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samedi, 01 mai 2010

La technique de la désinformation

Michel Geoffroy

La technique de la désinformation

Ex: http://www.polemia.com/

 

desinformation_tele-jpg_desinformation-18e99.jpgLa remise des Bobards d’or vise à récompenser ceux qui font œuvre de désinformation dans les médias au service de l’idéologie dominante.

Tout d’abord qu’est-ce que la désinformation ?

Le concept de désinformation est apparu dans le langage courant au cours du dernier quart du XXe siècle et visait principalement l’action réelle ou supposée des propagandistes soviétiques et de leurs « compagnons de route », accusés d’utiliser certains procédés pour influencer l’opinion publique occidentale dans un sens conforme aux intérêts de l’Union soviétique.

Le romancier Vladimir Volkoff a vulgarisé ce concept dans différents romans célèbres : Le Retournement (1979), Le Montage (1982) ou bien encore Le Complot (2003).

V. Volkoff définissait lui-même ainsi la désinformation comme « une manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés » (Petite Histoire de la désinformation, Ed. du Rocher, 1999).

Le concept de désinformation renvoie donc dès sa formulation à trois éléments principaux :

– l’utilisation des médias et en particulier de la presse comme vecteur privilégié pour influencer l’opinion ;

– une action indirecte qui vise à produire certains effets chez le récepteur du message : la désinformation est, certes, une propagande mais une propagande insidieuse car elle se présente habituellement sous les apparences de la neutralité et de l’objectivité et non pas sous l’apparence d’une opinion déclarée ;

– la diffusion d’un discours au service d’une idéologie ou d’intérêts particuliers.

François-Bernard Huyghe définit ainsi, de son côté, la désinformation comme le fait de « propager délibérément des informations fausses en les faisant apparaître comme venant de source neutre ou amie, pour influencer une opinion ou affaiblir un adversaire » (L’Ennemi à l’ère numérique, PUF 2001).

La désinformation est donc un transfert d’information mais qui comporte en lui-même une transformation de l’information initiale.

Cela a conduit certains, comme le théoricien de l’information Kévin Bronstein à définir la désinformation comme une sorte d’inversion du processus normal de la communication : en principe la communication part de l’observation de faits qui peuvent ensuite faire l’objet d’une analyse, d’une mise en perspective et finalement d’un jugement.

Telle était d’ailleurs la définition du journalisme d’opinion jusque dans la première moitié du siècle, qui impliquait justement un engagement, un commentaire, une prise de position visible (donc courageuse) du journaliste par rapport aux faits.

La désinformation suppose, au contraire :

  • de partir d’un jugement a priori mais informulé comme tel ;
  • pour suggérer une opinion incorrecte car reposant sur des faits présentés à cette fin.

* * *

Dans la plupart des pays occidentaux la presse d’opinion a cédé la place aujourd’hui aux grands médias d’information qui prétendent ne présenter que des faits objectivés et non plus des opinions : ces faits – la fameuse « information » [l’info, les news] – se succédant en flot continu, à l’image du mode de présentation adopté par CNN et ses émules : une information qui ne s’arrête plus, des images qui se succèdent et des bandeaux qui défilent en permanence en bas de l’écran.

Cette transformation est très importante pour le sujet qui nous occupe.

L’accent mis sur l’information, de plus en plus spectaculaire dans la course commerciale à l’audience, signifie d’abord que l’on finit par oublier les opinions que véhiculent en réalité ces prétendues « informations ». Pour reprendre la célèbre formule de Mac Luhan, les médias nous font oublier le massage qui se cache derrière le message.

desinformation.gifLa diffusion d’un flot croissant d’informations signifie ensuite l’absence de mise en perspective des faits, c’est-à-dire l’absence totale d’intelligibilité (cf. le vieil aphorisme de Platon « Le sot n’est instruit que par l’événement »).

Cela signifie enfin que le sentiment prend le pas sur la réflexion ou, pour le dire autrement, que ce qui finit par compter le plus c’est l’effet produit par l’information plus que l’information elle-même. Effet commercial d’abord, effet politique et idéologique ensuite.

C’est pourquoi la désinformation est plus facile sous le règne de l’information médiatique que sous celui de la presse d’opinion.

Cette capacité de manipulation s’appuie évidemment enfin sur l’extraordinaire diffusion des moyens de communication mondiaux depuis la fin du XXe siècle et sur un taux d’exposition médiatique des populations croissant qui favorise l’orchestration.

Rappelons quelques données pour la France :

  • 60% de foyers disposent au moins de 6 écrans (en comptant les ordinateurs et les téléphones) ;
  • la durée moyenne de stationnement devant la télévision est de 3 heures 24 par jour selon le Syndicat national de la publicité télévisée [Le Monde du 31/12/2009] (2h 18 chez les enfants de 4 à 14 ans) [un Américain passe en moyenne 9 heures par jour devant un média, selon une étude réalisée par l’Université de l’Indiana (Faits & Documents du 15/1/2006)] ;
  • le développement de l’utilisation des messageries et d’Internet à titre professionnel renforce cette évolution (c’est la fameuse « économie numérique » encouragée par la nouvelle classe dirigeante) ;
  • la presse quotidienne gratuite touche plus de 4 millions de lecteurs ;
  •  les Français ont eu en moyenne 40 contacts avec les médias par jour en 2009 (dont 16 pour la télévision) selon l’enquête « Media in life » (Le Monde du 5/3/2010), soit une progression de 9,7% par rapport à 2006.

Dans le même temps la lecture des livres –qui est plus réflexive – chute : selon l’INSEE, en 2006 les Français ont consacré moins de 0,5% de leur budget à l’achat de livres (en net recul par rapport aux années 1990 ; Le Bulletin quotidien du 6/8/2009). De même, l’aptitude à la lecture diminue en Europe et en particulier en France parmi les adolescents de 15 ans : le taux d’inaptitude est de 21,7% de futurs consommateurs de médias selon la Commission européenne pour 2006 (Le Monde du 1/12/2009)  !

* * *

La grande ruse du diable est dit-on de faire croire qu’il n’existe pas. La plus grande ruse de « l’information » médiatique contemporaine est de faire croire qu’elle présente des faits (des « infos ») alors qu’elle diffuse en réalité des opinions conformes à une idéologie et donc des faits sélectionnés ou reconstruits à cette fin. C’est ce que disait V. Volkoff à propos de la Pravda : en Union soviétique, tout le monde savait que la Pravda (« la Vérité ») diffusait la vérité officielle du parti communiste : on le savait et par conséquent on pouvait parfois essayer de lire entre les lignes pour en faire son profit. Mais les médias contemporains, eux, ne s’affichent plus comme tels : ils sont donc beaucoup plus trompeurs. L’Union soviétique a disparu mais pas la désinformation.

Nous vivons dans un âge idéologique mais qui ne se reconnaît pas comme tel : c’est la grande nouveauté par rapport aux despotismes du XXe siècle.

desifowwwwww.jpgEt la désinformation lui est consubstantielle : car la fonction première de la désinformation médiatique contemporaine est avant tout d’essayer de rendre les faits conformes à l’idéologie.

Les faits sont heureusement « têtus », comme le déplorait Lénine dans les années 1920 : ils sont toujours plus forts que les utopies. Ce qui veut dire que quand l’idéologie a de moins en moins prise sur la réalité, comme par exemple quand la réalité des banlieues d’aujourd’hui correspond de moins en moins au discours bisounours sur l’intégration des immigrés, il n’y a pas d’autre issue pour ceux qui sont au service du pouvoir, que :

  • de cacher les faits et les opinions qui dérangent ;
  • de tenter de transformer les faits pour qu’ils correspondent à ce que souhaite l’idéologie.

C’est, bien sûr, une démarche naïve : la désinformation médiatique contemporaine est donc tout à la fois redoutable mais aussi l’aveu d’une défaite annoncée : car, comme le montrent les sondages et les résultats électoraux, l’opinion dans la plupart des pays européens se démarque de plus en plus de l’idéologie de la nouvelle classe dirigeante et donc de l’idéologie des médias.

Et les médias occidentaux deviennent autant de Pravdas aux yeux de nos concitoyens qui se rendent de plus en plus compte que le monde réel n’est pas le monde médiatique.

* * *

Venons-en maintenant aux principaux procédés habituellement utilisés pour désinformer. Comme il y en a de nombreux on en retiendra trois principaux :

1) D’abord passer sous silence les faits qui contredisent ou sont susceptibles de contredire l’idéologie : cela s’appelle la censure.

C’est apparemment le plus simple à faire : apparemment, car la multiplicité des moyens de diffusion, en particulier grâce à Internet, fait courir un risque croissant que quelqu’un diffusera quand même l’information un jour. La censure est efficace mais donc pas suffisante.

La désinformation par censure vise à éliminer la représentation des faits ou des opinions qui vont à l’encontre du discours que l’on veut voir dominer.

On peut censurer des images et l’on pensera à la formule de Bill Gates : « Qui maîtrise les images maîtrise les esprits » (Le Monde du 6/10/1999).

Exemple :

Le Figaro du 19 novembre 2008 qui consacre sa une à Rachida Dati avec pour titre « Rachida Dati réplique à la fronde des magistrats. » Mais la photo de la une a été corrigée… pour faire disparaître la bague « Liens » de Chaumet, en or gris pavé diamants, d’une valeur estimée à 15.600 euros. Justification du service photo du quotidien : « On ne voulait pas que la bague soit l’objet de la polémique alors que le vrai sujet était la pétition des magistrats », selon la déclaration de la responsable du service Debora Altmann (cf. Le Monde du 22/11/2008).

Remarquons aussi que, suite aux émeutes qui embrasent les banlieues, des appels sont périodiquement lancés contre les prétendues « images pousse-au-crime » (Le Figaro du 21/12/1998 à propos des émeutes de Toulouse) : en d’autres termes, on appelle à la censure des images dès lors qu’elles montrent les violences commises par les personnes issues de l’immigration. Cette censure a été justifiée par la théorie fumeuse selon laquelle la diffusion de ces images aurait un « effet multiplicateur » des violences : les bandes chercheraient à faire mieux [pire] que les bandes voisines au vu de ces actualités. D’ailleurs, l’article du Figaro précité citait le service de communication de la SNCF qui déclarait : « Depuis le 14 mars 1998 et la destruction quasi totale d’un de nos véhicules à Andrésy, nous avons décidé d’interdire l’accès de nos centres de maintenance aux cameramen et aux photographes. D’accord pour donner des chiffres des dégradations mais garder pour soi les résultats ».

On peut donc aussi censurer des faits : par exemple, censurer l’identité de l’auteur d’un délit, voire le délit lui-même. Ainsi il est intéressant de noter que quand la télévision nous présente des actes de violence commis par les jeunes, dans leur grande majorité les images mettent en scène… des Européens, quand elles ne sont pas floutées.

On peut enfin censurer des opinions dissidentes.

Par exemple

Cette censure vise à créer un consensus factice autour des thèmes de l’idéologie dominante.

2) ensuite, changer le sens des mots pour changer le sens des faits.

La désinformation est aussi, en effet, avant tout une tromperie par et sur le langage (pour reprendre l’expression de Michel Legris dans son ouvrage Le Monde tel qu’il est). Ce mode de désinformation est directement lié au développement du discours « politiquement correct », c’est-à-dire de le novlangue orwellien dans les médias.

Exemples :

– Toute la terminologie, bien connue désormais, relative aux personnes d’origine immigrée : les « jeunes » (« jeune homme », « jeune majeur », etc.), « incivilités » [au lieu de dire délits], un quartier « populaire », une banlieue « sensible » ou « défavorisée » [remarquable désinformation quand on connaît l’importance des efforts financiers faits par la collectivité pour ces banlieues] : le but est de distordre la réalité de l’immigration afin de la présenter comme une question générationnelle ou sociale (le chômage dont on est « victime ») mais, bien sûr, ni ethnique ni culturelle. Sans parler des « traditionnels » incendies de véhicules de la St-Sylvestre ;

– la présentation systématiquement positive des délinquants d’origine immigrée :

Le Figaro.fr du 27 février 2008, article de Anne Charlotte de Langhe, qui rend compte du procès de l’élève ayant poignardé le 16 décembre 2005 une enseignante, Karen Montet-Toutain : ce procès, « c’est celui d’un jeune homme vaguement perdu, d’une institution, d’une violence et d’un système entier » ; le ton est donné car pour l’auteur le vrai coupable c’est, bien sûr,… le ministère de l’Education nationale. L’élève s’appelle Kévani Wansale et il a frappé l’enseignante à 7 reprises (le journaliste préfère écrire « l’agresse violemment au moyen d’un couteau de cuisine »).

Le Monde du 22 octobre 2008, article de Yves Bordenave, « Mort de Sidi-Ahmed : en toile de fond une banale histoire d’amour » : l’article relate la comparution en cour d’assise des auteurs de la mort par balle du jeune Sidi-Ahmed Hammache le 19 juin 2005 dans la Cité des 4000 à La Courneuve, à la suite d’une altercation. Il est donc « banal », pour l’auteur de l’article, de conclure une histoire d’amour à coups de pistolet…

Le Figaro.fr du 12 août 2009, article de Cyrille Louis, « Une bande de l’Essonne sème le trouble à Royan », avec pour sous-titre « Après avoir multiplié les agressions et les menaces des jeunes ont été la cible lundi d’une action punitive de forains locaux ». La lecture de l’article montre que ce que l’auteur désigne par « trouble » recouvre les faits suivants : occupation illégale de logement, vente de stupéfiants, vols, dégradations, coups, menaces, tentative d’extorsion : c’est-à-dire des délits, en bon français.

D’une façon générale tous ces articles sont construits selon un schéma invariant dès lors qu’ils sont conduits à rendre compte [souvent de mauvaise grâce] de violences ou de délits commis par des personnes d’origine immigrée, des personnes de couleur ou de religion musulmane :

– leurs actes sont toujours « incompréhensibles », on « s’interroge », etc. ;

– ils ont été commis dans des quartiers toujours « tranquilles » ou « sans histoire »… jusque-là ;

– le présumé coupable est en général présenté de la façon la plus positive possible (sérieux, bien intégré, cherchant du travail, apprécié de tous, etc. ;

– si on ne peut cacher que son geste est grave, on insiste alors sur le fait qu’il était « déséquilibré » ou malade, donc en quelque sorte qu’il n’était plus lui-même (par exemple l’assassin algérien de Mgr Jacquier, évêque d’Alger, en 1975 était « un aliéné mental » selon Le Monde du 13/7/1976 qui précisait toutefois qu’il « s’était déjà rendu coupable d’un autre crime en France » : ce mode de présentation fera école) ;

– on évite les mots qui pourraient choquer : au lieu de crime on parle de « drame » ; au lieu de vol, de « larcin » ; au lieu de délit, de « bêtise » ou de « faux pas » ; au lieu d’écrire que c’était un délinquant endurci on écrira qu’il « avait un passé de violences », etc. D’une façon générale les violences ou les crimes racistes ne sont jamais attribués à des personnes d’origine immigrée mais toujours à des Français de souche : cela procède d’une désinformation qui pose en tabou que l’immigré est par construction d’abord une victime ;

– on donne toujours la parole à sa famille ou à ses proches et ceux-ci font part de leur désarroi (les victimes n’ont droit à la parole que si elles tiennent des propos lénifiants ou si elles déclarent « refuser de faire des amalgames » ou la « récupération politique » du drame, c’est-à-dire que l’on censure toujours la mise en perspective de ces événements, sauf si c’est, bien sûr, pour faire le procès du « chômage » ou du « racisme »).

On notera aussi avec intérêt que ce type de construction journalistique a été appliqué lors de la recension du procès des meurtriers du responsable sud-africain de l’AWB, E. Terreblanche (cf Le Monde du 8/4/2010 sous la signature de Jean-Philippe Remy).

– La désinformation s’efforce en général de minimiser les faits dès lors que les victimes sont des Européens de religion chrétienne. Les emballements médiatiques sont réservés, en effet, aux délits qui concernent des victimes appartenant à d’autres confessions (comme en matière de profanations de sépultures ou d’inscriptions sur les lieux de culte).

Exemple :

Le Monde du 26 février 2008, article « Les inquiétudes de la communauté catholique d’Algérie », sous la signature de Amir Akef. L’article s’efforce de minimiser le sort fait aux catholiques en Algérie qui est « à la limite » (sic) de la persécution. L’auteur signale cependant : « Reste que l’activisme évangélique est réel et inquiète la population, parfois choquée de ces conversions qui se produisent dans de petits villages où tout le monde se connaît ». Bref, ce sont les musulmans qui ont de vraies raisons de s’inquiéter !

Cet article est également intéressant car il montre un autre procédé de désinformation consistant à noyer une donnée significative dans un ensemble d’informations insignifiantes ou de sens contraire : ici, la persécution des catholiques s’efface devant l’inquiétude prétendue (et symétrique du titre) des musulmans devant les conversions à l’évangélisme…

- Dans un registre inverse, cette fois culpabilisant et repoussant, la désinformation russophobe utilise des leviers identiques :

Exemples :

Le Monde du 31 mars 2010 et sa présentation des attentats islamistes dans le métro de Moscou. Titre de la première page « Les attentats de Moscou soulignent l’échec du Kremlin ». L’article en page 6, sous la signature de Marie Jégo, indique notamment que « malgré le discours officiel la Russie ne parvient pas à éradiquer les groupes islamistes radicaux ». Alors que cet attentat islamiste est le plus meurtrier que la Russie ait connu depuis 2004, l’article s’étend longuement sur les responsabilités présumées du gouvernement russe (« la politique de terreur voulue par le Kremlin » en Tchétchénie) et des services spéciaux.

Cette façon de renverser les responsabilités a déjà été notamment largement utilisée lors de la prise d’otages de Beslan en septembre 2004 (acte terroriste particulièrement odieux : 331 morts dont de nombreux enfants ) : les médias ont alors expliqué que les morts étaient dues non pas tant aux terroristes musulmans qu’aux… services de sécurité.

Le traitement médiatique du terrorisme islamique en Russie est ainsi très différent de la présentation de ce même terrorisme quand il frappe des Occidentaux : quand il frappe des Russes il est tout simplement excusable. L’objectif de cette désinformation est, en effet, de diaboliser les Russes.

Le Monde du 13 avril 2010, sous la signature de Marie Jégo, article intitulé « Comment naît une kamikaze » : on y explique que la famille de la terroriste Mariam Charipova était persécutée par les forces de sécurité russe et que, somme toute, le terrorisme n’est que la légitime réponse à cette oppression. L’article foisonne, en outre, de commentaires positifs et lénifiants sur ladite terroriste et sa famille, « une belle brune aux yeux verts », ses parents habitent « l’une des plus belles bâtisses du village », « elle était croyante mais pas extrémiste », elle était « tellement brillante » et son frère avait été « atrocement torturé » par les services de sécurité [mais il est apparemment vivant, lui]. L’article se termine en citant un salafiste qui indique que l’imposition de la Charia au Daghestan « c’est ce qui peut nous arriver de mieux » : mais l’article indique pour finir qu’il offre le thé : comme il est gentil !

A noter aussi que le terme kamikaze est en soi une désinformation puisque les kamikaze étaient des soldats qui attaquaient des cibles militaires particulièrement bien défendues, alors que les terroristes que l’on nomme ainsi tuent des civils sans défense…

- On pourrait aussi citer la désinformation cathophobe qui est un genre très pratiqué par les médias : en particulier vis-à-vis des traditionalistes (dits « intégristes ») ou à l’occasion de la campagne relative aux accusations de pédophilie contre des prêtres : là aussi l’absence de toute mise en perspective de « l’information » interdit de mettre en lumière que ce type d’accusation concerne en réalité bien d’autres groupes sociaux et dans des proportions plus élevées.

Exemple :

Le Monde du 8 avril 2010, article de Philippe Dagen intitulé « Un loup-garou dans l'église Sainte-Anne » vantant un certain Stéphane Pencréac'h (sic) qui dans l'ancienne église Sainte-Anne du centre de Montpellier a exposé ses « œuvres » intitulées La Passion : comme l'écrit le journaliste « On peut voir dans La Passion la tentative la plus complète pour renouer avec la peinture sacrée, ses formats, ses sujets ». Jugeons-en : « Le Christ a une tête de loup-garou aux yeux rouges et des sirènes se tordent à ses pieds » ; « Dans une autre œuvre le Père éternel règne sur un monde de débris » ; les figures féminines sont « bien peu vêtues pour une église ».

Bref, comme l'écrit le journaliste : « Toutes les conditions sont réunies pour que l'on crie au sacrilège. C'est là la seconde raison pour s'intéresser à cette Passion ». Le reste à l'avenant…

– La désinformation par la déformation du sens des mots permet ainsi la partialité à bon compte sous couvert d’information et, bien sûr, de professionnalisme.

3) troisième procédé de désinformation : présenter comme fausse une information vraie et, inversement, présenter comme vraie une information fausse. C’est, bien sûr, celui qui se rapproche le plus du mensonge pur et simple.

Le mensonge peut porter sur l’image et l’on se souviendra de l’exemple classique : Patrick Poivre d’Arvor et Régis Faucon diffusant le 16 décembre 1991 sur TF1 au Journal de 20 heures une fausse interview de Fidel Castro : en réalité, il s’agissait d’images de conférence de presse montées ultérieurement sous un assemblage de questions conçues pour donner l’illusion d’un entretien personnalisé (source : Le Monde du 5 mars 1993).

Cet exemple est intéressant puisqu’il devient difficile de démêler le faux du vrai : des vraies images sorties de leur contexte et recomposées deviennent fausses !

Le mensonge peut porter aussi bien sur le contenu de l’information elle-même, par exemple la présentation des statistiques sur l’immigration pour démontrer qu’il n’y a aucune « pression migratoire » et que cela relève du phantasme d’extrême droite. L’immigration est en effet un enjeu majeur de la désinformation médiatique contemporaine

Voir la mise au point de la démographe Michèle Tribalat sur l’article de Anne Chemin dans Le Monde du 4/12/2009 qui écrivait que « les flux migratoires se stabilisent ». M.Tribalat révèle ainsi les différentes supercheries utilisées dans l’article :

  • des séries statistiques qui commencent en 1982 et qui sont arrêtées en 1999 : or, M. Tribalat révèle que,, de 1999 à 2006, l’immigration algérienne a augmenté de 18% par exemple et que, de 1982 à 2006, l’immigration a progressé de 25%, l’évolution se produisant presque entièrement sur la dernière période… justement passée sous silence par Le Monde, qui peut donc conclure, « preuve à l’appui », à une stabilisation de l’immigration ;
  • des arrondis incohérents (mais utilisés pour minorer les progressions…) ;
  • l’accent mis sur l’immigration tunisienne, qui ne connaît pas d’évolution significative et l’impasse sur la progression de celle en provenance d’Afrique Noire.

- Enfin les gros mensonges : ils vont recevoir dans un instant les honneurs de cette soirée. * * *

En conclusion, la désinformation est une application concrète de la fameuse théorie du fil de fer, mise en scène par V. Volkoff dans son roman Le Retournement : l’officier traitant du KGB explique ainsi à son élève que pour casser un fil de fer il faut le tordre alternativement vers la droite et vers la gauche ; « il faut faire de même avec l’opinion », dit-il, c’est-à-dire qu’en diffusant, par souci apparent d’objectivité, des points de vue trop balancés, des informations vraies et fausses, des opinions opposées, en mettant sur le même plan l’agresseur et la victime, le voleur et le volé, on finit par faire perdre le sens de ce qui est vrai.

C’est-à-dire que l’on sape le fondement de la culture et de l’identité, qui suppose une hiérarchie des principes et une distinction du bien et du mal, du vrai et du faux, du beau et du laid, du juste et de l’injuste.

Et l’élève de répondre à l’officier du KGB : « Il me semble qu’il y a un journal qui fait cela en France »…

* * *

J’espère en tout cas que ce petit voyage dans le monde de la désinformation médiatique permettra d’apprécier toute la difficulté rencontrée pour distinguer ceux qui méritent maintenant de se voir décerner les bobards d’or !

Michel Geoffroy

20/04/2010

Polémia

21/04/2010

Michel Geoffroy

19ème siècle: les guerres américaines contre le Mexique et contre l'Espagne

Mansur KHAN :

19ème siècle : les guerres américaines contre le Mexique et contre l’Espagne

 

Mapa_Mexico_1845.pngLorsque le Texas s’est séparé du Mexique en 1819, les Etats-Unis ont immédiatement revendiqué ce territoire immense. Dans le cas précis du Texas, Washington eut recours à la tactique de l’infiltration. En fin de compte, le Mexique interdit en 1830 l’installation de colons américains au Texas, qui n’avait jamais cessé de se développer (1). En 1835, les colons américains du Texas se rebellent contre l’autorité mexicaine (2) et des unités de milice américaines s’emparent des bâtiments de la garnison mexicaine près d’Anahuac et provoquent d’autres conflits. « Pendant l’été 1836, des troupes américaines occupent Nacogdoches au Texas » (3). Le Mexique proteste et menace de faire la guerre au cas où les Etats-Unis annexeraient la région (4). Pendant de longues années, une suite ininterrompue de provocations de la part des Etats-Unis conduisirent à la fameuse bataille de Fort Alamo. Quand, en 1845, l’annexion du Texas à l’Union paraissait imminente, le Mexique s’est déclaré prêt à reconnaître l’existence de la République du Texas, à condition que les Etats-Unis ne l’annexent pas (5). La colonisation du pays par des immigrants américains s’est toutefois poursuivie.

 

La guerre contre le Mexique (1846-1848)

 

Pour provoquer la guerre, « les Texans ont réclamé, pour leur nouvel Etat, des frontières qui, au regard de l’histoire, étaient totalement injustifiables » (6). Le nouveau tracé des frontières, qu’ils envisageaient, incluait des territoires fertiles et riche en minerais d’or et d’argent (7). Pour provoquer le déclenchement des hostilités, le Président américain Polk donna l’ordre au Général Zachary Taylor d’avancer plus loin vers le Sud. En mars 1846, il se trouvait à proximité de Corpus Christi sur le sol texan, c’est-à-dire sur le territoire mexicain. Polk réclamait expressément, lors de sa campagne électorale, l’annexion du Texas et l’occupation de toute la région de l’Oregon. L’idée de mener une telle guerre n’était guère populaire dans les Etats de l’Union : ce fut la raison qui poussa Polk à mener une campagne de diffamation contre le Mexique (8).

 

Le 25 avril, les premières escarmouches ont lieu, lorsque les soldats de Taylor essuient le feu de militaires mexicains (9). Enfin, Washington pouvait affirmer que les Mexicains avaient tiré les premiers coupes de fusil, alors qu’en réalité, ils n’avaient fait que se défendre, puisque les soldats américains se trouvaient sur le territoire du Mexique. Polk déclare la guerre au Mexique en 1846, en sachant très bien quelle allait en être l’issue (10). Le Général américain Ulysses Grant écrivit plus tard ces quelques lignes sur la provocation américaine : « La présence de troupes américaines aux confins du territoire contesté, loin de toute région peuplée de Mexicains, ne suffisait pas à déclencher des hostilités. Nous fûmes envoyés en avant, afin de provoquer un combat, mais il était important que les Mexicains tirassent les premiers. On peut douter du fait que le Congrès aurait déclaré la guerre. Mais si le Mexique attaquait nos troupes, l’Exécutif seul pouvait déclarer la guerre » (11).

 

Polk justifia l’envoi de troupes américaines comme une mesure défensive nécessaire. L’auteur américain John Schroeder défend un point de vue tout à fait différent dans son livre Mr. Polk’s War. Schroeder écrit : « En réalité ce fut le contraire : le Président Polk avait tout fait pour provoquer la guerre, en envoyant des soldats américains dans une région contestée qui, historiquement parlant, avait toujours été peuplée et administrée par des Mexicains » (12). A la suite de la guerre contre le Mexique, les Etats-Unis annexèrent d’un coup un territoire aux dimensions énormes, correspondant aux Etats actuels de l’Union que sont le Texas, l’Arizona, la Californie, le Nevada, l’Utah et de vastes portions du Nouveau Mexique, du Kansas, du Colorado et du Wyoming, soit un territoire cinq fois aussi grand que l’actuelle République Fédérale d’Allemagne. Par cette conquête injustifiable, les Etats-Unis ont augmenté leur territoire de 40%, tandis que le Mexique perdait la moitié de son territoire national (13).

 

Mais les Etats-Unis ne se sont pas contentés de ce gigantesque accroissement territorial. Entre 1861 et 1865, la guerre civile fit rage aux Etats-Unis ; elle exigea un lourd tribut de 600.000 vies humaines et provoqua d’effroyables destructions, surtout dans les Etats du Sud. Cependant, l’industrie de l’armement profita considérablement de ces quatre années d’effusion de sang.

 

La guerre hispano-américaine de 1898

 

Cuba était au 19ème siècle la principale colonie de plantations de l’Espagne. Le commerce américain avec Cuba générait 50 millions de dollars et l’élite au pouvoir à Washington s’était depuis un certain temps déjà intéressée à ce marché. Pour pouvoir prendre Cuba, le gouvernement américain commença par déclencher une guerre commerciale. De 1893 à 1898, les Etats-Unis ont connu une récession. Il fallait absolument trouver des débouchés nouveaux pour le surplus de produits américains. La guerre contre Cuba, dont le dessein était de s’emparer de l’île, avait été concoctée depuis longtemps mais la colonie espagnole ne céda à aucune provocation. Lorsque les propriétaires de journaux Pulitzer et Hearst apprirent de leur correspondant en place à Cuba que tout y était calme, Pulitzer voulut immédiatement rappeler son homme. Hearst lui envoya tout de suite un télégramme en guise de réponse, qui en dit long : « Restez, je vous prie. Livrez matériel imagé. Je fournirai la guerre » (14).

 

Cuba1898.jpgHearst concrétisa rapidement sa promesse et le gouvernement de Washington put se réjouir d’un événement « formidable » : le 15 février 1898, le navire de guerre américain « Maine » explose dans le port de La Havane. Immédiatement, le gouvernement américain affirme que les Espagnols sont responsables de cette explosion. L’auteur américain Eustace Mullins a affirmé ultérieurement que ce sont au contraire les Américains qui ont provoqué l’explosion et a avancé des preuves tangibles pour étayer le soupçon ; ce serait la « National City Bank » de New York qui aurait fait sauter le navire pour s’emparer de l’industrie cubaine du sucre, ce qui fut effectivement acquis après la guerre. Lorsque les Espagnols ont réclamé la constitution d’une commission d’expertise indépendante pour enquêter sur l’explosion, Washington eut un comportement étrange : le « Maine » et tout ce qu’il contenait et pouvait apporter des preuves fut coulé en un tournemain.

 

L’Espagne fit tout pour éviter une guerre avec les Etats-Unis. Ceux-ci ont joué alors sur deux tableaux : d’une part, le gouvernement américain annonça sa volonté de faire la paix. Le Général Woodford câbla depuis Madrid qu’il pourrait encore, avant le 1 août 1898, « obtenir de l’Espagne l’indépendance de Cuba voire son annexion aux Etats-Unis ». Mais le Président McKinley craignait par dessus tout de prendre Cuba sans guerre et déclara la guerre, un jour après avoir reçu le télégramme de Woodford. Ce fut « une formidable petite guerre », selon le ministre américain des affaires étrangères Hays. Les troupes américaines ne se bornèrent pas à occuper Cuba mais débarquèrent également aux Philippines, occupèrent Puerto Rico et Manille. La guerre des Philippines fut menée avec une brutalité inouïe. Mais sur ce théâtre-là aussi les motifs d’ordre économique ont donné le ton. En une nuit, les Etats-Unis étaient devenus une puissance coloniale (15).

 

Mansur KHAN.

 

Notes :

(1) Carl N. DEGLER, Out of Our Past – The Forces that shaped Modern America, New York, 1984, pp. 6 et ss.

(2) Richard Bruce WINDERS, Mr. Polk’s Army – The American Military Experience in the Mexican War, Texas A & M University Press, Texas, 1997, p. 6 ; Carl N. DEGLER, op. cit., p. 117.

(3) Jerald A. COMBS, The History of American Foreign Policy, New York, 1986, p. 78 ; Richard Bruce WINDERS, op. cit., pp. 6 et ss., cité d’après Mansur KHAN, Die geheime Geschichte der amerikanischen Kriege. Verschwörung und Krieg in der US-Aussenpolitik, Grabert, Tübingen, 2003 (3ième éd.), pp. 40 et ss.

(4) Friedrich HERTNECK, Kampf um Texas, Goldmann, Leipzig, 1941, p. 237.

(5) Carl N. DEGLER, Out of Our Past, op. cit., pp. 117 et ss.

(6) Friedrich HERTNECK, Kampf um Texas, op. cit., pp. 233 et ss.

(7) Helmut GORDON, Zions Griff zur Weltherrschaft – Amerikas unbekannte Aussenpolitik 1789-1975, Druffel, Leoni am Starnberger See, 1985, pp. 55 et 68.

(8) Karlheinz DESCHNER, Der Moloch – Eine kritische Geschichte der USA, Heyne, München, 1994, p. 243.

(9) Howard ZINN, A People’s History of the United States, 1492-Present, Harper Perennial, New York, 1995, pp. 147 et ss.

(10)                    Karlheinz DESCHNER, Der Moloch…, op. cit., pp. 100 et 102.

(11)                     Jack ANDERSON / George CLIFFORD, The Anderson Papers, Ballantine Books, New York, 1974, p. 256.

(12)                    Howard ZINN, A People’s History…., op. cit., pp. 149 et ss.

(13)                    Noam CHOMSKY / Joel BEININ, Die Neue Weltordnung und der Golfkrieg, Trotzdem, Grafenau, 1992, pp. 46 et ss.

(14)                    Mansur KHAN, Die geheime Geschichte…, op. cit., pp. 90-93.

(15)                    Mansur KHAN, Ibid., pp. 94-105.

Edmund Burke et la Révolution française

edmund-burke.jpgArchives de SYNERGIES EUROPÉENNES - 1988

 

Edmond Burke et la Révolution Française

 

par Jacques d'ARRIBEHAUDE

 

Les Réflexions sur la Révolution en France,  publiées à Londres le 1er novembre 1790 par Edmund Burke, célèbre parlementaire irlandais, n'ont cessé depuis lors d'irriter la longue suite de nos dirigeants politiques épris de niaiseries démagogiques et accoutumés à endormir l'opinion de mascarades égalitaires dans l'imposture généralisée des "Droits de l'homme et du citoyen".

 

A la veille du Bicentenaire dont les fastes dispendieux et grotesques vont encore ajouter au trou sans fond de la Sécurité Sociale et crever un peu plus la misérable vache à lait électorale saignée à blanc par les criminels irresponsables qui, au nom de l'Etat et pour le bonheur du peuple, osent encore exhiber le bonnet phrygien et se réclamer de la "Carmagnole", la lecture de Burke, telle une cure d'altitude, est un merveilleux contrepoison.

 

Félicitons comme ils le méritent le jeune historien Yves Chiron (auquel l'Académie vient de décerner le Prix d'Histoire Eugène Colas) et son éditeur qui ren-dent enfin accessible au public un ouvrage depuis long-temps introuvable, un auteur dont la liberté d'ex-pression, la vigueur de pensée, la puissance évocatrice et prophétique toujours intacte, réduisent à son abjection et à son néant  l'"Evénement" dont on nous somme sans répit de célébrer la générosité sublime, la gloire sans pareille, et une grandeur que le monde entier, jusqu'au dernier Botocudo, jusqu'à l'ultime survivant de la terre de Feu et de Rarotonga, ne cesse de nous envier frénétiquement.

 

Cependant, Yves Chiron note à juste titre dans son étude que "ce qui se passe en 1789-1790 n'est pas un évènement localisé et spécifiquement français: c'est le premier pas vers un désordre généralisé où se profilent la vacance du pouvoir, la disparition des hiérarchies sociales, la remise en question de la propriété – la fin de toute société.

 

Plus précisément, c'est la date du 6 octobre 1789 que Burke, contemporain, retient comme signe fatal et révélateur, marqué par le glissement irréversible dans la boue et le sang. "Dans une nation de ga-lan-terie, dans une nation com-posée d'hommes d'honneur et de chevalerie, je crois que dix mille épées seraient sorties de leurs fourreaux pour la venger (la Rei-ne) même d'un regard qui l'aurait menacée d'une insulte! Mais le siècle de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé: et la gloire de l'Europe est à jamais éteinte".

 

Burke fut le premier à dénoncer l'imposture des "droits de l'homme"

 

Or, par une sinistre ironie de l'Histoire, il se trouve que la France s'est précipitée dans cet interminable bourbier au moment précis où son prestige était le plus éclatant, son économie en pleine ascension, la qualité de sa civilisation reconnue partout sans con-teste. Ainsi que le souligne Yves Chiron, Burke note que les "droits de l'homme" flattent l'égoïsme de l'individu et sont ainsi négateurs, à terme, de la vie sociale. Dans un discours au Parlement (britannique), en février 1790, il s'élève avec violence contre ces droits de l'homme tout juste bons, dit-il, "à inculquer dans l'esprit du peuple un système de destruction en mettant sous sa hache toutes les autorités et en lui remettant le sceptre de l'opinion". L'abstraction et la prétention à l'universalisme de ces droits, poursuit Chiron, contredisent trop en Burke l'historien qui n'apprécie rien tant que le respect du particulier, la différence ordonnée et le rela-ti-visme qu'enseigne l'Histoire. Il n'aura pas de mots assez durs pour stigmatiser Jean-Jacques Rousseau, "ami du genre humain" dans ses écrits, "théoricien" de la bonne nature de l'homme et qui abandonne les enfants qu'il a eu de sa concubine: "la bienveillance envers l'espèce entière d'une part, et de l'autre le manque absolu d'entrailles pour ceux qui les touchent de près, voilà le caractère des modernes philosophes… ami du genre humain, ennemi de ses propres enfants".

 

Un autre paradoxe, et non des moindres, a voulu que les sociétés de pensée, l'anglomanie aveugle et ridicule qui sévissait partout en France alors même que la plupart de nos distingués bonimenteurs de salon ne comprenait un traître mot d'anglais, aient pu répandre l'idée que les changements qui se préparaient seraient à l'image de cette liberté magnifique qui s'offrait Outre-Manche à la vue courte, superficielle et enivrée, d'un peuple d'aristocrates honteux, de sophistes à prétention philosophiques, de concierges donneurs de leçons et de canailles arrogantes.

 

Logorrhée révolutionnaire et pragmatisme britannique

 

Nul ne s'avisait dans le tumulte emphatique qui rem-plissait ces pauvres cervelles de débiles et de gre-dins, de ces "liaisons secrètes" que Chateaubriand a si bien perçu par la suite entre égalité et dictature, et qui la rendent parfaitement incompatible avec la liberté. L'Angleterre, pays de gens pratiques, ne pouvait qu'être aux antipodes de l'imitation "améliorée" que l'on croyait en faire, et ses grands seigneurs, accourus pour acheter à vil prix le mobilier et les trésors de la Nation vendus à l'encan, n'en revenaient pas de ce vertige de crétinisme et de l'hystérie collective et criminelle emportant follement le malheureux peuple de France vers l'esclavage, la ruine et l'effacement de la scène du monde, au nom de fumées et d'abstractions extravagantes, mensongères et pitoyables". Quant à la masse du peuple, dit Burke, quand une fois ce malheureux troupeau s'est dispersé, quand ces pauvres brebis se sont soustraites, ne di-sons pas à la contrainte mais à la protection de l'autorité naturelle et de la subordination légitime, leur sort inévitable est de devenir la proie des impos-teurs. Je ne peux concevoir, dit-il encore, comment aucun homme peut parvenir à un degré si élevé de présomption que son pays ne lui semble plus qu'une carte blanche sur laquelle il peut griffonner à plai-sir… Un vrai politique considérera toujours quel est le meilleur parti que l'on puisse tirer des matériaux existants dans sa patrie. Penchant à conserver, talent d'améliorer, voilà les deux qualités qui me feraient ju-ger de la qualité d'un homme d'Etat.

 

Burke, écrit Chiron, "ne conteste pas que la France d'avant 1789 n'ait eu besoin de réformes, mais était-il d'une nécessité absolue de renverser de fond en comble tout l'édifice et d'en balayer tous les décombres, pour exécuter sur le même sol les plans théo-riques d'un édifice expérimental? Toute la France était d'une opinion différente au commencement de l'année 1789". En effet. Et, comme l'exprime si jus-tement la sagesse populaire anglaise, "l'enfant est parti avec l'eau du bain". L'énigmatique "kunsan-kimpur" que nos marmots ont obligation d'ânonner dans nos écoles avec les couplets de l'amphigourique et grotesque "Marseillaise" n'abreuve depuis lurette le plus petit sillon de notre exsangue et ratatiné pré carré. Seuls des politicens que le sens du ridicule n'étouffe pas vibrent encore de la paupière et des cor-des vocales tandis que de leur groin frémissant s'échappe indéfiniment, telle une bave infecte, la creu-se et mensongère devise de notre constitution criblée d'emplâtres: "Liberté, égalité, fraternité".

 

Céline décrit le résultat...

 

Céline, si lucide et si imperméable à la rémoulade d'abstractions humanitaires dont résonnent sans trève nos grands tamtams médiatiques, et qui savait son Histoire comme on ne l'enseigne nulle part, a dé-crit la situation une fois pour toutes dans une des pages les plus saisissantes du Voyage.  "Ecoutez-moi bien, camarade, et ne le laissez plus passer sans bien vous pénétrer de son importance, ce signe ca-pi-tal dont resplendissent toutes les hypocrisies meurtrières de notre société; "L'attendrissement sur le sort du miteux…! C'est le signe… Il est infaillible. C'est par l'affection que ça commence… Autrefois, la mode fanatique, c'était "Vive Jésus! Au bûcher les hérétiques!" mais rares et volontaires, après tout, les hérétiques. Tandis que désormais… les hommes qui ne veulent ni découdre, ni assassiner personne, les Pacifiques puants, qu'on s'en empare et qu'on les écartèle afin que la Patrie en devienne plus aimée, plus joyeuse et plus douce! Et s'il y en a là dedans des immondes qui se refusent à comprendre ces choses sublimes, ils n'ont qu'à aller s'enterrer tout de suite avec les autres, pas tout à fait cependant, mais au fin bout du cimetière sous l'épithète infâmante des lâches sans idéal, car ils auront perdu, ces ignobles, le droit magnifique à un petit bout d'ombre du monument adjudicataire et communal élevé pour les morts convenables dans l'allée du centre, et puis aussi perdu le droit de recueillir un peu de l'écho du Ministre qui viendra ce dimanche encore uriner chez le Préfet et frémir de la gueule au-dessus des tombes après le déjeuner".

 

Que l'on me pardonne cette citation un peu longue et d'ailleurs incomplète, mais elle m'a paru comme un prolongement naturel des Réflexions  de Burke, tout en évoquant irrésistiblement l'Auguste Président, grand amateur de cimetières, panthéons et nécropoles, qui s'apprête à commémorer en grande pompe et dans l'extase universelle le Bicentenaire de l'incomparable Révolution Française.

 

Jacques d'ARRIBEHAUDE.

 

Yves CHIRON, Edmond Burke et la Révolution Française,  Editions Téqui, Paris, 1988, 185 pages (54 FF).

 

 

vendredi, 30 avril 2010

17 thèses sur le système médiatique français

Dix-sept thèses sur le système médiatique français par Jean-Yves LE GALLOU

Ex: http://www.europemaxima.com/

diffuseurs-media.jpgAprès l’excellent site Polémia, Europe Maxima a l’immense plaisir de mettre en ligne l’allocution de Jean-Yves Le Gallou prononcée lors de la première cérémonie des Bobards d’Or, le 20 avril 2010 à Paris, récompensant les plus gros mensonges médiatiques de l’année 2009.

Il faut saluer cette excellente initiative. La constitution de dossiers étayés et irréprochables pour les Bobards d’Or 2011 est dès à présent commencée. Gageons que David Pujadas, lauréat 2010 du Bobard d’Or – Télévision, pourrait l’obtenir à nouveau pour l’émission du mardi 27 avril prochain sur France 2, Les Infiltrés, consacrée à « L’extrême droite du Père » (bigre !). Ce reportage soutenu par l’agence C.A.P.A d’Hervé Chabalier – dit « Toujours Soif », ancien militant fondateur de la Jeunesse communiste révolutionnaire (selon Wikipédia) -, est un chef-d’œuvre de manipulation et de désinformation médiatique (on attend avec impatience que cette émission s’infiltre dans Le Siècle, le Groupe Bilderberg ou la Trilatérale…). Voilà donc un bel exemple qui renforce la brillante démonstration de Jean-Yves Le Gallou.

Georges Feltin-Tracol, rédacteur en chef d’Europe Maxima

***

Permettez-moi d’abord un instant de politiquement correct. Oui, il existe encore des journalistes intelligents, cultivés et courageux dans les grands médias français. Mais ils sont de plus en plus rares et les créneaux qui leur sont laissés sont de moins en moins nombreux.

Maintenant que cette nuance est apportée, laissez-moi vous présenter dix-sept thèses sur les grands médias français.

Première thèse – La presse est de moins en moins libre en France.

Et ce n’est pas Polémia qui le dit. C’est Reporters sans frontières.

Chaque année, Reporters sans frontières publie un baromètre de la liberté de la presse dans le monde. Année après année, la France plonge dans le classement : 11e en 2002, 19e en 2004, 35e en 2006 et en 2008, 43e en 2009 : une place peu enviable ! Certes, devant le Cap-Vert mais juste derrière la Guyana et le Surinam. Chapeau !

Deux explications à cela : les lois liberticides de plus en plus sévères et de plus en plus nombreuses et la concentration économique et financière des grands médias.

Deuxième thèse – Le système médiatique français est aux mains de grands oligarques.

Le groupe Figaro pour Dassault, Bernard Arnault de L.V.M.H. pour Les Échos, Édouard de Rothschild pour Libération, Bouygues pour T.F.1,  Lagardère Active pour les filiales de Vivendi Universal, de nombreuses radios dont Europe 1, des télévisions dont Canal +, des journaux dont Le Parisien ainsi que des entreprises de production d’images. Sans oublier l’oligarque des oligarques, Alain Minc, qui tisse sa toile entre les uns et les autres et impose ses vues au journal Le Monde.

Troisième thèse – Les grands médias français ne donnent pas le point de vue du peuple, ils défendent les intérêts de la super-classe mondiale.

Les intérêts des grands oligarques des médias sont clairs : ils se trouvent concentrés dans le luxe, le transport aérien, notamment d’affaires, l’immobilier et les travaux publics; leurs principaux clients sont les super-riches et les pétromonarchies. Sans oublier le rôle de la finance. Si vous regardez T.F.1, n’oubliez pas que B.N.P.- Paribas, le Crédit agricole, la financière Artémis, Groupama et Goldman Sachs, oui, Goldman Sachs, siègent au conseil d’administration de Bouygues.

Il est donc logique que l’orientation générale de ces médias – dont beaucoup perdent de l’argent d’ailleurs – soit conforme aux intérêts des oligarques qui les possèdent. Les grands médias défendent donc un monde sans frontières et sans régulation au service des plus riches et des entreprises transnationales. L’intérêt des oligarques se confond avec celui de la super-classe mondiale : ces quelques millions d’hommes qui, par delà les États et les peuples, sont les principaux bénéficiaires du nouveau désordre mondial.

Quatrième thèse – Les grands médias français ne dépendent pas de leurs lecteurs mais de la publicité.

Il y a trente ans, Louis Pauwels et Jean-Claude Valla, journaliste récemment disparu, avaient créé un nouveau journal : le Figaro-Magazine avec du contenu, du sens et des lecteurs. Le Figaro Magazine a été épuré et normalisé à la demande des publicitaires, et notamment de Publicis et des époux Badinter. Aujourd’hui, le Figaro Magazine n’a plus guère de contenu ni de sens, plus beaucoup de lecteurs non plus : qu’importe, il a l’argent de la publicité. C’est aussi la publicité qui fait vivre les journaux gratuits : quelle belle scène orwellienne que de voir dans une voiture de métro ou de train des dizaines de clones lisant le même journal !

Reconnaissons à Patrick Le Lay, alors patron de T.F.1, cette belle formule – je cite : « Le métier de T.F.1, c’est d’acheter du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola. »

Les grands médias ne suivent pas les désirs de leurs lecteurs; ils obéissent aux grands oligopoles : oligopoles agro-alimentaires, oligopoles de distribution, oligopoles pharmaceutiques, oligopoles de services, oligopoles bancaires.

Une simple anecdote : regardez les couvertures des hebdomadaires; elles vous expliquent toujours que l’immobilier repart à la hausse et que c’est une bonne chose. Mais une bonne chose pour qui ? Pour qui, sinon pour les promoteurs, pour les banquiers et pour les rentiers !

Cinquième thèse – Les journalistes – à de rares exceptions près – ne sont pas des intellectuels libres mais des salariés précaires, c’est-à-dire dépendants de leurs employeurs et soumis au conformisme dominant de leurs confrères.

Mimétisme et panurgisme sont devenus les règles d’or d’une profession qui s’éloigne chaque jour davantage de ses règles traditionnelles de déontologie : vérification des faits et présentation impartiale des réalités, notamment.

Ceci étant, le conformisme est tel que la servilité est souvent consentie sans souffrances. Les commentateurs ont ironisé sur la reprise du quotidien Libération par Rothschild : mais l’extrême gauche est depuis toujours l’alliée objective du capitalisme financier mondialisé; elle est utilisée comme un bulldozer pour affaiblir les nations, les États et les traditions enracinées. Et défendre le droit au séjour des clandestins fait autant plaisir au MEDEF qu’au Réseau (trotskyste) éducation sans frontières (R.E.S.F.). La connivence de l’extrême capitalisme et du gauchisme est un élément clé pour comprendre le fonctionnement des médias.

Sixième thèse – Les médias français ne sont pas un contre-pouvoir; ils sont le pouvoir : le pouvoir sur les esprits.

Les Français passent en moyenne près de quatre heures par jour devant les écrans de télévision. Et nul ne peut échapper aux écrans de télévision qui envahissent l’espace public : bus, quais de métro, grandes surfaces commerciales, cafés et restaurants. Là aussi une situation orwellienne.

Or les télévisions (comme la presse écrite, d’ailleurs) sont des instruments de formatage de l’opinion, notamment à travers la publicité. S’agissant de l’information, les médias ne rapportent pas seulement des faits, ils les sélectionnent; ils distinguent ceux qu’ils occultent d’un côté, ceux dont ils font un événement majeur, de l’autre; et ce en fonction de grilles d’interprétation idéologique. Les grands médias scénarisent les faits : ils disent où est le « bien », où est le « mal » ; où sont les « bons », où sont les « méchants »; qui doit être « angélisé » et qui doit être « diabolisé ». Par là, les grands médias se sont arrogé le pouvoir de prononcer la peine de mort sociale.

Une scénarisation qui présente un double intérêt : commercial (c’est plus facile à comprendre) et idéologique (voilà ce qu’il faut penser).

Septième thèse – Les médias français ne sont pas pluralistes.

Si l’on vous lisait à l’aveugle Libération ou Le Figaro, vous ne pourriez pas faire la différence. Et c’est pareil pour la télévision; tout juste trouve-t-on un plus fort concentré de trotskysme sans frontiériste sur France 3 Régions. Bien sûr, vous avez le choix entre Le Parisien et Le Monde; le style est différent mais l’orientation similaire. À la belle époque de l’Union soviétique, d’ailleurs, les Russes avaient aussi le choix entre la Pravda et les Izvestia.

Huitième thèse – Les médias dans leur ensemble sont les vecteurs d’une seule et unique idéologie.

• Mondialisme et libre-échangisme économique;

• « antiracisme », prétendue « diversité » et « discrimination positive », c’est-à-dire négative pour les Jeunes Hommes Blancs, surtout s’ils sont hétérosexuels;

• rupture des traditions et lutte contre toute forme de valeurs familiales

Neuvième thèse – Les médias français parlent de moins en moins français et de plus en plus un mélange de novlangue et de sabir anglo-saxon.

La « gouvernance » des procédures a remplacé le gouvernement des hommes. La « planète » est mise à toutes les sauces. Fermer un robinet est devenu un geste « citoyen ». Et les délinquants étrangers clandestins sont dénommés des « sans-papiers »; des « sans-papiers » omniprésents à la télévision et source de juteux profits pour les cabinets d’avocats spécialisés. Des « sans-papiers » à qui, bien sûr, il faut donner des papiers : car la réponse à la question est dans la dénomination qui leur a été choisie. Quant à ceux qui ne pensent pas bien ils sont « controversés » et passent leur temps à « déraper » !

Dixième thèse – Les médias français imposent un triple déni : déni de débat, déni de réalité, déni de cohérence.

Déni de débat : dans les débats tout le monde est d’accord, sauf à partir de 23 h 30 ou Minuit quand Zorro/Zemmour apparaît; et encore, les sociétés de production qui organisent ce genre de spectacle paient des figurants pour qu’ils aboient contre ceux qui se risqueraient à ne pas bien penser. La fonction de ces tricoteuses médiatiques est de rappeler aux intervenants, mais surtout au public qui regarde, les interdits qu’il ne faut pas franchir.

Déni de réalité : on parle de « crimes racistes » sans jamais évoquer les milliers de victimes françaises des voyous de l’immigration.

Déni de cohérence : les races n’existent pas, mais il faut se métisser; les races sont égales, mais les enfants métis sont réputés plus grands, plus beaux et plus forts; il est scandaleux de poursuivre Polanski pour des faits remontant à plus de vingt ans, mais il est légitime de reprocher à Benoît XVI des fautes commises par des prêtres, au fin fond du Nebraska, dans les années 1960 ou 70 !

Onzième thèse – Pour imposer le déni de débat, le déni de réalité et le déni de cohérence, la désinformation n’est ni accidentelle, ni marginale, elle a un rôle central.

Cette désinformation, on la trouve sous toutes ses formes : occultation, déformation, supercherie et gros mensonges. Ce sera dans quelques instants la responsabilité de Michel Geoffroy que d’analyser et de décrire ce phénomène (1).

Douzième thèse – Les grands médias établissent une forme de tyrannie nouvelle : la tyrannie médiatique.

Lors de référendums et des élections, les grands médias disent au peuple ce qu’il doit penser. Et quand le peuple vote mal, on le dénonce et on explique qu’il doit revoter.

Les médias scénarisent les élections et présélectionnent les candidats. Dans une élection présidentielle française, le rôle du peuple se borne à ratifier le choix que les médias lui offrent. Aux yeux des grands médias, certains candidats n’ont pas vocation à concourir pour la victoire, comme on l’a vu en 2002. Seuls sont promus les médiagogues, c’est-à-dire les hommes politiques qui calent leur discours et leur comportement sur ce qui plaît aux médias.

Les médias – et pas seulement français, il faut bien le dire – ont même prétendu élire le pape en 2005 : idéalement, un Noir, Sud-Américain, progressiste et jouant sur le registre émotionnel. La désobéissance des pères conciliaires fut flagrante : ils choisirent un Européen, de surcroît allemand, de grande réputation intellectuelle et attaché à la raison comme à la tradition. Il ne faut pas chercher ailleurs le secret des campagnes de diabolisation contre Benoît XVI ni s’imaginer que quelques concessions pourraient les faire cesser.

Treizième thèse – Les médias imposent les dogmes du politiquement correct, ce qui empêche tout changement politique réel.

À titre d’exemple, les médias imposent les dogmes suivants : « l’immigration est une chance pour la France », « la mondialisation est heureuse et le libre-échange économiquement bienfaisant », « le problème de l’éducation nationale, c’est le manque de moyens. »

L’objectif de la répétition de ces dogmes est double. D’abord, les imposer dans l’esprit du plus grand nombre possible. Ensuite, empêcher que ceux qui n’y croient pas osent s’exprimer; et ce en jouant sur un processus de sidération et de diabolisation. Retenez l’expression souvent utilisée : « Vous n’avez pas le droit de dire cela ! ». Les médias font sortir les débats qui gênent du domaine du « vrai » et du « faux » pour les faire entrer dans celui du « licite » et de « l’illicite ».

Expliquons-nous. Bien peu de Français croient dans les dogmes officiels. Mais bien peu osent s’y opposer. Car ils craignent de le faire. Ce qui les freine, c’est le souci de leur réputation dans leur milieu professionnel, dans leur famille et, bien sûr, à l’école de leurs enfants.

Nous vivons derrière un rideau de fer de l’information et de la désinformation.

Quatorzième thèse – Le mur de l’information, le mur de la désinformation tombera.

Nous sommes emprisonnés derrière le mur de l’information et de la désinformation. Ce mur tombera comme est tombé le Mur de Berlin. Car, comme le rappelle l’historien Dominique Venner, l’histoire est le lieu de l’inattendu. Le 1er septembre 1989, personne ne pensait voir s’effondrer l’empire soviétique ni voir tomber le Mur de Berlin. Quelques mois plus tard, le monde avait changé. Et, un an après, la quasi-totalité des agents de la Stasi étaient devenus d’excellents policiers de la République fédérale réunifiée. Quand le mur de l’information sera tombé les journalistes du Figaro et de T.F.1 décriront les réalités qu’ils occultent aujourd’hui.

À nous de préparer le terrain par le dévoilement, le contournement et le désarmement de la désinformation.

Quinzième thèse – Dévoilons la désinformation.

Décrire une tyrannie, c’est déjà l’affaiblir. C’est ce que nous nous efforçons de faire avec la tyrannie médiatique. C’est la démarche de la réinformation. C’est ce que fait la bloguosphère qu’il faut appeler réinfosphère : de Radio Courtoisie à François Desouche, en passant par le Salon beige, Novopress et bien d’autres.

Seizième thèse – Contournons la désinformation.

C’est ce que permet Internet. Grâce à Internet, l’information est redevenue pluraliste. Grâce à Internet, les thèses dissidentes peuvent se faire entendre. Grâce à Internet, l’information existentielle, celle qui provient de ce qui est vécu, peut venir concurrencer l’information mimétique des grands médias dominants.

Regardez : en seulement un an, trois débats sont entrés dans le maelström d’Internet et de la réinfosphère. Le couvercle de la pensée unique a sauté : sur le changement climatique, sur la grippe H1N1, sur l’identité nationale; et en Suisse, c’est sur Internet que le référendum sur le non aux minarets s’est joué. De même, en Islande, lors du référendum sur le remboursement des dettes dues aux financiers spéculateurs.

Dix-septième thèse – Désarmons la désinformation.

Le bobard est un terme qui s’est développé dans deux acceptions principales : le « bobard de presse » et le « bobard de guerre ». Les deux ne sont évidemment pas incompatibles et l’usage qui est fait du bobard de presse relève de la guerre idéologique. Les médias mentent au nom du politiquement correct. Dénoncer les bobards comme nous le faisons aujourd’hui, c’est donc se consacrer à une entreprise de désarmement.

Aujourd’hui, les comiques ont déserté leur fonction critique. De Bedos à Plantu, ils jouent le rôle de chiens de garde du politiquement correct avec des blagues à deux balles. À nous de nous réapproprier le rire et la dérision.

Bonne soirée, bon gala !

Jean-Yves Le Gallou

Note

1 : Michel Geoffroy, « La technique de la désinformation », mise en ligne sur Polémia, le 21 avril 2010, et qu’Europe Maxima reprendra dans quelques semaines (N.D.L.R.).

• Mis en ligne sur Polémia le 21 avril 2010.


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Toespraak v. P. Verheyen - Anti-oorlogsmeeting/Antwerpen

Toespraak van Peter Verheyen

Antwerpen, 24 april 2010, Anti-oorlogsmeeting NS-A/Eurorus

Kameraden,

 

uncle-sam-says-you-are-next_325x502.jpgRené Guénon merkte terecht op dat de meest recente beschavingsvormen niet noodzakelijk superieur zijn. Ze kunnen in feite seniel en decadent zijn. Kijk naar de American Dream, waar de ‘selfmade man’ op eigen kracht kan bereiken wat hij wil. Dit idee vertrekt vanuit het egalitaire karakter van de Amerikaanse democratie. Amerikanen kennen volgens Julius Evola daarom een innerlijke vormeloosheid, omdat zij vijandig staan tegenover persoonlijkheid. Omdat de Amerikaan van nature uit een meedoener en conformist is, staat hij open voor elke soort standaardisatie. Laat ik hiervan een voorbeeld geven. De meesten onder ons hebben wel eens gehoord van ‘The Pursuit of Happiness’ met Will Smith. Hij speelt een arme man die de kans krijgt om bij een beursmakelaarbureau aan de slag te kunnen geraken. Volgens de Hollywoodlogica volbrengt hij dit huzarenstukje en wordt hij uiteindelijk deel van het systeem dat het voor hem en miljoenen anderen zo moeilijk maakt de sociale ladder op te kunnen klimmen. Zijn er duidelijkere voorbeelden van het naïeve gehalte van de American Dream? Helaas is dit ook hardnekkig aanwezig in Europa.

 

Het Amerikaanse imperialisme beperkt zich natuurlijk niet tot het Midden-Oosten of Europa. De VS heeft immers ook belangen in haar eigen ‘achtertuin’: Midden- en Zuid-Amerika. Amerikaanse multinationals zijn daar altijd al aanwezig geweest. Ik geef even een klassiek voorbeeld. In de jaren ’70 verwoestte een orkaan 60% van de landbouwproductie in Honduras, waardoor Standard Fruit, een belangrijke multinational, zijn plantages tijdelijk opgaf. De werkloze plantagearbeiders richtten een eigen bedrijf op waarbij ze de winsten gezamenlijk verdeelden onder elkaar. Ze verkochten hun producten ook aan Standard Fruit, maar toen het Hondureese bedrijf via een concurrent zijn fruit wilde verdelen heeft Standard Fruit de overheid van Honduras onder druk gezet. Het hoofdkwartier van het bedrijf werd geplunderd en opstandige arbeiders werden gearresteerd. Dit is een ander gezicht van het Amerikaanse imperialisme: het zijn immers niet alleen de zichtbare troepen in Irak of de kernwapens op Europese grond waar we onze pijlen op moeten richten, maar ook op de maatpakimperialisten die de Amerikaanse belangen door dik en dun steunen via multinationals.

 

Natuurlijk is ook de Tweede Wereldoorlog belangrijk geweest voor de Amerikaanse belangen. Tijdens de akkoorden van Yalta verdeelden de toekomstige overwinnaars reeds de invloedssferen. De grote verliezer was natuurlijk Europa, opgedeeld in een communistisch blok en een blok onder de vleugels van de VS als de wereldleider van het zogenaamde ‘vrije westen’. Dit kan niet los gezien worden van het financiële kapitalisme, nota bene het enige werkelijke geslaagde internationalisme. Het socialistische internationalisme beet haar tanden stuk op de Eerste Wereldoorlog, toen arbeiders dolenthousiast de wapens tegen elkaar opnamen maar later verbitterd door de Kriegserlebnis net een zeer fel nationalisme ontwikkelden. De Internationale is niet die hersenschim die nog bestaat in klein-linkse milieus, maar de kapitalistische demon die stelselmatig roofbouw pleegt op onze planeet en haar volkeren.

 

Een goede kameraad van me heeft eens in een artikel gezegd dat buitenlandse interventies in de Amerikaanse geschiedenis bijna altijd uitgevoerd zijn geweest vanwege economische belangen. Natuurlijk geeft de Amerikaanse overheid daar veel liever een andere naam aan. Irak was bijvoorbeeld in de handen van een gek die volgens een rapport massavernietigingswapens in bezit zou hebben. Men zou daar eens democratie gaan brengen in naam van de mensenrechten. Achteraf gebleken was dit allemaal een leugen en ging het in werkelijkheid om oliebelangen. Nu er een olieschaarste dreigt te komen wil de VS zoveel mogelijk controle over de resterende oliebronnen. De NAVO wordt echter niet alleen gebruikt om zulke militaire expedities te ondersteunen. Het is ook een instrument om de Europese politiek bij te sturen. Kijk bijvoorbeeld naar het pleidooi van George Bush om Turkije bij de EU te krijgen of het bombardement op Servië in 1999. De VS wil via de NAVO een onderdanige Europese vazalstaat creëren. Het is voor ons dan ook noodzakelijk te blijven pleiten voor een collectieve Europese uitstap uit de NAVO.

 

Een aantal illustrerende voorbeelden kunnen verhelderend zijn. Laten we eens beginnen in Iran. In 1953 trachtte de Iraanse premier Mohammed Mossadeq de Iraanse oliesector te nationaliseren. De Britten verdienden al decennialang het leeuwendeel van de winsten. De Anglo-Iranian Company lichtte de Iraanse overheid systematisch voor miljarden op. Stafleden en technici vermaakten zich in privéclubs en zwembaden terwijl de Iraanse arbeiders in krottenwijken leefden. Na een reeks in scène gezette rellen, Operatie Ajax, werd Mossadeq afgezet, waardoor Iran onder de Sjah een Westersgezind marionettenregime werd en Amerikaanse burgers meer vrijheden kregen dan de onderdrukte Iraanse bevolking. Latijns-Amerikaanse landen die hetzelfde probeerden kregen een revolutie en een militaire junta op hun dak.  Opvallend is de recente toename van de zogenaamde PMC’s, Private Military Companies. De illegale oorlog in Irak, waar bijvoorbeeld Blackwater tot voor enkele jaren een miljardencontract heeft lopen, wordt daardoor voor een aanzienlijk deel geprivatiseerd. Door ook private bedrijven in Irak te laten opereren kunnen er meer troepen ingezet worden zonder dat daarvoor meer mensen in dienst moeten gaan. Dit toont aan dat de huidige wereldorde onder de pax americana een symbiose kent tussen de staat en het kapitaal. Naast de PMC’s zijn er talloze bedrijven die op een andere manier bijdragen aan het Amerikaanse imperialisme. De voorzitter van Starbucks, Howard Schulz, is bijvoorbeeld een actieve Zionist die jaarlijks miljoenen dollars doneert aan Israël.

 

De VS heeft dit jarenlang kunnen volhouden door mythische vijandsbeelden op te hangen. Het omhoog houden van een vijandsbeeld is in de Koude Oorlog zeer belangrijk gebleken. De schrik zat er goed in. Het grote communistische gevaar stond voor de deur. Zeker in het begin van de Koude Oorlog heeft de CIA, toen overigens vrij klungelachtig, de Russische macht zwaar gedramatiseerd en vaak zelfs geheel verzonnen. De VS ontpopte zich dan ook tot dé grote verdediger van de Westerse vrijheid. Ook al betekende dit het ondersteunen van regimes in Zuid-Amerika die ronduit misdadig en mensonterend waren: zolang Amerikaanse belangen werden verdedigd was er geen vuiltje aan de lucht. Als er iemand opstond in die bepaalde landen en een oproep deed om de lokale grondstoffen te nationaliseren, werd hij meteen gebrandmerkt als een knecht van Moskou. Het is schrijnend te zien hoe dit vijandsbeeld hardnekkig werd geloofd door vele Europeanen. Vandaag de dag zien we hetzelfde. De neoconservatieve agenda met hun zogenaamde ‘As van het Kwaad’ is daar een zeer duidelijk voorbeeld van.

 

Wat moeten wij doen? Het is duidelijk dat het Europa waar wij allen voor staan geen nood heeft aan steun aan Amerikaanse belangen. We zijn tegen het Amerikaanse imperialisme en willen geen oorlog voeren voor vreemde belangen. We moeten verzet blijven aantekenen tegen de krachten van het verval, of dat nu de bandieten zijn in het IMF of hun argeloze nuttige idioten aan de linkerzijde. ‘Ons alternatief’, tussen haakjes, is echter altijd vaag geweest. ‘Een Europa der Volkeren’ is mooi, maar wat is het? Wat willen we dan concreet in de plaats? Dat is de vraag die wij ons eigenlijk moeten stellen. En daarover moeten wij ons beraden.

 

Ik dank u.

 

Peter Verheyen v/o Pjotr

Scriptor NSV!

Stud. rer. hist.

Jean Vermeire est mort...

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Jean Vermeire est mort...

 

 

Réflexions après le décès de Jean Vermeire, un ancien du “Vingtième Siècle”, du “Petit Vingtième” et de la “Légion Wallonie”

 

Ex: http://intansigeants.wordpress.com/

 

Par l’intermédiaire d’un communiqué du groupe “anti-fasciste” “Resistances.be”, la presse belge a appris que Jean Vermeire était décédé dans les Baléares le 21 septembre 2009, des suites d’une attaque cérébrale. Qui était Jean Vermeire? Un ancien journaliste et dessinateur du “Vingtième siècle” (de 1938 à 1940) puis du “Pays réel”; il s’engage dans les rangs de la “Légion Wallonie” et y gagne ses galons de capitaine; condamné à mort puis gracié, il entame une carrière commerciale et industrielle qui lui procure une existence confortable, sans qu’il n’oublie pour autant les soldats de sa Légion, pour qui il créera un service d’entraide ainsi qu’une amicale qui existe toujours.

 

Pour les piètres critères actuels, le communiqué de “Résistances.be” est relativement correct. On a vu pire, sauf qu’il contient, bien entendu, les approximations habituelles et les conclusions hâtives d’individus qui n’ont pas le feeling adéquat pour juger l’histoire et surtout pour appréhender ses complexités (j’y reviens!). Jean Vermeire était l’un des innombrables représentants de cette complexité que notre époque n’est plus capable de mettre en cartes, d’aborder avec sérénité et impartialité. Triste signe des temps: le communiqué des pauvres sycophantes de “Résistances.be” a été repris tel quel, sans le moindre recul critique, sans la moindre tentative d’étoffer l’information, par la presse entière, avec, en tête, “La Libre Belgique” qu’on a connue mieux inspirée.

 

Trop jeune, je n’ai guère connu Jean Vermeire ni a fortiori ses grandes heures de célébrité, et nos relations se sont bornées à une ou deux conversations, notamment dans un café à l’angle de la rue du Haut-Pont et de la rue Franz Merjay (*), et à quelques (longs) coups de téléphone pour demander l’une ou l’autre précision historique. Je m’empresse d’ajouter que ces conversations ont toutes été enrichissantes et m’ont aidé à mieux comprendre les sentiments de nos aînés, ceux qui ont vécu les années 30 et 40.

 

Outre dans un ouvrage de Saint-Loup consacré aux volontaires belges de l’armée allemande, paru en 1975 aux “Presses de la Cité”, j’ai appris l’existence de Jean Vermeire par les émissions de Maurice De Wilde à la BRT (ancêtre de la VRT). Jean Vermeire y avait défendu son point de vue et insisté sur l’extrême jeunesse des protagonistes du rexisme et des volontaires de la Légion Wallonie pendant la deuxième guerre mondiale. Dérapages éventuels ou outrances attestées étaient, affirmait-il devant le micro de De Wilde, à mettre sur le compte d’une juvénilité trop ardente.

 

L’Hôtel des 100.000 briques

 

Personnellement, j’ai connu Jean Vermeire par l’intermédiaire du regretté Jean van der Taelen, qui l’avait connu entre les murailles grises de la prison de Saint-Gilles. Jean Vermeire y croupissait pour son engagement à la “Légion Wallonie”. Jean van der Taelen, qui n’avait eu aucune activité collaborationniste, y avait été jeté pour avoir créé, après septembre 1944, un réseau d’évasion pour proscrits, à commencer par un ami de jeunesse qu’il avait perdu de vue depuis de longues années. Parmi les prisonniers célèbres, que les deux Jean y ont côtoyés, il y avait également Paul Jamain, alias le caricaturiste “Jam” du “Pays réel” et le futur caricaturiste “Alidor” de “Pan”. Paul Jamain avait fait un dessin de Jean van der Taelen, posé en “Saint-Martin” avec une lourde cape rouge sur les épaules parce qu’il s’occupait à Saint-Gilles du service social à ses co-détenus, un Saint-Martin incarcéré injustement à “l’Hôtel des 100.000 briques”, comme “Jam” se plaisait à nommer sa nouvelle résidence forcée (**). L’amitié qui liait nos deux Jean remontait à l’époque de cet embastillement. Ils se voyaient régulièrement, non pas pour comploter contre la démocratie, comme l’allègueront sans doute nos sycophantes obsessionnels, mais tout simplement pour deviser du quotidien. Jean van der Taelen, on le sait, adorait organiser conférences, causeries et autres colloques. Pour lui, il n’y en avait jamais assez. Il multipliait les casquettes, les associations, les clubs pour en organiser plus encore. Un jour, le voilà qu’il invite le professeur Jean Van Welkenhuyzen dans les locaux de l’Hôtel Delta, bien entendu, en même temps que Jean Vermeire.

 

C’est donc après l’exposé, clair et brillant, de Van Welkenhuyzen, que je me suis retrouvé avec un futur assistant de Paul Aron, à cette table de café, à Ixelles, comme je viens de le dire. Jean Vermeire, intarissable, nous a tenu une conférence deux fois plus longue que celle de Van Welkenhuyzen. Face aux événements de la guerre, sans renier ses engagements ou ses motivations juvéniles, Jean Vermeire parlait d’un “gigantesque cafouillage”, qui a affecté les armées nationales-socialistes et soviétiques sur le front russe. L’immensité des steppes russes et ukrainiennes ou des régions marécageuses du Pripet entraînait des problèmes logistiques insurmontables. L’hiver russe et le dégel qui s’ensuit, avec sa boue gluante, que l’on nomme en russe la “raspoutitsa”, sont des phénomènes naturels d’une ampleur inconnue en Europe occidentale et centrale. Les effets de la “raspoutitsa” n’avaient pas été prévus par les responsables militaires allemands: Jean Vermeire se rappelait des monceaux de petites charrettes à deux roues, destinées à porter les impedimenta des fantassins de la Wehrmacht; elles s’amoncelaient, inutiles, aux abords des gares russes car leurs roues étaient trop près de leur caisse, elles accumulaient tant de boue de la “raspoutitsa” qu’elles ne pouvaient plus rouler: entre elles et la caisse, un amas de terre mouillée s’intercalait et bloquait tout.

 

Ensuite, autre exemple de cafouillage, que citait Jean Vermeire: les chars de la Wehrmacht, notamment les “Panther” et les “Tiger”, excellents sur le plan technique, véritables fortins sur chenilles, étaient des véhicules de luxe, avec des sièges recouverts de cuir sur rembourrage en crin de cheval. Chaque revêtement de cuir était cloué sur le bois de chaque siège à l’aide d’une centaine de petits clous de laiton! Ce luxe freinait la production: les Soviétiques, eux, laissaient nu le bois du siège de leurs tankistes, qui pliaient leurs manteaux pour se donner un minimum de confort. Moralité: quantitativement parlant, la production soviétique était supérieure à la production allemande, une supériorité qui était la clef de la victoire.

 

Aux sources du rexisme: les moqueries goliardes

 

Ce soir-là, et dans d’autres rencontres entre deux portes, Jean Vermeire évoquait le goût de la farce qui avait animé les milieux étudiants de Louvain et où Léon Degrelle avait excellé avant de se lancer dans la politique. Pour lui, comme pour d’autres, c’était ce goût pour les pieds-de-nez et les polissonneries qui fut le moteur de l’ACJB puis de Rex. L’itinéraire du caricaturiste Jam est à ce titre emblématique, de même que les moqueries goliardes de Degrelle dans son récit de la débâcle de 1940  (“La Cohue de 40”). Jam est d’ailleurs mort à sa table de dessin, fignolant sans doute une caricature féroce de l’un ou l’autre politicard belge.

 

A ce propos, Jean Vermeire nous avait confié une anecdote: Paul Jamain et lui, non encore grâciés et enfermés dans l’aile des condamnés à mort de la prison de Saint-Gilles, voyaient défiler des “touristes”, écoliers et membres d’associations patriotiques, dans leur aile où se trouvait aussi la cellule qu’avait occupée la malheureuse Gabrielle Petit, condamnée à mort pendant la première guerre mondiale pour espionnage en faveur des Alliés. La cellule de la jeune femme avait été laissée telle quelle, avec, sur le pauvre meuble servant de table de chevet, un livre de Charles Péguy. Parmi les “touristes”, il y avait eu sans doute un de ses collectionneurs impénitents, prêts à tout et ne respectant rien, qui avait subtilisé l’ouvrage de Péguy. Le gardien était affolé, craignait une sanction voire un congédiement pour faute grave parce qu’il n’avait pas ouvert l’oeil, et le bon, et avait laissé un malhonnête s’échapper, le livre de Péguy dans la poche de son pardessus. Nos deux larrons avaient pris ce gardien en pitié: Jean Vermeire l’a consolé et lui a dit qu’il possédait un exemplaire de ce livre de Péguy, qu’il demanderait à sa mère de le lui faire parvenir car, ajouta-t-il, “comme je vais être fusillé, je n’en aurais plus besoin”. Face à une  mort qu’ils pouvaient imaginer imminente, Vermeire et Jamain demeuraient deux garnements bruxellois qui, en dépit de la situation tragique dans laquelle ils se trouvaient, gardaient encore la force extraordinaire de tourner leur sort en dérision et de prendre en pitié un pauvre gardien, apeuré, lui, à l’idée de perdre sa maigre gamelle de maton. Le plus drôle, précisait Vermeire, en riant comme un collégien, c’était que son édition de Péguy datait de 1923... Mais, enfin, le gardien n’a pas été grondé ni chassé et personne n’a eu l’idée d’aller vérifier la date de l’édition du livre de Péguy exposé dans l’ancienne cellule de Gabrielle Petit...

 

Rétrospectivement, bien sûr, le séjour à Saint-Gilles ne fut pas toujours une sinécure, ne donnait pas tous les jours matière à rire. Vermeire, fataliste mais lucide, voyait bon nombre de ses co-détenus sombrer dans la routine des jeux de cartes ou dans des bondieuseries ridicules. D’autres imaginaient monter des plaidoyers en défense imparables, en se montant le col et en affirmant tout de go: “Je vais leur montrer, leur mettre le nez dans leur c... Ils l’auront dans le c..!”. Vermeire, sachant que les verdicts étaient prêts d’avance, tentait de les ramener à la raison: “Mais, vieux, tu as perdu la guerre!”. La défaite militaire annulait le droit des vaincus à une défense normale. Pire: il ne fallait pas laisser parler ceux qui connaissaient certains rouages de la “politique de présence”, préconisée en haut lieu, pour le cas où le Reich remporterait tout de même l’ultime victoire...

 

L’arrestation en pays mosellan

 

Vermeire, un jour, a conté son arrestation en Allemagne, dans la région mosellane. Maîtrisant l’allemand, il n’avait eu aucune difficulté à “plonger”. Il s’était retrouvé dans le château d’un vigneron mosellan, où il passait pour un employé du vignoble. Les semaines avaient passé et, un jour, des soldats polonais de l’armée britannique s’approchent du château à pas de Sioux, comme si, des fenêtres et du toit, des tireurs embusqués allaient les canarder. Jean Vermeire, debout, ne perdant rien du spectacle, dit à un civil allemand qui se trouvait à ses côtés: “Guck mal, die Polen, die üben!” (“Regarde, les Polonais sont à l’exercice”). Ils venaient pour le cueillir et le livrer à la justice belge. Amené devant un jeune lieutenant qui le reçoit poliment, Jean Vermeire voit son interlocuteur s’absenter quelques instants, alors que la porte donnant sur l’extérieur est restée ouverte. S’échapper? Et si c’était un piège? Pour l’abattre alors qu’il s’évade? Jean Vermeire est resté rivé sur sa chaise. A Bruxelles, devant l’auditeur militaire, on lui présente des photos de lui en uniforme: “Est-ce vous, là, sur cette photo?”, lui demande-t-on sur un ton rude. “Oui, bien sûr”. Regard abasourdi du magistrat: “Ah, bon, vous ne niez pas?”. “Mais que voulez-vous que je vous dise? Que c’est mon frère? Je n’ai pas de frère!”. La plupart des prévenus niaient. Vermeire avouait, persistait et signait.

 

Depuis la mort de Jean van der Taelen, en janvier 1996, je n’ai plus eu l’occasion de revoir encore souvent Jean Vermeire. Lors des obsèques de Jean van der Taelen, dans la magnifique église de la Cambre, dont le choeur est orné du plus beau vitrail moderne représentant la Sainte Trinité que j’ai jamais vu, Jean Vermeire m’a conté l’ultime visite du défunt chez lui, peu avant Noël. Ce dernier savait que la mort allait très vite l’emporter. Cette leucémie et les transfusions de sang, qu’elle requérait, avaient fait de van der Taelen un véritable spectre: “Je retrouve ma taille de jeune homme”, ironisait-il. En décembre 1995, il a pris Jean Vermeire dans ses bras et lui a dit: “Adieu Jean, tu ne me reverras plus vivant, on se retrouvera au ciel!”. Avec le recul, Vermeire en était tout ému, alors que ni l’un ni l’autre ne supportaient les bondieuseries.

 

Après une visite au “Musée Hergé”

 

Mes contacts ultérieurs ont été essentiellement téléphoniques. J’appelais pour demander une précision historique, pour demander rendez-vous avec l’un ou l’autre étudiant de l’UCL ou d’une université allemande en train de rédiger un mémoire sur la Belgique des années 30. Ou pour un éditeur qui cherchait des témoignages pour des chaînes de télévision allemandes. Rien de tout cela ne s’est concrétisé. La dernière fois, c’était le 3 ou le 4 août 2009. Je venais de visiter le tout nouveau musée Hergé à Louvain-la-Neuve et j’avais retrouvé un mémoire qui traitait, entre autres choses, de Pierre Daye. Je voulais demander des précisions pour parfaire notre savoir sur Hergé après les conférences de notre rédacteur en chef à Genève en février 2008, et que nous souhaitons refaire en d’autres villes. Je lui ai tout de suite annoncé que le musée de Louvain-la-Neuve n’avait ni omis un hommage discret à l’Abbé Wallez, en présentant une belle photographie de cet ecclésiastique de choc, ni à Victor Meulenijzer, le compagnon d’Hergé, le condisciple de Saint Boniface et le camarade de la troupe scoute du même nom, fusillé en 1946; le Musée Hergé expose son article sur le rôle métapolitique (on ne connaissait pas encore le mot!) des bandes dessinées et du dessin animé: il fallait, expliquait Meulenijzer, à l’Europe ou plutôt au conservatisme catholique européen une industrie du dessin animée pareille à l’entreprise de Walt Disney aux Etats-Unis. La conversation avec Vermeire est alors bien vite partie dans tous les sens. Avec une très grande tendresse dans la voix, Vermeire m’a déclaré que ses souvenirs de l’Abbé Wallez, de Hergé et de sa première épouse Germaine Kiekens, restaient gravés en son coeur comme quelque chose de “sacré”, d’intangible, qu’il ne souhaitait jamais oublier. Ces souvenirs sont ceux de l’époque 1937-1940, où il oeuvrait au “Vingtième siècle”, le journal que l’Abbé avait tenu à bouts de bras pendant près de vingt ans, avant de céder la place à de la Vallée-Poussin puis aux frères Ugeux, qui deviendront, eux, des “Londoniens”. William Ugeux, en effet, rejoindra le gouvernement belge en exil dans la métropole britannique.

 

Hergé au “Soir”, “JiVé” dans le maelström de la guerre à l’Est

 

XXsiècle.jpgJean Vermeire avait récemment fait un voyage à Paris, où on lui avait demandé d’intervenir en tant qu’expert pour déclarer vrai ou faux un dessin attribué à Hergé. Vermeire m’a expliqué que Hergé “arrangeait” d’une certaine façon les simples plumes “ballon” à sa disposition pour créer son propre trait dit de “ligne claire”. Le dessin, qu’on lui a soumis à Paris, portait bien cette marque de Hergé, que Vermeire, dans les mois qui ont précédé le désastre de mai 1940, connaissait, puisqu’il avait été pressenti pour travailler avec le créateur de Tintin, pour devenir son principal adjoint. Vermeire était lui-même dessinateur et caricaturiste, créateur de petites bandes dessinées éphémères, sous le pseudonyme de “JiVé”. La guerre mettra fin à la coopération Hergé/JiVé et le “Vingtième siècle”, avec son supplément jeunesse “Le Petit Vingtième”, cessera de paraître. Hergé et JiVé se retrouvent sur le carreau. JiVé décide de rejoindre Jam, devenu dès 1936 caricaturiste au “Pays réel” de Degrelle. Hergé, plus méfiant, refuse de rejoindre l’équipe du “Pays réel” et de créer pour le quotidien rexiste un supplément pour la jeunesse, appelé à remplacer le “Petit Vingtième”. Le journal lui paraît trop politisé et ses tirages trop faibles (12.000 exemplaires). Il rejoindra le “Soir”, qui n’est pas l’organe d’un parti et dont les tirages sont impressionnants (329.000 exemplaires). Raymond De Becker, personnaliste catholique attiré par les régimes dits “d’Ordre Nouveau”, prendra la direction du principal quotidien bruxellois, avec la ferme volonté de maintenir une “politique de présence”, comme on disait à l’époque. La “politique de présence” signifiait défendre des positions belges, plaider pour l’indépendance d’une Belgique au sein d’une Europe dominée par l’Axe. Cette “politique de présence” impliquait aussi d’honorer la personne du Roi Léopold III. C’est donc dans ce nouveau “Soir” qu’Hergé recevra une tribune et pourra continuer à faire vivre son héros Tintin.

 

On connait la suite: Tintin se maintient et conquiert un plus vaste public qu’au temps du “Vingtième siècle”. Hergé ne fait pas de politique: il conte, il narre, il dessine. “JiVé”, lui, est emporté par le maelström de l’époque. Du “Pays réel”, il passera à la “Légion Wallonie” et participera aux combats de cette unité sur le front russe, avant de représenter et son journal et son chef politique à Berlin, où, expliquait-il inlassablement, il cherchait aussi à maintenir une sorte de “politique de présence”, non plus d’une Belgique conventionnelle, mais d’une sorte de “Westreich” marqué par le souvenir des Ducs de Bourgogne (***). L’épopée de “JiVé” à la “Légion Wallonie” a été narrée en long et en large par Jean Mabire et Eric Lefèvre, dans plusieurs ouvrages publiés notamment chez Fayard et chez Grancher. Ce n’est pas à moi de revenir sur ces faits et péripéties dans cet article d’hommage.

 

L’univers inexploré du “Vingtième Siècle”

 

legWall.jpgCertes, c’est l’épopée russe et berlinoise de Jean Vermeire qui intéresse le plus les lecteurs de base d’éditeurs comme Fayard, Grancher ou les Presses de la Cité et, en général, de tous les ouvrages que l’on peut ranger dans la catégorie de “militaria”. Raison pour laquelle elle a été traitée en abondance dans les livres de Saint-Loup ou de Mabire ou a fait l’objet de livres de souvenirs, souvent poignants (Philippet, Terlin, K. Gruber, etc.). Néanmoins, ce que les historiens n’ont pas encore eu l’occasion de révéler au grand public, c’est un compte-rendu  précis, honnête et objectif des faits et des mouvements d’idées dans la période de transition entre l’époque du “Vingtième Siècle” et les aventures personnelles des garçons de cet univers catholique et conservateur belge pendant la seconde guerre mondiale (où il y eut des “Berlinois” et des “Londoniens”, tout comme, bien sûr, des adeptes de la “politique de présence”). Le chassé-croisé entre ces différents cénacles, les petits espaces de transition, aussi ténus soient-ils, les  relations entre personnes au-delà des clivages partisans devraient faire l’objet d’une recherche attentive, même si recueillir des témoignages personnels, comme ceux qu’aurait pu encore livrer Jean Vermeire, est devenu impossible. La Grande Faucheuse a fait son oeuvre.

 

L’idéologie du “Vingtième Siècle”, dont on sait qu’elle doit beaucoup à Maurice Blondel, au Cardinal Mercier, à l’Institut Supérieur de Philosophie de l’Université de Louvain, à Péguy, a su maintenir pendant deux décennies un niveau de journalisme inédit dans le royaume, jamais égalé depuis. Au contraire, la qualité journalistique de la presse francophone belge a sombré définitivement: pour le constater, il suffit de prendre en mains une copie du “Soir”, d’y lire les délires conventionnels des éditorialistes, les coupés-collés inspirés par la plus plate des “rectitudes politiques” ou par des pseudo-philosophes médiatisés à la Bernard-Henry Lévy (un “pompeux cornichon” ne cesse de proclamer le sympathique lanceur de tartes Noël Godin), à la Haarscher ou à la Comte-Sponville, ou les “quarts d’heure de la haine” contre tout ce qui relève de la Flandre, rendant le journal souvent plus caricatural que le fameux “Ministère de la Vérité” dans le “1984” de George Orwell. Le “Vingtième Siècle” a donc été un laboratoire idéologique de premier plan dans l’entre-deux-guerres belge. L’étude de son contenu est donc un impératif, de même que la vulgarisation, dans une perspective métapolitique, des recherches qui lui auront été consacrées.

 

Ceux qui sont devenus “Londoniens” pendant la deuxième grande conflagration inter-européenne du 20ème siècle ont encore eu un impact dans la vie politique belge après 1945, un impact qui s’est amenuisé au fil du temps, au fur et à mesure où la Belgique, toutes parties confondues, sombrait dans le “non Etre” des modes consuméristes, festivistes et idéologiques nées pendant les années 50, 60 et 70, où l’on a troqué la gloire des Ducs de Bourgogne, les héros sublimes du journal “Tintin”, les chromos Artis ou Historia contre les Beatles, le hash, le gauchisme de stade pipi-caca, les slogans politiquement corrects, le porno au quintal ou les trognes vulgaires d’Elvis Presley, de John Travolta ou de Michael Jackson. La trajectoire de ce corpus que fut le “Vingtième Siècle” part donc des lendemains de la première guerre mondiale pour nous conduire aux ultimes soubresauts d’intelligence politique des dernières décennies du 20ème siècle. Le journal de l’Abbé Wallez a joué en Belgique un rôle aussi important que l’Action française de Maurras en France  —même si le correspondant privilégié des maurrassiens en Belgique a été Fernand Neuray, directeur de “La Nation Belge”—  ou que l’ “Accion espagnola” à Madrid. Les deux mouvement, le français et l’espagnol, ont fait l’objet d’études critiques de haut niveau. Pourquoi ne serait-ce pas le cas pour le “Vingtième Siècle”?

 

En attendant, Jean Vermeire, témoin privilégié des deux ou trois dernières années du journal, a quitté la Terre, sans doute au son des tambours de lansquenets du “Mouvement légionnaire”, nous laissant orphelins de bon nombre de révélations importantes. Nous aimons penser qu’il y a rejoint le cher Jean van der Taelen, qui lui avait donné rendez-vous au “Ciel” quelques jours à peine avant qu’il ne parte pour le grand voyage.

 

Adieu, cher ami, cher capitaine, cher humoriste, nous regretterons votre Verbe et votre gouaille, votre rire et vos moqueries parfois cruelles, un Verbe, une gouaille, un rire et des moqueries bien rexistes, il faut le dire, mais qui appartiennent aussi à un certain esprit bruxellois ou liégeois, en train de disparaître corps et bien dans des villes livrées à tout sauf à elles-mêmes. Comme au héros d’ “Orange mécanique”, on a ôté à Bruxelles et à Liège (“Jam” était un “Lîdjeux” devenu “Bruss’leir”) leur verve et leur causticité, sous prétexte qu’elles sont politiquement incorrectes, trop insolentes pour les pontifes du “nouvel esprit” ou du “nouvel humanisme (?)”. On leur a ôté leur âme, leur créativité. Vous en étiez un bon morceau, une pièce de choix. Et vous voilà parti, vous aussi...

 

Jean KAERELMANS.

 

Notes:

(*) J’étais accompagné d’un futur chercheur de l’ULB, futur compagnon de route de l’excellent Prof. Paul Aron et spécialisé dans la presse et l’édition collaborationnistes, qui a glané moults informations chez Jean Vermeire et chez beaucoup d’autres, mais n’a sans doute jamais révélé ses sources à son nouveau patron... Le galopin s’est taillé, depuis, un beau palmarès de trahisons et de lâchetés, en tournant le dos à tous ceux qui l’avaient aidés..., poussant parfois la plaisanterie plus loin, en montant des cabbales et en semant des peaux de banane. La morale de cette histoire, c’est que les lâches sont souvent des traîtres emblématiques et que la trouille, qui  leur tenaille les tripes, provoque, outre des sudations surabondantes ou des rougeurs qui s’ajoutent à une couperose d’oenologue immodéré, des flots logorrhiques de justifications boîteuses qui suscitent involontairement des effets du plus haut comique.

 

(**) Jean van der Taelen avait accroché ce dessin, dûment encadré, au-dessus de la porte d’entrée de son appartement, boulevard Général Jacques, et me l’a montré deux ou trois fois, notamment après le décès de Paul Jamain, en me répétant que c’était là l’objet auquel il tenait le plus. Qu’est devenu ce tableau, non pas une caricature mais une peinture?

 

(***) L’étude du “mythe bourguignon” en Belgique reste à faire. Il n’a nullement été une spécialité rexiste. On le retrouve chez des auteurs comme Luc Hommel, Léon van der Essen, Jo Gérard, Gaston Compère, Drion du Chapois, etc. Une telle étude mérite de devenir un “chantier”...

1812: les Etats-Unis face à l'Angleterre

Mansur KHAN:

1812: les Etats-Unis face à l’Angleterre

 

War%201812.jpgLa guerre anglo-américaine de 1812 a eu notamment pour cause l’avancée continue de nouveaux colons américains dans la région située entre l’Ohio et le Mississippi. Ce territoire était contesté entre les deux puissances : Britanniques et Américains le convoitaient. Le Président Jefferson avait déjà formulé des menaces en 1807 : « Si l’Angleterre ne nous donne pas satisfaction, comme nous le souhaitons, nous prendrons le Canada qui pourra alors entrer dans l’Union » (1). La clique gouvernementale au pouvoir à Washington à l’époque prévoyait déjà, en cas de guerre avec l’Angleterre, de prendre possession de la Floride orientale et occidentale qui appartenaient encore à l’Espagne (2).

 

Lorsque la guerre de 1812 fut ultérieurement soumise à une analyse objective, Henry Adams découvrit « … que Timothy Pickering et que les éléments les plus radicaux du parti fédéraliste hostile à la guerre jouèrent un rôle clef dans le scénario, en encourageant les Anglais à poursuivre leur politique commerciale agressive, laquelle, par ricochet, permit aux fauteurs de guerre américains, les « warhawks », les faucons, de mener le pays au conflit ouvert : ils ont manipulé et interprété la politique commerciale et maritime de Jefferson d’une manière perverse et traîtresse … Irving Brant a montré dans sa remarquable biographie de Madison que celui-ci n’avait pas été poussé à la guerre contre ses vues personnelles par Clay, Calhoun et les « warhawks » mais qu’il en avait pris la décision sur base de ses convictions propres » (3).

 

Les bellicistes ont justifié leur engagement à l’époque par l’argument suivant : il fallait favoriser les exportations de tabac, de coton et d’autres surplus de la production. Mais Washington ne s’est pas contenté dans l’histoire d’écouler ses seuls surplus…

 

Mansur KHAN.

 

NOTES :

(1) Gert RAITHEL, Geschichte der Nordamerikanischen Kultur – Vom Puritanismus bis zum Bürgerkrieg 1600-1870, Bd. 1, Zweitausendeins, Frankfurt/M., 1997, p. 264.

(2) Mansur KHAN, Die Geheime Geschichte der amerikanischen Kriege. Verschwörung und Krieg in der US-Aussenpolitik, Grabert, Tübingen, 2003 (3ième éd.), pp. 1994-223.

(3) Harry Elmer BARNES (éd.), Entlarvte Heuchelei (Ewig Krieg für Ewigen Frieden) – Revision der amerikanischen Geschichtsschreibung, Karl Priester, Wiesbaden, 1961, p. 2 ss.

Moi, l'interprète de Staline

Staline.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1992

Moi, l'inteprète de Staline

Valentin M. BERESCHKOW, Ich war Stalins Dolmetscher. Hinter den Kulis­sen der politischen Weltbühne, Univer­sitas, München, 1991, 517 S., DM 48, ISBN 3-8004-1228-4.

Parues dès 1949 sous le titre de Statist auf diplo­matischer Bühne  (Figurant sur la scène diplo­matique), les mémoires de l'interprète de Hitler, le Dr. Paul Schmidt constituent un ouvrage de référence majeur sur l'histoire du IIIième Reich et de sa politique étrangère, un ouvrage qui défie les années. On ne peut en dire autant des mé­moires que vient de publier l'interprète de Sta­line, Valentin M. Bereschkow (en graphie fran­­cisée: Berechkov). Celui-ci, né en 1916, est l'un des derniers survivants de l'entourage im­médiat du dictateur soviétique. Les pages qu'il consacre à son enfance et à sa jeunesse, ses étu­des et son service militaire dans l'armée rouge, sont pourtant très intéressantes et riches en in­formations de toutes sortes.

Par l'intermédiaire de ses supérieurs hiérar­chiques à l'armée, Berechkov est entré de plein pied dans le saint des saints de la grande poli­tique soviétique. Grâce à ses connaissances lin­­guistiques de très grande qualité, il est rapi­dement devenu l'un des collaborateurs les plus proches de Staline. Ce qu'il nous raconte à pro­pos du dictateur géorgien relève de la «pers­pec­tive du valet de chambre». Berechkov s'efforce en effet de présenter Staline comme un homme aimable, bon compagnon de tous les jours, in­ca­pable de faire le moindre mal à une mouche en privé. Berechkov confesse qu'il n'en croyait pas ses oreilles quand le pouvoir sovié­tique se mit à dénoncer les crimes de Staline à partir de 1956. C'est bien ce qui distingue l'ouvrage de Berech­kov des mémoires de Krouchtchev et de toutes les biographies conven­tionnelles de Staline...

Le livre de Berechkov nous révèle des anecdotes ou des secrets de première importance lorsqu'il aborde les tractations engagées par Staline avec Ribbentrop, Churchill ou Roosevelt. En fait, rien de tout cela n'est bien neuf mais est replacé sous un jour nouveau. Ce qui intéressera le lecteur en premier lieu sont évidemment les passages qui traitent du rapport entre Staline et l'Allemagne. Berechkov tient absolument à blanchir Staline; pour l'interprète, le dictateur soviétique ne sa­vait rien des préparatifs allemands d'envahir l'URSS à l'été 1941. Staline refusait d'ajouter foi aux avertissements dans ce sens. Quand l'atta­que s'est déclenchée, il en fut si choqué qu'il se retira du monde pendant dix jours, in­capable de prendre les décisions politiques et mi­litaires qui s'imposaient.

Berechkov défend donc Staline avec véhémence et insistance, ce qui est d'autant plus suspect que plus d'une analyse politique récente démontre que Staline avait en toute conscience adopté une «stratégie sur le long terme» (Ernst Topitsch), visant à faire basculer l'Union Soviétique dans la guerre. Berechkov cherche donc, selon toute vrai­semblance, à dépeindre un Staline «sau­veur de la Russie» dans la «grande guerre pa­trio­tique» quoique criminel sur le plan inté­rieur. Pour savoir ce qu'il en est exactement, il faudra attendre que soient enfin ouvertes au pu­blic les archives soviétiques. En attendant, les assertions de Berechkov doivent être accueillies avec circonspection.

Hans Cornelius.

(recension parue dans Junge Freiheit, März 1991).

 

jeudi, 29 avril 2010

The Trouble With Belgium

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The Trouble With Belgium
The surrealism of its linguistic, economic and social problems will soon become very real.
By MARC DE VOS
Brussels
The country that gave surrealism to the art world is now turning political surrealism into an art form. Last week, Belgium's Prime Minister Yves Leterme tendered his resignation for the fifth time since his Flemish Christian-Democratic party romped to victory in the federal elections of June 2007. At the behest of a weary King, the leader of the francophone conservatives, Didier Reynders, engaged in a last-ditch mediation effort. It proved as utterly pointless as the previous three years of constant internal crisis. The government has fallen and early elections loom.

Belgium's problems have deep and intricate roots. Situated on the murky borderline between the Latin and German cultures in Europe, Belgium was formed almost by accident in the 19th century as a then-strategic buffer state between France and Great Britain. Artificial in its origin, Belgium's profound cultural differences—symbolized by different languages and an international capital whose identity is to have no identity—have been compounded by its own history. The newly born Kingdom of Belgium committed the original sin of imposing French as the official language on its Flemish majority. This historic discrimination constitutes the bedrock of the Flemish autonomy movement that first fought for equal rights and since 1970 has fueled the gradual evolution from a unitary kingdom to a federal country, with ever more regional autonomy.
Along its decades-long tortuous but peaceful path of devolution, Belgium has acquired a linguistic border, formally separating the Dutch-speaking north (Flanders) from the French-speaking south (Wallonia). Brussels is an officially bilingual enclave in Flanders, surrounded by a string of Flemish communities with special rights for French-speaking inhabitants. In reality, however, Brussels is cosmopolitan, with French as the dominant language and Dutch marginalized, while its surrounding Flemish communities have become increasingly francophone through internal Belgian migration. The reverse never happens. In an apparent testament of cultural inferiority, Flemings who move south learn or speak French, to become francophone after a couple of generations.

The problem that has gridlocked the Belgian political scene for the last three years is part of this unholy quagmire. Known in Belgium as "BHV," the acronym for Brussels and the two Flemish cities Halle and Vilvoorde, it represents the only election constituency that ignores Belgium's linguistic border. French-speaking inhabitants of both Flemish cities can vote for Walloon political parties that can normally only present themselves in Wallonia or in Brussels.
The Flemish want to split up "BHV," period. In their eyes, it is a constitutional absurdity and a tool for francophone expansionism into Flanders. For the Walloons, it is the guarantor of the civil rights of a linguistic minority in Flanders. The issue is therefore as fundamental as it is personal. It is not just about two different cultural communities having difficulties living together; it is about a profound difference in understanding of what it means to respect the other culture. For the Flemish, people living in Flanders should respect the fact that Dutch is their official language. For the Walloons, the language choices of individuals are sacrosanct, irrespective of their place of residence.
What makes this cultural divide a political chasm is the fact that Belgium has no federal political parties: All political parties are exclusively regional, as are all the media. All the Flemish and Walloon parties can freely grandstand on language issues before their own regional constituencies. But since they are condemned to governing together at the federal level, such grandstanding comes back to haunt them in any federal majority.
The recent tendency of traditional parties to form alliances with more radical linguistic parties has aggravated this situation. Mr. Leterme's Flemish Christian-Democrats achieved electoral victory in 2007 through cooperation with Flemish nationalists. This particular marriage of convenience did not survive the ongoing institutional crisis. Mr. Reynders' conservatives are bedfellows with a militant francophone party. It was hoped that their alliance could be the weakest link that may yet give way and finally offer the possibility of a compromise among just the mainstream parties.
Hope springs eternal, but failed to break this particular deadlock. Belgium's federal government is now a caretaker government. With yet another coalition effort seemingly out of the question, the country is en route for early elections in June. BHV, in the meantime, is not going anywhere. A 2003 ruling by Belgium's constitutional court forces the country to reconsider this atypical constituency. Flemish political parties may now try to force a vote in parliament, only for Walloon parties to resort to delaying tactics. The end result could well be an election radicalized by the language issue and open to constitutional challenge.
Even solving delicate "BHV" would only be a temporary reprieve. Belgium's internal divisions are not only cultural and historical, institutional and political; they are also economic and financial. Flanders is more a mixture of social conservatism and free-market thinking, while Wallonia is rather a mixture of social liberalism and old-school socialism. The economic development of both regions is dramatically different. Thriving Flanders complains that it is subsidizing bankrupt policies in Wallonia. Wallonia complains that greedy Flanders is abandoning solidarity in her hour of need.
More than anything, the problem with Belgium is one of incredible internal complexity that stifles democratic decision-making. Brussels stands out as a basket case: A medium-size city of little over a million souls is "governed" by 19 different smaller cities, one regional government, two regional communities, and one shared community—don't even try to understand all the distinctions. What makes political leadership in this country is not the energy to govern with conviction but the ability to reach compromises for the sake of compromise, essentially maintaining the status quo and serving various interest groups in an ever more complex web of checks and balances.
As a result, Belgium consistently lags behind its European peers in crucial areas of policy reform. The combined weight of the economic crisis and demographic aging will therefore pose a much bigger challenge to the Belgian compromise than the essentially symbolic case of "BHV" suggests. A ballooning deficit, unfunded social security entitlements, and generous funding for the regions, have left the Belgian federal level virtually cash-stripped. Complexity is the price for diversity, but the time when that price becomes simply too high is approaching fast.
Belgium's internal divisions are bound to resurface after the next federal elections. Increasingly, they will deal with the substance of key economic, social, and fiscal policies, not with the symbolism of language and culture. Not only "BHV," but the future of the labor market, of pensions, health care or taxation, will be the bone of north-south contention. The surrealism of Belgium's predicament will become very real.
Mr. De Vos is professor at Ghent University and the general director of the Itinera Institute. He is the author, most recently, of "After the Meltdown: The Future of Capitalism and Globalization in the Age of the Twin Crises," (ShoehornBooks.com, 2010).

Après Katyn: vers un axe Berlin-Varsovie-Moscou?

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Après Katyn : vers un axe Berlin-Varsovie-Moscou ?

Entretien avec Michel Drac par Jean-Michel Vernochet

Ex: http://www.geopolintel.fr/

Jean-Michel Vernochet - Quelles conséquences le tragique accident aérien de Katyn qui a couté la vie à l’élite polonaise d’obédience atlantiste, auront-elles sur les relations russo-polonaises ?

Michel Drac – À mon humble avis, ce n’est qu’une péripétie. L’évolution géopolitique de la Pologne, comme celle de n’importe quel État, est prédéterminée, en amont par des décisions gouvernementales relatives à un ensemble de contraintes économiques et stratégiques. Disons que le renouvellement forcé des élites polonaises va probablement accélérer les mutations futures du positionnement polonais, mais l’évolution de fond sera peu affectée. Ce n’est qu’une question de tempo.

JMV - Dans quel contexte faut-il interpréter l’amorce de rapprochement russo-polonais perceptible à Katyn ?

M.D - Depuis la chute de l’URSS, la stratégie atlantiste vise à encercler la Russie. Pour l’Alliance euratlantique il n’y a qu’un seul rival économique potentiel, la Chine, et une seule puissance géopolitique capable, en s’alliant avec Pékin, de définir un pôle de puissance rival de la puissance anglo-américaine au sein de la future gouvernance globale : la Russie. Il est donc essentiel, pour les élites de Washington (et de Londres) d’empêcher la Russie d’occuper une position centrale au sein d’une future économie continentale eurasiatique. Le point coaxial de cette grande stratégie atlantiste se trouve en Asie centrale (d’où la priorité accordée par Obama à l’Afghanistan), mais il existe une multitude de terrains secondaires (jusqu’au face-à-face Colombie – Venezuela). Une nouvelle guerre « très froide » oppose ainsi l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) à l’OTAN, l’un des champs de bataille secondaires de cette nouvelle « guerre froide » étant bien entendu l’ancien glacis soviétique.

Là, il faut empêcher la Russie de reconstituer, sous des formes nouvelles, la zone d’influence moscovite (Ukraine, Biélorussie, Pays Baltes, Pologne, Balkans et Europe danubienne). Depuis la « libération » de l’Europe de l’Est, cette stratégie s’est développée suivant trois axes principaux : instrumentaliser un nouveau « Drang nach Osten » allemand vers l’Europe danubienne ; susciter des conflits dans les Balkans en réveillant des antagonismes ancestraux et ce afin de justifier une présence militaire OTAN désormais permanente ; mettre sous contrôle les ex-républiques soviétiques, soit par une colonisation économique et une mise en endettement systématique (Pays Baltes), soit par des « révolutions colorées » fabriquées par les réseaux Soros comme en Ukraine. Tout cela n’a d’ailleurs rien de vraiment original : c’est écrit en toutes lettres dans le Grand Échiquier (1997) de Zbigniew Brzezinski, tout comme dans les travaux du Project for a New American Century (1)…

Le centre de gravité de ce dispositif est-européen était jusqu’à présent la Pologne, allié des É-U. Varsovie, à la chute du mur de Berlin en 1989, a hérité d’un impressionnant passif historique. La Russie puis l’Union soviétique ont en effet mis la Pologne sous leur talon de fer. L’alliance russe, pour Varsovie, était à ce titre impensable jusqu’à présent. Symétriquement, l’entente avec Berlin est tout aussi difficile. Même si le parti des expulsés n’existe plus depuis longtemps au Bundestag (2), il reste le souvenir de l’épouvantable occupation 1939-1944. Varsovie a donc joué, sans aucun complexe et jusqu’à présent, depuis l’effondrement soviétique de 1991, la carte américaine : intégration dans l’OTAN, bouclier anti-missiles, et cætera…

En somme, deux histoires se superposent. Il y a d’un côté l’histoire contemporaine, celle où se livre une nouvelle guerre froide, structurée par les concepts-clefs de « guerre de quatrième génération » (guerre de l’information) et de « soft power », la méthode Soros. Une guerre froide qui oppose un empire en déclin, mais agressif (l’anglosphère), à une nouvelle nation, la Russie post-soviétique encore très fragile et dont le destin reste à écrire. Et il y a d’un autre côté le souvenir d’une histoire passée, celle de la Pologne, un pays martyr. Il semble qu’en allant à Katyn, Poutine ait voulu faire passer un message aux Polonais. Ce message, c’était : la nouvelle histoire n’est pas l’ancienne histoire, la nouvelle Moscou n’est pas l’ancienne Moscou, n’ayez pas une lutte anti-impérialiste de retard. À en juger par les réactions polonaises, le message a été reçu. Varsovie vient de comprendre que dans cette « nouvelle histoire » Moscou ne sera plus forcément le prédateur, notamment parce que l’influence au sens fort (le soft power, le pouvoir invisible), a remplacé la domination comme instrument prioritaire dans le cadre de la grande stratégie hégémonique des États-Unis.

JMV - Vous faites le lien à propos de l’évolution des rapports russo-polonais avec l’intensification des relations Berlin - Moscou…

M.D - L’Allemagne pratique, depuis sa défaite en 1945, une habile politique de « suivisme » : entre 1946 et 1962, elle devient l’usine modèle du Plan Marshall. Entre 1962 et 1968, elle joue la bascule entre De Gaulle et les Américains, avec le conflit soigneusement agencé, au sein même de la droite d’affaires, entre Ludwig Erhard et Franz-Josef Strauss. Après 68, elle prend acte de l’échec gaulliste et se transforme en poste avancé de la stratégie de détente initiée par les États-Unis pour piéger l’URSS. Après 1989, Berlin se laisse encore une fois instrumenter par les É-U en se faisant déléguer – sous-traiter dirait-on aujourd’hui – par son protecteur américain, la tâche de coloniser économiquement l’Europe centrale et danubienne. Mais à partir du « sacre » de Poutine à Moscou, une nouvelle ère commence. Pendant qu’en façade, Berlin reste le protectorat soumis de la puissance anglo-saxonne, dans les coulisses, le patronat allemand s’active. Tandis que l’économie ultra-financiarisée anglo-saxonne implose, un « groupe de travail stratégique germano-russe » lancé par Vladimir Poutine et Gerhard Schröder, accompagne le travail logistique de l’industrie allemande. Là encore, il s’agit de résumer des informations disponibles par ailleurs : les statistiques du commerce et de l’investissement allemand en Russie et dans les zone d’influence russe sont éloquentes, en Biélorussie, en Asie Centrale et ailleurs. L’arrivée au pouvoir de la très atlantiste Angela Merkel n’y a pas sur le fond changé grand-chose. Pour l’instant, le développement des liens germano-russes se poursuit dans l’ambiguïté et la pénombre médiatique. Difficile à dire jusqu’à quel point ce mariage morganatique sera toléré par les Atlantistes, lesquels comptent en profiter pour introduire le cheval de Troie allemand dans une économie russe bien verrouillée par le Kremlin, ou si, tout simplement, les intérêts économiques bien compris du patronat allemand, autrement dit un pur pragmatisme, l’emportent sur toutes autres considérations. Il faut observer ce mouvement avec attention, sachant qu’il peut avoir deux significations opposées, et que le Diable sera dans les détails… ou n’y sera pas. De ce point de vue, il n’est pas surprenant que Berlin laisse Moscou pousser ses pions en Pologne. Moscou, de son côté, a laissé le patronat allemand s’implanter largement en Biélorussie. L’Allemagne, dont l’économie a été reconfigurée depuis dix ans pour s’intégrer dans celle des pays émergents, est en train de s’intégrer structurellement au projet eurasiatique. L’économie mène ici la géopolitique… La péripétie polonaise n’est de fait qu’un épisode dans un mouvement d’ensemble. L’Eurasie s’organise pour pouvoir se passer outre les exigences de la thalassocratie anglo-américaine. C’est dans cette tendance lourde que Poutine a voulu inscrire les Polonais, dissipant les fantômes d’une autre histoire, dont les enseignements sont désormais caducs. En arrière-plan, la question du gazoduc baltique, bien sûr.

JMV -Pour nous Français, il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle ?

M.D - Les deux. Bonne nouvelle, parce qu’avec un axe Berlin – Moscou, via Varsovie, en construction, l’étau où l’alliance germano-américaine nous avait enfermés depuis vingt ans se desserre. En tout cas une position d’atlantisme inconditionnel sera de plus en plus difficile à tenir pour Berlin, il lui faudra tôt ou tard faire des choix. Mauvaise nouvelle, parce que l’Allemagne se met en situation de renégocier à son avantage les rapports de force au sein de l’Union Européenne. Mais le bon l’emporte tout de même. Si le rééquilibrage allemand entre atlantisme et eurasisme doit se confirmer, une fois Merkel passée de mode, nos dirigeants retrouveront sans doute une marge de manœuvre. Reste à savoir s’ils l’utiliseront. Les électeurs français feraient bien d’y réfléchir, dans l’hypothèse où les élections présidentielles opposeraient Strauss-Kahn à Villepin, en 2012.

(1) Le Project for a New American Century (PNAC) était un think-tank néoconservateur, actif dans les années 90-2000, financé pour l’essentiel par les industries américaines de l’armement et qui regroupa, sous la présidence William Clinton, les hommes qui devaient constituer l’épine dorsale de la future Administration Bush. Le PNAC recommandait en particulier le renforcement de la présence militaire étatsunienne en Europe de l’Est et du Sud-Est, à la charnière de deux théâtres d’opération : face à la Russie (préoccupation des mondialistes) et face au monde musulman (préoccupation des pro-israéliens). (2) Le parti des expulsés a représenté, jusque dans les années 60, la dizaine de millions d’Allemands chassés de Prusse, Poméranie, Silésie et Sudètes, lors de la gigantesque épuration ethnique – aujourd’hui totalement oubliée - planifiée par les soviétiques avec la collaboration du 10 Downing street dans la foulée de leur victoire en 1945.

Michel Drac est économiste, auteur de « Crise ou coup d’Etat ? » et « Crise économique ou crise du sens ? », deux ouvrages qui analysent la dépression contemporaine comme le contrecoup de l’implosion occidentale.

Jean Michel Vernochet pour Geopolintel

Politieke versnippering

Politieke versnippering tegengaan is geen panacee

Politieke versnippering weerspiegelt grondige maatschappelijke veranderingen. Die tover je niet institutioneel weg

De poging om een oplossing te vinden voor de kieskring Brussel-Halle-Vilvoorde is mislukt. De kansen op een akkoord zijn in elk geval zeer klein. Hoe moeten we die nieuwe mislukking opvatten? Er zijn vele antwoorden, met twee belangrijke nieuwe elementen.

De regionalisering, de communautarisering en het federalisme beginnen grote politieke en institutionele effecten voort te brengen. Het louter bestaan van de gewesten en de gemeenschappen maakt onderhandelingen complexer omdat de aanpak van problemen nu minder globaal en minder geïntegreerd is. Minder geïntegreerd, omdat nu in elke partij verantwoordelijken zijn die de federale visie verdedigen en anderen die de regionaal-communautaire zienswijze verdedigen.

Bovendien heeft de ontkoppeling van de verkiezingen de asymmetrie geïntroduceerd. Die tussen de federale regering en de regio's is er gekomen na de regionale verkiezingen van 2004. In 2009 is die asymmetrie nog versterkt. Open VLD zit (zat) federaal in de meerderheid en zit regionaal in de oppositie. Voor de MR geldt aan Franstalige kant hetzelfde. Voor de sp.a, de N-VA en Ecolo geldt het omgekeerde. CD&V, PS en cdH zitten overal in de meerderheid, en Vlaams Belang, LDD en Groen! (Brussel uitgezonderd) zitten overal in de oppositie.

Door d nauwe verwevenheid van het politieke op federaal en op regionaal niveau wijzigt deze situatie de werking van de politiek aanzienlijk.

Een ander belangrijk element is de steeds grotere politieke versnippering. In het federale parlement zitten nu vertegenwoordigers van liefst twaalf partijen: CD&V, Open VLD, sp.a, LDD, Vlaams Belang, Groen!, N-VA, PS, MR, Ecolo, cdH en Front National. Bij de verkiezingen van 1950 haalde de CVP in Vlaanderen 60 procent van de stemmen en had ze bijna 35 procentpunten voorsprong op de tweede, de BSP. Bij de regionale verkiezingen van 2009 kreeg CD&V 22,9 procent van de stemmen, een belachelijk zwakke score voor de grootste formatie. In de jaren 50 haalden de belangrijkste politieke families, de socialisten en de christendemocraten, samen 85 procent. Vandaag geen 40 procent.

Die fragmentatie heeft enorme gevolgen. Ze maakt het noodzakelijk verschillende partners samen te brengen om aan een parlementaire meerderheid te geraken, en er zijn aanzienlijk wat partners nodig bij onderhandelingen. Aan speciale meerderheden komen lijkt onmogelijk geworden.

Kunnen die fragmentatie en haar gevolgen worden vermeden? Er zijn twee stromingen. Institutionalisten menen dat de juridische en institutionele contrainte sterke effecten heeft. Anderen zien instituties vooral als product van de maatschappij.

Volgen we de eerste school, dan zou de kieswet wijzigen naar meerderheidsmodel laten vermoeden dat een verkiezing volgens het meerderheidsprincipe ('the winner takes it all') de parlementaire vertegenwoordiging zou kunnen wijzigen: er zouden zich duidelijke meerderheden aftekenen. De politieke versnippering zou dus simpelweg worden tegengaan door de kieswet te wijzigen.

De andere school zal opmerken dat de politieke fragmentatie toch is geëvolueerd, zonder dat het kiessysteem is gewijzigd. Wat zou aantonen dat het kiesstelsel op zich geen effecten teweegbrengt, wel dat die effecten variëren in functie van maatschappelijke ontwikkelingen en van de nationale cultuur. Het verkiezingssysteem is identiek in Groot-Brittannië, India en Canada, maar resulteert toch niet in dezelfde politieke configuraties. Voor Griekenland, Spanje en Portugal geldt dan weer dat hun proportionele systemen vandaag quasitweepartijenstelsels baren.

KANALISEREN

Bovendien valt af te wachten of de effecten wel dezelfde zouden zijn bij Franstaligen en Vlamingen. Men zal opwerpen dat er dan een andere institutionele weg kan worden ingeslagen: die van een doorgedreven federalisme - verkeerdelijk 'confederalisme' genoemd. Daar is toch een sterke vraag naar in Vlaanderen. Maar bijt de slang zich dan niet in de eigen staart? Want waar is de politieke versnippering het indrukwekkendst in België en Europa? In Vlaanderen, en ook meer en meer in Nederland, dat er vaak model staat.

Deze kanttekeningen hoeven natuurlijk een institutioneel debat niet te verhinderen. Maar ze moeten ons ook hoeden voor naïviteit: politieke versnippering is een culturele en politieke vertaling van fundamentele wijzigingen in de maatschappij, vooral in Vlaanderen. Een institutionele verandering kan die misschien wel kanaliseren, maar ze kan hun uitdrukking niet verhinderen.

Pascal Delwit
n Is politicoloog aan de Université Libre de Bruxelles (ULB).
n Acht onderhandelingen complexer omdat ze nu minder globaal en geïntegreerd moeten verlopen.
n Vindt ook de asymmetrische regeringen en de politieke versnippering pijnpunten.

Bijt de slang zich bij doorgedreven federalisme niet in de eigen staart?

© 2010 Mediafin

Publicatie: De Tijd
Publicatiedatum: zaterdag 24 april 2010
Auteur: Van Hamme Franky;

Presseschau - April 2010/04

germany266.jpgPresseschau

April 04/2010

Einige Links. Bei Interesse anklicken...

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(...)
Im Jahre 1966 sahen die Dinge noch anders aus. Wenn irgendein einflußreicher Deutscher für sich in Anspruch nehmen konnte, eine kritische Überprüfung und insofern eine Schwächung des überlieferten deutschen Nationalbewußtseins für unumgänglich zu halten, dann war es Konrad Adenauer. Aber als er 1966 einen Besuch in Israel machte und an einem von dem Ministerpräsidenten Eschkol zu seinen Ehren gegebenen Empfang teilnahm, brachte Eschkol wie selbstverständlich und ohne feindselige Absicht ganz Ähnliches zum Ausdruck, wie es der Denkmalplan und das Buch von Daniel Jonah Goldhagen taten, denn er artikulierte am Ende die Überzeugung, daß das deutsche Volk unter Adenauers weiser Führung den Weg zurück in die Familie der Kulturnationen finden werde. Da erhob sich Adenauer und sagte: „Ich fliege gleich zurück, Sie haben das deutsche Volk beleidigt.“
Adenauer war offenbar der Meinung, daß das deutsche Volk auch unter dem Nationalsozialismus und vermutlich sogar unter Einschluß zahlreicher Mitglieder der NSDAP eine „Kulturnation“ geblieben sei, obwohl Hitler und seine nächsten Gefolgsleute im Schatten des Krieges, aber ohne jede Einwirkungsmöglichkeit der großen Mehrheit des Volkes, ein ungeheuerliches Verbrechen begangen hatten. Der erschrockene Eschkol entschuldigte sich, und die Angelegenheit war bereinigt: Schwächung, kritische, ja schmerzliche Überprüfung des überlieferten Geschichtsbewußtseins, aber nicht dessen Vernichtung war nach Adenauers und dann wohl auch Eschkols Meinung das zu erstrebende, der Sache adäquate Ziel.

(Ernst Nolte: Historische Existenz. Zwischen Anfang und Ende der Geschichte?, München 1998, S. 658)

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Ein Opfer für das Vaterland
Von Karlheinz Weißmann
„Ein Opfer für das Vaterland“, mit diesen Worten beginnt die Todesanzeige für Nils Bruns, am letzten Wochenende im „Göttinger Tageblatt“ abgedruckt. Bruns war einer der deutschen Soldaten, die am Karfreitag in Afghanistan gefallen sind. Die Anzeige hat die Mutter in Auftrag gegeben, ein langer selbstformulierter Text, in einem unendlich traurigen, undeutlich-vorwurfsvollen Ton, unterlegt mit einer untergehenden Sonne über dem Meer.
Die Anzeige ist allerdings nicht nur ein Dokument individueller Verzweiflung angesichts des Schicksalsschlags, sondern auch der Hilflosigkeit, einer Hilflosigkeit, die im privaten wie im öffentlichen Raum greifbar wird, jedesmal wenn das Sterben unserer Männer in Afghanistan erklärt werden soll. Es mag die Zeit vorbei sein, in der von „stolzer Trauer“, „Heldentod“, dem „süßen“ Sterben für das Vaterland gesprochen wurde. Aber so wie sich das offizielle Berlin scheute, den Krieg Krieg zu nennen und von „Gefallenen“ zu reden, so fehlen ihm die angemessenen Worte, die Gesten, die Form, in der man denen Respekt erweist, die im Einsatz getötet wurden.
Diese Feststellung ist unabhängig von der Frage, wie man die Bundeswehrpräsenz in Afghanistan überhaupt beurteilt. Immerhin hat sie die Deutschen dahingehend belehrt, daß Soldaten eben keinen „Beruf wie andere auch“ ausüben; und wenn man das Interview mit Hauptfeldwebel Daniel Seibert in der letzten Ausgabe der FAS liest, die ruhige Besonnenheit, mit der er das schwere Gefecht gegen die Taliban schildert, das, was der Ernstfall dem militärischen Führer abverlangt und wie wenig ihm die Verleihung des Tapferkeitsordens bedeutet, angesichts der Mißachtung, die den Soldaten zu Hause entgegenschlägt, dann kann man nur überrascht und dankbar feststellen, daß unser Volk immer noch in der Lage ist, solche Männer hervorzubringen.
http://www.sezession.de/14095/ein-opfer-fuer-das-vaterland.html

Gedenken an die Gefallenen und Getöteten der Bundeswehr
http://soldatengedenken.de/

Kunduz-Affäre
Bundeswehr feiert Oberst Kleins Entlastung
Von Ulrike Demmer, Termez
Erleichterung in der Truppe: Die Bundeswehr hofft nach der Entlastung von Oberst Klein auf mehr Rechtssicherheit im Einsatz. Auch die Regierung atmet auf. Die Entscheidung der Bundesanwaltschaft hilft Guttenberg und Co. im Kunduz-Untersuchungsausschuß.
http://www.spiegel.de/politik/ausland/0,1518,689957,00.html
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article7307767/Absurdistan-im-Kundus-Untersuchungsausschuss.html

Guttenberg: „Das ist eine sehr gute Nachricht, nicht nur für die betroffenen Soldaten, sondern für unsere Soldaten generell.“
Bundesanwaltschaft stellt Ermittlungsverfahren gegen Oberst Klein ein
http://www.tagesschau.de/multimedia/video/video689802.html

Luftschlag von Kundus
Oberst Georg Klein benötigt Personenschutz
Der für den Luftschlag von Kundus verantwortliche Oberst Klein wird bedroht und genießt deshalb Personenschutz. „Klein ist persönlich gefährdet“, sagte sein Anwalt Bernd Müssig. Wer Klein bedrohte, wollte Müssig nicht sagen. Am Montag erklärte die Bundesanwaltschaft, daß der Kundus-Angriff völkerrechtlich zulässig war.
http://www.welt.de/politik/deutschland/article7268914/Oberst-Georg-Klein-benoetigt-Personenschutz.html

Besuch des Isaf-Kommandeurs
General McChrystal traut den Afghanen zuviel zu
Von Thorsten Jungholt
Der Isaf-Befehlshaber in Afghanistan, US-General McChrystal, will für seine Strategie der Zusammenarbeit mit den Afghanen werben. Doch die Bundeswehr ist skeptisch. Die Soldaten haben kein Zutrauen zu ihren afghanischen Kameraden. Die meisten sind Analphabeten, viele unzuverlässig, manche gar kriminell.
http://www.welt.de/politik/deutschland/article7262842/General-McChrystal-traut-den-Afghanen-zuviel-zu.html

Türkischer Botschafter will Einreise erleichtern
„Weg mit der Visumpflicht“, fordert der türkische Botschafter Ali Ahmet Acet. Denn er will türkischen Bürgern die Einreise nach Deutschland erleichtern. Die bisherigen Bestimmungen entsprächen nicht dem Geist einer „privilegierten Partnerschaft“.
http://www.derwesten.de/nachrichten/Tuerkischer-Botschafter-will-Einreise-erleichtern-id2889729.html

Nordzypern
Nationalist Eroglu gewinnt Präsidentenwahlen
Bei den Präsidentenwahlen im türkischen Nordzypern hat sich der nationalistische Hardliner Eroglu gegen Amtsinhaber Talat durchgesetzt. Mit dem Sieg Eroglus schwinden die Hoffnungen auf eine Wiedervereinigung Zyperns – die Beziehungen der Türkei zur EU werden belastet.
http://www.spiegel.de/politik/ausland/0,1518,689706,00.html

Britische Studie
Deutschland ist das beliebteste Land auf der Welt
Von Daniel-Dylan Böhmer
Großes Lob für Deutschland. In einer von der BBC initiierten Umfrage geben die Befragten weltweit Deutschland die besten Noten. Die größte Zuneigung genießt Deutschland bei den französischen Nachbarn und in Südkorea. Die wenigsten Freunde haben die Deutschen in Pakistan, Indien und der Türkei.
http://www.welt.de/politik/deutschland/article7247146/Deutschland-ist-das-beliebteste-Land-auf-der-Welt.html#reqRSS

Schmutzige Bomben
Alptraum aller Abrüster
Von Markus Becker
Experten warnen vor Anschlägen mit der schmutzigen Bombe: Ein konventioneller Sprengsatz, bei dessen Explosion nukleares Material verbreitet wird, hätte verheerende Folgen. Wirksame Gegenmaßnahmen gibt es kaum – auch weil viele Regierungen die Gefahr unterschätzen.
http://www.spiegel.de/wissenschaft/technik/0,1518,688443,00.html

Experimentalflug
US-Militär schickt unbemanntes Mini-Shuttle ins All
Von Markus Becker
Das US-Militär startet in eine neue Ära: Erstmals will die Luftwaffe ein unbemanntes Raumschiff in die Umlaufbahn schicken und dann vollautomatisch landen lassen. Was die „X-37B“ an Bord hat, ist geheim – Kritiker befürchten, daß sie den Beginn der Weltraumrüstung markiert.
http://www.spiegel.de/wissenschaft/weltall/0,1518,690577,00.html


Google-Statistik
Wie Deutschland zum Zensur-Vizeweltmeister wurde
Sperren, löschen, Personen identifizieren: Google macht jetzt erstmals öffentlich, welche Staaten solche Anfragen stellen. Bei der Entfernung von Videos, Blogeinträgen und Suchtreffern landet Deutschland auf Platz zwei hinter Brasilien – die Gründe sind überraschend banal.
http://www.spiegel.de/netzwelt/netzpolitik/0,1518,690278,00.html

Kriminalitätsatlas
Straftäter [angeblich] auf dem Rückzug
Berlin wird sicherer, sagt der Polizeipräsident. In den letzten zehn Jahren ist die Zahl der Straftaten um 12,5 Prozent gefallen. Aber Linksextreme, Internet-Gauner und ausländische Straftäter belasten die Bilanz.
http://www.tagesspiegel.de/berlin/polizei-justiz/straftaeter-auf-dem-rueckzug/1804682.html

Belgien
Streit um Wahlrecht stürzt Regierung in die Krise
Der Konflikt zwischen Flamen und Wallonen in Belgien hat die Regierung zerbrechen lassen. Die Liberalen traten aus der Koalition aus – nach nur fünf Monaten. Regierungschef Leterme reichte seinen Rücktritt ein. Beide Volksgruppen streiten über eine Reform des Wahlrechts.
http://www.spiegel.de/politik/ausland/0,1518,690544,00.html

Angst vor Schuldenberg
Griechen plündern ihre Konten
Die Angst vor einer griechischen Staatspleite wächst: Laut einer Commerzbank-Studie haben die Hellenen mehrere Milliarden Euro von ihren Sparkonten abgehoben. Die Aufschläge auf Regierungsanleihen sind auf ein neues Rekordhoch geschnellt – der Euro fällt und fällt.
http://www.spiegel.de/wirtschaft/unternehmen/0,1518,687554,00.html

Drohende Staatspleite
Griechenland bittet Euro-Länder um Finanzspritze
Jetzt ist es soweit, Griechenland kapituliert vor den Finanzmärkten: Die Regierung in Athen hat bei ihren Euro-Partnern und beim Internationalen Währungsfonds einen Antrag auf Milliardenkredite gestellt. Auch auf Deutschland kommen nun hohe Kosten zu.
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/0,1518,690771,00.html

Nach Griechenland-Krise
Bundesbank-Chef warnt EU vor Ansteckungsgefahr
Von A. Ettel, M. Greive, T. Kaiser und C. Schiltz
Bundesbank-Chef Axel Weber schlägt Alarm: Nach Griechenland könnten sich auch noch weitere Staaten mit dem Schulden-Virus anstecken. Das Land hatte an die EU und den Internationalen Währungsfonds appelliert und finanzielle Unterstützung verlangt. Das ruft Skeptiker auf den Plan.
http://www.welt.de/wirtschaft/article7309646/Bundesbank-Chef-warnt-EU-vor-Ansteckungsgefahr.html

Geldnote
Warum die Mafia auf den 500-Euro-Schein abfährt
Ob Bestechung, Steuerhinterziehung oder Geldwäsche – die organisierte Kriminalität setzt auf den 500-Euro-Schein. Denn der läßt sich gut transportieren. Eine Million Euro wiegen dank ihm nur rund zwei Kilo. Zum Vergleich: Eine Million US-Dollar bringen es auf zehn Kilo. Kritiker wollen den Schein deswegen am liebsten abschaffen.
http://www.welt.de/finanzen/article7280386/Warum-die-Mafia-auf-den-500-Euro-Schein-abfaehrt.html

Der freieste Staat unserer Geschichte …
Chemnitz
Amts-Mißbrauch: Neonazis werben in der ARGE
Dreiste rechtsradikale Propaganda ausgerechnet im ehemaligen „Sturm 34“-Zentrum Mittweida: Ungeniert läßt die NPD in der ARGE ihre Hetzblätter auslegen – und wird nicht daran gehindert. Das Rathaus protestiert.
http://www.sz-online.de/Nachrichten/Chemnitz/Amts-Missbrauch_Neonazis_werben_in_der_ARGE/articleid-2442495

Nicht immer die schlechteste Lösung angesichts des gegenwärtigen Politpersonals ...
US-Kleinstadt wählt Toten zum Bürgermeister
http://www.stern.de/panorama/makaberer-protest-us-kleinstadt-waehlt-toten-zum-buergermeister-1559015.html

Hexen, Jäger und Exorzisten
Von Martin Lichtmesz
Für die aktuelle Ausgabe der „Jungen Freiheit“ habe ich einen Leitartikel über Eva Hermans neues Buch „Die Wahrheit und ihr Preis“ geschrieben. Dies geschah auf Anfrage der Redaktion, und sonst hätte ich mich mit dem Fall auch nicht weiter beschäftigt. Unerwarteterweise hat mich das Buch völlig umgehauen, und mein Respekt für Eva Herman ist seither ins schier Unermeßliche gewachsen.
http://www.sezession.de/14255/hexen-jaeger-und-exorzisten.html

Nach langem Schweigen rechnet Eva Herman mit den Medien ab.
http://www.pi-news.net/wp/uploads/2010/04/Focus15_10.pdf

Linkspartei-Politikern droht Anklage
DRESDEN. Führenden Politikern der Linkspartei droht eine Anklage wegen Verstoßes gegen das Versammlungsgesetz. Hintergrund ist ihre Beteiligung an der rechtswidrigen Blockade einer genehmigten Demonstration am 13. Februar in Dresden.
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M546254a6b00.0.html

Auch so etwas gibt es …
Ex-NPD-Vorstandsmitglied
Linke streitet über früheren Rechtsextremisten in eigenen Reihen
Von Björn Hengst
Er gehörte zum Führungszirkel der NPD, unterstützte die inzwischen verbotene Neonazi-Truppe „Skinheads Sächsische Schweiz“ – dann wechselte Gregor Janik zur damaligen PDS. Die braune Vergangenheit des Juristen wird jetzt zum Konfliktfall bei den Genossen.
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,690650,00.html

Nach der Stadtratssitzung in Arnstadt
CDU und FDP in Arnstadt wollen keine Abwahl des „Pro-Deutschland“- Bürgermeisters, der Toleranz für Rechtsextremisten praktiziert …
http://www.hagalil.com/archiv/2010/04/17/arnstadt-2/

Antisemitischer „Kommunisten-Rap“ aus Gütersloh
Der Rapper „Makss Damage“ aus Gütersloh, der sich selbst als kommunistischen Musiker bezeichnet, hat Anfang des Jahres ein weiteres Album veröffentlicht. „Makssismuss 2010“ heißt die neue Platte, deren menschenverachtender Inhalt vor allem im Internet Jugendliche erreicht. Dem zuständigen Staatsschutz war der Haß-Rapper bislang „nicht bekannt“, sie werde nun jedoch die strafrechtliche Relevanz prüfen …
http://www.hagalil.com/archiv/2010/04/20/makss-damage/

VS: Gefahr von Linken und Mohammedanern
Der Jahresbericht des niedersächsischen Verfassungsschutzes bestätigt, was besorgte Bürger bei PI schon lange erkannt haben: Die größten Gefahren für unsere Demokratie kommen von Linken und Mohammedanern. Am rechten Rand zeigen sich dagegen „Ausfransungen“. Sollte das ein Erfolg des langjährigen Kampfes gegen Rechts sein, wäre es an der Zeit, die zur Verfügung stehenden Mittel jetzt verstärkt im Kampf gegen Links und im Kampf gegen den Islam einzusetzen.
http://www.pi-news.net/2010/04/vs-gefahr-von-linken-und-mohammedanern/

virtual reality aus Offenbach
Gespräch über Nazistrukturen in Offenbach
Neonazis mit getarnter Symbolik
[Man beachte die Leserdiskussion!]
http://www.op-online.de/nachrichten/offenbach/neonazis-getarnter-symbolik-724187.html

Beschäftigte der Ausländerbehörde nicht bedient
Café Kabale setzt Beamtin der Stadt vor die Tür
Das Café Kabale hat einer Frau ein Frühstück verweigert und sie rausgeschmissen, weil sie Mitarbeiterin der Göttinger Ausländerbehörde ist. Die Stadt sieht darin einen „Verstoß gegen das Anti-Diskriminierungsgesetz“, der zum Entzug der Gaststättenlizenz führen könnte.
http://www.goettinger-tageblatt.de/Nachrichten/Goettingen/Uebersicht/Cafe-Kabale-setzt-Beamtin-der-Stadt-vor-die-Tuer

Antirassistische Comics
Von Martin Lichtmesz
http://www.sezession.de/13977/antirassistische-comics.html

Kolonialgeschichte
Das Kanonenboot, das über die Berge kam
Kaiser Wilhelms letztes Kanonenboot wurde einst, in 5000 Kisten verpackt, nach Afrika geschafft. Fast hundert Jahre später fährt das heruntergekommene, rostige Schiff immer noch auf dem Tanganjika-See. Das Land Niedersachsen will es jetzt retten. Von Clemens Höges
http://einestages.spiegel.de/static/topicalbumbackground/7501/ritt_auf_dem_kanonenboot.html

Mariam Lau identifiziert in einem vor Dummheit und Unwissenheit strotzenden Kommentar auf Seite 1 der Druckausgabe der „Welt“ früheres deutsches Soldatentum mit „Sadismus und Herrenmenschentum“ (wohl zuviel „Inglourious Basterds“ geschaut). Aber in der Bundeswehr ist ja jetzt alles besser. Da gelingt sogar die Integration weiblicher, weicher Werte in das soldatische Selbstverständnis. Nach Ansicht von Militärexperten wie Merkel und Lau zumindest …

Kommentar
Die neuen Soldaten
Von Mariam Lau
Afghanistan rückt näher, machen wir uns nichts vor. Lange Zeit gab es eine unausgesprochene Arbeitsteilung zwischen der Bundesregierung und ihrem Volk: Die einen wollten nichts sagen, die anderen nichts hören. Die Soldaten standen dazwischen in einem Niemandsland der Sinnstiftung; ein paar Medaillen hier, ein paar aufmunternde Worte dort, aber sonst durchweg sterile Isolation. Wenn sie etwas „Echtes“ wollten, mußten sie nach amerikanischen Serien greifen.
Seit Kundus ist Leben in die Debatte gekommen. Der Tod in Afghanistan war nie so präsent in Deutschland. Bis in die Sprache der Bundeskanzlerin bei ihrer gestrigen Regierungserklärung zeigt sich: Einmal mehr in ihrer Nachkriegsgeschichte betritt die Bundesrepublik geistig-moralisches Neuland. Plötzlich ist der „soldatische Mann“ wieder da – aber er ist eben ganz anders als seine Vorgänger. Sadismus und Herrenmenschentum sind aus seinem Auftritt verschwunden; dafür gehören jetzt Verwundbarkeit, aber auch staatsbürgerliches Selbstbewußtsein, Kampfgeist und Neugier dazu. „Tapferkeit ist ohne Verletzbarkeit nicht denkbar“, hat die Kanzlerin ihnen zugerufen und vor dem Bundestag den Eid wiederholt, den jeder von ihnen sprechen muß. „Ich schwöre, der Bundesrepublik treu zu dienen“ – so hatte sie es selbst 2005 gesagt, als sie ihr Amt antrat. Das Trauern um gefallene afghanische Soldaten gehört für Merkel auch dazu.
http://www.welt.de/die-welt/politik/article7297895/Die-neuen-Soldaten.html
http://www.welt.de/debatte/kommentare/article7292709/Die-neue-Strategie-wird-noch-viele-Tote-fordern.html

Mariam Lau
http://de.wikipedia.org/wiki/Mariam_Lau

Sehenswerte Filmaufnahmen …
Amateuraufnahmen aus dem Zweiten Weltkrieg
http://www.sondereinheiten.de/forum/viewtopic.php?f=12&t=17199

Jüdischer Gottesdienst auf Hitlers Kanzel
April 1945: Militärrabbiner betete mit jüdischen Kriegsgefangenen aus Palästina und US-Soldaten am NS-Reichsparteitagsgelände …
http://www.hagalil.com/archiv/2010/04/21/reichsparteitagsgelaende/

humannews über Claus Hant: Rettung durch Erlöser? Nein danke - all we need is love
Hitler als Sucher – ein neues Buch, nur in England ...
http://www.humannews.de/beitrag.html?&tx_ttnews%5Btt_news%5D=5599&tx_ttnews%5BbackPid%5D=181&cHash=6cf16e79ca

Türken schneiden im Integrationsvergleich schlecht ab
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M51052b5a0ff.0.html

Türkei begeistert über Berufung von Özkan zur Ministerin
Die Türkei hat die Berufung der Juristin Aygül Özkan zur ersten türkischstämmigen Ministerin in Deutschland am Dienstag begrüßt. Für die in Deutschland lebenden Türken sei dies ein gutes Beispiel, daß sie es bis in höchste Positionen schaffen könnten, sagte der türkische Außenpolitiker Yasar Yakis von der islamisch-konservativen Regierungspartei AKP am Dienstag. Özkan ist in Niedersachsen neue Sozial- und Integrationsministerin. Viele Türken spürten in der deutschen Gesellschaft Fremdenfeindlichkeit, so Yakis. Sie registrierten nun aber auch, daß es diese im politischen System nicht gebe. Türkische Zeitungen berichteten gestern über die Berufung mit der Schlagzeile „Erste türkische Ministerin“. dpa
http://www.welt.de/die-welt/politik/article7268595/Tuerkei-begeistert-ueber-Berufung-von-Oezkan-zur-Ministerin.html
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,689857,00.html

Wahlkampf in NRW
SPD umwirbt Migranten
Von Lars Geiges, Köln
Sigmar Gabriel tourt durch Moscheen, Hannelore Kraft diskutiert über Integration: Die SPD in Nordrhein-Westfalen müht sich vor der Wahl verstärkt um Bürger mit Migrationshintergrund. Im bevölkerungsreichsten Bundesland sind zwei Millionen von ihnen wahlberechtigt – sie könnten den Ausschlag geben.
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,689235,00.html

Nigerianische Auswanderungspolitik
http://www.pi-news.net/2010/04/nigeria-verschweizt-seine-verbrecher/

Baunatal
Streit mit Vermieter: Nur ausländische Mieter dürfen Satellitenschüssel nutzen
http://www.hna.de/nachrichten/kreis-kassel/baunatal/streit-vermieter-baunataler-will-seine-satellitenschuessel-behalten-716422.html

Überfall auf dem Bahnsteig
Jugendliche schlagen Polizisten zusammen
Von Jörg Diehl
Attacke in einem Bahnhof: Ein 16jähriger und ein 21jähriger sollen im niederrheinischen Wesel einen Bundespolizisten zusammengeschlagen haben. Der Beamte in Zivil hatte nach SPIEGEL-ONLINE-Informationen einen der Täter zuvor auf das Rauchverbot in Zügen aufmerksam gemacht.
http://www.spiegel.de/panorama/justiz/0,1518,689871,00.html

Polizei Hamburg
Messerstecherei wegen 50 Cent: Beide Täter gefaßt
INGA HÖLTMANN
Die Tat machte sprachlos: Weil sie im Restaurant „Vagueira“ an der Langen Reihe 50 Cent für die Toilettennutzung bezahlen sollten, stachen zwei junge Männer den Kellner (23) nieder (mopo.de berichtete).
Unmittelbar nach der Tat veröffentlichte die Polizei Phantombilder der beiden Täter. Jetzt konnte sie zwei Verdächtige ermitteln: Adam C. (25) und Mohammed S. (29).
http://archiv.mopo.de/archiv/2010/20100416/hamburg/panorama/messerstecherei_wegen_50_cent_beide_taeter_gefasst.html

Offenbach
Messerstecherei in Bieber. Opfer schwer verletzt, aber nicht in Lebensgefahr
http://www.op-online.de/nachrichten/offenbach/opfer-schwer-verletzt-aber-nicht-lebensgefahr-724194.html

Der tiefe Fall des „Obama von Altona“ …
Ex-Freundin belastet Bülent Ciftlik schwer
Von Per Hinrichs
Nicole D. gesteht ihre Schuld im Scheinehe-Prozeß. Anwälte des SPD-Politikers legen Mandat nieder
Die Fallhöhe der Person Bülent Ciftlik machte der Staatsanwalt gleich zu Beginn seiner Anklage klar. Als Angeklagter sei der „Bürgerschaftsabgeordnete Bülent Ciftlik“ anwesend, verlas er dessen Beruf, und dahinter verbirgt sich schon die Geschichte des SPD-Politikers: Ein Ex-Hoffnungsträger, Ex-Parteisprecher, Noch-Abgeordneter saß gestern um 9 Uhr vor Richter Lutz Wegerich, Strafkammer 940, Saal 1.01 im Amtsgericht St. Georg. Die Staatsanwaltschaft legt dem 36jährigen zur Last, 2008 eine Scheinehe zwischen seiner damaligen Freundin Nicole D. und dem Türken Kenan T. angestiftet zu haben. Wenn sich vor Gericht kleine Dramen abspielen, dann war der erste Tag des Ciftlik-Prozesses der Auftakt zu einer Groteske.
http://www.welt.de/die-welt/vermischtes/hamburg/article7220610/Ex-Freundin-belastet-Buelent-Ciftlik-schwer.html

SPD drängt Ex-Sprecher Bülent Ciftlik zum Parteiaustritt
Am Montag gegen 21.30 Uhr ging Bülent Ciftlik aus dem Saal. An der Abstimmung seiner Parteigenossen im Ortsverein Flottbek-Othmarschen wollte er sich nicht beteiligen. Es ging um die Frage, ob ihm per Brief ein freiwilliger Parteiaustritt nahegelegt werden sollte. Von 28 Mitgliedern votierten 20 mit Ja, acht enthielten sich. Wenn es also nach der Parteibasis ginge, wäre Ciftlik bald nicht mehr Sozialdemokrat. „Wir wollen ihn nicht mehr“, sagt der neue Distriktsvorsitzende Andreas Bernau, der erst im März zu Ciftliks Nachfolger im Amt gewählt wurde. „Er behindert uns mit seinen Eskapaden nur noch in unserer politischen Arbeit“, sagte Bernau.
http://www.welt.de/die-welt/vermischtes/hamburg/article7283695/SPD-draengt-Ex-Sprecher-Buelent-Ciftlik-zum-Parteiaustritt.html

Hamburger Scheinehen-Affäre
Weiterer SPD-Politiker gerät ins Zwielicht
Von Gunther Latsch
Die Scheinehe-Vorwürfe gegen den früheren Hamburger SPD-Sprecher Bülent Ciftlik ziehen Kreise: Ermittlungsakten legen den Verdacht nahe, daß ein weiterer sozialdemokratischer Bürgerschaftsabgeordneter [türkischer Herkunft] in den Fall verwickelt sein könnte.
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,690662,00.html

Geschlechterrollen
Trotz „Girls' Day“ – Mädchen wollen Sekretärin sein
Von Dorothea Siems
Die Regierung will mit Aktionen wie dem „Girls' Day“ traditionelle Geschlechterrollen aufbrechen. Doch bislang scheitert sie an den Vorlieben von Mädchen und Jungen. Die einen wollen Sekretärin, Verkäuferin oder Friseurin sein, die anderen etwas „mit Computern“ machen – und das mit großer Konstanz.
http://www.welt.de/politik/deutschland/article7277226/Trotz-Girls-Day-Maedchen-wollen-Sekretaerin-sein.html

Frei von allen Klischees
Von Ellen Kositza
Das Frühjahr ist die Zeit der Frauenfeste. In heidnischen Gefilden feierte man die obskur bleibende Frühlingsgöttin Ostara und etwas später das keltische Kultfest Beltane, weithin als Walpurgisnacht bekannt. Die Christenheit begeht den Mai als Marienmonat, und auch die säkulare Gedenktagsschreibung kapriziert sich in puncto Weiblichkeitshuldigung auf die Frühlingsmonate.
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M54915d9915e.0.html

Schwarz-Grün in Hamburg
Bürgerschreck von Beust
Von Florian Gathmann
Hamburgs schwarz-grüne Regierung taumelt: Der Senat muß sich wegen Rekordschulden verantworten, im Sommer steht der Volksentscheid zur Schulreform an – und nun gibt es heftigen Widerstand gegen die Erhöhung der Kita-Gebühren. Die Reaktion der Beust-Truppe? Ein trotziges „Weiter so“.
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,690164,00.html

Der richtige Papst
Nur Benedikt XVI. kann die Kirche noch retten
Vor fünf Jahren wurde Joseph Ratzinger zum Oberhaupt der katholischen Kirche gewählt. Vom Mißbrauchsskandal erschüttert, erlebt sie nun die größte Krise ihrer Geschichte. Ist Benedikt gescheitert? Der Schriftsteller Martin Mosebach glaubt das Gegenteil: Der Papst, schreibt er, sei der richtige Mann am richtigen Ort.
http://www.welt.de/kultur/literarischewelt/article7245392/Nur-Benedikt-XVI-kann-die-Kirche-noch-retten.html

Mißbrauch
„Eier-Bazi“ im Odenwald
Von Hannelore Crolly
Anbaggern auf der Klassenfahrt, wecken mit „Eier-Bazi“ und Analverkehr mit Elfjährigen: Auf einer Podiumsdiskussion offenbarten prominente, ehemalige Schüler der Odenwaldschule schockierende Details aus dem Alltag des reformpädagogischen Internats. Wir dokumentieren in Auszügen.
http://www.welt.de/debatte/article7289927/Eier-Bazi-im-Odenwald.html

Der Übervater der Reformpädagogik
Päderastie aus dem Geist Stefan Georges?
http://www.faz.net/s/RubBE163169B4324E24BA92AAEB5BDEF0DA/Doc~E3B1278E540884513AD945BBE39DB7849~ATpl~Ecommon~Scontent.html

Statistik
Warum Deutschland wieder verwaldet
Von Walter Schmidt
„Deutschlands Waldfläche wächst weiter“, verkündet das Statistische Bundesamt aus Wiesbaden – jedes Jahr um eine Fläche von der Größe der Stadt Karlsruhe. Doch wie kommt es nun zu dem überraschenden Flächenzuwachs? Waren die vielen Hiobsbotschaften vom großen Baumsterben in Deutschland nur leeres Gerede?
http://www.welt.de/wissenschaft/article7275307/Warum-Deutschland-wieder-verwaldet.html

Nordamerika
Gefährlicher Pilz breitet sich in Oregon aus
Ein gefährlicher Hefepilz bereitet den amerikanischen Gesundheitsbehörden Sorgen: Im Nordwesten der USA breitet sich derzeit eine Variante aus, die Forschern bisher unbekannt war. Die Sterblichkeit unter den Infizierten ist erschreckend hoch.
http://www.spiegel.de/wissenschaft/medizin/0,1518,690757,00.html

Sprachphänomen
Ausländer verändern Deutsch
Die deutsche Sprache verändert sich immer mehr durch den Einfluß von Migranten. Türkisch und Arabisch fließen in den Wortschatz ein.
http://www.focus.de/wissen/bildung/rechtschreibung/sprachphaenomen_aid_125274.html

Ein Kind ist kein Kind
Gisele Bündchen setzt auf Großfamilie: Die Brasilianerin will um jeden Preis Geschwister für ihren vier Monate alten Sohn Benjamin. Die für ein Model nicht gerade verlockenden Nebenwirkungen von Mehrfachschwangerschaften nimmt sie dafür gern in Kauf – „das ist mir vollkommen egal“.
http://www.spiegel.de/panorama/leute/0,1518,689963,00.html

Das Geheimnis von Sonne und Stahl: Yukio Mishimas Sun and Steel (1972)

Das Geheimnis von Sonne und Stahl: Yukio Mishimas Sun and Steel (1972)

Matthias Schneider  

Ex: http://www.blauenarzisse.de/ 

sunsteel.jpgYukio Mishima war sicherlich eine der schillerndsten, exzentrischsten und interessantesten Figuren, die je das Licht der literarischen Welt erblickten. Hierzulande erfreuen sich seine Werke wie Geständnis einer Maske, Patriotismus, Schnee im Frühling oder Liebesdurst großer Beliebtheit – dies jedoch zumeist innerhalb eines eher kleinen Zirkels. Man könnte also von einem „Geheimtip“ sprechen. Dabei dürfte dieser Mann bei weitem kein Unbekannter sein. International berühmt und sogar zwischenzeitlich im Gespräch für den Literaturnobelpreis gilt Mishima als einer der Exportschlager aus dem Land der aufgehenden Sonne.

Tod durch traditionelles Selbstmordritual

Abgesehen von seinen sprachlichen Fähigkeiten, welche sich durch einen ausgeprägten Wortschatz und einen unverhohlenen Ästhetizismus auszeichnen, sind besonders die tragischen wie extremen Umstände seines Ablebens vielen in Erinnerung geblieben. Der Mann, der am 25. November 1970 nach einem gescheiterten Restaurationsversuch und eigenem Treuebekenntnis zum japanischen Kaiser Seppuku Selbstmord beging, schockte damit sicherlich nicht nur seine Bewunderer und Leser. Auch die Medien zeigten großes Interesse an den Umständen und Hintergründen dieser spektakulär inszenierten Selbstentleibung.

Zwischen Körperkunst und schöngeistiger Kunst

Mishima wählte diese Methode des Freitods nicht zuletzt, weil er sich den Samurai verbunden fühlte. Sein jahrelanger Kraftsport und die mit militärischer Strenge ausgeübten Kampfkünste geben ein Zeugnis hiervon. Überhaupt gehörte das Formen des eigenen Körpers zu Mishimas Hauptbetätigungsfeldern. Welcher Art sein Selbstverständnis in Bezug auf seine sportlichen Aktivitäten war, erläutert Mishimas autobiographischer Essay Sun and Steel. Leider wurde dieser bis jetzt nicht ins Deutsche übertragen.

Die Symbole Sonne und Stahl

Die Sonne war für Mishima aufgrund seiner Erfahrungen im Krieg lange negativ besetzt. Sie spiegelte sich im Blut der gefallenen Soldaten und beschien die leblosen Körper. Mishima schätzte den Schatten, arbeitete fast ausschließlich zur nächtlichen Stunde. Doch diese Wahrnehmung verändert sich im Verlauf von Sun and Steel. Hier wird sie mitunter zum Lebens- aber auch zum Todessymbol, jedoch durchweg positiv konnotiert. Der Stahl wiederum steht als Synonym für die Gewichte, welche Mishima zehn Jahre zu einem fast religiös anmutenden Bestandteil seines Lebens werden ließ. Sie stellen als Abbild der Welt einen Kontrast zu seinen Muskeln dar, welche für ihn selbst stehen und durch den Stahl geformt werden. Zu deuten ist dies als Ausdruck der Überschneidungen zwischen dem „Selbst“ und der „Umwelt“.

Von Ameisen und Bäumen – Die zwei Pole der Wahrnehmung

Mishima unterschied zwei grundlegende Pole seiner Wahrnehmung: Zum einen die Worte, welche natürlich unmittelbar mit seiner Arbeit als Schriftsteller verbunden waren. Zum anderen identifizierte er das, was er als eigentliche Realität bezeichnete und auch das Bewusstsein des eigenen Körpers beinhalte. In seiner Welt markierten diese beiden Pole einen Zwiespalt. Im Gegensatz zu anderen Menschen, bei denen ein Körperbewusstsein bereits vor dem Umgang mit Wörtern auszumachen ist, attestierte sich Mishima in Hinblick auf seine eigene Person einen Vorrang der Worte. Dieser Vorrang würde sich über seine gesamte Kindheit und Jugend erstreckt haben. In Sun and Steel benutzt Mishima hierfür das Bild eines Baumes (Körper/Realität) mit weißen Ameisen (Worte). In seinem Fall prognostiziert er den Zerfall des Baumes durch das Einwirken der Ameisen, welcher schon einsetzte, bevor dieser wirklich wachsen konnte. Schlussendlich hätten die Ameisen (Worte) damit nicht nur den Baum zerstört oder unterdrückt, sondern auch sich selbst aufgehoben.

Künstlerisches Schaffen als „Verklärung von Wirklichkeit“

Mishima sah den Umgang mit der Sprache innerhalb seines eigenen literarischen Wirkens als eine auf Individualität beruhende Art der Verklärung von Wirklichkeit. So schildert er in diesem Essay ein Erweckungserlebnis bei einer religiösen Zeremonie. Bei dieser tragen junge Männer, allerdings von anderer Statur als er, einen Schrein und blicken dabei scheinbar von Lust erfüllt oder vom Schmerz gequält zum Himmel. Er beteiligt sich hieran und wird durch den eigenen Blick zum Himmel, welcher zugleich durch sein eigenes Aufgehen in der religiös-ekstatischen Masse markiert wird, mit einer anderen Bewusstseinsebene konfrontiert.

Es bemächtigte sich seiner ein Gefühl von Transzendenz. Im Stählen des eigenen Körpers sieht der Erweckte von nun an einen Weg, diesen Zustand dauerhaft herbeizuführen. Es geht ihm darum, ein Gleichgewicht zwischen Intellektualität und maskuliner Körperkraft zu schaffen. Die Worte entsprachen bisher nur dem Sehen im Sinne eines Selbstbewusstseins. Nun solle sich ein Gefühl der wahren Existenz verwirklichen, welches Mishima als eine Harmonie von innerem Bewusstsein und dem Ruf einer äußeren Stimme zu erkennen glaubt.

Körperkultur als Schlüssel für das Erreichen von Transzendenz

Die Einheit von innerem Streben und alltäglicher Pflicht stellte für Mishima ein höchstes Ideal dar, was somit auch einen möglichen Endpunkt des Lebens markierte. Auf diesen bereitet sich der wahre Krieger durch seine körperliche Arbeit vor. Mishima weist explizit darauf hin, dass ein tragischer und heroischer Tod, welcher für ihn das Ideal darstellte, nicht durch Muskelschwäche und Schlaffheit des Körpers zu verwirklichen ist.

Auf diese Weise gewährt seine Schrift einige recht persönliche Einblicke, die seine körperlichen Aktivitäten als Weg zur Transzendenz und so auch zum eigenen Tod verständlich machen. Besonders deutlich wird dies, wenn Mishima die Wirkung eines kalten Windhauchs auf seiner vom harten Training schweißglänzenden Haut beschreibt: eine Art betäubendes Gefühl entfaltet sich, so als spüre der Kämpfer seine Muskeln, seinen Körper nicht mehr. Jeder, der seinen Körper ähnlich in Schuss hält, wird dieses Gefühl sicher schon einmal am eigenen Leib erfahren haben.

Sun and Steel als Zugang zu Mishimas Selbstverständnis

Besonders interessant an Mishimas Schrift ist die unbestreitbare Tiefgründigkeit seiner Reflexionen über die Rolle des eigenen Körpers und seiner Wahrnehmung in einem scheinbar beständig fortwährenden Kampf. Speziell jene, welche schon ein wenig mit seiner Biographie vertraut sind, werden in diesem posthum veröffentlichten Werk ein wertvolles Utensil zum besseren Verständnis von Mishimas Selbstbild erkennen. Aber auch für diejenigen, denen der japanische Dichter noch unbekannt ist, lohnt sich die Lektüre.

Yukio Mishima: Sun and Steel. Kodansha America 1994. 107 Seiten. Englisch

Biologie et sociologie de l'auto-organisation

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1988

Biologie et sociologie de l'«auto-organisation»

 

par Robert STEUCKERS

 

Le phénomène d'auto-organisation sociale  —qui se perçoit en filigrane derrière les théories de la «dé­mocratie organique» (1), nostalgiques de la solida­rité holiste des isolats ruraux d'avant la révolu­tion industrielle, derrière l'engouement ré­cent pour le self-help  (2) et l'intérêt que celui-ci a suscité chez les Saint-Simoniens, dont no­tamment le politologue Ro­senvallon (3)—   a des racines essentiellement cogni­tivo-biologiques, comme le démontre avec brio Gil­bert J.B. Probst (réf. infra).

 

Mais, dans ce domaine fécond autant qu'interdisciplinaire, il y a d'abord une question de vocabulaire. Lorsque l'on parle d'or­ga­nisation, on devrait tout de suite songer à «organique» et ne pas simplement penser à un quelconque mode statique de régulation structu­relle. Dans l'acception sémantique du terme «organisation», les traditions philosophiques grecque et allemande percevront d'emblée la dimen­sion organique/somatique/cognitivo-bio­lo­­gique, tan­dis que le gros de la tradition so­ciologique américaine  —qui a le vent en poupe depuis 1945—  ne voit der­rière le vocable «organisation»  qu'un simple fait de gestion mé­canique, qu'un procédé de régulation sans res­sorts intimes profonds.

 

De cette différence d'approche et d'acception dé­coule un problème de sociologie: dans les tra­ditions euro­péennes  —abstraction faite de la mise au pas «américanotrope»—  la notion d'organisation sera or­ganique, donc sera auto-organisation holiste dans les collectivi­tés/com­munautés, ce qui implique que la lo­gique ultime de l'organisation s'alimentera à une source intérieure et ne sera pas impulsée de l'extérieur; dans la tradition américaine, issue d'un empirisme mécaniciste anglo-saxon, l'orga­nisa­tion sera le fait d'un chef d'orchestre extérieur, manipulant des pions interchangeables pour s'assurer le plus de profit possible. La fu­sion partielle des deux traditions dans notre après-guerre a de ce fait engendré une confusion sémantique désorientante, que nous allons, avec Gilbert J.B. Probst, tenter de dissiper.

 

Une vision organique de l'«auto-organisation»

 

D'où, lorsque nous parlons d'organisation, nous n'entendons pas le résultat de l'action d'une par­tie d'un tout, ou d'une volonté extérieure non liée soma­tiquement au tout, qui formerait et diri­gerait, mais le fruit d'un faisceau d'interactions constantes au sein même d'un système en tant que tout. De ce fait, un système auto-organisé, c'est-à-dire organisé selon ses lois intérieures propres, comme une plante, une forêt, un pro­cessus minéral ou physico-chimique, un re­groupement animal comme une fourmilière, une harde de cerfs, un troupeau de buffles, une tribu de singes ou une société humaine, possèdera les qualités sui­vantes: complexité unitaire dyna­mique et processuelle, non déterminée et auto­nome, interactive et faisant ré­férence à soi-même. De ces qualités, il découle que l'organisation n'est jamais une hiérarchie pour la hié­rarchie, où la domination s'exerce pour la domination et où règnerait un ordre pour l'ordre. L'organisation n'a donc pas une dimension constructiviste. L'intuition de ce phénomène est ancienne. Les Grecs déjà l'avaient perçu. L'organisation est un «organon», non une insti­tution. L'auto-organisation est toujours d'abord un phénomène processuel et non institution­nel.

 

Dans les idéologies contemporaines, la notion d'auto-organisation, souvent saisie très confu­sément, a été appréhendée en trois étapes ma­jeures:

1) L'étape dite de la «main invisible», née au XVIIIième siècle et réchauffée régulièrement de nos jours par les penseurs libéraux.

2) L'étape de la théorie conservatrice organique de l'auto-organisation, s'étendant de 1920 à 1960, avec les écoles organicistes en sociologie dont la plus cé­lèbre fut celle d'Othmar Spann (4).

3) L'étape qui se dessine depuis 1960, où l'auto-or­ganisation n'est plus perçue en tant que procès de ré­tro-activité stabilisante, comme dans la deuxième étape, mais comme «auto-organisation innovative».

 

L'approche que nous établissons dans le cadre du présent exposé se place sur le terrain théo­rique, épis­témologique, et non sur le terrain pra­tique des nou­velles «auto-organisations» spon­tanées, en marge des structures politiques ou so­cio-caritatives officielles et destinées à pallier aux lacunes de celles-ci. Ces nou­veaux réseaux d'auto-organisation sont notamment les Bürgeri­nitiativen  ouest-allemandes (5), les structures informelles d'entraide entre voisins en Grande-Bre­tagne (6), les divers modes de self-help (7), etc. Notre objectif n'est pas de recenser ici ces multiples manifestations de solidarité al­lant au-delà des struc­tures figées et bureaucra­tiques de l'Etat-Providence, mais d'observer comment fonctionnent les choses au plus pro­fond d'elles-mêmes, de repérer ce qui se passe naturellement, de façon à affiner nos instru­ments conceptuels et à ne pas succomber aux séduc­tions faciles des slogans de toutes sortes, slo­gans qui sont trop souvent produits d'une igno­rance des res­sorts intimes des êtres et des struc­tures vivantes.

 

La «main invisible»

 

Les théories organiques de la «main invisible» postu­lent une spontanéité anarchique, analogue au grouil­lement désordonné d'une végétation sauvage qui n'en reflète pas moins l'ordre sup­posé du monde. Cette doctrine de la «main invi­sible», dans sa facette orga­nique, a été appelée «catallaxie» par le théoricien Frie­drich A. von Hayek (8), idole des protagonistes de la vague néo-libérale qui suivit l'arrivée au pouvoir de Thatcher et de Reagan. Pour Hayek, le marché, en tant que grouillement prolixe d'actions éco­nomiques, produit spontanément un ordre catal­lactique, une ca­tallaxie, au sein de laquelle il y a ajustement mutuel de nombreuses économies in­dividuelles. Développant ses arguments en notre siècle, Hayek a quelques no­tions de cyberné­tique et sait ce qu'est un feedback, une rétroac­tion, un rééquilibrage interne. Les pion­niers de l'idée libérale du marché, comme Adam Smith ou Mandeville, n'avaient évidemment pas une notion aussi précise de la cybernétique. Et, cou­plée au progressisme messianique, leur idée d'auto-régulation du marché a perdu son inno­cence organique et s'est dévoyée dans la linéarité quantitativiste et expansive. L'idée vaguement para-cybernétique de la catallaxie libérale des origines était trop faiblement étayée pour résister à l'emprise d'une idéologie dominante, consis­tant en un cocktail de rationalisme progressiste, de mécanicisme rigide et d'économisme expan­sif. La position idéologique de Hayek est dès lors indéfen­dable: le libéralisme réel, celui que l'on a pratiqué dans l'histoire, était un bricolage idéologique boîteux, incapable de produire une harmonie durable et efficace (donc une «catallaxie») mais, au contraire, générateur de multiples dysfonctionnements sociaux et poli­tiques.

 

La pensée organiciste conservatrice

 

La seconde grande phase de la pensée organi­ciste, qui va de 1920 à 1960, est conservatrice. Contre l'emprise croissante et la faillite morale de l'expansionnisme économiste et rationaliste, la pensée organiciste conservatrice des années 20 et 30 met l'accent sur la stabilité des ordres natu­rels organiques et sur leur adaptativité constante. Le principal phare intellectuel du conservatisme organiciste est indubita­blement l'Autrichien Othmar Spann (1878-1950). L'un de ses biographes récents, Walter Becher (9), résume succinctement les reproches que Spann adresse au libéralisme catallectique, qui est incons­cient chez Smith et Mandeville et conscient chez Hayek. Sa critique s'adresse bien sûr à Hayek et a in­fluencé toutes les écoles orga­nicistes solidaristes, ap­partenant à la mou­vance chrétienne-corporatiste d'avant-guerre et, plus partiellement, à la mouvance démocrate-chrétienne personnaliste de notre après-guerre (10).

 

Pour Spann et les organicistes, le marché n'est pas un «billard neutre» où les boules-marchan­dises et les boules-services s'entrechoquent mais un terrain pré­cis, variant selon les circonstances géographiques et historiques. Les circonstances déterminent les va­riables de toute action écono­mique: il n'y a donc pas d'action économique standard, posée par des indivi­dus standards, mais des actions économiques va­riables, posées par des individus différents, c'est-à-dire diffé­renciés par les circonstances spatio-tempo­relles. Contrairement aux affirmations de l'école néo-li­bérale, pour Spann et ses disciples, l'agent écono­mique n'agit pas seul face à l'absolu, sans arrière-plan social (familial, régional, national, corporatif, etc.), mais comme représentant d'un réseau d'intérêts col­lectifs, de sentiments parta­gés, de mobiles déterminés par l'histoire, etc. Dans l'optique de Hayek, pour faire prospérer l'ordre économique, il faut agir en fai­sant abs­traction de tous contextes et sentiments so­ciaux et solidaires et ne faire que ce qui va dans le sens des intérêts de ma propre individualité. Pour Spann, il n'y a pas d'acte économique décon­textua­lisé, dégagé d'un tissu social précis, ayant son his­toire et ses circonstances. Penser comme Hayek, c'est favoriser la dislocation de l'éco­nomie et préparer le terrain aux tentatives to­talitaires de type marxiste/communiste.

 

Outre l'excellence de sa critique apportée au réduc­tionnisme décontextualisant des libéraux, l'organicisme conservateur, assez idéaliste et «platonicien» (11), pose le contexte comme trop fermé sur lui-même, trop stable. Le contexte donné, dans l'optique conservatrice, est là une fois pour toute, juxtaposé à d'autres contextes également fermés sur eux-mêmes. L'étape sui­vante du développement de la pensée conserva­trice organiciste a été celle de la cybernétique de première mouture (que nous convien­drons d'appeler «cybernétique I» dans le pré­sent ex­posé). Le biologiste Paul Weiss a étudié dans les années 20 les réactions systémiques et les rap­ports cycliques au sein même des systèmes bio­logiques. Le tout, dans cette optique, n'était pas la simple somme arithmétique de ses parties; tout système présentait un jeu d'interdépendances circulaires, faisait référence à soi seul. Ludwig von Bertallanffy, en fondant la théo­rie systé­mique en biologie, concentra son atten­tion sur les capacités d'auto-régulation dans les sys­tèmes biologiques qu'il percevait désormais comme ouverts (progrès considérable par rapport aux ferme­tures organicistes antérieures) (12). L'ouverture im­plique l'interdisciplinarité et le re­fus non seulement du réductionnisme décon­textualisant mais aussi du ré­ductionnisme de la fermeture et de l'isolement.

 

Dans les années 30 et 40, Norbert Wiener, Wal­ter Cannon et W. Ross Ashby se préoccuperont intensé­ment des mécanismes de rétro-couplage, nécessaires à la stabilisation des systèmes et à leur adaptation. L'objectif de cette biocyberné­tique, prenant le relais de la pensée organiciste assez incomplète des socio­logues conservateurs, restait toutefois de créer un modèle de gestion «homéostasique», tenant en laisse une ou plu­sieurs variables du système de façon à ne pas permettre de trop fortes déstabilisation.

 

La «déstabilisation innovative»

 

L'organicisme conservateur, dans sa phase la plus sophistiquée, celle de la biocybernétique, s'est donc essentiellement concentré sur les phé­nomènes de ré­tro-couplage, de servo-méca­nisme, de stabilisation, de multi-stabilisation ou d'adaptation. L'objectif de ces recherches, quand elles étaient appliquées aux domaines so­ciologique et politique, était de maintenir en place les systèmes, de réparer les systèmes «abîmés», de les reconduire à un état de stabilité ac­ceptable et jugé bénéfique, de les contrôler selon des principes correcteurs de déviances.

 

A partir des observations du Japonais Ma­ruyama, consignées dans un article de la revue American Scientist  de 1963 (13), la commu­nauté scientifique internationale a dû conclure à l'existence d'une phase II de la cybernétique («cybernétique II»), se préoccu­pant davantage des changements, des instabilités, des déviances dues à des procès amplifiants, des flexibi­lités, des apprentissages et des auto-organisations in­novatifs, etc. Maruyama estimait dès 1963 que la cy­bernétique, au lieu d'être conservatrice, cor­rectrice et stabilisatrice, devrait bien plutôt ren­forcer les dé­viances constructives (deviation-amplifying-pro­cesses). Les modèles orientés vers la stabilité et l'adaptativité peuvent conduire à la rigidité, donc à l'homéostase pathologique.

 

Or la santé, dans un corps comme dans un tissu so­cial, c'est précisément de briser les homéo­stases pa­thologiques (Cf. Watzlawick) (14). L'anarchisme proliférant de la catallaxie et la sta­bilité par rétro-cou­plages constants ne peuvent dès lors plus être perçus comme des modèles optimaux. A la «cybernétique II», Maruyama as­signe d'abord la tâche de parfaire un équilibre entre les forces intérieures conservantes et les forces dynamiques instabilisantes mais innova­tives. Dès lors une organisation, qu'elle soit orga­nique et propre à la logique interne d'un corps animal ou végétal ou d'un tissu ou d'une collectivité vivante, ou qu'elle soit extérieure, propre à une création hu­maine comme une entre­prise, une association, une armée, etc., n'est jamais un ordre immuable mais bien un or­gan(ism)e vivant.

 

Une biocybernétique innovante

 

Les logiques conservatrices, qui veulent mainte­nir à tout prix le statu quo, sont condamnées à la dispari­tion: que l'on songe aux exemples histo­riques que sont certaines facettes de l'Ancien Régime en France et la Kleinstaaterei  en Alle­magne (division du pays en une mosaïque de petites principautés). Cette logique du «devenir», dépassant les diverses logiques de l'«être», ne se retrouve pas seulement dans les disci­plines cybernétiques mais aussi dans les domaines physico-chimique (avec Prigogine, Capra, etc.) et biologique (p. ex. la théorie des «fulgurances» chez Konrad Lorenz et la biologie de la connaissance de Rupert Riedl, etc.). En so­ciologie, de nombreux au­teurs ont tenté de transposer ces éléments d'épistémologie cyber­nétique dans leurs théories de la pratique; son­geons à Edgar Morin, à Luhmann, à Et­zioni et bien d'autres.

 

L'instabilité fondamentale du monde et des choses implique que, pour être efficace, il faut intérioriser une logique à vitesses multiples, ca­pable de faire face à n'importe quel aléa, n'importe quel bouleversement. Le chef d'en­treprise, le responsable, l'homme poli­tique ne peuvent plus manipuler des logiques fermées ni conserver des structures obsolètes et rigides mais, au contraire, approfondir leurs connais­sances en (bio)cybernétique, se donner une dis­ponibilité d'esprit calquée sur ces connaissances, et être prêts à affronter dans la souplesse les dé­fis de toutes sortes auxquels la praxis quoti­dienne et l'Ernstfall  (l'irruption du tra­gique im­prévu) peuvent les confronter. Deuxième im­plication de l'«instabilité fondamentale» pour l'homme politique: il doit cesser de percevoir son rôle comme celui d'un constructeur, d'une sorte d'horloger extérieur à une machine qu'il fabrique et manipule. Il doit bien plutôt se consi­dérer comme un catalyseur, un impulseur, un accélérateur des rétro-couplages positifs et des instabilités innovatives.

 

Un exemple: l'explosion démographique

 

Friedrich Vester, professeur de biocybernétique pour la plupart des grandes entreprises alle­mandes (15), montre, à la lumière de quelques exemples très concrets, comment raisonner à l'aide d'une nouvelle logique axée sur les dé­couvertes de la biocyberné­tique, de la biologie de la connaissance et des métho­dologies basées sur les ressorts intimes des structures et des êtres vivants. Parmi les exemples choisis par Vester, il y a l'explosion démographique que connaît aujourd'hui notre planète. En 1830, la Terre comptait 1 milliard d'individus. En 1930, ce chiffre avait dou­blé et atteignait 2 milliards. En 1960, on passait à 3 milliards. De 1970 à 1980, on est passé de 3,5 à 4,5 milliards, pour at­teindre 5 milliards en 1987. Face à ce boom, notre civilisation est évidemment à la croisée des chemins: il s'agit de poser le bon choix ou de cou­rir à la catastrophe en persistant dans des er­reurs anciennes. L'accroissement démogra­phi­que planétaire est dangereusement déstabili­sateur dans le monde, tout comme le déclin dé­mo­graphique, fait inverse, est déstabilisateur en Europe (nos législations sociales ont été forgées au moment où nos coupes démogra­phiques étaient ascendantes). La déstabilisation due à l'explosion démographique globale n'est pas inno­vante, tandis que la déstabilisation due au recul des naissances en Europe et dans le monde développé (16) conduit à un tassement des capa­cités innovantes de l'humanité. 

 

Quels sont les implications de cette déstabilisa­tion globale? D'abord, l'accroissement démo­graphique provoque un changement très et trop rapide des don­nées, dans tous les domaines imaginables. Du coup, la planification doit se faire sur un terme de plus en plus long, ce qui exige un «saut qualitatif» de notre mémoire. En effet, les structures cognitives de l'homme sont restées au stade atteint il y a 5000 ans. Elles sont inadaptées au bombardement massif de données nouvelles que doit enregistrer notre époque tré­pidante. Vester nous esquisse brièvement  —une brièveté didactique—  l'histoire des structures cogni­tives de l'homme.

Au stade premier, nous avons l'homme primitif, le chasseur-cueilleur imbriqué dans son environ­nement.

Au stade second, l'homme sédentarisé, retranché de l'immédiateté du monde grâce aux éléments de média­tisation que sont ses outils, l'urba­nisation, la technologie, etc.

Au stade troisième, non encore pleinement ad­venu, nous avons l'homme conscient des res­sorts de la cy­bernétique, qui sait corriger le tir, qui englobe le risque et les aléas dans ses cal­culs, ce qui lui permet de se passer de toutes les formes de téléologie reli­gieuse ou laïque.

 

Au stade premier, la planification porte sur une jour­née.

Au stade second, la planification porte sur une année: on doit prévoir la saison prochaine, les récoltes, etc.

Au stade troisième, la planification devra porter au moins sur 100 ans. Les plans quinquennaux des ré­gimes totalitaires ont été, sur le mode hard,  une pré­figuration de cette nécessité. Au­jour­d'hui, dans les grandes entreprises et banques, les plans de finance­ment tablent sur des espaces-temps de 10 ans. La so­lution totali­taire d'hier et la praxis actuelle des banques cor­roborent l'inadéquation de la catallexie li­bérale, laquelle «laisse faire» sans se pencher sur les in­nombrables paramètres (dont les faits sociaux et collectifs) qui font la trame du monde. L'engouement néo-libéral, assorti de son refus passionnel de toute planification, n'aura été qu'un combat d'arrière-garde, n'englobant même pas dans ses préoccupations des pro­blèmes aussi évidents que la pollution, les explo­sions ou les déclins démographiques, tous phéno­mènes qui ne peuvent être réglés que par l'intervention politique... A condition, bien sûr, que le politique soit aux mains de personnes compétentes et non pas de «bricoleurs», animés par quelques slo­gans idéologiques simplets et une soif de prébendes inextinguible. A titre d'exemple, Vester cite, dans le cadre de l'ac­croissement anarchique de la population sur le globe, l'épuisement des matières premières qui implique une planification rigoureuse (tant pour l'exploitation des ressources que pour leur distribu­tion) et, surtout, une diversification des sources d'énergies. L'explosion démographique brésilienne provoque la mort de la forêt amazo­nienne dont l'humanité entière a besoin, vu qu'il s'agit d'une ré­serve indispensable de chloro­phylle, donc du poumon de la Terre (17).

 

Vers la fin du stade second, nous avions une techno­logie agressive et conquérante, suscitant une expan­sion continue déstabilisante, laquelle devra, au stade troisième en advenance, être remplacée par une tech­nologie correctrice, en­globant les nouvelles pratiques de recyclage et tenant compte de l'exiguïté territoriale de notre planète surpeuplée. Les défis au politique sont nombreux: peut-on planifier sur le très long terme, sur les 100 années minimales dont parle Ves­ter, quand les élections se déroulent de quatre ans en quatre ans, de six ans en six ans ou de sept ans en sept ans (les septennats de la Présidence française). Les délais sont trop courts, ce qu'avaient déjà perçu les tenants des solutions totalitaires dans les années 30 (Manoïlesco) (18). Sans pouvoir renoncer à la partici­pation politique d'un maximum de ci­toyens, nous sommes confrontés à la nécessité de planifier sur le très long terme dans le cadre d'une continuité rigou­reuse, ne pouvant être soutenue que par une élite non politicienne, dont chaque représentant se forme et renforce son sa­voir pendant plusieurs décennies de son exis­tence. Les savants devront-ils dicter leurs ordres aux politiciens? Et, si oui, par quels moyens coercitifs?

 

Les défis de la biocybernétique et des nouvelles re­cherches en biologie nous permettent

1) de redéfinir l'organicisme méthodologique en le débarrassant de tous ses colifichets roman­tiques et de ses recours à une hypothétique transcendance.

2) De critiquer les mécanismes électoraux des sociétés contemporaines (19).

3) De mettre en évidence la nécessité des planifica­tions à long terme et, ipso facto, de l'inanité des en­gouements néo-libéraux.

4) D'inclure le tragique dans tous nos calculs et donc de mettre fin aux reliquats de prophétisme bonheuri­sant, d'eudémonisme niais, que véhi­culent les idéolo­gies occidentales.

 

Ces quatre pôles de notre interventionnisme métapoli­tique pourront être sollicités sans plus de fioritures littéraires et donc être «servis» uti­lement à un public plus vaste et plus sobre, no­tamment aux techniciens et aux professions mé­dicales. Dans cet orbite, la biolo­gie est mobilisée au profit de notre projet dans un plan plus vaste. La biologie ne sert plus seulement à dé­crire et énumérer les phénotypes humains, à étayer le discours médical, à socialiser la santé par le biais de l'eugénisme mais sert à asseoir une épisté­mologie ex­tensible à l'ensemble des disciplines. Notre biohuma­nisme devient de ce fait moins étriqué.

 

Robert STEUCKERS.

 

Gilbert J.B. PROBST, Selbst-Organisation, Ordnungsprozesse in sozialen Systemen aus ganzheitlicher Sicht, Verlag Paul Pa­rey, Berlin/ Hamburg, 1987, 180 S., DM 39,80.

 

Le texte qui précède est la version écrite d'un cours donné lors d'un séminaire d'avril 1988, dans le cadre des «universités» organisées par le comité de rédaction d'Orientations.   

 

Notes:

(1) Alain de Benoist nous donne une excellente définition de la «démocratie organique» dans son ouvrage: Démo­cratie: le pro­blème,  Ed. Le Labyrinthe, Paris, 1985.

(2) Il convient de se référer à un ouvrage très important du socio­logue américain John Naisbitt, Megatrends. Ten New Di­rections Transforming Our Lives  (Futura-Macdo­nald & Co., London & Sidney, 1984). Une édition fran­çaise de ce livre est également parue. Ecrit dans la foulée du thatchéro-reaganisme, l'ouvrage cherchait essentielle­ment à jeter les bases d'une straté­gie de survie dans la so­ciété qui semblait s'annoncer, c'est-à-dire une société où les institutions de l'Etat-Providence auraient été «déconstruites». Non exempts de relents universalistes (avec, notamment, un plaidoyer pour une «économie mondiale»), les chapitres du livre expliquent et tentent d'accentuer des tendances inéluctables comme l'informatisation de l'industrie et des techno­­logies, une at­tention accrue pour le long terme, la néces­saire décentra­lisation des grosses instances politiques et écono­miques, le recentrage de l'entraide sociale sur les communautés charnelles ou soudées par une «proximité» quelconque, l'assomp­tion des hiérarchies trop rigides au bénéfice des «réseaux communicatifs dynamiques», un déclin des lo­giques binaires de l'«ou bien... ou bien» au profit des lo­giques à dimensions mul­tiples, etc. Deux chapitres (le 6 et le 7) concernent en fait l'«organicité» (et sa traduction po­litique, la «démocratie orga­nique/participative»).

(3) Cf. Pierre Rosanvallon, La crise de l'Etat-Providence,  Seuil, 1981. Lire surtout le chapitre trois de cet ouvrage, consacré aux solidarités, où l'auteur plaide pour un «réencastrage» de la solida­rité dans la société et un ac­croissement de la visibilité so­ciale. Ces mouvements so­ciaux contribueront, dit-il, à créer un espace «post-social-démocrate»; nous ajouterions que, pour nous, la «post-so­cial-démocratie» signale, implicitement ou ex­plicitement, un effondrement des présupposés mécanicistes de la phi­losophie politique rationaliste et positiviste que le socia­lisme, pour son malheur, a hérité de l'illuminisme et du libéra­lisme. Cet effondrement provoque la réapparition timide d'éléments organicistes, dont le self-help  est une expression.

(4) Pour redécouvrir Spann, lire deux ouvrages récents consacrés à son œuvre: 1) Walter Becher, Der Blick aufs Ganze. Das Welt­bild Othmar Spanns, Universitas, Mün­chen, 1985. 2) J. Hanns Pichler (Hg.), Othmar Spann oder die Welt als Ganzes, Böhlau, Wien-Köln-Graz, 1988.

(5) Cf. Alberto Tarozzi, Iniziative nel sociale. Utopie proget­tuali e nuovi movimenti sui problemi della casa e del nucleare nella Rft,  Franco Angeli editore, Milano, 1982. Voir surtout pp. 30 à 53.

(6) Pierre Rosanvallon, op. cit., pp. 128-129.

(7) John Naisbitt, op. cit., pp. 131 à 157.

(8) F.A. Hayek, Droit, législation et liberté,  PUF, 1980 (vol. 1) et 1981 (vol. 2). Cf. surtout dans le volume 1, pp. 41 à 65. Et dans le volume 2, pp. 129 à 161.

(9) Walter Becher, op. cit., pp. 169 à 172.

(10) Cf. Michel Bouvier, L'Etat sans politique, tradition et mo­dernité,  L.G.D.J., Paris, 1986. L'auteur, avec une remarquable précision, classe les différentes doctrines po­litiques catholiques du siècle, où l'on retrouve des linéa­ments d'organicisme. En pre­nant acte de son panorama, on comprend plus aisément le passage d'une formulation corporatiste, parfois fascisante, à une formulation plus personnaliste, parfois socialisante. Bouvier nous introduit dans l'arsenal des argumentaires catholiques et dé­voile ainsi leur souplesse d'adaptation.

(11) Les interprétations de Spann, formulée par la «destra radi­cale» italienne, mettent l'accent sur la platonisme du sociologue viennois. Cf. l'introduction à Il vero Stato  de Spann par le Gruppo di Ar (in Othmar Spann, Il vero Stato, Ar, Padova, 1982).

(12) Cf. Frans Thoen, «La notion de système chez Lud­wig von Bertalanffy», in Orientations,  n°3, mai-juin 1982. Cf. égale­ment, Ludwig von Bertalanffy, «Hasard, nécessité, évolution», in Krisis,  n°2, avril 1989.

(13) M. Maruyama, «The Second Cybernetics: Deviation ampli­fying mutual causal processes», in American Scien­tist, 51, pp. 164-179. Article cité par G.J.B. Probst, réf. infra.

(14) Cf. l'œuvre de P. Watzlawick en général et, plus précisé­ment, le volume collectif de P. Watzlawick, J. Helmick Beavin et Don D. Jackson, Une logique de la communication, Seuil, 1972.

(15) Cf. Frederic Vester, Neuland des Denkens. Vom technokra­tischen zum biokybernetischen Zeitalter,  Deutsche Verlag-Ans­talt, Stuttgart, 1980. Frederic Vester, Unsere Welt - ein ver­netztes System,  dtv, München, 1983.

(16) Cf. à ce propos, le texte d'un professeur de la Uni­versity of Pennsylvania, Daniel R. Vining, Jr., «Below-Replacement Fer­tility in Five Regions of the World», in Mankind Quarterly, Vol. XXIX, 3, 1989, pp. 211-220.

(17) Cf. l'analyse du Professeur Wolfgang Engelhardt, «Drittwelthilfe und Naturschutz» (in Mut,  n° 255, No­vember 1988), Directeur Général des Collections de Sciences Naturelles de l'Etat de Bavière. Le Prof. Engel­hardt démontre bien à quelles catastrophes peut conduire l'entêtement des dirigeants du Tiers-Monde quand ils veu­lent absolument construire chez eux des structures indus­trielles comparables à celles de l'Europe du XIXième siècle. La volonté de la bourgeoisie brésilienne de construire des complexes de hauts-fourneaux fonction­nant au charbon de bois scelle la mort de la forêt amazo­nienne.

(18) Cf. Mihail Manoilescu (orthographe allemande), Die ein­zige Partei als politische Institution der neuen Regime,  Otto Stollberg, Berlin, 1941. Cf. également, Gottfried Neeße, Partei und Staat,  Hanseatische Verlagsanstalt, Hamburg, 1936.

 

mercredi, 28 avril 2010

D. Rogozine: Non au NATO-centrisme!

Dimitri Rogozine : « Non au NATO-centrisme et à l’encerclement de la Russie »

 

 

rogozin.jpgPour le numéro consacré à La Russie et le système multipolaire de la revue italienne Eurasia (Eurasia. Rivista di Studi Geopolitici – http://www.eurasia-rivista.org/ ) une interview exclusive de Dimitri Rogozine, ambassadeur de la Fédération Russe à l’OTAN, par Tiberio Graziani et Daniele Scalea sur l’avenir de l’OTAN (« déchirée par des problèmes nationaux, financiers et idéologiques ») et de la coopération avec la Russie.

 

L’ambassadeur a critiqué la « Nato-centrisme » et relancé la proposition du  président russe Medvedev pour un accord sur la sécurité européenne qui « tourne vers l’extérieur tous les canons du continent », en empêchant l’irruption d’un nouveau conflit en Europe.

 

On y a évidemment abordé le thème de l’Afghanistan, aire dans laquelle la convergence d’intérêts entre Moscou et l’Alliance Atlantique est plus forte, bien que Rogozine n’ait pas épargné quelques traits contre l’OTAN. L’ambassadeur a de fait affirmé qu’on ne peut pas « évaluer positivement le bilan des activités de l’ISAF », et que si aujourd’hui les troupes atlantistes quittaient le pays, le régime de Karzaï  durerait moins que celui du communiste Najibullah après le retrait des soldats soviétiques. Une sortie hâtive de l’OTAN hors d’Afghanistan déstabiliserait l’Asie Centrale et poserait de « nouveaux défis » à la Russie, mais Rogozine a voulu préciser que l’appui de Moscou à l’Alliance atlantique n’est pas inconditionnel : l’ambassadeur s’est déclaré « extrêmement indigné » par la réticence de l’OTAN à détruire les cultures de pavot d’opium, dont dérive l’héroïne qui envahit la Russie ; réticence qui contraste avec les bombardements réguliers des bases de narcotrafiquants en Colombie. « N’est-ce pas parce que la cocaïne est dirigée vers les Etats-Unis et l’héroïne, par contre, vers la Russie ? »  se demande de façon rhétorique Rogozine, en précisant que la patience des Russes « a atteint ses limites ».

 

Enfin Rogozine a montré de l’inquiétude pour « la politique d’encerclement de la Russie avec des bases militaires au sud et à l’ouest » par les Usa, souhaité le renforcement du Traité de Sécurité collective qui lie la Russie à de nombreux autres pays ex-soviétiques, et critiqué l’ingérence de l’OTAN dans les questions concernant l’Arctique.

 

L’interview de 4 pages à l’ambassadeur Rogozine, qui a abordé bien d’autres thèmes encore, peut être lue en version intégrale sur le numéro 1/2010 de la revue de géopolitique Eurasia, consacré à La Russie et le monde multipolaire

 

Publié sur le site Eurasia, rivista di studi geopolitici

http://www.eurasia-rivista.org/3896/d-rogozin-no-al-nato-centrismo-ed-allaccerchiamento-della-russia

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

 

 

Terre & Peuple Magazine n°43

Terre et Peuple Magazine

N°43, équinoxe de printemps 2010

SOMMAIRE

Éditorial de Pierre Vial : Oui, nous avons raison

En Bref

-  Nouvelles d’ici et d’ailleurs

Nos traditions
- Les fourneaux d’Epona
Culture

- Cinéma : Avatar

Réflexion

- Racines du mondialisme occidental

Combat Culturel

- Au temps des idéologies à la mode

Culture

- Notes de lectures

Etudes Indo Européennes

- Regards sur les Indo Européens

DOSSIER – Identités : la révolution du XXI° siècle

Notre Communauté

- Abelardo Linares y Munoz
- Jean Claude Valla

EDITORIAL

OUI, NOUS AVONS RAISON
Notre force principale réside dans le fait que notre vision du monde repose sur la prise en compte des réalités. Il en va ainsi pour l’ethnopolitique. Contrairement à d’autres, notre conception de l’identité a pour base le facteur ethnique. Le monde va de telle façon qu’il nous donne raison tous les jours.
Illustration spectaculaire : dans le centre du Nigéria, au cours de la nuit du 6 au 7 mars, trois villages ont été attaqués par des fulanis, musulmans venus régler leurs comptes avec les chrétiens de l’ethnie Berom (en janvier, des massacres avaient fait au moins 300 morts chez les fulanis). S’en est suivie « une vague de tueries organisées et exécutées avec rigueur » (Le Monde, 10 mars 2010). Les assaillants n’ont pas fait de quartier : « Au nombre de plusieurs centaines, ils étaient armés de machettes mais aussi d’armes automatiques ». Ils ont « tiré des coups de feu pour attirer la population à l’extérieur des habitations, puis commencé à tuer, n’épargnant ni femmes ni enfants, incendiant les maisons ».
Les forces de sécurité censées empêcher de tels massacres n’empêchent rien du tout. D’abord parce qu’elles sont occupées à racketter tout ce qu’elles peuvent. Ensuite et surtout parce que « l’armée est surtout dominée par des éléments originaires du Nord, donc musulmans, alors que la police locale est essentiellement berom, donc chrétienne ». En fait, et même Le Monde est obligé de le reconnaître, les raisons apparemment religieuses du conflit reposent en fait sur une confrontation ethnique, dans un pays qui ne peut trouver de stabilité car il est multiethnique. Depuis dix ans les tueries se sont succédées : en 2001, 1.000 morts, en 2008, entre 400 et 600 (personne n’est capable d’établir des chiffres précis). Bien sûr cela va continuer. Pour comprendre les données et les enjeux des confrontations ethniques en Afrique, la meilleure source d’information est L’Afrique réelle. La revue fondée par Bernard Lugan, dont beaucoup regrettaient l’interruption, revient sur internet en version modernisée, avec chaque mois 16 pages couleur et de nombreuses cartes en quadrichromie. Dans chaque numéro, une rubrique d’actualité (en janvier, les conflits ethniques en Guinée) et un riche dossier. Renseignements : www.bernard-lugan.com.
Nous avons fait le choix de la lucidité et des conséquences qui en découlent, sur le plan de l’engagement. A savoir que les convictions ne doivent jamais être sacrifiées à des intérêts conjoncturels, d’ailleurs illusoires. En clair, cela signifie que nous refusons tout compromis, tout opportunisme, proposé sous le prétexte que notre corpus idéologique nous interdit toute perspective de « réussite ». Quelle « réussite » ? Celle qui consiste, en vendant son âme pour un plat de lentilles, à être tolérés, admis par les gens qui contrôlent le pouvoir, tous les pouvoirs et qui exigent que l’on se plie aux dogmes du politiquement correct si l’on veut échapper à la diabolisation ? Un peu partout, en Europe, des gens censés appartenir à notre camp se sont engagés sur la voie sans retour, la voie du reniement. En faisant allégeance au cosmopolitisme, au pouvoir de l’argent. En se convertissant à un embourgeoisement qui les amène à trahir les engagements et les luttes de leur jeunesse. Il ne faut pas être « extrémiste », n’est-ce pas, si on veut obtenir une place (un strapontin…) dans le cirque démocratique. Pitoyable déchéance, qui ne peut qu’inspirer le mépris. Et qui n’empêchera pas les renégats de rester bel et bien des parias pour ceux qui les roulent dans la farine en leur faisant miroiter un brevet de respectabilité, censé ouvrir les portes de juteuses carrières.
Nous, nous ne nous ne faisons pas d’illusions : nous sommes, nous avons choisi d’être dans le camp des maudits. A jamais. Nous nous y trouvons bien car c’est le seul endroit où l’on croise des hommes et des femmes dignes d’estime.
Pierre VIAL

Turken herdenken massamoorden op Armeniërs

Turken herdenken voor de eerste keer massamoorden op Armeniërs        

ISTANBOEL 24/04 (AFP) - Mensenrechtenactivisten, intellectuelen en Turkse artiesten hebben zaterdag in Istanboel voor de eerste keer op publiekelijke wijze de massamoorden op Armeniërs (1915-17) herdacht. Hiermee wordt een belangrijk taboe in Turkije doorbroken.
   

Istanbul.jpgDe afdeling uit Istanboel van de Vereniging voor Mensenrechten (IHD) organiseerde een herdenking voor de razzia op 220 leden van de Armeense intellectuele elite op 24 april 1915, het begin van de massamoorden.

Honderden manifestanten trokken, onder de slogan "Nooit meer", naar het station van Haydarpasa, vanwaar de eerste deportaties plaatsvonden. De betogers, begeleid door politie en talloze camera's, droegen zwart-witfoto's van gedeporteerden waarvan het merendeel nooit meer gezien werd. Een groep tegenbetogers werd door de politie op voldoende afstand gehouden. Rond 18.00 uur vindt een tweede betoging plaats in het hart van het Europese deel van Istanboel.
   

Ook in de Armeense hoofdstad Erevan zijn zaterdag duizenden mensen op straat gekomen om de 95ste verjaardag van de massamoord op de Armeniërs te herdenken. Volgens Armenië zijn meer dan 1,5 miljoen mensen omgekomen tijdens de genocide, Turkije houdt het aantal op 300.000 à 500.000 slachtoffers. Volgens Ankara werden ze echter niet het slachtoffer van een genocide, maar kwamen ze om tijdens de chaos van de laatste jaren van het Ottomaanse rijk.

MPK/MPE/(PLS)/

Carl Schmitt: Auf den Punkt gedacht

Carl Schmitt: Auf den Punkt gedacht

Christoph Rothämel  

http://www.blauenarzisse.de 

 

Carl_Schmitt.jpgMan möchte meinen, Carl Schmitt ist als Autor heute weniger wegen seiner Liaison mit dem Nationalsozialismus als wegen der Klarheit seiner Schriften unbeliebt. Seine unermüdliche juristische und philosophische Grundlagenarbeit, mit einem kühlen Kopf den Wörtern ihren Sinn zurückzugeben, hat sich in ein reichhaltiges Reservoir deutscher Denkkraft verwandelt. Dies erhellt dem Nachdenkenden die Struktur der modernen politischen Ideologien, sofern sie mit Begriffen wie Demokratie, Parlamentarismus, Diktatur, Souveränität, Menschheit hantieren. Der Begriff des Politischen und Die geistesgeschichtliche Lage des heutigen Parlamentarismus sind nun bei Duncker & Humblot in neuer Auflage erschienen.

 

Die Lüftung des Schleiers über der Jakobinerlogik

Wenn Schmitt die Demokratie erklärt, wird deutlich, dass ein Parlament dafür keine notwendige Voraussetzung ist. Dass die Existenz eines Parlaments von fast allen Demokraten für den Staat dennoch als solche betrachtet wird, beruht auf dem gemeinsamen historischen Siegeszug von demokratischen Idealen und liberalen Ideen und der damit verbundenen denkerischen Fehlleistung einer automatischen Verknüpfung von Demokratie und Liberalismus. Demokratie selbst hat aber zunächst keinen politischen Inhalt, sondern stellt lediglich eine Organisationsform dar.

Ihr Kerninhalt bleibt das Dogma, dass alle politischen Entscheidungen nur für die Entscheidenden gelten sollen, die Identität von Herrscher und Beherrschten. Die überstimmte Minderheit muss ignoriert werden, was aber nicht schwer fällt, da ja nach Rousseau der Wille der überstimmten Minderheit in Wahrheit mit dem der Mehrheit übereinstimmt. Auch John Locke ist der festen Überzeugung, dass in der Demokratie der Bürger auch dem Gesetz zustimmt, das nicht seinem Willen entspricht. Letztlich ist das Gesetz identisch mit der volonté générale. Und weil - ganz rousseauistisch – der Generalwille der wahren Freiheit entspricht, war der Überstimmte nicht frei.

Da jederzeit die Möglichkeit besteht, dass das Volk mithilfe von Suggestionen betrogen wurde, kann der radikale Demokrat auch die Herrschaft der Minderheit über die Mehrheit rechtfertigen, wie sie exemplarisch in den Erziehungsdiktaturen der sozialistischen Revolutionen zutage trat. Der echte Demokrat bleibt, weil er an die Demokratie als eigenen Wert glaubt, weiter Demokrat, muss aber, weil die Regierten noch nicht „reif“ sind, die Demokratie praktisch zeitweilig suspendieren ohne sie theoretisch aufzugeben. Der Kernsatz Schmitts dazu lautet: „Es scheint also das Schicksal der Demokratie zu sein, sich im Problem der Willensbildung selbst aufzuheben.“

Da das Volk, das sich zur Willensbildung nicht mehr an der Dorflinde zum Thing treffen kann, auf Ausschüsse zur Repräsentation angewiesen ist, bleibt die Frage, ob nicht auch ein einziger Vertreter den wirklichen Willen des ganzen Volkes in den Händen halten kann? Bejaht man dies, muss man Adolf Hitler als Demokrat und Diktator anerkennen. Er beanspruchte jedenfalls den Willen des Volkes zu kennen und zur Ausführung zu bringen. Auch die DDR war demnach – ganz ihrem Namen nach - ein grundsätzlich demokratischer Staat. Lediglich für oder gegen die Regierung stimmen zu dürfen ist nicht etwa undemokratisch, es ist illiberal! Das Wahlsystem der DDR war genau genommen plebiszitär. Und ein Plebiszit ist nicht undemokratisch. Die Diktatur ist eben nicht der Gegenbegriff zur Demokratie.

Parlamentarismus

Der Parlamentarismus als Ausprägung einer liberalen Auffassung von Demokratie hat Diskussion und Öffentlichkeit zur Voraussetzung. Das Parlament soll Ausschuss des Volkes sein, in dem die überall verteilten Funken der Vernunft über die Diskussion zu einer politischen Willensbildung führen. Dass dieses Konzept durch die Massendemokratie mit all ihren Konsequenzen in Frage gestellt wird, stellt Schmitt meisterhaft heraus. Weder sind die parlamentarischen Diskussionen wirklich öffentlich, noch ermutigt das politische Personal den Wähler dazu, eine gehaltvolle Diskussion neben den Partikularinteressen der Protagonisten überhaupt noch für möglich zu halten. Es ist für den heutigen Leser leicht einsichtig, dass nach den unnormalen Wiederaufbauleistungen nach dem Zweiten Weltkrieg diese Erschlaffungstendenzen des Parlamentarismus, die Carl Schmitt in der Weimarer Republik beobachte, zurückkehren.

Die Darlegungen Schmitts gehen aber noch viel weiter. Grundlegend zu wissen ist, dass Demokratie immer eine hinreichende Homogenität voraussetzt. Die zunehmende Gleichsetzung von Staat und Volk mit dem Siegeszug der Demokraten ist mithin kein Zufall, sondern die notwendige Bedingung für die Herstellung handlungsfähiger politischer Einheiten auf demokratischer Basis. Man muss daher zwingend den Schluss ziehen, dass die Demokratie durch die Heterogenisierung des Staatsvolkes, wie wir sie gegenwärtig erleben, erheblichen Gefahren ausgesetzt ist.

Unüberbietbar ist seine Feststellung, dass die Krisis des modernen Staates darauf beruht, dass eine Massen- und Menschheitsdemokratie keine Staatsform, auch keinen demokratischen Staat zu realisieren vermag. In Bezug darauf sind die Selbsttäuschungen der Gegenwart wieder enorm angewachsen.

Politische Theologie und Souveränität

Der Glaube, dass alle Gewalt vom Volke kommt, erhält in der Demokratie eine ähnliche Bedeutung wie der Glaube in der Monarchie, dass alle obrigkeitliche Gewalt von Gott kommt. Dieses Phänomen beschreibt Schmitt in einer gleichnamigen Schrift als Politische Theologie. Für ihn deutet sich an, dass das jeweils vorherrschende Weltbild und die Ausprägung der Staatsform in einem Zusammenhang stehen.

Damit verbunden finden sich die Begriffe Souveränität, als die Fähigkeit über den (politischen) Ausnahmezustand zu entscheiden, und das Politische, als die Fähigkeit Freund und Feind zu unterscheiden, wieder. Denn alles dies mündet zwangsläufig auch in die Politische Theologie, insofern das Weltbild maßgeblich die Erkenntnis der Normalität wie die Freund-Feind-Scheidungen determiniert. Angesichts eines offiziellen Kampfes gegen Rechts ist der Standardvorwurf gegenüber Schmittianern, unbilligerweise an Freund-Feind-Denkweisen festzuhalten, eine einzige an Idiotie grenzende Groteske, seitens derer, die als politischen Feind den Nazi samt seinen Wegbereitern überall zu sehen glauben.

Intellektuelle Vorwegnahme der Bundesrepublik Deutschland

Neben den grundsätzlichen Begriffsklärungen, finden sich im Gesamtwerk Schmitts auch Deutungsmuster juristischer Gestaltung imperialer Politik. Am Beispiel der besetzten Rheinlande („Die Rheinlande als Objekt internationaler Politik“ in Positionen und Begriffe, 3. Aufl., D&H) erläutert er, warum Annexionen und Protektoratsbildungen veraltete Mittel der imperialen Machtausübung sind, und wie es dem eingreifenden Staat mithilfe von unbestimmten Rechtsbegriffen wie Schutz fremder Interessen, Schutz der Unabhängigkeit, öffentliche Ordnung und Sicherheit, Einhaltung internationaler Verträge undsoweiter gelingt, die politische Existenz eines vordergründig in die Souveränität entlassenen Staates weiterhin in den Händen zu behalten.

Die herrschende Macht schafft internationale Vertragswerke, deren Auslegung sie kraft ihres Machtstatus letztendlich selbst bestimmen kann. Carl Schmitt hat damit auch die babylonische Gefangenschaft Deutschlands in ihrer heutigen Form lange vorweggenommen. Ein unerschöpflicher Fundus für alle: aber unverzichtbar für Politik- und Jurastudenten.

 

Carl Schmitt: Der Begriff des Politischen. Text von 1932 mit einem Vorwort und drei Corollarien. Broschiert. Duncker & Humblot 2009. 116 Seiten. 22 Euro.

Ders.: Die geistesgeschichtliche Lage des heutigen Parlamentarismus. Broschiert. Duncker & Humblot 2010. 90 Seiten. 18 Euro.

L'Homme, entre chien et loup...

L'Homme, entre chien et loup...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Nous reproduisons ici un texte de réflexion de Jean-Michel Truong, spécialiste de l'intelligence artificelle et écrivain, auteur de Totalement inhumaine, un essai stimulant, publié chez Les empêcheurs de penser en rond en 2001 et consacré à l'avénement des consciences artificielles qui succéderont à l'homme. Intitulé L'Homme, entre chien et loup, ce texte est mis en ligne sur le site personnel de l'auteur. 

Truong.jpg

 

L'Homme, entre chien et loup

Un verre de vin mouillé d'un soupçon d'eau, est-ce toujours du vin ? Certes non, s'indigneront les puristes, quand d'autres, moins sourcilleux, concéderont que, peut-être... Mais à partir de quelle proportion d'eau n'est-ce vraiment plus du vin ? La moitié ? La moitié plus une molécule ?

Et un homme coupé de rat ou de brocolis, est-ce encore un homme ? A partir de quelle proportion de gènes animaux ou végétaux n'est-ce plus un humain ? D'un cerveau branché, après un accident, sur un robot de survie, dira-t-on que c'est une machine ou une personne ? Les progrès de la technologie - transgenèse et hémi-synthèse humaines, prosthétique et biotronique - peupleront la conscience moderne de créatures mi-chèvre mi-chou, mi-figue mi-raisin, mi-carpe mi-lapin, mi-or mi-plomb, qui n'en finiront pas de l'interpeller, voire de la déchirer : ces alliages innommables, ni tout-à-fait humains ni totalement animaux, ni franchement naturels ni vraiment artificiels, qui devra en prendre soin ? Les médecins, les vétérinaires ou les électromécaniciens ? La sécurité sociale remboursera-t-elle leur maintenance ? Si elle refuse, auront-ils la faculté de demander réparation en justice ? Au fait, jouiront-ils des droits de l'homme ? De certains d'entre eux, peut-être ? Dans ce cas, de quelle portion des-dits droits devra bénéficier le chimpanzé, sachant que son génome diffère du nôtre de 1,2% seulement ?

Partout l'actualité suscite de semblables questionnements, de portée moindre, parfois, mais engendrant toujours un même désarroi. Dans l'ordre politique, par exemple : La France, à partir de quelle concentration d'Africains, Maghrébins et Chinois n'est-elle plus la France ? Un gouvernement, à partir de combien de ministres de gauche n'est-il plus de droite ? Que faire de la Turquie, ni tout à fait européenne, ni totalement asiatique ? La Chine est-elle le dernier bastion du communisme ou l'avant-garde du capitalisme ? Quand deux avions de ligne détruisent les Twin Towers, est-ce un crime de droit commun ou un acte de guerre ? Et à propos, à partir de combien de victimes peut-on parler de guerre ? A deux, on reste dans l'ordre de grandeur de la nuisance individuelle ; à dix, on entre probablement dans la zone du crime organisé ; à cent mille, on est clairement dans l'apanage des Etats. Mais à 2973, nombre de celles qui furent relevées des décombres du 11 Septembre ?

Ou dans l'ordre économique : quand la dette d'un ménage américain se retrouve, après une longue et opaque série de transactions, dans le bilan d'une banque européenne, quid de la relation créancier-débiteur ? L'emprunteur américain fait défaut, mais c'est le client de la banque européenne qui se voit refuser un crédit. Quant au prêteur initial, il y a longtemps qu'il a tiré ses marrons du feu, rémunéré pour un risque qu'il n'a pas pris, quand le précédent est pénalisé pour une dette qu'il n'a pas souscrite.

Ou encore, dans la sphère éthique : la vie, à partir de quel stade devient-elle humaine ? Dès la fécondation ? A la naissance ? Plus tard encore ? Le débat passionna la fin du 20ème siècle. Quant au nôtre, il se déchirera autour de la question symétrique : à quel moment cesse-t-elle, cette vie, d'être pleinement humaine ? A la mort clinique ? Cérébrale ? Ou sitôt que, pour une raison ou une autre, elle « ne vaudra plus la peine d'être vécue » ? Quel traitement réserverons-nous dès lors à ces êtres « plus tout-à-fait humains » ? Le débat sur les êtres « pas encore humains » fonda notre droit à l'interruption volontaire de grossesse. Celui qui se développe actuellement préparerait-il un droit à l'interruption volontaire de vieillesse ?

Animal/homme, synthétique/naturel, autochtone/étranger, droite/gauche, Europe/Asie, communisme/capitalisme, paix/guerre, créancier/débiteur, vie/mort, humain/non-humain... c'est à une véritable crise de la disjonction que nous nous trouvons confrontés. La modernité se brouille avec des ontologies établies, pour certaines, dès la Préhistoire. Partout où prévalaient des oppositions tranchées entre catégories disjointes, le développement des sciences, des moeurs, des idéologies et des sociétés insinue de l'entrelacé, du dégradé et de l'indémêlable. Là où nous peinâmes, des millénaires durant, à creuser des discontinuités, notre siècle brutalement réinstaure du continu. Le monde était tout en contrastes, le voici tout estompé.

Mauvais coup pour nos neurones. Depuis l'aube de la pensée, ils étaient accoutumés à percevoir et manipuler des entités discrètes - les Nombres, Formes et Idées de Platon, les idées « claires et distinctes » chères à Descartes. Dans l'ordre spatial ils avaient pris l'habitude de discerner des essences pures au sein de champs hétérogènes, dans le temporel des états stables au fil de fluctuations continues. Au terme de ce processus d'échantillonnage du réel, de réduction des dispersions à des valeurs centrales, de la variété à des types, tout ce que l'univers contenait de matière à penser s'était trouvé comme condensé en quelques astres massifs - les concepts qui jusqu'à ce jour structuraient nos perceptions et précontraignaient nos actions. L'espace intersidéral était réputé vide, et les rares résidus y dérivant encore destinés à tomber, tôt ou tard, dans l'orbite de l'étoile la plus proche.

Pour prix du renoncement de notre intelligence à saisir le réel en sa totalité, nous gagnâmes la science. Or voici qu'elle nous apprend que la masse totale de matière à penser excède de beaucoup la somme de celles des astres qui hantaient notre univers mental. Ironie de l'histoire : c'est la science elle-même qui, en découvrant un nombre toujours croissant d'entités atypiques - voire en leur donnant le jour - attire aujourd'hui notre attention sur cette matière noire à l'ignorance méthodique de laquelle elle doit l'existence.

Voilà donc ce qui se joue en ce début de millénaire : une révolution cognitive et épistémologique, un point d'inflexion historique où l'esprit - après un long détour par la pureté des concepts, la clarté des disjonctions, l'exclusive des logiques, et grâce précisément aux outils forgés au cours de ce détour - découvre et fabrique partout de la transition, du continu, du gradient, de la fusion, du flou. Notre style de représentation préféré - cette « ligne claire » délimitant de grands aplats homogènes qui prévalut, des grottes de Lascaux aux bandes dessinées de Hergé, en passant par les cartes géographiques et les fresques de la haute Egypte - s'avère inadéquat, et nos outils de prédilection - logique du tiers exclu, calcul des prédicats, ordinateurs digitaux - irrelevants.

L'émergence de modes de représentation et d'instruments de pensée adaptés sera la grande affaire de l'esprit dans les âges à venir. Plusieurs siècles s'écouleront sans doute avant que nos pupilles, accoutumées à la lumière crue des soleils artificiels, accommodent aux lueurs incertaines du crépuscule : songeons aux vingt-cinq qui furent nécessaires, depuis Antigone, aux concepts d'individu et de droits attachés à la personne, pour s'imposer - encore qu'imparfaitement - à la conscience universelle. A plus courte échéance - les deux ou trois décennies dont les lecteurs de ce texte ont une chance raisonnable d'être les acteurs - trois ordres de pathologies peuvent être redoutés :

- Les paniques cognitives en réponse à des situations inédites que nos vieilles catégories ne savent pas prendre en charge. La guerre d'Irak nous en offre une illustration spectaculaire. Dans l'urgence d'un événement proprement impensable, les décideurs américains opérèrent une série de replis successifs sur des positions cognitives préparées à l'avance. Le 11 Septembre fut ainsi, faute de modèle plus pertinent, assimilé à un acte de guerre, Al Qaeda à un Etat agresseur et l'Afghanistan d'abord, l'Irak ensuite, substitués à ce dernier lorsqu'il s'avéra ne pas présenter les caractéristiques - notamment géographiques, démographiques et patrimoniales - désirables d'un point de vue militaire conventionnel : car où faire la démonstration de l'efficacité vengeresse de ses missiles quand l'adversaire n'a pas de territoire, épancher son courroux quand il n'a pas de populations civiles, prélever un butin quand il n'a aucun actif ?

- La glaciation doctrinale autour des identités menacées, le raidissement des nostalgiques de la clarté-distinction, l'insurrection des adeptes d'ontologies obsolescentes, la réaffirmation violente des particularismes, le culte frénétique des exceptions, les exclusions et excommunications réciproques, la balkanisation, enfin, des grands ensembles géopolitiques et idéologiques dont la formation, surmontant les clivages historiques, avait jusqu'ici semblé jalonner la marche de la civilisation. Plus significative à cet égard que les haines immémoriales des fanatiques - telle celle qui depuis l'origine de l'Islam ensanglante shiites et sunnites - qui finissent, tant elles sont récurrentes, par faire partie du décor, est la récente revendication de l'Eglise catholique romaine de Benoît XVI à détenir seule « l'intégrale vérité du christianisme », par laquelle cette institution, jusqu'ici plus portée au dialogue, porte un coup peut-être fatal à un effort lent mais continu de réunification des églises néotestamentaires.

- Le Kriegsweh, enfin, ce désir, cette terrifiante nostalgie de guerre, qui s'empare des désemparés quand, à bout de désarroi, ils se laissent fasciner par la clarté qu'elle instaure, les distinctions qu'elle impose - entre amis et ennemis, ceux qui sont avec nous et ceux qui sont contre nous, ceux qui partagent nos valeurs et ceux qui s'y opposent, les alliés et les traîtres, les combattants et les lâches -, et les jugements expéditifs qu'elle autorise. L'homme du crépuscule chérira la guerre, non pour l'hégémonie, le pétrole ou même les idées, mais pour sauvegarder, aussi longtemps que possible, son esthétique de la ligne claire.

 

Jean-Michel Truong

Texte publié pour la première fois in De qui demain sera-t-il fait ? Institut Aspen France, Editions Autrement, Paris 2008

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Gli altri segreti di ECHELON e i misteri del Patto UK/USA

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2003

GLI ALTRI SEGRETI DI ECHELON E I MISTERI DEL PATTO UK/USA

 

Del dossier "Echelon" se ne è parlato diffusamente, anche se spesso confusamente, da quando il Mondo del 20 e 27/3/98 pubblicò stralci del rapporto dello Scientific and Technological Options Assessment (STOA), Direzione generale ricerca del Parlamento Europeo. Lo STOA fa capo al Direttorato Generale della Ricerca che risiede a Strasburgo. Nel documento in questione venivano affermate cose molto gravi e cioè che tutti i fax, i messaggi di posta elettronica, anche quelli criptati, le nostre azioni quotidiane più banali come l’uso del telefono, di internet, il passaggio ai caselli autostradali, la spesa, ecc., sono, in buona parte, intercettati e inseriti in una sofisticatissima e potente banca dati computerizzata. Il tutto sarebbe possibile grazie ad una speciale capillare rete di satelliti spia e a delle basi a terra di intercettazione.

 

Le comunicazioni intercettate indiscriminatamente, qualsiasi mezzo o linea di trasmissione utilizzino, sono quantitativamente non immaginabili. Il tutto è aggravato dal fatto che, diversamente da quanto avviene con altri sistemi sofisticati di spionaggio elettronico, il sistema "Echelon" è operativo, quasi esclusivamente, nei confronti di obiettivi non militari. Tutto quanto viene intercettato è dirottato al centro strategico di Menwith Hill, nel North York Moors, Regno Unito che, in un secondo tempo, invia tutto ciò che reputa di interesse a Fort Meade nel Maryland, al National Security Agency (NSA), il servizio segreto USA di spionaggio elettronico.

 

Dal documento "Una valutazione delle tecnologie di controllo politico", tradotto da T.H.E. Walrus e consultabile al sito web http://www.tmcrew.org/privacy/STOA.htm, apprendiamo che "Il sistema fu scoperto la prima volta alla fine degli anni ’70 da un gruppo di ricercatori in UK (Campbell, 1981). Un recente lavoro di Nicky Hager, ("Decret Power", Hager, 1996) fornisce i dettagli attualmente più comprensivi su un progetto conosciuto come ECHELON. Hager ha intervistato più di 50 persone coinvolte nei servizi segreti, mettendo alla luce l’esistenza di apparecchiature di ascolto e sorveglianza diffuse attraverso tutto il globo per formare un sistema puntato su tutti i satelliti chiave Intelsat utilizzati come infrastruttura di trasmissione satellitare per comunicazioni telefoniche, Internet, posta elettronica, fax e telex. I siti di questo sistema sono di stanza a Sugar Grove e Yakima negli USA, a Waihopai in Nuova Zelanda, a Geraldton in Australia, a Hong Kong e a Morwenstow UK". Per altri interessanti ragguagli consiglio di vistare il sito web http://www.wif.net, dove vi sono, tra l’altro, ampi ed interessanti approfondimenti forniti dal super esperto di Signal e Business Intelligence ing. Giuseppe Muratori, Intelligence Head Master del W.I.F. (World Intelligence Foundation).

 

Il documento "Una valutazione delle tecnologie di controllo politico" continua spiegando che sono due i sistemi di sorveglianza: "Il Sistema UK/USA che comprende le attività di agenzie di intelligence militare come la NSA-CIA negli USA che incorpora GCHQ e M16 in UK, che operano congiuntamente un sistema conosciuto come ECHELON" l'altro è "il Sistema EU-FBI che concatena assieme varie agenzie di ordine pubblico come FBI, polizie di stato, dogane, immigrazione e sicurezza interna". Echelon opera sotto la giurisdizione del patto UK/USA, che ha una data di nascita, il 1947. UK/USA riunì Stati Uniti, Canada, Regno Unito, Australia, Nuova Zelanda e più recentemente Giappone, Corea e paesi NATO. Il progetto conosciuto come ECHELON si origina da questo patto segreto che all’inizio costituiva solo un formale accordo tra agenzie inglesi e americane COMINT (Communications Intelligence). Questo concordato era denominato BR/USA.

La ricercatrice freelance e giornalista investigativa Susan Bryce, ha scritto anche che: " UK/USA è un accordo ‘a gradini’, la NSA (National Security Agency) è chiamata ‘Primo Partito’… rispetto all’accordo UK/USA… si assume l’impegno di numerose operazioni clandestine. …fu allestita senza alcuna legislazione ufficiale, non c’è nulla, legalmente, che non possa fare. …la National Security Agency può essere descritta solo come il più grande di tutti i fratelli. Lanciata segretamente dall’Amministrazione Truman il 4 Novembre 1954, oggi la NSA controlla oltre 2.000 stazioni di intercettazione elettronica, dispone di un budget di oltre 10 miliardi di dollari l’anno ed impiega più di 130.000 persone in tutto il mondo, il che la rende anche più grande della CIA (Ball, 1980, p. 33)" (Nexus. New Times Magazine, Ottobre-Novembre 1995).

Il patto UK/USA nasconde altri segreti incredibili e decisamente inaccessibili. Il progetto ECHELON, in fondo, per quanto grave possa essere, è solo una delle emanazioni di UK/USA. Basti pensare che importantissime e strategiche basi Top Secret come Nurrungar, Menwith Hill, Pine Gap, ecc. e la stessa agenzia NSA sono coordinate direttamente secondo direttive UK/USA. C’è anche da dire che lo stesso segretissimo progetto di "Guerre Stellari" fu sotto la giurisdizione dell’accordo UK/USA. La General Electric e la Marconi, veri e propri leader nel settore, sono stati fornitori di alta e vitale tecnologia a diverse iniziative targate UK/USA. Attorno al progetto "Guerre Stellari", noto anche come Strategic Defense Initiative (SDI), si verificarono strane morti di scienziati. Incredibili suicidi iniziati nel 1982 e continuati sino al 1990. Gli scienziati coinvolti lavoravano per la General Electric Company di Londra ed erano insediati in due grandi ditte: la Plessey e la Marconi. Venticinque di questi sono deceduti in circostanze alquanto misteriose, molti di loro "suicidi" nel modo più strano e grottesco.

Un oceano di misteri, insomma, che si infittiscono sempre di più. Stranissime morti, sistemi di spionaggio satellitare e armi segrete e spaventose, congiure del silenzio e molto altro ancora sono la parte profonda dell’iceberg che affiora, solo impercettibilmente, da un mare di segreti. Invenzioni da apprendisti stregoni ci vengono tenute nascoste assieme ad altre micidiali scoperte. La ricercatrice Susan Bryce scrive, al riguardo, cose sconvolgenti. Ci informa di una riunione particolare e molto importante dove, tra l’altro, si discusse: "l’uso di infrasuoni per distruggere navi, tramite la creazione di campi acustici sul mare, e lo scagliare nel mare un grosso pezzo di roccia usando un economico dispositivo nucleare (il maremoto che ne risulterebbe potrebbe demolire la linea costiera di un paese). Altri maremoti potrebbero ottenersi detonando armi nucleari ai poli ghiacciati. Alluvioni controllate, uragani, terremoti e siccità indirizzate verso bersagli specifici e città, sono pure stati argomento di discussione. Ci sono speculazioni sul fatto che le basi statunitensi siano pesantemente implicate in ricerche concernenti molte di queste ‘nuove idee per la guerra’, come pure esperimenti con la griglia mondiale" (Nexus. New Times Magazine, cit.). Uno scenario da brivido insomma. Quali terribili e inconfessabili segreti cela il patto UK/USA?

 

Giuseppe Cosco

linus.tre@iol.it

mardi, 27 avril 2010

An interest in Carl Schmitt

Carl_Schmitt_thumb.jpgAn interest in Carl Schmitt

Ex: http://majorityrights.com/

Last month I put up a brief post titled Leviathan Rising.  It speculated on the general policy direction by which the transformation to a Leviathan superstate might be effected.  Of course, the times would be characterised by trauma injury to European societies made raceless, and therefore loveless and powerless - for without love between the people there can be no strength in them.

The approach of this condition we can all surmise from the evidence about us.  We read and write about it every day.  But let’s venture beyond.

In my post I argued that the “detachment into domestic policy blandness and irrelevance, and the shift to action abroad” would be the sign that the totalitarian Rubicon had finally been crossed.  But actually, I’ve just come across a better formulation from Leo Strauss in writings about his teacher, the great German jurist Carl Schmitt: “[It] would be a world of entertainment without politics and the possibility of struggle.” Recognise that?

Now, sixty-three years after the extinction of the system he helped to theorise, Schmitt is still the pre-eminent authority on matters of total dominion?  Addressing the riddle of how to despatch liberal democracy without triggering what Habermas has termed “the legitimation crisis”, he formulated a legal and philosophical legitimisation for dictatorship.  This he did through a number of influential works in the years up to 1933, when he finally joined the Nazi Party.  His thought, however, reduces to four core concepts:-

1. The concept of “Exception” from the normal restraints on state power in the absence of order.

2. The concept of “The Political”, as the dominion or theatre of action for the state (and the state alone).

3. The concept of “friend/enemy”.  In the racial sense applying in National Socialist Germany, this could be seen as the division into in-group/out-group from the standpoint of the state.  In our age, the “enemy” is European Man.  But it need not be racial, of course, and indeed is really just a means of defining the activism of “The Political” (or the interests of the elite).

4. “Nomos” or the historic dynamic out of which grew the European Age or Global Order of the 18th and 19th centuries, which Schmitt idealised and at the summit of which placed the development of the sovereign state.

It should be no surprise that for well over a decade now Carl Schmitt has been an object of study and fascination both on the liberal-left and the Straussian right.  I will explore some of his ideas in greater depth later on.  But to give you a flavour of the man I’m going to end this post with the transcripts from his interrogations at Nuremberg.

He was arrested by the Russians in Berlin in April 1945, interrogated and then released.  But six months later he was arrested by the Americans at the instigation of German Jews in OMGUS (Office of Military Government, United States), and interned until March 1947.  He was then interrogated by a prosecutor for the War Crimes Trials, Robert M. W. Kempner, on three occasions.  Here are the full transcripts of those interviews:-

Kempner: You do not have to testify, Professor Schmitt, if you do not want to, and if you think you are incriminating yourself. But if you do testify, then I would be grateful if you would be absolutely truthful, would neither conceal nor add anything.  Is that your wish?
Schmitt: Yes, of course.
Kempner: And if I come to something you might find self-incriminating, you can simply say you prefer to remain silent.
Schmitt: I have already been interrogated by the C.I.C. [U.S. Army counter-intelligence] and in the camp.  I would be glad to tell you all I know.  However, I would like to know what I am being blamed with. All previous interrogations ultimately ended in academic discussions.
Kempner: I do not know why anyone else has questioned you.  I will tell you quite candidly what I am interested in: your participation, direct and indirect, in the planning of wars of aggression, of war crimes and of crimes against humanity.
Schmitt: Planning wars of aggression is a new and very broad concept.
Kempner: I take it for granted that, as a professor of public law, you know exactly what a war of aggression is.  Do you agree with me on the fact that Poland, Norway, France, Russian, Denmark, Holland were invaded? Yes or no?
Schmitt: Of course.
Kempner: Did you not provide the ideological foundation for those kinds of things?
Schmitt: No.
Kempner: Could your writings be so interpreted?
Schmitt: I do not think so - not by anyone who has read them.
Kempner: Did you seek to achieve a new international legal order in accordance with Hitlerian ideas?
Schmitt: Not in accordance with Hitlerian ideas and not sought to achieve but diagnosed.
Kempner: What is your attitude toward the Jewish Question, in general, and how it was handled by the Third Reich?
Schmitt: It was a great misfortune and, indeed, from the very beginning.
Kempner: Did you consider the influence of your Jewish colleagues, who were teachers of international law, a misfortune?
Schmitt: With the exception of Erich Kaufmann, there were no Jewish legal scholars there [in Nazi Germany].  He was a belligerent militarist.  He originally coined the phrase “The social ideal is the victorious war,” in “Die Clausula rebus sic stantibus.”
Kempner: Now, however, Erich Kaufmann is not here, but you are.
Schmitt: I do not want to incriminate him.  I also would not like to create the impression of incriminating this man.
Kempner: Would you say there was a definite discussion between international and constitutional law influenced by Jews and that which you taught and advocated?
Schmitt: The standpoint of Jewish colleagues was not sufficiently homogeneous for that.
Kempner: Have you ever written such things?
Schmitt: I wrote only once that Jewish theorists have no understanding of this territorial theory.
Kempner: Where did you write that?
Schmitt: In a little essay in the Zeitschrift fur Raum-Forschung, 1940-41.
Kempner: What was that essay called?
Schmitt: I cannot recollect the title.
Kempner: Who published the journal?
Schmitt: The Reich Office for Raum Research.
Kempner: How long is the essay?
Schmitt: Volkerrechtliche Grossramordnung had 50 large octavo pages.
Kempner: How many editions?
Schmitt: I believe 5 or 6.  The essay was reprinted there from the Zeitschrift fur deutsche Raumforschung, published by Deutscher Rechtsverlag, a press of the National Socialist League of Jurists.
Kempner: It had a swastika on its publisher’s insignia?
Schmitt: Yes, of course.
Kempner: Reading your writings creates a completely different impression from the one you are now providing.
Schmitt: If one reads them completely, they have very little to do with the Jewish Question.
Kempner: You admit, however, that it [Volkerrechtliche Grossramordnung] is clearly an international legal theory of Lebensraum?
Schmitt: I call it Grossraum.
Kempner: Hitler was also for Grossraum.
Schmitt: All of them were probably for it, including the citizens of other countries.
Kempner: A reading of this essay shows it was written in the purest Hitler syle.
Schmitt: No.  I am proud of the fact that since 1936 I had nothing to do with that.
Kempner: Previously, therefore, you wrote in the Hitlerian style.
Schmitt: No, I did not say that.  Until 1936 I considered it possible to give meaning to these catchwords.
Kempner: You assumed the editorship of various journals, which previously you had not.  Die deutsche Juristenzeitung, for example?
Schmitt: From 1934 to 1936.
Kempner: Would it not have been better to have avoided becoming involved with that?
Schmitt: Yes, now one can say that.
Kempner: The accused is confronted with his publication Volkerrechtliche Grossramordnung, 4th Edition, and the following passage from page 63 is read to him: “The Jewish authors had, of course, as little to do with the previous development of Raum theory as they had with the creation of anything else.  They were also here an important cause of the dissolution of concretely-determined territorial orders.” Do you deny that this passage is in the purest Goebbels-style?  Yes or no?
Schmitt: I do deny that the content and form of that is in Goebbels’ style.  I would like to emphasize that the serious scholarly context of that passage should be taken into consideration.  In its intent, method, and formulation it is a pure diagnosis.
Kempner: Do you want to say anything else?
Schmitt: I am here as what?  As a defendent?
Kempner: That remains to be determined.
Schmitt: Everything I stated, in particular this passage, was intended as scholarship, as a scholarly thesis I would defend before any scholarly body in the world.
Kempner: Here, however, we are before a criminal court.  You were the directing, one of the leading jurists of the Third Reich.
Schmitt: Someone who in 1936 was publicly defamed in Das Schwarze Korps [the S.S. journal] cannot be described in that fashion.
Kempner: How does your interpretation fit with the fact that, after 1936, you delivered lectures financed by the Nazi Reich in Budapest, Bucharest, Salamanca and Barcelona; in the notorious espionage and propaganda institute, “The German Instiute in Paris,” and other places.  Did you deliver lectures?  Yes or no?
Schmitt: Yes, I did deliver lectures.  They were not paid for.
Kempner: Who paid for the trip?
Schmitt: Part [was paid] by the inviting societies, part by German agencies.
Kempner: Therefore: the Nazi Reich.
Schmitt: That was a forum for me; I had no other.
Kempner: You see that there is in this fact of your defamation, on the one hand, and your lectures, on the other, a certain contradiction very difficult for me to comprehend.
Schmitt: If you are interested in an explanation, I would be pleased to give you one.  This is the first conversation I have had about it since 1933.  I would like to discuss that.
Kempner: It is related to what extent you provided the scholarly foundation for war crimes, crimes against humanity, the forceful expansion and widening of Grossraum.  We are of the opinion that the executing agencies in the administration, the economy and the military are not more important than the men who conceived the theory and the plans for the entire affair.  Maybe you would like to write down what you have to say.  To what extent did you provide the theoretical foundation for Hitlerian Grossraum policy?
Schmitt: I will write it down.  This is thus the question to be answered.

(2)
Kempner: Were you so kind to write your answers?
Schmitt: It took a long time, because I was given a table so late.  May I give it to you?
Kempner: I must, of course, read through this later.  Who invited you to the German Institute in Paris?
Schmitt: The director, Dr. Epting, on the suggestion of certain gentlemen whom he knew.  The lecture was a pretext for the trip.  I was accompanied by Pierre Linn, a Jewish friend and his wife.
Kempner: I am interested in the German Institute.
Schmitt: I had very little to do with that.  The director was Epting.  The motivating force behind my invitation was Dr. Bremer.  He had many friends, including Frenchmen such as Alfred Fabre-Luce.
Kempner: Would you be so good as to sign the pages with your initials C.S.?  Are all the facts correct?  Then please write: The truth of the above statements is pledged on my word of honour.
Schmitt: Yes.  May I ask something else?
Kempner: What questions do you still have?
Schmitt: You wanted to lend me Volkerrechtliche Grossramordnung.
Kempner: You still have not received it?
Schmitt: No, I still have no answer from my wife.  May I request that my wife send me the manuscript of the lecture on the “Lage der europaischen Rechtswissenschaft”?  The manuscript is still with the publisher.  The lecture was basically intended for a Fetschrift for Popitz.  I have not said anything that is not contained in the manuscript.  That provides perhaps the best account of the remarks I made in Bucharest, Budapest, Madrid, Barcelona Coimbra.
Kempner: Have you now been able to reconcile yourself in any way to the role you played in the Third Reich and in the preparation of criminal offenses, as I interpret them?
Schmitt: Here we are not really disputing facts.  I accept them.  It is a question of interpretation and legal evaluation.  As a long-standing professor of jurisprudence, I cannot stop thinking.
Kempner: Nor should you.  To clarify again what the theory of the public prosecutor is: Did you participate in the preparation, etc. of wars of aggression and in other punishable offenses related to these at the point of decision-making?  What is your answer to that?  Could you state it concisely in a single sentence?
Schmitt: I neither served in a decision-making capacity, nor did I participate in the preparation of wars of aggression.
Kempner: Our theory about the term “point of decision-making” is as follows: is not one of the leading university professors in this field as least as important in the decision-making-process as other high state or party officials?
Schmitt: Also in a totalitarian state?
Kempner: Yes, particularly in a totalitarian system.  And furthermore: what we understand by wars of aggression is very clearly expressed in the decision of the IMT [International Military Tribunal in Nuremberg], with which you are familiar.
Schmitt: Yes, it would be good if I could have the complete text.  I have no material at all.  I have one final question, which is not connected with the preceding.  You mentioned the name Radbruch.  I hardly know him.  If you want to inquire about my activity as a professor during the last 10 years, I would request that you question colleagues who really have known me.
Kempner: Who, for example?
Schmitt: Carl Brinkmann.  He was in Berlin until 1944 and is now in Erlangen.
Kempner: I will be glad to question him.  Was he a party member?
Schmitt: No, otherwise he would not now be a professor in Erlangen.  I do not believe he was a party member.  It may not be pleasant for him to do that.  The Dr. Carl Schmitt myth is pure myth.  Carl Schmitt is quite a peculiar individual, not just a professor; he is also a composite of various other individuals.  I observed this when I was interrogated by Dr. Flechtheim.  You can inquire about that.
Kempner: I have my sources.
Schmitt: Radbruch is a politician.  He sees things in a particular way and does not understand that a person can sit quietly at a desk.
Kempner: Did Rousseau leave his desk?
Schmitt: No.
Kempner: Who else did not leave his desk?
Schmitt: Thomas Hobbes.
Kempner: It is very difficult to render a criminal judgment.
Schmitt: May I speak frankly?  I have now been in solitary confinement for 3 weeks ...
Kempner: You do not want to be alone?
Schmitt: I would like to be even more alone.  All possible questions were asked of me at the time I was placed under arrest.  I said then only: I would like to be able to speak about my case from my own perspective.  I desire only to clarify things to myself.  But my name, my physiognomy is too famous for me to be left alone.  I had hundreds of students in all countries, thousands of listeners.
Kempner: To the extent that it relates to audience, your reputation vacillates in history.
Schmitt: That will always be the case when someone takes a position in such situations.  I am an intellectual adventurer.
Kempner: You have the blood of an intellectual adventurer?
Schmitt: Yes, that is how thoughts and knowledge develop.  I assume the risk.  I have always accepted the consequences of my actions.  I have never tried to avoid paying my bills.
Kempner: If, however, what you call the pursuit of knowledge results in the murder of millions of people?
Schmitt: Christianity also resulted in the murder of millions of people.  One does not know unless one has experienced it oneself.  I by no means feel, as do many others, an innocent victim to whom something horrible has happened.
Kempner: But this is no comparison.  And is it not, simply stated, a criminal investigation of your personal make-up?
Schmitt: I can tell you a great deal about that.  If I were asked, I would be glad to express my honest opinion.
Kempner: I would like to ask you something without touching on your own matters.  Let us for a moment consider a case from another area.  You are familiar with Mr. Lammers and, as a constitutional lawyer, his position.  You know what a Reich Minister is?
Schmitt: Personally, I have only seen him once, in 1936.  He was Chief of the Reich Chancellery, where everything was concentrated.
Kempner: How do you explain psychologically that a man like Lammers, as an old professional civil servant, signed hundreds of horrible things?
Schmitt: I do not understand that.  I have not done that.
Kempner: That does not relate to you, you avoided such things?  How do you explain that a diplomat like von Weizsacker, as a state secretary, signed hundreds of such things?
Schmitt: I would like to give you a nice answer.  The question has great significance, a distinguished man like von Weizsacker… Only I must protect myself…
Kempner: This theme could get us into constitutional matters.  At present, I am not questioning you about Lammers personally, but about the position of Chief of the Reich Chancellery in a totalitarian state.  I am asking you neither as a defendent nor as someone accused or as a witness, but as a constitutional lawyer.  I am asking you here purely as an expert, why this position is more important than that of another Reich Minister?
Schmitt: Perhaps Bormann was more important.
Kempner: That is not completely correct.  The position of Bormann first became important in 41-42.
Schmitt: I would like to formulate this for you as best as possible in writing.
Kempner: In the Bismarckian Reich I would have stated: Lammers had the key to lawmaking in his hand.  In the dictatorship he had more in his hand: the handle to the door of the dictator.  Does this explain the significance of his position?
Schmitt: Yes.
Kempner: Write that up in a small essay.

(3)
Kempner: How are you, Professor Schmitt?  Have you written something?
Schmitt: Yes.  I have brought along both written elaborations and have signed them.  I no longer recall the exact wording of your question: “Did you participate in the preparation of wars of aggression, etc.”
Kempner: Do you pledge the accuracy of your statements on your word of honour?
Schmitt: On my word of honour I pledge the accuracy of the statements from pages 1-17.  That is a written elaboration, a legal opinion.
Kempner: Please write at the end of your elaboration: I pledge that I have given the above legal opinion according to the best of my knowledge and conscience.
Schmitt: Yes.  The legal opinion is on pages 1-15.
Kempner: I will examine this very closely.
Schmitt: I am happy to have found a reader once again.  In general, my writings have been read very poorly.  I fear the superficial reader.
Kempner: I will read through it not only form the standpoint of criminal law, but also from the standpoint of constitutional law.
Schmitt: I have written it with great interest.  Can it be indicated that I did not do that on my own initiative?
Kempner: Professor Carl Schmitt made the assessment of the constitutional position of the Reich minister and chief of the Reich chancellery at the instigation of the interrogator.  Are you afraid of doing that on your own initiative?
Schmitt: Not that.  Maybe it is improper in my circumstances.
Kempner: Prof. Carl Schmitt submits, in addition, his own comments on the subject of participating in wars of aggression.  Were you a member of the SS?
Schmitt: No.
Kempner: To what extent did you participate in the ideological preparation of SS ideology?
Schmitt: Not at all.  I was an opponent of the SS.  I was publicly assaulted and defamed in Das Schwarze Korps.
Kempner: Do you know Gottlob Berger?
Schmitt: I have never seen him.
Kempner: Were you not the idol of SS professors such as Boehm, etc.?
Schmitt: When a state concillor in a totalitarian system is publicly spat at by the Schwarze Korps, that cannot be said.
Kempner: After you were spat at, did you not travel to Salamanca, Paris, Madrid, etc.?
Schmitt: That occurred in 1943 on special invitation from the faculties.
Kempner: You had nothing to do with the SS?
Schmitt: I was strongly opposed to it.  I was secretly observed and controlled by the SS.
Kempner: Did you state that German legislation and the German administration of justice must be carried out in the spirit of National Socialism?  Yes or no?  Did you state that between 1933 and 1936?
Schmitt: Yes.  I was from 1935 to 1936 head of the professional organization.  I felt superior at that time.  I wanted to give the term National Socialism my own meaning.
Kempner: Hitler had a National Socialism and you had a National Socialism.
Schmitt: I felt superior.
Kempner: You felt superior to Adolf Hitler?
Schmitt: Intellectually, of course.  He was to me so uninteresting that I do not want to talk about that at all.
Kempner: When did you renounce the devil?
Schmitt: 1936.
Kempner: Are you not ashamed to have written these kinds of things at that time, such as, for example, that the administration of justice should be National Socialist.
Schmitt: I wrote that in 1933.
Kempner: Do you deserve good or poor grades for that?
Schmitt: It was a thesis.  The National Socialist League of German Jurists extracted it, so to speak, from my mouth.  At that time there was a dictatorship with which I was not yet familiar.
Kempner: You were not familiar with any dictatorship.
Schmitt: No.  This total dictatorship was actually something new.  Hitler’s method was new.  There was only one parallel, Lenin’s Bolshevik dictatorship.
Kempner: Was that something new?
Schmitt: Yes, certainly.
Kempner: In your own library you have writings about totalitarian dictatorship.
Schmitt: Not totalitarian.
Kempner: Are you not ashamed that you wrote these kinds of things at that time?
Schmitt: Today, of course.  I do not consider it appropriate to continue to rummage around in the disgrace we suffered at that time.
Kempner: I do not want to rummage around.
Schmitt: Without question, it was unspeakable.  There are no words to describe it.
Kempner: I consider it better if we converse about such matters outside, not here in custody.
Schmitt: That would be agreeable to me for reasons of health.  I also consider it better in the interest of the case.  This professional opinion suffers from this situation.
Kempner: I want to see that you return home.
Schmitt: My wife gave up the apartment in Berlin.  We have no other lodging than with my sisters in Westphalia.  Could you see that I go there and not automatically be sent to Berlin?
Kempner: That will be taken care of today.
Schmitt: I would appreciate it.

The Lesson of Carl Schmitt

cs1.jpgThe Lesson of Carl Schmitt

Translated by Greg Johnson

Ex: http://www.toqonline.com/

We met Carl Schmitt in the village of Plettenberg, the place of his birth and retirement. For four remarkable hours we conversed with the man who remains unquestionably the greatest political and legal thinker of our time. “We have been put out to pasture,” said Schmitt. “We are like domestic animals who enjoy the benefits of the closed field we are allotted. Space is conquered. The borders are fixed. There is nothing more to discover. It is the reign of the status quo . . .”

Schmitt always warned against this frozen order, which extends over the Earth and ruins political sovereignties. Already in 1928, in The Concept of the Political,[1] he detects in the universalist ideologies, those “of Rights, or Humanity, or Order, or Peace,” the project of transforming the planet into a kind of depoliticized economic aggregate which he compares to a “bus with its passengers” or a “building with its tenants.” And in this premonition of a world of the death of nations and cultures, the culprit is not Marxism but the liberal and commercial democracies. Thus Schmitt offers one of the most acute and perspicacious criticisms of liberalism, far more profound and original than the “anti-democrats” of the old reactionary right.

He also continues the “realist” manner of analyzing of politics and the state, in the tradition of Bodin, Hobbes, and Machiavelli. Equally removed from liberalism and modern totalitarian theories (Bolshevism and fascisms), the depth and the modernity of his views make him the most important contemporary political and constitutional legal theorist. This is why we can follow him, while of course trying to go beyond some of his analyses, as his French disciple Julien Freund, at the height of his powers, has already done.[2]

The intellectual journey of the Rhenish political theorist began with reflections on law and practical politics to which he devoted two works, in 1912 and 1914,[3] at the end of its academic studies in Strasbourg. After the war, having become a law professor at the universities of Berlin and Bonn, his thoughts were focused on political science. Schmitt, against the liberal philosophies of the Right, refused to separate it from politics.

His first work of political theory, Political Romanticism (1919),[4] is devoted to a critique of political romanticism which he opposes to realism. To Schmitt, the millennialist ideals of the revolutionary Communists and the völkisch reveries of the reactionaries seemed equally unsuitable to the government of the people. His second great theoretical work, Die Diktatur [Dictatorship] (1921),[5] constitutes, as Julien Freund writes, “one of the most complete and most relevant studies of this concept, whose history is analyzed from the Roman epoch up to Machiavelli and Marx.”[6]

Schmitt distinguishes “dictatorship” from oppressive “tyranny.” Dictatorship appears as a method of government intended to face emergencies. In the Roman tradition, the dictator’s function was to confront exceptional conditions. But Machiavelli introduces a different practice; he helps to envision “the modern State,” founded on rationalism, technology, and the powerful role of a complex executive: this executive no longer relies upon the sole sovereign.

Schmitt shows that with the French jurist Jean Bodin, dictatorship takes to the form of a “practice of the commissars” which arose in the sixteen and seventeenth centuries. The “commissars” are omnipotent delegates of the central power. Royal absolutism, established on its subordinates, like the Rousseauist model of the social contract which delegates absolute power to the holders of the “general will” set up by the French revolution, constitutes the foundation of contemporary forms of dictatorship.

From this point of view, modern dictatorship is not connected with any particular political ideology. Contrary to the analyses of today’s constitutionalists, especially Maurice Duverger, “democracy” is no more free of dictatorship than is any other form of state power. Democrats are simply deceiving themselves to think that they are immune to recourse to dictatorship and that they reconcile real executive power with pragmatism and the transactions of the parliamentary systems.

In a fundamental study on parliamentarism, The Crisis of Parliamentary Democracy (1923),[7] Schmitt ponders the identification of democracy and parliamentarism. To him, democracy seems to be an ideological and abstract principle that masks specific modalities of power, a position close to those of Vilfredo Pareto and Gaetano Mosca. The exercise of power in “democracy” is subject to a rationalist conception of the state which justified, for example, the idea of the separation of powers, the supposedly harmonious dialogue between parties, and ideological pluralism. It is also the rationality of history that founds the dictatorship of the proletariat. Against the democratic and parliamentarian currents, Schmitt places the “irrationalist” currents, particularly Georges Sorel and his theory of violence, as well as all non-Marxist critiques of bourgeois society, for example Max Weber.

This liberal bourgeois ideology deceives everyone by viewing all political activity according to the categories of ethics and economics. This illusion, moreover, is shared by liberal or Marxist socialist ideologies: the function of public power is no longer anything but economic and social. Spiritual, historical, and military values are no longer legitimate. Only the economy is moral, which makes it possible to validate commercial individualism and at the same time invoke humane ideals: the Bible and business. This moralization of politics not only destroys all true morals but transforms political unity into neutralized “society” where the sovereign function is no longer able to defend the people for whom it is responsible.

By contrast, Schmitt’s approach consists in analyzing the political phenomenon independently of all moral presuppositions. Like Machiavelli  and Hobbes, with whom he is often compared, Schmitt renounces appeals to the finer feelings and the soteriology of final ends. His philosophy is as opposed to the ideology of the Enlightenment  (Locke, Hume, Montesquieu, Rousseau, etc.) and the various Marxian socialisms as it is to Christian political humanism. For him, these ideologies are utopian in their wariness of power and tend to empty out the political by identifying it with evil, even if it is allowed temporarily—as in the case of Marxism.

But the essence of Schmitt’s critique relates to liberalism and humanism, which he accuses of deception and hypocrisy. These theories view the activity of public power as purely routine administration dedicated to realizing individual happiness and social harmony. They are premised on the ultimate disappearance of politics as such and the end of history. They wish to make collective life purely prosaic but manage only to create social jungles dominated by economic exploitation and incapable of mastering unforeseen circumstances.

Governments subject to this type of liberalism are always frustrated in their dreams of transforming politics into peaceful administration: other states, motivated by hostile intentions, or internal sources of political subversion, always emerge at unforeseen moments. When a state, through idealism or misunderstood moralism, no longer places its sovereign political will above all else, preferring instead economic rationality or the defense of abstracted ideals, it also gives up its independence and its survival.

Schmitt does not believe in the disappearance of the political. Any type of activity can take on a political dimension. The political is a fundamental concept of collective anthropology. As such, political activity can be described as substantial, essential, enduring through time. The state, on the other hand, enjoys only conditional authority, i.e., a contingent form of sovereignty. Thus the state can disappear or be depoliticized by being deprived of the political, but the political—as substantial—does not disappear.

The state cannot survive unless it maintains a political monopoly, i.e., the sole power to define the values and ideals for which the citizens will agree to give their lives or to legally kill their neighbors—the power to declare war. Otherwise partisans will assume political activity and try to constitute a new legitimacy. This risk particularly threatens the bureaucratic states of modern liberal social democracies in which civil war is prevented only by the enervating influence of consumer society.

These ideas are expressed in The Concept of the Political, Schmitt’s most fundamental work, first published in 1928, revised in 1932, and clarified in 1963 by its corollary Theory of the Partisan.[8] Political activity is defined there as the product of a polarization around a relation of hostility. One of the fundamental criteria of a political act is its ability to mobilize a population by designating its enemy, which can apply to a party as well as a state. To omit such a designation, particularly through idealism, is to renounce the political. Thus the task of a serious state is to prevent partisans from seizing the power to designate enemies within the community, and even the state itself.

Under no circumstances can politics be based on the administration of things or renounce its polemical dimension. All sovereignty, like all authority, is forced to designate an enemy in order to succeed in its projects; here Schmitt’s ideas meet the research of ethologists on innate human behavior, particularly Konrad Lorenz.

Because of his “classical” and Machiavellian conception of the political, Schmitt endured persecution and threats under the Nazis, for whom the political was on the contrary the designation of the “comrade” (Volksgenosse).

The Schmittian definition of the political enables us to understand that contemporary political debate is depoliticized and connected with electoral sideshows. What is really political is the value for which one is ready to sacrifice one’s life; it can quite well be one’s language or culture. Schmitt writes in this connection that “a system of social organization directed only towards the progress of civilization” does not have “a program, ideal, standard, or finality that can confer the right to dispose of the physical life of others.” Liberal society, founded on mass consumption, cannot require that one die or kill for it. It rests on an apolitical form of domination: “It is precisely when it remains apolitical,” Schmitt writes, “that a domination of men resting on an economic basis, by avoiding any political appearance and responsibility, proves to be a terrible imposture.”

Liberal economism and “pluralism” mask the negligence of the state, the domination of the commercial castes, and the destruction of nations anchored in a culture and a history. Along with Sorel, Schmitt pleads for a form of power that does not renounce its full exercise, that displays its political authority by the normal means that belong to it: power, constraint, and, in exceptional cases, violence. By ignoring these principles the Weimar Republic allowed the rise of Hitler; the techno-economic totalitarianism of modern capitalism also rests on the ideological rejection of the idea of state power; this totalitarianism is impossible to avoid because it is proclaimed humane and is also based on the double idea of social pluralism and individualism, which put the nations at the mercy of technocratic domination.

The Schmittian critique of internal pluralism as conceived by Montequieu, Locke, Laski, Cole, and the whole Anglo-Saxon liberal school, aims at defending the political unity of nations, which is the sole guarantor of civic protection and liberties. Internal pluralism leads to latent or open civil war, the fierce competition of economic interest groups and factions, and ultimately the reintroduction within society of the friend-enemy distinction which European states since Bodin and Hobbes had displaced outwards.

Such a system naturally appeals to the idea of “Humanity” to get rid of political unities.  “Humanity is not a political concept,” writes Schmitt, who adds:

The idea of Humanity in doctrines based on liberal and individualistic doctrines of natural Right is an ideal social construction of universal nature, encompassing all men on earth. . . . which will not be realized until any genuine possibility of combat is eliminated, making any grouping in terms of friends and enemies impossible. This universal society will no longer know nations. . . . The concept of Humanity is an ideological instrument particularly useful for imperialistic expansion, and in its ethical and humane form, it is specifically a vehicle of economic imperialism. . . . Such a sublime name entails certain consequences for one who carries it. Indeed, to speak in the name of Humanity, to invoke it, to monopolize it, displays a shocking pretense: to deny the humanity of the enemy, to declare him outside the law and outside of Humanity, and thus ultimately to push war to the extremes of inhumanity.[9]

To define politics in terms of the category of the enemy, to refuse humanitarian egalitarianism, does not necessarily lead to contempt for man or racism. Quite the contrary. To recognize the polemical dimension of human relations and man as “a dynamic and dangerous being,” guarantees respect for  any adversary conceived as the Other whose cause no less legitimate than one’s own.

This idea often recurs in Schmitt’s thought: modern ideologies that claim universal truth and consequently consider the enemy as absolute, as an “absolute non-value,” lead to genocide. They are, moreover, inspired by monotheism (and Schmitt is a Christian pacifist and convert). Schmitt claims with good reason that the conventional European conception that validated the existence of the enemy and admitted the legitimacy of war—not for the defense of a “just” cause but as eternally necessitated by human relations—caused fewer wars and induced respect for the enemy considered as adversary (as hostis and not inimicus).

Schmitt’s followers, extending and refining his thought, have with Rüdiger Altmann coined the concept of the Ernstfall (emergency case), which constitutes another fundamental criterion of the political. Political sovereignty and the credibility of a new political authority is based on the capacity to face and solve emergency cases. The dominant political ideologies, thoroughly steeped in hedonism and the desire for security, want to ignore the emergency, the blow of fate, the unforeseen. Politics worthy of the name—and this idea pulverizes the abstract ideological categories of “right” and “left”—is that which, secretly, answers the challenge of the emergency case, saves the community from unforeseen trials and tempests, and thereby authorizes the total mobilization of the people and an intensification of its values.

Liberal conceptions of politics see the Ernstfall merely as the exception and “legal normality” as the rule. This vision of things, inspired by Hegel’s teleological philosophy of history, corresponds to the domination of the bourgeoisie, who prefer safety to historical dynamism and the destiny of the people. On the contrary, according to Schmitt, the function of the sovereign is his capacity to decide the state of the exception, which by no means constitutes an anomaly but a permanent possibility. This aspect of Schmitt’s thought reflects his primarily French and Spanish inspirations (Bonald, Donoso Cortès, Bodin, Maistre, etc.) and makes it possible to locate him, along with Machiavelli, in the grand Latin tradition of political science.

In Legality and Legitimacy (1932),[10] Schmitt, as a disciple of Hobbes, suggests that legitimacy precedes the abstract concept of legality. A power is legitimate if it can protect the community in its care by force.  Schmitt accuses the idealistic and “juridical” conception of legality for authorizing Hitler to come to power. Legalism leads to the renunciation of power, which Schmitt calls the “politics of non-politics” (Politik des Unpolitischen), politics that does not live up to its responsibilities, that does not formulate a choice concerning the collective destiny. “He who does not have the power to protect anyone,” Schmitt writes in The Concept of the Political, “also does not have the right to require obedience. And conversely, he who seeks and accepts power does not have the right to refuse obedience.”

This dialectic of power and obedience is denied by social dualism, which arbitrarily opposes society and the sovereign function and imagines, contrary to all experience, that exploitation and domination are the political effects of “power” whereas they much more often arise from economic dependency.

Thus Schmitt elaborates a critique of the dualistic State of the nineteenth century based on the conceptions of John Locke and Montesquieu aiming at a separation between the sphere of the State and the private sphere. In fact, modern technocracies, historically resulting from the institutions of parliamentary representation, experience interpenetrations and oppositions between the private and public, as shown by Jürgen Habermas. Such a situation destabilizes the individual and weakens the State.

According to Schmitt, it is this weakness of the democracies that allowed the establishment of one party regimes, as he explains in Staat, Bewegung, Volk [State, Movement, People].[11] This type of regime constitutes the institutional revolution of the twentieth century; in fact, it is today the most widespread regime in the world. Only Western Europe and North America preserved the pluralist structure of traditional democracy, but merely as a fiction, since the true power is economic and technical.

The one party state tries to reconstitute the political unity of the nation, according to a threefold structure: the state proper includes civil servants and the army; the people are not a statistical population but an entity that is politicized and strongly organized in intermediate institutions; the party puts this ensemble in motion (Bewegung) and constitutes a portal of communication between the state and the people.

Schmitt, who returns again and again to Nazism, Stalinism, theocracies, and humanitarian totalitarianisms, obviously does not endorse the one party state. He does not advocate any specific “regime.” In the old Latin realist tradition inherited from Rome, Schmitt wants an executive who is both powerful and legitimate, who does not “ideologize” the enemy and can, in actual cases make use of force, who can make the state the “self-organization of society.”

War thus becomes a subject of political theory. Schmitt is interested in geopolitics as a natural extension of politics. For him, true politics, great politics, is foreign policy, which culminates in diplomacy. In The Nomos of the Earth (1951),[12] he shows that the state follows the European conception of politics since the sixteenth century. But Europe has become decadent: the bureaucratic state has been depoliticized and no longer allows the preservation of the history of the European people; the jus publicium europaeum which decided inter-state relations is declining in favor of globalist and pacifist ideologies that are incapable of founding an effective international law. The ideology of human rights and the vaunted humanitarianism of international institutions are paradoxically preparing a world where force comes before law. Conversely, a realistic conception of the relations between states, which allows and normalizes conflict, which recognizes the legitimacy of will to power, tends to civilize the relationship between nations.

Schmitt is, along with Mao Tse-Tung, the greatest modern theorist of revolutionary war and of the enigmatic figure of the partisan who, in this era of the depoliticization of states, assumes the responsibility of the political, “illegally” designates his enemies, and indeed blurs the distinction between war and peace.[13]

Such “a false pacifism” is part of a world where political authorities and independent sovereignties are erased by a world civilization more alienating than any tyranny. Schmitt, who influenced the constitution of the Fifth French Republic—the French constitution that is most intelligent, most political, and the least inspired by the idealism of the Enlightenment—gives us this message: liberty, humanity, peace are only chimeras leading to invisible oppressions. The only liberties that count—whether of nations or individuals—are those guaranteed by the legitimate force of a political authority that creates law and order.

Carl Schmitt does not define the values that mobilize the political and legitimate the designation of the enemy. These values must not be defined by ideologies—always abstract and gateways to totalitarianism—but by mythologies. In this sense, the functioning of government, the purely political, is not enough. It is necessary to add the “religious” dimension of the first function, as it is defined in Indo-European tripartition. It seems to us that this is the way one must complete Schmitt’s political theory. Because if Schmitt builds a bridge between anthropology and politics, one still needs to build another between politics and history.


[1] Carl Schmitt, The Concept of the Political, trans. George Schwab, expanded edition (Chicago: University of Chicago Press, 2007)—trans.

 

[2] Cf. Julien Freund, L’Essence du politique (Paris: Sirey, 1965), and La Fin de la Renaissance (Paris: PUF, 1980).

[3] Carl Schmitt, Gesetz und Urteil. Eine Untersuchung zum Problem der Rechtspraxis [Law and Judgment: An Investigation into the Problem of Legal Practice] [1912] (Munich: C. H. Beck, 1968) and Der Wert des Staates und die Bedeutung des Einzelnen [The Value of the State and the Meaning of the Individual] (Tübingen: J. C. B. Mohr [Paul Siebeck], 1914)—trans.

[4] Carl Schmitt, Political Romanticism, trans. Guy Oakes (Cambridge, Mass: The MIT Press, 1985).—trans.

[5] Carl Schmitt, Die Diktaur: Von den Anfängen des modernen Souveränitätsgedankens bis zum proletarischen Klassenkampf [The Dictator: From the Origins of Modern Theories of Sovereignty to Proletarian Class Struggle] (Berlin: Duncker & Humblot, 1921)—trans.

[6] In his Preface to the French edition of The Concept of the Political: Carl Schmitt, La notion de politique (Paris: Calmann-Lévy, 1972).

[7] Carl Schmitt, The Crisis of Parliamentary Democracy, trans. Ellen Kennedy (Cambridge, Mass.: The MIT Press, 1986). See also Carl Schmitt, Political Theology: Four Chapters on the Theory of Sovereignty [1922], trans. George Schwab (Cambridge, Mass.: The MIT Press, 1986)—trans.

[8] Carl Schmitt, Theory of the Partisan: Intermediate Commentary on the Concept of the Political, trans. G. L. Ulmen (New York: Telos Press, 2007)—trans.

[9] Cf. The Concept of the Political, 53–54—trans.

[10] Carl Schmitt, Legality and Legitimacy, trans. Jeffrey Seitzer (Durham, N.C.: Duke University Press, 2004)—trans.

[11] Staat, Bewegung, Volk: Die Dreigleiderung der politischen Einheit [State, Movement, People: The Three Organs of Political Unity] (Hamburg: Hanseatische Verlagsanstalt, 1934)—trans. It concerns a series of studies on one-party states, primarily Marxist, that appeared in 1932.

[12] Carl Schmitt, The Nomos of the Earth in the International Law of Jus Publicum Europaeum, trans. G. L. Ulmen (New York: Telos Press, 2006)—trans.

[13] Cf. “The Era of Neutralizations and Depoliticizations” [1929], trans. Matthias Konzett and John P. McCormick, in the expanded edition of The Concept of the Political—trans.

Arnold Gehlen et l'anthropologie philosophique

Gehlen.jpgArnold Gehlen et l'anthropologie philosophique

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Les éditions de la Maison des sciences de l'homme viennent de publier Essais d'anthropologie philosophique,un recueil de texte du philosophe allemand Arnold Gehlen. Fondateur de l'anthropologie philosophique, sa réflexion porte sur l'homme en tant qu'"animal inachevé" (Nietzsche) mais "ouvert au monde". Considéré comme un des intellectuels conservateurs les plus importants  de XXème siècle, son oeuvre a été, jusqu'à présent, très peu traduite en français et donc largement ignorée de ce côté-ci du Rhin. Seules les éditions PUF ont publié, il y a tout juste vingt ans, un de ses ouvrages, un recueil de textes intitulé Anthropologie et psychologie sociale. Il convient aussi de noter que la revue Krisis d'Alain de Benoist a traduit un texte de Gehlen, Problèmes psychosociologiques de la société industrielle, dans son numéro consacré à la technique (n°24, novembre 2000).

Gehlen.gif

"Le premier article de ce recueil définit l'anthropologie philosophique comme la science de l'être humain, de concert avec la morphologie, la physiologie, la psychologie, la linguistique, la sociologie, etc. Science philosophique systématique et interdisciplinaire, elle est fondée sur des hypothèses exemptes de toute « métaphysique ». L’homme. Sa nature et sa position dans le monde (1940) présente les plus fondamentales. Deux articles publiés en 1951 et en 1968 leur ajoutent des éléments du pragmatisme anglo-américain et des éléments de la psychanalyse freudienne. L’idée essentielle de Gehlen est que « l’action et les transformations prévues du monde, dont la quintessence porte le nom de "culture", font partie de l’"essence" de l’être humain, et [que], à partir du point d’approche que constitue l’action, on peut en construire une science globale ».

Influencé par Kant, Herder et Fichte, mettant ses pas dans ceux de Jakob von Uexküll et de Konrad Lorenz, l’homme est selon lui une créature qui se maintient en vie par la transformation et l’amélioration permanente des données de la nature. Sa défectuosité biologique est compensée par l’invention technique. Dépourvu de « niche écologique », il s’adapte à tous les milieux, il est capable en dépit d’une pression intérieure immédiate d’ajourner son action ; cette espèce d’hiatus lui permet de la planifier, d’anticiper l’avenir.
Ces thèses ont nourri la réflexion de Jürgen Habermas, Hans Blumenberg, Ernst Tugendhat, Theodor Adorno.

Quand les pollutions, le dérèglement climatique, etc., menacent l’avenir de l’humanité, mais quand aussi s’expriment partout le souci de sa préservation, alors il est temps de découvrir l’anthropologie d’Arnold Gehlen."

Ibntroduccion a los "Dialogos sobre el poder" de Carl Schmitt

Los alemanes de ahora tienen muy poco tiempo, deben leer necesariamente Kafka,

se deben fatigar y estar siempre listos para convalecer de tanto Kafka.

Carl Schmitt a Ernst Jünger, carta del 23.01.1955 


Introducción a los Diálogos sobre el poder de Carl Schmitt

Giovanni B. Krähe / Ex: http://geviert.wordpress.com/

Recientemente se han publicado dos nuevas traducciones de las obras de Carl Schmitt: Las memorias durante la prisión luego de la Segunda Guerra, publicadas con el título Ex captivitate salus y los Diálogos sobre el poder. La primera traducción ha sido publicada por la editorial española Trotta, que tiene en su catálogo también una nueva traducción de la Teología política. El segundo libro ha sido editado por  el Fondo de Cultura Económica. Se trata de la traducción de la obra de Carl Schmitt Gespräch über die Macht und den Zugang zum Machthaber. El título de la edición castellana es: diálogos sobre el poder y el acceso al poderoso. No hace mucho estos diálogos han sido republicados también en Alemania por la editorial Klett-Cotta. Quisiéramos ocuparnos sobre este segunda novedad editorial, los diálogos sobre el poder.

Schmitt publicó  este breve libro en 1954 con el editor Neske a partir de la transcripción de un diálogo radiofónico imaginario que creó para la ocasión. La propuesta original era, en realidad, un diálogo (que no se concretizó) con el politólogo y sociólogo Raymond Aron sobre el concepto de poder. Otros posibles invitados serían los sociológos Helmut Schelsky y Arnold Gehlen. Schmitt pensó que el diálogo sobre el tema con tales invitados hubiese sido demasiado sofisticado para la idea que tenía en mente, motivo que lo llevó a decidirse por un guión de diálogo para ser  leído por dos interlocutores cualquiera, uno anciano y el otro joven. El guión original fue transmitido finalmente en una programa radial con el título “principios del poder”, el 22.06.1954. De ese guión nace el presente libro. Se trata de una obra entre la teoría política realista, la ironía sutil, y el estilo del diálogo apodíptico sobre el concepto de Poder (Macht). La teología política schmittiana está en el fondo del diálogo. Al inicio del post se puede ver la imagen de la primera edición del libro con el editor Neske (a la izquierda la edición del FCE). En la biografía de nuestro autor, los diálogos es un texto simbólico clave, porque significa el inicio de la influencia intelectual de Schmitt – desde el silencio en su casa de Plettenberg – en la reconstrucción constitucional-liberal de Alemania (se lea bien), luego de la Segunda Guerra. En efecto, algo que voluntariamente omiten los críticos, apologistas y demás engañamuchachos al paso de Carl Schmitt, cuando relatan pedagógicamente sobre la biografía o la obra del autor, es su influencia en el fortalecimiento constitucional de la Grundgesetz (la ley fundamental, la actual constitución alemana), entre otras constituciones por el mundo (la constitución israelí por ejemplo). Conceptos schmittianos claves y decisivos en la actual politología alemana – por ejemplo el concepto de konstruktives Misstrauenvotum, moción constructiva de censura* - , o en la doctrina constitucional – por ejemplo el concepto de Verfassungswirklichkeit, realidad (fáctica, material) de la Constitución -, fueron conceptos (ambos típicamente liberal-garantistas), introducidos por Schmitt en el debate especializado de la época. Ambas categorías son válidas hasta el día de hoy.

(*) Sobre el concepto de moción constructiva, la (cada vez peor) enciclopedia online Wikipedia  menciona el nombre de Schmitt curiosamente mal escrito.

Los Diálogos

Dada la importancia de este breve libro para entender el concepto y la teoría del poder que Schmitt maneja en el resto de su obra, quisiéramos proponer una breve nota introductoria a partir de una revisión nuestra, comentada, de la traducción de este libro de Schmitt, a partir de la edición original alemana.  No tenemos acceso a la nueva edición del FCE, por lo tanto vamos a revisar la traducción castellana aparecida en la Revista de Estudios Políticos, 1954, 52, Nr. 78, p. 3-20 (descargable aquí). La revista no lo menciona, pero es probable que esta primera versión española haya sido traducida por Anima Schmitt, la hija del autor. El lector que posea la nueva edición de la FCE puede comentar comparativamente la pertinencia de la versión crítica que proponemos. Al mismo tiempo nos podrá comentar si la edición del FCE es efectivamente nueva o simplemente es una copia de la versión de Estudios políticos. Esperamos que, en este caso, la gente del FCE al menos cite, dados los precedentes con la (mala) introducción al  libro Teología política.

A continuación la traducción revisada. Se tome suma atención a la versión que proponemos, puesto que notamos que las versiones castellanas (al menos esta que revisamos) no toman en cuenta las peculiaridades de la versión alemana. Ya hemos notado lo mismo con Heidegger (se medite). Se trata de (aparentes) formalismos que influyen en la compresión final del texto, a nuestro parecer. Iremos publicando poco a poco las revisiones. Siendo un guión radiofónico, al final intentaremos presentar una versión grabada del diálogo entre miembros del Geviert-Kreis.

Texto original: Carl Schmitt: Gespräch über die Macht und den Zugang zum Machthaber, Pfullingen: Neske,1954 (1).

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¿Vosotros sois felices?

¡Nosotros somos poderosos!

LORD BYRON

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PROTAGONISTAS DEL DIÁLOGO:

E.- (un joven estudiante pregunta) (2)

C. S.- (responde)

El Intermezzo puede ser leído por una tercera persona.

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E.-Antes de que hable Usted sobre el poder, tengo que preguntarle una cosa.

C. S.- Dígame, por favor, Señor E.

E.- ¿Usted mismo tiene algún poder o no tiene Usted ninguno?

C. S.- Esta pregunta es muy pertinente y justificada. Quien hable del poder debería decir previamente en que situación de poder se encuentra él mismo (3).

E.- ¡Aja! Pues bien entonces, ¿tiene Usted poder o no lo tiene?

C. S.- Yo no tengo poder. Soy de los que carecen de poder.

E.- Esto es sospechoso.

C. S.- ¿Por qué?

E.- Porque entonces probablemente estará Usted predispuesto contra el poder. Disgusto, amargura y resentimiento son peligrosas fuentes de errores.

C. S.- ¿Y si yo perteneciera a los que tienen poder?

E.- Entonces, probablemente, estaría usted predispuesto a favor del poder. También el interés por el propio poder y su mantenimiento son, naturalmente, fuente de errores.

C. S.- ¿Quién, entonces, tiene derecho a hablar sobre el poder?

E.- ¡Esto debería decírmelo Usted! (4).

C. S.- Yo diría que quizá existe aún otra posición: la de la observación y descripción desinteresadas.

E.- ¿Este sería entonces el papel del tercer hombre o de la inteligencia flotando libremente? [N.d.T. freischwebende Inteligenz] (5)

C. S.- ¡Y dale con la inteligencia! Es mejor que no empecemos con tales subsunciones. Intentemos enfocar más bien primeramente con precisión un fenómeno histórico que todos podamos vivir o padecer. El resultado se mostrará por sí mismo.

1.

E.- Hablamos, entonces, del poder que ejercen los hombres sobre los otros hombres. ¿De dónde procede realmente el inmenso poder que, pongamos por caso, Stalin, Roosevelt o cualquier otro que pueda citarse, han ejercido sobre millones de hombres?

C. S.-En tiempos pasados se hubiese podido responder: el poder procede de la naturaleza o de Dios.

E.-Me temo que hoy en día el poder ya no nos parece algo natural.

C. S.-Eso me lo temo yo también. Frente a la naturaleza nos sentimos hoy muy superiores. Ya no la tememos. Cuando nos resulta molesta, ya sea como enfermedad o como catástrofe natural, tenemos la esperanza de vencerla pronto. El hombre -por naturaleza un ser viviente débil- se ha elevado poderosamente sobre cuanto le rodea con ayuda de la técnica. Se ha hecho el señor de la naturaleza y de todos los seres vivientes de este mundo. La barrera que sensiblemente le oponía, en otros tiempos, la naturaleza -con fríos y calores, con hambres y carestías, con animales salvajes y peligros de toda índole- empieza a ceder visiblemente.

E.-Es cierto. Hoy en día no tenemos que temer a ningún animal salvaje.

C.S.-Las hazañas de Hércules nos parecen hoy poca cosa; y si hoy un león o un lobo aparecen en una gran ciudad moderna, constituiría, todo lo más, un entorpecimiento de la circulación, y apenas se asustarían los niños. Frente a la naturaleza, el hombre se siente hoy tan superior, que se permite el lujo de instalar parques protegidos.

E.-¿Y qué sucede con Dios?

C. S.-En lo que respecta a Dios, el hombre moderno -aludo al típico habitante de la gran ciudad- tiene también el sentimiento de que Dios retrocede o que se ha retirado de nosotros. Cuando surge hoy el nombre de Dios, el hombre de cultura media de nuestros días cita automáticamente la frase de Nietzsche: Dios ha muerto. Otros, aún mejor informados, citan una frase del socialista francés Proudhon, que precede de cuarenta años a la frase de Nietzsche y que afirma: Quién dice Dios quiere engañar.

E.-Si el poder no procede ni de la naturaleza ni de Dios, ¿de dónde proviene entonces?

C. S.-Entonces solo nos queda una posibilidad: el poder que un hombre ejerce sobre otros hombres procede del hombre mismo.

E.- ¡Ah! bueno, eso está mejor. Hombres lo somos evidentemente todos finalmente. También Stalin fue un hombre; también Roosevelt o quienquiera se nos ocurra citar aquí.

C. S.-Claro, eso suena realmente tranquilizador. Si el poder que un hombre ejerce sobre otros procede de la naturaleza, entonces es, o bien el poder del progenitor sobre su prole, o la supremacía de los colmillos, de los cuernos, garras, pezuñas, vejigas ponzoñosas y otras armas naturales. Pienso que podemos prescindir aquí del poder del progenitor sobre su prole. Nos queda, pues, el poder del lobo sobre el cordero. Un hombre que tiene poder sería un lobo frente al hombre que no tiene poder. Quien no tiene poder se siente como cordero hasta que, por su parte, alcanza la situación de poderoso y desempeña el papel del lobo. Esto lo confirma el adagio latino Homo homini lupus. En castellano: el hombre es un lobo para el hombre.

E.-¡Pero qué horror! ¿Y si el poder procede de Dios?

C. S.-Entonces, el que lo ejerce es posesor de una cualidad divina. Con su poder adquiere algo divino que mantiene consigo. Algo que se debería venerar, si no a él mismo, sí al poder de Dios que se da en el posesor. Esto lo confirma el adagio latino Homo homini Deus. En castellano: el hombre es un Dios para el hombre.

E.-¡Oh! ¡Esto sí que es demasiado!

C. S.- Pero si el poder no procede entonces ni de la naturaleza ni de Dios, todo lo que se refiere al poder y a su ejercicio acontece exclusivamente entre hombres. Entonces estamos los hombres entre nosotros mismos. Los posesores de poder están frente a los sin poder, los potentes frente a los impotentes. Sencillamente, hombres frente a hombres.

E.-Así es. El hombre es un hombre para el hombre.

C. S.- En efecto, lo confirma el adagio latino Homo homini homo (6).

(sigue)

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Comentarios

(1) El alemán Machthaber indica una separación entre la naturaleza del poder (Macht) y aquel que lo posee o lo representa: el detentador, el posesor (Haber) del poder. El adjetivo castellano poderoso (cfr. RAE) tiene connotaciones psicológicas (colmo, magnífico, excelente, virtuoso)  que el término alemán no posee (tampoco el término correspondiente mächtig, poderoso). Machthaber sin embargo (cfr. WAHRIG), tiene una connotación negativa en el alemán actual, relativo al poder dictatorial. Esta distinción entre el poder, su esencia, su naturaleza por un lado,  y su posesor por el otro, es muy importante para entender lo que Schmitt explicará durante todo el breve tratado sobre el poder en sus diferentes dimensiones (tres específicas, se vea más adelante). Una distinción similar se puede encontrar en el término alemán Inhaber. Este particular del término Machthaber se puede notar también en una carta del 1954 al editor Neske.  En esta carta, Schmitt comenta los posibles títulos para su breve texto. Dos títulos posibles le propone al editor: 1) Der Zugang zur Macht (el acceso al poder) 2) Raum und Vorraum menschlicher Macht (espacio y antesala del poder humano). Se note la importancia del significado espacial, local que Schmitt quiere darle al título (Zugang, acceso a ; Raum, Vorraum, lugar, espacio, antesala). Tenemos, entonces, un tercer elemento: el poder, el representante y el lugar donde esta unión se da concretamente (se vaya reflexionando las implicaciones para la teoría de la representación política). En aquella carta, Schmitt preferirá provisoriamente una combinación de las dos opciones con el siguiente título posible: Der Zugang zur Macht. Ein Gespräch über den Raum und über den Vorraum menschlicher Macht (El acceso al poder. Una diálogo sobre el espacio y la antesala del poder humano).

(2) En la edición alemana el interlocutor de Schmitt es un Jugend, un joven. Para la preparación del primer manuscrito, Schmitt grabó el diálogo con su hija Anima en una cinta magnetofónica. En aquel periodo Anima Schmitt estudiaba en Heidelberg. La idea detrás del rol de un interlocutor primerizo es poner a la prueba al jovencito de la nueva generación de posguerra (los futuros verdes, 68 y demás subculturas) que, para su gran desgracia, se pregunta y tiene que opinar sobre política (se adapte el rol al prurito posmoderno, siempre actual, del intelectual desencantado (des)comprometido).

(3) Se nos permita extender la moraleja al debate en otros posts sobre el argumento, es decir: quien tanto se llena la boca en Latinoamérica con el término ideología, análisis ideológico, poderes fácticos y demás, debería ser el primero en presentar un claro auto-análisis ideológico de sí mismo para que el lector sepa al menos desde qué lugar está analizando las relaciones de poder. Nada. Medio siglo de análisis ideológicos para ocultar la buena ideología. Si el analista no lo hace, el lector puede deducir rápidamente  con qué tipo de prestidigitadores está tratando.

(4) Usted en cursivo. Se note cómo Schmitt considera la posesión y la falta de poder, por igual, como fuentes de error (estar a favor o en contra del poder) para la compresión de la naturaleza del poder (¡genitivo subjetivo!). El poder tiene su propria dimensión, que deberá ser delimitada debidamente en el resto del texto, a partir del análisis del acceso a ella de parte del posesor. Al final, Schmitt pone puntualmente el acento con ese Usted para referirse a aquel que está planteando el problema sobre el poder ahora, es decir el joven que ha iniciado la interrogación determinando la pregunta y que ahora exige una respuesta. Se note en el texto la sutil paradoja que Schmitt (que es también el mismo joven) no responde expresamente.

(5) En el texto alemán no hay referencias a esta línea oscura. En castellano tampoco quiere decir nada por sí misma, traducida literalmente. Es muy probable que Schmitt se esté refiriendo irónicamente con esa “inteligencia flotante” al autor de Ideología y utopía, el sociólogo marxista Karl Mannheim que introduce precisamente el concepto de “freischwebende Intelligenz”. Este concepto es una especie de curiosa epoché teórica que permite al analista marxista evitar la paradoja de no ser ideológico mientras aplica su método de análisis ideológico. De esta manera puede neutralizar fácilmente a sus enemigos políticos. Sobre el “tercer hombre” es probable (por ahora una mera suposición) que Schmitt se esté refiriendo irónicamente a la obra de Graham Greene: “The Third Man” (título de un famosa película filmada en Austria, después de la Segunda Guerra).

(6) Tres tipos de genealogía del poder: Homo homini lupus, homo homini Deus y homo homini homo. Se note que Schmitt está relacionando la fenomenología del poder a partir de tres precisas dimensiones bien distintas, ya notas durante el medioevo: Dios, hombre, naturaleza (en este orden, con el hombre en medio). Se recuerde la nota al inicio del post, sobre la importancia del significado locativo en la definición de poder. Este particular también es importante para la compresión del término Nomos. A partir de estas tres precisas dimensiones Schmitt observa tres relaciones diferentes de poder: 1) en relación a Dios (poder divino), 2) en relación a otros hombres (obediencia y autoridad), 3) en relación a la naturaleza (poder técnico). Mientras que las formas de ejercer el poder en relación a la primera y a la última dimensión (aparentemente) se pierden con la modernidad, la dimensión intermedia se expresa todavía claramente bajo la forma de la protección y la obediencia. Esto no quiere decir, sin embargo, que las mencionadas dos dimensiones laterales desaparezcan sin más, atención. Precisamente es lo que hará, por ejemplo, el maestro de Schmitt, Max Weber, recuperando para nosotros el concepto de Carisma.

Le monde du tantrisme indien

couple-01.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1999

Le monde du tantrisme indien

 

Analyse : Helmut UHLIG, Das Leben als kosmisches Fest.

Magische Welt des Tantrismus, Gustav Lübbe Verlag, Bergisch Gladbach, 1998, 304 p., ISBN 3-7857-0952-8.

 

Né en 1922 et décédé en 1997, Helmut Uhlig, historien de l’art, a été pendant toute sa vie fasciné par l’Inde. On lui doit des ouvrages remarqués sur des thèmes aussi diversifiés que la route de la soie, sur le Tibet, sur l’Himalaya, sur l’Anatolie, sur la Grande Déesse, sur le bouddhisme et le tantrisme, etc. Jochen Kirchhoff vient de publier son dernier livre sur le tantrisme, resté inachevé, en le complétant d’une postface remarquable, branchant les réflexes mentaux que nous enseignent les voies tantriques sur les acquis de la physique et de la biologie contemporaines.

 

Premier constat d’Uhlig : le monde occidental est atomisé, handicapé psychiquement. Les Occidentaux et les Asiatiques qui les imitent vivent désormais dans un monde d’illusions et de falsifications, où l’esprit de carrière, l’envie, l’obsession de l’avoir et l’orgueil tiennent le haut du pavé. Il écrit (p. 9) : «…l’homme a perdu son fonds originel (Urgrund) religieux et noumineux, est victime d’une attitude purement matérialiste et pragmatique, qui domine le monde occidental, qui a ses racines intellectuelles dans cette vita activa, issue de l’esprit greco-romain et du christianisme paulinien». Exactement comme Evola, il constate que ce double héritage de l’hellénisme (qui n’est pas la Grèce dorienne des origines, précisons-le ! !) et du paulinisme distrait dangereusement l’homme, qui devient incapable de saisir le noumineux : «Ce sont des éléments que nous pouvons considérer comme des représentations originelles de l’esprit et de la dignité humains qui, au cours des millénaires, n’ont rien perdu de leur force, de leur signification et de leur pouvoir fondateur de sens. Nous les résumons sous le concept de “tantrisme”, un concept encore et toujours mystérieux, à la fois magique et cosmique» (p. 10). Le tantrisme est donc la religiosité qui se réfère immédiatement au “vécu primordial” (Urerlebnis), et n’est nullement cette pâle caricature que certains tenants du New Age et de la spiritualité de bazar en font. Le boom ésotérique de ces récentes années a fait du vocable “tantrisme” un article de marché, une fadeur exotique parmi tant d’autres. Ceux qui l’emploient à tort et à travers ne savent pas ce qu’il signifie, n’en connaissent pas la profondeur.

 

«Je vais tenter dans ce livre d’aborder et de révéler le tantrisme comme un phénomène cosmique, comme l’un des vécus primordiaux de l’homme. Ce qui est nouveau dans mon approche du tantrisme, c’est que je ne vais pas le réduire à ses manifestations historiques, comme celles qui nous apparaissent dans l’espace culturel indien et himalayen mais je vais poser la question des origines et de la puissance de la pensée et du vécu tantriques. Car je crois que, dans le tantra, se cache l’un des phénomènes primordiaux de l’Etre de l’homme. Ainsi, mon texte est une tentative de retrouver la trace de ce phénomène primordial et de sa constitution cosmique, de la rendre visible, car, dans les dernières décennies du deuxième millénaire, elle acquerra une importance toujours croissante et une puissance réelle, y compris pour le monde occidental» (p. 11). Ensuite, il précise son approche du noumineux : «Il existe des aspects de la réalité qui ne sont ni spatiaux ni temporels. Ils n’ont pas de dimension historique. Ils agissent (wirken), mais restent pour nous invisibles, ils viennent du Tout, du cosmos, et sont reconnaissables de multiples manières» (p. 19).  

 

C’est en 1960 que Helmut Uhlig débarque pour la première fois en Inde. Le Brahmane qui le reçoit et le guide lui déclare, quelques jours après son arrivée : «Nous les Indiens, nous sommes assez tolérants. Le mot de Yahvé qu’on trouve dans la Bible : “Tu n’auras pas d’autres Dieux que moi”, personne ne le comprend ici. Et personne ne le suivrait d’ailleurs, vu le très grand nombre de Dieux qui sont enracinés dans la psyché de notre peuple. C’est aussi la raison pour laquelle les missionnaires chrétiens ont à peine été acceptés en Inde» (p. 14). Le culte de Shiva et des autres divinités indiennes prouve combien profondément enracinée dans l’âme hindoue est la propension “à être toujours bien disposé à l’égard de tous les Dieux à la fois, à ne pas se couper d’eux” (p. 21). D’où la religiosité tantrique repose sur une acceptation du monde tel qu’il est dans sa pan-imbrication (Allverflechtung), où monde visible et invisible sont unis par mille et un fils (de tapisserie). Uhlig en conclut que des éléments tantriques ont été présents dans toutes les religions primordiales. Mais cette idée centrale de pan-imbrication de tout dans tout est difficile à expliquer et à comprendre, surtout pour les Occidentaux, habitués à penser en termes de césures et de cloisonnements. Le terme “tantra” lui-même dérive d’une racine étymologique, tan, qui signifie “élargir”, “accroître en dimension et en étendue”. Quant à tana, cela signifie tout à la fois “fils” (au pluriel) et “étendue”. Tantawa signifie “fait de fils”, “tissé”. Le tantrisme indique donc ce qu’est la texture du cosmos : un tapis immense fait de milliards et de milliards de fils (p. 28).  Uhlig : «Nous ne pouvons comprendre et juger correctement le tantrisme que si nous nous libérons de l’emprise des commandements et des principes qui nous sont conventionnels et que l’Etat et la religion ont imposés chez nous depuis la fin du moyen âge. Les critères de valeurs que nous a transmis le christianisme clérical, notamment la doctrine des catégories du bien et du mal, du moral et de l’immoral, troublent notre regard et le grèvent de préjugés, ne nous permettant pas d’entrer dans le monde tel que le saisit et le réalise le tantrisme. Cela vaut surtout pour le jugement que porte l’Occident sur la sphère sexuelle, ses formes d’expression et ses pratiques. Les relations sexuelles entre les personnes ne sont soumises à aucun tabou dans le tantrisme, car elles y sont considérées comme des fonctions centrales et naturelles, qui sont effectivement traduites en actes. Pour la plupart des auteurs occidentaux, qui ont écrit sur le tantrisme depuis une centaine d’années, la sexualité tantrique a suscité d’âpres critiques, formulées dans une terminologie chrétienne, dévalorisant tout ce qui touche à la sexualité. Ainsi, le tantrisme a été dévalorisé sur le plan éthique, ses cultes ont été diabolisés ; les textes critiques des Occidentaux ne tentaient même pas de comprendre le contexte du tantrisme» (pp. 26-27). Cela vaut également pour le contre-mouvement, où une mode pro-tantrique, portée par des oisifs californiens ou des décadents des beaux quartiers de Londres, a superficialisé les dimensions sexuelles, les faisant basculer dans un priapisme vulgaire et une pornographie bassement commerciale. Le tantrisme ne vise nullement à favoriser une promiscuité sexuelle de nature pornographique, à transformer la Cité en lupanar, mais, plus fondamentalement, à appréhender les secrets les plus profonds de la conscience humaine. Uhlig rend hommage au premier Européen, Sir John Woodroffe (alias Arthur Avalon) qui a traduit et explicité correctement les textes tantriques, si bien que les Indiens adeptes du tantrisme le considèrent comme un sauveur de cet héritage.

 

Les pratiques tantriques ont un lointain passé, affirme Uhlig, y compris hors d’Inde. La religiosité visant à appréhender les plus profonds secrets de l’âme humaine se retrouve partout : elle a été occultée par le christianisme ou la modernité. Ainsi, pour Uhlig, est tantrique le mythe sumérien d’Inanna et Tammuz, où une hiérogamie est réalisée au sommet d’un zigourat à huit niveaux (dans bon nombre de traditions, sauf dans le judaïsme pharisien et le christianisme, le “8” et l’octogone indiquent l’harmonie idéale de l’univers ; cf. le château de Frédéric II de Hohenstaufen, Castel del Monte, les Croix de Chevalier inscrites dans un motif octogonal de base et non sur la croix instrument de torture, les plans des églises byzantines, de la Chapelle d’Aix/Aachen ou de la Mosquée El-Aqsa à Jérusalem, le Lotus à huit feuilles de l’initiation à la Kalachakra ou “Roue du Temps”, la division de l’orbe terrestre en quatre fois huit orientations chez les navigateurs scandinaves du haut moyen âge ; pour Marie Schmitt, la religion pérenne privilégie l’harmonie du “8”, les religions coercitives et messianiques, le “7”).

 

Revenons au mythe d’Inanna et de Tammuz. Dans la chambre hiérogamique se trouvent simplement un lit, avec de belles couvertures, et une table d’or. Il n’y a pas l’image d’un dieu. L’essentiel du culte vise la préservation et la revitalisation de la fertilité. Ce culte a frappé les Israélites lors de la captivité babylonienne, ce qui s’est répercuté dans le texte du fameux “Chant des Chants”, où, en filigrane, il ne s’agit nullement de Yahvé, mais bel et bien d’une hiérogamie, tendrement sexuelle et sensuelle. Martin Buber l’a traduit, restituant sa signification originelle, au-delà de toutes les traductions “pieuses”. Pharisaïsme et christianisme paulinien/augustinien s’ingénieront à occulter ce “Chant des Chants”, joyeuse intrusion pagano-tantrique dans l’Ancien Testament. Ainsi, en 553, lors du deuxième concile de Constantinople, Théodore de Mopsuestia, interprète “sensuel” du “Chant des Chants” est banni, son interprétation ravalée au rang d’une hérésie perverse. «… les zélés pères de l’église ont tout fait pour combattre les interprétations mystiques du “Chant des Chants” : à leur tête Origène, suivi plus tard de Bernard de Clairvaux, de Bonaventure et de François de Sales, qui ont rivalisé pour en donner une interprétation dépourvue de fantaisie, fade» (p. 71). «Ici se révèle l’un des fondements de l’attitude anti-naturelle du christianisme, qui détruit l’holicité des sens et de l’Etre, qui débouche sur un ascétisme qui condamne les corps, et auquel l’église tient toujours, puisqu’elle continue à imposer le célibat des prêtres. Non seulement cela a conduit à faire perdre toute dignité aux prêtres, mais cela a rejeté la femme dans les rôles peu valorisants de la séductrice et du simple objet de plaisirs. La dégénérescence de l’antique union sacrée des corps, don de soi à l’unité mystique, dans la vulgaire prostitution en est le résultat, car la femme n’est plus considérée que comme une prostituée» (p. 71). En revanche, Inanna/Ichtar était la déesse des déesses, la reine et la conductrice de l’humanité entière. Ce passage du rôle primordial de “déesse des déesses” à celui de vulgaire prostituée constitue le fondement de l’âge sombre, du Kali Yuga. Il y a assombrissement parce que le culte de la Reine Conductrice est progressivement ignoré, parce qu’il n’y a plus d’hiérogamie sacrée possible car tout accouplement est désormais démonisé.

 

Enfin, après avoir exploré le tantrisme dans toutes ses dimensions, Uhlig rend hommage à Plotin (pp. 214-222). Plotin était également opposé à la gnose et au christianisme, rejetant leur “religiosisme”, leurs simplismes de “croyeux”, hostiles à la philosophie grecque. Plotin commence sa quête en 233, année où il rencontre le philosophe Ammonios Sakkas, dont il sera l’élève pendant onze ans. Pendant cette période, à Alexandrie, il entre en contact (tout comme Origène !) avec des représentants de la spiritualité persane et indienne. Leurs enseignements le fascinent. Si bien qu’il veut aller à la rencontre de leur culture. Il suit l’Empereur Gordien III dans sa campagne contre les Perses, espérant atteindre leur pays et découvrir directement leur religion. Uhlig écrit à ce propos (p. 218) : «L’historiographie de la philosophie en Europe n’a consacré que trop peu d’attention à ce fait et n’a jamais étudié l’influence indienne sur la philosophie de Plotin». Gordien III est assassiné en 244 sur les rives de l’Euphrate par un de ses généraux. Plotin doit fuir vers Antioche puis vers Rome. Son enseignement influence la famille impériale. Il est holiste comme sont holistes les enseignements tantriques. Ses Ennéades évoquent une Gesamtverwobenheit (un tissage cosmique), très proche de la vision tantrique originelle. L’élimination violente des filons néoplatoniciens et plotiniens dans la pensée européenne a commencé par l’horrible assassinat d’Hypathie, philosophe néoplatonicienne d’Alexandrie, par une foule de chrétiens furieux et délirants qui ont lacéré son corps et en ont traîné les lambeaux dans les rues. Elle se poursuit par l’occultation systématique de ces traditions dans nos principaux établissements d’enseignement. Cette élimination est aux sources du malaise de notre civilisation, aux sources de notre nervosité et de notre cinétisme insatiable, de nos désarrois, de notre incapacité à nous immerger dans l’organon qu’est le monde. La tradition néoplatonicienne chante, comme les filons panthéistes et pélagiens celtiques, la “merveilleuse variété” du monde et de la nature (poikilè thaumatourgia). «Il y a aussi des dieux dans la cuisine», disait Héraclite à des visiteurs inattendus, qui l’avaient trouvé près de son feu, sur lequel cuisait son repas.

 

Dans sa postface, Jochen Kirchhoff nous rappelle les exhortations de David Herbert Lawrence dans son plaidoyer pour les religiosités païennes et cycliques, intitulé Apocalypse (1930). Pour Lawrence, il fallait retourner à la cosmicité, raviver nos rapports avec le cosmos. Ensuite, Kirchhoff rappelle les tentatives de Nietzsche de restaurer les dimensions extatiques et dionysiaques de l’Etre pour les opposer au christianisme, ennemi de la vie. L’Etre doit être une “fête cosmique”, entièrement, sans partage, sans dualité.

 

Kirchhoff explore ensuite toutes les possibilités de restaurer la vision tantrique du monde (la pan-imbrication) via les pratiques sexuelles, complétant et actualisant ainsi La Métaphysique du sexe et Le Yoga tantrique d’Evola. Il salue un ouvrage à succès de Margo Anand dans les milieux “New Age” (The Art of Sexual Ecstasy. The Path of Sacred Sexuality for Western Lovers) mais constate rapidement les limites philosophiques de la démarche de cet auteur. Le New Age a produit peu de bonnes choses en la matière. Le travail de Margo Anand est bon, écrit Kirchhoff, utile pour une thérapeutique sexuelle, mais reste superficiel, ne permet pas un approfondissement philosophique et métaphysique. Quant à l’Américain Franklin Jones (alias “Da Free John”, “Da-Love Ananda” ou “Adi Da”), il a poussé la caricature du tantrisme jusqu’au ridicule (cf. son ouvrage le plus connu : Dawn Horse Testament). Finalement, le freudo-marxiste Wilhelm Reich a élaboré une théorie et une thérapeutique de l’orgasme plus valable (Kirchhoff est moins sévère qu’Evola), car sa vision de la bio-énergie ou orgon était au moins omni-compénétrante. Kirchhoff souligne toutefois bien la différence entre les rituels sexuels tantriques et l’obsession moderne de la performance (orgasmique ou non, mais toujours multi-éjaculatoire).  Car, dit-il, «il existe des rituels tantriques qui freinent effectivement l’orgasme féminin comme l’orgasme masculin, visant de la sorte une prolongation contrôlée ou un retardement de celui-ci pour atteindre des objectifs (spirituels) supérieurs ou pour obtenir un accroissement du plaisir» (p. 278). En effet, poursuit-il, l’orgasme et/ou l’éjaculation masculine mettent un terme à l’étreinte sexuelle, limitant la durée du plaisir et des caresses partagés. Retenir ses énergies (et son sperme) permet de jouir du plaisir sexuel et de donner à la femme davantage de joie. C’est dans cet exercice, cette ascèse (ce yoga), que réside la qualité inégalée du tantrisme sur le plan sexuel, le hissant très au-dessus du stupide priapisme rapide et bâclé que nous servent les médias contemporains, véhicules de la pornographie populaire.    

 

Mais c’est dans la physique moderne que Kirchhoff place ses espoirs de voir réémerger une vision tantrique de l’univers. Depuis la consolidation de la physique quantique, le monde apparaît à nouveau comme “pan-imbriqué”. Dans les colonnes d ’Antaios, Patrick Trousson avait déjà démontré l’étroite similitude entre les acquis de l’antique mythologie celtique et ceux de la science physique actuelle. Kirchhoff répète ces arguments, citant Carl Friedrich von Weizsäcker (Zeit und Wissen, 1992), Frithjof Capra (Le Tao de la physique), le physicien indien Amit Goswami (qui a comparé la philosophie du Vedanta et les acquis de la nouvelle physique), le théoricien systémique Ervin Lazslo, le biochimiste Rupert Sheldrake, etc. L’essentiel dans cette physique est de refuser les dualismes segmenteurs, de réfuter les pensées de la césure.

 

En philosophie, Kirchhoff cite l’Américain Ken Wilber (Eros, Kosmos, Logos. Sex, Ecology, Spirituality), qui lutte contre tous les réductionnismes et les dualismes. Wilber est influencé par le bouddhisme tantrique, mais aussi par les Vedanta.

 

Le livre d’Uhlig nous dévoile de manière très didactique tous les aspects de la merveilleuse vision du monde tantrique. La postface de son ami Kirchhoff nous ouvre de très larges horizons : en physique et en philosophie. La lutte d’Uhlig (et la nôtre…) contre les mutilations de la pensée n’est pas terminée. Mais nos adversaires doivent désormais savoir une chose : nos arsenaux sont mieux fournis que les leurs…

 

Detlev BAUMANN.