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mardi, 07 juin 2011

Modernité, postmodernité, hypermodernité

 

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Modernité, postmodernité, hypermodernité

par Edouard RIX

Ex: http://tpprovence.wordpress.com/

En 1917, dans La Crise de la culture européenne, Rudolph Panwitz qualifie le surhomme nietzschéen de « postmoderne ». Le concept connaît ensuite une longue éclipse, avant de ressurgir dans le débat philosophique en 1979.

Jean-François Lyotard est l’un des premiers à repérer qu’un changement complet de civilisation s’opérait sous les yeux de ses contemporains sans qu’ils n’en aient conscience. C’est en 1979 qu’il écrit son ouvrage fondateur, La condition postmoderne (1). L’idée centrale insiste sur « l’épuisement des grands récits » ou, autre formule-choc, « la fin des métarécits » : émancipation progressive de la raison et de la liberté, enrichissement de l’humanité par le progrès scientifique et technique, salut chrétien…  Sont visés, pêle-mêle les philosophes héritiers des Lumières, les marxistes qui promettent le « grand soir » révolutionnaire, et tous les « croyants impénitents ». Mais, c’est surtout le grand récit scientifique de la modernité positiviste du XIXème siècle, la croyance en la marche inexorable du progrès, qui est emporté par la lame de fond postmoderne.

Avec la postmodernité, l’idée même de sujet autonome, d’« animal rationnel », fait naufrage, victime d’une triple crise. D’abord, la crise de l’idée de progrès. Toute transformation a un coût humain, social et environnemental lourd à payer. Les prouesses technologiques produisent une déshumanisation croissante, des gaspillages et des abus. Ensuite, la crise sans précédent de la raison. Le rationalisme et le positivisme étroits du XIXème siècle sont balayés, les savoirs changent sans cesse. Aux démonstrations rationnelles se substituent des explications mystico-ésotériques, le recours à la magie et à la voyance. Enfin, la crise de l’affirmation même du sujet. A la suite de Nietzsche, Marx et Freud – « maîtres du soupçon » selon Paul Ricoeur -, l’homme a pris conscience que ses discours et ses pratiques obéissent à d’autres intérêts que ceux énoncés officiellement. Derrière les grands mots de « civilisation » et d’« humanité » se cachent de nouvelles entreprises de domination – l’ « humanitarisme-alibi » du charity business par exemple -.

L’ère du vide et de l’éphémère

Le principal mérite du concept de postmodernité est de signaler que les sociétés occidentales développées sont entrées dans un processus de changement radical quant à leur mode d’organisation social, culturel et politique : effondrement de la rationalité et faillite des grandes idéologies, mais aussi fin de l’âge industriel productiviste, montée de l’individualisme et de la consommation de masse, dépérissement des normes autoritaires et disciplinaires, désaffection pour les passions politiques et le militantisme.

Le philosophe Gilles Lipovetsky analysera magistralement ce phénomène dans L’ère du vide (2) et dans L’Empire de l’éphémère (3)Selon lui, la société postmoderne est marquée par un néo-individualisme hédoniste, ce qu’il appelle la « seconde révolution individualiste », dont les traits principaux sont un désinvestissement de la sphère publique, une perte de sens des grandes institutions sociales et politiques, la dissolution de la mémoire collective, l’engouement pour les nouvelles technologies, le relativisme moral, le narcissisme exacerbé – dénoncé aussi par Christopher Lasch dans Le complexe de Narcisse -. Pour Lipovetsky, cet individualisme de masse anti-autoritaire est une « chance démocratique »…

Quant au sociologue Michel Maffesoli, il défendra une vision résolument libertaire et esthétique de la postmodernité caractérisée par un retour du dionysiaque et de l’irrationnel, le polythéisme des valeurs, un néo-tribalisme urbain, l’indifférenciation sexuelle, la mobilité professionnelle (4).

Modernité et esprit faustien

Faut-il pour autant souhaiter que la postmodernité débouche sur la fin de toute modernité ? Selon Wolfgang Welsh, auteur d’un remarquable essai sur le sujet (5), la modernité est une vision-du-monde qui commence avec le grand projet de « Mathesis Universalis » voulu par Descartes, relayé par les mythes de l’Aufklärung, des Lumières. C’est à cette époque que l’individualisme bourgeois imprègne le droit, avec les révolutions américaine et française -voir les travaux de Louis Dumont-, et que naissent les grandes idéologies modernes, du libéralisme économique au marxisme, qui promettent une unification du monde sous le règne de la raison.

Il convient toutefois de distinguer deux modernités différentes, apparues dès la fin de la Renaissance. La première, moralisatrice et sans élan, qui correspond à un rationalisme étroit et calculateur professé par le bourgeois si bien décrit par Werner Sombart (6), et à l’origine des messianismes iréniques et autres grands récits émollients des idéologies modernes. La seconde, audacieuse et conquérante, qui correspond à un rationalisme ascétique et créateur, théorisé par Max Weber, et à l’origine des grandes découvertes scientifiques.

Dans Dialektik der Aufklärung (7), Max Horkheimer et Theodor Adorno distinguent, dans la pensée européenne, deux raisons. L’une, qui recueille leur adhésion, purement normative, est celle du « métarécit », qui impose des normes abstraites, développe une éthique de la conviction, et se veut allergique à toute volonté de puissance. L’autre, est strictement « instrumentale » et donne la puissance à son utilisateur. C’est la raison scientifique et technique, décrite par Max Weber, qui maîtrise les forces de l’univers et les met au service de l’homme. L’Ecole de Francfort, inspirée par le refus biblique de la puissance humaine, l’accuse d’être prométhéenne et la source de tous les maux, du capitalisme au fascisme, de l’électro-fascisme à la destruction de la nature…

Cette raison « instrumentale » s’incarne dans le volontarisme dynamique qui caractérise, selon Oswald Spengler la culture « faustienne » de l’Occident, qui s’est affirmée comme « la plus puissante, la plus véhémente », en tant que « volonté de puissance qui se rit de toutes les limitations temporelles ou spatiales, qui considère précisément l’illimité et l’infini comme constituant ses objectifs » (8). Pour Spengler, la modernité est un phénomène ambigu. Tel le dieu romain Janus, elle présente deux visages : d’un côté, un vitalisme faustien et aventureux, transformateur de la nature organique; de l’autre, une idéologie homogénéisante et inorganique, qui prétend normaliser la planète entière, mettant ainsi fin à l’âge des « hautes cultures » (Hochkulturen). La première correspond à notre vision tragique du monde, la seconde à la vision progressiste de l’Histoire, prédominante depuis la Renaissance.

Mais, même la modernité faustienne conduit au règne de la quantité, au « désenchantement du monde » – selon la formule de Marcel Gauchet. Tel est le sort de l’esprit faustien lorsqu’il est coupé de ses mythes fondateurs, ainsi que le souligne Robert Steuckers : « la rationalité conquérante, si elle est arrachée à ses mythes fondateurs, à son humus ethno-identitaire, à son indo-européanité matricielle, retombe, même après les assauts les plus impétueux, inerte, vidée de sa substance, dans les rets du petit rationalisme calculateur et dans l’idéologie terne des « Grands récits » » (9).

L’interrègne postmoderne

On peut définir la postmodernité comme un interrègne. Giorgio Locchi a décrit cet interregnum comme une période d’attente durant laquelle le destin balance entre deux options : soit parachever le triomphe de la conception du monde égalitaire, avec la « fin de l’histoire », soit promouvoir une régénération historique (10).

Ainsi, pour Lipovetsky,  depuis le 11 septembre 2001 nous avons basculé dans les Temps hypermodernes (11), marqués par l’hyperpuissance américaine, l’hyperconsommation et l’hypernarcissisme. L’ici et maintenant est prédominant. Le triomphe de l’instantanéité signe la fin de toute vision progressiste, mais aussi la défaite de toute attitude prométhéenne. C’est le présent hédonique qui l’emporte.

Face à ce « meilleur des mondes » postmoderne, consumériste et narcissique, que l’on nous permette de souhaiter l’avènement d’une postmodernité combinant élan faustien et enracinement ethno-européen.

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, hiver 2011, n°37, pp.49-50.

Notes :

(1) J.F. Lyotard, La condition postmoderne, éditions de Minuit, Paris, 1979.

(2) G. Lipovetsky, L’ère du vide. Essais sur l’individualisme contemporain, Gallimard, Paris, 1983.

(3) G. Lipovetsky, L’Empire de l’éphémère : la mode et son destin dans les sociétés modernes, Paris, Gallimard, 1987.

(4) M. Maffesoli, Le temps des tribus: le déclin de l’individualisme dans les sociétés postmodernes, Table Ronde, Paris, 2010.

(5) W. Welsh, Unsere Postmoderne Moderne, VCH Acta Humaniora, Weinheim, 1987.

(6) W. Sombart, Le bourgeois, Payot, Paris, 1966.

(7) M. Horkheimer und T.W. Adorno, Dialektik der Aufklärung, S. Fischer, Frankfurt, 1969.

(8) O. Spengler, Le Déclin de l’Occident, Gallimard, coll. Bibliothèque des idées, Paris, 1976, I.

(9) R. Steuckers, « Défis post-modernes : entre Faust et Narcisse », Orientations, 1988, n°10.

(10) G. Locchi, Nietzsche, Wagner e il mito sovrumanisto, Akropolis, Roma, 1982.

(11) G. Lipovetsky, Les Temps hypermodernes. Entretien avec Sébastien Charles, Grasset, Paris, 2004.

 

jeudi, 02 juin 2011

Il vero problema per José Ortega y Gasset, è che la società non possiede più una morale

Il vero problema, per José Ortega y Gasset, è che la società non possiede più una morale

di Francesco Lamendola

Fonte: Arianna Editrice [scheda fonte]





Rileggere Ortega y Gasset è una operazione sempre attuale e sempre necessaria, poiché i pericoli della società di massa da lui evidenziati, nel suo saggio «La ribellione delle masse», sono ancora gli stessi, semmai più urgenti e minacciosi, benché l’opera del filosofo spagnolo sia stata scritta nell’ormai lontano  (lontano?)  1930.

Vale la pena di rileggerlo, dunque, perché egli è stato uno dei non molti autori che hanno saputo cogliere in pieno il fenomeno degenerativo dell’uomo moderno, dell’uomo-massa, quando ancora buona parte degli intellettuali europei si attardavano a ragionare sull’uomo secondo categorie ottocentesche o, addirittura, settecentesche, vale a dire illuministe e piattamente, acriticamente ottimiste, fiduciose nei due talismani della democrazia e del progresso - inteso, quest’ultimo, essenzialmente come aumento quantitativo dei beni e dei servizi e come perfezionamento dell’apparato tecnico-industriale.
Ma è opportuno saperlo rileggere liberamente, senza addentrarsi specificamente nel processo del suo pensiero storico e sociologico e senza fare, pertanto, della filologia filosofica; è opportuno rileggerlo con la consapevolezza di cittadini del terzo millennio, che sanno di non avere più molto tempo a disposizione, perché la situazione si è di molto aggravata in questi ultimi ottant’anni e il tempo per correre ai ripari è ormai quasi scaduto.
Anzitutto, Ortega y Gasset non teme di distinguere la categoria della vita nobile da quella della vita volgare: caratterizzate, la prima dal concetto di forza, la seconda da quello d’inerzia; per concludere che il mondo moderno, il mondo dell’uomo-massa, si svolge ormai all’insegna dell’inerzia e, quindi, della vita volgare.
Dai suoi tempi, il democraticismo rozzo e petulante ha fatto passi da gigante e il solo parlare di “vita nobile” e di “vita volgare” suscita una reazione istintiva non solo negli intellettuali, tutti debitamente progressisti e democraticisti, ma anche nelle persone comuni e illetterate, perché sa maledettamente di aristocratico; e ormai il cliché dell’aristocrazia come di una forza sociale obbrobriosa, che ha sfruttato il sangue del popolo per secoli e millenni, si è definitivamente insediato nell’immaginario collettivo e tutto ciò che sa di aristocratico provoca, nel migliore dei casi, fastidio e irritazione.
Poco importa se “aristocratico” significa, alla lettera, “il migliore”, e se tutti i filosofi più grandi, a cominciare da Platone, hanno sempre sostenuto che la società dovrebbe essere guidata dai migliori: ormai il credo democratico, secondo il quale tutti gli uomini sono uguali non solo nei diritti, ma anche nelle capacità e nello spirito di dedizione al bene comune, ha diffuso universalmente l’dea che non deve esservi nulla di “nobile” che si distingua da ciò che è “plebeo”, perché tutto deve essere uguale a tutto e nessuno deve poter emergere: pena, il vedere vanificata la “sacra” Rivoluzione francese e ristabilito l’odioso Ancien Régime.
In base al Pensiero Unico democratico, oggi imperante, non si può dire che esistono cose volgari, idee volgari, persone volgari: bisogna proclamare otto volte al giorno che tutti sono ugualmente nobili, confondendo in maniera marchiana la pari dignità e, in ultima analisi, la sacralità di ogni anima umana, con ciò che, poi, i singoli individui decidono di fare della propria vita; confondendo, cioè, la nobiltà della natura umana, quale essa può diventare a prezzo di impegno, lavoro e fatica, e la pretesa nobiltà di ogni comportamento umano, fosse pure il più volgare, il più vile, il più spregevole.
Dunque, diciamolo forte e chiaro: non tutte le esistenze umane sono spese all’insegna della nobiltà; molte, al contrario, sprofondano, sovente per una libera scelta, nel fango dell’abiezione, dell’egoismo distruttivo, della malvagità intenzionale.
Non è vero che tutte le filosofie sono uguali; che tutti i comportamenti umani si equivalgono; che l’importante è sviluppare pienamente la propria libertà, concepita come arbitrio individuale e come assenza di obblighi e di doveri; non è vero che tutte le verità hanno lo stesso valore, che ciascuno è padrone di stabilire e perseguire la propria personale verità; e non è vero che spendere la propria vita nella ricerca esclusiva del piacere e del potere è la stessa cosa che spenderla per conseguire saggezza, consapevolezza e rispetto del bene universale.
Qui c’è un grosso equivoco da chiarire, una volta per tutte; un equivoco che è stato alimentato ad arte: se è vero, infatti, che ogni vita merita amore e rispetto (e non solo quella degli umani, ma anche delle creature non umane), è altrettanto chiaro che non meritano lo stesso rispetto tutte le forme in cui la vita si realizza: quella dello spacciatore di droga, ad esempio, o dello sfruttatore di donne, non merita certo lo sesso rispetto di quella di colui che vive cercando di aiutare il prossimo e rispettare il più debole.
Anche se possiamo immaginare che dietro una vita mal spesa vi siano, a loro volta, dei tristi precedenti di ignoranza e, forse, di violenza, ciò dovrebbe indurre alla compassione, ma non alla confusione del giudizio morale: il fatto che un violentatore pedofilo abbia, magari, subito a sua volta degli abusi sessuali quand’era piccolo, dovrebbe insegnarci a non giudicare con troppa facilità, ma - d’altra parte - non può e non deve diventare una ragione per l’indifferentismo etico, per il permissivismo e per una colpevole indulgenza nei confronti del male.
Soprattutto, non dobbiamo esitare a chiamare le cose con il loro nome e, quindi, a dichiarare che una vita spesa a vantaggio del bene è una vita nobile e degna di essere portata ad esempio, mentre una vita all’insegna dell’egoismo e della prevaricazione è volgare e chi la pratica non merita alcuna considerazione, alcuna tolleranza, alcuno sconto, fino a quando non decida di ravvedersi, di riparare al male fatto e di espiare le proprie colpe.
Secondo l’analisi di Ortega y Gasset, noi siamo anzitutto ciò che il nostro mondo ci invita ad essere: e il mondo moderno, il mondo dell’uomo-massa, ci invita continuamente ad essere delle volgari nullità, preoccupate solo di saziare il ventre e i bassi appetiti e di esercitare una qualche forma di potere o di autorità sui nostri simili, non in base a dei meriti effettivi, ma unicamente in base alla furbizia, al cinismo e alla mancanza di scrupoli.
Si è instaurata, nel corso dell’ultimo secolo, una vera e propria pedagogia alla rovescia, una vera e propria selezione dei peggiori, ai quali si aprono tutte le strade dell’affermazione sociale, del predominio culturale e del potere economico e politico; selezione dei peggiori che si regge sulla menzogna democraticista, secondo cui tutti gli uomini possiederebbero uguali meriti e uguali competenze e tutti sarebbero degni di uguale stima, purché si adattino perfettamente al modello etico, politico e culturale dominante.
La civiltà dell’uomo-massa ha prodotto addirittura una apposita scienza, la psichiatria, per “normalizzare” sempre più gli individui potenzialmente ribelli e per omologare, appiattire, spogliare di ogni originalità, tutti i suoi membri; una scienza il cui braccio armato, la psicoanalisi freudiana, funziona come una solerte forza di polizia mentale, il cui scopo è persuadere l’individuo che non vi è pace se non nel fare propri tutte le dottrine, tutti i comportamenti, tutte le aberrazioni della cosiddetta “civiltà”, a cominciare dalle sue stesse, deliranti teorie psicologiche sul padre, sull’invidia del pene, sull’incesto, su Dio e sulla nascita delle nevrosi.
In luogo di un individuo creativo, che offre ai suoi simili la ricchezza del suo pensiero e delle sue emozioni, la società moderna tende a riprodurre individui grigi e conformisti, non importa se ammantati delle vesti ridicole dell’anticonformismo di massa; individui stanchi e rassegnati, che non si meravigliano più di nulla, che credono solo nella religione della scienza materialista e del progresso quantitativo; bambini che, a sei anni, sembrano già dei vecchietti vissuti e annoiati, senza spontaneità, senza fantasia, senza gioia e senza occhi per vedere la bellezza del mondo e per gioirne e provarne gratitudine.
Ora, secondo Ortega y Gasset, per la prima volta dalla notte dei tempi, la storia d’Europa appare affidata alla decisione dell’uomo volgare; o, in altri termini, per la prima volta l’uomo volgare, che, in passato, si lasciava dirigere, ora ha deciso di governare il mondo (ai tempi in cui scriveva il filosofo spagnolo, l’Europa dirigeva ancora il mondo).
Dunque, se prima esisteva un centro direzionale della vita politica europea, della sua economia, della sua cultura, ora non c’è più; al suo posto, vi sono una miriade di egoismi individuali, di presunzioni individuali, di ignoranze individuale, sorretti, chissà perché, dalla convinzione di essere legittimati da una filosofia dei diritti e, quindi, di esercitare un legittimo ruolo storico.
Il “bimbo viziato” della storia europea, il “signorino insoddisfatto”, è salito alla ribalta, rivendica i suoi diritti, pretende il suo spazio: è l’erede che si comporta esclusivamente come erede, colui che non ha dovuto faticare per guadagnarsi la propria posizione, ma sfrutta la fatica altrui e, in compenso, ha dei formidabili appetiti da far valere.
Il “bimbo viziato” della civiltà moderna è pieno di tendenze incivili; è, alla lettera, un nuovo barbaro, con l’aggravante che non sa di esserlo, ma pensa e si comporta, anzi, come se lui solo rappresentasse il concentrato di ciò che è “civile”; è l’uomo medio che si è insediato nel mondo della sovrabbondanza dei mezzi, che lui percepisce solo in senso quantitativo; e i cui orizzonti, le cui aspirazioni, la cui volontà non si dirigono mai verso la propria interiorità, che non esiste, ma unicamente verso il mondo esterno, che ritiene essere lì a sua completa disposizione.
L’uomo medio è, per formazione e per vocazione, uno specialista: non vede la complessità dei problemi, ma solo quel segmento di essi su cui può e vuole esercitare una competenza specifica, una forma di dominio; e il mondo moderno è, in sintesi, la barbarie dello specialismo eretto a sistema, dello specialismo svincolato da qualunque sistema di etica.
Lo Stato moderno è il risultato della tirannia dell’uomo massa che, per la prima volta nella storia, pretende di riferire ogni cosa a sé, non si lascia dirigere, non si lascia organizzare, non si lascia formare, ma esige che tutto s’inchini al suo numero, alla sua volgarità, al suo specialismo: uno Stato fuori controllo, senza un centro propulsore e senza un ideale; che nasce unicamente dalla somma matematica dei suoi componenti e che sta correndo chissà dove.
L’Europa ha dimenticato che l’uomo è una creatura costituzionalmente destinata a cercare e a seguire un’istanza di ordine superiore: ora come ora, le masse andate al potere non seguono altro impulso che il proprio meschino tornaconto immediato, e lo spacciano per interesse nazionale o, addirittura, sovranazionale.
Dato che lo Stato è essenzialmente una tecnica, una tecnica di natura politica e amministrativa, lo Stato moderno è diventato una mina vagante: lo dirigono dei “tecnici” altamente deresponsabilizzati e la società dovrà vivere in funzione dello Stato, l’uomo dovrà vivere e lavorare per mantenere la macchina del governo.
Lo Stato, gigantesco parassita, succhierà dalla società ogni linfa vitale e finirà per paralizzare e irrigidire ogni manifestazione spontanea: sarà uno Stato di cui aver paura, uno Stato di polizia, il cui fine principale non consisterà più nella ricerca del bene pubblico, ma nel mantenimento di una burocrazia elefantiaca.  
Ancora: la politica degli Stati è il risultato di un’azione di comando; ma non c’è comando senza una istanza di ordine spirituale: il comandare è l’arte di dirigere le masse in una certa direzione, in base a determinati valori. Il rapporto tra chi comanda e chi obbedisce è la risultante di una situazione spirituale, nella quale vi è una condivisione della necessità che qualcuno comandi, e che questo qualcuno rappresenti un movimento dello spirito.
Invece nella società moderna nessuno vuole più obbedire, tutti vogliono solo comandare: e non per andare in una qualche direzione o per realizzare un’idea, ma solo per l’esercizio del potere in quanto tale.
I “piani quinquennali” dell’economia sovietica sono un buon esempio di questo comando della tecnica, di questo specialismo amorale, dell’uomo-massa che ha ridotto l’arte del governo a mero esercizio di una tecnica quantitativa; e, più in generale, il bolscevismo è l’ideologia corrispondente alla coscienza dell’uomo-massa, che non sa obbedire né riconoscere la propria natura inferiore, ma pretende di esercitare il potere in nome della massa in quanto massa, fatto inaudito e mai verificatosi nella storia dell’umanità.
Il cuore del problema della modernità, per Ortega y Gasset, è, pertanto, lo smarrimento della morale: la civiltà moderna, che è la civiltà delle masse in rivolta, rifiuta ogni etica dei doveri, dunque ogni etica tout-court, anche se non ha l’onestà intellettuale di dichiararlo apertamente e si gingilla con le parole.
La mancanza di una morale è la mancanza di una istanza superiore, la perdita di un’idea, di un principio rispetto al quale gli uomini si sentano legati, vincolati, obbligati: da quando trionfa l’Europa dei “diritti”, gli obblighi sono caduti e ciascuno ha delle pretese da far valore, ma nessuno è disposto a sottoporre la propria libertà a dei limiti, se non - come appunto nel bolscevismo - in vista di un aumento della forza materiale delle masse, che consenta loro di prendersi una “storica” rivincita sulle classi egemoni.
Soffermiamoci sulla questione dell’oblio della morale.
Scrive José Ortega y Gasset nell’ultimo capitolo del suo classico «La ribellione delle masse» (titolo originale: «La rebelión de las masas»; traduzione italiana di Salvatore Battaglia, Bologna, Società Editrice Il Mulino, 1962, pp.152-154), intitolato «Il vero problema»:

«Questo è il problema: l’Europa è rimasta senza morale. Non è che l’uomo-massa disprezzi la morale antiquata a vantaggio di un’altra che s’annunzia, ma è che il centro del suo regime vitale consiste precisamente nell’aspirazione di vivere senza sottoporsi a nessuna morale. Non è da prestar fede a nessuna parola quando si sentono parlare i giovani di “nuova morale”.Nego recisamente che esista oggi in qualunque angolo del continente un qualsiasi gruppo informato da un nuovo “ethos”che abbia sembianze d’una morale. Quando si parla di “nuova morale”, non si fa altro che commettere una immoralità di più e tentare il mezzo più comodo per compiere un contrabbando.
Per questa ragione sarebbe un’ingenuità rinfacciare all’uomo d’oggi la sua carenza di moralità. L’imputazione lo lascerebbe senza disagio e, anzi, lo lusingherebbe. L’immoralismo è arrivato a un prezzo molto basso, e chiunque ostenta di esercitarlo.
Se mettiamo da parte - come si è fatto in questo saggio - tutti i gruppi che significano sopravvivenza del passato - i cristiani, gli “idealisti”, i vecchi liberali, ecc. - non si troverà fra tutti quelli che rappresentano l’epoca attuale la cui altitudine dinanzi alla vita non si riduca a credere che gli spettino tutti i diritti e nessun obbligo. È indifferente che si mascheri di reazionario o di rivoluzionario: per modi attivi o per vie passive, alla fine, il suo stato d’animo consisterà, in maniera decisiva, nell’ignorare ogni obbligo e nel sentirsi, senza che egli stesso sospetti perché, soggetto di illimitati diritti.
Qualunque sostanza che cada su un’anima siffatta darà lo stesso risultato, e si tramuterà in un pretesto per non sottoporsi a nulla di concreto. Se si presenta come reazionario o antiliberale, sarà per poter affermare che la salvezza della patria, dello Stato, dà diritto a mortificare tutte le altre norme e a far violenza al prossimo, soprattutto se il prossimo possiede una personalità eminente. Però si verifica lo stesso se gli capita d’essere rivoluzionario: il suo apparente entusiasmo  per l’operaio manuale, per il miserabile e per la giustizia sociale, gli serve da travestimento per potersi disciogliere da ogni obbligo - come la cortesia, la veridicità e, soprattutto, il rispetto e la stima degli individui superiori. Io so di non pochi che sono entrati in questo o quel partito operaio non per altro che per conquistare dentro se stessi il diritto di disprezzare l’intelligenza e di risparmiarsi gl’inchini dinanzi a lei. In quanto alle altre “dittature”, abbiamo già visto come allettino l’uomo-massa schiacciando tutto quanto sembrava eminente.
Questa repellenza per ogni obbligo spiega, in parte, il fenomeno, fra ridicolo e scandaloso, che si sia fatta ai giorni nostri una piattaforma della “giovinezza” come tale. Forse l’epoca nostra non presenta un tratto più grottesco di questo. Le persone, goffamente, si dichiarano “giovani” perché hanno udito che il giovane ha più diritti che obblighi, una volta che può rimandare l’osservanza di questi ultimi fino alle calende greche della maturità. Sempre il giovane, come tale, si è considerato esentato di fare o di aver già fatto “imprese”. Sempre è vissuto di credito. Questo è insito nella natura dell’uomo. Era come un falso diritto, fra ironico e tenero,  che i non giovani concedevano ai ragazzi. Però è stupefacente ch’essi ora lo assumano come un diritto effettivo, e precisamente per attribuirsi tutti gli altri che appartengono soltanto a chi abbia fatto già qualcosa.
Per quanto sembri menzogna, si è giunti a fare della gioventù un “chantage”. In realtà, viviamo in un tempo di “chantage” universale che assume due forme di smorfia complementare:  c’è lo “chantage” della violenza e lo “chantage” dell’umorismo. Con l’uno o con l’altro si tende sempre alla stessa cosa: che l’inferiore, che l’uomo volgare possa sentirsi esentato da ogni disciplina.
Perciò, non bisogna nobilitare la crisi attuale considerandola come il conflitto  fra due morali o civiltà, l’una caduca e l’altra albeggiante.  L’uomo-massa manca semplicemente di orale, che è sempre, per essenza,  sentimento di sottomissione a qualcosa, coscienza di osservanza e di obbligo. Però forse è un errore dire “semplicemente”. Perché non si tratta soltanto del distacco di questo tipo di creatura dalla morale. No: non rendiamogli così facile la sua fatica. Dalla morale non è possibile affrancarsi senz’altro. Ciò che con un vocabolo perfino difettoso dal lato grammaticale, si chiama “amoralità” è una cosa che non esiste. Se non ci si vuole affidare ad alcuna norma, bisogna pure, si voglia o no, sottostare alla forma di negare ogni morale: e ciò non +è amorale ma immorale. È una morale negativa che conserva dell’altra la forma vuota.
Come si è potuto credere nella “amoralità” della vita? Senza dubbio, perché ogni cultura e la civiltà moderna conducono a questa convinzione. Adesso l’Europa raccoglie le peno0se conseguenze della sua condotta spirituale. Si è gettata senza riserve nella direzione d’una cultura magnifica ma sprovvista di radici…»

“Chantage”, ricatto: come aveva saputo vedere avanti Ortega y Gasset, benché scrivesse quasi un secolo fa, quando ancora non esistevano né la bomba atomica, né la televisione, né il computer, né il telefonino cellulare.
È il ricatto del democraticismo volgare, secondo il quale nessuno può essere ricondotto sotto l‘etica dei doveri, perché, prima, ciascuno ha un lunghissimo elenco di diritti da far valere; per cui, ad esempio, nessun figlio può essere “costretto” dai genitori a mettersi a studiare seriamente, oppure a cercarsi un lavoro, perché, prima, la famiglia ha il dovere di mantenerlo per tutto il tempo che lui deciderà necessario per terminare gli studi o per trovarsi, appunto, un lavoro, magari a trenta, a quaranta anni compiuti: e ciò con la benedizione del legislatore e con la solerte protezione del giudice e delle forze dell’ordine.
È il ricatto per cui non si possono chiudere le frontiere a milioni di migranti che sbarcano sulle nostre spiagge, perché essi fuggono da situazioni di difficoltà, talvolta (ma non sempre) di pericolo, quindi hanno il “diritto” di essere accolti, di essere sfamati, di essere sistemati, di avere un lavoro e di ottenere la nostra cittadinanza, compreso il diritto di voto, nel giro di pochi anni; anche se il lavoro non c’è nemmeno per noi e i nostri figli; anche se i nostri nonni, quando emigravano in cerca di pane, non irrompevano oltre le frontiere altrui, ma si presentavano disciplinatamente e chiedevano di essere accolti in prova, rispettando la condizione di avere un contratto di lavoro e di rigare dritto come lavoratori-ospiti.
Senza una morale, nessuna società va lontano; ma può anche succedere, come è il nostro caso, che la vecchia morale, bandita perfino dai libri di scuola (proibito, ormai, parlare delle radici cristiane dell’Europa: sarebbe un delitto di lesa maestà del laicismo massonico), venga usata come una clava per ricattare le coscienze e per far valere la pretesa di sempre nuovi diritti da parte di sempre nuovi soggetti.
Senza che si parli mai dei corrispondenti doveri…


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

Savigny: The Volksgeist & Law

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Savigny: The Volksgeist & Law

Andrew Hamilton

Ex: http://www.counter-currents.com/

Before they addressed themselves to the impractical task of changing men by changing laws, the justices might have pondered the words of Savigny, who wrote, ‘Law is no more made by lawyers than language by grammarians. Law is the natural moral product of a people . . . the persistent customs of a nation, springing organically from its past and present. Even statute law lives in the general consensus of the people.’” –Wilmot Robertson, The Dispossessed Majority (1981)

The concept of the Volksgeist, or “the spirit of the Volk,” was developed by German philosopher Johann Gottfried von Herder (1744–1803). The application of Herder’s theory to law was made by German jurist and legal historian Friedrich Karl von Savigny (1779–1861).

Herder’s Volksgeist is a manifestation of the people; it animates the nation. Every Volk is, as an empirical matter, different from every other Volk, each nationality characterized by its own unique spirit. Every people possesses its own cultural traits shaped by ancestral history and the experience of a specific physical environment, and mentally constructs its social life through language, law, literature, religion, the arts, customs, and folklore inherited from earlier generations. The Volk, in other words, is the family writ large.

Laws, too, must be adapted to the spirit of each nation, for rules applied to one nation are not valid for another. The only legitimate governments are those that develop naturally among particular nations and reflect, in their differences from other polities, the cultures of the people they govern.

Law is the unique creation of a race, a people, a Volk. Like language or values, it is the result of collective human action and reason over generations, not the result of human design. Language and law were never consciously invented at a specific moment in time. Rather, they represent slow accumulations, organic emanations of discrete peoples.

To cite but one example, European law and values and Jewish law and values are as different as night and day. In adopting torture, assassination, criminalization of free speech, thought, and association, genocide, and the abolition of formal restraints on tyranny, whites overnight lost half a millennium or more of slow, painful moral and legal progress.

Descendant of Landed Nobility

Savigny was the descendant of a distinguished Huguenot family from Lorraine, in France, which moved to Germany in 1730 to escape Catholic intolerance. The family derived its name from the Castle of Savigny in the valley of the Moselle River; its members retained their German allegiance upon the transfer of Lorraine to France.

Savigny was born in Frankfurt, the son of a Lutheran father and a Calvinist mother. Orphaned at thirteen, without parents or siblings, the boy was raised by his father’s best friend, a prominent German attorney and government official who, from the age of 15, plunged Savigny and his own son “into a terrible course [of education], comprising the science of law, natural law, international law, Roman law, and German law”—an experience Savigny’s chroniclers compare to John Stuart Mill’s über-rigorous schooling.

Graduating from the University of Marburg in 1800, Savigny took up teaching at the same institution. Among his students were the brothers Jacob and Wilhelm Grimm, the later philologists and mythologists famous for Grimm’s Fairy Tales. Savigny eventually secured a position for Jacob at the University of Berlin, and the two maintained a correspondence. Jacob Grimm dedicated his masterwork, Deutsche Grammatik, one of the most important works  of German philology ever written, to Savigny.

Savigny married into the famous Brentano family. One of his wife’s nephews, pacifist economist Ludwig Brentano, won the Nobel Peace Prize in 1927. Savigny’s brother-in-law was the writer Clemens Brentano, and his sister-in-law was Bettina von Arnim, correspondent of Goethe and wife of romantic poet and novelist Achim von Arnim. Through his in-laws Savigny came into close contact with the Heidelberg group of Romantic writers. Savigny’s son, Karl Friedrich von Savigny (1814–1875), was a prominent Prussian diplomat and politician.

In 1810 Savigny became Professor of Roman Law at Prussia’s newly-formed University of Berlin at the request of Wilhelm von Humboldt. There he helped found the institution, served as its first Rector, and organized the law faculty. He also taught the Crown Prince, subsequently King Frederick William IV of Prussia.

Savigny’s highly influential legal works include The Law of Possession (Das Recht des Besitzes) (1803), History of Roman Law in the Middle Ages (Geschichte des römischen Rechts im Mittelalter), 6 vols. (1815–1831), in which he traced the history of Roman law from the breakup of the empire until the beginning of the 12th century and showed how it lived on in local customs, towns, ecclesiastical doctrines, and school teachings until its reemergence in the Renaissance, System of Modern Roman Law (System des heutigen römischen Rechts), 8 vols. (1840–1849), an uncompleted work on the contemporary Roman law of Europe, Miscellaneous Writings (Vermischte Schriften), 5 vols. (1850), and The Law of Contracts (Das Obligationenrecht), 2 vols. (1851–53).

As Jewish law professor Milton R. Konvitz noted:

His massive work on Roman law in the Middle Ages became the source of subjects for countless historical monographs. His students, and their students in turn, dominated historical and legal scholarship and teaching for several generations, and he was universally acknowledged as one of the most influential thinkers and scholars of the nineteenth century.

Civil Law and Common Law

Historically, there has been a disjunction between the civil law systems of continental Europe and the common law systems characteristic of England and the English-settled countries.

Civil law is based upon Roman law, which was first codified in the Twelve Tables in 450 B.C. Codification was completed in 535 A.D. in the Corpus Juris Civilis, the culminating work of Roman legal scholarship.

After the fall of the Western Roman Empire, Roman law persisted as part of Germanic law, the customary law of the ancient Germans (codified in the 5th–9th centuries A.D.), and canon law, the law of the Roman Catholic Church courts. It also remained the law of the Eastern Roman Empire, centered in modern-day Turkey, until its collapse in 1453.

The revival of classical studies during the Renaissance led to the resurrection of Roman law, as the Corpus Juris Civilis became the model for most of the legal systems of continental Europe.

The civil law system of the continent was thus a mixture of Roman law and local customary law. As a committee of legal historians observed in 1914:

The story of Western Continental Law is made up, in the last analysis, of two great movements, racial and intellectual. One is the Germanic migrations, planting a solid growth of Germanic custom everywhere, from Danzig to Sicily, from London to Vienna. The other is the posthumous power of Roman law, forever resisting, struggling, and coalescing with the other.

The importance of Roman law, Savigny wrote, is that “by reason of its high state of cultivation” it serves as a pattern for modern jurists. The importance of the local or customary law is that “it is directly and popularly connected with us.” Examination of the historical modifications of the two systems demonstrates how both Roman law and local law varied under the stress of actual needs and the application of legal theory.

Eventually, a single European civil code may replace existing national codes, and Savigny figures in current discussions about this. Here, for example, is Belgian law professor, former Advocate General of the European Court of Justice in Luxembourg, and general editor of a series of casebooks on the Common law of Europe Walter van Gerven writing for the European Commission:

The opposition between von Savigny and Thibaut [see below], regarded as an opposition between law, seen as a product of history, and law, seen as a product of reason, is somehow reflected in the opposition nowadays between those who believe that cultural differences between Member States and legal mentalities are such that no codification at European level is possible, at least not for the time being, and those who believe that codification has to come about without further delay. (p. 9)

To help overcome this difficulty, it has been suggested by some that Savigny’s historical school of law should be reconstituted on a pan-European level. (E.g., Reinhard Zimmerman, “Savigny’s Vermächtnis, Rechtsgeschichte, Rechtsvergleichung und die Begdindung einer Europäischen Rechtswissenschaft” ["Savigny's Legacy, Legal History, Unification of Law and Preconditions for European Legal Sciences"], Juristische Blätter [1998], 273.)

As an aside, it is instructive to briefly touch upon the Pan-European method behind this endeavor as described by van Gerven:

Work that is already underway should be continued on an even larger scale with “the aim of finding a European common core of legal principles and rules” and starting with the modest task of “mark(ing) out areas of agreement and disagreement, to construct a European legal lingua franca that has concepts large enough to embrace legal institutions which are functionally comparable, to develop a truly common law literature and the beginnings of a European law school curriculum.” (p. 29)

The author continues: “That this is not an easy matter appears from the literature on [European] Community law which now flourishes abundantly in any one Member State, but unfortunately very often in a closed national, or one language, circuit without reference to literature published in other Member States or other languages.” (p. 29n)

This shows how even the largest European institutions, with ample access to multilingual personnel, extensive translations, and continuous cross-border contacts and cooperation are still stymied by deeply entrenched intra-European cultural differences—particularly linguistic balkanization.

The situation is comparable but far worse for white racialists with their meager resources, inability to communicate in multiple languages, and lack of international contacts. Indeed, when racialists try to establish even one-off personal connections they are often hounded mercilessly by Jewish organizations, communist street thugs, pliant politicians and journalists, and police agencies determined to strangle white unity in the cradle. Victims of such actions have included Francis Parker Yockey, George Lincoln Rockwell, William Pierce, Tom and John Metzger, David Irving, and many others.

Unfortunately, any new Pan-European laws promulgated by existing elites will be deeply inimical to white racial survival and fundamental human rights.

The Origin of Germany’s Codification Controversy

There have been many modern codifications of civil law principles, the most famous and influential of which is the Code Napoléon (1804) of France, which strongly shaped the civil law systems of continental Europe and Latin America.

Louisiana is the only US civil law state, its law based upon French and Spanish codes and ultimately Roman law as opposed to English common law. Similarly, in Canada, French Quebec is the only province that operates under a dual system, with civil matters being governed by continental-style civil law and criminal matters by common law. The legal system of white South Africa was based upon Roman-Dutch civil law, and Scotland is considered a mixed law system.

In addition to the Code Napoléon, the major modern civil codes in effect when the German codification controversy flared were the Prussian Landrecht (Allgemeines Landrecht für die Preussischen Staaten, 1794) and the Austrian General Civil Code (Allgemeines bürgerliches Gesetzbuch, or ABGB, 1811). Today national civil codes are prevalent almost everywhere in continental Europe.

The primary difference between common law and civil code systems is ideological.

Common law is based upon precedent and gradual change, balancing tradition and reason.

The codes generally reflect the radical, utopian hyper-rationalism of the French Revolution. The French sought to abolish all prior law and replace it with new, all-encompassing norms in codified form. History was deemed irrelevant to the formulation, interpretation, and application of the French code; law ought to originate abstractly in the human mind (pure reason). A frequently repeated maxim of the legal radicals was, “I know nothing of the civil law; I know only the Code Napoléon.”

Theoretically the codes, complete, coherent, and clear, reduced all law to written form. Since lawmaking power was lodged solely in the legislature, judges could not look outside of the code for guidance. Their duty was to mechanically apply the law as set forth in the code.

Under the Holy Roman Empire there had been more than 300 German states. Between 1806 and 1815, the conqueror Napoleon organized them into the Confederation of the Rhine. Following his defeat, the Congress of Vienna (1814–15) created the German Confederation, consisting of 39 states, the most powerful of which were Prussia and the Austrian Empire. Each German state had its own system of laws which changed as you crossed the border, greatly hampering economic and political coordination.

In 1814, A. F. J. Thibault, professor of Roman Law at the University of Heidelberg, a former student of Immanuel Kant’s at the University of Königsberg and, like Savigny, a German of French Huguenot descent, proposed a unified German civil code on the French model to remedy the chaos of existing law. He set forth his proposals in a pamphlet, About the Necessity of a Common Civil Law for Germany (Über die Nothwendigkeit eines allgemeinen bürgerlichen Rechts für Deutschland).

Interestingly, though desirous of enacting a uniform system of laws for the German states, Thibault opposed political unification. As part of his proposed rationalistic reconstruction, he favored discarding Roman law, “the work of a nation which was very unlike us, and from the period of the lowest decline of the same.”

Opposing a French-style code for Germany, Savigny characterized the rationalistic legal mentality as one of “infinite arrogance” and “shallow philosophy.” Law, he maintained, could not be abstractly originated by a handful of individuals at a specified moment in time, but is organically created by the people of a nation as an expression of its Volksgeist. It is a grave error to try to consciously construct an ideal, all-encompassing legal code, to which everyone is compelled to submit. He believed that intellectuals lacked the ability to construct humane, workable legal systems in such a manner.

The Volksgeist and Law

Savigny set forth his views in an epochal pamphlet, Vom Beruf unserer Zeit für Gesetzgebung und Rechtswissenschaft (1814, 2nd rev. ed. 1828) (Eng. trans., Frederick Charles von Savigny, Of the Vocation of Our Age for Legislation and Jurisprudence, Abraham Hayward trans. [London: Littlewood, 1831]) and in an introductory article to the Journal of Historical Jurisprudence (Zeitschrift für geschichtliche Rechtswissenschaft), which he co-founded. From 1815 to 1850 it served as the organ of the historical school of jurisprudence.

The German Romanticism of the early 19th century had a strong influence on Savigny’s philosophy of law. As John Henry Merryman notes:

Savigny and his followers—influenced by Kant, Hegel, and German Romanticism—opposed this [codification] effort . . . Proponents of what came to be known as the “historical school,” these scholars maintained that it would be wrong for Germany to attempt to devise a [French-style] civil code . . . In their view, the law of a people was a historically determined organic product of that people’s development, an expression of the Volksgeist. Consequently, a thorough study of the existing German law and of its historical development was a necessary prelude to codification. Since the Roman civil law as interpreted by the medieval Italian scholars had been formally received in Germany some centuries before, a thorough historical study of German law had to include Roman law and old Germanic law as well as more recent elements of the contemporary German legal system. Under the influence of Savigny and the historical school, many German scholars turned their energies to the intensive study of legal history.

. . . The result would be a reconstruction of the German legal system according to its inherent principles and features.

Savigny considered law to be an emanation of a people’s spiritual and historical experience. It “is first developed by custom and popular acceptance, next by judicial decisions—everywhere, therefore, by internal silently operating powers, not by the arbitrary will of the law-giver.” The essential prerequisite was a deep and far-reaching appreciation of the genius of a particular Volk; the prescriptive content of the law must accord with the Volksgeist.

For Savigny, German law was an expression of the Volksgeist of the German people. Law is only properly understood in the light of past and present history, and reflects the inner convictions of Volk psychology and shared moral values. The Volksgeist, constantly changing and evolving as the German people changed and evolved, drove the slow evolution of law over the course of history. Savigny believed that the Volk of every land had a similar effect on each nation’s law.

Legal institutions and values, like music, art, or language, are an indigenous expression of the culture. Savigny, like Herder, thought that there was “an organic connection of law with the being and character of the people. . . . Law grows with the growth, and strengthens with the strength of the people, and finally dies away as the nation loses its nationality.”

Again like Herder, the Volksgeist is best understood through careful examination of historical data. That is why Savigny is considered a pillar of the historical school of jurisprudence. Time and again he traced the natural history of law, its organic growth as a living thing, and indicated the processes by which it adjusted to the needs of successive generations.

Although law initially manifests through custom, as social activity and rules grow more complex a specialist body of lawyers emerges. The lawyers who formulate law for an advanced culture seve as the representatives of the Volksgeist. Combining historical knowledge of law with a conceptual, systematic understanding of how rules interrelate with one another and with the whole, jurists separate what still has validity from that which is lifeless “and only belongs to history,” arriving thereby at a “living customary law.”

Thanks in large part to Savigny’s immense influence on 19th century German law and legal scholarship, Germany proved more resistant to the influence of the French Revolution than any other civil law nation in Europe. The German jurist decisively won the codification debate, and a new German Civil Code did not emerge until 1900. When it did, its historical orientation was in marked contrast to the revolutionary and rationalistic character of the Code Napoléon. As Merryman explains:

The German Civil Code of 1896 [Bürgerliches Gesetzbuch or BGB, effective 1900] is the opposite of revolutionary. It was not intended to abolish prior law and substitute a new legal system; on the contrary, the idea was to codify those principles of German law that would emerge from careful historical study of the German legal system. Instead of trying to discover true principles of law from man’s nature, as the French did . . . the Germans sought to find fundamental principles of German law by scientific study of the data of German law: the existing German legal system in historical context.

The Volksgeist Abroad

No one who has studied the works of Nobel Prize-winning Austrian economist and philosopher Friedrich Hayek will fail to notice the parallels between his thought and Herder’s and Savigny’s. In the case of Herder to cite but one example, there are precise parallels concerning the belief in the evolution, as opposed to the conscious invention or construction, of human languages. Though Hayek did not articulate a racial or ethnic basis for his evolutionary theory, he may be profitably read as if he had by anyone who recognizes that racial universalism is incorrect and unworkable.

It is not apparent that Hayek ever read Herder, but he was familiar with Savigny. (It is too little appreciated that Hayek received a doctorate in law from the University of Vienna.) Savigny’s theories of law are in accord with Hayek’s belief that social phenomena such as language, law, the family, morality, the free market, etc., objectively are (and normatively ought to be) the “results of human action but not of human design.” To attempt conscious, rationalistic constructions in such areas of life is an error characteristic of the totalitarian mind.

Hayek traced the influence of Edmund Burke upon the German historical school, and, in the reverse direction, “In the social sciences it was through Savigny’s follower Sir Henry Maine that the evolutionary approach re-entered the English tradition.”

Indeed, the common law of the United Kingdom and the English-settled white countries was itself an unconscious expression of the Volksgeist principle. The conservative tendency of the common law stood in marked contrast to the revolutionary ideology from which the continental codes emerged.

James Coolidge Carter, a distinguished New York attorney and opponent of 19th-century American codification, was a legal theorist in the Savigny-Maine mold. He succinctly summarized the common law method as follows:

It is agreed that the true rule must somehow be found [note he says found, not made]. Judge and advocates, all together, engage in the search. Cases more or less nearly approaching the one in controversy are adduced. Analogies are referred to. The customs and habits of men are appealed to. Principles already settled as fundamental are invoked and run out to their consequences; and finally a rule is deduced which is declared to be the one which the existing law requires to be applied to the case.

Another textbook example of the Volksgeist principle in action is Scandinavia, whose legal development has been described as follows:

Legal attitudes and legislative practices among the Nordic peoples have been very similar, and highly democratic, since early times. These concepts remained largely uninfluenced by Roman law, which spread over most of the Continent. Rather, ancient tribal laws evolved pragmatically and were passed down through generations by word of mouth. When these laws were codified, starting about 1100, they were found to be common regarding principles, differing only with particular local conditions. (Norman E. Holly, “Legal and Legislative Co-operation in the Scandinavian States,” American Bar Association Journal, November 1963, p. 1089.)

Conclusion

In his civil law casebook (1994), John Henry Merryman asked (but did not answer) the question: “Does a nation have only one Volksgeist or do ethnically diverse nations have a Volksgeist for each cultural group?”

In multiracial ex-white nations, the dominant Volk, the Jews, freely express their Volksgeist through Jewish and general law, but other groups are limited by the will of the rulers. This is true even of currently favored groups like Muslims, with their Sharia law.

But oppressed whites no longer have a Volksgeist. Culture distortion simultaneously destroys both the collective life of the people and its law, which is supplanted by a rigid, racist legal positivism characteristic of contemporary totalitarian regimes.

But if we eventually regain our freedom and independence, Savigny’s Volksgeist should inform our reacquisition of law. The applicability to a racialist jurisprudence of a view of law as organically evolved over time out of the consciousness or spirit of a people is obvious.

Because biological race consists of a system of nested hierarchies, law may be adapted to any appropriate level of specificity or generality circumstances call for. At present, a higher level of racial generality than was characteristic of the old European nationalisms appears most suitable to the needs of what is ultimately likely to be a greatly diminished, ingathered population.

mardi, 31 mai 2011

Wertvollzug

 
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Ex: http://rezistant.blogspot.com/
 
Die Wertlehre feiert in der Erörterung der Frage des gerechten Krieges ihre eigentlichen Triumphe. Das liegt in der Natur der Sache. Jede Rücksicht auf den Gegner entfällt, ja sie wird zum Unwert, wenn der Kampf gegen diesen Gegner ein Kampf für die höchsten Werte ist. Der Unwert hat kein Recht gegenüber dem Wert, und für die Durchsetzung des höchsten Wertes ist kein Preis zu hoch. Hier gibt es dann infolgedessen nur noch Vernichter und Vernichtete. Alle Kategorien des klassischen Kriegsrechts des Jus Publicum Europaeum - gerechter Feind, gerechter Kriegsgrund, Verhältnismässigkeit der Mittel und das geordnete Vorgehen, der debitus modus - fallen dieser Wertlosigkeit hoffnungslos zum Opfer. Der Drang zur Wertdurchsetzung wird hier ein Zwang zum unmittelbaren Wertvollzug.

Carl Schmitt, Die Tyrannei der Werte, 1960.

lundi, 30 mai 2011

Point de situation

Point de situation

Ex: http://lepolemarque.blogspot.com/

Le professeur Bernard Wicht, dont les Éditions Le Polémarque ont publié dernièrement l’essai Une nouvelle Guerre de Trente Ans ?, intervient de manière régulière en séances théoriques dans le cadre des formations proposées par l’association NDS* pour le développement des techniques de défense citoyenne. Diffusés sous forme de fiches synthétiques et remaniés en permanence, ces cours feront dès la rentrée de septembre 2011 l’objet de la nouvelle collection « Paysages Stratégiques » des Éditions Le Polémarque. Son ambition, modeste dans ses moyens mais réelle en terme d’impact, sera d’apporter aux lecteurs soucieux d’affronter les transformations structurelles irréversibles à l’œuvre à l’intérieur de notre société (B. Wicht parle sans détour de « la fin de l’ancien monde », annoncée par « la fin de l’État moderne »), les armes conceptuelles nécessaires pour mieux comprendre notre époque, afin de mieux la surmonter**.
Le « point de situation » que nous reproduisons ci-dessous, avec l’aimable autorisation de NDS, résume l’orientation générale du projet.

L. Schang


* Neurone Défense Système (nds-ch.org). Pour joindre son alter ego français, l’ACDS (Académie du Couteau et de la Défense en Situation), voir le site acds-fr.org.


** Selon cette autre formulation empruntée à l’auteur de L’idée de milice et le modèle suisse dans la pensée de Machiavel (L’Âge d’Homme, 1995) : « Lorsque les sociétés refusent de voir l’ennemi, lorsqu’elles montrent des signes d’effondrement, alors on voit se dresser des individus particuliers qui n’acceptent pas cet état de fait et reprennent la lutte à leur compte, parvenant à éluder ce qui paraissait inéluctable et à reconstruire des solidarités et une cohésion de groupe. Agissant de la sorte, ces individus retrouvent l’essence du fait étatique, le compagnonnage et les liens personnels de fidélité. » « Rebelle, armée et bandit : le processus de restauration de la cité », in La culture du refus de l’ennemi, Modérantisme et religion au seuil du XXIe siècle, collectif, PULIM, 2007, pp 111-128.





Point de situation



1) C’est la fin de l’État moderne et des institutions qu’il a créés et qui le portent : armée, université, système éducatif national, etc.
2) C’est la fin de l’ère industrielle et des formes d’organisation hiérarchique et pyramidale dont elle a accouché : des grandes usines aux grandes banques (d’où une démassification et une sorte de « démodernisation »).
3) C’est l’avènement de la société de l’information : structures plus petites et « sans tête », l’idée compte plus que l’organisation et l’institution, les nouvelles élites sont déjà au travail (mais on ne les voit pas parce qu’on ne regarde pas au bon endroit : principe de celui qui cherche ses clefs sur le réverbère plutôt que là où il les a perdues).

Dans cette perspective, il faut considérer :

- que l’effondrement actuel du Maghreb et du Moyen-Orient va accélérer la fin de l’ancien monde et l’avènement du nouveau (avec tous les bouleversements que cela suppose, en particulier en Europe) ;
- que se battre sur des positions déjà submergées (telles que universités, grandes écoles, armée est un gaspillage de temps et d’énergie ;
- qu’il faut s’efforcer de travailler en fonction des nouveaux paradigmes : nouvelles formes d’organisation, nouvelles méthodes de travail (selon les principes : « créer la culture, donner des moyens, laisser faire le travail » ; « travailler dans la marge d’erreur du système (actuel) » ; « (dans le contexte actuel) le salut vient des marges ; « loi des petits nombres (en lieu et place de l’ère des masses) ».

À titre d’exemple, de petites structures (souvent peu formalisées) se montrent de plus en plus aptes à développer des idées fortes, précisément parce qu’elles agissent « en dehors » (non pas contre) du système et qu’elles ne sont pas liées à l’establishment. Ce sont leurs projets qui font se rencontrer des gens ne se connaissant pas mais qui pourtant se font immédiatement confiance. Elles agissent le plus souvent par capillarité, selon le principe de « l’inoculée conception », et ont un écho et un impact inversement proportionnels à leur taille et à leur moyens.

Aujourd’hui, c’est ce type de structures qui permet de faire avancer tant la réflexion que les pratiques et la production : on peut ainsi citer en vrac les blogs, les start-up, les petites coopératives, etc. − NDS et Le Polémarque notamment, s’inscrivent dans une telle dynamique.

Bernard Wicht

samedi, 28 mai 2011

José Ortega y Gasset et le politique éminent

José Ortega y Gasset et le politique éminent

par Arnaud Giraud

Ex: http://fr.novopress.info/

José Ortega y Gasset (1883-1955) vient juste après la « génération de 1898 » – Azor, Baroja, Benavente, Ruben Dario, Unamuno… -, tous ces jeunes écrivains rebelles qui aspirent à la renaissance de l’Espagne.

Il naît à Madrid dans une famille bourgeoise très impliquée dans la vie littéraire et artistique. Formé par les Jésuites, il perd la foi très tôt et suit un cursus universitaire qu’il double d’une carrière journalistique. Il rompt ses premières lances avec Miguel de Unamuno, en désaccord sur l’«essence de l’Espagne », la nature exacte du « casticisme », de l’âme espagnole. Ortega y Gasset s’ouvre à l’Europe en fréquentant les universités allemandes. Séduit dans un premier temps par le kantisme puis lecteur de Nietzche, il se rapproche des phénoménologues (Husserl) et, un peu plus tard de Heidegger, de six ans son cadet.

Ce qui nous retient ici est beaucoup moins son « ratiovitalisme » qu’il résume en un phrase : « Le vital est le concret, l’incomparable, l’unique… », moins sa métaphysique qui joue aux lisières de l’essentialisme et de l’existentialisme que son analyse spectrale du temps et de l’espace européens. Les huit volumes d’essais regroupés sous le titre « El Espectador » (Le Spectateur), les articles de la « Revista de Occidente » (1923-1936) mettent en scène la presque totalité des cultures européennes passées et présentes. Cette prolixité est servie par une érudition hors du commun, un style incisif et raffiné qui joue de l’allégorie, de la métaphore.

Théoricien et acteur de l’éducation qu’il veut soustraire à la férule cléricale, Ortega y Gasset fonde en 1913 la Ligue d’Education politique. Il s’agit d’armer la jeune génération en l’ouvrant à la modernité. La montée simultanée du communisme et du fascisme conduit Ortega y Gasset à écrire son essai le plus connu : « La Révolte des masses » (1930). C’est là une ample réflexion sur l’impact grandissant de la technique sur la « culture moderne ». Mais c’est aussi un appel aux Européens pour qu’ils relèvent le défi lancé par l’U.R.S.S. engagée dans un plan quinquennal « titanesque » pour bâtir une « énorme économie ». Avec cet avertissement :

« Si l’Europe, en attendant, persiste dans le vil régime végétatif de ces dernières années, les nerfs amollis par le manque de discipline, sans projet de vie nouvelle, comment pourrait-elle éviter l’effet de contamination d’une entreprise aussi imposante ? C’est ne pas connaître l’Européen que d’espérer qu’il puisse entendre sans s’enflammer cet appel d’un nouveau « faire » alors qu’il n’aura rien d’aussi « actif » à lui opposer. »

Engagé dans les débats qui déchirent l’éphémère république espagnole (1931-1936), Ortega y Gasset finit par s’en détacher. A titre privé, il penche pour les nationalistes puis préfère quitter l’Espagne. Il n’y revient qu’en 1945, suspect à la fois aux yeux de la dictature franquiste et de l’opposition républicaine.

La pensée politique d’Ortega y Gasset va à rebours des poncifs actuels. Trop vite définie comme libérale (après Tocqueville, avant Aron), elle repose sur une conception exigeante et même hautaine de l’Histoire :

« J’ai dit, et je le crois toujours, chaque jour avec une conviction plus énergique, que la société humaine est toujours aristocratique, bon gré, mal gré, par sa propre nature ».

Lorsqu’il ausculte l’«archétype du politique » et qu’il se penche aussi bien sur Mirabeau que sur César ou Napoléon, il est fortement conseillé aux âmes sensibles de s’écarter. Puisque, d’abord, il ne faut pas confondre l’archétype et l’idéal : « Les idéaux, ce sont les choses comme nous estimons qu’elles devraient être. Les archétypes, ce sont les choses selon leur inéluctable réalité. »

Modèle d’archétype de « politique éminent » : Mirabeau. Un mauvais sujet, certes, qui déborde d’excès et de désordres dans sa vie privée et sociale mais aussi un politique puissant et inspiré. Tout simplement parce qu’il se bat pour une politique nouvelle dont l’objectif est la monarchie constitutionnelle. En toute lucidité, parce que c’est le moins mauvais des choix. Ce « libéralisme démocratique », Mirabeau en voit « dans tout son développement futur  la futur nouvelle politique et il voit même au-delà : il voit ses limites, ses vices, sa dégénérescence et jusqu’aux moyens de la discréditer… »

Mirabeau est sans doute profondément immoral, vénal, mais le projet l’emporte sur l’homme. A Joseph-Marie Chénier (le cadet du poète guillotiné) qui proclame : « Il n’y a point de grand homme sans vertu », à Robespierre qui veut tout assujettir aux « principes immortels », Mirabeau oppose sa détermination qui ne s’embarrasse pas des moyens. Ortega y Gasset nous demande de ne pas scruter le grand homme avec le regard du valet de chambre qui en décompte les « petits vices » et toutes les « petites vertus » qui lui font défaut.

Antonio Machado, G. Marañón, José Ortega y Gasset, Ramón Pérez de Ayala

Le grand politique est tout, sauf pusillanime, il en est le contraire : C’est un « magnanime »… un homme qui a une mission créatrice : vivre et être, c’est, pour lui, faire de grandes choses, produire des œuvres de grand calibre. » Alors que « le pusillanime (…) n’a pas de mission ; vivre c’est pour lui simplement exister pour soi, se conserver soi-même, c’est aller parmi les choses qui se trouvent déjà là… »

Ortega y Gasset s’emploie à opposer le politique éminent au « petit gouvernant commun ». Le plus grand : César, paradigme du Politique, comparé à Marius, Pompée, Marc Antoine, « splendide série de fougueux animaux humains (auxquels) il manque à tous la petite flamme de Saint Elme que produit sur les cîmes la combustion de l’esprit. Aucune vision, aucune prévision chez eux. Ils sont d’énormes automates sous le poids du Destin. Le Destin ne tombe pas du dehors sur César, il est en lui, c’est lui qui le porte et qui est le Destin. »

Lorsqu’il  se penche sur l’Espagne et sur l’Europe de son temps composée de « peuples très vieux, et la vieillesse se caractérise par l’accumulation des organes morts, des matières cornées… », Ortega y Gasset ne cache pas son inquiétude. En 1927, il n’identifie pas de « politiques éminents », ni chez les successeurs de Lénine, ni le Mussolini qui pactise avec le vieil ordre social. Plus tard, au tournant du siècle, les grands tyrans lui inspirent une vive répugnance.

Pour lui, la marque du grand politique tient à sa disponibilité d’esprit lorsque, plongé en pleine tourmente, il peut encore distraire son esprit et l’ouvrir à d’autres champs de réflexion et de création. Marc Aurèle sur le limes composant ses réflexions morales, César écrivant un traité d’Analogie lorsqu’il traverse les Alpes pour conquérir la Gaule, Napoléon, en pleine retraite de Russie dictant à Caulaincourt le règlement de la Comédie française : « Quand un esprit jouit de son propre exercice et ajoute à l’allure obligée le saut luxueux – comme le muscle de l’adolescent qui complique la marche par le saut pour le pur plaisir de jouir de sa propre élasticité – ,c’est qu’il s’est complètement développé, qu’il est capable de tout comprendre. »

José Ortega y Gasset. Tabeau de Zuloaga

Lorsque Ortéga y Gasset publie, en 1930, « La Révolte des masses » il lui apparaît que les  politiques éminents se font plus rares et qu’ils cèdent la place à ceux qu’il appelle les « hommes vulgaires, les « hommes-masse » ou encore le « se?orito satisfait » qu’il dépeint ainsi :« Si l’on étudie la structure psychologique de ce nouveau type d’homme-masse (…) on y relèvera les caractéristiques suivantes : en premier lieu, l’impression originaire et radicale que la vie est facile, débordante, sans aucune tragique limitation ; de là, cette sensation de triomphe et de domination qu’éprouvera en lui chaque individu moyen, sensation qui, en second lieu, l’invitera à s’affirmer lui-même tel qu’il est, à proclamer que son patrimoine moral et intellectuel lui paraît satisfaisant et complet (…). Aussi – en dernier lieu – interviendra –t-il partout pour imposer son opinion médiocre, sans égards, sans atermoiements, sans formalités ni réserves… »

Sept ans plus tard, Ortega y Gasset préface la traduction française de « La Révolte des masses ». Il vit à l’écart de la guerre civile espagnole, n’ayant pu choisir entre la république et la junte de Burgos. Il réaffirme sa foi dans un « grand Etat national européen » mais déclare : « Les hommes d’esprit épais n’arrivent pas à concevoir une idée aussi déliée, aussi acrobatique, une idée où la pensée agile ne doit se poser sur l’affirmation de la pluralité que pour bondir sur la confirmation de l’unité, et vice versa. »

Faute d’agir, faute d’avoir vu un « politique éminent » surgir et s’imposer à l’Europe, Ortega y Gasset plaide pour un individualisme qui n’est en fait qu’une veille aristocratique, faite de « haute hygiène » et de « vie créatrice ». Une claustration factuelle non dénuée de grandeur mais qui ramenait le philosophe à sa position initiale de « spectateur ».

Armand Giraud pour Novopress France


[cc] Novopress.info, 2011, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[http://fr.novopress.info]

vendredi, 27 mai 2011

Alberto Buela: la relacion con el pasado

Alberto Buela

La relacion con el pasado

jeudi, 26 mai 2011

Bonald's Economic Thought

bonald.jpg

Bonald’s Economic Thought

By F.  Rober DEVLIN

Ex: http://www.counter-currents.com/

The French Age of Enlightenment witnessed and celebrated an economic revolution: the rapid growth of speculation and a money economy, and a corresponding diminution in the importance of landed wealth. Bonald believed that the change had been brought about by the practice of usury. He did not condemn all lending at interest as usury, but distinguished between the cases of lending for the acquisition of productive goods (such as land or capital) and lending for unproductive goods meant for consumption.

For example, if I lend a man money to buy a farm, I may legitimately charge him interest out of the goods produced by the farm. In the France of Bonald’s day, this would usually have yielded an interest rate of around four or five percent per annum. On the other hand, if I lend a man money to by bread, his purchase, far from being productive of further value, loses what value it has if not quickly consumed. In contrast to the earth itself, “the products of the earth, are dead values which diminish in quantity or quality.” To earn money by lending for consumption is, in Bonald’s view, essentially unjust and a violation of Christian charity even if freely agreed to between borrower and lender.

It might appear that such a doctrine would forbid an ordinary greengrocer from operating his store at a profit. Bonald holds that the grocer’s ‘profit’ really amounts to a wage for the work he does:

The labor of men who purchase, transport, store, preserve and improve goods merits a salary. The natural decrease, the accidental and eventual loss of goods and the inevitable waste they suffer from their transformation into industrial values all require compensation.

This contradicts the teaching of Adam Smith:

The profits of stock, it may perhaps be thought, are only a different name for the wages of a particular sort of labour, the labour of inspection and direction. They are, however, altogether different, are regulated by quite different principles, and bear no proportion to the quantity, the hardship, or the ingenuity of this supposed labour of inspection and direction. They are regulated altogether by the value of the stock employed, and are greater or smaller in proportion to the extent of this stock. . . . In many great works, almost the whole labour of this kind is committed to some principal clerk. His wages properly express the value of this labour of inspection and direction. Though in settling them some regard is had commonly, not only to his labour and skill, but to the trust which is reposed in him, yet they never bear any regular proportion to the capital of which he oversees the management; and the owner of this capital, though he is thus discharged of almost all labour, still expects that his profit should bear a regular proportion to his capital. In the price of commodities, therefore, the profits of stock constitute a component part altogether different from the wages of labour, and regulated by quite different principles. (The Wealth of Nations, Book I, Chapter 6)

I will not venture to decide the question in Bonald’s favor, but I am inclined to wonder how many modern economists could give a coherent explanation of why his unfashionable view is mistaken.

Money, in Bonald’s view, is properly a sign of value and medium of exchange rather than a commodity like any other. It should not, therefore, command a ‘price’ in the form of interest (except as noted). Where usury is permitted,

interest, or rather the price of money, is infinitely greater than the produce of the earth, [so] everyone wishes to sell his land in order to procure money to lend. But when everyone wants to sell, no one wants to buy. The produce of the land tends to rise to the highest prices, and the lands themselves fall to the lowest, or they are unable to be sold at any price, and one buys only what misery leaves behind or revolutions make available. One notes a general tendency to leave one’s home and the home of one’s fathers, to leave one’s family and country. A vague restlessness and desire for change torments landowners. They complain of being attached to an estate burdened with so many cares, and with too little income left to pay for their luxuries and pleasures. We see an immoderate desire to become rich extending even to the lowest orders of society, causing horrible disorders and unheard of crimes; while in others giving rise to a cold, hard egoism, a total extinction of every generous sentiment, and an insensible transformation of the most disinterested and friendly nation into a people of stock-jobbers who see in the events of society only chances for gain or loss.

To this unstable, calculating and hectic system Bonald opposes the traditional landed or agrarian system of economy which flourishes when interest rates are not allowed to exceed the production of the earth:

Those who can live within the revenue of their capital seek to acquire productive land, because the revenue of land is approximately the same as the interest paid for money, and it is more secure because the capital itself is more sheltered from events. Yet were everyone wants to buy, no one wants to sell. Lands are therefore at a high price relative to goods. All the citizens aspire to move from being possessors of money to being possessors of land, i.e., from a mobile and dependent political condition to a fixed and independent position. This is the most happy and most moral cast of the public mind, the one most opposed to the spirit of greed and to revolution.

The reader will learn more about agrarianism from a few pages of Bonald than from all the literary exercises in I’ll Take My Stand.

Bonald saw no reason why the legislator should remain neutral regarding developments so harmful to the moral habits of society:

A wise policy, one more attentive to general interests than to private ones, would seek to render the circulation of money less rapid: in Sparta, by using iron money, in modern states, by the prohibition of lending at usury. . . . If the profits of commerce regularly rise far above the revenue of the land, it would be a wise measure to bring them back to equality, either by favoring the cultivation of the earth in every possible way, or by containing the speculations of commerce within the limits of general utility.

To restore the agrarian order, Bonald also advocated the restoration of primogeniture and entail: “a law not made for the benefit of the eldest, but for the preservation and permanence of the landowning family.” Revolutionary legislation had mandated the equal division and inheritance of landed estates. This was not unlike Solomon’s judgment of carving the child in two: a half or a quarter or an eighth of an estate is often not worth the corresponding fraction of the original. It may be unfortunate that all men cannot live off their own lands, but parceling out estates into a welter of vegetable gardens does not improve matters; it only forces the ‘heirs’ to sell out for any price they can get. As a leading citizen of his district, Bonald got to know the evils of the new system at first hand.

A rich cultivator whom the author congratulated for the good state of his properties responded in a dolorous tone: “It is true, my property is beautiful and well cultivated. My fathers for several centuries and I for fifty years have worked to extend, improve and embellish it. But you see my large family, and with their laws on inheritance, my children will one day be servants here where they were the masters.”

Bonald even defended the guild system, which Smith had criticized for restricting competition and inefficiently requiring seven year apprenticeships for trades which took six months to learn.

For the inferior classes, the corporations of arts and trades were a sort of hereditary municipal nobility that gave importance and dignity to the most obscure individuals and the least exalted professions. These corporations were at the same time confraternities, and this is what excited the hatred of the philosophes who hunted down religion even in its most modest manifestations. This monarchical institution brought great benefits to administration. The power of the masters restrained youths who lacked education, who had been taken away from paternal authority at an early age by the necessity to learn a trade and win their bread, and whose obscurity hid from the public power. Finally, the inheritance of the mechanical professions also served public morals by posing a check to ruinous and ridiculous changes of fashion.

The author’s first point is especially worth pondering: a man can be happy in a low station, so long as it is a recognized station within his society. The ‘equality bug’ infects men who are deracinated, i.e., who do not belong anywhere. Those with the dignity of even a modest ‘place’ are seldom disturbed by the greater fortunes of others.

Bonald criticized Smith directly:

Wealth, taken in a general and philosophical sense, is the means of existence and conservation; opes, in the Latin tongue, signifies both wealth and strength. For the individual—a physical being—these means are material wealth, the produce of the soil and of industry. For society—a moral being—the means of existence and duration are moral riches, and the forces of conservation are, for the domestic society, morals, and for the public society, laws. Morals and laws are, therefore, the true and even the only wealth of societies, families and nations.

Here again we see Bonald’s sharp distinction between universal or public interests and particular or private ones: economic goods are always private, even if they happen to be enjoyed by all the individuals in a given society. This is why Liberalism (which, according to no less an authority than Ludwig von Mises, is “merely applied economics”) cannot give any account of why citizens should have to sacrifice their lives for their country:

A public spirit cannot be maintained in a commercial and manufacturing nation devoted to calculations of personal interest, and still less today when the laws of war protect the personal property of the vanquished and in our humanitarian sentiments we call it a crime for a citizen not to be paid to defend his land. In every era, poor nations have conquered rich ones, even though they held in their wealth the most powerful motives for self-defense.

Similarly, in his earlier treatise On Divorce [2] (see my review here [3] and here [4]), Bonald pointed out that commercial peoples tend to think even of marriage on the model of a business contract. He writes of “the degradation of a neighboring people [the English] which evaluates the weakness of a woman, the crime of a seducer, and the shame of a husband in pounds, shillings, and pence, and sues for the total on expert estimates.”

Bonald rejects the “privatize everything!” impulse which sees socialism lurking in every town square:

The use of common things, temples, waters, woods, and pastures constitutes the property of the community. Indeed, there is no more community where there is no longer a community of use. It may be true that the commons were poorly administered. I would even believe that their division, in some places, has produced a little more wheat. Yet in some lands this division restricts flocks to spaces too small for them and thus ruins and important branch of agriculture. More importantly, there is no more common property among the inhabitants of the same place and, consequently, no more community of interests, no more occasions for deliberation and agreement. For example, if there were only one public fountain in a village from which water was distributed to all the households, to take away the fountain would be to deny the inhabitants a continual occasion to see, speak to, and hear one another.

Bonald, like Marx after him, saw that industrial poverty was different in kind from the poverty in agricultural states, and a greater threat to traditional social order. Indeed, he comes close to calling the industrial proletariat the vanguard of the Revolution.

The true politician is concerned about the disorders that arise from the alternation of ease and misery to which the industrial population is exposed, which, making the objects of industry without being able to consume them, is no less obliged to consume the fruits of the soil without the ability to produce or even purchase them—and which, finding itself without work and without bread, is a ready-made instrument for revolution. . . . Let it not be doubted that it is in hopes of one day taking this superabundant population into its pay that one party in Europe promotes the exaggerated growth of industry, certain that it can give work to these idle arms in the immense workshop of the revolutionary industry.

Recommended reading:

Louis de Bonald
The True and Only Wealth of Nations: Essays on Family, Economy, and Society [5]
Ttranslated by Christopher Olaf Blum
Naples, Fla.: Sapientia Press of Ave Maria University, 2006

Critics of the Enlightenment: Readings in the French Counter-Revolutionary Tradition [6]
Edited and translated by Christopher Olaf Blum
Wilmington, Del.: ISI Books, 2004

Louis de Bonald
On Divorce [2]
Translated and edited by Nicholas Davidson
New Brunswick, N.J.: Transaction Publishers, 1992

TOQ Online, Dec. 5, 2009


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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mercredi, 25 mai 2011

Ortega y Gasset: un européiste critique de la révolte des masses et de la désertion des élites

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Ortega y Gasset : un européiste critique de la révolte des masses et de la désertion des élites

par Arnaud IMATZ

Ex: http://www.polemia.com/

« “Avant moi le néant, après moi le déluge” semble être devenu la devise préférée d’une nouvelle classe dirigeante dont le style de vie est marqué par le rejet des valeurs communautaires, le mépris des traditions populaires, la fascination pour le marché, la tyrannie de la mode, le nomadisme, l'insatisfaction assouvie dans la consommation de la marchandise, l'obsession de l'apparence physique, le culte du spectacle, du succès et de la renommée. Ortega disait que la désertion des minorités n'est que l'envers de la révolte des masses. »
Polémia livre à ses lecteurs une belle analyse critique d’Arnaud Imatz consacrée à Ortega y Gasset et à la « Révolte des masses ». Nos lecteurs trouveront ci dessous la critique de l’œuvre maitresse d’Ortega y Gasset et en PDF (voir en fin d’article) l’intégralité de l’article d’Arnaud Imatz.
Polémia

La révolte des masses : une vision aristocratique de la société

Dans La rebelión de las masas Ortega soutient que la société, organisation hiérarchique normale et spontanée de la vie humaine, est fondée sur l'inégalité psycho-vitale des membres qui la composent. La société est toujours aristocratique parce que l'aristocratie n'est pas un État ou une classe mais un principe spirituel, indestructible par nature, qui agit dans le monde sous différente forme. « Une société sans aristocratie, sans minorité éminente, n'est pas une société ». L'homme exemplaire n'est pas un homme né avec des privilèges et des droits refusés aux autres, c'est simplement l'homme capable d'une plus grande vision et d'un plus grand effort que le reste du genre humain. C'est celui qui rejette les croyances et usages insatisfaisants, qui se rebelle pour construire et non pas pour détruire.

Avec une pléiade d'auteurs traditionalistes, nationalistes, conservateurs-révolutionnaires, anarcho-syndicalistes, libéraux et socialistes élitistes, Ortega partage une même confiance en la vertu des minorité « éclairées », « éminentes » ou « sélectives ». « Contrairement à ce que l'on croit habituellement, écrit-il, c'est l'être d'élite et non la masse qui vit "essentiellement" dans la servitude. Sa vie lui paraît sans but s'il ne la consacre au service de quelques obligations supérieures. Aussi la nécessité de servir ne lui apparaît-elle pas comme une oppression, mais au contraire, lorsque cette nécessité lui fait défaut, il se sent inquiet et invente de nouvelles règles plus difficiles, plus exigeantes qui l'oppriment ». La liberté c’est au fond la possibilité de choisir ses chaînes.

Pour Ortega, le nivellement par le bas à partir de l'élimination des meilleurs n'a rien à voir avec la démocratie. Il ne reflète au contraire que hargne et ressentiment. L'idée que l´égalité politique doit s'accompagner d'égalité dans tout le reste de la vie sociale est erronée et dangereuse. Une société vraiment démocratique doit tenir compte des différences individuelles pour ne pas sombrer dans le règne de la vulgarité et de la médiocrité.

L’homme masse

Selon Ortega, l'Europe traverse la plus grave crise que les nations, les peuples et les cultures puissent pâtir: la révolte des masses. L'homme-masse est un type d'homme qui apparait dans toutes les classes d'une société. Il représente à la fois le triomphe et l'échec de l'ethos bourgeois. C'est l'individu qui refuse toute forme de supériorité et se sent le droit inné d'exiger toutes sortes de commodités ou d'avantages de la part d'un monde auquel il n'estime ne rien devoir. Il ne se croit pas meilleur que les autres, mais il nie que les autres soient meilleurs que lui. C'est l'« homme moyen », qui « n'a que des appétits », « ne se suppose que des droits » et « ne se croit pas d'obligations ». C'est « l'homme sans la noblesse qui oblige ». C'est l'homme en qui « manque tout simplement la morale, laquelle est toujours, par essence, un sentiment de soumission à quelque chose, la conscience de servir et d'avoir des obligations ». A l'opposé de l'homme masse, Ortega affirme que l'homme noble ou exemplaire vit au service d'un idéal. Il est celui qui exige d'abord tout de lui même. « L'homme d'élite, dit-il, n'est pas le prétentieux qui se croit supérieur aux autres, mais bien celui qui est plus exigeant pour lui que pour les autres, même lorsqu'il ne parvient pas à réaliser en lui ses aspirations supérieures ».

Indiscipline des masses, démission des élites

Venons en enfin à son diagnostic de la crise historique que l'altération de la hiérarchie des valeurs et le désordre de la structure sociale manifestent. La raison en est double: d'une part, l'indiscipline des masses, d'autre part, la démission des élites. C'est parce que les minorités échouent dans leurs tâches d'orientation, d'éducation, de découverte et de direction que les masses se rebellent ou refusent toute responsabilité historique. Tôt ou tard l’aristocratie engendre une philosophie de l'égalité et la philosophie de l'égalité conduit au règne de nouveaux seigneurs.

Publié au début des années trente du siècle passé, La révolte des masses contient une étonnante et « prophétique » défense de l’Europe unie, communauté de destin dans laquelle les diverses nations peuvent fusionner sans perdre leurs traditions et leurs cultures. Ortega voit dans l’union de l’Europe la seule possibilité d’éviter la décadence, car le vieux continent a perdu son hégémonie historique au bénéfice des États-Unis et de l’URSS. Homogénéité et diversité sont, selon lui, les deux faces de la société européenne. L’Europe est à l’évidence une société plurielle, elle est une pluralité de peuples et de nations, non pas du fait d’inévitables flux migratoires, comme on le dit aujourd’hui, mais en raison de racines historico-culturelles. Pour Ortega, les racines européennes sont avant tout gréco-latines, chrétiennes et germaniques.

De la révolte des masses à la révolte des élites

Plus de soixante ans après la première publication de La révolte des masses, l'historien et politologue américain Christopher Lasch a complété et renouvelé la thèse d'Ortega y Gasset. Dans un ouvrage fondamental, The Revolt of the Elites and the Betrayal of Democracy (La révolte des élites et la trahison de la démocratie) (1994), Lasch a montré que les attitudes mentales de l'homme masse sont désormais plus caractéristiques des classes supérieures que des classes moyennes et basses.(*) « Avant moi le néant, après moi le déluge » semble être devenu la devise préférée d’une nouvelle classe dirigeante dont le style de vie est marqué par le rejet des valeurs communautaires, le mépris des traditions populaires, la fascination pour le marché, la tyrannie de la mode, le nomadisme, l'insatisfaction assouvie dans la consommation de la marchandise, l'obsession de l'apparence physique, le culte du spectacle, du succès et de la renommée. Ortega disait que la désertion des minorités n'est que l'envers de la révolte des masses.

Arnaud Imatz
12/03/2011

(*) Le livre de Christopher Lasch a été traduit et publié en France en 1996 (voir : La révolte des élites et la trahison de la démocratie, Avant-propos de Jean-Claude Michéa, Castelnau-le-Lez, Climats, 1996).

Voir le texte intégral de l’analyse d’Arnaud Imatz :

Ortega y Gasset : un européiste critique de la révolte des masses et de la désertion des élites, en PDF en cliquant ici.

mardi, 24 mai 2011

Herder's Philosophy of the "Volksgeist"

Herder’s Theory of the Volksgeist

By Andrew Hamilton

Ex: http://counter-currents.com/

herder.jpgGerman philosopher and critic Johann Gottfried von Herder (1744–1803) developed the concept of romantic or organic nationalism, a form of ethnic nationalism in which the state derives its political legitimacy from historic cultural or hereditary groups. The underlying assumption is that every ethnicity should be politically distinct. Herder’s ideas on the subject were expressed in his theory of the Volksgeist.

A medical student at the University of Königsberg in East Prussia in the 1760s, Herder quickly abandoned medicine for theology and philosophy, which brought him into contact with philosopher Immanuel Kant, one of his professors. To encourage Herder, his favorite pupil, Kant waived the fees customarily paid for attendance at his lectures, allowed the student to read some of his unpublished manuscripts, and introduced him to the writings of Montesquieu, Hume, and Rousseau.

Ordained in 1765, Herder became assistant master (teacher) at the Lutheran cathedral school in Riga. His religious works include Christian Writings (Christliche Schriften), 5 vols. (1794–98), Luther’s Catechism, with a catechetical instruction for the use of schools (1798), and On the Spirit of Hebrew Poetry (Vom Geist der hebräischen Poesie) (1782–3). According to Steven Martinson, the Lutheran pietism in which he was raised exhibited “a sense of equality among the ‘brothers’ and ‘sisters’ that carried over into Herder’s later understanding of community life.” Herder regretted that Martin Luther had not established a German national church. Christianity, he believed, had been (and should be) Germanized, just as other nations should adopt modifications of Christianity suitable to their own circumstances, ethnic consciousness, and experience.

Romantic Son of the Enlightenment

In Strasbourg he met Goethe, five years his junior, upon whom Herder’s ideas about poetry and its social role produced a powerful effect. Herder was a key figure, with Goethe and others, in the Sturm und Drang (Storm and Stress) movement in German literature c. 1770–84.

Though a leader of the Romantics, Herder was nevertheless, according to Royal J. Schmidt, “a true son of the Aufklärung and seventeenth-century rationalism who was strongly influenced by the ideas of Leibniz, Kant, Spinoza, Montesquieu and Shaftesbury.” (“Cultural Nationalism in Herder,” Journal of the History of Ideas [June 1956], 407.) Because all human structures are transitory, Herder believed, tradition,

though in itself . . . an excellent institution of Nature, indispensable to the human race: but when it fetters the thinking faculty both in politics and education, and prevents all progress of the intellect, and all the improvement, that new times and circumstances demand, it is the true narcotic of the mind, as well to nations and sects, as to individuals.

In 1776, through Goethe’s influence, Herder was named Generalsuperintendent of the Lutheran clergy at Weimar, a post he held for the rest of his life.

HerderBuch.jpgA prolific author in many different fields (poetry, art, comparative philology and linguistics, religion, mythology, philosophy of history, metaphysics, psychology or philosophy of mind, aesthetics, and political philosophy), his books most relevant to this discussion are This Too a Philosophy of History for the Formation of Humanity (1774); Ideas for the Philosophy of History of Humanity (Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit), 4 vols. (1784–91), his masterwork, in which he discussed all known peoples; and Letters for the Advancement of Humanity (Briefe zur Beförderung der Humanität), 10 vols. (1793–7), a work largely of political philosophy written in response to the French Revolution.

Stylistically, according to Michael Forster [2] of the University of Chicago, Herder is “hostile towards systematicity in philosophy. He is in particular hostile to the ambitious sort of systematicity aspired to in the tradition of Spinoza, Wolff, Kant, Fichte, Schelling, and Hegel: the ideal of a comprehensive theory whose parts display some sort of strict overall pattern of derivation.” He was skeptical that such systematic designs could work, as opposed to creating the illusion that they do, and believed system-building closes off inquiry and disregards or distorts vital empirical evidence. Herder’s views “established an important countertradition in German philosophy (which subsequently included e.g. F. Schlegel, Nietzsche, and Wittgenstein).” He also harbored “a general commitment to empiricism and against apriorism in philosophy which leads him to avoid familiar sorts of apriorist arguments in philosophy.”

Herder and Biological Race

Herder was a key figure in the development of two well-known philosophical-anthropological concepts.

One is Zeitgeist (zeit time + geist spirit), “spirit of the time” or “spirit of the age,” signifying the general cultural, intellectual, ethical, spiritual, and political climate of an era. Herder reportedly coined the term in his 1769 critique of a work by German philologist Christian Adolph Klotz.

The second concept, the one relevant here, is Volksgeist, usually translated as “national spirit” or “national character.” In German, however, Nationalgeist is the term for national spirit, and Nationalcharakter for national character. Volksgeist means “spirit of the Volk.”

In a holistic sense, race consists of dimensions beyond physical anthropology or population genetics. Just as every distinct population shares common morphological and physiological traits, despite within-group variation they likewise express unique group psychology, intelligence, behavior, character, morals and, ultimately, culture and civilization. (Jared Taylor: “White Americans believed race was a fundamental aspect of individual and group identity. They believed people of different races differed in temperament, ability, and the kind of societies they built.”) In fact, such second-order phenomena are the aspects of race that preoccupy most “racists” most of the time.

Herder’s Volksgeist is highly compatible with this modern understanding of race. This is why he is frequently viewed as a “racist” by modern academics (e.g., Cedric Dover, “The Racial Philosophy of Johann Herder,” British Journal of Sociology [1952]: 124–33) or as a forerunner of Nazism. It is easy to see why this is the case.

German physical anthropologist Egon von Eickstedt maintained that Herder and Christoph Meiners (1747–1810) were the founders of the anthropological theory of history. Anthropologist Ilse Schwidetzky wrote that Herder “entertained the general conviction that the character of a people, and subsequently their history, is determined by their nature and heredity.”

However, Herder’s implicitly racial or ethnic understanding of Volk was not predicated upon a biological worldview, at least not an explicit one. Moreover, it reflected the biological confusion and limited scientific understanding of the time. As Oxford biologist John R. Baker noted, in Herder’s Ideas,

his arguments appear rather feeble and in places actually foolish. For instance, he says that all men are the same in internal anatomy, and even—almost unbelievably—that a few hundred years ago the inhabitants of Germany were Patagonians [natives of a region located at the southern tip of South America]. He mentions [Johann F.] Blumenbach [the German father of modern anthropology, who developed a 5-race model of mankind], but will not agree to the division of mankind into races. ‘Race [he uses this actual word] implies a difference of origin [i.e., not the Biblical creation],’ he claims; and this difference he denies. ‘Denn jedes Volk ist Volk,’ he insists; for him, the reality is not the race but the nation with its national speech.

Herder shows better sense than some of the philosophers of his time [Baker mentions Rousseau and several other eminent figures] in rejecting the idea that the anthropoid apes could be regarded as human. He tells us that nature has divided the apes and monkeys into many genera and species, but man is unitary. ‘Neither the Pongo [chimpanzee] nor the Longimanus [gibbon] is your brother; but truly the American [Amerindian] and the Negro are.

Herder’s religious convictions prevented him from classifying mankind with animals. He believed national groups belonged not to “systematic natural history,” but to “the physico-geographical history of man.” With Montesquieu, he viewed human populations as products of the lands they inhabited, the climates in which they developed, and the circumstances that shaped their respective histories:

The structure of the earth, in its natural variety and diversity . . . Seas, mountain ranges and rivers are the most natural boundaries not only of lands but also of peoples, customs, languages and empires, and they have been, even in the greatest revolutions in human affairs, the directing lines or limits of world history.

Yet, despite these caveats, Herder’s worldview was unmistakably racialist, as can be seen in his observations concerning the Chinese:

. . . show what kind of nation it is, and evince it’s genetic character: a character which equally meets the eye on contemplation of the whole, and inspection of its parts, even to dress, food, customs, domestic economy, arts, and amusements. This northeastern mungal [Mongol] nation could no more change its natural form by artificial regulations, even though enduring for thousands of years, than a man can change his nature, that is, the innate character of his race and complexion. It was planted on this spot of the Globe: and  . . . this race of men, in this region, could never become Greeks or Romans. Chinese they were, and will remain: a people endowed by nature with small eyes, a short nose, a flat forehead, little beard, large ears, and a protuberant belly: what their organization could produce, it has produced. . . . Nature seems to have refused them as well as many other nations in this corner of the World, great invention in Science: while on the other hand he has beautifully conferred on their little eyes a spirit of application, adroit diligence and nicety, a talent of imitating with art whatever their cupidity deems useful. Eternally moving, eternally occupied, they are forever going and coming, in quest of gain, or in fulfillment of their offices. . . .

Elsewhere he makes the reverse case: “Had Greece been peopled with Chinese, our Greece would never have existed.”

Jacques Godechot, a French Jewish historian, wrote that for Herder “the destiny of national groups is fixed by imperatives beyond popular [i.e., political] modification. These imperatives are race (Herder did not formulate a theory of race, but to a certain extent he can be considered as a forerunner of modern racism), language, tradition, and natural frontiers.”

It can be said that Herder inserted a full-blown, de facto racial-ethnic view of history and mankind at a level one step above that of biology (race). In Herder’s treatment, at least, the consequences are much the same as they would be for a more biologically-oriented approach.

Still, rejection of, or lack of clarity about, basic raciology is best avoided. It leads whites badly astray, as witness the consequences of the petty but internecine nationalisms of the 19th and 20th centuries.

The Volksgeist

The Volksgeist, the spirit of the folk, is a manifestation of the people; it animates the nation. “There is only one class in the state, the Volk (not the rabble), and the king belongs to this class as well as the peasant.” The Volksgeist is as old as the Volk, and evolves with the national group. There is a life of national groups, and withering and death marks the end of a Volk.

Every human group is, as an empirical matter, different from every other group, each nationality (or Volk) is characterized by its own unique spirit. Each people possesses its own cultural traits shaped by ancestral history and the experience of a particular physical environment, and mentally constructs its social life through language, literature, religion, the arts, customs, and folklore inherited from earlier generations. The Volk is the family writ large.

Law, too, must be adapted to the spirit of each nation, for rules applied to one nation are not valid for another. The only effective and legitimate governments are those that develop naturally from within particular nations and reflect, in their differences from other polities, the cultures of the people they govern.

It follows that two nations cannot have the same Volksgeist. Therefore, Herder rejected the French revolutionary (and contemporary) dogma that man is everywhere the same, whether he lives in Africa or England, or that every nation is fundamentally identical with every other nation, and thereby should be made homogeneous with them. Herder, Godechot writes, is staunchly opposed to all that is cosmopolite and universalist in character: “In contrast, he believes in particularism.”

Herder constantly likened the Volksgeist, “singular, marvelous, inexplicable, ineffable,” to a plant that grows, blooms, and withers. Just as the “botanist cannot obtain a complete knowledge of a plant, unless he follow it from the seed, through its germination, blossoming, and decay,” so too must the historian seek to understand the uniqueness of the present by reference to its roots in the past.

In other words, the Volksgeist can best be understood through the phenomena of history. Therefore, the study of history must play a central role in education. The objective of historical instruction, which should be nationalistic in character, is to teach how the Fatherland evolved over time.

herder-id5361179.jpgRather than giving priority to the study of ancient and modern history, as was common in the 18th century, Herder redeemed the history of the Middle Ages, feeling that it had been given short shrift. He also refused to restrict history to the study of politics, wars, and dynasties. For Herder, history was primarily the history of the Volk: its language, culture, customs, religion, literature, law, and folklore. (A writer and collector of poetry, folk songs, and legends, and an early student of comparative literature, Herder published a collection of folk songs in 1773 entitled Voices of the People in Their Songs [Stimmen der Völker in ihren Liedern].)

Herder’s views of both the German and the Slavic Volksgeist did not match existing territorial borders, but were pan-national in character.

Despite being Prussian, Herder rejected Prussian nationalism as too narrow. An intense German nationalist, he was imbued with the spirit of the entire German Volk: “He is deserving of glory and gratitude who seeks to promote the unity of the territories of Germany through writings, manufacture, and institutions.” Herder believed that Austria, too, should be part of Germany.

Likewise, he conceived of Slavs as a Volk, rather than extolling specific polities. Thus, he wrote of the Slavic, as opposed to the Russian, Polish, or some other politically-defined Volksgeist. Herder predicted the Slavic nations would one day be the real power in Europe, as western Europeans would reject Christianity and rot away, while the eastern European nations would adhere to their religion and to their idealism. Through his concept of Volksgeist, which directly influenced Slavic intellectuals, and his high praise for the Slavic people and culture, Herder became an intellectual godfather of Pan-Slavism [4].

Herder rejected the mixture of Völker, each of which he believed was adapted to a particular ecological niche. Ideally, “if every one of these nations had remained in its place, the Earth might have been considered as a garden, where in one spot one human national plant, in another, another, bloomed in its proper figure and nature.” But just “as men are not firmly rooted plants, the calamities of famine, earthquakes, war and the like, must in time remove them from their place to some other more or less different.” Almost every people on Earth “has migrated at least once, sooner or later, to a greater distance, or less.”

On Language

For Herder, language became a key cultural differentiator and identifier:

Has a people anything dearer than the speech of its fathers? In its speech resides its whole thought-domain, its tradition, history, religion, and basis of life, all its heart and soul. To deprive a people of its speech is to deprive it of its one eternal good. . . . As God tolerates all the different languages in the world, so also should a ruler not only tolerate but honor the various languages of his peoples. . . . The best culture of a people cannot be expressed through a foreign language; it thrives on the soil of a nation most beautifully, and, I may say, it thrives only by means of the nation’s inherited and inheritable dialect. With language is created the heart of a people; and is it not a high concern, amongst so many peoples—Hungarians, Slavs, Rumanians, etc.—to plant seeds of well-being for the far future and in the way that is dearest and most appropriate to them?

Herder’s stress on the centrality of language, including dangerously divisive multilingual diversity within the white race, or even a single white state, impacted the development of European nationalism during the succeeding two centuries. (Linguistic diversity within multiracial states like the US is desirable because, genetically speaking, language barriers tend to hinder hybridization. You do not want anything like “English Only” in a multiracial milieu.) After Herder, European national languages assumed a heavily romanticized, mystical aura in nationalist thought. Worse, language was used as a poor stand-in for race in whites’ construction of their concepts of “people” and “nation” in the 19th and 20th centuries.

Madison Grant, Lothrop Stoddard, and others realized that race and language are not interchangeable, that language is not an adequate surrogate for race. Nor should language balkanize and divide whites, as it has to date. It is imperative that we transcend the currently impermeable linguistic barriers that seal whites into airtight national compartments, rendering us “foreign” and mutually unintelligible to one another. Rather, we must talk and move ceaselessly across the old territorial, linguistic, and intellectual borders as a prelude to full-fledged transnational white cooperation.

The Jews

In terms of religion, for Herder there was no continuity between (for him, legitimate) Old Testament Judaism and the Pharisaic Judaism of Jesus’ time, which he regarded as degenerate in form.

As far as ethnicity goes, Herder did not think of Jews primarily as individuals, but as a Volk. The Jews, he wrote, “in the land of their fathers, and in the midst of other nations . . . remain as they were; and even when mixed with other people they may be distinguished for some generations downward.” His view of Völker compelled him to regard Jews as alien to Germany and Europe:

For thousands of years, since their emergence on the stage of history, the Jews were a parasitic growth on the stem of other nations, a race of cunning brokers all over the earth. They have caused great evil to many ill-organized states, by retarding the free and natural economic development of their indigenous population.

In another passage reflective of Herder’s racial-ethnic worldview, he says:

The Jewish people is and remains in Europe an Asiatic people alien to our part of the world, bound to that old law which it received in a distant climate, and which, according to its confession, it cannot do away with . . . [Emphasis added.]

How many of this alien people can be tolerated without injury to the true citizens?

A ministry in which a Jew is supreme, a household in which a Jew has the key of the wardrobe and the management of the finances, a department or commissariat in which Jews do the principal business, are Pontine marshes which cannot be drained.

However, in the opinion of some Jews, Herder’s greatest sin was his formulation of the theory of the Volksgeist itself. David Isadore Lieberman, an anti-white publicist, writes:

Herder’s most important contribution to the intellectual history of antisemitism was entirely unintended: his novel argument for the organic development of national cultures, which incorporated elements of geography, language, kinship, and historical continuity. Although Herder maintained (with occasional lapses) that no culture enjoyed a privileged position with respect to any other, his model of the organic natural culture left Jews living in the Diaspora exposed, susceptible to charges that their culture was “inorganic” and therefore inauthentic.

This last sentence is dishonest or possibly ignorant. To Herder, Jews definitely constituted an organic, “authentic” Volk. (See Frederick M. Barnard, “The Hebrews and Herder’s Political Creed,” Modern Language Review [Oct. 1959], 533.) It would be correct to say that Herder’s model leaves Jews exposed to the charge of subverting and destroying—and today, committing genocide against—other authentic cultures and peoples.

Finally, Herder’s contention that “No nationality has been solely designated by God as the chosen people of the earth” must also be classified as anti-Semitic, flatly contradicting as it does the central dogma of Judaism, Jews, organized Jewry, and all governments today.

Editor’s Bibliographical Note

A number of Herder’s works are available in English translation:

Another Philosophy of History and Selected Political Writings [5], ed. and trans. Ioannis D. Evrigenis and Daniel Pellerin (Indianapolis: Hackett, 2004)

God, Some Conversations [6], trans. Frederick T. Burckhardt (Indianapolis: Bobbs-Merrill, 1940)

On the Origin of Language: Two Essays [7] (by Jean-Jacques Rousseau and Johann Gottfried von Herder), trans. John H. Moran and Alexander Gode (Chicago: University of Chicago Press, 1986)

On World History: An Anthology [8], ed. Hans Adler and Ernest A. Menze, trans. Ernest A. Menze and Michael Palmer (M. E. Sharpe, 1996)

Philosophical Writings [9], ed. Michael N. Forster (Cambridge: Cambridge University Press, 2002)

Reflections on the Philosophy of the History of Mankind [10] (Chicago: University of Chicago Press, 1968)

Sculpture: Some Observations on Shape and Form from Pygmalion’s Creative Dream [11], trans. Jason Gaiger (Chicago: University of Chicago Press, 2002)

Selected Early Works, 1764-1767: Addresses, Essays, and Drafts; Fragments on Recent German Literature [12], ed. Ernest A. Menze and Karl Menges, trans. Ernest A. Menze and Michael Palma (University Park, Penn.: Penn State Press, 1992)

Selected Writings on Aesthetics [13], ed. and trans. Gregory Moore (Princeton: Princeton University Press, 2006)

Shakespeare [14], trans. Gregory Moore (Princeton: Princeton University Press, 2008)

The Spirit of Hebrew Poetry [15](Toronto: University of Toronto Libraries, 2011).


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/05/herders-theory-of-the-volksgeist/

vendredi, 20 mai 2011

Prof. Alberto Buela: la teoria del disenso

Alberto Buela

Teoria del disenso

 

jeudi, 19 mai 2011

A Brief Overview of Nicolas Gomez Davila's Thought

A Brief Overview of Nicolás Gómez Dávila's Thought

 

http://don-colacho.blogspot.com/ 

 

 

imagen47.jpgI: Introduction

The most subversive book in our time would be a compendium of old proverbs.

Nicolás Gómez Dávila was a man of wide-ranging interests, and his aphorisms reflect that fact. Although he was to a certain extent an autodidact—he received an excellent secondary education, but never attended university, instead relying on his voluminous library—he may rightfully be considered one of the great thinkers of the 20th century. Among the scholarly topics he wrote about are religion, philosophy, politics, history, literature, aesthetics, and more. Besides these scholarly interests, however, many of his aphorisms betray a more personal dimension, with intimate observations on topics like love and the process of aging.

Gómez Dávila by all accounts valued his privacy and was concerned primarily with finding the truth for himself. Why then, would he write down his thoughts and observations in aphorisms and even publish them, however secretively? Gómez Dávila was, quite possibly, writing a subversive collection of proverbs himself. He disavowed originality, and maintained that he desired only wisdom for himself, but despite his protests that he was not trying to convert anyone to his way of thinking, perhaps he secretly did harbor a hope that he might rouse a few souls from their dogmatic slumber. Of course, Gómez Dávila never resorted to a loud and vulgar way of awakening us moderns; he wrote his aphorisms so that anyone who happened to come across them might be inspired by a wisdom that is ancient yet ever young.

Unfortunately, this wisdom is largely foreign to us today, and precisely for that reason, so subversive. There are, then, quite a few aspects of Gómez Dávila’s work that merit closer examination.

II: Why aphorisms?

The first and most obvious is the very form of Gómez Dávila’s work: aphorisms. There has been some speculation about the motivations behind Gómez Dávila’s choice to write aphorisms, even though he himself gave the most important reason in Notas. In this early work, he stated that the only two “tolerable” ways to write were a long, leisurely style, and a short, elliptical style. However, since he did not think himself capable of the long, leisurely style, he opted for aphorisms. Aphorisms, according to Gómez Dávila, are like seeds containing the promise of “infinite consequences.” Another way to think of these aphorisms is to say that aphorisms are like the summits of ideas, which allow the reader to imagine the massive mountain beneath. The sheer number of aphorisms, then, helps take place of the long, metaphysical meditation Gómez Dávila wished for; each aphorism puts another in its proper context, and taken all together, they provide an outline of the implicit text mentioned in the title. But just as importantly for Gómez Dávila, these aphorisms, while providing context for each other, cannot be made into a thought-deadening system.

Another function that Gómez Dávila’s aphorisms served was, as their Spanish title (Escolios a un Texto Implícito) suggests, as notes on books he had read. The Spanish word escolio comes from the Greek
σχόλιον (scholion). This word is used to describe the annotations made by ancient and medieval scribes and students in the margins of their texts. Many of these aphorisms, then, are allusions to other works. They constitute the briefest of summaries of works he read, conclusions he had drawn from these works, or judgments on these works.

Finally, Gómez Dávila’s use of aphorisms was also motivated in part by polemical considerations. In the modern age, the reactionary cannot hope to formulate arguments that will convince his opponent, because he does not share any assumptions with his opponent. Moreover, even if the reactionary could argue from certain shared assumptions, modern man’s dogmatism prevents him from listening to argumentation. Faced with this situation, the reactionary should instead write aphorisms. Gómez Dávila compares his aphorisms to shots fired by a guerrilla from behind a thicket on any modern idea that dares advance along the road. The reactionary will not convince his opponent, but he may convert him.

III: What is a reactionary?

The second extraordinary feature of Gómez Dávila’s work is its “reactionary,” not merely conservative, content. “Reactionary” is mostly used today as an abusive epithet, sometimes as a synonym for that all-purpose slur, “fascist.” However, Gómez Dávila proudly labeled himself a reactionary and actually created a literary persona for himself as “the authentic reactionary,” precisely because of the stigma attached to the term. Gómez Dávila’s lifework was to be an authentic reactionary.

The term “reactionary,” then, demands some explanation. The reactionary, in the common political sense, is a rare breed in
America, primarily because of America’s own acceptance of the Enlightenment. The reactionary, in European history, as the name indicates, is fighting against something. That something is the French Revolution (and the Enlightenment). The conflict between the forces of the Enlightenment and the ancien régime was much more polarizing in Europe than it ever was in America. While America in the aftermath of its own revolution certainly witnessed its own share of power struggles between politicians with traditional, more aristocratic leanings (Federalists) and more radically democratic tendencies (Republicans), both sides generally accepted the legitimacy of Enlightenment ideals of liberal politics, which included democracy, individual rights, and a commercial society, among other things. There was, ex hypothesi, never any serious possibility that a group of disaffected American Tories would conspire to restore the authority of the British crown over the newly-independent United States.

In
Europe, on the other hand, and especially in France, the conflict between the heirs of the French Revolution and its opponents—the original reactionaries—still raged during the time Gómez Dávila lived in Paris. Indeed, reactionary ideals exercised a powerful influence over certain sectors of French society until after World War II. One important reason for the persistence of reactionary ideals in France was the Catholic Church’s own resistance to modern liberalism (e.g., Pius IX’s Syllabus of Errors) and the persecution it often faced at the hands of secular governments following the Revolution, especially the ThirdRepublic. In France, Catholicism and reaction were often overlapping (though not always identical) categories. The tension between modern liberalism and reaction continued to be felt in French Catholic circles during Vatican II. Though reaction as a cohesive movement largely died in the wake of the Council, it has survived in some French Catholic circles to this day, most visibly among the Lefebvrites (SSPX).

Gómez Dávila’s brand of reaction, however, was different. He did not mean to identify himself exclusively with a narrow political position. In several aphorisms, he acknowledged that there is no possibility of reversing the course of history. Traditionalism, in his eyes, could never be a viable basis for action. Indeed, the reactionary’s task is to be the guardian of heritages, even the heritage of revolutionaries. This certainly does not mean that Gómez Dávila made his peace with democracy; all it means is that he also did not allow himself to be deluded by promises of the restoration of the old order. Moreover, in matters of religion, despite his disdain for Vatican II and his fierce adherence to the traditional Latin Mass, which he shared with most Catholic reactionaries, he recognized that the ordinary reactionaries, the so-called “integralists” of the period, were incapable of renewing the Church. For instance, he maintained in one aphorism that the Church needed to make better use of the historical-critical method of Biblical research—a suggestion which would make many ordinary reactionaries furious. Finally, his appreciation of some authors not usually associated with conservative Catholicism, such as Nietzsche and Heidegger, might make some “traditionalist” readers nervous.

If Gómez Dávila’s brand of reaction was different, what then did he actually stand for? For Gómez Dávila, the reactionary’s task in our age is to resist democracy. By democracy he means “less a political fact than a metaphysical perversion.” Indeed, Gómez Dávila defines democracy as, quite literally, “an anthropotheist religion,” an insane attempt to rival, or even surpass, God. The secret of modernity is that man has begun to worship man, and it is this secret which lurks behind every doctrine of inevitable progress. The reactionary’s resistance, therefore, is religious in nature. “In our time, rebellion is reactionary, or else it is nothing but a hypocritical and facile farce.” The most important and difficult rebellion, however, does not necessarily take place in action. “To think against is more difficult than to act against.” But, all that remains to the reactionary today is “an impotent lucidity." Moreover, Gómez Dávila did not look forward to the establishment of a utopia; what he wanted was to preserve values within the world. For this purpose, not force but art was the more powerful weapon.

Nicolas_Davila_Leben_ist_Guillotine_der_Wahrheit.jpgIV: Sensual, skeptical, religious

The third extraordinary feature of these aphorisms is Gómez Dávila’s unmistakable personality. Much of the pleasure of reading the Escolios consists in slowly getting to know this personality. While Gómez Dávila generally did not indulge in autobiography, in the privately-published Notas he was slightly less guarded about himself. In one line he declares: “Sensual, skeptical, and religious, would perhaps not be a bad definition of what I am.” These are the three basic strands of his personality and his work; they belong together, despite any contradictions the reader might think exist between them.

Sensual:

Gómez Dávila was aware that most people view sensuality and religion as contradictory, but he was determined to keep both these basic features of his personality together. He did not deny that sensuality, in isolation, can be a vice; instead of being discarded, however, it needs to be joined with love—love not of an abstract concept, but of an individual. Indeed, the object of love is the “ineffableness of the individual.” In Gómez Dávila’s philosophy, the sensual, by virtue of its union with love, is intimately united with the individual.

But, what exactly is the sensual? If the sensual is merely defined as the opposite of the abstract, an important element of the sensual will be missing. What is missing is value, an important and recurring term in the Escolios. “The sensual is the presence of a value in the sensible.” One of the most important ways of perceiving the presence of values—which are immortal—is through art. A good painting, for example, gives the spirit “a sensual enrichment.” True sensuality wants its object to enjoy eternity. This mention of eternity, in conjunction with the immortality of values, indicates the ultimate goal of sensuality. If the sensual as the embodiment of values, aspires to eternity, it must be a longing for the only being who is eternal, God. This explains why for Gómez Dávila it is not sensuality, but abstraction, that leads us away from God. This praise of sensuality may sound foreign to many Christians today, but one cannot help but be reminded of St. Thomas Aquinas’ statement: “It must be that God is in all things most intimately” (Summa Theologiae, I, q. 8, art. 1).

Skeptical:

As has already been hinted at, Gómez Dávila shares with the Romantics and the forefathers of conservatism, such as Joseph de Maistre and Edmund Burke, a distrust of Enlightenment reason and intellect. His references to reason (razón) and intellect (intelecto) are rarely complimentary. Indeed, to avoid confusion with these Enlightenment constructions, he prefers to use the term “intelligence” or “understanding” (inteligencia) to designate man’s ability to perceive truth. The greatest truths, however, are often perceived not by means of abstract concepts, but religious rituals. This skepticism accounts, moreover, for his unsystematic method of composition and his preference for aphorisms. No system is capable of embracing the entire universe in concepts.
Not only is Gómez Dávila extremely skeptical of man’s ability to understand the world, he is also very cautious with respect to man’s ability to do what is right. “Good will” and “sincerity” are not excuses for our mistakes, but instead only make our mistakes more serious. Not surprisingly, he is a strong believer in the reality of sin.

Gómez Dávila, however, did not merely repeat old criticisms of the Enlightenment worship of an abstract reason; he turned skepticism into a strength. This can be seen from his discussion of “problems” and “solutions,” two words that recur throughout his work. Gómez Dávila turns their customary relationship on its head. For him, problems are good, and solutions are bad. His first, and most obvious, objection to solutions is that all the modern world’s solutions simply have not worked. Indeed, the modern world is “drowning in solutions.” This observation, true as it may be, still does not reach the core of Gómez Dávila’s objections to solutions. It is not only modern man who is incapable of finding solutions to the world’s problems; no man can devise solutions to his problems. Problems are not to be solved; they are to be lived out in our lives. For Gómez Dávila, man is an animal that has only a divine solution. Skepticism, then, is not a way of finding reasons not to believe in God, but rather of “pruning our faith” in God.

Another word that recurs throughout the Escolios, often (though not always) in connection with skepticism, is “smile.” I do not have time to make a complete study of the connection between skepticism and smiles, but I suspect that Gómez Dávila is the first philosopher to develop a metaphysics of the smile.

Religious:

Some readers may be inclined to dismiss or at least minimize the role of religion in Gómez Dávila’s worldview. That would be a fundamental mistake, however, in the most literal sense of the world. The foundation of Gómez Dávila’s thought, of his being, was God. As seen above, his reactionary critique of the modern world is essentially a religious one. The reactionary rebellion, in which Gómez Dávila calls us to join him, consists of recognizing God for who He is, and recognizing man’s utter dependence on God.

“Between the birth of God and His death the history of man unfolds.” This is not a bizarre reversal of Nietzsche’s death of God scenario, or a rehash of Feuerbach’s thesis that man creates the gods in his own image. On the contrary, what Gómez Dávila is saying is that it is our belief in and knowledge of God that make us human and separate us from the animals. The ability to perceive mystery and beauty in the things of this world is unique to man; the apes do not feel the “sacred horror” that men feel. What results from this sacred horror? “God is born in the mystery of things.” This feeling of sacred horror is something each individual must experience for himself. For this reason, Gómez Dávila’s religion was intensely personal: “To depend on God is the being’s being.” “God exists for me in the same act in which I exist.” Indeed, the entire tone of his Escolios is one of contemplation in a pervasive silence, which is only broken by the faint sound of Gómez Dávila writing a comment into one of his notebooks.

At the same time, Gómez Dávila’s personal religiosity did not become an attack on religious institutions as such, and he always remained a son of the Catholic Church. Nevertheless, he was not afraid to criticize the Church. Indeed, he wrote numerous aphorisms lamenting developments in the Church, especially in the wake of Vatican II. To pick just one example, “the sacrifice of the Mass today is the torturing of the liturgy.” But he always strove to make sure that his criticisms of the Church were “thought from within the Church.” Much of the poignancy of Gómez Dávila’s laments stems, of course, precisely from his great love for the Church. Despite his disappointment with the present, he was mindful that there is no going back to the primitive Church of the Acts of the Apostles, much less to “the lone Christ of the gospels.”

Gómez Dávila’s Catholicism, then, is a combination of the metaphysical, the anthropological, the aesthetic, and the historical. Indeed, all the different threads of Gómez Dávila’s thought, all the many aphorisms, converge in his belief in God.

V: Conclusion

Finally, two suggestion for those readers whose interest in Gómez Dávila has been piqued by this short essay. First, Gómez Dávila cited Nietzsche in his epigraphs for a reason. He would have nothing but scorn for those readers who enthusiastically quote him without grasping his “very definite philosophical sensibility.” The reader should carefully ponder an aphorism before quoting it—and then only at his own risk.

Second, Gómez Dávila’s aphorisms are truly existential. For Gómez Dávila philosophy is not a purely intellectual discipline, but rather a way of life. Each aphorism should act as a call not just to discern the truth, but to assimilate it and to live it.

 

mercredi, 18 mai 2011

A Short Life of Nicolas Gomez Davila

A Short Life of Nicolás Gómez Dávila

 

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davila-nicolas-gomez.jpgNicolás Gómez Dávila was born in Cajicá, Colombia (near Bogotá), on May 18, 1913, into a wealthy bourgeois family. When he was six, his family moved to Europe, where they lived for the next seventeen years. During his family’s stay in Europe, young Nicolás would spend most of the year at a school run by Benedictines in Paris, but would often go for his vacations to England. However, during his time in Paris he was beset by a long-lasting illness which confined him to his bed for most of two years. It was during this illness that under the direction of private tutors he learned to read Latin and Greek fluently and to love the classics. His formal education ended at the secondary level.


When Gómez Dávila turned twenty-three, he moved back to Bogotá, and almost immediately upon his return married Emilia Nieto Ramos. According to German writer
Martin Mosebach, she was already married when she met Gómez Dávila, and had to obtain an annulment in order to be able to marry him. However their marriage may have started out, it lasted for over fifty years. After the wedding, the young couple moved into the house in Bogotá that was to remain their home for the course of their entire marriage. There they raised three children: two sons and a daughter.


After establishing his household, Gómez Dávila, or “don Colacho” as he became known to his friends, led a life of leisure. Because his own father was for most of his long life able to attend to the family carpet factory, Gómez Dávila only had to manage the business for a short period himself, before in turn passing it on to his son. However, even during the time when he bore primary responsibility for the business, he did not pay excessive attention to it. Mosebach reports that Gómez Dávila generally only visited the office once a week at midday for about ten minutes, in order to tell the business manager to increase profits, before going out to lunch with friends at the Bogotá Jockey Club, where he was an active member, playing polo and even serving as an officer for a while. (He had to give up polo, though, after injuring himself on his horse—he was thrown off while trying to light a cigar.)


Gómez Dávila was in fact a well-connected member of the Bogotá elite. Besides his membership in the Jockey Club, he helped Mario Laserna Pinzón found the University of the
Andes in 1948. Furthermore, Gómez Dávila’s advice was sought out by Colombian politicians. In 1958, he declined the offer of a position as an adviser to president Alberto Llera after the downfall of the military government in Colombia. horre4305.jpgIn 1974, he turned down the chance to become the Colombian ambassador at the Court of St. James. Although he was well disposed to both governments, Gómez Dávila had resolved early on in his “career” as a writer to stay out of politics. Although some of his friends were disappointed that he did not accept these offers, they later concluded (according to Mosebach) that he was right to refuse the honors—he would have been a disaster as a practical politician.


Gómez Dávila instead spent most of his life, especially after his polo injury, reading and writing in his library. He was a voracious reader, often staying up well into the night to finish a book. By the end of his life, he had accumulated a library of approximately 30,000 volumes. Indeed, his family had trouble disposing of many of the books because so many appealed primarily to specialized scholarly interests, and because so many were in languages other than Spanish. (Diego Pizano states in
this article that Colombia’s Banco de la República has recently decided to acquire the library.) Gómez Dávila, besides learning French, English, Latin, and Greek during his childhood, could read German, Italian, and Portuguese, and was even reportedly learning Danish before his death in order to be able to read Søren Kierkegaard in the original. According to Francisco Pizano, Gómez Dávila regretted that he never succeeded in learning Russian—he started learning it too late in life. In addition to reading, Gómez Dávila enjoyed the company of friends whom he regularly invited to his home for lunch on Sunday afternoons. After the meal, he would retreat into his library with his friends for hours-long, wide-ranging discussions.


The result of all this reading and discussion can be found in our author’s works. Gómez Dávila, however, published these works only very reluctantly during his lifetime. Indeed, his first two works were available only to his family and friends in private editions. In 1954, at the urging of his brother Ignacio, he published Notas (Notes), a collection of aphorisms and short reflections, most no longer than a few paragraphs. In 1959, he published Textos I (Texts I), a collection of essays. The intended second volume never appeared. For nearly twenty years after these hesitant forays into publishing, Gómez Dávila re-worked what he had already produced into the aphorisms which constitute the bulk of his output as an author and for which he is best known. This period of silence ended in 1977 with the publication of two volumes of Escolios a un Texto Implícito (Scholia on the Margin of an Implicit Text). This collection of aphorism was followed in 1986 by two more volumes of Nuevos Escolios a un Texto Implícito (New Scholia on the Margin of an Implicit Text). A final volume of aphorisms was published in 1992 as Sucesivos Escolios a un Texto Implícito (Further Scholia on the Margin of an Implicit Text). notas-nicolas-gomez-davila-paperback-cover-art.jpgLate in life, Gómez Dávila also wrote two shorter pieces. The first, De iure (De jure) was printed in the spring 1988 issue of the Revista del Colegio Mayor de Nuestra Señora del Rosario. His final work,
El Reaccionario Auténtico(The Authentic Reactionary) was published posthumously in the spring 1995 issue of the Revista de la Universidad de Antioquia; it is perhaps the most programmatic of his works. None of these works was published commercially, and none was ever printed in any great numbers during his lifetime. Notas, Textos I, and all five volumes of Escolios have recently been made available again by Villegas Editores, a Bogotá publisher. Villegas Editores has also put out a single-volume selection of aphorisms, compiled by Gómez Dávila's daughter, Rosa Emilia Gómez de Restrepo, entitled Escolios a un Texto Implícito: Selección.


Gómez Dávila himself did nothing to attract attention to his work. Indeed, his deliberate choice of obscure publishing houses and tiny printing runs seems almost intended to condemn his works to oblivion. Word of Gómez Dávila, however, began to spread slowly toward the end of his own lifetime. Strangely enough, he became best known not in his native
Colombia or in other Spanish-speaking countries, but in the German-speaking world. Philosopher Dietrich von Hidlebrand apparently was the first to make any reference in print in Germany to Gómez Dávila. A few years before his death, German translations of his aphorisms began to appear at the Karolinger Verlag in Vienna. Among the Germans who have professed their admiration of Gómez Dávila are several noted writers, including the late Ernst Jünger, Martin Mosebach, and Botho Strauß. Since his “discovery,” knowledge of his work has spread in other countries in Europe due to the work of a small group of devoted admirers, most especially the late Franco Volpi in Italy. Translations of his works are now also available in French, Italian, and Polish.


Gómez Dávila died in his library on the eve of his 81st birthday, on
May 17, 1994.

mardi, 17 mai 2011

La façon dont l'oligarchie traite l'homme: une matière première

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La façon dont l’oligarchie traite l’homme : une matière première

 
par Yvan Blot
 

 

Les régimes politiques qui dominent à présent l’Occident sont des oligarchies, bien plus que des démocraties, la Suisse étant sans doute la seule véritable exception. Mais qu’est-ce qu’une oligarchie ? Relisons à ce sujet Aristote. Dans le monde moderne toutefois, l’oligarchie gouverne selon une logique nouvelle qui est celle du « Gestell », de l’arraisonnement utilitaire, selon la formule de Heidegger. La logique du Gestell conduit à traiter l’homme comme la plus précieuse des matières premières, et à rendre autant que possible tous les hommes interchangeables, en mobilisant pour cela les ressources des passions égalitaires. Enfin, pour achever le processus de domination oligarchique, il faut éliminer l’obstacle de la  démocratie au profit d’une « gouvernance » de soit disant experts, tout en gardant la fiction de la démocratie pour désarmer les oppositions. Il faut alors voir s’il est possible de se libérer de cet engrenage fatal.

L’oligarchie régnante.

 

Il y a bien des sortes d’oligarchies : militaires, marchandes, politiques, religieuses, voire ethniques. Mais elles répondent toutes à une définition unique : c’est le gouvernement de quelques uns dans leur intérêt propre et non dans l’intérêt du peuple. Si l’intérêt du peuple coïncide avec l’intérêt de l’oligarchie (assurer la croissance économique pour favoriser sa propre réélection), tant mieux ! S’il y a conflit d’intérêt, celui des oligarques l’emporte : on en a des exemples avec le niveau de la fiscalité, avec le laxisme en matière d’immigration, avec l’endettement public, avec la politique européenne entre autres. Dans une société où les valeurs militaires de l’aristocratie demeurent importante, le souci de l’intérêt général l’emporte souvent (gaullisme de la Résistance). Dans une société marchande où les fonctions altruistes (religieuses, militaires notamment) sont en retrait, l’oligarchie est le trait dominant du pouvoir car chacun ne cherche que son intérêt propre, le politicien comme les autres.

Dans la « Politique », Aristote note qu’il est fréquent que la constitution soit, selon la législation proclamée, démocratique, mais que par la coutume et la façon de conduire les affaires, le régime soit oligarchique1. C’est le cas que nous connaissons.

Pour Aristote, l’oligarchie est un régime stable tant que les oligarques sont solidaires entre eux. Le système se fragilise selon lui, dans deux cas  de figures : lorsque l’oligarchie traite injustement la masse populaire ou lorsque les oligarques « deviennent démagogues par jalousie »2 et se combattent entre eux.

L’oligarchie actuelle n’est pas limitée à ce que l’on appelle la « classe politique ». Elle comprend la haute administration, les dirigeants salariés des grandes entreprises, les dirigeants des syndicats et des différents lobbies qui font pression sur le pouvoir, ainsi que les dirigeants des media. Elle est assez homogène idéologiquement. Ses valeurs et sont comportement sont essentiellement déterminés par la situation métaphysique dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Occident et que le philosophe Martin Heidegger a appelé le « Gestell » ou « arraisonnement utilitaire ».

L’oligarchie moderne gouverne selon la logique du Gestell. 3

 

Selon Heidegger, le monde moderne est structuré par l’arraisonnement utilitaire. Prenons l’exemple du téléphone portable. Vous être pratiquement contraint d’en avoir un dès lors que tout le monde autour de vous en a un ! Bien sûr qu’il rend des services. Mais ce n’est plus votre choix. Vous être requis d’en avoir un ! Pour Heidegger, l’essence de la technique est cet arraisonnement. L’homme en est l’employé. Ce processus échappe à l’homme, surtout s’il n’en a pas conscience. L’homme lui-même est pris en main par le processus. Il devient un rouage du système d’ensemble (ein Stück und nicht ein Teil !). Cet utilitarisme exacerbé conduit l’homme à oublier son être propre. Les dirigeants sont des rouages de ce système. Pour Heidegger, le Gestell est pour l’homme le danger par excellence, car il déshumanise celui-ci. Au vingtième siècle, on a connu plusieurs formes politiques du Gestell.

Le communisme est une de ces formes. Il considère l’être humain comme une matière première au service de sa puissance. En cela, il est inhumain au sens propre du terme. Les dirigeants eux-mêmes sont arraisonnés au système. Il faut que l’échec patent de ce dernier soit réalisé pour que les hommes puissent s’échapper de cette machinerie. C’est ce qui s’est passé avec l’effondrement de l’URSS.

Pour Heidegger, le nazisme, surtout à sa fin, est devenu une autre forme d’application de la logique du Gestell. Mais l’Occident n’est pas indemne. Le signe en est la façon de faire la guerre. La logique purement utilitaire du Gestell conduit dans une guerre à tuer autant les civils que les soldats car les civils sont aussi un rouage de l’appareil ennemi. C’est ainsi que les alliés ont décidé de bombarder au phosphore des milliers de femmes et d’enfants dans les villes allemandes. Pour Heidegger, tant Roosevelt que Hitler ou Staline ont décidé pour des raisons utilitaires liés à leur volonté de puissance de tuer massivement des civils !

Pour Heidegger, l’Amérique et l’Union soviétique furent après 1945  les deux bastions du Gestell ! Politiquement totalement différentes, elles avaient une métaphysique commune, celle du Gestell, celle de l’utilitarisme déchainé de la technique au service de la volonté de puissance ! Curieusement Arnold Gehlen,4 un philosophe d’une autre tradition qu’Heidegger, celle de l’anthropologie philosophique, écrivit la même chose : « il est très remarquable que les manifestations les plus évidentes de la culture industrielle apparaissent en Amérique du Nord et en Russie, sur des sols où n’a jamais pris naissance une grande culture d’ancien style ! »

L’arraisonnement utilitaire est donc le danger par excellence pour la survie même de l’homme en tant qu’homme. Mais c’est au sein même de ce danger que le « tournant » peut advenir ! « C’est le danger qui permet l’apparition de ce qui sauve », selon un vers d’Hölderlin que cite Heidegger. Encore faut-il prendre conscience de l’existence de l’arraisonnement utilitaire et du danger qu’il représente !

L’homme, matière première, l’homme interchangeable

 

L’homme, dans ce système lié à l’époque et qui n’a pas été voulu en tant que tel, n’est apprécié que pour son utilité économique. Il devient alors « la plus précieuse des matières premières » ! Dans le langage des sociétés, on a remplacé le mot « personnel » (avec la racine personne) par le terme de « ressource humaine » : cela traduit bien la déshumanisation à peine consciente de notre vocabulaire ! L’homme est un « Stück », un élément utilisable au même titre qu’un boulet de charbon dans un stock d’anthracite ! Il doit avant tout être interchangeable pour pouvoir être requis le plus facilement qui soit !

L’oligarchie régnante, qui administre la logique du Gestell, pour son profit et pour satisfaire sa volonté de puissance,   va donc appliquer sa « gouvernance » à rendre le plus possible les hommes interchangeables : toutes les distinctions essentielles doivent s’effacer, à commencer par celles entre les hommes et les femmes. C’est là la source de l’obsession de la fameuse « parité » : on s’acharne à vouloir que les listes de candidats aux élections soient composées pour moitié d’hommes et de femmes et on se garde bien d’évoquer les vrais questions politiques, à savoir que les élus sont dessaisis de leurs pouvoirs par l’administration et que le citoyen est devenu totalement impuissant à influencer le système de décision de la gouvernance politique. On détourne les débats vers des sujets sans importance mis en avant de façon artificielle.

Tout ce qui distingue les êtres humains doit être éliminé dès lors que cela peut gêner le caractère interchangeable que les hommes doivent avoir pour être de parfaites matières premières.

L’homme du Gestell doit donc avoir quatre caractéristiques :

  • ne pas avoir de racines (ni race, ni  nation, ni religion notamment) ;
  • ne pas avoir d’idéal : il doit être un consommateur et un producteur matérialiste et relativiste prêt à gober tous les produits lancés sur le marché (y compris les produits bancaires permettant de l’endetter et donc de mieux le soumettre) ;
  • ne pas avoir de religion hors celle de son propre ego, pour être plus facilement isolé donc manipulable ;
  • ne pas avoir de personnalité afin de se fondre dans la masse (il doit donc être éduqué de façon purement technique et utilitaire sans culture générale lui permettant de se situer comme homme libre) ;

Cyniquement, l’idéologie des droits de l’homme est utilisée pour détruire tout ce qui fait la spécificité des hommes, pour mieux asservir l’homme aux besoins du Gestell en prétendant protéger ses libertés fondamentales ! Un des exemples les plus emblématiques fut le cas de cette femme députée néerlandaise menacée de mort par l’islamisme radical. Ses voisins ont obtenu l’expulsion de celle-ci de son logement au nom des droits de l’homme parce qu’elle faisait subir un risque d’attentat sur eux. Ecœurée, celle-ci a quitté les Pays-Bas !

L’homme idéal souhaité par le Gestell n’a rien à voir avec le citoyen animé par l’esprit civique, la conscience de ses libertés et l’amour de sa patrie, qui est le porteur de la démocratie bien comprise. Il ressemble à ce « dernier homme annoncé par Nietzsche dans « Ainsi Parlait Zarathoustra » !

«  Hélas ! Vient le temps du plus méprisable des hommes qui ne sait plus se mépriser lui-même ! Voyez ! Je vous montre le dernier homme. Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que créer ? Qu’est-ce que la nostalgie ? Qu’est-ce qu’une étoile ? demande le dernier homme et il cligne de l’œil !

La terre est devenue plus petite et sur elle sautille le dernier homme qui rend tout plus petit. Sa race est aussi solide que celle du puceron. Le dernier homme est celui qui vit le plus longtemps. Nous avons inventé le bonheur » disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil.  Ils ont abandonné les pays où la vie était dure, car on aime la chaleur. On aime encore son voisin et on se frotte à lui car on a besoin de chaleur. Devenir malade ou méfiant passe chez eux pour un péché : on respecte avant tout le principe de précaution. Fou celui qui butte encore sur les pierres et sur les hommes ! Un peu de poison de ci delà qui procure des rêves agréables. Et beaucoup de poison au final pour avoir une mort agréable. On travaille encore car c’est une distraction. Mais on a soin que la distraction reste modérée. On ne devient plus ni riche ni pauvre. Les deux sont trop astreignants. Qui veut encore commander ? Qui veut encore obéir ? Tout cela est trop fatigant.

Pas de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose et tous sont égaux ; qui pense autrement sera interné !

Autrefois, tout le monde avait tout faux disent les plus malins et ils clignent de l’œil. On est malin et l’on sait tout ce qui est arrivé : on n’en fini pas de se moquer. On se querelle mais on se réconcilie bientôt de peur que cela ne gâte l’estomac ! On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on honore la santé !

Nous avons trouvé le bonheur, disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil ! »

Ici s’arrête le discours de Zarathoustra qui est interrompu par les cris de la foule : donne-nous ce dernier homme, ô Zarathoustra ! Nous te ferons quitte du surhomme ! Et tout le peuple se réjouissait et claquait de la langue ! Zarathoustra devint triste et  dit : je ne suis pas la bouche faite pour ces oreilles (..) Ils me regardent et rient, mais dans leur rire, ils me haïssent ; il y a de la glace dans leur rire »5

Ces derniers hommes sont les citoyens passifs idéaux pour l’oligarchie régnante ! Tout le système médiatique et éducatif est là pour modifier la personnalité des Français et les transformer en outils interchangeables du Gestell. On pense apprivoiser ces animaux sauvages que seraient les citoyens par la consommation de biens matériels et en flattant l’égalitarisme. La politique est celle du gardien de zoo !

Eliminer l’obstacle de la démocratie

 

Pour que l’homme soit une matière première docile, il est finalement nécessaire d’éliminer l’obstacle de la démocratie. La monarchie ne permettait certes pas l’interchangeabilité absolue des hommes et l’oligarchie, pour s’installer, a du l’abattre, en se trouvant pour elle-même, une nouvelle légitimité : la démocratie fut alors mise en avant au 19ème siècle. Mais par la suite, la démocratie fondée sur la nation et la participation active des citoyens s’est montré un obstacle à l’interchangeabilité mondiale des hommes, donc à l’utilitarisme au service de l’oligarchie.

Il a donc fallu vider la démocratie de son contenu réel. Cela consiste à dissoudre le cadre national qui est un cadre d’enracinement, le cadre historique d’enracinement de la démocratie. Le parlementarisme a été affirmé et en même temps vidé de son contenu : il n’y a plus de séparation des pouvoirs et le soit disant pouvoir législatif est totalement dominé par l’exécutif. Le vrai pouvoir est dans les mains des dirigeants oligarchiques des grands partis politiques en liaison avec de puissants lobbies syndicaux, bancaires, culturels et cultuels. La démocratie directe est bannie (sauf en Suisse et avec de grandes restrictions aux USA, en Italie et en Allemagne) car le citoyen doit être réduit à la condition de spectateur, non d’acteur, de la politique. Le citoyen est magnifié en paroles mais il est réduit dans les faits à n’être qu’un agent économique, une matière première de premier choix, un « animal technicisé » (autre formule de Heidegger).

Tout d’abord, l’oligarchie, jouant les apprentis sorciers, cherche à enlever aux hommes leurs racines pour les rendre plus interchangeables ; c’est ce que Heidegger appelle « la destruction de la terre » produite par le Gestell. La race a été la première à être mise aux gémonies, au nom des horreurs commises lors de la deuxième guerre mondiale. Puis c’est le tour de la nation, de son histoire (qui doit devenir l’occasion de repentance), de la famille (dont l’existence serait une insulte aux homosexuels, semble-t-il) ! L’immigration a été encouragée pour affaiblir ce qui restait de racines. Les résistants ont été diabolisés, traités de « populistes » voir de « racistes », l’accusation suprême. Tout cela se fait au nom d’une morale politique imposée qui n’a jamais fait l’objet du moindre référendum ! Sous ces prétextes moraux, il y a en réalité la volonté de ramener l’homme à sa condition sujette de matière première disponible pour le pouvoir oligarchique.

L’oligarchie assiste complice au déclin des valeurs transcendantes, et l’argent devient peu à peu la seule valeur suprême. Les politiques de lutte contre la discrimination n’ont pas d’autre but : on ne doit jamais faire de distinction entre les hommes, sauf par l’argent, seul critère de discrimination reconnu !

Bien sûr, tout cela a des conséquences négatives : la montée du crime tout d’abord. L’immense majorité des crimes et des délits sont commis pour de l’argent : les grands trafics mondiaux criminels, trafic de drogue, trafic d’être humains, trafic d’armes, n’ont pas d’autre objet que de rapporter de l’argent. Comme l’écrivait plaisamment Sigmund Freud : dès qu’il s’agit d’argent, le surmoi en Amérique devient très tolérant : aujourd’hui, cela atteint tout l’Occident ! Les crimes et délits sont passés de 1,5 millions en France, chiffre stable de 1946  à 1966  à 4,5 millions aujourd’hui !

Le philosophe Arnold Gehlen a dénoncé l’effondrement de la culture en Occident, laissant la place à un monde où la cruauté s’unit avec le bien être matériel. En effet, l’homme est naturellement chaotique.6 « L’instabilité intérieure de la vie pulsionnelle humaine apparaît sans limites. Ce sont des formes d’inhibition rigides et toujours limitatives,  découvertes par l’expérience au cours des siècles et des millénaires, comme le droit, la propriété, la famille monogamique, La division précise du travail, qui ont imposé leur marque  à nos pulsions, et à nos pensées, qui les ont façonnées selon les hautes exigences exclusives et sélectives que nous appelons la culture. Ces institutions, le droit, la famille monogamique, la propriété ne sont nullement naturelles et sont très fragiles. Tout aussi peu naturelle est la culture de nos instincts et de nos pensées qui doit bien plutôt être rigidifiée , soutenue et tirée vers le haut par l’action extérieure de ces institutions. Et si l’on retire ces appuis, nous retournons très vite à la primitivité. »

« Quand les sécurités, les stabilisateurs que contiennent les traditions établies tombent et sont détruites, notre comportement perd toute forme, il est déterminé par les affects, devient pulsionnel, imprévisible, on ne peut se fier à lui. Et dans la mesure où normalement le progrès de la civilisation exerce une action destructrice, c’est-à-dire qu’il érode les traditions, les droits, les institutions, il rend l’homme naturel et le rend primitif et le rejette à l’instabilité naturelle de sa vie instinctive. Le mouvement conduisant à la décadence est toujours naturel et vraisemblable, le mouvement vers la grandeur, l’exigence et le catégorique est toujours imposé, difficile et invraisemblable. (..) La culture est l’invraisemblable, c’est-à-dire le droit, la moralité, la discipline, l’hégémonie de la morale. (..) Quand les jongleurs intellectuels, les dilettantes, s’imposent au premier plan, quand souffle le vent de la pitrerie universelle, les institutions les plus anciennes et les corporations professionnelles rigides se défont elles aussi, le droit devient élastique (laxiste), l’art nervosité, la religion sentimentalité. Alors l’œil expérimenté aperçoit sous l’écume la tête de Méduse, l’homme devient naturel et tout devient possible (voir les crimes de masse du 20ème siècle). Il faut alors dire : retournons à la culture ! » Car nous retournons vers une nature chaotique, celle « de la faiblesse de la nature humaine qui n’et pas protégée par des formes strictes ».

Après les racines et les valeurs culturelles, voyons ce qu’il en est dans le domaine du sacré et de la religion. Tocqueville a montré comment le socle religieux permettait à la démocratie américaine de fonctionner. L’oligarchie au service de l’arraisonnement utilitaire se méfie du religieux et veut le cantonner à la sphère intérieure de l’individu. Il importe que l’homme soit centré sur son ego, sur ses plaisirs et qu’il soit ainsi un consommateur parfaitement inoffensif. On a vu comment un candidat à la commission européenne Rocco Buttiglione a été éliminé pour avoir fait savoir ses convictions religieuses ! Le sacré est quelque chose qui peut s’opposer à l’interchangeabilité des hommes et doit donc être éliminé ou cantonné dans la sphère privée. Par ailleurs, dès lors que l’utilitarisme règne tout sens du sacrifice lié au sacré est quelque chose de parasite qu’il convient de marginaliser. Le sacré doit disparaître car le prosaïque, avec le Gestell, devient totalitaire.

Enfin, Si la démocratie est fondée sur des racines nationales, des valeurs morales transcendantes et un sens du sacré, elle repose aussi sur l’idée du citoyen responsable, qui veut participer au destin de sa patrie. Or, on n’a plus besoin d’une démocratie de citoyen et le citoyen est prié de devenir un simple spectateur des media. Les politiciens deviennent des pitres, des comédiens pour amuser la galerie. Les choses sérieuses relèvent d’une « gouvernance » réservée aux experts. C’est d’ailleurs une telle gouvernance d’experts achetés d’avance qui nous a menés à la grande crise financière venue des Etats Unis l’an dernier ! La gouvernance d’antichambres se substitue au pouvoir des chambres. Nos régimes ne sont parlementaires que de façon fictive. La réalité du pouvoir est dans les mains du seul exécutif, qui a vassalisé le parlement et qui gouverne en réseau avec les patrons des puissants lobbies syndicaux, patronaux, cultuels et culturels. Dans cet esprit, la démocratie directe n’est pas envisagée car elle risquerait de mettre en échec, non le pouvoir des chambres parlementaires qui est réduit mais le pouvoir bien réel des antichambres et des lobbies.

Résistance et libération

 

L’oligarchie au pouvoir est la traduction politique du Gestell, lequel n’est pas une création volontaire de l’être humain mais une figure imposée par ce que Heidegger appelle l’histoire de l’Etre. Cette oligarchie ne peut donc être renversée que si des conditions objectives le permettent. Ces conditions comme ce fut le cas pour l’URSS sont l’effondrement démographique, économique et financier. C’est du danger que vient ce qui sauve, a écrit le poète Hölderlin. Mais il n’est pas interdit de préparer le tournant qui doit marquer la sortie du Gestell nécessaire à la survie même de l’humanité. Les deux piliers de cette préparation sont la prise de conscience et la mobilisation.

La prise de conscience consiste à réaliser qu’on n’est absolument pas en démocratie mais en oligarchie. C’est la prise de conscience politique indispensable. Il y a aussi la prise de conscience métaphysique de ce qu’est le Gestell et du danger qu’il représente pour l’être même de l’homme, notamment de l’homme occidental. Le Gestell comme l’écrit Heidegger, détruit notre terre et nos racines, obscurcit notre ciel et nos valeurs, fait fuir la Divinité et le sacré et massifie totalement les hommes. Tout se qui va dans le sens opposé est donc bienvenu : la défense des racines et des valeurs, la référence à un sacré en dehors de l’ego et la résistance à la massification barbare accomplie par les media (et l’urbanisme, entre autres !).

Outre la prise de conscience qui suppose la plus large diffusion de nos analyses, il y a la mobilisation. Il existe en effet dans notre société des forces de résistances, celles de tous les milieux sociaux qui ne sont pas soumis à la seule logique purement utilitaire à court terme. C’est le cas des victimes du Gestell : victimes de la délinquance, victimes du déracinement, victimes de la dictature fiscale et de l’inefficacité économique, victimes de la mauvaise éducation de leurs enfants etc…

Mais les victimes en soi ne sont pas porteuses d’histoire si elles ne sont pas elle-même mobilisées parce que j’appelle les héros. Les héros, ce sont tous ceux qui se dévouent au bien commun, souvent pour un profit modique : soldats des corps d’élite, policiers qui chassent le crime, magistrats anti terroristes, professeurs amoureux de la vérité, prêtres courageux et j’en passe ! Ces forces varient selon les pays. Malheureusement ; je ne suis pas sûrs qu’elles soient les plus puissantes en France. Elles existent aussi aux USA  bien que ce soit le centre du Gestell à présent. En Europe, elles sont plus fortes dans un quadrilatère alpin entre Zurich, Munich, Vienne et Milan : on le voit aussi politiquement à la force des mouvements qualifiés de populistes en Italie du Nord, en Suisse,  en Autriche ou en Bavière. On le voit aussi à la force des traditions populaires et des valeurs traditionnelles dans ces pays qui sont en même temps à la pointe du progrès technologique et économique. On le voit à la force de leur sociologie fondée sur un tissu puissant de petites et moyennes entreprises assises souvent sur une structure familiale de la propriété. Il faudrait qu’une solidarité active s’organise entre ces forces qui restent aujourd’hui dispersées.

Prise de conscience et mobilisation : voici ce qu’il y a à proposer aujourd’hui ! Merci de votre attention.

 

 

Notes de bas de page
 
  1. Aristote ; les Politiques, livre 4, chapitre5 p. 297 ; GF Flammarion 1990
  2. Ibidem, chapitre 6  page 363
  3. Das Gestell : exposé fait à Brême publié dans la « Gesamte Ausgabe » (œuvres complètes) volume 79  chez Klostermann  (Frankfurt am Main) 2005
  4. Arnold Gehlen ; Anthropologie et psychologie sociale; PUF  1990
  5. Also sprach Zarathustra ; Friedrich Nietzsche ; Kröner Verlag; Stuttgart; 1969  : traduit de l’allemand par Yvan Blot
  6. Arnold gehlen ; ibidem pages 67  et 68

dimanche, 15 mai 2011

Gomez Davila, il Pascal colombiano che rifiuto il pensiero "corretto"

Gòmez Dàvila, il Pascal colombiano che rifiutò il pensiero «corretto»

di Alfredo Cattabiani

Fonte: Avvenire [scheda fonte]

Nicolás Gómez Dávila (Cajicá, 18 maggio 1913 – Bogotá, 17 maggio 1994)

Nicolás Gómez Dávila (Cajicá, 18 maggio 1913 – Bogotá, 17 maggio 1994) nella biblioteca della sua casa.

Nella biblioteca della sua casa, composta da trentamila volumi, trascorreva la maggior parte della sua giornata uno scrittore cattolico che si definiva provocatoriamente «reazionario»: Nicolàs Gòmez Dàvila, nato nel 1913 a Santafé de Bogotà e là morto nel 1994. Il padre, che aveva fatto fortuna commerciando in tessuti, era proprietario di una grande fattoria. Secondo le usanze della ricca borghesia colombiana, la famiglia si era trasferita per alcuni anni a Parigi perché il figlio ricevesse una educazione europea. Se ne occuparono i benedettini che gli insegnarono fra l’altro a leggere correntemente in greco e latino i classici antichi e i padri della Chiesa. Ebbe anche modo di perfezionare la conoscenza della lingua e della cultura inglese durante i mesi estivi trascorsi in Inghilterra.

Tornato a ventitré anni in Colombia, si sposò ed ebbe tre figli. Da allora no si allontanò più dalla sua casa se non per sei mesi nel 1949, per un viaggio nell’Europa occidentale insieme con la moglie. Preferiva viaggiare con la mente più che con il corpo. Dedicava la sua vita alla lettura, alla meditazione e alla scrittura, rifiutando molte allettanti proposte di carriera politica e anche la nomina di ambasciatore in sedi prestigiose come Londra e Parigi.

Pochi finora ne conoscevano l’opera, tant’è vero che nel 1990 José Miguel Oviedo lo chiamava nella sua Historia del ensayo hispanoamericano «l’illustre sconosciuto». Ed era logico che gravasse un imbarazzato, se non ostile, silenzio su uno scrittore che nella sua opera principale, pubblicata in più anni e in più volumi, Escolis a un texto implicito, sosteneva che tutto quel che è considerato «scorretto» dai nipotini del pensiero che si autodefinì «corretto».

Nicolás Gómez Dávila

Nicolás Gómez Dávila

Ora finalmente ne possiamo leggere in italiano una prima parte col titolo di In margine a un testo implicito, a cura di Franco Volpi. E’ una raccolta di aforismi sulla scia di Balthasar Gracìan, dei La Rochefoucauld o dei Pascal. Sono folgoranti distillazioni di un discorso più ampio che egli lascia sviluppare al lettore o meglio immaginare perché questi aforismi vengono presentati già nel titolo come scolii, ovvero commenti a un testo che essi sottendono. Ma questo testo, che altro non sarebbe se non il pensiero dell’autore se l’avesse argomentato sistematicamente, non si può agevolmente ricostruire se si è stati educati alla vulgata culturale neoilluminista, rivoluzionaria e strumentalistica che ha permeato le università e la maggior parte dei mezzi di comunicazione.

Certo, un lettore in sintonia con Gòmez Dàvila non può non ripercorrere immediatamente il ragionamento che conduce a un aforisma come: «la scienza inganna in tre modi: trasformando le sue proposizioni in norme, divulgando i suoi risultati più che i suoi metodi, tacendo le sue limitazioni epistemologiche»; oppure a quello sotteso a un altro: «La religione non è nata dall’esigenza di assicurare solidarietà, come le cattedrali non sono state edificate per incentivare il turismo», dove si coglie una critica a chi, pur in buona fede, ha depotenziato il messaggio evangelico in un generico assistenzialismo.

Ma gli altri lettori? Come interpreteranno soprattutto gli aforismi che sconvolgono le loro «idee ricevute»? Come reagiranno di fronte alla sua esaltazione del «reazionario», anche se Gòmez Dàvila spiega che «il passato lodato dal reazionario non è epoca storica ma norma concreta. Quel che il reazionario ammira di altri secoli non è la loro realtà, sempre miserabile, ma la norma peculiare alla quale disobbedivano».

D’altronde vale la pena di resuscitare parole come «reazionario» che furono coniate proprio da chi non ne condivideva le idee, cioè dai rivoluzionari?

Nella sua biblioteca si è trovata tutta la Patrologia greca e latina del Migne: il che ci permette di capire come il suo pensiero si fondasse sul pensiero cristiano più antico; sicché alla luce di queste letture può essere interpretata correttamente anche una sua affermazione che, isolata, sconcerterebbe: «Il paganesimo è l’altro Antico Testamento della Chiesa», nel senso che i saggi greci antichi, da Platone a Cicerone a Plotino, così come quelli di altre religioni, testimoniano di una conoscenza, pur imperfetta e incompleta, di Dio. Convinzione che l’accomuna a un’altra scrittrice del Novecento, Simone Weil la quale, come si rammenterà, scrisse proprio un libro intitolato La Grecia e le intuizioni precristiane.


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

samedi, 14 mai 2011

Othmar Spann / Jungkonservativ

 

Jungkonservativ

 

pdf der Druckfassung aus Sezession 41 / April 2011

 

Sebastian Maaß: Dritter Weg und wahrer Staat. Othmar Spann – Ideengeber der Konservativen Revolution
(= Kieler Ideengeschichtliche Studien, Bd. 3)
,  Kiel: Regin-Verlag 2010. 174 S., 18.95 €  (hier bestellen).

 

spann01.jpgDie »Kieler Ideengeschichtlichen Studien« gewinnen mit
Band III an Konturen.

 

Den vorausgehenden Monographien über Edgar Julius Jung und Arthur Moeller van den Bruck steuert Sebastian Maaß mit der Studie zu Othmar Spann ein weiteres Puzzleteil in der Darstellung der »profiliertesten Vertreter der jungkonservativen Richtung der Konservativen Revolution« bei.

 

Als Fraktion mit gemäßigten Strukturelementen nahm der Jungkonservatismus eine Mittelstellung zwischen Völkischen und Nationalrevolutionären ein und konnte sowohl in der Weimarer Republik (Regierung von Papens) als auch der Ersten Republik Österreichs (Heimwehrbewegung) in die realpolitischen Auseinandersetzungen der Zeit eingreifen. Die Kontextualisierung in die ideengeschichtliche Umwelt der KR unternimmt Maaß einerseits über das Aufzeigen dezidiert jungkonservativer Positionen (ständestaatliche Konzeption, mittelalterliche Reichsidee, christliche Bezugspunkte, ganzheitlicher Ansatz) in Abgrenzung zu anderen Gruppierungen der KR, andererseits mittels Bezugnahme auf die charakteristischen Analogien (Mythos der »Ewigen Wiederkehr«, Antiliberalismus und -marxismus) von Jungkonservatismus und restlichen konservativ-revolutionären Strömungen. Dem Vorwort des Spann-Kenners Hanns Pichler, der die von Maaß vorgenommene Fokussierung auf Gesellschafts- und Staatslehre Spanns als klugen Ansatz für eine einführende Darstellung bezeichnet und gerade den in dessen frühen Schriften ausgebreiteten »ganzheitlichen« gesellschaftswissenschaftlichen Ansatz als erkenntnisleitend für diesen Rahmen betrachtet, folgt ein biographischer Überblick. Anschließend widmet sich Maaß den Spann-Schülern Jakob Baxa und Walter Heinrich, die maßgeblichen Anteil an der akademischen Verbreitung der universalistischen Lehre Spanns besaßen, Heinrich versuchte darüber hinaus die ganzheitliche Lehre Spanns in reale Politik (Heimwehrbewegung in Österreich; Kameradschaftsbund für volks- und sozialpolitische Bildung im Sudetenland; Institut für Ständewesen in Düsseldorf) umzusetzen.

 

spann02.jpgAnschließend behandelt Maaß »Philosophie und Religion als Grundlagen der Ganzheitslehre«, um über die Darlegung der »Kategorienlehre« und der politischen Publizistik (Der wahre Staat; Vom Wesen des Volkstums) den Aufbau des Spannschen »organischen« Staatswesens zu rekonstruieren. Indem der Verfasser das Wirken des Wiener Kreises um Spann sowohl in Österreich als auch dem deutschsprachigen Kulturraum analysiert, wird die meta- und realpolitische Bedeutung dieses Dritten Weges deutlich, der mit seiner machtpolitischen Ausprägung in Österreich um 1930 eine ernsthafte historische Alternative zu den »dritten Wegen« des Nationalsozialismus und des Faschismus darstellte. Das im Untertitel verwandte Konstrukt »Ideengeber der Konservativen Revolution« stellt – aufgrund der überschaubaren Rezeption von Spanns Universalismus in der Weimarer Republik – einen einzelnen Kritikpunkt an dieser soliden Monographie dar.

 

 

 

 

 

 

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Sebastian Maaß M. A. (geb. 1981) studierte Politik, Geschichte und Erziehungswissenschaft an den Universitäten Konstanz und Tübingen, Studienschwerpunkte waren Neuere Ideen- und Philosophiegeschichte sowie Altertumswissenschaften, umfassende Forschungstätigkeit insbesondere zum Themenkomplex der Konservativen Revolution (KR). Maaß' Studie über Leben und Werk von Edgar Julius Jungist einer zentralen und wirkmächtigen Gestalt der KR gewidmet und erscheint nun als Monographie in der akademischen Reihe „Kieler ideengeschichtliche Studien“

 

 

 

 

 

Spengler - Zu seinem 75. Todestag

Spengler – Zu seinem 75. Todestag

Karlheinz Weissmann

Ex: http://www.sezession.de/

Gestern fand am Grab Oswald Spenglers auf dem Münchener Nordfriedhof ein Gedenken zu dessen 75. Todestag statt. Die Einladung war durch das Institut für Staatspolitik (IfS) ergangen, das auch einen Kranz niederlegen ließ.

In der Ansprache am Grab hieß es:

Wir gedenken heute eines Mannes, den man noch in der jüngeren Vergangenheit selbstverständlich zu den großen Deutschen rechnete. Damit ist es heute vorbei. Der Name Spenglers sagt nur noch wenigen etwas. Zu denen rechnen wir uns, die wir heute hier zusammen gekommen sind.

Der 75. Todestag Oswald Spenglers ist für uns Anlaß, an einen Mann zu erinnern, der zu den bedeutenden Geschichtsdenkern des 20. Jahrhunderts gehört. Dabei ist die Rede vom `Propheten des Untergangs´ eine unzulässige Verkürzung, vorschnelle Ableitung aus dem Titel seines Hauptwerks Der Untergang des Abendlandes. Es wäre aber ein Irrtum, in Spengler den Verkünder der Schicksalsergebenheit zu sehen. Er forderte das amor fati, die Liebe zum Schicksal. Vor allem aber und zuerst war er ein unbestechlicher Beobachter und Analytiker, der weder vor dem großen Entwurf und der Gesamtschau, noch vor den notwendigen Schlußfolgerungen zurückscheute, – auch wenn die das Ende der eigenen, der abendländischen Kultur bedeuteten.

Spengler hat zu sehen gelehrt, daß auch die Kultur, wie jedes Lebewesen, den Gesetzen von Werden und Vergehen, Geburt, Wachstum und Tod unterliegt. Er war darin nicht der erste. Aber kein anderer hat wie er, trotz der bitteren Einsicht, gefordert, die Resignation zu meiden, tapfer auszuharren und den Posten nicht zu räumen.

Der Name Spenglers steht für Wirklichkeitssinn. Das allein könnte schon genügen. Wir gedenken seiner als eines Großen unseres Volkes.

Im Anschluß an das Gedenken fand noch eine Zusammenkunft statt, in deren Rahmen mehrere kurze Vorträge zu Leben, Werk und Bedeutung Spenglers gehalten wurden.

S6003247 480x360 Spengler   Zu seinem 75. Todestag


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jeudi, 12 mai 2011

Le néo-libéralisme et la domestication de l'homme

Le néo-libéralisme et la domestication de l’homme

par Pierre LE VIGAN

270px-20050112-hayek.jpgLe néo-libéralisme est la « nouvelle raison du monde ». C’est le nouveau principe ordonnateur du monde. Pourtant, la crise financière de 2008 a pu au contraire laisser  croire que ce libéralisme débridé avait fait son temps. Nous assisterions au retour de l’État. Or la réalité est tout autre. L’État n’a jamais été absent, et le néolibéralisme a justement été un libéralisme appuyé sur l’État, et même l’organisation du marché par l’État. Un marché encore parfois concurrentiel pour les secteurs les moins importants mais surtout oligopolistique. Si l’idéologie de la naturalité du marché perdure (illustrée par un Alain Minc), elle est contrecarrée par une autre idéologie qui sait parler, notamment avec Nicolas Sarkozy, du retour de l’État et du besoin de régulation.

Dans les deux cas, l’objectif est toutefois le même. Quelle que soit la rhétorique utilisée, il s’agit de garantir et renforcer les profits, et la domination de l’hyperclasse adossée à l’argent-roi. C’est pourquoi les discours de Sarkozy sur le « retour de l’État » n’ont empêché nullement qu’il poursuive la privatisation de la Poste ou la réduction du nombre de fonctionnaires, y compris dans la police malgré la criminalité croissante. « L’État ne succède pas au marché tout simplement parce que l’État a en réalité toujours été là, parce qu’il n’a pas un instant cessé, comme Marx l’avait d’ailleurs en son temps souligné, d’être un levier puissant destiné à briser les obstacles de toute nature au processus de l’accumulation du capital », écrivent Pierre Dardot et Christian Laval. Quand l’État intervient, il s’agit de sauver le capitalisme financier. C’est cela la nouvelle raison d’être de l’État « néo-libéral », nouvelle raison du monde qui s’impose à toute la société.

Il y a deux façons d’analyser le nouveau rôle de l’État dans le soutien et le réagencement de l’hyper-capitalisme. On peut insister sur les continuités entre le libéralisme classique et ses formes nouvelles, notamment au regard de la permanence du discours des droits, essentiellement des « droits de l’homme », et de l’extension indéfinie de ceux-ci. C’est en partie le point de vue de Marcel Gauchet (La crise du libéralisme, tome 2 de L’avènement de la démocratie, Gallimard, 2008).

On peut au contraire insister sur les nouveautés, sur l’esprit libéral-libertaire qui n’empêche pas une « policiarisation » croissante, indépendante du nombre même de fonctionnaires de police et basée sur la vidéo-surveillance, le fichage et flicage généralisé de la vie. C’est l’approche de Luc Boltanski et Ève Chiapello (Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999) qui montrent qu’après le fordisme et ses compromis, le capitalisme veut désormais l’engagement de chacun au service de la mobilité, de la fluidité, et par l’adhésion intime de tous à la logique de l’entreprise.  Une thèse qui prend le relais du célèbre livre de Daniel Bell sur Les contradictions culturelles du capitalisme (1976).

Les deux approches ne sont pas exclusives l’une de l’autre. L’important est que ce nouvel esprit du capitalisme se traduit par l’intériorisation d’une nouvelle « gouvernementalité » (Michel Foucault) c’est-à-dire par des normes de conduite intériorisés par chacun d’entre nous. Le capitalisme nous dote d’un nouveau surmoi. C’est « une certaine mise en ordre de la conduite effective des sujets sociaux », notent Pierre Dardot et Christian Laval. C’est pourquoi le « néo-libéralisme » n’est pas seulement l’héritier du libéralisme classique. Il porte plus loin son ambition. Le libéralisme classique voulait fixer des limites à l’action des gouvernements. Les limites étaient à la fois les « droits » des individus, y compris le droit d’exploiter autrui, elles étaient le marché en tant qu’ordre « naturel », et elles étaient enfin la logique de l’utilité et de l’intérêt, opposée aux logiques altruistes ou communautaires.

Or le libéralisme renforcé ou « néo-libéralisme » vise à organiser l’ensemble de la société autour de la logique du marché, de l’État jusqu’à l’individu, et avec l’ambition de faire intérioriser par chacun cette logique. Comme l’avait bien vu Karl Polanyi, le marché n’est pas naturel, c’est une construction sociétale. Il n’est pas seulement l’échange, qui a toujours existé, mais la concurrence. Le néo-libéralisme voit l’État et le gouvernement lui-même comme une entreprise privée gérant l’entreprise France, ou la filiale France de l’entreprise Europe, elle-même segment d’une économie-monde. C’est pourquoi la logique du néo-libéralisme consiste à étendre cette logique de l’entreprise à l’individu et à toutes ses relations, à coloniser le monde vécu avec l’axiomatique de l’intérêt (Alain Caillé) et de l’utilité (« qu’est-ce que cela va me rapporter ? »).

Cette individualisation portée à l’extrême de l’idéologie de l’intérêt et de la performance aboutit à la fin de la possibilité même de la démocratie par dissipation chimique du peuple. Il ne reste que l’individu et la démocratie est même suspecte d’être porteuse d’une « tyrannie de la majorité ». Ce qui explique les thèmes très contemporains de la critique des « populismes » et la valorisation de toutes les minorités, visibles ou non. L’idée de souveraineté du peuple est invalidée par le néo-libéralisme. Friedrich Hayek écrivait en ce sens : « Un peuple libre n’est pas nécessairement un peuple d’hommes libres. » Ce qui ne saurait faire oublier qu’il n’y a pas d’homme libre dans un peuple qui ne l’est pas – ce qui est justement le point aveugle de la théorie néo-libérale. Les thèmes néo-libéraux de primauté des droits de l’individu sur ceux du peuple ne sont pas autre chose que la formulation d’une critique radicale de l’idée même de démocratie comme souveraineté du peuple. Ces thèmes aboutissent à reconnaître un droit de sécession de chacun par rapport à la société. Ce qui est la porte ouverte aussi bien à l’évasion fiscale qu’à la rupture du lien social.

La célébration de la modernité par le néo-libéralisme s’oppose à un certain conservatisme idéologique mais n’est pas plus contradictoire avec celui-ci que ne l’est un keynésianisme de circonstance. Il s’agit toujours d’amener l’homme à se gérer comme une entreprise, ce qui est parfaitement compatible avec un discours « libertaire » sur l’autonomie et les mœurs mais n’exclut pas un discours plus traditionnel sur les valeurs de l’effort pour un segment plus conservateur de l’électorat.

C’est Saint-Simon (1760 – 1825) qui a été l’un des premiers à parler de substituer au gouvernement des hommes l’administration des choses. Cette idée avait séduit Engels, et on la retrouve dans un certain marxisme français « simplifié », dans la lignée du « mécanicisme » des Lumières. Alain de Benoist a parfaitement montré dans sa « Brève histoire de l’idée de progrès » comment ce mécanicisme des Lumières pouvait rencontrer un organicisme naturalisant l’homme qui ne relèverait plus d’une gouvernance mais d’une simple administration. Or la voie de Saint-Simon est une voie erronée. C’est en fait une voie technocratique qui aboutit à la domestication de l’homme.

À l’inverse, si Rousseau ne règle pas toutes les questions en disant qu’il faut obéir aux lois issues de la volonté générale, il n’en ouvre pas moins le chemin à la démocratie comme souveraineté du peuple. Mais la volonté qui s’élabore dans la délibération du peuple n’a de sens que si l’imaginaire de chacun a cessé d’être colonisé par la marchandise et la recherche exclusive de l’intérêt.

Le souci de soi, notait Michel Foucault, relève avant tout d’un « art de la vie », et même d’une ascèse, exercice de l’ordre d’un athlétisme de l’âme. Il n’était à cet égard sans doute pas très éloigné de Julius Evola. C’est pourquoi, sans mésestimer les bienfaits de la révolte, ni sa légitimité, c’est aussi et peut-être surtout une contre-culture, une contre-conduite, une autre éthique de la conduite de soi dans le monde, qu’il faut opposer à la raison néo-libérale du monde hypercapitaliste. Ce n’est pas la crise financière qui enterrera le capitalisme, ce sera peut-être l’émergence en chacun d’entre nous d’une autre vision du monde.

Pierre Le Vigan

- Pierre Dardot et Christian Laval, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néo-libérale, La Découverte, coll. « Poche », 498 p., 13 €.

- Cet article est paru dans Flash, n° 52, du 4 novembre 2010. Il a été brièvement remanié pour Europe Maxima.


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The Spinoza Strategy

The Spinoza Strategy

Signal Left, Turn Right

arton725.jpgChallenging orthodoxy has always been a dangerous affair. The alternative Right often complains about the character assassinations, censorship, and name-calling we experience writing about race and culture, but if we take a step back for a moment and consider the persecution suffered by those who challenged the religious orthodoxy, our struggle seems far less severe. Burnings at the stake, beatings in the street, and public executions were but a few of the tactics employed by the Church to silence those who questioned the unquestionable. Perhaps then, it would behoove us to take a closer look at the strategy of those who successfully challenged—and eventually defeated—religious orthodoxy under these life-threatening conditions. We may dislike much about the world that arose in the aftermath of the Enlightenment, but we can still admire and learn from the strategy employed by its early partisans.

A good place to begin would be Baruch Spinoza (1632-1677), who is considered by many political theorists to be the father of modern liberal democracy. Surrounded by controversy throughout much of his life, Spinoza was one of the most radical philosophers of the modern period. He possessed a remarkable talent for provoking people to question the unquestionable, but his willingness to challenge all forms of religious particularism would eventually result in his excommunication from the Jewish community in 1656. Such a punishment seemed entirely justified in the eyes of 19th-century Jewish philosophers like Hermann Cohen. The 20th-century political philosopher Leo Strauss (1899-1973) came to Spinoza’s defense, however, in his Spinoza’s Critique of Religion, in which he wrote that much of the hostile condemnation directed towards Spinoza was caused by a misunderstanding of his thought and strategy. Strauss believed that in a world dominated by the Church, attacking Judaism was a shrewd way for Spinoza to lay siege to Christianity.

This article will briefly outline Spinoza’s philosophy and evaluate Cohen’s moral critique of Spinoza from the Straussian perspective. What will ultimately emerge from this investigation is a broader view of philosophy at the highest level, where the means of delivery are as important as the message being delivered. Such a lesson should be invaluable to the Alternative Right, which desires to challenge the dominant orthodoxy of egalitarianism, anti-racism, and political correctness.

If subterfuge is the name of the game, then Spinoza was truly one its masters.

The starting point of Spinoza’s philosophy is that man is ultimately responsible for his own fate. He rejected the belief of Maimonides (1135-1204) that God was a rational being, arguing instead that if God were truly omnipotent, then God would have the power to be exactly what he wanted to be (rational, arational, or otherwise). And if God could recreate himself, then so could man, which meant Spinoza also rejected the concept of evil because “the evil passions are evil only with a view to human utility . . . ” In other words, the things men considered to be wicked or immoral were merely problems that could be managed and eventually overcome. Spinoza’s ardent belief in progress and the potential of men to correct the evils of human behavior would ultimately lay the groundwork for the modern liberal state, but he could only do this, as Strauss demonstrates, by showing “the way toward a new religion or religiousness which was to inspire a wholly new kind of society, a new kind of Church.” To accomplish this task, Spinoza wrote his Theologico-Politcal Treatise in which he used a bait-and-switch technique of attacking Judaism… in order to lead his Christian readers into a general critique of all religions.

The Jewish philosopher Hermann Cohen (1842–1918) strongly opposed the work of Spinoza and charged him with conceiving of the state entirely in terms of power politics, divorced from religion and morality, thus rendering the state above religion. Cohen also indicted Spinoza for denying that the God of Israel was the God of all mankind and for reducing Jewish religion to a doctrine of the Jewish state. The former was blasphemy and the latter served to diminish the Torah to human origin, both of which rendered Spinoza blind to biblical prophecy and hence to the core of Judaism. Cohen also believed Spinoza’s critique of the Jewish religion to be ripe with contradictions. For instance, it made little sense to single out the Mosaic Law as the suppressing force of philosophy when it was unclear that Jesus Christ himself championed the freedom of philosophy. But what may have incensed Cohen the most about Spinoza’s Treatise was the claim that Mosaic Law was particularistic and tribal and served no other end than the earthly or political felicity of the Jewish nation. In this regards, the moral implications of Spinoza’s religious transgressions were far less damning than his disloyalty to the Jewish people. Cohen believed Spinoza deserved excommunication because he gave comfort and aid to the enemies of the Jews by first idealizing Christianity and then indulging in every Christian prejudice against Judaism.

The vitriol with which Cohen condemned Spinoza was impressive and should be all too familiar to members of the alternative Right. He regarded the defector’s behavior as “unnatural” and a “humanly incomprehensible act of treason.” To act this way, Spinoza must have been a disturbed man “possessed by an evil demon.” Cohen’s criticism is reminiscent of the frequent diatribes against “racists” as vile and mentally deformed creatures in need of sensitivity training if not medication.

Leo Strauss’s interpretation of Spinoza’s behavior discounted the self-hating Jew explanation and suggested that Cohen had not paid “sufficient attention to the harsh necessity to which Spinoza bowed by writing in the manner in which he wrote.” Heresy and blasphemy of Christianity were offenses punishable by death, which deterred most philosophers from directly challenging the Church. Jews in particular felt this intimidation because they were haunted by the experience of the Spanish Inquisition.

But Strauss did not believe the deterrent factor alone explained Spinoza’s decision to single out Judaism. Instead, Spinoza seemed to be employing a carefully thought-out strategy to reach a wider audience with a message that could be absorbed, internalized, and expanded upon . . . that would lead his audience towards a greater truth. Put bluntly, Spinoza’s purpose was to show mankind the way towards a liberal society and his strategy was one of subterfuge.

Spinoza was writing for a devoted Christian audience and thus had to modify his message accordingly. This meant playing off their anti-Semitic prejudices and urging them to free “spiritual Christianity from all carnal Jewish relics,” like the resurrection of the body. By making the Old Testament the scapegoat for everything he found objectionable in Christianity, Spinoza presented his general argument against religious particularism in a form that was palatable to Christians.  To be clear, his disparagement of Judaism and the Mosaic Law was not insincere. Spinoza was striving to create a new universal religion for both Jews and Christians, and he also believed Jews had more to overcome to get there, since, as Strauss relates, “Moses’ religion is a political law” and “to adhere to his religion as he proclaimed it is incompatible with being the citizen of any other state.” Cohen’s misunderstanding was to think that Spinoza wanted the eradication of religious devotion to end with Judaism. In other words, he failed to follow Spinoza’s thought that freedom of philosophy required a liberal state that was neither Christian nor Jewish. The Jews may have had to be liberated from Judaism—but the Christians also had to be liberated from Christianity.

In the Introduction to Persecution and the Art of Writing, Strauss gives an excellent accounting of this argumentation style as it was advocated by the Islamic philosopher Farabi. Farabi (c. 872—950) said that when Socrates was confronted with the decision to conform to what he held to be false opinions and the wrong ways of life of his fellow citizens, he stubbornly chose nonconformity—and was punished with death. Farabi believed this may have been the suitable choice in dealing with the elite, but it was ill-advised to attempt this approach with the vulgar. Dealings with the common man required a strategy styled on Plato, that is, gradually replacing accepted opinions with the truth, or an approximation of the truth—changing minds by provisionally accepting conventional wisdom. More specifically, and as it applies to the Spinoza example, Farabi believed that “conformity with the opinions of the religious community in which one is brought up is a necessary qualification for the future philosopher.”

The strategy outlined above should not be understood simply in terms of avoiding persecution, because what is really at issue here may be the best method of philosophy. If you want to reach the most people with your message in a way that you can actually change their minds about something, the new truth you are presenting cannot flagrantly contradict their sacrosanct beliefs. In other words, when challenging orthodoxy in any form, it is always prudent to signal left before turning right. Appearing loyal and loving to what is already loved—and then transforming it from within—is far more effective than challenging it head-on. This is philosophy at the highest level, where the means of delivery are as important as the message being delivered.

It should be of particular interest to the alternative Right that signaling one way and turning the other was the strategy used by the egalitarians when they convinced the Western World to embrace racial equality. Had the Boas Cult simply declared the racial beliefs of Western Man to be immoral and completely unfounded, their arguments would have fallen on deaf ears. What they did instead was moderate their position with the claim that all perceived inequalities among the races were caused by variances in culture. This concession earned Boas and his followers the trust of their target audience because it soothed Western Man’s pride, conformed to his prejudices, and did not encumber him with charges of racial injustice. Cultural inequality actually placed the burden of responsibility on minorities who needed to get their act together by adopting Western Man’s superior way of life. Boas and his followers probably never really believed this, but they had to make a tactical settlement in order to be heard, which is to say, they had to appear loyal to Western Civilization before they could get any traction challenging its long-held assumption of racial inequality. What followed next is well known to most readers of AlternativeRight.com…

What the alternative Right can learn from Spinoza—and Boas—is a strategy of subterfuge. If we desire to reach audiences beyond the readers of this website, then we must understand, as Spinoza and Boas did, that the gradual replacement of accepted opinions has to be accompanied by a provisional acceptance of the conventional wisdom of our time. In other words, we must be willing to signal left before turning right. Only then will we be able to reach wider audiences in a way that might provoke them to question the unquestionable.

It is probably asking a lot of alternative Right writers to appear loyal to, let alone adoring of, the gods of multiculturalism, diversity, and egalitarianism, but employing such a strategy when writing for politically correct audiences would be far more effective than directly challenging orthodoxy. One such tactic might be to support some of the ideals of egalitarianism and then show how they are contradicted by others. For example, if the intention of multiculturalism is to preserve the unique cultural identity of various racial elements in this country, then we could argue that what is really happening is the destruction of diversity by the merging and watering down of cultures into unrecognizable forms. As “true” proponents of diversity, we would be taking the moral high ground in claiming that minority cultures are under siege by “universalism” and “McDonald-ization” and that their preservation can only be achieved through the separation of cultures, not blending them together into a homogenous blob. This form of attack would be far more palatable to mainstream audiences than directly confronting multiculturalism with charges of reverse racism. We could make the corollary claim that multiculturalism itself is ethnocentric in its origins—i.e. it was invented by White people—and oppressive to minority groups that did not develop a similar ideological standpoint on their own.

Unfortunately, emphasizing the inherent conflict between multiculturalism and diversity may not always work, since actual global diversity is being preserved by non-Western countries that do not tolerate immigration or cultural diffusion. The only culture that is actually being destroyed by multiculturalism is Western culture, a consequence unlikely to concern most readers of the mainstream press who believe America, the “proposition nation” united by creed, has been spared the backwards ideology of racial identity. Nevertheless, an argument that multiculturalism is oppressive to minorities could have more traction.

Multiculturalism is often claimed to be a philosophy of universalism, but the intolerance its followers have for non-believers is a clear indication of its particularism. Internalizing this conceptual paradox has been unproblematic for most all PC types (truly, accepting irreconcilable ideas seems to go hand-in-hand with orthodoxy.) Forcing nonbelievers to convert to multiculturalism is also comfortably sanctioned because the principal subjects of this oppression are Whites. If, however, we can reframe the discussion in such a way that multiculturalism appears to be an ideology forced on minorities to their own detriment, then the reaction from the politically correct would be far different.

The key to bringing down egalitarianism from the inside could therefore be the vilification of multiculturalism as a ruling-class conspiracy. Similar to Spinoza who played off the anti-Semite prejudices of Christians, so should we play off the prejudices and neurotic suspicions the politically correct have for Whites. This might be done effectively with class-struggle arguments that link multiculturalism with cheap labor and the exploitation of the Third World by evil White capitalists. An even more powerful argument could be made that multiculturalism prevents non-White peoples from achieving their own unique destiny and subordinates them to a decadent White ideology. (This argument also carries the benefit of actually being true.) It is more than likely that similar arguments have already been made by vigilantly obsessed members of the Left who are constantly on guard for “White privilege” in society. We should cite these liberal experts, expand upon their arguments, and contribute as much as we can to the reinterpretation of multiculturalism as a racist ideology.

In other words, to awaken the politically correct from their indoctrinated slumber, we should convincingly accuse them of being guilty of that which they proclaim to be the greatest of sins.

Collapsing the pillar of multiculturalism might not be enough to bring down egalitarianism, but this should be the first step in a protracted campaign of attrition and political subterfuge. For our revolution to be successful, we must be guided by the self-acknowledgement of the weakness of our current position. Tactical settlements have to be made and finding ways to challenge the orthodoxy by signaling left before turning right should become a necessary part of our long-term strategy.

There may come a point, if we are not already there, when egalitarianism becomes so deeply ingrained in our society that it cannot be defeated through outright confrontation. The best way to challenge orthodoxy of this kind will be through its metamorphosis or reshaping. Such a strategy should not be used at places like Alternative Right, a place where we can be honest about our strategies and goals, but we must begin to think beyond our limited reach here and start sending soldiers back into the ranks of the politically correct to bring down the orthodoxy from within.

dimanche, 08 mai 2011

Christopher Lash et la culture populaire

Christopher Lasch et la culture populaire

par Claude BOURRINET

lasch-1e84a.jpgJean-Claude Michéa, dans le même temps qu’il éclaire de façon érudite et rigoureuse les esprits encore libres de ce temps d’aveuglement généralisé, se fait l’inlassable passeur d’un grand penseur d’outre-Atlantique, Christopher Lasch, plume lucide et caustique, qui prouve que l’Amérique a pu produire, avec les formes les plus abrutissantes de la modernité, la critique qui la nie. Ce travail de présentation d’une réflexion nous a valu de beaux livres, comme La Révolte des élites, ou La Culture du narcissisme, entre autres, que Jean-Claude Michéa a préfacés, de même qu’il nous présente substantiellement un texte, qui fut rédigé en 1981 dans la revue Democracy sous le titre « Mass culture reconsidered », dont la traduction française, parue aux Éditions Climats, adopte celui, hautement significatif, de Culture de masse ou culture populaire ?.

L’opposition entre « masse » et « peuple » a le mérite, plus que le titre anglais, qui évoque une démarche intellectuelle, d’impliquer brutalement le champ politique. Ce qu’elle sous-tend est un engagement profond au service d’une vision que l’on pourrait appelée « républicaine », au sens que la vieille Amérique, celle du XIXe siècle, lui donnait, et qui était encore proche de celle qui était défendue en Europe, mais chargée sans doute de plus d’optimisme. En effet, Lasch, contrairement peut-être à une tradition héritière de l’Ancien Régime, singulièrement en France où les « anti-modernes » étaient richement représentés, a toujours attaché, jusqu’à sa mort, une foi inébranlable dans le combat pour les classes populaires. Et il nous montre comment cet idéal, qui devait rendre la société meilleure, plus solide, plus riche humainement, plus solidaire, avait été trahi par ceux-là mêmes qui en avaient été les hérauts, cette frange « éclairée » de la bourgeoisie, qui porte volontiers un regard paternaliste et condescendant sur ces couches prétendument hostiles aux formes savantes de la culture. Il n’est certes pas inintéressant de connaître certains théoriciens américains de la culture, comme John Dewey, réformateur anti-autoritaire de l’enseignement, Thorstein Veblen, qui louait les effets « émancipateurs » de l’activité industrielle, et bien d’autres, comme Dwight MacDonald, beaucoup plus critiques qu’un Herbert Gans, dont la niaiserie « démocratique » frise l’indigence publicitaire, ou qu’un Randolph Bourne, « précurseur des actuels défenseurs de la conscience ethnique et de la diversité culturelle ».

lasch-the_culture_of_narcissism.jpgDeux volets paraissent se succéder dans ce petit livre, à première vue dissemblables, en tout cas appartenant à des sphères différentes : celui consacré à la culture, en l’occurrence celle que l’on destine, ou que l’on prête aux masses; et celui des médias, de la communication. Mais Christopher Lasch démontre que ces deux vecteurs de la société contemporaine, non seulement détiennent une importance capitale pour le projet qu’entretiennent les élites de contrôler efficacement le corps social, prévenant ainsi la guerre civile, comme l’indique pertinemment Régis Debray, dont le théoricien américain s’inspire parfois, mais aussi sont intimement imbriqués, tant la « culture » est devenue une affaire médiatique, fondée sur la publicité, la posture, l’esbroufe et le vide. Lasch montre même que le combat politique a pris le ton de cette culture de masse, faite d’annonces, de chocs, d’effets de miroirs,  de clowneries (il cite Mark Rudd, Jerry Rubin et Abbie Hoffman, mais nous pourrions tout aussi bien invoquer les noms illustres de la carnavalesque « révolution » de 68, dont certains leaders ont bien fait leurs affaires), et que ce « style » fondé sur la fugacité de l’image et du son s’aligne intégralement sur la vérité marchande du capitalisme contemporain, fait de flux, de conditionnement, de légèreté idiote, et surtout de choix fallacieux, car puérils et grossiers.

L’intérêt de cet écrit vieux de maintenant trente ans, outre qu’il fut perspicace en son temps, n’est pas de nous apprendre l’intrication entre le monde de l’économie et celui d’une culture de masse qui nie toute véritable liberté, et se réduit à des productions uniformes, pauvres et de plus en plus se confondant avec le Diktat mercantile. Les théoriciens de l’individualisation de la dilection artistique revendiquent un démocratisme radical, relativiste et anti-autoritaire, hostile au monde ancien, à tout ce qui relève du passé, égalitarisme dont la gauche s’est fait le champion, contre un prétendu capitalisme patriarcal, misogyne, répressif et étouffeur de créativité. Nous savons maintenant qu’il n’en est rien, et que le capitalisme est le plus formidable destructeur de traditions et d’autorité qui ait existé. Aussi Lasch manie-t-il une ironie roborative, mettant les intentions en face des réalités, la rhétorique « rebelle » avec les résultats dévastateurs d’une politique culturelle qui vise à mettre l’individu face à des désirs indéfinis et à la mesure de ses (pauvres) rêves (comme nous l’enjoignit un slogan fameux de 68). Au lieu de la liberté, l’esclavage; au lieu de la réalisation de soi (autre utopie puérile), le narcissisme et l’auto-congratulation; au lieu d’un monde bâti en commun, une addition d’atomes erratiques mirant leur abîme de misère. L’univers de 1984 s’est imposé, voilant, enfumant, travestissant les valeurs.

Pour autant, Christopher Lasch ne se réclame pas, comme Dwight MacDonald, d’une séparation radicale entre la culture de l’élite et celle des classes populaires, ce qui induirait une forme de ségrégation, et, en définitive, une stérilité générale, travers que l’on constate d’ailleurs chez les théoriciens de l’École de Francfort, Max Horkheimer, T.W. Adorno, lesquels critiquaient la culture populaire au nom de la culture savante (Adorno méprisait le jazz, par exemple); il ne partage pas non plus l’ancienne illusion progressiste d’une « évangélisation » culturelle de peuple, censé végéter dans son obscurantisme indécrottable  et dans ses superstitions malsaines, préjugé issu des Lumières, lesquelles désiraient l’élever à la maturité politique (c’est-à-dire au progrès).

lasch-hardcover-cover-art.jpgLe point crucial de sa réflexion, et son originalité, tiennent à l’analyse de la modernité comme arrachement des racines, des modes d’existence qui étaient liées à une mémoire, un groupe, une classe, et qui se prévalaient d’habitudes, de pensées, d’arts qui devaient autant aux familles qu’aux métiers, dont beaucoup étaient artisanaux, qu’à toutes espèces d’appartenances, celle des amis, des terroirs, des activités de tous ordres, et, plus généralement, aux traits caractéristiques des ensembles dans lesquels la personne se coulait sans s’anéantir. C’est justement ce vivier, cette incalculable, incomparable expérience populaire, cette  richesse multiséculaire, qui ont été  arasés par la gestion bureaucratique et marchande des égos et des pulsions, par une éducation sans caractère, universaliste et mièvre, un traitement technique des besoins et souffrances humains. Les  familles éclatent, les  générations  ne se transmettent plus rien, le nomadisme, vanté par l’hyper-classe, est méthodiquement imposé, les lavages de cerveau sont menés par  la télé et des films idiots, la société de consommation  abaisse et uniformise les goûts, instaure un totalitarisme d’autant plus efficace qu’il sollicite un hédonisme de bas étage. Ces danses, ces chants, cette poésie authentiques des anciennes sociétés rendaient plus libres, plus autonomes et fiers de soi que cette production « artistique » qui ressemble tant aux produits de la publicité, lesquels visent à rendre les cerveaux malléables et les cœurs mélancoliques. Le temps où une véritable création populaire irriguait celle des élites, à charge de revanche, comme on le voit par exemple dans les œuvres de Jean-Sébastien Bach, et précisément dans les grands chefs d’œuvres, semble révolu, détruit complètement par la barbarie marchande.

Claude Bourrinet

• Christopher Lasch, Culture de masse ou culture populaire ?, Éditions Climats, coll. « Documents et essais d’actualité », 2011, 75 p., 7 €.


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Inflation der Wunder

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Inflation der Wunder

Baal MÜLLER

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Erstaunlicherweise war gerade das zwanzigste Jahrhundert ein Jahrhundert des Wunders und der Heiligkeit – jedenfalls wenn man dafür die Zahl der Heilig- und Seligsprechungen, zu deren Voraussetzungen mindestens ein durch den Kandidaten gewirktes Wunder gehört, als Indikator nimmt: Allein während des Pontifikats Johannes Pauls II. (1978 bis 2005) wurden 1820 Wunder (482 von Heiligen und 1338 von Seligen) anerkannt; der gesamte Zeitraum vom Beginn des Verfahrens 1588 bis 1978 brachte es nur auf 302 Heiligsprechungen, wie Jürgen Kaube in seiner Rezension des Sammelbandes „Wunder – Poetik und Politik des Staunens im 20. Jahrhundertvon Alexander Geppert und Till Kössler mitteilt (FAZ online vom 23. April 2011).

Mehr als achtzig Prozent aller Heiligsprechungen erfolgte im zwanzigsten Jahrhundert; über die Hälfte dieser „neuen Heiligen“ stammt überraschenderweise aus dem wenig christlich geprägten Ostasien – China, Korea und Vietnam –, erst danach folgen traditionell katholische Länder wie Italien und Spanien, Polen oder Mexiko.

Inflationäre Produktion von Heiligen

„Was Gott bewegt hat, gerade in diesem Zeitabschnitt und in diesen Regionen mit Wundern nicht zu geizen, darüber kann nur spekuliert werden“, merkt Kaube ein wenig süffisant an und zieht eine Parallele von den in der Nachkriegszeit besonders häufigen Marienerscheinungen zum Wirtschaftswunder – der Soziologe Rudolf Stichweh vergleicht die „Produktion von Heiligen“ sogar mit der „inflationären Versorgung von Wirtschaft mit Geld“ und entwirft in diesem Zusammenhang eine „allgemeine Theorie der Funktionssystemkrise“.

Freilich hinken diese systemtheoretischen – in der Sache recht marxistischen – Vergleiche selbst dann ziemlich, wenn man sich, zwecks überprüfenden Nach-Denkens, auf das ihnen zugrundeliegende ökonomische Modell einläßt: Die katholische Kirche erscheint dann zwar als eine Institution, die ihren Gläubigen Dienstleistungen erbringt, indem sie Lebenssinn stiftet und metaphysische Tröstung spendet, aber die Heiligen sind in diesem System wohl kaum eine „Währung“, sondern ein Teilaspekt oder Ausdruck der Sinnstiftung, die von den Gläubigen – eher im Sinne eines Tauschgeschäftes – mit Glauben sowie aus diesem resultierenden materiellen Zuwendungen (Spenden, Kirchensteuern) „bezahlt“ wird.

Wunder brauchen Kausalgefüge

Unabhängig von diesem allzu schlichten Schematismus ist die „Konjunktur“ des Wunders in der wissenschaftsgläubigen Moderne verwunderlich, ja fast schon selbst ein Wunder. Einerseits wäre zu erwarten, daß der Wunderglaube im Zuge des neuzeitlichen Rationalisierungsprozesses abgenommen hätte, andererseits setzt der Begriff des Wunders die Anerkennung von Naturgesetzen, das Prinzip einer durchgängigen, empirisch nachvollziehbaren Kausalkette, die durch das Wunder durchbrochen wird, überhaupt erst voraus.

Insofern ist es doch „kein Wunder“, daß die Neigung, die Welt als Kausalgefüge zu sehen, den Glauben an das Wunder befördert, denn dieser nimmt in dem Maße zu, in dem der forschende Verstand an immer neue Grenzen stößt, die er unter vorwissenschaftlich-archaischen Bedingungen gar nicht wahrnehmen konnte. Als noch alles ein einziges, großes Wunder war, das den Menschen zum Staunen über das Sein überhaupt anregte – hierin liegt nach Aristoteles bekanntlich der Ursprung der Philosophie –, trat das einzelne, „kleine Wunder“, das hier und da eine Kausalkette durchbricht, noch gar nicht in das Gesichtsfeld.

Rationalisierung und Reduzierung Gottes

Diese Haltung des mythischen Menschen wiederholt sich auf rationalisierter Stufe im Pantheismus der Aufklärung, die das Wunder für überflüssigen Aberglauben erklärte, da Gott allein in den Naturgesetzen wirke; der nächste Schritt war dann freilich, einen solchen, lediglich auf eine reine Gesetzlichkeit reduzierten Gott selbst als überflüssig anzusehen.

Weder in einer völlig irrationalen noch in einer gänzlich durchrationalisierten Welt hat das Wunder seinen Platz, sondern nur in der Durchdringung beider, in der es gleichsam die Schnittstellen und Übergänge besetzt, die sich mit dem Forschungsprozeß immer wieder verschieben. Hatte der „Paradoxograph“ Phlegon von Tralles im zweiten Jahrhundert zahlreiche mittlerweile erklärbare Erscheinungen unserer Lebenswelt wie Hermaphroditismus oder Mißgeburten aller Art als Wunder verzeichnet, so drängt sich heute das „Wunderbare“ vor allem im unendlich Kleinen oder Großen, in Quanten- und Astrophysik auf.

Auch wenn Gott „tot“ ist, wird es in Zukunft noch Wunder geben: das große, philosophische, daß „überhaupt etwas ist und nicht vielmehr nichts“ (Heidegger), und die zahllosen „kleinen“, gleichsam theologischen Wunder, die dort aufscheinen, wo sich das alle menschlichen Maße transzendierende Sein „als Ganzes“ dem Forschungsdrang immer aufs Neue entzieht.

Ernst Moritz Arndt, jacobin romantique

Ernest Moritz Arndt, jacobin romantique

 

par Guy CLAES

 

ernst_10.jpgErnst Moritz Arndt est la figure essen­tielle du nationalisme romantique allemand. « Je suis né dans le petit peuple proche de la glèbe », écrivait-il en 1819. À son propos, l'éminent historien Diwald (Cf. Vouloir n°8) disait : « Au contraire de presque tous les autres romantiques, le romantique Arndt est issu de ce terreau populaire, de cette glèbe que les ruraux travaillent ; il s'est hissé à l'esprit du romantisme et n'a pas suivi la voie inverse comme les Schlegel, Tieck, Novalis qui sont, eux, partis de l'intellect et de l'esprit pour découvrir les merveilles de la forêt et la joie des fêtes de la moisson ». Arndt est effecti­vement né d'une famille de paysans poméra­niens de l'Ile de Rügen, en 1769, la même année que Napoléon.

 

Aucun de ses ancêtres n'était libre. Son père fut affranchi par son seigneur puis devint inspecteur de ses terres et, enfin, métayer. Son père acquiert suffisamment de moyens pour lui payer un précepteur et l'envoyer au gymnasium de Stralsund. Après avoir quitté cet établissement sur un coup de tête et par dégoût pour l'étroitesse d'esprit petite-bourgeoise rencontrée chez ses condisciples, il étudie la théologie aux universités de Greifswald et d'Iéna. Après cette pose studieuse, il reprend sa vie errante, traverse et visite toute l'Europe, poussé par une soif de connaître la diversité des peuples et des mœurs. Cette vie vagabonde lui donne conscience de son identité d'Alle­mand et le récit de ses expériences vécues sera codifié dans son Geist der Zeit (= L'es­prit du temps) dont l'impact, dans la société, fut finalement plus important que le Discours à la Nation Allemande du philosophe Fichte. Dans cet ouvrage fait de plusieurs volumes, sans prétention philosophique, il y a "flammes et enthou­siasme".

 

Sa prise de conscience identitaire l'oblige à choisir son camp : il sera pour la Prusse de Gneisenau et de Clausewitz et Napoléon sera l'ennemi, le "Satan à la tête de ses troupes de bandits". Il sera l'ennemi mais aussi le modèle à suivre : il faudra faire de l'Allemagne une nation aussi solide que la France, et lui donner une constitution moderne calquée sur les acquis positifs de la Révolu­tion française, acquis revus et corrigés par le Baron von Stein. Arndt sera un "jacobin allemand", un "jacobin romanti­que", les deux termes n'étant pas antinomi­ques dans le contexte de son époque et de sa patrie.

 

En 1818, Arndt, le paysan voyageur, devient professeur d'histoire à Bonn. Son esprit farouchement contestataire lui cause ennui sur ennui. Accusé de "démagogie", il est emprisonné, chassé de sa chaire, relâché sans explications, jamais jugé. À partir de 1822, il ne cessera d'écrire, notamment sur le problème de l'indépendance belge (nous y revien­drons). En 1848, il siège à l'Assemblée Nationale de Francfort pour en être chassé en mai 1849. En 1860, il meurt âgé de 90 ans et un mois.

 

Ces 90 années d'une vie dûment remplie et mise entièrement au service de la cause de son peuple, ont permis à Arndt d'élaborer, avec un vocabulaire clair et limpide que les Français croient rare en Allemagne, la théorie du "jacobinisme romantique". L'anthologie que nous offre la Faksimile-Verlag nous permet de saisir les piliers de cette vision (c'est à coup sûr davantage une vision qu'une théorie sèche et ardue) et de comprendre les racines du nationalisme populaire, non seulement allemand mais propre à tous les pays continentaux de langue germani­que. Le Mouvement Flamand en a été fortement influencé et, dans l'élaboration de son corpus culturel, a tenu compte des écrits enthousiastes d'Arndt à propos de nos provinces, écrits qui ont précédé ceux de Hoffmann von Fallersleben (ajoutons ici qu'Arndt distinguait Wallons, Flamands et Luxembourgeois par la langue mais englobait les trois ethnies dans la sphère des mœurs sociales germani­ques).

 

Né sujet du roi de Suède, Arndt a voulu favoriser l'union des Allemands au sein d'un même État. Son modèle initial fut le modèle suédois. Les Suédois consti­tuaient, disait-il, un vrai peuple ("ein echtes Volk"), conscient, depuis Gustav Adolf, de la valeur des vertus politiques et de la nécessité de protéger le peuple par une structure étatique solide. L'antholo­gie de la Faksimile-Verlag nous dévoile le système d’Arndt : les rouages de sa conception du "Volk", les lois vitales du peuple, le peuple et l'État dans la perspective d'un double combat contre la réaction féodale et le révolutionna­risme de 1789 et les projets pour la consti­tution d'un État "völkisch".

 

L'idée de "Volk" repose sur trois batte­ries de définitions : empiriques, métaphy­siques et politiques. Sur le plan empiri­que, tout observateur décèlera l'existen­ce tangible et concrète de spécificités ethno-culturelles, de folklores immémo­riaux, de réseaux de liens communautai­res, d'us et de coutumes ancestrales. Sur le plan métaphysique, le "Volk" est le réceptacle d'une unicité idéelle, d'une religiosité particulière que rien ni personne ne saurait rendre interchangeable. Sur le plan politique, le "Volk" est une volon­té. La volonté de demeurer dans l'histoi­re est une force redoutable : les Anglais et les Suédois ont tenu tête ou se sont imposés à des voisins plus puissants quanti­tativement parce qu'ils avaient une con­science très nette de leur identité et refusaient de se laisser guider par l'arbi­traire de leurs gouvernants. Les peuples libres (et Arndt regrette ici que le peuple allemand n'en fasse pas partie) ont une claire conscience de leur honneur (Ehre) et de leur honte (Schande).

 

Arndt distingue la notion de "Volk" de celles de "Menge" (= masse, foule) et "Pöbel" (= populace). "Menge" est la masse "neutre", sans opinions clairement définies ; elle est cette "majorité silencieu­se" que tous réclament comme clientèle. Le "Pöbel" est l'ensemble des éléments déracinés, incapables de discipliner leurs comportements parce que dépouillés de toute norme ancestrale, de toute pesan­teur stabilisatrice. La Révolution françai­se, par son individualisme (manifeste notamment dans les lois qu'elle édicte contre les corporations et contre le droit de coalition), a hissé au pouvoir le "Pöbel" qui a mené la "Menge" dans l'aventure révolutionnaire et napoléonienne. Le "Pöbel" s'est imposé en "maître", en despote sur une "Menge" d'esclaves. La collusion des "despotes" et des "esclaves" ne donne pas un "Volk". Pour que "Volk" il y ait, il faut une circulation des élites, une égalité des chances et une adhésion spontanée et non contrainte à un même ensemble de valeurs et à une même vision de l'histoire.

 

Pour Arndt, le peuple est un tout organi­que d'où jaillit une Urkraft (force originelle) qu'il convient de reconnaître, de canaliser et de faire fructifier. Sans ce travail d'attention constant, le "Volk" dégénère, subit l'aliénation (qui deviendra concept-clef du socialisme), sort de l'histoi­re. Arndt, poète, compare le "Volk" à un volcan, à un Vésuve que les despotes veulent maintenir éteint. Les éruptions sont pourtant inévitables.

 

Pour accéder à l'idée d'État, le peuple doit mener une double lutte contre la "réaction" et la "révolution". Cette lutte doit d'abord se concentrer contre la concep­tion mécaniste de l'État, issue à la fois de l'absolutisme et de la Révolution fran­çaise. L'enthousiasme créatif part d'un enracinement, d'une terre (Heidegger nous systématisera cette vision) où vit encore une dimension historique et non des belles et vibrantes rhétoriques abstrai­tes que les premières heures de la Révolu­tion française avaient connues et diffusées par la presse à travers l'Europe. Arndt, dès les séminaires de Stralsund, ressent un malaise inexplicable à l'écoute des discours parisiens contre l'absolutisme et la monarchie. Son "bon sens" paysan perçoit et dénonce la mascarade lexicale des clubs jacobins. Ce sentiment confus d'antipathie, Arndt le retrouvera lors d'une conversation en Haute-Italie en 1799 avec un officier républicain français qui s'enivrait de trop belles paroles à propos de la liberté (au nom de laquelle, expliquait-il, on venait de fusiller deux députés plus ou moins responsables de l'assassinat d'un tribun). Ces paroles sonnaient faux dans l'oreille d'Arndt et la légèreté avec laquelle beaucoup d'adeptes de la terreur envisageaient fusillades et "guillotinades" l'effrayait. La "force tranquille" de l'organicité se passait de tels débordements.

 

L'idée d'État née lors de la Révolution de 1789 est inorganique. Elle est "con­structiviste" et néglige l'évolution lente qui a germé dans les inconscients collec­tifs. Malgré ce jugement sévère, partagé par Burke, par certains contre-révolu­tionnaires français ou par les romanti­ques traditionalistes (dits parfois réaction­naires) allemands, Arndt reconnaît les aspects, les éléments positifs de la Révolution. Les Allemands doivent beau­coup à cette Révolution : elle a permis leur prise de conscience nationale. Elle a accéléré le processus de décomposition amorcé déjà sous l'Ancien Régime. Elle nous a appris que les peuples ne commet­taient, ni en intention ni en pratique, de crime contre les rois en voulant être gouvernés par des lois qu'ils connaissent et reconnaissent, qui sont le fruit d'une sagesse trempée dans l'expérience des générations antérieures. Il a manqué à la France révolutionnaire cette sagesse organique et le torrent révolutionnai­re a débouché sur la Terreur puis sur un nouvel absolutisme ; ce qui fermait la boucle et ne résolvait rien. Les Princes allemands ont trahi leur peuple en se comportant comme des "grands mogols" ou des "khans tatars". C'est à cela que mène l'irrespect des liens organiques et de la faculté d'écouter qu'ils impli­quent.

 

Arndt critique le droit romain, destruc­teur du droit coutumier (il préfigure ici von Savigny) et voit dans une paysan­nerie sainement politisée, le fondement de l'État völkisch (cette idée, Spengler, Spann et bien d'autres la reprendront à leur compte). Enfin, il nous expose les raisons pour lesquelles il ne croit pas en une Pan-Europe qui se ferait au-­delà, par-delà les peuples. Cette Europe ne serait qu'une panacée insipide dépour­vue de cette organicité stabilisante que cherchent, au fond, tous les peuples depuis l'effondrement de l'Ancien Régime. Cette anthologie est une lecture impérative pour tous ceux qui veulent comprendre l'Allemagne du XIXème siècle, la genèse des socialismes et les idéaux des acteurs du 1848 allemand.

 

G.C.

 

Ernst Moritz ARNDT, Deutsche Volks­werdung : Arndts politisches Vermächtnis an die Gegenwart, Bremen, Faksimile­ Verlag (Adresse : Postfach 10 14 20, D­2800 Bremen 1, RFA), 160 pages avec un portrait d'Arndt et une courte biogra­phie, DM 15.

mardi, 26 avril 2011

Algo sobre la distopia

 

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Algo sobre la distopía

 

Alberto Buela (*)

 

El concepto de distopía se puede definir como antónimo de utopía, como lo opuesto al de utopía, pero ésta sería una versión negativa y limitada del mismo. Sería algo así como una utopía negativa o como definir el disenso por oposición al consenso.

Lo que sucede es que desde la ciencia filológica y etimológica se le viene otorgando ab ovo una carga negativa al prefijo “dis”. Pero esto no es cierto, es un error extendido del que muy pocos filólogos se han dado cuenta. En nuestro medio la gran Ofelia Kovacci, nuestra antigua profesora de filología, lo ha remarcado,  y nosotros mismos, cuando hablamos acerca de la teoría del disenso. Y allí afirmamos: “El prefijo dis, que proviene del adverbio griego diV y que en latín se tradujo por bis=(otra vez), significa oposición, enfrentamiento, contrario, otra cosa. Así tenemos por ejemplo los vocablos disputar que originalmente significa pensar distinto, o displacer que equivale a desagrado, o disyuntivo a estar separado.

Disenso significa, antes que nada, otro sentido, divergencia, contrario parecer, desacuerdo”.[1]

Así el prefijo “dis” significa antes que nada “otra significación o una significación distinta a la habitual”, más allá de la carga negativa a que nos tienen acostumbrados los intérpretes políticamente correctos que trabajan de policías del pensamiento único. Por eso el significado profundo de “dis” no hay que buscarlo en términos como “des-honesto”, donde el prefijo “dis” tiene una carga peyorativa, sino en términos como “dis-putar”, que muestran que se puede pensar de otra manera.

Los pocos que han escrito sobre la distopía [2] sostienen que “es un tipo de narración que enfatiza la desesperanza y la interpretación negativa de lo social”. Sin embargo los distopistas que más se han destacado tanto en la literatura: Eugenio Zamaitin, Philip K. Dick, Anthony Burgess, Bradbury, Huxley, Orwell, Kurt Vonnegut, como en el cine: Metrópolis (de F. Lang), La Vida del Futuro (de W. Menzies), Blade Runner (de R. Scott), Brazil (de T. Gilliam), Gattaca (A. Niccol), Matrix (de los hermanos Wachowski), La carretera (John Hillcoat) lo que realizan, en el fondo, es una crítica a nuestra sociedad y a su relato mayestático: la utopía de la ciudad ideal, como la zanahoria inalcanzable delante de la liebre que nos plantea la mentalidad progresista.  

La distopía, en nuestra opinión, viene a pintar las consecuencias directas de la realidad inminente que vivimos o mejor padecemos todos los días. La distopía no tiene por objetivo negar la utopía sino que le viene a pinchar el globo a la mismísima realidad que nos apabulla con sus contradicciones diarias. Así por ejemplo, en Argentina nos vinieron a prometer la construcción de un tren bala de alta velocidad y el pueblo viaja todos los días hacinado como ganado en trenes destruidos, a 40km por hora. Vemos como el relato utópico nos llena la cabeza de humo con el tren bala y  el distópico nos sumerge en la dura realidad, en esa realidad inminente que se nos viene encima a diario.

Es un error garrafal entender la distopía como “la creación de una sociedad catastrófica y sombría”,  o peor aún, como “una sociedad de pesadilla en donde prima la desesperanza”. Esto es lo que nos quieren hacer creer, pero la finalidad última del pensamiento distópico es, como se puede ver claramente en los ensayos de Kurt Vonnegut, mostrar las contradicciones flagrantes de la sociedad opulenta, de consumo, bajo el reinado del dios monoteísta del libre mercado.

Es en definitiva, una crítica a las ambiciones infinitas, sin límites, desatadas por el hombre moderno. Una crítica demoledora a la subjetividad como principio de valoración del hombre, el mundo y sus problemas.

El discurso distopista viene a caracterizar como lo hace Charles Champetier al homo consumans para recuperarlo como uomo libero.

El prototipo del hombre distopista es el rebelde, el que se rebela contra el statu quo reinante, que se ve envuelto en la aventura de la insurrección que parece condenada de antemano al fracaso. Pues como afirma Jünger: “Los rebeldes de reclutarán de entre los que están decididos a luchar por la libertad, incluso en una situación sin esperanzas”. [3]

Pero no importa, su lema es: nos pueden haber vencido pero no convencido.

 

(*) alberto.buela@gmail.com



[1] Buela, Alberto: Teoría del disenso, Bs.As., Ed. Teoría, 2005, p. 8.

[2]Castro Orellana, Rodrigo:Ciudades Ideales, Ciudades sin Futuro.

El Porvenir de la Utopía,Murcia, Daimon, Suplemento 3, 2010, 135-144

[3] Jünger, Ernst: Tratado del rebelde, Bs.As., Sur, 1963, p.95

mardi, 19 avril 2011

Alexander Dugin: "The Apparent and the Unbelievable" + "Pure Satanism"

"The Apparent and the Unbelievable": Alexander Dugin and Sergei Kapitsa (English subtitles) Part I

Dugin and Kapitsa 2 (Complete)



"Pure Satanism": Alexander Dugin on Postmodernity in Western Society

dimanche, 17 avril 2011

Heidegger spricht !

Heidegger spricht !

00:05 Publié dans Entretiens, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : heidegger, philosophie, allemagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook