Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 26 mai 2016

Vers un crash économique mondial?

crash0130907_SBD001.jpg

Vers un crash économique mondial?

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Les économistes classiques distinguent deux niveaux de crise : la récession et la dépression, la première étant passagère (une grippe), la seconde étant plus grave (une pneumonie), comme la crise de 1929. Il existe un troisième niveau, jamais envisagé, à tort, par les économistes officiels : le crash, comparable à un cancer. Mortel. Le dernier en date eut lieu au début du Ve siècle avec l’effondrement de l’Empire romain d’Occident. Il aura fallu près de mille ans pour s’en remettre. Voici quels sont les facteurs de déclenchement possibles de l’ apocalypse économique.

  1. Un mécanisme spéculatif international fondé sur des robots numériques et déconnecté de l’économie réelle.  

Le spéculateur va du fonds de pension au petit épargnant en passant par les banques et autres institutions financières, avec aussi les fonds souverains et les important investisseurs privés. Les bourses ne dépendent plus des ordres concrets des détenteurs d’actions mais les ordres d’achats et de ventes, instantanés, sont définis par des algorithmes informatiques, simplement contrôlés, mais non décidés intelligemment, par des ”financiers” rivés à leurs écrans. Ce sont les milliers de robots interconnectés qui décident de vendre, d’acheter, d’emprunter, de prêter. De gigantesques flux d’argent, hors contrôle et totalement virtuels innervent la planète à une vitesse et avec une instantanéité phénoménales. Cela n’a aucun rapport avec l’économie réelle et peut créer des bulles explosives. Le terme d’ « économie de casino », créé par le prix Nobel d’économie Maurice Allais s’applique aujourd’hui bien plus que de son temps. 

  1. Un système bancaire international opaque et adepte de pratiques dangereuses.

Blanchiment d’argent sale, aide aux fraudes fiscales, prêts pourris… La prudence et l’honnêteté de beaucoup de banques (pas toutes évidemment !) dans tous les pays du monde peuvent être mises en cause. Il en va de même pour les compagnies d’assurance. Les banques des deux premières économies mondiales (États–Unis et Chine) sont particulièrement adeptes de créances douteuses et de pratiques risquées et opaques. L’absence de réorganisation du système bancaire international après l’alerte de 2008–2009 est inquiétante parce que le niveau des créances et d’opérations dangereuses ne cesse d’augmenter.

  1. Un endettement structurel de tous les acteurs économiques mondiaux, publics et privés.

La dette, comme un virus, est au cœur du fonctionnement de l’économie internationale : endettement croissant des États, des entreprises et des particuliers. Cette situation, jamais vue auparavant, est intenable à moyen terme. Si tout le monde emprunte plus qu’il ne peut rembourser, le système s’effondre. Parce que l’ensemble de l’économie mondiale dépense plus qu’il ne produit. Si l’État français est endetté à hauteur de presque 100% du PIB, en hausse constante, l’État chinois l’est à 230% du PIB contre 130% en 2008. Les chemins de fer chinois (China Railway Corp) sont endettés à hauteur de 557 milliards d’euros, plus que la Grèce (311 milliards) !

Pour l’instant, tout tourne mais ça ne durera pas. De plus, le vieillissement des populations occidentales, de la Chine et du Japon va considérablement alourdir la dette globale, du fait des dépenses de santé et de dépendance, si des économies drastiques ne sont pas accomplies par ailleurs par les États. (étude de S&P Global Ratings, mai 2016). L’éclatement de la bulle d’endettement mondial peut provoquer un ”effondrement systémique” : faute de pouvoir être remboursées, la plupart des institutions financières mondiales font faillite. Et entrainent dans leur chute une majorité des acteurs économiques qui sont totalement liés les uns aux autres. C’est le fameux effet domino.

Obama-Wall-Street.jpg

  1. Une Union européenne plombée par la France socialiste, homme malade de l’Europe

Contrairement à ce que prétendent certains (au FN, etc.), ce n’est pas l’UE, aussi imparfaite soit-elle, qui plombe l’économie française mais le système socio-économique français, d’inspiration marxiste, qui se plombe lui-même… et qui menace toute la zone Euro. Pour l’économiste Nicolas Baverez, la France risque l’ «  implosion » et peut entrainer dans sa chute la zone Euro, ce qui provoquerait une récession mondiale. « Le grand écart entre les deux principales économies de la zone euro (France et Allemagne) est insoutenable à terme ». Les dirigeants français ont toujours « refusé toute réforme d’un modèle économique et social suicidaire ». Si la droite revient au pouvoir en 2017, il est très peu probable qu’elle ait le courage d’accomplir un tournant majeur, en dépit des promesses de chevaux de retour candidats à la primaire. On les connaît…

De plus, indépendamment du cas français, l’UE est menacée de dislocation du fait d’autres causes structurelles : elle constitue un ensemble mal organisé, économiquement et financièrement mal géré, sans frontières, sans politique commerciale extérieure. La France entrainera d’autant plus facilement l’Europe dans son naufrage que cette dernière est déjà un navire qui prend l’eau.   

  1. Les migrations massives et le choc avec l’islam

Ces deux facteurs, qui menacent l’Europe (surtout) et l’Amérique du Nord, sont lourds de conséquences économiques. Une colonisation de peuplement par des populations en grande majorité musulmanes et globalement (qu’ils soient migrants récents ou nés ici) d’un niveau très inférieur aux populations autochtones en déclin démographique dramatique, va être la source d’énormes troubles. Ils s’ajouteront aux causes ethniques et démographiques d’un effondrement économique global et prendront probablement la forme d’une guerre civile, d’abord en France. Cette dernière sera un facteur d’accélération d’un crash économique qui affectera toute l’Europe et, par effet de dominos, le monde entier.     

Quelques signes avant–coureurs de l’effondrement

Tout d’abord le cours de l’or explose : +18% depuis le 1er janvier 2016. C’est une valeur refuge, un placement improductif. 1.290 tonnes d’or ont été négociées depuis cette date, soit 25% de plus qu’en 2015.Chiffre énorme. Le repli sur l’or est de très mauvais augure, il traduit un pessimisme profond, l’attente d’une catastrophe économique.

Ensuite, sur la côte Ouest américaine, paradis des start–up et de l’économie numérique, les investissements ont chuté de 25% au premier trimestre 2016. La Silicon Valley, temple et thermomètre de la ”nouvelle économie”, est en grande difficulté financière. C’est la première fois depuis sa création, voici trente ans. Enfin, les fonds financiers européens et américains ont, depuis quelques mois, retiré 90 milliards de dollars des marchés des actions pour les reporter sur… l’achat d’or. N’oublions pas non plus l’inquiétante récession du Brésil : un PIB en chute de 3,8% en 2015 et probablement autant en 2016 selon le FMI.

L’optimisme forcé, assez irrationnel, sur la ”nouvelle économie numérique”, avec le big data, la blockchain, l’impression 3D, le ”transhumanisme”, etc. qui préfigureraient une ”troisième révolution industrielle” et un nouveau paradigme (et paradis) économique mondial, relève probablement de l’utopie et de l’auto persuasion. Et de la croyance aux miracles.

Les conséquences d’un crash économique mondial

En Europe, un effondrement du niveau de vie d’environ 50% est parfaitement possible, avec le retour de nombreux pays à une économie de subsistance, à la suite d’un déclin géant de tous les échanges et investissements. Certains diront que tout cela sera positif en créant un terrible chaos qui remettra les pendules à l’heure et provoquera par contrecoup un effet révolutionnaire de renaissance.   

Un tel crash pourrait peut-être stopper et inverser les flux migratoires en Europe. On ne sait pas, nous verrons bien. On ne peut pas prévoir les conséquences exactes d’événements qui, eux pourtant, sont prévisibles. Il faut simplement se préparer au pire qui peut aussi être le meilleur.

cr1337.jpg

Lettre ouverte de Tomislav Sunic à M. Laurent Joffrin, rédacteur en chef de Libération (Paris)

tomsun915_3373345024469298778_o-e1454783535331.jpg

Lettre ouverte de Tomislav Sunic à M. Laurent Joffrin, rédacteur en chef de Libération (Paris)

Nous publions cette lettre de Tomislav Sunic à la rédaction de Libération pour la raison suivante: cette gazette parisienne a l'art de publier des articles injurieux, moralisants, ineptes sur les réalités politiques de TOUS les autres pays européens, sous prétexte que ces réalités ne s'alignent pas sur les fantasmes malsains des gauches françaises, dont la caractéristique principale est le déni du réel, assorti d'une crapulerie de plus en plus manifeste. Cette attitude est inacceptable, dans le chef de Libération comme dans celui d'autres gazettes parisiennes. Il serait bon que de toutes les régions d'Europe, de protestations s'élèvent, véhémentes, pour que cette volonté de tout homogénéiser, que ce mépris d'autrui, que cette arrogance fondée sur l'ignorance crasse du monde et des faits, soient systématiquement fustigés, dénoncés et surtout moqués.

Le 24 mai, 2106

M. Laurent Joffrin, Rédacteur en chef, Libération

Objet : « En Croatie, un révisionniste ministre de la Culture » Le 23 mai 2016 http://www.liberation.fr/debats/2016/05/23/en-croatie-un-revisionniste-ministre-de-la-culture_1454623

Monsieur,

Chaque fois qu'un commentaire paraît dans les médias étrangers au sujet du nouveau gouvernement croate et surtout de son nouveau ministre de la Culture, M. Zlatko  Hasanbegovic, on doit s’armer contre un déluge d’amalgames.  Les termes diabolisateurs tels que « extrême droite », « droite extrême »,  « oustachis-fascistes »,  semblent toujours bien coller à la Croatie. La langue de bois qui était de rigueur chez les anciens scribes yougo-communistes semble être dorénavant reprise par les bien-pensants français qui l’emploient à volonté à l’encontre de tous ceux qui s’écartent un tant soit peu de l’historiographie officielle, ou bien qui expriment des doutes sur la vulgate libéralo-multiculturelle, prescrite par l’Union Européenne.     

Pour sa part et afin de mériter son certificat de bon élève démocratique, la Croatie est censée se vautrer éternellement dans le déni de soi et les mea culpa historiques. Quelles sont concrètement les sources auxquelles puise Libération quand il nous suggère que  « d’après les estimations les plus fiables, au moins 83 000 personnes ont été assassinées dans le camp (oustachi) de concentration et d’extermination de Jasenovac ».  On croit rêver en lisant les propos de Libération, vu que d’après le gouvernent serbe, ce chiffre victimaire, adopté volens nolens par le gouvernement croate, s’élève à neuf fois plus en Serbie !  Alors Libération semble tomber lui- même,  soit dans le guet-apens du révisionnisme, soit dans le mensonge ordinaire.

Vos correspondants auraient pu ajouter, ne serait-ce que par souci d’objectivité, qu’en grande partie, l'administration de la Croatie actuelle, les médias et  l’enseignement supérieur, regorgent encore de nombreux ex-communistes et de leur progéniture post-yougoslave. Autrefois, ils faisaient les pèlerinages de Moscou et de Belgrade et maintenant, leurs lieux saints sont devenus Washington et Bruxelles. Pour des raisons d’honnêteté minimum, on aurait peut-être pu ajouter aussi un mot ou deux sur l'anniversaire des massacres de centaines de milliers de civils croates et allemands de souche par les communistes de Josip Broz Tito, en mai-juin 1945… Un nombre important de ses sbires communistes, bien que séniles, sont encore bien vivants en Croatie d'aujourd’hui. Au lieu de perdre son temps sur la montée de la prétendue bête immonde de l’extrême droite oustachie-révisionniste en Croatie, on ferait mieux de se focaliser davantage sur l'héritage catastrophique de l'ancien  chouchou de l'Occident, à savoir l'ex-Yougoslavie communiste et multiculturelle.

Cordialement,

Tomislav SUNIC

(écrivain)

Croatie, Zagreb

L’erreur stratégique d’Hillary Clinton

hillary-angrydddd.jpg

L’erreur stratégique d’Hillary Clinton

par Pierre Toullec

Ex: http://www.katehon.com

Tout au long des élections américaines de 2016, retrouvez chaque vendredi l’analyse de Pierre Toullec, spécialiste de la politique américaine, en exclusivité pour Breizh Info ! L’occasion de mieux comprendre les enjeux et les contours d’élections américaines finalement assez mal expliquées par la majorité de la presse subventionnée – sponsor démocrate de longue date. L’occasion également d’apprendre ce qui pourrait changer pour nous, Européens, suite à l’élection d’un nouveau président de l’autre côté de l’Atlantique.

L’erreur stratégique de Hillary Clinton

La division au sein du Parti républicain reste profonde et dangereuse pour son avenir et pour les élections de novembre 2016. Cependant, une opportunité de conserver la mainmise sur le pouvoir au Congrès pourrait se présenter. A droite, les deux derniers adversaires de Donald Trump, le sénateur Ted Cruz et le gouverneur John Kasich, ont abandonné la course suite à la victoire du milliardaire dans l’Indiana. Le processus de nomination chaotique qui a duré des mois est terminé et le Parti républicain sera donc représenté par Donald Trump aux élections présidentielles.

Dans le même temps, la primaire démocrate qui, au contraire,  s’était déroulée de manière relativement paisible, avec une bonne entente entre Hillary Clinton et Bernie Sanders, prend un tournant violent, à la fois dans le langage mais aussi physiquement !

Cette évolution est liée au fait que Clinton ne parvient pas à vaincre Sanders. Au cours des mois de février et mars, l’ex-première dame a accumulé les victoires principalement dans le Sud, avec des marges impressionnantes, comme en Caroline du Sud (78 % des voix), en Louisiane (71 % des voix) ou encore au Mississippi (82,6 % des voix).  Etant donné la répartition à la proportionnelle des délégués au sein des primaires démocrates, pour les observateurs politiques, ces victoires auraient dû lui permettre de prendre une forte avance sur son adversaire. C’était bien le cas : les délégués engrangés durant les votes du Sud ont apporté à Hillary Clinton une telle avance qu’elle se considéra très tôt comme la gagnante et que désormais les Démocrates devaient se réunir derrière sa candidature.

Ses victoires dans cette partie des Etats-Unis ont été liées à des facteurs spécifiques au Sud. Hillary Clinton est populaire auprès des minorités, notamment noires, qui sont présentes en grand nombre dans ces Etats et y représentent la majorité des électeurs démocrates. De plus, son époux était gouverneur de l’Arkansas, un Etat au cœur du Sud et fut un président particulièrement apprécié de la communauté afro-américaine pour ses politiques de discrimination positive. Enfin, dès le début de la campagne, Hillary Clinton s’est orientée comme héritière naturelle des années Obama, un pari gagnant pour s’assurer le soutien des minorités.

Ainsi à la mi-mars, la candidate était donnée déjà gagnante. Son adversaire ne s’est pas résigné. Au contraire, Bernie Sanders a utilisé l’argument des victoires de Clinton dans le Sud pour affirmer qu’elle n’est qu’une candidate « régionale » incapable de gagner dans le reste du pays. Il n’avait d’ailleurs pas essayé de la combattre dans ces Etats, préférant se concentrer dans des territoires plus favorables. Il semble que les faits lui aient donné raison : depuis le 15 mars, le sénateur Sanders accumule les victoires et rattrape progressivement son retard.


L’état de la primaire démocrate A l’exception de l’Oklahoma, il est clair sur cette carte que Hillary Clinton est parvenue à remporter l’intégralité des Etats du « Sud ». Cependant, depuis que ces Etats ont fini de voter, à quelques exceptions, les victoires se sont faites rares dans le reste du pays
L’enthousiasme de Clinton a joué contre elle. Sûre de sa victoire, elle a commencé dès la mi-mars à se détourner de la primaire démocrate pour se préparer à l’élection nationale de novembre contre le futur candidat républicain. L’argent et l’organisation ont commencé à manquer pour les primaires qui ont suivi du fait de cette réorientation stratégique. Comme en 2008, Hillary Clinton a fait l’erreur de penser avoir gagné alors que le match n’était pas terminé.

La conséquence de cette erreur est particulièrement grave dans cette élection. En effet, il est désormais certain qu’aucun des deux candidats n’aura suffisamment de délégués pour remporter la primaire le de la convention nationale de juillet. Hillary Clinton conserve un avantage car elle a le soutien de la majorité des super-délégués, mais ces derniers peuvent changer d’avis à tout moment, en particulier s’ils voient que le vent tourne définitivement en faveur de Bernie Sanders.

*Les Super-délégués démocrates sont les cadres et les élus du parti. Ils sont libres de leur vote le jour de la convention nationale. La majorité d’entre eux s’est engagée à soutenir Hillary Clinton mais ils sont libres de changer d’avis jusqu’à la convention démocrate qui se tiendra du 25 au 28 juillet 2016. En 2008, une majorité de super-délégués s’était engagée à soutenir Hillary Clinton au début de la campagne mais a décidé d’élire Barack Obama alors que Clinton avait 300.000 voix d’avance sur lui dans la primaire.


*Les Super-délégués démocrates sont les cadres et les élus du parti. Ils sont libres de leur vote le jour de la convention nationale. La majorité d’entre eux s’est engagée à soutenir Hillary Clinton mais ils sont libres de changer d’avis jusqu’à la convention démocrate qui se tiendra du 25 au 28 juillet 2016. En 2008, une majorité de super-délégués s’était engagée à soutenir Hillary Clinton au début de la campagne mais a décidé d’élire Barack Obama alors que Clinton avait 300.000 voix d’avance sur lui dans la primaire.

hillary_lead_color_revolution.jpg


Le sénateur a été clairement sous-estimé par les dirigeants du parti. Les super-délégués sont désignés parce qu’ils représentent le Parti démocrate à un poste d’élu à l’échelle nationale ou locale. Or, la vague « Bernie Sanders » ne s’est pas faite uniquement sur les délégués à remporter. Ces victoires lui ont permis de placer ses fidèles à des postes stratégiques voire à la direction des partis locaux dans plusieurs Etats. Cette situation change la donne car elle menace directement les super-délégués : ceux qui soutiennent Clinton alors que leur Etat a voté pour Bernie Sanders pourraient se voir éjectés du parti lors des primaires pour le Congrès et les postes d’élus représentant le parti démocrate. Si Bernie Sanders continue d’accumuler les victoires, de plus en plus de super-délégués pourraient se voir forcés de modifier leur soutien pour garantir leur poste.

Le danger de l’enthousiasme féminin

L’une des plus grandes forces derrière la candidature de Hillary Clinton, au-delà du soutien des minorités, vient du soutien féminin. De très nombreuses femmes soutiennent et votent pour Hillary car elles veulent garantir l’élection de la première femme présidente des Etats-Unis, ou au moins la première nomination d’une femme à la tête d’un des deux grands partis américains. Il est clair que cet enthousiasme lui a permis de gagner plusieurs votes. Aujourd’hui, la campagne de Clinton se retrouve face à une difficulté particulièrement délicate à gérer : des milliers de femmes veulent être élues déléguées pour se rendre à la convention de juillet et voter pour elle lors de cet événement. La conséquence première est que la campagne de Clinton se retrouve débordée par le travail de sélection des délégués car il y a beaucoup trop de candidats, et particulièrement de candidates.

Sur le principe, un tel enthousiasme est généralement bénéfique lors d’une élection. Le problème central est qu’il est lié ici au genre de la candidate et non à ses idées ou à ses propositions. Actuellement, la campagne de Clinton a beaucoup de mal à sélectionner ses futurs délégués à cause de cet afflux massif de candidates. Autrement dit, sa campagne n’est pas en mesure de faire une sélection solide sur les délégués qui la soutiennent. Ceci signifie que de nombreuses femmes (notamment) seront présentes à la convention pour voter pour elle, mais ces délégués peuvent partager les idées de Bernie Sanders. Même si Hillary Clinton parvient à être nominée par la convention, nombre de ses propres supporters pourraient alors voter contre ses idées et faire valider un programme politique en désaccord avec le programme de Hillary Clinton, et pire, pourrait donner les clefs du parti démocrate aux proches de Bernie Sanders, mettant en péril une potentielle présidence Clinton qui pourrait se retrouver avec le parti qui l’a élue hostile à sa gouvernance !

La division démocrate : l’opportunité gagnante pour Donald Trump ?

Enfin, Hillary Clinton peut tout à fait remporter la nomination et garantir ainsi la victoire de Donald Trump. Au début de la campagne, la candidate a souffert dans plusieurs Etats de la présence du milliardaire car plusieurs dizaines de milliers de ses soutiens sont allés voter dans la primaire républicaine en faveur de Trump. Malgré cela, les sondages donnaient Clinton largement vainqueur contre le candidat républicain.

Depuis, alors que le ton a commencé à monter entre les deux adversaires démocrates, de plus en plus d’électeurs de Bernie Sanders s’engagent dans un mouvement « Never Hillary » semblable à celui que des républicains continuent de monter contre Donald Trump.

La tension est si forte entre les deux camps que de plus en plus de soutiens de Bernie Sanders affirment aujourd’hui être prêts à voter pour Donald Trump si Hillary représente le parti démocrate. Ceci était impensable il y a encore quelques mois, mais il y a de nombreuses similarités entre les candidatures des deux hommes. Certes leurs programmes diffèrent, mais ils ont tous les deux construit leur discours autour d’un message « anti-Washington », « anti-élites » et « anti-Wall Street ». Cette image d’outsiders qu’ils partagent favorise fortement le candidat républicain.

Cette évolution ne s’observe pas seulement dans les intentions de votes et dans les sondages. Les conventions des différents Etats deviennent de plus en plus chaotiques, avec des violences verbales et physiques ! La convention démocrate du Nevada qui s’est tenue au cours du week-end dernier a vu des militants des deux bords s’insulter, se menacer de mort et envoyer sur les militants adverses des projectiles, principalement des chaises et des bouteilles en verre ! Les soutiens de Bernie Sanders ont accusé la direction du parti démocrate du Nevada de violer les règles des votes de désignation des délégués et de favoriser Hillary Clinton. Ce mercredi, sur CNN, le directeur de campagne de Bernie Sanders lui-même a accusé la direction du Parti démocrate de truquer les conventions d’Etats et certains votes pour garantir la victoire de Clinton.

En réaction, de plus en plus de soutiens de Bernie Sanders rejoignent les rangs des « Démocrates pour Trump ». Ce mouvement s’est vu notamment dans l’évolution rapide dans les sondages. Donald Trump a toujours du mal à regrouper son camp et nombre d’électeurs républicains se tournent vers le parti libéral ou sont en recherche d’un autre candidat à présenter sous l’étiquette « conservateur ». Cependant, sa victoire désormais garantie lui a permis de voir l’opposition de droite à sa candidature diminuer.

hill50mglUb2m1slqt1mo1_1280.jpg

Mais le plus fort mouvement observable au cours des dernières semaines est la rapide augmentation du nombre de démocrates pro-Sanders qui se disent prêts à voter pour Trump si Hillary Clinton remporte la nomination ! Le mouvement devient tellement important que la direction de la campagne de Sanders travaille à renverser la tendance. La menace est si forte que Bernie Sanders lui-même est intervenu pour dire à ses électeurs que s’il perd la primaire, il ne faut pas qu’ils aillent voter pour Trump mais bien qu’ils votent pour Hillary Clinton. Pour la première fois depuis très longtemps, deux sondages (Fox News et Rasmussen) ont donné Donald Trump gagnant en cas de duel contre Hillary Clinton, notamment grâce aux soutiens de Bernie Sanders.

Mais la division des démocrates ne va pas que dans un sens. Les supporters de Hillary Clinton aussi commencent à se détourner de Bernie Sanders. Dans deux sondages, en cas de duel Trump – Sanders, le même mouvement apparait. Une forte partie de l’électorat de Hillary Clinton commence à exprimer son refus de voter pour Sanders et préférer voter pour Trump, donnant ces deux candidats au coude à coude.

Depuis le début de la semaine, les événements s’aggravent entre les deux camps. Le parti démocrate du Nevada a officiellement déposé une plainte auprès du parti national le lundi 16 mai demandant la condamnation publique de la campagne de Bernie Sanders, un mouvement qui n’a pas manqué d’attiser la colère des militants du sénateur du Vermont. Le lendemain, la présidente du parti démocrate, Debbie Wasserman Schultz, a exprimé par le biais d’un communiqué de presse son inquiétude face à la montée des tensions internes au parti. Sa direction doit dans les prochains jours organiser une rencontre entre les dirigeants des campagnes de Clinton et Sanders pour tenter d’apaiser la situation.

Il y a seulement quelques semaines, les démocrates étaient impatients de voir la nomination de Donald Trump du côté républicain, pariant sur le fait que sa victoire en juillet aurait garanti la victoire démocrate en novembre. L’erreur stratégique de Hillary Clinton en mars a créé une division d’une violence non vue au sein du parti démocrate depuis la primaire de 1968. Cette erreur pourrait bien donner sur un plateau la présidence des Etats-Unis à Donald Trump, comme ce fut le cas pour Richard Nixon cette année-là.

Retrouvez les articles précédents :

1 – L’Iowa et Ted Cruz (5 février 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/02/05/usa-iowa-retour-sur...)

2 – Le New Hampshire et Donald Trump (12 février 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/02/12/new-hampshire-retou...)

3 – Le décès du juge Scalia (19 février 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/02/19/elections-usa-les-c...)

4 – L’ascension de Donald Trump (26 février 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/02/26/39697/etats-unis-do...)

5 – Qui a réellement gagné le Super-Tuesday du 1er mars ? (4 mars 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/03/04/40056/elections-ame...)

6 – La convention républicaine de 2016 : l’arrivée d’une crise politique majeure ? (11 mars 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/03/11/40308/elections-ame...)

7 – La primaire républicaine : une course à deux ou à trois ? (18 mars 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/03/18/40559/etats-unis-la...)

8 – Les conséquences des attentats du 22 mars sur les élections américaines (25 mars 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/03/25/40896/consequences-...)

9 – 2016 : la compétition des impopulaires ? (2 avril 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/04/02/41152/elections-ame...)

10 – Le 5 avril 2016 : un tournant dans les primaires ? (8 avril 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/04/08/41594/usa-5-avril-2...)

11 – L’Etat de New York : la surprise (22 avril 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/04/22/42453/elections-usa...)

12 – Donald Trump : la victoire au bout des doigts ? (29 avril 2016) (http://www.breizh-info.com/2016/04/29/42803/elections-ame...)

Crédit photo : DR + flickr
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

Vérité pour les oustachis

Croatia-Surging-Right_Horo-965x543.jpg

Vérité pour les oustachis

par Georges FELTIN-TRACOL

 

La grasse presse française, britannique, belge, allemande en tremble déjà d’effroi. Après la Hongrie du national-conservateur Viktor Orban, la Pologne des patriotes sociaux de Beata Szydlo et Jaroslaw Kaczynski, la Slovaquie du social-démocrate nationaliste Robert Fico, la Croatie serait en passe de rejoindre le club de plus en plus recherché des « démocraties illibérales »… La chaîne franco-allemande Arte s’inquiète que le nouveau gouvernement HDZ (les nationaux-conservateurs artisans de l’indépendance en 1991) accroisse son contrôle sur les médiats publics (attitude bien sûr impensable en France où les chaînes publiques versent tous les jours dans l’ultra-nationalisme le plus outrancier). Pis, le nouveau ministre de la Culture, l’historien Zlatko Hasanbegovic, envisagerait de réhabiliter – horresco referens – les oustachis et leur chef, le Poglavnik Ante Pavelic. Les Bo-Bo dans leurs lofts huppés ne s’en remettent pas tant ils sont angoissés, indignés et traumatisés par ces nouvelles. Le nouveau livre de Christophe Dolbeau risque d’aggraver leur dépression.

 

Démolir une histoire officielle mensongère

 

Amoureux de l’histoire, du peuple et de la nation croates, Christophe Dolbeau y dénonce la « légende noire » de l’Oustacha, cette « Organisation révolutionnaire croate des oustachis ». Outre une alliance avec l’Axe préjudiciable à la cause nationale croate depuis 1945, la Croatie oustachie de 1941 à 1945 garde une très mauvaise réputation. Il faut dire que « seuls maîtres des lieux à partir de 1945, les communistes en ont écrit l’histoire à leur convenance et il convient de considérer ce récit avec la plus grande circonspection (p. 375) ». En effet, « grâce aux efforts conjugués des propagandes serbe et communiste, les crimes les plus abominables leur sont attribués et le monde entier est régulièrement appelé à les vilipender en chœur. Tout cela est faux et relève, bien entendu, d’un gigantesque montagne. Le premier objectif de cette manœuvre est de disqualifier durablement le nationalisme et même le simple patriotisme croate afin de laisser le champ libre aux projets yougoslaves; le deuxième est de susciter a contrario un élan de sympathie pour le “ pauvre petit peuple serbe ” et d’occulter les méfaits de ses dirigeants; le troisième, enfin, est de justifier les actes des partisans communistes qui ont “ heureusement ” terrassé la “ bête immonde ” (p. 371) ».

 

Faut-il ensuite vraiment s’étonner que, « décrit comme un être brutal et pervers, commandant d’une main de fer une sombre association de tueurs à la solde du fascisme – les oustachis -, Ante Pavelic fut dès lors rangé au nombre des disciples les plus glauques d’Adolf Hitler. Par la suite, on appliqua la même recette à “ l’État indépendant croate ” (1941 – 1945), dépeint à l’envi comme un enfer pire que le Reich lui-même (p. 7) » ? Plus grave, « dans l’entreprise de diabolisation qui vise l’État indépendant croate, la réputation cauchemardesque des camps de détention de cet État joue un rôle capital (p. 375) ». L’auteur ne rédige pourtant pas une apologie : il conserve son objectivité. La Croatie se trouvait en guerre et les exactions à l’encontre des civils étaient inévitables.

 

Toutefois, il s’interroge sur l’inégalité de traitement historique entre les atrocités oustachies, régulièrement condamnées par les autorités officielles croates, et la tragédie, qu’il qualifie de démocide, de Bleiburg en mai 1945 du nom d’une bourgade autrichienne. Entre 600 000 et un million de Croates de tout âge et de toute condition sociale y furent massacrés par les partisans communistes de Tito. Par ailleurs, les zélées troupes britanniques remirent aux Yougoslaves tous leurs prisonniers croates dont rares furent les survivants. En Croatie, la répression fut aussi implacable. Christophe Dolbeau rapporte qu’« au moins 200 000 Croates trouveront effectivement la mort dans ces funestes colonnes qui traversent à pied la Yougoslavie : la mort par épuisement, par la faim, la soif, le typhus, et la mort brutale de la main de gardiens fanatisés (p. 324) ». Tout le territoire croate se couvre de fosses communes et de camps communistes d’exécutions de masse.

 

L’extermination programmée des élites croates

 

Sur ce sujet bien précis, l’Occident refuse la moindre repentance. Estimant que de futures découvertes archivistiques révéleront l’identité des ultimes donneurs d’ordres, l’auteur incrimine le Britannique Anthony Eden comme « LE grand instigateur de la tragédie (p. 331) ». Bleiburg et la sanglante épuration en Croatie représentent « près de trente fois Katyn ! Ce démocide, il faut le savoir, n’a pas été le fait d’individus incontrôlés, mais bien le fruit d’une politique délibérée. On a parlé d’un ordre formel de Tito à ses généraux et aux chefs de l’OZNA, et l’on a remarqué la parfaite organisation technique des bourreaux (pp. 325 – 326) ». « D’une brutalité inouïe, cette grande purge cause dans la société croate un traumatisme profond, d’autant plus qu’elle s’accompagne de l’émigration massive et définitive de ceux qui parviennent à passer à travers les mailles du filet (pp. 353 – 354). » L’auteur insiste sur ce nettoyage socio-ethnique : « Au démocide aveugle et massif qu’incarnent bien Bleiburg et les marches de la mort s’ajoute un crime encore plus pervers, celui que le professeur Nathaniel Weyl a baptisé aristocide et qui consiste à priver délibérément une nation de son potentiel intellectuel, spirituel, technique et culturel (pp. 342 – 344) ». Résultat, « la Croatie mettra près de vingt-cinq ans à se doter d’une nouvelle élite digne de ce nom, puis encore vingt ans à émerger définitivement du cauchemar yougo-communiste ! (p. 355) ».

 

ustK83887_1.jpgAvant même d’aborder ces sanglants faits historiques occultés par une histoire officielle qui s’apparente de plus en plus à un ensemble de dogmes officiels incontestables sous peine d’excommunication civile et judiciaire, Christophe Dolbeau prouve que l’Oustacha, Ante Pavelic et l’État indépendant croate demeurent les victimes d’une virulente et intense désinformation. Éléments en pointe de la résistance croate à l’entreprise démente, centralisatrice et unificatrice de la dynastie usurpatrice serbe des Karageorgevic, les oustachis coopèrent avec les nationalistes macédoniens de l’ORIM (Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne) et combattent les tchetnik royalistes panserbes de Draja Mihaïlovic qui bénéficient parfois de l’assistance matérielle des Italiens, toujours méfiants à l’égard d’une Croatie indépendante qui contrarient leurs ambitions balkaniques. Zagreb tente d’atténuer les litiges territoriaux et frontaliers avec Rome en s’érigeant en royaume offert à un membre de la Maison royale italienne de Savoie, le duc Aymon de Spolète, devenu Tomislav II. Mais le souverain abdique le 12 octobre 1943…

 

Les relations germano-croates sont aussi difficiles, car Hitler, à l’origine, soutenait l’unité de la Yougoslavie. Les services britanniques à Belgrade renversent le gouvernement pro-allemand, ce qui aboutit à l’intervention militaire des armées allemandes, italiennes, hongroises et bulgares en « Slavie du Sud » et favorise par contrecoup inopiné l’indépendance croate. Alignée de fait sur Berlin, le jeune État croate s’en distingue néanmoins, dans le traitement de ses minorités religieuses et nationales.

 

Les oustachis et leurs minorités ethno-religieuses

 

Ainsi, les oustachis ont-ils la réputation d’être des antisémites carabinés. Or, « issu d’un parti qui avait toujours compté de nombreux Juifs dans ses rangs, soulage Christophe Dolbeau, Ante Pavelic n’était absolument pas antisémite : sa femme était d’ailleurs d’ascendance partiellement juive, ce qui était également le cas des épouses de plusieurs de ses proches collaborateurs. L’Oustacha ne recrutait pas sur des critères raciaux et plusieurs de ses cadres étaient juifs. Lorsque l’État croate adopta des lois antijuives, il fut précisé que n’étaient pas visés les Juifs convertis ni les conjoints de chrétiens; on institua par ailleurs un statut d’Aryen d’honneur qui permit de mettre à l’abri nombre de serviteurs de la cause nationale et de citoyens éminents (pp. 382 – 383) ». Ne versaient-ils pas alors dans la haine anti-orthodoxe et la serbophobie ? En fait, « dans le domaine militaire […], l’armée régulière croate possédait un grand nombre de généraux orthodoxes, la milice oustachie quelques officiers supérieurs de cette confession, et, à partir de juin 1942, il y eut même dans les troupes neuf bataillons du génie à recrutement orthodoxe (pp. 387 – 388) ». « Le gouvernement avait dans ses rangs un ministre orthodoxe (Sava Besarovic) (p. 387). » Mieux encore, « le 3 avril 1942, Ante Pavelic suscite la naissance d’une Église orthodoxe croate, indépendante du patriarcat serbe. Placée sous l’autorité du métropolite Germogen et destinée à moyen terme à se rattacher au patriarcat œcuménique de Constantinople, cette Église fut dotée de statuts directement inspirés de ceux de l’Église orthodoxe serbe (p. 387) ». Une autre minorité est pleinement intégrée dans le nouveau cadre étatique : les musulmans de Bosnie. Ante Pavelic n’affirme-t-il pas que « les musulmans croates sont la moelle épinière du peuple croate (p. 50) » ? Maints mahométans accèdent à la vice-présidence du gouvernement, à la tête de ministères régaliens, à la présidence de la Cour suprême, ou au commandement d’unités militaires. « Le Poglavnik prend la peine de consulter le Reis-ul-ulema, les tribunaux de la charia retrouvent un statut officiel (décret du 30 juin 1941), le salaire des imams est pris en charge par l’État (décret du 25 mai 1944), et le gouvernement s’engage à subventionner plusieurs institutions emblématiques comme le conseil des ulémas (Ulema Medzlis), les écoles primaires et les écoles coraniques (pp. 51 – 52). » L’actuel ministre de la Culture, Zlatko Hasanbegovic, est d’ailleurs de confession musulmane.

 

Soutien français et résistance armée après-guerre

 

Véridique histoire des oustachis mentionne les quelques rares amis de la cause croate tels l’avocat français Georges Desbons qui déclarait que « la Croatie est ma seconde patrie (p. 293, note 17) ». Radié du Barreau quand il défendait avec fougue les Macédoniens auteurs de l’attentat de Marseille en 1934, cet anti-munichois convaincu fut un éphémère ambassadeur de l’État français à Zagreb. Christophe Dolbeau ne se contente pas d’expliquer la Seconde Guerre mondiale en Croatie. Il traite aussi de l’après-guerre pour les oustachis rescapés. Présente en Europe occidentale et, surtout, aux Amériques, l’émigration croate se montre combative et se donne successivement un Comité national croate, puis un Mouvement de libération croate, affiliés à la Ligue anti-communiste mondiale et au Bloc antibolchevique des nations.

 

dolbeau.jpg

 

En Yougoslavie même persiste jusqu’en 1949 – 1950, une farouche résistance nationaliste anti-communiste. « En Bosnie-Herzégovine, où le relief se prête parfaitement à la guérilla, les skripari se montrent particulièrement actifs (pp. 358 – 360). » Agissent enfin à l’étranger quelques groupes armés comme la Fraternité des croisés croates qui organise des attentats dans la décennie 1960, ou la Fraternité révolutionnaire croate qui détourne un avion en 1976 sur la ligne New York – Chicago.

 

Fort riche en révélations historiques assorties d’un grand nombre de sources, ce bel essai n’évoque toutefois pas l’héritage de l’Oustacha en Croatie depuis 1991, ni le parcours du Père de l’indépendance, Franjo Tudjman. Devenu historien et dissident, cet ancien communiste comprit au cours de ses recherches l’ampleur du démocide croate. L’ouvrage de Christophe Dolbeau rétablit la stricte vérité historique d’un mouvement et d’une nation, guère connus des Français. L’histoire en sort grandie.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Christophe Dolbeau, Véridique histoire des oustachis, Éditions Akribeia (45/3, route de Vourles, F – 69230 Saint-Genis-Laval), 2015, 419 p., 27 €, à commander aussi sur le site : http://www.akribeia.fr/.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=4914

 

Autopsie d’une société libérale

Autopsie_d_une_societe_liberale-c7740.png

Autopsie d’une société libérale

Conférence de Michel Drac et Maurice Gendre à Nantes

L’équipe d’E&R Pays de la Loire recevra Michel Drac et Maurice Gendre à Nantes le samedi 4 juin 2016 à 14 h pour une conférence intitulée « Autopsie d’une société libérale ».

Cette rencontre se déclinera en deux interventions distinctes :

- « L’épuisement des ressources humaines » par Michel Drac
- « Du sérieux au sensationnel, analyse du phénomène Trump » par Maurice Gendre

Réservations : conference.nantes@outlook.fr

Entrée : 7 euros.

00:05 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, nantes, bretagne, pays de la loire, libéralisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 25 mai 2016

«Never Say Anything – NSA»: nouveau roman de Michael Lüders, spécialiste du Proche-Orient

michael-lueders_900x510.jpg

Des abîmes d’horreurs présents dans la réalité

«Never Say Anything – NSA»: nouveau roman de Michael Lüders, spécialiste du Proche-Orient

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

mk/wvb. Depuis qu’Edward Snowden a placé sur Internet une grande quantité de documents relatifs aux services secrets américains et s’est réfugié en Russie, les esprits les plus simples comprennent qu’il existe un stockage de données en attente, que toute transaction financière est enregistrée, tout comme les données des déplacements en avion et d’autres données personnelles. Celles-ci peuvent être utilisées, même sans bases législatives, n’importe où et par n’importe qui lorsque quelqu’un l’estime nécessaire.


Les flux de réfugiés venant du Proche-Orient et d’Afrique, mis en scène par les médias, nous rappellent quotidiennement que la guerre, en tant que moyen politique, est devenue monnaie courante. Nous pouvons fermer les yeux, détourner notre regard ou bien, si cela n’est plus possible, nous demander comment agir nous-mêmes face à cette misère.


NSA-9783406688928_cover-192.jpgDans son roman «Never say anything – NSA», Michael Lüders nous montre magistralement que nous aussi, nous vivons dans ce monde et que chacun d’entre nous porte une responsabilité envers l’histoire et les générations futures.


Sophie, la principale figure de son roman, est témoin en tant que journaliste, et à deux doigts près victime d’un massacre perpétré dans un village marocain. Ayant eu la vie sauve, elle se met à rechercher les causes de cette attaque brutale et découvre d’explosives relations de pouvoir géopolitiques. Lorsqu’elle tente de publier ses recherches dans son journal, elle se retrouve sous une douche écossaise: les médias mondiaux lui accordent la plus grande attention, mais lorsque l’affaire prend une tournure dangereuse les dirigeants de la rédaction, orientés vers les Etats-Unis, tentent de faire disparaître l’affaire en obligeant Sophie à lâcher ce sujet.

Lüders démontre par cet exemple à quel point les médias sont manipulés, combien on s’efforce de faire plier les journalistes sur une certaine ligne politique et combien ils sont mis à l’écart s’ils tentent de s’en tenir à la vérité. Mais Sophie ne se laisse pas intimider, elle cherche et trouve une voie pour continuer ses recherches et pour les publier, malgré le boycott des médias alignés. L’affaire prend de l’ampleur et devient de plus en plus dangereuse pour Sophie. Elle est poursuivie, il se passe des «accidents» bizarres, elle devient la cible d’activités et d’attaques des services secrets.


Wer-den-Wind-saeht-Cover-9783406677496_larger.jpgMichael Lüders, en tant que spécialiste du Proche-Orient présente ces informations spécifiques sous forme de roman. Ces faits n’auraient probablement jamais pu être publiés sous forme d’un travail journalistique. Il profite de ses connaissances en matière de style littéraire, ce qui permet au lecteur de s’identifier avec Sophie. Il ressent comme elle et souffre avec elle, surtout parce que Sophie reste fidèle à sa volonté et à son devoir journalistique de découvrir la vérité. Cela donne de l’espoir, quels que soient les abîmes bien réels relatés dans le roman: tant qu’il y aura des gens comme Sophie et d’autres qui lui viennent en aide dans les pires situations, le monde ne sera pas perdu. Cela nonobstant tous les raffinements des techniques de surveillance et d’espionnage utilisés à poursuivre Sophie pour la faire tomber et s’en débarrasser.


Le lecteur retient son souffle en lisant le récit clair et réaliste de Lüders démontrant ce qui est techniquement possible aujourd’hui. Après la lecture de ce roman, personne ne pourras plus affirmer qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter de cette surveillance étatique et des services secrets, aussi longtemps qu’on à rien à se reprocher. Ce que Lüders découvre touche à la substance même et à la liberté personnelle de tous citoyens et les citoyennes. Cela d’autant plus que le roman se déroule pour l’essentiel à Berlin, c’est-à-dire dans un environnement qui nous est proche, et non pas quelque part au fin fond du monde.


Dès lors que le lecteur prend conscience qu’il est la cible d’une surveillance totale au travers de son téléphone portable ou de son ordinateur, il comprend qu’il ne peut éviter ce qui vient d’être décrit, qu’il est en plein dedans, et qu’il doit réagir. Il comprend qu’il ne pourra plus fermer les yeux, malgré toute la propagande déversée sur lui.


Ce livre exige du lecteur de trouver lui-même des solutions, des solutions pour sortir de la logique de la guerre. Il suggère même une sortie possible: ne serait-ce pas imaginable de collaborer pacifiquement avec ceux que nous combattons, dans le domaine économique, par des sanctions et des armes? Ne serait-ce pas concevable de s’intéresser dans ce sens à l’Est? Le message du livre est clair, si l’on continue comme jusqu’à présent, nous finirons dans une impasse totale.


En bref, ce livre vaut la peine d’être lu, il oblige le lecteur à prendre position, à refuser de détourner son regard et il est véritablement passionnant.    •

Michael Lüders. Never say anything – NSA. C.H.Beck, Munich 2016. ISBN 973-3-406-68892-8

« La Grande-Bretagne court le risque d’un embrasement racial et religieux » avertit Trevor Phillips

trevor-49c6-a9c6-60fd480277cf-2060x1236.jpeg

« La Grande-Bretagne court le risque d’un embrasement racial et religieux » avertit Trevor Phillips

par Patrick Neuville

Ex: http://reinformation.tv

Trevor Phillips, célèbre écrivain et homme de télévision britannique d’origine guyanaise et d’orientation travailliste. 

Trevor Phillips, célèbre écrivain et homme de télévision britannique d’origine guyanaise et d’orientation travailliste, affirme dans un document d’une centaine de pages publié par le think-tank Civitas que la Grande-Bretagne se dirige, tel un somnambule, vers une catastrophe en raison de l’immigration de masse.
 
Dans une attaque saisissante contre des décennies de multiculturalisme officiel et de politique de la diversité, le fondateur – pourtant ! – de la Commission sur l’Egalité et les Droits de l’Homme (sorte de HALDE à la mode britannique) tire le signal d’alarme. Il n’hésite pas à faire référence au célèbre discours outre-Manche de l’ancien député conservateur des années 1960 Enoch Powell, qui avertissait le peuple des conséquences de l’immigration en parlant de « fleuves de sang ». Il compare les élus politiques, les médias et l’élite passée par l’université à l’empereur Néron qui pouvait chanter tandis que Rome brûlait.
L’embrasement racial et religieux, un risque réel si la liberté d’expression n’est pas rétablie

Des « marmonnements inquiétants au pub ou devant le portail des écoles » à propos des étrangers pourraient être, selon Phillips, le signe avant-coureur d’une réaction vive qui semblait impossible à beaucoup, en raison d’une intégration supposée relativement efficace jusqu’à présent. Il avertit que l’arrivée de groupes de musulmans, en particulier, qui opposent « une résistance active au processus traditionnel d’intégration », menace les fondations de la démocratie elle-même. Il dénonce une sorte de « super-diversité », en rupture avec l’immigration du passé. Il explique que la race ne concerne plus seulement « une affaire de Blanc ou Noir » mais une fracture entre la majorité et des gens ayant d’autres « valeurs et comportements ».
 
Fermer les yeux ne fera que « dresser les communautés les unes contre les autres, banaliser les agressions sexistes, laisser s’effondrer des libertés civiles chèrement acquises et miner la démocratie libérale qui a servi ce pays si bien pendant si longtemps » insiste Trevor Phillips. « Ce qui dérange le plus le public, ajoute-t-il, c’est l’apparition de noms non-anglais sur les enseignes des magasins, l’étrange décision de ne plus servir que des menus hallal dans les écoles, les preuves de corruption dans des équipes municipales dirigées par tel ou tel groupe ethnique… De telles annonces provoquent des murmures… qui viennent amplifier le vent du sentiment anti-immigration. »

Comme en son temps Enoch Powell, Trevor Phillips tire la sonnette d’alarme en Grande-Bretagne

Enoch_Powell_4_Allan_Warren.jpgPhillips explique que depuis le discours d’Enoch Powell en 1968 qui valut à celui-ci sa mise à l’écart de la politique, tout le monde a retenu la leçon : « Adopter toutes les stratégies possibles pour ne pas parler de race, d’ethnicité (et plus tard de religion et de foi), sauf de manière anodine et plate. »
 
Citant les scandales d’exploitation sexuelle d’enfants à Rotherham et Rochdale et les agressions sexuelles de Cologne, ainsi que les précédents en Suède, il appelle à un débat franc et ouvert sur la possibilité d’un lien entre les viols et l’origine culturelle de leurs auteurs. L’omerta avait empêché que les criminels ne soient désignés et arrêtés ; des milliers de mineurs en ont fait les frais.

Patrick Neuville

Georges Rodenbach, l’anti-Zola

rodenbach-dhurmer.jpg

Georges Rodenbach, l’anti-Zola

par Daniel COLOGNE

« Le père à tuer, c’est Zola. » Tel est, selon Daniel Grojnowski, le mot d’ordre de plusieurs écrivains dans les années 1890 : Huysmans, Gourmont, Barrès, Gide.

 

Dans l’épigraphe de Paludes, Gide appelle de ses vœux « l’Autre école » apte à sortir les romanciers de l’ornière du naturalisme.

 

Dans À Rebours, Huysmans se demande s’il est encore possible d’écrire un roman après les deux décennies envahissantes du cycle des Rougon-Macquart (1871 – 1893).

 

« Là où Zola a passé, il ne reste plus rien à faire », écrit-il. L’herbe de la bonne littérature ne lui semble plus pouvoir repousser après le fléau de la grande fresque aux personnages nombreux et récurrents, aux rebondissements multiples et aux descriptions hyper-réalistes jusqu’à l’obscénité.  Un Belge sort soudain d’un relatif anonymat pour publier un récit aussi bref que surprenant : Bruges-la-Morte (1891).

 

Georges Rodenbach naît à Tournai en 1855. Dès 1878, il séjourne en France. Mais cet habitant de Paris reste habité par la Flandre, par l’Escaut qui arrose sa ville natale, par Gand, cette autre cité scaldéenne où il a fait ses études.

 

Bruges.jpgAuteur de huit recueils poétiques d’inspiration parnassienne, Rodenbach est surtout connu pour ses romans dont le style est aux antipodes du réalisme et du naturalisme. Trois personnages, une intrigue simple, une temporalité romanesque concentrée en un semestre, de novembre à mai : tels sont les ingrédients de Bruges-la-Morte.

 

Le récit se déroule au rythme de la détérioration progressive du lien passionnel entre Hugues Viane, rentier délicat et cultivé, et la danseuse Jane Scott, dont l’étonnante ressemblance avec la défunte épouse du héros est à l’origine du coup de foudre initial.

 

Hugues tue finalement Jane le jour même de la Procession du Saint Sang, qui commémore annuellement le retour de croisade de Thierry d’Alsace, comte de Flandre, avec quelques gouttes du sang de Jésus crucifié. Le troisième personnage est la servante Barbe, incarnation de la bigoterie rurale flamande de l’époque.

 

Hugues est le produit d’un « milieu » et d’un « moment », selon les lois d’un déterminisme plus subtil que les atavismes scientifiquement démontrables de Zola. Dans son avertissement liminaire, Rodenbach évoque, en termes parfois proches de l’astrologie (« ascendant », « influence »), déterminisme qui fait la part belle à l’irrationnel.

 

Bruges imprègne le héros tout entier, non seulement par ses « hautes tours » dont l’ombre s’allonge sur un texte photographique illustré (procédé encore assez rare à l’époque), mais aussi par la nostalgie de son glorieux passé, de ses artistes qui « peignaient comme on prie » et de la légende susdite où d’aucuns voient l’occasion de substituer au vocable très conventionnel de « Venise du Nord », l’appellation ésotérique de « Cité du Graal ».

 

Loin de l’agitation frénétique des villes modernes, avec leurs halles, leurs bassins houillers et leurs gares enfumées par la vapeur des trains, Bruges-la-Morte propose un regard rétrospectif et mélancolique sur le monde pré-industriel où toutes les activités humaines s’ordonnaient en une hiérarchie organique en vue d’une finalité spirituelle.

 

Atteint d’une inflammation du côlon, Georges Rodenbach meurt le 25 décembre 1898, à la fin de l’année où Zola s’engage dans l’affaire Dreyfus.

 

Daniel Cologne


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=4833

 

DIEGO FUSARO: Dis-godding (Heidegger). The Holy under Assault from Economy

 

DIEGO FUSARO:

Dis-godding (Heidegger)

The Holy under Assault from Economy

2016. DIEGO FUSARO: www.filosofico.net –www.diegofusaro.com
www.facebook.com/fusaro.diego?fref=ts
inserting sub-titles Luciana Zanchini – Firenze

From Golden Dollar to Petro Dollar to Narco Dollar

narco-dollar.jpg

F. William Engdahl
From Golden Dollar to Petro Dollar to Narco Dollar

Ex: http://journal-neo.org

The role as world reserve currency is something no financial hegemon in history has willingly surrendered. It took two world wars for the City of London and Bank of England to reluctantly concede hegemony of the Pound Sterling to the Dollar. As Henry Kissinger is said to have remarked decades ago, “If you control the money, you can control the entire world.” Whether or not Kissinger ever said that publicly, he and his patron, David Rockefeller, certainly believed it. Now, with US government debt shooting past $19 trillion and the true state of the American economy and its infrastructure at its worst since the Great Depression, with most Americans living on the brink of financial disaster, the brilliant financial engineers of Wall Street and Washington have once again come up with a scheme to prolong the role of Dollar as King in the world economy.

The recent Panama Papers revelations by a select group of Western mainstream media including the New York Times, BBC and Süddeutsche Zeitung, were notable as a brazen attempt to attack foreign leaders such as Russia’s Vladimir Putin and China’s Xi Jinping for alleged corruption. Notably, the leaked files of the Panama law firm, Mossack Fonseca, so far have failed to leak even one significant name of a US citizen hiding money in offshore accounts of the Panama facilitators.

While the world’s eyes were on the identities of alleged offshore money holders, they failed to consider the longer-term consequence of the huge revelations. The one country so far to benefit from the Panama Papers revelations is the country that is rapidly becoming the new “Panama” or better, the new Switzerland, namely the United States of America, the initiator of attacks on other hot money havens offshore over the past two decades.

Golden Dollar Era

Over the past seventy two years ever since the US and select wartime allied governments met in Bretton Woods, New Hampshire in 1944 to decide the shape of the postwar monetary order, the US dollar has reigned supreme in the world economy. By end of the War in 1945 the US Federal Reserve held the overwhelming bulk of world monetary gold.

Fort_knox_gold_thumb.gifAs war erupted in Europe in September 1939 with Hitler’s and Stalin’s dismemberment of Poland, European gold was flooding into the United States. In 1935 US official gold reserves had been valued at just over $9 billion. By 1940 after the onset of war in Europe, they had risen to $20 billion. As desperate European countries sought to finance their war effort, their gold went to the United States to purchase essential goods. By the time of the June 1944 convening of the international monetary conference at Bretton Woods, the United States controlled fully 70% of the world’s monetary gold, an impressive advantage. That 70% did not even include calculating the captured gold of the defeated Axis powers of Germany or Japan, where exact facts and data were buried in layers of deception and rumor.

For the following quarter century, the gold-backed US dollar reigned supreme as the rest of the world, especially war-ravaged Western Europe, scrambled to find dollars to pay US imported goods to rebuild their industrial base. The dollar was literally “as good as good,” much as the Pound Sterling had been a century earlier.

Yet by the end of the 1960’s the dollar world had undergone significant change. The economies of France and especially of West Germany had emerged with a new state-of-the-art industrial base and was rapidly becoming an export power challenging American obsolescent industrial goods. The US industrial base had last undergone substantial modernization some three decades before. Europe and later Japan, were posing a competitive challenge to US industry. More alarming for Wall Street banks like David Rockefeller’s Chase Manhattan, Citibank or JPMorgan, as US trade dollar earnings of German companies like Mercedes, VW or BMW or Siemens were accumulating in the coffers of the German Bundesbank or Bank of France during the 1960’s an alarming change in policy emerged.

dg279337.jpgFrench President Charles de Gaulle, acting on advice of his conservative financial adviser, Jacques Rueff, ordered the Bank of France to begin to redeem its rapidly accumulating trade surplus dollars for gold, something then legal under the rules of Bretton Woods. The conservative German Bundesbank followed in demanding US gold for dollars. In 1968 in one of the first crude versions of their Color Revolutions, the CIA and US State Department toppled President de Gaulle in the events known as the May 1968 student revolt. Despite the replacement of de Gaulle by former Rothschild banker, Georges Pompidou, the foreign demand for Federal Reserve gold redemptions increased as Washington budget deficits to finance the ill-conceived Vietnam War exploded.

saupload_volker.jpgBy August 1971, President Nixon was advised by his Assistant Treasury secretary, Paul Volcker, a former executive at Rockefeller’s Chase Manhattan Bank, to essentially tear up the Bretton Woods Treaty and declare the US dollar a free-floating paper no longer redeemable in gold. The Federal Reserve’s gold reserves over the previous several years had been drained by foreign central banks fearful of the import of US dollar inflation as Washington refused pleas to devalue the dollar to re-stabilize the system. Rueff and France were calling for a 100% dollar devaluation against the Franc or Deutschmark.

Petrodollar era is born

By 1973, in developments I describe in detail in my book, A Century of War, as well as in Myths, Lies & Oil Wars, Wall Street and the Federal Reserve “solved” the problem of a dollar in free-fall—it had devalued some 40% against the Franc, D-mark and Yen after August, 1971—by orchestrating, with the skillful and deceitful diplomacy of then-Secretary of State, Henry Kissinger, an OPEC oil price embargo following outbreak of the October, 1973 Yom Kippur War. By early 1974 the price of OPEC oil had been set some 400% above that of 1971. The dollar value soared against other major currencies as Germany, France and the rest of the oil-hungry world scrambled to find 400% more dollars to import their oil. Kissinger at the time wrote about “recycling petrodollars.” The dollar would be backed, not by gold, but by oil.

kissinger2.jpg

To be certain that the petrodollar system held, and that OPEC, led by Saudi Arabia, would never be tempted to sell for D-marks, Francs or Yen as those countries tried, Washington took special measures. On June 8 1974, US Secretary of State Henry Kissinger signed an agreement establishing a US-Saudi Arabian Joint Commission on Economic Cooperation. Its official mandate was co-operation in the field of finance.”

By December 1974 the US Treasury had signed an agreement in Riyadh with the Saudi Arabian Monetary Agency, whose mission was, “to establish a new relationship through the Federal Reserve Bank of New York with the (US) Treasury borrowing operation. Under this arrangement, SAMA will purchase new US Treasury securities with maturities of at least one year,” explained Assistant Secretary of the U.S. Treasury, Jack F. Bennett, later to become a director of Exxon. Wall Street banker, David Mulford of Credit Suisse-FirstBoston was sent by Washington to SAMA in to seal the deal.

Bennett’s memo was addressed to Secretary of State Kissinger, dated February 1975, explaining the arrangements agreed two months before. As part of the secret agreements between Washington and Riyadh negotiated by Bennett, Saudi Arabia, in return for generous US defense equipment purchases and guarantees of its military security, agreed that OPEC would accept only US dollars for their oil, not German Marks despite their clear value, not Japanese Yen nor French Francs or even Swiss Francs, but only American dollars.

That was the essence of the petrodollar system which over the past decade or more has been eroding as Russia, China, Iran and even the EU challenge the role of the dollar as reserve currency. Russia and China, in a defensive move have agreed to energy trade for oil and gas paid not in dollars but in own currencies. Iran recently announced it will accept only Euros for its oil. More and more the days of the dollar demise are being proclaimed.

A new Narco-dollar system?

Now, however, it appears the financial wizards of Wall Street and the US Treasury have come up with a new life-extension idea.

In what must be termed at least a clever attempt to solve the looming crisis of the dollar, a new role of the dollar is emerging from the rubble of the offshore banking crisis triggered by the suspicious hacking of the Panama Papers. The under-regulated United States is rapidly becoming the “new Switzerland” in attracting “hot money” which includes everything from narco dollars from the international drug traffic to hiding of funds offshore by corrupt politicians.

For the past decade or more the US Government and revenue agency have pressured discreet offshore banking centers from Switzerland to the Cayman Islands to British Virgin Islands and beyond allegedly to clamp down on US tax-evading citizens hiding money abroad from the IRS or terrorists moving money to finance Al Qaeda and the likes. But the US government itself has rigidly refused to abide by the new international money reporting rules it caused to be created.

gunsdrugsracismmoney-630x310.jpg

Now, according to a January report in the Bloomberg financial magazine, the result is that the United States itself, in places like Reno, Nevada or South Dakota or Wyoming, are fast becoming the “new Switzerland” hot or secret money havens.

Bloomberg quotes a Zurich attorney, Peter A. Cotorceanu, a lawyer at Anaford AG, “The USA, which has been so sanctimonious in its condemnation of Swiss banks, has become the banking secrecy jurisdiction du jour…That ‘giant sucking sound’ you hear? It is the sound of money rushing to the USA.”

The attraction of secrecy havens inside the US comes from the fact that a very strict money reporting standard set out by the Paris-Based OECD in 2014 has not been signed by four countries: Bahrain, Nauru, Vanuatu—and, guess who…the United States.

In the last months, taking advantage of the Washington hypocrisy, some of the world’s largest private banking managers including Rothschild Trust North America LLC. based in Reno, Nevada. Geneva-based Cisa Trust Co. SA, which advises wealthy Latin Americans, is applying to open in Pierre, South Dakota to “serve the needs of our foreign clients,” said John J. Ryan Jr., Cisa’s president.

Trident Trust Co., one of the world’s biggest providers of offshore trusts, moved dozens of accounts out of Switzerland, Grand Cayman, and other locales and into Sioux Falls, South Dakota in December, ahead of a January 1 disclosure deadline. Commenting on the new phenomenon, Andrew Penney of Rothschild & Co. stated that the US “is effectively the biggest tax haven in the world.”

Making the process even more positive for the dollar, a 2010 USA law, the Foreign Account Tax Compliance Act, or Fatca, requires financial firms to disclose foreign accounts held by US citizens and report them to the IRS or face steep penalties. With the US refusing to sign the OECD disclosure rules, US offshore dollars are also flooding back into Reno and other new US banking secrecy havens.

Further, to make other offshore banking centers unattractive, a law implemented in 2011 requires Panama-registered agents to provide client information when requested on all new incorporations, and the British Virgin Islands has adopted restrictions on due diligence. In an investors’ conference recently in San Francisco, Rothschild’s Penney stated in remarks cut from the published version of his remarks, that the US Government lacks “the resources to enforce foreign tax laws and has little appetite to do so.” ix

Now with one of the largest international offshore money facilitators, Panama’s Mossack Fonseca, admitting it is being forced to wind down, the way is clear to make the USA the new Switzerland or Panama. Drug cartels of the world are already clearly informed and a good share of the estimated $1.6 trillion of criminal funds annually are searching new safe havens in Reno and other US hot money havens. From a golden dollar to a petro dollar to now a narco dollar. It’s pretty pathetic for the country that was once the world’s leading industrial technology leader.

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”

http://journal-neo.org/2016/05/09/from-golden-dollar-to-p...

mardi, 24 mai 2016

Strauch-Bonart - Que signifie la pédagogie ?

pedagogies_piaf.jpg

Que signifie la pédagogie?

Le mot est utilisé à toutes les sauces, alors qu'au sens strict il signifie "diriger un enfant". Aujourd'hui, il est souvent synonyme d'impuissance...

Par
Ex: http://www.lepoint.fr

00:09 Publié dans Définitions, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, pédagogie, définition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ungern Saga

Ungern44444.jpg

Ungern Saga

par Christopher Gérard

Ex: http://archaion.hautetfort.com

"Panmongolisme! Un mot sauvage,

Musical pour moi cependant"

Vladimir Soloviev

Ungern, le baron fou est le premier livre de Jean Mabire que j'ai lu, dans une méchante édition de poche ornée d'une couverture orange légèrement kitsch. J'avais alors seize ans et me passionnais pour le tragique destin des Armées blanches. Le roman débute par une scène de chamanisme, plutôt exotique pour le lycéen à la tête farcie de textes classiques, amoureux d'une Hellade marmoréenne et à mille lieues des sortilèges bouriates. Bien plus, la brutalité sans complexe du texte séduisit le jeune lecteur, habitué à des écrivains plus policés. Surtout, l'histoire incroyable de ce junker balte, descendant d'un Teutonique tué à Tannenberg, général russe et prince mongol, prophète du réveil de l'Asie jaune, qui, en souvenir des Dieux païens de sa Baltique natale, "ordonna de fixer au fronton de chaque isba des têtes de chevaux ou de dragons en bois découpés", ce héros cornélien que Mabire ressuscitait à coups de knout, me fascina d'emblée.[2] L'anachronisme total du personnage ne pouvait que plaire à un adolescent peu séduit - euphémisme - par le gauchisme invertébré caractéristique des années 70. Quelle bouffée d'oxygène que le récit de cette chevauchée, en pleine tourmente révolutionnaire, d'un officier perdu qui voulut opposer au matérialisme dialectique et à la dictature du prolétariat le règne du Bouddha vivant et les techniques archaïques de l'extase!

unger22222.jpg

L'ouvrage est dédié à un certain Olier Mordrel, dont j'ignorais tout à l'époque, et cite le Journal d'un délicat, livre d'un auteur peu lu dans les athénées bruxellois d’alors, un maudit dont mon père m'avait dit du bien, Drieu la Rochelle: "Les grands conquérants sont de grands conquis. Ils sont emportés par ce besoin d'action qui maintenant dévore les hommes. Et ce besoin d'action empêtré dans la politique n'est qu'un premier degré. Le second degré, plus complet, sera donc religieux." Comme par une heureuse coïncidence, je découvris, vers la même époque, Rêveuse bourgeoisie dans la bibliothèque paternelle, on peut donc dire que c'est grâce à Mabire que je fis connaissance avec ce Drieu qu'il affirmait "parmi nous". Deux ans plus tard, fouinant  dans l'immense librairie Pauli  de la rue Ravenstein - une caverne aux trésors comme on n'en trouve plus -, je mis la main sur son essai, publié en 1963. L'ouvrant, je tombai sur une citation des Upanishads qui claquait comme une nagaïka cosaque: "Qui ne croit pas, ne pense pas".[3]

Cette formule lapidaire définit tout l'esprit de Mabire, et en fait toute sa vie, comme j'ai pu le comprendre en le fréquentant. A lire certaines lignes du roman, l'étudiant gavé de positivisme athée sursautait, agréablement secoué. Ainsi : "Superstition, tu es sagesse". Ou "L'aigle solitaire, lui, est païen. Pas besoin de secte pour retrouver la communion avec les forces de la nature". Et aussi "S'il y a un Dieu, il est sur la terre et non dans le ciel. Il est en nous et non hors de nous. Les Japonais savent cela mieux que moi. C'est ici, en Mongolie que vont se rencontrer et se reconnaître l'Extrême-Orient et l'Extrême-Occident, sous le signe du soleil". Que par dessus le marché Mabire citât Héraclite - polemos pantôn men patèr esti, pantôn de basileus[5] m'enchantait: ce drôle de Normand, qui annonçait un roman intitulé La Lande des Païens, avait des fréquentations vraiment singulières! Plus tard, j'ai lu d'autres titres de Mabire: ses remarquables chroniques littéraires, la réédition de sa belle revue Viking  aux éditions du Veilleur de proue, son essai sur Thulé[6].

ungersternberg3333.jpg

Revenons à nos Bouriates, que Mabire dépeint avec brio dans son roman, l'occasion pour lui d'illustrer un thème aussi essentiel que le Paganisme: Ungern était l'adepte d'un Bouddhisme mâtiné de chamanisme et le romancier lui fait allumer de grands feux solsticiaux, ceux-là mêmes que l'écrivain suscite un peu partout sur son passage depuis un demi-siècle. Marqué par l'anticléricalisme familial, j'aimais que Mabire préférât les chamanes aux lamas, et j'appréciais son exaltation d'un savoir sensuel: "Savoir. Pour qui sait, tout s'explique. Les superstitions des paysans estoniens et les proverbes de mes cavaliers cosaques. Tout un monde qui surgit de la terre. Je suis superstitieux parce que j'essaye de retrouver les forces obscures de la nature. Je sais que je fais partie du monde  et que ma volonté est la même que celle des fleurs qui finissent par triompher de l'hiver glacé. Je vois des signes partout: dans le vol des oiseaux et la forme des nuages, dans la mousse humide, dans l'eau croupissante, dans les pierres aux formes étranges. Le mystère est visible. Il nous entoure. Je suis fort de toute la force du monde". Quelle rupture avec le matérialisme grossier et l'évangélisme mièvre de mes contemporains, calotins ou mécréants!

ungern55555.JPG

L'autre thème est celui de l'Eurasie. C'est chez Mabire que je découvris en effet une thématique très peu étudiée à l'Ouest: le souvenir de la Horde d'or, la réhabilitation de Gengis Khan et l'idée touranienne. Ecoutons le Journal apocryphe d'Ungern, imaginé par Mabire: "L'Europe et l'Asie ont été fécondées par la même lumière du Nord. Le Christianisme et le Bouddhisme ne sont que des masques". Ce débat avait fait rage dans les cercles de l'émigration russe et continuait de passionner quelques chercheurs soviétiques, mais en Europe, plus personne chez les "kremlinologues" ne s'y intéressait vraiment. Qu'un autonomiste normand, chantre des patries charnelles et des hautes écoles populaires, ait réintroduit l'eurasisme dans le domaine francophone mérite d'être souligné.[7] Quelques années plus tard, alors que je poursuivais en dilettante mes recherches sur l'émigration russe, je tombai sur une remarquable revue intitulée L'Autre Europe, publiée par L’Age d’Homme, mon futur éditeur.[8] Le numéro 7/8 de 1985 publiait une traduction d'un célèbre poème d'Alexandre Blok, Les Scythes, rédigé le 30 janvier 1918. Jean Mabire, dont les lectures étaient   -imparfait de l'indicatif, que je tape la mort dans l'âme - immenses, avait-il lu Blok? Je ne le saurai jamais, mais son garde blanc converti au Pagano-Bouddhisme parle le même langage messianique et halluciné que celui du poète révolutionnaire:

Vastes sont nos forêts. Nous y disparaîtrons

Aux yeux de l'Europe jolie

Et du fond des taillis à vos cris répondrons

Du rire énorme de l'Asie…

Pauvres fous, marchez donc sur l'Oural et ses ombres!

Vous combattrez sur notre sol:

Vos beaux engins d'acier soufflant, crachant des nombres,

Contre les hordes du Mongol.  Marchez! Mais maintenant seuls, nus, sans bouclier.

Nous resterons sous notre tente. Nous vous verrons mourir de loin, sans sourciller,

De nos petits yeux en amande.

Alexandre Blok (1880-1921) feint de confondre Scythes et Mongols pour mieux exalter l'élément tartare – archaïque - de la Sainte Russie, pour mieux chanter la synthèse eurasienne et son refus des valeurs marchandes. Entre les Rouges et les Noirs, Mabire rejoint son confrère russe par son chant rebelle, irrécupérable.

Le rôle de l'autonomiste breton Olier Mordrel, dans la genèse de l'oeuvre n'est "pas clair", comme dirait un flic de la pensée: n'est-ce pas cet activiste deux fois condamné à mort qui offrit au jeune disciple deux romans, un stalinien et un hitlérien, consacrés à Ungern Khan?[9]

ungernsternberg6666.jpg

Enfin, relisant ce livre vingt-quatre ans après, une chose me frappe. De façon très curieuse, on y décèle entre les lignes un vieux mythe indo-européen, illustré de l'Islande à l'Inde, celui du guerrier impie.[10] Les épopées indo-européennes présentent en effet un même type de héros devenu négatif, un être sombrant dans la démesure et  ne respectant plus ni Dieux ni lois. Comme si les destins voulaient que, face à la mort qui s'avance, le héros cher aux Dieux dût perdre leur protection par son aveuglement, par le non respect de règles inviolables. Achille, César, Cuchulainn tombent ainsi, victimes de leur aveuglement, rendus déments par les Dieux qui peuvent ainsi les abandonner à leur sort, tant est grande la puissance du Fatum auquel même les Immortels se soumettent. Achille prie pour la défaite des Achéens et la victoire de son ennemi Hector. César reste sourd aux sombres présages et marche, ivre de confiance, vers ses assassins. Le Viking Harald III de Norvège fait assassiner son rival Einar dans la salle même de son palais. Le thème du héros impie se retrouve du Caucase à l'Irlande, et même l'empereur Julien est dépeint par l'historien Ammien Marcellin comme ignorant les avertissements divins lors de sa campagne d'Orient.

Le Ungern de Mabire peut aussi être vu comme un guerrier devenu impie, puisque, dans les derniers temps, il est dépeint comme négligeant les présages funèbres, tel que la mort de l'aigle du Koutouktou ou l'assassinat d'Archipoff, le chef des Mongols. Ungern commet lui-même des crimes inexpiables: il massacre de chameliers innocents, défigure son unique médecin, se montre scandaleusement violent à l'égard de ses officiers les plus fidèles. Pareil à Julien qui, dans son délire, veut rejoindre l'Indus, Ungern rêve de gagner le Tibet à pied alors qu'autour de lui rôdent les chiens, planent les vautours et se déchaîne l'orage. Etrange réminiscence d'un antique archétype indo-européen auquel Jean Mabire redonne la vie. Etrange prescience de l'artiste apte à mettre ses intuitions en forme, fidèle en cela aux Upanishads: qui ne croit pas ne pense pas.

Christopher Gérard, MMXVI

Notes:

  1. (1) Mon volume de poche ayant trouvé refuge dans une bibliothèque amie, c'est l'exemplaire en grand format de la première édition que j'utilise, celle de la collection Têtes brûlées, dirigée par Dominique Venner: Jean Mabire, Ungern, le baron fou. La chevauchée du général-baron Roman Feodorovitch von Ungern-Sterberg du golfe de Finlande au désert de Gobi, Balland, Paris 1973. La dédicace que Jean traça d'une main ferme le 6 juillet 2003, aux Forges de Paimpont, résume admirablement les liens qui m'unissent à lui: "pour CG, qui - comme Ungern (et Drieu) - sait qu'il est plus important d'être fidèle à une attitude qu'à des idées". Réédité en 1987 sous le titre Ungern, le Dieu de la guerre, aux éd. Art et Histoire d'Europe (Paris) avec un avant-propos de l'auteur.
  2. (2) Evoquant Tannenberg, un autre souvenir de lecture me revient: celui du saisissant compte-rendu que fait Benoist-Méchin des funérailles du Maréchal Hindenburg le 7 août 1934, dans A l'épreuve du temps, 1905-1940, Julliard, Paris 1989. Comme il le précise dans la réédition de 1987, Mabire voit en Benoist-Méchin l'un de ses maîtres. Voir aussi François Maxence, Jacques Benoist-Méchin. Historien et témoin du Proche et Moyen Orient, Ed. Charlemagne, Beyrouth 1994.
  3. (3) Jean Mabire, Drieu parmi nous, La Table ronde, Paris 1963. L'ouvrage est dédié à Philippe Héduy, "en souvenir de Roger Nimier".
  4. (4) Coïncidence: mon père possédait, en livre de poche, Les Samouraï, œuvre d'Yves Bréhéret…et  d'un certain Jean Mabire. Encore un bouquin dévoré avec passion et qui changea subrepticement de bibliothèque, passant du salon à ma soupente.
  5. (5) Héraclite, fragment 129, éd. Conche, PUF, Paris 1986. "Le conflit est le père de toutes choses, de toutes le roi".
  6. (6) Jean Mabire, Que lire?, 7 volumes parus (récemment réédités chez Dualpha), qui représentent sans doute le meilleur de l'œuvre mabirienne. Et, Thulé. Le soleil retrouvé des Hyperboréens, Robert Laffont, Paris 1977. Dualpha l’a également réédité (après une version luxueuse des éd. Irminsul).
  7. (7) Voir à ce sujet Marlène Laruelle, L'idéologie eurasiste russe, ou comment penser l'empire, L'Harmattan, Paris 1999. Du même auteur, Mythe aryen et rêve impérial dans la Russie du XIXè siècle, CNRS, 2005.
  8. (8) L'Autre Europe, revue dirigée par Wladimir Berelowitch et publiée par L'Age d'Homme. La traduction des Scythes (1918) est due à  Michel Thiéry.
  9. (9) Je lis aussi, dans la réédition de la saga d'Ungern par les éditions Art et histoire d'Europe, qu'un mystérieux Docteur Sorel, médecin militaire de son état, poussa Mabire à romancer le premier jet du livre. Encore une question que je ne lui poserai jamais.
  10. (10) Voir à ce sujet Frédéric Blaive, Impius Bellator. Le mythe indo-européen du guerrier impie, Ed. Kom, Arras 1996.

Il est question de Jean Mabire dans Quolibets

quoli162239291.jpg

Behind the New German Right

protests.jpg

Behind the New German Right

Ex: http://nybooks.com

Throughout its postwar history, Germany somehow managed to resist the temptations of right-wing populism. Not any longer. On March 13, the “Alternative for Germany” (AfD)—a party that has said it may be necessary to shoot at migrants trying to enter the country illegally and that has mooted the idea of banning mosques—scored double-digit results in elections in three German states; in one, Saxony-Anhalt, the party took almost a quarter of the vote. For some observers, the success of the AfD is just evidence of Germany’s further “normalization”: other major countries, such as France, have long had parties that oppose European integration and condemn the existing political establishment for failing properly to represent the people—why should Germany be an exception?  

Such complacency is unjustified, for at least two reasons: the AfD has fed off and in turn encouraged a radical street movement, the “Patriotic Europeans Against the Islamization of the West,” or Pegida, that has no equivalent elsewhere in Europe. And perhaps most important, the AfD’s warnings about the “slow cultural extinction” of Germany that supposedly will result from Chancellor Angela Merkel’s welcoming of more than a million refugees have been echoed by a number of prominent intellectuals. In fact, the conceptual underpinnings for what one AfD ideologue has called “avant-garde conservatism” can be found in the recent work of several mainstream German writers and philosophers. Never since the end of the Nazi era has a right-wing party enjoyed such broad cultural support. How did this happen?

afd9_mo.jpg

The AfD was founded in 2013 by a group of perfectly respectable, deeply uncharismatic economics professors. Its very name, Alternative for Germany, was chosen to contest Angela Merkel’s claim that there was no alternative to her policies to address the eurocrisis.The professors opposed the euro, since, in their eyes, it placed excessive financial burdens on the German taxpayer and sowed discord among European states. But they did not demand the dissolution of the European Union itself in the way right-wing populists elsewhere in Europe have done. Still, Germany’s mainstream parties sought to tar them as “anti-European,” which reinforced among many voters the sense that the country’s political establishment made discussion of certain policy choices effectively taboo. Like other new parties, the AfD attracted all kinds of political adventurers. But it also provided a home for conservatives who thought that many of Merkel’s policies—ending nuclear energy and the military draft, endorsing same-sex unions, and raising the minimum wage—had moved her Christian Democratic Union (CDU) too far to the left. Since there was a mainstream conservative view opposing many of these decisions, the AfD could now occupy space to the right of the CDU without suspicion of being undemocratic or of harking back to the Nazi past.

The AfD narrowly failed to enter the German parliament in 2013, but managed to send seven deputies to Brussels after the 2014 elections to the European Parliament, where they joined an alliance of Euroskeptic parties led by Britain’s conservatives. With outward success came internal strife. Young right-wingers challenged the AfD’s professors with initiatives such as the “Patriotic Platform,” which appeared closer to the nationalist far right than an authentically conservative CDU. In summer 2015, most of the founders of the AfD walked away; one expressed his regret about having created a “monster.” The AfD seemed destined to follow the path of so many protest parties, brought down by infighting, a lack of professionalism, and the failure to nurture enough qualified personnel to do the day-to-day parliamentary politics it would have to engage in to become more than a flash in the pan.

And then the party was saved by Angela Merkel. Or so the AfD’s new, far more radical leaders have been saying ever since the chancellor announced her hugely controversial refugee policy last summer. At the time, her decision was widely endorsed, but in the months since, her support has declined precipitously—while the AfD’s has surged. Many fear that the German state is losing control of the situation, and blame Merkel for failing to negotiate a genuinely pan-European approach to the crisis. Alexander Gauland, a senior former CDU politician and now one of the most recognizable AfD leaders—he cultivates the appearance of a traditional British Tory, including tweed jackets and frequent references to Edmund Burke—has called the refugee crisis a “gift” for the AfD.

Beatrix-von-Storch-600x252.jpg

Others have gone further. Consider the statements of Beatrix von Storch, a countess from Lower Saxony who is one of the AfD’s deputies to the European Parliament, where she just joined the group that includes UKIP and the far right Sweden Democrats. A promoter of both free-market ideas and Christian fundamentalism she has gone on record as saying that border guards might have to use firearms against refugees trying illegally to cross the border—including women and children. After much criticism, she conceded that children might be exempted, but not women.   

Such statements are meant to exploit what the AfD sees as a broadening fear among voters that the new arrivals pose a deep threat to German culture. The AfD will present a full-fledged political program after a conference at the very end of April, but early indications are that there will be a heavy emphasis on preventing what the party views as the Islamization of Germany. A draft version of the program contains phrases such as “We are and want to remain Germans”—and the real meaning of such platitudes is then made concrete with the call to prohibit the construction of minarets. It is here that the orientation of AfD and the far more strident, anti-Islam Pegida movement most clearly overlap. 

PEGIDA.jpg

Pegida was started by right-wing activists in the fall of 2014 who invited citizens to join them for what they called “evening strolls” through Dresden and other cities to oppose “Islamization.” The movement’s leaders have also advocated better relations with Russia (posters have said “Putin help us!”), a call strongly echoed by AfD politicians such as Gauland. The demonstrators appropriated the slogan “We are the people,” which East German citizens had famously chanted in 1989 to protest against the state socialist regime. Pegida not only lives off diffuse fears (there are hardly any Muslims in Dresden), but also questions the democratic system as such. Elected representatives in parliament—Volksvertreter—are denounced as traitors—Volksverräter. Pegida members have decried Merkel’s policies of maintaining open borders as violating her oath of office to keep the German people safe.

Supporters of the movement have demanded “resistance,” or at least “civil disobedience,” for instance by blocking access to refugee centers. Demonstrators sometimes hold up the “Wirmer flag,” which the anti-Hitler resistance around Claus von Stauffenberg had intended as the symbol of a post-Nazi Germany. In fact, many far-right groups in Germany have appropriated this symbol to signal that they consider the current state illegitimate (even though Josef Wirmer, the designer of the flag, was a Catholic democrat who was executed by the Nazis; his son has said the Wirmer family might sue Pegida demonstrators for using the banner). Pegida events have been attended by right-wing leaders from outside Germany, most prominently the Dutch right-wing anti-Islam politician Geert Wilders (who calls the Tweede Kammer, the Dutch House of Representatives in The Hague, a “fake parliament”).

Peter Sloterdijk - Germany two.jpgHere is where German intellectuals come into the story. Journalists and academics have had a hard time understanding why the Pegida movement emerged when it did and why it has attracted so many people in Germany; there are branches of the Pegida movement in other parts of Europe, but they have gathered only marginal support thus far. Those who suggest it is driven by “anger” and “resentment” are being descriptive at best. What is remarkable, though, is that “rage” as a political stance has received the philosophical blessing of the leading AfD intellectual, Marc Jongen, who is a former assistant of the well-known philosopher Peter Sloterdijk. Jongen has not only warned about the danger of Germany’s “cultural self-annihilation”; he has also argued that, because of the cold war and the security umbrella provided by the US, Germans have been forgetful about the importance of the military, the police, warrior virtues—and, more generally, what the ancient Greeks called thymos (variously translated as spiritedness, pride, righteous indignation, a sense of what is one’s own, or rage), in contrast to eros and logos, love and reason. Germany, Jongen says, is currently “undersupplied” with thymos. Only the Japanese have even less of it—presumably because they also lived through postwar pacifism. According to Jongen, Japan can afford such a shortage, because its inhabitants are not confronted with the “strong natures” of immigrants. It follows that the angry demonstrators are doing a damn good thing by helping to fire up thymos in German society.

Jongen, who is now deputy leader of the AfD in Baden-Württemberg, was virtually unknown until this spring. Not so Sloterdijk, one of Germany’s most prominent philosophers (and undoubtedly the most prolific) whose work has also become well-known in the US. Sloterdijk regularly takes on controversial subjects such as genetic engineering and delights in provoking what he sees as an intellectual left lacking in humor and esprit. His books, which sell extremely well, are not so much driven by clear-cut arguments as suggestively offering philosophical, and often poetic, re-descriptions of recent history, or even the history of the West as a whole.

fn-gmJY9qL._SY344_BO1,204,203,200_.jpgLike in Nietzsche’s On the Genealogy of Morality—a continuous inspiration for Sloterdijk—these re-descriptions are supposed to jolt readers out of conventional understandings of the present. However, not much of his work lives up to Nietzsche’s image of the philosopher as a “doctor of culture” who might end up giving the patient an unpleasant or outright shocking diagnosis: Sloterdijk often simply reads back to the German mainstream what it is already thinking, just sounding much deeper because of the ingenuous metaphors and analogies, cute anachronisms, and cascading neologisms that are typical of his highly mannered style. 

Sloterdijk has distanced himself from Jongen’s self-declared “avant-garde conservatism.” But the “psycho-political” perspective Jongen adopts is one of Sloterdijk’s philosophical trademarks. In his 2006 volume Rage and Time, in which he also takes his cues from Nietzsche, Sloterdijk argued that in the West thymos had been largely forgotten because of the dominance of eros in consumer capitalism, with the result that envy and resentment dominate the inner lives of citizens. He echoed Francis Fukuyama’s argument in his The End of History and the Last Man that pacified liberal democracies generally fail to find a proper place for “thymotic energies,” and Sloterdijk has said explicitly that, in confrontations with Islam, the West needs to rediscover the role of thymos. Just like Jongen, who criticizes the EU for being “post-thymotic,” Sloterdijk longs for Europe to assert itself more forcefully on the global stage and fears that the refugee crisis will weaken the continent—to the delight, he says, of the US (“that’s why Obama praises Merkel,” as Sloterdijk put it in an interview published at the beginning of 2016). 

Sloterdijk has also invoked the concept of “the state of exception” developed by the right-wing jurist Carl Schmitt in the Twenties. As Schmitt saw it, the sovereign could, in order to save the polity in a situation of crisis, suspend the constitution by declaring a state of exception. He added that whoever decides whether there really is an existential threat to a state is revealed as the supreme power. Today, Sloterdijk holds, it is not the state, the nominal sovereign, but the refugee who decides on the state of exception. As a result of Merkel’s policy to allow the unrestricted entry of Syrians, Sloterdijk charges, Germany has waived its own sovereignty, and this “abdication” supposedly “continues day and night.”

No doubt refugees themselves have faced a state of emergency and no doubt their arrival has created an exceptional challenge for Germany—but Sloterdijk’s observation makes at best for a momentarily arresting aphorism, as opposed to providing any real analysis of the situation: Merkel and her parliamentary majority in fact retain decision-making power, and there is no reason to believe that Europe’s most powerful state has become a plaything of dangerous foreigners. But Sloterdijk has charged that his critics are superficial intellectuals who surround his ideas as if the latter were “women at New Year’s Eve”—a tasteless allusion to the attacks on females in Cologne this winter. 

Botho-Strauss.jpg.1339092.jpgSloterdijk is not the only prominent cultural figure who willfully reinforces a sense of Germans as helpless victims who are being “overrun” and who might eventually face “extinction.” The writer Botho Strauβ recently published an essay titled “The Last German,” in which he declared that he would rather be part of a dying people than one that for “predominantly economic-demographic reasons is mixed with alien peoples, and thereby rejuvenated.” He feels that the national heritage “from Herder to Musil” has already been lost, and yet hopes that Muslims might teach Germans a lesson about what it means to follow a tradition—because Muslims know how to submit properly to their heritage. In fact, Strauβ, who cultivates the image of a recluse in rural East Germany, goes so far as to speculate that only if the German Volk become a minority in their own country will they be able to rediscover and assert their identity.    

Such rhetoric indicates a potentially profound shift in German political culture: it is now possible to be an outspoken nationalist without being associated with—or, for that matter, without having to say anything about—the Nazi past. And it is possible to argue that Germany needs to experience a kind of 1968 in reverse: whereas back then, a grand coalition of Social and Christian Democrats meant that there was no real representation of the left in parliament, or so student activists thought, there are now a growing number of established intellectuals who are prepared to argue that there is no effective way to counter Merkel’s refugee policies in the Bundestag—with the consequence that the right needs to engage in “extra-parliamentary opposition.” It is one thing to oppose a government’s particular policies; it is another to claim, as the AfD explicitly does in its draft program, that a self-serving political class consisting of all parties has hijacked the democratic system as a whole: an “illegitimate situation,” the party says, which the Volk needs to correct.

kubitschek_bcr.jpgLike at least some radicals in the late Sixties, the new right-wing “avant-garde” finds the present moment not just one of apocalyptic danger, but also of exhilaration. There is for instance Götz Kubitschek, a publisher specializing in conservative nationalist or even outright reactionary authors, such as Jean Raspail and Renaud Camus, who keep warning of an “invasion” or a “great population replacement” in Europe. Kubitschek tells Pegida demonstrators that it is a pleasure (lust) to be angry. He is also known for organizing conferences at his manor in Saxony-Anhalt, including for the “Patriotic Platform.” His application to join the AfD was rejected during the party’s earlier, more moderate phase, but he has hosted the chairman of the AfD, Björn Höcke, in Thuringia. Höcke, a secondary school teacher by training, offered a lecture last fall about the differences in “reproduction strategies” of “the life-affirming, expansionary African type” and the place-holding European type. Invoking half-understood bits and pieces from the ecological theories of E. O. Wilson, Höcke used such seemingly scientific evidence to chastise Germans for their “decadence.”  

These ideas have been met with significant resistance. Some intellectuals have criticized Sloterdijk for being an armchair philosopher who offers Volk-psychology with little awareness of the reality of refugees’ lives or, for that matter, of the complex political imperatives Merkel is trying to juggle. (Sloterdijk in turn has said that he is simply on the side of populism, which he understands as the “realpolitik of the less and less silent majority.”) The social theorist Armin Nassehi has shrewdly pointed out that the seemingly avant-garde conservatives offer not much more than the sociologically naive view that more national homogeneity will solve all problems; and the novelist and essayist Navid Kermani, who with his much-praised reporting from the “Balkans route,” has reminded Germans of the actual plight of refugees. Nassehi and Kermani are among the most thoughtful intellectual voices in Germany today. Both also happen to be second-generation immigrants whose parents came to Germany from Iran in the 1950s. 

The AfD might yet fail to establish itself in the political system. Infighting continues, not least because there are deep disagreements about whether the party should enter coalition governments or remain in “fundamental opposition.” It’s not clear that the AfD can successfully evoke the heroism of resistance and be a home for moderate Bürger all at the same time. As the number of refugees reaching Germany has dwindled with the effective closing of the “Balkans route,” the pressure on Merkel is easing. But neither conservatives nor nationalists are likely to forgive her for her stance during the refugee crisis. Three-quarters of Germans now expect the AfD to enter parliament in the national elections in 2017. And even if the party doesn’t reach the required threshold, it, and its intellectual supporters, will have brought about the most dramatic change in mainstream German political discourse since the country’s unification in 1990.

 

wirmer-start.jpg

People in the crowd waving the Stauffenberg's cross flag, that the celebrated Colonel, who tried to kill Hitler in July 1944, intended to use to replace the Nazi swastika banner.

Syndrome du bien-être: «L’objectif du néolibéralisme est d’individualiser les problèmes collectifs»

flex-city-2.jpg

Syndrome du bien-être: «L’objectif du néolibéralisme est d’individualiser les problèmes collectifs»

« Vous êtes accro à la salle de sport ? Vous ne comptez plus les moutons mais vos calories pour vous endormir ? Vous vous sentez coupable de ne pas être suffisamment heureux, et ce malgré tous vos efforts ? Alors vous souffrez sûrement du syndrome du bien-être », expliquent Carl Cederström, enseignant-chercheur à la Stockholm Business School, et André Spicer, professeur à la Cass Business School, dans leur dernier ouvrage “Le syndrome du bien-être” publié en France par les éditions de L’Échappée. Dans ce livre, les deux intellectuels montrent « comment la recherche du bien-être optimal, loin de produire les effets bénéfiques vantés tous azimuts, provoque un sentiment de mal-être et participe du repli sur soi ». Nous avons souhaité les questionner afin de comprendre comment se manifeste ce « syndrome du bien-être » et quels sont ses liens avec le néolibéralisme. Les deux chercheurs ont accepté de répondre par mail à nos questions.

Le Comptoir : Votre ouvrage entend dénoncer le « syndrome du bien-être ». Comment le définiriez-vous ? Comment le combattre ? En arrêtant le sport, les régimes et le yoga ?

Carl Cederström et André Spicer : Le syndrome du bien-être apparaît lorsque nous commençons à devenir obsédés par notre propre santé et bonheur. Quand nous voyons cela comme le plus grand bien dans la vie, nous sommes victimes du syndrome du bien-être. Cela implique généralement de penser que d’être en bonne santé et heureux fait de vous une bonne personne. Récemment, j’étais dans un pub à Londres et deux hommes, la vingtaine, assis près de moi, ont passé environ deux heures à discuter de leurs exercices quotidiens. Ils ont terminé en se félicitant de leur bonne santé. C’est, en bref, le syndrome du bien-être.

La lutte contre le syndrome du bien-être n’implique pas nécessairement l’annulation de votre abonnement à la salle de musculation. Elle implique en revanche que vous laissiez tomber votre obsession de la santé et dy bonheur et mettiez de côté toute la culpabilité qui en émane. Nous pouvons discuter et penser des sujets tellement plus intéressants. Par exemple, nous pourrions nous préoccuper du bien-être collectif plutôt que notre propre bien-être individuel. La plupart des psychologues constatent que s’engager à atteindre des objectifs personnels est motivant de façon seulement ponctuelle. Mais poursuivre un objectif beaucoup plus grand que soi-même permet d’y trouver un sens et une motivation durable.

La multiplication des salles de sport, ainsi que l’obsession pour les régimes, ne sont-elles pas avant tout des conséquences des mutations de nos modes de vie (sédentarisation et alimentation de plus en plus calorique) ?

L’ironie avec les salles de sport est que la plupart des gens qui s’y abonnent n’y vont pas. J’ai un abonnement moi-même mais je ne l’ai pas utilisé depuis des années. Je l’ai pris parce que je pensais que ça ferait de moi une meilleure personne. Quand je me sens coupable parce que j’ai trop bu la veille ou trop mangé, je peux aller à la salle comme une sorte de pénitence. La chose est également vraie avec les régimes : la plupart des personnes qui suivent un régime alimentaire finissent par prendre du poids. Mais ce faisant, le régime fait sentir aux gens – au moins pendant un court laps de temps – qu’ils prennent le contrôle de leur vie.

« Le néolibéralisme essaie de faire blâmer les choix du mode de vie individuels plutôt que les facteurs collectifs. »

Il est intéressant de noter que si diverses formes de travail sont menacées d’être automatisées par des robots, l’un des rares secteurs qui est à l’abri est celui de la santé et de sport. Il y a eu un boom des emplois tels que massothérapeute et entraîneur personnel. Ceux-ci sont difficiles à automatiser. C’est le signe que nous pourrions voir l’“économie du savoir” remplacée par l‘“économie du corps”. Cela permettra de donner du carburant supplémentaire à une population qui vieillit rapidement, qui est maîtresse de son temps et qui veut échapper aux griffes de la mort par tous les moyens nécessaires. Dans le passé, nous acceptions tout simplement que la mort appartienne au processus de la vie. Maintenant, nous fantasmons sur l’idée qu’avec une bonne alimentation et un bon mode de vie, nous pourrions vivre éternellement. Ray Kurzweil essaie de convaincre du bien-fondé de ce propos. Ce message est très attrayant pour tous les baby-boomers qui sont vieux aujourd’hui.

aero00x420.jpg

En quoi le néolibéralisme est-il responsable de cette nouvelle forme d’hygiénisme ?

L’objectif du néolibéralisme est d’individualiser les problèmes collectifs. La conséquence est que des questions telles que la santé ne sont plus considérées comme causées par notre appartenance de classe. Au contraire, elles sont maintenant considérées comme faisant partie d’un choix de mode de vie des individus. Pourtant, regardez : à Chelsea à Londres, l’espérance de vie moyenne des hommes est d’environ 95 ans. Dans la banlieue de Glasgow, elle est de 54 ans. Chelsea est la banlieue la plus riche du pays. La banlieue de Glasgow est l’une des plus pauvres. Il est clair que la santé et la richesse sont liées. Si vous êtes pauvre, vous mourrez des décennies plus tôt. Le néolibéralisme essaie de faire blâmer les choix du mode de vie individuels plutôt que les facteurs collectifs. En conséquence, il prétend que quelques modifications de style de vie modifieront tout.

Vous montrez que cette idéologie du bien-être et du développement personnel est encouragée par le système et les entreprises. Cette conclusion contredit-elle le fantasme d’un capitalisme conservateur et répressif par essence ?

Le capitalisme est omnivore : il consomme tout ce qui l’aide à grandir. Actuellement, il fait face à une crise de croissance. L’expansion des anciens pays non-capitalistes, comme la Chine, patine : des alternatives doivent être trouvées pour soutenir la croissance. L’une d’entre elles est d’étendre l’économie à notre corps et à tous les aspects de notre vie. C’est ce dont il est question avec l’économie bio-morale. Les entreprises ne regardent pas seulement ce que les employés produisent, mais également ce qu’ils mangent, combien de temps ils dorment et ainsi de suite. Tous les aspects de la vie des salariés sont sous contrôle et pas seulement ce qu’ils produisent.

Certains intellectuels estiment que le capitalisme post-soixante-huitard repose sur l’idée de « vivre sans temps mort, jouir sans entraves ». Reprenant Slavoj Žižek, vous parlez de votre côté d’« injonction du surmoi à jouir ». N’est-ce pas contradictoire avec les injonctions hygiénistes que vous mettez en lumière ?

L’idée derrière tout cela est que vous devez profiter de la vie, mais pas en sortant en discothèque jusqu’à cinq heures du matin. Vous devriez plutôt vous réveiller à cinq heures du matin et aller dans un club de pré-travail, où vous pourrez danser, avoir un smoothie de régime, faire du yoga et recevoir quelques câlins gratuits de huggers payés. Ensuite, vous pouvez aller au bureau reposé et prêt pour une journée productive. Ce type d’intervention combine les aspects les plus expressifs du capitalisme avec ses aspects les plus répressifs.

« La forme la plus courante de sexe aujourd’hui est de loin la masturbation en regardant du porno. »

Dans La Culture du narcissisme, que vous citez de nombreuses fois dans votre livre, Christopher Lasch analyse l’avènement d’un individu replié sur lui-même et obsédé par son image. Quel lien existe-t-il entre montée du narcissisme et syndrome du bien-être ?

Le syndrome du bien-être est un enfant de la culture du narcissisme. Dans les années 1970, les narcissiques ont eu beaucoup de temps et de sécurité économique. Ils pouvaient s’épanouir librement par le jogging, consommer diverses drogues et multiplier les relations sexuelles et activités spirituelles. Ceux qui souffrent du syndrome du bien-être sont dans des situations différentes : ils ont des contrats à court terme et sont obligés de transformer leur exploration de soi en une aventure entrepreneuriale. Ils ne prennent pas de drogues pour s’évader, mais pour être plus productifs. Ils ne font pas de jogging pour se trouver, mais pour s’intégrer à leur équipe de travail. La forme la plus courante de sexe aujourd’hui est de loin la masturbation en regardant du porno. C’est un érotisme pour une société où les personnes sont déconnectées et pressées d’avoir un orgasme afin de retourner rapidement travailler sur une feuille de calcul ou mettre à jour leur profil LinkedIn. Vous ne devez pas vous embarrasser d’autres personnes.

Aerobics-Classes-In-Chandigarh1.jpg

Toujours dans La Culture du narcissisme, Lasch note un déclin de l’esprit sportif. Il évoque une peur de la compétition qu’il explique en ces termes : « Aujourd’hui, les gens associent la rivalité à l’agression sans frein ; il leur est difficile de concevoir une situation de compétition qui ne conduisent pas directement à des pensées de meurtre. » Les salles de sport sont-elles un symptôme de ce déclin de l’esprit sportif ?

Je ne pense pas que les adeptes des salles de musculation comprennent ce que l’esprit sportif signifie réellement. Être engagé à développer une relation continue avec les gens, être contraint à la compétence associée à un sport et à ses traditions sont de belles choses. Les clubs sportifs font partie d’un mouvement social important du XXe siècle, qui a rencontré l’adhésion de gens de tous les horizons. Ils ont souvent été mis en place en tant qu’expression spontanée de la communauté. Aujourd’hui, dans de nombreux cas, ils sont tout simplement devenus une entreprise comme les autres, dépouillés de liens plus profonds et de vertus plus durables.

Nos Desserts :

"Het geheim van de laatste staat" van Paul Frissen

Paul-Frissen-2-Foto-Ben-Bergmans.jpg

"Het geheim van de laatste staat" van Paul Frissen

door Dirk Verhofstadt

Ex: http://www.liberales.be

frissen089539632.jpgHeel wat politici, filosofen en gewone burgers eisen van de overheid meer transparantie in het politiek bedrijf. Het lijkt wel het tovermiddel om onze democratie sterker en efficiënter te maken. En de politiek speelt daar ook op in. Nieuwe parlementsgebouwen worden gebouwd met grote glaspartijen als figuurlijk, maar ook letterlijk symbool van de gezamenlijke wil om te komen tot transparantie. Burgers krijgen zo bijna letterlijk inzage in de parlementaire werking en de verkozenen van het volk zien als het ware hoe de burgers op hen toekijken. Dus geen beslissingen meer in duistere achterkamertjes maar openbare debatten die dan via televisie en het internet gevolgd kunnen worden door al wie interesse heeft. Transparantie wordt ook geëist van zowat alle burgers om aan te tonen dat ze ‘niets te verbergen hebben’ en daarom figuurlijk doorzichtig moeten zijn. Leve de transparantie dus. Maar tegen die trend in schreef de Nederlandse hoogleraar Bestuurskunde Paul Frissen het boek Het geheim van de laatste staat waarin hij kritiek geeft op de transparantie en pleit voor het fundamentele recht van de burger op geheimen als één van de waarborgen van zijn vrijheid.

Frissen beseft dat het begrip ‘transparantie’ een buzzwoord van onze tijd is dat voortdurend wordt aangehaald ter bevordering van de democratie en om ‘de waarheid’ te kennen. Maar hij is overtuigd dat zowel de burgers als de staat geheimen nodig hebben om de vrijheid van de burgers te beschermen. Hij wijst daarbij op de paradox dat we met zijn allen wel belang hechten aan onze privacy maar via de sociale media overal sporen nalaten. En dat we wel alles willen weten over onze machthebbers maar schrikken als de staat in onze geheimen komt snuffelen. De auteur bespreekt eerst de historische oorzaken naar die drang naar transparantie. Sinds de Verlichting willen we zoveel mogelijk weten. ‘De sluiers van onwetendheid waarin geloof en magie de mensheid millennia lang hebben gehuld, moesten worden afgeworpen,’ schrijft Frissen. En met de opkomst van de democratie hebben burgers recht op informatie, moet openheid bijdragen in het geheel van check and balances, en willen we weten wat we van de overheid en onze bestuurders mogen verwachten. Transparantie draagt trouwens ook bij tot een betere marktwerking en het voorkomen van corruptie en belangenvermenging.

Je zou dus kunnen stellen dat transparantie in de democratie ‘zowel een voorwaarde als een doel is’, aldus Frissen. Maar toch kunnen er redenen zijn om niet alles te onthullen. Als dit nodig is voor de veiligheid van de staat, als belangrijke staatsbelangen op het spel staan, of bij de opsporing en vervolging van strafbare feiten. En, nog belangrijker, om onze privacy te beschermen. De auteur komt dan tot het besluit dat de ‘verbintenis tussen transparantie en democratie om verschillende redenen echter minder vanzelfsprekend (is)’. Sterker nog: totale zichtbaarheid van mensen spoort met totalitarisme. Frissen beklemtoont dat democratieën maar kunnen functioneren door representatie en dat politiek een vorm van ‘creatie’ is. Denk hierbij aan het sluiten van een compromis dat tot stand komt in beslotenheid. De auteur stelt dat de transparantiedwang veel van doen heeft met wantrouwen. Zijn voornaamste bezwaar is dat een transparante samenleving overeenkomt met een volmaakte controlesamenleving.

Dat laatste vormt het thema van diverse dystopische romans zoals Wij van Jevgeni Zamjatin, 1984 van George Orwell en De Cirkel van Dave Eggers. Vooral die laatste roman geeft een hallucinant beeld van wat er zou kunnen gebeuren mochten de sociale mediasystemen die we vandaag kennen, gebundeld worden in één groot bedrijf dat zo een quasi monopolie zou hebben over het doen en laten van bijna de gehele wereldbevolking. Politiek wordt overbodig omdat iedereen, in een vorm van directe democratie, op elk moment een voorstel kan goed- of afkeuren. ‘Privacy is diefstal’ en ‘Geheimen zijn leugens’ zo luiden de slogans van het bedrijf. Want waarom zou je eigen ervaringen niet willen delen met anderen, tenzij je slechte bedoelingen hebt? En zo volgen meer stappen naar volledige transparantie die bijna steeds voortvloeien uit goede bedoelingen, maar een gitzwarte keerzijde kennen. Namelijk een onthutsende ontmanteling van onze privacy met levens die permanent onder toezicht staan en gecontroleerd worden op afwijkend of ongezond gedrag. Het leidt alvast tot een totalitair systeem zonder enige vrijheid om zich eraan te onttrekken. ‘Niet gezond maar ongezond willen leven, dat alles is ook vrijheid’, aldus Frissen.

Gelukkig leven we niet in De Cirkel. We hebben nog steeds het recht om niet alles te onthullen en sommige vormen van geheimhouding zijn zelfs wettelijk voorzien zoals het beroepsgeheim van dokters, advocaten, journalisten, enz. Ook op de vrije markt mogen bedrijven geheimen hebben (denk aan het recept van Coca Cola), maar ook in de diplomatie, inlichtingendiensten, de politie en bij politiek overleg. De overheid heeft zelfs de taak om persoonsgegevens van burgers te beschermen. ‘Geheimhouding is noodzakelijk en functioneel voor de moderne staat, maar stuit op het ideaal van transparantie’, schrijft Frissen. Toch is de lijn soms flinterdun. Neem de bestrijding van criminaliteit en terreur waarvoor de staat moet kunnen beschikken over bijzondere bevoegdheden. Maar anderzijds mogen die bevoegdheden de rechten en vrijheden van de burgers niet aantasten. Frissen citeert dan ook de liberale denker Michael Ignatieff die pleit voor ‘het minste kwaad’ als een soort middenweg. In elk geval is geheimhouding soms noodzakelijk om de open samenleving in stand te houden.

‘Vrijheid is het recht in verborgenheid te leven’, aldus Frissen. Dit is een belangrijke uitspraak, zeker in het licht van de toenemende aantasting van onze privacy door de grote internetbedrijven. Vandaar de noodzaak van een kritische tegenbeweging van burgers en politici die opkomen voor onze privacy. Vandaar het belang van de rechtelijke uitspraak met betrekking tot Google over het ‘recht om vergeten te worden’. Vandaar de reden om elke wijziging in de bedrijfspolitiek in de nieuwe mediabedrijven met argwaan te onderzoeken. De leiders van Google, Facebook, Twitter en andere succesbedrijven zullen in alle toonaarden ontkennen dat ze onze privacy willen aantasten. De realiteit is dat onze private voorkeuren in de loop van geschiedenis nog nooit zo erg werden uitgebuit ten bate van de beurskoersen van de betrokken bedrijven. Geheimhouding is ook nodig om de veiligheid van de staat en haar burgers zo goed als mogelijk te beschermen tegen interne en externe vijanden. Om die reden is de auteur ook geen sympathisant van Julian Assange en Edward Snowden, al lijkt hun onthulling over de bedrijvigheden van geheime inlichtingendiensten nu net wel een positieve zaak in het zoeken naar het precaire evenwicht tussen geheimhouding en transparantie.

transparencyAJDYwZDk5M.jpg

‘Geheimhouding en transparantie zijn beide ten diepste verbonden in een dynamisch evenwicht dat voortdurend kan ontsporen’, schrijft Frissen. Vandaar het belang van de democratie en democratische processen om voortdurend afwegingen te maken. Dit boek vormt alvast een belangrijke bijdrage in het debat hierover en moet dan ook breed gelezen worden door beleidsmakers en gewone burgers om met de nodige nuance te kunnen oordelen.


Recensie door Dirk Verhofstadt

Paul Frissen, Het geheim van de laatste staat. Kritiek van de transparantie, Boom, 2016

Links
mailto:verhofstadt.dirk@telenet.be
 

lundi, 23 mai 2016

Basteln an der neuen rechten Weltanschauung

Marc_Jongen_afd-1200x700_c.jpg

Basteln an der neuen rechten Weltanschauung

Jürg Müller-Muralt

Ex: http://infosperber.ch

Die Partei «Alternative für Deutschland» ist auf dem Vormarsch. Fortschritte macht auch der weltanschauliche Überbau.

«Klassiker der Ästhetik»: So lautet die Lehrveranstaltung des Philosophiedozenten Marc Jongen (Foto) an der Staatlichen Hochschule für Gestaltung (HfG) Karlsruhe im Wintersemester 2015/16. «Im Seminar werden klassische philosophische Texte, die für das Verständnis der Ästhetik wesentlich sind, gelesen und diskutiert», steht in der Ankündigung. Ein akademischer Feingeist? Nicht nur; er kann auch anders. Flüchtlinge sieht er als eine Art Naturkatastrophe, als «schrankenlose Überschwemmung mit Menschen, die auf die lange Dauer nicht integrierbar sind, weil sie einfach zu viele sind und zu fremd». Wer das anders sieht, den bezichtigt er wahlweise einer «überzogen humanitaristischen Moral» oder einer «Hypermoral».

Nachzulesen ist dies in einem Interview mit Marc Jongen in der «NZZ am Sonntag». Dort ruft er auch zu Wehrhaftigkeit auf: «Wir müssen, um als europäische Staaten und Völker zu überleben, deutlich nüchterner, realistischer und auch wehrhafter werden». Denn: «Wenn unsere Vorväter dieses Territorium nicht leidenschaftlich und wenn nötig auch mit Gewalt verteidigt hätten, würden wir jetzt nicht hier sitzen und uns in unserer Sprache unterhalten». So kann man deutsche Geschichte auch interpretieren, wenn man der Wahrheit nur genügend Gewalt antut.

«Thymotische Unterversorgung»

plato2_1559507e.jpgGewalt, Wut und Zorn sind ohnehin Schlüsselbegriffe in der Welt des Marc Jongen. «Wir pflegen kaum noch die thymotischen Tugenden, die einst als die männlichen bezeichnet wurden», doziert der Philosoph, weil «unsere konsumistische Gesellschaft erotozentrisch ausgerichtet» sei. Für die in klassischer griechischer Philosophie weniger bewanderten Leserinnen und Leser: Platon unterscheidet zwischen den drei «Seelenfakultäten» Eros (Begehren), Logos (Verstand) und Thymos (Lebenskraft, Mut, mit den Affekten Wut und Zorn). Jongen spricht gelegentlich auch von einer «thymotischen Unterversorgung» in Deutschland. Es fehle dem Land an Zorn und Wut, und deshalb mangle es unserer Kultur auch an Wehrhaftigkeit gegenüber anderen Kulturen und Ideologien.

Der in der Schweiz noch wenig bekannte Marc Jongen gehört zur intellektuellen Abteilung der Rechtspartei «Alternative für Deutschland». Die AfD galt ja in ihrer Gründungszeit bis zur Parteispaltung Mitte 2015 als «Professorenpartei» und geizte auch im jüngsten Wahlkampf nicht mit akademischen Titeln auf Plakaten. Als akademischer Mitarbeiter an der Hochschule für Gestaltung Karlsruhe diente Jongen lange Jahre als Assistent des bekannten Philosophen und früheren Rektors Peter Sloterdijk, der sich allerdings mittlerweile deutlich von den politischen Ansichten seines Mitarbeiters distanziert (mehr zum Verhältnis Jongens zu Sloterdijk findet sich in einem Beitrag der Online-Plattform «Telepolis»). In der AfD ist Jongen Vize-Landesvorsitzender in Baden-Württemberg und Mitglied der AfD-Bundesprogrammkommission. Er schreibt an einem Papier, das die weltanschauliche Marschrichtung der Partei skizzieren soll.

«Gefilde abseits der Vernunft»

Der Mann hat also das Potenzial, innerhalb der seit den März-Wahlen in drei deutschen Bundesländern sehr erfolgreichen Partei eine zentrale Rolle zu spielen. Da muss es interessieren, wes Geistes Kind er ist. Jongen gehört nicht zu den Lauten in der Partei, er argumentiert lieber mit Platon und anderen philosophischen Grössen; da kennt er sich aus. Aber er war eben im vergangenen Jahr auch am Sturz von Bernd Lucke beteiligt, des verhältnismässig liberalen Parteivorsitzenden. Damit hat er den populistischen, nationalromantischen bis rechtsradikal-völkischen Kräften innerhalb der AfD zum Durchbruch verholfen.

Auffallend ist, wie stark sich Jongen mit reaktionären philosophischen Konzepten beschäftigt. Die «Frankfurter Allgemeine Zeitung» findet in einer lesenswerten Analyse, bei ihm schimmere eine Fundamentalkritik der Moderne durch: «Der Philosoph bezieht sich jedenfalls vorwiegend auf Denker, die in diesem Ruf stehen: Friedrich Nietzsche, Oswald Spengler, Martin Heidegger und einen Vordenker der ‘konservativen Revolution’ wie Carl Schmitt, der zunächst von seinem Schreibtisch aus die Weimarer Republik zu sabotieren suchte und dann nach der Machtergreifung ebenso wie Heidegger dienstfertig dem Nationalsozialismus zuarbeitete. Gemeinsam ist diesen Denkern, dass sie von der Vernunft und republikanischer Mässigung wenig hielten, sondern mehr von scharfen historischen Brüchen. Sie operierten vorwiegend in geistigen Gefilden abseits der Vernunft, in Ausnahmezuständen und Seinsordnungen, Freund-Feind-Schemata und dionysischen Rauschzuständen.»

Gegen Gleichstellung der Geschlechter

«Die Zeit» macht darauf aufmerksam, dass der AfD-Landesparteitag Baden-Württemberg unter der Federführung Jongens die Gleichstellung der Geschlechter mit der Begründung abgelehnt habe, man wisse sich dabei «mit den ethischen Grundsätzen der grossen Weltreligionen einig». Die dürften nicht «auf dem Altar der pseudowissenschaftlichen Gender-Ideologie» geopfert werden. Dies ist eine für einen philosophisch Gebildeten recht abenteuerliche Argumentation. Denn damit wird den Weltreligionen im Umkehrschluss eine wissenschaftliche Grundlage zugebilligt.

Die Mitgliedschaft Marc Jongens in der AfD hat, wenig erstaunlich, auch zu einigen Turbulenzen an der Hochschule für Gestaltung geführt. Der neue Rektor, Siegfried Zielinski, hat Jongen alle Leitungsfunktionen entzogen und ihn auch als Herausgeber der Schriftenreihe «HfG-Forschung» abgesetzt. Das ist demokratiepolitisch heikel und kann als Beschneidung der Meinungsäusserungsfreiheit interpretiert werden. Rektor Zielinski hat jedoch in einer bemerkenswerten Medieninformation vom 24. Februar 2016 seinen Schritt sauber begründet. Solange «die Partei, in der Jongen politisch engagiert ist, zu den legalen politischen Formationen gehört, geniesst er denselben Schutz wie alle anderen Hochschulangehörigen». Das Rektorat sei «indessen nicht für die personellen Konstellationen der Vergangenheit verantwortlich» und müsse sie deshalb nicht so belassen wie bisher.

«Wer denkt, ist nicht wütend»

Die Medieninformation wurde unter dem Titel «Wer denkt, ist nicht wütend» veröffentlicht, ein Zitat von Theodor W. Adorno. Es spielt an auf den von Jongen so oft bemühten und oben erwähnten Thymos (Wut, Zorn). Das Dokument ist auch deshalb eindrücklich, weil es präzis die Aufgabe einer Kunsthochschule beschreibt:

«Kunsthochschulen haben die Aufgabe, werdenden Intellektuellen, Künstlerinnen und Künstlern sowie Gestalterinnen und Gestaltern einen optimalen, anregenden, ihr Wissen und ihre Begabungen fördernden Freiraum zu organisieren. Das ist eine von Grund auf positive Herausforderung und Bestimmung. Eine Ideologie, die prinzipiell in der Verneinung eine Alternative sieht und aus der Perspektive der Verachtung handelt, bildet einen maximalen Gegensatz zu dieser Aufgabe.

(…)

Hass, Verbitterung, radikale Enttäuschung oder Unlust am Heterogenen vertragen sich nicht mit dem positiven Überraschungsgenerator, den eine gute Kunsthochschule der Möglichkeit nach darstellt.

(…)

Der neue Rektor folge «in seiner Arbeit einer Logik der Mannigfaltigkeit, der unbegrenzten Vielheit. (…) Als wichtigsten Impuls enthält eine Logik der Mannigfaltigkeit die uneingeschränkte Achtung vor dem Anderen, vor dem, was nicht mit uns identisch ist.»

(…)

«Die veröffentlichte Debatte um die Mitgliedschaft eines akademischen Mitarbeiters einer universitären Einrichtung des Landes Baden-Württemberg in der durch den Staat zugelassenen politischen Partei AfD schadet der HfG Karlsruhe als einer Einrichtung, die von kritischem Engagement, Gastfreundschaft, Erfindungsreichtum, Neugier und Toleranz getragen ist.»

Giono, Céline et Gallimard

gionollll.png

Giono, Céline et Gallimard

par Marc Laudelout

Ex: http://bulletincelinien.com

On a beaucoup commenté la manière dont Céline se comporta avec Robert Denoël, puis Gaston Gallimard. Au moins a-t-il toujours joué franc jeu : « J’étais l’auteur le plus cher de France ! Ayant toujours fait de la médecine gratuite je m’étais juré d’être l’écrivain le plus exigeant du marché – Et je l’étais ¹. »

gionoeeeeee.jpgGiono, c’est autre chose. Sa correspondance avec Gallimard, qui vient de paraître, nous montre un personnage d’une duplicité peu commune. Dès 1928, Gaston lui propose de devenir son éditeur exclusif dès qu’il sera libre de ses engagements avec Grasset. Grand écrivain mais sacré filou, Giono n’aura de cesse de jouer un double jeu, se flattant d’être « plus malin » que ses éditeurs. Rien à voir avec Céline, âpre au gain, mais qui se targuait d’être « loyal et carré ». Giono, lui, n’hésitait pas à signer en même temps un contrat avec Grasset et un autre avec Gallimard pour ses prochains ouvrages. Chacun des deux éditeurs ignorant naturellement l’existence du traité avec son concurrent. But de la manœuvre : toucher deux mensualités (!). La mèche sera vite éventée. Fureur de Bernard Grasset qui voulut porter plainte pour escroquerie et renvoyer l’auteur indélicat devant un tribunal correctionnel. L’idée de Giono était, en théorie, de réserver ses romans à Gallimard et ses essais à Grasset. L’affaire ira en s’apaisant mais Giono récidivera après la guerre en proposant un livre à La Table ronde, puis un autre encore aux éditions Plon.  En termes mesurés, Gaston lui écrit : « Comprenez qu’il est légitime que je sois surpris désagréablement. » Et de lui rappeler, courtoisement mais fermement, ses engagements, ses promesses renouvelées et ses constantes confirmations du droit de préférence des éditions Gallimard. En retour, Giono se lamente : « Avec ce que je dois donner au percepteur, je suis réduit à la misère noire. » Et en profite naturellement pour négocier ses nouveaux contrats à la hausse. Ficelle, il conserve les droits des éditions de luxe et n’entend pas partager avec son éditeur les droits d’adaptation cinématographiques de ses œuvres. Tel était Giono qui, sur ce plan, ne le cédait en rien à Céline. On peut cependant préférer le style goguenard de celui-ci quand il s’adresse  à  Gaston : « Si j’étais comme vous multi-milliardaire (…), vous ne me verriez point si harcelant… diable ! que vous enverrais loin foutre !  ² ».

À l’instar de Céline ³, Giono souhaitait se voir édité de son vivant dans la Bibliothèque de la Pléiade. Dix ans plus tard, le même scénario se répète : l’auteur de Colline meurt en 1970 un an exactement avant la parution de ses Œuvres complètes sur papier bible.

• Jean GIONO, Lettres à la NRF, 1928-1970 (édition établie par Jacques Mény), Gallimard, 2016, 528 p. (26,50 €).

  1. (1) Lettre du 19 mars 1947 (Lettres à Milton Hindus, 1947-1949, Gallimard, 2012, p. 38).
  2. (2) Lettre du 20 juin 1956 (Lettres à la NRF, 1931-1961), Gallimard, 1991, p. 323).
  3. (3) Si Céline eut parfois des mots acides à l’endroit de Giono (« Rabindrathagoriste du poireau »), comment ne pas évoquer ici la belle lettre qu’il lui écrivit en 1953 alors qu’il avait exprimé (à Marcel Aymé) le vague souhait de s’installer dans le Midi. Ce qui valut à Giono ces remerciements émus de Céline : « Mon cher Giono, Marcel Aymé m’a lu votre lettre et je suis bien vivement touché par l’amitié que vous me témoignez et l’accueil que vous faites à mon projet d’aller séjourner vers Manosque». Renonçant finalement au projet, il poursuit : « Je suis bien sensible, croyez-le, à votre si généreuse offre de rechercher autour de vous des personnes disposées à me venir en aide… », pour conclure par cette formule inhabituelle sous sa plume : « Je vous embrasse cher Giono et vous remercie bien sincèrement et m’excuse et vous prie de me croire bien amicalement vôtre. Destouches » (Lettres, Gallimard, 2009).
BC-Cover516.jpgBulletin célinien n°385, mai 2016
Sommaire : 
Dictionnaire célinien des lieux de Paris – L’adaptation théâtrale de Voyage par Damien De Dobbeleer –
D’un Mourlet l’autre –
Rennes, de Céline à Kundera –
Le Journal de Marc Hanrez –
Dictionnaire amoureux de la langue française –
Un texte ignoré de Léon Daudet sur Céline –
Nietzsche et Céline –
Nos archives audio-visuelles

Contes de la folie dystopique

promo-large2.jpg

Contes de la folie dystopique

Après avoir navigué dans les eaux claires et bienveillantes des fictions utopiques, il est temps d’accoster son envers ténébreux, le sinistre continent carcéral des dystopies. Inspirées des satires du XVIIe siècle, les dystopies (ou contre-utopies) naissent à une période critique et anti-totalitaire survenant au lendemain de l’âge d’or du scientisme, du positivisme social et de la croyance dans le progrès élaborés durant le XIXe siècle.

Les progrès de la technique et de la science n’ont pas seulement permis l’industrialisation de l’Occident mais ont profondément transformé les rapports de l’homme à l’univers et à sa propre nature biologique. La Première Guerre mondiale et son cortège d’armes chimiques, l’échec des grandes idéologies, la montée du fascisme en Europe de l’Ouest et l’expérience des camps de la mort durant la Seconde Guerre mondiale sont les principales causes de la dégénérescence de l’utopie. Les nombreuses désillusions qui traversent le XXe siècle vont progressivement pousser les utopistes à changer leur conception de l’avenir de l’humanité. Ils imaginent un monde dans lequel l’homme, constitué entièrement par la science, verrait ses actes et ses pensées déterminés génétiquement. Pourtant, les prémisses de la critique du “totalitarisme utopique” avaient déjà vu le jour trois siècles auparavant.

Généalogie du genre dystopique

labyrd3f4cfafe862f994c1.jpgLe préfixe dys de dystopie renvoie au grec dun qui est l’antithèse de la deuxième acception étymologique d’utopie (non pas u mais eu, “lieu du bien”). On fait remonter l’origine du mot “dystopie” tantôt au livre du philosophe tchèque Comenius intitulé Le labyrinthe du monde et le paradis du cœur (1623-1631), tantôt au livre Mundus Alter et Idem (Another world and yet the same, 1605) de l’évêque Joseph Hall, considéré comme l’inventeur de la subdivision du genre littéraire de l’utopie : la satire dystopique. Hall tourne en ridicule les récits de voyages populaires et s’emploie à fustiger les vices, notamment en inventant une carte de pays imaginaires dont chacun est régi par un vice dominant : par exemple, la Pamphagonia est le pays de la gloutonnerie, ou l’Yvronia, la région de l’ébriété.

Mais les signes avant-coureurs de la dystopie sont encore plus prégnants au XVIIIe siècle. Selon Raymond Trousson, les « quatre forces destructrices de l’utopie » que sont « le réalisme, le pessimisme, l’individualisme et le scepticisme » se déploient dans certains ouvrages, mettant sérieusement en cause l’optimisme des Lumières : La Fable des abeilles de Bernard Mandeville (1714), dénonçant l’ascétisme utopique et la suppression des pulsions individuelles ; Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift (1726), qui dévoile la mesquinerie ambiante de Lilliput, la décadence de Laputa et la méchanceté naturelle des Yahoos ; Le Philosophe anglais ou Histoire de Cleveland de l’abbé Prévost (1731), qui refuse l’entente parfaite entre la Raison et la Nature et considère l’utopie comme un faux paradis ; L’Histoire des Galligènes ou Mémoires de Duncan de Tiphaigne de la Roche (1765) enfin, rétablissant le sens d’une marche fatale de l’histoire liée à la nature des choses humaines. On compte aussi quelques précurseurs durant la seconde moitié du XIXe siècle : Le monde tel qu’il sera d’Emile Souvestre en 1846 et L’an 330 de la République de Maurice Spronck en 1895.

On peut en outre ajouter, pêle-mêle, selon l’écrivain Fernando Ainsa dans La reconstruction de l’utopie, tout un ensemble de catastrophes de politique-fiction : « les chocs futuristes d’Adolph Toffler, les catastrophes démographiques de Paul Ehnrlich, les grandes technocraties de Herman Kahn, les projets mécanistes de Buckminster Fuller, […] la révolution prônée par Marshall Mac Luhan » dans le domaine des communications. Y compris le terme de kakotopies (utopie de l’enfer) s’inspirant de Cackatopia de John Stuart Mill…

« La dystopie est un Enfer terrestre, mis à jour, créé par l’homme, sans intervention divine. »
Éric Faye

Le renversement radical du système utopique

Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, une dystopie n’est pas le contraire d’une utopie mais, comme le dit l’historien Frédéric Rouvillois, « une utopie en sens contraire », de sorte qu’en poussant les logiques totales qui président toute utopie traditionnelle, on débouche sur le pire des mondes possibles. Les mondes définis par les œuvres dystopiques sont l’inverse des utopies, dans le sens où elles exposent les mauvais lieux alternatifs, la face sombre de l’utopie. Comme l’exprime l’essayiste Georges Jean dans Voyages en Utopie, la dystopie dénonce le mécanisme atroce et paradoxal de l’utopie qui aboutit « à l’inverse de ce à quoi elle prétend ». Il faut cependant se garder de confondre ces “utopies à l’envers” (en 1981 le chercheur Kingsley Widmer parle d’« utopisme inversé ») avec les « mondes à l’envers » et autres carnavals littéraires.

Ainsi, nous pouvons affirmer avec Gérard Klein que la contre-utopie met « en scène une eunomie pour établir son inhumanité du fait de son incomplétude. En effet, l’eunomie repose sur le concept d’une nature humaine, servant de socle absolu à la définition de la bonne loi. Les anti-utopistes apportent la preuve par la fiction qu’un tel socle n’existe pas et qu’il se trouvera toujours au moins une modalité de l’humain à échapper au bénéfice présumé de la perfection utopique. » (Dictionnaire des utopies) Cette échappatoire se réalise, le plus souvent, par un retour à la nature et une libération absolue de l’individu.

« La dystopie n’est pas le contraire d’une utopie mais une utopie en sens contraire. »

Et d’un point de vue strictement littéraire, Raymond Trousson note que l’utopie « moderne » (entendre “contemporaine”), c’est-à-dire la dystopie, remet en cause le côté normatif et figé de l’utopie « traditionnelle ». Elle inverse l’utopie, en redonnant au héros une consistance qu’il n’avait plus ou pas dans l’utopie. Avec le héros revient également le sens de l’intrigue, le goût des choix, des pensées et des libertés individuelles. L’anti-utopie redevient romanesque, un vrai roman en somme, avec des péripéties et un dynamisme qui n’existent pratiquement pas dans le genre littéraire utopique.

La critique romanesque des maux modernes

« La dystopie peut être interprétée comme une utopie du désenchantement qui prospère sur les décombres des utopies. »

Kustodiev_Zamyatin.jpgC’est en 1920 avec la parution de Nous autres que la fiction dystopique naît véritablement. Cette œuvre phare de l’ingénieur russe Evguéni Ivanovitch Zamiatine donne ainsi ses “lettres de noblesses” au genre. Son ouvrage influença considérablement bon nombre de récits analogues tels que Le Meilleur des mondes d’Huxley et 1984 d’Orwell, publiés respectivement douze et vingt-huit ans plus tard.

Les contre-utopistes renouent avec la veine des utopies satiriques mais de façon beaucoup plus corrosive et en ciblant spécifiquement l’uniformisation de la vie, les manipulations idéologiques auxquelles sont soumis les individus dans les mondes utopiques, et, par corollaire, leur réduction à des pièces interchangeables de la machine sociale.

Les dystopies sont donc des œuvres politiques au sens fort, puisqu’elles se veulent aussi des critiques cinglantes, ironiques, caricaturales ou désespérées selon les cas, de sociétés réellement existantes, par exemple le monde plus spécifiquement pré-soviétique pour Zamiatine ou tous les totalitarismes de son époque pour Orwell. Comme le dit l’historien Bronislaw Backzo, dans Lumières de l’utopie (1978), « l’anti-utopie est une expression parfois plus corrosive et puissante que l’utopie… » pour dénoncer le monde présent. Elle témoigne d’un violent pessimisme en l’homme et en la nature, ce qui la démarque de presque toutes les utopies classiques largement optimistes qui popularisent le mythe du bon sauvage. La dystopie peut donc à juste titre être interprétée comme une utopie du désenchantement qui prospère sur les décombres des utopies, sur ce monde réel dont les caractéristiques ont parfois largement dépassées dans l’horreur les plus systématiques propositions utopiques.

nous-autrres.jpgCes œuvres voient donc dans l’utopie non pas une chance pour l’humanité, mais un risque de dégénérescence terriblement inhumaine qu’il faut empêcher à tout prix. Le but n’est pas de réaliser des utopies, mais au contraire d’empêcher qu’elles se réalisent. C’est l’avertissement du philosophe existentialiste Nicolas Berdiaeff en exergue du Meilleur des mondes : « Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ?… Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société moins utopique moins “parfaite“ et plus libre. »

Le refus viscéral du bonheur obligatoire

« Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société moins utopique moins “parfaite“ et plus libre. »
Nicolas Berdiaeff

Les régimes liberticides sont ainsi combattus par l’ironie, la parodie, la caricature, la parabole, l’allégorie, la fable, le pamphlet, etc. Les ouvrages sont souvent désespérés, mais lucides : le totalitarisme, l’étatisme omniprésent, l’infantilisation généralisée, le bonheur grégaire, l’asservissement des individus et l’absence de liberté sont l’antithèse absolue d’une société ouverte. Dénoncer, s’opposer, décrire l’horreur… c’est donc aussi en arrière plan, proposer et susciter l’inverse : une société libre.

La vision dystopique est strictement individualiste, excentrique, donc contestataire. Les groupes réfractaires redeviennent des garants d’une ouverture possible, d’un avenir moins sombre, qu’ils soient « Méphis » dans Nous autres, « sauvages » dans Le Meilleur des mondes, membres de la « Fraternité » dans 1984, « hommes-livres » chez Ray Bradbury (Fahrenheit 451) ou « incurables » chez Ira Levin (Un bonheur insoutenable). Dans la plupart des ouvrages dystopiques, le seul recours face au monde inhumain est effectivement contenu dans la figure du rebelle, de l’opposant, du dissident, du fugitif, du réfractaire. L’écrivain Gilles Lapouge, dans Utopie et civilisations, affirme que le contre-utopiste est « un libertaire libertin individualiste […] qui se moque de la société et ne veut connaître que l’individu. » Il s’oppose à l’idéologie du bonheur universel : « Il a choisi le vital contre l’artifice, la nature contre l’institution. »

Il est tout de même important de rappeler, encore une fois, la relative porosité des frontières entre les genres utopiques : certaines utopies peuvent sombrer dans le désespoir (Quand le dormeur s’éveillera de H. G. Wells, 1899) quand quelques dystopies se laissent tenter par des rêves de réconciliation (Île d’Huxley, 1962).

« Le contre-utopiste a choisi le vital contre l’artifice, la nature contre l’institution »
Gilles Lapouge

Finalement, en dévoilant les logiques profondes de l’utopie – instaurer une perfection définitive ici-bas entièrement conçue comme totalité –, les dystopies donnent ainsi à voir, dans le détail le plus infime, les horreurs des totalitarismes à venir au XXe siècle. C’est cette corrélation entre totalitarisme et les trois grands romans dystopiques (Nous autres, Le Meilleur des mondes et 1984), qui sera l’objet d’une troisième et dernière partie.

Nos Desserts :

INTERVIEW FRANÇOISE BONARDEL : NIETZSCHE, DISCIPLE DE DIONYSOS

INTERVIEW FRANÇOISE BONARDEL : NIETZSCHE, DISCIPLE DE DIONYSOS

Françoise Bonardel nous parle de Nietzsche en tant que disciple de Dionysos, évoque les similitudes de la philosophie de Nietzsche avec la démarche alchimique, et l'actualité de sa vision dionysiaque du monde. Je m'aventurerais à dire qu'on a aussi parlé, ici, en quelque sorte, de la possibilité d'une gnose dionysiaque.

Site de Françoise Bonardel : http://www.francoise-bonardel.com

Blog de Pierre Kerroc'h : http://www.vivezentransemutants.com

Facebook : Pierre Kerroc'h

Het politieke denken van Chantal Mouffe

mouffe.jpg

Het politieke denken van Chantal Mouffe

Patrick De Vos

Ex: http://www.dewitteraaf.be

Het cordon sanitaire mag het VB (Vlaams Blok/Vlaams Belang) dan al verhinderen om aan het bestuur deel te nemen, de probleemstellingen, thema's en ideeën van het VB zijn uitgegroeid tot de common sense van het politieke denken in Vlaanderen en België. [1] In België is het VB daarmee het meest succesvolle politieke project van de voorbije 15 jaar; in heel Europa is het inmiddels de sterkste partij in haar soort geworden. Het oogst daarvoor aanzien in rechtse kringen over het hele continent.

Zoveel electorale voorspoed en ideologische impact stemt tot nadenken over de manier waarop we nu al jaren met die partij omgaan. In dat verband is het vreemd dat een Belgische politieke theoretica die ons daarbij kan helpen, de in Londen docerende Chantal Mouffe, in haar geboorteland, waar de problematiek wellicht het acuutst is, nagenoeg onbekend blijft. Als coauteur (met Ernesto Laclau) van het in 1985 verschenenHegemony and Socialist Strategy, en als auteur van The Return of the Political (1993), The Democratic Paradox(2000) en On the Political (2005), geniet zij bij een Anglo-Amerikaans, Latijns-Amerikaans, Frans en Duits lectoraat bekendheid om haar radicale en vernieuwende kijk op democratie.

Het werk van Laclau en Mouffe vind je binnen de politieke en sociale wetenschappen onder de noemer postmarxisme: de recentste telg van de marxistische stamboom, waarvan ook de sociaal-democratie, althans in principe, nog altijd een tak is. Laclau en Mouffe zijn kinderen van hun tijd: ‘68-ers die met het links-radicale denken zijn opgegroeid. Mouffe ging meteen na haar studies in Leuven naar Parijs om er bij de structuralist-marxist Louis Althusser te studeren. Daarna trok ze, als velen van haar generatie, naar de derde wereld. In Columbia werd haar al snel duidelijk dat althusseriaanse concepten, om het minste te zeggen, maar beperkt bruikbaar waren.

Rond 1970 radicaliseerde ook de Latijns-Amerikaanse studentenbeweging, aangemoedigd door de Cubaanse revolutie. Aan de Universiteit van Buenos Aires is de jonge marxist Ernesto Laclau politiek erg actief. Maar met de dogma’s van het marxisme worstelde hij toen al. Onder invloed van het Peronisme wou hij het marxisme met iets anders vermengen. Met hun lezing van de Italiaanse marxist Antonio Gramsci zullen Laclau en Mouffe uiteindelijk breken met het essentialisme en economisme van marxisten als Althusser en Poulanzas. In hun postmarxisme integreren zij de liberale notie van individuele rechten. De sociale horizon van hun politieke project is een radicale en pluralistische democratie. Het moet de doelstelling van Links zijn om de Democratische Revolutie, die tweehonderd jaar geleden geïnitieerd werd, te verdiepen en uit te breiden naar steeds meer gebieden van het sociale leven, steeds meer maatschappelijke sferen. Dat is wat ze bedoelen met “de radicalisering van de democratie”.

Daarnaast verwijderen Laclau en Mouffe het klassebegrip en de klassestrijd uit het marxisme. [2] De arbeidersklasse is niet langer de geprivilegieerde agent van de geschiedenis, en de strijd tegen het kapitalisme is niet noodzakelijk acuter dan die tegen racisme, seksisme of andere vormen van onderdrukking. Als we morgen alle kapitalistische productieverhoudingen afschaffen – voor zover dat al mogelijk is – dan zijn alle vormen van ongelijkheid en onderdrukking nog niet de wereld uit. [3] Wie de arbeider als geprivilegieerde politieke actor van de geschiedenis blijft zien, zal onder feministen of ecologisten weinig bondgenoten vinden. Hun politieke strijd is vanuit zo’n optiek immers van ondergeschikt belang. Laclau en Mouffe ontdoen het socialisme van deze essentialismen en effenen zodoende het pad om het, samen met feminisme, ecologisme, antiracisme, andersglobalisme enzovoort, tot een nieuw links project te articuleren. We spreken midden jaren ‘80 toen in de Britse context, waar ze inmiddels werkten, het thatcherisme pas goed op dreef kwam.

De liberale democratietheorie

Historisch gezien is onze democratie gegroeid uit de combinatie van twee vormgevende principes. Ten eerste de zogenaamde rule-of-law, die geassocieerd wordt met liberalisme, scheiding der machten, individuele vrijheden en mensenrechten. Elke burger komen onvervreemdbare, fundamentele rechten toe, die grondwettelijk verankerd zijn, en die de bescherming garanderen van de integriteit en de vrijheid van het individu. Deze ideeën passen in een liberale denktraditie die teruggaat tot de 17de-eeuwse Engelse filosoof John Locke. “All men are born free and equally alike”, zei Locke: dat is hun natuurlijke staat.

Ten tweede is er de notie van de volkssoevereiniteit, die geassocieerd wordt met democratische participatie, formele gelijkheid tussen burgers en het beslissen bij meerderheid. Hier staat de gedachte centraal dat het volk zichzelf bestuurt; een gedachte die teruggaat tot de Griekse stadstaat en die in de moderne tijd terugkeert bij de 18de-eeuwse Franse filosoof Jean-Jacques Rousseau.

laclaumouff-1439283629-73.jpg

Deze twee principes vormen geen eeneiige tweeling. Tussen beide heerst een onherleidbare spanning, die Mouffe “de democratische paradox” noemt. Er is bijvoorbeeld een spanning tussen het liberale principe van individuele rechten en de nood van elke democratische samenleving aan sociale en politieke eenheid. Niet-negotieerbare mensenrechten (liberalisme) beperken onvermijdelijk de volkssoevereiniteit (democratie), terwijl de in- en uitsluiting aan de hand waarvan bepaald wordt wie er wel en niet tot de demos behoort (democratie) aan de universele mensenrechten (liberalisme) noodzakelijk beperkingen oplegt. Er is immers geen garantie dat een democratische beslissing de individuele rechten en vrijheden niet op het spel zet.

Hoewel we vandaag onder democratie, als vanzelfsprekend, liberale democratie verstaan, gaat het dus om een articulatie van twee verschillende tradities: de liberale traditie van individuele vrijheid en pluralisme, en de democratische traditie van volkssoevereiniteit en gelijkheid. Liberalisme is geen homogene doctrine, maar een amalgaam van principes: de rechtsstaat, individuele vrijheden en rechten, de erkenning van sociaal-politiek pluralisme, representatief bestuur, de scheiding der machten, limitatie van de staatsmacht, de kapitalistische markteconomie. Democratie, van haar kant, ontstond als een vertoog over volkssoevereiniteit, universeel stemrecht en gelijkheid.

In oorsprong waren liberalisme en democratie oppositioneel, en had de term democratie zelfs een pejoratieve betekenis: de heerschappij van het gepeupel, en dus chaos. Beide beginselen werden voor het eerst samen gearticuleerd in de 19de eeuw, wat er op den duur voor gezorgd heeft dat het liberalisme gedemocratiseerd en de democratie geliberaliseerd werd. Dit gebeurde door een opeenvolging van politieke conflicten, waarbij de ene traditie telkens weer haar suprematie over de andere wil doen gelden. Lange tijd werd dat conflict als legitiem beschouwd; pas in de voorbije decennia werd het als achterhaald van de hand gewezen. Maar volgens Mouffe bestaat er tussen de liberale principes van pluralisme, individualisme en vrijheid, en de democratische principes van eenheid, gemeenschap en gelijkheid, nog altijd een aanhoudende spanning, die in de huidige democratische theorie en praktijk verwaarloosd wordt. Het is deze onoplosbare spanning die de democratie levendig houdt en het primaat van de politiek garandeert, zegt Mouffe.

Traditioneel wordt democratie door de liberale theorie opgevat als een aggregatie van belangen. Dit model werd in de voorbije decennia wat verdrongen door het model van de deliberatieve democratie, dat politiek ziet in ethische en doorgaans universele termen, en dat verdedigd wordt door onder anderen Jürgen Habermas, John Rawls en Ronald Dworkin. Volgens hen is de democratische samenleving gericht op de creatie van een rationele consensus, die bereikt wordt aan de hand van deliberatieve processen die tegemoetkomen aan de belangen vaniedereen. Een beslissing is democratisch wanneer, na het voeren van een redelijke deliberatie, tussen álle betrokkenen een overeenstemming wordt bereikt. In dit denken domineren consensus en compromis, verkregen door rationele argumentatie en overtuiging.

Kenmerkend voor het individualistisch rationalisme van deze liberale democratieopvatting is het onvermogen om de specifieke aard van het politieke, en de formatie van politieke identiteiten die daarmee gepaard gaat, ten gronde te begrijpen. De idee van een perfecte consensus – of een harmonieuze collectieve wil, zoals bij Rousseau – wijst Mouffe als gevaarlijk van de hand. [4] Het liberale pluralisme wordt gekenmerkt door eindeloze conflicten tussen verschillende opinies en opvattingen inzake de ‘correcte’ interpretatie van vrijheid en gelijkheid. Het is deze aanhoudende onenigheid die mensen opdeelt in vrienden en vijanden. Als liberale denkers het collectieve karakter van de politieke strijd, die door het pluralisme bevorderd wordt, niet zien, dan komt dat door hun individualistische opvatting van politiek, als het rationeel nastreven en onderhandelen van individueel eigenbelang.

chmeL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgNet als Carl Schmitt (1888-1985) voert Chantal Mouffe de differentia specifica van het politieke terug op het onderscheid tussen vriend en vijand; oftewel tot de altijd aanwezige mogelijkheid van vijandelijkheid in intermenselijke relaties. Mouffe zegt niet dat alle sociale relaties noodzakelijk antagonistisch zijn, maar dat de mogelijkheid van conflict en vijandigheid in elke relatie op elk moment aanwezig is. Het politieke heeft altijd te maken met conflict en antagonisme, het gaat altijd gepaard met de formatie van een ‘wij’ versus een ‘zij’. In de discourstheorie van Laclau en Mouffe heet dit equivalentielogica: het opdelen van de sociale ruimte door betekenissen en identiteiten te comprimeren tot twee antagonistische polen.

Antagonisme is het sleutelwoord om de vorming van politieke identiteit te begrijpen. Anders dan de traditionele notie van sociaal antagonisme – dit is een confrontatie tussen sociale agenten die reeds beschikken over een volledig ontwikkelde identiteit – beweren Laclau en Mouffe dat antagonismen juist voorkomen omdat wij, als sociale agenten, niet bij machte zijn onze identiteit volledig te ontwikkelen. Zij steunen daarvoor in hoofdzaak op de lacaniaanse psychoanalyse en de derridiaanse notie van een constitutieve buitenkant, als voorwaarde voor de constructie van elke identiteit. Eenvoudig gesteld: een antagonisme ontstaat wanneer de aanwezigheid van ‘de Andere’ mij verhindert om volledig mezelf te zijn. [5] Deze blokkade is een wederzijdse ervaring. [6] Antagonismen onthullen niet alleen het tekort aan identiteit van sociale agenten, zij geven vorm aan de sociale werkelijkheid als zodanig. Sociale formaties worden gevormd aan de hand van antagonistische relaties, waardoor zich tussen sociale agenten politieke breuklijnen vestigen en verschillende identificaties vorm aannemen. [7]

Een democratie behoort pluraal te zijn. Op dat punt is Mouffe het eens met de liberale theorie. Zij betwist evenmin dat een plurale democratie een minimale consensus vereist over gemeenschappelijke ethisch-politieke principes. Maar consensus alleen volstaat niet. Zij is slechts het resultaat van een onderhandeling die telkens weer gevoerd moet worden. In de liberale democratieopvatting ligt de focus op het resultaat van consensus, die bereikt wordt door rationele compromisvorming tussen subjecten met een stabiele en gepreconfigureerde identiteit. Politiek wordt als een neutraal terrein gezien waarop verschillende groepen strijden om politieke macht. De politiek is als een schaakspel waarvan de spelregels en limieten vastliggen. Voor Mouffe daarentegen, gaat het er juist om de regels van de politiek te herschrijven. Het politieke terrein is niet neutraal. Het is in zekere zin de inzet van politieke strijd; in die strijd zelf wordt het terrein gevormd of hervormd.

Liberalism forever!

Sinds de val van de Berlijnse Muur domineert het in oorsprong thatcheriaanse denkbeeld dat er voor de huidige liberaal-kapitalistische wereldorde geen alternatief bestaat. Het failliet van het reëel bestaande socialisme betekende de definitieve overwinning van het kapitalisme en de liberale democratie: dat was de these van Francis Fukuyama, de Amerikaanse politicoloog en adviseur van Ronald Reagan. [8] Het liberalisme had die overwinning volgens hem te danken aan het feit dat het zowel op het materiële vlak (kapitalistisch marktmechanisme) als op het niet-materiële vlak (individuele erkenning) een maximale bevrediging biedt. Uit een hegeliaanse analyse van de geschiedenis haalt Fukuyama het ‘bewijs’ voor de afwezigheid van samenhangende alternatieven voor het liberalisme. De geschiedenis, als voortdurende strijd tussen politieke ideologieën en statenstelsels, heeft haar eindtermen bereikt: “liberalism forever!”

Het einde van de geschiedenis is een wat filosofische uitdrukking die staat voor het einde van de politiek, en Fukuyama was niet de eerste die deze stelling verdedigde. Om te beginnen was er Hegel zelf die in 1806, na de overwinning van Napoleon in de slag bij Jena, verklaarde dat de geschiedenis aan haar einde was gekomen. Begin jaren ‘60 initieerde de Harvardsocioloog Daniel Bell het debat over het einde van de grote ideologische conflicten. In de welvarende samenlevingen van het westen, aldus Bell, is de voorraad aan politieke ideeën uitgeput en zijn ideologische vraagstukken irrelevant geworden. Er is een brede ideologische consensus ontstaan, met als gevolg dat politieke partijen enkel nog om de macht strijden door hun electoraat meer welvaart te beloven. Volgens Bell zegevierde het economische dus ook over het politieke. Maar de heropleving van politiek-ideologische tegenstellingen en de politieke radicalisering van mei ‘68 haalden zijn these onderuit.

De clou bij dit soort politieke eschatologie is de volgende. Politieke ideologieën zijn supra-individuele denkvormen waardoor sociale actoren en groupe zin en richting geven aan hun maatschappelijk bestaan. Ze zijn naast descriptief altijd ook normatief. Ze willen vormgeven aan (toekomstige) sociale verhoudingen en bijgevolg zijn ze op handelen gericht. Elke politieke ideologie heeft de ambitie sociaal te interveniëren (decision making) of zo’n interventie te verhinderen (non-decision making). Deze toekomstgerichtheid vereist een sociale horizon (of sociale utopie) die het resultaat belooft te zijn van dat politieke project.

Elke politieke ideologie houdt dus de belofte in dat ze, met de realisatie van haar project, een eind zal maken aan de politiek. Het was Friedrich Engels die de stelling van Claude Henri de Saint-Simon overnam dat het heersen over mensen in de klassenloze maatschappij – de sociale horizon van het socialistische project – plaats zal maken voor het beheer van zaken. “Goed bestuur”, zeggen we vandaag. En het was de Italiaanse nationalist Giuseppe Mazzini (1805-1872) die stelde dat, als elke natie, separaat en distinct, een volwaardige organische eenheid zal zijn, er geen reden meer is voor onderling conflict. Macht en geweld zijn nodig om de oude orde aan de kant te zetten, maar eens de wereld volgens de nationalistische doctrine van één taal, één volk en één natie geordend zal zijn, wordt oorlog overbodig. [9]

Elk politiek project belooft dat, met de volledige realisatie van haar utopie, politiek overbodig wordt. Het is in die geest van het einde der tijden en het laatste oordeel dat Fukuyama de superioriteit van de liberaal-democratische staatsordening en van het kapitalistisch economisch systeem als bewezen proclameert. Nochtans was zijn these onder meer op feitelijke onjuistheden gebaseerd. Niet het liberalisme ‘pur sang’ had de Koude Oorlog overleefd, maar een gemengd model dat het laisser-fairebeginsel van de vrije markt compenseert door staatstussenkomst, regulatie en herverdeling. In de moderne geschiedenis heeft er nooit een volledig vrije markt bestaan, en dit geldt zelfs voor die landen waar het politieke liberalisme op dat moment hoogtij vierde: het Amerika van Reagan en Bush Senior en het Engeland van Thatcher en Major. Alle sterke, geïndustrialiseerde landen zijn sterk geworden door een mix van laisser faire en staatsinterventie. Ook hier zien we dat het principe van de vrije markt op gespannen voet staat met de democratie: de markt genereert ongelijkheid, die vervolgens door staatsinterventie gecompenseerd wordt. Op dat punt is er geen finale, rationele consensus mogelijk. Het economisch liberalisme is een moderne theorie van de ongelijkheid, zoals de vertegenwoordigende democratie een moderne theorie van de gelijkheid is. Het dispuut over de juiste verhouding tussen markt en staat is inherent aan de liberaal-democratische samenleving. [10]

Chantal-Mouffe-Agonistik-suhrkamp-Rezension-Gordian-Ezazi.jpgWat een radicale democratie à la Laclau en Mouffe onderscheidt van de moderne politieke projecten, is dat ze niet van een realiseerbare telos uitgaat, maar van het besef dat elk sociaal project onvolmaakt en conflictueel zal blijven. Het streven naar een volledig democratische maatschappij, waarin alle mensen volledig vrij zijn omdat ze volledig gelijk zijn, en vice versa, veronderstelt een volledige transparantie. Het veronderstelt een samenleving zonder spanningen en repressie, die dus alle conflicten onderdrukt. [11] Zo’n harmonieuze democratie zou een totalitaire nachtmerrie zijn. Bij Laclau en Mouffe wordt de mogelijkheid om het finale doel te realiseren verlaten, zelfs als louter regulatief idee. Er is trouwens geen reden om dat te betreuren. Integendeel, het is de garantie dat het democratisch-pluralistisch proces aan de gang blijft. Het is door de liberale rechten samen met volkssoevereiniteit te articuleren, dat we vermijden dat de democratie tiranniek wordt. Een ideale, vrije en gelijke democratische samenleving is er noodzakelijk een zonder pluralisme, want pluralisme veronderstelt dat de sociale orde en haar machtsrelaties kunnen worden gecontesteerd. Een samenleving zonder machtsrelaties (het einde van de politiek) is evenmin mogelijk, want het zijn precies de machtsrelaties die de sociale orde constitueren. Laclau en Mouffe vertrekken dus van een niet-reduceerbare, pluralistische sociale orde; en dit betekent dat de finale sociale orde nooit bereikt wordt. Niet alleen de individuen verkeren in de onmogelijkheid om hun identiteiten te finaliseren; ook de samenleving als zodanig is nooit af.

Politiek zonder ware tegenstanders

Dit plurale en onvoltooibare van elke samenleving wordt door de consensuspolitiek van het centrum verdoezeld; en het is tegen die achtergrond dat we volgens Chantal Mouffe het succes van rechts-populistische partijen kunnen begrijpen. In nagenoeg dezelfde periode waarin het VB in Vlaanderen opgang maakt, bewegen de traditionele partijen naar het centrum, en claimen daar de zogenaamde Derde Weg. Toen New Labour op 1 mei 1997 de Britse verkiezingen won, nam het toenmalige BRTN-journaal de proef op de som. Het vroeg de partijvoorzitters van de drie grootste Vlaamse partijen, onafhankelijk van elkaar, om commentaar te geven bij deze gebeurtenis. Eén voor één verklaarden ze op dezelfde lijn te zitten als Tony Blair: de christen-democraten vonden dat ze altijd al de gulden middenweg van Blair hadden bewandeld; de liberalen zegden dat zij, net als Blair, de grote politieke vernieuwers van hun generatie waren; en de sociaal-democraten zagen in de verkiezingsoverwinning van Blair een bevestiging van de vernieuwingsbeweging in heel de Europese sociaal-democratie.

chmffTVnWcL._UY250_.jpgDe ideologische tegenstellingen tussen de gevestigde partijen is in de loop van het laatste decennium alsmaar kleiner geworden, waardoor het steeds moeilijker is om partijen en politici in hun optreden en standpunten te onderscheiden. Ideologische beginselen boeten aan belang in, terwijl politiek pragmatisme en consensuspolitiek op de voorgrond treden. In de consensuspolitiek van het centrum, zegt ook de Sloveense filosoof Slavoj Zizek, moet elke fundamentele belangentegenstelling plaats ruimen voor een vrijmoedig geloof in een politiek zonder ware tegenstanders, en zonder enige subversiviteit. [12] Eens beyond left and right lossen sociale tegenstellingen vanzelf op en bieden er zich politieke oplossingen aan die kennelijk voor iedereen goed zijn. Bij gebrek aan een reële politieke strijd, onderscheiden politieke partijen zich enkel nog door culturele attitudes. De politieke strijd wordt herleid tot een belangencompetitie op neutraal terrein, met als enige doel het bereiken van compromissen en het aggregeren van voorkeuren. Om fundamentele belangenconflicten te omzeilen, weigert men om duidelijke politieke grenzen te trekken. Daarmee wordt de integratieve rol van conflict in de moderne democratie genegeerd. [13]

Want het specifieke van een democratie schuilt niet zozeer in haar formele procedures – zoals verkiezingen of de parlementaire stemrondes – maar in haar erkenning van de legitimiteit van sociaal conflict, en haar afwijzing van de autoritaire onderdrukking ervan. [14] Democratie is meer dan een populariteitspoll. Wat een samenleving werkelijk democratisch maakt, is dat ze plaats ruimt voor de expressie van conflicterende belangen en waarden; of anders gezegd, dat zij de voorwaarden schept die antagonistische confrontatie mogelijk maken. Alleen dan leeft die democratie. Het onvermogen om dat in te zien, zegt Mouffe, is zonder meer de belangrijkste tekortkoming van de consensuspolitiek. De reële keuzemogelijkheid die een democratie haar burgers behoort te bieden, is als gevolg van het sacraliseren van de consensus in feite verdwenen. Daardoor kunnen belangrijke politieke sentimenten niet meer worden uitgedrukt binnen het democratische systeem. Naast de nieuwe liberale orde is er geen plaats voor een debat over mogelijke alternatieven; er is geen ruimte voor andere identificatiemodellen waarrond mensen kunnen worden gemobiliseerd. En daardoor winnen andere vormen van politieke identificatie terrein: vormen die met de democratie nauwelijks verzoenbaar zijn – zoals rechts-extremisme en religieus fundamentalisme. [15] Het succes van populistisch rechts, zegt Zizek, is de prijs die de linkerzijde betaalt voor het verloochenen van elk radicaal politiek project en voor het aanvaarden van het kapitalisme als een fait accompli. [16]

Slavoj_Zizek_Fot_M_Kubik_May15_2009_02.jpgDienen we de kritiek van Chantal Mouffe op te vatten als een ultieme oproep om het cordon sanitaire in Vlaanderen dan toch maar op te doeken? Dat valt te betwijfelen. Waar het Mouffe om te doen is, is laten zien wat het ons heeft opgeleverd, om daaruit conclusies te trekken. Het probleem is overigens niet dat mensen uit zijn op conflict omwille van het conflict. Het probleem is dat, door het gebrek aan een sociale horizon, bepaalde sentimenten geen uitdrukking vinden binnen het democratisch spectrum. Deze sentimenten moeten democratisch gemobiliseerd worden; en daarvoor moeten de democratische partijen een sociale horizon projecteren die mensen uitzicht biedt op een andere en betere toekomst.

De opkomst van extreem-rechts heeft voor Mouffe dus in eerste instantie te maken met het gebrek aan hoop dat het democratisch systeem ons vandaag biedt. Als mensen niet langer geïnteresseerd zijn in politiek, of hun toevlucht nemen tot intolerante en fundamentalistische groeperingen, dan komt dat in hoofdzaak omdat de democratische partijen hen te weinig solide alternatieven bieden. Het liberale consensusdenken verhindert dat we de rol van non-rationele factoren – zoals sentimenten, dromen, passie, fantasie, verlangen, ontgoocheling en hoop – goed begrijpen. Mouffe beschouwt deze individueel verankerde motivaties als een drijvende politieke kracht. “I had a dream”, zei Martin Luther King. Hij zei niet dat hij een oplossing had bedacht, een rationele consensus die het conflict van de baan zou helpen. Rationalisme is altijd ook een obstakel om de conflictuele aard van de politiek te begrijpen.

De Amerikaanse socioloog Immanuel Wallerstein vroeg zich ooit af waarom de armen het tolereren dat de rijken rijker worden, terwijl zijzelf armer worden. [17] Volgens hem hebben zij dat de voorbije twee eeuwen voornamelijk getolereerd omdat zij geloofden dat er hoop was, en omdat zij verwachtten dat hun situatie zou verbeteren, dankzij politieke mechanismen zoals de sociaal-democratie en de welvaartsstaat. Maar hoop is niet alleen wat de armen nodig hebben. Hoop is altijd verbonden met iets wat afwezig is, en die absentie is iets wat we allemaal, in een of andere vorm, ervaren.

De notie van hoop is bij Chantal Mouffe verbonden met die van menselijke emancipatie. Als we ons als mens beknot voelen in onze potentiële ontwikkeling, creëren we een soort toekomstbeeld waarin we die limitaties overstijgen. In een situatie van radicale wanorde en machtswillekeur, bijvoorbeeld, wordt de voorstelling van een ordelijke maatschappij een sociale utopie. Zo’n denkbeeld, waaruit we hoop putten, geeft richting aan ons streven. Hoop is wat onze sociale horizon voedt. Die hoop is onuitroeibaar; maar zij kan op verschillende manieren en in verschillende richtingen gemobiliseerd worden. Wanneer de democratie er zelf geen ruimte voor schept, door fundamentele dissensus toe te laten, dan zal zij zich uiten op een negatieve manier: als een proteststem bijvoorbeeld, een stem tégen de afwezigheid van hoop.

Het verwaarlozen van de antagonistische dimensie in de politiek, zorgt ervoor dat die hoop zich naar de rand van het politieke spectrum verplaatst. Dat is de belangrijkste oorzaak van de opkomst van extremistische groeperingen. En dit lijkt meteen ook de kern van Mouffes boodschap. De aantrekkingkracht van extreem-rechts is dat het wél een sociale horizon biedt, terwijl de gevestigde partijen doen alsof er geen fundamenteel alternatief mogelijk is. Maar omdat de sociale horizon van extreem-rechts geen plaats voor pluralisme biedt, bedreigt zij de liberale democratie en biedt zij ook geen ‘hoop’ in de ware zin van het woord – de zin die Mouffe eraan geeft. Mouffe ziet in de huidige politieke situatie een democratisch deficit: een samenleving die verstoken blijft van een dynamisch democratisch leven, met reële confrontaties rond een diversiteit van effectieve alternatieven, legt het terrein voor andere vormen van identificatie rond etnische, religieuze, nationalistische en soortgelijke problematische claims; claims waarmee het democratisch systeem uiteindelijk slecht gediend is. [18]

Noten

1 Zie Jan Blommaert, Blokspraak, in: De Witte Raaf nr. 114, maart-april 2005, pp. 1-3.

2 Ellen M. Wood, The Retreat from Class: the New ‘True Socialism’, London, Verso, 1986, p. 4.

3 Ernesto Laclau & Chantal Mouffe, Hegemony and Socialist Strategy: Towards a Radical Democratic Politics, London, Verso, 1985, p. 192.

4 Chantal Mouffe, Radical Democracy or Liberal Democracy, in: Socialist Review, vol. 20 (2), 1990, pp. 58-59.

5 Laclau & Mouffe, op. cit. (noot 3), p. 125.

6 David Howarth & Yannis Stavrakakis, Discourse Theory and Political Analysis, in: David Howarth, Aletta J. Noval & Yannis Stavrakakis (red.), Discourse Theory and Political Analysis: Identities, Hegemonies and Social Change, Manchester, Manchester University Press, 2000, p. 10.

7 David Howarth, Discourse Theory and Political Analysis, in: Elinor Scarbrough & Eric Tanenbaum (red.),Research Strategies in the Social Sciences: a Guide to New Approaches, Oxford, Oxford University Press, 1998, p. 276; Howarth & Stavrakakis, op. cit. (noot 6), p. 11.

8 Francis Fukuyama, Het einde van de geschiedenis en de laatste mens, Amsterdam, Contact, 1992.

9 Peter J. Taylor, Political Geography: World-Economy, Nation-State and Locality, Harlow, Longman Scientific & Technical, 1993, p. 206.

10 Siep Stuurman, Het begin van de toekomst, in: Vrij Nederland, 9 oktober 1999.

11 Jacob Torfing, New Theories of Discourse: Laclau, Mouffe and Zizek, Oxford, Blackwell, 1999, p. 258.

12 Slavoj Zizek, Wat is het fijn om tegen Haider te zijn, in: Nieuw Wereldtijdschrift, vol. 17 (3), april 2000, pp. 43-45.

13 Chantal Mouffe, The Democratic Paradox, London, Verso, 2000, pp. 113-116.

14 Chantal Mouffe, The Radical Centre: a Politics Without Adversary, in: Soundings, nr. 9, zomer 1998, p. 13.

15 Chantal Mouffe, 10 Years of False Starts, in: New Times, 9 november 1999.

16 Zizek, op. cit. (noot 12), pp. 43-45.

17 Immanuel Wallerstein, geciteerd in: Bart Tromp, Het systeem kraakt, in: De Groene Amsterdammer, 3 december 1997.

18 Chantal Mouffe, op. cit. (noot 14), p. 13.

 

dimanche, 22 mai 2016

'A vibrant democracy needs agonistic confrontation'

archery-1105287-TwoByOne.jpg

'A vibrant democracy needs agonistic confrontation'

An interview with Chantal Mouffe

Ex: http://www.citsee.eu

Chantal Mouffe is a Belgian political theorist well known for her conception of radical and agonistic democracy. She is currently Professor of Political Theory at Westminster University where she also directs the Centre for the Study of Democracy. Her books include On the Political (2005), Democratic Paradox (2000) the Return of the Political (1993), Agonistics (2013) and Hegemony and Socialist Strategy co-authored with Ernesto Laclau (1985).  She spoke to Biljana Đorđević and Julija Sardelić in May 2013 whilst at the Subversive Forum in Zagreb.

Đorđević: So maybe it's best to start with a preview before the talk you will give tomorrow. As far as I understand you'll be challenging the interpretation of protest movements - Occupy movement - as horizontal practices of democracy and you will be offering that it should be read as agonistic practising democracy. What is the key difference between these horizontal conceptualizations of democracy and agonistic democracy?

Mouffe: Well, you can’t really make that level. What I am going to discuss is those protests as seen from different points of view as expression either of rejection of representative democracy or the beginning of or a call for non-representative form of democracy, basically called sometimes presentist or horizonal form of democracy. That's for instance the common interpretation, which we find in the work of people who are influenced by Hardt and Negri’s strategy of what I call ‘withdrawal from’ or strategy that they themselves call ‘exodus’ which is their main view of envisaging radical politics. This is the strategy of the Indignados in Spain or Occupy Movement, as the protesters say, "we don't want anything to do with parties, with trade unions, with existing institutions because they can't be transformed. We need to assemble and organise new forms of life. We should try democracy in presence, in act." The strategy that I oppose to that of ‘withdrawal from’ is a strategy that I call ‘engagement with’ – it engages with the existing institutions in order to transform them. The strategy of exodus declares: “ We don't want anything to do with the system, we are going to construct a completely different form of democracy outside the parties, outside the representation." I am going to read those protests from the point of view of the conception of agonism, which I presented in my book On the Political. So my line is the following. Of course those movements are an expression of crisis of representative democracy but the question we need to ask is: Is it a crisis of representative democracy that means that representative democracy in whatever form cannot work or is it a crisis of the way representative democracy exists at the moment? In my view the problem is not representative democracy per se but the way it exists at the moment, and the problem is that it is not agonistic enough. Because my view is that a vibrant democracy needs to have the possibility for an agonistic confrontation between different points of view and in On the Political what I argue is that the problem with our post-political societies is that there is no difference basically between the centre-right and the centre-left. So there is nobody offering an alternative to neo-liberal globalisation. So it's the lack of agonism, which is the origin of the crisis of representative democracy today. And the solution is not simply to abandon representative democracy but to transform it and to make it really agonistic. And I think these movements are a symptom of this lack of an agonistic debate and this is why one of the mottos of these movements is “we have a vote but we don't have a voice.” And to give a voice is to allow for an agonistic debate.

Sardelić: We have been witnessing new protest movements in the post-Yugoslav region, you’re probably familiar with the recent protests in Slovenia and also on-going protest movements for free education in many other post-Yugoslav states. Can these protests be understood under your notion of agonistic democracy and are they substantially different from movements such as Occupy?

Mouffe: Well I think that what is common across all the differences is that they point to the lack of an agonistic democracy. The problem here is the hegemony of neoliberalism. It is so total that it has imposed the view that there is no alternative. Mrs Thatcher used to be called TINA because she kept repeating, “There is no alternative” and of course this is why some social democratic and labour parties have accepted neoliberal hegemony. For instance, the imposition of the neoliberal model is particularly important in the field of education because, instead of accepting before that the state has the obligation to provide free education, students are now seen as consumers. Education is not a public service, it is a product, you sell that to the students. The relation between the teacher and the students is completely transformed. One of the speakers here was saying that in the United States 60% of the students are already in debt when they enter their studies. This is why they have these movements for free and better education but that is a consequence of the fact that neoliberalism challenges the view that education is a public service that the state needs to provide. And again the problem is that this view has been accepted also by social democratic parties. There is a consensus between centre-right and centre-left parties whose consequence is a lack of possibility for people to choose between alternatives. So the only way they can manifest their voice is through these protest movements because there are no real political channels other than protests.

Sardelić: So you see the protests in Slovenia in this line as well?

Mouffe: Yes. I think it's definitely an expression of a lack of an agonistic democracy that will offer alternatives to neoliberal globalisation.

Đorđević: How do we evade turning agonism into antagonism, which is something of a burden for this region? Because if there is something we had here and we still have are these deep disagreements but at the same time we lack political openness (of the political field) that agonism entails.

Mouffe:  In this region there are still forms of antagonism but these are more to do with the question of nationalities, ethnicities. In Bosnia or Kosovo there is no agreement among the different ethnic communities on how to live together but that is a problem, which is completely different from the problem that we were mentioning before about movement for free education and things like that. So I think I will ask the reverse: those antagonisms exist, how can they be transformed into agonism, so that people will accept to live together and be citizens of the political community? So it's not a move from agonism to antagonism because I don't think that at the moment we really have agonism at that level. Where do you see that there is agonism today?

hungergames_720.jpeg

Đorđević: I had in mind those theorists that used the concept of agonism in transitional justice, talking about agonistic reconciliation for divided societes. What you think about these attempts to appropriate agonism for reconciliation?

Mouffe: My view is that what democracy should try to do is to create the institutions which allows for conflict - when it emerges - to take an agonistic form, a form of adversarial confrontation instead of antagonism between enemies. But when antagonisms already exist to transform them is of course is much more difficult but it's not impossible and I think one of the good examples is Northern Ireland. Because in Northern Ireland we had for a long time an antagonistic conflict between Protestants and Catholics. They were treating each other as enemies. Now since the Good Friday Agreement and with the institutions that have been created there is no more antagonism, there is an agonism. It doesn't mean that these people agree, they do disagree but they disagree in a way that they no longer see the other community as an enemy to be destroyed. They say, “We need to find a way to live together” so I think this is where this idea of agonism is important for these kind of situations. I can think of another case where the same thing should happen - but we are very far from the solution there - Palestine and Israel. Obviously we can never imagine that the Palestinians and Israelis are going to agree but it will be a very important step that instead of having this antagonistic relationship there will be an agonistic one in that they will accept each other, and of course this is mainly on the part of the Israelis. Of course we also need the Palestinians to recognise the right of Israel to exist but it should also be on the part of Israel to create a condition for the Palestinians to have a real state. So this is where the idea of the agonistic perspective is important because it allows us to imagine how can we in a situation of antagonism create some form of life in common. The question is what is the aim in the resolution of such conflicts. Some people will say that the aim is to create a consensus but this is not possible because the demands are incompatible. What is possible is for that confrontation to take a form that is agonistic which would mean that there is a possibility of life in common. Total rational reconciliation is not possible but that is the agonistic perspective - there are antagonistic conflicts that can't be solved rationally but those conflicts could take an agonistic form. The problem of Northern Ireland is not completely solved but things have changed a lot between ten years ago and now and I think this should be the aim of such processes.

Sardelić: In your work you contemplate about the rise of the right-wing populist parties where you claim - and I’m quoting you here “this is a consequence of a post-political consensus and a lack of an effective democratic debate.” We can see this rising populism here in the post-Yugoslav space, but also in the wider Europe   right-wing populist parties and protest movements on the right are expanding.  They also claim that they speak in the name of the people. You say we should avoid the moralistic approach in theorizing these right wing movements, but since many in these movements say that some groups should be extinguished and so on, can these movements really contribute to agonism? How can we include them into agonism?

Mouffe: Well you can address this question at two levels. One, and that needs to be posed, what are the limits of the agonistic debate? Because I'm not saying that all the demands should be part of the agonistic debate. My argument is that we need a conflictual consensus for democracy to exist. There needs to be some form of consensus but the consensus is on what I call ‘the ethical-political principles’, the values that we are going to accept in order to organise our coexistence: liberty and equality for all. But those values are going to be interpreted differently according to different perspectives. Another thing that is particularly important is who is part of this. Are the immigrants part of this? This is the main problem in deciding whether to accept right-wing populism or not. Some people argue that those parties cannot be part of the democratic politics, they should not have the right to contest in elections, they should not have the right to have people elected because as they say in France they are not ‘Republican’ parties. Some people, a few years ago viewed the Front National of Jean-Marie Le Pen as a party that should be outlawed. I personally believe that it’s really a question of borderline because in general these right-wing populist parties do not contest that liberty and equality should be the main values, the main problem is the way they understand "for all" from which the immigrants are not part. Such parties should be accepted into the agonistic debate because you can't really say that they are totally outside. They've got an interpretation of the common ethico-political values that we don't like and of course we want to fight that interpretation but we are going to fight it within the agonistic debate. But there are other parties such as Golden Dawn in Greece that I think should not be able to contest in elections because this is clearly a neo-Nazi party. There is a difference between neo-Nazi parties and right-wing populist ones and I think that those parties should not be part of agonistic debate. They are enemies, not adversaries. That does not mean of course that we should eliminate them. It means that they don't have the right to present candidates and be elected in Parliament. In my view the best way to fight against right-wing populism is to deliver what I call left-wing populism. To create another form of the idea of the people, a people constructed in a different way. A good example of that is the party of Jean-Luc Mélenchon in France - le Parti de Gauche that is part of the Front de gauche. It is a populist movement because they also want to create people. I think that there is a necessary populist dimension in democracy and we should not use populism only in a negative sense because in democracy there is always the aim of constructing a people, a collective will. But of course this collective will, this people, can be constructed in different ways according to how you define the adversary. For instance, Marine Le Pen defines the adversary in terms of the immigrants and mainly the Muslims; they are the people to be excluded. Jean-Luc Mélenchon, on the contrary, is also constructing a people but a people, which includes the Muslims and immigrants and for him the adversary of these people is the big transnational corporations, the financial system and all the things that are the pillars of a neoliberalism. This is the only way to really fight the right-wing populism by constructing a different people.

Đorđević: There are some voices that are criticizing the agonistic approach as too soft on capitalism, and that in its emphasising the autonomy of the political it neglects a bit this economic dimension. What would actually be this agonistic take on wealth and inequalities and power relations that these wealth and inequalities produce? Or to rephrase: is 1% an enemy or an adversary?

archery_by_elvenmaedchen-d4vv1hi.jpgMouffe: I think that criticizing an agonistic perspective for not being critical enough of capitalism is basically a difference of strategy and again this is where the strategy of ‘engagement with’ or, using a term of Gramsci - ‘a war of position’ - is what is the one I propose. I imagine that the person that you have in mind is Slavoj Žižek because he's the one who is criticising the agonistic approach for being a liberal one. But his position is a rhetorical revolutionary one which does not propose any strategy. We want the end of capitalism, sure, but how are we going to do it, with whom? It's very rhetorical to say: the end of capitalism. I think the question is to engage with existing institutions, and this requires a long process. Some people still would say we need a revolution like the Soviet revolution. If we are to learn something from the experience, the tragic experience of really existing socialism, is precisely that this strategy of making a complete new start doesn’t work. You can't just end a society in one move and start from scratch - it’s not possible. It’s only possible by using terror. ‘A war of position’ is better strategy; we need to target specific institutions in order to transform them. For me at the moment the most important task is to end the hegemony of neoliberalism and of financial capitalism. Of course that's not going to be the end of capitalism. The aim is to create a society that will not be submitted to the logic of the market. They might still remain some sectors which are going to be organised by capitalists but the main society will not be one in which the market controls everything. But that cannot be done one day. There are of course proposals in the line of Hardt and Negri who believe that the development of the self-organisation of the multitude is going to make capitalism completely irrelevant. They accept that it is going to be a process and they do not advocate any kind of Jacobin form of revolution but they believe that the state will disappear and I don't believe that. Some of those experiences of new forms of living are important but they are not enough. The power of capitalism is not going to disappear because we have a multitude of self-organizing outside the existing institutions. We need to engage with those institutions in order to transform them profoundly. I saw a few years ago a film called Was tun? (What is to be done). It was about the anti-globalization movement and the role of Hardt and Negri’s strategy. At the end of the film they asked them “what should we do?” And Negri answered “wait and be patient” and Hart answered “follow your desire.” That’s their strategy. They believe that there is some kind of law of history that is necessarily going to lead to ‘absolute democracy’. It's very similar to the traditional Marxist view that capitalism is its own gravedigger but I don't think that's the case. Capitalism is not going to disappear simply by us being patient and waiting, we need to engage with it, and that is the strategy of agonistic engagement. It's not a total revolution, that’s not possible, it's ‘a war of position’ in order to transform the existing institutions.

Le totalitarisme inversé

Source : Sheldon Wolin, The Nation

Ex: http://www.les-crises.fr

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

wolinsh_SX319_BO1,204,203,200_.jpgLa guerre d’Irak a tellement accaparé l’attention du public que le changement de régime en train de s’accomplir chez nous est resté dans l’ombre. On a peut-être envahi l’Irak pour y apporter la démocratie et renverser un régime totalitaire, mais, ce faisant, notre propre système est peut-être en train de se rapprocher de ce dernier et de contribuer à affaiblir le premier. Le changement s’est fait connaître par la soudaine popularité de deux expressions politiques autrefois très rarement appliquées au système politique américain. « Empire » et « superpuissance » suggèrent tous les deux qu’un nouveau système de pouvoir, intense et s’étendant au loin, a pris naissance et que les anciens termes ont été supplantés. « Empire » et « superpuissance » symbolisent précisément la projection de la puissance américaine à l’étranger, mais, pour cette raison, ces deux termes en obscurcissent les conséquences domestiques.

Imaginez comme cela paraîtrait étrange de devoir parler de “la Constitution de l’Empire américain” ou de “démocratie de superpuissance”. Des termes qui sonnent faux parce que “Constitution” signifie limitations imposées au pouvoir, tandis que “démocratie” s’applique à la participation active des citoyens à leur gouvernement et à l’attention que le gouvernement porte à ses citoyens. Les mots “empire” et “superpuissance” quant à eux sont synonymes de dépassement des limites et de réduction de la citoyenneté à une importance minuscule.

Le pouvoir croissant de l’état et celui, déclinant, des institutions censées le contrôler était en gestation depuis quelque temps. Le système des partis en donne un exemple notoire. Les Républicains se sont imposés comme le phénomène unique dans l’Histoire des États-Unis d’un parti ardemment dogmatique, fanatique, impitoyable, antidémocratique et se targuant d’incarner la quasi-majorité. A mesure que les Républicains se sont faits de plus en plus intolérants idéologiquement parlant, les Démocrates ont abandonné le terrain de la gauche et leur base électorale réformiste pour se jeter dans le centrisme et faire discrètement connaître la fin de l’idéologie par une note en bas de page. En cessant de constituer un véritable parti d’opposition, les Démocrates ont aplani le terrain pour l’accès au pouvoir d’un parti plus qu’impatient de l’utiliser pour promouvoir l’empire à l’étranger et le pouvoir du milieu des affaires chez nous. Gardons à l’esprit qu’un parti impitoyable, guidé par une idéologie et possédant une base électorale massive fut un élément-clé dans tout ce que le vingtième siècle a pu connaître de partis aspirant au pouvoir absolu.

Les institutions représentatives ne représentent plus les électeurs. Au contraire, elles ont été court-circuitées, progressivement perverties par un système institutionnalisé de corruption qui les rend réceptives aux exigences de groupes d’intérêt puissants composés de sociétés multinationales et des Américains les plus riches. Les institutions judiciaires, quant à elles, lorsqu’elles ne fonctionnent pas encore totalement comme le bras armé des puissances privées, sont en permanence à genoux devant les exigences de la sécurité nationale. Les élections sont devenues des non-évènements largement subventionnés, attirant au mieux une petite moitié du corps électoral, dont l’information sur les affaires nationales et mondiales est soigneusement filtrée par les médias appartenant aux firmes privées. Les citoyens sont plongés dans un état de nervosité permanente par le discours médiatique sur la criminalité galopante et les réseaux terroristes, par les menaces à peine voilées du ministre de la justice, et par leur propre peur du chômage. Le point essentiel n’est pas seulement l’expansion du pouvoir du gouvernement, mais également l’inévitable discrédit jeté sur les limitations constitutionnelles et les processus institutionnels, discrédit qui décourage le corps des citoyens et les laisse dans un état d’apathie politique.

Il ne fait aucun doute que d’aucuns rejetteront ces commentaires, les qualifiant d’alarmistes, mais je voudrais pousser plus loin et nommer le système politique qui émerge sous nos yeux de “totalitarisme inversé”. Par “inversé”, j’entends que si le système actuel et ses exécutants partagent avec le nazisme la même aspiration au pouvoir illimité et à l’expansionnisme agressif, leurs méthodes et leurs actes sont en miroir les uns des autres. Ainsi, dans la République de Weimar, avant que les nazis ne parviennent au pouvoir, les rues étaient sous la domination de bandes de voyous aux orientations politiques totalitaires, et ce qui pouvait subsister de démocratie était cantonné au gouvernement. Aux États-Unis, c’est dans les rues que la démocratie est la plus vivace – tandis que le véritable danger réside dans un gouvernement de moins en moins bridé.

Autre exemple de l’inversion : sous le régime nazi, il ne faisait aucun doute que le monde des affaires était sous la coupe du régime. Aux États-Unis, au contraire, il est devenu évident au fil des dernières décennies que le pouvoir des grandes firmes est devenu si dominant dans la classe politique, et plus particulièrement au sein du parti Républicain, et si dominant dans l’influence qu’il exerce sur le politique, que l’on peut évoquer une inversion des rôles, un contraire exact de ce qu’ils étaient chez les nazis. Dans le même temps, c’est le pouvoir des entreprises, en tant que représentatif du capitalisme et de son pouvoir sans cesse en expansion grâce à l’intégration de la science et de la technologie dans sa structure même, qui produit cette poussée totalitaire qui, sous les nazis, était alimentée par des notions idéologiques telles que le Lebensraum.

On rétorquera qu’il n’y a pas d’équivalent chez nous de ce que le régime nazi a pu instaurer en termes de torture, de camps de concentration et autres outils de terreur. Il nous faudrait toutefois nous rappeler que, pour l’essentiel, la terreur nazie ne s’appliquait pas à la population de façon générale ; il s’agissait plutôt d’instaurer un climat de terreur sourde – des rumeurs de torture – propre à faciliter la gestion et la manipulation des masses. Pour le dire carrément, il s’agissait pour les nazis d’avoir une société mobilisée, enthousiaste dans son soutien à un état sans fin de guerre, d’expansion et de sacrifices pour la nation.

Tandis que le totalitarisme nazi travaillait à doter les masses d’un sens du pouvoir et d’une force collectifs, Kraft durch Freude (“la Force par la Joie”), le totalitarisme inversé met en avant un sentiment de faiblesse, d’une inutilité collective. Alors que les nazis désiraient une société mobilisée en permanence, qui ne se contenterait pas de s’abstenir de toute plainte, mais voterait “oui” avec enthousiasme lors des plébiscites récurrents, le totalitarisme inversé veut une société politiquement démobilisée, qui ne voterait quasiment plus du tout. Rappelez-vous les mots du président juste après les horribles évènements du 11 septembre : “unissez-vous, consommez, et prenez l’avion”, dit-il aux citoyens angoissés. Ayant assimilé le terrorisme à une “guerre”, il s’est dispensé de faire ce que des chefs d’États démocratiques ont coutume de faire en temps de guerre : mobiliser la population, la prévenir des sacrifices qui l’attendent, et appeler tous les citoyens à se joindre à “l’effort de guerre”.

fascisme-capitalisme.jpg

Au contraire, le totalitarisme inversé a ses propres moyens d’instaurer un climat de peur générale ; non seulement par des “alertes” soudaines, et des annonces récurrentes à propos de cellules terroristes découvertes, de l’arrestation de personnages de l’ombre, ou bien par le traitement extrêmement musclé, et largement diffusé, des étrangers, ou de l’île du Diable que constitue la base de Guantanamo Bay, ou bien encore de la fascination vis-à-vis des méthodes d’interrogatoire qui emploient la torture ou s’en approchent, mais également et surtout par une atmosphère de peur, encouragée par une économie corporative faite de nivelage, de retrait ou de réduction sans pitié des prestations sociales ou médicales ; un système corporatif qui, sans relâche, menace de privatiser la Sécurité Sociale et les modestes aides médicales existantes, plus particulièrement pour les pauvres. Avec de tels moyens pour instaurer l’incertitude et la dépendance, il en devient presque superflu pour le totalitarisme inversé d’user d’un système judiciaire hyper-punitif, s’appuyant sur la peine de mort et constamment en défaveur des plus pauvres.

Ainsi les éléments se mettent en place : un corps législatif affaibli, un système judiciaire à la fois docile et répressif, un système de partis dans lequel l’un d’eux, qu’il soit majoritaire ou dans l’opposition, se met en quatre pour reconduire le système existant de façon à favoriser perpétuellement la classe dirigeante des riches, des hommes de réseaux et des corporations, et à laisser les plus pauvres des citoyens dans un sentiment d’impuissance et de désespérance politique, et, dans le même temps, de laisser les classes moyennes osciller entre la peur du chômage et le miroitement de revenus fantastiques une fois que l’économie se sera rétablie. Ce schéma directeur est appuyé par des médias toujours plus flagorneurs et toujours plus concentrés ; par l’imbrication des universités avec leurs partenaires privés ; par une machine de propagande institutionnalisée dans des think tanks subventionnés en abondance et par des fondations conservatrices ; par la collaboration toujours plus étroite entre la police locale et les agences de renseignement destinées à identifier les terroristes, les étrangers suspects et les dissidents internes.

Ce qui est en jeu, alors, n’est rien de moins que la transformation d’une société raisonnablement libre en une variante des régimes extrémistes du siècle dernier. Dans de telles circonstances, les élections nationales de 2004 constituent une crise au sens premier du terme, un tournant. La question est : dans quel sens ?

Source : Sheldon Wolin, The Nation, le 26/02/2012

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

« The Circle », le roman d’un monde totalitaire inspiré par Google

words_dave-eggers.jpg

« The Circle », le roman d’un monde totalitaire inspiré par Google

Quand Mae Holland est embauchée par The Circle (Le Cercle), l’entreprise vient tout juste de devenir la plus puissante du monde grâce à son système TruYou. TruYou a aboli l’anonymat et unifié tous les services sur le Net.

«  The Circle  », le dernier roman de Dave Eggers (pas encore publié en France), raconte un univers dont la ressemblance avec Google n’échappera à personne. La transparence, la civilité et le partage sont les piliers de cet nouvel âge numérique dicté par une entreprise privée.

Si on devait le comparer à la référence absolue en matière de dystopie (contre-utopie) qu’est «  1984  » d’Orwell  :

  • Eggers a décidé de se projeter dans un avenir très proche (quelques années tout au plus) quand Orwell opérait un bond de 44 ans ;
  • Eggers a choisi de décrire le pouvoir totalitaire de l’intérieur et depuis ses hautes instances – le protagoniste principal devient peu à peu l’un des rouages. Orwell, lui, décrivait de l’extérieur un monde totalitaire ;
  • Eggers raconte l’engrenage qui conduit à l’instauration du cauchemar totalitaire quand le récit d’Orwell s’ancrait plusieurs décennies après son avènement.

Des faiblesses, mais une vraie réflexion

Il met en scène les angoisses de notre quotidien d’internaute. C’est bien là tout l’art de la dystopie  : se faire plus peur que de raison. Mais à pousser le bouchon un peu loin, Eggers s’expose à des critiques (parfois justifiées) qui relèvent les incohérences technologiques (que pointent Wired, The Atlantic ou le New York Times).

eggers7017632.jpgEt c’est vrai qu’il manque deux choses essentielles à un (très) bon roman  : finesse et substance, tant dans les personnages (qui manquent vraiment de profondeur) que dans l’avènement du système totalitaire.

1

Le tout-connecté : la dictature des réseaux sociaux

Il n’est pas question dans « The Circle » de réseaux sociaux, mais d’un réseau social, Zing, d’échelle planétaire et universellement adopté. Une sorte de mix entre Google Plus et Twitter. Au fil du récit, les «  Zingers  » deviennent de plus en plus obsessionnels, harcelant, exigeant, masquant derrière une politesse de façade une intransigeance narcissique.

Il est impossible d’ignorer ces nouveaux cercles et «  liens  » sociaux, autant qu’il est impossible de refuser d’y prendre part. Les entreprises exigent une participation active à la communauté, une réponse à tous, une image soignée.

Censé réunir, le réseau social sépare  : ceux qui s’en écartent sont des parias. Ceux qui en font partie sont en compétition  : le «  ParticipationRank  » donne à chacun son degré de popularité sur le réseau, et tous bataillent de superficialités pour grimper cette nouvelle échelle sociale.

2

La transparence absolue : à bas l’anonymat et la vie privée

«  Les secrets sont des mensonges, la vie privée est un vol, partager est prendre soin  » (« Secrets are Lies, Privacy is Theft, Sharing is Caring »). Voilà les trois maximes résumant la philosophie du «  Cercle  » qui ne sont pas sans rappeler la sainte-trinité de l’univers de «  1984  »  : «  La guerre, c’est la paix  ; la liberté, c’est l’esclavage  ; l’ignorance est la force  ».

Dans le monde de « The Circle », l’individu se doit de s’effacer face à la communauté, c’est-à-dire l’humanité. Garder pour soi un sentiment, une expérience vécue ou une chose vue, revient à voler les autres de l’opportunité de s’enrichir.

La planète se couvre de petites caméras haute-résolution, les hommes aussi. Tout doit pouvoir être capté et enregistré au profit de la mémoire commune, mensonges et secrets n’ont plus le droit de voiler le regard omniprésent de la communauté, et tout endroit doit être accessible en direct sur son écran.

3

Supprimer le bouton « supprimer »

Société du « big data » oblige, il faut stocker toujours plus de données. L’information est la matière première qui sert à connaître et donc influencer et conditionner chacun de nous. The Circle retire donc le doigt de ses usagers du bouton « supprimer », avant d’effacer tout simplement le bouton quand la technologie le permet enfin.

Comme l’héroïne du roman l’apprend à ses dépend, tout acte répréhensible ou intime capté par une caméra ou un portable, tout écrit ou commentaire qui finirait sur Internet sera éternel. Impossible de se défiler, les preuves ne disparaissent pas. Le droit à l’oubli est devenu tabou, et chacun se censure lui-même pour éviter le faux pas  : même pas besoin de police de la pensée.

4

Faillite du système démocratique et totalitarisme inversé

L’ultra-médiatisation et la société informationnelle ont participé à l’abattement du système démocratique  : le temps médiatique contraint les politiques à la dramaturgie au détriment du fond et décrédibilise tout le système. L’un d’entre eux accepte de devenir «  transparent  » et de porter une mini-caméra en permanence. Et tous le suivent peu à peu, bon gré mal gré.

Les gens partagent entre eux, sans intermédiaire, votent d’une simple pression sur écran tactile. Les études, questionnaires et pétitions pleuvent sans interruption sur des terminaux omniprésents. On échange d’un bout à l’autre de la planète sur tous les sujets, si bien que les identités culturelles et nationales s’effacent.

Grand marionnettiste, le Cercle récupère tout cela à son compte sans interférer, centralise cette activité en son sein. Après le totalitarisme répressif du XXe siècle, le «  soft totalitarisme  » du début des années 2000, bienvenue dans le cauchemar de demain  : le totalitarisme inversé

ULTREÏA ! 07

CouvN7-copie-233x300.jpg

ULTREÏA ! 07

Collectif ULTREÏA !

Magazine-livre - Printemps 2016

19,90€

228 pages

Le numéro de printemps s’ouvre sur le portrait d’un éminent “serviteur de la paix”, Lanza del Vasto, dont l’oeuvre prolifique n’est que le reflet d’une vie orientée vers la non-violence, la sobriété et la spiritualité. Un riche parcours qui demeure plus que jamais d’actualité.

Quête d’absolu et somme spirituelle traduite dans le monde entier que l’on retrouve chez le métaphysicien Frithjof Schuon, qui porta l’idée d’ “unité transcendante des religions” et de sagesse pérenne qu’il opposa au nihilisme du monde moderne en une pensée d’une rare acuité.

L’ésotérisme est-il (encore) une voie ? Dans ce dossier, nous avons questionné des auteurs de plusieurs disciplines et religions pour savoir si celui-ci était universel et s’il pouvait être une opportunité pour notre temps. Et être une voie de liberté face à la perspective souvent très légaliste de l’exotérisme, la religion conventionnelle ?

À la croisée des chemins, dans un long et riche entretien, Matthieu Ricard revient sur son parcours singulier, expose sa perspective bouddhiste et partage ses réflexions sur l’altruisme, le bonheur ou la conscience.

Dans un beau portfolio, Tuul – photographe d’origine mongole – et Bruno Morandi nous emmènent dans les steppes de Mongolie à la rencontre des chamanes qu’ils connaissent bien.

À Philae, dans l’extrême sud égyptien, nous goûterons à la magie de l’île d’Isis qui fut sauvée des eaux dans les années 1960. Aux portes de la Nubie, ce territoire dédié au féminin sacré “enchante” véritablement ceux qui le foulent.

Nous mettrons aussi nos pas dans ceux de Nicolas Bouvier, célèbre écrivain-voyageur suisse, qui, pour raconter le monde, tissa un “langage à l’exigence splendide”. Un être rare et jubilant qui accepta que le voyage le fasse… et le défasse.

Christiane Rancé rendra un ultime hommage à René Girard.

Puis nous bivouaquerons à Sheikh Hussein, au cœur même du pèlerinage extatique et universaliste de l’Aréfa, en Éthiopie, en Bolivie, dans les pas de Charles de Foucault. Enfin, Florian Rochet nous invitera à être des « nomades contemplatifs « .

Pour en découvrir plus (interview, vidéos, sommaire détaillé…) : www.revue-ultreia.com

Feuilleter et découvrir quelques pages du n°07 

Format : 21cm x 27cm

ISBN :978-2-37241-022-9

Agonistic Democracy and Radical Politics

escr0708956_L.jpg

Chantal Mouffe:

Agonistic Democracy and Radical Politics

Ex: http://www.pavilionmagazine.org

The political between antagonism and agonism

What is the best way to envisage democratic politics? Until a few years ago, the most fashionable model in political theory was that of ‘deliberative democracy’ defended, in different forms, by John Rawls and Jürgen Habermas. But another model, which proposes an ‘agonistic’ way of conceiving democracy, is steadily gaining influence, and I believe it is useful to examine what its representatives have in common. As I myself belong to the ‘agonistic camp’, I have chosen to highlight the differences that exist between my conception of agonism and that of a certain number of theorists who have other sources of inspiration.

I will begin by presenting the main principles of the theoretical framework that informs my reflection. I have suggested distinguishing between the political, which is linked to the dimension of antagonism present in human relations an antagonism that manifests itself politically in the construction of the friend/enemy relation and that can emerge from a large variety of social relations -, and politics, which aims to establish an order and to organise human coexistence under conditions that are marked by ‘the political’ and thus always conflictual. We find this distinction between the political and politics in the other agonistic theories, though not always with the same signification. We can in fact distinguish two opposing conceptions of what characterises ‘the political’. There are those for whom the political refers to a space of liberty and common action, while others view it as a site of conflict and antagonism. It is from this second perspective that my work proceeds, and I will demonstrate how it is on this point that the fundamental divergence between the different agonistic theories rests.

Politics and antagonism

One of the principal theses that I have defended in my work is that properly political questions always involve decisions which require a choice between alternatives that are undecidable from a strictly rational point of view. This is something the liberal theory cannot admit due to the inadequate way it envisages pluralism. The liberal theory recognises that we live in a world where a multiplicity of perspectives and values coexist and, for reasons it believes to be empirical, accepts that it is impossible for each of us to adopt them all. But it imagines that these perspectives and values, brought together, constitute a harmonious and non-conflictual ensemble. This type of thought is therefore incapable of accounting for the necessarily conflictual nature of pluralism, which stems from the impossibility of reconciling all points of view, and it is what leads it to negate the political in its antagonistic dimension.

I myself argue that only by taking account of the political in its dimension of antagonism can one grasp the challenge democratic politics must face. Public life will never be able to dispense with antagonism for it concerns public action and the formation of collective identities. It attempts to constitute a ‘we’ in a context of diversity and conflict. Yet, in order to constitute a ‘we’, one must distinguish it from a ‘they’. Consequently, the crucial question of democratic politics is not to reach a consensus without exclusion which would amount to creating a ‘we’ without a corollary ‘they’ but to manage to establish the we/they discrimination in a manner compatible with pluralism.

According to the ‘agonistic pluralism’ model that I developed in The Democratic Paradox (London: Verso, 2000) and On the Political (London: Routledge, 2005), pluralist democracy is characterised by the introduction of a distinction between the categories of enemy and adversary. This means that within the ‘we’ that constitutes the political community, the opponent is not considered an enemy to be destroyed but an adversary whose existence is legitimate. His ideas will be fought with vigour but his right to defend them will never be questioned. The category of enemy does not disappear, however, for it remains pertinent with regard to those who, by questioning the very principles of pluralist democracy, cannot form part of the agonistic space. With the distinction between antagonism (friend/enemy relation) and agonism (relation between adversaries) in place, we are better able to understand why the agonistic confrontation, far from representing a danger for democracy, is in reality the very condition of its existence. Of course, democracy cannot survive without certain forms of consensus, relating to adherence to the ethico-political values that constitute its principles of legitimacy, and to the institutions in which these are inscribed. But it must also enable the expression of conflict, which requires that citizens genuinely have the possibility of choosing between real alternatives.

escrime17054_45479.jpg

Politics and hegemony

It is necessary at this point to introduce the category of hegemony, which will enable us to identify the nature of the agonistic struggle. To understand the political as the ever present possibility of antagonism, the absence of a final foundation and the undecidability that pervades every order must be acknowledged. It is precisely to this that the category of hegemony refers, and it indicates that every society is the product of practices that seek to institute an order in a context of contingency. Every social order is therefore hegemonic in nature, and its origin political. The social is thus constituted by sedimented hegemonic practices, that is, practices that conceal the originary acts of their contingent political institution and that appear to proceed from a natural order. This perspective reveals that every order results from the temporary and precarious articulation of contingent practices. Things could always have been different and every order is established through the exclusion of other possibilities. It is always the expression of a particular structure of power relations, and it is from here that its political character stems. Every social order that at a given moment is perceived as natural, together with the ‘common sense’ that accompanies it, is in fact the result of sedimented hegemonic practices and never the manifestation of an objectivity that one could consider external to the practices through which it was established.

What is at stake in the agonistic struggle is the very configuration of the power relations that structure a social order and the type of hegemony they construct. It is a confrontation between opposing hegemonic projects that can never be reconciled rationally. The antagonistic dimension is therefore always present but it is enacted by means of a confrontation, the procedures for which are accepted by the adversaries. The agonistic model that I propose acknowledges the contingent character of the hegemonic articulations that determine the specific configuration of a society at a given moment; as pragmatic and contingent constructions, they can always be disarticulated and transformed by the agonistic struggle. Unlike the liberal models, such an agonistic perspective takes account of the fact that every social order is politically instituted and that the ground on which hegemonic interventions occur is never neutral for always the product of previous hegemonic practices. Far from envisaging the public sphere, as for example Habermas does, as fertile ground in the search for consensus, my agonistic approach conceives it as the battlefield on which hegemonic projects confront one another, with no possibility whatsoever of a final reconciliation.

Which agonism?

My disagreement with Habermas is not surprising given that it is partly in opposition to his ‘deliberative democracy’ model that I developed my agonistic conception. But I would now like to examine the differences that exist between my approach and the one found within a certain number of conceptions that also adopt an agonistic perspective. Beyond the ‘family resemblance’ linking these conceptions, there are important points of divergence, which similar vocabulary tends to conceal.

I will begin with the case of Hannah Arendt. Arendt is often considered a representative of agonism, and her references to the Greek Agon can justify such a reading. But the conception of agonism that can be derived from her work is very different to the one I defend. Indeed, we discover in Arendt what I would call an ‘agonism without antagonism’. By this I mean that, although she insists a good deal on human plurality and conceives politics as dealing with the community and with reciprocity between different beings, she never recognises that this plurality is at the origin of antagonistic conflicts. According to Arendt, to think politically consists in developing the ability to see things from a multiplicity of perspectives. As indicated by her reference to Kant and his notion of enlarged mentality, the pluralism she advocates is finally not so different to Habermas’s, also resting as it does on the horizon of intersubjective agreement. It is clear that what she seeks in the Kantian critique of aesthetic judgement is a procedure to obtain intersubjective agreement in the public sphere. Despite the differences in their respective approaches, I therefore believe that Arendt, like Habermas, envisages the public sphere as a place where consensus can be established. Obviously, in her case, this consensus will be the result of an exchange of voices and opinions (in the Greek sense of doxa), rather than the rational Diskurs found in Habermas. As noted by Linda Zerilli in Feminism and the Abyss of Freedom (Chicago: The University of Chicago Press, 2005), while for Habermas consensus emerges through what Kant calls disputieren, an exchange of arguments bound by logical rules, for Arendt it is a matter of streiten, where agreement is produced by persuasion and not based on irrefutable proofs. But neither of the two manages to acknowledge the hegemonic nature of every form of consensus in politics or the ineradicable character of antagonism, the moment of Widerstreit, that which Lyotard calls the différend.

Combat_descrime.jpg

My conception of agonism must also be distinguished from Bonnie Honig’s, which is clearly influenced by Arendt. In her book Political Theory and the Displacement of Politics (Ithaca: Cornell University Press, 1993), Honig criticises liberal conceptions for being too consensual and she advances the emancipatory potential of political contestation, which enables established practices to be questioned. She defends a conception of politics centred on virtú, and places agonistic contestation at its heart, thanks to which citizens are able to keep open a space of debate and prevent the confrontation of positions from drawing to a close. The permanent questioning of dominant identities and ideas is central to the agonistic struggle as conceived by Honig. Thus, in an article titled “Towards an Agonistic Feminism: Hannah Arendt and the Politics of Identity” (Feminist Interpretations of Hannah Arendt, edited by Bonnie Honig, The Pennsylvania State University Press, 1995), she declares that the importance of Hannah Arendt’s work for feminists is to provide them with an agonistic politics of performativity. While acknowledging that Arendt never identified with feminism, Honig asserts that her agonistic politics of performativity is crucial for a feminist politics because it enables feminism to be envisaged as a site of contestation over the meaning, practice and politics of gender and sexuality. The appropriation of Arendt’s ideas should, according to Honig, enable feminists to understand that identities are always performative productions and to thereby question the existing positions of subject and liberate the identity of ‘woman’ from the restrictive categories in which we try to enclose it. The idea of an identity suitable for women and that would serve as a starting point for a feminist politics is replaced by a multiplicity of identities constantly produced in an agonistic space, opening the way for feminist emancipation.

We can observe that the agonistic struggle is, according to Honig, reduced to the moment of contestation. It is important for her to guarantee the expression of plurality and to prevent the closure of the questioning process. However, I myself consider that this is but one of the dimensions of the agonistic struggle, which cannot be limited to contestation. The second moment, involving the construction of new hegemonic articulations, is fundamental in politics. It is for this reason that I regard Honig’s conception of agonism as inadequate for envisaging democratic politics.

I have a similar problem with the conception of William Connolly, another theorist of agonism. Connolly is influenced by Nietzsche rather than Arendt, and he has endeavoured to render his Nietzschian conception of the Agon compatible with democratic politics. In his book Pluralism (Durham: Duke University Press, 2005) he argues for a radicalisation of democracy through the development of a new democratic ethos among citizens. He conceives this ethos as one of permanent engagement in agonistic contestation that would make all attempts to bring closure to debate impossible. The central notion of Connolly’s work is that of ‘agonistic respect’, which he presents as originating in our common existential condition, itself linked to our struggle for identity and the recognition of our finitude. Agonistic respect constitutes for him the cardinal virtue of the type of pluralism he advocates and he considers it the most important political virtue in the pluralist world we live in today. Of course, I agree with Connolly when he insists on the role respect must play between adversaries engaged in an agonistic struggle. But I believe it is necessary to question the limits of this agonistic respect. Can all antagonisms be transformed into agonism? In other words, must all positions be considered legitimate and must they be granted a place inside the agonistic public sphere? Or must certain claims be excluded because they undermine the conflictual consensus that constitutes the symbolic framework in which opponents recognise themselves as legitimate adversaries? To put it another way, can one envisage pluralism without antagonism?

This is in my opinion the properly political question that Connolly’s approach is not able to ask. It is for this reason that I do not consider his conception of agonism any better placed than Honig’s to serve as a framework for democratic politics. In order to think and act politically, we cannot escape the moment of decision and this requires establishing a frontier and determining a space of inclusion/exclusion. Any perspective that evades this moment renders itself incapable of transforming the structure of power relations and of instituting a new hegemony. I certainly do not intend to deny the importance of a democratic ethos but I think it would be a mistake to reduce democratic politics to the promotion of an ethics of agonistic respect. Yet this appears to be what Connolly proposes and, rather than a new conception of democratic politics, what we find in his work is a new form of pluralist ethics. It undoubtedly has its merits but is not sufficient to envisage the nature of a hegemonic democratic politics and the limits the latter must impose on pluralism.

The fundamental difference between my conception of agonism and those that I have just examined resides in the absence in the cases of Arendt, Honig and Connolly of the two dimensions central to my approach and which I believe are indispensable to think the political: antagonism and hegemony. The principal objective of these authors is to prevent the closure of debate and to give free rein to the expression of plurality. Their celebration of a politics of destabilisation ignores the phase of hegemonic struggle, which consists in the establishment of a chain of equivalence between democratic struggles in order to construct another hegemony. However, it is not enough to disturb the dominant procedures and disrupt existing arrangements to radicalise democracy. Once we accept that antagonism can never be definitively eliminated and that every order is hegemonic in nature, we cannot avoid the central question in politics: what are the limits of agonism, and which institutions and configurations of power must be transformed to radicalise democracy? This requires the moment of decision to be confronted and necessarily implies a form of closure. It is the price to pay for acting politically.

duel.JPG

To finish, I would like to suggest that this inability to account for the nature of the political decision in the authors I have just examined is linked to the way they conceive the political as common action and envisage pluralism on the mode of the valorisation of multiplicity. This is what leads them to elude the constitutive role of conflict and antagonism. On the contrary, the other vision of the political, the one from which my work proceeds, recognises the constitutive character of social division and the impossibility of a final reconciliation. The two conceptions affirm that in modern democracy ‘the people’ can no longer be considered as ‘one’; but whereas in the first perspective it is seen as ‘multiple’, in the second it is understood as ‘divided’. The thesis I defend is that only once the ineradicable character of division and antagonism is recognised does it become possible to think in a properly political manner.

Chantal Mouffe (b. 1943) is a political theorist educated at the universities of Louvain, Paris, and Essex and a Professor of Political Theory at the University of Westminster. She has taught at many universities in Europe, North America and Latin America, and has held research positions at Harvard, Cornell, the University of California, the Institute for Advanced Study in Princeton, and the Centre National de la Recherche Scientifique in Paris. Between 1989 and 1995 she was Directrice de Programme at the College International de Philosophie in Paris. Professor Mouffe is the editor of Gramsci and Marxist Theory, Dimensions of Radical Democracy, Deconstruction and Pragmatism, and The Challenge of Carl Schmitt; co-author (with Ernesto Laclau) of Hegemony and Socialist Strategy: Towards a Radical Democratic Politics (1985); and author of The Return of the Political (1993), and The Democratic Paradox (2000). Her latest work is On the Political published by Routledge in 2005. She is currently elaborating a non-rationalist approach to political theory; formulating an ‘agonistic’ model of democracy; and engaged in research projects on the rise of right-wing populism in Europe and the place of Europe in a multi- polar world order.