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mardi, 13 septembre 2011

Quand les Bulgares campaient devant Constantinople...

 

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Erich KÖRNER-LAKATOS:

Quand  les Bulgares campaient devant Constantinople...

 

Lors de la Première Guerre Balkanique, la capitale ottomane a failli tomber

 

Le 14 mars 1896, le Prince bulgare Ferdinand  visite la capitale de l’Empire ottoman, à l’invitation du Sultan Abdul Hamid. Le souverain turc met le palais impérial à la  disposition de son hôte. Ce bâtiment magnifique, avec ses élégantes et fines colonnades blanches, se trouve au beau milieu d’un parc à la végétation luxuriante. Le soir de la première journée, l’hôte d’Etat est debout au sommet des excaliers et jette un regard pensif sur les quais de la ville, où se dressent de somptueux  palais, sur le Bosphore et sur la Mer de Marmara et sur les Iles du Prince qui se profilent à l’horizon.  C’est sans nul doute à ce moment-là que le prince a rêvé pour la première fois d’un empire bulgare, dont la capitale serait Byzance...

 

Il songe au premier empire des Bulgares, centré sur le cours inférieur du Danube. Les Bulgares s’étaient fixés là après que les Khazars les aient chassés du bassin de la Volga.  En l’an 705, les Bulgares surgssent à l’improviste et campent devant les tours de Constantinople.  Justinien II, l’’Empereur aux abois, octroie le titre de “Basileus” au Khan des Bulgares, hissant du même coup le chef de ce peuple de fiers  cavaliers au même rang que lui-même et les assiégeants lèvent le camp.

 

En dépit de la christianisation des Bulgares, l’Empire Romain d’Orient se vengera quelques siècles plus tard. L’Empereur Basile II  bat la horde des Bulgares en  1014 au pied de la montagne Belasica. Il fait crever les yeux à quatorze mille prisonniers; il épargne un seul oeil à un homme sur cent, pour que les borgnes puissent les reconduire au pays. L’empereur vainqueur reçoit le surnom, l’ “epitheton”, de “Bulgaroctonos”, le “tueur de Bulgares”.

 

Neuf  cents ans plus tard, de nombreux conflits ensanglanteront les Balkans : en effet, en 1912, éclate la Première Guerre Balkanique. Une alliance balkanique voit le jour avec la bénédiction de la Russie. L’amorce de cette alliance est le traité du 13 mars 1912, signé entre la  Serbie et la Bulgarie. Quelques mois plus tard, la  Grèce et le Monténégro y adhèrent.  A  la fin de l’été, la situation est tendue au maximum. La Turquie décrète la mobilisation générale le 29  septembre et le Sultan masse ses troupes le long de la frontière bulgare.  Suite à ce déploiement des armées ottomanes, l’Alliance balkanique déclare la guerre à la Sublime Porte, le 17 octobre. C’est la Bulgarie qui fournira le plus  d’efforts dans cette guerre, surtout sur le théâtre thrace. Sofia est de fait le partenaire de l’alliance qui dispose des troupes les plus nombreuses et les plus qualifiées.

 

Bulg1.jpgLes alliés  balkaniques ont la tâche facile face aux unités turcques coupées de leur hinterland en Macédoine. Les Serbes et les Monténégrins conquièrent la Sandjak de Novi Pazar. Salonique capitule le 8 novembre devant les Grecs. Malgré que les Grecs aient reçu officiellement la capitulation, les Bulgares forcent le passage et entrent, eux aussi, dans la ville portuaire du nord de l’Egée. Ce coup de force provoque les premières lézardes dans l’Alliance balkanique.

 

La situation est différente en Thrace. Le Sultan fait avancer des troupes toujours plus nombreuses vers le front. Mais c’est sans effet. Les troupes du Roi Ferdinand, commandées par le Général Savov, infligent plusieurs défaites aux Turcs et, en quelques heures, Constantinople est menacée par les soldats du “Tsar de Sofia”.  Les troupes démoralisées du Sultan ne peuvent faire face et vaincre la machine militaire bulgare, organisée par ceux que l’on appelait alors les “Prussiens des Balkans”.

 

Les péripéties de la campagne militaire font que Ferdinand, qui a fait accrocher au mur de sa chambre un tableau représentant Sainte Sophie, pense que son rêve va très bientôt se réaliser. Le monde entier applaudit avec enthousiasme aux victoires des Bulgares.  A  la mi-novembre, les armées bulgares atteignent la “Ligne Tchadaldja”, à une journée de marche de Constantinople.  Les défenseurs  de la capitale ottomane se barricadent.  Les officiers ottomans haranguent leurs soldats et leur expliquent l’enjeu du combat: rien moins que l’héritage de la famille d’Osman. En mobilisant leurs forces dans un  suprême effort, les Turcs se cabrent. Le front se stabilise après une bataille sanglante, qui a lieu les 17 et 18 novembre. Les assaillants acceptent alors une proposition d’armistice, suggérée par les Turcs les 13 novembre.  Le 3 décembre 1912, les représentants de l’Alliance balkanique (à l’exception des Grecs) et ceux du Sultan signent un  accord d’armistice.

 

Ferdinand accepte car un ennemi inattendu vient de surgir et menace tous les protagonistes du conflit: le choléra. Ferdinand renonce alors à son voeu très cher: faire dire une messe dans Sainte Sophie car on lui avait prédit un jour qu’il mourrait de  cette terrible maladie. Cette sombre prophétie ne s’est pas réalisée. Bien au contraire: Ferdinand survivra à ses deux fils et mourra de vieillesse, âgé de près de 90 ans, dans le château de Cobourg, le 10  septembre 1948.

 

Lors des négociations de paix en décembre et janvier 1912/1913, on s’est rapidement aperçu que toutes les puissances impliquées, à l’exception de l’Autriche-Hongrie, jalousaient le succès  des Bulgares. Le Roi de Grèce est aigri, suite à l’affaire de Salonique  et, de surcroît, il aurait ben voulu entrer lui-même dans Constantinople. En plus, le prince héritier Constantin a épousé une soeur de Guillaume II, Empereur d’Allemagne; celui-ci déteste Ferdinand. De manière totalement inattendue, la Roumanie entre en scène. Elle s’était tenue à l’écart de la guerre mais le Hohenzollern, qui occupe le trône à Bucarest, réclame une compensation pour sa  neutralité, qui a permis de couvrir les arrières des Bulgares: il veut le Sud de la Dobroudja, même si cette région  n’est pas peuplée de Roumains. La Russie, à son tour, qui est pourtant l’ancienne puissance protectrice de la Bulgarie, se montre jalouse du petit peuple frère slave. En tant que “Troisième Rome”, elle estime être la seule puissance en droit de reconquérir Constantinople, devenue capitale ottomane, pour la gloirede la chrétienté. 

 

Les négociations n’aboutissent à rien. Un coup d’Etat éclate à Constantinople. Les Bulgares, les Serbes et les Grecs  reprennent alors les armes  et, le 3 février 1913, la guerre reprend. Au cours de cette deuxième phase du conflit balkanique, les Ottomans chercheront à reprendre l’initiative, mais leur tentative de débarquer au nord  des Dardanelles échoue. Les armées serbes et bulgares prennent la forteresse d’Andrinople (Edirne) à la fin du mois de mars. Les Grecs, pour leur part, occupent Yanina.

 

Une guerre  de position s’installe en vue de Constantinople. Les Bulgares sont une nouvelle fois  minés par une épidméie de choléra et ne peuvent plus lancer d’offensive. Un nouvel armistice est signé: c’est le prélude à la Paix de Londres de mai 1913. Les Bulgares ont certes agrandi leur territoire, mais Constantinople, but de Ferdinand, demeure turque, très loin de ses frontières.

 

Erich KÖRNER-LAKATOS.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°13/2006; http://www.zurzeit.at/ ).

 

 

Balkan belligerants 1914 Balkan States in the Balkan Wars of 1912 1913

 

The Assassination of Pyotr Stolypin

The Assassination of Pyotr Stolypin

From Solzhenitsyn's "200 Hundred Years Together"

 
By Mark Hackard
 
 
Stolypin_by_Repin.jpgAfter a series of pogroms tore through Russia in 1886, the young philosopher Vladimir Soloviev would exercise his prophetic impulse. Neither a slave to social fashions nor a stranger to controversy, Soloviev was a friend to the Jews out of sincerity rather than any calculation. Two years prior, he had published an article asserting the intertwined destinies of Christendom and Jewry as part of his greater vision of a “free theocracy.”1And so in the pogroms’ aftermath, Soloviev wrote in a letter to his acquaintance, the Talmudic scholar Feivel Getz:

What are we to do with this disaster? Let pious Jews pray intensely to God, that He set Russia’s fate in the hands of religious and also sensible and brave men, who would want and could dare to do good for both peoples2.

Such a man would be granted to Russia, if only for a time. As the Romanovs’ empire was swept into a ruinous war with Japan and the 1905 Revolution, Pyotr Arkadievich Stolypin would stand against the maelstrom. Stolypin was ruthlessly suppressing rebellion as governor of Saratov oblast when he was called by Nicholas II to national duty. Within months, the new prime minister would proceed to re-establish order in Russia and undertake challenging political, economic and agricultural reforms. Just as Soloviev had hoped but would never see, Stolypin also attempted to improve the acrimonious Russian-Jewish relationship at the level of nationalities policy. This premature effort, however, was unlikely to satisfy any interested party, much less radicals of any persuasion.

Stolypin would resign in March of 1911 from the fractious and chaotic Duma after the failure of his land-reform bill. His peace in this world would be short-lived, though; he was assassinated at the Kiev Opera House on September 14in the presence of the emperor. Upon being shot, Stolypin stood and declared his willingness to die for the Tsar, whom he then blessed before collapsing. In a eulogy for the fallen, the conservative monarchist Lev Tikhomirov would praise his nobility and strength of heart, all of which he devoted to the service of his fatherland:

The blood of his ancestors spoke in him, and his soul was deeply Russian and Christian. He believed in God as the Lord may grant belief to the servants before His altar…In such a way did he believe in Russia, and in this we can only admire him. And from this faith he drew vast power3.

Stolypin’s killer was 24-year-old Dmitry Bogrov (Mordechai Gershkovich), a leftist revolutionary who had also moonlighted as a provocateur for the Okhrana, Imperial Russia’s secret police. The otherwise unremarkable Bogrov harbored a burning animosity toward the autocracy, and as Aleksandr Solzhenitsyn will show in the following passage, his sentiments were shared at the time by many other Russian Jews. With moral, political and financial support from the Diaspora (especially in America), the Jewish community was radicalizing to unprecedented degrees, and Russians were bristling back. There would be no reduction of inter-ethnic tensions. Bogrov acted “extravagantly,” as he put it, to prevent Stolypin from instigating pogroms, but in doing so he murdered perhaps the one man capable of implementing some measure of a just peace between Russians and Jews4.Too often in history the victim narrative is a convenient pretext for aggression. Chauvinism and hatred cut both ways, and the atrocities they inspire can wreak consequences far beyond what their initiators might have imagined.

Pytor Stolypin may well have been mistaken in the formulation of key policies. Tikhomirov had earlier criticized the prime minister for his adherence to a failed Western-style parliamentarianism, and urged him to first uphold the integrity of the Great Russian ethnos and its culture before tackling any other “national questions” within the empire. It would be better, said Tikhomirov, that subject peoples prove themselves worthy of the rights bestowed them by the Tsar.

Yet Stolypin was also an adept statesman with unmatched force of will. Had he eluded his assassin’s bullet, he quite possibly could have guided Russia intact past the next catastrophic round of war and revolution that awaited her. In his work 200 Years Together, Solzhenitsyn dedicates considerable space to Stolypin’s death and its implications. Step by terrible step, the drama unfolds as his murder at the Kiev opera will facilitate revolutionary tyranny over Russia. The curtain only descends upon our witness to the most “extravagant” effect of Bogrov’s exploit, the enslavement and near-extermination of both Jewry and the Slavic tribes.

***

Text taken from Aleksandr Solzhenitsyn’s 200 Years Together, Chapter 10: In the Time of the Duma (pp.462-467).

Translated from Russian by Mark Hackard.

The first Russian premier who faithfully set and carried out the task of Jewish equal status, despite the will of the Tsar, died—was this History’s mockery?—at the hands of a Jew…

There had already been seven attempts to kill Stolypin by entire revolutionary groups of varied composition; none had succeeded. And then a loner would ingeniously manage it.

Still young and of immature mind, Bogrov himself could not grasp in full Stolypin’s public significance. But from childhood he had seen the everyday degrading sides of political inequality and was inflamed, for his family, colleagues and himself, to hatred of the Tsarist power. And clearly in Kiev’s ideologically progressive Jewish circles, there would be no softening toward Stolypin for his attempts to remove anti-Jewish restrictions. Among the well-off, the scales were tipped by memory of his energetic suppression of the 1905 Revolution and displeasure over his efforts toward the “nationalization of Russian credit,” i.e. open competition with private capital. Among groups of Kievan Jewry (and those of Petersburg, which the future killer also frequented), was active the ultra-radical Field, where the young Bogrov considered himself right and even obligated to kill Stolypin.

So strong was the Field that it permitted such an arrangement: the capitalist father Bogrov ascends and prospers under the monarchical system, while Bogrov the son commits to the destruction of that system. And the father, after the assassination, expresses pride in such a son. It turns out that Bogrov wasn’t so alone: he was quietly applauded by those in well-to-do quarters, those who had earlier remained unconditionally loyal to the regime.

And the gunshot that struck down Russia’s recovery could have been directed against the Tsar. But Bogrov thought killing the Tsar impossible, because (in his words) “this could have provoked persecution of the Jews” and “brought about constraints on their rights.” By murdering only the prime minister, he foresaw correctly that such a thing wouldn’t happen. Yet he thought—and was bitterly mistaken—that this act would favorably serve the fate of Russian Jewry…

And what happened in “Black Hundred Kiev,” populated by a great number of Jews? Among Kievan Jews in the very first hours after the murder, there arose a mass panic, and a movement to abandon the city began. “Terror seized the Jewish population not only of Kiev, but also of the most remote localities of the pale of settlement and inner Russia."5 A club of Russian nationalists sought to collect signatures to deport all Jews from Kiev. (It wanted to collect them, but didn’t.) There came to pass not the slightest attempt at a pogrom. The chairman of the youth organization “Double Eagle” Golubiev called for the storm of the Kiev Okhrana section that failed to stop the assassination and for beatings of Jews; he was reined in immediately.

The newly sworn-in prime minister Kokovtsov at once called Cossack regiments into the city (all these forces were on maneuvers and far away) and sent all governors an energetic telegram: prevent pogroms by all means, including force. Units were deployed to an extent not done against the revolution. (Slizoberg: If pogroms broke out in September 1911, “Kiev would have witnessed a slaughter not seen since the times of Khmelnitsky."6)

And not a pogrom took place in Russia, not one, not in the least. (Although we often read dense volumes how the Tsarist government dreamt only of arranging Jewish pogroms and was always seeking a way to do so.)

It stands to reason that the prevention of disorder is a direct duty of the state, and in successfully carrying out this task, awaiting praise would be inappropriate. But after such a shocking event and on such grounds—the murder of the prime minister!—the avoidance of expected pogroms could be noted, even if in passing. But no—no one heard that intonation, and no one mentions that.

And what’s even difficult to believe—Kiev’s Jewish community did not issue a denunciation or an indirect expression of sorrow over the murder. Just the opposite—after Bogrov’s execution many Jewish students, male and female, brazenly dressed in mourning.

Russians at the time noticed this. It has now been published that in December 1912 Vasily Rozanov wrote: “After [the murder of] Stolypin, I’ve somehow broken with them [the Jews]: as if a Russian would dare kill a Rothschild and more broadly one of their great men.”7

From the historical viewpoint there come two substantial thoughts on why it would be folly to write off Bogrov’s deed as the “action of internationalist forces.” The first and central of these: it wasn’t so. Not only Bogrov’s brother in his book, but also various neutral sources point out that he had reckoned to assist Jewry’s fortunes.8 The second thought: to take up what is inconvenient in history, to think it over and to regret is responsible, while to disavow a matter and wash one’s hands of it is shallow.

However, the disavowals and hand-wringing began almost immediately. In October of 1911, the Octobrist faction requested an inquiry on the murky circumstances of Stolypin’s murder. And at that moment parliamentary deputy Nisselovich protested: why did the Octobrists not conceal in their request that Bogrov was a Jew?! That, he said, was anti-Semitism!

I’ve also become familiar with this incomparable argument. After 70 years I received it from the American Jewish community in the form of a most severe accusation: why did I not conceal, why did I also say that Stolypin’s killer was a Jew? It does not matter that I described him as fully as I could. And it wasn’t important what his Jewish identity meant in his motives. No, non-concealment on my part—this was anti-Semitism!!

Deputy Guchkov with integrity would answer at the time:

“I think that a much greater act of anti-Semitism lies in Bogrov’s very action. I’d propose to State Duma member Nisselovich that he addresses his ardent words of admonition not to us, but to his co-religionists. Let him convince them with the power of his oratory to stay further away from two shameful professions: service as informants in the Okhrana and service as agents of terror. By this he would render a much greater service to his tribe.9"

But what is that worth to Jewish memory when Russian history has permitted this assassination to be wiped clear of its memory? It has remained some insignificant, collateral blemish. Only in the 1980s did I begin to raise it from oblivion, and for 70 years it was unacceptable to remember that murder.

As the decades recede, more events and their meanings become visible to us. I’ve often fallen to thinking over the capriciousness of History and the unforeseen consequences it visits upon us, the consequences of our actions.

  • Wilhelmine Germany loosed Lenin upon Russia to demoralize her; 28 years later Germany would be divided for a half-century.

  • Poland would facilitate the strengthening of the Bolsheviks in their most difficult 1919 for a quick defeat of the Whites—and received in return 1939, 1944, 1956 and 1980.

  • How zealously Finland would help the Russian revolutionaries, and how she could not abide her advantageous liberty as a component of Russia. She received from the Bolsheviks 40 years of political debasement (“Finlandization”).

  • England in 1914 thought to crush Germany as a global competitor, but tore itself from the ranks of the great powers as all of Europe was crushed.

  • The Cossacks in Petrograd were neutral in February and October [1917], and in a year in a half would reap their own genocide (and many were even those very Cossacks).

  • In the first days of June 1917, the Left Social Revolutionaries gravitated to the Bolsheviks and gave them the outward appearance of a “coalition” and a widened platform. A year later they were squashed in a way that no autocracy could have managed.

Foresight of these long-term consequences is never granted to us or anyone. And the only salvation from such blunders is to be guided by the compass of God’s morality. Or in simple folk-language: “Don’t lay traps for others—you’ll fall into them.”

So it was with the murder of Stolypin—Russia endured brutal suffering, but Bogrov didn’t help the Jews. However others may see it, it is here I sense the gigantic steps of History, the results striking in their unexpectedness. Safeguarding Kiev’s Jews from persecution, Bogrov killed Stolypin. Had he survived, Stolypin would soon have been dismissed by the Tsar, but without question would have been called again into the leaderless musical chairs of 1914-16. Under him, Russia would not have come to such a shameful end, neither in the war nor in the Revolution. (If we would have even entered that war under him.)

Step 1: A murdered Stolypin meant shot nerves in the war, and Russia fell under the jackboots of the Bolsheviks.

Step 2: The Bolsheviks, for all their savagery, turned out to be even more incompetent than the Tsarist government, and in a quarter-century would quickly give away half-Russia to the Germans, including Kiev.

Step 3: Hitler’s forces easily entered Kiev and then destroyed the city’s Jewry.

The same Kiev, also in September, and only 30 years after Bogrov’s gun blast.

 

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Notes

1 -- Toward the end of his life, Soloviev would come to repudiate his hopes for a free theocratic state. His last work, A Short Tale of Antichrist, reflects his disillusionment with the possibility of a perfected temporal order. Soloviev models the Antichrist’s earthly kingdom upon his earlier ideal.

2 -- Mochulsky, Konstantin. Gogol, Soloviev, Dostoevsky. Respublika. Moscow, 1995.

3 --  Tikhomirov, Lev. “U Mogily Petra Stolypina”. Moskovskie Vedomosti. 1911. No. 207

4 -- During the Second World War, Orthodox theologian Father Sergei Bulgakov wrote on the world-historical struggle between Judaism and Christendom: “Israel’s form in this state is fateful and terrible. On the one hand, it is persecuted namely by Christian peoples, and this persecution takes from time to time cruel and ferocious forms- oppression and hate to the point of extermination; such are Jewish pogroms to this day. On the other hand, Israel itself remains the overt or hidden persecutor of Christ and Christendom to the point to its direct and dire oppression, as in Russia.” In accordance with Church tradition, the tragedy will only be resolved at the end of time with Christ’s Second Coming, when through a holy remnant “all Israel shall be saved” (Romans XI: 26).

5 -- G.B. Slizoberg, Volume III, p. 249

6 --G.B. Slizoberg, Volume III, p. 249

7 -- “Correspondence of V.V. Rozanov and M.O. Gershenzon”. Novyi Mir, No. 3, p. 232

8 -- Bogrov, Vladimir. Dmitry Bogrov and the Murder of Stolypin: Exposing Secrets True and False. Berlin, 1931.

9 -- A. Guchkov. Speech in the State Duma on 15th October 1911 [inquiry into the murder of Chairman of Council of Ministers P.A. Stolypin] // A. Guchkov in the Third State Duma (1907-1912): Collection of Speeches. St. Petersburg, 1912, p. 163

 

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samedi, 10 septembre 2011

Un Quatre Septembre à l'envers

Un Quatre Septembre à l’envers

par Georges FELTIN-TRACOL

republique_3_chev.jpgDe nombreuses villes françaises comportent une rue en l’honneur du 4-Septembre. Or très peu de personnes en connaissent la signification. Par cette appellation, on tient à célébrer la proclamation de la IIIe République en 1870 à Paris. Il est rare en revanche de trouver des rues mentionnant le 22 septembre 1792 (naissance de la Ire République) ou du 25 février 1848 (pour la IIe République). Quant aux IVe et Ve Républiques, elles n’ont jamais été proclamées, même s’il fut prévu de le faire en 1944 depuis le balcon de l’hôtel de ville de la Capitale. De Gaulle rejeta la proposition parce qu’il s’estimait représenter la République depuis le 16 mai 1940

La venue de la IIIe République, le 4 septembre 1870, fut  inattendue tant le Second Empire paraissait consolidé pour une décennie au moins. Le 8 mai précédent, un plébiscite organisé par Napoléon III sur les réformes de l’Empire libéral obtenait environ 7 358 000 oui contre 1 572 000 non. Le parti du non, les républicains, sortit de la consultation dépité, las, désespéré même, par l’éclatant succès impérial. Or, quatre mois après, profitant des défaites militaires françaises face aux armées germano-prussiennes et, en particulier, de la chute de Sedan avec Napoléon III fait prisonnier, le camp républicain tenait sa vengeance et, au mépris du récent résultat plébiscitaire, prononçait la déchéance du Second Empire et imposait un nouveau régime.

Certes, entre 1870 et 1879, cette république fut une « république de ducs » dominée par une majorité royaliste et présidée par un maréchal de France au cerveau de cheval. Jusqu’en 1879, le Parlement siégeait à Versailles et le troisième paragraphe – jamais modifié – de l’article Ier de la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875 stipulait que « le dimanche qui suivra la rentrée, des prières publiques seront adressées à Dieu dans les églises et dans les temples pour appeler son secours sur les travaux des Assemblées » ! Ce ne fut qu’en 1879 – 1880 que la majorité dorénavant républicaine imposa le 14 juillet et La Marseillaise comme fête nationale et hymne officiel. Au cours de la décennie 1870, profitant des féroces dissensions au sein de la famille royaliste, les républicains donnèrent aux électeurs une image de sérieux et de respectabilité si bien qu’ils engrangèrent les victoires électorales partielles avant de remporter les législatives de 1876 et de 1877.

Il ne faut pas cependant croire, comme l’affirment d’une manière sotte et péremptoire Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg, que le « 4 septembre 1870 : c’est la date de naissance de la IIIe République – autoritaire, laïque, patriote et sociale (dans Le Monde Magazine, 30 juillet 2011) ». Autoritaire, la IIIe République ? À part de l’élimination voulue des langues vernaculaires, elle se caractérisa par une instabilité parlementaire chronique compensée par des personnalités de grand caractère. Laïque ? Pas avant la réforme constitutionnelle de 1879 et les lois scolaires de Ferry en 1881 – 1882. Patriote ? Oui, si on confond ce terme avec un revanchisme dément et un antigermanisme primaire. Sociale ? Nullement, si on la compare avec les avancées sociales de l’Allemagne bismarckienne. Souvenons-nous des fusillades de Decazeville en janvier 1887, du 1er mai 1891 à Fourmies, de Villeneuve – Saint-Georges et de Draveil en 1908 ainsi qu’à la belle mais vaine révolte du Midi de 1907. La IIIe République était profondément conservatrice, bourgeoise et bornée.

Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, politologues et journalistes en mal de sensations fortes (ils n’osent quand même pas s’aventurer en Afghanistan…) évoquent parfois les possibilités d’un nouveau 21 avril ou d’un 21 avril à l’envers. Dans la première hypothèse, le second tour opposerait Nicolas Sarkozy à Marine Le Pen tandis que dans la seconde, Marine Le Pen affronterait le candidat socialiste.

Plutôt que d’entretenir une gesticulation électorale médiocre, le mouvement non-conformiste, identitaire, populiste, radical et solidariste devrait dès à présent penser à l’éventualité d’un 4 septembre à l’envers. C’est-à-dire ? Même sanctionné récemment et régulièrement par le suffrage, un régime politique reste fragile surtout si un aléa majeur vient à le déstabiliser comme la prise de Sedan et l’arrestation de l’Empereur par les Prussiens par exemple. Détestant le Second Empire et récusant toute union nationale sous l’autorité de l’impératrice – régente ou du jeune prince impérial, les républicains firent passer en priorité leur haine du régime sur l’intérêt national. Quelle leçon de réalisme politique !

Au lieu de se perdre dans des campagnes électorales dispendieuses marquées par un gaspillage considérable de temps, d’énergie militante et d’argent, la Rébellion radicale, identitaire et sociale devrait agir dans quelques créneaux métapolitiques fructueux en labourant les champs de l’esprit. À savoir :

— insister sur la formation militante par le biais de radios hertziennes (Radio Courtoisie) ou sur Internet (Radio Bandiera Nera, Europa Radio, l’émission « Méridien Zéro »), de revues (Éléments, Réfléchir & Agir, Flash, Faits et Documents, Krisis, Nouvelle École …), de livres (l’excellent Eurocalypse du collectif Solon), des sites Internet (Vox N.-R., Euro-Synergies, Polémia, blogue de Yann Redekker…), de cercles informels de lecture, d’écoute et de discussion;

— promouvoir l’aide sociale aux plus défavorisées comme le font déjà Solidarité populaire, Action populaire et sociale ou Solidarité des Français;

— faciliter la mise en place de structures réticulaires efficientes en prise dans le quotidien avec la constitution de coopératives d’achats, de ventes, etc., afin de faire travailler et vivre les nôtres (soutien à des A.M.A.P. pas exclusivement agricoles, créer des lieux de convivialité comme le font les Identitaires de Paris avec la Barricade, de Lyon avec La Traboule, le Local 92 de Serge Ayoub à Paris, etc.).

Comme l’exprime fort bien dans un article essentiel de Michel Drac dans Rébellion (n° 49, juillet – août 2011), la priorité revient désormais à la formation, partout où c’est possible, de Bases autonomes durables (B.A.D.). Certaines réalisations sont déjà en cours, qu’elles soient visibles ou plus discrètes.

Toutes ces initiatives visent à reconstituer un tissu social dissident dense à l’échelle locale afin de permettre une meilleure diffusion – réception de nos idées. Ce n’est qu’à et par la base qu’elles seront légitimées et prendront une valeur alternative à la société présente. Le travail peut paraître long, ingrat, fastidieux; il est plus important qu’une participation électorale aléatoire.

N’écartons pas cependant de nos pensées que le Kairos cher aux Grecs qui peut surgir à tout moment. Au XXe siècle en France, cet instant décisif fut à chaque fois parasité par un homme providentiel. N’en déplaise à la Gôche et à l’Université, délaissons immédiatement le 6 février 1934, les 21 – 26 avril 1961 et Mai 1968. Le 6 février 1934 n’a jamais été une tentative de coup d’État fasciste de la part de Ligues désunies, mais l’impitoyable répression policière de manifestants en colère contre les turpitudes politiciennes d’alors. Les plus récentes recherches historiques démontrent l’impréparation, l’amateurisme et la désorganisation, tant matériel que psychologique et politique, du putsch d’Alger des 21 au 26 avril 1961 dont l’objectif n’était pas la conquête du pouvoir, mais une sorte de rappel aux promesses du 13 mai 1958 en faveur de l’Algérie française. Quant à Mai 1968, malgré le passage secret et furtif de De Gaulle à Baden-Baden, jamais le régime ne vacilla : Georges Pompidou agissant pour la circonstance en renard matois. non, les deux seuls occasions de basculement se jouèrent en mai – juin 1940 et au 13 mai 1958. Or, pour ces deux circonstances exceptionnelles, Philippe Pétain et Charles de Gaulle firent don de leur personne à la France et parvinrent à canaliser les mécontentements à leur profit.

De pareils géants historiques n’existent pas aujourd’hui ! Voit-on vraiment V.G.E., Chirac, Rocard, Mauroy en recours suprême en cas de péril majeur ? Quant aux prétendants (le duc d’Anjou Louis-Alphonse de Bourbon, le prince impérial Charles Bonaparte, le duc de Vendôme Jean d’Orléans), les Français dans leur majorité ne les connaissent pas et pourraient même les considérer comme des anachronismes vivants. Non, s’il survenait une nouvelle et terrible « Débâcle » politique, économique, financière, voire militaire, il reviendrait à une élite militante sûre et déterminée de s’affirmer dans le chaos ambiant. Les B.A.D. en constitueront les socles indispensables à notre survie. Une grande école française proclame : « Ils s’instruisent pour vaincre ». Qu’on s’instruise donc chez soi ou dans les B.A.D. afin de vaincre ensuite ! Et scrutons toujours l’horizon qui se couvre lentement d’orages salutaires. Les terribles vents de l’histoire souffleront bien, tôt ou tard, dans notre direction…

Georges Feltin-Tracol


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mardi, 06 septembre 2011

Y. M. Adeline: 1914, tragédie européenne


1914: Une tragédie européenne

Par Yves-Marie Adeline

00:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 1914, première guerre mondiale, histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 04 septembre 2011

De la Perse à l'Inde: les commandos allemands au Proche et au Moyen Orient de 1914 à 1945

Rudolf MOSER:

De la Perse à l’Inde: les commandos allemands au Proche et au Moyen Orient de 1914 à 1945

 

Wasmuss2.jpgLes études historiques se rapportant aux trente ans de guerres européennes au cours du 20ème siècle se limitent trop souvent à des batailles spectaculaires ou à des bombardements meurtriers, qui firent énormément de victimes civiles, comme Hiroshima ou Dresde. Les aventures héroïques de soldats allemands sur des fronts lointains et exotiques ne sont guère évoquées, surtout dans le cadre de l’historiographie imposée par les vainqueurs. La raison de ce silence tient à un simple fait d’histoire: les puissances coloniales, et surtout l’Angleterre, ont exploité les peuples de continents tout entiers et y ont souvent mobilisé les indigènes pour les enrôler dans des régiments à leur service.

 

L’historiographie dominante, téléguidée par les officines anglo-saxonnes, veut faire oublier les années sombres de l’Empire britannique, ou en atténuer le souvenir douloureux, notamment en valorisant le combat de cet officier anglais du nom de Thomas Edward Lawrence, mieux connu sous le nom de “Lawrence d’Arabie”. Cet officier homosexuel a mené au combat les tribus bédouines de Fayçal I qui cherchaient à obtenir leur indépendance vis-à-vis de l’Empire ottoman. Il fallait, pour les services naglais, que cette indépendance advienne mais seulement dans l’intérêt de Londres. Le 1 octobre 1918, Damas tombe aux mains des rebelles arabes et, plus tard dans la même journée, les forces britanniques entrent à leur tour dans la capitale syrienne. Mais les Arabes étaient déjà trahis depuis deux ans, par l’effet des accords secrets entre l’Anglais Sykes et le Français Picot. L’ensemble du territoire arabe de la Méditerranée au Golfe avait été partagé entre zones françaises et zones anglaises, si bien que les deux grandes puissances coloniales pouvaient tranquillement exploiter les réserves pétrolières et contrôler les régions stratégiques du Proche Orient. La liberté que Lawrence avait promise aux Arabes ne se concrétisa jamais, par la volonté des militaires britanniques.

 

Beaucoup de tribus de la région, soucieuse de se donner cette liberté promise puis refusée, entrèrent en rébellion contre le pouvoir oppressant des puissances coloniales. La volonté de se détacher de l’Angleterre secoua les esprits de la Méditerranée orientale jusqu’aux Indes, tout en soulevant une formidable vague de sympathie pour l’Allemagne. Les rebelles voulaient obtenir un soutien de la puissance centre-européenne, qui leur permettrait de se débarrasser du joug britannique. Ainsi, pendant la première guerre mondiale, le consul d’Allemagne en Perse, Wilhelm Wassmuss (1880-1931), fut un véritable espoir pour les indépendantistes iraniens, qui cherchaient à se dégager du double étau russe et anglais. L’historien anglais Christopher Sykes a surnommé Wassmuss le “Lawrence allemand” dans ses recherches fouillées sur les Allemands qui aidèrent les Perses et les Afghans dans leur lutte pour leur liberté nationale.

 

Fin 1915, début 1916, le Feld-Maréchal von der Goltz, commandant en chef des forces armées de Mésopotamie et de Perse, entre dans la ville iranienne de Kermanshah. Les Perses s’attendaient à voir entrer des unités allemandes bien armées, mais le Feld-Maréchal n’entre dans la ville qu’avec deux automobiles. Pendant ce temps, le Comte von Kanitz avait constitué un front contre les Anglais qui avançaient en Perse centrale. Les forces qui meublaient ce front étaient composées de gendarmes iraniens, de mudjahiddins islamiques, de mercenaires, de guerriers tribaux (des Loures et des Bachtiars) et de Kurdes. La mission militaire germano-perse se composait de trente officiers sous le commandement du Colonel Bopp. Le gouvernement de Teheran cultivait une indubitable sympathie pour les Allemands: l’Angleterre se trouvait dès lors dans une situation difficile. Lorsque la Turquie ottomane entra en guerre, un corps expéditionnaire britannique, sous le commandement de Sir Percy Cox, occupa Bassorah et Kourna. La Perse se déclara neutre mais, malgré cela, les Anglais continuèrent à progresser en territoire perse, pour s’assurer l’exploitation des oléoducs de Karoun, entre Mouhammera et Ahwas.

 

Les tribus des régions méridionales de la Perse étaient toutefois fascinées par Wassmuss, le consul allemand de Boushir, originaire de Goslar. Wassmuss traversa le Louristan, région également appelée “Poucht-i-Kouh” (= “Derrière les montagnes”), où vivaient des tribus éprises de liberté, celles des Lours. En 1916, Wassmuss fait imprimer le journal “Neda i Haqq” (“la Voix du droit”) à Borasdjan, “pour éclairer et éveiller l’idée nationale persane”. Wassmuss travailla d’arrache-pied pour influencer le peuple iranien. Son journal en appelait à la résistance nationale et préchait la révolte contre l’ennemi qui pénétrait dans le pays. Wassmuss fut ainsi le seul à pouvoir unir les tribus toujours rivales et à leur donner cohérence dans les opérations. “Les chefs religieux distribuèrent des directives écrites stipulant qu’il était légal de tuer tous ceux qui coopéraient avec les Anglais”. Mais tous les efforts de Wassmuss furent vains: il n’y avait aucune planification et la révolte échoua, littéralement elle implosa. Elle est venue trop tard: dès le début de l’année 1918, les troupes britanniques avaient occupé la majeure partie du territoire perse, en dépit de la neutralité officielle qu’avait proclamée le pays pour demeurer en dehors du conflit.

 

Pendant la seconde guerre mondiale, les Alliés ne s’intéressaient qu’au pétrole, qu’à assurer leur prédominance économique en Iran, et ne se souciaient guère de lutter contre l’idée nationale persane. Rien n’a changé sur ce chapitre aujourd’hui: les Occidentaux ne cherchent que des avantages économiques. Toujours pendant le second conflit mondial, près d’un million d’hommes, épris de liberté, se sont rangés aux côtés de la Wehrmacht allemande, dans l’espoir de libérer leur pays de la tutelle des puissances coloniales occidentales: parmi eux, on compte les Indiens de la Légion “Asad Hindi”, les troupes recrutées par le Mufti de Jérusalem, les combattants issus des tribus du Caucase et quelques nationalistes iraniens. Ces derniers ont également apporté leur soutien à une opération osée, et sans espoir, que l’on avait baptisée “Amina”. Elle avait été planifiée par l’Abwehr de l’Amiral Canaris et devait être menée à bien par des soldats de la fameuse division “Brandenburg”.

 

L’objectif était de détruire la raffinerie de pétrole d’Abadan afin d’interrompre l’approvisionnement en carburant de la flotte britannique du Proche Orient. Mais les troupes britanniques et soviétiques sont entrées dans le Sud et dans le Nord de l’Iran, le 25 août 1941 et l’opération prévue par Canaris n’a pas pu avoir lieu. Plusieurs unités iraniennes résistèrent âprement mais dès le 28 août, elles ont dû capituler. Mais la lutte clandestine s’est poursuivie: début 1942, l’Abwehr allemande engage cent soldats indiens, qu’elle a bien entraînés, pour faire diversion dans l’Est de l’Iran. Les autres théâtres d’opération, très exigeants en hommes et en matériels, et l’éloignement considérable du front persan ont empêché toute intervention directe des Allemands. Les ressortissants allemands qui se trouvaient encore en Perse, après l’entrée des troupes britanniques et soviétiques, ont courageusement continué à soutenir les efforts des résistants iraniens. Il faut surtout rappeler les activités légendaires de Bernhard Schulze-Holthus, qu’il a déployées auprès des tribus guerrières des Kashgaï. Il était le conseiller du chef tribal Nazir Khan, qui refusait de payer des impôts à Teheran. Le rejet de la présence britannique conduisit donc à cette alliance germano-perse. Après plusieurs défaites, qui coûtèrent beaucoup de vies au gouvernement central iranien, celui-ci conclut un armistice avec Nazir Khan. Ce traité promettait l’autonomie aux Kashgaïs et leur fournissait des armes. En 1943, Nazir Khan revient de son exil allemand. Les Britanniques l’arrêtent et l’échangent en 1944 contre Schulze-Holthus.

 

De nos jours encore, les régions du monde qui ont fait partie de l’Empire britannique sont des foyers de turbulences, surtout au Proche Orient. La question est ouverte: à quand la prochaine attaque contre le “méchant Iran”, que décideront bien entendu les “bonnes” puissances nucléaires?

 

Rudolf MOSER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°44/2010; http://www.zurzeit.at ).

samedi, 03 septembre 2011

La tragédie des "Wolfskinder" dans l'Allemagne d'après-guerre

Pieter AERENS:

La tragédie des “Wolfskinder” dans l’Allemagne d’après-guerre

 

wolfskinder.jpgLe terme allemand “Wolfskinder” —littéralement “enfants-loups”— désigne les orphelins de guerre allemands qui, après la capitulation du Troisième Reich, ont été laissés à eux-mêmes et qui, à la recherche de nourriture en dehors des frontières allemandes, ont erré dans des pays étrangers, surtout en Pologne, en Lithuanie et en Union Soviétique (dans la partie de la Prusse Orientale annexée à l’URSS). Leur nombre s’élève à plusieurs milliers d’enfants et leur sort fut bien souvent épouvantable. Beaucoup de “Wolfskinder”, d’“enfants-loups”, sont morts de faim, ont été assassinés, violés, maltraités ou exploités comme esclaves. Quelques centaines d’entre eux ont été recueillis par des familles lithuaniennes (souvent sans enfant), puis adoptés. Ils ont perdu ainsi leur identité allemande. Après la fameuse “Wende”, le “tournant”, c’est-à-dire après la chute du Rideau de Fer et du Mur de Berlin, les autorités allemandes officielles ont montré pour la première fois de l’intérêt pour ces “enfants-loups” qui étaient entretemps devenus des quadragénaires voire des quinquagénaires. Les médiats aussi leur ont consacré de l’attention.

 

A la demande de la chaine de télévision ZDF, la journaliste Ingeborg Jacobs a réalisé un documentaire en trois volets, intitulé “Kinder der Flucht” (“Enfants de l’Exode”). Ce documentaire a été télédiffusé en 2006 et a suscité énormément d’intérêt. Le sort affreux de ces “enfants-loups” a soulevé une émotion générale dans tout le pays. Dans son documentaire, la journaliste et réalisatrice Ingeborg Jacobs, traite du cas épouvantable de Liesabeth Otto, qui avait sept ans en 1945. Mais Ingeborg Jacobs n’a pas pu exploiter toute la documentation qu’elle avait glanée pour son reportage; elle a alors décidé de publier un livre particulier, consacré uniquement à Liesabeth Otto (“Wolfskind: Die unglaubliche Lebensgeschichte des ostpreussischen Mädchens Liesabeth Otto” – “Enfant-Loup: l’incroyable biographie d’une petite fille de Prusse Orientale, Liesabeth Otto”, Munich, Propyläen, 2010). Avant d’avoir publié l’histoire de Liesabeth Otto, Ingeborg Jacobs avait déjà, en 2008, édité un ouvrage sur les viols en masse des filles et femmes allemandes par les soldats de l’armée soviétique. “Freiwild: Das Schicksal deutscher Frauen 1945” – “Gibier à disposition: le sort des femmes allemandes en 1945”). Mais bornons-nous ici à recenser le calvaire de Liesabeth Otto.

 

Le père de la petite Liesabeth était un pauvre ouvrier plâtrier, mobilisé par l’armée: il avait été porté disparu dans la tourmente de la guerre. La mère de la fillette meurt de faim et d’épuisement en mai 1945 dans la ville de Dantzig, complètement détruite par les opérations militaires et les bombardements. Avec sa soeur aînée et son frère, Liesabeth essaie de survivre. Les journées se passaient à chercher quelque chose de mangeable. Ils mangeaient de tout: des chats, des moineaux, ... Les feuilles de tilleul ou les orties étaient considérées comme des friandises. Pour un misérable quignon de pain, Liesabeth se dispute violemment avec sa soeur aînée et prend la fuite. Sa soeur aurait littéralement crevé de faim en 1947, à l’âge de seize ans. En Prusse Orientale, des centaines de millers d’Allemands sont morts de faim entre 1945 et 1948. Les Soviétiques et les Polonais refusaient d’aider les Allemands enfermés dans des camps. Ils se bornaient à les hisser sur toutes sortes de moyens de transport pour les envoyer vers l’Ouest. L’expulsion de près de cinq millions de personnes constitue la plus grande opération d’épuration ethnique de tous les temps.

 

Jetée dans les flots de la Memel

 

Liesabeth s’est alors introduite comme passager clandestin dans un train de marchandises qui roulait en direction de la Lithuanie. Pendant le long voyage, elle a mangé des petites boulettes qui avaient un drôle d’air et un goût bizarre. Sa faim était trop forte. Elle ne le savait pas, ne pouvait le savoir: c’était du crottin séché. A l’arrivée, elle est tombé inconsciente sur le quai. Un homme l’a prise en pitié et l’a amenée chez lui. L’épouse de ce brave homme s’est occupée d’elle, lui a coupé les cheveux qui étaient pleins de poux et a jeté au feu ses vêtements qui sentaient horriblement mauvais. Pendant un certain temps, tout alla bien avec Liesabeth. Jusqu’au jour où des gamins de rue l’ont attrapée et ont joué “P’tit Hitler” avec elle. Les enfants en général sont souvent très cruels avec les plus faibles et les plus jeunes d’entre eux. Cette cruauté a frappé Liesabeth, à l’âge de huit ans. Après que les sauvageons l’aient rouée de coups de poing et de pied, ils l’ont pendue et ils ont pris la fuite. Un passant, qui cheminait là par hasard, l’a sauvée de justesse d’une mort par strangulation. Plus tard, elle a souvent pensé que ce passant n’aurait jamais dû l’apercevoir. Tenaillée par la peur, elle n’a plus osé revenir au foyer de l’homme qui l’avait trouvée dans la gare et de la femme qui l’avait soignée.

 

Aussi solitaire qu’un loup, elle a erré pendant un certain temps dans la forêt. Un jour, la gamine fut battue presque à mort par un paysan parce qu’elle lui avait volé un poulet. Âgée de huit ans, elle fut violée une première fois puis enfermée dans un sac et jetée dans les flots de la rivière Memel. On la sauva une fois de plus.

 

Pendant quelques temps, elle a trouvé refuge chez un groupe de “Frères de la Forêt” —les “Frères de la Forêt” lithuaniens menaient une guerre de guérilla contre l’occupant soviétique— pour qui elle servait de courrier. Liesabeth, qui fut alors rebaptisée “Maritje”, fut bien traîtée par les résistants lithuaniens et reçut suffisamment à manger. En 1949, elle a dû abandonner ses protecteurs. La situation devenait trop dangereuse pour les “Frères de la Forêt” Ils ne pouvaient plus s’occuper des “enfants-loups” allemands qui se trouvaient parmi eux. Pendant de nombreuses années, d’anciens soldats allemands luttaient avec les Lithuaniens dans cette guerre de partisans.

 

Le Goulag

 

A la fin de 1949, les derniers Allemands de Prusse orientale furent déportés vers l’Ouest. Tous les Allemands devaient se rassembler en des lieux préalablement indiqués. Liesabeth voulait aller en Allemagne de l’Ouest. Des gens, qui lui voulaient du bien, la dissuadèrent d’entreprendre ce voyage. Les trains, disaient-ils, ne prendraient pas la direction de l’Allemagne mais de la Sibérie. Liesabeth, qui vient d’avoir onze ans, les croit et poursuit ses pérégrinations.

 

Pour avoir à manger, elle travaille dur dans des fermes. Parfois, elle vole. A quinze ans, elle est prise la main dans le sac et livrée à la milice soviétique. Les miliciens communistes ne montrèrent pas la moindre pitié et l’envoyèrent dans une prison pour enfants, à 400 km à l’Est de Moscou. Là-bas règnait la loi du plus fort. Les raclées et les viols étaient le lot quotidien des internés. Les autorités du camp laissaient faire. Liesabeth/Maritje tomba enceinte et donna son bébé à une détenue qui venait d’être libérée. Au bout de quelques jours, l’enfant mourut. Dès qu’elle eut fêté ses dix-huit ans, Liesabeth/Maritje fut expédiée au goulag, dans un camp pour dangereux criminels de droit commun. Elle y fut régulièrement rossée et violée. Elle donna la vie à une deuxième fille mais le bébé était trop faible et décéda dans le camp. Elle ne fut libérée qu’en 1965. Elle avait vingt-sept ans.

 

Cette femme, durcie par les privations, n’avait toutefois pas d’avenir. Qui irait donc embaucher une femme qui avait fait autant d’années de prison? Finalement, Liesabeth/Maritje trouve du travail au sein d’une “brigade de construction”, qu’on expédie à Bakou dans le Caucase. Les hommes considéraient que toutes les femmes étaient des prostituées. Pour échapper à cette suspicion permanente, elle se marie et donne naissance à une troisième fille, Elena. Mais le mariage ne dure pas longtemps. Liesabeth est souvent battue par son mari, qui, de surcroît, la traite, elle et sa fille, de “sales fascistes allemandes”. Après trois ans de mariage, c’est le divorce.

 

Epilogue à Widitten

 

L’heureux dénouement ne vint qu’en 1976. Grâce à une recherche menée par la Croix Rouge allemande, elle a pu reprendre contact avec son père et son frère Manfred. Après 31 ans de séparation, ce fut pour elle une émotion intense de retrouver son père et son frère à Braunschweig. Un interprète était présent. Liesabeth ne prononçait plus que quelques mots d’allemand, avec grande difficulté. Pourtant cette rencontre n’eut pas que des conséquences heureuses. Manfred n’était pas fort content de retrouver sa soeur. Pendant de nombreuses années, il avait vécu en pensant que sa soeur était morte. Or voilà qu’elle réémerge quasiment du néant et qu’il doit partager l’héritage paternel avec elle. Liesabeth ne se sent pas heureuse en Allemagne et repart avec sa fille Elena en Russie, où on l’insulte en permanence, où on la traite de “Boche” et de “fasciste”. En Allemagne, les voisins la désignaient sous le terme “Die Russin”, “la Russe”. Liesabeth/Maritje n’avait plus de nationalité...

 

Son père veilla toufois à ce qu’elle puisse acheter et meubler une petite maison avec un lopin de terre à Widitten en Prusse Orientale. Au début, elle se heurta à l’hostilité de ses voisins russes. La mère comme la fille étaient saluées chaque jour que Dieu fait par de vibrants “Heil Hitler!”. On maltraitait leurs animaux. Ce n’est qu’après l’implosion de l’URSS que leur situation s’est bien améliorée. En 1994, Liesabeth reçoit pour la première fois la visite d’Ingeborg Jacobs.

 

Des vois s’élèvent en Allemagne pour donner, au moins à une école, le nom d’un “enfant-loup” oublié, après 65 ans... Sera-ce fait?

 

Pieter AERENS.

(article paru dans “’t Pallieterke”, Anvers, 5 janvier 2011).

vendredi, 02 septembre 2011

Aux sources de l'islamisme allemand contemporain

Wolfgang KAUFMANN:

Aux sources de l’islamisme allemand contemporain

 

L’islamisme allemand contemporain trouve ses racines chez les volontaires musulmans levés contre l’URSS de Staline

 

Depuis un discours controversé du Président fédéral Wulff, on discute de plus en plus intensément en Allemagne pour savoir si l’islam est propre à ce pays ou non. Les débatteurs ne sont à l’unisson que sur un point: l’islam est désormais présent en terre germanique. La même remarque vaut pour l’islamisme. Ce qui conduit tout naturellement à la question: comment l’islamisme est-il arrivé en Allemagne?

 

Vu l’immigration de plusieurs millions de Turcs musulmans, on peut supposer que l’islamisme présent aujourd’hui en terre allemande provient de cette vague migratoire. Toutefois, on doit bien constater que l’infiltration initiale d’un islamisme en Allemagne n’est pas un effet de l’immigration, après 1945, de travailleurs de confession musulmane. Deux livres publiés récemment le démontrent:

Stefan MEINING,

Eine Moschee in Deutschland. Nazis, Geheimdienste und der Aufstieg des politischen Islam im Westen, Verlag C. H. Beck, München, 2011, 316 pages, 19,95 euro.

 

&

 

Ian JOHNSON,

Die vierte Moschee. Nazis, CIA und der islamische Fundamentalismus, Verlag Klett-Cotta, Stuttgart, 2011, 360 pages, 22,95 euro.

 

Ces deux livres sont parus quasi simultanément, leurs titres se ressemblent fort et leurs couvertures également: ce qui pourrait faire penser à une action concertée. Cependant, à la lecture, on s’aperçoit quand même qu’il s’agit d’un hasard.

 

Les deux ouvrages décrivent le même phénomène. Stefan Meining, rédacteur du magazine politque “Report München”, dépendant de l’ARD, se concentre sur la responsabilité des services allemands dans l’émergence de l’islamisme, tandis que Ian Johnson, Prix Pulitzer, met surtout l’accent sur celle des services secrets américains. La lecture de ces deux ouvrages nous donne une belle image d’ensemble et nous permet de constater, en plus, que l’islamophilie peut prendre de multiples visages. La direction nationale-socialiste —rien moins!— fut la première a faire venir délibérément en Allemagne des représentants de la haute hiérarchie de l’islam politique, à commencer par Hadj Mohammed Amin al-Husseini, Grand Mufti de Jérusalem et chef religieux de la communauté musulmane de Palestine. Le motif de cette démarche se trouve dans la ferme résolution de Hitler lui-même, de son Ministre des affaires de l’Est Alfred Rosenberg, ainsi que des chefs de la Wehrmacht et de la Waffen-SS, d’utiliser et d’engager l’islam comme arme secrète contre l’URSS. Dans le cadre de cette politique, plusieurs centaines de milliers de musulmans du Caucase et d’Asie centrale ont été, jusqu’en 1945, enrôlés dans des unités de volontaires comme la “Division SS musulmane Nouveau Turkestan”. Ces unités avaient tout naturellement beoin d’un accompagnement politique et religieux.

 

La plupart de ces légionnaires musulmans, qui ont eu la chance, après la défaite de l’Allemagne, de ne pas avoir été rapatriés de force et d’avoir ainsi échapper à la mort par fusillade, se sont installés à Munich et ses environs. Parmi eux: quelques imams qui avaient auparavant servi dans les unités de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS. Trois cents de ces “oubliés” fondèrent en 1953 la “Religiöse Gemeinschaft Islam” (“Communauté religieuse islamique”). Dès ce moment, le jeu a repris car le gouvernement fédéral allemand avait, lui aussi, l’intention d’utiliser à son profit les émigrants de confession musulmane. L’acteur principal de cette politique, côté allemand, fut le “Ministère fédéral des expulsés, réfugiés et victimes de la guerre”. A cette époque-là, ce ministère était placé sous la houlette de Theodor Oberländer (membre du parti “Gesamtdeutscher Block”/”Bund der Heimatvertriebenen und Entrechten” – “Bloc pour toute l’Allemagne”/”Ligue des Expulsés et Spoliés”). Pendant la guerre, Oberländer avait été le commandeur d’une unité spéciale de la Wehrmacht, la “Bergmann”, au sein de laquelle servaient d’assez nombreux volontaires musulmans venus du Caucase. L’objectif d’Oberländer était d’utiliser la “Religiöse Gemeinschaft Islam” pour faire éclater l’Union Soviétique en provoquant une révolte généralisée des peuples non russes, ce qui aurait entraîné, comme effet second, la réunification de l’Allemagne dans les frontières de 1937. C’est la raison pour laquelle, par l’entremise d’Oberländer, l’association musulmane de Munich a reçu le soutien financier du gouvernement fédéral allemand.

 

L’islam politique a été une arme pendant la Guerre Froide

 

Parallèlement aux tentatives ouest-allemandes d’enrôler l’association musulmane de Bavière, la CIA, et son organisation satellite, l’AMCOMLIB (“American Committee for Liberation from Bolshevism”) commencent, elles aussi, à s’intéresser aux exilés ex-soviétiques et musulmans de Munich et de sa grande banlieue. Or les Américains paient beaucoup mieux que les Allemands: les membres de la “Communauté Religieuse Musulmane”, fixés à Munich, vont progressivement se faire recruter pour agir dans le cadre de la guerre psychologique menée par les Etats-Unis. Ils vont commencer par une collaboration au micro de “Radio Liberty” où ils vitupèreront contre la politique soviétique à l’égard des nationalités et de la religion islamique. L’islam politique allemand s’est donc transformé en un instrument américain dans la Guerre Froide, chargé de “tordre le cou” au communisme athée, avec, pour corollaire, d’amener à une révision générale des conséquences de la seconde guerre mondiale.

 

Les ex-légionnaires anti-soviétiques, qui se laisseront embrigader dans les services allemands ou américains, ne se présenteront pas, à l’époque, comme des fondamentalistes musulmans, à l’instar de ceux que nous connaissons aujourd’hui: ces anciens soldats de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS s’étaient assimilés au mode de vie allemand; ils aimaient boire de l’alcool et se livrer à de joyeuses libations; leurs femmes et leurs filles ignoraient délibérément les prescriptions vestimentaires islamiques; toutes les autres consignes religieuses n’étaient pas davantage prises au pied de la lettre. Chose curieuse et digne d’être rappelée: c’est justement cette liberté par rapport aux prescrits rigoureux de la religion musulmane qui va provoquer une mutation décisive de la situation. Elle a eu lieu à l’occasion de la première “conférence islamique d’Allemagne”, tenue le 26 décembre 1958 dans la salle paroissiale catholique Saint-Paul à Munich.

 

Lors de cette manifestation, pour la première fois, des étudiants très croyants et très rigoristes, venus des pays arabes, rencontrent les émigrés issus des régions islamisées de l’URSS. Au départ, il n’y a pas de confrontation directe entre les deux groupes: tous s’accordent pour que soit réalisé un premier objectif, celui de construire un lieu central de prière à Munich. Pour y parvenir, ils créent au début du mois de mars de l’année 1960, une “Commission pour la Construction de la Mosquée”. Le directeur de cette commission, que les participants ont élu, n’était pas un ancien légionnaire issu du Turkestan ou du Caucase mais l’Egyptien Said Ramadan, figure de proue du mouvement des “Frères musulmans” qui était aussi, à l’époque, secrétaire général du “Congrès islamique mondial”. La raison principale qui a justifié l’élection de Said Ramadan fut qu’on espérait qu’il ramènerait des subsides en provenance des pays arabes pour la construction de l’édifice religieux. C’est ce qu’il fit. Mais, simultanément, il entama une campagne de dénigrement des anciens légionnaires des armées allemandes, parce que leur mode de vie n’était plus “pur”, ce qui conduisit à leur marginalisation totale.

 

Au bout de ce processus d’éviction, qui se situe en mars 1962, les protagonistes arabes d’une interprétation pseudo-traditionaliste et rigide de l’islam ont pris le contrôle de la Commission, qui, quelques mois plus tard, allait se dénommer “Islamische Gemeinschaft in Süddeutschland” (“Communauté Islamique d’Allemagne du Sud”). Depuis le 4 décembre 1982, elle s’appelle, en bout de course, “Islamische Gemeinschaft in Deutschland”. Depuis lors, l’organisation établie à Munich a servi de plaque tournante à un réseau islamiste qui n’a cessé de croître à la manière d’un rhizome sur tout le territoire de la République fédérale, sans que les autorités allemandes ne s’en alarment outre mesure.

 

Celles-ci n’ont montré de l’intérêt pour ce réseau qu’à partir du 11 septembre 2001, lorsque le troisième président en fonction, le Syrien Ghaleb Himmat, fut soupçonné de terrorisme: d’après les renseignements fournis par le “Financial Crimes Enforcement Network”, une instance dépendant du Ministère américain des finances, il aurait fonctionné comme fournisseur de fonds pour al-Qaïda.

 

Wolfgang KAUFMANN.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°35/2011; http://www.jungefreiheit.de ).

 

jeudi, 01 septembre 2011

La légende de Friedrich Hielscher

 

Hielscher.jpg

La légende de Friedrich Hielscher

Dr. Peter BAHN

La fondation d’une “Église” panenthéiste au XXe siècle et ses fausses interprétations ultérieures

Pendant des décennies, la vie et l’œuvre de l’auteur, philosophe religieux et érudit, le Dr. Friedrich Hielscher (1902-1990) a donné lieu à toutes sortes de fausses interprétations spéculatives. Cela est particulièrement vrai avec le genre de littérature “ésotérique” populaire, dans laquelle Hielscher a sans cesse été le sujet des plus folles spéculations et assertions. Au début des années 60, une “légende Hielscher” extrêmement négative était déjà née, à laquelle des embellissements encore plus hardis ont été régulièrement ajoutés jusqu’à aujourd’hui. Cette légende est, cependant, pratiquement à des années-lumière des véritables actions et intentions de Hielscher, et est dépourvue de toute référence à la réalité.

Pour pouvoir aller au fond de ces spéculations, et pour déterminer leurs sources d’origine, il est d’abord nécessaire d’examiner le cours de la vie de Hielscher. Concernant les années jusqu’en 1954, cela peut être assuré avant tout au moyen de son autobiographie (1). Concernant la période de temps ultérieure, il existe — dans la littérature, du moins — seulement des morceaux fragmentaires et dispersés d’information dont l’accès est difficile (2). Par contre, les archives existantes relatives à Hielscher sont beaucoup plus riches, en particulier sa production littéraire (3) et sa correspondance avec Ernst Jünger, qui dura de 1926 à 1986 (4).

Fils d’un marchand de textiles, Friedrich Hielscher était né le 31 mai 1902 à Plauen, dans le Vogtland, et grandit à Guben, en Niedersaulitz. À l’âge de 17 ans, il sortit diplômé du Lycée Humaniste de Plauen. Immédiatement après ses examens finaux, il rejoignit une unité des Corps Francs qui prit part aux combats de résistance contre les groupes polonais en Haute Silésie (5). Son unité fut plus tard incorporée dans l’armée allemande. En mars 1920, Hielscher refusa de participer au putsch de Kapp, et quitta l’armée (6). Il commença ensuite à étudier le droit à l’Université de Berlin et suivit aussi des cours à la Faculté des Sciences Politiques (7). Ces études de sciences politiques l’amenèrent en étroit contact avec Theodor Heuss, avec qui il se lia d’amitié pour la vie (8). À Berlin, Hielscher rejoignit le corps de duellistes étudiant “Normannia”, et jusqu’aux années 70 il fut une autorité active pour l’histoire du groupe, ainsi qu’un conférencier recherché concernant l’Assemblée de Kosen (9).

Alors que la courte période dans les Corps Francs fut marquée beaucoup plus par des aspirations à l’indépendance et à l’aventure que par des visions politiques concrètes (10), pendant le cours de ses études à Berlin Hielscher devint graduellement plus politisé. Après une affiliation temporaire au Reichsclub du Parti du peuple allemand national-libéral (11), il gravita vers les cercles des “gauchistes de la droite” et des “nouveaux nationalistes”. Ces petits cercles, qui tournaient autour de certains journaux et de projets de publications, cherchaient à combler le fossé entre l’arrière-plan intellectuel du mouvement des travailleurs socialistes et celui du nationalisme traditionnel (12). En même temps, il croisa le chemin de personnalités comme le philosophe culturel Oswald Spengler (13) et la sœur de Nietzsche, Elizabeth Förster-Nietzsche, cette dernière rencontre étant due aux nombreuses visites de Hielscher aux archives de Nietzsche à Weimar du fait de son travail promotionnel (14). En 1926, Hielscher termina son cursus par une thèse intitulée Die Selbstherrlichkeit : Versuch einer Darstellung des deutschen Rechtsgrundbegriffes (La souveraineté : un essai de présentation de la base de la loi allemande), pour laquelle il se vit décerner un double doctorat, summa cum laude, en philosophie du droit et en histoire du droit (15). Mais il trouva que son travail ultérieur, bureaucratique et réglementé, en tant que clerc juridique, était un tel supplice qu’en novembre 1927 il fut déchargé de la fonction publique à sa propre requête (16). Pendant le reste de sa vie, il vécut comme un universitaire — tant bien que mal — avec les bénéfices de publications, de cours et de commissions de recherche occasionnelles.

Hielscher, qui avait entre-temps développé un étroit contact personnel avec Ernst Jünger, fut à partir de 1926 un collaborateur actif aux divers journaux liés au « nouveau nationalisme » national-révolutionnaire. Son premier essai parut à la fin de 1926 dans le magazine Neue Standarte-Arminius : Kampfschrift für deutsche Nationalisten. Avec son titre, Innerlichkeit und Staatskunst (Intériorité et art étatique), il indiqua dès le début qu’il ne se préoccupait pas d’activité politique superficielle, car les choses n’en étaient pas « au commencement d’un nouveau départ, mais plutôt à la fin du vieil effondrement » (17). Cet effondrement ne pouvait être surmonté que par une nouvelle « foi (...) qui portera l’avenir allemand et sans laquelle le nouveau travail ne sera pas commencé » (18).

Avec l’accent mis par ce premier texte sur l’importance fondamentale d’une nouvelle foi, un trait avait déjà émergé dans l’œuvre de Hielscher qui allait rapidement s’intensifier, et qui resterait prédominant jusqu’à la fin de sa vie. Hielscher ne pensait “politiquement” que d’une manière secondaire et transitoire ; il se préoccupait beaucoup plus de tirer un nouvel “art étatique” des concepts religieux. Cela était déjà clair à la fin des années 20 au vu de sa correspondance avec Ernst Jünger. En conséquence, en novembre 1929 il envoya à Jünger une “déclaration de foi” (Bekenntnis) idéologico-religieuse, et dans une autre lettre quelques semaines plus tard il parla de la nécessité de la naissance d’une « Église invisible » qui serait efficace en termes de foi tout comme de politique (19). Vivant à l’époque dans la solitude d’un presbytère de la région de Lausitz, où un ancien ami d’école servait comme pasteur protestant, Hielscher travaillait sur son livre Das Reich, qui fut publié en 1931 (20). Celui-ci fut précédé par les premiers numéros d’un périodique du même titre que Hielscher avait édité depuis septembre 1930. Un cercle d’adeptes, loyal à Hielscher en tant que spiritus rector, se forma progressivement autour du journal et à partir des lecteurs du livre, qui avait provoqué un débat considérable. Jusqu’en 1933 ce cercle fut essentiellement tiré des rangs du Mouvement de la Jeunesse et des groupes de jeunesse nationaux-révolutionnaires (21).

L’unité de foi et de politique postulée par Hielscher, d’« intériorité et art étatique », ne fut pas sans conséquence sur la structure et l’activité de son cercle. Dans les années entre 1932 et 1935, l’association grandit, selon les mots de Hielscher, à la foi « comme une résistance contre la populace, et comme une Église » (22). Hielscher considéra toujours le mouvement national-socialiste comme une « populace », contre qui il se trouvait en opposition diamétrale pour des raisons idéologico-religieuses. En fait, le cercle autour de Hielscher se voyait à la fois comme une « Église embryonnaire » avec les activités rituelles correspondantes, et comme un « État embryonnaire » avec la tâche de résister au national-socialisme (23), bien qu’il soit peu probable que tous les membres politiquement actifs du cercle aient participé avec la même intensité aux aspects religieux du groupe. En tout, le groupe était formé d’environ cinquante personnes, dont les noms peuvent être déterminés à partir des archives relatives à Hielscher (24).

Les activités du cercle, à la fois comme « Église » et comme groupe de résistance, étaient menées sur la base d’un système idéologico-religieux extraordinairement complexe. Ceci n’avait pas été emprunté par Hielscher à d’autres sources sous une forme finie, mais fut développé successivement à partir d’axiomes fondamentaux spécifiques. D’importance centrale était l’idée de la foi comme « base de l’action » incontestable, et donc de leitmotiv essentiel pour toute action humaine (25). À un niveau subordonné à cette signification de la foi en général (c’est-à-dire, d’une foi en tant que telle), Hielscher plaçait sa propre théologie concrète avec sa vision particulière sur Dieu, les dieux, et l’homme — une vision qu’il définissait comme « païenne ».

Le point de départ était la perception panenthéiste de Dieu comme « l’Éternel, en qui tout est contenu » (26). Ainsi, Dieu n’était pas extérieur au monde, mais au contraire le monde était en Lui ; il n’était pas le Créateur, mais plutôt celui qui (à partir de lui-même) crée continuellement. Hielscher reliait cela à diverses notions. De la compréhension du monde par Nietzsche comme “volonté de puissance”, il extrapolait l’idée de devenir un « avec le monde éternellement en devenir » (27). De cela pouvait « être perçue … une conscience de Dieu » (28). En même temps, il revenait spécifiquement à la pensée de l’hérétique et érudit du début du IXe siècle, Jean Scot Erigène, d’après qui, « Dieu est tout ce qui est éternel et tout ce qui est advenu » (29). Erigène décrivait aussi Dieu comme une « unité multiple à l’intérieur de lui-même » (30). Cette idée domina exclusivement et complètement les convictions religieuses de Hielscher et de son cercle jusqu’à la fin des années 30, avant d’être élargie (avec des conceptions qui étaient systématiquement dérivées du penseur susmentionné) pour inclure des « dieux » ou des « messagers célestes », qui en tant que « particularités » (Besonderungen) personnelles du « tout-puissant et seul vrai Dieu » apparaissaient comme médiateurs entre ce dernier et les êtres humains. À cet égard, des éléments polythéistes trouvés dans la pensée classiciste allemande (en particulier dans les œuvres de Gœthe et de Hölderlin) — mais habillés par Hielscher en dieux de la mythologie germanique (« Wode », « Thor », « Loki », « Freya », « Sigyn », etc.) — furent repris et incorporés structurellement (31). En tant qu’« âme », l’être humain aussi n’était rien d’autre que l’une des « particularités » émanant de la plénitude du seul vrai Dieu. Pour Hielscher, cela conduisait en conséquence à un rejet des conceptions occidentales modernes de l’individu autonome : chaque « âme » (c’est-à-dire chaque être humain) reçoit « sa propre essence à tout moment de Dieu » (32).

De ces conceptions de base, à partir du début des années 30 le cercle Hielscher développa un système de croyance qui se différenciait continuellement par de nouvelles manifestations, ainsi que par une pratique liturgique avec des cérémonies pour le cycle de l’année et le cours de la vie. Avec l’inauguration du nouvel appartement de Hielscher à Falkenhain près de Berlin le 27 août 1933 vint la première « observance » (Andacht) officielle de l’« Église ». Celle-ci fut dès lors considérée comme la véritable date de fondation de l’Église, que Hielscher nomma la Unabhängige Freikirche (UFK), l’Église Libre Indépendante (33). Cela fut suivi par des élaborations liturgiques, orientées exclusivement d’après les études folkloriques, mythologiques et historico-religieuses faites par les membres du groupe ; ces études étaient presque exclusivement à diffusion interne. En 1941, ils réussirent à terminer une série annuelle de rituels païens constituée de 24 cérémonies (34). Chaque cérémonie était consacrée à l’un des 12 dieux germaniques, et était combinée (comme Ernst Jünger le laissa entendre dans une entrée de son Journal de Paris en octobre 1943, écrite après une rencontre avec Hielscher) avec diverses correspondances symboliques — signes, arbres, fleurs, animaux, aliments, boissons, « couleurs inhérentes » et « couleurs apparentes » (Wesensfarben und Erscheinungsfarben) (35). En même temps, en tant que chef de l’UFK, Hielscher accomplit aussi des cérémonies de baptême et de mariage pour des membres de son cercle, suivies plus tard par les premières funérailles du groupe (36).

 

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Structurellement, la liturgie des services religieux spécifiques de l’UFK — avec leurs invocations, prières, chants, et lectures — contenait aussi des éléments qui pouvaient clairement être trouvés, de cette manière ou d’une manière similaire, parmi les communautés de la foi chrétienne. Les différences sont essentiellement en termes de contenu, qui dans l’UFK se distinguait par le panthéon des dieux germaniques avec le « seul vrai Dieu » au-dessus de lui. Mais il y avait quelque chose d’autre. Dans son autobiographie, Hielscher se décrivit expressément — traçant une distinction explicite avec Ernst Jünger — comme un « mystique » (37). La signification imprégnant les cérémonies à l’intérieur de l’UFK se trouvait donc dans un contexte très spécifique. Hielscher soulignait en conséquence qu’avec ces cérémonies, « l’Église célébrerait la domination du céleste dans cet espace et dans ce temps » (38) et parlait de « revenir de la cérémonie pour [faire] nos devoirs quotidiens avec une énergie et un pouvoir nouveaux » (39). Cela faisait penser à une compréhension mystique de la religion, voyant l’expérience contemplative intérieure du numineux comme une source d’énergie, particulièrement pour le croyant individuel prenant part aux cérémonies.

Pour Hielscher et son cercle, la résistance contre le national-socialisme se nourrissait à des sources religieuses. C’était beaucoup moins une critique des mesures politiques individuelles prises par le régime NS — bien qu’ici aussi, Hielscher développa diverses positions dissidentes, dont la discussion sort du cadre de cet essai — qu’un rejet de principe. À cause de son manque de connexion transcendantale, le règne NS était vu par le cercle Hielscher comme un niveau décadent d’État, une forme de règne de la populace qui — en particulier à cause de son idéologie raciale biologique — était devenue asservie à la « matière » et à ce qui est purement matériel. Pour Hielscher, l’infiltration et la subversion depuis l’intérieur semblait être un chemin praticable de résistance, bien qu’à la lumière de la faiblesse numérique de son cercle cette stratégie se heurta rapidement à des facteurs limitants. Si des membres du cercle Hielscher parvinrent à occuper des positions de niveau intermédiaire dans l’armée, dans le contre-espionnage, et dans les SA et les SS, très peu de choses — en plus de rassembler des informations et d’offrir occasionnellement une aide à des victimes individuelles de la persécution politique — purent être faites.

Une exception fut l’influence exercée sur l’Ahnenerbe, l’organisation de recherche SS fondée le 31 juillet 1935, et dont Wolfram Sievers, un jeune ami de Hielscher et aussi un membre de l’UFK, parvint à devenir l’administrateur (40). Au-delà de son but originel de faire progresser l’étude de la « préhistoire spirituelle » (Geistesurgeschichte) (41), l’Ahnenerbe, un objet de prestige pour Heinrich Himmler, se subdivisa graduellement en de nouveaux départements de recherche consacrés à l’histoire de l’art, aux sciences naturelles, à la médecine, et même à la technologie (42). En résultat de l’implication ultérieure des départements médicaux dans les expériences humaines barbares conduites par les SS, Sievers, qui en dépit de sa désapprobation religieusement motivée de ces incidents s’était trouvé incapable d’agir ouvertement contre eux, fut condamné à mort au procès de Nuremberg et pendu (43). Hielscher — qui avait même reçu, sous la protection de son ami (44), des commissions de recherche temporaires de l’Ahnenerbe concernant des matières folkloriques et historico-culturelles — tenta sans succès jusqu’à la fin d’obtenir une grâce pour Sievers. Immédiatement avant l’exécution, il rendit visite à Sievers en prison et célébra une cérémonie d’adieu religieuse avec lui, en accord avec les observances de son Église païenne (45). C’est cet événement en particulier qui donna lieu plus tard à un grand nombre de spéculations extravagantes.

Quand c’était faisable, Hielscher tira avantage de ses activités pour l’Ahnenerbe, qui étaient occasionnellement combinées avec des voyages de recherche, pour aider des gens qui étaient politiquement ou racialement persécutés (46), et pour cultiver des contacts avec divers groupes de la résistance antinazie (47). En septembre 1944, il fut arrêté par la Gestapo en liaison avec l’assassinat manqué de Hitler par le comte von Stauffenberg, emprisonné pendant quelques mois, et torturé. Ce fut l’intervention de Sievers à cette époque qui conduisit à sa libération sous « condition de servir au front », et qui lui sauva finalement la vie (48).

Après 1945, le cercle Hielscher cessa toute activité politique et se concentra exclusivement sur des recherches religieuses cadrant avec les paramètres de l’UFK. Basant sa perspective sur une vision cyclique de l’histoire et employant une terminologie saisonnière, Hielscher pensait que l’humanité se trouvait dans un « hiver » historique (qui avait commencé vers 1800 avec la Révolution française et la montée de l’industrialisation) au milieu duquel on devait procéder d’une « impossibilité de l’État » fondamentale, nécessitant une construction conceptuellement nouvelle de l’État. En contraste, « l’Église dans l’hiver » était vue comme la « racine du printemps, et la première étape du Reich » (49), et le nouveau centre de ses recherches apparaissait comme la prochaine étape logique. Pendant des décennies, cela resta le travail de l’UFK. Et tout comme elle l’avait fait durant le Troisième Reich, sous la République Fédérale d’Allemagne l’UFK maintint une isolation presque complète vis-à-vis de l’extérieur. Des années 50 jusqu’aux années 80, l’activité de l’UFK fut caractérisée par des « journées de l’Église » annuelles, des célébrations internes, et l’accumulation d’une masse de compositions internes qui existent sous forme hectographique ; celles-ci traitent surtout de questions de théologie et de philosophie de l’histoire (50). L’âge avancé de ses membres (car des membres nouveaux et plus jeunes pouvaient difficilement être introduits) et 2 crises de l’« Église », en 1969-70 et 1983-84 (51), affaiblirent finalement un cercle qui n’avait jamais été particulièrement fort — à tel point que dans les années précédant la mort de Hielscher en mars 1990, l’UFK était principalement composée de lui-même et de son épouse Gertrud.

En conclusion, on peut souligner que Hielscher, qui sortit du courant national-révolutionnaire politiquement motivé de la période de Weimar, s’était déjà tourné à la fin des années 20 vers des thèmes religieux d’une manière intensifiée, et qu’en résultat de cette tendance il avait créé sa propre Église « païenne ». À première vue, l’UFK semble comparable à de nombreuses autres initiatives religieuses völkisch contemporaines, mais elle différait de celles-ci par sa formulation d’un système théologique strictement axiomatique et par un rejet consécutif de toutes les conceptions raciales-biologiques, et donc matérialistes. Hielscher et son cercle désapprouvèrent le système NS depuis le début, mais tentèrent de faire usage de leurs positions par l’infiltration d’institutions spécifiques (l’Ahnenerbe en particulier), dans le cadre d’un effort de résistance. En faisant cela, Hielscher entra en conflit mortel avec la Gestapo. Après 1945, il se retira presque complètement de la vue du public, et à part ses activités avec la société de duellistes étudiants et la publication de son autobiographie, il s’employa seulement à cultiver les pratiques mystiques-contemplatives de son Église.

À la place de cette histoire exacte, qui peut être vérifiée complètement par les preuves et les archives littéraires, à partir de 1960 une toile de fausses interprétations, de spéculations et de formulations légendaires commença à se développer, qui n’avait plus aucun rapport avec la vie et l’œuvre réelles de Hielscher. Cependant, il est nécessaire d’aborder la question, car une grande partie de ce que le grand public, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Allemagne, connut sur Hielscher dans les dernières décennies a été influencée et embrouillée par ces formulations légendaires. Une analyse impartiale de Hielscher — et particulièrement de son système théologique, qui contient quelques éléments très remarquables — peut difficilement avoir lieu tant qu’un roncier de mythes négatifs obstrue l’accès nécessaire.

À l’origine de la formulation légendaire se trouvait le livre Le matin des magiciens, par Louis Pauwels et Jacques Bergier, publié en France en 1960 et bientôt traduit dans diverses langues. L’intention de base des auteurs était de souligner certains aspects de la réalité terrestre qui restent en-dehors de l’actuel modèle d’explication rationaliste et positiviste. Sur cette toile de fond, ils soulignaient — et pas d’une manière détaillée, finalement — divers cotés "
obscurs" et "bizarres" de l’histoire intellectuelle du XXe siècle et suggéraient des références historiques (réelles ou spéculatives). L’arrière-plan supposément ésotérique ou « occulte » du national-socialisme était d’un intérêt particulier. Il était inévitable que dans ce contexte, les prédilections de Heinrich Himmler pour la mythologie germanique et pour les rituels des Männerbünde traditionnels, l’histoire des Châteaux de l’Ordre du NS, et les activités de recherche appropriées de l’Ahnenerbe aient aussi été mentionnées (52).

À cause de la cérémonie d’adieu maintenant bien connue avant l’exécution de Wolfram Sievers — absolument pas mentionnée par Hielscher dans son autobiographie —, Hielscher se trouva lui-même dans les vues de Pauwels et Bergier. Ils le présentèrent d’emblée comme le « maître spirituel » de Sievers (53), ce qui avait bien sûr une certaine plausibilité du fait de l’appartenance de Sievers au cercle de résistance à motivation religieuse de Hielscher. Mais devant l’histoire organisationnelle suffisamment documentée de l’Ahnenerbe (54), beaucoup plus aventurée était l’assertion factuelle dans le même paragraphe que la création de son organisation aurait pu en fait procéder d’une « initiative privée » de Hielscher (55), qui avait de plus noué une « amitié mystique » avec l’explorateur suédois Sven Hedin. Ce que nous devons faire de cette « amitié mystique » — qui n’est mentionnée ni dans l’autobiographie de Hielscher (où il parle souvent volontiers et abondamment de ses rencontres et amitiés avec diverses personnalités) ni dans sa production littéraire — est une question que Pauwels et Bergier laissent sans réponse. Néanmoins le détour imaginatif vers les premières explorations de Hedin en Asie Centrale cadrait opportunément avec l’élaboration d’une « doctrine secrète » nationale-socialiste, apparemment influencée par l’Extrême-Orient, dont la genèse et l’établissement étaient supposés avoir été substantiellement influencés par Sven Hedin – et par Hielscher (56).

En fait, Pauwels et Bergier concédaient quelques phrases plus tard que Hielscher ne fut jamais un national-socialiste, mais affirmaient qu’un lien existait à travers sa communauté « avec les doctrines ‘magiques’ des grands maîtres du national-socialisme » (57). Mais c’est précisément par cette attribution d’idées « magiques » à Hielscher que Pauwels et Bergier révélaient en fait combien ils en connaissaient peu sur son système religieux-cosmologique, car Hielscher s’était toujours fermement opposé au concept et à la pratique de la « magie ». Il insistait particulièrement là-dessus dans son autobiographie, qui fut disponible dès 1954 (et qui était donc parfaitement accessible à Pauwels et Bergier). Dans celle-ci, dénotant une différence caractéristique entre sa vision du monde et celle de Ernst Jünger, il qualifiait sa perspective personnelle de mystique, alors que celle de Jünger était magique (58). Et il y avait encore une autre source pour ce rejet de la magie qui était rigoureusement déduit du système religieux-cosmologique de Hielscher, d’après lequel il n’est pas possible pour l’être humain « d’approcher les dieux, de s’attribuer leur bénédiction, de s’élever jusqu’à eux » (59). Le 11 décembre 1956, Hielscher écrivit à Friedrich Georg Jünger, le frère d’Ernst Jünger, que la magie était la « tentative inadaptée, mais toujours coupable, d’utiliser des moyens terrestres, à savoir ceux de la sorcellerie, pour mettre le Céleste à son service ». La magie blanche était encore plus répréhensible que la magie noire, car le magicien « blanc » était coupable de « désirer soumettre un bon esprit », au lieu d’un mauvais esprit, « à sa propre volonté » (60).

Mais Pauwels et Bergier ne s’intéressaient pas à tout cela. Bien éloignés de toute source concernant la vie et l’œuvre de Hielscher, ils lui attribuaient finalement « un rôle important dans l’élaboration de la doctrine secrète [nationale-socialiste] » (61), cette froide et cruelle doctrine supposément transmise par Sven Hedin à partir de l’Asie, qui se trouve derrière les événements politiques et qui selon les auteurs pourrait aussi expliquer les actions des protagonistes du national-socialisme et en particulier des SS. Une conjecture grandiose de ce genre, tirée du néant et diffusée internationalement à travers le livre de Pauwels et Bergier en grandes éditions, établit un sol fertile idéal dans les années suivantes pour des spéculations encore plus hardies et des affirmations de plus en plus téméraires concernant le rôle de Hielscher pendant l’ère NS.

Un exemple typique à cet égard est le livre The Spear of Destiny (La lance du destin) de l’auteur britannique Trevor Ravenscroft, dans lequel Hielscher — bien sûr à nouveau sans l’ombre d’une preuve et en résultat de la « méthode » des racontars sans mesure — est une fois de plus décrit comme ayant été le chef spirituel de l’Ahnenerbe, et « la plus importante figure en Allemagne après Adolf Hitler lui-même » (62). « Le Führer », d’après Ravenscroft, demanda à Hielscher de le conseiller « dans toutes les matières occultes », et dans l’éventualité d’une victoire allemande dans la seconde guerre mondiale, Hielscher « aurait bien pu devenir le Grand Prêtre d’une nouvelle religion mondiale qui aurait remplacé la Croix par le Svastika » (63). Finalement, Ravenscrof imaginait aussi que Hielscher lui-même était celui qui avait développé un mystérieux « rituel de l’air suffoquant » par lequel des membres sélectionnés des SS « prêtaient serment d’allégeance irrévocable aux puissances sataniques » (64). Le fait que même dans la seconde édition révisée de son livre (65), Ravenscroft écrivait encore « Heilscher » au lieu de « Hielscher » est probablement indicatif de la connaissance des faits et des sources par cet auteur et quelques autres de ce genre.

Un autre auteur de langue anglaise, Gerald Suster, approcha le sujet d’une manière similaire. Dans un livre portant le titre sensationnel : Hitler : Black Magician, il se sentit obligé d’écrire que Hielscher avait déjà fondé l’Ahnenerbe en 1933, après quoi elle reçut une reconnaissance « officielle » en 1935 (66). D’après Suster, Hielscher influença les SS en particulier, et à un degré beaucoup plus élevé que ce qu’on en savait généralement » (67). Suster aussi n’avait pas l’ombre d’une preuve pour ces affirmations, sans même parler de sources pouvant être vérifiées par une bibliographie ou par des archives. La bibliographie de son livre de 222 pages tient en moins de 2 pages. Bien que la bibliographie ne contenait ni l’autobiographie de Hielscher ni la littérature spécialisée sur l’Ahnenerbe, l’édition britannique du Matin des magiciens de Pauwels et Bergier, publiée en 1964, se trouve être une fois encore l’une des sources principales (68).

Les mêmes associations spéculatives, faisant pour la plupart des références directes et explicites à Pauwels/Bergier et Ravenscroft, peuvent aussi être trouvées dans le volumineux livre Das Schwarze Reich, signé de l’auteur « E.R. Carmin », manifestement un pseudonyme, ce dernier affirmant révéler l’influence considérable de toutes sortes de sociétés secrètes sur la politique du XXe siècle. Le livre parut en 1994 chez un petit éditeur de Rhénanie, passa d’abord relativement inaperçu, mais connut une large diffusion 3 ans plus tard lorsqu’il fut publié en édition de poche par la célèbre Heyne Verlag de Munich. « Carmin » non seulement reprit les habituelles formulations légendaires de ses antécédents littéraires, comme l’« amitié mystique » entre Hielscher et Sven Hedin, mais prit soin de concocter — comme ingrédient original et additionnel à la florissante légende Hielscher — des liens entre l’Église clandestine de Hielscher (dont, cependant, il ne connaissait pas le nom) et le désir d’Alfred Rosenberg de créer une Église nationale du Reich (69). En passant, « Carmin » décrit aussi le principal ouvrage historico-philosophique de Hielscher, Das Reich, comme un « roman » (70), jetant une lumière révélatrice à tous égards sur ce genre de recherche « historique » contemporaine.

Une contribution complètement unique à la « légende Hielscher » qui non seulement s’inspira de spéculations antérieures mais aussi contribua fortement à celles-ci fut faite par l’auteur chilien et ardent admirateur de Hitler, Miguel Serrano, avec son livre El cordon dorado : Hitlerismo esoterico. Ce dernier parut en espagnol en 1978 et fut publié dans une traduction allemande en 1987. Dans ce livre, Serrano expose en détail une ligne complète de tradition spirituelle, incluant les doctrines de l’hindouisme, de l’alchimie médiévale, des Templiers, des Cathares et des Rosicruciens, qui conduit directement à un national-socialisme interprété d’une manière « ésotérique » dans lequel un Adolf Hitler survivant continue à vivre au Pôle Sud. Au milieu de tout cela, Hielscher, parmi tous les gens respectueusement appelés « les initiés » par Serrano, était placé à la même hauteur que les « chefs supérieurs et inconnus de l’Hitlérisme » et même élevé au niveau d’un « chef spirituel des SS » (71).

L’appendice bibliographique de Serrano manquait lui aussi de toute trace de l’autobiographie de Hielscher, des autres textes publiés par Hielscher, et du matériel approprié qui se trouve dans les archives. Mais le Matin des magiciens se trouve encore une fois parmi les sources données, cette fois-ci dans sa traduction espagnole de 1963 (72). Cela souligne à nouveau le rôle joué par Pauwels et Bergier pendant des décennies comme fournisseurs de slogans pour un genre complet de littérature. Les diverses tentatives de diaboliser la vie et l’œuvre de Hielscher en termes d’un bizarre ésotérisme « noir » (comme dans les ouvrages de Pauwels et Bergier, Ravenscroft, Suster et « Carmin ») recoupent ici la tentative de Serrano de l’utiliser dans le contexte d’un hitlérisme « ésotérique » et « tantrique ».

Complètement négligé était par contre tout examen des positions réelles de Hielscher, et particulièrement des éléments fondamentaux de son système religieux-cosmologique. Au mieux, des fragments et des lambeaux conceptuels furent extraits, volontairement mal interprétés et insérés dans des contextes historiques contemporains auxquels ils étaient en fait diamétralement opposés. Cela est particulièrement vrai dans le cas du peu qui était connu (comme ce qui venait du journal de Ernst Jünger) concernant l’Église libre païenne de Hielscher, et qui fut plus tard interprété avec empressement comme une indication de « rites » satanistes et de « doctrines secrètes ». Le refus strict et permanent de Hielscher de permettre un plus large accès aux dogmes et à la liturgie de son Église était — de son point de vue — logique et bien-fondé. Il était basé sur la supposition que c’était précisément à la lumière des expériences négatives avec le Troisième Reich que le petit cercle de ses fidèles devait être protégé, et qu’en général seules quelques personnes étaient assez mûres en esprit et en caractère pour saisir le système de croyance axiomatiquement construit de l’UFK, intuitivement aussi bien que mentalement.

Involontairement, cependant, cette position clandestine encouragea la croissance illimitée de légendes et se révéla finalement comme contre-productive. C’est seulement après un examen minutieux, basé sur les sources existantes, sur les motivations, les fondements spirituels et les pratiques réelles du cercle de Hielscher — qui existait encore dans les années 80 — que ces formulations légendaires seront écartées et permettront l’étude d’un aspect fertile et très intéressant de l’histoire intellectuelle du XXe siècle.


Peter Bahn (traduit d’allemand en anglais par Michael Moynihan et Gerhard)

Cet essai est originellement paru sous le titre « Die Hielscher-Legende : Eine panentheistische ‘Kirchen’-Gründung des 20. Jahrhunderts und ihre Fehldeutungen » dans le journal allemand Gnostika, N° 19 (octobre 2001), pp. 63-76. Cette nouvelle version, traduite en anglais et avec des références bibliographiques élargies, est publiée par TYR avec l’aimable autorisation de l’auteur.

NOTES

[1] Cf. Friedrich Hielscher, Fünfzig Jahre unter Deutschen [Cinquante ans parmi les Allemands], Hambourg, Rowolt 1954.

[2] Ici les articles suivants doivent être mentionnés en particulier : Marcus Beckmann, « Dem anderen Gesetz gehorschen : Zum Tode Friedrich Hielschers », in Fragmente 6 (1990), pp. 4-13 ; Werner Barthold, « Die geistige Leistung Friedrich Hielschers für das Kösener Corpsstudentum », in Einst und Jetzt : Jahrbuch des Vereins für corpsstudentische Geschichtsforschung, vol. 36 (1991), pp. 279-82 ; Karlheinz Weissmann, « Friedrich Hielscher : Eine Art Nachruf », in Criticon 123 (janvier/février 1991), pp. 25-28 ; Peter Bahn, « Glaube–Reich–Widerstand : Zum 10. Todestag Friedrich Hielschers », in Wir selbst : Zeitschrift für nationale Identität, Nos 1-2 (2000), pp. 21-33; Peter Bahn, « Ernst Jünger und Friedrich Hielscher : Eine Freudschaft auf Distanz », in Les Carnets Ernst Jünger, N° 6 (2001), pp. 127-45.

[3] C’est le Dépôt Friedrich Hielscher dans les Archives du District de Schwarzwald-Baar (Willingen-Schwenningen) ; un index électronique des archives est actuellement en préparation. Abrégé SBDA à partir de maintenant.

[4] Celle-ci se trouve parmi les documents Ernst Jünger aux Archives de Littérature Allemande à Marbach ; il y a aussi d’autres lettres de Hielscher dans d’autres collections de papiers non-publiés, comme ceux concernant Friedrich Georg Jünger.

[5] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, pp. 21-29.

[6] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 31.

[7] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, pp. 33-35.

[8] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, pp. 45-47.

[9] Friedrich Hielscher, Fünfzig Jahre, pp. 35-38, et Barthold, 1991. Concernant les activités de Hielscher dans la société de duellistes, voir aussi Hermann Rink, « Friedrich Hielscher » in Thomas Raveaux et Marcus Beckmann, eds., Veritati : Festschrift für Friedrich Hielscher zum 85. Geburtstag (Würzburg: auto-édition, 1987), pp. 19-22.

[10] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, pp. 21-22.

[11] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, pp. 41-44.

[12] Concernant ce courant en général, et le rôle – partiel et marginal – de Hielscher, Cf. entre autres : Karl O. Paetel, Versuchung oder Chance ? Zur Geschichte des deutschen Nationalbolchewismus (Göttingen, Musterschmidt, 1965 ; new ed., Koblenz, Bublies, 2000) ; Otto-Ernst Schüddekopf, Nationalbolchewismus in Deutschland 1918-1933 (Frankfurt/Berlin/ Vienna : Ullstein, 1972) ; Louis Dupeux, Nationalbolchewismus in Deutschland 1918-1933 : Kommunistische Strategie und konservative Dynamik (Munich, Büchergilde Gutenberg, 1985) ; Suzanne Meinl, Nationalsozialisten gegen Hitler : Die nationalrevolutionäre Opposition um Friedrich Wilhelm Heinz (Berlin, Siedler, 2000). Le texte standard biographique/bibliographique sur ce sujet est Armin Mohler, Die Konservative Revolution 1918-1932 : Ein Handbuch, 3ème éd., élargie avec un volume supplémentaire contenant aussi des corrections (Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1989). Hielscher, que Möhler décrit correctement comme « bâtisseur de système » typique parmi les nationaux-révolutionnaires, est détaillé à la p. 450.

[13] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, pp. 82-83.

[14] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 84.

[15] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 105. Sa thèse, qui contenait beaucoup de références à la pensée de Nietzsche et de Spengler, parut sous forme de livre en 1930, publiée par Frundsberg-Verlag, Berlin.

[16] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 111.

[17] Cf. Friedrich Hielscher, « Innerlichkeit und Staatskunst », in Neue Standarte-Arminius: Kampfschrift für deutsche Nationalisten, numéro du 26 décembre 1926, pp. 6-8. Cité ici et plus bas d’après la réimpression aux pp. 335-38 de Jahrbuch zur Konservative Revolution 1994 (Cologne : Anneliese Thomas, 1994), p. 335.

[18] Cf. Hielscher, 1926 (1994), p. 337.

[19] Cf. les lettres de Hielscher datées du 28 novembre 1929 et du 12 janvier 1930, dans les documents Ernst Jünger aux Archives de Littérature Allemande.

[20] Cf. Friedrich Hielscher, Das Reich (Berlin, Das Reich, 1931).

[21] Sur la formation du cercle Hielscher et ses efforts pendant la dictature NS, Cf. Rolf Kluth, « Die Widerstandgruppe Hielscher » in Pusl : Dokumentationschrift zur Jugendbewegung, N° 7 (déc. 1980), pp. 22-27.

[22] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 237.

[23] Cf. Friedrich Hielscher, « Die Entwicklung unserer Kirche » [Le développement de notre Église], texte aux SBDA, documents Hielscher, N° 73, p. 1-2.

[24] Cf. Friedrich Hielscher, « Bericht über die unterirdische Arbeit gegen den Nationalismus » [Rapport sur le travail souterrain contre le national-socialisme], texte aux SBDA, documents Hielscher, N° 140 (avec index des personnes appartenant au cercle).

[25] Cf. Friedrich Hielscher, Die Selbstherrlichkeit : Versuch einer Darstellung des deutschen Rechtsgrundbegriffes (Berlin, Frundsberg, 1930), pp. 63-64.

[26] Cf. lettre de Hielscher datée du 28 novembre 1929, dans les documents Ernst Jünger aux Archives de Littérature Allemande.

[27] Cf. Hielscher, Die Selbstherrlichkeit, 1930, p. 83.

[28] Cf. Hielscher, Die Selbstherrlichkeit, p. 81.

[29] Cf. Johannes Scotus Eriugena, Über die Einteilung der Natur, trad. Par Ludwig Noak (Hambourg, Felix Meiner 1994), p. 325.

[30] Cf. Eriugena, Über die Einteilung der Natur, p. 324.

[31] Cf. « Die 1. Klasse des heidnischen Glaubensunterrichts während der Schule » [La première classe de l’enseignement religieux païen à l’école], texte aux SBDA, documents Hielscher, N° 15 (probablement écrit par Hielscher).

[32] Cf. la lettre de Hielscher à Alfred Schäffer datée du 23 janvier 1931, dans la collection Walter Ehlers aux Archives de Littérature Allemande.

[33] Cf. SBDA, documents Hielscher, N° 81, et le document public du notaire de Triberg daté du 6 juillet 1966 concernant une déclaration sous serment de Hielscher sur la fondation de la « Unabhängige Freikirche » en 1933 (copie en possession de l’auteur).

[34] Cf. Friedrich Hielscher, « Die Entwicklung unserer Kirche », p. 2.

[35] Cf. Ernst Jünger, Strahlungen II : Das zweite Pariser Tagebuch, „Kirchhorster Blätter : Die Hütte im Weinberg“, édition de poche (Munich, Deutscher Taschenbuchverlag 1988), pp. 172-73 (entrée du 16 octobre 1943). Ernst Jünger lui-même ne fut jamais membre de l’Église de Hielscher, mais fut l’une des quelques personnes extérieures informées de son existence et de son développement par son vieil ami Hielscher. Les diverses lettres et pièces jointes de Hielscher à Jünger jusqu’aux années 1980 doivent être notées à cet égard (Cf. la correspondance Ernst Jünger-Friedrich Hielscher dans les documents Ernst Jünger aux Archives de Littérature Allemande).

[36] Cf. Hielscher, « Die Entwicklung », p. 2.

[37] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 117.

[38] Cf. Friedrich Hielscher, « Der Aufbau der Kirche » [La construction de l’Église], texte N° 16 dans les documents Hielscher aux SBDA, p. 18.

[39] Cf. Hielscher, « Der Aufbau », p. 18.

[40] Cf. Michael H. Kater, Das Ahnenerbe der SS 1935-1945 (Stuttgart : Deutsche Verlagsanstalt, 1974), p. 38.

[41] Cf. Kater, 1974, p. 27. Sur les connotations originelles du nom de l’institution, voir l’article de Joscelyn Godwin sur Hermann Wirth dans ce numéro de TYR.

[42] Cf. Kater, Das Ahnenerbe, p. 215.

[43] Pour une évaluation critique du rôle de Sievers, Cf. Kater, Das Ahnenerbe, pp. 317-19, et la description antérieure plus positive de Sievers dans Alfred Kantorowicz, Deutsches Tagebuch, Pt. 1 (Munich, Kindler, 1959), pp. 496-507.

[44] Cf. Kater, Das Ahnenerbe, p. 323.

[45] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 453-54.

[46] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 444-47.

[47] Cf. Friedrich Hielscher, « Die Hielscher-Gruppe 1933-1945: Bericht über die unterirdische Arbeit gegen den Nationalsozialismus », dans Jahrbuch zur Konservative Revolution 1994 (Cologne : Anneliese Thomas, 1994), p. 329-34, ainsi que la description par Kluth (1980).

[48] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 402-26.

[49] Cf. Friedrich Hielscher, « Die Entwicklung », p. 3.

[50] Les textes se trouvent dans les documents Hielscher aux SBDA.

[51] Le matériel sur la cause et le cours des « crises de l’Église » qui furent liées à la scission peut être trouvé en grande quantité sous les mots-clés « 1. Kirchenkrise » et « 2. Kirchenkrise » dans les documents Hielscher aux SBDA. L’« Église Libre », qui fut dissoute dans les années 90, émergea de la « première crise » sous la direction du Dr. Rolf Kluth, directeur temporaire des Bibliothèques d’État et Universitaire de Brême et membre du cercle Hielscher depuis les années 30 ; en comparaison, la « seconde crise » ne conduisit pas à la formation d’un nouveau groupe, mais plutôt à l’implosion de l’UFK.

[52] Louis Pauwels et Jacques Bergier, Aufbruch ins dritte Jahrtausend : Von der Zukunft der phantastischen Vernunft, édition de poche (Munich, Heyne 1982), pp. 379-90. Ce matériel apparaît aux pp. 200-10 de l’édition américaine, publiée sous le titre de The Morning of the Magicians (New York, Stein & Day, 1963).

[53] Cf. Pauwels et Bergier, Aufbruch..., p. 389. Apparaît à la p. 206 de l’édition américaine.

[54] Ici le travail classique de Kater (1974) doit être cité en particulier. Cette histoire bien documentée de l’Ahnenerbe, cependant, est limitée par la large omission d’une analyse des projets de recherche spécifiques menés par l’Ahnenerbe, que ce soit dans le domaine de l’histoire intellectuelle ou dans celui des développements technologiques spécifiques.

[55] Cf. Pauwels et Bergier, Aufbruch , p. 389. Apparaît à la p. 206 de l’édition américaine.

[56] Ibid.

[57] Ibid.

[58] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, pp. 115-17.

[59] Cf. Hielscher, Fünfzig Jahre, p. 115.

[60] Lettre dans les documents Friedrich Georg Jünger aux Archives de Littérature Allemande.

[61] Cf. Pauwels et Bergier, Aufbruch..., p. 390. Apparaît à la p. 207 de l’édition américaine.

[62] Cf. Trevor Ravenscroft, Die heilige Lanze : Der Speer von Golgotha, 2° éd. (Munich, Universitas 1996), p. 265. Apparaît à la p. 259 de l’édition américaine de The Spear of Destiny (New York, G.P. Putnam’s Sons, 1973).

[63] Ibid.

[64] Ibid.

[65] The Spear of Destiny parut originellement en Grande-Bretagne en 1972 et ne fut pas traduit en allemand avant 1988 !

[66] Cf. Gerald Suster, Hitler : Black Magician, 2° éd. (Londres, Skoob, 1996), p. 182.

[67] Cf. Suster, Hitler, p. 184.

[68] Cf. Suster, Hitler, pp. 211-12.

[69] Cf. E.R. Carmin, Das Schwarze Reich : Geheimgesellschaften und Politik im 20. Jahrhundert, édition de poche (Munich, Heyne 1997), pp. 143, 701.

[70] Cf. Carmin, Das Schwarze Reich, p. 700.

[71] Cf. Miguel Serrano, Das Goldene Band: Esoterischer Hitlerismus, German edition (Wetter, Teut-Verlag 1987), p. 245.

[72] Cf. Serrano, Das Goldene Band, p. 373-98.

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NOUS APPELONS TES LOUPS

Nous appelons tes loups
Et appelons ta lance
Nous appelons les Douze
A descendre du ciel jusqu’à nous.
Avant tout nous t’appelons Toi.
Maintenant vient la chasse sauvage,
Maintenant que la corne retentisse,
Pour que les morts ne se lamentent pas.
L’ennemi est tombé
Avant le lever du jour.

La proie n’a pas de nom,
L’ennemi n’a pas de visage,
La carcasse pas de descendance,
Juste est le tribunal.
La moisson est passée,
La paille est vendue chaque jour,
Les corbeaux maintenant réclament
La part qui leur est due.
La chasse a commencé :
Maintenant, Seigneur, ton salut
Nous soutient !

- Friedrich Hielscher

(traduit de l’allemand en anglais par Gerhard et Michael Moynihan)

Article paru dans la revue américaine « TYR », volume 2, 2003-2004 (publiée par Joshua Buckley et Michael Moynihan ; un numéro par an).

 

Pour un grand empire turkmène contre Staline

Wolfgang KAUFMANN:

Pour un grand empire turkmène contre Staline

 

L’historien allemand Jörg Hiltscher a analysé les plans secrets des Turcs pendant la seconde guerre mondiale

 

seconde guerre mondiale, deuxième guerre mondiale, Turquie, panturquisme, pantouranisme, Proche Orient, Asie mineure, Asie, affaires asiatiques, Au début du mois de juillet 1942, tout semblait accréditer que la Wehrmacht allemande courait à la victoire définitive: l’Afrika Korps de Rommel venait de prendre Tobrouk et se trouvait tout près d’El Alamein donc à 100 km à l’ouest du Canal de Suez; au même moment, les premières opérations de la grande offensive d’été sur le front de l’Est venaient de s’achever avec le succès escompté: la grande poussée en avant en direction des champs pétrolifères de Bakou pouvait commencer. Tout cela est bien connu.

 

Ce qui est moins connu en revanche est un fait pourtant bien patent: au moment où les Allemands amorçaient leur formidable “Vormarsch” de l’été 42, un autre déploiement de troupes de grande envergure avait lieu au Sud-Ouest des frontières géorgiennes et arméniennes. Sur l’ordre du chef de l’état-major de l’armée turque, Fevzi Çakmak, 43 divisions, totalisant 650.000 hommes, avançaient vers les régions orientales de l’Anatolie. Il ne s’agissait évidemment pas de défendre l’intégrité territoriale de la Turquie contre une attaque potentielle de Staline car celui-ci ne pouvait opposer, dans la région transcaucasienne, que 80.000 soldats (dont des bataillons féminins et des milices arméniennes).

 

Çakmak agissait surtout comme un militant des cercles panturquistes, qui rêvaient d’une alliance avec les forces de l’Axe victorieuses, surtout l’Allemagne et le Japon, pour réaliser leurs propres ambitions de devenir une grande puissance. Ces ambitieux étaient grandes, et même fort grandes, comme l’atteste une note des affaires étrangères de Berlin, rédigée après une conversation avec le panturquiste Nouri Pacha: “De tous les territoires jusqu’ici soviétiques, ils revendiquent en premier lieu l’Azerbaïdjan et le Daghestan située au nord de ce dernier; ensuite, ils réclament la Crimée, de même que toutes les régions situées entre la Volga et l’Oural”. Une revendication complémentaire concernait “le Turkestan, y compris la partie occidentale de l’ancien Turkestan oriental, appartenant officiellement à la Chine mais se trouvant actuellement sous influence soviétique”. En plus de tout cela, Nouri réclamait “les régions peuplées d’ethnies turcophones dans la partie nord-occidentale de l’Iran, jusqu’à la ville d’Hamadan et une bande territoriale frontalière dans le nord de la Perse, depuis la pointe sud-orientale de la Mer Caspienne le long de l’ancienne frontière soviétique”. Nouri n’oubliait pas non plus de revendiquer “la région irakienne de Kirkouk et Mossoul”, de même “qu’une bande territoriale située dans le protectorat français de Syrie”.

 

En tentant de créer un grand empire de cette ampleur, la Turquie se serait bien entendu placée entre toutes les chaises... D’une part, elle serait entrée en conflit avec l’Allemagne et avec le Japon, parce que Berlin et Tokyo briguaient certaines de ces régions. D’autre part, tout ce projet constituait une déclaration de guerre implicite à l’URSS et à la Grande-Bretagne. Pour cette raison, il s’est tout de suite formé à Ankara une forte opposition aux aventuriers panturquistes, regroupés autour de Çakmak et du Premier Ministre Refik Saydam, surtout que plusieurs indices laissaient accroire qu’ils préparaient un putsch pour s’emparer de tout le pouvoir.

 

Cette situation explique pourquoi Saydam, dans la nuit du 7 au 8 juillet 1942 a eu une soudaine et très mystérieuse “crise cardiaque”, qui le fit passer de vie à trépas, et que son ministre de l’intérieur et chef des services secrets, Fikri Tuzer, qui partageait la même idéologie, a connu le même sort, quelques jours plus tard. A la suite de ces deux “crises cardiaques” providentielles, le Président anglophile et neutraliste, Ismet Inönü, fut en mesure de chasser tous les autres panturquistes du cabinet et d’isoler Çakmak. Ensuite, Inönü annonça lui-même officiellement devant la grande assemblée nationale turque qu’il disposait des moyens nécessaires pour éliminer les orgueilleux qui nuisaient aux intérêts de la Turquie.

 

Ces événements sont étonnants à plus d’un égard: si les panturquistes avaient réussi leur coup, ils auraient peut-être pu changer le cours de la guerre car la Turquie, pendant l’été 1942, disposait d’une armée d’1,2 million d’hommes, et étaient par conséquent le poids qui aurait pu faire pencher la balance. Pourtant l’historiographie a généralement ignoré ces faits jusqu’ici;  ce qui est encore plus étonnant, c’est que Hitler n’a pas appris grand chose de cette lutte pour le pouvoir à Ankara. Le Führer du Troisième Reich n’a pas été correctement informé des vicissitudes de la politique turque parce que les quatorze (!) services de renseignement allemands qui s’occupaient de glaner des informations sur la Turquie se sont montrés totalement inefficaces.

 

Le travail de l’historien Jörg Hiltscher mérite dès lors un franc coup de chapeau. Sa thèse de doctorat est enfin publiée; elle concerne, comme nous venons de le voir, la politique intérieure et extérieure de la Turquie pendant la seconde guerre mondiale. Elle démontre aussi l’inefficacité de la direction nationale-socialiste face aux questions turques. La façon de travailler de Hiltscher mérite d’être évoquée dans cette recension: notre historien a fourni un effort sans pareil, lui qui travaille dans le secteur privé; il a dépouillé et exploité près de 200.000 documents, sans avoir jamais reçu le moindre centime d’une instance publique ou d’un quelconque autre mécène. Ce qui nous laisse aussi pantois, c’est la rigueur et l’acribie avec lesquelles il a dressé un synopsis du chaos que représentait les services de renseignements du Troisième Reich. Il est le seul à l’avoir fait jusqu’ici.

 

Face à l’intensité de ce travail, nous pouvons affirmer que le titre de la thèse de Hiltscher est un exemple d’école de modestie exagérée car jamais il ne dévoile à ses lecteurs le caractère inédit et unique de ses recherches. La retenue dont Hiltscher fait preuve contraste avec l’emphase dont font montre certains historiens universitaires fats, comme Peter Longerich, qui ressassent éternellement les mêmes banalités et puisent toujours aux mêmes sources (cf. “Junge Freiheit”, n°14/2011) mais vendent leurs recherches comme de formidables exploits scientifiques ouvrant des pistes nouvelles.

 

Wolfgang KAUFMANN.

(article paru dans “Junge Freiheit”, n°33/2011; http://www.jungefreiheit.de/ ).

mardi, 30 août 2011

Hommage à Paul Jamin (1911-1995)

Picard/’t Pallieterke:

Hommage à Paul Jamin (1911-1995)

 

A l’occasion du centenaire de sa naissance

 

dupont.jpgL’un des derniers numéros du journal satirique bruxellois “Père Ubu/Pan” (11 août 2011) comprenait un encart fort intéressant: quatre pages consacrées à Paul Jamin (1911-1995), qui fut, pendant de longues décennies, le principal caricaturiste de “Pan” d’abord, de “Père Ubu” ensuite. Aujourd’hui les deux feuilles ont fusionné pour devenir “Ubu/Pan”, le seul hebdomadaire satirique de droite en Belgique francophone (et les critiques acerbes de cette feuille disent qu’elle est “islamophobe”). Paul Jamin a été indubitablement l’un des meilleurs caricaturiste dans la Belgique d’après guerre.

 

C’est parce qu’on célèbre le centième anniversaire de sa naissance qu’“Ubu/Pan” a voulu attirer l’attention de ses lecteurs. Jamin était natif de Liège. Sa biographie peut se lire en parallèle avec la période la plus effervescente de l’histoire au 20ème siècle. Jamin et sa famille émigrèrent assez tôt à Bruxelles. Au départ, il ne semblait pas prédestiné au dessin. A l’école, les résultats qu’il obtenait dans cette branche étaient au mieux “bons”. Jamin avait toutefois des talents cachés. Il avait à peine dix-sept ans quand il fut impliqué dans le lancement du supplément-jeunesse du quotidien catholique de droite “Le Vingtième Siècle”. Pour ceux qui connaissent bien l’univers de la bande dessinée, ce supplément-jeunesse, baptisé “Le Petit Vingtième”, est une référence. Car c’est dans cet encart que furent publiées les premières aventures de Tintin. Jamin et Georges Remi (alias “Hergé”) étaient tous deux des protégés du charismatique Abbé Norbert Wallez, patron du “Vingtième Siècle”. Le journal étaient d’obédience conservatrice et autoritariste, résolument catholique, et cultivait une sympathie certaine pour le régime de Benito Mussolini en Italie.

 

On ne doit pas sous-estimer l’influence de Paul Jamin sur “Le Petit Vingtième”. Trop d’analystes de cette époque font l’équation entre cet encart destiné à la jeunesse et Hergé mais il ne faut pas oublier que ce fut Jamin qui patronna la naissance de Quick et Flupke et fut l’inspirateur de leurs innombrables gags. Il y a plus à dire encore à ce propos: au moins un biographe d’Hergé signale, en conclusion, que c’est grâce à Jamin que des personnages comme les Dupont/Dupond n’ont pas disparu des aventures de Tintin. Hergé voulait les supprimer mais Jamin a pu le convaincre de ne pas le faire.

 

Bon élève de l’Abbé Wallez, Jamin n’était pas insensible au charme des idées d’Ordre Nouveau. On ne s’étonnera pas, dès lors, qu’en 1936, il ait abandonné “Le Petit Vingtième” pour rejoindre “Le Pays Réel”, le journal de combat de Rex et de son leader flamboyant, Léon Degrelle. Jamin et Degrelle sont alors devenus amis pour la vie. Jamin publia dans “Le Pays Réel” quantité de caricatures sous le pseudonyme de “Jam”. N’oublions pas que Rex, à ce moment-là, était un jeune mouvement politique encore très proche de l’aile droite du “pilier catholique” et de l’Action catholique. Ce n’est que lorsque le Cardinal Van Roey estima que c’était péché de voter pour les listes de Rex que le mouvement bascula dans la marginalité (“Il essaie de me crosser” disait Degrelle).

 

Mais Jamin est toujours resté fidèle à Degrelle. Y compris lorsque ce dernier s’est rapproché de l’occupant allemand pendant la seconde guerre mondiale. Jamin appartenait aux cercles d’Ordre Nouveau qui demeuraient “belgicains”. Dans le petit univers médiatique francophone de Belgique, ces groupes de la collaboration belgicaine ont été délibérément effacés des mémoires. Jamin, qui en faisait partie, estimait, tout comme le Roi Léopold III et son entourage d’ailleurs, que le salut pouvait venir d’une nouvelle Europe sous domination allemande. Aux yeux de Jamin, il fallait essayer de tirer le meilleur profit de cette situation. “Jam” ne se contenta pas dès lors du seul “Pays réel” mais dessina aussi ses caricatures mordantes pour “Le Soir” (alors sous contrôle allemand), pour “Le Nouveau Journal” (de Robert Poulet) et pour le “Brüsseler Zeitung”. On n’insistera jamais assez sur le fait que les collaborateurs du “Nouveau Journal” de Poulet étaient convaincus qu’ils plaidaient pour une “politique d’accomodement” avec les nationaux-socialistes, avec l’approbation du Palais de Laeken.

 

Après l’entrée des troups anglaises dans Bruxelles en septembre 1944, on n’a tenu compte d’aucune de ces nuances: Jamin fut arrêté et condamné à mort. Il échappa au peloton d’exécution mais ne fut libéré qu’en 1952. Il reprit une carrière de caricaturiste sous le pseudo d’”Alidor” dans les colonnes du journal satirique “Pan”. Tout comme dans “’t Pallieterke”, le journal satirique anversois, les figures politiques qu’étaient Achiel Van Acker, Paul-Henri Spaak, Théo Lefebvre et Gaston Eyskens constituaient les principales têtes de Turc. “Alidor” commit aussi des dessins pour le “Standaard”, “De Vlaamse Linie” et “Trends”. On ne peut affirmer avec certitude s’il a été engagé dans ces deux dernières publications par le Sénateur Lode Claes (Volksunie) qui avait son mot à dire dans chacune d’elles.

 

On remarquera que Jamin ornait toujours sa signature “Alidor” d’une petite couronne. C’est une allusion à Léopold III, prétend aujourd’hui “Ubu/Pan”. Alidor était un léopoldiste convaincu mais après la guerre et la question royale, il ressentait une réelle frustration: Léopold III, à ses yeux, avait laissé froidement tomber les hommes qui l’avaient soutenu.

 

Jamin n’a jamais pris ses distances par rapport à Léon Degrelle. Il allait régulièrement lui rendre visite dans son exil espagnol. Il faut encore mentionner que Jamin a quitté “Pan” en 1990 parce qu’il n’était pas d’accord avec le nouveau propriétaire de la feuille, Stéphane Jourdain. Au cours des dernières années de sa vie, Jamin a donc dessiné pour “Père Ubu”, un journal qu’il a fondé avec son ami Henri Vellut (qui, pendant la campagne des Dix-Huit Jours, en mai 1940, avait perdu un oeil). En 2010, quinze ans après sa mort, “Pan” et “Père Ubu” ont fusionné.

 

PICARD/ ’t Pallieterke.

(texte paru dans ’t Pallieterke, Anvers, 24 août 2011).

 

 

lundi, 29 août 2011

Août 1941: violation de la neutralité iranienne

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Anton SCHMITT:

Août 1941: violation de la neutralité iranienne

 

Tous ceux qui réfléchissent aujourd’hui aux positions politiques que prend l’Iran et s’en étonnent, devraient étudier l’histoire récente de ce grand pays du Moyen Orient qui, depuis près de deux siècles, n’a jamais cessé d’être le jouet de ses voisins et des grandes puissances mondiales. La haute considération dont bénéficie l’Allemagne en Iran —en dépit de la politique désastreuse actuellement suivie par la Chancelière Merkel— ne dérive pas d’un “antisémitisme foncier” que les médiats attribuent plutôt à tort à la population iranienne mais provient surtout du fait que l’Allemagne n’a jamais tenté de se soumettre l’Iran.

 

Les puissances qui se sont attaquées à la souveraineté iranienne sont la Grande-Bretagne, la Russie et les Etats-Unis, qui, tous, ont été des adversaires de l’Allemagne au cours des deux guerres mondiales.

 

Le 25 août 1941, à 4 h 30 du matin, les Soviétiques et les Britanniques amorcent les hostilités avec l’Iran. Quelques minutes auparavant, les ambassadeurs Simonov et Bullard avaient transmis une note qui annonçait la décision de  leurs gouvernements respectifs. Cette note évoquait l’amitié que Soviétiques et Britanniques éprouvaient à l’endroit du peuple iranien, qu’ils entendaient désormais libérer de l’influence des “agents allemands”.

 

Quelques jours auparavant, le gouvernement iranien, qui percevait la menace, avait, dans son désarroi, demandé l’aide des Etats-Unis. Franklin Delano Roosevelt répond à l’appel des Iraniens le 22 août 1941 en adoptant un ton incroyablement cynique: il prétend que les bruits circulant à propos d’une invasion de l’Iran, qui aurait été dûment planifiée par les Soviétiques et les Britanniques, sont dépouvus de véracité et qu’il n’a rien appris de semblables projets. En fait, Roosevelt s’exprimait exactement de la même manière que Walter Ulbricht, lorsqu’on lui posait des questions sur l’imminence de la construction du Mur de Berlin en 1961.

 

Comme Churchill avait contribué à décimer l’armée de terre britannique au cours des campagnes menées dans le Nord de la France, en Grèce et en Libye, les Britanniques ne pouvaient plus aligner que des troupes coloniales de seconde voire de tierce catégorie, recrutées surtout en Inde. Les Soviétiques n’éprouvaient pas les mêmes difficultés. La manière dont l’attaque contre l’Iran fut perpétrée démontre que les agresseurs ne faisaient pas grand cas du droit de la guerre. Tandis que la Wehrmacht allemande avait demandé, avant d’entamer les hostilités, aux Danois et aux Norvégiens de capituler, les Britanniques, eux, n’ont pas accordé la moindre chance aux Iraniens à Khorramshar; ils ont ouvert le feu sans faire le détail, détruisant les casernes où les soldats du Shah dormaient encore.

 

Suite à l’invasion, l’Iran fut partagé en plusieurs “zones”. Les Américains, accourus à l’aide, ont remplacé les Anglais et fourni, pour leur zone, des troupes d’occupation. Les Américains se sont mis aussitôt à construire des routes et des voies de chemin de fer. C’est ainsi que s’est constitué toute une logisitique permettant de fournir matériels et approvisionnements américains aux Soviétiques. Au cours des années 1942/1943, 23% des aides américaines à l’URSS de Staline passaient par l’Iran. L’issue de la bataille de Stalingrad en a indubitablement dépendu. Après la guerre, les occupants ont lourdement facturé à l’Iran la construction de ces infrastructures, qu’ils avaient entreprise pour le bénéfice de leur propre guerre.

 

Le Shah, père du dernier Empereur Pahlevi, avait été jugé trop récalcitrant: les occupants ont dès lors exigé son abdication, peu de temps après l’invasion. Son fils monte sur le trône. Les “agents allemands”, qui avaient servi de prétexte à l’agression, existaient réellement. Quelques rares représentants de la fameuse Division “Brandenburg” ont bien tenté d’organiser la résistance iranienne, mais leurs actions n’eurent guère d’effets sur le plan militaire. En 1944, le père du dernier Shah meurt dans son exil sud-africain. Après la fin des hostilités, les occupants ne s’empressent pas de partir. Les Soviétiques tentent, avec l’appui d’un parti communiste rigoureusement bien organisé, de prendre le pouvoir réel en Iran, selon le même scénario mis au point en Tchécoslovaquie et appliqué avec le succès que l’on sait dans ce pays d’Europe centrale. Les Britanniques, eux, se contentaient, d’exploiter les puits de pétrole iraniens.

 

Dans le passé, bon nombre de grandes puissances, lorsque surgissaient des conflits, n’éprouvèrent que peu de respect pour la souveraineté des Etats neutres. Lors de la première guerre mondiale, les grandes puissances n’ont pas hésité à bafouer les droits des puissances de moindre envergure. Cela ne concerne pas seulement la Belgique et le Luxembourg, dont la neutralité fut violée par l’Allemagne en 1914, mais aussi la Grèce que la France et la Grande-Bretagne contraignirent à accepter leurs conditions en 1916.

 

Anton SCHMITT.

(article publié dans “zur Zeit”, Vienne, n°34/2011; http://www.zurzeit.at/ ).

mercredi, 24 août 2011

Geopolitics of Leviathan

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Geopolitics of Leviathan

By Edouard RIX

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

“Nur Meer und Erde haben hier Gewicht.”
(Only sea and land matter here.)
—Goethe

This article is less concerned with geopolitics than with thalassopolitics, a neologism coined by professor Julien Freund “to call into question certain conceptions of geopolitics that privilege telluric phenomena over maritime phenomena.”

“World history is the history of the fight of maritime powers against continental powers and of continental powers against maritime powers” writes Carl Schmitt in Land and Sea.

In the Middle Ages, the cabbalists interpreted the history of the world as a combat between the powerful whale, Leviathan, and the no less powerful Behemoth, a land animal imagined as looking like an elephant or a bull. Behemoth tries to tear Leviathan with its defenses, its horns or its teeth, while Leviathan, for its part, tries to stop with its fins the mouth and the nose of the land animal to starve or suffocate it. A mythological allegory not unrelated to the blockade of a terrestrial power by a maritime power.

The “Sea Power” of Admiral Mahan

Around the turn of the 20th century, the American Alfred T. Mahan in The Influence of Sea Power upon History (1890), the German Friedrich Ratzel in Das Meer als quelle der Volkergrösse [The Sea as Source of National Greatness] (1900), and the British Halford John Mackinder in Britain and the British Seas (1902), attach a paramount importance to the sea as source of power of the nations.

Admiral, historian, and professor at the US Naval Academy, Alfred T. Mahan (1840–1914) is the most famous geopolitician of the sea, his work comprising twenty books and 137 articles. On the basis of the study of European History of the 17th and 18th centuries, he sought to show how maritime power (Sea Power) appeared determinative of the growth and prosperity of nations.

For him, the sea can act against the land, whereas the reverse is not true and, in the long run, the sea always ends up winning any fight against the land. Mahan is deeply persuaded that the control of the seas ensures the domination of the land, which he summarizes with the formula “the Empire of the sea is without any doubt the Empire of the world.” By thus affirming the intrinsic superiority of the maritime empires, he offers a theoretical justification to imperialism, the great expansionist movement of the years 1880–1914.

In The Problem of Asia, published in 1900, Mahan applies his geopolitical paradigm to Asia, insisting on the need for a coalition of maritime powers to contain the progression towards the open sea of the great terrestrial power of the time, Russia. Indeed, he stresses that its central position confers a great strategic advantage on the Russian Empire, because it can extend in all directions, and its internal lines cannot be crossed.

On the other hand—and here lies its principal weakness—its access to the sea is limited, Mahan seeing only three possible axes of expansion: toward Europe, to circumvent the Turkish blockade of the straits, toward the Persian Gulf, and toward the China Sea. This is why the admiral recommends damming up the Russian tellurocracy through the creation of a vast alliance of the maritime powers, thalassocracies, which would include the United States, Great Britain, Germany, and Japan, the Americans asserting themselves as the leaders of this new Holy Alliance.

Halford John Mackinder

Inspired by Admiral Mahan, the British academic Halford John Mackinder (1861–1947) also believed that the fundamental geopolitical reality is the opposition between continental powers and maritime powers. A fundamental idea run throughout his work: the permanent confrontation between the Heartland, i.e. the central-Asian steppe, and the World Island, the continental mass Asia-Africa-Europe.

In 1887, Mackinder delivered a short public speech to the Royal Geographical Society that marked his resounding debut on the geopolitical stage, declaring in particular “there are two types of conquerors today: land wolves and sea wolves.” Behind this allegorical and somewhat enigmatic utterance is the concrete reality of Anglo-Russian competition in Central Asia. In fact, Mackinder was obsessed by the safety of the British Empire vis-à-vis the rise of Germany and Russia. In 1902, in Britain and the British Seas, he noted the decline of Great Britain and concluded from it that she must “divide the burden” with the United States, which would take over sooner or later.

In his famous essay of 1904, “The Geographical Pivot of History,” he formulates his geopolitical theory. One can summarize it in two principal points: (1) Russia occupies the pivotal zone inaccessible to maritime power, from which it can undertake to conquer and control the Eurasian continental mass, (2) against Russia, maritime power, starting from its bastions (Great Britain, the United States, South Africa, Australia, and Japan) that are inaccessible to terrestrial power, encircles the latter and prohibits her from freely reaching the open sea.

Studying the “pre-Colombian” epoch, Mackinder contrasted the Slavs, who inhabited the forests, with the nomadic riders of the steppes. This semi-desert Asian steppe is the Heartland, surrounded by two densely populated crescents: the inner crescent, encompassing India, China, Japan, and Europe, which are territorially adjacent to the Heartland, and the outer crescent, made up of various islands. The inner crescent is regularly subject to the pressures of nomadic horsemen from the steppes of the Heartland.

Everything changed in the “Colombian” age, which saw the confrontation of two mobilities, that of England which began the conquest of the seas, and that of Russia which advanced gradually in Siberia. For the academic Mackinder, this double European expansion, maritime and continental, found its explanation in the opposition between Rome and Greece. Indeed, he affirms that the Germans were civilized and Christianized by the Roman, the Slavs by the Greeks, and that whereas the Romano-Germans conquered the oceans, the Slavs seized the steppes on horseback.

Mackinder made the separation between Byzantine and Western Empires in 395, exacerbated by the Great Schism between Byzantium and Rome in 1054, the nodal point of this opposition. He emphasized that after the fall of Constantinople to the Turks, Moscow proclaimed itself the new center of Orthodoxy (the Third Rome). According to him, in the 20th century, this religious antagonism will lead to an ideological antagonism, between Communism and capitalism: Russia, heiress of the Slavic country village community, the Mir, will choose Communism, the West, whose religious practice privileges individual salvation, for capitalism . . .

For Mackinder, the opposition Land/Sea is likely to lean in favor of the land and Russia. Mackinder noted that if the United Kingdom could send an army of 500,000 to South Africa at the time of the Boer Wars, a performance saluted by all the partisans of the maritime power, Russia at the same time had succeeded in an even more exceptional exploit by maintaining an equivalent number of soldiers in the Far East, thousands of kilometers of Moscow, thanks to the Trans-Siberian Railroad. With the railroad, the terrestrial power was henceforth able to deploy its forces as quickly as the oceanic power.

Enthralled by this revolution in land transportation, which would make it possible for Russia to develop an industrialized space that is autonomous from and closed to trade with the thalassocracies, Mackinder predicted the end of the “Colombian” age and concluded that the telluric power is superior, summarizing his thought in a striking aphorism: “Whoever holds continental Europe controls the Heartland. Whoever holds the Heartland controls the World Island.”

Indeed, any economic autonomy in central-Asian space leads automatically to a reorganization of the flow of trade, the inner crescent thus having an interest in developing its commercial relations with the center, the Heartland, to the detriment of the Anglo-Saxon thalassocracies. A few years later, in 1928, Stalin’s announcement of the implementation of the first Five Year Plan would reinforce the British thinker, who did not fail to stress that since the October Revolution, the Soviets built more than 70,000 kilometers of railways.

Shortly after the First World War, Mackinder published Democratic Ideals and Reality, a concise and dense work in which he recalls the importance of the Russian continental mass, that the thalassocracies can neither control from the seas nor invade completely. Thus, concretely, it is imperative to separate Germany from Russia by a “cordon sanitaire,” in order to prevent the union of the Eurasiatic continent. This prophylactic policy was pursued by Lord Curzon, who named Mackinder High Commissioner in “South Russia,” where a military mission assisted the White partisans of Anton Denikin and obtained from them the de facto recognition of the new Republic of Ukraine . . .

To make impossible the unification of Eurasia, Mackinder never ceased recommending the balkanization of Eastern Europe, the amputation from Russia of its Baltic and Ukrainian glacis, the “containment” of Russian forces in Asia so that they could not threaten Persia or India.

Notes

1. C. Schmitt, Terre et Mer (Paris: Le Labyrinthe, 1985), p. 23. [See the English translation available on this website here [2]. -- Trans.]

2. The names of Leviathan and Behemoth are borrowed from the Book of Job (chapters 40 and 41).

3. A. T. Mahan, The Problem of Asia and its Effect upon International Policies (London: Sampson Low-Marston, 1900), p. 63.

Source: Edouard Rix, Terre & Peuple, No. 46 (Winter Solstice 2010), pp. 39–41.

Online: http://tpprovence.wordpress.com/2011/07/07/geopolitique-du-leviathan/ [3]

Geopolitics of Leviathan, Part 2

Karl Haushofer’s Kontinentalblock 

 

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It was in Germany, under the decisive influence of Karl Haushofer (1869–1946), that geopoliticians, diplomats, and National Revolutionary and National Bolshevik theorists (the Jünger brothers, Ernst Niekisch, Karl-Otto Paetel) would oppose thalassocratic pretentions with greatest force.

A Bavarian artillery officer and professor at the War Academy, Karl Haushofer was sent to Japan in 1906 to reorganize the Imperial Army. During his return to Germany on the Trans-Siberian railroad, he became vividly aware of the continental vastness of Russian Eurasia. After the First World War, he earned a doctorate and became professor of geography in Munich, where connected with Rudolf Hess. In 1924, Haushofer founded the famous Zeitschrift für Geopolitik (Journal of Geopolitics). He was the direct intellectual heir to his compatriot Friedrich Ratzel and the Swede Rudolf Kjeller.

To begin, let us set aside the black legend of Haushofer as fanatical Hitlerist who used geopolitics to justify the territorial conquests of the Third Reich, a legend based in “American propaganda efforts,” according to Professor Jean Klein.[1] This diabolization will astonish only those who are ignorant of the anti-thalassocratic orientation of Haushofer’s geopolitics . . .

 

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Haushofer wished to rise above petty nationalisms. Thus, beginning in 1931, in Geopolitik der Pan-Ideen (Geopolitics of Continental Ideas), he advocated the constitution of vast continental spaces as the only means to go beyond the territorial and economic weakness of traditional States. The first stage could be the sub-continental gatherings theorized in 1912 by the geographer E. Banse, who recommended 12 large civilizational regions: Europe, Greater Siberia (Russia included), Australia, the East Indies, Eastern Asia, the “Nigritie” (the “black lands,” i.e., Africa), Mongolia (with China, Indochina, and Indonesia), Greater California, the Andes, America (Atlantic North America), and Amazonia.

HaushoferPazifischen0187-01.jpgHaushofer’s radically continentalist and anti-thalassocratic thought came into focus in 1941, when he published Der Kontinentalblock-Mitteleuropa-Eurasien-Japan (The Continental Bloc Central Europe-Eurasia-Japan). Written after the Germano-Soviet pact, this work argued for a Germano-Italo-Soviet-Japanese alliance that would radically reorganize the Eurasian continental mass. He stressed that the permanent fear of the Anglo-Saxons is the emergence of a Berlin-Moscow-Tokyo axis, which would completely escape the influence of the commercial thalassocracies, which, he writes, practice the policy of the anaconda, which consists in gradually encircling and slowly suffocating its prey. But a unified Eurasia would be too large for the Anglo-American anaconda. Thanks to its gigantic mass, it could resist any blockade.

haushofer_raum_small.jpgThe idea of a tripartite alliance first occurred to the Japanese and Russians. At the time of the Russo-Japanese War of 1905, when the British and Japanese united against the Russians, some of the Japanese leadership—including Hayashi, their ambassador in London, Count Gato, Prince Ito, and Prime Minister Katsura—desired a Germano-Russo-Japanese pact against the English seizure of global sea traffic. The visionary Count Gato recommended a troika in which the central horse, the strongest one, flanked by two lighter and more nervous horses, Germany and Japan. In Russia, the Eurasian idea would be incarnated a few years later by the minister Sergei Witte, the creative genius of the Trans-Siberian Railroad who in 1915 advocated a separate peace with the Kaiser.

Needless to say, Haushofer disapproved of Hitler’s wars of conquest in the East, which went against his historical project of creating a Eurasian continental bloc.

The Anaconda Strategy of Spykman and Brzezinski

 

Route of the Trans-Siberian Railroad

The fundamental idea, posed by Mahan and Mackinder, to prohibit Russia’s access to the open sea, would be reformulated by Nicholas John Spykman (1893–1943), who insisted on the pressing need for controlling the maritime ring or Rimland, the littoral zone bordering the Heartland and which runs from Norway to Korea: “Whoever controls the maritime ring holds Eurasia; whoever holds Eurasia controls the destiny of the world.”[2]

Interpreting this maxim at that onset of the Cold War, the United States tried by a policy of “containment” of the USSR, to control the Rimland by means of a network of regional pacts: NATO in Europe, the Baghdad Pact then the Organization of the central treaty of the Middle East, SEATO and ANZUS in the Far East.

With the collapse of the Soviet bloc, one might have expected a strategic redeployment of the USA and a break with Mackinderite orthodoxy. But that was not to be. So much so that still today, the (semi-official) foreign policy adviser most heeded by President Obama proves to be a dedicated disciple of Mackinder: none other than Zbigniew Brzezinski, a friend of David Rockefeller, with whom he co-founded the Trilateral Commission in 1973, and Jimmy Carter’s National Security Advisor from 1977 to 1980. His major theoretical work, The Grand Chessboard, appeared in 1997, at the time of the wars in Yugoslavia undertaken mainly under his initiative, under the aegis of the Secretary of State Madeleine Albright.

Brzezinski’s strategic analysis cynically reprises Anglo-Saxon geopolitical doxa: Eurasia, which comprises half the planet’s population, constitutes the spatial center of world power. The key to control Eurasia is Central Asia. The key to control Central Asia is Uzbekistan. For this Russophobe of Polish origin, the objective of the American Grand Strategy must be to fight against a China-Russia alliance. Considering that the principal threat comes from Russia, he recommends its encirclement (the anaconda, always the anaconda) by the establishment of military bases, or, in the absence of friendly regimes in the former Soviet republics (Ukraine included), insisting in particular on the necessary utilization of Islamists. Paradoxically, it is in the name of the fight against these same Islamists that American forces were deployed Uzbekistan after September 11th, 2001 . . . Machiavelli is not dead!

Notes

1. Jean Klein, Karl Haushofer, De la géopolitique (Paris: Fayard, 1986).

2. N. Spykman, The Geography of the Peace (New York: Harcourt-Brace, 1944), p. 43.

Edouard Rix, Terre & Peuple, No. 46 (Winter Solstice 2010), pp. 39–41.


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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jeudi, 18 août 2011

Péguy parmi nous

Péguy parmi nous

par Pierre LE VIGAN

peguy.jpgIl y a cent ans, Péguy publiait Le mystère de la Charité de Jeanne d’Arc, pièce de théâtre qui est toute entière le mystère de la prière de Péguy. Il publiait aussi, cette même année 1911, Le Porche du mystère de la deuxième Vertu (« Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. » Cette « petite fille espérance. Immortelle » que chantera cet autre poète qu’était Brasillach). L’occasion de revenir sur Péguy, l’homme de toutes les passions.

En 1914 mourrait Charles Péguy, au début d’une guerre qui marqua la fin d’une certaine Europe et d’une certaine France. Péguy représentait précisément le meilleur de l’homme de l’ancienne France, atteint au plus haut point par les ravages du monde moderne. On dit parfois qu’il y eut deux Péguy, le premier socialiste et dreyfusard, et le second, nationaliste, critique du progrès, catholique proclamé (par ailleurs nullement pratiquant) et atypique. Ces deux Péguy ont leur grandeur, et les deux ont été bien vivants c’est-à-dire qu’ils ont écrits comme tout le monde aussi quelques bêtises. Mais c’est le même homme qui a été tour à tour socialiste idéaliste et critique passionné – et bien injuste – de Jean Jaurès. Et c’est le même homme qui fut poète, et qui fut hanté par l’idée de hausser l’homme. C’est pourquoi dans Notre jeunesse (1910), Péguy écrivait : « On peut publier mes œuvres complètes, il n’y a pas un mot que j’y changerais. » Et de dire dans ce texte, en substance : je ne renierais jamais mon engagement (dreyfusard) dans l’affaire Dreyfus et je ne renierais jamais la République.

Péguy est né à Orléans en 1873. Il sera influencé par Louis Boitier et le radicalisme orléanais. Fils d’un menuisier et d’une rempailleuse de chaises, Péguy peut faire des études grâce à une bourse de la République. Condisciple du grand historien jacobin Albert Mathiez, Péguy échoue à l’agrégation de philosophie. Dans les années 1890, il se range du côté des socialistes par aspiration à la fraternité et un ordre vrai. De même, il défend Dreyfus injustement accusé de trahison. C’est un anticlérical et un homme de gauche. « Les guerres coloniales sont les plus lâches des guerres », écrit-il en 1902. Sa première Jeanne d’Arc qui, parue en 1897, n’aura aucun succès est dédiée à ceux qui rêvent de la République socialiste universelle. Il abandonne la voie du professorat en 1897.

À partir de 1900, il évolue de manière de plus en plus autonome et inclassable. Il se convertit à un certain réalisme politique. « La paix par le sabre, c’est la seule qui tienne, c’est la seule qui soit digne », écrit-il alors à propos de la colonisation française. Ce qui n’est pas incompatible avec le premier propos mais marque une nette inflexion. C’est l’époque de Notre Patrie (1905) et du raidissement patriotique après l’incident de Tanger. « L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude », écrit-il alors dans les Cahiers de la Quinzaine. Mais ce ne peut être qu’un ordre vrai, c’est-à-dire un ordre juste.

L’antisocialisme de Péguy vers 1910 est surtout une protestation contre l’embourgeoisement du socialisme. Mais il faut le dire : il y aussi un profond recul de l’intérêt pour la question sociale. S’il ne fut jamais maurrassien (Daniel Halévy expliquera que ce qui a manqué au débat français c’est un face-à-face Maurras – Péguy), Péguy était par contre proche de Barrès.

Anticlérical mais chrétien – il trouve la foi en 1908 -, extrêmement patriote (jusqu’à un antigermanisme détestable mais naïf), Péguy était aussi philosémite (à une époque où le sionisme n’existait pas), ainsi grand admirateur de Bernard Lazare. Les amis juifs ne manquèrent pas à Péguy, tels le fidèle Eddy Marix. Sans parler de « Blanche », son dernier amour. Loin d’être attiré par les extrêmes, Péguy est à partir de 1900, en politique, très modéré. Il voue ainsi un grand respect à Waldeck-Rousseau, homme de gauche modéré, voire « opportuniste » au sens du moment, qui mit un terme  aux affres de l’affaire Dreyfus.

Après avoir ouvert une librairie, vite en faillite, Péguy crée les Cahiers de la Quinzaine, qui n’auront jamais assez d’abonnés pour être rentables (on parle de 1400 abonnés, mais des historiens tels Henri Guillemin indiquent qu’il n’en a jamais eu 1200). Abandonnant le socialisme devenu parlementaire, il s’attache à prôner une République idéale, indépendante des partis et de l’argent, patriote, sociale, apportant à tous l’éducation, la dignité dans le travail et la fraternité. C’est dire que Péguy n’a jamais complètement renié ses idéaux de jeunesse. « Une révolution n’est rien, si elle n’engage pas une nouvelle vie, si elle n’est entière, totale, globale, absolue… » Péguy devient l’homme de toutes les traditions, « des fleurs de lis mais aussi du bonnet phrygien (avec cocarde) ». « Un Michelet dégagé des vapeurs idéologiques », remarque Maurice Reclus. Une fidélité à la République comme continuité de toute notre histoire. C’est ce qu’il résuma par la fameuse formule : « La République c’est notre royaume de France ».

Ami de Jacques Maritain, de Lucien Herr, de Pierre Marcel-Lévy, de Georges Sorel (qui ne crut jamais à sa conversion catholique), de Léon Blum, avec qui il se fâcha, de Marcel Baudouin dont il épousa la sœur et à qui il vouait une affection fraternelle jusqu’à utiliser le pseudonyme de Pierre Baudouin, sous le nom duquel il publia sa première Jeanne d’Arc, Péguy était en relation avec les plus brillants mais aussi souvent les plus profonds des intellectuels de l’époque. De même qu’il échouera à l’agrégation de philosophie, il ne termina jamais sa thèse sur « l’histoire dans la philosophie au XIXe siècle », ni sa thèse complémentaire qui portait sur le beau sujet « Ce que j’ai acquis d’expérience dans les arts et métiers de la typographie ». Ce qu’il cherchait n’était pas de paraître, c’était de tracer un sillon bien précis : l’éloge des vertus d’une ancienne France, celle des travailleurs, des artisans, des terriens. « C’est toujours le même système en France, on fait beaucoup pour les indigents, tout pour les riches, rien pour les pauvres », écrivait-il dans une lettre du 11 mars 1914.

Souvent au bord de la dépression, Péguy ne se ménageait guère. « Le suicide est pour moi une tentation dont je me défends avec un succès sans cesse décroissant », écrivait-il à un de ses amis. Il ne cherchait pas le confort pour lui-même : ni le confort moral ni le confort intellectuel. « Il y avait en ce révolutionnaire du révolté, écrivait son ami Maurice Reclus, et, ces jours-là, je ne pouvais m’empêcher de voir en Péguy une manière de Vallès – en beaucoup plus noble, évidemment, en beaucoup moins déclamateur et revendicateur, un Vallès sans bassesse, sans haine et sans envie, mais un Vallès tout de même. » Péguy prétendait être un auteur gai, et s’il n’était pas comique ni léger, il était quelque peu facétieux. Oui, cet homme avait la pudeur de la gaieté. Il ne cherchait jamais à être étincelant, mais il étincelait.

Ce que récuse Péguy, et là, il n’est pas modéré, c’est le modernisme. Le danger qu’il annonce, c’est « la peur de ne pas paraître assez avancé ». C’est pourquoi sa critique de l’obsession moderniste est souvent associée au regret des temps passés, alors qu’elle témoigne pour un autre avenir possible. « Mais comment ne pas regretter la sagesse d’avant, comment ne pas donner un dernier souvenir à cette innocence que nous ne reverrons plus. […] On ne parle aujourd’hui que de l’égalité. Et nous vivons dans la plus monstrueuse inégalité économique que l’on n’ait jamais vue dans l’histoire du monde. On vivait alors. On avait des enfants. Ils n’avaient aucunement cette impression que nous avons d’être au bagne. Ils n’avaient pas comme nous cette impression d’un étranglement économique, d’un collier de fer qui tient à la gorge et qui se serre tous les jours d’un cran. » (L’Argent). Deux semaines avant d’être tué, le 5 septembre 1914, Péguy était au front à la tête d’une compagnie. Il écrivait : « nous sommes sans nouvelles du monde depuis quatre jours. Nous vivons dans une sorte de grande paix. »

Pierre Le Vigan

Bibliographie:

Arnaud Teyssier, Charles Péguy, une humanité française, Perrin, 2008.

Romain Rolland, Péguy, Albin Michel, deux volumes, 1945.

Maurice Reclus, Le Péguy que j’ai connu, Hachette, 1951.

Bernard Guyon, Péguy, Hatier, 1960.

Charles Péguy, L’Argent (1913), réédité par les éditions des Équateurs.

Paru dans Flash, n° 67 du 2 juin 2011.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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dimanche, 14 août 2011

Can History Adress the Problems of the Future?

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Can History Address the Problems of the Future?

Dominique VENNER

Ex: http://www.counter-currents.com./

Translated by Greg Johnson

Men have always felt the need to peer into the future. The Greeks asked the Pythia of Delphi. The obscurity of the oracle’s pronouncements lent them to multiple interpretations. Bowing to custom, Alexander consulted her before undertaking the conquest of Asia. As she was slow to return to her tripod, the impatient Macedonian dragged her there by force. She exclaimed: “One cannot resist you . . .” Having heard these words, Alexander let her go, saying: “This prediction is enough for me.” He was a sage.

Every age has its prophets, soothsayers, haruspices, astrologers, palmists, futurologists, and other charlatans. Today we use computers. Then, they used mediums. Catherine de Medici consulted Nostradamus. Cromwell listened to William Lily. Stalin questioned Wolf Messing. Hitler questioned Eric Hanussen. Briand and Poincaré shared the talents of Mrs. Fraya . . . The destiny of an individual, however, is one thing; the destiny of a civilization is another.

Preceded by the optimism inherited from the Enlightenment, the 20th century began with promises of a glowing future, in the certitude that science and knowledge led to progress and wisdom. were progress factors and of wisdom.  Man would truly become, “Master and possessor of nature” and acquire self-mastery too. After the victory over things, peace and harmony between the men would establish themselves.

 [2]The pitiless 20th century shattered these illusions. Nobody, or almost nobody, had foreseen the catastrophic consequences of the murder in Sarajevo in the Summer of 1914. All the belligerents expected a short, fresh, happy war. It was interminable, terrible, and deadly as never before. It was the unforeseen gift of industrial progress and mass democracy to mankind—two new factors that had transformed the very nature of war. Beginning as a traditional conflict between States, it finished as an ideological crusade, dragging down the old European order, incarnated by the three great empires of the Center and the East. And the butchery of Europe and the conditions imposed on the vanquished after 1919 carried the germ of another more catastrophic war.

At the dawn of a new century and a new millennium, the illusions of progress have been partly dissipated, so much so that one hears about “fatal progress” or “economic horror.” Marxism and its certitudes foundered in the collapse of the system to which it had given birth. The optimism of yore often yields to a kind of overpowering pessimism, nourished by anxiety over a future we have every reason to fear. One turns to History to ask for answers.

But the interpretation of History escapes neither fashion nor reigning ideas. Thus one always needs strength of mind and character to free oneself from the weight of one’s own time. With a little drive, any curious, free, and cultivated spirit can grasp the unforeseeable character of History, which the last hundred years of facts make unavoidably clear, and see through the deterministic theories resulting from the Hegelian vision.

On January 22nd, 1917, a Lenin who was almost unknown and permanently exiled, spoke before a circle of socialist students: “We old men,” he said of himself, “will perhaps never see the decisive battles of the Revolution . . .” Seven weeks later, Tsarism was overthrown, and Lenin and the Bolsheviks had nothing to do with it. The “decisive battles” in which he no longer believed were commencing, to the misfortune of Russia and the whole world. I know few anecdotes so revealing of the difficulty of historical forecasts. This one is in a class by itself.

 [3]During the academic year 1975–1976, Raymond Aron, one of the most perspicacious minds of our time, gave a course at the Collège de France on “The Decline of the West,” which was already a whole curriculum. Here is his conclusion: “the decline of the United States of 1945 to 1975 rose from irresistible forces.” Let us note the word “irresistible.” In his Memories, published the year of his death, in 1983, Aron returned to this reflection and amplified it: “What I have observed since 1975 was the threat of disintegration of the American imperial zone . . .” To those who live under the shadow of the American world imperium, this analysis makes one question the author’s lucidity. And yet, he never doubted himself. Our astonishment is due to the fact that History galloped on unbeknownst to us, showing us a world today that is very different from what it was twenty years earlier, which nobody had foreseen.

By no means do I suggest ignoring the threats looming on our horizon: devouring globalization, demographic explosions, massive immigration, the pollution of nature, genetic engineering, etc. During an age of anxiety, it is healthy to repel happy illusions; it is salubrious to practice the virtues of active pessimism, those of Thucydides or Machiavelli. But it is just as necessary to reject the kind of pessimism that turns into fatalism.

The first error regarding future threats would be to regard them as inescapable. History is not the domain of fate but of the unforeseen. A second error would be to imagine the future as a prolongation of the present.  If anything is certain, it is that the future will be different from how one imagines it today. A third error would be to lose hope in intelligence, imagination, will, and finally ourselves.

Source: Le Figaro, January 19th, 2000

Online: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2011/08/02/l-histoire-repond-elle-aux-problemes-de-l-avenir.html [4]


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/08/can-history-address-the-problems-of-the-future/

lundi, 08 août 2011

L'histoire répond-elle aux problèmes de l'avenir?

L’Histoire répond-elle aux problèmes de l’avenir ?

Ex: http://scorpionwind.hautetfort.com/



Par Dominique Venner (historien)

Toujours les hommes ont éprouvé le besoin de scruter l‘avenir. Les Grecs interrogeaient la pythie de Delphes. Elle savait rendre des oracles dont l’obscurité se prêtait à de multiples interprétations. Se pliant à l’usage, Alexandre vint la consulter avant d’entreprendre la conquête de l’Asie. Comme elle tardait à rejoindre son trépied, l’impatient Macédonien l’y traîna de force. Elle s‘exclama : « On ne peut te résister…» Ayant entendu ces mots, Alexandre la laissa choir, disant : « Cette prédiction me suffit. » C’était un sage.

Chaque époque eut ses prophètes, devins, haruspices, astrologues, chiromanciens, futurologues et autres charlatans. Autrefois, on faisait tourner des tables, aujourd’hui les ordinateurs. Catherine de Médicis s’en rapportait à Nostradamus. Cromwell écoutait William Lily. Staline interrogeait Wolf Messing. Hitler questionnait Eric Hanussen. Briand et Poincaré se partageaient les talents de Mme Fraya… Une chose cependant, est le destin individuel, une autre celui des civilisations.

Précédé par l’optimisme hérité des Lumières, le XXème siècle s‘était ouvert sur les promesses d’un avenir radieux, dans la certitude que la science et le savoir étaient des facteurs de progrès et de sagesse. L’homme devenu vraiment «maître et possesseur de la nature», allait acquérir la maîtrise de lui-même. Après la victoire sur les choses, la paix et l’entente entre les hommes s’établiraient d’elles-mêmes.

L’impitoyable XXème siècle a démenti ces illusions. Personne ou presque n’avait vu venir la catastrophe sortie du meurtre de Sarajevo à l’été 1914. Chez tous les belligérants, on croyait à une guerre courte, fraîche et joyeuse. Elle fut interminable, épouvantable et meurtrière comme jamais. C’était le cadeau imprévu fait aux hommes par le progrès industriel et la démocratie de masse, deux facteurs nouveaux qui avait transformé la nature même de la guerre. Commencée comme un conflit classique entre les Etats, elle finit en croisade idéologique, entraînant la destruction de l’ancien ordre européen, incarné par les trois grands empires du Centre et de l’Est. On sait que le charcutage de l’Europe et les conditions imposées aux vaincus après 1919 portaient le germe d’une autre guerre plus catastrophique encore.

A l’aube d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire, les illusions du progrès se sont en partie dissipées, au point que l’on entend parler de «progrès meurtrier» ou «d’horreur économique». Le marxisme et ce qu’il charriait de certitudes se sont effrondés dans la débâcle du système qu’il avait enfanté. L’optimisme d’hier cède souvent devant une sorte de pessimisme accablé, nourri par l’inquiétude d’un avenir à biens des égards angoissant. On se tourne vers l’Histoire pour lui demander des réponses.

Mais l’interprétation de l’Histoire n’échappe ni aux modes ni aux idées dominantes. Un effort de l’intelligence et du caractère est donc toujours requis pour s’affranchir des pesanteurs de son époque. Avec un peu d’entraînement, tout esprit curieux, libre et cultivé peut y parvenir. A ne prendre que les cent dernières années les faits ne manquent pas, qui soulignent par exemple le caractère imprévisible de l’Histoire, n’en déplaisent aux théories déterministes issues de la vision hégélienne.

Le 22 janvier 1917, un Lénine quasi inconnu et toujours exilé, prit la parole devant le cercle des étudiants socialistes : « Nous, les vieux, dit-il en parlant de lui, nous ne verrons peut-être jamais les batailles décisives de la Révolution… » Sept semaines plus tard, le tsarisme était renversé sans que Lénine et les bolchéviks n’y fussent pour rien. Les « batailles décisives » aux quelles il ne croyait plus allaient commencer, pour le malheur de la Russie et du monde entier. Je connais peu d’anecdotes aussi révélatrices de la difficulté des prévisions historiques. Mais il en est d’autres dans un registre différent.

Durant l’année universitaire 1975-1976, Raymond Aron, l’un des esprits les plus perspicaces de sont temps, donna un cours au Collège de France sur « La Décadence de l’Occident », ce qui était déjà tout un programme. Voici sa conclusion : « l’abaissement des Etats-Unis de 1945 à 1975 découlait de forces irrésistibles ». Retenons « irrésistibles ». Dans ses Mémoires, publiées l’année de sa mort, en 1983, Aron revenait sur cette réflexion en l’amplifiant : « Ce que j’observais dès 1975, c’était la menace de désagrégation de la zone impériale américaine…» A nous qui vivons sous l’ombre portée de l’imperium mondial américain, cette analyse ferait douter de la lucidité de l’auteur. Et pourtant, celle-ci n’a jamais été mise en doute. Notre étonnement vient du fait que l’Histoire a galopé à notre insu, nous montrant aujourd’hui un monde très différent de ce qu’il était vingt ans plus tôt, ce que personne n’avait prévu.

Je ne suggère nullement d’ignorer les menaces inscrites à notre horizon : mondialisation dévorante, gonflement démographique, immigrations massives, pollution de la nature, manipulations génétiques, etc. Dans une période inquiétante il est sain de repousser les illusion béates, il est salubre de pratiquer les vertus du pessimisme actif, celui de Thucydide ou de Machiavel. Mais il est tout aussi nécessaire de rejeter la forme de pessimisme qui pousse au fatalisme. Devant les menaces du futur, une première erreur serait de les considérer comme inéluctables. L’Histoire n’est pas le domaine de la fatalité mais celui de l’imprévu. Une deuxième erreur serait d’imaginer l’avenir en prolongement du présent. S’il est une certitude, c’est que l’avenir sera différent de ce qu’on l’imagine aujourd’hui. Une troisième erreur serait de désespérer de l’intelligence, de l’imagination, de la volonté, et finalement de nous-mêmes.

source : Le Figaro du 19 janvier 2000

 

dimanche, 07 août 2011

La liberté, la démocratie, l'autonomie, mais non sans une défense forte

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La liberté, la démocratie, l’autonomie, mais non sans une défense forte

Envisager l’avenir avec une conscience historique fondée sur des faits –  correctif nécessaire à la falsification de l’histoire par le Rapport Bergier

par Tobias Salander

Ex:http://www.horizons-et-debats.ch/

A quelles conditions les citoyens suisses de 2011 peuvent-ils envoyer au monde le message selon lequel ils veulent conserver leur liberté, leur démocratie et leur autonomie et en même temps rester le peuple le plus pacifique mais le plus apte à se défendre? C’est à cette question, posée à temps dans une période de grave crise économique et financière aux répercussions encore imprévisibles en Occident, en particulier dans les zones dollar et euro, que répond une nouvelle étude sur l’histoire de la Suisse entre 1933 et 1945 due à la plume d’un économiste et ex-commandant de bataillon d’infanterie qui a travaillé pour la Banque mondiale, l’ONU, l’OCDE, divers gouvernements et commanditaires privés dans plus de 100 pays.
S’appuyant sur une quantité de publications scientifiques concernant la Seconde Guerre mondiale, Gotthard Frick, dans son livre intitulé «Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945» propose une vision nouvelle et complète de la manière dont la Suisse a affirmé son autonomie et ses valeurs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il indique les leçons à en tirer pour l’avenir et apporte un correctif aux travaux de la Commission Bergier. Cet ouvrage peut être chaudement recommandé à tous les citoyens et en particulier aux professeurs d’histoire et à leurs élèves. Il nous offre une vision de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale qui, loin de tout dénigrement idéologique, rétablit les faits, vision que tous ceux qui les ont vécus ne pourront que confirmer.
Après les attaques des années 1990 contre la Suisse commandées par certains milieux financiers de la côte Est des Etats-Unis et livrées par une cinquième colonne de pseudo-artistes, de personnes «fatiguées de défendre la patrie» (Heimatmüde), de girouettes et de carriéristes vendus et vulnérables au chantage qui auraient voulu, au moyen d’une vaste manipulation psychologique, pousser le pays à intégrer le nouvel ordre mondial, Frick réussit, en évaluant clairement les événements historiques connus, à ressusciter la volonté du pays à affirmer son autonomie et ses valeurs et à aiguiser sa perception de l’avenir. Il ne s’agit pas pour lui uniquement d’apporter une contribution au débat sur l’avenir de l’Armée suisse. Si, à l’époque, il valait la peine de consentir d’importants sacrifices pour éviter la guerre au pays, il faudrait aujourd’hui également «engager des réflexions exhaustives et à long terme si nous voulons préparer notre pays à un avenir qui sera sans doute beaucoup plus difficile et exigeant et peut-être aussi beaucoup plus menaçant que ne le pensent aujourd’hui de nombreuses personnes». (p. 2 sqq.) Ce sont là des réflexions qui ne devraient pas être abordées sérieusement qu’à l’occasion des cérémonies du 1er-Août.

Ceux qui empêchent leurs concitoyens d’envisager le passé les privent d’une vision personnelle de l’avenir. Les interprétations tordues dont les idéologues de la Commission Bergier ont inondé le peuple – ils n’ont pas apporté de faits nouveaux mais uniquement des interprétations erronées de l’histoire – doivent maintenant être démontées patiemment pièce après pièce. Gotthard Frick a le grand mérite d’avoir accompli ce précieux travail d’assainissement. Son évocation de la volonté des Confédérés d’affirmer leur autonomie dans une situation difficile, c’est-à-dire entre 1933 et 1945, est si claire, si respectueuse des faits et toujours envisagée dans la perspective de l’époque actuelle qu’elle peut constituer pour la jeunesse un repère, un point d’ancrage à partir duquel elle pourra s’attaquer aux problèmes de l’heure en étant pleinement conscients de ce qu’ont réalisé nos ancêtres et de la spécificité de notre histoire, celle d’un peuple qui ne voulait pas se laisser asservir, qui aimait la liberté par-dessus tout et voulait prendre en main ses affaires, mais toujours en tenant compte de la situation, sensibles au sort du prochain au-delà des frontières, solidaires et apportant son aide en cas de nécessité. Frick nous offre un contrepoint bienvenu aux machinations déjà mentionnées et aux nouvelles machinations dont l’objectif facile à déceler est de faire entrer la Suisse dans l’UE et l’OTAN, à en faire par conséquent une vassale et un soutien occulte des intérêts des grandes puissances.

Chaque pays a une armée: la sienne ou une armée étrangère

Mettons l’accent sur certains aspects de la présentation de Frick qui sont importants pour notre époque: l’évocation concise des conquêtes d’Hitler et des plans des Alliés – que l’auteur ne présente pas dans l’ordre chronologique mais selon les motifs qui les sous-tendent et cela d’une manière éclairante – montre une chose qui doit paraître évidente aux personnes à l’esprit social et pacifiste: Dans un monde où il n’y a finalement, entre les Etats, jamais d’amitiés mais seulement des intérêts, il n’y a pas de place pour la liberté et la dignité quand les pays démocratiques n’envisagent ni ne préparent les situations de crise. Frick explique qu’on peut développer l’Etat providence, se déclarer neutre avec fierté et ne pas investir dans l’armement. Mais alors on ne doit pas s’étonner si la situation politique se modifie du jour au lendemain et si un pays autrefois ami vient remplir le vide ainsi créé. C’est ce qui s’est passé en 1940 avec le Danemark et la Norvège et ce serait de nouveau possible aujourd’hui. On pourrait dire que nous ne nous défendrons pas en cas d’attaque parce qu’il serait absurde de le faire contre une puissance plus forte. Quelles seraient les conséquences? L’occupant déporterait les hommes et les forcerait à travailler dans l’industrie d’armement pour remplacer les travailleurs et les paysans qui combattent dans l’armée de l’agresseur. Peut-être qu’on les contraindrait à se battre au sein de la machine de conquête, à tuer, ne serait-ce que pour ne pas être tués. Ces conséquences effroyables qu’ont subies les pacifistes belges, danois, norvégiens, français, etc. mais aussi ceux qui se sont bien défendus mais ont été vaincus, comme les Serbes, Frick les décrit fort bien et il détruit de manière salutaire l’illusion consistant à croire qu’on pourrait rester passif aujourd’hui, et que ce ne serait pas si terrible d’être asservi. Pour Frick, l’histoire dément cette attitude de manière douloureuse.

Des voix étrangères louaient la Suisse

S’appuyant sur une quantité de documents de généraux, d’hommes d’Etat et de journalistes, l’auteur montre que les efforts de défense de la Suisse, en particulier la création du Réduit national, étaient pris très au sérieux, et pas seulement en Allemagne. Grâce à ces déclarations d’éminents étrangers, il donne une image authentique de la Suisse de l’époque (cf. les encadrés). La Suisse n’y apparaît pas comme antisémite. Au contraire, dans l’opuscule «Welt-Dienst» de l’Erfurter Verlag – qui était financé par l’Etat – elle est décrite rageusement comme «le seul paradis d’Europe pour les juifs» (p. 15). Il n’y est pas question d’un prétendu défaitisme des Suisses mais de leur esprit combatif et de leur capacité à se défendre qui pourrait donner du fil à retordre à la Wehrmacht. C’est ce qu’écrivait le général des troupes de montagnes de la Wehrmacht Franz Böhme, qui se suicida pendant sa détention par les Alliés à Nuremberg, dans son étude relative à une éventuelle attaque contre la Suisse. Le Times de Londres soulignait qu’aucune armée au monde ne pouvait mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’armée suisse et l’étude Tannenbaum de la Wehrmacht de 1940 confirme cette appréciation, bien qu’avec d’autres arrière-pensées.
Le «Kleines Orientierungsheft Schweiz» de l’état-major de l’armée de terre destiné aux troupes allemandes et datant du 1er septembre 1942 écrit à propos du système de milice suisse – que les idéologues de la Commission Bergier ont toujours dénigré: «Le système suisse de milice permet d’engager l’ensemble des soldats à un coût relativement modique. Il entretient l’esprit combatif très marqué depuis toujours dans le peuple suisse et permet la mise sur pied d’une armée qui, vu la petite taille du pays, est très forte, organisée de manière efficace et rapidement opérationnelle. Le soldat suisse se distingue par son amour de la patrie, sa résistance et son endurance.» (p. 55)

Le général Böhme est plein d’admiration pour le Réduit

Le général Böhme écrit à propos du Réduit – que les falsificateurs de l’histoire de la Commission Bergier considèrent comme un mythe: «La défense suisse du territoire dispose d’une armée de terre qui, notamment en raison de ses effectifs élevés représente un facteur extrêmement important. La prise du Réduit défendu par des troupes qui vont se battre avec acharnement représentera une tâche difficile.» (p. 57)
Cela semble étrange de voir vanter la valeur de nos ancêtres par un militaire de la Wehrmacht alors que grâce à des mensonges ordonnées par l’Etat, on voulait nous faire croire le contraire.
Frick montre parfaitement combien la préparation du retrait par le général Guisan du gros de l’Armée dans le Réduit était réfléchie et prévoyante. La faute capitale des généraux polonais, consistant à vouloir maintenir un front de 1500 kilomètres au lieu de s’appuyer sur les alliés naturels que sont les cours d’eau et de concentrer les forces armées, fut étudiée avec beaucoup d’attention par le général Guisan et son état-major. Ainsi, il fallut abandonner la ligne de défense de la Limmat établie à grands frais après la défaite française parce qu’elle était devenue inutile. Même si le flanc ouvert du Jura représenta pendant quelques semaines un danger considérable, il fut possible, grâce à un peu de chance, de mettre en place le Réduit sans que la Wehrmacht ne profite de la situation. La Suisse suivait aussi attentivement la lutte pour défendre les Alpes du Sud de la France où les troupes françaises résistèrent victorieusement aux forces de Mussolini et d’Hitler et elle pensait être sur la bonne voie avec son idée de forteresse alpine. Cela met dans un grand embarras les chefs de la guerre psychologique de la Commission Bergier avec leur dénigrement subjectif et fielleux de la conception du Réduit.

Les Alliés auraient pu raccourcir la guerre de plusieurs années

Frick réfute un autre argument incroyable, car sans aucun fondement, de notre cinquième colonne qui veut que la Suisse ait prolongé la guerre. Il constate en effet que les Alliés auraient pu réduire la durée de la guerre de plusieurs années en bombardant les installations allemandes de production de carburant. Les nazis savaient parfaitement que c’était leur talon d’Achille. Mais que s’est-il passé? Frick montre sans équivoque que les Alliés ont bombardé la population civile sans défense des villes protégée pourtant par le droit international. Ce fut un crime de guerre sans précédent au regard dudit droit et la plus grave erreur au point de vue stratégique. Ou ce «moral bombing», comme le qualifièrent Harris-la-Bombe et Churchill, n’était-il pas une erreur mais visait un autre objectif? Malheureusement, nous n’en saurons rien tant que les Alliés n’auront pas déclassifié les documents secrets de la Seconde Guerre mondiale. Il paraît qu’ils représentent plus de la moitié de la totalité des documents. Le fait que cela n’ait pas été fait après le délai habituel de quelques décennies est de mauvais augure.

La défense du pays aujourd’hui en 10 points

D’une part les mises au point de Frick nous permettent d’éclaircir nos idées et constituent un antidote à l’entreprise de démoralisation effectuée par la Commission Bergier et d’autre part son résumé en 10 points nous fournit des indications précieuses sur la manière dont nous pouvons tirer profit des leçons de l’histoire aujourd’hui dans une situation non moins explosive, si nous voulons garder la tête droite.

1.    Fidélité aux valeurs spirituelles

La condition la plus importante qui permet à un peuple d’affirmer son autonomie est la fidélité à ses valeurs spirituelles. Elles donnent au peuple la force morale de subsister dans les situations extrêmes. Ce sont en Suisse les valeurs suivantes, telles qu’elles sont confirmées par les sources étrangères de l’époque de la guerre et que seuls les idéologues de la Commission Bergier tournent en dérision: l’amour de la patrie, l’indépendance, la démocratie directe, le fédéralisme, le pacifisme associé aux capacités de défense, «c’est-à-dire la volonté, en cas d’agression, de défendre ces valeurs et l’intégrité territoriale du pays jusqu’à épuisement de toutes les ressources humaines et matérielles, sans se poser de questions sur les chances de succès.» (p. 116)
Le respect d’autrui et des convenances ainsi que le maintien de relations normales avec tous les Etats ont toujours fait partie de ces valeurs.

2. Cohésion politique vis-à-vis de l’extérieur

Une autre condition importante de l’affirmation de soi réside pour Frick dans la cohésion politique vis-à-vis de l’extérieur. L’auteur insiste sur le fait que contrairement à d’autres pays, les puissances étrangères n’ont pas réussi à instrumentaliser les partis gouvernementaux suisses pour qu’ils défendent leurs intérêts. Même pour le Parti socialiste, la défense du pays était devenue, certes tard, «l’alpha et l’oméga de la politique suisse» (Oprecht, président du Parti).

3.    Solidarité sociale

Il fallait également à l’intérieur une solidarité sociale. «Elle suppose une certaine mesure de la part de ceux qui détiennent le pouvoir économique et la conscience du fait que la force économique implique une responsabilité à l’égard de la société.» (p. 117) alors que les plus faibles renoncent aux luttes sociales. L’accord de paix entre employés et employeurs de l’industrie mécanique, de même que les allocations pour perte de gain et le rationnement alimentaire garantissaient que personne ne tomberait dans la misère en raison de son engagement pour la défense du pays.

4.    Une armée crédible capable de se défendre

Le 4e point de Frick est la capacité de défense et la mise sur pied d’une armée crédible. L’attaque de la Suisse doit apparaître trop chère à tout agresseur potentiel et s’il se risque quand même à attaquer, il doit s’attendre à des combats long et acharnés. Cependant cela présuppose de bons équipements, une instruction rigoureuse préparant à la guerre, de la discipline et une grande indépendance des chefs et des soldats. Si l’on néglige la capacité de se défendre, il devient difficile de la rétablir en peu de temps. (Précision importante face au concept de «montée en puissance» d’Armée XXI!)
L’histoire apporte un démenti à ceux qui croient que l’on est épargné si l’on renonce à se défendre. Les conséquences en sont les prises d’otages, le recrutement de travailleurs forcés ou l’incorporation des hommes dans l’armée de l’occupant pour servir de chair à canon. «Il n’y a qu’une solution, qui est d’ailleurs parfaitement morale: défendre la paix mais posséder une armée forte prête à se battre uniquement en cas d’attaque, mais alors avec une détermination inflexible.» (p. 119)

5.    Les Etats n’ont que des intérêts

Pour Frick, citant un Premier ministre anglais de jadis, les Etats n’ont ni amis ni ennemis, mais uniquement des intérêts: «Les petits pays surtout devraient se souvenir de cette maxime. Toutes les parties aux conflits n’agissent finalement qu’en fonction de leurs intérêts. Les sentiments d’amitié, l’identité des valeurs, la démocratie, les droits de l’homme n’ont joué aucun rôle quand il s’agissait de prendre des décisions.» (p. 119) A titre d’exemple, l’auteur mentionne notamment le fait que la Grande-Bretagne, entre 1939 et 1940, a étranglé économiquement la Suisse de manière impitoyable. Le ministre britannique des Affaires étrangères assura à l’envoyé de la Suisse que «la Grande-Bretagne éprouvait certes une grande sympathie pour la Suisse démocratique mais qu’elle menait un combat vital et qu’elle devait sauvegarder ses intérêts. Après la capitulation de la France, ce même gouvernement déclara qu’il était dans l’intérêt des Alliés que la Suisse maintienne sa capacité de défense et son indépendance le plus longtemps possible et qu’elle demeure un centre d’informations au cœur de l’Europe dominée par l’Allemagne. C’est pourquoi on ne devait pas exercer sur elle de trop grandes pressions économiques.» (p. 120)

6.    La neutralité implique nécessairement la capacité de se défendre

La neutralité ne protège ni des amis ni des ennemis et le pays a donc absolument besoin d’une armée crédible pour se protéger. «L’Allemagne a attaqué de nombreux pays neutres, même ceux qui, à son initiative, avaient conclu peu avant des pactes de non-agression. Mais les Alliés ont agi de même lorsque cela correspondait à leurs intérêts». (p. 121)
Pour que la neutralité soit crédible, il faut la défendre contre toutes les parties, sans égard pour les sympathies ou les antipathies. C’est dans ce contexte que Frick place la rencontre entre le général Guisan et le général SS Schellenberg. Le général a assuré le haut commandant allemand que la Suisse était déterminée à combattre tous ceux qui violeraient l’intégrité territoriale de la Suisse, également les Alliés: «Il s’agissait d’empêcher l’Allemagne d’attaquer la Suisse par précaution parce qu’elle pouvait douter de la volonté de la Suisse de résister de toutes ses forces à un passage des Alliés à travers son territoire.» (p. 122)

7.    Pas d’adhésion à des alliances

Pour Frick, il n’est jamais dans l’intérêt d’un petit pays d’adhérer à une alliance car les pays plus puissants ne font que défendre leurs intérêts même dans les alliances et utilisent les alliés plus faibles comme de la chair à canon.»

8.    Capacité de défense et de souffrance d’un peuple

Ce point concerne la capacité de défense et de souffrance des peuples qui veulent garder leur indépendance. Frick rend hommage aux Britanniques après la capitulation de la France, aux juifs affamés du ghetto de Varsovie luttant contre les SS, à l’armée de la Résistance polonaise et également à l’Union soviétique qui a compté le plus grand nombre de victimes des Allemands. En ce qui concerne la Suisse, Frick soulève la question suivante: «Nous autres Suisses jouissons aujourd’hui d’une prospérité sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Peut-on attendre d’une telle société qu’elle comprenne quelle volonté de se battre et quels préparatifs matériels sont nécessaires pour persuader un agresseur potentiel que le rapport bénéfice-coût d’une attaque est négatif et qu’elle ne vaut pas la peine d’être tentée? Et pouvons-nous nous représenter la capacité de défense et de souffrance qu’il faudrait manifester si l’agresseur ne se laissait pas dissuader et que le peuple devait résister avec son armée dans une guerre?» (p. 124 sqq.)
Et il enfonce le clou: «Quelle proximité avec la terrible réalité d’une guerre, quels risques notre peuple protégé, gâté, démocratique et attaché aux droits de l’homme permet-il à son armée au cours de la formation des soldats? Quels moyens est-il disposé à lui accorder qui la rendent suffisamment forte pour tenir une guerre future, avec ses souffrances inimaginables, le plus éloignée possible du peuple ou, dans le pire des cas, pour combattre longtemps? Car notre victoire serait de résister longtemps et non pas d’aller défiler dans la capitale du pays agresseur.» (Frick, p. 125)

9.    Réflexion à long terme

Frick invite à engager une réflexion à long terme malgré la tendance de la politique quotidienne à se limiter au court terme. On ne peut pas mettre sur pied une armée en peu de temps: «En tout cas, il faut beaucoup de temps pour créer une tradition de capacité à se défendre. Or toutes les puissances ont reconnu cette capacité à la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour Machiavel déjà, au XVe siècle, elle expliquait que les Suisses étaient le peuple le plus libre d’Europe.» (p. 125 sqq.)

10.    Les décisions de politique intérieure sont toujours des signaux envoyés à l’extérieur

Pour Frick, nous devrions être conscients «que toutes les décisions que nous prenons ne sont pas uniquement de nature intérieure. Nous envoyons par là des signaux au monde qui les reçoit et les interprète.» (p. 126) Jusqu’en 1939, la plupart des démocraties européennes ont envoyé à Hitler le signal qu’elles étaient démoralisées et qu’elles n’étaient pas prêtes à se battre pour défendre leurs valeurs. La Grande-Bretagne et la France ont leur part de responsabilité dans la Seconde Guerre mondiale parce qu’à Munich, elles ne se sont pas opposées de manière catégorique à Hitler: «En capitulant, ces deux puissances ont également désavoué la population de Berlin qui, 3 jours avant Munich, avait manifesté avec détermination contre la guerre.» (p. 126) En revanche, la Suisse fit savoir sans ambiguïté qu’elle était décidée à se battre. Le chef d’état-major allemand Halder notait au printemps 1940 dans son journal de guerre qu’une attaque de la France à travers une Suisse sans défense aurait été une éventualité séduisante. Mais il dut exclure cette option car la Suisse n’était pas sans défense.

Se préparer au pire

Dans sa conclusion, Frick écrit qu’une attaque contre la Suisse ou une guerre en Europe semble aujourd’hui inimaginable à beaucoup de personnes, de même qu’après la Première Guerre mondiale, personne ne s’attendait à une nouvelle guerre mondiale. Il est dans la nature de l’homme «de considérer une longue période de paix et, de manière générale, une situation en général bonne et agréable quasiment comme un don de Dieu qui va durer indéfiniment et de refouler les éventualités effrayantes.» (p. 127) Malheureusement, bien que l’on aimerait donner raison aux optimistes, l’histoire montre que «les comportements et les décisions irrationnels, souvent associés aux instincts humains les plus vils, déterminent toujours et partout la politique et l’action militaire.» (p. 127) Comme l’homo sapiens sapiens n’a pas changé récemment, on ne peut exclure ni une guerre en Europe ni une attaque contre la Suisse, même pas au cours des prochaines années. Que ceux qui trouvent cette idée trop bizarre méditent les dernières phrases de Frick: «Qu’arriverait-il si, par exemple, le monde ou seulement l’Europe sombrait, à cause des dettes accumulées, dans une grave crise monétaire et économique, et même s’effondrait, et si les nombreuses et anciennes tensions ethniques et territoriales se déchaînaient?» (p. 128) Sommes-nous aujourd’hui, à l’été 2011, éloignés de ce scénario? La «malice des temps» invoquée par nos pères fondateurs n’est-elle pas éternelle, à notre grand regret?
Combien d’années se sont écoulées entre la prise du pouvoir par Hitler et la remilitarisation de la Rhénanie, l’écrasement de la Tchécoslovaquie et l’invasion de l’Autriche et le début de la Seconde Guerre mondiale? Trois, cinq et six ans ! C’est pourquoi Frick conclut qu’il est indispensable «que la Suisse se prépare au pire tout en espérant qu’il n’arrivera pas». (p. 128) Il y a là un espoir mais aussi un appel auquel tout contemporain vigilant et amoureux de la liberté ne peut qu’acquiescer.    •

Bibliographie
Gotthard Frick. Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945. Eine neue, umfassende Sicht auf die Selbstbehauptung der Schweiz im Zweiten Weltkrieg und die daraus für die Zukunft zu ziehenden Lehren. Eigenverlag Gotthard Frick, CH-4103 Bottmingen, Februar 2011,
ISBN 978-3-033-02948-4.

S’emparer du Réduit: une tâche difficile

 

«La défense suisse du territoire dispose d’une armée de terre qui, notamment en raison de ses effectifs élevés, représente un facteur extrêmement important. La prise du Réduit défendu par des troupes qui vont se battre avec acharnement représentera une tâche difficile.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

 

La Suisse représente un problème ardu

«Un dixième de la population suisse est sous les drapeaux, c’est plus que dans tous les autres pays du monde. Elle est prête à se battre pour défendre son style de vie. […] Les Hollandais seront une proie facile pour les Allemands car leur armée est misérable. La Suisse représentera un problème ardu et je doute que les Allemands vont se risquer à le résoudre.»

(William L. Shirer, journaliste américain, peu après le début de la guerre
(in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz
1933–1945, p. 54)

 

L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond

«Le désir de se battre des soldats suisses est élevé et doit être placé sur le même plan que celui des Finlandais. Un peuple qui a de bons gymnastes a toujours en de bons soldats. L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

 

Ce qui serait arrivé à une Suisse occupée

L’exemple de la Grèce

«La Grèce resta occupée pendant trois ans par les troupes de l’Axe. Elle fut systématiquement pillée et dut livrer au vainqueur non seulement une grande partie de son équipement industriel et de ses véhicules et machines agricoles mais également, pendant tout le temps de l’occupation, une grande partie de ses vivres. Dès le premier hiver, cela provoqua une famine catastrophique à laquelle succombèrent quelque 100 000 Grecs et 80% des nouveau-nés. […] Les Grecs menant bientôt une guerre de partisans féroce, les troupes allemandes se vengèrent souvent, comme ailleurs, en fusillant la totalité de la population – hommes, femmes, enfants – de villages situés à proximité des attaques de la guérilla ou en exécutant des otages civils.»

(Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 92 sqq.)

L’exemple de la Yougoslavie

«Ici aussi, les Allemands prirent la population civile en otage. Pour chaque Allemand tué par les partisans, on fusillait 100 otages, pour chaque blessé, 50 otages. L’auteur de l’étude de 1943 sur l’attaque éventuelle de la Suisse, le général des troupes de montagne Franz Böhme, fut, en 1941, pendant deux mois et demi, général en chef doté des pleins pouvoirs en Serbie. Pendant cette seule période, 30 000 otages furent exécutés. Jugé au Tribunal militaire international de Nuremberg, il échappa à la condamnation, le 27 mai 1947, en se suicidant.»

(Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 91)

Problèmes d’un petit Etat neutre hier et aujourd’hui

Il n’y a pas de paix sans capacité de défense

«Notre capacité de défense vieille de plusieurs siècles a toujours été la sœur jumelle de notre amour de la paix et devrait le rester à l’avenir, quoi qu’il nous réserve.» (Frick, p. 3)

Quand on ne s’attend pas à une grande guerre, on néglige l’Armée

La Suisse est un des rares pays à s’être rendu compte assez tôt du danger représenté par l’Allemagne. Elle commença à se préparer au pire. En 1934, elle commença par la protection aérienne (aujourd’hui protection civile). Le 24 février 1935, le peuple approuva le projet de défense qui ouvrait la voie à un programme d’armement extraordinaire […] Le 21 septembre 1936, la Confédération émit un emprunt de défense nationale qui rencontra un vif succès. La durée de l’école de recrues fut allongée et l’instruction améliorée. On acheta du matériel de guerre, dont des avions de combat, et l’on développa les fortifications. Mais les lacunes importantes ne purent pas être comblées jusqu’au début de la guerre. On avait pendant trop longtemps négligé l’Armée en raison de l’idée, répandue dans le peuple, qu’une autre grande guerre était impossible.» (Frick, p. 12)

Cohésion entre la gauche et la droite

Ce n’est qu’en 1938, peu avant le début de la guerre, que le président du Parti socialiste Oprecht déclara: «La défense du pays est l’alpha et l’oméga de la politique suisse. Ce changement d’attitude se produisit certes beaucoup trop tard pour préparer l’Armée à la future guerre, mais il créa, à propos de cette question décisive de politique intérieure, une cohésion entre la gauche et la droite.» (Frick, p. 13)

Renforcer les valeurs suisses

«Le Schaffhousois Oscar Frey, le conseiller national Gottlieb Duttweiler (fondateur de Migros) et le professeur Karl Meyer, firent, depuis l’été 1940, des conférences dans tout le pays au cours desquelles ils insistaient sur la nécessité et la possibilité de la résistance. Inspiré par cela, le général Guisan institua, en mai 1941, la section Armée et Foyer dont l’objectif était de renforcer les valeurs suisses dans l’Armée et la population civile et de lutter contre le défaitisme et le découragement. C’était nécessaire car au vu de l’occupation rapide de la Yougoslavie puis de la Grèce par l’Allemagne, la Suisse doutait de nouveau de ses capacités de résistance. Ces deux opérations de la Suisse, qu’Hitler n’avait pas prévues d’emblée, apportèrent un répit supplémentaire.» (Frick, p. 14)

Crise de la lutte pour la survie économique

«Avec le début de la guerre commença pour la Suisse la crise de la lutte pour la survie. Il s’agissait d’assurer l’approvisionnement en denrées alimentaires, en carburants, en combustibles, en matières premières et en produits semi-finis, de poursuivre le réarmement, de continuer à faire du commerce avec le monde et de sauvegarder les emplois. Un chômage important aurait fait le jeu de l’extrême-droite. La Suisse introduisit le rationnement et l’économie de guerre, mit en place un programme d’extension des cultures et s’assura, en créant la «protection des militaires» (aujourd’hui «régime des allocations pour perte de gain»), pour que les familles des soldats mobilisés ne tombent pas dans la misère.» (Frick, p. 19)

Brutalité extrême des Alliés

«Bien que le droit international de la neutralité autorise expressément aux pays neutres le commerce avec les parties au conflit, chacun voulait que la Suisse mette fin à son commerce avec l’ennemi et ne livre à ce dernier ni biens stratégiques ni armes. L’extrême brutalité et le manque de compréhension des Alliés, en particulier des Etats-Unis, pour la situation exceptionnelle et difficile de la Suisse ne se différenciait en rien de celle des Allemands. Le conseiller fédéral Stampfli déclarait en 1944: Nous n’avons jamais été plus mal traités par les Allemands que nous le sommes maintenant par les Alliés. Ils étaient insensibles à la sympathie, à la démocratie, à l’Etat de droit et à des valeurs similaires.» (Frick, p. 19 sqq.)

C’est l’Armée suisse qui a mobilisé le plus rapidement

«Aucune armée au monde ne peut mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’Armée suisse. C’est ce qu’écrivait le 11 novembre 1938 le Lord-maire de Londres dans le Times après une visite en Suisse. Il recommandait au Royaume-Uni d’adopter le système suisse. L’étude stratégique Tannenbaum de l’état-major allemand datant de 1940 estimait qu’une partie des troupes de frontières serait prêtes au combat au bout de 5 heures, les brigades de frontières et de montagne et les brigades légères dans les 24 heures, les divisions et les grands états-majors, c’est-à-dire la totalité de l’Armée en 48 heures. (A titre de comparaison, le chef d’état-major allemand Halder estimait, le 27 mars 1940, que la mobilisation de 20 divisions italiennes en vue d’opérations aux côtés de l’Allemagne prendrait deux semaines. A cela il fallait ajouter le temps de déplacement vers les lieux de combat.» (Frick, p. 53 sqq.)

Le mythe tenace d’une supériorité de la Wehrmacht

«Le mythe d’une supériorité militaire prétendument écrasante en 1939/1940 de l’Allemagne nazie est tenace. Il sert aujourd’hui encore de justification aux pays d’Europe de l’Ouest – y compris à la France – qui, démoralisés, ont pour la plupart capitulé sans véritable résistance.» (Frick, p. 74)

On n’épargne pas ceux qui se soumettent

«Il existe aussi des gens prêts à se soumettre dans le but d’avoir au moins la vie sauve. Comme le montrent la Seconde Guerre mondiale et tous les conflits ultérieurs, ces individus succombent eux-mêmes à la folie guerrière, non seule­ment en tant que victimes civiles de bombardements ou d’attaques de missiles ou d’artillerie, mais parce que des forces d’occupation sans scrupules les anéantissent pour des raisons politiques, racistes ou autres. Ou encore on les exécute en tant qu’otages pour venger des soldats ou des citoyens tués par des résistants. En effet, il y a dans chaque peuple des hommes qui préfèrent combattre plutôt que d’être asservis. En d’autres termes, renoncer à se défendre ne permet pas d’épargner la population d’un pays. Il n’y a qu’une solution, qui est d’ailleurs par­sfaitement morale: défendre la paix mais posséder une armée forte prête à se battre uniquement en cas d’attaque, mais alors avec une détermination inflexible.» (Frick, p. 119)

samedi, 06 août 2011

Michael Collins, le leader perdu de l'Irlande

 

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Michael Collins,

 

le leader perdu de

 

l'Irlande

 

par Michael LOFTUS

 

Michael Collins a sans doute été l'un des plus remarquables et des plus dynamiques chefs révolutionnaires du XXème siècle. Un historien a même dit que Lénine faisait figure d'amateur à côté de Collins. Cet homme d'action formait une rare alliance de visionnaire et de réaliste. Pendant la lutte pour l'indépendance de l'Irlande, de 1916 à 1922, Collins joua un rôle de plus en plus important et, à la fin, il dirigea le combat contre la Grande-Bretagne.

 

Il est élu député du Sinn Feinn au parlement britannique lors des élections tenues après la signature de l'armistice de 1918. Le Sinn Feinn fondé par Arthur Griffith en 1905 avait été restructuré pour mener à bien ces élections ; il était constitué, en fait, d'an ensemble disparate d'organisations politiques et culturelles nationalistes.

 

À l'issue de ces élections, le parti rebelle récolte 74% du vote populaire. Ses députés refusent de siéger à Westminster. Ils forment un gouvernement séparé à Dublin : le Dail Eirann. Collins est nommé Ministre de l'Intérieur. Quelques semaines plus tard, il est également nommé Ministre des Finances. Les Britanniques réagissent avec rapidité : le gouvernement récemment formé est interdit et doit rentrer dans la clandestinité. Une des premières mesures de Collins sera de lever un emprunt national de soutien à l'action du gouvernement irlandais. Son but : lever 250.000 £ (environ 15 millions de DM actuels). Le total récolté dépasse ce montant, un exploit quand on pense que les banques sont perquisitionnées par les Britanniques à la recherche de dépôts et que les certificats d'obligations sont confisqués. Cinq millions de dollars supplémentaires parviennent des États-Unis.

 

Après 1919, la lutte contre l'occupation britannique s'intensifie et culmine dans une guérilla féroce opposant les forces britanniques et l'armée rebelle, connue populairement sous le nom d'«Armée Républicaine Irlandaise» (IRA) qui agit sous les ordres du Dail Eirann. L'Empire est représenté sur le terrain par les «Black and Tans», unités formées d'anciens soldats britanniques recrutés pour, selon le Premier Ministre Lloyd George, « combattre la terreur par la terreur ». Ces troupes sont soutenues par des «auxiliaires», d'anciens officiers constituant une élite de combat bien équipée et bien armée. L'armée régulière est également considérablement renforcée.

 

En sus de ses obligations gouvernementales usuelles, Collins accepte la responsabilité de l'organisation et de la gestion de l'armée révolutionnaire. Il crée de surcroît son propre service de renseignements pour contrecarrer les activités de l'efficace Secret Service britannique dont le centre nerveux est alors situé au Château de Dublin. Collins comprend que la clef du succès révolutionnaire réside, en tout premier chef, dans la neutralisation de ce Secret Service. Auparavant, tous les mouvements nationalistes avaient été infiltrés et détruits grâce aux espions et aux indicateurs à la solde de l'Empire. Collins est donc déterminé à ce que l'histoire ne se répète plus. Espions et indicateurs seront abattus. Il réussit à placer bon nombre de ses propres hommes au sein même du Secret Service et de la division G de la police métropolitaine de Dublin (la branche de la Sûreté responsable de la surveillance des milieux nationalistes). Ses hommes parviennent à percer le code utilisé pour la transmission de renseignements confidentiels entre les postes de police et ceux de l'armée. L'organisation secrète de Collins parvient ainsi à intercepter plusieurs messages officiels. Elle exerce une pression de plus en plus forte sur les services secrets britanniques en Irlande de sorte qu'à la fin de l'année 1921 approximativement 80 agents britanniques ont été exécutés. À ce stade, le service secret cesse virtuellement de fonctionner. Ce remarquable exploit mine la base même de l'influence et de l'autorité britannique. Collins vient, comme il le dira plus tard, « d'ôter la vue et l'ouïe de l'administration ».

 

La guérilla se poursuit, des «colonnes volantes» occupent la campagne, choisissent le lieu de l'attaque et frappent l'ennemi à l'improviste puis s'évanouissent pour frapper à nouveau subitement ailleurs. De la sorte, elles réussissent à immobiliser un grand nombre de troupes régulières. La lutte s'amplifie rapidement en une guerre sauvage. Les atrocités commises par les «Black and Tans» et leurs «Auxiliaires» sont fréquemment dénoncées par la presse britannique et internationale. Ces critiques répétées ébranlent le bien-fondé de la présence britannique. Sir Oswald Mosley, partisan de la cause nationaliste irlandaise, intervient alors à plusieurs reprises au Parlement pour dénoncer « l'illégalité et la flagrante iniquité présente en Irlande ». Pour mettre fin au conflit séculaire, il fonde le « comité pour la paix en Irlande ».

 

À cette époque, la majorité du peuple irlandais supporte l'armée révolutionnaire et les leaders du gouvernement clandestin. En 1921, le gouvernement britannique, conscient que l'issue de la lutte militaire est incertaine, propose une trêve. Michael Collins fait partie de la délégation irlandaise qui rencontre le Premier Ministre Lloyd George, Winston Churchill et d'autres politiciens britanniques en vue. Après des mois de difficiles tractations, un traité est signé : 26 des 32 comtés de l'Irlande formeront un État indépendant au sein du Commonwealth, l'État libre d'Irlande. Une commission frontalière, composée de représentants de l'État libre, de l'Irlande du Nord et de la Grande-Bretagne, décidera ultérieurement du sort des six autres comtés (l'Irlande du Nord). Un plébiscite pourra avoir lieu, si cela s'avère nécessaire, afin d'établir la préférence des habitants de l'Ulster. À cette époque, plus d'un tiers de la population du Nord est nationaliste et il voterait sans doute pour l'union avec l'État libre. Lloyd George laisse entendre que ce qui resterait de l'Irlande du Nord ne serait plus économiquement viable et qu'il soutiendrait un compromis entre les deux parties pouvant aboutir à l'unité de l'île. Collins lui aussi est prêt à reconnaître les aspirations légitimes des loyalistes britanniques en créant un état fédéral. Les circonstances et le destin s'opposeront à la tenue de ce plébiscite.

 

À la signature du traité, Sir Oswald Mosley déborde d'enthousiasme ; il déclare : « que ceux qui luttèrent seuls pour cette noble cause, méprisés et vilipendés au début soient encouragés par cette récente victoire de leurs principes humanitaires et pacifiques ». Mosley ne cache pas son admiration pour Michael Collins, par la suite il continuera à en parler en des termes élogieux et respectueux.

 

Le Dail se réunit enfin pour ratifier le traité. Collins se prononce en faveur d'un compromis qui, pour lui, représente la meilleure solution. La lutte contre la Grande-Bretagne peut maintenant être terminée en des termes honorables. Ainsi pourra-t-on mettre fin à la haine et aux destructions et construire ensemble le nouvel État. « L'irlande est un - peut-être le seul - pays aujourd'hui qui affronte encore l'avenir avec l'espoir de vivre demain d'une manière plus civilisée. Nous avons beaucoup de chance, tant de choses sont à notre portée. Qui peut toucher à notre liberté ? »

 

Eamon de Valera, un des membres importants du mouvement nationaliste et un des seuls leaders survivants de l'insurrection de la Pâques 1916 s'oppose au traité. Lui et ses partisans croient que la guerre contre l'Angleterre doit être poursuivie jusqu'à ce que la Grande-Bretagne accepte l'établissement d'une république complètement séparée d'elle. Pour Collins, la Grande-Bretagne peut continuer indéfiniment une telle guerre, ce qui ruinerait à jamais la reconstruction d'une «Nouvelle Irlande». « Nous avons devant nous la reconstruction de notre pays : ce ne sera pas un travail aisé, ce sera un pénible labeur mais quelle noble et enivrante entreprise ! ». Beaucoup comprennent alors que l'Irlande hypothéquerait le capital de sympathie acquis lors de sa lutte pour l'indépendance (ce fut un des facteurs décisifs dans la décision des Britanniques de négocier) si elle venait à rejeter ce qui est considéré comme un accord juste et équitable. Lors du vote, la majorité du Dail approuve le traité. De Valera et ses partisans quittent l'assemblée. C'est un triomphe politique pour Collins mais il est mitigé par une tragédie personnelle. Le mouvement nationaliste commence à se diviser et des hommes qui avaient été jusque là des frères en armes seront bientôt ennemis.

 

Collins est nommé président du nouveau Gouvernement Provisoire mis sur pied. La division s'accentue non seulement parmi les leaders politiques mais aussi au sein de l'IRA. Collins contrôle la société secrète révolutionnaire, l’IRB (Irish Republican Brotherhood) et, au travers de celle-ci, il parvient à gagner le soutien d'une grande partie des militants des mouvements politiques et de l'IRA. Il poursuit néanmoins les négociations avec De Valera et ses partisans ainsi qu'avec une faction de l'IRA qui envisageait d'établir une « dictature militaire ».

 

Après une occupation de plusieurs siècles, l'administration et l'armée britannique plient bagage. Le Château de Dublin, symbole de la puissance britannique en Irlande, est remis officiellement à Collins. Les casernes et autres installations militaires sont confiées au Gouvernement Provisoire. Entre-temps, quelques membres de l'IRA, hostiles au nouveau Gouvernement entament l'occupation d'édifices publics et de postes militaires. Afin d'éviter un conflit, Collins poursuit les négociations avec les opposants de son gouvernement. Lors d'une de ces réunions, il déclare « donnez-moi quatre jours et je vous donnerez une République ». En vain, la guerre civile se rapproche de jour en jour. Le point critique est atteint quand une brochette de chefs importants de l'IRA rebelle refuse d'évacuer le Palais de Justice de Dublin. On donne l'ordre de les expulser à coup de canons. La guerre civile est déclenchée. On chasse les forces anti-gouvernementales de leurs autres bastions de la capitale. Elles reforment en rase campagne des «colonnes volantes», très actives dans les comtés méridionaux. Elles continuent à s'appeler IRA, pour le gouvernement il s'agit de «troupes irrégulières». L'armée du nouvel État libre, constituée d'anciens de l'IRA, entraînés aux tactiques de la guérilla, vient rapidement à bout des Irréguliers qui, n'ayant pas le soutien de la population, sont vite sur la défensive. Collins accepte la responsabilité de mener cette guerre et en plus de ses autres fonctions officielles, il accepte le poste de Commandant en Chef de l'armée de l'État libre. Un conseil de guerre constitué de Collins, du général Mulcahy et du général O'Duffy est mis sur pied (O'Duffy devint par la suite le leader du mouvement des chemises bleues). Le 21 août 1922, Collins décide d'effectuer une inspection du comté de Cork occidental, un comté fraîchement repris par l'armée régulière. Le lendemain, lors d'un voyage non loin de son lieu de naissance, Collins et son convoi militaire tombe dans une embuscade tendue par les Irréguliers. Collins, âgé de 32 ans, meurt des suites de cette attaque.

 

Kevin O'Higgins, un des ses amis et collègues qui, en tant que Ministre d'État, fut lui-même tué par l'IRA en 1927 écrivit peu après cette tragédie : « ... Michael Collins est mort. Quel gâchis tragique ! Quelle souffrance infinie ! Cet esprit avec tout son potentiel emporté par une balle fratricide. Ce grand cœur arrêté, ce corps athlétique dont chaque nerf et muscle œuvraient sans compter pour son peuple bien aimé, est raide maintenant, éteint par une mort inopportune et violente. Pleure, peuple d'Irlande, car l'un de tes plus généreux fils vient de te quitter, il t'aimait et se battait sans relâche pour toi. Pleurez Irlandais, mais puissiez-vous lire au travers de vos sanglots la leçon à tirer de sa vie et de sa mort. Michael Collins œuvra dur en des temps difficiles. Jamais il ne douta du peuple irlandais ni de son avenir. C'est cette confiance inébranlable qui rallia notre peuple quand il vacillait au début de la Terreur anglaise. C'est cette confiance sublime qui mena notre difficile contre-offensive. Sa foi sema la récolte. Elle sera notre inspiration pendant la moisson. Pleurez donc, mais ne désespérez pas. La route a été tracée par Michael Collins. Son caractère intrépide nous accompagnera tout au long du chemin. »

 

Collins meurt ainsi avant qu'il ne puisse mettre en œuvre ses concepts de régénération et de développement de ce qu'il nommait la «Nouvelle Irlande». Il rêvait d'un pays uni, dur à la tâche, artiste et prospère. « Notre force comme peuple dépendra de notre liberté économique, de notre ténacité et de notre habilité intellectuelle. Grâce à celles-ci nous pourrons rayonner parmi les nations du monde ». Son sentiment développé d'appartenance au peuple irlandais et à sa culture s'étendait également aux irlandais exilés : « Notre but national - une nation irlandaise libre et unie et une race irlandaise unie par delà les frontières, toutes deux résolues d'accomplir notre dessein à tous : une Irlande à laquelle serait rendue sa prospérité et son renom ». Michael Collins possédait ce mélange unique de qualités qui distinguent les grands de l'Histoire. Sa mort tragique, survenue trop tôt, priva l'Irlande et l'Europe d'un chef couronné de grands succès et promis à un grand avenir.

 

Michael LOFTUS. (traduction française : Luc Sterckx).

 

► Vouloir n°52/53, 1989.

vendredi, 05 août 2011

Thierry Mudry - Irlande: la guerre de la liberté

Thierry Mudry

Irlande: la guerre de la liberté

Brochure téléchargeable librement (44 pages)

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mardi, 02 août 2011

Arnolt Bronnen: Entre o Communismo e o Nacional-Socialismo

Arnolt Bronnen: Entre o Comunismo e o Nacional-Socialismo

 
por Werner Olles
Ex: http://legio-victrix.blogspot.com/
Arnolt Bronnen nasceu em 19 de agosto de 1895 em Viena. Desde muito jovem decidiu mudar seu nome verdadeiro (Arnold Bronner) pelo que anos mais tarde conhecerá a celebridade no mundo das letras. Esta tendência a maquiar a realidade acompanhar-lhe-á ao longo de sua existência. Assim é como converteu-se de judeu vienense em ário-germânico; de cidadão alemão em cidadão austríaco, para voltar à cidadania alemã; de comunista a nacional-revolucionário, mais tarde nacional-socialista, para regressar anos mais tarde ao comunismo.
Após a Grande Guerra, na qual participou como Kaiserjäger (Caçador Imperial) no front do Tirol, onde foi ferido gravemente no pescoço, iniciou sua carreira literária em 1922 com a publicação de uma obra teatral entitulada Vatermord (Parricida), que havia começado a escrever sendo prisioneiro dos italianos. Naquela época Bronnen pertencia a um grupo de dramaturgos, escritores e atores vanguardistas comprometidos com o expressionismo e vinculados a Bertold Brecht, com quem mantinha estreitos laços de amizade. Brecht havia encarregado-se da montagem de dita obra porém, desgraçadamente, abandonou esta iniciativa depois de haver escrito inclusive os arranjos para a encenação.
Após sua estréia em Frankfurt, representou-se em Berlim pela primeira vez em 14 de maio de 1922, a cargo da companhia "Deutscher Theater", convertendo-se em um autêntico escândalo. Sua segunda obra, Anarchie in Sillian (Anarquia em Sillian), levou à maioria dos críticos a considerar que o dramaturgo do futuro não era Brecht, senão Bronnen.
Em 1924 estreou-se sua obra Katalaunische Schlacht (A batalha dos Campos Catalaúnicos) no Grande Teatro de Frankfurt. Um ano mais tarde, Bronnen escreveu Die Rheinischen Rebellen (Os rebeldes renanos), obra que suscitou profundas polêmicas entre a crítica: o autor, conhecido até esse momento com um simpatizante das correntes marxistas, havia passado ao campo do nacionalismo. Bronnen, porém, todavia não havia dado esse passo.
Mais tarde escreveu Ostpolzug (Campanha ao Polo Leste), drama no qual explorava a personalidade de Alexandre o Grande. Em 1925 estreou Exzesse (Excesso) obra com a qual, uma vez mais, provocou um grande alvoroço como consequência de suas cenas e diálogos eróticos Um ano mais tarde estreou Reparationen (Reparações), obra dedicada à resistência nacional contra a ocupação francesa da Renânia e contra o pagamento de reparações de guerra.
Do marxismo ao nacionalismo-revolucionário
Em 1929, Bronnen publicou um romance sobra a Alta Silésia entitulado O.S., onde recria a luta dos Freikorps contra os insurgentes polacos antes de iniciar-se a Primeira Guerra Mundial e do significativo e sangrento assalto dos voluntários alemães contra Annaberg. Tucholsky repreende-o por ter feito um "biscate insensato" e de propagar "mentiras próprias de fascistas de salão". Pelo contrário, Joseph Goebbels, escreveu: "O.S. de Bronnen é o livro que todos gostaríamos de ter escrito." Ernst Jünger considerou este romance como "um primeiro sinal, que indica que nos ambientes de Bronnen, cabe a responsabilidade". Em Der Tag e no Münchener Neueste Nachrichten podia ler-se: "É algo mais que um romance, é uma profissão de fé política de altos voos", enquanto que Alfred Rosenberg, no Völkischer Beobachter chama a atenção sobre Bronnen, porém isso sim, sem deixar de considerá-lo um "bon vivant" e um autor "perigoso".
Politicamente, Bronnen já havia convertido-se em um nacional-revolucionário, próximo ao grupo de intelectuais que expressavam-se em revistas como Die Standarte, Deutsches Volkstum, Arminius, Deutsche Front, Das Dritte Reich, Gewissen, Die Kommanden, Nationalsozialistische Briefe, Der Vormarsch, Der Wehrwolf e Widerstand, as quais pertenciam os irmãos Ernst e Friedrich-Georg Jünger, Friedrich Hielscher, Franz Schauwecker, Ernst von Salomon, Herbert Blank, Otto Strasser, Ernst Niekisch e A.Paul Weber. Como antigo intelectual da esquerda marxista, partidário de uma sorte de socialismo popular e combativo, Bronnen sentiu-se atraído por tais círculos.
No plano profissional, Bronnen começou sua carreira na UFA e na Reichsrundfunkgesellschaft (Sociedade Radiofônica do Reich), ao tempo que rompe os laços que ainda o uniam com os extremistas de esquerda. Após um congresso sob o título "Literatura e Rádio", produz-se uma azeda polêmica com seus colegas, os escritores Alfred Döblin, Walter von Molo, Börries von Münchhausen, Alfons Paquet, Ludwig Fulda, Herbert Euleberg e Arnold Zweig, na medida em que ele era partidário de pôr a rádio "a serviço do povo", "não estava ali para servir aos literatos, senão ao povo", e, em qualquer caso, não devia converter-se em "uma instituição beneficente para escritores aposentados". Para Bronnen, o escritor é tão somente "o instrumento da expressão das idéias da nação".
Em janeiro de 1930 organiza um debate que, com os anos, converter-se-á em emblemático frente aos microfones da Radio Berlim, com Kurt Hiller, dirigende do Grupo de Pacifistas Revolucionários, e Franz Schauwecker, conhecido escritor nacional-revolucionário. Bronnen escreve uma biografia de Von Rossbach, chefe dos Freikorps, e pouco depois, conhece Goebbels, com cuja personalidade fica fascinado. Bronnen converte-se desta maneira no provocador número um da Alemanha. Quando Thomas Mann sustenta em um ato público que a burguesia alemã defende, lado a lado com os social-democratas, as instituições da República de Weimar, Bronnen abandona a sala flanqueado por vinte SA pedindo a dissolução da reunião. Por ocasião da estréia do filme Nada de novo no front, baseada no romance do mesmo nome de Erich Maria Remarque, Bronnen, com sua mulher Olga, uma amiga de Goebbels - que dar-lhe-á uma filha em 1938, Bárbara, que, anos mais tarde, como seu pai, converter-se-á em escritora - e vários camaradas, provocarão um grande alvoroço soltando ratos brancos na sala. Goebbels conhecia a ascendência judia de Bronnen, razão pela qual o responsável da propaganda nazi dar-lhe-á seu apoio diante das denúncias de alguns colegaso que desprezavam-no e de não poucos artigos publicados na imprensa.
A partir da tomada de poder pelos nacional-socialistas em 1933, Bronnen conheceu algumas dificuldades como consequência de sua origem racial. Em um princípio, disse ser filho natural, depois fez-se um estudo antropométrico do crânio para provar seu caráter "ariano". Não participava das idéias de resistência antinazi de alguns de seus antigos amigos nacional-revolucionários e nacional-bolcheviques. Antes de 1933, por exemplo, Bronnen havia protegido Ernst Niekisch contra as injúrias lançadas por Goebbels, porém quando os nazis subiram ao poder Bronnen cuidou-se muito de dar a conhecer sua posição contra o anti-hitlerismo de Niekisch.
Stalingrad: a estrela de Bronnen apaga-se
Bronnen teve muito poder através daso ndas da Radio Berlim. Depurou os profissionais de esquerda, liberais e judeus. Escreveu um romance sobre o ambiente radiofônico, Der Kampf in Äther (Combate pelas ondas), que Alfred Rosenberg chegou inclusive a censurar, por entender que criticava subliminalmente a política cultural nacional-socialista. Meses mais tarde, Bronnen converter-se-á em um pioneiro da televisão, à cabeça de uma pequena equipe que filma os Jogos Olímpicos de Berlim de 1936.
A estrela de Bronnen, não obstante, começa a apagar-se após a tragédia de Stalingrad. Alfred Rosenberg, inimigo das vanguardas nas artes e na literatura, a quem nunca havia gostado o dandy Bronnen e a quem, definitivamente, considerava um produto da boêmia literária, começa a maquinar. Em uma conversação entre Hitler e aquele, Rosenberg ataca aos literatos "bolcheviques culturais" entocados na retaguarda, enquanto que os jovens soldados alemães regavam com seu sangue o front russo ou congelavam no inverno das estepes. Rosenberg cita dois nomes: Erich Kästner e Arnolt Bronnen. Depois de um processo de intenções e da proibição de toda atividade literária, Bronnen é expulso da Câmara de Escritores do Reich. Quando Bronnen pede explicações por esta sanção, é-lhe respondido que é como consequência de suas antigas atividades e "escandalosas" atividades vanguardistas. Meses mais tarde, por conta de escutas por parte da Gestapo, Bronnen é inclusive detido, como anos mais tarde explicará em sua autobiografia.
Em 1944 Bronnen saiu da Alemanha e instalou-se em Goisern im Salzkammergut, onde reúne-se com um grupo da resistência antinazi, não sem antes vestir o uniforme da Wehrmacht, chegando à Áustra em 8 de maio de 1945. Até 1959, trabalhou como jornalista do diário Neue Zeit de Linz.
Na República Democrática Alemã
A princípios da década de 50 Bronnen traslada-se a Berlim Oriental. Afilia-se ao SED social-comunista e escreve sua autobiografia em 1954, Arnolt Bronnen gibt zu Protokoll, que embelezará a seu gosto. Mais tarde aparecem Deutschland Kein Wintermärchen (Alemanha, não és um pequeno conto de inverno), em 1956, e Tage mit Bert Brecht (Dias junto a Bert Brecht), em 1959. Em 1957, reeditou um de seus velhos livros, o romance Film und Leben der Barbara La Marr (Filme e vida de Bárbara La Marr). A imprensa da República Democrática ataca-o duramente acusando-o de "antissemitismo e pornografia". Fala-se inclusive de "atitude fundamentalmente anti-humana de sua consciência", faz-se alusão a "seus vícios desagradáveis de juventude", de seu "estilo amaneirado", e suas "posturas cínicas e insolentes" nos "baixos estádios da pirâmide literária da época". A nova edição de dito romance foi proibida, o que supôs o imprevisto final da carreira como dramaturgo de Bronnen. Brecht interveio apelando à bondade intrínseca de Bronnen e em memória de sua velha amizade. Brecht oferece a Bronnen a possibilidade de converter-se em crítico teatral, o que permite ao inconformista visceral escapar do muro de silêncio que a exclusão definitiva do mundo cultural representa. Bronnen, não obstante, já não poderá jogar papel político nenhum na República Democrática comunista.
Em 12 de outubro de 1959, Bronnen morreu à idade de 64 anos em Berlim. Durante toda sua vida foi um personagem controvertido: de dramaturgo esquerdista a romancista nacional-revolucionário e nacional-socialista. Arnolt Bronnen encarnou essa mistura de inconformismo, oportunismo e dandismo. Jamais foi um renegado, senão um eterno convertido, responsabilidade, sem dúvida alguma, de sua vocação e seu secreto talento.

lundi, 25 juillet 2011

Storia della cultura fascista

Storia della cultura fascista

di Luca Leonello Rimbotti


Fonte: mirorenzaglia [scheda fonte]

image.jpgÈ appena uscito un libro eccellente sul Fascismo e la sua importanza come moderno movimento rivoluzionario: non esitiamo a considerarlo un vero e proprio manuale di base, in grado di rompere gli steccati del conformismo vetero-ideologico e di porsi come strumento di contro-cultura di qualità: su di esso può essere ricostruita pezzo a pezzo tutta la storiografia del nuovo Millennio sul Fascismo. E con esso si può finalmente buttarsi alle spalle la lunga e avvilente stagione in cui a dominare la scena erano gli intellettuali codardi e opportunisti, i gestori della menzogna storica, i grandi camaleonti allevati in gioventù dal Regime, da questo messi in pista e poi, alla prova dei fatti, rivoltatiglisi contro come un groviglio di serpi rancorose, subito asservite ai nuovi padroni del dopoguerra. L’eccezionale uscita editoriale si chiama Storia della cultura fascista (il Mulino) di Alessandra Tarquini, una giovane ricercatrice di scuola defeliciana che già conoscevamo come ottima storica di Gentile e del gentilianesimo. Di questo libro bisogna parlare alto e forte. Deve essere da tutti conosciuto, studiato, divulgato. Non foss’altro per quella compostezza ed equanimità che, a distanza di quasi settant’anni dalla fine del Fascismo, è il minimo che si possa richiedere ad uno studioso di oggi.

Fatti i conti con i vecchi rottami della faida ideologica, appartenenti a una stagione ingloriosamente trapassata, la Tarquini passa in rassegna tutte le componenti che hanno costituito l’anima del movimento e del Regime fascisti: l’uno e l’altro sono da lei giudicati essenzialmente come soggetti politici rivoluzionari portatori di modernità e di cultura innovatrice. Viene così rovesciato l’assunto propagandistico di quanti avevano per decenni irriso il Fascismo, dicendolo privo di una sua originale ideologia, di una sua peculiare cultura, di una sua spinta modernizzatrice. La studiosa – in questa che è propriamente una storia della storiografia sul Fascismo – precisa che, per la verità, negli ultimi decenni già si erano avuti i sintomi di un generale ripensamento degli storici in materia. I tempi dei Quazza, dei Bobbio, dei Santarelli, dei Tranfaglia e compagni, una volta crollato il comunismo sovietico e prontamente liquidata la sbornia marxista che aveva dettato legge soprattutto negli anni Settanta, ha lasciato campo a posizionamenti più seri. Le boutade sul Fascismo reazionario e sul Mussolini pagato dai padroni capitalisti, le pedestri generalizzazioni sugli incolti picchiatori, tutte cose che comunque rimangono a testimonianza di un’atmosfera italiana popolata da studiosi sovente di rara bassezza qualitativa, vengono sostituite con l’analisi che oggi «gli storici hanno capovolto i loro giudizi e sono passati dal negare l’esistenza della cultura fascista al ricostruire i suoi diversi e molteplici aspetti considerandoli non solo importanti, ma addirittura decisivi per capire il fascismo».

Quando, negli anni Sessanta, uscirono gli studi capitali di Mosse e De Felice, la canèa antifascista fece di tutto per spingerli ai margini. Poi, mano a mano, si aprivano spiragli, si notavano marce indietro. Poterono così aversi i libri, per dire, di Isnenghi, Turi, Zunino, che, pur non rinunciando alla polemica ideologica anche fuori posto, tuttavia dimostravano che la repubblica delle lettere si stava rendendo conto che il Fascismo era stato un fenomeno ben più complesso che non “l’orda degli Hyksos” immaginata da Croce e sulla cui traccia si era gettata la muta degli storici marxisti o di scuola azionista. Poi, soprattutto dall’estero, arrivarono in successione un Gregor, uno Sternhell, un Cannistraro, ma specialmente poi un Griffin, e su questa scia si è potuta avere in Italia la densa produzione soprattutto di Emilio Gentile, ma anche di tutta una serie di nuovi storici, che nell’insieme hanno prodotto con risultati notevoli indagini anche minute sul Fascismo come combinazione di mito e organizzazione, di totalitarismo e modernità.

Intendiamoci, il rigurgito passatista è sempre dietro l’angolo: e ogni tanto ancora escono libri che sembrano scritti, e male, quarant’anni fa, e pur sempre i vecchi Tasca o Salvatorelli continuano qua e là a far pessima scuola. Ma, in generale, le nebbie si stanno diradando e il Fascismo comincia a vedersi riconosciuti alcuni tratti fondamentali. Che, come la Tarquini ben precisa, furono essenzialmente la modernità, la centralità del popolo e la cultura. Il tutto, incardinato sul principio del primato della politica, dette vita ad una autentica rivoluzione. Anzi, come la storica puntualizza, si trattò proprio di una sorta di rivoluzione conservatrice, che se da un lato proteggeva quanto di buono vi era nel tessuto sociale tradizionale, dall’altro si presentava con un massimo di proiezione sul futuro. Ciò che la Tarquini, riferendosi ad esempio a Sternhell, ha sottolineato nel senso che il Fascismo fu un fenomeno politico «dotato di una propria ideologia rivoluzionaria non meno coerente del liberalismo e del marxismo, che aveva espresso la volontà di creare una nuova civiltà e un uomo nuovo». Fu infatti anche una rivoluzione antropologica, un tentativo di rifare l’uomo accentuandone le disposizioni alla socialità e al solidarismo, infrangendo così sia l’individualismo liberale che la massificazione collettivista marxista.

La Tarquini riassume gli ambienti che erano alla base della concezione politica fascista: i “revisionisti” (guidati da Bottai, con elementi di spicco come Pellizzi);  gli “intransigenti” (con Soffici, Maccari, Ricci come punte di lancia); e i “gentiliani” (Cantimori, Spirito, Carlini, Volpicelli, Saitta fra gli altri). Tra queste posizioni si muovevano uomini ai limiti dell’una o dell’altra cerchia e talvolta si avevano passaggi non contraddittori, trasversali, come ad es. un Malaparte o un Longanesi, vicini sia a “Strapaese” che a “900″ di Bontempelli.

Grazie a questi gruppi venne assicurata la centralità del popolo nella visione del mondo fascista, il popolo come “pura forza”, cioè «un soggetto depositario di valori positivi», per il quale, come scrive la Tarquini, gli scrittori politici «si impegnavano nella società del loro tempo sostenendo la costruzione di un nuovo Stato nazionale e popolare». Qualcosa che accendeva la modernità. Le veloci pagine della studiosa ricordano che il Fascismo fu cultura, e anzi alta cultura, sin dagli inizi del Regime vero e proprio, con il “Manifesto degli intellettuali fascisti” voluto da Gentile nel 1925 e che vedeva schierati alcuni pesi massimi della cultura italiana del Novecento, fra i quali Pirandello, Volpe, Codignola, Ungaretti, Soffici, che si andavano ad affiancare ai D’Annunzio, il “primo Duce del Fascismo”, ai Marinetti, ai Cardarelli, ai Papini, etc. E siamo in attesa di qualcuno che ci dica quale altro regime si sia mai avvalso di una così potente schiera di aperti sostenitori.

Ma la Tarquini è anche originale, laddove traccia percorsi nuovi: ricordando l’influenza che il filosofo Giuseppe Rensi (in anni recenti al centro di un processo di rivalutazione, dopo un lungo oblìo) ebbe sul Fascismo e sulla sua idea di autorità; oppure sulla figura di Emilio Bodrero, storico della filosofia e docente alla Scuola di Mistica Fascista, secondo il quale, sin dal 1921, il Fascismo doveva «mobilitarsi come forza rivoluzionaria, per conquistare il potere e dare vita a un nuovo ordine politico».

La Tarquini ricorda anche l’avanguardismo giovanile, fulcro incandescente di elaborazione ideologica e di spinta rivoluzionaria il cui programma, sin dagli esordi del 1920, esprimeva un massimo di moderna socialità, dato che proponeva di «adeguare i programmi scolastici alle esigenze professionali dei ragazzi» e di «abolire il voto in condotta, di sostenere gli studenti più poveri e di rendere obbligatorio l’insegnamento dell’educazione fisica». E poi c’erano le donne. E che donne…da Ada Negri (prima donna nominata all’Accademia d’Italia, nel 1940), alla Deledda (che partecipò alla stesura del testo unico per le scuole medie), fino alla Sarfatti, regina incontrastata del modernismo fascista in politica, in letteratura e nelle arti.

E, a proposito dell’arte e della sostanza del Fascismo come «politicizzazione dell’estetica» e volontà di «socializzazione degli intellettuali» (e in campo artistico basti ricordare la passione fascista di un Sironi, di un Severini, di un Primo Conti, di un Piacentini, di un Terragni, etc.), l’autrice rammenta la presenza massiccia di artisti e letterati di primo piano nello squadrismo (Rosai, Maccari, Malaparte-Suckert, ma potremmo aggiungere lo stesso Marinetti, oppure Lorenzo Viani, Gallian, etc.), così come non manca di scrivere che l’enorme fermento ideologico e culturale messo in moto e catalizzato dal Fascismo si presentò, come avevano già indicato i vari Nolte, Mosse e Del Noce, come «un fenomeno politico figlio della modernità», così da «esprimere una forte spinta alla modernizzazione dell’economia, della società e della cultura». Il senso della missione dei giovani, il progetto di un destino comune, l’esaltante prospettiva di un popolo unito e socialmente avanzato furono il cuore dello sforzo culturale messo in campo dal Fascismo, che poté usufruire di un vero e proprio esercito di intellettuali d’alto e non di rado altissimo livello: ad un impietoso confronto, l’odierna incolta e rozza liberaldemocrazia mondiale – priva di intellettuali che superino il quarto d’ora di celebrità mediatica – ne esce distrutta.



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dimanche, 17 juillet 2011

J. P. Arteault / F. Sainz: les racines anglo-saxonnes du mondialisme

J. P. Arteault / F. Sainz: Les racines anglo-saxonnes du mondialisme

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vendredi, 15 juillet 2011

History and Biology

History & Biology

By Revilo Oliver

Ex: http://www.counter-currents.com/

American Opinion, December 1963 (part 4 of 4 of History and the Historians)

teinture-cheveux-grossesse.jpgHistory is the record of what men do. Scientific discoveries and technological applications of them are often events of historical importance, but do not affect our understanding of the historical process since they shed no light on the behavior of men in civilized societies.

For example, the recent use of atomic fission to produce a more powerful explosive has no significance for a philosophy of history. Like the many changes in the technology of war that have occurred throughout history, this one will call for changes in tactics and strategy, alters to some extent the balance of power in the world, and may well occasion the fall and extinction of a world power so fat-headed that it does not understand the importance of technological superiority in warfare. But all this is merely history repeating itself. It is true that the improved weapons set bands of addle-pated neurotics throughout the country shrieking as wildly as a tribe of banshees out on a week-end spree; but that is merely another instance of the rather puzzling phenomenon of mass hysteria. It is also true that Communist agents have been scurrying about the country to brandish the phrase “nuclear holocaust” as a kind of up-to-date Jack-o’-Lantern to scare children. But while it is the historian’s task to understand the International Conspiracy in the light of such partial precedents as are available, the new weapon will not help him in that. He will merely marvel that a large part of our population is not only ignorant of history in general, but evidently has not read even the Old Testament, from which it would have learned that atomic bombs, as instruments of extermination, are much less efficient that a tribe of Israelites armed with the simplest weapons (see Joshua vi. 20 et passim).

As an exception to the general rule, however, our century has brought one new area of knowledge in the natural sciences that must profoundly affect our understanding of history both past and present–that is as relevant to the rise and fall of the Mitanni and the Hittites as it is to our future. Distressingly enough, the new science of genetics raises for the historian many more questions than it answers, but it discloses the existence of a force that must be taken into account in any philosophy of history.

Multiplex Man

Civilized human beings have long been puzzled by the mysterious diversity of human beings. It is possible, indeed, that mystery was part of the process by which some people were able to rise from barbarism to civilization. The perception requires mental powers that are by no means universal. The aborigines of Australia, for example, who are probably the lowest from of human life still extant, have a consciousness so dim and rudimentary that they multiplied on that continent for fifty thousand years without ever suspecting that sexual intercourse had anything to do with reproduction. Most savages, to be sure, are somewhat above that level, but no tribe appears to have been aware of its own diversity, let alone capable of thinking about it.

Human beings capable of reflective thought, however, must have begun early to marvel, as we still do, at the great differences obvious among the offspring of one man by one woman. Of two brothers, one may be tall and the other short; one stolid and the other alert; one seemingly born with a talent for mathematics and the other with a love of music.

Many were the theories that men excogitated to explain so strange a phenomenon. One of the principal grounds for the once widespread and persistent belief in astrology was the possibility of explaining the differences between two brothers by noting that, although engendered by the same parents, they were conceived and born under different configurations of the planets. In the Seventeenth Century, indeed, Campanella, whose plan for a Welfare State is the source of many of our modern “Liberal” crotchets and crazes, devised a whole system of eugenics to be enforced by bureaucrats who would see to it that human beings were engendered only at moments fixed by expert astrologers.

Again, the doctrine of metempsychosis, once almost universally held over a wide belt of the earth from India to Scandinavia, seemed to be confirmed by the same observations; for the differences between brothers were understandable, if their bodies were animated by souls that had had far different experiences in earlier incarnations.

There were also some theoretical explanations, such as the one that you may remember having read in the stately verse of Lucretius, that were sound bases for scientific inquiry, but they were not followed up. Until the last third of the Nineteenth Century, men learned nothing of the basic laws of heredity. Darwin’s knowledge of the subject was no better than Aristotle’s, and Galton’s enthusiasm for eugenics was no more firmly founded than was Plato’s. It remained for a humble and too modest priest, Father Johann Gregor Mendel, to make one of the most important scientific discoveries ever made by man.

Father Mendel’s Versuche über Pflanzen hybriden was published in 1886, but the famous professors in the great universities could not take a mere priest seriously–certainly not a priest so impudent as to contradict Darwin–and so they went on for decades pawing over problems that father Mendel had made obsolete as the epicycles of Ptolemaic astronomy. He was simply ignored and forgotten until 1900, when three distinguished biologists discovered independently and almost simultaneously some of the laws that he had ascertained and formulated.

It required some time for systematic study of genetics to get under way, and research has been greatly impeded by two catastrophic World Wars and by the obscurantism of Communists and “Liberal intellectuals.”

In Russia and other territories controlled by the Conspiracy, Marx’s idiotic mumbo-jumbo is official doctrine and the study of genetics is therefore prohibited. There are, however, some indications that research may be going on secretly, and it is even possible that, so far as human genetics are concerned, the knowledge thus obtained may exceed our own; for the Soviet, though usually inept in scientific work, has facilities for experiments that civilized men cannot perform. In the mid-1930′s, for example, there were reports that experiment stations in Asiatic Russia had pens of human women whom the research workers were trying to breed with male apes in the hope of producing a species better adapted to life under Socialism than human beings. It was reported a few years ago that the Soviet is now trying to create subhuman mutations by exposing their human breeding stock to various forms of irradiation. One cannot exclude the possibility that the monsters who conduct such experiments may incidentally find some significant data.

In the United States, the situation differs somewhat from that in Russia. Geneticists are permitted to continue their studies in peace so long as they communicate only with one another and do not disclose to the public facts of which the American boobs must be kept ignorant. Since it requires rare courage to provoke a nest of “Liberal intellectuals” or rattlesnakes, the taboo thus imposed is generally observed.

Grim Genetics

Despite the restraints placed on scientific investigation, and despite the awesome complexity of genetic factors in so complicated a creature as man, it is now virtually certain that all of the physiological structure of human beings, including such details as color of eyes, acuity of vision, stature, susceptibility to specific diseases, and formation of the brain are genetically determined beyond possibility of modification or alteration except by physical injury or chemical damage. Some of the processes involved have been well ascertained; others remain unknown. No one knows, for example, why the introduction of minute quantities of fluorine into drinking water will prevent development of the brain in some children and so roughly double the number of mongolian idiots born in a given area.

It is far more difficult to investigate intellectual capacities, since these must involve a large number of distinct elements, no one of which can be physically observed; but all of the evidence thus far available indicates that intelligence is as completely and unalterable determined by genetic inheritance as physical traits.

Moral qualities are even more elusive than intellectual capacity. There is evidence which makes it seem extremely probable that criminal instincts, at least, are inherited, but beyond this we can only speculate by drawing an analogy between moral and intellectual potentialities.

Many persons find the conclusions thus suggested unpleasant, just as all of us, I am sure, would be much happier if the earth were the immobile center of the universe and the heavens revolved about it. But although vast areas in the new science of genetics remain unexplored, and although the complexity of many problems is such that we cannot hope to know in our lifetime many of the things that we most urgently need to know, the principles of heredity have been determined with a fairly high degree of scientific probability. They are, furthermore, in accord with what common sense has always told us and also with the rational perception of our place in the universe that underlies religion.

We can blind children, but we cannot give them sight. We can stunt their minds in “progressive” schools, but we cannot give them an intelligence they did not inherit at birth. It is likely that we can make criminals of them by putting them (like the somewhat improbable Oliver Twist) in Fagin’s gang or its equivalent, but we cannot induce a moral sense in one who was born without it. We have always known that it is easy for man to destroy what he can never create.

One Certainty

The Mendelian laws and hence the finding that human beings, physically and intellectually, at least, are absolutely limited to the potentialities they have inherited — which may be impaired by external action but cannot be increased — are the accepted basis of all serious biological study today. From the standpoint of scientific opinion, to deny heredity is about equivalent to insisting that the earth is flat or that tadpoles spring from the hair of horses.

The point is worth noting, for even if you choose to reject the findings of genetics, that science will enable you to demonstrate one very important truth.

Our “liberal intellectuals,” who have done all in their power to deride, defile, and destroy all religion, are now sidling about us with hypocritical whimpers that the facts of genetics ain’t “Christian.” This argument does work with those whose religion is based on the strange faith that God wouldn’t have dared to create a universe without consulting their wishes. But if you inquire of the “intellectual,” as though you did not know, concerning scientific evidence in these matters, the chances are that he will assure you, with a very straight face, that he is, as always, the Voice of Science. Thus you will know that he still is what he has always been: a sneak and a liar.

The Warp of Culture

Given the facts that all men are born unequal; that the inequality, apparent even among children of the same parents, increases with differences in genetic strains; that civilization, by the very fact of social organization and the variety of human activity thus made possible, accentuates such differences; and that the continuity of a culture depends on a more or less instinctive acceptance of the common values of that culture — given those facts, it becomes clear that historians who try to account for the rise and fall of civilizations by describing political, economic, philosophic, and religious changes without reference to genetic changes in the population are simply excluding what must have been a very important factor, however little we may be able to measure it in the past or the present.

Whatever should be true of statutory and often ephemeral enactments in human jurisprudence, it is undoubtedly true of all the laws of nature that ignorance of the law excuses no-one from the consequences of violating it. And it may be unjust, as it is certainly exasperating, that we must often act with only a partial and inaccurate knowledge of such laws. But that is a condition of life. Societies are like individuals in that they must make decisions as best they can on the basis of such information as is available to them. You may have stock in a corporation whose future you may find it very difficult to estimate, but you must decide either (a) to sell, or (b) to buy more, or (c) to hold what you have. What you cannot do is nothing.

The scope of genetic forces in the continuity of a civilization, and, more particularly, of Western civilization, and, especially, of that civilization in the United States was illustrated by one of the most brilliant of American writers, Dr. Lothrop Stoddard, in The Revolt Against Civilization (Scribner’s, New York, 1922). The book was out of print for many years, for our “liberal intellectuals” promptly decided that the subject was one that American boobs should not be permitted to think about, and accordingly shovelled their malodorous muck on both book and author, in the hope of burying both forever. Copies of it disappeared from many libraries, and the book became hard to find on the secondhand market (I obtained my copy from a dealer in Italy).

I commend The Revolt Against Civilization, not as a revelation of ultimate truth, but as a cogent and illuminating discussion of some very grim problems that we must face, if we intend to have a future. The book, you must remember, was written when problems in genetics seemed much simpler than they do now in the light of later research, and when Americans felt a confidence and an optimism that we of a later generation can scarcely reconstruct in imagination. Some parts of the book will seem quaint and old-fashioned. Dr. Stoddard assumes, for example, that the graduates of Harvard are a group intellectually and morally above the average: That probably was true when he was an undergraduate and when he took his doctorate; he did not foresee what loathesome and reptilian creatures would slither out of Harvard to infest the Dismal Swamp in Washington. And when he urged complete toleration of Communist talk (as distinct from violence), he was thinking of soap-box oratory in Bug-House Square and the shrill chatter of parlor-pinks over their teacups; he did not foresee penetration and capture of schools, churches, newspapers, and political organizations by criminals who disseminate Communist propaganda perfunctorily disguised as “progressive education,” “social gospel,” and “economic democracy.”

But the book remains timely. What were sins of omission in 1922, when we were, with feckless euphoria, repeating the blunders that destroyed past civilization, are now sins of commission, committed with deliberate and malicious calculation by the enemies whom we have given power over us. And we should especially perpend Dr. Stoddard’s distinction between the ignorant or overly-emotional persons who “blindly take Bolshevism’s false promises at their face value,” and the real Bolshevik, who “are mostly born and not made.” That dictum is as unimpeachable as the poeta nascitur, non fit, that it echoes.

The Optimistic Pessimist

Since Stoddard wrote, the horizons have darkened around us. A recent and stimulating book is Dr. Elmer Pendell’s The Next Civilization. The title may remind you of an article that Arthur Koestler published in the New York Times on November 7, 1943 — an article whose bleak pessimism startled all but the very few readers who were in a position to surmise, form the hints which Koestler was able to smuggle into the pages of the Times, that he, an ex-Communist, was able to estimate the extent to which the Communist Conspiracy had already taken control of the government of the United States. Koestler, stating flatly that we would soon be engulfed in a Dark Age of barbarism and indescribable horror, called for the establishment of monasteries that, like the monasteries of the early Middle Ages, would preserve some part of human culture as seed for a new Renaissance in some distant future. Dr. Pendell, although he does not entirely deny us hope for ourselves, is primarily concerned with preserving the better part of our genetic heritage as seed for a future civilization that may have the intelligence to avoid the follies by which we are decreeing our own doom.

Dr. Pendell very quickly reviews the historical theories of Brook Adams, Spengler, Toynbee, and others to show that they all disregard the fact that decline in a civilization is always accompanied by a change in the composition, and deterioration in the quality, of the population.

We know that such changes took place in every civilization of which we have record. The majority of Roman citizens in 100 A.D. were not related at all to the Roman citizens in 100 B.C. We know that the great Roman families died out from sheer failure to have enough children to reproduce themselves, and we have reason to believe that all classes of responsible Romans, regardless of social or economic position, followed the fashion of race suicide.

Since the Romans had the preposterous notion that any person of any race imported from any part of the world could be transformed into a Roman by some magic in the legal phrases by which he was made a Roman citizen, the children that the Romans did not have were replaced by a mass of very diverse origins. Some of the importations undoubtedly brought with them fresh vigor and talent; some were incapable of assimilating civilization at all and could only imitate its outer forms without understanding its meaning; and some, while by no mens inferior in intelligence and energy, had a temperament which, although eminently suited to some other civilization, was incompatible with the Roman. For some estimates of the deterioration of the population of the empire that the Romans founded, see the late Tenny Frank’s History of Rome (Holt, New York) and Martin P. Nilsson’s Imperial Rome (Schocken, New York).

When Dr. Stoddard wrote, we were merely behaving as thoughtlessly as the Romans: Carpe diem and let tomorrow take care of itself. But now, as Dr. Pendell hints and could have stated more emphatically, the power of government over us is being used, with a consistency and efficiency that must be intentional, to accelerate our deterioration and hasten our disappearance as a people by every means short of mass massacre that geneticists could suggest. To mention but one small example, many states now pick the pockets of their taxpayers to subsidize and promote the breeding of bastards, who, with only negligible exceptions, are the product of the lowest dregs of our population, the morally irresponsible and mentally feeble. An attorney informs me that in his state and others the rewards for such activity are so low that a female of this species has to produce about a dozen bastards before it can afford a Cadillac, and will have to go on producing to take care of the maintenance. Intensive breeding is therefore going on, and the legislation that was designed to stimulate it may therefore be said to be highly successful.

The United States is now engaged in an insane, but terribly effective, effort to destroy the American people and Western civilization by subsidizing, both at home and abroad, the breeding of the intellectually, physically, and morally unfit; while at the same time inhibiting, by taxation and in many other ways, the reproduction of the valuable parts of the population — those with the stamina and the will to bear the burden of high civilization. We, in our fatuity, but under the control of persons who must know that they are doing, are working to create a future in which our children, if we have any, will curse us for having given them birth.

When Dr. Pendell tells us what we must do, if we are to survive or even if we limit ourselves to the more modest hope that human civilization may survive on our planet, is to reverse the process — to encourage the reproduction of the superior stock and to check the multiplication of the inferior — he is unquestionably right. He may also be right when he urges that we must do more than desist from interfering with nature for the purpose of producing biological deterioration — that we must, instead, interfere with nature to ameliorate and improve our race. But here, I fear, Dr. Pendell, although he almost despairs of our civilization and looks to the next one, is yet too optimistic. There are two practical difficulties.

Our Coup d’Etat

Dr. Pendell proposes voluntary eugenic associations and “heredity corporations,” which, no doubt, would help a little, as he argues, but which, as he is aware, would not have much more effect than a few buckets of water thrown into the crater of Mauna Loa. At this late date, to accomplish much for ourselves or even for our putative successors, we must use at least the taxing power of government, if not its powers of physical coercion, to induce or compel the superior to have children and to prevent the inferior from proliferating. So here enters on the stage that most unlovely product of human evolution, the bureaucrat, whom we shall need to apply whatever rules we may devise. And –if you can stand a moment of sheer nightmare, dear reader — imagine, just for five seconds or so, what mankind would be like, if the power to decide who was or was not to have children fell into the hands of a Senator Fulbright, a Walt Rostow, and Adam Yarmolinsky, a Jack Kennedy, or a Jack The Ripper.

For that dilemma, of course, there is an obvious solution — but, so far as I can see, only one. You, my dear reader, Dr. Pendell, and I must form a triumvirate and seize absolute power over the United States. Unfortunately, I can’t at the moment think of a way of carrying out our coup d’etat, but let’s leave such details until later. Assume that we have that power, which we, certainly, are determined to use wisely and well. What shall we do with it?

Dr. Pendell is certainly right. We must breed for brain-power: We must see to it that the most intelligent men and women mate with one another and have many children. And we can identify the intelligent by testing their “I.Q.” and by their grades in honest college courses (as distinguished from the childish or fraudulent drivel that forms so large a part of the college curriculum today).

Let us not digress from the subject by questioning the relative validity of the various tests used to determine an “intelligence quotient.” And we shall ignore the exceptions which, as every teacher knows, sometimes make the most conscientious grading misleading. Father Mendel, to whom we owe the greatest discovery ever made in biology, failed to pass the examination for a teacher’s license in that field. A.E. Houseman, one of the greatest classical scholars in the world, failed to obtain even second-class honors at Oxford, and was given a mere “pass.” But such exceptions are rare. Let us assume that we can test intelligence infallibly. Is that enough?

It is always helpful to reduce generalizations to specific examples. Percy Bysshe Shelley was one of the great English poets; Albert Einstein, although fantastically over-advertised by yellow journalism, was a great mathematician. Both were brilliant men in more than one field of intellectual activity (Shelley is said to have exhibited a considerable talent for chemistry, among other things, and Einstein is said to have done well in courses on the Classics). Both, I am sure, would have placed themselves in the very highest bracket of any intelligence test, and (if so minded) could have been graduated summa cum laude from any college curriculum that you may advise. Both were, in their judgement of social and political problems, virtually morons. Merely a deficiency of practical common sense, you say? Yes, no doubt, but both acted on the basis of that deficiency and used their intellectual powers to exert a highly pernicious influence. One need not underestimate either the beauty of Shelley’s poems or the importance of the two theories of relativity to conclude that the world would be better off, had neither man existed.

But we must go farther than that. It is odd that most of the persons who urge us to foster “superior intellect” and “genius,” whether they recommend eugenics or educational subsidies or other means, simply ignore the phenomenon of the mattoid (see Lothrop Stoddard, op. cit., pp. 102-106, and the article by Max Nordau there cited).

A mattoid is a person possessed of a mentality that is, in the strict sense of the word, unbalanced. He is a Shelley or Einstein tilted just a few more degrees. He exhibits an extremely high talent, often amounting to genius, in one kind of mental activity, such as poetry or mathematics, while the other parts of his mind are depressed to the level of imbecility or insanity. Nordau, who was an acutely observant physician, noted that such unbalanced beings are usually, if not invariably, “full of organic feelings of dislike” and tend to generalize their subjective state of resentment against the civilized world into some cleverly devised pseudo-philosophic or pseudo-aesthetic system that will erode the very foundations of civilized society. Since civilized people necessarily set a high value on intellect, but are apt to venerate “genius” uncritically and without discrimination, the mattoid’s influence can be simply deadly. Nordau, indeed, saw in the activity of mattoids the principal reason why “people [as a whole] lose the power of moral indignation, and accustom themselves to despise it as something banal, unadvanced, and unintelligent.”

Nordau’s explanation may be satisfactory so far as it goes, but moral insanity is not by any means confined to minds that show an extraordinary disproportion among the faculties that can properly be called intellectual and can be measured by such things as intelligence tests, academic records, proficiency in a profession, and outstanding research. The two young degenerates, Loev and Leopold, whose crime shocked the nation some decades ago although the more revolting details could not be reported in the Press, were reputed to be not only among the most brilliant undergraduates ever enroled in the University of Chicago, but to be almost equally proficient in every branch of study. One could cite hundreds of comparable examples.

Most monsters that become notorious have to be highly intelligent to gain and retain power. Lenin and Trotsky must have had very active minds, and the latter, at least, according to persons who knew him, was able on occasion to pass as a cultivated man. Both probably had a very high “I.Q.” All reports from China indicate that Mao Tse-tung is not only extremely astute, but even learned in the Chinese culture that he is zealously extirpating. A few Communists or crypto-Communists who have been put in prominent positions may be mere stooges, but the directors of the Conspiracy and their responsible subordinates must be persons of phenomenally high intelligence.

It is clear that there is in the human species some biological strain of either atavism or degeneracy that manifests itself in a hatred of mankind and a list for evil for its own sake. It produced the Thugs in India and the Bolsheviks in Russia (cf. Louis Zoul, Thugs and Communists, Public Opinion, Long Island City). It appears in such distinguished persons as Giles de Rais, who was second only to the king of France, and in such vulgar specimens as Fritz Haarmann, a homosexual who attracted some attention in Germany in 1924, when it was discovered that for many years he had been disposing of his boy-friends, as soon as he became tired of them, by tearing their throats open with his teeth and then reducing them to sausage, which he sold in a delicatessen. And it animates the many crypto-Communist who hold positions of power or influence in the United States.

It is probable that this appalling viciousness is transmitted by the organic mechanisms of heredity, and although no geneticist would now even speculate about what genes or lack of genes produce such biped terrors, I think it quite likely that the science of genetics, if study and research are permitted to continue, may identify the factors involved eventually — say in two or three hundred years. I know that we most urgently and desperately need to know now. But it will do no good to kick geneticists: The most infinite complexity of human heredity makes it impossible to make such determinations more quickly by the normal techniques of research. (Of course, a brilliant discovery that would transcend those methods is always possible, but we can’t count on it.)

It is quite likely that at the present rate, as eugenicists predict, civilization is going to collapse from sheer lack of brains to carry it on. But it is now collapsing faster and harder from a super-abundance of brains of the wrong kind. Granting that we can test intelligence, we must remember that at or near the top of the list, by any test that we can devise, will be a flock of diabolically ingenious degenerates. And even if we could find a way to identify and eliminate the spawn of Satan, we should still have problems.

What causes genuine “liberal intellectuals”? Many are pure Pragmatists. They have no lust for evil for its own sake; they wouldn’t betray their country or their own parents for less than fifty dollars — and not for that, if they thought they could get more by bargaining. Others are superannuated children who want to go on playing with fairies and pixies, and are ready to kick and bite when disturbed at play; but they have the combination of lachrymose sentimentality and thoughtless cruelty that one so often finds in children before they become capable of the rational morality of adults. But all of our “liberal intellectuals” were graduated from a college of some sort, and many of them, I am sure, have a fairly high “intelligence quotient” by modern tests. I do not claim or suggest that they are the result of hereditary defects; I merely point out that we do not know and have no means of finding out. We can’t be sure of anything except that our society now has as many of those dubious luxuries as it can endure. And yet we are going to encourage them to raise the intellectual level.

Come to think of it, my friends, I guess we’d better postpone our coup d’etat for a couple of centuries.

The Shape of Things to Come

For a neat antithesis to Dr. Pendell’s book and, at the same time, a very significant application of genetics, I suggest Roderick Seidenberg’s Anatomy of the Future (University of North Carolina Press, Chapel Hill; 175 pages). Mr. Seidenberg — I call him that because I haven’t been able to find out whether or not it should be “Dr.” — told us what our future was going to be in an earlier book, Posthistoric Man (same publisher; 256 pages), which, according to the “liberal” reviewers, made him a gigantic “philosopher of history.” In the present volume, however, he has condescended to tell us again and in fewer pages — which may make this one the better bargain.

Mr. Seidenberg, according to Mr. Seidenberg, has surveyed with his eagle eye the whole course of human history and, what is more, the whole course of biological evolution since life first appeared on this planet. That is how he knows about the “ineluctable determinism” that is going to put us in our places.

The Prophet takes his departure from the now familiar phenomenon called the “population explosion” (see American Opinion, April 1960, pp. 33 f.). He says that an increase in the number of human beings automatically increases the “complexity” of society.

Of course, we have been hearing about this “complexity” for years. I am sure that you, poor harried reader, have reflected, every time that you leap into your automobile, how much simpler life would be, if you had to worry about the health of your horses, the condition of your stable, the quality of your oats and hay, the disposition and sobriety of your coachman, the efficiency of your ostlers, and the reliability of the scavengers whom you have hired to keep clean your mews. And I know that whenever you, in Chicago, pick up the telephone to call your aunt in Miami, you remark, with may a bitter oath, how much less complex everything would be, if all that you had to do was find and hire a reliable messenger who would ride express to her house and deliver your hand-written note in a month or so — if he was not waylaid on the road, and if his horse did not break a leg or cast a shoe, and if he did not decide to pause at some bowsing-ken en route for an invigorating touch of delirium tremens. Sure, life’s gettin’ awfully complicated these days; ain’t it a fact?

Well, as we all know, life’s getting complexer every minute ’cause there are more Chinese and Congolese and Sudanese than there were a minute ago; and that means, according to Mr. Seidenberg, that we have just got to become more and more organized by the minute. And the proof of this is that, if you want to resist the ever increasing organization and socialization of society, you have to join some organization, such — I interpolate, for I need not tell you that Mr. Seidenberg would never mention anything so horrid — such as The John Birch Society. The need to join organizations to resist the organization of society proves the point, for, as is obvious, if you in 1776 had wished to resist the rule of George III, you would not have needed to join the patriots of your colony. And if, in 490 B.C., you had wished to resist the Persian invasion of Europe, you would have had no need to join, or cooperate with, your fellow Athenians who marched to Marathon. In those days of greater individualism, you, as an individual, could have stood up alone on your hind legs and stuck out your tongue — and that, presumably, would have scared Darius and his armies right into the middle of the Hellespont. But alas, no more! So, you see, History proves that the day of the individual has passed forever, and the day of Organization has come.

You must not smile, for Mr. Seidenberg is in earnest, and even if he is a bit weak in knowledge of past and present, his projection of the future has seemed cogent not merely to “liberals,” but even to thoughtful readers.

Forward to Irkalla!

Mr. Seidenberg bases his argument on inferences that he draws with apparent logic from three indisputably correct statements about the contemporary world and from a widely accepted biological theory.

1) We have all observed that we are being more and more subjected to a Welfare State, which, with Fabian patience, takes away each year some part of our power to make decisions for ourselves regarding our own lives. It is perfectly obvious that if this process continues for a few more decades (as our masters’ power to take our money to bribe and bamboozle the masses may make inevitable), we shall have lost the right to decide anything at all, and shall have become mere human livestock managed by a ruthless and inhuman bureaucracy at the orders of an even more inhuman master.

2) Our Big Brains agree with Mr. Seidenberg in believing, or pretending to believe, that “the kernel of marxism…consists in elaborating…the social message of Christ.” They assure us, therefore, that it is simply unthinkable that Americans could ever be so wicked as to fight to survive. Thus we have got to be scared or beaten into One World of universal socialism in which, as Walt Rostow, Jack Kennedy, and others now gloatingly and openly tell us, not only our nation but our race must be liquidated and dissolved in a vast and mongrel mass of pullulating bipeds.

3) The number of human beings — anatomically human, at least — is undoubtedly increasing at an appalling rate. The United States is already overpopulated for optimum life, although no critical reduction in our standard of living would be necessary for the better part of a century, if our masters permitted us to remain an independent nation. But our increase is nothing compared to the terrible multiplication of the populations of Asia and Africa, caused, for the most part, by our export to those regions of our medical knowledge, medicines, food, and money. Although we Westerners might stave off a crisis for a few decades by working harder and ever harder to support our betters and to speed up the rate at which they are breeding, it is clear that we (unless we do something unthinkable) must soon be drowned in the flood that we, like the Sorcerer’s Apprentice, started but did not know how to stop. So, even if we did not have Master Jack and his accomplices or employers to arrange for our liquidation, the sheer multiplication of the human species would produce the same result anyway.

One has but to glance at a graph of the world’s population to see that it is rapidly approaching the point at which the vast human swarm can be kept alive, even on the level of barest animal subsistence, only by the most expert management of every square inch of earth’s arable surface plus expert harvest of the very oceans themselves. In that monstrous human swarm jammed together on our planet, like a swarm of bees hanging from a limb, there can be no privacy, no individuality, no slightest deviation from the routine that must be maintained just to keep alive the maximum number that can subsist at all.

Now the theory of biological evolution, as usually stated, provides that species must adapt themselves to the conditions of survival. Men, having bred themselves into a maximum swarm, become mere units of the species, and will obviously be most efficient when they perform every action of the routine by an automatic reflex. This means that thought and even consciousness will become not only unnecessary but intolerable impediments to the efficient functioning of the human animals. Obviously, the human minds must disappear in order to permit billions of human ants to make the globe an ant-hill in which they can all live in perfect socialism.

That is what “ineluctable determinism” makes ineluctable, but Mr. Seidenberg, who is as adroit in twisting words as any editor of the New York Times, shows you how nice that will be. The Revelations of Freud have shown that we are now just bundles of instincts. Mankind will necessarily evolve to the higher state of what Mr. Seidenberg calls “pure reason.” As he explains, “pure reason” is now found only among the forms of life that are biologically superior to us because better adapted to environment. The examples which he gives are “ants, bees, and termites,” whose “essentially unchanged survival during sixty million years testifies to the perfection of their adjustment…to the conditions of life.” We must strive to become like them — nay, the “ineluctable determinism” inherent in the “population explosion” and the need for a “more advanced society” will make us, willy nilly, just like ants and termites — intellectually and spiritually, that is, for Mr. Seidenberg does not seem to entertain a hope that human beings will ever be able to crawl about on six legs.

In this perfected socialist world there can be no change and hence no history: That is why the perfect man of the near future will be, in Seidenbergian terminology, “post-historic.” Everybody will be happy, because there will be no individuals — only organisms that are part of a species and have no separate consciousness. To see how attractive the inevitable future is, you have only to reflect, dear reader, how much happier you would be, if you were an ant or a cockroach in your basement. You could operate by what Mr. Seidenberg calls “pure reason.” You could not possibly be affected by religion, art, literature, philosophy, science, capitalism, racial discrimination, or any of the other horrid things that will have to be blotted out anyway in the interests of Equality and Social Justice. You could never have a thought to trouble you. You would have no consciousness; hence you would not know that you exist, and would have no organ that could feel pain when somebody steps on you. What more could you want?

If you are so reactionary as to prefer to be conscious, even at the cost of being unhappy from time to time, you may be amused by the similarity of Mr. Seidenberg’s vision of the future to the scene described in one of the oldest of the Babylonian tablets, on which the cuneiform characters represent an oddly sibilant and staccato language: a-na maat la tari kak-ka-rifi-ti-e ila istar marat ilu sin u-zu-un-sa is- kun, etc.

“To the land whence none return, the place of darkness, Ishtar, the daughter of Sin, her ear inclined.”Then inclined the daughter of Sin her ear to the house of darkness, the domain of Irkalla; to the prison from which he that enters comes not forth; to the road whose path does not return; …to the land where filth is their bread and their food is mud. The light they behold not; in unseeingness they dwell, and are clothed, like winged things, in a garment of scales…”

Of all of mankind’s nightmarish visions of a future existence, that Babylonian conception of the dead as crawling forever, like mindless insects, in a fetid and eternal night has always seemed to me the most gruesome.

Joy is not Around the Corner

Mr. Seidenberg’s ecstatic vision of the New Jerusalem has, I am sorry to say, imposed on a least two men of scientific eminence who should have known better. They permitted themselves to be confused by the theory of biological evolution. If man evolved, over a period of 500,000 years or more, from an ape (Australopithecus) that discovered that by picking up and wielding a long bone it could increase its efficiency in killing other apes, is it not possible that our species can go on evolving and become, in another 500,000 years or less, the perfectly adjusted biped termites that Mr. Seidenberg predicts? Heavens to Betsy, I’m not going to argue that point. Granted!

And isn’t the “population explosion” a fact? Sure it is, but don’t overlook one detail — the time factor. At the present rate, the globe, sometime between 2000 and 2005 A.D. — that is to say within forty years — will be infested by 5,000,000,000 anatomically human creatures, the maximum number for which food can be supplied by even the most intensive cultivation. And then, to keep the globe inhabitable at that bare subsistence level, it will be necessary to kill every year more people than now live in the whole United States — kill them with atomic bombs or clubs, as may be more convenient.

I shall not argue about what human beings could or could not become by biological evolution in half a million years: We all know, at least, that there is going to be no biological evolution in fifty years. And, if we stop a moment to think about it, we also know that the world is not going to have a population of five billion. Not ever.

The population of the world is going to be drastically reduced before the year 2000. [See Oliver's later revision of his prediction in his article "What Hath Man Wrought? [2]" -- Editor]

The reduction could come through natural causes. It is always possible — far more possible than you imagine, if you have not investigated the relevant areas of scientific knowledge — that next week or next year may bring the onset of a new pestilence that will have a proportional mortality as great as that of the epidemic in the time of the Antonines or the Black Plaque of the Middle Ages. Alternatively, the events described in John Christopher’s brilliant novel, No Blade of Grass, could become fact, instead of fiction, at any time. And there are at least three other ways, all scientifically possible, in which the world could be partly depopulated in short order by strictly natural forces beyond our control.

But if Nature does not act, men will. When things became a bit crowded in east Asia, for example, the Huns and, at a later time, the Mongols, swept a wide swath through the world as locusts sweep through a wheat field. And wherever they felt the inspiration, they were every bit as efficient as any quantity of hydrogen bombs you may care to imagine. In the natural course of human events, we shall see in the near future wars of extermination on scale and of an intensity that your mind will, at present, refuse to contemplate. The only question will be what peoples will be among the exterminated.

If the minority of the earth’s inhabitants that is capable of creating and continuing (as distinct from aping) a high civilization is exterminated (as it now seems resolved to be), or if for some reason wars of extermination fail to solve the problem, civilization will collapse from sheer lack of brains to keep it going, and the consequent reversion to global savagery will speedily take care of the excess in numbers. In a world of savages, not only would the intricate and hated technology of our civilization be abolished, but even the simplest arts might be forgotten. (Every anthropologist knows of tribes in Polynesia and Melanesia that forgot how to make canoes, although without them it became almost impossible to obtain the fish that they regard as the most delicious food, or how to make bows and arrows, although they needed them for more effective hunting and fighting.) A world of savages in 2100 probably would not have a population more numerous than the world had in 4000 B.C.

The ordinary course of nature and human events (separately or in combination) will, in one way or another, take care of the much-touted “population explosion,” and Mr. Seidenberg knows it. You have only to read him carefully to see that all his talk about history, biological evolution, and “ineluctable determinism” is strictly for the birds — or, at least, bird-brains.

Do-It-Yourself for Socialists

Like all internationalists, Mr. Seidenberg envisages a One World of universal socialism.

Every student of history and mankind (as distinct from the ignorant theorists who prefer to chirrup while hopping from cloud to cloud in Nephelococcygia) well knows what is needed for a successful and stable socialism. And our intelligent socialists know it, too. There are two essentials, viz.: (1) a mass of undifferentiated human livestock, sufficiently intelligent to be trained to perform routine and often complicated tasks, but too stupid to take thought for their own future; and (2) a small caste of highly intelligent planners, preferably of an entirely different race, who will direct the livestock and, with the aid of overseers who need be but little more intelligent than the overseen, make sure that the livestock work hard and breed properly and do not have unsocial thoughts. The owners must be so superior to the owned that the latter will not regard themselves as of the same species. The owners must be hedged about with a quasi-divinity, and their chief, therefore, must be represented as an incarnate god.

Mr. Seidenberg knows that and tells us so. Our blissful future, he says, is assured by the emergence of “administrators [whose] special talents place them above other men.” The most important of these special talents is enough intelligence to understand that “moral restraints and compassions [and] …the attitudes and values upon which they were based have become obsolete.” On the basis of such progressive thinking, “the relatively small elite of the organizers” will manipulate the “overwhelming social mass” and guide it toward its destiny, “the mute status of unconscious organisms.”

The Chosen Few will do this by promoting “the spiritual and psychological dehumanization of man” and “a vast organizational transmutation of life.” For this glorious purpose, various techniques are available; for example, as Mr. Seidenberg tells us, “there is, plainly, more than a nihilistic meaning in the challenging ambiguities of modern art.” And, in a masterfully managed society, “the gradually inculcated feeling of helplessness…will make the mass of humanity ever more malleable and dependent upon the complex functioning of society, with its ensuing regimentation under organized patterns of behavior.” But the Supermen will use, above all, “a scientific program of genetic control to assure the complete adjustment of the human mass to its destiny” and Reactionaries and other American swine, whose “anachronistic stance” and silly efforts to avoid “the mute status of unconscious organisms” show that they “belong essentially to the past.”

As for the Supermen, who form “the nucleus of an elite of administrative functionaries and organizers ruling over the vast mass of men,” you can bet your bottom dollar (so long as Master Jack permits you to have one) that that Master Race has no intention of becoming like the bipeds that it will supervise and selectively breed for more and better mindlessness until it has attained its “historic” goal, “the settling of the human race [as distinct from its owners] into an ecologic niche of permanent and static adjustment,” which, as Mr. Seidenberg says in a moment of candor, in simply “living death.” Obviously, when this goal has been achieved, human beings, deprived of mind and even consciousness, will differ from the Master Race as much as ants and bees now differ in intelligence from human beings. Glory be!

To any attentive reader of the book, it is clear that the author, under the guise of a transparently inconsistent prophecy about a distant future, is presenting a plan for a near future that is to be created, in spite of history, in spite of nature, and in spite of mankind, by the purposeful and concerted action of a small band of “elite” conspirators, comparable to, if not identical with, the directors of the International Communist Conspiracy.

To publish such a plan in a book sold to the general public seems a fantastic indiscretion, even when one allows for the breath-taking effrontery that our Internationalists are now showing in their confidence that Americans have already been so disarmed and entrapped in the “United Nations” that, for practical purposes, it’s all over except for the butchering. When I first read these books, therefore, I was inclined to believe that the author was trying to warn us.

The Veiled Prophet of Doylestown

My inquiries, necessarily hasty and perfunctory as I write this article to meet a deadline, have elicited almost no information about Mr. Seidenberg. I do not know what region on earth was blessed with his nativity, what academic institutions bestowed the benison of their degrees upon him, or even what may be his liaison with the University of North Carolina. He is said to be an architect, but he is not listed in the 1962 edition of the American Architects’ Directory. He is said to practice that art in Doylestown, Pennsylvania, but an informant in that town reports that he is not listed in the telephone directory as an architect, although there is listed under his name, without indication of profession or occupation, a telephone which did not answer, when called on successive days.

I do not have the facilities of the FBI, so all that I really know about Mr. Seidenberg, apart from his books, is that he surfaced momentarily on February 22, 1962, in the pages of the New York Times, to emit a yip for the abolition of the House Committee on Un-American Activities. (And if you wonder why anyone should now yip against a Committee that appears to have been virtually silenced by the concerted howling of our enemies after the release of Operation Abolition, I can only tell you that, according to persons who should know, the Committee has amassed in Executive Sessions testimony which, if published, would expose some of the most powerful anti-humans in Washington.)

Mrs. Sarah Watson Emery, in her excellent book, Blood on the Old Well (prospect House, Dallas, cf. American Opinion, October, 1963, pp. 67 ff.), reports that the elusive Seidenberg, in a conversation with her, “clearly implied that he wrote the books in order to bring about the ghastly future” that he “so confidently predicts.” If Mrs. Emery is right, Mr. Seidenberg’s books are inspirational literature for the Master Race of “administrators,” who are now taking over the whole world. They can own and operate the world forever in perfect Peace, if, by a scientific application of genetics, they reduce human beings to the status of mindless insects.

Is One World Feasible?

You, my patient reader, may be a member of the Radical Right and hence unenthusiastic about the happiness that is being planned for you. If so, I confess that I, whom a learned colleague recently described as a “filthy Fascist swine,” share your misgivings. But let us here consider the Seidenbergian ideal exclusively as a problem in genetics. Is it possible?

Probably not, by the hit-and-miss methods that the Conspiracy has thus far employed.

As Mr. Seidenberg carefully points out, “Russia [under Lenin, Stalin, and Khrushchev] and America [under Roosevelt, Eisenhower, and Kennedy] are basically akin by reason of the dominance of their organizational trends,” but — hélas! — even today “the collectivization of society is only in its incipient stages in Russia.” And the reason is obvious. Although Ulyanov (alias Lenin) and Bronstein (alias Trotsky) butchered millions of reactionary Russians who wanted to be individual human beings, and although Dzhugashvili (alias Stalin) butchered millions more, and although Saint Nick (formerly Khrushchev) shot, hacked to pieces, or starved seven million in the Ukraine alone when he as just a local manager for the Communist Conspiracy, the nasty Russians are still unregenerate. Although the world’s vermin have had absolute control of Russia for almost half a century and have certainly worked hard to exterminate every Russian who had in himself a spark of self-respect, human decency, or even the will to live, observers agree that the recent failure of crops would have precipitated a crisis and possibly even a revolt of blind desperation, if Master Jack had not ordered his American cattle to provide the wheat that Comrade Nick needed to keep his own restive cattle fairly quiet. And it is quite likely that if the Conspiracy were to lose control of the United States and so be forced to retreat somewhere in the world, the Russian people would revolt anyway. The most systematic butchery has not destroyed the genetic transmission of human instincts. And it is unlikely to do so for centuries, at least.

Americans are apt to be even more refractory, and I am sure that One Worlders, now that they think their final victory almost achieved, must be giving thought to the problem of what to do with them. (And I need not remind you that advanced minds are not troubled by “moral restraints” and the other “attitudes and values.”) The American kulaks were useful and even necessary to fight wars “to make the world safe for democracy” and to finance with “foreign aid” the Communist conquest of the world, but when that goal has been achieved, they are likely to be a real nuisance.

There are rumors, for example, that Master Jack is planning to send the U.S. Army — which, as purged by Yarmolinsky and his stooges, will presumably be a docile instrument for the abolition of the nation it was established to defend — to seal off one area of the country after another, drive the white swine from their homes, and search them to confiscate such firearms or other weapons as they may have in their possession. It may be necessary to beat a few hundred of the white pigs so that their squealing will teach the other livestock to obey their owner, but, according to the rumors, nothing more than that is contemplated. But even if the operation is successful, one can foresee endless trouble. Human instincts are more or less fixed by heredity.

It is no wonder, therefore, that Mr. Seidenberg foresees “long-range genetic manipulation designed not only to improve the human stock according to the social dictates of [the proprietors of] a collectivized humanity, but above all to eliminate, in one manner or another, any traces of anti-social deviation.”

Those are, doubtless, sound general principles, but what, specifically, is to be done with the Americans when the “United Nations” takes them over? One could, as Mr. Seidenberg delicately hints in one passage, just castrate all the males. (If this idea seems shocking to you, remember that that’s just your “anachronistic stance.”) Or one could adopt the policy which the Soviet, according to a report that was leaked “from U.N. official sources” and reported in the now defunct Northlander (September, 1958), uses in Lithuania, where all potentially troublesome males were rounded up and shipped to Siberia and then replaced in their own homes by public-spirited Mongolian males eager to improve the quality of the Lithuanian population. A Baluba or a Bakongo thus installed in every American home would not only effectively end “discrimination” and promote the “World Unity” desiderated by Internationalists, but would also — according to a “scientific” study made by a Professor Of Sociology in a tax-supported American university and reported both in his class-room lectures and in his broadcasts over a radio-station entirely owned by that university — fulfill the secret yearnings of all American womanhood.

This may seem a perfect solution (if you have a “One World” viewpoint), but it has, I fear, its drawbacks. Balubas and such are just fine for exterminating white men in Africa and creating chaos under direction from Washington and Moscow, but I suspect that anyone who tries to regiment them to do work is in for a powerful lot of trouble. After they have served their purpose, it will be necessary to exterminate them, too. And the Masters, after they have blotted out the civilization they hate, are going to need workers, not cannibals and other savages, if, in keeping with the Seidenbergian vision, they are to rule the world forever.

Now Americans and Europeans are excellent workers. What is needed, obviously, is not to destroy them but to convert them, as Mr. Seidenberg predicts, into true zombies, that is to say, creatures that have no will or personality of their own and therefore do whatever they are told. But that transformation, so far as I can learn from geneticists whom I have consulted, is genetically impossible by any process of selective breeding within any reasonable length of time — say a thousand years or less. This, I am sure, our author realizes, for after admitting that “the art of brainwashing and, even more so, the science of controlling society by pharmaceutical manipulation, are in their infancy,” he places his hope for the future in “the ever increasing techniques and the ever more refined arts of mental coercion.” Presumably, the human mind and will can be destroyed by drugs, or perhaps by an improved technique of lobotomy, to produce the kind of “mental health” requisite in the zombies who, like mindless insects, are to work to support the Master Race of the future. But this is not genetics, and the qualities thus induced in individuals cannot be transmitted genetically. The Masters, therefore, will be put to the trouble of operating on each generation of biped insects as it is produced — and, what is even worse, there is some reason to doubt that the zombies would or could reproduce themselves.

So, you see, the New Dispensation of which Internationalists dream is by no means assured, either historically or biologically. For that matter, it is even possible that enough Americans may object in time to frustrate the “determinism” that only their ignorance, apathy, or cowardice could make “ineluctable.” But I cannot speculate about that possibility here. I have sought only to show you, as dispassionately as possible, what kind of thoughts very advanced minds are thinking about you these days.

Source: http://www.revilo-oliver.com/news/1963/12/history-and-biology/ [3]


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2011/07/schwabe-deathofthegravedigger.jpeg

[2] What Hath Man Wrought?: http://revilo-oliver.com/rpo/What_Hath_Man_Wrought.html

[3] http://www.revilo-oliver.com/news/1963/12/history-and-biology/: http://www.revilo-oliver.com/news/1963/12/history-and-biology/

vendredi, 10 juin 2011

1940: l'autre uchronie

1940 : l’autre uchronie

par Noël RIVIÈRE

L’uchronie est l’histoire fictive de possibilités historiques non advenues. Elle aide à comprendre ce qui a réellement eu lieu en poussant les logiques des autres scénarios envisageables tout en respectant une certaine vraisemblance. Les uchronies sont de plus en plus l’objet de travaux. L’un des derniers en date est celui de Jacques Sapir sur le thème « Et si la France n’avait pas signé l’armistice de 1940 et avait continué la guerre ? » C’est le What if : que se serait-il passé si… Les uchronies nécessitent de tenir compte des informations dont disposaient les protagonistes au moment des faits.

Il est en ce moment à la mode de dérouler un scénario à propos de la guerre de 39-45 : Et si la France avait continué la guerre ? (Jacques Sapir et aa, Taillandier, 2010).

Pierre Clostermann lui-même avait défendu l’idée que les forces français en Afrique du nord, en 1940 auraient permis de continuer la guerre. Reste à savoir pour quel résultat. Un résultat qui aurait peut-être au final été particulièrement favorable à l’Allemagne. Explications.

Supposons donc une absence d’armistice le 22 juin 1940.

Fin juin, les Allemands sont à Marseille, Nice, Perpignan et sur la côte basque. Compte tenu de leur maîtrise de l’air, ils investissent la Corse sans grande difficulté et obligent bien avant cela la flotte française à se replier en Algérie, sauf destruction totale ou partielle comme celle qu’a connue la flotte italienne face aux Anglais dans le golfe de Tarente, en 1940, voire au cap Matapan, en 1941, toujours face à l’aviation anglaise. À partir de là, les Français continuant la guerre, les Allemands n’eussent eu d’autres choix que de les poursuivre en Afrique du Nord. On lit parfois le propos comme quoi les Allemands n’ont même pas pu franchir la Manche ou le Pas de Calais et que donc ils auraient été bien en peine de franchir la Méditerranée. Cela n’a rien à voir. Derrière la Manche, il y a avait une nation industrielle de cinquante millions d’habitants. En Algérie – l’A.F.N., c’était essentiellement l’Algérie – il y avait sept millions d’habitants dont moins d’un million de Pieds-Noirs. Peu d’industrie et presque pas de pièces de rechanges pour les armes. Autant dire que les Allemands auraient pu débarquer sans se heurter à une résistance comparable à celle de la Royal Air Force au-dessus de la côte anglaise en août-septembre 1940.

Mais surtout ils avaient l’alliance italienne. Un débarquement à Tunis aurait été à une extrême proximité de la Sicile – et les Allemands ont réussi ce débarquement alors qu’étaient proches les flottes américaines et anglaises, en novembre 1942, et alors qu’ils avaient d’autres priorités sur le front de l’Est. Quand bien même ce débarquement eut présenté des difficultés qu’ils eussent voulu contourner, il leur suffisait de faire, dès juillet 1940, ce qu’ils ont fait en février 41 pour soutenir l’Italie, à savoir débarquer quelques divisions à Tripoli. De là, ils pouvaient rapidement gagner la Tunisie et la conquérir (elle aurait fait l’objet d’un « don » à l’Italie qui n’avait cessé de la revendiquer depuis 1936). La question du ravitaillement de leurs troupes aurait été considérablement simplifiée, puisque Malte tenue par les Anglais se trouvait sur la route Sicile – Libye mais pas sur la route Sicile – Tunisie.

En outre le contrôle de la Tunisie et de la Libye aurait tellement isolé Malte que sa conquête serait devenue possible, bien que sans doute coûteuse. Avec cinq ou six divisions, les Allemands auraient pu, de Tunis conquérir l’Algérie jusqu’à la frontière du Maroc espagnol sans grandes difficultés. La flotte française n’aurait eu comme possibilité d’échapper à la destruction, compte tenu de l’impossibilité pour les forces aériennes françaises en A.F.N. de la protéger, que de se replier vers Dakar. Compte tenu de l’étirement des lignes de communication des Allemands, il est bien possible que le Maroc aurait représenté le point ultime de leur expansion à l’Ouest de l’Afrique. L’A.O.F. et l’A.E.F. serait restés à la France résistante, avec l’appui de la flotte britannique, d’une partie de son aviation, et aussi sans doute avec un gros appui matériel américain, sinon un appui directement militaire impliquant la belligérance. Mais cet appui n’aurait pas été instantané compte tenu des délais de la montée en charge de l’industrie américaine (plutôt 1941 que 1940).

À partir de la conquête du Maroc français, la position britannique de Gibraltar aurait été isolée. Elle serait restée tenable si l’Espagne était restée neutre mais facilement neutralisée par l’aviation allemande. Quant à l’Espagne justement, qu’aurait-elle fait ? Franco était très prudent mais l’Allemagne installée militairement au Maroc, grande aurait été sa tentation d’entrer en guerre du côté de l’Axe, avec comme condition l’acquisition par l’Espagne du Maroc français. En tout cas, même restée neutre, l’Espagne aurait dû (comment les refuser sans le risque que l’Allemagne fomente un coup d’État à Madrid, appuyé sur les plus pro-allemands des phalangistes ?) accorder des facilités militaires à l’Allemagne et peut-être le passage vers Gibraltar (via Perpignan ou tout simplement via le Maroc espagnol) pour son démantèlement comme base anglaise. En tout état de cause, l’Allemagne aurait pu disposer de bases navales utiles pour ses sous-marins sur la côte Atlantique du Maroc.

Et pendant ce temps-là en Égypte ? Il n’y a pas de raison de changer quelque chose à l’histoire réelle ici, à savoir que les Anglais, supérieurs aux Italiens en organisation, en matériel, voire en moral des troupes auraient mis en difficulté les troupes de Mussolini, d’autant plus que une fois les Allemands engagés contre la France en Afrique du Nord, l’enjeu de celle-ci aurait été plus fort encore et que les Anglais auraient été sans doute offensifs en Libye et d’abord en Cyrénaïque pour soulager le mieux possible les Français face à l’attaque allemande en Tunisie et en Algérie. Mais là encore, il eut suffit de quelques divisions (l’Africa Korps n’en avait que trois début 41) pour arrêter les Anglais, voire pour les rejeter sur le canal de Suez. Et dans la réalité, rappelons que la contre-offensive anglaise face aux Italiens n’intervient qu’en décembre 1940. Mettons que six divisions eussent été nécessaires pour, dès le dernier trimestre 1940, conquérir l’Égypte et lui donner une indépendance confiée bien sûr à des pro-allemands. Nous sommes à six divisions allemandes donc en Afrique du Nord à l’Est, et autant à l’Ouest, voire dix divisions à l’Ouest (face aux Français). Ce n’était pas au-dessus des moyens des Allemands.

Dans ces conditions, que pouvait-il advenir de Malte ?

Malte, loin de toute position alliée après une poussée allemande sauvant la Cyrénaïque des Anglais – au minimum – voire conquérant l’Égypte, et à l’Ouest, après la conquête allemande de la Tunisie et de l’Algérie, Malte, bien que solidement défendue, pouvait être conquise, comme l’a été la Crête dans des conditions plus difficiles, car la Crête était à proximité de l’Égypte où se trouvait les forces aériennes et navales britanniques. Une fois l’Égypte conquise et là encore quelles que soient les qualités militaires des Anglais, ils n’étaient pas en position de faire face à six divisions allemandes et à une forte aviation (qui bien entendu n’aurait pas été engagée dans une inutile bataille d’Angleterre), les Allemands pouvaient avancer vers la Palestine et conquérir la Syrie. Ils se trouvaient alors à proximité de l’Irak et de ses activistes indépendantistes et pro-allemands (voir la tentative de Rachid Ali en avril 1941) et pouvaient les soutenir. En complément, ils isolaient Chypre et pouvaient y débarquer (là encore peut-on douter de leur capacité à ce genre d’opération quand on voit, dans un contexte très dégradé pour eux, leur conquête-éclair du Dodécanèse en octobre-novembre 43 ?). C’est alors toute la Méditerranée orientale qui eut été entre les  mains des Allemands ainsi que la Méditerranée occidentale si l’Algérie avait aussi été conquise (et comment aurait elle pu ne pas l’être compte tenu de la faiblesse des Français en A.F.N., non ravitaillés par la Métropole ?)

Les Allemands pouvaient aussi, après ou en même temps,  avec trois ou quatre divisions supplémentaires (il faut tenir compte des forces d’occupation et de contrôle des territoires déjà occupés même si les populations y auraient été plutôt pro-allemandes) descendre la vallée du Nil, prendre Khartoum et Port-Soudan et ainsi, en établissant la liaison avec l’Afrique orientale italienne, empêcher sa conquête par les Britanniques qui a commencé en mars 1941. Le premier problème des Allemands aurait été le manque de camions, mais ils auraient pu réquisitionner tous les camions français sans entraves en l’absence d’armistice.

Une chronologie uchronienne

• 30 juin 1940 : fin de l’occupation de toute la France métropolitaine.

• 7 juillet : occupation de la Corse à partir de l’Italie et de Nice.

• 1er août : débarquement à Tunis (à partir du sud de l’Italie) avec l’appui des Italiens ou débarquement à Tripoli de cinq ou six divisions allemandes marchant vers Tunis.

• 10 août : jonction avec les Italiens de Tripolitaine dans l’hypothèse de débarquement direct à Tunis ou prise de Tunis dans l’autre cas.

• 15 août : prise du port de Bône.

• 20 août : prise d’Alger.

• 25 août : prise d’Oran et de Mers El-Kebir.

• 27 août : arrivée à la frontière du Maroc espagnol.

• 1er septembre : prise de Fès au Maroc.

• 5 septembre : prise de Rabat et de Casablanca.

On peut supposer au mieux que les Français réussissent à résister au sud du Maroc, vers Marrakech. L’armée et surtout l’aviation allemande atteint ses limites logistiques, pour l’instant les Allemands ne poussent pas plus loin.

• 6 septembre : début de l’offensive allemande pour la conquête de l’Égypte.

• 20 septembre : prise du Caire.

• 30 septembre : achèvement de la conquête de l’Égypte.

• 30 octobre : attaque du Soudan.

• 25 novembre : jonction avec les Italiens d’Érythrée et d’Éthiopie. Installation de bases de sous-marins dans l’océan Indien, notamment en Somalie.

Un tel scénario eut nécessité quelques vingt-cinq divisions engagées hors d’Europe. L’effort n’impliquait donc nullement de dégarnir le continent européen. Mais, par contre, il eut amené un changement complet de vision et eut nécessité même ce changement de vision. Il s’agissait alors de rompre avec les ambitions néo-coloniales en Europe même : espace vital au détriment des Russes et des Ukrainiens, réduction des Slaves en esclavage. À l’inverse, cela eut été l’adoption d’une véritable politique mondiale. Objectif : non pas la conquête totale du monde, mais un contrepoids réel aux puissances thalassocratiques. Non pas s’enfermer dans une forteresse Europe mais lui donner de l’air par des débouchés vers les grands océans (Maroc pour l’Atlantique, Somalie pour l’océan Indien, voire Madagascar plus tard…), liaisons avec le Japon, contrôle complet de la Méditerranée et éviction de la Grande-Bretagne de ce grand lac où elle n’a rien à faire du point de vue continental européen, politique pro-arabe et post-coloniale de transition des peuples vers l’indépendance dans la coopération avec l’Europe.

Au-delà des perspectives ouvertes par cette histoire virtuelle, il reste une quasi-certitude : l’Allemagne a beaucoup perdu à l’Armistice de juin 40, elle s’est enfermée dans une victoire strictement continentale en s’interdisant une politique réellement mondiale, anticipant sur les risques futurs d’entrée en guerre des États-Unis en prenant des gages en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, vers la Mésopotamie, et jusqu’au Soudan et l’océan Indien. Quelle chance pour l’Allemagne si… la France avait voulu continuer la guerre en 1940 !

Noël Rivière


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dimanche, 05 juin 2011

The Fascist Past of Scotland

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The Fascist Past of Scotland

Ex: http://xtremerightcorporate.blogspot.com/

Today, Scottish nationalism is associated mostly with the left. Traditional, conservative nationalism such as produced the Jacobite wars was long in going but seems gone for good at this point. However, Scottish fascists have long been involved in the troubled life of what goes under the blanket-term of ‘British fascism’. Nonetheless, it is important to note the history of nationalism in modern Scotland, which of course existed when Scotland was an independent nation but which survived after the union with England and was never seen in a more pure form than in the Jacobite uprisings that are so famous. Although not often considered, the Jacobite restoration efforts were actually very corporatist at heart. Just to refresh, at its core, corporatism is nothing more than the organization of society based on corporate bodies and the use of those corporate bodies in exercising power for the nation as a whole. This was, in a real sense, what the Jacobite risings were all about and in a very traditional way, upholding the ancient values of western civilization.

It was, from the beginning, the intention of the Jacobites to maintain the distinct nationalism of the three kingdoms individually. We saw this with the declaration of independence following the landing of King James II in Ireland. It was a principle reiterated by King James III in 1715 and Prince Charles III in 1745. The system they were fighting for, that they intended to restore, was very traditional and very corporatist. That was for a union of the distinct kingdoms of England, Scotland and Ireland under one Crown. Furthermore, particularly concerning Scotland, it was also a fight to maintain the established, traditional clan structure. Power in Scotland had always been very corporatist in nature, based on the power of the chieftains of the various clans, united by their common loyalty to the House of Stuart and a divinely based monarchy. For Scotland, the clans were the basic corporate bodies of society.
 
Of course, the Jacobites were ultimately unsuccessful and it was, of course, no coincidence, that the Hanoverians (English or Scottish) who sought to wipe out Scottish nationalism specifically by destroying the clan system (which was most significant) as well as all of the outward signs of Scottish nationalism such as the Gaelic language, kilts and all the rest. A sad event to be sure, but it happened and one must move on. Fortunately, some of this was to be restored in time as the Jacobite threat to the government in London faded into history and Scotland came to see itself fully as a part, as a partner, of the glorious achievements of the British Empire and these were certainly considerable. Even as early as the late 18th Century the Scots dominated in the high command of the British army and the highland regiments became among the most feared and fearsome in the world on battlefields from North America to India. The Scots were, very early on, just as committed to British greatness as anyone and this is seen in the number of Jacobite exiles to America who fought for the British Crown against the American revolutionaries who were set to partition British North America.

In modern times, however, liberalism began to creep in and ever since as far back as the 1830’s Scotland has tended to be dominated by the leftist party (Whig, Labour, etc). In 1934 the Scottish National Party was founded, bent on the division of Great Britain and at least some degree of independence for Scotland. Socialist parties also sprang up. These, of course, had an influence on what was considered far-right politics as it would anywhere else but nonetheless, those Scots labeled as “fascists” tended almost to a man to support the union, the British Empire and British power and greatness, seeing the nations of the British Isles as stronger together than apart. Of course the most famous such organization was the British Union of Fascists and there were a number of prominent Scots aligned with or associated with that movement, and a few should be mentioned.
 
Few embodied these values as much as Sir Louis Greig, a decorated naval surgeon, accomplished rugby player and longtime friend of King George VI, going back to his days as the Duke of York when Greig took the young prince under his wing and even helped encourage his marriage to Elizabeth Bowes-Lyon. This match worked out so well that the future queen displaced Greig as the closest confidant of George VI, but he did not seem to mind much. He was an ardent supporter of the British Empire and a staunch monarchist, absolutely loyal to his King and Country. This was a firm matter of principle for him, not something based on his own friendship with the Duke of York as his support for the Crown did not falter in the least during the short reign of King Edward VIII with whom he did not get along well. It was also around this time that Sir Oswald Mosley left the Tory party for Labour and then left the Labour Party to form the British Union of Fascists. While trying to strengthen his grouping of blackshirts Mosley formed the January Club, an elite circle of the nationalist community in an effort to attract upper class support for the BUF and put a more respectable face on the fascist movement. Greig was a prominent member of the January Club (he was also by then a Wing Commander in the RAF) and his support, along with others, helped the BUF become more mainstream and it was shortly thereafter that the Daily Mail openly supported the fascist cause. As for Sir Louis Greig, he did not suffer for his fascist associations and continued to serve in the armed forces until his death in 1953. His grandson was even a page of honor to Queen Elizabeth II.

 
Another prominent Scotsman in the BUF, and one of impeccable ‘blue blood’ if not impeccable reputation was Lord Josslyn Hay, Earl of Erroll. Born in London, son of Lord Kilmarnock, he carried the coronet of his grandfather, the then Earl of Erroll, at the coronation of King George V in 1911. He dropped out of Eton and began working in the diplomatic service with his father to earn a living (contrary to what many think, having a title does not automatically mean having vast wealth). It is interesting, if not significant to note the extensive he spent in Berlin at this time. However, despite passing his civil service examination he did not go to work for the Foreign Office but instead caused society tongues to wag by marrying Lady Idina Sackville. Her father was an earl, her former husband a politician, who she had divorced, and she was married again when she began her affair with Hay before divorcing that husband to marry him. It was all very scandalous but the two felt ‘unencumbered’ by social norms and traditional values and married in 1923. Moving to the colonies they set up housekeeping in Kenya where they lived a life of libertine debauchery. In 1934, while visiting England, Hay joined the British Union of Fascists. As Earl of Erroll he attended the 1936 coronation of King George VI, joined the military in World War II and began an affair with a married woman which, most believe, led to his murder in 1941 in Kenya.

Less colorful than Hay, but probably an even more staunch fascist Scotsman was Robert Forgan. The son of a minister in the Church of Scotland, he was educated in Aberdeen, became a doctor and served in World War I, later becoming an STD expert. While working in Glasgow he became a socialist, out of concern for the urban poor of course, and also entered politics as a member of the Independent Labor Party. He supported the very socialistic “Mosley Memorandum” which resulted in his break with mainstream leftists and his formation of the New Party. Mosley and Forgan were almost inseparable. He was one of the most successful politicians of the New Party, a key player in organizing and fleshing out the movement and even stood as godfather to Mosley’s son Michael. He was less visible but no less important when Mosley dropped the New Party idea and went on, instead, to found the British Union of Fascists. It was Forgan who worked behind the scenes to enlist more legitimate, acceptable supporters for the BUF, obtain funding for the movement and he was largely responsible to setting up the January Club.
 
This, however, eventually led to problems between Mosley and Forgan, though not initially. Forgan was adamant that, despite parallels being drawn with the Nazis in Germany, the BUF was not anti-Semitic. Originally, this was true as Mosley took more inspiration from Mussolini and his National Fascist Party (which was not anti-Semitic) rather than Adolf Hitler and the Nazis. Working through the January Club and his connections in government, Forgan even tried to bring some prominent Jews on board, appealing to their liberal views of economic and social issues and assuring them that the hatred of Jews was simply a ‘German thing’ rather than a ‘fascist thing’. However, he had little success in getting anyone to take a chance and as the “star” of Hitler continued to rise Mosley became more enraptured with him and increasingly anti-Semitic in his rhetoric. Forgan had become deputy-leader of the BUF next to Mosley himself but this trend was taking the group down a path he refused to follow. In 1934 the BUF became pretty openly anti-Semitic and a disgruntled Forgan left the party, convinced Mosley was making a mistake. He was thoroughly done with politics and stayed out of the fray, finally passing away in 1976 as a largely forgotten figure.

samedi, 04 juin 2011

La rivolta di Maritz e De Wet nel 1914

La rivolta di Maritz e De Wet nel 1914, preannuncio della rivincita boera sull’Inghilterra

Autore: Francesco Lamendola

Ex: http://www.centrostudilaruna.it/

La Repubblica Sudafricana, come è noto, era uscita dal Commonwealth britannico nel 1949 e vi è stata riammessa solo nel 1994, dopo che era stato rimosso l’oggetto del contendere, ossia dopo che fu smantellata la legislazione sull’Apartheid.

A volere fortemente la politica della “separazione” fra bianchi e neri era stata la componente di origine boera della comunità europea, insediatasi al Capo di Buona Speranza nel XVII secolo e poi, durante le guerre napoleoniche (1797), respinta verso l’interno dagli Inglesi, ove, nel XIX secolo, aveva dato vita alle due fiere Repubbliche indipendenti del Transvaal e dell’Orange.

Poiché la Grande Migrazione dei Boeri al di là del fiume Orange, o Grande Trek, come è nota nei libri di storia sudafricani, ebbe luogo all’incirca nella stessa epoca in cui, da settentrione, giunsero le tribù bantu che, originarie della regione dei laghi dell’Africa orientale, a loro volta respingevano Boscimani e Ottentotti, i Boeri e, in generale, i bianchi sudafricani hanno sempre negato validità all’affermazione secondo cui, nel loro Paese, una minoranza bianca si sarebbe imposta su di una maggioranza nera, sostenendo, al contrario, che essi avevano raggiunto e colonizzato le regioni dell’interno prima dei Bantu, e non dopo.

Sia come sia, i Boeri sostennero due guerre contro l’imperialismo britannico: una, vittoriosa, nel 1880-81, ed una, assai più dura, nel 1899-1902, terminata con la piena sconfitta della pur coraggiosa resistenza boera, guidata dal leggendario presidente Krüger. Il conflitto era stato reso inevitabile non solo dai grandiosi progetti espansionistici dell’imperialismo inglese, impersonato in Africa da uomini come il finanziere Cecil Rhodes e dal celebre slogan “dal Cairo al Capo” (di Buona Speranza), ma anche e soprattutto dalla scoperta di ricchi giacimenti auriferi e di miniere di diamanti nel territorio delle due Repubbliche boere.

Non fu, quest’ultima, una vittoria di cui l’immenso Impero Britannico poté andar fiero: esso riuscì a piegare la resistenza di quel piccolo e tenace popolo di contadini-allevatori solo dopo che ebbe messo in campo tutte le risorse umane, materiali e finanziarie di cui poteva disporre nei cinque continenti e solo dopo che i suoi comandanti ebbero fatto ricorso alla tattica della terra bruciata, distruggendo fattorie e raccolti, e soprattutto trasferendo ed internando la popolazione boera nei campi di concentramento, ove a migliaia morirono di stenti e di malattie.

È pur vero che la pace, firmata a Pretoria il 31 maggio 1902, ed il successivo trattato di Veereniging, che sanciva la sovranità britannica sulle due Repubbliche, accordarono ai vinti delle condizioni relativamente miti, se non addirittura generose. In particolare, il governo inglese si accollò l’onere del debito di guerra contratto dal governo del presidente Krüger, che ammontava alla bellezza di 3 milioni di lire dell’epoca, ed accordò uno statuto giuridico speciale alla lingua neerlandese, non riconoscendo ancora la specificità della lingua afrikaans.

manie_maritz.jpgÈ degno di rilievo il fatto che nel trattato di stabiliva esplicitamente la clausola che ai neri non sarebbe stato concesso il diritto di voto, ad eccezione di quelli residenti nella Colonia del Capo, in cui i coloni inglesi costituivano la maggioranza bianca; perché, nell’Orange e nel Transvaal, i Boeri non avrebbero mai accettato una eventualità del genere, e sia pure in prospettiva futura.

L’intenzione del governo britannico era quella di integrare progressivamente i Boeri nella propria cultura, a cominciare dall’educazione e dalla lingua; ma il progetto di anglicizzare i Boeri attraverso la scuola si rivelò fallimentare e nel 1906, con l’avvento al governo di Londra del Partito Liberale, esso venne abbandonato. Non solo: le autorità britanniche dovettero riconoscere l’afrikaans come lingua distinta dal neerlandese e questo rappresentò un primo passo verso il rovesciamento dei rapporti di forza, all’interno della comunità bianca sudafricana, tra i coloni di origine britannica e quelli di origine boera.

Picture: Manie Maritz

Un altro passo fu la nascita, il 31 maggio 1910, dell’Unione Sudafricana, grazie alla riunione delle quattro colonie del Capo, del Natal, dell’Orange e del Transvaal: a soli otto anni dalla conclusione di una guerra straordinariamente sanguinosa e crudele, caratterizzata da pratiche inumane tipicamente “moderne”, quali la distruzione dei raccolti, il trasferimento forzato di intere popolazioni ed il loro internamento in veri e propri lager, il Sudafrica diventava un Dominion autonomo nell’ambito dell’Impero britannico, con una maggioranza afrikaner; processo che sarebbe culminato nel 1931 con la conquista della piena indipendenza, votata dal Parlamento di Londra con il cosiddetto Statuto di Westminster.

Un episodio poco noto al pubblico occidentale è quello della rivolta anti-britannica scoppiata nell’Unione Sudafricana nel 1914, sotto la guida dei generali boeri Manie Maritz e De Wet, in coincidenza con lo scoppio della prima guerra mondiale, cui l’Unione medesima partecipò al fianco della Gran Bretagna, soprattutto per il deciso appoggio dato alla causa britannica da uomini prestigiosi della comunità afrikaner come Louis Botha e Jan Smuts.

In effetti, non tutte le ferite dell’ultimo conflitto erano state sanate e una parte della popolazione afrikaner, animata da forti sentimenti nazionalisti, non immemore della simpatia (sia pure solamente verbale) mostrata dal kaiser Wilhelm II Hohenzollern per la causa boera, ritenne giunto il momento della riscossa e si dissociò dal governo di Pretoria, invocando, anzi, la lotta aperta contro gli Inglesi al fianco della Germania.

Al di là del corso inferiore dell’Orange, dal 1884, si era costituita la colonia tedesca dell’Africa Sudoccidentale (oggi Namibia) e i capi afrikaner insorti speravano che da lì – o, più verosimilmente, da una rapida vittoria degli eserciti tedeschi in Europa – sarebbero giunti gli aiuti necessari per sconfiggere le forze britanniche e per rialzare la bandiera dell’indipendenza boera sulle terre dell’Orange e del Transvaal.

Così ha rievocato quella vicenda lo storico francese Bernard Lugan, “Maître de Conferences” all’Università di Lione III, specialista di storia dell’Africa e per dieci anni professore all’Università del Ruanda, nel suo libro Storia del Sudafrica dall’antichità a oggi (titolo originale: Histoire de l’Afrique du Sud de l’Antiquité a nos jours, Paris, Librairie Académique Perrin, 1986; traduzione italiana di L. A. Martinelli, Milano, Garzanti, 1989, pp. 195-99):

«Quando, il 4 agosto 1914, scoppi la guerra, l’Unione Sudafricana si trovò automaticamente impegnata, in quanto Dominion britannico, a fianco degli Inglesi, ossia nel campo dell’Intesa. Ne risentì immediatamente la coesione fra le due componenti bianche della popolazione. Gli anglofoni accettarono l’entrata in guerra come un dovere verso la madrepatria, mentre gli Afrikaner si divisero in due gruppi: il primo, uniformandosi alle vedute di Botha e di Smuts, proclamò la propria solidarietà con la Gran Bretagna, il secondo, con alla testa Hertzog, propose che l’Unione rimanesse neutrale fino a quando non avesse a subire un attacco diretto. Il fondatore del Partito nazionalista rifiutava ogni obbligo diretto, ed affermava il diritto del Sudafrica di decidere liberamente, in situazioni drammatiche come quella presente. Quando, nel settembre 1914, il Parlamento di Città del Capo accolse la richiesta di Londra di arruolare nell’Unione un corpo militare per l’occupazione dell’Africa sud-occidentale tedesca, in una larga parte dell’opinione pubblica afrikaner le reazioni furono violente. Scoppiò un’insurrezione, capeggiata dagli antichi generali boeri Manie Maritz e De Wet, che si diffuse rapidamente fra gli ufficiali superiori dell’esercito sudafricano: dodicimila uomini, per lo più originari dell’Orange, presero le armi contro il loro governo. Sembrava imminente una guerra civile fra Afrikaner, e il rischio era grande perché i ribelli avevano proclamato la Repubblica sudafricana:

“PROCLAMA

DELLA RESTAURAZINE

DELLA REPUBBLICA SUDAFRICANA

Al popolo del Sudafrica:

Il giorno della liberazione è giunto. Il popolo boero del Sudafrica è già insorto ed ha iniziato la guerra contro

LA DOMINAZIONE BRITANNICA, DETESTATA ED IMPOSTA.

Le truppe della Nuova Repubblica Sudafricana hanno già ingaggiato la lotta contro le truppe governative britanniche.

Il governo della Repubblica Sudafricana è provvisoriamente rappresentato dai signori

Generale MARITZ

maggiore DE VILLIERS

maggiore JAN DE WAAL-CALVINIA

Il Governo restituirà al popolo sudafricano l’indipendenza che l’Inghilterra gli ha sottratto dodici anni or sono.

Cittadini, compatrioti, voi tutti che desiderate vedere libero il Sudafrica,

NON MANCATE DI COMPIRE IL VOSTRO DOVERE VERSO L’AMATA

E BELLA BANDIERA “VIERKLEUR”!

Unitevi sino all’ultimo uomo per ristabilire la vostra libertà e il vostro diritto!

IL GOVERNO GERMANICO,LA CUI VITTORIA È GIÀ SICURA, HA PER PRIMO RICONOSCIUTO ALLA REPUBBLICA SUDAFRICANA IL DIRITTO DI ESISTERE, ed ha con ciò stesso mostrato di non avere alcuna intenzione di intraprendere la conquista del Sudafrica come hanno preteso i signori Botha e Smuts al Parlamento dell’Unione.

Kakamas, Repubblica Sudafricana, ottobre 1914.

IL GOVERNO DELLA REPUBBLICA SUDAFRICANA

(Firmato) MARITZ, DE VILLIERS, JAN DE WAAL”.

Botha decise di proclamare la legge marziale il 12 ottobre, due giorni dopo che Maritz, alla testa di un reggimento sudafricano, aveva disertato per raggiungere le truppe germaniche proclamando la propria intenzione di invadere la provincia del Capo. I sostenitori più irriducibili della causa boera giudicavano la Germania capace di infliggere all’Inghilterra una sconfitta definitiva, e che quindi si presentasse loro un’occasione unica per prendersi la rivincita sui vincitori del 1902, e restituire il Sudafrica agli Afrikaner. Ma il movimento fu disordinato: i “kommando”, organizzati frettolosamente, male armati, malvisti da una parte della popolazione che aveva appena finito di medicare le ferite del 1899-1902, non furono in grado di affrontare le unità dell’esercito regolare. Gli ultimi ribelli si arresero il 2 febbraio 1915.

Poté così cominciare la campagna contro l’Africa sud-occidentale tedesca. Londra aveva fatto sapere che essa sarebbe stata considerata come un servizio reso all’Impero, e di conseguenza l’Impero ne avrebbe tratto dei vantaggi politici al momento del trattato di pace.

La sproporzione delle forze era tale che i Tedeschi non potevano far altro che cercar di ritardare una sconfitta inevitabile. Disponevano di 1.600 effettivi, rinforzati da 6.000 riservisti mobilitabili su di una popolazione bianca di 6.000 persone. Il colonnello Heydebreck non poté impedire la manovra sudafricana: Botha sbarcò a Swakompund cin 12.000 uomini, Smuts a Lüderitz con 6.000, ed oltre 30.000 uomini passarono il fiume Orange. Il 5 maggio 1915 venne occupata Windhoek, la capitale della colonia tedesca; una sporadica resistenza continuò ancora, favorita dalla vastità della steppa, fino al 9 luglio 1915, quando ad Otavi fu sottoscritta la resa delle truppe del Reich. La campagna era stata breve e le perdite umane limitate: con essa Botha diede all’Unione il protettorato sull’Africa sud-occidentale.

Alle elezioni generali dell’ottobre 1915 Botha dovette affrontare l’opposizione sempre più forte del Partito nazionale di Hertzog. I nazionalisti afrikaner respingevano nuove forme di partecipazione del Sudafrica alla guerra, e in particolare si opponevano all’invio di contingenti in Africa orientale. Per esprimere e difendere gli interessi afrikaner durante la campagna elettorale il Partito nazionale diede vita a un proprio giornale, “Die Burger”.

Botha conservò la maggioranza in Parlamento con 54 seggi, ai quali si aggiunsero i 40 seggi ottenuti dagli Unionisti che appoggiavano la politica militare del primo ministro. Tuttavia il Partito nazionale, con 27 seggi, poté far sentire la propria voce: da quel momento si sarebbero dovuti fare i conti anche con esso.

Nel 1916 fu inviato in Tanganica un corpo di 15.000 Sudafricani in rinforzo al’armata inglese che, quantunque numerosa, non riusciva ad aver ragione delle truppe tedesche del generale Lettow-Vorbeck. Nell’agosto del 1914 quest’ultimo – allora colonnello – aveva a disposizione aveva a disposizione solo 3.000 europei e 16.000 ascari per la difesa dell’intera Africa orientale tedesca: ma con queste scarsissime forze e senza ricevere rifornimenti alla madrepatria resistette fino al novembre 1918 ad oltre 250.000 soldati britannici, belgi, sudafricani e portoghesi. Nella guerra di imboscate con la quale Alleati e Tedeschi si affrontarono nel Tanganica meridionale, il contingente sudafricano, comandato prima del generale Smuts e in seguito dal generale Van Deventer, ebbe una parte di primo piano.

La 1a Brigata sudafricana sbarcò a Marsiglia il 15 aprile 1916. Incorporata nella 9a Divisione scozzese fu inviata nel giugno sul fronte della Somme, ove fra il 14 e il 19 giugno i volontari si distinsero nei combattimenti del bosco di Delville, mantenendo le loro posizioni a prezzo di fortissime perdite: 121 ufficiali su 126 e 3.032 soldati su 3.782. Ricostituita con l’arrivo di altri volontari, la brigata prese parte nel 1917 alla battaglia di Vimy e di Ypres, e nel 1918 alla battaglia di Amiens, nel corso della quale perdette 1.300 uomini su 1.800 impegnati nel combattimento. Fu ricostituita per la terza volta e poté partecipare alle ultime fasi della guerra.

In complesso l’Unione Sudafricana fornì agli Alleati un contingente di 200.000 uomini, dei quali 12.452 caddero in guerra. Sempre più numerosi divennero gli Afrikaner che non vollero più esere chiamati obbligatoriamente a combattere per la Gran Bretagna, ben decisi a conquistarsi un autonomia maggiore e magari una totale indipendenza. Su questo punto Hertzog non ottenne a Versailles alcuna soddisfazione, perché gli Alleati confermarono la situazione esistente pur offrendo all’Unione un mandato sull’Africa sud-occidentale».

 

Paradossalmente, proprio la presenza di un protettorato germanico sulla sponda settentrionale del fiume Orange, ai confini della Provincia del Capo, aveva svolto una funzione importante nel rafforzare i legami fra l’Unione Sudafricana e la madrepatria britannica, dal momento che la componente inglese della popolazione bianca sudafricana aveva vissuto con disagio quella vicinanza, se non con un vero e proprio senso di pericolo.

Nel 1878, la Colonia del Capo aveva ottenuto da Londra un tiepido consenso ad occupare la Baia della Balena, enclave strategica in quella che ancora non era la colonia tedesca dell’Africa sud-occidentale; ma quando, nel 1884, quasi da un giorno all’altro, il cancelliere Bismarck aveva proclamato il protettorato del Reich, cogliendo del tutto alla sprovvista il Foreign Office, quella sensazione di minaccia si era concretizzata quasi dal nulla e certamente svolse un ruolo importante nel rinsaldare il legame di fedeltà del Dominion con l’Inghilterra, prima e durante la guerra mondiale del 1914-18.

Una situazione analoga si era verificata, in quegli stessi anni, con il Dominion dell’Australia (e, in minor misura, della Nuova Zelanda): la presenza tedesca nell’Oceano Pacifico, specialmente nella Nuova Guinea nord-orientale, nell’Arcipelago di Bismarck e nelle isole Marshall, Marianne, Palau e Caroline, oltre che in una parte delle Samoa, abilmente sfruttata dalla propaganda inglese, generò una sorta di psicosi nell’opinione pubblica australiana che, in cerca di protezione da una possibile minaccia germanica, fu spinta a cercare nel rafforzamento dei legami morali e ideali con la madrepatria uno scudo contro i Tedeschi (la stessa cosa si sarebbe ripetuta nel 1941, questa volta nei confronti della minaccia giapponese, ben più concreta e immediata).

Per quel che riguarda la rivolta boera di Maritz e De Wet, il suo rapido fallimento fu dovuto alla scarsa adesione della popolazione boera: scarsa adesione che fu l’effetto non già di un sentimento di solidarietà o di una problematica “riconoscenza” verso la Gran Bretagna, entrambe impossibili e per varie ragioni, quanto piuttosto, come evidenzia Bernard Lugan, per la stanchezza dovuta alla prova durissima del 1899-1902 e per il desiderio di non riaprire troppo presto quelle ferite e di non mettere a repentaglio, e in circostanze a dir poco incerte, quei margini di autonomia che, bene o male, il governo inglese a aveva riconosciuto ai Boeri.

Si trattava, come abbiamo visto, di margini di autonomia che essi, specie attraverso l’azione politica dei nazionalisti di Hertzog e Malan, erano decisi ad allargare per via pacifica, ma con estrema determinazione, fino alle ultime conseguenze, stando però attenti a giocare bene le loro carte e a non esporsi, con una mossa imprudente, ad una nuova sconfitta, con tutti gli effetti politici negativi che ciò avrebbe inevitabilmente comportato.

In questo senso, il fatto che solo con estrema fatica, e solo dopo due anni dall’inizio della guerra, l’Unione Sudafricana accettasse di inviare un consistente corpo di spedizione contro l’Africa Orientale Tedesca (la breve campagna contro l’Africa Sud-occidentale tedesca del 1915 era stata solo il naturale corollario del fallimento della rivolta boera); e che, nel 1917-18, una sola brigata venisse inviata a combattere fuori del continente africano, mentre forze canadesi, australiane e neozelandesi ben più consistenti stavano combattendo o avevano già combattuto al fianco della Gran Bretagna, in Europa e nel Medio Oriente (campagna di Gallipoli), sta a testimoniare quanto poco l’opinione pubblica sudafricana fosse giudicata “sicura” all’interno del sistema imperiale e quanto poco affidabili le truppe sudafricane, soprattutto boere, in una campagna militare che si svolgesse lontano dai confini dell’Unione e che, quindi, non presentasse un carattere chiaramente difensivo.

Anche il “mandato” sulla ex Africa Sud-occidentale tedesca, in effetti, si deve leggere soprattutto come un palliativo ideato dal governo di Londra che, tramite i suoi buoni uffici presso la Società delle Nazioni, intendeva dare un contentino al nazionalismo afrikaner, sempre illudendosi di poter allontanare la resa dei conti con il partito di Hertzog e Malan e la perdita di ogni effettiva sovranità sul Sudafrica e sulle sue immense ricchezze minerarie.

Si trattò, invece, di un calcolo miope, che non servì a distrarre l’attenzione dei nazionalisti afrikaner dal perseguimento della piena indipendenza e che, viceversa, creò i presupposti per una ulteriore complicazione internazionale: perché, come è noto, il governo sudafricano considerò il mandato sull’Africa Sud-occidentale come una semplice finzione giuridica e il Parlamento sudafricano legiferò nel senso di una vera e propria annessione di quel territorio e non certo nella prospettiva di avviarlo all’indipendenza.

Non bisogna mai dimenticare che l’Impero britannico, nel 1914, comprendeva un quarto delle terre emerse e un complesso di territori, come l’India, abitati da centinaia di milioni di persone, con ricchezze materiali incalcolabili. Lo storico del Novecento e, in particolare, lo storico delle due guerre mondiali, non dovrebbe mai prescindere dalla ferma, tenace volontà dei governi inglesi, specialmente conservatori, di difendere in ogni modo quell’immenso patrimonio, nella convinzione di poter trovare la formula politica per allentare, forse, la stretta, ma di conservare la sostanza di quella situazione, estremamente invidiabile per la madrepatria.

I governanti britannici erano talmente convinti di poter riuscire nell’impresa che perfino Churchill, firmando, nel 1941, la Carta Atlantica insieme a Roosevelt, nella quale si sanciva il solenne impegno anglo-americano in favore della libertà e dell’autodecisione dei popoli, era lontanissimo dal supporre che solo sei anni dopo l’Inghilterra avrebbe dovuto riconoscere l’indipendenza dell’India e del Pakistan, cuore e vanto di quell’Impero.

Essi temevano l’effetto domino di qualunque rinuncia coloniale sul resto dell’Impero ed è per questo che repressero con tanta ferocia l’insurrezione di Pasqua del 1916, a Dublino, salvo poi concedere all’Irlanda, ma solo a guerra finita, una indipendenza mutilata, conservando quell’Ulster in cui, fra nazionalisti protestanti e indipendentisti cattolici, si sarebbero riprodotte, ma a parti rovesciate, le stesse dinamiche distruttive del Sudafrica, diviso fra bianchi di origine inglese e bianchi di origine boera, dopo la vittoria militare inglese del 1902.

La storia ci mostra che non sempre chi vince sul piano militare vince anche, nel medio e nel lungo periodo, sul piano politico.

Tale fu anche il caso del Sudafrica, dopo la conquista britannica del 1902; e, in questo senso, anche la fallita insurrezione boera del 1914, forse, deve essere valutata più come il primo annuncio della futura indipendenza del Sudafrica dall’Inghilterra, che come l’ultimo sussulto della precedente guerra anglo-boera.


Francesco Lamendola