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mercredi, 16 mars 2011

Krieg um Wasser

Krieg um Wasser: Südliche Nil-Anrainer rationieren Wasser des Lebensstromes und pusten damit Ägyptens Lebenslichter aus

Udo Ulfkotte

 

carte-du-nil.jpgNiemals brechen Kriege völlig überraschend aus. Man muss nur die wirklich wichtigen Nachrichten analysieren, dann kann man ein wenig in die Zukunft blicken. Die wichtigste Nachricht für 83 Millionen Ägypter lautete in den vergangenen Wochen nicht etwa, dass Diktator Mubarak gestürzt wurde. Man kann mit oder ohne Diktator leben. Man kann ja auch mit oder ohne Öl leben. Aber man kann nicht ohne Wasser leben. Die südlichen Nil-Anrainer drehen den Ägyptern jetzt immer mehr das Wasser des Lebensstromes ab. Sechs Nil-Anrainer haben einen entsprechenden Vertrag geschlossen. Und Ägypten hat kein Veto-Recht. Das Leben entlang des Nils ist abhängig vom Wasser. Sobald das Wasser abgedreht wird, ist Krieg unausweichlich. Egal, ob mit Demokratie oder ohne.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/udo...

La genèse de la postmodernité

La genèse de la postmodernité

Robert STEUCKERS

Conférence prononcée à l'école des cadres du GRECE ("Cercle Héraclite"), juin 1989

Ex: http://vouloir.hautetfort.com/

global10.jpgLa post-modernité. On en parle beaucoup sans trop savoir ce que c'est. Le mot fascine et mobi­lise quantité de curiosités, tant dans notre micro­cosme “néo-droitiste/ gréciste” (le néologisme est d'Anne-Marie Duranton-Crabol) (1) que dans d'autres.

Le fait de nous être nommés “Nouvelle Droite” ou d'avoir accepté cette étiquette qu'on nous collait sur le dos, signale au moins une chose : le terme “nouveau” indique une volonté de réno­vation, donc un rejet radical du vieux monde, des idéologies dominantes et, partant, des modes de gestion pratiques, économiques et juridiques qu'elles ont produits. Dans ces idéologies domi­nantes, nous avons répété et dénoncé les linéa­ments d'universalisme, la prétention à déployer une rationalité qui serait unique et exclusive, ses implications pratiques de facture jacobine et cen­tralisatrice, les stratégies homogénéisantes de tous ordres, les ratés dus aux impossibilités physiques et psychologiques de construire pour l'éternité, pour les siècles des siècles, une cité rationnelle et mécanique, d'asseoir sans heurts et sans violence un droit individualiste, etc.

Les avatars récents de la philosophie universi­taire, éloignés — à cause de leur jargon obscur au premier abord — des bricolages idéologiques usuels, du tam-tam médiatique et des équilibrismes politiciens, nous suggèrent précisément des stratégies de défense contre cette essence univer­saliste des idéologies dominantes, contre le mo­nothéisme des valeurs qui caractérise l'Occident tant dans son illustration conservatrice et reli­gieuse — la New Right fondamentaliste l'a montré aux États-Unis — que dans son illustra­tion illuministe, rationaliste et laïque. L'erreur du mouvement néo-droitiste, dans son ensemble, c'est de ne pas s'être mis plus tôt à l'écoute de ces nouveaux discours, de ne pas en avoir vul­garisé le noyau profond et d'avoir ainsi, dans une certaine mesure, raté une bonne opportunité dans la bataille métapolitique.

“Konservative Revolution” et École de Francfort

Il nous faut confesser cette erreur tactique, sans pour autant sombrer dans l'amertume et le pessimisme et brûler ce que nous avons adoré. En effet, notre recours direct à Nietzsche — sans passer par les interprétations modernes de son œuvre — au monde allemand de la tradition ro­mantique, aux philosophies et sociologies orga­nicistes/vitalistes et à la Konservative Revolu­tion du temps de Weimar, a fait vibrer une cor­de sensible : celle de l'intérêt pour l'histoire, la narration, l'esthétique, la nostalgie fructueuse des origines et des archétypes (ici, en l'occur­rence, les origines immédiates d'une nouvelle tradition philosophique). L'effort n'a pas été vain : en se dégageant du carcan rationaliste/po­sitiviste, l'espace linguistique francophone s'est enrichi d'apports germaniques — organicistes et vitalistes — considérables, tout comme, dans la sphère même des idéologies dominantes, il apprenait à maîtriser simultanément les textes de base de l'École de Francfort (Adorno, Hork­heimer) et les démonstrations audacieuses de Habermas, parce qu'il a parfois fallu 40 ou 50 ans pour trouver des traductions françaises sur le marché du livre.

Explorer les univers de Wagner, de Jünger, de Thomas Mann, de Moeller van den Bruck, de Heidegger, de Carl Schmitt (2), a donné, à notre courant de pensée, des assises historiques soli­dissimes et, à terme, une maîtrise sans a priori des origines philosophiques de toutes les pen­sées identitaires, maîtrise que ne pourront jamais détenir ceux qui ont amorcé leurs démarches dans le cadre des universalismes/rationalismes occidentaux ou ceux qui restent paralysés par la crainte d'égratigner, d'une façon ou d'une autre, les vaches sacrées de ces universalismes/rationa­lismes. Une plus ou moins bonne maîtrise des origines, découlant de notre méthode archéolo­gique, nous assure une position de force. Mais cette position est corollaire d'une faiblesse : celle de ne pas être plongé dans la systématique con­temporaine, de ne pas être sur la même longueur d'onde que les pionniers de l'exploration philo­sophique, de ne pas être en même temps qu'eux à l'avant-garde des innovations conceptuelles. D'où notre flanc se prête assez facilement à la critique de nos adversaires qui disent, sans avoir tout à fait tort : “vous êtes des passéistes, germa­nolâtres de surcroît”.

Comment éviter cette critique et, surtout, com­ment dépasser les blocages, les facilités, les pa­resses qui suscitent ce type de critique ? Se réfé­rer à la tradition romantique, avec son recours aux identités, opérer une quête du Graal entre les arabesques de la Konservative Revolution (KR), sont des atouts majeurs autant qu'enri­chissants dans notre démarche. Si enrichissants qu'on ne peut en faire l'économie. Les prémisses du romantisme/vitalisme philosophique (mis en exergue par Gusdorf) (3), les fulgurances litté­raires de leur trajectoire, la carrière inépuisable qu'est la KR, avec son esthétisme et sa radica­lité, s'avèrent indispensables — sans pour au­tant être suffisants — afin de marquer l'étape suivante dans le développement de notre vision du monde. Jettons maintenant un coup d'œil sur le fond-de-monde où s'opèrent ce glissement, cette rénovation du substrat philosophique ro­mantique/vitaliste, cette rénovation de l'héritage de la KR. En Allemagne, matrice initiale de ce substrat, l'après-guerre a imposé un oubli obli­gatoire de tout romantisme/vitalisme et conforté une vénération officielle, quasiment imposée, de la tradition adverse, celle de l'Aufklärung, revue et corrigée par l'École de Francfort. Hors de cette tradition, toute pensée est désormais sus­pecte en Allemagne aujourd'hui.

Devant la mise au pas de la philosophie en RFA, la bouée de sauvetage est française

Mais le perpétuel rabâchage des idéologèmes francfortistes et des traditions hégéliennes, mar­xistes et freudiennes a conduit la pensée alle­mande à une impasse. On assiste depuis peu à un retour à Nietzsche, à Schopenhauer (notamment à l'occasion du 200ème anniversaire de sa nais­sance en 1988), aux divers vitalismes. Mais ce simple retour, malgré la bouffée d'air qu'il ap­porte, demeure intellectuellement insuffisant. Les défis contemporains exigent un aggiornamento, pas seulement un approfondissement. Mais, si tout aggiornamento d'un tel ordre postule une réinterprétation de l'œuvre de Nietzsche et une nouvelle exploration de “l'irrationalisme” pré­nietzschéen, il postule aussi et surtout un nou­veau plongeon dans les eaux tumultueuses de la KR. Or un tel geste rencontrerait des interdits dans la RFA d'aujourd'hui. Les philosophes rénovateurs allemands, pour sortir de l'impasse et contourner ces interdits, ces Denkverbote francfortistes, font le détour par Paris. Ainsi, les animateurs des éditions Merve de Berlin, Gerd Bergfleth, à qui l'on doit de splendides exégèses de Bataille, Bernd Mattheus et Axel Matthes (4) sollicitent les critiques de Baudrillard, la démar­che de Lyotard, les audaces de Virilio, le nietz­schéisme particulier de Deleuze, etc. La bouée de sauvetage, dans l'océan soft du (post-)franc­fortisme, dans cette mer de bigoterie rationalis­te/illuministe, est de fabrication française. Et l'on rencontre ici un curieux paradoxe : les Français, qui sont fatigués des platitudes néo-illuministes, recherchent des médicaments dans la vieille pharmacie fermée qu'est la KR ; les Allemands, qui ne peuvent plus respirer dans l'atmosphère poussiéreuse de l'Aufklärung revue et corrigée, trouvent leurs potions thérapeutiques dans les officines parisiennes d'avant-garde.

Dès lors, pourquoi ceux qui veulent rénover le débat en France, ne conjugueraient-ils pas Nietzsche, la KR, la “droite révolutionnaire” française (révélée par Sternhell, stigmatisée par Bernard-Henri Lévy dans L'idéologie française, Grasset, 1981), Péguy, l'héritage des non-con­formistes des années 30 (5), Heidegger, leurs philosophes contemporains (Foucault, Deleuze, Guattari, Derrida, Baudrillard, Maffesoli, Vi­rilio), pour en faire une synthèse révolution­naire ?

La présence de ces recherches nouvelles désa­morcerait ipso facto les critiques qui mettent en avant le “passéisme” et la “germanolâtrie” de ceux et celles qui refusent d'adorer encore et toujours les vieilles lunes de l'âge des Lumiè­res. De plus, cette présence autorise d'emblée une participation active et directe dans le débat philosophique contemporain, auquel une inter­vention néo-droitiste, portée par le souci péda­gogique qui lui est propre, aurait sans doute conféré un langage moins hermétique. L'her­métisme du langage a été, de toute évidence, l'obstacle à l'incorporation des philosophes français contemporains dans un projet de nature métapolitique.

Dépasser l'humanisme, penser le pluriel

Il conviendrait donc, pour reprendre pleinement pied dans l'arène philosophique contemporaine ; de concilier 2 langages : d'une part, celui, didactique, narratif et historique qu'avait fait sien la ND dans les colonnes du Figaro Magazine, de Magazine-Hebdo ou d'Éléments et, d'autre part, un langage pionnier, prospectif, innova­teur, celui des corpus deleuzien, foucaldien, etc. J'entends déjà les objections : Deleuze et Foucault s'inscrivent dans le cadre de la gauche intellec­tuelle, militent dans les réseaux “anti-racistes”, se font les apologistes des marginalités les plus bizarres, etc. Entre les opinions personnelles amplifiées par les médias, les engouements légi­times pour telle ou telle marginalité, et une épis­témologie, exprimée dans un vocabulaire spécia­lisé et ardu, il faut savoir faire la distinction.

L'idée du dépassement de l'humanisme mécani­ciste/rationaliste et la vision du surhumanisme nietzschéen (6) ont pourtant plus d'un point commun, preuve que les intuitions et les apho­rismes de Nietzsche, les visions et les proclama­tions des autres auteurs de la tradition “surhu­maniste”, se sont capillarisées dans les circuits intellectuels européens et ne pourront plus jamais en être délogés, en dépit des efforts lancinants de leurs adversaires, accrochés déséspérément à leurs vieilles chimères. Si la ND a ouvertement démasqué les hypocrisies des discours domi­nants, signalé les simulacres et déchiré les voi­les, des philosophes comme Deleuze ont habile­ment camouflé leur travail de sape, si bien qu'il peut apparaître inattendu d'apprendre que, pour lui, le mouvement des droits de l'homme cherche naïvement à « reconstituer des transcendances ou des universaux ». Mais pour le philosophe de la “polytonalité” et des “multiplicités” — qui a pensé le pluriel de façon radicalement autre que la ND, mais a néanmoins aussi pensé le pluriel — est-ce si étonnant ?

Classer les courants post-modemes

Mais ces réflexions sur le destin de la ND et sur les philosophes français pourraient s'éterniser à l'infini, si l'on ne définit pas clairement un cadre historique et chronologique où elle s'inscriront, si l'on ne panoramise pas les faits post-modernes de philosophie et les virtualités qui en découlent. Il est en effet nécessaire de se doter d'un canevas didactique, afin de ne pas glosser dans le désor­dre et la confusion. Toutes les introductions à la pensée et aux philosophies postmodernes com­mencent par en souligner l'hétérogénéité, la di­versité, l'absence de dénominateur commun : toutes caractéristiques qui, de prime abord, inter­disent la clarté... Une chatte n'y retrouverait pas ses jeunes... Heureusement, un homme quasi providentiel est venu mettre de l'ordre dans ce désordre : Wolfgang Welsch, auteur d'un ouvrage “panoramique” sur la question, d'où ressort, limpide, une vision de l'histoire intellectuelle post-moderne (Unsere postmoderne Moderne, Acta Humaniora, Weinheim, 1987 ; en abrégé pour la suite du présent exposé : UPM).

Car c'est de cela qu'il s'agit : d'abord, montrer comment, progressivement, la philosophie s'est dégagée de la cangue rationaliste/moderniste/uni­versaliste pour aborder le réel de façon moins étriquée, et, ensuite, indiquer à quel stade ce long cheminement est parvenu aujourd'hui, à quelles résistances têtues ce dégagement se heurte encore. Conseillant vivement une lecture de l'ou­vrage de Welsch dans un article de Criticón, Ar­min Mohler, l'auteur de Die Konservative Re­volution in Deutschland 1919-1933, explique combien proche de notre anti-universalisme est l'interprétation welschienne de la post-modemité. De plus, la chronologie et la vision “panora­mique” de Welsch, dévoilent l'évolution des idées, un peu comme on montre un processus biologique ou chimique en accéléré dans les do­cumentaires scientifiques.

Posthistoire, postmodernité, société postindustrielle, une seule et même chose ?

Premier souci de Welsch : se débarrasser d'une confusion usuelle, celle qui dit que “posthistoi­re”, postmodernité et société postindustrielle sont une seule et même chose. Pour la posthistoire, décrite par Baudrillard, plus aucune innovation n'est possible et toutes les virtualités historiques ont été déjà jouées ; le diagnostic suggère la passivité, I'amertume, le cynisme et la grisaille.

Le mouvement du monde serait arrivé à un stade final, que Baudrillard nomme “l'hypertélie”, où les possibilités se neutraliseraient mutuellement dans “l'indifférence”, transformant notre civilisation en une gigantesque machinerie (la “mégamachine” de Rudolf Bahro ?) à ho­mogénéiser toutes les “différences” produites par la vie. De ce fait, la texture du monde, qui consiste à produire des “différences”, se mue en un mode de production d'indifférence. En d'au­tres mots, la dialectique de la différenciation ren­verse ses potentialités en produisant de l'indiffé­rence. Tout s'est déjà passé : inutile de rêver à une utopie, un monde meilleur, des lendemains qui chantent. Il ne se produit plus qu'une chose : le clonage infini et/ou la prolifération cancériforme du même, sans nouveauté, dans une “obésité obscène”. Notre époque, celle du “transpo­litique”, ne travaille plus ses contradictions inter­nes (ne cherche ni ne crée plus de solutions), mais s'engloutit dans l'extase de son propre nar­cissisme.

Le bilan de Baudrillard est sombre, noir. Son amertume, pense Welsch, est le signe de son hy­permodernisme et non celui d'une éventuelle postmodernité. La faillite des utopies désole Baudrillard, alors qu'elle fait sourire les post­modernes. Baudrillard déplore l'évanouissement des utopies et accuse la postmodernité de ne plus avoir de dimension utopique. La postmodernité, elle, est active, optimiste, bigarrée, offensive ; elle n'est pas utopique, mais elle n'est pas non plus résignée et ne se lamente pas. Toute lamentation quant à la disparition des projets utopi­ques/modernes est la preuve d'un attachement sentimental et désillusionné aux affects qui sous­tendent la modernité.

Postmodemité et société postindustrielle

Pour réfuter les arguments de ceux qui posent l'équation “postmodernité = société postindus­trielle”, Welsch commence par rappeler le mo­ment où, en sociologie, le terme “postmoderne” est apparu pour la première fois. C'était en 1968, dans un ouvrage d'Amitai Etzioni : The Active Society : A Theory of Societal and Political Pro­cesses (New York). Pour Etzioni, la postmoder­nité ne signifie ni résignation devant l'effondre­ment des grandes utopies sociales, ni répétition du même à l'infini, sur le mode de la “mégama­chine”. La postmodernité, au contraire, signifie dynamisme, créativité et action. Sur bon nombre de plans, l'analyse d'Etzioni rejoint les diagnos­tics de David Riesman (La foule solitaire, Ar­thaud, 1964 ; l'éd. am. date de 1958), d'Alain Touraine et surtout de Daniel Bell (Les con­tradictions culturelles du capitalisme, PUF, 1979 ; éd. am.: 1976). Mais, en dernière instance, les conclusions d'Etzioni et de Bell sont fon­cièrement différentes. Pour Bell, théoricien ma­jeur de la société postindustrielle, le grand projet technocratique — faire le bonheur des masses par quantitativisme — demeure en place, même si l'on observe un passage des technologies machinistes aux technologies intellectuelles (informatique, p.ex.). Pour Etzioni, en revanche, les technologies les plus récentes relativisent le vieux projet technocratique. Pour Bell, nous sommes entrés dans un “stade final”, où il s'agit de mettre de l'ordre dans la société de masse, issue du “grand projet” technocratique. Pour Etzioni, nous glissons hors de la passivité technocratique pour entrer dans un âge “actif”, dans une société qui s'auto-définit et se trans­forme sans cesse.

Affronter efficacement le monde contemporain, pour Etzioni et Welsch, c'est savoir manier une pluralité de rationalités, de systèmes de valeurs, de projets sociaux et non se contenter d'une ra­tionalité unique, d'un monothéisme des valeurs stérilisant et d'ériger en fétiche un et un seul mo­dèle social. C'est face à cette offensive silencieu­se d'un néo-pluralisme que Bell se trouve con­fronté à un dilemme qu'il ne peut résoudre : il sait que le projet technocratique, monolitihique dans son essence, ne peut satisfaire à long terme les aspirations démocratiques humaines, puisque celles-ci sont diverses ; mais, par ailleurs, on ne peut raisonnablement se débarrasser des acquis de l'ère technocratique, pense Bell, inquiet de­vant les nouveautés qui s'annoncent. Et face à ce complexe technocratique, composé de linéaments positifs et négatifs, indissociables et totalement imbriqués les uns dans les autres, s'est instaurée une sphère culturelle que Bell qualifie de “sub­versive”, car elle est hostile au projet technocra­tique et le sape. Le conflit majeur, qui risque de détruire la société capitaliste selon Bell, est celui qui oppose la sphère technique à la sphère cul­turelle. Cette opposition est, somme toute, assez manichéenne et ne perçoit pas qu'innovations sicentifiques/techniques et innovations culturel­les/artistiques/littéraires surgissent d'un même fond de monde, d'une même révolution qui s'o­père dans les mentalités. Arnold Gehlen, lui, avait bien vu que la culture (au sens où l'entend Bell), même hyper-critique à l'endroit de la mé­gamachine, n'était qu'épiphénomène et créatrice de gadgets, d'opportunités marchandes. La so­ciété marchande, la mégamachine bancaire et in­dustrielle, récupèrent les velléités contestatrices et les transforment en marchandises consommables.

La postmodernité n'est ni le schéma catastro­phiste de Bell ni le pessimisme de Gehlen et Baudrillard. Elle admet le caractère “radicalement disjonctif” des sociétés contemporaines. Elle ad­met, en d'autres mots, que les rationalités éco­nomiques, industrielles, politiques, culturelles et sociales sont différentes, parfois divergentes, et peuvent, très logiquement, mener à des conflits épineux. Mais la postmodernité, contrairement à la posthistoire ou à la société postindustrielle de Bell, n'évacue pas le conflit ni ne le déplore et accepte sa présence dans le monde, sans mora­lisme inutile.

Quelle modernité réfute la postmodernité ?

Si la postmodernité (PM) n'est ni la posthistoire ni la société postindustrielle, qu'est-elle et quelle modernité remplace-t-elle ? Les textes aussi nom­breux que divers qui tentent de cerner l'essence de la PM, ne sont pas unanimes à désigner et définir cette modernité, qui, en toute logique, est chronologiquement antérieure à la PM. Plusieurs “modernités” sont concernées, nous explique Welsch ; d'abord celle de la Neuzeit (l'âge mo­derne, les Lumières, la “dialectique de la Raison”, etc.) ; Habermas s'insurge contre la PM, précisément parce qu'elle s'oppose au “grand projet de l'Aufklärung”, dans ses di­mensions scientifiques comme dans ses dimen­sions morales. Karl Heinz Bohrer (7), pour sa part, estime que la PM réagit contre la modernité esthétique du XIXe. Pour Charles Jencks, le grand historien américain des mouvements en ar­chitecture (8), la PM (architecturale) est une réaction au rationalisme utilitariste et fonctionnaliste (Mies van der Rohe, École de Chicago) de l'architecture du XXe siècle. Mais Welsch préfère s'en tenir aux définitions de Jean-François Lyotard : la modernité, que dépasse la PM, a commencé avec le programme cartésien visant à soumettre la nature (les faits organiques) à un “projet géométrique”, pour se poursuivre, à un niveau philosophique et moral, dans les “grands récits” du XVIIIe et du XIXe (l'émancipation de l'Homme, la téléologie hégélienne de l'Esprit, etc.).

La définition de Lyotard

Cette perspective de Lyotard, qui enferme dans le concept “moderne” le cartésianisme, le newto­nisme, les mécanicismes des XVIIe et XVIIIe siècles, les Lumières, l'hégélianisme et le marxisme, a été fructueuse ; on lui a donné des ancêtres, notamment l'augustinisme politi­que, cherchant à “construire” une Cité parfaite et attribué un dénominateur commun : le projet d'élaborer une mathesis universalis, de dissé­quer la nature (Bacon) et d'épouser le “pathos du renouveau radical”. Chez Descartes, la métapho­re de la ville illustre parfaitement l'enjeu du projet de mathesis universalis et du pathos du re­nouveau ; les villes anciennes, dit Descartes, sont des enchevêtrements non coordonnés ; l'architecte moderne doit tout détruire, même les éléments qui, isolés, sont beaux, pour reconstruire tout selon un plan rationnel, afin de créer une cohé­rence rationnelle parfaite et à biffer les imperfec­tions organiques. Résultat : l'uniformité atone des villes de béton contemporaines. La modernité à évacuer, dans les perspectives de Lyotard, de Welsch et des architectes postmodernes, c'est celle qui a prétendu, jadis, gommer toutes les particularités au bénéfice d'une méthode, d'un projet, d'une histoire (récapitulative de touteS les histoireS locales et particulières).

Une opposition deux fois centenaire au projet de “mathesis universalis”

Le cartésianisme universaliste a eu ses adversai­res dès le XVIIIe siècle. Vico rejette l'image mobilisatrice du progrès au profit d'une concep­tion cyclique de l'histoire ; vers 1750, année-clef, Rousseau, dans son Discours sur les Sciences et les Arts, critique le programme scientifique du cartésianisme et Baumgarten, dans son Aesthe­tica, réclame une « compensation esthétique » à la sécheresse rationaliste. Depuis, les critiques se sont succédé : Schlegel en appelle à une révolu­tion esthétique ; Baudelaire, Nietzsche et Gottfried Benn, chacun à leur manière, célèbrent l'art comme « espace de survie dans des conditions invivables », comme réponse à l'aridité cartésienne/rationaliste/technocratique. Mais, les réponses de la Gegen-Neuzeit, de la contre-­modernité qui se déploie de 1750 à nos jours, se veulent également exclusives, radicales et universelles. Le schéma unitaire et monolithique, sous-jacent à la modernité cartésienne n'est pas éliminé. Au contraire, les courants de la Gegen­-Neuzeit ne font qu'ajouter un zeste d'esthétique à un monde qui ne cesse d'amplifier, d'accroître et de dynamiser les forces relevant de la Neuzeit cartésienne. Chez Vico et Rousseau, le salut ne peut provenir que d'un et un seul renversement radical de perspective ; ils ne comprennent pas que leur solution de rechange n'est qu'une possibilité parmi plusieurs possibilités et ils affirment détenir la clef de la seule voie de salut.

Le “saut qualitatif” de la physique du XXe siècle

La nécessité qui s'impose est donc de procéder à un “saut qualitatif”, de ne pas répondre au pro­gramme de la modernité par un programme aussi global et aussi fermé sur lui-même. Vico, Rous­seau, les Romantiques, ont certes deviné intuiti­vement les pistes qu'il s'agissait d'emprunter pour échapper à l'enfermement de la moderni­té/Neuzeit, mais ils n'ont pas su exprimer leur volonté par un programme aussi radical et com­plet, aussi scientifique et concret, aussi clair et pragmatique, que celui de la dite modernité.

Leurs revendications apparaissaient trop littérai­res, pas assez scientifiques (malgré l'impact des médecines romantiques, des recherches sur les maladies psychosomatiques, etc.). La réaction contre la Neuzeit semblait n'être qu'une réaction passionnelle et émotive contre les sciences prati­ques et physiques, déterminées par les méthodes mécanicistes de Newton et de Descartes. Cela changera dès le début du XXe siècle. Grâce aux travaux des plus éminents phycisiens, les concepts de pluralité et de particularité ne sont plus catalogués comme des manies littéraires mais deviennent, dans le champ scientifique lui­même, des valeurs dominantes et incontourna­bles. Partant des domaines des sciences physi­ques et biologiques, ces concepts glisseront petit à petit dans les domaines des sciences humaines, de la sociologie et de la philosophie.

La Neuzeit s'était prétendue scientifique : or voilà que le domaine scientifique, impulsé au départ par la modernité cartésienne, révise radicalement les a priori de la Neuzeit et adopte d'autres as­sises épistémologiques. Plus question de raison­ner à partir de totalités fermées sur elle-mêmes, homogènes et universelles. Ouvertures, hétéro­généités et particularités expliquent désormais la trame complexe et multiple de l'univers. La théo­rie restreinte de la relativité chez Einstein induit les philosophes à admettre qu'il n'y a plus aucun concept de totalité qui soit acceptable ; il ne reste plus que des relations entre des systèmes indé­pendants les uns des autres dans la simultanéité ; l'action du temps, de surcroît, rend ces simulta­néités caduques et éphémères. Heisenberg dé­montre, par sa théorie de la Unschärferelation (relation d'incertitude), que les grandeurs défi­nies dans un même système de relations ne peu­vent jamais être déterminées de façon figée et si­multanée. Finalement, Gödel, par son axiome d'incomplétude, ruine définitivement le rêve de la modernité et des universalismes, celui de cons­truire une mathesis universalis, puisque toute connaissance est limitée, par définition.

Une pluralité de modèles et de paradigmes

Cette révolution dans les sciences physiques se poursuit toujours actuellement : la théorie des fractales de Mandelbrot (fonctions discontinues en tous points), la théorie des catastrophes chez Thom, la théorie des structures dissipatives chez Prigogine, la théorie du chaos synergétique de Haken, etc., confirment que déterminisme et continuité n'ont de validité que dans des domai­nes limités, lesquels n'ont entre eux que des rap­ports de discontinuité et d'antagonisme. D'où le réel n'est pas agencé selon un modèle unique mais selon des modèles différents ; il est structuré de manière conflictuelle et dramatique ; nous di­rions “tragique”, parce qu'il ne laisse plus de place désormais aux visions iréniques, bonheuri­santes et paradisiaques que nous avaient propo­sées les sotériologies religieuses et laïques.

Il n'est plus possible de proposer sérieusement un programme valable pour tous les hommes en tous les lieux de la planète, puisque nous nous acheminons, sous l'impulsion de l'épistémologie physique en marche depuis le début du siècle, vers l'acception d'une pluralité de modèles et de paradigmes, en concurrence les uns avec les au­tres : les solutions simples, univoques, monopo­listiques, universalistes, figées et exclusives re­lèvent dorénavant du rêve, non plus du possible. La philosophie postmoderne prend donc le relais des sciences physiques contemporaines et tente de transposer dans les consciences et dans le quotidien ce pluralisme méthodologique.

Postmodernité anonyme et postmodernité diffuse

Comme les “méta-récits”, critiqués par Lyotard, étaient monopolistiques et universalistes dans leur essence et dans leur projet, la physique du XXe siècle leur ôte le socle sur lequel ils re­posaient. Mais, tout comme les réactions du XVIIIe et du XIXe, les réactions contem­poraines à l'encontre des reliquats des méta-récits sont diverses et souvent imprécises. Pour Welsch, la stratégie postmoderne qui prend le re­lais de l'épistémologie scientifique est précise et solide. Face à cette précision et cette solidité, se positionnent d'autres stratégies postmodernes, nous explique Welsch, qui n'en ont ni la rigueur ni la force ; celle de la postmodernité anonyme qui englobe les théories et travaux qui ne se dé­finissent pas proprement comme postmodernes mais se moulent, consciemment ou inconsciem­ment, sur l'épistémologie pluraliste induite par les sciences physiques ; la palette est large : on peut y inclure Wittgenstein, Kuhn (9), Feyer­abend (10), l'herméneutique de Gadamer, le “post-structuralisme” de Derrida et de Deleuze, etc. Ensuite, il y a la postmodernité diffuse ; c'est celle que vulgarisent la grande presse et les “feuilletonistes”, qui profitent de l'effondrement de la modernité rigide pour parler de postmoder­nité sans avoir trop conscience de ses enjeux épistémologiques réels. C'est la postmodernité du pot-pourri, d'un Disneyland intellectuel ; c'est un irrationalisme contemporain qui ne va pas à l'essentiel comme n'allait pas à l'essentiel une quantité de romantiques réagissant contre le car­tésianisme.

Pour Welsch, la postmodernité précise, scientifi­que, consciente de la rupture signalée par les sciences physiques, s'avérera efficiente, tandis que la PM anonyme demeurera imprécise et la PM diffuse, contre-productive. Seule la PM pré­cise emporte son adhésion, car elle est systéma­tique, cohérente, porteuse d'avenir. Pour Welsch, la “modernité du XXe siècle”, c'est la scientificité qui annonce la postmodernité, qui consomme la rupture avec la rigidité monopo­listique et universaliste de la modernité/Neuzeit. La postmodernité qui prend le relais de la “mo­dernité du XXe siècle” est ouverte à l'inno­vation, n'est pas strictement réactive à la mode rousseauiste ou romantique.

Or, on pourrait formuler une objection : les technologies modernes, phénomènes du XXe siècle, contribuent à uniformiser la planète , restant du coup dans la même logique que celle de la Neuzeit. Face à cet état de choses, il convient d'adopter le langage suivant, dit Welsch : quand les technologies s'avèrent uniformisantes, elles sont au service d'une logique politique issue de la Neuzeit et sont ipso facto contestées par les postmodernes conséquents ; quand, en revanche, elles fonctionnent dans le sens d'une pluralité, elles participent à la dissolution des pesanteurs modernes et sont dès lors acceptées par les postmodernes. Ce n'est pas une technologie en soi qui est bonne ou mauvaise, c'est la logique au service de laquelle elle fonctionne qui est soit obsolète soit grosse d'avenir. Welsch expose cette problématique de sang froid, sans dire — même si c'est implicite — qu'il est grand temps de se débarrasser des logiques politiques issues de la Neuzeit... La logique de la discontinuité, du tragique et de la dissipativité prigoginienne, etc., est passée de la science à la philosophie ; il faut maintenant qu'elle passe de la philosophie à la politique et au quotidien. Pour cela, il y aura bien des résistances à briser.

Un parallèle évident avec la “Nouvelle Droite”

Ce que propose Welsch dans son livre (UPM), et qui enchante Armin Mohler, c'est une chro­nologie de l'histoire intellectuelle occidentale et européenne, dans laquelle notre mouvement de pensée peut tout entier s'imbriquer. Dans divers articles de Nouvelle École, Giorgio Locchi a suggéré, lui aussi, une chronologie, marquée de « périodes axiales » (Jaspers, Mohler, etc.) (11), où les grandes idées motrices, dont le christia­nisme, passent par le stade initial du mythe, pour aboutir, via un stade idéologique, à un stade scientifique. L'incapacité du christianisme à ac­céder à un stade scientifique cohérent annonce l'avènement d'un autre mythe, incarné par de multiples linéaments diffusés et véhiculés par la musique européenne, par le romantisme et par Wagner, mythe qui devra se muer en idéologie et en science.

L'effondrement des fascismes quiritaires, au cœur aventureux, a provoqué, explique Locchi (12), la disparition du stade “idéologique”, tandis que la percée de nature scientifique pour­suivait son chemin de Heisenberg à Prigogine, Haken, etc. Le surhumanisme — Locchi utilise ce vocable pour désigner les réactions idéologi­ques et littéraires contre la modernité — a donc son mythe, wagnérien et nietzschéen, et sa science, la physique contemporaine, mais pas son articulation politique. Si l'on procède à la fusion des chronologies suggérées par Locchi et par Welsch, on obtient un instrument critique d'orientation, qui est de grande valeur pour com­prendre la dynamique de notre siècle, sans devoir retomber dans une paraphrase stérile des fascismes.

Or, pour les derniers défenseurs de la modernité, dont Habermas (chez qui Welsch perçoit tout de même d'importantes concessions à la postmo­dernité, parce que Habermas ne peut renoncer aux acquis de la science physique moderne, née pendant la Neuzeit, et parce que sa théorie de “l'agir communicationnel” implique tout de même un relâchement des rigidités monopolistiques), est “fascisme” ou “fascistoïde” tout ce qui critique la modernité et ses avatars ou s'en distancie. Georg Lukacs, dans Die Zerstörung der Vernunft, stigmatise comme “irrationalismes” toutes les philosophies, sociologies et nouveautés littéraires qui s'opposent au déterminisme rationaliste et matérialiste du grand récit marxiste (né des grands récits hégélien et anglo-libéral).

Notre vision du monde doit s'asseoir dans l'a­venir sur 2 chronologies : celle de Locchi et celle de Welsch, tout en maîtrisant correctement celles, adverses, de l'École de Francfort et d'Ha­bermas (cf. Horkheimer et Adorno, La dialec­tique de la Raison), ainsi que celle du marxisme particulier de Lukacs. Une attention spéciale doit également être réservée aux chronologies néo­libérales (cf. Alain Laurent, L'individu et ses ennemis, LP/Pluriel, 1987), hostiles aux dimen­sions holistes de tous ordres. Le débat idéologi­que est certes la confrontation d'idées et de thé­matiques idéologiques différentes ; il est aussi et surtout confrontation entre des chronologies dif­férentes, des visions de l'histoire où sont mises en exergue des valeurs précises, au moment où elles font irruption dans l'histoire : dans le cas de l'historiographie libérale/néo-marxiste, c'est le triomphe des stratégies de mathesis universalis, assorties d'un déterminisme physicaliste ; pour les néo-libéraux, c'est l'avènement de l'individu et des méthodologies individualistes en sociologie et en économie. Pour nous, ce sont les étapes d'une pensée plurielle, où l'ouverture d'esprit est due à la reconnaissance des innombrables possibilités en jachère dans la nature et dans l'histoire ; autant de différences, d'ordre soma­tique ou d'ordre culturel, autant de virtualités.

De l'épistémologie mécaniciste à l'épistémologie botaniciste

Si nous récapitulons l'histoire intellectuelle de l'Europe occidentale et germanique, nous consta­tons, entre 1750 et le milieu du XIXe siècle, l'émergence d'une quantité de réactions dans le désordre, contre les projets de mathesis univer­salis, contre la “volonté géométrique” de la mo­dernité. À la logique mécanique et géométrique, le Sturm und Drang allemand, le romantisme, le Kant de la Critique de la faculté de juger, Schiller, Burke, les doctrinaires allemands de la vision or­ganique de la politique et de l'histoire opposent une autre logique, une logique botaniciste, qui pose une analogie entre l'arbre (ou la plante vivante) et l'État (ou la Nation) au lieu de poser l'analogie carté­sienne/newtonienne entre l'État et un système d'horlogerie, entre les lois du politique et les lois régissant les mouvements de la matière morte (13). La rupture épistémologique de la fin du XVIIIe, qui enclenche l'émergence de la pensée organiciste et vitaliste, amorce une pluralité, dans le sens où, désormais, 2 logiques, l'une organiciste/vita­liste, l'autre rationaliste/ mécaniciste, vont se jux­taposer. Mais la physique, perçue comme socle ultime du réel, demeure ancrée dans ses présup­posés newtoniens ; aucune alternative sérieuse ne peut encore remplacer, sur le plan scientifique, les assises newtoniennes et cartésiennes de la phy­sique. Georges Gusdorf, dans ses études sur le “savoir romantique”, montre comment le passage à une pensée “glandulaire” après l'impasse d'une pensée “cérébro-spinale”, a suscité un intérêt pour la biologie, la cénesthésie (14), la psychologie et les maladies psycho-somatiques, l'anthropocos­momorphisme de Carus et Oken (15), etc. Déno­minateur commun de cette démarche : tout être vivant, homme, animal ou plante, possède un no­yau identitaire propre, non interchangeable, unique ; au départ des noyaux identitaires, lieux d'irra­diation du monde, un pluriversum, un monde plu­riel, surgit, qui ne se laisse plus violenter par des schémas géométriques.

L'irruption de Nietzsche

À la fin du XIXe siècle, la scène philosophique européenne connaît l'irruption de Nietzsche. Celui-ci, se situant à la charnière entre la rupture épis­témologique romantique/organiciste/vitaliste, ma­gistralement étudiée par Gusdorf, et la rupture épistémologique provoquée par les découvertes de la physique au début du XXe, rejette les grands récits de l'Aufklärung et se moque, en stigmatisant le wagnérisme, des insuffisances des réponses ro­mantiques. Mais son œuvre ne brise pas encore totalement le semblant d'évidence que revêtent les positivismes/rationalismes, détenteurs de la seule théorie physique qui tienne à l'époque. D'où, de la part des chrétiens et des positivistes, le reproche d'incohérence et de contradiction adressé à l'œuvre de Nietzsche ; pour ces perspectives, Nietzsche est fou ou Nietzsche est un philosophe incomplet ; il nous lègue une logique anarchique qui permet de tout casser (au marteau, pour reprendre son ex­pression). Ce sont notamment les interprétations de Deleuze et de Kaulbach (16). Pour Reinhard Löw, cette interprétation du message nietzschéen est insuffisante, car s'il est vrai que Nietzsche souhaite “casser” au marteau certaines idoles philoso­phiques, son entreprise de démolition vise essen­tiellement les «psittacismes», c'est-à-dire les dis­cours qui répètent le schéma eschatologique et pro­videntialiste chrétien, en lui conférant des oripeaux idéalistes (chez Hegel) ou matérialistes (chez les marxistes et quelques darwiniens). L'avènement de l'esprit, du prolétariat, d'un homme moins “sin­ge”, ne sont que des novismes calqués sur un mê­me schéma. Schéma qu'il s'agit de dissoudre, afin qu'il ne puisse plus produire de “récits” aliénants parce que répétitifs et non innovateurs. La positi­vité de Nietzsche, différente de sa négativité de philosophe au marteau, consiste, écrit Löw (17), à nous éduquer, afin que nous ne continuions pas, à l'infini, à ajouter des psittacismes aux psittacismes qui nous ont précédés.

La logique du XIXe a donc été, dans une première phase, de rompre le psittacisme more geometrico du projet cartésien de mathesis uni­versalis, puis, avec Nietzsche, de signaler le dan­ger permanent du psittacisme pour, enfin, décou­vrir, avec les physiciens du début du XXe, que la trame la plus profonde du réel n'autorise, en fin de compte, aucune forme de psittacisme et que le mythe de la continuité linéaire est une illusion humaine. La post-modernité (la “précise” selon la classification de Welsch) prend acte de cette évo­lution et veut en être l'héritière. Mais franchir le cap d'une telle prise de conscience est dur : entre les fulgurances aphoristiques de Nietzsche et la révo­lution intellectuelle impulsée par la physique du XXe siècle, la littérature et la poésie de la fin du XIXe siècle a effectué un travail de deuil, le deuil des “totalités perdues”, des référentiels éva­nouis, sur fond d'angoisse et de nostalgie. Chez Musil, représentant emblématique de cette angois­se, on découvre le constat que la modernité, arrivée à terme au moment de la “Belle époque”, n'est pas le paradis escompté ; c'est, au contraire, le règne de la mort froide, de la rigidité cadavérique, laquelle s'abat sur une humanité victime d'une “épidémie géométrique”.

L'apport de Lyotard

Revenons à Welsch, disciple de Lyotard, phi­losophe français contemporain qui, en 1979, publie aux éditions de Minuit La condition postmoderne. Que pense Welsch de cet ouvrage qui indique clairement la thématique philosophique qu'il entend cerner ? Il en pense du bien, mais non exagérément. Le livre pose les bonnes questions, dit-il, mais ne les explicite guère. Pour Welsch, il faut “savoir faire quelque chose du livre”, en tirer l'essentiel, profiter de la perspective qu'il nous ouvre. Quant au reste de l'œuvre de Lyotard, il abonde dans le sens d'une postmodernité précise, héritière de la physique du XXe siècle. Chez Lyotard, la postmodernité n'apparaît pas comme un irratio­nalisme mais comme une rupture par rapport à la modernité qui critique la raison de la modernité avec les armes de la raison ; comme une rupture qui ne rejette pas la raison pour la remplacer par des instances diverses, posées arbitrairement comme moteur du monde et des choses. C'est ici que les démarches de Lyotard et de Welsch se distinguent de celle d'un Bergfleth, qui remplace la raison et la rationalité moderne/francfortiste par l'éros, la cruauté, la passion, l'amour, etc. tels que les envisagent Artaud, Bataille, Klages, etc.

Du point de vue plus directement (méta)politique, Lyotard nous enseigne que les totalités, et, partant, les universalismes, sont toujours les produits absoluisés de sentiments ou d'intérêts particuliers ; que ce que le groupe ou l'individu x proclame comme universel est l'absoluisation de ses intérêts particuliers. D'où être démocrate et tolérant, c'est refuser cette logique d'absoluisation, porté par un prosélytisme sourd aux particularités des autres. Refuser les totalités et les universalismes, c'est aller davantage au fond des choses, c'est respecter les particularités des peuples, des classes, des individus. Penser le pluriel, c'est être davantage “démocrate” que ceux qui uniformisent à outrance. Le monde est plurivers ; il est un pluriversum et ne saurait être saisi dans toute son amplitude par une et une seule logique.

L'apport de Gianni Vattimo

Gianni Vattimo, dans La fin de la modernité (Seuil, 1987), nous explique que la modernité, c'est le “novisme”, démarche dont s'était moqué Nietzsche, père de l'ère postmoderne. Le “no­visme” est produit de l'historicisme ; il est répétition du même vieux schéma linéaire métaphysique et chrétien sous un travestissement tantôt idéaliste, tantôt matérialiste. À ces novismes d'essence pro­videntialiste. Nietzsche a successivement répondu par 2 stratégies ; d'abord, celle qui consistait à affirmer des valeurs éternelles transcendant l'histoire, transcendant les prétentions des histo­ricismes qui croyaient pouvoir les dépasser ou les contourner ; ensuite, en affirmant l'éternel retour, démenti définitif aux providentialismes. La post­modernité est donc l'absence de providentialisme, la disparition des réflexes mentaux et idéologiques dérivés des providentialismes métaphysiques et chrétiens. Après Nietzsche, Heidegger prend le relais, explique Vattimo, et nous enseigne de ne pas dépasser (überwinden) la modernité laïque/ métaphysique/providentialiste, mais de la contour­ner (verwinden) ; en effet, l'idée d'un dépassement garde quelque chose d'eschatologique, donc de métaphysique/chrétien/moderne. L'idée d'un con­tournement suggère au contraire le passage tran­quille à une autre perspective, qui est plurielle et non plus monolithique, herméneutique (dans le sens où elle “interprète” le réel au départ de données diverses, dont les logiques intrinsèques sont hétérogènes sinon contradictoires) et non plus dogmatique. Le futurisme, en dépit de ses appa­rences “novistes”, est un phénomène postmoder­ne, affirme Vattimo, parce qu'il entremêle diffé­rents langages et codes, permettant ainsi une ou­verture sur plusieurs univers culturels, développe une multiplicité de perspectives sans chercher à les synthétiser, à les soumettre à un idéal (violent ?) de conciliation. La modernité, chez Vattimo, n'est pas rejetée, elle est absorbée comme composante d'une postmodemité marquée du signe du pluriel.

L'apport de Michel Foucault

foucau11.jpgL'apport de Foucault à la pensée contemporaine, c'est surtout la suggestion d'une histoire intel­lectuelle nouvelle, d'une chronologie de la pensée qui bouleverse les conformismes. Foucault voit la succession de diverses ruptures dans l'histoire intellectuelle européenne depuis la Renaissance ; au XVIIe, l'Europe passe de la tradition au clas­sicisme ; au XIXe, du classicisme au moder­nisme (et ici le terme “moderne” prend une autre acception que chez Welsch et Lyotard, où la notion de “modernité” recouvre plus ou moins la notion foucaldienne de “classicisme”). Il est très intéres­sant de noter, dit Welsch, que Foucault oppose la “doctrine des ordres” de Pascal au projet de ma­thesis universalis de Descartes. Chez Pascal, en effet, l'ordre de l'Amour, l'ordre de l'Esprit et l'ordre de la Chair ont chacun leur propre “ra­tionalité” ; la logique de la foi n'est pas la logique de la raison ni la logique de l'action. D'où la pen­sée de Pascal postule des “différences” et non une unique mathesis universalis ; elle est donc fonciè­rement différente de la tradition monolithique de Descartes qui a eu le dessus en France. Foucault nous indique que Pascal représente une potentialité de la pensée française qui est demeurée inexploitée.

Outre Pascal, Gaston Bachelard influence Foucault dans son élaboration d'une histoire intellectuelle de l'Occident. Pour Bachelard, l'évolution des scien­ces et du savoir ne procède pas de façon continue (linéaire), mais plutôt par crises et par “coupures épistémologiques”, par fulgurances. Chacune de ces coupures ou fulgurances provoque un renver­sement du système du savoir ; elles induisent de brèves “périodes axiales”, où les institutions, les coutumes, les pratiques politiques doivent (ou devraient) s'adapter aux innovations scientifiques. Foucault a retenu cette vision rupturaliste de Bachelard, où des “différences” fulgurent dans l'histoire, et sa pensée est ainsi passée d'une phase structuraliste à une phase potentialiste (18). Le structural structuralisme, avec Lévy-Strauss, avait tenté de trouver Le Code universel, l'invariant immuable (lui se cachait quelque part derrière la prolixité des faits et des phénomènes. En cela, le structuralisme était en quelque sorte le couronnement de la modernité. Foucault, dans la première partie de son œuvre, a souscrit à ce projet structuraliste, pour découvrir, finalement, que rien ne peut biffer, sup­planter, régir ou surplomber l'hétérogénéité fon­damentale des choses. Aucune “différence” ne se laisse reconduire à une unité quelconque qui serait LA dernière instance. Une telle unité, hypothétique, baptisée tantôt mathesis universalis, tantôt “Co­de”, participe d'une logique de l'en l'enfermement, re­fus têtu et obstiné du divers et du pluriel.

L'apport de Gilles Deleuze

[Ci-contre : dessin de Béatrice Cleeve, montrant bien la complicité qui unit les co-auteurs de L'Anti-Œdipe et de Mille plateaux]

deleuze-guattariGilles Deleuze entend affirmer une philosophie de la “libre différence”. Son interprétation de Nietzsche (19) révèle clairement cette intention : « ... car il appartient essentiellement à l'affirmation d'ê­tre elle-même multiple, pluraliste, et à la négation d'être une, ou lourdement moniste » (p. 21). « Et dans l'affirmation du multiple, il y a la joie pratique du divers. La joie surgit, comme le seul mobile à philosopher. La valorisation des sentiments né­gatifs ou des passions tristes, voilà la mystification sur laquelle le nihilisme fonde son pouvoir » (p. 30). Affirmer, c'est donc démolir gaillardement les rigidités lourdement monistes au marteau, c'est briser à jamais la prétention des unités, des totalités, des instances décrétées immuables par les “faibles”. Une “différence” n'indique pas une unité sous-jacente mais au contraire des autres dif­férences. D'où, pour Deleuze comme pour Fou­cault, il n'y a pas de Code mais bien un chaos in­formel, qu'il s'agit d'accepter joyeusement. Ce chaos prend, chez Deleuze, le visage du rhizome. Métaphore organiciste, le rhizome [filament racinaire en réseau] se distingue de l'arbre des traditions romantiques, dans le sens où il ne constitue pas une sorte d'unité séparée d'au­tres unités semblables ; le rhizome est un grouille­ment en croissance ou en décroissance perpétuelle, qui s'empare des chaînes évolutives étrangères et suscite des liaisons transversales entre des lignes de développement divergentes ; c'est un fondu en­chaîné, un dégradé de couleur qui se mixe à un au­tre dégradé. Deleuze, bon connaisseur de Leibniz, prend congé ici de la philosophie des monades pour affirmer une philosophie nomade ; une philo­sophie des rhizomes nomades qui produisent des différences non systématiques et inattendues, qui fragmentent et ouvrent, abandonnent et relient, dif­férencient et synthétisent simultanément (UPM, p. 142).

L'apport de Jacques Derrida

L'apport de Derrida démarre avec un texte de 1968, « La fin de l'Homme », repris dans une anthologie intitulée Marges de la philosophie. Derrida y ex­plique que la pluralité est la clef de l'au-delà de la métaphysique. La pluralité, c'est savoir parler plu­sieurs langages à la fois, solliciter conjointement plusieurs textes. Le parallèle est aisé à tracer avec la “physiologie” de Nietzsche, qui prend acte des multiplicités du monde sans vouloir les réduire à un dénominateur commun mutilant (20). Le réel, ce sont des pistes qui traversent des champs diffé­rents, ce sont des enchevêtrements. Différentiste et non rupturaliste, Derrida voit la trame du monde comme un processus de différAnce, de dissémina­tion, producteur de différEnces. Derrida nous im­pose cette subtilité lexicographique (le A et le E) non sans raison. La différAnce implique un prin­cipe actif de différentiation par dissémination, tan­dis que parler de différEnce(s) peut laisser suggérer que le monde, le réel, soit une juxtaposition sans dynamisme et sans interaction de différEnces non enchevêtrées. Derrida veut ainsi échapper à une pensée musa musaïque où les différEnces seraient ex­posées les unes à côté des autres comme des pièces dans une vitrine de musée. Mais le souci de mon­trer l'enchevêtrement de toutes choses — avec, pour corollaire leur non-réductibilité à quelqu'unum que ce soit — conduit Derrida à affirmer que la différAnce productrice de différEnces finit par produire une panade d'indifférEnce, compa­rable à l'hypertélie obèse de Baudrillard. Dans cette panade peuvent s'engouffrer les vulgarisateurs de la “PM diffuse”, critiquée par Welsch (cf. supra).

Mais même si Derrida se rétracte quelque peu avec sa théorie de la « panade d'indifférEnce » (qui a forcément des relents d'universalisme, puisque les différEnces y sont malaxées), même si, par ail­leurs, il évoque la “mystique juive” pour se mettre au diapason de la farce qu'est le “réarmement théologique” du “nouveau philosophe” BHL, nous n'oublions pas qu'il a dit un jour qu'« est chimère tout projet de langage universel ». Mieux : il a posé l'équation Apocalypse = mort = vérité. L'Apocalypse, prélude à un monde meil­leur, est la mort parce qu'elle prétend être la vérité et que la vérité n'est qu'un euphémisme pour dé­signer la mort. La vérité, c'est le vœu, l'utopie, de la présence accomplie, du présentisme où tout devenir est enrayé, stoppé, où la différAnce cesse d'être productrice de différEnces. Pour Derrida, comme pour Pierre Chassard, analyste néo-droi­tiste de la pensée nietzschéenne (21), il faut dé­construire le complexe “apocalypse”, le providen­tialisme producteur de psittacismes, dérivé des vulgates platonicienne et chrétienne.

Postmodernité “soft” et postmodernité “hard”

On peut dire que Lyotard et Derrida partagent une conception commune : pour l'un comme pour l'autre, la postmodernité n'est pas une époque nouvelle, ce n'est pas l'avènement d'une espèce de parousie de nouvelle mouture, survenue après une rupture/catastrophe, mais le passage, le contour­nement (Heidegger/Vattimo) inéluctable qui nous mène vers une attitude de l'esprit et des sentiments, qui a toujours déjà été là, qui a toujours été virtua­lité, mais qui, aujourd'hui, se généralise, malgré les tentatives “réactionnaires” que sont le “réarme­ment théologique”, assorti de son culte de la “Loi” et corroboré par les démarches anti-68 de Ferry et Renaut. La postmodernité, ce sont des ouvertures aux pluralités, aux diversifications.

Peut-on parler de postmodernité soft et de post­modernité hard ? La distinction peut paraître oi­seuse voire mutilante mais, par commodité, on pourrait qualifier de soft la PM différentiste de Deleuze et de Derrida, avec sa pensée nomade et son indifférence finale, et de hard la PM rupturiste de Lyotard. Dans ce cas, cette double qualification désignerait, d'une part, un différentialisme qui s'enliserait dans l'indifférence, dans la purée, la panade du “tout vaut tout” et retournerait sub­repticement au Code, un Code non plus intégra­teur, rassembleur et totalisant, mais un Code né­gatif, discret, non intégrant et non agonal. Pour un Lyotard, une rupture signale toujours l'incommen­surabilité d'une différEnce, même si cette diffé­rEnce n'est pas éternelle, immuable. Les ruptures signalent toujours une densité particulière, laquelle se recompose sans cesse par télescopage avec des faits nouveaux. L'hypertélie de Baudrillard n'est­elle pas analogue, sur certains points, avec la chute dans l'indifférence (Derrida) et la nomadisation de­leuzienne ? La fin est là, nous explique Baudrillard dans Amérique (Grasset, 1986), comme quand la différAnce, à être trop féconde, ne produit plus que de l'indifférEnce, de la métastabilité.

Une dynamique de la transgression

[Leibniz, philosophe des monades, a été réinterprété récemment par G. Deleuze. Celui-ci voit en lui le philosophe des “plis” et des “replis”, lesquels recèleraient des potentialités en jachère, prêtes à intervenir sur la trame du réel puis à se retirer ou se disperser]

leibnitzContre l'ennui sécrété par la juxtaposition de métastabilités ou par le règne d'une grande et unique métastabilité, il faut instrumentaliser une logique transversale, qui brise les homogénéités fermées et force leurs séquelles à se recomposer de manières diverses et infinies. Sur le plan idéo­logique et politique, c'est pour une logique de la transgression qu'il faut opter, une logique qui refuse de tenir compte des enfermements imposés par les idéologies dominantes et par les pratiques politiciennes ; Marco Tarchi, leader de la ND ita­lienne, a théorisé la « dynamique de la transgres­sion » (22), laquelle part du constat de l'hétéro­généité fondamentale des discours politiques ; en effet, existe-t-il une gauche et une droite ou des gauches et des droites ? Toutes ces strates ne se combinent-elles pas à l'infini et n'est-on pas alors en droit de constater que la seule réalité qui soit en dernière instance, c'est un magma de desiderata complexes. La logique de la transgression va droit à ce magma et contourne les facilités dogmatiques, les totems idéologiques et partisans qui résument quelques bribes de ce magma et érigent leurs ré­sumés en vérités intangibles et pérennes. La logi­que et la dynamique de la transgression postulent de ne rejeter aucun fait de monde, de combiner sans cesse des logiques décrétées antagonistes, d'agir en conciliant des desiderata divergents, sans pour autant mutiler et déforcer ces desiderata. La dynamique de la transgression prend le relais de la vision de la coincidentia oppositorum de Maître Eckhardt et de Nicolas de Cues.

Des traductions politiques du défi postmodeme sont-elles possibles ?

Notre mouvement de pensée, en constatant que le chaos synergétique des physiciens modernes s'est transposé du domaine des sciences naturelles au domaine de la philosophie, doit se donner pour tâche de faire passer le message de la physique moderne dans l'opinion puis dans la sphère du politique. Ce serait répondre à sa vocation méta­politique. Passer dans le domaine du politique et de la politique, c'est travailler à substituer au droit individualiste moderne un droit adapté aux diffé­rences humaines, que celles-ci soient d'ordre so­cial, ethnique, régional, etc. ; c'est travailler à ruiner les idéologies économiques modernes et à leur substituer une économie basée sur la « dynamique des structures » (François Perroux) ; c'est travailler à l'avènement de nouvelles formes de représenta­tion politique, où les multiples facettes de l'agir humain seront mieux représentées (modèles : le Sénat des régions et des professions de De Gaulle ; les projets analogues du Professeur Willms, etc.).

Le travail à accomplir est énorme, mais lorsque l'on constate que les linéaments de notre vision tragique du monde et de l'univers sont présents partout, il n'y a nulle raison de désespérer...

♦ Wolfgang Welsch, Unsere postmoderne Moderne, VCH – Acta Humantora, Weinheim, 1987, 344 p.

► Robert Steuckeurs, Vouloir n°54/55, 1989.

Notes :

  • (1) Anne-Marie Duranton-Crabol, Visages de la Nouvelle Droite : Le G.R.E.C.E. et son histoire, Presses de la Fondation Nationale des sciences politiques, Paris, 1988.
  • (2) Cf. Nouvelle École n°30, 31-32 (Wagner), n°40 (Jünger), n°41 (Thomas Mann), n°35 (Moeller van den Bruck), n°37 (Heidegger), n°44 (Carl Schmitt). Cf. Éléments n°40 (Jünger).
  • (3) Georges Gusdorf, Fondements du savoir romantique, Payot, 1982. G.G., L'homme romantique, Payot, 1984. G.G., Le savoir romantique de la nature, Payot 1985.
  • (4) Éditions Mme, Crellestrasse 22, Postfach 327, D­1000 Berlin 62.  
  • Parmi les livres du trio non-conformiste Matthes, Mattheus et Berglleth, citons : Gerd Bergfleth et alii, Zur Kri­tik der palavernden Aufklärung, 1984 (cf. recension in Vouloir n°27) ; Gerd Bergfleth, Theorie der Verschwen­dung : Einführung in Georges Batailles Antiökonomie, 1985, 2ème éd. Bernd Mattheus & Axel Matthes (Hrsg.), Ich gestatte mir die Revolte, 1985. Bernd Mattheus, hef­tige stille, andere notizen, 1986. La somme de Mattheus sur Bataille est en 2 volumes : 1) Georges Bataille : Eine Thanatographie, Band I : Chronik 1897-1939 ; 2) Band II : Chronik 1940-1951. Tous ces volumes sont disponibles chez Matthes u. Seitz Verlag, Mauerkircher Strasse 10, Postfach 860528, D-8000 München 86.
  • (5) J.-L. Loubet del Bayle, Les non-conformistes des an­nées 30 : Une tentative de renouvellement de la pensée po­litique française, Seuil, 1969.
  • (6) Pour Nietzsche, il faut aller au-delà de l'homme (moyen) ; cette quête, cette transgression de la moyenne, c'est le propre du “surhomme” et, partant, de ce que l'on pourrait appeler le “surhumanisme”. Dans les circuits néo-droitistes, chez Giorgio Locchi et Guillaume Faye, le terme “surhumanisme” a été utilisé dans ce sens, dans cette volonté de dégager l'homme de sa définition rationa­liste/illuministe trop étriquée eu égard à l'abondante diver­sité du réel.
  • (7) Kart Heinz Bohrer, Die Ästhetik des Schreckens : Die pessimistische Romantik und Ernst Jüngers Frühwerk, Ullstein, Frankfurt a.M., 1983 (2° éd.). Les linéaments de la PM se dessinent déjà, pour l’auteur, dans les visions littéraires de Jünger et dans son refus de l'anthropologie modeme/bourgeoise.
  • (8) Pour saisir toute la diversité de la PM architecturale, on se référera au livre de Charles Jencks, Die Postmo­derne : Der nette Klassizismus in Kunst und Architektur, Klett-Cotta, 1987. La version anglaise de cette ouvrage est parue simultanément : Post-Modernism, Academy Editions, London, 1987 (adresse : ACADEMY GROUP Ltd, 7/8 Holland Street, London W8 4NA).
  • (9) Pour comprendre l'importance de Thomas S. Kuhn sur le plan de l'épistémologie scientifique et de la probléma­tique qui nous intéresse ici, on se référera utilement aux explications que nous donne le philosophe Walter Falk dans 2 de ses livres : 1) Vom Strukturalismus zum Po­tentialismus : Ein Versuch zur Geschichts- und Literaturtheorie (Alber, Freiburg i.B., 1976, pp. 111 à 120 ; re­cension dans Vouloir, n°15/16, 1985) et 2) Die Ordnung in der Geschichte : Eine alternative Deutung des Fort­schritts (Burg Verlag, Sachsenheim, 1985 ; pp. 111 à 114).
  • (10) Outre les ouvrages de Feyerabend lui-même, on consultera Angelo Capecci, La scienza tra fede e anarchia : L'epistemologia di P. Feyerabend, La goliardica editrice, Roma, 1977.
  • (11) Pour Mohler, la Konservative Revolution fonde de nouvelles valeurs, qui transcendent les frayeurs et les dé­ceptions du nihilisme occidental ; l'Umschlag de la KR n'affronte plus la décadence avec une volonté de la stopper mais, au contraire, en accélérant au maximum ces ten­dances de façon à ce qu'elles puissent atteindre le plus ra­pidement possible leur phase terminale. La KR est en ce sens fondatrice de valeurs nouvelles, tout comme la pé­riode autour de – 500 l'était pour les Grecs selon Jaspers qui utilise, lui, le terme Achsenzeit, période axiale (cf. Karl Jaspers, Introduction à la philosophie, UGE/10-18, 1965 ; cf. aussi l'interprétation pertinente qu'en donne John Macquarrie, in Existentialism, Penguin, Harmondsworth, 1973).
  • (12) cf. Giorgio Locchi, L'Essenza del Fascismo : Un sag­gio e un intervista a cura di Marco Tarchi, Edizioni del Tridente, s.l., 1981.
  • (13) cf. Barbara Stolberg-Rilinger, Der Staat als Ma­schine : Zur politischen Metaphorik des absoluten Fürs­tenstaats, Duncker & Humblot, Berlin, 1986 (recension in Vouloir n°37-38-39, 1987).
  • (14) Cf. George Gusdorf, L'homme romantique, op. cit., pp. 243 à 245.
  • (15) Georges Gusdorf, lbid., pp. 159 à 173.
  • Pour davantage de précision quant à la personnalité de Ca­rus, lire : Ekkchard Meffert, Carl Gustav Carus, Sein Le­ben - seine Anschauung von der Ende, Verlag Freies Geistesleben, Stuttgart, 1986 ; Carl Gustav Carus, Zwölf Briefe über das Erdleben, Verlag Freies Geistesleben, Stuttgart, 1986.
  • (16) Friedrich Kaulbach, Sprachen der ewigen Wiederkunft : Die Denksituation des Philosophen Nietzsche und ihre Sprachstile, Königshausen & Neumann, Würzburg, 1985. À propos de ce livre, cf. R. Steuckers, « Regards nouveaux sur Nietzsche », in Orientations n°9, 1987.
  • (17) Reinhard Löw, Nietzsche, Sophist und Erzieher : Philosophische Untersuchungen zum systematischen Ort von Friedrich Nietzsches Denken, Acta Humaniora, Weinheim, 1984. À propos de ce livre, cf. R. Steuckers, art. cit. in nota (16).
  • (18) À propos du potentialisme de Foucault, cf. Walter Falk, Vom Strukruralismus zum..., op. cit. in nota (9), pp. 120 à 130 ; cf. aussi Walter Falk, Die Ordnung..., op. cit. in nota (9), pp. 114 à 116.
  • (19) Gilles Deleuze, Nietzsche, PUF, 1968.
  • (20) Helmut Pfotenhauer, Die Kunst als Physiologie : Nietzsches ästhetische Theorie und literarische Produk­tion, J.B. Metzlersche Verlagsbuchhandlung, Stuttgart, 1985. À propos de ce livre, cf. R. Steuckers, art. cit. in nota (16).
  • (21) Pierre Chassard, La philosophie de l'histoire dans la philosophie de Nietzsche, GRECE, Paris, 1975.
  • (22) cf. Marco Tarchi, « Dinamica della trasgressione : dal "Né destra né sinistra" all "Se destra e sinistra" », in Trasgressioni n°1, 1986.

mardi, 15 mars 2011

Die Welt spendet Beifall, während die CIA Libyen ins Chaos stürzt

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Ex: http://helmutmueller.wordpress.com/

AbundantHope Deutschland hat einen ungewöhnlichen Beitrag aus Amerika über Libyen ins Netz gestellt, der es in sich hat. Ich finde ihn so interessant, daß ich ihn den Besuchern meines Blogs nicht vorenthalten möchte. Ich bringe ihn unkommentiert (und nicht korrigiert) und überlasse es jeden einzelnen Besucher, sich ein Bild zu machen.

 

Die Welt spendet Beifall, während die CIA Libyen ins Chaos stürzt.

Von David Rothscum   (Übersetzung Bernd)

Wie erging es Libyen unter der Herrschaft von Gadhafi? Wie schlecht ging es den Leuten? Wurden sie unterdrückt, so wie wir dies gewöhnlich als Tatsache annehmen? Schauen wir einen Augenblick auf die Tatsachen.

Bevor das Chaos ausbrach, hatte Libyen eine niedrigere Rate an Inhaftierten als die tschechische Republik. Sie rangierte auf Platz 61. Libyen hatte die niedrigste Kindersterblichkeit von ganz Afrika. Libyen hatte die höchste Lebenserwartung von ganz Afrika. Weniger als 5% der Bevölkerung waren unterernährt. Als Antwort auf die steigenden Nahrungsmittelpreise rund um die Welt, hatte die libysche Regierung alle Steuern auf Nahrungsmittel abgeschafft. Die Menschen in Libyen waren reich. Libyen hatte das höchste Brutto Inlandsprodukt beim Kaufkraftprodukt pro Kopf von ganz Afrika. Die Regierung trug Sorge, zu garantieren, dass jedermann im Land am Reichtum Teil hatte. Libyen hatte den höchsten menschlichen Entwicklungsindex aller Länder auf dem Kontinent. Der Reichtum wurde gleichmäßig verteilt. In Libyen lebte ein kleinerer Prozentsatz der Bevölkerung unterhalb der Armutsgrenze als in den Niederlanden.

Wie wurde Libyen so reich? Die Antwort ist Öl. Das Land hat eine Menge an Öl und erlaubt ausländischen Gesellschaften nicht, die Ressourcen zu stehlen, während die Bevölkerung verhungert, nicht wie Länder z. B. Nigeria, das im Wesentlichen von Shell geführt wird.

Wie jedes andere Land leidet Libyen unter einer Regierung mit korrupten Bürokraten, die versuchen, einen größeren Teil des Kuchens auf Kosten von allen anderen zu erhalten. Als Antwort darauf ordnete Gadhafi an, dass der Profit aus dem Ölgeschäft direkt an die Menschen verteilt werde, denn seiner Meinung nach ließ die Regierung die Bevölkerung im Stich. Jedoch ist Gadhafi nicht – so wie der Artikel behauptet – der Präsident Libyens. Tatsächlich hat er keine offizielle Position in der Regierung. Dies ist der große Fehler, den die Menschen machen. Sie behaupten, dass Gadhafi über Libyen herrscht, wo er doch tatsächlich dies nicht tut, seine Position ist mehr oder weniger repräsentativ. Er sollte mit einem Gründungsvater verglichen werden.

Der wahre Führer Libyens ist ein indirekt gewählter Premier Minister. Der  augenblickliche Premier Minister ist Baghdadi Mahmudi. Wenn man Gadhafi als Führer Libyens bezeichnet ist dies vergleichbar damit, Akihito als den Führer von Japan zu bezeichnen. Im Gegensatz zu dem was eure Medien darstellen, variieren die Meinungen in Libyen. Einige Leute unterstützen Gadhafi, wollen aber die Entfernung von Mahmudi. Andere wiederum wollen, dass beide entfernt werden.  Viele wollen einfach ihr Leben in Frieden leben. Jedoch werden Anstrengungen unternommen, den Anschein einer Volkserhebung gegen den vermuteten Führer Libyens, Gadhafi zu skizzieren, wobei dieser doch tatsächlich nur der Architekt von Libyens augenblicklichem politischen System ist, eine Mischung aus Pan Arabismus, Sozialismus und islamischer Regierung.

Videos von Pro Gadhafi Protesten verschwinden von Youtube während wir hier sprechen. Demonstrationen für Gadhafi und gegen Mahmudi sind von Youtube verschwunden. Demonstrationen für Gadhafi vor der libyschen Botschaft in London sind verschwunden. Youtube entfernt normalerweise jegliches Video das Blut zeigt, außer wenn es von Libyen kommt.

Offensichtlich werden die Zuschauer mehr durch Libyer traumatisiert, welche sich nicht auf die Seite derer schlagen, die auf die Straße gehen um Gadahfi zu entfernen , als durch zusammengeschlagene Körper.                                                                                                  Sind die Proteste in Libyen mit denen in Ägypten oder Tunesien zu vergleichen? Auf gar keinen Fall. Die Reaktion der Regierung ist gewalttätiger und offensichtlich wird von extremer Gewaltanwendung Gebrauch gemacht. Aber lasst uns doch einen Augenblick auf die Aktionen der Protestierenden schauen. Das Gebäude des Allgemeinen Volkskongresses, das Parlament von Libyen, wurde von den Protestierenden in Brand gesetzt. Dies ist vergleichbar mit der In Brand Setzung des Capitols der Vereinigten Staaten durch Protestierende. Denkt ihr, dass die Regierung der Vereinigten Staaten auch nur einen Augenblick untätig herumsitzen würde, wenn Protestierende das US Capitol in Brand stecken würden?

Die ausbrechenden Aufstände waren nicht die von weltlichen Jugendlichen, die Veränderungen wollen oder irgend etwas Ähnliches wie wir es in Ägypten oder Tunesien sahen. Eine Gruppe die sich selbst „Islamisches Emirat von Barka“ nennt – der frühere Name des Nord Westlichen Teils von Libyen – hat zahlreiche Geiseln genommen und zwei Polizisten getötet. Dies ist keine neue Entwicklung. Freitag, 18. Februar stahl diese Gruppe 70 Militär KfZ, nachdem sie einen Hafen angegriffen hatten und 4 Soldaten getötet hatten. Unglücklicherweise trat ein Oberst des Militärs dieser Gruppe bei und versorgte sie mit weiteren Waffen. Der Aufstand begann im östlichen Stadtteil von Bengasi. Der italienische Außenminister hat seine Furcht vor einem islamischen Emirat von Bengasi zum Ausdruck gebracht, das sich für unabhängig erklären könnte.

Also woher kommt dieser plötzliche Aufruhr? Die Antwort ist folgende: Die selben Gruppen die von den Vereinigten Staaten jahrzehntelang finanziell unterstütz wurden, sehen jetzt ihre Chance gekommen, Kontrolle über die Nation zu erlangen. Eine kürzlich in Libyen festgenommene Gruppe bestand aus Dutzenden von ausländischen Staatsangehörigen, die in zahlreiche Akte von Plünderung und Sabotage verwickelt waren. Die libysche Regierung konnte Verbindungen nach Israel nicht ausschließen. Großbritanien unterstützte eine Zelle von Al Kaida in Libyen finanziell für ein Attentat zur Ermordung von Gadhafi. Die hauptsächliche Oppositionsgruppe in Libyen ist augenblicklich die Nationale Front für die Errettung von Libyen. Diese Oppositionsgruppe wird von Saudi Arabien, der CIA und dem französischen Geheimdienst finanziell unterstützt. Diese Gruppe vereinigte sich selbst mit anderen Oppositionsgruppen , um zur Nationalen Konferenz für die Libysche Opposition zu werden. Gerade diese Organisation rief den „Tag der Wut“ aus, der Libyen am 17. Februar ins Chaos stürzte.

Sie tat dies in Bengasi, einer konservativen Stadt, die immer in Opposition zu Gadhafis Herrschaft stand. Es sollte noch angemerkt werden, dass die Nationale Front für die Errettung Libyens bestens bewaffnet ist. 1996 versuchte diese Gruppe eine Revolution im östlichen Teil Libyens zu entfachen. Sie benutzten die Libysche Nationale Armee, den bewaffneten Arm der NFSL, um diesen fehlgeschlagenen Aufstand zu beginnen. Warum stellen sich die Vereinigten Staaten so gegen Gadhafi? Er ist die hauptsächliche Bedrohung der amerikanischen Hegemonie in Afrika, weil er versuchte, den Kontinent gegen die Vereinigten Staaten zu vereinigen. Dieses Konzept wird die Vereinigten Staaten von Afrika genannt. Tatsächlich hat Gadhafi alle Arten von Ideen die  im Gegensatz zu den US Interessen stehen. Der Mann macht die Vereinigten Staaten verantwortlich für die Erschaffung von HIV, er behauptet, dass Israel hinter der Ermordung von Martin Luther King und von Präsident J.F. Kennedy steht. Er sagt, dass die Entführer des 11. September in den USA ausgebildet wurden. Er drängte auch die Libyer nach dem 11. September dazu, Blut für die Amerikaner zu spenden. Gadhafi ist auch der Letzte einer Generation gemäßigter Pan Arabischer sozialistischer Revolutionäre, die immer noch an der Macht sind, nachdem Nasser und Hussein ausgeschaltet wurden und Syrien sich mit dem Iran verbündet hat.

Die Vereinigten Staaten und Israel haben keinerlei Interesse an einer starken arabischen Welt. Tatsächlich scheint es das Wesentliche dieses Plans zu sein, Libyen durch Anarchie und Chaos auf die Knie zu zwingen. Ende 2010 stützte das Vereinigte Königreich die libysche Regierung immer noch durch lukrative Waffenverkäufe. Nichts garantiert die Zerstörung Libyens besser als ein blutiger Bürgerkrieg. Das Stammessystem ist immer noch stark in Libyen und erweist sich als nützlich, um einen solchen Krieg zu verwerten und zu erzeugen, da Libyen in der Geschichte in verschiedene Stammesgruppen aufgeteilt war. Dies ist auch der Grund, warum die libysche Regierung mit dem Import von Söldnern antwortet. Stammestreue geht vor Treue zur Regierung, besonders in Bengasi und somit hat die Zentralregierung keine Kontrolle mehr über den östlichen Teil des Landes. Die Alternative zu Söldnern ist ein Konflikt zwischen den verschiedenen ethnischen Gruppen.

Gadhafi  hat 41 Jahre lang versucht das Land homogener zu gestalten, aber Oppositionsgruppen, finanziell von äußeren Mächten unterstützt, werden wenig mehr als ein paar Tage benötigen, um das Land ins 19. Jahrhundert zurückzudrängen, wo diese Gegend von Europäern erobert und vereinigt wurde. Die Gewalt ist in der Tat extrem, aber jedermann scheint zu vergessen, dass diese Situation nicht die selbe ist wie in Tunesien oder Ägypten. Stammesverbindungen spielen eine größere Rolle und somit wird der Konflikt unglücklicherweise sehr viel blutiger werden.

Bitte erinnern Sie sich jederzeit daran, dass der gewalttätige libysche Bürgerkrieg, der sich jetzt entfaltet, nicht vergleichbar ist mit den Revolutionen, die man in Tunesien und Ägypten sah. Beide dieser Revolutionen schlossen friedliche Protestiere mit ein, die unter der Armut litten und gegen ihre korrupte Regierung waren. Das Chaos in Libyen besteht aus einer Mischung aus Stammeskonflikten, Konflikten über den Gewinn aus dem Öl ( da das meiste Öl sich im Osten des Landes befindet), radikalen Islamisten die in Opposition zu Gadhafis Regierungssystem stehen und äußerer Destabilisierung durch vom Westen finanzierte Exil Gruppen.                                                   

Gadhafi übernahm vor 41 Jahren die Kontrolle von einem kranken Monarchen der sich krankheitsbedingt auswärts aufhielt in einem unblutigen Staatsstreich. Seine Ideologie basiert auf der Vereinigung und er versuchte sein Land auf friedlichem Wege mit Syrien und Ägypten zu vereinigen. Es würde eines Wunders bedürfen, um die sich jetzt entfaltende Gewalt in eine stabile demokratische Regierung in Libyen münden zu lassen, mit voller Kontrolle über das gesamte Land. Das Land ist zwei Mal so groß wie Pakistan aber mit 6 Millionen Einwohnern. Endlose Wüsten trennen die Städte dieser Nation. Was wir uns auch immer wieder fragen sollten, ist, wie viele weitere Nationen werden in den kommenden Monaten in Stücke zerschlagen, bei denen die Welt Beifall klatscht?

Future Conservatism

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Future Conservatism

Brett STEVENS

Ex: http://counter-currents.com/

This article seemed to fly under the radar at first, just a few months after three European heads of state admitted multiculturalism is failing:

A Populus poll found that 48% of the population would consider supporting a new anti-immigration party committed to challenging Islamist extremism, and would support policies to make it statutory for all public buildings to fly the flag of St George or the union flag.

Anti-racism campaigners said the findings suggested Britain’s mainstream parties were losing touch with public opinion on issues of identity and race.

The poll suggests that the level of backing for a far-right party could equal or even outstrip that in countries such as France, the Netherlands and Austria. France’s National Front party hopes to secure 20% in the first round of the presidential vote next year. The Dutch anti-Islam party led by Geert Wilders attracted 15.5% of the vote in last year’s parliamentary elections. – The Guardian

Interestingly, this is the voters telling the conservative right what it needs to do in order to succeed. It should listen, because if you have a goal, the methods needed to accomplish that goal are negotiable, but the goal itself is not.

It would be a shame for the right to insist on methods, not goals, and thus repeat its past failures without achieving its possible future successes. Conservatism is an outlook and with that, an ideal which represents an ongoing goal, and we should be open to any method of achieving it.

Specifically:

  • End the violence. Citizens do not want to endorse any party whose primary method is fighting, or who looks to start wars. They are looking for diplomatic solutions within our legal system. This does not mean they oppose strong acts, like deportation or ending welfare, only that they fear the heavy hand that tends toward violence. The far right suffers for its support of shaven-headed young men who drink too much and listen to angry toneless music while beating up foreigners; in addition, these young men suffer from the same lifestyle. It can change and it should.
  • Have a comprehensive plan. We get it; nationalism means that each country is centered on one culture, one ethnic group and one values system. However, that concept is a starting point, not a solution. The ideas of the right regarding the environment, overpopulation, nuclear proliferation, education and other concepts need to be fleshed out in a direct form, or the only people it will attract are single-issue voters.
  • Affirm general rules; do not attack specific groups. We know that Muslim integration in Europe has failed. It has failed because diversity has always failed. We should stay focused on that idea: diversity doesn’t work. Whether the ingredients of that diversity are Muslims, Africans, Jews, Scientologists, Cylons or hypermilers is irrelevant. We also know liberalism fails. We don’t need to bash specific liberals.
  • Make your vision clear and clearly different. It’s one thing to say what you don’t like, and another to suggest what you do like. We live in ugly utilitarian cities wracked by dishonesty, crime and corruption. We have dedicated our lives to tolerance of individuals instead of finding values we share. We need a clear vision of what a society that has gotten beyond these problems looks like.
  • Be responsible. A number of far-right parties seem entrenched in the methods of old, and seem to run their finances like low-rent crime syndicates. You have to be kidding. If you want us to trust you with a nation, you need to be on the up-and-up all the way. No exceptions.

The media image of the far right is skinheads who like to hurt people, sadistic toothless rednecks, and investment bankers who grinningly endorse Social Darwinism. They profit from selling this fear — and that’s what it is, repackaged fear of inferiority — at the expense of the far right, who have not been able to effectively combat it. That needs to change.

It is also worth noting that conservative parties succeed when they tune their various parts according to a common note, which should be as literal as race, but an organic vision like unity of culture and purpose.

Modern society is *soft* in precisely this fashion – its rulers have lost the ability take tough decisions: to seek long term benefits when these come at the price the cost of short term costs to themselves.

The ultimate reason is, I believe, that humans can only make tough decisions when these are supported by *transcendental aims*, in the sense that humans do not want to forgo short term gratification in this world unless life is about something *more* than gratification – and where non-worldly realities (God, heaven, truth, beauty etc.) are seen as more real and more enduring than immediate gratification – and therefore more important. – Bruce Charlton’s Miscellany

He’s right: we need some transcendental unity here or we’ll lose sight of the big picture and focus on what is immediate, including the material, the personal and the convenient.

Whether that vision is old school religion, a new religious hybrid (most likely a Vedic-Christian hybrid like Scientology and the New Age religions) or a simple agreement on transcendence itself, as enumerated by some powerful thinkers, will be decided in the future. For now, let’s recognize we need something higher than the material to unite us.

The right was thrown into disarray by World War II, which led to it abandoning many of its core principles, to our mutual failing as European-derived civilizations. A kind of bitterness set in, by which conservatives adopted public “neoconservative” and “neoliberal” (same thing) views, but in private smirked with an I-told-you-so grimace. Conservatives no longer believed they could be heard, so they let the disaster unfold, getting ready for that moment of bittersweet victory.

That outlook, and the kind of defensive reactionary paranoia that begets street violence where none is needed, holds the right back. At this point, liberalism has failed; it had a century and change to fix our problems, and it made them exponentially worse. The only people who are endorsing liberalism these days are the hopeful social climbers who want to mask perceived low origins with what they hope are aristocratic opinions.

But for the right to succeed, however, it needs to return to its principles and goals — and move on from its failed methods.

Source: http://www.amerika.org/politics/future-conservatism/

lundi, 14 mars 2011

Die schwerwiegendsten Fehler der EU

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Betreff: [infokreis] „Agrippa“ über die EU

Lesenswerte Ausführungen des umtriebigen rechten Foren-Schreibers „Agrippa“ über die EU:

Regiomontanus hat geschrieben: Worin liegen für dich die schwerwiegendsten Fehler der EU? Und wie stellst du dir eine ideale Union der europäischen Völker vor?

Antwort von Agrippa:

Zuerst einmal basiert die EU auf nichts eigentlich Europäischem. Es gab in den 80ern und frühen 90ern die Anspielung auf Karl d. Großen und das fränkische Reich, eine an sich sinnvolle Überlegung, wenn man sich den Kern Europas heute ansieht.

Aber solche Versuche, an eine bestehende europäische Tradition wieder anzuschließen, wurden sofort von Linken und Juden v.a. zertrümmert und dann schrittweise und immer stärker durch eine Idee erstickt, die man in einem Satz zusammenfassen kann: ein vereintes Europa ohne Europäer und ohne europäische Werte, ein bloßes Instrument der Plutokratie und ein Katalysator für die Ausbreitung des Neoliberalismus in Europa und der Welt.

Meiner Ansicht nach sollte zuerst einmal wieder die Eingrenzung auf das erfolgen, was Europa eigentlich ist und wer wirklich Europäer ist.

Europäer sind die europäischen Europiden biologisch, Menschen die auf einer christlichen Kultur aufbauen und aufgeklärt sind, die zum Staat und zum Laizismus stehen, die, die Gemeinschaften und Traditionen Europas verbinden.

Zu diesem Begriff eines Europäers in Abstammung, Kultur, Mentalität und Gemeinschaft muß man wieder zurückfinden. Auch zu einer neuen Wertschätzung der eigenen Nation und der nationalen Traditionen.

Die EU dient als Instrument, die europäischen Interessen in der Welt zu vertreten und die progressiven, sinnvollen und notwendigen Entwicklungen weltweit in allen entscheidenden Bereichen voranzutreiben. Das ist der Zweck der EU, oder sollte es zumindest sein, nicht Abladeplatz für ungezählte Massen von Nichteuropäern, nicht bloßes Instrument des Globalkapitals und Struktur, die nur zur Umerziehung der Europäer im neoliberalen oder linksliberalen Sinne dient.

Gemeinsame:
- Wirtschafts- und Außenpolitik
- Gemeinsame Verteidigung
- soziale und ökologische Standards
- Finanzpolitik und Steuerharmonisierung
- Projekte und Richtlinien, um die Erhaltung und Höherentwicklung von Individuen, Kollektiv, Spezies und Ökosystem voranzutreiben
- Maßnahmen gegen Immigration von nicht-integrationsfähigen Außereuropäern
- Programme für die Erhaltung der Population, eugenische Programme, um der modernen Kontraselektion Einhalt zu gebieten
- Familien- und Gemeinschaftspolitik im Sinne der langfristigen Erhaltung und Höherentwicklung
- Außengrenzensicherung
- Schutzmaßnahmen für die europäischen Interessen


National:
- Zusammenschlüsse der wesentlichen ethnischen und kulturellen Großgruppen
- Erhaltung der eigenen Tradtionen und Pflege der Kultur
- keine wilde und forcierte Durchmischung in Europa, aber auch keine totale Abgrenzung der Nationen (individuelle Entscheidung)
- kollektivistische Erziehung im Sinne von Nation, Europa und Ökosystem
- Kontrollbehörden für die nationalen Wirtschaftskreisläufe und Betriebe.

Was ich ablehne ist:
- Familiendestruktion, männer- und kinderfeindliche Strukturen und Gesetze
- Radikale Emanzipation, Hyperfeminismus, falsche Verbreitung weiblicher Rollenbilder und Lebenskonzepte
- Wirtschaftsliberalismus, destruktive Tendenzen in den Aktienmärkten, Großspekulation und zu großen Einfluß von Wirtschaftskräften auf die Poltik
- Zerstörung der sozialen Netze, Sozialabbau, Entsolidarisierung
- Unterlaufen von ökologischen Standards und Zerstörung der Umwelt und Ressourcenverschwendung in Europa und Förderung von selbigem im Ausland
- Negierung und Verächtlichmachen der lokalen Gemeinschaften und Kulturen
- übertriebener Minoritätenschutz, v.a. von nichteuropäischen (Integration bis zur Assimilation oder Ausweisung) und anomalen Gruppen, keine Bevorzugung selbiger, keine Toleranzerziehung für Gruppen, die nicht als gesund und normal im Sinne der Gemeinschaft angesehen werden können (z.B. Homosexuelle)
- keine Zuwanderung von nicht integrationsfähigen oder -willigen Individuen, egal unter welchem Etikett sie versuchen, in Europa einzusickern.

In kleinen Zahlen können Spezialisten und besonders wertvolle Individuen anderer Gruppen falls benötigt eingelassen werden, Massenzuwanderung ist prinzipiell abzulehnen.
Falls in stärkerem Ausmaß Zuwanderer gebraucht würden nur nach einem strengen Ausleseverfahren von besonders nahe verwandten Gruppen und hochqualifizierte Individuen.

- kein Rückzug des Staates aus dem Wirtschaftsleben, Kontrolle der Wirtschaft im Sinne des Kollektivs, jedoch unter Beibehaltung der Spielregeln des Kapitalismus, einmischen nur dort wo erforderlich, aber deutlich und ohne Hemmung
- keine Förderung des Freihandels OHNE INTERNATIONALE STANDARDS!
- GATT revidieren, neu verhandeln und korrigieren.
- GATS zurückweisen
- selbständige von den USA gelöste Politik
- Umerziehung in den Medien, Erziehungs- und Bildungswesen, keine Erziehung zu Egoisten mit individualistischen Lebenskonzepten, keine fortgesetzte Vermittlung von Egalitätswahn und „deutscher oder europäischer Schuldkomplexe“.
- ein Ende falscher Lobbypolitik und ineffizienter wie korrupter Verwaltung in Brüssel
- keine Kopie der USA anstreben
- ein Ende der Verfolgung von national gesinnten und idealistischen Menschen unter dem Joch der Medien- und Meinungsdiktatur
- die Gleichmacherei - es muß der Unterschied zwischen den Menschen erkannt und benannt werden, es gibt eben physische und psychische Unterschiede, die Menschen sind weder gleich noch gleichwertig (damit meine ich jetzt nicht unbedingt irgendetwas in Bezug auf Rasse etc.)
Deshalb sollte auch das Bildungs- und Förderungssystem diesen Unterschieden Rechnung tragen und nicht versuchen, alle Menschen als „gleich“ darzustellen.
- keine Zerstörung traditioneller Moral und Förderung von freier Sexualität und Perversionen.
- keine Förderung destruktiver Kunst und Amoral in den Medien und am Kunstmarkt etc.

Da gäbe es noch viel, sehr viel ... all das fördert die EU und ihre Tentakel überall und zu jeder Zeit!
Solange die EU dies tut, ist sie ein Monstrum, eine Mißgeburt und ein Werkzeug der Plutokraten und Liberalen.

Entweder sie ändert sich oder muß um jeden Preis zersprengt werden.
Ansonsten wird es in 3 Generationen kein Europa, wie es einmal war, mehr geben, sondern nur ein fraktioniertes und degradiertes Albtraumland.

http://www.politik-forum.at/warum-ist-osterreich-immernoc...


Ce qu'il subsiste du rire dans notre hypermodernité

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Ce qu’il subsiste du rire dans notre hypermodernité

par Pierre LE VIGAN

L’humour n’est pas le rire. C’est parfois même son contraire. Explications. Nous avons complètement perdu le sens de l’humour. Celui-ci suppose de l’intelligence, de la fine connivence, et aussi de la distance.  Ces ingrédients de base sont soit perdus soit n’entrent plus en relation les uns avec les autres. L’humour est menacé par les agelastes (François Rabelais), à savoir « ceux qui ne savent pas rire », mais aussi et surtout il est menacé par le rire contemporain. Car ce rire « à tout bout de champ », ce ricanement plus qu’il n’est un rire est le rire du satisfait de lui-même. C’est le rire du gros contentement de soi.

L’humour a mis longtemps à s’imposer à coté du rire originel, celui de la bonne santé un peu vulgaire qui ricane devant la maladie. Nous assistons à ce retour du « gros rire » originel, il est évidement néo-originel donc plus vulgaire. Il porte la marque du néo-primitivisme contemporain. Et à nouveau, il éclipse l’humour avec ce que ce dernier comporte de distance mais aussi de sollicitude vis-à-vis de l’autre. L’humour est caustique, il n’est pas cruel. Le rire contemporain a beaucoup plus à voir avec le rire cruel de la cour de récréation qui se moque de l’handicapé, du mal habillé, du pauvre, de l’étranger qui s’exprime mal, etc.

La première modernité volontariste mais aussi relativiste, et « humaniste » au sens renaissant du terme, avait permis l’émergence de l’humour.  La seconde modernité, notre hyper-modernité nihiliste tue l’humour. Alain Finkielkraut remarque (entretien dans Le Spectacle du monde, septembre 2009) : « Si “ le rire est le propre de l’homme ’’, pas l’humour. Lui n’est le propre que de l’homme civilisé, ou de l’homme moderne, au sens noble du terme, celui qui met en doute ses propres certitudes. Car la modernité, c’est aussi cela. C’est certes Descartes affirmant sa prétention à la maîtrise, mais c’est aussi Cervantès découvrant la relativité des opinions humaines et la sagesse du principe d’incertitude. À cet égard, l’humour marque une rupture avec le rire originel, lequel n’est que l’expression effrayante de la suffisance barbare de l’homme en bonne santé face à l’homme disgracié, à l’homme différent, à l’homme malade. Nous assistons aujourd’hui, sous couleur de plaisanterie, à un retour à ce rire originel. C’est l’époque d’un réensauvagement du monde par le rire. Ou, pour le dire autrement, c’est une mensongère homonymie que d’évoquer l’humour à propos du rire contemporain. L’humour a disparu dans un gigantesque éclat de rire. Le bouffon du roi est devenu le roi. » Une nouvelle fois, Alain Finkielkraut nous aide à comprendre ce que nous percevons souvent déjà confusément, et il nous le révèle à nous même. Un travail de maïeutique.

Pierre Le Vigan


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dimanche, 13 mars 2011

Jean Fontenoy est Tintin à la Wehrmacht

Jean Fontenoy est Tintin à la Wehrmacht

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/

 

Du communisme au fascisme, de Shanghai à Berlin, Jean Fontenoy a vécu en aventurier. Gérard Guégan retrace le parcours de cet oublié des lettres françaises.

Jean Fontenoy, c'est Tintin qui aurait viré fasciste. Il commence comme petit reporter chez les Soviets puis en Chine - Hergé lui rend même hommage, dans Le Lotus bleu, en dessinant une fausse Une du Journal de Shanghai, que Fontenoy avait créé là-bas - et termine dans les pages de Bagatelles pour un massacre, ce brûlot de Louis-Ferdinand Céline que notre ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a dû "relire" pour s'aviser qu'il était affreusement antisémite. Ce grand écart dit tout de cet inconnu des lettres françaises que Gérard Guégan a eu la bonne idée de ressusciter dans une biographie attachante et documentée.

Jean Fontenoy (1899-1945) aura été un aventurier, dans tous les sens du terme. "Drogué, gangster intellectuel, deux fois suicidé", résumera cruellement Maurice Martin du Gard. Emergeant par miracle d'une famille qui tire le diable par la queue, son amour pour la révolution bolchevique - tendance Trotski-Maïakovski - le mène jusqu'à Moscou, où il sera le correspondant de l'ancêtre de l'AFP. Puis c'est Shanghai, où il finit conseiller de Tchang Kaï-chek et, hélas, opiomane invétéré - Le Lotus bleu, toujours... Il traverse ce début des années 1930 entre amitiés surréalistes, flirt avec la NRF (son ami de toujours sera Brice Parain, éminence grise de Gaston Gallimard), paquebots transatlantiques et jolies femmes - une mystérieuse danseuse roumaine, puis une intrépide aviatrice...

Soudain, en 1937, la bascule et l'adhésion au Parti populaire français de Jacques Doriot. Comme pour Céline et l'antisémitisme, difficile de déterminer avec certitude ce qui fait plonger Fontenoy du côté du fascisme. Officiellement, ce serait en réaction aux purges staliniennes : il prend sa carte au PPF le jour de la condamnation du maréchal Toukhatchevski. La réalité est plus contrastée, mélange diffus de haine des riches et d'amour pour le whisky, de hantise d'une impuissance sexuelle et d'échecs littéraires. Qui, aujourd'hui, serait capable de citer un seul livre de Fontenoy ? il y eut pourtant - notez le sens des titres - Shanghai secret, L'Ecole du renégat ou Frontière rouge, frontière d'enfer...

A partir de là, si l'on excepte quelques gestes d'héroïsme - en 1940, prêt à mourir pour Helsinki, il s'engage dans l'armée finlandaise et part combattre l'Armée rouge par - 40 °C -, il semble se complaire dans une certaine abjection. Le voilà qui parade en uniforme de la Wehrmacht au Café de Flore, en 1942 ; un peu plus tard, il demande au sinistre Darquier de Pellepoix de lui dénicher un appartement saisi à des juifs ; évidemment, on retrouve sa signature dans Je suis partout et Révolution nationale, qu'il dirigea même un temps. Il semble fait pour naviguer dans les eaux troubles de la collaboration, entre conjurations, subsides de l'ambassade du Reich et officines cagoulardes. "Fontenoy me touche par une espèce de pureté confuse", écrira pourtant Cocteau.

Ce "renégat" fait partie de ces personnalités foncièrement faibles qui se rassurent par des engagements forts. Ses derniers jours ressemblent à sa propre caricature : Oberleutnant de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme sur le front de l'Est, fuite à Sigmaringen ("La bronzette, terminé !" lui lance, ironique, Céline) et suicide effroyablement romanesque dans les ruines de Berlin, en avril 1945. Son corps ne sera jamais retrouvé.

Gérard Guégan, lui, a su retrouver l'esprit de ce second couteau des lettres, sorte de métaphore parfaite des errements intellectuels d'un demi-siècle. Certes, son Fontenoy ne reviendra plus aurait pu, peut-être, faire l'économie d'une centaine de pages sur près de 500. Après tout, l'auteur de Shanghai secret n'a eu ni la vie de Malraux ni l'oeuvre de Céline. Il n'empêche : avec ce livre, on peut dire que Fontenoy est revenu.

Jérôme DUPUIS
L'Express.fr, 25/02/2011


Gérard Guégan, Fontenoy ne reviendra plus, Ed. Stock, 2011.
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vendredi, 11 mars 2011

G. Adinolfi: "Het fascisme heeft de antwoorden op de huidige problemen"

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Gabriele Adinolfi: "Het fascisme heeft de antwoorden op de huidige problemen"

Gabriele Adinolfi is een van de meest prominente non-conformistische intellectuelen van Italië. Deze sterk door Julius Evola beïnvloede nationaal-revolutionaire militant heeft twintig jaar in gedwongen Franse ballingschap geleefd. Van zijn hand zijn twee opmerkelijke recente werken: Nos belles années de plomb (Onze mooie loden jaren) uit 2004 en Pensées Corsaires. Abécédaire de lutte et de victoire (Kapersgedachten. Het ABC van strijd en van overwinning) uit 2008. Hij staat méér dan ooit in het brandpunt van de strijd in Italië en heeft toegestemd om enkele vragen van ons te beantwoorden.

Rivarol: Allereerst, meneer Adinolfi, kunt u – die een zeer ervaren militant bent en talloze offers voor het fascistische ideaal hebt gebracht – ons vertellen hoe u de toekomst van Italië en die van zijn jeugd ziet?
Gabriele Adinolfi: Heel negatief. Italië is een vergrijzend land met het laagste geboortecijfer van de wereld; het heeft bijna geen industrie meer, een kleine landbouwsector en een zeer beperkte soevereiniteit. De enige elementen die Italië tegenwoordig van de ondergang redden, zijn de nationale energiemaatschappijen (in het bijzonder ENI), de wapenindustrie, de kleine ondernemingen en wat overblijft van het spaargeld van de families.
In de huidige globaliseringscontext geeft dat ons amper enkele jaren om te overleven als de feiten niet radicaal veranderen.

R: Welke rol kan het fascisme in de toekomst van Italië spelen?
GA: Het is een paradox. Het fascisme biedt nog steeds alle antwoorden op de huidige problemen. Men kan zeggen dat het het enige denk- en organisatiesysteem is dat de oplossingen voor de grote uitdagingen van onze tijd bezit. Maar het slaagt er nog steeds niet in om zich in de huidige omstandigheden te plaatsen. De Italianen die het echte fascisme in het dagelijkse leven gekend hebben, blijven het werk van Mussolini waarderen en er zelfs van houden: zij hebben van al zijn sociale, economische, ethische en culturele weldaden genoten. Dat is heel anders voor degenen die van het fascisme slechts de "zwarte legende" hebben gekend en die het, zoals de Fransen, nooit hebben meegemaakt (Vichy kwam voort uit even onverwachte als ongunstige omstandigheden en belichaamde in elk geval geen fascistisch project).
Die nostalgie groeit met de dag door de eenvoudige vergelijking van het Italië van Mussolini met eerst het antifascistische en daarna het post-fascistische Italië. Niettemin ontbreken alle objectieve voorwaarden voor de vestiging van een fascistisch geïnspireerde natiestaat, waardoor het fascisme zich in de huidige toestand niet zal kunnen aanbieden. Toch is het mogelijk om aan het fascisme een hele reeks oplossingen te ontlenen voor de problemen die ons overspoelen. Laten we zeggen dat, als een bepaald aantal voorwaarden is vervuld, we kunnen hopen op een gemengde formule in de Italiaanse toekomst: een soort peronisme op zijn Italiaans.

R: Waaruit bestaat uw activiteit vandaag?
GA: Ik analyseer, becommentarieer, stel voor, schrijf. Ik leid een internetkrant, geef lezingen, houd debatten met mensen van alle gezindten, neem met Soccorso Sociale (Sociale Hulp) deel aan concrete acties voor de rechten van de zwaksten. Ik coördineer een studiecentrum, Polaris, dat een driemaandelijks tijdschrift uitgeeft, dat al een reeks overzichtswerken heeft voortgebracht en dat openbare bijeenkomsten inricht met vertegenwoordigers van de cultuur en de lokale of internationale instellingen. Ik weiger ook nooit om in een meer militant kader deel te nemen aan de ethische vorming en de intellectuele vorming. Ik volg met bijzonder veel aandacht en betrokkenheid het Casa Pound. Ik verzorg ook internationale betrekkingen, steeds in de geest van de heropleving en de "culturele revolutie" alsook met zeer veel aandacht voor het ontkrachten van gemeenplaatsen uit het antifascistische discours, dat met zijn nefaste effect de geschiedschrijving en de ideologie van het post-fascistische tijdperk beïnvloedt.

R: Hoe beoordeelt u de rol van het Vaticaan en, in bredere zin, die van de Kerk in het Italiaanse leven?
GA: Al 17 eeuwen lang, afgezien van een korte onderbreking in Avignon, moet Italië samenleven met de Kerk, wat eerst de burgeroorlogen tussen Welfen en Ghibellijnen heeft voortgebracht, daarna lange tijd de eenwording van Italië heeft verhinderd en na 1945 heeft bijgedragen aan de internationalisering van de Italiaanse politiek. Vandaag heeft de katholieke godsdienst veel minder invloed op het dagelijkse leven, maar hij behoudt een zekere algemene macht zoals blijkt uit de absolute meerderheid die in het parlement de euthanasiewet heeft weggestemd. De conciliaire Kerk is vorig jaar ook een kruistocht begonnen tegen het restrictieve immigratiebeleid van de regering-Berlusconi.
Het Vaticaan steunt de immigratie om ideologische, maar ook om economische redenen. "Migrantes", een kerkelijke organisatie van "Caritas", stelt officieel dat de "vermenging van culturen een bron van rijkdom is" en besteedt de helft van het Italiaanse(!) belastinggeld dat voor het Vaticaan bestemd is aan immigratie. De krachtmeting tussen het Vaticaan en de Italiaanse regering, die in 2010 naar schatting 400.000 immigranten zou hebben tegengehouden, is uitgedraaid op een compromis waarbij Italië wordt verplicht om – begin 2011 – bijna 100 000 nieuwe immigranten binnen te laten. Het Vaticaan lijkt te hebben gewonnen, wat de ontscheping van vreemdelingen alleen nog zal vergemakkelijken.

adi1.jpgR: Heb je sterk het gevoel dat de Italiaanse fascistische dynamiek een marginaal verschijnsel in Europa is?
GA: Eerder dat het een zeer typisch en zeer Italiaans verschijnsel is. Wat de sociologische achtergronden van de beweging betreft en de ideologische impulsen die haar kenmerken, denk ik dat het West-Europa – en niet Europa – is dat zo sterk afwijkt van de Italiaanse dynamiek. De redenen zijn veelvuldig, maar de gebreken van de westerse nationalisten zijn niet onbelangrijk. Het moet worden gezegd dat de westerse nationalisten – politiek gemarginaliseerd als gevolg van ongelijke krachtverhoudingen – ook dikwijls de belichaming van de marginalisering zijn geweest door al de complexen van marginalen en mislukkelingen aan te nemen. Ze hebben hun politieke onmacht weggemoffeld achter het rookgordijn van de holle taal en de meest stompzinnige clichés. Dat alles verwijdert hen van de werkelijkheid en maakt van hen dikwijls de levende bevestiging van de antifascistische karikatuur van het “zwarte schaap”. Een zwart schaap [bête noire] dat voor de rest dikwijls méér dom [bête] dan zwart [noire] is... [woordspeling]

R: Wat is volgens u de belangrijkste bedreiging voor de Europese wereld?
GA: De Europese wereld zélf. De ouderdom van Europa, zijn geestelijke, psychologische en biologische doodsstrijd, zijn afnemende geboortecijfer gekoppeld aan de schuldcomplexen en aan de verafgoding van het burgerlijke concept van "verworven rechten", de afwezigheid van machtswil en veroveringszin – dat zijn de elementen die ons veroordelen. Vervolgens zijn er de verloochening van onze economische productie en onze gewapende landsverdediging, de afwijzing van de oorlogsgeest die ons veroordelen. Die effecten zijn ons gedeeltelijk opgedrongen door de overwinnaars van Europa, d.w.z. de multinationale reus die zijn gezag heeft gevestigd op een bondgenootschap tussen de financiële wereld en de georganiseerde misdaad (en die vandaag nog steeds New York als hoofdstad heeft en Washington als bijhuis). De rest – al de rest – zijn slechts de gevolgen daarvan. De massa-immigratie en het multiculturalisme komen ervandaan en worden er dikwijls door gevoed.
Wat men er ook van denke, we hoeven geen enkele oplossing te verwachten als we niet onze levensenergie terugvinden en afstand nemen van de overwinnaar van Europa. Degenen die denken dat onze problemen in de omgekeerde zin kunnen worden opgelost, d.w.z. van beneden naar boven, dwalen. Het idee om de immigratie tegen te gaan via een enge "religieuze oorlog" (die wordt gesteund door CNN, maar die noch het Vaticaan noch de meeste moslims bereid zijn te voeren) is een ware manipulatie.
Proberen om een "verdediging van het Westen" op de been te brengen, een Westen dat wel héél ruim wordt opgevat – gaande van Londen tot New York en van Washington tot Tel Aviv – is gewoonweg belachelijk.
Het volstaat te bekijken wie de islamitische drugsmaffiastaten in Europa (Bosnië en Kosovo) steunen: de VS en Israël; Al Qaeda hebben uitgevonden: de VS; en Hamas hebben gesteund om de Palestijnse eenheid te ondermijnen: Israël. Dan begrijpt men dat zij die hopen op een Amerikaanse (= WASP) en "joods-christelijke" (volgens een neologisme dat in zwang is) “herovering” op een verkeerd spoor zitten. Of beter nog: het helemaal verkeerd voorhebben. Overigens zitten ze op een dood spoor.

R: De marxisten hebben het fascisme dikwijls verweten zich niet tegen het kapitalisme te verzetten. Wat denkt u van een dergelijke bewering?
GA: Het is pure onwetendheid en/of propaganda. Het volstaat erop te wijzen dat het kapitalisme het fascisme de oorlog heeft verklaard en er een wereldoorlog tegen heeft gevoerd, terwijl het altijd wel gemene zaak heeft gemaakt met elke marxistisch geïnspireerde regering. Dat is de moeite van een debat niet waard.

R: Het experiment van Mussolini heeft geleid tot de totale verstaatsing van Italië (naar Jacobijns model). Wat denkt u daarvan? Welke rol zou u geven aan de staat?

GA: We moeten altijd de werkelijkheid van de propaganda onderscheiden. De Italiaanse staat was autoritair en overweldigend vóór Mussolini. De Duce heeft hem een totalitaire impuls gegeven, maar tegelijkertijd het initiatief en de vrijheid van de individuen, de families en het maatschappelijke middenveld bevordert. Ik zie geen andere formules om enerzijds een lotsgemeenschap aaneen te smeden en te versterken; en anderzijds alle vrijheid om te leven te waarborgen. Wat vandaag gebeurt, is het omgekeerde. De instellingen vernietigen de families en het maatschappelijke middenveld, leggen alles op: op cultureel, ideologisch, financieel, economisch, moreel en zelfs gastronomisch vlak. We leven in een beschaving die alles verbiedt, met rokersgetto's en een schuldgevoel voor vleeseters, alcoholdrinkers en rokkenjagers. Het is het Grote Chicago van de gangsters. Ik kan geen enkele rol aan de staat toekennen om de redenen die ik in het begin heb aangehaald: hij heeft geen enkel concreet gezag meer, noch op wetgevend, noch op economisch, noch – en het minst van al – op militair vlak.
Er is vóór alles een ethische, spirituele en biologische wedergeboorte nodig én voor een lange periode; terwijl we de nieuwe elites trachten te vormen, zal het nodig zijn om te strijden voor de vormen van autonomie die de verdere uitverkoop van de staat zullen kunnen verzachten. Zonder ooit te vergeten dat het uiteindelijke doel de wederopbouw van de staat is.

R: Hoe ziet u het Franse politieke en intellectuele leven van vandaag?
GA: Frankrijk is altijd een "poolster" op intellectueel vlak geweest. Toch heb ik de indruk dat het vandaag in een impasse zit. Het moet ook worden gezegd dat Frankrijk in tegenstelling tot Italië, dat al 66 jaar een kolonie is, decennialang een rol in de wereld heeft gespeeld. De snelle geopolitieke opgave van Frankrijk in Afrika; de geleidelijke, maar versnelde opgave van zijn beschaving, zelfs in eigen land – hoewel gecompenseerd met beursbelangen en aandelen in de meest duistere handels van Latijns-Amerika, iets waarvan Frankrijk voordien nooit had geprofiteerd – dat alles heeft de Fransen ineens van elk optimisme beroofd in het eerste decennium van deze eeuw. Al was het maar op economisch vlak.
Uit de cijfers blijkt dat, hoewel ze hogere lonen hebben, de Fransen veel meer hebben betaald dan wij, Italianen, voor de wereldwijde en door de financiële wereld ontketende economische crisis.
Anderzijds gaat de Franse cultuur erop achteruit, zelfs op de scholen in Frankrijk, waar de taal is verworden tot een vervangingsmiddel voor elke idioot en een zeldzaam en kostbaar goed is bij de min-45-jarigen. Buiten enkele Frans-kosmopolitische miljonairs heeft niemand redenen om enthousiast te zijn over de toestand waarin Frankrijk nu verkeert. En bij gebrek aan een cultuur en een filosofie – vakkundig ontmanteld door professoren met linkse psychopathieën – is het zelfs moeilijk om in de wereld van de kunst een uitweg voor de wanhoop te vinden. Noch vrolijk noch tragisch voelen de Fransen zich opgesloten in hun ellende. Een beetje zoals de Amerikanen die ze de laatste kwarteeuw zijn beginnen na te bootsen. En zoals de Amerikaanse burgers ondergaan, niet delen in de veroveringen van de oligarchieën die hen regeren, zo doen de Franse hetzelfde ten opzichte van hun heersers, die in de abstracties van een andere werkelijkheid leven. Om onszelf een toekomst te geven moeten we voorkomen dat dit proces van "zelfverlies" zich over heel Europa verspreidt. Daarom moeten we weten én willen. Want het is tegen de wil en de kennis dat de helse machine die de beschaving aan het vermorzelen is al haar middelen inzet. De uitdaging is groot, maar de wil kan des te groter zijn. En als de wil zich voedt met kennis is niets definitief gedaan. Niets.

Vraaggesprek afgenomen door Yann KERMADEC voor "Rivarol”.

Lees ook: Casapound, "de fascisten van het derde millennium" (Rivarol)

Il soldato di Jünger è l'uomo-massa in rivolta contro la massificazione, cioè contro se stesso

Il soldato di Jünger è l’uomo-massa in rivolta contro la massificazione, cioè contro se stesso

di Francesco Lamendola

Fonte: Arianna Editrice [scheda fonte]



È altamente significativo il fatto che un evento epocale e lacerante come la prima guerra mondiale abbia trovato, nell’ambito della letteratura, solo pochi scrittori capaci di penetrare l’essenza di ciò che essa aveva in se stessa di nuovo, di tragicamente nuovo, rispetto a tutte le guerre precedenti: vale a dire la massificazione e l’industrializzazione del massacro.
Fra i non molti che se ne resero conto, spicca il nome di Ernst Jünger, uno dei maggiori nella pleiade della cosiddetta “rivoluzione conservatrice” fiorita nei primi decenni del Novecento, che ha rappresentato tale carattere di novità in alcuni libri divenuti giustamente famosi, da «In Stahlgewittern», del 1920 («Nelle tempeste d’acciaio», Parma, Guanda, 1995), a  «Der Kampf als inneres», del 1922 (La lotta come esperienza interiore»); da «Sturm», del 1923 («Il tenente Sturm», Parma, Guanda, 2000), a «Das Waldchen 125», del 1925 («Boschetto 125. Una cronaca delle battaglie in trincea nel 1918», Parma, Guanda, 1999).
Da questi romanzi e saggi emerge con lucidità e prepotenza una nuova figura antropologica, quella del “soldato”, peraltro con caratteristiche radicalmente diverse da quelle “classiche”: più un pirata e un avventuriero, che un disciplinato esecutore di ordini superiori; più un anarca che un borghese, anzi, decisamente un anti-borghese, forgiato dal ferro e dal fuoco e darwinianamente sopravvissuto alle “tempeste d’acciaio” proprio per accendere la fiaccola della rivoluzione nella stagnante società del cosiddetto ordine costituito.
Jünger delinea questa nuova figura con l’entusiasmo e con la compartecipazione di chi ne ha fatto l‘esperienza diretta (fu ufficiale di complemento nelle trincee a partire dal 1915, dopo essersi arruolato romanticamente nella Legione Straniera francese) e, al tempo stesso, con il tono profetico che lo contraddistinguerà, poco dopo - negli anni del primo dopoguerra - quando sposterà le sue simpatie su di una nuova figura antropologica, quella dell’”operaio”; per poi approdare, definitivamente, a quella del “ribelle”, di colui che “passa al bosco” e rifiuta radicalmente le tranquille certezze del mondo borghese, per “vivere pericolosamente” in una sorta di guerra privata contro ogni tentativo di ingabbiarlo, di ammaestrarlo, di ammansirlo e, in ultima analisi, di manipolarlo.
Nemmeno Jünger, però, riesce a sottrarsi alle premesse irrazionalistiche, vitalistiche, confusamente nietzschiane, che fanno velo alla rigorosa imparzialità della sua analisi e finisce per caricare la figura del “soldato” di valenze romantiche, nel senso più ampio del termine, che poco o niente hanno a che fare con la realtà storica della prima guerra mondiale; e, soprattutto, per cercare una scorciatoia ideologica che gli consenta di sottrarre quella figura, a lui così cara, al destino della massificazione e della nullificazione della sua volontà individuale, per restituirle - ma, ahimé, solo in maniera astratta e velleitaria - quella capacità decisionale che contrassegna, per definizione, qualsiasi “eroe” letterario: categoria - quest’ultima - alla quale anche il “soldato” appartiene.
In altre parole, Jünger tenta di delineare la figura di un combattente che, slanciandosi contro le linee nemiche per “sfondarle” o “penetrarle” (psicanalisti freudiani, sbizzarritevi!), con una sorta di furore eroico che è anche, al tempo stesso, decisamente erotico, si fa protagonista di un vero e proprio surrogato dell’atto sessuale.
Sarebbe troppo semplice insistere sul velleitarismo, nonché sulla natura eminentemente letteraria, nel senso di “straniante”, di un simile atteggiamento, che, come nel caso dei Futuristi, celebra la “bellezza” della lotta per se stessa e finisce per cadere in un eccesso di estetismo, vagamente spruzzato di superomismo e, naturalmente, del più crudo darwinismo.
Più interessante, invece, della chiave di lettura psicologica e più fruttuosa come ipotesi di lavoro, ci sembra essere quella specificamente ideologica: non potendo sottrarsi ad una spietata quanto cieca gerarchia,  che lo afferra e lo scaraventa in un sanguinoso, delirante bagno di anonimità, il “soldato” jüngheriano si prende la sua rivincita individualistica, facendo proprio quel modello gerarchico e quella impersonalità tecnologica, ma vivendoli, con orgoglio, dall’interno, illudendosi così di mutare i termini della propria condizione di totale impotenza decisionale e di radicale e assoluta sottomissione ad un tale apparato anonimo e distruttivo.
Eric J. Leed, nel suo pregevole studio «Terra di nessuno. Esperienza bellica e identità personale nella prima guerra mondiale» (titolo originale: «No Man’s Land. Combat and Identity in World War I», Cambridge University Press, 1979; traduzione italiana di Rinaldo Falcioni, Bologna, Il Mulino, 1985, 2004 pp. 200-212 passim), ha colto nel segno, a nostro avviso, allorché ha evidenziato il carattere illusorio e, al tempo stesso, auto-consolatorio, della identificazione jüngheriana fra il “soldato” e la guerra:

«Man mano che gli uomini esperivano la guerra come estraniazione dal proprio “agire”, come perdita di controllo, come svilimento delle loro potenzialità, la loro autonomia smarrita e le loro energie represse furono investite in un’astrazione: “la Guerra”, il meccanismo autonomo di macello. Ma alcuni combattenti, e in prima file Ernst Jünger, non poterono rassegnarsi allo statuto di individui qualsiasi, sofferenti passivi dello strapotere del materiale. Essi tentarono dunque di recuperare la loro potenza perduta tramite un’identificazione proprio con quel meccanismo autonomo della “Guerra” che tiranneggiava le “masse”. Nel caso di Jünger» l’identificazione personale con la tecnologia autonoma divenne fonte di potere e autorità personali; tramite questa identificazione egli fu in grado di acquisire lo statuto di esecutore di un potere sovrapersonale, un potere che concedeva a coloro che si identificavano in esso una rinnovata, anche se “amorale”, capacità d’azione. È in quest’ottica che bisogna leggere l’affermazione di Jünger secondo cui la prima guerra mondiale produsse una nuova “Gestalt”, un “uomo tecnologico” che era tanto “duro”, “insensibile”, e “imperturbabile” quanto la stessa macchina da guerra.
In base a queste identificazioni la guerra in generale, e in particolare l’immagine della guerra come realtà industriale, “tecnologica”, acquista sovente un profondo significato soggettivo. Nei libri di guerra di Jünger è evidente che la “macchina” assomma tutte le altre caratteristiche della figura d’”autorità” in grado d’impartire sofferenze e punizioni, rimanendo ad esse impermeabile – la figura del padre, lo stato, la divinità. La posizione politica post-bellica di Jünger, il suo “conservatorismo radicale”, trae le mosse da un’esperienza di guerra in cui egli apprese, una volta di più, che l’individuo non acquisisce la sua capacità di azione e la sua autonomia tramite la ribellione contro quelle figure, bensì tramite l’identificazione con esse. […]
Per Jünger la guerra fu un’esperienza che liberò i figli della borghesia dalle loro origini sociali, rivoltandoli contro i loro genitori borghesi. […]
Al pari di tutti gli altri, Jünger esperì la guerra autentica come umiliazione, come tremenda rassegnazione; il nemico era scomparso dietro una maschera macchinica che impediva ogni confronto od osservazione. I successivi anni di guerra avrebbero solo intensificato le contraddizioni implicite in questa esperienza iniziale: la guerra non era la prova delle capacità e delle volontà individuali, bensì la soppressione di ogni valore connesso all’individuo. […]
Qui l’offensiva è l’atto che risolve tutte le inibizioni: essa permette a coloro che marciscono nelle trincee e nelle buche di granata di comportarsi finalmente come pirati e tagliaborse svincolati da ogni morale o coscienza.  L’immagine di violenza sistematica nei confronti di un paese pingue e pacifico in compagnia di altri “armati di tutto punto” è necessariamente legata allo strapotere inibitore del fuoco d’artiglieria, al sistema di trincea, alle condizioni di immobilismo della guerra: sono proprio queste realtà, queste condizioni che creano le condizioni immaginarie dello straripamento di una feroce soldatesca in territori vergini. […]
Nei primi lavori di Jünger si può chiaramente cogliere - nell’idea dell’assalto di tipo militare e sociale - la sovrapposizione fra mondo sociale e mondo militare. È evidente che l’esperienza di guerra non è, almeno non a livello mentale, un’esperienza discreta, creatrice di nuove strategie psichiche; piuttosto, con i materiali dell’esperienza di guerra, Jünger semplifica e intensifica un tipo di conflitto  psichico prettamente tradizionale. Da un lato stanno tutte le realtà restrittive e inibitorie - la tecnologia, la borghesia, la figura del padre - che servono a proteggere e a difendere un territorio amico e pacifico; dall’altro stanno le creazioni della realtà e della fantasia - il pirata predone, le truppe d’assalto, gli assassini segreti della coscienza borghese, giovani che erano a un tempo “costretti a sacrificare se stessi” e armati “dei massimi strumenti di potenza”. […]
In tutti questi frangenti, il personaggio del soldato è contrassegnato da un’elevata tensione ormai abituale: in termini patologici, questo carattere è basato su di una stasi, un equilibrio teso, che fomenta in continuazione fantasie di scarica, di liberazione. Qualora si voglia ricostruire il percorso che nell’opera di Jünger lega l’esperienza di guerra ad un’ideologia del tutto ambivalente, che combina totalitarismo e rivoluzione, si deve partire dalla situazione di fatto esistente della guerra di trincea. Proprio da questa situazione in cui le scariche pulsionali e la mobilità dei singoli combattenti erano inibite dalla tecnologia, risultò una mostruosa stasi fisica; ma nel particolare caso di Jünger, questa stasi assunse il carattere di una fissazione sulla tecnologia, approdando quest’ultima allo statuto di genitrice di una generazione intera.»

Se, dunque, la guerra moderna rappresenta l’estremo punto d’arrivo, da un lato, della industrializzazione, della gerarchizzazione e dell’anonimato dei modelli sociali e, dall’altro, della loro mistificazione ideologica (perché solo così si potrebbe ottenere il consenso nei confronti di una macchina di distruzione di tale apocalittico orrore), Jünger ha visto giusto nell’individuarne i legami di contiguità, logica e produttiva, con i meccanismi economici, sociali e politici che caratterizzano la modernità in quanto tale, anche in tempo di “pace”: che altro non è se non la tregua in attesa del riaccendersi d’un conflitto permanente.
Lo provano, fra l’altro, le evidenti analogie, riscontrate già nelle retrovie dei campi di battaglia, fra le nevrosi caratteristiche della società in tempo di pace e quelle che insorgevano nei soldati alle prese con l’esperienza diretta della guerra: nevrosi da gas, nevrosi da trincea, nevrosi da bombardamento e via di seguito.
Perfino la loro ripartizione per classi sociali riproduceva fedelmente la “distribuzione” del disagio mentale in tempo di pace: gli attacchi di ansia generalizzata, infatti, erano più diffusi tra gli ufficiali, provenienti dalle classi superiori; mentre le nevrosi “specifiche”, ad esempio quelle da gas (dopo che ebbe inizio la guerra chimica con l’attacco tedesco ad Ypres, in Belgio, nel 1915, mediante un aggressivo chimico passato alla storia, appunto, con il nome di “iprite”) erano più diffuse fra i soldati di truppa, provenienti dal proletariato.
Non aveva visto giusto, invece, Jünger - a nostro avviso - allorché confondeva lo slancio aggressivo del “soldato” con una forma di affermazione dell’individuo, addirittura dell’individuo eccezionale (al punto da teorizzare che la tattica della cosiddetta “difesa elastica”, adottata dallo Stato Maggiore dell’esercito per limitare il numero delle perdite e per facilitare l’azione manovrata di contrattacco sui fianchi, era contraria allo spirito del soldato, secondo lui naturalmente offensivo), perché non sapeva o non voleva riconoscere il carattere coercitivo della macchina militare da cui il singolo soldato totalmente dipendeva, ridotto in condizioni d’irrimediabile eteronomia.
Perciò la rivolta del “soldato” contro la massificazione era, in fondo, l’inconscia rivolta dell’uomo massificato contro se stesso: contro quella proiezione illusoria di se stesso che vestiva l’uniforme di un altro colore ed era perciò identificata con il “nemico”.
Non seppe o non volle vedere che il soldato, in una guerra moderna, cioè totale, è null’altro che un ingranaggio, anonimo e perciò sostituibile a volontà, della macchina-esercito; così come non saprà o non vorrà vedere che l’operaio, nella società moderna, altro non è che un ingranaggio, altrettanto anonimo e intercambiabile, della macchina-industria.
Molto più lucido e molto più coerente con le sue premesse individualistiche, conservatrici e tuttavia, o proprio per questo, irriducibilmente antiborghesi, è stato, secondo noi, l’ultimo Jünger, quello del Waldgänger, ossia dell’anarca che “passa al bosco” (una rivisitazione, in fondo, del “masnadiere” di schilleriana memoria) e riesce così, pur dovendo vivere nell’era dei Titani, a difendere almeno l’essenziale della propria individualità, del proprio spirito critico, della propria volontà di non sottomettersi ad un sistema omologante, che tutto abbraccia e che tutto livella con l’inesorabile efficienza produttiva della Tecnica.


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jeudi, 10 mars 2011

Una juventud a la intemperie= Ramira Ledesma Ramos y las juventudes

Una juventud a la intemperie: Ramira Ledesma Ramos y las juventudes

Ex: http://antecedentes.wordpress.com/

[Artículo del historiador Erik Norling publicado en el número 2 de la revista Tyr, en 2003]

ramiroledesma_007.jpgSon tiempos estos los que corren donde el heroísmo y la entrega, sacrificando para ello su vida si fuera preciso, es considerado un acto de idealismo estúpido; época la nuestra en que la Juventud, en mayúscula, ha dejado de tener sentido para convertirse en una mera comparsa de la sociedad de consumo. Parece que esta edad es más una técnica de mercado. El desánimo cunde entre las filas de aquellos que aún ven, nadie cree que exista el menor resquicio por donde destruir esta desidia colectiva. Muchos se resguardan en la nostalgia y en los recuerdos de años pasados, incluso los más jóvenes que no lo vivimos nos aislamos y preferimos las glorias del pasado a la dura lucha del día a día por rescatarlo. Es más fácil.

Sin embargo no debemos olvidar que esta situación anímica no es nueva. Las mismas quejas e idéntica desolación se podía percibir en la juventud que después encarnaría la mayor revolución de la Humanidad. La generación que debió acometer la difícil tarea de enarbolar la bandera del socialismo y el nacionalismo también salían de una etapa gris y superflua, donde nada parecía tener valor. Los años de la década de los 20 y 30 no eran muy distintos, en cuanto al ánimo de una generación, que a lo que nos encontramos hoy en día, a inicios del segundo milenio. También se quejaban de la imposibilidad de destruir el Sistema, de la omnipresencia de los lobbies mediáticos, de la presión policial, del desconcierto por el derrumbe de las ideologías (derechas, izquierdas), por el imperio de la pornografía, delincuencia y drogas. Nada parecía tener sentido.

Pero, sin que se pueda acertar describirlo, esta generación reaccionó, como siempre han hecho los pueblos europeos, a diferencia de otros pueblos, cuando llegan al límite. Esta fue la Generación del fascismo. Su lección no debe ser, habernos dado imágenes para el recuerdo, no debemos buscar en ellos héroes que virilmente visten una camisa militante, sino precisamente el haber demostrado que en unos momentos de absoluta postración existe la esperanza. El ciclo en esta ocasión podrá ser más o menos largo, pero no tardará en repetirse.

Misión de la Juventud

Nuevamente las Juventudes, con el mismo sentido que la utilizara el siempre recordado Ramiro Ledesma, deben reconocerse y hallar el sentido de su época. En su Discurso a las juventudes de España, uno de los textos políticos de mayor importancia escritos en España y Europa, el fundador de las J.O.N.-S. nos da las claves para iniciar esta senda, tortuosa y sacrificada. (1) Se trata de un ensayo publicado en 1935, cuando en Europa los fascismos se establecían y en España la II República caminaba hacia el fracaso que desembocaría en la tragedia de la contienda civil. (2) Ya anteriormente Ramiro había analizado en detalle el papel de las juventudes en la futura revolución nacionalsindicalista que propugnaba desde las páginas de su semanario “La Conquista del Estado” y el boletín de formación “JONS” pero será en esta obra cuando elabore un cuerpo doctrinal cuya actualidad, ya transcurridos siete décadas desde entonces, sorprende a los lectores que se acercan a este texto.

Convencido “firmemente que el mundo entero, y de modo singular Europa, atraviesa hoy una época de amplias y grandes transformaciones” Ramiro comienza señalando el objetivo de este trabajo y quiere “plantear a nuestras juventudes la necesidad de que conviertan asimismo la revolución en revolución nacional, liberadora del pueblo y de la Patria, [...] Que ello sea así, depende sólo de que las juventudes encuentren su camino, estén a la altura de él y lo recortan militarmente.” Para ello es imprescindible unificar los dos ideales que constituyen la base de cualquier revolución, “nacionalismo social y socialismo nacionalista”:

 

“He aquí esas dos palancas: una, la idea nacional, la Patria como empresa histórica y como garantía de existencia histórica de todos los españoles; otra, la idea social, la economía socialista, como garantía del pan y del bienestar económico de todo el pueblo.”

El Discurso se encuentra estructurado en tres partes, aparte de la introducción y el final cuya importancia es decisiva igualmente. En la primera, el Discurso propiamente dicho, ubica adecuadamente el problema. Señala con el dedo acusador los problemas ante los cuales se enfrentan los jóvenes de ese momento, muy parecidos a los que hoy tenemos, que se resumen en una “gran pirámide egipcia de fracasos” y donde “Ante ese panorama que hay a la vista, difícilmente encontrarán las juventudes un clavo donde asirse.” La reacción que exige Ramiro es la milicia. No en el sentido de glorificar el ejército o solicitar el amparo, como se hiciera en tantas ocasiones antes, a los generales para que dieran un golpe de Estado. No, todo lo contrario pues propone a la Juventud la formación de un espíritu revolucionario y militante, “Las Juventudes de España se encuentran ahora ante este exigentísimo dilema: o militarizarse o perecer”, en el cuál se forme un ejército popular, compuesto por duros combatientes, las Juventudes, que sean capaces de lograr “la realización victoriosa de la revolución nacional”.

 

Una moral de combate, pero no la católica, advierte Ramiro y añade durísimas palabras que han sido en parte responsables del ostracismo de los jonsistas en el franquismo, “la confusión tradicional en torno a esto, explica gran parte de nuestra ruina”. Pletóricos de esta moral militante las Juventudes se lanzarán a la “nacionalización de las grandes masas españolas” y “de las primeras cosas por que hay que luchar es la de desarticular el orden económico vigente”, una idea que chocaba frontalmente con los que después asumirían las riendas de mandos del país durante los cuatro décadas de régimen supuestamente nacionalsindicalista.

Comienza la segunda parte del ensayo Ramiro con un análisis de su concepto de “Juventudes”, que aparece como elemento decisivo en la conformación del Mundo en las llamadas “épocas revolucionarias” como la que se vive, mientras que en las “épocas conservadoras” su papel es apenas percibido. Cuando se produce esta situación las Juventudes se transforman en “sujeto primordial de la historia” pues sólo los jóvenes son capaces de atreverse a entrar “en línea de combate”. No las ubica como un elemento nacional sino como una gran hermandad de lucha que sobrepasa las fronteras para unificar Europa.

Europa revolucionaria

 

Si hay una característica especial que se puede destacar en el pensamiento de Ramiro Ledesma es, precisamente, su carácter moderno y europeísta, superando los estrechos límites del nacionalismo españolista. Ciertamente reclama los “valores hispánicos” pero únicamente para retornar a Europa, la que abandonamos camino de nuestra decadencia interpreta, para recuperar nuestra gloria y papel como pueblo revolucionario.

Señala que la importancia de las Juventudes no es algo español, sino que forma parte de “la etapa final de las realizaciones revolucionarias” que encabezan el fascismo, el comunismo y el nacionalsocialismo. Lleva a cabo un profundo análisis de la crisis político-social que sufre el continente, que atribuye al cansancio de la burguesía como clase rectora que debe dejar paso a las Juventudes, para dedicar un extenso comentario a cada una de las revoluciones nacionales del momento. No puede sustraerse, como otros tantos nacional-revolucionarios de la época, de la atracción que ejerció la Rusia de Stalin, pero le recrimina haberse dejado llevar por las aspiraciones internacionalistas, abandonando el carácter nacional de la misma. Ello habría provocado que el comunismo sea ya una doctrina fallida.

Distinta visión tiene del fascismo italiano. Mussolini es un “caudillo moderno” con “mística revolucionaria”. Critica a los que creen que el fascismo es una defensa de los viejos intereses de la derecha, tal y como algunos fascistizados españoles creían, “esa interpretación del fascismo es absolutamente errónea”, pues ante todo “consistía en la ascensión de los trabajadores, en su elevación a columna fundamental del Estado nuevo.”

 

En cambio Ramiro, que se niega a ver el nacionalsocialismo como un plagio del fascismo italiano exigiendo “despojarlo de las calificaciones fascistas” para definirlo mejor como un “racismo socialista”. Reconoce que la revolución nacionalsocialista es admirable, pero le recrimina que únicamente esté dirigida a los alemanes y advierte del peligro de derechización de Hitler, pues cuando Ramiro escribe se están produciendo las jornadas de la “Noche de los Cuchillos Largos”, cuando fue eliminada la ala izquierdista del Partido (3). Los jonsistas sintieron simpatía por los sectores más revolucionarios del nacionalsocialismo y su eliminación, provocó no pocas dudas a Ramiro:

“¿Hasta que punto se realizará la revolución nacional alemana y qué destino le espera? Las jornadas de castigo de junio de 1934 demostraron su enorme capacidad patética y dramática. En ellas murió Strasser, el nacional-socialista más identificado con los intereses verdaderos de las grandes masas populares, y en ellas hizo su aparición por primera vez ante las juventudes el espectro de la desilusión y el desaliento.”

Epílogo

 

Durísimas palabras las que nos ofrendó Ramiro Ledesma, y proféticas. Desgraciadamente los acontecimientos posteriores, en especial la escasa influencia del jonsismo en la España del general Franco, supuso el olvido y el ostracismo de su pensamiento. Pocos fueron los jonsistas que se atrevieron a reivindicar las ideas de un hombre que exigía una revolución social y nacional frente a los que únicamente se quedaban con lo segundo, y para quienes lo primero era sospechoso de subversivo. Ahora, tras el paso de los años, Ramiro sigue vivo, sus propuestas son tan válidas como entonces, y nuevamente puede servir de luz que ilumina en las tinieblas, tal y como hiciera entonces.

No podemos, para acabar este breve repaso de uno de los textos más importantes de doctrina nacional-revolucionaria, no recordar las palabras del final del Discurso, en las que Ramiro invoca a las Juventudes a iniciar el camino que ha marcado. Y su Generación así lo hizo, él mismo caería acribillado por las del enemigo, enfrentándose a los enemigos de Europa, ¿pero seremos los jóvenes del siglo XXI capaces? o acaso la triste profecía se cumplirá:

“Este momento solemne de España en que se ventilarán sus destinos quizá para más de cien años, coincide con la época y el momento de vuestra vida en que sois jóvenes, vigorosos y temibles.

¿Podrá ocurrir que la Patria y el pueblo queden desamparados, y que no ocupen sus puestos los liberadores, los patriotas, los revolucionarios?

¿Podrá ocurrir que dentro de cuarenta o cincuenta años, estos españoles, que hoy son jóvenes y entonces serán ya ancianos, contemplen a distancia, con angustia y tristeza, cómo fue desaprovechada, cómo resultó fallida la gran coyuntura de este momento, y por ello por su cobardía, por su deserción, por su debilidad?”

En esta encrucijada nos encontramos hoy nuevamente, ¿seremos cobardes y desertores?, o ¿responderemos a la llamada de la misión histórica que nos ha correspondido? De esta Juventud depende, no sólo cómo seremos rememorados en el futuro, sino el destino mismo de Europa.

Notas:

(1) La primera edición aparece en 1935, Madrid, Ediciones La Conquista del Estado. Durante el primer franquismo, con un prólogo/epílogo de su camarada Santiago Montero Díaz, se reedita en varias ocasiones entre 1938 y 1942. La edición más fácil de localizar hoy en día es la de la familia de Ramiro Ledesma, Madrid, 1981, aunque las ediciones de la posguerra son igualmente habituales en las librerías anticuarias.

(2) N.d.R.: Aconsejamos a los lectores que deseen iniciarse en la vida y obra de Ramiro Ledesma el trabajo de Erik Norling “Las JONS revolucionarias”, Barcelona, Ediciones Nueva República, 2002.

(3) El verano de 1934 se depuró a un gran número de dirigentes y cuadros del partido que se oponían a las consignas de colaboración con las derechas económicas que propugnaba el equipo de Hitler. En su mayoría se trataban de aquellos que manifestaban una posición más revolucionaria y anticapitalista. La “Noche de los Cuchillos Largos” fue el sobrenombre que la propaganda antinazi aplicó a la noche en que la mayoría fueron detenidos súbitamente y muchos ejecutados por haber conspirado.

Man's Devolution Across Cycles: Radical Traditionalism on Anthropogenesis

Man’s Devolution Across Cycles:
Radical Traditionalism on Anthropogenesis

Michael Bell

Ex: http://www.counter-currents.com/

Sonnenrad.jpgConcerning the genesis of modern humanity, there are two primary theories that receive credence in anthropological circles. One is the “Out of Africa” hypothesis, which argues that today’s humans are the evolved descendants of a primitive race of hominids that, 70,000 years ago, departed its homeland in Africa and spread across the globe. Upon entering Asia and Europe, these archaic humans displaced the indigenous Neanderthals through violent conflict and higher birthrates. They then adapted to their environments and gradually morphed into today’s human races through a process called localized evolution.

The other theory is “Divergent Evolution,” which posits that the various races of mankind were spawned out of continuous admixtures between the different proto-humans (Homo-erectus, Cro-Magnon, Neanderthal, etc.) many millennia ago. The countless hybrid amalgams then underwent localized evolution like the single ancestor of the “Out of Africa” process.

While these hypotheses are considered to be at loggerheads, they are united by one key concept: the idea of progress. While each gives a different origin to mankind, both proceed from the assumption that as time goes on, mankind has become better. Although evolutionary theory does not imply that superior adaptations are also superior in terms of intelligence or beauty, this notion is particularly hard to shake with regard to human evolution.

Radical Traditionalism rejects the modernist assumption of progressive human evolution, regarding it as the exact opposite of how the universe functions. For Traditionalism, all things begin at their zenith and gradually degenerate, through a series of stages, into mere shadows of their former glory, a pattern no less true of human beings. The purpose of this essay is to explain how this rule has applied to mankind, who has not risen to mastery of the world from the lowly origins of some apelike ancestor, but rather has fallen from godhood into his current, all-too-human condition.

To do so, it will first be necessary to describe the Radical Traditionalist understanding of history. Like all tenets of Traditionalism, this conception of history is held to be a revealed truth passed down through a chain of initiation. What recommends the Traditionalist outlook to the non-initiate is its coherence and explanatory power. In the following essay, I show that Traditionalism explains archaeological and historical records and harmonizes with ancient myths as well. The modern empiricist will likely disregard such myths as the fancies of primitive imaginations, but that begs the question, for it is just another version of the progress thesis that Traditionalism rejects.

Cyclical History

Radical Traditionalism shares the same view of human history as our ancient forerunners from nearly every corner of the globe. As opposed to the linear model of history—whether ruled by an overriding purpose of by mere chance—the ancients accepted a cyclical model. This is evident in the texts of virtually every civilized race. The Hindus traced man’s descent across four ages or yugas, from the age of Truth (Satya Yuga) to the Dark Age (Kali Yuga), with the series comprising a single Great Age (Mahayuga). The Hellenic Hesiod, in his Works and Days, described the procession from a Golden Age to Silver, Bronze, and Iron Ages, which corresponds to the Persian rendition of the cycles. The Old Testament reveals that the Semitic peoples also shared this cyclical understanding. In a dream experienced by the Chaldean king Nebuchadnezzar, there stood a statue with a head made of gold, a chest and arms of silver, thighs of bronze, and legs and feet made of iron and clay, all of which eventually crumbled upon being struck by a stone.[1] The list can go on, with discussions of peoples from the Aztecs to the Japanese, but the examples provided are sufficient to reveal the universality of this cyclical concept.

The ancients also agreed that with each successive age, man becomes more and more distant from a primordial state of perfection. In the Golden Age, man lived in harmony with divine beings and according to absolute, transcendent principles that brought happiness, wholeness, and near immortality to individuals while it brought order and prosperity to collective life. With the ushering in of the Silver Age came a fall from this state of grace and the establishment of an imperfect existence, where those old principles were abandoned, the gods lost much of their divine nature, and man took a step away from cosmic harmony toward chaos. For the purposes of this essay, we shall elaborate on the Golden and Silver Ages, for it was in these prehistoric periods that humanity underwent processes that bestowed our multitude of contemporary mental and physical forms upon us.

The Atlantean Silver Age

The Golden Age was a period of perfection on all levels. Human life was directly guided by the gods themselves and therefore orderly, plentiful, and enjoyable. Though the Golden Age was long ago and its location long since lost, its memory is kept alive by the mythical traditions of nearly every people on the planet. Hesiod, writing in the eighth century B.C., describes this “Age of Gold” thusly:

Men spent a Life like Gods in Saturn’s Reign,
Nor felt their Mind a Care, nor Body Pain;

The fields, as yet untill’d, their Fruits afford,
And fill a sumptuous, and enevy’d, Board.
From Labour free they all Delights enjoy,
Nor could the Ills of Time and Peace destroy;
They dy, or rather seem to dy, they seem
From hence transporting in a pleasing Dream.
Thus, crown’d with Happyness their ev’ry Day,
Serer, and joyful, pass’d their Lives away.[2]

Hesiod is one of few writers to directly mention the Golden Age and describe its qualities. Using his work as a reference point, however, the scholar can detect allusions to the same period in other ancient texts. For example, in Book 6 of the Mahabharata, the author discusses Mount Meru, “made of gold,” where the “measure of human life is 10,000 years” and “men are all of a golden complexion . . . [and] without sickness, without sorrow, and always cheerful.”[3] Outside the Aryan tradition, the Book of Lieh-Tzu (fourth century B.C.) describes what appear to be the inhabitants of the Golden Age:

All were equally untouched by the emotions of love and sympathy, of jealousy and fear. Water had no power to drown them, nor fire to burn; cuts and blows caused them neither injury nor pain, scratching or tickling could not make them itch. They bestrode the air as though treading on solid earth; they were cradled in space as though resting in a bed. Clouds and mist obstructed not their vision, thunder-peals could not stun their ears, physical beauty disturbed not their hearts, mountains and valleys hindered not their steps. They moved about like gods.[4]

Finally, we have in the Semitic memory the Garden of Eden, where man was first established on Earth at God’s decree. According to the Book of Genesis, those who dwelled there lived for nearly 1000 years in a blissful paradise.[5] The allusions to this pristine setting are numerous, from the Avestic recollection of a distant period in the Airyana Vaego, where man was under the aegis of the creator god Ahura Mazda himself, to the Buddhist remembrance of Shambhala, roughly translated “land of peace” or “tranquility.”

In tracing anthropogenesis, it is crucial to establish the physical location of this primordial paradise. Unfortunately, no material archaeological evidence lends any insight into this question. We are thus forced to rely solely on the mythological memories of our ancestors. Among the Greeks, this land “beyond the pole” where neither “pestilence nor wasting eld approach” the inhabitants was referred to as Hyperborea, meaning “beyond the north wind.”[6]

In his book Arctic Home in the Vedas, the Hindu nationalist and scholar Bal Gangadhar Tilak, writing in the early twentieth century, presents a vast array of clues from Vedic and Avestic literature to argue that the primordial paradise was located in the Arctic. Tilak explains that if one were stationed at the North Pole, the sky above would appear to be rotating around one “from left to right, somewhat like the motion of a hat or umbrella turned over one’s head.”[7] He also explains that one would see the sun continuously in the sky for roughly six months, followed by a period of dusk, night, and dawn of two months each. Thus for the Arctic inhabitant, a full year would appear to unfold as a single day.

With these astral phenomena in mind, Tilak proceeds to pinpoint allusions to them in the Aryan texts. For example, in the Mahabharata, Mount Meru is discussed in one passage as a place where the “sun and the moon go round from left to right every day and so do all the stars” and “The day and the night are together equal to a year to the residents of the place.”[8] He supports this with a selection from the post-Vedic Laws of Manu, which says “A year (human) is a day and a night of the Gods; thus are the two divided, the northern passage of the sun is the day and the southern the night.”[9] Tilak corroborates this evidence with clues from Persian tradition. From the Avesta we have reference to an “enclosure” in the Airyana Vaejo in which “the stars, the moon, and the sun are only once (a year) seen to rise and set, and a year seems only as a day.”[10]

The present conditions in the Arctic make it uninhabitable. According to Tilak, however, modern scientists have conceded that at one time in distant prehistory, perhaps in pre-Glacial times, the region was hospitable, fertile, and filled with life. Among these scientists is the geologist James Geikie, who in 1893 argued that “during the Inter-Glacial period the climate was characterized by clement winters and cool summers so that the tropical plants and animals, like elephants, rhinoceroses, and hippopotamuses, ranged over the whole of the Arctic region, and in spite of numerous fierce carnivora, the Paleolithic man had no unpleasant habitation there.”[11] Joscelyn Godwin confirms that such conditions were indeed possible when, as “numerous authorities” claim, “the earth was not tilted, but spun perfectly upright with . . . its axis perpendicular to the plane of its orbit around the sun,” which was the case in “primordial times.”[12]

Since the Arctic Golden Age took place many eons before recorded history, assessing its actual place in time is troublesome. Using Hindu calculations, Traditionalist René Guénon concluded that this Golden Age took place nearly 65,000 years ago.[13] We must prefer this number over Tilak’s hypothesized 12,000 years, as the latter would place the subsequent Silver Age far too near recorded history to be possible, especially considering that the fourth, Dark Age, “is said” to have begun only 6000 years ago.[14] In addition, it would be implausible to place man’s origins only 12,000 years ago, as the devolutionary processes that reduced him to his modern form could not have fully unfolded within that short span.

Eventually, the Arctic seat and its Golden Age met a catastrophic end for a number of reasons, both physical and metaphysical. In his magnum opus, Revolt Against the Modern World, Julius Evola argues that the Earth’s axis shifted positions slightly, ushering in a cataclysmic climate change.[15] As a result, the Polar Regions became inhospitable to most life forms. In ancient texts one finds numerous references to this tilting of the axis. The Taoist tradition recalls when the “pillar which connects Heaven and earth” was “snapped” (the axis is essentially an invisible pillar that unites the sky with Earth), explaining “why Heaven dips downwards to the north-west, so that sun, moon and stars travel towards that quarter.”[16] The Hebrew story of the crumbling of the Tower of Babel, which connected Heaven to Earth, is another example. The Avesta explains the onset of the climate change in a dialog between the creator god and his disciple, king Yima: “And Ahura Mazda spake unto Yima, saying: ‘O fair Yima, son of Vîvanghat! Upon the material world the fatal winters are going to fall, that shall bring the fierce, foul frost; upon the material world the fatal winters are going to fall, that shall make snow-flakes fall thick.”[17] As this event would have occurred tens of thousands of years ago, it likely coincides with the beginning of one of the various Ice Ages.

One more event, metaphysical in nature, is explained to us by the Old Testament. It tells of how the “sons of God” mated with the “daughters of man” and spawned a race of mighty giants, whose evil behavior, driven by the appetites of the flesh, made God unleash elemental forces against them.[18] These sons are likely parallels to the “celestial gods” who dwelled in Airyana Vaego, as well as the other gods and demigods that the ancient texts say lived in this primordial paradise. From the clues above, we can paint the following picture regarding the end of the Golden Age. Human beings lived harmoniously with divine beings in the Arctic paradise until the two entered sexual unions that produced powerful, semi-divine half-breeds. This action caused such a rupture in the cosmic balance of the universe that the Earth’s axis shifted, bringing on the Ice Age that turned the paradise into a cold wasteland.

Following the destruction of Airyana Vaego/Mount Meru/Eden/ Hyperborea, the semi-divine survivors were forced to migrate southwards. In their exodus they retained the memory of their Polar homeland, evinced by polar symbols such as the swastika (a bent cross revolving about a fixed point) and the axial World Tree, which traditionally links Midgard (Earth) with the realms above. Some settled in areas of North America and Northern Europe, but the majority regrouped in an Atlantic location to reconstitute their civilization.

If we are to make any conjectures about the race of our Hyperboreans, we must look to those people who carried with them the memory of the primordial home. By Hyperboreans, I mean the Arctic race of “men” who lived among the gods. Discerning the features of the latter is impossible, as they are not bound by the limitations of material existence; they could have been anthropomorphic, ethereal, or capable of alternating between the two. Our only clue is that they were “Golden,” which may be an allusion to vibrant blondness.[19]

In all of the civilizations discussed above, as well as in others, our concern would be with the upper castes, namely the priests and the military aristocracy, who preserved the memories of Hyperborea. Among the Aryan peoples of Europe, this task is simpler due to the abundance of physical evidence available, namely statues, frescoes, engravings, and physical remains. The ancestors of classical Greece and Rome, Germania, and Celtia, who brought with them the worship of Zeus, Saturn, Tuisto, and Dana, were evidently of a tall, robust, fair-haired, and fair-skinned Nordic stock. The fourth century A.D. physician, Adamantios, gives us a picture of the early Hellenes, claiming that “Wherever the Hellenic and Ionic race has been kept pure, we see proper tall men of fairly broad and straight build, neatly made, of fairly light skin and blond; the flesh is rather firm, the limbs straight, the extremities well made.”[20]

As we push further east, the evidence becomes less plentiful but nonetheless revealing. The Brahmins who carried to India the oldest extant accounts of the Golden Age in Mount Meru were of that same Nordic race. If one juxtaposes a modern Brahmin or Kshatriya with a member of the lower castes, it often appears that the former has something quite different “in his woodpile.” He would tend to be taller and fairer in complexion and occasionally possess blue or green eyes and, more rarely still, fair hair. Lower caste individuals generally tend to be shorter and darker, and although many have fine Caucasoid features, others display an Australoid phenotype. Kaiyata, writing in the second century B.C., affirms that White Brahmins once “flourished in a previous cycle of existence” but that their “descendants are rarely met with even now.”[21] The sixth century B.C. Kshatriya noble, Siddhartha Gautama (Buddha), is described in the Pali Canon as having abhi nila netto, or “very blue eyes,” a typical Nordic trait.

In the Far East, we have a non-Aryan milieu entirely. However, there is ample genetic evidence that tall, fair Whites roamed both Western[22] and Eastern[23] China long before the present-day Mongoloids. Taken with the racial description of the Buddha, we have enough to surmise a heavy influence upon China’s culture by Nordics or a stalwart white race akin to them. Since Buddhism influenced the development of Japanese religious culture, the same rule applies to Japan.

The list can go on, but we have already given sufficient proof that the bearers of the oldest and clearest recollections of Hyperborea were tall, fair, blue-eyed, and red or blonde-haired whites. It would thus be fair to conclude that the Hyperboreans, from whom they claim descent, were likely of a proto-Nordic race.

 

The Atlantean Silver Age

Hesiod’s poem continues with a discussion of a second age, “which the Celestials call the Silver years.”[24] In this period, man became subject to sickness and mortality. He no longer lived according to the absolute principles provided by his divine tutors during the Golden Age, and paid the gods themselves “no honors.”[25]

It is with the dawning of this era that the Arctic inhabitants, now a race mixed with divine and human elements, traveled as refugees from their destroyed Urheimat to a southern location somewhere in the Atlantic. There they founded the famed city of Atlantis in mimicry of their original homeland. After establishing themselves, they embarked on a colonizing campaign across the world, passing the “Pillars of Hercules” (the Straits of Gibraltar) and reaching deep into the Mediterranean Sea. There they established their hegemony, holding “sway . . . over the country within the Pillars as far as Egypt and Tyrrhenia.”[26] It is reasonable to assume that they also sent voyagers to the Americas, as Atlantis would have lain between them and Europe.

As this new civilization was built before recorded history, it is difficult to ascertain its precise chronology. Plato asserts that Atlantis crumbled 9000 years before his own time, while Guénon, relying once again on Vedic mathematics, says this occurred several thousand years earlier. This would, therefore, place its origins even further back. Regardless, our concern is the racial state of those dwelling within Atlantis.

The Boreal race inhabiting the Arctic was probably quite Nordic in appearance. When they mixed with the gods, however, they spawned “men of monstrous size” according to Hesiod, paralleling the Nephilim of the book of Genesis. Given that modern Nordics are some of the tallest humans, and that they themselves are merely degenerated descendants of something greater, the mythological testimony seems plausible. Thus, the Atlanteans sired from the union of gods and men were likely much taller than today’s tallest people and probably more muscular; they would have been frightfully imposing giants. Further credence is given to this idea by the fact that in Numbers, the Hebrews refer to the Anakim as “Nephilim” due to their immense stature, which made the Hebrews feel like “grasshoppers.”

These giants were not the norm, however. Plato speaks of them becoming “diluted too often and too much with the mortal admixture,” suggesting that unmixed Boreal humans also lived within Atlantean borders. This was also the cause of Atlantis’s inevitable downfall, much like that of Hyperborea. After several generations of unchecked miscegenation with their human subjects, the Atlantean giants forfeited their angelic constitution and “grew visibly debased, for they were losing the fairest of their precious gifts.”[27] When this happened, the cosmic balance was once again disrupted. Evidence from the myths, sometimes suggestive and other times affirmative, leads us to believe that a massive earthquake occurred, causing Atlantis, the seat of the Silver Age, to sink beneath the Atlantic. The Mesopotamian story of the deluge that submerged the first cult-centers, linked to the Biblical flood that Noah overcame, is an example.[28]

With the Atlantean admixture with humans came a race almost entirely sapped of divinity. They were the direct ancestors of modern Northern Europeans (proto-Nordics), retaining the fair complexion and keen intellect but losing their titanic build and strength. Forced to flee their sinking kingdom, these people migrated in an East-West trajectory, bringing significant numbers into the Americas and Europe.

There is some physical and genetic evidence to substantiate this claim.

Firstly, there is the link between the 18,000 year old Solutrean weapon culture of France and the 13,500 year old American weapon culture of Clovis, New Mexico. Archaeologists Bruce Bradley and Dennis Stanford concluded in 2004 that there was a striking similarity between the manufacturing methods of each culture, particularly because they both used a very difficult and rare technique called overshot flaking.[29] They also noted that a weapon culture discovered in Virginia, dating to 16,000 years ago, appeared to be a “technological midpoint between the French Solutrean style and the Clovis points.”[30]

Our second piece of evidence is genetic. Scientists have found that among the genes of Native American populations, the mitochondrial DNA (mtDNA) of haplogroups A through D, which are common in Asia, predominates. However, it has been found that a significant number of Native Americans in the Eastern United States possess mtDNA from haplogroup X, which is only also found in Western European populations and in some parts of Mongolia. One might argue that the presence of this mtDNA in Mongolia debunks the argument that Whites settled North America first, but this simply is not so when combined with all the other evidence provided here. Significantly, the mtDNA of pre-Columbian Native American skeletons has been studied, revealing that X was present in that race’s genes before the conquistadores arrived.[31]

Thirdly, we have the controversial Kennewick Man corpse. This 9300 year old skeleton, unearthed in Washington State in 1996, was discovered by anthropologist James Chatters to be of Caucasoid origin. In a clay reconstruction the face even ended up resembling that of British actor, Patrick Stewart.[32]

These bits of evidence indicate that a race of people predating the Mongoloid Native Americans split up and branched out into Europe and America from the Atlantic. They carried with them the same genes and tool-making methods, which they adapted to the available resources. An alternative possibility would be that this Upper Paleolithic race migrated first into Europe, with a group then splitting off and migrating eastward to America.

The Children from the Earth

As our Hyperborean ancestors ventured across the globe, first to the Atlantic and then in an East-West trajectory, they encountered preexisting societies in the lands they traversed. As the Golden and Silver Ages took place tens of thousands of years ago, these indigenous peoples were likely from the countless breeds of hominids, including Neanderthalensis and Soloensis. Whatever stock of proto-human they were, our ancestors characterized them as either chthonic, Earth-spawned beings or creatures originating from the chaotic waters. In most cases, their interaction resulted in conflict, but in others the two coexisted and even intermixed. These events have been vividly preserved in the various myths of Hyperborean origin: the epic struggle between the Tuatha da Danaan and the Fomors (people “from the water”); the battles between the Olympians and the various monsters spawned by Gaia (Earth); the vitriolic relationship between the Aesir (the Nordic sky gods) and the Vanir (trolls, giants, and other monsters); even the Anglo-Saxon epic Beowulf recaptures this theme in the fight between the hero and Grendel, a humanoid demon that lives beneath a lake.

Wherever the newcomers settled down and mixed with the natives, new races were spawned representing further bastardizations of the semi-divine Arctic prototype. Thus our giant, proto-Nordic race ramified into various hybrid breeds, each differing in appearance and attributes depending upon the areas they settled in, the stocks with which they mixed, and just how far they allowed this miscegenation to continue. From these mixed unions sprung the various Mongoloid, Semitic, Australoid, and Negroid races, with the latter two probably representing the farthest debasement from the original Hyperborean phenotype. In instances where mixing was less pronounced, or where adaptation to the environment and other factors had their effect, the various white races were generated (i.e. Nordics, Mediterraneans, Alpines, etc.).

Conclusions

In summary, anthropogenesis was a process of devolution, not evolution. Sixty-five thousand years ago, a race of gods described as “Golden” lived harmoniously with a race of advanced early humans, characterized by fair skin, fair hair, and light eyes, in a joyous, orderly Golden Age somewhere in the Arctic. At some point, the two races intermixed and bred giant demigods. As the Arctic seat froze over in one of the Ice Ages, these demigods led the remaining human survivors south into the Atlantic, with some remaining in different lands along the way. Those who did so, encountered autochthonous races with whom they ultimately mixed, debasing their divine nature and giving rise to a new, Silver Age that corresponded to the Atlantean civilization vividly described by Plato and remembered by many traditions as a “Western” land. It sent explorers out across the world from the Americas to the Far East. Thousands of years later this second super-civilization floundered due to continued mixing between the demigods and their human companions, generating the Upper Paleolithic proto-Nordic race.

With the sinking of Atlantis, these beings, now human in nature but still retaining a divine spark, migrated in an East-West trajectory. On this second great exodus, corresponding to a Bronze Age, some intermarried with indigenous peoples and further debased their line while others maintained their purity. The latter would later erect the most revered civilizations and empires of recorded history, such as Sumeria, Vedic India, Egypt, Hellas, Rome, China, and much later, the feudal regimes of Western Europe. The mixed peoples would be remembered as the Pelasgians, Minoans, Etruscans, Hebrews, Arameans, Iberians, and all other chthonic ethnicities that were subdued and restricted to a plebeian caste. Unfortunately, the vast empires noted above served as little more than dim reflections of the original Hyperborean civilization, precluded from fulfilling their true potential by the prevailing metaphysical conditions of the age in which they flourished.

We have now entered into the terminal phase of the Dark Age, and the type of humanity that is to inherit the succeeding Mahayuga remains to be seen; however, if the races of the world continue down the path of profligate inter-mixing, that divine spark, which drove the white peoples of the world to erect history’s grandest civilizations, and is now harbored by so few, will be completely extinguished. Humanity will then be forced to pass the torch of greatness to a succeeding species.

Notes

1. Dan. 2:35.

2. Hesiod, Works and Days, 1.154–63.

3. Mahabharata, 6.1.6.

4. Lieh-Tzu, The Book of Lieh-Tzu, trans. Lionel Giles (1912), 36.

5. Gen. 5:5.

6. Pindar, Pythian Odes, 10.29, 10.41.

7. Lokamanya Bal Gangadhar Tilak, Arctic Home in the Vedas (Poona City, India: 1903), 43.

8. Mahabharata, 3.7.163. Quoted in Tilak, 64.

9. The Laws of Manu, 1.67. Quoted in Tilak, 63.

10. Vendidad, 2.40. Quoted in Tilak, 350.

11. James Geikie, Fragments of Earth Lore: Sketches and Addresses, Geological and Geographical (1893), 266. Quoted in Tilak, 22–23.

12. Joscelyn Godwin, Arktos: The Polar Myth in Science, Symbolism, and Nazi Survival (Kempton: Adventures Unlimited Press, 1996), 13.

13. René Guénon, Traditional Forms and Cosmic Cycles (Paris: Gallimard, 1970), 24.

14. René Guénon, The Crisis of the Modern World, trans. Marco Pallis (Hillsdale: Sophia Perennis, 2001), 7.

15. Julius Evola, Revolt Against the Modern World (Rochester, Vt.: Inner Traditions International, 1995), 189.

16. Lieh-Tzu, 79.

17. Vendidad, 2.22.

18. Gen. 6: 2–7.

19. Julius Evola, Revolt Against the Modern World, 185. In his chapter “The Golden Age,” Evola contends that gold symbolizes the gods’ divine nature, which is “incorruptible, solar, luminous, and bright.” I see no reason, however, to reject the possibility that it could be a reference to something phenotypical.

20. Hans F. K. Gunther, The Racial Elements of European History, trans. G. C. Wheeler (London: Methuen, 1927), 157.

21. R. P. Chanda, The Indo-Aryan Races: A Study of the Origin of Indo-Aryan People and Institutions, Part I (Rajshahi: Varendra Research Society, 1916), 24.

22. “Genetic Testing Reveals Awkward Truth About Xinjians’s Famous Mummies,” Khaleej Times Online, April 19, 2005.

23. Li Wang et al, “Genetic Structure of a 2500-Year-Old Human Population in China and Its Spatiotemporal Changes,” Molecular Biology and Evolution, 17 (2000): 1396–1400.

24. Hesiod, Works and Days, 1.175.

25. Hesiod, Works and Days, 1.189.

26. Plato, Timaeus, 25.

27. Plato, Critias, 120.

28. “A Sumerian Myth: The Deluge,” trans. S. N. Kramer, The Ancient Near East, ed. James Pritchard, vol. 1 (Princeton: Princeton University Press, 1953), 29.

29. Bruce Bradley and Dennis Stanford, “The North Atlantic ice-edge corridor: a possible Paleolithic route to the New World,” World Archaeology 36 (2004): 465.

30. “Stone Age Columbus-programme summary,” BBC, 21 Nov. 2002. <http://www.bbc.co.uk/science/horizon/2002/columbus.shtml>. 1 Sept. 2008.

31. Maggie Villiger, “Tracing the Genes,” PBS, July 20, 2004, http://www.pbs.org/saf/1406/features/dna.htm.

32. Timothy Egan, “Old Skull Gets White Looks, Stirring Dispute,” The New York Times, April 2, 1998.

TOQ, vol. 10, no. 1 (Spring 2010)

 

La rivincita dell'anti-Sartre: Emil Cioran

La rivincita dell’anti-Sartre: Emil Cioran

di Andrea Rigoni

Fonte: Corriere della Sera [scheda fonte]

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Riscoperta trasversale dello scrittore a cento anni dalla nascita

Da quando, verso la metà degli anni Settanta, ho incominciato a frequentare Cioran, dedicandomi anche alla diffusione della sua conoscenza in Italia, mi sono spesso chiesto in che cosa consistesse la sua singolarità e quale fosse il rapporto fra lo scrittore e l’uomo.
La voce di Cioran si era manifestata in Francia, a partire dal 1949 quando apparve il suo Sommario di decomposizione, come una nota del tutto isolata, diversa e dissonante dal concerto intellettuale e culturale dell’epoca, che era universalmente segnato dal dominio delle ideologie e delle utopie: l’opera e l’attività di Sartre ne rappresentavano allora in Francia, e non solo in Francia, una sorta di emblema. Cioran era l’anti-Sartre. Nel celebre filosofo esistenzialista, nell’eroe dell’engagement, egli non vedeva che un «impresario di idee» , secondo l’innominato ma riconoscibile ritratto che ne ha lasciato nel Sommario: un «pensatore senza destino» , nel quale «tutto è notevole, salvo l’autenticità» , «infinitamente vacuo e meravigliosamente ampio» , ma proprio per questo capace, con un’opera che degrada il nulla al rango di una merce intellettuale, di conquistare e soddisfare «il nichilismo da boulevard e l’amarezza degli sfaccendati» . Era dunque naturale che l’opera di Cioran, con la sua lucidità bruciante e solitaria, vissuta come esperienza e forma di un destino, restasse quasi senza eco: il riconoscimento doveva limitarsi al fulgore inusitato dello stile, che balzava agli occhi, se non di tutti, almeno di alcuni, tra i quali i primi lettori del manoscritto del Sommario, che si chiamavano Jules Romains, André Gide, André Maurois, Jean Paulhan, Jules Supervielle, ma certo anche Paul Celan, che poco dopo ne avrebbe fatto la traduzione in tedesco. Tuttavia sappiamo bene che lo stile, la forma, il tono di un’opera non sono l’abito o l’ornamento estrinseco del pensiero, ma il suo corpo, la sua vita, la sua essenza e che dunque essi rappresentano assai più di un indizio... Cioran affrontava i temi capitali dell’esistenza e del mondo col linguaggio più diretto e più chiaro, ripristinando la superba tradizione che si era perduta dopo Schopenhauer e Nietzsche. È ovvio, nello stesso tempo, che egli rimanesse estraneo alle mode culturali che negli anni Settanta e Ottanta furoreggiavano in Francia e in Europa: la linguistica, lo strutturalismo, la semiologia, la psicanalisi, il decostruzionismo, i cui esponenti o seguaci apparivano ai suoi occhi quanto meno segnati dalla superstizione della scienza e dalla maledizione dell’accademia. Ma qual è dunque il tratto fondamentale che distingue lo stile e il pensiero di Cioran, lo scrittore non meno che l’uomo? La ragione di una presa e di un fascino che oggi hanno conquistato una gamma indefinibile e trasversale di lettori, fino al E. M. Cioran nacque a Rasinari (Romania) l’ 8 aprile 1911 e morì a Parigi il 20 giugno 1995. La sua opera è stata tradotta da Adelphi sotto la direzione di Mario Andrea Rigoni che gli fu amico e che, tra il 1983 e il 1991, ne presentò alcuni scritti sul «Corriere» (raccolti in Fascinazione della cenere, Il Notes magico, 2005). Rigoni ha pubblicato in Francia Cioran dans mes souvenirs (P. U. F., 2009). punto di suscitare in molti un’identificazione spontanea e una devozione fanatica? È difficile non trovare ai singoli temi del pensiero di Cioran, come di chiunque altro, un precedente o un analogo nella letteratura antica o moderna; ma è la quintessenza di lucidità di cui si sostanzia costantemente la sua riflessione che non cessa di impressionare e di affascinare. Essa si fonda, a mio parere, sul carattere diretto e personale dell’esperienza, offerta come testimonianza intima e viva di un essere, anziché di una teoria astratta o di un esercizio professionale. Un aforisma dei Sillogismi dell’amarezza asserisce che «tutto ciò che non è diretto è insignificante» . Mi sembra che questo principio o questo imperativo, che Cioran non ha mai smesso di seguire, definisca molti tratti della sua fisionomia intellettuale e letteraria: la ricerca, anzi l’ossessione, di ciò che è l’essenziale, nella metafisica come nella politica o nella letteratura; l’interesse verso i grandi moralisti e i grandi saggi; l’orrore dell’ufficialità e del professionismo; il culto della chiarezza e il rifiuto del gergo; l’amore della brevità e la pratica dell’aforisma; l’attrazione per i generi letterari che recano l’impronta immediata dell’io, come i diari, le confessioni, le memorie, le lettere, le autobiografie. Cioran era interessato assai più alla vita che alla filosofia; più alle cose che alle idee; più agli istinti e alle emozioni che ai concetti. In un’opera cercava soprattutto l’elemento personale: «Guai al libro che si può leggere senza doversi interrogare a ogni momento sull’autore!» . D’altronde la letteratura, nella sua visione, nasce da una ferita esistenziale e da una tara metafisica: «La scrittura è la rivincita della creatura e la sua risposta a una Creazione abborracciata» . È significativo che nell’opera di Tolstoj egli abbia isolato e commentato La morte di Ivan Il’ic; come pure che, nel saggio su Fitzgerald, abbia trascurato i romanzi e i racconti dello scrittore americano per concentrarsi sulla notte dell’anima, sull’ «esperienza pascaliana» del crollo evocato nelle pagine impietose del Crack-Up. Analogamente Cioran amava più i santi e i mistici che i teologi: donde il rapporto contrastato, se non il dissenso, col suo vecchio amico e maestro Eliade, al quale rimproverava di essere non tanto uno spirito religioso quanto un semplice storico delle religioni, un indifferente cronista e archivista della varietà delle fedi. Si capisce che oggi, al culmine del disincanto al quale siamo giunti, molti di noi abbiano trovato in Cioran ciò che raramente si trova in un autore: non solo uno scrittore e un pensatore eccellente, ma uno spirito fraterno, un sodale, un amico, capace di parlare alla carne e all’anima non meno che all’intelletto. Tale egli era nella vita privata: semplice e immediato, partecipe e arguto, sempre sfiorato dall’ala nera della malinconia ma pronto a mitigarne il colpo con le risorse dell’ironia e dell’autoironia, qualche volta con un divertito esercizio di autodemolizione, anch’esso segno di uno spirito superiore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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mercredi, 09 mars 2011

Notre néo-totalitarisme: une dictature du présent

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Notre néo-totalitarisme : une dictature du présent

Si le totalitarisme ancien modèle est périmé, il existe des formes de sujétions contemporaines néo-totalitaires. Celles que nous subissons. L’idéologie unique c’est que rien n’est idéologique, c’est le bougisme, c’est la néophilie – ce qui est nouveau est mieux par principe que ce qui existe déjà -, c’est le relativisme culturel – tout vaut tout, un gribouilli vaut Monet, c’est le court-termisme. C’est la gestion de la « fourmilière humaine globale » (Alexandre Zinoviev).

Claude Bourrinet note : « Ce qui singularise le totalitarisme actuel, c’est l’emprise du présent, ou plutôt d’un éternel recommencement du même, la perte de perspective temporelle, vis-à-vis du passé et de la tradition, mais aussi par rapport à un avenir  qui ne se décline que sous sa version cataclysmique. L’homme semble fixé à son vide existentiel comme un papillon sans vie. Le totalitarisme contemporain est semblable à une neurasthénie universelle, qui s’alimente des vapeurs de néant. Le totalitarisme ancien assénait les mots comme des massues : c’était pour le faire avancer. Celui d’aujourd’hui dit tout et n’importe quoi, rendant ainsi stérile le langage et impossible tout cheminement. L’on ne sait plus quoi dire. Il n’existe plus aucune source de conviction comme centre du pouvoir. Finalement, on dirait que nous somme revenu aux temps mythiques, mais sans les mythes. »

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Tancrède Josseran: "L'AKP veut faire de l'islam le ciment du futur pacte social"

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Tancrède Josseran : "L'AKP veut faire de l'Islam le ciment du futur pacte social"

 

Tancrède Josseran, Directeur de l’Observatoire du monde turc et des relations euro-turques, chercheur en géopolitique et auteur de La nouvelle puissance turque - L'adieu à Mustapha Kemal répond aux questions de Scripto.

Tancrède Josseran l'affirme: aujourd'hui déjà et peut-être demain plus encore la Turquie sera une grande puissance avec laquelle il faudra compter.

Entretien réalisé par Maurice Gendre


 

*

Quels sont les éléments qui ont favorisé une réislamisation de la Turquie ?

La fin de la Seconde guerre mondiale laisse la Turquie dans une situation difficile. Dés le Printemps 1945, Ankara doit faire face à des revendications soviétiques. Moscou exige une révision du régime des détroits et la restitution des vilayets orientaux de Kars et Ardahan. Vestige de l’Europe autoritaire des années trente, l’Etat kémaliste, en raison de sa prudente neutralité lors du conflit, est très isolé.

Accablés par la menace soviétique, les dirigeants turcs comprennent qu’ils sont condamnés à faire des concessions. Exigé par les Alliés lors de la Conférence de San Francisco, le passage du parti unique au multipartisme entérine une rupture avec le volontarisme républicain des origines. Une cassure qui marque une régression du mouvement de laïcisation du pays. Dés lors, suivant la logique de l’alternance, les forces politiques et religieuses que l’on croyait annihilées par vingt-cinq ans d’autoritarisme, ressurgissent comme si de rien n’était.

En 1950, le Parti Démocrate arrive au pouvoir. Ces dirigeants, Celal Bayard, Adnan Menderes, bien qu’issus du sérail républicain, savent parfaitement exploiter le sentiment d’exaspération de la population envers une élite bureaucratico-militaire engoncée dans ses privilèges et à la rhétorique abstraite. Critiquant l’absence de libertés et la place disproportionnée de l’Etat, les dirigeants démocrates bâtissent une synthèse où libéralisme politique, économique et religieux s’alimentent réciproquement. Cette formule demeure plus d’un demi-siècle une constante des partis de droite libéralo-conservateurs ou religieux en Turquie. Le multipartisme a fait de l’islam un enjeu électoral. Les partis conservateurs et islamistes ont su parler la même langue que le peuple, d’où leurs succès.

Par ailleurs, dans un contexte de guerre froide, l’islam sert de ciment à l’unité nationale. Ce processus est encouragé par l’ensemble de l’arc politique, désireux d’allumer des contre feux contre le péril rouge. Ainsi, très paradoxalement, c’est l’armée qui après le coup de force du 12 septembre 1980, réintègre l’islam  dans le continuum de l’histoire nationale.

Selon, la synthèse islamo-nationaliste, la religion est l’essence de la culture et  la culture est imprégnée par la religion. L’islam a transcendé la culture turque qui sans lui aurait dépéri ; et inversement, la civilisation turque a sauvegardé la foi du Prophète qui sans elle aurait disparu sous les coups de boutoir des croisés au XI siècle. A la différence de l’islam politique, l’islam promu par l’armée est un moyen, non une fin en soi. Il s’agit d’enraciner des valeurs nationales et conservatrices : la famille, l’armée, la mosquée pour barrer la route à la subversion gauchiste.

Cruel dilemme, les militaires prennent le risque d’asseoir le nouvel « Etat national » sur la base de forces religieuses qui immanquablement chercheront à un moment ou un autre à s’émanciper. L’Etat ayant pris comme référent identitaire la religion, il est en somme naturel que le parti le plus proche de ses aspirations apparaisse à un moment ou à un autre comme un recours et s’impose comme force prépondérante.

De plus, le fonctionnement même du système laïc turc est équivoque dans la mesure où il autorise une certaine forme de prosélytisme. Il s’agit d’une laïcité concordataire. Il n’existe pas stricto sensu de séparation entre l’Etat et la mosquée. Au contraire, la mosquée est encasernée par l’Etat à travers le Ministère des cultes, le Dinayet. Les desservants des cultes obéissent aux règles de la fonction publique. Seule l’Islam sunnite de rite hannafite est reconnu à l’exclusion des autres branches de l’islam turc comme l’alévisme (branche hétérodoxe du chiisme). Le sermon est prononcé au nom de la République. Dans la constitution (article 24) est inscrite l’obligation des cours de religion dans le cursus scolaire.

Mais la réislamisation ne peut se comprendre, si l’on fait abstraction des bouleversements de la société turque. A partir de 1950, la mécanisation de l’agriculture et le début de l’industrialisation provoquent un mouvement d’exode rural. Ces mouvements migratoires entraînent un changement radical du substrat de population mais  aussi des implications politiques. Ils concourent à bouleverser le kémalisme institutionnel. Jusqu’à cette date, l’appareil d’Etat était encore largement dominé par les héritiers de la bureaucratie ottomane souvent originaire des Balkans.

Faute de réelle politique urbaine, les migrants squattent les terrains vagues disponibles. Ils y vivent en toute illégalité dans un habitat précaire ou gecekondu (maison construite la nuit). Dans les années 1980, 70% de la population d’Ankara vivait dans des bidonvilles. Cette proportion atteint 55% à Istanbul, Izmir, Adana. Le conflit qui éclate dans le Sud-Est de l’Anatolie en 1984 amplifie l’exode rural. En quête de normalisation et d’accès aux services, les habitants de ces quartiers deviennent un enjeu électoral déterminant pour les partis politiques religieux ou conservateurs.

A ce stade, les nouveaux arrivants se raccrochent à l’islam comme fil conducteur de leur vie de tous les jours. Pour celui qui se demande d’où il vient et qui il est, la religion apporte une consolation et une assurance sur les fins dernières. Les croyants forment de petites communautés sociales identiques à celles que l’exode rural a fait disparaître. La mosquée offre aux nouveaux arrivants un point de repère. Entre 1973 et 1999, le nombre de mosquée passe de 45 000 à 75 000. La religion donne à ces déclassés une identité propre et des certitudes dans un monde en proie aux distorsions sociales et économiques.

Quel événement ou quel phénomène provoqua le basculement décisif vers l’islam ?

En Turquie, les élites au pouvoir depuis 1923 sont le fruit d’un processus révolutionnaire et non le produit d’un consensus global. L’Etat kémaliste s’est construit au corps défendant de la société et celle-ci ne s’est jamais identifiée à ses élites perçues  comme lointaines, impies, étrangères. La grande crainte des cercles laïcs et militaires a toujours été de voir la société s’émanciper de la tutelle étatique pour acquérir les moyens d’engendrer ses propres élites en dehors du cadre républicain.

A ses débuts, la République turque s’oriente résolument vers une économie dirigiste. Ce volontarisme se traduit par une politique autarcique de substitution des exportations. A la fin des années 70, ce modèle commence à montrer des signes d’essoufflement. Le pays est au bord de la banqueroute. L’Etat turc ne peut plus honorer ses créanciers. La livre perd la moitié de sa valeur. L’inflation explose et atteint les 120%.

Cette crise débouche en septembre 1980 sur le coup d’Etat militaire. En échange du rééchelonnement de la dette extérieure et d’un apport en argent frais, la junte au pouvoir s’engage à ouvrir les frontières, libéraliser les prix, geler les salaires, laisser flotter les taux d’intérêt. La victoire inattendue de Türgüt Özal en 1983 à l’occasion des premières élections libres, s’apparente à un vote sanction. Prisonnier du « politique d’abord », les militaires turcs ne comprennent pas tout de suite que le libéralisme économique dont se prévaut avec leur appui le nouveau Premier ministre, ne pourra un jour manquer de se manifester de manière politique. Proche de la confrérie des Nakshibendis et lié à la finance islamique, Özal regroupe avec l’appui discret des confréries autour du Parti de la mère patrie, l’essentiel de la droite turque. Ses différents mandats sont marqués par une ouverture sans précédent au marché mondial, à la concurrence et à son cortège de déréglementations.

Le développement d’un tissu dynamique de PMI-PME est le premier objectif de la politique d’Özal. Appelés communément les « Tigres anatoliens », ces nouveaux entrepreneurs jouent un rôle déterminant dans l’ouverture à la mondialisation de nombreuses villes d’Anatolie. Les relations étroites que ces entrepreneurs généralement liés à des groupes confrériques entretiennent avec les pétromonarchies du Golfe, permettent l’afflux de capitaux. Ces nouveaux acteurs rassemblent des entrepreneurs du BTP, des restaurateurs, des artisans commerçants.

Beaucoup de ces entreprises sont familiales et maintiennent d’autant plus activement des valeurs conservatrices et paternalistes. Cette petite bourgeoisie trouve dans l’éthique religieuse la confiance nécessaire pour affronter la concurrence des lourds conglomérats du patronat laïc. Les associations d’entrepreneurs musulmans à l’exemple du MÜSIAD, offrent à leurs membres un réseau efficace qui leur permet de peser de manière concertée sur les pouvoirs publics. L’émergence d’une bourgeoisie anatolienne a progressivement constitué un contrepoids à l’alliance traditionnelle entre l’Etat et le capitalisme classique d’Istanbul.

Loin de se laisser absorber par le maelström urbain, les migrants ayant réussi en ville ont maintenu de solides liens avec leurs villes ou leurs villages d’origine. Pris en charge par des foyers étudiants Nurcu ou Nakshibendis à l’occasion de leurs études universitaires, les nouveaux entrepreneurs ont intériorisé une très forte conscience religieuse très éloignée du seul conformisme social. Ces élites sont conscientes d’être musulmanes parce qu’elles choisissent délibérément de vivre, travailler, en accord avec leur conception profonde du monde.

Dans ce processus, les ordres soufis ont fonctionné comme des réseaux informels. La croissance économique des années 1980 transforme les classiques réseaux religieux en un instrument de mobilité sociale. En dehors des instances gouvernementales, c’est une véritable alter-société qui se met en place.

L’islam social contourne la laïcité et libère l’expression publique de convictions qui jusqu’alors restaient confinées dans la sphère du privé. Les fondations religieuses investissent les domaines profanes. Grâce à l’apport en capital de la bourgeoisie islamiste, des maisons d’édition sont crées, des journaux édités, des chaînes de TV et de radio voient le jour. Situé hors de la tutelle étatique, ces médias permettent l’éclosion d’une nouvelle génération d’intellectuels musulmans et l’émergence d’une véritable contre-culture de masse. De proche en proche, les modes de vie et de pensée se modifient et c’est toute la société qui au final se reconstruit sur des valeurs religieuses.

En 1996, le Parti de la Prospérité de Necemettin Erbakan arrive au pouvoir. La formation islamiste opte pour une stratégie de rupture globale avec l’ordre établi comme la levée de l’interdiction du port du voile. Dans le domaine de la politique étrangère, Erbakan très hostile à Bruxelles qu’il considère comme un club chrétien, tourne le dos à l’Union européenne avec l’idée de lui substituer un marché commun musulman dont la Turquie serait le point de ralliement. Rapidement, la situation se tend avec l’armée et les élites traditionnelles. Autant pour des raisons de pouvoir que d’idéologie, l’armée intervient le 28 février 1997 via le Conseil national de sécurité. Le Conseil accule Erbakan par une série de recommandations à la démission.

L’intermède gouvernemental du Refah va amener l’aile réformatrice du parti à repenser les termes et les moyens de l’action politique. Un constat s’impose, la rupture a échoué. Le parti islamiste dénué d’appui et condamné à la stratégie du seul contre tous s’est retrouvé totalement marginalisé aussi bien sur la scène nationale qu’internationale.

Parmi les jeunes rénovateurs, un homme se distingue, il s’agit de Recep Tayip Erdogan. Diplômé d’un lycée d’imams et économiste de formation, il est élu maire d’Istanbul en 1994. Plébiscité pour sa gestion d’Istanbul. Erdogan crée en 2001 le Parti de la Justice et du développement (Adalet Kalkinma partisi-AKP).

Rejetant l’opposition frontale, Erdogan opte pour une ligne réformiste d’apaisement, il élude du programme les aspects les plus polémiques. Refusant le qualificatif d’islamiste, il définit son mouvement comme fondé sur une approche «  démocrate et conservatrice ». Le parti prône l’intégration à l’Union Européenne, l’économie de marché et la défense des valeurs traditionnelles, synonyme habile pour désigner l’islam.

La victoire de l’AKP en 2002 (34%) révèle le vote sanction d’une population turque exaspérée par les scandales politico-financiers à répétition d’une élite occidentalisée coupée du pays. Profitant de l’effondrement des partis de centre droit qui avaient fixé des années 1950 à 1990 l’électorat conservateur et musulman, c’est toute la droite turque qui se retrouve rassemblée sous la baguette de l’AKP.

Le recours à des intermédiaires choisis en dehors de la mouvance islamiste, patronat occidentalisé, intellectuels libéraux, Etats-Unis, Union Européenne, explique la réussite d’Erdogan.

Peut-on parler d’une politique néo-ottomane ?

Le grand architecte de la politique étrangère de la Turquie est Ahmet Davutoglu. Longtemps conseiller diplomatique d’Erdogan, il occupe depuis 2009 le poste de ministre des Affaires étrangères. Davutoglu défend une approche civilisationnelle des relations internationales. La Turquie appartient hiérarchiquement à trois ensembles distincts :

-Le monde musulman au sud.

-L’Eurasie à l’Est

-L’Occident à l’Ouest.

Le retard pris à tous points de vue par le monde musulman est une préoccupation récurrente de ses écrits. La Turquie est l’éclaireur du monde islamique sur les routes de la mondialisation. Davutoglu ne rejette pas l’orientation vers l’Occident mais les autres options ne doivent pas être sacrifiées à son seul bénéfice. De Sarajevo à Bagdad en passant par Istanbul et Grozny, une même communion d’âme existe : l’Islam et le souvenir de l’Empire ottoman. A la tête du monde islamique écrit Davutoglu dans son ouvrage majeur, Stratejik derinlik (Profondeur stratégique) :

« Le califat représente l’union politique et spirituelle…où les limites intérieures entre les communautés  n’existent pas et où les communautés musulmanes au-delà des frontières sont sous la responsabilité de l’Etat ottoman ».

Une lobotomie culturelle a fait perdre à la Turquie son identité profonde. Un retour dans la trajectoire du monde islamique s’impose. Emprisonnée derrière les barreaux étroits de
l’Etat-nation, Ankara est condamnée à renouer avec son environnement culturel et historique. Seulement à cette condition expresse elle sera capable de tirer le meilleur parti de la mondialisation.

Pour Davututoglu : « La guerre froide avec son statisme obligatoire formait un obstacle au développement de la profondeur géographique et historique. Avec sa fin, les facteurs géopolitiques, économiques, culturelles sont revenus sur le devant de la scène et influencent les relations internationales. L’exemple des Balkans démontre que la guerre froide n’a caché qu’un cour moment le chaos inhérent à la région ».

Ce néo-ottomanisme entre en collision avec les conceptions traditionnelles de la République : « Paix dans le monde, paix dans le pays ». Se contenter du statu quo d’une politique isolationniste serait dans l’esprit du Ministre assigner la Turquie à un rôle périphérique, la rendant otage des luttes entre puissance terrestre et maritime. La Turquie est la future puissance centrale, nouvel empire du milieu aux convergences des routes Nord-Sud.

Avec quels autres pays la Turquie entretient-elle les meilleurs rapports ? Et les plus mauvais ?

Opposé à la guerre en Irak, Davutoglu milite en faveur d’une politique étrangère garante des intérêts nationaux. Il ne s’agit plus uniquement de servir de relais à la politique de Washington et de l’OTAN dans la région :

-          La Turquie en raison de son emplacement est apte à jouer un rôle de médiateur. En assumant, son passé ottoman et sa stature de grande puissance islamique, Ankara veut créer un environnement propice à une redéfinition des rapports de force au Moyen-Orient.

-          En se présentant comme la sentinelle des routes énergétiques dans la région (Mer Noire, Caucase, Bosphore, Mer Egée) Ankara ambitionne de devenir un collecteur énergétique. Point de passage obligé des pipelines et gazoducs (Blue stream, Nabucco, BTC)  reliant les bassins producteurs d’Asie Centrale, de la Caspienne et les bassins consommateurs de l’ouest.

-          En dernier lieu, la Turquie estime qu’elle est en raison de sa capacité à concilier foi, démocratie et économie de marché, la mieux à même de proposer un modèle pour les Etats de la région. Ce projet d’islam modéré est sous tendu par le constat que face à des systèmes de gouvernement autoritaire discrédités et d’élites laïques en perte de vitesse (Egypte, Tunisie, Algérie), une démocratie musulmane aux solides assises sociales est l’antidote idéal contre le terrorisme djihadiste.

Hâtivement taxée d’antiaméricaine par certains observateurs, les orientations stratégiques de Davutoglu sont moins manichéennes. Le fait que la Turquie puisse s’affranchir ponctuellement de la tutelle américaine n’est pas forcément nuisible. La Turquie est ainsi plus écoutée ; elle devient à la fois une porte ouverte sur l’ouest et un exemple à suivre. En somme, les Etats-Unis devraient encourager la société turque dans ses mutations et, sans interférer, laisser Ankara par le dialogue attirer l’ensemble des pays de la région dans son sillage. Le récent rapprochement turco-syrien peut amener Damas à ouvrir des pourparlers de paix avec Israël mais aussi le régime baasiste à évoluer de l’intérieur.

Cependant, cette politique multidirectionnelle à des revers. La volonté d’être présent partout comme le prouve l’ouverture de nombreuses représentations dans les pays d’Afrique noire entraîne une dispersion des moyens. D’autre part, Davutoglu est perçu par nombre d’observateurs comme un hyperactif, faisant des déclarations à l’emporte pièce d’un pays à l’autre dans le seul but de satisfaire l’interlocuteur du moment.

Deux pays illustrent parfaitement la nouvelle donne diplomatique  turque : Israël et l’Iran.

-          Depuis le début des années 2000, une dégradation sensible des relations entre Tel-Aviv et Ankara et perceptible. Ce relâchement s’explique par la volonté turque d’apparaître comme une puissance islamique crédible aux yeux de la rue arabe. D’autant que depuis 2004, la Turquie préside l’Organisation de la Conférence Islamique. En raison de son rapprochement avec la Syrie, Israël a perdu de son importance stratégique pour Ankara. Jusqu’alors, elle faisait office d’alliance de revers contre Damas.  Néanmoins, l’AKP a conscience des lignes rouges à ne pas dépasser. Le fait d’entretenir des relations « civilisées » avec Israël est un formidable passeport de respectabilité pour des islamistes qui ne se privent pas de le rappeler continuellement aux Occidentaux. Dépourvu de lobby puissant aux Etats-Unis au contraire des Grecs et des Arméniens, les Turcs sont obligés de recourir aux groupes de pressions pro-israélien au Congrès pour contrecarrer les résolutions visant à reconnaître le génocide arménien. L’unicité de la Shoah est souvent mise en avant pour justifier ces positions.

-          Inversement, les rapports entre la Turquie et l’Iran se sont considérablement améliorés. Malgré les vives réserves émises par les Etats-Unis, les deux pays oeuvrent depuis 2007 à la constitution d’un partenariat énergétique. Un oléoduc reliant les réserves de gaz et d’hydrocarbures de la Caspienne est en passe de matérialiser ce projet. Face au jeu trouble de Washington qui instrumentalise les factions kurdes, Ankara et Téhéran développent une intense coopération dans la lutte contre le terrorisme. Cette politique a trouvé son aboutissement dans l’accord tripartite Iran /Brésil/ Turquie en juin 2010 au sujet du nucléaire. Toutefois, la propension de Davutoglu à ménager systématiquement Téhéran en refusant le vote de nouvelles sanctions aux Nations-Unies, soulève des interrogations jusque dans les couloirs du ministère des affaires étrangères à Ankara. Traditionnellement issus des élites occidentalisées, le corps diplomatique turc estime être instrumentalisé par Téhéran dans l’espoir  de gagner du temps. En outre, l’acquisition de capacité nucléaire civile, puis militaire obligerait Ankara à moyen ou long terme à marcher sur les brisées des Iraniens.

Quelles sont les principales lignes de fractures idéologiques, ethniques, confessionnelles qui traversent le pays ?

La chape uniformisatrice et égalisatrice de la République turque dissimule quelques 47 groupes minoritaires aux dénominateurs identitaires très variés (ethniques, religieux, linguistiques). Pourtant, les seules minorités que l’Etat turc reconnaisse officiellement sont celles inscrites dans le traité de Lausanne de 1923 (grecque, juive, arménienne). Si l’on reprend la définition retenue par les Nations Unies et admise par l’UE, la Turquie compterait entre quinze à vingt millions de Kurdes, douze à vingt millions d’Alévis (chiites duodécimains), plusieurs millions de Turcs originaires de l’ancien espace ottoman (Tcherkesses, Bosniaques, Bulgares, Albanais, Abkhazes, Arabes, Circassiens), quelques centaines de milliers de minoritaires chrétiens (Arméniens, Grecs orthodoxes, Assyro-chaldéens, protestants). Ce qui inquiète l’establishment militaro-laïc dans ce genre de recension, c’est qu’en définitive, les minoritaires rassembleraient entre 32 et 45 millions d’individus sur les 74 millions d’habitants du pays. Dans cette situation, les Turcs sunnites, c’est-à-dire le reste de la population, se retrouveraient dans une situation précaire  à l’image des Serbes de Yougoslavie ou des Arabes sunnites d’Irak.

Outre les clivages ethniques et religieux, il existe des clivages sociaux-culturelles. La Turquie est un pays Janus. A l’instar du dieu romain, elle regarde dans deux directions opposées. Ce dualisme se répercute dans la population. Jusqu’à une époque récente les strates supérieures de la société étaient dominées par les Turcs blancs. Ils reflètent l’homme nouveau appelé par Kemal : laïque, progressiste. Les Turcs noirs en revanche sont à l’image du pays réel, plus pauvres, plus croyants, plus conservateurs, plus nombreux.

Tant que les Turcs noirs restaient confinés au bas de la hiérarchie sociale, le pouvoir des élites occidentalisées n’était pas véritablement menacé. Tout à changé lorsque l’Etat, en retirant son emprise de la sphère économique, a libéré les énergies et a permis à ceux qui se trouvaient au bas de l’échelle sociale d’escalader un à un les barreaux. Sans difficulté, les Turcs noirs plébiscitent cette nouvelle élite qui leur ressemble. Leurs aptitudes à assimiler les règles de la mondialisation et à transformer l’argent en puissance politique et la puissance politique en argent, terrifient les vieilles élites kémalistes. Dépossédés de leur emprise économique, les Turcs blancs voient le parapluie étatique s’étioler sous les coups de boutoir conjuguer de la mondialisation et du processus d’adhésion à l’Union Européenne.

Les dirigeants de l’AKP conçoivent ce combat autant sous le prisme d’une lutte de classe que celui d’une guerre culturelle. La classe moyenne montante, tout en s’élevant, ne renonce pas à ses anciennes valeurs ; elle se contente juste de les redéfinir à l’aune de la modernité technique. L’AKP ne vise pas à l’élimination de ses adversaires mais à l’amener à se transformer de l’intérieur, à adopter une nouvelle conception de l’organisation sociale et politique. La conquête éthique des strates supérieures de la société est la meilleure manière d’enraciner durablement une assise. L’hégémonie culturelle est censée amener au final un changement global de régime.

Pouvez-vous nous éclairer sur les réseaux Ergenekon ? Qui sont les hommes qui se cachent derrière cette appellation ? Y avait-il un ou plusieurs Etats derrière eux ?

Au sud de la forêt sibérienne, les monts désolés de l’Altaï abritent le berceau originel des premiers turcs. Ces espaces désertiques occupent une place à part dans l’imaginaire national. Ils sont indissociables de la légende de l’Ergenekon. Une louve au pelage gris-bleu aurait recueilli et nourri deux enfants, les derniers survivants d’une tribu turque disparue. Le symbole a été par la suite repris par la droite radicale et l’Etat turc lui-même. Il figure sur les armes de la « République turque de Chypre ». Depuis le milieu des années 1990, le terme d’Ergenekon est associé à l’Etat profond (Derin Devlet).

L’Etat profond renvoie à l’existence d’un groupe formé de hauts fonctionnaires, de militaires, de membres des différents services de sécurité, agissant en marge du gouvernement pour œuvrer à la protection des intérêts nationaux, y compris par des moyens illégaux. L’organisation d’armées occultes remonte à l’époque ottomane. Mustapha Kemal utilise ces réseaux au cours de la guerre d’indépendance. En 1950, ces groupes sont organisés sous l’appellation d’Unité de guerre spéciale (Özel Harp Dairesi). Mission leur est confiée, dans l’hypothèse d’une invasion soviétique, d’organiser la résistance derrière les lignes ennemies. Après l’effondrement de l’URSS, l’activité de ces réseaux se déplace vers le Sud-Est du pays. Ils assurent l’élimination des membres du PKK et la collecte des renseignements. Le recrutement inclut d’anciens repentis du PKK, les Itirafci, et des militants de la droite radicale, proches des Loups Gris. Pourtant, les activités des différentes cellules n’ont jamais été contrôlées de manière centralisée. Les autorités laissent faire sans intervenir. A la fin des années 1990, les succès contre le PKK mettent en sommeil une partie des réseaux de contre-guérilla. D’autres basculent vers le banditisme. Si quelques-uns uns sont restés en relation avec les membres de l’appareil de sécurité et de l’Etat-major, il s’agit avant tout de contacts personnels très cloisonnés.

En réalité, c’est à l’occasion de l’arrivée au pouvoir de Necmettin Erbakan et surtout d’Erdogan que ces réseaux vont connaître une mue. L’anticommunisme avait vu l’arrivée d’un grand nombre de recrues séduites par la synthèse islamo-nationaliste. Avec la dénonciation du danger islamiste par l’armée, cette frange religieuse se trouve en porte à faux avec les nouveaux mots d’ordre de lutte. Il a donc fallu recentrer le vivier de recrutement en dehors des seuls rangs de la droite radicale.

Conséquence  des milieux laïques « respectables », universitaires, journalistiques sont jetés dans la fournaise de la lutte clandestine sans réelle préparation. Autre problème, le Parti d’Action Nationaliste (MHP-Milli Hareket Partisi) en quête de respectabilité renâcle à fournir les cadres nécessaires aux opérations comme elle faisait précédemment avec sa branche jeune (les Loups gris).

Dés lors, les recruteurs sont obligés de se rabattre sur la mouvance nationaliste autonome, moins formée et sans bases arrière véritables. Trop sûrs d’eux, ces réseaux ont eu la certitude que le fait d’agir  pour le bien de la patrie, même à son corps défendant, leur vaudrait l’impunité. Or, à la différence des décennies précédentes, il ne s’agit plus de lutter contre un ennemi subversif en marge de l’Etat, mais contre le gouvernement légitime sorti des urnes. En outre, à la différence de la guerre froide, ces réseaux ne bénéficient plus d’appui à l’étranger. Certes la presse islamiste a pointé du doigt les relations de certains des conjurés avec les cercles eurasistes russes (Alexandre Douguine) ou la mouvance néo-conservatrice américaine la plus radicale (Zeyno Baran). Mais d’un côté comme de l’autre, il s’agit  d’échanges de vues non de la mise en place d’un plan concerté. D’autant que la police fer de lance dans la lutte contre l’Ergenekon est  massivement infiltrée par la confrérie de Fethullah Gülen dont les liens avec la CIA sont avérés.

Mais ces unités de contre-guérilla ne sont pas l’Etat profond en lui-même, tout au plus ses exécutants ponctuels. Dans son extension large, l’Etat profond désigne l’armée. Cette idée est avancée par l’ancien Premier ministre Süleyman Demirel : « L’Etat profond, c’est l’Etat lui-même. L’Etat profond, c’est l’armée. La République est une émanation de l’armée qui a toujours craint l’effondrement de celle-ci. Le pays a besoin de l’Etat profond, sans lui il est désorienté, il y est soudé ».

La crainte majeure de l’Etat profond est de voir passer l’Etat civil sous l’emprise d’organisations  partisanes étrangères à son corpus de valeurs. C’est aujourd’hui le cas avec l’AKP. L’armée souhaite conserver le monopole du politique  par l’Etat. Défendre l’Etat, c’est bloquer l’accès des corps intermédiaires (partis, confréries religieuses) à la formation de la volonté politique.

Le rôle de l’armée est-il vraiment réduit à une peau de chagrin désormais ou n’est-ce qu’une simple illusion ?

La République est indissociablement liée à l’institution militaire. En 1923, l’armée pose les fondements de l’Etat, et l’Etat engendre la nation. Au XIX e siècle après le massacre des Janissaires, l’armée est l’une des rares institutions où l’élément turc domine sans partage. Les élites militaires se sentent naturellement investies de l’identité nationale. L’homogénéité contre l’hétérogénéité, tel est l’enjeu du processus de construction nationale initié par les militaires. Laïcité et intégrité du territoire sont les deux piliers. Sans laïcité, pas de lien national possible, mais sans unité, pas de cohésion politique, et par conséquent pas de laïcité. L’armée est politique puisqu’elle est l’Etat. Contre les antagonismes religieux, ethniques, religieux, sociaux, l’armée assure la sauvegarde de l’Etat et sa continuité à travers le temps.

Avec l’adhésion à l’Union Européenne, cette magistrature politique est directement remise en question. Le dépassement du stade national implique la neutralisation de son gardien : l’armée. Le Conseil de sécurité national est redéfini comme un organe consultatif. Ces recommandations n’ont plus de valeurs  impératives. Sa présidence est confiée à un civil et son secrétariat ouvert aux non militaires. L’ordre du jour des sujets abordés n’est plus fixé arbitrairement. La présence de membre du Conseil dans les  instances de contrôle des universités (YÖK) et de l’information (RTÜK) est éliminée. En matière de justice, l’armée perd ses privilèges. Les tribunaux civils sont habilités à juger les militaires en temps de paix.

L’AKP a parfaitement intégré l’avantage qu’il pouvait tirer du processus d’adhésion et entend bien utiliser « les standards de l’Union Européenne » comme levier d’Archimède. L’armée forme la quadrature du cercle du système républicain. Abaisser l’institution militaire, c’est casser l’Etat autoritaire, libérer l’expression religieuse, briser le rigide corset jacobin, exploser les dernières traverses sur la route de Bruxelles. Erdogan a compris que la laïcité autoritaire est soluble dans l’Europe. Les islamistes et l’UE se rejoignent pour renvoyer l’armée dans ses casernes.

Il existe un très fort malaise dans les forces armées turques. La découverte des projets de complots comme l’opération Balyoz (marteau) qui projetait après une série de provocations (attentats dans les grandes mosquées d’Istanbul, incident aérien avec la Grèce) de renverser l’AKP, a considérablement écorné l’image de l’institution militaire. Les dénégations maladroites et démagogiques de l’Etat-major n’ont pas arrangé les choses. Elles ont au contraire renforcé l’irritation des cadres subalternes qui estiment que l’échelon supérieur a failli à la tache et est incapable de préserver le pays d’un changement de régime.

Les réseaux sociaux de l’armée se font régulièrement l’écho de cette mauvaise humeur. A la pointe de la contestation contre l’AKP se trouve la gendarmerie. En lutte avec la police infiltrée depuis des années par les islamistes, elle voit ses prérogatives rognées les unes après les autres. Longtemps omniprésente dans les campagnes, la figure du gendarme turc est indissociable de la République. Véritable armée intérieure, elle a été pendant des années en première ligne de la révolution kémaliste. Dans les années 20, elle n’hésitait pas à passer par les armes les récalcitrants à l’interdiction du port du fez. Par la suite, elle a été en première ligne dans la lutte contre le séparatisme kurde et la collecte de renseignements sur la réaction religieuse. Il n’est donc nullement fortuit de constater l’implication  du service de renseignement de la gendarmerie, le JITEM,  dans le dossier Ergenekon.

A contrario, d’autres armes apparaissent plus perméable aux changements. L’armée de l’air serait  en proie à l’entrisme des confréries religieuses. Par ailleurs, le fait que régulièrement des plans d’opération ou des rapports d’Etat-major sortent dans la presse, indique que l’institution est contaminée. Les regards se tournent avec insistance en direction de la confrérie de Fethullah Gülen qui s’est faite remarquée dans le passé par des campagnes de prosélytisme dans les lycées militaires.

Les militaires ont conscience de la popularité de l’AKP, véritable incarnation du pays réel. Cependant, l’armée n’a pas renoncé à intervenir dans le champ politique. Elle attend le moment propice pour apparaître comme un recours face au désordre. La stratégie de la crise permanente orchestrée par l’AKP, a pour conséquence, de dresser les institutions les unes contre les autres (police contre armée, gouvernement contre haute-magistrature, gouvernement contre médias indépendants). Aussi, à l’occasion d’un faux pas des islamistes pris de démesure, elle pourrait se présenter comme la  garante de la paix civile et de la séparation des pouvoirs. Cela ne prendrait pas la forme d’un pronunciamiento classique avec parades des chars dans les rues d’Ankara, mais plutôt celle d’un communiqué symbolique en soutient à l’opposition laïque comme en 2007 au moment de l’élection présidentielle. Cependant, cette technique a prouvé à cette occasion ses limites. Sûr de l’appui des Américains et des Européens, plébiscité triomphalement par les urnes, l’AKP avait passé outre l’ultimatum.

Un retour au kémalisme est-il encore jouable ? Si oui, comment et pourquoi ?

Le sociologue italien Vilfredo Pareto remarque que les mêmes idéaux qui sont une force pour l’élite montante, deviennent pour l’élite en place une source de faiblesse quand elle les accepte par mauvaise conscience ou sentimentalisme. Le soutient d’une fraction du patronat laïc et des intellectuels libéraux au processus de démantèlement de l’Etat autoritaire au nom de la démocratisation et de l’intégration à la mondialisation libérale, est symptomatique de cet état d’esprit. L’élite au pouvoir se laisse aller à une forme d’autodénigrement qui finit par saper sa légitimité. Or, si certaines franges de l’establishment laïc ont abandonné le combat, d’autres, à l’image de l’appareil bureaucratique et militaire, s’accrochent avec l’énergie du désespoir à leur rente.

Le problème est que le paradigme kémaliste des anciennes élites est entré en phase terminale. Trop souvent la rhétorique laïque a servi à justifier la domination des Turcs blancs, le pays légal, sur le pays réel, les Turcs noirs. De plus, avec la mondialisation, le processus d’intégration à l’Union Européenne, le projet anglo-saxon d’islam modéré, c’est l’idée même d’Etat-nation, et donc sa religion civique, la laïcité qui est battue en brèche.

Conscients de ces évolutions, les intellectuels kémalistes essayent de réactiver la matrice nationaliste révolutionnaire composante essentielle du kémalisme originel. Cette réhabilitation du concept de nation, passe par de nouvelles convergences. On assiste depuis plusieurs années à travers le mouvement souverainiste (ulusaci) à un rapprochement entre la droite radicale et la gauche kémaliste. Les tenants de cette synthèse (Suat Ilhan, Dogru Perincek, Ümit Özdag, Vural Savas) conjuguent le rejet de l’impérialisme occidental avec celui de l’affirmation d’une identité nationale et étatique forte. Hostiles au processus d’adhésion à l’UE, favorables à la constitution d’un axe continental eurasiatique avec Moscou, rejetant le libéralisme transnational, ce courant fait également appel aux grands canons du kémalisme traditionnel : refus des alliances militaires inégales et donc sortie de l’OTAN, insistance sur l’idée d’une voie particulière au monde turc.
Alternative à l’Union Européenne, l’Eurasisme, rencontre une large audience dans les rangs de l’armée. Mais elle se heurte aux réalités. Tout d’abord, l’armée turque peut difficilement se passer du soutient logistique de Washington. De plus, les deux tiers des échanges commerciaux sont réalisés avec l’Europe. Cependant, le fait que les cercles eurasistes soient directement impliqués dans le dossier Ergenekon laisse transparaître que la lutte entre l’AKP et l’armée masque deux orientations géopolitiques antagonistes.

Comment l’Europe doit-elle se positionner par rapport à cette « nouvelle » Turquie ? Quelle est la meilleure conduite à tenir ?

L’adhésion sincère de l’AKP aux principes de Copenhague ne peut masquer le fait que le processus de démocratisation soit d’abord utilisé à des fins internes. En dehors de la rhétorique convenue sur les Droits de l’homme, le discours européen de l’AKP manque de consistance. Le principal argument utilisé est que « les civilisations ont tout à gagner à échanger entre elles ».

En réalité, le discours de l’AKP essentialise la notion de civilisation. L’Europe n’est pas un club chrétien mais un carrefour, une mosaïque de civilisations bien distinctes. C’est la conclusion à laquelle est arrivée une note de synthèse du Milli Görus (matrice idéologique de tous les partis islamistes turques) : « Lorsque la Turquie sera membre à part entière de l’Union Européenne, l’Europe sera un mélange de beaucoup de cultures et de religions ».

En dehors de l’attachement aux valeurs universelles du droit et de la démocratie libérale, l’Union Européenne n’a pas à affirmer d’identité propre. Cette neutralité culturelle est la condition préalable pour permettre à chacun d’affirmer pleinement son identité. Les Turcs sans complexe jouent la carte de la civilisation, de son côté l’Union européenne continue à vivre dans l’amnésie de sa tradition. Un contraste à méditer !

Comment jugez-vous les dirigeants de l’AKP ? A commencer par Erdogan.

L’une des raisons clefs du succès de l’AKP réside dans la personnalité charismatique de ses leaders. Croyant, d’extraction modeste, en retrait du système kémaliste, l’électorat populaire peut sans peine s’identifier à Tayip Erdogan et Abdulhah Gül. Ils correspondent à deux idéaux types profondément ancrés dans l’imaginaire collectif : Gül le Magdur, Erdogan le Kabadayi. Gül devient Magdur (celui qui a subi une injustice) à l’occasion des élections présidentielles de 2007, suite au veto initial mis à sa candidature par l’armée. Un Kabayi est « un coq de village ». Autoritaire, paternaliste, il  construit sa réputation sur un sens de l’honneur affirmé. Il est le protecteur des faibles contre les puissants qui en échange lui doivent allégeance.

Erdogan est né en 1954 à Rize au bord de la Mer Noire. Alors qu’il est âgé de treize ans, sa famille déménage à Istanbul dans le quartier populaire de Kasimpasa. Un quartier bigarré où s’entassent migrants des campagnes anatoliennes, gitans et caïds de la pègre locale. Erdogan est le cadet d’une fratrie de cinq enfants. Dés l’âge de seize ans, il conjugue son engagement politique au sein de la branche jeune du Parti du salut national avec sa passion pour le football. A partir du collège, il suit une scolarité dans un établissement religieux. A l’origine, les écoles imam hatip, coiffées par le ministère de l’Education ont pour mission la formation du futur desservant du culte. Mais en 1973, elles sont autorisées à préparer leurs élèves à l’enseignement supérieur. Les élèves sont socialisés dans une atmosphère où prime avant tout l’adhésion aux normes islamiques. A l’exception de ces aspects techniques, le processus d’occidentalisation y est sévèrement critiqué. Encore aujourd’hui, Erdogan ne manque jamais une occasion de rappeler ce qu’il doit à son éducation.

Une fois diplômé, Erdogan commence à travailler pour l’organisme public de transport public de la municipalité d’Istanbul, emploi qu’il abandonne rapidement pour le secteur privé à la suite d’un incident avec l’un de ses supérieurs qui lui reprochait sa barbe. Il travaille pour la grande firme de l’agroalimentaire, Ülker, proche de la mouvance islamiste. En 1984, le Parti de la prospérité a pris la suite du Parti du salut national interdit par les militaires. Erdogan devient responsable pour le quartier de Beyoglu (l’un des plus occidentalisés de la ville).

Il se fait remarquer dès cette époque pour sa plasticité. Il utilise des jeunes filles non voilées pour faire du porte à porte chez les particuliers. Cette stratégie élastique s’avère payante puisqu’il est élu en 1994 comme maire d’Istanbul.

A la tête d’un ensemble de plusieurs millions d’habitants, Erdogan fait preuve de qualités de gestionnaire reconnues, y compris par ses adversaires politiques. A cet échelon, la politique est une question de solutions pratiques. Il faut d’abord répondre aux besoins élémentaires de la population en matière de services. Cette méthode sera transposée au niveau national avec succès à partir de 2002. Symbole fort, il réhabilite le passé ottoman de l’ancienne capitale impériale et fait du jour de la chute de Constantinople (Fetih-29 mai 1453) un événement culturel majeur.

La vision de l’islam d’Erdogan est triple : la religion est un ciment identitaire, le vecteur d’un réseau social, un capital spirituel dont les exigences peuvent être réinvesties en politique.

En 1998, Erdogan est condamné à une peine de prison ferme pour incitation à la haine parce qu’il a déclamé en public un an auparavant à Sirt, dans le Sud-Est anatolien, un poème de Ziya Gökalp (père du nationalisme turc) : « Les minarets sont nos baïonnettes, les mosquées nos casernes ». Dans ce discours controversé, Erdogan se démarquait des nationalismes ethniques et vantait l’islam comme lien commun aux Kurdes et aux Turcs. L’identité nationale dans l’esprit d’Erdogan, c’est l’islam.

Cette césure avec la conception traditionnelle de l’Etat-nation marque la ligne de partage des eaux avec les nationaux-républicains du CHP et les nationaux-radicaux du MHP. Elle explique en grande partie l’approche plus souple de l’AKP sur le dossier kurde et chypriote. La détention d’Erdogan a fait de lui aux yeux de la frange conservatrice de l’opinion une victime de l’arbitraire d’un système. Beaucoup de Turcs vivant en marge de la légalité (construction illégale, économie informelle, croyance, style de vie) s’identifient sans peine à cet homme comme eux en rupture de ban.

Comment voyez-vous évoluer la situation turque dans les dix ans ?

Il est très périlleux de faire des prévisions précises mais depuis trois décennies des tendances lourdes sont perceptibles. A partir des années 1980, la mondialisation associée à la libéralisation de l’économie, l’adhésion à l’Union Européenne, ouvrent la Turquie. Les échelles sont progressivement brouillées. Le cadre national se retrouve compressé entre le local et le global.

A la différence de l’élite laïque aux rigides conceptions jacobines, les élites islamistes se sont coulées dans la nouvelle donne. Une classe entrepreneuriale est née. La Turquie expérimente un double et simultané processus d’intégration et de polarisation. Alors que le fossé entre ville et campagne, masses conservatrices et Etat, s’est réduit, les secteurs les plus laïcs sont expulsés des couloirs des instances dirigeantes. Entre 1999 et 2006, le segment de la population se définissant d’abord comme musulman est passé de 36 à 45%. Bousculant le triptyque Etat-laïc, Etat-unitaire, Etat-nation, les valeurs traditionnelles alliées à l’économie de marché ont remporté la bataille culturelle. Cette éthique entrepreneuriale (tüccar siyaseti) se propage. L’individu s’enrichit et en fait bénéficier la communauté. Loin des foudres de l’Etat kémaliste, les groupes confrériques nakshibendis ou nurcu ont su investir, les réseaux de l’information ou de l’éducation. La société civile prend le relais de l’Etat providence et le retrait de l’Etat devient synonyme de renouveau spirituel.  Ces changements vont de pair avec une approche moins pessimiste de l’existence ; la richesse engendrée par la libération des énergies ruisselle sur la société et prévient la tentation nihiliste.

Avec le soutien d’Européens candides  et d’Américains manipulateurs (même si des nuances existent entre les diplomates favorables à l’AKP et le Pentagone plus sceptique), la Turquie est en train d’opérer une véritable révolution conservatrice et de basculer. Synonyme d’archaïsme social, d’obscurantisme religieux, l’islam était le miroir négatif de l’identité turque. Aujourd’hui, l’AKP veut en faire le ciment du futur pacte social. Les premiers cercles du pouvoir sont solidement tenus en main par des islamistes formés dans le moule du Milli Görus. Les organes de sécurité : police, services de renseignements sont tombés dans l’escarcelle des confréries. Le parcours du nouveau directeur du MIT ( Milli Istihbarat Teskilati-service national de renseignement) est à cet égard éloquent. Un deuxième cercle  constitué de ralliés et de décideurs économiques soutient le noyau dur par opportunisme et intérêt bien compris.

La démocratie est le dernier pilier de cette Turquie nouvelle. Elle légitime l’expression des aspirations profondes du pays réel, jusqu’alors brimé par le pays légal. La démocratie passe avant la satisfaction des besoins de l’Etat, par conséquent elle prend le pas sur la laïcité.

Propos recueillis par Maurice Gendre

Maître Eckehart et la mystique néerlandaise

Maitre Eckehart et la mystique néerlandaise

conseils72k.jpgSi l’on en juge par les nombreux témoignages parvenus jusqu’à nous, les doctrines de Maitre Eckehart ont eu une grande répercussion dans les Pays-Bas. Cette influence s’expliquera notamment par le fait que ces contrées ont entretenu durant tout le moyen âge un commerce spirituel des plus intense avec Cologne et les provinces rhénanes.

Cependant, si l’histoire du mysticisme occidental nous apprend que les mystiques néerlandais ont fréquenté les foyers spirituels de la Rhénanie, il est certain, d’autre part, que les mystiques allemands sont venus de leur côté s’initier aux sources de la spiritualité néerlandaise. Mais si les voyages d’un Tauler ou d’un Suso en Néerlande sont chose généralement admise, l’influence de la mystique néerlandaise du XIIIe siècle sur un maître Eckehart, par exemple, semble encore relever du domaine des thèses hardies et peu défendables. L’analyse philologique de certains teImes eckehardiens à laquelle s’est livrée le R.P. Van Mierlo nous conduira cependant à admettre que l’infuence de la mystique néerlandaise sur Eckehart est possible, voire même certaine.

D’après le témoignage de Lamprecht von Regensburg (1) toute une littérature mystique du plus haut intérêt aurait fleuri dans les Pays-Bas avant l’année 1250. jusqu’ici deux noms à peine ont survécu à la perte des écrits de cette époque: Hadewych (2) et Béatrice de Nazareth. Mais à eux deux, ces noms suffisent pour situer la beauté de cette efflorescence mystique. Tout ce qui caractérisera un j~ur l’ori~inalité de la Mystique germanique se trouve déjà lllscrlt dans 1 oeuvre de ces femmes exceptionnelles. Et l’apparition de Eckehart au lieu de les inaugurer ne fera que confirmer les tendances spéculatives de cette mystique germanique, née dans les Pays-Bas près de la mer … Mais son génie créateur conduira ces tendances à leur suprême accomplissement, de telle manière que le maître de Hochheim peut être considéré à juste titre comme le véritable père de la «Deutschen Speculation». C’est chez lui que pour la première fois se dessine en toute sa magnificence ce grandiose édifice de la mystique germanique, et des matériaux épars dans les écrits spirituels de la Néerlande et de la Rhénanie il construira cette somme mystique qui domine encore le mysticisme allemand.

Nous n’entrerons pas ici dans les détails qui caractérisent le message du maître de Hochheim, mais nous essayerons de déceler son importance quant à l’orientation définitive de la mystique néerlandaise du XIVe siécle, telle qu’elle se précisera dans l’oeuvre de Ruusbroec l’Admirable et de ses disciples.

Ici encore nous pouvons dire, sans peur d’être contredit, que l’influence de Eckehart sur le sage de Groenendael est beaucoup moins évidente que l’on ne se plait généralement à l’affirmer. L’ignorance de la plupart des historiens du mysticisme occidental quant au développement parallèle des mystiques rhénane et néerlandaise a ainsi conduit à des conclusions par trop hâtives qui nous ont longtemps fait croire que les doctrines de Ruusbroec devaient tout à celles de Eckehart. N’a-t-on pas été jusqu’à affirmer que la terminologie de Ruusbroec était en grande partie tributaire de celle du grand créateur de «néologismes mystiques», quand la plupart de ces « néologismes» étaient depuis près d’un demi siècle le bien commun des mystiques Néerlandais et rhénans?

Comme nous le montrerons plus loin, ce n’est que dans les dernières oeuvres de Ruusbroec que l’on peut déceler d’une manière certaine que le mystique brabançon a pris connaissance de certaines thèses de Eckehart, mais alors encore pour les refuser et les attaquer comme les· pires des hérésies, cela après leur condamnation à Rome. Il est donc vraisemblable que seul le grand bruit fait autour des 17 thèses hérétiques du fougueux dominicain ait attiré l’attention du solitaire de Groenendaal sur l’oeuvre de Eckebart. Dès lors, l’affirmation d’un Van Olterloo, selon laquelle Ruusbroec aurait suivi pendant un certain temps l’enseignement de Eckehart à Cologne nous semble devenir peu défendable.

Quoique lui-mêine ait été soupçonné d ‘hérésie par certains maîtres en théologi.è, l’on peut dire qu’une importante partie de l’activité de Ruusbroec a été consacrée à combattre les hérésies de son temps (3), Selon le témoignage de son biographe Pomerius, Ruusbroec aurait même entrepris cette sainte croisade dès les premières années de sa prêtrise en s’attaquant à J’une des plus célèbres et des plus mystérieuses hérétiques de son temps: la Bloemardinne (4).

Dès sa première oeuvre, «LE LIVRE DU ROYAUME DES AMANTS DE DIEU», Ruusbroec fait allusion aux hérésies si «pernicieuses pour: la vraie foi» et dans son énumération de ceu?, qui sont incapables de suivre le chemin surnaturel vers Dieu, il citera dans le même chapitre les mécréants et les hérétiques, Plus loin il citera les quatre principales raisons d’hérésie en indiquant les moyens de les éviter. Dans tous ses autres écrits également Ruusbroec trouvera moyen de faire allusion aux divers aspects d’hérésie. Il en va ainsi dans «L’ANNEAU OU LA PIERRE BRILLANTE» au chapitre des «cinq sortes de Pécheurs» ; dans son «LIVRE DES QUATRE TENTATIONS» qui toutes sont évidemment à l’origine des errements de la foi : dans son «LIVRE DU TABERNACLE SPIRITUEL», où l’hérésie est cependant moins explicitement attaquée: dans son «LIVRE DES SEPT CLOTURES» où la cinquiè me clôture, celle de la fausse vacuité est décrite avec force détails qui nous montrent combien proche celle-ci se trouve du panthéïsme.

Dans «LES SEPT DEGRES DE L’ECHELLE D’AMOUR SPIRITUEL» nous trouvons également au chapitre XI une description de ceux qui se croient grands et élevés devant Dieu. Dans «LE MIROIR DU SALUT ETERNEL» Ruusbroec parle longuement de cette sorte de gens qui ne peuvent approcher de la Sainte Table et parmi lesquels les hérétiques prennent une place d ‘exception, parce qu’ils ne croient pas que le Christ se trouve en chair et en sang dans le Saint Sacrement, ou parce qu’ils affirment qu’ils sont -eux-mêmes Dieu et le Christ, leur main ayant créé le ciel et la terre, etc. etc… En d’autres endroits encore du même livre,Ruusbroec s’attaque à ces mêmes hérétiques en les vouant aux pires supplices.

Quant à son « LIVRE DE LA PLUS HAUTE VERITE» il y résume au chapitre IV tout ce qu’il a dit précédemment contre l’hérésie; nous y trouvons ainsi une véritable synthèse de la croisade idéologique de Ruusbroec contre les errements de son temps, synthèse qu’il lui suffira de reprendre dans son « LIVRE DES DOUZE BEGUINES» pour y dresser un réquisitoire définitif contre toutes les hérésies qui portent atteinte à la vraie foi.

Les hérésies que Ruusbroec combat dans ses premiers livres sont manifestement celles des Beggards et des Béguines, telles qu’elles f”rent condamnées par le Concile de Vienne de 1311, et dont il suffirait de reprendre. les différentes thèses latines pour en retrouver un écho direct, en langue populaire! dans les divers ouvrages de Ruusbroec.

Ce n’est qu’à partir des « SEPT CLOTURES» et des «DOUZE BEGUINES» que Ruusbroec s’attaque directement aux tendances de l’hérésie panthéïstique, et c’est ici que l’on retrouve clairement et pour la première fois certaines alluSions aux thèses condamnées de Eckehart et de ses disciples.

Sans que le nom d’Eckehart soit cité une seule fois dans les «DOUZE BEGUINES» plusieurs errements eckehardiens y sont explicitement réfutés. Ici encore l’on peut se demander si Ruusbroec: s’en est bien référé directement aux oeuvres du savant dominicain, ca’r il est plus vraisemblable de croire que Ruusbroec s’en est tenu aux «Errores Eckardi » telles qu’elles sont relatées dans la Bulle «In Agro Dominico » de Jean XXII, du 27 mars 1329 (5).

Certaines tournures de phrase du texte de Ruusbroec font cependant croire que celui-ci a également eu connaissance de quelque rédaction allemande des thèses hérétiques de Eckehart, mais alors encore a-t-il pu les trouver dans certaines variantes respectant plus ou moins fidèlement la pensée du maitre. C’est ce qui pourrait expliquer le gauchissement imprimé à certaines phrases citées par Ruusbroec, pour être immédiatement passées au crible. Après une analyse minutieuse des textes ruusbroeciens l’on en arrive à conclure que l’information de Ruusbroec quant aux doctrines eckehardiennes. Ne semblerait être que de seconde main, ce qui nous conduit en définitive bien loin d’une dépendance immédiate du solitaire de Groenendael à l’égard du Père de la « Deutschen Speculation » (6).

Un disciple de Ruusbroec, Jan Van Leeuw, reprenant les arguments de son maitre contre les doctrines de Eckehart, s’élève dans un de ses livres avec une rare violence contre les erreurs qu’elles comportent (7), Ne ménageant point ses mots, le bonus cocus reprochera à Eckehart d’être un homme diabolique, plein de morgue, qui ne songerait qu’à entrainer ses semblables en Enfer, Le feu de la polémique entraina cependant trop loin le brave cuisinier mystique qui, dans un écrit ultérieur, a dû faire amende honorable (8), Dans deux chapitres de ce manuscrit il justifie ses attaques, en se défendant à son tour d’avoir écrit des choses hérétiques: «Si j’ai pu écrire faussement, dira-t-il fort humblement, j’en demande pardon auprès de Dieu et de mes lecteurs». Cela n’empêche qu’il essayera de prouver son innocence en reconnaissant que Eckehart a abjuré toutes les hérésies qu’il lui reprochait. Il va même jusqu’à dire que « si Eckehart se trouve actuellement au Ciel – comme il l’espère – celui-ci doit non seulement approuver la chaleur avec laquelle lui, Jan van Leeuw, a pu l’attaquer dans ses hérésies, mais que si cela était en son pouvoir, celui-ci les attaquerait lui-même avec plus de violence encore … ».

Les répliques de Ruusbroec et de son disciple aux thèses hérétiques de Eckehart laissent supposer que, quoi que condamnées en haut lieu, celles .. ci devaient avoir une répercussion certaine, en séduisant les âmes pieuses, pout les entrainer dans les voies du panthéisme.

Les très nombreux manuscrits thiois de Maître Eckehart retrouvés dans les principales bibliothèques d’Europe laissent supposer que ses doctrines doivent avoir eu un grand retentissement dans les Pays-Bas. Si l’on songe qu’un manuscrit devait passer de main en main et faire J’objet de lectures à haute voix devant ‘un auditoire choisi, l’on peut dire que c’est par centaines, si pas par milliers que devaient s’y recruter les amis de Eckehart.

Un des plus curieux témoignages de l’influence de Eckehart est ce dialogue entre «Meester Eggaert» et de laïc anonyme (9), Ce texte se compose de 80 pages in-folio, de quatre colonnes chacune. Il est un véritable essai de vulgarisation de la doctrine eckehardienne. Il se présente sous forme de questions et réponses et fut probablement écrit dans le courant du XIVe siècle, bien que le seul manuscrit que nous connaissions soit du XVIe siècle.

Dans l’ensemble, ce texte ne nous apprend rien de nouveau sur Eckehart, mais le fait d’avoir été écrit sous forme de questions ~t de réponses lui confère la valeur d’un véritable catéchisme mystique à l’usage des âmes simples qui « ne connaissent assez de latin que pour dire « Pater»

Que ce manuscrit ait encore été recopié au XVIe siècle nous prouvera d’autre part la persistance de J’influence eckehardienne dans les Pays-Bas.

Sans doute est-ce parce que la pensée de Eckehart se prêtait facilement à une interprétation panthéistique qu’elle joue un rôle si prépondérant dans J’évolution de certaines sectes dont la plus célèbre est celle des frères du «Libre Esprit».

Très réputée en Rhénanie, cette secte était dirigée au XIVe siècle par le néerlandais Walter de Hollande, dont les relations avec les Pays-Bas furent fréquentes et fécondes. C’est surtout par J’entremise de son école que les «hérésies panthéistes» de Eckehart furent anonymement répandues dans ces contrées.

Ruusbroec et ses disciples immédiats ne furent d’ailleurs pas les seuls à combattre tes hérésies; d’autres auteurs mystiques de son école, tel ce Gerhard Zerbold de Zutphen, auquel on attribue le «DE LIBRIS TEUTONICALIBUS». L’interprête autorisé de la doctrine des «Frères de la Vie Commune» s’y élève avec violence contre les «hérésies» sous prétexte qu’elles sont «valde nocipi et periculosi».

Cependant, l’interprétation hérétique du message eckehardien était trop séduisante pour que les anathèmes des esprits orthodoxes l’atteignent profondément. Durant le XIVe et jusque fort avant dans le XVe siècJe les sectes hérétiques connurent un rayonnement prodigieux et cela malgré Jes persécutions les plus tragiques.

Dire l’histoire de ces sectes, établir leurs doctrines et leurs filiations serait chose bien tentante; hélas. nous ne sommes renseignés à leur sujet que par le témoignage indirect de ceux-là mêmes qui les combattirent et qui ont du facilement fausser leur pensée exacte. Quant aux écrits mêmes des hérétiques. ils furent la proie des bûchers.

Il est impossible, dans de telles conditions d’établir l’influence réelle des doctrines de Eckehart sur ces hérésies, tout comme il est malaisé de déceler l’influence de celles-ci sur son système. Quant à la mystique orthodoxe, c’est surtout par les voies de ses disciples Tauler et Suso que Eckehart a pu avoir une influence positive et indirecte sur les mystiques néerlandais. Mais chez ces auteurs également il est bien difficile de déceler ce qui appartient en propre à la mystique rhénance, ces deux auteurs ayant séjournés également dans les centres spirituels des Pays-Bas.

Pour suivre les thèses du R. P. Van Mierlo quant aux relations entre la mystique des Pays-Bas et celle de la Rhénanie, nous dirons qu’en vérité il ne peut être question que d’interférences dont l’état actuel de la science ne peut établir les courbes exactes. Trop de documents perdus nous empêchent de retrouver les chaînons qui nous permettraient de parler valablement de cet aspect complexe de la spiritualité occidentale.

Dès maintenant une: conclusions s’impose cependant, c’est que mystiques néerlandaise et rhénane se confondent constamment et bien souvent ne font qu’une.

Marc. EEMANS

(1) Lamprecht von Regensburg : « DIE TOCHTER SIONS ».

(2) Les affinités évidentes entre la mystique de Hadewych et les doctrines de Eckehart ont conduit A. E. Bouman, dans une étude parue dans la revue Néo-Philgus (8e année) a affirmer non sans quelque légèreté que Hadewych était tributaire de Eckehart… La gratuité de cette thèse apparaîtra immédiatement si l’on songe que les oeuvres de Hadewych ont été écrites près d’un demi siècle avant celles de Eckehart. Nous n’en concluons cependant point que c’est Eckehart qui est tributaire de Hadewych, nous pourrons affirmer tout au plus que l’un

et l’autre ont puisé à une tradition commune et que l’interaction des mystiques néerlandaise et rhénane donnent à ces deux écoles de spiritualité une évidente parenté. Notons également en passant qu’une Sainte Hildegarde que l’on situe généralement à l’origine de 1a mystique germanique ne présente encore aucune des caractéristiques de cette école, mais participe encore entièrement de la tradition des Pères de l’Eglise.

(3) Voir notamment le R. P. Van Mierlo: « RUUSBROEC’S BESTRIJDING DER KETTERIJ « Ons Geeslelijk Erf. Oct. 1932. (N° Ruusbroec).

(4) Le R. P. Van Mierlo a analysé av,ec son érudition coutumière le cas de la Bloemardinne dans son étude

« OVER DE KETTERIN BLOEMARDINNE » dans Verslagen en Mededeelingen der Kon. VI. Académie, 1927.

(5) Voir p. 70 de ce numéro. Pour de plus amples détails consulter également G. Théry O. P. « EDITION CRITIQUE DES PIECES RELATIVES AU PROOES D’ECKHART CONTENUES DANS LE MANUSCRIT 33b DE LA BIBLIOTHEQUE DE SOEST », l. c. Paris, 1929.

(6) Ruusbroec et son entourage devaient cependant connaître les textes des Sermons XV et LXXXVII. Voir la traduction de ces deux sermons dans le présent numêro. Voir aussi Walther Dolch : DIE VERBREITUNG OBERLANDISCHER MYSTIKERWERKE IM NIEDERLANDISCHEN, Teil I. Diss, Leipzig 1909,

(7) Voir notre traduction page 91.

(8) Ms. 667 de la Bibliothèque Royale de Belgique, à Bruxelles.

(9) Ms. Biblio, Royale de Belgique, N° 888.890.

mardi, 08 mars 2011

Alain Soral: Mieux comprendre l'empire afin de mieux le combattre...

Mieux comprendre l’empire afin de mieux le combattre…

soral3.jpgS’il y a un livre tombant à point nommé, à en juger de l’actualité, c’est bien celui-ci : le dernier essai de notre chroniqueur. En exclusivité, il nous en dit plus (paru dans Flash Magazine N°59).

Vous nous aviez habitués à parler légèrement de choses graves et là, on sent une rupture de ton dans ce dernier ouvrage… C’est la cinquantaine qui vous change ou sont-ce les temps qui changent ?
Disons que nous ne sommes plus dans les années 1990/2000 où quelque chose se mettait en place avec l’UE, l’Euro, mais où la tentative de putsch mondialiste n’était pas aussi imminente et visible. À cette époque, on pouvait encore tergiverser, mais là, entre la crise financière américaine, les déficits publics européens, les tensions ethniques et sociales qui se généralisent, et pas seulement dans le monde musulman, plus ici l’écroulement de la classe moyenne et la candidature de Strauss-Kahn qui s’avance… Vous conviendrez que les temps ne sont plus à la rigolade, à moins d’être Martien !

Vous êtes de formation marxiste et pourtant vous continuez de défendre la monarchie capétienne. Le paradoxe est plaisant, mais on sent du fond derrière ce raisonnement. Dites-nous en un peu plus…
Pour apaiser nos lecteurs de droite, je vais commencer par une citation de Marx, afin de bien leur faire sentir quelle était la position de ce grand penseur sur l’Ancien régime et le monde bourgeois qui lui a succédé : “Partout où la bourgeoisie est parvenue à dominer, elle a détruit toutes les conditions féodales, patriarcales, idylliques. Impitoyable, elle a déchiré les liens multicolores de la féodalité qui attachaient l’homme à son supérieur naturel, pour ne laisser subsister d’autre lien entre l’homme et l’homme que l’intérêt tout nu, l’inexorable “paiement comptant”. Frissons sacrés et pieuses ferveurs, enthousiasme chevaleresque, mélancolie béotienne, elle a noyé tout cela dans l’eau glaciale du calcul égoïste.”

Ceci pour rappeler que le sujet de Marx c’est la critique de la bourgeoisie, pas de l’Ancien régime ! En revanche, l’outil sociologique marxiste est très utile pour comprendre le renversement de la monarchie française par le nouvel ordre bourgeois. Et ces deux siècles de régime démocratique nous permettent aussi de juger largement des promesses et des mensonges de notre fameuse République égalitaire et laïque, en réalité démocratie de marché et d’opinion sous contrôle de l’argent et des réseaux maçonniques… Je peux donc, à la façon de Maurras, conclure de cette analyse objective que la monarchie catholique, comme système politique, était meilleure garante de l’indépendance nationale et de la défense des intérêts du peuple, que la finance apatride qui se trouve aujourd’hui au sommet de la pyramide démocratique qui n’a, en réalité, de démocratique que le nom !

De même, vous avez rejoint le PCF au début de sa dégringolade et refusez de vous acharner sur la défunte URSS, y voyant une sorte de tentative maladroite de lutter contre un empire encore plus puissant. On se trompe ?
Je suis persuadé, par intuition, mais aussi par l’analyse philosophique et historique, que le communisme n’a pu séduire une grande partie des masses travailleuses et des élites intellectuelles en Occident, que parce qu’il renouait avec la promesse chrétienne du don et du nous, détruite par le libéralisme bourgeois et son apologie de l’égoïsme individuel. Tout le reste n’est qu’une histoire de manipulation et de récupération, comme il en va toujours des religions par les Églises. Comme Tolstoï à son époque, je ne vois donc pas le communisme comme une aggravation du matérialisme bourgeois, mais comme une réaction au matérialisme bourgeois. Une tentative de respiritualiser le monde, malgré la mort de Dieu, et il y a pour moi, à l’évidence, bien plus de spiritualité et de christianisme dans l’espoir communiste tel que l’avaient compris le peuple et les poètes, que dans la bigoterie catholique de la IIIe République !

Par ailleurs, le monde bipolaire USA/URSS était la chance de la France, qui pouvait faire valoir, dans ce rapport de force, sa petite troisième voie. Ce qu’avait parfaitement compris de Gaulle dès 1940. Se réjouir, pour raison doctrinale, de la chute de l’URSS, alors que la nouvelle hégémonie américaine qui en a résulté nous a fait tout perdre, n’est donc pas une attitude de patriote français intelligent.

Bref, comme je l’explique aussi dans mon livre : l’ennemi de la France catholique est, et reste, la perfide Albion et ses rejetons, le monde judéo-protestant anglo-saxon libéral ; pas la rêveuse Russie d’hier, pas l’Orient complexe et compliqué d’aujourd’hui…

soral1.jpgContinuons à parler de vous. De tous les intellectuels “alternatifs” ou “déviants”, vous êtes l’un des meilleurs dans la maîtrise des codes de la “modernité”. Mais aussi l’un des plus en pointe dans la défense de la tradition, gréco-romaine et chrétienne. Un autre paradoxe ?
Merci du compliment. Mais je crois que ma réponse précédente éclaire en partie cette juste remarque. La France, qui a été la grande Nation, a produit les plus grands penseurs occidentaux du XVIIe et XVIIIe siècle – les Allemands ayant pris le relai au XIXe après que l’Angleterre nous eut détruits avec Napoléon, comme elle détruira ensuite l’Allemagne avec Hitler… – la France donc, pour des raisons sociologiques et épistémologiques, reste encore aujourd’hui, malgré sa faiblesse politique, la citadelle morale capable de résister, en Occident, au rouleau compresseur judéo-protestant anglo-saxon. À ce rouleau compresseur qui avance en détruisant les deux piliers de notre civilisation qui sont le logos grec et la charité chrétienne. Cette pensée et cette vision du monde helléno-chrétienne – celle de Pascal – qui est française par excellence et européenne, au sens euro-méditerranéen du terme. Une compréhension spirituelle de l’Europe qui passe malheureusement très au-dessus de la tête des Identitaires et de leurs fatales alliances judéo-maçonniques (Riposte laïque + LDJ) d’adolescents niçois…Toute la modernité, comme sa critique intelligente, c’est-à-dire la compréhension et la critique du processus libéral-libertaire provient de cette épistémè helléno-chrétienne, si française. Il est donc logique que quelqu’un qui prétende maîtriser la modernité défende cet outil et cet héritage national incomparable…

Cela vous amène tout naturellement à prendre la défense d’un islam dont on sent bien que les élites dominantes souhaitent la diabolisation, après avoir eu la peau du catholicisme. Une fois de plus, vous ramez à contre-courant…
Pour enfoncer le même clou, je rappellerai qu’un Français, donc un catholique, se situe à égale distance d’un anglo-saxon judéo-protestant et d’un arabo-musulman. Et c’est de cet équilibre, comme l’avait déjà compris François 1er, qu’il tire son indépendance et sa puissance. Une réalité spirituelle et géopolitique encore confortée par notre héritage colonial, l’espace francophone qui en a résulté… En plus, la situation aujourd’hui est d’un tel déséquilibre en faveur de la puissance anglo-saxonne, et cette hyper-puissance nous coûte si cher en termes de soumission et de dépendance, qu’il faut être un pur agent de l’Empire – comme Sarkozy et nos élites stipendiées pour se tromper à ce point d’ennemi principal !

Quant à la question de l’immigration, qui est la vraie question et pas l’islam, il est évident que pour la régler il faudra d’abord que la France reprenne le pouvoir sur elle-même. Or, ce pouvoir en France qui l’a ? Pas les musulmans…

Revenons-en à votre livre. Si on le résume à une charge contre le Veau d’or et ceux qui le servent, la définition vous convient-elle ?
Oui. “Comprendre l’Empire” c’est comprendre l’Empire de l’Argent. Et la lutte finale n’est pas contre la gauche ou la droite, les Allemands ou les Arabes, mais contre la dictature de Mammon. C’est en cela que le combat actuel rejoint la tradition…

soral2.jpgUn dernier petit mot d’optimisme pour nos lecteurs, histoire de les inviter à ne pas désespérer ?
D’abord pour citer Maurras après Marx : “Tout désespoir en politique est une sottise absolue”. N’oubliez pas que, contrairement au football, l’Histoire est un match sans fin. On peut donc être mené 20-0, rien n’est jamais perdu. De plus, notre empire mondialiste en voie d’achèvement ressemble de plus en plus à l’URSS. Un machin techno-bureaucratique piloté par une oligarchie délirante, stupide et corrompue, ne régnant plus sur le peuple, contre ses intérêts, que par le mensonge et la coercition. Le Traité de Lisbonne et la réforme des retraites en témoignent. Il n’est donc pas exclu que, comme pour l’URSS, l’Empire mondialiste s’écroule sous le poids de ses mensonges et de ses contradictions, au moment même où il pensait arriver aux pleins pouvoirs officiels par le Gouvernement mondial, après deux siècles de menées souterraines…

De ce point de vue, les soulèvements populaires au Maghreb, et qui pourraient bien culminer par la chute d’Israël et la défaite du lobby sioniste aux USA, sont un signe d’espoir bien plus probant que la montée des extrêmes droites sionistes et libérales européennes !

Propos recueillis par Béatrice PÉREIRE

 
Alain Soral

À propos de Alain Soral

Écrivain, essayiste et dynamiteur bien connu des plateaux de télévision, l’homme est incontrôlable,. À Flash, il a parfois du mal à se contrôler. Et c’est aussi et surtout pour cela qu’on l’aime. Devant le politiquement correct, il est comme un taureau devant un chiffon rouge. Tout plutôt qu’un veau !

Armenia e Israele - limiti e prospettive della politica estera turca

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Armenia e Israele – limiti e prospettive della politica estera turca

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

Obiettivi e finalità della nuova politica estera turca

Het geheim der Perseïden

Het geheim der Perseïden

hermes.jpgIn het slotartikel van ‘Het cultureel leven tijdens de bezetting’ (Diogenes, nr. 1-2, nov. ’90, blz. 57), schreef onze vriend Henri-Floris Jespers dat ik in het interview van de Heer Van de Vijvere te voorschijn gekomen was als een ‘ijverige en openlijke ultra’ (sic!). Niets is minder waar. Ik een ‘ultra’? Ik wens dit hier, zo mogelijk, te weerleggen. Eerst en vooral: in een passage van zijn artikel onderstreept H.F. Jespers dat werken van zijn grootvader Floris Jespers door de Brusselse Propaganda-Abteilung, niettegenstaande haar mild standpunt tegenover de zogenaamde Belgische ‘entartete Kunst’ gecensureerd werden. En hij citeert: ‘Joods meisje’ en ‘Joodse Bruiloft’. Dergelijke titels zijn, helaas, te beschouwen als naïeve provocatie! Hadden beide werken als titel meegekregen ‘Antwerps meisje’ en ‘Antwerpse bruiloft’, zou de Propaganda-Abteilung er voorzeker geen graten in gezien hebben… Laten we niet vergeten dat nazi-idioten onze grote Rembrandt als ‘entartet’ beschouwden omdat hij o.m. ‘Het Joods bruidje’ geschilderd heeft, alsmede portretten van rabbijnen die in de buurt van zijn Jodenbreestraat rondliepen in schilderachtige Oosterse gewaden… De heren van de Brusselse Propaganda-Abteilung, het dient gezegd te worden, interesseerden zich meer voor ‘wijntje en Trijntje’ dan aan censuur! Anderzijds heeft grootvader Jespers toch in Nazi-Duitsland tentoongesteld met de meeste Vlaamse expressionisten. Dit echter met eerder brave werken die de naam hadden te behoren tot een nieuwe strekking in de Belgische kunst, namelijk het ‘animisme’. Onder het mom van ‘Heimatkunst’ heeft Floris Jespers gedurende de bezettingsjaren Ardense landschappen geschilderd waar ik onlangs nog een prachtig staaltje van gezien heb in het Osterriethhuis, aan de Meir, te Antwerpen. Zelfs een Magritte heeft zich aan de nazi-bezetter trachten aan te passen met zijn ‘surrealisme en plein soleil’, dat Andre Breton achteraf als ‘surrealisme cousu de fil blanc’ bestempeld heeft, terwijl ikzelf gedurende die bezetting als echte surrealist, als ‘Entart’ verketterd werd!

***

Doch, laten we overgaan naar ‘het geheim der Perseïden’! Perseiden? Een geheim genootschap of eerder een vriendenkring van schrijvers, musici en vooral kunsthistorici die zich als ‘Groot-Nederlanders’ of ‘Dietsers’ aanstelden, en de roem van de ‘Groot-Nederlandse cultuur’ verdedigden en wensten te verspreiden, zelfs onder nazi-bezetting, die ‘Groot-Nederland’ als een onverdedigbare en voorbijgestreefde utopie beschouwde. Laat ons niet vergeten dat er tussen Vlaanderen en Nederland teen een haast onoverschrijdbare ‘Chinese muur!’ bestond, een echte ‘muur van de schande’, en toch werd die muur overschreden, namelijk door uw dienaar, de zogezegde ‘ultra’ Marc. Eemans. Maar van waar die Perseïdenaam? Laat ons gerust opklimmen tot de 16de en de 17de eeuw, toen de kloof tussen Noord en Zuid in de Nederlanden ontstaan is. Toen is er een wellicht eveneens geheim genootschap gesticht, dat naar rederijkersgewoonten een naam meekreeg ontleend aan de klassieke Oudheid, en de keuze viel op de held Perseus die Andromeda gered heeft. In rederijkerstaal was de arme, gekluisterde Andromeda het symbool van de verscheurde Nederlanden… Een van de topfiguren van dit geheim genootschap moet Petrus-Paulus Rubens geweest zijn, de hofschilder der aartshertogen Albert en Isabella, doch tevens een halfbroer van een prinses van Nassau, geboren uit overspel van de vader van Rubens met prinses Anna van Saksen, echtgenote van Willem de Zwijger.

Hier komt nu de spilfiguur van Dr Juliane Gabriëls op de voorgrond van de moderne ‘Perseiden’. Vriendin Juliane, een thans helaas haast vergeten topfiguur uit het Vlaamse cultureel leven in de eerste helft van onze eeuw, werd te Gent geboren in een francofone orangistische familie . Ze studeerde geneeskunde aan de Vrije Universiteit Brussel en werd de eerste vrouwelijke neuroloog dezer instelling, dit circa 1910, zo ik me niet vergis. Gedurende de Eerste Wereldoorlog werd ze docent aan de toen vervlaamste Universiteit van Gent, en werd ze in 1918, als zoveel andere ‘aktivisten’, vervolgd door het Belgische gerecht.

In de diaspora der vervolgde flaminganten belandde ze te Berlijn, waar ze o.m. bevriend werd met de eveneens uitgeweken jonge dichter Paul van Ostaijen en, zo men haar mag geloven, ontmoette ze hem geregeld in de lift van een groot Berlijns hotel, die hij bediende in een rood uniformpje in de trant van ‘le chasseur de chez ‘Maxim”…

Te Berlijn trad Juliane Gabriëls in de echt met de Duitse kunsthistoricus Dr Martin Konrad, de medewerker, onder de leiding van Dr Paul Clemens, van het verzamelwerk ‘Belgische Kunstdenkmäler. (Verlag F. Bruckmann A.G., München, 1923). Het werd voor Juliane Gabriels het begin van haar tweede roeping. Ze promoveerde toen te Berlijn tot doctor in de kunstgeschiedenis met een studie over ‘Artus Quellien, de Oude, Kunstryck Belthouwer’ (Uitg. ‘De Sikkel’, Antwerpen, 1930), met de beroemde Duitse kunsthistoricus A.E. Brinckmann als promotor.

Juliane Gabriëls vertoefde echter niet lang te Berlijn en ging zich te Blaricum, aan de Zuiderzee vestigen, waar ze de geboorte van het Vlaamse expressionisme meemaakte, met haar vrienden Gust en Gusta de Smet, Fritz van den Berghe, Jozef Canrre en het koppel Lucien Brulez-Mavromati, zonder de dichter Rene De Clercq te vergeten. Een herinnering aan dit ballingschapsoord is het ‘Portret van mevrouw G.’, geschilderd door Fritz van den Berghe.

Terug in het vaderland, vestigde Juliane Gabriëls zich te Antwerpen, in de Osijstraat, waar ze een dokterscabinet opende en een salon hield waar talloze Vlaamse en Noord-Nederlandse prominenten graag geziene gasten werden.

In dit salon is een haard van Vlaams culturele  initiatieven ontstaan. Laat ons hier slechts vermelden: ‘Geschiedenis van de Vlaamsche kunst’ onder leiding van Prof. Dr Ir Stan Leurs (uitgeverij De Sikkel, Antwerpen, z.d.); stichting van de ‘Vlaamse Toeristenbond’, onder voorzitterschap van dezelfde Prof. Dr Ir Stan Leurs; stichting van een Vlaamse Akademie van de zeevaart; stichting van het ‘Busleyden-instituut’, onder voorzitterschap van de Noord-Nederlandse Prof. Dr G.J. Hoogewerff, voor de studie van de Groot –Nederlandse kunstgeschiedenis, enz.

Ik heb Juliane Gabriëls slechts twee dagen voor de inval van de Duitse legers in Belgie leren kennen. Bij een luchtaanval op Antwerpen, in mei 1940, werd haar huis in de Osijstraat door een bom getroffen en is ze een onderkomen te Brussel komen zoeken, hetgeen de aanleiding werd voor een meer uitgebreide kennismaking en de ontdekking van dezelfde interesse voor de Groot-Nederlandse idealen zowel op het gebied van de kunst als op dat van de Dietse belangen, zowel cultureel als politiek.

Groot was onze hoop toen we vernamen dat het gebied waarover de Duitse ‘Militärverwaltung’ zich uitstrekte tot aan de Somme reikte, dit is tot aan de zuidelijke grens van de aloude XVII Provincies; doch even groot werd onze teleurstelling toen we moesten vaststellen dat Noord-Nederland onder een ‘Zivilverwaltung’ viel en van Zuid-Nederland door een echte Chinese muur gescheiden werd. Onze sympathie voor de ‘Mythos van de XXe eeuw’ ten spijt, bracht dit ons, Juliane Gabriëls en mezelf, en onze gelijkgeoriënteerde vrienden, tot een eerder terughoudende gezindheid tegenover de bezetter. Dit belette echter niet, voor de meeste onder ons, een kollaboratie met voorbehoud.

Ikzelf, werkloos geworden door de oorlogsomstandigheden, ben aldus om den brode een vrije medewerker geworden aan allerlei zowel franstalige als nederlandstalige bladen en tijdschriften behorende tot de verscheidene strekkingen van de kollaboratie, dit echter op uitsluitend cultureel vlak, want politiek was me uit den boze… De Realpolitik van de bezetter was eerder dubbelzinnig en onaanvaardbaar wat ons Diets ideaal betrof. Ik heb trouwens eens gezegd aan Dr Jef van de Wiele, de leider van de Devlag en auteur van het boek ‘Op zoek naar een vaderland’, dat hij niet een lands-, maar een volksverrader was…

Zonder aan ‘weerstand’ te denken, hebben Juliane Gabriëls en onze Dietsgezinde vriende aan ‘weerstand’ gedaan onder het motto ‘onverfranst, onverduitst’. Maar hoe? Op allerlei wijzen, middels contacten met nietnazi-gezinde Duitse vrienden waaronder, o .m. de Brusselse leden van de Propaganda-Abteilung. Vandaar de milde houding van deze heren wat betreft de toepassing in Vlaanderen van de ‘entartete Kunstpolitik’ .

Ons Groot-Nederlands ideaal was anderzijds, hoe paradoksaal het ook moge klinken, gediend door een door ‘Ahnenerbe’, het wetenschappelijk organisme van de SS, gestichte uitgeverij geheten ‘De Burcht’. De zetel van deze uitgeverij werd aldus het ontmoetingscentrum van de ‘Perseïden’ en de haard van talrijke Groot-Nederlandse uitgaven, o.m. het maandblad ‘Hamer’ en het tijdschrift ‘Groot-Nederland’, waar zowel Noord-Nederlandse als Zuid-Nederlandse schrijvers regelmatig aan meegewerkt hebben.

Er waren verder nog andere mogelijkheden door andere uitgeverijen geboden. Zo is het dat bij De Sikkel een boek van Juliane Gabriëls en Adriaan Mertens in 1941 verschenen is, gewijd aan ‘De constanten in de Vlaamse kunst’, en van mezelf, bij de uitgever Juliaan Bernaerts (hij was eveneens de directeur van ‘De Burcht’) een kleine monografie over ‘De Vroeg-Nederlandse schilderkunst’ (Kleine Beer-reeks nr. 10 van de uitgeverij ‘De Phalanx’). Onze thans té vergeten vriend Urbain Van de Voorde publiceerde anderzijds bij een uitgeverij van het VNV een uitstekend overzicht van de schilderkunst der Nederlanden, dat vooral de nadruk legde op de eenheid van de zogeziene of zogenaamde ‘Vlaamse’ en ‘Hollandse’ schilderkunst, niettegenstaande de politieke verscheurdheid van ons gemeenschappelijk vaderland. Van dit boek bestaat een tot hiertoe onuitgegeven Franse vertaling. Anderzijds heb ik toen een uitvoerig, nog steeds onuitgegeven, essay in het Frans gewijd aan de Nederlandse poëzie (Noord en Zuid), vanaf de Middeleeuwen tot het midden van onze eeuw. Het draagt voor de ‘Perseïden’ de veel betekenende poëtische titel ‘Andromède révélée’.

Van een Duitse kunsthistoricus, de in Amsterdam vertoevende Friedrich-Markus Huebner, vertaalde ik verder een boek gewijd aan Jeroen Bosch dat na de oorlog, dank zij mij, nog een Franse vertaling kende onder de titel ‘Le mystere Jerome Bosch’ (uitgeverij Meddens, Brussel). Laat me er nog aan toevoegen dat ik eveneens de auteur ben (onder een deknaam!) van een boek gewijd aan ‘De Vlaamse Krijgsbouwkunde’ (Frans Vlaanderen inbegrepen), gedeeltelijk geschreven gedurende de Duitse bezetting (Drukkerij-Uitgeverij Lannoo, Tielt, 1950).

Met de bedoeling de nadruk te leggen op de voorrang van de Nederlandse op de Italiaanse kunst, gaf Juliane Gabriëls een lezing in het ‘Italiaans Instituut’ van de Livornostraat te Brussel, waarin ze betoogde dat de Renaissance niet in ltalië, doch in de Nederlanden was ontstaan met een Claus Sluter en een Jan van Eyck als boegbeelden. Na de lezing had een kleine ontvangst in de ‘dopo lavoro’ van het Instituut plaats. Bij het drinken van een uitstekende ‘chianti’ (toen een rariteit), werd een woordje gezegd ter ere van de Duce en van de leider Staf De Clercq, waarop een toevallig aanwezige Duitse SS-man, Unterscharführer Heinz Wilke, eveneens een woordje ter ere van zijn Führer wenste te zeggen. Het woord werd hem echter geweigerd omdat het voor ons uitsluitend ging om een Italiaans-Vlaamse verbroederingsavond. Heinz Wilke liep woedend weg en diende tegen ons een klacht in bij de S.D. met diplomatieke verwikkelingen tussen Brussel, Berlijn en Rome. Gelukkig genoeg voor ons, kwam de topfiguur van de SS in Belgie ons ter hulp en bleef de klacht bij de S.D. ten slotte zonder gevolg, zoniet waren Juliane Gabriëls en haar vrienden in een Duits concentratiekamp beland… Achteraf, na de val van de Duce, bleek de directeur van het ‘Italiaans Instituut’ te Brussel een Italiaanse verzetsman te zijn…

Een ander, eerder onschuldig exploot van de ‘Perseïden’ ten gunste van de Nederlandse kunstgeschiedenis, was de officiële ontvangst door het ‘Busleydeninstituut’, op het Mechelse stadhuis, van Prof. Dr Hans Gerard Evers ter gelegenheid van het verschijnen van zijn boek gewijd aan Peter Paul Rubens (Verlag F. Bruckmann, München, 1942). Het werd een heuglijke gebeurtenis met een ‘congratulatio’ van Juliane Gabriels, een dankwoord van Prof. Evers en de overhandiging van een erediploma aan de Duitse kunstgeleerde, dit in aanwezigheid van leden van het ‘Deutsches Institut’ te Brussel, waaronder weinig of geen Nazi-Iui, doch mooie jonge vrouwen, want vrouwelijk schoon heeft steeds de ‘Perseïden’ gesierd…

Een ‘Perseïde’ van over de ‘schreve’ was de Frans-Vlaamse priester Gantois, een persoonlijke vriend van de niet-katholieke Juliane Gabriëls, die reeds in het begin van de bezetting onder een deknaam een studie gewijd had aan het toen aktuele onderwerp ‘tot waar strekken zich de Nederlanden in Frankrijk uit?’ Natuurlijk tot aan de Somme! Ik licht hierbij dan uit mijn bibliotheek een vijfdelig boek uit de 18e eeuw (met een ‘imprimatur’ van 24 juni 1768) dat heet ‘Les delices des Pays-Bas ou description geographique et historique des XVII. Provinces Belgiques’, met een ‘Descriptio particuliere du Duche de Brabant et du Brabant Wallon’ .

In het Nederlands luidt dit boek (op de titelplaat) ‘Het Schouwburg der Nederlanden’, want de drukker-uitgever ervan was de Antwerpenaar C.M. Spanooghe, ‘Imprimeur-Ubraire’, gevestigd ‘sur la place de la Sucrerie’ (sic!). Een merkwaardige toeristische gids avant la lettre, waarvan de ‘Denombrement’ of inhoudstafel niet enkel de XVII provincies omvat, waaronder het hertogdom Luxemburg, het graafschap Artesie, het graafschap Henegouwen, enz., doch eveneens o.m. Waals Brabant, Frans-Vlaanderen, het Kamerijkse, ja zelfs het Prinsbisdom Luik en het Akense, dus een gedeelte van het huidige Duitslandl Aldus een echt kluitje voor de kultuteie expansiegeest van de ‘Perseïden’ die anderzijds niet terugdeinsden voor een kijk op de bestendige culturele invloed van de Nederlanden tot ver in Oost-Duitsland, o.m. Dantzig en Königsberg, ja ook in Zuid-Duitsland , tot in Tyrool (Innsbrück) en ook Frankrijk en Italië.

Een mooi geschenk in die zin was een in 1937 verschenen ‘Deutsch-Niederländische Symphonie’ onder leiding van Dr R. Oszwald en met een speciale hulde aan Prof. Raf Verhulst. Op het kaft prijkt een mooie foto van het Lierse stadhuis! Hier waren eveneens ‘Perseïden’, bewust of onbewust, aan het werk geweest. Ik denk o.m. aan de gewezen echtgenoot van Juliane Gabriels, Dr Martin Konrad en ons beider persoonlijke Nederduitse vriend Franz Fromme, of eerder Franske, de olijke anti-nazi, die het vertikte gedurende de bezetting een uniform te dragen en die aan zijn hiërarchische chef ooit de vraag stelde: ‘een uniform dragen? Wilt u dan dat ik zelfmoord pleeg?’ Deze kleine anekdote moge een, tenminste voorlopig eindpunt stellen aan rnijn beknopt relaas van wat het bewust of onbewust Diets cultureel ‘verzet’ geweest is van de kleine vriendengroep der ‘geheime Perseïden’ … Maar er bestond eveneens een politiek ‘Diets Verzet’!

POSTSCRIPTUM

Bij het redigeren van het hiervoor afgedrukt ‘Geheim der Perseïden’ zijn allerlei bedenkingen en bijkomende vaststellingen en wellicht niet altijd noodzakelijke toevoegingen aan mijn betoog komen opdoemen. En in de eerste plaats dan bedenkingen en vaststellingen bij het oorlogsgeweld dat niet voor elkeen geweld betekende. Inderdaad, zo dit geweld onvervangbaar cultuurgoed vernietigde, bracht het eveneens een cultuur opbloei mee, ten minste in onze Westerse landen. Gedurende de laatste wereldoorlog zijn in Vlaanderen uitgeverijen en vooral boekhandels als paddestoelen na de regen in groot ge tal uit de grond gerezen. Men verkocht soms zelfs mooie vergulde boekbanden aan de lopende meter… En het muziek- en toneelleven dan: talloze concerten, oprichting van nieuwe muziekensembles zoals een Vlaams filharmonisch orkest te Brussel en, eveneens te Brussel, de hernieuwing van de Alhambraschouwburg als operahuis. Ik herinner me, enkele dagen voor de ‘bevrijding van Brussel’, in augustus 1944, een opvoering van ‘De Vliegende Hollander’ . Begin september was er een Amerikaanse musicalshow met mooie, halfnaakte girls in ruil gekomen…
Amerikaanse cultuur?

Maar het oorlogsgebeuren brengt eveneens allerlei ontsporingen mee, vooral bij extraverte en ambitieuze naturen, zoals bv. een atheneumleraar die zich plots ontpopte als een toekomstig gouwleider of een dichter die zich reeds een Vlaamse Goebbels waande. Ja zelfs een naïeve Cyriel Verschaeve die het slagwoord van Rene De Clercq omvormde tot een potsierlijk ‘Wij zijn Duitsers, geen Latijnen’, in de waan dat het Nazi-Duitsland de mythe van het Heilig Roomse Rijk der Duitse Natie had doen herrijzen met een Hitler als de door de profetieën aangekondigde ‘derde Frederik’…

Aan de andere zijde, de zijde van ‘de goede Belgen’, zien we hoe de hoofdconservator van een onzer grote musea zijn museum, in mei 1940, in de steek liet om naar Engeland te vluchten om dan in 1944 naar het ‘bevrijde vaderland’ terug te keren als kapitein van het Belgische leger; een eenvoudige Gentse schoolmeester ontpopte zich tot kapitein van de ‘weerstand’, om achteraf diktator van de moderne kunst in Belgie te worden, terwijl een misdadiger van gemeenrecht als grote ‘weerstander’ uit Dachau terugkeerde, twintig kilo verzwaard, en in 1945 kabinetschef van een socialistische minister werd, om achteraf een hoge functie in een ministerie te bekleden… Er dient echter gezegd dat dezelfde man, in september 1940, een ‘Jeunesse Socialiste Nationale’ (hoe vertaalt men dit in het Nederlands?) had willen opdrichten.

Een andere goede socialist en volgeling van Hendrik De Man, en toekomstige hoge functionaris van de Spaarkas, had op datzelfde ogenblik een milde ‘Socialiste Nationale’ willen stichten… Gelukkig voor hen werd het hen door de Duitse bezetter niet toegelaten!

***

Doch laat ons tot ‘Het geheim der Perseïden’ terugkomen, om dan te herinneren aan een prent van Harrewijn uit Rubens’ tijd die ons de tuingevel van het Rubenshuis aan de Wapper toont waarop duidelijk, als een uithangbord, een voorstelling van Andromeda’s verlossing door Perseus te ontwaren is. Voor Dr Juliane Gabriëls was het een duidelijke bevestiging dat Rubens wel degelijk een lid van het geheim genootschap der ‘Perseïden’ geweest was…

Een andere stelling van Juliane Gabriëls was dat Rubens niet te Siegen geboren werd, zoals thans algemeen wordt beweerd, doch wel te Antwerpen.

Tot in het midden van verleden eeuw werd nog, historisch getrouw, aangenomen dat het te Keulen en niet te Siegen was. Ik bezit het programmaboekje van de feestelijkheden die te Antwerpen plaatsvonden van 15 tot 25 augustus 1840 ter gelegenheid van de inhuldiging van het standbeeld van P.P. Rubens op de Groenplaats aldaar. In een voorafgaande korte levensbeschrijving van de kunstenaar is deze nog steeds te Keulen geboren, en in 1840 of 1841, moet Victor Hugo nog zijn geboortehuis te Keulen bezocht hebben als toeristische bezienswaardigheid (cfr. ‘Le Rhin’, 1842).

In de ‘Aanteekeningen over den grooten meester en zijne bloedverwanten’, van de Antwerpse stadsarchivaris P. Genard, verschenen in 1877, vindt men trouwens op pagina 193 het volgende: ‘Omgeven van de zorgen eener teedere moeder en van duurbare verwanten, gaf Maria Pijpelinckx te Antwerpen, waarschijnlijk in het huis harer zuster Suzanna, het licht aan eenen zoon die den voorvaderlijken naam van’ Peeter ontving en later met fierheid den titel van geboren poorter van Antwerpen droeg.’ Het is hier niet de plaats om verder in te gaan op de echte geboorteplaats van Peter-Paulus Rubens: Siegen, Keulen of Antwerpen? Ik zal er echter aan toevoegen dat men op de Meir, te Antwerpen, een pand vindt dat, in het Latijn en met een borstbeeld van de kunstenaar, beweert zijn geboortehuis aldaar te zijn, alhoewel het slechts een huis uit de 18′ eeuw moet zijn. Hetgeen in bezettingstijd voor de ‘Perseïden’ vooral telde was dat Rubens wel te Antwerpen, in Brabant, geboren werd en niet te Siegen, in Duitsland… Dr Juliane Gabriëls, waarvan ik me als geestelijke erfgenaam beschouw (ik bezit van haar onuitgegeven geschriften, waaronder een uitgebreide stamboom van de familie Rubens), was een verwoede verdedigster van de geboorte te Antwerpen van de ‘zoon van de triomf’, zoals ze P.P. Rubens heette.

***

Alvorens dit reeds al te lang postscriptum te besluiten wil ik nog wijzen op een ander stokpaardje van Dr Juliane Gabriëls en haar vriendenkring, namelijk een te herwaarderen Vlaamse, thans totaal vergeten Jeanne d’ Arc. Zo ik me niet vergis, kent men niet eens meer haar naam en bekommeren de historici zich niet om haar bestaan. Ze was nochtans de ziel en de geestelijke aanvoerster van het Vlaamse heir dat onder het bevel stond van Filips van Artevelde en dat in 1382 te Westrozebeke vers lagen werd door Filips de Stoute en de Franse koning Charles VI.

Dit mochten de ‘Perseïden’ vernemen in ‘Het Schouwburg der Nederlanden’ dat het optekende in een ‘Histoire du Moine de St. Denis, auteur contemporain, mise en François par M. le Laboureur’ . We lezen  aldus: ‘les Flamands étaient conduits par une vieille Sorcière, qui les avait assurés de la victoire, pourvu qu’on lui donnât à porter la bannière de St. Georges. Il ajoute que cette femme fut tuee au commencement du combat. Il y aurait bien des reflexions à faire sur cette particularité, qui n’a pas êté assez remarquée par les Historiens modernes.’ Ik zou nog verder kunnen citeren, maar zal het hierbij houden. ‘Het Schouwburg der Nederlanden’ verscheen in 1786 en tot hiertoe heeft geen enkele ‘Historien moderne’ het achterhaald wie deze ‘Sorcière’ kon geweest zijn. Dr Juliane Gabriels, als goede Vlaamse feministe en logezuster, heeft haar vrienden ‘Perseïden’ trachten te overhalen dit op te sporen. Het is nog niet gebeurd en ik ben, helaas, geen historicus doch slechts een Groot-Nederlander, thans eveneens, alhoewel door de na-oorlogse surrealistjes verketterd, als de ‘laatste historische surrealist’ beschouwd…

Diogenes, nr. 1, mei 1992, p. 99-103.

lundi, 07 mars 2011

Kampf um das "Weisse Gold"

Kampf um das »Weiße Gold«

Michael Grandt

Rohstoffe werden immer begehrter und sowohl wirtschaftlich als auch strategisch immer wichtiger. Ausgerechnet Bolivien, das ärmste Land Südamerikas, sitzt auf einem riesigen Lithium-Schatz und könnte durch den Abbau zu ungeahntem Reichtum kommen. Doch die Regierung will sich von internationalen Multis nicht übers Ohr hauen lassen.

Mehr: http://info.kopp-v http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/mic...

Von der Weltöffentlichkeit beinahe unbemerkt vollzieht sich in Südamerika, genauer gesagt in Bolivien, ein Kampf um das »Weiße Gold«. Gemeint ist das seltene Alkalimetall namens Lithium. Dieses wird vor allem für den Bau von Lithium-Ionen-Akkumulatoren für viele elektronische und elektrische Geräte verwendet. Auch wegen seiner Energiedichte und hohen Zellspannung ist Lithium ein wertvoller Rohstoff für die Automobilproduktion.

Mehr:

Le Bulletin célinien n°328 (mars 2011)

Le Bulletin célinien n°328 - mars 2011

Vient de paraître : Le Bulletin célinien, n° 328.

Au sommaire:

- Marc Laudelout : Bloc-notes
- Claude Dubois : Résurrection d’Alphonse Boudard
- M. L. : Céline sur tous les fronts [suite]
- M. L. : Zizanie chez les céliniens
- Affaire Klarsfeld-Céline : les points de vue de David Alliot, Claude Duneton et Pierre Lainé.
- Laurie Viala : Illustrer Céline (IV)

Le numéro 6 euros par chèque à l'ordre de Marc Laudelout, à adresser à:
Le Bulletin célinien
Bureau de poste 22
B. P. 70
1000 Bruxelles
celinebc@skynet.be

Le bloc-notes de Marc Laudelout

 

Le colloque « Céline, réprouvé et classique » fut une réussite. Durant deux jours, la « petite salle » (158 places) du Centre Pompidou était comble et les organisateurs peuvent se targuer d’avoir obtenu, en guise d’heureux épilogue, la participation (gracieuse !) de Fabrice Luchini. La veille, le spectacle, conçu par Émile Brami et magistralement interprété par Denis Lavant, remporta un égal succès. Bémol : à la différence des colloques organisés par la seule Société des Études céliniennes, quasi aucun apport nouveau ne fut délivré dans les diverses communications, les orateurs ayant puisé la teneur de celles-ci dans leurs contributions antérieures (parues en livre ou en revue). Une faiblesse de l’organisation – rien n’était prévu le samedi matin – contraignit certains orateurs à condenser leur texte au moment même où ils le lisaient. Ce fut parfois dommage...
L’originalité de ce colloque fut de donner la parole à des anti-céliniens patentés : Jean-Pierre Martin, qui signa naguère un mémorable Contre Céline (1997), et Daniel Lindenberg, auteur d’une belle contrevérité : « Sous l’Occupation, Céline alla jusqu’à poser très sérieusement [sic] sa candidature au Commissariat général aux questions juives » (1) . Ces deux universitaires ont comme point commun d’avoir communié jadis dans la même ferveur maoïste. L’un à la GP (Gauche prolétarienne), l’autre à l’UJCML (Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes). Cette expérience militante leur permet assurément de juger avec acuité la dérive totalitaire de romanciers ayant été aussi des écrivains de combat. La nouveauté consiste à relier Céline à Auschwitz. Ainsi, J.-P. Martin cita, pour l’approuver, Serge Doubrovsky : « Que vouliez-vous que moi, juif, je fasse d'un écrivain qui voulait mon extermination ? Si je n'ai pas été gazé à Auschwitz, c'est malgré Céline (2).» Jamais auparavant de tels propos ne furent tenus dans un colloque consacré à l’écrivain. Les céliniens qui font autorité ont écrit exactement le contraire : « Céline, mieux que tout autre, savait qu’il n’avait pas voulu l’holocauste et qu’il n’en avait pas même été l’involontaire instrument (3).» Dixit François Gibault. Quant à Henri Godard, il a toujours considéré que, si l’antisémitisme de Céline fut virulent, il ne fut pas meurtrier (4). Et Serge Klarsfeld lui-même tint ce propos lors d’une soutenance de thèse consacrée précisément aux pamphlets : « Malgré leur outrance insupportable, ils ne contiennent pas directement d’intention homicide (5). » En cette année du cinquantenaire, une étape a donc été franchie. Il s’agit de faire d’un antisémite incontestable un partisan des camps de la mort. En décembre 1941, lors d’une réunion politique, Céline se rallia à un programme préconisant la « régénération de la France par le racisme ». Il précisait ceci : « Aucune haine contre le Juif, simplement la volonté de l’éliminer de la vie française (6). » Il suffira désormais de supprimer ces quatre derniers mots pour faire de Céline un partisan du meurtre de masse.

Marc LAUDELOUT

Photographie C. Desauziers (Bpi 2011)

1. Daniel Lindenberg, « Le national-socialisme aux couleurs de la France. II. Louis-Ferdinand Destouches, dit “Céline” », Esprit, mars-avril 1993, p. 209.
2. Michel Contat, « Serge Doubrovsky au stade ultime de l’autofiction », Le Monde, 3 février 2011. Et Jean Daniel de blâmer « une célébration qui ferait l’impasse sur le caractère infâme, abject et déshonorant des écrits antisémites que Céline a publiés, y compris dans le moment même où il savait [sic] que les juifs étaient déportés en Allemagne pour y être gazés. » (« Carnets d’actualité. Instants de pensée et d’humeur », Le Nouvel Obs.com, 2 février 2011.)
3. François Gibault, Préface à
Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen, Gallimard, 1998.
4. Henri Godard, « Louis-Ferdinand Céline » in Célébrations nationales 2011, Ministère de la Culture, 2010.
5. Propos tenus le 16 octobre 1993 à l’Université Paris VII lors de la soutenance de Régis Tettamanzi (thèse sur Les pamphlets de Louis-Ferdinand Céline et l'extrême droite des années 30. Mise en contexte et analyse du discours.)
6. Voir
Céline et l’actualité, 1933-1961 [Les Cahiers de la Nrf] (Gallimard, 2003, rééd.), pp. 143-146.

 

Romania: ponte eurasiatico o sentinella occidentale?

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“Romania: ponte eurasiatico o sentinella occidentale?”

Intervista a C. Mutti

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

 Il nostro redattore Claudio Mutti è stato intervistato da Luca Bistolfi di “EaST Journal” a proposito della Romania, del suo ruolo storico in Europa e in Eurasia e delle sue miserie attuali. L’intervista originale, pubblicata con un titolo redazione da “EaST Journal”, si trova qui [1]. La riproduciamo di seguito.


***

 

 

Un’isola latina nel mare slavo dell’est Europa. La percezione generale della Romania non va oltre un paio di luoghi comuni e di tanta mancanza d’informazione.
La Romania, negli ultimi centocinquant’anni, ha attraversato momenti decisivi, incompresi e mal studiati. Uno dei pochissimi, in Italia, ad avere una visione ampia e completa della storia romena è Claudio Mutti, scrittore, editore, profondo conoscitore della storia, e molte altre cose. Lo abbiamo intercettato e gli abbiamo posto alcune domande per diradare la fitta nebbia che attorno a quella che Vasile Lovinescu chiamava la Dacia Iperborea, si è addensata come una maschera necessariamente imposta.

 

Che cosa è cambiato in Romania dopo gli avvenimenti di metà Ottocento? Come giudica quei passaggi fondamentali che, in certa misura, coincidono con il Risorgimento italiano?
In seguito all’Unione dei due principati valacco e moldavo, avvenuta due anni prima dell’Unità d’Italia, il nuovo regno di Romania attuò una serie di riforme politiche e sociali d’ispirazione democratico-borghese, che avrebbero agevolato lo sviluppo dei rapporti di produzione capitalisti. Un ulteriore momento cruciale fu il 1877, quando la classe politica romena, accogliendo la pretestuosa parola d’ordine della “emancipazione dei popoli cristiani dell’Oriente”, dichiarò guerra alla Sublime Porta, subordinando il Paese agl’interessi plutocratici occidentali. La partecipazione alla guerra intereuropea a fianco dell’Intesa e la successiva adesione alla Piccola Intesa furono altri passi che fecero della Romania una delle sentinelle degl’interessi anglo-francesi nell’area balcanico-danubiana. Oggi, dopo la caduta del regime nazionalcomunista, la Romania è tornata a svolgere la funzione di sentinella dell’Occidente, ma di un Occidente che non è più rappresentato dall’Inghilterra e dalla Francia, bensì dagli Stati Uniti.

Qual è la Sua opinione sull’ingresso della Romania nell’Unione Europea?
L’Europa non è Europa se non comprende tutti i popoli europei, compreso quello che ha dato all’Europa personaggi come Eminescu, Brancuşi, Eliade e Cioran. L’Europa non è pensabile senza il Danubio, senza i Carpazi, senza la costa occidentale del Mar Nero. Anche se oggi la nostra patria europea è rappresentata da una “Unione” dominata da banchieri, burocrati liberali, politicanti traditori e collaborazionisti asserviti alla potenza d’Oltreatlantico, i “buoni Europei” di nietzschiana memoria non devono tuttavia rinunciare a sostenere la necessità di un’Europa degna di questo nome: una realtà unitaria e sovrana che, in stretta alleanza con gli altri grandi spazi del continente eurasiatico, concorra alla costruzione di un potente blocco continentale.

Dove colloca la Romania all’interno dell’idea eurasiatista?
Negli anni Trenta il geopolitico romeno Simion Mehedinţi scriveva che la Romania, trovandosi lungo una diagonale di navigazione privilegiata qual è il corso del Danubio, è predestinata dalla sua stessa posizione geografica a stabilire relazioni fra i paesi dell’Europa occidentale da una parte e quelli del Vicino Oriente dall’altra. A ciò possiamo aggiungere che la Romania, in virtù della sua appartenenza all’area ortodossa, è uno di quei paesi europei che (come la Bulgaria e la Serbia) potrebbe svolgere un ruolo analogo anche in direzione della Russia.

Sappiamo che questo Paese ha subito diversi duri colpi e oggi più che mai: a Suo avviso c’è una possibilità concreta per la Romania di risorgere? Di chi sono le principali responsabilità?
Date le condizioni in cui versa attualmente la Romania e dato il livello della sua attuale classe politica, è necessaria una notevole dose di ottimismo per prospettare una rinascita romena. Non si riesce infatti a intravedere la presenza di quelle forze che, in circostanze storiche analoghe, si assunsero le responsabilità di una riscossa nazionale.

Sappiamo che Lei è, tra le altre cose, un ottimo conoscitore del mondo islamico e della storia dell’Islam in Europa: qual è la Sua impressione sui rapporti tra l’Impero Ottomano e gli antichi principati romeni?
Nicolae Iorga ha mostrato come i principati romeni abbiano rivestito un ruolo egemone in relazione alle più importanti comunità cristiane dell’Impero Ottomano, dal Caucaso all’Egitto. Da parte loro, le autorità islamiche dell’Impero indicavano i Principi valacchi e moldavi come esempi paradigmatici per i capi della Cristianità. Oggi, in un momento in cui la Turchia sta recuperando la posizione che le compete, la Romania potrebbe far tesoro di questa eredità storica e riproporsi come tramite fra l’Europa e la potenza regionale turca.

Per approfondire l’opera di Mutti, consiglio di leggere alcuni dei numerosi articoli presenti sul suo sito [2] e quelli della rivista Eurasia [3], stampata dalle Edizioni all’insegna del Veltro [4], fondate dallo stesso Mutti.

Marc. Eemans en de "gnostische" schilderkunst

Henri-Floris JESPERS

Marc. Eemans en de "gnostische" schilderkunst

Ex: http://marceemans.wordpress.com/ & http://mededelingen.over-blog.com/


Le but ultime (1928)


Kort na zijn ontslag uit het Klein Kasteeltje eind 1949 publiceerde Marc. Eemans onder pseudoniem De Vlaamse krijgsbouwkunde, een boek dat hij gedeeltelijk tijdens de bezetting geschreven had. Hij gaat opnieuw aan de slag in het uitgeversvak, nl. bij uitgeverij Meddens waar hij in contact komt met Jef L. de Belder (1912-1981) die in 1949 ontslagen was uit het interneringskamp van Merksplas. De Belder was redactiesecretaris van het door Meddens uitgegeven pasgeboren maandblad De Periscoop (1950-1980), een betrekking die hij aan hoofdredacteur René F. Lissens te danken had. Jef De Belder en zijn vrouw Line Lambert (1907-2005) runden de Colibrant-uitgaven te Lier, waar Eemans' Het boek van Bloemardinne in 1954 verscheen, twee jaar later gevolgd door Hymnode.

Jan Hugo Verhaert trad in 1956 bij Meddens in dienst als verantwoordelijke voor het tijdschrift World Theatre / Théâtre dans le Monde, een blad gesubsidieerd door de Unesco. Hij werd ook ingezet om de lay-out van De Periscoop te verzorgen, “het troetelkind” van directeur Theo Meddens (1901-1966). Op verzoek van prof. Lissens werd het hoofdredacteurschap in 1955 aan de De Belder overgedragen.

In 1956 nam hij jammer genoeg ontslag en bleven alleen nog Marc. Eemans, toen lector bij Meddens, en ikzelf over. Ik verzorgde de vormgeving. Eemans moest intussen alleen alles beredderen, wat hij graag deed, daar hij (die pottenkijkers schuwde als de pest) nu de vrije hand had. De nieuwe hoofdredacteur, dr. Frans van den Bremt, had van literatuur en hedendaagse kunst weinig kaas gegeten. Hij was musicoloog, zijn grootste hobby was fotografie en hij liet Eemans graag betijen.


In De Periscoop publiceerde Eemans een aantal lezenswaardige gelegenheidsbijdragen, onder meer over Henri de Braekeleer, William Degouve de Nuncques, Fritz van den Berghe, Max Ernst en E. L. T. Mesens. Zijn eerste bijdrage, 'Bij Paul van Ostaijen in de leer' (1 november 1956), verscheen in de periode dat de dichter van het Eerste boek van Schmoll dank zij de vierdelige publicatie van zijn Verzameld werk onder redactie van Gerrit Borgers volop in de belangstelling stond. Met die bijdrage eist Eemans opnieuw avant-gardistisch verleden op en situeert zichzelf – m.i. geheel onterecht – in de Ostaijense traditie. Twee jaar tevoren had hij het moeten slikken dat zijn vriend Mesens hem het predicaat 'surrealist' ontzegd had. In 'Les apprentis magiciens au pays de la pléthore' verweet Mesens hem met zoveel woorden enige “verwardheid” (ook op politiek vlak...), wat hem gebracht heeft tot een “culte mystico-panthéiste dont l'expression est symboliste et ne peut rien avoir de commun avec la réduction des antonomies que le surréalisme s'est toujours proposé”.

Dat stond echter hun vriendschap niet in de weg.

*

Na zijn vrijlating was Eemans ook als schilder opnieuw aan de slag gegaan – La vie méhaignée (le chant d'amour) dateert van 1950. In 1957 exposeerde hij een dertigtal werken in galerie Le Soleil dans la Tête te Parijs. De bescheiden catalogus werd ingeleid door een oude relatie van de schilder, Claude Elsen, pseudoniem van Gaston Derycke (1910-1975), die voor de oorlog aan Hermès meewerkte.

Gaston Derycke had in de jaren dertig enkele plaquettes gepubliceerd. Hij was redacteur bij het Amerikaanse persagentschap United Press, redactiesecretaris van het weekblad Cassandre, opgericht door Paul Colin, en had naam en faam verworven met zijn filmkritieken in Le Rouge et le Noir en in Les Beaux-Arts. Hij werkte ook mee aan de roemruchte Cahiers du Sud (1925-1966).

In 1937 schreef hij nog met zoveel woorden de haat te delen tegen het fascisme dat de cultuur en de intelligentie bedreigt, maar bij het begin van de bezetting werd hij toch maar hoofdredacteur van Cassandre en publiceerde hij kritieken in Le Nouveau Journal. In 1944 verscheen Destin du Cinéma, meer dan een tijdsdocument. Ondertussen had hij zich ook ontpopt als misdaadauteur met Je n'ai pas tué Barney (1940) en Quatre crimes parfaits (1941), verschenen in de populaire, door Stanislas-André Steeman gedirigeerde reeks 'Le Jury'. Relevanter zijn de kritische bijdragen waarin hij theoretische bespiegelingen verwoordt over het genre zelf en scherpzinnig de redenen analyseert waarom het als minderwaardig wordt geacht, een stelling die hij terecht betwist.

Bij de bevrijding kreeg Derycke het zwaar te verduren. Hij vlucht naar Frankrijk waar hij deel gaat uitmaken van het actieve netwerk van Belgische schrijvers die in min of meerdere mate gecompromitteerd waren door de collaboratie. Als Claude Elsen zet hij zijn literaire carrière in Parijs voort. Hij schrijft een paar jaar opgemerkte filmkritieken in het extreem-rechtse tijdschrift Écrits de Paris, opgericht in 1947 door René Malliavin die in januari 1951 Rivarol zou lanceren, 'hebdomadaire de l'opposition nationale' dat tot op heden verschijnt. Zijn belangstelling voor misdaadliteratuur blijft onverminderd. Wanneer Jean Paulhan hem uitnodigt mee te werken aan de herrezen NRF (anno 1953, nu als Nouvelle Nouvelle Revue Francaise) publiceert hij een bijdrage waarin hij de Amerikaanse 'roman noir' als antidotum stelt voor de dreigende sclerose van de klassieke politieroman.

Met de publicatie in 1953 van Homo eroticus: esquisse d'une psychologie de l'érotisme in de prestigieuze reeks 'Les Essais' van Gallimard (uitgever van de NNRF) verwerft de expat die tot dan slechts toegang had tot uiterst rechts gemarkeerde publicaties, een (bescheiden maar voor velen benijdenswaardige) plaats binnen de Franse literaire institutie. Hij zou echter vooral als vertaler van o.m. Norman Mailer, Angus Wilson, Kingsley Amis en anti-psychiater Ronald Laing waardering (en ook soms wel terechte kritiek) oogsten. Tot slot, in J'ai choisi les animaux komt een vroege maar niet minder radicale verdediger van de dierenrechten resoluut aan het woord.

*

Het is typisch voor Eemans' demarche dat hij bij zijn tentoonstelling in galerie Le Soleil dans la Tête, een manifestatie die hij ongetwijfeld als een vorm van rehabilitatie zag, een tekst vroeg aan uitgerekend een eveneens door de collaboratie zwaar gebrandmerkte relatie.

Claude Elsen onderstreept dat schilderkunst voor Eemans niets anders is dan :


Démarche spirituelle, conquête de l'invisible, elle annexe ce monde invisible à l'univers visible de l'art pictural, nous faisant voir ces choses dont saint Jean de la Croix dit qu'elles existent sans que nous les voyions, au contraire de celles que nous voyons et qui n'existent pas.

Cette peinture ne se réclame d'aucune mode, ne va dans le sens d'aucun courant actuel. Si l'on peut voir en elle, dans une certaine mesure, un prolongement du surréalisme, elle se rattache davantage à une Tradition plus secrète et plus profonde – à cette Tradition hermétique dont récemment encore André Breton lui-même déplorait que l'art moderne ignorât le message.

 

Claude Elsen zinspeelt hier op het pas verschenen L'art magique van Breton, die op ambigue wijze gefascineerd was door die “Tradition plus secrète et plus profonde”, die “Tradition hermétique” die hier nog ruim aan bod zal komen.

Eemans had nu blijkbaar een bruggenhoofd in Parijs. In de lente van 1959 publiceerde Le Soleil dans la Tête een voornaam uitgegeven monografie van Serge Hutin (1929-1997) en Friedrich-Markus Huebner (1886-1964), Ars magna. Marc. Eemans, peintre et poète gnostique.

Serge Hutin, doctor in de letteren verbonden aan het CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), publiceerde in 1955 een Histoire des Rose-Croix. Hij had enkele deeltjes op zijn naam staan in de bekende reeks 'Que sais-je?' uitgegeven door de Presses Universitaires de France: L'alchimie, Les sociétés secrètes, La philosophie anglaise et américaine en Les gnostiques. Zijn belangrijkste publicaties waren toen nog in de pijpleiding: Les disciples anglais de Jacob Böhme en Henry More. Essai sur les doctrines théosophiques chez les Platoniciens de Cambridge.

Hutin wijst erop dat alleen al de titels van Eemans' schilderijen uit de periode 1950-1959 onmiskenbaar verwijzen naar diens esoterische bedoelingen: La gnose de la parturience, Le serpent hyperboréen, L'étoile anagogique, L'ascension originelle, enz. Met zijn werk wil Eemans de toeschouwer verheffen tot wat hij “l'état de mystère” noemt, waardoor hij, de toeschouwer, niet louter passief blijft maar integendeel toegang krijgt tot “le monde invisible des symboles, des illuminations et des rites”. Het komt erop aan een on-middellijke, niet gemedieerde 'communicatie' tot stand te brengen door het prikkelen of '(op)wekken' van de trans-rationele intuïtie'. Wanneer de kunstenaar daar in slaagt, dan gaat het niet langer om fantastische kunst – dit is de projectie van wonderbaarlijke of schrikwekkende fantasma's, “enfantés par le sommeil de la raison dont parle Goya” – maar wel om een waarachtige revelatie. De schilder reveleert, ont-hult (een) waarheid

(άληθεία, wat niet verhuld is).

De telles œuvres sont belles, certes, mais leur caractère d' 'art' n'est, somme toute, que secondaire: elles sont, avant toute, l'expression symbolique des expériences intérieures de l'artiste – expériences qui ne sont elles-mêmes qu'une découverte 'occulte' et magique.

Volgens Hutin verschijnt de contemporaine surrealistische schilderkunst als de laïcisering van een in se esoterische schilderkunst:

Il ne s'agit plus d'extérioriser une doctrine secrète traditionnelle, mais de découvrir, indépendamment de toute contrainte (religieuse ou initiatique), l'intrication 'dialectique' de la réalité et de la surréalité – du domaine des apparences sensibles et de celui des déterminismes subtils qui conditionnent les premières.


Hij stelt vast dat Salvador Dalí zijn 'mystiek' bewust heeft geïntegreerd in de traditie van de katholieke symboliek en dat Ernst Fuchs (°1930) de “koninklijke weg” van het zestiende-eeuwse hermetisme teruggevonden heeft. Maar zelfs kunstenaars die, vrij van welke sacrale traditie ook, een eigen, persoonlijke weg volgen, wars van welke vorm van esoteriek ook, blijken spontaan de uitbeelding en de regels te herontdekken van bepaalde vormen van traditionele symboliek, zoals bijvoorbeeld Leonor Fini die in haar werk de taal der alchemie als vanzelf hanteert. Eemans, van zijn kant, leunt doelbewust aan bij een “ésotérisme de type traditionnel”:

il dessine et peint dans un but initiatique: surtout il ne s'agit point de 'faire de jolies choses', même pas de faire de l'art pur mais de fournir à la méditation des 'supports' concrets et symboliques tout à la fois, qui permetttront au spectateur de répéter en lui-même le processus d'illumination intuitive par laquelle l'artiste est parvenu à la connaissance supra-rationnele, à la gnose.


Impliciet suggereert Hutin hier dat Eemans aanknoopt bij of deelachtig is aan de traditie van het kunstwerk als sacrale, geladen afbeelding. Aan de Byzantijnse iconen werden en worden wonderdadige en andere wonderbaarlijke vermogens toegekend. Voor de Renaissance-mens hadden (bepaalde) schilderijen en beeldhouwwerken een religieus of zelfs thaumaturgisch of minstens bezwerend karakter, net zoals de antieke, polychrome Griekse beelden die het voorwerp waren van cultische zorgen. Peter Burke stipt in dat verband aan dat (bepaalde) Renaissance-schilderijen lijken te behoren tot een magisch stelsel buiten het kader van het christendom (zo was Botticelli's Primavera wellicht een talisman).

Volgens Hutin zijn Eemans' schilderijen tegelijk concrete et symbolische 'dragers' voor meditatie, net als bijvoorbeeld mandala's, die moeten leiden tot illuminatie, supra-rationele kennis, gnosis. Hij gaat uitvoerig op dit thema in:

Ce n'est pas, bien au contraire!, une peinture 'anecdotique', 'allégorique' ou 'littéraire': il ne s'agit pas de 'raconter une histoire', ni d' 'illustrer une doctrine', ni de transformer des idées en allégories concrètes. Bon gré mal gré, celui qui regarde de telles œuvres est obligé de participer à un acte magique: même s'il ne retrouve pas l'illumination gnostique à laquelle le peintre est parvenu, il sera plongé dans un état de 'rêverie' singulièrement propice aux hantises métaphysiques. […] Ce peintre-penseur a retrouvé l'un des principes de la meilleure initiation: il ne s'agit pas d' 'apprendre' didactiquement tel ou tel système, mais de réaliser en soi un état d'illumination – condition nécessaire à l'acquisition ultérieure d'une connaissance métaphysique véritable. Il ne faut pas vouloir à tout prix découvrir une 'signification' précise aux scènes 'symboliques' que nous montre le peintre: il s'agit, tout simplement, de les regarder de la manière la plus 'intuitive', la plus spontanée possible. Aristote caractérisait ainsi l'enseignement des mystères d'Éleusis: 'Ne pas apprendre, mais éprouver', et, dans l'observation des tableaux de Marc. Eemans, c'est un peu la même chose.


Het gaat immers om een 'supra-picturale' schilderkunst die zich niet richt naar het materialistische genot van de kleur om de kleur en van de vorm om de vorm, maar wel om een “véritable tentative gnostique pour réconquérir les visions métaphysiques et les mythes'. Drie invalshoeken bepalen het esoterische universum van de schilder, aldus Hutin: de Griekse mysteriën en godenwereld, bepaalde vormen van christelijke gnosis en alchemistische overleveringen, vermengd met reminiscenties aan de Edda's. De inbreng van het surrealisme bestaat, ten eerste, uit vernuftige metaforische uitwerkingen (“dans lesquelles Eemans excelle autant que son compatriote Magritte”) en, ten tweede, uit een metafysica van de erotiek (“qui rejoint d'ailleurs d'authentiques secrets occultes”).

Hutin heeft nu meer dan de helft van zijn diepgravend essay achter de rug en beseft dat zijn discours nu ook iets concreets moet bevatten op louter schilderkunstig vlak, hoe profaan dit ook moge wezen... Sommigen zullen inderdaad de vraag stellen of de kunstenaar zoveel duistere literatuur van doen heeft, waarbij ze geringschattend insinueren dat de schilderijen van Eemans al te literair zijn en, vooral, dat hij zondigt door gebrek aan zin voor plastiek. Het volstaat echter, zegt Hutin, hen te wijzen op de subtiliteiten van zijn coloriet en op zijn voorkeur voor het clair-obscur – “ce mystère incarné dans toute vraie peinture de l'âme”. Bovendien moet gewezen worden op Eemans' diepe kennis van de compositie:

Tout dans ses œuvres, est harmonie rythmiquement ordonnée, non point en raison d'une idée ou d'une allégorie préétablie, mais bien en fonction de formes – peut-être toujours chargées de sens – qui sont là avant tout pour se répondre sur le plan des nécessités plastiques inhérentes à toute peinture digne de ce nom.

Volgens Hutin komt Eemans' kunst van de compositie rechtstreeks voort uit de surrealistische technieken van het 'papier collé' en van de foto-montage. Tot slot wijst hij op

une permanente fusion entre des images oniriques et celles qui relèvent du sentiment de l'infini, aussi bien dans le temps que dans l'espace, avec les analogies telluriques, lunaires et solaires, ou encore avec tous les reflets de dépaysement par rapport au moi discursivement tangible, dépaysement qui conduit à se sentir soit immensément grand, soit infiniment petit, ou bien encore à se voir emporté, tel une comète, à travers le monde sidéral.


De behandeling van het literaire werk van Eemans door Hutin en Huebner zal te zijner tijd aan bod komen. Wel dient hier al aangestipt dat Hutin de publicatie bij Le Soleil dans la Tête aankondigt van Eemans' Gnose de chair et de Silence. Daar kwam niets van in huis, en Eemans zou ook geen tweede keer exposeren bij de Parijse galerie. Het zou mij niet verwonderen dat hij zichzelf eens te meer in de weg heeft gestaan.

Henri-Floris JESPERS

dimanche, 06 mars 2011

US-Militärschlag gegen Gaddafi wegen Ungehorsam?

US-Militärschlag gegen Gaddafi wegen Ungehorsam?

Wolfgang Effenberger

Nachdem am 26. Februar 2011 US-Präsident Barack Obama finanzielle Sanktionen gegen Libyen beschlossen hat, werden nun  auch militärische Optionen nicht mehr ausgeschlossen. Eine derart schnelle Reaktion war bisher nur zu beobachten, wenn wirklich handfeste US-Interessen auf dem Spiel standen. Das war zum Beispiel der Fall, als die Vereinigten Staaten Ende Oktober 1983 im Rahmen der Operation »Urgent Fury« die idyllische Karibikinsel Grenada handstreichartig besetzten und damit die ihnen nicht genehme Linksentwicklung des Landes beendeten. Am 20. Dezember 1989 fielen US-Streitkräfte in Panama ein. Die Operation »Just Cause« hatte das Ziel, den ungehorsam gewordenen panamaischen Machthaber, General Manuel Noriega, zu verhaften und ihn in die Vereinigten Staaten zu entführen. Dort wurde er wegen Drogenhandels und Geldwäsche angeklagt und am 10. Juli 1992 zu 40 Jahren Haft verurteilt. 

In vielen Fällen setzten die USA nicht nur direkte Aggression, Subversion und Terror als politische Waffe ein, sondern sie unterstützten auch derartige Methoden bei Satellitenstaaten. So führte das NATO-Mitglied Türkei massive ethnische Säuberungen und andere Terroraktionen durch, wobei die Regierung Clinton noch durch umfangreiche Waffenlieferungen dazu beitrug, als die Verbrechen gegen die Zivilbevölkerung ihren Höhepunkt erreichten. (1)

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/wol...

Länder-Domino: Die Ölmärkte erwarten demnächst viele neue Kriege

Länder-Domino: Die Ölmärkte erwarten demnächst viele neue Kriege

Udo Ulfkotte

 

Während man sich in Deutschland mit einem zurückgetretenen Verteidigungsminister beschäftigt, ist die Weltpolitik mit Themen ganz anderer Dimension befasst: Obwohl Saudi-Arabien versprochen hat, alle libyschen Öl-Lieferausfälle auszugleichen, steigen die Preise jetzt wieder. Denn an den Ölmärkten erwartet man nicht nur weitere Revolutionen, sondern Krieg. Und beim großen Länder-Domino kommt jetzt auch revolutionäre Bewegung in die Ölexporteure am Kaspischen Meer. Und Saudi-Arabien hat nicht die geringste Chance, die drohenden Lieferausfälle auszugleichen. All das blenden wir derzeit gern noch politisch korrekt aus. Dafür werden wir bald alle gemeinsam einen hohen Preis zahlen müssen - nicht nur an den Tankstellen.

 

 

Die Funken der Revolution springen gerade auf die Ölexporteure am Kaspischen Meer über. Aserbaidschan ist einer der großen neuen Ölexporteure in dieser Region. In Baku bereitet sich die Jugend gerade darauf vor, das Regime hinwegzufegen. Länder wie Aserbaidschan, Turkmenistan und Kasachstan sind extrem wichtig für den westlichen Energiehunger. Es besteht kein Zweifel daran, dass es in Aserbaidschan gärt. Das Regime rüstet jetzt erst einmal auf. Auch in Turkmenistan rüstet sich die Jugend für die Revolte. Und in Kasachstan und Kirgisien wird es ebenfalls nicht mehr lange dauern, bis wir Bilder von blutigen Revolten im Fernsehen präsentiert bekommen. Das alles wird aus der Sicht eines durchschnittlichen Europäers völlig überraschend kommen, denn die Medien informieren uns ja nicht einmal über die Unruhen in Oman - ebenfalls ein Öl- und Gasexporteur. Es scheint, dass viele Journalisten beim Länder-Domino inzwischen schlicht den Überblick verloren haben.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/udo...

Giochi politici, intorno alla "Grande Circassia"

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Giochi politici, intorno alla “grande Circassia”

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

Fonte: Strategic-culture.org [1]

Considerando il fatto che diversi centri di ricerca americani, stiano studiando il genocidio che si presume i circassi abbiano sofferto, è palese come stiano cercando di porre insieme, le basi per l’indipendenza della Circassia. Il “problema circassiano” compare sovente nell’agenda umanitaria di Washington. Un’analisi della storia di questo paese, dei suoi rapporti con la Russia, è stata effettuata dall’università Rutgers in New Jersey. Il centro universitario per lo Studio del Genocidio, Soluzione di Conflitti, e Diritti Umani è volto verso molteplici conflitti – il genocidio dei curdi in Iraq, il genocidio degli ucraini, che si presume attuato dai russi, durante la carestia del 1933- che l’amministrazione americana considera ascrivibili allo status di genocidi. Come la tendenza generale, Washington percepisce primariamente, il genocidio in regioni dove pianifica un punto di appoggio. I curdi entrarono nella guerra americana contro S. Hussein, e i nazionalisti ucraini furono utilizzati dagli USA nei giochi politici contro la Russia.

Il sito internet del Centro di studio sul Genocidio, Soluzione di Conflitti, e Diritti Umani, offre una mappa della regione caucasica, con i confini circassiani, limitati in accordo con il piano di strategia americano.

(Nella foto in alto potete vedere come Washington desiderava che fosse la Circassia: mappa della Grande Circassia con accesso al Mar Nero.)

La costa del Mar Nero è un importante territorio. La sua configurazione al momento è complessivamente semplice. La Georgia, una repubblica con accesso al Mar Nero, è totalmente dipendente dagli Stati Uniti d’America e in cerca disperatamente, di diventare membro della NATO. Bulgaria, Romania e Turchia fanno già parte dell’alleanza. Fortunatamente per la Russia, recentemente le relazioni tra Ankara e Mosca si sono scaldate considerevolmente. La Turchia non vede più la Russia come nemica, ed ha (la Turchia) in passato fatto cadere il paese per una lista di potenziali minacce, rendendo più difficile per Washington pianificare contro la Russia, attraverso il Caucaso. Tuttavia, Ankara ha serie ambizioni ed aderisce alla politica di espansione umanitaria mirando soprattutto alla Crimea e Gagauzia (quest’ultima, entità territoriale autonoma della repubblica di Moldavia). Gli strumenti di tale politica, spaziano dalle quote per i caucasici nazionali che risiedono in Turchia, ai grandi investimenti nell’economia della Crimea e della Gagauzia. I Tartari della Crimea sono rappresentati dagli haugue- quartier generali delle nazioni non rappresentate e organizzazioni popolari, e questi possono chiedere al massimo una maggiore autonomia nel panorama ucraino. Nessun dubbio, per ciò che riguarda l’acquisto del loro status, che potrebbe immediatamente risolversi nell’espulsione del Mar Nero russo dalla loro base di Sevastopol.

L’organizzazione dei popoli non riconosciuti è attualmente osservata e vede l’Abkhazia come un potenziale. Considerando che la marina russa non accoglierà la Georgia e la grande Circassia, si alzerebbe una barriera tra la Russia e gran parte della costa del Mar Nero, nel tempo l’Abkhazia potrebbe divenire l’unico sbocco del Mar Nero russo. Perdendo ciò, la Russia si troverebbe costretta all’enclave della marina, conosciuto come il Mare di Azov, dove la marina (russa) può essere facilmente bloccata da forze distribuite in Crimea e nella grande Circassia. Il progetto rumeno scompone la situazione. Diffonde la sua influenza ad est e in molti modi assorbe la Moldavia e parte dell’Ucraina, il paese sta cercando di rafforzare le sue posizioni nel Mar Nero. Come oggi, il Mar Nero è l’unico mare aperto dove la marina statunitense non è presente in pianta stabile. Se il piano dell’ovest di costruire una grande Circassia si materializzasse, la repubblica da poco indipendente, pagherà con l’operazione di separazione della Russia dal Mar Nero. Seri sforzi di buttar giù il regime pro-russo, lungo la costa del Mar Nero, dovrebbero essere visti come un processo parallelo. Il disegno è conosciuto come “l’anello di anaconda”, un piano classico per la geopolitica Usa nell’Eurasia, volto ad escludere i Russi dai mari bloccandoli nell’entroterra. L’occidente evidentemente attribuisce la massima priorità al problema circassiano, essendo la rispettabile fondazione James Town, uno dei punti interessati. Il neo presidente della compagnia RAND, Paul Hansee della rinomata comunità statunitense d’intellgence immagina Paul Globe, che è considerato come il maggior contributo allo sviluppo del progetto Ugro-finnico di separatismo nella repubblica Russa, ugro-finnica. Prende parte negli eventi della fondazione James Town concentrati intorno alla Circassia.

Paesi anglo-sassoni danno attivo supporto agli attivisti circassiani come Khachi Bairam, il leader della diaspora circassiana in Turchia, Zeyaz Hajo un rappresentante circassiano negli USA, il presidente Iyad Youghar, un istituto culturale circassiano, etc.

Ad oggi il movimento circassiano nazionalista è tenuto dai servizi d’intelligence dell’ovest lungo lo spazio post- sovietico. La fratellanza circassiana mondiale ha il suo quartier generale a Los Angeles, un suo presidente Zamir Shukhov è stato fotografato sovente con la bandiera americana sullo sfondo. Un’ideologista circassiano Akhmat Ismagyil, autore della “Guerra Caucasica”, un libro pubblicato in Siria, si apre con l’intenzione di liberare il Caucaso dalla Russia. I circassiani stanno cercando di credere che qualcuno possa far pagare la Russia -materialmente e moralmente- per gli eventi che accaddero due secoli fa.

In Israele l’ideologia è confermata dal leader del gruppo ultra-azionista Bead Artseinu, fautore di un impero israeliano che va dal Nilo all’Eufrate, Shmulevic Avraham (originariamente Nikita Dyomin, un convertito al giudaismo nato in una famiglia, da padre russo e madre ebrea a Murmansk, Russia).

Il parlamento israeliano ha concesso a Shmulevich la cittadinanza onoraria israeliana nel 1984 per il suo attivismo ebraico in URSS. Israele ospita una lunga diaspora circassiana che Tel Aviv utilizza per i propri fini in stretto contatto con Washington.

Lasciateci immaginare che -per quanto incredibile possa sembrare- la repubblica circassiana guadagni l’indipendenza dalla Russia. Il futuro sarebbe simile a quello della Cecenia sotto J.Dadaev, una regione separatista manipolata da Washington, Londra, Ankara, Karachi e Riyad. Tutto ciò, i ceceni ordinari, lo videro come risultato di un combattimento feroce sul proprio suolo. Il piano della grande Circassia muoverebbe semplicemente l’intero Caucaso di un passo più vicino alla stessa situazione.

(Traduzione di Giulia Vitolo)