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jeudi, 24 septembre 2009

Pour un grand espace européen! Sans libre-échange!

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Thorsten HINZ:

 

Pour un grand espace européen ! Sans libre-échange!

 

Oui à l’Europe ! Non aux eurocrates de Bruxelles !

Le continent a besoin d’une nouvelle volonté de puissance !

 

Le jugement rendu à Karlsruhe récemment, à propos du Traité de Lisbonne a le mérite de la  clarté: le “Sur-Etat”, qui nous tient sous sa tutelle, et dont les gouvernements et les bureaucrates bruxellois visent le parachèvement, n’est pas sanctionnable comme s’il émanait d’un jugement de Dieu. Nous ne sommes pas contraints de l’accepter. Mais survient alors une autre question fondamentale: celle de l’avenir de l’Europe. Le jugement de Karlsruhe n’a en aucune façon réglé ce problème-là, n’a pas tranché la question de savoir si l’Europe et l’eurocratisme bruxellois sont une seule et même chose.

 

Un simple regard sur la carte, sur les statistiques, sur les rapports de forces et autres ordres de grandeur nous fait voir, sans détours, que les Etats de petites et moyennes dimensions en Europe ne peuvent freiner leur perte de signification à l’échelle du globe que s’ils agissent de concert. D’autres faits sont également patents: les anciens conflits entre Etats européens s’atténuent graduellement, de nouveaux conflits d’intérêts émergent, mais plus aucun de ceux-ci n’est encore existentiel. Si on les mesure à l’échelle du globe, les convergences d’intérêts entre Européens dominent et les divergences passent à l’arrière-plan. 

 

Constituer une puissance hégémonique continentale est un souci, voire un cauchemar, qui hante depuis plus d’un siècle la politique intérieure du sous-continent européen, même si cela peut paraître anachronique face à la domination mondiale qu’exercent les Etats-Unis et à l’émergence de nouveaux centres de puissance en Asie. Se précipiter encore dans des conflits intérieurs à l’Europe et, de surcroît, à l’incitation de puissances extra-européennes, n’aurait qu’un résultat: accroître la puissance des autres et pérenniser la mise sous tutelle de l’Europe.

 

La crise financière et économique, qui frappe la planète entière, nous apporte quelques arguments supplémentaires en faveur d’une européanisation de la politique en Europe.  Cette  crise a déjà conduit à réévaluer les phénomènes liés à la globalisation. Bien entendu, soyons  clairs, on ne pourra pas réduire à néant les acquis de la globalisation qui a commencé il y a plus de 500 ans par la découverte, l’exploitation et la colonisation du monde par les puissances européennes; cependant, la globalisation ne pourra plus rester, désormais, un but en soi, une idée que personne ne pourra jamais contester. Au cours de ces récentes années, il semblait que la tâche principale des Etats ne consistait plus qu’en une seule chose: se déréguler eux-mêmes, renoncer à toutes leurs fonctions de contrôle et de direction. Capitaux et marchandises devaient s’écouler et vagabonder en toute liberté; la vie humaine, elle, devait se réduire à une existence d’abeilles besogneuses, acceptant la “flexibilité”, en concurrence avec des homologues tout aussi aliénées dans le monde entier. On planifiait une guerre de tous contre tous, dernière conséquence de la victoire totale qu’avait obtenue le modèle anglo-saxon de libre-échange après deux guerres mondiales et une guerre froide. 

 

Il y a deux ans encore, on ne faisait aucun effort intellectuel pour justifier ce modèle: il portait sa légitimité en lui-même. Ceux qui osaient encore le critiquer étaient traités d’incorrigibles passéistes, de réactionnaires, de bornés, de nationalistes, d’anti-modernes, d’ennemis de la liberté, etc. On les ridiculisait. Et voilà que soudain, la charge de la preuve a changé de camp. L’idéologue français Emmanuel Todd, dans “Après la démocratie”, constate “qu’il faudra soit abolir le suffrage universel et renoncer ainsi à la démocratie soit limiter le libre-échange, par exemple en inventant des formes intelligentes de protectionnisme au niveau continental européen, ce qui impliquerait de remettre en question le système économique actuellement dominant”.

 

La proximité conceptuelle entre le protectionnisme que Todd appelle de ses voeux et l’ébauche d’un “grand espace” continental chez le juriste allemand Carl Schmitt est patente. Pour l’Europe actuelle, l’enjeu n’est pas seulement la démocratie mais porte sur l’ensemble de ses traditions historiques et culturelles, ancrées sur son territoire. Tout néo-protectionnisme européen émergent ne devra pas se limiter au seul domaine de l’économie. Sur les plans politiques et éthiques aussi, la logique du libre-échange devra être jugulée. Avant toute chose, l’Europe devra renoncer à l’universalisme contenu dans ce discours idéologique et banalisé sur les droits de l’homme qui sert de vulgate générale. Cet universalisme avait accompagné l’expansion économique et coloniale des pays d’Europe occidentale mais il a atteint ses limites aujourd’hui (que l’on songe à la Chine...). Aujourd’hui, cet universalisme ne sert plus qu’à une chose: sur les plans politique, moral et juridique, à donner un instrument de pression potentiel à des cultures ou des religions extra-européennes, étrangères au continent européen, pour que celles-ci, à leur tour, mettent en oeuvre une stratégie d’expansion en Europe même. Sur le plan des droits de l’homme, l’Europe a aussi besoin d’un protectionnisme qui entraînerait de donner priorité et protection aux propres citoyens européens dans leur propre “Maison commune”.

 

C’est pourquoi l’Europe politique future doit s’édifier sur des bases nouvelles, historiques, intellectuelles, culturelles et spirituelles. Car l’universalisme mis en pratique par les eurocrates en poste à Bruxelles est lié étroitement aux mythes fondateurs de l’Union Européenne. Celle-ci, en effet, considère que l’année 1945 constitue un point de départ historique et que les Etats-Unis, avec la forme de libéralisme et de libre-échange qu’ils ont importée dans leur zèle missionnaire, ont été les sauveurs de l’Europe.

 

Ces positions signifient ipso facto de fonder moralement l’UE sur la victoire emportée sur le pays qui a dû, doit et devra contribuer le plus aux charges financières en vue de structurer le grand espace européen et qui constitue, de surcroît, le pays le plus indispensable de tous à la formation de l’Europe! Par conséquent, tous les autres partenaires de la construction européenne en arrivent à considérer que les contributions allemandes sont des “réparations” à payer pour cause de deuxième guerre mondiale au lieu de les considérer comme des investissements pour un futur commun à bâtir de concert et dans lequel, eux aussi, auraient la responsabilité et le devoir de contribuer à l’intérêt collectif. 

 

En Allemagne, ce malentendu a conduit à une grande lassitude à l’égard de l’Europe: les Allemands, en effet, se sentent grugés et exploités; ils ont l’impression qu’on les maltraite, qu’on exige trop d’eux, tandis que l’élite qui fait fonctionner leur pays accepte pour eux le rôle du financier unique pour maintenir la cohésion d’un tout désormais branlant alors même que cette élite n’est plus capable de lancer des initiatives politiques en faveur de l’Europe. Les Allemands ont expurgé leur passé jusqu’à satiété, placé partout des garde-fous pour que plus  aucun dérapage nationaliste ne soit possible: les autres partenaires de l’UE, en cette matière, en ont fait trop peu.

 

La distance temporelle qui nous sépare aujourd’hui des événements de la seconde guerre mondiale doit nous amener à interpréter la tragédie européenne du 20ème siècle comme une auto-destruction collective, où tous ont eu leur part! Cette auto-destruction procède d’erreurs de jugement sur la situation réelle de l’Europe, au sein même du continent et en dehors de lui, notamment sur une évaluation erronée de l’influence globale qu’exerçait le Vieux Continent. Les  bénéficiaires de ces erreurs de jugement ont été la Russie soviétique et les Etats-Unis, deux puissances étrangères à l’espace européen. Si une nouvelle tragédie de même ampleur devait frapper l’Europe demain, d’autres bénéficiaires en tireraient profit et les conséquences en seraient, cette fois, irréversibles.

 

Si l’Europe ne formule pas bien vite une volonté de puissance commune et la défend de manière crédible, elle ne pourra pas opposer un modèle alternatif au libre-échange actuel. Or le contraire se profile à l’horizon: comme les mythes fondateurs de l’UE sont une fatalité, ils invitent les puissances extérieures à appuyer et favoriser les tensions intérieures en Europe, à les exploiter, à les pérenniser. Derrière l’accord britannique à une adhésion turque se profile l’intention de réduire l’idée européenne à n’être plus rien d’autre qu’une simple acceptation du libre-échange: l’Europe ne serait donc pas un bloc géopolitique autonome, structurée par une identité autochtone, mais une vague zone de libre-échange. La Pologne, la République Tchèque ou l’Italie, qui soutiennent, elles aussi, le désir des Turcs d’adhérer à l’UE, se réjouissent du coup de Jarnac qu’elles infligent ainsi à l’Allemagne et se vantent d’être les partenaires les plus féales des Etats-Unis, procurant du même coup, à ceux-ci, une sorte de levier d’Archimède pour disloquer l’unité européenne.

 

Une Europe qui reposerait sur de nouvelles bases politiques et spirituelles, qui considérerait que ses formes culturelles et ses modes de vie valent la peine d’être protégés, une Europe qui se montrerait prête à assurer sa défense, deviendrait, aux yeux des Allemands, un objectif digne d’être réalisé et justifierait les paiements disproportionnés qu’ils paient pour l’édification européenne. Mais, dans ce domaine, nous ne devons pas nous limiter aux seuls questions financières.

 

Voilà pourquoi, nous devons dire “oui” à l’Europe et, dans certaines conditions, à l’UE, mais uniquement si elle constitue une tentative de donner forme au continent. Mais nous devons dire “non”, et cela de manière décisive et tranchée, à la domination des bureaucrates et des idéologues fumeux qui pontifient à Bruxelles!

 

Thorsten HINZ.

(article paru dans “Junge Freiheit”, n°34/2009; trad.  franç.: Robert Steuckers). 

Où es-tu Sebastiao?

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Où es-tu Sebastiao ?

 

Où il ne sera fait mention ni d’Amélie Nothomb ni de Frédéric Beigbeder, encore moins de Yannick Haenel et pas davantage de Justine Lévy, mais d’un roman portugais, Le Retour des caravelles, du dénommé Antonio Lobo Antunes, dans son édition de poche.

 

Quel eût été le destin des grands découvreurs, immortalisés face à l’Atlantique dans la pierre du Padrao dos Descobrimentos, suivant en file indienne à la conquête du monde l’Infant Henri le Navigateur (1394-1460) une caravelle à la main, s’ils avaient vécu dans le Portugal démocratique et européen, régime semi-présidentiel du football, du liège et du vin ? L’explorateur ivrogne Vasco de Gama errerait dans les ruelles de Lisebone, mendiant de quoi se saouler à tous les Ricardo Reis, Bernardo Soares et Alvaro de Campos à lunettes et col amidonné, boutiquiers, petits fonctionnaires aux prétentions poétiques trop pressés (par leurs femmes, leurs comptables, le fisc, l’heure) pour lui accorder la moindre attention. Fernao Mendes Pinto[1] tiendrait à Bélem au bord du Tage une baraque à frites de l’avis général trop grasses avec, punaisé au-dessus du frigo, un portrait de François Xavier, le saint patron de tous les amateurs d’origami. Pour survivre, Sébastien - Dom Sebastiao, le roi caché dont la défaite contre l’Infidèle à Alcazarquivir en 1578 fit crouler l’Empire portugais - vendrait des souvenirs du salazarisme sur les terrasses du vieux port, fumeur de haschich en tongues et chemise hawaïenne poignardé au petit matin par un dealer cap-verdien moins compréhensif que les autres. Quant à Camoes,[2] le poète borgne, il voyagerait aujourd’hui en classe économique, pour signer chez quelque richissime libraire brésilien collectionneur de vieilleries incongrues la version de poche des Lusiades, avec danseuses nues et palmiers sur la couverture. Où il croiserait en chemin ce fou de père Vieira,[3] prêchant devant un attroupement d’enfants métisses suceurs de canne à sucre des sermons autrefois prestigieux juché sur une caisse à savon, entre deux inhalations de colle.

         Adieu Goa, Luanda, Bissau, Lourenço Marques ; immergé dans le flot des pieds-noirs portugais qui débarquent hébétés à Lisebone de retour des colonies perdues (Guinée-Bissau en 1973, Angola et Mozambique en 1975), Pedro Alvares Cabral,[4] hier encore la gloire du Portugal, l’explorateur des côtes du Mozambique et de l’Inde, le découvreur du Brésil, n’a d’autre choix que de déambuler dans la ville, traînant les restes de son père dans un cercueil. L’enfant blond et le sébastianisme, vous connaissez ? demande-t-il aux Infantes que lutinent goulûment des amiraux décatis sous le regard soupçonneux de leurs proxénètes mauresques. Il m’aime, c’est sûr. Un jour, il m’emmènera... Et le troisième Portugais ? L’esprit polycontinental ? Le Manifeste de l’Atlantisme ? « Nous, peuple ultramarin, laissons la Terre à d’autres, car une plus grande aventure nous attend. » Mais la statue de Camoes à Lisebone est devenue la cible favorite des pigeons chieurs de fiente (« Que voulez-vous qu’on y fasse ? La municipalité est désargentée, et de toute façon on n’empêchera jamais les pigeons de chier où ça leur chante ! ») et Don Quichotte le nom du cheval de steeple-chase le mieux coté de la saison. Pourquoi crois-tu que nous ayons inventé le fado, imbécile, sinon pour mépriser Dieu qui nous a abandonnés.

Sur la plage, devant l’océan, Dominique de Roux,[5] tout de blanc vêtu, le bas de son pantalon en lin recouvert de la poussière rouge caractéristique des pistes angolaises, continue de scruter l’horizon à la recherche du Cinquième Empire et pleure la perte de Jonas Savimbi,[6] tandis que le flux et le reflux des vagues se chargent d’effacer le dessin tracé dans le sable par Pessoa.[7] Il répète tout le temps la même chose, racontent les immigrés sino-cubains mitigés de conseiller tchécoslovaque du village voisin contre un paquet d’américaines. Un truc comme : « Il fera la paix partout au monde. »

Et Antonio Lobo Antunes de s’en retourner, son livre sous le bras, au service psychiatrique en hôpital qu’il dirige.

LS



[1] Ecrivain et navigateur portugais (1509-1583)

[2] Luis de (1525-1580)

[3] Antonio Vieira, jésuite, écrivain et diplomate portugais (1608-1697)

[4] Navigateur portugais (1467-1526 ?)

[5] Ecrivain, éditeur et activiste français (1935-1977)

[6] Jonas Malheiro Savimbi, nationaliste angolais, chef du mouvement révolutionnaire UNITA (1934-2002)

[7] Ecrivain et poète portugais (1888-1935)

Capitalistas y Caballeros

CAPITALISTAS Y CABALLEROS

Ex: http://digart3.wordpress.com/

Todas las semanas llega algún caballero cruzado del capital cantando las virtudes de la flexibilización del mercado de trabajo, o lo que es lo mismo, el despido libre. El último, el ex presidente del gobierno. Alumno aventajado de Bush y su virtuosismo, se suma a la plétora de salvadores de la humanidad. Lo cual, no es de extrañar, por otro lado, en este tipo de personajes.

La “rigidez” del mercado de trabajo no parece ser la causa de la actual crisis económica. Y la flexibilización laboral no será la solución. Basta con darse un par de vueltas por la red para encontrar los motivos de la actual crisis. Por otro lado, ¿No es acaso EE.UU – o cualquier otro país flexible- el paradigma de la libertad del mercado de trabajo y donde, precisamente, la crisis se inició y dista de resolverse?.

 

En general, los argumentos que sostienen los defensores del despido libre se resumen en:

La economía del siglo XXI demanda trabajadores dispuestos a la superación profesional. Trabajadores competitivos y arduos defensores de la formación y evolución continua en sus capacidades productivas.

El despido libre no es una merma de los derechos laborales del trabajador. Al contrario, es el acicate que necesita para esforzarse en ser el mejor recurso humano del mercado: el más productivo. Lo cual, también repercutirá en su vida social.

La flexibilidad del mercado de trabajo facilitará la capacidad de adaptación de las empresas. Permitirá recompensar a los mejores y arrinconar a los peores.

Además, mejorará la competitividad de las empresas, las cuales podrán enfrentarse al mercado internacional en igualdad de condiciones -dado qué, en otros países, las condiciones laborales son nulas o muy escasas, abaratando costes de producción-.

En pocas palabras: la racionalización de la productividad humana – el ideal de siempre-. El Ser Humano pierde su condición natural para sumirse al proceso que él mismo ha creado. El Ser Humano se confirma como un recurso humano. Una máquina, un objeto.

Y todo ello lo adornan y justifican con la típica candela del “como es políticamente incorrecto, suena mal… pero oiga, esto del despido libre es la leche, eh?!”.

Se podría debatir largo y tendido sobre el alcance y razón de tales argumentos liberales sin llegar a un acuerdo. Lo que está fuera de toda duda es que tales argumentos son fruto de exhaustivos análisis dentro de un modelo socio económico: el capitalista.

La economía científica, como todo método analítico, observa modelos para su estudio y desarrollo, para la emisión de conclusiones de largo alcance y por su puesto, como cualquier otra ciencia, es experimental. Sin embargo, a diferencia de las Ciencias Naturales, los experimentos económicos no suelen dar los resultados esperados en el mundo real. Aunque la Economía se sirva de instrumentos matemáticos, no nos confundamos, su objeto de estudio es una actividad convencional y humana. Mientras en física, sabemos que si lanzamos un euro al aire, se acelerará con la gravedad al caer, en economía, ese euro, dentro de un tiempo, tendrá un valor incierto. Las “leyes” económicas son una creación humana y además, están sujetas a infinidad de condiciones, muy difíciles de cuantificar y controlar – como la gran mayoría de los fenómenos naturales, por cierto-.

Todas las previsiones y conclusiones económicas se basan en un modelo ideal. Un modelo, el económico-capitalista, que poco a poco, penetra a lo largo del mundo, a fin de dar vigor a sus propias leyes -convencionales-. Y como cualquier otro modelo, el capitalista no es una excepción. Pretende solaparse a la realidad.

Existen dos formas para que un modelo se adecue a la realidad, para que sea fiable en sus predicciones. Adaptando el modelo a la realidad, es el caso de las ciencias naturales o doblegando la realidad a los principios del modelo; Es el caso de los modelos ideales económicos y en general, sociales.

La historia está repleta de modelos sociales ideales. Unos han desaparecido por su incapacidad de ligarse a la realidad, otros han tenido que adecuarse a esta. En el primero de los casos podemos hablar del modelo social feudal o soviético-comunista, por ejemplo. En el segundo, el capitalismo o el cristianismo. El feudalismo y el comunismo soviético no pudieron hacer frente a los cambios sociales de sus respectivos momentos. De hecho, un simple giro hacia la adaptación, como fue la Perestroika, bastó para su desmoronamiento total, al poner en evidencia una realidad que distaba del modelo socio económico oficial.

Un modelo puede ser viable, perdurar, aun con adaptaciones a la realidad, siempre y cuando posea coherencia interna.

El capitalismo entró cual elefante en una cacharrería a finales del XVIII y todo el XIX. Hubo de adaptarse y moderarse a fin de no desaparecer. A lo largo de todo el siglo XX se vio obligado a “corregir” algunos de sus mandamientos. Aunque cedió, usó la tregua para modelar, poco a poco, la realidad a su antojo, mediante mecanismos indirectos y sutiles: medios de masas. Hasta tal punto el capitalismo ha ido calando en la sociedad qué, a día de hoy, cualquier otro modelo económico es considerado utópico por la masa. Tan bien abonado ha quedado el camino mediante métodos más o menos legítimos que a mediados de los 80 el capitalismo pudo expresarse de nuevo, en todo su esplendor, aunque lo llamaron “neoliberalismo”.

Ahora bien, ningún analista puede negar que la realidad dista de cualquier modelo, más aun si el objeto de su estudio es el Ser Humano y sus interrelaciones. Tan impredecibles y a veces, sorprendentes, como las interacciones cuánticas.

¿Alguien duda que el cristianismo de hoy día no es el mismo del Antiguo Régimen?.  Sin embargo,  si la realidad de hoy día sufre una readaptación acorde con principios y valores de la Edad Media, una involución, a nivel social, el cristianismo tendría el terreno adecuado – y legítimo- para volver a quemar paganos. La realidad está viva, los modelos no, a lo sumo, se adaptan por supervivencia y jamás dejan de aspirar y conspirar, para que la realidad se adapte a su ideal.

Un sesudo analista siempre dejará algún resquicio para la duda, consciente de la complejidad inabarcable de la realidad. Es una falacia afirmar que no existen sociedades perfectas. Lo que no existen son sociedades que se adecuen a un modelo ideal, perfectamente.

En conclusión, ¿Podemos afirmar que la flexibilización será el remedio para el fin de la crisis?. Más aun, ¿podemos afirmar que el despido libre solucionará algo?.

Si observamos algunos argumentos fundamentales en pro del despido libre, se desprende que estos no son coyunturales. En otras palabras, el despido libre es una máxima del modelo capitalista, haya o no crisis. Es una necesidad para que el modelo capitalista pueda realizarse en toda su extensión y la crisis la excusa perfecta para adecuar la realidad un poco más al modelo capitalista.

Con permiso de Jon Ariza para NR.

Figures animales dans la mythologie scandinave

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Figures animales dans la mythologie scandinave

 

Au∂umla, la vache primordiale

 

Au∂umla (ou Au∂humla ou Au∂umbla) est la désignation en vieux-norrois (cf. Snorra Edda, Gylfaginning 5) de la vache originelle, primordiale, née du dégel des frimas primordiaux. Snorri raconte que les quatre flots de lait coulant de son pis ont nourri le géant Ymir, tandis qu'Au∂umla libérait Buri, l'ancêtre de tous les dieux, en lêchant pendant trois jours la glace salée qui le retenait prisonnier. Au∂umla signifie «la vache sans cornes et riche en lait» (du vieux-norrois au∂r, signifiant «richesse», et humala, signifiant «sans cornes»). Tacite nous parle déjà des vaches sans cornes que possédaient les Germains dans Germania, 5. La figure de la vache sacrée est liée, dans de nombreuses religions non germaniques, à la figure de la Terre-Mère (à l'exception des anciens Egyptiens qui vénéraient Hathor, une déesse du ciel à tête de vache). Ainsi, chez les Grecs, Hera (dont on dit qu'elle a «des yeux de vache») et surtout Isis, présentent encore, dans leur culte, des restes du culte de la vache. Dans le domaine germanique, il faut citer le dieu Nerthus, comme lié au culte de la vache. D'après Tacite, son effigie est promenée lors des processions cultuelles dans un chariot tiré par des vaches. Lorsque Snorri nous parle des quatre flots de lait (ou fleuves de lait), il sort vraisemblablement du domaine religieux indo-européen et germanique: les pis d'Au∂umla sont vraisemblablement un calque du mythe proche-oriental des quatre fleuves du paradis, liés au culte de la Magna Mater. Rudolf Simek, le grand spécialiste allemand de la mythologie scandinave et germanique, pense que cette image du pis générateur de quatre fleuves de lait, indique très nettement la formation chrétienne de Snorri.

 

Sleipnir, le cheval d'Odin

 

Sleipnir (du vieux-norrois, «celui qui glisse derrière») est le cheval à huit jambes d'Odin. Il est né du coït de Loki (qui avait pris la forme d'une jument) et de l'étalon géant Sva∂ilfari; Snorri nous rapporte ce fait dans son histoire des géants bâtisseurs (Gylfaginning, 41; on comparera ce récit à celui de Hyndluljód, 40). Snorri raconte que Sleipnir est le meilleur de tous les chevaux des dieux (Gylfaginning, 14; cf. aussi Grímnismál, 44); Hermo∂r, en chevauchant Sleipnir pour se rendre dans le Hel (le séjour des morts), saute au-dessus de la palissade entourant Hel (Gylfaginning, 48). Odin chevauche également Sleipnir pour se rendre en Hel (Baldrs draumar, 2); Haddingus, pris par Odin en croupe, voit toute la mer sous lui (cf. Saxo, Gesta Danorum, I, 24). Le Sigrdrifumál, 15, évoque les runes qui seraient inscrites sur les dents de Sleipnir. Sleipnir est très souvent cité dans les chants de l'Edda, mais rarement dans la poésie des scaldes. Son nom semble donc assez récent et n'est sans doute apparu que vers la fin du Xième siècle, pour désigner la monture d'Odin. Quand à l'histoire racontant sa naissance, par Loki transformé en jument, elle ne date vraisemblablement que de Snorri.

 

Snorri est de robe grise et possède huit jambes. Plusieurs sources mentionnent ces caractéristiques (Snorri, Gylfaginning, 41; Hervarar Saga ok Hei∂reks, strophe 72). Odin est toutefois représenté monté sur son coursier à huit jambes sur des pierres sculptées du Gotland, datant du VIIIième siècle (Tjängvide; Ardre). Sur d'autres pierres, Odin est à cheval, mais le cheval a très normalement quatre jambes. Ce qui nous permet d'émettre l'hypothèse que les anciens Scandinaves dessinaient huit jambes pour suggérer la vitesse. La représentation dessinée est ensuite passée dans le langage de la poésie et s'est généralisée.

 

Les images d'Odin représentent souvent le dieu à cheval. Bon nombres de ses surnoms indiquent le rapport d'Odin aux chevaux: Hrósshársgrani («celui qui a la barbe en crin de cheval») et Jálkr (le hongre). Les archéologues se demandent si Odin doit réellement être liée au culte du cheval. Il existe une interprétation mythologique naturaliste courante mais fausse, du mythe de Sleipnir: ses huit jambes représenteraient les huit directions du vent.

 

Le sculpteur norvégien Dagfinn Werenskiold a réalisé un bas-relief de bois représentant Odin monté sur Sleipnir. Sculptée entre 1945 et 1950, cette œuvre orne la cour de l'Hôtel de Ville d'Oslo. A l'époque contemporaine, Odin a été rarement représenté à cheval.

 

La légende veut que la crique d'Asbyrgi, dans le nord de l'Islande, soit l'empreinte du sabot de Sleipnir.

 

Sous le IIIième Reich, on avait l'habitude de donner le nom de Sleipnir aux bâteaux. En 1911, un navire de dépêche de la marine impériale allemande avait déjà reçu le nom de Sleipnir. En 1965, la marine norvégienne a donné le nom de Sleipnir à l'une de ses corvettes.

 

Depuis 1983/84, Sleipnir est également le nom d'un champ pétrolifère norvégien situé entre Stavanger et la côte septentrionale de l'Ecosse.

 

Hei∂run, la chèvre symbole d'abondance

 

Hei∂run est le nom d'une chèvre de la mythologie nordique. D'après le Grímnismál, 25, elle séjourne dans le Walhall et se nourrit des feuilles de l'arbre Læra∂r. De son pis jaillit un hydromel limpide qui coule directement dans les coupes des Einherier (les guerriers tombés au combat) (voir également Gylfaginning, 38). Dans le Hyndluljód, 46, 47, Hyndla reproche à Freya, outragée, qu'elle est aussi souvent «en rut» que Hei∂run. Le spécia­liste néerlandais de la mythologie germanique, Jan De Vries, pense que les noms tels Hei∂vanr et Hei∂raupnir, dérive d'un mot cultuel, hei∂r, désignant l'hydromel des sacrifices. Sinon, la signification du mot reste obscure. Le mythe de la chèvre qui donne de l'hydromel doit être une interprétation typiquement nordique du vieux mythe de la vache originelle et nourrissière (Au∂umla). Chez les Grecs, nous avons la chèvre Amaltheia, donc les cornes sont des cornes d'abondance.

 

Ratatoskr, l'écureuil du frêne Yggdrasill

 

Ratatoskr, du vieux-norrois «dent qui fait des trous», est le nom de l'écureuil qui court le long du tronc du frêne Yggdrasill, l'arbre du monde, et va sans cesse de haut en bas et de bas en haut (Grímnismál, 30), pour aller rapporter au dragon Ní∂höggr, qui séjourne dans les racines, les paroles des aigles vivant dans les branches de l'arbre, afin, d'après Snorri (Gylfaginning, 15), de semer la zizanie. Les philologues n'ont pas encore pu prouver si ce récit est ou non un calque de la fable de Phèdre. En effet, le fait de semer la zizanie n'est pas une caractéristique originale de la mythologie nordique. L'écureuil Ratatoskr n'est vraisemblablement qu'un détail dans le mythe d'Yggdrasill, tel que nous le rapporte le Grímnismál.

 

Source: Rudolf Simek, Lexikon der germanischen Mythologie, Kröner, Stuttgart, 1984. ISBN 3-520-36801-3.

mercredi, 23 septembre 2009

Le bouclier antimissile américain en Europe relancé?

Le bouclier antimissile américain en Europe relancé ?

Des missiles SM-3 en Europe...

PARIS (NOVOpress) – Contrairement à ce que pouvait laisser penser la décision du président Obama de renoncer à implanter un système antimissile en Pologne et en Tchéquie, les Etats-Unis n’ont nullement renoncé à leur projet de bouclier antimissile en Europe, bien au contraire.

En effet, dans un article paru samedi dans The New-York Times, Robert M. Gates, secrétaire à la Défense des Etats-Unis l’affirme très clairement : « nous renforçons la défense antimissile en Europe, nous ne l’abandonnons pas» .

Selon lui, le système qui vient d’être abandonné ne serait pas entré en service « avant au moins 2017 et probablement beaucoup plus tard»  alors que le nouveau plan prévoit un déploiement, effectif dès 2011, de missiles d’interception SM-3 embarqué à bord de navires, sans doute en Méditerranée orientale. Une deuxième phase, « vers 2015″, verra, elle, le déploiement d» une version améliorée du SM-3 au sol « en Europe du sud et centrale» .

Bref, la tutelle militaire américaine sur L’Europe, renforcée par le retour de la France dans l’Otan, a encore de beaux jours devant elle.

[cc [1]] Novopress.info, 2009, Article libre de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[
http://fr.novopress.info [2]]


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[2] http://fr.novopress.info: http://fr.novopress.info

Terre & Peuple Magazine n°40

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Terre & Peuple Wallonie - Communiqué

TERRE &PEUPLE Magazine n°40

 

Le thème du numéro 40 du T&P Mag est ‘Notre Europe’, l’Europe des peuples. Sous le titre ‘L’orage monte’, Pierre Vial avertit contre la guerre que les services américains présentent comme inévitable avec un Iran où ils aimeraient refaire leur coup des révolutions ‘oranges’. Dans le même temps, ils programment la colonisation pacifique de l’Europe par l’islam. En attendant la phase militaire.

M. Alain épingle la découverte par deux chercheurs canadiens d’une corrélation entre l’environnement favorable à l’épanouissement d’un enfant et la taille de son cerveau, déterminante pour le développement de son intelligence.

Pierre Vial, à propos de l’importance du facteur ethnique, souligne les ennuis que la Chine rencontre avec les Ouïgours musulmans et turcophones dans l’ancien Turkestan oriental où sont importées des masses de Chinois Han. Pékin impute les émeutes à la diaspora ouïgour américaine.

Emmanuel Ratier relève que Jovia Stanisic, chef de la sûreté serbe, a été ‘blanchi’ devant le Tribunal de La Haye des préventions de crime contre l’Humanité, la CIA ayant révélé que le ‘vrai cerveau du régime Milosevic’ était un homme à elle !

Jean Haudry présente son dernier ouvrage ‘La triade pensée-parole-action dans la tradition indo-européenne’. Dans une variante, le corps (ou une de ses composantes) tient lieu d’action et, dans une autre, la vue tient la place de la pensée, chacun de ces cinq termes étant ensuite étroitement lié au feu. A partir du feu de la parole, le feu est à l’origine du théâtre, avec Agni (en Inde) et avec Dionysos (en Grèce).

Pour ouvrir le dossier ‘Notre Europe’, Pierre Vial remarque que nombre d’Européens, rebutés par l’Europe de Bruxelles sont tentés de rejeter jusqu’à l’idée d’Europe. D’où l’importance de claires définition et délimitation du concept.

Il interroge d’abord l’ami Robert Spieler, délégué général de la NDP, qui prône une Europe de la puissance. Pour celui-ci, si Rome a bien été assassinée par le christianisme, ce dernier s’est ensuite laissé européaniser et Celse n’aurait pas condamné celui des croisades et de la Reconquista. La révolution française, facteur décisif de la décadence européenne, a remplacé la nation incarnée dans le Roi par l’Etat-nation désincarné, par le chauvinisme de qui vont être allumées les guerres civiles européennes. L’Europe de la puissance ne peut se concevoir que comme partenaire de la Russie, car le protectionnisme n’est efficient qu’à l’échelle d’un continent.

Pour définir ‘l’Europe et ses frontières’, Alain Cagnat s’étend, dans une contribution magistrale, sur rien moins qu’un quart de la revue. Il rappelle la vision des ‘pères fondateurs’ Schumann-Monet, réductrice de l’Europe à la minuscule extrémité du continent eurasiatique et à deux branches de l’activité économique dans un marché libéral et pacifique. Les critères de Copenhague la confirment comme une communauté de valeurs universelles, plutôt que comme communauté de destins. D’autant plus sûrement que, s’élargissant, elle souffre déjà d’indigestion, alors que les plus illuminés la voient s’étendre à la planète entière, conformément à la vision stratégique des administrations américaines successives. Mais cette Union n’est qu’un nain sur le plan de sa défense, car elle y affecte (en % du PIB) loin de la moitié de ce qu’y consacrent les Etats-Unis et la Turquie et à peine moins que les épouvantails russes et chinois. Contre lesquels on prétend la protéger, quand ce n’est pas l’entraîner dans des guerres hasardeuses.

L’Union européenne a usurpé l’idée européenne pour devenir une machine à broyer les peuples européens pour le compte de leur prédateur américain, lequel se dissimule derrière l’imposture de l’Occident. Historiquement, l’occident est né de la scission de l’Empire romain en un Empire d’orient et un Empire d’occident. Ce dernier va digérer difficilement les grandes invasions germaniques durant la lente gestation du moyen âge, durant lequel l’Empire d’orient connaît un essor resplendissant, jusqu’au séisme du schisme des églises romaine et orthodoxe, en 1054, et surtout jusqu’au sac de Constantinople, en 1204, commandité par les marchands vénitiens. Ce ne sera qu’après la chute de Byzance en 1453 que, l’Europe orientale tombant sous la botte ottomane, la civilisation européenne s’identifie à l’occident.

Le basculement vers le monde anglo-saxon a lieu en 1945, lorsque le ‘monde libre’ oppose au ‘monde communiste’ un système de valeurs universelles qu’il prétend ‘indépassable’et qui va exercer une véritable dictature de l’esprit. Celle-ci va de pair avec l’hypocrisie (un fossé sépare les principes proclamés et les actes) et le double langage, dérives que dénonce même Samuel Huntington, dans son fameux ‘Choc des civilisations’. Dans le même temps, la Russie est rejetée dans l’arriération et la barbarie et, quand le monde orthodoxe se défend contre le terrorisme islamiste, on l’accuse même de provoquer un occident réservé aux protestants et aux catholiques. Réserve qui y inclut les Croates et les Polonais, mais qui en exclut Grecs, Serbes et Bulgares et coupe l’Ukraine en deux ! Alors qu’il saute aux yeux que les catholiques sont plus proches des orthodoxes que des protestants, lesquels comme les musulmans s’interdisent toute représentation du divin. En réalité, la distinction est un artifice géopolitique des thalassocraties anglo-saxonnes, pour contenir la menace que représente pour elles le vieux continent, en particulier la Russie qu’on empêche de s’allier à l’Europe, en la rejetant dans une prétendue barbarie.

Au sud de l’Europe, la Mer méditerranée est tout sauf une frontière. Elle est bien plutôt une porte par où s’engouffrent la multitude afro-maghrébine, avec l’islam qui en est le glaive. L’UPM (Union pour la Méditerranée) de Sarkhozy, prix de consolation à la Turquie, regrouperait cinquante-sept pays, mais pas la Russie ! Et elle servirait de nouvel accélérateur à la sacro-sainte immigration. La simple constatation de l’ampleur de celle-ci suffit à rendre infréquentable aux yeux des nouveaux prophètes mondialistes, qui veulent faire de l’Europe « un ensemble affranchi de toute identité ». L’ONU prévoit pour sa part d’en faire « la principale zone d’immigration du monde », avec 1,3 milliards d’habitants d’ici à 2050 !

Le péril de l’immigration est décuplé par l’islam, à l’égard de qui les responsables européens sont d’une lâcheté ignoble, feignant d’ignorer sa maxime usuelle ‘Baise la main que tu ne peux couper’. Alors que nos prisons sont des pépinières d’islamistes haineux, les traîtres sont déjà empressés de leur remettre les clés de leurs citadelles et proclament : « Les racines de l’Europe sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac) et « Les musulmans sont une chance que les Européens doivent saisir » (Semprun). Pour leur part, les musulmans sont tranquillement certains qu’ils feront régner sous peu la charia sur les vieilles terres européennes.

A en croire Huntington, l’Europe orientale, et la Russie sur qui Byzance a rayonné durant onze siècles et qui est appelée à lui succéder (Moscou est la Troisième Rome, depuis que la fille du dernier Empereur Constantin XI Paléologue a épousé le Grand Duc de Kiev), n’aurait rien en commun avec l’Europe occidentale, à la seule exception de l’héritage gréco-romain, vu sous le prisme byzantin. C’est s’obnubiler sur l’importance du protestantisme et gommer sans plus Pierre le Grand, Catherine II et les philosophes, l’art et la littérature russes, et le bouclier qu’ont constitué durant des siècles pour les autres Européens les Russes et les Polonais contre les poussées asiatiques.

Pour ce qui est de l’intrusion de la Turquie dans l’Europe, le loup américain est sorti du bois, avec les injonctions à l’Union européenne de George Bush Jr (« La Turquie appartient à l’Europe ») et d’Obama. Alors que, au fil des siècles, elle s’est toujours manifestée comme un prédateur féroce et qu’elle a sans timidité poursuivi dans cette ligne avec Chypre, avec les Arméniens et avec les Kurdes.

A la différence de l’Oural, le Caucase est une véritable frontière européenne, avec l’embarras que les peuples caucasiens sont mélangés, Indo-européens chrétiens ou musulmans (Russes, Ossètes, Arméniens) et Caucasiens chrétiens (Géorgiens) et ne se trouvent pas toujours du bon côté de la chaîne. Pour la Russie, le poids historique de la Transcaucasie est trop important pour que Moscou puisse se retenir d’être ferme.

Il faut se souvenir que le peuplement de l’Europe s’est fait en trois phases : les peuples des mégalithes (dont ils ont couvert le continent de l’Irlande à Malte et du Portugal à la Scandinavie) ; ensuite les Caucasiens ou proto-basques, Alpins, Dinariques et Méditerranéens ; et enfin les Indo-européens, avec une vague italique suivie d’une vague barbare, celto-germanique et slave. L’identité de ces derniers, tangible dans leur culture, leurs arts plastiques, leur littérature et leur musique, les a toujours placés à l’égard des arabo-musulmans et des ottomans dans des rapports de force. Que leur paganisme ait cédé devant une religion orientale monothéiste est un fait mystérieux, bien que le christianisme s’y soit souplement superposé, reprenant ses fêtes et transformant ses héros en saints. A côté de racines gréco-romaines et bibliques, l’Europe a de puissantes racines barbares. Elle se confond jusqu’au XVIe siècle avec la chrétienté. Mais, avec la colonisation, l’Eglise catholique a retrouvé sa vocation mondialiste, à la différence de l’Eglise orthodoxe, russe, serbe, grecque, bulgare, qui est restée identitaire. Les racines chrétiennes de l’Europe ne sont donc que des racines parmi d’autres, mais il est significatif de constater que ce sont ceux-là mêmes qui lui refusent des racines chrétiennes qui lui en attribuent des musulmanes !

Conclusion : l’utopie de l’Eurosibérie est le seul espoir de survie des Européens.

Jean-Gilles Malliarakis promet que la pression turque va se renforcer sur le Parlement européen, où la gauche menée par Cohn-Bendit trouve face à elle diverses droites en principe hostiles à l’adhésion, malgré ses réseaux unanimement pro-turcs, malgé un Sarkhozy qui s’est dit défavorable, avec une perfide Albion, qui désire l’adhésion, et une présidence suédoise favorable, coachées par Obama et Mme Clinton. L’ami Mallia, Européen plus grec que nature, est contre bien sûr !

Sous le titre ‘L’Europe blanche’, Pierre Vial souligne que la mort voulue de l’Europe consiste bien à l’amener à trahir à son sang, en persuadant l’homme européen qu’il est ‘coupable de ce qu’il est’ (Guillaume Faye), qu’il a une dette à payer et qu’il s’en acquittera d’abord en se métissant. A ceux qui propagent ce sida mental, l’auteur dédie ce passage d’un chant de Lansquenets : « Un jour viendra où les traîtres paieront. » Il rappelle que la race européenne est très précisément définie dans de nombreux traités d’anthropologie. Seule la conscience de cette identité peut constituer le front commun contre l’invasion. Mais la simple évocation de cette réalité est une entreprise à haut risque. Pour la première fois depuis des millénaires, les peuples européens ne règnent plus sur leur propre espace. (Dominique Venner). Dénoncer la trahison que Platon qualifie de crime est devenu suspect, comme est suspect de citer Aristote qui avertit que l’absence de communauté ethnique est facteur de sédition politique. La fin de Rome est venue avec l’oubli de la loi du sang, quand saint Paul, qui se flatte d’être né dans un famille juive au sang pur, peut se réclamer de la citoyenneté romaine. Ce que l’Edit de Caracalla accorde en 212 à tous les habitants de l’Empire. Il faudra la menace d’Attila (451) pour réveiller la communauté de sang des Gallo-Romains et des Germains face aux Asiatiques, synthèse heureuse qui fait naître l’Europe du moyen âge. Et la menace du djihad pour fédérer, en 732, les Europenses de sang sous un chef franc Charles Martel. Et de citer Disraëli, premier ministre juif de la Reine Victoria : « La race est tout ; il n’existe pas d’autre vérité et toute race doit périr qui abandonne son sang à des mélanges. » Ce qui est le principe même du racialisme qui, au contraire d’être raciste, vise le respect mutuel de chaque race sur sa terre propre. Alors que la société multiraciale est inévitablement une société multiraciste.

C’est sur deux expériences de la pédagogie de Rudolf Steiner que se clôture ce numéro. Une pédagogie qui prône une approche différenciée selon le tempérament de l’enfant. Une pédagogie qui attend du maître qu’il trouve son ‘mode artiste’, en sachant se faire aux circonstances et à ses élèves. Le classement des steinériens au nombre des sectes est le fait de l’ignorance, sinon de la malveillance et du sectarisme. Si l’école Steiner est réservée à l’égard du consumérisme (usage immodéré de la télé par les enfants), elle est attentive à ne pas retrancher ceux-ci du corps social.

On notera encore la recension du dernier livre de Dominique Venner : ‘Ernst Jünger, un autre destin européen’, paru aux éditions du Rocher.

Lettre ouverte à Hervé Morin, ministre de la Défense euro-atlantiste

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Lettre ouverte à Hervé Morin,

ministre de la Défense euro-atlantiste

 

 

 

Monsieur le ministre de la Défense de l’Occident,

 

 

 

 

Je m’autorise de vous interpeller avec un titre erroné puisque, renouant avec une mauvaise habitude pratiquée sous le septennat giscardien, le terme « nationale » a été supprimé de l’intitulé officiel de votre ministère. Permettez-moi par conséquent de vous désigner tour à tour comme le ministre de la Défense euro-atlantiste ou celui de la Défense de l’Occident, tant ces deux appellations me paraissent vous convenir à merveille.

 

 

 

Si je vous adresse aujourd’hui la présente algarade, sachez au préalable que je ne vise nullement l’élu local normand que vous êtes par ailleurs. L’adhérent au Mouvement Normand que je suis soutient, tout comme vous, l’indispensable (ré)unification normande des deux demi-régions. Notre désaccord concerne l’avenir de la France, de son armée et de l’Europe de la défense.

 

Je vous dois d’être franc. Quand en mai 2007, vous avez été nommé au ministère de la rue Saint-Dominique, j’ai immédiatement pensé à une erreur de recrutement : vous n’êtes pas fait pour occuper ce poste, faute d’une carrure suffisante. Comment cela aurait pu être autrement avec un Premier ministre qui, lui, est un fin connaisseur de la chose militaire depuis de longues années ? Il s’agissait surtout de vous récompenser pour avoir abandonné (trahi, diraient de mauvaise langues) entre les deux tours de la présidentielle votre vieil ami François Bayrou et rallié le futur président.

 

 

 

D’autres, tout aussi non préparés aux fonctions de ce ministère éminemment régalien, auraient acquis au contact des militaires une stature politique afin de viser, plus tard, bien plus haut. Hélas ! Comme l’immense majorité de vos prédécesseurs depuis 1945, voire depuis l’ineffable Maginot, et à l’exception notable d’un Pierre Messmer, d’un Michel Debré ou d’un Jean-Pierre Chevènement, vous êtes resté d’une pâleur impressionnante. Pis, depuis votre nomination, vous avez démontré une incompétence rare qui serait risible si votre action ne nuisait pas aux intérêts vitaux de la France et de l’Europe.

À votre décharge, je concède volontiers qu’il ne doit pas être facile de diriger un tel ministère à l’ère de l’« omniprésidence omnipotente » et de sa kyrielle de conseillers, véritables ministres bis. Faut-il en déduire qu’une situation pareille vous sied et que vous jouissez en fait des ors de la République ?

 

 

 

Je le croyais assez jusqu’à la survenue d’un événement récent. Depuis, j’ai compris que loin d’être indolent, vous effectuez un véritable travail de sape, pis une œuvre magistrale de démolition systématique qui anéantit quarante années d’indépendance nationale (relative) au profit d’une folle intégration dans l’O.T.A.N. américanocentrée, bras armé d’un Occident mondialiste globalitaire.

 

 

Vous vous dîtes partisan de la construction européenne alors que vous en êtes l’un de ses fossoyeurs les plus déterminés. L’Europe, sa puissance sous-jacente, ses peuples historiques vous indiffèrent, seule compte pour vous cette entité despotique de dimension planétaire appelée « Occident ».

 

 

 

Qu’est-ce qui m’a dessillé totalement les yeux en ce 6 février 2009 ? Tout simplement votre décision inique et scandaleuse de congédier sur le champ Aymeric Chauprade de son poste de professeur au Collège interarmées de Défense (C.I.D.). Brillant spécialiste de géopolitique, Aymeric Chauprade présente, dans un nouvel ouvrage Chronique du choc des civilisations, des interprétations alternatives à la thèse officielle des attentats du 11 septembre 2001. Exposer ces théories « complotistes » signifie-t-il obligatoirement adhérer à leurs conclusions alors qu’Aymeric Chauprade, en sceptique méthodique, prend garde de ne pas les faire siennes ?

 

 

 

Peu vous chaut l’impartialité de sa démarche puisque, sur l’injonction du journaliste du Point, Jean Guisnel, auteur d’un insidieux article contre lui, vous ordonnez son exclusion immédiate de toutes les enceintes militaires de formation universitaire. Mercredi dernier – 11 février -, l’infâme Canard enchaîné sortait une véritable liste d’épuration en vous enjoignant d’expulser d’autres intervenants rétifs au politiquement correct. Auriez-vous donc peur à ce point (si je puis dire) de certains scribouillards pour que vous soyez si prompt à leur obéir, le petit doigt sur la couture du pantalon ? Faut-il comprendre que Jean Guisnel et autres plumitifs du palmipède décati sont les vrais patrons de l’armée française ?

 

 

 

Avez-vous pris la peine de lire l’ouvrage incriminé ? Votre rapidité de réaction m’incite à répondre négativement. Il importe par conséquent de dénoncer votre « attitude irresponsable, irrespectueuse et indigne », car « nier la réalité est une attitude particulièrement inquiétante pour un ministre et qui n’atteste pas du courage que chacun est en droit d’attendre d’un haut responsable politique ». Qui s’exprime ainsi ? M. Jean-Paul Fournier, sénateur-maire U.M.P. de Nîmes, irrité par la fermeture de la base aéronavale de NÎmes – Garons, cité par Le Figaro (et non Libé, Politis ou Minute) du 9 février 2009. Le sénateur Fournier a très bien cerné votre comportement intolérable et honteux.

 

 

 

Aymeric Chauprade interdit de tout contact avec le corps des officiers d’active, vous agissez sciemment contre l’armée française, contre la France. En le renvoyant, vous risquez même de devenir la risée de l’Hexagone. En effet, le 12 juillet 2001, Aymeric Chauprade publiait dans Le Figaro un remarquable plaidoyer en faveur d’un « bouclier antimissile français ». Et que lit-on dans Le Figaro du 13 février 2009 ? « La France se lance dans la défense antimissile »… Certes, nul n’est prophète en son pays, mais quand même, ne peut-il pas y avoir parfois une exception ?

 

 

 

Votre action injuste me rappelle d’autres précédents quand l’Institution militaire sanctionnait des officiers coupables de penser par eux-mêmes et de contester ainsi le conformisme de leur temps : le général Étienne Copel, le colonel Philippe Pétain, le lieutenant-colonel Émile Mayer, le commandant Charles de Gaulle.

 

 

Anticonformiste, Aymeric Chauprade l’est avec talent et intelligence; il s’inscrit dans la suite prestigieuse des Jomini, Castex et Poirier. Voilà pourquoi le réintégrer au C.I.D. serait un geste fort pour l’indispensable réarmement moral d’une armée qui en a grand besoin.

 

 

 

Je doute fort, Monsieur le ministre de la Défense euro-atlantiste, que ma missive vous fera changer d’avis. Qu’importe ! Libre à vous de rester insignifiant et de figurer dans les chroniques comme le Galliffet de la réflexion stratégique.

 

Recevez, Monsieur le Ministre, mes salutations normandes.

 

 

 

Georges Feltin-Tracol

Ernst Jünger: La Tradicion

Ernst Jünger: La Tradición

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Ex: http://laotraeuropa.blogia.com/

Tradición: para una estirpe dotada de la voluntad de volver a situar el énfasis en el ámbito de la sangre, es palabra fiera y bella. Que la persona singular no viva simplemente en el espacio. Que sea, por el contrario, parte de una comunidad por la cual debe vivir y, dada la ocasión, sacrificarse; esta es una convicción que cada hombre con sentimiento de responsabilidad posee, y que propugna a su manera particular con sus medios particulares. La persona singular no se halla, sin embargo, ligada a una superior comunidad únicamente en el espacio, sino, de una forma más significativa aunque invisible, también en el tiempo. La sangre de los padres late fundida con la suya, él vive dentro de reinos y vínculos que ellos han creado, custodiado y defendido. Crear, custodiar y defender: esta es la obra que él recoge de las manos de aquéllos en las propias, y que debe transmitir con dignidad. El hombre del presente representa el ardiente punto de apoyo interpuesto entre el hombre pasado y el hombre futuro. La vida relampaguea como el destello encendido que corre a lo largo de la mecha que ata, unidas, a las generaciones... las quema, ciertamente, pero las mantiene atadas entre sí, del principio al fin. Pronto, también el hombre presente será igualmente un hombre pasado, pero para conferirle calma y seguridad permanecerá el pensamiento de que sus acciones y gestos no desaparecerán con él, sino que constituirán el terreno sobre el cual los venideros, los herederos, se refugiarán con sus armas y con sus instrumentos.


Esto transforma una acción en un gesto histórico que nunca puede ser absoluto ni completo como fin en sí mismo, y que, por el contrario, se encuentra siempre articulado en medio de un complejo dotado de sentido y orientación por los actos de los predecesores y apuntando al enigmático reino de aquéllos de allá que aún están por venir. Oscuros son los dos lados, y se encuentran más acá y más allá de la acción; sus raíces desaparecen en la penumbra del pasado, sus frutos caen en la tierra de los herederos... la cual no podrá nunca vislumbrar quien actúa, y que es todavía nutrida y determinada por estas dos vertientes en las cuales justamente se fundan su esplendor sin tiempo y su suprema fortuna. Es esto lo que distingue al héroe y al guerrero respecto al lansquenete y aventurero: y es el hecho de que el héroe extrae la propia fuerza de reservas más altas que aquéllas que son meramente personales, y que la llama ardiente de su acción no corresponde al relámpago ebrio de un instante, sino al fuego centelleante que funde el futuro con el pasado. En la grandeza del aventurero hay algo de carnal, una irrupción salvaje, y en verdad no privada de belleza, en paisajes variopintos... pero en el héroe se cumple aquello que es fatalmente necesario, fatalmente condicionado: él es el hombre auténticamente moral, y su significado no reposa en él mismo únicamente, ni sólo en su día de hoy, sino que es para todos y para todo tiempo.

Cualquiera que sea el campo de batalla o la posición perdida sobre la que se halle, allí donde se conserva un pasado y se debe combatir por un futuro, no hay acción que esté perdida. La persona singular, ciertamente, puede andar perdida, pero su destino, su fortuna y su realización valen en verdad como el ocaso que favorece un objetivo más elevado y más vasto. El hombre privado de vínculos muere, y su obra muere con él, porque la proporción de esa obra era medida sólo respecto a él mismo. El héroe conoce su ocaso, pero su ocaso semeja a aquel rojo sangre del sol que promete una mañana más nueva y más bella. Así debemos recordar también la Gran Guerra: como un crepúsculo ardiente cuyos colores ya determinan un alba suntuosa. Así debemos pensar en nuestros amigos caídos y ver en su ocaso la señal de la realización, el asentimiento más duro dirigido a la propia vida. Y debemos arrojar lejos, con un inmundo desprecio, el juicio de los tenderos, de aquellos que sostienen cómo "todo esto ha sido absolutamente inútil", si queremos encontrar nuestra fortuna viviendo en el espacio del destino y fluyendo en la corriente misteriosa de la sangre, si queremos actuar en un paisaje dotado de sentido y de significado, y no vegetar en el tiempo y en el espacio donde, naciendo, hayamos llegado por casualidad.

No: ¡nuestro nacimiento no debe ser una casualidad para nosotros! Ese nacimiento es el acto que nos radica en nuestro reino terrestre, el cual, con millares de vínculos simbólicos, determina nuestro puesto en el mundo. Con él nos convertimos en miembros de una nación, en medio de una comunidad estrecha de ligámenes nativos. Y de aquí que vayamos después al encuentro de la vida, partiendo de un punto sólido, pero prosiguiendo un movimiento que ha tenido inicio mucho antes que nosotros y que mucho después de nosotros hallará su fin. Nosotros recorremos sólo un fragmento de esta avenida gigantesca; sobre este tramo, sin embargo, no debemos transportar sólo una herencia entera, sino estar a la altura de todas las exigencias del tiempo.

Y ahora, ciertas mentes abyectas, devastadas por la inmundicia de nuestras ciudades, surgen para decir que nuestro nacimiento es un juego del azar, y que "habríamos podido nacer, perfectamente, franceses lo mismo que alemanes". Cierto, este argumento vale precisamente para quienes lo piensan así. Ellos son hombres de la casualidad y del azar. Les es extraña la fortuna que reside en el sentirse nacido por necesidad en el interior de un gran destino, y de advertir las tensiones y luchas de un tal destino como propias, y con ellas crecer o incluso perecer. Esas mentalidades siempre surgen cuando la suerte adversa pesa sobre una comunidad sancionada por los vínculos del crecimiento, y esto es típico de ellas. (Se reclama aquí la atención sobre la reciente y bastante apropiada inclinación del intelecto a insinuarse parasitariamente y nocivamente en la comunidad de sangre, y a falsear en ella la esencia según el raciocinio... es decir, a través del concepto, a primera vista correcto, de "comunidad de destino". De la comunidad de destino, sin embargo, formaría parte también el negro que, sorprendido en Alemania al inicio de la guerra, fue envuelto en nuestro camino de sufrimiento, en las tarjetas del pan racionado. Una "comunidad de destino", en este sentido, se halla constituida por pasajeros de un barco de vapor que se hunde, muy diversamente de la comunidad de sangre: formada ésta por hombres de una nave de guerra que desciende hasta el fondo con la bandera ondeando).

El hombre nacional atribuye valor al hecho de haber nacido entre confines bien definidos: en esto él ve, antes que nada, una razón de orgullo. Cuando acaece que él traspase aquellos confines, no sucede nunca que él fluya sin forma más allá de ellos, sino en modo tal de alargar con ello la extensión en el futuro y en el pasado. Su fuerza reside en el hecho de poseer una dirección, y por tanto una seguridad instintiva, una orientación de fondo que le es conferida en dote conjuntamente con la sangre, y que no precisa de las linternas mudables y vacilantes de conceptos complicados. Así la vida crece en una más grande unidad, y así deviene ella misma unidad, pues cada uno de sus instantes reingresa en una conexión dotada de sentido.

Netamente definido por sus confines, por ríos sagrados, por fértiles pendientes, por vastos mares: tal es el mundo en el cual la vida de una estirpe nacional se imprime en el espacio. Fundada en una tradición y orientada hacia un futuro lejano: así se imprime ella en el tiempo. ¡Ay de aquél que cercena las propias raíces!... éste se convertirá en un hombre inútil y un parásito. Negar el pasado significa también renegar del futuro y desaparecer entre las oleadas fugitivas del presente.

Para el hombre nacional, en cambio, subsiste un peligro por otro lado grande: aquél de olvidarse del futuro. Poseer una tradición comporta el deber de vivir la tradición. La nación no es una casa en la cual cada generación, como si fuese un nuevo estrato de corales, deba añadir tan sólo un plano más, o donde, en medio de un espacio predispuesto de una vez por todas, no sirva otra cosa que continuar existiendo mal o bien. Un castillo, un palacio burgués, se dirán construidos de una vez y para siempre. Pronto, sin embargo, una nueva generación, empujada por nuevas necesidades, ve la obligación de aportar importantes cambios. O por otro lado la construcción puede acabar ardiendo en un incendio, o terminar destruida, y entonces un edificio renovado y transformado viene a ser construido sobre los antiguos cimientos. Cambia la fachada, cada piedra es sustituida, y todavía, ligada a la estirpe como se encuentra, perdura un sentido del todo particular: la misma realidad que fue en un principio. ¿Tal vez puede decirse que incluso tan sólo durante el Renacimiento o en la edad barroca ha existido una construcción perfecta? ¿Acaso es que entonces se detiene un lenguaje de formas válido para todos los tiempos? No, pero aquello que ha existido entonces, permanece de algún modo oculto en lo que existe hoy.

 

Aspects économiques de la révolution française

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Aspects économiques

de la Révolution Française

par Bernard NOTIN

 

«La Révolution fut provoquée par les abus d'une classe revenue de tout, même de ses privilèges, auxquels elle s'agrippait par automatisme, sans passion ni acharnement, car elle avait un faible ostensible pour les idées de ceux qui allaient l'anéantir. La complaisance pour l'adversaire est le signe distinctif de la débilité, c'est à dire de la tolérance, laquelle n'est en dernier ressort qu'une coquetterie d'agonisants».

Cioran, Ecartèlement, Gallimard, 1979, p. 30.

Tout découpage dans le déroulement continu du temps global peut paraître arbitraire, et plus arbi­traire encore celui qui se désintéresse des dates "historiques". Le mouvement de la pensée nous offre l'ensemble du XVIIIième siècle pour com­prendre la formation économique des révolu­tionnaires. La périodisation des faits ne peut s'appuyer sur le commencement de la Révo­lu­tion, mais plutôt sur 1778, date à laquelle in­ter­viennent d'une part la guerre d'Amérique et les dépenses qu'elle occasionne, d'autre part la fer­me­ture de certains marchés (surtout pour les vins), l'ouverture de la plupart des ports es­pa­gnols au commerce d'Amérique, ce qui vivifie l'activité économique de la péninsule ibérique. Tout cela contribue à expliquer la gêne écono­mique française à la veille de 1789. De plus, les figures de proue disparaissent dans ce laps de temps: Rousseau (1712-1778), Voltaire (1694-1778), Diderot (1884). Après que la pièce eut été écrite, le spectacle pouvait commencer. On est aussi tenté de se référer à une trinité solide. Avant la Révolution, l'agriculture périclite: c'est une période de stagnation et de baisse des prix qui dure jusqu'en 1787. Le marasme unit les difficultés des rentiers et des entrepreneurs, des bourgeois et des petits propriétaires, aux mi­sères de la masse (1). Ensuite, la Révolution qui perturbe les conditions générales de l'activité économique. Enfin, les lendemains qui chan­tent ou déchantent: ruine du grand commerce, stagnation du secteur agricole et... première pha­se de la révolution industrielle. La Révo­lu­tion crée aussi un lien entre ceux qui ont tra­ver­sé la même tourmente et rapproche la pen­sée d'hom­mes assez différents. La distance semble très gran­de entre les scolastiques, les mer­canti­listes, la "secte" physiocra­ti­que. Or, ce triple sceau marquera les consensus et dissen­sus éco­nomiques des révolution­naires.

Le modèle newtonien

La Révolution, au sens le plus large, est d'abord dans l'esprit: elle est dans l'intelligibilité du monde à partir du mo­dèle Newtonien et dans la méthode d'analyse des faits socio-économiques. Elle est aussi l'irruption et l'éruption de forces souterraines obscurément en travail, rassem­blées dans la formule du "double corps" de l'E­tat. Enfin, de près comme de loin, car c'est la même chose, le bilan matériel s'inscrira tout en nuance. Comme Fabrice del Dongo, nous n'y ver­rons ni victoire, ni défaite, mais, contraire­ment à lui, des laissés pour compte et des profi­teurs.

I. Les principes de la pensée économique

Au milieu du XVIIIième siècle a été atteint un seuil critique: des idées qui flottaient dans l'espace mental atterrissent et s'imposent. La pensée théorique s'incarne de plus en plus dans la réalité concrète des hommes. L'originalité du siècle tient à cette tentative de faire déboucher la réflexion dans l'action, sous la direction de mo­narques "éclairés" par la lumière philoso­phi­que. Louis XVI en était lorsqu'il confia le pou­voir à Turgot, imbibé d'encyclopédie et de phy­siocratie. Les essais de réforme se heurtent aux privilégiés qui évoluent cependant au sein du même univers mental, le paradigme newto­nien: les divergences ne s'étaleront qu'au mo­ment d'ar­ticuler contenu politique et fonction­nement économique.

L'Europe des Lumières rassemble sans distinc­tion de frontières un grand nombre d'esprits au­tour d'idées communes: l'invocation de Newton. G. Gusdorf insiste sur l'absence de Des­cartes qui ne compte que "quelques défen­seurs au XVIIIiè­me siècle, le plus souvent en dehors de monde scien­tifique" (2). Le développement du savoir privilégie la physique et la biologie car les mathématiques sont en retrait pour deux rai­sons: elles ne paraissent pas ouvrir la voie à la connaissance expérimentale et détournent des recherches sur l'origine de nos idées, traitées comme des évidences intrinsèques. Sur ce socle physico-biologique germera une nouvelle ap­proche de la société, accordant à l'économie un grand rôle. Les intérêts sont rehaussés au ni­veau des passions et, ensemble, préoccupent le siècle, puis partagent les révolutionnaires selon une ligne inspirée de Quesnay d'un côté et de Rousseau et Necker d'autre part.

Consensus newtonien

La science newtonienne a été diffusée en France par Voltaire. L'Anglais John Locke, dont l'œu­vre a si fortement influencé les révolution­nai­res, était un ami de Newton. L'Ecossais David Hume, en 1739, dans son Traité de la na­ture hu­maine, affirmait que la science de l'homme se­rait une science au sens newtonien du terme. Or, Hume a eu un ascendant sur Condillac, Adam Smith, les "Idéologues" (ceux-ci traduiront l'œu­vre d'Adam Smith excellem­ment résumée par Condorcet) (3). James Bentham (1748-1832) se proposait de devenir le Newton du monde moral. Tout ce petit monde, essentiel pour com­prendre la formation intellec­tuelle des révolu­tion­naires, est donc newtonien. Il semble que ce dernier ait ouvert la voie au pro­grès de la con­naissance en dégageant la phy­sique de la simple imagination. Surtout, il a af­firmé l'existence d'un monde composé de ma­tière et de mouve­ment. Par l'attraction, une in­telligibilité unique embrasse l'ensemble de réel. L'autorité de cette synthèse lui vaudra d'être uti­lisée à tout propos. Bon nombre d'auteurs en re­tiennent la distinc­tion entre causes et lois, et la possibilité d'une expression mathématique sans fondements mé­ta­physico-théologiques. Newton rend possible la recherche de formes d'intelligibilité hors de la transcendance et permet de fonder les sciences de l'homme sur le modèle de la science des cho­ses. De manière très générale, la compré­hen­sion doit passer par les stades successifs de l'ob­servation, de l'expérimentation, et de la théorie mathéma­tique. La science expérimentale trouve ici droit de cité, jusqu'à devenir un véritable phénomène d'époque et à servir d'amusement à la veille de la Révolution. Le désir d'enseigner la physique expérimentale une fois les jésuites expulsés (1762), sera décisif dans la création des écoles techniques, où se formera une élite de la compé­tence, qui trouvera dans la Révolution un moyen d'exprimer ses capacités. Saint-Simon, prophète de l'aristocratie scientifique, fut un grand ad­mirateur de Newton. En cette seconde partie du XVIIIième siècle, la cause est enten­due: les règles de la vraie méthode ont été for­mu­lées une fois pour toutes. La question est alors de savoir s'il faut interpréter cette certitude au seul niveau de la connaissance du monde ou si elle s'étend à la réalité elle-même. Y-a-t-il dualité ou unité des causes physiques et des causes mo­rales? Si Turgot admet la dualité, c'est parce que le do­maine humain est soumis au progrès. Mais les physiocrates cherchent à déduire toute l'or­ga­nisation économique et sociale d'un prin­cipe unique et A. Smith étudie et enseigne la "phi­lo­sophie morale", véritable science des mœurs con­çue sur le modèle de celle de la na­ture. Il n'est pas jusqu'à la franc-maçonnerie qui, pour se donner l'illusion de penser, publie sous la plume de son réformateur le plus illustre, Dé­sa­guliers (1683-1742), un dithyrambe newto­nien en 1728. La philosophie de la nature (qui dé­signe alors la science) s'infiltrera aussi dans le rêve d'une "philosophie" de l'histoire, connais­sance susceptible de permettre aux hommes la maîtrise de leur destinée. Les têtes pensantes de la Ré­vo­lution en étaient imbibées.

Priorité des faits sur les idées

La conversion générale à la science incite, en tous domaines, à donner priorité aux faits sur les idées. La conséquence en est un découragement spéculatif et une priorité reconnue à l'analyse sur la synthèse. La notion de système doit donc subir une reformulation pour ne pas se discrédi­ter. Turgot fournira les moyens lors de l'éloge de V. de Gournay, précurseur des physiocrates. Il existe un mauvais sens du mot système, "sup­po­sitions arbitraires par lesquelles on s'efforce d'expliquer tous les phénomènes, et qui, effecti­ve­ment, les explique tous également, parce qu'ils n'en expliquent aucun" (4). Il y op­pose un sens plus favorable, où "un système si­gnifie une opinion adoptée mûrement, appuyée sur des preu­ves et suivie de ses conséquences". De contem­pla­tive, la science se fait opérative et technique: elle doit servir les utilités de l'homme et re­grou­per, pour être effective, les énergies. Peu à peu, la civilisation tradition­nelle incarnée par la pen­sée scolastique et l'autorité royale tournée vers la puissance et la gloire se disloque, le para­dig­me newtonien œu­vrant pour transformer le mi­lieu. Pendant des siècles, l'univers mental a­vait reposé sur la su­bordination de l'Eglise à Dieu, du fidèle à l'Eglise, du citoyen au service de l'Etat. A la fin du XVIIIième siècle, cette pers­pective se trouve inversée. Les ré­vo­lu­tion­nai­res légitimeront en droit un ordre social qui s'ins­talle au cours du siècle, et dont la dimension éco­nomique ne prend de relief que dans le contexte global d'une nouvelle morale, d'une autre spi­ri­tualité, d'une anthropologie différente.

La triade pré-révolutionnaire

L'attitude caractéristique des philoso­phes du XVIIIième siècle est de traiter tous les docteurs scolastiques de "casuistes" avec le plus profond mépris. R. de Roover (5) précise que la doctrine de l'usure, en particulier, est fortement attaquée par Turgot, Condillac, les physiocrates. En Fran­ce, la loi qui légalisera les clauses contrac­tuelles autorisant le versement d'intérêts ne ver­ra le jour que le 12 octobre 1789: la Révolution mar­quait la fin d'un monde.

Les scolastiques ne diabolisaient pas le com­merce, mais lui préféraient l'agriculture car la tentation de succomber à l'usure y était moindre. Les mercantilistes avaient adopté le point de vue inverse: le commerce est la plus noble des pro­fessions. Alors que l'éco­nomie scolastique s'af­fir­mait universel­le en ce qu'elle cherchait les lois assurant la justice, les mercantilistes ne disposèrent jamais d'une doctrine ou d'une mé­thode unifiées. En France, le terme de colber­tisme résume correctement la politique écono­mique inspirée par l'idée d'une plus grande res­ponsabilité du pouvoir dans la gestion du pays. Pourtant, cette action fut fermement critiquée par Vauban (1646-1714) et surtout son cousin Boisguillebert (1646-1714) dont la réflexion fis­cale et la conception de l'économie comme sys­tème annoncent les physiocrates et la nouvelle perception de l'Etat. Boisguillebert écrit du point de vue souverain tout en critiquant les idées mercantilistes. Il existe donc, en ce début du XVIIIième, une possibilité de réflexion écono­mique sans référence ni à l'univers scolastique ni au libre-échange et qui s'infiltrera dans les mentalités jusqu'à la fin du siècle.

L'idée d'ordre naturel relie la pensée scolas­tique aux hommes de la Révolution. "De concept éthico-juridique, la loi naturelle devient pro­gres­sivement concept analytique" (6).

L'essor de la science expérimentale et de l'intel­li­gibilité analytique autorise les physio­crates à proposer un schéma conforme à la na­ture. En même temps, l'économie acquiert une auto­no­mie que lui déniait les docteurs scolas­tiques: elle cesse d'être partie d'un ensemble plus vaste pour devenir, avec les mercantilistes, une col­lection de règles pratiques d'enrichissement. Les fondements de l'intervention sur les prix, les critiques fiscales, s'inspirent tout autant de l'héritage intellectuel scolastique que d'une vo­lonté de servir l'Etat. Incarné par son souverain depuis que la pensée politique s'est émancipée du religieux, promou­vant dans le mouvement un nouveau concept de pouvoir. Selon Louis Dumont (7), il en est résulté l'idée d'une consistance des activités produc­tives et commerciales, de sorte que la formation des équilibres et des désé­qui­libres de quantités ne devait plus s'expliquer par la volonté d'en haut, divine ou étatique, ni par le hasard, mais par des mécanismes qu'il fallait observer et analyser. Il a fallu la réunion de deux condi­tions: la dissociation du politique et de l'économique et la transition d'une attitude normative à une attitude positive. Au XVIIIième siècle, l'in­di­vidu a suffisamment droit de cité pour rendre possible la théorie économique, mais à condition de rester subsumé dans un en­sem­ble. On décèle dans la pensée économique l'é­man­cipation de l'individu "tandis que réap­pa­raît, sous une forme souvent anodine et dégui­sée, le point de vue de la totalité sociale" (8).

Cosmopolitisme contre

tradition scolastique

Ce tout réapparaît dans le débat sur la citoyen­neté au cours duquel s'affrontent la version cosmopolite (des idées communes suffisent) et la tradition scolastique qui, à travers Tho­mas d'A­quin, perpétue l'univers latin: la re­ligion est un patriotisme car elle n'appartient pas à la vertu théologale de la foi, mais à la vertu morale de la justice qui consiste à rendre à l'autre ce qui lui est dû. La religion est la justice si la dette ne peut être rendue, ce qui concerne les ancêtres et Dieu. Ainsi Thomas d'Aquin ensei­gnait que le patrio­tisme est le culte des morts, c'est-à-dire une for­me de la religion.

La présence simultanée d'indi­vi­dua­lisme et de holisme est frappante chez Quesnay, inspirateur de réformes fiscales, mais surtout figure exem­plaire des futurs débats sur les fondements de l'in­tervention étatique en économie. Vincent de Gournay avait proposé de "laissez faire, laissez passer" affirmant l'autonomie économique. Ques­nay, négligeant les sommes de réflexion sur la valeur développées dans deux directions, le travail ou l'utilité, s'en remet à la terre pour engendrer toute richesse. Un tel privilège ne s'ex­plique, selon Dumont, que par la forme spé­ciale de propriété qui s'attache à la terre. La pro­priété immobilière subordonne l'économie à d'au­tres instances (politique, morale, reli­gieu­se) et ne sépare pas la relation aux choses de re­lations entre hommes. Quesnay appartient en­core à l'idéologie holiste lorsqu'il confie le pou­voir politique aux propriétaires immobiliers qui payeront seuls les impôts, mais il récuse l'in­tervention de l'Etat dans l'activité écono­mique, s'affirme anti-mercantiliste en défen­dant la liberté des échanges et la propriété pri­vée. Sou­lignons aussi, en reprenant le commen­taire de G. Haarscher (9), que Quesnay met l'accent sur la production, la création des va­leurs, alors que les mercantilistes s'intéressaient à la circu­la­tion, au commerce. La préoccupation productive est en effet un trait général de l'époque: Con­dillac (1714-1780) ac­cordait une attention par­ti­culière au travail, principale source de valeur car l'idéal d'une as­cèse contemplative a cédé la place au désir d'affronter le monde pour le met­tre en valeur. Le travail créateur à la façon de R. Crusoé est mis en honneur, même s'il en résulte des incompati­bilités avec d'autres vertus.

La Fable des Abeilles de Mandeville

Le succès de la Fable des Abeilles (1705) de Ber­nard de Mandeville (1670-1733) fut lié au scan­dale et aux protestations qu'elle suscita. L'hu­ma­nité est comparée à une ruche dans la­quelle chaque homme a le droit et le devoir de pour­suivre son intérêt car il contribuera le plus ef­ficacement au bien commun, les "vices pri­vés" devenant des "bienfaits publics". La pensée de Mandeville développe une psychologie qui sera celle des morales fondées sur l'intérêt, mais in­siste surtout sur l'activité tout en oppo­sant la sim­ple diligence à l'esprit d'industrie défini par la soif de gagner et le désir infati­gable d'amé­liorer notre condition. L'accent mis sur l'acti­vi­té, de Mandeville à Quesnay, puis A. Smith ins­tillera le discours révolutionnaire sur la pau­vreté.

Dernière caractéristique des principes fonda­teurs de la pensée économiques pour l'époque ré­volutionnaire: le traitement de la composition des intérêts privés. Lorsque l'individu devient le sujet élémentaire, l'atome de la réflexion, la pensée économique doit réfléchir sur l'harmo­ni­sa­tion des actes. La conscience d'une désa­gré­gation se traduit chez Quesnay par un recours à l'ordre naturel qui soumet l'homme à la nature. Mais la notion d'individu ou d'agent (terme ul­térieur) se spécifie au moyen d'attributs: les in­térêts et les passions. La Révolution française, en effaçant les statuts d'une société d'ordres, dé­finit la Nation comme l'ensemble des individus identiques sous l'angle du dénombrable et du lé­gislatif et résoud le problème d'agrégation par la volonté géné­rale. G. Haarscher affirme que Nec­ker et Rousseau sont les deux figures de l'op­position à Quesnay en ce qu'ils brident l'écono­mie, à la­quelle Quesnay aurait conféré une trop grande liberté pour la soumettre aux règles du pacte so­cial, à la "volonté générale". Les deux instances (politique et économique), libérées de l'ordre re­ligieux peuvent entrer en conflit viru­lent: l'économie autonomisée proteste contre l'in­terventionnisme étatique, tandis que le poli­tique du contrat social récuse le mouvement au­tonome de l'économie.

Ainsi, le débat se situe-t-il tout entier à la char­nière de deux mondes sur la ligne de partage du holisme et de l'individualisme. Les tenants de la théorie du contrat social plaident en faveur de l'individualisme politique et critiquent tout ce qu'il entrave: l'ordre naturel de Quesnay, élé­ment traditionnel, mais aussi l'économie é­man­cipée susceptible de déstabiliser l'univers contractuel. La position de Locke, dans la pers­pective de Dumont, est essentielle pour com­prendre la suite. Locke affirme que la relation entretenue par l'individu avec les choses passe simplement par la propriété à condition d'être lé­gitimée par le travail. En conséquence, le point de vue holiste pourra déclarer illégitime cer­tai­nes formes de propriété: les révolution­naires use­­ront de l'argument. Dire que le tra­vail doit cons­tituer le critère de la propriété, c'est aussi af­firmer que sa qualité mesure la valeur des biens et poursuivre avec Grotius, Hobbes, Pufendorf, une réflexion sur la valeur "objective". L'oubli des débouchés est révéla­teur: la marchandise doit trouver acheteur, ré­pondre à une demande, quelle que soit la nature de cette dernière. Il appartiendra à Galiani (1728-1787), Condillac (1715-1780), Turgot, de dé­velopper la théorie "sub­jec­tive" de la valeur em­pruntée aux sco­lastiques de l'école de Salamanque.

A l'aube de la Révolution, un creuset culturel avait façonné les acteurs, leur suggérant des in­terprétations et des solutions aux questions éco­nomiques. Ils disposaient de trois repères: la dé­marche de la physique et la méthode analy­tique, la nécessité d'agréger et de réguler les in­térêts privés, la dévalorisation du passé, inutile lors­que tout repose sur le travail ou l'ordre natu­rel. Il faut donc soit en revenir à l'antique, soit créer des schémas abstraits dans lesquels la lo­gique des origines se substitue à l'histoire des origi­nes. Munis de ce bagage, ils s'efforceront de trai­ter deux questions fondamentales: le prix des subsistances et son corollaire, la pauvreté; le budget de la république qui suppose de choisir les dépenses et de justifier les ressources.

II. Le double corps

de l'Etat

 

Empruntée à P. Rosanvallon qui désigne ainsi l'œu­vre de Boisguillebert, l'ap­pelation décrit par­fai­tement le dilemme dans lequel nagera la Ré­vo­lution: le tout et la partie. L'Etat, assimilé au Sou­verain, n'est qu'une partie du corps social et politique, ayant une fonction spécifique: défense et sûreté. En contre-partie, il perçoit l'impôt dont les caractéristiques sont à débattre. En même temps, l'Etat est l'ensemble du corps social; le sou­verain se confond avec ses peuples: il est le tout. L'Etat doit donc remplir un double rôle. En tant que simple partie, il offre la sécurité "ex­té­rieu­re". En tant que tout, il a deux devoirs: main­tenir le corps social en bonne santé (la cir­culation des biens ou consommation), assurer la concorde intérieure ou paix sociale (maintenir le "corps uni"). En particulier "les pauvres, dans le corps de l'Etat sont les yeux et le crâne, et par con­sé­quent les parties délicates et faibles"(9). La ques­tion des subsistances et de la pauvreté était donc à traiter en priorité.

La menace de l'indigence

La question sociale en 1789 renvoyait au problème de la pauvreté. La mauvaise récolte de 1788 avait fait bondir le prix du grain dans des proportions oubliées depuis 1709. Les premières enquêtes de la Révolution constatent que onze millions de Fran­çais sont dans l'indigence, souvent con­traints d'er­rer à la recherche d'un moyen d'existence (12). De mai à juillet 1789, les émeutes de chô­meurs se conjuguent aux pillages des con­vois de grains. Comment analyser la cherté du blé et que faire? La question est ancienne: depuis 1764, les économistes polémiquent sur le sujet. Convient-il de laisser agir vendeurs et acheteurs? Faut-il in­ter­venir pour améliorer le ravitaille­ment? Le dé­bat n'est pas futile car les milieux po­pulaires con­sacrent en moyenne la moitié de leurs revenus à l'achat de pain, base de l'alimentation. F. Afta­lion (13) cite les travaux de G. Rudé qui fixe à huit livres quotidiennes (de pain), la quantité néces­saire (en moyenne) à une famille de quatre per­sonnes. Pour des rémunéra­tions journalières de 20 à 50 sous, selon les activi­tés, il ne fallait pas que le prix du pain de quatre livres montât au dessus de huit ou neuf sous. Necker avait publié en 1775 un ouvrage (Essai sur la législation et le commerce des grains)  dans lequel il montrait une claire compréhension du phénomène, sans qu'il nous soit possible de préci­ser s'il connais­sait l'étude de Gregory King (1648-1714), premier auteur à avoir relié les fluc­tuations du prix du blé au volume des récoltes. Turgot aussi préconisait la libre circulation des grains comme moyen d'as­surer la compensation régionale des surplus et déficits. Condorcet, en­fin, dans ses Réflexions sur le commerce des blés (1776) prend parti pour Turgot. Il existait donc de bonnes analyses des mou­vements de prix, suscep­tibles de fonder une po­litique d'approvisionnement. 

La politique de l'Ancien Régime reposait sur une réglementation des marchés, le stockage, et un système d'approvisionne­ment pour Paris. Une mau­vaise récolte, en poussant les prix à la haus­se, enrichit les producteurs qui peuvent at­tendre et spéculer: mais le résultat est le même en cas de stockage préventif. Les révolution­naires n'ont pas su trancher: Robes­pier­re utilise l'édit du ma­ximum et adhère à la thèse des saboteurs et des accapa­reurs... Mais le débat économique était sou­mis aux pressions des sans-culottes, ensemble de salariés et de propriétaires dont les maîtres et compagnons for­maient l'ossature: ils ont joué un grand rôle de l'été 1791 à l'été 1794. Leurs préoc­cupations, en matière d'économie, n'al­laient pas au-delà d'une revendication en faveur d'un ni­veau de vie décent. Il existe plusieurs méthodes pour en arriver là. Or, les sans-culottes préfé­raient le contrôle des salaires, car ils raison­naient dans le cadre d'une nature, en bute aux mé­chants riches: "Les pauvres étaient naturel­le­ment patriotes et vertueux, tandis que les riches, qui avaient été trop longtemps habitués à ne con­sidérer que leurs propres intérêts, étaient inca­pables de générosité républicaine" (14). La nature fournit des aliments dont les prix ne montent qu'après spéculation. Cette perversion de la na­ture justifie un châtiment que les circonstances ren­dront exemplaire.

Que faire, alors, vis-à-vis des indigents? L'As­sem­blée Constituante a formulé des prin­cipes éla­borés en projets de décrets par le comité de men­dicité, qui sera transformé en Comité des Secours publics, par la Législative et la Con­vention. Ce co­mité de mendicité rassemble de nobles âmes: le Duc de La Rochefoucauld-Liancourt, le Comte de Virieu, Boncerf (auteur d'une brochure sur les in­convénients des droits féodaux), Barère, Guillo­tin. Il affirme le droit de chacun à sa subsistance et propose de substituer le secours public à l'au­mô­ne par des versements for­faitaires des départe­ments.

«Les secours publics

sont une dette sacrée»

Dans le préambule de la Constitution de 1793, Ro­bes­pierre réaffirme: «Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du tra­vail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler» (15). Les lois qui se succèdent de mars 1793 à Floréal An II traitent des pauvres hors d'état de travailler et des pauvres sans travail, chômeurs ou "fainéants". Pour ces derniers, la Révolution se coulera dans l'esprit de l'Ancien Régime, ne changeant que les modalités. Adieu fouets, galères et vieux dé­pôts, place à l'incarcération dans une maison d'ar­rêt pour toute personne demandant de l'ar­gent ou du pain sur la voie publique. Dans ce "lieu de vie", le travail est obligatoire, le salaire retenu aux 2/3 pour les frais de séjour. Ce n'est rien de plus que le traditionnel "renfer­me­ment". Une in­novation cependant: les récidivistes «de ni­veau trois» partent peupler, huit années au moins, une colonie. Dans le même temps, la lé­gislation ne peut ignorer les anciens ateliers de charité. Elle les transforme en travaux publics ou grands travaux, payés les trois quarts du prix moyen de la journée de travail. La quintessence de la pen­sée révolutionnaire charitable s'exprime dans un texte de Barère, au moment de présenter la nou­vel­le loi sur proposition du Comité de salut public (22 floréal an II): «La mendicité est... une dénon­cia­tion vivante contre le gouvernement... Le ta­bleau de la mendicité n'a été jusqu'à présent sur la terre que l'histoire de la conspiration des pro­priétaires contre les non-propriétaires... Si l'a­gri­culture est la première et la véritable ri­chesse d'un Etat, nous devons prouver au­jourd'hui que l'intérêt du législateur est de favo­riser les cul­ti­vateurs avant toutes les classes de la Société...». Res­ponsabilité du gouvernement, di­chotomie pro­priét­ai­res/non-pro­prié­tai­res, priorité à la pau­vre­té campagnarde: tous les ingrédients ré­vo­lu­tion­naires sont rassemblés sans qu'une analyse nou­velle rompe avec les pratiques de l'Ancien Ré­gi­me.

Recettes et dépenses

L'historiogaphie des finances à la fin du XVIIIiè­me siècle met l'accent sur deux dimen­sions com­plémentaires: le point de vue budgétaire strict qui évalue les revenus et les dépenses, le rapport entre l'Etat et les milieux financiers. De façon géné­rale, l'Etat doit satisfaire les besoins et désirs pu­blics par opposition aux besoins person­nels. Dans un article publié en 1918 (La crise de l'Etat fiscal), Joseph Schumpeter indiquait que «les finances pu­bliques constituent l'un des meil­leurs points de départ pour une étude approfondie de la société» (16). L'Etat fiscal apparut au XVIième siècle pour payer les dépenses de guerre. Le sociologue N. E­lias affirme que la période axiale se situe au cours de la Guerre de Cent Ans, lorsque des prélè­vements occasionnels destinés à des usages pré­cis et bien déterminés se sont trans­formés en une institution permanente, puisque le Roi a toujours besoin d'argent pour mener à bien les conflits (17). En toutes hypothèses, il apparait que les dé­penses passèrent avant les recettes puis, après que l'Etat eut acquis une solide structure, on leva des im­pôts pour des raisons qui étaient autres que la raison initiale. Jusqu'en 1788, où un édit crée le Trésor royal (naissance du principe d'un trésor public), les finances du Roi ne sont pas vraiment des finances publiques. Alain Guéry rappelle: «Les financiers qui sont chargés de leur gestion sont des officiers. Leurs revenus sont des gages et non des salaires. Ils ne gèrent pas des caisses pu­bliques, mais leurs caisses privées, dans les­quel­les les fonds qui appartiennent au Roi sont en comp­te, avec d'autres fonds d'origines diverses» (18). Les dépenses sont d'abord militaires quoi­qu'il soit impossible de mener de longs conflits par insuffisance de res­sources. L'endettement con­si­dérable limite l'effort qui, nécessairement, retombe. Les dé­penses consacrées directement au commerce et à l'économie ne dépassent pas 1% du total des dé­penses. Le dernier budget pour 1788 est assez bien connu et n'est pas considéré comme a­ty­pique: la dette absorbe plus de la moitié (50,5%), la guerre et la diplomatie 26,3% (guerre: 16,8%; marine et co­lonies: 7,2%; affaires étrangères: 2,3%), les dé­penses civiles 23,2% (la cour: 5,7%; ad­ministra­tion générale: 3%; secours: 2,8%; éco­nomie: 3,7%; ins­truc­tion et assistance: 1,9%). La po­li­tique budgétaire est tournée exclusivement vers la recherche de l'argent nécessaire pour cou­vrir les dépenses engagées et "l'idée que les dé­penses et les revenus de la cour puissent être uti­lisés dans le sens d'une action sur la vie éco­no­mique et so­ciale du pays, échappe aux habi­tu­des, aux attitudes et aux mentalités, non seu­le­ment des respon­sables de l'administration royale des fi­nances, mais aussi des publicistes et écono­mi­stes du temps" (19). Les révolutionnaires se pré­oc­cupè­rent aussi de trouver des recettes, mais après qu'ils eurent mis à bas le système fiscal sans étu­dier sérieusement les effets du financement sur l'économie. Après les décisions et les débats théo­riques, le personnel et ses réseaux.

La structure du financement

Le système fiscal jusqu'à la Révolution s'or­ga­ni­sait autour de quatre prélève­ments (20). Les droits d'ori­gine féodale, qui n'étaient pas les plus in­sup­portables: Alfred Cobban (21) a montré que l'at­taque contre les droits seigneuriaux de­vaient s'interpréter comme une contestation de leur com­mercialisation croissante et que la ré­volte pay­sanne était tournée contre la bourgeoisie pro­prié­taire de ces droits. La dîme d'Eglise, se­cond prélèvement, était bien vivante: 10%. Les impôts in­directs, perçus par la ferme générale, regrou­paient la gabelle, les aides (frappant sur­tout les boissons), les traites (droits de douane). Enfin, les impôts directs: taille, capitation.

Ce système fiscal souffrait d'au moins deux ta­res: il était anti-économique et son recouvre­ment coûtait cher. Les états généraux, convoqués pour résoudre le problème financier, le contestè­rent rapidement (13 juin), car il n'était point fondé sur le consentement national. Lorsque s'ouvre le grand débat, en mars 1790, les positions de l'as­sem­blée oscillent, d'après R. Schnerb (22), entre la condamnation sans réserve des droits de con­sommation (chef de file: Roederer), et le com­pro­mis nécessaire à l'alimentation des caisses pu­bli­ques. Dupont de Nemours, rapporteur du co­mité des impositions, s'inscrit dans le second courant. Le 11 mars 1790, il propose de supprimer la gabelle et les droits de marque sur les cuirs, les fers, les ami­dons, et suggère de relever les droits de doua­ne, de maintenir le produit du tabac, ainsi que les droits sur les boissons. Il justifie ses pro­positions par la pensée physiocratique et affirme vouloir créer en faveur des propriétaires les con­ditions d'u­ne meilleure rentabilité. Ultérieurement, pen­se-t-il, il sera possible de sup­primer tous les im­pôts indirects.

Les adversaires sont "infatigables à rappeler que l'impôt indirect, volontaire, convient à l'homme libre" (23). En vain. Les impôts indirects suc­com­bèrent... temporairement. La Révolution n'est en fait qu'un accident au milieu d'une ten­dance à l'aménagement des impôts indirects. Ca­lonne et Necker s'en étaient déjà préoccupés: les droits indirects com­blaient 43 % des res­sources budgétaires en 1788. En les supprimant, on posait le problème du fonctionnement normal de l'Etat. La béance budgétaire paniqua le groupe de la Mon­tagne dont l'obsession devint la quête de res­sources: les assignats y pourvoieront. La ten­ta­tion pour les constituants était d'autant plus gran­de qu'ils raisonnaient selon la causalité an­gé­lique: un bon régime lève de bons impôts (i.e.: équi­tables) dont s'acquitteront avec allé­gresse tous les citoyens. "C'est pourquoi le sys­tème fis­cal de la constituante est caractérisé par l'absence à peu près totale de moyens de con­trainte (24). Les constituants ont créé trois contri­butions directes: la "foncière" sur le revenu de la terre; la "mo­bi­lière" sur les revenus industriels et les rentes; la "patente" pour le commerce. La contribution fon­cière, impôt de répartition, fut votée le 17 mars 1791 pour être perçue la même année. Pas de ca­dastre, des responsables dépar­tementaux sans for­mation, le résultat ne fut pas à la hauteur des besoins, alors que tout paraissait réglé depuis qu'une Trésorerie Nationale complé­tait le dispo­si­tif. Bilan de 1791, 100 millions de dé­ficit. Aug­menter les impôts? La pression fiscale épousait la norme pré-révolutionnaire. L'innovation finan­ciè­re s'imposait. Assignats... vous voilà...

Le personnel des finances

De l'Ancien Régime à l'Empire, le même per­son­nel gère les finances (25). L'assemblée consti­tuante avait innové sur trois points: réduire au ma­ximum les fonctionnaires des finances et con­fier aux contribuables la collecte des impôts; ce­pendant, il fallait du personnel pour centraliser les sommes, payer les dépenses, répartir les fonds. Trois catégories de fonctionnaires en na­quirent: receveurs (par districts), payeurs géné­raux (un par département), commissaires du Tré­sor. Au nombre de six (recette, liste civile, dette publique, guerre, marine, comptabilité), ils exa­mi­naient les demandes des ministères et ren­daient compte à un bureau de comptabilité com­po­sé de quinze membres nommés par le roi. Cette belle architecture va fonctionner selon une double logique: montée en puissance du pouvoir admi­nis­tratif d'un côté, affairisme de l'autre. L'insta­bilité ministérielle et l'obsession des ré­formes fa­cilitent l'exercice du pouvoir par les hommes des bureaux. Citons pour l'exemple la situation de la trésorerie. Dans ces cadres, elle ressemble com­me une sœur à l'ancien trésor royal. La diversité des attributions et la partition en six secteurs jus­ti­fiaient une coordination mi­nimale assurée par un secrétaire. Ce poste essen­tiel conserva le mê­me titulaire de fin 1792 à... 1822. Les intitulés du poste changèrent, les ré­gimes passèrent, le sieur Lefèvre demeura, trente années durant, inamo­vible.

La dimension affairiste décourage les tentatives de compréhension globale. Pour M. Bruguière, l'ex­­trême compli­cation de ces opérations variées rend illusoire un tel projet. Pourtant, "les activi­tés financières conduites sous la convention a­vant et après le 9 thermidor représentent une ex­périence fort exceptionnelle de contrôle universel par l'Etat. Elles contiennent en outre la clé de nombreux destins individuels... C'est là, si l'on o­se s'exprimer en termes peu élégants, que gît le "pla­card aux cada­vres" de notre histoire contem­po­rai­ne (26). La trésorerie, dès sa création en 1791, récupère une partie du personnel de l'An­cien Régime, puis une partie des commis­saires nommés par Louis XVI resteront en place après sa disparition. En 1795, à la chute de Robespierre, quatre d'entre eux sont toujours en fonction. La Convention laissa carte blanche aux com­mis­sai­res de la Trésorerie pour réaliser deux objectifs: approvisionner les armées; nourrir les po­pu­la­tions civiles. La fonction remplie mettait à l'abri des vicissitudes politiques le personnel admi­nistra­tif. Le Directoire n'eut qu'un respon­sable fi­nancier: Ramel, qui, en conflit avec la tré­so­re­rie pour l'extinction des mandats territo­riaux, sor­tit vainqueur à l'occasion du coup d'Etat du 4 septembre 1797 (18 fructidor). La Trésorerie na­tio­nale rentra alors dans le rang en obéissant mieux au responsable politique.

Par delà ce phénomène bureaucratique, la vraie Révolution, pour Sédillot (27), est dans le domaine financier: le passage de la primauté du sang à la primauté de l'argent. Aux nobles succèdent les no­tables et «les droits de la naissance ne pourront rien contre ceux de la finance» (28). Cette explo­sion du capitalisme se traduit par une promotion du banquier et du spéculateur. Les grands finan­ciers de l'Ancien Régime n'étaient pas très popu­laires et certains payèrent même leur gloire pas­sée de leur vie. Ils furent remplacés par de nou­veaux spéculateurs, entretenant des liens étroits avec des nobles cupides et des responsables révo­lutionnaires. Pour Cobban, "les financiers cons­tituaient le secteur de la société le moins engagé politiquement. Toutes les politiques et tous les gou­vernements apportaient du grain à leur mou­lin" (29). Cela vaut certainement pour une classe de spéculateurs "modestes" car les circonstances sont propices à toutes sortes de trafics: "On mon­naye l'élargissement d'un détenu, la délivrance de certificats de civisme, la mise aux enchères privilégiée des biens nationaux, le vote de cer­tains décrets" (30). Mais l'appartenance à un ré­seau caractérise les plus grands corrupteurs et des corrompus: l'occultisme et la franc-maçonnerie émergent pour la première fois à côté d'autres ré­seaux plus traditionnels d'ordre géopolitique.

Robert Darnton a retracé l'ambiance intellec­tuel­le de la fin du XVIIIième. Dans La fin des lu­miè­res  (31), il expose le rôle du mesmérisme, fron­tiè­re entre science et pseudo-science ou occul­tisme. Avant la Révolution, Marat se consacre à l'étude de la lumière, de la chaleur et rédige des traités complètement farfelus. La première appa­rition de Robespierre sur la scène nationale date de ses é­crits sur la science et le paratonnerre en par­ti­cu­lier. Mesmer recrute ses parti­sans chez les futurs chefs révolution­nai­res: La Fayette, Brissot, Ber­gas­se, Ro­land... Par l'intermédiaire de la "so­cié­té de l'harmonie universelle", les esprits é­clai­rés rencontrent les âmes sensibles et les hom­mes d'affaires. Bergasse est membre d'une riche famille de commerçants lyonnais. Kornmann vient des milieux bancaires stras­bourgeois. Cette société, insiste Darnton, n'est pas une cellule ré­vo­lutionnaire, mais un cercle pour gens riches et distingués où se côtoient bourgeoi­sie et aristo­cra­tie. Cet occultisme est compatible avec le thème du "pur amour", diffusé par le pié­tisme et les sociétés franc-maçonnes dont le déve­loppement fut très rapide à partir de 1773.

Le pouvoir financier, après le déclenchement de la Révolution, a été exercé pendant trente mois par des praticiens issus de l'administration pré­cédente (ex.: Lambert). Les vingt-sept mois sui­vants sont dominés par les figures des banquiers protestants: Necker et Clavière. Pendant cinq ans et quatre mois, le groupe principal est lié au commerce, au bois, aux étoffes. C'est l'époque de Cla­vière, Ramel. Le Directoire remet en selle des spécialistes: Gaudin, Mollien, en vérifiant qu'ils entretiennent des accointances utiles (Mollien est lié à des agents de change). Durant onze années, un point commun transcende ces personnes: leur appartenance à la maçonnerie, seule association à s'étendre sur toute la France. Solidarités per­sonnelles et géographiques renforcées par cette appartenance, voire carte de visite facilitant des contacts en Angleterre, en Belgique, on ne peut parler de complot "explicite". Mais nous suivrons l'appréciation de Bruguière qui conclut au triple rôle de ce mouvement: cadre commode et discret de filet protecteur ou d'échelle de corde. Le tout dans une atmosphère d'exaspération de l'occul­tis­­­me qui déboucha, à la Révolution, sur "la trans­­mu­tation du papier en or, ou de l'argent en domaines nationaux, bien plus sûrement que ne l'eût permis le Grand Œuvre" (32).

III. Décollage du

capitalisme en France

Au sortir de l'épopée napoléonienne se répand le sentiment de l'existence d'un retard français par rapport à l'Angleterre. F. Caron ouvre son his­toire économique de la France (33) en rappe­lant que la traversée de la Manche était néces­sai­re pour s'initier aux techniques nouvelles, pour y embaucher des ouvriers. Le retard a donc un sens précis: l'écart technologique qui s'est creusé pendant la Révolution et l'Empire, "catastrophe na­tionale" d'après M. Lévy-Leboyer. Mais l'é­co­nomie française a finale­ment progressé au XIXiè­me siècle avant les Etats-Unis et l'Alle­ma­gne. Ne faut-il pas alors nuancer le qualificatif et en réévaluer d'autres aspects? D'abord parce que les démarrages sont inimitables; l'obsession du retard oublie que le comparatisme est un art délicat. Nous en mon­trerons les embûches. En­sui­te, les transforma­tions importan­tes ne sont pas souvent le résultat d'une action précise, mais ré­sultent d'effets per­vers. Nous relèverons ceux dont le rôle est incon­testable.

Des démarrages inimitables

Le capitalisme n'est pas universel et n'émerge pas automatiquement par simple accumulation de capital. A. Caillé (34) insiste sur l'aplanisse­ment nécessaire de trois disjonctions pour for­mer le capitalisme indissociable du marché. La disjonction spatiale: le prix d'une denrée doit être identique sur les marchés villa­geois; dis­jonc­tion temporelle: refus du crédit gé­néralisé (avec le crédit apparait la dépendance des com­mu­nautés par rapport à l'échange); dis­jonction entre grand commerce (réservé à l'Etat et aux grou­pes dominants) et commerce local. Le grand commerce (d'aventure, à longue distance) existe de tous temps un peu partout. Il procure des profits élevés, mais incertains. Par contraste, le capita­lis­me suppose un commerce de marchés, portant sur des biens courants reproductibles en grande quantité. Les prix se fixent alors sur ces marchés qui intéressent les classes moyennes, regrou­pe­ment hétéroclite d'artisans, mar­chands, fonc­tion­naires, laboureurs à l'aise.

Dans l'histoire du développement, l'Angleterre a ouvert la voie par la réunion d'un ensemble de conditions non programmables a priori (35). Au début du XVIIième siècle, elle se tailla un empire dans le nouveau monde. La Révolution anglaise donna le pouvoir au parlement après 1688 et le Roi n'eut plus l'initiative fiscale. Les victoires contre les Hollandais lui ouvrirent le marché mondial. Enfin, les enclosures  dégonflè­rent peu à peu les actifs du secteur primaire qui, affluant dans les villes, engendrèrent des relations nou­velles entre producteurs ruraux et centres ur­bains. Tout cela n'était pas original et ne garan­tissait aucune supériorité définitive. Le bascu­le­ment se produisit après 1780: l'innovation tech­ni­que matérialisée par la machine à vapeur ap­pliquée à l'industrie textile et à la métallurgie. L'ac­croissement de puis­san­ce fut tel que Man­chester fabriqua des cotonnades à meilleur prix que les ar­tisans de l'Inde (Madras, Calcutta). Les Français, comme les autres, ont été surpris par ce changement qui mettait le monde à la por­tée des Anglais, aptes à ruiner, à pastoraliser quel­que pays que ce soit... Il fallait que ces mar­chés fus­sent libres d'accès, ce que la Révolution française, involontairement, a favo­risé. Les au­teurs français, frappés par l'in­dustrilisation, né­gligent les éléments complé­mentaires. Pourtant, la technique est insuffi­sante à assurer un dé­ve­lop­pement cumulatif. Il faut tout d'abord une structure de la population active, liée à l'orga­ni­sation sociale et aux ren­dements agricoles, or il n'y a pas de "Révolution alimentaire" en France jusqu'en 1840, moment où les rendements des cé­réales s'accroissent sans retour (36). La Révo­lu­tion de 1789 a provo­qué une dégradation du ni­veau alimentaire, comme toutes crises de subsis­tance depuis des siècles. Rien d'original donc, si ce n'est, d'après Morineau, que les mauvaises ré­coltes ne don­nent plus lieu à des envolées de prix aussi specta­culaires qu'au siècle précédent car l'approvisionnement s'est fluidifié. Deu­xiè­me ingrédient: les marchés extérieurs, dans plu­sieurs branches du commerce international.

La France avait su conquérir ou garder une ex­cellente position. Domination des marchés d'Ita­lie et du Levant; premier fournisseur de l'Espa­gne en articles manufacturés, extension du com­mer­ce d'entrepôt des denrées coloniales par Saint-Domingue (où la productivité des cul­tures de la canne et du café en autorisait la vente à vil prix). La France ne concurrençait pas réel­le­ment la Grande-Bretagne, car la part de l'indus­trie y était faible (2/5). L'essentiel portait sur le café, le sucre, le vin et, point faible que la Révo­lu­tion balaiera, il dépendait étroitement de Saint-Domingue. Enfin, l'industrie; elle a montré beau­­coup de vitalité au XVIIIième siècle, en par­ti­culier: la laine, les toiles, le coton, la soie. L'in­dustrie minière a démarré (charbon) et, avec elle, la production de fonte.

Résumons encore, si cela est possible sans cari­caturer. La Grande-Bretagne a moins de main-d'œuvre agricole, domine des marchés et a, la première, utilisé la technique pour produire des biens destinés à des classes moyennes. Elle n'est pas organisée selon le modèle royal français. La comparaison selon le seul critère industriel est in­suffisante. L'appréciation doit porter sur une configuration de structures (sociales et écono­miques) dans un environnement où la guerre im­pose ses contraintes matérielles, ce que nous montrerons ci-dessous, après que les éléments peu liés au conflit eurent été envisagés.

Une main-d'œuvre surabondante qu'il faut o­rien­ter vers l'industrie et qui, vivant en ville, doit acquérir peu à peu de nouvelles normes de consommation. Ce premier passage obligé (dans le contexte socio-historique du XVIIIième siècle) dans la longue marche du développe­ment s'était ouvert au milieu du siècle dans le grand mou­ve­ment en faveur de l'éducation. Le despotisme é­clairé avait reçu l'assentiment de tous les pen­seurs fran­çais, à l'exception de Rousseau, pour mettre en œuvre une politique de réformes inspi­rées par la raison, en vue de bien commun. Il y eut donc des tentatives pour créer des établisse­ments pilotes: école des Ponts et Chaussées (1744), école royale militaire (1751). De plus, certaines régions disposaient d'une population alphabéti­sée. Alors qu'en 1790, le taux moyen n'atteignait pas 50%, le Nord-Est de la France était alphabé­tisé à 68%. Enfin, il existait une tradition corpo­ratiste qui formait des artisans dans les écoles techniques. La Révolution a accéléré l'in­tro­duc­tion des sciences dans les études, œuvre couron­née par l'université napoléo­nienne. Mais l'idée d'instruction publique ou d'éducation nationale n'est pas "révolutionnaire" et la Révolution ne se dote pas des moyens nécessaires à la réa­li­sa­tion concrète de son slogan: l'instruction gra­tui­te pour tous. Le développement économique de la France, fondé en partie sur une main-d'œuvre re­lativement qualifiée, ne sera pas affecté par la Révolution.

La montée des classes moyennes, deuxième ver­rou à débloquer pour permettre le capitalisme, est à l'évidence une conséquence du nouvel ordre des valeurs quoique la temporalité du processus soit très étalée. Tous les économistes s'accordent à reconnaître les nocivités d'une fiscalité trop lourde. La redistribution de la charge fiscale et les transferts de richesse engendrés par l'infla­tion des assignats ont modifié le jeu et fa­vorisé ces classes moyennes. L'organisation d'Ancien Régime recelait aussi deux moyens ef­ficaces pour étouffer l'esprit d'entreprise: la vente de char­ges, la hiérarchie de corps. Rappelons que "la monarchie absolue des XVIIième et XVIIIiè­me siècles ne se différencie pas tellement de l'em­pire romain, dont l'essentiel des dépenses était militaire. L'Etat est incapable de mener une guerre longue sans s'endetter outre-mesure. Cet­te situatiion est celle de tous les pays européens (38). Ces difficultés fi­nancières incitent à ven­dre des charges pour éviter les remboursements ultérieurs massifs. Les "riches" les achètent et sous­crivent aux em­prunts d'Etat. Une fois la char­ge acquise, ils ne demandaient plus qu'à en jouir en toute tranqui­lité: les entreprises capita­listes étaient étouffées par cette pratique. Plus gé­néralement, la montée en puissance de l'éco­no­mie de marché a été pos­sible en incitant les hom­mes de profit à investir ailleurs que dans les char­ges. Perception certes à nuancer car la mise en vente de multiples patri­moi­nes (biens com­mu­naux, d'Eglises et de cer­tains émigrés) a mo­bilisé des capi­taux détournés ainsi de l'in­dus­trie; donc la Révolution, au lieu de régler le pro­blè­me agraire, accéléra la ten­dance de l'his­toire française à la conquête bour­geoi­se de la terre.

La disparition de la hiérarchie des corps eut d'au­tres conséquences plus fondamentales à mo­yen terme. La Révolution a affirmé que la sou­ve­raineté résidait dans les citoyens dont le travail sur la nature justifiait la propriété. Or, à cette époque, on désignait par le mot "industrie" la di­ligence ou l'assiduité (i.e.: le travail sur la na­tu­re). Avec la Révolution française, "le tra­vail ou l'industrie n'était plus que cette vile acti­vité re­léguée exclusivement à ces groupes de la popu­lation jugés indignes de plus hautes fonc­tions; il représentait au contraire la substance même de l'existence humaine et se trouvait à l'origine de tout ordre social" (39). Une telle réé­valuation de l'activité humaine signifiait que produire ou dis­tri­buer des richesses devenait un acte exemplaire pour la Nation. La nouvelle vertu attachée à la production couvrait aussi les formes d'organi­sa­tion. Il n'était pas convenable, avant la Révo­lu­tion, d'en­frein­dre à grande échelle les régle­men­­ta­tions qui fixaient l'organisation du tra­vail. Par exemple: la pro­ductivité de biens stan­dar­disés et de médiocre qua­lité, ou d'emploi d'ou­vriers non qualifiés dans le métier, voire recourir à des sous-trai­tants, était interdit, ce qui en limitait la portée pratique. La fin des corpora­tions et la redéfini­tion des droits de pro­priété ont autorisé ce qui avait été pro­hibé. Donc, au début du XIXième siècle, "l'organisation de la pro­duc­tion artisa­na­le fut autant la conséquence des chan­­gements de statuts juridique que connut l'in­dustrie au cours de la révolution que d'un dé­veloppement du marché" (40).

En définitive, aucun progrès spectacu­laire n'a été accompli dans la formation de la main-d'œu­vre ou dans l'émergence d'une classe moyenne. Inversément, rien n'a été entrepris qui put dis­sua­der les nouveaux entrepreneurs. Les fac­teurs décisifs, industrie et commerce, ne prennent leur dimension que dans le con­texte des conflits qui, vingt années du­rant, marquant l'histoire des pays européens.

Guerre et blocus

"Les guerres de la Révolution et de l'Empire (...) sont la plus longue période d'hostilités que l'Eu­ro­pe ait connue depuis le début du XVIIIième sièc­le; comme elles coïncidèrent avec une étape im­por­tante de son développement écono­mique, alors que la Révolution indus­triel­le venait de com­men­cer en Angle­ter­re et que ses premiers symp­tômes se manifestaient dans plusieurs ré­gions du continent, leur facteurs principaux ont pertur­bé les économistes: le blocus ma­ri­time des Bri­tan­niques, l'autoblocus im­posé au continent par Napoléon, le bou­le­ver­sement de la carte poli­tique de l'Eu­rope.

Le traité de commerce franco-anglais de 1786, à vocation libre-échangiste, est ren­du caduc fin 1792, par la prise d'An­vers. Une fois la guerre com­mencée, les navi­res marchands et le com­merce maritime français ne sont plus protégés. La ma­rine de guerre avait été inférieure à la Royal Navy au cours du siècle et la Ré­volution désorganise totalement l'insti­tu­tion. Des offi­ciers émigrent et la disci­pli­ne se relache. Com­me après une pre­miè­re décision dracon­nienne, prescri­vant de capturer les navires neutres en re­lations avec les colonies françaises, la Grande-Bre­tagne, sous l'influence améri­caine, se con­ten­te d'interdire le commerce des neutres en li­gne directe France-Colo­nies, jusqu'en novembre 1807; le com­mer­ce colonial s'effondre en moins de quin­ze ans. On ne sait pas très bien ce que sou­haitaient les révolution­naires dans le domaine du commerce interna­tio­nal. A. Cobban soutient que les fac­tions propo­saient des politiques diffé­ren­­tes. La première vague, dite giron­dine (Bris­sot, Clavière) souhai­tait une législa­tion très ou­ver­te, "libérale". La seconde va­gue, montagnar­de, fit voter en octobre 1793, une loi sur la navi­ga­tion. Le fac­teur décisif est donc la guerre qui pro­dui­sit un effondrement irréversible et trans­for­ma durablement la géo­graphie écono­mi­que de la France. Les zones in­dus­triel­les portuaires décli­nè­rent aus­si et l'ac­­tivité industrielle démarra sur le con­tinent. Le type de produit qui enri­chis­­­­sait les ports atlan­tiques corres­pon­dait à la tra­di­tion du grand commerce, sans probabilité élevée de se trans­former en commerce de biens de pro­duc­tion ou de consommation pour un vaste mar­ché. Ce déclin a été certai­ne­ment bénéfique au développement de l'économie de mar­ché en Fran­ce.

L'effet sur l'industrie n'est pas dissociable de l'au­toblocus imposé par l'Empereur. Les révolu­tionnaires étaient plutôt tournés vers la terre, ap­te à engendrer de bons citoyens, ou vers l'austé­ri­té du modèle spartiate, mais peu versés dans la technique ; et les hommes éclairés prati­quaient la physique amu­san­te. La relève de l'élite tra­di­tionnelle par la nouvelle élite des promoteurs de la civilisation industrielle (que Saint-Simon ap­pelle de ses vœux) sensibilise surtout Sieyès qui distingue nettement deux caté­gories de citoyens: les passifs, les actifs, car il assimile la nation à un grou­pe­ment de produc­teurs. Mais les révolu­tionnaires, peu motivés, n'ont pas mis en place de politique spécifique. Les con­séquences in­dus­trielles de la Révolution se ramènent à un effet de tenaille décrit dans un texte présenté et com­men­té par François Crouzet (42). La première piè­ce soude une forte rentabilité agricole (bais­se du prix des terres) et une hausse des matières pre­mières et des salaires à prix de vente bloqué. Ce "manche" joue le rôle d'une pompe à finances au détriment de l'industrie. La seconde pièce écrase les profits ou pousse les prix à la hausse réduisant la demande. Mais l'histoire ne s'arrête pas là et H. Bonn affirme, par exemple, que l'esprit d'en­tre­prise n'en fut qu'anesthésié car les fourni­tu­res aux armées donneront une impulsion à ceux qui avaient compris la nouvelle règle du jeu: être classé dans le groupe des tra­vailleurs pour éviter les exac­tions. Si, en 1800, le niveau d'activité res­te en deça de celui atteint en 1789, la poussée indus­triel­le démarrera peu après avec l'auto-blo­cus du continent face aux Anglais, mesure pro­tection­niste visant à rempla­cer les importations par des produits con­tinentaux. Le résultat est probant dans le textile, principale filière indus­tria­li­sante, où la filature mécanique connaît un es­sor spectaculaire. Ce dyna­misme, suggère Fran­­çois Crouzet, s'ap­précie par rapport aux deux données de base de l'Europe: la guerre et ses mul­tiples contraintes (prix élevés des ma­tiè­res pre­mières, taux d'intérêt élevés, pénurie de capital); la su­prématie abso­lue de l'Angleterre qui pasto­ra­li­sait les pays situés dans son orbite. Si l'Em­pi­re est une conséquence directe de la Révolution, l'industrialisation de la France en recevra une aide imprévue.

Les révolutions sont interminables. Quand s'ar­rê­te la Révolution française ? En 1791, comme le croyait Barnave? A la chute de Robespierre, selon les lamen­ta­tions du léniniste moyen? Au Di­rec­toi­re, installation de la clique bourgeoise et des penseurs «troisième répu­blique»? Ne se­rait-ce pas plutôt Bonaparte qui y mit un terme, puisqu'il le dit? Ou la restau­ra­tion au bourgeoisisme toni­truant? L'éco­no­mie fran­çaise en a finalement res­senti des effets tout au long du XIXième siècle, car la Révolution a rendu honorable le commerce et les affaires, a encouragé l'acquisition des ri­ches­ses et enclen­ché, en liaison étroite avec les contraintes mili­taires, l'industrialisaton du con­ti­­nent.

 

Bernard NOTIN.

 

(1) Schéma d'Ernest Labrousse, résumé par Pier­re Vilar, Or et monnaies dans l'histoire, Flam­ma­rion, champs, 1974, P.375.

(2) Georges Gusdorf, Les principes de la pensée au siècle des lumières,  Payot, 1971, p.152.

(3) François Hincker, «Les révolutionnaires et l'économie», Les cahiers de Decta III, N° 4, 1989, pp. 43-61.

(4) Georges Gusdorf, op. cit. p. 266.

(5) Raymond de Roover, «Scolastic Economics: Survival and lasting influence from the six­teenth Century to Adam Smith», Quarterly Jour­nal of Economics,  mai 1955, 161-190.

(6) Gérard Cazenave-Gabriel, «Population, Mer­can­tilisme et libre-échange: note sur un pa­ra­do­xe apparent», Revue d'économie politique, N° 5, 1979, 606-622.

(7) Louis Dumont, Homo aequalis, Gallimard, 1977.

(8) Vincent Descombes, «Pour elle un Français doit mourir», Revue européenne des sciences so­ciales, XXII, 1984, N° 68, 67-94.

(9) Guy Haarscher, «Louis Dumont et la genèse de l'iudéologie moderne», Revue européenne des sciences sociales,  XXI, 1984, N° 68, 127-148.

(10) Pierre Rosanvallon, «Boisguillebert et la ge­nèse de l'Etat moderne», Esprit,  janvier 1982, 32-52.

(11) Cité par Pierre Rosanvallon, op. cit., p.51, no­te 40.

(12) Cité par Pierre Vilar, Or et monnaies dans l'histoire,  p. 375.

(13) Florin Aftalion, L'économie de la Révo­lu­tion française,  Hachette pluriel, 1987.

(14) William H. Sewell, Gens de métier et Révo­lu­tions,  Aubier, 1983, p. 151.

(15) Cité par Ernest Labrousse, «Garantisme de la Révolution française et garantisme de Sis­mon­di», dans Croissance, échange et mon­naie en économie internationale. Mélanges en l'hon­neur de Jean Weiller,  Economica, 1985, pp. 69-80.

(16) Cité par Daniel Bell, Les contradictions cul­turelles du capitalisme, Presses Universitaires de Rrance, 1979, p. 237.

(17) Norbert Elias, La dynamique de l'Occident, Calmann-Lévy, 1975 p. 160.

(18) Alain Guéry, «Les finances de la monarchie française sous l'ancien régime», in Les An­na­les, 1977, pp. 216-239.

(19) Alain Guéry, op.cit, 231.

(20) René Sédillot, Le coût de la Révolution fran­çaise,  Perrin, 1987.

(21) Alfred Cobban, Le sens de la Révolution française,  Julliard, 1984.

(22) Robert Schnerb, «Les vicissitudes de l'impôt direct de la constituante à Napoléon», dans Jean Bouvier, Jacques Wolff (éd.), Deux siècles de fis­calité française, 19e-20e, histoire, économie, poli­tique,  Mouton, 1973, PP. 57-70.

(23) Robert Schnerb, op.cit, 63.

(24) Jacques Godechot, Les institutions de la France sous la Révolution et l'Empire, Presses Universitaires de France, 1985, p.163.

(25) Michel Bruguière, Gestionnaires et profi­teurs de la Révolution,  Olivier Orban, 1986.

(26) Michel Bruguière, op.cit, 74.

(27) René Sédillot, op.cit, 242.

(28) René Sédillot, op.cit, 243.

(29) Alfred Cobban, op.cit, 93.

(30) René Sédillot, op.cit, pp. 248-249.

(31) Robert Darnton, La fin des lumières: le mes­mérisme et la Révolution,  Perrin, 1984.

(32) Michel Bruguière, op.cit, 170.

(33) François Caron, Histoire économique de la France: XIXe-XXe siècles,  Armand Colin, 1981.

(34) Alain Caillé, Splendeurs et misères des scien­ces sociales, Droz, 1986, chapitre 4, 2eme partie, pp. 172-200.

(35) Michel Morineau, «Des origines de l'iné­ga­li­té de développement», dans Pour une histoire éco­nomique vraie, Presses Universitaires de Lil­le, 1985, pp.391-411.

(36) Michel Morineau, «Révolution agricole, ré­vo­­lution alimentaire, révolution démogra­phi­que», dans Pour une histoire économique vraie, Presses Universitaires de Lille, 1985, pp.241-276.

(37) François Crouzet, De la supériorité de l'An­glet­erre sur la France, Perrin, 1985 chapitre 2, pp. 22-49.

(38) Jean Meyer, Le poids de l'Etat, Presses Uni­ver­sitaires de France, 1983, p.50.

(39) William H. Sewell, op.cit, 201.

(40) William H Sewell, op.cit, 219.

(41) François Crouzet, op. cit, 280.

(42) François Crouzet, op. cit, chapitre 10, «Les conséquences économiques de la Révolution française, vues de Londres».

 


 

 

 

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mardi, 22 septembre 2009

La nouvellestratégie de diversion d'Ankara dans le Caucase

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Bernhard TOMASCHITZ:

 

La nouvelle stratégie de diversion d’Ankara dans le Caucase

 

Le dégel entre la Turquie et l’Arménie profite à l’Azerbaïdjan et aux Etats-Unis

 

Si les relations turco-arméniennes se normalisent, l’Arménie pourrait abandonner le lien étroit qui la lie à la Russie et devenir un vassal de plus des Etats-Unis dans le Caucase du Sud

 

La Turquie et l’Arménie sont récemment convenues d’entamer des négociations en vue d’établir des relations diplomatiques. Dans les deux mois à venir, les négociateurs prévoient d’ouvrir les frontières entre les deux pays voisins. Le rapprochement entre Ankara et Erivan a eu lieu suite à une médiation suisse. Reste à savoir si les rapports entre Turcs et Arméniens se normaliseront et si l’affrontement entre les deux nations, qui dure depuis près de cent ans, s’aplanira. L’avenir devra le prouver.

 

Lors des négociations prochaines, on soulèvera immanquablement la question du génocide perpétré par l’Empire ottoman à la fin de la première guerre mondiale contre les Arméniens chrétiens, massacres qui ont fait près d’un million et demi de morts. Cette question ne jouera cependant qu’un rôle subalterne dans les négociations. Elle sera traitée par une commission composée d’historiens issus des deux pays. Le principal point à l’ordre du jour sera la question du Haut Karabakh. Depuis 1993, les Arméniens occupent en effet cette région montagneuse, ainsi que sept provinces azerbaïdjanaises limitrophes.  Le Haut Karabakh est peuplé d’Arméniens ethniques mais appartient à l’Azerbaïdjan  selon le droit international. A cette époque, les Turcs et les Azéris avaient fermé leurs frontières avec l’Arménie,  ce qui avait entraîné des conséquences désastreuses pour l’économie arménienne. Les liens sont étroits entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, car les Azéris sont un peuple turc (turcophone) et musulman; sur les plans ethnique et linguistique, les Azéris sont donc proches parents des Turcs. C’est pourquoi la Turquie exige de l’Arménie qu’elle retire ses troupes présentes sur le sol de l’Azerbaïdjan.

 

Ankara tente de tuer deux mouches d’un seul coup de savate en entamant des négociations avec Erivan pour renouer des relations diplomatiques; d’une part, les Turcs entendent recevoir quelques “bonnes notes” de Bruxelles avant de réentamer des pourparlers en vue d’une adhésion à l’UE; Ankara bénéficierait alors de préjugés plus favorables à son adhésion dans le prochain rapport que la Commission rédige, à intervalles réguliers, sur ses “progrès”, car, quoi qu’il en soit, la petite puissance d’Asie Mineure a, ces temps-ci, accumulé bon nombre de “mauvaises notes”. La calcul des Turcs s’avère néanmoins porteur: “Ces accords contribueront à la paix et à la stabilité dans le Caucase méridional”, ont déclaré la Commissaire des Affaires étrangères de l’UE, Benita Ferrero-Waldner et le Commissaire à l’élargissement, Olli Rehn. D’autre part, Ankara  cherche à mettre un terme à l’occupation arménienne de portions importantes du territoire azéri. “La Turquie continuera à soutenir l’Azerbaïdjan dans la question du Haut Karabakh” vient d’affirmer David Chaanatsarine du “Congrès National Arménien”, un parti d’opposition, suite aux questions que lui posaient des journalistes du quotidien turc “Hürrriyet”. Cette affirmation de Chaanatsarine correspond parfaitement avec celles de voix officielles turques. “La Turquie n’entreprendra jamais rien qui puisse nuire à ses frères d’Azerbaïdjan”, avait dit le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu aux questions posées par la chaîne de télévision NTV. Finalement, avait-il ajouté, “rien n’est plus important que l’amitié turco-azérie”.

 

L’objectif officiel d’Ankara, comme l’a annoncé le ministre des affaires étrangères Davutoglu, est de procurer à la Turquie “un environnement stable le long de ses frontières”. Mieux: en négociant afin de mettre un terme à l’occupation arménienne du Haut Karabakh et des provinces limitrophes, Ankara cherche à renforcer l’Azerbaïdjan et, ainsi, à se profiler comme une puissance régionale efficace au Moyen Orient. En effet, si l’Arménie est neutralisée, il naîtra de facto un “bloc turc(ophone)” plus riche et plus solide du Bosphore à la Caspienne, région où  se trouvent d’énormes gisements de pétrole et de gaz. De cette façon, Ankara pourra mettre encore plus de pression sur l’UE et se positionner comme un espace de transit sûr et incontournable pour les énergies fossiles. Ankara veut acquérir une position telle que son adhésion finira par être complètement acceptable. En 2003, on a rendu opérationnel l’oléoduc BTC (Bakou-Tiflis-Ceyhan), qui part d’Azerbaïdjan, traverse la Géorgie et aboutit en Turquie. De même, cette année-là, on a inauguré le gazoduc BTE (Bakou-Tiflis-Erzouroum). Ce gazoduc et cet oléoduc ont été réalisés avec une participation financière très importante des Etats-Unis, dans le but d’éviter les territoires de la Russie et de l’Iran.

 

Les Américains se félicitent bien entendu des négociations entre Ankara et Erivan. Si les rapports entre la Turquie et l’Arménie se normalisent, alors Moscou perdra son seul allié dans le Caucase du Sud. L’Arménie entretient certes de bons rapports avec les Etats-Unis et a même envoyé des soldats en Afghanistan mais la Russie reste, pour les Arméniens, la puissance protectrice. Ce n’est qu’avec l’appui de Moscou que l’Arménie, petit pays d’à peine 3,5 millions d’habitants, a pu infliger à son voisin azéri, qui compte, lui, 8 millions d’habitants, une défaite militaire retentissante. L’influence économique de la Russie est également importante: ce sont en effet des entreprises d’Etat russes qui possèdent les plus grandes usines hydrauliques arméniennes et la centrale nucléaire de Metsamor; cette dernière est le principal fournisseur d’énergie du pays (40% de l’énergie consommée). Si les relations se normalisent avec la Turquie, membre de l’OTAN, les rapports entre Erivan et Moscou pourraient bien se rafraîchir. Car les Etats-Unis se montrent particulièrement généreux quand il s’agit de limiter et de refouler l’influence russe dans le Caucase: souvenons-nous que la Géorgie reçoit chaque année un milliard de dollars. Mais le prix que l’Arménie aurait à payer pour son “alignement” serait vraiment fort élevé: surtout l’abandon du Haut Karabakh. Dans la “République Démocratique du Haut Karabakh”, non reconnue par les instances internationales, la méfiance croît envers Erivan. Kegham Bagdadcharian, membre du Parlement de cette république, évoque une “déviance dangereuse” en Arménie, car celle-ci  a accepté les “conditions préalables”, exigées par les Turcs, pour entretenir des relations diplomatiques.

 

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°37/2009; trad. franç.: Robert Steuckers).

"Le conquistador aux pieds nus" d'Abel Posse

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"Cabeza de vaca le conquistador aux pieds nus" d'Abel Posse

Romans, nouvelles, récits
Textes latino-américains
Traduit  de l' espagnol (Argentine)
Romain Magras (Traducteur)

avril 2008  / 11,5 x 21,7 / 304 pages
ISBN 978-2-7427-7421-0
prix indicatif : 22,00 €

 

Le conquistador sans conquête de Charles Quint vit sa dernière année dans une modeste demeure sévillane. Sous couvert de lui faire vérifier des cartes du Nouveau Monde, une bibliothécaire charmeuse sollicite le vieillard sentimental, lui offrant du papier filigrané à ses armes. C’est qu’elle espère le récit des années escamotées dans ses Naufrages. Et le chimérique gouverneur du rio de La Plata de libérer sa mémoire pour des révélations qui bien souvent mettent à mal l’histoire officielle de la Conquête. C’est ce manuscrit imaginaire qui nous est rendu.
L’infatigable voyageur qui a parcouru, pieds nus, 8 000 kilomètres, lutté contre l’inceste et la polygamie, aboli l’esclavage, avoue l’inavouable osmose avec la culture indigène. Nature matricielle, magie, fusion avec le cosmos, plaisir des sens, contre barbarie espagnole, fièvre de l’or, croix inquisitrice et épée tolédane. Par amour, il a jeté un pont entre deux terres aux antipodes l’une de l’autre et qui ne devaient simplement pas se rencontrer. Son nom restera dans l’histoire. A-t-il à lui seul, comme le pensait Henry Miller, racheté tous les crimes des conquistadors ? Une seule évidence : l’hidalgo andalou, né riche et heureux, est mort pauvre et seul, mais probablement amoureux.

Abel Posse est né à Córdoba en 1934. Diplomate, il parcourt le monde pendant une quarantaine d’années avant de regagner Buenos Aires. Il est considéré comme un des maîtres du nouveau roman historique. Ses textes condensent les mythes et les histoires vraies ou fictives du continent latino-américain.

Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, essentiellement romanesques, dont deux ont paru en France : La Guerre au roi (Alta, 1981), et Les Chiens du paradis (Belfond, 1986).



Retour au réel

Retour au réel

compuburn

Nous vivons aujourd’hui dans un monde essentiellement virtuel. La distance matérielle entre les êtres demeure la même, mais la distance existentielle qui les sépare se creuse. Plus encore, c’est notre rapport lui-même au réel qui s’est fragilisé. Nous nous inquiétons de la montée des « simulacres », et nous nous prenons même parfois à douter du monde qui nous entoure. Ce que nous voyons à l’image, que ce soit sur les écrans de télévision, de cinéma ou d’ordinateur, a-t-il la même réalité à nos yeux que ce que nous voyons directement devant nous ? Rien n’est moins sûr. L’image distancie, et vide les choses de leur substance. Un homme qui meurt à l’écran ne nous touche pas de la même façon qu’un homme qui meurt dans nos bras.

Il ne tient qu’à nous, pourtant, d’utiliser les outils qui nous sont offerts à notre meilleur avantage. On ne se prive pas des bienfaits d’une invention sous prétexte qu’elle comporte aussi des méfaits. Si les fusils n’existaient pas, les morts seraient moins nombreux au cours des guerres ; mais dès lors que les fusils existent, pourquoi se battre avec de simples épées ?

Le mal causé par la virtualisation du monde peut être ainsi partiellement enrayé par le monde virtuel lui-même. Il n’est pas facile de penser seul ; alors pensons tous ensemble ! Mettons en commun nos idées, échangeons, instruisons-nous réciproquement. Utilisons l’Internet pour communiquer, et suscitons un partage d’idées qui redonnera du sens à nos tentatives isolées de réflexion. Ne soyons plus solitaires…

Les ventes de livres savants chutent depuis la fin des années 1970, même chez les enseignants du secondaire ou du supérieur, et malgré l’explosion du nombre d’étudiants à l’université. Les éditeurs indépendants voient leur audience limitée à des cercles de plus en plus restreints. Certains facteurs peuvent en partie expliquer ce phénomène, comme l’essor des nouvelles technologies, qui absorbent une grande partie du temps consacré par chaque citoyen à lire et s’informer. Mais le Web ne propose en général guère plus que des fragments de pensée, sur le mode du zapping. Nous voulons contribuer quant à nous, à notre niveau, à la restauration d’une pensée de fond, qui prenne le temps d’établir ses marques. Nous voulons lutter contre la superficialité d’une ère médiatique et numérique qui nous voue le plus souvent à la fragmentation cérébrale ou à la hâte et l’emportement militants…

Intellectuels de tous les pays, unissez-vous ! Ne laissez pas mourir l’esprit ! Rejoignez-nous ! Créons ensemble une nouvelle dynamique culturelle, un nouveau parti de l’intelligence, qui nous donne enfin les moyens de penser notre époque.

Source : Retour au réel [1]


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Université d'été 1995: la question du fédéralisme

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

Université d'été de la F.A.C.E. (juillet 1995)

Résumé des interventions

 

Samedi 29 juillet 1995 (après-midi)

 

Les équivoques du fédéralisme

(intervention de Christiane Pigacé)

 

Le fédéralisme peut être ce que nous souhaitons en ultime instance, mais pour souhaiter sans se fourvoyer, il faut être conscient, comme nous l'enseigne d'ailleurs Miglio, des équivoques du fédéralisme, même si le professeur italien opte finalement pour l'étiquette “fédéraliste” en abandonnant toutes les autres.

 

L'option fédéraliste de Miglio, comme toutes les autres options politiques qui animent les débats d'aujourd'hui, se profile sur fond d'une idéologie dominante pour laquelle les sciences politiques n'auraient plus de spécificité. Pour Lecat, par exemple, elles ne seraient plus que les expressions verbales d'énarques qu'étudieraient d'autres énarques. Les sciences politiques seraient ainsi reléguées en un vase clos. Or le politique, par définition, est partout, manifeste et bien visible ou occulté par les circonstances. En cas d'occultation prolongée, en cas d'amnésie du politique, son apparition ou sa ré-apparition se fait sentir, devient nécessité voire urgence. Parce qu'il y a crise, il faut des décisions, donc il faut une politique, il faut réactiver le politique qui était éventuellement en sommeil. Aujourd'hui, dans cette ambiance de “rectitude politique” où les sciences politiques ne sont plus que les discours des énarques revus et corrigés par d'autres énarques, les concepts-clés de ces sciences politiques ont été détournés de leur sens, parce que certains groupes financiers, dominant la sphère économique voire la fameuse “bulle spéculative”, poursuivent des objectifs bien particuliers: 1) asseoir un discours dominant d'où toute décision, tout esprit de décision, aurait disparu; 2) généraliser un champ de pures discussions. Sans décision et plongé dans d'interminables discussions [dans les parlements ou dans les médias], on finit par ne plus avoir besoin de légitimité historique, donc par évacuer les légitimités jusqu'à leurs dernières traces, tout en tentant un processus de légitimation de cette discussion perpétuelle. C'est donc dans cet espace équivoque que se meuvent aujourd'hui les sciences politiques. La classe dominante actuelle, le mandarinat contemporain, les politologues de cour se livrent donc à un travail constant de relecture, de reconstruction des concepts à fins d'évacuer la légitimité, de la refouler et de la neutraliser.

 

En 1789, au moment où les Français veulent évacuer une légitimité qui s'est enlisée, ils pensent utiliser la technique du suffrage universel pour en instaurer une nouvelle. Mais ce suffrage n'est que censitaire et ne capte pas tous les désirs et les vouloirs du peuple. Pour nous, le retour à 1789 ne doit pas être une volonté de restaurer l'ancien régime ou d'avaliser les projets et les pratiques d'une démocratie incomplète parce que censitaire ou purement représentative (avec risque de voir cette représentativité confisquée par des professionnels du jeu politicien), mais un retour à la pensée de Siéyes, qui a tenté un dernier effort pour reprendre un pouvoir qui échappait au peuple. Dans cette optique, l'homme d'Etat véritable est celui qui dit ce que le peuple veut dire et souhaiter son apparition au bon moment, quand le besoin de décision se fait sentir, constitue un idéal démocratique, contrairement à ce que veut nous faire croire l'actuelle “rectitude politique”.

 

Pour tous ceux qui s'opposent au fédéralisme, celui-ci est défini comme un abandon de “souveraineté”, sur le plan intérieur comme sur le plan extérieur. Mais la souveraineté n'est pas un idéal: elle relève de l'efficacité. La souveraineté est parfois latente. Elle existe dans la mesure où elle se fonde sur les identités et les légitimités européennes. C'est au fur et à mesure que celles-ci s'estompent ou disparaissent que la souveraineté se perd elle aussi. Les empires meurent d'uniformisation. Car l'uniformisation tue la diversité légitime, c'est-à-dire les adaptations politiques, juridiques, économiques aux lieux qui, de fait, sont toujours différents les uns des autres. Raison aussi pour laquelle aucun “fédéralisme” ne saurait s'imposer par décret et que tout fédéralisme décrété de cette façon n'aurait effectivement aucune légitimité et serait incapable d'exercer une quelconque souveraineté. Actuellement, le fédéralisme est équivoque, est entaché d'“équivocité” dans la mesure où il est un mélange inefficace d'administratif et de politique. Le fédéralisme ne peut être ni abandon de souveraineté (et de légitimité) ni uniformisation sécurisante. Signalons aussi que toute opposition binaire du jacobinisme au fédéralisme ne tient pas la route; le jacobinisme, au départ, est un phénomène essentiellement politique et non administratif, dans le sens où il visait à soutenir l'effort de guerre. Au départ, le jacobinisme n'a nullement prévu une centralisation uniformisante sur le plan administratif; on constate même, à l'analyse, que certains jacobins étaient fédéralistes.

 

Le débat fédéraliste en Italie

(intervention du Dr. Giorgio Mussa)

 

Dans les médias italiens et internationaux, le Prof. Gianfranco Miglio fait figure de “sécessioniste”, en tant qu'éminence grise de la Ligue du Nord. C'est depuis plusieurs décennies que Gianfranco Miglio réfléchit aux questions du fédéralisme. Pour lui, le fédéralisme tel qu'il l'a défini, constitue une réponse constitutionnelle à la crise politique européenne et plus particulièrement à la crise de cette forme politique spécifique qu'est l'Etat moderne.

 

Pour Miglio, une constitution est fédérale si elle vise à remplacer une ancienne constitution qui ne l'était pas; si elle vise à articuler la vie politique sur deux plans, un plan fédéral et un plan “cantonal”; si elle accorde toute leur place aux phénomènes sociaux horizontaux (les citoyens et les entreprises qu'ils animent); si elle manifeste le souci de respecter les traditions locales; si elle prévoit une économie de marché.

 

Sur base de ses investigations en matières constitutionnelles, Miglio propose, dans le cadre de la politique italienne actuelle de: 1) Partager l'Italie en trois cantons, avec compétences universelles; 2) de faire représenter l'unité de la nation italienne par les représentants suprêmes de ces trois cantons; 3) de faire du “directoire fédéral” l'organe collégial du gouvernement; 4) de prévoir une assemblée fédérale de 346 députés; 5) de séparer davantage le législatif de l'exécutif; 6) d'accorder à un Sénat des compétences pour trancher sur les principes fondamentaux; 7) d'adjoindre au législatif élu sur base de partis concurrents une chambre des corporations, représentatrice des forces vives de la nation et des cantons; 8) d'adopter un fédéralisme fiscal.

 

lundi, 21 septembre 2009

Comment l'âge numérique rend nos jeunes idiots

Comment l’âge numérique rend nos jeunes idiots

Comment l’âge numérique rend nos jeunes idiots

Il y a quelques mois, un quotidien romand s’émerveillait du témoignage d’une ado qui assurait pouvoir en même temps faire ses devoirs, envoyer des SMS, «chatter» sur quelque réseau social, tout en écoutant de la musique. Poudre aux yeux, évidemment.

Internet nous prépare en réalité une génération dramatiquement stupide, inculte, et coupée de la société adulte. Ce sévère constat est celui de Marc Bauerlein, professeur et directeur de recherche aux Etats-Unis. Son bestseller* a fait beaucoup de bruit, et il a été suivi par un grand nombre d’ouvrages faisant l’analyse critique de l’impact d’internet sur la société – des analyses critiques qu’on attend toujours chez nous.

Internet peut être un formidable vecteur de culture, de savoir et de développement personnel. Mais il n’est que rarement utilisé comme tel: le divertissement facile et la socialisation à niveau minimaliste en sont les usages les plus courants – même chez les adultes.

Le problème des enfants et des ados est sérieux dans la mesure où ils sont pris au piège des séductions multiples et obligatoires du réseau. Comme le relève Marc Bauerlein, la chambre de l’ado «n’est plus un sanctuaire, c’est une centrale de commande. E-mails, messages, blogs et commentaires, appels téléphoniques, tweets, photos et chansons tombent en avalanche chaque soir, et si le jeune ne répond pas, il est largué.» Or rien n’est pire pour un ado que de risquer l’exclusion du groupe, car à cet âge-là c’est ce qui compte le plus: celui qui ne participe pas, ne répond pas, ne donne pas son avis, devient un paria impitoyablement rejeté par les autres.

Cette contrainte, dont les parents n’ont pas idée, fait peser sur les enfants et les ados une pression, un stress inouïs, qui leur interdit la concentration nécessaire pour arriver au bout d’un devoir scolaire, par exemple, ou au bout de la lecture d’un livre. Observez-les pianoter frénétiquement, à toute heure du jour et du soir, et vous verrez vite qu’ils ne s’amusent pas du tout.

Mais il y a pire: en passant une bonne partie de leur temps à gérer leurs nombreux réseaux et messageries (qui se multiplient, et il faut être de tous!), ils passent à côté de ce qui leur permettra d’atteindre l’âge adulte avec un développement d’adulte: l’assimilation d’un savoir et d’une culture, historique et civique, notamment par les livres, le contact avec des générations plus âgées (les profs, les parents) – autant d’outils pour grandir qui ne sont disponible qu’à l’adolescence.

* «The Dumbest Generation», de Mark Bauerlein. Ed. Jeremy P. Tarcher/Penguin.

Par Philippe Barraud

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Les Séfévides, fondateurs de l’Iran moderne (1501-1736)
À l’aube du XVIe siècle, Ismaïl, chaïkh de l’ordre mystique des Séfévides se proclame chah avec le soutien des tribus turques. C’est avec une main de fer, des moyens souvent sanguinaires et en s’appuyant le clergé, qu’il réalise l’unité ... Lire l'article
La miniature iranienne, un art figuratif en terre d’islam
Comment et quand est née la miniature iranienne ? Quelle a été son évolution et quel est son devenir ? C’est toute l’histoire de cet art délicat et merveilleux que scrute ici Jean-Paul Roux en analysant les premiers dessins jusqu’au XIVe siècle ... Lire l'article
La miniature moghole, éclectique et raffinée
La peinture moghole, contrairement à la peinture ottomane de manuscrits, connut très tôt une large audience et conquit la faveur des historiens de l’art et du grand public. L’intervention des Portugais aux Indes, puis l’occupation française et ... Lire l'article
La Horde d’or et la Russie
En ce début du XIIIe siècle, rien ni personne ne semblait pouvoir résister à la déferlante des cavaliers mongols et les villes russes tombèrent les unes après les autres. Pendant près de deux cent cinquante ans, la Russie fit le dos rond ... Lire l'article
Les Grands Seldjoukides
Les pères luttent pour la conquête, leurs fils règnent, parfois avec sagesse, leurs petits-fils essaient, sans toujours y parvenir, de défendre des territoires convoités par d’autres conquérants : si toutes les dynasties sont mortelles, ... Lire l'article
Quand l'Afghanistan était l'un des centres du monde
Vers 1950, l’Afghanistan, figé sur ses traditions, sur un islam pur et dur, sur une farouche xénophobie, demeurait, malgré quelques tentatives d’ouverture sur le monde, un des pays les plus inaccessibles et les plus retardataires. Il n’y avait ... Lire l'article
L'épopée du monde turc
La langue turque est connue depuis le VIIIe siècle par des inscriptions écrites en Mongolie septentrionale, mais elle présente déjà, alors, des phénomènes d’usure qui prouvent son antiquité : elle nous a livré son premier mot dans un ... Lire l'article
Secte ou religion : les Druzes du Proche-Orient
De toutes les formations religieuses hétérodoxes qui émaillent le monde de l’islam, l’une des plus célèbres, pour ne pas dire la plus célèbre, est celle des Druzes. Cela provient peut-être de ce qu’elle a des liens anciens avec l’Europe ; ... Lire l'article
L’islam des partisans d’Ali : le chiisme
Une étude du chiisme doit tenir compte de plusieurs faits : il n’est pas spécifiquement iranien ; il a une longue histoire ; loin d’être unifié, il se subdivise en maints rameaux ; tous les mouvements religieux ou toutes les ... Lire l'article
L’Empire mongol, de l’art de la conquête
En 1164 peut-être – les dates ne sont pas sûres – au nord du pays qui deviendra la Mongolie, un homme et un garçon de neuf ans, Temüdjin, séjournent chez un chef de tribu des Qonggirat. Ils sont bien accueillis, et, comme on se plaît, on décide ... Lire l'article
La miniature ottomane
Des trois écoles classiques de la miniature islamique – celles d’Iran, de l’Inde moghole et des Ottomans – la dernière est la moins connue. Cela découle de trois faits : ses œuvres, moins dispersées que les autres, sont mal représentées ... Lire l'article
Les sept villes de Delhi
Ce n’est pas à Delhi que l’on peut voir les plus beaux monuments de l’islam en Inde. Il ne s’y trouve ni le Taj Mahal ni les délicats écrans de marbre ciselé. On peut préférer la Grande Mosquée de Fatehpur Sikri ou d’Agra à celle de la ville ... Lire l'article
L'empire éblouissant des Grands Moghols
Si, officiellement, la dynastie des Moghols régna de 1526 à 1857, seuls six, parmi eux les premiers, furent véritablement « grands » et apportèrent à l’Inde puissance, prospérité et unité, tolérance et raffinement esthétique. ... Lire l'article
Akbar et Fatehpur Sikri
Fatehpur Sikri, où tant d’influences artistiques se font sentir, est l’expression architecturale de l’idéal d’Akbar : la fusion en un ensemble unique, aussi harmonieux que possible, de toutes les tendances religieuses et culturelles de son ... Lire l'article
Le Caire islamique
Qui visite Le Caire islamique ? On ne va pas en Égypte pour l’art de l’islam, mais pour l’Antiquité pharaonique, et c’est dommage. Peu de cités au monde possèdent autant de monuments anciens, aussi beaux, aussi variés, et ... Lire l'article
Le harem de Topkapi : mythe et réalité
Dans l’imaginaire occidental, le harem des sultans a longtemps entretenu la vision d’un Orient de luxe et de volupté. Mais quand et pourquoi fut-il édifié ? Quelle en était l’organisation et comment vivaient, au quotidien, les femmes que ... Lire l'article
Les palais des caravanes : Les caravansérails seldjoukides
Au XIIIe siècle les routes de Cappadoce se jalonnèrent de caravansérails qui accueillaient gratuitement bêtes et gens. On y parlait toutes les langues, on priait, on négociait, on se soignait, et l’on repartait vers la halte suivante. Ils ... Lire l'article
La civilisation omeyyade et les châteaux du désert
Quelques années seulement après l’émergence de l’Empire arabe en 632, les Omeyyades imposèrent leur autorité et, de Syrie où ils s’installèrent, tout en perpétuant les traditions léguées tant par l’Antiquité que le christianisme, ils surent imposer ... Lire l'article
Istanbul, métamorphoses et séduction
D’où vient cette fascination qu’exerce l’antique capitale des basilei byzantins et des padichah ottomans ? Pourquoi, dans son incessante métamorphose, Istanbul nous donne-t-elle ce gage de fidélité ? Telles sont les questions ... Lire l'article
La Grande Mosquée d'Ispahan : Histoire et civilisation de l'Iran islamique
Auteur de nombreux ouvrages, Jean-Paul Roux est spécialiste du monde musulman. Ses études et observations concernant la Grande Mosquée d’Ispahan nous révèlent aujourd’hui à quel point ce monument est le plus important et le plus significatif ... Lire l'article
Le mazdéisme, la religion des mages
Dans l’Iran ancien était vénéré le dieu Ahura Mazda, le Seigneur sage, omniscient ; d’où le nom mazdéisme donné à cette religion traditionnelle, la plus ancienne à s’être pérennisée – parfois sous la dénomination de zoroastrisme, ... Lire l'article
Le christianisme en Asie centrale
L’Asie centrale, de tout temps terre de passage, d’invasion, de rencontre des civilisations venues des quatre points cardinaux, est le lieu de la diversité anthropologique, linguistique et culturelle par excellence. Comment, et sous quelle forme ... Lire l'article

"Pierre de scandale" de Nicolas Buri

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"Pierre de scandale" de Nicolas Buri

L’année 2009 est le cinq centième anniversaire de naissance de Jean Calvin. C’est donc dire que le roman de Nicolas Buri, mettant le personnage de Calvin en évidence, tombe à point. À travers Calvin Pierre de scandale nous décrit aussi toute une époque. Celle d’une chasse aux sorcières tous azimuts qui ne laissait place à aucune compassion. Les tenants de la Réforme protestante n’ont trouvé rien de mieux que d’imiter l’Inquisition catholique. Ce roman nous montre la bêtise des maniaques de dieu portant des œillères faites de récits bibliques interprétés d’obtuse façon.

 

Cruels, humains, trop humains, sont les tenants de l’orthodoxie biblique. Les ennemis du dogme, les amis de la liberté de parole « … avaient fui, chassés, une main en moins pour l’avoir levée contre un pasteur, la langue percée au fer pour blasphème, ou tués sous la torture, pour paillardise, adultère, sorcellerie, ou simplement par ignorance de ce que lui, Calvin, tenait pour vrai. » On a beau dire que cela se passait au XVIème siècle mais force est de constater qu’il en reste quelques relents de nos jours.

Calvin, âgé de vingt-sept ans arrive un jour de l'année 1536 à Genève, ville que l'on dit la plus sale et la plus paillarde d'Europe. Avant d'en devenir le maître, il livre une lutte à mort contre les ennemis de l'intérieur, ceux qui ne se conforment pas aux diktats de la bible telle qu’il se plait à l’interpréter. Cette Cité de Dieu, Jérusalem nouvelle, devient le havre de ces hérétiques que l'on appelle 'protestants'. Si Calvin crée pour eux une ville cosmopolite, pour beaucoup de Genevois il reste 'le Français', l'étranger, l'homme à abattre, pourfendeur de leurs libertés et juge de leur quotidien, leur imposant jusqu'à la couleur des vêtements et la forme des chaussures. Désormais, catholiques et protestants forment deux blocs qui se font face. Dans un camp comme dans l'autre, il y a des excommuniés, des résistants. L'âpre théorie des guerres de religion peut commencer de dévaster l'Europe.

Calvin, dans le roman de Buri, est la figure même de l’intolérance, de l’irrationalisme, de l’aveuglement biblique et de la bêtise. Pour mieux comprendre certaines attitudes contemporaines de fondamentalistes è tout crin, un roman à lire.

 

 

Nicolas Buri est né en 1965 à Genève. Il en est à son premier roman. Il travaille comme rédacteur-concepteur. Il est également l'auteur de scénarios réalisés pour la télévision et le cinéma.

 

Nombre de pages : 304
Prix suggéré : 22,8 €

Éditions Actes Sud
www.actes-sud.fr

L'aventure des Artamanen

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L'aventure des Artamanen

 

A la fin du XIXième siècle, les premiers mouvements de jeunesse libres voient le jour en Allemagne. L'émergence de ces groupes correspondait bien à la mentalité “fin-de-siècle”, typique d'une urbanisation galopante avec, pour corollaire, un embourgeoisement de plus en plus accentué et de plus en plus criti­qué. Les critiques à l'encontre de la société du XIXième siècle, jugée trop bourgeoise et trop matérialiste, suscitent un renouveau de la tradition des randonnées, de même qu'un intérêt de plus en plus prononcé pour la culture populaire et la vie traditionnelle à la campagne. Tout cela fournit un terreau idéal pour les auberges de jeunesse, les cercles de randonneurs, les groupes de danses populaires et les mouvements de jeunesse libres.

 

Les racines du mouvement Wandervogel, le premier mouvement de jeunesse libre en Allemagne, se si­tuent résolument dans ce vaste mouvement protestataire. Toutefois, dans la phase initiale du mouvement de jeunesse libre, on ne trouvera nulle critique fondamentale de la société. Avant toute chose, ces gar­çons souhaitaient fuir l'emprise étouffante de la Belle Epoque et de son kistsch. Pour parvenir à leurs fins, ils s'en allaient dans le vaste monde et prônaient une existence libre, sans soucis, en osmose avec la nature. Il faudra attendre 1910 pour que l'on rompe avec ces tendances purement individualistes. Mais à partir de cette année-là, l'intérêt croît pour les danses populaires, les coutumes, les vieux lieder et les vieilles légendes, de même que pour l'histoire nationale allemande.

 

Avec la rencontre sur le Hoher Meissner, les 11 et 12 octobre 1913, la protestation contre la société bour­geoise s'exprime pourla première fois en toute clarté. On disait désormais sans ambages que l'on voulait créer un “royaume de la jeunesse” (un “Jugendreich”) sans immixtion des adultes. Ce serait pour cette raison que les dizaines de ligues présentes se sont jointes à la Freideutsche Jugend. Tous voulaient dé­passer l'individualisme de la période “Wandervogel”. Le désir de mener une action commune devenait de plus en plus fort et on croyait, dur comme fer, en la possibilité de forger une nouvelle communauté, une communauté vivante déployant son style propre, en opposition frontale à la société de masse des adultes.

 

Quand éclate la première guerre mondiale, ce rêve se brise en mille morceaux. Sur tous les fronts les vo­lontaires issus du mouvement de jeunesse tombent au service d'une société qu'ils avaient méprisée. La guerre laissa ses traces aussi après Versailles dans le mouvement de jeunesse. Plusieurs ligues, dans les circonstances de l'époque, finissent par s'engager dans des mouvances politiques ou s'adonnent aux expériences les plus insolites. On ne pouvait plus parler d'unité. C'était le morcellement complet. Pourtant, certains groupes se maintiennent et des ligues plus vigoureuses voient le jour.

 

Parmi ces ligues, l'une des plus remarquables fut celle des Artamanen qui, par le biais du travail agricole, voulaient jeter les bases d'une nouvelle communauté. L'émergence du mouvement des Artamanen trouve son origine, au début des années 20, quand, dans les cercles nationalistes de plus en plus de voix récla­ment l'introduction d'une service général du travail obligatoire. Ce fut notamment le cas du “Jungdeutscher Orde” d'Arthur Mahraun qui était, à l'époque, l'une des organisations nationalistes les plus importantes en Allemagne. Cet “Ordre” plaidait en faveur d'un service du travail obligatoire. En même temps, on constatait que dans certains cantons de l'Est de l'Allemagne, une minorité germanique se trou­vait désormais en face d'une majorité étrangère, essentiellement polonaise. Ce déséquilibre ethnique était dû principalement au fait que les gros propriétaires terriens allemands faisaient systématiquement appel à des travailleurs agricoles saisonniers d'origine polonaise.

 

Ce problème existait depuis un certain temps déjà lorsqu'à la fin de l'année 1923, et au début de 1924, quelques appels sont lancés dans diverses publications. On demande aux jeunes de fonder des commu­nautés de volontaires du travail pour reprendre les tâches habituellement dévolues aux ouvriers agricoles polonais. La constitution de ces communautés de travail était considérée comme un service volontaire au bénéfice du peuple allemand tout entier, comme un exemple par l'action et comme une possibilité d'échapper à l'urbanisation fatidique et de freiner la colonisation polonaise des terres de l'Est. C'est à la suite de ces appels que le mouvement des Artamanen se constitue. “Artam” signifie “gardien du pays”. Au début, le mouvement rassemblait vaille que vaille des individus issus de diverses ligues (surtout des gar­çons venus du Wandervogel, mais aussi des Catholiques du mouvement Quickborn, ensuite des anciens du Jungdeutscher Orde, des SA et des militants des “Wehrverbände”, c'est-à-dire des associations de défense des provinces de l'Est). Par la suite, il évolua pour devenir une organisation bien structurée, ac­tive dans les provinces de l'Est du Reich (surtout en Prusse orientale et centrale).

 

En avril 1924, les 80 premiers Artamanen, répartis en onze groupes différents, commencent à travailler. Au cours de cette première phase, il s'agissait surtout de refouler les travailleurs saisonniers polonais et d'accentuer la densité démographique germanique dans les zones frontalières, mais, finalement, les in­tentions des Artamanen allaient plus loin. Ils voulaient jeter les bases d'une nouvelle communauté popu­laire qui devait prendre forme d'abord dans les régions de l'Est. En revalorisant le travail agricole, la jeu­nesse retrouverait ainsi sa véritable destination et renouerait avec la vraie essence du peuple. En trans­plantant une partie de la jeunesse citadine dans les campagnes, on voulait créer une nouvelle caste pay­sanne, soutenue par une organisation populaire bien structurée.

 

Cette volonté faisait du mouvement des Artamanen une organisation vraiment différente des autres ligues de jeunesse. Contrairement aux premières ligues, qui ne formaient que des communautés temporaires pour les fins de semaine, les Artamanen constituaient une communauté permanente s'étendant à toute l'année. Pendant la période de mars à décembre les Artamanen vivaient en petits groupes de 4 à 20 per­sonnes regroupées sur la même exploitation agricole. Elles travaillaient ensemble et passaient ensemble leur temps libre dans des “troupes de jeu” (Spielscharen), présentes dès le début de l'aventure des Artamanen, afin d'organiser des randonnées pendant les heures chômées ou les mois d'hiver. Souvent, ils organisaient des soirées communautaires ou des discussions pour les jeunes des villages où ils sé­journaient. De cette façon, les Artamanen voulaient contribuer à la revitalisation de la culture des cam­pagnes. L'“Artam-Bund”  —c'est ainsi que le mouvement s'appelera à partir de 1926—  noue les contacts nécessaires avec les propriétaires de grandes entreprises agricoles et avec les autorités. Il veille à ce que les contrats soient respectés et à ce que des logements décents soient disponibles, pour autant que ce n'ait pas été le cas.

 

Dans le courant 1929, 2300 Artamanen étaient actifs dans 270 grandes fermes. L'“Artam-Bund” était alors au sommet de son développement. Hélas, cette année-là plusieurs conflits déchirent le mouvement... Depuis deux ans environ, on essayait, au sein du mouvement des Artamanen, de se doter d'une installa­tion permanente dans les régions de l'Est. Pour y parvenir, le mouvement aurait dû acheter plusieurs fermes qui auraient ensuite été exploitées en communauté. Tout le monde n'était pas d'accord au sein du mouvement pour concrétiser ce projet. Un certain nombre de responsables régionaux plaidaient plutôt pour la généralisation d'un service du travail rural. Par ailleurs, les Artamanen devenus nationaux-socia­listes tentaient par tous les moyens de dissoudre le mouvement dans la NSDAP. Parmi les principaux partisans de cette absorption, il y avait Heinrich Himmler, qui fut, pendant un bref moment de sa vie, un Artaman. Ces dissensus conduisirent à une rupture. L'“Artam-Bund” congédia plus de la moitié de ses cadres et se consacra essentiellement au travail agricole. Par ailleurs, une nouvelle ligue voit le jour, l'“Artamanen-Bündische Gemeinde für Landarbeit und Siedlung” qui se consacra plus spécialement aux colonisations permanentes. Outre ces deux pôles, citons le “Bund der Artamanen/National-sozialisti­scher Freiwillige Arbeitsdienst auf dem Lande”, basé dans le Mecklembourg. Ce groupe, moins nombreux que les deux autres, devait devenir le noyau dur du futur “Service Rural” de la Hitlerjugend.

 

En 1930, la “Bündische Gemeinde” achète sa première propriété en Prusse orientale. Dans la foulée, elle en achète d'autres. Entre 1930 et 1935, ils reprennent 158 exploitations agricoles. Parmi celles-ci, 46 étaient des installations communautaires. Les autres, après quelques années d'exploitation communau­taire, ont été cédées à des Artamanen qui avaient décidé de demeurer sur place et de continuer la ferme par leurs propres moyens. On remarquera surtout que la ligue a toujours refusé de vendre des exploita­tions. Selon la “Bündische Gemeinde”, une politique de vente aurait pour conséquence immédiate que les installations iraient toujours aux seuls Artamanen qui pouvaient se le permettre financièrement. Cela au­rait été en contradiction totale avec les buts du mouvement. La “Bündische Gemeinde” voulait donner à chaque Artaman la possibilité de commencer une exploitation agricole ou de prendre en charge la forma­tion des nouveaux venus dans l'un des centres du mouvement. Les plus grandes exploitations commu­nautaires de l'“Artamanen-Bündische Gemeinde” étaient celle de Koritten (1931) avec 150 ha et celle de Kopellow (1933) avec 582 ha.

 

Au cours de l'année 1934, l'“Artam-Bund” a dû faire face à des problèmes financiers croissants et a fini par devoir se faire absorber par le “Service Rural” de la Hitlerjugend. La “Bündische Gemeinde”, qui avait su préserver une relative autonomie, doit affronter de plus en plus de difficultés pour obtenir des terres. C'est la conséquence de la méfiance et du scepticisme des autorités nationales-socialistes et des mul­tiples “organisations de colons”. Une année plus tard, le dernier groupe des Artamanen doit s'aligner sur les desiderata du parti. Il comptait encore environ 700 membres.

 

Jan CREVE.

(ex: Dietsland-Europa, n°11/1988, trad. franç;: Robert Steuckers).

Source: Peter SCHMITZ, Die Artamanen. Landarbeit und Siedlung bündischer Jugend in Deutschland. 1924-1935, Dietrich Pfaehler Verlag, Bad Neustadt, 1985, 168 p., nombreuses illus­trations.

dimanche, 20 septembre 2009

Rusia y Dinamarca estudian tender el gasoducto Nord Stream por territorio danés

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Rusia y Dinamarca estudian tender el gasoducto Nord Stream por territorio danés

El jefe del Gobierno ruso, Vladímir Putin, sostuvo hoy una conferencia telefónica con su homólogo danés Lars Lokke Rasmussen, con quien estudió la posibilidad de tender el gasoducto Nord Stream (Corriente Norte) a través de la zona económica exclusiva de Dinamarca.

“Las partes examinaron la posibilidad de construir un tramo del gasoducto en la zona económica exclusiva de Dinamarca”, informó el portavoz del Gobierno ruso, Dmitri Peskov.

Al principio, cuando el proyecto llevaba el nombre de Gasoducto de Europa del Norte, se pensaba tenderlo hasta el Reino Unido. Pero luego, los parámetros del proyecto cambiaron y recibió el nombre de Nord Stream. Finalmente se decidió tenderlo hasta el territorio alemán.


El gasoducto Nord Stream será una nueva ruta de exportación del gas ruso principalmente a Alemania, Reino Unido, Holanda, Francia y Dinamarca. Su extensión alcanzará 1.220 km y el primer tramo deberá entrar a funcionar en 2010.

Extraído de RIA Novosti.

~ por LaBanderaNegra en Septiembre 16, 2009.

D. Venner: Vous avez dit autochtone?

Dominique VENNER:

Vous avez dit autochtone ?

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Il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Je songeais à cet adage en lisant récemment la longue diatribe publique d’un helléniste à la retraite (1). Jouissant d’un statut privilégié en France même et aux Etats-Unis où il enseigna dans une université réputée, l’excellent professeur se moquait en terme choisis de ses compatriotes qui se veulent « autochtones », c’est-à-dire, comme le dévoile l’étymologie grecque, nés d’eux-mêmes, d’un même sang et d’une même terre.

« Au milieu du Ve siècle avant notre ère, écrit-il, une petite cité-village de l’Hellade a été frappée par le virus de l’ “hypertrophie du moi”, une épidémie redoutable », ajoute l’émérite professeur. Jugez-en : cette épidémie « a conduit là-bas à instituer une cérémonie annuelle où un orateur, expert en oraisons funèbres, célébrait devant les cercueils des morts à la guerre la gloire immémoriale des Athéniens. » Quelle idée saugrenue, en effet, que de célébrer les morts à la guerre et la gloire de la cité ! Cette inquiétante « hypertrophie du moi » a même conduit les Athéniens à édifier quelques négligeables monuments de marbre, tel le Parthénon, qui ont résisté aux millénaires et aux invasions, faisant toujours l’admiration des sots que nous sommes. Elle les a conduit aussi à édifier d’autres monuments tout aussi négligeables, ceux de l’esprit (transmission des poèmes homériques, invention de la philosophie, du théâtre tragique et de l’enquête historique), dont nous vivons encore, ce dont s’étonne le curieux helléniste que nous citons. Tout cet héritage est en effet désolant.

Et quel exemple déplorable ! « Les historiens (français), dès les années 1880, se mettent à écrire une Histoire de la France, née d’elle-même. » Un scandale, vraiment ! Et ce n’est pas tout. « Quant aux religieux qui avaient inventé au XIIe siècle le “cimetière chrétien”, excluant les juifs, les infidèles, les étrangers et autres mécréants, ils continuent à entretenir, d’une République à la suivante, la croyance que nous sommes les héritiers des morts, de nos morts précisément, et depuis la préhistoire. De “grands historiens” (on appréciera les guillemets) s’en portent garants. » Quelle tristesse ! A en croire notre universitaire retraité, en France, l’idée de l’identité nationale – qui nous vient donc d’Athènes et de la Grèce antique – serait dans l’air du temps. Cette révélation le plonge dans l’affliction. Quelle ineptie en effet, alors que le flux mondial ascendant des échanges financiers, dont on connaît les bienfaits, incite au contraire à se sentir, comme il le dit lui-même, « nomade ». Naturellement il est facile d’être « nomade » quand on est assuré de ne voyager que par les beaux quartiers du monde entier, tous frais remboursés, entouré de l’attention prévenante de nombreux préposés à votre confort et à votre sécurité. Sans doute les derniers Français « autochtones » qui n’ont pu, faute de moyens ou de chance, s’échapper par exemple de Villiers-le-Bel depuis les émeutes de novembre 2007 aimeraient-ils aussi être des « nomades » de ce type. Mais leur condition de pauvres, de vieillards ou d’ « autochtones » abandonnés, le leur interdit. Et pourtant, quel joli nom, si l’on y songe que Villiers-le-Bel. Un nom «autochtone», dont l’épithète résonne désormais avec une ironie cruelle. Pourquoi, direz-vous, un tel discours ? Réponse : parce que l’historien doit aussi prendre date et ne pas être aveugle à ce qui se fait sous ses yeux. C’est ce que nous a enseigné Marc Bloch, contemporain et victime du désastre de 1940. Il a reconnu que ses travaux l’avaient conduit à ignorer l’importance des événements de son temps. « C’était mal interpréter l’histoire… Nous avons préféré nous confiner dans la craintive quiétude de nos ateliers… Avons-nous toujours été de bons citoyens ? (2) » Je ne peux cacher qu’un tel précédent ne me laisse pas indifférent. Et si l’on n’est pas complètement idiot, une question surgit : pourquoi le désir d’identité (être conscient de ce que l’on est dans toute l’épaisseur de son existence, parmi ceux qui vous ressemblent), oui, pourquoi ce désir serait-il louable chez les Noirs américains, les Chinois, les Arabes, les Israéliens, les Ouïgours, les Turcs ou les Gabonais, mais condamnable chez les Européens et les Français ? Voilà bien une question qu’il faudrait un jour élucider.

Dominique Venner

1.Marcel Detienne, dans Le Monde des 12-13 juillet 2009, sous le titre : La France sans terre ni mort.
2. Marc Bloch, L’Etrange défaite, Editions Francs Tireurs, 1946, p. 188. On sait que, s’étant repenti de son abstention précédente, le grand historien s’est engagé dans la Résistance. Capturé, il a été fusillé en juin 1944.

Source : Dominique Venner [1]


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"La conquista del Estado - El primer semanarion nacional-sindicalista espanol (1931)

"La conquista del Estado. El primer semanario nacional-sindicalista español (1931)»

Gabriela Viadero Carral

Ex: http://urioste.eu/

«La Conquista del Estado. El primer semanario nacional-sindicalista español (1931)»

Gabriela Viadero Carral

Orientaciones

«No estamos ante un libro cualquiera. Lo que el lector va a encontrar en esta obra es algo poco corriente: un estudio serio sobre una revista histórica y política, La Conquista del Estado. Si la historia es una de las disciplinas que se han abordado con mayor subjetividad, la historia política ha sido objeto de las más infames tergiversaciones. La figura de Ramiro Ledesma Ramos -como la de otros tantos ideólogos- ha sufrido todo tipo de interpretaciones, desde la muerte bibliográfica del silencio académico hasta las biografías apasionadas de sus detractores y sus supuestos partidarios.

El estudio que usted tiene en sus manos es de un gran valor cultural por dos motivos fundamentales. Primero, porque no es una obra literaria de un amante o detractor de La Conquista del Estado, donde se verían reflejadas más las filias y fobias del autor que el objeto estudiado, sino un trabajo universitario serio y responsable que ha pasado con solvencia los filtros de la corrección y calificación académica. Es decir, su calidad está avalada por expertos en la materia.

Segundo porque la autora, Gabriela Viadero Carral, no tenía ninguna opinión formada sobre Ramiro Ledesma Ramos o La Conquista del Estado antes de comenzar su investigación. Su aproximación, por lo tanto, ha estado libre de apasionamiento, lo que ha contribuido a la objetividad del trabajo. Esta mirada limpia y pura le ha permitido plasmar con magnificiencia y certera intuición la realidad del filósofo español y del “semanario de lucha y de información política” que él mismo impulsó.

Esto no quiere decir que la investigadora, desde el punto de vista humano, no fuese sintiendo un especial y sincero afecto por la figura de Ramiro Ledesma Ramos conforme desarrollaba su trabajo: viendo como aquel joven filósofo (discípulo de Ortega y Gasset y estudioso de Martin Heidegger, colaborador de La Gaceta Literaria y la Revista de Occidente) dejaba una prometedora y cómoda carrera intelectual para dedicarse de pleno a la lucha política radical en plena transición republicana, prescindiendo hasta de comer para poder pagar la impresión y distribución de su revista. Sin olvidar su triste pero heroica muerte. Una empatía sana y natural, nacida del estudio directo, que no ha restado ni un ápice la credibilidad de este trabajo.

¿Por qué era necesario un trabajo de investigación sobre esta publicación?

Pese a su temprana muerte -asesinado con poco más de treinta años-, Ramiro Ledesma Ramos encarnó los valores éticos, filosóficos y políticos de una generación europea que buscaba una alternativa a un mundo que se precipitaba al abismo entre el liberalismo y el marxismo. Esa alternativa, que conjugaba lo social y lo nacional, tuvo diversas manifestaciones a lo largo y ancho de Europa. La Conquista del Estado es, sobre el papel, la expresión española de esa corriente de vanguardia que, lamentablemente, ha sido poco y mal estudiada.

Además, como ya he comentado, su figura ha sido manipulada de tal modo que, en ocasiones, resulta irreconocible. Sus detractores le han presentado -cuando no silenciado- como un joven acartonado, fanático entusiasta del nacionalsocialismo y del fascismo -siempre de forma peyorativa- y sin ninguna originalidad o dimensión ideológica más allá de los prejuicios y clichés de los “bienpensantes”. Otros, supuestos seguidores, le han utilizado interesadamente para renovar su imagen y hacerla más atractiva, sin asumir los valores y postulados que él defendía. Estos ultraderechistas han construido un Ramiro Ledesma Ramos ficticio, valedor de causas que él combatió. Son estos últimos los que más daño han hecho a su recuerdo.

Así mismo, esta obra se hace imprescindible para comprender mejor aún una época, la de la II República, sobre la que mucho se habla y más se miente. Si bien es cierto que La Conquista del Estado -y las posteriores JONS- no tuvieron demasiada importancia en aquel momento, sí supusieron una vía política distinta. Vía que, en otros países, tuvo mucha fuerza y esperanzó a pueblos enteros. Tal vez la prematura muerte de la II República no permitió percibir el potencial de esta nueva alternativa, que podría haberse proyectado de otra forma si hubiese tenido más tiempo para difundirse.

En conclusión, era necesario, y por fin se ha hecho realidad, un trabajo que estudiara con claridad y transparencia no sólo los posicionamientos ideológicos de una época histórica concreta, sino una forma de ver y sentir la política que hoy en día sigue inspirando. Libre de prejuicios, heterodoxa, valiente y arriesgada… Así fue La Conquista del Estado, así fue Ramiro Ledesma Ramos.»

[Prólogo de Diego Urioste]

Enlace Ediciones Nueva República

Deux études allemandes sur Lyotard

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1998

Robert Steuckers:

Deux études allemandes sur Lyotard

Lyotard (1): Moralités postmodernes

Décédé au début de cette année, le philosophe français Jean-François Lyotard ne cesse de préoccuper les Allemands. Sous l’impulsion de Peter Engelmann, directeur des éditions Pas­sa­gen à Vienne, vient de paraître  —hélas post mortem—  une tra­duction de Moralités postmodernes. Toute histoire, toute construction politique et historique a généré une morale, mais cette morale n’est pas universelle ni universalisable: elle demeure locale, fugitive, soumise aux aléas du temps et de l’histoire; elle doit rester sans ambition missionnaire. Cette morale d’ici et de maintenant, et qui est toujours d’ici et de maintenant sous peine de ne pas avoir d’ancrage dans le réel, pourra certes se heurter à d’autres morales, de là-bas et de jadis, mais ne leur sera pas foncièrement et nécessairement contradictoire. Elles peuvent s’affronter, se juxtaposer, se cô­to­yer, se fructifier ou s’ignorer mutuellement, au choix: murmure confus de maximes diverses, cris de joie qui fusent deci-delà. Comme un gourmet, le philosophe doit jouir et déguster la pluralité irréductible que lui offre la vie (J. F. Lyo­tard, Postmoderne Moralitäten,  ISBN 3-85165-320-3, DM 48 ou öS 336, Passagen Verlag, Walfischgasse 15/14, A-1010 Wien; e-mail: passagen@t0.or.at; internet: http://www.t0.or.at/~passagen).

 

Lyotard (2): hommage à Karel Appel

Ami du peintre Karel Appel, Lyotard a commenté le “geste” de l’ar­tiste, à la fois destructeur et créateur. L’ouvrage paraît en version allemande, avec les textes du philosophe et des reproductions en couleurs des peintures d’Appel (J. F. Lyo­tard, Karel Appel: Ein Farbgestus, Cachgang & Springer, Berne, ISBN 3-906127-53-2, DM 78, à commander auprès de: Buchhandlung Walther König, Ehrenstrasse 4, D-50.672 Köln).

 

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samedi, 19 septembre 2009

Dummdeutsch und Denglisch

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http://www.abendblatt.de/politik/deutschland/article1180778/Wie-wir-unsere-Sprache-zerstoeren.html

Hamburger Abendblatt 12.Sept. 2009

Dummdeutsch und Denglisch

Wie wir unsere Sprache zerstören

Matthias Iken über das Verkommen der deutschen Sprache und die Macht der Anglizismen.

Es war in der Sandkiste, als ich die Hoffnung für die deutsche Sprache wiederfand. Mein Sohn baute eifrig an seiner Sandburg, eine kleine Plastikkelle in der Hand, und glättete die Zinnen. "Ich kelle", erklärte der Dreijährige mit freudestrahlender Miene, und ich weiß nicht, was ihn glücklicher machte: seine Sand- oder seine Wortschöpfung.

Leider versandet dieser kreative Umgang mit der deutschen Sprache mehr und mehr. Auch wenn das Klagelied zum heutigen Tag der deutschen Sprache altbacken klingen mag, es bleibt ein Ohrwurm. Einer Allensbach-Umfrage zufolge fürchten 65 Prozent der Bundesbürger, die deutsche Sprache drohe zu verkommen. Bei den über 60-Jährigen sind sogar 73 Prozent pessimistisch. Wer den Anglizismen und dem Denglisch dieser Tage lauscht, ahnt, dass Kulturpessimismus selten so berechtigt war. In dem babylonischen Sprachgewirr unserer Republik bleibt längst nicht nur die Kreativität und das Verständnis auf der Strecke, sondern eine gesamte kulturprägende Hochsprache - das Deutsche.

Wer heute beispielsweise durch das Internet surft, per Flatrate Software downloadet, seine E-Mails checkt, in Datingclubs mit Singles chattet, Hits in die Charts votet oder clever shoppt - er tut dies muttersprachbefreit. Spätestens seit den Achtzigerjahren hat sich eine unheilige Allianz aus Werbern, Marketingabteilungen und Medienleuten ohrenfällig aus dem Deutschen verabschiedet. Warum die Deutschen so sprachvergessen und englischversessen sind, mögen Tiefenpsychologen ergründen. Aber es bliebt seltsam: Ausgerechnet in dem Land, wo die Mehrheit nur lausiges Englisch gelernt hat, begnügt man sich nun auch mit lausigem Deutsch; ausgerechnet in dem Land, in dem die Geburtenraten besonders niedrig sind, gibt man sich extrem jugendlich; ausgerechnet in dem Land, das in neuen Techniken immer erst die Gefahren sieht, setzt man sich an die Spitze einer vermeintlichen Moderne.

Wann und wie immer ein neues Produkt auf den Markt kommt, eines hat es schon von Werk aus: einen englischen Begriff. Nach dem Wort "Fernbedienung" kam nichts mehr, was sich aus sich selbst heraus erklärt. Elektrogroßmärkte geben eigene Wörterbücher von A(ccess) bis Z(ip) heraus, um selbst noch zu verstehen, was hinter ihren neuen Produkten namens Backbone, D-Sub oder Blu-Ray steckt. Mitunter erfinden sie gar neue Begriffe, die nur englisch anmuten müssen. Handy, Beamer, Hometrainer oder Mailbox mögen importiert klingen, sind aber Unsinn, made in Germany. Wer in den USA oder England mit diesen Begriffen hantiert, macht sich schnell lächerlich. Unübertroffen der deutsche Hersteller eines Rucksacks, der diesem weltweit verstandenen deutschen Wort den modischen Titel body bag umhängte. Blöd nur, dass body bag Leichensack bedeutet. Und auch der Dress Man sollte in Großbritannien erst einmal ein Wörterbuch benutzen, bevor er sich so vorstellt - dort bedeutet Dress Man Transvestit.

Jeder blamiert sich so gut er kann. Und das können wir Dengländer richtig gut. Jedes Dorffest mit Bier- und Schießbude wird zum Event , jedes Sternchen zum Topstar hochgegeigt. Wandern finden wir altmodisch, aber mit Stöcken in der Hand durch die Stadt zu wackeln ist up to date, weil es Nordic Walking heißt. Es gibt sogar Menschen, die an den Erfolg einer Anti-Aging-Kur auf der Beauty-Farm glauben. Ihnen sei nicht nur ein Englischbuch, sondern auch ein Biologiebuch empfohlen.

Anglizismen stehen oft als Synonyme fürs Tarnen, Tricksen, Täuschen. Würde das heiße Wasser aus dem Pappbecher mit künstlichem Vanillearoma nur Vanillekaffee heißen, würde kein Mensch für dieses Gebräu zum Weglaufen drei Euro bezahlen. Aber als "Vanilla Latte to go " rennt sogar die studiengebührgeplagte Elite den Pappkaffeehäusern die Bude ein.

Wer jemals in einer Endlosschleife einer Service-Hotline hing, dürfte am tieferen Sinn der Begriffe Service und Hotline zweifeln. Und der alte Hausmeister mag als facility-manager moderner klingen, besser wird er dadurch nicht.

Mit deutscher Gründlichkeit hat die Bahn sich sprachlich globalisiert. Der Auskunftsschalter heißt nun Service Point, der Fahrschein Ticket - pünktlicher ist die Bahn leider nicht geworden. Dafür gibt es dort ein Rail and Fly -Angebot. Das heißt übersetzt zwar "Fluche und fliege" - aber kaum einer merkt's. Lernte man mit demselben Elan, mit dem man die eigene Sprache verhunzt, echtes Englisch - allen wäre geholfen.

Aber weit gefehlt. Auch die Kultur marschiert gern vorneweg, wenn es um modernes Neusprech geht. Das derzeit laufende Literaturfestival in Hamburg heißt Harbourfront - warum nicht Hafenklang oder Wasserseite? Überhaupt ist Hamburg eine Kapitale der Anglizismen: Nachdem die Geschäftsstadt Nord schon zur City Nord mutiert ist, kann es nicht mehr lange dauern, bis die HafenCity zur HarbourCity wird. Cruise Days und Blue Goals hatten wir schließlich schon. Übertroffen werden die Hanseaten nur noch von Berlin, die den Werbespruch " Be Berlin " ersonnen haben. Wenn alle denglisch parlieren, will auch die Politik mitschnacken. Die Grünen etwa werben im Wahlkampf mit einem New Green Deal , die CDU hat ihr Team Deutschland aufgestellt.

Wir Medien sind längst mittenmang dabei. Im Radio laufen ohnehin nur noch Comedy , Morning-Shows oder Supercharts. Jeder Assistent bekommt nicht mehr unbedingt ein echtes Gehalt, aber zumindest einen Titel wie Content Manager auf die Visitenkarte gedruckt. Die Kantinen servieren das Menu Special oder Vegetarian, selbst neueste Nachrichten sind längst topaktuellen News gewichen. Man stelle sich einfach zum Vergleich einen Handwerker vor, der so lieblos mit seinem wichtigsten Werkzeug umgeht.

Es muss kein Zufall sein, dass ausgerechnet die derzeit eher schlecht beleumundete Finanzbranche es mit ihren Anglizismen auf die Spitze getrieben hat: Da haben Investmentbanker toll klingende Discount-Zertifikate, Protect-, Performance- oder Twin-Win-Anleihen auf den Markt geworfen - vor Kursverlusten aber haben auch die hübschen Titel nicht geschützt.

Längst gibt es so viele Anglizismen, dass diese Polemik der Zeitung auch als bibelschwerer Sonderdruck beiliegen könnte. Aber jeder Furor benötigt Einhalt - und wir wollen nicht päpstlicher werden als der Papst. Popcorn muss nicht zum Puffmais werden und auch der Sport nicht zu den Leibesübungen zurückkehren. Sprache lebt und verändert sich. Das geht in Ordnung. Aber alles, was lebt, hat Respekt verdient. Etwas mehr Respekt, etwas mehr Schöpferkraft, etwas mehr Spaß an der eigenen Sprache hat das Deutsche, haben die Deutschen bitter nötig. Gut, dass zumindest die Jugendsprache noch geistreich ist und uns mit Begriffen wie Datenzäpfchen (für USB-Stick ) oder Stockenten (für Nordic Walking) den Spiegel vorhält. Möglicherweise sind schon bald denglische Verwirrungen nicht mehr topmodern , sondern nur noch altmodisch. Zu wünschen wäre es. Wie sagte Altbundespräsident Gustav Heinemann: "Deutsch ist eine schwierige Muttersprache. Aber es ist unsere Muttersprache."

Matthias Iken ist stellvertretender Chefredakteur des Hamburger Abendblatts.

L'homme qui dévoile l'arnaque du réchauffement climatique

L’homme qui dévoile l’arnaque du réchauffement climatique

Pour que ses lecteurs aient une information complète, Novopress donne ici la parole au Professeur Ian Plimer, géologue australien, qui conteste les thèses dominantes et le politiquement correct sur l’évolution du climat.

« Si, il y a trente ans, vous aviez demandé à n’importe quel médecin ou scientifique d’où venaient les ulcères à l’estomac, ils vous auraient tous donné la même réponse : ils sont évidemment causés par l’acide gastrique consécutif à un excès de stress . Tous sauf deux scientifiques (1), qui furent cloués au pilori pour leur idée délirante selon laquelle une bactérie serait derrière tout ça. En 2005 ils ont reçu le Prix Nobel ! »

(1) Barry Marshall et Robin Warren

Ian Plimer - Heaven and Earth

James Delingpole parle au Professeur Ian Plimer, géologue australien, dont le dernier livre montre que le « réchauffement climatique d’origine humaine » est une fiction ruineuse et dangereuse, un « luxe de pays développé »  sans aucune base scientifique. Honte aux éditeurs qui n’ont pas voulu de ce livre !

Imaginez à quel point le monde serait merveilleux si le réchauffement climatique d’origine humaine n’avait été qu’une fiction dans l’imagination d’Al Gore. Plus de ces fermes éoliennes immondes étendant leur ombre sur le haut pays. Plus de factures d’électricité délirantes, augmentées artificiellement par une taxe carbone instaurée par l’Union Européenne. Plus besoin de prendre chaque jour de douceur ensoleillée comme le terrible présage d’un désastre écologique à venir Et, finalement, plus besoin du projet de loi de limitation des émissions de carbone à 7.400 milliards de dollars – la plus haute taxe de l’histoire américaine – que le président Obama et ses partisans essayent sans relâche d’imposer à l’économie des Etats-Unis.

N’imaginez plus, votre bonne fée est ici. Son nom est Ian Plimer, professeur de géologie minière à l’Université d’Adélaïde, et il a récemment publié Heaven And Earth [1] , un livre qui fera date et changera pour toujours la façon dont nous pensons au changement climatique.

« L’hypothèse comme quoi l’activité humaine pourrait créer un réchauffement global est extraordinaire parce qu’elle est contraire à tout ce que nous enseignent la physique du soleil, l’astronomie, l’histoire, l’archéologie et la géologie », explique Plimer, et bien que sa thèse ne soit pas nouvelle, il y a peu de chances que vous l’ayez entendue exprimée avec autant de vigueur, de certitude et d’autorité scientifique. Alors que d’autres sceptiques comme Bjorn Lomborg ou Lord Lawson of Blaby se préparent soigneusement à approuver les prédictions les plus modestes du Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat (GIEC), Plimer ne cède pas un pouce de terrain. La théorie du réchauffement climatique d’origine humaine, explique-t-il, est la plus grande, la plus dangereuse, et la plus ruineuse manipulation de l’histoire.

Pour comprendre, allons à la rencontre du bon professeur. L’homme a le teint hâlé, les trais rudes, les cheveux blancs, la soixantaine – courtois et jovial mais combatif quand il faut l’être – et rayonne de la santé d’un homme qui a passé la moitié de sa vie dans des expéditions sur le terrain en Iran, en Turquie et dans son cher Outback australien. Et il est assis dans mon jardin à boire du thé pendant un de ces jours que George Monbiot du Guardian [2] aimerait faire interdire. Un beau jour doux et ensoleillé.

Alors, allons-y, prof. Qu’est-ce qui vous rend si sûr que ce que vous dites est vrai et que tous ces scientifiques qui disent le contraire est faux ?

« Je suis géologue. Nous autres géologues avons toujours admis que le climat change au cours du temps. Nous sommes différents de ces gens qui soutiennent le réchauffement climatique anthropocentrique par notre compréhension des échelles. Ils ne s’intéressent qu’aux 150 dernières années Notre cadre est de 4.567 millions d’années. Ce qu’ils essayent de faire équivaut à essayer de comprendre l’intrigue de Casablanca à partir d’une courte séquence de la scène d’amour. Vous ne pouvez pas. Ca ne marche pas.

La force de Heaven And Earth est de restaurer une perspective scientifique à un débat qui a été détourné par « des politiciens, des activistes de l’environnement et des opportunistes ». Il fait remarquer, par exemple, que la glace des pôles n’a été présente sur terre que pendant 20% du temps géologique; que les extinctions d’espèces sont banales ; que les changements climatiques sont cycliques et normaux ; que le CO2 dans l’atmosphère – auquel l’activité humaine contribue pour une fraction infime – ne représente que 0,001% du CO2 contenu dans les océans, les roches de surface, les terres et les espèces vivantes ; que le CO2 n’est pas un polluant mais une nourriture pour les végétaux ; que les périodes les plus chaudes de la Terre – comme lorsque les Romains faisaient pousser des vignes et des citronniers jusqu’au nord du Mur d’Hadrien en Angleterre – étaient des époques de richesse et d’abondance.

Tout ceci sont des faits scientifiques avérés – plus que ce que vous pouvez dire de ces modèles informatiques dégorgeant leur flot de scénarios de fin du monde avec des températures inexorablement croissantes, des îles submergées et des banquises qui s’effondrent. Plimer n’accorde aucune confiance à ces modèles parce qu’ils semblent n’avoir peu ou pas de prise avec la réalité observée.
« Je suis un scientifique de terrain. Je suis dehors chaque jour, enfoncé dans la m… jusqu’au cou à récolter des données brutes. Et c’est pourquoi je suis si sceptique quant à ces modèles, qui n’ont rien à voir avec la science ou l’empirisme mais se contentent de torturer les données jusqu’à ce qu’elles se confessent. Aucun d’entre eux n’a prévu la période de refroidissement global dans laquelle nous nous trouvons. Il n’y a pas de problème de réchauffement climatique. Il a cessé en 1998. Les deux dernières années de refroidissement ont effacé presque trente ans d’augmentation de température.

La position sans compromis de Plimer ne l’a pas rendu populaire. « Ils disent que je viole les vaches, que je mange les bébés, que je ne sais rien sur quoi que ce soit. Ma lettre favorite est celle qui dit: « Cher monsieur, allez vous faire foutre ». J’ai aussi eu droit à une manifestation à Sidney lors du lancement d’un de mes livres, et j’avais une mère venant vers moi en tenant son gamin de deux ans dans les bras en disant : «  Vous n’avez donc aucune moralité ? L’avenir de cet enfant est en train d’être détruit. » Typique du personnage, Plimer lui rétorqua vigoureusement: « Si vous êtes tellement inquiète, pourquoi avoir eu un enfant ? »

Cette approche pragmatique doit sans doute quelque chose à l’éducation du jeune Ian à Sydney, dans une situation financière difficile. Son père souffrait de sclérose multiple, laissant sa mère élever trois enfants sur le seul salaire d’une institutrice.

« Nous ne pouvions pas nous offrir une télévision – bien que la télé soit arrivée en Australie dès 1956. Nous utilisions le même sac en papier brun encore et encore pour nos déjeuners à l’école, nous éteignions toujours les lumières, non à cause d’un quelconque impératif moral, mais par pure nécessité. »

L’écologisme moderne l’irrite profondément, notamment parce qu’il est mené par des gens qui sont trop riches.

« Quand j’essaye d’expliquer le réchauffement climatique à des gens en Iran ou en Turquie, ils n’ont pas la moindre idée de ce dont je parle. Leur vie se résume à survivre jusqu’au lendemain, à trouver leur prochain repas. La culpabilité écologique est un luxe de pays développé. C’est la nouvelle religion de populations urbaines ayant perdu leur foi dans le Christianisme. Le rapport du GIEC est leur bible. Al Gore et Lord Stern sont leurs prophètes. »

Heaven And Earth est la suite d’un livre de vulgarisation publié par Plimer en 2001, appelé A Short History of Planet Earth. Il se basait sur dix années d’émission radio sur ABC destinées aux habitants des zones rurales. Bien que le livre soit un best-seller et gagne un prix Euréka, ABC refusa de publier la suite, de même que les autres éditeurs majeurs que l’auteur approcha.

« Il y a ici beaucoup de gens qui ont peur . Personne ne veut aller contre le paradigme à la mode. »

Puis, quelqu’un l’a mis en relation avec un minuscule éditeur perdu au milieu du bush – « Le mari, l’épouse, trois enfants, si pauvres qu’ils n’avaient même pas de rideaux ». – et ils ont dit oui.

Plimer se retint de réclamer une avance qu’ils ne pouvaient clairement pas se permettre. Mais quelque chose de remarquable est arrivé. Les 5 000 exemplaires de la première édition furent écoulés en deux jours seulement. Cinq autres éditions ont rapidement suivi. L’ouvrage a été vendu à 26 500 exemplaires rien qu’en Australie – avec des perspectives tout aussi réjouissantes pour l’Angleterre et les Etats-Unis. Il est même question d’une édition destinée à la très verte Allemagne.

Mais entre tous, les Australiens, avec leurs feux de brousse et leurs sécheresses prolongées, ne devraient-ils pas être les derniers à souscrire à son message

« Ah, mais l’homme de la rue n’est pas un imbécile. Je reçois parfois jusqu’à 1 000 lettres et emails par jour de gens qui se sentent impuissants, désabusés et carrément malades de toutes les aberrations qu’ils entendent sur le réchauffement climatique de la part de gauchistes urbains qui ne savent même pas d’où viennent leur viande ou leur lait. »

En outre, l’économie australienne est particulièrement vulnérable aux effets de l’alarmisme sur le changement climatique

« Bien que disposant de 40% des réserves mondiales d’uranium, nous n’avons pas l’énergie nucléaire. Nous nous reposons sur des tonnes de charbon à bon marché. 80% de notre électricité vient du charbon et les producteurs d’aluminium s’agglutinent autour des bassins houillers. La loi Cap and Trade proposée par Kevin Rudd est la dernière chose dont l’économie australienne a besoin. Si elle passe, le pays fera faillite.

Plimer ne croit pas une seconde qu’elle passera. Comme pour son équivalent américain du projet de loi Waxman-Markey, le projet d’Emission Trading Scheme de Kevin Rudd a réussi à se glisser jusqu’à la Chambre des représentants.

Mais comme en Amérique, le vrai défi attend à la chambre haute, le Sénat. En partie grâce à l’influence de Plimer et de son livre – « les politiciens me téléphonent sans arrêt » – le Sénat rejettera vraisemblablement le texte. S’il le refuse deux fois, alors le gouvernement australien s’effondrera et donnera lieu à une « double dissolution » et des élections anticipées. « L’Australie est un point très intéressant dans le débat sur le changement climatique », note Plimer. [NdT: l'actualité récente semble lui donner raison [3].]

Bien sûr, les répercussions potentielles hors de l’Australie sont encore plus grandes. Jusqu’à ce jour, les législations environnementales avaient la partie facile dans les parlements de l’Anglosphère et de l’Eurosphère, avec des politiciens plus verts les uns que les autres (de Dave Cameron (dit l’« Eolienne ») à Dave Miliband (du : « Les sceptiques du réchauffement sont les partisans de la  Terre Plate de notre temps. »), se bousculant pour imposer des objectifs d’émission de carbone toujours plus restrictifs et taxer leurs malheureux électorats.

Les politiciens pouvaient s’en tirer tant que duraient les jours où les gens se sentaient assez riches pour payer ces coûts supplémentaires et assez coupables pour penser qu’ils les méritaient. Mais l’effondrement économique global a changé la donne. Comme d’innombrables sondages le montrent, plus les gens se sentent pauvres, plus bas plonge la vertu écologique dans la liste de leurs priorités.

« C’est une des rares bonnes choses à sortir de cette récession, explique Plimer. Les gens commencent à se demander: Avons-nous vraiment les moyens de nous payer toute cette législation verte? »

La lecture de Heaven And Earth est une expérience à la fois enrichissante et terrifiante. Enrichissante parce que 500 pages de prose abondamment annotée, fruits de cinq ans de recherche, vous laissent sans le moindre doute. La contribution de l’homme à ce qu’ils appellent aujourd’hui le « changement climatique » était, est et sera probablement toujours négligeable. Terrifiante, parce que vous ne pouvez qu’être consterné devant tant d’argent gaspillé, tant de restrictions légales érigées en vain pour résoudre un problème qui n’existe pas. (La série South Park, comme souvent, a été probablement la première à illustrer cela dans un épisode mémorable [4] où Al Gore s’invite dans la classe pour prévenir les écoliers du danger que pose une bête terrible, l’Homme-Sanglier-Ours, qui n’existe que dans son esprit…).

Le livre est-il arrivé à temps pour éviter un désastre ? S’il y a une justice, Heaven And Earth contribuera autant au réalisme sur le changement climatique que le film d’Al Gore, une « Vérité Qui Dérange [5] »  en a fait en faveur de l’alarmisme. Mais comme Plimer le sait bien, il existe désormais un vaste corps constitué d’intérêts dressé contre lui : des gouvernements comme celui d’Obama, qui utilisent le « réchauffement climatique » pour faire passer plus de taxes, de régulation et de protectionnisme ; des producteurs d’énergie et des investisseurs qui espèrent faire fortune avec des arnaques comme le marché des droits d’émission de CO2 ; des organisations non-gouvernementales comme Greenpeace dont la levée de fonds est directement liée à l’anxiété du public ; des envoyés spéciaux sur des questions d’environnement qui doivent sans arrêt surenchérir la menace pour justifier leur job.

Pense-t-il vraiment que son message arrivera à passer? Plimer sourit.

« Si, il y a trente ans, vous aviez demandé à n’importe quel médecin ou scientifique d’où venaient les ulcères à l’estomac, ils vous auraient tous donné la même réponse : ils sont évidemment causés par l’acide gastrique consécutif à un excès de stress . Tous sauf deux scientifiques, qui furent cloués au pilori pour leur idée délirante selon laquelle une bactérie serait derrière tout ça. En 2005 ils ont reçu le Prix Nobel. Le consensus s’était trompé. »

James Delingpole
08/07/2009
SPECTATOR.co.uk
Titre original
« Meet the man who has exposed the great climate change con trick »

Traduction en  français :
http://www.stephane.info/show.php?code%3Dweblog%26direct%3D1485%26lg%3Dfr [6]

Correspondance Polémia [7]
31/08/2009

Ian Plimer, « Heaven and Earth: Global Warming the Missing Science [8] », Taylor Trade Publishing (langue anglaise), juillet 2009, 504 pages


Article printed from :: Novopress.info France: http://fr.novopress.info

URL to article: http://fr.novopress.info/31502/lhomme-qui-devoile-larnaque-du-rechauffement-climatique/

URLs in this post:

[1] Heaven And Earth: http://www.amazon.fr/Heaven-Earth-Warming-Missing-Science/dp/1589794729

[2] Guardian: http://www.guardian.co.uk

[3] l'actualité récente semble lui donner raison: http://www.americanthinker.com/blog/2009/08/australian_senate_defeats_cap.html

[4] dans un épisode mémorable: http://en.wikipedia.org/wiki/ManBearPig

[5] Vérité Qui Dérange: http://www.imdb.com/title/tt0497116

[6] http://www.stephane.info/show.php?code%3Dweblog%26direct%3D1485%26lg%3Dfr: http://www.stephane.info/show.php?code%3Dweblog%26direct%3D1485%26lg%3Dfr

[7] Polémia: http://www.polemia.com/index.php

[8] Heaven and Earth: Global Warming the Missing Science: http://www.amazon.fr/Heaven-Earth-Warming-Missing-Science/dp/1589794729/

Céline - Bloy

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Céline – Bloy

Ex: "Bulletin célinien", n°270, n°12, 2005

Le texte que François Gibault avait donné en 1988 au « Cahier de l’Herne » consacré à Léon Bloy vient d’être réédité. Il s’agissait de considérer combien Bloy et Céline ont des traits communs. Extraits de l’avant-propos inédit.

 

Tous les géants se ressemblent, ils ont des points de correspondance. D’abord, ils sont grands, on leur compte quelques têtes de plus que les autres, certains sont même immenses. Ils ont aussi l’habitude de ne pas faire comme tout le monde, de se démarquer des hommes du commun et de mettre volontiers leurs pieds dans les plats. La parenté entre le géant Bloy et le géant Céline était à ce point évidente que je n’ai pas résisté au plaisir de les confronter, comme je confronte actuellement, pour le Dictionnaire de Gaulle, Louis-Ferdinand Céline et le Général (sans être certain de voir mon article publié), comme je travaille à une confrontation entre Louis Destouches et Jean Dubuffet, autre génie français, singulier, solitaire, anarchiste, créateur, lui aussi, d’un style inimitable et d’une œuvre qui ne doit rien à personne.

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C’est en rangeant des papiers, et Dieu sait que ce ne sont pas les papiers à ranger qui manquent chez moi, que je suis tombé sur le Cahier de l’Herne consacré à Léon Bloy. Il faut dire que je croule sous des montagnes de livres en désordre, de dossiers déclassés et de papiers entassés n’importe comment. (…) C’est à l’effondrement d’une pile, haute comme un homme debout, que je dois d’avoir retrouvé ce Cahier Bloy, et c’est à Jean-Paul Louis que cet article doit d’être réédité. (…) Malgré l’envie que j’en avais, je n’ai pas « lifté » ce texte, pas changé un mot ni ajouté ni supprimé quoi que ce soit. Il y manque pourtant quelques citations pour montrer que la violence de Bloy valait bien celle de Céline. Ainsi, dans son journal, le 23 février 1901, au lendemain du décès de la reine d’Angleterre : « Crevaison de l’antique salope Victoria » et, après l’incendie du Bazar de la Charité, à un ami : « ...à la lecture de cet événement épouvantable, j’ai eu la sensation nette et délicieuse d’un poids immense dont on aurait délivré mon cœur. Le petit nombre de victimes, il est vrai, limitait ma joie ». Je m’en veux aussi de n’avoir pas cité Léon Bloy écrivant dans Le Sang du pauvre : « Je vis, ou, pour mieux dire, je subsiste douloureusement et miraculeusement ici, en Danemark, sans moyen de fuir, parmi des protestants incurables qu’aucune lumière n’a visité depuis bientôt quatre cents ans que leur nation s’est levée en masse et sans hésiter une seconde à la voix d’un sale moine pour renier Jésus-Christ... ». Quant aux Danois, il les croyait « ...capables de faire mieux que les bourreaux de Jérusalem ». Un demi-siècle plus tard, écrivant de la prison à sa femme, Céline n’était pas plus indulgent pour ses hôtes : « Nous avons affaire à d’épouvantables danois hypocrites – Toute la férocité des vikings, le mensonge des juifs et l’hypocrisie des protestants – des monstres sans pareil ». Qui peut nier, après avoir lu ces lignes, l’existence de fils invisibles entre ces deux hommes ?

Puisque j’ai pris le parti de republier mon texte sans y rien changer, les voici donc, ces deux monstres, dans l’état où je les ai laissés il y a quelque vingt ans, toujours aussi furieux, teigneux, vociférants, géniaux.

 

François GIBAULT

 

© François Gibault, Céline – Bloy, Du Lérot, 2005, 40 pages. Édition tirée à 400 exemplaires sur bouffant et quelques exemplaires hors commerce sur vélin de Rives réservés à l’auteur (10 €).

Thoughts about the Fall of Empires

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Archives of "SYNERGIES EUROPEENNES" - 1995

 

 

Conference, London, 19th November 1995

 

Thoughts about the Fall of Empires

 

Robert Steuckers

 

1.

When after the perestroika, after the Fall of the Wall in Berlin, after the withdrawal of Soviet troups out of Eastern Europe, after the crumbling down of the USSR, the United States were the only superpower left on the international scene and President Bush could effectively hope that a “New World Order” was about to emerge under the leading of his own blessed country. But the task to lead the world is not easy, as one remembers the prophecies of Prof. Paul Kennedy about the “imperial overstretch”. Many empires in his­tory have declined in the past simply because they couldn't manage to control all the lands under their rule or, to be more precise, to control all the highways of Empire on land and sea. This task necessitates a constant mobilization of all military, diplomatic and economic means.

- To mobilize the military means is very expensive and submits the imperial nation to the risk of neglecting domestic issues such as education or health. The fall down of the Empire could then be caused by a lack of drilled staff for companies or even for armies or by a overweight of the excluded social classes.

- To mobilize all the diplomatic means implies a constant search for new and reliable allies. But the art of diplomacy teaches us that you should avoid to rely to much on allies risking to become too powerful and to challenge you in coming years. Today the United States, as only remaining superpower, try to mobilize moderate Muslims around Turkey, fundamentalist-conservative Muslims around Saudi Arabia, fundamen­talist-revolutionnist Muslims around Sudan, to take over a certain degree of control in Central Asia, in the Gulf Region and in Northern Africa. But this must lead us to ask a urgent question: will those new allies be reliable enough for the long term? Isn't there any risk to see a part of them or even all of them evoluate like Iran and becoming overnight fanatical foes of the leading superpower? Philosophers among us will re­member Hegel's dialectics of Master and Slave. The Slave will obey as long as he cannot do anything else, so long he is paid to perform his job; he will even make himself indispensable. But as soon as he be­comes conscious of his power as adjunct or as ally, he will challenge his Master. This is a well-known law of history.

- To mobilize all economic means implies to spend a lot of money on defence and to restrain all expenses in other fields, such as health and education. In the long run, national solidarity vanishes, the nation is not a community anymore, the sense of mu­tual respect disappears, morality remains a simple souvenir, and national cohesion cannot work anymore to support the power of the State in the world. Lack of invest­ments in education leads to engage staff abroad, even in potentially ennemy coun­tries. Subordinated States may easily take advantage of the fact that the military burden is supported by the leadership po­wer and invest in social domestic affairs, gaining in national cohesion and in educa­tion, i.e. in a policy that will give them ve­ry soon better managers and better engi­neers.

 

Due to the imperial overstretch and to some domestic weaknesses,

- first, the necessity of controlling Central Asia to contain Russia,

- second, the necessity of controlling the Gulf to contain Irak and Iran or to prevent any European or Japanese assertiveness in the most important oil-producing fields of the world,

- third, the necessity to control all the lands between the Mediterranean and the Horn of Africa, imply already nowadays to delegate some power

- to Britain, to negociate with the Islamic challengers in Algeria;

- and to Germany, to negociate directly with Iran, as Foreign Minister Klaus Kinkel officially announced last week in the columns of the most important weekly magazine of Continental Europe, Der Spiegel of Hamburg.If boycott of Iran is the official policy of Washington, “critical dialogue” will be the new policy of Berlin towards Teheran.

 

The delegation of tasks to London and Berlin is in fact a setback in the imperial strategics of Washington, because it means reintroducing Britain and Germany in areas from where both had been excluded during the events of this century by a direct or an indirect intervention of the United States. The question is now: Will the States be able to control entirely the policy of German diplomats and industrialists in Iran, espe­cially when Germans will act in their first steps with the tacit agreement of America? The delegation of po­wer indicates that the overstretch is already unmanageable.

 

2.

But beside the established fact of a rising difficulty to control all what has to be controlled, which are the schemes of imperialism today?

 

a) MILITARY IMPERIALISM. The military imperialism of the lonely superpower of 1995 consists of remain­ders of alliances settled at the time of Cold War. The NATO cannot have the same goal and purposes now than ten years ago when Berlin was divided by a Wall and mine fields and when Russian troups were con­centrated in Thuringen, fifty miles from Frankfurt, where you find the most important strategic airfield of Central Europe. The most logic evolution NATO will undergo in the years to come is a merging of the European pillar with the WEU and a gradual disengagement of the USA. The WEU will then absorb new countries such as Austria, Hungary, Slovenia and the Czech Republic, giving the alliance a true European profile, which will not be “Atlantic” anymore. Further we may hope a gradual merging of the WEU and the OSCE in order to keep peace throughout Europe and Northern and Central Asia. Let us hope that this OSCE will gain more substance in the decennia to come.

 

b) DIPLOMATIC IMPERIALISM. The first task of Washington will be to instigate disorder throughout the world, especially in high strategic regions, in order that no other power be in state of controlling them and take over some leadership. Disorder will mobilize forces that wouldn't so be able to merge and to initiate peace processes or imperial processes in the old non imperialist sense of the word. The task of Washington will —as usual for every leading power— be to avoid the emergence of challengers. But would it be possible to keep Turkey in a minor role if Turkey is in charge of coordinating the turkic peoples of Central Asia and is to become as such a hegemonic power upon a group of countries with more than 130 millions inhabitants? Would it be possible to compel Berlin to follow gently every suggested policy of Washington if Germany, as a very powerful and efficient industrial country, starts a tandem working with an oil-power and a potential military power as Iran? Especially when one remembers that WW1 was fought partly to prevent any hegemonic domination of German industry in the Middle East...

 

c) TECHNOLOGICAL IMPERIALISM. Washington controls by means of the GATT or the IMF the World Trade. But the ideology behind those schemes born immediately after WW2 is a free-market ideology, ai­ming at destroying all protective customs to create at the end a unified happy and uniform world, i.e. the world feared by George Orwell. But protective customs were a system invented by less powerful countries at industrial level to help their own people to develop a genuine industry, evolving according to the cultural schemes of the people. Between 1944 and 1946, the USA, being at that time the most powerful industrial country, wanted to preserve the world as it was, i.e. to reign over a wide set of destroyed or slowly deve­lopping countries. The developpment of Japan and Germany, as well as the “New Industrial Countries” of East Asia has jeopardized the domestic market of the United States themselves, simply because Japan, Germany, Taïwan and Singapore hadn't the burden of financing a huge army and a high level military tech­nology, able to intervene everywhere in the world. The result is that Japanese cars and gadgets overflow the stores in the USA, according to the principle of free market imposed in former times by Roosevelt and Truman, but American cars and gadgets don't overflow the Japanese shops...

 

On one level America is defending itself with an undeniable success: in the field of medias. One trump-card gained during WW2 is still a considerable asset: the widespread use of an impoverished English lan­guage throughout the world, as a kind of new pidgin. But this pidginization allows America to send eve­rywhere scientific and cultural products, to set up data banks and to control the computer industry. But is pidginization not a provisional situation? Methods to learn the English language have been spread in the world, so that a pragmatic non-American and non-British elite is now able to use the language properly and to send information in English through the data banks or internet. This is already the case, mainly in European countries, where English is easily learned and taught due to the fact that the local languages are related to it, such as in Germany and the Scandinavian and Low Countries. Information with a totally different cultural background can now modify the dominant ideology using the same language as the one of the dominant ideology. Other philosophical or spiritual assets can now have a certain impact on the global ideology and relativize its certainties. At the end of the process, the global ideology wouldn't be the same anymore. Dominated cultures can infiltrate the dominating discourse. The same can happen with anglicized India. Indians print and write in English, infiltrating at the time Indian conceptions and ways of thinking in the entire English-speaking and English-dominated sphere. India can become the first voice of the non-European non-White world directly in the most widespread language of European origin. 

 

3.

How to struggle against the various forms of imperialism?

 

a) Againt MILITARY IMPERIALISM, the best policy in Europe is now a policy of inertia. The best thing we can do in Europe now is to wait, to delay all payments, to develop slowly the European pillar and the mer­ging with the WEU. But we must also pay attention not to be bereft of some opportunities in the Middle East, or to some accesses to waterways and to balanced markets with smaller powers outside Europe, that we shouldn't consider as half-colonies but as true partners.

 

b) In front of DIPLOMATIC IMPERIALISM, it is up to European journalists, politicians, intellectuals, uni­versity teachers, private initiatives to suggest endlessly alternatives to the present World Order, which is based on an ideology giving to much importance to money and to less importance to culture, education, research, tradition and religion. We have to fill the “spiritual gap”, having emerged, decennia after decen­nia, because we had no “technological gap”.

 

c) Against TECHNOLOGICAL IMPERIALISM, we must pay an uttermost attention to responsability for the innumerable assets of our Mother-Earth, i.e. for all ecological matters, because the sick environment of this 20th century has lead us to discover that all things of the Earth have limits and that it is not possible to ignore merely those limits as a certain  narrow rationalistic and Cartesian philosophy had taught us to practice in our economical activities. We have also to respect the principle of RECIPROCITY at global le­vel. It is not a good policy to let entire continents starve or be plunged into the most awful disasters of war, genocide and civil dissent. Renewed imperialism is not a solution for Africa nor disguised colonialism for Latin America, but the future will be built according to the principles of cooperation and reciprocity. For instance, cheap productions of Third World Countries should be taxed when imported but not in money. Exporting Third World Countries should be given the opportunity to buy higher technology in the rich coun­tries importing goods from them, so that people there can keep their jobs; the French economist Lauré suggested a VAT for Third World products, that would be treasured in order to buy higher technologies or other needed goods in the importing country; indeed the industrial countries shouldn't suffer from a duali­zation of their own societies, where happy fews would live in luxury next to hoboized masses. Dual socie­ties emerge when cheap goods of abroad replace the same goods produced at home. Such a situation creates problems: worklessness and misery in developped countries, no take-off and starvation in deve­lopping countries. A cul-de-sac out of which we all need to get out.

 

And if the GATT forbids customs, it doesn't forbid norms. Stabilization of domestic markets could happen in the future not by applying customs but by imposing quality norms in order to protect performing domes­tic branches, avoid worklessness, preserve jobs and prevent any dualization of society.

 

Falls of Empires have always obliged people to act locally, to turn to regional planning. So it was after the crumbling down of Roman Empire in Europe. Today regional planning is a necessity again, especially in “margin-regions” like the “Atlantic Bow” (from Portugal to Britanny) or the “Mezzogiorno”. Even in the Uni­ted States regional planning is now seen as a rather urgent necessity, more particularly within the bio­regionalist and communitarian movements, that may be considered as two of the most interesting political issues overthere at present time. But this return to regional roots and facts is now possible in interaction with global technologies such as Internet. Cooperation, exchange of information, intercultural education are now possible without violence or colonial control, i.e. without the necessity of loosing one's roots and one's traditions. Being member of a genuine people, speaking a very difficult and archaic language, lear­ning old languages, to be totally dipped in a religious or cultural tradition will be assets and no more draw­backs. But to reach this global diversity, we will have to struggle patiently. It's a long long way to global diversity. But we invite everyone in the world to march joyfully towards this goal.

 

As the German solar-energy-engineer Hermann Scheer recently wrote in his book “Back to Politics” (Zurück zur Politik, Piper, Munich, 1995), we must struggle for a global economical order allowing every State to have his own energy and environment policies, for dismantling monopolies in economy, politics and medias, struggle to impose a new agricultural order getting rid of cereals monopolies and genetic ma­nipulations, struggle to restore ecological agriculture and communications systems.

 

As the Slovenian-Italian philosopher Danilo Zolo (in Cosmopolis, Feltrinelli, Milano, 1995) says, “the old hierachical model ... will be replaced by a new logic, the logic of ‘weak pacifism’, i.e. not the usual and conventionnal pacifism that aims at suppressing definitively wars in the world but a new pacifism that res­pects the diversity of cultures and accepts competition between divergent interests”. But without plane­tarizing wars and conflicts.

To reach such an anti-utopia is possible. But, as I already just said, the way to it is very very long. I there­fore repeat: let us march joyfully towards it.