Rebatet l'écrivain n'est jamais tout à fait apolitique et le politique souvent écrivain. Ce qu'il s'agit de dissocier méthodologiquement, c'est l'engagement politique d'un homme d'avec la qualité d'une œuvre littéraire. Comment faire ce partage ? En faisant de la critique littéraire !
Pour bien aborder Les Deux Etendards, il faudrait donc oublier le collaborateur ? Cela signifie-t-il que Les Deux Etendards soit une œuvre apolitique ?
Entendons-nous bien. Avec la proclamation de l'autonomie des Deux Etendards en tant qu'œuvre d'art, je n'entends pas réhabiliter en sous-main la haine rebatienne. Il s'agit donc, non pas de cacher l'homme par l'œuvre - ni a fortioriL'Emile malgré l'abandon de ses enfants par Jean-Jacques. de cacher l'œuvre par l'homme - mais d'étudier l'œuvre qui se soutient d'elle-même. L'étude littéraire doit pouvoir s'élaborer en mettant méthodologiquement la biographie de l'auteur entre parenthèses comme il faut étudier la philosophie rousseauiste de l'éducation.
On a pu écrire qu'« il n'est pas question de politique dans Les Deux Etendards ». A l'inverse, certains ont affirmé : « Si Les décombres a été la chronique de la mort annoncée des Juifs, Les Deux Etendards instruit le procès du dieu chrétien et de l'homme qui se voient également condamné à mort, au nom de la lutte contre les valeurs judéo-chrétiennes et la démocratie. Dans cet ouvrage, Rebatet prône l'avènement d'une morale substitutive, le paganisme vitaliste, un sacré abâtardi dont les fascismes se sont également inspirés, pour tenter de liquider des références judéo-chrétiennes de la civilisation occidentale. Le mode d'expression a changé, mais le message demeure ». C'est aller de Charybde en Scylla.
Les Deux Etendards ne sont pas une « parabole fasciste » : ils ne constituent pas la contrepartie romanesque d'une quelconque « fidélité au national-socialisme ». Car ils ne sont pas une œuvre politique mais, primordialement, une œuvre d'art. Cela signifie-t-il que la politique en soit absente ? Non ; elle y tient bien une place puisqu'on peut y déceler une présence d'antidémocratisme, d'antisémitisme, de racisme, de mépris du peuple, d'anticommuniste, d'antibourgeoisisme... mais cela ne fait pas partie des thèmes centraux du roman.
De surcroît, il convient de rappeler qu'« il n'est de toute façon pas question de condamner l'ouvrage pour les idées de ses acteurs, quand bien même celles-ci occuperaient une place beaucoup plus importante, puisque la valeur d'une œuvre n'est certainement pas proportionnelle à la qualité morale de ses protagonistes. De même qu'un roman qui a pour personnage central un meurtrier ne préconise pas nécessairement le meurtre, celui de Rebatet, dont certains acteurs et même le narrateur penchent clairement vers l'extrême-droite, ne fait pas nécessairement l'apologie de leurs idées ». Bref, n'ensevelissons pas Les Deux Etendards sous Les Décombres !
S'il y a une continuité à établir entre les deux ouvrages, c'est surtout dans la stylistique qu'on la trouvera. En laissant de coté les catégories impropres de forme et de fond, se présentent bien un style pour deux thèmes (et non deux styles pour un thème). « Si la passion change d'objet des Décombres aux Deux Etendards, elle ne change pas de ton : c'est la même véhémence, la même jubilation jusque dans la grossièreté, la même volonté de se servir de tous les moyens, la même rage de convaincre, la même violence exaspérée ». D'un livre à l'autre, Rebatet suivait son plan : d'abord « témoigner, militer par un livre, puis en entreprendre aussitôt après un autre, qui serait enfin une œuvre d'imagination. [...]. J'avais maintenant un adversaire d'une tout autre taille avec qui polémiquer : Dieu ». A son habitude, Rebatet bourre son ouvrage d'explosifs en tous genres, et « le fracas de cette explosion remplit le livre, comme le déchirement du patriotisme remplissait Les Décombres. D'ailleurs, le génie est le même : la même puissance lyrique, même déferlement de l'image et du verbe, même amertume. Mais ce qui distingue Rebatet parmi d'autres polémistes, parmi Bloy, Péguy, Daudet, Bernanos, c'est la volonté de convaincre. Pour lui, tous les arguments sont bons. ''Quand on se bat, dit son héros, on ne songe pas à se demander si les armes ont déjà servi''. Tantôt il trace une satire extraordinaire des jésuites, tantôt il se lance dans d'interminables analyses de textes, tantôt il descend aux critiques les plus vulgaires, mais aussi les plus frappantes. Nos seules épopées sont des œuvres individuelles et des œuvres de protestation : ce sont Les Châtiments, Les Tragiques. Voici l'épopée de l'athéisme ».
Mais de quoi parle au juste Les Deux Etendards ?
D'amour ! Il n'y a pas moins original mais pas plus essentiel. Le thème des Deux Etendards se trouve magnifiquement énoncé dans le roman lui-même lorsque Michel reçoit sa vocation de romancier : « L'amour, feu central, avait embrasé cette matière inerte du passé, du présent, de l'avenir, du réel, de l'imaginé, que Michel portait au fond de lui ; l'amour l'avait fondue, et grâce à lui seul elle prendrait forme. L'amour serait célébré dans tous ses délices et toutes ses infortunes. Mais le livre dirait aussi la quête de Dieu, les affres de l'artiste. La poésie, les secrets des vices, les monstres de la bêtise, la haine, la miséricorde, les bourgeois, les crépuscules, la rosée des matins de Pâques, les fleurs, les encens, les venins, toute l'horreur et tout l'amour de la vie seraient broyés ensemble dans la cuve ».

D'un point de vue narratif, le roman « raconte la maturation, l'amitié profonde, puis la séparation de deux jeunes gens dans la France de l'entre-deux-guerres. Ils sont épris de la même jeune femme, qui, par sa plénitude de vie, son rayonnement physique et psychologique, est une créature comparable à la Natacha de Tolstoï. L'articulation de cette relation à trois et de la grande fugue de l'accomplissement érotique sur laquelle s'achève le roman sont de grands actes de l'imagination. [...] le roman de Rebatet a l'autorité impersonnelle, la beauté formelle pure de l'art classique ». En effet, le roman se présente d'abord comme un Bildungsroman (éducation sentimentale) dans la lignée de la trilogie balzacienne ou du Rouge et Noir. Deux amis Régis, l'amant mystique, et Michel, l'amoureux éperdu, engagent une guerre fratricide dont Anne-Marie sera la victime principale. Il serait très éclairant que quelqu'un entreprenne un jour une lecture girardienne des Deux Etendards. La médiation interne qu'est Régis pour Michel, de modèle se mue en obstacle. La rivalité mimétique s'exacerbe au détriment de ce que furent tour à tour les objets du désir : Dieu et Anne-Marie. Le mensonge romantique est-il dénoncé et la vérité romanesque dévoilée dans le roman ? Quoi qu'il en soit, nous avons là une des plus grandes analyses de la passion amoureuse.
Rebatet parvient-il à ses fins avec son « épopée de l'athéisme » ? Triomphe-t-il de toute croyance ?
Rebatet s'emporte facilement sur le sujet sans plus faire aucune distinction : « Je hais les religions à mort. Je vois quelquefois, les égyptiennes, les babyloniennes, les tibétaines, les aztèques, l'Islam, le catholicisme médiéval, le puritanisme yankee, comme des spectres grotesques et dégoulinants de sang. Ce sont les plus atroces fléaux de l'humanité ». Toutefois, on trouve de temps à autre sous sa plume une sensibilité plus amène : « il est assez difficile de se trouver l'avant vielle ou la vieille de Pâques sans se rappeler que le Christ est le grand patron de tous les condamnés à mort. Je l'avoue, je n'écouterais pas très volontiers ce soir les stoïques et autres philosophes qui ont moqué les angoisses du jardin des oliviers ».
La question de Dieu n'est pas si simple et pauvre pour qu'on puisse la laisser à l'opinion de chacun. Par exemple, il n'est pas du tout certain que l'athéisme soit l'ennemi de la foi. Si l'athéisme combat la piété vouée aux dieux mythiques des religions archaïques et sacrificielles, alors l'athéisme peut être enrôlé dans la lutte contre l'idolâtrie. En ce sens Levinas écrivait : « Le monothéisme marque une rupture avec une certaine conception du sacré. Il n'unifie ni ne hiérarchise ces dieux numineux et nombreux ; il les nie. A l'égard du divin qu'ils incarnent, il n'est qu'athéisme. [...]. Le monothéisme dépasse et englobe l'athéisme, mais il est impossible à qui n'a pas atteint l'âge du doute, de la solitude, de la révolte ».

Toutefois, avec ces problèmes théologiques, il ne faudrait pas laisser penser qu'on aurait affaire à un roman, à thèse et encore moins un manuel d'athéologie. Blondin notait bien : « On a qu'un voyage pour sa nuit. Celle de Lucien Rebatet est somptueusement agitée. Elle ravit aux professeurs travestis, et avec quel éclat, le monopole de l'inquiétude métaphysique et [...] rend le Diable et le Bon Dieu à une vie quotidienne passionnante, passionnée. [...]. Il va chercher Dieu sur son terrain qui est celui de la crainte, de l'espérance, du tremblement, de la passion titubante. Sous cette forme romanesque, le problème de la religion recouvre ses plus chauds prestiges ». Un grand roman, « non de la démonstration d'une thèse : des êtres s'affrontent, non des allégories. Il reste que Les Deux Etendards constituent un arsenal d'armes de tous calibres contre le christianisme. Il y a des armes les plus savantes : critiques des textes sacrés, interpolations, interprétations douteuses, dogmes tirés de textes peu sûrs ou trop sollicités, etc. Il arrive que Régis perde pied devant des coups inattendus. Nous avons des exégètes qui répondent très bien, dit-il, quand il se reprend. Réponse trop facile, peut-être, mais moins faible qu'on ne pourrait le croire. On ne peut passer sa vie dans la controverse, et pour Régis, la foi ne dépend pas de tel ou tel point de dogme. Elle est au-delà des constructions intellectuelles auxquelles elle impose d'adhérer. La discussion entre les deux garçons ne peut jamais avancer. Michel ne néglige pas, à coté de cela, des armes plus vulgaires, instinctives, grosses plaisanteries. Ce roman compte une étonnante galerie de prêtres tous obtus, libidineux, hypocrites. Avec tout cela, cette partie polémique date : le moralisme étroit, inhumain, qui encolère Michel n'est plus aujourd'hui le défaut d'une Eglise qui s'est beaucoup débridée [Rebatet en viendra même dans son Journal à se considérer ironiquement comme le dernier catholique !] Si l'on se passionne pour cette controverse, c'est parce que l'on se passionne pour les trois héros ». Sur cette lancée, ira-t-on jusqu'à affirmer que Les Deux Etendards « pourrait ainsi passer à force de vie et de vérité, gonflant des héros en tous points admirables, pour une apologie du spiritualisme » ? Le dernier mot du roman est laissé au jésuite. Il est même probable qu'il ait raison quand il affirme que lui, au moins, laissera un souvenir lumineux à Anne-Marie, jeune fille fichue, laissée à une tristesse infinie. Bien évidemment, c'est une victoire à la Pyrrhus : il vaut mieux avoir tort avec Michel que raison avec Régis. Car depuis bien longtemps nous avons quitté le débat théologique pour rejoindre le tragique de l'existence.
L'antichristianisme virulent ne s'exprime pas tant dans les arguments, bons ou mauvais, opposés à Régis que dans la simple description de la vie du futur jésuite. Les Deux Etendards ont l'immense mérite de mettre en scène, non pas seulement la foi et l'incroyance mais, plus fondamentalement, comme le dit avec raison Rebatet lui-même : le « conflit entre l'amour et Dieu. Un grand thème je crois. Il me semble qu'il n'y en a pas de plus grand : l'homme devant l'amour, l'homme devant Dieu ». Puisque l'amour seul est digne de foi, Les Deux Etendards s'en prennent au cœur du christianisme. « Qu'as-tu fais de ton amour ? ». Telle pourrait être la question centrale du roman. La force de Rebatet c'est de retourner l'amour contre ceux qui s'en réclament. Mais si l'arme est l'amour, quelle portée peut-elle bien avoir devant un Dieu qui se définit par l'amour (I Jean 4, 8) ?
Pourriez-vous nous dire un mot du style des Deux Etendards ?
Disons-le d'emblée, Rebatet ne fut pas un créateur de style comme Proust ou Céline. Les Deux Etendards. Rebatet se plaçait résolument dans la catégorie des écrivains qui clarifient une matière compliquée sans recherche de l'innovation technique pour elle-même. Il écrivait : « J'aurais aimé que l'ont pût me faire l'honneur de quelques procédés nouveaux de narration. Je m'y sentais peu porté par nature, à moins que ce ne fût le métier qui me manquait. Mon roman n'était pas une forme singulière, imprévue, conçuea priori, et que je voulais remplir avec un thème et des personnages plus ou moins adéquats. C'était une histoire touffue, que je voulais raconter aussi complètement et clairement que possible. Je m'affirmais - un peu pour calmer mes regrets de ne pas suivre l'exemple de Joyce - que cette histoire était suffisamment complexe pour que je ne m'ingéniasse pas à la rendre indéchiffrable par des complications de forme. Mon esthétique, au cinéma, en littérature, comme en peinture et en musique, a d'ailleurs toujours été hostile aux procédés qui ne sont pas commandés par une nécessité intérieure ». appartiennent plutôt à la lignée des grands romans classiques du XIX
Il y a pourtant bien une originalité stylistique du roman : elle réside dans la concomitance du sublime et de la fange. « Dans son projet d'ensemble, le roman est un pur produit du classicisme NRF et il n'est littérairement pas surprenant que Gallimard en ait été l'éditeur. Quand elle le veut bien, la langue n'y déroge jamais et nombreux y sont les passages où s'entend en quelque sorte la voix de Gide, dans l'économie des moyens et la pureté néoclassique du style. [...] Mais à l'intérieur même de cette épure stylistique, de ce dessin d'ensemble qui est comme le continuo du livre, l'écrivain loge tout autre chose : un véritable baroque célinien, l'usage de tous les registres de la langue à commencer par l'argot et, par-dessus tout peut-être, une crudité récurrente à la mesure de la présence d'Éros dans le récit. Car dans Les deux étendards, l'amour s'exprime sur tous les registres et si l'analyse du sentiment amoureux (selon une formule classique du roman français) n'est nullement étrangère à Rebatet, le lecteur retient surtout les nombreux passages érotiques qui sont ressentis comme autres sans que la perfection littéraire en soit moindre ».
Vous ne tarissez pas d'éloges sur le roman, mais comment pouvez-vous être certain qu'il soit un chef d'œuvre au regard du silence qui l'entoure ? Cela n'indiquerait-il pas plutôt que la non reconnaissance depuis 50 ans est méritée ? N'êtes vous pas fasciné par le mythe romantique de l'écrivain maudit ?
Sans nous laisser obnubiler sur le soi-disant « seul camps qui compte », il faut bien reconnaître que Rebatet n'a pas la place qu'il mérite. Les Deux Etendards sont un chef d'œuvre car c'est un classique. Un classique de premier ordre même, puisque Les Deux Etendards sont à mes yeux la poursuite de l'œuvre nietzschéenne par d'autres moyens. Le niveau d'un tel affrontement entre l'homme et Dieu trouve son équivalent dans Les Frères Karamazov. Mais la question rejaillit : comment sait-on que c'est un classique me direz-vous ? Pour répondre plus amplement à votre question, il est nécessaire de refaire un peu de philosophie de la littérature.
Une œuvre littéraire - une œuvre d'art en général - transcende par définition ses propres conditions psychosociologiques de production. Elle s'ouvre ainsi à une suite illimitée de lectures. Celles-ci sont elles-mêmes situées dans des contextes socioculturels différents. Ainsi l'œuvre se décontextualise et se recontextualise. Si elle ne le faisait pas, si une œuvre n'était que le reflet de son époque, alors elle ne se laisserait pas recontextualiser et ne mériterait donc pas le statut d'œuvre d'art. La capacité d'échapper à son temps fait la contemporanéité de l'œuvre. Ecoutons Gadamer : « Entre l'œuvre et chacun de ses contemplateurs existe vraiment une contemporanéité absolue qui se maintient intacte malgré la montée de la conscience historique. On ne peut pas réduire la réalité de l'œuvre d'art et sa force d'expression à l'horizon historique primitif dans lequel le contemplateur de l'œuvre était réellement contemporain de son créateur. Ce qui semble au contraire caractériser l'expérience de l'art, c'est le fait que l'œuvre possède toujours son propre présent [...] l'œuvre d'art se communique elle-même ». Ainsi, à la question « qu'est-ce qu'un livre classique ? », on peut répondre, avec Sainte-Beuve : une œuvre « contemporain[e] de tous les âges ». Echappant au contexte qui l'a vu naître, sans prétendre illusoirement à l'intemporalité, le classique traverse les modes et les aléas de l'histoire. Or, aux questions soulevées par Rebatet est inhérent un surcroît de sens permanent.
Quant au peu de critiques et à l'ignorance du public cultivé, on a pu avancer plusieurs raisons plus ou moins légitimes : le prix du roman, sa longueur, sa complexité, le rejet de certains libraires, l'importance donnée à la question religieuse, etc. Mais « l'indiscutable vérité est que Les Deux Etendards continue à être ignoré aujourd'hui à cause du black-out qui le frappe et que ce black-out a été imposé pour des raisons politiques. [...]. L'on veut surtout espérer que notre époque est suffisamment mûre et suffisamment affranchie des passions déclenchées par les événements de la seconde guerre mondiale pour enfin considérer objectivement et du seule point de vue littéraire un roman aussi important que celui de Rebatet, et ce d'autant plus qu'elle est particulièrement pauvre en chefs-d'œuvre ».
Les deux étendards sont donc un roman à la fois classique et méconnu du fait de la conspiration du silence engendrée par les opinions politiques de l'auteur. Rappelons simplement qu'Etiemble s'est fait exclure des Temps Modernes par Sartre au prétexte de la reconnaissance du génie littéraire de Rebatet. En sommes-nous encore à ce point ? La situation est peut-être pire car la conspiration du silence a fonctionné et s'est depuis muée, le relativisme aidant, en indifférence. En plus d'amoureux de la littérature, il nous faut trouver des esprits libres !
Gilles de Beaupte, merci et longue vie à votre association !
Mais nous n'avons pas encore évoqué Les Epis Mûrs ou Une Histoire de la musique !
13:09 Publié dans Entretiens, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lucien rebatet, lettres, lettres françaises, littérature, littérature française, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 29 janvier 2017
Le Populisme ou la véritable démocratie
Le Populisme ou la véritable démocratie
Le Populisme ou la véritable démocratie
par Bernard Plouvier
Editeur: Les Bouquins de Synthèse nationale
Sortie Janvier 2017
292 pages
22 €
Un entretien avec Bernard Plouvier à l'occasion de la sortie de son livre "Le Populisme ou la véritable démocratie"
Q. Dans ce livre, vous présentez ce que les bien-pensants et bien-disants interpréteraient comme un non-sens : l’assimilation du populisme à la démocratie. Est-ce une provocation à but commercial ou l’expression d’une intime conviction ?
R. Vous m’avez mal lu : je n’ai pas écrit du populisme qu’il était une forme de démocratie. Je prétends qu’il s’agit de la SEULE véritable démocratie, soit le gouvernement POUR le peuple. Le but de tout gouvernement est d’administrer au mieux le Bien commun. C’est ce que, durant l’Antiquité gréco-romaine – qui est notre racine fondamentale, avec celles moins bien connues des civilisations celto-germano-scandinaves -, l’on nommait la Chose publique.
Q. Pourtant les démocraties grecques antiques n’ont pas été des régimes populistes.
R. Effectivement, ce que nos brillants universitaires (les historiens allemands sont généralement moins naïfs) nomment la « Démocratie athénienne » n’était qu’une ploutocratie. Pour faire simple, une ploutocratie est un gouvernement de riches qui n’agissent que pour donner à leur caste – héréditaire ou matrimoniale - et à leur classe – liée à la surface sociale – les moyens d’assurer la pérennité de leur domination.
Certes, un peu partout en Grèce, à partir du 6e siècle avant notre ère, on a introduit la notion d’égalité devant la Loi, mais cela ne touchait que les seuls citoyens, nullement les étrangers et moins encore les esclaves qui n’étaient que des biens mobiliers, des choses. En outre, les citoyens pauvres n’avaient que le droit d’élire des riches pour administrer l’État. En gros, cela n’a guère changé en 25 siècles !
Et très vite, les peuples se sont révoltés. D’authentiques populistes ont dominé de nombreuses cités grecques antiques, puis Rome. Ces « tyrans » ont tous été élus, acclamés par le peuple, mais agonis par la classe des lettrés, issus de la caste nobiliaire. La mauvaise réputation du populisme est une affaire de règlement de comptes entre les riches et les chefs des pauvres… car les ploutocrates reviennent toujours et partout au Pouvoir, les pauvres étant trop souvent victimes de leur irréflexion et les gens des media – de l’aède antique au présentateur d’actualités télévisées – étant fort vénaux.
Q. Ce livre est donc une promenade historique, une visite guidée dans le Musée du populisme. Cela signifie-t-il qu’il existe des causes et des effets récurrents dans l’histoire humaine qui mènent au populisme ?
Bien évidemment et cela revient à dire qu’il existe des critères qui permettent à l’observateur de différentier un véritable populiste – être rare – d’un banal démagogue. Il faut être très critique à l’égard de ce qu’affirment les journalistes et les « politologues », cette curiosité contemporaine, lorsqu’ils balancent, un peu au hasard, l’appellation de populiste, ce qui est souvent, pour ces ignorants, une accusation, alors que de nombreux exemples prouvent le bénéfice que certaines Nations ont retiré des gouvernements populistes… et l’étude des échecs est également instructive.
Un chapitre entier du livre est consacré aux valeurs populistes et un autre aux critères, universels et diachroniques, d’un gouvernement authentiquement populiste. Et l’on étudie les différences qui existent entre le régime populiste et le despotisme éclairé.
Q. Comment survient ce type de régime ?
Comme toujours en histoire, il faut, pour observer un phénomène hors du commun, la communion d’un chef charismatique et d’un groupe de compagnons résolus, unis par le même idéal… mais, hélas, pas toujours par des idées communes. Trop de théoriciens tuent un mouvement d’essence populiste avant qu’il puisse prétendre au Pouvoir. C’est ce que l’on a vu en France ou en Espagne durant l’entre-deux-guerres.
Q. Ma question était mal posée : pourquoi un mouvement populiste réussit-il une percée ?
Ce type de mouvement résulte toujours d’un mal-être profond de la Nation, dans ses couches laborieuses et honnêtes… ce qui suffit à différentier le populisme des partis marxistes, dirigés par de très ambitieux intellectuels déclassés et composés de sous-doués hargneux, envieux et fort peu motivés par le travail.
Dès qu’une ploutocratie cesse de proposer au peuple une ambition pour la génération active ou, de façon plus grave encore, une promesse d’avenir pour les descendants, elle devient insupportable. La situation devient intolérable, explosive, lorsque la Nation – soit la fraction autochtone du peuple – est menacée dans sa survie.
L’insurrection devient alors légitime, à moins qu’un mouvement, prenant en compte les besoins et les aspirations du peuple – singulièrement ces valeurs qui font l’identité d’une Nation –, rassemble une majorité électorale qui lui permette de parvenir démocratiquement au Pouvoir, ce qui évite l’insurrection, ses crimes et ses destructions… là encore, on mesure bien la différence entre le populisme et l’ignominie marxiste, où la Révolution est le bien suprême, nécessaire aux chefs et aux petits chefs pour se saisir du Pouvoir et des sinécures.
Q. Finalement, le populisme, ce serait la réaction saine d’un peuple qui souffre, qui est écœuré de ses soi-disant élites et qui aspire à une vie plus digne, faite de travail et d’honnêteté dans la gestion des affaires publiques, permettant d’espérer un avenir meilleur pour les enfants et les petits-enfants ?
Vous avez tout compris.
L'auteur : Bernard Plouvier est né en 1949. Il a été interne des hôpitaux puis chef de clinique au CHU de Lille. Depuis 1979, il est chef de service hospitalier, spécialisé en Médecine interne. Il a été élu membre de l’Académie des Sciences de New York en mai 1980. Il collabore régulièrement à la revue Synthèse nationale ainsi qu'au site EuroLibertés.
00:40 Publié dans Définitions, Entretiens, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : populisme, entretien, théorie politique, politologie, sciences politiques, bernard plouvier, définition, démocratie, démocratie grecque, démocratie athénienne | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 21 janvier 2017
Christophe Levalois : comprendre la royauté pour comprendre nos princes contemporains
10:42 Publié dans Entretiens, Théorie politique, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christophe levalois, entretien, royauté, orthodoxie, actualité, théorie politique, traditions, politologie, sciences politiques, philosophie politique | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 15 janvier 2017
Mort du célèbre journaliste d’investigation Udo Ulfkotte
Mort du célèbre journaliste d’investigation Udo Ulfkotte
L’Allemagne et le monde ont perdu un très grand journaliste. Udo Ulfkotte n’avait que 56 ans quand il est mort d’un arrêt cardiaque le vendredi 13 janvier 2017. Le monde des patriotes et des amoureux de la vérité par les recherches sont tristes. Udo Ulfkotte a été un journaliste qui a dénoncé l’abominable manipulation des média officiels. Udo Ulfkotte a travaillé au Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) et a dénoncé les méthodes de sa rédaction pour manipuler les faits et donc l’information. Udo Ulfkotte est devenu un journaliste à succès pour ses nombreux livres publiés sur le danger de la guerre civile en Allemagne ou en Europe, sur le mensonge des journalistes, sur le mensonge des enseignants. Udo Ulfkotte a reçu une liste incroyable de menaces de mort pour ses positions directes. Udo Ulfkotte a dénoncé la politique menée par Merkel qui mène à la destruction de l’Allemagne. Le journaliste dénonçait sans relâche la censure, le mensonge des responsables politiques qui dirigent les nations dont l’Allemagne. Dans des dernières publications sur Facebook Udo Ulfkotte dénonçait le fait qu’un retraité doive payer une amende de 200 euros pour une retraite de 300 euros car le retraité en question faisait les poubelles pour pouvoir se nourrir. Dans une autre dernière publication sur Facebook, Udo Ulfkotte invitait ses lecteurs à le suivre sur vkontakte, la version russe de Facebook, car Facebook censurait trop souvent Udo Ulfkotte.
Udo Ulfkotte a inspiré de nombreux journalistes pour rétablir la vérité par les faits. J’ai rencontré Udo Ulfkotte la première fois à Berlin dans une conférence en 2006. Je me promenais avec une caméra. « Vous travaillez pour qui », fut sa question. « Je suis journaliste indépendant », je répondis. « Cela n’existe pas », répondit Udo Ulfkotte de manière agacée. Udo Ulfkotte était un homme proche du peuple et de la société et tous les aspects de la société l’intéressait. Udo Ulfkotte répondait aux questions par mail très rapidement dans une très grande simplicité.
Pour la Voix de la Russie, j’ai réalisé des entretiens avec Udo Ulfkotte. Je vous propose de les relire en mémoire d’un journaliste qui a réalisé un travail colossal pour avertir le peuple allemand sur le danger de sa destruction. Udo Ulfkotte reste un exemple à suivre pour ceux qui souhaitent devenir un jour journaliste !
Udo Ulfkotte est mort trop jeune. Il avait encore des projets de lire à écrire pour faire des révélations…
Les entretiens avec Udo Ulfkotte
Udo Ulfkotte : l’Allemagne n’est pas un Etat libre et souverain !
Udo Ulfkotte est le journaliste qui a, dans un entretien donné à RT, confirmé au monde que l’Allemagne n’est pas une démocratie avec une presse libre mais une colonie, et révélé avoir travaillé comme journaliste au Frankfurter Allgemeine Zeitung, illustre titre de la presse allemande, pour le compte de la CIA. Udo Ulfkotte donne toutes ces révélations dans son livre paru cet octobre, « Gekaufte Journalisten – Wie Politiker, Geheimdienste und Hochfinanz Deutschlands Massenmedien lenken » (Journalistes achetés – Comment les politiciens et la finance dirigent les médias de masse). Ses déclarations ont fait le tour de la planète et confirmé aux lecteurs, qui se doutent bien que rien ne va pas plus avec les médias de masse, qu’ils sont désinformés et manipulés par des journalistes formés à mentir. Au-delà de sa position sur les médias, Udo Ulfkotte est aussi connu pour ses livres d’investigations sur l’islam, les services secrets, l’immigration de masse, la menace de guerre civile en Europe, des sujets où il est prophète en la matière. Udo Ulfkotte a, par exemple, dérangé avec son livre « La guerre dans nos villes. Comment des islamistes radicaux infiltrent l’Allemagne » paru en 2003. Les services secrets allemands et le pourvoir politique ont tenté de l’intimider et ont tout fait pour faire disparaître son livre. Udo Ulfkotte est un journaliste d’investigation qui n’a pas peur de mettre la plume dans la plaie. Dans un entretien en deux parties, Udo Ulfkotte nous donne son avis sur les médias, sur l’islamisation, sur l’Etat islamique, sur les services secrets et sur l’immigration de masse (Lampedusa), nous parle de l’arrivée imminente de la guerre civile et nous donne des conseils.
LVdlR : Que vouliez-vous obtenir dans l’entretien de RT ?
Udo Ulfkotte : Après trois infarctus je souhaitais avant tout alléger ma conscience car j’ai aujourd’hui honte de ce que j’ai fait dans le passé. Il faut le savoir. Les gens ont cru qu’ils allaient, par de tels journaux réputés comme le Frankfurter Allgemeine Zeitung, être correctement informés sur la vérité des faits. Ces lecteurs ont d’ailleurs acheté ce journal pour cette vérité ! La vérité est que parmi les médias réputés en Allemagne se trouvent, ou se sont trouvés, certains journalistes qui n’ont écrit que ce que l’OTAN souhaitait. Ces médias ont donc une approche très unilatérale de la vérité et les citoyens qui les consomment ne le savent pas !
LVdlR : Doit-on vous aborder en tant qu’ancien agent de la CIA ou comme journaliste ?
Udo Ulfkotte : Dans mon certificat de travail rédigé par le Frankfurter Allgemeine Zeitung il est mentionné que j’y ai travaillé 17 ans et que j’étais en charge des services secrets internes et externes. Il n’était pas seulement question que de la CIA. Je veux en effet rester au plus prêt de la vérité.
LVdlR : Vous auriez vécu en RDA, auriez-vous été tout ce temps un IM (informateur non officiel de la Stasi) ?
Udo Ulfkotte : Les Américains ont un nom pour mon activité en tant que journaliste : Non Officiel Cover – NOC. Un IM (informateur non officiel de la Stasi) en RDA signe une décharge montrant son engagement. Au contraire de certains de mes collègues je n’ai rien signé auprès des services secrets.
LVdlR : Quels journaux et quels médias aujourd’hui ont une activité réellement journalistique ?
Udo Ulfkotte : Comme je l’écris dans mon livre, on ne trouve pas un seul média allemand connu qui ne soit pas en relation très étroite avec les réseaux américains. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Américains ont élaboré un plan pour avoir le dessus sur les reportages en Allemagne et aussi dans le but d’endoctriner les Allemands dans une pensée pro-américaine. C’est toujours valable jusqu’à aujourd’hui. Mais grâce à l’Internet nous avons des médias indépendants qui se dégagent de cette propagande comme le KOPP .
LVdlR : Avez-vous encore de l’espoir dans le rôle des médias ?
Udo Ulfkotte : Oui, bien sûr. Les Allemands ne consomment plus de médias pro-américains et ils le font savoir par le choix du porte-monnaie. Les lecteurs n’achètent plus le Frankfurter Allgemeine Zeitung, un titre de presse qui vient de licencier 200 collaborateurs. Les licenciements touchent aussi les autres titres. Les citoyens sont de plus en plus demandeurs de sites internet pour l’information. Les sites russes, ce qui était impensable avant, sont appréciés des lecteurs.
LVdlR : L’Europe se réveille avec l’islam dans sa maison. L’Europe bientôt musulmane et bientôt la conversion des Européens ?
Udo Ulfkotte : Les Européens ont mis du temps à se réveiller sur la question de l’islam. Mais maintenant quand une mosquée est construite dans chaque village, ils se réveillent. Nous avons en Allemagne actuellement sur 80 millions d’habitants 5 millions de musulmans. Cela ne devrait pas être un problème mais ils ont un fort taux de natalité et ils exercent des pressions sur les élus pour établir partout leur idéologie. De plus en plus d’Allemands se sentent comme des individus de seconde classe parce que les musulmans obtiennent des droits particuliers. J’ai suivi un procès dans lequel un musulman, qui a assassiné son voisin allemand durant le ramadan, a obtenu une réduction de peine en raison de son appartenance à l’islam. Le juge a considéré qu’il fallait avoir de la compréhension car les musulmans, devant jeûner, sont irascibles. Je n’ai jamais encore entendu lors d’un procès qu’un chrétien, qui aurait commis un homicide pendant le jeûne des chrétiens, aurait pu obtenir une atténuation de sa peine. Les tribunaux sont remplis de jugements de ce genre. Les Allemands sont en particulier irrités de voir les musulmans avoir le droit d’avoir 4 femmes et de les faire venir de leur pays et de pouvoir toucher pour elles les allocations. La colère monte parmi la population. Les Allemands, pour cette raison, quittent en masse les partis traditionnels qui sont responsables de cette politique. Un jour ou l’autre la situation va exploser ici. Il suffit d’une étincelle. Quand l’euro, cette monnaie qui fait penser à l’argent du Monopoly, va s’effondrer et dévorer les économies des épargnants, tout va partir dans tous les sens ici. Je conseille aux musulmans de faire leur valise très rapidement et de quitter le pays pour toujours quand cela va arriver…
LVdlR : L’Allemagne une colonie des Etats-Unis, des islamistes, de l’Arabie saoudite et du Qatar ?
Udo Ulfkotte : C’est tout à fait exact. L’Allemagne n’est pas un Etat libre et souverain. Les Etats-Unis stockent des armes nucléaires en Allemagne alors que la majorité des Allemands sont contre. Le Qatar et l’Arabie saoudite financent l’islamisation contre la volonté des Allemands.
Udo Ulfkotte : le Mossad a alimenté les révoltes dans les banlieues (Partie 2)
Est-il nécessaire de rappeler qu’Udo Ulfkotte, journaliste d’investigation et auteur de nombreux ouvrages politiques, est cette personne qui a révélé au monde avoir reçu, tout au long de sa carrière, des ordres des services secrets pour écrire le contenu de ses articles dans l’illustre journal allemand, die Frankfurter Allgemeine Zeitung ? Cette personne qui dit que les médias fonctionnent sur ce modèle et non pas dans l’intérêt des lecteurs et auditeurs, car les journalistes sont éduqués à mentir. Udo Ulfkotte écrit des livres qui ne sont pas souhaités par le pouvoir en Allemagne comme par le Ministère de l’intérieur, car la population ne doit pas être informée de l’état réel du pays. Alors qu’en France nous vivons une prise de conscience sur l’islam, Udo Ulfkotte explique que le Mossad a aussi sa part de responsabilité ou pédagogique dans la conscience collective des Français sur ce terrain. La France est, comme l’Allemagne, une colonie et un pays ayant perdu sa souveraineté, le joujou de puissances étrangères. Pour Udo Ulfkotte, l’avenir est sombre et les habitants, surtout des grandes agglomérations, seront forcément touchés par la guerre civile.
LVdlR : L’islam, une arme au service des globalistes et du monde de la finance ?
Udo Ulfkotte : Les Etats Unis et les Saoudiens n’utilisent pas l’islam uniquement en Allemagne mais dans le monde entier pour déstabiliser des Etats et pour que ces Etats soient occupés avec eux-mêmes. Des peuples ayant un niveau d’intelligence élevé sont immunisés contre l’idéologie de l’islam. En Corée du Sud ou à Hong Kong, l’islam n’a aucune chance. Cette idéologie n’avance que parmi des groupes d’individus ayant en moyenne un quotient intellectuel faible ou tendant à la baisse. L’islam n’est pas seulement une religion mais une idéologie qui est facilement compréhensible pour le plus stupide. C’est la recette du succès de l’islam. C’est pour cette raison que ces groupes de personnes pas spécialement intelligents se laissent manipuler comme des marionnettes. C’est ce qui se passe en Allemagne comme en Irak.
LVdlR : Doit-on prendre sérieusement au sérieux la création de l’Etat islamique (EI) ?
Udo Ulfkotte : Non, car derrière se trouvent des actions et des intérêts américains, saoudiens, koweïtiens et qataris. Ils ont été lancés et soutenus par l’Occident. Si les Etats-Unis et l’Arabie saoudite voulaient réellement s’en débarrasser, ils couperaient en l’espace d’une nuit leur alimentation en énergie et leur ravitaillement militaire pour les renvoyer au Moyen Âge. Mais selon toute vraisemblance on ne le souhaite pas. Ce sont des idiots utiles.
LVdlR : Est-ce que la démocratie a déjà existé en Allemagne ?
Udo Ulfkotte : L’Allemagne a été une démocratie après la Première Guerre mondiale à l’époque de la République de Weimar. La démocratie n’est aujourd’hui que simulée. C’est une illusion, une hallucination. L’Allemagne est une République bananière, une colonie des Etats-Unis.
LVdlR : Le Gender, la plastination, les migrants africains comme une chance pour l’Allemagne, Lampedusa, Hartz IV, islam, manipulation, que des valeurs inversées ? Pourquoi ?
Udo Ulfkotte : Oui, les Allemands n’ont plus de valeurs. Le système, qui était basé sur des valeurs chrétiennes, a étéintentionnellement détruit. Celui qui n’a plus de valeurs ne peut plus défendre le système de valeurs. Il n’a plus de conscience en lui même et plus d’identité. C’était exactement l’objectif. La politique sous les ordres des Etats-Unis l’a exactement appliqué.
LVdlR : Islamisation, pauvreté, chute de la démocratie, crise financière, corruption, des causes de la guerre civile à venir ? Ou voyez-vous d’autres causes ?
Udo Ulfkotte : Stop ! Vous nommez beaucoup de causes différentes les unes des autres. Mais le détonateur principal sera l’effondrement de l’euro, quand les Allemands vont devoir payer avec leurs épargnes les dettes incroyables d’autres Etats membres. Arrivé à ce stade on n’aura plus d’argent pour les retraités et pour les masses de musulmans qui vivent de l’aide sociale. Vous devez savoir que plus de 90 % des Libanais qui vivent en Allemagne, vivent de l’aide sociale, comme 67 % des Irakiens, de presque tous les Albanais du Kosovo, tous les Afghans, les Syriens et ainsi de suite. Si le système social s’effondre avec la prochaine crise financière, on n’aura pas seulement une bombe atomique qui va exploser ici.
LVdlR : Qu’est-ce-que le Mossad à avoir avec les révoltes dans les banlieues ? Est-ce qu’Israël joue un rôle dans l’islamisation de l’Europe ?
Udo Ulfkotte : Oui, le Mossad a bien sûr alimenté les révoltes dans les banlieues. Il ne l’a pas initié mais provoqué pour avoir plus d’antipathie en France contre l’islam. Parce que les Français sont pro-Palestiniens.
LVdlR : Quelle forme de guerre civile voyez-vous ?
Udo Ulfkotte : Seulement dans les métropoles, pas à la campagne. Mais dans les grandes villes nous allons avoir les Allemands contre les étrangers, les chrétiens contre les musulmans, les pauvres contre les riches, les chômeurs contre ceux qui travaillent, des actions violentes qui mettront tout à feu et à sang. Même l’armée ne pourra rien faire. Je n’achèterais pas une maison dans et autour d’une métropole.
LVdlR : CIA et services secrets allemands pas au service du peuple ?
Udo Ulfkotte : Ils ne travaillent que pour les élites, jamais dans l’intérêt de la population. Ils sont des instruments des puissants pour qu’ils puissent conserver et accroître leur pouvoir.
LVdlR : Pourquoi les populations africaines viennent facilement dans le pays ? Un programme ?
Udo Ulfkotte : L’explication est la suivante. Les Etats-Unis mènent des guerres pour les matières premières au niveau mondial. En conséquence on a des réfugiés en masse. Et les pays comme l’Allemagne, donc les colonies des Etats-Unis, doivent subir les conséquences des guerres faites par les Etats-Unis. C’est une manière simple de parler de l’action des Etats-Unis.
LVdlR : Que conseillez-vous aux lecteurs de faire ? De construire un bunker ? De stocker des armes, de la nourriture et de faire du feu avec les journaux ?
Udo Ulfkotte : Non, cela serait absurde. Moi même j’ai quitté Francfort sur le Main et ses alentours pour m’installer à la campagne. J’ai ma source d’eau, beaucoup de bétail, des oies, des canards et je suis aussi propriétaire de mon bois. Celui qui vit en Allemagne devrait avoir de bons amis à la campagne pour pouvoir y fuir le moment venu. Tôt ou tard ces nettoyages auront une fin. On peut tout recommencer à nouveau. L’Histoire signifie finalement le changement. Et dans les prochaines années nous allons avoir ici beaucoup de changements.
Olivier Renault
21:11 Publié dans Actualité, Entretiens, Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : udo ulfkotte, journalisme, journalisme d'investigation, entretien, hommage, allemagne, europe, affaires européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
vendredi, 13 janvier 2017
"The Holy Roman Empire" with Peter H. Wilson
22:33 Publié dans Entretiens, Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saint-empire, empire, reich, allemagne, histoire, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Darío Fernández-Morera, author of 'The Myth of the Andalusian Paradise'
20:56 Publié dans Entretiens, Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, histoire, livre, andalousie, espagne, islamisme, dario fernandez-morera, reconquista | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
An Ancient Route Rolls On: Questions For Peter Frankopan, Author Of 'The Silk Roads'
An Ancient Route Rolls On: Questions For Peter Frankopan, Author Of 'The Silk Roads'
The very mention of the Silk Roads creates an instant image: camel caravans trudging through the high plains and deserts of central Asia, carrying silks, spices and philosophies to Europe and the larger Mediterranean. And while these ancient routes may remain embedded in our imagination, they have, over the past few centuries, slowly faded inIMPORTANCE
. The region today is home to despotic regimes, failing states and endless conflict. But historian Peter Frankopan thinks that the Silk Roads "are rising again."
In his new book, The Silk Roads, Frankopan has created something that forces us to sit up and reconsider the world and the way we've always thought about it. Western scholarship, he argues, has long ignored the routes linking Europe to the Pacific, the areas he calls "the axis on which the globe spun." So he has chosen to focus firmly on the Silk Roads, for what he calls "a new history of the world."
The book takes us by surprise right from the start: It begins not with the Greeks or the Romans, but with the Persian Empire — Frankopan writes that the Greeks and Romans, when they thought to expand, moved east toward the riches of Persia, rather than north or west into Europe. In an email conversation, Frankopan tells me that he wanted to explore exchange between the East and the West of everything from ideas and beliefs to food andFASHION. "Incidentally, it's not just luxury goods that I track — silks, textiles, spices, ceramics and slaves — but violence and disease, too," he says. "For example, the pathways followed by the Mongols and the Black Death were identical."
As you worked on this book, what struck you as the most important contributions the Silk Roads made to world history?
One thing that I was particularly interested in is the spread of faith along the Silk Roads. All the great global religions — Judaism, Christianity, Islam, Buddhism and Hinduism, as well as lots of otherIMPORTANT but less well-known belief systems — spread along the web of routes crisscrossing the spine of Asia.
I was also very struck by the scale of the white slave trade in the early Middle Ages — huge numbers of men, women and children were trafficked from Europe to the east in return for silver. I think readers will be surprised by that. But most of all is the fact that the Silk Roads keep on being involved all the time in more or less everything: they play the lead role in the expeditions of Columbus, who was trying to connect to the trade routes of the east; they were crucial to the origins of World War I — whose origins were firmly based in Asia, even though the trigger came from the assassination of Franz Ferdinand in Sarajevo.
There is a profound significance to the origins of the Holocaust, too, for example: Documents relating to German agricultural production and needs show that the decision to invade the Soviet Union was closely linked to taking control of the wheat fields of the rich lands lying north of the Black and Caspian Seas. The failure to "extract" the expected harvests from what is now Ukraine and Southern Russia led to discussions first about how to feed back in German controlled territories and then about who to feed. Those in prison camps found their calories reduced and then cut altogether; the jump to genocide was directly linked to the failure of the campaigns in the east.
We just don't look at this region at all — so have never thought to join up all these dots before.
You write, "We are seeing the signs of the world's center of gravity shifting — back to where it lay for millennia." But some argue that the world's center is shifting not toward the Silk Roads but farther East — toward China, Southeast Asia and India.
I can't speak for those who believe that the center of gravity is moving elsewhere. Many seem to think China and/or India exist in a bubble and can be looked at on their own. But I am much more interested in how China engages with Russia, with Iran, with the Middle East and with Central Asia — as well as with Southeast Asia. And that, by the way, is how China itself sees the world. China's signature foreign policy for the next 30 years is ... essentially the construction of a series of new Silk Roads.
China has dramatically rising energy needs as its middle classes grow in number and prosperity. So pipelines bringing oil and gas from mineral-rich countries like Kazakhstan, Turkmenistan and Iran have been or are being built to help fuel China's growth. And as a historian, it gives me no small pleasure to realize that those pipelines follow the same paths that traders bringing goods followed 2 1/2 thousand years ago.
Nishant Dahiya is NPR's Asia Editor
17:42 Publié dans Entretiens, Eurasisme, Géopolitique, Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : route la soie, asie, europe, affaires asiatiques, affaires européennes, eurasisme, livre, peter frankopan, entretien, asie centrale, histoire | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 09 janvier 2017
«Das Verschweigen hat System» Interview mit Ellen Kositza
«Das Verschweigen hat System»
Interview mit Ellen Kositza
Ein Jahr nach der Kölner Silvesternacht: Die Publizistin Ellen Kositza beklagt in ihrem Buch «Die Einzelfalle» das Weglügen des muslimischen Frauenhasses durch die Medien – und das Versagen des Feminismus.Es folgen Auszüge aus dem Interview, das Sie vollständig im aktuellen COMPACT-Magazin 01/2017 lesen können. Sie erhalten die Ausgabe im Zeitschriftenhandel. Wer sich den Weg zum Kiosk sparen möchte, kann sie über Online-Bestellung ordern oder via Abo diese und weitere Ausgaben bequem ins Haus gesendet kriegen.
Jürgen Elsässer im Gespräch mit Ellen Kositza
COMPACT: Nach der kurzzeitigen Empörung über den Kölner Sex-Dschihad wurde die Angst der Frauen auf deutschen Straßen nicht mehr breit thematisiert. Hat das Ausmaß der Belästigungen durch Migranten abgenommen – oder wird von den Medien das meiste vertuscht?
Ellen Kositza: Die entsprechenden und quantitativ unverminderten Meldungen in Lokalzeitungen und auf diversen sozialen Netzwerken rauschen ja nur so durch! Dem Medienkonsumenten geht es wohl ein bisschen wie dem Anwohner einer vielbefahrenen Hauptstraße: Man nimmt den Verkehrslärm irgendwann gar nicht mehr richtig wahr. Der gehört halt dazu!
Es gibt keine Schlagzeile mit Ausrufezeichen wegen «ein bisschen Grabscherei» oder einer Vergewaltigung. Was ich krass finde: nicht einmal bei noch Ärgerem! Dass ein Kurde in Hameln seine Frau gerade ans Auto gehängt und halb totgeschleift hat, konnte man als Meldung zwar kaum unterdrücken. Schauen Sie aber mal nach auf den Seiten des NDR und anderer Medien: Da ist von einem 38-jährigen Täter und einem 28-jährigen Opfer die Rede. Sonst noch irgendwelche Merkmale? Nö, was auch? Opfer wie Täter waren «deutsche Staatsbürger». So geht das!
Für ähnlich schlimme, meist tödliche Fälle gibt es die Seite ehrenmord.de, die ich auch deshalb empfehle, weil sie erstens durch und durch seriös ist und weil zweitens die Macherin Uta Glaubitz keinesfalls unter «rechts»-Verdacht zu stellen ist. Nehmen wir aus den dort akribisch dokumentierten Fällen nur mal den November 2016: Da wäre Aysha, 50 Jahre alt, in Hamburg durch ihren türkischen Ehemann tödlich verbrüht; Tina, 36, in hochschwangerem Zustand von ihrem iranischen Ehemann erschossen; Roya, 41, in Bergen auf Rügen von ihrem syrischen Mann getötet; Asma, 27, Mutter von fünf Kindern, in Senftenberg von ihrem Mann ums Leben gebracht. Nur eine Auswahl! Aus einem Monat! Haben Sie auch nur von einem dieser schrecklichen Fälle in der Tagesschau gehört? Oder sonstwo in den Hauptnachrichten? Nein, oder? Dieses Verschweigen und Kleinhalten hat natürlich System.
COMPACT: Alice Schwarzer hat nach den Kölner Vorkommnissen vehement vor dem Frauenhass der Muslime gewarnt. War das ein Einzelfall – oder deutet sich angesichts der islamischen Bedrohung eine Spaltung des Feminismus oder der ganzen Political Correctness an?
Ellen Kositza: Die feministischen Kreise sind in dieser Hinsicht längst gespalten. Die Schwarzer hat ja das Etikett «Rassistin» schon lange vorher angeklebt bekommen! Der Neofeminismus – größtenteils von Mädels getragen, die sich vor allem mit einer großen Klappe profilieren, aber nichts Wirkliches aufgebaut haben – lebt und agitiert in einer ziemlich abgespaceten Filterblase ohne Kontakt zum «Bodenpersonal». Und was den Werdegang der Political Correctness allgemein angeht: Mit einigem Entzücken nehme ich wahr, dass sie mittlerweile weniger als respektgebietende Norm betrachtet wird, die es einzuhalten gilt, sondern mehr und mehr als Schmähund Ulkwort gilt. Ich glaube, es gibt so eine Art Grundregel: Je mehr einer (oder eine!) im wirklichen Leben steht, desto stärker nimmt derjenige den Islam als Gefahr wahr. Im schicken In-Kiez oder vom Professorensessel aus kann man dagegen die Bedrohung ausklammern und sich die Sachen schönreden. So blind sind die ganz normalen Leute nicht mehr.
(…)
COMPACT: Justizminister Heiko Maas und sein Anhang wollen das Problem sexueller Übergriffe mit neuen Gesetzen in den Griff bekommen: «No means no» zielt gegen alle potentiellen Vergewaltiger, auch die inländischen. Kann das was werden?
Ellen Kositza: Ach je! Diese Leute sind nicht imstande oder nicht willens, die äußeren Grenzen zu sichern, darum infiltrieren sie jetzt die Schlafzimmer von Herrn Müller und Frau Schmidt… Das Gesetz über «Vergewaltigung in der Ehe», anno 1997, war bereits so ein Paragraph, mittels dessen höchstrichterlich über intimste Zustände befunden wurde. «Nein heißt nein» ist lächerlich und ein reines Einfallstor für private Schlammschlachten. Krass gesagt, beruht ein Gutteil der erotischen abendländischen Geschichte auf einem gehauchten «Oh nein…»! Wer will das «Nein» oder das «Jein» überhaupt nachweisen? Es ekelt mich direkt. Die gesamte Erotik auf verbriefte und vertraglich abgesicherte Jas und Neins festzulegen, hieße, sie auf Eis zu legen. Also bitte!
COMPACT: Sind Sie als Rechte irgendwie nicht auch Feministin? Eigentlich müsste das ja zusammenpassen, denn die ursprünglichen Feministinnen – jedenfalls die von Ihnen erwähnten «Differenzialistinnen» – vertreten doch eine Form biologisch fundierter Identitätspolitik und damit das genaue Gegenteil der biologieverleugnenden Gender-Mainstream-Agenda.
Ellen Kositza: Nö. Der Feminismus-Pool ist mir einfach zu verkeimt. Der tonangebende Feminismus hat sich vor hundert Jahren von einer biologisch fundierten Identitätspolitik verabschiedet – also auch von meinen eigenen Positionen und meinem selbst gewählten, heute schier mittelalterlich wirkenden Leben als siebenfache Mutter mit eigenem Kopf und Lebensprogramm. Das mit dem Feminismus ist wie mit einem T-Shirt, das eigentlich gut passt und echt nett ausschaut. Aber gucken wir mal auf die Zusammensetzung! Unter welchen Bedingungen wurde der Stoff geerntet, gewoben, verarbeitet? Da stecken verkehrte Arbeitsbedingungen drin, Pestizide und am Ende ein Markt, an dem ich nicht teilhaben will. Vorhin habe ich gesagt, wir könnten kaum hinter die Forderungen der linken Frauenbewegung um die Jahrhundertwende zurück: Gleiche Rechte, gleiche Chancen, unbedingt, ja! Aber keine Bevorzugung, kein Sonderröllchen, kein Hätte-Wollte-Könnte. Damals wäre das eine feministische Position gewesen. Heute gilt das als reaktionär – na und! Insofern bin ich strikt antifeministisch.
Das vollständige Interview finden Sie in COMPACT-Magazin 01/2017. Jetzt im Zeitschriftenhandel. Bestellen können Sie das Magazin online hier. Das Abo gibt es hier.
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : axtualité, affaires européennes, europe, allemagne, viols collectifs, féminisme, elle kositza, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 08 janvier 2017
Mathieu Bock-Côté: Le multiculturalisme est une religion politique
Le multiculturalisme est une religion politique
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
Passionnant entretien accordé par le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté, à Politique Magazine, à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage.
En quoi le multiculturalisme est-il une religion politique ?
Le multiculturalisme est apparu au mitan du xxee siècle comme une révélation. Il ne prétend pas améliorer la société, mais la démanteler pour la reconstruire radicalement selon une nouvelle anthropologie. Ce en quoi il est aussi une eschatologie : il y a le monde d’avant, coupable de péchés indélébiles contre la diversité, et le monde d’après, qui tend vers le paradis diversitaire et transnational, étape ultime de l’aventure humaine et seul visage possible de la modernité.
Selon les tables de la loi multiculturelle, les vieilles institutions sociales doivent s’effacer au profit des revendications exprimées par tous les « exclus » de la terre qui se trouvent parés, en tant que tels, de l’aura christique des réprouvés.
De là découle une conception particulière de l’affrontement politique. Car les grands prêtres du multiculturalisme ne conçoivent pas la démocratie comme la confrontation de conceptions concurrentes du bien commun mais comme un espace d’éradication du mal. Qui ne communie pas au culte de la diversité est le diable en personne – et le diable est intolérant, raciste, islamophobe, homophobe… C’est ainsi que le débat public en Occident a été confisqué par un petit clergé progressiste qui menace du bûcher toute pensée dissidente.
Vous expliquez que le multiculturalisme est né sur les décombres du soviétisme, comme une métamorphose de l’imaginaire marxiste…
Il est certain qu’à partir des années 1950, la plupart des intellectuels marxistes prennent conscience que l’URSS, leur nouvelle Jérusalem, ressemble davantage à un enfer concentrationnaire qu’à un paradis de travailleurs. C’est le début de ce que j’appelle le « socialisme migrateur » ou « socialisme tropical » : beaucoup vont chercher de nouvelles terres promises en Chine, à Cuba, en Afrique… Mais c’est à partir des années 1960 que le progressisme va profondément muter en se détachant du communisme.
Mai 68 et les Radical Sixties marquent le triomphe du gauchisme et de la contre-culture qui débordent le communisme par la gauche et transforment le rapport au mythe révolutionnaire. C’est l’époque où Herbert Marcuse parle avec dédain des « classes populaires conservatrices ». La gauche radicale constate que le prolétariat aspire davantage à la middle class qu’à la révolution. Désormais, elle fera la révolution sans le peuple et même, au besoin, contre lui. Et c’est aux minorités que le rôle de catégorie sociale révolutionnaire de substitution est dévolu.
Mais le muticulturalisme ne menace-t-il pas d’implosion violente les sociétés où il s’exerce ?
Pourquoi vivre en commun si on ne partage pas la même culture ? En laissant cette question sans réponse, le multiculturalisme, loin de tenir sa promesse du « vivre-ensemble », ne produit, au mieux, qu’une pluralité d’appartenances au sein de sociétés fragmentées et communautarisées. Mais ne réduisons pas sa critique aux aspects liés à la paix civile même s’ils ne sont pas négligeables.
L’idéologie multiculturelle obéit d’abord à une logique de déracinement qui passe par le démantèlement des institutions et des systèmes normatifs traditionnels. Elle est fondée sur une inversion du devoir d’intégration : l’immigré n’a plus vocation à se fondre dans le creuset de la culture d’accueil mais c’est la culture d’accueil qui doit s’accommoder de la culture d’importation. La culture d’accueil perd ainsi son statut référentiel et devient, en quelque sorte, optionnelle, sauf pour expier ses crimes contre la diversité, ce qui revient évidemment à œuvrer à sa propre destruction. C’est exactement ce qui est arrivé au Canada.
Le Canada, présenté par les thuriféraires du multiculturalisme comme un modèle de gestion ethnoculturelle… Qu’en est-il de la réalité ?
Je ne sais pas si on peut parler de modèle, mais le multiculturalisme est là-bas une sorte de doctrine d’état. Avec son enthousiasme coutumier, notre flamboyant Premier ministre, Justin Trudeau, vient d’expliquer dans le New York Times que c’était la diversité qui caractérisait le Canada. Et de fait, au pays des accommodements raisonnables, une immigrée peut prêter son serment de citoyenneté en niqab avec la bénédiction des tribunaux ou le Premier ministre d’une province comme l’Alberta peut se montrer dans une vidéo revêtue d’un voile islamique pour fêter la fin du ramadan…
Ce zèle diversitaire, ce multiculturalisme triomphant récoltent l’admiration béate des élites culturelles et médiatiques qui se congratulent entre elles de ces marques définitives de tolérance et d’ouverture d’esprit. Au Canada, le multiculturalisme est, si j’ose dire, entré dans les mœurs.
En revanche, on sait moins qu’il y a été utilisé et programmé comme une arme de guerre contre le nationalisme québécois. C’est Pierre Trudeau, le père de l’autre, qui l’a fait inscrire dans la loi constitutionnelle de 1982, imposée de force au Québec afin de désamorcer ses revendications historiques à se constituer en nation. Trudeau voyait en effet d’un très mauvais œil le souverainisme québécois qu’il accusait d’ethnocentrisme, alors même que le socle de l’identité canadienne reposait traditionnellement sur la figure des deux peuples fondateurs, les anglophones et les francophones.
Le résultat ne s’est pas fait attendre. Ainsi constitutionnalisé, le multiculturalisme a non seulement amputé le Canada de son identité française, mais il a aussi privé le Québec de son statut de nation fondatrice. Triste destin pour le peuple québécois, extrait de sa propre histoire, dépossédé d’une part de lui-même et rabaissé à l’état de communauté ethnique parmi d’autres au sein de la diversité canadienne…
En France, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite est parfois analysée comme une réaction à l’idéologie des élites, largement comparable à ce que vous décrivez pour le Canada. Est-ce aussi votre sentiment ?
Oui, d’une certaine façon, même si, en France, les références aux valeurs républicaines entretiennent l’illusion d’une communauté politique unifiée. Je dis bien l’illusion : on sait que la réalité est tout autre et qu’énormément de Français ont le sentiment que leur pays se décompose. C’est pourquoi je crois que les gens ont moins voté pour le programme de François Fillon que pour l’image d’une France traditionnelle et enracinée qu’il personnifie. De ce point de vue, il est l’exact contraire de Justin Trudeau qui incarne un cosmopolitisme diversitaire sans racines et la dissolution du politique dans la communication. Fillon est la sobriété faite homme. Pas de transgression outrancière chez lui. Ce qui le distingue aussi d’un populiste du genre Donald Trump.
Fillon l’a plus emporté pour la part de conservatisme qu’on lui attribue que pour sa promesse de rétablir les finances publiques ?
Sans aucun doute, même si le verbe « rétablir » que vous venez d’employer est celui qui lui convient. François Fillon doit avoir conscience des enjeux qu’il a fait naître. Il porte pour l’élection de 2017 tous les espoirs d’un certain conservatisme à la française. Je veux parler d’un mélange d’enracinement, de sens commun, de dignité qu’il lui faudra, sous peine d’immense déception, incarner personnellement mais aussi politiquement s’il est élu à la tête de l’État.
Ce conservatisme réclame une part de volontarisme car, dans le monde qui est le nôtre, il ne s’agit plus seulement de conserver, il faut également restaurer ce qui a été mutilé par quarante ans de progressisme maniaque. En France, cela commence par l’État, l’autorité de l’État. La psychologie politique de votre pays est profondément imprégnée de l’idée que c’est l’état souverain qui incarne le destin de la nation et il serait tout à fait illusoire de vouloir lui substituer la société civile comme le prône le philosophe anglais Roger Scruton. Le conservatisme français est une synthèse originale d’identité et de liberté, même sur les questions de mœurs.
Cela le distingue du conservatisme social américain qui peut avoir une dimension agressive, très éloignée du conservatisme tranquille qui s’est exprimé lors de la Manif pour tous. Si les Français sont à la recherche de leur conservatisme, qu’ils ne le regardent surtout pas avec une loupe américaine ou britannique !
Le problème de ce conservatisme n’est-il pas de ne jamais s’assumer en tant que tel ?
C’est tout le problème des dirigeants de ce qu’on appelle la droite. Alain Juppé était tellement heureux d’être célébré par la presse de gauche qu’il en a oublié que la France ne se réduisait pas à ce que pensent Les Inrockset Télérama. Le rêve d’une certaine droite, et c’est le danger qui guette Fillon désormais, c’est que la gauche lui dise qu’elle n’est pas vraiment de droite. Elle se croit donc obligée de prouver qu’elle est la plus moderne et, pour faire moderne, elle ne parle que d’Europe et de mondialisation, jamais ou presque jamais des questions sociétales et identitaires. Le débat public se résume ainsi depuis quarante ans à une querelle entre progressistes. C’est ce que j’appelle dans mon livre le « malaise conservateur » : bien que prégnant en France, le conservatisme n’a jamais trouvé sa traduction politique, sinon dans quelques discours électoraux vite oubliés une fois au pouvoir.
Pourtant, on entend beaucoup dire que les « réacs » auraient gagné la suprématie culturelle…
Et qui l’affirme ? Certes, quelques voix discordantes se font entendre un tout petit peu plus qu’avant, ce qui provoque un double phénomène : d’une part, la gauche hégémonique se croit assiégée parce que sa domination est très légèrement contestée ; de l’autre, la droite silencieuse se croit conquérante parce qu’elle est un tout petit peu plus entendue. Mais le fait est que la quasi-intégralité des pouvoirs institutionnels et culturels reste progressiste.
Un dernier mot sur le regard qu’on porte sur la France depuis le Québec ?
Il y a un vieux sentiment d’affection filiale qui vire à l’hostilité chez les élites car la France est perçue comme un rouleau compresseur laïciste qui étouffe sa diversité. Mais pour les souverainistes, qui représentent grosso modo 40% de la population, la France demeure la première alliée et un enjeu interne : même si la langue française est fragilisée à cause de l’État fédéral où elle n’existe quasiment plus, le Québec ne parle pas norvégien ou danois.
Il parle français, une des plus grandes langues du monde, et cela a contribué à sa survie. Si l’aventure coloniale a pu avoir des aspects positifs, c’est bien ici, en Amérique du Nord, où la France a accouché d’un peuple neuf !
Extrait de: Source et auteur
12:17 Publié dans Actualité, Entretiens, Livre, Livre, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mathieu bock-côté, québec, canada, multiculturalisme, entretien, livre, sociologie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 27 décembre 2016
Laurent Obertone rencontre Piero San Giorgio
10:44 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piero san giorgio, laurent obertone, entretien, livre, guerilla, actualité, france, europe, affaires européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 26 novembre 2016
Xavier Moreau: Que faire de la Pologne?
14:00 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : xavier moreau, pologne, europe centrale, europe, affaires européennes, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
vendredi, 25 novembre 2016
Quel avenir pour le sionisme sous Donald Trump?
Quel avenir pour le sionisme sous Donald Trump?
Christian Brosio interroge Youssef Hindi
Christian Brosio interroge Youssef Hindi au sujet de ses deux ouvrages sur l'histoire du sionisme et le choc des civilisations publiés chez SIGEST. La fin de l'entretien porte sur Donald Trump, et ce que l'on peut en attendre. L'histoire des Etats-Unis est hélas peu encourageante, les présidents isolationnistes ont souvent été entraînés à la guerre à la suite de coups montés...
14:06 Publié dans Actualité, Entretiens, Géopolitique, Histoire, Judaica | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : youssef hindi, sionisme, judaica, entretien, histoire | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
jeudi, 24 novembre 2016
Interview de Willy Wimmer accordée à «World Economy»
«Tous les dangers proviennent actuellement des Etats-Unis»
Interview de Willy Wimmer accordée à «World Economy»
Ex: http://www.horizons-et-debats.ch
World Economy: Vous avez récemment séjourné en Russie. Formulé de manière provocatrice: Poutine se prépare-t-il à une guerre?
Willy Wimmer: Suite à tous les entretiens que j’ai eus à Moscou – et je n’ai été qu’à Moscou –, je peux affirmer que les gens se font les mêmes soucis qu’en Allemagne. J’ai connaissance des déclarations publiques du président de la Fédération de Russie et j’y trouve uniquement l’appel à la modération et à la raison. Je n’ai entendu à Moscou aucune remarque allant dans le sens soulevé dans votre question. En prenant en compte la situation géopolitique actuelle, on peut en toute objectivité constater qu’actuellement, tous les dangers proviennent des Etats-Unis. Il ne nous reste qu’à espérer un changement après le 8 novembre de cette année.
La crise des Caraïbes a débuté il y a 55 ans. Vous venez de parler des Etats-Unis, et nous savons ou supposons savoir ce qui s’y est passé jadis. Sommes-nous confrontés à une situation similaire, pouvant nous faire dire: «Nous risquons le pire»?
En analysant les faits, on peut le présenter ainsi. La crise des Caraïbes [donc la crise des missiles de Cuba] avait des antécédents et ce qui a été intéressant pour moi, c’est d’avoir eu l’occasion d’entendre, dans le cadre du colloque auquel j’ai participé à Moscou, Valentin Falin, ambassadeur soviétique à Bonn durant de longues années. Au cours des longs entretiens accompagnés de réflexions historiques, l’ambassadeur Falin a soulevé un aspect ayant mené directement à la crise de Cuba. Dans les années quarante et cinquante du siècle passé, il y eut des planifications des Américains nommés Dropshot. Ces planifications prévoyaient la destruction des 30 plus grandes villes soviétiques par une attaque nucléaire de décapitation afin de neutraliser l’Union soviétique de l’époque.
Ce qui est intéressant, c’était que grâce aux stations d’écoutes de l’Armée rouge situées sur le Brocken, dans le massif du Harz, les Soviétiques ont découvert pour la première fois, quels étaient les contenus des planifications des Etats-Unis. Ces faits étaient au centre d’une émission sur la chaîne de télévision française Arte, il y a quelques semaines. Dans cette émission, on a démontré comment ce plan Dropshot constituait la cause véritable de la crise de Cuba. C’est pourquoi cela n’a pas été passionnant d’en discuter uniquement avec Valentin Falin, mais de constater qu’il s’agit d’évènements comparables à ceux présents dans les planifications de l’OTAN. L’Alliance agit massivement contre la Fédération de Russie. A cette fin, elle a changé ses objectifs et n’est donc plus une alliance défensive comme elle a pu l’être lors de la guerre froide, mais une force agressive née lors de la guerre des Balkans. Dans ce contexte, la situation autour de la Russie est explosive. C’est notamment l’establishment belliciste démocratico-républicain de Washington proposant ouvertement une telle démarche contre la Fédération de Russie qui y contribue.
Tournons-nous vers la Syrie – une autre région de tous les dangers. Supposons que la Russie cède et se retire de la Syrie et qu’Assad soit destitué. Comment la situation dans la région et dans le monde se développerait-elle? Faut-il s’attendre au scénario libyen ou directement à la troisième guerre mondiale?
Personnellement, je ne suis pas enclin à me livrer à de telles réflexions, car l’enjeu en Syrie ne se limite pas à la guerre civile à laquelle nous sommes confrontés actuellement. Nous ne devons pas ignorer le fait que nous avons à faire à deux conceptions distinctes soutenues par deux grandes puissances distinctes. D’une part, la tentative des Etats-Unis d’imposer – tout comme en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Mali ou autre part – un nouvel ordre mondial, en étant convaincu d’y être capable. D’autre part, il y a la Fédération de Russie ayant, à mon avis, un double intérêt. Premièrement, la Russie ne désire pas contribuer aux activités américaines visant à éliminer le droit international existant pour avoir pendant une longue époque œuvré à la paix en Europe et au-delà. Deuxièmement, et il faut clairement mettre en exergue qu’une victoire de la coalition dirigée par les Etats-Unis aurait pour conséquence qu’en Syrie, au Liban, en Jordanie et en Irak, les forces ayant leur origine dans le Caucase s’imposeraient: les Tchétchènes, les Ingouches, les Daghestanais, installés ou s’installant – suite aux guerres du Caucase – dans la région mentionnée.
Leurs intérêts consistent à relancer les guerres du Caucase contre Moscou. C’est-à-dire que la Fédération de Russie défend dans cette région non seulement un important allié ou le droit international, mais ses propres intérêts nationaux qu’elle a également le droit d’avoir: la protection de ses frontières. Cela est en total accord avec le droit international, et c’est ce qui rend la situation en Syrie si compliquée.
Les élections présidentielles aux Etats-Unis pourraient-elles contribuer à détendre la situation dans le monde ou n’y aura-t-il pas de changements?
Voilà la grande question qui se pose. Etant donné la guerre électorale menée aux Etats-Unis actuellement, nous devons patienter. On joue avec nos nerfs mais aussi avec le destin d’un grand pays portant le nom Etats-Unis d’Amérique.
Merci de cet entretien. •
Source: www.world-economy.eu/pro-contra/details/article/die-nato-... du 30/10/16
(Traduction Horizons et débats)
10:01 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : willy wimmer, entretien, géopolitique, politique internationale, europe, russie, affaires européennes, états-unis, bellicisme | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
jeudi, 17 novembre 2016
Guillaume Durocher - Trump Victory: Impact on America & Europe
Guillaume Durocher - Trump Victory: Impact on America & Europe
Guillaume Durocher is a French political writer and historian. He has lived in many European countries and worked in politics and journalism. He writes for several Alt-Right publications, including The Occidental Observer, Counter-Currents, and Radix.
We begin by discussing the results of the recent election. Guillaume compares Trump’s victory to Brexit, for the mainstream media – through its polls and pundits – failed to accurately predict either. We discuss what this means for not only America, but the West as a whole. Guillaume explains that the American nation-state is now run by a wildcard, and that if Trump drastically alters the course of America, Europe will follow suit. We then discuss Guillaume’s background, including how he became a nationalist. We learn that he was originally an anti-war liberal; questioning the EU, however, led him to then realize the importance of having homogeneous nation-states. The first hour also explores the ongoing culture war in the West, the Jewish community’s response to the Trump phenomenon, and the origins of our current plight.
The members’ hour begins with a consideration of technology. We discuss how the internet has allowed for alternative media to loosen the mainstream media’s control over culture and information. Guillaume correctly points out that Trump, through his condemnation of the mainstream media, has furthered this effect. We then switch gears to consider the big picture. Guillaume argues that it’s okay for those of us in the Alt-Right to disagree about the ideal form of government; what matters, though, is that whichever system we adopt exist solely for the benefit of our people. Guillaume then makes a case for the inclusion of genetics into policymaking decisions, which leads to a discussion on the massive population boom now underway in the third world. The members’ hour also covers the need for willpower and determination, the vulgarization of Western culture, and the tribal nature of fascism.
Guest's website: http://www.theoccidentalobserver.net/...
Listen or watch the second hour of all our shows and get full access to our archives at http://redicemembers.com
Subscribe and stream or download over 1000 programs, videos, films, Insight episodes, Red Ice TV & Weekend Warrior.
More Red Ice Radio:
https://redice.tv/red-ice-radio
Follow us on Twitter: https://twitter.com/rediceradio
Like us on Facebook: https://facebook.com/RedIceCreations
Listen on Soundcloud: https://soundcloud.com/red-ice-radio
Listen on Spreaker: https://spreaker.com/show/red-ice-rad...
Subscribe to our YouTube: https://youtube.com/user/RedIceRadio
RSS feeds: https://redice.tv/rss
19:18 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillaume durocher, donald trump, entretien, actualité, politique internationale, europe, affaires européennes, élections américaines, présidentielles américaines | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Constantin Parvulesco: La crise d'identité française
18:41 Publié dans Affaires européennes, Entretiens, Jean Parvulesco | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : constantin parvulesco, france, europe, affaires européennes, géopolitique, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 07 novembre 2016
Guillaume Faye - Le laxisme généralisé en France
00:05 Publié dans Actualité, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillaume faye, immigration, entretien, nouvelle droite, france, europe, affaires européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 05 novembre 2016
Jean Sévillia: "Pour empêcher que le monde se défasse"
12:59 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean sévillia, entretien, histoire | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mardi, 01 novembre 2016
A propos de Tolkien Entretien avec Nicolas Bonnal
A propos de Tolkien
Entretien avec Nicolas Bonnal
Ex: http://www.dedefensa.org
28 octobre 2016 – Certains auteurs mérite d’être visités et revisités, et ils méritent d’être appréciés d’une manière originale en fonction d’une époque qui n’est pas la leur, et pourtant directement en connexion avec cette époque. Les plus grands auteurs du temps passé, s’ils sont vraiment grands, méritent d’être réinterprétés à l’aune de l’époque infâme et catastrophique que nous vivons. C’est évidemment le cas de Tolkien, cet Anglais qui inventa un monde extraordinaire venu d’un passé mythique dont lui seul avait la clef ; et qui (Tolkien), par conséquent, s’adresse aussi et encore plus directement à notre époque pour nous mieux faire comprendre ce qu’elle a d’infâme et de catastrophique.
Donc, Tolkien... Il y a quelques temps, saluant l’arrivée de Nicolas Bonnal avec ses Carnets, je présentais la préface que j’avais écrite pour son livre Le salut par Tolkien (éditions Avatar), qui est une réédition, et en fait une réécriture de son livre de 1999. J’avouais d’ailleurs ma faible connaissance de Tolkien, ce qui est une faiblesse sans aucun doute. Alors, voici quelques questions à Bonnal pour qu’il nous parle de Tolkien, de Tolkien par rapport à notre époque surtout, pour compléter cette préface qui parlait trop peu de Tolkien alors qu’elle introduisait un livre sur le sujet. Cette fois, voici l’auteur qui nous parle de Tolkien, et cela n’est pas inutile, en aucune façon.
Propos sur Le salut par Tolkien
Question : Pourquoi ce nouveau livre sur Tolkien ?
Nicolas Bonnal : J'aime réécrire mes livres. Je réécris dix fois un article avant de l'envoyer. C'est pour cela qu'ils sont cités et repris, et en plusieurs langues. Je l'ai fait pour Mitterrand ou pour le Graal. Mais aussi pour d'autres raisons plus eschatologiques. Nous vivons des temps affreux sur le plan intellectuel et moral. Alors je réécris Tolkien pour défier l'époque et compléter l'autre, qui parut en 1998, et fut traduit en plusieurs langues, dont le russe et l'ukrainien. Tolkien a bien dénoncé son époque dans sa correspondance, y compris et surtout les Alliés. Pour lui l'homme moderne est facilement un orque. Il dit à son fils que l'aviation est le vrai méchant de la Guerre. Il est aussi catastrophé par la dévastation de l'Allemagne et par la prise soviétique de Berlin, avec les quinze millions de réfugiés. Tout cela je le cite bien. Je rappelle aussi qu'il adore son pays, mais qu'il déteste l'empire britannique, le Commonwealth et l'Amérique, avec son commerce, son féminisme, sa matrice universaliste et niveleuse. Tout cela je voulais le répéter. Tolkien défend l'Europe traditionnelle contre le monde moderne, d'où mes références à Guénon qui éclaire son symbolisme crypté.
Question : Vous le rapprochez de Bédier, de Chrétien de Troyes, de Virgile ?
Nicolas Bonnal : Oui, le plan nordique ne marche pas toujours pour éclairer Tolkien. Virgile ou Ovide très bien, Chrétien de Troyes très bien. Il faisait ses discours comme ça en grec et en latin. Il y a cette influence des sagas ou du très bon Beowulf, mais j'ai voulu moi la rattacher aussi à la tradition gréco-latine. Ma femme Tatiana a trouvé un passage des Deux Tours où les hobbits sont perdus en Ithilien. Cette Ithilien est l'Italie avec sa belle végétation. Le lieu magique, la chevalerie, les chansons, tout cela je le relie bien sûr à la chanson de geste. On pourra toujours contester le procédé, pas le résultat.
Question : Vous célébrez la femme et la guérison...
Nicolas Bonnal : Oui. La femme elfique guérit le monde par son chant, ses manières, sa nourriture, ses drogues. Tolkien a sublimé l'image féminine, et j'ai trouvé important d'insister sur ce point. En même temps elle est capable d'aller au combat. Mais Tolkien dénonce aussi la femme moderne dans l'histoire de Sylvebarbe (le mot Ente est chez Chrétien de Troyes), la casse-pieds de service. J'ai repris Guénon et ses symboles de la science sacrée pour éclairer le rapport magique à la végétation. Sa vision thaumaturge de la littérature et du conte initiatique d'origine germanique et romantique rejoint cette belle image de la femme thaumaturge. D'où mes rappels de Novalis.
Question : Et son catholicisme ?
Nicolas Bonnal : Il a été catastrophé par Vatican II. Il écrit que pour lui en tant que chrétien l’histoire ne peut être qu'une continuelle défaite avant la parousie. Ce catholicisme pessimiste est le mien, et rompt bien sûr avec l’optimisme bidon qui tourne aujourd'hui à l'opérette chez les cathos bourgeois. Il sert le propos lugubre des deux grands livres, qui rejoignent la tragédie ou le Fatum. Le retour du tragique païen avait aussi été souligné par le catholique Domenach après la guerre.
Question : Pourquoi le monde de Tolkien est-il tombé si bas ?
Nicolas Bonnal : A cause de Hollywood et des effets spéciaux, qui ont tué le cinéma, disait Joe Mankiewicz. A cause du consumérisme et de la bêtise ambiante, qui adore les monstres sur fond de satanisme de masse. A cause de la pesanteur de l'homme moderne contre laquelle il s'est élevé lui, le britannique d'origine germanique de tradition catholique traditionnelle. J'ai été surpris par l'article du Monde, qui en marge de la dérive désastreuse de ce journal (qui avait toujours recensé mes ouvrages), tape sur l'exploitation et la destruction de son œuvre par le commerce, ce chancre du monde, comme dit Ferdinand. C'était prévisible. Ses monstres venus de Beowulf (voyez mon analyse via le critique Botkine) et autres avaient tout pour séduire le commerce de cette époque immonde.
Question : Un mot optimiste pour terminer ?
Nicolas Bonnal : Le salut par Tolkien !
10:17 Publié dans Entretiens, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, littérature anglaise, lettres, lettres anglaises, tolkien, nicolas bonnal, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 31 octobre 2016
Entretien avec Juan Asensio
Entretien avec Juan Asensio
Propos recueillis par Romain Bouvier, Président du Club Roger Nimier
Juan Asensio, pouvez-vous, s’il vous plaît, vous présenter à nos lecteurs en quelques mots?
Je suis né en 1971 à Lyon, où j’ai passé les 30 premières années de ma vie. J’y ai suivi une formation, très classique, de lettres modernes et de philosophie, d’abord à l’externat Sainte-Marie jusqu’en classe de khâgne que j’ai cubée, ensuite à l’université Jean Moulin Lyon 3, y poursuivant ma formation jusqu’en thèse que j’ai abandonnée très vite. Mon directeur de l’époque, Monique Gosselin-Noat, ponte des études bernanosiennes ayant participé à la nouvelle édition des romans de Bernanos dans la collection de la Pléiade, m’avait en effet donné à traiter un sujet dont je ne voulais absolument pas (la figuration du diable dans les romans de Julien Green, François Mauriac et Georges Bernanos) et qui… avait déjà fait l’objet d’une thèse vieille d’à peine deux ou trois ans au moment où j’entamais mes propres recherches ! C’était, au mot près, le sujet qu’elle m’avait d’office demandé de traiter qui avait été disséqué en quelque deux énormes volumes. J’ai piqué une sacrée colère contre tant d’incompétence crasse, et ai écrit puis téléphoné à notre mandarine. Lorsque je lui ai fait part de ma découverte, elle m’a tout stupidement répondu que je n’avais qu’à prendre le contrepied exact de ladite thèse ! J’ai donc gardé, comme vous vous en doutez, une très piètre opinion des universitaires, censément des universitaires bernanosiens qui d’ailleurs me le rendent bien, puisqu’ils ne citent pas mes travaux dans cette nouvelle édition des romans de Bernanos. Que voulez-vous, la petitesse se venge toujours petitement… J’ai aussi passé une année, fort oubliable, au Celsa, afin de voir de l’intérieur si je puis dire à quoi ressemblait l’enseignement délivré en matière de journalisme et, ma foi, je n’ai pas été déçu quant à la médiocrité abyssale, forcément partisane (de gauche bien sûr) de cet enseignement. J’ai créé en mars 2004 Stalker, alors que je travaillais dans une salle des marchés et que Maurice G. Dantec se faisait traîner dans la boue par les journaux à prétentions humanistes habituels. Il s’agissait de trouver une façon de répondre aux invectives à moraline lui reprochant d’avoir osé échanger quelques messages avec le Bloc identitaire d’une poignée de journalistes aussi prestigieux qu’un certain Philippe Nassif (de Technikart je crois), et un de mes collègues de bureau, informaticien, me suggéra ainsi de créer un blog. Très vite, Stalker a fait des émules dans ce qui ne s’appelait pas encore la blogosphère, mais aucun de ces blogs nés en deux minutes n’a survécu plus de quelques mois, voire années pour les meilleurs. Depuis cette époque presque préhistorique à l’échelle de la Toile, mon blog est devenu riche de quelque 1 500 notes, pas toutes écrites par moi d’ailleurs, et est très lu, puisqu’il engrange entre 30 et 40 000 visiteurs uniques par mois, pour 100 à 200 000 pages vues par mois. J’ai donné la possibilité à mes lecteurs de me verser des dons via Paypal, ce qui me permet d’acheter la plupart des ouvrages que j’évoque sur mon blog, même si j’en reçois quelques-uns en service de presse, à condition que je les demande toutefois. Il s’apparente désormais à un véritable labyrinthe et c’est ainsi très vite que je l’ai surnommé la Zone, référence évidente à l’un des chefs-d’œuvre de Tarkovski. J’ai aussi réussi à publier quelques ouvrages de critique littéraire et un bouquin étrange sur Judas Iscariote, en 2010, aux éditions du Cerf. J’emploie à dessein le terme « réussi », car désormais tout le monde se fiche de la critique littéraire, à commencer par les éditeurs, puis par les journalistes, les libraires et, en bout de chaîne, le public. Il m’arrive de collaborer à quelques revues, dont Études, alors que j’ai publié des articles dans La Revue des Deux Mondes ou bien encore L’Atelier du roman. Je ne supporte plus toutefois le principe, très lourd et donc si peu rapide et agile, de ces revues, qui ne vous paient que fort rarement, et des sommes ridicules, alors qu’il faut bien souvent essuyer un refus par quelque couillon illettré appartenant, Sésame, ouvre-toi !, au sacro-saint comité de lecture.
A la création de votre blog, Stalker, vous avez donc pris la défense de Maurice G. Dantec ? Serait-il un des rares auteurs contemporains qui puisse trouver grâce à vos yeux de critique acerbe ?
J’ai pris sa défense, oui, car les imbéciles qui l’attaquaient, et qui n’avaient probablement pas lu une seule ligne d’un seul de ses romans, ont pour habitude de chasser en meute, comme tous les lâches. J’ai beaucoup lu Dantec, quoique tardivement, n’y étant venu qu’avec réticence car alors (nous étions en 2003), il était un auteur polémique qui faisait beaucoup parler de lui. C’est après avoir fait paraître dans La Revue des Deux Mondes un long article sur Villa Vortex, un roman monstrueux ridiculisé en deux lignes stupides (dans la rubrique Sifflets, je crois, du Nouvel Observateur) par Jean-Louis Ezine qui n’avait à l’évidence pas lu ce livre, que Dantec et moi avons commencé à échanger. L’avait en effet frappé, dans l’article en question pour lequel il me félicita très chaleureusement, le fait que j’y annonçais sa conversion au catholicisme, qui avait eu lieu quelques mois après la parution de ce texte. J’ai continué à lire Dantec, mais mon intérêt pour ses textes (les excès divers et variés du personnage m’ayant toujours laissé de marbre) a décru assez vite. Je l’ai même défendu contre la poignée de crétins mononeuronaux qui, alors, l’entouraient, et derrière le ridicule rempart de laquelle il vitupérait, assez grossièrement, contre le monde tel qu’il ne va pas. Maurice G. Dantec n’est pas un styliste de la langue française, c’est le moins que l’on puisse dire, mais il y avait toujours, même dans le plus mauvais de ses romans, des traits de fulgurance, des intuitions métaphysiques mélangées à des facilités indignes d’une rédaction d’écolier de 13 ans. M’avait alors surtout frappé son aptitude, dans les deux premiers tomes de son Journal, à évoquer des auteurs (Dominique De Roux, Ernest Hello, Léon Bloy, etc.) dont plus personne ou presque n’osait parler, et cela me frappa. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts comme on dit, et je n’ai plus de nouvelles, ni d’ailleurs ne cherche à en prendre, pour être tout à fait honnête, de Dantec, qui est du reste à ce que j’en sais assez mal en point, même si sa santé a toujours été vacillante. La dernière fois que je l’ai vu, à Paris, il était méconnaissable, et m’a serré la main en pleurant, peut-être parce qu’il avait fini par comprendre que je l’avais défendu contre vents et marée, y compris contre son propre comportement destructeur et paranoïaque. C’est du passé. Je ne suis même pas parvenu à lire plus de quelques pages de son dernier roman, Les Résidents, resté totalement inaperçu, alors que la moindre de ses déclarations, bien souvent infantiles, déclenchait des spasmes le plus souvent ridicules sur beaucoup de sites, de forums et sur les blogs au début des années 2000. En tout cas, nul ne pourra jamais me reprocher de ne pas avoir pris Maurice G. Dantec, en tant qu’écrivain, au sérieux.
Je réponds à la seconde de vos questions : beaucoup d’auteurs vivants trouvent grâce à mes yeux, qu’ils soient Français (Marien Defalvard, Pierre Mari, Christian Guillet, Guy Dupré, Jean Védrines, Serge Rivron) ou bien étrangers et là, force est de constater que la liste est tout de même plus conséquente : Roberto Calasso, Claudio Magris, Jaume Cabré ou Javier Cercas même si m’enquiquine leur côté « habiles techniciens du roman », Cormac McCarthy dont la lecture a été un choc, le très singulier László Krasznahorkai ou, disparu il y a quelques années, le génial Roberto Bolaño.
En tant que critique littéraire (et lyonnais d’origine de surcroît), que pensez-vous de cette formule que l’on prête à François Mitterrand à propos de l’œuvre romanesque de Rebatet : « Il y a deux sortes d’hommes : ceux qui ont lu Les Deux Étendards, et les autres » ?
Absolument tous les reproches, et les plus durs, peuvent être faits à François Mitterrand, mais enfin, c’était un assez bon lettré, aimant comme vous le savez passionnément l’œuvre d’Ernst Jünger, qu’il connaissait personnellement. Je me souviens d’avoir lu qu’il reprocha un jour à un certain Alain Juppé qui joue aujourd’hui les revenants arrogants, de ne pas connaître Paul Gadenne. S’il n’y avait qu’Alain Juppé qui ignorât l’auteur de La plage de Scheveningen, l’un des plus beaux et grands romans du siècle passé ! Qui connaît encore, hélas, le profond et tourmenté Paul Gadenne ? Certainement pas le crétin hollandais, dont on se demande même s’il a jamais entendu parler d’un mot aussi bizarre et incongru que celui de « littérature » ! Quoi qu’il en soit, j’ai lu Rebatet jeune, trop jeune peut-être et, comme tant d’autres auteurs, il me faut à présent le relire, alors qu’il semble jouir d’une certaine actualité, du moins éditoriale, qui ne s’est pas encore vraiment étendue à des auteurs comme Brasillach (évoqué par Gadenne, qui fut son condisciple en khâgne, dans le roman que j’ai indiqué, sous les traits d’un personnage du nom d’Hersent), Brasillach dont il faut lire Notre avant-guerre, ou bien le pestiféré Abel Bonnard, dont Les Modérés sont une radiographie de la France politique encore pertinente. Je me souviens en tout cas d’avoir estimé, du haut de mes 14 ou 15 ans, que Les Deux Étendards, roman au titre génial, disséquait la France de l’entre-deux guerres avec une profondeur spirituelle absente des romans de Céline, et ce seul souvenir me donne envie de relire ce roman qui avait la réputation, il n’y a pas si longtemps que cela, d’être maudit. Par ailleurs, j’allais, quelques années plus tard, retrouver le nom de Rebatet sous la plume de George Steiner, qui n’a jamais cessé de clamer son admiration pour ce roman, tout en traitant son auteur de salopard. J’ai d’ailleurs commencé ma relecture des Décombres qui vient d’être réédité, après avoir aussi relu le Rebatet de Pol Vandromme et en faisant un crochet par Les Réprouvés d’Ernst von Salomon, décrivant la nécessité d’une refondation de l’Allemagne humiliée par les sanctions des alliés et rongée par la gangrène communiste que les corps francs tentent de contenir, voire d’éradiquer. Il n’est donc pas étonnant que Lucien Rebatet, de même que d’autres qui ont décrit la complexité d’une époque où la France cherchait une forme de renaissance politique tout autant que sociale, voire spirituelle, intéresse et même fascine de nouveau, y compris les jeunes si on leur apprend encore à lire, maintenant que notre pays traverse une crise qui sera mortelle si aucun sursaut, de réelle profondeur et pas cosmétique, ne le sauve. Et puis, à tout prendre, je préfère un jeune gars un peu borné nourri au petit lait de Charles Maurras, mais qui aura au moins lu, et avec passion, Bloy, Bernanos, Jünger, Von Salomon, Rebatet, Brasillach, Hansum ou Pasolini et quelques autres encore sur lesquels planent de vilains soupçons, plutôt qu’un crétin ripoliné fraîchement hypokhâgneux qui n’aura sucé que les mamelles desséchées de Gérard Genette et de Roland Barthes, l’esprit tout farci des fadaises naturalistes sans style de Maupassant et de Zola, et qui finira sous-pigiste à Télérama ou aux Inrockuptibles, à saluer le gras loukoum à orientalisme germanopratin goncourisé d’un Mathias Enard. La passion, l’excès, le courage, plutôt que ces sépulcres déjà blanchis rêvant carrière et petite épouse sage rencontrée à l’école et qui finira comme eux professeur dans le meilleur des cas, à l’âge où Jean-René Huguenin savait qu’il n’égalerait jamais Rimbaud et Carlo Michelstaedter se tirait une balle dans la tête après avoir écrit le dernier mot de sa Persuasion et la rhétorique !
Il n’en reste pas moins que François Mitterrand exagère quelque peu car enfin, il est tout autant possible d’affirmer qu’il y a deux sortes d’hommes : ceux qui ont lu La persuasion et la rhétorique justement, mais aussi ceux qui ont lu Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry, Nostromo de Joseph Conrad, Absalon, Absalon ! de William Faulkner, ou encore Monsieur Ouine de Georges Bernanos ! Et je suis absolument certain que d’autres pourraient vous dire qu’ils ne sont plus les mêmes depuis qu’ils ont lu Shakespeare, Dostoïevski, Stevenson ou bien encore Melville, ce qui est par exemple mon cas ! Et, pour finir sur une méchanceté, je n’en suis pas moins sûr que de pauvres âmes seraient prêtes à jurer qu’elles ont été appelées à une nouvelle vie après avoir découvert les textes d’Amélie Nothomb, de Yannick Haenel ou de Virginie Despentes !
Quel regard portez-vous sur l’œuvre de Roger Nimier et plus généralement sur le courant dit des « Hussards », sur lesquels, pour reprendre vos mots, planent encore de vilains soupçons dans le petit monde germanopratin ?
Les Hussards sont des auteurs que je connais finalement assez peu, n’ayant lu que quelques ouvrages de Chardonne, Laurent ou Nimier, bien sûr Les Épées mais aussi Le Grand d’Espagne, qui évoque Georges Bernanos. Comme bien d’autres (je songe ainsi à Péguy, transformé, par l’opération du Saint-Esprit sans doute, en auteur et même penseur de droite), ils ont été d’une certaine façon abâtardis, journalisés par tout un tas de leurs épigones plus ou moins inspirés, revendiqués ou pas. D’ici peu, Causeur leur consacrera un dossier, si ce n’est déjà fait, et c’est ainsi qu’ils seront happés et hachés menu, puis accrochés au plafond, au milieu d’autres andouilles d’appellation et d’origine contrôlées comme Philippe Muray, devenu le saint patron de la Réaction puérile à laquelle nous assistons. Très peu pour moi que cet eczéma purement journalistique, que quelques petits Mohicans attendant les Cosaques et une paire de jolies fesses, y compris celles du Saint-Esprit, gratteront en croyant découvrir des cavernes d’originalité. Il me semble, au cas où vous me poseriez cette question, que l’esprit des Hussards a survécu plus qu’il ne survit, car il semble désormais bien mort, le temps où une seule phrase, aiguisée comme le morfil d’une dague, pouvait d’un trait précis clouer une vieille chouette radoteuse. Le dernier rétiaire de ce genre, altier et redoutable, même s’il a parfois trop donné dans un hermétisme littéraire de pacotille, était Dominique de Roux, et un livre tel qu’Immédiatement, publié aujourd’hui, vaudrait à son auteur une bonne quinzaine de procès, et une chasse à l’homme en règle, qu’il eut d’ailleurs à subir de son vivant. Je songe aussi à l’exemple tragique et lumineux de Jean-René Huguenin, mort en 1962 comme Nimier, également dans un accident de voiture. Je songe encore à Guy Dupré, hélas si profondément méconnu voire ignoré par nos élites littéraires ou ce qui en tient lieu, lequel d’ailleurs a écrit un de ses textes si subtils et profondément littéraires sur Sunsiaré de Larcône (recueilli dans Les Manœuvres d’automne), une belle femme que tout Hussard a dû tour à tour envier et maudire au moins une fois !
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la figuration du démoniaque dans la littérature ?
Sous le soleil de Satan a-t-il été l’ouvrage amorçant votre intérêt pour ce thème et plus spécifiquement, pour l’œuvre complète de Georges Bernanos ?
J’ai découvert Georges Bernanos, comme beaucoup de lecteurs je suppose, via l’adaptation que Maurice Pialat avait réalisée du premier de ses romans. C’est dans mon cas assez étonnant car je ne savais jusqu’alors rien de celui que Nimier surnomma le Grand d’Espagne, alors même que je me trouvais dans un établissement catholique depuis ma classe de septième. Le film de Pialat fut un choc même si par la suite, lisant le roman en question, le relisant et lisant tout ce qu’avait écrit Bernanos et tout ce qui avait été écrit sur lui, je me rendis vite compte que cette adaptation était assez infidèle, à la lettre du roman bien sûr, mais, plus grave, à l’esprit même de l’écriture bernanosienne. Peu importe du reste, car Pialat s’est montré, pour le coup, authentiquement bernanosien en levant le poing, tout le monde se souvient de ce geste crâne, face aux connards qui le sifflaient.
Mon intérêt pour la figuration littéraire du démoniaque n’a pu être que conforté par la découverte de l’œuvre romanesque de Georges Bernanos, qui devait culminer par la lecture de Monsieur Ouine, réputé, à juste titre, comme étant le roman le plus difficile de l’auteur et qui, du diable et du démoniaque, donne une peinture absolument fascinante. J’ai tenté d’éclairer de plusieurs façons ce roman, par exemple en le rapprochant de l’hermétisme démoniaque tel que le développe Kierkegaard ou bien en en proposant une lecture comparée avec Cœur des ténèbres de Joseph Conrad, par le biais de l’étude de la voix des personnages principaux, Kurtz et l’ancien professeur de langues, tous deux maîtres d’un langage dévoyé. Bien évidemment, aucune mention de ces travaux (et d’autres, comme l’influence plus ou moins souterraine d’Arthur Machen sur Sous le soleil de Satan, par le biais de la si belle traduction que Paul-Jean Toulet donna du Grand Dieu Pan) dans la nouvelle édition des œuvres romanesques de Bernanos en Pléiade mais, comme c’est Monique Gosselin-Noat qui a été chargée par Max Milner de l’édition de Monsieur Ouine, il ne fallait certes pas s’attendre à ce qu’elle mentionne autre chose que ses petites fadaises universitaires !
La découverte de l’œuvre de Bernanos puis, dans le foulée, de celles de Barbey, Bloy et Hello, mais aussi Huysmans et quelques autres décadents de moindre importance comme Jean Lorrain ou Remy de Gourmont, n’a pu que creuser mon questionnement sur le démoniaque en littérature, mais pas en être la source, qui doit plutôt remonter à ma découverte, assez jeune (en cinquième ou quatrième je pense) des romans de Dostoïevski, de Stevenson ou de Faulkner et, avant eux encore, de telle pièce indiciblement noire de Shakespeare, Macbeth, dont la dernière adaptation cinématographique m’a fait l’effet d’un joli clip aux lumières bien léchées. J’ajoute à ces quelques noms ceux de Rimbaud et de Baudelaire, que je n’ai jamais cessé de relire depuis que je les ai découverts.
C’est peu dire, en tout cas, que cette thématique m’a fasciné et me fascine encore, l’un des jalons de son approfondissement ayant été la lecture intensive et, je crois, intense, de Sören Kierkegaard en classe de terminale qui, vous le savez, a beaucoup médité et écrit, et puissamment comme il en va toujours avec cet horrible génie, sur le thème du démoniaque. Ensuite, puisqu’il me fallait remonter aux sources, j’ai lu tout ce que je pouvais lire concernant le démon, non seulement bien sûr les textes sacrés de la tradition judéo-chrétienne, écrits intertestamentaires et apocryphes inclus, mais tous les traités (du moins, ceux qui bénéficient d’une traduction française) de démonologie, comme le Malleus Maleficarum ou Marteau des sorcières d’Institoris et Sprenger ou encore le beau Tableau de l’inconstance des mauvais anges et démons de Pierre De Lancre. Je devais aussi rencontrer le Père Chossonnery, exorciste du diocèse de Lyon, avec lequel j’eus un long entretien.
C’est je crois cette plongée en eaux troubles qui m’a donné pour habitude d’établir des liens, que je crois la plupart du temps originaux, entre des romans qu’a priori rien ne rapproche et, en tout cas, qui me permet de lire des textes en comprenant, assez vite tout de même, leur profondeur, ou bien, a contrario, leur absence de profondeur. Un grand écrivain est d’abord un grand lecteur, certains cas, comme celui de Michel Houellebecq étant plus difficiles que d’autres à caractériser, car voici un grand lecteur qui n’est pas un grand écrivain, tout comme Dantec d’ailleurs, même si leurs styles respectifs sont fondamentalement différents. Quoi qu’il en soit, appelons cela mon péché mignon, je continue à lire tout ce qui paraît, à condition que les textes soient sérieux, sur le diable ou le démoniaque, et à relire les grandes œuvres romanesques d’un Dostoïevski ou d’un Melville, dont la grandeur même provient essentiellement du fait qu’elles proposent une vision du Mal.
Le grand lecteur que vous êtes a-t-il pour projet de devenir un jour écrivain, j’entends par là, en publiant un roman ?
Je n’ai aucun projet littéraire d’aucune sorte, surtout pas celui de devenir, comme tant d’ambitieux dont le talent est inversement proportionnel à la surface de léchage de leur langue, ceci ou cela. Publier un roman me dites-vous… Mais à quoi bon puisqu’il s’en publie plusieurs centaines lors de chaque rentrée dite littéraire et que, dans le meilleur des cas (c’est bien évidemment une hypothèse aussi loufoque qu’impossible !), je devrais accepter que mon roman soit lu, jugé même par une Virginie Despentes admise récemment au jury du Goncourt ? Je doute fort de jamais publier un roman en bonne et due forme, car je sais rester à ma place, et celle-ci est celle d’un critique littéraire. Or, la critique littéraire, naguère florissante, est un art aujourd’hui mourant, si ce n’est mort, du moins en France. Je ne parle certes pas de la critique universitaire, bien souvent totalement stérile et confidentielle, ou de la critique journalistique, résolument eunuque, consanguine et inculte, mais d’une critique d’auteur, passionnée, forcément partiale et qui, sans jamais copier les journalistes et les chercheurs, emprunte certaines de leurs techniques. Et, surtout, qui n’hésite jamais à appeler un chat un chat et une rinçure, selon le terme de Rimbaud, une rinçure, car, contrairement à nos amis journalistes, je ne dois rien à personne, je suis libre de chacun de mes propos, et je me moque des coteries qui font et défont les réputations, et même les carrières, du moins en matière d’édition et de journalisme.
Tenez, j’ai récemment pointé, dans un long article fouillé, les très étranges coïncidences, selon le terme pudique employé par ces temps de judiciarisation de la vie française, entre Soumission de Michel Houellebecq et le roman d’un auteur bien moins connu que ce dernier, L’Oreille de Lacan de Patrice Trigano. Pas un seul, je répète, pas un seul de nos si valeureux journalistes, pourtant si friands de polémiques parfois inventées de toutes pièces, n’a repris l’information, ne serait-ce que pour refaire à son compte ma petite enquête, l’infirmer ou la confirmer. Or, n’ai-je pas été, en l’occurrence, une espèce de lanceur d’alerte, expression à la mode écologiste, dans cette affaire ? Rien, silence total, typiquement journalistique. Puis j’ai bien trop de respect pour les romanciers, du moins les vrais romanciers, pour que je tente de les parodier, à une époque où n’importe qui, même ma boulangère et Raoul sur sa tire, Virginie Despentes et Yann Moix, peuvent être et même sont, paraît-il, des romanciers, célébrés comme tels, accueillis par tous les journalistes qui, même s’ils osent critiquer du bout de leur clavier tel ou tel aspect de leurs nullités, ne s’en tiennent pas moins à carreau. Virginie Despentes, comme je l’ai dit, vient même de rentrer dans le jury du Prix Goncourt qui, il est vrai, a récompensé sans le moindre sentiment de honte et même avec fierté je le suppose, cette année et l’année passée, deux nullités, Pas pleurer de Lydie Salvayre et Boussole de Mathias Enard. Il est vrai qu’il ne faut s’attendre à strictement rien, avec Bernard Pivot et Pierre Assouline, mais enfin, nous aurions pu estimer qu’il leur restait, à tout le moins, le sentiment du ridicule ! Moi, à mon niveau, modestement mas pas moins résolument, je remplis le rôle d’office de vigie dont parlait Sainte-Beuve, mais c’est aux romanciers, s’il en reste vraiment en France plus qu’une toute minuscule poignée, d’écrire de bons romans, pas à moi !
Parmi les auteurs vivants qui trouvent grâce à vos yeux, vous n’avez pas cité Marc-Édouard Nabe… Était-ce une omission volontaire de votre part ?
Bien sûr. Hormis Alain Zannini, aucun des textes de Nabe n’a trouvé grâce comme vous dites à mes yeux, et certainement pas celui par lequel les béjaunes ont parfois découvert Léon Bloy, Au Régal des vermines. Je ne lis plus Nabe, comme je ne lis plus Dantec, comme je ne lis plus Soral et comme je ne vais pas tarder à ne plus lire Houellebecq. J’ai en tout cas relu ce texte de gamin fort en thème ou plutôt, point trop mauvais en thème, il y a quelques années, et il m’a frappé par la remarquable platitude de ses harangues, de ses trouvailles, de ses envolées, de ses « analyses », de son commentaire de Léon Bloy. Tout pue la copie appliquée, écrite en tirant la langue, en plaçant au bon endroit les petites références incontournables de tout infréquentable qui se respecte. Nabe n’est pas grand-chose, sauf peut-être pour sa grouillante cohorte de lecteurs hystériques, qui veillent au ridicule de leur idole naine comme une vestale à la flamme d’allumette dont elle a reçu la garde mais, en tout cas, il n’est certainement pas comme il le prétend le plus fier sinon le seul continuateur de Léon Bloy, dont l’imprécation n’avait de sens que parce qu’elle indiquait une trame invisible sur laquelle elle se détachait comme un éclair de chaleur, vers laquelle elle faisait signe. Qui a poursuivi l’œuvre du Mendiant ingrat, en France ? Nabe clament en chœur les imbéciles, et même l’excellent Pierre Glaudes avec lequel je suis en désaccord total sur ce point. Le dernier continuateur de Bloy, qui a du moins compris les implications théologiques de son long cri de misère et de méchanceté, mais aussi de son formidable commentaire des textes sacrés et de leur application à l’histoire, c’est Louis Massignon bien sûr ! De sorte que Nabe n’est pas seulement un Léon Bloy pour crétin antisémite ou imbécile soralien, mais un surgeon nanométrique et excité comme une femelle en période de chaleur du Mendiant ingrat, débarrassé qui plus est de tout arrière-monde, comme disait Bonnefoy, transcendant. Enlevez à Léon Bloy sa constante ferveur religieuse, sa prodigieuse intuition exégétique, vous aurez Marc-Édouard Nabe, dont l’œuvre se situe quelque part entre les latrines et le boudoir.
Critiquer, c’est juger. D’où tenez-vous votre magistère ?
Belle question, la plus difficile sans doute. Je vous remercie pour commencer de poser une égalité entre la critique littéraire et le jugement, à une époque où plus personne n’ose juger un livre, et d’abord celles et ceux qui sont payés pour le faire, les journalistes. Cette question, il y a un siècle, aurait sans doute été évacuée d’un haussement de sourcil mais, aujourd’hui, à présent que l’autorité, comme l’aura selon Walter Benjamin, a fondu comme neige au soleil, le Christ lui-même, s’il revenait sur terre, aurait quelque mal à nous assurer qu’il détient la clé, c’est-à-dire la légitimité, de tout pouvoir. C’est du reste de son propre vivant que le Christ a été raillé, soupçonné, invectivé et pour fini crucifié, de la même façon que, quelques siècles plus tard, seront moqués, soupçonnés, invectivés et parfois, pour Louis XVI, guillotiné, les rois de France qui tenaient de Dieu leur pouvoir, leur légitimité. L’époque contemporaine est exactement concomitante avec une perte de la notion de légitimité, partant de magistère et d’autorité, comme nous l’enseignent les problématiques propres à la théologie politique, singulièrement les réflexions d’un Carl Schmitt, que nos penseurs et intellectuels contemporains feraient bien, et de toute urgence, de relire.
Revenons à mon très modeste cas : je ne suis pas plus que n’importe qui légitime pour dire de Mathias Enard que c’est un auteur sans intérêt, pour prétendre que les essais de Richard Millet ne valent rien, ou que Yannick Haenel n’a même pas le talent suffisant, c’est dire, pour tourner une seule page d’un livre inutile de Philippe Sollers. Je ne suis pas davantage légitime pour affirmer que ce qui est encensé par la presse, neuf fois sur dix, ne vaut strictement rien et que nos gloires journalistiques, par exemple un Pierre Assouline, se déshonorent en faisant d’une Virginie Despentes l’un des jurés du Prix Goncourt lequel, c’est vrai, ne sait plus rien du tout de l’honneur comme nous pouvons le constater par ses dernières récompenses. Tout autant, je ne suis pas moins légitime qu’un autre pour trier le bon grain de l’ivraie et assurer mon rôle, plutôt ingrat. Cette réversibilité est au moins le bon côté d’une époque comme la nôtre, qui nous autorise à être jésuite à si bon compte, et de renvoyer dos à dos les contempteurs et les thuriféraires de la légitimité, à vrai dire les thuriféraires et les contempteurs de n’importe quelle notion, puisque tout se vaut, une rinçure post-moderne traduite par l’ignoble traducteur et écrivain qu’est Christophe Claro et Absalon, Absalon ! de William Faulkner.
Je pourrais certes, après quelques minutes de recherche, multiplier les exemples historiques et montrer que tout critique littéraire digne de ce nom a au moins une fois été confronté à la problématique crucifiante de sa légitimité : qui es-tu donc, toi, pour oser critiquer un livre, mon livre ? Lisant votre question, cela a même été ma première tentation, mais je crois qu’il faut ici répondre franchement, comme je l’ai fait : rien ne m’autorise à prétendre que Faulkner, Conrad, Melville, Bloy, Bernanos, Gadenne, Sebald ou Broch sont de grands, parfois même de très grands écrivains et que tel ou tel est un nain dont les livres, pourtant salués par la presse consanguine, ne valent rien. Mais regardez un peu, maintenant que mon blog est vieux de 10 années, si je me suis beaucoup trompé sur la valeur des livres que j’ai évoqués ! Car c’est après tout la meilleure réponse que je puis vous donner : mon autorité, en matière de critique littéraire, s’appuie sur elle-même. Tautologie ? Non, car cette autorité, je l’ai cent fois, mille fois remise en jeu, dans chacune de mes notes, en prenant le risque de me tromper, en prenant le risque qu’un autre lecteur affirme, et prouve par-dessus le marché, que Richard Millet, lorsqu’il joue à l’essayiste martial ayant tutoyé le phalangiste chrétien durant la Guerre du Liban, n’est absolument pas ridicule et même convaincant sinon légitime, en affirmant par exemple, contre ce que j’en dis, qu’une virgule de Nabe vaut après tout une virgule de Bloy, ou que l’exotisme en carton-pâte de Mathias Enard n’est vraiment pas une plaisanterie pour attachée de presse germanopratine pensant que Moravagine est le nom d’un groupe de musique punk italien avant que d’être un magnifique roman de Blaise Cendrars.
Poursuivons. Tout bon lecteur se sera demandé pour quelle raison j’ai eu besoin d’invoquer le Christ en vous répondant. Orgueil démesuré ? Application des thèses, milles fois éventées désormais, de René Girard à ma petite personne sacrificielle ? J’ai évoqué l’exemple du Christ pour deux raisons. D’abord pour rattacher cette question extraordinairement complexe de la légitimité à son socle véritable qui implique, du moins pour un Occidental, un fondement surnaturel, un geste créateur qui commence la longue chaîne des causes entraînant les conséquences. Il faut bien, à un moment donné, que la concaténation soit brisée, sauf à devenir fou dans une vaine tentative de saisir la cause initiale, celle que rien n’explique et de laquelle tout provient. Cette cause est le Verbe, le Christ donc pour un chrétien. Le Christ s’est prétendu Dieu et Fils de Dieu, et c’est cette prétention inouïe, en fondant son magistère, qui lui a conféré une autorité à nulle autre pareille, dont le phénomène du leader charismatique analysé par le regretté Jean-Luc Evard n’est que le plus récent des surgeons, certes dévoyés.
Tout autant, ce même bon lecteur aura compris qu’il y a en somme, dans tout exercice honnête de critique littéraire, et à condition bien sûr qu’elle se sépare (sans du moins les ignorer) des petits jeux universitaires, de tout ce que Merleau-Ponty appelait les langages seconds, une dimension de risque, une « corne de taureau » à laquelle il faut s’exposer selon Michel Leiris. Pour le dire autrement, si le critique littéraire est un juge auquel il est impossible de demander d’être impartial, il est aussi celui qui assume sa responsabilité, qui prend sur lui, comme le dit cette merveilleuse expression, son propre jugement, le fonde par son autorité et son exemplarité et, d’une certaine façon point si imagée que cela, se sacrifie en fin de compte, un peu comme le héros de La Chute de Camus : juge, bourreau si l’on veut et sacrifié. Pourquoi diable se sacrifierait-il, ce critique que l’on jugera un peu trop pressé de faire partie de tous les raouts, du plus grand nombre de jurys possibles et qui, comble de l’entreléchage, écrira même des romans tout juste oubliables que ses confrères s’empresseront de saluer ? Parce que, avant de penser à lui-même, il pense à l’œuvre qu’il doit s’efforcer de servir. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le critique littéraire d’un peu de poids est celui qui jamais ne se sert en premier, mais qui sert les autres, en servant l’œuvre qu’il commente. Il s’oublie, alors que le moindre écrivaillon, aujourd’hui, oubliera sans problème ni remords la littérature depuis l’épopée de Gilgamesh, mais sera parfaitement incapable de jamais oublier ses petites souillures, sa petite personne. Le cri du monde contemporain est un immense MOI qui résonne sans fin dans le vide !
Critiquer, c’est juger bien sûr, et ce jugement s’appuie tout de même sur la lecture fine et attentive d’autant d’œuvres que possible, de toutes les œuvres qui comptent, ajouterait quelque fanatique de Borges qui aurait raison, au rebours de ce que les ânes contemporains imaginent être un véritable exercice de lecture, réduit dans leur esprit à la simple diffusion, de préférence conviviale et châtrée, d’une opinion qui, comme les goûts et les couleurs n’est-ce pas… Mais critiquer, c’est surtout s’exposer, sacrifier son petit confort intellectuel au risque d’être traité de tous les noms, et d’abord de celui d’envieux ou de raté. J’ai eu ma dose d’insultes, croyez-moi, des tombereaux de merde déversés par les thuriféraires de la clique sollersienne, de la clique nabienne, de la clique soralienne, de la clique camusienne et milletienne (c’est à peu de chose près une seule et même clique), de toutes les cliques dont j’ai ridiculisé quelque peu les prétentions littéraires et intellectuelles. J’en recevrais encore, des insultes, c’est une évidence. Cela n’est rien finalement, un peu d’abnégation contrainte et d’humilité bienvenue, versés comme un acide sur la plaie du nombrilisme et de la vanité qu’entretient si scrupuleusement notre époque, auxquels je n’échappe moi-même qu’en partie bien sûr. Ce qui compte, au travers même du mépris et des moqueries auxquels un critique pourra cependant être las de faire face (et que dire du silence auquel il s’expose, seule arme des lâches, mais ô combien redoutable !), c’est de faire découvrir à une poignée de lecteurs un Vincent La Soudière, un Robert Penn Warren, un Paul Gadenne, et de leur permettre de lire ou même relire de grands romans comme Au-dessous du volcan ou bien La Mort de Virgile. Cela seul compte. Et comptera.
15:31 Publié dans Entretiens, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lettres, littérature, lettres françaises, littérature française, juan asensio, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 23 octobre 2016
Xavier Moreau: "La puissance militaire russe, vecteur de multipolarité"
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Défense, Militaria | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, xavier moreau, entretien, actualité, politique internationale, armée russe, défense, militaria | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Kosmopolitisme als politieke as
00:05 Publié dans Entretiens, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, pays-bas, sid lukkassen, philosophie, cosmopolitisme, critique du cosmopolitisme, philosophie politique | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 16 octobre 2016
Bruno Favrit répond au questionnaire de la "Nietzsche Académie"
Ex: http://nietzscheacademie.over-blog.com
Réponses de l'écrivain nietzschéen Bruno Favrit (link) au questionnaire de la Nietzsche académie. Bruno Favrit est l'auteur d'une biographie sur Nietzsche aux éditions Pardès (2002).
Nietzsche Académie - Quelle importance a Nietzsche pour vous ?
Bruno Favrit - A quinze ans, j'ai découvert ''Ainsi parlait Zarathoustra'' et j'ai senti toute la puissance qui se tenait dans ces pages. Bien entendu, l'adolescent est plus prompt à s'enthousiasmer du moins je veux encore y croire, dans ce monde où la culture se traduit par une offre débridée et quasi illimitée dont la qualité n'est pas la partie émergente. Mais le signe que Nietzsche est une valeur sûre, c'est que trente ans après, je peux le retrouver avec le même étonnement, les mêmes battements de cœur. Je ne peux en dire autant d'auteurs qui ont illuminé ma jeunesse mais qui ont depuis nettement perdu leur pouvoir.
N.A. - Quel livre de Nietzsche recommanderiez-vous ?
B.F. - ''Le Crépuscule des idoles'' me semble une bonne entrée en matière. D'ailleurs, dans ''Ecce homo'', à propos de ce livre, Nietzsche a cette confidence : « C'est une exception parmi mes livres. Il n'y en a pas de plus substantiel, de plus indépendant, de plus révolutionnaire, de plus méchant [...] qu'on commence par lire cet écrit.». Et, contrairement à ce que j'ai fait, il faudrait presque terminer par le ''Zarathoustra''. Car il est formidablement crypté et il convient d'avoir côtoyé Nietzsche pour en goûter toute la substance hauturière. Entre ces deux, il ne faudrait rien négliger. On doit savoir que ses livres ont été composés sans véritable espoir qu'ils passent avant longtemps à la postérité. Conscient qu'il ne s'adressait qu'à une minorité, Nietzsche, qui a fini par s'éditer à compte d'auteur, ne s'est pas découragé, même s'il a quelquefois songé à s'orienter vers la poésie ou la musique. Je pense qu'il était conscient de la puissance de ses écrits. Il croyait en lui. Tout l'avantage de sa pensée est dans ce qu'il n'eut pas à la diluer pour complaire à un éditeur, aux critiques ou à un cénacle.
N.A. - Être nietzschéen, qu'est-ce que cela veut dire ?
B.F. - D'abord apprendre à penser par soi-même. Se doter d'une certaine forme de misanthropie en tout cas ne point trop s'illusionner sur l'homme. Ensuite, s'obliger à affronter l'adversité et la bêtise sans se laisser étouffer par trop de compassion. C'est déjà beaucoup. Quand j'ai publié ma biographie sur Nietzsche, on m'a reproché d'en avoir restitué une image païenne. Mais je ne vois pas comment j'aurais pu en faire une autre lecture. Il encourageait la danse, la divagation sur les sommets en compagnie des ménades. Quant au Galiléen... on sait bien ce qu'il en pensait.
N.A. - Le nietzschéisme est-il de droite ou de gauche ?
B.F. - Je pourrais me défiler en disant qu'il n'appartient à aucune idéologie mais il faut tout de même noter que Nietzsche goûtait peu les ''socialistes'' qui montraient, selon lui, de profondes similitudes avec les chrétiens. Son attitude essentiellement aristocratique ne devrait pas nous faire penser que, s'il revenait en ce monde, il prendrait le parti de ceux qui ont renoncé à défendre les ouvriers pour se consacrer aux exclus, aux malades, brefs à ceux qu'ils ont tellement assistés et pommadés qu'ils ont tué en eux toute velléité de résistance. Si Nietzsche a pu être ''de gauche'', il y a bien longtemps.
N.A. - Quels auteurs sont nietzschéens ?
B.F. - Je vais certainement en oublier. Mais il me semble évident que des figures comme Montherlant ou Drieu lui doivent énormément. Cioran, est son fils spirituel. A l'étranger : Hamsun, Pessoa, Jünger, Henry Miller, Mishima... Quant à dénicher d'authentiques nietzschéens en ce début de siècle, c'est bien difficile. Peut-être Naipaul, Gòmez Dàvila et, par chez nous, le sociologue Michel Maffesoli qui prédit le retour de Dionysos. En revanche, si le nietzschéisme d'Onfray n'est pas une imposture, cela y ressemble fort.
N.A. - Pourriez-vous donner une définition du Surhomme ?
B.F. - Les spécialistes n'ont pas fini de soupeser et de se prononcer sur cette notion. Il suffit pourtant de lire le Zarathoustra, même si son aspect parabolique peut dérouter. Le Surhomme, c'est celui qui vient se mettre au contact des hommes ceux de la place du marché et qui, effrayé par tant d'inanité, s'en retourne sur les hauteurs. Il peut s'agir aussi de Dionysos reconceptualisé et infiniment libre et libéré si l'on conserve la majuscule. Pour moi, plus ''trivialement'', le surhomme est déjà celui qui sait « conserver la joie d'être son propre maître » (pour reprendre une formule de ''Humain, trop humain''). Lorsque l'ermite de Sils Maria écrit « mes livres ne parlent que de victoires remportées sur moi-même », il participe de sa tentative de s'ériger en surhomme. A ce sujet, je me suis fait cette réflexion : Nietzsche a été malade la majeure partie de sa vie au point qu'il a dû s'arrêter d'enseigner. Ce qui ne l'a pas empêché de donner par la suite une tonifiante leçon de vie et de grande santé à ses semblables. Comme quoi la maladie a du bon lorsqu'elle frappe des ''surhommes''. Il est préférable pour nous que le père de ''Zarathoustra'' ait éduqué le monde plutôt que la centaine d'étudiants de l'université de Bâle.
N.A. - Votre citation favorite de Nietzsche ?
B.F. - « Qui n'est pas un oiseau ne doit pas se risquer au-dessus des abîmes. » (Zarathoustra II - Des sages célèbres.)
13:37 Publié dans Entretiens, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nietzsche, entretien, bruno favrit, philosophie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Julius Evola: una mística y lúcida rebelión contra la modernidad
Julius Evola: una mística y lúcida rebelión contra la modernidad
Especial TLV1 N° 14
Julius Evola: una mística y lúcida rebelión contra la modernidad
Desde la "Librería Europa", en Barcelona, España, Juan Manuel Soaje Pinto entrevista al prof. Eduard Alcántara, historiador, investigador y escritor; autor de "El hombre de la Tradición", y "Reflexiones contra la Modernidad", prologados por Enric Ravello y Santiago de Andrés, acerca de la vida y el pensamiento de Julius Evola, un filósofo, pintor e ideólogo italiano, desconocido todavía hoy para el gran público, y cuya personalidad y obra son imprescindibles para todo aquel que busca entender el cómo y el por qué del mundo moderno y sus consecuencias.
12:57 Publié dans Entretiens, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julius evola, tradition, traditionalisme, entretien | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook